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<strong>42</strong><br />

Cultures et Sociétés Urbaines - UMR 7217 Cresppa novembre 2016<br />

Du côté des doctorant·e·s<br />

p. 2 Nouveaux, nouvelles<br />

doctorant·e·s et postdoctorante<br />

ÉDITORIAL<br />

p. 3 Soutenance de thèse<br />

p.4 Actualités des doctorant·e·s<br />

À la mi-septembre se sont tenues les Journées<br />

d’étude du CSU, séminaire résidentiel<br />

qui, tous les deux ans et sur deux jours, vise à<br />

rassembler l’ensemble des membres de<br />

l’équipe. Réunissant une quarantaine de<br />

participant·e·s, l’édition 2016 avait plusieurs<br />

objectifs : outre celui de présenter les recherches<br />

des collègues ayant rejoint l’équipe<br />

depuis peu, elle visait à faire dialoguer les<br />

participant·e·s non seulement sur les résultats<br />

mais aussi sur les présupposés et points<br />

d’appui théoriques et les partis pris méthodologiques<br />

de leurs enquêtes.<br />

Déclinées en quatre sessions : « Matérialismes<br />

», « Compter, qualifier, théoriser »,<br />

« Mobilisations dans le domaine de la santé »,<br />

« Classes sociales en action », réunissant<br />

chacune trois communications et une discussion,<br />

ces Journées, denses, ont à la fois<br />

conforté des convergences anciennes et mis<br />

au jour de nouvelles voies dans les recherches<br />

menées au sein de l’équipe.<br />

Sur un plan théorique, si les postures sont<br />

multiples, les membres de l’équipe se retrouvent<br />

sur un refus de l’enfermement<br />

disciplinaire, un intérêt partagé pour le croisement<br />

des approches en sociologie et<br />

science politique, une attention portée à la<br />

socio-genèse des processus et une historicisation<br />

revendiquée. Ils et elles se retrouvent<br />

également dans le souci d’intégrer la réflexion<br />

théorique à l’objet de leurs recherches<br />

en analysant les transformations<br />

des échanges entre les espaces scientifiques<br />

et les mondes sociaux étudiés. Ils partagent,<br />

enfin, dans leurs pratiques de recherche, le<br />

souci de faire varier les échelles d’analyse, à<br />

partir d’approches situées : à l’inverse de ces<br />

sociologies homogénéisantes qui généralisent<br />

le propos par métonymie ou synecdoque,<br />

les recherches des membres du CSU<br />

visent à saturer un terrain, à partir<br />

d’enquêtes monographiques souvent<br />

longues, marquées par l’exigence d’un travail<br />

empirique approfondi.<br />

En termes d'approches, ces Journées<br />

d'étude ont (re)mis au jour l'importance des<br />

approches matérialistes pour l'ensemble des<br />

membres de l'équipe, qu'ils s'inscrivent dans<br />

une sociologie des rapports de domination<br />

de sexe, de classe, de race et / ou de génération.<br />

Ces approches matérialistes au sein de<br />

l'équipe ne font pas l'économie d'une analyse<br />

des schèmes cognitifs et des processus de<br />

formation des représentations mentales des<br />

agents, saisis empiriquement via l’analyse<br />

des pratiques de pensée, des trajectoires et<br />

des ressources que ceux-ci mobilisent. Plus<br />

largement, ces Journées ont montré<br />

l’importance que revêt pour les membres du<br />

CSU l’attention portée aux logiques et processus<br />

de catégorisation. Les rapports de<br />

domination, les logiques de pouvoir, passent<br />

souvent par des catégories, imposées ou<br />

revendiquées, par des luttes de catégorisation,<br />

qui impliquent de ne pas prendre ces<br />

catégories pour « argent comptant », mais<br />

d’en analyser la genèse et les enjeux.<br />

En termes d’objets, ces Journées ont montré<br />

la richesse des approches croisées des processus<br />

et pratiques de politisation, qu’on les<br />

saisisse à l’aune des dispositifs d’action publique<br />

ou dans leurs manifestations « ordinaires<br />

». Elles ont aussi conforté le renforcement<br />

de notre ancrage et de nos apports<br />

en sociologie de la médecine et de la santé, là<br />

Du côté des chercheur·e·s<br />

p. 5 Nouveaux membres<br />

p. 6 Actualités scientifiques<br />

p. 9 Recherches en cours<br />

p. 10 Sélection bibliographique<br />

encore dans des approches croisées, en<br />

l’occurrence ici des mouvements (et des<br />

rapports) sociaux dans le champ de la santé.<br />

Bref, une moisson fructueuse que cette<br />

édition 2016 des « JE du CSU », où l’on mesure<br />

une fois encore toute l’importance qu’il<br />

y a à consacrer du temps à la réflexivité sur<br />

nos pratiques et résultats de recherches, au<br />

sein d’une équipe qui devient ainsi un collectif<br />

de travail.<br />

Cresppa<br />

1


DU COTE DES DOCTORANT·E·S<br />

Nouveaux, nouvelles doctorant·e·s et<br />

post-doctorante<br />

sur les pratiques des professionnels ? Il s’agira de répondre à ces<br />

questions à partir d’une analyse documentaire (revue de presse,<br />

littérature grise, archives, publications scientifiques etc.),<br />

d’entretiens et de questionnaires.<br />

Après un master en sciences sociales à l’ENS Cachan, Quentin Belot<br />

a rejoint l’équipe du CSU pour une thèse provisoirement intitulée<br />

« Une financiarisation précoce dans l’industrie automobile. Analyse<br />

socio-historique de la gestion financière du groupe PSA Peugeot<br />

Citroën à partir des années soixante ». Elle se déroulera sous la direction<br />

de Cédric Lomba et Claude Didry (CMH).<br />

Ce travail vise à nuancer l’idée que la financiarisation serait un phénomène<br />

essentiellement récent provenant de la rupture néolibérale<br />

du début des années quatre-vingt. Les marchés financiers exerceraient<br />

une pression sur les entreprises, aussi forte que diffuse et<br />

insaisissable. Nous examinerons la gestion financière mise en œuvre<br />

par PSA à partir des années soixante, époque pourtant perçue<br />

comme l’âge d’or pré-financier de la production industrielle. Nous<br />

partirons de l’intérieur de cette entreprise fordiste pour étudier à<br />

partir d’entretiens historiques et de documents d’archives (bilans<br />

comptables, rapports d’activité, rapports financiers) le travail de<br />

construction de sa politique financière, les outils comptables qui la<br />

rendent possible et la façon dont ceux-ci ont évolué au fil du temps.<br />

Nous ne postulons pas a priori l’existence d’une rupture radicale au<br />

début des années quatre-vingt. Le capitalisme est un système en<br />

mutation constante dans lequel les grandes entreprises et leurs<br />

propriétaires sont les acteurs principaux, et ont pu en tant que tels<br />

être générateurs de logiques financières dès les années soixante.<br />

Enfin, la gestion concrète, les indicateurs et outils mobilisés par cette<br />

firme laissent entrevoir un continuum entre logiques industrielle et<br />

financière.<br />

Après un master de science politique à l’Université Paris 8, François<br />

Boureau rejoint le CSU dans le cadre d’une thèse financée par l’école<br />

doctorale Sciences sociales de Paris 8, et intitulée « La prise en<br />

charge des “addictions” : de l’émergence d’une catégorie<br />

d’intervention publique à la recomposition d’un espace professionnel<br />

(1999-2016) », sous la direction de Vanessa Codaccioni et de Sylvie<br />

Tissot.<br />

L’émergence, dans les années 1990, d’une approche transversale et<br />

transdisciplinaire des phénomènes de dépendance - appelée « addictologie<br />

» - a marqué, dans le domaine de l’intervention en toxicomanie,<br />

alcoologie, tabacologie, etc., un bouleversement des frontières<br />

entre savoirs, disciplines, institutions, etc. Ce travail vise à saisir le<br />

mouvement d’institutionnalisation de cette discipline.<br />

Plusieurs interrogations guident ce travail : comment et dans quelle<br />

mesure les professionnels travaillant auprès des personnes « addicts<br />

», se sont appropriés ce vocable et cette approche en provenance<br />

d'espaces et de courants du champ médical parfois éloignés ou<br />

concurrents ? Dans quelle mesure la réforme du secteur médicosocial<br />

a transformé les relations entre des institutions et des professionnels<br />

ayant appartenu à des secteurs distincts ? Qui sont les<br />

« addictologues » ? Que recouvre leur formation et quels sont les<br />

effets de la spécialisation sur les représentations des problèmes et<br />

2<br />

Hugo Mulonnière est en deuxième année de doctorat d’histoire et<br />

travaille sous la direction de Raphaëlle Branche (Université de<br />

Rouen) et de Laure Pitti. Après un master d’histoire sur les ouvriers<br />

nord-africains d’une entreprise de métallurgie du Pas-de-Calais<br />

entre 1947 et 1962 (prix Jean Maitron 2012), ses recherches portent<br />

sur les services administratifs « métropolitains » spécialisés dans<br />

l’encadrement du travail et des travailleurs originaires des territoires<br />

nord-africains sous domination française, entre la fin des années<br />

1930 et le milieu des années 1960, période parcourue par de profondes<br />

mutations politiques et sociales qui affectent ces migrants en<br />

métropole. Cette recherche vise à contribuer à l’histoire et à la sociologie<br />

de l’État et de l’administration en contexte impérial en examinant<br />

en quoi la politique de la main-d’œuvre nord-africaine est une<br />

politique d’exception, destinée à une partie de la population dont le<br />

statut, produit de la logique coloniale, évolue dans un espace intermédiaire<br />

entre l’étranger et le national et, en retour, en quoi cette<br />

politique renforçant les logiques de séparation d’avec le droit commun<br />

a contribué à faire de ces travailleurs une catégorie d’exception.<br />

Il s’agit d’étudier la conception de ces services, leurs évolutions structurelles,<br />

leurs personnels, la construction de leur expertise ainsi que<br />

les politiques publiques qu’ils façonnent et mettent en œuvre sur la<br />

période considérée.<br />

Après un master en sciences sociales à l’ENS de Lyon, je commence<br />

une thèse en sociologie à l’Université Paris 8. Cette thèse, réalisée<br />

sous la direction de Dominique Memmi, s’intitule « Parler<br />

d’avortement. L’expression d’un for intérieur féminin entre confidence<br />

et intériorisation des normes procréatives et sexuelles ».<br />

Il sera question d’interroger le rôle que joue la parole (ou la nonparole,<br />

c’est-à-dire le tabou) dans le contrôle social qui s’exerce sur<br />

les femmes ayant recours à l’IVG. Si l’interaction avec les professionnel·le·s<br />

de santé au moment de l’IVG est l’espace incontournable où<br />

s’exerce ce contrôle social par l’échange de parole, famille, pairs,<br />

institutions, mais aussi internet contribuent également à construire<br />

et déconstruire les normes qui encadrent l’IVG.<br />

Cette recherche envisage la parole, et plus précisément la confidence,<br />

comme une ressource « féminine » face à l’IVG : car la parole<br />

échangée autour de l’IVG n’est pas seulement normalisatrice, elle est<br />

également un moment d’expression de soi, et à ce titre peut être<br />

envisagée comme un espace d’autonomie, d’acceptation ou<br />

d’appropriation de sa trajectoire contraceptive et reproductive. En<br />

devenant l’expression d’un « for intérieur » dont il faudra interroger<br />

la dimension genrée, la parole s’individualise et se teinte de psychologie<br />

: or, cette émergence d'une parole « féminine » sur la reproduction<br />

possède une histoire, histoire qu'il faudra retracer pour en montrer<br />

les enjeux sociologiques contemporains.


Après un master à Aix-Marseille Université soutenu en 2014 sur les «<br />

Continuités et réajustements des politiques de sécurité à Marseille »,<br />

Kevin Vacher poursuit un travail doctoral faisant dialoguer les études<br />

de sécurité avec une sociologie des problèmes publics et des mobilisations<br />

sociales. Ce travail est dirigé par Sylvie Tissot et financé par la<br />

région Ile-de-France.<br />

Soutenance de thèse<br />

Sa recherche porte sur les mobilisations pour la sécurité de collectifs<br />

« d’habitants », au sein de territoires populaires. Cette recherche,<br />

menée en comparaison à Marseille et à Naples, s'organise autour<br />

d’un portrait de ce phénomène à l’échelle de la dernière décennie et<br />

d’études de cas d'actions collectives où les acteurs réclament des<br />

mesures de mise en sécurité de leurs territoires.<br />

Prenant à contre-pied les études en science politique mobilisant les<br />

catégories de l'action publique du « sentiment d'insécurité » ou des<br />

« demandes de sécurité », centrées sur le point de vue des pouvoirs<br />

publics confrontés à des acteurs présentés sans propriétés et dépourvus<br />

de capacité d’action, ce travail met en lumière ce qui se révèle<br />

être une demande sociale plurielle, située et contextualisée. il<br />

permet de voir au travers de ces mobilisations collectives comment la<br />

contingence de facteurs sociaux, économiques et urbains et de prescriptions<br />

politiques, d’intéressements militants et d’histoires sociales,<br />

participe à incarner la catégorie des « riverains » dans le champ médiatique<br />

et politique. Cette catégorie faisant elle-même écho à la<br />

figure morale de « l’honnête citoyen », elle nous permet de comprendre<br />

en contraste la construction des figures déviantes contemporaines.<br />

Daniela Vieira dos Santos est postdoctorante<br />

au département de sociologie<br />

à l'Université d'État de Campinas<br />

(Unicamp) au Brésil et boursière de la<br />

Fapesp (Fondation de soutien à la<br />

recherche de l’État de São Paulo).<br />

Depuis son master, elle développe une<br />

analyse sociologique des relations<br />

entre la musique et la société brésilienne.<br />

Dans sa thèse de doctorat intitulée<br />

« As representações de nação nas<br />

canções de Chico Buarque e Caetano Veloso: do nacional-popular à<br />

mundialização » [Les représentations de la nation dans les chansons<br />

de Chico Buarque et Caetano Veloso : du national-populaire à la<br />

mondialisation], elle étudie à travers deux compositeurs emblématiques<br />

brésiliens la relation entre la nation et la chanson au Brésil, des<br />

années 1960 aux années 1990. Elle est notamment l’auteure du livre:<br />

Não vá se perder por aí: a trajetória dos Mutantes [Ne va pas te perdre<br />

là-bas: la trajectoire de Los Mutantes], publié par les éditions de la<br />

Fapesp / Annablume en 2010, au Brésil.<br />

Elle est accueillie au sein du Cresppa-CSU d’octobre 2016 à juin<br />

2017 pour développer une analyse comparative entre le rap français<br />

et le rap brésilien, en collaboration avec Karim Hammou. Le projet,<br />

intitulé « la nouvelle génération du rap et l'industrie de la culture »,<br />

vise à comprendre, à travers le rap, comment les questions de race et<br />

de classes sociales se posent dans ces deux pays.<br />

3<br />

À partir d’une enquête qualitative menée auprès de femmes<br />

ayant avorté dans les dix dernières années en France et au Québec,<br />

cette recherche met en évidence la norme contraceptive<br />

dans ces deux sociétés et révèle l’opposition forte faite par<br />

l’ensemble des femmes – et même celles qui avortent plusieurs<br />

fois – entre les « bonnes » pratiques en matière de contrôle des<br />

naissances (la contraception) et la « mauvaise » pratique<br />

(l’avortement).<br />

Bien qu’il soit une donnée structurelle des trajectoires reproductives<br />

des femmes, une pratique aujourd’hui sans risque pour leur<br />

santé et un acte ordinaire lorsqu’on le défait de la charge morale<br />

qui lui est associé, l’IVG continue d’être l’objet d’un ensemble de<br />

représentations sociales stigmatisantes. L’analyse des expériences<br />

des femmes rend compte des cadres sociaux du contrôle<br />

des naissances, soit des règles socialement édictées quant à<br />

l’usage de l’avortement et de la contraception, tout comme de la<br />

division sexuée du travail que le contrôle des naissances soustend<br />

et sa difficile articulation avec un ensemble de<br />

tâches concurrentes : emploi salarié, travail de santé et maternité.<br />

Elle révèle aussi les cadres sociaux de la parentalité et de son<br />

refus par les femmes. Si la décision d’avorter est une évidence,<br />

lorsqu’elles sont impliquées dans des activités concurrentes<br />

(études, carrière ou élevage et allaitement d’un enfant en bas<br />

âge), elle peut devenir plus difficile lorsqu’elle correspond au refus<br />

de leur partenaire d’investir un projet parental qu’elles portent<br />

seules. Enfin, la mise en perspective des modalités de la prise<br />

en charge, énoncée par les femmes à Paris et à Montréal, révèle<br />

les nombreux obstacles qui peuvent rendre cet épisode plus<br />

compliqué voire douloureux, témoignant des réticences dans ces<br />

deux sociétés à penser cette pratique comme un acte ordinaire<br />

de planification des naissances relevant du champ de la santé.


Actualités des doctorant·e·s<br />

<br />

L’Atelier Balkans réunit des jeunes chercheurs (masterants, doctorants<br />

et jeunes docteurs) ayant comme point commun un intérêt<br />

scientifique pour les Balkans. Lancé en 2014 par Angeliki Drongiti<br />

(doctorante en sociologie, Université Paris 8 – Cresppa-CSU) et<br />

Maria Kokkinou (doctorante en anthropologie, EHESS – IIAC-<br />

LAIOS), il a été inspiré par le double constat d’un manque remarquable<br />

de travaux sur le sujet en France et l'absence de communication<br />

et de lieux d'échanges entre les jeunes chercheurs travaillant sur<br />

les Balkans. L’équipe organisatrice a été renforcée par Dimitris Kosmopoulos<br />

(doctorant en science politique à l’Université Paris Dauphine,<br />

Irisso), Milena Pavlovic (doctorante en anthropologie à<br />

l’Université Paris Nanterre, LESC), Sarah Sajn (doctorante en science<br />

politique au Cherpa, Sciences Po Aix) et Georgia Sarikoudi (postdoctorante<br />

en anthropologie sociale, Université de Macédoine).<br />

La première année a été organisée autour de séances introductives<br />

sur les recherches en cours et la présentation des travaux des participant.e.s.<br />

Ceci a abouti à la participation de l’Atelier Balkans au 11 ème<br />

congrès international de l’Association internationale d’études du<br />

Sud-Est Européen (AISEE) avec une communication collective et<br />

plusieurs communications individuelles. La deuxième année, l’Atelier<br />

s'est concentré sur un travail collectif interne à l'équipe organisatrice,<br />

notamment focalisé sur la publication des articles présentés au<br />

Congrès de l’AISEE pour la revue Études Balkaniques – Cahier Pierre<br />

Belon et les futurs projets.<br />

L’Atelier Balkans reprend ses activités scientifiques pour cette année<br />

universitaire 2016-2017 en proposant un atelier de lecture venant<br />

répondre aux besoins identifiés les années précédentes et notamment<br />

celui de la constitution d'une bibliographie partagée.<br />

Le programme de l’Atelier Balkans est en ligne sur le site du Cresppa-CSU.<br />

http://www.cresppa.cnrs.fr/<strong>csu</strong>/atelier-balkans-2016-2017<br />

<br />

Publications et communications des<br />

doctorant·e·s<br />

A R T I C L E S<br />

Carlotta BENVEGNÙ, « Netturbini nell’era delle privatizzazioni. Ristrutturazioni<br />

del settore della raccolta dei rifiuti a Parigi », Sociologia del<br />

lavoro, n°1<strong>42</strong>, 2016 - p. 49-61.<br />

Maud GELLY et Laure PITTI, « Une médecine de classe ? Inégalités sociales,<br />

système de santé et pratiques de soins », Revue Agone, n°58,<br />

2016 - p. 7-18.<br />

Maud GELLY, « Des inégalités en tous genres face au décès par sida et<br />

de leur ignorance par le système de santé », Revue Agone, n°58,<br />

2016 - p. 135-150.<br />

Maud GELLY et Bibia PAVARD, « De la fabrique des militant·e·s à la fabrique<br />

des patient·e·s », Genèses, n°102, 2016 - p. 47-66.<br />

N O T I C E<br />

Pascal BARBIER, Lucie BARGEL, Amelie BEAUMONT, Muriel DARMON et<br />

Lucile DUMONT, Notice : « Vêtement », in J. Rennes (dir.), Encyclopédie<br />

critique du genre. Corps, sexualité, rapports sociaux, La Découverte,<br />

2016 - p. 659-669.<br />

C O M P T E R E N D U<br />

Pierre GILBERT et Camille FRANÇOIS, « Construire et gouverner les<br />

populations par l’espace. À propos de : F. Desage, C. Morel Journel<br />

et V. Sala Pala (dir.) Le peuplement comme politiques, PUR, 2014 »,<br />

Genèses, n°104, 2016 - p. 155-162.<br />

R A P P O R T<br />

Carlotta BENVEGNÙ, Francesco IANNUZZI, Devi SACCHETTO et Francesca<br />

A. VIANELLO, Exploitation and migrant workers’ struggles in the italian<br />

logistics and tourism sectors, University of Padua, 2016.<br />

Organisées par Marie Perrin (Cresppa-CSU) et Alice Romerio (Cresppa-LabToP),<br />

avec le soutien du Cresppa et de l’école doctorale<br />

Sciences sociales de l’Université Paris 8.<br />

Ces deux journées s’articulent en quatre axes : « Les mouvements<br />

féministes à l’épreuve de leur institutionnalisation », avec Marion<br />

Charpenel (CNRS, CMH) et Camille Masclet (Cresppa-CSU), discussion :<br />

A.-M. Devreux (Cresppa-CSU) ; « Ce que l’institutionnalisation fait à la<br />

cause des femmes (1) », avec Mathias Thura (Cessp, DIM-GID), Zoé<br />

Haller (Dysola) et Clémentine Comer (Crape), discussion : Catherine<br />

Achin (Irisso), « Ce que l’institutionnalisation fait à la cause des<br />

femmes (2) », avec Auréline Cardoso (Certop-Sagesse), Virginie<br />

Dutoya (CNRS, CED) et Cécile Talbot (Ceraps), discussion : Alban<br />

Jacquemart (Irisso) et « Les processus d’institutionnalisation », avec<br />

Lison Guignard (ISP), Blandine Lefierdebras (Univ. Rennes 2, association<br />

« Histoire du féminisme ») et Ranime Alsheltawy (Irisso). Discussion<br />

: Ioana Cîrstocea (Cespp-CSE).<br />

Le programme complet est en ligne sur le site du Cresppa.<br />

http://www.cresppa.cnrs.fr/evenements/journees-d-etude-interroger-linstitutionnalisation-de-l-espace-de-la-cause-des<br />

4<br />

C O M M U N I C A T I O N S<br />

Nabila ABBAS, Theorie und Praxis agonistischer Demokratie. Imaginäre<br />

der tunesischen Revolution, Journée d’étude organisée par Regina<br />

Kreide, Universität Gießen, 29 juillet 2016.<br />

Nabila ABBAS, Feministische Imaginäre der tunesischen Revolution,<br />

Colloque : « Gender, Kultur, Transformation: Zur Konstitution einer<br />

deutsch-tunesischen Forschergruppe des DAAD », Universität<br />

Lüneburg, 12 juillet 2016.<br />

Nabila ABBAS, Beyond the ‘Tunisian Exception’ – women rights movements<br />

vs. ‘State feminism’, Colloque : « Living in 2016 - 5 years after<br />

the Arab Spring », University of Oslo, 31 mai 2016.<br />

Nabila ABBAS, Comment on Paula Diehl’s « Symbolism and Democracy<br />

», Colloque : « Beyond renationalization and parliamentarization:<br />

what ways to overcome the EU’s crisis of democratic representation?<br />

», Goethe-Universität Francfort, 23 mai 2016.<br />

Amélie BEAUMONT, Une socialisation par le travail. Le cas des employés<br />

de la loge d’un hôtel de luxe, Colloque « Le travail à l’épreuve des<br />

socialisations », Université de Versailles-Saint-Quentin (UVSQ),<br />

13-14 octobre 2016.<br />

Amélie BEAUMONT, Garder les traditions dans la crise. Les employés de<br />

l’hôtellerie de luxe face aux transformations de leur secteur,<br />

15èmes Journées internationales de sociologie du travail (JIST),<br />

Athènes, 11-13 mai 2016.


Carlotta BENVEGNÙ, Labour transformations in the logistics sector in<br />

France and in Italy, Summer School « Investigating Logistics »,<br />

Humboldt University, Berlin, 19-30 septembre 2016.<br />

Carlotta BENVEGNÙ, Restructuring labour relations and employment in<br />

the European logistics sector: What are unions’ responses?, Workshop<br />

« Reconstructing solidarity: Labour unions, precarious work,<br />

and the politics of institutional change in Europe », Cornell University,<br />

juin 2016.<br />

Carlotta BENVEGNÙ, Migrant workers struggles in the logistics sector in<br />

Italy, Journée d’étude internationale « Migrant workers in China<br />

and Europe », Università degli Studi di Padova (FISPPA), 8 juin<br />

2016.<br />

Carlotta BENVEGNÙ, Fractures ouvrières et contestations dans la crise.<br />

Le cas des travailleurs migrants dans les entrepôts de Padoue,<br />

15èmes Journées internationales de sociologie du travail (JIST),<br />

Athènes, 11-13 mai 2016.<br />

Dimitri COURANT, Le nouvel esprit du tirage au sort. Principes démocratiques<br />

et représentation au sein de dispositifs délibératifs contemporains,<br />

Ecole d’été internationale n°1 « L’esprit de la démocratie<br />

», Sciences Po Bordeaux, 27 juin-1er juillet 2016.<br />

Dimitri COURANT et Colin CROUCH, Thinking sortition. Modes of selection,<br />

deliberative frameworks and democratic principles, Unseld<br />

Summer School on ‘‘Post-democratic challenges’’, Forum Scientiarum,<br />

Univeristy of Tübingen, 22 juin 2016.<br />

Dimitri COURANT, Du klérotèrion à la cryptologie : Le tirage au sort au<br />

XXIe siècle, pratiques et équipements, Quatrièmes journées suisses<br />

d’histoire «Pouvoir(s)», panel « Le pouvoir du hasard : expériences<br />

de tirage au sort en Suisse », Université de Lausanne, 10 juin 2016.<br />

Dimitri COURANT, Le nouvel esprit du tirage au sort. Principes démocratiques<br />

et représentation au sein de dispositifs délibératifs contemporains,<br />

JDoc2 de l’IEPHI, Lausanne, 13 mai 2016.<br />

Christelle DORMOY-RAJRAMANAN, “Mai 68” : fenêtre d’opportunité<br />

pour un haut fonctionnaire au placard. Jacques de Chalendar et la<br />

politique universitaire, Colloque international « Individuals in political<br />

events », Université de Lausanne, 16 septembre 2016.<br />

Christelle DORMOY-RAJRAMANAN, La sociologie à Nanterre autour de<br />

“68” : étude de l’ancrage social et politique de son enseignement, de<br />

1965 aux années 1970, XXe congrès de l’Association internationale<br />

des sociologues de langue française (AISLF), Montréal, 6 juillet<br />

2016.<br />

Camille FRANÇOIS, Une politique de dépeuplement. Les procédures<br />

d’expulsion locative entre institution préfectorale et pouvoir municipal,<br />

« Biennale de l’Urbain 2016 », Université Toulouse - Le Mirail,<br />

30 septembre 2016.<br />

Camille FRANÇOIS, An indirect debt. Rent debts and the social structure<br />

of low-income families’ indebtedness, 14th Biennial Conference of<br />

the European Association of Social Anthropology (EASA), Milan,<br />

2016 July 22.<br />

Camille FRANÇOIS, Identifier et prévenir les troubles à l’ordre public :<br />

logiques de police dans l’attribution du concours de la force publique<br />

en matière d’expulsions locative, Journée d’étude « Dans la<br />

boîte noire des politiques de sécurité », Université Paris 8, 16-17<br />

juin 2016.<br />

Romain GALLART et Eduarda REINAUX, La Participación Popular y La<br />

Planificación Urbana: que es el papel de la Universidad?, XXII encuentro<br />

de la Red ULAVAV « El hábitat residencial para la creación<br />

de ambientes favorables », Rede Universitaria Latinoamericana de<br />

Cátedra de Vivienda, Xalapa del Estado de Veracruz (México), 24-<br />

26 août 2016.<br />

Romain GALLART et Luis DE LA MORA, A institucionalização do “direito à<br />

cidade”: um conceito inda mobilizador de moradores de bairros populares?,<br />

44ème colloque international du programme Atillio « Le<br />

droit à la ville en France et au Brésil, un nouvel agenda urbain ? »,<br />

Salvador de Bahia, (Brésil), 27-30 Juin 2016 (Actes à paraître).<br />

Silvia HERNÀNDEZ, El Centro Metropolitano de Diseño como actor de la<br />

patrimonialización de Barracas, IIIe Journées d’étude de<br />

l’Amérique Latine et les Caraïbes « América Latina: escenarios en<br />

Disputa », Institut de l’Amérique Latine et les Caraïbes, Université<br />

de Buenos Aires, 28-30 septembre 2016.<br />

Marilena KOURNIATI, Particularités et usages des livres d’architectes<br />

(1945-2000), Journée « Architecture, culture, projet », dans le<br />

cadre des Journées nationales d’architecture, École nationale supérieure<br />

d’architecture Paris Val de Seine, Université Paris Diderot<br />

/ CERILAC, 14 octobre 2016.<br />

Nicolas LARCHET, Les « zones grises » de la « boîte noire » : retour sur<br />

une expérience d’évaluateur de projets de recherche internationaux<br />

pour une fondation abritée, XXe congrès de l’Association internationale<br />

des sociologues de langue française (AISLF), Montréal,<br />

5 juillet 2016.<br />

Maï LE DÛ, Le toucher dans le soin de la mère et de l’enfant : entre<br />

impensable et indispensable, Colloque « Interculturalité et soins,<br />

“Naître... ”», Lyon, 10 novembre 2016.<br />

Maï LE DÛ, Première rencontre…, 6ème colloque de la Société<br />

d’histoire de la naissance « La naissance au risque de la mort, d’hier<br />

à aujourd’hui », Paris, 18 septembre 2016.<br />

Maï LE DÛ, La sage-femme et l’argent, approche sociologique, Colloque<br />

de l’Association nationale des sages-femmes libérales, Grenoble,<br />

19 mars 2016.<br />

Hugo MULONNIERE, Le compte-rendu de la réunion du 12 septembre<br />

1940 sur les rapatriements de Nord-Africains tenue au ministère<br />

de la Production industrielle et du Travail de Vichy, Journées doctorales<br />

« Travaux en cours sur l’Algérie », Université d’Aix-en-<br />

Provence, 1er et 2 juin 2016.<br />

Hugo MULONNIERE, Travail et contraintes : l’exemple des travailleurs<br />

nord-africains en métropole durant la Seconde Guerre mondiale,<br />

Journée d’étude des doctorants de l’Association française pour<br />

l’histoire des mondes du travail « Travail et contraintes », Centre<br />

d’histoire sociale du XXe siècle (CHS), Paris, 12 mars 2016<br />

Ana PORTILLA, La quête de travail sur un marché informel. Catégories<br />

de la pratique chez les ouvriers journaliers aux États-Unis : discussion<br />

de Sylvie Monchatre, 15èmes Journées internationales de sociologie<br />

du travail (JIST), Athènes, 11-13 mai 2016.<br />

Kevin VACHER, Déléguer l’exercice de la contrainte : des « Honnêtes<br />

gens », les Roms et l’État, XXe congrès de l’Association internationale<br />

des sociologues de langue française (AISLF), Montréal, 5 juillet<br />

2016.<br />

Thomas POSADO, Tommaso GIURIATTI et Kevin VACHER, Une sociologie<br />

politique des doctorant.e.s. Mouvements sociaux, socialisations politiques<br />

et effet de génération chez les doctorant.e.s., Séminaire<br />

« Terrains politiques. Réflexions collectives sur des pratiques de<br />

recherche engagées », Université Paris 8, 10 mai 2016<br />

5


DU COTE DES CHERCHEUR·E·S<br />

Nouveaux membres<br />

Maître de conférences en science politique à l’Université Paris 8<br />

depuis le 1 er septembre 2016, Pierre Gilbert a rejoint le Cresppa-<br />

CSU. Ses travaux portent sur le rôle de l’espace dans la construction<br />

et la transformation des groupes sociaux, sur l’articulation entre les<br />

rapports sociaux de classe, de sexe et de race, et sur la sphère privée.<br />

Il a soutenu en 2014 une thèse de sociologie sur les transformations<br />

des classes populaires dans les quartiers en rénovation urbaine (Les<br />

classes populaires à l’épreuve de la rénovation urbaine. Transformations<br />

sociales et changement social dans une cité HLM). Au croisement de la<br />

sociologie de l’action publique, de la sociologie urbaine et de la sociologie<br />

des classes populaires, cette monographie du quartier des Minguettes<br />

(Vénissieux) combine l’analyse statistique des mobilités et du<br />

peuplement, des entretiens auprès des habitants et des agents de la<br />

politique de rénovation, et des sources documentaires diverses. Elle<br />

montre que ces changements urbains, s’ils ne parviennent pas à modifier<br />

le caractère majoritairement populaire de ces quartiers, ont<br />

pour effet de retenir sur place des ménages appartenant aux fractions<br />

stables des classes populaires. Ils renforcent ce faisant la différenciation<br />

objective entre les positions et les trajectoires des habitants,<br />

mais aussi la perception subjective qu’ils en ont, alimentant<br />

entre les deux fractions des classes populaires qui partagent ce<br />

même espace un sentiment de distance réciproque. Ils affectent<br />

également – de façon différenciée selon les profils et les trajectoires<br />

– les styles de vie en vigueur localement, mettant à l’épreuve les<br />

manières d’habiter et accélérant le processus déjà en cours<br />

d’investissement de la sphère privée et d’affaiblissement des sociabilités<br />

locales.<br />

Depuis 2014, ce questionnement sur la sphère privée a trouvé un<br />

prolongement dans le cadre d’une recherche collective (avec Anaïs<br />

Collet, Marie Cartier, Marie-Hélène Lechien et Sylvie Monchatre)<br />

sur les effets de l’arrivée des enfants sur les inégalités de sexe dans<br />

les couples hétérosexuels. À partir d’entretiens conduits séparément<br />

auprès des conjoints de couples appartenant à diverses classes sociales<br />

et vivant dans des contextes résidentiels contrastés, cette<br />

recherche décrit les manières dont se fabriquent les rapports sociaux<br />

de sexe au moment de l’apprentissage des rôles parentaux, en fonction<br />

des styles de vie et des contraintes professionnelles, locales et<br />

familiales avec lesquelles les couples doivent composer.<br />

Au sein de la revue en ligne Métropolitiques (metropolitiques.eu), en<br />

collaboration avec d’autres disciplines des sciences sociales, il contribue<br />

par ailleurs à la diffusion des savoirs et à l’animation du débat<br />

public sur la ville et les territoires.<br />

Fabien Truong est professeur agrégé au département de sociologie<br />

et d’anthropologie de l’Université Paris 8 et responsable du master<br />

Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation en<br />

sciences économiques et sociales (MEEF SES) depuis 2010. Il a auparavant<br />

enseigné les SES pendant six ans dans plusieurs lycées en<br />

Seine-Saint-Denis. Ses travaux s’intéressent principalement à la<br />

marginalité urbaine, à la démocratisation scolaire, à la mobilité sociale,<br />

à la délinquance juvénile, à la gestion du stigmate, aux recompositions<br />

touchant les classes populaires et les familles issues de<br />

l’immigration.<br />

Il a soutenu sa thèse en 2015 à l’EHESS intitulée « À l’école de la<br />

banlieue : la marginalisation urbaine et la démocratisation scolaire à<br />

l’épreuve des trajectoires individuelles ». Elle interroge les conditions<br />

de possibilité de l’ascension sociale et la nécessité des ajustements<br />

que celle-ci implique quand les épreuves les plus déterminantes se<br />

logent dans ce qu’intime la puissance des regards portés sur soi et la<br />

capacité à affronter le stigmate territorial, le mépris de classe,<br />

l’illégitimité culturelle, le racisme et les phobies engendrées par la<br />

pratique de l’islam. Sa thèse montre comment la fragmentation d’un<br />

système inégalitaire où la quête d’un enseignement « approprié »<br />

remodèle la légitimité et la rentabilité du capital culturel, jouant<br />

contre l’intériorisation d’une dignité et d’une singularité acquises par<br />

l’acculturation scolaire - dans une tension entre reproduction et<br />

émancipation incitant à repenser le rapport pédagogique et la performativité<br />

du savoir.<br />

Fabien Truong avait auparavant publié Des capuches et des hommes.<br />

Trajectoires de « jeunes de banlieue » (Buchet-Chastel, 2013), lauréat du<br />

Prix de l’Ecrit Social 2014. Il travaille actuellement sur son prochain<br />

livre qui sera publié sous deux formats différents - Loyautés radicales<br />

(La Découverte, fin 2017) et Radicalized loyalties. Knowing ‘them’ to<br />

understand ‘us’ (Polity Press, début 2018) – et qui proposera notamment<br />

une critique de la notion écran de « radicalisation » à travers<br />

une enquête empirique au long cours, menée sur deux sites.<br />

Fabien Truong mène par ailleurs une enquête ethnographique et<br />

monographique dans une ville de la banlieue sud de Paris avec Gérôme<br />

Truc (CNRS/ISP). Il s’intéresse aussi à la sociologie visuelle et<br />

aux relations entre sociologie et cinéma, et travaille depuis six mois<br />

sur un film documentaire autour du livre issu de sa thèse Jeunesses<br />

françaises. Bac +5 made in banlieue (La Découverte, 2015), avec un<br />

groupe de jeunes étudiants de Saint-Denis et le cinéaste Mathieu<br />

Vadepied.<br />

6


ACTUALITES SCIENTIFIQUES<br />

<br />

Le séminaire collectif du CSU 2016-2017 est coordonné<br />

par Lorenzo Barrault-Stella, Artemisa Flores Espinola, Cédric Hugrée<br />

et Marie Ménoret.<br />

Il vise à mettre en discussion des travaux récents en sociologie et<br />

en science politique. Résolument axé vers les pratiques de recherche,<br />

il constitue un espace de débat scientifique et critique des<br />

membres du CSU et des collègues d’autres institutions invités à<br />

présenter leurs travaux et à les discuter. Un de ses enjeux centraux<br />

est de confronter les approches, les cadres théoriques et les méthodes<br />

(qualitatives comme quantitatives) sur différents objets au<br />

cœur des préoccupations de recherche de l’UMR Cresppa.<br />

Le séminaire est organisé autour de ces thématiques sans exclusive<br />

: la culture, l’action collective et le droit, l’éducation et la mobilité<br />

sociale, l’histoire et l’épistémologie des sciences sociales, le travail,<br />

les rapports sociaux de sexe, la politisation, etc.<br />

<br />

Programme<br />

Le mardi, 14h-16h30, Site Pouchet du CNRS, salle 159.<br />

27 septembre 2016 : Séverine Sofio (Cresppa-CSU), Artistes femmes.<br />

La parenthèse enchantée, XVIIIe-XIXe siècles, Éditions du CNRS,<br />

coll. « Culture et Société », 2016.<br />

Discutant·e·s : Anne-Marie Devreux (Cresppa-CSU) et Sylvain<br />

Antichan (ISP).<br />

18 octobre 2016 : Christelle Avril (IRIS), Les Aides à domicile : un autre<br />

monde populaire, La Dispute, coll. « Corps, Santé, Société », 2014.<br />

Discutant·e·s : Annie Dussuet (CENS) et Camille François (Cresppa-<br />

CSU).<br />

29 novembre 2016 : Romain Pudal (Curapp-ESS), Retour de flammes.<br />

Les pompiers, des héros fatigués, La Découverte, coll. « SH/L’envers<br />

des faits » 2016.<br />

Discutant·e·s : Gabriele Pinna (Cresppa-GTM) et Yasmine Siblot<br />

(Cresppa-CSU)<br />

31 janvier 2017 : Eleonora Elguezabal (Cesaer), Frontières urbaines :<br />

les mondes sociaux des copropriétés fermées, Presses universitaires<br />

de Rennes, 2015.<br />

Discutant·e·s : Colin Giraud (Sophiapol) et Ana Portilla (Cresppa-<br />

CSU).<br />

14 mars 2017 : Geneviève Fraisse (Presage), La Sexuation du monde,<br />

réflexions sur l’émancipation, Presses de Sciences Po, 2016.<br />

Discutant·e·s : Françoise Picq (Irises) et Marie Perrin (Cresppa-<br />

CSU).<br />

16 mai 2017 : Annie Thébaud-Mony, La science asservie. Santé publique<br />

: les collusions mortifères entre industriels et chercheurs, La<br />

Découverte, coll. « Cahiers libres », 2014.<br />

Discutant·e·s : Soraya Boudia (Ifris) et Artemisa Flores Espinola<br />

(Cresppa-CSU).<br />

20 juin 2017 : Hervé Serry (Cresppa-CSU), Aux origines des éditions du<br />

seuil, Éditions du Seuil, 2015.<br />

Discutant·e·s : Pascal Fouché (Imec) et Sébastien Lemerle (Cresppa-<br />

CSU).<br />

<br />

Organisé par Maud Gelly, Audrey Mariette et Laure Pitti (Université<br />

Paris 8, Cresppa-CSU), avec le soutien de l’ARDIS de la région<br />

Ile-de-France.<br />

Depuis une dizaine d’années, la montée en puissance du thème des<br />

inégalités sociales et territoriales de santé est repérable à la fois<br />

dans l’action publique et dans la recherche en sciences sociales.<br />

Paradoxalement, alors même qu’on observe un (relatif) « retour des<br />

classes sociales » dans les sciences éponymes, les inégalités de<br />

santé sont rarement réfléchies en termes de rapports de domination<br />

– et a fortiori dans le croisement avec d’autres rapports de<br />

domination, notamment de race, de sexe ou de génération. Ce<br />

séminaire entend croiser une sociologie des politiques de santé, du<br />

travail médico-social et des classes sociales pour analyser les logiques<br />

de (re)production des inégalités et des discriminations en<br />

matière de santé.<br />

<br />

Programme<br />

Le mercredi, 10h-12h30, site Pouchet du CNRS salle 159.<br />

16 novembre 2016 : Santé, inégalités sociales et rapports de domination<br />

: une introduction, Maud Gelly, Audrey Mariette, Laure Pitti<br />

(Université Paris 8, Cresppa-CSU)<br />

14 décembre 2016 : Ignorance et inaction publique. Ou comment les<br />

savoirs experts contribuent à l’invisibilité des maladies professionnelles,<br />

Emmanuel Henry (Université Paris Dauphine - Irisso)<br />

25 janvier 2017 : Les politiques du handicap entre santé publique et<br />

lutte contre les discriminations, Jérôme Bas (Université Paris 8,<br />

Cresppa-CSU)<br />

22 février 2017 : Médecins généralistes et santé publique : les reconfigurations<br />

paradoxales du gouvernement des conduites, Géraldine<br />

Bloy (Université de Bourgogne – LEDi)<br />

15 mars 2017 : The Black Panther Party and the Fight against Medical<br />

Discriminations, Alondra Nelson (Columbia University)<br />

19 avril 2017 : Racialisation de la précarité et fléchissement du « social<br />

» aux urgences, Dorothée Prud’homme (Université de Bordeaux<br />

– Centre Émile Durkheim)<br />

24 mai 2017 : Étudier les différenciations sociales des pratiques<br />

médicales, d’un médecin à l’autre et d’un patient à l’autre, Anne<br />

Paillet, Université Versailles-Saint-Quentin en Yvelines – Laboratoire<br />

Printemps<br />

14 juin 2017 : Inégalités sociales et territoriales de santé : le cas des<br />

usagères des centres de Protection Maternelle Infantile (PMI),<br />

Odile Henry (Université Paris 8, Cresppa-LabTop), Pascal Martin<br />

(Université Paris 8, Cresppa-LabTop), Claude Thiaudière (Université<br />

de Picardie Jules Verne – Curapp)<br />

7


Ce projet visait à étudier la prise en compte par les protagonistes<br />

sociaux de la diversité linguistique croissante dans les univers de<br />

travail. Il impliquait six équipes de recherche de différents pays<br />

européens : Allemagne, Espagne, France, Hongrie, Italie, et<br />

Royaume Uni.<br />

<br />

Les recherches ont mis en évidence l’existence de nombreuses<br />

pratiques informelles en matière d’usage des langues dans les<br />

situations de travail, s’inscrivant le plus souvent en décalage avec<br />

les politiques linguistiques affichées par les entreprises. Ces pratiques<br />

informelles visent tout autant à garantir la bonne réalisation<br />

des tâches qu’à préserver un certain confort émotionnel pour les<br />

salarié·e·s. Elles peuvent aussi s’analyser comme l’affirmation d’un<br />

entre soi de certains collectifs de travail cherchant à protéger leur<br />

autonomie.<br />

Il est toutefois apparu que la diversité linguistique ne constituait<br />

que très exceptionnellement un objet de réflexion pour les partenaires<br />

sociaux. De même sa prise en compte dans les accords collectifs<br />

est extrêmement rare. Dans un contexte marqué par une<br />

internationalisation croissante des entreprises et par des mouvements<br />

migratoires de plus en plus importants, la diversité linguistique<br />

au travail constitue pourtant un véritable enjeu démocratique.<br />

Réunissant une quarantaine de personnes, la séance était<br />

l’occasion pour Anne-Marie Devreux, Maud Gelly et Laure Pitti de<br />

présenter ces deux publications collectives, articulées, pour la<br />

première, autour de l’oubli du genre dans les sciences hors SHS,<br />

notamment en médecine et biologie, et, pour la seconde, autour du<br />

rôle du système, des services et des professionnel·le·s de santé<br />

dans la (re)production des inégalités sociales face à la maladie et la<br />

mort. Cinq contributrices ont présenté leurs travaux sur les effets<br />

de la division sociale et sexuelle du travail sur la santé au travail<br />

(Florence Chappert), sur ce que pourrait produire la prise en<br />

compte du sexe et du genre dans les études médicales du stress<br />

(Marie-Pierre Moisan), sur les effets des réformes de la protection<br />

sociale et de l’hôpital en matière de refus de soins aux étranger·e·s<br />

sans-papiers (Caroline Izambert), et sur les logiques médicales<br />

socialement différenciées de prescription contraceptive (Hélène<br />

Bretin et Laurence Kotobi). Dans sa discussion des communications,<br />

Carole Brugeilles a souligné les implications éthiques et<br />

politiques de ces travaux.<br />

Le projet IR-MultiLing a donné lieu à la production de rapports de<br />

recherche nationaux et comparatifs, ainsi qu’à la rédaction de recommandations<br />

destinées aux partenaires sociaux, aux acteurs<br />

politiques et à la commission européenne. Il a également débouché<br />

sur la production d’un outil de formation audiovisuel proposant des<br />

exercices de théâtre forum à destination des représentants syndicaux.<br />

L’ensemble de ce matériel est consultable et téléchargeable sur le<br />

site : http://www.irmultiling.com.<br />

8


RECHERCHES EN COURS<br />

<br />

Nombreux sont les travaux sur la gentrification pointant les changements<br />

remarquables de l’offre commerciale, mais aucun ne s’est<br />

intéressé de près à ces nouveaux acteurs. L’enquête de terrain, conduite<br />

à Paris entre juillet 2014 et août 2015 les révèle comme une<br />

population en reconversion après des études longues et/ou après<br />

avoir occupé des postes de cadre ou assimilé. Comment comprendre<br />

que ce qui représente un déclassement professionnel et social, selon<br />

des critères socio-démographiques classiques, ne soit ici ni vécu ni<br />

regardé comme tel ? Avant d’ouvrir boutique, ces nouveaux commerçants<br />

étaient eux-mêmes des gentrifieurs résidentiels et c’est seulement<br />

parce qu’ils s’implantent dans un quartier gentrifié ou en passe<br />

de l’être que leur changement d’activité ne représente pas un déclassement<br />

social malgré une forte perte de revenus.<br />

Ces commerçants se distinguent nettement de ceux qui se sont installés<br />

après plusieurs années passées comme ouvriers qualifiés de<br />

l’artisanat commercial ou employés de commerce, à la fois dans leur<br />

personnage social et professionnel, et dans leur rapport à leur activité.<br />

Fleuristes, commerces de bouche (fromagers, pâtissiers ou chocolatiers),<br />

commerces de jouets, de vêtements et accessoires, épiceries<br />

fines-traiteurs et cavistes, ou encore commerces de loisirs créatifs,<br />

ces boutiques sont « une modalité particulière d’appropriation de la<br />

ville et un moyen de mettre en scène [des] propriétés sociales et [un]<br />

mode de vie » (article à paraître dans le prochain numéro d’Ethnologie<br />

française). Par exemple les vitrines, de plus en plus transparentes,<br />

sont le moyen de donner à voir la qualité et la mise en scène d’un<br />

assortiment, et donc les qualités professionnelles et sociales qu’il<br />

suppose. Autre exemple, la boutique est autant que possible un lieu<br />

de sociabilité (coin de convivialité, animations, etc.) associant certains<br />

actes de consommation non pas à la satisfaction de besoins élémentaires,<br />

mais à des pratiques liées à un mode de vie de vie particulier,<br />

et donc les qualifiant en retour.<br />

Toutefois, comme dans toute recherche les pistes émergeant des<br />

données d’entretien et d’observation sont bien plus riches que prévues<br />

et ouvrent de nombreuses autres perspectives d’analyse à approfondir.<br />

<br />

Je m’intéresse ainsi depuis deux ans à la « fabrique » de la vulgarisation<br />

des neurosciences dans le contexte de l’édition parisienne de la<br />

Semaine du cerveau (SdC), principal événement national de promotion<br />

des neurosciences, porté par la Société des neurosciences et des<br />

centaines de bénévoles issu.es des centres de recherches sur tout le<br />

territoire. Cette manifestation est d’autant plus intéressante, qu’elle<br />

se déroule dans un cadre relativement autonome par rapport aux<br />

intermédiaires culturels que j’avais pu identifier dans mes précédents<br />

travaux. La SdC permet d’avoir une idée des conditions et contraintes<br />

d’élaboration de la vulgarisation scientifique sans les « interférences<br />

» les plus visibles du champ de production culturelle. Dans ce<br />

cadre, je participe aux réunions de préparation de la SdC, réalise des<br />

entretiens avec ses organisatrices et assiste aux ateliers et conférences.<br />

Mes travaux s’attachent également à la réception des idées neuroscientifiques.<br />

Dans ce but, je réalise en ce moment une étude de cas en<br />

histoire sociale des idées, portant sur la production et la diffusion de<br />

la notion de cerveau reptilien depuis son origine (années 1960)<br />

jusqu’à nos jours. Je mène cette étude en collaboration avec un directeur<br />

de recherches du CNRS, responsable d’équipe à l’Institut des<br />

neurosciences de Paris-Saclay, Philippe Vernier, qui m’apporte son<br />

éclairage de spécialiste sur les enjeux propres au champ des neurosciences<br />

de cette théorie qui, bien qu’obsolète, continue à susciter<br />

l’intérêt dans de nombreux secteurs du monde social (intervention<br />

psychosociale, éducation…).<br />

Les résultats (provisoires) de ces deux chantiers présentent un point<br />

commun : la centralité de dispositifs discursifs reposant sur les métaphores<br />

et les analogies dans la diffusion des idées neuroscientifiques<br />

dans l’espace public. C’est un résultat qu’il me semble nécessaire<br />

d’explorer pour approfondir la portée sociale des idées neuroscientifiques,<br />

en termes de réception et de réappropriations. En découle<br />

mon projet à moyen terme de me consacrer à la question des métaphores<br />

comme « branche » auxiliaire de l’histoire sociale des idées.<br />

9


SELECTION BIBLIOGRAPHIQUE<br />

O U V R A G E S , D O S S I E R S D E R E V U E S<br />

<br />

<br />

Une même question a été posée à une équipe de chercheurs<br />

spécialisés dans les relations du travail dans les principales économies<br />

post-industrielles de ce début du XXIe siècle : comment a évolué<br />

la régulation sociale dans les entreprises depuis une trentaine<br />

d’années ?<br />

Leurs réponses montrent que les restructurations économiques,<br />

l’européanisation et la mondialisation ont conduit à<br />

d’importants changements, rarement volontaires, dans les relations<br />

entre les « partenaires sociaux » : organisations syndicales et patronales,<br />

sans oublier l’État, qui joue souvent un rôle d’arbitre. Ainsi, les<br />

modèles nationaux hérités du XXe siècle ont été remis en cause. Les<br />

particularismes se sont effacés pour laisser place à des cadres plus<br />

fragiles et plus fluctuants.<br />

Ce livre dresse un état des lieux précis des principaux changements<br />

qui ont affecté les syndicats et le dialogue social dans les entreprises<br />

en Europe et Amérique du Nord. Il permet de dépasser les<br />

idées reçues concernant les modèles anglo-saxon, scandinave, rhénan<br />

et latin.<br />

Soucieuses d’objectivité, les sciences exactes, expérimentales<br />

ou technologiques n’en sont pas moins imprégnées de stéréotypes<br />

sur les différences et hiérarchies entre hommes et femmes, masculin<br />

et féminin ou mâles et femelles. Trop souvent leurs généralisations<br />

découlent d’un point de vue spécifique masculin ignoré comme tel.<br />

Ce livre dévoile d’abord ce point de vue androcentrique à travers<br />

des revues de littératures faites sous l’éclairage du genre, dans<br />

trois grands domaines disciplinaires : biomédecine et santé ; écologie<br />

et environnement ; technologies et ingénierie. Viennent ensuite des<br />

études de cas qui nous font pénétrer au cœur même des protocoles<br />

de recherche. On y voit comment le sexe mâle ou le cas masculin sont<br />

utilisés comme référents neutres aux dépens, parfois jusqu’à l’oubli,<br />

de l’étude des réalités du cas femelle ou de la situation effective des<br />

femmes.<br />

La dernière partie de l’ouvrage donne un aperçu d’initiatives<br />

tendant à favoriser l’inclusion du genre dans la pratique des scientifiques<br />

ou dans l’action d’institutions utilisant les savoirs scientifiques<br />

et en prise sur la société, notamment sur le monde de l’entreprise.<br />

Ces expériences développées en France ou à l’étranger illustrent les<br />

difficultés rencontrées mais aussi les voies d’évolution possibles.<br />

En réunissant des spécialistes de disciplines variées, neuroendocrinologues,<br />

biologistes, historiennes des sciences, ingénieures,<br />

médecins hospitaliers, spécialistes du développement, géographes ou<br />

sociologues, ce livre invite à réfléchir sur l’apport d’un concept issu<br />

des sciences humaines et sociales aux autres sciences.<br />

<br />

À nombre de consultations égal, on est plus ou moins bien soigné<br />

selon sa classe sociale et son origine nationale. Les malades d’un<br />

cancer sont moins bien informés sur leur maladie par leur médecin<br />

quand ils sont pauvres. Au moment de l’apparition d’une douleur<br />

thoracique, premier signe d’un infarctus, les catégories sociales les<br />

plus favorisées font l’objet d’une prise en charge médicale plus approfondie<br />

et plus spécialisée. Les inégalités sociales qui marquent le<br />

suivi de grossesse sont aggravées par les pratiques des soignants qui<br />

informent moins, et moins bien, les femmes des classes populaires, a<br />

fortiori étrangères. Plus largement, les recommandations médicales<br />

nationales sont moins bien appliquées par les médecins pour les<br />

membres des classes populaires.<br />

10


Corps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au cœur de<br />

nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde<br />

social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment<br />

les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes<br />

funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils<br />

avec le « sale boulot » ? Parmi les émotions dont ils peuvent<br />

être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment<br />

spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux<br />

sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas<br />

seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme<br />

eux, surtout s’ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit<br />

une urgence à se « séparer ». Réaction somatique à la crainte du<br />

rapprochement physique et social, émotion « mixophobe », le dégoût<br />

trace une frontière avec l’Autre, révélant les inavouables sociaux de<br />

nos sociétés. Cet ouvrage interroge ce que le dégoût « fait » aux<br />

interactions. On y découvre l’opposition radicale entre coulisses et<br />

scène, régie par l’autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes<br />

permettant d’affronter ce qui révulse. Limitation du toucher,<br />

port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et<br />

toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre<br />

à distance la vie organique… des autres. Révélatrice d’une souffrance<br />

spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une<br />

ambivalence d’autant plus menaçante qu’elle semble de plus en plus<br />

indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est<br />

pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un<br />

instrument d’autant plus précieux de lecture du monde social. Cet<br />

ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l’histoire, à la<br />

sociologie et à l’anthropologie des sensibilités.<br />

T R A D U C T I O N<br />

Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet, and Yasmine Siblot<br />

The France of the Little-Middles : A Suburban Housing Development in<br />

Greater Paris, trad. Juliette Rogers, Berghanh Books, coll. « Anthropology<br />

of Europe », 2016 - 224 p.<br />

Traduction de : La France des « petits-moyens ». Enquête sur la banlieue<br />

pavillonnaire, Paris : La Découverte, 2008 - 324 p.<br />

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A R T I C L E S<br />

Lorenzo BARRAULT-STELLA, « Produire un retrait de l’État acceptable.<br />

Les politiques de fermetures scolaires dans les mondes ruraux contemporains<br />

», Gouvernement et action publique, n°3, 2016 - p. 33–58.<br />

Lorenzo BARRAULT-STELLA, Clémentine BERJAUD et Kevin GEAY, « Distances<br />

à la politique : des banlieues populaires aux beaux quartiers<br />

», Savoir/Agir, n°36, 2016 - p. 83-98.<br />

Lorenzo BARRAULT-STELLA, Sandrine GARCIA et Anne-Élise VÉLU, « Faire<br />

preuve de sa spécificité pour se maintenir. Le travail d’entretien du<br />

territoire professionnel des rééducateurs de l’Éducation nationale<br />

(2007-2015) », Sociologie du Travail, vol.58, n°3, 2016 - p. 296-317.<br />

Lorenzo BARRAULT-STELLA et Nazli NOZARIAN, « La mobilisation<br />

d’étudiants dans une enquête autour de bureaux de vote », Pôle<br />

Sud, n°44, 2016 - p. 21-34.<br />

Baptiste COULMONT, « Des prénoms qui ont du chien. Le partage des<br />

prénoms entre hommes et chiens », Annales de démographie historique,<br />

n°131, 2016 - p. 151–170.<br />

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milieu rétif. L’industrie pharmaceutique sous observation collective<br />

», ethnographiques.org, n°32, 2016 - en ligne :<br />

http://www.ethnographiques.org/2016/Fournier,Lomba,Muller.<br />

Maud GELLY et Laure PITTI, « Une médecine de classe ? Inégalités sociales,<br />

système de santé et pratiques de soins », Revue Agone, n°58,<br />

2016 - p. 7-18.<br />

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2016 - en ligne :<br />

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Cédric HUGRÉE, « Les sciences sociales face à la mobilité sociale », Politix,<br />

n°114, 2016 - p. 47-72.<br />

Audrey MARIETTE et Laure PITTI, « Médecin de première ligne dans un<br />

quartier populaire », Revue Agone, n°58, 2016 - p. 51-72.<br />

Léa MORABITO et Camille PEUGNY, « Entre pauvreté et exclusion : des<br />

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Transnational World of Cominternians, Palgrave Macmillan, 2015,<br />

227 p. », La vie des idées, 25 octobre 2016 - en ligne :<br />

http://www.laviedesidees.fr/Les-envoyes-de-Staline.html.<br />

Bernard PUDAL, Gérard MAUGER et Louis PINTO, « Communisme »,<br />

Savoir/Agir, n°37, 2016 - p. 71-82 (Grand entretien avec Bernard<br />

Pudal, réalisé par Gérard Mauger et Louis Pinto).<br />

Yves SINTOMER, « L’ère de la post-démocratie », La revue du Crieur, n°4,<br />

2016 - p. 20-35.<br />

C H A P I T R E S D ' O U V R A G E S<br />

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Sébastien LEMERLE, « Tout est dans la tête. Les sciences du cerveau,<br />

nouveaux savoirs légitimes », in C. Charles, L. Jeanpierre (dirs.), La<br />

vie intellectuelle en France, vol.2, Paris : Éditions du Seuil, 2016 -<br />

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Delphine NAUDIER, « Les intellectuelles depuis les années 1960 », in C.<br />

Charles, L. Jeanpierre (dirs.), La vie intellectuelle en France, vol.2, Paris<br />

: Éditions du Seuil, 2016 - p. 461-469.<br />

Fabien TRUONG, « La foudre et le tonnerre : discrimination ou stigmatisation<br />

territoriale ? » in C. Hancock, C. Lelévrier, F. Ripoll et S. Weber<br />

(dir.), Discriminations territoriales. Entre interpellation politique et<br />

sentiment d’injustice des habitants, L’Œil d’or, 2016 - p 195-211.<br />

Yves SINTOMER, « Les futurs de la démocratie au XXIe siècle », Raison<br />

publique, n°20, 2016 - p. 175-191.<br />

Yves SINTOMER, « Sorteggio e democrazia deliberativa. Una proposta<br />

per rinnovare la politica del XXI secolo », Nomos. Le attualità del diritto,<br />

n°2, 2016 – 7 p.<br />

C r e s p p a<br />

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