Journal de l'agence n°55 VitrineMedia
Embellir sa vitrine avec VitrineMedia, témoignage de Stéphane Evrard, agent Immobilier à Fort-Mahon
Embellir sa vitrine avec VitrineMedia, témoignage de Stéphane Evrard, agent Immobilier à Fort-Mahon
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pratique, la solvabilité <strong>de</strong><br />
l’acquéreur est souvent<br />
moins vérifiée que celle du<br />
locataire.<br />
L’agent immobilier doit<br />
s’assurer <strong>de</strong> la solvabilité<br />
du candidat acquéreur<br />
(Cass. 1 re civ., 19 janvier<br />
1988, n° 86-11829). Ce<br />
n’est pas exclusivement<br />
à la banque <strong>de</strong> le faire.<br />
En effet, à la signature du<br />
compromis, le ven<strong>de</strong>ur<br />
immobilise son bien et si<br />
l’agent immobilier n’a pas<br />
vérifié la solvabilité <strong>de</strong><br />
l’acheteur, il lui reprochera,<br />
à juste titre, d’avoir immobilisé<br />
inutilement son<br />
bien. (CA Rouen, 1 re ch.,<br />
13 juin 2001).<br />
Une déclaration <strong>de</strong> l’acquéreur<br />
<strong>de</strong> ses revenus et<br />
<strong>de</strong> son apport personnel<br />
n’est pas suffisante pour<br />
décharger l’agent immobilier<br />
<strong>de</strong> sa responsabilité.<br />
L’agent immobilier doit<br />
vérifier les déclarations<br />
<strong>de</strong> l’acquéreur. Pour ce<br />
faire, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra et gar<strong>de</strong>ra<br />
les copies les <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong>rnières déclarations <strong>de</strong><br />
revenus, les trois <strong>de</strong>rniers<br />
justificatifs <strong>de</strong> revenus<br />
(bulletins <strong>de</strong> paye et/ou<br />
bilans) et le justificatif <strong>de</strong><br />
l’apport personnel (relevés<br />
<strong>de</strong> banque ou attestation<br />
<strong>de</strong> la banque). La liste <strong>de</strong>s<br />
pièces sera complétée et<br />
adaptée en fonction <strong>de</strong>s<br />
spécificités du dossier.<br />
Enfin, l’agent immobilier<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra, le paiement<br />
effectif d’un séquestre.<br />
Rappelons, qu’en général,<br />
le mandat le prévoit.<br />
Il n’existe pas <strong>de</strong> texte<br />
fixant le pourcentage du<br />
séquestre. Pour autant le<br />
montant doit être suffisant<br />
et effectif pour constituer<br />
une garantie en faveur du<br />
ven<strong>de</strong>ur. Ainsi, faire signer<br />
au ven<strong>de</strong>ur un compromis<br />
sans séquestre effectif ou<br />
avec un séquestre dérisoire<br />
expose la responsabilité <strong>de</strong><br />
l’agence (CA Paris, 2 e ch.,<br />
sect. B, 25 nov. 1994, CA<br />
Paris, 27 février 2008, RG<br />
n° 06-19540).<br />
Précisons qu’un séquestre<br />
effectif est un séquestre<br />
encaissé et non un chèque<br />
« gardé au dossier ». Si le<br />
séquestre n’est pas réglé<br />
par chèque <strong>de</strong> banque, il<br />
conviendra <strong>de</strong> prévoir une<br />
clause <strong>de</strong> caducité au compromis<br />
en cas <strong>de</strong> chèque<br />
sans provision.<br />
n <br />
<br />
Deman<strong>de</strong>r, obtenir et<br />
conserver les justificatifs<br />
<strong>de</strong> la solvabilité <strong>de</strong> l’acquéreur<br />
est une obligation<br />
<strong>de</strong> l’agent immobilier à<br />
l’égard du ven<strong>de</strong>ur mais<br />
également au regard <strong>de</strong> ses<br />
obligations envers Tracfin.<br />
En effet, les professionnels<br />
<strong>de</strong> l’immobilier doivent<br />
faire une déclaration<br />
<strong>de</strong> soupçon pour toutes<br />
sommes ou opérations<br />
dont ils « savent, soupçonnent<br />
ou ont <strong>de</strong> bonnes<br />
raisons <strong>de</strong> soupçonner<br />
qu’elles proviennent d’une<br />
infraction (…) ou participent<br />
au financement du<br />
terrorisme » (L 561-15<br />
du Co<strong>de</strong> monétaire et financier).<br />
Or cela nécessite<br />
forcement d’avoir les justificatifs<br />
<strong>de</strong> la solvabilité <strong>de</strong><br />
l’acquéreur et <strong>de</strong> la provenance<br />
<strong>de</strong>s fonds.<br />
n <br />
-<br />
<br />
Enfin, j’entends souvent<br />
les agents immobiliers me<br />
dire : « Les clients ne veulent<br />
pas nous donner les<br />
justificatifs <strong>de</strong> leur solvabilité<br />
car nous ne sommes<br />
pas banquier. ». Encore<br />
faut-il les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sans<br />
s’excuser : c’est normal.<br />
Il faut également expliquer<br />
clairement les règles : le<br />
ven<strong>de</strong>ur souhaite s’engager<br />
avec <strong>de</strong>s acquéreurs dont<br />
le projet est sérieux et qui<br />
ont <strong>de</strong>s chances d’obtenir<br />
leur financement. En<br />
outre, l’agence doit vérifier<br />
la solvabilité <strong>de</strong>s acquéreurs<br />
pour présenter<br />
efficacement l’offre au<br />
ven<strong>de</strong>ur.<br />
Les acquéreurs vous<br />
opposent toujours un<br />
refus : rappelez-leur que,<br />
si en tant qu’acquéreurs<br />
ils ont besoin d’être rassurés<br />
sur le bien (production<br />
<strong>de</strong>s diagnostics,<br />
mesurage, information<br />
copropriété etc.), les ven<strong>de</strong>urs,<br />
<strong>de</strong> leur côté, ont<br />
besoin d’être tranquillisés<br />
sur leur solvabilité.<br />
Ils persistent dans leur<br />
refus ? Mettez-les à la<br />
place du ven<strong>de</strong>ur : « Si<br />
vous étiez ven<strong>de</strong>ur, que<br />
diriez-vous si l’agence<br />
vous <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> vous<br />
engager sans avoir vérifié<br />
les justificatifs <strong>de</strong>s revenus<br />
<strong>de</strong> vos acquéreurs ? Vous<br />
trouveriez cela anormal ?<br />
Vous auriez raison. ». Les<br />
acquéreurs campent sur<br />
leur position ? Vous n’avez<br />
pas d’autre choix que <strong>de</strong><br />
dire au ven<strong>de</strong>ur que vous<br />
n’avez pas pu obtenir les<br />
justificatifs <strong>de</strong>mandés et<br />
<strong>de</strong> le mettre en gar<strong>de</strong>.<br />
Pour conclure, une telle<br />
démarche peut apparaître<br />
comme une contrainte<br />
administrative supplémentaire.<br />
Mais pourquoi<br />
perdre du temps sur une<br />
vente qui risque <strong>de</strong> ne<br />
pas aboutir faute <strong>de</strong> solvabilité<br />
? Comme quoi le<br />
droit et le bon sens économique<br />
peuvent faire cause<br />
commune.<br />
Caroline Dubuis-Talayrach<br />
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