19.09.2012 Views

LIZ MAGAZINE

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Tu es de retour avec un troisième album qui trouve son<br />

équilibre dans un mélange de tristesse et de joie. Cette<br />

combinaison était-elle délibérée ?<br />

Je suis quelqu’un de très joyeux tout en ayant quelque<br />

chose de très mélancolique en moi que j’exprime dans<br />

mes chansons. La chanson, c’est une façon du sublimer<br />

certaines expériences. La tonalité peut être sombre dans<br />

les texte mais la musique reste joyeuse. C’est cet équilibre<br />

que je recherchais, sans lourdeur. C’est un album féminin,<br />

dans le fond.<br />

Pourquoi avoir choisi d’écrire ce nouvel album au Brésil<br />

au Japon et en Inde ?<br />

J’ai choisi ces destinations pour des raisons musicales<br />

avant tout mais aussi pour des raisons culturelles dans une<br />

recherche d’éloignement total. Je voulais vraiment aller à<br />

l’opposé de ce qui existe ici.<br />

As-tu absolument besoin de ce genre d’explorations pour<br />

écrire ?<br />

Oui. C’est comme un pèlerinage. Je ne sais pas écrire<br />

autrement que dans un mouvement, qu’en allant trouver.<br />

J’ai besoin de bouger, de vivre des expériences, de<br />

rencontrer des gens, de voir des paysages et de m’ouvrir à<br />

autre chose. Le périple était vraiment pour l’album.<br />

Lequel de ces 3 pays t’a le plus marquée ?<br />

Je ne pourrais pas répondre. Pour moi, ce sont des<br />

expériences très différentes. Je me sentais, par exemple,<br />

très bien au Brésil. Au Japon, j’ai mis plus de temps mais<br />

j’ai fini par avoir envie d’y retourner. L’Inde, c’était encore<br />

autre chose car j’y suis allée avec mes musiciens...<br />

As-tu appris à parler de nouvelles langues ?<br />

J’ai appris des chansons en japonais et j’ai surtout réappris<br />

à parler anglais même si au Japon, on ne le parle pas<br />

tellement.<br />

Dans la chanson “Nuit Sans Lune”, tu parles de “partir ailleurs”.<br />

As-tu quelque chose à fuir ?<br />

C’est une fuite de l’absence de quelqu’un. “Partir ailleurs”<br />

dans le but d’aller trouver quelque chose quelque part,<br />

une grande quête. L’idée étant de ne jamais se fixer, de ne<br />

pas s’arrêter et de ne pas s’installer. C’est plutôt une fuite<br />

en avant.<br />

La chanson “L’Amour, L’Argent, Le Vent” s’inspire d’un<br />

incident que tu as vécu à Rio. Que s’est-il passé ?<br />

Je marchais avec une amie entre deux favelas et un gamin a<br />

surgi de nulle part avec une machette pour voler nos sacs.<br />

Une autre est arrivé avec une mitraillette pour l’assister.<br />

Mon sac contenait des jours de travail, de notes et d’idées<br />

de chansons.<br />

Une voiture est arrivée pour les emmener. Ils étaient super<br />

organisés !<br />

“L’Amour, L’Argent, Le Vent”, c’est aussi le titre de<br />

l’album. Quelle valeur donnes-tu à ces trois choses ?<br />

Ce qui m’a le plus emportée et traversée ces dernières<br />

années est résumé dans ces trois mots. On est tout le temps<br />

confronté à ces valeurs complètement immatérielles et<br />

abstraites. Pour moi, ce sont des mouvements identiques<br />

et liés sans lesquels on ne peut pas vivre.<br />

À qui s’adresse le texte de “Ouais, Ouais, Ouais, Ouais” ?<br />

C’est un hommage à l’écrivain français Jean-Jacques Schuhl<br />

et à son livre “Rose Poussière” où il y a un chapitre intitulé<br />

“Ouais, Ouais, Ouais, Ouais, Ouais”. Lui, il en a mis cinq.<br />

Il parlait de Zouzou, l’actrice et chanteuse des années 60<br />

qui était une sorte d’égérie très jeune. Ma chanson est une<br />

sorte de digression sur ce type de filles fragiles qu’on aime<br />

et qu’on malmène, qu’on adule et qu’on maltraite. J’avais<br />

envie de mettre des mots sur la manière dont on perçoit<br />

ce genre de “présences”. Récemment, j’ai découvert que<br />

Plastic Bertrand avait écrit une chanson qui porte le<br />

même titre que la mienne (rires).<br />

Le titre “Quatorze Ans” est une ode nostalgique à<br />

l’adolescence des années 80. Et si tu avais quatorze ans à<br />

nouveau, tu ferais quoi ?<br />

Les mêmes choses ! J’irai en boite de nuit tous les soirs<br />

(rires).<br />

Dans “Occupe-Toi De Moi”, tu dis justement que tu n’as pas<br />

grandi, que tu n’as pas le temps...<br />

En effet, je n’ai pas grandi, sinon, je ne serais pas chanteuse<br />

et musicienne. Il faut rester un peu en enfance et s’abstraire<br />

totalement du monde extérieur pour pouvoir exercer ce<br />

métier.<br />

Dans “Grande Autoroute”, “Dimanche D’Automne”, et<br />

“L’Avenir”, tu parles insomnies. Tu es insomniaque ?<br />

Oui, Barbara Carlotti est une grande insomniaque (rires).<br />

Voilà pourquoi j’écris la nuit !<br />

Tu fais quoi pour lutter contre l’impossibilité de dormir ?<br />

Rien ! Je déconseille absolument la prise de somnifères<br />

parce que cela ramollit physiquement et déprime<br />

mentalement. J’essaye de lire et de faire des exercices de<br />

récupération.<br />

Es-tu gênée d’entendre ou de lire que tu fais “de la musique<br />

pour bobos” ?<br />

Je n’y pense pas. Je fais de la musique pour tout le monde<br />

et j’ai envie de la partager dans la sincérité.<br />

Interview<br />

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