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L'Islam au-delà du patriarcat : Une analyse genre du ... - Musawah

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L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong><strong>du</strong> CoranAmina Wa<strong>du</strong>dPour étudier l’Islam en dehors <strong>du</strong> carcan <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong>, nous allonsconcentrons notre attention sur les deux principales sources de lapensée et des pratiques islamiques: le Coran et le Prophète Mohammed.Après quelques citations, je commenterai en quoi celles-ci pourraientcontribuer à l’atteinte de notre objectif d’assurer l’égalité et la justice <strong>du</strong>droit de la famille et des pratiques familiales dans le monde musulman.Le Coran et la Sunna sont considérés comme les principales sourcesde compréhension de la Charia et de développement de la jurisprudenceislamique (fiqh). Sous une impulsion humaine, représentée par les éruditsmusulmans, le fiqh est devenu un vaste domaine d’étude contribuant àrenforcer la justice et l’équité <strong>au</strong> sein des sociétés musulmanes. Dans cesens, il nous appartient de poursuivre le processus visant l’emergencede sociétés justes et équitables avec notre nouvelle expérience et comptetenu des réalités actuelles (al-waaqiyyah). Cela implique de nouvellesidées en matière de justice et de redéfinition des rôles des femmes entant que personnes, membres de la famille et actrices des sociétés civilescontemporaines. Le plus important et l’essentiel est de croire que l’Islamest un mode de vie juste et équitable (din).En tant que système de construction civile, le fiqh se fonde enoutre sur des sources complémentaires complexes telles que le qiyas etl’ijma. Bien qu’il importe également d’éclairer leur signification et portée,je m’attacherai moins à la formation <strong>du</strong> droit positif qu’<strong>au</strong>x nuanceséthiques <strong>du</strong> raisonnement juridique, notamment en ce qui concerne laréforme. Il existe un lien étroit et essentiel entre l’éthique, le processusde réforme et les textes sacrés (al-nusus). Mon <strong>analyse</strong> est axée sur


94Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesla théorie éthique par rapport à la praxis et sur des idées concernantla relation de chacun avec Allah ainsi que les relations <strong>au</strong> sein descommun<strong>au</strong>tés musulmanes. Je tiens pour acquis que le Coran est laparole d’Allah révélée <strong>au</strong> Prophète Mohammed.I. Égalité dans la Création, l’Au-delà et la vie intermédiaireLe Coran distingue trois étapes importantes <strong>du</strong> développement humain :la Création, l’Au-delà (al-akhirah) et la vie intermédiaire. Dans l’optiquedes réformes, nous nous intéressons principalement à la façon dont nousmenons notre vie dans ce monde (‘aalam al-shahadah). Il est néanmoinsimportant de définir un cadre fondé sur les deux <strong>au</strong>tres univers (‘aalamal-ghayb), car le Coran souligne le lien existant entre ces deux univers(‘aalamatayn). Ce que les êtres humains sont supposés faire ici-bas, dans la<strong>du</strong>nya, est fonction de notre opinion sur la nature d’Allah, Sa création et lesconséquences ultimes de nos actes dans l’al-akhirah (la vie après la mort),ainsi que de notre conception de la nature humaine.i. CréationÔ hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être,et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux là a fait répandre(sur la terre) be<strong>au</strong>coup d’hommes et de femmes. (Sourate 4 : An-Nisa,verset 1)À partir <strong>du</strong> nafsin wahidah (l’« être unique ») et de la zawjaha (« son épouse »),nous passons enfin à l’humanité toute entière : « rijaalan kathiran wa nisaa »(« be<strong>au</strong>coup d’hommes et de femmes »). La pluralité fait donc partie de lavision coranique ou de la conception divine. À cette époque-ci de l’histoirehumaine, la notion de pluralité est plus que jamais d’actualité, <strong>du</strong> fait desinterconnexions mondiales créées par la technologie et les sciences.


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 95<strong>Une</strong> vie humaine affecte sans nul doute d’<strong>au</strong>tres vies humaines. C’estpourquoi notre pensée et nos actes doivent montrer que nous sommesconscients <strong>du</strong> lien étroit entre toute vie humaine et la création dans sonensemble. Les décisions prises en matière, par exemple, d’armementnucléaire ou de réserves pétrolières, la façon dont nous concevons etentretenons les liens famili<strong>au</strong>x, ou encore notre conception de l’être humainet de l’excellence humaine, ont toutes un impact sur <strong>au</strong>trui, hommes etfemmes, musulmans et non-musulmans. Le fondement de la notion depluralisme se trouve dans la vision coranique <strong>du</strong> monde. Le texte ci-dessousprévoyait déjà notre façon de contribuer à la formation et à l’évolution dessociétés, des lois et des cultures musulmanes par le biais <strong>du</strong> Coran, dans lecadre d’une réalité mondiale plus complexe :Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, etNous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vousentreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous, <strong>au</strong>près d’Allah, est le pluspieux. (Sourate 49 : Al-Hujurat, verset 13)Comment un monde <strong>au</strong>ssi interconnecté parvient-il à maintenirl’excellence de sa nature <strong>au</strong> lieu d’être ramené <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> le plus bas(Sourate 95 : At-Tin, verset 4-5) ? La taqwa est un terme clé <strong>du</strong> Coran,qui désigne l’intégrité morale telle que décrite <strong>au</strong> verset 13 de la sourate49 (Al-Hujurat). Ce verset commence par noter de façon explicite la partmasculine et féminine de la création divine. C’est ainsi qu’Allah nous a créés :« min kulli shay’in khlaqnaa zawjayn » (« de toute chose Nous avons crééune paire ») ; « al-dhakr wa al-’untha » (« le mâle et la femelle ») (Sourate 51 :Adh-Dhariyat, verset 49 ; Sourate 53 : An-Najm, verset 45 ; Sourate 75 :Al-Qiyamah, verset 39). Cette cosmologie de la création par paire comporteun important corollaire concernant les relations humaines et sociales danstous leurs aspects. Il f<strong>au</strong>t donc parvenir à un équilibre à tous les échelons dela société, depuis la sphère la plus intime (la famille) jusqu’<strong>au</strong> domaine public<strong>du</strong> gouvernement et de l’ordre public. Les hommes comme les femmes


96Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesdoivent donc être considérés comme responsables de l’élaboration des loiset des politiques et être les bénéficiaires à parts égales de la justice qui endécoule. Enfin, la notion de pluralité est reprise dans ce verset avec les mots« nations et tribus », censées « s’entreconnaître ». Le verbe, ici utilisé à la formeréciproque (ta’arafu), intro<strong>du</strong>it la notion de mu’awadhah, ou réciprocité entresoi et <strong>au</strong>trui, un terme sur lequel je reviendrai plus en détail ultérieurement.L’ultime critère de jugement des êtres humains se fonde sur la taqwa, unecertaine forme d’intégrité morale des êtres humains a<strong>du</strong>ltes.En tant qu’êtres humains responsables et a<strong>du</strong>ltes, nous sommes enmesure de décider de ce qui est bon et juste et ce qui est m<strong>au</strong>vais et injuste(zulm). Cela fait partie <strong>du</strong> libre arbitre des êtres humains. Nous pouvonsexercer ce libre arbitre comme bon nous semble. Toutefois, bien que noussoyons entièrement libres d’exercer cette volonté comme nous l’entendons,il ne nous appartient pas de juger le choix de nos actes ; c’est à Allah qu’ilappartient de le faire. Allah est le juge suprême. Allah voit et sait toutes chosessur la scène publique et dans la sphère privée y compris <strong>au</strong> sein des foyers.Ces deux domaines d’interaction humaine ne sont donc pas censés exigerdeux comportements distincts. Adopter une con<strong>du</strong>ite juste et équitable dansl’espace public n’est plus ni moins important que dans le foyer. Nous devonsfaire preuve d’excellence morale ou taqwa dans ces deux espaces.Il va de soi que l’élaboration de lois justes et équitables exige unéquilibre harmonieux entre le public et le privé, entre les femmes et leshommes, de même qu’entre les responsabilités et les avantages. Le rôledichotomique des femmes musulmanes <strong>au</strong> regard de la loi constitue unexemple de déséquilibre ou d’injustice courant de nos jours. Jugéesmoralement responsables, elles doivent obéir à la loi sans pour <strong>au</strong>tant sevoir accorder de responsabilité législative. La taqwa est considérée dans leCoran comme le critère suprême permettant de juger de la valeur de toutêtre humain. Or la société conditionne souvent les femmes à faire preuve detaqwa par la soumission et par le silence, tandis qu’elle incite les hommesà en faire preuve par un engagement social, un apport intellectuel et unecontribution législative. L’un des moyens les plus simples de réformer la


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 97loi conformément à l’éthique <strong>du</strong> Coran consiste peut-être à encouragerune participation active et équitable des femmes et des hommes à la viepublique et, notamment, à la réforme des lois et des politiques, pour quetous puissent exprimer leur taqwa d’une manière équivalente.J’ajouterai un <strong>au</strong>tre point sur le Coran et la création humaine.Lorsque le Coran dit « Inni Jaa’ilun fi-l-’ard khalifah » (Sourate 2 :Al-Baqarah, verset 30), nous savons que l’humanité doit accomplir sadestinée sur la terre, fi-l-’ard’ (Sourate 38 : Sad, verset 26). C’est par lekhilafah, l’action morale, que nous accomplissons notre destinée. Lesêtres humains sont destinés à être des êtres mor<strong>au</strong>x. Ce mandat divin nefait <strong>au</strong>cune distinction entre les hommes et les femmes. Aussi chacunde nous est-il tenu responsable de ses actes tout <strong>au</strong> long de sa vie.Plus important, en tant que khalifah (acteurs mor<strong>au</strong>x), nous sommesdes représentants d’Allah et les dépositaires de Sa volonté sur la terre.La décision de faire le bien et de faire respecter la justice fait partie denotre khilafah. Il v<strong>au</strong>t mieux l’accomplir avec taqwa ou la conscienceque, bien que nous soyons libres d’adopter le comportement de notrechoix, nous <strong>au</strong>rons tendance à décider de suivre la volonté d’Allah,puisque c’est le meilleur choix à faire. Le choix permet à l’humanitéd’accomplir sa destinée de khalifah. Pour montrer notre taqwa etaccomplir notre action, nous devons rendre la justice sur la terre. Parjustice sur terre, on entend l’établissement de relations équitables entreles êtres humains.ii. L’Au-delàJe ne fais référence qu’à deux versets sur l’Au-delà, car le Coran désigneconstamment l’homme et la femme comme des êtres moralementresponsables, promettant récompense ou châtiment à l’un comme à l’<strong>au</strong>treen fonction de leur foi, de leurs actes et de leurs intentions, qu’ils agissentseuls, en famille, dans le cadre de la commun<strong>au</strong>té ou dans le vaste monde.Par exemple:


98Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesQuiconque, mâle ou femelle, fait une bonne action tout en étant croyant,alors ceux-là entreront <strong>au</strong> Paradis… (Sourate 40 : Ghafir, verset 40)Et redoutez le jour où nulle âme ne suffira en quoi que ce soit à une <strong>au</strong>tre ;où l’on n’acceptera d’elle <strong>au</strong>cune intercession ; et où on ne recevrad’elle <strong>au</strong>cune compensation. Et ils ne seront point secourus. (Sourate 2 :Al-Baqarah, verset 48)Ces versets <strong>du</strong> Coran soulignent clairement la responsabilité morale etla certitude de la récompense ou <strong>du</strong> châtiment pour l’homme comme pourla femme. Aucune âme (nafs) ne pourra tirer profit, ni perdre ses mérites àc<strong>au</strong>se d’une <strong>au</strong>tre âme. Le jugement repose sur la foi de la personne et surses actes sur terre qui en découlent, les uns vis-à-vis des <strong>au</strong>tres et à l’égardde l’humanité dans son ensemble.II. Remise en question <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> par la réciprocitéLe <strong>patriarcat</strong> est plus ancien que l’histoire de l’Islam et la vie <strong>du</strong> ProphèteMohammed. À l’instar d’<strong>au</strong>tres religions, l’Islam a traité des normespatriarcales en vigueur à l’époque, les tenant pour acquises. Cependant,le Coran a dessiné ce qu’il convient de présenter comme une trajectoired’évolution <strong>du</strong> croyant – personne et membre d’un ordre social juste – <strong>au</strong>delà<strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong>. Nous pouvons donc nous demander si cette trajectoire aété suivie. Après la révélation <strong>au</strong> Prophète Mohammed, dans quelle mesureles penseurs musulmans et les membres des sociétés musulmanes ont-ilsévolué pour dépasser ce <strong>patriarcat</strong> sur le plan historique et intellectuel, ainsique dans les pratiques commun<strong>au</strong>taires et culturelles ? Les musulmanssont-ils parvenus à appliquer une justice respectueuse des femmes enharmonie avec la trajectoire présentée dans le Coran ?Aujourd’hui, nous nous trouvons face à une double obligation. Del’intérieur, nous devons nous attaquer à la problématique <strong>du</strong> statut desfemmes qui demeure inférieur en vertu des lois musulmanes et dans les


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 99cultures des nations et commun<strong>au</strong>tés musulmanes. En parallèle, il nous f<strong>au</strong>tégalement contester les idées importées de cultures non musulmanes selonlesquelles l’Islam ne serait pas capable de participer <strong>au</strong> pluralisme mondialet à l’universalisme, ni de satisfaire <strong>au</strong>x exigences de la démocratie et desdroits humains. Nous en sommes largement capables et nous traitons cesquestions dans un cadre islamique. De cette façon, nous pouvons surmonterle <strong>patriarcat</strong> et continuer d’évoluer pour intégrer des concepts et pratiquesplus égalitaires dans la société civile musulmane, <strong>au</strong>ssi bien dans les Étatsnationsà majorité musulmane qu’<strong>au</strong> sein des minorités musulmanes issuesde la diaspora en Amérique <strong>du</strong> Nord et en Europe.Dans son ouvrage intitulé The Web of Life: A New ScientificUnderstanding of Life Systems, Fritjof Capra décrit une révolutionconceptuelle, commencée il y a bientôt un siècle, qui a joué un rôleimportant dans le dépassement d’idées patriarcales vivaces sur l’inégalitédes femmes. « Cette révolution conceptuelle consiste en un certain nombred’idées et de valeurs établies, notamment … la conviction qu’une sociétédans laquelle les femmes sont en tout soumises <strong>au</strong>x hommes obéit à une loifondamentale de la nature. » 1 [Tra<strong>du</strong>ction libre] En réaction contre l’ancienparadigme patriarcal, une nouvelle opinion est née, substituant l’associationà la domination. Cette idée d’association était absente <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> tel quepratiqué par les musulmans ou les non-musulmans.Le <strong>patriarcat</strong> est double. Il comprend à la fois l’idée et la pratique d’unehégémonie générale dans les sphères privée et publique. Le <strong>patriarcat</strong> n’estpas qu’un enjeu masculin, il implique également de constamment privilégierune manière de faire, une manière d’être et une manière de connaître.Cette manière de connaître provient de conceptions <strong>du</strong> fonctionnement del’espace public, qui reposent presque entièrement sur la con<strong>du</strong>ite passéedes hommes dans cet espace, et de l’idée répan<strong>du</strong>e que l’espace publicimporte davantage que l’espace privé. Cependant, selon les considérationsdéveloppées ci-dessus, les exigences de taqwa, ou excellence morale, sontles mêmes dans les sphères publique et privée. Il n’existe pas de normedifférenciée excluant les femmes d’une participation équitable à la vie


100Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanespublique ou exigeant une participation conforme à celle des hommes. Demême, les hommes ne sont pas exclus d’une participation équitable à la vieprivée ; <strong>au</strong> contraire, ces contributions sont tout <strong>au</strong>tant valorisantes poureux. En réponse <strong>au</strong> <strong>patriarcat</strong>, il ne s’agit pas pour les femmes de régner surles hommes ni de faire ce que les hommes font traditionnellement ; il s’agitde passer de la domination à l’association. Par conséquent, la réponse <strong>au</strong><strong>patriarcat</strong> s’articule <strong>au</strong>tour <strong>du</strong> terme mu’awadhah, la réciprocité.La réciprocité est une valeur morale fondamentale que l’on retrouvedans diverses religions, cultures et philosophies et est illustrée par la« règle d’or de la réciprocité ». 2 C’est un principe éthique universel qui imposeun droit <strong>au</strong> traitement équitable et une responsabilité de justice envers les<strong>au</strong>tres. Les enseignements de l’Islam fournissent nombre de sources etd’exemples sur l’éthique de la réciprocité ou mu’awadhah. 3Mu’awadhah vient de la racine waw, ‘ain, dhad. Iwaadhah est un termejuridique qui désigne des responsabilités réciproques ou une substitution(les origines <strong>du</strong> terme, selon le Dictionary of Modern Written Arabic de HansWehr). Le terme mu’awadhah a servi dans des contextes musulmans àdésigner des transactions financières islamiques.Dans cet article, je définis mu‘awadhah comme une relation deréciprocité entre personnes. Elle comprend deux éléments: 1) uneconnaissance mutuelle l’un de l’<strong>au</strong>tre (que le Coran désigne, dans la sourate 49 :Al-Hujurat, verset 13, sous le terme de ta’arafu ou « entreconnaissance ») et 2)un soutien mutuel entre indivi<strong>du</strong>s, membres de la famille et membres dela commun<strong>au</strong>té dans son ensemble. La commun<strong>au</strong>té ne se limite pasuniquement à des collectivités locales, mais comprend l’ensemble del’oumma musulmane ainsi que la terre entière (al-’ard). Nous portons laresponsabilité des conséquences de tous nos actes pour les musulmanscomme pour les non-musulmans. Cette notion de pluralisme affirme laresponsabilité morale de tous nos actes à l’égard de l’humanité. Dans laCharia, elle relève <strong>du</strong> terme mu‘amalat : les relations sociales ou les actescontribuant à la justice sociale. Sur le plan de l’introspection personnelle(muhasabah), ce concept implique également de prendre en compte les


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 101conséquences de ses actes sur <strong>au</strong>trui. C’est pourquoi le <strong>patriarcat</strong> est uneforme de shirk (péché suprême à l’encontre de l’unité divine) qui provient dela notion satanique d’istikbar (sentiment de supériorité <strong>au</strong>x dépens d’<strong>au</strong>trui),comme le montre le récit coranique ci-dessous de la création des humains.La sourate Al-A’raf raconte qu’Iblis (Satan) refusa de se prosterneravec les anges devant le premier être humain (Adam). Il dit : « Ana Khayranminhu. Khalqatani min naar wa khalaqatahu min Tin » (« Je suis meilleurque lui : Tu m’as créé de feu, alors que Tu l’as créé d’argile. ») (Sourate 7 :Al-A’raf, verset 12). Cette attitude est considérée comme istikbar, c’est-àdirede l’orgueil qui pousse à désobéir à la volonté d’Allah et empêche dereconnaître l’indispensable lien entre tous les humains. L’istikbar con<strong>du</strong>it<strong>au</strong>x pratiques et systèmes oppressifs, notamment à la vision historique <strong>du</strong><strong>patriarcat</strong>. Les pratiques d’istikbar trouvent leur origine dans l’idée que, quoique les hommes fassent, c’est mieux que ce que font les femmes. Corollairede cette logique patriarcale, les hommes sont toujours meilleurs que lesfemmes dans certains domaines et les femmes sont toujours meilleuresque les hommes dans d’<strong>au</strong>tres domaines, mais ceux-ci sont distincts ou« complémentaires » sans jamais être liés. Cette idée de supériorité deshommes ré<strong>du</strong>it les femmes à un statut d’infériorité et de soumission.Un phénomène d’acculturation a con<strong>du</strong>it nombre de femmes etd’hommes à accepter cette idée f<strong>au</strong>sse de la supériorité masculine et, de cefait, à méconnaître l’égalité <strong>au</strong> lieu de la considérer comme une composanteessentielle de leur création, de l’akhirah et donc de toute leur vie intermédiaire.D’où la longue continuité historique de pratiques musulmanes fondéessur une norme différenciée. <strong>Une</strong> norme comportementale s’applique <strong>au</strong>xhommes tandis qu’une <strong>au</strong>tre, considérant les femmes comme inférieures,s’applique <strong>au</strong>x femmes.Pour dépasser ces positions et structures inégalitaires, nous devonsnous engager sur la voie de réformes qui reconnaissent l’égale importancede la création des femmes et de leurs manières de penser et d’être, ainsique leur égale responsabilité de jugement. À cette fin, nous devons établirun système de justice sociale qui applique la mu’awadhah, c’est-à-dire


102Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesqui inst<strong>au</strong>re des relations de réciprocité et d’égalité entre les femmes etles hommes. Ce système reconnaîtrait que les femmes et les hommescontribuent avec la même compétence <strong>au</strong>x domaines d’activité publics etprivés. Un tel système inciterait les femmes et les hommes à exceller danstout ce qu’ils font et ne les limiterait pas à l’un ou l’<strong>au</strong>tre domaine. Celaencouragerait les gens à croire et à faire le bien dans tous les domaines<strong>au</strong> lieu de s’imposer des contraintes excessives en fonction de rôlessexospécifiques. De cette façon, les diverses compétences des personnesqui accomplissent ces bonnes actions peuvent prévaloir sur leur sexe. Lefondement de cette réciprocité occupe une place centrale dans l’Islam :c’est le principe <strong>du</strong> tawhid.III. Au-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> et vers des réformes pourl’égalité entre les sexesDeux voies nous permettront de dépasser le <strong>patriarcat</strong> : la taqwa sur le planindivi<strong>du</strong>el et le tawhid sur le plan social et des codes de jurisprudence (fiqh).Là encore, un tel mouvement peut s’inspirer de la philosophie <strong>du</strong> Coran,l’un des grands piliers des déclarations <strong>du</strong> Prophète Mohammed. Les textes(al-nusus), notamment les passages où les femmes et les hommes sontreconnus comme ég<strong>au</strong>x, justifient le concept d’égalité et son importanceprimordiale dans le droit de la famille et les relations familiales dans le mondemusulman. Ce sont les fondements sur lesquels reposent la nécessité et lapossibilité de réformer le droit de la famille, tout en prenant en compte lepoint de vue de l’Islam, les principes des droits humains et la réalité vécuepar les femmes.Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants etobéissantes, loy<strong>au</strong>x et loyales, en<strong>du</strong>rants et en<strong>du</strong>rantes, craignants etcraignantes, donneurs et donneuses d’<strong>au</strong>mônes, jeûnants et jeûnantes,gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d’Allah


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 103et invocatrices : Allah a préparé pour eux un pardon et une énormerécompense. (Sourate 33 : Al-Ahzab, verset 35)Ce verset institue, dans le Coran, le cadre de définition incontestable derelations et de responsabilités morales équitables et réciproques pour les femmeset les hommes. La vie entre la création et l’<strong>au</strong>-delà implique des responsabilitéset devoirs mutuels, ainsi que la mu’awadhah (réciprocité) dans la pensée et lapratique des femmes et des hommes. En tant que texte historique, le Coran a étérévélé <strong>au</strong> VIIe siècle, dans un contexte arabe marqué par le <strong>patriarcat</strong> et l’anarchie.Dans le souci de réformer la société, le Coran s’attaquait à des déséquilibressoci<strong>au</strong>x, politiques, économiques et mor<strong>au</strong>x, offrant un modèle axé sur une plusgrande réciprocité et des déclarations explicites sur les réformes à apporter <strong>au</strong>xréalités de la vie des femmes. Si l’on avait respecté cette importante trajectoire <strong>du</strong>Coran <strong>au</strong> cours de ces quatorze siècles, la situation des femmes musulmanesdans la plupart des pays <strong>du</strong> monde serait <strong>au</strong>trement plus réjouissante qu’à l’heureactuelle. L’idée fondamentale de l’égalité des sexes découle donc de la visioncoranique <strong>du</strong> monde. Par conséquent, tous les débats sur l’égalité des droits pourles femmes trouvent leur justification dans cette vision coranique <strong>du</strong> monde.Qala rasulu-Lah (saw) Inna li-rabbi ka ‘alayka haqqan wa liahlika‘alaka haqqan wa li-nafsika alaka haqqan, fi’ti kulla dhihaqqan haqqahu. (Le Prophète Mohammed (saw) a dit : « En effet,votre Seigneur a certains droits sur vous, et votre famille a certains droitssur vous, et votre propre âme a certains droits sur vous, alors donnezà chacun selon les droits qui lui sont <strong>du</strong>s. ») (Sahih de Bukhari, livre 3,Hadith n° 189)Ce Hadith est important, car il recommande, pour réaliser les droitsqu’Allah (rabbika) a sur nous, êtres humains, de réaliser les deux <strong>au</strong>tresdroits. Il s’agit en premier lieu de notre relation avec les <strong>au</strong>tres. Le mot« ahl » peut avoir un sens restreint de famille directe ou prendre un sens plusuniversel englobant la grande famille de l’humanité. Autrement dit, nous


104Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesdevrions œuvrer de concert avec nos prochains. Il s’agit en deuxième lieudes droits que nous devons réaliser <strong>au</strong> profit de notre propre âme.Ce Hadith nous rappelle la nécessité de maintenir l’équilibre entrenotre réalisation des droits des <strong>au</strong>tres membres de la famille ou de lacommun<strong>au</strong>té, notre réalisation des droits qui nous sont <strong>du</strong>s à nous-mêmeset notre réalisation des droits <strong>du</strong>s à notre Seigneur. Cela remet en questionl’idée largement répan<strong>du</strong>e que l’unique rôle familial d’une femme musulmaneréside dans l’abnégation et le dévouement <strong>au</strong>x besoins des <strong>au</strong>tres, quel quesoit le sacrifice personnel exigé. Le <strong>patriarcat</strong> tend à favoriser l’exploitationdes femmes dans le cadre des tâches qu’elles accomplissent pour le plaisiret le confort de la famille, comme si leur travail coulait de source, facilitépar quelque prédisposition biologique, et n’était pas l’expression d’une forteinfluence. Pour certaines femmes, la sphère privée peut ainsi devenir uneforme de prison dont elles ne peuvent s’échapper qu’<strong>au</strong> risque de se voirdéconsidérées et de perdre leur image de femme à part entière ou idéale.D’<strong>au</strong>tres sont soumises à un double carcan : elles doivent non seulementassumer l’essentiel des tâches ménagères et domestiques, mais <strong>au</strong>ssiaffronter la concurrence dans la sphère publique pour rapporter un salaire.De plus, ladite sphère publique se définit généralement par les activitésdes hommes, or ces hommes confient souvent <strong>au</strong>x femmes le soin <strong>du</strong>foyer familial. Le Hadith cité ci-dessus réclame un équilibre permettant <strong>au</strong>xfemmes et <strong>au</strong>x hommes de se mettre à leur propre service, <strong>au</strong> service des<strong>au</strong>tres dans la famille et dans la commun<strong>au</strong>té et <strong>au</strong> service <strong>du</strong> Seigneur.Enfin, à propos plus précisément des relations familiales intimes entrefemmes et hommes, le Coran dit :Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pourque vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous del’affection (muwadatan) et de la bonté. Il y a en cela des preuvespour des gens qui réfléchissent. (Sourate 30 : Ar-Rum, verset 21)


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 105La relation entre les époux décrite ici est empreinte d’une extrêmedouceur. Muwadatan, tra<strong>du</strong>it par affection, signifie également amourréciproque et rapports intimes. Aucune rivalité, <strong>au</strong>cune violence, <strong>au</strong>cunesquerelles ni <strong>au</strong>cune hiérarchie dans cette relation. La famille ne peutentretenir des rapports de réciprocité que si ceux-ci existent en premierlieu dans la relation fondamentale entre les époux. La domination fait placeà l’association et la rivalité à la coopération. Ce sont <strong>au</strong>tant d’aspects dela mu’awadhah, que le Coran présente ici dans des termes encore plusintimistes avec l’expression muwaddatan bayna al-rajul wa-l-mar’ah(« amour réciproque entre l’homme et la femme »).Le modèle traditionnel de la famille ancré dans la doctrine juridiqueislamique repose sur une relation de domination où l’homme est uniquementet toujours considéré comme qawamun : responsable et, selon certainesinterprétations, supérieur. Résultat : la femme ne peut qu’être, et doittoujours demeurer, soumise et inférieure à l’homme, dont elle dépend donc.Bien que ce modèle patriarcal semble proche des pratiques en vigueur àl’époque de la révélation, il est incompatible avec l’action et l’intégrité desfemmes dans la situation actuelle. Les femmes ont apporté et continuerontd’apporter de précieuses contributions dans tous les domaines, publicset privés, et cette réalité doit trouver son expression dans la réforme deslois et des politiques afin que soient reconnues l’importance de leur rôle etleur qualité à part entière d’agents humains. Le seul modèle illustrant cetteintégrité repose sur un amour réciproque et un respect mutuel, et s’appliquesur un pied de parfaite égalité.IV. Le paradigme <strong>du</strong> tawhid et réformeLa relation entre les femmes jouant un rôle d’actrices et d’agentes del’interprétation (tafsir) et de la jurisprudence (fiqh) fait, de nos jours, évoluerla réflexion sur le droit musulman <strong>du</strong> statut personnel ou de la famille. Danscet article, je m’appuie sur une <strong>analyse</strong> <strong>du</strong> Coran pour expliquer la légitimité


106Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesde ce rôle actif des femmes. L’objectif consiste plus particulièrement àmettre en lumière la nécessité pour les femmes et les hommes de s’associeret de collaborer activement dans les domaines juridique et politique et <strong>au</strong>sein de la famille, <strong>au</strong> nom de l’Islam et de la justice.La notion de tawhid telle qu’elle est appliquée dans la praxis socialeet les relations humaines invite à se pencher sur ce rôle de coopération. Àla base, le tawhid désigne l’unicité d’Allah. Allah est un et unique. Le mottawhid vient de la deuxième forme <strong>du</strong> verbe, wahhada ; c’est un termedynamique qui souligne le pouvoir divin d’engendrer unité et harmonie entoutes choses. J’ai déjà évoqué cette harmonie sous le terme de mu’awadhah :réciprocité, coopération et interdépendance. Son lien avec le tawhid est ledernier point que je souhaite aborder ici.L’un des fondements de l’Islam est l’idée qu’Allah est le plus grand.Allahu akbar. En outre, le Coran établit clairement que, lorsque deuxpersonnes se réunissent, Allah est leur troisième, lorsque trois personnes seréunissent, Il est leur quatrième, et ainsi de suite (Sourate 58 : Al-Mujadalah,verset 7). Compte tenu <strong>du</strong> fait qu’Allah est toujours présent, on peut qualifierla relation de mu’awadhah de réciprocité horizontale et la représentercomme ci-dessous :AllahSoiAutruiDans la mesure où Allah est le plus grand et est unique, selon letawhid, seule une relation de réciprocité horizontale est possible entre deuxpersonnes. Le plan horizontal correspond à une coopération mutuelle, carles rôles de l’un et de l’<strong>au</strong>tre sont interchangeables, et ce sans atteinte àleur intégrité.


L’Islam <strong>au</strong>-delà <strong>du</strong> <strong>patriarcat</strong> : <strong>Une</strong> <strong>analyse</strong> <strong>genre</strong> <strong>du</strong> Coran 107Dans le cadre patriarcal, l’homme est supérieur à la femme ; une tellerelation peut se représenter sur un plan vertical :HommeFemmeVoici en quoi le <strong>patriarcat</strong> est une forme de shirk. Il inscrit les hommeset les femmes dans une relation qui exclut toute réciprocité, car l’un esttoujours « supérieur » à l’<strong>au</strong>tre. Or, en vertu <strong>du</strong> principe <strong>du</strong> tawhid, cetterelation est inconcevable, puisque la présence d’Allah doit demeurer lepoint focal le plus élevé. Puisqu’un nouvel axe s’établit dès lors qu’Allah estprésent, et qu’Allah est omniprésent, nul ne peut occuper le plan supérieursans bafouer le tawhid.V. ConclusionSur le plan pratique, l’enjeu consiste à intégrer l’expérience des femmesmusulmanes dans le discours. Nous faisons entendre les voix des femmes etreconnaître l’importance de leur expérience et de leur manière de connaîtredans les réalités vécues de l’Islam. L’expérience des femmes occupedésormais une place centrale dans l’élaboration de toutes les politiques etpratiques les concernant. Dans l’Islam, l’intervention des femmes commedes hommes est essentielle et les femmes ne s<strong>au</strong>raient être reléguéesà un rang inférieur. Les femmes ont la capacité de contribuer dans unelarge mesure à l’élaboration des lois qui régissent la vie personnelle,professionnelle et spirituelle de tous les citoyens, dans les contextes desÉtats-nations musulmans modernes et dans le cadre complexe de l’actuel


108Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanespluralisme mondial, ainsi que des exigences de démocratie et de respectdes droits humains.Les États-nations musulmans et la scène mondiale connaissent desmutations rapides dans un monde d’interconnexions croissantes et dediscours très divers sur les Droits de l’Homme, les droits humains desfemmes, les droits humains islamiques et le pluralisme. Il est importantque les musulmanes et les musulmans jouent un rôle prépondérant dansl’évaluation des implications dans le contexte de nos cultures, de nos payset de notre din, al-Islam. Il est également important que nous fassions ensorte que ces nouve<strong>au</strong>x liens avec les sources traditionnelles permettent detransformer et de renforcer les éléments fondateurs conformément à desvaleurs et des principes éprouvés. F<strong>au</strong>te de quoi, nous serons victimes d’unrespect (taqlid) aveugle des traditions. Nous devons <strong>au</strong>ssi soigneusementexaminer les conséquences de nos actes afin de préserver ce qui est bienet d’interdire ce qui est m<strong>au</strong>vais (‘amr bi-l ma’ruf wa nahyi ‘an al-munkar).Ici, le terme clé pour désigner la « vertu universelle » est ma’ruf, ce quiest l’évidence et le bien. En ce qui concerne le droit de la famille, il f<strong>au</strong>tde nouvelles politiques qui prennent en compte la réalité <strong>du</strong> vécu et lespotentialités des femmes, partie intégrante de l’humanité, pour accomplirla volonté d’Allah à la lumière <strong>du</strong> tawhid et pour intensifier la collaborationentre les membres de la commun<strong>au</strong>té.


110Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanesRéférencesCapra, Fritjof (1996), The Web of Life: A New Scientific Understanding ofLife Systems, New York, N.Y.: Anchor Books.Küng, Hans (2007), ‘The Globalization of Ethics’, Policy Innovations: TheCentral Address for a Fairer Globalization, New York: The CarnegieCouncil, 13 décembre, disponible en ligne à l’adresse suivante :http://www.policyinnovations.org/ideas/commentary/data/000028(page consultée le 30 octobre 2008).Wa<strong>du</strong>d, Amina (1999), Qur’an and Woman: Rereading the Sacred Text froma Woman’s Perspective. New York: Oxford University Press.

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