Les chefs-d'oeuvre de l'Unesco
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FRANCE<br />
EXTRAORDINAIRE<br />
<strong>Les</strong> <strong>chefs</strong>-d’œuvre<br />
<strong>de</strong><br />
l’Unesco
CHEFS-D’ŒUVRE<br />
ARTISTIQUES<br />
ET TECHNIQUES<br />
Grotte ornée du Pont d’Arc 8<br />
Pont du Gard 10<br />
Basilique et colline <strong>de</strong> Vézelay 12<br />
Abbatiale <strong>de</strong> Saint-Savin-sur-Gartempe 16<br />
Cathédrale d’Amiens 18<br />
Le Mont-Saint-Michel et sa baie 20<br />
Cathédrale <strong>de</strong> Bourges 24<br />
Cathédrale <strong>de</strong> Chartres 26<br />
Palais et parc <strong>de</strong> Fontainebleau 28<br />
Palais et parc <strong>de</strong> Versailles 32<br />
La Gran<strong>de</strong> Saline <strong>de</strong> Salins-les-Bains<br />
et la Saline Royale d’Arc-et-Senans 34<br />
Fortifications <strong>de</strong> Vauban 36<br />
Nancy, places Stanislas, <strong>de</strong> la Carrière et d’Alliance 40<br />
Canal du Midi 42<br />
Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret 44<br />
TÉMOIGNAGES<br />
D’HISTOIRE<br />
Sites préhistoriques et grottes ornées <strong>de</strong> la Vézère 48<br />
Sites palafittiques préhistoriques autour <strong>de</strong>s Alpes 50<br />
Orange, théâtre antique et arc <strong>de</strong> triomphe 52<br />
Site historique <strong>de</strong> Lyon 54<br />
Arles, monuments romains et romans 58<br />
Paris, les rives <strong>de</strong> la Seine 60<br />
Abbaye cistercienne <strong>de</strong> Fontenay 62<br />
Reims 66<br />
Cité épiscopale d’Albi 68<br />
Centre historique d’Avignon 70<br />
Ville fortifiée <strong>de</strong> Carcassonne 74<br />
<strong>Les</strong> beffrois 76<br />
Provins, ville <strong>de</strong> foire médiévale 78<br />
Strasbourg, Gran<strong>de</strong>-Île 80<br />
Bor<strong>de</strong>aux, port <strong>de</strong> la Lune 82<br />
Adresses et informations pratiques 85<br />
Le Patrimoine mondial <strong>de</strong> l’humanité 86
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!!<br />
CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
Véritable prouesse<br />
technique, le pont du<br />
Gard enjambe la rivière<br />
à plus <strong>de</strong> 49 m <strong>de</strong><br />
hauteur, constituant le<br />
plus haut aqueduc du<br />
mon<strong>de</strong> romain.<br />
Il fut bâti avec les pierres<br />
extraites <strong>de</strong>s carrières <strong>de</strong><br />
l’Estel toutes proches,<br />
et témoigne d’un vaste<br />
ouvrage <strong>de</strong> génie civil<br />
qui s’étendait sur 50 km<br />
<strong>de</strong> longueur.<br />
PONT DU GARD<br />
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Deux fois millénaire, le pont du Gard est le vestige admirablement<br />
conservé d’un aqueduc érigé sous le règne <strong>de</strong> l’empereur<br />
Clau<strong>de</strong>, dont la fonction était d’acheminer l’eau <strong>de</strong> la<br />
source d’Eure à Uzès jusqu’à la ville <strong>de</strong> Nîmes. Le castellum<br />
(château d’eau) <strong>de</strong> la cité romaine alimentait ensuite thermes<br />
et fontaines. Son dénivelé entre son point <strong>de</strong> départ et son<br />
point d’arrivée n’était que <strong>de</strong> 12 mètres, soit une inclinaison<br />
moyenne <strong>de</strong> 25 centimètres tous les kilomètres. Une précision<br />
d’orfèvre ! Si le specus (canal) était enterré sur 90 % <strong>de</strong> son<br />
parcours, quelques réalisations aériennes ont été nécessaires<br />
pour déjouer les obstacles <strong>de</strong> la nature. Le Gardon et ses eaux<br />
capricieuses constituaient justement un défi que les architectes<br />
romains relevèrent avec la construction <strong>de</strong> ce pont à trois étages<br />
chargé <strong>de</strong> soutenir le specus, où l’eau s’écoulait par gravité.<br />
Au premier niveau, il se compose <strong>de</strong> six gran<strong>de</strong>s arches. Celle<br />
qui enjambe le Gardon, dite majeure, affiche une ouverture<br />
exceptionnelle <strong>de</strong> 25 mètres. Le niveau intermédiaire<br />
comprend 11 arches et le <strong>de</strong>rnier 47 arceaux à l’origine. Résistant<br />
aux crues, aux vents et au pillage, le pont du Gard est<br />
le seul exemple <strong>de</strong> pont à trois étages qui soit parvenu intact<br />
<strong>de</strong>puis l’Antiquité jusqu’à nous.<br />
Après avoir cessé <strong>de</strong> fonctionner, vers le IV e siècle ap. J.-C.,<br />
il servit <strong>de</strong> carrière pour les villageois qui n’hésitèrent pas<br />
à utiliser ses pierres afin <strong>de</strong> bâtir leurs maisons. Grâce à la<br />
construction d’un pont routier au XVIII e siècle, réalisé par l’ingénieur<br />
Pitot pour faciliter le passage <strong>de</strong>s piétons et <strong>de</strong>s<br />
charrettes, le pont retrouve une secon<strong>de</strong> vie qui le sauva<br />
probablement <strong>de</strong> la disparition. De nombreuses marques<br />
compagnonniques sont présentes sur la surface <strong>de</strong> ses blocs,<br />
témoignant ainsi du respect que ce chef-d’œuvre technique<br />
suscitait chez tout aspirant qui le découvrait lors <strong>de</strong> son<br />
Tour <strong>de</strong> France. Il inspira <strong>de</strong> nombreux artistes, peintres ou<br />
écrivains, dont Jean-Jacques Rousseau qui écrira après une<br />
visite sur les lieux : « Je sentais, tout en me faisant petit, je<br />
ne sais quoi qui m'élevait l'âme et me disait : que ne suis-je<br />
né romain ! »<br />
Critères <strong>de</strong> classement : I III IV (voir page 86)<br />
Inscription en 1985.
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CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
PALAIS ET PARC<br />
DE FONTAINEBLEAU<br />
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Qui voudrait embrasser une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> France en<br />
une journée se rendrait sans plus tar<strong>de</strong>r à Fontainebleau. Œuvres <strong>de</strong><br />
plusieurs dynasties, le palais et son parc portent l’empreinte <strong>de</strong>s différentes<br />
têtes couronnées qui, durant sept siècles, agrandirent et embellirent<br />
ce qui était à l’origine une forteresse médiévale. Du château fort<br />
primitif, il ne reste que le donjon, dont le rez-<strong>de</strong>-chaussée fut réaménagé<br />
au XIX e siècle sous Louis-Philippe dans le style néo-gothique. Entre les<br />
murs <strong>de</strong> cette rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> chasse qu’apprécièrent tant Valois et Bourbons,<br />
les événements <strong>de</strong> la vie familiale et les actes politiques se sont<br />
intimement mêlés. Philippe le Bel et Louis XIII y sont nés ; Louis XIV<br />
y révoque l’édit <strong>de</strong> Nantes en 1685, Louis XV y épouse Marie <strong>Les</strong>zczynska,<br />
et le pape Pie VII y est contraint à un séjour forcé <strong>de</strong> dix-neuf mois sur<br />
ordre <strong>de</strong> l'empereur Napoléon I er .<br />
Mais on ne peut évoquer Fontainebleau sans penser à François I er , qui<br />
déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> vastes aménagements, prémices <strong>de</strong> la Renaissance française.<br />
Pour mener le chantier, il fait appel au peintre italien Giovanni Battista di<br />
Jacopo, dit le Rosso, auquel succè<strong>de</strong>ra Francesco Primaticcio, dit le Primatice.<br />
Sous leur direction naîtront <strong>de</strong> somptueux décors, en partie disparus.<br />
Cependant, ces <strong>de</strong>ux maîtres <strong>de</strong> la « première école <strong>de</strong> Fontainebleau »<br />
livrèrent un chef-d’œuvre toujours visible : la galerie François I er , ornée <strong>de</strong><br />
stucs et <strong>de</strong> fresques déclinant <strong>de</strong>s allégories gréco-romaines. Outre son<br />
aspect décoratif, elle avait un usage pratique, car elle permettait au roi <strong>de</strong><br />
rejoindre directement le couvent <strong>de</strong> la Trinité <strong>de</strong>puis ses appartements.<br />
Pillé pendant la Révolution française, Fontainebleau retrouve son faste<br />
sous Napoléon I er , qui y fait aménager entre autres une bibliothèque <strong>de</strong><br />
travail ainsi que la salle du Trône tout en remeublant entièrement le palais.<br />
L’harmonieux patchwork <strong>de</strong> styles que l’on découvre dans le château se<br />
retrouve dans le parc environnant <strong>de</strong> 115 hectares. Le Grand Canal, les<br />
parterres <strong>de</strong>ssinés par Le Nôtre et le jardin anglais traversé par une rivière<br />
se côtoient paisiblement.<br />
Page <strong>de</strong> droite, en haut<br />
Capétiens, Valois, Bourbons,<br />
Bonaparte et Orléans apposèrent<br />
leur empreinte dans la pierre<br />
<strong>de</strong> Fontainebleau, agrandissant,<br />
remo<strong>de</strong>lant… et détruisant parfois<br />
ce château, fréquenté avant tout<br />
pour les parties <strong>de</strong> chasse qui y<br />
étaient organisées aux saisons<br />
froi<strong>de</strong>s.<br />
Page <strong>de</strong> droite, en bas<br />
Le Grand Canal, percé sous<br />
Henri IV.<br />
CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
Critères <strong>de</strong> classement : II<br />
Inscription en 1981.<br />
VI (voir page 86)
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&!<br />
CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
Page <strong>de</strong> gauche<br />
Derrière une superbe porte ouvragée<br />
se cache la galerie qui porte le<br />
nom <strong>de</strong> son royal commanditaire,<br />
François I er . Le souverain en gardait<br />
toujours la clé autour <strong>de</strong> son cou et<br />
seuls quelques invités prestigieux<br />
eurent l’honneur <strong>de</strong> la visiter.<br />
Ci-<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>Les</strong> décors <strong>de</strong> cette vaste salle<br />
d’époque Renaissance, dont la<br />
construction fut ordonnée sous<br />
François I er ne verront le jour que<br />
sous Henri II. Ils vantent, entre<br />
autres, les plaisirs <strong>de</strong> la chasse<br />
et <strong>de</strong> la musique. <strong>Les</strong> caissons<br />
en châtaignier du plafond sont<br />
marqués <strong>de</strong>s armoiries d’Henri II.<br />
Ci-contre<br />
Reconstruite sur ordre <strong>de</strong><br />
Napoléon I er , la galerie <strong>de</strong> Diane<br />
est la plus longue pièce du château.
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CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
CANAL DU MIDI<br />
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Véritable prouesse technique, le canal du Midi a également été considéré<br />
comme une œuvre d’art à part entière lors <strong>de</strong> son classement par<br />
l’Unesco, l’aménagement du paysage soulignant la majesté du patrimoine<br />
architectural. Cet ouvrage remarquable, porté par l’énergie <strong>de</strong> Pierre-Paul<br />
Riquet, fermier <strong>de</strong>s gabelles du Languedoc qui lui consacra sa vie et sa<br />
fortune, a donné corps au vieux rêve d’unir l’Atlantique et la Méditerranée.<br />
C’est en 1654 que Riquet se lance dans le projet, <strong>de</strong>ssinant <strong>de</strong> nombreux<br />
tracés, entouré <strong>de</strong> Pierre Campmas, fontainier <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Revel, et <strong>de</strong><br />
François Andreossy, ingénieur civil spécialiste <strong>de</strong>s questions hydrauliques.<br />
Le soutien qu’il obtient <strong>de</strong> Colbert, surintendant <strong>de</strong>s Finances <strong>de</strong> Louis<br />
XIV, est décisif. En facilitant le transport <strong>de</strong> marchandises, le canal du Midi,<br />
baptisé alors « canal royal en Languedoc », représente non seulement un<br />
enjeu économique, mais incarne également un symbole prestigieux <strong>de</strong> la<br />
Empruntés aujourd’hui<br />
par les bateaux <strong>de</strong><br />
plaisance, les 360 km<br />
navigables du canal du<br />
Midi sont ombragés par<br />
<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> platanes<br />
et <strong>de</strong> cyprès plantés sur<br />
les berges. Douze mille<br />
ouvriers travaillèrent<br />
sur le chantier.<br />
CHEFS-D’ŒUVRE ARTISTIQUES ET TECHNIQUES<br />
monarchie française.<br />
En octobre 1666, un édit royal annonce sa construction, qui commence<br />
par le creusement d’un tronçon reliant la Garonne, à Toulouse, et l’Au<strong>de</strong>, à<br />
Trèbes, prolongé jusqu’à Sète à partir <strong>de</strong> 1669. La principale difficulté que<br />
doit surmonter Riquet est d’assurer l’alimentation permanente du canal en<br />
eau. Pour cela, il détourne les ruisseaux <strong>de</strong> la Montagne Noire, conduits<br />
par <strong>de</strong>s rigoles et <strong>de</strong>s bassins <strong>de</strong> provision jusqu’au seuil Naurouze, où<br />
se trouve la ligne <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s eaux entre Méditerranée et Atlantique.<br />
Le canal, inauguré en 1681 peu <strong>de</strong> temps après la mort <strong>de</strong> Riquet, connaîtra<br />
<strong>de</strong>s améliorations effectuées par Vauban, les <strong>de</strong>rniers aménagements<br />
datant <strong>de</strong> 1694. Il sera ensuite prolongé par le canal <strong>de</strong> la Jonction jusqu’à<br />
Narbonne, et celui <strong>de</strong> la Robine jusqu’à Port-la-Nouvelle. La réalisation<br />
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totale <strong>de</strong> la vision <strong>de</strong> Riquet ne verra le jour qu’avec le creusement du<br />
canal <strong>de</strong> la Garonne, décidé au XIX e siècle et qui relie Toulouse à Bor<strong>de</strong>aux.<br />
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Doté <strong>de</strong> 328 ouvrages, le canal du Midi révèle aux bateliers amateurs d’aujourd’hui<br />
les solutions techniques mises en place pour permettre à l’eau <strong>de</strong><br />
continuer sa traversée. Écluses, tunnels, aqueducs et ponts-canaux ponctuent<br />
la voie navigable. Parmi les réalisations <strong>de</strong> cet ingénieux système,<br />
l’impressionnante digue <strong>de</strong> Saint-Ferréol constitue la pièce maîtresse.<br />
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