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Pratiques juridiques urbaines au Sénégal : ruptures et ...

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du quartier, regr<strong>et</strong>tait qu’il ne puisse pas faire l’obj<strong>et</strong> d’un lotissement régulier notamment enattribuant c<strong>et</strong>te impossibilité <strong>au</strong> fait que « la propriété foncière éminente échappe àlaCommune »23. La géographe avait bien cerné le fond du problème : l’éradication brutale afait place à la restructuration en concertation avec les populations, mais c’est l’État <strong>et</strong> non lacollectivité locale qui l’a mise en œuvre24. A c<strong>et</strong> égard, on constate l’absence de la communequi serait pourtant un intermédiaire tout désigné entre la population dont l’habitat est « àrégulariser »<strong>et</strong> l’administration centrale, agissant pour le compte de l’État.25 Annick Osmont, « La régularisation foncière à Dalifort (Dakar, Sénégal) oucomment se passer des (...)35C<strong>et</strong>te expérience en cours de réalisation à Pikine a permis d’apprécier « comment l’Étatcodifie des pratiques rej<strong>et</strong>ées <strong>au</strong>paravant, en se m<strong>et</strong>tant lui-même en dehors ou à l’extrêmelimite de sa propre légalité ; elle perm<strong>et</strong> <strong>au</strong>ssi de voir quelles pratiques développent lesbénéficiaires de la régularisation, en tant qu’acteurs individuels, mais le plus souventcollectifs »25. Les représentations en jeu dans ces mécanismes de construction de légitimationdu droit relèvent à la fois des représentations collectives <strong>et</strong> individuelles, celles-ci sontinterdépendantes <strong>et</strong> se nourrissent mutuellement : les représentations collectives, socles d’uneculture juridique d’un groupe social donné, sont à même d’être influencées par lesreprésentations particulières d’individus, selon leur parcours <strong>et</strong> leurs expériences.Processus de légitimation du droit <strong>et</strong> de l’État26 Bertrand Badie, L’État importé. L’occidentalisation de l’ordre politique, Paris,Fayard, coll. « (...)36Le discours des élites des pays où a été importé le modèle politique occidental peut paraîtreparfois ambigu dans le sens où s’expriment à la fois rej<strong>et</strong> <strong>et</strong> mimétisme : il est fait « usage dedéveloppementalisme apologétique sur le plan interne <strong>et</strong> dénonciateur sur le plan externe »26.C<strong>et</strong>te contradiction entre pratiques <strong>et</strong> discours s’explique par l’intériorisation par les élites,pensons <strong>au</strong> Sénégal <strong>au</strong>x rôle des confréries déjà évoqué, des impératifs étatiques pour existersur le plan international, combinée à l’exigence des réalités locales, <strong>et</strong> souligne que lesreprésentations varient selon les contextes <strong>et</strong> les interlocuteurs, destinataires des discours : undirigeant politique n’utilise pas les mêmes stratégies de communication quand il s’adresse surla scène internationale à des représentants nation<strong>au</strong>x de pays étrangers ou <strong>au</strong>x populations deson pays.37Dans le contexte du quartier de Pikine, le transfert de droit, notamment celui du droitadministratif « à la française » <strong>au</strong> Sénégal, m<strong>et</strong> en lumière une dichotomie entre les gouvernés<strong>et</strong> les gouvernants, mais dans un même temps, on observe le dynamisme des mutationsprogressives des comportements face <strong>au</strong> droit, ce qui traduit finalement la complexité despratiques <strong>juridiques</strong> populaires. En eff<strong>et</strong>, présenter seulement une opposition entre lespraticiens du droit attachés <strong>au</strong> droit occidental <strong>et</strong> les populations fidèles <strong>au</strong>x pratiquestraditionnelles est réducteur <strong>et</strong> simpliste. La complexité vient de part <strong>et</strong> d’<strong>au</strong>tre. Gouvernés <strong>et</strong>gouvernants utilisent de plus en plus couramment les différents registres <strong>juridiques</strong>. On leconstate particulièrement dans les pratiques relatives à l’espace <strong>et</strong> à la terre : les différentsacteurs soci<strong>au</strong>x s’approprient le droit, <strong>et</strong>, en fait, tous les droits, à leur disposition. On est enprésence de plusieurs systèmes de représentation de l’espace <strong>et</strong> du droit : que ce soit le droitétatique, très influencé par le droit de l’ancien colonisateur <strong>et</strong> les droits traditionnels desdifférents groupes sénégalais qui sont essentiels en matière foncière. Concrètement, la

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