You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
ELLE culture<br />
15 septembRe <strong>2017</strong><br />
1<br />
Expo<br />
« le Fabuleux destin<br />
d’Amélie Poulain ».<br />
Le fabuLeux destin de<br />
caro et Jeunet<br />
c’est L’ÉvÉnement bicÉphaLe de La RentRÉe ! La haLLe saint-pieRRe expose<br />
Le duo cuLte de cinÉastes caRo/jeunet. gÉnÉRique. par mAnou FArine<br />
rÉAliSATion. L’un fait ses armes côté BD, versant « Metal Hurlant ». L’autre, côté cinéma<br />
d’animation, versant vidéo clips. Marc Caro le virtuose du crayon, Jean-Pierre Jeunet le<br />
fétichiste de l’image. 1974 : ces deux-là se rencontrent sur fond de mélancolie foraine et goût<br />
des irréguliers. Bilan : trois courts-métrages et deux ovnis qui secouent les années 1990,<br />
« Delicatessen » et « La Cité des enfants perdus ».<br />
dÉcor. Du clip « Tombé pour la France » (1986), signé Jeunet, à « Dante 01 » (2008), le huis<br />
clos spatial de Caro, la maison fait dans l’efficacité visuelle et le bricolage low-fi. Le duo a le<br />
goût de la forme et des gueules, le tout infusé au XIX e siècle de Méliès + touche noir punk +<br />
futurisme sépia, formule à la base du fabuleux succès d’« Amélie Poulain ».<br />
AcceSSoireS. En solo ou à deux, ici on vénère l’objet et on soigne l’ustensile bizarre. Au gré<br />
de la balade ? Un Alien XXL, Irvin le cerveau parlant de « La Cité des enfants perdus », des<br />
fétiches biomécaniques, des story-boards, folies graphiques, costumes et Photomaton cultes.<br />
Bienvenue au pays de Rufus, Pinon, Tautou et tutti quanti. Le pays du Geppetto à deux têtes.<br />
« cAro/jeuneT », jusqu’au 31 juillet 2018, Halle Saint-Pierre, Paris-18 e .<br />
3<br />
2<br />
1. affiche peinte par caro<br />
pour « delicatessen ».<br />
2. optacon des cyclopes<br />
pour « La cité des enfants<br />
perdus ». 3. planche de<br />
caro pour « 110 en dessous<br />
de zéro », projet de film.<br />
Adi Boutrous<br />
et Hillel<br />
Kogan.<br />
DanSE<br />
valse avec Hillel<br />
RepRogRammÉ, « We Love aRabs », succÈs du FestivaL<br />
oFF d’avignon 2016, est un spectacLe RÉjouissant<br />
et immanquabLe paRce qu’iL est… par AnnA noBili<br />
… Gonflé. « We Love Arabs » : le titre, déjà, se détachait du flot de spectacles<br />
présentés en Avignon à l’été 2016. Politiquement correct ? Non, carrément<br />
audacieux ! Hillel Kogan, danseur, figure de la Batsheva Dance Company<br />
de Tel-Aviv, est l’auteur, le chorégraphe et l’interprète de ce duo mené tambour<br />
battant. En une petite heure, il dynamite à la fois les discours bienpensants<br />
sur la coexistence entre communautés (juifs-et-Arabes-main-dansla-main-oui-c’est-possible<br />
!) et les grands clichés sur l’acte de création.<br />
… drôle. Un danseur arabe (Adi Boutrous, formidable) se met au service d’un<br />
chorégraphe israélien (Kogan himself) qui doit inventer un spectacle porteur<br />
d’un message de paix. Il faut le voir se tartiner le visage de houmous dans une<br />
quête de « partage de la même identité » ! On salue la folie douce et l’autodérision<br />
de Kogan.<br />
… Brillant. La réalité est violente, douloureuse ? Alors on rit. Parfois les mots<br />
ne suffisent pas ? Alors on danse. Cocktail savamment dosé de texte et de<br />
mouvement, de saillies mordantes et de réflexion profonde, ce two-menshow<br />
est un tour de force. n<br />
« We loVe ArABS », jusqu’au 8 octobre, Théâtre du rond-Point, Paris-8 e .<br />
made in caro & danieL adric, coLL. jean-pierre jeunet ; made in caro, coLL. dominique<br />
pinon ; made in caro, coLL. marc caro ; prod ; gadi dagon.<br />
78<br />
ELLE.FR