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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE

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Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

<strong>UNIVERSITÉ</strong> <strong>PARIS</strong>-<strong>SORBONNE</strong><br />

ÉCOLE DOCTORALE VI Histoire de l’Art et Archéologie<br />

T H È S E<br />

pour obtenir le grade de<br />

DOCTEUR DE L’<strong>UNIVERSITÉ</strong> <strong>PARIS</strong>-<strong>SORBONNE</strong><br />

Discipline : Archéologie<br />

Présentée et soutenue par :<br />

DAVADIE Axelle<br />

le : 21 novembre 2015<br />

NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en<br />

Grèce ancienne (du VIII e s. à 146 av. J.-C.).<br />

Sous la direction de :<br />

M. Alexandre Farnoux, directeur de l’Ecole française d’Athènes, Professeur d’Archéologie<br />

grecque à l’Université de Paris-Sorbonne<br />

Membres du jury :<br />

Madame Michèle BRUNET, Professeur de littérature et d’épigraphie grecque, Université<br />

Louis Lumière Lyon II (rapporteur)<br />

Monsieur Alexandre FARNOUX, Professeur d’archéologie grecque, Université de Paris-<br />

Sorbonne<br />

Madame Daniela LEFEVRE-NOVARO, Maître de conférences en Archéologie grecque<br />

(HDR), Université de Strasbourg<br />

Monsieur Jean-Charles MORETTI, directeur de recherche au CNRS, Maison de l’Orient et de<br />

la Méditerranée, Lyon (rapporteur)<br />

1


Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

POSITION DU SUJET<br />

Les recherches menées par des savants depuis trente ans, date de la création<br />

de la revue Niképhoros par W. Decker, enseignant à l’université de Cologne, ont pour<br />

but de préciser divers aspects de la réalité grecque dans un domaine qui pourrait<br />

paraître propre aux sociétés occidentales : le sport. Bien que ce terme n’existe pas<br />

dans la langue grecque, qui connaît plutôt ceux de concours athlétiques, hippiques<br />

ou de gymnastique, la pratique « sportive » semble attestée par les sources qui mentionnent<br />

les ἀγῶνες, les épreuves et les récompenses.<br />

L’archéologie de ce phénomène, par les savants contemporains, est une façon<br />

de répondre aux questions qui agitent le milieu sportif actuel, telles que le rapport à<br />

l'argent, le débat entre amateurisme et professionnalisme, ou encore l’usage du dopage,<br />

en étudiant la pratique grecque en ce qu’elle a de spécifique mais aussi de<br />

commun ou de supposé commun avec le monde contemporain.<br />

D’une part, ce sont les concours olympiques antiques qui sont le plus souvent<br />

questionnés, du fait d’une documentation plus abondante et d’une prééminence attestée<br />

dès l’Antiquité – à partir du III e siècle avant J.-C., les historiens grecs ont pris<br />

l’habitude de dater les événements par référence aux olympiades. De plus, la réorganisation<br />

à la fin du XIX e siècle de «Jeux olympiques » par le baron de Coubertin en<br />

a renforcé la primauté. En 1996, le centenaire de la « renaissance » connut une intense<br />

production scientifique, tout comme les olympiades suivantes en 2000 et 2004 1 :<br />

les jeux du Millénaire et ceux du retour en Grèce furent l’occasion de célébrations et<br />

d’expositions 2 . Dans le même temps, les archéologues américains 3 ont testé certaines<br />

hypothèses, en célébrant des concours à l’antique à Némée en 1996 et en<br />

2000.<br />

1 M. FINLEY, H. PLEKET, Mille ans de jeux olympiques, 776 av J.-C.-261 ap J.-C. (1996), trad. fr. (2004) ; P.<br />

BADINOU, Olympiaka, anthologie des sources grecques (2000).<br />

2 Lockender Lorbeer, Sport und Spiel in der Antike, (2004).<br />

3 S.G. MILLER, «The Organization and Fonctioning of the Olympic Games », dans D. PHILIPPS et D. PRITCHARD,<br />

Sport and Festival in the Ancient Greek World (2003), p. 1-40.<br />

2


Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

D’autre part, la représentation du vainqueur est objet de travaux à partir des<br />

images 4 sur les vases grecs à thématique « sportive », sans que l’on ne sache toujours<br />

précisément ce qui est représenté, la nature du concours ou celle des épreuves,<br />

voire le moment – concours ou entraînement. Les vestiges matériels deviennent<br />

alors les objets privilégiés de l’enquête.<br />

En outre, le concept de « société agonale » défini par J. Burckhardt 5 - après<br />

l’époque héroïque, la Grèce a connu la période de la « colonisation agonale », avant<br />

le déclin des V e et IV e siècles – est de nouveau l’objet d’interrogations par les spécialistes,<br />

afin d’en déterminer la validité. On peut se demander dans quelle mesure<br />

les deux concepts prédominants pour les savants contemporains – professionnalisme<br />

et agonistique – peuvent cohabiter et sont les moteurs de la pratique « sportive<br />

» en Grèce : dans une société tout entière mue par l’agonistique peut-on penser<br />

que certains seulement s’adonnent au sport et en fassent leur mode de vie, voire leur<br />

source de revenus ? Ce dernier point est abordé le plus souvent en relation avec le<br />

statut social du vainqueur.<br />

Cependant, aucune recherche ne porte strictement sur la récompense dans<br />

les concours sportifs, sa nature, son éventuelle différence avec celle des concours<br />

musicaux pris au sens large – chant, instrument, théâtre – et sur sa place dans la<br />

hiérarchie des honneurs qu’une cité consent à ses concitoyens ou à des bienfaiteurs<br />

étrangers. L'étude de cet aspect si particulier de la pratique sportive en Grèce antique<br />

est l'objet de cette thèse.<br />

Dans la lignée de L. Robert, les concours athlétiques sont classés du point de<br />

vue de la nature de la récompense, en concours stéphanites – distribution d’une couronne<br />

comme récompense – et en concours chrématites – les prix ont une valeur<br />

marchande. En effet, il paraît peu compréhensible de nos jours que des athlètes<br />

aient pu concourir seulement pour une couronne, comme le font justement remarquer<br />

en leur temps aussi bien Tritanchtainès qu’Anacharsis. 6<br />

4 VISA-ONDARCUHU V., L'image de l'athlète d'Homère à la fin du Vème siècle avant J.-C. (1999) ; P. VALAVANIS,<br />

La proclamation des vainqueurs aux Panathénées, BCH 114 (1990), p. 325-359.<br />

5 J. BURCKHARDT, Griechische Kulturgeschichte (1898-1902).<br />

6 HÉRODOTE VIII 26 ; LUCIEN, Works IV 7 , Anacharsis, A. M. HARMON, Loeb (2006).<br />

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Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

Ainsi, l’opposition morale entre professionnalisme et amateurisme, qui caractérise<br />

notre époque depuis la recréation de « jeux » à Olympie, est-elle brandie par<br />

les chercheurs qui pointent les indemnités accordées aux athlètes de retour dans<br />

leur cité, pour affirmer que dans l’Antiquité aussi on concourait pour des prix, que les<br />

athlètes étaient d’abord d’origine aristocratique, puis des professionnels qui avaient<br />

choisi la gloire donnée par la victoire sportive et non pas celle du philosophe que<br />

personne n’écoute. 7 Qu’en conséquence, il n’y a de sport que « professionnel » ce<br />

qui permet d’exclure un certain nombre de concours et, en particulier, la question du<br />

sport athlétique féminin. Ces jeunes filles ne sont pas passées à la postérité comme<br />

les hommes, dont on peut pour ces derniers retracer en totalité ou en partie la carrière<br />

comme athlète de sports lourds ou légers, parce qu’elles pouvaient s’adonner<br />

au sport seulement jusqu’à l’âge du mariage. Et même en ce qui concerne les<br />

courses hippiques, elles n’ont pas eu droit à plus de considération, or tels des<br />

hommes elles faisaient courir.<br />

On peut alors s’interroger sur la signification d’une récompense obtenue lors<br />

d’une victoire dans les concours « sportifs » : est-elle le moyen d’accéder au pouvoir<br />

politique dans la cité ? La valeur « sportive » est-elle pour les citoyens l’assurance<br />

que le vainqueur sera compétent dans la conduite des affaires ? Célèbre-t-elle la valeur<br />

d’un individu ou celle collective de la cité ? En effet, toute victoire donne lieu à<br />

une proclamation qui, traditionnellement 8 , indique le nom du vainqueur, celui de son<br />

père et de sa cité : il arrive cependant que Pausanias, notre témoin principal, ne cite<br />

pas le patronyme du vainqueur. Ce questionnement permet d’aborder aussi le lien<br />

entre la victoire et la religion, même si de nos jours cet aspect est nié : la victoire est<br />

acquise dans un sanctuaire, lors de fêtes inscrites au calendrier. Gagner à un concours<br />

accroît le rayonnement politique d’une cité ou d’un Prince, comme le rappelle<br />

par exemple l’anecdote de Cleitomachos. 9<br />

Les différents types de sources parvenus jusqu’à nous révèlent l’importance<br />

que les Grecs accordaient à leurs succès « sportifs ». Outre les formes variées – catalogue<br />

personnel, collectif, liste de vainqueurs, épinicies, anecdotes – le vocabulaire<br />

7 DIO CHRYSOSTOM, Discourses I, J. W. COHOON, Loeb (1932).<br />

8 PAUSANIAS, Périégèse V CUF (1999), VI, CUF (2002).<br />

9 POLYBE, Histoires XXVII 9, 7-13.<br />

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Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

utilisé pour décrire cette victoire montre une inventivité remarquable : en l’absence<br />

de mesure absolue et de record mesurable, les Grecs ont mis en avant le caractère<br />

exemplaire de la victoire. Le terme de périodonique signale le vainqueur aux quatre<br />

grands concours – Olympie, Delphes, l’Isthme, Némée – en une même olympiade ou<br />

en plusieurs ; la référence à Héraklès permet de mettre en avant les aptitudes physiques<br />

de celui qui triomphe dans deux épreuves ; se targuer d’être le premier vainqueur<br />

dans telle spécialité, selon une échelle géographique donnée, attire l’attention<br />

sur un succès qui pourrait passer inaperçu. Ces quelques exemples donnent un bref<br />

aperçu de la richesse d’imagination pour commémorer un événement, qui pourrait<br />

paraître secondaire.<br />

Il faut en effet, au moins deux compétiteurs pour qu’il y ait un vainqueur,<br />

puisque la pratique grecque ne retient que le premier, rarement les deux premiers 10 .<br />

Or l’adjectif akoniti – qui signifie sans s’être enduit de poussière 11 - pose diverses<br />

questions : on peut se demander si ce terme est réservé à certaines épreuves, s’il<br />

désigne celui qui n’a pas mordu la poussière dans les combats seulement ou pour<br />

toutes les épreuves, ou le vainqueur sans opposition. Comment le situer par rapport<br />

aux épreuves sans concurrents, qui sont déclarées hiéra (sacrée) et dont la récompense<br />

est remise à la divinité honorée dans le sanctuaire ?<br />

La conception de la victoire dans le monde grec diffère de notre façon de faire :<br />

nous avons signalé plus haut que toute victoire est relative – le premier arrivé est le<br />

vainqueur. Les Grecs n’ont pas chronométré les courses humaines ou hippiques,<br />

parce que la victoire est donnée par la divinité, comme le manifestent la déesse Nikè<br />

présente sur certains vases ou sur les tétradrachmes de Grande Grèce, mais aussi<br />

les Zanes, ces statues de Zeus disposées à l’entrée du stade à Olympie ou dans le<br />

gymnase, pour rappeler aux concurrents qu’il ne sert à rien de vouloir acheter une<br />

victoire.<br />

Les sources testimoniales montrent aussi l’opposition de certains citoyens<br />

grecs au rôle que pourraient jouer les vainqueurs, voire une franche hostilité aux in-<br />

10 Aux Panathénées sont récompensés le premier et le deuxième, IG II² 2311 ; Céos aussi retient deux vainqueurs<br />

aux Amphiaraia.<br />

11 Tout athlète se préparait par une onction d’huile puis versait sur son corps la poussière de la piste.<br />

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Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

demnités et privilèges qui leur sont conférés par la cité. Cette opposition est de nature<br />

philosophique – qu’importe à un soldat de savoir courir plus vite qu’un autre, il<br />

sera moins rapide qu’un lièvre, animal réputé peu courageux ; médicale – le sport en<br />

transformant le corps rompt l’équilibre naturel entre ses différentes parties ; pragmatique<br />

– l’athlétisme nuirait aux qualités nécessaires au soldat ; mais aussi morale :<br />

est-il avantageux de dilapider les biens de la cité pour des individus qui n’apportent<br />

pas les conseils nécessaires à son bon gouvernement ? Nous questionnerons ces<br />

points de vue en relation avec les témoignages conservés sur le rôle du vainqueur.<br />

Pas plus que la récompense, la sanction n’est étudiée pour elle-même : sa nature<br />

– statue ou amende ou châtiment -, son rôle – dissuasif ou coercitif – et sa<br />

commémoration ont cependant été conservés. Le plus souvent les recherches actuelles<br />

l’incluent dans les règles des concours. Or, elle est le pendant de la victoire,<br />

comme les quelques images de perdants, sur les vases ou dans les épinicies, le sont<br />

pour les vainqueurs. Avec la sanction, nous abordons un domaine complexe de la<br />

faute dans l’exécution de l’épreuve, du retard à l’inscription du concurrent voire de la<br />

fraude sous tous ses aspects – changement ou mépris des règles, entente préalable<br />

entre concurrents ou achat de juges, non respect de la trêve sacrée, couardise au<br />

moment d’entrer en lice. Les sources sont de nouveau peu nombreuses sur ce sujet.<br />

Nous présentons notre point de vue sur ce thème et la relation qu’il pourrait entretenir<br />

avec la codification de la pratique sportive, comme des règlements de concours et<br />

l’extension du monde grec à partir du IV e siècle av. J.-C.<br />

L’entraînement n’est pas plus objet de recherche en soi, même si les règles de<br />

participation aux concours d’Olympie imposent non seulement un entraînement durant<br />

l’année, mais aussi dans le mois qui précède, et pour ce dernier sous l’œil des<br />

hellanodices (arbitres). Les auteurs, des V e et IV e siècles av. J.-C., évoquent cette<br />

pratique, ne serait-ce que par comparaison entre le domaine politique et celui des<br />

concours. S’il paraît logique de chercher le meilleur entraîneur pour apprendre la<br />

lutte, il est tout autant utile de s’adresser au meilleur philosophe pour se préparer à<br />

prendre part aux affaires de la cité. Nous constatons néanmoins que, lors de la formation<br />

du citoyen, la participation à des concours durant «l’année scolaire » existe et<br />

la victoire est récompensée. Même dans le domaine militaire, durant l’éphébie ou<br />

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Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

pour entretenir la forme des soldats, des concours ont lieu qui en consacrent la valeur<br />

lors de la rencontre qui fait suite à un entraînement. Cet aspect important pour<br />

comprendre aussi bien la pratique sportive que la valeur accordée à la récompense<br />

n’a pas été retenu, il pourra faire l’objet de développements ultérieurs. Nous avons<br />

cependant évoqué le rôle de l’entraîneur tant dans la formation du vainqueur que<br />

comme « profession » choisie après avoir quitté la compétition.<br />

Les sources utilisées relèvent de différents champs disciplinaires : inscriptions,<br />

textes littéraires – poétiques, historiques, philosophiques, de théâtre. Parmi ceux-ci<br />

les documents techniques sur le sport sont pour la plupart tardifs, le plus connu est le<br />

traité Sur la gymnastique de Philostrate : à la fois histoire des concours, des<br />

épreuves et recueil des vainqueurs, ce texte explique dans une langue parfois difficile<br />

des notions qui nous restent étrangères. La Périégèse de Pausanias, bien que<br />

d’époque impériale, relate des événements qui relèvent du passé pour l’auteur. Cette<br />

pénurie résulte dès l’époque romaine de l’incompréhension du phénomène entraînant<br />

la destruction des manuels, par indifférence ou acte volontaire.<br />

Si l’origine sociale des athlètes est un thème souvent traité, parce qu’il permet<br />

de régler la question du professionnalisme des sportifs, il est rarement mis en relation<br />

avec le rôle éventuel des vainqueurs dans la cité. Or cette dernière récompense<br />

à son tour les vainqueurs : que ce soit à Athènes avec la loi dite de Solon ou dans<br />

les cités d’Asie Mineure, des marques d’attention particulières sont décernées à ces<br />

sportifs. On peut se demander s’il s’agit de tout vainqueur dans l’un des quatre<br />

grands concours, ou si l’usage en est restreint à l’olympionique vainqueur au stade et<br />

au propriétaire du quadrige récompensé.<br />

On s’interroge sur les motifs de cette récompense qui peut revêtir quatre<br />

formes différentes, en argent (loi de Solon), en nature (sitèsis, repas au prytanée), en<br />

honneurs civiques (proédrie et autres), ou par l’érection d’une statue dans le sanctuaire<br />

de la victoire et parfois aussi dans la cité. En effet, si l’on suppose que les<br />

athlètes avaient les moyens financiers de leurs ambitions, la gratification donnée à<br />

un olympionique à Athènes (500 drachmes, soit 500 jours de salaire pour un ouvrier<br />

travaillant sur le chantier de l’Acropole au temps de Périclès) peut paraître faible par<br />

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Axelle Davadie, NIKΗΣ ou de la victoire sportive. Récompenses et vainqueurs en Grèce ancienne (VIII° à 146 av.J.C.)<br />

rapport aux quantités d’huile données lors des Panathénées, ou à la valeur d’un<br />

chaudron ou d’un bouclier en bronze à Argos. Ces deux objets sont estimés selon la<br />

quantité de métal ainsi thésaurisée plus que par leur prix. 12 Cependant, en offrant au<br />

vainqueur une somme apparemment modique, la cité le traitait de la même façon<br />

que la divinité : les inscriptions nous révèlent la valeur des animaux offerts en sacrifice<br />

lors des différentes fêtes poliades, confédérales ou « panhelléniques ».<br />

De même on se demande ce que peut représenter le fait de nourrir au Prytanée<br />

un vainqueur, à la fois comme coût pour la cité et comme intérêt pour le vainqueur.<br />

Les ambassadeurs et les évergètes sont reçus par la cité au foyer commun et<br />

cet honneur place le vainqueur sur le même pied que ces personnages politiques.<br />

Concrètement, se pose la question de la quantité et du caractère roboratif de la nourriture<br />

pour un jeune garçon, un jeune homme ou un adulte, à moins d’y voir une<br />

simple mise en bouche.<br />

Etudier la récompense est donc le moyen de mesurer la valeur des couronnes<br />

et des prix, le rôle du vainqueur dans la cité, la pertinence des critiques des philosophes<br />

au sujet du vainqueur et des récompenses, mais aussi la distance entre la<br />

pratique grecque et la nôtre.<br />

12 M. Vickes et D.Gill, Artfull Crafts : Ancient Greek Silverware and Pottery (1994).<br />

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