SurprenanteS mécaniqueS - Automates et merveilles
SurprenanteS mécaniqueS - Automates et merveilles
SurprenanteS mécaniqueS - Automates et merveilles
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Tabatière à oiseau<br />
chanteur<br />
(détail mécanisme),<br />
Jaqu<strong>et</strong>-Droz<br />
©MIH<br />
Le principe en était simple : le volumineux jeu d’orgue des serin<strong>et</strong>tes par un seul p<strong>et</strong>it<br />
tuyau de siffl<strong>et</strong>. Les notes étaient produites lorsqu’un piston coulissait dans le tuyau,<br />
tel un p<strong>et</strong>it trombone, égrenant en passant toutes les notes de la gamme musicale. Un<br />
jeu de cames de taille réduite commandait le piston, ainsi que le p<strong>et</strong>it souffl<strong>et</strong> qui fournissait<br />
l’air.<br />
Doté d’une grande agilité, le siffl<strong>et</strong> à piston coulissant pouvait exécuter trilles <strong>et</strong> glissades ;<br />
il pouvait aussi répéter des notes en succession rapide. De ce fait, il imitait mieux que la<br />
serin<strong>et</strong>te les chants d’oiseaux. Prenant très peu de place, il rendait possible la confection<br />
d’une pléthore de p<strong>et</strong>its obj<strong>et</strong>s décoratifs : montres, miroirs, tabatières, flacons, p<strong>et</strong>ites<br />
cages, pommeaux de canne… <strong>et</strong> même des pistol<strong>et</strong>s qui, quand on appuyait sur la gâch<strong>et</strong>te,<br />
libéraient un p<strong>et</strong>it oiseau qui gazouillait !<br />
Pour établir leurs mécanismes d’oiseau chanteur, les Jaqu<strong>et</strong>-Droz <strong>et</strong> Leschot faisaient<br />
appel à un artisan indépendant, Jacob Frisard (1753 - 1810). Frisard collaborait étroitement<br />
avec Jean-Frédéric Leschot (1746 - 1824), qui assurait la direction de l’atelier. Les<br />
deux hommes, fiers de la qualité de leurs pièces, étaient tout à fait conscients de ce qui<br />
les différenciait des autres, comme le montre c<strong>et</strong> extrait de l<strong>et</strong>tre de Leschot à Frisard :<br />
« Il faut tâcher de tenir c<strong>et</strong>te branche aussi longtems à nous que nous le pourrons, il ne<br />
manque pas d’envieux ici, mais ils ne s’imaginent pas toutes les difficultés à vaincre,<br />
<strong>et</strong> sans cela ils ne pourront jamais faire que des saloperies avec la pratique de plusieurs<br />
flûtes comme ils les font. Laissons-les seulement toujours continuer ainsi, elles<br />
ne peuvent pas nuire à la vente des nôtres. » 1<br />
L’établissement d’une succursale à Londres vers 1775, laissée ensuite sous la direction<br />
d’Henri Maillard<strong>et</strong>, représentait un tournant important pour Jaqu<strong>et</strong>-Droz <strong>et</strong> Leschot.<br />
Londres était à l’époque un centre horloger important au prestige international. Le mot<br />
« Londres » inscrit sur un cadran de montre garantissait sa qualité dans l’esprit d’un<br />
ach<strong>et</strong>eur. La capitale britannique était le point de départ des bateaux approvisionnant<br />
le florissant marché oriental.<br />
31<br />
Carn<strong>et</strong> de bal Tabatière<br />
avec montre <strong>et</strong> automate,<br />
Anonyme<br />
Genève, vers 1810<br />
Photo Renaud Sterchi<br />
©MHL