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Unesco p021-118 - Cité épiscopale d'Albi

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Le Palais de la Berbiemusée Toulouse-Lautrec, de la courtinedans laquelle s’ouvre la porte d’accès à lacour ; enfin vers l’ouest et en retrait parrapport à la courtine, d’une tour flanquéede contreforts hémicylindriques, la tourSaint-Michel.Les travaux de Durand de BeaucaireLe corps de logis constitué par un bâtimentrectan-gulaire et la souche de plan carréd’une ancienne tour furent entrepris parDurand de Beaucaire vers la fin de sonépiscopat (1252), c’est-à-dire au momentmême où les rapports se tendaient à l’extrêmeentre l’évêque et le sénéchal deCarcassonne. Ce prélat éprouva le besoind’avoir une résidence lui appartenant enpropre. Celle-ci, relativement modeste,se composa d’un corps de ogis rectangulaireauquel fut appuyée une hautetour aujourd’hui découronnée. Le corpsde logis se composait de trois sallessuperposées, charpentées, éclairées pardes fenêtres en plein cintre. Au dernierétage était la chapelle, dédiée à Notre-Dame ; à l’étage noble, l’aula, salle réservéeaux cérémonies officielles ; au rezde-chaussée,une réserve ou une cavesemi-enterrée.À côté se trouvait la tour qui manifestaitla réalité du pouvoir épiscopal au sein dela ville et dans laquelle logeait vraisemblablementl’évêque. Cette tour, dans saplus grande hauteur, que l’on connaît pardes gravures du XVII e siècle, dut compterau moins quatre niveaux dont certainsétaient sans doute voûtés, comme l’attestela présence de la voûte sur croiséed’ogives que l’on y voit encore aujourd’hui.Cet ensemble ne fut pas terminépar Durand de Beaucaire qui mourut en1254, mais par son successeur Bernard deCombret qui prit le parti de voûter lessalles construites par son prédécesseura - Porte d’accès à la cour d’honneurb - Cour d’honneur(ancienne plathea Palatii)c - Tour Saint-Michel(ancienne Bisbia Vielha)d - Tour Sainte-Catherinee - Aile des Suffragantsf - Aile d’Amboiseg - Portique de M gr de Daillon duLudeh - Logis de Durandde Beaucairei - Tour de Durandde Beaucairej - Courtine de Bernardde Combretk - Rampe d’accès au jardinPalais de la Berbie, plan 1et de réduire à deux le nombre d’étagesdu corps de logis. Ce voûtement entraînala fermeture des fenêtres primitives enplein cintre que l’on distingue encore àdifférents niveaux sur le mur sud. Enmême temps, la tour, laissée sans douteinachevée par Durand, était terminée.Ce dernier avait également réaménagéles maisons que lui avaient cédées leschanoines et qui étaient connues au XIV el - Éperon à becm - Courtine de Bernardde Castanetn - Tour de la rivièreo - Courtine du XIV e sièclep - Tour de Dionysosq - Courtine du XIV e siècler - Tour de la Bibliothèques - Courtine de Bernardde Castanett - Tour de l’Octogoneu - Courtine de Bernardde Castanetv - Tour d’Amboiseou du Salon carréw - Terrassex - Contre-Terrassey - JardinPalais de la berbie,tour Saint-Michel© Ville d’Albi


Le Palais de la BerbiePalais de la Berbie, plan 2,les travaux de Durand de Beaucairesiècle sous le nom évocateur de BisbiaVielha, c’est-à-dire « ancien évêché ». Lesrestes de celles-ci sont encore visiblesdans les parties basses de la tour Saint-Michel où apparaissent des fenêtres enplein cintre murées, identiques à cellesde l’aula primitive.L’œuvre de Bernard de CombretBernard de Combret fut le premier à supporterla pression conjuguée des prétentionsroyales et des revendications populaires.Les deux bâtiments de Durand deBeaucaire, isolés l’un de l’autre par 25mètres environ, ne lui permettaient pasde se sentir en sécurité. Les étages planchéiéspouvaient être incendiés en casd’attaque. Il fallait renforcer les défensesde ces maisons épiscopales, comme on lesappelait encore, pour en faire un ensemblecohérent et unitaire. Bernard de Combretfit donc voûter toutes les partiesconstruites ou réparées par Durand deBeaucaire et surtout il transforma larésidence de l’évêque en une authentiqueforteresse. Ses travaux portèrentsur trois points :- il tendit d’abord, entre la Bisbia Vielhaet la nouvelle tour construite par Durandde Beaucaire, une courtine dans laquellefut ménagée la porte d’entrée du palais.L’aspect fortifié de cette dernière, équipéed’un assommoir, surmontée de lachambre de la herse et flanquée de deuxcontreforts dont un abrite un escalier àvis, est assez révélateur des intentionsdéfensives de l’évêque ;- il fit ensuite surélever la Bisbia Vielhadont toutes les sallesfurent voûtées surcroisées d’ogives. Àl’extérieur, il en renforçales murs pardes contreforts semicylindriquesdontcelui du milieu vinten partie obturer lesfenêtres antérieuresdatant de Durandde Beaucaire. Il lançaentre ceux-ci des arcsqui pouvaient fairefonction de mâchicoulis.Ces travaux,les mieux conservésdes constructions deBernard de Combret,montrent l’apparitiondes contrefortshémicylindriques,nouveauté appeléeà des développementsconsidérables dansla deuxième moitiédu XIII e siècle et auTravaux de Durand de BeaucaireTravaux de Bernard de CombretTravaux de Bernard de CastanetTravaux du XIV e sièclePost-médiévalPalais de la Berbie, plan 3,l’œuvre de Bernard de Combret


début du XIV e siècle, tant dans les agrandissementsultérieurs du palais que dansla cathédrale elle-même ;- Il continua en faisant construire, aunord, le long du rempart, le corps de logisqui prit au XVII e siècle le nom d’aile desSuffragants. Les fenêtres et les partiessupérieures en ont été fortement remaniéesaux XVI e et XVIII e siècles, maissubsistent encore deux salles inférieuressuperposées, voûtées sur croisées d’ogives.Celles-ci étonnent par leur ampleur (25 x7,60 m), leur unité de conception et leurmajesté. L’une d’entre elles fut sansdoute destinée à remplacer l’aula primitivede Durand de Beaucaire, jugée trop petitepar le nouvel évêque.Enfin Bernard de Combret éprouva lebesoin de construire une courtine à l’estpour fermer cet ensemble et se mettre àl’abri de toute surprise. Il ne reste rien decette dernière, car la construction de l’ailed’Amboise à la fin du XV e siècle en afait disparaître les vestiges. Mais à samort en 1271, Bernard de Combretlaissait un palais imposant, pratiquementterminé, protégé, organisé au-tourd’une cour dont l’aile nord s’appuyait aurempart de la ville et dont l’habitationprincipale se trouvait dans une puissantetour située à l’ouest, au point le plus éloignéde la ville.Les constructions deBernard de CastanetNul besoin donc, pourson successeur, de lemodifier ou de l’agrandir.C’était mal connaître lecaractère impérieux deBernard de Castanet.Sur de son bon droit, fermementrésolu à le fairerespecter par qui que cefût, roi compris, cetévêque, lorsqu’il arrivasur le trône épiscopalalbigeois en 1277, décidade faire valoir ses droitset de récupérer son pouvoir.Mais, conscient desdifficultés qui allaienten découler, il résolut dese mettre rapidement àl’abri dans une forteresseimprenable dont lestravaux furent à la foisconsidérables et grandioses.À l’œuvre de Bernard deCombret, il ajouta latour Sainte-Catherine,véritable donjon qu’ilcolla au flanc nord de latour Saint-Michel. Pourmieux la contempler, ilfaut descendre par unerampe vers les jardins etles remparts médiévaux qui les protègent.On atteint un énorme bastion circulaireà éperon, puis, par le chemin de rondeoccidental, la tour de la Rivière dont lavoûte à six compartiments est timbréeaux armes de Bernard de Castanet. Decette tour, on se rend en passant sur unecourtine du XIV e siècle jusqu’à latour dite de Dionysos. C’est decelle-ci que l’on apprécie lemieux la construction dupalais sur son flanc nord.La tour Sainte-Catheriney apparaît malgré lesmutilations et les aménagementsqu’elle a subisau cours des siècles,comme une écrasantemasse de brique. Ce donjon,de plan barlong, était flanquéPalais de la berbie, tour Saint-Michel© Ville d’Albicourtine de Bernard deCastanet, façade est© Ville d’AlbiPalais de la berbie,tour Saint-Michel© Ville d’Albi


Le Palais de la Berbieaux angles d’énormes tours talutées autiers de leur hauteur, entièrement pleinesà l’exception de celle du nord-est, épaissede sept mètres à la base et construite enbriques appareillées. À chaque étage, lessalles étaient voûtées sur croisées d’ogivesaux profils fortement brisés comme l’attestentencore les restes de l’une d’entreelles qu’on tenta de détruire à une dateinconnue. Des arcs en tiers-points trèsaigus, datant de la fin du XIII e siècle oudu début du XIV e siècle, y sont encore visibles,révélant ainsi les caractères architecturauxdes constructions de Bernard deCastanet. L’édification de la tour Sainte-Catherine entraîna la surélévation de latour Saint-Michel dans la partie supérieurede laquelle fut fondée une deuxième chapelledédiée à l’archange.Les autres travaux de Bernard de Castanetportèrent essentiellement sur la partieseptentrionale du palais épiscopal. Sur leflanc nord de l’aile des Suffragants, il fitajouter trois énormes contreforts quifurent tronqués au XVII e siècle par M gr LeGoux de la Berchère pour y aménager laterrasse d’agrément que l’on voit encorede nos jours 1 . Bernard de Castanet lesavait fait construire pour un desseintout différent, essentiellement défensif,pour supporter des mâchicoulis à arcsdestinés à protéger le palais sur ce flanc.Un double souci le poussa également àconstruire les courtines et les toursembrassant la basse-cour. Outre la protectionavancée du palais qu’elles permettaientsur son flanc nord, ellesoffraient l’avantage d’interrompre le tracédu rempart de la ville et de s’en approprierune partie afin d’avoir dans celui-ci uneissue personnelle, indépendante de lajuridiction des consuls de la ville devenusses ennemis. Il fut donc à l’origine de laconstruction, à l’est, des tours d’Amboiseet de l’Octogone ainsi que des courtinesles reliant ; à l’ouest, de la tour de laRivière, de l’éperon à bec, de la courtineles reliant l’une à l’autre, ainsi que de lacourtine aujourd’hui transformée enrampe reliant l’éperon à bec à la tourMage. Toute cette partie, construite avecle même soin et les mêmes procédés quela tour Sainte-Catherine, présente uncaractère militaire identique. Ce fut plustard, au cours du XIV e siècle, qu’un successeurde Bernard de Castanet lança lacourtine entre la tour de la Rivière etla tour de l’Octogone et rajouta la tourde Dionysos, fermant ainsi définitivementla basse-cour au nord et mettant lepalais à l’abri de toute tentative venantde l’extérieur.Palais de la Berbie,côté nord© Ville d’Albi1 - Le quatrième contrefort, à l’est, est l’œuvre de l’architecte diocésain César Daly qui le construisit au XIX e siècle pour ouvrir sur les jardins lachambre à coucher de l’évêque de l’époque, M gr de Jerphanion.


Les transformations de la périodeclassique et les aménagements intérieursCette courtine du XIV e siècle porte lestraces de remaniements importantseffectués aux XVII e et XVIII e siècles par lesévêques d’Albi. En effet, entre la tour de laRivière et la tour de Dionysos, la courtinefut transformée par M gr Charles Le Gouxde la Berchère en une galerie surmontéed’un promenoir permettant de jouir duspectacle offert, d’un côté, par le Tarn, del’autre, par les jardins aménagés à cetteoccasion. En effet, les jardins tels qu’ils sevoient aujourd’hui sont le fruit de latransformation, entre 1687 et 1703, de l’anciennebasse-cour du palais en un lieud’agrément. Trois étages y furent ménagés: la terrasse haute, la contre-terrasseet les jardins proprement dits dans la partiela plus basse. À la fin du XVIII e siècle, M grde Stainville, frère de Choiseul, fit ajoutersur le promenoir les statues de marbre qu’ony voit encore, représentant les saisons.Dans un même but d’agrément, ces prélatsfirent tronquer les énormes contrefortsdu flanc nord de l’aile des Suffragants etutilisèrent les tours-contreforts talutéesde la tour Sainte-Catherine pour installerde grandes terrasses destinées à ouvrirvers les jardins les salles de cette partiedu palais réaménagées à l’occasion.Depuis la courtine longeant le Tarn, onremonte, par une courte volée d’escalierssur la terrasse haute, à l’est, pour y retrouverles restes de remparts médiévaux et destours du XIII e siècle, dont les tours del’Octogone et d’Amboise. Par la porte percéedans le corps de logis fermant la terrasseau sud, on retrouve la cour d’honneur. Lescouronnements dans leur état actuel sontle fruit de remaniements survenus auxXVII e , XVIII e et XIX e siècles. Rien ne nous aété conservé du Moyen Âge, mais les textesviennent ici au secours de l’archéologue.En effet, au début du XIV e siècle, au coursd’un procès contre Bernard de Castanet,des renseignements indirects sont donnéssur le palais. C’est ainsi qu’un texte nouspermet de savoir que les murs de la tourSaint-Michel s’achevaient vers le haut parun crénelage et il y a fort à parier qu’il enétait de même pour la plupart des autresparties du palais.Nous sommes renseignés sur les dispositionsintérieures du palais médiéval parles témoignages consignés lors de ceprocès ainsi que par les inventaires aprèsdécès de deux évêques du XIV e siècle, Pierrede Via et Jean de Saye : la chambre à coucherde Bernard de Castanet se trouvait au moinsau troisième étage de la tour Sainte-Catherine, sa fenêtre donnait sur la courd’honneur et le volet qui la fermait étaitde couleur verte. On apprend également queBernard de Castanet et ses successeurslogeaient essentiellement dans la tourSainte-Catherine, où il y avait une salle deparement, la chambre à coucher, une garderobeet une salle appelée reyrecambra.Par ailleurs, la partie inférieure de latour Saint-Michel abritait la prison del’Inquisition et il est probable qu’une dessalles de cette tour était utilisée par le tribunalde cette institution. Au-dessusse trouvait la chapelle Saint-Michel.La plus grande partie de ces dispositions,qui restèrent invisibles au visiteur du XX esiècle, sont désormais accessibles grâceaux aménagements en cours. En effet, lesdeux belles salles construites par Bernardde Combret dans la partie inférieure del’aile des Suffragants avec leurs beauxvolumes, couvertes de voûtes d’ogives,ont reçu de nouvelles affectations, visiblespar le public ; il en va de même de la partiebasse de la tour Saint-Michel, l’ancienne BisbiaVielha, devenue prison de l’Inquisition


Le Palais de la Berbiepuis réserve du musée. Elle offre auregard un magnifique espace, très élevé,couvert de voûtes d’ogives reposant surdes colonnettes s’arrêtant à leur tour surdes culots. On y retrouve les caractèresarchitecturaux de la construction deBernard de Castanet : croisée d’ogivesmontant très haut, arcs formerets fortementbrisés, retombées sur des colonnettesqui s’amortissent sur des culots.Les salles du premier étage de la tourSainte-Catherine sont visibles, mais entièrementbadigeonnées. Elles abritent unepartie des collections du musée.Les travaux en cours ont permis de fairequelques découvertes d’importance dansle bâtiment. Ainsi, le puits qui alimenta lechantier puis le palais a été retrouvé sousla cour d’honneur, de même que le fourdans lequel on fit cuire les briques destinéesau chantier. Mais la découverte laplus intéressante est sans nul doute cellequi a amené la mise au jour, au sommetoriental de la courtine méridionale et audessusdu dernier étage conservé aprèsl’arasement au XVII e siècle de la turris deDurand de Beaucaire, d’un pavementmédiéval d’une superficie exceptionnelledans le Midi de la France. Celui-ci, datantde la fin du XIII e siècle ou du début du XIV esiècle utilise deux types de carreaux :pour les bordures des carreaux ocrerougede13 x 13 cm estampés de motifs divers decouleur jaune, les autres, jaune et noir, de4,5 x 6,5 cm, aniconiques. Ces pavementssont semblables à ceux dont on connaissaitdéjà l’existence et qui recouvraient lesol de la salle située au-dessus de la chapelleNotre-Dame.À l’occasion de ces travaux, les niveauxprimitifs furent détruits et la tour futdécouronnée sur une hauteur importante.L’étage noble du corps de logis construitpar Durand de Beaucaire esttoujours occupé par la chapelle Notre-Dame. Les voûtes sur croisée d’ogivesconstruites par Bernard de Combret peuventy être encore admirées, décorées depeintures du XIX e siècle. Aux murs sontvisibles des tableaux commandés aupeintre Rousselet par M gr Le Goux de laBerchère au cours de son épiscopat (1687-1703).À la fin du XV e siècle l’évêque, Louisd’Amboise remania l’aile orientale dupalais afin d’y aménager des salles d’apparat.En cours de réaménagement àl’heure actuelle, elles permettent d’admirerdeux belles cheminées du XV e siècle.L’aspect de ce corps de logis fut transformépar Louis d’Amboise quiinstalla des lucarnes dansdes toitures à la françaisecouvertes d’ardoise, rompantainsi avec les crénelagesde l’époque médiévaleet rappelant une façadede château de la Loire.M gr Gaspard de Daillon duLude doubla en largeur lecorps de logis et aménageaau premier étage une salleà manger appelée « Salondoré » et un salon deréception dit « salle de laCroix », décorés tous deuxpar les soins du peintreCoupelet. Enfin dans lesétages supérieurs de l’ailedes Suffragants les dispositionsmédiévales ont ététransformées parM gr Hyacinthe Serroni auXVII e siècle en grandessalles de réception et d’apparatqui abritent aujourd’huiune partie des collectionsdu musée.Ill. 25 : palais de la Berbie


Les caractères architecturaux de laBerbieAinsi, commencé par Durand deBeaucaire au milieu du XIII e siècle, lepalais épiscopal de la Berbie a connu sesheures de gloire sous les épiscopats deBernard de Combret et de Bernard deCastanet dans la deuxième moitié du XIII esiècle. Les caractères de son architecturesont d’une grande originalité. L’emploi decontreforts hémicylindriques, pleins ouévidés, en aussi grand nombre, est un premiersujet d’étonnement, le caractèreanachronique de la forteresse en estun second. Le plan révèle en effet desmurs énormes, l’élévation, de hautesparois aveugles, défendues par des arcsmâchicouliset des créneaux. La défensequi s’exerce du haut des tours et s’appuiesur des murs massifs est une défensepassive. On pourrait qualifier cetteforteresse d’archaïque pour l’époque desa construction, si l’on ne tenait comptede cet élément capital que constitue lematériau employé : la brique. Au choc,celle-ci ne transmet pas de vibrations aumur et au point d’impact, elle s’écrasesans que la paroi soit ébranlée. Parailleurs, l’épaisseur des murs de la Berbieest une garantie de stabilité supplémentaireen même temps qu’une défense sanspareille contre la sape. En effet, la briqueuse prématurément les outils et étantdonné que la construction de murs entièrementappareillés en brique parfois sursept mètres d’épaisseur, ne laisse aucuneplace à un quelconque blocage, la tâchedes sapeurs s’en trouve considérablementaccrue.Ces caractères architecturaux contrastentavec ceux des grandes constructionscontemporaines du Midi de la France. Eneffet, au moment où Bernard de Combretet Bernard de Castanet font édifier laBerbie, saint Louis, Philippe III et PhilippeIV font construire Aigues–Mortes, Carcassonneet les forteresses des Corbièrestournées contre l’Aragon. Or, il est étonnantde constater l’opposition de styleentre les constructions de Carcassonneet celles d’Albi. D’un côté, toutes les techniquesdes ingénieurs du roi, toute la qualitéd’un appareil soigné, tous les organesde défense d’une fortification moderne ;de l’autre, la fortification traditionnelle etl’emploi d’un matériau inhabituel.Les prélats albigeois, en refusant lesmodèles royaux, manifestèrent doublementleur indépendance à travers laconstruction de la Berbie. C’est aux architectesde Bernard de Combret que revintle mérite de proposer des solutions originales,en partie enracinées dans les traditionslocales. C’est à Bernard de Castanetque l’architecture, élaborée sous son prédécesseurdut d’atteindre l’ampleur, lagrandeur, voire la démesure. Ces deuxévêques avaient souhaité se mettre àl’abri, ils y ont réussi. Il suffit pour s’enPalais de la Berbie,côté Sud© Ville d’Albi


Palais de la Berbie, coupe, relevé de Hardy, 1880


Le Palais de la Berbiepalais de la Berbie, lucarne de l’aile d’Amboise © Ville d’Albiconvaincre de regarder depuis la courd’honneur le sommet de la tour Mage. Onéprouve alors devant cette masse aveugleune impression oppressante de puissanceet d’écrasement qui dut saisir aux XIV e etXV e siècles tous les routiers de la guerrede Cent Ans, qui jamais n’osèrent s’attaquerà cette formidable construction,absolument unique en son genre.Les jardins de la BerbieFruits de la volonté du premier archevêqued’Albi, Hyacinthe Serroni, les deuxterrasses et le jardin « classique » dupalais de la Berbie virent le jour à la fin duXVII e siècle et orientèrent la vie du palaisvers les rives du Tarn et ses perspectives,traduisant le goût pour la nature et le pittoresquequi se répandait à cette époque.Entretenu jour après jour, ce jardin estmis en scène tous les ans selon un thèmede création décliné également sur l’ensemblede la ville. Au sud, le jardin de broderies,véritable travail d’orfèvre,témoigne de soins attentifs et derecherches qui ont permis de lui restituertout son cachet et sa splendeur d’antan.Le « tout à la main » (arrosage, taille, nettoyage,harmonie des volumes et des couleurs)est imposé par la configuration dusite, mais aussi par la volonté d’unerecherche de qualité et de finition quemérite ce patrimoine végétal.Ill. 26 : tour MageLes jardins de la Berbie© Ville d’Albi

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