BROCHUREPATRIOTES_2016
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
75 ans de lutte pour la démocratie<br />
Vue de la façade arrière de l’église de Saint-Eustache et dispersion des insurgés, 14 décembre 1837. © Musée McCord<br />
Loin de se résumer à deux brefs soulèvements en<br />
1837 et en 1838, la lutte patriote plonge en fait ses<br />
racines au XVIII e siècle et s’étend ensuite sur cinq<br />
générations.<br />
La génération des Lumières (1775-1791)<br />
Fleury Mesplet<br />
(1734-1794)<br />
L’invasion américaine de 1775<br />
et la fondation de la république<br />
des États-Unis en 1783<br />
serviront de déclencheur au<br />
Québec. Surgit alors un groupe<br />
de journalistes et de juristes<br />
influencés par les philosophes<br />
des Lumières, tels John Locke<br />
et Montesquieu. Autour de Fleury Mesplet, Valentin<br />
Jautard et Pierre du Calvet, ils militent pour la liberté<br />
d’expression, des procès justes et équitables et<br />
contre les arrestations abusives. Ils séjourneront<br />
d’ailleurs tous en prison à cause de leurs opinions.<br />
Ils militent aussi pour que le Québec soit doté d’une<br />
chambre d’assemblée élue reflétant la volonté de la<br />
population.<br />
La génération du Parti canadien (1791-1815)<br />
Pierre-Stanislas Bédard<br />
(1762-1829)<br />
Une Chambre d’assemblée<br />
élue par les hommes de plus<br />
de 21 ans est finalement<br />
accordée en 1791. Elle détient<br />
cependant très peu de<br />
pouvoir : le gouvernement<br />
demeure aux mains d’un gouverneur<br />
nommé par Londres<br />
qui nomme à son tour les ministres (Conseil exécutif).<br />
Autour du député et journaliste Pierre-Stanislas<br />
Bédard, une deuxième génération lutte donc pour<br />
que la Chambre élue soit consultée sur le choix des<br />
ministres, des juges, des hauts fonctionnaires et de<br />
« l’orateur » qui préside les travaux du Parlement. Ils<br />
font ensuite en sorte que les députés ne soient plus<br />
élus sur une base individuelle, mais bien sous la<br />
bannière d’un parti proposant un programme clair à<br />
la population. Ils fondent ainsi le Parti canadien, le<br />
premier parti de l’histoire canadienne, qui regroupe<br />
tant des francophones que des anglophones. La<br />
lutte pour la liberté d’expression n’est cependant<br />
pas acquise : Pierre-Stanislas Bédard est incarcéré<br />
pour ses opinions et son journal Le Canadien, fondé<br />
en 1806, est fermé à plusieurs reprises.<br />
La génération Papineau (1815-1834)<br />
En 1815, le jeune député de Montréal Louis-Joseph<br />
Papineau prend la tête du Parti canadien. Il arrive<br />
dans un contexte où le Royaume-Uni, pour éponger<br />
les dépenses de la guerre de 1812, compte faire<br />
main basse sur le revenu des taxes prélevées dans la<br />
colonie sur le thé, le vin et sur divers permis. Aux<br />
Louis-Joseph Papineau<br />
(1786-1871)<br />
gouverneurs Sherbrooke puis<br />
Dalhousie qui exigent que la<br />
Chambre d’assemblée vote<br />
ces subsides sans condition,<br />
les députés canadiens ripostent<br />
en revendiquant le droit<br />
des élus à voter le budget et à<br />
être consultés sur chaque sou<br />
dépensé. Ils découvrent alors quantité de cas de<br />
corruption et de favoritisme aux frais des<br />
contribuables du Bas-Canada. L’affaire est portée en<br />
Angleterre, qui n’a d’autre choix que de reconnaître