PARTICULARITES EVOLUTIVES DU PROLACTINOME.
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Université de Reims Champagne - Ardenne.<br />
Faculté de Médecine.<br />
Mémoire de fin de spécialité.<br />
Endocrinologie et Maladies Métaboliques.<br />
<strong>PARTICULARITES</strong> <strong>EVOLUTIVES</strong> <strong>DU</strong> <strong>PROLACTINOME</strong>.<br />
SUIVI LONGITUDINAL DE 57 CAS.<br />
Par le Docteur A. HADJERES.<br />
Avril 1996<br />
Coordonnateur inter-régional : Professeur J. CARON
Université de Reims Champagne - Ardenne.<br />
Faculté de Médecine.<br />
Mémoire de fin de spécialité.<br />
Endocrinologie et Maladies Métaboliques.<br />
<strong>PARTICULARITES</strong> <strong>EVOLUTIVES</strong> <strong>DU</strong> <strong>PROLACTINOME</strong>.<br />
SUIVI LONGITUDINAL DE 57 CAS.<br />
Par le Docteur A. HADJERES.<br />
Avril 1996<br />
Coordonnateur inter-régional : Professeur J. CARON
Ce travail est dédié à mes parents.<br />
Mes remerciements vont :<br />
Aux professeurs :<br />
- J. CARON<br />
- B. DELEMER<br />
- M. LEUTENEGGER<br />
A tous ceux qui m'ont apporté leur soutien durant mon cursus.
Etude théorique:<br />
I- Introduction……………………………………………………………………………………p : 1.<br />
II- Rappel historique……………………………………………………………………………..p : 1.<br />
III- Histoire naturelle…………………………………………………………………………….p : 1.<br />
IV- Fréquence……………………………………………………………………………………p : 1.<br />
V- Anatomopathologie…………………………...........................................................................p : 3.<br />
VI- Physiopathologie……………………………………………………………………………..p : 5.<br />
VII- Diagnostic positif……………………………………………………………………………p : 6.<br />
A - Clinique………………………………………………………………………………………..p : 6.<br />
B - Biologie………………………………………………………………………………………...p : 9.<br />
C- Conséquences de l'hyperprolactinémie………………………………………………………..p : 13.<br />
D - Aspect radiologique……………………………………………………………………..........p : 14.<br />
VIII) Traitement………………………………………………………………………………...p : 15.<br />
A- Les buts du traitement…………………………………………………………………………p : 15.<br />
B - Le traitement médical………………………………………………………………………...p : 15.<br />
C - Le traitement chirurgical……………………….......................................................................p : 17.<br />
D - La radiothérapie……………………………………………....................................................p : 19.
I) INTRO<strong>DU</strong>CTION :<br />
Les tumeurs sécrétant la prolactine (PRL) ou prolactinomes constituent la variété la plus fréquente<br />
des adénomes hypophysaires dits fonctionnels (- 1, 2 -).<br />
II) RAPPEL HISTORIQUE :<br />
C'est grâce aux observations de CHIARI et FROMMEL (1855-1882), concernant des jeunes femmes<br />
ayant une aménorrhée et une galactorrhée prolongées, survenant dans le post- partum, que la notion<br />
d'adénome à PRL fit son apparition.<br />
Un siècle plus tard, ARGONZ et DEL CASTILLO (1952) décrivirent un syndrome comprenant une<br />
aménorrhée et une galactorrhée, survenant chez une jeune fille, sans notion de grossesse.<br />
En 1954, FORBES et ALBRIGHT seront les premiers à faire le lien entre certaines de ces<br />
manifestations cliniques et la description de tumeurs hypophysaires. A cette époque, ces adénomes<br />
hypophysaires étaient considérés comme chromophobes, c'est à dire non sécrétants.<br />
En 1965, HERLANT (et Coll.) observa pour la première fois des cellules lactotropes dans un<br />
adénome responsable d'un tel syndrome (aménorrhée et galactorrhée).<br />
Depuis 1971, grâce aux techniques de dosage radioimmunologique, mises au point par FRIESEN et<br />
Coll., il est enfin possible de quantifier avec précision le taux de sécrétion hormonale de ces tumeurs.<br />
III) HISTOIRE NATURELLE :<br />
L'histoire naturelle du développement et de l'évolution du prolactinome n'est pas connue avec<br />
précision ; cependant, on sait que la majorité de ces tumeurs ont une croissance lente sur plusieurs<br />
années.<br />
WEISS (- 3 -) a montré que 10 % des microprolactinomes augmentaient de volume après une<br />
surveillance de plus de 5 ans d’évolution sans traitement.<br />
D’autres séries d’observation de patients atteints de micro-adénomes à PRL, non traités, ont montré<br />
que seule une minorité présentait une augmentation significative des taux sériques de la PRL et /ou<br />
un accroissement du volume tumoral, alors que la plupart voyait leur taux de PRL décroitre avec le<br />
temps (- 4, 5, 6, 7, 8 -).<br />
Les facteurs responsables de l'augmentation du taux de PRL et de la croissance tumorale ne sont pas<br />
encore connus.<br />
IV) FREQUENCE :<br />
La fréquence des prolactinomes a pu être appréciée : d'une part, grâce à l'étude comparative des<br />
résultats en microscopie optique et électronique, d'autre part, grâce aux colorations<br />
immunhistochimiques des adénomes hypophysaires.<br />
Des études d’autopsies ont montré que 23 à 27 % des individus présentaient des micro-adénomes<br />
hypophysaires (- 9 -).<br />
1
La grande majorité de ces personnes n’a présenté aucun signe de dysfonctionnement endocrinien.<br />
Par ailleurs, 40 % des tumeurs identifiées se sont révélées être sécrétantes après coloration<br />
immunocytochimique (- 9 -).<br />
Le prolactinome représente 27 à 35 % des adénomes hypophysaires (- 10 -) et 42 à 48 % des<br />
adénomes sécrétants (- 11 -).<br />
A- Répartition du prolactinome en fonction du sexe :<br />
Le prolactinome est 5 à 10 fois plus fréquent chez la femme que chez l'homme. Le micro-adénome<br />
est plus fréquent chez la femme, tandis que chez l'homme c'est le macro-adénome qui prédomine.<br />
Selon une étude réalisée par l'équipe de HARDY (- 12 -), sur un groupe de 260 femmes présentant<br />
une hyperprolactinémie, 60 % d'entre elles avaient une selle turcique au grade 0 et I. Chez 40<br />
hommes ayant des taux élevés de PRL, 6 (15 %) d'entre eux avaient une selle turcique au grade I<br />
(voir classification morphologique).<br />
Selon l'équipe de GUIOT, chez 120 cas féminins, le micro-adénome était présent dans 20 % des cas<br />
contre 21 % pour le macro-adénome au stade I, 8 % au stade II et 2 % au stade III.<br />
Selon la même équipe, chez 30 cas masculins, 65 % des tumeurs ont une expansion supra-sellaire au<br />
moment du diagnostic.<br />
Le pourcentage des micro-adénomes varie selon les études réalisées, ces dernières années, par<br />
certaines équipes de neurochirurgiens. La raison est due au choix thérapeutique et à l'orientation<br />
initiale des patients.<br />
La fréquence plus élevée de l’hyperprolactinémie chez la femme est due au fait que la<br />
symptomatologie retrouvée parait plus évidente (oligoménorrhée, aménorrhée et souvent<br />
galactorrhée) ; conduisant à un bilan endocrinien plus précoce. A l'opposé, la perte progressive de la<br />
libido et l'impuissance chez l'homme, peuvent rester longtemps indécelables.<br />
Certaines études d'autopsies ont, par ailleurs, montré une répartition identique des microprolactinomes<br />
chez l'homme comme chez la femme (- 9 -) ; cependant, aucun de ces patients n'a<br />
présenté des signes cliniques témoignant d'une atteinte hypophysaire (- 9 -).<br />
En pédiatrie, il y a autant de garçons que de filles atteints de micro-prolactinomes qui présentent une<br />
interruption de la puberté (- 13 -).<br />
B- Répartition du prolactinome en fonction de l’âge :<br />
Le prolactinome survient principalement chez les adultes (âge moyen : 34 ans chez la femme et 42<br />
ans chez l'homme) ; par ailleurs, c'est le type d'adénome le plus fréquent chez l'adolescent (- 14 -).<br />
Selon l'équipe de GUIOT, chez la femme, l’âge moyen de la découverte est de 28 ans<br />
(16 à 50 ans) ; les premiers symptômes apparaissant vers l’âge de 20 ans. Chez l'homme, l’âge<br />
moyen de découverte est de 35 ans (16 à 67 ans), le diagnostic est porté tardivement, dix ans après<br />
l'apparition des premiers symptômes en moyenne ; l'adénome est alors le plus souvent découvert<br />
devant l'existence de signes tumoraux.<br />
2
V) ANATOMOPATHOLOGIE :<br />
L'adénome à PRL provient le plus souvent des lobes latéraux de l'antéhypophyse, mais il peut<br />
progresser pour gagner la selle turcique et comprimer les lobes antérieurs et postérieurs (-15-)<br />
A- Classification morphologique :<br />
Il existe toutes les possibilités anatomiques entre le petit adénome peu évolutif et la tumeur<br />
expansive.<br />
Le terme de micro-adénome désigne une tumeur intra-sellaire d'un diamètre inférieur à 10 mm, ne<br />
modifiant pas la selle turcique ou déformant le plancher sellaire de façon asymétrique.<br />
Le macro-adénome représente une tumeur plus volumineuse intra-sellaire ou expansive<br />
(classification de GUIOT et DEROME).<br />
Sur le plan neuroradiologique (- 12 -), on distingue :<br />
- l'adénome enclos (grade 0: selle turcique normale; grade I: déformation localisée de la paroi antérosellaire<br />
; grade II: selle turcique ballonnée).<br />
- l'adénome invasif (grade III : destruction locale de la selle turcique ; grade IV : destruction totale de<br />
la selle turcique).<br />
L'extension du macro-adénome est exprimée en plusieurs stades :<br />
- le stade I correspond à une extension modeste dans la citerne supra-sellaire, sans compression du<br />
chiasma ;<br />
- au stade II le chiasma est refoulé ainsi que les récessus antérieurs du troisième ventricule ; au stade<br />
III l'expansion ampute la partie antérieure du troisième ventricule et elle peut atteindre les trous de<br />
Monro.<br />
B- Histologie :<br />
En microscopie optique, les cellules apparaissent petites avec un noyau rond ou ovale et un<br />
cytoplasme étroit ; des granules de sécrétion ne sont habituellement pas visibles avec les colorants<br />
habituels.<br />
L'examen au microscope électronique montre que les cellules du prolactinome contiennent des<br />
granules sécrétoires sphériques dont la taille varie entre 100 et 150 nm. Des granules irréguliers, plus<br />
volumineux (400 à 500 nm) sont moins souvent observés.<br />
Les cellules en activité sécrétoire présentent un corps de Golgi et un noyau de volume plus<br />
importants. On observe par ailleurs un réticulum endoplasmique saillant. L'étude immunohistochimique<br />
de ces adénomes a permis de confirmer la nature sécrétoire des granules : il s'agit de<br />
PRL.<br />
Le diagnostic histologique de prolactinome est facilement établi, grâce à l'aspect ultra-structural des<br />
granules sécrétoires épars au niveau de ces cellules.<br />
3
Il faut signaler cependant que deux autres aspects peuvent souvent se voir au cours du prolactinome :<br />
- les calcifications : dans 15 % environ des cas (- 16 -).<br />
- les dépôts amyloïdes endocriniens : dans 5 à 6 % environ des cas (- 17, 18 -).<br />
Chez environ 40 % des acromégales, l'hypersécrétion de GH est accompagnée d'une élévation<br />
simultanée du taux de PRL, il s'agit d'adénomes mixtes (somatotropes et lactotropes)<br />
(- 19, 20, 21 -).<br />
Dans certains cas, cette découverte signifie que la croissance tumorale de l'adénome à GH empiète<br />
sur la tige pituitaire, l'éminence médiane et la région hypophysiotrope de l'hypothalamus.<br />
Cette croissance tumorale interfère avec la production, la libération et/ou le transport de facteurs<br />
inhibiteurs de la PRL (PIF) : le résultat est une augmentation de la sécrétion de PRL par les cellules<br />
tumorales de l'hypophyse.<br />
Dans d'autres cas, l'hyperprolactinémie est due à la présence d'adénome hypophysaire à sécrétions bihormonales<br />
(GH et PRL).<br />
A l'histologie, ces adénomes présentent un aspect variable : acidophile ou chromophobe, selon le<br />
nombre de granules de sécrétions au niveau du cytoplasme.<br />
Dans certaines populations cellulaires, la présence de GH et de PRL est mise en évidence par la<br />
technique de l'immuno-péroxydase (- 19 -).<br />
Toutes les variantes peuvent s'observer dans les adénomes mixtes ; la combinaison de granules de<br />
GH denses et de granules de PRL éparses parait être la forme la plus fréquente.<br />
Certaines tumeurs mixtes, particulièrement chez l'enfant et l'adolescent, pourraient être constituées de<br />
cellules mixtes bi-hormonales mamo-somatotropes (- 22 -).<br />
En fait, le terme "chromophobe" est la source d'une ambiguïté, exprimant un fait microscopique :<br />
l'absence de coloration des cellules par des méthodes histologiques.<br />
Il est devenu, dans l'esprit de beaucoup, un synonyme de non sécrétant ; il est exact que la plupart des<br />
adénomes qui ne sécrètent pas d'hormone à des taux appréciables cliniquement et biologiquement,<br />
sont formés d'une majorité de cellules à organites cytoplasmiques peu développés et ne renfermant<br />
pas des grains de sécrétion visibles au microscope optique. Ces cellules ont donc peu d'affinité pour<br />
les colorants et méritent le qualificatif de chromophobes.<br />
Par contre, de nombreuses tumeurs hypophysaires sécrétantes (qu'elles soient à l'origine d'une<br />
acromégalie, d'une maladie de CUCHING ou d'une aménorrhée - galactorrhée) peuvent être<br />
constituées de cellules, en majorité pauvres en granules chromophylles, quelle que soit la spécificité<br />
des colorants utilisés.<br />
En effet, en période d'activité, une cellule hormonogène élabore et libère simultanément les grains de<br />
sécrétion qui constituent son stock. Le nombre de grains témoigne de l'état d'équilibre dynamique<br />
entre la phase de "fabrication" et celle de sécrétion, si cette dernière est plus intense, les grains<br />
deviennent petits et peuvent même devenir invisibles en microscopie optique.<br />
Le qualificatif de chromophobe devrait donc être abandonné car, comme on l'a vu, il peut aussi bien<br />
s'appliquer à des cellules inactives qu'à des cellules hypersécretantes.<br />
Actuellement, les adénomes sont classés, à l'échelle clinique et biologique, en :<br />
- adénomes fonctionnels ou "sécrétants";<br />
- adénomes non fonctionnels ou "non sécrétants".<br />
La distinction entre ces deux formes se fait, à la fois, grâce à l'observation des organites de la<br />
synthèse protéique (ergastoplasme, appareil de golgi et nucléole) et par analyse immunocytochimique<br />
du contenu hormonale intracellulaire.<br />
4
C- Corrélation entre la taille du prolactinome et le taux de PRL :<br />
Il existe une corrélation entre la taille de l'adénome et le taux de prolactinémie : une volumineuse<br />
tumeur avec une prolactinémie inférieure à 200 ng par ml a toutes les chances de ne pas être pas un<br />
adénome à PRL (- 14 -).<br />
Il n'y a cependant pas de relation évidente, dans tous les cas, entre le volume tumoral et la valeur<br />
plasmatique de la PRL (- 10 -) ; ainsi, certains macro-adénomes sont peu ou pas sécrétants.<br />
Les macro-prolactinomes s'accompagnent souvent d'un taux de PRL supérieur à 500 ng par ml,<br />
pouvant s'élever à 10000 ng par ml et même au-delà dans les formes invasives. Au cours des microadénomes<br />
à PRL, la prolactinémie est comprise entre 100 et 500 ng par ml (- 23 -).<br />
VI) PHYSIOPATHOLOGIE :<br />
Plusieurs théories sur la genèse du prolactinome ont été proposées :<br />
La prise d'oestrogènes comme traitement contraceptif, par voie orale, a été évoquée comme étant une<br />
cause de la survenue des prolactinomes, mais des études portant sur un grand nombre de femmes<br />
utilisant cette forme de contraception, n'ont pas montré l'existence d'une corrélation entre l'utilisation<br />
des oestrogènes (en particulier les micro dosés) et le développement du prolactinome (- 24 -) ; à ce<br />
propos, une étude contrôlée récente n'a pu mettre en évidence une plus grande fréquence des<br />
prolactinomes après traitement oestroprogestatif (- 25 -). Néanmoins, le rôle des oestrogènes sur la<br />
tumorigénèse ne peut être écarté ; il existe plus de récepteurs à l'oestradiol dans les prolactinomes que<br />
dans les autres tumeurs hypophysaires, et leur concentration serait plus élevée en cas de prolactinome<br />
invasif (- 26 -).<br />
S'agissant de l'influence des oestrogènes sur la sécrétion de la PRL, des études épidémiologiques ont<br />
montré que la fréquence des hyperprolactinémies est proportionnelle aux taux des oestrogènes<br />
plasmatiques ; ces hyperprolactinémies sont aussi, d'une part, plus fréquentes chez la femme que chez<br />
l'homme, d'autre part, elles sont plus fréquentes chez la femme après traitement oestrogénique et au<br />
décours d'une grossesse. Pour certains, le risque de survenue de l'hyperprolactinémie est multiplié<br />
par 2,6 et même par 6,25 si la prescription a eu lieu avant l’âge de 25 ans (- 27 -).<br />
Le rôle des oestrogènes n'apparaît pas évident dans tous les cas : chez certaines femmes et jeunes<br />
filles atteintes de prolactinomes, on ne retrouve aucune notion thérapeutique particulière ; il en est de<br />
même chez l'homme et chez l'enfant. Soulignons cependant que, quels que soient les sexe et âge, des<br />
récepteurs à oestrogènes existent au niveau des cellules des adénomes à PRL. Le nombre de ces<br />
récepteurs peut être plus important chez l'homme que chez la femme, ce qui expliquerait le caractère<br />
souvent prolifératif de la tumeur chez l’homme (- 28 -).<br />
Pendant la grossesse, les oestrogènes sont responsables des modifications de l'hypophyse de la<br />
femme enceinte. En effet, cette glande double de volume en fin de gestation et se trouve constituée de<br />
volumineux cordons de cellules à PRL, histologiquement décelables (- 28 -).<br />
Le prolactinome peut également survenir pendant la période du post-partum, indépendamment du<br />
syndrome aménorrhée-galactorrhée habituel, qui n'est autre que la continuation "naturelle" de l'état<br />
physiologique de la grossesse. Il y a donc un passage d'une hyperplasie diffuse des cellules à PRL à<br />
la formation d'un adénome bien circonscrit. L'étape précise à l'origine de cette modification<br />
fondamentale n'est pas encore connue avec précision.<br />
En expérimentation, chez l'animal, on a pu obtenir des tumeurs à PRL bien individualisées sous<br />
l'effet des oestrogènes, précédées par un stade d'hyperplasie diffuse du parenchyme (-28-).<br />
5
Parmi les autres facteurs contrôlant la sécrétion de la PRL, la dopamine joue un rôle<br />
Essentiel. En effet, la sécrétion de la PRL est normalement freinée par une neuro-hormone d'origine<br />
hypothalamique : le PIF ou Prolactin Inhibiting Factor, celui-ci est actuellement assimilé à la<br />
dopamine, et c'est d'ailleurs la raison de l'efficacité de la bromocriptine (Parlodel) qui agit comme<br />
agoniste dopaminergique au niveau des récepteurs des cellules adénomateuses et freine par<br />
conséquent l'hyperprolactinémie, par ailleurs la sécrétion de PRL est stimulée par la TRH et par les<br />
antagonistes de la dopamine.<br />
Les récepteurs à dopamine localisés sur les membranes des cellules lactotropes ont été récemment<br />
incriminés dans la survenue des prolactinomes ; il ne semble pas exister une modification de l'affinité<br />
des récepteurs (- 29 -), ni de leur nombre et ceci quel que soit le volume de l'adénome (- 30 -).<br />
Néanmoins, compte tenu que la densité des cellules lactotropes est 2 à 3 fois plus importante que<br />
celle de l'hypophyse normale, cela pourrait expliquer une diminution de la sensibilité à la dopamine,<br />
comme cela a été évoqué in vitro sur des cultures cellulaires (- 31 -).<br />
Certaines tumeurs de l’antéhypophyse pourraient induire, par blocage de la circulation porte,<br />
l’inhibition de la Dopamine (voir : conséquences de l’hyperprolactinémie ; p : 13).<br />
Une théorie génétique permet actuellement, grâce aux clonages d'ADN, provenant de cellules<br />
tumorales, d'affirmer que les prolactinomes sont, à l'origine, monoclonaux (- 32 -).<br />
VII) DIAGNOSTIC POSITIF :<br />
A- Clinique :<br />
1- Chez la femme :<br />
*Les symptômes endocriniens : dominent le tableau clinique, les troubles des règles sont constants :<br />
- Aménorrhée secondaire précédée (ou non) d'une spanioménorrhée. Plus rarement il s'agit d'une<br />
spanioménorrhée isolée.<br />
L'aménorrhée, la spanioménorrhée avec anovulation et l'infertilité peuvent être retrouvées chez 90 %<br />
des patientes. Ces troubles menstruels peuvent survenir en même temps que la galactorrhée comme<br />
ils peuvent la précéder ou la suivre (- 15 -).<br />
L'aménorrhée est habituellement secondaire, pouvant survenir après une grossesse ou après la prise<br />
d'un traitement contraceptif.<br />
L'aménorrhée primaire s'observe chez une minorité de patientes ayant eu, au cours de leur<br />
adolescence une hyperprolactinémie (- 15 -).<br />
La nécessité de doser la PRL chez les patientes présentant des aménorrhées primaire ou secondaire,<br />
non expliquées, a été soulignée par plusieurs études qui ont montré qu'une hyperprolactinémie<br />
pouvait s'observer chez plus de 20 % des patientes ne présentant pas de galactorrhée ou d'autres<br />
manifestations qui peuvent témoigner d'une dysfonctionnement hypophysaire, ces patientes étaient<br />
cependant atteintes de prolactinome (- 15 -).<br />
- Galactorrhée, spontanée ou provoquée, accompagnant dans 3/4 des cas les troubles des règles, elle<br />
est rarement le symptôme inaugural ; son absence ne doit pas faire écarter le diagnostic (- 28 -).<br />
La galactorrhée est retrouvée chez moins de 50 % des patientes, habituellement non spontanée, elle<br />
peut se rencontrer de façon transitoire ou intermittente. Un examen soigneux des seins est le plus<br />
souvent indispensable pour la retrouver.<br />
6
L'absence de galactorrhée en dépit d'une franche hyperprolactinémie est probablement due au déficit<br />
concomitant en hormones gonadiques inductrices de la lactation (- 15 -).<br />
- prise de poids de plus de 5 kg par rapport au poids habituel est fréquente (- 28 -).<br />
- troubles de la fonction sexuelle : absence de libido, parfois même dyspareunie sévère, peuvent être<br />
notés par la patiente elle-même.<br />
Enfin, la stérilité peut également être un motif de consultation (- 28 -).<br />
Par contre il est rare, sauf dans le cas de tumeur volumineuse, de voir survenir une atteinte des autres<br />
fonctions hypophysaires.<br />
Le diabète insipide n'est pratiquement jamais rencontré (- 28 -).<br />
* Symptômes tumoraux :<br />
- céphalées de topographie mal systématisée, retrouvées dans 40 % des cas, elles sont sans rapport<br />
avec le volume tumoral (- 28 -).<br />
- troubles visuels : baisse de l'acuité, hémianopsie bitemporale. Ils sont plus rares (moins de 20 % des<br />
cas) et traduisent l'existence d'une compression des voies optiques et d'une expansion supra-sellaire<br />
(- 28 -).<br />
2- Chez la jeune fille en période pubertaire :<br />
* Symptômes endocriniens :<br />
Des signes de retard pubertaire sont souvent rencontrés avec un arrêt du développement mammaire,<br />
cependant les pilosités axillaire et pubienne peuvent être normalement développées.<br />
Il existe une aménorrhée primaire ou primo-secondaire (règles survenant une ou deux fois) ; par<br />
ailleurs, il n'existe aucun signe d'imprégnation oestrogénique.<br />
* Symptômes tumoraux :<br />
Il sont, en général, identiques à ceux décrits chez la femme, mais il faut souligner la plus grande<br />
fréquence à cet âge de prolactinomes volumineux, inventifs et rapidement évolutifs ; les<br />
conséquences peuvent être dramatiques (- 28 -).<br />
3- Chez l'homme :<br />
* Symptômes endocriniens :<br />
- Atteinte de la fonction gonadique avec, en particulier, une perte de la libido et une impuissance. Ces<br />
symptômes sont parfois dissimulés par le patient ; ce qui peut conduire à un diagnostic et une prise en<br />
charge thérapeutique tardive.<br />
La stérilité est habituelle, l'hypogonadisme avec régression des caractères sexuels secondaires très<br />
rare.<br />
Une gynécomastie (avec ou sans galactorrhée) est observée dans 7 à 30 % des cas environ (- 28 -).<br />
7
- La prise de poids est fréquente, elle peut régresser en cas de traitement chirurgical seul ou associé à<br />
un traitement médical efficace. Une insuffisance hypophysaire plus ou moins complète peut se voir<br />
dans un tiers des cas, liée à une compression du tissu hypophysaire sain restant ou à une destruction<br />
hypophysaire (- 28 -).<br />
* Symptômes tumoraux :<br />
Contrairement à la femme, ce sont les symptômes tumoraux qui révèlent l'affection.<br />
Ainsi le diagnostic de prolactinome est fait tardivement chez l'homme ; en fait, l'histoire de la<br />
maladie révèle, chez ces patients, la notion d'un dysfonctionnement gonadique, négligée cependant<br />
aussi bien par le patient que par le médecin, ce dernier pouvant évoquer des raisons psycho-sociales<br />
(- 15 -).<br />
4- Chez le jeune homme en période pubertaire :<br />
* Symptômes endocriniens :<br />
Des signes de retard pubertaire ou de puberté stagnante peuvent s'observer.<br />
*Symptômes tumoraux :<br />
Comme chez l'homme, les signes tumoraux révèlent le plus souvent l'affection. Par ailleurs, les<br />
tumeurs sont souvent volumineuses, invasives et prolifératives, comme c'est le cas chez la jeune fille<br />
; les raisons de ces particularités chez le jeune ne sont pas clairement connues<br />
(- 28 -).<br />
5- Chez l'enfant avant la puberté :<br />
Les adénomes à PRL sont rares mais existent aussi bien chez la fille que chez le garçon. A cet âge, la<br />
symptomatologie est pauvre, marquée surtout par un retard statural associé ou non à des signes<br />
d'insuffisance thyroïdienne et surrénalienne, mais toujours à des signes tumoraux. Il n'y a jamais de<br />
diabète insipide (- 28 -).<br />
Les tumeurs sont volumineuses, invasives et histologiquement prolifératives.<br />
6- Chez le sujet âgé :<br />
Le prolactinome existe chez la femme comme chez l'homme mais la fréquence apparaît plus faible<br />
que chez le sujet jeune. Le plus souvent, le diagnostic envisagé est celui d'adénome non sécrétant<br />
(chromophobe) ; bien qu'on puisse voir une galactorrhée et/ou une gynécomastie, ce sont les signes<br />
tumoraux qui font découvrir l'adénome.<br />
*Remarques*<br />
- Manifestations cliniques de l'hyperprolactinémie :<br />
Les patientes atteintes d' hyperprolactinémie présentent habituellement une aménorrhée secondaire,<br />
une spanioménorrhée, une stérilité primaire ou secondaire et/ou une galactorrhée (- 33 -).<br />
8
L'incidence de la galactorrhée varie de 30 à 80 % ; de plus, une légère virilisation peut se rencontrer,<br />
provoquée par une élévation des androgènes tels que le sulfate de DHEA et l'Androstenedione(-34 -).<br />
Chez les patients de sexe masculin, l'hypogonadisme avec infertilité et baisse de la libido, associée à<br />
une impuissance sont les symptômes les plus courants. La galactorrhée est exceptionnelle (- 35 -).<br />
- Manifestations cliniques d'origine tumorale :<br />
Les symptômes témoignant de l'extension tumorale au niveau de l'hypophyse sont dominés par la<br />
baisse du champ visuel, conséquence de l'atteinte suprasellaire par le macro-prolactinome.<br />
L'incidence de la baisse du champ visuel chez la femme ne dépasse pas les 25 %, alors qu'elle est<br />
supérieure à 50 % chez l'homme (- 33, 36 -) : cela peut être du au fait que le macro-prolactinome est<br />
souvent plus volumineux que chez la femme ; de plus, la raison peut être que le diagnostic de<br />
prolactinome chez l'homme est plus tardif.<br />
B- Biologie :<br />
1- Rappel physiologique : (- 37 -)<br />
* Structure de l'hormone :<br />
Il s'agit d'une seule chaîne polypeptidique, de poids moléculaire 23000, composée de 198 acides<br />
aminés ; dont la biosynthèse est sous le contrôle d'un seul gène porté par le chromosome 6.<br />
La nature protéique de la PRL explique son caractère antigénique, se traduisant par des possibilités<br />
de dosage radio-immunologique.<br />
Par ailleurs, la PRL plasmatique présente une hétérogénéité : des formes de poids moléculaire élevé<br />
ont été mises en évidence grâce à la technique de chromatographie sur gel-filtration (big et big big<br />
PRL) (- 38 -).<br />
* Localisation de la PRL :<br />
On la retrouve dans les cellules acidophiles de l'antéhypophyse, les cellules lactotropes qui se<br />
multiplient pendant la grossesse et en période de lactation ; mais aussi dans le liquide amniotique, les<br />
cellules endothéliales lutéales et certaines fibres nerveuses hypothalamiques.<br />
* Transfert et dégradation de la PRL :<br />
Le transfert se fait sous forme libre avec une demi-vie courte (5 minutes environ), une forme<br />
polymérique (big ou big-big PRL) peut rarement être retrouvée, cette forme peut simuler une<br />
hyperprolactinémie. La dégradation se fait au niveau du foie et du rein.<br />
* Sécrétion de la PRL :<br />
Chez le foetus, le taux de sécrétion s'élève de la seizième semaine de gestation jusqu'au terme. A la<br />
naissance, le taux de PRL est supérieur à celui de la mère, il décroît par la suite au cours de la<br />
première semaine de vie.<br />
En phase pré-pubertaire, le taux est équivalent chez la fille et chez le garçon.<br />
9
A la puberté, on note une augmentation de la PRL chez la fille parallèle à celle des oestrogènes<br />
(ceux-ci stimulent la synthèse et la libération de la PRL).<br />
Chez l'adulte, les taux moyens sont de :<br />
- 3 à 15 ng/ml chez l'homme ;<br />
- 3 à 20 ng/ml chez la femme.<br />
* Variations physiologiques :<br />
Des fluctuations de la sécrétion de PRL peuvent s’observer, suite à un exercice physique ou un stress.<br />
Il existe un rythme circadien de sécrétions lié au sommeil avec des taux maximaux en fin de nuit (un<br />
sommeil décalé entraînant une élévation physiologique de la PRL).<br />
Certains facteurs peuvent stimuler la production de la PRL : le stress, l'activité sexuelle,<br />
l'augmentation du taux des oestrogènes circulants (17 Béta-oestradiol en particulier). En phase préovulatoire<br />
et période lutéale, l'augmentation du taux de PRL est modérée.<br />
Pendant la grossesse, la production est multipliée par 10 à 20 fois, la concentration de la PRL est<br />
élevée dans le liquide amniotique. Lors de l'accouchement, le retour à des valeurs normales se fait en<br />
15 jours environ, si la mère n'allaite pas ; dans la cas contraire, le taux de la sécrétion prolactinique<br />
est maintenu par une "boucle" réflexe spécifique, stimulée par la succion du mamelon.<br />
A partir de la cinquantaine, le taux de PRL commence à chuter, parallèlement à celui du 17 Bétaoestradiol.<br />
* Régulation de la sécrétion prolactinique :<br />
- Agents stimulants : la TRH, le PRF: Prolactin Releasing Factor, certains agents pharmacologiques<br />
tels que les psychotropes, les antiémétiques, la sérotonine.<br />
- Agents inhibiteurs : le PIF : Prolactin Inhibiting Factor (il s'agit d'une ou de plusieurs substances<br />
d'origine hypothalamique pouvant jouer un rôle inhibiteur sur la sécrétion de la PRL), la dopamine<br />
(qui n'est autre que le PIF pour certains), des agents pharmacologiques comme les agonistes de la<br />
dopamine (Bromocriptine).<br />
* Rôles physiologiques :<br />
Ils s'exercent essentiellement sur la fonction de reproduction.<br />
- Chez la femme : pendant la grossesse, l'action synergique de la PRL, de la progestérone et des<br />
oestrogènes permet une multiplication des acini mammaires.<br />
Après l'accouchement, la chute des taux d’estradiol et de progestérone se traduit par une élévation du<br />
nombre des récepteurs prolactiniques et la production lactée. Celle-ci est entretenue par la stimulation<br />
du mamelon, chaque tétée produisant un pic dans la sécrétion de la PRL.<br />
Cette hyperprolactinémie, responsable de l'aménorrhée du post-partum, régresse progressivement et,<br />
au bout de 45 jours environ, l'ovulation réapparaît. L'allaitement ne constitue donc qu'une<br />
contraception temporaire.<br />
Bien que la PRL ne modifie pas significativement les taux de base de FSH et de LH, elle agirait<br />
cependant, en cas de sécrétion excessive, par blocage du pic ovulatoire de LH : la conséquence en est le<br />
syndrome de dysovulation avec insuffisance lutéale ou l’anovulation.<br />
- Chez l'homme : le rôle de la PRL reste hypothétique et favoriserait la production de testostérone et sa<br />
conversion en 5-Alpha-DHT.<br />
10
2- Dosage de la PRL plasmatique :<br />
Le diagnostic d'adénome à PRL repose essentiellement sur l'évaluation du taux de la prolactine<br />
plasmatique ; deux types de dosage sont disponibles :<br />
a- Le radioimmunodosage par compétition, mettant en jeu un antisérum polyclonal.<br />
b- Les dosages immunoradiométriques utilisant un couple d'anticorps monoclonaux.<br />
Les différents types de dosage ne reconnaissent pas de façon identique les différentes formes<br />
circulantes de la PRL, particulièrement pour certains plasmas présentant une augmentation des<br />
formes de haut poids moléculaire.<br />
Les conditions de prélèvement pour le dosage de PRL doivent être particulièrement standardisées. En<br />
effet, la sécrétion de PRL présente un rythme nycthéméral avec les taux les plus élevés pendant la<br />
nuit et un retour au niveau des taux diurnes entre 6h et 8h du matin.<br />
De plus, le stress aussi minime que celui provoqué par la prise de sang, peut accroître la sécrétion de<br />
PRL.<br />
Ces remarques impliquent un prélèvement sanguin entre 10h et 12h chez un patient non à jeun (petit<br />
déjeuner léger) après un temps de repos.<br />
Le taux de base de PRL plasmatique est le plus souvent suffisant à lui seul. En pratique, un chiffre<br />
supérieur à 200 ng/ml est un argument en faveur du diagnostic de prolactinome. Des chiffres<br />
supérieurs à 100 ng/ml peuvent être retrouvés dans le cas de tumeurs non adénomateuses (associées à<br />
un syndrome aménorrhée-galactorrhée), en cas de selle turcique "vide" ou encore le<br />
craniopharyngiome et certaines tumeurs hypothalamiques.<br />
Ces mêmes valeurs (prolactinémie supérieur à 100 ng/ml) peuvent également se voir dans le cadre<br />
des adénomes chromophobes vrais. Dans tous ces cas, c'est l'inhibition du facteur contrôlant la<br />
sécrétion de la prolactine (PIF) qui va permettre la libération de la PRL par le tissu hypophysaire<br />
sain.<br />
Par ailleurs, un taux bas de PRL n'exclue pas la présence d'une volumineuse tumeur kystique<br />
contenant moins de tissu lactotrope que le laisserait supposer l'aspect radiologique.<br />
Une légère élévation du taux de PRL associée à une tumeur hypophysaire non kystique laisserait<br />
supposer qu'il s'agit d'un pseudo-prolactinome : tumeur ne sécrétant pas de PRL mais induisant une<br />
hyperprolactinémie, par inhibition du transport de la dopamine jusqu'au tissu lactotrope, situé au<br />
niveau de l'antéhypophyse, et ce par un phénomène de compression du tronc porte.<br />
Dans tous les cas, devant une prolactinémie modérément élevée, associée à une symptomatologie<br />
évocatrice, plusieurs dosages doivent être réalisés afin de pouvoir argumenter la situation clinique.<br />
A l'opposé, il arrive que des taux élevés de PRL soient appréciés par la technique<br />
radioimmunologique, sans pour autant accompagner une symptomatologie évidente. L'explication<br />
peut être que la forme prédominante de la prolactine circulante se trouve sous la forme de "Big PRL"<br />
: forme dotée d'une faible activité biologique mais cependant immunoréactive (- 34 -). L'autre<br />
explication, cependant encore difficile à démontrer, est un éventuel déficit en récepteurs, pouvant<br />
alors expliquer le taux de prolactinémie élevé sans manifestations cliniques.<br />
3- Les tests dynamiques :<br />
Les tests dynamiques de freination et de stimulation de la PRL peuvent aider au diagnostic des<br />
prolactinomes.<br />
La freination par la L Dopa est pratiquement toujours observée, qu'il s'agisse d'un syndrome<br />
aménorrhée galactorrhée par adénome à prolactine ou d'origine fonctionnelle. Ce test n'est donc pas<br />
discriminatif de l'origine de l'affection.<br />
11
Le test de stimulation par la TRH donne plus d'informations car la plupart des prolactinomes ne<br />
répondent pas à cet examen. Cependant, il existe des cas où la TRH provoque une élévation<br />
significative du taux de la PRL plasmatique, même lorsque celui-ci est déjà élevé (par exemple<br />
supérieur à 1000 ng/ml) (- 28 -).<br />
A l'inverse, si dans de nombreux cas de syndrome fonctionnel, la prolactinémie augmente sous l'effet<br />
de la TRH, elle reste inchangée dans d'autres cas même en l'absence de micro-adénomes sous jacents<br />
(- 28 -).<br />
L'évaluation biologique, comme toutes les autres méthodes, a ses limites ; bien qu'actuellement de<br />
nombreux autres tests aient été proposés (test à la nomifensine, au dompéridone, à la carbidopa,<br />
etc...).<br />
Des combinaisons de ces tests ont été également proposées pour différencier l'hyperprolactinémie<br />
fonctionnelle de celle d'origine organique (adénome)<br />
(- 39, 40 -). Cependant, ni les tests à la nomifensine, ou à la carbidopa, ou au métoclopramide n'ont<br />
permis de différencier ces deux groupes de prolactinémie (- 39 -).<br />
Comme cela a donc été démontré, la stimulation ou la freination de la sécrétion de PRL ne peut<br />
contribuer à faire la différence entre les hyperprolactinémies fonctionnelles et les prolactinomes<br />
vrais. Un taux de PRL avoisinant les 200 ng/ml est fortement évocateur d'un adénome, à partir de 500<br />
ng/ml et au delà (jusqu’à 10000), on peut parler de tumeur sécrétante de PRL (- 33 -).<br />
Pour certaines patientes présentant des troubles menstruels avec anovulation le taux de PRL nocturne<br />
était élevé alors qu'il était normal à l'état basal. Le traitement par bromocriptine a été, pour ces<br />
mêmes patientes, bénéfique puisqu'il a permis la reprise des cycles ovulatoires. Par ailleurs, depuis<br />
qu'il a été observé une corrélation entre les taux de PRL nocturnes et le niveau de prolactinémie,<br />
après stimulation au TRH ou au métoclopramide, ces tests dynamiques sont utilisés afin de détecter<br />
certaines hyperprolactinémies dites latentes (- 33 -).<br />
4- Les autres examens :<br />
Avant d'envisager une thérapeutique médicale ou chirurgicale des adénomes à PRL, il apparaît<br />
indispensable de pratiquer un bilan endocrinien des différentes fonctions hypophysaires.<br />
Ce bilan peut être réalisé pendant une courte hospitalisation, il comprend :<br />
- le dosage des béta HCG pour éliminer la possibilité d'une grossesse ;<br />
- la testostérone ;<br />
- l'oestradiol ;<br />
- la T4 et la TSH ;<br />
- la LH et la FSH ;<br />
- le cortisol ;<br />
- la GH et la Somatomedine (IGF 1).<br />
Les tests dynamiques, destinés à évaluer l'intégrité des fonctions hypothalamo-hypophysaires, sont<br />
surtout réalisés lorsqu'il s'agit de macro-adénome à PRL (- 41 -).<br />
12
C- Conséquences de l’hyperprolactinémie :<br />
1) - L’hypogonadisme :<br />
Il se manifeste par des troubles menstruels, une baisse de la libido et une impuissance, cet<br />
hypogonadisme est d’origine hypothalamique (- 42 -).<br />
A l’état physiologique, la sécrétion de la PRL est inhibée par des opiacés hypothalamiques, tel que la<br />
Dopamine ; celle-ci, possède une activité inhibitrice sur la libération des Gn RH (facteurs libérant les<br />
gonadotrophines).<br />
L’inhibition de la sécrétion de PRL par la Dopamine endogène, à l’opposé de Dopamine exogène, est<br />
faible (- 43, 44, 45 -) ; cette différence d’activité peut, en fait, n’être que la conséquence d’une<br />
anomalie vasculaire ; ainsi, le développement tumoral au niveau de l’antéhypophyse empêche la<br />
circulation porte d’atteindre les cellules lactotropes de l’adénome, empêchant ainsi la Dopamine<br />
endogène d’exercer normalement son action (- 46 -).<br />
La stimulation des gonadotrophines par les Gn RH peut considérablement varier chez les patients<br />
présentant une hyperprolactinémie ; c’est ainsi que les taux de la FSH et de la LH sont variables<br />
(- 42 -).<br />
Une hyperprolactinémie prolongée pourrait aboutir à une atrophie secondaire du tissu gonadotrope de<br />
l’hypophyse ; cette hypothèse est basée sur une étude réalisée par RJOSK et coll., au cours de<br />
laquelle il constata qu’il existait une corrélation inverse, entre la réponse des gonadotrophines, à la<br />
stimulation de la Gn RH, et la durée de l’aménorrhée provoquée par l’hyperprolactinémie.<br />
La restauration de la pulsatilité de LH, après normalisation de la prolactinémie, représente une preuve<br />
de la conséquence de l’hyperprolactinémie sur la fonction gonadique.<br />
Par ailleurs, la prescription des Gn RH peut aboutir à des cycles ovulatoires réguliers, dans les autres<br />
cas où il persiste une hyperprolactinémie.<br />
La prescription des hCG (gonadotrophines chorioniques humaines) aux patients, présentant une<br />
hyperprolactinémie, a permis un retour à des taux de testostérone quasiment normaux.<br />
2) - L’ostéopénie :<br />
Il n’est pas rare de voir apparaître, chez les patientes présentant une hyperprolactinémie, une<br />
déminéralisation osseuse, identique à celle observée chez la femme ménopausée.<br />
Dans l’étude de KLIBANSKI et coll., portant sur 14 patientes présentant une aménorrhée due à<br />
l’hyperprolactinémie, une déminéralisation osseuse a été observée chez toutes ces patientes, en<br />
comparaison à une population féminine de même âge, sans troubles menstruels (- 47 -).<br />
La déminéralisation osseuse est intimement corrélée au déficit relatif ou absolu en oestrogènes, alors<br />
qu’il n’existe aucune corrélation avec le taux de PRL. Par ailleurs, alors que le taux des métabolites<br />
de la vitamine D est augmenté par la PRL, il n’a été retrouvé aucune variation dans les niveaux du<br />
calcium, phosphate, phosphatases alcalines et parathormone (- 47 -).<br />
13
D- Aspect radiologique : (- 48 -)<br />
Le diagnostic de prolactinome étant retenu sur les données de manifestations cliniques et des dosages<br />
hormonaux, l'imagerie est indispensable pour préciser la topographie et l'extension du processus<br />
tumoral afin de pouvoir suivre son évolution sous traitement.<br />
Actuellement, les deux examens clefs sont : le scanner et l’IRM.<br />
* Le scanner :<br />
- Les adénomes à extension supra-sellaire :<br />
La densité tumorale, après injection intraveineuse de produit de contraste, est généralement<br />
homogène et nettement plus élevée que celle du parenchyme cérébral.<br />
L'angioscan permet d'apprécier le refoulement éventuel des carotides supra-clinoïdiennes et des<br />
artères cérébrales antérieures.<br />
- Les adénomes intra-sellaires :<br />
La densité tumorale reste moins élevée que celle de l'hypophyse saine après injection de produit de<br />
contraste.<br />
Lorsque la tumeur mesure plus de 5 mm de diamètre, d'autres signes peuvent confirmer le diagnostic<br />
:<br />
- érosion localisée du plancher sellaire ;<br />
- bombement du diaphragme sellaire au-dessus de l'adénome ;<br />
- déviation de la tige pituitaire.<br />
Pour les adénomes de moins de 5 mm de diamètre, l’angioscan est essentiel pour mettre en évidence :<br />
- la déviation du lit capillaire hypophysaire secondaire du coté opposé à l'adénome ;<br />
- le retard d'imprégnation du parenchyme glandulaire du coté de l'adénome.<br />
Ces deux signes peuvent être les seuls présents au cours des micro-prolactinomes, longtemps traités<br />
par les dopaminergiques.<br />
Chez la femme enceinte, traitée par dopaminérgiques, une surveillance tomodensitométrique peut<br />
être nécessaire : l'imprégnation oestrogénique de la grossesse peut entraîner une augmentation nette<br />
du volume de l'adénome et menacer éventuellement les voies optiques.<br />
* L'IRM :<br />
L'examen de l'hypophyse par résonnance magnétique a, maintenant, supplanté la tomodensitométrie<br />
qui permet cependant une meilleure analyse des structures osseuses.<br />
En IRM, le signal de l'adénome est variable ; en séquence pondérée en T1, le signal de la tumeur peut<br />
apparaître plus faible que celui du tissu glandulaire normal, ou présenter un signal identique, ce qui<br />
rend difficile sa visualisation.<br />
En revanche, un signal intense traduit en général la présence de phénomènes hémorragiques.<br />
En pondération T2, l'adénome est souvent méconnu, car son signal est identique à celui du tissu<br />
glandulaire sain. Un signal intense traduit le plus souvent une nécrose tumorale, mais il peut s'agir<br />
d'un adénome "semi-solide".<br />
14
Grâce à l'injection de Gadolinium, l'étude dynamique de l'opacification hypophysaire augmente la<br />
sensibilité de la méthode de 20 à 30 %.<br />
Le micro-adénome se rehausse lentement et apparaît en hyposignal, contrairement au tissu<br />
hypophysaire normal qui présente un rehaussement marqué et précoce. Cet examen permet d'étudier<br />
l'extension extra-sellaire de l'adénome et de préciser ses rapports avec les voies optiques, le plancher<br />
du troisième ventricule et les sinus caverneux.<br />
IX) TRAITEMENT :<br />
A- Les buts du traitement :<br />
Les objectifs thérapeutiques, en présence d’un prolactinome, sont bien définis ; ainsi, le traitement<br />
doit favoriser :<br />
- la réduction de l’hypersécrétion hormonale ;<br />
- la diminution de la taille de la tumeur ;<br />
- la correction des anomalies neurologiques dues au syndrome tumoral, en particulier visuelles ;<br />
- la restauration de toutes les fonctions hypophysaires perturbées, en particulier gonadique ;<br />
- la prévention des récidives.<br />
Chez l’homme, une amélioration des troubles de la libido et de l’impuissance, tout comme une<br />
normalisation du taux de la testostérone se voient au cours du traitement par les agonistes de la<br />
Dopamine. On note, chez certains de ces patients, une normalisation clinique qui précède la<br />
normalisation biologique (- 49 -).<br />
Ces objectifs ne peuvent pas être toujours atteints, lorsqu’il s’agit de tumeurs volumineuses.<br />
Au cours de ces vingt dernières années, les agonistes de la Dopamine ont bénéficié d’une importante<br />
évaluation, les résultats ont montré que les objectifs thérapeutiques sont atteints avec succès par le<br />
traitement médical (- 49 -).<br />
Une minorité de patients nécessite plus d’un type de traitement pour arriver à une réduction du taux<br />
de PRL et un retour aux valeurs normales avec diminution de la taille de la tumeur (- 49 -).<br />
Chez les patientes désirant un grossesse, un traitement efficace doit empêcher l’expansion tumorale,<br />
qui pourrait être favorisé par la gestation, avec tous les risques d’hypopituitarisme et de troubles<br />
visuels que cela comporte (- 15 -).<br />
B- Le traitement médical :<br />
Parmi les agonistes de la Dopamine, l’Ergot Alcaloïde Bromocriptine semi-synthétique, sous sa<br />
forme orale, a été introduit en 1971 comme traitement de l’hyperprolactinémie. Le développement de<br />
ces substances a permis une meilleure approche thérapeutique.<br />
Durant plusieurs années, de nombreuses études ont prouvé l’efficacité de ces substances dans la<br />
réduction des taux sériques de la PRL, la diminution du volume tumoral, l’amélioration des troubles<br />
visuels et la restitution de la fonction gonadique (- 49 -).<br />
15
- La Bromocriptine :<br />
Il s’agit du 2 Bromo-alpha-ergocryptine mésilate. La dose habituelle est de 2,5 à 10 mg par jour, par<br />
voie orale, en doses fractionnées (- 15 -).<br />
Pour limiter les effets secondaires, les doses initiales doivent être faibles et progressivement<br />
croissantes, jusqu’à atteindre des taux de PRL voisins de la normale ; par exemple, 1,25 mg au<br />
coucher, pendant 2 ou 3 jours puis augmentation à 2,5 mg.<br />
Si cette dose est tolérée, un supplément de 2,5 mg peut être autorisé pour le matin.<br />
Un dosage de la PRL doit être effectué ; si la PRL est resté élevée, la dose doit être alors augmentée<br />
jusqu’à un maximum de 7,5 à 10 mg par jour ; il n’existe cependant aucune preuve quand à une<br />
corrélation entre une dose plus importante en Bromocriptine et un retour plus rapide de la PRL à des<br />
taux normaux (- 15 -).<br />
Dans le cas des macroadénomes, la Bromocriptine ne réduit pas seulement la sécrétion de la PRL<br />
mais aussi le volume de la tumeur (chez 70 à 80 % des patients) (- 15 -).<br />
La diminution de la taille tumorale par la Bromocriptine peut survenir en quelques jours à quelques<br />
semaines après l’introduction du traitement. Cette réduction de volume n’est conservée que si le<br />
traitement est poursuivi, elle est d’autant plus stable que le traitement est de longue durée. Dès l’arrêt<br />
du traitement, une réexpanssion tumorale avec hyperprolactinémie peut rapidement réapparaître<br />
(-15-).<br />
Le retour du taux de la PRL à la normale et la réapparition des cycles ovulatoires surviennent chez 80<br />
à 90 % des femmes présentant une hyperprolactinémie, après traitement par Bromocriptine (-50, 51-).<br />
- Les autres agonistes de la Dopamine :<br />
D’autres produits, mieux tolérés, sont disponibles, à savoir le Lisuride, la Cabergoline et<br />
la préparation d’un Mono-ergot expérimental (CV 205-502) ou Norprolac ; ce produit agit par<br />
stimulation directe des récepteurs D2 à la Dopamine au niveau des membranes cellulaires de<br />
l’hypophyse et des neurones, la sécrétion de la PRL est inhibée aussi bien in vitro que in vivo (- 52 -).<br />
Effets secondaires :<br />
Les effets secondaires les plus fréquents des agonistes de la Dopamine sont :<br />
- nausées ;<br />
- hypotension orthostatique.<br />
Ces troubles apparaissent généralement au début du traitement, pouvant être minimisés par des doses<br />
plus faibles au début du traitement, une prise médicamenteuse au moment des repas et une<br />
augmentation progressive de la posologie en une à deux semaines.<br />
Les effets secondaires les moins fréquents sont : (- 50 -)<br />
- les céphalées ;<br />
- les douleurs abdominales et constipation ; en cas d’ingestion concomitante d’alcool, les symptômes<br />
digestifs (nausées, gêne abdominale) peuvent être exacerbés (- 53 -).<br />
16
Les hallucinations et les psychoses sont aussi observées au cours de ce traitement ; l’incidence des<br />
psychoses était de 1,3 % dans une étude portant sur 600 patients, les symptômes sont : hallucinations<br />
auditives, sautes de l’humeur ; pouvant disparaître avec l’arrêt des agonistes de la Dopamine (- 54 -).<br />
En cas de grossesse :<br />
Les recommandations à faire aux patientes désirant une grossesse, en cas de micro-prolactinome, sont<br />
:<br />
- La mise en route d’un traitement contraceptif, jusqu’à l’apparition de deux ou trois cycles réguliers,<br />
attestée grâce à la courbe thermique.<br />
- Evaluation de la durée du cycle ovulatoire.<br />
- Dosage du bêta HCG sériques pour confirmer le début de la grossesse, aussitôt qu’un retard des<br />
règles survient.<br />
Cette méthode permet un diagnostic précoce et précis de la grossesse et donc, l’arrêt immédiat du<br />
traitement médical (- 49 -).<br />
La surveillance de plus de 2000 patientes enceintes, traitées par Bromocriptine, a permis de souligner<br />
l’absence de l’augmentation du risque de grossesses multiples, d’avortements spontanés, de<br />
grossesses extra-utérines et de malformations congénitales (- 55 -).<br />
En cas de macro-prolactinome, des complications à type d’expansion tumorale peuvent survenir.<br />
L’incidence de l’augmentation du volume tumoral au cours de la grossesse est de (- 51 -):<br />
- 1,4 % chez les patientes porteuses de microadénomes.<br />
- 16 % chez les patientes avec macroadénomes.<br />
C- Le traitement chirurgical :<br />
Avant le développement du traitement médical, la chirurgie constituait le traitement le plus efficace<br />
du prolactinome (- 49 -).<br />
La résection par voie trans-sphénoidale de l’adénome constitue le geste le plus adéquat, c’est donc la<br />
technique la plus utilisée ; les résultats sont meilleurs, la mortalité est la plus faible que dans toutes<br />
les autres approches chirurgicales (- 49 -).<br />
Les résultats de ce traitement vont surtout dépendre de l’habilité et de l’expérience du chirurgien ;<br />
c’est ainsi que dans les centres où la technique est très performante, 60 à 80 % des patients opérés<br />
retrouvent des taux de PRL quasi normaux, quand il s’agit de micro-prolactinome.<br />
Le taux de réussite de la chirurgie, pour les macro-adénome, est de 0 à 40 % seulement, dans ces<br />
mêmes centres (- 56 -).<br />
Le succès de l’acte chirurgical va également dépendre :<br />
- du taux de PRL avant l’intervention,<br />
- du volume tumoral.<br />
17
C’est ainsi qu’au cours d’une étude portant sur 266 patientes opérées de leurs prolactinomes, 86 %<br />
d’entre elles ont retrouvé des taux de PRL normaux, alors que leurs prolactinémies de « départ »<br />
étaient comprises entre 20 et 250 ng /ml.<br />
Lorsque le taux de PRL, avant l’intervention, était compris entre 250 et 500 ng /ml, seul 48 %<br />
retrouvaient des prolactinémies normales ; enfin 6 % pour des valeurs de PRL supérieures à<br />
1000 ng /ml (- 56 -).<br />
Des résultats similaires ont été retrouvés, au cours d’une étude réalisée sur 55 patients porteurs de<br />
prolactinomes (- 56 -).<br />
DEROME et coll. (- 57 -) a montré une normalisation post-opératoire de la PRL :<br />
- dans 52 % des cas quand il n’existe pas d’expansion supra-sellaire,<br />
- dans 37 % des cas quand l’expansion supra-sellaire touche le chiasma,<br />
- dans 20 % des cas quand l’expansion encoche la partie antérieure du troisième ventricule,<br />
- dans 0 % des cas si l’expansion va au delà.<br />
Le taux de récidive à 5 ans est compris entre 10 et 50 % lorsqu’il s’agit de microadénome, il est de 0<br />
à 90 % pour le macro-prolactinome (- 58, 59 -).<br />
Le risque de mortalité, après chirurgie par voie trans-sphénoidale, est très réduit, inférieur<br />
à 1 % (- 60 -).Ce risque est augmenté chez les patients ayant subi une seconde intervention<br />
chirurgicale.<br />
Les complications de la chirurgie sont :<br />
- l’hypopituitarisme,<br />
- la rhinorrhée,<br />
- le diabète insipide permanent,<br />
- l’infection (méningite),<br />
- les accidents vasculaires.<br />
- l’aggravation des troubles visuels (cependant moins fréquents avec la voie trans-sphenoidale).<br />
Le risque cumulé pour ces complications est de l’ordre de 2 % en cas de micro-prolactinome, 14 %<br />
pour les macro-prolactinome (- 60 -).<br />
Remarque :<br />
La chirurgie par voie trans-frontale est parfois utilisée, en cas d’extension supra-sellaire de la tumeur<br />
(non accessible par voie trans-sphénoidale), nécessitant une décompression des structures vitales<br />
(- 15 -).<br />
18
C- La radiothérapie :<br />
Comme traitement de première intention, la radiothérapie peut prévenir un développement ultérieur<br />
de la tumeur ; cependant, l’efficacité sur la réduction des taux sériques de la prolactine est moindre.<br />
C’est ainsi que, pour des patients ayant été irradiés en première intention, la diminution de la<br />
prolactinémie est progressive et très prolongée dans le temps, une réduction rapide de la PRL est rare.<br />
Pour cela, ce type de traitement est souvent utilisé en association avec les autres armes thérapeutiques<br />
(- 49 -).<br />
La dose recommandée est de 45 Gy, administrée à raison de 1,8 Gy par jour, pendant<br />
25 jours. Une dose inférieure à 40 Gy ne contrôlera que peu la tumeur ; par ailleurs, une dose<br />
supérieure à 50 Gy (plus de 2 Gy par jour) peut provoquer de graves complications, sans pour autant<br />
avoir une meilleure efficacité (- 61 -).<br />
Dans une étude réalisée chez 28 patients traités par radiothérapie, seuls 2 ont présenté une<br />
normalisation de la PRL, au cours d’une période allant de 2 à 10 ans (moyenne : 4,2 ans) après le<br />
traitement (- 62 -).<br />
Chez un autre groupe de 14 patients irradiés en première intention, 1 seul a présenté une<br />
normalisation de sa prolactinémie six ans après le traitement ; 3 ont eu des taux de PRL normaux<br />
pendant une période allant de 21 à 33 mois (- 11 -).<br />
Les complications du traitement par radiothérapie sont :<br />
- une atteinte du chiasma et /ou du nerf optique,<br />
- des accidents vasculaires,<br />
- une nécrose de la région irradiée,<br />
- une carcinogenèse cérébrale (fibro-sarcome et ostéosarcome),<br />
- un hypopituitarisme (se voit surtout dans les cas d’adénomes à GH).<br />
L’insuffisance gonadotrope est la manifestation la plus fréquente de l’hypopituitarisme, avec 47 à 70<br />
% des patients traités par radiothérapie seule ou par l’association chirurgie-radiothérapie.<br />
L’insuffisance corticotrope est la seconde (15 à 67 %), suivi de l’insuffisance thyréotrope<br />
(15 à 55 %) (- 63, 64, 65 -).<br />
Les indications thérapeutiques : Le choix du traitement va dépendre :<br />
- du volume tumoral,<br />
- du degré de l’hyperprolactinémie,<br />
- de le tolérance à un éventuel premier traitement,<br />
- de l’accessibilité d’un geste chirurgical,<br />
- du souhait de grossesse.<br />
a)- en cas de micro-prolactinome :<br />
Tous les patients doivent être traités afin d’éviter la progression de la tumeur, l’ostéopénie et les<br />
effets d’un hypogonadisme prolongé.<br />
Le traitement médical peut rétablir la fertilité et favoriser le déroulement de la grossesse, le risque<br />
d’expansion tumoral sera, par ailleurs limité.<br />
19
La durée prolongée du traitement médical constitue, pour certains patients, un inconvénient<br />
Majeur qu’il importe de bien prendre en considération avant la mise en route du traitement.<br />
La guérison par le traitement médical peut se voir (chez 11% des patients environ) (- 15 -), avec<br />
normalisation clinique, biologique et radiologique ; plusieurs années après interruption thérapeutique.<br />
Le geste chirurgical, initialement réalisé ou après une première tentative par traitement médical, offre<br />
d’importantes possibilités de rémission à long terme ; sa réalisation par un chirurgien expérimenté<br />
minimisera le risque des complications postopératoires (- 15 -).<br />
b)- en cas de macro-prolactinome :<br />
En première intention, le traitement chirurgical n’est pas souvent suivi de rémissions de longue durée<br />
; dans ces conditions, le traitement médical est le plus souvent indiqué.<br />
La microchirurgie par voie trans-sphénoidale a, cependant, l’avantage de réduire rapidement le<br />
volume tumoral et décomprimer la tige pituitaire, le chiasma optique et les sinus caverneux.<br />
L’existence, pour les volumineux macro-prolactinomes, de prolongements supra-sellaires<br />
asymétriques, peut justifier un abord intracrânien ; par ailleurs, une transformation tumorale par<br />
le traitement médical (réduction du volume, ramollissement de tumeurs denses) va faciliter<br />
l’intervention par voie trans-sphénoidale (- 15 -).<br />
Un résidu tumoral peut, cependant, persister avec hyperprolactinémie résiduelle ; le recours à un<br />
traitement médical est alors utile afin de contrôler la croissance tumorale et l’hypersécrétion de PRL.<br />
En cas d’échec thérapeutique (résidu tumoral postopératoire chez des patients intolérants au<br />
traitement médical ), la radiothérapie est alors utilisée (- 15 -).<br />
20
Etude pratique:<br />
I- Introduction…………………………………………………………………………………..p : 21.<br />
II- Sélection de la population…………………………………………………………………...p : 21.<br />
III- Description de la population.................................................................................................p : 21.<br />
A- Répartition en fonction du sexe…………………………………………………………….....p : 21.<br />
B- Répartition en fonction de l’âge…………………………….....................................................p : 22.<br />
IV- Délai de suivi………………………………………………………………………………..p : 22.<br />
V- Motifs de consultation et signes cliniques………………………………………………….p : 22.<br />
VI- Données biologiques. ……………………………………….................................................p : 25.<br />
VII- Données morphologiques………………………………….................................................p : 26.<br />
VIII- Prise en charge thérapeutique…………………………………………………………...p : 28.<br />
A – Traitement médical…………………………………………………………………………p : 30.<br />
a) Patients sensibles………………………………………………................................................p : 32.<br />
b) Intolérance à la Bromocriptine………………………………………………………………...p : 33.<br />
c) Patients résistants………………………………………………................................................p : 34.<br />
1- Résistance partielle…………………………………………………………………………….p : 34.<br />
2- Résistance totale……………………………………………………………………………….p : 36.<br />
B – Traitement chirurgical……………………………………………………………………...p : 38.<br />
C – Radiothérapie……………………………………………………………………………….p : 40.<br />
D- Les cas particuliers…………………………………………………………………………..p : 41.<br />
E- Les remissions………………………………………………………………………………..p : 44.<br />
Conclusion générale……………………………………………………………………………..p : 45.<br />
Références bibliographiques……………………………………………………………………p : 46.
I) Introduction :<br />
Le principal objectif de notre travail a été le suivi de l’évolution, à long terme, de l’adénome<br />
prolactine chez une population.<br />
Afin de réaliser cette étude longitudinale, nous avons repris l’histoire de patients présentant<br />
des prolactinomes, régulièrement suivis dans notre service.<br />
Pour tous les dossiers étudiés, les dernières nouvelles se situent entre 1994 et 1995.<br />
L’approche diagnostique et la conduite thérapeutique se sont adaptées, au fil des années, aux progrès<br />
techniques ; la grande révolution reste, cependant, l’apparition de nouveaux agonistes de la<br />
dopamine.<br />
II) Sélection de la population :<br />
Il s’agit de patients suivis dans le service d’endocrinologie du C.H.U de Reims (Hôpital de la Maison<br />
Blanche).<br />
Ont été inclus dans cette étude :<br />
- les patients présentant des adénomes à PRL vus, pour la dernière fois, entre 1994 et 1995 ;<br />
- les patients suivis depuis une période de plus d’une année (condition indispensable pour une<br />
évaluation à distance), présentant une hyperprolactinémie avec un adénome hypophysaire,<br />
radiologiquement argumenté.<br />
Ont été exclus :<br />
- les patients présentant une hyperprolactinémie physiologique ;<br />
- les patients avec une hyperprolactinémie fonctionnelle (sans image d’adénome) ;<br />
- les patients présentant une hyperprolactinémie d’origine médicamenteuse ;<br />
- les patients atteints de tumeurs hypothalamiques avec hyperprolactinémie par blocage des facteurs<br />
inhibant la PRL (PIF).<br />
- les hypersécrétions de PRL accompagnant un acromégalie.<br />
En raisin de cette sélection, seuls 57 dossiers ont pu être exploités.<br />
III) Description de la population :<br />
Cinquante sept patients correspondaient aux critères déjà cités.<br />
A- Répartition en fonction du sexe :<br />
Les patients ont été subdivisés en deux groupes de 47 femmes et 10 hommes, correspondant aux taux<br />
respectifs de 82,5 % et 17,5 %.<br />
21
B- Répartition en fonction de l’âge :<br />
Pour mieux mettre en évidence les différents taux de survenue du prolactinome, cinq tranches d’âges<br />
ont été proposées (voir figure : 1).<br />
- De 0 à 19 ans : 9 femmes et 4 hommes.<br />
- De 20 à 29 ans : 23 femmes ; aucun homme.<br />
- De 30 à 39 ans : 8 femmes et 5 hommes.<br />
- De 40 à 49 ans : 5 femmes ; aucun homme.<br />
- Cinquante ans et plus : 2 femmes et 1 homme.<br />
C- Délai de suivi : médiane et moyenne :<br />
La médiane de suivi est de 5 ans ; la moyenne est de 6,5 ans.<br />
V) Motifs de consultation et signes cliniques :<br />
A- Age de survenue des premiers symptômes ; âge à la première admission :<br />
Dans notre étude, les premiers symptômes ont été signalés :<br />
Chez la femme : à l’âge moyen de 26,3 ans ; les âges extrêmes étaient 12 ans et 57 ans.<br />
Chez l’homme : à l’âge moyen de 25,7 ans ; les âges extrêmes étant 13 ans et 40 ans.<br />
L’âge moyen à la première consultation était de 27,7 ans chez la femme (âges extrêmes :<br />
15 ans et 60 ans) ; de 28,1 ans chez l’homme (âges extrêmes : 14 ans et 55 ans).<br />
Conclusion :<br />
La femme a consulté, en moyenne : 1,4 an après la constatation des premiers signes cliniques. Pour<br />
l’homme, il s’est écoulé, en moyenne : 2,4 ans entre le début de la symptomatologie et la première<br />
admission.<br />
22
Répartition du nombre de prolactinomes en fonction de<br />
l'âge chez la femme.<br />
25<br />
20<br />
Nonbre de<br />
prolactinomes.<br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
0-19 20-29 30-39 40-49 50et+<br />
Tranches d'âges (années) .<br />
Répartition du nombre de prolactinomes en fonction de<br />
l'âge chez l'homme.<br />
5<br />
4<br />
Nonbre de<br />
prolactinomes.<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
0-19 20-29 30-39 40-49 50et+<br />
Tranches d'âges (années) .<br />
Figures : 1 et 2<br />
Histogrammes représentant la répartition du nombre de prolactinomes en fonction de l’âge.<br />
23
B- Symptômes retrouvés au cours de la première consultation :<br />
a- Signes endocriniens :<br />
- Chez la femme (47 patientes) :<br />
Aménorrhée primaire et secondaire : 31 cas (65,9 %).<br />
Galactorrhée : 34 cas (72,3 %).<br />
Autres troubles des règles : 14 cas (29,8 %).<br />
Infertilité : 16 cas (34 %).<br />
Hirsutisme : 4 cas (8,5 %).<br />
Prise de poids : 8 cas (17 %).<br />
Remarques :<br />
- L’association : aménorrhée-galactorrhée a été retrouvée chez 33 patientes (70,2 %).<br />
- L’aménorrhée primaire a été retrouvée chez 4 jeunes filles.<br />
- Au moment de la première consultation, deux femmes étaient en période de ménopause.<br />
2 - Chez l’homme (10 patients) :<br />
Impuissance : 3 cas (30 %).<br />
Stérilité : 1 cas (10 %).<br />
Régression des caractères sexuels : 4 cas (40 %).<br />
Gynécomastie : 3 cas (30 %).<br />
Prise de poids : aucun cas.<br />
Remarque :<br />
La stagnation de la puberté a été retrouvée chez 3 adolescents.<br />
b - Signes morphologiques :<br />
1- Les céphalées :<br />
Elles ont constitué l’un des motifs de consultation chez 15 femmes (31,9 %) ; alors que chez<br />
l’homme, ce signe a été retrouvé dans 90 % des cas.<br />
2- Les troubles visuels :<br />
Ils ont été retrouvés chez 6 femmes (12,8 % de la population féminine) et 6 hommes (60 % de la<br />
population masculine).<br />
24
Remarque :<br />
Dans notre étude, 13 patients avaient moins de 20 ans au moment de la première consultation.<br />
Douze individus de cette population (92,3 %) présentaient au moins l’un des signes endocriniens.<br />
Les anomalies pubertaires (aménorrhée primaire chez la jeune fille et stagnation de la puberté chez le<br />
garçon) représentaient 53,8 % des cas.<br />
Les signes morphologiques (céphalées et / ou troubles visuels) ont été observés chez 61,5 % de ces<br />
patients.<br />
VI) Données biologiques :<br />
En plus du dosage de la prolactinémie, l’exploration biologique comportait un bilan des autres axes<br />
hypophysaires.<br />
En dehors d’une insuffisance gonadotrope, liée à l’hyperprolactinémie, les autres axes étaient<br />
normaux (en particulier thyréotrope et corticotrope).<br />
L’élévation des taux de PRL n’a pas été toujours associée à la négativité du test de stimulation à la<br />
TRH.<br />
Ce test a été positif pour 3 femmes, ces patientes étaient âgées de 23 ans, 24 ans et 30 ans ; leurs taux<br />
de PRL de base étaient respectivement : 43 ng / ml, 37 ng / ml et 47 ng / ml.<br />
Il s’agissait, pour les trois patientes, de microprolactinomes. Seule la dernière a été opérée ; la<br />
confirmation anatomo-pathologique a été apportée.<br />
Conclusion :<br />
L’interprétation du test de stimulation à la TRH doit, par conséquent, être prudente avant les résultats<br />
de l’exploration radiologique.<br />
A - Répartition des valeurs de la PRL avant le traitement :<br />
Les prolactinémies ont été réparties en 3 groupes de valeurs :<br />
1- Pour les hyperprolactinémies de moins de 100 ng / ml :<br />
Retrouvées chez 16 femmes (34 %) ; aucun homme.<br />
2- Pour les valeurs de PRL comprises entre 100 et 500 ng / ml :<br />
Retrouvées chez 26 femmes (55,3 %) et 2 hommes (20 %).<br />
3- Pour les hyperprolactinémies supérieures à 500 ng / ml :<br />
Retrouvées chez 5 femmes (10,7 %) et 8 hommes (80 %).<br />
25
Conclusion :<br />
Chez la femme, l’hyperprolactinémie était inférieure à 500 ng/ ml dans 89 % des cas, alors que chez<br />
l’homme les taux de PRL étaient supérieurs à 500 ng/ ml dans 80 % des cas.<br />
B- Corrélation entre le degré de l’hyperprolactinémie et le diamètre tumoral :<br />
Chez la femme : pour les micro-prolactinomes, les valeurs de la PRL étaient comprises entre 30 ng /<br />
ml et 320 ng / ml ; la prolactinémie moyenne était de 106 ng / ml. Pour les macro-prolactinomes,<br />
l’hyperprolactinémie était comprise entre 62 ng / ml et 3200 ng / ml ; la prolactinémie moyenne était<br />
de 657 ng / ml.<br />
Chez l’homme : pour les micro-prolactinomes, l’hyperprolactinémie était comprise entre<br />
174 ng / ml et 840 ng /ml. la valeur moyenne était de 507 ng / nl. Pour les macro-prolactinomes, les<br />
valeurs de la PRL étaient comprises entre 362 ng / ml et 10000 ng / ml. La prolactinémie moyenne<br />
était de 3340 ng / ml.<br />
VII) Données morphologiques :<br />
A - Répartition du type de prolactinome en fonction du sexe :<br />
Chez la femme : - 29 micro-adénomes (61,7 %) ;<br />
- 18 macro-adénomes (38,3 %).<br />
Chez l’homme : - 2 micro-adénomes (20 %) ;<br />
- 8 macro-adénomes (80 %).<br />
B - Répartition en fonction de l’âge :<br />
Trois tranches d’âges ont été proposées :<br />
- de 0 à 19 ans ;<br />
- de 20 ans à 49 ans ;<br />
- 50 ans et plus.<br />
- De 0 à 19 ans : population de 13 patients (9 femmes et 4 hommes).<br />
5 micro-prolactinomes (38,5 %) ;<br />
8 macro-prolactinomes (61,5 %).<br />
- De 20 à 49 ans : population de 41 patients (36 femmes et 5 hommes).<br />
25 micro-prolactinomes (61 %) ;<br />
16 macro-prolactinomes (39 %).<br />
- Cinquante ans et plus : population de 3 patients (2 femmes et 1 homme).<br />
1 micro-prolactinome (33,3 %) ;<br />
2 macro-prolactinomes (66,6 %).<br />
26
Conclusion :<br />
Dans notre étude, les patients âgés de moins de 20 ans et de plus de 50 ans présentaient, surtout, des<br />
macro-adénomes. Le micro-prolactinome prédominait pour les patients âgés entre de 20 à 49 ans.<br />
Cette constatation correspond aux conclusions qui sont faites dans la littérature.<br />
27
VIII) Prise en charge thérapeutique : (voir organigramme p : 29)<br />
Le traitement proposé à nos patients s’est modifié, tout au long des années, au fur et à mesure des<br />
progrès thérapeutiques.<br />
- Répartition des patients en fonction du type de traitement :<br />
Traitement médical seul :<br />
Chez 33 patients (56,1 %).<br />
- 32 femmes ;<br />
- 1 homme.<br />
Traitement chirurgical (associé au traitement médical) :<br />
Chez 24 patients (42,1 %).<br />
- 15 femmes ;<br />
- 9 hommes.<br />
Traitement par radiothérapie (associé aux traitements médical et chirurgical) :<br />
Chez 10 patients (17,5 %).<br />
- 5 femmes ;<br />
- 5 hommes.<br />
Remarque :<br />
Une patiente a eu une évolution favorable sans bénéficier d’aucun traitement (son observation sera<br />
détaillée plus loin).<br />
28
Prise en charge thérapeutique des 56 prolactinomes traités (1 cas non traité).<br />
Traitement par Bromocriptine seule :<br />
12 m<br />
18 femmes :<br />
6 M<br />
Traitement par d’autres agonistes de la Dopamine :<br />
5 m<br />
6 femmes :<br />
1 M<br />
Résistance partielle sans chirurgie<br />
5 femmes<br />
6 patients :<br />
3 m<br />
2 M<br />
1 homme 1 m<br />
Résistance partielle avec chirurgie :<br />
8 femmes :<br />
10 patients :<br />
2 hommes :<br />
6 m<br />
2 M<br />
1 m<br />
1 M<br />
Résistance totale sans chirurgie :<br />
2 patients : 2 femmes : 2 m<br />
Résistance totale avec chirurgie :<br />
3 patients :<br />
1 femme : 1 M<br />
2 hommes : 2 m<br />
Chirurgie de première intention :<br />
11 patients :<br />
m : microprolactinome. <br />
6 femmes : 6 M<br />
5 hommes : 5 m<br />
M : Macroprolactinome. <br />
29
A- Traitement médical :<br />
Conduite du traitement :<br />
Dans notre étude, on peut décrire deux phases de traitement :<br />
La première phase : dont la durée était comprise entre quelques mois et une année, au cours de<br />
laquelle la posologie a été progressivement augmentée.<br />
Pendant la seconde partie, les doses de traitement ont été réduites ; on peut qualifier cette période de<br />
phase d’entretien.<br />
Remarque:<br />
Le niveau de sensibilité au traitement médical varie d'un patient à l'autre (voir figures: 3 et 4).<br />
Efficacité du traitement médical :<br />
1- Efficacité clinique :<br />
Elle a été appréciée :<br />
- Chez la femme : grâce à la réapparition des règles et au retour de la fertilité.<br />
- Chez l’homme : grâce à la disparition des troubles sexuels.<br />
- Dans les deux cas, l’efficacité clinique a été appréciée grâce à la régression des troubles<br />
morphologiques, essentiellement visuels.<br />
- Certains effets secondaires peuvent apparaître au début du traitement, ils régressent<br />
progressivement avec l'adaptation de la posologie.<br />
2- Efficacité biologique :<br />
Elle correspond à la normalisation de la prolactinémie.<br />
3- Efficacité morphologique :<br />
Elle a été appréciée grâce à la réduction du volume tumoral et même, dans certains cas, la disparition<br />
totale de l’image radiologique.<br />
30
Réponse à la Bromocriptine<br />
6<br />
5<br />
Nombre de<br />
patientes<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
2.5 5 7.5 10 15<br />
Dose de Bromocriptine (mg / j).<br />
Réponse à la Bromocriptine<br />
8<br />
7<br />
6<br />
Nombre de<br />
patientes<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
2.5 5 7.5 10<br />
Dose de Bromocriptine (mg / j).<br />
Figures : 3 et 4<br />
Représentation de la réponse au traitement médicamenteux chez les 18 patientes sensibles<br />
à la Bromocriptine en fonction des posologies.<br />
En haut : traitement pendant la première phase.<br />
En bas : en phase d’entretien<br />
31
Résultats :<br />
a) Patients sensibles ou «répondeurs» au traitement médical :<br />
Dans notre étude, la grande majorité des patients a été traitée par la Bromocriptine.<br />
Description de la population :<br />
18 patients ont bien répondu au traitement par la Bromocriptine. Tous ces patients étaient des<br />
femmes, âgées entre 15 ans et 45 ans ; la moyenne d'âge était de 27,1 ans.<br />
Deux tiers de ces patientes présentaient des micro-prolactinomes contre 1/3 de macroprolactinomes.<br />
Le niveau de l'hyperprolactinémie, avant le début du traitement, était inférieur à 100 ng/ml pour 7<br />
d'entre elles.<br />
Pour les 11 autres, la PRL «de départ» était comprise entre 100 et 500 ng / ml.<br />
La dose de Bromocriptine, pendant la première période du traitement, était comprise entre 2,5 et 15<br />
mg / jour ; la dose moyenne était de 7,5 mg / jour. Pendant la seconde phase, la posologie était<br />
comprise entre 2,5 et 10 mg / j ; la dose moyenne était de 5 mg / jour.<br />
Des effets secondaires (nausées et vomissements) ont été signalés chez 7 patientes, au début du<br />
traitement ; ils ont régressé par la suite.<br />
Evolution :<br />
L'évolution clinique a toujours été favorable.<br />
L'aménorrhée et les autres troubles des règles ont disparu chez 17 patientes et une ménopause a<br />
débuté pendant le traitement.<br />
La persistance de la galactorrhée a été observée dans 2 cas.<br />
Six grossesses ont eu lieu chez 5 patientes, dont deux chez la même femme.<br />
La prolactinémie s'est normalisée dans 89 % des cas ; chez le reste des patientes, les taux de PRL<br />
étaient à la limite supérieure de la normale.<br />
Le diamètre tumoral a régressé chez 14 patientes, il est resté stable dans deux cas. La disparition<br />
complète de l'image radiologique a été observée chez deux patientes.<br />
Le traitement par la Bromocriptine a été arrêté chez 4 patientes, celles-ci étaient en rémission.<br />
32
)- Intolérance à la Bromocriptine ; Traitement par d’autres agonistes de la Dopamine :<br />
Cette intolérance s’est manifestée par l’apparition de signes cliniques, surtout digestifs, pour des<br />
doses de Bromocriptine relativement modérées.<br />
Devant l’impossibilité d’augmenter la posologie de la Bromocriptine, le recours à d’autres agonistes<br />
de la Dopamine était justifié.<br />
Description de la population :<br />
Il s’agit de 6 patientes âgées de 17 ans à 42 ans. La moyenne d’âge était de 28,5 ans.<br />
Cinq parmi elles présentaient des micro-prolactinomes ; la sixième avait un macro-prolactinome.<br />
Les taux de prolactinémie, avant le début du traitement, étaient inférieur à 100 ng / ml pour 2<br />
patientes, compris entre 100 ng / ml et 500 ng / ml pour les quatre autres.<br />
Cinq patientes étaient intolérantes à la Bromocriptine ; la posologie maximale tolérée de<br />
Bromocriptine était comprise entre 2,5 mg / jour et 7,5 mg / jour (dose moyenne : 5mg / jour).<br />
Les autres agonistes de la Dopamine utilisés étaient :<br />
- La Cabergoline : utilisée dans deux cas.<br />
- Le Lisuride : prescrit pour deux patientes.<br />
- Le Norprolac : utilisé dans un cas.<br />
- La sixième patiente a été, dès le début, traitée par le Lisuride.<br />
Evolution :<br />
Dans tous les cas, l’aménorrhée et les autres troubles des règles ont régressé sous traitement médical.<br />
La galactorrhée a persisté chez une patiente.<br />
Deux cas de grossesses ont été signalés chez deux patientes.<br />
La prolactinémie s’est normalisée dans 33,3 % des cas. Chez le reste des patients, le taux de PRL<br />
était à la limite supérieure de la normale.<br />
Le diamètre tumoral a diminué chez 4 patientes, il est resté stable dans 2 cas.<br />
Le traitement médical a été arrêté chez une patiente, 3 ans après la mise en route de la Bromocriptine,<br />
c’est à dire 2 ans après sa substitution par le Lisuride.<br />
Conclusion sur le traitement médical seul :<br />
Dans notre étude, l’efficacité clinique, biologique et morphologique du traitement médical a été<br />
démontrée chez un groupe de patients. Certaines particularités ont été observées :<br />
- 71 % des adénomes avaient un diamètre inférieur à 10 mm ;<br />
- le taux de PRL de base était inférieur à500 ng / ml dans tous les cas ;<br />
- chez les patientes traitées par Bromocriptine seule, la posologie moyenne était de 7,5 mg /j pendant<br />
la première phase de traitement et 5 mg /j pendant la seconde<br />
En cas d’intolérance, la substitution de la Bromocriptine par d’autres agonistes de la Dopamine<br />
entraine moins d’effets secondaires, tout en assurant une bonne efficacité.<br />
33
c)- Patients résistant au traitement médical :<br />
1- Résistance partielle :<br />
Dans ce cas, la réponse à la Bromocriptine, prescrite à une posologie maximale tolérable comprise<br />
entre 7,5 mg / jour et 15 mg / jour, est insuffisante :<br />
- Certaines des manifestations cliniques ont persisté.<br />
- La baisse du taux de PRL était supérieure à 50 % par rapport à la prolactinémie initiale.<br />
- L’évolution morphologique n’a pas été favorable dans tous les cas.<br />
Description de la population :<br />
16 patients ont été inclus dans cette catégorie ; 13 femmes âgées de 16 ans à 64 ans (moyenne d’âge :<br />
28,6 ans) et 3 hommes âgés de 14 ans à 31 ans (moyenne d’âge : 20,6 ans).<br />
Onze de ces patients présentaient des micro-prolactinomes et 5 des macro-prolactinomes.<br />
L’hyperprolactinémie « de départ » était inférieure à 100 ng / ml pour 5 patients, comprise entre<br />
100 ng / ml et 500 ng / ml pour 8 patients et supérieure à 500 ng / ml pour 3 patients.<br />
Les options thérapeutiques :<br />
Parmi les 16 patients, dix ont été opérés (8 femmes et 2 hommes).<br />
Evolution chez les patients opérés :<br />
L’intervention chirurgicale n’a pas induit, à elle seule, de rémission clinique ; cependant, elle a<br />
permis une meilleure efficacité du traitement médical grâce à une réduction de l’hyperprolactinémie.<br />
Chez la femme (6 micro-prolactinomes et 2 macro-prolactinomes) :<br />
Disparition de l’aménorrhée et des autres troubles des règles chez toutes les patientes.<br />
Persistance de la galactorrhée dans deux cas.<br />
Deux cas de grossesses chez 2 patientes.<br />
Diminution des taux de PRL chez toutes les patientes.<br />
Chez deux patientes, la récidive tumorale post-opératoire a rendu nécessaire un traitement<br />
complémentaire par radiothérapie.<br />
Le traitement médical a été arrêté chez une patiente après radiothérapie.<br />
Chez l’homme (1 micro-prolactinome et un macro-prolactinome) :<br />
Disparition des troubles sexuels chez les deux patients (avec traitement complémentaire).<br />
34
Evolution chez les patients non opérés :<br />
Chez la femme (3 micro-prolactinomes et 2 macro-prolactinomes) :<br />
Le recours à d’autre agonistes de la Dopamine (Cabergoline et Norprolac) a été décidé pour deux<br />
patientes, permettant une évolution clinique favorable.<br />
Chez deux femmes, le geste opératoire n’a pas été discuté en raison de la survenue de la ménopause.<br />
Dans tous les cas, la diminution de la prolactinémie a été observée ; les valeurs de la PRL se situaient<br />
à la limite supérieure de la normale.<br />
L’évolution morphologique n’a pu être appréciée à cause du recul insuffisant.<br />
Chez l’homme (un micro-prolactinome) :<br />
L’amélioration a pu être obtenue grâce au traitement complémentaire. L’indication opératoire n’a<br />
donc pas été retenue.<br />
Le taux de PRL a régressé sans se normaliser.<br />
Le diamètre tumoral est resté stable.<br />
Conclusion :<br />
Dans le cas de la résistance partielle, la chirurgie a permis, chez ces patients, une meilleure efficacité<br />
du traitement médical.<br />
Deux raisons peuvent être évoquées :<br />
- Les taux de PRL étaient inférieurs à 500 ng/ ml dans 70 % des cas avant la chirurgie.<br />
- Sept des 10 adénomes opérés étaient des micro-prolactinomes.<br />
L’intervention chirurgicale a été suivie d’une récidive dans deux cas.<br />
Chez une patiente opérée, le traitement médical a pu être arrêté après radiothérapie ; dans les autres<br />
cas, la prescription d’autres agonistes de la Dopamine a été indispensable.<br />
Chez les patients non opérés, l’évolution a pu être favorable :<br />
- chez la femme, l’aménorrhée et les autres troubles des règles ont disparu.<br />
- chez l’homme, la disparition des troubles sexuels a eu lieu sous traitement complémentaire.<br />
35
2- Résistance totale :<br />
Dans ce cas, la réponse au traitement médical était pratiquement nulle.<br />
- Les manifestations cliniques ont persisté.<br />
- La réponse biologique était soit nulle, soit inférieure à 50 % par rapport à la prolactinémie initiale ;<br />
une élévation des valeurs biologiques a même été observée.<br />
- Un accroissement du volume tumoral a été constaté malgré les doses importantes du traitement<br />
médical ; le recours à la chirurgie était indiqué.<br />
Description de la population :<br />
Cinq patients dont 3 femmes âgées de 20 ans à 60 ans (âge moyen : 35,6 ans) et 2 hommes âgés de 30<br />
ans et 34 ans.<br />
Le taux de PRL était compris entre 100 ng / ml et 500 ng /ml dans 3 cas ; supérieur à 500 ng / ml<br />
chez 2 patients.<br />
L’exploration radiologique a montré 2 micro-adénomes et 3 macro-adénomes.<br />
Trois de ces 5 patients ont été opérés (une femme et deux hommes).<br />
Patients non opérés :<br />
Deux femmes (2 micro-prolactinomes) :<br />
La conduite thérapeutique a été :<br />
- Mise sous Cabergoline pour l’une.<br />
- Abstention thérapeutique en raison d’une ménopause pour l’autre.<br />
L’évolution a été :<br />
- Persistance de l’aménorrhée chez la patiente traitée.<br />
- Le diamètre tumoral a régressé chez une patiente, il a progressé chez l’autre.<br />
Patients opérés :<br />
Chez la femme (1 macro-prolactinomes) :<br />
- Persistance de l’aménorrhée et des troubles des règles.<br />
- Persistance de la galactorrhée.<br />
- Pas de régression des troubles visuels.<br />
- Diminution du taux de PRL de moins de 50 %.<br />
Devant l’échec de la chirurgie, la mise sous Lisuride a été décidée. La surveillance clinique se<br />
poursuit.<br />
36
Chez l’homme (2 macro-prolactinomes) :<br />
- Les troubles sexuels ont régressé après la chirurgie ; sous traitement complémentaire par<br />
Bromocriptine chez un patient, sans aucun traitement médical pour l’autre.<br />
- La prolactinémie a diminué chez les deux patients.<br />
Conclusion :<br />
Chez ces patients présentant une résistance totale, la chirurgie n’a été efficace seule que dans un cas,<br />
et n’a pas réussi à restituer la fonction gonadique dans les autres cas.<br />
La modification des agonistes dopaminergiques n’apporte pas la solution dans tous les cas.<br />
37
B- Traitement chirurgical :<br />
Vingt quatre patients ont bénéficié de la chirurgie ; la répartition était :<br />
- 22,6 % des micro-prolactinomes ( 7 cas ) ;<br />
- 65,4 % des macro-prolactinomes ( 17 cas ).<br />
Deux catégories de patients ont été considérées :<br />
1- Les patients opérés après un traitement médical.<br />
2- Les patients opérés de première intention.<br />
1- Traitement chirurgical précédé d’un traitement médical :<br />
Comme cela a été dit, l’indication opératoire a été posée, chez ces patients, en raison d’une résistance<br />
au traitement médical ; dans ce cas, l’option chirurgicale a permis une meilleure efficacité des<br />
agonistes de la dopamine.<br />
- Répartition des patients en fonction du volume tumoral :<br />
- 7 micro-prolactinomes ;<br />
- 6 macro-prolactinomes.<br />
L’évolution clinique, biologique et morphologique a été développée plus haut.<br />
2- Traitement chirurgical de première intention :<br />
Chez 11 patients dont 6 femmes et 5 hommes.<br />
Evolution :<br />
Chez la femme ( 6 macro-prolactinomes ) :<br />
L’indication opératoire a été posée devant la gravité des signes morphologiques chez 3 patients. Pour<br />
les trois autres, les adénomes avaient des diamètres légèrement supérieurs à 10 mm (petits<br />
Macro-prolactinomes ) ; dans ce cas, le geste chirurgical a été souhaité par les patientes.<br />
L’évolution a été :<br />
- L’amélioration des troubles morphologiques, après radiothérapie systématique dans tous les cas (<br />
chez les 3 premières patientes ).<br />
- Une amélioration clinique significative, permettant l’arrêt du traitement médical, est obtenue chez<br />
deux patientes présentant des macro-adénomes de 11 et 12 mm.<br />
- Le traitement par Bromocriptine a été repris chez les autres patientes permettant une disparition des<br />
signes cliniques.<br />
38
Chez l’homme ( 5 macro-prolactinomes ) :<br />
Pour tous ces patients, les macro-prolactinomes étaient responsables de troubles morphologiques<br />
importants. La chirurgie a été complétée par une radiothérapie.<br />
L’évolution a été :<br />
- Disparition des troubles sexuels chez 4 patients, ils ont persisté chez le cinquième malgré le<br />
traitement complémentaire.<br />
- Le taux de PRL a diminué dans tous les cas.<br />
- Deux cas de récidive post-chirurgicale ont été signalés ; une seconde intervention a eu lieu chez l’un<br />
des patients.<br />
Le traitement médical a été arrêté chez deux patients après radiothérapie.<br />
Evolution des indications chirurgicales :<br />
Entre 1973 et 1979 : 7 interventions :<br />
- 1 micro-prolactinomes ;<br />
- 6 macro-prolactinomes.<br />
Entre 1980 et 1989 : 6 interventions :<br />
- 1 micro-prolactinomes ;<br />
- 5 macro-prolactinomes.<br />
Entre 1990 et 1995 :11 interventions :<br />
- 5 micro-prolactinomes ;<br />
- 6 macro-prolactinomes.<br />
Conclusion :<br />
Dans notre étude, les indications chirurgicales ont progressé, au fil des années, pour les microprolactinomes.<br />
39
C- La radiothérapie :<br />
En plus du traitement médical et chirurgical, la radiothérapie a été prescrite chez 10 patients de notre<br />
série :<br />
Chez la femme ( 5 cas ) :<br />
Dans 3 cas, la radiothérapie a, systématiquement, suivi l’acte chirurgical. Chez deux patientes, elle a<br />
été décidée après la survenue de récidives.<br />
Chez l’homme ( 5 cas ) :<br />
Trois cas de radiothérapie systématique.<br />
Après récidive post-chirurgical chez deux patients.<br />
Complications de la radiothérapie :<br />
Dans notre étude, la radiothérapie a été suivie d’une insuffisance hypophysaire chez tous les patients<br />
irradiés. Les différents types sont :<br />
- Insuffisance thyréotrope isolée : 2 cas.<br />
- Insuffisance thyréotrope et corticotrope : 1 cas.<br />
- Insuffisance thyréotrope, corticotrope et gonadotrope : 3 cas.<br />
- Insuffisance thyréotrope et somatotrope : 2 cas.<br />
- Insuffisance thyréotrope et gonadotrope : 1 cas.<br />
- Insuffisance gonadotrope isolé : 1 cas.<br />
40
D- Les cas particuliers :<br />
1°) Résistance acquise : 2 cas :<br />
1° cas :<br />
Découverte d’un prolactinome chez une patiente de 25 ans, devant une infertilité associée à une<br />
galactorrhée. L’hyperprolactinémie était de 80 ng/ml ; le diamètre tumoral estimé à 10 mm.<br />
Un traitement par 5 mg de Bromocriptine a été débuté puis interrompu, en raison d’une grossesse.<br />
Après l’accouchement, une aménorrhée secondaire est apparue ; le contrôle radiologique a mis en<br />
évidence un accroissement du volume tumoral à 20 mm.<br />
Le traitement par Bromocriptine a été repris, progressivement augmenté à 12,5 mg / j, puis<br />
interrompu à cause d’une intolérance ; la PRL avant l’arrêt de la Bromocriptine était supérieure à 100<br />
ng / ml, en l’absence de traitement, le PRL était retrouvée à 294 ng / ml.<br />
Puis les autres agonistes dopaminergiques ont été testés successivement : Lisuride, Norprolac,<br />
Cabergoline, permettant tous une diminution de la prolactinémie autour de 100 ng / ml sans<br />
amélioration clinique. Morphologiquement, par contre, on constatait une régression totale de l’image<br />
d’adénome.<br />
La chirurgie a été décidée, devant la persistance des signes cliniques ( aménorrhée secondaire ).<br />
L’examen de la pièce opératoire a montré un adénome d’aspect nécrotique.<br />
Après l’intervention, l’aménorrhée a persisté, le prolactinémie est descendu à 50 ng / ml. La reprise<br />
de la Bromocriptine a déclenché des cycles irréguliers ; la PRL est passée à 25 ng /ml.<br />
Discussion :<br />
Le traitement par Bromocriptine a été efficace, puisque une grossesse a pu avoir lieu.<br />
La posologie efficace était faible : 5 mg/j. Après la grossesse, on constate une aggravation clinique :<br />
installation d’une aménorrhée secondaire, une aggravation biologique : la prolactinémie passant de<br />
80 ng / ml à 294 ng / ml et un doublement du volume tumoral.<br />
De plus, la patiente ne répondait plus que partiellement au traitement médical. Une résistance<br />
partielle à tous les agonistes dopaminérgiques était constatée, il y avait par contre une bonne réponse<br />
morphologique.<br />
Toutes les molécules actuellement disponibles ont été proposées à cette patiente ; le seul point positif<br />
a été une involution tumorale ; au prix d’une transformation nécrotique.<br />
La chirurgie, en réduisant l’hyperprolactinémie, a favorisé l’efficacité de la Bromocriptine.<br />
Cette observation nous semble pouvoir répondre aux caractéristiques d’une résistance acquise<br />
vraisemblablement favorisée par la grossesse.<br />
2° cas :<br />
Patiente traitée par 5 mg / j de Bromocriptine, depuis l’âge de 30 ans pour micro-prolactinome,<br />
découvert devant un syndrome aménorrhée-galactorrhée. Le traitement est efficace puisqu’il permet<br />
une grossesse à cette posologie.<br />
Quelques mois après l’accouchement, le syndrome aménorrhée-galactorrhée est réapparu, la<br />
prolactinémie était alors à 142 ng/ml.<br />
41
Avec la dose de 7,5 mg /j de Bromocriptine, la PRL ne répond pas et continue son ascension à<br />
160ng/ml. Une fenêtre thérapeutique est réalisée, la prolactinémie spontanée est à 342 ng/ml. Un<br />
traitement par 17,5 mg / j de Bromocriptine associé à du Clomid* permettra une nouvelle grossesse<br />
sans normalisation parfaite de la prolactinémie, retrouvée à 55ng/ ml.<br />
Après l’accouchement, la résistance partielle à la Bromocriptine persistait (PRL à 78 ng / ml malgré<br />
15 mg/j de Bromocriptine), par contre le diamètre tumoral régresse de 8 mm à 2,5 mm. La<br />
prescription du Norprolac a favorisé la régression de la galactorrhée ; la PRL est mieux contrôlée à<br />
40 ng/ml.<br />
Discussion :<br />
La première grossesse a eu lieu grâce au traitement par Bromocriptine prescrit p la posologie usuelle<br />
(5 mg / j). La symptomatologie clinique est réapparue après l’accouchement ; l’hyperprolactinémie<br />
est devenue résistante à la Bromocriptine, la posologie de ce traitement a dû être augmenté à 17,5<br />
mg/j pour obtenir une seconde grossesse.<br />
Là encore, ce cas nous semble correspondre à une résistance acquise à la Bromocriptine, favorisée<br />
par la grossesse.<br />
2°) Résistance post-chirurgicale : 2 cas :<br />
1° cas :<br />
Découverte d’un macro-prolactinome chez une patiente ménopausée de 57 ans, devant des signes<br />
morphologiques.<br />
Après la chirurgie, la PRL est passée de 2300 à 26 ng/ml sous 5mg/j de Bromocriptine. La patiente<br />
est perdue de vue et revient sept ans après l’intervention chirurgicale, en raison de la réapparition de<br />
troubles visuels avec récidive de macroadénome et d’une hyperprolactinémie à 400ng / ml. La<br />
Bromocriptine avait été poursuivie à la même posologie : 5 mg/j. malgré une augmentation de la<br />
posologie à 10mg/j puis 15 mg/j, aucune amélioration n’est constatée.<br />
Un traitement par radiothérapie est décidé. Celui-ci permettra un bon contrôle morphologique et<br />
biologique, après une surveillance de plus de 5 ans.<br />
Discussion :<br />
La récidive a eu lieu après l’acte chirurgical et sous traitement médical.<br />
La radiothérapie a été la seule arme thérapeutique efficace pour freiner l’hypersécrétion de PRL et<br />
contrôler l’évolution morphologique de la tumeur.<br />
2° cas :<br />
Patiente admise à l’âge de 21 ans pour aménorrhée primaire et signes morphologiques. La<br />
prolactinémie était à 3400 ng/ml.<br />
Après quelques mois de traitement par 5 mg / j de Bromocriptine, la PRL est passée à 121 ng/ ml et<br />
le prolongement suprasellaire de l’adénome se réduit de manière spectaculaire. Brutalement, la<br />
patiente présente un épisode de nécrose pituitaire responsable de troubles visuels et de céphalées,<br />
nécessitant une prise en charge chirurgicale. En post-opératoire, la prolactinémie est retrouvée à des<br />
valeurs comprises entre 1000 et 1600 ng/ ml. La bromocriptine n’est alors plus tolérée par la patiente.<br />
42
Dans l’année qui suit, la patiente va présenter une évolution spontanée de ce macroadénome avec<br />
céphalées, ascension de la prolactinémie à 8050 ng/ml. Le contrôle radiologique met en évidence une<br />
récidive tumorale. Un essai par Norprolac n’est pas mieux toléré et l’hyperprolactinémie continuait à<br />
progresser jusqu’à des valeurs de 10000 ng/ml avec ébauche d’hémianopsie bitemporale.<br />
Devant l’impossibilité de contrôler cette tumeur, la radiothérapie a été décidée ; quelques mois plus<br />
tard, le taux de PRL est passé à 5000 ng/ml, le diamètre tumoral a régressé laissant place à une selle<br />
turcique vide.<br />
Au cours de la dernière consultation, avec un recul de 4 ans, les signes morphologiques ont disparus,<br />
la prolactinémie était à 483 ng / ml. Le contrôle de cette tumeur nous a permis de substituer cette<br />
patiente par des estrogènes.<br />
Discussion :<br />
Dans un premier temps, la prescription de la Bromocriptine a permis une régression de<br />
l’hyperprolactinémie. Par la suite, sous traitement médical la patiente a présenté une apoplexie<br />
pituitaire partielle.<br />
Après l’intervention chirurgicale, les valeurs de PRL ont continué à augmenter et aucune des deux<br />
molécules utilisées (Bromocriptine et Norprolac) n’a été tolérée.<br />
Seule la radiothérapie a pu contrôler une nouvelle poussée évolutive.<br />
3°) Evolution favorable sans traitement :<br />
Patiente admise à l’âge de 17 ans pour une irrégularité menstruelle associée à une galactorrhée.<br />
La prolactinémie était 57 ng/ ml ; le reste du bilan hypophysaire était normal.<br />
L’exploration radiologique avait mis en évidence un adénome de 7,5 mm de diamètre.<br />
Devant les valeurs de PRL modérément élevées et l’absence de désir de grossesse, un traitement<br />
progestatif a été prescrit.<br />
Le dernier contrôle retrouvait des cycles réguliers et l’absence de galactorrhée ; la prolactinémie était<br />
à 18 ng/ ml ; le diamètre de l’adénome est passé à 3 mm.<br />
Discussion :<br />
Il s »agissait bien d’un micro-prolactinome puisque :<br />
- L’hyperprolactinémie n’avait aucune autre origine.<br />
- L’adénome hypophysaire a bien été visualisé au scanner.<br />
- La galactorrhée avait disparu avec la régression biologique et morphologique.<br />
La surveillance de cette patiente reste indispensable ; la moindre évolution devrait conduire à une<br />
prise en charge thérapeutique plus stricte.<br />
43
E- Les remissions :<br />
Nous avons évalué le nombre de cas où il y a eu rémission après traitement médical seul.<br />
Description de la population :<br />
Il s’agit de 5 femmes âgées de 15 à 45 ans (âge moyen : 29,6 ans) ; trois des patientes présentaient<br />
des micro-prolactinomes et deux des macro-prolactinomes.<br />
La prolactinémie était inférieure à 100 ng / ml chez 2 patientes ; comprise entre 100 et 500 ng/ml<br />
chez les 3 autres.<br />
Quatre des patientes étaient traitées par Bromocriptine, la cinquième était sous Lisuride.<br />
On constatait une régression du volume tumoral dans tous les cas.<br />
Le délai entre l’arrêt du traitement et la dernière consultation était compris entre 1 an et 5ans (délai<br />
moyen : 2,6 ans).<br />
Ces remissions n’ont pas été observées à l’occasion de grossesses.<br />
Conclusion :<br />
Chez les patientes traitées par agonistes de la Dopamine seuls, le taux de rémission était de 20 %.<br />
44
Conclusion générale :<br />
Notre travail a eu pour but essentiel l'évaluation, à long terme, d'une cohorte de patients présentant<br />
des adénomes à prolactine, radiologiquement suspectés.<br />
La sélection de patients, vus pour la dernière fois en consultation entre 1994 et 1995, nous a permis<br />
d'étudier 57 dossiers.<br />
La médiane de suivi est de 5 ans.<br />
Quarante et un de nos patients étaient des adultes jeunes, âgés de 20 à 49 ans ; ils présentaient<br />
essentiellement des micro-prolactinomes (61 % des individus de cette tranche d'âge).<br />
Notre étude présente, malgré le nombre restreint de patients, l'avantage de faire une analyse de<br />
plusieurs combinaisons de traitement.<br />
Les agonistes de la Dopamine seuls ont permis une rémission chez 20 % des patients. Le traitement<br />
médical doit donc être, le plus souvent, poursuivi à vie.<br />
Nous constatons, dans notre série, un nombre important de résistances au traitement médical<br />
vraisemblablement dû au recrutement particulier d'un service d'Endocrinologie. Dans ce groupe, les<br />
problèmes thérapeutiques ont été résolus de manière individuelle en proposant différentes<br />
combinaisons thérapeutiques : chirurgie rarement efficace seule mais permettant une meilleure action<br />
du traitement médical. Chez ces patients, les nouveaux agonistes dopaminergiques se sont révélés<br />
mieux tolérés et plus efficaces que la Bromocriptine.<br />
Nous avons isolé 2 cas particuliers de résistance acquise, concernant des patientes présentant des<br />
micro-prolactinomes ; les modifications de sensibilité aux agonistes dopaminergiques semblant liés à<br />
la grossesse.<br />
Au cours du suivi des prolactinomes, nous n'avons jamais constaté d'évolution morphologique du<br />
micro-prolactinome au macro-prolactinome ; dans notre expérience, il n'y a pas eu de passage d'une<br />
catégorie morphologique à l'autre.<br />
Par contre, les macro-prolactinomes constituent une entité particulière, susceptible d'évoluer à long<br />
terme, d'échapper au contrôle du traitement médical et chirurgical. Dans ce cas, la radiothérapie peut<br />
rester la seule solution pour contrôler la tumeur.<br />
Les adénomes à prolactine ne constituent pas une entité homogène. Le bilan initial ne permet pas de<br />
prédire la réponse, à long terme, au traitement médical. La prise en charge thérapeutique doit être<br />
adaptée à chaque cas.<br />
Pour les macro-prolactinomes, un suivi prolongé est toujours nécessaire, s'assurant du rétablissement<br />
de la fonction gonadique et du contrôle tumoral à long terme.<br />
45
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