You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Les Chefs-d’œuvre du cinéma Algérien
Le cinéma algérien est passé par de grandes étapes historiques, ses<br />
premiers chefs-d’œuvre sont inspirés de l’histoire d’Algérie et de la guerre<br />
de libération nationale qui ont constitué l'essentiel de la production<br />
cinématographique après l’indépendance. Les thèmes dominants des films<br />
de cette période traitaient du colonialisme et du mouvement de libération<br />
nationale. Les années 70 furent les années de gloire du cinéma algérien ;<br />
l’obtention de la palme d’or du festival de Cannes décernée en 1975 à<br />
Mohamed Lakhdar HAMINA pour son film "Chronique des années de<br />
braise", est sans doute le témoignage le plus éloquent de la reconnaissance<br />
internationale du cinéma algérien.<br />
En cette époque là, ce qui importait le plus à l’Algérie indépendante<br />
avant de produire des films, était d’asseoir des structures permanentes en<br />
vue de soutenir l’institution cinématographique et de préparer la<br />
naissance d’un cinéma algérien d’exception. Ce rêve était "réalisable", eu<br />
regard aux succès des films algériens lors des festivals internationaux. La<br />
première société de production cinématographique verra le jour, au<br />
lendemain de l’indépendance, à savoir le Centre National du Cinéma<br />
Algérien (CNC), devenu ensuite le Centre Algérien pour l’Art et<br />
l’Industrie Cinématographique (CAAIC), outre le Centre d’Actualité<br />
Télévisée qui détenait des images exclusives sur la vie des Algériens<br />
durant la guerre de libération nationale dont la vie politique. En 1965,<br />
l’Algérie instituera sa cinémathèque, première aux niveaux arabe et<br />
africain. Cette institution jouera un rôle important dans la réactivation de<br />
la vie cinématographique et deviendra un espace ouvert à tous les<br />
cinéastes.<br />
Les premières prises de vues du cinéma algérien avaient eu lieu au<br />
cœur "des maquis", car les pionniers du cinéma étaient conscients de<br />
l’importance de l’image afin de faire entendre la voix de la révolution au<br />
monde entier. Ces thèmes ont continué, au lendemain de l’indépendance, à<br />
être au centre des œuvres cinématographiques algériennes "en vue de<br />
contribuer à la préservation de la mémoire nationale et d’inculquer les<br />
valeurs révolutionnaires à la nouvelle génération". Les films produits<br />
lors de ces années, traitaient de la lutte et des sacrifices consentis par le<br />
peuple algérien pour la liberté et l’indépendance, tout en montrant<br />
l’horrible visage du colonialisme et de sa barbarie. Les plaies vives de la<br />
guerre de libération nationale dont les séquelles étaient toujours visibles<br />
sur les visages des Algériens avaient donné naissance à plusieurs films,<br />
florilège du cinéma algérien.
Le cinéma, se voulant être le témoin de son époque a changé de<br />
thématique dans les années 70,80, 90. Ce n’est plus de la guerre qu’il traite<br />
mais des préoccupations de la société algérienne. Ainsi des films comme<br />
"Leila et les autres" de Sidi Ali Mazif, "Ali au pays des mirages"<br />
d’Ahmed Rachedi (1978) s’intéresse, lui, au phénomène de l’immigration.<br />
D’autres genres comme la comédie et la critique sociale sont portées à<br />
l’écran par une nouvelle génération de réalisateurs ; le film "Omar<br />
Gatlatou" de Merzak Allouache, en est une illustration ; sans oublier le<br />
film Hassen Niya avec Rouiched, Deux Femmes avec Athmane Ariouet,<br />
Les aventures de Rabah Chouiter avec Hassen El Hassani, Kahla Oua<br />
Beida de Abderrahmane Bouguermouh, Tahiya Ya Didou avec<br />
Mohamed Zinet, Carnavl Fi Dechra de Benamar Bakhti, etc.…....<br />
Cinquante deux ans après l’indépendance de l’Algérie, les thèmes de<br />
la révolution nationale occupent de nouveau le devant de la scène<br />
cinématographique algérienne, dans le cadre des futurs projets de films<br />
prévus en Algérie, retraçant la vie des martyrs qui est une période<br />
historique très décisive dans le processus de libération nationale et de la<br />
glorieuse révolution du 1er novembre.<br />
Parmi ces films révolutionnaires qui sont revenus en force au<br />
devant de la scène cinématographique, le film "Ben Boulaid" d’Ahmed<br />
Rachedi (2009),plusieurs projets sont prévus à l’occasion du<br />
cinquantenaire de l’indépendance dont un film de Rachedi sur "Krim<br />
Belkacem" qui est en cours de préparation et un autre sur "Larbi Ben<br />
M’hidi" qui sera produit et réalisé par Bachir Derraïs.<br />
Réalisés par des cinéastes algériens et étrangers, ces films ont<br />
longtemps occupé le monde du cinéma; on ne se lassera jamais de voir et<br />
revoir le film-culte qui, de nos jours encore, continue à susciter un intérêt<br />
particulier dans divers milieux. Sorti en 1966, La Bataille d’Alger a, en<br />
effet, été classé 120 ème sur une liste des 500 meilleurs films de tous les<br />
temps. Production Algéro-italienne, il a été réalisé par le célèbre et défunt<br />
réalisateur italien Gillo PONTECORVO. Le film a reçu plusieurs prix et<br />
nominations :<br />
Lion d'or à la Mostra de Venise en 1966, le prix de la Critique à<br />
Cannes et trois nominations aux Oscars à Hollywood.
"La bataille d’Alger 1966"<br />
Gillo PONTECORVO<br />
Il est, sans conteste, le film le plus connu du cinéma algérien, il retrace<br />
principalement l’histoire d’Ali la Pointe lors de "la bataille d’Alger", soit de la<br />
lutte pour le contrôle du quartier de la Casbah d’Alger en 1957 entre les<br />
militants du FLN et les parachutistes français de la 10 ème division parachutiste<br />
du général Jacques Massu, par tous les moyens y compris l’usage de la torture.<br />
Il revient sur la période 1954-1957 de l’histoire de la guerre de libération<br />
nationale dans un long métrage de 1h30 à revoir toujours avec autant de plaisir<br />
et méditation.<br />
Gillo PONTECORVO et Yacef SAADI lors de la présentation de "La Bataille<br />
d’Alger" au "Festival International du Film à Venise 1966"
Brahim HADJADJ dans le rôle d’Ali la pointe lors du tournage du<br />
film "La Bataille d’Alger" avec le réalisateur Gillo PONTECORVO<br />
Le réalisateur Gillo PONTECORVO lors du tournage du film<br />
"La Bataille d’Alger"
"Chronique des années de braise 1975" de Mohamed Lakhdar HAMINA
Le film "Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar<br />
HAMINA qui a obtenu la palme d'Or du Festival de Cannes en 1975<br />
est inscrite en lettres d'or sur la liste des grands classiques du cinéma et<br />
considéré comme l'une des plus grandes œuvres cinématographiques<br />
réalisées en dehors d'Hollywood et un chef-d’œuvre du cinéma algérien,<br />
l’histoire du film commence en 1939 et se termine le 11 novembre1954,il<br />
démontre que le 1 er novembre 1954 (date de déclenchement de la<br />
révolution algérienne) n'est pas un accident de l'histoire, mais<br />
l'aboutissement d'un long processus, de souffrances, de combats d'abord<br />
politique et puis militaire.<br />
Mohamed LAKHDAR HAMINA reçoit la palm d’or au festival de<br />
cannes 1975 pour son film "chroniques des années de braise"
" Le Vent des Aurès 1966" de Mohammed Lakhdar HAMINA<br />
Dans une Algérie colonisée par la France, au fin fond de la<br />
campagne, dans les Aurès, une mère cherche désespérément son fils raflé<br />
par l’armée française et incarcéré depuis plusieurs semaines dans un camp.<br />
Avec courage, elle défie les soldats français pour le trouver, allant d'un<br />
camp à l’autre, son obstination l’amène à trouver le camp dans lequel se<br />
trouve son fils, et d'y revenir jour après jour, indifférente aux menaces et<br />
aux intimidations des soldats français, animée par le plus pur et le plus<br />
fort des sentiments humains : l’amour d’une mère. Avec Le Vent des<br />
Aurès, Mohammed Lakhdar HAMINA signait une œuvre réaliste aux<br />
accents épiques traversée par l’interprétation muette de la grande actrice<br />
KELTOUM. Le film compte parmi les classiques de la cinématographie<br />
algérienne.<br />
Prix de la Première œuvre au Festival de Cannes 1967
" Patrouille à l'Est 1971" de Amar LASKRI<br />
Le film retrace l'histoire d'une patrouille de l'Armée de Libération<br />
Nationale (A.L.N), qui a pour mission de convoyer vers la frontière<br />
tunisienne un militaire français prisonnier. A travers la marche de ce<br />
groupe de Djounoud nous assistons à l'esprit de sacrifice et de combativité<br />
de ces hommes issus du peuple. La patrouille sera décimé, mais un jeune<br />
paysan prendra la relève et achèvera la mission.
"Hassen TERRO 1968" de Mohamed lakhdar HAMINA<br />
Hassen, petit-bourgeois couard, est entraîné malgré lui dans le feu<br />
de l'action révolutionnaire et pris pour un dangereux terroriste. Hassen<br />
devient le terroriste " Hassan TERRO".
"L'Opium et le Bâton" d'après l'œuvre de Mouloud MAMMERI<br />
(Réalisé en 1969 par Ahmed RACHEDI et sorti en 1971)<br />
La fin des années 50, pour éviter d’être arrêté par les parachutistes<br />
qui contrôlent Alger, le docteur Bachir Lazrak quitte précipitamment la<br />
ville pour se rendre en montagne, à Thala, son village natal en Kabylie.<br />
Deux camps s’y affrontent : celui des maquisards algériens et celui des<br />
forces d’occupation. Son frère Ali s’est enrôlé dans le maquis. Engagé dans<br />
la guerre et prenant conscience d’un sentiment national, il affronte la<br />
répression de l’armée française.
" L'Epopée du Cheikh BOUAMAMA 1985" de Bakhti BENAMAR<br />
Fresque historique sur la lutte du Cheikh Bouamama (1833-1908).<br />
Le rôle du Cheikh Bouamama est incarné par le comédien Athmane<br />
ARIOUET. Cheikh Bouamama était à la fois une figure historique, un<br />
combattant reconnu et un personnage mystique du Sud-ouest Algérien. Il<br />
appartenait à la branche des Ouled Sidi Cheikh. Il a été surnommé<br />
"Bouamama" car durant toute sa vie il a porté un turban sur la tête,<br />
semblable en cela à tous les Arabes. En habile meneur d'hommes, il a<br />
dirigé la résistance contre le colonialisme en Algérie de 1881 à 1908 en<br />
participant à de nombreuses batailles dans la lignée de l’Émir Abdelkader<br />
et du Cheikh El Mokrani ; tous ayant consacrés leur vie à la lutte armée<br />
pour que vive l'Algérie loin de toute occupation coloniale.
" Les portes du Silence 1987" de Amar LASKRI<br />
Amar est un jeune homme sourd et muet qui veut rejoindre le maquis<br />
mais il est refusé pour son infirmité et ce malgré tout l'enseignement de son<br />
père qui voulait faire de lui un être normal, spécialiste de la chasse et des<br />
chevaux, le ratissage de son village, auquel il assiste de loin impuissant, le<br />
pousse à chercher vengeance. Il se fait recruter dans le camp militaire<br />
français en qualité de garçon d'écurie. Il fera la connaissance de Salah<br />
Combat, un militant infiltré dans la garnison sur ordre de l'A.L.N lui qui<br />
était jusque là enfermé dans "Les portes du silence".<br />
"Les Hors-la-loi 1969" de Tewfik FARES<br />
Le premier film algérien à avoir été tourné en couleurs. On est à la fin<br />
de la seconde guerre mondiale au cœur des Aurès (Est algérien), trois<br />
Algériens font connaissance en prison. Injustement enfermés et refusant<br />
l’ordre d’un système colonial qui les avilit, ils s’évadent et s’engagent dans la<br />
lutte pour l’indépendance.
" Les Enfants de Novembre 1975" de Moussa HADDAD<br />
Ce film intitulé "Les enfants de Novembre", n'est autre que celui<br />
réalisé par le célèbre cinéaste Moussa Haddad. Ce dernier a retracé la<br />
genèse de ce film qui fait valoir le combat héroïque des enfants face à<br />
l'armée coloniale.
" L'Evasion de Hassen TERRO 1970" de Mustapha BADIE<br />
En 1957, la Bataille d'Alger redouble de violence, Hassen un paisible<br />
paysan de la casbah, bien connu pour son caractère poltron et vantard, est<br />
arrêté par confusion comme un dangereux chef terroriste; Ce qui lui vaut<br />
le surnom de "Hassan TERRO".<br />
"Hassen Taxi 1982" de Mohamed Slim RIAD<br />
Hassen, fatigué, usé par les longues années de post indépendante<br />
obtient en tant qu’ancien combattant, une licence de taxi, il sillonnera les<br />
rues d’Alger et vivra les aventures les plus Rocambolesques.
" Les Vacances de l’Inspecteur Tahar 1973" de Moussa HADDAD<br />
L'inspecteur Tahar et son adjoint que l'on appelle l'Apprenti, sont<br />
invités par Mama TRAKI, héroïne populaire tunisienne, à passer leurs<br />
vacances à Tunis. Avant de quitter Alger, ils font halte dans un complexe<br />
touristique où un meurtre vient d'être commis. L'enquête pleine de<br />
surprises et de rebondissements les mènera jusqu'à Tunis où ils<br />
retrouveront Oum TRAKI et sa famille.
"Omar GATLATOU 1977" de Merzak ALLOUACHE<br />
La vie à Alger de Omar, petit employé, est partagée entre<br />
l'appartement surpeuplé où il vit, son bureau, sa musique préférée. Omar,<br />
qu'on surnomme "Gatlatou" à cause de ses attitudes "Radjla" (on dit que<br />
la "Radjla" le tue, "Gatlatou Er-Radjla", d'où "Gatlatou") est un jeune<br />
banlieusard qui habite la cité Climat de France, sur les hauteurs de Bab-<br />
El-Oued. Omar travaille au service des fraudes, parfois il effectue des<br />
missions de répression contre les trafiquants d'or et de bijoux, le plus<br />
souvent il participe au contrôle routinier des bijouteries. Omar Gatlatou a<br />
une grande passion pour la musique, il possède une Minicassette, son<br />
passe-temps favori consiste à enregistrer des chansons Châabi au cours<br />
des soirées, ou à se rendre dans les cinémas pour voir des films indiens<br />
pour enregistrer les chansons.
"Le Clandestin 1989" de Bakhti BENAMAR<br />
Ce film est l’une des références du cinéma algérien. A Bou Sâada, une ville<br />
du sud Algérien, des personnes issues de cette ville veulent aller à Alger<br />
pour des différentes raisons, face au manque flagrant des moyens de<br />
transport, ils vont solliciter un chauffeur de taxi clandestin qui possède<br />
une Peugeot 405 qui n’est pas vraiment adaptée à ce genre de trajet, les<br />
deux parties se mettent d’accord et entament leur voyage pour la capitale ;<br />
un parcours plein de surprises, aventures et d’humour.
"AILA KI NASS 1990" de Amar TRIBCHE<br />
Film mythique du cinéma populaire algérien, "Aila ki Nass" Sorti<br />
en 1990 et suivant les péripéties d’une famille algérienne modeste alors<br />
qu’elle fait face aux changements de l’époque, le film suit essentiellement<br />
leur parcours du combattant afin d’acquérir une nouvelle voiture, et ainsi<br />
être une famille comme les autres (aila ki nass). Le film reste à ce jour l’un<br />
des plus appréciés par le public algérien pour ses répliques cultes.
Tous ces films et d’autres sont restés gravés dans la mémoire du<br />
public algérien vu la manière d’évoquer les différentes situations, et grâce<br />
à nos talentueux acteurs qui ont réussi à laisser leurs empreintes dans le<br />
cinéma algérien et à la force et à la magie des images qui ont pu inscrire<br />
des faits historiques à tout jamais dans la mémoire des spectateurs et à<br />
revoir toujours avec autant de plaisir et méditation.<br />
Avec toutes ces reconnaissances internationales et le potentiel de<br />
talentueux et jeunes réalisateurs, le cinéma algérien dispose de tous les<br />
atouts pour connaître un bel avenir.<br />
*Les informations et les photos de ce texte sont prises de plusieurs sources