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à la “black powder” - Ardesa

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42 REPORTAGES À l’étranger■ Il faudra attendre quelques secondespour savoir si <strong>la</strong> balle a fait mouche…Chasser<strong>à</strong> <strong>la</strong> “b<strong>la</strong>ck <strong>powder”</strong>■ Par Jean-Pierre BOURGUIGNONPour mieux sentir les montées d’adrénalineLa chasse d’aujourd’huiest devenue tellementtechnique qu’elle asouvent perdu, pour unc h a s s e u r a g u e r r i, u n egrande partie de son attrait.Les armes, les calibres performantset les lunettes devisée qui permettent destirs <strong>à</strong> très grandes distancesfont que le chasseur a,maintenant, presque tous lesatouts dans sa manche. Lechallenge entre le prédateur <strong>à</strong> deux jambes et sa proie sembledésormais joué d’avance. Par contre, pour celui qui veut<strong>à</strong> nouveau sentir monter l’adrénaline, je recommande vivementle retour <strong>à</strong> l’arme de nos grands-pères, le fusil <strong>à</strong> poudrenoire, tel qu’il est encore utilisé massivement aux USA, oùdes périodes et des zones de chasse sont spécialementréservées <strong>à</strong> ce type de chasse. Les premières armes <strong>à</strong> poudrenoire, chargées par <strong>la</strong> gueule ou <strong>la</strong> bouche, ont fait leurapparition dès de début du XIV e siècle (canons, arquebuses,fusils <strong>à</strong> mèche et <strong>à</strong> rouets), mais ce n’est qu’au XVII e (1610),avec <strong>la</strong> découverte de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>tine “Miquelete”, un mécanisme<strong>à</strong> silex d’origine espagnole, qu’elles deviennent réellementportables et aptes pour <strong>la</strong> chasse. Quant au mécanisme <strong>à</strong>p<strong>la</strong>tine <strong>à</strong> percussion, il ne fi tson apparition qu’au débutdu XIX e siècle et ne dura quejusqu’<strong>à</strong> l’invention des armeschargées par <strong>la</strong> cu<strong>la</strong>sse, de<strong>la</strong> cartouche métallique etdu système Mauser, c’est-<strong>à</strong>dire<strong>à</strong> <strong>la</strong> fi n du même siècle.Pour un chasseur de notreépoque, qui a <strong>la</strong> tête pleined’informations balistiques,les prestations des armes <strong>à</strong>poudre noire paraissent ridiculeset impensables pour<strong>la</strong> chasse, alors qu’elles ontrendu de très bons servicesdurant plus de… 500 ans !Les armes<strong>à</strong> poudre noireSi l’on fait <strong>la</strong> comparaisonentre une balle employéedans un fusil <strong>à</strong> poudre noireet une balle actuelle, onremarquera d’emblée que <strong>la</strong>première est lente, lourde etPLAISIRS DE LA CHASSE - HORS-SÉRIE SPÉCIAL GRAND GIBIER - 09/2012


Chasser <strong>à</strong> <strong>la</strong> “b<strong>la</strong>ck <strong>powder”</strong> 43En haut : fusil <strong>à</strong> canon■lisse destiné <strong>à</strong> <strong>la</strong> chassedu petit gibier.À gauche : balles de petitcalibre pour le tirdes petits animauxfaite de plomb doux déformable. À l’impact, elle pénètre et sedéforme sans traverser, libérant ainsi toute son énergie dansl’animal. Les balles modernes, bien plus véloces, traversentsouvent l’animal, ne libérant dans le corps qu’une partie deleur énergie. Dans ce cas, c’est le choc hydrodynamique lié <strong>à</strong><strong>la</strong> vitesse de <strong>la</strong> balle qui tue, en chambardant violemment lesfl uides internes de l’organisme. Sur <strong>la</strong> précision inhérente <strong>à</strong>ses armes anciennes, quelques légendes survivent, comme■ Fusil Kentucky <strong>à</strong> p<strong>la</strong>tine <strong>à</strong> silexavec corne <strong>à</strong> poudre et balle en plombcelle du trappeuraméricainDaniel Boone, qui, <strong>à</strong>100 yards (près de 100 m),était capable d’enfoncer unclou sur un tronc d’arbre enimpactant son projectile sur<strong>la</strong> tête de celui-ci. Il est bienévident qu’<strong>à</strong> cette distance, ilest quasiment impossible dediscerner <strong>la</strong> tête d’un clou…Une autre de ces histoiresconcerne le fameux DavidCrockett, qui était, paraît-il,capable de p<strong>la</strong>cer cinq ballesdans un seul trou, cequi est également totalementimpossible, mêmeavec une arme moderne deprécision montée sur banc,car il y a toujours une dispersion,même minime. Il ya eu cependant quelquescoups d’éc<strong>la</strong>t, dont celuide ce trappeur qui, durant<strong>la</strong> guerre entre Français etAng<strong>la</strong>is, tua un général des“Casaques Rouges”, <strong>à</strong> 300mètres, avec son Kentucky.Il est vrai que l’habileté deces trappeurs était remarquableet que ces fusilsétaient extrêmement précis,mais il est évident que cepauvre général n’a pas eude chance…Sur <strong>la</strong> précisionC e l l e d e c e s v i e u xKentucky venait, d’une part,de leur long canon (de 100<strong>à</strong> 120 cm) et d’un long pasde rayure et, d’autre part,de l’acier très tendre dontils étaient faits, si tendre quel’on pouvait les effeuiller avecle tranchant d’un couteau. Lalongueur des canons rendaitPLAISIRS DE LA CHASSE - HORS-SÉRIE SPÉCIAL GRAND GIBIER - 09/2012


44 REPORTAGES À l’étranger■ À l’affût, de nuit…<strong>la</strong> trajectoire des balles stable et tendue, et l’aciertendre limitait considérablement les vibrations lorsdu tir, ce qui augmentait encore <strong>la</strong> précision. Quant aurég<strong>la</strong>ge de l’arme, il se faisait <strong>à</strong> 75 yards avec une dosede poudre et, pour obtenir le même point d’impact <strong>à</strong> 150yards, il suffi sait seulementde doubler <strong>la</strong> dose. Bienqu’empirique, cette façonde faire donnait des résultatssurprenants. Précisonsaussi que ces armes étaientlourdes (près de 4 kg), etque les crosses étaient trèsrecourbées afin de ramenerle centre de gravité del’arme vers l’arrière et éviterainsi que le canon piquevers le sol. En contrepartie,au moment du tir, <strong>la</strong> “baffe”était magistrale… La poudreutilisée était curieusementsouvent d’origine françaiseet se gardait dans des cornes<strong>à</strong> poudre (de vache oude buffl e) et jamais dans despoires métalliques, <strong>à</strong> causede <strong>la</strong> condensation. Les projectilesétaient ronds, coulésen plomb, dans des calibres .45, .50, .54, .58, voire plus.Pour ajuster <strong>la</strong> balle dans le canon et éviter que le gaz decombustion s’échappe entre elle et <strong>la</strong> paroi, ils employaientune rondelle de feutre ou de cuir appelée “calepin”, enduitede graisse.Piege stp !!!Mon expériencepersonnelleJe réside en Espagnedepuis de nombreusesannées et j’ai longtempsfréquenté le club de tir deMadrid où j’ai eu l’occasionde faire connaissance deplusieurs champions olympiquesde tir aux armes <strong>à</strong>poudre noire. J’ai été, dès ledébut, totalementUne chasse stressante, richeen émotions de toutes sortes…fasciné par <strong>la</strong> beauté et <strong>la</strong>précision de ces armes, leursdétonations graves, <strong>la</strong> fuméequ’elles dégagent et sonodeur acre et persistante,■ P i e g es t p ! ! !P i e g e s t p ! ! !Piege stp !!!ainsi que par tout le rituelqui entoure ce genre de tir.Quelques années plus tard,lors d’une monteria, j’ai eucomme voisin de poste uncélèbre chasseur espagnol,Don Eduardo Trigo deYarto, qui utilisait un express<strong>à</strong> poudre noire calibre .50. Iltira deux coups consécutifs.À <strong>la</strong> fi n de <strong>la</strong> battue, intrigué,je me rendis <strong>à</strong> son poste oùje l’ai trouvé avec un énormesanglier dont <strong>la</strong> tête reposaitquasiment sur <strong>la</strong>pointe de sa botte. Labête noire avait accuséle deuxième impact <strong>à</strong>■ Balle ronde en plombcoulé, et balle sous-calibréeFusil “b<strong>la</strong>ck <strong>powder”</strong> version■moderne calibre .50moins de 5 mètres. C’estce qui me décida <strong>à</strong> me <strong>la</strong>ncerdans ce nouveau ethasardeux “sport”. J’ai donccommencé mon aventure <strong>à</strong><strong>la</strong> “b<strong>la</strong>ck <strong>powder”</strong> avec unHawken calibre .45, puisavec un Kentucky <strong>à</strong> silex calibre.45, acheté en kit <strong>à</strong> monter,avant de passer au grandgibier avec un Deer Hunteren calibre .50, qui m’a donnéde belles frayeurs, mais ausside grandes satisfactions. Àl’approche, j’ai au tableauquelques cerfs et biches,PLAISIRS DE LA CHASSE - HORS-SÉRIE SPÉCIAL GRAND GIBIER - 09/2012


Chasser <strong>à</strong> <strong>la</strong> “b<strong>la</strong>ck <strong>powder”</strong> 45tirés entre 100 et 150 mètresavec mon fusil <strong>à</strong> poudre noirede “dernière génération”,c’est-<strong>à</strong>-dire en acier inox,crosse synthétique, lunette4x. Je dois reconnaître qu’iln’est plus aussi authentiqueEn haut : version moderne■qui se charge par l’arrièreavec un fulminant.À droite : Kentucky calibre.32 qui sert pour <strong>la</strong> chasseaux nuisiblesque les autres, mais, grâce <strong>à</strong>l’inox, beaucoup plus facile <strong>à</strong>nettoyer. Un autre avantagede cette version moderne estqu’elle se charge par l’arrièreavec un fulminant ou pistonde cartouche de chasse (nº209), ce qui évite les problèmesd’humidité et permetune parfaite ignition de <strong>la</strong>poudre. Ce fusil se chargeavec des balles modernessans plomb sous-calibrées,<strong>à</strong> sabot p<strong>la</strong>stique. L’avantagede pouvoir utiliser une lunetten’est aussi pas <strong>à</strong> dédaigner.Ce type de chasse <strong>à</strong> <strong>la</strong>“b<strong>la</strong>ck <strong>powder”</strong>, avec desarmes modernes, pas faciles<strong>à</strong> manier, n’est pas <strong>à</strong> dédaignercar elle est stressante etriche en émotions de toutessortes. Elle <strong>la</strong>isse toujoursl’impression d’avoir vécuune expérience inoubliablequi proportionne <strong>à</strong> sa justemesure l’acte de chasse, souventexempt de mérite. ■PLAISIRS DE LA CHASSE - HORS-SÉRIE SPÉCIAL GRAND GIBIER - 09/2012

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