ADDICTION

DOSSIER
© MIchael Kappeler / DPA
Moi, à la salle.
SEXE, SPORT ET ROCK’N ROLL
SEXE
« Je me sens accro au sexe, pour moi c’est comme me demander pourquoi j’aime le
pain avec du fromage. C’est parce que ça fait du bien.
Un mec qui fume tout le temps, tu lui files une clope, il va vouloir fumer. La c’est
pareil, tu me mets un truc charmant sous les yeux, je me sentirai limite homosexuel
de ne pas avoir de pulsions. » • Anonyme
SPORT
« Mon entourage subit un peu mon sport mais m’accompagne également et
comprends ma passion. Une semaine sans sport je le vis bien. Je commence à sentir
un manque au bout de deux semaines. » • Julien
« À l’adolescence, j’ai eu des problèmes de croissance dus à une pratique trop
intensive. Je suis quelqu’un de calme mais si je ne me dépense pas, ça peut vite
tourner au cauchemar. J’ai un caractère de merde je l’avoue et qui a tendance à
empirer si je reste cloîtré à la maison. » • Laurent
jeux vidéo que je rencontre ont souvent
un profil assez maigre ou à l’autre
extrême donc il y a bien des conséquences
sur le corps ». Même chose pour les jeux
d’argent : « Il y a un retentissement économique
qui est important pour les jeux de
hasard et d’argent. La paye peut y passer
totalement » illustre le docteur Yann Le
Strat, psychiatre et addictologue. Les cas
d’endettement ne sont en effet pas rares.
Les joueurs d’argent vont même parfois
plus loin : « On raconte que dans les casinos
il y a des flaques d’urine parce que les
gens se pissent dessus. Ils se retiennent car
ils ne veulent pas quitter leur machine à
sous, persuadés qu’elle va donner et qu’ils
vont gagner » indique Elisabeth Rossé.
Ce sont donc de véritables troubles mentaux
qui se développent chez les accros.
Parmi eux, les cas de déprime et d’agressivité
sont courants, notamment chez les
addicts à la nourriture qui culpabilisent
après avoir mangé. C’est le cas d’Alexandra
: « Je deviens agressive si on me dit
de moins manger ou de ne pas manger
telle ou telle chose. La nourriture me
soulage mais je déprime à cause d’elle ».
Une dépression qui peut entraîner l’isolement
social d’un individu vis à vis de
son entourage. C’est ce qu’expliquent
respectivement Ando, accro au sport :
« Au début lorsque j’avais des objectifs
fixe, l’entraînement était une priorité
au détriment de ma vie sociale avec
mes amis ». Emmanuel, accro aux jeux
vidéo, en est également conscient : « Les
jeux vidéo me privent, et privent ceux
qui sont en relation avec moi, de partage,
d’amour, de temps. Et cela ralentit
ou empêche mon évolution personnelle
ainsi que celle de mes proches, à tous les
niveaux ». Cet isolement social peut être
nocif pour les addicts, qui risquent de se
tourner vers les médicaments pour régler
leurs problèmes, ce qui n’est pas forcément
une bonne solution : « Je me suis retrouvée
à un moment à devoir m’agenouiller
devant mon médecin pour avoir mes
anxyolitiques » raconte Nora, addict aux
médicaments.
Au final, les addictions sans substance
peuvent être presque aussi dangereuses
que les « drogues dures » comme l’alcool
ou le tabac. Certains addicts sont d’ailleurs
tout à fait conscients du danger
26