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L’ORDRE ET LA FORCE

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<strong>L’ORDRE</strong> <strong>ET</strong> <strong>LA</strong> <strong>FORCE</strong> . RAPPORT D’ENQUÊTE<br />

45<br />

L’ACAT se demande par ailleurs si l’état de délire agité est vraiment perçu par les forces de l’ordre<br />

comme un état de vulnérabilité et non pas seulement comme un état agressif suscitant précisément<br />

l’usage du PIE. Il est difficile d’avoir des données fiables sur le sujet. D’après les observations de<br />

l’ACAT, il semble cependant que les agents des forces de l’ordre y voient surtout une agression. Se pose<br />

alors la question de la formation dispensée aux forces de l’ordre quant à la détection et à la gestion de<br />

tels facteurs de vulnérabilité.<br />

Quatre décès à la suite de l’utilisation d’un Taser en France<br />

Ici encore, impossible de trouver des chiffres concernant le nombre de personnes blessées ou décédées<br />

à la suite de l’utilisation de Tasers X26 ® en France. Les données suivantes sont issues du travail<br />

d’enquête de l’ACAT. Selon les informations disponibles publiquement, quatre cas connus de décès sont<br />

survenus en France à la suite d’opérations dans lesquelles un Taser a été utilisé (annexe 4). Dans toutes<br />

ces affaires, la Justice a conclu à l’absence de lien entre le décès et le tir de PIE.<br />

Mahamadou Marega, décédé après 17 décharges de Taser<br />

Le 30 novembre 2010, la police est intervenue au domicile de Mahamadou Marega, après que ce<br />

dernier eut menacé la personne qui l’hébergeait avec un couteau. Au cours de cette intervention,<br />

qualifiée de très difficile par les agents des forces de l’ordre, qui se sont dits être face à un homme en<br />

état de démence (« hystérique »), les policiers ont fait usage de leur Taser à 17 reprises en mode tir et<br />

en mode contact. Lors de l’enquête, ils expliqueront avoir multiplié l’usage de cette arme parce que<br />

Mahamadou Marega se montrait « insensible » aux tirs. Selon le Défenseur des droits, « l’effet du PIE<br />

a pu être annihilé ou largement minoré par l’état de crise dans lequel se trouvait [M. Marega], qualifié<br />

de délire agité » 85 . Après avoir finalement réussi à le menotter, les fonctionnaires de police ont pratiqué<br />

sur lui des gestes techniques d’immobilisation et l’ont maintenu plaqué au sol, ventre à terre et les<br />

jambes relevées, avant de constater son décès. Le Défenseur des droits, qui avait été saisi de cette<br />

affaire, a recommandé des poursuites disciplinaires à l’encontre des policiers, pour usage abusif du<br />

PIE en mode contact et pour avoir pratiqué des gestes de contrainte disproportionnés. Estimant pour<br />

sa part que les tirs de Taser « n’ont pas joué un rôle direct et certain dans le décès de cet homme, et<br />

qu’aucune faute ne peut être reprochée aux policiers intervenants », le juge d’instruction a conclu à<br />

un non-lieu dans cette affaire 86 .<br />

Loïc Louise, 21 ans, décédé après un tir de Taser de 17 secondes<br />

Le 3 novembre 2013, Loïc Louise s’était rendu à une soirée d’anniversaire. Il se dispute avec ses<br />

cousins, lorsque les gendarmes interviennent pour mettre fin à un début de bagarre. L’un des<br />

militaires fait alors usage de son Taser pour maîtriser l’étudiant, qui s’écroule au sol. Selon les<br />

témoignages rapportés par le journal Médiapart, le jeune homme serait resté inanimé et menotté<br />

au sol pendant au moins un quart d’heure, avant que l’un de ses amis, militaire de carrière, ne<br />

soit autorisé par les gendarmes à s’approcher de lui. Prenant son pouls, il se serait alors rendu<br />

compte que Loïc Louise ne respirait plus. Son décès sera constaté deux heures plus tard à l’hôpital<br />

d’Orléans. Dans cette affaire, est particulièrement mise en cause l’utilisation prolongée du Taser :<br />

Médiapart révèle que, d’après les conclusions de l’IGGN, le tir a duré 17 secondes 87 . Le pistolet<br />

électrique fonctionne en effet par cycles de cinq secondes : tant que l’utilisateur maintient son doigt<br />

appuyé, les cycles se répètent, comme ce fut le cas pour Loïc Louise. Une information judiciaire a<br />

été ouverte en août 2014 pour homicide involontaire.<br />

85. Défenseur des droits, décision n° MDS 2010-167, 10 avril 2012<br />

86. « Colombes : non-lieu dans l’affaire du décès par Taser », Le Parisien, 15 octobre 2012<br />

87. « Taser : Loïc Louise est mort après un tir de 17 secondes », Médiapart, 17 septembre 2014

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