GUIDE DE PESSAH Hanna LE BON

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L
'Une des prescriptions de Pessah, et des
plus importantes, est celle de faire le
récit de la sortie d'Égypte. La Haggada de
Pessah, commence par «Ce pain de
misère que nos pères avaient mangé en
Égypte». Cependant la coutume veut que l'on
proclame d'abord, «Bi-Bhilou Yatsanou, avec
précipitation nous sommes sortis d'Égypte». C'est
pour le moins surprenant de voir la libération
d'Égypte tantattendue se dérouler dans la hâte et la
précipitation!

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La nuit du 15 Nissane n'était-elle pas prévue depuis
la création pour être celle de la libération? En cette
nuit, à peine D'ieu avait-il infligé la dernière plaie, la
mort des premiers-nés, que Pharaon et les Égyptiens
firent violence au peuple d'Israël, en se hâtant de le
repousser hors d'Égypte ne lui donnant pas le temps
de se munir d'autres provisions que la pâte non
levée. Pourquoi donc avoir agi avec hâte?
Le Midrache exprime la notion de glissement moral
qui allait compromettre les chances d'Israël de sortir
d'Égypte. Nos maîtres affirmaient en effet que les
Hébreux avaient atteint 49 degrés de l'impureté; le
50ème degré franchi, jamais plus ils ne sortiraient
d'Égypte. Ainsi la hâte et la précipitation se
justifiaient-elles pour les empêcher de sombrer dans
l'assimilation totale, autrement dit leur éviter de
franchir le 50ème degré fatidique de l'impureté,
rendant ainsi possible la délivrance de nos ancêtres
d'Égypte.
L'autre réalité, c'est notre vécu. Celui-ci n'est pas
bien loin de rappeler l'exil d'Égypte La seule
différence réside dans l'absence d'asservissement
physique quoique certains pays privent encore nos
frères de toute liberté.
Qu'il se trouve dans un pays totalitaire ou dans une
démocratie, Israël a un destin particulier à vivre,
une mission à accomplir. Pour ce faire il faut vaincre
toutes les pesanteurs, toutes les contraintes

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intérieures ou extérieures. Pour en sortir, on sait
combien cette lutte devient de plus en plus âpre, la
solution réside dans la précipitation et la hâte. La
fuite en avant qui consiste en l'étude de la Tora et la
pratique des mitsvot est tout à fait recommandée
pour échapper à toute forme d'aliénation et pour
mieux viser la perfection morale. Un des textes de la
Haggada affirme : «Dans chaque génération, tout
homme devra se considérer comme étant sorti
d'Égypte». C'est dire combien chacun est tenu de
sortir de son exil personnel! Comme pour la sortie
d'Égypte, cela ne peut se réaliser qu'à la hâte.
L'attentisme est dans ce cas dangereux.
La libération réalisée au niveau de l'individu
préfigurera à coup sûr la libération totale du peuple
d'Israël. Celle-ci, parce que définitive, ne se fera
aucunement à la hâte. Contrairement à la sortie
d'Égypte, le prophète décrit une délivrance
ordonnée placée sous la protection divine.
«Car ce n'est pas avec hâte éperdue que vous vous
échapperez, dit Yéchâya (52-12) ce n'est pas dans
une fuite précipitée que vous partirez: mais
l'Ét'ernel sera votre avant-garde, votre arrièregarde
le D'ieu d'Israël.»
Rabbi David Sabbah
Grand Rabbin

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Pessah place tout juif face à deux impératifs :
le devoir de consommer la Matsa. Il faut
veiller à ne consommer que la Matsa Kashère
lé-Pessah et spécialement fabriquée pour la
fête, le sceau du Bèt Dìne et la date en font
foi.
la triple interdiction concernant le Hamèts :
celle de le consommer, celle d'en profiter
et celle de le posséder.

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Définition de Hamèts.
Il s'agit de tout produit, aliment solide ou liquide,
fait, en tout ou en partie, à base d'une des cinq
céréales : le blé, l'orge, l'épautre, l'avoine et le seigle.
Quelle que soit la quantité de la céréale, le mélange
est considéré Hamèts, interdit, par conséquent,
pendant Pessah, à la consommation, au profit et à la
possession.
Par ailleurs, en raison du Hamèts qu'ils ont absorbé
durant l'année au cours de leur usage, les ustensiles
seront également interdits pendant la période de
Pessah.
Toutes les règles appliquées à Pessah découlent de
cette définition.
Faire Disparaître le Hamèts.
Nettoyer scrupuleusement les maisons de
telle sorte qu'elles en soient débarrassées de
toutes particules de Hamèts, miettes ou
restes de nourriture.
Pour les vêtements, entreprendre un examen
attentif des poches, celles des enfants en
particulier, des sacs et des cartables.

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Changer les sacs des aspirateurs.
Inspecter les bureaux, les armoires, les
tiroirs, les locaux professionnels et les
véhicules.
Vente du Hamèts.
Pour ne point transgresser l'interdiction de
possession, le Hamèts restant et la vaisselle Hamèts
seront entreposés dans une chambre ou un placard
que l'on fermera à clé ou par des adhésifs et vendus
à un non-juif selon les modalités de la …

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Procuration de vente à remplir et adresser au
Grand Rabbinat.
Plats, vaisselle et ustensiles.
En principe, il convient d'avoir une vaisselle, des
couverts, des plats, des marmites, des casseroles et autres
récipients qui soient exclusivement réservés pour Pessah.
La règle essentielle à suivre est de faire
disparaître toute trace de Hamèts. Pour ce faire, le
mode de kachérisation répond exactement au mode
d'emploi. Il suffit donc d'utiliser le même procédé pour
débarrasser l'ustensile de son Hamèts. Ainsi, en cas de
besoin, les ustensiles, ayant servi tout au long de l'année,
peuvent être kachérisés, purifiés, en procédant à la
Hag'âla ou au Liboune.

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La Hag'âla.
Ce procédé consiste à utiliser l'eau bouillante, c'est-àdire
plonger l'ustensile à purifier dans de l'eau bouillante
contenue dans un ustensile repli jusqu'aux bords et
maintenu sur le feu, afin de le débarrasser des traces de
Hamèts dont il a été pénétré sous l'action de l'eau ou d'un
liquide bouillant. C'est le cas des casseroles, des
marmites, des plats de service en métal, couteaux,
fourchettes et cuillères etc...
Le Libboune.
L'ustensile qui n'a été imbibé par les sucs d'un aliment
Hamèts que sous l'action directe et immédiate du feu
ne peut en être débarrassé que rougi au feu. C'est le cas
des broches, des grilles, des moules à gâteaux etc...
Kachérisation de la cuisinière.
Il faut nettoyer, à l'aide de produits, toutes les différentes
parties. Pour le four, le laisser chauffer à la plus forte
température possible pendant une durée d'une ou deux
heures. Les grilles et les plaques métalliques seront
brûlées à même une torche. Le dessus sera traité au jet de
l'eau bouillante et les feux chauffés à la plus haute
température possible.

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Four à micro-ondes.
Après l'avoir soigneusement nettoyé, on y placera un
récipient propre, n'ayant pas servi pendant les dernières
24 heures, rempli d'eau que l'on fera bouillir afin qu'il se
forme à l'intérieur du micro-onde une vapeur abondante.
Puis, après avoir éteint le four, on en séchera l'intérieur.
Pour son utilisation à Pessah, il faudrait soigneusement
envelopper la nourriture pendant la cuisson.
Évier en inox ou en émail.
Après l'avoir soigneusement nettoyé, 24 heures avant sa
kachérisation, et veillé à ne point y déverser d'eau
chaude provenant d'un récipient Hamèts, on aspergera
toute la surface de l'évier y compris l'égouttoir d'eau
bouillie dans une casserole n'ayant pas été utilisée
pendant les dernières 24 heures. Si on utilise une
bouilloire électrique, il est recommandé d'en verser
directement le contenu sur l'évier. Après quoi, rincer à
l'eau froide.
Réfrigérateur, congélateur.
Après les avoir méticuleusement nettoyés, afin de les
débarrasser de toutes les miettes et de tous les restes de
nourriture, on les lavera simplement à l'eau froide.

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Éléments de cuisine, placards, tables et tiroirs.
Après les avoir méticuleusement nettoyés, afin de les
débarrasser de toutes les miettes et de tous les restes de
nourriture, on couvrira d'un papier aluminium les
surfaces qui sont toujours en contact des aliments.

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Lors des achats, il faut vérifier que les aliments et
les boissons sont, non seulement, Kashère mais
spécialement préparés sous contrôle rabbinique
pour Pessah.

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Fruits, légumes, viandes et poissons.
Tous les fruits frais, les légumes, de même
que les viandes et les poissons peuvent être
consommés à Pessah à condition de veiller
qu'ils n'entrent en contact avec des aliments
ou des récipients Hamèts.
Certaines communautés ne consomment pas
à Pessah du riz, du mais, des légumineuses :
pois chiches, petits pois, fèves et haricots
lorsqu'ils sont secs.
Les légumes congelés ou surgelés peuvent
être consommés à condition de les acheter et
de les tremper dans l'eau avant Pessah.

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Produits manufacturés.
Il existe sur le marché de nombreux produits
manufacturés Kachère
lé-Pessah.
Cependant, il ne faut utiliser que ceux qui ont été
préparés sous contrôle rabbinique sérieux
digne de confiance.
Les aliments ayant des
ingrédients à base de
céréales, fabriqués sans
contrôle rabbinique,
sont Hamèts et
strictement interdits à
Pessah.
Les pâtes, la bière, le whisky et la vodka sont
Hamèts.
Pour les nourrissons, vérifier les composants
des aliments et consulter une autorité
rabbinique.

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La Bédiqa,
Elle se fera le 13 Nissane à la tombée de la nuit.
Avant la Bédiqa, réciter la bénédiction d'usage
«Baroukh atta ...achèr quiddéchanou bé-
Mitsvotaw wé-tisiwanou âl bioûr hamèts.»
Aussitôt après la recherche du Hamèts, faire la
déclaration du bittoul, annulation du Hamèts :

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« Kal Hamira déikka birchouti dé la hazitèh
ou dé la biàrtèh libtil wé-lihwè kéàfra déarâ.
»
Il est recommandé de répéter trois fois cette
déclaration. À la troisième reprise, faire cette
déclaration dans sa traduction afin d'être bien
imprégné de toute sa signification :
Que tout pain levé et tout levain que je n'ai
point vu et que je n'ai point fait disparaître
soient nuls et considérés comme le sable de
la terre.
Les repas hamèts du soir après la bédiqa et du
lendemain matin demeurent en réserve.
Le 14 Nissane au matin, il faut brûler le Hamèts et
faire aussitôt la déclaration du bittoul :
« Kal Hamira déikka birchouti dé hazitèh ou
dé la hazitèh dé biàrtèh ou dé la biàrtèh libtil
wé-lihwè kéàfra dé-arâ. »

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Il est recommandé de répéter trois fois cette
déclaration. À la troisième reprise, faire cette
déclaration dans sa traduction afin d'être bien
imprégné de toute sa signification :
Que tout pain levé et tout levain que j'ai vu
ou n'ai point vu et que j'ai fait disparaître
ou n'ai point fait disparaître soient nuls et
considérés comme le sable de la terre.
Le jeûne des premiers nés
On peut en être dispensé en assistant à un siyoum
de l'étude d'un traité du Talmoud, en ce jour, à la
synagogue après la prière du matin, Shahrit.
Êrouv Tavshiline
Afin de pouvoir cuisiner pour le Shabbat, le
vendredi, jour de Yom Tov, il faudrait prévoir un
plat (morceau de poisson ou de viande cuit ou frit)
avec une matsa.

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 18
A
ussitôt de retour à la maison, après l'office du soir,
tous les membres de la famille se réunissent
autour de la Table du Sédèr.
KADÈCHE, Fais le Qiddouche
Chacun aura son verre devin.
Le chef de famille dira le Qiddouche à voix haute et les
assistants écouteront attentivement en répondant Amen
après chaque bénédiction.
Le Qiddouche se dit debout.Le verre de Qiddouche doit
être bu en entier, ou au moins la plus grande partie (44
grammes).

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N'oubliez pas de boire avec hèssèba
(accoudé du côté gauche).
OURHTAS, Et lave-toi
On se rince les mains en se
versant de l'eau avec un
récipient. Se rincer les mains au
robinet n'est pas suffisant. Aucune
bénédiction ne sera récitée.
KARPAS, céleri
On distribue une feuille de céleri (moins de Kazayit, 30
grammes) à chacun des assistants en la trempant dans
l'eau salée ou le vinaigre. Avant de manger, le chef de
famille dit la bénédiction correspondante péri
haadama, tout en prenant soin d'exempter le Maror
pris ultérieurement.
YAHATS, partager en deux
Des trois matsot qui se trouvent sur le plateau, vous
partagerez en deux celle du milieu. Le petit morceau
restera où il était, tandis que le plus grand sera gardé
entre les deux nappes, à l'usage de l'Afiqomane.
Dans certaines communautés, il est d'usage de mettre ce
grand morceau dans un mouchoir que l'on attache à un
bâton que porte un des assistants sur son épaule. Celui-ci
se place à l'entrée et on lui demande : "Eh, d'où viens-

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 20
tu?" Et il répond : "D'Égypte". Et de nouveau on lui
demande: "Et où vas-tu comme ca?", et il répond : "A
Jérusalem", et tous les assistants crient : "L'année
prochaine à Jérusalem reconstruite".
MAGUID : On raconte
Le chef de famille soulève le plateau, Qéâra, de sur la
table et l'on récite le premier paragraphe de la Hagada :
Ha Lahma Ânya. Après quoi, on remplit de nouveau
les verres de vin.
On retire complètement la Qéâra de la table pour éveiller
l'attention des assistants et les porter à poser des
questions sur l'étrange déroulement du Sédèr. On
entame la Hagada par son deuxième paragraphe Ma
Nichetana; ce n'est qu'après qu'on retournera à la
Qéâra pour laisser place à la lecture normale de la
Haggada.
Boire la deuxième coupe de vin accoudé, avec hèssèba, à
la fin de la lecture de la première partie de la Haggada.
ROHTSA, ablution desmains
On se rince les mains de la même manière que
mentionné au paragraphe"OURHATS", avec la seule
différence qu'ici la bénédiction " Âl nétilat yadayim"
sera récitée.
MOTSI-MATSA: bénédictions sur le pain azyme
et sur le précepte de la consommation

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On prend les 2 matsot et demie qui se trouvent dans la
Qéâra et l'on récite la "Bérakha du Motsi". On laisse
tomber la matsa inférieure et l'on récite la "Bérakha de
la Matsa". Il est de rigueur de manger avec hassèba la
quantité minimum de 2 kazyit (60 gr.) dans une durée ne
dépassant pas 4 à 6 minutes.
MAROR, légume amer (laitue en l'occurrence)
Ici aussi, il faudra que chacun des assistants mange la
quantité minimum de kazayit (30 gr.) de laitue. On
trempe la laitue légèrement dans le Harossèt et on
mange le tout en récitant auparavant la bénédiction
correspondante. Pas de hassèba pour le Maror.
KORÈKH, Enrouler la matsa dans des feuilles de
laitue
En utilisant la 3ème matsa qui est restée sur le plateau,
on l'enroule dans des feuilles de laitue. On trempe le tout
dans le Harossèt et l'on récite la partie correspondante
avant de le manger.
Le Koreh comprend un minimum de 30 grammes de
matsa et autant de laitue; ces mesures sont de rigueur,
Korèkh exige Hassèba
SHOUL'HANE ÔRÈKH, On dresse la table pour le
souper

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On retire la Qéâra de la table pour faire
place au repas de fête que chacun
honorera de son mieux.
TSAFOUNE, ce qui est caché (la
demi matsa qu'on avait mise
entre les nappes au début du
Sédèr).
On distribuera cette demi-matsa à tous
les assistants.
La hassèba et la quantité de 30 grammes
sont de rigueur.
On ne mange plus rien après Tsafoune pour garder le
goût de la matsa dans la bouche. Cependant, une tasse de
thé ou de café ou même fumer une cigarette reste permis,
surtout si c'est pour nous maintenir réveillé durant la
suite de la Haggada.
BARÈKH, action de grâce suivant le repas
On remplit la troisième coupe de vin et l'on récite la
Birkate Ha-mazone (action de grâce) sans oublier la
partie qu'on intercale pour Pessah, sinon il faudra
reprendre depuis le début.
En finissant, on dit la bénédiction sur le vin et on le boit
avec Hassèba.
On remplit de suite la quatrième et dernière coupe.

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HALLEL, louanges.
En tenant légèrement le verre de vin devant soi, on récite
les "Louanges" qui constituent la dernière partie de la
Haggada. Elles doivent être entonnées avec un surplus de
joie et avec un sentiment profond de remerciements à
Qui nous devons le miracle inouï de la continuité du
Peuple Juif à travers les temps. En finissant, on boit la
quatrième coupe de vin en s'accoudant sur le coté
gauche, après quoi on récite Âl ha-guéfène après la
consommation du vin.
NIRTSA,accepté.
Le Sédèr atteint sa fin. Le Tout-Puissant a accepté ton
oeuvre et ton effort qui ont fait de cette soirée un
moment inoubliable pour les assistants. Les habitudes
abondent sur les différents chants qui mettent fin à cette
nuit de Pessah.
Puisse être Sa Volonté que nous puissions le fêter très
prochainement à Jérusalem, réunis à toujours.

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 24
AMEN
P
essah, comme toute fête du calendrier juif,
s'articule autour de Mitsvot. Celles de Pessah,
de circonstance bien sûr, sont très
importantes et riches en enseignements. Il
est vrai que toute la vie juive gravite elle-même
autour de la sortie d'Égypte qui devient, de ce fait, le
point de référence à toute prescription divine.
Un ordre divin, une Mitswa, exige avant tout
l'obéissance c'est-à-dire la mise en pratique. Celle-ci
exige à son tour l'adhésion de la pensée. En
concentrant toute la pensée sur l'accomplissement

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 25
de la Mitswa, nous visons à l'expression parfaite de
l'obéissance. Certains, pour mieux canaliser la
pensée, iront jusqu'à la formulation orale. Joindre le
geste à la parole n'est pas, dans ce cas, un acte
mécanique, mais plutôt un acte réfléchi et
intentionnel.
Aussi n'est-il pas fortuit que le dire prenne à Pessah
une place prépondérante. Il est vrai que le Sédèr de
Pessah ordonnance des gestes, mais la parole règne
en maîtresse. Par un retournement de situation la
parole prend ici sa revanche. En effet, étant esclaves,
les Hébreux n'étaient-ils pas privés du droit à la
parole ? Pour les Égyptiens, le danger de voir un
jour les Hébreux réclamer leur liberté les avait
poussés à interdire toute forme d'expression de peur
que l'angoisse, face à leur condition d'esclaves ne
surgisse au grand jour.
Le Midrache trouve à juste titre cette interdiction
inhumaine et injuste. Pour se lamenter et se dégager
de cette contrainte, la mort du roi d'Égypte servit de
prétexte aux enfants d'Israël qui «gémirent du
sein de l'esclavage». Et le Midrache de dire que
les enfants d'Israël profitèrent de la mort du Roi
d'Égypte, non pas pour pleurer cette disparition
comme tout autre Égyptien, mais plutôt pour prier
D'ieu de mettre un terme à ce servage.

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 26
Parler d'une situation c'est en prendre conscience.
Parler c'est vouloir se libérer. Une fois libérés, il est
bien naturel que les enfants d'Israël compensent cet
interdit par l'usage de la parole pour exprimer des
louanges à D'ieu, faire le récit de la sortie d'Égypte.
La Mitswa de Wé-higadta, tu raconteras, est
caractéristique de la fête de Pessah. Certes, raconter
à ses enfants la sortie d'Égypte, la célébrer comme si
nous-mêmes étions concernés par cette libération,
ne peut se faire sans un cérémonial qui requiert des
principes de pédagogie.
En premier, il y a le symbole. Ha Lahma Ânia,
Voici le pain de misère. Au «Pain de misère»,
nos Sages préfèrent «Pain du récit», autrement
dit un pain que l'on accompagne par l'évocation de
notre présence en Égypte.
Le démonstratif choque, capte l'attention à telle
enseigne que l'enfant réagira en posant la question :
«Quelle différence ?». «Ma nichetana» est le
déclenchement du récit lui-même. La question est à
ce point important que, même en l'absence de
l'enfant, l'épouse devra la poser; en l'absence de
celle-ci, on se la posera quand même.
La réponse à la question met en évidence le principe
d'aller au-delà des possibilités du récit, de ne pas

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 27
craindre surtout de s'étendre et s'attarder sur tous
les détails d'esclavage en Égypte et sur les miracles
et prodiges divins réalisés pour notre délivrance.
Plus on parle de la sortie d'Égypte, plus on mérite
des louanges.
Notre comportement dans ce récit dépendra du type
d'interlocuteur que nous aurons. Face à l'enfant
sage, ne pas craindre d'entrer dans les finesses des
lois du sacrifice pascal. Face au méchant, il faut
réagir avec sarcasme et ironie. Au candide, il est
important de frapper son imagination par les
prouesses divines. L'enfant qui ne sait pas
interroger, trouvera en nous l'aide nécessaire pour
capter son imagination et éveiller sa curiosité.
Le récit se déroulera avec force détails : la parole
oscillant entre le mal et le bien, le pire et le meilleur.
Ainsi, n'est-il pas dégradant de rappeler que nous
étions esclaves en Égypte, que les parents de nos
ancêtres étaient idolâtres, dès lors que la note finale
célébrera notre délivrance qui débouche sur le don
de la Torah.
Rabbane Gamlièl affirmait : «Tout celui qui ne
prononce pas à Pessah ces trois termes
n'aura pas accompli son devoir, ce sont
Pessah Matsa et Maror». Rabbane Gamlièl

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 28
insiste donc sur le dire. Pessah rappelle la
Providence qui épargne les premiers nés d'Égypte.
La Matsa fait référence à la Torah qui exige des
vertus morales. Le Zohar appelle la Matsa «le
pain de la foi». Le Maror, «l'herbe amère»,
symbolise le principe de récompense et
châtiment.
En prononçant ces trois mots clé, nous nous
imprégnons en fait de trois crédos des plus
importants du Judaïsme.
Le dire est tellement important dans cette fête que
nos sages ne manquent pas de décomposer Pessah
en Pé-sah, «la bouche qui s'exprime».

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 29
LE CULTE DE LA PERSONNALITÉ
En lisant la Haggada de Pessah, ce qui frappe le plus
c'est bien l'absence de Mochè. Son ombre ne planet-elle
pas sur ce récit?
n dirait qu'il est encore plus présent par son
absence.
La raison? Elle nous paraît simple mais capitale. Le
Judaïsme ne saurait cautionner le culte de la
personnalité. Derrière Mochè se tenait D'ieu qui
présidait à tous les miracles retentissants de la sortie
d'Égypte. C'est donc à D'ieu seul, véritable
libérateur, que revient en définitive la gloire.
RACINES ET IDENTITÉ
Bien des personnes s'interrogent sur leurs racines, sont à
la recherche de leur identité perdue.
À ce propos, la sortie d'Égypte n'est pas sans nous livrer
un message d'actualité. Ainsi, si nos ancêtres ont pu être
délivrés de l'esclavage égyptien, c'est bien parce qu'ils
avaient tenu à ne point changer leur nom, leur langue,
leur façon de se vêtir, à ne point médire et surtout à ne
point contracter des mésalliances. Autrement dit, garder
et préserver son identité est bien le début de notre
rédemption.

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 30
LA KACHÉRISATION DES
USTENSILES
Il est évident qu'un aliment Hamèts n'est interdit que
durant la fête de Pessah. Et pourtant toute trace de
Hamèts devra disparaître d'un ustensile si nous voulons
l'utiliser à Pessah.
Le principe de la Hag'âla, purification, répond
exactement à celui de l'utilisation. Purification par le feu
pour les ustensiles ayant servi au feu même, ou par l'eau
bouillante pour ceux ayant avalé le Hamèts sous l'action
de l'eau ou d'un liquide bouillant. Comment comprendre
dès lors que nous assistions indifférents au ravage moral
que le Hamèts véritable, le Yétsèr Ha-râ, fait en nous.
La purification, la notre, suivra également les mêmes
règles. Faire disparaître le Yétsèr Ha-râ, retrouver nos
vertus et nos valeurs devra passer par le feu ardent de la
prière, de l'étude de la Tora et par notre enthousiasme
dans l'accomplissement des Mitsvot.

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 31
SÉDÈR OU ÉCHELLE DE VALEURS
L
a nuit du 15 Nissane, nuit de Pessah, est
appelée "nuit prédestinée par l'Ét'ernel ".
Prédestinée, en effet, parce que depuis la
Création, elle a été mise en réserve de
l'Histoire. Poursuivant les quatre rois qui avaient mené
captif son neveu Lote, Abraham les combattit
victorieusement la première moitié de la nuit du 15
Nissane. S'agissant de délivrer le peuple d'Israël
d'Égypte, l'Ét'ernel intervient dans la deuxième moitié du
15 Nissane. Lorsqu'il s'agira de notre délivrance future et
définitive, c'est encore à cette nuit que l'Ét' aura recours.
Nos Maîtres assurent avec force (Talmoud Babli, Roche
Ha-Chana): "A Nissane ils ont été délivrés, à
Nissane ils le seront également".
Pessah ne se contente pas seulement de célébrer notre
délivrance d'Égypte, il sera également le centre de gravité
autour duquel s'agence et s'organise notre vie religieuse.
Avec Pessah, s'accélère davantage la maturation du
peuple d'Israël qui, libéré de l'esclavage physique, évolue
vers la délivrance morale, établissant ainsi un Sédèr, un
ordre, qui visera surtout la sanctification de la vie.
Sans doute la nuit de Pessah est-elle appelée la nuit du
Sédèr en raison de l'ordre précis rythmant tous les
moments de cette célébration qui nous conduira
sûrement à l'objectif souhaité, la Qédoucha ou
Sainteté.

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 32
Ainsi, pour le Rav Alchèkh Ha-Kadoche, le Sédèr
constitue une véritable échelle de valeurs morales.
KADÉSH : "Sanctifie"
L'exigence de sainteté ne sera possible que si l'on
s'interdit même ce qui est permis. Se maintenir dans la
Sainteté ne va pas sans une Téchouva (repentir)
constante et une purification. C'est pourquoi le Kadésh
est suivi d'Ourhats...
OURHATS : "Lave-toi"
Fait référence au Rahatsou Hizakkou du Prophète
Isaïe : "Lavez-vous, purifiez-vous". La Téchouva à
elle seule est insuffisante. Elle devrait être accompagnée
de bienfaisance. Ainsi...
KARPAS : "céleri"
Ou par permutation Kaf - Rache nous enseigne qu'il
faut réduire ses propres dépenses (Kaf = cuillère,
mesure) pour combler les pauvres (Rache = pauvre).
Cela n'est pas en pure perte, car...
YAHATS : "Partage"
Le partage avec le pauvre fait que la moitié que tu lui as
allouée te permettra de garder l'autre moitié pour le
monde à venir. Cette étape franchie fait que...

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 33
MAGUID, ROHTSA : "Récite et lave".
Le récit de ton repentir s'érige en exemple pour les autres
et les incite au repentir à leur tour. Cependant, la
perfection n'est pas atteinte pour autant. Aussi...
MOTSI MATSA : "Rompre la matsa".
Dans le combat moral, fais triompher le Yétsèr Ha-tov,
le bon penchant que symbolise la Matsa, pain azyme, sur
le Yétser Ha-râ, le mauvais penchant que symbolise le
Maror, "les herbes amères", en raison de l'amertume et
les remords que laissent le Yétsèr Ha-râ après la faute.
Souvent, il peut arriver que...
KORÈKH : "Ensemble"
Yétsèr Ha-tov et Yétser Ha-râ sont nécessaires tous deux
pour une conduite morale parfaite. Cette conduite mène
finalement à...
CHOUL'HANE ÔRÈKH : "Table dressée"
La récompense symbolisée par le Shoul'hane Ôrèkh
"table dressée", et...

GRAND RABBINAT -- GUIDE DE PESSAH 5777 34
TSAFOUNE: "caché"
Car en gardant secrètes les bonnes actions, tu auras le
mérite d'avoir le bien réservé dans le Olam Habba...
BARÈKH HALLEL NIRTSA : "Bénédictions et
Louanges agréées"
Le privilège qui découle d'un tel comportement est de
rendre grâce à l'Ét'ernel pour tout instant de la vie que
l'homme utilise pour se parfaire et atteindre la
Kédousha.