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Stratégies

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SOMMAIRE<br />

REPLAY<br />

L’ACTU VUE PAR… Anne Durupty (Arte) P.4<br />

L’ÉVÉNEMENT<br />

NICOLAS DE TAVERNOST ET DAVID LARRAMENDY :<br />

« M6 VEND DE LA CRÉDIBILITÉ » P.6<br />

BUSINESS<br />

LE CLUB MED INVENTE<br />

LA CONSIDÉRATION CLIENT P.10<br />

VIE DES BUDGETS. La Fourmi relance la F1 en France P.12<br />

HOW TO. Réussir sa retrée P.14<br />

ENSEIGNES. Les agences « cousu main » P.18<br />

AUDIOVISUEL. France Télévisions se voit<br />

en « énorme plateforme » P.20<br />

RADIO. Des figures d’Inter à Europe 1 P.22<br />

MAGAZINE. Les Inrocks font leur festival P.23<br />

TECHNOLOGIES. Erik-Marie Bion : « Oath regroupe<br />

50 marques médias et technologiques » P.24<br />

VIDÉO. Look, un œil partout P.25<br />

DOSSIER<br />

ENFANTS 4-12 ANS P.26<br />

INSPIRATIONS<br />

JEAN-LAURENT CASSELY :<br />

« LES NÉO-ARTISANS ADORENT FAIRE<br />

DU STORYTELLING » P.36<br />

CRÉATIONS. Ça plane pour la marinière P.40<br />

CARTE BLANCHE. Faustin Claverie :<br />

« Avoir une famille développe l’imagination » P.42<br />

INTERNATIONAL. Cerebos, la reine des neiges P.43<br />

MANAGEMENT<br />

MON AGENCE QUATRE ANS APRÈS P.44<br />

MOUVEMENTS. Nominations et promotions P.45<br />

PORTRAIT<br />

LAURENT GUIMIER, le funambule P.47<br />

OPINIONS<br />

BRAND CONTENT Le Native Ad, copain de la pub<br />

ou boulet du journalisme ? par Raïd Zaraket P.48<br />

MOBILIS IN MOBILE. Vacances mouvementées,<br />

par Stéphane Distinguin P.48<br />

LE BILLET DE… Gilles Wybo P.50<br />

© Thomas Gogny<br />

Rentrée<br />

bouillonnante<br />

Fin de la digital detox. Il est l’heure de plonger<br />

dans le grand bain ! Celui, bouillonnant, de cette<br />

rentrée passionnante.<br />

Dans le Landerneau audiovisuel, les<br />

transferts inattendus sont à la hauteur des enjeux d’audience et de<br />

repositionnement. À l’instar d’Europe 1 qui joue gros avec sa nouvelle grille.<br />

Objectif : reconquête ! Après un million d’auditeurs perdus en 18 mois (soit<br />

deux points d’audience), la stratégie de Frédéric Schlesinger, nouveau<br />

vice-PDG de la station, est plus qu’offensive. Outre des recrutements<br />

de première classe, l’ex-numéro 2 de Radio France n’a d’autre choix que<br />

de partir à la chasse aux auditeurs. Avec pour objectif d’atteindre 9 points<br />

d’audience dans les 3 ans. Pour ce faire, l’homme de radio s’attaque<br />

au point faible d’Europe 1 : ses tunnels publicitaires. « La sensation<br />

de publicité sera moindre. Quand on comparera le volume de publicité sur<br />

RTL, RMC et Europe 1, on sera dans les mêmes normes », promet Frédéric<br />

Schlesinger. Une annonce qui semble plutôt bien accueillie par les<br />

annonceurs.<br />

Côté télé aussi, les stratégies s’affinent et s’affrontent. La publicité<br />

segmentée et le ciblage émotionnel investissent les grandes régies<br />

des médias, M6 en tête comme l’explique, dans ce numéro de rentrée,<br />

Nicolas de Tavernost et David Larramendy, les deux hommes forts du<br />

rapprochement avec RTL. Plus que jamais, la cible TF1 est en ligne de mire.<br />

Et pour vous aider à reprendre le chemin de l’école, ce numéro accueille<br />

un dossier spécial « Enfants » consacré à la génération Alpha. Attention,<br />

les 4-12 ans sont en rupture complète avec les générations précédentes.<br />

10<br />

40<br />

MARIE-JULIETTE LEVIN, rédactrice en chef<br />

@m_jlevin<br />

26<br />

36<br />

STRATÉGIES N° 1914 3<br />

31/08/2017


eplay<br />

© éric garault<br />

L’actu vue par Anne Durupty<br />

directrice générale d’Arte France<br />

et vice-présidente d’Arte GEIE<br />

« la question de<br />

la dépendance »<br />

Arte ambitionne de diffuser ses programmes<br />

sur Internet dans toute l’Europe.<br />

Le numérique est une opportunité formidable.<br />

Il nous permet de nous libérer<br />

des frontières. À travers Arte + 7, les<br />

deux tiers des programmes sont d’ores<br />

et déjà disponibles à l’échelle du continent.<br />

Cette proportion croît au fil des<br />

droits. L’autre étape est de franchir la<br />

barrière linguistique née de la diversité<br />

de l’Union. On ne pense pas que proposer<br />

des fictions en anglais à tout le<br />

continent est une façon de développer la<br />

culture européenne. Il faut respecter les<br />

langues et les cultures. Nos programmes<br />

sont européens à 85 %. Depuis fin 2016,<br />

on a une offre qui bénéficie d’un soutien<br />

financier de l’UE avec, outre le français<br />

et l’allemand, des sous-titres en espagnol,<br />

polonais et, dès 2018, italien.<br />

Canal + démarre une nouvelle grille sans Le Petit<br />

Journal.<br />

Le big bang a plutôt eu lieu l’an dernier.<br />

La substantifique moelle du Petit Journal<br />

a été emmenée par Yann Barthès<br />

sur TMC avec un succès remarquable.<br />

Arte est très en dehors du mercato et<br />

nous nous positionnons très peu par<br />

rapport à la concurrence : nous avons<br />

une ligne éditoriale très spécifique et<br />

notre programmation est pensée pour<br />

un public français et allemand.<br />

© Sundance Channel Home entertainment<br />

Walmart s’allie avec Google pour concurrencer<br />

Amazon.<br />

Le développement de ces gros distributeurs<br />

qui échappent aux régulations<br />

européennes, notamment sur le plan<br />

fiscal, est un enjeu majeur. Cela pose<br />

la question de la dépendance pour accéder<br />

à nos publics. Nous cherchons,<br />

de notre côté, à rassembler des partenaires<br />

européens pour être plus pertinents<br />

face à des acteurs de cette taillelà.<br />

Cette dépendance se double d’une<br />

autre, vis-à-vis des opérateurs télécoms,<br />

qui rassemblent en France plus<br />

de la moitié de la réception de la télévision.<br />

La réglementation peut avoir prise<br />

sur eux : l’obligation du must carry est,<br />

pour l’heure, limitée à la télévision linéaire<br />

et ne prend pas en compte les<br />

offres de rattrapage.<br />

La fuite sur le web de l’avant-dernier épisode<br />

de la saison 7 de Game of Thrones.<br />

Cela souligne la valeur considérable de<br />

ces biens immatériels. C’est difficile de<br />

les protéger. On devrait intensifier les<br />

systèmes de lutte contre la piraterie,<br />

qu’il s’agisse de crime organisé quand<br />

des œuvres sont prises en otage avec<br />

demande de rançon, ou qu’il s’agisse<br />

de consommation individuelle illicite.<br />

Il y a aussi les attaques informatiques,<br />

comme celles qu’avait subies TV5. Dans<br />

le budget 2017 d’Arte, plusieurs centaines<br />

de milliers d’euros sont consacrées<br />

au renforcement des mesures de<br />

sécurité informatique.<br />

Apple investira 1 milliard de dollars pour produire<br />

ses propres séries, selon le Wall Street Journal.<br />

Cela me paraît plutôt une bonne chose<br />

qu’il y ait un concurrent à Netflix. Le<br />

chiffre donne le vertige… Nous, c’est<br />

35 millions d’euros pour la fiction, et on<br />

parle de nos œuvres au niveau mondial.<br />

Top of Lake [photo] de Jane Campion est<br />

un exemple idéal de création qui parviendra<br />

à émerger dans cet océan d’offres.<br />

Mais il faut discuter avec ces géants que<br />

StratégieS N° 1914 4<br />

31/08/2017


© Visual Press agency<br />

Et aussi sur stratégies.fr<br />

NaissaNce d’altice studio. Alain Weill,<br />

directeur général d’Altice Media, a présenté mardi<br />

la nouvelle chaîne du groupe, promue comme<br />

une offre alternative face à Canal + et OCS.<br />

Elle disposera d’un « budget conséquent »<br />

de 160 millions d’euros et investira 40 millions<br />

par an dans ses propres contenus, dont la moitié<br />

dans des films et séries francophones. L’offre<br />

sur le cinéma et les séries d’Altice fait l’objet d’un<br />

forfait avec SFR Play.<br />

sont Netflix ou Amazon pour que ces circuits<br />

financiers puissent aussi bénéficier<br />

aux coproductions européennes.<br />

le ministère de l’Éducation nationale a transmis<br />

une directive disant qu’il n’y avait pas de<br />

réserve sur l’utilisation de services de géants<br />

du numérique.<br />

Il y a un véritable danger chez les jeunes<br />

du fait de ne pas suffisamment se protéger<br />

de l’usage qui peut être fait de<br />

leurs données personnelles. Mais il y<br />

a un principe de réalité : on peut utiliser<br />

Google à l’école. De toute façon,<br />

c’est le cas. Ce qui n’empêche pas de se<br />

protéger. Quand on vient sur nos sites,<br />

ce n’est pas la peine de s’inscrire. Il y<br />

a une éthique très forte. On ne collecte<br />

pas de données à l’insu des gens et on<br />

ne fait pas commerce de ces données.<br />

Alain Le Diberder, notre directeur des<br />

programmes, parle de « numérique<br />

bio ». Les ambitions de diversité d’Arte<br />

sont très contradictoires avec des algorithmes<br />

de recommandation, basées<br />

sur la répétition des actes, et qui font<br />

que le succès va au succès.<br />

Après roselyne Bachelot sur lcI, raffarin sur<br />

France 2, Gantzer ou Filippetti sur rTl…<br />

Ce sont des gens talentueux qui ont une<br />

bonne notoriété. On peut comprendre,<br />

de la part des médias, la volonté de s’adjoindre<br />

ces « produits d’appel ». Mais<br />

c’est un non-sujet pour Arte.<br />

Propos recueillis par amaury de rocHeGonde<br />

© Walmart<br />

© Havas<br />

Walmart<br />

et GooGle<br />

unis face<br />

à amazon.<br />

Le numéro<br />

un mondial<br />

de la distribution a décidé de s’associer au<br />

géant d’internet pour vendre ses produits<br />

en ligne. Cette alliance vient concurrencer<br />

Amazon sur ses terres. Walmart promet «la plus<br />

grande offre de distribution disponible sur<br />

la plateforme » et va intégrer Google Express<br />

qui permet de commander des produits dans<br />

diverses enseignes (Costco, Walgreen’s...).<br />

Havas afficHe des résultats en demi-teinte.<br />

Le groupe Havas a publié des résultats en deçà<br />

de ses prévisions, dus « au ralentissement qui<br />

a affecté l’ensemble<br />

de l’industrie », selon<br />

un communiqué. Le<br />

groupe a publié un<br />

revenu en hausse de<br />

1,9 % au 1 er semestre<br />

2017, à 1108 millions<br />

d’euros alors que la<br />

croissance organique<br />

ressort à -0,4%. La<br />

marge opérationnelle<br />

courante s’établit à<br />

10 % (13,5% à périmètre<br />

égal en 2016).<br />

530 000<br />

C’est le chiffre de ventes du<br />

magazine Elle sorti le 18 août,<br />

avec une interview exclusive<br />

de la première dame, Brigitte<br />

Macron, en couverture.<br />

les Gafa bieNtôt taxés ? La France et l’Allemagne feront<br />

mi-septembre une nouvelle proposition à l’Union européenne<br />

de taxation des géants du net, pour qu’ils apportent une « juste<br />

contribution » aux finances publiques des pays où ils tirent des<br />

revenus, a annoncé<br />

dimanche 27 août le<br />

ministre des Finances<br />

Bruno Le Maire.<br />

NomiNatioN<br />

AlexAndre<br />

MAlsch<br />

global digital<br />

brand manager<br />

pour les marques<br />

Quiksilver et Roxy<br />

l’ex-président fondateur de<br />

meltygroup, alexandre malsch,<br />

32 ans, a rejoint mi-août ses<br />

nouvelles équipes en tant que<br />

global digital brand manager pour<br />

les marques Quiksilver et roxy.<br />

31/08/2017 5<br />

StratégieS N° 1914


L'événement<br />

Entretien<br />

« M6 VeNd<br />

de LA CRédibiLiTé »<br />

Télévision Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, et David Larramendy, directeur général de M6<br />

Publicité, dévoilent leurs grands chantiers de la rentrée : rapprochement avec RTL, publicité segmentée, ciblage émotionnel<br />

et bien sûr nouveaux programmes. Objectif : combler le différentiel par rapport à TF1 en termes d'investissements publicitaires.<br />

Marie-JulieTTe levin eT aMaury de rochegonde<br />

@m_jlevin @derochegonde<br />

Le rapprochement des groupes RTL et M6 a-t-il été validé par le CSA ?<br />

N. de T. Oui, fin juillet. Après la télévision et le digital, la radio<br />

devient le troisième pilier de M6 pour constituer un groupe<br />

multimédia. C’est un projet de longue haleine qui devrait<br />

aboutir dans les prochaines semaines. Le pôle radio, avec<br />

RTL, RTL2 et Fun, nous apporte sa notoriété et sa couverture<br />

avec un gain de 6 millions de Français. Ainsi, 56 % des<br />

Français seront exposés chaque jour à un média du groupe<br />

M6 et 96 % chaque mois. Toutes les équipes seront physiquement<br />

réunies à la fin de l’année, avec une régie unique,<br />

mais des forces commerciales dédiées. Elles vont s’intégrer<br />

dans le groupe M6 en respectant la personnalisation des antennes.<br />

Ainsi, nous disposerons d’une plate-forme unique<br />

en France permettant de toucher les publics en prime time<br />

sur les matinales et en access ou prime en soirée.<br />

Une plate-forme de données commune est-elle à l’ordre du jour ? Comment<br />

cela fera-t-il évoluer votre offre de ciblage déterminée par la<br />

data ?<br />

d. L. Le projet data est en construction dans la maison depuis<br />

2015. De fait, le groupe est très en avance sur le sujet<br />

à travers deux volets : l’aide à la programmation et à l’audience<br />

et l’aide à la connaissance de nos utilisateurs. Côté<br />

publicitaire, avec notre offre data baptisée Smart 6-TEM,<br />

nous avons 18 mois d’avance sur la concurrence en termes<br />

de collecte de data et de commercialisation. À ce jour, nous<br />

avons vendu plus de 500 campagnes data qui utilisent les<br />

données de nos 18 millions d’inscrits sur 6Play. Nous lançons<br />

également des opérations de CRM onboarding et de<br />

social targeting, ce qui donne un degré de finesse très important<br />

dans le ciblage, comme dernièrement, pour toucher<br />

des fans de bio…<br />

Vous avez lancé en avril le studio Golden Network afin de vous adresser<br />

aux Millennials. Le groupe a-t-il des difficultés à toucher cette cible ?<br />

N. de T. Non, l’évolution de la télévision auprès des jeunes<br />

nous a poussés à créer des formats et des plates-formes dédiées<br />

à cette cible. C’est pourquoi nous avons lancé, à travers<br />

Golden Moustache, de la production digitale. Cela nous<br />

permet de nouer des partenariats avec des opérateurs télécom<br />

mais aussi d’innerver des talents. Par ailleurs, au<br />

« Nous entamons<br />

des discussions<br />

complexes avec<br />

les opérateurs<br />

de télécom. »<br />

sein de la régie, nous proposons des offres<br />

pour permettre de la publicité adressée<br />

et concurrencer ainsi les grandes platesformes.<br />

Mais n’oublions pas que les 15-<br />

34 ans regardent la télévision 2 heures 10<br />

chaque jour et principalement sur écran TV.<br />

D’ailleurs, la majorité de la consommation<br />

replay se fait sur téléviseur. C’est pourquoi<br />

nous proposons un service très valorisant<br />

aux opérateurs, incluant les programmes<br />

live. Si les opérateurs souhaitent conserver<br />

ce public, il faut que nous soyons en mesure<br />

de développer des programmes et donc que<br />

ceux-ci soient correctement rémunérés.<br />

TF1 a pris une décision radicale cet été, consistant<br />

à retirer le replay de son offre. etes-vous prêts à en<br />

faire autant ?<br />

N. de T. L’essentiel de nos contrats de distribution<br />

de nos chaînes et services arrivent<br />

à échéance fin 2017. Nous devrons, d’icilà,<br />

trouver des accords. Nous avons entamé<br />

des discussions complexes. Nous considérons<br />

qu’à partir du moment où il y a un<br />

paiement global du consommateur pour un<br />

ensemble de services, dont les nôtres, il est<br />

normal que nous soyons rémunérés pour<br />

ces services. C’est notre intérêt commun,<br />

d’autant que de nouveaux services arrivent.<br />

Quand on voit les sommes que les opérateurs<br />

sont prêts à mettre dans le sport et<br />

dans les contenus, nous sommes confiants<br />

sur la possibilité de trouver un accord satisfaisant.<br />

N’oublions pas que c’est bien sur les<br />

chaînes historiques que les téléspectateurs<br />

passent le plus clair de leur temps.<br />

Sentez-vous un redémarrage de l’activité économique<br />

du pays dans vos plannings de réservation ?<br />

d.L. Nous avons enregistré une croissance<br />

de 4,2 % sur le 1 er semestre et nous<br />

StratégieS N° 1914 6<br />

31/08/2017


© Damien grenon pour <strong>Stratégies</strong><br />

gagnons des parts de marché [PDM], alors que le marché<br />

est en baisse de 0,8 % au 1 er trimestre et en baisse de<br />

0,5 % probablement au 1 er semestre. La reprise économique<br />

ne se traduit pas aujourd’hui par une grosse augmentation<br />

des volumes. En revanche, le groupe M6 enregistre<br />

son 9 e trimestre consécutif de surperformance.<br />

Cela étant dit, si l’on compare les parts de marché publicitaire<br />

et les parts d’audience sur les cibles commerciales,<br />

nous avons une réelle marge de progression en<br />

termes de rééquilibrage. M6 réalise environ 70 % de<br />

l’audience commerciale de TF1 (contre 50 % il y a dix<br />

ans) et en PDM pub, nous sommes à 55 %. Cela signifie<br />

qu’il y a encore un fort décalage entre l’argent que les<br />

annonceurs mettent dans les écrans de TF1, et la répartition<br />

juste des audiences entre les différentes chaînes.<br />

Notre mission est de convaincre les annonceurs afin que<br />

chaque euro dépensé se répartisse de manière identique<br />

aux audiences.<br />

david LarrameNdy eT<br />

NicoLas de TaverNosT misent<br />

sur de la publicité segmentée :<br />

un vrai relais de croissance pour<br />

la régie.<br />

chacun pour éviter toute confusion, comme<br />

on le voit sur Internet où l’on ne sait plus<br />

si on est dans les programmes, ou dans le<br />

cadre d’une opération publicitaire. D’où un<br />

mouvement de défiance des grands annonceurs<br />

vis-à-vis du programmatique sur le<br />

web. Il faut faire attention avec le brand<br />

content. On en voit les limites. Notre public<br />

doit savoir où il en est et nos clients<br />

veulent connaitre le contexte dans lequel<br />

ils annoncent. Nous vendons de la crédibilité,<br />

une audience qualifiée et un contexte<br />

positif. Nous sommes attachés à ce patrimoine.<br />

Et très attentifs à l’image du média<br />

car c’est l’audience de demain. La crédibilité<br />

et la puissance sont les deux atouts<br />

de la télévision pour faire face aux platesformes<br />

du web.<br />

Êtes-vous favorable à l’hybridation entre régie et programmes ?<br />

N. de T. Cela fait trente ans que nous avons un service<br />

d’étude commun entre les programmes et la régie. Le<br />

groupe est très moderne de ce point de vue. Mais nous<br />

sommes favorables au maintien des responsabilités de<br />

Un animateur qui fait de la publicité, ça reste possible<br />

?<br />

N. de T. Bien sûr. Mais on est très attentif.<br />

Mac Lesggy fait Oral-B car il est dans son<br />

31/08/2017 7<br />

StratégieS N° 1914


l'événement / Entretien<br />

rôle : il s’agit d’une mesure scientifique. Tel ou tel animateur<br />

peut défendre tel ou tel produit, mais dans un élément<br />

de contexte, c’est-à-dire ce pour quoi il a une valeur ajoutée.<br />

Et il n’y a pas de journalistes ! Nous avons la chance d’avoir<br />

des spécialistes de la cuisine, l’immobilier, la santé et nous<br />

allons continuer.<br />

D.L. Nous imposons que ce soit nous qui tournions les spots.<br />

On ne veut pas le moindre décalage entre le film publicitaire et<br />

l’image de marque que l’on crée au quotidien avec l’animateur.<br />

Quels sont les futurs leviers de diversification de la régie ?<br />

D.L. L’enjeu principal est la publicité segmentée à la TV.<br />

C’est un formidable relais de croissance. La télévision va<br />

continuer à être vendue majoritairement de façon classique,<br />

car les annonceurs sont à la recherche de cette<br />

combinaison unique, entre la puissance et un contexte<br />

positif et maîtrisé. À côté, pour offrir une alternative digitale<br />

forte aux annonceurs contre les Gafa, nous allons<br />

associer la finesse de ciblage du digital à cette puissance.<br />

Cela étant dit, il existe aujourd’hui trois freins à la publicité<br />

segmentée. Ils sont d’ordre réglementaire, car c’est<br />

encore interdit même si le sujet est à l’étude ; technologique,<br />

dès lors que le signal doit diffuser des publicités<br />

différentes suivant les box ; et sur l’écosystème lui-même.<br />

Il nous faut créer un écosystème intégré « régie/éditeur »<br />

pour garantir à nos clients une expérience réussie : maîtrise<br />

des contextes de diffusion, fiabilité et indépendance<br />

des outils de reporting, et réduction des intermédiaires<br />

technologiques sans évaporation des marges. Ne refaisons<br />

pas les erreurs du digital !<br />

À quand votre première expérimentation ?<br />

D.L. Nous avons déjà fait une première campagne display<br />

en juin pour Procter avec Head & Shoulders sur 2 millions<br />

de téléviseurs connectés. Cela s’est très bien passé.<br />

On démarre la commercialisation de notre offre “M6<br />

adressable” au 1 er septembre. En post test, entre les gens<br />

soumis aux spots classiques et ceux qui ont reçu en plus<br />

le message adressé dans le quart d’heure qui suit, on<br />

constate 15 % de mémorisation en plus.<br />

D’autres innovations ?<br />

D.L. Nous allons faire du ciblage émotionnel. Nous nous<br />

sommes associés avec une technologie d’intelligence artificielle<br />

qui est capable d’analyser les programmes pour<br />

y trouver six émotions positives (joie, surprise, rire, etc.).<br />

Nous pourrons diffuser un spot dans le contexte émotionnel<br />

du programme : une pub comique au moment de la<br />

pause sur un moment drôle, par exemple, pour renforcer<br />

l’émotion sachant que, plus celle-ci est grande, plus la mémorisation<br />

est forte. Coca-Cola vient de nous donner son<br />

accord pour tester ce nouveau format en avant-première.<br />

Quelles sont les nouveautés de la rentrée en matière de programmes<br />

?<br />

N. De T. Nous allons nous renforcer sur l’access où M6 est<br />

la première chaîne sur la cible commerciale, avec 16,9 %<br />

chiffres CLÉS<br />

13,8 %<br />

Part d’audience<br />

(M6, W9, 6Ter).<br />

662,4<br />

miLLionS d’euroS<br />

cA de janvier à juin 2017<br />

(+2,6%).<br />

445,3<br />

miLLionS d’euroS<br />

recettes publicitaires<br />

(+4,2%).<br />

51 %<br />

de téléspectateurs<br />

de moins de 50 ans.<br />

15<br />

bureaux environ<br />

en province de rTL qui<br />

vendront également M6.<br />

20<br />

chaînes digitales<br />

dans Golden Network<br />

avec 13 millions d’abonnés<br />

YouTube et 60 millions<br />

de vidéos vues par mois.<br />

de part d’audience sur la femme responsable<br />

des achats au premier semestre entre<br />

18h et 21h (contre 16,8 % pour TF1), grâce<br />

aux Reines du shopping, Chasseurs d’appart<br />

et Scènes de ménages. On va pérenniser<br />

ce succès avec Les Rois du Gâteau,<br />

qui a démarré le 21 août. Nous allons aussi<br />

renforcer la fiction française de prime<br />

time. On aura ainsi une série avec Demaison<br />

de 8×52 minutes, Quadras. Il y aura<br />

aussi Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux<br />

(6×52 minutes), Souviens-toi (6×52<br />

minutes) ou La Faute (4×52 minutes). On<br />

attend la Nouvelle Star à la fin de l’année<br />

et des séries américaines comme MacGyver<br />

ou Code Black. On reviendra aussi dans<br />

le jeu d’aventures avec À l’Etat sauvage et<br />

Wild, la course de survie. J’ajouterais que<br />

dans une période de Mercato, toutes nos<br />

stars sont restées et ce n’est pas faute de<br />

sollicitations.<br />

Couper les JT avec de la pub, c’est une bonne idée<br />

selon vous ? TF1 a fait évoluer sa convention dans<br />

ce sens…<br />

N. De T. Je trouve cela curieux de demander<br />

quelque chose, en s’empressant de dire<br />

qu’on ne l’appliquera pas. Je constate aussi<br />

qu’on nous a embêtés sur Paris Première<br />

pour avoir une étude d’impact et savoir si<br />

cette chaîne allait prendre de la publicité<br />

à NRJ 12. Mais pour des coupures publicitaires<br />

dans la première chaîne française,<br />

il n’y a pas d’étude d’impact. Je suis pour<br />

l’égalité de traitement.<br />

Si vous aviez une mesure à demander à emmanuel<br />

Macron, ce serait quoi ?<br />

N. De T. Je ne demande rien. Juste qu’on nous<br />

laisse travailler. On a par ailleurs un problème<br />

de taxation de la télévision, sachant<br />

que nous reversons à peu près 10 % de notre<br />

chiffre d’affaires en taxes. Ces taxes ne sont<br />

pas appliquées à nos grands concurrents<br />

internationaux comme Netflix. L’effort de<br />

soutien à l’industrie des programmes est<br />

nécessaire, mais il devrait être réparti en<br />

direction des plates-formes mondiales. Sur<br />

22 chaînes privées, il n’y en a que quatre<br />

qui gagnent de l’argent. C’est un sérieux<br />

problème.<br />

D.L. J’ajoute que ces plates-formes n’ont<br />

pas les mêmes contraintes sur le plan publicitaire<br />

: nous ne pouvons pas faire de<br />

pub pour le cinéma ni de publicité locale.<br />

Ceux qui en profitent sont peut-être la PQR<br />

[presse quotidienne régionale], mais surtout<br />

Google. ◊<br />

StratégieS N° 1914 8<br />

31/08/2017


usiness<br />

Actualité<br />

© Club Med<br />

Le CLub Med invente<br />

La Considération CLient<br />

Tourisme Après dix ans consacrés à la montée en gamme de son offre et de ses sites, l’entreprise, créée en 1950, se<br />

penche sur « la considération client » : un concept propriétaire qui entend offrir aux voyageurs une expérience au-delà<br />

du sur-mesure. Rencontre avec Sylvain Rabuel, directeur général France Europe Afrique du Club Med.<br />

Delphine le Goff<br />

@DelphineLegoff1<br />

Au Club Med, on l’appelle<br />

l’«Open Codir ».<br />

Un comité de direction<br />

qui révèle le secret<br />

de ses échanges<br />

à des clients, invités à faire part<br />

de leurs idées, de leurs observations,<br />

voire de retoquer purement<br />

et simplement certains projets…<br />

En octobre prochain, dix élus<br />

franchiront à nouveau les portes<br />

de l’Open Codir, après une première<br />

édition en décembre 2016.<br />

L’échantillon, explique Sylvain<br />

Rabuel, directeur général France<br />

Europe Afrique, panache fidèles<br />

du « Club » et voyageurs qui découvrent<br />

ses « villages » pour la<br />

première fois. «Nous entendons<br />

associer les clients à la gouver-<br />

nance du Club Med, les associer à<br />

notre avenir. Une autre forme de<br />

considération client. »<br />

On connaissait la relation client,<br />

le parcours client… La considération<br />

client, elle, «est un concept<br />

propriétaire du Club Med, révèle<br />

Sylvain Rabuel. Alors que nous<br />

nous adressons à une cible sursollicitée,<br />

il s’agit non seulement de<br />

soigner l’expérience client, mais<br />

de donner le sentiment que nous<br />

avons établi une relation particulière,<br />

singulière avec notre clientèle.<br />

Et pas une relation client industrielle.<br />

»<br />

Montée en gaMMe. Ce nouveau<br />

« concept » vient couronner une<br />

stratégie engagée il y a dix ans :<br />

L’avis de<br />

syLvain rabueL<br />

Directeur général<br />

France Europe Afrique<br />

du Club Med<br />

« Dans les années<br />

à venir, c'est<br />

le mobile qui sera<br />

déterminant dans<br />

les phases<br />

de transaction<br />

et d'achat »<br />

celle de la montée en gamme<br />

de l’entreprise créée en 1950<br />

par le Belge Gérard Blitz. Un virage<br />

qui avait, alors, été diversement<br />

apprécié… «C’est vrai qu’on<br />

a pu entendre des critiques selon<br />

lesquelles le Club Med n’était<br />

pas compatible avec le haut de<br />

gamme, se souvient Sylvain Rabuel.<br />

Mais à l’époque, nous n’avions<br />

que deux possibilités : soit devenir<br />

premium, soit résolument<br />

low cost. Tout point intermédiaire<br />

semblait risqué et aléatoire ». Une<br />

décennie et un milliard d’euros<br />

plus tard, investis pour améliorer<br />

le confort et les prestations des<br />

sites du « Club », on dénombre aujourd’hui<br />

85 % de sites estampillés<br />

quatre ou cinq tridents [le trident,<br />

StratégieS N° 1914 10<br />

31/08/2017


symbole historique du Club Med,<br />

est l’équivalent des étoiles dans<br />

l’hôtellerie], contre 25 % il y a dix<br />

ans. «Cela nous a pris du temps,<br />

mais nous avons inversé l’expérience<br />

produit du Club Med », estime<br />

Sylvain Rabuel.<br />

Dans un univers concurrentiel<br />

qui comprend des acteurs de l’ultra-haut<br />

de gamme comme «les<br />

chaînes hôtelières du type Beachcomber<br />

sur l’île Maurice, ou Banyan<br />

Tree et One & Only en Asie du<br />

Sud-Est », précise Sylvain Rabuel,<br />

le Club Med revendique son rapport<br />

qualité-prix : 1 000 euros par<br />

adulte sur le sable blanc de son «resort<br />

» de Punta Cana, par exemple.<br />

Pas à la portée de toutes les<br />

bourses, mais «notre transformation<br />

nous a permis de gagner des<br />

parts de marché ». Et de revendiquer<br />

un volume d’affaires en croissance<br />

de 2 %, au-dessus, assure-ton<br />

au Club Med, des moyennes du<br />

marché [lire encadré].<br />

L'aPPartement-boutique<br />

situé avenue des Champs-<br />

Élysées prévoit des<br />

casques VR pour « un<br />

parcours client augmenté ».<br />

tie Neige », qui permet de se faire<br />

rembourser en cas de météo capricieuse,<br />

des initiations aux arts<br />

du cirque en partenariat avec le<br />

Cirque du Soleil dans certains<br />

« resorts », ou encore, une myriade<br />

d’activités à destination des<br />

chères têtes blondes.<br />

À contre-courant des autres professionnels<br />

du voyage, qui ont<br />

choisi la voie de la dématérialisation,<br />

le Club Med croit encore aux<br />

espaces physiques : il en compte 57<br />

sur le territoire français, conçus<br />

par Carré Noir non comme des<br />

boutiques, mais comme des appartements,<br />

et dont le « flagship »<br />

est sis au 125, avenue des Champs-<br />

Élysées. Pour préparer leurs vacances,<br />

les voyageurs y trouvent<br />

casques de VR et vidéos immersives.<br />

La moitié des « resorts »<br />

ont en effet été filmés en images<br />

3D. «Nous nous situons dans la<br />

construction d’un parcours client<br />

augmenté, explique Sylvain Ra-<br />

Belle saison pour le Club Med<br />

en juin 2017, le Club Med annonçait des résultats records pour sa saison hiver sur<br />

la zone France-Benelux-Suisse : un volume d’affaires en croissance de 2 %, supérieur à celui du marché,<br />

mais surtout des recrutements en hausse. Dans ses villages, 15 % de nouveaux vacanciers se sont<br />

pressés sur les destinations sport d’hiver et soleil. 62 % des ventes se font sur mobile. au niveau mondial,<br />

en 2016, le Club Med compte 1,26 million de clients, en croissance de 1,2 %. Le volume d’affaires mondial<br />

au premier semestre 2017 – de novembre 2016 à avril 2017 – s’élève à 875 millions d’euros en hausse<br />

de + 6,5 %. La communication du Club Med est assurée par l’agence Fred & Farid, qui inaugurait en<br />

janvier 2017 une nouvelle signature, « amazing you » ou « Vous étonner » en français dans le texte.<br />

Petites attentions. Pour fidéliser<br />

sa clientèle CSP +, il ne suffit<br />

pas, comme le résume Sylvain<br />

Rabuel, «de savoir si elle préfère<br />

le jus d’orange ou le jus de pamplemousse<br />

». La fameuse considération<br />

client consiste aussi à<br />

solliciter les vacanciers, notamment<br />

via une plateforme collaborative,<br />

Club Makers.fr : 250 idées<br />

auraient déjà été retenues, qui<br />

pourraient rejoindre les « Signatures<br />

Club Med » – 70 services<br />

émanant, certes, de suggestions<br />

clients, mais aussi des remontées<br />

des « gentils organisateurs » du<br />

Club Med, les mythiques GO. Parmi<br />

ces « Signatures », la « Garanbuel.<br />

Les vacances ne sont pas une<br />

commodité : les boutiques Club<br />

Med, qui accueillent chaque année<br />

un demi-million de personnes<br />

en France, au Benelux et en Suisse,<br />

doivent être des lieux de partage et<br />

d’expérience, avec une notion d’exclusivité<br />

et d’intimité. »<br />

Mais plus forcément des espaces<br />

de vente. «Dans les cinq ans à venir,<br />

c’est le mobile qui sera déterminant<br />

dans les phases de transaction<br />

et d’achat, prévoit Sylvain<br />

Rabuel. Entre le premier trimestre<br />

2016 et le premier trimestre 2017,<br />

la croissance des transactions exclusivement<br />

sur mobile a bondi de<br />

114 %. Et nous avons transformé<br />

notre moteur de réservation ces<br />

dernières semaines ». Rappelons<br />

que sur son volet digital, le Club<br />

Med a recruté en 2015 une « pointure<br />

» : Anne Browaeys, ex-directrice<br />

générale adjointe d’Amaury<br />

Médias, et directrice générale<br />

marketing et digital du « Club ».Les<br />

clients du Club Med seront-ils touchés<br />

par la considération que leur<br />

porte le géant du voyage ? Le fleuron<br />

français, racheté en 2015 par le<br />

conglomérat chinois Fosun et présidé<br />

par Henri Giscard d’Estaing,<br />

vise, en tout cas, dans le cadre de<br />

son plan stratégique Destination<br />

2021, le milliard d’euros de chiffre<br />

d’affaires – contre 800 millions<br />

d’euros aujourd’hui. ◊<br />

© Shérif Scouri-Club Med<br />

31/08/2017 11<br />

StratégieS N° 1914


BUSINESS / La vie des budgets<br />

La Fourmi relance la F1 en France<br />

SPORT La Formule 1 reviendra en France en 2018 après dix ans d’absence. L'agence La Fourmi<br />

orchestrera la communication de l’événement pour tenter de séduire le public.<br />

Au menu, Côte d'Azur, French Touch et modernité.<br />

ThOmaS POnTiROLi<br />

@TPonti<br />

Exit le cheval cabré, c’est La<br />

Fourmi qui a gagné cette<br />

compétition-là. L’agence<br />

de Boulogne-Billancourt a<br />

remporté cet été le budget communication<br />

du Grand Prix de France<br />

Le Castellet – selon la (longue)<br />

dénomination officielle. L’événement,<br />

prévu le 24 juin 2018, signera<br />

le retour de la F1 dans le pays<br />

après dix ans d’absence.<br />

Alignée face à de grosses écuries<br />

du genre, Havas, Lagardère,<br />

ou encore Comquest, l’agence a<br />

pu s’imposer grâce à deux atouts.<br />

D’abord, avoir su s’entourer d’un<br />

pool d’agences complémentaires :<br />

l’agence de design spécialisée<br />

dans le sport Leroy Tremblot pour<br />

le logo et l’identité visuelle, 2EG<br />

Communications pour les relations<br />

presse et la stratégie éditoriale et<br />

Re-Mind PHD (Omnicom) pour le<br />

conseil médias et achat d’espace.<br />

Quant à La Fourmi, elle gère la<br />

stratégie globale, la plateforme, la<br />

création, l’écosystème digital et la<br />

billetterie.<br />

© Circuit Paul Ricard<br />

SpécialiSte Sportif. « Comparé aux<br />

grosses agences qui ont tout inhouse,<br />

nous préférons appeler les<br />

meilleurs experts de chaque métier<br />

», souligne Céline Jobert, copilote<br />

de La Fourmi. Deuxième<br />

force : une expérience dense dans<br />

le sport, avec cinq ans aux côtés du<br />

PSG, ou six ans à rouler pour les<br />

24 Heures du Mans.<br />

Aux yeux de Gilles Dufeigneux, directeur<br />

général du Grand Prix de<br />

France, « le choix n’a pas été facile<br />

mais ce groupement d’agences a<br />

séduit par sa cohésion et la cohérence<br />

de sa stratégie avec un certain<br />

nombre de valeurs fortes ».<br />

Pour valoriser cette course, « on<br />

aurait pu céder à la facilité en surfant<br />

sur les atouts du sud de la<br />

France, ou jouer la carte du retour,<br />

commente Céline Jobert, mais<br />

nous avons préféré être vraiment<br />

en rupture. » L’identité du Grand<br />

Prix de France de F1, dévoilée le<br />

6 septembre, est une synthèse de<br />

trois caractéristiques principales :<br />

le glamour de la Côte d’Azur, la<br />

modernité de sa piste, et son identité<br />

française, opportunément représentée<br />

par ses bandes bleues et<br />

rouges ; elles entourent le tracé et<br />

ont remplacé les traditionnels bacs<br />

à sable – pour ralentir les sorties<br />

de route – lorsque le circuit a été<br />

transformé, en 1999, en l’une des<br />

pistes d’essai les plus modernes au<br />

monde.<br />

S’ouvrir aux jeuneS. Mais pour<br />

écouler les 65 000 billets prévus,<br />

la marge de manœuvre de l’organisateur<br />

est assez mince. « Je<br />

dois dire que les contrats avec la<br />

FOG [Formula One Group, la société<br />

de gestion des droits et de<br />

le circuit du caStellet<br />

dans le Var accueillera<br />

en 2018 le Grand Prix<br />

de France de F1.<br />

65 000<br />

nombre de billets<br />

prévus pour le Grand<br />

Prix de France.<br />

la promotion de la F1] sont assez<br />

durs », confie Gilles Dufeigneux,<br />

qui déplore que « dès que l’on emploie<br />

le terme F1, on passe sous<br />

leurs fourches caudines ». Mais<br />

depuis le rachat de la discipline<br />

en janvier par Liberty Media, des<br />

signes d’ouverture commencent<br />

à poindre. « Les pilotes sont toujours<br />

plus jeunes, note Gilles Dufeigneux,<br />

ils sont donc un excellent<br />

ressort d’activation auprès des<br />

millenials. La FOG souhaite les exposer<br />

davantage et les autoriser<br />

à parler de F1 sur les réseaux sociaux<br />

», explique le dirigeant, qui<br />

se félicite que deux pilotes français<br />

(Esteban Ocon et Romain Grosjean)<br />

soient alignés.<br />

Autre volonté : transformer la<br />

course en événement complet, avec<br />

concert populaire et animations sur<br />

plusieurs jours. Le nouveau propriétaire,<br />

Liberty Media, était d’ailleurs<br />

présent en juin aux 24 Heures<br />

du Mans. Sans doute pour y trouver<br />

des pistes… de réflexion. ◊<br />

STRaTégieS N° 1914 12<br />

31/08/2017


BUSINESS / La vie des budgets<br />

les consultAtions<br />

Annonceur mission Agences consultées Agences sortAntes<br />

Agence de l’environnement<br />

Veille et panorama de presse Appel d’offres en cours –<br />

et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)<br />

Agence pour l’emploi des cadres (Apec) Relations institutionnelles Appel d’offres en cours –<br />

Agence Somme Tourisme Promotion de la Somme en Belgique Appel d’offres en cours –<br />

Atout France Conseil médias et achat d’espace Appel d’offres en cours –<br />

Banque publique d’investissement<br />

Publicité, communication corporate, marketing<br />

et achat média digital<br />

24 agences consultées Agence 79, Equancy, Havas Paris<br />

et Play App<br />

Caisse d’allocations familiales<br />

Documents de communication Appel d’offres en cours –<br />

de la Guadeloupe<br />

CCI de Lyon Métropole Organisation de l’événement Go Numérique Appel d’offres en cours –<br />

Centre de congrès Nancy Lorraine Supports de communication Appel d’offres en cours –<br />

Centre national de la recherche Refonte graphique Appel d’offres en cours –<br />

scientifique (CNRS)<br />

Communauté de communes du Massif Relations presse et d’influence Appel d’offres en cours –<br />

du Vercors<br />

Conseil régional de Guadeloupe Événementiel Appel d’offres en cours –<br />

Conseil régional d’Occitanie Veille média Appel d’offres en cours –<br />

Danone France Communication corporate Elan Edelman, Havas Paris et Protéines (VT Scan) Elan Edelman et Protéines<br />

École polytechnique Relations presse Appel d’offres en cours –<br />

Établissement français du sang (EFS) Relations presse et d’influence Appel d’offres en cours –<br />

Feed Relations presse Dentsu Aegis Network, Protéines, Saywho et Sopexa –<br />

Grand Annecy Communication territoriale Appel d’offres en cours –<br />

Haute Autorité de santé Outils de communication numérique Appel d’offres en cours –<br />

L’Oréal Conseil médias et achat d’espace Appel d’offres en cours Zenith<br />

Michelin Conseil médias et achat d’espace monde Consultation en cours MEC/WPP<br />

Monnaie de Paris Communication institutionnelle Appel d’offres en cours –<br />

RATP Conseil médias et achat d’espace Consultation en cours Zenith<br />

Secrétariat général pour la<br />

Conseil stratégique en communication Appel d’offres en cours –<br />

modernisation de l’action publique<br />

Ville de Nîmes Journal municipal Appel d’offres en cours –<br />

Walibi Rhône-Alpes Repositionnement de marque Comadequat, Hula Hoop, Insign, Free Lance’s l’Agence, Free Lance’s l’Agence<br />

MKTG, Mute et Zebrand (Gibory)<br />

En italique = Nouveaux budgets en consultation.<br />

les trAnsferts<br />

Annonceur mission nouvelles Agences Anciennes Agences<br />

BMW Aftersales Communication mondiale Serviceplan Campaign –<br />

Castorama Identité sonore Sixième Son –<br />

Chambre syndicale Boci Identité de marque et site web Pigment Libre –<br />

Coca-Cola Services France Conseil médias et achat d’espace Carat Starcom<br />

Comité martiniquais du tourisme Relations presse Interface Tourism –<br />

Comité régional du tourisme de La Réunion Communication numérique et de crise Burson-Marsteller I&E et Havas Media –<br />

Fondation droit animal, éthique et sciences Territoire graphique, éditorial et digital Limite –<br />

France Agrimer Communication pour le plan Ecophyto 2016-<br />

2020 et conseil médias et achat d’espace<br />

Dentsu Aegis Network France<br />

GRAND PRIx DE FRANCE DE FORMuLE 1 Stratégie de communication 2EG Communications, La Fourmi, Leroy Tremblot<br />

et Re-Mind PHD<br />

L’atelier du câble Relations presse Victoire –<br />

LCL Stratégie éditoriale du site institutionnel WNP –<br />

Dentsu Aegis Network France<br />

et Promopress Media<br />

–<br />

McDonald’s Outils numériques Capgemini et Publicis Sapient –<br />

Pink Lady Promotion en Allemagne et au Vietnam Sopexa –<br />

Sanofi Communication globale Havas, Publicis et GroupM/Mindshare/WPP Zenith/Publicis Groupe<br />

Spotify Conseil médias et achat d’espace UM/IPG Mediabrands –<br />

Viparis Communication extérieure numérique Little Corner –<br />

retrouvez toutes les compétitions et tous les trAnsferts ActuAlisés Au jour le jour sur strAtegies.fr/competitions-trAnsferts<br />

31/08/2017 13<br />

StratégieS N° 1914


BUSINESS / How to<br />

Réussir sa rentrée<br />

EntREpRisEs Il reste un peu de sable dans vos chaussures et votre bronzage se voit encore un peu…<br />

Les temps sont durs ? <strong>Stratégies</strong> vous donne quelques conseils pour ne pas rater votre rentrée.<br />

EmmanuEl GavaRd<br />

@Manugavard<br />

© getty images/iStockphoto<br />

1Cultiver sa Curiosité. Les<br />

doigts de pieds en éventail ou<br />

lors d’une balade dans une<br />

ville inconnue, l’été, notre<br />

cerveau s'évade. « Pendant les vacances,<br />

on a une ouverture d’esprit<br />

incroyable. Le cerveau a plus<br />

d’imagination, il est plus curieux…<br />

On observe différemment les gens<br />

sur la plage, on sort du microcosme<br />

parisien, c’est une période propice<br />

aux bonnes idées. L’enjeu de la rentrée,<br />

c’est de cultiver cet état pour<br />

le faire durer le plus possible », affirme<br />

Antoine David, « MF-CEO »<br />

de l’agence Rosbeef. On conseillera<br />

donc de soigner sa créativité en<br />

investissant dans un bloc de papier<br />

A3, par exemple, pour perfectionner<br />

son mind mapping [carte des<br />

idées]. Les lectures du type Erik<br />

Kessels, avec moult inspirations<br />

culturelles déjantées seront de bon<br />

aloi. « L’objectif est de garder cette<br />

énergie cérébrale, à la fois curieuse<br />

et détendue », continue Antoine<br />

David. C’est aussi le bon moment<br />

pour planifier des participations<br />

à des talks prospectifs, ou organiser<br />

des séminaires sur des sujets<br />

spécifiques. Enfin, on peut passer<br />

en librairie chercher quelques romans<br />

de la rentrée littéraire…<br />

2<br />

Planifier sePtembre et oCtobre.<br />

À la rentrée, c’est<br />

également le renouveau des<br />

bonnes résolutions. Après<br />

deux semaines, ou plus, passées<br />

à briser ses habitudes, autant<br />

choisir d’en adopter de nouvelles.<br />

Alors, on remet à jour le Trello ou<br />

tout autre outil de gestion de projet,<br />

on contacte les personnes avec qui<br />

l’on doit déjeuner depuis dix mois,<br />

et on organise ses rendez-vous !<br />

Inutile d’acheter 25 000 livres de<br />

développement personnel ou de<br />

concepts managériaux : l’application<br />

Blinklist, avec des résumés de<br />

sept pages fera très bien l’affaire,<br />

pour 4,69 euros par mois.<br />

« L’objectif<br />

est de garder<br />

l’énergie<br />

cérébrale des<br />

vacances, à la<br />

fois curieuse<br />

et détendue. »<br />

3<br />

biChonner ses équiPes. Les<br />

employés aussi font leur<br />

rentrée… Si le syndrome<br />

nostalgique vous guette,<br />

dites-vous que c’est pour tout le<br />

monde pareil. On évitera de sauter<br />

sur ses collègues pour savoir où<br />

en sont les derniers pitchs ! En revanche,<br />

on profitera de ce temps de<br />

reprise, mi-détente, mi-pro, pour<br />

discuter des sujets annexes : organisation<br />

de l’espace, sorties culturelles,<br />

ou soirées entre les services.<br />

« Le but est de trouver des projets<br />

galvanisants et de répondre à un<br />

enjeu de perspectives. Se projeter<br />

ailleurs que dans les objectifs purement<br />

business, ça aide tout le<br />

monde à se motiver ! », constate<br />

Antoine David. Ne vous en faites<br />

pas, le travail arrivera plus vite<br />

que vous ne le pensez !<br />

La rentrée peut être synonyme<br />

de nouvelles arrivées dans les<br />

équipes. Or, si l'on reprend sur<br />

les chapeaux de roues, elles pourraient<br />

se sentir mises de côté.<br />

« Nous avons créé un Welcome<br />

Pack, qui comprend pas mal de<br />

choses (guide, goodies, etc.) et dont<br />

le but est d’encadrer l’arrivée », raconte<br />

Sandrine Plasseraud, fondatrice<br />

de l’agence We Are Social.<br />

Même si c'est vrai, il est interdit de<br />

dire qu'on est trop occupé.<br />

4<br />

aimer ses Clients. S’ils ont<br />

laissé un pitch surprise<br />

avant vos vacances, ou<br />

s'ils vous attendent de pied<br />

ferme – la rentrée est une période<br />

riche en activation : rien ne sert<br />

de les haïr. Pour tempérer, « mieux<br />

vaut retrouver ses clients en deux<br />

temps, conseille Sandrine Plasseraud.<br />

De notre côté, on organise<br />

un barbecue à l’agence, informel,<br />

histoire de reprendre contact<br />

avant de se retrouver pour parler<br />

des choses sérieuses. » ◊<br />

StratégieS N° 1914 14<br />

31/08/2017


1 ÈRE AUDIENCE DE FRANCE *<br />

Chaque jour,<br />

les<br />

131 radios<br />

indépendantes<br />

réunies<br />

au sein des<br />

Indés<br />

Radios<br />

totalisent<br />

ensemble<br />

près de<br />

8,3<br />

millions<br />

d’auditeurs*<br />

Les Indés Radios sont composées des 131 stations suivante : 100%, 47 FM, Activ Radio, Africa N°1, Alouette, Alpes 1/Alpes 1 Rhône-Alpes, ARL, Bergerac 95, Beur<br />

FM, Blackbox, Canal FM, Cannes Radio, Cerise FM, Champagne FM, Chante France, Collines La Radio, Contact FM, Décibel, Delta FM, Dici Radio, Direct FM,<br />

Durance FM, Echo FM, ECN, Emotion, Est FM, Evasion, FC Radio l’Essentiel, FGL-Fréquence Grands Lacs, Flash FM, Flor FM, Forum, France Maghreb 2,<br />

Fréquence Plus, Fusion FM, Galaxie Radio, Générations (Ile de France), Générations (Lyon Métropole), Gold FM, Grand Sud FM, Happy FM, Hit West, Horizon,<br />

Hot Radio, Impact FM, Inside, Jaime Radio, Jazz Radio (B), Jazz Radio (D), Jordanne FM, K6 FM, Kiss FM, Kit FM, La Radio Plus, Latina, Latitude, Littoral FM, Lor’FM,<br />

Lyon 1ère, Magnum La Radio, Maritima, MBS, Métropolys, Mistral FM, Mixx FM, Mona FM, Montagne FM, MTI, N’Radio, Nice Radio, Océane FM, ODS Radio,<br />

OÜI FM, Oxygène Radio, Oxygène Hit & Dance, Plein Air, Plein Coeur, Radio 6, Radio 8, Radio Alfa, Radio Bonheur, Radio Camargue, Radio Caroline, RCA,<br />

Radio Cristal, Radio Dreyeckland, Radio Espace, Radio FG, Radio Flash, Radio Intensité, Radio Isa, Radio Jérico, Radio Liberté, Radio Mélodie, Radio Ménergy,<br />

Radio Mont-Blanc, Radio No1, Radio One, Radio Orient, Radio Rézo, Radio Scoop, Radio Star (PACA), Radio Star (Est), Radio Studio 1, Radio VFM, Radiocéan, RDL,<br />

RMB, RMN, RTS FM, RVA, RVM, Sea FM, Sud Radio, Sweet FM, Swigg, Tendance Ouest, TFM, Tonic FM, Tonic Radio, Top Music, Totem, Toulouse FM,<br />

Tropiques FM, Urban Hit, Vibration, Virage Radio, ViVradio, Voltage, Wit FM.<br />

Bronx (Paris) - www.bronx.fr<br />

(*) Médiamétrie, 126 000 Radio avril-juin 2017, lundi/vendredi, 5h-24h, 13 ans +. Les Indés Radios 1ère audience de France : les 131 radios locales, régionales et thématiques des<br />

Indés Radios regroupent ensemble une audience cumulée (8 256 000) supérieure à celle de chaque radio nationale (Chérie Fm, Europe 1, France Bleu, France Culture, France Info,<br />

France Inter, France Musique, Fun Radio, Mouv’, Mfm Radio, Nostalgie, NRJ, Radio Classique, Radio Nova, RFM, Rire et Chansons, RMC, RTL, RTL2, Skyrock, Virgin Radio).


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INNOVATION<br />

PARTAGE<br />

THÉMATIQUES<br />

MUSICALES<br />

PROXIMITÉ<br />

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TOUT EST<br />

PARTI D’UNE<br />

BONNE IDÉE :<br />

SE RASSEMBLER<br />

POUR ÊTRE PLUS<br />

FORTS.<br />

Aujourd’hui, partout<br />

en France, 131 radios<br />

expertes en proximité<br />

et en thématiques<br />

musicales innovent pour<br />

faire des Indés Radios<br />

la 1 ère audience de France*.<br />

Bronx (Paris) - www.bronx.fr<br />

lesindesradios.fr<br />

(*) Médiamétrie, 126 000 Radio avril-juin 2017, lundi/vendredi, 5h-24h, 13 ans +. Les Indés Radios 1ère audience de France : les 131 radios locales, régionales et thématiques des Indés Radios regroupent ensemble une audience cumulée<br />

(8 256 000) supérieure à celle de chaque radio nationale (Chérie Fm, Europe 1, France Bleu, France Culture, France Info, France Inter, France Musique, Fun Radio, Mouv’, Mfm Radio, Nostalgie, NRJ, Radio Classique, Radio Nova, RFM, Rire et<br />

Chansons, RMC, RTL, RTL2, Skyrock, Virgin Radio).


BUSINESS / Actualité<br />

Les agences « cousu main »<br />

ENSEIGNES Cet été, BETC a lancé une structure ad hoc pour son nouveau client, Citroën : l'agence gérait déjà<br />

Peugeot. Une pratique courante dans le secteur automobile, mais pas seulement.<br />

DELPHINE LE GOFF @DelphineLeGoff 1<br />

Elle fut la voiture de Pierrot<br />

le Fou , des hommes<br />

de la résistance, de René<br />

Coty… Sa silhouette déliée,<br />

ode à l’aérodynamisme, a<br />

marqué l’inconscient collectif.<br />

La Traction de Citroën donne<br />

aujourd’hui son nom à une nouvelle<br />

structure : le 11 juillet 2017,<br />

au terme de mois de rumeurs, le<br />

constructeur confiait son budget<br />

publicitaire à BETC, et inaugurait,<br />

à cette occasion, une enseigne<br />

intégrée.<br />

«Concrètement, Citroën avait décidé<br />

de changer d'agence , raconte<br />

Bertille Toledano, présidente de<br />

BETC Paris et codirigeante de<br />

la nouvelle structure aux côtés<br />

de Stéphane Xiberras [coprésident<br />

de BETC Paris]. Dans un<br />

premier temps, les responsables<br />

de la marque ont demandé à Havas<br />

si le groupe avait une solution<br />

pour eux. BETC travaillait<br />

déjà pour Peugeot… Mais Citroën<br />

voulait travailler avec nous. Les<br />

équipes avaient en tête les campagnes<br />

Canal Plus. Étant donné<br />

que Stéphane Xiberras et moimême<br />

ne travaillions pas pour<br />

Peugeot, il était logique de créer<br />

une structure ad hoc ». L'équipe<br />

Citroën compte une trentaine de<br />

personnes – la taille d'une petite<br />

agence, en somme.<br />

RATIONALISATION . Une obligation<br />

lorsque, comme BETC, on œuvre<br />

déjà pour une autre marque automobile,<br />

en l’espèce, Peugeot, qui<br />

fait travailler exclusivement une<br />

équipe de 45 personnes. La pratique<br />

est courante dans le secteur.<br />

Publicis, agence historique<br />

de Renault, a créé Publicis La<br />

Maison pour son budget DS en<br />

© DDB<br />

PAUL DUCRÉ , directeur<br />

général adjoint de DDB<br />

et BERTILLE TOLEDANO ,<br />

présidente de BETC Paris.<br />

© BETC<br />

2014, tandis que le réseau G1<br />

de TBWA, issu d’une joint-venture<br />

entre Hakuhodo et TBWA<br />

Worldwide, veille aux destinées<br />

de Nissan depuis 2000. Plus récemment,<br />

DDB, qui compte<br />

Volks wagen parmi ses clients<br />

mythiques, lançait le réseau<br />

C14 Torce consacré à Seat, dont<br />

le lead international se trouve à<br />

Barcelone.<br />

«Une autre structure ad hoc s’occupait<br />

déjà de Seat avant nous :<br />

Lola, fondée par la sortante Mullen<br />

Lowe, rappelle Paul Ducré,<br />

directeur général adjoint de DDB<br />

(Omnicom) et responsable de<br />

l’antenne française de C14 Torce<br />

(qui mobilise 17 personnes).<br />

Pour les marques, cela permet<br />

de rationaliser leur portefeuille<br />

d’agences, d’avoir des interlocuteurs<br />

uniques. Sur l’automobile,<br />

plus particulièrement, une structure<br />

ad hoc permet d’activer tous<br />

les médias avec un seul et même<br />

objectif, alors que le parcours<br />

client comporte de plus en plus<br />

de points de contacts. »<br />

Si l’automobile, plus important<br />

investisseur publicitaire<br />

avec la distribution, se prête à<br />

la création de structures intégrées,<br />

on peut également citer<br />

des exemples comme Marcel Le<br />

Marché, qui gérait Intermarché<br />

avant que le budget ne parte chez<br />

Romance. En novembre 2016,<br />

Omnicom lançait une enseigne<br />

100 % McDonald’s, « We are unlimited<br />

» [« Nous sommes sans limites<br />

»]. Sans limites, comme sa<br />

dévotion envers un gros annonceur…<br />

◊<br />

STRATÉGIES N° 1914 18<br />

31/08/2017


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BUSINESS / Actualité<br />

France Télévisions se voit<br />

en « énorme plate-forme »<br />

AUDIOVISUEL Le groupe public fait face à une baisse de ses audiences, principalement sur France 2.<br />

Il aborde la rentrée avec de gros enjeux sur ses programmes et ses développements technologiques.<br />

AmAUry DE rOchEgOnDE<br />

@derochegonde<br />

Delphine Ernotte peut<br />

remercier le Tour<br />

de France. En juillet,<br />

France 2 est en<br />

hausse sur un mois, à 15,6 %<br />

(+0,2 point). Un sursaut qui<br />

tombe bien. Car, sur la saison<br />

2016-2017, son groupe affiche<br />

un piètre bilan. Selon Médiamétrie,<br />

les chaînes de France Télévisions<br />

totalisent 28,5 % de<br />

part d’audience (PDA) entre septembre<br />

2016 et juin 2017, contre<br />

29,84 % sur la saison 2015-2016.<br />

Véritable point noir, France 2, qui<br />

perd près d’1,2 point sur un an,<br />

avec 12,54 % de PDA en moyenne.<br />

Si l’on y ajoute l’incompréhension<br />

suscitée par le limogeage de David<br />

Pujadas – malgré des audiences au<br />

beau fixe –, la valse des dirigeants<br />

(Vincent Meslet, Laetitia Recayte,<br />

Michel Field…), les après-midi sinistrés<br />

de France 2 après l’échec<br />

d’Actuality, ou les difficultés de<br />

Franceinfo à s’imposer sur le<br />

hertzien, alors on comprend que<br />

cette nouvelle saison n’aura rien<br />

d’une sinécure.<br />

Heureusement, le premier semestre<br />

s’est traduit par une<br />

hausse des recettes publicitaires<br />

de « 1 à 2 % » grâce aux innovations<br />

de la régie dirigée par Marianne<br />

Siproudhis [lire encadré].<br />

C’est toutefois inférieur à ce qui<br />

avait été anticipé au budget. Or<br />

il suffit d’un million d’euros en<br />

moins pour compromettre l’équilibre<br />

fixé dans le contrat d’objectifs<br />

et de moyens 2016-2020<br />

(1,1 million d’euros de résultat<br />

net attendu en 2017). «On verra si<br />

on atteint notre objectif à la fin de<br />

L’avis de<br />

Xavier couture<br />

directeur général<br />

délégué en charge<br />

de la stratégie et des<br />

programmes de France<br />

Télévisions<br />

« Nous ne<br />

sommes pas<br />

chargés de créer<br />

de la disponibilité<br />

du cerveau. Nous<br />

avons un rôle<br />

social à jouer ».<br />

l’année, répond la directrice générale<br />

de France Télévisions Publicité.<br />

Je vois le deuxième semestre<br />

dans une bonne dynamique. Pour<br />

le premier, dans un contexte de<br />

baisse du marché publicitaire TV<br />

(– 0,8 %) et où la chaîne majeure du<br />

groupe perd de l’audience, c’est<br />

une performance. »<br />

Sortir de la logique d’audience.<br />

Côté audiences, France 2 fait figure<br />

de lanterne rouge alors<br />

que TF1 a perdu 1 point et Canal<br />

+ 1,1 point. «On ne fait pas le<br />

même métier », rétorque Xavier<br />

Couture, le directeur général délégué<br />

aux programmes. Delphine<br />

Ernotte le plaide d’ailleurs haut<br />

et fort : «Il faut sortir de cette logique<br />

d’audience qui ne peut être<br />

notre seul point d’horizon », a-telle<br />

déclaré le 5 juillet. D’où l’idée<br />

de réactiver le Qualimat, ce baromètre<br />

qualitatif des programmes,<br />

livré désormais quotidiennement<br />

France.tv<br />

participe<br />

à cette volonté<br />

de « plateformisation»<br />

de l’offre.<br />

par Harris Interactive pour les<br />

émissions de plus d’un million de<br />

téléspectateurs. «Nous cherchons<br />

le meilleur moyen de communiquer<br />

dessus sans transformer ce Qualimat<br />

en machine d’autosatisfaction<br />

», assure le numéro deux du<br />

groupe.<br />

En attendant, consigne a été donnée<br />

de mettre l’accent non sur<br />

les audiences – même si France 3<br />

ne s’érode que légèrement et que<br />

France 5 progresse de 0,2 point<br />

sur la saison –, mais sur les programmes<br />

et leurs valeurs. «Nous<br />

ne sommes pas en charge de créer<br />

de la disponibilité du cerveau, souligne<br />

Xavier Couture, ancien dirigeant<br />

de TF1 de l’époque Le Lay,<br />

nous avons un rôle social, sociopolitique<br />

à jouer, à nous de faire vivre<br />

une société dans un espace commun<br />

». En témoignent sur France<br />

3 des soirées spéciales « fictiondébat<br />

» trois fois plus nombreuses<br />

(sur le viol, l’illettrisme…) ou des<br />

StratégieS N° 1914<br />

20<br />

31/08/2017


BUSINESS / Actualité<br />

matinales entièrement régionales<br />

avec de l’info service « positive<br />

» (la chaîne vise les 35 % de<br />

programmes en régions en 2020).<br />

Trois nouvelles séries sur France<br />

2 (L’Art du crime, Le Chalet, On<br />

va s’aimer) des documentaires en<br />

prime time (les immigrations, les<br />

enfants précoces…) ou la nouvelle<br />

case 25 nuances de doc se chargent<br />

de montrer que «ce sont nos différences<br />

qui nous rassemblent »,<br />

comme le dit Caroline Got, la directrice<br />

de la chaîne. À la rentrée<br />

2018, le feuilleton quotidien tourné<br />

à Montpellier servira aussi de<br />

miroir sociétal.<br />

Cet espace commun passe également<br />

par «la nécessité de concevoir<br />

l’ensemble de France Télévisions<br />

comme une énorme<br />

plate-forme, ajoute Xavier Couture,<br />

avec la mise à disposition de n’importe<br />

quel programme, diffusé ou<br />

non, à n’importe quel moment, et<br />

l’entretien d’une meilleure identification<br />

de l’expression linéaire de<br />

cette plate-forme ».<br />

Nouvel habillage. Le redimensionnement<br />

en mai du service<br />

de rattrapage Pluzz sous le label<br />

« France.tv » et l’ajout d’un espace<br />

SVOD en son sein, prévu cet automne<br />

avec l’appui des télévisions<br />

publiques francophones, participe<br />

de cette volonté de « plateformisation<br />

» de l’offre, tournée<br />

vers le partage sur les réseaux sociaux.<br />

Pour un peu, la diffusion<br />

hertzienne serait presque secondaire.<br />

Même si Xavier Couture annonce<br />

«une évolution de l’expression<br />

des marques » via l’habillage<br />

et «une meilleure énonciation de<br />

la grille ».<br />

France.tv est ainsi devenue la<br />

porte d’entrée unique. «Il y avait<br />

17 marques quand je suis arrivé »,<br />

rappelle Xavier Couture. «L’offre<br />

délinéarisée à J+7 permet 15 à 20 %<br />

de consommation supplémentaire<br />

sur une fiction et de rajeunir le public<br />

de dix ans. » Il faut, selon lui, à<br />

la fois la «cohérence d’un tout » façon<br />

BBC et la lisibilité des parties<br />

avec des lignes éditoriales claires<br />

sur chaque chaîne : un France 2<br />

© Delphine ghosarossian-Studio Submarine-FtV<br />

«familial, généraliste dont il faut<br />

poser la question du rajeunissement,<br />

avec l’info comme colonne<br />

vertébrale », un France 3 «à hauteur<br />

d’homme, plus intimiste, plus<br />

proche » et un France 5 «de l’élévation,<br />

de la connaissance, du savoir,<br />

et qui peut accueillir des programmes<br />

un peu plus pointus,<br />

risqués ou ambitieux… »<br />

Un France 2 à rajeunir ? Après<br />

l’échec de ses après-midi, la chaîne<br />

se cherche encore avant 20 heures.<br />

Faustine Bollaert, Daphné Bürki et<br />

Sophie Davant ont la lourde tâche<br />

de redresser le cap des audiences.<br />

Le dimanche, ce sont des valeurs<br />

sûres – après un Drucker écourté –<br />

qui bétonnent la fin d’après-midi :<br />

Stéphane Bern pour Code promo et<br />

Laurent Ruquier qui reprend Les<br />

Enfants de la télé. Quant à Laurent<br />

Delahousse, il va tenter à 19 heures<br />

de tenir tête à Sept à huit avec un<br />

avant-20 heures empathique et<br />

«un peu décalé ».<br />

rigueur et légèreté. Yannick Letranchant,<br />

le nouveau directeur<br />

de l’information, estime aussi<br />

qu’Anne-Sophie Lapix, qui bénéficiera<br />

d’un nouveau décor et d’une<br />

nouvelle rédaction<br />

en chef, devrait trouver<br />

un 20 heures qui<br />

s’adapte à sa personnalité,<br />

avec toujours<br />

de la rigueur sur le<br />

fond, mais aussi de<br />

la légèreté : «Sur la<br />

forme, on peut détendre<br />

les choses et<br />

© Benjamin Decoin-FtV<br />

FraNce 2 au cœur<br />

des atteNtioNs.<br />

Nouveau JT par Anne-<br />

Sophie Lapix, tranche<br />

élargie pour Laurent<br />

Delahousse et après-midi<br />

incarnés notamment par<br />

Faustine Bollaert, doivent<br />

permettre de redresser<br />

l’audience.<br />

© gilles Scarella-FtV<br />

être davantage dans l’empathie et<br />

le lien avec le public », note-t-il. Reportages<br />

sur le terrain, sujets de<br />

consommation ou sociétaux participent<br />

aussi de cette volonté d’être<br />

au plus près des préoccupations<br />

des Français. « Pour ceux qui s’en<br />

inquiètent, il y aura aussi de l’enquête<br />

et de l’investigation », précise-t-il.<br />

«Il faut laisser plus de place au télé-spectateur<br />

à l’antenne et recréer<br />

du lien avec lui », confirme Xavier<br />

Couture. Mais comment faire exister<br />

les interpellations du public ?<br />

Mystère. Pourquoi pas un Quotidien<br />

façon Yann Barthès ? Pas<br />

question d’être «en décalage complet<br />

avec l’actu », répond le dirigeant.<br />

Qui note toutefois : «On peut<br />

se poser la question de créer un<br />

programme hybride qui mêle l’actualité<br />

dans ce qu’elle a de plus sévère<br />

et des formes divertissantes<br />

susceptibles de rameuter le public<br />

». Pour 2018, l’homme imagine<br />

déjà une émission quotidienne de<br />

magazine ou de divertissement<br />

«qui permettrait d’aller à la rencontre<br />

d’un public jeune », en appui<br />

de l’offre numérique attendue sur<br />

les 18-30 ans. ◊<br />

France TV Publicité élargit sa clientèle<br />

avec 630 nouveaux clients au premier semestre, France tV Publicité a réussi à élargir<br />

l’assiette de ses annonceurs. La régie le doit en partie à ses innovations comme<br />

adressable.tv qui permet d’adresser de la publicité sur 24 régions, via les stations<br />

régionales de France 3, le digital et Météo France ou une croissance à deux chiffres<br />

des opérations sur mesure, le real time advertising par rapport à un événement<br />

ou la météo, l’évolution de la règlementation du parrainage (+20 %), le succès des<br />

programmes courts ou une meilleure monétisation des événements sportifs.<br />

31/08/2017 21 StratégieS N° 1914


BUSINESS / Veille médias<br />

Des figures d’Inter à Europe 1<br />

RADIO Avec 70 % de nouveaux programmes, Europe 1 opère un changement de fond. Recrutée à Radio France,<br />

l’équipe de direction mise sur l’« ex-matinalier » le plus écouté de France, Patrick Cohen.<br />

CAROLINE BONACOSSA<br />

@CBonacossa<br />

Ce sont deux détails.<br />

Mais deux symboles.<br />

Exit l’astrologie et le<br />

jeu d’Europe 1. Place<br />

à l’info. La nouvelle équipe<br />

de direction d’Europe 1, débauchée<br />

de Radio France par<br />

Arnaud Lagardère, s’est fixé un<br />

cap. « Recréer un collectif fort et<br />

s’assurer de l’adhésion de tous en<br />

interne », insiste le vice-PDG Frédéric<br />

Schlesinger (ex-numéro 2 de<br />

Radio France et ex-directeur de<br />

France Inter). Avec l’envie de pacifier<br />

les relations entre la rédaction<br />

et les programmes, jusque-là<br />

frères ennemis.<br />

RECONQUÊTE . Ce hussard du<br />

changement reçoit dans son<br />

bureau, Che Guevara et de Gaulle<br />

affichés sur le mur. Il refuse de<br />

critiquer ses prédécesseurs, préférant<br />

définir son objectif : « Faire<br />

d’Europe 1 la radio qui dresse<br />

le portrait de son époque. Une<br />

radio conçue à la fois pour comprendre<br />

l’actu, les grands phénomènes<br />

politiques, économiques<br />

et sociaux, mais aussi pour<br />

apprendre, se divertir et mieux<br />

se comprendre » . Il la veut « intelligente,<br />

drôle, solidaire » . Son<br />

plan stratégique s’inscrit sur<br />

trois ans : regagner le million<br />

d’auditeurs perdus en deux ans.<br />

Un bilan d’audience est prévu en<br />

juin 2018.<br />

Naufragée à 7,1 % d’audience cumulée,<br />

la station vise une vitesse<br />

de croisière de 9 % d’ici 2020.<br />

« Le plus gros risque aurait été<br />

de ne rien changer »a f fi r m eF r é -<br />

déric Schlesinger. Il avoue avoir<br />

proposé, dès son arrivée à Europe<br />

1, une grande tranche d’info<br />

à Thomas Sotto, qui n’a pas démérité.<br />

Trop tard… À l’antenne :<br />

70 % de nouveauté.<br />

© Marie Etchegoyen-Capa Pictures-Europe 1<br />

PATRICK COHEN veut une<br />

« matinale accueillante ».<br />

L’avis de<br />

FRÉDÉRIC<br />

SCHLESINGER<br />

vice-PDG d’Europe 1<br />

« Le plus gros<br />

risque aurait<br />

été de ne rien<br />

changer ».<br />

L’équipe d’anciens de France Inter,<br />

Patrick Cohen, Hélène Jouan,<br />

Pascale Clark, et surtout, d’ex de<br />

Canal + – Philippe Vandel, Daphné<br />

Bürki, Ariel Wizman, Thomas<br />

Thouroude – rejoignent les<br />

perles d’Europe 1 : Julie, Maxime<br />

Switek, Isabelle Quenin, Christophe<br />

Hondelatte et Frédéric Taddéï.<br />

« Cette grille ne coûte pas un<br />

centime de plus que la saison<br />

dernière » .<br />

Preuve que la tête de proue, Patrick<br />

Cohen, n’a pas commis de hold-up.<br />

« J’essaie de bien faire mon métier.<br />

» Ce dernier veut « une matinale<br />

accueillante qui apprenne<br />

des choses, génératrice d’intérêt,<br />

de curiosité, avec des moments de<br />

légèreté, et dont on ressorte heureux.<br />

» Il assure rester le même<br />

« avec d’autres partenaires de<br />

jeu et une culture de l’actu différente<br />

: beaucoup de réactivité sur<br />

Europe 1, un peu plus de recul<br />

sur France Inter. Je me sens très<br />

proche de la façon dont les choses<br />

sont faites ici » , rétorque-t-il à ceux<br />

qui l’imaginent né sur le service<br />

public où il a passé huit ans, contre<br />

treize ans à RTL et deux ans sur<br />

Europe 1 .<br />

ÉCHOS. « Par l’animation, le rythme,<br />

la durée des JT et de l’interview politique<br />

et le peu de tunnels publicitaires,<br />

on se croyait sur la matinale<br />

de France Inter, reconnaît Philippe<br />

Nouchi, directeur expertise média<br />

chez Publicis Média . Seule la dernière<br />

demi-heure culturelle copie<br />

un peu RTL avec des choix plus exigeants.<br />

» Les annon ceurs reviendront-ils<br />

? Avec une grille ambitieuse<br />

et cohérente, sûrement. En<br />

deux ans, Europe 1 a perdu 28 %<br />

en quart d’heure moyen sur les<br />

responsables des achats de moins<br />

de 60 ans et 29 % sur les CSP +. La<br />

révolution s’imposait. ◊<br />

STRATÉGIES N° 1914<br />

22<br />

31/08/2017


BUSINESS / Veille médias<br />

Les Inrocks<br />

font leur festival<br />

MagazIne L’hebdo, propriété du banquier Matthieu Pigasse,<br />

s’offre une nouvelle formule papier et digitale. Son credo ?<br />

Réaffirmer sa force de prescription tout en allant vers son public.<br />

Y compris à Rock en Seine.<br />

CaroLIne BonaCossa<br />

@CBonacossa<br />

Télévision<br />

CanaL+. Le groupe Canal+<br />

(Vivendi) a annoncé le 24 août<br />

un partenariat avec L’Équipe<br />

qui permettra à ses abonnés<br />

d’accéder aux contenus<br />

rédactionnels du journal sportif. Le nouveau service<br />

L’Équipe sera inclus sans surcoût dans l’offre intégrale de<br />

Canal (la plus chère) et proposée en option aux nouveaux<br />

abonnés du pack sport. Canal+ a par ailleurs annoncé le<br />

21 août un partenariat de distribution avec Bouygues<br />

Telecom, comme il en existe déjà avec Orange et Free.<br />

© Zelienoreda<br />

L<br />

à où tout commence » pourrait<br />

être la baseline de la<br />

nouvelle formule des Inrockuptibles.<br />

C’était quand<br />

déjà, que « tout a commencé »? Le<br />

magazine furieusement accro au<br />

rock et à sa culture contestataire a<br />

été lancé il y a 31 ans. Ce pourrait<br />

être l’âge moyen de ses lecteurs.<br />

Alors que les ventes ont retrouvé<br />

leur volume d’il y a dix ans<br />

(36 124 exemplaires en diffusion<br />

France payée en 2016, +2,18 %),<br />

le média culturel s’offre un toilettage<br />

complet : magazine, site et appli<br />

disponibles depuis le 30 août.<br />

«On ne fait jamais mieux que ce<br />

que l’on sait faire, affirme Pierre<br />

Siankowski, directeur de la rédaction.<br />

L’ADN du titre est d'être prescripteur,<br />

en culture et en société. Et<br />

de l’être avant tout le monde. Nous<br />

n’avions pas fait de nouvelle formule<br />

depuis sept ans. Il était temps<br />

de s’y atteler. »<br />

carte blanche à un écrivain. Sur la<br />

forme, le journal a choisi une police<br />

plus élégante et aérée. Sur le<br />

fond, il laisse chaque semaine une<br />

double page à un écrivain (Aurélien<br />

Bellanger, Lola Lafon et Leïla<br />

Slimani…), insère un cahier<br />

style, mode, food, voyage et un<br />

strip de Fabcaro. «Nous sommes<br />

une marque forte qui fait des recommandations<br />

et nous voulons<br />

accentuer notre démarche servicielle.<br />

Sur l’appli, chaque jour à<br />

18h, un push proposera dix prescriptions<br />

culturelles sur une formule<br />

freemium » explique Élisabeth<br />

Laborde, secrétaire générale<br />

des Nouvelles éditions indépendantes<br />

(LNEI) et directrice générale<br />

des Inrockuptibles.<br />

Et puisque le banquier Matthieu<br />

Pigasse, propriétaire des LNEI (Les<br />

Inrocks, Nova, Cheek Magazine) a<br />

acquis le festival Rock en Seine,<br />

c’est là que la nouvelle formule a<br />

été lancée en avant-première, le<br />

week-end du 26 août. «Sa volonté<br />

est de réunir des médias ou des<br />

marques, qui ont en commun la<br />

prescription et l’indépendance, de<br />

créer des passerelles éditoriales et<br />

de développer des opérations communes<br />

et événementielles commercialisables<br />

par la régie et attractives<br />

pour les annonceurs », ajoute<br />

la dirigeante. L'indépendance,<br />

certes, mais avec un peu d'interdépendance.<br />

◊<br />

© Jean-Philippe Baltel-arte<br />

© Chevalin-tF1<br />

© France inter<br />

arTe. Véronique Cayla, présidente<br />

d’Arte France, ambitionne d’avoir<br />

« une chaîne européenne à part<br />

entière » via Internet. Elle compte<br />

pour cela sur Arte+7, l’offre TV de<br />

rattrapage, les sous-titres et de<br />

futures plates-formes thématiques « de niche », comme<br />

le cinéma d’auteur européen et la musique classique. 15 %<br />

des vidéos d’Arte sont vues ailleurs qu’en France et en<br />

Allemagne. Un chatbot a en outre été installé sur l’appli.<br />

LCI. David Pujadas prend la suite<br />

d’Yves Calvi - parti sur Canal+ - sur<br />

LCI à la rentrée. Il a commencé le lundi<br />

28 août sa tranche 24h Pujadas : l’info<br />

en questions, du lundi au vendredi<br />

de 18h à 20h. Fabien Namias rejoint<br />

également la chaîne comme éditorialiste politique aux<br />

côtés de Natacha Polony, Roselyne Bachelot ou Pascale<br />

de La Tour du Pin.<br />

radio<br />

FranCe InTer. La station a confié<br />

sa matinale à Nicolas Demorand et<br />

à Léa Salamé, qui menait déjà une<br />

interview quotidienne. Fabienne<br />

Sintès reprend la tranche 18h-20h<br />

qu’il animait jusqu’ici. Parmi les autres<br />

changements opérés par France Inter, Antoine de Caunes<br />

présentera une émission quotidienne sur la culture pop<br />

à 16h, et Ali Baddou récupère la case du dimanche midi<br />

occupée depuis l’an dernier par Nicolas Demorand.<br />

DIGITAL<br />

The UpdaTe. CNN, partenaire de Snapchat Discover<br />

depuis ses débuts, a dévoilé sa nouvelle émission<br />

quotidienne conçue et adaptée au format Snapchat :<br />

The Update. Tous les jours à minuit, la chaîne américaine<br />

propose un résumé des actualités marquantes provenant<br />

du monde entier. Chaque programme se compose<br />

d’au moins cinq histoires issues des quatre coins<br />

de la planète.<br />

31/08/2017 23<br />

StratégieS N° 1914


BUSINESS / Culture tech<br />

« Oath regroupe 50 marques<br />

médias et technologiques »<br />

TECHNOLOGIES Erik-Marie Bion, ex-directeur général d’AOL France et aujourd’hui directeur général de Oath,<br />

né de la fusion entre AOL et Yahoo, clarifie l’évolution de ses différentes marques.<br />

PROPOS RECUEILLIS PaR CéCILIa DI QUINzIO<br />

@CciliaDiQuinzio<br />

Quelle est la définition de Oath ?<br />

Erik-MariE BiOn. Oath est né de<br />

l’acquisition par le groupe télécom-média<br />

Verizon de Yahoo et<br />

de la fusion de ce dernier avec<br />

AOL, bouclée définitivement le<br />

13 juin 2017. Il s’agit de la nouvelle<br />

entité destinée à combiner<br />

les marques AOL et Yahoo. C’est<br />

une marque ombrelle au même<br />

titre qu’Alphabet, maison mère<br />

de Google.<br />

Oath est un groupe internet qui<br />

réunit en son sein 50 marques<br />

médias et technologiques. C’està-dire<br />

l’ensemble des marques<br />

médias de Yahoo (Yahoo News,<br />

Yahoo Finances, Tumblr,<br />

Flickr…), mais également les<br />

marques technologiques comme<br />

Flurry (publicité et analytique<br />

mobile), Gemini (publicité native)<br />

ou encore Brightroll (offre<br />

programmatique). Côté AOL, il<br />

faut compter le HuffPost, Tech-<br />

Crunch ou Engadget sur la partie<br />

médias, et One Video, One TV,<br />

sur la partie tech. Notre stratégie<br />

est de créer des marques que<br />

les gens aiment, avec comme<br />

baseline « Build Brands People<br />

Love ».<br />

De quelles activités vous êtes-vous<br />

séparés ?<br />

E-M.B. Les activités de Yahoo qui<br />

ne font pas partie de Oath sont la<br />

participation dans le groupe d'ecommerce<br />

Alibaba (15,5 %), qui<br />

est restée dans une holding différente<br />

nommée Altaba. Tout<br />

comme une participation de<br />

35,5 % dans Yahoo Japan (exploité<br />

par SoftBank).<br />

© thomas gogny pour <strong>Stratégies</strong><br />

Erik-MariE BiOn,<br />

directeur général de Oath<br />

France : « Notre stratégie :<br />

créer des m arques que les<br />

gens aiment ».<br />

Vos missions ont-elles changé ?<br />

E-M.B. Mes missions ne changent<br />

pas. Mais pour les prochaines semaines,<br />

je vais me focaliser davantage<br />

sur l’interne, sur l’orchestration<br />

et la synchronisation<br />

des équipes, qui sont amenées à<br />

travailler ensemble. Pour le moment,<br />

en France, l’ancienne entité<br />

AOL Advertising a été renommée<br />

Oath France, mais Yahoo<br />

France subsiste. Les deux entités<br />

restent séparées, avec deux comités<br />

d’entreprise différents. Nous<br />

sommes en phase, classique, de<br />

consultation. Mais sans doute les<br />

deux équipes seront prochainement<br />

réunifiées. Nos locaux sont<br />

assez grands pour les accueillir.<br />

C’est un gros chantier à la mesure<br />

d’une des plus grosses fusions<br />

que l’industrie ait connue.<br />

Ce chantier est provisoire : dès<br />

janvier prochain, je serai à nouveau<br />

sur l’externe.<br />

Quels sont les chantiers pour cette fin<br />

d’année 2017 ?<br />

E-M.B. Nos trois axes de développement<br />

prioritaires sont la vidéo,<br />

la data et le mobile. Il faut replacer<br />

ces objectifs dans le cadre<br />

de l’orientation très data de Verizon,<br />

acteur télécom mondial.<br />

Au niveau de nos médias, nous<br />

sommes aujourd’hui à 1 milliard<br />

d’utilisateurs par mois dans le<br />

monde. Notre ambition pour 2020<br />

est d’atteindre les 2 milliards.<br />

J’ajoute que si notre audience est<br />

très forte aux États-Unis, la croissance<br />

viendra de l’international.<br />

Dans cette optique, et afin de<br />

mieux nous adapter au marché,<br />

nous nous sommes organisés en<br />

trois zones géographiques : les<br />

Amériques, la zone EMEA et la<br />

zone APAC.<br />

Autre priorité : la qualité. Nous<br />

voulons proposer aux annonceurs<br />

un inventaire à la visibilité<br />

et à la sécurité garantie (brand<br />

safety), et aux utilisateurs, une<br />

bonne expérience. Une offre que<br />

l’on veut différente de ce que<br />

propose le duopole Facebook et<br />

Google. ◊<br />

StratégieS N° 1914 24<br />

31/08/2017


BUSINESS / Culture tech<br />

Look a un œil partout<br />

VIDÉO Moins d'un an après sa création, la start-up communautaire<br />

de vidéos à la demande se concentre sur sa partie business.<br />

EmmanuEL GaVarD<br />

@Manugavard<br />

Pas de vacances<br />

Pour Facebook !<br />

LE GÉant n’a pas chômÉ aVEc LE LancEmEnt D’unE<br />

markEtpLacE pour concurrencer le Bon coin,<br />

le lancement d’un service vidéo, Watch, qui permet<br />

de regarder le sport, des émissions ou des séries,<br />

et le rachat de la start-up de réalité augmentée Fayteq.<br />

créée en allemagne, Fayteq permet de rajouter<br />

des éléments virtuels sur des images, ou de supprimer<br />

des éléments réels…<br />

On dit souvent que<br />

les meilleures idées<br />

viennent pendant les vacances…<br />

Donald Staar a<br />

eu la sienne en été 2015. Ce designer<br />

belge voulait se rendre dans<br />

le centre de Londres, mais en raison<br />

d’un festival, plusieurs rues<br />

avaient été fermées. « Impossible<br />

de savoir si on pouvait circuler, raconte<br />

le jeune entrepreneur. Et je<br />

me suis dit que cela aurait été pratique<br />

d’avoir quelqu’un qui pouvait<br />

filmer le centre pour vérifier que les<br />

rues étaient rouvertes ! » Suite à<br />

cette réflexion, il décide de monter<br />

Look. Une plate-forme communautaire<br />

de vidéos, mais filmées à la<br />

demande. Une sorte de Facebook<br />

Live sur requête.<br />

Une fois inscrit, le « looker » peut<br />

demander aux membres du réseau<br />

de filmer un endroit, s’ils s’y<br />

sont localisés. « Chacun s’approprie<br />

le fonctionnement : vérifier les<br />

bouchons, voir la plage et constater<br />

s’il y a du vent ou du monde, jauger<br />

l’intérieur d’un bar et sentir l’ambiance<br />

avant de s’y rendre… Il y a<br />

autant de cas d’usage que de personnes<br />

», s’enthousiasme Donald<br />

Staar. Mais surtout, le tourisme<br />

en tire parti : vérifier la disposition<br />

d’un hôtel, l’état d’une chambre,<br />

sans se limiter aux images photoshoppées<br />

des plaquettes ; ou admirer<br />

la vie de l’autre côté de la planète,<br />

en direct, sans bouger de son<br />

canapé, par curiosité !<br />

CITIZEN JOURNALISM. Dix mois après,<br />

Look revendique 80 000 téléchargements<br />

dont un tiers d’utilisateurs<br />

mensuels. Quant au business plan,<br />

le Belge a plus d’un tour dans son<br />

sac. Quelles entreprises seraient à<br />

même de s’intéresser à une telle<br />

communauté ? Les médias. Toujours<br />

à la recherche de « live », de<br />

réactivité, ils pourraient tirer profit<br />

d’un tel réseau… On se souvient de<br />

BFM qui demandait à des témoins<br />

d’envoyer leurs vidéos ; Look les<br />

concentre dans un même outil, garantit<br />

la localisation et la date auxquelles<br />

elles ont été filmées. « C’est<br />

très approprié au citizen journalism<br />

ou au journalisme “on-site”»,<br />

indique Donald Staar. Le groupe<br />

Roularta est d’ailleurs rapidement<br />

monté au capital de la start-up, et<br />

une action avec eux sera prochainement<br />

lancée. Après une levée<br />

de fonds de 250 000 euros, auprès<br />

de Viralety et Wing, un deuxième<br />

tour de table est en cours pour,<br />

justement, insister sur cette partie<br />

business. ◊<br />

Le mot de la semaine<br />

self data<br />

Ce terme caractérise toutes les pratiques ou processus<br />

par lesquels le consommateur contrôle lui-même<br />

la gestion de ses données personnelles. C’est lui<br />

qui décide de ce qu’il transmet et à qui.<br />

center Parcs<br />

se met au<br />

programmatique<br />

cEntEr parcs insère des<br />

pubs en programmatique<br />

dans ses images,<br />

directement intégrées<br />

aux photos des articles.<br />

La marque a travaillé pour<br />

cela avec Vizeum (Dentsu<br />

Aegis Network), Amnet<br />

et la start-up Seedtag.<br />

Linkedin intègre<br />

la video native<br />

LE rÉsEau sOcIaL<br />

prOFEssIOnnEL a mis en<br />

place la vidéo native au<br />

sein de son écosystème.<br />

Il est désormais possible<br />

de partager des vidéos<br />

en les filmant directement<br />

depuis l’application.<br />

Pinterest<br />

améliore<br />

sa recherche<br />

visuelle<br />

LE sItE WEB a avancé<br />

sur deux nouvelles<br />

fonctionnalités : le zoom<br />

sur les épingles qui permet<br />

de regarder les images<br />

de plus près lorsqu’elles<br />

apparaissent sur le mur,<br />

et la recherche visuelle<br />

qui a été mise à jour.<br />

31/08/2017 25<br />

StratégieS N° 1914


DOSSIER<br />

ENFANTS 4-12 ANS<br />

La génération<br />

alpha au pouvoir<br />

Les 7 millions d’enfants nés en France entre 2005 et 2013 constituent une génération plus agile,<br />

plus autonome mais aussi plus versatile que les précédentes. Décryptage.<br />

VINCENT-XAVIER MORVAN<br />

@vincentxaviermo<br />

Attention, rupture. La génération alpha, qui rassemble les enfants<br />

nés après 2005, s’inscrit dans une rupture complète avec les<br />

générations précédentes. La différence n’est pas seulement de<br />

degré, mais aussi de nature. Corinne Abitbol, directrice générale<br />

des études d’Omnicom Media Group, publie chaque année<br />

« New Gen », une somme sur les tendances de consommation<br />

médias chez les enfants. Selon elle, les jeunes sont désormais<br />

« au-delà des écrans ». « Avec la réalité augmentée et la réalité virtuelle, tout l’écosystème<br />

change, remarque-t-elle. Pour notre génération, les casques de réalité virtuelle,<br />

c’était de la science-fiction, Pour eux, ce ne l’est plus. Il n’y a plus un jeu qui<br />

soit vendu sans un casque. »<br />

Dépassée, la génération X , les enfants nés entre 1975 et 1985 qui ont grandi avec les<br />

premiers ordinateurs domestiques et assisté à l’émergence du téléphone mobile. Balayée,<br />

la génération Y des années 85 à 95, celle des premiers réseaux sociaux, à commencer<br />

par Facebook. Même les « Z », les enfants nés entre 1995 et 2005 chez lesquels<br />

la technologie est totalement intégrée au quotidien, sont différents. Les « alpha », enfants<br />

des premiers millenials, ces parents qui ont<br />

eu 20 ans en l’an 2000, sont de vrais « screenagers<br />

accros au smartphone et à la tablette » pour<br />

lesquels « la technologie n’est plus un outil », mais<br />

tout bonnement « une facette de leur vie ». New<br />

Gen les voit « au cœur d’une nouvelle dynamique<br />

technologique », avec la 3D, la réalité virtuelle, la<br />

réalité augmentée, les vêtements connectés et les<br />

bots, ces petits robots qui assurent une interface<br />

automatisée entre un service et ses utilisateurs.<br />

Biberonnée au digital, la génération alpha<br />

se distingue d’abord par son agilité.<br />

Avec une moyenne de 9,3 écrans par foyer<br />

lorsque ce dernier comporte un enfant, contre<br />

6,4 en moyenne, elle a appris à passer de<br />

l’un à l’autre. Le petit écran reste roi, avec<br />

3 heures de contenus regardés chaque jour en<br />

moyenne, mais ce qui a changé, « c’est la manière<br />

de regarder la télévision » , observe Caroline Cochaux,<br />

la présidente de Gulli, l’une des chaînes<br />

jeunesse de Lagardère. « Il y a toujours autant<br />

de linéaire, cela ne bouge pas, mais désormais<br />

un enfant qui regarde la télévision l’agrémente<br />

avec autre chose, une tablette par exemple. » Si<br />

l’écran de télévision reste n° 1, celui devant lequel<br />

on passe le plus de temps, un tiers des enfants<br />

de 4 ans ont déjà leur tablette.<br />

STRATÉGIES N° 1914 26<br />

31/08/2017


© Getty Images<br />

Le phénomène est marqué aussi dans le domaine<br />

des jeux et des jouets. « Aujourd’hui, les<br />

enfants veulent bien continuer à jouer avec un<br />

jouet physique, mais il faut une dose de réalité<br />

augmentée, remarque Olivier Denéchère, président<br />

de l’agence Ultimum Adversiting et ancien<br />

responsable directeur de la communication de<br />

Smoby. Ils sont par exemple attirés par un jeu de<br />

construction, mais avec la tablette qui va avec<br />

et qui permet de voir ce qui se construit en réalité<br />

augmentée. » Pour lui, les enfants ont toujours<br />

besoin du « rapport physique et charnel »<br />

avec l’objet, mais le digital vient augmenter les<br />

émotions liées à l’expérience. Et de remarquer<br />

que la force du dernier phénomène des cours de<br />

récréation, la toupie Hand Spinner, ne tient pas<br />

tant à l’objet lui-même qu’aux défis que les gamins<br />

se lancent via vidéos interposées sur les<br />

réseaux sociaux.<br />

Émetteurs<br />

Shirley Curtat, qui a fondé il y a bientôt dix ans<br />

l’agence spécialisée Com' des enfants, estime<br />

elle aussi que la nouvelle génération a<br />

de l’avance sur la précédente. « Avant, la tablette,<br />

c’était vers 7-10 ans, maintenant 40 %<br />

des moins de 2 ans en ont déjà utilisé une, remarque-t-elle.<br />

Les 3-6 ans ont aujourd’hui les<br />

mêmes modes de consommation multimédia<br />

que les 7-12 ans. Ils ont de l’avance sur la manipulation<br />

des outils. Désormais, 40 % des 3-6<br />

ans regardent des vidéos tous les jours. Tous ces<br />

chiffres sont probants, inquiétants peut-être, en<br />

tout cas perturbants. »<br />

Plus agiles, les alpha sont aussi bien plus autonomes<br />

que leurs aînés. Shirley Curtat relève<br />

qu’avant, « l’enfant était relativement<br />

passif devant son poste de télévision » . Maintenant,<br />

« il est demandeur » , c’est-à-dire qu’il ne<br />

se contente plus de ce qu’on lui propose mais<br />

utilise les outils à sa disposition pour aller luimême<br />

composer ses programmes. « Chez les<br />

4-6 ans, 62 % regardent la télévision en direct<br />

mais le même pourcentage utilise aussi la télévision<br />

en replay, après diffusion, pointe la publicitaire.<br />

Cette tendance-là n’existait pas il y a encore<br />

cinq ans. » Pour elle, cela change beaucoup<br />

de choses : « Choisir quand, avec qui et comment<br />

on regarde la télévision rend l’enfant plus autonome.<br />

» Il y a peu, il était admis qu’avant 8 ans,<br />

l’enfant n’avait que peu d’autonomie. C’est fini<br />

aujourd’hui.<br />

Un phénomène auquel « avec peu de moyens,<br />

mais beaucoup de créativité, on s’est adaptés<br />

» , reconnaît Caroline Cochaux, la patronne<br />

de Gulli. Sur les chaînes TV destinées<br />

à la jeunesse, ce sont ainsi parfois les programmes<br />

plébiscités par les enfants sur le Net<br />

qui s’imposent ensuite sur les petites lucarnes.<br />

40%<br />

des enfants âgés<br />

de moins de 2 ans<br />

ont déjà utilisé une<br />

tablette.<br />

31/08/2017 27<br />

STRATÉGIES N° 1914


dossier<br />

enfants 4-12 ans<br />

Dr<br />

Chez Gulli, le programme « Les tactiques d’Emma<br />

», dans lequel une fillette filme ses petits<br />

tracas du quotidien, est ainsi passé sur le petit<br />

écran après avoir enregistré 9 millions de vues<br />

sur le web. Plus autonomes, les petits ont ainsi<br />

leurs propres réseaux sociaux, inconnus des<br />

plus grands, comme Musical.ly, qui permet de<br />

poster des vidéos de chorégraphies en play-back<br />

des tubes du moment. Et comme dans le monde<br />

des adultes, où chacun peut devenir un média<br />

en créant un compte Twitter, les enfants deviennent<br />

à leur tour des émetteurs. « Quand on<br />

voit des gamins de 8 ans qui ont déjà leur propre<br />

chaîne YouTube, ça change les écosystèmes »,<br />

remarque Corinne Abitbol. L’enjeu pour les<br />

marques, devant une telle fragmentation de l’audience,<br />

consiste alors à identifier ces nouveaux<br />

points de contact, ceux qui, à côté d’influenceurs<br />

comme Norman ou Cyprien, ont un potentiel<br />

d’avenir, même si leur audience n’atteint pas<br />

encore les sommets de ces youtubeurs à succès.<br />

© Jérome Prébois<br />

Corinne Abitbol, directrice générale<br />

des études d’Omnicom Media Group,<br />

CAroline CoChAux, présidente de<br />

Gulli, et Shirley CurtAt, fondatrice<br />

de l’agence Com’ des enfants.<br />

Cette génération<br />

zapping représente<br />

un vrai casse-tête<br />

pour les marques qui<br />

doivent anticiper très<br />

vite les tendances.<br />

Dr<br />

un vrai casse-tête pour les marques qui doivent<br />

compter avec une exigence toujours plus forte et<br />

anticiper très vite les tendances. « Il y a une accélération,<br />

note Corinne Abitbol chez Omnicom<br />

Média Group. Il y a trois ans, les petits élastiques<br />

Rainbow avaient duré trois mois. Cette année, les<br />

Hand Spinner, un mois et demi seulement. Les<br />

phénomènes sont de plus en plus éphémères, une<br />

nouveauté en chasse une autre. »<br />

Et avec internet, les phénomènes se propagent<br />

dans le monde entier comme une traînée de<br />

poudre chez des gamins hyper-connectés. Difficile<br />

dans ces conditions pour les marques d’anticiper<br />

ces phénomènes. Le temps de se positionner,<br />

et les bambins sont déjà passés à autre<br />

chose. Zappant de la télévision à son ordinateur<br />

avec le smartphone jamais bien loin, l’enfant moderne<br />

est devenu insaisissable. « Pour capter son<br />

attention, cela devient trois fois plus dur, soupire<br />

Shirley Curtat. Le marketing a encore de longues<br />

années devant lui… » n<br />

Insaisissables<br />

Plus agile et plus autonome, la génération alpha<br />

est enfin plus versatile. « Les enfants ont accès à<br />

plus de découvertes qu’avant, ils ont plus de liberté<br />

et peuvent expérimenter plus de choses, en<br />

matière de loisirs ou de vacances notamment »,<br />

note Perrine Boyer, la fondatrice de l’agence<br />

Promo Agency qui a créé un département dédié<br />

aux enfants. Conséquence : « Ils sont aussi sursollicités<br />

et ont besoin en permanence de nouveautés.<br />

» Cette génération zapping représente<br />

Haro sur les mascottes<br />

Les marques vont-elles devoir se passer<br />

des mascottes et personnages de dessins<br />

animés, l’une de leurs armes favorites<br />

pour capter les enfants ? En juin, le Bureau<br />

européen des unions de consommateurs<br />

a lancé une campagne appelant fabricants<br />

et distributeurs du secteur alimentaire à<br />

les bannir des emballages et des publicités<br />

des produits considérés comme trop gras,<br />

trop sucrés ou trop salés. En France, l’association<br />

de défense des consommateurs<br />

CLCV demande que l’initiative prise en<br />

2016 aux Pays-Bas, où certaines marques<br />

ont accepté de restreindre l’utilisation<br />

de personnages sur les packagings, soit<br />

« étendue au sein de l’Europe ».<br />

StratégieS N° 1914 28<br />

31/08/2017


dossier<br />

enfants 4-12 ans<br />

Des familles<br />

à reconnecter<br />

études de cas<br />

Dans un contexte de bouleversement de la cellule familiale, les marques<br />

doivent jouer la carte de la reconnexion parents-enfants.<br />

Illustration avec cinq campagnes récentes.<br />

Vincent-XaVier MorVan @vincentxaviermo<br />

C’est l’un des préalables à toute communication enfants, selon Yves Cognard, président<br />

de l’institut d’études spécialisé Junior City : « Quand on s’intéresse aux enfants, on ne<br />

peut pas faire abstraction d’un agent économique, la maman. Ils sont prescripteurs de<br />

beaucoup de choses, mais l’acheteur, c’est elle. » Or, constate-t-il, la cellule familiale est<br />

en plein chamboulement. « La nouvelle génération grandit dans une cellule familiale complètement<br />

différente, note-t-il, où moins de la moitié des parents sont mariés, avec beaucoup de foyers<br />

monoparentaux et de familles recomposées, et parfois davantage de grands-parents. »<br />

L’évolution de ce cadre social ne modifie pas seulement les habitudes de mode de garde, les loisirs<br />

ou l’achat de jouets. Elle agit sur les comportements. « Aujourd’hui, l’enfant a besoin de se reconnecter<br />

avec ses parents et inversement, prévient Shirley Curtat, dirigeante de Com’des enfants.<br />

Ceux-ci n’ont jamais été aussi demandeurs de moments de partage en famille. Les parents travaillent<br />

trop et quand ils sont présents à la maison, eux aussi sont absorbés par leur smartphone.<br />

Ils ont l’impression de ne plus avoir de patience avec leurs enfants. » Selon elle, la grande tendance<br />

née l’an dernier, illustrée par les campagnes menées par Kinder, Playmobil ou Ferrero, c’est la<br />

mise en scène de ces « moments en famille ».<br />

Sophie Dahan, directrice marketing de l’agence Globe, liste plusieurs évolutions du cadre<br />

familial : « Ce qui a changé, par rapport au schéma classique de la maman acheteuse en vigueur<br />

il y a encore vingt ans, c’est que le père est lui aussi devenu acheteur, et que l’achat<br />

est désormais une décision collégiale au sein du foyer. Les enfants ne sont plus seulement<br />

prescripteurs, ils sont influenceurs. La notion de pouvoir a changé, il y a au sein du foyer une<br />

notion de vivre ensemble, de transversalité, et c’est aussi ce qu’on recherche quand on vient<br />

activer une marque, faire vivre un moment<br />

ensemble. » Reste à s’adresser à la structure<br />

familiale au moment où elle est la plus réceptive.<br />

« Les départs en vacances, les gares,<br />

les aires de service sur l’autoroute, les salons,<br />

tout cela fonctionne très bien », indique<br />

Sophie Dahan.<br />

Perrine Boyer, la fondatrice de Promo Agency,<br />

insiste sur la teneur du discours à tenir : « Aujourd’hui,<br />

la maman est à la fois moins présente<br />

et plus impliquée. Le discours doit être<br />

plus rassurant. Avant, le côté fun d’un produit<br />

suffisait, mais désormais, il doit aussi être bon<br />

et sain. » Il faut rassurer, et aussi montrer que<br />

la marque comprend la maman en lui donnant<br />

la possibilité d’échanger avec ses enfants et de<br />

transmettre son expérience. n<br />

Milka Brownie<br />

petits goodies, gros succès<br />

Le lancement de Milka Brownie, début 2017, illustre la particularité<br />

des produits destinés à la famille qui doivent toucher à la<br />

fois parents et enfants. Le produit lui-même prend en compte<br />

cette spécificité avec un format familial à partager et un autre,<br />

individuel. La publicité intègre cette logique, avec un spot à deux<br />

lectures dans lequel le décor (un open space dans un chalet à<br />

Lilaberg, le village imaginaire de la marque suisse) peut parler<br />

à tout le monde. L’agence Globe prend alors la main pour faire<br />

vivre cette plate-forme de communication avec une activation<br />

des ventes. Les familles sont ciblées via un pop-up store installé<br />

dans le centre commercial de Vélizy, tandis que les acheteurs<br />

sont touchés par un échantillonnage massif en entrée de<br />

StratégieS N° 1914 30<br />

31/08/2017


dossier<br />

enfants 4-12 ans<br />

dans le pop-up store<br />

de milka installé a Vélizy,<br />

les familles pouvaient<br />

se prendre en photo et la<br />

partager sur les réseaux.<br />

magasins (450 points de vente pour 1,3 million<br />

d’échantillons distribués). Le point notable, remarque<br />

Sophie Dahan, directrice marketing de<br />

Globe, c’est « le succès phénoménal » des goodies<br />

offerts dans le chalet de Vélizy : une photo<br />

de famille donnée en version imprimée puis<br />

envoyée par mail pour partager sur les réseaux<br />

sociaux. La générosité paye : Milka Brownie a<br />

engrangé en trois mois ses objectifs annuels de<br />

chiffre d’affaires, soit 4 millions d’euros, et pris<br />

en deux mois 27 % de parts de marché en valeur<br />

sur le segment du brownie. n<br />

31/08/2017 31<br />

StratégieS N° 1914


DOSSIER<br />

ENFANTS 4-12 ANS<br />

Oasis Pocket<br />

à l’heure des Minions<br />

Le partenariat entre les marques et le cinéma se<br />

révèle en général payant, dans un co-branding<br />

gagnant-gagnant où le film, privé de publicité<br />

classique sur le petit écran, profite d’une forte<br />

visibilité lors de sa sortie. La marque, en retour,<br />

bénéficie de l’aura de la licence. Et quand un tel<br />

accord est signé avec Moi, moche et méchant 3 ,<br />

le blockbuster d’Universal, l’effet est décuplé.<br />

L’agence Marcel a associé, au début de l’été, Oasis<br />

Pocket, petite boisson nomade de 25 cl qui<br />

cible les 4-12 ans, aux dernières aventures sur<br />

grand écran des Minions. Elle a imaginé un<br />

spot TV mariant les deux univers, avec des Minions<br />

se transformant en petits fruits espiègles<br />

après être passés au révélateur d’une machine,<br />

le Kombinator. « Le spot, diffusé en télévision et<br />

au cinéma, a été relayé par des opérations dans<br />

les salles permettant de gagner un petit goodies<br />

pour tout achat d’un Oasis » , indique Benjamin<br />

Taïeb, directeur associé chez Marcel. En magasin,<br />

l’univers du film est repris sur les blisters<br />

et propose de gagner des goodies ou un voyage<br />

au parc d’attractions Universal. Bilan : plus d’un<br />

million de vues du spot sur Facebook et 30 000<br />

participations au jeu en quelques semaines. ■<br />

Mini Babybel<br />

des mascottes incarnées<br />

La dernière campagne promotionnelle de Mini<br />

Babybel montre à la fois l’impact d’une prime<br />

directe, l’obligation d’incarner des personnages<br />

nés sur le web et la façon de s’adresser<br />

à des enfants qui n’ont pas tous le même âge.<br />

L’agence Promo Agency prend le relais en début<br />

d’année de « La vie du filet ». Cette web-série de<br />

Young & Rubicam, qui narre les aventures de petites<br />

mascottes rigolotes, fait un tabac. « Notre<br />

sujet , explique Perrine Boyer, fondatrice de Promo<br />

Agency, était de faire entrer dans le foyer ces<br />

personnages. » Première opération au printemps<br />

avec une prime différée, un verre rouge en forme<br />

de boule que l’enfant peut recevoir en échange<br />

de preuves d’achat. Cet été, les petits filets de fromage<br />

étaient enrichis d’une prime directe, un<br />

porte-clés à l’effigie des personnages. Le procédé<br />

permet de faire le buzz dans les cours de récré<br />

et ancre la marque dans la générosité. Reste<br />

qu’avec un cœur de cible de 7 ans, Mini Babybel<br />

est tiraillé entre les 3-6 et les 6-12 ans. « C’est assez<br />

récurrent sur ce type de produits, souligne<br />

Perrine Boyer. Dans ce cas, le parti pris consiste<br />

à s’adresser à la cible haute, à laquelle les plus<br />

jeunes peuvent s’identifier, plutôt que l’inverse. »<br />

L’agence évoque de bons taux de remontées des<br />

preuves d’achat. Le client, Bel, vient de lui confier<br />

Kiri ainsi que la Vache qui Rit, qui prévoit une<br />

évolution importante en 2018. ■<br />

STRATÉGIES N° 1914 32<br />

31/08/2017


Super Wings<br />

transformation réussie<br />

DOSSIER<br />

ENFANTS 4-12 ANS<br />

Face aux géants Mattel ou Hasbro, le groupe chinois Auldey déploie<br />

son business à la fois dans le secteur des jouets, le dessin animé, les<br />

parcs à thèmes, les contenus éducatifs… Pour sa licence Super Wings,<br />

des petits avions transformables en robots, il avance en même temps<br />

ses pions. La série Super Wings a d’abord été diffusée sur la chaîne<br />

Piwi + du groupe Canal +, avant d’arriver sur Gulli à l’été 2016. Pour<br />

l’occasion, les Super Wings ont participé à la tournée des plages organisée<br />

par la chaîne, au cours de laquelle, à l’occasion d’une vingtaine<br />

de dates, les enfants pouvaient apprendre les chorégraphies des<br />

petits avions Super Wings. Objectif : que les enfants s’approprient les<br />

personnages de la série. Dans chaque épisode, Jett, l’aéronef vedette,<br />

part en mission dans un endroit du monde pour aider un enfant. Pour<br />

cette rentrée 2017, Super Wings devrait encore gagner en visibilité en<br />

débarquant sur TF1. « Cette licence réunit tous les ingrédients pour<br />

rééditer le succès d’une Dora l’exploratrice » , espère Olivier Denéchère,<br />

dont l’agence Ultimum Advertising conçoit les spots produits<br />

des jouets du fabricant. Les ventes seraient en progression et à la hauteur<br />

des attentes du groupe. ■<br />

Saforelle Miss<br />

l’hygiène intime sans tabou<br />

Pour installer ce produit d’hygiène intime destiné<br />

aux petites filles de 4 à 10 ans, l’agence<br />

Com’des enfants a imaginé une stratégie de<br />

brand content qui doit permettre à cette marque<br />

vendue en pharmacie de fournir aux parents<br />

des outils pour nouer le dialogue avec leur progéniture.<br />

Un petit livret, « La journée de Lisa »,<br />

est d’abord encarté avec le produit. Il raconte<br />

la journée d’une petite fille et sert de repère à<br />

la fillette dans le choix des bons gestes, d’intermédiaire<br />

entre les parents et l’enfant et d’aide<br />

à la prescription médicale. « C’est un problème<br />

classique dans la communication à destination<br />

des enfants où il y a toujours plusieurs cibles<br />

autour d’eux » , relève Shirley Curtat, directrice<br />

de l’agence. D’autres actions sont engagées, notamment<br />

la diffusion d’une vidéo, dans laquelle<br />

Lisa raconte sa soirée pyjama, sur YouTube et<br />

Facebook. Créée il y a deux ans, cette page Facebook<br />

fédère aujourd’hui une communauté de<br />

13 000 personnes. Une nouvelle vidéo, sous la<br />

forme de témoignages de petites filles racontant<br />

leur moment du bain, prend le relais à cette rentrée.<br />

Les ventes et la notoriété de la marque, à la<br />

suite de cette campagne, seraient en progression<br />

sur les deux dernières années selon l’agence. ■<br />

31/08/2017 33<br />

STRATÉGIES N° 1914


DOSSIER<br />

ENFANTS 4-12 ANS<br />

La télé au tournant,<br />

la presse en forme<br />

MÉDIAS<br />

L’arrêt de la publicité sur les chaînes publiques rebat les cartes en télévision.<br />

Côté presse écrite, les titres jeunesse progressent.<br />

VINCENT-XAVIER MORVAN<br />

@vincentxaviermo<br />

Coup de tonnerre dans le paysage audiovisuel.<br />

Le 1 er janvier prochain,<br />

la publicité sera bannie des programmes<br />

jeunesse des chaînes du<br />

groupe France Télévisions. Ainsi en<br />

a décidé la loi du 8 décembre 2016, à l’initiative<br />

du sénateur écologiste André Gattolin. Elle stipule<br />

que « les programmes des services nationaux<br />

de télévision destinés prioritairement aux<br />

enfants de moins de 12 ans ne comportent pas<br />

de messages publicitaires autres que des messages<br />

génériques pour des biens ou services relatifs<br />

à la santé et au développement des enfants ou<br />

des campagnes d’intérêt général ». La restriction<br />

s’applique durant la diffusion de ces programmes<br />

et pendant 15 minutes avant et après cette diffusion.<br />

Elle frappe aussi les messages diffusés sur<br />

les sites internet de France Télévisions qui proposent<br />

des programmes destinés aux enfants. Le<br />

manque à gagner est estimé par le groupe audiovisuel<br />

public entre 15 et 20 millions d’euros.<br />

Les chaînes privées restent prudentes<br />

Olivier Denéchère, le président de l’agence Ultimum<br />

Advertising, juge que « cet argent ne va<br />

pas disparaître, il va se transformer. Tous vont<br />

en profiter, Gulli, TF1, M6, Canal +, Nickeolodeon,<br />

Disney… et le digital également, avec You-<br />

Tube et le replay ». Même avis de Corinne Abitbol,<br />

directrice générale des études d’Omnicom<br />

Media Group, qui anticipe « un changement des<br />

forces en présence ». « Cela va donner plus de<br />

poids aux chaînes privées qui vont vendre plus<br />

cher les écrans pub, dit-elle. L’effet sera non négligeable.<br />

Un manque à gagner de 10 à 20 millions<br />

d’euros, c’est potentiellement ce que les<br />

autres vont récupérer car la télévision reste incontournable<br />

en termes de notoriété. »<br />

Dans les groupes privés, on observe<br />

toutefois la plus grande<br />

prudence, à commencer par<br />

Gulli, la chaîne de Lagardère.<br />

« L’arrêt de la pub sur France 4<br />

est difficilement une opportunité<br />

pour nous parce que<br />

nous allons nous retrouver<br />

en concurrence frontale avec<br />

une chaîne sans publicité, même<br />

si l’effet repoussoir de la pub est moins<br />

marqué que chez les adultes »<br />

, note Marie Renoir,<br />

directrice générale déléguée du pôle TV,<br />

radio, culture de Lagardère Publicité, qui chapeaute<br />

Gulli, Canal J et Tiji. Surtout, expliquet-elle,<br />

« sur les deux mois d’octobre et novembre<br />

qui correspondent à la grosse saison des annonceurs<br />

jeux et jouets, nos plannings sont déjà complets<br />

». Sur cette période où la demande excède<br />

l’offre, avec quelque 450 campagnes en deux<br />

mois, « l’arrêt de la pub sur France Télévisions<br />

n’est pas une opportunité », estime Marie Renoir,<br />

qui envisage en revanche « des transferts<br />

possibles sur le reste de l’année ». Quant au renchérissement<br />

des écrans, il a une limite. Pas<br />

question d’assommer des annonceurs avec lesquels<br />

on cherche à nouer un partenariat sur la<br />

durée. « Et, relève enfin la dirigeante, France 4<br />

ne s’était positionnée sur les enfants que depuis<br />

peu, on va donc retrouver le marché qu’on avait<br />

il n’y a pas si longtemps, ce n’est pas comme si un<br />

concurrent installé depuis quinze ans disparaissait<br />

soudain du paysage. »<br />

Voilà en tout cas qui ne devrait pas entraver la<br />

marche en avant des chaînes privées destinées<br />

aux enfants, à commencer par Gulli, justement,<br />

l’une des trois pépites (avec Elle et Europe 1)<br />

du groupe Lagardère en termes de chiffre d’af-<br />

GULLI, qui revendique<br />

le statut de première chaîne<br />

jeunesse en France, a écoulé<br />

150 000 exemplaires<br />

de sa tablette.<br />

STRATÉGIES N° 1914 34<br />

31/08/2017


dossier<br />

enfants 4-12 ans<br />

faires. La marque enfants de la TNT, qui revendique<br />

le statut de première chaîne jeunesse en<br />

France avec plus de 17 % de part d’audience au<br />

premier semestre 2017 sur cette cible, multiplie<br />

les initiatives. Elle lance une nouvelle version,<br />

la sixième en cinq ans, a écoulé dans le même<br />

temps 150 000 exemplaires de sa tablette, ouvre<br />

un nouveau parc d’attractions à Aix-en-Provence,<br />

le septième « Gulli Parc »… (les six précédents<br />

revendiquant un million de visiteurs<br />

en six ans). Et elle accélère son développement<br />

international avec le lancement de Gulli Bil Arabi<br />

(« en langue arabe ») sur 19 pays du Moyen-<br />

Orient et d’Afrique du Nord, deux ans après Gulli<br />

Africa sur 22 pays d’Afrique francophone. « Gulli<br />

n’est plus seulement une chaîne TV sur la TNT,<br />

mais un univers de marque », observe sa présidente<br />

Caroline Cochaux, directrice déléguée du<br />

pôle TV de Lagardère Active.<br />

La vidéo au cœur du dispositif<br />

Une politique de déclinaison de marque que<br />

l’on retrouve chez Nickelodeon (Viacom) où<br />

Bob L’éponge nourrit une « approche holistique<br />

» à travers des contenus exclusifs en guise<br />

de « primes digitales » ou des produits dérivés<br />

comme un menu chez McDo. La vidéo est aujourd’hui<br />

au cœur du dispositif. « Avec 18 millions<br />

de streams par mois, Nickeleodeon est<br />

devant Disney sur YouTube », observait en juin<br />

son patron Thierry Cammas. Mais l’annonce<br />

marquante de la rentrée est à mettre à l’actif<br />

de C8. Depuis le 21 août, la chaîne du groupe<br />

Canal + propose pour la première fois des programmes<br />

enfants. Cette tranche, baptisée C8<br />

Cartoon, est diffusée du lundi au vendredi de<br />

6 h 30 à 8 h, le samedi de 6 h 30 à 7 h 30 et le dimanche<br />

de 6 h 30 à 9 h. Les programmes puisent<br />

Depuis le 21 août, C8<br />

propose pour la première<br />

fois des programmes<br />

enfants. Côté presse<br />

écrite, J’aime lire<br />

et le Journal De mickey<br />

dépassent les<br />

100 000 exemplaires.<br />

dans le stock des deux chaînes enfants payantes<br />

du groupe, Piwi + et Teletoon +, et ciblent les<br />

4-10 ans. « Des annonceurs sont déjà présents<br />

au démarrage, et ça va monter crescendo dans<br />

la perspective de 2018 », avance Arnaud Daubé,<br />

directeur de publicité à Canal + Régie.<br />

Côté presse écrite, moins de bouleversements<br />

dans un contexte où la plupart des titres, à l’inverse<br />

de la tendance générale, progressent. Ainsi<br />

le leader J’aime lire, du groupe Bayard. Le mensuel<br />

affiche une insolente progression de 4,4 %<br />

de sa diffusion (France payée) en 2016, à plus<br />

de 132 000 ex., avec une recette quasi inchangée<br />

depuis son lancement il y a quarante ans.<br />

Derrière, le Journal de Mickey (Disney Hachette<br />

Presse) gagne 2,2 % et frise les 102 000 ex. hebdomadaires,<br />

stoppant ainsi son érosion, de même<br />

que son cousin Super Picsou Géant, un bimestriel<br />

qui le talonne de près avec plus de 101 000<br />

ex. (+1,7 %). Certains, comme le bimensuel Astrapi<br />

(Bayard), bondissent même de 9,3 %, à 65 600<br />

ex. Le Petit Quotidien (groupe Play Bac) dépasse<br />

en 2016 les 51 000 ex., selon l’ACPM.<br />

Le regain d’intérêt pour la presse écrite est indéniable<br />

et donne des idées aux éditeurs. Ouest-<br />

France a lancé en partenariat avec Press 4 Kids<br />

un quotidien numérique à destination des<br />

7-12 ans. Dimoitou News est disponible tous les<br />

soirs de la semaine à 17 heures, sur abonnement<br />

(4,99 euros par mois), en trois versions selon<br />

l’âge. Bayard a lancé son appli Bayam en début<br />

d’année, à 3,99 euros par mois. Elle donne accès<br />

aux 3-11 ans à un catalogue de contenus. En<br />

région, le quotidien leader du Sud-Est lance un<br />

appel à ses lecteurs pour l’aider à « construire un<br />

Nice-Matin pour les enfants » en leur demandant<br />

de remplir un questionnaire pour mieux cerner<br />

leurs attentes et celles de leur progéniture. n<br />

31/08/2017 35<br />

StratégieS N° 1914


INSPIRATIONS<br />

Tendances<br />

« LES NÉO-ARTISANS ADORENT<br />

FAIRE DU STORYTELLING »<br />

livre Prisonniers de « métiers à la con », les surdiplômés rêvent de métiers manuels ou artisanaux, d’ouvrir une microbrasserie,<br />

un bar à soupe… Dans « La Révolte des premiers de la classe » (Arkhé), Jean-Laurent Cassely, journaliste à Slate,<br />

décrypte la quête de sens de ces jeunes urbains, qui se muent en néo-artisans. Un phénomène parti pour durer.<br />

ProPos recueillis Par DelPhine le Goff<br />

@DelphineLegoff1<br />

D’où vous est venue l’inspiration de<br />

votre essai ?<br />

Jean-Laurent CasseLy. L’idée est<br />

venue d’un constat. Je voyais autour<br />

de moi des gens qui avaient<br />

fait des études supérieures, un<br />

Master, Sciences Po, une école de<br />

commerce, et qui bifurquaient de<br />

manière assez radicale vers des<br />

CAP, des métiers manuels ou artisanaux,<br />

dont l’ambition était d’ouvrir<br />

une boutique, un restaurant,<br />

une brasserie… Ce qui me fascinait,<br />

c’est le moment de bascule<br />

et de renversement des critères<br />

de prestige : aujourd’hui, il est<br />

plus cool de faire un Instagram<br />

de tartes que de travailler sur un<br />

Powerpoint dans un cabinet de<br />

conseil.<br />

Les médias relaient depuis longtemps<br />

la thématique de la reconversion…<br />

J-L.C. Oui, dans la presse RH,<br />

c’est un véritable marronnier.<br />

Depuis qu’il existe une presse<br />

de cadres, il y a toujours eu pléthore<br />

d’articles sur le thème<br />

« Changer de vie » – et autant de<br />

lecteurs friands de ces papiers,<br />

qui fantasment dessus. Citons<br />

le phénomène de la « chambre<br />

d’hôtes », ou encore celui des « libraires<br />

IBM », ces gens qui partaient<br />

de grosses boîtes dans les<br />

années 1990 pour ouvrir des librairies…<br />

Cette tentation a toujours existé<br />

dans l’économie tertiaire, mais<br />

elle concernait plutôt les cadres<br />

en milieu de carrière, qui partaient<br />

avec un gros chèque se reconvertir<br />

dans une optique de<br />

pré-retraite.<br />

Quelle est la nouvelle population<br />

concernée ?<br />

J-L.C. En premier lieu, ceux qui<br />

ont été diplômés du supérieur au<br />

tournant du millénaire, une génération<br />

née dans un univers de<br />

banque d’images Getty avec des<br />

© Hervé grazzini<br />

cadres qui sautent de joie quand<br />

ils remplissent des contrats à la<br />

Défense. Tout cela s’incarne dans<br />

feu le programme de Canal, « Le<br />

Message à caractère informatif »,<br />

qui a beaucoup marqué l’imaginaire<br />

de vie de bureau de ma<br />

génération. Pour les plus jeunes,<br />

nés dans les années 1990 ou<br />

2000, l’idée de s’épanouir dans<br />

un open-space s’apparente carrément<br />

à de la science-fiction.<br />

StratégieS N° 1914 36<br />

31/08/2017


© Diego aranega pour <strong>Stratégies</strong><br />

Quelqu’un qui a eu 18 ans en<br />

2008, au moment de la crise financière,<br />

n’a connu que l’économie<br />

postindustrielle dématérialisée<br />

et la division internationale<br />

du travail, la fameuse mondialisation,<br />

dans un contexte de fort sentiment<br />

de déclassement.<br />

Vers quels types de métiers ?<br />

J-L.C. Il y a des vagues : en ce<br />

moment, les CAP cuisine, hôtellerie,<br />

pâtisserie sont pris d’assaut.<br />

Ces filières correspondent<br />

à des attentes profondes. Les métiers<br />

manuels et de l’alimentaire<br />

sont des valeurs refuge dans un<br />

monde professionnel dématérialisé,<br />

tout comme ceux du petit<br />

commerce dans lesquels on interagit<br />

avec ses clients finaux.<br />

Quand on ouvre un commerce,<br />

on est également ancré dans<br />

un territoire local, fini, à l’inverse<br />

des métiers du tertiaire<br />

qui s’inscrivent dans l’économie<br />

« globalisée ».<br />

La crèmerie-fromagerie en particulier<br />

semble déchaîner les passions…<br />

J-L.C. Le fromager en tablier est un<br />

parfait contre-modèle de réussite<br />

sociale, en opposition au cadre<br />

sup de l’économie immatérielle.<br />

J’ai une théorie sur la raison pour<br />

laquelle la fromagerie est une activité-refuge<br />

: elle répond à toutes<br />

les attentes des diplômés en quête<br />

de sens. D’abord, le fromage est<br />

un produit physique : tu peux le<br />

manipuler, tu peux le prendre en<br />

photo, tu peux l’instagramer. Ensuite<br />

c’est quelque chose que tu<br />

vends en face à face. On a donc<br />

prise sur l’amont et l’aval de l’activité.<br />

Encore plus important : c’est un<br />

produit autour duquel on peut<br />

développer un discours d’ordre<br />

culturel et symbolique, faire du<br />

storytelling. On peut évoquer<br />

des terroirs, raconter le mode de<br />

production, d’autant que tous les<br />

produits ont des noms assez pittoresques…<br />

C’est ce qu’adorent<br />

« Le fromager<br />

en tablier est<br />

un parfait<br />

contre-modèle<br />

de réussite<br />

sociale. »<br />

les néo-artisans : vendre en parlant<br />

du produit. Plus on en parle,<br />

plus on fait oublier que c’est une<br />

marchandise : c’est le paradoxe<br />

du marketing de l’authenticité.<br />

Vous constatez également une ruée sur<br />

la street-food…<br />

J-L.C. La street-food crée avant<br />

tout un discours très intello et<br />

culturel autour de produits populaires<br />

bas de gamme qu’on va hisser<br />

aux standards d’un public qui<br />

les aurait délaissés s’ils avaient<br />

été proposés au kebab du coin.<br />

D’ailleurs, quand on a l’habitude,<br />

on reconnaît tout de suite un logo<br />

de néo-entrepreneur : ses codes<br />

sont très caractéristiques.<br />

Plus globalement, dans l’artisanat,<br />

si tu as des ambitions raisonnables<br />

(être bon sur ton territoire,<br />

ton quartier, faire de bons<br />

produits), ça marche. Si on fait<br />

bien son travail, on est en général<br />

récompensé de ses efforts :<br />

31/08/2017 37<br />

StratégieS N° 1914


INSPIRATIONS<br />

Tendances<br />

les gens font la queue devant le<br />

magasin. Ce sont des modèles de<br />

réussite avec des critères justes<br />

et simples. L’inverse du monde<br />

arbitraire de l’entreprise et du<br />

bullshit qu’on manie dans les métiers<br />

du tertiaire. Dans le monde<br />

de la gastronomie on peut certes<br />

« bullshiter », mais il faut que la<br />

qualité soit au rendez-vous pour<br />

que le client revienne. Si on vend<br />

un concept hyper marketé avec<br />

un produit dégueulasse et trop<br />

cher, il y a tellement de concurrence<br />

qu’on ne fait pas longtemps<br />

illusion.<br />

Vous citez Michel et Augustin comme figures<br />

de proue marketing du phénomène.<br />

J-L.C. Le mythe fondateur de cette<br />

marque, c’est deux mecs qui ont<br />

fait une école de commerce et qui<br />

ont passé l’un un CAP de boulangerie,<br />

l’autre de pâtisserie. Deux<br />

gars qui s’ennuyaient dans des<br />

jobs de l’économie immatérielle<br />

et mettent en avant cette absence<br />

d’épanouissement comme moteur<br />

de leur envie d’entreprendre.<br />

Ce sont des gens qui peuvent se<br />

targuer d’un double cursus, qui<br />

sont formatés par la méritocratie<br />

à la française des grandes<br />

écoles, et qui en même temps ont<br />

MiCheL et Augustin,<br />

multinationale du néoartisanant.<br />

Le MessAge à CArACtère inforMAtif a marqué l’imaginaire<br />

de vie de bureau de la génération post-millennial.<br />

leur CAP, donc leur légitimité de<br />

néo- artisan. Ils posent d’ailleurs<br />

avec leur petit tablier et leur petite<br />

toque sur leur logo. Leur slogan<br />

? « Les trublions du goût » :<br />

on est vraiment dans la disruption<br />

de la pâtisserie… Ils sont<br />

l’emblème, non pas du phénomène,<br />

mais du phénomène arrivé<br />

à son débouché commercial<br />

ultime. Dans le phénomène de<br />

révolte des premiers de la classe,<br />

on trouve à une extrémité le pôle<br />

rupturiste décroissant – je pars<br />

en zone rurale ouvrir une épicerie<br />

locavore – et à l’autre extrémité<br />

du spectre on trouve Michel et<br />

Augustin, la multinationale du<br />

néo-artisanat.<br />

L’hipstérisation de l’économie est-elle<br />

vouée à se démoder ?<br />

J-L.C. Le boucher hipster, c’est<br />

une mode, c’est rigolo, ça va faire<br />

un ou deux numéros de magazine<br />

féminins… et ça va disparaître<br />

aussi vite que c’est arrivé. Une<br />

autre mode apparaîtra derrière,<br />

avec un mec plus ou moins barbu…<br />

Les métiers vers lesquels les<br />

premiers de la classe se tournent<br />

évoluent en permanence. Mais la<br />

démarche individuelle, elle, est<br />

robuste, parce qu’elle répond à<br />

un malaise profond et à un besoin<br />

d’expression tout aussi durable et<br />

sincère.<br />

La substance du phénomène,<br />

c’est que le hipster capitaliste incarne<br />

un nouveau mode de fonctionnement<br />

de l’économie : des<br />

entrepreneurs qui souhaitent non<br />

seulement gagner leur vie mais<br />

également exprimer quelque<br />

chose de personnel et d’intime<br />

dans leur production, qui devient<br />

un prolongement de leur<br />

personnalité, qu’il s’agisse de<br />

vélos vintage, de cupcakes ou de<br />

street food. Leur motivation première<br />

– je veux faire un métier<br />

qui me ressemble et dans lequel<br />

je raconte quelque chose de moi –<br />

constitue précisément la rhétorique<br />

qui euphémise l’économie<br />

de marché, ce qu’attendent les<br />

consommateurs de plus en plus<br />

méfiants, critiques et blasés. ◊<br />

StratégieS N° 1914 38<br />

31/08/2017


10 ème édition<br />

GRAND PRIX STRATÉGIES<br />

2017<br />

>> Présentez vos actions<br />

de communication autour du sport<br />

les plus stratégiques et innovantes<br />

Date limite de remise<br />

des dossiers<br />

le 6 octobre 2017<br />

Contact : Sophie Magnillat<br />

01 41 58 58 27<br />

smagnillat@strategies.fr<br />

Avec le soutien de :


INSPIRATIONS / Making of créations<br />

Ça plane pour la marinière<br />

habillement Pour son dernier film de marque, Petit Bateau, accompagné par BETC,<br />

a suivi les mésaventures d’un pull sur le dos d’un garçonnet plutôt… agité !<br />

ClémenCe Duranton<br />

@clemkduranton<br />

AGENCE : BetC<br />

À<br />

quoi ça sert d’imaginer<br />

des vêtements si on ne<br />

peut rien faire dedans ?»,<br />

interroge Petit Bateau, qui, dans<br />

son dernier film de marque, torture<br />

un pull marinière à grands<br />

coups de confiture, glace, boue,<br />

herbe, bave de chien, vapeur de<br />

fer à repasser, et autres feutres de<br />

toutes les couleurs. « On a choisi<br />

la marinière comme star du film<br />

parce qu’elle permet d’identifier<br />

la marque, explique Damien Bellon,<br />

directeur de création sur le<br />

film. On la voulait avec une capuche<br />

pour qu’elle puisse s’accrocher<br />

à la porte, et avec une fermeture<br />

éclair pour qu’elle puisse<br />

être malmenée. Le but était de<br />

faire une sorte de crash test dans<br />

plein de situations différentes. Le<br />

challenge a été d’en mettre le plus<br />

possible. »<br />

EmpAthiE pour lE vêtEmENt.<br />

78 plans ont ainsi été tournés, 76<br />

ont été conservés, pour un film<br />

de… 60 secondes ! « La préparation<br />

a été au cordeau. On a fait un film<br />

en animatic en noir et blanc avec le<br />

timing de chaque scène. » Un essai<br />

réalisé au départ sur la musique<br />

« Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! » de Nino<br />

Ferrer, mais qui n’a pas convaincu<br />

Rémi Babinet, directeur de la<br />

création sur le film. C’est finalement<br />

« Ça plane pour moi » de Plastic<br />

Bertrand qui a été choisi, plus<br />

« mainstream », concède Damien<br />

Bellon, mais dont le rythme collait<br />

plus à l’idée que client et agence<br />

avaient du film. Le réalisateur, Luis<br />

Cervero (Control), a ainsi dû tourner<br />

avec la musique, ne laissant<br />

aucune possibilité de changement<br />

de dernière minute.<br />

Quatre réalisateurs ont été interrogés<br />

par BETC, avec dès le départ<br />

l’idée de la caméra embarquée et<br />

StratégieS N° 1914 40<br />

31/08/2017


INSPIRATIONS / Best of créations<br />

d’une forme d’empathie pour le<br />

vêtement. Luis Cervero, dont la<br />

note plus « riche » a permis d’être<br />

sélectionnée, a travaillé avec de<br />

nombreuses caméras : un rotoscope,<br />

une Go Pro pour les plans<br />

embarqués, un boroscope pour<br />

les gros plans, une « slow motion »<br />

et une « motion control » pour les<br />

plans séquences, ce qui a rendu le<br />

montage plus difficile. « L’étalonnage<br />

a été compliqué notamment<br />

sur les plans Go Pro parce que la<br />

colorimétrie est particulière. Hormis<br />

ça, il n’y avait presque pas de<br />

postprod. »<br />

SubterfugeS. Le tournage a duré<br />

cinq jours, un en studio et quatre<br />

en extérieur, en Slovénie, pour<br />

des questions de coût et d’efficacité.<br />

La partie studio a servi pour<br />

les plans de la chambre où une<br />

grosse marionnette velue joue de<br />

la batterie. « On n’y pense pas mais<br />

il faut bien mettre les marionnettistes<br />

quelque part ! On a surélevé<br />

la chambre de 2 mètres pour les<br />

mettre en dessous. »<br />

Le casting s’est déroulé en Slovénie,<br />

avec la volonté de trouver<br />

un enfant punk, « agité<br />

mais pas insupportable ».<br />

« On a tendance à prendre plutôt<br />

des garçons parce qu’ils sont<br />

plus agités que les filles. L’avantage<br />

c’est qu’en Slovénie, on peut<br />

tourner un peu plus longtemps<br />

avec les enfants. Même si la prod<br />

a trouvé une solution encore plus<br />

efficace… Ce sont des jumeaux !<br />

Donc quand le premier en avait<br />

marre, on faisait venir le second.<br />

Mais ils se sont plutôt amusés<br />

dans l’ensemble. Sauter dans la<br />

boue et se rouler dans l’herbe,<br />

ça les amusait pas mal. » Pour<br />

l’anecdote, il y avait aussi des<br />

chiens jumeaux. Un joli pied de<br />

nez au dicton anglo-saxon qui dit :<br />

« Jamais de chien ni d’enfant sur<br />

un tournage »… ◊<br />

plus de créations<br />

sur stratégies.fr<br />

Lapin chasseur<br />

agence : BBD0 PariS<br />

il est des lapins féroces, redoutés de tous, qui descendent<br />

des chasseurs à la pelle avec des fusils…<br />

et il en est d’autres qui n’ont pas écouté chantal<br />

goya, bien trop occupés à courir dans les champs<br />

et à manger des pissenlits pour tuer qui que ce soit.<br />

BBDO Paris s’est jouée de la chanson enfantine en<br />

imaginant un soldat au front, un chef de clan prêt à<br />

La Course-poursuite<br />

De Go sport<br />

agence : marcel<br />

intrigant, ce rond de lumière qui se déplace<br />

anarchiquement sur le sol. À perdre haleine,<br />

un coureur tente de le poursuivre, dans<br />

la nuit noire d’une grande ville. À force<br />

d’efforts, le « runner » finira par atteindre<br />

la fuyante poursuite… « Un seul objectif :<br />

le vôtre ». la nouvelle campagne du<br />

distributeur go Sport, signée par l’agence<br />

marcel, entend rendre hommage aux<br />

fanatiques de sport comme aux sportifs<br />

plus modestes, du trail extrême à la course<br />

de 10 kilomètres.<br />

livrer bataille et un gang de braqueurs ultra violents,<br />

qui ont choisi comme alliés de taille… des lapins ! Un<br />

choix pas toujours payant qui les mettra dans des<br />

situations délicates, prouvant que le rongeur n’est<br />

pas forcément le meilleur allié. Une promotion originale<br />

pour la sortie du jeu Mario + The Lapins Crétins :<br />

Kingdom Battle dans lequel mario doit sauver son<br />

royaume avec le concours des fameux lapins débiles.<br />

ikea s’essaye au sLam<br />

agence : BUzzmaN<br />

après avoir valorisé la cuisine pendant deux ans, ikea<br />

se concentre désormais sur le salon. Pour le mettre<br />

en valeur, la marque et son agence Buzzman ont réalisé<br />

un film classique à la marque – des plans de bonheur<br />

dans le séjour – mais agrémenté d’une voix off en slam !<br />

Si un puriste trouvera quelques rimes un peu faciles<br />

et certaines rythmiques tarabiscotées, le tout est<br />

très réussi, rajoute une touche de jeunesse et parlera<br />

sensiblement à toutes les générations !<br />

31/08/2017 41<br />

StratégieS N° 1914


INSPIRATIONS / Carte blanche<br />

« Avoir une famille développe<br />

l’imagination »<br />

FAustIn ClAverIe, codirecteur de la création de TBWA Paris, concède avoir peu de temps libre<br />

hors de la chambre de ses enfants et puise son inspiration dans leur univers.<br />

ProPos reCueIllIs PAr ClémenCe DurAnton<br />

@clemkduranton<br />

© Walt Disney<br />

1 Pixar<br />

Les histoires en avant. « J’aimerais remercier Pixar<br />

parce qu’ils font des films pour enfants qui sont sympas<br />

à regarder quand tu es adulte. Je pense notamment à Là-Haut<br />

et à sa séquence introductive de 5 minutes sans aucun dialogue qui<br />

décrit l’histoire d’amour des deux personnages et leur voyage qu’ils<br />

n’ont jamais pu faire. Je pense aussi à Cars que mes enfants adorent<br />

et voient au premier degré, alors que le film évoque le destin d’une<br />

de ces villes des états-unis oubliée à cause de la mondialisation.<br />

Pixar raconte des histoires populaires avec de belles qualités<br />

narratives que devrait avoir la publicité. Parce que nous travaillons<br />

d’abord pour que les gens passent un bon moment. »<br />

© Channel 5<br />

3Peppa Pig en VO<br />

De l’anglais pur porc. « C’est important de bien<br />

parler anglais aujourd’hui et peu de créatifs ont cette<br />

capacité. Pour autant, tout le monde aime bosser avec des réalisateurs<br />

anglo-saxons et nous utilisons une tonne de termes en anglais sur le<br />

secteur. Avec mes enfants, j’ai découvert le dessin animé britannique<br />

Peppa Pig en version originale et je pense honnêtement que c’est<br />

le meilleur anglais qu’on puisse trouver. les termes sont simples, ils<br />

parlent clairement avec un bel accent, ce qui implique que, quelque<br />

soit le niveau du téléspectateur, c’est facilement compréhensible.<br />

Je regarde avec mon fils et je progresse énormément !»<br />

2Les illustrations<br />

de livres d’enfants<br />

Arrêt sur imagination. « Quand on a des<br />

enfants, on ne peut pas échapper au rituel de l’histoire du soir. et en<br />

le faisant, je me suis rendu compte que certaines images m’avaient<br />

profondément marqué, comme la<br />

couverture du livre Les Trois Brigands de<br />

tomi ungerer. Je pense qu’il est vraiment<br />

important pour les enfants de leur<br />

montrer ces livres illustrés, ça développe<br />

considérablement leur imagination,<br />

ça ouvre leur esprit… et le mien ! Certains<br />

sont de véritables concepts publicitaires.<br />

la qualité de l’illustration, même quand<br />

elle est conceptuelle, peut réellement<br />

enrichir la curiosité de chacun. »<br />

© Getty Images<br />

4<br />

Les<br />

enfants<br />

L’avis des tout-petits. « Ça va faire cliché, mais<br />

mes enfants sont une de mes sources d’inspiration. Ils<br />

ont cette capacité à raconter des bêtises en faisant des raccourcis<br />

étranges. Ils n’ont pas de filtre et sont d’une naïveté incroyable. C’est<br />

d’ailleurs très drôle de regarder des publicités avec eux pour avoir<br />

leur avis et leur vision. Il y a ce stéréotype du créatif jeune dans sa<br />

tête qui n’a pas d’enfants, rentre tard et a un mode de vie rock’n roll.<br />

Passer du temps avec mes enfants m’a permis d’avoir une palette<br />

plus large et d’apprécier de nouvelles écritures. Avoir une famille<br />

développe l’imagination. »<br />

<strong>Stratégies</strong> N° 1914 42<br />

31/08/2017


INSPIRATIONS / International<br />

ROYAUME-UNI<br />

Automobile<br />

VOLVO, CONSTRUCTEUR<br />

CONTEUR . Cultiver du basilic sous<br />

l’eau ou jouer d’un instrument à l’aide<br />

d’un casque connecté à la pensée, voici<br />

les histoires contées à travers les deux<br />

nouveaux courts métrages créés par<br />

Grey London pour Volvo. Le constructeur<br />

automobile renforce son partenariat<br />

avec le réseau de télévision Sky Atlantic,<br />

à travers deux vidéos de six minutes<br />

environ dans lesquelles il met en avant<br />

des innovations créées par l’homme.<br />

Une campagne institutionnelle qui<br />

permet à la marque de dire qu’elle met<br />

l’anthropocentrisme au cœur de ses<br />

préoccupations. H.B.<br />

AFRIQUE DU SUD Alimentation<br />

CEREBOS, LA REINE DES NEIGES<br />

Rien à voir avec le dessin animé à la musique entêtante, mais<br />

la marque de sel Cerebos a joué avec la neige dans un film<br />

d’animation tout en tendresse, avec son agence FCB South<br />

Africa. Une petite fille s’ennuie de sa météo sèche et rêve de neige.<br />

Des flocons en plastique la bercent. Le soir, elle porte une écharpe<br />

en permanence, joue avec des ventilateurs et plonge régulièrement ses<br />

yeux brillants dans des boules à neige. Jusqu’à ce que son père lui fasse<br />

vivre un vrai rêve en lui montrant de la vraie neige à la fenêtre… Enfin,<br />

quelques grains de sels qu’il agite malicieusement… Dans un univers<br />

en 3D quasi merveilleux, Cerebos arrive à faire rêver avec un objet<br />

de table des plus banals. E.G.<br />

BRÉSIL Intérêt général<br />

SILENCE COUPABLE . Une<br />

image vaut mille mots.<br />

C’est pourtant ce média qu’a choisi<br />

Disque Denuncia, le centre d’appels<br />

le plus populaire du Brésil. Pour se faire<br />

entendre, la hotline invite les témoins<br />

de crimes à prendre la parole au travers<br />

d’une campagne d’affichage conçue par<br />

l’agence Agencia 3. On y voit des visages<br />

d’hommes et de femmes aux lèvres<br />

désespérément closes et floutées.<br />

Leur regard, lui, balance entre honte<br />

et culpabilité . T.P.<br />

CANADA<br />

Intérêt général<br />

NOYADE EN IMMERSION.<br />

La Croix-Rouge canadienne matérialise<br />

la peur de tous les parents dans un spot<br />

publicitaire signé ICF Olson. Dans ce film<br />

d’une minute environ, un enfant laissé<br />

sans surveillance se noie dans une<br />

piscine. Une scène que l’on vit à travers<br />

les yeux du bambin et qui a vocation<br />

à sensibiliser les parents à un danger qui<br />

pourrait facilement se produire, notamment<br />

en été. H.B.<br />

LIBAN Musique<br />

HACK THE HIDJAB<br />

Le groupe de rock alternatif libanais Mashrou’Leila offre une<br />

vision différente, libérée (souvent censurée) du Moyen-Orient.<br />

Pour le clip de son titre rythmé « Roman », le groupe s’est offert<br />

les services de McCann Beyrouth, proposant un voyage mystique<br />

à travers ruines et déserts, montrant une femme qui danse avec passion<br />

au milieu de ses compagnes de voyage, immobiles sous leurs hidjabs<br />

colorés. Envoûtant ! C.D.<br />

ÉTATS-UNIS<br />

Habillement<br />

LEVI’S TOURNE EN ROND .<br />

Levi’s fait danser les communautés dans<br />

son dernier film « circles », imaginé par<br />

FCB West. La marque de jeans veut rassembler<br />

les générations et les différentes<br />

origines à travers la danse. On y voit petits<br />

et grands, rabbins, musulmans… danser<br />

en cercle sur la musique « Makeba »<br />

de Jain (que l’on retrouve également dans<br />

les pubs Sosh). Un film certes entraînant<br />

mais pas très innovant pour la marque,<br />

qui nous avait habitués jusque-là à des<br />

campagnes plus subversives, comme<br />

« Legacy », sortie il y a six ans. H.B.<br />

31/08/2017 43<br />

STRATÉGIES N° 1914


management<br />

Actualité<br />

Mon agence<br />

quatre ans après<br />

Start-Up Lancer une agence, très bien. Mais après ? <strong>Stratégies</strong> est revenu sur le parcours de deux entrepreneurs qui<br />

ont sauté le pas en 2013. Quatre ans après, chacun fait le bilan d’un parcours réussi, instructif et ouvert sur l'avenir.<br />

Gilmar SeqUeira martinS<br />

@Strategies<br />

Ils se sont lancés dans l’aventure<br />

en 2013 en créant une<br />

agence dans un contexte qui<br />

poussait plutôt à la frilosité. Et<br />

leur bagage était mince : 1000 euros<br />

pour Christelle Delarue, un ordinateur<br />

flambant neuf pour Loïc<br />

Chauveau. Quatre ans plus tard,<br />

ils ne regrettent pas leur audace.<br />

L’agence de Christelle Delarue,<br />

Mad & Woman, emploie 22 salariés<br />

et travaille pour 11 clients tandis<br />

que celle de Loïc Chauveau, Brand<br />

Station, affiche une trentaine de salariés<br />

pour une vingtaine de budgets.<br />

Les chiffres sont tout aussi<br />

parlants. En 2016, Brand Station<br />

a réalisé un chiffre d’affaires de<br />

2,4 millions d’euros, en progression<br />

de 47 %, et dégagé une marge<br />

brute de 1,6 million d’euros (+74 %).<br />

Christelle Delarue se montre moins<br />

loquace pour protéger son indépendance<br />

: «Je ne communique pas<br />

la marge brute de l’agence car cela<br />

donne des infos à la concurrence,<br />

qui a les moyens financiers pour<br />

tenter de nous attaquer.»<br />

bizutage. Grandir n’aura pas été de<br />

tout repos pour autant. «Créer une<br />

agence indépendante, c’est entrer<br />

dans la catégorie “out of the box” et<br />

être perçu comme “la petite agence”<br />

nouvelle qui va être testée, encore et<br />

encore », résume Christelle Delarue.<br />

Confinant au bizutage, ce système<br />

consiste à courir plusieurs lièvres,<br />

mais remplit rarement la gibecière,<br />

confirme Loïc Chauveau : «Jusqu’en<br />

2017, nous sommes souvent arrivés<br />

au terme final de nombreuses compétitions,<br />

mais les clients se po-<br />

« Nous avons<br />

peu de refus<br />

car nous<br />

faisons un tri<br />

efficace<br />

en amont. »<br />

saient alors la question de la taille.<br />

Allaient-ils confier leur budget à une<br />

agence de 30 personnes ou à une<br />

grande structure, insérée dans un<br />

réseau international ? Nous vivons<br />

dans un pays frileux.»<br />

L’apport de l’agence peut en être occulté,<br />

selon Christelle Delarue : «Le<br />

test à outrance est une mécanique<br />

qui écarte le processus d’identification<br />

du positionnement qui ferait<br />

sens pour l’annonceur. C’est<br />

comme s’il fallait démontrer qu’on<br />

a le droit d’être dans la compétition.<br />

Je me suis entendu dire plusieurs<br />

fois que j’étais passée à deux<br />

doigts du pitch…» Si ce passage du<br />

gué peut s’avérer instructif pour les<br />

postulants, les incitant à se perfectionner<br />

et à découvrir leurs forces<br />

et leurs faiblesses, son utilité reste<br />

sujette à caution, estime Christelle<br />

Delarue : «Plus globalement, cela<br />

repose la question du périmètre de<br />

compétition qui englobe l’offre, et<br />

de son adéquation avec les attentes<br />

des clients.»<br />

Si la première année est celle de la<br />

« liberté », c’est au cours de la troisième<br />

année qu’il faut savoir utiliser<br />

au mieux son temps, entre<br />

prospection et gestion : «On a plus<br />

de clients mais se pose la question<br />

du rythme, pointe Christelle Delarue.<br />

Il faut trouver un équilibre<br />

entre les budgets en cours et les<br />

compétitions pour ne pas essouffler<br />

les équipes. Il faut savoir choisir<br />

les compétitions.» Une question<br />

au cœur de la démarche de Loïc<br />

Chauveau. L’homme a en effet décidé<br />

de fonder sa propre agence pour<br />

ne plus subir les fameuses « charrettes<br />

». Et il y est arrivé.<br />

10h-19h. Les salariés de Brand Station<br />

arrivent à 10h et partent à 19h.<br />

La solution tient à une démarche<br />

en deux volets. Le premier passe<br />

par une sélection rigoureuse des<br />

compétitions : «Nous les choisissons<br />

avec deux critères. D’abord<br />

la précision du brief. Si le client ne<br />

sait pas quelle problématique il<br />

cherche à régler, alors il ne sert à<br />

rien de répondre au brief. Le second<br />

critère est le nombre d’agences,<br />

pondéré par le budget en jeu.» Depuis<br />

avril, il a ajouté un codicille<br />

dans la droite ligne du label « La<br />

Belle Compétition ». Désormais,<br />

Brand Station ne s’aligne qu’à<br />

condition d’avoir l’assurance d’obtenir<br />

un dédit de 5 000 euros si un<br />

autre compétiteur était choisi. Et ça<br />

marche : «Nous avons peu de refus<br />

Les facteurs favorisant la pérennité<br />

Les premières années d’existence d’une entreprise sont les plus dangereuses, mais l’époque<br />

est bien plus favorable que le début du siècle. La crise de 2008 a eu des effets néfastes<br />

sur les créations des années précédentes. Ainsi, pour les entreprises fondées en 2010, le risque<br />

de cessation d’activité d’une année sur l’autre se stabilise autour de 12 %. Pour celles nées<br />

en 2006, il atteignait déjà 14 % en deuxième année (2008) et 16 % en troisième année (2009).<br />

Les facteurs favorisant la pérennité sont un fort investissement initial, un niveau de formation<br />

élevé du créateur/trice et l’expérience accumulée dans le même secteur.<br />

StrAtégieS N° 1914 44<br />

31/08/2017


mouvements<br />

Avec<br />

editis. Pierre conte,<br />

précédemment country<br />

manager de WPP France,<br />

devient directeur général<br />

du groupe d’édition.<br />

FFt. Pierre-Henry Brandet,<br />

porte-parole du ministère<br />

de l’Intérieur, ancien<br />

présentateur de « Tout<br />

le sport » sur France 3,<br />

est nommé directeur<br />

de la communication<br />

de la Fédération française<br />

de tennis.<br />

© Thomas Braut<br />

loïc chauveau, fondateur de Brand station.<br />

car nous faisons un tri efficace en<br />

amont », résume Loïc Chauveau.<br />

Le second volet de la solution ? Une<br />

organisation au cordeau basée sur<br />

une « time line » pour chaque profil<br />

de l’agence. Sitôt qu’un décalage<br />

se profile, Loïc Chauveau intervient<br />

pour régler le problème et lorsque<br />

des heures supplémentaires sont<br />

nécessaires, des récupérations sont<br />

prévues. Bien que ce modèle attire<br />

les jeunes recrues désireuses de<br />

disposer de leurs soirées, il laisse<br />

les annonceurs de marbre : «Ce<br />

sont nos campagnes qui les intéressent,<br />

pas notre organisation »,<br />

constate Loïc Chauveau.<br />

des difficultés à recruter. Chez<br />

Mad & Woman, Christelle Delarue<br />

avait aussi des opinions bien<br />

arrêtées sur le management de<br />

l’agence. Elle a, d’emblée, banni<br />

les free-lances, CDD et stages. «Je<br />

voulais défendre un positionnement<br />

avec des gens à mes côtés.» Se positionner<br />

a cependant pris du temps.<br />

«J’avais des convictions déjà fortes<br />

sur le féminisme, mais je n’osais pas<br />

les revendiquer par peur du jugement.<br />

C’était une erreur. Depuis que<br />

j’ai affiché ces convictions avec un<br />

© Alexandre Henry<br />

slogan clair – une agence féministe<br />

et indépendante –, les annonceurs<br />

viennent spontanément nous voir<br />

pour apprendre et comprendre ce<br />

en quoi c’est important et unique.»<br />

Christelle Delarue a aussi créé Mad<br />

Squad, une structure de 22 entrepreneuses,<br />

et lancé « Les Glorieuses<br />

», une newsletter féministe<br />

forte de 80 000 abonnés.<br />

Décidés à poursuivre leur aventure,<br />

ces deux créateurs d’agence<br />

sont aux prises avec des défis différents.<br />

Pour Loïc Chauveau, recruter<br />

reste un processus délicat<br />

tant la capacité opérationnelle des<br />

diplômés lui semble faible : «Peu<br />

d’écoles forment bien, de sorte que<br />

les jeunes diplômés manquent de<br />

vocabulaire technique et ne comprennent<br />

pas l’empilement des différentes<br />

compétences. Dans le domaine<br />

du digital, je constate que<br />

beaucoup de gens ne sont pas formés<br />

à la publicité, ils n’ont pas la<br />

christelle delarue, fondatrice de mad & woman.<br />

culture “branding” et “marque”.»<br />

Les candidats passés par les<br />

grandes structures présentent<br />

d’autres lacunes : «Ils ont du mal à<br />

travailler de façon autonome. Cela<br />

tient peut-être au modèle dominant<br />

des agences, qui privilégie une organisation<br />

très pyramidale où l’autonomie<br />

de chacun reste faible.»<br />

Christelle Delarue se trouve, de<br />

son côté, confrontée à l’isolement :<br />

«Piloter seule une agence n’est pas<br />

chose évidente. J’ambitionne de<br />

« Depuis que j’ai affiché mes convictions<br />

féministes avec un slogan clair, les annonceurs<br />

viennent spontanément pour apprendre<br />

et comprendre en quoi c’est important ».<br />

trouver des associé(e)s pour mieux<br />

agiter le marché et poursuivre nos<br />

innovations, faire vivre notre positionnement<br />

dans tous les secteurs et<br />

être plus tranquillisée sur les questions<br />

de trésorerie.» Une préoccupation<br />

similaire chez Brand Station<br />

qui prévoit de recruter un directeur<br />

général en 2018 pour affirmer<br />

son «positionnement d’agence intégrée<br />

». La cinquième année seraitelle<br />

celle de la maturité ? ◊<br />

FremAntlemediA<br />

internAtionAl.<br />

Katrina neylon est<br />

nommée executive<br />

vice-president global<br />

content de la société<br />

de production de RTL<br />

Group.<br />

HAvAs. matthieu de<br />

lesseux, coprésident<br />

de DDB Paris, prend<br />

la présidence de Havas<br />

Creative, regroupant<br />

Havas Paris, Fullsix,<br />

Les Gaulois et les activités<br />

de production.<br />

QwAnt. Jean-claude<br />

Guinozzi (ex-Microsoft)<br />

est nommé directeur<br />

général adjoint du moteur<br />

de recherche, en charge<br />

du marketing<br />

et du commercial.<br />

siG. Xavier tamby, ancien<br />

conseiller budgétaire<br />

de Laurent Wauquiez<br />

au ministère<br />

de l’Enseignement<br />

supérieur et de<br />

la Recherche, devient<br />

secrétaire général<br />

du Service d’information<br />

du gouvernement.<br />

Pour diFFuser mA nominAtion :<br />

cArnetstrAteGies@nominAtion.Fr<br />

31/08/2017 45<br />

STrATégieS N° 1914


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StratégieS N° 1914 46<br />

31/08/2017


portrait<br />

Laurent Guimier<br />

le funambule<br />

Radio L’homme qui a redonné des couleurs à France Info a été nommé numéro 2 de Radio France cet été.<br />

Un challenge polymorphe qui sied à cet amateur de cirque, pas seulement médiatique.<br />

CaRoline BonaCossa @CBonacossa<br />

Ce qui saute aux<br />

yeux, dans son bureau<br />

situé au troisième<br />

étage de la<br />

Maison de la Radio,<br />

c’est l’ordre qui y règne. Des<br />

dossiers de couleurs différentes<br />

sont ordonnés en piles millimétrées,<br />

chacun orné dans le<br />

coin supérieur gauche d’une étiquette<br />

blanche dactylographiée<br />

en noire. Lorsqu’on lui demande<br />

avec quel instrument elles sont<br />

fabriquées, il se lève d’un bond,<br />

riant de lui-même et sort de son<br />

tiroir sa petite machine magique.<br />

L’anecdote trahit autant l’homme<br />

que le professionnel : organisé,<br />

doté d’un bon sens pratique et<br />

sans chichis.<br />

passion familiale. Le nouveau<br />

numéro 2 de Radio France<br />

(14,3 millions d’auditeurs et<br />

25 % de part d’audience), nommé<br />

suite au départ de Frédéric<br />

Schlesinger pour Europe 1, aime<br />

d’autant plus l’ordre qu’il laisse<br />

la place à sa créativité débordante.<br />

Il regorge d’idées, de projets,<br />

tourné frénétiquement vers<br />

l’innovation.<br />

L’homme de 46 ans veut booster<br />

France Bleu, déployer les antennes<br />

du groupe en média global<br />

et que chacun des 800 journalistes<br />

se sente libre d’aller sur<br />

d’autres antennes du groupe. Du<br />

funambulisme pour ce fondu de<br />

cirque. On y retrouve les mêmes<br />

exigences que dans son métier :<br />

cacher le labeur et la transpiration<br />

pour ne montrer que la fluidité<br />

et la richesse du programme.<br />

Une passion pour la piste aux<br />

© Éric Garault pour <strong>Stratégies</strong><br />

étoiles qu’il tient de son grandpère<br />

et de son père, directeur de<br />

l’office de tourisme de Lisieux.<br />

C’est là qu’enfant, il côtoie des<br />

journalistes.<br />

lauRent GuimieR :<br />

«Il fallait remettre de l’info chaude pour<br />

respecter la promesse d’origine de<br />

France Info».<br />

les « baffes qu’il fallait ». À 16 ans,<br />

il crée une radio libre avant de<br />

remporter, lorsqu’il est élève au<br />

Centre de formation des journalistes<br />

(CFJ), la bourse Lauga<br />

d’Europe 1. Formé par Alain<br />

Delmas, responsable du service<br />

police-justice d’Europe 1 dont la<br />

photo trône dans son bureau, il<br />

lui rend hommage pour lui avoir<br />

«mis toutes les baffes qu’il fallait<br />

quand, au bout de trois mois, je<br />

me sentais déjà comme un poisson<br />

dans l’eau alors que j’avais<br />

des milliers de choses à apprendre<br />

».<br />

Difficile de hiérarchiser les<br />

étapes de son parcours professionnel<br />

: essor du Figaro.fr en<br />

2006, lancement du Lab d’Europe<br />

1 et de l’émission Des clics<br />

et des claques, consacrée aux<br />

réseaux sociaux dès 2011, création<br />

d’une rubrique de fact-checking<br />

« Le vrai faux de l’info »<br />

sur Europe 1. Le PDG de Radio<br />

France lui doit le redressement<br />

de France Info, passée de la sixième<br />

à la quatrième radio de<br />

France, en trois ans. «Nous partagions<br />

avec Mathieu Gallet la<br />

même analyse : il fallait remettre<br />

de l’info chaude pour respecter<br />

la promesse d’origine », note-til.<br />

Pas étonnant que ce dernier<br />

l’ait choisi comme numéro 2. Et<br />

tant qu’il est question de numéro<br />

acrobatique, Laurent Guimier est<br />

toujours partant. ◊<br />

31/08/2017 47<br />

StratÉGieS N° 1914


Tribunes<br />

opinions<br />

Le Native advertisiNg,<br />

copaiN de La pub ou bouLet<br />

du jourNaLisme ?<br />

Brand Content Le Native Advertising apparaît comme une forme<br />

de publicité séduisante, mais qui ne fait pas l’unanimité.<br />

raïd Zaraket consultant directeur de projet en communication d’influence<br />

et relation médias chez Comfluence<br />

d’après une étude présentée par Yahoo<br />

et Enders Analysis, les dépenses<br />

en Native Advertising augmenteront<br />

de 156 % au cours des cinq prochaines<br />

années pour atteindre les 13,2 milliards<br />

d’euros d’ici 2020. La publicité native<br />

permet aux annonceurs d’établir un lien fort<br />

avec les internautes sans perturber leur expérience<br />

de navigation. Cela arrive à point nommé<br />

puisque la publicité traditionnelle display<br />

est de plus en plus critiquée car trop abondante,<br />

intrusive et (trop) souvent mal ciblée.<br />

L’inquiétante explosion des ad-bloqueurs monopolise<br />

l’actualité sectorielle, car elle déstabilise<br />

les acteurs de la publicité en ligne. Les<br />

éditeurs sont donc priés de repenser leur modèle<br />

économique… Et vite !<br />

PuBliCité hyBride. Le Native Advertising est<br />

un type de brand content qui fait ses preuves,<br />

permettant aux annonceurs d’afficher directement<br />

leur(s) publicité(s) sous forme de<br />

contenu rédactionnel au sein d’autres articles<br />

d’un site internet informationnel. Ce<br />

format dit « premium » ne fait pas l’unanimité.<br />

Pourtant, il pourrait convenir à différents<br />

publics : d’une part, aux publishers à l’affût<br />

d’espaces supplémentaires à commercialiser,<br />

d’autre part, aux internautes, moins « agressés<br />

» dans leur lecture grâce à un message publicitaire<br />

mieux ciblé, et enfin, aux médias,<br />

lesquels doivent faire face à une crise structurelle<br />

sans précédent et sont en quête de<br />

nouveaux revenus publicitaires.<br />

SuJetS « aliBiS ». Oui, mais le sujet porte un<br />

débat passionné. Certains plaident l’expertise<br />

de marque sur un sujet donné quand<br />

d’autres crient à la tromperie de l’internaute.<br />

Et le journaliste dans tout ça ? Il craint<br />

que la légitimité de ses articles ne soit menacée<br />

par la présence de tels contenus. La<br />

frontière entre le contenu journalistique<br />

et le contenu publicitaire est subtile en apparence,<br />

mais les objectifs de lecture ont<br />

la nécessité d’être bien distingués, afin de<br />

participer à la sincérité du contenu. La vendetta<br />

du journaliste s’oriente sur ces sujets<br />

« alibis » dont l’objectif est de valoriser la<br />

marque, sans vraiment servir le lecteur.<br />

Un bon exemple il y a quelques mois : le cas<br />

de Buzzfeed UK. En publiant un contenu en<br />

Native Advertising pour la marque Dylon,<br />

Buzzfeed n’a pas respecté les règles émises<br />

par l’Advertising Standards Authority. L’ASA<br />

est l’équivalent de notre ARPP et a pour vocation<br />

de réguler la publicité au Royaume-Uni.<br />

L’ASA n’a pas attendu longtemps pour imposer<br />

le retrait pur et simple de l’article, car<br />

celui-ci ne mentionnait pas clairement qu’il<br />

s’agissait d’un contenu promotionnel.<br />

interdéPendanCeS. À vouloir faire de la publicité<br />

au contenu premium, ciblé et équivalent à<br />

un environnement éditorial existant, le danger<br />

de la suspicion pèse sur ce qui est pourtant<br />

l’avenir incontournable de la publicité comme<br />

source de revenu pour le journalisme. Les<br />

« liaisons dangereuses » du Native Advertising<br />

plongent les protagonistes dans une guerre ouverte<br />

éthique. Le journaliste n’est pas plus un<br />

publicitaire qu’un publicitaire pourrait rivaliser<br />

en journalisme. Le débat a pourtant trouvé<br />

une issue aux États-Unis où les rédacteurs et<br />

les marqueteurs réussissent à coexister, pour<br />

sauver leur modèle économique, à l’exemple du<br />

Washington Post ou du Wall Street Journal. En<br />

France, on y travaille…<br />

Les médias ont besoin des marques pour financer<br />

leurs contenus, car le modèle 100 % payant<br />

ne peut être appliqué partout. Les annonceurs<br />

ont toujours besoin des médias, pour bénéficier<br />

de leur crédibilité et de leur savoir-faire<br />

éditorial. Aujourd’hui, l’objectif est clair, il faut<br />

trouver des compromis acceptables sur le plan<br />

aussi bien déontologique qu’économique, afin<br />

de ne pas perdre de vue l’essentiel : le lecteurconsommateur<br />

qui, avec le succès des ad-bloqueurs,<br />

peut enrayer la machine salutaire du<br />

Native Advertising. ◊<br />

StratégieS N° 1914 48<br />

31/08/2017


chroniques<br />

mobilis in mobile<br />

vacances mouvementées<br />

l’été a fini de vous convaincre que vous<br />

êtes incapables de vous séparer de<br />

votre smartphone, vous ne cherchez<br />

même plus à le nier. Notre sujet, celui<br />

des « geeks », est devenu celui du grand public<br />

et des magazines. Mieux, mon ami plagiste me<br />

disait au revoir en m’avouant que la fréquentation<br />

du bord de mer était aujourd’hui dépendante<br />

de l’app météo bien plus que du ciel ou de<br />

la connaissance intime du climat par les autochtones.<br />

Comme <strong>Stratégies</strong> m’a fait bosser pendant<br />

mes vacances, je vais partager : je retiens<br />

trois événements majeurs depuis que nous nous<br />

sommes quittés.<br />

Tout a commencé avec Uber. De scandales en<br />

scandales, la start-up s’est révélée comme la face<br />

sombre d’une économie que tout le monde jugeait<br />

comme on regarde les enfants, par essence<br />

gentils, au pire polissons. En particulier, Uber<br />

a échoué à donner aux femmes la place qu’elles<br />

méritent : une codeuse avait publié en début<br />

d’année un billet qui reprenait son histoire, du<br />

harcèlement au placard. L’affaire avait tellement<br />

ému que le conseil d’administration avait embauché<br />

Eric Holder, l’ancien US Attorney General<br />

(!!) pour mener une enquête interne. Les conclusions<br />

étaient mauvaises et bien sûr, les femmes<br />

n’étaient pas les seules à subir la violence… Isolé,<br />

le fondateur Travis Kalanick doit démissionner.<br />

Mais il ne pouvait pas être le seul coupable.<br />

Il y avait quelque chose de pourri au royaume<br />

du silicon. Les responsables ? Follow the money…<br />

et vous trouverez les investisseurs, les VC.<br />

Des femmes, entrepreneures, parlent, racontent<br />

comment des investisseurs les draguent ouvertement,<br />

voire les agressent.<br />

disney contre-attaque. L’affaire rebondit. James<br />

Damore, ingénieur chez Google, diffuse un<br />

mémo pour bien expliquer, études scientifiques<br />

à l’appui, que les femmes sont tout de même<br />

plus douées pour faire des « trucs de filles » qui<br />

exigent douceur et sociabilité et les gars des trucs<br />

de gars, comme du code et d’autres choses sérieuses.<br />

Google licencie le fâcheux, l’Alt-Right,<br />

l’extrême droite, récupère le sujet et le monte en<br />

épingle. Puis arrive Charlottesville et ses fachos<br />

qui veulent empêcher le déboulonnage de statuts<br />

de généraux confédérés, défilent armés et tuent<br />

une manifestante de gauche. La Silicon Valley<br />

a fini par répondre, pour la première fois, elle a<br />

censuré, banni les sites, supprimé les commentaires.<br />

Vice aussi s’est révélé comme LE média à<br />

stéphane distinguin<br />

(@fano)<br />

fondateur de l’agence<br />

Fabernovel<br />

le texte complet<br />

sur stratégies.fr<br />

la hauteur du moment et de l’Histoire. Les lignes<br />

de fractures sont là et je reprends à mon compte<br />

le tweet de Benedict Evans : « Sometimes Silicon<br />

Valley feels like it’s 10 years into the future. Other<br />

times, 30 years into the past. »<br />

Parce que la voilà, la deuxième tendance de l’été.<br />

On me demande toujours les exemples de transformation<br />

numérique réussie. J’avoue, elles sont peu<br />

nombreuses et je m’en sors souvent en disant que<br />

le fondement même de la start-up, c’est qu’il est<br />

souvent plus facile de partir de zéro pour arriver<br />

à un puis au succès et que transformer c’est plus<br />

long que de créer. Mais ces temps-ci, entre Uber<br />

englué, Snapchat qui déçoit, Netflix qui connaît un<br />

succès d’usage financé par des pertes abyssales<br />

ou même Tesla dont les immatriculations stagnent<br />

en Asie maintenant que les constructeurs allemands<br />

savent (vraiment) produire des véhicules<br />

propres, peu de start-up émergent. C’est le bon<br />

moment pour que l’empire contre-attaque. Et ce<br />

n’est pas un hasard si, au milieu de l’été, Disney,<br />

propriétaire de la franchise Star Wars, a annoncé<br />

qu’elle débranchait son contenu de la plate-forme<br />

Netflix pour créer la sienne…<br />

disrupteurs disruptés. Dernier rattrapage pour<br />

être bronzés sans être largués à la machine à<br />

café. Le Game of Thrones du media planning a<br />

entamé une nouvelle saison. Elle s’annonce décidément<br />

compliquée pour les grandes agences,<br />

malgré des mouvements remarqués chez Havas,<br />

attendus chez Publicis. Le marché sera inéluctablement<br />

plus transparent. Google et Facebook accentuent<br />

le développement de leurs partenariats<br />

stratégiques avec leurs grands clients : ils doivent<br />

devenir leurs premiers partenaires d’innovation.<br />

Les cabinets de conseil, Accenture et Deloitte en<br />

tête, s’engouffrent dans les services à plus forte<br />

marge – réponse du berger à la bergère alors que<br />

les agences « remontent » de plus en plus sur des<br />

activités de conseil, en stratégie, management ou<br />

IT. Des acteurs plus petits profitent du moment<br />

pour s’affirmer. Des générations différentes de<br />

ces acteurs s’allient. Les disrupteurs disruptés,<br />

beau match en perspective. Trois stratégies gagnantes<br />

selon moi : l’innovation ou l’expertise, le<br />

pari sur l’IT avec des budgets colossaux qui vont<br />

être redéployés et l’extension du domaine de la<br />

data et de la transparence à de nouveaux médias,<br />

non numériques, télévision et communication extérieure<br />

au premier chef. Mais je ne « spoilerai »<br />

pas les prochains épisodes. Nous avons toute une<br />

année devant nous. ◊<br />

31/08/2017 49<br />

StratégieS N° 1914


La rédac a<br />

... halluciné en parcourant<br />

l'enquête du Financial Times<br />

intitulée « How Silicon Valley rediscovered<br />

LSD »... On y apprend que le<br />

diéthylamide de l’acide lysergique,<br />

plus communément appelé le LSD, fait son grand retour sur la côte Ouest<br />

des États-Unis, au cœur des entreprises high-tech de la Silicon Valley. Cette<br />

puissante drogue, prise en microdoses, « optimiserait en fait la productivité,<br />

la créativité et aiderait à se concentrer »... Pour le quotidien économique britannique,<br />

il s'agit d'une conséquence de la course à l'efficacité, à l'ascension<br />

sociale. Bientôt une salle de shoot à Station F?<br />

© getty images<br />

le billet de...<br />

giLLeS wyBO @gillesWybo<br />

opinions<br />

… plongé dans le canular<br />

de Charline Vanhoenacker et toute<br />

sa bande, de l’émission Si tu écoutes<br />

j’annule tout sur France Inter, pour<br />

la rentrée. Après avoir annoncé la<br />

fin de l’émission de manière très<br />

sérieuse, sur Facebook, pour des<br />

raisons de manque d’inspiration,<br />

elle a fini par avouer qu’il ne<br />

s’agissait que d’un changement de<br />

nom. L’émission devient Par Jupiter !<br />

pour se moquer du président<br />

Macron. Un plan de com basé sur<br />

la fake news – ou<br />

la blague – qui<br />

n’a duré que<br />

quelques heures,<br />

heureusement,<br />

pour les<br />

afficionados de<br />

l’émission qui commençaient à<br />

pleurer un peu partout…<br />

…été étonnée<br />

de voir avec quelle facilité les<br />

médias avaient recruté comme<br />

chroniqueurs des personnalités<br />

politiques. Après Daniel Cohn-<br />

Bendit (Europe 1) et Roselyne<br />

Bachelot (D8 puis LCI), c’est au tour<br />

de Jean-Louis Debré (Europe 1),<br />

Jean-Pierre Raffarin (France 2),<br />

Henri Guaino (Sud Radio), Gaspard<br />

Gantzer et Aurélie Filippetti (RTL),<br />

Axelle Lemaire (France Culture)<br />

ou Raquel Garrido (C8). L’ancien<br />

candidat FN aux Législatives de<br />

2017 Jean Messiha, lui, ne rejoindra<br />

finalement pas Europe 1.<br />

… repéré la copie<br />

à peine dissimulée du film très<br />

récompensé « Kenzo World ». Repetto,<br />

accompagné<br />

par Marcel,<br />

propose<br />

un spot où une<br />

jeune femme, perturbée par la pénurie<br />

de Macchiato dans son café, se lance<br />

dans une chorégraphie endiablée...<br />

rappelant plus que vaguement les<br />

mouvements saccadés de Margaret<br />

Qualley, actrice hyper expressive<br />

qui avait époustouflé le grand public<br />

dans sa robe verte. Une copie loin<br />

d’être à la hauteur de son modèle.<br />

CHaqUe SameDi, à 8 H 20,<br />

retrOUVez La CHrOniqUe mÉDiaS<br />

D’amaUry De rOCHegOnDe<br />

(89 FM à Paris)<br />

UBERESILIENCE. Le scandale pour Uber, c’est<br />

une marque de fabrique. Il y a eu les méthodes<br />

musclées pour lancer et maintenir,<br />

coûte que coûte, son service Uber Pop<br />

de VTC entre particuliers. Les bras de fer<br />

avec les gouvernements, avec les taxis, les<br />

perquisitions au siège français... Ses techniques<br />

commando pour lancer son service<br />

dans de nouvelles villes, avec des<br />

équipes très restreintes. Et puis la disruption,<br />

comme doctrine et arme ultime pour<br />

s’imposer sur un marché, en écrasant la<br />

concurrence des -anciens modèles. Ensuite,<br />

il y a eu les grèves de ses propres chauffeurs<br />

pour protester de leur maigre rémunération.<br />

La concurrence aux aguets, notamment<br />

celle de Chauffeur Privé, gagne<br />

chaque jour un peu plus de visibilité et de<br />

notoriété. Comme si ça ne suffisait pas, le<br />

fondateur Travis Kalanick a été contraint<br />

de démissionner, fin juin, après des mois de<br />

polémiques pour harcèlement, mauvais résultats...<br />

Bien sûr, son service de VTC s’est<br />

imposé dans notre quotidien, mais après<br />

autant de scandales, n’importe quelle organisation<br />

serait déjà morte. Pas Uber. ◊<br />

CHAQUE DIMANCHE,<br />

à 21 H 10 ET 22 H 40,<br />

RETRoUVEz L’éMISSIoN SToRyTELLING SUR FRANCE INFo<br />

(105,5 FM à PARIS), EN PARTENARIAT AVEC<br />

23 bis, rue Barthélemy<br />

Danjou – CS 40116<br />

– 92517 Boulogne-Billancourt<br />

Cedex. ÉdItRICE : Sandrine Matichard. RÉdACtION.<br />

Rédactrice en chef : Marie-Juliette Levin. Rédacteurs en<br />

chef adjoints : Amaury de Rochegonde (01.75.60.40.79)<br />

et Gilles Wybo (01.75.60.40.77). Grand reporter : Cathy<br />

Leitus (01.75.60.40.85). Rédacteurs : Cécilia Di Quinzio<br />

(01.78.16.31.10), Clémence Duranton (01.75.60.40.72),<br />

Emmanuel Gavard (01.75.60.40.71), Delphine Le Goff<br />

(01.75.60.40.76), Delphine Soulas-Gesson (01.75.60.40.73) et<br />

Thomas Pontiroli (01.75.60.40.82). Chargée d’édition web et<br />

social media manager : Caroline Ricard (01.75.60.64.67). ont<br />

collaboré à ce numéro : Houda Benjelloune, Caroline Bonacossa,<br />

Vincent-Xavier Morvan et Gilmar Sequeira Martins.<br />

RÉdACtION tECHNIQUE. Secrétaires de rédaction-maquettistes<br />

: Patrick Bled et Maja Marinkovic. Maquettiste :<br />

Benoît Maurice. Responsable iconographe : Laurent Rutigliano.<br />

Iconographe : Margaux Quesnel. dIFFUSION. Chef de<br />

produits : Lamine Larfaoui. ABONNEMENtS. France métropolitaine<br />

: Formule intégrale 1 an : le magazine version papier<br />

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4, rue de Mouchy, 60438 Noailles Cedex ; abonne@strategies.fr.<br />

Tél : 01 70 37 31 75. BASE dE dONNÉES. Responsable :<br />

Audray Billault. dIRECtION COMMERCIALE, PUBLICItÉ. Directrice<br />

commerciale : Ludivine Saint-yves (01.78.16.31.21).<br />

Chef de publicité : Marion Dessus (01.78.16.31.14). Directrice<br />

de clientèle : Gwënola de Villeblanche (01.78.16.31.16).<br />

Assistante : Patricia Demuynck. GUIdES. Directrice de<br />

publicité : Nadia Ben Moussa (01.78.16.31.18). Chefs de<br />

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tRAFFIC. Responsable : Laure Mery. Coordination des<br />

ventes : Carine Guez. Traffic manager : Laurent zaplana.<br />

RÉGIE COMMERCIALE ANNONCES CLASSÉES EMPLOI : PRoFIL,<br />

134 bis, rue du Point du jour, 92100 Boulogne-Billancourt<br />

– Directeur commercial : Thierry Rémond (tremond@<br />

profil-1830.com ou tél. : 01.46.94.84.24). PROMOtION, PARtENARIAtS.<br />

Directrice : Sabrine Karmaoui. COMMUNICAtION<br />

Et ÉVÉNEMENtS. Directrice : Sophie Bédé-Carroué.<br />

Coordinatrice promotion : Cécile Rubben (01.78.16.31.17).<br />

Chargée de promotion : Negar Moshrefi (01.78.16.31.09).<br />

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Responsable des opérations spéciales : Céline Reine<br />

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Compiègne. origine du papier : Autriche. Taux de fibres<br />

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PTot : 0,007 kg/t. RESSOURCES HUMAINES. Responsable :<br />

Camille Plainfossé. dIRECtEUR AdMINIStRAtIF Et FINANCIER :<br />

Julien Robert-Mercier. RESPONSABLE MARkEtING : émilie<br />

Sanchez. dÉPÔt LÉGAL : avril 2017. ISSN 0180-6424.<br />

N° de commission paritaire : 0321 T 79914.<br />

StratÉgieS est édité par la société S2C, SaSU au capital de<br />

10 000 e. Directeur de la publication : marc Laufer. rC nanterre<br />

813649571. Directeur général : Pierre Sacksteder.<br />

L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, de détérioration ou de<br />

non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser<br />

toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de<br />

marques, noms de firmes… est faite sans aucun but publicitaire et ne signifie<br />

en aucun cas que les procédés soient tombés dans le domaine public<br />

StratégieS N° 1914 50<br />

31/08/2017


ISSN 0180-6424<br />

AU CŒUR DE TOUTES LES STRATÉGIES<br />

SUPPLÉMENT AU N° 1852 DU 24 MARS 2016 - NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT<br />

MARQUES : COMMENT DURER. P.18 – MÉDIAS : CANAL + RÉINVENTE LE CHEVAL DE TROIE. P.28 – DOSSIER ET GRAND PRIX<br />

BRAND CONTENT. P.34 – INSPIRATIONS : HERGÉ, OBJECTIF PUB. P.48 – DIGITAL MANAGER : ERIK-MARIE BION (AOL FRANCE). P.58<br />

AU CŒUR DE TOUTES LES STRATÉGIES N° 1876 - 20 OCTOBRE 2016 - 5,80¤<br />

TECH & CRÉA<br />

UN MARIAGE<br />

DE RAISON<br />

À l’occasion du <strong>Stratégies</strong> Summit, qui s’est tenu ce 19 octobre,<br />

preuve a été faite de la force de frappe de cette union sacrée ! Lire p.8<br />

M 06323 - 1876S - F: 5,80 E - RD<br />

3’:HIKQNC=XUZ]U^:?b@s@h@g@q";<br />

© Emmanuel Romeuf/Illustrissimo pour <strong>Stratégies</strong><br />

Digital<br />

RENDEZ-VOUS<br />

2017<br />

LES DOSSIERS<br />

DE LA RENTRÉE<br />

7 SEPTEMBRE<br />

14 SEPTEMBRE<br />

21 SEPTEMBRE<br />

28 SEPTEMBRE<br />

PROGRAMMATIQUE<br />

Parution : 07 septembre<br />

SURDIFFUSIONS : DMEXCO + E-COMMERCE PARIS<br />

GRAND PRIX DES STRATÉGIES<br />

DE COMMUNICATION<br />

Parution : 14 septembre – Bouclage : 01 septembre<br />

+ SUPPLÉMENT EVENT<br />

Parution : 14 septembre<br />

SURDIFFUSIONS : GRAND PRIX DES STRATÉGIES DE COMMUNICATION + RÉUNIR<br />

+ OMYAGUÉ + CONFÉRENCE NATIONALE DE LA VIE NOCTURNE + HEAVENT PARIS<br />

(UNIQUEMENT SUPPLÉMENT EVENT)<br />

EMPLOI ET FORMATION<br />

Parution : 21 septembre – Bouclage : 08 septembre<br />

SURDIFFUSION : LA NUIT DU MARKETING DE L’ADETEM<br />

NOUVEAUX ATOUTS DU PAPIER<br />

Parution : 28 septembre – Bouclage : 15 septembre<br />

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