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Tu es de retour avec un troisième album qui trouve son<br />
équilibre dans un mélange de tristesse et de joie. Cette<br />
combinaison était-elle délibérée ?<br />
Je suis quelqu’un de très joyeux tout en ayant quelque<br />
chose de très mélancolique en moi que j’exprime dans<br />
mes chansons. La chanson, c’est une façon du sublimer<br />
certaines expériences. La tonalité peut être sombre dans<br />
les texte mais la musique reste joyeuse. C’est cet équilibre<br />
que je recherchais, sans lourdeur. C’est un album féminin,<br />
dans le fond.<br />
Pourquoi avoir choisi d’écrire ce nouvel album au Brésil<br />
au Japon et en Inde ?<br />
J’ai choisi ces destinations pour des raisons musicales<br />
avant tout mais aussi pour des raisons culturelles dans une<br />
recherche d’éloignement total. Je voulais vraiment aller à<br />
l’opposé de ce qui existe ici.<br />
As-tu absolument besoin de ce genre d’explorations pour<br />
écrire ?<br />
Oui. C’est comme un pèlerinage. Je ne sais pas écrire<br />
autrement que dans un mouvement, qu’en allant trouver.<br />
J’ai besoin de bouger, de vivre des expériences, de<br />
rencontrer des gens, de voir des paysages et de m’ouvrir à<br />
autre chose. Le périple était vraiment pour l’album.<br />
Lequel de ces 3 pays t’a le plus marquée ?<br />
Je ne pourrais pas répondre. Pour moi, ce sont des<br />
expériences très différentes. Je me sentais, par exemple,<br />
très bien au Brésil. Au Japon, j’ai mis plus de temps mais<br />
j’ai fini par avoir envie d’y retourner. L’Inde, c’était encore<br />
autre chose car j’y suis allée avec mes musiciens...<br />
As-tu appris à parler de nouvelles langues ?<br />
J’ai appris des chansons en japonais et j’ai surtout réappris<br />
à parler anglais même si au Japon, on ne le parle pas<br />
tellement.<br />
Dans la chanson “Nuit Sans Lune”, tu parles de “partir ailleurs”.<br />
As-tu quelque chose à fuir ?<br />
C’est une fuite de l’absence de quelqu’un. “Partir ailleurs”<br />
dans le but d’aller trouver quelque chose quelque part,<br />
une grande quête. L’idée étant de ne jamais se fixer, de ne<br />
pas s’arrêter et de ne pas s’installer. C’est plutôt une fuite<br />
en avant.<br />
La chanson “L’Amour, L’Argent, Le Vent” s’inspire d’un<br />
incident que tu as vécu à Rio. Que s’est-il passé ?<br />
Je marchais avec une amie entre deux favelas et un gamin a<br />
surgi de nulle part avec une machette pour voler nos sacs.<br />
Une autre est arrivé avec une mitraillette pour l’assister.<br />
Mon sac contenait des jours de travail, de notes et d’idées<br />
de chansons.<br />
Une voiture est arrivée pour les emmener. Ils étaient super<br />
organisés !<br />
“L’Amour, L’Argent, Le Vent”, c’est aussi le titre de<br />
l’album. Quelle valeur donnes-tu à ces trois choses ?<br />
Ce qui m’a le plus emportée et traversée ces dernières<br />
années est résumé dans ces trois mots. On est tout le temps<br />
confronté à ces valeurs complètement immatérielles et<br />
abstraites. Pour moi, ce sont des mouvements identiques<br />
et liés sans lesquels on ne peut pas vivre.<br />
À qui s’adresse le texte de “Ouais, Ouais, Ouais, Ouais” ?<br />
C’est un hommage à l’écrivain français Jean-Jacques Schuhl<br />
et à son livre “Rose Poussière” où il y a un chapitre intitulé<br />
“Ouais, Ouais, Ouais, Ouais, Ouais”. Lui, il en a mis cinq.<br />
Il parlait de Zouzou, l’actrice et chanteuse des années 60<br />
qui était une sorte d’égérie très jeune. Ma chanson est une<br />
sorte de digression sur ce type de filles fragiles qu’on aime<br />
et qu’on malmène, qu’on adule et qu’on maltraite. J’avais<br />
envie de mettre des mots sur la manière dont on perçoit<br />
ce genre de “présences”. Récemment, j’ai découvert que<br />
Plastic Bertrand avait écrit une chanson qui porte le<br />
même titre que la mienne (rires).<br />
Le titre “Quatorze Ans” est une ode nostalgique à<br />
l’adolescence des années 80. Et si tu avais quatorze ans à<br />
nouveau, tu ferais quoi ?<br />
Les mêmes choses ! J’irai en boite de nuit tous les soirs<br />
(rires).<br />
Dans “Occupe-Toi De Moi”, tu dis justement que tu n’as pas<br />
grandi, que tu n’as pas le temps...<br />
En effet, je n’ai pas grandi, sinon, je ne serais pas chanteuse<br />
et musicienne. Il faut rester un peu en enfance et s’abstraire<br />
totalement du monde extérieur pour pouvoir exercer ce<br />
métier.<br />
Dans “Grande Autoroute”, “Dimanche D’Automne”, et<br />
“L’Avenir”, tu parles insomnies. Tu es insomniaque ?<br />
Oui, Barbara Carlotti est une grande insomniaque (rires).<br />
Voilà pourquoi j’écris la nuit !<br />
Tu fais quoi pour lutter contre l’impossibilité de dormir ?<br />
Rien ! Je déconseille absolument la prise de somnifères<br />
parce que cela ramollit physiquement et déprime<br />
mentalement. J’essaye de lire et de faire des exercices de<br />
récupération.<br />
Es-tu gênée d’entendre ou de lire que tu fais “de la musique<br />
pour bobos” ?<br />
Je n’y pense pas. Je fais de la musique pour tout le monde<br />
et j’ai envie de la partager dans la sincérité.<br />
Interview<br />
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