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Flash - Mondomix

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03 sommaireMagazine <strong>Mondomix</strong> — n°33 Mars / Avril 2009>Kristin Asbjørnsen Page 20jenny alpha Page 28radioclit Page 08khaled Page 34filastine Page 38oumou sangaré Page 22lo jo Page 31+ SUR LE WEB www.MONDOMIX.COMMARSAVRIL


04 ÉDITO - mondomix.comMARS-AVRIL/2009>L’intraitable beauté du monde " XXXX" par par Marc Bena cheEstúpidos e Inúteis // La conquête de l'Amérique vu par l'artiste béninois Aston - Exposé au musée Afro Brasil à Sào Paulo (Brésil)« En se touchant et s’échangeant, les mondes ont engendré des espaces où nous devonsapprendre à vivre »Cette petite phrase est extraite du nouveau livre-manifeste d’édouard Glissant (interview page26) et de Patrick Chamoiseau : L’intraitable beauté du monde : adresse à Barak Obama. Ce textepoétique et engagé questionne l’évènement médiatisé à outrance, de l’élection présidentielleaméricaine, en séparant le grain de l’ivraie. D’un côté les « lieux communs » « répétés jouraprès nuit après jour, comme mantras et croyances » et de l’autre, l’élection d’Obama relevantde l’inévitable « créolisation » du monde, qui « s’oppose aux traditionnelles poussées del’exclusive ethnique, raciale, religieuse et étatique des communautés actuellement connuesdans le monde ».Comme une fraiche utopie pragmatique, ce manifeste nous engage, sans faux-semblants, eten n’érigeant surtout pas la « créolisation » en dogme, à combattre pour la beauté du monde,pour un espace où nous devons apprendre à vivre ensemble.Ce petit livre, d’une soixantaine de page, est peut-être la meilleure nouvelle de ce printempsobscurci par l’épais manteau de la « crise » dont la surmédiatisation nous suffoque. À force defaire de ce phénomène un spectacle télévisé on finira par transformer les chômeurs en hérosde série télévisée. À trop agiter le spectre de la récession économique comme évènementmajeur, on risque de réveiller les monstrueux vestiges du repli identitaire que l’auteur nomme« l’exclusive ethnique, raciale, religieuse et étatique ».Cette crise, comme celles du passé et celles à venir, doit simplement nous apprendre à mieuxvivre ensemble, à mieux répartir les richesses, à nous donner confiance dans nos élans departage et de solidarité, plutôt que de nous inciter à nous recroqueviller dans les angoissesentretenues par la « grande messe » du 20 heures télévisé.Le Vivre ensemble c’est ce qu’interrogent sans relâche les artistes qui nous entourent… quece soit par la musique, l’image, la matière, la parole ou le geste.C’est la crise ? Alors mettons l’Art au centre de nos préoccupations, l’argent finira toujours parnature à circuler de nouveau. En revanche, il appartient à tous de mener le combat contre « ledéficit en beauté » que creuserait une politique du cloisonnement.À lire : é. Glissant, P. Chamoiseau L’intraitable Beauté du monde, adresse à Barack Obama, ed. Galaade.À Voir : Kréyol Factory, Exposition du 7 avril au 5 juillet 2009, Grande Halle de la Villette, Paris.>Notre édito ou l'un de nos articles vous fait réagir, écrivez-nous !Édito <strong>Mondomix</strong>, 9 cité paradis, 75010 Paris,ou directement dans la section édito de www.mondomix.com2009 MARS/AVRIL n°33


06 - mondomix.com -"França.br 2009" L’ANNÉE DE LA FRANCE AU BRÉSILD.R.YURIBUENAVENTURAest notre invitéPropos recueillispar Yannis RuelLe salsero colombienrevient avec Cita con laluz un album dont il signechaque titre, et où il inviteOlivia Ruiz, Baloji, Morleyet Berry et aborde desthèmes plus intimistes. Iln’en reste pas moins unhumaniste déclaré.Interview intégrale surmondomix.com> Quel regard portezvoussur la productionculturelle contemporaine,en particulier dans ledomaine musical, enColombie ?Les pays en guerre n´ont pasde budget pour la culture.La production culturellecolombienne repose donc surles épaules de ses artistes.Mais notre culture, basée surles mélanges ethniques etculturels, est millionaire.Malgré les conflits,l´expression artistique y estquotidienne, éternelle etconstante. On a aujourd´huiune ministre de la cultureafro-colombienne, la premièrenoire de l´histoire du pays à untel niveau de responsabilité.Cette femme travaille pourla mémoire et en faveur deplusieurs projets porteursd´espoir. Elle mérite notresoutien.Devant le succès rencontré par l’année du Brésil en France en 2005, les présidentsfrançais et brésilien ont décidé qu’il était temps de renvoyer l’ascenseur et d’organiserl’année de la France au Brésil. « França.br 2009 » sera uneformidable plateforme de coopération culturelle qui devraitpermettre à nos deux peuples d’apprendre encore plus l’unde l’autre et de travailler ensemble.Organisée conjointement par le ministère de la Culture et de laCommunication et par Culturesfrance (ainsi que leurs homologuesbrésiliens), cette grande fête se déroule du 21 avril au 15 novembreautour de quelques 380 projets scientifiques, techniques,économiques, universitaires et culturels retenus par les deux pays.Côté français, le but est de valoriser la création contemporaine, ladiversité régionale et le débat. Côté brésilien, on cherche à privilégierl’équité et ouvrir les manifestations à un vaste public, en tâchant decouvrir l’ensemble du territoire, mais c’est aussi le développementculturel durable qui est visé, puisque nombre de ces projets jouerontles prolongations en 2010.45 échanges musicaux feront vibrer la dorsale transatlantique : onne peut s’empêcher de citer la reprise du répertoire de Gainsbourgpar l’Orquestra Imperial, un concert de l’Orchestre Nationald’Île-de-France et Lenine, ou une édition spéciale à Salvadorde Bahia du festival Musiques Métisses d’Angoulême (en novembre). <strong>Mondomix</strong> réaliserale Centre International des Musiques Noires en collaboration avec le Museu do Ritmo deCarlinhos Brown, en plein cœur de Salvador.Plus officieux mais non moins croustillant, mentionnons enfin un DJ set de RKK (le journaliste RémyKolpa Kopoul), à Recife, qui célébrera en musique son 40 e anniversaire, après avoir décidé, il y adix ans, lors de ses 50 ans, de compter les décennies à rebours. En bon camarade, Rémy a voulupartager l’aventure et s’est arrangé pour trouver avion et hôtels à bas prix. Du coup, une soixantaine depersonnes l’accompagnent et l’aventure se déguste en direct sur internet .www.rkkrecifetour.frwww.culturesfrance.com/franceaubresilhttp://anodafrancanobrasil.cultura.gov.brÀ l’arrache...l'actualité des cultures du mondeles enfants de Bobtrinquent à la bière Marley!La nouvelle est tombée mercredi 12 févrierdans le quotidien Miami Herald, quelquesjours à peine après le 64 e anniversaire de lanaissance de Bob Marley : ses enfants ontvendu le nom du chanteur à Hilco ConsumerCapital (HCC), une société spécialisée dansle développement de marques. L’annonce dece partenariat a été faite conjointement parCedella, fille de Bob Marley, et par le présidentd’HCC, James Salter.Du côté des héritiers ça donne : « Nous veillonsdepuis des années à protéger l'héritage de notrepère. Il existe une très forte demande de produitsperpétuant sa légende. Le partenariat que nousavons conclu avec James Salter et l'équipe Hilconous permettra de développer le patrimoine qu'ilnous a légué en mettant l'accent sur la qualité,tout en préservant son intégrité et son sensartistique inné. »Et du côté de la société, la même chose : « Noussommes ravis de nous associer à Cedella, Ziggy,Rohan et toute la famille pour continuer de fairevivre l'héritage laissé par Bob Marley dans lemonde entier. »On l’aura compris, les vendeurs sont ravis et pourcause : le 65 e anniversaire du chanteur approche,accompagné de son programme complet dedéveloppement et de commercialisation deproduits grand public! D’ici peu, on pourra doncsurfer sur une planche Bob Marley, marcher avecdes chaussures Bob Marley, boire du café etmême de la bière Bob Marley !Ce n’est qu’un coup de pied marketing de plusdans la légende. Depuis longtemps déjà, desmarques créées en sa mémoire telles que « OneLove », « Tuff Gong », « Three Little Birds », « CatchA Fire » et « Relics of Antiquity » comptent parmiles plus populaires du monde. Ces sociétésexploitent plutôt le pendant rasta de Bob Marleyen commercialisant des briquets, des t-shirt,des petites boîtes… à son effigie. Avec HCC, lacontradiction avec l’esprit rebel et libre inhérentau chanteur est seulement un peu plus évidente.n°33 MARS/AVRIL 2009


à l’arrache - mondomix.com - 07n Sino Cinoche n n n n n n n n n24 CityUn monde qui s'en vaAd Vita24 cityDepuis ses débuts, Jia Zhang-Ke pose sa caméra dans lemince entre-deux qui sépare un monde du suivant. Après l'exodecausé par le barrage des Trois Gorges (Still Life), le cinéastechinois s'est intéressé à Chengdu, capitale du Sichuan et vieillegloire industrielle de l'ère communiste. Symbole de cette époquerévolue, l'usine 420 et sa cité ouvrière seront bientôt raséespour laisser place à un immense complexe d'appartements :24 City. Une dernière fois, Jia Zhang-Ke donne donc la paroleaux travailleurs, à cette Chine d'avant, laborieuse et silencieuse,qui expire lentement. À mi-chemin entre documentaire et fiction(certains témoignages sont joués par des acteurs), 24 City poseun regard bouleversant sur un géant en pleine mutation versle capitalisme moderne. Depuis, un violent séisme a ravagé larégion et résonne comme un tragique écho à ce monde qui s'enva...Réalisé par Jia Zhang-Ke, avec Joan Chen, Zhao Tao,distribué par Ad Vitam, Chine, 1h47Sortie le 18 marsn écrans de l’Est n n n n n n n nBoogieUn mari laisse sa femme et son môme à la maison pour passer lasoirée avec ses potes d'enfance. Récit de leur errance nocturne,Boogie dégage une légèreté un peu grave, un truc indéfinissablequi surgit entre deux dialogues filmés en plan-séquence. Sortede version roumaine réussie du Cœur des Hommes, ce petit filmparvient, sous son apparente simplicité, à débusquer la véritéqui sous-tend les rapports humains.Réalisé par Radu Munteanu, avec Anamaria Marinca, Dragos Bucur,distribué par Films sans frontières, Roumanie, 1h43Sortie le 4 marsDeltaUn frère et une sœur deviennent amants et découvrentque leur père a tué leur mère. Delta est un concentré de cecinéma d'auteur de l'Est qui prend la pose. Taiseux, poisseux,impassible, il se donne de grands airs mais n'a finalement rien àdire. La séquence du viol est parlante : alors qu'il commence lascène en plan large, à la bonne distance, le cinéaste la terminesur un gros plan crapoteux et indigne. Ca se veut radical ; c'estsurtout un peu bête.Réalisé par Kornel Mundruczo, avec Félix Lajko, Orsolya Toth,distribué par Le Pacte, Hongrie, 1h32Sortie le 4 mars2009 MARS/AVRIL n°33


08 - mondomix.com - à l’arracheBonne nouvelleIl y a toujours des artistes à découvrir. Ils n’ont pas toujours demaison de disques ou de structures d’accompagnement. Ce n’estpas une raison pour passer à côté !DRRadioclit,fréquence worlddans les clubs.Texte Isadora DartialParis, fin 2008. C’est dans une soirée électrorockanglaise exportée à Paris, la NME,qu’on a découvert Radioclit. Le duo de DJproducteursfranco-suédois accompagnédu MC sud-africain Molaudi y faisait alorsdanser tous les slims-chemises parigots surdu coupé-décalé ivoirien! Le thermomètreexplose, infiltration réussie…Depuis cinq ans, Radioclit, basé à Londres,remet la world musique au cœur des clubset des réalisations électro pointues. C’estpourtant le hip-hop qui réunit Etienne Tronet Johan Karlberg, une passion communequi les fait bosser au départ avec de jeunesrappeurs anglais. Très vite, Radioclit enchaîneles soirées, mais aussi les productionset remixes pour les chanteuses et lesgroupes : MIA, Santogold, Bonde Do Roleou encore Vampire Weekend. Des artistesaux compositions déjà ouvertes sur lemonde (baile funk, indian vibes) mais dontles morceaux, une fois ressortis du posteRadioclit, se pimentent de percus africaines,de pow-wows, de musiques gitanes oudernièrement de dabke, ( musique de mariagesau Liban, en Syrie et Palestine ), dont l’éventaildes gammes les fascine. Toujours connecté,Radioclit trouve dans les musiques dumonde, l’énergie fédératrice qui manque enclub. Etienne explique : « On aime beaucoupla house et l’électro, mais on a l’impressionque ça ne se renouvelle pas trop ! Du coup,tous ces sons du monde apportent un souffleneuf. Pour nous, la meilleure musique de clubaujourd’hui vient d’Afrique. »Depuis un an, ils ont investi le Notting HillArts Club de Londres avec leurs soirées« Secousse » qui invitent la crème worldde Londres. Des soirées qui « montenttout doucement mais peuvent décollertrès haut si les gens sont chauds ! »,selon Etienne. « Nos mixes mélangent demanière totalement anarchique les sons :on peut passer de l’Islande à l’Afrique, avecdes détours par la Turquie en moins d’unquart d’heure!» Si la scène club de Pretoriaen Afrique du Sud (Dj Cleo, Mujava)les excitent, ils rêvent d’inviter MagicSystem dont ils sont fans pour les unan de « Secousse » . La soirée devraitarriver à Paris en juin prochain, date àlaquelle sortira sur leur label, GhettoPop, le premier album de leur protégé :Esau Mwamwaya, artiste du Malawi qu’ilssurnomment « le Phil Collins africain ».En guise d’amuse-bouche, vous pourrezécouter leur album de remixes des tubesde MIA, Architecture in Helsinki… revisitéssauce malawi par Esau. Ensemble, ilss’appellent «The Very Best…» C’est toutce qu’on leur souhaite !> Quels conseils donneriezvousà des artistes débutant leurcarrière aujourd’hui?YURI BUENAVENTURA : Le conseil,c'est qu'il ne s'agit pas d'une carrièremais d'amour et de musique. Laissezle reste aux autres!n°33 MARS/AVRIL 2009


à l’arrache - mondomix.com - 09Valérie PasselegueMIKéan Découvert par RFIDécerné lors de la finale du 13 novembre à Antananarivo( Madagascar ) , le Prix Découverte RFI, présidé par l’ancienlauréat Tiken Jah Fakoly, a récompensé cette année le groupemalgache Mikéa. Fondé en 2001 par Théo Rakotovao, laformation tire son nom d’une tribu du sud-ouest de l’île. Sesmusiciens jouent un mélange de blues-rock (ils reprennentle Hey Joe popularisé par Hendrix) et de beko, polyphoniesvocales jouées à l’origine lors de funérailles. Le 10 février 2009,lors d’une soirée de présentation au New Morning à Paris, nousavons appris l’engagement des festivals Musiques Métissesd’Angoulême et Jazz sous les Pommiers à Coutances deprogrammer Mikéa lors de leurs prochaines éditions. Le premieralbum international du groupe devrait sortir en mai prochainchez Contre Jour/Harmonia Mundi.> http://www.rfimusique.comn à découvrir à paris// FESTIVAL AU FÉMININ du 1er au 8 mars« Si tu éduques un homme, il éduquera un enfant, si tuéduques une femme, elle éduquera une nation ». Ce proverbeafricain colle à l’esprit du Festival au féminin qui met en lumièrele parcours de femmes exceptionnelles. Leur dédiant unespace, laissant agir leur art, l’évènement veut surtout toucherles femmes ordinaires. Entre autre, on retrouvera la Béninoisede Mam’Sika, un électron libre aux airs de jazz nomade, lafougueuse Tsigane d’Erika & Emigrante à qui aucun cliché nerésiste, la Comorienne Nawal et sa musique métissée.La Goûte d’Or - Paris> http://www.grainesdesoleil.com/// FESTIVAL ALGER-PARISdu 14 avril au 19 avrilCe dialogue musical entre ces deuxvilles phares d’Orient et d’Occidentpromet de vous immerger au cœurde la création artistique algérienne.Vous pourrez ainsi retrouverAkli D, fervent défenseur d’unchant moderne kabyle le mercredi15 avril. Le dimanche 19 avril,ne ratez pas la performance deHasna El Becharia, voix mythiquedu Gnawa qui n’a pas résonnéen France depuis de nombreusesannées, et qui sera relayée lemême jour par Alla, joueur deoud tout simplement légendaire !De quoi réviser vos classiques !Théâtre 13 (Paris)> www.theatre13.comD.RHASNA EL BECHARIA2009 MARS/AVRIL n°33


10 - mondomix.com - HommageD.R.orlando lopezyasmina Zousheikh hamza shakkûrOrlando « Cachaito » Lopez(1933-2009)Le célèbre contrebassiste cubain du Buena Vista SocialClub, Orlando « Cachaito » Lopez, s’est éteint le 9 février2009 à La Havane à l’âge de soixante-seize ans des suitesd’une opération de la prostate.Né à La Havane le 2 février 1933, Orlando grandit au seind’une famille de musiciens : il est le neveu du célèbrecompositeur Israel « Cachao » Lopez et son père estbassiste. D’abord musicien de l’Orchestre SymphoniqueNational, Cachaito s’illustre dans des boîtes de jazz avant derejoindre le Buena Vista Social Club en 1996. Le groupe sefait connaître sur le plan international grâce au documentairedu cinéaste allemand Wim Wenders. Leur premier albumreçoit un Grammy en 1997 et est choisi par le magazineRolling Stones comme l’un des cinq cents plus grandsalbums de tous les temps. L’annonce du décès d’OrlandoLopez porte un nouveau coup dur au Buena Vista SocialClub qui a déploré la disparition de Compay Segundo etRuben Gonzalez en 2003, d’Ibrahim Ferrer en 2005 et dePio Leiva en 2006.Kim BiegatchSheikh Hamza Shakkûr(1946-2009)Sheikh Hamza Shakkûr a succombé à un accident cérébral àl’âge de 62 ans dans la soirée du mardi 3 février. Ce munshid(chanteur voué au chant religieux islamique) et muqri (lecteurdu Coran) de la Grande Mosquée de Damas (Syrie), s'est faitconnaître à travers le monde en tant que membre régulierde l'Ensemble Al-Kindî depuis 1991. Il devait assurer auxcôtés de Julien Jalal Eddine Weiss et de ses musiciens unesérie de concerts dans les prochaines semaines qui auraitdû le conduire au Théâtre de la Ville le 11 avril prochain, àSalzbourg ou aux états-Unis. Sur disque, il avait participéà quatre enregistrements de l’Ensemble Al-Kindî dont Lesderviches tourneurs de Damas : liturgie soufie de la GrandeMosquée des Ommeyyades de Damas, paru en 1999 sur lelabel Chant du Monde/Harmonia Mundi.B.M.n°33 MARS/AVRIL 2009


à l’arrache - mondomix.com - 11Joe Cuba(1931-2009)Le « père du boogaloo » est décédé dimanche 15 février àl’hôpital du Mont-Sinaï à New York.Joe Cuba était le plus exposé des chanteurs de boogaloo,une fusion entre rythmes latins et rythm’n blues, qui occupales premières places du « Top 40 » américain durant lesannées 1960 et 1970. Cette prépondérance marqueral’avènement du mouvement « Nuyroican » de New York,né de l’appropriation de l’art américain par les enfantsd’immigrés portoricains et de son mélange avec la cultureAfro-caribéenne.Le sextet de Cuba a eu pour particularité de remplacer lescuivres par des vibraphones : ce sont des morceaux telsque « Bang Bang », « Push Push » où encore « El Pito » quihissèrent l’ensemble au rang de précurseur du son latino deNew York à cette époque.MEK> Quelle organisation, organisme ou association,publique ou privée, travaillant dans un domaine social,culturel ou environnemental, aimeriez-vous nous fairedécouvrir?YURI BUENAVENTURA : Piedad Cordoba, une sénatricecolombienne qui travaille toujours pour la libération des otages,même après Ingrid Betancourt... Je lui dédie mon album."Cita con la luz Mercury", Universal dans les bacs le 3 marsPiedad CórdobaD.R.Au sein de la première force d´opposition au président ÁlvaroUribe, à l´aile gauche du Parti Libéral, la sénatrice colombiennePiedad Córdoba fait des Droits de l´Homme et des Minoritésson cheval de bataille depuis 1994. Nommée médiatrice dans lecadre de l´accord humanitaire entre les FARC et le gouvernementcolombien de 2007, ses affinités avec le Vénézuélien HugoChávez et son franc-parler ont soulevé une polémique, aggravéepar des accusations de liens avec la guerilla. Aujourd´hui porteparoledu mouvement « Colombiens pour la paix », elle ne cessed´œuvrer sur le terrain à la libération des otages.http://www.piedadcordoba.net/2009 MARS/AVRIL n°33


12 - mondomix.com - PORTFOLIOOxmoPuccinoPropos recueillis parBenjamin MiNiMuMPhotographies et légendesd'Oxmo PuccinoNon content deposséder l’un des flowsles plus précieux etl’une des plumes lesmieux aiguisées du raphexagonal,Oxmo Puccino est aussiun homme d’images.Alors que son nouvelalbum L'Arme de paix sortle 23 mars, le rappeurd’origine malienneprésente une expositionde ses photos prises enAfrique dans le cadre de lasixième édition du festivalhip-hop lyonnais L'Originaldont il est le parrain.Nous vous présentons unesélection de ses clichés,commentés par ses soins.Depuis quand faites-vous dela photo ?Je fais de la photo depuis l'âgede 19 ans. Au départ, c'étaitsimplement une envie de fairedes images et de les développeravec mes amis. Je n'avais aucuneconnaissance technique maisétant passionné de dessin, la prisede vue et le cadrage m'étaientnaturels.Avril 2005 : dans la cour de chez mon défunt oncle Seydou à BamakoQuel appareil utilisez-vous ?à cette époque, nous partagionsun reflex Canon. Puis les fraisd’investissement furent dédiés àla musique. Néanmoins, commej’étais féru de technologie, jesurveillais l'arrivée des appareils.Mon premier numériqueproduisait des images de...un mégapixel ! Aujourd'hui, onpeut obtenir de bonnes imagesà moindre coût, cependant ellesrestent en-dessous de la magiedes photos argentiques. Lesphotos choisies ici proviennent d'un NikonD70. J'ai aussi un Ricoh GR Digital, un Aires35 III et un Yashica T3. L’année prochaine,je prendrai un Canon.à quelle période de votre vie avezvousvécu au Mali ? Quel est lerythme de vos visites en Afrique?J'ai peu vécu au Mali puisque je suis arrivéà Paris à l'âge de un an. Je n'y suis retournéqu'une seule fois ensuite dans mon enfance.Il m'aura fallu 25 ans pour y revenir. J'y faisdepuis des allers-retours plus réguliers.J'essaye d'y aller au minimum deux fois paran. Mais cette année, avec l'enregistrementde mon nouvel album, j'ai manqué detemps. Je ressens d'ailleurs le besoin d'yrepartir très vite. J'y suis allé quelques foispour la musique : j'avais ainsi été invité parAmadou et Mariam à participer au festivalLes Paris Bamako. Et j'y suis retourné ily a un an pour faire un concert avec mesmusiciens... J'espère pouvoir terminer latournée qui s'annonce par un concert dansla capitale malienne !n°33 MARS/AVRIL 2009


Mars 2005 : une tranche de vie des ces enfants, qui rythment le cours de l’existence à BamakoPORTFOLIO - mondomix.com - 13Avril 2005 : vue de l'Hôtel de l'AmitiéAvril 2005 : la femme africaine...EXPOSITION DU 2 AU 12 AVRILGalerie des TerreauxPlace des Terreaux / 69001 Lyonet à suivre dans les Fnac en juin/juilletÀ écouterAvril 2005 : mon cousin devant le Centre des Jeunes Aveugles de BamakoOXMO PUCCINO "L’arme de paix" (Cinq7/Wagram)dans les bacs le 23 marswww.loriginal-festival.com2009 MARS/AVRIL n°33


14 - mondomix.com - numériqueMy mondo mixLANCEMENTDE LA NOUVELLE VERSION !My Mondo Mix vous invite à aller plus loin dans le partage et la collaboration !Vous pouvez désormais créer un nouveau type de projet : le « projet collectif »qui permet à tous de contribuer à un seul et même projet commun grâce à sesimages, vidéos, sons et textes.Pour inaugurer cette nouvelle version de My Mondo Mix,participez tout de suite à notre grand concours « Votre mix du Maroc » !GRAND CONCOURS PHOTO« Votre Mix du Maroc »Le monde recèle de richesses à découvrir et nous vous invitonsà partager celles que vous avez dénichées !Du 25 février au 31 mars,participez à notre grand concours photo« Votre Mix du Maroc » sur www.mymondomix.com.Pour participer, c’est très simple !Il vous suffit de vous inscrire à My Mondo Mix (inscriptiongratuite) et de partager avec la communauté votre photo duMaroc, celle qui, selon vous, représente le mieux votre vision dece pays.Le gagnant verra sa photo publiée dans le prochain numéro dumagazine <strong>Mondomix</strong> (n°34 mai/juin) et en home-page de MyMondo Mix !FocusVoici notre sélection de projets My Mondo Mix :Paris et Istanbul unispar les musiquesimproviséesAlors que l’on s’apprête à célébrerl’Année de la Turquie en France, lecollectif jazz BalBaZar et le groupeTurc Gevende présentent sur notresite leur projet commun.Peu de débats auront fait couler autantd’encre que la place – ou non –de la Turquie dans l’espace cultureleuropéen.à leur manière, les musiciens de Bal-BaZar ont décidé d’y répondre.Cet orchestre jazz parisien ouvert àtous les styles, « de Mozart au hardrocknippon » (sic), accueillera en résidenceGevende en juillet prochain,pendant une semaine.Objectif : mettre en scène un spectaclecommun avec ce groupe folkturc extrêmement original, adepte depsychédélisme et – tout comme leurscomparses français – de longues improvisations.Une fois monté, ce spectaclebasé sur le Soundpainting (unedirection d’orchestre conçue pourles musiques improvisées), sera jouédevant le public turc au cours d’unetournée d’une semaine au départd’Istanbul. Un rapprochement doublementheureux, puisque l’année de laTurquie en France se déroulera de juillet2009 à mars 2010 et qu’en parallèle,l’ex-capitale de l’Empire ottomansera capitale européenne de la Culturel’an prochain.à suivreJérôme Pichonhttp://mymondomix.com/unissons/balbazarn°33 mars/AVRIL 2009


Only WebNUMÉRIQUE - mondomix.com - 15musiques créolesselectionde 5 albumsdisponibles sur :mp3.mondomix.comTipari"Tipari"(Buda Musique)Téléchargersur mp3.mondomix.com23320FOCUSfrancophonieDans un article du numéro précédent consacré au ConseilFrancophone de la Chanson (CFC), nous avions omisde souligner le rôle primordial joué par l’OrganisationInternationale de la Francophonie (OIF) dans la réalisationdes compilations annuelles « Francophonies ». L’OIF financeen effet intégralement cette compilation, dont le CFC gère ladimension technique.Pour rappel, l’OIF défend la langue française et la diversitéculturelle et linguistique partout dans le monde. à ce titre,l’organisation soutient la musique et les arts du spectaclefrancophones, particulièrement dans les pays du Sud oud’Europe centrale et orientale. L’OIF est notamment leprincipal contributeur financier du Marché des Arts duSpectacle Africain (Masa) et assure chaque année laprésence des professionnels du Sud au Womex ou auForum des Musiques du Monde.Téléchargersur mp3.mondomix.com23363Jenny Alpha"La sérénade du muguet"(Aztec Musique)Elle apporte enfin son expertise aux Jeux de la Francophonietous les quatre ans, en participant au processus de sélectiondes artistes et à l’organisation des jurys du volet culturel.www.francophonie.orgAlain Péters"Vavanguèr"(Takamba)TéléchargerTéléchargerSoft"Partout étranger"(Aztec Musique)Téléchargersur mp3.mondomix.com24181sur mp3.mondomix.com22175sur mp3.mondomix.com20327Les Maîtres du Bèlè"Les Maîtres du Bèlè deSainte-Marie"(Buda Musique)blog à partACCORDEURPhilippe Krümm fut tour à tour et dans le désordredirecteur du seul label au monde à n’enregistrer quedes solistes ou des moteurs de moto, « 5 planètes »,qui fut un temps le premier magasin de disques dédiéaux musiques du monde ; rédacteur en chef de TradMagazine et conseiller éditorial de <strong>Mondomix</strong> ; chroniqueurgastronomique spécialisé dans les eaux de source,directeur de la programmation du festival de Saint-Chartieret organisateur d’une fête du cheval de trait en Bourgogne.La plus grande passion de ce touche-à-tout éclairé restecependant le piano à bretelles. Organisateur du prix GusViseur et rédacteur en chef du mensuel Accordéon etaccordéonistes, il anime sur mondomix.com un blogéponyme, où l’on apprend que l’instrument a de touttemps voyagé et a pris part à d’innombrables stylesmusicaux.http://mondomix.com/blogs/accordeon.php


16 - mondomix.com - numériqueCadeauxd’Artisteshttp://sonideronacional.com/blogRevendiquant une esthétiquepop, Lal Meri dépose à votreintention Dreams of 18 sur leurwww.lalmeri.com. Qui plusest, trois titres et deux remixesde leur Bad Things sonten écoute. L’un d’eux est signéCarmen Rizzo, un producteur,remixer réputé qui est par ailleursmembre fondateur deNyaz, une formation cosmopopsignée sur le label Six Degrees.Si son carmenrizzo.comn’offre aucune piste à télécharger,il propose un player réunissantnombre de ses travauxpour Gus Gus, Paul Oakenfold,Coldplay, le Cirque du Soleil,Ekova, Michael Nyman etmême un extrait d’un bootlegdes Doors. Passionnant.Basé à Stockholm (Suède),Fågel Roc réunit une flopée demusiciens : deux percussionnistesbrésiliens, un bassistehongrois, un guitariste suédois,un joueur de derboukauruguayen et quelques « ratonslaveurs », comme diraitPrévert.Sur leur site www.fagelroc.se,on peut écouter leurs compositionset télécharger unemultitude de remixes. En effet,quatre pages sont disponiblesoffrant des versions « balkandub », « dance », « cumbia »,« tech’mix » et même « tango »de leurs morceaux.Tout aussi cosmopolite, mais àl’effectif plus restreint, Lal Meriest un quartet californien composéde deux claviers, dont untabliste à la barbe poivre et selet une chanteuse à la voix blondeet blonde.Plus au sud, à Mexico, le collectifSonidero Nacional, lespionniers de la nouvelle écolede la cumbia comme ils sedéfinissent, archive à notre attentionsur http://sonideronacional.com/blogune bonnedouzaine de remixes, où quelquesstars du hip-hop posentà l’insu de leur plein gré surdes remix cumbia.De quoi piocher quelques bootlegsqui feront toujours leureffet lors de vos soirées entreamis !Les CosmoDJs : DJ Tibor & Big Buddhacosmodjs@mondomix.comn°33 mars/AVRIL 2009


MarchéColombienatlas - mondomix.com - 17carthagènedes indes,Colombie//Une mine de musiquesTexte et photographies Christine SembaLa première édition du MercadoCultural del Caribe s´est tenue débutdécembre à Carthagène en Colombie.Situé sur la côte Caraïbe, ce port à lasuperbe architecture coloniale est unedestination touristique prisée.S’inspirant de son grand frère, le Mercado Culturalde Bogotá, le MCC offre tout le jour des conférenceset plates-formes, où se rencontrent artistes etproducteurs locaux d’un côté, maisons de disqueset programateurs de l’autre. Le soir, il investit lesclubs du centre historique et ouvre ses concertsà un public de tous âges, visiblement amoureuxde sa culture. On le comprend : la région, forte deses métissages et de ses traditions vivaces, a engendrébien des styles musicaux, et n’a pas fini denous surprendre !Fruit de la rencontre entre accordéon, percussionsafricaines et musiques amérindiennes, le vallenato,originaire de Valledupar, s’est imposé dans tout lepays et les stars du genre vendent plus que Shakiraen Colombie. Le festival s’ouvre avec DyonnelVelasquez, treize ans et lauréat junior du dernierfestival La Leyenda Vallenata, rendez-vous annueloù s’affrontent les prétendants au prestigieux titrede « Roi du Vallenato ».Palenque, le village « le plus africain de Colombie » futfondé par un groupe d’esclaves fugitifs au xviii e siècle.Les traditions y sont toujours perpétrées, commele prouvent les quatre générations de la FamilleBatata, et les Joyeuses Ambulances qui utilisentencore les langues bantou et angola lors de leursimpressionnantes céremonies d´enterrement…De Palenque également : Colombiafrica retisseles liens entre champeta et soukous congolais,tandis que le Sexteto Tabala marie depuis plusde soixante ans – et pour le bonheur de tous ! –son cubain et rythmes afro-colombiens comme lacumbia ou le bullerengue.Barranquilla organise pour l’occasion une miniéditionde son légendaire carnaval, qui mériteraitplus de reconnaissance à l’étranger. Autre institutionde la ville : Petrona Martinez, accompagnée enpartie par ses enfants, enflamme le Hard RockCafé dont la climatisation pourtant poussée aumaximum, peine à assurer son travail…« La région, forte de ses métissageset de ses traditions vivaces, a engendrébien des styles musicaux, et n’apas fini de nous surprendre ! »Reste encore bien d’autres artistes à citer:chez les anciens, Paito maître de la gaita (fluteamérindienne) et Etelvina Maldonado, autresuperbe « mamie » gardienne des rythmes afrocolombiens.Dans la génération montante : lacharismatique Erika Muñoz, ancienne choristede Sidestepper ou le collectif Systema Solarqui regroupe DJ, MC, percussions et VJ. Cesjoyeux fouineurs, fins connaisseurs des musiquescaribéennes n’hésitent pas à scratcher sur des vieuxvinyles de Benny Moré. Un résultat convaincant !C’est à Toto La Momposina,figure emblématique de la région,que revient l’honneur de clore enbeauté ces quatre jours. RafaelRamos, le directeur du MCC, se ditsatisfait par les échanges généréssur le marché et dévoile ses planspour le futur: « Si cette édition seconsacrait à la partie colombiennedes Caraïbes, l’idée à long termeserait de s’ouvrir aux pays voisins ».Vu la richesse musicale de la régionnous ne pouvons que souhaiter qu’ilréussisse !Le rêvede la Grande ColombieColonisée par les Espagnolsau xvi e siècle, la Nouvelle-Grenade, qui regroupeColombie, Panama, Equateuret Venezuela actuels, est, avecHaïti, la première colonie à sebattre pour son indépendance.Elle l’obtient en 1822 sous lenom de Grande Colombie.Simon Bolivar est le maîtred’oeuvre de cette guerre delibération. à sa mort pourtant,en 1830, le rêve de GrandeColombie s’effondre et les paysqui la constituaient prennent unà un leur indépendance. Guerrecivile, putschs militaires,guérilla, corruption, népotisme,enlèvements sont depuis lorsle lot de la Colombie, troublesendémiques exacerbés par letrafic de drogues, marijuanaet cocaïne, et la mainmiseéconomique et politique desEtats-Unis sur la région.(Extrait du parcours «Musiquesde Colombie et du Venezuela»Petit Atlas des musiques dumonde, Cité de la Musique -<strong>Mondomix</strong> - Panama)2009 MARS/AVRIL n°33


18 - mondomix.com - Mots du métierBanlieuesBleuesAttaché de presse/Responsable decommunicationPropos recueillis par Benjamin MiNiMuMPhotographie D.RMarc CHONIER etCécile NIASSEDuo incontournable de toutévénement culturel, l’attachéde presse et la responsable decommunication travaillent dansla même direction, mais pastoujours avec la même ententeet la passion partagée de cesdeux là : Cécile Niasse et MarcChonier nous racontent commentils vivent le festival BanlieuesBleues.l Qu’est ce qui, selon vous, fait laparticularité de Banlieues Bleues?Marc : L’esprit de découvertejamais épuisé. Depuis une vingtained’années, Banlieues Bleues proposedes créations nombreuses à chaqueédition, ainsi que des actionsmusicales à destination des collégiens,lycéens, maisons de quartier, etc…Cécile : J’ajouterai l’intercommunalité.Pendant cinq semaines, seize villes deSeine-Saint-Denis vibrent sur la note jazz.l Comment définissez-vous votretravail?Marc : Convaincre les journalistes de parlerde Banlieues Bleues. Leur expliquer lesméandres de la programmation, leur fairedécouvrir des artistes, des projets, et lessensibiliser aux actions musicales. Un travailde longue haleine !Cécile : Mettre en œuvre toute lacommunication en accord avec la directionet en liaison avec les différents servicesPresse, Relations Publiques, ActionsMusicales et Production ; mettre en placela conception et la réalisation des supportsde communication (plaquettes, dossiers,tracts, affiches, site internet…) ; diffuser desinformations relatives à l’activité ; rechercheret développer les partenariats et le mécénat.l Quelles qualités votre travail requiert-il?Marc : Patience, endurance, pertinence.Cécile : Contacts, disponibilité etorganisation.l Quelles en sont les plus grandesdifficultés?Marc : Dans les médias, la place attribuée àla culture, voire à la musique, se transformede plus en plus en rubrique « loisirs ».Elle diminue d’années en années. à celas’ajoutent les propositions de plus en plusnombreuses dans le domaine culturel.LIENS"À suivre" sur<strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez les concerts Worldde Banlieues Bleues sur <strong>Mondomix</strong>.comdehorsDU 6 MARS AU 10 AVRIL (voir p63)www.banlieuesbleues.orgQuand je suis arrivé à Banlieues Bleues en1998, il n’y avait pas ou peu d’événementsdans la région à la même période.Aujourd’hui, le nombre de manifestationsdans le même champ d’action a décuplé.Cécile : Avoir des documents decommunication pertinents, une bonnevisibilité de l’évènement et surtout « sortir lacommunication à temps » !l Les plus grands plaisirs ?Marc : De voir les articles pleuvoir ?Sérieusement, de tomber parfois sur unarticle, et de se dire que le journaliste avraiment compris en profondeur ce qu’étaitle festival. Et, personnellement, de découvrirchaque année des artistes sur scène. Je nem’en lasse pas.Cécile : Nos affiches sont souvent trèscolorées avec un dessin fort et original ; il esttrès plaisant de découvrir les réactions dupublic lors de nos campagnes d’affichagedans le métro. Mais aussi constater que lepari osé, de toucher et de faire voyager lepublic en Seine-Saint-Denis chaque soir surles concerts ou les actions musicales, estamplement réussi !l Votre souvenir le plus amusant ?Marc : La tradition, à Banlieues Bleues,veut que l’on offre un bouquet de fleurs auxartistes féminines à la fin de leur concert. Unsoir, un technicien est monté sur le plateau,a donné le bouquet à l’artiste et a ensuitelonguement salué avec elle.


Pratiques - mondomix.com - 19Texte Philippe KrümmPhotographie D.R.L’ORGUEÀ BOUCHEDU LAOSLa première fois que les Européensentendent parler de l’orgue à bouche— un instrument original qui fonctionneavec l’expressif principe de l’anchelibre —, c’est en 1636, dans le Traitéd’Acoustique de Marin Mersenne. Parla suite, le monde des sciences et de lamusique a pu découvrir que l’instrumentavait des cousins dans toute l’Asie : lesheng en Chine, le sho au Japon…Outre ce son si particulier,le khène se joue ensoufflant et en aspirant àla manière d’un harmonicadont il est aussi l’un desancêtres.L’instrument, en « radeau »,se compose de deux rangéesparallèles de tuyaux enbambous, enchâssés dansune chambre à vent, unesorte de globe en bois creux.Dans la musique desLao, on trouve d’autresinstruments à ancheslibres, qui sont peut-être lesprécurseurs de l’orgue àbouche actuel. Les lamellesde métal (cuivre) résonnentaussi parfois dans unesorte de trompe en cornede buffle.Indissociable des fêtes etde certaines cérémonies,le mokhène (joueur dekhène) se livre, lorsqu’iljoue solo, à des prouessesLE KHÈNEmusicales époustouflantes, souventaccompagnées de danses et d’attitudesphysiques qui illustrent les proposde la musique interprétée. Chaqueprestation d’un mokhène révèle ainsiun art musical et chorégraphique trèscodifié mais aussi ouvert à toutes leslibertés : quand il accompagne leschants improvisés « lam », il se plieà toutes les « demandes » musicalesproposées par le molam (chanteur).La naissance du khène se noie dans leslimbes du temps. Une jolie traditionraconte qu’au départ, une femmeavait conçu cet instrument pourimiter les oiseaux. Pour chaque peupleasiatique, si les légendes diffèrent, leschants restent toujours une référence.La « voix » du khène peut passer dessons les plus fluides etcharmeurs à des effetssonores saccadés, voireagressifs. Un résumé de lavie tumultueuse du peuplelao.Quand la voix de l’hommeest portée par le souffled’un mokhène, c’est unpeu comme si la traditionet la vie parlaient d’uneseule voix, tant les deuxentremêlent leurs chants.MOLAMS ETMOKHÈNESChants et orgue àbouche du LaosLes 10 et 11 mars à la Maisondes Cultures du Monde pourle Festival de l’Imaginaire(voir p.62) www.mcm.asso.frLe 15 Mars à Rezé pour lefestival Instants du Monde(voir p.64) www.larcareze.fr2009 MARS/AVRIL n°33


20 - mondomix.com 6 e continent FESTIVALAvec plus de 2000 participants annoncés en provenance de90 pays différents, une centaine de stands présentant tousles secteurs de l’activité musicale, ainsi qu’une trentaine deshowcases, la 5 e édition du Forum des Musiques du MondeBabel Med Music, s’annonce déjà comme la plus réussie.Du 26 au 28 mars 2009, professionnels et amateurs tendrontl’oreille vers Marseille. En attendant de vous révéler dès le26 mars, sur notre site, le lauréat du Prix <strong>Mondomix</strong>-BabelMed, découvrez tout de suite trois artistes symboliques de ladiversité artistique de l’évènement.// Kristin AsbjørnsenNORVÈGETexte Benjamin MiNiMuMVivre au cœur d’un pays de neiges n’a pas empêchéla rousse norvégienne Kristin Asbjørnsen d’inonderses rêves musicaux du soleil de l’Afrique.(c) Hans Fredrik AsbjørnsenLe premier rayon est sans doute apparu lors de sa rencontre avecla chanteuse Afro-américaine exilée à Oslo, Ruth Cleese. Originairede Chicago, celle-ci l'initia au répertoire afro-spiritual des esclavesNord-Américains. Elle lui en apprit les nuances, lui en révélal'histoire et lui offrit les clés pour en goûter la beauté. Mélanged'hymnes de foi chrétienne et de traditions africaines, ces chantspermettaient aux captifs d'exprimer leur soif de liberté. Ils ouvrirentl'horizon de Kristin qui ne cessera alors de les tourner dans tousles sens pour en découvrir sa propre porte d'entrée.Fille de pasteur, aguerrie dès l'enfance à l'art choral (cantiques etchants traditionnels), elle poursuit sa quête initiatrice à l'adolescenceau sein de l´école de jazz de Trondheim, sur la côte ouest de laNorvège. Elle multiplie les expériences, sans se limiter à une seuledirection, gourmande des saveurs de toutes les musiques à saportée. Au milieu des années 1990, un concert de Kandia Kouyatéla bouleverse : le chant de la griote malienne la plonge au cœur del'Afrique, la rapproche des racines de ces chants d'esclaves qui lahantent. Au sein du groupe Dadafon où sa voix préside, le jazz semâtine d'essences africaines.Régulièrement, elle visite le Mali pour percer les secrets de l'espritmandingue. Mais elle ne copie pas, évite les clichés et filtre toutesses influence à la lumière de sa musique intérieure. Elle rencontredes musiciens à sa mesure et avec eux, découvre une combinaisonmagique de cordes et d'harmonies vocales avec lesquelles elleéclaire d'un prisme intime et personnel ces chants afro-américains.Ils sont devenus pour elle comme des mantras qui à force derépétition dégagent leur énergie bienfaitrice.En 2006, six ans après la disparition de Ruth Cleese, l’albumWayfaring Stranger – A Spiritual Songbook révèle KristinAsbjørnsen (il s’en vendra plus de 50 000 exemplaires !) et luiouvrira la voie d’une carrière internationale. Un second recueil doitprochainement voir le jour, mais Kristin vient de sortir en NorvègeThe Night Shines Like the Day. Ce projet, qui doit faire surface enfin d’année sur l’hexagone est déterminant pour elle. Entièrementécrit par ses soins, il réunit des guitares, un violoncelle, un piano,des percussions et l’instrument central du groove mandingue leluth n’goni. La Norvège n’a jamais été aussi proche du Mali.Le 9 mars New Morning, le 28 au Babel Med de MarseilleKRISTIN ASBJØRNSEN Wayfaring stranger (Le Son du Maquis/H.M.)(c) <strong>Mondomix</strong>// Kamel El Harrachinouveau souffle chaâbiALGÉRIETexte Eglantine ChabasseurToute la communauté chaâbi attendait cela depuisdix-sept ans : Kamel El Harrachi sort son premieralbum. Dans Ghana Fenou, il rend hommage àson père mais esquisse surtout, à sa manière, lescontours d’un chaâbi contemporain, en phase avecle Maghreb d’aujourd’hui.C’est un petit événement dans le milieu du chaâbi : à trente-sixans, Kamel El Harrachi a enfin pris le chemin des studios. Son père,Dahmane El Harrachi, fut une figure tutélaire du chaâbi algérois etl’auteur du célèbre morceau Ya Rayah (« Le Voyageur ») remis augoût du jour par Rachid Taha dans les années 1990. Kamel s’estofficiellement consacré à la musique en 1991, en reprenant le nomde son père décédé une décennie plus tôt. Cette année-là, il aaussi enregistré à Alger une cassette de reprises des morceauxpaternels, qui réussit à convaincre l’exigeante communautéchaâbi. Depuis, il mène une carrière brillante mais discrète,donnant des concerts et des récitals à Paris, en Europe ou dansn°33 mars/AVRIL 2009


festival 6 e continent mondomix.com - 21// KUMARSorcier cubainCUBATexte Yannis RuelLIENS LIENs"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez le blog du gagnantdu concours Babel Med (cf. p 10)et le reportage de la rédaction endirect du Babel Medwww.docks-des-suds.org#babelSa réputation le précède, comme une rumeurgrondante portée par ce sentiment d’urgence àvoir le hip-hop cubain sortir de sa bulle. Kumardébarque sous le parrainage d’Ojos de Brujo, pourdire les maux d’une jeunesse qui n’a que troprarement voix au chapitre.(c) Xavier Torres-Bacchettale Maghreb. mais surtout : dix-sept ans aprèsses débuts, Kamel sort enfin son premier album,Ghana Fenou (« il a chanté son art»), où il rendhommage à l’immense carrière de son père, pourmieux s’en démarquer, au fil des compositions. Audébut de l’enregistrement, en septembre dernier, il confiait avec unsourire : « J’essaie de faire de belles choses, mais je porte le nomd’un grand artiste sur mon dos, et même si on est bon, c’est unpeu délicat. Je ne pourrai jamais ressembler à mon père, j’essaiede faire de mon mieux et de donner à ma manière un nouveausouffle au chaâbi. »Né dans la Casbah d’Alger dans les années 1940, le chaâbi restetoujours apprécié en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, mais estdélaissé par les jeunes, et de moins en moins sollicité pour lesmariages. Alors, Kamel invite quelques instruments pas vraimentorthodoxes sur ses morceaux : le clavier, la contrebasse, les congasou les bongos. « Les chansons enregistrées par mon père dansles années 1950 chez Pathé Marconi racontaient leur époque.J’essaie de moderniser cette musique, car le raï, le rap, l’ont unpeu mise à l’écart ». Dans Ghana Fenou, la musique de Kamel estvivante, dansante et ses textes racontent l’amour, la trahison, ou lasociété : « Le chaâbi reste une vraie musique populaire. Il doit êtretoujours à l’écoute de ce que vivent les gens d’aujourd’hui. »à Alger, les jasmins des balcons et des arrière-cours refleurissentdéjà.Il rappe vite et fort, avec cette tchatche qui porte la marque desfaubourgs périphériques de la capitale. Né il y a 24 ans dans lequartier de Mantilla à La Havane, Kumar fait son apprentissagedu micro à l´écoute des radios et productions de rap US quicirculent sous le manteau. Sous l´impulsion pionnière du duoObsesión, relayée par le succès d´Orishas, le mouvement du rapcubain ne tarde pourtant pas à afficher sa singularité caribéenne,en puisant dans le patrimoine Afro-cubain ou en flirtant avec lereggaetón. Kumar intègre en 1999 Familia´s Cuba Represent, l´undes premiers groupes de rap locaux à gagner une visibilité aupays de Castro. Initié aux ficelles de la production, il poursuit sacarrière en solo depuis 2003, participant à tous les festivals et mixtapesqui rythment l´underground insulaire. Au contact du collectifInteractivo, mené par le pianiste Roberto Carcassés avec Yusa etWilliam Vivanco, sa science de la rue se distancie d´un rap pur et durpour embrasser une fusion urbaine tous azimuts à la cubaine. Unedémarche syncrétique qui cherche à étendre aux musiques afrosles logiques qui régissent l´univers spirituel de la santería. Sur scèneaux côtés du rockeur X Alfonso, en studio avec la MC Telmary Díaz,à l´affiche et sur la b.o. du film Habana Blues, Kumar est partout ets´impose comme l´un des meilleurs espoirs de la scène alternativecubaine. Une scène qui trouve un écho privilégié du côté du BarrioChino, ou de Raval, à Barcelone. Figure de proue de la musique«mestiza» catalane, Ojos de Brujo signe un nouvel épisode dansl´histoire des allers-retours entre la Méditerranée et la Caraïbe autravers d’un voyage à La Havane en 2005. Impressionés par le flowet le charisme félin de Kumar, ils l´invitent à les rejoindre en Espagnepour participer à leurs sound-systems et surtout, produire sonpremier album. Annoncé depuis un an, Película de Barrio sort enfincet hiver. En attendant que cet opus traverse les Pyrénées, la Francea l´occasion d´apprécier le phénomène sur scène, pour une séanced´envoûtement garantie.le 20 mars (New Morning) et le 28 mars (Babel Med Music)KUMAR Película de Barrio (Diquela / Universal Spain)le 26 mars au Babel Med Music, MarseilleKAMEL EL HARRACHI Ghane Fenou (Tam/Mosaic) dans les bacs le 24 mai2009 MARS/AVRIL n°33


22 - mondomix.com AFRIQUE interview// Oumou SANGARÉMaliTexte Bertrand Bouard Photographie Judith BurrowsAttentive, souriante, prompte à s’esclafferou à réfléchir à son parcours,Oumou Sangaré n’a rien d’une diva inaccessible.La chanteuse la plus populaire du Mali évoque son nouvelalbum, Seya, le succès international de ses compatrioteset les raisons qui, un jour, la poussèrent à chanter.n Racontez-nous la genèse de ce nouvel album, que vous avezcoproduit avec Cheick Tidiane Seck.Je l’ai commencé il y a trois ans. Ca m’a pris du temps en raison de mesautres activités (Oumou est notamment propriétaire d'un hôtel et d'uneconcession automobile à Bamako – NDLR). L’enregistrement en lui-mêmen’a pas été si long, il s'est fait dans plusieurs studios de Bamako, dont celuide Salif Keita. Pour composer, je commence par écrire les paroles, puisj'invite mon joueur de n'goni et on créé un rythme ensemble. Ensuite, je faisvenir le groupe. Cette fois, j'ai fait appel à Cheick Tidiane Seck, qui a jouéun peu et fait les arrangements sur certains morceaux. Officiellement, c’estnotre première collaboration, mais on se connaît de longue date. Quandj'étais petite, dès qu’il me voyait, il me demandait de venir chanter et medisait : « toi, tu as une belle voix, tu peux chanter ! » (rires). Enfant, j'allaisvoir ses spectacles avec mes frères et sœurs. à l'époque, les stars c’étaientlui, Salif, le Rail Band. Ils le sont restés à mes yeux.n Vos albums sont très attendus au Mali.S’agit-il d’une pression positive ou négative ?Positive. Les gens m'écrivent, m’arrêtent dans larue pour me demander un nouvel album. Et c'est çaqui me pousse. Sinon je peux attendre longtempstellement j'ai de choses à faire !n Vos activités économiques n’empiètent pastrop sur la musique ?La musique reste toujours au centre de mespréoccupations. Je tourne sans arrêt, en Afrique,aux états-Unis, au Canada, au Mexique, en Australie,je n’arrête pas !! J’ai joué à Boston le 20 décembredernier, j’étais invitée avec mon groupe à l’Universitéde Harvard (à l'occasion du soixantième anniversairede la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme –NDLR). C’était un honneur et ça s’est très bien passé.Je n’y ai pas trouvé mon public habituel, les gensétaient cravatés, sérieux, mais à la fin j'ai réussi à lesfaire danser !n Avec le recul, quel regard portez-vous sur lesuccès de votre premier album Moussolou, en1990, et la popularité qui a suivi ?Je crois que ce qui a plu aux gens, c'était le francparlerdu disque. J'ai dénoncé quelque-chose, lemariage forcé, qu’il était très difficile d’accuser àl'époque. Personne n'osait en parler et quand je suisn°33 mars/AVRIL 2009


interview AFRIQUE mondomix.com - 23arrivée avec mon disque, c’était comme si j'avais lu dans lespensées des gens, car tout le monde était content que j'évoquele sujet. Je l'ai fait parce que ma mère a beaucoup souffert etcomme j'étais la première fille, j'ai partagé sa souffrance. Enquelque sorte, c'était un hommage à ma mère, mais toutes lesfemmes se sont retrouvées dedans.n Depuis, la situation a évolué au Mali. Pensez-vous quela musique a contribué à ce changement ?La musique et la culture ont joué un rôle, mais la politique ellemêmea évolué dans le bon sens. Le Mali est l’un des paysen Afrique où la démocratie a vraiment réussi. Les femmes yoccupent une vraie place. Et la musique elle-même a évolué.Aujourd'hui, beaucoup d'artistes maliens tournent dans lemonde entier. La musique malienne a toujours été de qualité etle monde la découvre aujourd'hui, grâce aux premiers artistesqui ont réussi à percer. Quand j'ai commencé, il n’y avait queSalif et Ali Farka qui tournaient à l'étranger, et puis des genscomme Rokia Traoré ou Habib Koité sont venus. Et ils sont tousdifférents, car le pays est très riche culturellement. Tout le Maliest très fier de ça, bien sûr.n La force des artistes maliens réside-t-elle dansl’équilibre qu'ils trouvent entre tradition et modernité ?Il y a de ça. Les artistes maliens, même s'ils essaient d'ouvrirles portes, restent très attachés aux traditions. Quelqu'un quiconnaît le Mali reconnaîtra tout de suite de quelle partie du paysvient une musique, même modernisée. En ouvrant les portes, ilsconservent la base. Quelque chose est là qui ne se détruit pas.C’est ça leur point fort.n Votre album accorde lui-même une certaine place àla modernité, avec la présence des guitares électriquespar exemple.Il y a une ouverture, en effet, mais même lorsqu’il y a une guitareélectrique, autour on entend le n'goni, le karignan, le djembé.Et le rythme wassoulou est conservé, celui-là même qu’on peutentendre au fond de la brousse. Mais la présence de la batterieou des guitares permet aux gens qui ne connaissent pas lewassoulou de s'y retrouver. J’ai essayé de penser à tous mesfans, mais sans dénaturer ma musique.n La musique vous a-t-elle été inculquée au sein devotre milieu familial ?Du côté de ma mère, c’est une famille d'artistes. Ma grand-mèreétait une star de la musique wassoulou. Je ne l’ai pas connue,mais j’ai entendu ses enregistrements. Ma mère aussi a une bellevoix, elle chantait dans les cérémonies, comme les mariages oules baptêmes. J’ai donc un peu hérité ça de ma mère."À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez un portrait vidéoet la chronique deSEYA (World Circuit/Harmonia Mundi)En concert :1 avril à l'Alhambra Paris (75),2 église de Saint-Denis,3 Cully (Suisse),31 mai Festival Musiques Métisses àAngoulêmewww.quaibranly.frn Et l’écriture, comment vous est-elle venue ?C’est la souffrance qui m'a poussée à écrire. J'ai commencé àchanter vers cinq ans, et vers treize ans, j'allais chanter dansla rue pour rapporter des sous. J’interprétais des chansonstraditionnelles, mais la douleur m'a poussée à critiquer lasituation des femmes que je ne trouvais pas normale. Quandma mère s'est retrouvée toute seule avec nous, ses six enfants,sans revenu, sans emploi, c'était dur. Parfois, elle nous laissaitpour aller au Sénégal ou d'autres pays voisins faire un peu decommerce. Et si la nourriture qu'elle nous avait laissée étaitépuisée, j’allais dans la rue pour chanter. Les gens me donnaientun peu de sous et je filais au marché faire les courses pourpréparer à manger pour mes frères et sœurs. C'est comme çaque ma musique est réellement venue. Cette époque n'était pasfacile mais on a réussi à la surmonter. Je ne le regrette pas car çam'a rendue très forte, ça m’a donné une énergie. J'ai peut-êtrela musique dans le sang mais c'est le malheur qui m'a incitée àdevenir artiste.Le 2 mai 2009 OumouSangaré sera l’invitéed’honneur de la Nuit desDivas au Zénith. Aux côtésd’Aïcha Koné, Babani Koné,Thione Seck, Mokobé ouSefyu, elle rendra hommageà la regrettée MiriamMakeba, disparue le 9novembre dernier.Miriam Makeba représente tout pour moi.C'est une dame qui m'a toujours encouragée.Quand j'avais seize ans, je suis venue aufestival d'Angoulême avec le groupe « Djolibapercussion ». Quand je suis descendue descène, elle m'a tirée par le bras : « Ma fille, tuas une voix pas possible, pourquoi tu ne crééspas ton groupe à toi ? » à l'époque elle parlaitle français avec un fort accent, j'avais beaucoupde mal à la comprendre (rires). Et depuis lors,elle ne m’a jamais quittée. Dès qu'on se voyait,elle m'invitait dans sa chambre pour discuter.(Miriam Makeba et Oumou Sangaré se voyaientnotamment aux réunions de la FAO à Rome, dontelles étaient toutes deux ambassadrices pour leurspays respectifs – NDLR).Le jour de sa mort, j’étais bouleversée. Et enmême temps, c'est une femme qui s'est battuejusqu'à la dernière minute de sa vie pour lescauses nobles. Elle était partie soutenir un écrivainmenacé de mort. Et elle a succombé sous lesapplaudissements de son public, juste aprèsavoir terminé son concert, alors que les gens larappelaient.Tout le monde doit mourir un jour mais c'estimportant d'avoir une belle fin. C'était unebattante, qui a risqué sa vie. C'est une grandepour l'Afrique entière, une femme que j'ai aimée etque je vais continuer à adorer.D.R.2009 MARS/AVRIL n°33


créole dossier mondomix.com - 25Plus qu’une langue, le créole est une façon d’envisager le monde,de laisser la porte ouverte aux différences, de les intégrer à nos valeurs.En Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion, ou en Haïti,on trouve de multiples exemples de « créolisations » réussies.Nous avons demandé à édouard Glissant poète, écrivain et penseur Antillaisde nous éclairer sur ce phénomène si riche en poésie et en musique,comme le prouvent Jenny Alpha, René Lacaille, Tabou Combo, Malavoiet bien d’autres encore…Détail d'une œuvre de Philippe Thomarel, tirée de l'exposition kréyol factory à LA VILLETTE / Paris du 7 avril au 5 juillet2009 MARS/AVRIL n°33


26 - mondomix.com dossier créoled’une expression dominante ; il s’agit d’idiomes, qui, à partird’éléments absolument étrangers les uns par rapport aux autres(lexique, grammaire et modes de prononciation) fabriquent ceparler imprévisible. C’est une langue de jeux, d’images, pas deconcepts ; on ne peut en découvrir les lois qu’après usage.Les créoles (anglophones, francophones, lusophones) se sontproduits de manière foudroyante et apparaissent en cinquanteans. C’est à partir de cela que j’ai conçu l’idée de la créolisation,puis de créolisation du monde. Car ce n’est pas seulement lefait de pays complexes : le monde entier se créolise.../// Peut-on dire, par exemple, que le jazz est unemusique créole ?// édouard GlissantLA MARTINIQUETexte Isadora Dartial Photographie D.R.Ce que l’on entend en premier, c’est cettevoix, aussi cabossée qu’enthousiaste.Et l’on se prend à penser que c’est ça,le timbre du poète : une voix qui peineà se placer tant les mots et pensées jaillissentsans crier gare. Imposant, apaisant, le poète etpenseur édouard Glissant vient de co-écrire avecPatrick Chamoiseau un livre* qui voit dans le 44 eprésident des états-Unis, la personnificationmêmedu principe de créolisation. Une pensée etun processus qui traversent son œuvre./ Pouvez-vous redéfinir ce que dans Le DiscoursAntillais vous nommez l’ « identité Caraïbe » ?Quand j’ai parlé, il y a très longtemps de « l’antillanité », je voulais diresimplement et sans agressivité qu’il était temps pour les écrivains antillaisde revenir à la réalité concrète de leurs pays. Un noir martiniquais neressemble pas à un noir brésilien qui ne ressemble pas à un noir afroaméricain.Et même si la Négritude défendue par Césaire s’imposecomme phénomène historique nécessaire et incontournable, il fallaitrevenir à des notions plus complexes et détaillées de la réalité de nosterritoires. J’ai toujours pensé, et c’est là qu’une évolution s’amorce,qu’ils étaient des pays de métissages, de mélanges, de multi-contacts.Ce qui m’a vite conduit à l’idée que si on voulait définir ces cultures, ilfallait parler de cultures de créolisation.// Pourquoi avoir employé ce terme ?Ma réflexion s’appuie sur ce constat : les langues créoles ne tendentpas à devenir des patois, dialectes ou déformations agressivesAbsolument. Les musiques entrées aux états-Unis (italiennes,irlandaises, juives…) étaient toutes déjà constituées. Les gensont apporté leurs chansons d’enfance, de mariage, de deuil.Les migrants africains, arrivés par la traite, n’avaient pas derépertoire propre, car ils ont débarqué après une opérationde ratissage complet de la sensibilité et de la mémoire.Dans l’enfer du bateau négrier, on a oublié la langue,les chants, les dieux, les instruments quotidiens, lamanière d’aimer, de haïr. Et le jazz, c’est quoi ? Ehbien, c’est la recherche de tout ça … Il a fallu retrouverles traces, ce que j’appelle « une vision prophétiquedu passé » : recomposer l’histoire oubliée et latransmettre avec des instruments occidentaux. Cetterecherche dans les profondeurs engendre les rythmes,la conception des mouvements musicaux, qui, mêlée à latonalité des instruments européens, donne naissance au jazz.Par conséquent, ce style, comme le reggae plus tard, est biensûr créole ! C’est d’ailleurs pour cette raison que cette musiqueest devenue universelle ! La chanson de mariage irlandaise, sibelle soit-elle, ne l’est pas forcément pour le monde entier.//// Que pourrait-on dire des musiques comme lemaloya, le gwo ka ou encore le bèlè?Elles ont risqué de disparaître car les endroits où ces musiquessont apparues (Réunion, Guadeloupe, Martinique) ont faillidevenir complètement français, avec ce danger de perdre toutepersonnalité originelle. Menacées par l’intimidation, elles sesont tenues en retrait pendant très longtemps. C’est de manièrevolontariste qu’elles ont pu revenir : or, une musique n’a pasà être volontariste, une musique s’exprime. C'est ce qui faitd’elles des musiques de combat et de résistances.écrivain et penseur martiniquais néen1928, édouard Glissant est l’auteurde nombreux romans, poèmes etessais.Il a développé le concept de« créolisation » ou d’« antillanité »,qui défend la notion d’identité multipleouverte sur le monde.édouard Glissant L’intraitable beauté dumonde, adresse à Barack Obama (ed. Galaade.)www.edouardglissant.comn°33 mars/AVRIL 2009


créole dossier mondomix.com - 27// URBAN KREOLMieux vivre ensemblepar Squaaly// CompasLe compas a été la musique dominante dela Caraïbe francophone avant d’être détrônépar le zouk dans les années 1980. « LesHaïtiens nous ont inoculé le virus : pendantvingt ans on n’a entendu qu’eux », raconteJacob Desvarieux, leader de Kassav’, quifêtera ses 30 ans de carrière cette année,le 16 mai, au Stade de France. Cette hégémoniedu compas a largement motivéla création du groupe star des Antilles,formé en 1979, inventeur du zouk, autremélange stimulant caribéen. « Le compasétait la musique qui faisait 90% des ventesquand nous sommes arrivés. Nous avonsen partie bousculé un peu le truc. Cela dit,il n’y a pas une différence fondamentaleentre les deux musiques. » Et le compasgarde toujours une place de choix dans lecœur des Antillais. Dérivé du style « meringue» (à ne pas confondre avec le nerveux« merengue » des voisins de Saint-Domingue),musique lancinante inventée par lesHaïtiens au xviii e siècle, à partir de la contredansefrançaise, le compas (kompa encréole) est un cocktail au rythme syncopé,un bonheur savoureux comme une terrepromise pour tous les aficionados de danseset d’ambiances tropicales. C’est « La »musique nationale urbaine d’Haïti, le cimentde sa diaspora. Il a été créé en Haïti par lesaxophoniste Nemours Jean-Baptiste dansles années 1950. « à Port-au-Prince, où unbig band s’appelle un « jazz », une réunionde musiciens à la rue de l’Enterrement donnenaissance en juillet 1955 au “compasdirect” », raconte Ralph Boncy, opérateurculturel et musicologue haïtien vivant auCanada, auteur notamment de l’ouvrageLa Chanson d’Haïti (Editions CIDIHCA –1992). « Le rythme commercial du “maestro”Nemours Jean-Baptiste devient lecourant dominant. Une marque de fabriqueque chaque ensemble arrange à sapropre sauce. La cadence va s’enracineraux Antilles françaises et se prolongerdans le zouk. Grandissant sous haute surveillance– dictature oblige – le compas sesépare pourtant peu à peu de son aspectballroom mondain pour devenir une musiqueengagée, parfois violente ; de plus enplus vitale » ... Article à suivre sur sur<strong>Mondomix</strong>.comD.R.Tabou ComboFestival Mizik Factoryles 10, 11 et 12 avril à laGrande Halle la Villette"À suivre" sur<strong>Mondomix</strong>.comun portrait de Malavoi parPatrick Labessewww.villette.com/kreyol_factory/mizik_factory.htmlCollectif de musiciens, Urban Kreolrevendique haut et fort une vision dumonde où la rencontre et le partagesont des valeurs fortes ! Autour decette ambition, se rassemblent desartistes amoureux de la voix telsGerald Toto, David Walters, SandraNkaké, Fred Alie, Karl The Voice,Mike Ibrahim… et prochainementDavy Sicard.Avant même de chercher à préciser ce quiles réunit au sein d’Urban Kreol, Gérald Totoet David Walters pointent du doigt le plaisirqu’ils ont à chanter ensemble comme cesoir de janvier où avec Sandra Nkaké, ilsse sont produits à l’Espace Aimé Césaire(Marseille) à l’invitation du Margose Festival.« Qu’on soit accompagné par un orchestreou dans le plus simple appareil (guitaresvoix)comme à Marseille, ça nous fait dubien artistiquement avant tout ! », souritGérald Toto. David Walters ne dit rien d’autrequand il avoue, spontanément, raffoler deces moments où il n’est plus leader de sonprojet, où il ne doit plus veiller à tout, maisêtre là, juste pour la beauté de l’art et desrencontres qu’il provoque. « Car c’est pourça que tu décides un jour de consacrer tavie à la musique ! »Plaisir et affirmationd’une identité créole urbaine.« Cette réunion d’artistes pointe le paradoxefrançais : nous sommes citoyens français,nés le plus souvent en métropole…Mais dèsque l’on cherche à s’exprimer musicalement,on nous place automatiquement sous labannière de la world. On nous demanded’où l’on vient, comme si nous devions faireallégeance à la Francophonie avec en arrièreplan, des enjeux qui dépassent nos propresvies », précise-t-il en écho aux revendicationsqui font surface aujourd’hui, des Antilles àla Réunion. « C’est le "vivre ensemble" quiest au centre de notre propos. S’écouter,échanger, donner et recevoir avec commebut ultime, le beau, l’harmonie. C’est aussiça qui est au centre des événements enMartinique et Guadeloupe. » décrypte GéraldToto à l’attention des métropolitains quiaimeraient connaître les raisons de la colèreexprimée par les Antillais ces dernièressemaines.2009 MARS/AVRIL n°33


28 - mondomix.com dossier créole// Jenny AlphaLA MARTINIQUETexte Patrick Labesse Photographie D.R.Dans une ruelle paisible du 15 e arrondissementà Paris vit une femme chanteuse d’un âgerespectable qui, en une heure, vous donne uneleçon de bonheur et de sérénité.BOUQUET D’HISTOIRES.Elle s’appelle Jenny Alpha, reçoit avec élégance, sourire, ti punch, schrubet biscuits. Elle aura 99 ans en avril cette année. Ça vous fait une sacréeaccumulation de souvenirs, une vie aussi longue ! Alors, lorsqu’elle sesouvient d’hier et d’avant-hier, nécessairement des choses sont « misesde côté », les dates se mélangent un peu. Ce qui ne l’empêche pasde se remémorer une foule d’anecdotes, de rencontres, de grandesamitiés (avec Senghor, Césaire, le poète guyanais Léon Gontran-Damas…) d’émotions. « J’ai toujours été très bavarde. Un jour, j’avaispeut-être six ans, on m’avait donné à apprendre un poème qui parlaitd’une gamine surnommée " le moulin à paroles ". Je le récitais avecferveur sans me rendre compte qu’il parlait de moi et que tout le monderiait en m’écoutant ». Bavarde mais pourtant timide auparavant, assureJenny Alpha. « C’est cette timidité qui m’a peut-être amenée vers lethéâtre. Celui-ci a sans doute agi comme une thérapie. Sur une scène,j'avais la sensation que j'étais chez moi, car je ne voyais pas le public,juste un trou noir devant moi. Je me sentais seule et libre. La scène,pour moi, c'était le lieu où je pouvais m'exprimer. »à L’ÉCOLE DE LA SCÈNE : THÉÂTRE ET CHANSONS.Jenny Alpha a sorti il y a quelques mois La Sérénade du muguet,son premier disque depuis un bon demi-siècle, un album délicieux,enregistré avec la complicité avisée du pianiste de jazz David Fackeure.Elle n’en parle pas. Ou si peu. Elle a fait ses premiers disques 78 toursen 1939, avec notamment Al Lirvat, grand musicien et compositeurguadeloupéen décédé à Paris en 2007. Elle a dirigé un orchestre devariété, les Pirates du rythme, qui a écumé casinos, brasseries etgrands hôtels, a chanté à la Canneà Sucre, célèbre cabaret parisien.Elle ne dit mot de tout cela. Ou sipeu. « En fait, je me sens pluscomédienne que chanteuse.Bon, j’avais peut-être unpetit brin de voix, mais jen’étais pas faite pour êtrechanteuse. J’ai d’ailleurspris des cours de chantpour apprendre à placerma voix ». Bref, c’est lethéâtre qui a toujourseu sa préférence. Hiercomme aujourd’hui.Si on lui proposait unrôle, là maintenant, sûr,elle l’accepterait. Enrevanche, ne pas compter sur elle pour un tour de chant. Tant pis pourceux qui l’espèrent, trouvant que la dame a encore un talent fou, unevoix impeccable de justesse et de swing.LA VIE À PLEINES DENTS.Née le 22 avril 1910 à Fort-de-France, en Martinique, Jenny Alpha estla doyenne des comédiennes françaises. Elle vit à Paris depuis 1929, ajoué Tchekhov (La Cerisaie), Courteline (Le Train de 8h47), Genet, AiméCésaire, Marguerite Duras… travaillé avec Daniel Mesguich. « Lui, il m’afait jouer Folie ordinaire d'une fille de Cham, une pièce de Julius AmédéLaou, un écrivain martiniquais que j’apprécie beaucoup. » Son secondmari, le poète Noël Villard, aujourd’hui décédé, émettait quelquesdoutes à propos de cette pièce, en apparence pas tout à fait adaptée àla dame. « Il y a des mots que tu ne vas pas pouvoir dire car ce sont destermes que tu n’as jamais prononcés, disait-il. Eh bien j’y suis arrivéesans problème. Il y avait le mot " pénis " par exemple. Je l’ai dit tout àfait facilement. » Elle pouffe de rire, mi-gamine mi vieille dame indigne,puis ajoute d’un air faussement candide : « peut-être parce que le texteencensait le pénis d’un homme noir avec des mots très caressants ».Jenny Alpha aime la vie qui le lui rend bien.Le 28 janvier, en fin d’après midi, dans un petit appartement du 15èmearrondissement, elle rêve de voyages, encore et encore, voit BarackObama comme un messie, tempête contre l’injustice, loue Malavoi,Ralph Thamar, Alain Jean-Marie, qu’elle se promet d’aller écouter dansdeux jours, avec Mario Canonge, à l’Olympia. Elle redit son amour dela biguine (« qui se danse comme si l’on boitait des deux pieds »), fait lagrimace au sujet du zouk, parle de tout et jamais de rien, sirotant un petitrhum avec délectation.À écouterJENNY ALPHA, La sérénade du Muguet (Aztec Musique)Téléchargersur mp3.mondomix.com23363n°33 mars/AVRIL 2009


créole créole dossier mondomix.com - 29/// BONS PLANSLes Bons plans créoles en Martinique, à La Réunion et en Gouadeloupe par Patrick Labessephotographie St.RitzMartiniqueChez KaddarResto ital tenu par des rastas. Des menusdélicieux avec des jus de fruits faits maison (jusde betterave, de maracudja, de gingembre...).Service dans des plats roots dans un décorqui l’est tout autant, avec du reggae en fondsonore. Pas de touristes, seulement des garsdu coin, des gens « conscients », artistes et «branchés » (culture, médias…) de la capitale.Route de la Folie, à Fort de France.10 euros pour un repas végétarienObama's barBar resto de type boui-boui à Sainte Luce,sur le front de mer. Toit en taule, pas de mur,une caravane en guise de comptoir ! Grilladesfaites sur le bord de la route, tables et chaisesen plastique qui s'enfoncent dans le sable :un endroit super convivial ! Touristes etlocaux s'y croisent en bonne harmonie, surfond d’une excellente musique caribéenne.Stéphane, le boss, est très accueillant. Aumenu : grillade de poissons, de crustacés,ribs (travers de porc)...12-15 eurosDe manière générale, le front de mer deSainte Luce est bien achalandé en bars etresto sympas ouverts sur la rue et la GrandeBleue. Pour décors : des canots de pêcheursun peu partout…Merci à Véronique KanorGuadeloupeBik Kréyol à Beausoleil (Baie-Mahault) :un resto-bar et lieu de concert installé dansun hangar, où la décoration, les boissonsfabriquées à base de produits locaux,attestent une volonté des concepteurs deretrouver une certaine authenticité créole etguadeloupéenne.Coco Café, au Gosier. Le restaurant del’aquarium. Très fréquenté. Produits locaux.La Kasa, à la Jaille, restaurant et lieu deconcerts dans une maison traditionnelle.Zoo Rock, la Marina (sortie de Pointe-à-Pitre), bar-restaurant, boîte de nuit, sur deuxniveaux.Merci à Laurence HatchiRéunionà la Réunion, le jour « in » pour sortir, c'est ledimanche soir : en sortie de plage, directionla RONDAVELLE de Saint-Leu (petite cabaneronde face au port, à quelques enjambées dulagon) où l'on mange des grillades, sirote laDodo (bière locale), tout en matant un concertplein air face à la mer, deux fois par mois.Ensuite, on file à Saint-Louis pour L’ILOT : unbar alternatif, jolie déco, des expos d'artistesréunionnais, cave à vin et assiettes decharcuterie / fromages. Ajoutez-y une superprogrammation qui mêle rock et maloya, avecdes groupes comme Rocksteady SportingClub ou Lo Griyo.Côté Ouest, ça fonctionne pareil à LAGUEULE DE BOIS (la bien nommée) juste àcôté de la plage à Saint-Gilles : bar ouvertsur l'extérieur, on y mange et on y boit(beaucoup) en écoutant un DJ set ou unconcert.Autre bon spot le vendredi soir, le 211 àSaint-Leu : bar en plein air, ouvert parl'équipe du Sakifo, avec plein de bonsconcerts. Ambiance à l'africaine, paillote etguirlandes colorées.Juste à côté : L’AUBERGE DU RELAIS,le resto de Nico le co-proprio, où l'on mangeun excellent cari - le steak d'espadon est unbonheur !Merci à Sébastien Broquetwww.sebtheplayer.com


30 - mondomix.com dossier créole// René LacailleLA RéUNIONTexte Philippe KrümmPhotographie D.R.l Tu débutes la musique en famille, à La Réunion ?Je suis de Saint-Leu, la plus belle ville de l’île! Mon grand-père, mon pèreet tous mes frères sont musiciens. Mon père c’est mon « professeur »,comme j’aime dire. J’ai joué de 7 à 16 ans avec et pour lui. C’était monidole. Je le suivais partout : bals, mariages, fêtes foraines…l Quand composes-tu ton premier morceau ?Sax Sega ! J’avais 25-30 ans. C’est la première fois que je composaisune chanson. C’est devenu LE tube de La Réunion. Je le jouais au sax,d’où le nom de ce titre - qui me rapporte toujours des droits d’auteurs !l Ton premier groupe ?Avec le violoniste Luc Dona, nous avions créé les Ad Hoc. Quand il aquitté le groupe, j’ai repris les rênes de la formation.l Quel répertoire jouiez-vous ?Pas de compos originales, beaucoup d’improvisations et de la variété,du Claude François, les airs à la mode, des slows, des calypsos, de labiguine. Après un aller-retour en France, j’ai créé Caméléon avec AlainPeters, un immense artiste parti trop jeune. C’était un groupe important.Ça n’a duré que trois ans, mais à la fin il n’y avait pas de salles assezgrandes pour nous recevoir. Nous ne pouvions jouer que dans desstades. Là encore, comme durant toute la période de mes débuts, jejouais de la guitare.l En France, tu es plus connu commeaccordéoniste et joueur d’accordina, ton dernierinstrument ?Eh oui ! L’accordina, c’est grâce à l’artisan Marcel Dreux. Au « Salonde la musique » à Paris, il m’a fait essayer son instrument et j’en suistombé amoureux !D’ailleurs sur mon album, je joue pas mal d’accordina.l Cordéon Kaméléon, c’est ton histoire ?J’ai fait un clin d’œil à Caméléon car à La Réunion, ils ont un peu oubliécette formation. Alors dans le disque, je fais des allusions pour rafraîchirles mémoires, qu’ils se souviennent de l’importance de cette aventuremusicale.l Ton disque Cordéon Kaméléon, c’est uneréunion avec tous tes amis musiciens rencontréssur la route ?Le titre Cordéon Kaméléon est la résultante de toute mon histoiremusicale. Alain Courbis (directeur du Pôle Régional des MusiquesActuelles à la Réunion, NDLR), pour me décrire, aimait dire : « René,c’est un “Cordéon Kaméléon”. Il joue avec plein de gens et il s’adapte àtout. » J’avais envie de faire un disque qui résume mon parcours. C’étaitle moment d’inviter les amis.Et ils ne font pas que passer ! Il y a entre autres Danyel Waro, DenisPéan, Bob Brozman, Cyril Atef, Loy Ehrlich, Loïc Lantoine, VincentSegal, André Minvielle.«Quand on a entendu René jouer de l’accordéon dansune soirée, sur la scène ou à la maison, on ne peut plusl'oublier. En plus c’est un cuisinier hors du commun, làoù il passe, il laisse derrière lui un fumet de rougaille. Ilfait de la musique pour tous et de la nourriture pour ungrand cercle aussi. C’est un gars impeccable, un modèlede vie.»Denis Péan / Lo’JoParmi tous les titres, l’une de mes fiertés reste la composition quej’ai écrite, paroles et musique, pour Danyel Waro. Danyel est fand’accordéon. Quand je suis à La Réunion, on chante des petiteschansons des années 1950. Notre tube, c’est un vieux séga, À causeFifine, composé par André Philippe. On a mis six mois pour faire cedisque. Ce que je voulais était assez précis. Mais on était libres. Certainssont venus au départ pour une mélodie, puis se sont retrouvés surplusieurs thèmes. J’ai rendu d’une certaine façon hommage à tousmes amis et aux nouvelles générations, comme mes enfants qui jouentdans le disque.l Comment qualifier ta musique ?C’est de la musique du monde. Beaucoup de clins d’œil à la Réunion.Du séga, du maloya. Il y a aussi les Antilles, le Brésil, l’Afrique et mêmeun peu des pays de l’Est. Je suis fan de toutes les musiques du monde,de tout ce qui est beau, tout simplement.LIENSDehors...le 21 mars à Illkirch (67)Téléchargersur mp3.mondomix.com24355À écouterRENÉ LACAILLE, Cordéon Kaméléon (Connecting Cultures)n°33 mars/AVRIL 2009


32 - mondomix.com AFRIQUE expo// Le Siècle du JazzPARISTexte Anne-Laure LemancelIllustration J.M Basquiat "Kingzulu"Du 17 mars au 28 juin 2009, le Quai Branlyaccueille l’exposition Le siècle du Jazz .Une manifestation pluridisciplinaire quis’accompagne d'Africa Jazz, un cycle musical quiremet en lumière les liens entre l’Afrique et le jazz.LA FIGURE « JAZZ »Dans Tales of the Jazz Age (1922), Fitzgerald illustrait une èreinondée de ce néologisme apparu en 1913 sous la plume d’unjournaliste du Francisco Chronicle. Par le bricolage de quatrelettres au son de cymbales, le vocable délivrait « l’énergie, la joie, lavie, le courage », essence d’un mot qui qualifierait en 1917 le vinylede l’Original Dixieland Jass Band. Dès ce premier avatar, le jazz,la révolte, la tension, l’improvisation, ne cesseront de contaminerle monde artistique, du cinéma (Malle, Antonioni…) à la peinture(Matisse, Mondrian, Basquiat, Warhol, Pollock…), de la littérature(Sartre, Toni Morrison…) à la photographie (Man Ray…) : un « virus »sous-jacent mais mythique qui modèlerait de ses échos syncopésle visage du x x e siècle. De ce constat, Daniel Soutif, commissairede l’exposition, tisse une utopie, celle de remonter le fil d’undialogue pluridisciplinaire entre blue note et déclinaisons de lasphère artistique.Produite à l’origine par le MART (Musée d’Art Moderne etContemporain de Trento en Italie), la manifestation reçoit lesoutien du Quai Branly : ce phénomène afro-américain, issu del’esclavage, métissé à la croisée de trois continents (Europe,Afrique, Amériques), à mi-chemin entre « low and high culture », nepouvait que susciter l’intérêt de son président Stéphane Martin.Sur 2000 m 2 , 1000 objets – partitions, affiches, pochettes dedisque, magazines, bandes dessinées, badges, dessins animés,tableaux de maîtres, extraits de films, de romans et de musiques– retracent donc ce « siècle du jazz ». Construit autour d’une« Time Line » de 1917 à 2002, ce parcours hétéroclite dévoilecitations évidentes et références dissimulées, œuvres établies ettravaux plus méconnus, ceux des peintres du courant HarlemRenaissance (Archibald Motley, Carl Van Vechten…), ou le géniede David Hammons, proche d’Ornette Coleman…SUR LES PLANCHES,L’AFRIQUE.Le jazz ne saurait pourtant s’enfermer entre les murs du musée : auxcôtés de conférences et projections de film, le Quai Branly proposeAfrica jazz, un cycle de concerts autour de l’Afrique, « matriceoriginelle » selon le programmateur Alain Weber. Depuis 1967,le génial pianiste Randy Weston frotte son swing coloré à l’artdes maîtres Gnawas ; en compagnie de la chanteuse éthiopienneEténèsh Wassié, les jazzmen toulousains du Tigre des Platanes,revisitent les sonorités free et funky du « Swinging Addis » desannées 1970 ; surtout, le Théâtre Claude Lévi-Strauss accueilleune création originale, qui promet des sommets musicaux : larencontre entre une mémoire vivante du jazz, Jack de Johnette(batteur de Keith Jarrett) et la célébrissime griotte mauritanienneDimi Mint Abba.Tout commence par un voyage, et une réunion de saxophonistesdans le désert – Dave Liebman, Rick Margitza, et Jean-JacquesQuesada, directeur artistique du projet –, juste après le décèsde leur confrère et ami Michael Brecker en janvier 2007. 40°csous le soleil, un ressourcement, et dans tous les haut-parleursde Nouakchott, la voix d’une chanteuse qui subjugue l’équipe.Un dialogue avec Alain Weber, un coup de fil à Dimi Mint Abba,une requête lancée au monstre sacré de la batterie, et le rêvede Quesada prend forme ! Quelques allers-retours du directeurartistique entre la Mauritanie et les états-Unis confrontent lesrépertoires avant la réunion de tout ce beau monde (Margitza, DeJohnette, Quesada, Dimi Mint Abba et ses musiciens) à quelquesjours de la Première. à l’heure où nous écrivons ces lignes, lesaxophoniste ne sait encore rien de l’allure définitive du projet,mais révèle un enthousiasme confiant : « Grâce à sa souplesse, lejazz a toujours su s’adapter ! Lorsque des personnes qui partagentle même respect de l’art et de la mémoire se rencontrent, ellessuscitent forcément de beaux moments ! »Au Quai Branly, ce début 2009 s’annonce donc bleu et rythmé !Le jazz n’est pas mort ; vive le jazz !LIENSDehors...Le Siècle du Jazz : du 17 mars au 28 juin 2009Africa Jazz au Théâtre Claude Levi-Strauss : (Jack DeJohnette etDimi Mint Abba du 20 au 22/Le Tigre des Platanes et Eténèsh Wassiéles 24-25/Randy Weston et les Gnawas les 27/28)www.quaibranly.frn°33 mars/AVRIL 2009


KhaledALGéRIETexte François BensignorPhotographies Banjee"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez un portrait vidéoet la chronique de LIBERTÉ (AZ/Universal)En concert :22 mars Banlieues Bleues Gonesse (95),15 mai à l'Olympia Paris,30 Musiques Métisses à Angoulêmeww.quaibranly.fr


En couverture afrique mondomix.com - 35RESTAURATION ARTISTIQUEHada Raykoum, La Liberté, Yamina : autant de tubes dont iln’y avait jusqu’à présent d’autres témoignages studio que lesenregistrements sur ordinateur au début des années 1980, la voixcalée entre synthés et boîte à rythme. Le nouvel album de Khaleddonne à ces morceaux de bravoure une dimension orchestralequi les sublime. Sans rien trahir de leur énergie authentiquementraï, Martin Meissonnier, encouragé par la maison de disque deKhaled, réalise un fabuleux travail de restauration artistique.Yamina démarre sur la rondeur veloutée de violons égyptiens, dontl’opulente section habille neuf titres de l’album, puis se transformeen un raï pêchu à la pureté poignante. La voix de Khaled détacheles mots à la manière d’un rap auflow typique d'Oran. Des cuivresponctuent la montée en puissancede la chanson, laissant s’envoler unetrompette latino. « La voix, le violon,le oud, la basse et la batterie ont étéenregistrés en une seule prise. C’estune vraie performance de boxeur :j’adore ! », commente Meissonnier.Hada Raykoum bénéficie d’unprodigieux lifting orchestral. Posée sur son accordéon, l’amplevoix de Khaled module une introduction parsemée de touchesde violon. Puis la chaleur des claquements de mains lance ungroove infiniment raï qu’entraîne la mélodie bondissante du oud.La vitesse de croisière atteinte, la voix de Rita Marley sème ungazon reggae sur le refrain. « Khaled avait enregistré une versionde cette chanson en Jamaïque, explique Martin. On a récupéré leschœurs sur l’enregistrement de cette session. »HISTOIRE D’AMITIÉLa Liberté aussi sonne comme jamais, avec ses trois minutesd’intro géniale accordéon/voix et le synthé analogique pur raï.« Quand on a commencé l’enregistrement, Khaled voulaitabsolument que je lui trouve un Kawai 900 pour reproduire leson d’époque. Je n’ai pas réussi à retrouver le même modèle,mais un équivalent », raconte Martin. Le texte à double sensde ce grand tube évoque la liberté d’un homme qu’une femmegarde attaché à elle par un sortilège. « Deux ans de souffrance etaprès en France », s’exclame le chanteur. Deux ans, soit la duréedu service militaire en Algérie…En choisissant Martin Meissonnier pour réaliser Liberté , Khaledrenoue avec une amitié née à Oran en 1985, l’année où sa cassetteHada Raykoum s’était vendue à trois millions d’exemplaires.« À l’époque, Khaled chantait dans les mariages toute la nuit,se souvient Martin. Il commençait pour les hommes et, à partir" On a optépour un album quiretourne aux racinesoranaise et marocaine"de trois heures du matin, changeait de répertoire et chantaitpour les femmes. Il était assis en tailleur et s’accompagnait surdeux synthétiseurs : un Kawai 900 qui produisait un son genrecornemuse et un Crumar pour faire des nappes. Avec lui, unviolon, une basse, une derbouka, un tar et une guitare. Des tentesétaient dressées sur les toits en terrasse et j’ai assisté à une joutevocale démentielle entre Khaled et Sahraoui, qui comptaient alorsparmi les plus belles voix d’Oran. » Ce voyage au pays du raï avaitpour but de constituer l’affiche du fameux festival raï de Bobigny,l’événement qui a lancé le genre oranais sur la scène française le23 janvier 1986. Khaled, déjà une légende mais sans passeport,attire 4000 personnes alors que la salle ne peut en contenir quela moitié. Deux ans plus tard, Meissonnier retrouve Khaled quandSafy Boutella lui demande de l’aider à réaliser Kutché, l’album quiva révéler le Cheb au grand public hexagonal.Vingt ans après, ils se retrouvent pour revaloriser l’essence musicaledu raï. Martin : « J’étais d’accord pour un disque réalisé dans lesconditions du live. Je ne voulais pas de “clic”, pas de métronomeou de boîte à rythme. J’ai toujours trouvé les concerts de Khaledmeilleurs que ses enregistrements, parce qu’avec sa voix, il tirel’orchestre de façon incroyable. Donc, l’idée était d’enregistrerKhaled avec les huit musiciens de son groupe de base. La plupartsont ceux qui l’accompagnent habituellement sur scène, commeKouider Berkane, le violoniste, qui joueavec lui depuis plus de trente ans. Lebassiste, Maurice Zemmour, qui estaussi son chef d’orchestre depuis dixneufans, n’avait jamais enregistré dedisque avec Khaled. »RETOUR AUX SOURCESCet album réserve aux amateurs depurs moments de raï, comme SidiRabbi, une invite à la danse dans lemeilleur style à l’ancienne. Le chanteur y demande pardon à Dieupour toutes les bêtises qu’il a pu faire, dans un esprit presquesoufi. Comme sur Ya-Rayi, son disque précédent, Khaled reprenddeux morceaux de Blaoui Houari : Zabana, raï plein d’émotion,commence lentement, puis s’échappe dans une ambiancejazzy sur la mélodie alerte du piano. Le texte évoque le premiercondamné à mort oranais du temps de la colonisation française.Dans sa cellule, l’homme revoit sa vie passée avant de marcher versl’échafaud. La nostalgie s’installe aussi par empreintes fugitivesdans Baba, seule chanson en français, dédiée à la mémoire deson père. Ou encore dans Sorli, joli thème sur l’enfance, qui sedéveloppe en douceur, caressé au reflux du refrain par le souffledes cordes, avant de s’élever toujours plus haut.« On a opté pour un album qui retourne aux racines oranaise etmarocaine », explique Martin. Le style berbère à la Nass El Ghiwane,principale inspiration de Noujoum El Khams (Les Cinq Étoiles),premier groupe du Cheb âgé de douze-treize ans, illumine l’undes titres. Plus original encore : il s’essaye avec succès sur un airgnawa, chantant la longue intro voix et gumbri avec la convictiond’un maâlem. Une guitare pop fait démarrer l’orchestre – « Un clind’œil à Led Zeppelin », explique Martin avec malice – pour fomenterune superbe ambiance en montée progressive, jusqu’à la transefinale.2009 MARS/AVRIL n°33


aï afrique mondomix.com - 37En effet, à part quelques gros concerts, comme ceuxde Khaled, la musique se joue rarement en live et enpublic en Algérie. Les salles de concert et les festivalsdépendent du très officiel ministère de la Culture. Lesintégristes musulmans et la décennie noire (les années1990) sont passés par là ; le secteur en porte toujoursd'amères cicatrices. Oran n’a jamais été soumise aucouvre-feu et malgré l’assassinat de Cheb Hasni, enplein jour à Oran en 1994, et les menaces qui pesaientsur les éditeurs et les artistes, le raï a résisté. Maisaujourd’hui, il doit faire face à un nouveau problème detaille. Dans son bureau au cœur d’Oran, Boualem, producteurde l’incontournable maison de disques DiscoMaghreb, semble ne pas avoir dormi depuis des nuits.« Cela fait presque un an que nous sommes à l’arrêt.Dès qu’on sort un disque sur le marché, il est piraté.On ne peut pas grand chose contre les sites internetoù quasiment tous les cinq cents artistes de notre cataloguesont en accès libre…Ni d’ailleurs contre les« Aujourd’hui le raïest un peu déçu, un peumalade, un peu cassé »et le guellal, longue percussion en terre cuite recouverte d’une peauet un tambourin fournissent la base rythmique au chanteur. « Là,c’est le vieux raï, le raï bédoui à l’origine de tout le reste », expliqueCheb Reda. C’est en fait la musique issue de l’exode rural dans lesannées 1950, qui chante le quotidien amer des paysans en margede la ville et qui, repris par la jeunesse, donnera le raï tel qu’on leconnaît aujourd’hui. Le public est nombreux, plus âgé, mixte. Surune banquette, une femme porte une robe traditionnelle, une autreun décolleté vertigineux. Cheb Reda me traduit les paroles du chanteur: « Je veux me défoncer, tout oublier, donne-moi à boire »…On resterait bien plus longtemps, mais la tournée des cabarets nese termine pas là. Dernière étape : le Biarritz, ouvert par un Françaisen 1956, ancien haut-lieu de la chanson (Dalida et EnricoMacias y chantèrent à la fin des années 1960), et incendié par desterroristes en 1993, à la veille du Ramadan. Il a été reconstruit àl’identique : c’est un petit théâtre désuet, moulures en plâtre et rideauxbleu roi. Ce soir, guellal et gasbah sont joués par deux blédardsenturbannés et virtuoses. Une femme danse pieds nus surla piste, en robe léopard, ivre, en transe et libre. Vive l’Algérie !petits pirates de la rue, qui se foutent des hologrammesde l’Office National des Droits d’Auteur (ONDA) ».Boualem a notamment sorti la première cassette deCheb Mami en 1982 et pendant trois ans, les suivantes,qui se vendaient parfois jusqu’à 500 000 exemplaires! Pour les éditeurs, le raï était une aubaine ultrarentable.Pour les artistes, bien sûr, un peu moins : deChicago à Kingston, on connaît la chanson. La rigueurde l’époque loge tout le monde à la même enseigne.à une nuance près : les artistes ont toujours la possibilité de cachetonnerdans plusieurs cabarets. Nani, par exemple, ancien « cheb »grisonnant de la génération de Khaled, chante ses compositionsdans plusieurs cabarets d’Oran, et occasionnellement pour la communautéimmigrée en France. L’un de ses paroliers, Sofiane Bensadoune,a travaillé avec beaucoup de chanteurs d’Oran (Hasni,Zahouania, Nasro...). Son verdict sur la santé du raï ne pardonnepas : « Le raï est un peu déçu, un peu malade, un peu cassé. »Pour lui, les années du terrorisme ont ravagé le secteur culturel,le retour du raï « sale», comprenez « vulgaire » a fait le reste. Pourd’autres, c’est beaucoup plus simple que cela : trop de raï tue leraï ! Les vocodeurs, ces logiciels qui robotisent la voix ont supplantéles vrais timbres, et les boîtes à rythmes, les percussions.Le raï n’a plus le charme d’antan et les jeunes sont passés à autrechose…Raï’n’b ? Personne ne semble très enthousiaste. Maisqu’est-ce qui a remplacé le raï, alors ? Pour ceux qui ne sortentpas ailleurs qu’au cyber – la majorité, c’est Internet, océan infinide musiques et de libertés. Les autres vont au cabaret et apprécientle raï, à l’ancienne ! Il en reste, ouf. Et quelques hardis noctambulesse sont (enfin !) portés volontaires pour y faire un tour.younessYounessD.R.Le tunnel de la route la plus courte s’est effondré à cause des violentespluies des jours précédents. Il nous faut faire le grand tour :une bonne demi-heure de voiture à fond la caisse sur une routedéfoncée, avec à gauche le ravin, et à droite, Oran la radieuse. Il est23h. Plusieurs cabarets se ressemblent : sono trop forte, mauvaischanteur, derbouka, clavier et boîte à rythmes. Quelques jeunes surla piste, beaucoup de verres vides sur les tables. Puis voilà l’ex-Abadia, l’un des rares cabarets de la corniche à proposer une versionplus « traditionnelle » du raï : la gasbah, flûte de roseau obliqueà partir du 25 Mars2009 MARS/AVRIL n°33


38 - mondomix.com AMéRIQUES électroLIENSÀ écouterFILASTINE, Dirty Bomb (Jarring Effects/Discograph)Site web de l'artistehttp://filastine.comD.R.Squaaly« Everything is world-musicor nothing is! »n°33 mars/AVRIL 2009


40 - mondomix.com AFRIQUE hommageLa transition de l’indépendance marque des années difficilespour le groupe. Les émeutes de 1959 ont chassé ses musiciensbrazzavillois, qui forment les Bantous de la Capitale. En conflitavec le producteur, Vicky Longomba rejoint Joseph Kabasele,leader de l’African Jazz, groupe rival, pour l’accompagner àBruxelles. Leur mission : commenter en chansons les travauxde la Table Ronde, où se négocie l’indépendance du Congo Belge.En 1962, Vicky regagne l’OK Jazz, dont la musique connaît uneprodigieuse évolution. Franco a introduit le « sebene », consacré auxdanseurs : le rythme se transforme comme par un mouvementde bascule et la guitare soliste entre en piste dans uneimprovisation jubilatoire au rythme irrésistible.// FRANCOCONGOTexte François BensignorPhotographie Jean Depara/Revue NoireS’inspirant du quotidien de la société, les chansons de Francoéclairent les mœurs du nouveau Congo démocratique. Sonregard corrosif ne se départit jamais de la morale populaire. Enréaliste pragmatique, il sait aussi jouer de l’opportunisme. Aprèsla liquidation de Patrice Lumumba (1961), Franco fait taire sonaffinité pour l’homme d’État. Sans se trahir vraiment, il sauraménager la jeune dictature de Mobutu qui prend le pouvoiren 1966. Mais quand ses compromis avec le pouvoir virent àla compromission au début des années 1970, Vicky quitte ànouveau le groupe. Franco le rebaptise Tout Puissant OrchestreKinois de Jazz (TPOK Jazz).« La réputation de l’OK Jazz se mesure au nombreet à l’influence de ses fans-clubs, et se résume par ceslogan : "On entre OK, on sort KO" »Artiste précoce grandi dans la rue,guitariste, chanteur, auteur, compositeur,devenu homme d’affaires, Franco s’est bâtiun empire durant ses trente-cinq ans decarrière. L’œuvre colossale qu’il laisse à sa mortle 12 octobre 1989, terrassé par le SIDA, méritequ’on s’y replonge. Sterns Music nous y invite avecFrancophonic.Franco, c’est le surnom donné à FrançoisLuambo Makiadi (né le 6 juillet 1938 à Sona-Bata) par son mentor, Henri Bowane, chanteurà succès dans ce Congo Belge des années1950. Le jeune guitariste est un autodidacte.Orphelin de père, il gratouille dans les rues deLéopoldville (rebaptisée Kinshasa en 1966) pourramener quelques sous à sa mère et ses troisfrères et sœurs, dont il est l’aîné. Son premiercontrat, il le signe avec la maison de disquesLoningisa et devient à seize ans guitariste del’orchestre maison. Ce sera le noyau du premierOK Jazz, créé deux ans plus tard pour animerl’OK Bar.Comme ses concurrents, l’OK Jazz puiseson inspiration dans les musiques cubaines.Franco impose un jeu de guitare électriqueoriginal, rythmique et appuyé, intelligemmentdérivé du jeu du likembé*. Il relance l’énergiedes danseurs par des mélodies simples auxsyncopes séduisantes. Vicky Longomba, chanteur raffiné, rejointle groupe peu après sa formation. Ce jeune homme éduqué,devient l’alter ego d’un Franco aux manières de voyou, qui va leconsidérer comme son aîné. La réputation de l’OK Jazz se mesureau nombre et à l’influence de ses fans-clubs, et se résume par ceslogan : « On entre OK, on sort KO ! »À défaut de conservatoire, l’ensemble fait fonction « d’école »,où se forment les meilleurs musiciens. Franco est passé maîtredans le jeu qui consiste à subtiliser ceux de son principal rival,Rochereau Tabuley, ancien chanteur de l’African Jazz, qui a prisla tête de l’autre grande école de rumba congolaise. LorsqueSam Mangwana, chanteur-vedette formé par ce dernier,rejoint l’OK Jazz fin 1972, le scandale touche à l’affaire d’État !Splendide machine de concert, le groupe parcourt l’Afrique et sonvingtième anniversaire marque un sommet : voixmagnifiquement harmonisées, costumes de scèneimpeccables, danses étudiées, cuivres rutilants,guitares fascinantes…Profitant de sa position et des largesses de la« zaïrianisation », Franco développe ses affaires:trois clubs à Kinshasa, une usine de pressagede disques (qui périclite rapidement), desinvestissements immobiliers en Europe. Mais en1977, certaines âmes « bien pensantes » poussentFranco en prison pour chansons « immorales ».Comprenant la leçon, il oriente sa carrière versl’Europe. Il y crée des monuments de splendeur,comme Mario, mais aussi Attention Na Sida, quiannonce la fin de la légende du créateur de larumba « odemba**».* piano à pouce traditionnel** nom d'origine mongo qui désignait l'ambiance suscitée parune danse célèbre de la fin des années 1950, ce terme qualifie larumba «classique», qui produit les canons «de référence» pourtoutes les évolutions futures.À écouterFrancophonic. Coffret de 2 CDs, "Vol. 1 : 1953 - 1980" (Sterns Music)n°33 mars/AVRIL 2009


42 - mondomix.com playlistDis-moi...ce que tu écoutes// Zach CondonPropos recueillis par Benjamin MiNiMuMD.R.Qu’il transforme son groupe Beirut en fanfaremexicaine ou s’habille en électronicien sous le nomde Real People, Zach Condon va toujours de l’avanten ouvrant ses oreilles à 180°. Pour preuve : cenouveau cd, réunion de deux maxis, et les réponsesà notre questionnairen Le premier disque que tu as acheté ?Une cassette des Greatest Hits des Beach Boysn Ton disque pour le matin ?Le disque de steel drum caribéen que j’ai acheté récemmentn Ton morceau pour fanfare favori ?N’importe quoi tiré du Alone At My Wedding du Kocani Orkestarn Ta fanfare préférée au monde ?Kocani Orkestarn Ta chanson ranchera de prédilection ?Canta Y no Lloresn Trois musiciens mexicains que tu apprécies ?Alejandro Floresi, « des groupes de village dans l’Etatd’Oaxaca » , Jorge Morenos du Yucatánn Trois chanteurs qui t’ont inspiré ?Brel, Caetano Veloso, Rufus Wainwrightn L’instrument de ton cœur ?La trompette peut-être? Non, la voix humainen Un disque qui te fait penser à l’Afrique ?Awesome Tapes From Africa* (C’est le blog où je vais chercherde bons morceaux de musique africaine underground)n Un pays dont la musique t’intrigue ?Vraiment n’importe quel pays.n Le dernier morceau que tu as téléchargé ?Je ne peux pas m’en souvenir Habituellement, je ne le fais pasn Un disque avant d’aller au lit ?Sunbox de KilnBEIRUT March of the Zapotec and Realpeople Holland (Forte/Differ-ant)*awesometapesfromafrica.blogspot.com"À suivre" sur<strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez la chronique de l'albumn°33 mars/AVRIL 2009


chroniques Afriquemondomix.com43Akwaabawo Africa"Akwaaba"(akwaabamusic.com)Les notes égrenées dela kora parsèment les tempsoriginels, prémisses affirméesqui ancrent l’ouverturede la compile en terres mandingues,éclosion doucedans le sillon de l’héritage.Sur le fleuve Sénégal, lespremiers rythmes ricochent,enveloppent l’art aux inflexionsmbalax de RahmaneDiallo. Le flux musical remonteensuite les terres rouges du Mali, s’électrise sousla caresse vocale et dénudée de Mamou Sidibé, bercela révolte apaisée du bluesman Baba Salah, cheminesur l’expérimentation jazzy de l’homme-orchestre AhmedFofana. De riches déclinaisons d’un courant indivisiblequi s’alimente du folk opulent d’Alassane Sy, des pérégrinationslancinantes d’Alou Sangaré, ou d’une balladed’Iba Diabaté. à la huitième piste, le soleil rayonne fortdans le ciel africain, inonde la galette des positives vibesdu reggae : les riddims acérés, efficaces et généreux duCamerounais Jahman Eselem précèdent le swing politico-sexyde LIB Queen. En clôture, les incursions béninoises(la salsa de Michel Pinheiro), et ghanéennes incitentaux déhanchés furieux. L’ highlife et son cousin « hiplife »dévoilent des artistes groovys, bombes torrides aux transesimplacables, tels Sherifa Gunu, Bradez ou encoreRose Dede Tetteh.D’un éclectisme vivace et exigeant, cette excellente compileémane du label éthique « Akwaaba » (« Bienvenue » enlangue ashanti du Ghana), dont le combat repose sur ceconstat : une majorité d’artistes africains ne franchit pasles frontières du continent. Un tel album mutualise donc lesénergies, et projette les sons par-delà les océans avec unerémunération équitable (un partage des revenus 50/50).Si l’ombre tutélaire de l’histoire, des traditions, des pèreset des géants – Toumani Diabaté, Ali Farka Touré, YoussouN’Dour, Baaba Maal, Tiken Jah Fakoly – continuentd’imprimer l’esprit des successeurs, l’exploration d’unenouvelle Afrique musicale et d’un paysage prolixe dessinede nouveaux pas, qui résonnent aujourd’hui jusqu’à nosoreilles. Du bonheur.Anne-Laure LemancelDésormais,<strong>Mondomix</strong> vous offrela possibilité d’acheter en MP3les musiques chroniquéesdans le magazine.pour cela,il vous suffit simplement d’aller surhttp://mp3.mondomix.com/et de saisirle numéro à cinq chiffres dans le moteur derecherche de laplateforme detéléchargement,(option « code magazine »)


44Blick Bassy"Léman"(World Connexion)Un premier album international,sorti dans plus de trente pays !Blick Bassy en rêvait, le labelhollandais World Connection lui apermis de le faire!Sur l’aérien Léman, la doucevoix de Blick Bassy caressedélicatement nos oreilles etleurs influences : bossa nova,jazz, soul…Avant 2005, BlickBassy chantait dans le groupeMacase, fusion prometteuse dejazz et rythmes traditionnels duCameroun: il en garde l’amour dumétissage. Mais dans Léman, Blicks’amuse surtout à faire palabrerles instruments à cordes d’Afriquede l’Ouest (n’goni, kamele n’goni,kora) avec les rythmes de son paysBassa, au centre du Cameroun.Il a même été jusqu’à enregistrercertains morceaux à Bamako dansle studio de Salif Keita et à inviterses musiciens pour que la fusionsonne juste. Bingo !Eglantine ChabasseurTéléchargersur mp3.mondomix.com24602Peter Solo &Kakarako"Miadome"(Cherry on top)« Voodoo child », Peter Soloa grandi au Togo entre unemère fervente pratiquante et unM’pa, guérisseur féticheur. Il aaccompagné de grands nomscomme Papa Wemba ou MiriamMakeba avant d’atterrir à Londres,où il a flirté avec l’afrobeat, puisen France. Le groupe lyonnaisKakarako se réunit en 2004autour de sa voix avec guitareacoustique, basse, batterie, clavier,percus togolaises, flûtes peules etguitares traditionnelles kibéous.De là, naît Miadome, réalisé parPatrick Jauneaud (Pink Floyd,Alpha Blondy…), au carrefour derythmes afro-cubains, de reggae,de textes nostalgiques et dedéclarations d’amour bien ancréesdans le trésor méconnu de laculture et des traditions togolaises.Dommage que certains des titresnous laissent une impression de« déjà entendu »…Gayle WelburnLes Espoirs deCoronthie"Tinkhinyi"(Wountanara)Insufflant toute la fraîcheur deleur énergie aux musiques deGuinée, ces jeunes du quartierpopulaire le plus déshérité deConakry, Coronthie, produisentune splendeur d’album (le 3 e )avec leurs seuls moyens… Etl’aide précieuse du guitaristeréalisateur, le p’tit Blanc de labande. Du talent, ils en ontà revendre ! Les instrumentssont ceux de leurs traditions :kora, balafon, bolon, gongoma,etc. Sans clic ni ordinateur, lesrythmes s’épanouissent en pleinehumanité. Les voix des troischanteurs, forgées à l’éloquencesur la place publique, tranchentpar leurs couleurs. Tinkhinyi,conduit de doigts de maître à lakora par Kandia Kouyaté, élève deBa Cissoko, est un chef d’œuvred’art mandingue contemporain. Àdécouvrir absolument !François BensignorSénégal 70"Musical Effervescence"(Discograph/Syllart Productions)Le Sénégal fut le pays d'Afriquede l'Ouest le plus influencé parles musiques cubaines. Cettecompilation défile comme unhymne aux pachanga, cha cha chaet autre merengue qui résonnèrentdu côté de Dakar à partir desannées 1960. Le Star Band etle Star Number One, groupesfondateurs et jumeaux sontabondamment représentés, toutcomme le légendaire OrchestraBaobab, dont six morceaux auxarrangements brillants démontrentpourquoi il fut le plus populairedu pays. L'Etoile de Dakar, menépar Youssou N'Dour, est aussi dela fête, comme d'autres groupesplus obscurs mais tout aussibouillonnants. Mention spécialeaux guitaristes, Barthélémy Attissoou Badou N'Diaye en tête, quiinnervent ce double disque desolos sublimes.Bertrand Bouardn°33 mars/AVRIL 2009


45Tipari"Tipari"(Buda Musique)Tipari fait briller sur le miroir destoits parisiens une nostalgie auxdouces notes ensoleillées etaux parfums sucrés des îles del’Océan Indien. Tipari est unerencontre née sous le signe dela Réunion d’un duo voix-basse,entouré d’un guitariste, de deuxpercussionnistes et d’une choriste.Après avoir aiguisé son art virtuoseaux côtés de Rokia Traoré, lachanteuse Corine Thuy-Thy écritet interprète aujourd’hui des textesen créole, à la fois sobres et gais,entre mélancolie et insouciancesur les chemins des « cases » deson enfance. Ils dansent, tels leschants soyeux des vagues, sur lesnotes du bassiste, compositeuret arrangeur Kevin Reveyrand, quirythment de discrets mouvementsde hanches. Langueur etflamboyance donnent le ton de cerendez-vous réussi. G.W.Téléchargersur mp3.mondomix.com23320Didier Awadi"Sunugaal"(Studio Sankara/Sony Music France)Sorti dans les bacs sénégalaisen 2006, Sunugaal est le derniermanifeste du rappeur Didier Awadiqui ne cesse de dénoncer lepouvoir en place, micro au poinget textes forts à l’appui.Représentant d’une jeunesseafricaine excédée par les injusticessocio-politiques auxquelles elleest confrontée, l’album évoquel’émigration clandestine (Sunugaal),accuse les puissances politiquesafricaines (Le cri du peuple) etinternationales (J’accuse, Stoppezles criminels), mais administreaussi une bonne dose de pêcheavec des pépites façon dancefloorcomme Zamouna ou Rosa.Flow sentimental sur L’essentiel,voire mièvre sur Je t’aime,Awadi a convoqué sur ce disquele meilleur cru du continent avecdes featurings comme Tiken JahFakoly, Doudou N’diaye Rose ouencore Kirikou.Nadia AciMinyeshu Gozen"Dire Dawa"(Me & My Records/Métisse Music)Dire Dawa, « tout le mondedescend ! » Parce qu’elle y a vule jour, Minyeshu donne le nomde cette ville, escale obligatoiredu train Addis-Djibouti, à sondernier opus. Tour de Babel desons et de mélodies, l'albums’accorde tout de même au rythmede l’histoire et des traditionséthiopiennes. Armée comme lebéton contre la morosité, la voixde Minyeshu regorge de soleil ettrahit une incontrôlable envie dedanser. Performeuse polyvalente,Minyeshu joue aux infirmières denos jours gris, et nous injecte unebonne dose de félicité musicale.Intime, elle parle d’amour parentalet de protection dans SelamLehtsanat qu’elle chante avec safille et son époux, ou encore ducafé éthiopien dans Buna pourredonner foi à son peuple.On prolonge le séjour !G.W.Culture Musical Club"Shime !"(World Village/ Harmonia Mundi)Archipel situé au sud-est ducontinent africain, face aux côtestanzaniennes, Zanzibar est le fruitd’un métissage culturel forgé aucours des siècles. Cet héritage,composé d’influences asiatiques,arabes et occidentales, se ressentamplement dans le taarab, unemusique locale jouée par desorchestres et dont les instrumentsne sont autres que le oud,l’accordéon, le qanun ou encorela derbouka. Plus qu’un clubprivé fondé en 1956, le CultureMusical Club est aujourd’huil’orchestre le plus renommé deZanzibar. Les solistes chantent enswahili la passion pour l’être aimé,invoquent la musique, la danse etla protection de Dieu, relayés parles chœurs de femmes. On quittece disque dans un semi-songed’Orient et de nuits sans fin.N.A.2009 MARS/AVRIL n°33


46Claude Vinh Sanet le Jazz Tropical(Takamba – Patrimoine Musical de l’OcéanIndien)L’air de rien, cette nouvelleréférence du label réunionnaisTakamba rappelle au fil de ces 25titres enregistrés entre 1957 et1971 ce que la world-music doitau bal.Au pied du Piton de la Fournaisecomme partout dans le monde,c’est dans ces rassemblementséminemment populaires que desorchestres, tel le Jazz Tropical(encore en activité aujourd’hui)dirigé par l’accordéoniste ClaudeVinh San, ont joué au fil de leurtour de chants, et croisé lesrythmes de chez eux avec ceuxd’ailleurs.Au fil des plages, on reconnaîtmaloya local, séga voisin, biguine,valse, musette, mazurka, boléroou tangos exotiques ainsi quequelques heureuses combinaisonscomme ce Séga Houla Hop quitémoigne de l’arrivée du cerceausur l’île volcanique. Que vive le bal !SquaalyTéléchargersur mp3.mondomix.com24190Staff Benda Bilili"Très Très Fort"(Crammed/Wagram)Musique de « rude boys »,les chansons du Staff Benda Bililidisent le quotidien d’une villecoupée en deux par le fleuve,racontent la vie des gens de peude Kinshasa. Cette formationcomposée de huit musicienset chanteurs dont la moitié estparaplégique, croise plusieursgénérations. Ricky, le leader etfondateur a 55ans, et Roger, leplus jeune n’a pas encore 18 ans.Ce dernier est un « santongehero», un virtuose de cetteétrange guitare à une corde qu’ils’est lui-même bricolée.Musiciens vivant dans la rueet répétant dans le jardinzoologique (c’est là d’ailleurs queVincent Kenis, un producteurféru de musiques kinoises lesa enregistrés), ils réinventent larumba au ras du bitume, sansamertume, mais avec justesse etexaltation.SQ'Reggae Time # 3Alors que la Guadeloupeentame à l’heure où nousécrivons sa cinquièmesemaine de grève générale, etque la Martinique lui a emboîtéle pas, l’occasion est belle demettre en avant les artistesantillais pratiquant un reggaeconscient et engagé dontcertains sont en première lignedes revendications actuelles.Une manière également devoir que la Jamaïque n’a plusle monopole du reggae depuislongtemps.La Guadeloupe possèdeparmi les artistes reggae lesplus talentueux. Grâce à leurténacité, ils ont réussi à perceret remportent aujourd’hui lessuffrages du grand public.Ainsi, les deux premiersalbums d’Admiral T ontparfaitement illustré la fusiondes influences à l’œuvre surl’île : reggae, gwo ka, zouk,et la possibilité pour un artistefrançais de mélanger la languede Voltaire au créole deCésaire. D’autres artistes sonten passe de suivre son cheminet de dépasser les margesde l’underground à l’instar deTiwony dont l’album est prévupour mai et de Krys qui sortirason second album à la mêmepériode.Du côté de la Martinique,Janik (qui a sorti soncinquième album Digitall.5)et Guy Al MC ont ouvert lavoix à de nombreux artistescomme Yaniss Odua, StraikaD ou Sael. Ce dernier prépared’ailleurs un nouvel opusdont les premiers morceauxlaissent augurer de très belleschoses. En attendant, on peutapprécier le premier Best Ofde Typical Féfé dont les titresAbu jamal ou Pull Up sontdéjà entrés dans l’histoire dureggae francophone.Et en live, me direz-vous ?Pour découvrir l’énergiescénique de ces artistes,il ne vous reste plus qu’àvenir les voir à Paris le 19juin prochain lors du premierfestival de reggae francophoneet créole :« Reggae Champion ».Le rendez-vous est pris !Sacha Grondeau / Reggae.frn°33 mars/AVRIL 2009


chroniques Ameriquesmondomix.com47Alton Ellis"Collectorama –Story of Mister Soul"(Jahslams/Discograph)Compilateuravisé, le label Jahslamsrend ici hommage à unevoix de velours, figurede proue du rocksteady.Considéré comme l’un desmeilleurs chanteurs jamaïcainsde sa génération,avant qu’un certain RobertMarley et son reggae-rootsne lui fassent de l’ombre,Alton Ellis décède à 70ans en octobre dernier à Londres, où il résidait depuis35 ans. Avec une impasse claire sur le côté plus tardif etposé de l’œuvre de Mr. Ellis (des albums comme ManyMoods ou Mr. Ska Bean’a), l’essentiel de ce collectoramase concentre sur les premiers opus du crooner (Mr.Soul of Jamaica, Sings Rock & Souls, Still in Love). àmesure que les beats ska de l’époque se ralentissent, ila su trouver le timbre juste et le groove approprié pourredéfinir les limites mélodiques du reggae.Force est de constater qu’il est difficile de couvrirl’intégralité d’un tel héritage en seulement 20 pistes, maisJahslams s’en sort bien et regroupe tous les hits qui ontforgé et consolidé la réputation d’Alton Ellis. Les tracks,enregistrées pour Coxsone Dodd au Studio One oupour son rival Duke Reid du label Treasure Isle, reflètentbien l’atmosphère des soundsystems de l’époque. Leslogan antiviolence Dance Crasher fustigeait les indélicatschargés par les labels concurrents de pourrir labonne ambiance des dance floors. Plus légers, le hit instantanéGirl I’ve got a Date, le classique rocksteady, lesorgues malicieuses de La La Means I Love You ou lestribulations amoureuses de What Does it Take dessinentavec finesse les contours de l’univers musical du « MrSoul of Jamaica ». On découvre aussi avec plaisir deuxduos : l’un avec l’égérie du rocksteady Phyllis Dillon,sur Why Did You Leave, et Give Me Your Love avec lechanteur David Isaacs. Sans prétendre être exhaustif,ce Collectorama est un recueil de choix pour découvrirl’une des racines du reggae par ce poète du jeu amoureux.Fabien MaisonneuveTéléchargersur mp3.mondomix.com24603Chango Spasiuk"Pynandí, Los descalzos"(World Village/Harmonia Mundi)L’accordéoniste argentin et sonensemble livrent ici un albumd’une richesse rare.Illustre interprète du chamamé,un bâtard musical né des amoursdésavouées de la musiqueindigène guarani, des percussionsafricaines et de l’accordéon desmigrants européens, ChangoSpasiuk y mêle subtilement lavalse et la polka de ses originesukrainiennes, dont la solennitéclassique sublime la mélancoliegénérale du disque.Pynandí fait référence aux « piedsnus », ces paysans pauvres, cesgens d’en bas qui parsèmentla campagne argentine et dontle patrimoine populaire est icirevalorisé. Une seule piste oseposer des mots sur ce vague àl’âme sémillant car « ce qui ne peutpas être dit doit être tu ». Qu’importe,la virtuosité de Spasiuk rendquasi-obsolète toute tentative dejustification chantée.F.M.2009 MARS/AVRIL n°33


La Fnac Forum48et <strong>Mondomix</strong>aiment...Da CruzCorpo Elétrico(Boom JahRecords/Socadisc)Mulatu Astatke & TheHeliocentricInspiration Information(Strut/Pias)CHICHA LIBRE"SONIDO AMAZÓNICO"(Barbès / Crammed / Wagram)Né dans la foulée de lacompilation The Roots of Chicha,Chicha Libre place à nouveauBrooklyn à la pointe d´aventurespassionnantes au registre dela sono mondiale. La dernièrecréation du Français Olivier Conanet de ses accolytes new-yorkaisdu bar et label Barbès, n´est passeulement le premier groupe del´hémisphère nord entièrementdédié à la chicha péruvienne. Decette forme hybride de cumbiaet de pop psychée qui fleuritdepuis les années 1970, il retientl´esprit déjanté des origines pourmieux cultiver sa singularité.Avec d´improbables hommages àRavel, Dassin, Kingsley et Satie,un univers cinématographique etdansant à cheval entre Esquivelet Tarantino, le combo questionneavec malice nos conceptions dutemps et de de l´espace. De labonne musique en somme.Yannis RuelYURI BUENAVENTURA"CITA CON LA LUZ"(Mercury/Universal)à défaut de renouer chez nousavec le succès de Ne me quittepas, Yuri Buenaventura a suconquérir l´estime de ses pairs dumonde de la salsa dura. Quitteà déstabiliser une partie de sonpublic, le Colombien s´émancipede cet exercice de style avecce nouvel opus enregistré à LaHavane, le plus intime à ce jour.Il y confirme un talent d´écritureet de production à la hauteur dela qualité de son chant versatile,ici au service d´un répertoireromantique mid-tempo. En dépitde rencontres un peu forcées(avec Morley, Olivia Ruiz, Bajoli etBerry), la première star de la salsamade in France signe le manifestede son passage à la quarantaineavec une belle maturité, sansmanquer de rappeler, en coda decet album, qu´il n´a pas perdu songoût pour la descarga.Y.R.Ghalia BenaliAl Palna(Zimbrak)DeolindaCanção Ao Lado(World Connection)Harry Belafonte"Calypso-mento-folk1954-1957"(Frémeaux & Associés)BossaCucaNova"Celebrating 50 Yearsof Bossa Nova : Ao Vivo"(Ziriguiboom / Crammed Discs)(CD + DVD)DuoudPing Kong(World Village/H.M.)Amsterdam Klezmer BandZaraza(Essay Recordings/La Baleine)Loulou DjineZapad Life Live(L’autre Distribution)Mor KarbasiThe Beauty & the Sea(Daktari Music)Dans la voix sucrée-suavedu crooner Belafonte, dans sesvoltiges buccales, pousse larévolution folk progressiste, doréeà la liberté solaire du calypsoet du mento. Trois styles pourle légendaire entertainer né àNY, d’un Martiniquais et d’uneJamaïcaine, seul concurrentsérieux d’Elvis – un milliond’albums vendus pour le mythiqueCalypso en 1956 – et ami deMartin Luther King. Derrière seschants de travail (Day O), sonactivisme chanté doux en faveurdes droits civiques et raciaux,son humanisme érudit et tisséd’humour, se dresse un pan del’histoire des USA, backgroundévoqué dans le riche livret decette anthologie 1954-1957.Un double cd d’actualité, donc,comme un parcours pertinentpour aimer ce « gentlemanCendrillon ».Incontournable.AllDix ans après sa formation,BossaCucaNova, le trio électroformé par DJ Marcelinho Da Lua,Alex Moreira et Marcio Menescal,fête en grande pompe lescinquante ans de la bossa nova.Pour ce disque-DVD, les troiscompères ont convoqué les pilierset autres grands noms de cettenouvelle vague musicale apparueen 1958 dans les appartementsd’Ipanema et Copacabana. Unerencontre « new » bossa « nova »,qui revisite les grands classiquesprécisément là où ils sont nés.Ont répondu présents dans lesapparts et sur la scène de lamythique salle carioca Canecão:les précurseurs Carlos Lyraet Roberto Menescal, JaquesMorelenbaum et Marcos Valleou encore le soulissime EdMotta. Pendant cinq mois, deuxgénérations de musiciens ontsurfé sur la même vague …pour notre plus grand plaisir !Isadora Dartialn°33 mars/AVRIL 2009


49Indian Rezervation"Blues and More"(Dixiefrog/Harmonia Mundi)Cette compilation de trois disquesprésente des artistes ou desgroupes indiens contemporains,sous le parrainage de Pura Fé.Premier constat : une sensationd'hétérogénéité, renforcée par unesuccession de morceaux sanscontinuité de style. On entend unemajorité de musiques américainestraditionnelles – blues, blues/rock, country, folk –, mais desformes plus modernes commele hard-rock ou le rap sont aussiprésentes. Deuxième constat :si certains artistes ont conservéune forme d'indianité dans leurmusique, beaucoup sonnentcomme n'importe quel autremusicien américain pratiquant lemême genre. Ce qui en dit long –et c'est là l'un des enseignementsde ce disque !– sur l'accélérationde l'acculturation des NativeAmericans. Dernier constat : sicertains artistes sont remarquables(Keith Secola est une révélation),d'autres ne doivent leur présencesur la compile qu'au fait d’êtreindiens. Ce qui renvoie à la naturede ce disque, intéressant dans sonconcept, mais quelque peu biaiséd'un point de vue musical.B.B.MININO GARAY Y LOSTAMBORES DEL SUR"QUE LO PARIO!”(Naïve)Un rock argentin aux accentsde murga, candombe ouchacarera; un ska aux couleursd´une Amérique latine, où lamusique populaire continuede s´inspirer du folklore; desréminiscences des FabulososCadillacs relookées aux canonsgroovy du momento: entouré deses compatriotes exilés à Paris etdu guitariste « Pájaro » Canzani,Minino Garay réactive son projetle plus personnel, au milieu d´unecarrière de franc-tireur déjà bienremplie. Sur des textes écrits parsa mère, en duo avec sa femme,le frappeur de Córdoba y chantel´Argentine, ses coups de gueuleet le déracinement. Malgré debelles réussites (Que lo pario!,Por ahí cantaba Garay), cet opusconfirme que le format chansonn´est pourtant pas le plus adaptéà son talent.Y.R.TiMalo"Pawol Funk-kè"(Aztec Musique)MARACA"LO QUE QUIERO ES FIESTA"(Ahí-Náma / Naïve)Ce n´est pas parce que la timbapeine à se réinventer qu´onboudera son plaisir à l´écoute dece nouveau Maraca. Ex-Irakere,le flûtiste s’est imposé en figurede proue de cette manièretypiquement cubaine d´aborder lasalsa, qui emprunte à la charanga,au funk, et à tous les rythmessusceptibles d’être combinés à lasacro-sainte « clave ». Vertigineuxde virtuosité, les arrangementsde cet artificier majeur font feude tout bois, sur une productionmixée par l’ingénieur du sonlégendaire de Fania Records, JonFausty. Un reggaetón aux vertusorganiques (Me tiene enamora´o),de la grosse artillerie avec unsupplément d´âme (Guajira paraMimi), un hommage aux pionniers(Descarga dura), cette invitationà la fête maintient en haleine etdonne des fourmis aux pieds.Y.R.TiMalo est un jeune Guadeloupéenqui, après avoir suivi ses étudessupérieures en métropole, a fait undouble choix : le slam et le créole.Une langue qu’il fait jaillir, rebondir,s’écouler, s’étirer, tour à tourtranquille sur Danjéré, professoralesur Ka ou ka atanm ou hypnotiquesur Man-blow. Ici, pas de violonni piano comme chez les poidslourdsde la scène métropolitaine,mais une guitare et une sectionrythmique purement « caraïbes »qui chaloupent, groovent, fracassentet saturent.Ca parle de l’identitéguadeloupéenne, de viequotidienne, de Côte d’Ivoire…Une partie des textes sontretranscrits dans le livret,bien pratique quand vousne comprenez pas le créoleguadeloupéen. Mais on ne va paschipoter : même si on ne saisit pastout, ça sonne bien !A.C.Téléchargersur mp3.mondomix.com242702009 MARS/AVRIL n°33


50Victor O"Revolucion Karibeana"(Aztec Musique / Discograph)Ballades balancées,reggae nonchalant, mélodiesondoyantes à danser en corps àcorps complice…Un calme et une voluptéd’apparence. Ce troubadourmartiniquais a travaillé autrefoisavec Clémentine Célarié, chantéEugène Mona, rêvé d’un noir àla tête de la République (titre LePrésident, en 2007). Il partageson écriture entre créole, françaiset anglais, dit les choses à lamanière des collègues d’îlesvoisines, Beethova Obas et Soft.Mais sous la douceur, parfoisperlent des douleurs : ainsi cellede la prostituée dominicaine criantsa famine dans Terres Sainville,un titre qui évoque le quartierdéshérité de Fort-de-France,d’où émergea Malavoi au débutdes années 1970. Belle écriture,sensibilité à fleur de mots pourun premier album qui mériteattention.Patick LabesseMenahan Street Band"Make the road by walking"(Daptone records/Differ-ant)Ce groupe est le nouvel instrumentde Thomas Brenneck, le grandordonnateur de Sharon Jones& the Dap-Kings. Accompagnéde quelques collègues dont NickMovshon d’Antibalas, il a façonnéun album d’une grande finesse.Ambiances posées, rythmiquesfournies, étrange bande-soninspirée aux accents afrobeat,les titres s’enchaînent avecbonheur. La section de cuivres sepermet des embardées vers leslointaines sonorités éthiopiennes.La reprise de Going the distance,le thème du film Rocky, n’est pasinoubliable, mais reste quandmême plus agréable à écouterque l’original. Définitivement,Make the road by walking rentredans la catégorie des disques quisupportent comme seul véritableécueil d’être trop courts.à peine 36 minutes…A.C.Da Cruz"Corpo Elétrico"(Boom Jah Records/Socadisc)Da Cruz a démarré sa carrièremusicale dans les églises deSao Paulo, avant de se frotter aurépertoire bossa et de s’envolerpour Lisbonne. Aujourd’huidomiciliée à Berne, Mariana (pourles intimes) Da Cruz a enregistréce deuxième opus entre leBrésil et la Suisse. Bande-soncontemporaine d’un Brésil ouvertau monde à moins que ce ne soitcelle d’un monde qui ait comprisla leçon des Tropicalistes, ces 14plages étalonnent entre nu-bossavitaminée et baile-funk assagi,quelques belles trouvailles commece Vem, où la voix de cettelionne au sourire enjôleur rugitentre percussions trads et basseélectro. à noter: la présence despionniers anglais du son électrobrésilienDa Lata sur le mix deZumbi au cœur du track-listing.SQ'Waed Bouhassoun"La voix de l’amour"(Institut du Monde Arabe/Harmonia Mundi)Fille d’un joueur de oud et d’unechanteuse, Waed Bouhassounacquiert son premier luth à septans. Du prestigieux conservatoirede Damas à sa carrière solonaissante, en passant parla création du takht fémininoriental syrien, elle ne cesserad’approfondir sa connaissance del’instrument et de développer sonchant, à l’écoute passionnée de lavoix d’Oum Kalsoum.Peu à peu elle se forge sa proprevoie et à Alep, ville des sammaîns,elle se fait adouber par ces éruditsmusicaux, respectés dans toutle monde arabe. Sur ce disqueWaed réorchestre et interprète demanière magistrale des poèmesd’amour soufis d’Ibn Zaydoun,Rabiaa al Adawiyya et autre Jalal-Eddine Rûmi.Accompagnée de son seul luth,d’un qanoun parfois et d’unsimple riqq pour toute percussion,cette voix emporte et bouleverse,ouvrant les portes d’une carrièrepleine de promesses.M.E.K / B.M.n°33 mars/AVRIL 2009


chroniques asiemondomix.com51Give me Love"Songs of the Brokenhearted"(Honest Jons/La Baleine)Si aujourd’hui tout le mondeou presque peut localiserl’Irak, rares sont ceux quiont ouvert la riche boîteà musique de ce pays.Enregistrées à Bagdad entre1925 et 1929, ces 22 plagesici réunies par Honest Jons,le label de Damon Albarn(Blur, Gorillaz) donnent àentendre un répertoire où lesouds et les voix tricotent, unemaille à l’endroit, une mailleà l’envers, de poignanteschansons d’amour. à l’imagede ce pays, trait d’union entrecultures et traditions musicalesperses, kurdes, arabes etislamiques…, Give me lovepointe au cœur de chacunedes traditions. Comme dansde nombreuses régions duMaghreb et du Machrek, lessplendides voix sont souventaccompagnées par desmusiciens de religion juive.Que revienne le temps descolombes…SQ'Izabo"Super light"(Roy music)Depuis quelques années,déboussolée par une guerrequi la dépasse, une partiede la jeunesse israéliennetrouve dans la musiquede quoi inverser la charged'énergie négative quil'entoure. On distingue ainsi unmouvement de rock israélien,vif et pertinent. Avec BoogieBalagan et Onili, Izabo faitfigure de chef de file. Si, encherchant bien, on retrouvedes traces orientales surcertaines intro de guitare,leur musique puise davantageses influences chez TalkingHeads, David Bowie ouLed Zeppelin que dans lestraditions du Moyen-Orient.New wave, glitter, discoïde àguitares profondes plus quemaqâm délicat. Toujours estilque leurs morceaux sontsuperbement ficelés et queleur son n’a rien à envier à lacrème du rock anglo-saxoncontemporain.B.M.Farida"Sun of Iraq"(Music & Words)L’impérieuse profondeurde la voix s’impose à sonentrée « en scène », aprèsl’introduction musicale altièrede la première et courtepièce, sur un poème d’Adonis.Dès la seconde, qui déroule sesméandres majestueux sur unmode ancien, le frisson vousgagne. Le grain de cette voix,sa justesse dans les microintervalles,ce souffle qui paraîtinfini tant il se régénère sanseffort apparent, berce et chavirel’âme. Il balaie rapidementl’agacement procuré par le sonincongru d’un pauvre synthé, jugé« moderne » par le compositeuret orchestrateur des cinqmorceaux, Mohammad Gomar,époux de la diva. Ni fautes degoût ni trouvailles n’influent surla splendeur du chant, réhabilitépar la pièce titre finale, que Faridatranscende.F.B.Putumayo presents…"India"(Putumayo/Harmonia Mundi)Acoustique, bollywood, électro,pop, ce masala concocté parle célèbre label mélangeurd’épices sonores offre unbref mais pertinent aperçude l’effervescence musicaleindienne. Si les synthés deBombay Jayshree ou Niraj Chagpeinent à convaincre, c’estavec un réel plaisir que l’on (re)découvre A.R. R ahman, célèbrecompositeur de B.O. (on lui doitle récent Slumdog Millionaire) etle guitariste Sanjay Divecha quidresse habilement ses cordesentre Bombay et Los Angeles, saville d’adoption. Plus classique,mais toujours très abordable,citons Satish Vyas au santour etle flûtiste Deepak Ram qui prendle relais de Susheela Raman etson langoureux Nagumomo. Sice joli melting pot permet auxnéophytes de se familiariser avecla musique indienne, les adeptesde ragas et autres talas passerontleur chemin.F.M.2009 MARS/AVRIL n°33


52chroniques Europe53mondomix.comAngélique Ionatos& Katerina Fotinaki"Comme un jardin la nuit"(Accords croisés / Harmonia Mundi)C’est bien la chanceet non le hasard qui est àl’aube de cette création intimeet féminine : AngéliqueIonatos, incontournable figurede la chanson grecquecontemporaine, et KaterinaFotinaki, la « petite sœurqu’elle aurait toujours vouluavoir », ont accordé leursvoix et leurs guitares letemps d’une balade nocturne.Amoureuses de leur terreautant que de la musique dont elles se nourrissent,les chemins qu’elles empruntent dans ce jardin ombragéravive les échos des plus grands poètes. On croisesur le chemin les visages du grec Odysseus Elytis oucelui de la classique Sappho de Mytilène, une « contemporaine» selon Ionatos qui nous rappelle que «dans la poésie c’est comme dans les rêves, personnene vieillit ». On s’assoit plus loin sur l’herbe humidepour écouter Léo Ferré et Barbara dans des versionssolistes où chacune des deux complices chante avecune larme au creux des cordes la beauté nostalgiqued’un amour qui embrume le regard. Mais nos deuxnoctambules rejoignent bientôt le même arbuste ets’amusent à nous enseigner la grammaire grecque enmesure !Ce spectacle, enregistré à Lyon en octobre dernier etpublié sous la forme d’un livre/cd/dvd par AccordsCroisés, relate l’histoire émouvante du temps retrouvé,des silhouettes d’antan, d’un verger étoilé qui pleureune blessure secrète. Le livret retranscrit en françaisles textes dont se sont inspirées les musiciennes ainsiqu’une présentation du spectacle dans laquelle ellesévoquent leur rencontre. Filmé avec une grâce troublante,le dvd transmet quant à lui avec brio l’atmosphèreévocatrice du lieu et l’émoi qui s’y promène. Assisessur un tissu coloré, pieds nus dans l’obscurité d’unescène silencieuse, Ionatos et Fotinaki brillent en toutesimplicité, en noir et rose, l’oeil profond qui parfois sereferme pour mieux sentir le son qui vibre, la résonnancedu mot. Ces airs que l’on respire sentent l’olivier, lacandeur, la tristesse, selon le sens du vent.Sans doute parce que « tout est permis dans un jardinla nuit… ».Nadia AciGianmaria Testa"Solo dal vivo"(Produzioni Fuorivia / Le Chant du Monde/Harmonia Mundi)Solo dal vivo, premier live duchanteur piémontais GianmariaTesta, est né un peu par hasard.à la réécoute de ce concertenregistré dans le prestigieuxAuditorium de Rome auprintemps 2008, l’auteur perçoitenfin cette « âme » qui les unit,lui et son public, et décided’immortaliser cet instant.Notre chantre rêveur joue iciles airs qui l’accompagnent ettraversent sa carrière depuisson essor avec Montgolfièresen 1995 jusqu’à son dernieropus, Da questa parte delmare (2006). à la fois tendreet exigeant avec son uniquecompagne, sa rossinante guitare,il raconte l’amour, les départs,les voiles et les aéroplanes, etson timbre chaleureux nousporte comme toujours versles paysages délicats dont ils’inspire. Agrémenté d’unereprise d’Angelo Ruggiero, LaNave, et d’une ballade inédite,Come al cielo gli aeroplani, lesamateurs redécouvriront aveccet album les perles de sonrépertoire en version épurée.Quant aux heureux novices,ils pourront effleurer de l’oreillel’univers poétique de ce conteurdu quotidien. N.A.n°33 mars/AVRIL 2009


53FadoramaCe printemps 2009 estmusicalement marqué par le fado,floraison annoncée à l'automne eten fin d'année par les nouveauxalbums de Mariza, AntónioZambujo et Katia Guerreiro, puisconfirmée en janvier avec le filmFados de Carlos Saura. Au moisde mars, quatre sorties – pourla plupart suivies de concerts– complètent cet inventaire dela saudade contemporaine.Du décevant Ruas de Mísia àl'enthousiasmante découvertedu groupe Deolinda, en passantpar le retour en grâce de CristinaBranco avec l'impeccable Kronos,commenté ci-dessous, ou lamontée en puissance de MafaldaArnauth : un riche itinéraire s’offreaux amateurs !Le concept du nouveau Mísiaétait pourtant séduisant. Un cddédié à Lisbonne de fados souventsur-joués, un autre d'hommagesà des artistes étrangers, quiexpriment une émotion cousine dela nostalgie portugaise : Camarón,Barbara, Chavela Vargas ou ChicoBuarque. Autant de preuves debon goût malheureusement gâchépar une volonté d'en découdre.On aurait rêvé entendre le LoveWill Tear Us Apart de Joy Divisioncaressé par une guitare portugaiseet non Mísia s'improviser rockeuseautour de riffs électriquesapproximatifs. Dommage !Ruas (AZ/Universal) 2/5Mafalda Arnauth incarne le fadotraditionnel. Elle écrit elle-mêmeses textes, chante d’une voixgrave et posée en accentuant les« r ». Son public, de plus en plusnombreux, est conquis tant parson classicisme que son élégance.Son dernier album s’accompagned’un dvd « ao vivo ». Le toutest plaisant, bien qu’un tantinetconvenu.Flor de Fado (Polydor/Universal) 3/5DEOLINDA"Canção Ao Lado"(World Connexion)La vraie bonne surprise vientdu jeune groupe Deolinda. Cequartet joue avec les codesdu fado et des musiquestraditionnelles régionales, avec unesaine insolence, esprit et talent.Pour eux, le fado n’a pas besoind’être triste ou de se ponctuerd’acrobatiques soli de guitareportugaise : il est joyeux et léger !Les compositions sont efficaces,les arrangements n’excluent nil’inventivité ni les pointes d’humouret la chanteuse Ana Bacalhau,mène l’affaire avec entrain etfinesse. à suivre de très près !B.M.Cristina Branco"Kronos"(Emarcy/Universal)Cristina Branco n’avait pas signéd’album aussi convaincant que ceKronos depuis des années. Aprèsdes hommages aux maîtres de lachanteuse – Amalia Rodrigues ouZeca Alfonso –, ce disque marqueun retour à la création et à unecertaine simplicité expressive. Etcomme le fado se satisfait mald'excès formels et d'artificesémotionnels, le résultat n’en estque plus probant. Il marque aussiun retour vers un instrumentariumfado classique : guitare, basseet guitare portugaise avec desinterventions de l’accordéonde Ricardo J. Dias ou le pianode João Paulo Esteves daSilva. Dans cet environnementdépouillé, la finesse des mélodiesqui n’empruntent pas toutesau cheminement classique,n’apparaît que plus claire et lavoix ne pouvant tricher, délivreavec sincérité les émotions gravesou légères de cette réflexiontemporelle.Benjamin MiNiMuMLes Yeux Noirs"Best Oyf+ live Opre Scena"(Zig-Zag Territoires/Harmonia Mundi)Enfin !Après 17 ans de carrière, les YeuxNoirs publient une compilationde leurs cinq albums studio,agrémentée d’un live déjanté de2007, enregistré par Radio Franceà Aix-Les-Bains. L’enchaînementde Hora de Mina, Tchaye ou LaDanse des flèches ouvre la route àun road trip brinquebalant entre laMacédoine, la Roumanie et…la boulangerie du quartier juif duMarais, à Paris, où Eric et OlivierSlabiak ont entendu pour lapremière fois les incontournablesmorceaux yiddish joués partoute la famille. Mais le live, plusrythmé que la compilation, parfoiscomplètement barré même, rendaux Yeux Noirs et à leur musiquetoute leur spontanéité : les violonssont lâchés et ne s’arrêtent plus.E.C.2009 MARS/AVRIL n°33


54Loulou Djine"Zapad"(Life live)Ceci n’est pas un disque,c’est une échappée belle !« Zapad », c’est l’ouest enserbo-croate. Pour des milliersd’Européens, l’Ouest, c’est legrand ailleurs, où l’herbe serapeut être plus verte. C’estdonc sur cette route, celle desmigrants, de l’exil, de l’espoir etdes illusions, que Loulou Djinenous embarque, en prenant soinde charger ses valises de toutce qu’il croise. Un peu de violontzigane par ici, de clarinettebalkano-orientale par là, unejeune pousse de musiquesactuelles, et roule, ma poule !C’est pour ce bagage-là, si richeen influences et en émotionsfortes que Loulou Djine vaut sonpesant d’or.E.C.17 Hippies"El Dorado"(Buda Musique)17 Hippies, 13 musiciens,14 années, 1500 concerts,20 pays, 11 cds et unemultitude d’instruments… On enperd ses comptes ! El Dorado,dernier opus des infatigableshippies berlinois, abonde derichesses comme la contréeimaginaire du même nom.Il s’ouvre sur un morceau cajunscat-speedqui, tel un flacon depotion magique orientale, faitfrétiller les pieds une nuit entière.Revanche contre les préjugés:l’Allemand n’a jamais semblési doux que dans Adieu, tandisque la nostalgie atteint sonapogée avec la ballade Boundfor Morning … ou l’histoire decelui qui attend son amourqui n’existe pas. Citons aussila révérence à la comptineanglaise Ten Green Bottles surdes airs roumains. Les mamiesbritish risquent de se retournerdans leurs tombes.G.W.Ferran Savall"Mireu El nostre mar"(Alia Vox/Naïve)Fils du compositeur et joueurde viole de gambe Jordi Savallet de la soprano MontserratFigueras, Ferran a grandit dansl'amour de la musique et de ladiversité. Comme ses parents,il s'intéresse à des répertoiresanciens et prend à cœur deles restaurer ou de les raviver.On trouve principalementici des chansons catalanesréarrangées, parfois dotées denouveaux textes, mais aussiune berceuse hébraïque Noumi,Noumi, une mise en musique depoèmes de Rilke ou d'auteursd'Amérique du sud. Le parti-prismusical est clair : des cordes(guitares à 6 ou 12 cordes,chitarra battente italienne,luths arxillaüt ou bandúrria,piano) et des cordes vocalesen harmonie. Un voyage inéditentre une certaine musiqueprécieuse espagnole et du folkcalifornien à la Crosby, Stills,Nash & Young.B.M.Pennoù Skoulm"Trinkan"(Innacor /L’Autre Distribution)Trinkan est né des retrouvaillesentre l’univers de PennoùSkoulm et les connaissancesdu répertoire traditionnel dusonneur Patrick Molard. Issu,au début des années 80, dela fusion des groupes Kornozet Gwerz (dans lequel a officiéPatrick Molard), Pennoù Skoulma vite dépassé les frontières dufest-noz.Le groupe, très créatif, trancheavec la morosité post-revivaldes années 70. Pourtant, il n’asorti qu’une cassette en 1989,remixée sur CD en 1994. Quinzeans plus tard, voici leur secondalbum où s’entremêlent descompositions, des adaptationsd’airs traditionnels du répertoirechanté, des suites et despolkas, souvent collectéesauprès des anciens sonneurset chanteurs du Pays Vannetais(Morbihan) ou du Pays Gallo(Haute-Bretagne).Pointu.E.C.Renaud García-Fons"La línea del Sur"(Enja Records)Créer un Sud imaginaireaux couleurs bariolées, telleest l’idée du contrebassisteRenaud García-Fons qui achoisi d’explorer les nuancesmusicales de son enfance pourson nouvel album. Kiko Ruiz,déjà présent sur le précédentopus Arcoluz, patine sa guitared’une note flamenca tandis queDavid Venitucci ébauche endemi-teintes l’Amérique latine auson d’un accordéon vagabond.Les percussions de PascalRollando imitent ce parcoursavec une palette d’instruments :cajón, djembé et autres bongos.L’archet du maestro prend alorsdes allures d’illusionniste tant ceSud semble vaste. Une ovationparticulière à la chanteuseEsperanza Fernández, invitéesur trois morceaux, qui entrainele jazz vers le flamenco et élargitencore l’horizon.N.A.Miss Platnum"Chefa"(Because)Révélation Berlinoise de 2008,Ruth Maria Renner,alias Miss Platnum a aussi faitsensation chez nous lors desdernières Transmusicales.Cette jeune chanteuseopulente est née à Timisoaraet se distingue de toutesles vocalistes de R'n'B enrevendiquant haut et fortet ses origines roumaineset sa surcharge pondérale.Concrètement, sur un tapisde beats hip-hop et de fanfarebalkanique, elle déclame sonamour pour le beurre ou lesMercedes Benz et réclamequ'on lui donne de la nourriturecomme preuve d'amour.Clip à l'appui, l'univers estdrôle et cohérent, la Miss nemanque ni de coffre ni d'aplombet devrait pouvoir en amuserquelques uns jusqu’à l’été.B.M.n°33 mars/AVRIL 2009


chroniques 6 ème continentmondomix.com55InspirationInformation"Mulatu Astatke &The Heliocentrics""Horace Andy & Ashley Beedle "(Strut records/Pias)Après la première rencontre trèsréussie entre le chanteur américainAmp Fiddler et les monuments jamaïcainsSly and Robbie, deuxnouvelles collaborations viennentenrichir la collection « InspirationInformation » du label Strut.Né en 1999 à Londres, StrutRecords réédite des trésors oubliésdes années 1970, du compas audisco italien en passant par la souldes Caraïbes, des vieux mixes deKid Creole ou ceux du mythiqueGrandmaster <strong>Flash</strong>. « InspirationInformation » repose sur un conceptsimple : réunir en studio deuxunivers artistiques, l’un installé, incontournable,et l’autre plus jeune,encore peu connu. Puis observerce qu’il se passe…La première des deux nouvelles galettes à paraître confrontel’exceptionnelle voix du Jamaïcain Horace Andy àl’électronique fantaisiste de l’Anglais Ashley Beedle. DJacide house, remixeur acharné, élevé aux sound systemslondoniens des années 1980, il fait ses classes avec lesgroupes X-Press 2 ou Black Science Orchestra. Leur rencontredonne naissance à des dubs aux sons improbables,des rythmiques électroniques soutenues sur lesquellesHorace Andy pose son flow légendaire. Un heureux accidentqui pourra peut-être diviser sur la reprise d’Angie desStones, mais qui procure une bonne bouffée d’air frais.La deuxième sortie célèbre la rencontre entre le grand vibraphonistemulti-instrumentiste éthiopien Mulatu Astatke,père de l’Ethio-jazz, et le groupe The Heliocentrics : desartistes du label Stones Throw qui produit entre autres desmusiciens hip-hop de qualité (Madlib, MF Doom ou Percee P)avec lesquels ils collaborent. The Heliocentrics ont aussijoué le rôle du backing band de DJ Shadow durant sa tournée.Avec Mulatu Astatke, ils nous offrent un abstract hip-hoptrès haut de gamme, un jazz coltranien aux finesses éthiopienneset aux rythmiques telluriques parfois drum’n’bass.Ni l’intensité, ni la qualité ne faiblissent une seconde. Cettetroisième pression des sessions « Inspiration Information »est indispensable à toutes les bonnes discothèques !A.C.Jimi Tenor &Kabu Kabu"4th Dimension"(Sähkö-Puu Rcords/Differ-ant)Depuis sa rencontre avec legroupe berlinois Kabu Kabuet la parution de Joystone en2007, on savait que Jimi Tenor,Finlandais foutraque et toucheà-tout,possédait dans sabibliothèque un exemplaire du« petit afrobeat illustré ».Une base qu’il mixait alors àtoutes sortes d’influences avecplus ou moins de bonheur.4 th Dimension démontre qu’il arepris son ouvrage et le connaîtaujourd’hui sur le bout desdoigts. Beaucoup plus « roots »que le précédent opus, il est prispar instant de pulsions tribalesoù synthé « string machine »et pédale d’effet Noise boxs’en donnent à cœur joie. Lessonorités flirtent avec un jazzfusion gentiment « free », lasoul et le funk, agrémentées dechœurs que ne renierait pas RoyAyers. Très agréable.A.C.2009 MARS/AVRIL n°33


56Evan Christopher"Django à la Créole"(Lejazzetal/ Frémeaux & Associés)Accordez Django aux déhanchéscubains, aux épices brésiliennes,hantez son Manoir de mes rêvesde pas de boléro, suspendezses Nuages au ciel de LaHavane : imaginée par l’excellentclarinettiste néo-orléanais EvanChristopher exilé à Paris, cetteséduisante relecture créole nesaurait trahir l’héritage du génie.En 1939, Django enregistrait avecdeux sidemen de Duke Ellington,le cornettiste Rex Stewart et leclarinettiste Barney Bigard, quiinsufflaient à son art de lumineusesinflexions NO.Christopher apporte ici unsupplément d’âme : une « SpanishTinge » (« touche espagnole »)comme l’appelait Jelly Roll Morton.Une réinterprétation en quartet,virtuose, originale et swinguée, quirafraîchit la liste parfois ronflantedes interminables hommages aumaître. All"Take A Ride"(Yotanka/Discograph)Plutôt qu'un groupe, Meï Teï Shôest avant tout l'association dedeux hommes. Depuis plus d'unedizaine d'années, le bassiste BorisKulenovic et le batteur GermainSamba déclinent leur imaginairemusical commun.Take A Ride voit défiler desvignettes sonores où trip-hop,funk, électro, rock et hip-hop,sont mis en orbite par un grooveimpérial. Avec ses harmonies entrebleu et noir, le Fender Rhodesd'Eric Teruel renforce la qualitéhypnotique des morceaux, surlesquels déferlent les scansionsdu rappeur Bruce Sherfield, outournoient des voix féminines,celles de Sandra Nkaké, JessicaMartin Maresco ou AmelMathlouthi. La scène électrodubfrançaise n'a pas fini de seréinventer.B.B.Molecule"Climax"(Aktarus/Underdog/La Baleine)Malgré quelques featuringsdéconcertants voire agaçants,Arielle Dombasle et CharlélieCouture en tête, cet album offred’excitants moments de dub madein France. L’Intro abstract suiviedu tubesque et addictif morceauFaluja, toasté par le MC suédoisPromoe arrachent l’enthousiasme.On retrouve aussi avec plaisir l'exSaïan Supa Crew Leeroy, dontMolecule a mixé le dernier albumAfrican Trip, chroniqué dans cespages ou encore Nemo et ZigZag, déjà présents sur l'épisodeprécédent du producteur. Avec cetroisième album, le précautionneuxchimiste parisien devrait asseoir laréputation de son dub mélodiqueet ouvert.B.M.Don Cherry& Latif Khan"Music / Sangam"(Heavenly Sweetness/Differ-Ant)Enregistrée en juin 1978,cette rencontre entre Don Cherry(trompette, claviers, gong, flûte,doussou n’goni…) et Latif Khan(tablas) ne remplit qu’un demiCD (35min), mais offre bienplus qu’un demi-plaisir, tant lesconstructions de ces deux orfèvresqui ne s’étaient jamais rencontrésauparavant sont rythmiquementciselées et délicieusementinspirées.Si le premier était familier destechniques de studio, le tablistedécouvre ici les possibilités de« re-re » et autres « overdubs »,enrichissant par là même son jeutentaculaire. Entre jazz fraternel etworld balbutiante, ces cinq plages,produites par Martin Meissonnier,et Pierre Lattès donnent une idéeprécise de ce « point de rencontre »(Sangam en sanskrit) que sait être lamusique. SQ'n°33 mars/AVRIL 2009


57ne va pas remettre l’ordre du mondeen cause : il va juste familiariser lesnight-clubbers occidentaux avec lalangue de Fairouz. B.M.Y.A.S.Produced by Mirwais(AZ/universal)Leeroy"African Trip"(Aktarus-Cantos/PIAS)Zong"Fractures + Fonker Espress"(Bi-Pole/Rue Stendhal)Producteur passé en classeinternationale depuis qu'il a remodeléle son de Madonna en 2000(l’album Music), Mirwais a choisipour son retour sur le devant de lascène, de se faire accompagnerpar Yasmine Hamdan. La vamplibanaise, chanteuse du duo électropopSoap Kills, possède une voixgrave et sexy, agile a se placersur des beats mid-tempo et desambiances synthétiques. Si l'onentend quelques accords de violonsorientaux dans l'instrumental d'introet une dominance de la langue arabedans le chant, Y.A.S. est avant toutune œuvre de pop internationale quise plie aux canons, up to date, dugenre. Le son est largement orientéannées 1980, époque ou entre newwave et disco, Mirwais inventaitl'électro-pop à la française au sein deTaxi Girl. Il termine d'ailleurs l'albumsur une variation autour d'un thèmede Kraftwerk (The Man Machine),héraut toute catégorie du sonsynthétique.Ce disque à fort potentiel commercialGhalia Benali & BertCornelis"Al Palna"(Music & Words/Zimbraz)Al Palna est le fruit du mariageimprobable des musiques arabeset indiennes, plus précisément dusitar de Bert Cornelis et de la voixde la chanteuse tunisienne GhaliaBenali. Ils sont accompagnés par lejoueur de djozé (vièle à pique) irakienAnwar Abudragh, le joueur de tablasPrabhu Edouard et le percussionnistemarocain Azzedine Jazouli.Si l’évocation du mélange peutsurprendre sur papier, le résultat estnovateur et parfaitement réussi.Autour des textes de Ghalia etde quelques poèmes de Rabiaal Adawiyya, figure ancestrale dusoufisme irakien, la création estspontanée et l’inspiration portevers l’infini. Une véritable invocationde l’Orient en 53 minutes de purbonheur. Mehdi El KindiProlongeant son expérience indienne(Bollywood Trip – 2006), Leeroys’aventure sur commande en terreafricaine et défriche avec légèreté lespistes du label Cantos. Ces musiquesde l’aire francophone subsahariennesont réarrangées par l’ex-SaïanSupa Crew avec la complicité dufidèle scratcher DJ Karve, du dubberMolecule et de Gloumi, un jeuneproducteur fraîchement recruté.Quelques belles escales comme ceSpace Carnival qui s’enroule autourdu son d’un violon mandingue, cetHôtel Zombie ou ce Manioc Academyqui asservissent les foisonnantesguitares des musiques d’Afriquecentrale sans trop les contraindre,attirent l’oreille. Malheureusement,les autres souvenirs pour ne pasdire clichés, manquent souvent deprofondeur de « chants ».SQ'Téléchargersur mp3.mondomix.com24351Un an et demi après la sortie deFractures, son dernier opus, Zongrevient les bras chargés de cadeaux.Le trio réunionnais et son labelmétropolitain soutenu pour cetteopération par Pardon ! (une marquede tee-shirts made in la Réunion)propose façon filet garni, unenouvelle version remasterisée de sonFractures, un CD Rar’té bourré deprises inédites, de live ou de remixesainsi que Fonker Espress, un petitlivre relatant en photos colorisées parFever et en bribes de textes de Dreanleurs concerts dans une vingtaine depays. Témoignages souriants auxpaysages changeants, souvenirs detournées où se lit parfois la fatigue,ce Fonker Espress pose un regardcomplice sur ce trio en mouvement,et donne à entendre leurs concertsd’un autre œil.SQ'2009 MARS/AVRIL n°33


58 - mondomix.com - LABEln°33 mars/AVRIL 2009


label - mondomix.com - 59texte Laurent CatalaEn dix ans d’existence, le labelSonore est devenu une référenceen matière de promotion et dediffusion des musiques insolites« made in Japan ». Dans laperspective du prochain festivalL’Expérience Japonaise (LEX),au Théâtre de Nîmes du 24 au 28mars, commissionné par Sonoreet son mentor Franck Stofer,l’occasion était trop belle dese replonger dans les frasquesdébridées de ce label françaisexilé au pays du soleil levant.La vie réserve parfois de drôles de surprises.Ainsi en est-il de l'histoire de Franck Stoferet de son label Sonore, créé à Bordeaux en1998 pour assurer la publication en Europede l'album Vrresto des Ruins Alone – groupeessentiel de la scène freerockjaponaise conduit parle batteur Tatsuya Yoshida– et qui s'est progressivementtransformée enstructure de diffusion d'unescène indépendante expérimentalejaponaise foisonnantede diversité (free jazz,punk expérimental, avantpop, électro, etc.). Rédactiond'articles, participationà des ouvrages collectifs, àdes conférences, distributionde disques et promotiond'artistes… : FranckStofer et son label Sonoredeviennent progressivementune référence en lamatière. En 2003, le choix s'impose des'installer là-bas. « Je voulais m’investirdans cette scène musicale et non en êtreun commentateur lointain et illuminé »,avoue Franck Stofer.RencontresDès lors, les activités de Sonore prennentune autre tournure, s'ouvrent vers la ventepar correspondance, le management et lacoordination de festivals comme la biennaleL'Expérience Japonaise qui se tiendraà Nîmes du 24 au 28 mars prochain. Unerencontre, avec un autre français inspirépar la culture underground japonaise,Jean-Alain Sidi, a été déterminante.« Nous avons beaucoup discuté au sujetde l’art, de la musique et de nouvelles voiesEric Bossickpour pérenniser et solidifier Sonore. Nousavons créé l’entreprise JAAPAN en juillet2004 qui a repris les activités de Sonore enles structurant et en les développant ».Aidé d'autres collaborateurs comme lajaponaise Satoko Fujimoto du label parisienPrele (un échange de bons procédés!),Sonore investit tous les champs dediffusion possibles : la promotion Internetet les médias traditionnels, la distributionphysique en ligne et la digitale, la synchronisationde musiques pour le cinéma, lesdocumentaires ou la publicité, et enfinl’organisation de tournées d’artistes japonais.Un travail de terrainAu-delà de tous ses aspects promotionnels,les musiciens restent évidemment lamatière fondamentale de Sonore et le souciprimordial de Franck Stofer. Citons depuisses premières signatures : le compositeurélectronica Satoru Wono, les manipulateurship-hop Satanicpornocultshop, etl'inaltérable Tatsuya Yoshida, désormaisakane hosakaen solo avec son projet Ruins Alone, ousa nouvelle égérie, Akane Hosaka, et sa« musique électronique très marquée parles précurseurs de la pop électro commePerrey & Kingsley ou Yellow Magic Orchestra».Une démarche de passionné qu'il assumeparfaitement : « J’explore la scèneartistique de Tokyo en profondeur. Je nereste pas qu’à la surface des festivals, desremises de prix chorégraphiques et desderniers endroits à la mode. Je plongedans les petits clubs obscurs et enfumés.Je cherche les extrêmes, et parfois je lestrouve. »http://sonore.comwww.theatredenimes.com/lex2009 MARS/AVRIL n°33


60 - mondomix.com - livresLivresTullio Rizzato& Carine Rochez"Himalaya –Un Voyage en Musiques"(Transboréal)Outre l’envie d’exotisme, qu’est-cequi a poussé Carine Rochez, professeurdes écoles, et Tullio Rizzato,ingénieur du son, à parcourirl’Himalaya d’ouest en est pendantsix mois ?Un amour commun de la musique ! Leur beau Voyage enMusiques se parcourt comme un recueil de portraits sonoresd’Inde du Nord, du Népal et du Tibet. Les textes décriventavec maintes anecdotes leurs aventures en altitude, et chacunede leurs étapes renvoie à une piste du Cd (ambiancessonores ou musiciens captés sur le vif) qui complète trèsagréablement cette expérience sensorielle. Une photographieplus soignée aurait empêché le projet d’osciller entre voyageinitiatique et véritable travail ethnologique mais qu’importe !Cet ouvrage a la légèreté des bal(l)ades qu’il dévoile. éditépar Transboréal, maison d’édition qui vante la découverte etla rencontre par la promotion du travail d’auteurs et de photographes,ce livre se déguste le casque sur les oreilles, lesyeux entre les lignes et la tête dans les nuages.Fabien MaisonneuveMarc-Édouard Nabe"Nuage"(Le Dilettante)C’était au festival Django Reinhardtde Samois en juin 2008. Une émotionpalpable saisit l’assistance lorsque legroupe les Primitifs du Futur de DominiqueCravic attaque La dernièrerumba de Django (M.-E. Nabe/Cravic)avec Pierre Barouh récitant l’épiloguede Nuage, court texte/hommage de69 pages d’abord publié en 1993 etrécemment réédité. De son vrai nomAlain Zanini, Marc-Edouard Nabe est le fils du clarinettiste MarcelZanini qui connut la gloire vers 1970 pour son adaptationdu tube brésilien Ne vem que não tem, devenu Tu veux ou tuveux pas. Provocateur né, capable d’écrits sulfureux les pluscontestables et de prises de position d’une radicalité extrême,Nabe est aussi un poète sensible et délicat dont l’admirationpour Django est sans bornes. à travers ce texte virtuose à based’anecdotes et d’analyses musicologiques, écrit à la premièrepersonne et qui court comme un solo de Charlie Parker, ondécouvre diverses facettes du génie manouche, décrit commeun « bienheureux » : « Surpris par tout, y compris par lui-même,il se promenait, plein de sensations, comme un nuage gorgé depluie. », dit l’écrivain au sujet du manouche.Ce petit bouquin plaît tellement dans les milieux jazzistiquesqu’un groupe dénommé Nuages de Swing a été créé par le guitaristeLaurent Courtois qui propose un spectacle d’une heureavec lecture intégrale de l’ouvrage, déjà présenté notammentau Django Festival d’Oslo et à celui de Liberchies en Belgique,commune où Django est né un certain 23 janvier 1910.JP Bruneaun°33 mars/AVRIL 2009


dvds - mondomix.com - 61DvdsDick & Hnatr"Live au New Morning"(Mangrove, 2008)Éloquent témoin de la première tournéefrançaise de Dick & Hnatr (prononcer« Natch »), ce DVD fait passerle frisson du kaneka. Pionniersde cette jeune musique néo-calédonienne,le couple et son groupeabordent la scène avec naturel. Ilsséduisent par la douceur de leursharmonies vocales, convainquentpar leur mise en place impeccableet finissent par chavirer l’espacesur le tempo énergique des danses kanak. Au fil du concert,notre curiosité se mue en révélation. Il y a quelquechose d’intraduisible dans l’expression vivante du kaneka,qu’aucun disque n’a encore capté. C’est comme une forcetellurique qui gronde sous l’apparente fragilité des voixaux mélodies célestes. Issu du chaos insurrectionnel qui asecoué l’archipel de 1984 à 1988, le kaneka est d’abordun engagement politique. Dick & Hnatr, originaires des îlesLoyauté, valorisent avant tout cette culture kanak trop longtempsméprisée, étouffée par la colonisation. La fabuleuseambiance qui enflamme un New Morning bondé, ce 30juillet 2008, en dit long sur leur impact. Tout un monde àdécouvrir !François BensignorDisponible sur www.pacific-bookin.comBuffy Sainte-Marie"Running for the Drum/A Multimedia Life"(Gypsy Boy Music/Socadisc)Dans les 60’s, en Amériquedu nord, la chanteuse compositriceamérindienne canadienneBuffy Sainte-Marie était un peu lacaution « indienne de service » desfestivals folk et rock. Avec plus d’unecorde à son arc, on peut pourtant laconsidérer comme la mère spirituelle de la très active scène« native américaine » contemporaine, de Pura Fé à JohnTrudell. 40 ans après ses débuts, elle revient avec Runningfor the Drum, époustouflant 17 e disque (le dernier datait de1992) accompagné d’un riche DVD, A multimedia Life, filmde Joan Prowse qui conte la vie, la carrière et les combatsde l’auteur d’Universal Soldier. Le montage alterne témoignages(Dylan, Joni Mitchell…), archives (Newport Folk festivalde 1964, entretien avec Pete Seeger), tournage dans les réserveset chez elle, à Hawaii. Elle y évoque son militantismeen faveur de son peuple, ses influences musicales (rock &roll des origines, Miles Davis, Piaf) et sa passion pour lapeinture numérique. Un attachant portrait comme untémoignage indispensable sur une artiste majeure tropméconnue, mais dont on annonce une prochaine tournéeeuropéenne.JP Bruneau2009 MARS/AVRIL n°33


Dehors ! Dehors ! DehoMONDOMIX AIME !Voici 12 bonnes raisons d’aller écouter l’air dDakhla festivalDu 27 février au 1er marsMarocLes horizons du grand Sudmarocain accueillent la 3 eédition du Dakhla Festival.Face à l’océan et adossées auxdunes du Sahara, ces festivitéssont propices au mariagede la création artistique et dessports de glisse. Trois joursdurant la baie de Dakhla se faitle carrefour de musiques éclectiques: des artistes internationauxcomme Keziah Jones etYuri Buenaventura partagentla scène avec des musicienslocaux tels que la chanteusede chaâbi Najat Atabou et lesprécurseurs de la fusion chaâbi-rock,les Hoba hoba spirit.Sur place, la résidence duDakhla Project livre le bouquetfinal sous l’égide de MohamedAbdennour (Gnawa Diffusion),une création d’artistes méditerranéens.www.dakhla-festival.comL'ATELIERNO FORMAT !30 marsThéâtre de l‘Atelier 1,place Charles Dullin Paris(18)Pour son 5 eanniversaire,le label No Formatorganise au Théâtrede l'Atelier unepetite soirée tout endouceur. Les festivitéss'ouvriront sur lestraces du chanteurculte Nick Drakeen compagnie duguitariste jazz MisjaFitzGerald Michel.Empruntant les chemins de traverse entre jazz etfolk, le guitariste réinterprète des thèmes phare avecdélicatesse. Le deuxième temps de la soirée faitplace à l'ambiance musicale de Mélissa Laveaux,une voix qui sonne délicatement soul sur des cordesrésolument folk. La jeune femme écrit un mondetissé de créole et d'anglais, une petite bulle intime àpartager. Enfin, une fenêtre s'ouvre sur un ailleurs,interstice musical, charme impalpable d'une rencontreentre un balafon et un vibraphone électrifié. Ce duoqui rassemble Lansiné Kouyaté et David Neermanest une plongée abyssale dans un univers inexploréet fascinant, gorgé de poésie et de magie. L'AtelierNo Format offre une programmation cohérente, aussisubtile qu'originale, à l'image de ce label, défenseurdes rencontres fortuites et de la spontanéité musicale.www.theatre-atelier.comwww.noformat.netFestival de l’imaginaire3 mars au 10 avrilMaison des Cultures duMonde ParisLe festival vous entraîne dansun tourbillon de sonoritésenivrantes avec notamment lesMolams et Mokhènes du Laos(voir p.19) les 10 et 11 mars. Le13, Françoise Atlan chanterales chansons d’amour dubassin méditerranéen accompagnéepar l’Ensemble Constantinople,tandis que les 17et 18, vous plongerez au cœurde l’Algérie grâce aux flûtistesde la Gasba de Beni Salah.Puis rendez-vous avec le SyrienHassan Haffar les 19, 20 et21 mars pour une découvertechantée du rituel soufi. La TunisienneSonia Mbarek, représentanteadulée de la chansonarabe, donnera de la voix (3 et4 avril), et les frères pakistanaisMehr et Sher Ali, maîtresdu qawwali, vous initieront à laspiritualité soufie (8, 9, et 10).Un tour du monde musical desplus étonnants !http://www.mcm.asso.fr/site02/festival/accueil_fi.htmMusée GuimetMars-avril6, place d'Iéna ParisOuvrez grand vos écoutilles :le Mékong déverse à Guimetles sonorités collectées aucours de son incessant voyageà travers l'Asie. La premièreétape rassemble le joueur deerhu chinois, Guo Gan, unejoueuse de koto japonaise,Mieko Miyazaki, et la chanteusevietnamienne, Huong Thanh(les 6 et 7 mars). La deuxième,gorgée de traditions persane,judéo-espagnole, ibériqueet trouvère française imposel'Ensemble Constantinople etFrançoise Atlan, le 13. La troisièmefait place belle à l'Indeavec la danseuse de kathakAnurekha Ghosh les 27 et 28puis, en xxx avril, les gitans Dhoaddu Rajasthan, le 9, et enfin lesindiens Gour Pal et KousicSen (flûte et tabla) le 10.www.guimet.frAgendaEn partenariat avec :INFOCONCERT.COMConcerts et festivals //Information et réservation sur> www.infoconcert.comEcoutez le fil d’infos live sur> Infoconcert Radio 100% live, 24h/24Festivalde FlamencoDu 17 au 22 marsToulousePréparez-vous à voirs'enflammer la ville rose àcoups de palmas et guitares!Le Festival de Flamenco deToulouse et Midi-Pyrénéesremet le couvert pour sa8 e édition. Cette année, lafemme est à l'honneur etl'on pourra se délecter dela danse sensuelle de la C ieIsabel Bayon le 20 mars etdes voix très différentes descantaoras Montse Cortéset Esperanza Fernandezle 21. D'autres artistestelles la jeune interprèteMercedes Cortés et ladanseuse La Miñenacontribueront à cettecélébration de la femme.http://www.festival-flamenco-toulouse.com/n°33 mars/AVRIL 2009


s !u tempsDEHORS - mondomix.com - 63mondomix.com - 63Banlieues BleuesDu 6 mars au 10 avrilSeine-Saint-DenisPour sa 26 e édition, le festivals'offre le luxe d'une thématique,la Nouvelle Orléans, avecdes artistes comme The SoulRebels ou Galactic. Mais pasquestion de s'en contenter!La programmation inclut unegrande diversité d'artistes, deCharles Lloyd aux explosifsCongopunQ en passant par lasoul-folk de Mélissa Laveauxet les sonorités roumaines duTaraf de Bucarest. Le « TrioApirilean » composé de tenantsde la tradition basque (Achiary,Ezcurra) et d'un percussionnistede renom (Lopez), leschansons bosniaques de LjiljanaButtler, ou l’art de Khaleddonnent au festival encore plusde saveur…www.banlieuesbleues.orgThéâtre de la VilleMars/AvrilParisLa découverte est à la clef !Le 7 mars, les polyphoniesdalmates s’offrent à vous avecle prestigieux chœur croateKlapa Iskon’, relayé le 14 parun hommage aux musiquessacrées orthodoxes avec lachanteuse serbe Divna et lechœur Melodi. Une peinturede la Mongolie, sur la route deGengis Khan, sera initiée parsept musiciens, dont le ChinoisQi Bulag, grand maître de lavièle à deux cordes « morinkhour » (les 21 et 22). La musiquechaâbi résonnera le 28,portée par la voix de Nassima,puis laissera place le 11 avril àl’ensemble Al-Kindî qui devraitrendre hommage au chanteursyrien Sheikh Hamza Chakourinitialement prévu dans ceprogramme, et disparu débutfévrier (voir page 11).www.theatredelaville-paris.comFestival d’Amiens,musiques de jazz et d’ailleursDu 12 au 29 marsVoilà une programmationalléchante ! Le 12 mars à Tergnier(02), la Cubaine Yusa partagerason cocktail sonore entremusiques du monde et pop,relayée à Amiens le 17 mars parle vibraphoniste David Neermanet son acolyte LansineKouyaté, grand maître du balafon.Du 26 au 28 mars, le KasaïAll Stars communiquera toutel’énergie puisée dans les musiquestraditionnelles et urbainescongolaises. Leur compatrioteRay Lema fera résonnerles notes blanches, noires etjazz de son piano le 27 mars,précédant l’infatigable OmaraPortuondo. Le 28, les désormaiscélébrissimes Amadou& Mariam présenteront leurnouvel opus Welcome to Mali.Que demander de plus ?www.amiensjazzfestival.comTOUTES LES SELECTIONS SORTIES SUR www.mondomix.com/fr/agenda.php17 HIPPIES : 31 mar, 1 avr Paris (75)3MA : 15 Reze (44), 21 Saint Andre LesVergers (10)A FILETTA : 27 mar Brignais (69), 4 avr SaintQuentin en Yvelines (78)D.RAFIA MALA :25 mar Paris (75)AKIM EL SIKAMEYA: 5 mar Paris (75)AKLI D : 15 avr Paris (75), 17 Bobigny (93)ALAN STIVELL : 7 mar Moelan sur Mer (29),14 mar Dole (39), 3 avr Delle (90)ALLA : 19 avr Paris (75)AMADOU ET MARIAM : 19 mar Montpellier(34), 20 Ramonville (31), 21 Lyon (69), 25Luxembourg (99), 26 Lille (59), 28 Amiens(80), 1 avr Paris (75), 23 Bourges (18), 24Strasbourg (67), 27 Vizille (38)ANA MOURA : 3 avr Bischheim (67)ANGELIQUE IONATOS : Du 4 au 15 marParis (75), 20 Sevres (92), 28 Les Lilas (93)ANNIE EBREL : 5 avr Saint Ave (56)ANTIQUARKS: 14 mar Bobigny (93), 20Annecy (74), 16 avr Paris (75)ANTONIO PLACER : 27 mar Begles (33)AYO : 23 avr Bourges (18)BA CISSOKO : 13 mar Poitiers (86), 19 Paris(75), 28 Coustellet (84), 10 avr Rambouillet(78), 10 Aubagne (13), 17 Marseille (13)BAAZIZ : 27 mar Sallaumines (62)BALLAKE SISSOKO: 15 mar Reze (44)BARBARA LUNA : 26 mar Paris (75)BARBATUQUES : 4 avr Lyon (69)BENAT ACHIARY : 2 avr Saint Ouen (93)BLICK BASSY: 5 mar Paris (75), 20 Eeklo(99), 24 Paris (75)BRATSCH : 30 avr Suresnes (92)BUIKA: 2 avr Rouen (76), 4 Lyon (69)CAMEL ZEKRI : 24 mar Martigues (13)CESAR STROSCIO :du 27 mar au 11 avrParis (75), 15 Sceaux (92)CESARIA EVORA : 24 mar Sochaux (25)CHEICK TIDIANE SECK: 12 mar Paris (75)CHEMIRANI'S : 10 avr Les Lilas (93)CHET NUNETA : 7 mar Villiers Le Bel (95),21 Figeac (46)CIE MONTANARO : 31 mar Toulouse (31),29, 30 avr Toulouse (31)CONGOPUNQ : 4 avr Villepinte (93)CRISTINA BRANCO : 3 mar Vanves (92), 5Colombes (92), 6 Boulogne Billancourt (92),7 Caen (14),13 Creil (60), 14 Saint Herblain(44), 20 Poitiers (86), 21 Saint Brieuc (22),22 Meudon (92), 25 La Rochelle (17), 26Paris (75), 28 Valenciennes (59), 2 avr Aix EnProvence (13), 3 Carcassonne (11)DANYEL WARO: 7 mar Questembert (56), 8Carhaix Plouguer (29), 13 Saint Juery (81), 14Labege (31), 17 Grenoble (38), 19 Virieu (38),20 Issoudun (36), 21 Nanterre (92)DAVID NEERMAN & LANSINE KOUYATE:30 mar Paris (75), ), 17 avr Nantes (44)DAVY SICARD: 6 mar Paris (75), 13Sotteville Les Rouen (76), 20 Niort (79), 24Puteaux (92)DENEZ PRIGENT : 13 mar Lens (62), 29 avrLannion (22)DOBET GNAHORE : 7 mar Paris (75)DRISS EL MALOUMI : 15 mar Reze (44)DU BARTAS : 18 mar Figeac (46)DYAOULE PEMBA : 13 mar Saint Juery (81)EL HADJ N'DIAYE : 19 mar Figeac (46), 21Vernouillet (78)ENSEMBLE AL-KINDÎ : 9 avr Perpignan(66), 11 Paris (75)ERICK MANANA: 3 avr Rennes (35), 4Montpellier (34)ERIK MARCHAND: 20 mar Athis Mons (91),21 Crolles (38)ESPERANZA FERNANDEZ: 21 marToulouse (31)ETENESH WASSIE: 24, 25 mar Paris (75),18 avr Agen (47)FAUDEL: 19 mar Merignac (33), 24 Issy LesMoulineaux (92)FRANCOISE ATLAN : 14 mar Reze (44)GIANMARIA TESTA : 18, 19, 20 mar Paris(75)GILLES SERVAT : 3 avr Briec (29), 19Langan (35)GUEM : 25 avr Plouneour Trez (29)HADOUK TRIO: 20 mar Tregunc (29), 28Roanne (42), 7 avr Angouleme (16)HASNA EL BECHARIA: 19 avr Paris (75)HUONG THANH: 14 mar Pontcharra (38),IDIR 14 mar Guebwiller (68), 3 avr LeBourget (73), 18 Nancy (54)JUAN JOSE MOSALINI : 6 mar Alfortville(94), 7 Les Pavillons Sous Bois (93), 13 LesLilas (93)KAMEL EL HARRACHI : 26 mar Marseille (13)KAMILYA JUBRAN : 17 mar Argenteuil (95),28 Amiens (80), 11 avr Poligny (39)KARIM ZIAD: 30 avr Valence (26)KASAI ALLSTARS: 19 mar Agen (47), 20Massy (91), 21 Aulnay Sous Bois (93), 22Carhaix Plouguer (29), 25 Tourcoing (59), 26,27, 28 Amiens (80), 30 Brest (29)KATIA GUERREIRO : 6 mar Poissy (78), 18avr Cannes (6)BanjeeHIP HOP KANOU :13 mars Angers(49), 20 Montreuil(93), 2 avril Nantes(44), 3 Cholet (49),4 Chalon sur Saone(71),10 Ancenis (44),11 St Hilaire de riez(85),17 Chateaulin(29)KHALED: 22 marBanlieues BleuesGonesse (95), 15mai à l'OlympiaParis, 30 MusiquesMétisses àAngoulêmeKUMAR : 20 mar Paris (75)LA MACHINE : 30 avr Bagnolet (93)LAS ONDAS MARTELES : 26 mar Amiens(80), 1 avr Paris (75)LENINE : 19 mar Paris (75), 27 Cully (99)2009 MARS/AVRIL n°33


64 - mondomix.com - dehorsLes Irlandays14 au 22 marsPortes de l’EssonneL’Irlande s’offre à vous enmusique ! Le 14 mars, NoëlHill défendra sa réputation dejoueur illustre de concertina,tandis que la Saint-Patricksera célébrée le 17 avec GerryO’connor, violoniste irlandaisréputé. Le 19 sera rythmé parla rencontre sur-mesure entrePennoù Skoulm, groupephare de la scène bretonne, etAndy Irvine, géant de la musiquetraditionnelle irlandaise(co-fondateur de Planxty). Le21, vous pourrez vibrer avec legroupe Guidewires emmenépar Pádraig Rynne, reconnupour être un prodige du concertina,avant de fêter la clôture dufestival en compagnie du KilfenoraCéili Band, qui promet devous convertir définitivement àl’irish touch !www.festival-irlandays.infoQuai BranlyDu 20 au 28 marsThéâtre Claude Levi-Strauss,ParisEn mars, le Quai Branly fait ladémonstration en musique dela richesse d'un jazz qui puiseouvertement dans ses originesafricaines. Au programmed'Africa Jazz, des artistes dehaut vol dont les noms – JackDeJohnette ou Randy Weston– ont marqué l'histoire du genred'un sceau délibérément africain.à leurs côtés, d'autresartistes de talent, l'EthiopienneEténèsh Wassié, les maîtresgnawas d’Essaouira et laMauritanienne Dimi MintAbba, apportent de nouvellescouleurs, plus traditionnelles,à ce jazz qui n'en finit plusd'arpenter les quatre coinsdu monde à la recherche denouvelles trouvailles.www.quaibranly.frCité de la musiqueMars / AvrilParisLa Cité de la Musique continueson exploration des culturesdu globe et vous offre de quoiétancher votre soif de découverte.Le 22 mars, vous pourrezassister à la Grande Nouba,véritable exploration des traditionsmusicales arabo-andalousescommunes, dans ses grandeslignes, à tous les pays duMaghreb. Lors de cette grandemanifestation, vous pourrezdécouvrir les différences subtilesentre maloufs tunisien etalgérien et la al-âla marocaine.Puis, changement de décorsle 18 avril avec l’EpopéeRamayana III, cette fois danssa version indienne, du théâtralkathakali, interprétée par latroupe Ekathara Kalari.www.cite-musique.frInstantsdu monde12 au 15 marsRezé (44)évènement consacré auxcroisements et rencontres,Instants du monde à Rezémise sur la voix pour ouvrirle bal de l'interculturel. Riende pompeux mais un joyeuxmélange de sonorités ettechniques.à noter la présence desexcellents 3 MA (Driss ElMaloumi, Rajery et BallakéSissoko) mêlant oud, valihaet kora, la rencontre ducélèbre ensemble DoulceMémoire (musique de laRenaissance) avec le chanteurperse Taghi Akhbari,ainsi que la venue del'Ensemble Constantinopleavec Françoise Atlan etde Molams et Mokhènes,chants et orgues à bouchedu Laos.www.larcareze.frMétis13 mars au 18 juilletSeine-Saint-Denis (93)Le festival Métis lance unpont entre l’Italie et le Mali !Le 31 mars, vous pourrezainsi assister à l’envoldes voix de La Squadra,ensemble vocal de Gênes,tandis que le 2 avril, lagrande Oumou Sangaréchantera le son du Wassouloude toute son âme.Le relais sera pris le 7 avrilpar le groupe italien OfficinaZoe, dont le pizzica, rythmeancestral, se mêlera auxpercussions du génie auxdoigts d’or, le percussionnisteBaba Sissoko.Enfin, le 28 avril, rendezvousavec Tunde Jegede,adepte du croisement desgenres, qui fera dialoguerkora et violoncelle.L’éclectisme sera au rendezvous!www.metis-plainecommune.comPlanètesMusiquesMars-avrilEn régionsVous avez raté le festivalPlanètes Musiques?En route pour la session derattrapage!Tenez-vous prêt à passerle 14 mars à Tamniès(24) en compagnie de DuBartàs, de leurs accordéon,tambourins et grosse caisseaux accents languedociens.Gardez un peu de forcespour Kabbalah et leur musiqueurbaine aux sonoritésklezmer qui envahira Tulle(19) et Brest (29) en mars,Montluçon (03) et La Seynesur-Mer(83) dès avril.Pour les autres, pas depanique, le festival s'écouteaussi chez soi sur compilation!www.famdt.com/creation-actualite.phpn°33 mars/AVRIL 2009


DEHORS - mondomix.com - 65Saison Créole –La VilletteDu 7 avril au 5 juilletParisà la question « c'est quoi être"créole"? », l'expo KréyolFactories répond sur le modede la diversité. 60 créateurssont invités à exprimer leurvision de la créolité. La scénographieplonge le visiteurdans une déambulation nourried'installations plastiques,d'œuvres littéraires ou photographiques.Des films alimententla réflexion sur les identitésmultiples. Adossée à cetteexposition très pertinente et oùfourmillent les points de vue, lefestival Mizik Factory abordela question musicalement : deMalavoi aux Neg'Marrons enpassant par Tabou Combo etune soirée dédiée au kompa,les mondes créoles font entendreleurs voix.www.villette.comSalle PleyelAvrilParisLa salle Pleyel vous offre uneprogrammation aux doucessaveurs d’Afrique et d’ailleurs.Le 17 avril, nous vibrerons faceà l’incontournable YoussouN’Dour et Le Super Etoile deDakar, représentants adulésdu mbalax sénégalais. Puis,le 18 avril, nous nous aventureronsau Mali, guidés par lavoix sensible de Salif Keïta,griot mondialement connu quidéfendra en formation acoustiquela musique traditionnellemalienne. Enfin, nous exploreronsd’autres rivages le 25 avrilgrâce au saxophoniste JulienLourau et au pianiste yougoslaveBojan Z, qui partagerontleurs propres visions du jazz,entre pop, rock, ou encoremusiques du monde. De bellesrencontres en perspective !www.sallepleyel.frPrintemps de BourgesDu 21 au 26 AvrilBourgesL’édition 2009 du Printempsde Bourges promet de bellessurprises aux amateurs demusiques métissées. Dès le 22,ils pourront apprécier le blueslatino-mandingue de VictorDémé, voir ou revoir Ayo ouAmadou & Mariam le 23. Lelendemain, la soirée « AcousticLand » met à l’honneur lesartistes du label No Format(Melissa Laveaux, Kouyatéet Neerman, Misja Fitzgerald).Le même jour, Inna deYard All Stars, Keziah Joneset Toots & the Maytals tiennentle haut de l’affiche, tandisque l’argentine Juana Molinaprésente son univers onirique.Le 25, Kabbalah défend lescouleurs klezmer et Lo Griyocelles de la Réunion pour les« Découvertes du Printempsde Bourges ». Le 26, le festivalse clôt sur la pop roumainedélurée de Miss Platnum.www.printemps-bourges.comTOUTES LES SELECTIONS SORTIES SUR www.mondomix.com/fr/agenda.phpLES BANTOUS DE LA CAPITALE : 27 marMarseille (13)LES BOUKAKES : 21 mar Montreuil (93)LES ESPOIRS DE CORONTHIE : 14 marLe Mans (72)LES YEUX NOIRS : 10 mar Lorient (56), 11Nantes (44), 12 Tours (37), 26 Garches (92),27, 28 Paris (75), 7 avr Boulogne Billancourt(92)L'HIJAZ'CAR : 6, 7 mar Paris (75)LJILJIANA BUTTLER : 1 avr La Courneuve(93)LO GRIYO : 25 Bourges (18)LO COR DE LA PLANA : 21 mar Orthez (64)Josef PintureLO'JO : 19 marSaint Jean DeVedas (34), 21Creon (33), 28Paris (75), 29 Laval(53),17 avr LeCreusot (71), 30Lorient (56)LOS VAN VAN: 27 mar Marseille (13)MAFALDA ARNAUTH: 1, 2 avr Paris (75)MANU DIBANGO : 4 avr Rive De Gier (42)MARACA / ORLANDO MARACA VALLE :28 mar Paris (75)MARIANA RAMOS : 6 mar Portes lesValence (26)MAYRA ANDRADE : 29 avr Villefranche SurSaone (69)MININO GARAY 2, 3 mar Paris (75)MISIA : 14 mar Miramas (13), 8 avr Paris (75)MONICA PASSOS : 12 mar Marseille(13), 13 mar Montpellier (34), 28 marChateauvallon (83)MOR KARBASI : 9 avr Paris (75)MORY KANTE : 20 mar Chaville (92)MOUNIRA MITCHALA : 14 mar Bagneux(92), 19 Bischheim (67), 20 Franconville(95), 21 Joue Les Tours (37), 28 Savigny LeTemple (77)MOUSSU T E LEI JOVENTS : 18 marTournefeuille (31), 19 Saint Cloud (92), 28Marseille (13)MUKTA : 6 mar Paris (75)MULATU ASTATKE & THEHELIOCENTRICS : 11 avr Paris (75)NASS EL GHIWANE : 28 mar La Verriere(78)NASSIMA : 28 mar Paris (75)NAWAL : 2 mar Perpignan (66), 2 avrPerpignan (66)NORIG : 8 avr Sochaux (25), 28 Angers (49)NOVALIMA : 26 mar Marseille (13), 3 avrParis (75)OJOS DE BRUJO : 4 avr Lyon (69), 10 avrBoulogne Sur Mer (62)OKNA TSAHAN ZAM: 18 avr Agen (47)OMAR SOSA : 16 avr Tours (37)OMARA PORTUONDO : 19 mar Rouen(76), 20 Metz (57), 21 Velizy Villacoublay (78),27 Amiens (80)ORCHESTRE NATIONAL DE BARBES :6 mar Cergy (95), 21 Bagneux (92), 27 SaintMalo (35)ORLANDO POLEO : 25 avr Sanguinet (40)Judith BurrowsOUMOUSANGARE : 1 avrParis (75), 3 Cully(99), 2 église deSaint-Denis, 31 maiMusiques Métissesà AngoulèmeOUSMAN DANEJDO : 24 mar Paris (75)PENNOU SKOULM: 19, 20 mar Athis Mons(91), 19 avr Carhaix Plouguer (29)RABIH ABOU KHALIL: 4 avr Cully (99), 28Luxembourg (99)RAJERY: 15 mar Reze (44)RAMON LOPEZ : 2 avr Saint Ouen (93)RAUL BARBOZA: 21 mar Illkirch (67)RAY LEMA : 27 mar Amiens (80)REGIS GIZAVO : 13 mar Saint SebastienSur Loire (44), 21 Illkirch (67)RENE LACAILLE : 21 mar Illkirch (67)RITA MACEDO: 4 avr Orvault (44)ROBERTO DE BRASOV : 14 mar VillebonSur Yvette (91)ROKIA TRAORE : 20 mar Nice (6), 21 marSuresnes (92), 24 mar Puteaux (92), 4 avrMayenne (53)RONA HARTNER : 20 mar Montpellier(34), 21 mar Salon De Provence (13), 3 avrMarseille (13), 4 avr Paris (75)SALIF KEITA : 16 avr Chalon sur Saone (71),18 avr Paris (75), 29 avr Creteil (94)SO KALMERY : 13 mar Blois (41)SONIA MBAREK: 3 et 4 avr Paris (75)SOUAD MASSI: 6 mar Argentan (61), 7 marBruxelles (99), 11 mar Les Ponts de Ce (49),14 mar Gerardmer (88), 17 mar Bezons (95),20 mar Bourg La Reine (92), 21 mar Vesoul(70), 24 mar Montceau Les Mines (71), 26mar Aucamville (31), 27 mar Serignan (34),2 avr Maromme (76), 3 avr Combs La Ville(77),4 avr Montbeliard (25), 25 avr NeuvesMaisons (54), 30 avr Queven (56)SUSHEELA RAMAN: 14 mar Gif Sur Yvette(91), 17 mar Argenteuil (95), 20 mar Gonesse(95), 25 mar Bron (69), 3 avr Vaux Le Penil(77), 4 avr Le Vesinet (78), 7 avr Tremblay EnFrance (93), 8 avr Sochaux (25)TALVIN SINGH: 18 avr Strasbourg (67)TCHEKA: 21 mar Paris (75), 24 mar Reze(44)THIERRY ROBIN (TITI ROBIN): 5 marChecy (45), 7 mar Queven (56), 14 marCognac (16), 27 mar Chatillon (92), 28 marChateaubriant (44), 29 mar Angers (49),25avr Bruxelles (99)TRIO JOUBRAN 6,7 mar Paris (75), 17 avrDijon (21), 24 avr Thiers (63), 26 avr Guilvinec(29), 28 avr Fontenay Sous Bois (94)VICTOR DEME: 14 avr Feyzin (69)WASIS DIOP: 26 mar Marseille (13)WATCHA CLAN: 14 mar La Clusaz (74), 26mar Guyancourt (78), 27 mar Chelles (77),28mar Beauvais (60)YOM : 17 mar Martigues (13), 20 mar Aix EnProvence (13), 27 mar Marseille (13)YOUSSOU N'DOUR: 17 avr Paris (75)YURI BUENAVENTURA: , 4 mar Thonex(99), 5 Massy (91), 7 Rombas (57), 9 Paris(75), 10 Ramonville (31), 13 Argeles SurMer (66), 14 Le Cannet Cote D'azur (6), 19Courbevoie (92), 20 Selestat (67), 21 EvianLes Bains (74), 24 Issy Les Moulineaux (92)YUSA : 27 Cully (99)Inna de Yardavec WinstonMc Anuff, CedricMython (TheCongos), Earl‘Chinna’ Smith,Derajah, Kiddus I,Linval Thompson,Viceroys24 avril au Printemps de Bourges25 avril au 106 à Rouen26 avril au Cabaret Sauvage à ParisD.R.2009 MARS/AVRIL n°33


ABONNEZ-VOUS ÀMONDOMIXET RECEVEZ LE DERNIER ALBUM DEKHALED "liberté"(az/universal) dans la limite des stocks disponiblesOui, je souhaite m’abonner à<strong>Mondomix</strong> pour 1 an (soit 6 numéros)au tarif de 29 euros TTC.(envoi en France métropolitaine)NomPrénomAgeAdresseVilleCode PostalPayse-mailOù avez-vous trouvé <strong>Mondomix</strong> ?Renvoyez-nous votre coupon rempliaccompagné d’un chèque de 29 eurosà l’ordre de <strong>Mondomix</strong> Média à l’adresse :<strong>Mondomix</strong> Média - 9, cité Paradis 75010 ParisTél : 01 56 03 90 85abonnement@mondomix.comHors France métropolitaine : 34 eurosnous consulter pour tout règlement par virement> Prochaine parutionLe n°34 (Mai/Juin 2009) de <strong>Mondomix</strong> sera disponible fin Avril.Retrouvez la liste complète de nos lieux de diffusion surwww.mondomix.com/papier<strong>Mondomix</strong> remercie le Ministère de la Culture pour son soutien et tous les lieux qui accueillent lemagazine dans leurs murs, les FNAC, les magasins Harmonia Mundi, les espaces culturels Leclerc,le réseau Cultura, l’Autre Distribution, Staf Corso ainsi que tous nos partenaires pour leur ouvertured’esprit et leur participation active à la diffusion des musiques du monde.sachaMONDOMIX - Rédaction9 cité Paradis – 75010 Paristél. 01 56 03 90 89 fax 01 56 03 90 84redaction@mondomix.comEdité par <strong>Mondomix</strong> Media S.A.R.L.Directeur de la publicationMarc Benaïchemarc@mondomix.comRédacteur en chefBenjamin MiNiMuM benjamin@mondomix.comConseiller éditorialPhilippe Krümm philippe@mondomix.comSecrétaire de rédactionAnne-Laure Lemancel / Laure BunaDirection artistiqueStephane Ritzenthaler graphimix@mondomix.orgCouverture / PhotographieBanjeewww.banjee.netOnt collaboré à ce numéro :Julien Abadie, Nadia Aci, François Bensignor, Kim Biegatch,Bertrand Bouard, Jean-Pierre Bruneau, ArnaudCabanne, Laurent Carela, Églantine Chabasseur, LucieCombe, Pierre Cuny, Isadora Dartial, Mehdi el Kindi,Charlotte Grabli, Laure Guyot, Jul, Patrick Labesse, Anne-LaureLemancel, Élodie Maillot, Fabien Maisonneuve,Nadia Messaoudi, Jérôme Pichon, Camille Rigolage, YannisRuel, Sacha,, Christine Semba, Squaaly, YvesTibor,Gayle Welburn et Mademoiselle Zouzou.Responsable marketing / partenariatsLaurence Gilleslaurence@mondomix.comtél. 01 71 18 15 95Assistante marketing / partenariatsAudrey Baradataudrey@mondomix.comtél. 01 71 18 15 95MONDOMIX RegieChefs de publicitéAntoine GirardMathieu Prouxtél. 01 56 03 90 88MONDOMIXREGIEantoine@mondomix.commathieu.proux@mondomix.netTirage 100 000 exemplairesImpression Rotimpres, EspagneDépôt légal - à parutionN° d’ISSN 1772-8916Copyright <strong>Mondomix</strong> Média 2009- Gratuit -RéalisationLe Studio <strong>Mondomix</strong> info@studio-mondomix.comtél. 01 56 03 90 87Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation,intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procédé, lesupport ou le média, est strictement interdite sans l’autorisationde la société <strong>Mondomix</strong> Média.<strong>Mondomix</strong> est imprimésur papier recyclé.

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