A000036

i , "A.. U tıs- Hi,.L'y
TÜRK TARiH KURUMU

TÜRK TARlH KURUMU
KÜTÜPANESl
KAYlT No.
VER N«. . -â
J6
TÜRK TARiH KURUMU
m .

1-T.T.C.Ka
K:.
• fé -
//
TÜRK TARiH KURUMU

• Q u
THEOLOGIE
D E S T U R C S .
PAR ECHIALLE
MUFTi.
A V E G L A P R O F E S S I O N
ae Fox de M A H o M E T Fils
PREMIERE
A
P i R Ali.
PARTIE.
de
BRUXEI^Î^ÏÎÎ^
TÜRK TARiH KURUMU
FOPPÉÎsT^

A MESSIEURS LES
Docteurs de la Sacré Faculté
de Theologie de^
Paris,
E S S I E V R S y
L'Ouvrage que j'ofe prefenter de. -
le plus uiugufie Theatre de fdence
dji monde-n'étant pas par lui même dUnc
de L approbation.m de l'eftime de vos II.
iWres Perfoanes ¡pourrait avec juBice
faire regarder l'Auteur avec indigna,
f'ofi, s'il était porté À Vous le dedîer par
«»autre motif t^ue par celui d'une jainte
C-pmfe hardiep.
Ce) me traduiiion fidele des écrits '
Ji deux plus fameux & accréditez. -
pmuri dj la loi du faux-Tropetci^,-
ft U'
TÜRK TARiH KURUMU

^ E P I T R E
M.-homnt ¡laquelle him que nouvelle,
i ißciler/ient fera de vôtre ¿ant, puifque
farmi leí lures la delicate fe du fiile,
la polltefe du langage , l'élévation de
i'efprlt, & même la fubtiliti de la doc
tri/se font prefque inconnues ^ & que tout
leurs principes fönt établis fur des %rna~
ginations outrées qu'ilsfoutiennêt avec le
jahe , é fur lefguell^-' il ne leur efi pas
permis de difputtr, qui par confequent
ne fçauroient faire impreßion que fur des
Eft lave s , ou fur diS efprits qui fontgloire
de vivre dans la dépendance de
leurs fen\ Mais j'efpere que dans les
heures où vous donnez, quelque relâche à-
los importantes aplications , cette lellure
parfa nouveauté pourra occuper agrea-^
hlejnent quelques mornens de vos re.r^a^
ttons.
^epHiS dire cepenâant^Meffieurs,qu'a-n
prés une ferieufe reflexion , j'ai découvert'-
dans cette Theologie Ottomane d'ajfez.
beaux fentimens de la grandeur dr de la
puijfance de Dieu^ qu'il ferait à fouhait--
ter de voir traiter cette mattere avec
des termes moins bas & des expreßicnt
flus dignes d'un fujet fi élevé ; mais tout
le rcße n'étant que ficHon, en pour ainfi
dire jeux d'enfans^ ne peut donner une •
E P I T R E,
'Veritable fat is faction à descentes fuhllmes
, des Efprits délicats , & des juge-
THtns aujft folides que les vôtres.
C'efi pourquoi je n'ai d'autre dejfeitt
dans la liberté que ]e frens , de mettre
vôtre nom a la tête de cette verfion , que
de porter les Efprits curieux à faire un
jufie difcernement entre le vrai & le faux
en leur découvrant les faibles artifices de
l'erreur lagrojfiereté des rnenfonges
des Ennemis capitaux du nom Chrétien.&
que fous le nom de Tlieologic des Turcs
qjé'elle porte,elle vienne renure ho.nmaj^e
à la Théologie Chrétienne, afin que l'illufion,
& l'irnpojlure fervent au triomphe
de la vérité' j en forte que les Efprits des
Chrétiens les moins affermis , or les plus
chancelans reconnblffant Vahfurdité tant
de leurs principes que des confequencts
qu ils tn tirent^ trouvent de puifans mot'P
pour en detejter Us dogmes ( plus
ridicules & greffiers que dangere x ) &
de les fortifier dms la foi de nôtre fainte
Religion dans ces mn fçavans de l'Eglife
( dont vous êtes l'apui, comme U
fpncipale lumiere ) où nous avons eu le
t>onheur de -voir les grands avantages
qf^ remporté la vérité fur l'here fie,qui
i ont plus éloigné de nous que l'on ne l'a
a 4ij
TÜRK TARiH KURUMU

E P I T R E.
veu depuis plufieurs fiecles , c'elt utii
glftre c]ue vous partagés,Mejjieurs , avec
notre grand Monare^ue ^pour avoir fotiten»
avec autant dec.Hj que d'eruditim
les tnterhs dc L'SgUfe , de m^mre
^ qu'il n'y ^ pins four elle qu'un
tres.petit intervale , entre le defir de
renaître' & U honte de fe voir confondue,
& renverfe'e,alnft que Dagon devant
i u6rche.
Que les fatigues, & Us travaux de
-tes faux Docteurs font infortunés puiL
fie tous les efforts de leurs Efprits ne
IcHrpyocurfnt qu'me fécondité malheu^
reufe d'abfnrdite', & de fuperfiitians

E P I T R E.
fats pour vow,en vom aJinrAnt qu'th'y a
yien d'égal à l'attachement que j'ai pour
vans , & 'pour votre Doihine , que le
profond refpe[i avec lequel je fuis.
a M E S S I E V R S »
Vôtre tics-huitible
ôCtrcs-obcïirant
ierviteur, ^ * *
¿íK
'M]
-rii^ -fh
^AVIS AV
mm
LECrEVK
L
'Auteur de cette Tradudion avoue
franchement, que cette Icfture ne
mérite aucunement ['aplicación d'une
perfore d'étude & de lettres , au.TÎ
n'a-t-il jamais eu d'autre but dans cet
Ouvrage . que de fournir au Public la
matière d'une recreation innocente
en lui mettant encre les mains un Livre'
plein de dogmes , qui font autant de
uradoxcs qui n'ont de folide qus
'agrémentqu'on peut tirer delà lecture
d'une Doftrine fi extravagante,
qui par fa fingularité ne lailfe pas d'a-
^ir fon mérité pour unefprit curieux-
On aura enfin de la peine à croire
qu'un pais comme le Levant autrefois
Cl fertile en beaux efmits , & en
grands hommes, n'en pioduife plus
qusd un caraélerô à donner dnns des '
erreurs figroffieres Si fiabfurdcs. On
ne peut pas néanmoins défavoiier
qu'il n'y nailTe encore des génies élevez
TÜRK TARiH KURUMU

i^ris A v l e c t e v r .
Sc dc$ Efprits penetrans pour les
fcienccs, ôc capables des plus grandes
chofes ; mais les fecrets de leur Religion
étant envelopez fous des mifte-
Tcs^qu'il ne leur eft pas permis d cclaircir,
ils reftent toujours dans le même
aveuglement dans lequel ils font nez.
Se dans les erreurs qu'ils ont fuccé
avec lelaitjétant élevez avec un fouverain
mépris pour toutes les Religions
diferentes de la leur , & ayant
pour principal point de Religion , de
répondre avec l'épée à toutes les difficultcz
qu'on pourroit leur faire fuc
les opinions extraordinaires , qu'ils
tiennent avec opiniâtreté , & dont ils
ne veulent jamais démordre, perfuadez
qu'ils font dés le berceau, que leur
Illuftre M A H o M E T , a étc choiii
de Dieu de toute éternité , pour leur
donner la veritable Religion qui doit
durer jufqu'à la fin du monde , ne leur
lailfant ni la liberté de s'inftruire des
autres Religions, ni même de s'éclaircir
des doutes qu'ils pourroient former
fur la leur. Ainfi iàns autre rincipe
qu'une foumiffion aveug e à
tout ce que leur Prophète veut qu'ils
croyent ians l'examiner, ils raçnçnç
^ r / S Av LECtEVÉ^
Plqu^à la mort une vie , dont le terme
doit être, felon ce qu'on leur promet;,
le commencement de cette beatitude
lenfuelle, toute remplie de plaifirs 5C
de voluptez , dont ce livre contient
unetres-amplc defcription. Ce que je
trouve encore de plus extraordinaire
clt que tous leurs Ouvrages étant rem-
T'is de fables, où l'on ne trouve tréslouvent
aucun difcours fuivi & lié,
que cependant les plus fpirituels d'eux
donnent ainfi aveuglément dans leurs
reveries.
EcHiALtE Auteur de ce livre,étoit
Aiabe,& aparemment des plus fça-.
vans & éclairez dans la loi Mahornetane
, puifqu'il etoit parvenu à une
des plus hautes dignitcz , qui étoît
celle de MUFTI . & que les Turcs
pour marque de l'eftime qu'ils en
avoient,confervent encore fes écrits
avec la derniere veneration, l'efpere
que vous jugerez de l'excellence de
leurs autres Doftems^par la leûuje
du livre de ce grand & fameux
Perfonnage fi révéré parmi eux ,
& auquel on a drelTé un fuperbc
maufolce,& qu'en fuite vous conviendvçx
avec moi de l'extravagance dg
TÜRK TARiH KURUMU
â
vj

'^VIS 'AV LECrEVR.
cette Religion , de fes Sedtateurs & dc
I'illufiondc cet Auteur , & que vous
rendrez mille benediaions à Dieu
d'avoir permis que vous foyez ne dans
la Religion Catoliquc , Apoftolique
& Romaine , dont la vérité ie fait aflcz
connoîtrc par fa faîntetc , fa pureté
ic toutes les Maximes qu'elle nous
prefcrit tant en general qu'en particulier.
TABLE
TABLE
DES
CHAPITRES
De la premiere Partie.
C H A r. I. T^E CrcAtlon ÂK
.1 J monàe. page i
Chap.II. T>claCrcMîon d'Aiam. lo
Chap. HI. De U Creation des Ang'^.
18
Chap. ly. De ht Creation de la
mort.
jj
Chap. v. De U CreatUn de l'Ange
Israel.
Chap. VI. Des particular lté z. , ctVconfiances
, & demarches de la Mort,
veut enlever l'Ame d'un morlvond.
jj
-Chap.VU. De la mort de tous les Animaux
, Oiféaux & hftaes. 4$
Chap.VIîI. Colloque de l'me avec
ISRABL,
K A, P. IX, Réfonfes (¡ue font
TÜRK TARiH KURUMU
^^
Icsprin-i

T A BX E
tipples parties du corps U mort,
quand elle veut s'emparer d'elles. 46
CH A.P. X. Desrufes & fourberies que
le Demon met en nfage pour pervertir
mMorthend^ '
CaAv.Xl.DelaVoix, ¿1
CHAP. XII. Des reproches (¡ut U terre,
& le tombeau font au Mort. 6t
CHAP. XIII. Des plaintes & condo'
leanees d'un Mort dr du fonge d'Aï-
C9
CH A p.XIV. De la moderation qu'il faut
aporter dans fes afiiaions à l'égard
d'un mort. g.
CHAP.XV. Si les larmes que l'on ré'
pand fur le tombeau d'un mort »font
licites.
g^
CHAP. XVI. ^u'ilfaut recevoir avec
refignation À la volonté de Dieu U
mort d'un parent.
aj
CHAP. XVII. Les râifom dont fe fervent
les Anges, pour prouver au Mo^
rlbond qu'ils ont fait leurs e forts pour
le conferver en famé, & qu'ils ne font
pas les auteurs de fa mort.
Et des ceremonies qu'ils obfervent à /Vgard
d'un Turc predeftîné , d'tttt
tttify Chrêtiffi, 9H AHtrt Jnfidele,
•FSC-
DES CHAPITRE5.
CHAP. XVIII. De la fepulture d'ut*
Pacha ou autre perfsnne élevée en
dignité.
liy
Chkv XIX. De la premiere entrée de;
Munkier & Nel^r , dans le Tombeau,
119
CHAP. XX. Reponfe que rend le Mort
k Munkier 0- "Z^kSr. 125
CHAP XXÎ. De la conduite des bons
Anges Ecrivains, 127
CHAP. XXII. Ties demarches de l'Ame
«prés être [ortie de fon Corps , & du
lieu de fa demeure.
iji
CHAP.XXIIT. De la Trompette & de
laref rrreiliotr des corps, 150
CHAP.XXIV.DE la frayeur dontfe^
rom faiftes toutes les Creatures au
premier fon de trompette & autres
Catafirephes qui arriveront. 15 y
CHAP. XXV. De la defiruílion de toutes
les Créatures raifonables Irraifonnables
& de tousles êtres créés. 1
CHAP.XXVI. De l'amat des corps,
page. 171
CHAP. XXVLL. Hela nature du cheval
que monter a Mahomet. 177
CHAP. XXVLH. Du fon de la trompeté
qui oblhera tous les morts de refufcifíri^"
forth àdews tQmhaux, iSî,
TÜRK TARiH KURUMU

T A B L E
CHÀP.XXIX. De l'état pitoyable eu
feront réduits les morts après être forfis
de leurs tombeaux. 194
•^H A p. XXX. Du lieu ajfigné ou tons
les peuples sajfembleront au jugement
dernier.
iO

T A B L E
auprès dtfqueUes refieront les Bîenheureux
avmt que d'y entrer. 80
CHAP. XLVU. De la beauté , & richejfes
des portes du Paradis. 81
CHAP.XLVIII. De la beauté des filles
qui habitent le Paradis.
tCHAp.XLIX. Deshabhans du ?ara~
dis.
LOI
.TABLE DES
CHAPITRES
DE LATROIFIÉMC PARTIE.
Pîtologue de ijliahomet Autettr du
Livre.
PAGE I
Î ÇH A P. L Explication des Attributs de
Dieu qui font négatif s, çjr aufqutls il
n'efipas permis de repUquer. 1
(Cnkf, l\. Des Attribiftsafirmatifs ^ui
montrent que Dieu efi la Fie & l*
Science. 4
CHAP. IIL Que l'on ne peut rien dire
qui ne vienne à la connoifiance du
grand Dieu.
a
C H A P. 1V. Delà volonté de Dieu. 7
CHAP.V. De ¡4puijfance de Dieu. 9
Ckap. VU De la Parolede Dieu, 10
CHAP. VIL De la Creation. 12
CHAP. VI IL des Anges. 18
CH A P • IX. Des Livres Divinsî x o
D E S C H A P I T R E S .
CHAP. X. Des Prophètes du Grand
Dieu. 11
CHAP. XL Des Miracles de Mahomet,
¿5
CHAP. XIL Des femmes de Mahomet.
29
CHAP. XIII. De la naifance & delà
Mort de Mahomet.
J T
CHAP. XIV. Des grands Saints qui ont
fuccedéà Mahomet
ji
CHAP. XV. Des fuplicis que l'on endure
dans le Tombeau. J 4
'CHAP. XVL Dfs fignes du "¡ugement.
PAGE.
JÔ
CHA-P. XVIF. De l'Amas des Corps. 58
•CHAP. XVUI. iPfs Interrogations de
Dieu. 40
CHAP. XIX.- De la Balance de Dieu.^i
CHAP. XX. Des Cifiernes de nos Prophètes.
41
CH A P. XXI. Du Paradis de l'Enf'r.
Ai
CHAP XXIL De la Predefi¡nation. 45
CHAP. XXUL De U foi jUahometane.
page. 47
CHAP XXIV. 'De U Croime & Religion.
48
CHAP. XXV. Savoir fi un Mufulman
qui commet un grand péché fort de fa
Religion.
TÜRK TARiH KURUMU

T A B L E
CHAP, X X V I . ^ u c l f e r a 1 $ j u g e m e n t
d'un Turc pecheur qui n'a pom fait '
de Penitence.
CHAP. XXVII. La rcponfe qu'il faut :
rendreJi un Infidele qui vous interroge
fur vôtre Rtltgion.
JQ
CHAP. XXVUl. Point de Mifericorde
à celui qui donnera un Compagnon '
a Dieu.
^ I
CHAP. XXIX. ^'il ne faut jamais '.
rien decider du fort des morts. e z
Cii AP. XXX. Des Chanfons. jj j
CHAP. XXXI. De la priere pour les I
morts pécheurs.
CHAP. XXXil, S'il efi hien-feant
de prier derrière un Mufulman pe''
cheur, ^ ^ ;
CHAP. XXXÎII. S'il eft permis de fe \
rebeller contre fan Prince.
5 5 '
CHAP. XXXIV. Du mérite desprieres '
PAGE. JY 1
CHA p. XXXV. Du mérite des prier es ^ j
& atmônes pour les pauvres. { 6
CHAP. XXXVI. ^elle re'ponfe il
faut rendre aux Infidèles qui nom interrogent
fur nôtre Religion, J 7
CHAP. XXXVII. Du principe de la
Religion.
CHAP. XXXVIII. Des Chofes coinmandées.
^ ^
DES
CHAPITRES.
€HAP. XXXIX. Explication des cho^
fes convenables, 60
CHAP. XL. JD" alîionsindiferentes. 6í
CHAP. XLL Des Avions defendués
CHAP. XLII. Des chofcs dont il faut
avoir de l'horreur.
6 5 '
CHAP. XLUI. Des AUlons d'obfer-
vanee.-
CHAP. XLIV. Des AUions méritoires.
p a g e . , ,
CHAP. XLV. De l'obligation qutlyA
s'apliquerk la Loi k tout ce quelle
renferme.
CHAP. XLVI. Si la Religion ou plutôt
la feUe d'Ebou-Anifé efi la plw farfaite.
7 0
CHAP.XLVII. Del'imam Chafii. 72-
CH AP. XLVLLI, DW mechantes Penféis.-
p a g e . 7 4
CHAP. XLÎX. DU mérite des\anions.Y¡
CIÎAV.L.Dela jaloufie. 7S
QHAV.U, De l'Orgueil.. 7 7 '
QDAV.LU, De laColere. 7 8
, CHAP, LUI. "De l'amour dumonde. 75»
CHAP.LIV. De l'tAmour des Grandeurs.
So
CH AB LV. Des grandes veu'és fur l'a-
V nir.
^^
CHAP. L VI.' Des Murmura durs indiftrets^.
TÜRK TARiH KURUMU

- T A'B I. E
J-HAP. LVII. Du Menfipfre. Sf
CHAP. LVIII. Des homes
Die»
CHAP.LXXIV, DÎ u
retuUrUi
des
DES
CHAPITRES.
CHAP. LXXV. D« 124
CHAP. LXXVl. D« devoir des époux
envers leurs êpoufes. 1
CHAP. LXXVU. Du repentir. iiy
CHAP. LXXVIII.- Preparation À La.
mort^& dei'obligation de nosfreres.iiy •
GHAP. L X X IX; Derargim qu'il faut
rarnajfer pour fatisfaire aux jeunes. 132
CHAP.LXXX. DeU fopdfJtinéepour
mon Cadavre. - i j j ;
CHAP. LXXXI.' D« terni qu'il me fau- -
dra laver. • 'j4
CHAP. -LXXXII. Des Ceremonies
mon enterrement. i j j ,
CHAP. LXXXIII. 'prières (¡ui fe doi~ •
v«nt faire fur ma fepulture. 137'^
CHAP. LXXXIV. Du devoir de m4
femme, & de mes enfans k mon égard
après ma mort.
r 42 '
CHAP_. LXXXV. Delà ¡Validité& In-, -
validité'des pricres. De l'ablution &
Purification des Mnfulmans. D« la '
fureté du Corps. 143
CHAP. LXXXVI. Del'ablution. 144
CHAP.LXXXVII. De ceux quiperdent
le mérité de l'Ablution. 146 •
CH.LXXXV III. De la Purification. 147
CH/.P.LXXXIX. De la validité des
TÜRK TARiH KURUMU

TABLE DES CHAPITRES.
CHAP. XC. Des obligations qui fe rencontrent
dans l'une des fix parties de
U prière.
ijo
^H,iLC\X>es ceremonies de la priere.i^ j
CH.XGII.DÎJ aSlions dont il fauts'abftenir
pendant le tems de la priere. i j j
CHAP. XCIII. Explication de la prière,
diteTehiat.
i^o
CHAP.XCIV. Explication de la priere
du Salut,-
igj
CH AP XCV. ExplîcMîott de'Ja prîere
dite [Counom )
j^i
CHAP. XCVI. Explication de lapritre
dite ( Moujfebeat. )
lôj
CHAP.XCVII. Ve mes dernières volon^
iis Conclufitn de ?mn fefiamm.iôy
Mn é la Tahle des
Châtres:
TÜRK TARiH KURUMU

ir'Tarhie
RELIGION
O U
THEOLOGIE
D E S T U R C S .
PREMIERE
CHAPITRE
De U Creation du
PARTIE.
PREMIER.
Monde.
IEU tour-puiirant cominença
TouviMge deccgrand
j^j & vafte Univers -, par la
crcarion d'un arbre à quatre
branches , qu'il nomma l'arbre de la
Foi; il forma enfuite d'une perle rare &
pretieufe L'cfpritde MAHOMET» & lui
/. Partie • A
TÜRK TARiH KURUMU

1 Peligton OH Theologte
' donna la reirembkncc d'un Paon , le
poiânc fur cet Aibrc divin, fur lequel il
refta environ l'efpacc de foixanrc &
dix mille ans, rendant grâces à Dieu &
chantant fans ceile ces faintes paroles,
'( Sotém atlti yt{\i\ fîgnificrtt ( nreurfi
Turificiiteur.) Ceteras ccoulé,le grand
Dieu créa un a miroir , qu'il mit en
prefence de ce b Patn , qui voïant {a
propre image & relfemblancc , les riches
Se pretieux orncmens ^ dont il
étoit avantageufement paré, eut une efpece
de complaifance pour lui mêmej
mais aïant aperçu d'abord la noble effencedu
grand Dieu , il rentra aufll-tôt
dansfon propre néant, & fe profterna
cinq fois devant fon Créateur ^ & c'eft
la feule Se unique raifon , pour laquelle
Dieu a inftitué les cinq prieres du jour, ,
aufquelles il a obligé MAHOMET nôtre
prophcte avec tout fon peuple. Cette
entreveue jccta le Paon dans une confu-
« Ce mitoit fe nomme le miroir de honte,
parce c|ue le Pnon s'y étant miré, aperçut d'aboid
l'clFencc du grand Dieu , Si eut honte de
lai même.
b Par ce mot de Taon l'on prétend parler de
l'cfprit de MAHOMET , les Turcs fe le reprciuitant
fous la figure de cet oifeau.
> 'ies Turcs. »
«on fi extraordinaire qu'il en fna à
heure même de toutes les parties de
ion corps. Le la fueur de fa tête, Dieu
^n crea les Anges ; de la fueur de fon
^»lage en fortirenr les Cieux > Trône
«u très-Haut, le Livre divin la Plume
J'ivante, le Paradis ,i'Enfer , le Soleil.
1 » ^ généralement tout ce que
Ciel renferme^ de la fueur qui coula
«e la poitrine , le Dieu tout puiiTant en
lorma les grands , & petits Prophetes,
les Savans , les Martirs , les perionnes
lages & vercueufes;dc la fueOr qui
Zll'' ' Srand Dieu en tir»
cette c Maifon majeftueufe qui fe trouve
lu pendue entre les Ciew, & la Ter,
«;ilcn crea encore la fainte HIERUsalem
& routes les Mofquées j de U
• W de íes deux fourcils/en créa foa
j Peuple élû& predcftiné^ de la fueuî
de la queue en crea les Juifs , les
Chretiens, les Idolatres , lel Ad;ra!
ursdufeu.&rous les autres Infide-
Orient, 1 Occident , & toutes les au-
Maifon „-.ajeftueufe . y. chap. ». à la
rf Ccft idire les Turcs.
TÜRK TARiH KURUMU
A
ij

y i.
[I ,¡;
I M' '
4 Religion OH Théologie
tres terres renfermées dans ces
parties du monde.
deux
Cctce pretniere création étant dans
toute fa perfedtion ,Dieu dit au Taon j
O Efprit de Uah»met ^ regarde fixement
autour de toi ? Le Paon obéit auffi-côtà
la parole de Dieu , jetta la veuc
dcvatît^derrierc , & à fcs deux côtés :
devant lui fe prefenta le vertueux e
EBOU-BKKIR (que le falut de Dicufoit
fur lui ) derrierelui il aperçut le Jufte/
O M M E R , ( que le falutde Dieu foie
fur lui' ) regardant à fa droite il vit l c-
clairc ; O S M A N ( que le falut de Dieu
foit fui- lui ) & fe tournant à fa gauche
il vit paroître h ALI le Gloriticae
Cc nom Je vertueux eil donaé pat exceileaccàEBou
BEKIR, à caufc de la loi de MAHO-
MET i^u'il a rétabli dans fa perfcition.
f On atribue À OMMER celui de juftc , parceque
de la premicre œillade qu'il jettoit fur
une perfonne , il jugeoit de cc qu'elle avoit
dans l'amç.
g OSMAN elt appellé le. prophète aux deuk
efptits, parce qu'il avoit çpoufé deux des filles
de MAHoMtT-, & qu'il avoît par confequenc
réuni en fa perfonne toutes les lumières de ces
deux femmes.
¿ ALI EFT furnommé le Glotific^fcur, parce
qu'il rcpetoit fans ceiTe ces faintcs paroles
( chuk,r-nlla ) qui veulent dire ( Gloire à
Dieu.)
¿es Turcs.
tcur. ( que le falut de Dieu foit fur lui. )
Après cette vifion , il refta encore l'eil
pace de foixante & dix mille ans , dans
des adorations continuelles. Ce tcnis
écoulé le grand Dieu tira de l'efpritdc
M A H O M E T toutes les amcs dcsPro-
3hetes,& donna enfuite l'être à toutes
es ames des creatures raifonnables.qui
en reconnoilÎance de cc grand bienfait,
chanterent toutes d'un commun confentement
en aâion de graces , ces belles
paroles ( en la illalla ve moithemmeduireffoul-oullah
, ) qui veulent dire , il
n'y a qu'a» fini Dieu & Aiahomit fjn
Prophet!.
Enfuite de ce grand Ouvrage , le
grand Dieu créa une lampe d'un feui
diamant rouge , ôc d'une clarté fi tranf-
.parente , que le dedans & le dehors f«
voioïenc en même tems , & d'un clin
d'œil cette lampe aïant tout fon luilrc
& fa beauté , Dieu forma la face de
MAHOMET,À laquelle il donna uneformefemblableà
celle du monde.la plaçant
au milieu de cette pr; tieufc lampe
pour lui rendre des adorations continuelles,
aïant autour d'elle toutes les a-
mesdes autres creatures raifônables,qui
ne ceiroiét aulîj de publier les louanges
TÜRK TARiH KURUMU
A
iij
j

f i;
f
i i,
i f
I
I !
J 1
iî
''i
6 Religion ou Theolegie
da grand Dieu , répétant jour & nuit
( en la illallu ve rmtthemmedtd refouloullah)
Il n'y A cjiiunfeul Dieu (fr Mahomet
pin Prophète, mille ans accomplis
dans ces louanges continuelles ,.
Dieu ordonna à toures ces ames de regarder
la face du Prophète , ce qu'elles
criccurerent. Entre celles qui jetterent
la veue fur fa tete ; îl en fortir un fouverain
avec des Legiflateurs ; celles qui
regardèrent fon front devinrent des
g', s & des Nobles ; celles qui regardèrent
Tes yeux ^ devinrent des Savansd
une memoire tenace & heureufc j
celles qui regardèrent les fourcils de
fes yeux , devinrent de f,.nieux Peitttres}
celles qui regardeCcnt fes oreilles , de-
Tinrent docHes aux rémontrances , &
d'une éducation riche & avantageufej
celles qui regardèrent fes joues , devinrent
des perfonnes charitables, &c fpilituelles
; celles qui regardèrent fes c-
vres,devinrent des.Confeillers d'étar,&
Minières éclairés ; celles qui regard'erent
fa bouche , devinrent des perfonnes
fobres , Se auftéres -, celles qui regardèrent
fa gorge, devinrent de fameux
Prédicateurs , Se favans Curés j
celles qui regardèrent fa bairbe ^ devindes
Turcs. 7
rent des Martirs ; celles qui regarderenc
fà langue , devinrent des Ambaifadeurs-,
celles qui regardèrent fon col, devinrent
des Marchands 5 celles qui regardèrent
fes coudes , devinrent des Luteurs
& Piquiers ; celtes qui regardèrent
fon bras droit, devinrent des Chirurgiens
; celles qui regardevent fon
bras gauche,devinrent des Changeurs
demonoïe ; celles qui legardçrent le
dedans de fa main gauche , devinrent
desM:fiircurs & Arpenteurs ; celles qui
regardèrent fes deux mains en mên-vc
tems , de vinrent des perfonnes libérales
deiînterellécs; celles qui regarderenr
le revers de fa main gauche , devinrent
des tailleurs ; celles qui regardèrent fes
doigts , devinrent des Ecrivains & Maîtres
d'école ; celles qui regarderenc fon
eftomac , devinrent des Dodteurs, ProfeiFeurs
Cafuiftes ; celles qui regardèrent
fes épaules, devinrent des perfonnes
humbles & foumifes aux decifions
des Juges ; celles qui regardèrent
fes cotes droites & gauches , devinrent
de braves & intrepides Guerriers; celles
qui regardèrent fon ventre , devinrent
des perfonnes tranquilles & vertueufes;
celles qui regarderenc fes genoux , ¿i-
TÜRK TARiH KURUMU
A
iiij

Ë I
I i
3: Religion ou Théologie
vinrent des perfonnes confacrées a»
culte de Dieu., & accoutumées aux genuHexions
j celles qui regardèrent Yes
pieds,devinrcntdes MeiFagers & Courliersj
celles qui regardèrent fon ombre,
devinrent des Muficiens & habiles Jo,
ucursde guiterre ; de celles qui none
ïien vu ,.ou diftingué dans la perfonne
lie nôtre Prof>hctc , font fortis les Juifs,
Chretiens , 'Infideles , Païens , Adoratfursdufeu,
ôc d'autres pires, s'ctanc
¿í íí;; z. en divinité , & exigeant des adoi
rations djjes à Dieu feul. i
Qette diveriîté d'états , de conditions-,
Si de religions étant ain/i formée. Dieu.,
command^ à fes bien-aimés Peuples de
ftire leurs prières, & d'en conformée
les ceremonies aux lettres qui compo-,
fentlenom,/ d'AMMET , la premiere
lettre étant un Elif.]. il fauc fe tenic
droit quelque tems; la fécondé étant un
7. il fout un peu fe courberila troi-,
» íes Rois Pharaon & Nemrout fe font dits
ács Dieux , & ont priftendu fe faire adotcr
comme tels , faiTafit fouirlr le maicirc i tous
ccue i]HÍ leur nfufoiait ce fauji titre.
l A^vm^t cfl: un des iioms de cc fa'jx Prar
puete

I f
>
.•

II
Ii
3!
Tí Séiigío>í otiT^^eolo'qîe'
cl.ic & la vivacité de cette eau tranfpa*'
rente ; íes dents étant forties de la terre
qui joint cette Cifteme, en reçArenc
la; douceur & la blancheur-; fa maia .
droite étant formée de la terre de Ltt^
meque ^ S''eft fortifiée & endurcie au travail
& à la fatigue ; fa main gauche
étant formée des terres de Perfe , eft
toujours prête à iècourir les autres par^
tics du corps'; fon dos étant formé de la
tefre d e s , cft devenu puilfant &
robuftc- ; fes parties honteufcs étant tirées
de l'ancienne Bttbilone font devenues
fcnfuclles ; fes os.e'tant tirez de
la e Montagne qui environne le monde
ionc devenus durs & forts ; fon cœuc
cranrfortidu Parud'u terreftre , cft devenu
le fiege.& le trône de la religion';
fa langue étant fortie des confins d'Allemagne
,-eft coniàcrée à publier & confè/ferfafoy..
Le Grand Dieu orna encore fon vr-
Êgc de fept portes, favoii:deux aux
,Cafc,& le Grand Dieu l'a tirée expies du
C'k-I pour entourer toute la terre elle eil d'urc
hâ^iiciir piodigieufc,& plufieuis de leurs Savans
T-olcnt que cctte Montagne ne fok qu-'uac
le jçmeraudc".
e Cette Montagne fclon les Turcs Ce nom-
ic»-
iii-/ Tûrcf.
I J i
yeuxjdeux aux oreilles, deux ao ncz, &
une à la bouche : il ajouta à ces fepc
sortes les cinq fens de nature, qui font, .
'Ouïe , la Vcuë, le Tacte , le.Gûût,

j 1 4 Rèl'tglen ouTneologie
¡1 I à écernucr : mais il voulut entrer dnns
fa bouche & dans fa langue , avant d'cremuer,
afin de lui donner l'ufage & la •
liberté de la parole , & qu'il fût «n état
d'exccuter l'ordie de fon Crcateurj qui
lui commanda de dire chaque fois qu'il
éternucroit. ( ilhem do: lilla ) c'eft à dire
(Gloire à Dieu) ordoruiantà tous
ceux de fa compagnie de lui repondre,
( lera rjioi^kjeh rabont^Uh) c'cil à dire,
( que Dieu te donne falut & mifericorde,
) ce font auiTi les mêmes paroles
dont fe fervit Adam après qu'il eut é-
ternué,parolcsfaintcs que l'on ne doit
jamais oublier,en étcrnuant ; fon efpric
décêdit de la bouche à fa poitrine,& ce
fut pour lors qu'il fie fes eforts pour fe
lever & agir: mais fes forces néttnc
pas encoie fuffifantes, il fut obligé de
relier malgré lui dans fon premier étatj
de la poitrine l'efprit décendit dans fon -
ventre, l'excita à l'apetit & à la faim^
le contraignant même de demander
quelque viande pour fe répaitre ; du
ventre cet efprit s'eft repandu-infenfiblenient
par tout fon corps , & a formé
fon f^ng , fa chair , fcs veinesjfibresjarteres,
& generalememc tout. ce. gui la.
coinpofc^
desTurcs. .1/
Dieu pour finir ce grand ouvrage du
premier homme dans toute fa perfection
& bcauté,couviit fon corps d'une
efpece de corne ftmblable à celle des
ongles, qui a-igmenta de jour en jour
fon éclat & fa maj

s ;i
I ÍJ Religion OH Theoloq^ie
faire reconnokre comme Roi & Souverain
de touces les ci-eatuics , le grand •
Dieu pour relever encore davancnge
fon authorité & perfedióner fes belles
qualirés , commanda aux Anges de liii
srêcer leurs épaules pour le porter &
ui fai^re parcourir en Cet étâcle tour de:s
Cieux , afin de remarquer toute la
gloire , la grandeur & la beauté de ces
riches & furprenans édifices j & pour
devenir ainiî le plus éclairé & accompli
-de tous les Dodturs & Ph4ofo^^^hes.
Lès Anges aïant reçu les ordres d'u
Grand Dieu , s'y fournirent avec ref-
Jeft, fc chargeant tous avec ]oïe ic
'heureux fardeau qu'il leur impofoit
& le portèrent par tous les Cieux, employant
prés de mille ans à les parcourir.Ces
Anges aïant heürcufement ache- -
vé leurcourfe, & raporté ADAM- dans
fon premier lieu,Dieu Crea exprés pour
lui un cheval de muic pur , auquel il
forma deux aîks de perles prcricufes,&
le nomma Mamoun j ADAM l'aïatic
montCjGABRïEL s'empara delà bride, •
MICHPL fe porta à fa droite,& ISRAEL
prit la gauche parcourant une fecondc
fcàs l«Gieux,& ialuatit tous les Angçs ^
des Turcs. 17
en ces termes, e E(feUm al kim ve rammet
oullahi , c'eft à dire ( que le faliït
& la mifericorde de Dieu, foient fur
vous J Siles Anges fe ièrvirentde termes
reciproques pour lui rendre le fiilut
répondant à AD AM , Ale'^m felam,
le Très-Haut leur commanda enfuite
que lors qu'ils entendroient le nom de
( DIEU ) qu'un chacun repondroit fans
différer d'un feul moment , Dieu e{l
grand & renferme en lui même toutes les
gr4 ideurs imaginables , voila dit Dieu
parlant à AD A M-la premiere &c principale
priere que je te recommande & à
tous les ^MAHOMETANS , t'ardonnanc
& à eux de la dire& repeter fans celle
jufqu'au jugement dernier.
e Origine du falut des Turcs loifquSls fc
rencontrent,fc fcrvant toujours reeiproquemcnt
de ces termes.
/ Par ces paroles de MAHOMETANS & MU-
SULMANS eft toùjou s fo.iS cntenda le mot de
TÜRK TARiH KURUMU

) ; '
1
i ; •
: ¡I'
i ' I
4! ¡
J 8
Religion ou Théologie
•£«• • miHè^m m^
CHAPITRE
niv
Déla Creation des j4nges..
ÏL eíldc foi de croire que le grand
Dieu aïanttiré du néant les Anges-
R a p h a e l , M i c h e l , & I s r a e l ,
leur donna le foin &c la direftion de
tous fes peuples , de leurs aftions , &
raême de toute l'étendue de ce grand &
vaile Univers , il établit d'abord Gat
b r i e l , pour le dépofitaire & melIKger
de fesfecrets^Sc revelations , avec.
ordre d'en faire un fidele raport aux
Prophètes qu'il juge dignes de íes faveurs
& privileges, il donna à M i c h e l
la diredion de toutes les eaux &poirefnonsdu
monde,il fit I s r a e l le tuteur
de toutes lés ames des creatures raifonables
; & donna à R a p h a e l Je foin
de fonner de la trompette au jugement
dernier.
Le Fils d'AJiBAs ( que le falut de
Dieu foit fur lui ) dit que R a p h a e l ,
demanda à Dieu les forces neceflaires
pour ladiredion des fept Cieux,des
fept Terres_,des vents & montagnes, des
Dis Titres. 19
corps matériels & fpiiicuels,de tous les
monflres terreftres, aériens & marins,
que Dieu les lui accorda , & que pour
comble de grace il orna & embelic fon
corps d'une infinité de poils de fafran ,
lui aïant donné à chaque poil une bouche
& une langue cachées fous les diferens
plumages de fes aîles , pour rendre
au tres-Puiflant les louanges oui lui
ibnt deues en mille fortes de langages..
LeFils d'ABBAs ,dit encore que le,
grand Dieu d'un feul de fes divins .fou-.
flcs,creades milliers & milliers d'Anges
, qui ne ceiTeront de publier fa gloire
jufqu'au jugement dernier.Parmi ces
Anges il s'en trouve plufieurs qui ont
des noms diferens des autres , felon .
la qualité de leurs offices, les uns s'apellent
M o u I c a r r e b o u n , parce qu'ils
font toûjours en prefence du grand
Dieu 5 d'autres fe nomment A m e l e -
t o u l - A r c h , parce qu'ils foutiennent
avec une gravité majeftueufe , l'heureux
poids de ion Trône fuperbe & magnifiqucjd'autres
fe nomment K e r a m o u l -
Ki A T I B I N , larce qu'ils ont ordre
d'écrire toutes es adions des hommes.
Ces derniers felon le fcntimentde plufieurs
font toujours renfermés dansU
TÜRK TARiH KURUMU

JO Religion ûu 'fhealogie
facedcRAPHAEL,àqui le grand Dieu
montre ^ l'enfer trois fois le jour,& autanclanuit
: fpedaçle fi horrible & fi
extraordinaire^qu'il rend fon corps auflî
fubcil que la corde d'un arc, le faifant
fondre en pleurs , en larmes & en prières
; & fi le grand Dieu n'écanchoit fes
pleurs & n'arrêtoit fes larmes , elles
fubmergcroientinfailliblcment route la
Terre , & produiroient un autre deluge
femblàble à celui qui arriva du tems de
Noe' i la grandeur de cet Ange étant
firaonftrueufe , que fi toutes les eaux
des mers,fltuves, & rivieres, étoient ramairées
enfemble , & que l'on les eût
toutes verfées fur ia téte.il n'y en tômberoit
pas la moindre goûte à terre.
^ MICHE L reçut L'eVe du grand Dieu
cinq cens ans atresia creation d'is-
R A E L , & lé revetft de poils de Safran
femblables à ceux d'uRAEt, avec
cette diferencc qu'il en étoit couvert
depuis la tête jufqu'aux pieds , aïant
ajouté à ce riche ornement deux aîles
d'émeraudes: chacun de Tes poils ren-
H Cette vciiede l'enfer imprime dans cet
Ange une crainte fi extraordinaire quelle le
dcfllchc entièrement, mais peu aptes il reprend
fon premier ctac.
des TUrcs.
ferme des milliers & miliers de viiàges,
& chaque vifage des milliers de bouches,
¿c chaque bouche des milliers de
langues , & c4iaque langue fe fert de
milliers de langages diferensj pour
loiier Dieu & lui demander pardon ;
chaque vifage renferme encore des milliers
d'yeux d'où il coule des torrens de
larmes qui implorent fans ceife grâce &
mifericorde pour tous les Mahometans
pecheurs , &c de tous ces milliers de
•larmes, qu'il verfe des yeux. Dieu a formé
de chacune, un Ange qu'il a renfermé
dans la face de MICHEL , ôc tous
ces Anges ne ceiTeront de chanter jour
& nuit , ieu tft ptirificateur^\h ie nom^
ment KEX«.RouBiouN,les yeux à beaux
fourcils ,ce font eux qui fervent l'Ange
•MICHE L dans fon office , & ont la direcSbion
des plaies, herbes , fruits , &
-recokes de la terre, de forte qu'il ne fe
trouve pas la moindre goûte d'eau dans
la mer , ni un petit fruit fur les arbres,
ou une feule herbe fur la terre , dont ils
n'aient une pleine & pntiere adminiitration.
GABRIEL a reçu l'être du grand
Dieu cinq cens ans après MICHE L , on
lui compte jufqu'au nombre de fix cens
TÜRK TARiH KURUMU

2Z Religion «H Theologîe
aîles une infinité de poils de fafraft'
dépuis la tête jufqu'aux picds.Le grand
Dieu l'a orné de deux foleils qu'il a renfermé
dans fes deux yeux, aïant ajouté à
ce pretieux^ riche ornement ,üne lu,
ne & pluficuis étoiles à chaque poil de
fon corps. Son efprit entre trois cens
foixante & dix fois en mer tous les
jours,& fortantde ces ondes fait couler
de chaque ailé des millions de goûtes
d'eau , dont le grand Dieu a formé autant
d'Anges qu'il fe trouve de goûtes,
•aïant renfermé ces Anges dans la face de
CABRIEL , Se ne leur aïant donné i
tous aucune autre occupation que celle
•de chanter fans ceile , Dieu efi purifica-
/i«!', ils fe nomment ROUHANI-IOUN,
l'ame des ames. La face d'isRAEi
aproche fort de celle de RAPHAEL
tant par raport à la beauté du vifage
^u'à la grandeur de fes aîles , oH à la
•quantité de fes langues.
des
TurcJ.
•KK- i®' Sè»?- -HM- «» «>}•
1
CHAPITRE
De U Creation de la
IV.
Mon.
L a plu au grand Dieu reveler à MA-
HOMET MUSTAFA nôtre Prophète,
qu'aïant créé la Mort, il la cacha à fon
Peuple fous des milliers de voiles diferens
, qu'elle furpaifoit en grandeur
toutes les Terres & les Cieux joints enfcrabk;qu'il
l'avoit enchaînée avec foixante
& dix mille chaînes , d'une longueur
fi prodigieufe , qu'elles s'étendoient
jufqu'à foixante mille lieiies de
chemin,aucun Ange n'en a jamais aproché
, ni deviné la refidcnce,ou entendu
la voix , ni aucun mortel tel qu'il foit,
n'a pu comprendre jufqu'i prefent fes
occupations. Ce qui eft de trés-certain,
c'eft que le grand Dieu après la creation
d'ADAM donna^IsRAEi un Empire
abfolu fur elle , ce qui d'abord furprit
fort cet Angc,qui n'avoit e» jufqu'alors
au:unc connoiifance de la Mort, ni de
fa nature. Un ordre auifi fubit & impreveu,
l'obligea de faire à Dieu cette
demande : O grand Ditu .feteprie de
TÜRK TARiH KURUMU

V I
ts
t4 Religion ou Theologle
me le pardonner , fi e le d-mande ^ui
efi cette Mort dont tn me donnes attjoura'hiti
la direilion ? Dieu lui répondit
: je vais te la faire conno'itre : & au
même inftanc fit ^iti commandement
abfolu à tous les voiles de la Mort de
difparoîrre , afin qu'elle fût vifible , ce
qu'ils executerent ; Dieu enfuite commanda
aux Anges de jetter la veiie fur
ce monftre prodigieux j lui aïant obeï,
le grand Dieu a'adn-Hii la Mort.& lui
dit : é. ens tes ailes & éleve toy au deffus
¿e la tête des ^nges : la Mort s'éleva au
dcifus d'eux jmais dans la rapidité de
ion vol., elle fe laiiFa tomber fur leurs
•vifages ; cette chute lourde & inopi-
•née Tes interdit d'une telle maniéré,
qu'ils refterent mille ans extafiez & endormis
: revenus de leurs fommeils 8c
fxtafes, ils s'écrierent auiîj-tôr:0
Dieu^eil-il poffible cju'ilfepuiJSe trouver
Aucnn être d'une -grandeur fi prodigieufe
& cjui égale la Mort j Dieu leur répondit
, ( oui ) puifque je iuis d'une nature
infiniment plus étendue' que c'eft
moi-même qui ay crée ce monftre terrible
, dont, a grandeur vous furprend,
dont toutes les creatures en éprouve-
- ont un jour les rigueurs & la cruauté,
il
des Turcs.
il die eniuite à ISRAEL, je te con-
•figne cette Mort , & t'en donne la dl~
i retiion. Cet Ange lui répondit -, de ejuelle
maniéré m'y prendrai-je pour m'en
rendre le pofLffeur ^ er le maître , mes
forces me paroiffant infiniment au dejfous
des pennes î Dieu lui ayant accordé leS
•forces neceifaires pour la maîtrifer, ce
monllre horriûle devint au même moment
docile , & refpc£tueux à fes ordres
, lui demandant feulement par
grace de pouvoir faire retentir fa voix
Mr tout e monde, le grand Dieu la
ui ayant acordée , cette Mort commença
ainiî fon difcours, & d'un ton
fi clair & fi élevé qu'un chacun entetw
dit diftindement ces mots. Je fuis
cette Mort cruelle & funeile qui fepa-"
rc l'époux de fa bien aimée & chere *
époufe ; je fuis cette Mort cruelle & "
funefte qui enleve les filles du fein de
leuLs meres, & les enfans de leurs"
niaifons paternelles ; je fuis cette«'
Mort cruelle 5c funeile qui prive les«
freres de leurs propres fœurs ; je fuis«
cette mort cruelle & funefte gui ««
afoiblit les plus robuiles ; je fuis cet- "
te Mort cruelle & funelÎe qui dé- «
truit.,rcnverfeSc anéantit les Palais«
/. F

iS Religion ou Théologie
„ les Châteaux , & les Forccrcires les
,, mieux établies & cimentées ; je fuis
„ cette Mort cruelle & funefte qui tra-
^^ verfe les portes de fer & d'aiiain^qui
entre & pénétré jufques dans les
» coins &c recoins des lieux les plus re-
„ culés & les plus fecrets. Ce iont les
termes dont la Mort s'eft fervie pour le
faire connoître à tout le monde , mais
voila les manières dont elle fe fert pour
s'emparer de quelque creature.
Elle fe prefente d'abord à elle fous
fa propre figure , & cette pauvre & infortunée
creature l'apercevant, lui fait
cette interrogation ( cjui es-tu & ijue
demAndeS'tH , ) La Mort lui repond
„ ainfi : Je fuis la Mort qui vient pour
„ t'enlever du monde , pour laiifer tes
„ enfans orphelins , & pour tranfpor-
„ ter à des étrangers & inconnus , ces
„ biens, ces poifeffions & ces richeifes
« que tu as recherché d'un amour de-
» réglé & paffionnéjô miferable que tu
„ es , tu n'as travaillé que pour ce
„ monde vain , trompeur & menteur,
„ fans jamais penfer à l'eternité j mais
„ tu vas reconnoitre en ta propre per-
„ fonne , ,une étrange horrible me-
„ tamorphofe,& éprouver un fort.bien
des Turcs,
x-y
opofé à ta fortune paiîee, c'ell donc
afin de couper le cours à tous ces"
charmes , 5i plaifirs dont tu as joiii,
que je m'adrefl'e aujourd'hui à toy
& t'annonce que l'heure du travail
eft fini & qu'il n'eft plus en ton pou-"
voir de faire aucune bonne adbion,'"
& digne du Ciel."
Cette infortunée entendant une voî>:
auffi trifte & lugubre , fe tournera la
face vers la muraille , mais la Mort fe
prefentant encore à elle fous fa même
& propre figure , l'oblige de changer:
de place , & de tourner le vifage d'un
autre côté, afin d'éviter ce diforme &:
fatal objet , qui lui choque la veuë ;
mais demarches purement vaincs
inutiles , puifque la Mort la pourfui-^
vant par tout, fe prefente continuellement
à elle , lui tenant ce langages
Quoi donc malheureufe ,il femble«
que tu ne me connoiffcs plus ? Je fuis'®
cette Mort qui ai dépo'iiillée l'àme"»
de ton pere ,dc ta mere , & de toute
ta famille, tu l'as vu & ne le peus
Ignorer,cependant en es-tu devenue
plus fige , je vais enlever ton ame en "
prefencc de tes parens, ils affifteront "
tous à cc terrible fpedacle, & feront '^
B ij
TÜRK TARiH KURUMU

aS Religion ou Theologie
,5 ^refens à ton malheur ; mais peut-
„ écre te relîèmbleiont-ils & n'en leti-
„ reront aucun avantage. ]e fuis cette
„ Mort qui ai dépouillé des millieis de
„ perfonnes beaucoup plus riches ôc
„."plus puî/Fantes que toi, tu l'as içû &c
» vû j cependant où cil le profit que tu
« en as tctiré. Je fuis cette Mort qui ai
«mis en de toute des armées entieres,
avec leurs plus intrépides Héros, qui
,, m'avoient infulté & bravé en mi le
«rencontres, mais malgré leur intrc-
« pidiré , & leurs airs fiers , & menaçans
, je les ai bravé & infulre' à mon
„.tour , tu en as été témoin , mais tu
n'en as pas profi té.
Enfuite l'Ange Israel dira à
ce pauvre moribond;«!/« ^vo 'ùe le moi
^H'as-tu vù dans le monde finon fourbe^
ries , mensonges , impoftures^ vanitez.,
& plufieurs autres vices de ce caraSlere.
Ce difcours fini le grand Dieu fera
parojtre le Monde fous la figure d'une
vieille femme , laide , & décrépite ,
qui tiendra encore ce langage au mq-
„ ribond : N'as tu pas de honte , infa-
„ me que tu es, d'avoir commis plus
„ de pechez que moi,fans avoir jamais
„ pris les précautions uecciraires pour.
des Turcs. 19
éviter le mal, tu m'as defiré ^ deman- "
dé & recherché continuellement, "
&c même avec des emprelfemens ridi- "
cùles & extravagans, quoique je n'a- "
ye jamais eu d'inclination pour toi, "
ni fait la moindre démarche pour te '
prevenirj l'exemple de tes prédecef- '
feurs ne devoit-il pas t'aprendre "
que tu te feparerois un jour de moi, «
malgrez toi, fi tu ne l'as jamais com- "
pris , aprens-le aujourd'hui à tes dé- «
pens & pour toujours , & fçachc que "
je vais m'éloigner de toi pour toute '' '
l'éccrnité, que ton Or, ton Argent, "
&i toutes tes polijii -.ns j-alferonc ac- '
tud!em:nten des mains étiangcics.
Le bii;n tiendra à ion tour ce Lugige
au Moribond : Tuxn'asaqui.ra-"
vî, ôc ufurpé, malheureux que tu es , " '
par fourberies rhenfonges, malice, " '
& injuftice, & au lieu de me diftri- "
bueraux pauvres, tu m'as diilîpé en «
folie , mais je fuis tombé aujourd'hui '
par l'ordre du grand Dieu entre les «
mains d'un autre qui en fera un meil- «
leur ufage , & fi le grand Dieu ne le '
recompenfe pas preientement,le jour"
du jugement general viendra il '
recevra pour lors la retribution de fcs '
B iij
TÜRK TARiH KURUMU

„i ,
.1 il ^
îo Religion ou T'aeologie
chaiitez & aumôiics.
Le Moribond chagi in d'un tel com'-
};IinK'hc & encore plus de Ton fort, dii.i
à Dieu ; O grand Dieu rend moi la
J-ifjtê , ijr e te fervirai avec plus de
«d/ii'jmais prières vaines & fuperflues,,
pui/qu'il eft écrit dans le St. Alcoran
que (l'heure delà mort étant arrivée
il en faudra franchir le pas , ne pouvant
la différer ouavancer d'uncheure )
fi le Moribond a fait les adions d'ua
Lon & veritable M U S U L M A N , la
Mort lui ^apaioîtra fous une figure
moins diforrac,mais s'il a vécu dans
le Judaifme , le .Chriftianifme ou l'infidelitc
, elle lui aparoîtra fous une
monftrueufc & horrible figure^Dieu lui
ayarit ainfi ordonné. L'ame étant donc
lortîe de fon corps trouvera dans le livre
de vie fesavions écrites, fi elle en
a fait de bonnes & dignes de l'éternité,
elle les trouvera écrites dans le livre de
vie , que le grand Dieu^ conferve au
Ciel , mais fi elles font méchantes ,
elle les trouvera écrites dans un livre
noir & vilain qui fortira des abîmes.
des Turcs. 51
"«» i«^ -ÎÎM KM K»
C H A P I T R E V.
Le U creation de l'Ange ISRAEL.
Le Fils de S A L O M O N fumommé
le G U E R R I E R , raporre
dans fes Ecrits les circonftances & les
maniérés dontfe fert I S R A E L pour
s'emparer des ames des vivans, il montre
auparavant que le grand Dieu a
conftruitdans le feptiémc Ciel un Troie
exprés pour cet Ange , & que c'eft
dans ce même Ciel où il a été créé,
d'auores veulent que ce|foit dans le
quatrième Ciel , où Dieu lui a donné
l'être,ayant tiré fon corps de lacLirté
& de la lumière , & que fon Trône eft
foutenu de foixante & dix mille co-
[onnesl, que le grand Dieu a revêtu
le corps de cet Ange de ^quatre mille
aues,& rempli d'une infinité d'yeux
^ de langues ; de forte qu'il ne fe
trouve pas jufqu'au moindre animal
terreftre,cn l'air ou dans la mer, en
mot aucune ame vivante & raifon-
»^able, qui ne trouve pour elle feule
B iiij
TÜRK TARiH KURUMU

'I' 1
li^ !
3 i Religion OH TBeakgie
dnns le corps de cet Ange h une face
un œil & une main qui veille fur fa
conduite ; & c'cft avec cette main,qu'il
enlevé l'ame de leurs corps dans quel-
«[ue endroit de la terre qu'elle fe trouve,
cette ame étant fortie de fon corps,
l'œil , la face & la main deftinée^
four veiller fur fa conduite tombent
du corps d'I s R A t L.
D'autres de nos fameux Dodleurs
veulent q u' I s R A E L aye quatre
fiées, la premiere fur le fommet de la
ière ,1a fécondé dans fa place ordrnai-
1'.-, ia troiiîéme au dos . & la quatric-
J. e fous la plante des pieds. Avec la
premiere face il enleve les ames des
^iiges & des Prophetesjavec la fécondé
il enleve celle des M U S U L M A N S
avec la troifiéme il enleve celle des Inl
fidèles , Juifs & Chrétiens , & avec
la. quatrième il enleve celle des eff>
Les Turcs veulent qu'une perfonne mourante
, il tombe du corps D'ISRAEI , un œil
u:ic facc & une main , & qu'une autre peifonne
Tenant au monde , Dieu lui donne de nou,
Tcau, lui œil,une face & une main.
des Turcs, j ^
prits Í Aeriens.
Ils foucienncnt que cet Ange a ua
pied pofc fur le pont de l'Enfer & l'autre
fur le Trône que le grand Dieu lui
a fabriqué dans le Ciel, Sc eft d'une
grandeur fi prodigieufe que fi l'on verfoit
toutes les eaux des mers , fleuves,
fontaines & rivieres fur ia tête , il
n'en tomberont pas. là moindre gouce à
terre.
V E E B ( que le falut de Dieu (oit
fur lui ) dit que la terre eft-à fon égard
comme une table où il prend tout c j
qu'il y trouvé à fon goût,dépouillant
l'ame de celui' qu'il lui plaît qu'il
tourne & retourne tout ce vafte Univers,
avec autant de focilite que nous
retournons un denier avec nos doigts,
que de plus ce: Ançe par uuè gracc
particulière refte toujours au Ciel, &
qa'il n'en décendfa plus , ni aucua
i Les Turcs prctendcnt que parmi ce grand
Bombre d'Efprits Avrfcps , iV y en a plulicurs
qui ont été créez de feu & d autres d'air, qu'il
ie trouve patnii cui des Chtêticns Juits , idolatres
, Se de véritables MUSULMANS qu'ils cnc
^oes Rois.Princci , Gouverneurs, Se Gcncils-^
«ommes,qu'en un mo: 'il y a un tres- b-'a.i rcglcrnent
& une graadc fubordinatiou CÍHÍ-
«ux.-
TÜRK TARiH KURUMU

3 4 Religion ou T^jeoloqie
Prophète , que c'eil la raifon pour laquelle
il a établi d'autres Anges , pour
avoir la diredion de toutes les ames,
il convient avec tous nos autres Savans
& Codeurs , que toutes les ames
de ces creatures tant raifonablcs ,
qu'irraifonables étant forties de leur
corps & n'y en reftant plus aucune vivante
,1c grand Dieu anéantira au même
inftant tous les yeux qu'il a renfermé
dans le corps d'i s k a e l , &
qu'il ne lui reliera plus que les huit
principaux à favoir lo. celui de M i-
fi H E L , i". celui de R A P H A E L,
3o. celui de Gabriel , 4". le ficn
propre , avec ceux des quatre autres
Anges qui foutiennent fon Trône.
des Jures. 3 5
«M- m «K' î® î^ 6«9- -KK m t^
CHAPITRE
VI.
particiilaritez., circonflances , d"
demarches de la Mort, qui veut enlever
l'Atne d'un moribond.
IS R A E L voyant un malade va demander
au grand Dieu un billet fur
tequel eft figné fon Arrêt de mort, le
recevant il lui parle amfi ; O mon Crea~
teur , quand de quelle manière m'y
prendraî-je pour enlever l'ame de ton
ferviteur : Dieu lui fait cette reponfe :
Sache qu'il ne t'apartlent pas de pénétrer
dans l'avenir , qu'il n'y a que moi feul
qui en aye & doive avoir une parfaite
connoijfance , cependant l'heure de la
mort de mon £fclave étant prochaintyje
t'en ferai part , & t'en donnerai des
marques certaines & infallUhlet.
Premièrement l'Ange direUeur des
foufles de U mort t'en donnera avis
te dira^ les derniers foufles d'un tel voue
faffer.
Secondement l'Ange di/eileur de f ;s
biens , pojfejfions & aBions , viendra te
Àîre les- aihions ^ richijfes d'un tel fo..>'
B vj
TÜRK TARiH KURUMU

RcUi^lon OH'fheologle
évanouies & dîfparuesUne luirejîe
plus rien. Nos Thcologicns difcnt que
iî la vie de ce M u s u L M A N a été
conforme à la pureté de fa Loi, que
pour lors I S R A E L tiendra fon nom
écrit fur une belle feuille de papier
blanc, &C le fera briller avec autant
d'éclat qu'un efprit pur & tranfparent,
que fi fa vie au contraire a été impie^
fcandalcufe, S¿ femblable à celle d'un
juif Chrétien ou autre Infidelejl trouvera
une écriture vilaine , noire &
puante.
Quoique l'Ange I S R A E L aye la
diredtion de la Mort, il n'a néanmoins
aucune connoiiFance certaine & aiTulée
du tems qu'elle viendra , s'il ne
tombe auparavant une feuille de l'arbre
qui fe trouve au fixiéme Ciel , car
51 eft bon de favoir qu'il fe trouve fur
cet Arbre ^autant de feuilles qu'il y a
de creatures dans le monde , & fur cha.-
que feuille eft écrit le nom de chaque
ci-earurc , laquelle étant tombée de
l'arbre eft ramairée- par I S R A E L
qui cnlev: au,Ti-tôt l'a me de celai ou «
de celîé dont il voit le nom écrit fur.
cette f;uïlÎc.
Le fameux TUcologten KrABoun-,
des Turcs,
J7 ••
A K B A R ( que Dieu lui faife mifericorde
) raporte dans fes Ecrits que le
Tres-Hnut a créé cet Arbre au delfous
de fon Trône , & que la creaturc étant
âirivée au terme de fa vie , la feuille où
cft écritfon nom tombe de cet Arbre
auprès d'i s R A E L qui la ramaire
pour la voir , & donne au même moment
ordre à fes Anges cooimiflîonaires
d'enlever fon ame , & pour lors
l'on donne au Ciel à cette creaturc le
lom de Mort, quoi qu'après la chute'
Recette feuille , elle furvive encore •
l'cfpace de quarante jours aprés/lequel '
tems expiré un Ange dcccnd de la part '
1 s R A E L tenant d'une main une '
fcuï le de papier , fur laquelle font '
Couchées les raifons qui l'obligent '
d'enlever cette ame , le lieu d'où il •
doit l'enlever avec fon nom & fonc
âge.
Le Theologien E B O U L L E I S ,
( que Dieu lui falfc mifericorde ) die
qu'il tombe plufieurs goûtes d'eaudu
Trône du grand Dieu fur cet Arbre
,qm; les unes font-blanches ,
I« autres vertes , que les blanches'
tombent fur ces feuilles denotent •
^ae les pcrfonnes iont vertueufes , W ,
TÜRK TARiH KURUMU

hii
3? Religion on Theologh
veitcs au contraire iont les marques de
reprobation , malheur, & anatême aux
noms fur lefquels elles tombent; quand
il s'agit de donner le coup de la more
aux uns ou aux autres , I s R A E t-
s'adrelFc à l'Ange Diredeur de la matrice
que le grand Dieu a créée pour le
foin de la generation , & le gouvernement
du nombril de tous les enfans^
qui nailï'ent lui commande de fermer
infenfiblement ce nombril ,,avec
une terre imperceptible aux yeux de
riiomme , l'Ange ayant reçu cet ordre
qu' I s R A E L lui donne de la parc
du grand Dieu , l'execute le fermant
de jour en jour avec cette terre. L'homme
ne laillè pas pour cela que de vivre
& d'agir pendant cet intervale ; mais
ayant le nombril tout à fait fermé il
perd peu à peu la vie , & meurt.
Comme il fe pourroit trouver quelque
Infidele , qui rcvoqucroic en doute
que l'Ange ISRAEL a des Anges
commiffionaires deftinés , pour exccucer
fes ordres , j'ai jugé à propos
d'en aporter une preuve autentique 6c
qui ne foufre pas de répliqué.
Dans les premiers tems qu'IsRAEE
fc rendoip plus familier à caufede U
des Titres.
fainteté de nos premiers Peres, Il entra
un jour dans une ail'emblée que tenoit
SALOMON Fils de D A v I D , un
jeune homme de la compagnie un pea
Crop curieux & indifcret, fixa fa veue
avec trop de complaifance fur cet Ange
, qui s'en étant aperçu s'en fâcha &
difparut, ce jeune homme inquiet Se
chagiin d'une difparicion fi fubite>6c
inopinée en trembla de frayeur & die
au Prophcte S A L o M o N,fi tu euffe "
arrêté ta veiie un tems fi confidera- "
blc fur I s R. A E L , & que tu eulfe "
été caufe qu'il eût difparu à nos"
yeux , ]c ccmmandcrois aux élemens "
de te tranf^orter à l'heure même''
au païs de la Chine ; S A L o M o N "
prevoïant tres-bien que ce jeune homme
étoii fans doute coupab e du même
crime dont il le ménaçoit d'une jufte,
fcvere , & promte pcnitence , le paya
d'une même monoye , commandant
aux élemens de l'enlever & tranfporter
dans la Chine » ce qui fut auffi-tôt
fait, I s R A E L peu de tems après
aparut au Prophète SA L O M O N , qui
raconta à cet Ange toute l'hiftoire,
ïui difant, que ce jeune homme ayant
arrêté ua tems trop confiderable fa
TÜRK TARiH KURUMU

4° Religion ou Theologle
vcue fudui ,que pour punición dune
cuïiofiré auíli indifcrete , ¡1 avoic
commandé aux vents de l'enlever , ôc
tranfporcer dans la Ciiine païs fort
éloigné, y ayant prés de^trois mille
lieues de chemin. ISRAEL lui re-
1' ij „ pondit: Je fçai tres-bien que tu avois
commandé aux vents de le tranfpor-
„ ter dans ces terres étrangères, mais
«tu ne fais peut-être pas que le même
,, lourde fon arrivée , j'ordonnai de
,, l'enkvcr de ce monde. En effet l'on -
aprit unan après que ce jeune homme
étoit mort ce même jour , preuve
convainquante qu' I s R A Î i a des
Anges commiilîonaires établis dans
tous les pais pour la diredion des ames
ficfuplcerà fon défaut, ne pouvant fe
trouver par tout & en même tems.
Autre exemple plus fort que le precedent
, & qui ne foufrc pas çncore de
replique , un homme faifant ia priere
au grand Dieu , ne cellbit de lui dire à
chaque moment ( ô¿rand Dieu fatsmñ
miferuorÀe , j & à l'Ange qui a la
direction du Soleil , cet Ange inftmit
de l'amitié que lui poitoit cet
homme voulut lui en donner des marquas
de reconayiirance, & même lui--
des Turcs.
rendre vifitc , en ayant obtenu la grace
grand Dieu, il lui parla en ces termes
: O homme dis moi^ e te priejes raifons
tfut t'obligent k te fouvenlr de moi
dms toutes tes prieres : je n'ai jamais "
eu d'autre but, repondit cet homme, "
que d'obtenir une feule grace qui"
dépend de toi, & que je te conjure "
de m'accorder , l'Ange du Soleil y "
ayant confenti il lui dit : o Ange je "
te prie de me tianfporter en ta place^ "
afin de m'informer d'I s R A E L "
de l'heure de ma mort, l'Ange du "
Soleil fans diferer d'un moment, le prit
& le mit en fa place ; s'adrelFa enfuite
à ISRAEL auquel il fit un raport
fidele de la priere de cet homme, & le
fuplia de lui dire fi l'heure de fa mort
étoit proche , afin qu'il prît fes précautions
& s'y difposât,! s R A E L regarda
fixement cet homme, & repondit
à l'Ange du SoleiUque la mort étoit
encore fort éloignée de cet homme
pour lequel il prenoit tant d'intérêt,
ue veut dire ceci, fa mort cil encore
l fort éloignée, dit l'Ange du Soleil, c'eft
à dire lui répondit ISRAEL que
ton ami ne mourra pas tant qu'il reftera
en ta place : l'Ange du Soleil en con-
TÜRK TARiH KURUMU

1
ÍÍ ni'
V J!
4i Religion OH Thcologie
fideration dc l'amitié que lui avoic
porté cet homme prolongea fes jours^
de plufieuts années j le tenant un tems
confiderable avec lui & après l'avoir
averti de fon fort , le renvoya enfuite
dans le même lieu d'où il étoit parti,
ou I s R A E L avoir fes Anges commiiïîonaires
qui enleverent ion ame,
preuve autentique qu' ISRAEL a
les Anges commiilîonaires qui execuîcnc
par tour fcs ordres.
I
'des Turcs. 43
C H A P I T R E
VII.
Ui ia mon de tous [es jinimanx^
Olfeatix & infe^es.
L a plu au grand Dieu reveler à MA-
H o M E T nôtre Prophète , que les
Animaux mourroient quand ils auroient
oubliez leur Createur^parce que
le grand Dien les oublioic ÂUÎH dans le
même moment, & que cet oubli leur
donnoit le coup de la mort. Tonne
doit pas croire qu' I s R A E t fe
mêle de ces fortes dc ^creatures ou
qu'il y prenne quelque part & intérêt.
TÜRK TARiH KURUMU

44 Religion ou 7%eolog!e
m «6 8*3-»- ¡»imit&m' mt
C H A P I T R E
V'III.
Colloque de l'ame avec ISR AER.
NO U S lifons dans les Ecrits de nos
faints ProplKtes & fameux Théologiens
qu' I s R A E t apaioiiFant au
iTKjribond voit l'ame de cet infortuné
fe foulever fe &c revclréi- contre lui s'cnoiiçant
en C€s termes; Retire toi d'ici
„car je fuis dans la refoluciou dé ne
„ point t'obcïr qûe je n'en aye reçu un
„ ordreexprésdu grand Dieu; ISRAEL
„ lui répond^ c'efi ce même Dieu dont tu
refpeUe let ordres, & adore les Decrets
me l'a aujft commandé, tir c'efi de fa
„part que je fuis venu te trouver-.où en
„font les marques,dit l'ame, fais-moi
„ venir les témoins qui prouvent ce'
„ que tu avances , car tu n'ignores pas
„ que le grand Dieu ne m'aye donné
„ l'être avant d'avoir penfé à toi, ce-
„ pendant tu as la hardielFe de t'adref-
„ fer aujourd'hui à moi, & ofes atten-
„ ter fur ma perfonne, en me fepa-
» rant de mon corps.I s R A E L , voyant
l'ame du moribond lui tenir tête
des Turcs.
ne fçachant plus que lui repondre,
s'en retourne au Ciel, & fe p aint vivement
à Dieu de la conduite du moribond
lui parlant en ces termes : O
grand Dieu^ l ame de ton Efclave que
J'ai voulu enlever , m'a fait afront,
n'ayant répondu d'une telle & telle maniéré
, cè" exigé de moi des fignes , preuves
^ & témoignages de la commiffion
dont tu m'as honnoré, le -Grand Dieu
répond à l'Ange. Jfraël ^tes plaintes tie
Pm pas bien fondées , dr l'ame de mon
Efclave a enra!f

Q
1.
,! I
46 Religion ou Theologîe
KK
CHAPITRE
saw -KM-g^ E^- -HM'
IX.
Réponfes ijtte font les principales parties
du corps, à la mort, quand elle veut
s 'emparer d'elles.
NO S f^imeux Do£teurs prétendent
que le grand Dieu ayant décrété
la mort de quelqu'un , charge Israel
de l'execucion de fes ordres,qui le preiènte
d'abord à la bouche du moribond
afin d'obliger fonamedefortir par cet
„ endroit, mai-s elle lui répond : Il n'y
„ a point ici de paflage pour toi^parce-
„ que j'ai toujours été vouée &: con-
„ iacrce aux louanges & benedidlions
„du Seigneurîce qui oblige l'Ange de
ie retirer , & de raporter à Dieu le
procédé de l'ame & la rcponfe de la
bouche du moribond , le grand Dieu
dit à cet Ange va, l'gme de mon fervi'
teur a eu raijen,& attaque lad'une autre
maniere , pour l'enlever de fon corps:
I s r a e l retourne fur fes pas & tâche
de furprendre l'ame par la main,
qui lui refifte & lui répond en ces ter-
„ mes : Tu t'y es mal pris ne trouvanc
Des Turcs.
aucun palTage chez moi j , comment «.uiuuicnc '
ne içais-tu pas que j'ai toujours été 1 te
confacrée à la charité , & à des actions
héroïques , j'ai fecouru les "
orphelins, j'ai écrit plufieurs points"
de Théologie & ai fait fauter la rcte "
à plufieurs Chrétiens & autres infi-«
•de es:I s R A E L n'ayant aucune re- "
plique à faire à ces paroles, s adreife
aux pieds , qui lui rendent cette reponfe
: Retire toi d'ici ^ le palHige «
t cil fermé, ne fais-tu pas que nous''
avons été mille fois à la Mofquée,"
cjue nous avons rendu une infinité
de vifites aux malades, & aflîfté avec "
la derniere pondualité à toutes les "
alFemblées des favans : I s r a ë l "
ïeftant comme interdit de cette reponle
, s'adrelTe aux oreilles qui lui tiennent
ce langage : Il n'y a ici aucune "
entrée pour toi, puifque tu fais toi «
niême que nous avons toujours été «
ndeles à entendre avec afliduité & «
^fpe£t les louanges du grand Dieu , «
^ fes nobles Attributs I s R À E L «
fait une derniere tentativejs'adrelTant «
aux yeux qui lui répliquent ain/î; Tu «
^ as rien à gagner avec nous , & n'y "
profiteras pas plus qu'avec les autres. «
TÜRK TARiH KURUMU

,48 Religion OH Yheologie
» Qiioi ne fais-tu pas que nous avons
,.toûjoui-s été apliqués à contempler
^ la face des Dodeurs favans Theolo-
„ gicns & Piedicateurs. I s r a e l
las & dégoûté de tant de démarchés
vaines Se inutiles , fe découragé 8c
quitte la partie , abandonne le moribond
, & retourne vers le grand Dieu
former fes plaintes : O tnon Créateur^
lui dit-il, ton Efclave dmt tu m'as or^
donné d'enlever l'arne ^ vient de me rendre
telle & telle reponfe , qne ferai-;e
prcfentement four m'en rendre maître^
& de ijuelle manure m'y prendrai je.
Le grand Dieu lui repond : prend mon
Saint Nom, pend le a ton bras, & empare
toi enfuite de l'ame des Aiufulmans
, ce font les deux preuves de ton
autorité, & (¡ui te ferviront k te rendre
maître de l'ame de mon Efclave,
I s r a e l fans perdre de tems , écrit
dans le milieu de fa main le Saint Nom
de Dieu.qu il accompagne de l'ame des
Mju s u L M A N s , à peine le moribond
aperçoit-il l'un & l'autre que fon
ame fort avec joye de fon corps , ce
Saint Nom ayant la.force & la vertu
de chaffer &

50 Religion OH Theoîogîe
logiens qu'un moribond étant fur le
point d'expirer ; le grand Dieu dit à
I s R A E L de ne ie pas prelfer fi
fortjd'avoir un peti plus de condefcendancc
pour fa creature, de ne la
point tant tourmenter , & la laiiTer un
moment de repos & tranquille.IsRA e l
ayant attiré fon ame jufqu'aux genoux.
Dieu lui crie encore de garder plus-de
mefurc dans fa conduite, & d'y aller
doucement. Israel ayant atiré
fon ame jufqu'à l'eftomach, le grand
Dieu lui fait une correâ ion (iemblable
aux premieres, mais Israel pourfuivant
les fondtions de fa charge , &
ayant atiré Ion ame jufqu'à la gorge,
le grand Dieu lui crie pour une derniere
fois , de la laiifer de repos , jufqu'à
ce que toutes les parties du corps
fe foient aiTemblées pour s'entre-faluer
& fe donner le dernier adieu les unes
aux autres , les deux yeox fe faluent en
ces termes:^«« le falut de Dieu fait fur
vous, & bon volage jufqu'au jugement
dernier ; les oreilles les pieds & les
mains fc faluent en ces mêmes termes,
l'efprit dit enfuitc à la chair , ayons recours
an grand Dieu , conférons de bouche
notre foi, profejfons la de tout nS^
Des Turcs.
j t
tre cœur : ces mots finis les pieds & les
iTiains reftent immobiles ,les yeux fans
clarté, les oreilles fans ouie,&|le corps
fans ame ; mais fi cet homme en mourant
n'a point profeifé fa foi de bouche
Ou par figne , & qu'il n'aye fait aucune
aftion meritoire, je vous donne à penfer
à tous, quel fera le fort funefte, Se
l'état deplorable de cet infortuné dans
fon tombeau;où il reliera jufqu'aù jugement
derniejabandonné de les amis,
icftant fans pere , mere , & parens,
privé de voiles & d'habits pour fe vêtir
, & même de couffins , ou d'oreillers
pourrepofer fa tête., & fi pout
furcroit d'un plus grand malheur le
grand Dieu n'a point pitié de lui, jugez
de la rage & du defefpoir où il fera
réduit j que le grand Dieu me preferve
& tous nos freres les Musulmans
d'un tel fore.
TÜRK TARiH KURUMU

5 i , Religion OH Thtologie
•e^ «« «ÍH 4» (í^ ^
CHAPITRE X.
Des rufss ^ fourberie

I !
"i'
îJ;
i ;;
'I Îî,
54 Religion óu "fneologîe
qu'il lui prefeiirc , cet iafortuné enrageant
de foif montre de la paffion pour
l'accepter ; nuis le demon lui fait auparavant
cette prc^QÎition O hamme
tout beau ne te. J^rep ftss ft fart, dt prendre
ce verre d'eau , car je nt te l'effrt &
•Kcorde eju'à condiUaa ^m tu avofiit'as
avec moi, qu'il n'y ttpai/tt dt Cremenr
du Ciel & de la Terrt^ voyant que le
Moribond garde le 6Ienoe^&: ne.lui réd
aucune reponfc favorable , il abandonne
ion chevet &C defcend à fes pieds ,
itnant toujours ce verre d'eau qu'il remue
de tems en tcms, le Moribond enrageant
de foif lui en demande par
grace quelque goûte pour fe rafraichir, •
niais le demon naturellement malfaifant
toujours obftiné dansfes mauu
dites propofitions^ne veut jamais con«,
ícntir de lui accoader qu'i condition
qu'il publiera qu: Mahomet Se
íes PredecetFcurs ttoient de faux Prophctcs,&
Impoftctits averez; il fe trouvera
plufiturs Moribonds, qui ne pouvant
fupotta'davantage la violence &
U cruelle ardeur de b foif , feront afiez
malheureux , & aveuglez pour rendre
ce faux témoignage , que ceux-la
ayent la maledidion de Dieu,puifqu'ils
iDourront infideles, mais ceux qui audes
Turcs. 5 5
ront alfez de vertu & de force , pour
rcfifter à ces tentations , & mcpriitr
Ces impies & extravagantes propofitions
, mourront elûs , predeftinés , &
Véritables Mufulmans , que le grand
Dieu nous en fafle à tous la grâce.
Nous avons un bel exemple de ce
que j'avance en la pcrfonne de Z a-
k A R I E qui fe trouvant fur le point
de mourir , fut vifité de plufiturs fivans
Tlieologieni fes ami$ , oui le voyant
troubleCîC agité de mille penféçs,.
qu'itls ne purent couïprendic, lui ci icrenc
de ne fongcr qu'à i eporcr ccs licl--
los & faintes paroles ( La>- Il l a h r'
UlaLA MaUHEMMEDUL RE'
s ao L o H A ) Ceft à dire ( il
n'y A (juun feul Dieu & Mahomet
fa» Apôtrt 04t Prophete ) ce faint Perfonnage
au lieu de faire de profondes
Se ferkufes reflexions fur ces belles paroles
, & les repeter avec gravité & refpedueufement,feignit
les ignorer,&
montra pour elles une efpece de mépris
, fe tournant le vifage d'un autre
c-ôté , un a,utrc de fes amis touché de
compaffion pour lui à caufe des lavantes
leçons qu'il lui avoit autrefois faites
iiir les paroles.de la profeflTion de
C iiij
TÜRK TARiH KURUMU

f

j 8 Religion ou Trjeolo^îe
partit le Demon ; m*is k cette feulecondition
tjne tu avoiieiraj publiquement
que J E s u s-C H R : s T était ..le fils
du grand Dieu : connoiHant à ce même
moment fa fomberie , & que iôus le
mafque d'une chaviré fcince te aparenrc
, il vouloir me pervertii;, }e tournai
par mépris le vifiged'un autre côté;
mais pourfuivant ia pointe , ii dccendit
plus bas , & me tint encore ce même
difcoursj duquel je me moquai unç
icconde fois,lui tournant encore le vi*
fage , cependant il ne fe rebuta point
& ne voulant aucunement déiTiordre
de fa premiere propofitioti, cut alFcz
d'éfronterie pour me foliciter une troiiîéme
fois à dire haurement contre ma
confcience & les maximes du Prophète
, ( tjue

6o Keligion ou Thiologie
ration de I'ame avec le corps ; & celle
de la foi avec la creature moribonde,
le corps quoique réduit en pouffiere
, ne laiffcra pas que de fe rejoindre
un jour avec fon ame ; mais ayant
une fois abandonne fa foi , l'on eft
abandonne de Dieu, auquel on ne peuc
plus fe réunir quand on veut.
des Turcs.
CHAPITRE
XL
De U roi».
NOus aprenons tous des Ecrits de
nos Prophètes , ( que le falut de
Dieu foit fur eux ) que 'ame étant fur
le point de fe feparer de fon corps, l'on
entend pour lors trois voix différentes
qui forcent du Ciel & tiennent ce funefte
langage au Moribond.
O Enf*nt d'A D A M Avo'ùe le mot
finctrement, as tu abandonné le M onde ^
ou fi le Monde t'a abandonné, as-ta
enlevé le Monde avec tat,ou ß le Monde
t'a renferme' dans fori fein , as-tu aßajß'
né le Monde , oufij.e \Monde plus rom
büße que toi t'a ajfajfiné : pofant le
rnort fur la planche pour le laver » l'oa
entend encore ces trois voix qui fortent
du Ciel.
O Enfant à'k v> k u qu'eß devenu
ton corps fi fort (j- fipuifant, ejuil'a
ainfiafoiblique font devenus ces difcours
fi eloquens qui fortoient avec tant
de rap idité de ta bouche,& depuis quel
tems eß^elle fermée , que fant devenu/
TÜRK TARiH KURUMU
Si

¿•2 ^ Religion oulheologie
ces mûmes amis fur lefcjiteis tu te fiois,.
& repoflis , & pourquoi fe font-ils tout
¿'Un coup évanouis - & font-ils Uifié
fenl I Dans le terns qu'on le renferme
dans le linceul, l'on entend encore ces
trois voix qui ibrtent du Ciel.
O Enfant D'A 0 A M pourquoi estu
ajiez. imprudent d'entreprendre un
vshge fi long & fi pénible fans prendre
desprovifiens avet tgl ^ fonges-tH que tu
fors de ta foaifon^ que tu n'y retourneras
plus. Rcfiechis-tft (¡ne tn vas entrer
dans un cachot rempli de crainte &
d horreurt Le mettant dans le cercueil
l'tn entend encore ces de«x autres voix
venant du Ciel.
O Enfint d'A D A M , fi avant de
mourir tu t'es repenti de tes fautes ^que
Ues fortitfié & heureux : mais fi tu es
mort ¡rnptniîent, que tu es malheureux :
fi pendant fa vit tu as f m des aCiions
dignes de L'çt^rntté .que tu vas être com~ >
ble de profperitez, : mais fi pu as tneour»
la fufie colère du grand Dieu , malheur
à toi. Les Curés faifant la pricrc pour
lui/, il entend eacore cette voix qui
vic«t.d» Ciel.
O Enfant d'A d.a M , tk verrat
prtfentment les »hvhs. qut tu (u. faitu s
d(f Turcs,.
fi elles for,t bonnes , rejoiils toi, mats fi
elles rejfemblent k celles des fuifs &
Chrétiens tant pis pour to>. Lui mettant
les pieds dan,« la foire il entend encore
Ces trois voix qui partent du Ciel.
O Enfant d ' A D A M , comment tu
entres dans une terre ingrate,^ deferte,
fans la rnoindre provifton i Tu entres
dans un pais pauvre , & rniferahle funs
rien porter de tes biens , Cr pcfcjfions f
Tu entre y dans un lieu obfeur ÇS" tenebreux
, fans porter de lumieres ? Lui
mettant la tête dans le tombeau il entend
ces trois autres voix qui fortentdu
centre de la terre.
0 Enfant d" ADA M étant en par.
faite fanté tu me foulais au pied , te riant
& te moquant de mai : mais prefent -
fttèt m»lgrez. tes pleurs & tesgernipmens
je te renfermerai dans mei entralllej :
e't-ait vivant tu prends tes plaifirs marchant
infolemmeht fur-moi : maisprefen- .
tement tu jetteras de longs ^ amers foupirs,
dans mes tHtraHles : te promenant
avec fierté fur moi tu pafiois pour un
beau parleur & un habile difcoureur :
rnals prefentement je t'impoferai un hon»
ttux fiience dans mon fei». Le peuple
fc feparant du moit ¡, le grand Dieu lui
TÜRK TARiH KURUMU

Tlliî ^
II:!
Religion ou T^eologle
fera ce reproche amoureux & paternel.
O Enfant d'A d a m , puifinue cette
fameufe compagnie t'a abandonné tout
feul dans les tenehrts du tombeau fans
t'en plaindre : je fupU'rai à fon défaut

gfj Religion OH "théologie
vers te mangeront jufquaux os.
O Enfant d' A D A M , marchant fur
mon dos tn ai acumulépechez fur péchez,
wiquitez. fur iniquitez,, mais dans mon
ventre tu vas fondre en larmes.
O Enfant D'A D A M . marchant fur
mon dos tu prenais tes plaijtrs^ t'abandonnais
it mille voltiptez. honteufes &
infâmes t mais dans mon ventre tn regreteras
ta vie paffée.
: O Enfant d'A D A M , march.mt fur
mon dos tu alois tête levée ¡portons-ton
corps en le balançant & rtgardoîs « •/
chacun avec fierté'y, & dédain i-muis dans
mon ventre les pauvres te fouleront aux
O Enfant d'A D A M , marchant
fur mo)f dos tn jouif^ois de U clarté &
de lalumiere ; mais dans ¡ww« v.tnfre tu
n'y trouveras que L'ohfcurité & Its tene~
hres.
O Enfant d'A D A M , marchant
far mon dos tu frequentois les belles
cfimfagnies : mais dans mon ventre tu
refieras fcul.
Le mort entend encore ces trois autres
voix lugubres qui vienncat du
tombeau & qui s'adreiFcnt à lui.
O Enfant d'A D A M , ;E fms une
des Turcs.
6j
»taifon folitaîre , je fuis un cachot remplide
tenebres } jf fuis me fourmilière
de petits vers : dis moi quels font les preparatifs
que tu m'as difpofez..
Il eft raporcé dans les Eciits de nô-
•^rc Propbctcjquc le tombeau fait repentir
pendant cinq fois diferentes
Cette autre voix qui parle au mort en
ces termes,
pi fuis une malfon folltalre ; mais tu
"t'as, me'tenir compagniemt confoleras
mefaijantla le£lure\dHfaint\Alcorai7.
Je fuis un lieu obfcur & te^^ebreux-,
nais tu m'eclaireras avec tes prieres.
a Je fuit un Heu raboteux rempli de
pierres é' de terre mais tu vas le rendre
doux & molet en m'aportant un
couffin de bonnes tir faintes œuvres.
Je fuis un Heu afreux rempli de ferpens
, de fcorpions, & d'animaux immondes
& venimeux ; mais tu vas m'aporter
de l'orvietan. En prononçant
ces belles paroles , B I s M I I. L A
I R R A M A N I V R A H I M : Au
N O M DE D I E U C L É M E N T
a Lis M U S U L M A N S qui meurent en
état de grâce trouvent ftlon eux , un coi-ifin
tout prcpaié dans la folie pour lepofer leur
tcte.
TÜRK TARiH KURUMU
I

\ î
í' •
M
il
68 Religion ou Thealogie
& M I s E R I C O R D 1 E U X , 'OU
bien en répandant un torrent de larmes
penitentes pour apaifer la; jufte colcrc
du grand Dieu.
^ p fuis la demeure des Anges M u N-
K[I E R CI- N E K I R . ¿i- ¿e leurf
interrogations ; mais f'en aiens une ijfuè
heureufe & une favorable répanfe ej}e.
rant que tu lui repondras en ces termes,
I L N' Y A C^U' UN S E U L D L E U
E T MAHOMET SON PROPHETF,,
des Turcs.
«» •e^ MH- •eïi «H- «w- «»
CHAPITRE
XII L
plaintes & condoléances d'un Mort
C^ dufongt d'Akhée,
NOUS
liions dans les Ecrits í
d'A I c H E' E le précis de fon
íbnge expliqué en ces termes : Me "
trouvant un -our dans ma maifon af- "
fife fur le fofa, j'aperçû dit-elle, mon «
iàint Epoux MAHOMET MUSTAFA
y entrer fu'jitement, voulant felon«
nja coiitume , & mon devoir, me le-
Ver de ma place pour le recevoir aveC'
plus de refped ,1e Prophete me dit, "
O M E R E DES M U S U L M A N S ' '
veux-tu faire ^refie en ta place:''
j obéis, & m'afljs, & ce faint Époux ''
plein de bontez pour fon Efclave , "
s'aprocha de moi, & repofa fa beni- "
Je têcc fur mes genoux , le fommeil «
prit aufll-côt&: s'endormit, ce fut "
ce rencontre que je crus qu'il «
•^l'etoit plus permis de contempler, "
^
CÓME r.
AICHI'E étoit «ne dis fcniracs de MA-
TÜRK TARiH KURUMU

Il
'
70 Riltjs^ion ou "fheologle
« fa face bicnheureufc,& regarder fixc-
„ ment fa barbe blanche ôc venerable ,
„ mais hflas ! je fus fort furprife d'a-
„ percevoir dix neuf poils beaucoup
„ plus blancs que tous les autres j &
„ auifi-tôt la douleur s'empara de mon
„ cœur Se je dis en moi même ( O
„ grand Dieu , M A H o M E T mon
„ iaint Epoux , Se ton Apôtre bien ai-
„ mé ) eft fur la fin de fes années &
„ partira bien-tôt de cc monde , que
,,deviendra fon pauvre peuple,je crains
„ fort qu'il ne reile errant & vagabond,
„de même qu'un troupeau fans con-
„ dufteur , & dans cet inftant je ne
„ pus retenir mes larmes, qui me tomberent
des yeux en fi grande abon-
„ dance,qu'elles decoulerent fur le be-
„ nit vifage du Prophète mon faine
„ Epoux , qui fentant couler far fa be-
„ nite face les marques prelTantes de
^ mon inquietude , mêlée d'amour &
de crainte, s'éveilla en furfaut me
„ difant ; O Men des Mufulmans^ijue
veut dire ces larmes ejue tuverfes avec
tant d'aboNdancc, devrois tn cacher tes
fecrets à celui ejui d«it en être le fidele
defofit aire , dis-mai donc ce ¡^ui fait M
peine, & aprcns moi confidemmm lt fudes
Turcs. 71
jet de tes larmes j j'obéis & lui rapor- "
tai en abrégé & avec ma confiance «
ordinaire la jufte caufe de mon extrê- «
•Tie douleur , lui ayant fini mon hi- «
ftoire , il me fit infenfiblement reve- «
nir de mes cruelles inquietudes & «
iTie parla enfuite en ces termes.
O Mere des MttÇulmans , puifc^ue
^»n fonge regarde les morts , dis moi ta
penfée fur cette matiere , & (juel efi l'é.
tat le plus pitoyable dam lequel ils fi
trouvent : Je lui rcpondis,0 GRAND "
pRoPHETEjje te conjure de "
iiie pardonner, fi je te dis qu'il n'y a "
que toi feul qui puilfe en savoir une "
parfaite connoiifance , le grand Dieu "
répandant fur toi feul íes divines "
lumières j Nan parle, me dit-il, jefttis
bien aife de favoir tes ftntintens & t'ordonne
de m'en faire part : j'obéis & "
lui dis : O G R A N D PROPHETE, "
je crois que l'état le plus digne de
compaflîon dans lequel fe trouve un «
•Tiort, c' eft lors qu'on le retire de fa «
maifon , & que dans ce moment il «
entend ces triftes & defolantes paro- «
'es , O mon Pere , ou bien , O mon Enfant
, ou O mon Frere y ou O ma Mert'
•^ohj rac répondit le Prophète , /» ^c
TÜRK TARiH KURUMU

1
yi R'.ligion ou Tkeologte
irtmpes , U rntrt fe trouvant tncere dans
un état beaucoup plus à craindre que ce-
„ lui dont tH parles ; c'eft peut-êcrcj lui
„ repartis-je, q uand après l'avoir mis
„ dans la foiTe < n le couvre de terre,
& qu'il voit fes hi-iarens & amis s'en
„ ictourner à leur maifon d'un pas triile
l,Sc lent, après lui avoir annoncé ces
« dernieres par les. O Aiafulma^
nous t'avons conftgné à Dieu avee tes
bonnes aSiions^ TH te trompes encore , O
Aiere des Mufulmans ^ me répondit le
fiiint Prophète , car ce N cfi pas dans
cttteaccaften , OH un mort eft plus à re-
„greter ; alors je lui repartis avec ref-
„ PEÛ: O G R A N D P R O P H E T E
„ je t'en conjure . aprens-lc moi. (j'y
„confensrac repondit-il, fâches donc
„ que l'état le plus pitoyable dans k-
,, quel un mort fe trouve réduit c'eft
„ lors que celui qui eft deftiné pour le
» laver eft entré dans fa maiion , &
» qu'après avoir porté fes doigts fur
» fon vi age il lui ôte fa chemife du
« corps pour le laver, & que pendant
»cet interval les Immam , Curés &
„autres Do Heurs ôtenc les turbans
„de leurs têtes pour faire leurs prieres.
L'ame du pauvre mort crie & fait
entendre
des "turcs.
íiiteñdre une voix intérieure à celui qui
cft gagé pour le laver , s'énonçant en

f:
II
AU^-.
74 Religion ou Tautologie
O hommes^ donnez, moi au moins le tenis
de donner le dern er adieu à ma maifort
& à tout)/: m* chere famille.
Il adreiTe enfuite cette voix aux affiftans.
Mes chiYs amis , je Uijfi mes
femmes veuves & mes enfans orphelinSi i
c'efl pourejuoi je vous prie de leur don-1
ner toute forte de fecours , & ne point
permetre ejuen leur fajfe aucun tort oit
injufikt parce que je fors de ma mai'
fon fans efperance

L! «
YT Religion OH Théologie
avant ^ue l'on m «lye encore décendu
^ans ma fojfe ; mais je prévois très-bien
qu'avant f>en vos cœurs feront beaucoup
flus froids ¿ mon e'gard , ^ue la faifon
ne l'efi depuis le 17.. janvier jufquau 22.
Fevrier ; ah mes chert freres , il me
femble e¡t:e vous ne devriez, pas vous
prefer ft fort, & atendre au moins que
l'on aye entièrement achevé les cermonies
de ma fepulture , & faites enfuiie
ce (jue bon vous femblera.
Dans le tems qu'on met le inorc
dans la folFe il aie .• O hommes, -oous
Avez, ajfez. de cruauté pour nfabandonner-dans
les tenebres du tombeau &
me laiferfeul , au militH des dangert
pouvant m'en retirer.
Dans le tems qu'on lui fait entrer
la tète dans une petite voûte , il dit ces
paroles à'fes parens J O mes héritiers^ je
vous ai amafe beaucoup de -biens .cjue je
vous ai laijfé, ne m'abandonnez, donc
point dr mettes vous en priere pour procurer
le repos de mon arne ^Ht fe trouve
dans la derntere de toutes les necejfitez.-,
maii je réfléchis ^ue vous aurez, peutêtre
ajfez. de lâcheté , & de cruauté
pour m'oublier. Par raport aux parens,
qui oublient lâchement le bien-fait de
des Turcs.
y y
j^eux qui les leur ont procurez' j'aî jugé
a propos de raporter la fameufe hiftoi-
RED'EBou K A L L A B ,
E B o u K A L L A B (que Dieu
Veuille le fauver ). raporte dans fes
écrits j qu'il vit en fonge un Cimetière
rempli de morts,qui étoient fortis
de leurs tombeaux , chacun d'eux tenant
entre les mains , une ¡boete claire
& tranfparente à l'exception d'un feul
^iii s'en trouvoit malheureufement
privé , & pour furcroit d'une plus
grande ignominie fe renconrroic jufteinent
placé au milieu de cctrc grandi.
quantitéde morts , E B o U-KAÍLAR.
lurpi-is de cetK fachcufc diftindion
hii en demanda la raifon , & ce
iiiort lui fit cette réponfe. Tous ces "
llaorts que tu vois portans dans leurs
maiq^ des boëtes riches & preticu- «
fcs ont leurs parens & amis qui in- «
Ipirés de l'amour du grand Dieu , «
fie celFent de faire de ferventes prie- «
res. ou diftribuer des aumônes aux
pauvres pour le foulagement de leurs
®mes , ce qui cil la caufe du bonheur «
dont ils jouilfent . & la raifon pour «
^iquelle tu leur vois à tous des boe- «
f^s claires & tranfparentes que les "
D iij
TÜRK TARiH KURUMU

5!;
'I'
1
J
78 Religion ou Théologie
„ piieres & les aumônes de leurs amis
„ eur'ont procurées , pour moi j'ai un
,, enfant ingrat & débauché qui ne m'a
„ pas eu plutôt fermé les yeux , qu'il
,m'a. lâchement oublié,ne penfant non
„ plus à moi que s'il je n'eus jamais été
^ ion pere , 4 comme cet ingrat n'a
i. fait jamais aucune prière , ni diftri-
« bué aucune aumône pour le foulage-
» ment de ma pauvre ame,c'eft pour
„ cela que je fuis privé de la même
« clarté dont jouilFcnt tous mes com-
„ pagnons.
E B o U-K A L A B s'étant éveillé
commanda auflï-tôt à un de fes Efclaves
d'apeller cet enfant, auquel il fie
un raport ju/le ôc fidèle de fon fonge:
cet enfant ayant entendu avec un profond
refpeét les paroles de ce laine
Perfonaçe, & voyant que fa vifion
était plutôt une revelation divine
qu'un fonge naturel & ordinaire , fe
jetta au(îi-tôt à fes genoux , detefta fa
vie débordée , fc repentit hautement
& publiquement de fon ingratitude
envers fon pere , configna entre les
mains d'Esou-KAiXAB une
fomme d'argent trés-confiderablepour
les pauvres, fit au grand Dieu de fer-
des Turcs. 79
Ventes prières qu'il accompagna de
pleurs & de foûpirs pour le foulage-
»iicnt de l'ame de fon pere.
Quelque tems s'étant écoulé ,
E B 0 u-K A L L A B retourna au inê-
'Tie cimétiere , où le foraraeil le pic,
& vit derechef en fôngc ces mêmes
iiiorts , entre lefquels'il aperçut le
pere du fufdit enfant, tenant entre les
liiains une bocte beaucoup plustranf-
^arente que le folcil & la lune, & doiiï
'éclat & la beauté furpaCfoient de
>eau;ou;-> celles de tous les autres
inorts, lui t.nant cc diicours; E b o u-
K A 1 L K A B mon bien-faiteur "
( que Dieu te falfe mifevicordc ) qu'il
ioit à jamais ta recompenle , & fan- "
tifie tes paroles qui m'ont procurées, "
Ce riche Se magnifique prefent, de-"
livré de l'enfer , des feveres Se juftes "
reproches de tous mes compagnons, «
3ui en un mot m'ont mifes à l'abri "
e toutes les confufions & ignominies
que j'ai foufert jufqu'à cette «
heure.
L'hiftoire que nous lifons dans les
livres de nos faints Prophètes , nous,
fiit connoître que l'on peut encore
fcgarentir des peines de l'Enfer par
D iiij
TÜRK TARiH KURUMU

il
Il
'
¡'"•il
i
.11
Se Religion eu T,>eologie
upe voye plus courte & facile à mei-r
trc en cxecution , ils raportent qu'-
I s R A E L aparut un jour à un homme
d'Alçxandric qui ne le connoiiTanc
pas/ucalFez mal avjfé de s'en aprochei-
pour lui demander fon nomj& ce
ci.u'il cherchoit ; cet

|l
I f i>
I'i
Ifl
;
t
82 Feltgtofi ouThiologie
porté à un tel exccz de joye.
Plufieurs Savans difcourans enfein»
ble montrèrent un fi grand mépris pour
lé monde & la mort - qu'ils dirent que
tous joints cnfemble ne valoicnt pas la
charge d'un crocheteur , Se moi je dis
que le monde fans I s R A E L vaut
encore beaucoup moins n'étans , tous
redevables qu'à ISRAEL feul, par-'
ce qu'il procure à tous les amis & pa--
rens le bonheur de fe revoir & rejouir.,
cnfemble après cette vie,.
des Turcs. g j .
C H A P I T R E X I V.
De la moderation ^u'il faut aporter
dans fes ajllCllons à . l'égard . d'm '
mort. .
NOus avons apris par tradition Î ,
que toute perfonne qui dans fes
afliíbions malheurs diígraces, de- •
chire fes habits , ou frape rudement fa
poitrine ne difcre en au:une maniere
d'un rebele qui prendroit une lance
d'une main , un bouclier de l'autre, &
qui dans cet état guerrier, fier , & menaçant
, viendroit combatre contre
Dieu fon propre Créateur, comme il
cû facile de .raporter dans les Eciirs
de nôtre Prophece ci deifous raportés.
M A H O M E T ( que Dieu lui accorde
ion falut ) dit qu'une perfonne
qui ayant reçu quelque difgrace s'habilleroit
de deüil, ou noîrciroit la porte
de fa maifon , ou bien s'arracheroic
les cheveux que le grand Dieu pour.,
funir fon indifcretion& fon égarcmcc
¿«fprit luibâtiroit auunt de mrJions
TÜRK TARiH KURUMU
D
vj

S4 Religion ou Théologie
dans l'Enfer qu'elle s'cft arrachée de
poils de la tête , & qu'elle devient
complice de l'allaifin des foixante &
dix Prophètes , étant cenfée avoir
treni; é avec la même cruauté fes mains
impies, & criminelles dans leur fang,,
que ceux qui les ont alTaiïïnc de leurs
propres mains , & il n'y a aucune efperance,
que Dieu.leur faiTe jamais grace
& miiçiicqrde.
Ce S. Prophcte s'explique encoreen
des termes |)lus forts, il dit que le
grand Dieu rétrécira. Iç tombeau dt
toutes ces perfonnes qui auront porté
des habi'çs noirs., pendant leurs vies,
qu'il: augmentera l'e nombre dê leurs
pe.Qhez , que les Anges qui fé trouvent
entre les Cieux & la terre les chargeront
dc mille malcdi6l:ion$.& imprecations
, & les oprimcronc par un
amas de crimes qu'ils leur imputeront',.
& i.our achever leur malheur , écriront
dans le livre de vie leur reprobation
Se les feront forrir aveugles d'c
ku s C'imSeaux j il ajoute de plus que
•pi^udtchircralafoi de tous ceux qui
(Jî.as ku-s douleurs auront arrachez cfe
îolere coîecin de leurs habits , que
V^^s'eft wouyé , quelqu'un qui fe loi^'-
des Turcu %{
frapé les joiàesou qui aye été alfez fou
pour s'égratigner le vifage , il le privera
pour jamais de fa face adorable».
Comme nous l'aprenoiis par cet exem-
A B B A s raporte dans les Ecrits ,
qu'un enfant étant mort , toutes les,
pleureufes des lieux cîrconvoifins fe
rendirent à la maifon de fa mere pour
s'aquiter de leurs fondions , ISRAEL.
s'aparut à elles iè tenant debout devant
la porte du mort ,6c adrelfanc ces paroles
aux pleureufes. Que fignifient "
ces pleurSjCesgemiiremens & ces hur- "
lemens que j'entens ici, fi c'eft à eau- "
fe de moi que vous pleurez , je vous "
jure par la j iftice d uj^rand Ditu que "
vous n'avez pas rai(on . n'ayant ja-«
fait aucun tort k, ^. erfonne de «
vous , foit en diminuant vos biens, «
ou retranchant le cours de vos an- "
nées, fi c'eft pour le mort que vous"
pleurez vôtre extrav^igance va encore"
plus loin , puifquc vous vous epuifés «
e.n cris inutiles , qui n'auronc-jamais «
la vertu de faire revivre le mort qui «
rcfteia vaincu , terralié, & immobile«
jufqu'nu jugement dernier ; maisiîi"
V:Qs, plcuis proviennent d'un exççz,"
TÜRK TARiH KURUMU

M
il
' Religion ou Theoîoole
„d'emportement,de douleurs outrées
„ & de rabellion contre Dieu , jc vous
,, jure aujourd'hui par fa jufticc que
^ vous êtes devenues pires que les Juifs
^ Chrétiens & autres Infidèles , & que
„ pour punir ces hurlemens & cris in-
„difcrets je vous ferai reiFentir les
„ mêmes rigueurs de la mort, qui fera
„ peu après fuivies des peines infer-
,, nales, fi vous ne vous, repentez de vos ^
,, fautes.
m
Sh^it'i
des Titres. 87-
ii^ ^ €« •6i>} -frfi^ -i® «M -»i-
CHAPITRE
XY;.
Si les larmes c^ue l'on répand fur le torrut
bemt d'un rnvrt font licitei..
I
E Savant F AK 1« ( que Dieu 1
lui foit mifericordieux ) dit qu'il
eft défendu de pouiTer des cris un peu .
ti:op élevés fur le. tombeau des morts;,
mais que les larmes font permifes, que
cependant il y a beaucoup plus de mérité
de foufiir fesafliaions& difgta--
ces avec patience, fans s'abandonner ,
aux larir.es & à d'autres douleurs apa--
rentes & que le grand Dieu a promis ,
à tous ceux qui carderont une fagç moderation
dans leurs malheurs , mille,
bcnedidicns & des recompenfes infinies
, & menace ceux qui garderont
une conduite opofée de mil e îrtiprccations.
C'eft pourquoi nous liions
dans les Ecrits de nôtre Prophète ( que
Ditu le veuille fauver ) que toutes les
pleureufcs , de même que ceux & cel-
Irt qui prêteront roreUlc à Icuiis cris &
gcpiircmcns , recevront mille male-.
didionsdcDkOjdcs Anges & gene-
TÜRK TARiH KURUMU

h!
u
88 Rtligton OH Yheologie
ralement de toutes les creatures tanr
ctleftcs que terrcftres.
II cilraporté dans les Ecrits d'Aii-
LE Glorificatcur ; que le Fils d'i^^sAK
étant mort F a t i.M a i fa chcre
Epoufc fut fi fenfible à la perte qu'elle
avoit faite , qu elle refta un an entier
fur fon tombeau fondant en larmes &
rcgrctant jour& nuit fon Epoux bien
aimé,l'année acom|ilie elle fit retirer
fon pavillon pour le tranfporter à ià
maiion dans cet intervale l'on entendit
cette voix , 0 Fatimai ^ as.tu
rtcouvré (jvelque chsfe.de ce qne tu avots
perdu \ tt cjnel profit As-ta retiré de
tesgemljfemens. Pour moi je crains fort
que cette femme qui prctendoit dortner
en fa perfonnc un exemple d'amour
&: de fidélité à fa poilerité , ne
foit rétournée à fa majfon defefperée
& fans religion.
Il eft encore raporté dans lès Ecrits
du Pro} hete "qu'ayant vu le Fils d'A-
B R. A H A M expirer touché de cortipaiTion
pour ce jeune enfant, il ne put
arrêter les larmes de fes yeux , qui lui
découlerent fur fa face faintc & benite;
Abduraman Fils d'A f prit la
îbeicé. de lui faire ççtte objeétion ciü
des Turcs.
ces termes 'refpeclueux : O grand
Prophete , ne nous avcz-vous point "
défendu plufieurs fois les larmes Sc "
les gemillemens. Ce,faint Prophète «
( que Dieu l'ait toiîjours en fa pre- «
ience J lui rendit cette favante re-«
ponfe : Il eil vrai que je vous ai dé- «
fendu à tous, deux fortes de larmes"
ou gemilfemens indîfcrets , la pre-"
«liere douleur dont je vous ai re-"
Commandé de vous abilenir, eil celle "
qui eil acompagnée de cris, 'de cl.i- «•
meurs & d'hurlemens ; la fécondé «
eil celle qui ell accompagnée de
pleurs déréglées, d'égraiignemens de "
vifage ou de vous déchirer les joiies; «
mais^ que cette douleur que je Ifais "
parokre dans cette occafion eil difç- «
rente de celle que je condamne ,'Jes «
ayant toujours regardées comme «
criminelles 6c defagreables à Dieu «
les larmes que je répands pour le Fils "
d'A B'R A H A M , étant modérées, "
douces & les preuves feniîbles de ma "
bonté , font connoîtro que le grand "
Dieu , nous ayant crée des. cœurs , "
portés à la compaflion & à la ten- -
drelfe , qu'il ne faut pas les gêner, "
4;ar il faut favoir que le grand Dieu "
TÜRK TARiH KURUMU

5>0 - Religion oulheoloile
* a rendu nos cœurs fenfibles aux afj.
Aidions , & que nos yeux font coniacrésaux
larmes.
Il eft encore raporté dans les Ecrirs
de nos Savans , ^u' o M M E R paffant
fon chemin , aperçût une femme
îleurant la mort d'une .de fes verita-
)les & anciennes amies, O M M E R
ui défendit de s'abandonner davantage
aux larmes &c de les conferver , afin
de les répandre avec plus de juilicc
pour fes pechez , M A H o M E T nôtre
faint Prophete lui dit : O Ommer
U'tjfe pleurer cette pauvre femme ^ parce
que les yetix font confairrés aux lar.
mes , & la chair aux douleurs : preuve
convaincante que les larmes font quelquefois
licites.
des Turcs.
CHAPITRE
XVI.
^'il faut recevoir avec refignation k
U volonté de Dieu ta mort d'un
parent.
LE Fils d'A B B A s raporte dans
fes^ écrits , que MAHOMET:
( l'Apôtre de Dieu, ) foutient qu'avant
que le très-Haut eut donné l'être à aucune
creature, créa d'abord le livre de
vie , & la plume vivante qui écrivit
!iuffi-tôt d'elle même fur ce livre de
^ie^ces faintes paroles-./efuis veritable'
^ent Dieu^& il n'y a point d'autre Dieu
^"e moi, Mahomet efi mon apôtre &
£fclave ,&fon peuple eft le plus parfait
entre toutes les autres nations , tous
^^ux qui font refignés àrnes decrets éter-
"f^ls quifoufrent leursmaux & difgra-
"f t avec patience ^ qui reconnaîtront mes
^Knfaits , & m'en rendront gloire , j'é-
''firai qu'ils font élus & predeflinez, ^
^»r montrerai leur predeftination écrite
iugtmentdernier -, mais quiconque ne
J'/apas refignéà mes decrets i s'impa-
'^'ntera dans fes difgraces , ou ne recon^.
TÜRK TARiH KURUMU
jji

'IL
5»;^ Religion OH T.ieologte
noítra pas mes bienfaits, iju'il n'entre ; la fccondc eft de refifter
avec patience au peché quoi qu'il y
foie enclin j & la troifiéme eft de
foufrir avec patience íes maux fans
s'en plaindre , de forte que celui qui
aura executc aveuglément les ordres
que fes maîtres lui auront données &
qui n'y ont jamais contredit, le grand
Dieu augmentera fa gloire de lîx cens
degrés au jugement dernier , & chaque
degré fera de la mè ne hauteur
qu'il y a de la fuperficie de la terre
des Turcs. 55
Julqu'au premier Ciel ; quiconque
refifté avec patience au pcché , &
' aura évité pouvant le commettre fans
s atirer le reproche des hommes, le
grand Dieu augmentera aufTi fa gloire
trois cens degrés ; mais celui qui
^Ura été aifez heureux pour fouiFrir les
^ïiaux & les diigraces de cette vie avec
patience & refignatlon à la volonté de
^leu, acquerera neuf cens degrez de
g'oire,-5i chaque degré fera de la même
^'luteur qu'il y a de ^premiere terre
Mqu'au Trône du grand Dieu ' y
Comprenant les fept Çieux,
TÜRK TARiH KURUMU

J
4 Religion (Hi Théologie
CHAPITRE
XVII.
Les ratfons dont fe fervent les Anges,
pour prouver au Moribond ¿ju'ils ottt
fait leurs efforts pour le conferver en
fanté , & qu'ils ne font pas les auteurs
de fit mort.
Et des ceremonies ¿qu'ils obfervent à l'é'
g.zrd d'un Turc predefiiné, & d'utl
fuift Chrétien , ou autre Infidele.
NOus favons certainement qu'une
creature ie trouvant à rarticle de
la mort, ne peut plus parler , fa langue
devenant à ces dernières heures,
cpaiife, embaraffée ; &: qu'elle void
paroître à ce dernier moment quatre
Anges de mauvaife augure , étant touS
quatre les avantcoureurs fâcheux & incommodes
d'une mort certaine
cruelle ; Le premier la faluc en cc$
termes {(¡ne le falut de Dieu fait fur toi)
je viens t'annocer que j'étois'le direileW
de tes biens ^ terres , richejfes , ^ pojfef
fions, que j'ai traverfé l Orient & l'OC'
cident, d'un bout à l'autre, afin de troH'
ver quelque chofe peur te le procHrtf*
i
Des Turcs.
ç)^
^ais Inutilement n'ayant rien aperçu
fjuelque recherche que f aye fait ^ & c'efi
laraifonpour laquelle je m'adreffè aujourd'hui
k toi pour t annoncer qu il esl
^ien-tôt tems de partir
Le fécond Ange lui tient auffi cet
autre difcours , encore plus fâcheux
que le premier . lui difant, ( que le falut
de "^Dieu foit fur toi) ¡e viens t'annom
er que f étais le DireSieur des Eaux
& de tes autres boijfons , que j'ai parcouru
tw l'Orient ^ tout l'Occident,
afin d'en recouvrer ^ pour te le procurer
elans le befoin j mais malgré une recher.
cheaujfi exa£te , je n'en ay pu trouver la
moindre goûte, ij-c'efi la feule raifon
qui m'a obligée de retourner vers toi,
pour t'annoncer que ta derniert heureejt
fenuë.
Le troiiîéme Ange l'aborde. & apre's
Un falut femblable aux deux autres
precedens, il lui annonce cette nouvelle
à laquelle felon toutes les aparences,
ellç ne trouve pas beaucoup
plus d'agrément qu'aux deux premieíes
j Yéto'is ( lui dit l'Ange ) le Direcde
l'air , de tesfoufles & de tes réf.
pirations, j'ai parcouru tout l'Orient
^ l'Occident dans l'ejpermce d'en trou-
TÜRK TARiH KURUMU

«f
11'I
'; Rclicrion OH 'fheologîe
zer ; mais fay perdu ma peine , c'ifi
fourqiol je fuit venu te reooir pont
t avertir de te preparer h un HOHVCH
"joyage.
Le quatrième Ange paroit devant
cette creatuvt moribonde , après s'être
fcrvi des mêmes ceremonies des trois
autres Anges , en lui annonçant cette
derniçre & foudioiantc icntence : /

I':
J
i If
98 Religion ou "Theologît
bond , la regarde & l'examine de prés
pour favoir quelle forte d'arae c'eft,
fi c'eft l'arae d'un reritable M U5 u l-
M A N , il appelle fans diferer les Anges
de grâce & de mifericorde pour lui
tenir compagnie ; mais fic'cll l'ame de
quelque Juif, Chrêcicn , Infidcleadoraceut
du feu ou autrecliofe de cette cf-
)ece , il apclle les Anges cxecutcurs de
a Juftice vcngerelle d'un Dieu, afin de
s'en faifir & de ne la pas laiiTer échapec
fi c'eft l'ame d'un M u s u i M A N,unc
partie des Anges de grâce & de mifericorde
l'enleve au Ciel , la prefente à
Dieu, pendant que l'autre partie garde
fon cadavre;fi c 'eft l'ame d'un Inffdele.
les Anges de la Juftice vengerelfe du
grand Dieu , l'enlevent au Ciel , où
après avoir reçu la malcdidion du très-
Haut la raportent dans ion lieudeftiné.
Cette ceremonie étant achevée , SC
les Anges s'étant aquitez de leurs commiiGons
, & raportez l'ame du Ciel, b
placent au milieu de la maifon où fe
trouvent pluiîeurs de ces Anges qui la
voyant s'en rejouillent ; d'autres lui
donnent des marques de leurs douleurs
Se triftefles j mais "cette pauvre anie
des Turcs,
n'eil plus en état de leur rendre«ticuhc
feponfe.
F A K I H dit, que ces mêmes Anges
ont un ordie exprés d'acompagïier
le cadavre juiqu'au tombeau , &
•î^e c'eft pour lors que Dieu y fait rentrer
l'ame,c'eft ce dernier article qui a
donné lieu à de grandes difputes &
Conteftations entre nos fameux Docteurs,&
qui n'ont pû être encore décidées
jufqu'à prefenr.
Plufieurs avancent qoc 4es araes
étant une fois rentrées dans leurs corps
y occupent les mêmes places , lieux &
organes qu'auparavant j que l'on peut
leur faire des queftions & que le corps
& l'ame feront en état d'y répondre,&
les refoudre quoique tous deux foienc
renfermez dans leurs tombeaux.
d'Autres foutiennent que le corps
n'eft plus en état de rendre aucune reponfe
à ceux qui l'interrogeront, étant
immobile & muet dans le tombeau, &

lit
.Ii
i-oo Religion OH 'Theologie
Qnelques uns one voulu que I'ame
ne rcntroic aucunement dans le corps,
& qu^elle reftoit renfermée entre le cadavre
J & le linceul. Ce qui ell indubitable
c'eft que tous ces grands
Dodeurs font tombez d'acord que ces
amcs qui rtftoient criminelles , & redevables
à la juftice du grand Dieu,
fjufroient toute forte de fuplices dans
leurs tombeaux, y étant véritablement
renfermées quoiqu'on nefoit pas convenu
dii lieu de fa demeure & refidence.
F A K Ï H C qu'il aye lamifericorde
de Dieu ) dit que quiconque efpere
éviter les terribles fup ices^que l'on endure
dans le tombeau , doit obferver
quatre chofes & en éviter quatre autres
, les quatre principales chofes
aufquelles il doit s apliquer , font les
fuivantes , la premiere eft d'être fidèle
à la prière , la fécondé eit de faire l'aumône
aux pauvres , la troiiîéme eft de
lire de tems en tems le faint A L c o-
H. A N , & la quatrième eft de répétée
fouvent ces belles paroles ( Dien efi purificateur
: Parce que le favant FAKIM
pretend que ces quatre œuvres repandent
une grande lumière dans le tombeau
& l'élarglifent.
âts Turcs.
loi'
Les quatre chofes que l'on doit
»Voir foin d'éviter font celles-cy. La^
premiere eft de ne point proférer de
lïienfonge. La fécondé eft de ne point
Commettre aucune lâcheté , ou trahifon.
La troifiéme eft de ne faire jamais •
^e faux raports. Et la quatrième cft de
fe bien donner de garde de laiiïcr tomber
la moindre goûte d'urine fur
foi.
LeProphetef qu'il aye toujours le
lalucdeDicu) prcrend que a l'urine
Ju'on lallfe inditcrcremcnc cumber
'ur foi eft la fourcc des fu slices que les •
'Uorts endurent dans leurs tombeaux,
Si que çe péché entraîne avec lui pins
|lemaux& de maledidions, que tous
'es autres enfemblc, il dit que le mort
l'eft pas plutôt décendu dans fon tombeau.
que les Anges M u N K I E R ÔC
N E k I R décendent auiTi du Ciel
fendant précipitamment les airs avec
'i^urs ongles , ôc leurs griffes , fe pre-
'"-ncent devant lui tenant ce langage,
Qâ'Çjt ton Dieu, ton Prophète CT tu
«T'cft la raii'on pour laqu.'Me les plus zci
obftrvaccurs de la loi Mahomct:ne , trb-
' nt Itur nature contre la muraille ajrés avoic
"Une.
TÜRK TARiH KURUMU
E
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"i í
il,
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'i.
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I •
VÏ:
10Î Pension oHT%(oîo^îe
Eeligion , ) fi le Mort a vécu fainceiHcnt,
il rendra cctcc leponfc : Mon
Dieu eft un Duh trcs-Hmt, mon Pro^
phete eU Mahnnet , W4 Riligion eft
celle des \Mnfulmans. Les Anges contens
Se joyeux d'une reponfe auflî jufte,
noble & relevée , lui procurent un
iommeil doux, ngreabk & femblableà
celui d'iine )cune épotifée,lui ouvriront
après une fenêtre du Paradis
par où il verra fon bonheur futur , la
place qu'il devra polFeder après le Jugement
dernier ^ & les degrez de gloire
dont il jouira, les Anges lui ayant
fait part de ces félicités érenielles , enlèveront
fon ama jufqu'au iîxiéme
Ciel la placeront au milieu d'une
pretieufe lampe , qu'ils atacheront au
deiFous de l'arcade qui foûtient le
Trône du grand Dieu,
LePtophete ( qu'il ayc toujours le
falut de Dieu ) nous enfeigne que le
très-Haut lui a un jour révélé qu'ayant
formé ledeffein de faire mifericorde à
fa Creature , il tiendra cette conduite,
& voici les mêmes paroles qu'il a entendu
de la bouche du grand Dieu
( fe àifererai à donner le coHp de mort
k mon Efclave ¡jufqu'à ce qu'il ayt fides
'Turcs.
îoj
fîsfait 4 fes peche z. par le my en des
^tnUdies & douleurs dont fapgerai fon
corps j ou bien par le moyen de la faim
& de U foifejue je lui ferai rejfentir , &
fi à l'heure de la mort il me refte encore
Redevable de quelque peché , je perme-
^raiquefan agonie tire en. lonj^ueuf &
que fef derniers foupirs foient amers^
^n de le faire merit er par cette fevm
punition le pardon ¿eneraî de tous fes

IQ4 KeUffhn oh Iheologit
neantit, afin qu'ils ne portent fur eu«-
aucune aparence de bien jufqu'au. Jugement
dernier.
Le Savant E s u ed dit qu'Ai che'e.
( que lefalutde Dieu foit toujours fur
cllejfe trouva un jour dans la compagnie
de, plufieurs perfonncs , qui rcpoloient
fous un pavillon quL étant mal
tendu tomba 1 l'improviile , fur la téte
d'un pauvre qui en reçut une legerc
contufion^ceux qui fe trouvèrent prefens
à cet accident en rirent, & tournèrent
mcme en raillerie le pauvre
malheureux qui avoit reçu le coup,
mais Ai che'e juilcment irritée
prit auffi^tôt fon air ferieux, & leur
impofa filence , leur difant qu'elle
avoit fouvent entendu, d^re de la:bouchç
du Prophcte fon Epoux , quÙln'y
avoit pas pfqu'à la moindre petite
épine qui n'augmentât nos vertus &
diminuât nos vices , quand nous en
ioufiions ave,c patience la piqueure,
quelque Icgere qu'elle fut, nous comprenons
de là que les maladies des
corps ou les pertes de bien font la fource
de nos mérites, C'eft pourquoi
nous aprenons du Piophete ( qu'il aye
toiijours le falut de Dieu ) qu'un Mudes
Turcs.
IQ5
fulman de fes bien aimés Difciples, qui
avoit toujours montre une vertu lie-
- l'oïque dans fes adverfitez , & fouferc
avec patience fes maux , dégoûté avec
laifon de ce monde qui le traitoit avec
fant d'injudice , ne refpiroit que pouc
l'autre vie , fes vœux , fes fouhaits '
fes foûpirs ne tendant qu'au Ciel & à '
Une prompte feparation du Corps avec
fon ame, ayant obtenu du grand Dieu
la grace qu'il n'àvoit cclfé de lui de- "
'iiander dans toutes fes oraifons , il eut
la confolacion d; voir au moment mettle
de fa mort des vifages aulB beaux,
Se- bvillans avec autant d'éclat "que'lc
Soleil, ce grand nombre de vifages *
ttoit accompagné de plufiturs Anges
vêcusde blanc , tenantdcs linceuls iSc
de l'encens , fe tenant tous debout visà-vis
lui , à l'exception d'I s R A E l
qui fc fepara d'eux pour ' prendre fa
place au chevct du lit, où après s'ecrc '
affis il prit la parole , lui tint cedif- •
Cours Ch^ir ; 'î te cmmande d- la '
Pi'tt du grand Dieu , d'ahaz/donner ce
^iifn'mAH.
La Chair obéit, & découla infenfi-' •
blement & goûte à goucé de fon '
Corps, i'de même qae dssgou;ès d'h aile
TÜRK TARiH KURUMU
E -
Y

Iıiit
'! 'w
706 Kel¡¿¡on OH Théologie
dcgoutenc d'un outre , les Anges cnleverenr
enfuice l'ame , la renfermerenc
ref|'t£lueufcmcnt dans ces linceuls,
d'où il iàitir un odeur plus douce 8c
luavc que le mufc , ces Anges ne pouvant
la fentir fans fe témoigner les
ans aux autres l'excez.de leurs joyes&
kurs raviiremens , Chantans tous.
G R A N D DIEU, O L'AGREABLE
OD E u R , & s'adrciTant cnfuite du.
peuple , leur tenoicnt ce langage,
£>' tnfans ¿/'ADAM [voïci la feinte
me d u» tel \cjuis'eji meritée par une
^pgue-pat'ence dans fes mattx^ le glo~
rieux triomphe dont il joiilt : Et peu •
après clcverentcctteame au Ciel dont
ilsen ouvrirent toutes les portes pouf'
la recevoir avec plus de pompe , & les
fept Cicux pour marquer leurs fou-
Wiffions , abandonnèrent la demeure
que Dieu le'ur avoir fixe'e, afin de venir
au,devant d'elles,un moment après,
l'on entendit la voix,du cres-Haut fortant
du Ciel qui commandoit aux An»
jrcs Je lui aporcer un livre, qui fe trouvoitau
plus haut des Cicm & raporter
l'ame de ce Mufulman pour le renfern)ct
une fécondé fois dans fon cada- '
vre j ces Angos ayant cxccuccz ces prdes
Turcs
joj"
dres , s'en allèrent, & deux autres terribles
& menaçans leur furvinrent,
^vec ordre d'interroger le mort en ces
termes : i\?flw te commandons de nous
^ire quel eft ton Dieu

lo8 Htliglott nu.'t^eolegle
participent à cc même bonheur , 5c •
qu'à peine Dieu leur a ouvert une des
portes du Paradis , d'où ils voyenc
km- félicité ctcrnelle , que dans le même
moment ils jouiffent des odeurs les
plus agréables qui puilFent tomber
dins rimagination d'un homme , &
que leurs fepulchrcs s'elargiirent , il
nous,aprend encore qu'un jeune homme
d'une beauté charmante , revêtu
d'habics prçtieux & odoriferans , fe
prefente au tombeau de chaque Mi^ulman,
luîdifant, Conf'ole toi ^mon cher
AinfulmAn^pmrce cjue je v'v.ns t'anoncer
une bonne é" hiurenfe nonvelle ; le mort,
lui refond- ; ( ifutleg--and Dieu te f^Jfe-
„ mifericorde ) avant d'entrer en "ma-
,0 tiere je t&conjure de m'aprendrc qui :
» ru es car jc teproteftc par la juftice
51 du grand Dieu j que je n'ai jamais. '
M yû au monde une beauté fi rare, qui'
aproche de la tienne & dont les riches
&.preticux ornemens-brillent avec,
amant d'aclat, cet Ange, lui -répond en
ces termes : j'e'roii deiwe' dtt.
grand Dieu^ppur écrire t.9:ltes t/s aSion*-
meriioî'ès & tes bonnrs oeuvres.
. Nôtre P. ophece { qu'il aye toiljou'-s
11 1 iijlur.ds-Dieu , ) dit que le tout
desTurcs,
lo»)
Puiflant garde une conduite tout à fait.
opoféeà celle-cy à I'cgajrd d'un juif, .

il, • i .H
il • ni: -
i io Religion ou lheolog'te
tendez.-voHs aller , efi ci^ue rnttf PÀmdis
a été fuhrî^ué paur des Chrétiens,
f'iifi. Adorateurs du feu & autres hf,^
dettes , retireZ.-VOHS , retournez, d'oh
voHS êtes partis,^ raportez. vôtre proye
dans fon tombeau ou elle /e/tera jufcju'att
jugement dernier. Les Anges ayant cxccutc
cet ordre , Mu N^kï E-R
N E k I R leur fucccdent , fortant du
Ciel avec des figures fi horii1>lcs &C
d'une maniéré fi ficre & menaçante,
que l'on ne peut le comprendre , jettant
des regards plus écincelans que les
éclairs , &c ayant des voix plus four»
droyantes que le tonnerre ;~trouvant le
tombeau couvert de terre , ils l'ouvriront
en un inftant avec leurs griffes ,
s'affeoiront à côté de cet Infidèle lui
fâifant cette demande (

: i! .il
rit
I
• t 'f
«
İi
111 Rdighn OH Thenlogle
écris toutes ta aûïons fcAud deufes , M
promptitude au cr'nm , ta leiitenr à
ohferver les cornmmàemtns d'un Dieu-,
Ayant achevé ces paroles il lui ouvre •
une porte de l'Enfer, fui lequel le pau--
vre mort a malgré lui- Its yeux fixés &
anètés jufcju'au Jugement dt rniei-. Nos
Savans prétendent qu'un MafuIman
pécheur ne foufrira que fcpt jours
dansletombeau,& le Chiêticn , juif
ou autre Infidèle quarante jours con--
tinueis.
Nôtre Prophète ( que le falut de-
Dieu foit fur lui ) dit qu'un
Mufulman'
qui mourra un vendredi ne fera pas fujeiaux
peines que l'on endure dans le
tomUeau , mais il n'en fera jsas ainfid'un
]uif ou Chrétien, car à peine
fera-t'il
renferme dans fon tombeau,'
qu'un Angelui aparoîtfa ,&• lui apliquera
un coup de mafle fi violent,qu'il
ne lui redera plui aucun os ciuier ,
que le pauvre infortuné n'a pas plutôt
reçu le coup , qu'on voit ion tombeau
cmbrafé d'un f.u dévorant, 6c dans le
même tems l'Ange lui dit d'un
&
ton
hârdi , impérieux & d'une minière affe¿
brufquc : fe te commande de la part
dH' grand Dit» tt Uvtr 5 Ce raor« '
deJ Tfirc!. 113;
lui réplique , O Ange je voudrois"
J^icniavoir les raifons que tu as de"'
iTie fraper fi rudement, & dé qui tu "
3s reçu ordre do me traiter avec tant "
^'inhumanité, moi dont la conduite "
® toujours été irréprochable & qui"
.'le me fuis jamais atiré ces mauvais"
*faitemens , au contraire j'ai jeûné "
prié , veillé , & reconnu JE
SUS-"'
C H R I S T pour vrai Dieu ; Û c'ejl "
hjiement pour cette raifon (¡ue je t'ai'
"hatie'& pour n'avoir pas refpeUé &
'"'gardé Mahomet Muftafa pour le ve-
'"ttahle Prophete du grand Dieu, llpretcnd
qu'il y aura auflj piufieurs Muful-
¡tians que l'Ange frapera avec la même
Inhumanité & qu'ils reprocheront à'
' A-ngç fa auauté , Ini difant ; Quel "
l'i-ftexce peux-tu avoir pour nous fiii- "
""S relTentir tout le poids de ta colerc "
par un ïî rude coup , notre confcien- «
ne nous repi o:he aucun péché , no
Contraire nôtre, vie a toujours été "
^^emplaire , nous avons obfervé avec «
dernière rigueur les jcunesdu "Ra- "
l'iiazan , nogs ayons affifté fidtIcment "
® la Mdfquéc,nous avons diftribué de"
argent aux pauvres , nous avons ré- "
Pcté plufuurs fois , U N'Y A .QU'UN
TÜRK TARiH KURUMU

|i i •
i!! 1:
IJ4 ^ETIG'ION OH Théologie
„ D I E U & M A H O M E T SOU
M A p ô T R È 5 pouvions-nous en fai-
„ re davantage: Ce n eji paspoiir avoif
fait toutes ces anions que je vous ai
frapé ; mais pour les avoir mal faites,
leur répond l'Angç , ne vous rejfouve'
vez.-vousplus d'avoir paffe un '•¡ottrprés,
d'un pauvre , réduit dans la derniere ne-'
ceffît'é , ^ au lie^t de ¡"ajjifier dàns fo>f
txtrème hefoin , vous avez, feint ne le
point voir , & avez, fermez, vos oreilles
Àfes cris & ÀfesgemiJlemeHS, vous avez,
encore oublié qtt'un peu avant de fairt
vos prières , v-ous avez eu l'imfieté dt
laljfer tomber quelque goûte ¿'urine fur
vous j Nous voyons de là , les grandes
conièqucnces qu'il y a d'uriner , fans
s'eiTuyer promptement , & 1 étroite
obligation qu'il j- a de foulager tous
les miferables qui fe trouvent dans un
befoin prelîant, oomme l'aflure notre
Prophète : Quiconque, Aiz-\\,voyant fort
prochain "fligé & dans les difgraces
implorant fon fecours s'il n'ajfijh pas ce
pauvre infartuné, 'je protefle , dit le
Prophète dii grand Dieu , ejue ce cruel
recevra en entrant dans fon tombeau cent
coups de barre defer qui lui briferent &
fracafiero»t tous les os.
des T-ircs. 115
11 nous cnfeigne encore dans fcs.
Ecrits que le grand Dieu au jugement
dernier fera monter quwre pcrfonnes
•^iferentes , fur des efcaliers fort élevés
& tranfparens , & que par un privilege
ipecial acordé à elles feules,il
placera proche de fa mifericordc,.
«ant interrogé de fes chers Difciples
lui pouvoient- être ces faints perfona-
^es , il- répondit que les premiers
^toicnt ceux oui avoient repu les pauvres
preiTés (îe la faim. Les féconds
'toient ceux qui avoient toujours por-
^é honneur & refpeâ: aux braves Sol-
'iats qui aloient combatte contre les
Chrétiens & autres Infideles. Les troi-
Jîémes étoient ceux qui avoient prêté
'a main aux foibles. Et les quatrié-
'iicsceux qui avoient porté compaf-
^on aux fous & aux ihnocens.
mm
TÜRK TARiH KURUMU

115, Religion OH TheulogU
C H A P I T R E
XVIII.
Ufepulture d'un Pachd ou autre
perfonn: élevée en dignité.
IL a été revelé à nôtre Prophète,
( .qu'il aye toûjours le falut de Dieu)
qu'une perfonne. de qualité étant renfermee
d^ms fon tombeau, & mifc dani
la folle , on lui jette comme fur le
commun du peuple , de la terre fur
ion cadavre que dans cet inftanr,
1 Ange ion Diredcur entend la voix
les cris , & les hurlemens de fa femme
de fes cnfans & de fes efclaves qui lui
crient , ( O mon cher Mofifr ur , 0
mon Grand ^ Q mon M m n , Q m:s
Teux , O mon Ame, O mon El »ux 0
ma riche Perle , ) l'Ange entendant
toutes ces extravagances dit au More,
Eitens-tu ce ejue l'on dit, comm nt tu s
un brave . vraiment je re te comioiJfoU
pas cîr nef^vois pa^ jufiju'à prefer/1 cjui
tuetnis , car aparemment e}ne tu étois

: é • .
118 Religion ou Théologie
tout fes pev 'hez. pKr e cjn'etar. t tilvant.,
il a ueiilécrtte nuit & l'a pajfée dans Ici
prieres ¡3" l Oraifon , les ayant toute!
finies par tes àernleres paroles. IL N'*
A QU'UN SÈUL DIEU & MAHOMEÎ
SSON
PROPHETE.
des Turcs.
-ÊI-Ï FRIH- «M +
C H A P I T R E X I X .
^e U p'emtere entrée de Mufikjer
Nekjr:, dans le Tombeau.
irp
N
""Otre Prophète ( qu'il aye roû-
^ JOUIS le falut de Dieu ) die dans
^ES Ecrics que l'Arge nomme R É V É -
L A «
preceJe l'anivée eie MUNKIER
^ N E k I R , & que fa face brille
îVec plus d'éciac que
&
le Soleil , icanc
filtré dans le Tombeau il fe prefcncc
mort j lui tenant ce difcours : écris
'"»tes tes bonnes & méchantes atl ons.
mort, répond à R E v E M A N. "
^vec quoi veux-tu que je les écrive,
fais que je n'ai ni [pUimc ni ancre "
^ E V E M A N , lui repart, ton deigt
'' fervira de plume & ta falive d'ancre.i
Mais furquoi prercns-tu que j'écrive "
répond le mort : car tu n'ignores "
pas que l'on ne trouve pas ici de pa- "
ï'^^sr j déchiré , lui dit l'Ango , un mofde
ton linceul, le mort obéit, dc-
^»irc un peu du linciul dans lequel il
cnvclapé, le prefçntc en tremblant
* R ï V E M, A N , qui lui ren}et auflî-
TÜRK TARiH KURUMU

tío Religion ou l'heologie
tôt entre les mains, lui àiûnt -,tic)fi
voila du papier écrit. Le mort le reçoit
& écrit tout le bien qu il a operé fans
en excepter jufqu'à a moindre adioP
qu'il croit lui être falutairc , mais venan:
à fes pechez il defiilc .d'écrire , Ü
tâche de les obmcttre ayant honte de
ia prefencc de l'Ange : Mais R E v î-
M AN penetrant dans fon delfein lui
fait ce jufte reproche : O Infame étant
'vivant tu as, porté L'éfronterie ^ufqui
l'excez. commettant des abaminations eit
preferid iie toute me vtlle,dom tu »'m
pas eu honte ^ prefentement ma feut'
frefence t'interdit & te jette dans U
tonfufion Jl ne lui a pas plutôt fai^
cette feverc correébion, qu'il leve 1»
JTiain , & lui aplique un grand coup de
poing , le mort fe fentant rudement
„ ftapé fans s'y attendre , cric à l'Ang«
« Tout beau , je te prie , traite nao'
„ avec plus de douceur , & fois moi le
„ plaiiirdete retirer d'ici, étant dans
„ la refolution d'écrire tous mes pc
„ chez . fans en excepter un feul. L'Ange
voyant la docilite & ia foupleifc d«
mort, retire fon bras , pendant que cc^
infortuné écrit toutes fes malverfations
lefquellcs étant éciitès les prcfentc à
l'Ange
¿es Turcs,
I lï
l'Ange 5 mais R E v E M A N lui répond.
Triw.f «»/?««/

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Sïl' ;
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111 Ríligton ou Tneologle
Its ^ne m'erí point fait la leUurti
„O mon Cfcatcur f lui répond U
„morcj j'ai tort je l'avciie, mais je
„ t'en conjure pardonne le moi, puif-
„ que c'cft ta prefence feule qui m'a-
„ yant jette dans la honte 8c la confu-
„ fion , m'a impofé fîlenceCorr.mcnt
rebelle, que dis'tu là , tu n'as pas et*
honte du monde., & tu dis que ma
pre'
fence t'a Imprimé queltjue refpeíl hn'
m

il
SA.
gauche où ils rencontrent les jeunes
» qui leur difent : Vous vous trompe^
M lourdement , étans venus dans uf
» lieu, où le devoir vous obligeoit de
» vous en écarter en confideration de
»nos aufteritez , car vous n'ignore^
pas que nous n'ayons foufcrt patient'
„ ment la faim & la foif, pour ne poin"^
„ endurer d'autres maux plus cruels
„ ici bas ; Le Mort ayant jette ces A"'
ges dans la confufion par fes juftes ré'
ponfes ; repofc enfuitc d'un foramen
7Kw.
lî^
, agreable & avec autant de tranquillité
qu'une perfonne vivante j Ces
Anges poulfans leurs pointes plus avant
J^eveillent , & le font revenir de fon
lommeil, lui faifant cette demande:
{ Ois nous ce

; :
i2i> Jidlgion Bii Tljfilugie
parricides dans fon propre fang ; Lc
grand Die« leur répondit. 'Taiftx.'voHS
vous ne f^tvex. ce que vous dites ^ & i^mrez.
beaucoup de ch»fes qu'il n'y a qtte
moi feul qui les comprenne , en ayt
me parfaite connoijiance & que je nt
vous découvrirai que dans la faire.
Nôtre Prophece dit que c'eft la raifon
pour laquelle d'eux Anges entrent
dans le tombeau du Mort, afin de l'obliger
de faire pour la dernière fois fa
frofeflîon de foi , &c publier hautement
qu'il cft veritable MUSULMAN
dont MunkiER & NEICIR
dans la fuite rendent témoignage, pat
ce que Dieu veut deux témoins pour
juger le Mort , afin de rendre fon jugement
valable & qu'il ne puilFe plus
en rapeler , enfuite de cela il dit aux
Anges r Mts Anges j'ai reçK l'ame de
mon Efclitvt, & ai tranfporté fes biens,
fesfemmes , ferviteurs^efclaves , habits,
parens & amis . entre les mains d'un au'
IRC.MUNKIER & N E I Î I R munis
de mes ordres , lui ont fait faire profeffton
de foi dont j'ai voulu être le témoin
irréprochable y ce mort mon fidel
tfclave a protefié en maprefrnce que fort
Createttr éo't UN D I E U TH.ESdes
Turcs. 117
G R A N D , C^U F, M A H O M E T
Ï T O I T S O N P R O P H È T E ,
que la veritable loi était celle des
Mufulmans, que le grand Dieu nous
faiTe à tous la grace de rendre cccrc
teponfe^
C H A P I T R E X X I .
De Uconduite des bo-'is An^^es Ecrivains,
NOus favons d» foi que le g-and
Dieu a deftiné deux Anges pour la
Conduite ôc direition de chaque creature
raifonnablejl'un eft à fa droite qui
écrit toutes fes bonnes aftions, fans
qu'il aye befoin de chercher quelque
témoin pour les prouver, l'autre eft à
fa gauche où il écrit toutes fes mechantes
aébions ; mais à qui il faut abfoluiMent
un témoin pour les prouver, fans
lequel tout ce qu'il avance n'eft pas
reçu , quand l'homme s'alfeoit , l'un
eft à fa droite & l'autrff à fa gauche,
quand il marche un le precede & l'autre
le fuit quand Jl dort l'un fe met
F iiij
TÜRK TARiH KURUMU
•i?

128 Religion ou 7%eologie
à fon chevet & l'autre à fes pieds,voiIà
les deux démarchés de ces deux Anges
dcilinez pour fa conduite.
Nous apprenons encore dans les
ccrics de nos Prophètes ( que le faluc
^ j grand Dieu foit toujours fur eux )
que le très-Haut a déterminé cinq Anges
pour la conduite de chaque "homme
, deux veillant concinuelletnent fur
ia conduite la nuit,deux autres le'jour,
&i le cinquième ne fe feparc jamais de
lui & l'acompagne par t^ut, ayant reçu
ordre du grand Dieu de le preferver
des rufcs & fourberies desDenaons,
¿es Efprits aériens, & de la malice de«
hommes.
Nôtre Prophète ( qu'il aye toujours
le faluc de Dieu ) dit qu'il y a deux.
Anges deftinez pour écrire toutes les
bonnes & mechantes aélions de chaque
creature raifonnable j qu'étant
dépourvus d'une ccritoire garnie , ils
obligent cette creaturede eur prêter
fa langue j qui leur fert de plume , fon
gozier de cornet , fon crachat d'ancre,
& fon cœur de papier, de forte qu'il
n'y a pas jufqu'à la moindre aâion
dont ces deux Anges n'.iyent une parfaite
connoiifance n'écrivent avec
des Turcs.
i ip
fidélité jufqu'au jugement dernier.
Nôtre Proph .te raporte encore dans
fes écrits, que l'Ange qui eft à la droite
de l'homme, a une efpece d'autorité
fur celui qui ell à fa gauche , de forte
que ce pecheur ayant commis quelque
malverfation , l'Ange pofté à fa gauche
fe met en difpofition de l'écrire,,
mais l'Ange qui cft à fa droite lui cric
doucement , .ne ce pre^fe pas & donne :
toi un peu de patience , ce qui l'oblige "
de fufpcndre fon écriture pendant l'efpace
de fept hcuies, k-(qucllcs étant'
écoulées, l'Ange pofté à la gauche du
jccheur , voyant qu'il ne rentre pas en-*
ui même par un veritable & fincere
repentir, écric fon crime : ces deux Anges
s'érantainfi aquitez de leurs fonc->tions
à l'égard du Mort, &c après l'avoir
Cofigné au Tombeau & à la terre,,
s'en retournent au Ciel dont ils trou-
Vent les portes fermées, ce qui les oblige
de tenir ce langage au grand Dieu.
O nôtre Créateur^tH Tions a çffnjtitué'
'les adminifirateurs é' gardiens de fon t
JEfclave avec ordre d'en écrire toutes lexfilions,
I s R A H L 4 enlevé [on ame
g*» refofeprefentiment dans îe tomhiau^.
ffmftj-ttous de Uprendre, la trarfp^t^i.-
TÜRK TARiH KURUMU
pi
yf- '

1 ,4
I*
i j o Religion otiTheolo^ie
ter dans le Ciel & y tntrer avec elle^.
Dieu leur repond en ces termes j M^s
A 'ies, vos demanaes font vaines & inntiles
^ mon PAradis étant prefeniement
rempli d'une infinité d'Jnges qui n f
cejfent depuhUer ma gloire difant COK-^
tinnellem'ent S ® u B A N A l l a
Dieu eft Furificauur , cefl fourqnoi.
retournez, dans le tombeau de mon E f
clave ^faîtes lui faire profejfion defet,
& écivez. tous fes tfjtrites jufqu'à, ce
que le reffnfcite an fugement dernier ^
Ces Angtsfe nomment K i R a M E h
K I A T 1 B 1 N , les Anges Ecrivains
, pai ce qu'on les voit fornr du
Ci' l joyeux Si concens pour écrire les
bonnes adtions de l'homme^quand il
en a operée de bonnes , plufieurs de
Bos faints Dodeuis , ont même autrefois
entendu ces Anges entonner des
chants d allegreirc , faifant retentir
dans les airs ces agréables paroles,
Vntelinon Efclave bien ame A opéré
telle ^ telle attion digne de ma gloire &
de l'éternité bien heureufe •. Quand aO'
«ontraire ils ont écrit les pechez de
quelque M u s u i M A n,on voit fortir
du Ciel ces Anges , abatus , conftcrnez
^trifles , & raelanc6li

15 i Peltgîo» OH Thcologie
partkipans des plaijtrs cjue tu as refer-*-
vex. à tes predcjlinez. après le jugement;
univerfel.
•c«3- H!» «S» im m t»
CHAPITRE
XX IL
7)es etemarches de l'Ame nprés être for—
tie de fon Corps , & du lien de fa de,-
meure,
N
'Ocre Prophcte MAHOMET
,( que le fa ut de Dieu foit toû «
jours fur lui ) dit que trois jours après r
qu'une amc cft, fortie de fon corps,
elle s'adrciTe à Dieu lui parlant en ces
,,termes:.0 mon Createur permets-moi
„ de faire un tour jufqu'àmoarombeau
„pour y voir mon pauvre cadavre..
Le grand Dieu .lui ayant permis , .elle
retourne à.fon tombeau Se regarde de
loin fon cadavre.d'où elle voit de l'eau
puante qui découle de fa bowche , gc
de fcs narines , ayant bien réfléchi fur
cu's. horrible meramorphofe , clic
s'abandonne auffi-tôtàun torrent dé
larmes, &xient ce trifte langage à foiï •
„ pauvre cadavre ;0 chetif & miferar
„blc corps que j'ai eatrctenu avec
des 7'nrcf.. I ? 5 ;
tant de foin nourri avec tant de."
delicatciTc & de, molelfe, avois-tu jamais
com pris ou prcveû pendant
vie quetuéprouverois un jour défi:"
étranges malheurs , que lu palferois
en un moment de ^abondance à la "
mifere^que l'on t'abandonneroitcrue-I"
lemeiit à une terre deferte, ingrate, "
folicaite , & penitente ; L'ame ayante
tenu ce langage à fon Cadavre paifeplus
loin. Le cinquième jour elle demande
encore par grace au grand Dieudé
rendre une fécondé vifitc à fon cad.-\vrc
, Dieu la lui .ayant acordce , elleri
tournc de rcchcfà fon tombeau , regarde
de loin fon cadavre qu'tlle trou--
v-e dans un pire état, & mi le fois plus
horrible que le premier , puifqu'elleen
voit découler dc'la bouche des oreilles
, & des narines , des eaux jaunes,
infcaécs , & peftilentielles , qui lui
font redoubler une fécondé fois , fes
foûpirs & fes gemiifemcs,& l'obligent
de tenir ce trifte langage à ce cadavre ,,
O pauvre !

1:34 Reliejon ouTheologie
„ jufqu'aux oreilles que ta chair, &
„ ra peau dcvicndroienc la pkure des
„ vers , fcorpions, Terpens, crapaux,
„ & d'une infinité d'autres infcdes^.
Ayant achevé ces mors elle s'en retou.ne
, le, feptiém« jour elle s'adreire
„encore à Dieu & lui dit : O mon
„ Créateur , je te conjure de me per-
„ metre d'aller rendre encore une vifi-
„ te à mon cadavre ; Dieu lui ayant
acordée cette troifiéme & derniere grace
elle retourne vers fon tombeau regarde
de loin fon cadavre , où n'y remarquant
qu'une fourmilliere de vers»
y encrant & forçant par troupes fautant
& voltigeant de toute part , elle
s'abandonne plus que jamais aux lar-
„ mes lui fait ce reproche j O mon
^^ pauvre cadavre, étant vivant , & ani-
" mé tu connoilfois ta famille , tes
^ femmes, tes enfans , efclaves, fei>
viteurs, parens & amis, tout lemon-
" de te portoit honneur & refped , à
" caufe des grands biens que tu poiTe-
" dois ; & des charges confiderables
" dont le grand Sultan t'avoit hônoTC,.
„ mais pourrois-tu m'aprendrc ce que
,, font devenus ces biens, &C ces char-
„ ges qui t'avoient élevcî au plus haut
des Titres. 135,
comble de ton bonheur pendant ta
vie , hclas ces grandeurs a parentes ='
fc font evanouies , Si tes freres, fem- «
mes , efclaves , parens, &c générale- «
ment tous tes amis, te regrctcnt pre-"
fentcment, & te regrcteront auflî "
bien que moi jufqu'au jugement dcr- '
nier ,ayant.achcvc. ces mots el e s'en,
retourne.
E B o u O u r E-1 R E l ( que le
falur de Dieu foie fur lui ) raportc
dans fesEciitsqu'un M u s u l m a n
étant mort, ion ame tourne autour de
Cl maifon l'cfpace d'un mois cntier,&
nflechit geneialement fur tout ce.
qu'elle a làiiré après elle, & de quelle
miniere elle s'y prendra pour en faire
un jufte & égal partage , & fur tout
comment elle fatisfera à fes dettes, fupoCé
qu avant la feparation de fon
Corps-, elle ioit reftée redevable à
quelque M u s u l m a n , ce mois
étant écoulé ,elle va rendre viiîte à fon
tombeau , autour duquel elle tourne
ihcelÎamment l'efpace d'un an entier,
pour voir ceux, qui la regretent, la
pleurent, Sc-adreifent des prieres ou
aumônes , pour aleger le fardeau de fes
pccbez^., & fléchir la jufte coleic du
TÜRK TARiH KURUMU

T^g' R'eltgto» oit TIkologie
giaiîd Dieu , l'année aconnplîe elle fe
trouve au rendez-vous de toutes les
ames des MUSULMANS , avec
lefquelles elle refte jufqu au Jugementdernier.-Jour
heureux deftiné pour la
recompenfe de ceux qui one embrairé
la loi de M'A H OMET, & eiy mé--
me teins fatal aux juifs , Chtêtiens,-
Idolâtres , on ^utres Infidèles , qui
éprouveront le fort de leur aveuglement
& opiniâtreté , jour auquel
.ISRAEL fonnera de la trompette
de la part du grand Dieu felon la parole
du Prophète,fi l'on demande de
quelle maniéré prouvera cette ame
qu'elle a été renfermée dans le corps
d'un veritable MUSULMAN , &
qu'elle cft tlle même Mufulmannc , de
mcme que les autres iimes fcs compag-,
ncs , il fufit que pour témoignage de
fa Religion elle repetc ce vcrlet de
l'Alcoran compris en ces beaux termes
( Les Cieux s'ouvrent pendant une nuit
ÀK %«maz.m & les Anges defcendent
Avec l efprtt de 'Dieu ) il cft élevé de
grandes contcftations entre nos Doc-'
teursdela loi touchant-cet Efpritde
Dieu qui décend , plufieuts ont foutenu-que
cet Efppt de Dieu n'étok ao-i'
des Turcs. 137
tre chofe que la miferic rde même,par
ce que le falut la benedidion & la
miiericorde décendent ce jour là de
compagnie avec les Anges , d'autres
ont foutenu que cet Efprit de Dieu
ctoit un Ange qui décend du Ciel^
pour porter de la part de Dieu le faluc
à tous les MUSULMAN SI certains
ont pretendu que c'étoit l'Ange Gabriel
qui eft fouvent compris & fousentendu
fous le nom d'Efprit de Dieu;
quelques uns veulent que ce foit l'ame
de MAHOMET nôtre grand Prot
)hetc qui fe trouvant au delfous de
'Arche du grand Dieu , lui demande
la.gracede décendre cette nuit, & d'a-
1er faluer tous les M USULMANS;
mais la plus grande partie de tous ces
faints Dofteursdifent, que c'eft l'ame
de toute une famille qui demande au
grand Dieu , la grace d'aler vifitertous
ceux de fa parenté & generation , ils
prétendent même que cette ame de'-
cend avec les Anges plufieurs jours de
l'année, comme le prouve le Fils d'As-
B A s , qui aifure que les jours du
B A I R A M , le dixième janvier , la
nuit du premier vendredy du même
i^ois , le 15. Fevrier , & toutes les
TÜRK TARiH KURUMU

Reliq^ion ou T'heolo^ienuits
des vendredis de l'année les
ames de ces morts forcent de leurs
tombeaux & fe portent aux portes de
kurs maifons , tenans ce difcours;
„ Quoi parmi un fi grand, nombre de
„ perfonnes feroit-il poffible qu'il ne
» s'en trouvât pas une feule , qui alon-
„ geât la main en nous faifant part de
» quelque aumône , d'un morceau de
M pain , d'une cuiliérée de ris- ou de.
n quelque goûte d'huile dans ccs nuits
„ heureufcs confacrces au falut , à la
„ mifericerde & aux benedidions
K quelqujun de vous eft-il allez igno-
„ tant dans nôtre fainte Rclig,ion, pour
»douter die l'extrême neceflîté dans
» laquelle nous fommes réduites &
M que nous ne foyons cruellement ref-
» ferrces dans nos tombeaux , fi vous
M avez été jufqu'à prefent dures, ava-
»"res , & ingrates , à nôtre égard , ne
« laiiTez pas au moins palFer ces faints
bénis vendredis fans nous donner
„des marques de vos cbaritez , & re-
„ doubler vos prieres & aumônes en
„ nôtre fiivcur JO MUSULMANS
„ ingrats , & indignes de porter un Ci
„ beau nom , concevez-vous ce que
„ nous difons , & ne fe trouvera-t'il
desTurcf,. 133
pcrfonne de vous qui ay e compafljon "
de nous ? Quelle cruauté & inprati- "
tude de nous traiter comme des etran- "
gers , ôc fi nous l'ofons dire comme "
des Juifs , des Chrétiens , des Idola-"
très, & autres Infideles, pendant que "
Vous êtes trantjuilles dans nos mai- "
fons , que vous jouHrez de nos fem- "
m e s , & de nos efclaves , que vous"
habitez fous nos larges Pavillons ,&c"
nous au' contraire fommes reiferrées "
dans des tombeaux petits , étroits & "
fort incommodes , parlez donc enj
Core un coup,ô hommes pires que des"
Juifs, & ¿€S Chrétiens ».vous cruels-"-
qui ave« partagez enfemble,nos bieiw,"
nos rnaifons., nos poflcifions & nos
efclaves , pourquoi donc nous envi-
Cigez-vous prefencement comme des "
inconnus, que veut dire 'cette étran- "
ge & inftdele conduite , eft-ce que "
t' A I, c G R A N & les autres faints "
Livres de nôtre tems ne fubfiftent"
1 plus , par quel accident funefte fe°*
feroient-ils perdu, L' A L c o A A N."
Ce Livre divin ne doit-il pas rcfter "
jufqu'à la fin des fiecles , felon.La pa- "
j role du grand Dieu , l'ayant donc *
entre les mains & les autres compo- "
TÜRK TARiH KURUMU

146 Religion eu Theologte
„ fez par nos faints Dodeuvs, pour-
„ quoi les tenez-vous fermez , ouvrez
„ les , Ôc vous lirez ce qu'ils vous en-
„ feignent, vous aprendrez en même
,, rems vos obligations , & le mcrite
» que l'on retire de la prière que 1 on
« rait en faveur des M U S U L M A N S
«decedez , prelTez-vous donc & ne
33 différez plus nôtre foulagemetit ,
» élargilfcz nos tombeaux par Ici mo-
» yen de quelque morceau de pain , ou
,, de quelque priere adrellce au grand
„ Dieu qui eft feul & unique ; encore
un coup ne diferez point davantage
„ nôtre bonheur, & rcfléchilfez que
„ nous nous trouvons dans le dernier
des befoins. Ayant fini ces juftes reproches
, ces ames terminent leurs voyages
par un grand cri qu'elles pouffent
, & fi leurs parens ou amis font
quelques prieres en leur confideration
elles s'en retournent contentes & joycufcs
, faifant retentir cette voix j
„ O les braves M U S U L M A N S >
„ qu'ils ayent à jamais le falut du grand
„Dieu j Quand au contraire elles ne
trouvent rien , elles s'en retournent
trifles , chagrines , &c defcfpjrées.
Plufieurs de nos Docteurs ont foudes
Turcs. 141
tenu que l'ame d'une bête n'étoit pas
répandue par tout fon corps ; mais
qu'elle refidoit dans une de fcs principales
parties , & je trouve que ce
fentiment eft aifez vrai-fcml)lable,l'experience
nous faifant tous les jours
connoître, que quelque blelfure dangereufe
dont un animal foit frapé & qui
même paroît mortelle , il ne lailfe pas
quelque fois d'en rechaper , & un autre
n'étant que legerement & fuperficiellement
bleflé , meurt d'où il faut
conclure que le coup a juftemcnt rencontré
la partie dans laquelle l'arac
ctoit renfcrmée^Sc faifolt la principale
refidence d'autres ont crû que l'ame
s'étendoit jufqu'aux moiridre« parties
du corps , parce qa' I s R. A r, i, (Venant
pour l'enlever s'adreiFe à toutes
les parties du corps. C'eft une laifon
qui me paroît encore afTez bonne, &
qui peut fe foûtenir , n'y ayant rien de
contraire à nos faintes Maximes , Ci
vous me demandez prefentement quelle
difercnce il y a entre l'efprit , & l'ame
, ne vous paroilfant proprement
qu'une même faculté , je vous répondrai
que vous ne vous trompez pas , y
ayant efïcitivcmenc fort peu de dife-
TÜRK TARiH KURUMU

.i'!'':.i
; .i! •
141 ReUf I'm ou Théologie
rer.c: , encre l'un & l'autre , & novs
ne pouvons en donner une plus juftc
idée qu'en les comparant avec le corps
& la main cjui ne font qu'une mcnic
chofe ,avtc cette feule & unique exception
, que la main va Se vient j
mais le corps refte ftable fans fe mouvoir,
il en eft ainfi de l'efprit

• 'S'
If
144 RELIGION OH 7heelogie
Mufidmans , & leurs futurs pUtftrs,
vous ordonnant d'ouvrir une porte dtt
Ciel Ernplrée, afin ellepuiffe ioHir d'i
bo iheur anticipé jufqn'au ^ugermnt dernier
; ijui fera le jour de la gloire cornplette.
Mais à l'égard des ames des
Juifs , Chiêciens , IdoLtrcs , ou autres
Infidèles , étant dépouillées de leurs
corps aulfi iit^purs qu'elles , elles feront
enlevées au Ciel mondain par des
Anges armez de fureur & de colere
qui ¡trouveront les portes du Paradis
fermées, Dieu enfuite commandera de
les raporter dans leurs tombeaux qui
s'ctreciront , & d'où ils verront jufqu'au
jugement dernier leurs funeftes
demeures, le grand Dieu ayant commandé
de leur en ouvrir les portes,
pour y voir leurs cruels & futurs fuplices
i que le grand Dieu nous en prcferve
à jamais & tous nos frcres les
MUSUL
MANS.
Nos Savans & éclairés TheologienS
étant un jour interrogez fur les differens
degrez de gloire , & la place que
polFederont les M U S U L M A N S
dans le Ciel, rendirent cette belle rcpenfe
, donc j'ai jugé à propos d'inftruiie
nos freres ICSMUSULMANS
félon
des Turcs.
r^j
^clon ces Savans Perfonnages, tous les
iH'ophetes feront élevés dans les lieux
•les plus cminens du Paradis ; Les Martirs
& ceux qui ont combatu contre les
Chrétiens & autres Infideles , feronc
placez au milieu , & les ames des
Dofteurs qui feront renfermées dans
les entrailles de ces beaux oifeaux
Verts , voleront dans tous les endroits
du Paradis qu'ils trouveront les plus
charmans & délicieux, & viendront
, enfuite fe placer au milieu de ces lampes
prccieufes • & tranfparentes fuf.
pendues au ddfousdu Trône du grand
Dieu; les ames des autres MUSULMANS
du commun , feront renfermées dans
les entrailles des moineaux , qui habiteront
jufqu'au Jugement dernier, une
montngne odoriférante de mufc pur,
qui fe trouve dans le Paradis ; à l'égard
des ames de ces pauvres b enfans
dont les peres malheureux & aveuglez
ont atribué un compagnon au
grand Dieu , elles voleront ians ceifc
1. 'Partie G
h Les Turcs prctendent que les enfans n'ont
J'^fage de raifon que lorfqu'ils ,font arrivez i
àgc qu'ils peuvent engendrer , que les gar-
Çons doivent avoir douze ans, & les filles
iicuf.
TÜRK TARiH KURUMU

I4 Religion OH Theolegie
inquiètes autour du Paradis jufqu'aO
jugement dernier , fe trouvant mal-
Tié elles dans une agitation perpetuel-*
e , le grand Dieu ne leur permettant
point de reftet un feul nioment de
repos & dans la même place ; mais les
anies des MUSULMAN s qui font
encore redevables à la Jufticc de Dieu,
& foijillces de,quelques fautes legeres,
feront toujours fuipenduës dans les
airs ,voltigeant d'une part & d'autre
fans efperance d'entrer dans le Paradis.jufqu'à
ce que le grand Dieu mifcricordieux
pendant & après cette vie,
leur ait pardonné leurs fautes , &c remis
leurs dettes , & pour les amcs
des MUSULMANS pecheurs , elles
foufrirontconjointement avec leurs
corps toute forte de fuplices dans le
tombeau , jufqu'au Jugement dernier,
& celles des luifs , des Chrétiens , ou
autres Infidèles , que le grand DieU
donne à toutes fa maledidion , puifque
pour punition de leurs opiniâtretcz
elles feront renfermées dans les cachots
les plus bas, & les plus obfcurs
de l'Enfer , où leurs ames & leurs
corps brûleront pendant toute l'éternitéjcnrageant
de n'avoir pas voulu rer
[ dts Tant. !
connoître A M M E T M A H O M E T
' MUSTAFA pour le veritable Prophète,
Se Apôtre du grand Dieu, mais
rage & defefpoir éternels qui ne toucheront
aucunement nôtre grand &;
faint Prophète.
Il eft raporté dans les Ecrits de nos
plus éclairez Dodeurs que les Juifs
j «'informant un jour de nôtre Prophète
I de la nature de l'ame,que d«ns le mê-
^ ME inftantce vcrfet de I'ALCDRAN
dccendit du Ciel ( Mahomet l'on t'i»^
terronera & demandera ce tjue c'eft qu^
l'ams ; tu répondras en çtt termes j c'f/î
»ne chofe cjui a tiré fon origine du com-
. f»a»dtment du grand Dieu , tu diras

ilf
I
• t
: li
Ïi
•4
148 Religion OH 'fheologle
Les autres ont prétendu que cette
ame étoit forcie d'une chofe que Dieu
avoit créée , mais qu'ils n'avoient aucune
connoiirancede la nature de cette
chofe.
Tous nos T héologiens ont reconnu
en Dieu deux fortes de commandement
le premier abfolumenc necelfaire , le
ftcond purement arbitraire , le premier
& le neçeiTaireeft la P r i e r e,
le fécond qui eft arbitraire eft UCrea-
T I o N comme il cft dit dans un Chapitre
de r A l c o r a n aiant créé
'homme dansfa perfedion je l'ai animé
d'un foufle , & pour relever davantage
fon honneur , & fa gloire, j'ai
enfuite créé mon c Chameau & ce
magnifique & fuperbe d Palais qui fe
c Dieu, fclon les Turcs, a tiré ce Chameau
d'une roche, & l'aprcfeiitéau Prophète Salé.
d Cette Maifon majcftueufc fufpendue entre
le Ciel & la terre , eft direilement au deiTus
d'une roche joignante la Ville de Hicrufaleifl»
que les Turcs prétendent être aufsi fufpendus
en l'ait, ils difent que Diea a créé ce beau Palais
exprès pour J. C.qu'il y reftera vivant jufqu"à
l'arrivée de l'Antechrift , & pour lors en
fortira , viendra faire fa priere dans laMofquée
fumomraée la blanche qui cft en Sitic,
enfuite viendra combatre l'Antechrift.
des 7urA. 14g
trouve artiftemcnt fufpendu entix; les
cicux & la terre , j'ai 'opéré tous ces
grands, prodiges pour marque de ma
plus grande puillance.
L'on a agité parmi nos Savans de
grandes qucftions touchant ce foufic
de Dieu ,les uns ont dit que ce n'ctoic
proprement que fa volonté , qui nou^
écoit manifcftée par G A b R i e l, &:
que c'eft la feule & unique rai fon pour
laquelle on a dit que Jesus-ChiÛst
tcoir L'Efprit du grand Dieu, par ce
qu'il a été engendre par la vertu d'un
louBe de G A B r i e t ,lcs aunes one
foutenu que le foufle de Diiu ii'ctoic
aqrre chofe que fa mifciicnidc , ces
deux fentimcns fe peuvent fcutenir
fajis crainte d'aporter quelque prejudice
à la loi.
TÜRK TARiH KURUMU
G
iij

ï jO 'Religion OH TheologU
«H «H- -fr KK tm-m -KH-
C H A P I T R E X X I I I .
De la Trompette ^ de la refurreUton
des corps.
AchcqucR A p H A E L eft le Di-
de k Trompette, & que le
Sredcur
grand Dieu a tiré d'une belle perle
i)lanchc le livre de vie, qui eft faut
fois plus étendu que le chemin qui le
trouve de la terre au Ciel , & qu'il eft
fuibendu au dellbus du Trône du
grand Dieu,& que tout ce qui fe paiera
jufqu'au jugement dernier eft^écrit
dans ee livre.
L'ANGE I S R A E L a quatre
r.îleSjla premiere occupe tout l'Orient,
la féconde l'Occident , la troiiîéme
couvre tout fon corps , la quatrième
cache fa face & toute fa tete , n'ofant
la lever à caufe du reiped qu'il porte
au grand Dieu , cet Ange eft d'une force
Vi furprenante qu'il fuporte fur le
milieu de fes deux épaules , les quatre
coins du Trône de Dieu , tenant toujours
refpeftueufement la tête panchéc
& j en bas le grand Dieu voulant éciides
Turcs. 151
re dans le livre de vie , ce qu'il a determine
& decreté de tout tems , retire le
Voile qui couvre la face de GABRIEL
afin qu'il puilfe lire fes commandemens
j fes ordres & fes decrets éternels
, il n'y a pour lors aucun Ange qui
ofe aprocher du Trône du Grand Dieu
à l'exception d'ISRAEL. Il ya encore
fept voiles entre ce Trône & cet
Ange ,Sc l'on compte même jufqu'à
cinq cens journées de chemin depuis un
Voile jufqu'à l'autre , & entre GA-
B R I E L Se R A P H A E L , l'on
Compte jufqu'à Icpt cens voiles , qui '
les feparcnc l'un de l'aurrc: RAPLIAE L
fe tient debout, pofant le pavillon de
fa trompette fur fon genoux droit, tenant
continuellement l'enibouchure
dans fa bouche , veillant avec toute
l'attention imaginable fur les ordres
du grand Dieu qu'il attend avec la dernière
impatience , les ayant reçus il
fonne au même moment de da trompette
, & c'eft pour lors que le monde
aprochera de fa fin , car R A p H A E L
n'aura pas plutôt réuni enfemble fts
quatre aîles, qu'il fonnera de la trompette
, O le funefte & fatal figne. MES
^ R E R E S L E S MU
S U L M A N S.
TÜRK TARiH KURUMU
G
iiij

î yi Religion on Tlieologie
principalement pour les Juifs Clirctiens^ldolatres
& autres Infidèles ; car
ce fera pour lors qu'I s R A E L Diredeur
de la Mort, fans diferer d'un
inftanc étendra fa main , qu'il glillet.t
fous la feptiéme terre , & enlevera gencraleir.ent
les âmes de toutes les creatures
qui fe trouveront renfermées dans
les cieux , les airs, '& fjr la terie , de
forte qu'il n'y reliera plus au monde
aucune ame vivante à l'exception du
Maître des Diables ( qu'il aye éternellement
la maledidion de Dieu ) &
dans le Ciel GABRIEL , MICHEL,
R A P H A E L , & IBRAF. L,que
la benedidion & le fa!ut du grand
Dieu foient fur eux à jamais,
E B O U O U R E I R E , raporte
dans fes Ecrits que M A H O M E T
M G u s T A f A nôtre faint Prophète
& l'Apôtre du grand Dieu , dont il
étoit contemporain,a d4t plufieurs fois
dans fes favantes Inftruftions , que
Dieuavoit donné quatre branches à la
trompette qu'il a créée , que la premiere
s'étendoitjufqu'en Orient, la fécondé
jufqu'en Occident, que la troifiéme
tomboitau delïbus de la feptiéme
terre , Si que la quatrième étoic
des Turcs.
i^j
pofée au deiTus du feptiéme Ciel, ôc
que cette trompette divine renfermoic
iluficurs pavillons, ou portes , dans
efquelles lesames de toutes fortes de
creatures tant raifonablcs qu'irraifonables
étoîent obligées de fc réfugier,
auifi bien que les ames des Efprits acriens,&
celles des Anges ; dans une
porte fe trouvent toutes les ames'des
Prophètes , ( que le falut de Dieu foit
fur eux ) dans une autre font celles des
Anges ; dans une autre celles des Efprits
aeriens, dans une autre celles des
creatures raifonnablcs,& dans une autre
font celles de toutes les bêtes feroces,
outre ces cinq principales portes
, il y en a encore foixante & dix
autres deftinées pour lea fourmis,mouches
, guêpes Se généralement tous les
autres animaux qui fe trouvent dans
les eaux , qui vo cnt dans les airs,&
qui marchent, ou rampent fur la terrej
le grand Dieu aconfignc à RAPHAEL
cette trompette dés ia creation , Se lui
en a mis l'embouchure dans fa bouche
afin d'être toujours fur fes gardes,
•4e n'être pas furpris & en fcnner auatioindre
figne qu'il lui en donnera.
•Nos Théologiens tiennent qu'il: i
G Y
TÜRK TARiH KURUMU

154 Religion ou Theola^ie.
doit ionner trois fois , & en trois tetns
ditfercns , le premier fon de trompette
felon eux remplira toute la terre de
crainte de frayeur, le ¡fécond donnera
le coup de mort à toutes les creatures,
& le troifiéme leur rendra la vie. .
O u z E I F ( qu'il aye le falut de
Dieu ) prit la liberté de demander au
Prophète ce que deviendra fon peuple
predeftinédans le tcms que RAPHAEL
fonnera de la trompette , & fi ccttece- ,
. remonie durera beaucoup de: tems,
MAHOMET nôtre Prophete lui re- -
pondit en ces ternies : O Ouz.eif, je te
]ure par U juftice du grand Dieu^qu'a- •
pHs

ï5

iç8
Religion OH 7%eolo^ie
parohrez. tons, leur dit le .'Prophète ,
comme de gros & gras moutons élevés
& montés fur U bojfe des plus forts &
pmfant chameaux , pendant cjue les
ftiifs , Chrétiens , & autres hfideUs ne
paroltrent au lugement dernier (jue comme
de vilains petits chevreaux.
Nôu-eProphete nous aprcnd encore
que le grand Dieu renferme en. lui mê- ^
me cenc mifericordes , qu'il répand au
¿ehors au Jugement dernier , qu'uné
• defes mifericordes,eft deftinee pour
les Chrétiens, Juifs, idolâtres , pour
lcsEfpntsaeriens,& pour toutes les
bêtes fauvages , & que c'eft en vertu de
cette mifericorde qu'iïs fe portent
eompalSon les uns aux autres, & que
les quatre vingt dix neuf autres miferidordes
font refervées pour tous les
Mufulmans fes bien aimes ferviteurs.
L'heure deftincè de Dieu pour Ion- .
nerune fécondé fois de la trompette
étant venue , le très-Haut Commandera
à R A P H A e l , de fonner ce lecond
coup, qui aura auflî-tôt fon eftet,
donnant au même moment le.coup de .
mort à toutes tes créatures , par cC
qu'elles entendront un peu avant ccC \
ànilant ce commandement abfolu
des Turcs.
j^p
irnperieux venant de la part du grand
Dieu 5 O at/ies je vous commande à tou~
^es de fort ir de vos corps au plutôt
fans réplique : Toutes ces ames ccleftes,
tcrreftres-, & aériennes, refteront teljernent
étourdies de cccommandefnent
'1 «rrible & imprévu , qu'à l'heure
même & fans fe reconnoitre , elles
'îiourront,tous les Anges étant obligez
d'encourir le même fort à l'exception
des Anges qui aprochentde plus
Hes le Trône du grand Dieu , & tous :
es martirs , c'eft à dire ceux qui font
morts en combattant avec cœur contre
les Chrétiens, &autrcs Infideles,nôtre
eroyance étant que tous ces nobles
iTiartlrs&genereux foldats,qui font
»norts pour la foi Mahometane font &
lecont etcrncllementvivans , & ne s'é^
Jojgnçront jamais du Trône* du grand
Dieu ,MAHOMET , nôtre Pro-
Phcte alIUrant que le tres.PuiiTant fait
Relater la grandeur de ces braves &
Jntrepides martirs, par cinq miracles
J:privilegesdiferens, qu'il n'a acor-
«é qu'à eux ,& qu'il n'acordera jamais
» aucune autre creaturc , de quelque
'••^intecé & perfeàion qu'elle puiiTc
'•^«tiiju^nd bien niéiiic cllcauroitle
TÜRK TARiH KURUMU

• :(ı
1' i
J 60 Religion ou 7%ealogie
don de propKctie Se d'opcicr des miracles
, le premier de ces privileges,
die ce faint Prophete Apôtieda grand
Dieu,eft qu' I s R A E L enlevera les
ames de toutes les cieaturcs & même
la mienne , mais il n'en va pas ainfi
des Martirs dont le grand Dieu feul
enlevera les ames.
Secondement on lavera tous les
Prophètes après leur mort, & l'on me
lavera auiTî , mais les Martirs ayant été
purifiés dans leur propre fang, n'auront
aucun befoin de cette ceremonie.
Troifiémemenc l'on enfevelit tous
les Prophctes dans des linceuls & l'on
m'enfevclira auffi , mais il n'en va pas
de même des Martirs qui n'ont aucun
befoin de linceul.
Quatrièmement les Prophetes étant
decedcz n'auront plus d'autre nom que
celui de Mort, & c'cft auifi le même
terme dont on fe fervira à mon égard,
mais les Martirs refteront toujours vivans,
& ne feront point cenfez morts,
^uoi que par,un efretde la divine pro-
•vidence , ils ayent fuccombé fous le
glaive des Chrétiens ou payent été tue:*-
j)ar d'autres Infideles,
Cinquiéjîiement tous les Pxophef/3
dei7:tycf, ' i

»
I I .
'Ir
Îfî
"î 6i Hellgion ou Tloiologie
Mahre des DUb'es ^ ir hii donncf^ le
Cinp de mort ; Dieu ayant fini ce difcoursjfa
colere & fa vangeance flefccndant
du Ciel & I s R A E l s'en
étant revêtu, Dieu lui dit ; de ce pas
faire rejfentir au Maître Diable le coiip
fnnefie & cruel delà Mort, avec ma
neige ^fals Encore repentir au double tant
aux reprotivez. qu'aux Efprlts aerlens,
l'amertume de la Mort, & fais defcendre
avec toi jufqu'au nombre de foixartte
dix mille Anges , executeurs des fw
F lices que i ai préparés AUX fuifs. Chrétiens
, InfiÎdes , & Idolâtres , & ^u'un
chacun de ces iy4>}gesporte avec lui une
des plus pefintes ch.iines de l'enfer pour
les mieux lier & garoter , cet ordre
étant exécuté,l'on entend enfuite cette
autre voix du grand Dieu s'adreliant à
f M A L I K , lui commandant d'ouvrir
toutes les portes de l'Enfer , & enfuite
I s r a e l décend , mais la face
inetamorphofée fi hideufe , fi monf*
trueufc & imprimant tant de crainte
& d'horreur , que quiconque des Anges
des homme? auroit alfez de tee
M A L I K cft le ch:f des Aiig s qui tourmentent
les damnez, & c'cil lui gui leur ptefid:
à tous.
des Turcs.
Çlerîtc pour la voir, mourroit de peor^
cet Ange dircâeur de la Mort fe prefente
au maître des Diables , fous cette
horrible & monftrueufe figure^afîn de
lui faire fouffrir de plus cruels 6c fenfibles
tourmens. Ce Maître des Diables
apercevant I s r a e l , mctainorphofé
, &: avec une face fi extraordinaire
reliera pamé de cette veuë fi
aflPreuie, & pouflera eniuite un cri fi
élevé & fi horrible , que quiconque
l'entendroit tomberoic demi-mort,
I s'r a e l felon l'ordre qui lui a été
donné du grand Dieu , s'adreiFe donc
au Maître Diable , lui criant ;brufqueftient
arrêté là ( maudit ) & ne paj^e
pas plus outre , par ce eju'il faut que je
te fafie éprouver toute la cruauté , è*
l'amertume de la Mort-, fonges tu^ Maudit,
au tort que tu as fait pendant ta vie-,
^apelles-titen ta mémoire ce grand nombre
de véritables Mttfulmans que tuas
Perverti (¿R corrompu par tes earefies OH
ftitfuccomber par tes menacesréfléchis-
'« que fans refpeH: ou confederation pour
Prophete Mahomet , tu Us asperfe-
CHté avec autant d'envie de chaleur &
de rage que des 'j.uifs , Chrétiens^ Idola-
^^'s ^ autres Jnfideles ; Le Maître
TÜRK TARiH KURUMU
ri

T(î4 Religion onTheolo^le
Diable entendant ces juftes & fanglants
reproches qu'il ne peut plus foutenir,
gagne au pied & fuit en tiemblanc jufqu'en
Oiknt, où I s R A E L l'ayant
pouifuivi vigoureufement, le trouve,
l'arrête , & fe faifit de lui , mais ce
fourbe s'echapant adroitement de fes
mains, gagne l'Occident, où ISRAEL
le pouifuit encore avec !a même vigueur,le
trouve,& le prend une fécondé
fois , mais ce Maître Di.iblc. toii-
, jours fin & rufé s'évade encore fubtilement
de fes.mains, gagné les moi-s,
^fe plonge jufqu'aux plus profonds
abîmes de ces vaftes ondes , où I s-
R A E L le pourfuivant toujours l'atrape
, fe trouvant continuellement preientaux
retraites les plus fecrçtes que
le Maître Diable puilîe inventer. Ce
fourbe fe voyant pris fans efperance de
recouvrer fa liberté , demande par grace
d'aler au tombeau d'A D A M auquel
il tient ce difcoucs : O ADAM tu
„ vois les maux,les tourmens, les inju-
,:res,lesmalediâ:ions,& les perfecutions
^.que je fuis obligé de foufrir pour l'amouidetoi
ll fe tourne enfuite du côte
d'I s R A F. I, auq ael il parle ainfi :
« O I S R A E L de quelle efpecc de
des Turcs.
KJJ.
Vafe d'eau te ferviras-tu, pour me ra- -
fraîchit & dcfiiterer, & quelle forte "
de tourmens inventeras-tu & met- "
tras-tu en ufage pour m'arracher"
l'ame du corps ; I s R A E L lui re-"
pond : te defaltererai avec un vafe
d'eau fartant des abîmes infernales : Le
Maître Diable enteadat cette cruelle &
funcfte rcponfe s'cchape encore adioitement
dV fes mains , pouilant un horrible
cri& déccnd fur la terre , mais
les Anges nommez / Z E N B A N I
l'agrifent en volant, avec leurs ongles
fubtils , & aigus, l'égratignent, & le
tourmentent avec tant de cruauté
qu'il ne lui refte plus un foufle de vie
& demeure ainfi en proye entre les
mains d'I s R A E i.
/Les Anges ZLNBANI, font dcftincs de Dieu
pout tourmenter les damnés danj les Enfers,
& ont pour prefidect M A L i K qui leur comniandç.
TÜRK TARiH KURUMU

J66
Religion OH 7he0logie
•m -îi* H» 'ïi^ •e®^ M» -««i EiÉS
CHAPITRE
XXV.
««•
De la defiruBion de toutes les Creatures
raifonablesjîrraifombles & de tous
les êtres créés.
Le grand ]Dieu commandera à I s-
K.A E i de dcirccher toutes les
mers ^fclon ce qui eft raportc dans ce
verfct del'ALCORAN (KULLU
CHE IN AL IK UN ILLA VEP-
G E o u , c'cft-à-dire ; Tout prendra fi»
à l'exception de la face du grand Dieu :
Is R A E L s'adrelfera donc à la Mer
lui diiant : Ton tems efifini, il nyapas
muyea de prolonger davantage ta durée-,
en un mot il faut périr & difparoitre :
„ La Mer repondra à I s R A E L Je
„.t'obeis & execute tes ordres , maiî
„ avant de difparoître pour jamais , je*
„ te demande par grace la permifljon
„de me pleurer & me regreter moi
„ même ; I s R A E L lui ayant per-
,/mis , elle fe fait ce reproche : HelaS
„ que font devenus prefentement mes
„ flots ccumans , mes prodiges , cc
„grand nombre de poilFons , & de
des Turcf.
x^y
monllres , que je renfermois .dans"
mon fein qui Ce promenoient Se "
jouo'/ent dans mes entiailles , l'or- "
dre du grand Dieu eft venu , il *®
faut lui être foumife , & partir;
pour ne plus revenir. Ces mots "
açlievés ISRAEL l'apellera fans ce-
J^endant être oblige de fonner de la
trompette pour la faire venir. Se peu
après la fera difparoitre : ISRAEL
tiendra enfuite ce même difcours aux
Montagnes , qui lui demanderont auflî
la grace de le pleurer elles mêmes,
I s R A F, L la leur ayant acordée elles
parleront en ces termes : O mes hau- "
teurs , élévations, colines , & déf-«
centes , que font devenues prefcnte- *
*«ent tes forces , l'ordre du grand «
Dieu Jetant venu & manifefté par "
fon Ange il nous faut partir , ISRAEI,
appellera auilî-tôt ces montagnes &
Co ines , qui fe fondront & reduironc
en eaux : I s R A E L , s'adrelfera ensuite
à la Terrc,à laquelle il annoncera
le tems de fon depart eft arrivé,

m
m-
loS Hclti'ion ou Theolog'e
étrange malheur , lui demande comme
les aunes la grace de fe pleurcu elle
même, I S R A E L la lui ayant acor- ^
dée , elle s'explique en ces termes : .
,, Helas infortunée quejciuisoù font |
„ prefentement mes Empereurs , mes
„ Rois, mes Grands Vizirs , mes Bachas
& tous mes Gencils-hommcs,
, qu'eft devenue cette quantité d'ar-
» bres , de [fleuves , puits , fontaines,
„ fleurs , & herbages de toute efpece :
Ayant achevé ces mots, elle poulie un
grand cri , & I S R A E L tarit &C
dclTeche toutes ces fontaines , fources,
fleuves & rivieres , abat generalement
tous fes arbres , coupe toutes les fleurs
& herbes , détruit , renverfe , & abolit
les murailles les mieux cimentées,
I S R A E L après cette terrible execution
poulie un grand cri, & dans
ce même moment le Soleil & la Lune
s'eclipfent & fe confondent, les étoiles
ie difperfent & perdent leurs clartés &C
tout,generalement parlantjprend finjle
grand Dieu voyant fes Decrets éternels
en partie acomplis dit à l'Ange
Diredeur de la Mort : O ifraely a-t-H
encore quelque creature qui [oit refte'e att
monde : 0grand répond ISRAE t,
ii
des Jurer.
a n'y a que toifeul qui es Eternel, immortel
& avant tous les tems , toi qui
feul asla vie parejfence qui fait rcflé
*vec Gabriel, Michel , T^aphael , les
^nges quifoutienrent ton Trône , & moi
qui fuis la plus foible de toutes tes
Creatures, Puifque la chofe fe pajfe
«i«y? , va donc prefentement les trouver
lui dit le grand Dieu : & enleve leurt
ames I S R A E L ayant exccucé ces
erdres ,1e grand Dieu lui dit-: Quoi
¡jrael ne fçais-tupas que toutes les creatures
farts en excepter une feule , doivent
¿prouver toutes Us rigueurs & amertU'-
mes de la Mart, en quelle vertu prefens-tu
donc être exemt de ce fie.iu, toi
^ui es de mes creatures n'eji-il pas jufle
^tt'aprés avoir tant fait foufrir les autres
, tu foufres encore t4fi même ; va
doncprefentemtnt tf depouiller de tort
"me entre le Ciel & i'Enfer. ISRAEL
obéit, & après s'être lyi même cruellement
frapc , il fix£ fes yeux au Ciel,
8c fe dépouillé de fon amc, & pouiTc
dans cc même tems un cri iî extraordinaire
qu'il feroit capable de donner
le coup de mort à quelque creaturc
Vivante que ce fut, fi elle étoit rcilée,
Ange acheve fa vie en prononçant
/. Partie H
TÜRK TARiH KURUMU

•f
i if:':
"170 Religion oti7heoÍo¿te
ces dcrnieres paroles : ( O mon Crea'
teur & mon Dieu que la mort efi eruel'
le, que fon pajfage eii terrible dr formidahle
! ^h fi feujie jamais comprit
combien elle eit cruelle & amere , que
je me ferais bien gardé de la faire goûter
à la moindre de tes creatures ) IS R A E T
Des Turcs. 171
9e» «i^ -{«»{^"S^ »»j «K ««3>
C H A P I T R E
XXVI.
De l'amas des corps. '
N
'Ous favons de fciencc certaine
tendant ainfi l'amc en finîflant ces paroles
:// ny refiera plus que le grand toute éternité qoc toutes les nations
que le Grand Dieu a décrété de
Dieu de vivant jtout le monde entier pre' tant fideles qu'infidèles dcvroicnt un
vant fin felon les Decrets du grand 2) en jour \ fe réunir enfemble dans un même
ci" les paroles portées dam le faint Al-,
taran.
lieu,&que RAPHAEL , MICHEL,
G A B R I E L & ISB.AEL, feront
les fideles depofitaircs de fes ordres,
R A P H A E L ayant retiré fa trorapettcde
deflbus l'Arche du grand Dieu,
prend en fa compagnie les Anges h RIs
u A N IJ leur difant : O Rifvani, ornez.
& embillljfezle Paradis , pour rt'
cevoir Mahomet & tout fon peuple élit
&predefiiné , avec toute la gloire & la
pompe qut leur efi deiie. Ces Anges
ians diferer d'un moment , prendront
des vertes du Paradis , fe chargeront
avec plaifir des plus riches & pretieufes
qu'ils pourront trouver, &c porteront
à leur tete l'ctendart vidorieux
h Ces Acgcï font des oiEcicrs du ratadî«,
H i]
TÜRK TARiH KURUMU

.ijîi
t .-V'i
11
•F i
i: î'
i. :!
1
3Ï
'i'i
"171 Feitghn oHlT)éoloi_!e
& triomphant de ce grand Prophète
avec deux des plus fuperbes vertes du
Paradis deftinées pour cet Apôtre du
grand Dieu.
Comme pluiîeurs pourroie.nt objecter
quelque difîculté fur larefurredîon
de MAHOMET , ou ignorer les
glorieufes ceremonies qui la précéderont,
j'ai fouhgiic dire mon fentimenr,
qui e(l conforme à celui de nos plus
lavans &c éclairez Dodeurs, fur lefquels
le grand Dieu a répandu fes lumières
, 5c dont nous reverrons éternellement
la mémoire dans nos Ecrits,
adtions & paroles ( que le falutdu
grand Dieu foit auflî éternellement fur
eux ) Il leur a été révélé par un privilege
fpecial,quele premier être vivanC
à quatre pieds , que le grand Dieu jre-.
fuicitera d'abord , fera un des chevauJi
du Paradis nommé B o u R A K ,1?
tres-Hauc lui ayant rendu la vie , com^i
mandera enfuice aux Anges RISUAHI
de le feller , les Anges lui jetteront
aulîî-tôt une Selle de rubis rouge fui'
k dos , lui mettront en bouche une
bride d'cmeraude verte, & fe charge?
rent eux mêmes des deux veftes du Pa^
ladis, L'iure d'un vert éclatant, ôc l'aildes
Turcs. 173;
tïe d'un jaune tirant fur la couleur du
Soleil , marchans tous d'une manière
pompeufe jufqu'au tombeau de
HOMETMUSTAFA nôtre grand.
Prophete , & comme le tombeau de
cet Apôtre du trcs-Hauc leur fera inconnu
, le grand Dieu a drefle pour
fignc infaillible une co onne de lumière
qui éclairera tout l'Univers , les
Anges R I s u A N I étant arrivés au
tçmbeau , le garderont avec rcfpc(3:,&
pour lors G A B R i F. L dira à R A-
P H A E L : O Raphael , U ejt de ton devoi'f
de commAnder a Miihotntt de for.
fir de fon tombenii , le grand 7>ie!i ,
f'ayant donné ordre d: rnwajfer ^ >e::-
»ir enfemble tout fon peuple. RAPHAEL
s'en excufera rejettant cette commiffion
fur G A B R I E I. , lui difant :
Cefi à toi , Gabriel, de commander à
Mahomet de fortir de fan toinbeau^parf^tijuetH
as tonjouri lté une étroite
fineere amitié avec le monde. Moi répond
G A B R. I E L, je n'ofe pas l'entreprendre
, adreiTe roi à un autre,R a -
H A E L chargera de cet office Mi-
CHEL qui ofera bien entreprendre
''t» coup auflî hardi , parlant en ces
'trmes ^àMAHOMEx, (O M*-
H iij
TÜRK TARiH KURUMU

1^4 Reltg'tti ouTToeotogîe
homet le falut de Dieu [oit fur toi)
mais MAHOMET fe taira & gardera
le filencc , Michel confus
d'un afront auiîi fenfible dira" à I s-
R A E L , apclle le toy ? I s r a ë l
Diredleur de la Mort, lui parlera auiC
tût en ces termes , O ame agreAble &
odorlfera/ite retourne dans ton beau
corps

176 Religion euTheolegîe
mécs : Tu ne comprens pas ma penféef
lui répliquera MAHOMET, par ce
que je-vois q ue tu ne répons pas preeife*
Txent ama demande ,qHi ne regarde auemement
ma propre perfonnep étant piur
inquiet de la deflinée de mon pauvre
peuple que de mon propre fort ^aprent
mil donc,je te conptre^ce qu'il deviendra
ou ce qu'il ejt devenu , & pint au grand
Dieu que tu ne l'aye pas cruellement
abandonné a la [ortie du por/t fatal , &
dont le pajfage ejl fi dificile^étroit, tranchant
, & dangereux : RAPHAEL
prendra la parole & lui répondra en
ces tïrmcs remplis de bonté , &
, de confoUtion : O M A H o M E T,
le plus grand de tous les Prophètes,
„ Je ce jure par la juflice du grand
,, Dieu , que 'ai prevcu à ce malheur .
t'ayant exprés apcllc avant d'avoir
»fonné de la tromrete , afin que tu
„ puilfc fecouiirdansle tems ton peu-
„ pie élu & prc-deftiiié.M A H o M E T
lui repondra: Ah preftnternent que mon
coeur efi devenu joyeux , & allegre,c'ejt
dans cet heureux moment qu'il a repris
de nouvelles forces que mes yeux ont
recouvré leurs 'premieres clartez ;
Ayant achevé ces mots, U fe levcc ds
des Turcs. 177
fes habits riches, & pretieux, & mon,
te fur fon cheval.
•KK- «»«M- «M- «» «»
C H A P I T R E
XXVII.
De U nature du cheval que msntera
Mahomet.
NOus favons de fcience certaine,
que le cheval de MAHOMET
aura deux ailes dont il fe fcrvira pour
prendre fon vol entre les cieux &c la
terre, fa face reiremblcra à celle de
l'homme , fon langage fera arabe,le
milieu de fes fourcils fera large & ouvert
, fa gorge gralTe & bien remplie,
fes oreilles menues .étroites & d'emeraudc
, fes yeux noirs & écincelans
Gomme les étoiles , fon front de rubis
rouges, fa queiie femblable à celle
d'une vache ; mais brochée d'or, fon
Corps de même que celui d'une poule,
fa hauteur fera mediocre, étant un peu
plus petit qu'un mulet, ôc un peu plus
grand qu'un âne, fa couleur fera plus
vive & tranfparente & éclatante que
la lune , fon vol & fa courfe d'une vi-
TELÎC imperceptible , M A H o M E I
H v
TÜRK TARiH KURUMU
H

lyS Religion ou 'fheologïe
l'aprochant & fe mettant en difpoiTtion
de le monter , verra ce cheval fe
tourner , & s'agiter avec plus de vigueur
qu'auparavant , lui difant, je
„te jure parla juftiçe du grand Dieu
„ que perfonne ne me montera au
„ moins que ce ne foit quelque favant,
„ quelque Prophète ou quelqu'un de
la famille' de M A H O M E T OU
A B D U t L A fon ftls.M A H G M E T
lui ayant répondu : C'eji moi même cjui
fuis ce Mahomet, dont tu parle : Ce
cheval entendant ce mot devient à
l'heure même fouple , & obeiffant,
prefentc fon dös au Prophete qui le
monte , & ce cheval le ^orte en un
inftant droit au Paradis ou M A H o-
M E T en entrant courbera continuellement
la tétG pour adorer Dieu j mais
il entendra au même moment une voiîC
quis'enoncera en ces termes : Aiahi"
met leve la tête ? car ce n'eft pas aujourd'hui
nn jour de ceremonie , & de prefternation^ntais
plutôt le jour funefie de
mes lufies & feueres •vengeances^IAKHO-
M F, T obcïca & Icverala tête, Die«
enfuite lui dira ; Mahomet demande
moi ce que tu voudras , je te l'acorderah
M A H o M E T , { qu'U aye toujours
des Tu rcs.
j-jcf
le falut de Dieu fur lui ) dira : O mon
Createur acorde , je te prie,à mon peuple
la promejfe efue tu m'as faite pour /«Î;LC
grand Dieu toujours pur, lui repondra
: 0 Mahomet que veux-tu dire , ne
te foHviens-tH plus qu'en ta conftderation
je t'ai acordé tout ce ejue tu m'as demandé
pour lui. Dieu eniuite commandera
aux Cieux d'ouvrir leurs catara-
¿tes, & de pleuvoir pendant l'efpacc
de quinze jours une eau epallFe & femblable
à la femence humaine , & il en
tombera en fi grande quantité qu'elle
furpalTera les montagnes les plus élevées
, de douze piques d'hauteur , &
le grand Dieu fe fervira de ces eaux
pour former une infinité de peuples,
qui prendront infenllblement eur accroilFement,
de même que des herbes
nailfantes , jufqu'à ce qu'ils aycnt recouvré
& aquis la derniere perfedion
de leurs corps , le très Haut confondra
peu après les terres & les Cieux,
difant : Ta-t'il quelqu'une de vous autres
pauvres & chetives creatnres qui
aye ajfez, delumieres ^ pour reconnoitre
fes premieres & an de ¡nés pofefions :
Mais chacune de ces Créatures gardera
le filence , le grand Dieu voyant ce
H vj
TÜRK TARiH KURUMU

I So Helî^îef} OH T%eologle
grand (İlence fera encove retentir deux
autres voix iemblables à la preccdentc,
mais s'aperccvant que toutes ces creatures
reftent toujours dans leut premier
& profond filence , cette divine
M.ijefté ie fervira enfuite de ces
tames :. Ou font ceux qui s'attribuoient
il eux mêmes ¡euts belles qualitez., oh
font ces Rois Tirons ^ & leurs en fans , OH
font ces Cadis, "Bâchas , Gouverneurs de
flace & leurs enfans ;OM font ceux qni
ont abforbé tout le bien des pauvres, OH
font ceux qulont adrejféleurs vœux^-prieres
& facrifices à d'autres qu'à moïî
/yant achevé ces juiles reproches, l'on
verra lesmontagncs voler en l'air comme
de la neige, & réduites en pouiTiere
aufll fubtile 6c menue que de la farine,
peu après la terre qu'habiteront les
Infidèles ,Chrétiens,]uifs, impies , &
rebelles „changera de face, & le grand
Dieu placera l'Enfer au dclFus d'eux,6£
pofcra fur leurs têtes une terre d'argent
blanc.
A 1 c H E e' ( qu'elle aye le falut
du grand Dieu) rapoite dans fes Ecrits
que difcourant un jour avec le Prophète
fon faint Epoux touchant les
tvcnemen« de l'autic vie, lui fit cette
des Turcs.
i8r
favante &: refpe6tueufe demande ; f O
faint Prophète l'Jpôtre du grand Dieu)
dis moi, je te prie , ce que deviendront
tes peuples après que cette terre aura
changé de face: Le Prophète ( qu'il aye
toujours le falut de Dieu fur lui ) répondit
en ces termes. Il me femble,AU
che'e Mere des Mufulmans , que tes demandes
devraient être plus relevées quecelles-la
qui mepar$îjfent depeude confe^
quence , cependant il faut tt fatisfaire
tn tout, dr t'aprendre que tous mes bienheureux
peuples après le changement fu~
bit decevafte univers furont placés AH»
degui duporu.
TÜRK TARiH KURUMU
«l«

i8z SeliglonoH 'théologie
ifôi-e» £«» M« •£«»
CHAPITRE
XXVIII.
Du fon de la trompeté qui ebligera tout
les morts de re^ufeiter ^ & fortir de
leurs tombeatix,
LE grand Dieu commandera d'abord
àRAPHAEL.de reprendre
la vie , lui parlant en ces termes
„ imperieux : R A p H A E L, levé toi,
donne un fon de trompette pour
, en réveiller quelques uns & les reiTuf-
,, citer , criant de toutes tes forccs,dit:
O

iS4 Religion OH T%eolegie
nos tombeaux . nuds & pauvres , pur
voir un fpe'Siacle encart plus tragitjui^
dr dont vous ferez, des premiers & principaux
aileur s étant expofés aux plut
cruels fuplices.
Nôtre Prophète f qu'il ayc toujours
le ialut de Dieu ) dit que le trcs-Haut
au jugement dernier ramairera tous les
Infidèles en douze tas diferens.-
Dans le premier tas il y fera paroîtie
des Infidèles fous la forme de fingcs
, ce feront ceux (|ui pendant leur
vie fe feront gouverne avec fourberie,
rufe & malice dans leurs adions &c
qiii dans leurs paroles fe feront fervis,
¿'equivoques, de mots à double entente
, ou de tergiverfations.
Dans le fécond tas il les fera paroître
fous la forme de cochons, ce feront
ceux qui amont mangé des viandes
immondes.
Dans le troifiéme.Dicu les fera paroitre
dépourvus d'yeux , ce feront
ceux qui étans deftinés pour juger les
autres , auront porté des jugemens in»
juftes , & rendus des fentcnces favorables
Se interelfées à leurs parens ôi
amis.
Dans le quatrième,il fera paroiti>ç
des Turc.'.
i S^
Ces Infidèles fans oreille , & privés de
l'ouye , ce feront tous ceux qui auionc
Vanté leurs propres actions fait éclater
par ,tout leurs charitez & aumônes.
Dans le cinquième^il les fera paroitre
jettant un pus horrible du nez,machant
leurs langues de rage & de defefpoir,
ce feront leurs Dodeurs quî
Connoiiîant la veritable Religion ^ l'auront
diifimulée.
Dans le fixiéme,I'on les verra tous
Couverts de doux , de charbons & d'apoftumes
de feu ^ ce feront tous ceux
qui fans avoir eu égird aux remords deleurs
confcienccs auront portés de faux
témoignages. "
Dans le feptiéme , l'on les verra
tous vilains , dcgoutans ^ faifans un
Cercle de leurs corps portans l'extreinité
de leurs pieds à leurs fronts &
exhalant une odeur mille fois plus
puante que de la viande corrompue^
Ce feront cous ccux qui auront recherché
avec aiîîduité & paillon toutes,
les delicateircs du boire & du manger.
Dans le huitième , l'on verra ces Infideles
femblables à des yvrogncs.
TÜRK TARiH KURUMU

i8(j Reli^îoH OH 7heologie
trébuchant de tout côté , fe laïiranC
tomber à droite & à gauche , ce feront
ceux qui auront détourné leurs
amis de faire l'aumône.
Dans le neufviémc , l'on le» verra,
tous revêtus de chemifes de poix fortement
atachccs & colées fur leurs corps
cc feront tous ceux qui auront ma i-
tieufcment detrafté de leur prochain
qui auront epié leurs défauts , & les
auront lâchement publié par tout au
lieu de les tenir caches & fecrets.
Dans le dixième,l'on verra tous ces
Infidèles dont les langues fortiront
par le chignon du cou, ce feront ceux
qui auront proféré des menfonges , ou .
fait quelque fenfibleôc fanglanc afront
à leurs frères.
Dans l'onzième , l'on les verra tous
hebetés,étourdis Si entiercmenthors de
leur bon fcns, ce feront ceux qui auront
fait & tenu des difcours mondains
& profanes dans leurs Mofquées &
dans les aiTemblées de leurs Savans ,au
lieu de s'indruire de leurs devoirs, ou
adorer un Dieu unique.
Dans le douzième,l'on y verra tous
les Infideles fous la figure des ours, cc
fepont ceux qui auront ptêcé leur arâes
Turcs. 187
gènt à ufurc , & avec des giins exorbitans.
Tous les Juifs , Chrétiens , Idolâtres
Adorateurs du feu , & autres Infideles
feront tous renfermés dans ces
douze tas, & feront enfuite tous unanimement
jettés dans les plus profonds
abimes de l'Enfer pour une éternité,
voyons prefentement ce qui arrivcia
pour lors à nos freres les Mufulmans,
dont le fort ne fera pas moindre érant
plus coupables que ces Infideles à caufe
de la fainte loi qu'ils ont embralfé
& dont ils n'ont pas fuivis la pureté.
Il a donc été révélé à nôtre Prophète
quele grand Dieu commençant fon
jugement dernier divifera les Mufulmans
fon peuple predeftiné de toute
éternité, en douze tas , & qu'un chacun
fera une figure proportionnée à fes
crimes.
Dans le premier , l'on y verra une
infinité de corps , privés de leurs pieds
& de leurs mains & l'on entendra au
rnême moment cette voix venant du
grand Dieu : Ces hommes renfermez,
dans leurs tombeaux privez, de pieds &
de mains font ceux qui. «rit tonrmmé
TÜRK TARiH KURUMU

î88 Religion ou 'theologle
leurs volfins , leur impofaat mille fau^
fetez. & calamnies , ¿r l'étnt pitoyable.
CM ils fe trouvent, efi le jufte chatimfnt
de lenrsmdices ^ & fonrberies, & l'Enfer
va devenir le funefle lieu de leur de^
meure pour ejuelcjue tems.
Dans le iecond ^l'oa verra ces pauvres
Mufiilmans , fous la figure d'animaux
à quatre pieds , ce font ceux qui
jouiifans d'une bonne & parfaite fanré,
étoienc cependant lents & pareileux,.
quand il s'agiiîbit du fervice divin^ou
d'aflîfter fidèlement avec les autres frcres
à la Mofquée , qui enfuite fonr
morts fans penitence , & pour châtiment,
font mctamorphofés fous cette
figure de bête , & auront l'Enfer pour
demeure, jufqu'àce que le grand Dieu
leur portant compaflîon , les en retire.
Dans le troifiéme , l'on y verra ces^
pauvres Mufulmans qui auront leurs
ventres de la groiTeur d'une montagne,
& remplis de ferpens , fcorpions ôc
d'autres animaux femblables à des.
muletSjCe feront ceux qui auront paffé
toute leur vie dans la dureté pour les
pauvres, Tan-s leur avoir fait aucune
aumône , & qui enfuilc font raoïcs
des Turcs,
j
dans l'impenitence , leur punition eft
celle la , & le lieu funefte de leur demeure
fera l'Enfer.
Dans le quatrième, l'on y verra ces
pauvres Mufulmans vomilfans le fahg
par la bouche , les boyaux pendant 6c
& trainans jufqu'à terre jettant feux

:
li
i:
il.'.-.
•t
lii;
T90 RtUpon OH 1%eologU
chatimens , & l'Enfer leur demeure
pour un teins.
Dans le fixiémc 1 on y verra ces
pauvres Mufulmans dont les cous feront
extrêmement racouicis, & l'on
entendra une voix du grand Dieu publiant
par toute la terre , que ce font
des faux témoins morts dans leurs pechez,&
que-l'état pitoyable dans lequel
ils fe trouvent réduits , èft un effet
de leurs crimes & qu'iU auront enfuite
l'Enfer pour demeure, où ils refteront
beaucoup de tems.
Danslefepticmc, l'on y verra une
infinité de pauvres Mufulmans fans
langue vomiirans par la bouche un pus
horrible , & infeéic , & l'on entendra
une voix que le grand Dieu fera retentir
par tout, en ces Kimci'.CcHX-U font
ceux qui par amour propre , ou de peut
de déplaire aux grands , & s'atirer
leurs mauvaifes graces , n'ont pas vault*
rendre témoignage à la vérité , ^«ot»
qu'ils la fçujfent,& connurent tres-bioJ,

,5i "Religion OH Theologk
lente maladie qui leur rongera les entrailles
, Se leur rendra les corps violets
& infeftez , cc feront, dira Dieu,
ceux qui auront été rebelles aux commanderncns
de leurs peres & meres &C
autres proches parens.
Dans l'onzième, l'on y verra tous
les pauvres Mufulmans n'ayans qu ua
œil,&: dont'les dents reiTembleronc
»ux cornes d'une vache , leurs Icvres
cpailîcs & pendantes jufqu'à l'eftomac
leurs langues jufqu'au ventre, & leurs
ventres trainans jufqu'aux genoux,
d'où ils jetteront une quantité d'ordures
empoifonnées ce feront, dira
Dieu , ceux qui auront bû du vin , qui
auront encore l'ame fouillée de cette
boillbn , & feront morts fans en avoîc
fait penitence ; voila leur jufte châtiment
qui fera accompagné de l'Enfer,
où ils relieront jufqu'à ce (jue le grand
Dieu toujours mifericordieux envers
les Mufulmans, les en retire en vertu
des mérites de M A H o M F. T nôtre
iiint Prophete ( qu'il aye toujours le
falut de Dieu. )
Dans le douzième ,l'on y verra des
Mufulmans bith-heureux predeftinés,
donc la facç brillera avec plus d'éclac
que
des Turcf.
que la lune dans fon quatorzième joue
partant & traverfant le pont d'une viteiFe
imperceptible & de meW que
des éclairs , & l'on entendra à ce même
moment une voix du grand Dieu>
en ces termes : Faila. ceux qui sm opéré
de ko fines & fainte/ allions , cjui fefatjt
AbftenH du mal, qm ont afjîfté avec une
fidélité inviolable cinq fois le jour k Id
Mofquée, qui enp:tt: font morts repentans
de leurs fautes , z'ollk , dira Dieu,
leur jufte recomPeiife ^ui fera bien tot
fulvie du Paradis , oît Us jouiront dit
repos , de la joy e , & des plaifirs que je
leur ai préparé, parce que j'ai été fat isfait
de leurs conduiteseux de ma hon^
té ^ de mes mifericoràes, ^ de mes
frets éternels.
f. PartU iï
TÜRK TARiH KURUMU

XP4 Religion vu Theologte
•MK' E-i-ï f^ •SSH- «M- •í^
CHAPITRE
-S*? -«K- -KK -S®**
XXIX.
J)e l'état pitoyable OH feront réduits
les ,morts ap/és être forti de leurs
îombeaMX,
ÎL a été revclé à nôtre Prophete, que
les peuples étans fortis de leurs tombeaux,
refterortt tous quarante ans dans
lin même lieu fans boire & fans manger
, fans parler Se faus s'aireoir.
Nos Savans Dodcuts difciples de
Mahomet l'Apôtre de Dieu, difcourant
un jour avec ce faint prophète
s'enquircnt de lui comment on pourroit
reconnoitre pour lors les Mufulmans
Sénateurs de la veritable loi,&
les diftinguer d'avec les Chrétiens,
Juift , Idolâtres , ou autres Infidèles,
le Prophpte,qu'il ay e toujours le faluc
de Dieu , répotidlt qu'il ctoit très-facile,parce
que rorr'apcrcevroiç fur les
Mufulmansune pure blancheur,femfclable
à l'albatre depuis les pieds jufqu'au
front ; 5c que le grand Dieu les
avoit orné de cette beauté en recompenfe
de l'sblucion i qu'ils avoienc
prife pendant qu'ils étoient en fanté.
^ Ablmio^.ouAbdeft. C'cftadîte
s'être
des Turcs.
-¡^w
ti le vifage.les bras iufqu'aux coudes, le fonimet
de la tcte& les extrémités des pieds,cinq
fois le jour.
Il a encore été révélé à nôtre Prophète
que le grand Dieu, voulanc faire
fortir fes peuples de leurs tombeaux,
commandera à fes Anges de s'adrelfer
d'abord aux corps des Mufulmans &
de fecouer la pouifiere de leurs teres Se
de leurs pieds , & la difperfer ça &c là
à l'exception de celle qui Ce trouvera
dans les lieux où l'on aura fait des
3rofternations par ce qu'elle eft faintc
es Anges n'executeront qu'en partie les
ordres du grand Dieu , faifant en vain
tous leurs efforts, pour lever toute la
terre & la pouifiere qui fc trouvera fur
la tête des Mufulmans , & alors le
grand Dieu leur criera une fécondé
fois , deiîfttz de vos enrreprifes, cette
terre que vous vous efforcez de retirer
ne vient peut-être pas du tombeau'
lîiais plutôt de la niche ou place defliriée
à L I M A M , pour faire fa prière
dans les Mofquéesj les Anges obeironc
dans le même moment, & laifTeronc
Cette terre , qui ne fera qu'augmenter
la beauté du vifage des Mufulmans,
Sui palferont enfuite le pont, & ironc
droit en Paradis , ceux qui les venont
TÜRK TARiH KURUMU
J
ij

jpd Reltgîcn (ittT%eologle
palfer, entendïonc cette belle & agréable
voix venant du Ciel; VoiU-yVoH*
les veritabUs EfcUves dH grand Dien^
^ui lut ont offert pendant leur vie des
facrlfices f.tints & pun.
Nôtre Piophete ( qu'il aye toujours
le falut de Dieu > dit que les premiers
Mufulmans que le grand Dieu retirera
de leurs tombeaux , feront tous ces
grands perfonnages, aufteres & grands
)cuneurs , qui auront foufert une faim
cruelle , & uné foifinfuportable ^ jufqu'à
cette heuic , que pour les recompenfer
de leurs jeunes & aufteritez paffcs
, il donnera avis de leurs refurrections
aux Anges R i s v a N i, qui auront
auflj-tôt ordre de ramalfer , tous
!cs petits garçons Se les jeunes filles efclaves
du Paradis,agées d'environ douze
ans,lefquclles fe rangeront toutes à
leur côte , chacuii de ces garçons &C filles
tenans entre les mains une boëtc
jireticu'"c', claire & tranfparente , le
Prophète adurc qu'il fe trouvera là,
une fi grande quinpité de ces jeunes
cnfans, & filles efcl-âves deflinécs pour
leur fervice , qù'elle iurpaiTera en
nombre tousles grains de fable qui fe
trouvent fur la terre, toutes les gouces
des
Turcf,
de pluyc qui fe trouvent dans les nuées
toutes les feuilles des arbres , & toutes
les étoiles qui fe trouvent atachecs au
Ciel , & que tous ces cnfans & filles
efclaves , prefenteront à ces grands &
faints Perfonnages , des fruits de toute
elpece , d'une beauté furprcnante , èc
d'un gout ravilfant , avec des viandes,
de toutes les efpeces imaginables ,
des plus delicates, & favôureufes qui
puiffent tomber dans l'imagination de
l'homme ; & du Sorbec fucré , mufqué,ambré
, ayant un goût fi delitieux^
& une odeur fi agreable , & fi charmante
, qu'il n'y a que ceux qui en
boivent qui puiflent en donner quelque
idée : O grand Dieu quelle joyc,
quel plaifir , & quelle fatisfacäion,
pour ces faintes ames , quand les Anges
R I s V A N 1 les raflàiîleronc
d« tous ces agreables mets , & defaltereront
de toutes ces delicieufes liqueurs.
Leur difant i ^^mettei. -vous
de vos jeunes & anfteritez. paßees^ beuvez.,
mangez, tant que vous pourrez., &
que cette nouriture vous praßte & vous
faßt grand
bien.
Nôtre Prophète aiTure encore qu'il
y a trois fortes de perfonnes que le$
I il)
TÜRK TARiH KURUMU

ipS Religion ou 7%eolo^!e
Anges prendront par la main en fortant
du tombeau , &c aufquelles ils feront
d'agrcables receptions j les comilimentant
& congratulant fur leur
jonhcur prochain.
Les premieres feront tous les Martyrs.
Les fécondés ceux & celles qui auront
obfervé avec la derniere exadtitude
le jeune du RAMA z AN.
Les rtoifiém/es ceux & celles qui
ont jeune quelques jours de l'année
fansaujuae obliguion , A I c H E' E
dit un jour à MAHOMET fon
faint Epoux : O grand Propliete Apô-
„ trc;de Dieu , "je fçai qu'il fe trouve
„ dans le Paradis de grands Palais, or-
^ r,:i «CI 5 ^ d'aigchi , tic luois , àc-
„perles , d'émeraudes, & d'une infi-
" nité d'autres pierres pretieufes^ donc
" nous n'avons ici bas aucune connoif-
'' fance , ne s'y en rencontrant point de
'J ces riches cipeccs, je te conjure de
['m'aprendre pour qui font refervcz
" ces riches & pretieux Palais , & ceux
" qui feront aifcz heureux pour habiter
fous ces magnifiques & agréables
„ pavillons ; Le Prophète lui fit cette
léponfe, O A I c H E' E ces pretieux;
des Turcs.
xf^
P4lais fontdeftinez pour ceux quiau-«
ront jeûné avec la derniere exaititude
, la veille du B A I R A M , parce «
que la mifericorde du grand Dieu "J
defcend ce faint jour , & tous les"
vendredi de l'année , & ce font ces «
jours heureux & bénis, que le grand "
Dieu a ehoifi pour répandre fès plus ''
grandes graces aux Mufulmans , c'ell:"'
pourquoi tu vois que le Maître des ''
Diables, ( qu'il foit à jamais mau- )
die ) n'aime pas ces fortes de jours : "
O A I c H E' E j aprcns encore que "
tous ceux qui jeûnent avec exaftiru- '
de , tout le tems du R A JM A A -.S: "
depuis ie matin jufqu'au foir , tiou- «
vent trente portes de profpericez ou- «
vertes, & trente portes de maledic-«
tien fermées ; cet pourquoi s'il fe «
trouvoit quelcun d'aifez malheureux,«
pour avoir rompu fon jeune dans ces'"
jours de bencdidion , principale-«
ment la veille du B A I R A M , qu'il «
s'en repente de tout fon cœur 8c "
dife le même foir depuis le fôleil «
couché jufqu'au lendemain matin,'»
O grand Dieu pardon , & fj,is tnoi mifericorde
; je te reconnais pour rnan D ieu
ft ni y unique.
TÜRK TARiH KURUMU
I
iiij

ioé Itetigion lu Théologie
Ce grand Prophète dit encore que
ks grands jeuneurs forçant de leurs
to mbeaux, fe feront aifement diftinguet,
de cous les autres Eli3s, par une
odeur douce & iliave , qu'ils repanoronc
par couce lacerre , par des tables
garnies qui viendronc d'elles mêmes
, au devant de ces faines Perfon-
« nages , & leur diront : mangez èi
» beuyez tant qu'il vous plaira , par cc
» qu'étans vivans vous foufriez fans
„ vous plaindre , & avec pacience la
„ cruaucé de la faim & de la foif, pen-
„dant que les autres peuples mar-
» choient fuperbement dans les rues,
»ou bien étoient lâchementaiïïs fur
» leur Sofa , apuyez fur des coudjns
» molecs, le ventre plein & rafalfié,
» c'eft pourquoi prefentement beuvez
5» mangez bien jdivertiifez vous , &c
M reftez tranquilles j de repos , joyeux,
», & à l'3,bi i de toute forte de malheur
, & difgracc:Alors ces grands jeuneurs
fe remeccionc, de leurs auftericez paffees
^ mangeront boiront & fe confo-
Icront enfcmble pendant que le grand
Dieu pefera, examinera & comptera
les adions des autres qui envieront
-/'heurçux fort de ces grands jeuneurs.
îles 'Turcs. 201
îl a encore été révélé à nôtre Prophète
qu'il fe tïouvoit dix fortes de
perfonnes exemtesde la corruption &
pourriture , aufquelles les corps des
autres hommes , quoi qu'élus éc predeftinés
font néanmoins fujets.
Les premiers font ceux qui ont été
combatte contre les Chrétiens, & autres
Infidèles.
Les féconds font les Dofteurs &
autres Savans verfez dans nôtre faintc
Religion.
Les Troifiémes font les Martirs.
Les quatrièmes font les A f i z
c'eft à dire ceux qui favent& ont apris
le faint A l c o r a n par cœur.
Les cinquièmes font ceux qui crient
aux Mofquécs , afin d'apeler leurs frétés
les Mufulmans à la priere.
Les fixiémes font les Sultans ou
Rois dont les Gouvetnemens auront
été juiles , & intégrés.
Les fepticmes (ont les femmes qui
font mortes avant que les qoarancc
jours après leurs couches ayent été
expirez.
Les huitièmes font ceux qui par ordre
de la juftice font morts , d'une
moïthoncewfc ôc violente qui ce-
I V
TÜRK TARiH KURUMU

IOI "Religion OH Thcologie
pendant ctoienc innocens.
Les neuvièmes font ceux qui font:
morts le vendredi , ou la nuit du même
jour.
Les dixièmes font les grands & petits
Prophètes , l'Apôtre du grand
Dieu ajouta enfuite que tous les hommes
fans exception d'un feul paroitront
auilî nuds que lors qu'ils font
fortis du ventre de leurs meres , A i-
c H E' E qui fe tfouYoit toujours prcfente
à fcs faints & éloqu:ns difcours,
parut comme interdite des dernieres>
».paroles du Prophète , & lui die.-
„ Comment f^rnt Epoux , ell-il bien
poifible que les femmes paroitronr
j, aufl] toutes nues , & que ne diferant.
^ en rien des hommes, elles fe trouve--
„ ront honteufement confondues &
i> melces avec eux ; Oui répondit le*
s> Prophète : O grand Dieu quel infa-^
33 me mélange , s'éciia A i c H E' i,,
3, & quelle confufion pour le fexe^paroitre
ainfi nues j fe montrer & fc
s, regarder dans un état fi infamant : 0>
3, grand Ditu encore un coup quelle;
s, inifere & pauvreti; :.ahi grand Pro-
» phete , je ne puis te le diiUmuler ,,
e, oecou^ m'elt.f£iifibk-::0 A rcHi 'E;
des 7 ur es i
20 j
tnere des Mufulmans , lui repartit le
Prophète , en lui donnant ua petit
jcoup amoureux fut les épaules ; qu'il "
s'en faut bien que ton efprit foit «
auifi penetrant que ton ame cft pure
& que les idées que tu conçois de
l'autre vie me paroilfent fades &
groffiercs : Sçache donc, 6 mere des "
Mufulmans , que les hommes feront
bien éloignés dans ce fatal moment "
de ces fortes de regards criminels & f-
lafcifs , que tu te reprefentes en toi
même, leur veiie n'étant uniquement ""
.fixées ôc arrêtées qu'au Ciel, & leurs "
penfées à leur bonheur ou malheur*"
futur , l'on rcftera quarante ans fans''
boire & fans manger , pluficurs fe-"
rojit enfoncés dans leurs futurs juf- *
-x^u'aux talons , les uns jusqu'aux ge- ®
noux,les autres jufqu'au ventre & de "
certains jufqu'à l'eftomac ; mais
Grand Prophetc,lui répliqua encore'"
A I c H E' E , pardonne e moi, je "
lté conjure, fi j'infifte toujours fjt le«
pitoyable état dans lequel nous fe- "
rons reduites , & fi je te demande s'il'*
eft bien poifible qu'il ne fe trouvera "
perfonne au jugement dernier qui "
ibit revêtu i & fi tpus generaleaient,"'
' 1 vj
TÜRK TARiH KURUMU

îo4 Religion ou Iheologie
„ parlant montreront leurs nuditez iC
j, leurs miferes : Oui, lui répondit
„ M A H O M E T l'Apôtre du grand
,, Dieu,à l'exception des grands &c pc-
„ tits Prophètes, ceux de leurs fomil-
„ lesjleurs ferviteurs & efclaves , ceux
«quiauront encore obfervéles jeu-
» nés , qui arrivent l'onzième douzième
& treizième de / Fevrier, & la
lune du R A M A Z A N à l'égard des
autres peuples on les verra nuds, affamés
& mourans de foif, mais pour ce
qui clt des Prophètes & de ceux de
leurs maifons ils feront pleinement
yairaflîez, defalterez & richemcnc vêtus
: Après quarante ans acomplis , le
grand Dieu fera conduire tout fon
peuple dans la vafte pleine de Hierufalem,
qui fera le rendez-vous de toutes
les ames qu'il partagera en cent
vingt rangs , chaque rang contenant
en longueur vingt mille journées de
chemin , & autant en largeur, il proteftcquc
dans le nombre de ces cent
vingt rangs il ne s'y en trouvera que
jtoisde Mufulmans, c'eft à dire d'E-
I Le quinzième de îcvtier les Anges portent
ks Ecrits de toutes les aitions de chaque Mur
/ulman aa Ciel, & font un livre neuYcau.
des Turcs. 205
lus , & Predeftinez , tous les autres
rangs étans compofez de Chrétiens,
Juifs, Idolâtres , Adorateurs du feu
ou autres Infidèles, c'eft à dire des reprouvés
, c'eft M A H O M E T même
nôtre Prophete qui a affuré fes Difciples
bien aimés de ces circonftances,
c'eft donc une pure vérité qu'il n'eft
aucunement permis de révoquer en
doute, il ajoute que la marque qui
porteront fur eux les Mufulmans, fera
aiTez vifible , & les diftingueradu refte
des autres peuples, Infidèles , ayans
tous leurs corps leurs fronts blancs
comme neige jufqu'à la cheville du
pied , les Chrétiens, Juifs, & autres
Infideles , feront au contraire
noirs comme des démons & feront
même confondus avec eux ; Rendons
mille grâces au grand Dieu , ( mes
freres les Mufulmans ) de n'être point
icnfermc dans leur même malheur.
TÜRK TARiH KURUMU

ÈeViglon OH 1%eologte
CHAPITRE
-É«? K&îfSi «M'm
XXX.
*DHlieH ajftgné OH tons les peuples s'af.-
fembleront au '¡ugement dernier.
IL a ccé revclé à MAHOMET
nôtre Prophète ( qu'il aye toujours
le falut de Dieu } qu'au jugement dernier
les Juifs , Chrcciens , Idolâtres,
& autres Infidèles , marcheront le
plus lentement qu'ils pourront , & à
pied nud , jufqu'au rendez-vous aflig-
'né du grand Dieu pour y être juge ,
condamné , & reprouvé, mais le trcs-
Hauc les contraindra d'aler , les obligeant
malgré eux de courir en marchant
fur les épines , pointes de rocher,
& cailloux , jugez de leurs Tueurs
& fatigues , il n'en lera pas ainfi des
Mufulmans,lc trcs-Hauc commandant
aux Anges de les faire monter furies
animaux qu'ils lui ont autrefois offert
« en facrifice : Alez mes Anges, leur
„dira-il, donnez de ma part falut &
„ benedidlion à mon peuplc,annoncez
Jui le rendez vous aifigné afin d'y être
»jugé,, mais ne permettez-pas qu'il
des Turcs. 207
vienne à pied , parce qu'étant vivant
îln'étoit pas accoutumé à ces mar- «
chc'S fatigantes, 6c ennuyantes, ayant "
toujours eu des montures honora-"
blcs, & prêtes avant même leur naif- "
fance,puifque ces bienheureux Mu-"
fulmans dés le commencement de "
leur être étoient portés dans les reins '
de leurs peres , des reins de leurs pe- "
res ils font palFez dans le ventre de
leurs meres, où ils font reftez neuf''
mois , ce tems expiré ils en font for- ''
tis , & fe font atachez à leurs ma- «
melles l'cfpace de deux ans , après «
ces deux ans acomplis , ils font toû- "
jours reftez au cou de leurs percs,juf- "
qu'à ce qu'ils ayent eu la force de'^
i-narcher, & d'agir , pour lors ils "
©nt eu toujours ou chevaux ou mu-*'
lets j ou afnes pour les porter, en
quelque endroit qu'ils eudent befoin«
en terre ferme,de bons vailfeaux «
quand il s'eft agi de traverfer les "
mers ou" les fleuves pour fniré quel-"
que negoce ^ étans morts, leurs fre- "
res les ont porté charitablement fur"
lies épaules jufqu'à leurs foilts ,c'cft "
pourquoi étans fortis de leurs tom- "
jeaux n'ayez pas aifcz de dureté pour
TÜRK TARiH KURUMU

ioS Religion ou "fheoîogîe
„ les contraindre de marcher nus pieds,
„comme les Infidèles, n'en ay ans ni
„ la force , ni l'ufage, mais je vous
commande de les faire monter fur
^ les animaux qu'ils m'ont offerts en
„ holocaufte. Voila aufll la raifon pour
laquelle MAHOMET nous dit
dans fon faint A L c o «. A N ces
belles paroles qu'il nous adreiFe de la
part du grand Dieu , m ( Ofrez. moi de
bons & gras fnimaux en facrifice par ce
iju'ils vous ferviront de monture au jugement
dernier ,)AZZIMOU ZA-
«AÏA KUM FE' INNEA 1 EF VE'
MEL KIAMETI METAXAIÎUM.
m Chaque Turc facrifie des moutons i
proportion de fes biens & tichclTes, ils peuvent
fe joindre fept cnfemble pour factifict
un boeuf ou un cbstneau.
KWi^î' e*
des Turci 10$
C H A P I T R E X X X I .
M» »» a^ E^î^î-
Vu chaud violent ^ue les mtrts foufrivont
au ¡Hgement dernier.
NOus aprcnons de nos Dodeurs
que le jugement dernier éianc
proche , tous les hommes depuis le
premier jufqu'au dernier s'aifemblcronc
au Rendez-vous que le grand
Dieu leur aura defigné , & qu'auifi-tôt
le foleil defcendra immédiatement au
delfus de leurs têtes, pour leurs faire
xcllcntir tout le poids éc la violence de
fa châlcur , & pour lors un fpedre
horrible & afrcux fortira de î'Enfer,
criant de toutes fes forces, qu'un chacun
cherche ,quelque ombre pour fc
garantir de l'ardeur du foleil,le> hommes
entendans cette voix fe partageront
fans diferer d'un raomenc, en
trois bandes diferentes.
Dans la premiere fe trouveront les
véritables Mufulmans.
Dans la fécondé ceux qui fc font
dit Mufulmans, mais qui n'en ont pas
obfervc la loi.
TÜRK TARiH KURUMU

iio Religion eu 7heologÎe
Dans le tioifiéme , feront tous Içs
}uifs, Chrétiens , & autres Infidèles,
cette derniere ôc malhcureufc bande
recevra malgré elle toute la chaleur
& l'ardeur du fcuqui la brûlera impU
toiablement, celle des Muiulmans rebelles
recevra toute l'incommodité
& la puanteur de la fumée ; Mais les
véritables Mufulmans jouiront de toute
fa clarté & de fa lumiere fans ïccevoir
la moindre incommodité de fa
juanteur , & nbirceur , de forte cjne
'ardeur & la violence du feu s'emparant
de la tête des Chrêciens , juifs,
'ïdolaircs Infidèles , les étourdir^,'
la fumée rcmpliirant de fcs v-inçurs
l'eip rit des Mufulmans qui fe 'font
écarrcz de ia pureté de leur loi , les
aveuglera , mais la lumière de ce feu
éclairant tous les véritables Mufulmans
, les rafermira davantage dans la
pureté de leur loi.
M A H O M E T nôtre Prophète
( qu'il ayc toujours lefalut de Dieu )
ie trouvera à ce grand & terrible fpectacle
, parlant en ces termes aux Mu-
„fulmans rebelles ; O M U S U L M A N S ,
»indignes de porter un fi beau nom,
« vous voHS êtes difpenfez d'aler à 1»
des Turcf. 11
giictre contre les Chretiens & autres
Jnfideles, fous pretexte de la chaleur
de la faifon ; mais voyez prefente--»
ment fi celle de TEnfer n'eft pas plus «
cxcefllve & moins fuportab e que «
celle, de la terre , & aprenez à vos «
dépens qu'il valoir mieux foufrir l'u- "
ne pour quelques heures , que l'autre
pour un tems confiderablc, ce grand
Prophète s'adrelfera enfuire aux Juifs,
Chretiens & autres Infidèles , qui auront
toujours vécu dans leur aveuglement
, fans avoir jamais voulu rcconnoîcre
la vérité de la Religion Mahometane
, O Infideles , leur dira M A- "
H G M E T , vous avez voulu rcfter "
malicieufemcnt & opiniâtrement "
eans l'crrcur èc ic» fccncorcs , mais
vous allez ctrc ofufquez dans l'En- "
fer d'un aveuglement & obfcurité "
d'autant plus cruelle , que la rage & «
le repentir ne pourront es diflîpcr. "
Nôtre Prophète nous a encore apn's
qu'il y avoit fept fortes de perfonnes
aufquelles le grand Dieu permettra de
fe mettre à l'ombre fous l'arcade de
fon Trône.
Les premieres font celles dont les
gouvernemens auront été juftes & felon
là loi.
TÜRK TARiH KURUMU

aii Religion ou T%eologte
Les fécondés font celles qui amont
¿[é fidelesà la priere.
Les troifiémes , font ces intimes
amis qui fe feront portés les uns aux
autres une amitié inviolable , en veiic
de Dieu feul.
Les quatrièmes , font ces jeunes
hommes que de belles femmes ou de
petits garçons auront tâché de pervertir
par leurs regards lafcifs , & amouleux
qui auront fernaé les yeux à
ces charmes ôc atraits en veiie de la
crainte de Dieu.
Les cinquièmes, font ceux qui auront
frapé lenrs,poitrinescn fecret
j epcté lalarmeà l'œil les atribucs du
grand Dieu , afin de ne point encourir
les vengtàïïCCS.
Les fixiémes font ceux & celles qui
auront donne l'aumône de la main
droite , fans en avoir donne connoiifance
à la main gauche.
Les feptiémes , font ceux & celles
dont l'efprit & le cœur , reftoient dans
les N:ofquées,lorfque les afaires ne
kur permettoient point de s'y trouver.
^
Le Prophète ( qu'il aye toujours le
falut de Dieu ) die encore que tous les
des Turcs.
¿¡^
peuples e'tans un jour reunis dans un
même lieu , qu'on entendra pour lors
une voix du Ciel en ces termes .• 0«
font ici ceux (j ni ont fait de bonnes
vres de furerogMion, qu'ils par oîjfem &
fe prefent d'entrer au plutôt dans mort
Pareiiis , Ces bien-heureux fe leveronc
au même moment , &: prendront le
chemin du Ciel, où les Anges gardiens
des portes du Paradis les apercevant,
leur parleront en ces termes j Qm êtes
vous, Je vous prie ^ que demandez^-vous
^ pourquoi montrez.-vous tant d'empref,
fement d'entrer ici, Ces bien-heureux
leur répondront ( O Anges, foyez«
toujours bénis de Dieu, nous fom-«
mes ceux qui avons toujours opère"
plufieurs bonnes œuvres de furero- "
gation : Qu'emenAez.-vous par cts œuvres
de fure'rogatton. Répliquent ces
Anges par ce mot de furérogati5,Nous
entendons les biens que nous avons"
faits, fans y avoir été obligé comme "
par exemple d'avoir foufert avec ''
patience es calomnies qu on nous a
impofées , fans nous être mis en pei-"
ne de nous juftifier , & prouver nô- "
tre innocence , ou bien d'avoir pro- "
Curé l'avantage de ceux qui medi, «
TÜRK TARiH KURUMU

214 KeHglon eu Theolog 'e
toient nôtre peitc ; O la belie (fr [age
réponfe^ leuf diknc les Anges,voyons
prefentement ^tte vous avez mérité
ce faim lieu pour lequel vous montrez,
tant d'emprejjement^entrez-ji donc &
foycz. à jamais heureux , & recevez, la
recompenfe de vos aillons ; L'on entend
enfuite une autre voix qui s'explique
en ces termes : Ou font ceux qui ont
toujoursperfevtré dans la patience pen--
dant leur vie , qu'ils paroijfent & Aillent
dans le CiehCcs bien-heureux entendans
cette voix , fe lèveront au même
moment , courront 'avec vitelïc,
s'cmpreiîant à l'envie des uns & des
autres, d'entrer au plutôt dans le Ciel;
mais les Anges alans au devant d'eux,
les arrêteront tout court, leur tcnans
ce langage. J^e veut dire cet emprejfemeut
que vous témoignez, pour entrer fi
tôt dans le Paradis , qui-êtes vous , &
qu'avez.-vous fait pour meriter cettegra*
y> ce : Nous fommcs ceux , répliquent
» ces Bien-heureux, qui avons toujours
accepté avec une humble foumiiîioa
„ les diferens évenemens de nôtre vie;
jQu'entendez, vous ^ difent les Anges,
far ces paroles , ( d'humble foumifjion )
„ C'cft à dire , répliquent ces bierL-,
des Turcs.
i'Ş
heureux , que nous nous fommes ''
toujours'fournis aveuglément, aux"*
ordres du grand Dieu, quoi qu'ils "
nous fullent contraires , & que nous''
avons évité le pechc , quoique nous "
euiTions été portés d'inclination à le "
commettre , les Anges entendans cette
fage reponie leur difent, vos bouches
onf crache de l'or & des pierres pretleufes
,& les introduiront auffi-rôt
dans le Ciel , enfuite de cela on entendra
une autre voix en ces termesj
Oii font ces intimes amis qui fe font entreaimés
reciprsquement & cordialement
, qu'ilsparolfient & courent avec
vitejfe vers le Paradis : Les Anges les
apercevant, leur coupent chemin , les
arrêtent & leur difent -, Qui êtes vous,
& pourquoi montrez.-voHS tant d'em»
preffement pour le Ciel ? Nous fommes^
répondent ces bienheureux , ceux
qui avons toujours marché dans la «
Voye de Dieu , & qui nous fommes «
sortes un amour réciproque pour "
'amour de lui, quentetidez.-vous par
ces mots nous nous fommts entre-airnez,
pour l'amour de Dieu -, C'cd à. dire
répliquent ces bienheureux, que N.ô- "
tre amour , nos feftins , nos récréa-
TÜRK TARiH KURUMU

Religion OH Tkeolo^le
„ tions, & nos converfacions/i'ont eu
„ que Dieu fcul pour but & pour fin j
SI cela efi alnfi , leur répondront les
Anges , il eft jufie (juevous ^vohs divertijfie2i,beHviez.
& mangiez, encore enfembu
& Avec plus de plaiftr & de delicatejfe
dans le Ciel ; Tous ces bien-heureux
peuples étant entrés dans le Paradis
j on faitrenumcration de leurs actions
méritoires, que l'on met dans la
balance &c l'on dielTe aufli-tôt l'étendart
de la gloirè au delTus 'du Paradis.
Nôtre Prophète l'Apôtre du grand
Dieu étant interrogé lur la qualité,
longueur & largeur de cet étendart,
dit qu'il contient en longueur plus de
mille lieues de chemin , que fa argeur
s'étendoit depuis le feptiéme Ciel,
jufqu'à la furface de la terre , & que
ces faintes paroles y étoient écrites en
grosearaétere ,LA EN IA ILLALA
V E M O U H E M M I D O U L R E -
S O U L O U L L A ; / / » ' 7 « F«'««
feul Dieu & M*ho?netifon Apôtre ^ que
ia lance ou bâton étoit de diamant
louge , la poignée d'argent pur, entouré
d'emeraudes vertes, que l'extrcmiré
de cette lance fe termine par un
tiiangle, qui comprend en grandeur
se
i
âes 7urcs.
"i ry
largeur l'Orient , l'Occident , &
l'efpace qu'il y a entre le Ciel & la
terre , &c que dans ce triangle font
écrites ces trois lignes difcrentes ,
qui fuivent B i s M I L I A IRRA-
M A N I R K A H I M Î Î « mm de Dien
element & mifericodieux.
Dans la fécondé font écrits ces
mots. E L H E M D O U L I L L A ,
gloire a Dieu.
Et dans la troificme l'on y void en
gros caradere ces divins mots , L A
KM LA I L L A L L A VF. MOU-
H E M M E C O U L R E S O U I OULl
A il n'y a qu'un feul Dieu & Mit-,
hornet fin Apôtre. Chacune de ces lignes
renferme en longueur mille
lieues de chemin , & outre cc principal
ctendart, il s'y en trouve encore
mille autres moindres dont le
plus petit renferme foixante & dix
mille rangs d'Anges, chacun de ces
rangs étant compofc de cinq cent mille
Anges {qui ne ceiTcnc de chanter
continuellement S O U B A N ALLA.
Vlcit eiî purificatrur , nôtre Prophète
nous a aifurc qu'il tiendroit en mai»
cet étendart Triomphant.
AM M E T fils deD I o U R j A H
/ /. Partie K.
TÜRK TARiH KURUMU

11 s Relfg'iOH OH li%eologie
( que Dieu lui faiTe, mifericorde
ijue cec étendait étant ai"bore , chaque
Mufulman viendra fe ranger
fous celui de fon Prophete y en ayant
pluficurs autre deftinez pour ceux qui
fc feront fait admirer par des adions
particulières, & qu'A D A M ( que
Dieu lui faife mifericorde ) fc tiendra
à la tête des Mufulmans jufqu'aa
ugement dernier , qu'à l'égard des
uifs , Ciirêtiens Se autres Infideles,
eur funcfte fore eft à regreter .reftans
pour lors inquiets , Se troubles, auprès
du feu de l'enfer , dont ils c-
)rouveront la cruauté. Après que
e Prophete aura retiré ce fuperbc
ctendart de triomphe , & de gloire ,
les demons pour lors enragez contre
ces pauvres Juifs & Chrétiens fe pre.
fentetont à eux , les chail'eront comme
des troupeaux de boucs,jufqu'aux
portes de l'enfert où les ayans emj
oignés, les plongeront impitoyablement
dans ces feux devorans.
Il fe trouve encore plufieurs autres
étcndaits magnifiques,reprefentans
des vertus particulières , mais
qui ne font pas à comparer à l'étendart
du grand Prophete.
L'Etendart de verké eft con/igna
des THYCS ÎÎ

O Heliglon eu Théologie
L'Etendart de la fcicncc cil coniîgnc
entre les mains d'O U B B E j e
fi s de K I A B , & tous les Codeurs
& Savans fe rangeront fous cet étendart.
L'Etendart des I M A M ou Cure's
eft configne entre les mains de B i-
L A T J & tousles Çurésôc Prédicateurs
fe rangeront fous cetEtendart.
L'Etendart de la juftice perfecutéc
cft coniïgné entre les mains D'OUS--^
s E I N fils d'A'R I , & tous les In»
nocens perfecuccs fe rangeront fous,
cet Etendart.
Nous aprenons encore de nos Pro»
phetes que le jugement dernier étant
arrivCjtous les peuples fe lèveront, &C
que ceux qui feront les plus altérés fe-
I ont enfoncés dans leurs fucurs, étourdis
, ayans tous les fens entrepris , &
que pour lors le grand Dieu dira à
GABRIEL: Cahrlel ne jette pas
la vcu'è fur ces infortunés pechenrs ^ ne
merltÂnt pas ta compajfion , mais pltL
ri." fuy lé peuplé di Mahomet mon mApôtre
bien aimé, va donc dire de ma
part à ce Trophete ,d'apeller ce peuple
élit &preJcftine'par fon nom, parce aue
le tems des Malheurs efi arrivé. G A-
8 R I E L obéît & MAHOMET.
de Turcs.
ut
apelle auifi-tôt fon peuple par fou n5,
qui lui répond d'unemêmevoix.Bi sM
I L L A I R R A M A N IRRAHIM,
«H nom de Dieu clement (¡r mifricordieax
, Se Aoxs le grand Dieu jugera
en dernier relfort tout le monde , les
Juifs, Chrétiens , & autres Infideles,
entendant la voix des Mufulmans,
prononçant ces paroles , au nom de
Die» Clement & mifericordimx crieront
de toutes leurs forces; plût aa
grand Dieu que nous eujfions mêlé nos
voix avec celles des Mnfulmuns , &
^ne nom eujfions répété avec eux leurs
mêmes paroles, nous eujfions prolongé
nôtre funefie fort de mille ans, Enfuite
de cela le grand Dieu decidera du
fort des Animaux, & demandera aux
bêtes à corne , raifon des coups
qu'elles ont donne à celles qui n'en
avoient point pour fe defendre, il
s'adreflera enfuite aux bêtes farouches
leur difant : fe vous ordonne de devenir
terre & poudre ^ les ]uifs , Chrétiens,
Se antres Infideles, entendant cette
fentence, crieront avec des huilemens
terribles: O grand 'Dieu ,fois à jamais
bénit y que nous nous eftimerions
bew(HX & contens d'encourir ut [art
TÜRK TARiH KURUMU
K
iij

¿•It Religion OH Theologle
Aujji doux dr pareil à celui des bêtes
farouches.
MoulCATiLfque Dieu lui faffe
mifericordc ) dit qu'entre le nombre
de ces animaux , il s'en trouve
dix, qui entrent dans le Paradis , le
grand Dieu leur ayant acordé cette
grace particulière en recompenle des
fervices qu'ils ont rendu à leurs Prophètes.
Le premier, cft le Chameau de
SA LE'(que Dieu lui faiTe mifericordc)
Le fécond eft le bélier D'ABRAHAM,
( que le falut de Dieu foit fur lui. )
Le troifieme eft le Mouton D'IS-
M A F. L , 1 que le falut de Dieu foie
fui lui. ) . , ,
Le quatrième eft la Vache de
M o ï s 1 , (que le falut de Dieu
foit fur lui. )
Le cinquième eft le poillon de JO-
NAS (que le falut deOieu foit fur lui.)
u fixiéme eft l'Afne « D'H u z s I R-
B Hüzeir fc trouvant las Se fatigué , jctta
une botte th paille à fon Ane , qu'il lia à un
arbre , & s'ccdormit A'an fi profond fom-
«icil cfu-il ne fe icveilla qu'apics cent ans
¿coulés , trouva tous íes amis & parens
morts , il n'y etoit rell " que fon Anz de fa .
fonnoilTa.ice dt vivant , ce qui le fiupnt
feu , ayant ciù n'avoir pas durramac heure,.
des Turcs.
j i j
( que le falut de Dieu foit fur lui )
Le feptiéme cft la fourmy de SA-
LOMON , ( que le falut de Dieu foit
fur elle )
Le huitième eft l'oifeau appelle k
Hupe de l'epoufe deSAtoMON
( que le falut de Dieu foit fur elle )
Le atuviéme eft le Chameau de
MAHOMET nôtre grand Prophète
( que le falut de Dieu foit fur
lui.)
Le dixième eft le Chien des fept
F R E R E s dorraans ( que le falut de
Dieu foit fur eux. )
Voila les dix efpeces d'animaux qui
entreront dans le Paradis , & que le
grand ieu ornera d'une beauté fur»
prenante.
Il eft encore raporté que le grand
Di'iu fera choifir un Doilcur entre
tous les autres de la race de M A-
H o M E T , qu'il le fera venir avant
lui, commandera eniuite GABRIT,i.
de le prendre par la main pour le
conduire à MAHOMET , GA-
BRIEL cxecutera les ordres du
grand Dieu , le conduira devant ce
Prophète , qui l'ayant envifigè êC
ificonnu , le portera à fa cifternç.,,
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3 24 Religion ou Théologie
¿'où il puifera de l'eau avec fcs propres
mains & la prefentera à ce Docteur
pour le defalterer , faveur particulière
qu'il n'acordcra pas indiferemment
au commun du peuple ,
ie contentant de lui donner des pots
d'eau dont il fc fervira pour boire ,
GABRIEL furpris de cette conduite,
lui demandera pourquoi il fait
cette grande diftinâion entre fes
Doéleurs & fon peuple , & pourquoi
il donne aux uns à boire de fes propres
mains. & aux. autres avec des
Vafes.
» Le Prophète lui repondra : A-
„ prens G A B R. I B L, que cette dif-
„ tinftion ell tres-rjufte , les Doc-
,, teurs s'etant atiré cette grace parti-
„ culiere , en confideration des pro-
„ fondes leduresdel'ALcoRA N aiaf-
„ quelles ils fe font uniquement apli-
„ qucs,pendant que le rcfte du peuple
„n'avoir l'efprit & le cœur qu'au
„ trafic, &• au negoce,
F A K I H ( que le falut de Dieu
foit fur lui ) dit que l'aétion la plus
meritoire 5c la plus agréable à Dieu ,
cft d'ain^erles creatures, ô£ haïr les
gcchcurs precifcmenc & uniqueinent.
des 7tins.
tv^.
ctr veuc «le lui icul , difcourant fuc
cette matière, i'ay cm qu'il écoit à
propos de rapsrtcr le colloque que
le grand Dieu eut autrefois fur cette
fameufe montagne avec le Prophète
M o I s E fon efclave, le grand Dieu;
„l'apella un jour & lui dit, MotÇe
„ viens icy. commande Seigneur mon
„ Dieu , lui répond MOÏSE, fenfi
tu , lui dit Dieu , avoir opère me feule
home aition en veuë de moi depuis le-
„rems que\tu es au monde. O grand
,, Dieu , pardonne moi fi je te répons
,, ( qu'ouy ) lui dit M o I $ E , car
j'ai fait plufieuis oraifons, j'ai jeu-
»né , jai fait l'aumône , j'ai public ta
«gloire , j'ai chanté plufieurs fois
( Dieu efi Purificateur. ) j'ai répété
chaque jour tes nobles atributs , j'ai
lu les faints Livres. Ah «Jkioife, lui
dit le Seigueur , tu creis aparemment
avoir beaucoup travaille' pour moi, ce~
fendant U [e trouve que tu n'as travaillé
cfue pour toi fettl, pnifque toutes les
frieres que tu as faites ferviront de
guide pour te conduire, tes jeûnes te
ferviront de bouclier, tes aumônes te
mettront à l'ombre de infultes de tes
plus redoutables eniemls , ces belles
paroles que tu as fouvent chantéesiDiiM.
TÜRK TARiH KURUMU

i^ Religion OH T'hologle
î s T P u R I F I G A T E U K ) /e ftr^.
virant d'arbres fruitiers , les a'rihntt
de Dieu que tu as répété, feront autant de
lampes aroentes pour t'éclairer dr les
fai/iti livresque tu as lu avec refpeSl, te
procureront la demeure du Paradis la
foffejjion d'une infinité' de belles jeunes
filles efclaves , C/ des riches & pre~
tieux palais , de forte que tu conçois
très - bien que jufqu'à prefent tu
n'as travaillé uniquement qtte pour toi,
& ne» pas poui- moi comme tu l'avais
,, prétendu, nazis O grand-Dieu , lui
, répliqua M o I s E je ne VOIS pas
• • - _ , j—
a, en (juoy je puilFe te donner de.
„plus grandes & fcnfiblés marques
d'amour , que par ces actions pre-
,, cedentes , enfeignes moi , je teconjure
, d'autres voyes qui te
„ foient plus agréables , & tu verras
,, avec quelle pondtualiré j'executcrai
„ tes ordres , Dieu lui dit .• as-tu jamais
aimé m faint, ou hait un pecheur
pour l'amour de moi, M o i s E connut
par là , le mérité qu'il y a d'aimer
, ou d'haïr des perfonnes uniquement
en confideration de Dieu fcul,
& l'avoir pour fin dans toutes nos
adons.
Ret Turcs,
i îy
Il a été révélé que le grand DJeu
environne de tous les peuples ^ portera
fon jugement fans reifort , dans
un jour où l'on ne verra briller que
l'or & l'argent , apellant ceux qui
ont été injuftement perfecutés , dont
îl en recirera tous les défauts , & im-
•perfeâiions pour en charger leurs periecHteurs
, & pourlors ces innocens
fe voyant heureufement délivrés de
leurs fardeaux crieront de toutes leurs
«forces , O Createur du Ciel 8c
«delà terre, enfonce nos ennemis
«ces miferables criminels , jufques
« dans le fond de l'enfer, parce que
„ nous fommes enfin parvenus à ce
„jour heureux qui châtie lestirans»
& nous met à l'abri de leurs injuilices
& cruautez.
Nous favons encore ¿e tradition
que le grand Dieu voulant faire parc
de fes fecrets à M o i s E , lui dit
« un jour : O tJ^Ioife , dît à mon
» peuple m mot de ma part S E I G-
M N E u a que veux tu que je lui dife,
^ e s'il efpere quelque part en mon Pa-^
radis dit Dieu,î7/

"giS Religion ouTheologie
Mo I s e: C'fyi'jlul die Ic grand Dieu,
conttnter [es mnemis & ne leur pas refif-
„ fir^mais fi ces ennemis font morts
„ lui repartit Mo isEjquelle aparencc
de les contenter , s'ils font morts^m die
Dicu,«f fais-tupas que je fuis vivMtf^
que je ne mourral jamaisqu'en me con»
„tentant,il les contente^ je l'avoue grand
„Dieu.repliqua Mois E,raais comment
„ s'y prcndrc,pour te contenter , ah je
"jait te l'aprendre en deux mots , lui dit
Dieu ce fera, tn s'acqultant de quatre
conditions ahfolument nece/ialres que je
Recommande & à tout ce peuple.
La premiere eft la contrition de
cœur.
La féconde eft la retradation de
la langue, quand on a mal parlé de
fon prochain.
La troifiéme confifte en un torrent
de larmes des yeux.
La quatrième eft la precaution de
toutes les parties du corps , pour ne
plus retomber dans les mêmes péchés.
Fin de la premiere
"tarIÎT^/TSs
Tmie.
TÜRK TARiH KURUMU
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