17.07.2015 Views

L'impact financier de l'adoption des codes de conduite dans l ...

L'impact financier de l'adoption des codes de conduite dans l ...

L'impact financier de l'adoption des codes de conduite dans l ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>L'impact</strong> <strong>financier</strong> <strong>de</strong> <strong>l'adoption</strong> <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> <strong>dans</strong> l'industriedu textile et du vêtementBlais Marie-Hélène, MBA, UQAMM’Zali Bouchra, MBA, Ph.D, CFAProfesseur titulaire, UQAMMarhfor Ahmed, MBA, Doctorant, UQAMJuin 2008


<strong>L'impact</strong> <strong>financier</strong> <strong>de</strong> <strong>l'adoption</strong> <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> <strong>dans</strong> l'industrie du textile etdu vêtementRésuméCet article étudie la relation entre la performance sociale <strong>de</strong> l’entreprise, telle quemesurée par l’adoption d’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>conduite</strong>, et sa performance financière. La questionprincipale est <strong>de</strong> savoir si le marché accor<strong>de</strong> une «prime sociale» aux entreprisesresponsables. En appliquant une approche événementielle, les résultats <strong>de</strong> notre analysesuggèrent que l’ensemble <strong>de</strong>s entreprises avec un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> n’ont pas réalisé enmoyenne une performance financière significativement différente <strong>de</strong> celle réalisée par <strong>de</strong>sfirmes qui n’ont pas adopté <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong>.Mots clés : Responsabilité sociale, Co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong>, Performance sociale, Performancefinancière, Approche événementielle.The financial impact of the adoption of co<strong>de</strong>s of conduct in the textile and clothingindustryAbstractThis paper investigates the relation between corporate social performance, asapproximated by the implementation of a co<strong>de</strong> of conduct, and corporate financialperformance. The main purpose is to examine whether good social responsibility leads tohigher financial performance. By applying the event study approach, we observe noevi<strong>de</strong>nce of significant differences in financial performance between firms with a co<strong>de</strong> ofconduct and those without a co<strong>de</strong> of conduct.Keywords: Social responsibility, Co<strong>de</strong>s of conduct, Corporate social performance,Financial performance, Event Studies.2


Introduction:Un débat oppose <strong>de</strong>puis plusieurs années les partisans <strong>de</strong> la finance responsable à ceux <strong>de</strong>la finance traditionnelle. D’une part, plusieurs académiciens, prônant la responsabilitésociale <strong>de</strong>s entreprises, estiment que les firmes responsables génèrent <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>mentssupérieurs dus à la satisfaction <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s parties prenantes et à une gestion,ceteris paribus, plus efficace. D’autre part, un courant parallèle, ayant à sa tête Friedman(1970), souligne que tout coût supplémentaire supporté <strong>de</strong> manière volontaire par la firmesera un désavantage pour l’entreprise et mènera à une diminution <strong>de</strong> sa rentabilité.C’est <strong>dans</strong> ce contexte que plusieurs étu<strong>de</strong>s ont tenté, <strong>dans</strong> le passé, <strong>de</strong> définir le lienentre la responsabilité sociale (RS) et la performance financière <strong>de</strong> l’entreprise (PFE).Toutefois, <strong>de</strong> telles recherches se sont heurtées au problème fondamental <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> laperformance sociale (Waddock et Graves, 1997). En effet, la RS peut être considéréecomme un construit multidimensionnel qui inclut autant le contrôle <strong>de</strong> la pollution queles conditions <strong>de</strong> travail, le traitement <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s minorités au sein <strong>de</strong> la firme etles relations avec la communauté. De plus, différentes industries ont <strong>de</strong>s caractéristiqueset <strong>de</strong>s histoires qui leur sont propres et sont souvent aux prises avec <strong>de</strong>s aspects précis <strong>de</strong>la RS. Par conséquent, la conception même <strong>de</strong> la performance sociale peut varier d’unesituation à l’autre.Face à un tel constat, nous avons choisit <strong>de</strong> couvrir une facette <strong>de</strong> la RS, soit l’adoptiond’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> (CC) pour encadrer les conditions <strong>de</strong> travail <strong>dans</strong> le secteur dutextile et du vêtement. Ainsi, la performance sociale <strong>de</strong> l’entreprise (PSE) est approximéepar l’adoption d’un CC. Une telle initiative est considérée comme un événement socialpositif qui signale au public une bonne PSE. L’objectif <strong>de</strong> notre recherche est <strong>de</strong>déterminer s’il y a ou non une relation entre le niveau <strong>de</strong> responsabilité sociale <strong>de</strong>l’entreprise (adoption d’un CC) et sa performance financière. Nous examinerons en fait laréaction <strong>de</strong>s marchés <strong>financier</strong>s au phénomène <strong>de</strong>s CC.L’impact <strong>de</strong>s CC sur les ren<strong>de</strong>ments <strong>financier</strong>s <strong>de</strong>s firmes est analysé par le biais d’uneétu<strong>de</strong> événementielle (EE). Cette <strong>de</strong>rnière compare les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> firmes nordaméricainesayant adopté un CC aux ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> celles qui n’ont pas suivi cetteinitiative. Nos résultats suggèrent que l’adoption d’un CC n’a aucun impact sur la PFE,ce qui supporte l’argument en faveur d’une relation neutre entre la PSE et la PFE.3


La suite du texte est organisée en cinq sections. Dans la première section, nousprésenterons les enjeux qui entourent les CC <strong>de</strong> l’industrie du textile et du vêtement.Dans la <strong>de</strong>uxième, nous proposerons notre cadre théorique ainsi que nos hypothèses <strong>de</strong>recherche. La troisième section expliquera notre méthodologie et les différentes étapes <strong>de</strong>collecte <strong>de</strong>s données. La quatrième section présentera et analysera les résultats obtenus.Ces <strong>de</strong>rniers nous permettrons <strong>de</strong> conclure <strong>dans</strong> la cinquième section.1. Les co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong>1.1 L’émergence <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> :L’industrie du textile et du vêtement est une industrie qui s’offre en exemple <strong>de</strong> lamondialisation <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong>s marchés. Le succès <strong>de</strong>s grands entreprises <strong>dans</strong> ledomaine repose essentiellement sur leur capacité <strong>de</strong> mise en marché, sur la délocalisation<strong>de</strong> leur production <strong>dans</strong> les pays où il existe une main-d’œuvre abondante et abordable,sur le développement <strong>de</strong> licences en échange <strong>de</strong> re<strong>de</strong>vances, et finalement, sur ladistribution cédée à <strong>de</strong>s tiers (Le Dortz et Debosscher, 2000). La délocalisation <strong>de</strong> laproduction semblait, a priori, permettre aux entreprises du secteur, en plus <strong>de</strong> bénéficier<strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> production très faibles, <strong>de</strong> se départir <strong>de</strong> toute responsabilité face auxconditions <strong>de</strong> production <strong>dans</strong> lesquelles sont assemblés leurs produits. Toutefois, lors<strong>de</strong>s premiers inci<strong>de</strong>nts d’abus <strong>dans</strong> les usines d’impartition, les multinationales du textileet du vêtement ont compris qu’elles sont en face d’un nouveau phénomène <strong>de</strong> société quiallait bouleverser leur façon <strong>de</strong> faire les affaires. En effet, C’est en réponse à cette vague<strong>de</strong> délocalisation <strong>de</strong> la production que le consumérisme politique 1 s’est considérablementdéveloppé <strong>dans</strong> les sociétés occi<strong>de</strong>ntales.Selon Gendron, Lapointe et Turcotte (2004) : «Désormais, l’entreprise doit répondre […]à l’action <strong>de</strong> nouveaux mouvements sociaux qui utilisent <strong>de</strong>s moyens économiques <strong>de</strong>pression». Une <strong>de</strong>s industries les plus sensibles à ce phénomène est celle du textile et duvêtement. Cette <strong>de</strong>rnière a été particulièrement ciblée par les groupes <strong>de</strong> pression qui fontappel au consumérisme politique comme moyen d’action. Ainsi, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>sannées 90, l’industrie du vêtement a été pointée du doigt à cause <strong>de</strong>s mauvaises1 Le consumérisme politique désigne ici les différentes stratégies employées par les consommateurs et lesgroupes <strong>de</strong> pression pour faire part <strong>de</strong> leur opinion face aux choix <strong>de</strong> consommation qui leur sont proposés.Ces stratégies vont du boycott à l’investissement socialement responsable, ce <strong>de</strong>rnier étant parfoisconsidéré comme un phénomène distinct.4


conditions <strong>de</strong> travail <strong>dans</strong> les usines d’assemblage. Principalement, on reproche àl’industrie l’emploi d’enfants, le travail forcé, les dangers sanitaires, le manque <strong>de</strong>sécurité au travail, <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong> misère, <strong>de</strong>s pratiques salariales injustes et le refusd’accor<strong>de</strong>r la syndicalisation ou la négociation collective aux employés (Rivoli, 2003).Sous la menace <strong>de</strong> ces groupes <strong>de</strong> pression, les entreprises <strong>de</strong> l’industrie du vêtementtentent <strong>de</strong> se protéger d’attaques publiques potentiellement dommageables en adoptant<strong>de</strong>s CC régissant les conditions <strong>de</strong> travail.1.2 Définition et typologie <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>conduite</strong>s :Selon Gendron et al. (2003), les CC représentent <strong>de</strong>s engagements auxquels l’entrepriseadhère ou impose à ses partenaires d’affaires. Il s’agit en fait d’initiatives à caractèresocial qui peuvent faire l’objet <strong>de</strong> certifications ou <strong>de</strong> simples déclarations <strong>de</strong> principes.La définition <strong>de</strong> telles initiatives doit faire la nuance entre le type <strong>de</strong> critères sur la base<strong>de</strong>squels elles sont exécutées. Généralement, on fait la distinction entre <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong>critères : substantif et procédural. Les initiatives substantives reposent sur l’atteinted’objectifs concrets et mesurables. Dans le cas <strong>de</strong> l’industrie du vêtement, la plupart <strong>de</strong>sco<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> sont substantifs puisqu’ils exigent le respect <strong>de</strong> critères précis (nombred’heures maximales <strong>de</strong> travail, salaire horaire minimum, âge minimal pour travailler,etc.…).D’un autre côté, le type <strong>de</strong> contrôle associé aux CC témoigne quant à lui du sérieux <strong>de</strong>l’opération. À ce niveau, il existe plusieurs types <strong>de</strong> contrôle pour les co<strong>de</strong>s. Ladéclaration <strong>de</strong> principes est un CC qui ne permet aucun contrôle. Pour sa part, l’autovérificationest une initiative qui est contrôlée à l’interne par l’entreprise elle même. Lecontrôle externe fournit, par ailleurs, la meilleure garantie pour que les co<strong>de</strong>s en placesoient respectés.Il faut signaler aussi que les principaux acteurs <strong>dans</strong> le domaine ont développé leurpropre CC ou adopté une opinion face aux co<strong>de</strong>s proposés par les autres partiesprenantes. Les clauses <strong>de</strong>s différents co<strong>de</strong>s montrent généralement <strong>de</strong>s variationssignificatives. Dans certains cas, les points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> certaines parties prenantes sontfondamentalement différents, voir irréconciliables. Ainsi, par exemple, plusieurs CCpromus par <strong>de</strong>s ONG requièrent que les entreprises publient une liste <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong>production. Or, cette exigence est loin <strong>de</strong> faire l’unanimité chez les multinationales du5


secteur qui disent craindre que la compétition ne s’empare <strong>de</strong> leurs fournisseurs s’ilsdévoilent leurs sites <strong>de</strong> production. D’un autre côté, certains gouvernements perçoiventces initiatives sociales comme une alternative à la réglementation, alors que lesmouvements syndicaux et les ONG militent pour un renforcement <strong>de</strong>s législations <strong>dans</strong> ledomaine.Cette brève <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s parties prenantes démontre bien que les butsrecherchés par les CC sont différents et donc, par le fait même, les rôles qu’ils doiventremplir le seront aussi. Dans ce sens, nous pouvons développer une typologie <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>ssur cette base. La typologie proposée par la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s antérieures, notammentcelle <strong>de</strong> Kolk et al. (1999) et <strong>de</strong> Jenkins (2002), repose sur quatre gran<strong>de</strong>s provenances :corporative, association d’affaires, multipartite et intergouvernementale.* Le CC corporatif : Ce co<strong>de</strong> est développé et adopté unilatéralement par l’entreprise parrapport à ses activités ou à celles <strong>de</strong> ces fournisseurs.* Le CC <strong>de</strong>s associations d’affaires : Les lignes directrices <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cette origine sontplus faibles en terme d’engagements en comparaison aux autres CC. L’industrie duvêtement bénéficie d’un important CC <strong>de</strong> ce type, le Worldwi<strong>de</strong> Responsible ApparelProduction (WRAP).* Le CC multipartite : Il est issu <strong>de</strong> négociations entre plusieurs parties prenantes. Cesnégociations peuvent inclure <strong>de</strong>s entreprises ou <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’industrie, <strong>de</strong>s ONGet <strong>de</strong>s syndicats. Aussi, il est possible que le gouvernement participe à l’élaboration <strong>de</strong> cetype <strong>de</strong> co<strong>de</strong>. Un <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s multipartite le plus connu <strong>dans</strong> l’industrie du vêtement est leFair Labor Association (FLA).* Le CC intergouvernemental : Le <strong>de</strong>rnier type <strong>de</strong> CC est celui émanant d’ententesintergouvernementales. Ces co<strong>de</strong>s sont négociés à l’échelle internationale et entérinés parles États nationaux. Cette catégorie inclut <strong>de</strong> très importantes initiatives telles que leGlobal Compact (GC) proposé par Kofi Annan en 2000.6


2. Cadre conceptuel et hypothèses <strong>de</strong> recherche :2.1 Cadre conceptuel :Pour déterminer s’il y a ou non une relation entre le niveau <strong>de</strong> responsabilité sociale <strong>de</strong>l’entreprise et sa performance financière, nous proposons le cadre conceptuel <strong>de</strong> la figure(1). Un tel cadre conceptuel trouve ses fon<strong>de</strong>ments <strong>dans</strong> les théories <strong>de</strong>s partiesprenantes, <strong>de</strong> l’impact <strong>financier</strong> <strong>de</strong> la RS et <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong>s marchés. La figure (1)suggère que le cours d’un titre est influencé par la taille <strong>de</strong> l’entreprise et sonappartenance à une industrie (Barber, Lyon et Tsai, 1999 ; Fama et French, 1993). D’unautre côté, le prix d’un titre pourrait aussi être influencé (relation possible) par l’adoptiond’un CC. De plus, il est possible que la taille et le secteur d’activités affectent l’adoptionmême d’un CC. Nous tenterons <strong>de</strong> clarifier ces suppositions à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s théories quisuivent.Depuis quelques années, les chercheurs tentent <strong>de</strong> déterminer l’impact <strong>de</strong> la régulationsociale sur les résultats <strong>financier</strong>s <strong>de</strong>s entreprises. Waddock et Graves (1997) fournissentune vue d’ensemble <strong>de</strong>s recherches qui ont étudié le lien entre les PSE et PFE ainsi queles hypothèses qui leur sont sous-jacentes. Ceux qui suggèrent que la relation entre laPSE et la PFE est négative estiment qu’une plus gran<strong>de</strong> RS tend à augmenter les coûts(Friedman, 1970).Figure.1Cadre conceptuelIndicateur <strong>de</strong> la RS(adoption d’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong><strong>conduite</strong>)Variables <strong>de</strong>contrôle(Taille et SIC)Indicateur <strong>financier</strong>(prix du titreboursier)Relation possibleRelation prouvée7


Ceci met l’entreprise socialement responsable <strong>dans</strong> une position financièredésavantageuse par rapport aux firmes qui se préoccupent moins <strong>de</strong> la RS.Par contre, les défenseurs <strong>de</strong> la RS estiment que la relation entre la PSE et la PFE estpositive. Ils annoncent qu’une bonne RS améliore le moral <strong>de</strong>s employés ainsi que laréputation <strong>de</strong> la firme auprès <strong>de</strong>s consommateurs. Par conséquent, une entreprise qui sepréoccupe <strong>de</strong> sa RS pourra, d’une part, éviter <strong>de</strong>s problèmes avec ses employés et,d’autre part, mieux fidéliser sa clientèle (McGuire et al, 1988). Par ailleurs, la théorie <strong>de</strong>sparties prenantes suggère aussi une relation positive entre la PSE et la PFE. Selon cettethéorie, la valeur <strong>de</strong> l’entreprise dépend non seulement <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s revendicationsexplicites <strong>de</strong>s parties prenantes mais aussi <strong>de</strong>s revendications implicites (coûts associés àla qualité du produit, coûts environnementaux, etc.). Ainsi, si la firme opère d’unemanière qui est considérée comme socialement non responsable, les parties prenantesayant <strong>de</strong>s contrats implicites avec la firme peuvent transformer leurs revendicationsimplicites en revendications explicites plus coûteuses pour l’entreprise (McGuire et al,1988). C’est le cas, par exemple, lorsque les groupes environnementaux réussissent àinfluencer le gouvernement pour qu’il instaure une réglementation plus rigoureuse afin <strong>de</strong>forcer les entreprises à s’y conformer (McGuire et al, 1988). Ceci aura un effet négatifsur la valeur <strong>de</strong> l’entreprise et, du fait même, sur sa performance financière. Finalement,certains chercheurs, tel que Ullman (1985), croient qu’il y a tellement <strong>de</strong> variables quientrent en jeu lors <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> la PSE et la PFE qu’il n’y a aucune raison <strong>de</strong>s’attendre à ce qu’une relation existe, autre qu’aléatoire. Les tenants <strong>de</strong> cette hypothèseestiment donc que la relation entre la PSE et la PFE sera neutre.Nous avons suggéré, <strong>dans</strong> notre cadre conceptuel, que la taille <strong>de</strong> l’entreprise peutaffecter l’adoption même d’un CC. À ce niveau, la PSE et la taille peuvent être corréléespositivement parce qu’une gran<strong>de</strong> firme attire plus d’attention <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s différentsacteurs (actionnaires, État, groupes <strong>de</strong> pression, clients et fournisseurs…) et <strong>de</strong>vra doncrépondre aux attentes <strong>de</strong> ces acteurs (Burk et al, 1986).Notre cadre conceptuel se base aussi sur la théorie <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong>s marchés au senssemi-fort. Un marché est efficient lorsque les prix <strong>de</strong>s titres sur ce marché sont censésrefléter toute l’information connue à leur sujet et incorporer rapi<strong>de</strong>ment toute nouvelle8


information. Cette caractéristique <strong>de</strong>s marchés fait en sorte qu’un investisseur doits’attendre à un ren<strong>de</strong>ment proportionnel au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> risque que comporte son titre. Parconséquent, il lui sera impossible <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments anormaux sur une basecontinue. Fama (1991) estime que le principal obstacle auquel les chercheurs se sontheurtés <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’exploration <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong>s marchés est celui <strong>de</strong>shypothèses conjointes qui s’avère très complexe. Un tel obstacle fait en sorte quel’efficience <strong>de</strong>s marchés n’est pas testable en soi. Elle doit être testée conjointement avecun modèle <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> prix. Ainsi, lorsqu’il y a <strong>de</strong>s preuves attestant l’existence<strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ments anormaux, il est impossible <strong>de</strong> déterminer avec certitu<strong>de</strong> quelle part estattribuable à l’inefficience <strong>de</strong>s marchés et quelle part est plutôt attribuable à l’imprécisiondu modèle d’estimation <strong>de</strong>s prix. Selon Fama (1991), l’EE est la métho<strong>de</strong> qui permet <strong>de</strong>départager les enjeux relatifs à l’efficience <strong>de</strong>s marchés et à l’équilibre <strong>de</strong>s prix et fournitdonc la preuve la plus directe <strong>de</strong> l’efficience.En nous basant sur les différentes théories, présentées ci haut, nous pouvons émettreplusieurs hypothèses <strong>de</strong> recherche concernant l’impact <strong>financier</strong> <strong>de</strong> l’adoption d’un CCpar certaines firmes <strong>de</strong> l’industrie du textile et du vêtement.2.2 Hypothèses <strong>de</strong> recherche :Hypothèse 1 : L’adoption d’un CC par une entreprise <strong>de</strong> l’industrie du textile et duvêtement aura un impact positif sur sa performance financièreCette hypothèse implique qu’une bonne PSE (adoption d’un CC) a un effet positif sur laPFE. Toutefois, l’hypothèse (1) ne prend pas en considération les intérêts divergents <strong>de</strong>sparties prenantes. En effet, un CC promu seulement par une multinationale ou uneassociation d’affaires risque <strong>de</strong> se faire attaquer par les groupes <strong>de</strong> pression qui n’y voientqu’une démarche <strong>de</strong> relation publique. D’un autre côté, les CC promus exclusivement par<strong>de</strong>s ONG pourraient paraître menaçants pour l’investisseur moyen qui, contrairement àl’investisseur socialement responsable, recherche un co<strong>de</strong> aux objectifs atteignables. Parconséquent, en tenant compte <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong>s marchés, les investisseurs<strong>de</strong>vraient accor<strong>de</strong>r une prime d’évaluation différente en fonction <strong>de</strong>s parties prenantes quifont la promotion du CC.Hypothèse 2 : L’impact <strong>de</strong> l’adoption d’un CC dépend <strong>de</strong>s acteurs qui font lapromotion <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong>.9


Cette hypothèse peut être testée en regroupant les firmes <strong>de</strong> notre échantillon selonl’appartenance <strong>de</strong> leur CC à un groupe déterminé <strong>de</strong> parties prenantes.En plus du type <strong>de</strong> promoteur, d’autres caractéristiques peuvent potentiellement affecterles ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s firmes <strong>de</strong> notre échantillon. Ainsi, le secteur d’activités et la tailleseront aussi contrôlés afin <strong>de</strong> mieux cerner le phénomène sous étu<strong>de</strong>. Le secteurd’activités constitue d’ailleurs notre premier filtre pour la sélection <strong>de</strong> l’échantillon <strong>de</strong>contrôle (voir section méthodologie). Notre troisième hypothèse concerne spécifiquementcette variable.Hypothèse 3 : L’impact <strong>de</strong> l’adoption d’un CC est relié aux secteurs d’activités <strong>de</strong>l’industrie du textile et du vêtementSur la base <strong>de</strong>s recherches antérieures, il est aussi essentiel <strong>de</strong> contrôler pour la taille. Eneffet, les gran<strong>de</strong>s entreprises reçoivent plus d’attention <strong>de</strong> la part du public, ce qui pourraencourager ces entreprises à agir <strong>de</strong> façon plus responsable. Nous prévoyons donc uneassociation positive entre la taille <strong>de</strong> l’entreprise et sa performance financière.Hypothèse 4 : Les gran<strong>de</strong>s entreprises qui adoptent un CC ont une performancefinancière supérieure relativement aux entreprises <strong>de</strong> petites tailles.Chacune <strong>de</strong> ses quatre hypothèses sera testée sur un court horizon <strong>de</strong> temps visant àvérifier si le marché réagi significativement <strong>dans</strong> les 10 jours qui suivent l’événement(adoption d’un CC). Nous examinerons aussi les 10 jours avant l’événement.3. Méthodologie <strong>de</strong> recherche et collecte <strong>de</strong>s données :3.1 L’approche événementielle :L’objectif <strong>de</strong> cette recherche consiste à examiner la relation entre la PSE, telle quemesurée par l’adoption d’un CC, et la PFE <strong>dans</strong> le contexte nord-américain. Signalons àce niveau que l’adoption d’un CC, les annonces <strong>de</strong> résultats et <strong>de</strong> divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s sont <strong>de</strong>sexemples d’événements qui peuvent affecter la vie <strong>de</strong> la firme. La littérature financière alargement traité la réaction <strong>de</strong>s marchés <strong>financier</strong>s aux annonces <strong>de</strong> résultats et <strong>de</strong>divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s en recourant à l’approche événementielle. Nous proposons d’appliquer cettemême approche pour examiner la réaction <strong>de</strong>s marchés <strong>financier</strong>s au phénomène <strong>de</strong>s CC.L’EE classique comporte <strong>de</strong>ux étapes successives (MacKinlay, 1997). La première étapeconsiste à estimer le modèle <strong>de</strong> marché (estimer le ren<strong>de</strong>ment auquel les investisseurs<strong>de</strong>vraient normalement s’attendre) pour chaque firme <strong>de</strong> l’échantillon. Généralement, on10


utilise la pério<strong>de</strong> avant la fenêtre d’événement choisie pour estimer le modèle <strong>de</strong> marché.La <strong>de</strong>uxième étape consiste à calculer les ren<strong>de</strong>ments anormaux qui sont supposésrefléter la réaction du marché suite à l’arrivée <strong>de</strong> la nouvelle information (adoption d’unCC). Le ren<strong>de</strong>ment anormal (RA) est égal à la différence entre le ren<strong>de</strong>ment observé et leren<strong>de</strong>ment estimé par le modèle <strong>de</strong> marché. Ces <strong>de</strong>ux étapes sont répétées pour lesdifférentes firmes <strong>de</strong> l’échantillon qui ont éprouvé le même type d’événement, mais à <strong>de</strong>sdates différentes.L’EE classique suppose que le ren<strong>de</strong>ment du titre est expliqué par le modèle <strong>de</strong> marché.De plus, le test statistique utilisé <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’EE classique est basé sur leshypothèses <strong>de</strong> normalité qui sont associées à <strong>de</strong> grands échantillons. Or, notre phénomèned’étu<strong>de</strong> (adoption d'un CC) concerne particulièrement l’industrie du textile et duvêtement. De ce fait, notre échantillon est relativement restreint et ne pourra pas remplirles conditions d’application <strong>de</strong> la méthodologie classique qui exige <strong>de</strong>s échantillons <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> taille. Un test <strong>de</strong> Jarque-Bera a été effectué sur les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>notre échantillon et les résultats <strong>de</strong> ce test ne nous permettent pas d’accepter l’hypothèse<strong>de</strong> normalité <strong>de</strong>s distributions. D’un autre côté, l’utilisation du modèle <strong>de</strong> marché, commemodèle d’évaluation, présente plusieurs limites et le recours à ce modèle peut aussi nepas refléter les caractéristiques spécifiques <strong>de</strong> certaines industries comme celle du textileet du vêtement. Par conséquent, nous avons décidé <strong>de</strong> recourir à une autre approche pourcalculer les ren<strong>de</strong>ments anormaux.Dans notre méthodologie <strong>de</strong> recherche, nous utiliserons, comme benchmark, unéchantillon <strong>de</strong> contrôle composé d’entreprises appartenant au même secteur industriel etayant <strong>de</strong>s tailles similaires. Signalons à ce niveau que plusieurs étu<strong>de</strong>s récentes suggèrentégalement d’autres facteurs qui peuvent avoir un impact sur les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s titres (parexemple : valeur au marché/valeur au livre). Cependant, puisque nos hypothèses sonttestées sur un court horizon, les résultats obtenus seront insensibles au modèled’évaluation choisi.Le RA, au jour (t), sera simplement égal à la différence entre le ren<strong>de</strong>ment observé parl’entreprise qui a adopté un CC et le ren<strong>de</strong>ment observé par la firme <strong>de</strong> contrôle (firmetémoin qui n’a pas adopté <strong>de</strong> CC).Le RA est donné par l’équation suivante :11


RA itR itR ctRA it = R it - R ctren<strong>de</strong>ment anormal <strong>de</strong> la firme (i) qui adopte un CC au temps (t)ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la firme (i) qui adopte un CC au temps (t)ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la firme <strong>de</strong> contrôle au temps (t)Les ren<strong>de</strong>ments anormaux doivent être agrégés pour pouvoir inférer sur l’événementétudié. Cette agrégation se fait sur <strong>de</strong>ux dimensions : à travers les titres et à travers letemps (données panel). Nous considérons d’abord l’agrégation à travers les titres. Ainsi,le ren<strong>de</strong>ment anormal moyen au temps (t) pour toutes les n firmes <strong>de</strong> l’échantillon estdonné par l’équation suivante :RA=1n∑tRA i , tn i = 1RA tRA i,tren<strong>de</strong>ment anormal moyen <strong>de</strong>s firmes avec un CC au temps (t)ren<strong>de</strong>ment anormal <strong>de</strong> la firme (i) qui adopte un CC au temps (t).Par ailleurs, le concept <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment anormal cumulé (CAR) est nécessaire poursatisfaire une fenêtre d’événement <strong>de</strong> plusieurs pério<strong>de</strong>s (MacKinlay, 1997). Le CAR p,sdu jour (p) au jour (s) est égal à la somme <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments anormaux moyens.La formule du CAR est représentée par l’équation suivante :CAR ,p s=∑t=pL’hypothèse nulle suppose que le CAR moyen est égale à zéro, ce qui implique quel’adoption d’un CC n’a pas d’impact sur la performance financière <strong>de</strong> l’entreprise. Pourconfirmer ou infirmer que le CAR est statistiquement différent <strong>de</strong> zéro, nous avons utiliséun test paramétrique (tCAR) dont la statistique est donnée par la formule suivante:sRAttCAR( p , s )=CAR( p , s )t × var12


vartvariance <strong>de</strong> la série <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments anormaux moyens,horizon temps (s-p+1)Bien que nous ayons supposé que l’impact <strong>de</strong> l’adoption d’un CC sur la performancefinancière soit positif, nous utilisons le test bilatéral Pour ne pas exclure la possibilitéd’une réaction négative <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s investisseurs au phénomène <strong>de</strong>s CC.La validité <strong>de</strong> notre méthodologie dépend fortement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux hypothèses suivantes :1. L’adoption d’un CC est non anticipée par le marché;2. Aucun autre événement confondant n’est enregistré durant la fenêtre <strong>de</strong>l’événement.Parfois, il se peut que l’adoption d’un CC soit anticipée s’il y a par exemple <strong>de</strong>s rumeursqui circulent avant l’annonce formelle. Il est aussi possible que l’annonce se produise à lafin <strong>de</strong> la journée ou au moment <strong>de</strong> la fermeture <strong>de</strong>s marchés. Dans ces <strong>de</strong>ux cas, l’effetpourrait se produire avant ou après le jour <strong>de</strong> l’annonce. C’est pour ces raisons que nousallons couvrir une pério<strong>de</strong> aux alentours <strong>de</strong> la date d’adoption du co<strong>de</strong> (dix jours avant etdix jours après l’événement). Notons que l’utilisation d’une fenêtre d’événement pluslongue réduirait la puissance du test statistique.Par ailleurs, l’hypothèse <strong>de</strong> l’absence d’événements confondants est importante pourpouvoir isoler l’effet potentiel <strong>de</strong> l’adoption d’un CC <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s différents autresévénements concomitants. Ainsi, nous chercherons tout évènement confondant enrecourant au journal <strong>de</strong>s affaires Wall Street Journal et aux sites Internet <strong>de</strong>s entreprises<strong>de</strong> notre échantillon. Nous retiendrons les événements i<strong>de</strong>ntifiés par McWilliams etSiegel (1997) comme étant problématiques, à savoir l’annonce : d’une restructuration,d’un désinvestissement, <strong>de</strong> nouveaux produits, <strong>de</strong> divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s ou d’un changement <strong>dans</strong>leur prévision, <strong>de</strong> joint venture, d’activités d’acquisition, d’un litige, d’un problèmesyndical, d’un changement au niveau <strong>de</strong> la direction, d’initiatives majeures <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>srivaux, <strong>de</strong> mises à pied, d’un nouveau contrat et <strong>de</strong> tout événement lié à la <strong>de</strong>tte ou auxcapitaux propres.3.2 Échantillonnage et pairage :Nous avons généré notre échantillon initial grâce à la base <strong>de</strong> données Compustat. Àpartir <strong>de</strong> cette base, nous avons sélectionné les co<strong>de</strong>s SIC propres à l’industrie du textile13


et du vêtement. Exceptionnellement, nous avons ajouté l’entreprise Sara Lee, dont leco<strong>de</strong> est pourtant hors contexte, car nous la considérons importante 2 . Ainsi, notreéchantillon initial se compose <strong>de</strong> 253 entreprises. Par la suite, nous avons procédé àl’épuration <strong>de</strong> cet échantillon en rejetant toutes les firmes privées. Nous avons aussi exclules filiales <strong>dans</strong> la mesure ou l’effet <strong>de</strong> l’adoption d’un CC se fera sentir sur le prix dutitre <strong>de</strong> la société-mére qui est généralement l’instigatrice du co<strong>de</strong>. D’un autre côté, nousavons décidé <strong>de</strong> ne pas retenir <strong>dans</strong> notre échantillon final les firmes acquises, fusionnéesou qui ont fait faillite, et ce pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> nature pragmatique. En effet, la collecte<strong>de</strong>s données pour ces firmes s’avère très difficile, puisque les sites Internet sont disparusou désuets et la validation <strong>de</strong>s informations est quasi impossible. Après avoir éliminé lesfirmes qui ne respectent pas les conditions préétablies ci-<strong>de</strong>ssus, le nombre <strong>de</strong> firmes quisont susceptibles <strong>de</strong> composer notre échantillon final s’élève à 138 firmes.En <strong>de</strong>rnier lieu, nous avons procédé au dépouillement systématique <strong>de</strong>s sites Internet <strong>de</strong>chacune <strong>de</strong>s 138 entreprises et avons contacté les entreprises directement par courrierélectronique ou par téléphone afin d’i<strong>de</strong>ntifier celles qui possè<strong>de</strong>nt un CC et la dated’entrée en vigueur <strong>de</strong> celui-ci. Nous avons aussi consulté <strong>de</strong>s sites spécialisés, tels que leUN Global Compact et le Human Rights Library <strong>de</strong> l’Université du Minnesota, à larecherche <strong>de</strong> pistes concernant l’adhésion à un CC.Après notre procédure <strong>de</strong> vérification, notre échantillon a été réduit <strong>de</strong> manièredraconienne. En effet, il ne reste plus que 19 firmes (Voir tableau 1 pour la répartitionfinale <strong>de</strong>s firmes selon leur co<strong>de</strong> SIC) pour lesquelles nous détenons une date précised’adoption d’un CC. Par ailleurs, nous avons choisi les firmes <strong>de</strong> contrôle selon lescritères suivants :Règle 1 : La firme <strong>de</strong> contrôle doit avoir le même co<strong>de</strong> SIC à 4 «digits» (par exemple2200) et une taille comprise entre [70% et 130%] <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la firme i <strong>de</strong> notreéchantillon. Lorsque selon ce processus, nous ne réussissons pas à trouver <strong>de</strong> firmescomparables, on peut recourir à une règle alternative.Règle 2 : On fait correspondre la firme i, qui adopte un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>conduite</strong>, à une firme <strong>de</strong>contrôle ayant une capitalisation boursière la plus proche et le même co<strong>de</strong> SIC, mais à 22 Nous avons choisi d’inclure la firme Sara Lee, qui fait pourtant partie du groupe SIC 20, car 35% <strong>de</strong> sesventes proviennent <strong>de</strong> sa division <strong>de</strong> vêtements. Cela représente <strong>de</strong>s ventes s’élevant à 6,4 milliards <strong>de</strong>dollars US.14


«digits» cette fois (par exemple 22XX). Cette alternative permet d’élargir le groupe SICen ne retenant que les <strong>de</strong>ux premiers chiffres.Dans un <strong>de</strong>rnier lieu, si on n’arrive pas à respecter le <strong>de</strong>uxième critère, nous pouvonstoujours choisir une entreprise témoin dont la capitalisation est la plus proche <strong>de</strong> cellevisée et ce, sans distinction quant au co<strong>de</strong> SIC. Bien sûr, cette troisième métho<strong>de</strong>alternative ne s’applique qu’aux entreprises <strong>de</strong> l’industrie du textile et du vêtement, c’està-direque la population <strong>de</strong>s firmes témoins est restreinte aux entreprises qui ont commeactivité primaire un <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s SIC préalablement i<strong>de</strong>ntifiés.Tableau 1 : Répartition <strong>de</strong>s firmes <strong>de</strong> l’échantillon final selon leur co<strong>de</strong> SICGroupe SICNombre d’entreprises20, Manufacturing of Food and Kindred Products 122, Manufacturing of Textile Mill Products 223, Manufacturing of Apparel and Other Finished Products Ma<strong>de</strong>4From Fabrics and Similar Materials3021, Manufacturing of Rubber and Plastic Footwear 231, Manufacturing of Leather and Leather Products 1513, Wholesale of Apparel, Piece Goods and Notions 053, Department Stores 656, Retail Tra<strong>de</strong> of Apparel and Accessory Stores 3Total 19Un échantillon <strong>de</strong> seulement 19 entreprises peut sembler extrêmement restreint pour uneétu<strong>de</strong> qui vise à généraliser les résultats <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> la relation entre la PSE et la PFE.Toutefois, plusieurs étu<strong>de</strong>s rigoureuses, traitant du même sujet <strong>dans</strong> le passé, ont eurecours à <strong>de</strong> petits échantillons. Le tableau suivant résume l’échantillonnage <strong>de</strong> certainesétu<strong>de</strong>s antérieures.Tableau 2. Description <strong>de</strong>s échantillons d’étu<strong>de</strong>s antérieuresAuteur(s)Année <strong>de</strong> Nombre <strong>de</strong> firmes <strong>dans</strong> Présence d’un Industriel’étu<strong>de</strong> l’échantillon échantillon <strong>de</strong> contrôleBowman & Haire 1975 14 Oui Sans distinctionsFogler et Nutt 1975 9 Non Pâtes et PapiersSturdivant et Ginter 1977 7 Oui Sans distinctionsSpicer 1978 18 Non Pâtes et PapiersCochran et Wood 1984 39 et 36(2 pério<strong>de</strong>s d’étu<strong>de</strong>)OuiRegroupées parindustrieGriffin et Mahon 1997 7 Non Chimique15


Il apparaît donc que notre échantillon est tout à fait adéquat en terme <strong>de</strong> taille, surtoutlorsque nous prenons en considération le fait qu’un tel échantillon provient d’une seuleindustrie et qu’il est apparié à <strong>de</strong>s firmes <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> cette même industrie.4. Analyse <strong>de</strong>s résultats :Dans ce qui suit, nous allons procédé à l’analyse <strong>de</strong>s résultats relatifs à chacune <strong>de</strong> noshypothèses <strong>de</strong> recherche. Notre première hypothèse cherche à examiner la réaction dumarché <strong>dans</strong> son ensemble, indépendamment <strong>de</strong>s facteurs spécifiques qui peuventinfluencer les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s firmes. Le tableau (3) résume les principaux résultatsobtenus concernant la première hypothèse.Tableau 3 : Données relatives au calcul du CARFenêtre <strong>de</strong>CAR (-10, -1) VAR (-10, -1) CAR (1,10) VAR (1, 10)l’événementMoyenne -0,48% 0,000031 0,42% 0,00002tCAR -0,27 0,29Les entreprises, qui ont adopté un CC, ont réalisé pendant la pério<strong>de</strong> pré-événement unCAR moyen négatif (non significatif) <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> -0,48%. Par contre, pour la pério<strong>de</strong>post-événement, le CAR moyen enregistré est positif (0,42%) mais toujours nonsignificatif. Ces résultats suggèrent qu’il n’existe aucune différence <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment entreles entreprises qui adoptent un CC et celles sans CC. Par conséquent, l’adoption d’un CCn’a aucun impact sur la PFE.Pour tester notre <strong>de</strong>uxième hypothèse, nous avons calculé les CAR réalisés par troisgroupes <strong>de</strong> firmes : celles qui ont adopté un co<strong>de</strong> promu par un organismeintergouvernemental, celles qui ont opté pour un CC multipartite et finalement celles quiont leur propre CC ou celui d’une association d’affaires. Les résultats obtenus pour lapério<strong>de</strong> post-événement se présentent comme suit :Tableau 4 : Statistiques liées aux ren<strong>de</strong>ments anormaux <strong>de</strong>s firmes selon le promoteurPromoteurStatistiquesIntergouvernementalCorporatif / Ass.D’affairesMultipartiteCAR (1,10) 2,31% 0,17% 0,23%tCAR 0,48 0,06 0,0816


Contrairement à la croyance suggérant que les initiatives multipartites seraient les plusprisées par les investisseurs, nous remarquons que les co<strong>de</strong>s intergouvernementauxobtiennent les ren<strong>de</strong>ments anormaux cumulatifs les plus élevés (CAR positif <strong>de</strong> 2,31%mais non significatif); viennent ensuite les co<strong>de</strong>s multipartites avec un CAR <strong>de</strong> 0,23%(non significatif) et finalement les co<strong>de</strong>s d’entreprises et d’association d’affaires avec unCAR <strong>de</strong> 0,17% (toujours non significatif). En aucun cas nous ne pouvons rejeterl’hypothèse nulle voulant que le CAR soit statistiquement égal à zéro. Par conséquent,l’impact <strong>de</strong> l’adoption d’un CC ne dépend pas <strong>de</strong>s acteurs qui font la promotion <strong>de</strong> ceco<strong>de</strong>.Pour tester notre troisième hypothèse, nous avons divisé notre échantillon selon troisgran<strong>de</strong>s catégories d’activités : le secteur manufacturier, le secteur <strong>de</strong> la chaussure et <strong>de</strong>sproduits du cuir et le secteur <strong>de</strong> la vente au détail. Les résultats <strong>de</strong> nos calculs seprésentent comme suit :Tableau 5 : Statistiques liées aux ren<strong>de</strong>ments anormaux <strong>de</strong>s firmes selon le secteurSecteurStatistiques Chaussures etproduits du cuirVente au détail ManufacturierCAR (1, 10) 9,21% -1,56% -0.66%tCAR 1,94 * -0.86 -0.08* Significativement différent <strong>de</strong> zéro au seuil <strong>de</strong> 10%Les entreprises appartenant au secteur <strong>de</strong>s chaussures et produits <strong>de</strong> cuir ont réalisé unCAR moyen positif (9,21%) et significatif durant la pério<strong>de</strong> post-événement. Par contre,les autres entreprises qui appartiennent au secteur manufacturier et celui <strong>de</strong> la vente audétail ont réalisé <strong>de</strong>s CAR négatifs mais non significatifs durant la même pério<strong>de</strong>. Cesrésultats suggèrent que le secteur d’activité représente un facteur explicatif <strong>de</strong>sren<strong>de</strong>ments positifs lors <strong>de</strong> l’adoption d’un CC.Finalement, pour tester notre <strong>de</strong>rnière hypothèse, nous avons regroupé les firmes <strong>de</strong>notre échantillon en fonction <strong>de</strong> leur taille : petites, moyennes et gran<strong>de</strong>s entreprises.Notre classification est basée sur les critères suivants :* Entreprises <strong>de</strong> petite taille : [0, 1 milliard $]* Entreprises <strong>de</strong> taille moyenne : [1 milliard $, 10 milliards $]* Entreprises <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille : [10 milliards $ et plus]17


Le tableau suivant résume les principaux résultats obtenus concernant l’impact <strong>de</strong> la taille<strong>de</strong> l’entreprise :Tableau 6 : Statistiques liées aux ren<strong>de</strong>ments anormaux cumulés selon la tailleStatistiquesTailleMoins <strong>de</strong> 1M [1M-10M] [10M et +CAR (1, 10) 0,59% 1,64% -3.51%tCAR 0,10 0,75 -1,63Il semble que les gran<strong>de</strong>s entreprises ont été les moins récompensées par le marchédurant la pério<strong>de</strong> post-événement. Par conséquent, nos résultats suggèrent qu’il existe uneassociation négative entre la taille <strong>de</strong> l’entreprise qui adopte un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>conduite</strong> et saperformance financière.5. ConclusionL’objectif <strong>de</strong> la présente recherche consiste à examiner la relation entre la PSE, telle quemesurée par l’adoption d’un CC, et la PFE <strong>dans</strong> un contexte nord-américain. La questionprincipale est <strong>de</strong> savoir si le marché accor<strong>de</strong> une «prime sociale» aux entreprises qui ontadopté un CC. Les résultats <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> montrent que l’ensemble <strong>de</strong>s entreprisesresponsables n’ont pas réalisé en moyenne une performance financière significativementdifférente <strong>de</strong> celle réalisée par <strong>de</strong>s firmes qui n’ont pas adopté <strong>de</strong> CC. Rappelons que lesfirmes <strong>de</strong> contrôle choisies oeuvrent <strong>dans</strong> le même secteur industriel et ont une taillesimilaire aux entreprises <strong>de</strong> l’échantillon.D’un autre côté, il semblerait que <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments positifs soient liés au secteur d’activité.En effet, les entreprises appartenant au secteur <strong>de</strong>s chaussures et produits <strong>de</strong> cuir ontréalisé un CAR moyen positif (9,21%) et significatif durant les 10 jours qui ont suivil’événement. Finalement, lorsqu’on considère le facteur taille, nos résultats suggèrentqu’il existe une relation négative entre la taille <strong>de</strong> l’entreprise qui adopte un CC et saperformance financière.Pris <strong>dans</strong> son ensemble, le phénomène d’adoption d’un CC est peu concluant. Ainsi, cetterecherche ne fournit pas <strong>de</strong> motivation économique aux entreprises <strong>de</strong> l’industrie dutextile et du vêtement pour adopter un CC mais ne les décourage pas pour autant puisqueles investisseurs semblent, généralement, ne pas juger <strong>de</strong> manière négative cette initiativeà caractère social.18


BibliographieBarber, Brad M. et John D. Lyon, “Detecting long-run abnormal stock returns : Theempirical power and specification of tests statistics”, Journal of FinancialEconomics, Vol. 43, n o 3, mars 1997, p. 341-372.Burke, Lee, Jeanne M. Logsdon, Will Mitchell, Martha Reiner et David Vogel.“Corporate Community Involvement in the San Francisco Bay Area”. CaliforniaManagement Review, vol. 28, n o 3, 1986, p. 122-141.Chen, Kung H. et Richard W. Metcalf, “The Relationship between Pollution ControlRecord and Financial Indicators Revisited”. Accounting Review, vol. 55, n o 1,1980, p. 168-177.Fama, Eugene F., “Efficient Capital Markets: II”, The Journal of Finance, Vol. 46, n o 5,1991, p. 1575-1617.Fama, Eugene F. et Kenneth R. French, “The cross-section of expected stock returns”,The Journal of Finance, Vol. 47, n o 2, 1992, p. 427-465.Fama, Eugene F. et Kenneth R. French, “Common risk factors in the returns on stocksand bonds”, Journal of Financial Economics, Vol. 33, n o 1, 1993, p. 3-54.Friedman, Milton, “Social responsibility of business”, New York Times Magazine, 13septembre 1970, p. 32.Gendron, Corinne, Alain Lapointe et Marie-France Turcotte, “Responsabilité sociale etrégulation <strong>de</strong> l’entreprise mondialisée”, Relations industrielles / IndustrialRelations, Vol. 59, n o 1, 2004, p. 76.Gendron, Corinne, Emmanuelle Champion et al., “Document <strong>de</strong> synthèse en appui à laréflexion du Chantier <strong>de</strong> la RSE”, Chaire Économie et Humanisme, Université duQuébec à Montréal, septembre 2003, 26p.Jenkins, Rhys, “The political economy of co<strong>de</strong>s of conduct”, In Corporate responsibilityand labour rights: co<strong>de</strong>s of conduct in the global economy, sous la dir. <strong>de</strong> RhysJenkins, Ruth Pearson et Gill Seyfang, Earthscan, Londres, 2002, p. 13-31.Jensen, Michael C., “Some anomalous evi<strong>de</strong>nce regarding market efficiency”, Journal ofFinancial Economics, Vol. 6, n o 2-3, juin-septembre 1978, p. 95-101.Kolk, Ans, Rob van Tul<strong>de</strong>r et Carlijn Welters, “International co<strong>de</strong>s of conduct andcorporate social responsibility: can transnational corporations regulatethemselves ?”, Transnational Corporations, Vol. 8, n o 1, 1999, p. 143-180.19


Le Dortz, Laurent et Béatrice Debosscher, Stratégies <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs américains <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>,Centre Français du Commerce Extérieur, Paris, 2000, 191 p.Mackinlay, Craig A., “Event Studies in Economics and Finance”, Journal of EconomicLiterature, Vol. 35, n o 1, Mar 1997, p. 13-39.McGuire, Jean B., Thomas Schneeweiss et Alison Sundgren, “Corporate socialresponsibility and firm financial performance”, Aca<strong>de</strong>my of Management Journal,Vol. 31, n o 4, 1988, p. 854-872.McWilliams, Abagail et Donald Siegel, “Event Studies in Management Research:Theoretical and Empirical Issues”, Aca<strong>de</strong>my of Management Journal, Vol. 40, n o 3,1997, p. 626-657.Rivoli, Pietra, “Labor Standards in the Global Economy: Issues for Investors”, Journal ofBusiness Ethics, Vol. 43, n o 3, mars 2003, p. 223-232.Spicer, Barry H., “Investors, Corporate Social Performance and Information Disclosure:An Empirical Study”, The Accounting Review, Vol. 53, n o 1, janvier 1978, p. 94-111.Ullman, Arieh H., “Data in search of a theory: A critical examination of the relationshipsamong social performance, social disclosure, and economic performance of U.S.firms”, Aca<strong>de</strong>my of Management Review, Vol. 10, n o 3, 1985, p. 540-557.Waddock, Sandra et Samuel B. Graves, “The Corporate Social Performance – FinancialPerformance Link”, Strategic Management Journal, Vol. 18, n o 4, 1997, p. 303-319.20

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!