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Fernando Santos est fier de<br />
pouvoir soulever le trophée.<br />
L’entraîneur<br />
victorieux<br />
La victoire du Portugal n’est pas sans rappeler celle<br />
de la Grèce en 2004, la Seleção ayant à l'époque été<br />
vaincue sur ses propres terres.<br />
« Je ne ressens pas le besoin de justifier notre<br />
style. Il est conçu pour nous permettre de<br />
jouer à notre avantage. Si nous passons du<br />
temps à défendre, c’est parce que les autres<br />
équipes nous contraignent à nous replier.<br />
Mais nous sommes toujours prêts à repartir à<br />
l’attaque. » Fernando Santos n’est pas l’auteur<br />
de ces propos, qui avaient été tenus par Otto<br />
Rehhagel après l’étonnante victoire 1-0 de la<br />
Grèce contre le Portugal en finale de l’UEFA<br />
EURO 2004. Si Santos ne sera sans doute<br />
pas d’avis que toutes les comparaisons avec<br />
l’approche de Rehhagel sont pertinentes, il se<br />
reconnaîtra certainement dans la mentalité de<br />
gagnant de l’Allemand à l’issue d’un triomphe<br />
surprise similaire en France.<br />
Six ans et neuf jours plus tôt, il avait succédé à<br />
Rehhagel à la tête de l'équipe nationale grecque<br />
après avoir eu les rênes du PAOK FC, où Theo<br />
Zagorakis, capitaine de l'équipe de Grèce et<br />
Meilleur joueur du tournoi de l’UEFA en 2004,<br />
était directeur sportif. Toutefois, il ne s’agissait<br />
pas de la première expérience grecque de Santos.<br />
En 2001, il avait en effet quitté le FC Porto pour<br />
rejoindre l’AEK Athènes FC, avant de traverser<br />
la ville pour rejoindre son rival, le Panathinaikos<br />
FC. Il était ensuite revenu à l’AEK, puis avait<br />
emménagé au nord, à Thessalonique, où il avait<br />
entraîné le PAOK. Sélectionneur de l'équipe<br />
nationale portugaise depuis septembre 2014, il a<br />
abordé l’UEFA EURO 2016 fort d’une expérience<br />
des tournois majeurs auxquels il avait participé<br />
avec la Grèce, à l’occasion de l’UEFA EURO 2012<br />
et de la Coupe du Monde de la FIFA 2014.<br />
« Fernando mérite tous les honneurs », a<br />
déclaré Ginés Meléndez, directeur technique<br />
de la Fédération espagnole de football et<br />
observateur technique de l’UEFA en France. « Au<br />
sein des équipes juniors et seniors, le Portugal<br />
a une longue tradition du 4-3-3, et il a eu le<br />
courage de rompre avec cette pratique. » Santos<br />
a fait des essais lors de la phase de groupe, sans<br />
parvenir à décrocher une victoire. Il a modifié<br />
la composition de l’équipe, puis a opté pour un<br />
milieu de terrain plus plat en faisant entrer le<br />
jeune et fringant Renato Sanches à la mi-temps<br />
lors du dernier match contre la Hongrie, après<br />
avoir aligné João Moutinho à la pointe d’un<br />
losange à mi-terrain.<br />
Il a également eu le courage de placer William<br />
Carvalho, Meilleur joueur du tournoi lors de<br />
la phase finale du précédent Championnat<br />
d’Europe des moins de 21 ans, au poste de<br />
milieu récupérateur devant la défense à quatre<br />
pour apporter de l’équilibre à la formation, et<br />
d’opter pour une combinaison Nani/Ronaldo en<br />
attaque, aucun des deux n’étant placé en pointe.<br />
« Il sont trop éloignés pour combiner », avait<br />
estimé Gareth Southgate, observateur technique<br />
de l’UEFA, après les avoir observés jouer face à<br />
la Croatie. « L’entraîneur a davantage axé son<br />
approche sur la défense, tout en cherchant à<br />
exploiter les transitions dès que possible. »<br />
Quels qu’aient été ses décisions et leur<br />
degré de réussite, Santos n’a jamais paru<br />
très satisfait de les avoir prises. Sur la ligne<br />
de touche, lors de la finale, il semblait empli<br />
d’une rage contenue, pointant les joueurs du<br />
doigt, se frappant les cuisses de frustration et<br />
s’enflammant à la Rehhagel. Mais derrière cet<br />
emportement se cachait un homme qui savait<br />
garder la tête froide. Une fois encore, la défense<br />
rigoureusement entraînée et la discipline<br />
tactique en place ont été les clés de la réussite.<br />
En outre, les changements opérés par Santos se<br />
sont révélés rusés et providentiels. Tandis que la<br />
période de prolongation s'écoulait, il a enduré,<br />
stoïque, les intrusions verbales et physiques<br />
de son capitaine blessé, Ronaldo, et, lorsque le<br />
« Parfois, il faut savoir être pragmatique. Offrir<br />
un beau spectacle est appréciable, mais ce<br />
n’est pas toujours de cette façon que l’on<br />
remporte un tournoi. »<br />
coup de sifflet final a retenti, synonyme de cette<br />
victoire ultime, il a trouvé refuge dans le tunnel<br />
pour n’en sortir que deux minutes plus tard afin<br />
d'échanger des accolades avec son staff.<br />
« Parfois, il faut savoir être pragmatique. Offrir<br />
un beau spectacle est appréciable, mais ce n’est<br />
pas toujours de cette façon que l’on remporte un<br />
tournoi. » Tels ont été les propos de l’entraîneur<br />
victorieux de cet UEFA EURO 2016, Fernando<br />
Manuel Fernandes da Costa Santos. Otto<br />
Rehhagel aurait certainement été de cet avis.<br />
30 <strong>RAPPORT</strong> <strong>TECHNIQUE</strong> DE L'UEFA EURO 2016 L’ENTRAÎNEUR VICTORIEUX<br />
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