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L’ORDRE ET LA FORCE

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<strong>L’ORDRE</strong> <strong>ET</strong> <strong>LA</strong> <strong>FORCE</strong> . RAPPORT D’ENQUÊTE<br />

15<br />

MOINS DE MORTS, MAIS PLUS DE BLESSÉS GRAVES ?<br />

Les violences constatées ne sont plus les mêmes que celles que la France a connues lors des décennies<br />

précédentes. Leur contexte et leur forme ont quelque peu évolué. Si la garde à vue était un sujet de préoccupation<br />

majeure il y a quelques années encore, elle ne semble plus aujourd'hui être le moment le plus critique.<br />

D'après les observations de l'ACAT, des phénomènes nouveaux d'usage de la force sont en revanche apparus<br />

lors d’opérations de contrôle de l'espace public, comme les manifestations, les opérations de sécurité dans<br />

des quartiers jugés sensibles ou des zones à défendre (Notre-Dame-des-Landes, Sivens). Si l’on compte<br />

sans doute moins de décès en manifestation qu’à une époque révolue, le recours de plus en plus important<br />

à des armes intermédiaires, à compter des années 90, a entraîné un nombre important de blessés graves.<br />

AUTEURS : <strong>LA</strong> POLICE NATIONALE PARTICULIÈREMENT CONCERNÉE<br />

Les seules données dont on dispose à ce sujet sont le nombre de saisines du Défenseur des droits, de l’IGPN<br />

et de l’IGGN. La grande majorité des réclamations invoquant des manquements à la déontologie de la sécurité<br />

dont est saisi le Défenseur des droits concerne la Police nationale. En 2014, la moitié des saisines qui<br />

lui étaient adressées concernaient ainsi la Police nationale. 15 % concernaient la Gendarmerie nationale et<br />

4,7 % des agents de police municipale 10 . La même année, l’IGPN était, pour sa part, saisie de 1 035 enquêtes<br />

judiciaires et de 257 enquêtes administratives concernant des fonctionnaires de police. 43 % des saisines<br />

judiciaires (440 saisines) concernaient des accusations de violences volontaires. En 2013, l’IGGN était, quant<br />

à elle, saisie de 252 allégations de manquements à la déontologie par des gendarmes.<br />

Une grande majorité des affaires examinées par l’ACAT concerne également la Police nationale. Ce constat<br />

ne doit cependant pas exempter la Gendarmerie nationale, qui est, elle aussi, mise en cause dans plusieurs<br />

affaires graves.<br />

VICTIMES : ESSENTIELLEMENT DES JEUNES <strong>ET</strong> DES PERSONNES<br />

ISSUES DE MINORITÉS VISIBLES<br />

Certaines catégories de population se retrouvent plus que d’autres au rang des victimes de l’usage de la<br />

force policière. Il s’agit tout d’abord en grande majorité d’hommes. La CNDS 11 constatait en 2004 que « de<br />

manière générale, [les femmes] sont moins victimes de manquements à la déontologie de la sécurité » 12 , ce<br />

que confirment les observations de l’ACAT. Si elles sont moins concernées par l’usage de la force physique,<br />

les femmes ne sont en revanche pas épargnées par les injures et les insultes, à caractère sexiste notamment.<br />

Par ailleurs, certaines franges de la population faisant partie de ce que le sociologue Fabien Jobard<br />

nomme « la clientèle policière » constituent des catégories surreprésentées parmi les victimes de violences<br />

policières : étrangers ou personnes issues de minorités visibles, jeunes issus de quartiers populaires, manifestants,<br />

etc. Dans les situations examinées par l’ACAT, les victimes sont là aussi le plus souvent des jeunes<br />

et des personnes issues de minorités visibles.<br />

ÉTRANGERS <strong>ET</strong> MINORITÉS VISIBLES<br />

« Les recherches ont montré que la force policière, pour rare<br />

qu’elle soit, s’exerce en particulier contre les minorités. »<br />

Fabien Jobard, sociologue<br />

De nombreux rapports associatifs ou institutionnels ont dénoncé, au cours de la dernière décennie, le fait que<br />

les violences policières touchent essentiellement des personnes issues de minorités visibles 13 .<br />

10. Défenseur des droits, Bilan annuel d’activité 2014, p. 20. Les autres saisines concernent notamment l’administration pénitentiaire (22,20 %), les services de<br />

sécurité privée (3,60 %), les services de surveillance des transports en commun (1,80 %).<br />

11. La CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité) a été intégrée au Défenseur des droits en 2011.<br />

12. CNDS, Rapport annuel d’activité 2004, p. 504<br />

13. Voir notamment Amnesty International, France, pour une véritable justice. Mettre fin à l’impunité de fait des agents de la force publique, 2005 ; Commission nationale<br />

Citoyens-Justice-Police, Rapport d’activité, janvier 2007 à décembre 2008 ; Observatoire départemental des Bouches-du-Rhône sur les violences policières<br />

illégitimes, Rapport d’activité 2010-2011

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