Clap ! Magazine Final

Sommaire
Edito
Interview Ava DuVernay
Get Out, le racisme au coeur de l’horreur
#OscarsSoWhite
Portfolio
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10
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Pour cette édition du premier trimestre 2017,
c’est la diversité qui prime !
Faire avancer la diversité au cinéma, c’est sur cette note que Clap célèbre son 3ème anniversaire.
Alors que se tenait en Février, le Black History Month ou Mois de l’Histoire Noire, nous nous devions de
nous questionner à propos de la place des minorités au cinéma.
Le monde du septième art a longtemps été confronté aux problèmes de mixité et ce, encore
aujourd'hui. Le début de cette année 2017 a marqué les esprits suite à la récompense aux Oscars du
film Moonlight.
Il a suscité l’engouement ces derniers temps, le hashtag #OscarsSoWhite n’est rien d’autre qu’un
appel à l’aide.
Au fil des années, les acteurs afro-américains ont su construire leur identité à Hollywood.
Néanmoins, le manque d’acteurs noirs dans les grosses productions hollywoodiennes se fait encore
ressentir. Quant aux acteurs chinois, hispaniques ou encore indien ce sont les mêmes qui reviennent
sur nos écrans.
Côté France, il faudrait aussi davantage d’acteurs issus des minorités. Omar Sy est le premier acteur
noir à être récompensé au César en 2012, depuis la création de la cérémonie en 1976. Quant au
réalisateur, c’est le Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui recevra le César du « Meilleur film » et du
« Meilleur réalisateur » en 2015, pour son film Timbuktu.
Le cinéma français est encore loin d’être à l’image de la diversité et de la société actuelle. Les choix
des français, concernant notamment les personnalités préférées, sont quant à eux à l’image de la
société, mais beaucoup reste à faire.
Les visages “de couleur”, ceux qu’on appelle les POC, comprenez Persons of Color, manquent parfois
sur les écrans Français et Américains, et leur talent n’est pas encore récompensé. Il serait temps de
changer les pratiques qui ont longtemps forgé le monde du cinéma.
Qu’il s’agisse des acteurs ou des réalisateurs, sont-ils selon vous suffisamment mis en avant ?
C’est sans compter sur la volonté des jeunes réalisateurs et acteurs d’assurer la relève
cinématographique.
Clap ! 5
Janvier - Mars 2017

A l’occasion du Black
History Month et de
la cérémonie des
Oscars 2017, nous
avons choisi de nous
entretenir avec une
femme qui a
visiblement marqué
l’histoire du cinéma
afro-américain.
Réalisatrice de
renom, Ava DuVernay
a su séduire son
public aussi bien
Américain que
Français. En 9 ans de
carrière, elle devient
la première femme
afro-américaine à
avoir été nommée
dans la catégorie
Meilleur film, pour
son film Selma.
Bonjour Ava, en quelques mots, pourquoi avoir choisi d’être derrière la caméra ?
J’aime être derrière la caméra car je peux façonner le film comme je l’entend, et tout simplement parce que j’aime
manipuler la caméra et pouvoir assister à la création du film au fur et à mesure. Je voulais faire bien plus que
promouvoir une histoire. C’est en réalisant mon premier court métrage, Saturday Night Life, que j’ai su que ce métier
était fait pour moi.
Expliquez-nous votre ascension dans le monde cinématographique ?
Ascension ? (Rires.) Je suis juste une réalisatrice qui aime son métier, et je fais tout mon possible pour satisfaire le
public. Après, il y a des films qui ont rencontré un certain succès, et les gens ont pu découvrir la personne qui se
cache derrière ces réalisations.
Quelle est la personne qui vous inspire le plus ?
Il n’y a personne en particulier, mais il est vrai que j’apprécie énormément les travaux de Gordon Parks et Spike Lee.
Clap ! 6
Janvier - Mars 2017

Parmi tous les films que vous avez réalisé, quel
a été le plus complexe ?
Le plus complexe à réaliser est définitivement Selma
car il était plus long que les autres. C’est un film
historique, il y avait donc beaucoup plus de pression.
Selma est centré sur les combats du Dr Martin Luther
King en faveur des droits civiques des Afro-Américains,
ce qui fait sa complexité. C’est un sujet sensible et
difficile à traiter puisqu’il touche toute une période qui
a marquée l’histoire. Représenter cette figure
emblématique qu’est Martin Luther King n’a pas été
une mince affaire, au
contraire.
Beaucoup de réalisateurs se
sont intéressés au projet
Selma, je suis fière d’avoir
eu l’honneur de le réaliser.
Je ne remercierai jamais
assez tout le casting et
toutes les personnes qui
m’ont accompagné(es).
Parmi tous les films que
vous avez réalisé, quel a
été le plus complexe ?
Le plus complexe à réaliser est définitivement Selma
car il était plus long que les autres. C’est un film
historique, il y avait donc beaucoup plus de pression.
Selma est centré sur les combats du Dr Martin Luther
King en faveur des droits civiques des Afro-Américains,
ce qui fait sa complexité. C’est un sujet sensible et
difficile à traiter puisqu’il touche toute une période qui
a marquée l’histoire. Représenter cette figure
emblématique qu’est Martin Luther King n’a pas été
une mince affaire, au contraire.
Beaucoup de réalisateurs se sont intéressés au projet
Selma, je suis fière d’avoir eu l’honneur de le réaliser.
Je ne remercierai jamais assez tout le casting et
toutes les personnes qui m’ont accompagné(es).
Le manque de
diversité, ne se
fait pas
ressentir
qu’aux Oscars.
Si vous deviez choisir un personnage ou un
film ?
Question difficile ! Je dirais que le personnage d’Annie
Lee Cooper incarné par la talentueuse Oprah Winfrey
est celui pour lequel j’ai eu un énorme coup de coeur.
La prestation d’Oprah était époustouflante, j’en avais le
souffle coupé. Cette militante est malheureusement
peu reconnue aujourd'hui. On a oublié cette femme qui
a combattu la discrimination raciale. Elle a quand
même eu le courage de gifler un shérif du comté de
Dallas qui l’avait frappée et qui lui refusait l’accès au
tribunal pour aller s’inscrire
sur les listes électorales.
Quelle a été votre
réaction face à la
récompense attribuée à
Moonlight ?
J’ai d’abord été surprise par
cette maladresse, mais
c’est l’émotion qui a pris le
d e s s u s . E n f i n u n e
reconnaissance ! Pourvu qu’il
y en ai d’autres. Barry
Jenkins (ndlr. le réalisateur de Moonlight) peut être fier
de lui, il a fait du bon boulot. Moonlight à reçu l'Oscar
du meilleur film alors je pense que depuis 2015, un
changement s'est produit bien que le boycott des
Oscars 2015 ne soit pas la seule raison.
Pourquoi avez-vous choisi de produire le film A
Wrinkle In Time très différent de ce que vous
avez l’habitude de réaliser ?
J’ai décidé d’explorer de nouveaux horizons. A Wrinkle In
Time est vraiment particulier. Comme vous le dites, il
est très différent de ce que j’ai l’habitude de réaliser. Il
me tenait à cœur de faire partie de l’aventure Disney ;
ce n’est pas rien ! Il ne faut pas oublier que le film
est adapté des Aventuriers des mondes fantastiques,
Clap ! 7
Janvier - Mars 2017

un livre qui a marqué mon enfance. C’était une
expérience formidable, avec un casting génial mais je
n’en dirai pas plus... à vous d’en juger ! Je suis
d’ailleurs surprise que vous ne fassiez pas allusion au
budget (Rires).
Vous avez mis en scène en 2013, un épisode de
la série à succès de Shonda Rhimes, Scandal.
Pensez-vous réitérer cette expérience dans le
monde des séries télévisées ?
Pourquoi pas ? C’était une sacrée expérience, j’ai adoré
travailler avec l’équipe de Shonda. J’étais au début
tellement effrayée à l’idée de collaborer avec elle.
Shonda est pleine de talent, et j’avais peur de ne pas
être à la hauteur, mais je me dit “Eh Ava, c’est une
femme, comme toi”. C’est une femme déterminée,
elle sait ce qu’elle veut et c’est pour cela que ça a
fonctionné entre nous.
La diversité au cinéma est-elle difficile à
promouvoir selon vous ?
Je ne dirais pas difficile, mais plutôt sensible à aborder.
Depuis longtemps, les afro-américains se battent pour
obtenir une reconnaissance dans le monde de l’art. Et
le combat n’est pas encore terminé.
Aucun des acteurs de Selma n’a été nommé aux
Oscars 2015, je ne blâmerai évidemment personne. On a
encore beaucoup à faire ! Regardez, il a fallu attendre
jusqu’à l’année 2017 pour que soit enfin reconnu le
talent de mes réalisateurs confrères.
Le manque de diversité, ne se fait pas ressentir qu’aux
Oscars. Derrière la caméra, encore trop peu de
réalisateurs sont des femmes.
Votre histoire et votre enfance sont-elles une
inspiration pour vos films ?
Enfant, mon père a assisté aux marches de Selma, et
lorsqu’il me racontait le combat de ces hommes et
de ces femmes, j’avais envie de vivre les mêmes
combats. L’Alabama, c’est toute mon enfance, alors
lorsqu’on m’a proposé de réaliser Selma, je ne pouvais
qu’être ravie de faire découvrir au public, l’endroit où
mon père a grandi. Ma famille est mon plus grand
soutien. J'ai été entourée de femmes pendant toute
mon enfance. Ma mère, ma grand-mère et mes
tantes m’ont inculqué des valeurs qui m’ont guidées
dès mon plus jeune âge.
Vous considérez-vous comme une artiste
engagée ?
Le mot engagé est très fort … je dirai que oui si l’on
en croit ma carrière. Je voudrais que chacun puisse
s'identifier à travers mes histoires. L’égalité entre les
personnes est une cause qui m’est cher. On vit dans
un monde où il est difficile de se faire entendre,
chacun de nous est différent : noir rouge ou bleu, il
faut abattre les jugements et combattre l'ignorance.
Comment définiriez-vous votre dévouement face
aux sujets dits sensibles comme les violences
policières et la ségrégation ?
Ce sont des sujets qui nous concernent tous et il faut
en parler, car non seulement cela touche une partie
de la population mais c’est aussi une question
nationale qui est passée sous silence. Dans The 13th
j’ai voulu traiter, ou du moins essayer de traiter la
question des injustices raciales et des violations des
droits humains, toujours présentes au coeur de la
politique et de la société américaine.
Un projet à venir ?
Quelque chose en cours de production… vous aurez les
informations bientôt !
Clap ! 8
Janvier - Mars 2017

Get Out, le racisme au cœur de l’horreur
Aussi bien encensé par
le public que la critique,
le film d’horreur Get Out
est un véritable carton
aux Etats-Unis et
réussit à se placer à la
première place du boxoffice
américain.
Inédit dans les salles
françaises, film engagé
sur le thème du
racisme dans une
atmosphère horrifique.
Spécialisée dans la comédie américaine, Jordan Peele passe pour la première fois derrière
la caméra. Un "thriller social" d’après le réalisateur et scénariste, il a confié s'être inspiré
de La Nuit des morts-vivants de George A. Romero.
Produit par Blumhouse, (une société spécialisée dans les films d'horreur à petit budget),
le film pointe les angoisses du racisme qui agitent actuellement la société américaine.
Jouant sur l'absurde, Get Out s'intéresse aux relations Noirs-Blancs aux États-Unis, au
rapport à l'esclavage, et aux clichés se mêlant à une ambiance horrifique et totalement
déjantée. Il est rare de voir un film d’horreur sur le racisme, cela donne une nouvelle
vision au genre de l’horreur.Un film d’horreur qui parle du racisme, c’est inédit surtout dans
une société américaine encore plus divisée avec la présidence de Trump.
Clap ! 10
Janvier - Mars 2017

Il est Afro-américain, elle est blanche
Interprété par Daniel Kaluuya, Chris, un jeune
afro-américain passe son premier week-end
dans une banlieue blanche américaine chez la
famille de sa compagne Rose (Allison Williams)
où il fait la rencontre de ses beaux-parents. Il
se rend rapidement compte qu’il n’est pas le
bienvenu.
Ses beaux-parents sont manifestement très
portés sur l’esclavage moderne et l’hypnose. Les
seuls afro-américains qu’il rencontre dans cette
banlieue résidentielle ont un comportement
étrange voire même alarmant. Le protagoniste va
découvrir une série de phénomènes étranges et
de comportements terrifiants.
Get Out sortira en France le 3 mai prochain.
Daniel Kaluuya sera prochainement à l’affiche de l’adaptation du super héros noir Black Panther.
Clap ! 11
Janvier - Mars 2017

#OscarsSoWhite ?
Clap ! 12
Janvier - Mars 2017

Steve Jobs, Spotlight, Manchester by The Sea, La
La Land, jusque-là rien de plus anodin, on se dit
« Oui, elle parle de films qui ont été nommé et
même récompensés et alors ? ». C’est tout ce
que vous retenez ?
La polémique autour des Oscars, qui a donné
naissance au hashtag Oscars So White, a t-elle
fait bouger les choses ? Qu’elle ait changé la
donne ou non, aujourd’hui Moonlight a reçu
l’Oscar du “Meilleur film”, l’acteur Mahershala Ali
remporte l’Oscar du “Meilleur second rôle” et
Viola Davis celui du “Meilleur second rôle” pour
Fences. La couleur de peau ne leur a pas fait
gagner les Oscars. Et si le manque de mixité a
provoqué le boycott de Jada Pinkett Smith et
de son mari aux Oscars 2015, peut-on vraiment
parler de changement ?
Mais le manque d’acteurs afro-américains ne
se fait pas ressentir qu’aux nominations des
Oscars, si le monde de la musique est marqué
par le succès fulgurant des afro-américains, et
artistes de diverses origines, la différence entre
les couleurs persiste encore aujourd'hui.
Lorsque Mahershala Ali remporte son Oscar, la
presse n’a pas tardé à inscrire dans ses titres :
“le premier musulman à avoir remporté l'Oscar
du meilleur acteur dans un second rôle”.
Quant aux Césars, ils ne dérogent pas à la règle
de la diversité, on pourrait même croire que
Omar Sy est le seul acteur noir français
reconnu.
Après Spider-Man et les autres Marvel, les
téléspectateurs pourront faire la découverte ou
non du premier film dédié à un super-héros
noir : Black Panther. Il ne reste plus qu’à
attendre un super-héros Chinois ou Indien qui
sortent des clichés.
L’adaptation au cinéma du manga japonais
Ghost In The Shell a d’ailleurs suscité la
polémique lorsque le réalisateur révèle le nom
de l'héroïne : Scarlett Johansson, c’est l’Occident
au détriment de l’Orient. La polémique a soulevé
la question souvent oubliée du whitewashing,
pratique qui consiste à représenter une
personne de couleur par une personne blanche.
Il serait grand temps de faire du cinéma, un
cinéma où toute personne pourrait s'identifier.
Les séries télévisées, quant à elle, ont réussi à
entretenir une diversité de culture en matière
d’acteurs. Mais alors, qu’en est-il des femmes
dans le cinéma ? On les cherche encore, mis à
part les actrices, ce sont les réalisatrices qui
se font discrètes.
Ces protestations et boycotts ne sont pas que
le fruit de l’imagination débordante des afroaméricains
pour faire parler d’eux, ils sont aussi
un appel à l’échelle internationale pour remédier
aux inégalités.
Mais pourquoi vouloir changer les choses ? Des
acteurs noirs, il y en a bien suffisamment dans
les séries : Empire, Black-ish, Ma famille d’abord,
The Cosby Show, Le Prince de Bel-Air…. Pourquoi
encore vouloir les récompenser ? Ils nous
“divertissent”, c’est déjà suffisant non ?
Clap ! 13
Janvier - Mars 2017

Portfolio
Petit tour des acteurs et actrices présents à la 89e cérémonie des Oscars qui a eu lieu le 26 février 2017
Taraji P. Henson
Nommé pour le film Lion, Dev Patel avec sa mère
Barry Jenkins, réalisateur de Moonlight
Oscar du meilleur film
Clap ! 14
Janvier - Mars 2017

Mahershala Ali, Emma Stone,
Viola Davis et Casey Affleck
Meilleur acteur dans un
second rôle, Meilleure
actrice, Meilleure actrice
dans un second rôle et
Meilleur acteur
Star du film Lion :
Sunny Pawar
Le cast de Moonlight :
Trevante Rhodes, Alex R.
Hibbert et Ashton Sanders
Priyanka Chopra
Clap ! 15
Janvier - Mars 2017