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<strong>Esprit</strong> <strong>Orbs</strong> : <strong>Naissance</strong> d'<strong>un</strong> <strong>mythe</strong> : <strong>Le</strong> Père Noël - <strong>Orbs</strong> l'<strong>autre</strong> Planète<br />
10/04/2018 21(12<br />
encore le XIXe, qu’elle devint débonnaire et porteuse d’abondance.<br />
Depuis le début de cet article, nous tournons autour d’<strong>un</strong>e opposition<br />
abondance/famine où la fête propitiatoire vient nier ou euphémiser la<br />
nuit hivernale. Au solstice, selon ce que furent les moissons et les<br />
récoltes, les paysans savaient s’ils pourraient ou non passer l’hiver mais<br />
aussi qu’il fallait que la je<strong>un</strong>esse le passe, sous peine de n’avoir plus<br />
d’avenir collectif. A la fin du XIXe siècle où la famine semble <strong>un</strong> spectre<br />
du passé, la fête change. Elle s’oppose toujours à la nuit et à l’ennui<br />
mais on éloigne la part d’ombre et Ruprecht le fouettard devient Rudolf<br />
le guide aux clochettes tintinnabulantes. Pourtant, derrière<br />
l’euphémisation du traîneau rempli de jouets et de sucreries, c’est peutêtre<br />
encore la chasse gallerye qui parcourt les cieux obscurs. Au fond, le<br />
Père Noël n’a pris que parce qu’il se nourrit aux racines les plus<br />
profondes des <strong>mythe</strong>s germaniques et, par delà, des cultes du<br />
néolithique dont nous ne connaissons plus que quelques figures comme<br />
le bouquetin, le loup ou le géant[6].<br />
Même euphémisé jusqu’à la niaiserie parfois, laquelle appelle la<br />
dérision, ce retour aux sources les plus archaïques ne laisse pas<br />
d’inquiéter comme <strong>un</strong> signe d’<strong>un</strong>e angoisse collective latente plus<br />
profonde qu’on ne veut bien le dire. On ne fête jamais tant l’abondance<br />
que dans la sourde peur du manque. <strong>Le</strong> décor des illustrations de ce<br />
Noël païen, de ce Nouveau Soleil qui ne dépasse pas l’aurore, notons le,<br />
est passéiste. Ce ne sont que villages aux maisonnettes pimpantes,<br />
villages sans pauvres et sans ruines où toutes les cheminées fument, où<br />
tous les intérieurs respirent l’aisance cossue plutôt que le luxe. En<br />
d’<strong>autre</strong>s termes, c’est le monde paysan idéalisé dont sont nostalgiques<br />
les adeptes de la décroissance, <strong>un</strong> monde qui déjà commençait de<br />
disparaître lorsque l’on imprimait les premières cartes de vœux.<br />
Il reste que le Père Noël s’oppose de manière presque frontale<br />
au Noël chrétien. La hotte pleine de jouets exalte l’abondance quand<br />
on est censé fêter la naissance de l’enfant Dieu dans <strong>un</strong>e grotte servant<br />
d’étable, couché sur la paille d’<strong>un</strong>e mangeoire, pauvre parmi les pauvres<br />
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