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MONUMENTAL ? - Musée d'art moderne de Saint-Etienne

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<strong>MONUMENTAL</strong>?- Musée d’art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne métropole - Dossier pédagogique n o 8 -<strong>MONUMENTAL</strong> ?- Dossier pédagogique n o 8 - Musée d’art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne métropole -


Avant-propos2Le dossier pédagogique n°8 est un outil mis en place pour toutenseignant du primaire et du secondaire qui souhaite préparer savisite, la prolonger par une expérimentation plastique, approfondircertaines œuvres ou notions abordées lors d’une visite, etc.Les cinq chapitres définissent une entrée thématique inhérenteà l’exposition « Monumental ? », développée par trois lecturesd’œuvres présentes dans l’exposition et enrichie par <strong>de</strong>sprolongements pédagogiques pour les Arts visuels et les ArtsPlastiques et pour l’Histoire <strong>de</strong>s Arts.Les premiers sont proposés sous forme <strong>de</strong> règles du jeu qui, unefois mises en place, éveillent la créativité <strong>de</strong>s élèves et produisentun nombre infini <strong>de</strong> propositions. Toutes ces propositions<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt ensuite à être observées, comparées, regardées <strong>de</strong> prèset <strong>de</strong> loin, qualifiées (poétique, violent, pictural, abstrait, profond,sculptural, ouvert, léger, flottant, lourd, fermé…) ou intitulées, soitanalysées. Une liste d’artistes à découvrir ou redécouvrir permetd’enrichir le travail, le préparer ou le prolonger.Vous pouvez partager ces prolongements réalisés en classe, en lesmettant en ligne sur le site internet du musée, rubrique Partaged’expériences / Récits d’expériences.Les seconds suggèrent, pour chaque entrée, <strong>de</strong>s clefs d’analyse quipermettent d’appréhen<strong>de</strong>r les œuvres par le biais <strong>de</strong>s thématiquesdéfinies dans le programme d’Histoire <strong>de</strong>s Arts.Vous trouverez en fin <strong>de</strong> dossier, un « poster » :- recto : l’œuvre <strong>de</strong> Tony Cragg, Clear-Glass-Stack, (1999),- verso : Le sculpteur, (1939) d’Ossip Zadkine.


Sommairep 5 - Introductionp 6 - Le mou et l’informep 8 - Le flux et le mouvementp 10 - De la masse au vi<strong>de</strong>p 12 - A rebours : positionsanti-esthétiques dans l’artp 14 - La mise en boîte3


« L’agrandissement énormed’un objet ou fragmentd’objet en gros plan luiconfère une personnalité qu’iln’a jamais eue auparavantet il <strong>de</strong>vient ainsi le véhiculed’une puissance lyriqueentièrement nouvelle. »Fernand LégerMarcelle CahnAvion-Forme aviatique, 1930Huile sur toile, 62x 73,5 cmL’esthétique du XX ème siècle a ouvert une pério<strong>de</strong> créative sansprécé<strong>de</strong>nt et qui a marqué une rupture profon<strong>de</strong>, irrémédiable,avec la tradition classique.Les expériences menées par les artistes avant-gardisteseuropéens <strong>de</strong>s années 1910 et 1920 sont notamment lasuppression <strong>de</strong> la perspective, la libération du sujet réalisteet la dénonciation <strong>de</strong> l’espace bidimensionnel. En peinture,par exemple, Avion-Forme aviatique <strong>de</strong> Marcelle Cahn évoquela civilisation technique et industrielle, les jeux <strong>de</strong> formesgéométriques et stylisés entraînent, entre autres, l’abandon <strong>de</strong>la perspective définie, traditionnellement, par la verticalité etl’horizontalité.En regard <strong>de</strong> la tradition, les sculpteurs <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>s ont contestéla statuaire mimétique et allégorique qui, comme technique <strong>de</strong>réalisation, fonctionne par l’espace environnant en privilégiantl’expérience du poids, <strong>de</strong> la pesanteur et <strong>de</strong> l’équilibre. PourZadkine, la sculpture a une conception spatiale en juxtaposant<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue frontaux, en pratiquant la dislocation <strong>de</strong>splans, <strong>de</strong>s ouvertures dans la masse et en cherchant à tirerparti du matériau qu’il utilise. La sculpture ne se taille plus <strong>de</strong>l’extérieur par rapport à son environnement mais <strong>de</strong> l’intérieurcomme une profon<strong>de</strong>ur unique et cohérente en continuelleexpansion.Monumentale, chacune <strong>de</strong>s œuvres présentées ne l’est pasforcément par ses dimensions mais par sa conception spatialeet sa dynamique interne.Les mutations et les changements advenus, chez les avantgardistes,dans le domaine pictural et sculptural, conduisent lesartistes <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>s puis post-<strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>s à repousser les limites<strong>de</strong> l’espace du tableau, du lieu d’exposition. Ainsi, la sculpture« <strong>de</strong>scend » <strong>de</strong> son pié<strong>de</strong>stal pour mieux envahir le mur, le sol etl’espace tout entier.Dans le registre du colossal, la monumentalité se manifestepar la volonté <strong>de</strong> l’artiste <strong>de</strong> s’approprier la forme, le support,la matière - qui <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s éléments matériels ou <strong>de</strong>ssubstances malléables, postulées déformables et extensibles.Les directions empruntées ten<strong>de</strong>nt alors vers l’amplification,l’agrandissement et le changement d’échelle <strong>de</strong> l’œuvre.5


6Le mou et l’informe« Qu’on l’envisage sous l’angle <strong>de</strong> lasculpture ou du panneau peint sur lequelvient buter le regard comme sur unesurface pleine, l’œuvre d’art a finalementtoujours été conçue comme soli<strong>de</strong>,résistante. »*Depuis la fin <strong>de</strong>s années 1950, on voitapparaître dans l’art une réflexion autour<strong>de</strong> l’informe et <strong>de</strong> la matière molle. Ainsi,la matière et ses caractéristiques propresvont permettre une remise en question <strong>de</strong>la forme dans la sculpture, appréhendéehabituellement à travers la rigidité, lastabilité, la résistance.Déjà en 1929, Georges Bataille définitl’informe comme « un mot dont la besogneest <strong>de</strong> déclasser, défaire la pensée logiqueet catégorielle, d’annuler les oppositionssur lesquelles se fon<strong>de</strong> cette pensée (figureet fond, forme et matière, intérieur etextérieur, masculin, féminin, etc.). »L’informe rejoint davantage le domaine dusensible que l’aspect plus conceptuel <strong>de</strong>certaines œuvres. Seul l’aléatoire combinéMorris LouisAddition VI, 1959Résine acrylique sur toile264,2 x 322,6 cmMorris Louis crée <strong>de</strong>stableaux par « teinture »plutôt que par peinture quise caractérisent par leursdimensions monumentales.Sur un tissu brut non préparéet parfois même laissé libre<strong>de</strong> tout châssis, Morris Louistravaille au sol et laisse couler<strong>de</strong>s tâches, <strong>de</strong>s rigoles <strong>de</strong>couleur en se contentantsimplement <strong>de</strong> les diriger.Certaines <strong>de</strong> ses toiles, vula petitesse <strong>de</strong> son atelierne pouvaient être déployéesentièrement, donc étaientroulées, et teintes au fur et àmesure. On perçoit alors, <strong>de</strong>straces <strong>de</strong> ces plis et replis, <strong>de</strong>straces <strong>de</strong> lignes dans la formefinale. Ce qui est donné à voir,ce n’est pas l’interventiondirecte <strong>de</strong> l’artiste sur la toilemais le cheminement <strong>de</strong>l’encre. Le tissu absorbe, sefronce par le flot <strong>de</strong> la couleurqui bave, fuse, coule...Le medium utilisé a laparticularité <strong>de</strong> se mélangeraux fibres du tissu et <strong>de</strong>Oà un geste <strong>de</strong> l’artiste, nouer, suspendre,jeter, laisser tomber, faire couler permet àune forme molle <strong>de</strong> se révéler. La matièreelle-même donne un sens et <strong>de</strong>vient formesans que l’artiste ne l’ait préméditée.* Florence <strong>de</strong> Mèredieu, Histoire matérielleet immatérielle <strong>de</strong> l’art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>, p 354permettre une unité entre lefond et la forme.Dans Addition VI, la peintureest versée en rigoles, la toile<strong>de</strong>vient alors un espace oùla couleur se répand au grédu hasard et <strong>de</strong> la tramedu tissu. Il pratique ainsi le« Color Field » (champ coloré),dont les caractéristiquessont notamment le rejet <strong>de</strong>la composition au profit <strong>de</strong> lacouleur et l’ouverture du champpictural vers la mise en valeur<strong>de</strong>s matériaux et l’utilisation duhasard.Prolongement pédagogiqueArts visueL s et Arts pLAstiquesMatières premières, techniques,medium :encre, feutre, cire chau<strong>de</strong>, terre,pâte à mo<strong>de</strong>ler, sac <strong>de</strong> sable,graisse, tissus…Gestes : laisser couler, souffler<strong>de</strong>ssus, jeter en l’air, mo<strong>de</strong>ler,entasser, mettre en forme, découper,creuser, photographier, filmer…Propositions infinies :Une notion + une matière, unetechnique ou un medium + <strong>de</strong>ux outrois gestes = propositions infiniesPar exemple :- le portrait + encre + laisser couleret filmer = propositions infinies- le paysage + feutre + jeter en l’air,mettre en forme et photographier<strong>de</strong> près et <strong>de</strong> loin = propositionsinfinies- le temps + terre + mo<strong>de</strong>ler etphotographier plusieurs fois= propositions infiniesArtistes :Joseph Beuys, Salvador Dali,Michael Büthe, César, Eva Hesse,Barry Flanagan, Ann Hamilton, AnishKapoor, Henri Michaux, Jean Fautrier,Jean Dubuffet, Steve McQuenn…


obert MorrisSans titre, 1968-1972Feutre et boisŒuvre en 3 éléments262 x 700 x 176 cmClaes Ol<strong>de</strong>nburgArch in the Form of a Screw, for TimesSquare NYC, 1976Lithographie sur papier Arches171,5 x 102, 2 cm - 6/35Robert Morris est un artisteconceptuel américain. Ilest l’un <strong>de</strong>s précurseurs duminimalisme américain dans lesannées 1960-1970, le pionnierdu Land Art et <strong>de</strong> l’Antiforme*.Son œuvre interroge la peintureet la sculpture.La sculpture en feutre Sanstitre <strong>de</strong> 1968 fait partie <strong>de</strong> cettesérie qui a permis d’enrichirson questionnement autour<strong>de</strong> l’antiforme. Dans unarticle <strong>de</strong> cette même année,Robert Morris annonce sonchangement d’orientationquant à son travail minimalpour une sculpture souple.Son désir est <strong>de</strong> valoriser lamatière et <strong>de</strong> rétablir le rôle <strong>de</strong>celle-ci dans la détermination<strong>de</strong> la forme finale. La montrerpour ce qu’elle est et surtoutprofiter <strong>de</strong> ses imperfectionset <strong>de</strong> suivre sa tendance à ladégradation. Dans cette œuvre,il montre une matière, le feutreà un moment donné <strong>de</strong> sachute. C’est une façon pourlui <strong>de</strong> réaliser un paradoxe :pérenniser l’éphémère. Danssa démarche, il ne peutqu’accepter l’imprévu et nemaîtrise donc pas le résultatfinal. Dans un prolongement <strong>de</strong>la démarche <strong>de</strong> Jackson Pollock,Morris laisse libre cours àune matière qui n’est plus lapeinture, mais le feutre, unematière molle suspendue à unebarre <strong>de</strong> bois qui marque unegéométrie et une oppositionforte. Le déploiement <strong>de</strong> lamatière en bout <strong>de</strong> chute donneun pouvoir d’imagination quantà l’expansion possible <strong>de</strong> lamatière.*Anti-Form, à l’origine est letitre d’un article publié en 1968par Robert Morris dans lequel ils’oppose au choix du Minimalismeet conteste le caractère soli<strong>de</strong> etdurable <strong>de</strong>s réalisations. Il annoncedans cet article qu’il opte pour unesculpture souple, parfois presquepérissable.Depuis 1976, ClaesOl<strong>de</strong>nburg, l’un <strong>de</strong>sreprésentants du Pop artaméricain, avec son épouseCoosje van Bruggen onttravaillé en commun à laréalisation <strong>de</strong>s projetsmonumentaux pour <strong>de</strong>sespaces urbains notamment àPhila<strong>de</strong>lphie, Chicago et NewYork. Leur travail repose sur lechangement d’échelle d’objetsordinaires qui <strong>de</strong>viennentsurdimensionnés comme, parexemple, la Pince à linge àPhila<strong>de</strong>lphie.C’est en voyant les hélices <strong>de</strong>sbateaux du port maritime <strong>de</strong>Rotterdam et, au Kin<strong>de</strong>rdijkprès <strong>de</strong> Rotterdam, la forme<strong>de</strong>s pompes semblables à<strong>de</strong>s vis qui, entre autres,vont leur suggérer <strong>de</strong> faire unpont en forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux vis.En multipliant les <strong>de</strong>ssins,auxquels Claes Ol<strong>de</strong>nburgdonne une dimensionarchitecturale, les intentionsd’agrandir ce petit objet enle déformant par <strong>de</strong>s points<strong>de</strong> vue différents, lui infligentd’autres formes et consistancesmolles ou rigi<strong>de</strong>s. Ces multiplesmétamorphoses, à la foisangoissantes et burlesques,ouvrent au merveilleux, àl’imaginaire, au rire, soit àl’inquiétu<strong>de</strong> étrangeté <strong>de</strong>l’objet. Le réalisme <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>ssins est contredit par leurspropositions gigantesques,dont il est possible <strong>de</strong> retrouverles sources d’inspiration <strong>de</strong>l’objet métamorphosé dans lesformes ou le contenu <strong>de</strong> leurenvironnement. La faculté <strong>de</strong>Claes Ol<strong>de</strong>nburg d’associer cequ’il regar<strong>de</strong> à quelque chosed’autre, appelée le principed’équivalence, implique unchangement d’échelle pourses <strong>de</strong>ssins et ses sculpturesmonumentales.7COLLègeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, ruptures, continuités »Etu<strong>de</strong> comparée <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Louis Morris etRobert Morris à travers celle du geste <strong>de</strong> l’artistequi n’est plus seulement celui <strong>de</strong> peindre maisd’intervenir, en laissant au hasard la possibilité<strong>de</strong> survenir. Chez Louis Morris la peinture <strong>de</strong>vientteinture et s’exhibe en tant que matière.Montrer comme on retrouve cette prédominance<strong>de</strong> la matière chez Robert Morris, avec unHistO ire <strong>de</strong>s A rtsrefus <strong>de</strong> la maîtrise au profit d’un travail sur lapesanteur et la temporalité.Domaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, techniques, expressions »Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la série <strong>de</strong> lithographies <strong>de</strong> ClaesOl<strong>de</strong>nburg à travers une source d’inspirationréelle et fantasmagorique : un pont entre <strong>de</strong>uxvis, inscrit dans un environnement. Le jeu <strong>de</strong>svariantes et <strong>de</strong>s déformations <strong>de</strong> la création :point <strong>de</strong> vue, forme, consistance, dimension…LyCéeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, réalités, imaginaires »ou « Arts, sciences et techniques »Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la série <strong>de</strong> lithographies <strong>de</strong> ClaesOl<strong>de</strong>nburg : comment l’artiste s’approprieun objet technique pour lui faire rejoindre ladimension <strong>de</strong> l’imaginaire. Tension constanteentre la précision, la maîtrise du trait (digned’un <strong>de</strong>ssin d’architecture) et la fantaisie <strong>de</strong>spropositions (changement <strong>de</strong> proportions,métamorphoses).


8La tradition classique, dans saclassification <strong>de</strong>s arts distingue lesarts <strong>de</strong> l’espace (sculpture, peinture,architecture) <strong>de</strong>s arts du temps (musique,danse, théâtre). Dans le registre du tempsfigurable, le classicisme intronise l’éternité,le néo-classicisme, la négation du temps,son gel, sa pétrification.L’art né <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité s’émancipe <strong>de</strong>sprincipes <strong>de</strong> division et <strong>de</strong> hiérarchisation<strong>de</strong>s arts, et pour citer Paul Ar<strong>de</strong>nne :« préfère au culte <strong>de</strong> l’immobile la mise enfigure mobile du mon<strong>de</strong> ». Les futuristesitaliens célèbrent l’instant, l’événementet la sacca<strong>de</strong>, la vitesse au travers <strong>de</strong> leurmanifeste <strong>de</strong> 1909.« ... Je suis pour un artque l’on fume commeune cigarette... Je suispour un art qui claqueau vent comme undrapeau... »Conçu conjointement parClaes Ol<strong>de</strong>nburg et Coosjevan Bruggen, From the entropiclibrary est présenté lors <strong>de</strong>l’exposition Les magiciens <strong>de</strong> laterre à Paris en 1989.Nous sommes <strong>de</strong>vant unebibliothèque dont le caractèremonumental provient moins <strong>de</strong>la quantité d’ouvrages que <strong>de</strong>l’agrandissement démesuré <strong>de</strong>ses volumes. Les feuillets, lescahiers et les livres semblentavoir été grignotés par quelquessouris <strong>de</strong> « comic strip » ouautres insectes voraces. Peutêtrea-t-elle été abandonnée parun personnage <strong>de</strong> Gulliver, àmoins qu’un explorateur presséne l’ait livrée au climat et à lanature <strong>de</strong>s tropiques…Les Dadaïstes agrègent les genreset brouillent les frontières entre artsplastiques et spectacle vivant. Dans lesannées 1960 et 1970, les différents typesd’actionnismes (actions, performances,happenings) sont en phase avec le projet<strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> d’un art immédiat et partagé, oùle temps <strong>de</strong> l’œuvre épouse celui <strong>de</strong> sonprocessus et où le spectateur est <strong>de</strong> plusen plus sollicité pour intervenir, pour faireœuvre à son tour.Robert Filliou met en avant dans son œuvrela notion <strong>de</strong> création permanente, pendantartistique du concept <strong>de</strong> révolutionpermanente.Deux presse-papiers à l’effigied’un éléphant forment <strong>de</strong>uxmasses grises. L’éléphant,représentatif du continentafricain pour Ol<strong>de</strong>nburg, estassocié ici à l’hélice d’unmoteur. L’un <strong>de</strong>s serre-livresUClaes Ol<strong>de</strong>nburg mo<strong>de</strong>rnise la thématique<strong>de</strong> la Vanité qui trouve un écho fécond dansle règne <strong>de</strong> l’éphémère et du jetable <strong>de</strong> lasociété <strong>de</strong> consommation.Le flux et le mouvementProlongement pédagogiquecensé retenir les ouvrages,penche dangereusement etannonce une inévitable chute.Des mots comme, « beautiful »,« futility », se sont échappés<strong>de</strong>s livres, et côtoient sur lesol, les débris d’une ampouleClaes Ol<strong>de</strong>nburg et Coosje van BruggenFrom the entropic library, 1989Tissus, bois, métal polystyrène expansé et mousse d’uréthanerecouverts <strong>de</strong> résine époxy et <strong>de</strong> latex442 x 899 x 315 cmArts visueL s et Arts pLAstiquesPistoletto amène le spectateur à éprouverle temps en faisant cohabiter dans sonœuvre plusieurs temporalités, celle <strong>de</strong>l’image et celle du vivant.L’art <strong>de</strong>vient ici processus <strong>de</strong>transformation et use du temps commed’un matériau souple.qui encore suspendue, <strong>de</strong>vaitautrefois nous éclairer… Vanité.Ce qui a réellement provoquécette ruine, nous ne le savonspas. Une chose est sûre:la bibliothèque a subi lesinéluctables dommages dutemps et n’est plus qu’unvestige du passé. Elle est uneétape dans le lent processus <strong>de</strong>dégradation, parfois précipitépar l’homme, qui conduit à saperte.Au travers <strong>de</strong> cette installation,Ol<strong>de</strong>nburg s’interroge sur lesrapports Nature/Culture et surle <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>. Quefaire <strong>de</strong> tout ce savoir accumulé,sans cesse rattrapé par leprésent qui inlassablement,augmente la somme <strong>de</strong>sconnaissances ? La vitesseaccélérée du progrès ne va-t-ellepas provoquer un mouvement àrebours ? Et si cette ruine étaitsalutaire, initiant une possibilité<strong>de</strong> retour vers un mon<strong>de</strong> plussauvage ?Matières premières, techniques,medium :papier, encre, craies, matièresorganiques...Gestes :laisser faire, laisser trace…Propositions infinies :Une notion + une matière, unetechnique ou un medium + <strong>de</strong>ux outrois gestes = propositions infinies.Par exemple :- l’organique + déchets <strong>de</strong> fruitset légumes + composer etphotographier tous les jours =propositions infinies- la trace + craie scotchée au boutd’un long bâton + <strong>de</strong>ssiner au sol+ déplacement dans la cour <strong>de</strong>l’école en laissant trainer le bâton= propositions infinies- l’éphémère + encre sur papier+ poser au sol sous la pluie =propositions infiniesArtistes :Yves Klein, Chris Bur<strong>de</strong>n, JeanTinguely, Rebecca Horn, WimDelvoye, Mario Merz, Michel Blazy,Giovanni Anselmo, Roman Opalka,On Kawara, Loïs Weinberger, MarinaAbramovic, Gina Pane, GüntherUecker, Francis Alys, Gutaï…


Robert FilliouŒuvre sans valeur,1969Bois, bois peint, papier, métal,sachet plastique, feutre41 x 145,5 x 6 cm« L’art est ce qui rendla vie plus intéressanteque l’art. »En 1969, Robert Filliouréalise cette pièce qu’ilintitule Œuvre sans valeur. Leconcept est posé, et au cas oùcela ne serait pas assez clair,Filliou l’écrit à l’intérieur <strong>de</strong>chacune <strong>de</strong>s boîtes ouvertes quiconstituent cette œuvre.Cinq planchettes en bois sontsuspendues à un tasseau par<strong>de</strong>s crochets. Y sont fixées<strong>de</strong>s boîtes vertes, peintes<strong>de</strong> manière sommaire. Ellesévoquent à la fois <strong>de</strong>s boîtesaux lettres et <strong>de</strong>s colis postauxaffranchis… Quelque chose quivoyage, jamais figé.Toujours en mouvement,l’œuvre se transforme au gré<strong>de</strong>s visiteurs autorisés à laisser<strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> leur passage parle truchement <strong>de</strong> petits objetsqu’ils déposent ou suspen<strong>de</strong>nt.Récurrents chez Filliou, cescrochets lui permettentd’ajouter, <strong>de</strong> continuer, et<strong>de</strong>viennent au sens proprecomme au figuré, les points<strong>de</strong> suspension… d’une œuvreouverte.Pour lui, l’art n’a que faire <strong>de</strong>snotions <strong>de</strong> chef-d’œuvre ou<strong>de</strong> talent. Bien au contraire,Filliou se présente comme ungénie sans talent, un acteur<strong>de</strong> la « Création permanente »,terme qu’il substitue volontiersau mot « Art ». Une créationpermanente où « l’esprit enétat <strong>de</strong> marche » prévaut surl’objet <strong>de</strong> contemplation, lemouvement <strong>de</strong>s choses surl’immobilité et le flux sur unesynthèse trop rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> lapensée.Pour Robert Filliou, l’exerciced’un talent ne peut que freinerle génie que chaque hommeporte en soi. Ironisant sur les« ismes » <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art,il invente l’autrisme dont lemot d’ordre est : « quoi quetu fasses, fais autre chose ».Comme si, occupé à savoir faire,on en oubliait d’être génial.MichelangeloPistolettoAttraverso le rete,lui e lei, 1962-2008Sérigraphie sur acier inox poli,miroirEn 1962, Pistoletto,abandonne le support <strong>de</strong>la toile et entame une série <strong>de</strong>tableaux-miroirs : papier peint,ou sérigraphie sur métal poli.De 1981 à 1985, il reprend cemême principe qui consiste àfaire cohabiter l’image et le réel,poursuivant ainsi l’histoire <strong>de</strong> lareprésentation, dans un souci<strong>de</strong> continuité et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité.Car pour Pistoletto, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins<strong>de</strong>s cavernes en passant par lesicônes, « nous sommes toujoursdans le champ <strong>de</strong> l’élévation<strong>de</strong> la pensée et dans le mêmetemps la représentation <strong>de</strong> laréalité ».C’est en 1961 qu’il peint <strong>de</strong>uxautoportraits décisifs, quigrâce à leurs fonds vernis ontle pouvoir <strong>de</strong> réfléchir. DansLe présent Pistoletto peut sepeindre <strong>de</strong> face en se regardantdirectement dans la toile. DansLe présent, homme <strong>de</strong> dos, ilest comme figé sur la surfacedu plan.Ici, dans Derrière la grille, luiet elle, une jeune fille regar<strong>de</strong>un jeune homme à travers unegrille qui recouvre la presquetotalité <strong>de</strong> la surface du tableau,seule une étroite ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> sol,où reposent les pieds <strong>de</strong> lajeune fille, figure sur la photo.Cette ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> sol est commel’amorce d’un autre espace,celui du spectateur, le notre.Posé à terre le tableau-fenêtre<strong>de</strong>vient tableau-porte pourque nous puissions en franchirle seuil. Donc, nous <strong>de</strong> dos<strong>de</strong>rrière elle face au tableau,mais en même temps nousavec lui, <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> lagrille. Nous sommes les seuls àpouvoir passer à travers cettegrille qui semble matérialiserle passage <strong>de</strong> l’autre côté dumiroir qui enregistre et restitue.Nous sommes les images quibougent, le reflet du réel, leprésent. Eux sont les imagesfixes, mimétiques au réel maisdéjà passées.Dans ce concept fondamental,Pistoletto introduit passé,présent et futur car lorsque levisiteur tourne le dos il est dansle futur tout en restant dansle présent pour cet autre quiregar<strong>de</strong>.A l’inverse <strong>de</strong>s minimalistes,Pistoletto a fait du miroirune substance spirituelle.Même dans 1 mètre cubed’infini, 1965/66 : cube dontles surfaces réfléchissantes,vierges sont invisibles puisquetournées vers l’intérieur ducube, Pistoletto échappe auformalisme. Ce volume simple,« ce corps fini » se « soustrait àl’immatérialité <strong>de</strong> l’infini », maisl’infini est bien là.Ce que réussit à faire Pistolettoc’est un portrait du mon<strong>de</strong>.Il n’est pas le Narcisse qui senoie dans son reflet, il divise,brise pour multiplier l’espace etl’image; il partage car dans leplus petit fragment <strong>de</strong> miroir sereflète l’univers.9CollègeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, espace, temps »Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sculpture <strong>de</strong> Claes Ol<strong>de</strong>nburg etCoosje van Bruggen à travers le questionnementnature/ culture (feuilles d’arbres, éléphantsserre-livres / cahier à spirale, livres, motsépars…) et harmonie/ chaos (monumentalité,choix du matériau, équilibre instable, indices<strong>de</strong> désagrégation…) pour cerner le propos <strong>de</strong>sartistes sur notre civilisation.HistoiR e <strong>de</strong>s aR tsDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, ruptures, continuité»Etu<strong>de</strong> d’Œuvre sans valeur <strong>de</strong> Filliou : matière etlangage, éloge du mouvement, rapport artiste/public. Un art en rupture avec les conventions,qui promeut une attitu<strong>de</strong> décomplexée parrapport à la création.lyCéeDomaine artistique les « Arts duvisuel », Thématique « Arts, information,communications »Etu<strong>de</strong> comparée <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Claes Ol<strong>de</strong>nburg/Coosje van Bruggen et Filliou : comment ellesfabriquent et profèrent un nouveau rapport aumon<strong>de</strong>. L’art et ses fonctions : proposer, modifierle regard, intriguer, déstabiliser, choquer, pousserà la réflexion, à une création continuée…


10De la masse au vi<strong>de</strong>De nombreux artistes <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>s ontremis en question l’aspect monolithique<strong>de</strong>s valeurs et <strong>de</strong> l’esthétique <strong>de</strong> lasculpture ou <strong>de</strong> la peinture classique. Lesconstructivistes par exemple, ne traitentplus la sculpture en un bloc <strong>de</strong> matière<strong>de</strong>nse, mais travaillent l’assemblage <strong>de</strong>matériaux non pré<strong>de</strong>stinés à l’ouvrageartistique.S’opère alors un éclatement <strong>de</strong> la formeoù le vi<strong>de</strong> est enfin considéré commeconstituant à part entière. Le socle, cepié<strong>de</strong>stal <strong>de</strong> l’œuvre d’art, est aussi cequi est mis en question dès les premièresmanifestations <strong>de</strong> la sculpture <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>,conduisant dans la plupart <strong>de</strong>s cas à sasuppression : supplanté chez AlbertoGiacometti par le chariot et par la cage,ou au contraire extrêmement travaillé chezConstantin Brancusi jusqu’à être absorbéen faisant parti intégrante <strong>de</strong> l’œuvre.Anthony CaroEmma Scribble, 1977-1979Acier oxydé vernis et peint198 x 231 x 137 cmArtiste britannique néen 1924, Anthony Carodéveloppe une rechercheformelle suscitée par lapratique <strong>de</strong> la soudure dumétal. Dans un premier temps,il recouvre intégralement sessculptures d’une peintureaux couleurs neutres afinque la présence du volumene soit dûe qu’à la qualité <strong>de</strong>composition plutôt qu’à la forcedu matériau utilisé. Par la suite,Anthony Caro se permettra <strong>de</strong>scouleurs plus vives qui jouant<strong>de</strong> surface réfléchissantes oud’aplat <strong>de</strong> couleur offrirons uneappréhension plus complexe<strong>de</strong>s volumes. L’assemblage,sans esquisse préalabled’éléments industriels crée unestructure ouverte, dépourvue<strong>de</strong> tout centre qui se développesur un axe horizontal et s’avèreconforme à notre pratique <strong>de</strong>l’espace par la déambulation.ECes questionnements concernant l’espacedans lequel l’œuvre prend place, s’ouvrentsur la question <strong>de</strong> ce qui est donné à voirau sein même <strong>de</strong> l’œuvre. Le sujet se situealors au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la figure, <strong>de</strong> la matière, <strong>de</strong>la surface : dans un espace immatériel.L’œuvre « Emma Scribble » se litalors comme une succession <strong>de</strong>formes concaves et convexes,<strong>de</strong> pleins et <strong>de</strong> déliés, <strong>de</strong>formes pleines ou ajourées,jouant avec l’équilibre sur ladifférence d’épaisseur <strong>de</strong>slignes, <strong>de</strong>s plaques, <strong>de</strong>s plans.Avec certains éléments commeles tubes, Anthony Caro semble<strong>de</strong>ssiner le contour <strong>de</strong> formegéométrique : autant que lemétal, les vi<strong>de</strong>s structurent lasculpture.Prolongement pédagogiqueArts visueL s et Arts pLAstiquesMatières premières, techniques,medium :papier, peinture, ban<strong>de</strong>s plâtrées,objets divers…Gestes :déchirer, composer, recouvrir,mouler, démouler…Propositions infinies :Une notion + une matière, unetechnique ou un medium + <strong>de</strong>ux outrois gestes = propositions infinies.Par exemple :- positif / négatif + formesprédécoupées, support papier etpeinture + faire une compositionavec les formes sur le support,peindre par-<strong>de</strong>ssus puis retirer lesformes une fois ou plusieurs fois= propositions infinies- l’empreinte + ban<strong>de</strong>s plâtréeset assemblage d’objets divers +recouvrir l’assemblage d’objets<strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s puis démouler= propositions infinies- le vi<strong>de</strong> + papier blanc et noir +déchirer le blanc et recomposer surle noir en jouant <strong>de</strong>s interstices= propositions infiniesArtistes :Rachel Whiteread, Georges Rousse,Katsushika Hokusaï, Lucio Fontana,Yves Klein, Kasimir Malevitch, PaulCézanne, Henri Matisse, RichardSerra, Pascal Convert, Sol LeWitt,Donald Judd, Michaël Heizer…


didier vermeirenTravailler le cuivre et l’aluminium, 1991Cuivre, aluminium, acier4. 165 x 100 x 107,5 cm / 2. 100 x 100 x 1,5 cmDepuis le milieu <strong>de</strong>sannées 1970, Les œuvres<strong>de</strong> Didier Vermeiren (né en1951 à Bruxelles) reposentsur la dialectique du pleinet du vi<strong>de</strong>, du positif et dunégatif, <strong>de</strong> la présence et <strong>de</strong>l’absence. L’œuvre présentéeest composée <strong>de</strong> quatre cagesen cuivre et aluminium, placéesen groupe, serrées constituantun espace carré. Il joue avec lesco<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la sculpture classiquecomme le pié<strong>de</strong>stal en plaçant<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses structures sur <strong>de</strong>splaques <strong>de</strong> métal. Ces élémentssont alors à voir comme uneproposition <strong>de</strong> sculpture sursocle contrairement aux <strong>de</strong>uxautres présentées directementsur le sol. Celles-ci sont plusénigmatiques et nous renvoientaux questions <strong>de</strong> l’installation,<strong>de</strong> l’espace, <strong>de</strong> l’architecture.En effet, la rigueur <strong>de</strong> DidierVermeiren dans le traitement<strong>de</strong>s proportions et <strong>de</strong>s renvois<strong>de</strong> matériaux nous donneà voir la face inférieure <strong>de</strong>scages comme étant ellemêmeun socle potentiel àune sculpture. Les limites duvolume sont matérialiséespar la cage. Ces structuressont présentées sur roulettesinamovibles dont l’orientationdonne un sens possible <strong>de</strong>lecture : le spectateur peuti<strong>de</strong>ntifier par déduction les« profils » <strong>de</strong>s sculpturesainsi que leurs « faces »orientées vers l’extérieur <strong>de</strong>l’installation. Ces volumesimmatériels, aux mensurationsanthropomorphes, permettentaux spectateurs d’appréhen<strong>de</strong>rl’espace possible <strong>de</strong> lasculpture.Marc <strong>de</strong>va<strong>de</strong>Sans titre, 1974Encre d’imprimerie sur toile200 x 200 x 3 cmMarc Deva<strong>de</strong>, né en 1943à Paris, a d’abord écrit<strong>de</strong>s poèmes avant d’avoirune pratique picturale. Ilrejoint le groupe Supports-Surfaces dont les artistesont une réflexion sur lescomposants <strong>de</strong> l’objet tableauallant au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’imageillusionniste <strong>de</strong> la peinture.Comme l’exprime Clau<strong>de</strong>Viallat, il s’agit d’ « éplucherles couches successives quise sont superposées <strong>de</strong>puisla Renaissance pour faireressortir les « supports » quiont produit, porté, conditionnéet mis en scène la peinture ».Ainsi l’œuvre présentée estcomposée <strong>de</strong> trois zoneshorizontales dont celle dumilieu laisse visible la toile nuedu tableau. Paradoxalement,cet espace vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> matièrepicturale fonctionne <strong>de</strong> manièretrès frontale contrairementaux zones colorées quil’encadrent. En utilisant <strong>de</strong>sencres colorées très flui<strong>de</strong>squi vont imprégner la toileet se diffuser, Marc Deva<strong>de</strong>fait preuve d’une démarcheascétique, d’amaigrissementet <strong>de</strong> réduction qui tend à uneabstraction par la raréfaction<strong>de</strong> la matière. Le <strong>de</strong>ssin, laforme ten<strong>de</strong>nt à s’estomper,se diluer en un halo lumineux,poussiéreux, informel…« Le <strong>de</strong>ssin fait le vi<strong>de</strong>où s’illuminent lescouleurs, qui du mêmegeste produisent unforçage du cadre etdu support, passent àtravers. Le <strong>de</strong>ssin n’estpas une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> lacouleur pour la couleurmais la marque <strong>de</strong> sonexo<strong>de</strong>. »11COLLègeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, ruptures, continuités»A partir <strong>de</strong>s sculptures d’Anthony Caro et DidierVermeiren, étudier l’œuvre d’art en ruptureavec la tradition : le refus ou la métamorphosedu socle, le choix d’une structure unitaire oumultiple, la tension entre le plein et le vi<strong>de</strong>, lerapport entre l’œuvre et l’espace qui l’accueille,la question <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> l’œuvre…HistO ire <strong>de</strong>s A rtsLyCéeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, goûts, esthétiques »Une esthétique <strong>de</strong> la rupture étudiée à partir <strong>de</strong>sœuvres d’Anthony Caro et Didier Vermeiren.Domaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, contraintes, réalisations»ou « Arts, théories et pratiques »Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Marc Deva<strong>de</strong> : lescontraintes que s’impose l’artiste, du côté <strong>de</strong> lararéfaction <strong>de</strong> la forme, du <strong>de</strong>ssin, <strong>de</strong> la matière,<strong>de</strong> la couleur (en réserve). Une démarcheartistique qui va vers l’abstraction.L’œuvre à l’épreuve <strong>de</strong> la théorie à partir <strong>de</strong>sécrits <strong>de</strong> l’artiste, aux fortes préoccupationslittéraires, esthétiques et philosophiques.


12A la fin du XIX ème siècle s’opère un renversement<strong>de</strong>s valeurs attachées à l’art sur un mo<strong>de</strong>empruntant aux genres mineurs d’expression.Arthur Rimbaud l’exprime dans le texteprogrammatique <strong>de</strong> l’« Alchimie du verbe »:« Depuis longtemps je me vantais <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>rtous les paysages possibles et trouvaisdérisoires les célébrités <strong>de</strong> la peinture et <strong>de</strong> lapoésie <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>. J’aimais les peintures idiotes,<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> portes, toiles <strong>de</strong> saltimbanques,enseignes, enluminures. Populaires, lalittérature démodée, latin d’église, livresérotiques sans orthographe, romans <strong>de</strong> nosaïeuls, contes <strong>de</strong> fées, petits livres <strong>de</strong> l’enfance,opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs ».ArmanPoubelle d’atelier, 1964Accumulation, objets divers et déchets dans une boîte en cartonvissée sur panneau d’aggloméré122 x 100 x 29,5 cmTLa notion <strong>de</strong> beauté et les valeurs moralesqui lui étaient corollaires sont mises à mal parles avant-gar<strong>de</strong>s <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>s que sont Dada, leSurréalisme ou encore Fluxus. Le grotesque,la parodie, le kitsch sont autant <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>sdéclinés dans cette perspective <strong>de</strong> sape du bongoût et <strong>de</strong> la bienséance.A rebours :positions anti-esthétiquesdans l’art« A l’automne 1959, je prendscarrément la poubelle ménagère<strong>de</strong> ma belle-mère et je déverseson contenu dans une boite <strong>de</strong>verre. Tu n’as rien enlevé ? me<strong>de</strong>man<strong>de</strong> Restany. Non rien.Alors, c’est parfait maintenant. »Ainsi commence le cycle <strong>de</strong>s Poubellesqui va occuper l’artiste <strong>de</strong> 1959 à1975. En gardant le même principe, ildécline le cycle en <strong>de</strong>ux sous-ensembles :les poubelles organiques et les portraitsrobots.Poubelle d’atelier appartient au groupe <strong>de</strong>sportraits : <strong>de</strong>s objets entassés dans uneboîte forment un réseau d’indices dénotantla personnalité du sujet. La dégradation<strong>de</strong> ces choses renvoie par extension àl’altération du vivant, à notre corporéité età notre impuissance à l’occulter du tempsqui passe.Arman montre avec le cycle <strong>de</strong>s Poubelles,l’immon<strong>de</strong> et l’immondice, l’obscur finalitédu couple production-consommation <strong>de</strong> lasociété contemporaine.Prolongement pédagogiqueArts visueL s et Arts pLAstiquesMatières premières, techniques,medium :reproductions d’œuvres classiques,images publicitaires, objets <strong>de</strong>rebus, objets du quotidien, fruits etlégumes.Gestes :collecter, reproduire en couleursprimaires ou secondaires,décalquer, photographier, détourner,assembler, laisser pourrir…Propositions infinies :Une notion + une matière, unetechnique ou un medium + <strong>de</strong>ux outrois gestes = propositions infinies.Par exemple :- le paysage + objets <strong>de</strong> rebus +collecter et assembler= propositions infinies- la couleur + images d’œuvresclassiques + reproduire encouleurs primaires et secondaires= propositions infinies- la nature morte + reproductions<strong>de</strong> nature morte et imagespublicitaires + assembler etdétourner = propositions infinies- le temps + fruits et légumes +assembler, laisser pourrir etphotographier = propositionsinfiniesArtistes :Dieter Roth, Meret Oppenheim,Nan Goldin, Martin Parr, Hans PeterFeldmann, Arnaud Labelle-Rojoux,Paul McCarthy, Jeff Koons, JeanDubuffet, Actionnistes Viennois,Pierre et Gilles, Takashi Murakami…


erick dietmanComment prendre un tableau par le <strong>de</strong>rrière, 1980Divers objets fixés au recto et verso <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux toiles <strong>de</strong> bâcheBâche, acrylique, bro<strong>de</strong>ries, plumes, carton, papier, tissus, métal, feutre, laine, cor<strong>de</strong>,plastique, perles, mousse, gaze, plexiglas241 x 583 cmomment prendre un tableau«C (l’histoire <strong>de</strong> l’art ?) par le<strong>de</strong>rrière » propose une subversion <strong>de</strong>l’art avec les moyens <strong>de</strong> la picturalité.Dietman ne s’encombre pas <strong>de</strong>critères <strong>de</strong> beauté et se permet <strong>de</strong> toutmélanger sans souci <strong>de</strong> hiérarchie. Sesréférences sont multiples et les règles <strong>de</strong>construction <strong>de</strong> l’œuvre sont uniquementcelles que l’artiste s’impose. La critiqueopère ici contre les canons <strong>de</strong> la traditionmais aussi contre les règles dogmatiques<strong>de</strong>s idéaux <strong>de</strong> l’avant-gar<strong>de</strong>. Sontconvoquées les figures tutélaires <strong>de</strong>Malevitch (NOIR BLANC) celles d’AugusteRenoir (RENOIR) et <strong>de</strong> Juan Gris (GRIS)par l’inscription <strong>de</strong> ces mots associésà <strong>de</strong>s rectangles <strong>de</strong> peinture réalisées« à la manière <strong>de</strong> », petites touchesimpressionnistes par-ci, camaïeucubiste par-là. Au verso <strong>de</strong> la toile,on trouve encore les hachures et lestouches directionnelles <strong>de</strong> Paul Cézanneassociées au motif <strong>de</strong> la montagne - pasla <strong>Saint</strong>e Victoire mais une montagnemonstrueuse et animée, sans limite qui,comme un cadavre exquis surréaliste semétamorphose en arc-en-ciel ou plus basen bête innommable.De part et d’autre <strong>de</strong> la toile sontparsemées <strong>de</strong>s plumes artificielles auxcouleurs criar<strong>de</strong>s (matériaux <strong>de</strong>s classesmaternelles et <strong>de</strong>s loisirs créatifs) quicôtoient sur un côté <strong>de</strong>s formes-tamponsinspirées <strong>de</strong>s « éponges » <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>Viallat, sans le souci conceptuel etstructuraliste <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier mais plutôtà la manière joyeuse et chaotique <strong>de</strong>sempreintes enfantines réalisées avec <strong>de</strong>spommes <strong>de</strong> terre !Dans cette peinture tapageuse,Dietman introduit tout un bazar d’objetshétéroclites, certains sont bon enfantcomme la cor<strong>de</strong> à sauter ou la bottinerose fluo, d’autres inquiétants commela gran<strong>de</strong> faux suspendue, comme siDietman avait voulu rassembler le futileet le terrible, la vie et la mort.tom WesselmanStill life n°45, 1962Plexiglas moulé, installation électrique, néon122 x 152 x 19 cmAla fin <strong>de</strong> l’année 1962, Tom Wesselmanmo<strong>de</strong>rnise la conception <strong>de</strong> la naturemorte dans une série intitulée « Stilllife ». Il applique à celle-ci les techniquescommerciales <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong>s objets,en prélevant directement <strong>de</strong>s imagespublicitaires <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> consommationpour en faire <strong>de</strong>s éléments en reliefthermoformés en plastique.Tout dans cette série sape l’image <strong>de</strong> l’artistecomme génie inspiré : le choix d’un sujetanodin et trivial, l’utilisation d’une image<strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main, la mise en œuvre d’unetechnique industrielle, et enfin l’abandon <strong>de</strong>toute perspective, donc <strong>de</strong> tout point <strong>de</strong> vuesubjectif.Ce poulet monstrueux <strong>de</strong> par ses proportions,provoque une espèce <strong>de</strong> dégoût qui naît <strong>de</strong>la distorsion entre la forte prégnance visuelle<strong>de</strong> l’objet et d’autre part l’aspect froid etmortifère du matériau plastique, la naturetrès pauvre en définition <strong>de</strong> l’image impriméeen relief qui nous éloigne <strong>de</strong> la tactilité <strong>de</strong>snatures mortes classiques.A cela s’ajoute la curieuse association <strong>de</strong>motifs surannés comme les fleurs rouges auxsignaux <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité picturale que sont lesban<strong>de</strong>s colorées en aplat.13HistO ire <strong>de</strong>s A rtsCOLLègeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, créations, cultures »L’œuvre d’art et ses formes populaires etsavantes dans Comment prendre un tableau parle <strong>de</strong>rrière : inventaire <strong>de</strong>s matériaux et formesutilisés, création enfantine et citations sérieuses.Domaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, ruptures, continuités »L’œuvre d’art et la tradition : rupture dans lechoix <strong>de</strong>s constituants <strong>de</strong> l’œuvre d’art (Arman),réécriture <strong>de</strong> la vanité (Wesselman) et peinturehommage ? (Dietman).LyCéeDomaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts et économie »Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s œuvres d’Arman et <strong>de</strong> Wesselmanautour <strong>de</strong> la question du discours <strong>de</strong> l’art surles normes et pratiques socio-économiques.Réutilisation <strong>de</strong>s objets-détritus et recyclage <strong>de</strong>l’image publicitaire en vue d’un simple constatou contestation <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> consommation ?Domaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, théories et pratiques »L’art et ses conventions étudiées à partir <strong>de</strong> Stilllife n°45 <strong>de</strong> Wesselman. Le genre <strong>de</strong> la naturemorte et sa réécriture par un <strong>de</strong>s tenants du Popart : choix du motif, matériau, technique, effetsproduits.Domaine artistique les « Arts du visuel »,Thématique « Arts, artistes, critiques, publics »ou « Arts, goût, esthétiques »Le regard <strong>de</strong> l’artiste sur son art à partir <strong>de</strong>l’œuvre <strong>de</strong> Dietman Comment prendre un tableaupar le <strong>de</strong>rrière. Multiples jeux <strong>de</strong> citation, jeux <strong>de</strong>mots, goût pour une esthétique <strong>de</strong> l’assemblage,du kitsch et <strong>de</strong> la provocation. L’œuvre nepropose rien moins qu’une relecture impertinente<strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art.


ALLa boîte contient cette fascinante dualité,14La mise en boîtesi elle « renvoie au fermé, au clos, àl’invisible, elle est aussi, inversement, cequi s’ouvre, dévoile et présente. »*De Dada à Boltanski, en passant par lessurréalistes et Joseph Beuys, l’artiste<strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> et contemporain exploite sansmodération cet objet ou ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>présentation.ArmanRenault woo<strong>de</strong>n pieces, 1968«Dauphine» en bois (coupe <strong>de</strong> prototype) découpée,dans du plexiglas, accumulation aléatoireavec possibilité <strong>de</strong> montages différents140 x 500 x 160 cmCertains y « rangent et accumulentles restes et rebuts d’une mo<strong>de</strong>rnitédéfaillante »**et montrent la boîte comme reliquaired’une époque vouée à sa fin. D’autresla donnent à voir comme espace <strong>de</strong>présentation d’un objet ou d’un matériau,lesquels sont alors scrutés et analysés.S’ils sont organisés en série, le regar<strong>de</strong>urles compare, les étudie, les examine<strong>de</strong> près et <strong>de</strong> loin, individuellement etcollectivement.La boîte peut tout contenir, la mémoirepersonnelle, la mémoire collective, lamémoire universelle… Mais vi<strong>de</strong>, elle<strong>de</strong>vient un espace <strong>de</strong> projection mentalouvert sur tout questionnement.*Florence <strong>de</strong> Mèredieu, Histoire matérielle etimmatérielle <strong>de</strong> l’art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong>, p 244**2 op. cit.« Avec Klein nous nousétions partagé le mon<strong>de</strong>comme <strong>de</strong>s baronsd’empire. Il m’avait dit« Je m’intéresserai àce qui est organique ettu prendras ce qui estmanufacturé ». Vousvoyez que venir fairemon choix dans uneusine est l’aboutissementlogique <strong>de</strong> monattitu<strong>de</strong> et l’usine une<strong>de</strong>s églises <strong>de</strong> monculte… ».Invité par Renault en 1968 àvenir puiser dans les matériaux<strong>de</strong> ses usines, Arman a l’opportunité<strong>de</strong> travailler à partir <strong>de</strong> l’objetphare <strong>de</strong> la société industrielle<strong>de</strong> masse: l’automobile. Elle représentesymboliquement a elleseule l’habitat, la cellule commele cercueil.Arman se confronte alors au cycle«production-consommation<strong>de</strong>struction»qui répond auxproblématiques <strong>de</strong> son propretravail et découvre ces objetsnon-finis, à <strong>de</strong>s étapes intermédiaires<strong>de</strong> leur construction.Il s’agit ici <strong>de</strong> pièces en boisconstruites au préalable pourservir <strong>de</strong> gabarit à la Renault 8.Ces pièces englobées dans leplexiglas comme <strong>de</strong>s insectesdans la résine ou <strong>de</strong>s organesdans <strong>de</strong>s bocaux <strong>de</strong> formol,soulignent la volonté <strong>de</strong> conservationd’Arman, à l’instar <strong>de</strong>sordures ménagères que l’artistea régulièrement accumulées,figées et données à voir commeautant d’œuvres d’art.Arman reconstitue la Renault 8comme un puzzle à l’échelle 1.Chaque woo<strong>de</strong>n piece est misen boîte <strong>de</strong> façon fragmentaire,l’ensemble faisant sur le mo<strong>de</strong>ironique, référence à l’espaced’exposition qu’est la vitrine.Prolongement pédagogiqueArts visueL s et Arts pLAstiquesMatières premières, techniques,medium :boîtes, pâte à mo<strong>de</strong>ler, terre,objets <strong>de</strong> rebus, reproductions<strong>de</strong> vanités classiques, carton,matériaux divers...Gestes :collecter, assembler, photographier,mo<strong>de</strong>ler, se souvenir…Propositions infinies :Une notion + une matière, unetechnique ou un medium + <strong>de</strong>ux outrois gestes = propositions infinies.Par exemple :- le paysage + objets <strong>de</strong> rebus etboîtes + collecter et assembler= propositions infinies- la vanité + reproductions <strong>de</strong>vanités classiques et carton,matériaux divers, boîte+ reproduire en volume= propositions infinies- la mémoire + pâte à mo<strong>de</strong>ler, terreet boîte + se souvenir d’objets <strong>de</strong>l’enfance, les reproduire en volumeà échelle 1, les mettre en boîteet les installer dans l’espace= propositions infiniesArtistes :Dieter Roth, Daniel Spoerri, DamienHirst, Christian Boltanski, GeorgesBrecht, Joseph Cornell, PhilippeFavier, Piero Manzoni, Ben, RobertFilliou, Marcel Duchamp, AndréBreton, Jochen Gerz, Nam JunePaik…


Telles <strong>de</strong>s vitrines, lespièces murales <strong>de</strong> ReinhardMucha intègrent <strong>de</strong>s objetstrouvés, portes, fenêtres,parties <strong>de</strong> meubles. Il combineméticuleusement ces élémentsusés par le temps, souventobsolètes, avec <strong>de</strong>s matériauxindustriels (aluminium, boisou peinture émaillée) pourcréer <strong>de</strong>s sculptures muralesabstraites dont la rigueurformelle est impressionnante.Certaines <strong>de</strong> ses « sculpturesvitrines» évoquent l’histoire <strong>de</strong>l’après-guerre <strong>de</strong> son pays.Cette œuvre est un hommageà Max Imdalh (1925-1988)enseignant universitaire<strong>de</strong> la ville industrielle <strong>de</strong>Bochum. Mettant en place <strong>de</strong>sexpositions sur le campus <strong>de</strong>l’Université Ruhr, il contribueà l’ouverture culturelle <strong>de</strong>sétudiants, par un accès directreinhardt MuchaBochum, for Max Imdalh, 1993Bois et verre peint, métal et contreplaqué100 x 210 x 31 cmà l’art contemporain.Bochum est composée d’uneporte vitrée, démontée etexposée dans sa longueur,<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>ux caissons enmoquette grise qui soulignentles espaces vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la porte.Mucha admet que notre regardne reste pas à la surface <strong>de</strong>« l’image sculptée » maisqu’il se projette à l’intérieurmême <strong>de</strong> l’objet. Univers réelet fictionnel se mêlent autour<strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> spatialité,<strong>de</strong> temporalité que développetout principe d’installation.Ce volume d’une compositionrigoureuse, confère à un simpleobjet une impressionnanteprésence qui le place au rangd’un art monumental.vlassis CaniarisM, comme mon enfant, mon amour, 1963Collage d’objets divers sur grillage, tissus, plâtre, ruban adhésifscotch, papier, gouache, fer, crayon, fil150 x 100 cmC’est entre 1956 et 1960que Vlassis Caniarispeint une série <strong>de</strong> grandstableaux « hommage aux mursd’Athènes ». M, comme monenfant, mon amour échafaudésur un treillis métalliquerassemble plusieurs élémentset textures aux qualités <strong>de</strong>matières usées, altérées.L’œuvre prend un statutd’objet trouvé. Un plâtre blancemprisonne tous les éléments,les cristallise et les enferme, lesfaisant apparaître plus commedébris architectural que commeun tableau dont le cadre auraitdisparu.En 1941, suite à l’installation<strong>de</strong> la dictature <strong>de</strong>s Colonels et<strong>de</strong> la répression qui s’en suivit,apparaissent les premiersgraffitis politiques sur lesmurs d’Athènes. L’expression<strong>de</strong>vient alors clan<strong>de</strong>stineet laisse ses traces dans latexture <strong>de</strong> la ville. C’est dansune logique expérimentale quel’artiste reprend ce langageet s’intéresse aux objets <strong>de</strong>tous les jours, dans lesquelsles hommes mettent leursespoirs et leurs désillusions.Ces artefacts témoignent d’uneréalité économique et politiqueavec son lot <strong>de</strong> nostalgie etd’aliénation.15HistO ire <strong>de</strong>s A rtsCOLLègeDomaine artistique les « Arts duvisuel », Thématique « Arts, Etat etpouvoir »L’œuvre d’art et la mémoire :individuelle et surtout collectivedans les œuvres <strong>de</strong> Mucha, Caniarisou Arman. Par l’œuvre d’art, lavolonté <strong>de</strong> témoigner d’une réalitépolitique, économique <strong>de</strong> sontemps.Domaine artistique les « Artsdu visuel », Thématique « Arts,techniques, expressions »A l’origine <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’œuvre,la présence entêtante d’un objetpréexistant : gabarit d’objetmanufacturé, trace laissée dansla ville… Chez Arman, Caniaris ouMucha, l’œuvre-vitrine commevolonté <strong>de</strong> combinaison et <strong>de</strong>conservation.LyCéeDomaine artistique les « Artsdu visuel », Thématique « Arts,mémoires, témoignages,engagements »L’art et l’histoire dans les œuvresd’Arman, Mucha et Caniaris.Témoignage, hommage etd’engagement.Domaine artistique les « Artsdu visuel », Thématique « Arts,sciences et techniques »L’art et la démarche technique :dans Bochum, for Max Imdalh,l’intégration <strong>de</strong> la technique et <strong>de</strong>smatériaux industriels.La notion d’installation modifiant laperception du spectateur.


Document réalisé par le Service <strong>de</strong>s Publics du Musée d’ArtMo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> en collaboration avec la professeurrelais <strong>de</strong> l’Éducation Nationale, dans le cadre <strong>de</strong> l’exposition« Monumental ? ».Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> MétropoleLa Terrasse - BP 80241 - 42006 <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> ce<strong>de</strong>x 1Tél. : 04 77 79 52 52mam@agglo-st-etienne.frwww.mam-st-etienne.frOuvert au public tous les jours <strong>de</strong> 10h à 18h sauf le mardi,le 1 er janvier, le 1 er mai, le 14 juillet, le 15 août, le 1 er novembreet le 25 décembre.Ouvert le mardi <strong>de</strong> 9h à 18h pour les visites scolaires guidéesRéservation auprès du Service <strong>de</strong>s Publics, du lundi au vendredi<strong>de</strong> 9h à 17h / Tél. : 04 77 79 70 70ou / Email : mam.reservation@agglo-st-etienne.frDocument téléchargeable sur le site du musée :www.mam-st-etienne.frVisuel couverture : Tony Cragg, Clear Glass Stack, 1999, verre, 240 x 115 x 115 cm – Photographies : Yves Bresson / Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole ; D.R. ; ADAGP, Paris, 2012 pour les artistes répertoriés – Création graphique : Claire Monard


Tony Cragg - Clear Glass Stack, 1999Verre, 240 x 115 x 115 cmCourtesy Tucci Russo Studio per l’Arte Contemporanea, Torre Pellice / Photo Yves Bresson / Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole © ADAGP, Paris, 2012


Ossip Zadkine - Le sculpteur, 1939Bois polychromé, 191 x 132 x 100 cmS.D.B.DR.: O Zadkine 1939 / Don <strong>de</strong> l’artiste en 1963 / Musée national d’art <strong>mo<strong>de</strong>rne</strong> / Dépôt au Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole / Photo Yves Bresson / Musée d’Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Etienne</strong> Métropole © ADAGP, Paris, 2012

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