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Boyo <strong>Magazine</strong> #7/<strong>23</strong>/3/1/9 <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
US $1.00<br />
CAN<br />
$2.00<br />
€1.00<br />
60G des<br />
La Voix de la Culture Haïtienne !<br />
Le 20 ème<br />
anniversaire de<br />
BOYO <strong>Magazine</strong><br />
MODE<br />
Prisca FANOGNY,<br />
une styliste, une artiste<br />
Coup de gueule<br />
Plaidoyer pour un système éducatif<br />
égalitaire<br />
Dossier<br />
Le visage neutre de la ville<br />
de Port-au-Prince<br />
Hommage<br />
Toto Nécessité,<br />
plus de 50 ans d’une richissime<br />
carrière.<br />
www.boyomag.com
Editorial “Un palliatif au Compas ?!” ....................................................... Page 3<br />
FESTIVANACAONA “un événement à la hauteur<br />
de la fierté Léogânaise” ........................................................................................ Page 5<br />
Les 20 ans de BOYO Mag. ............................................................................. Page 6<br />
Coup de gueule de JOSELEEN<br />
“Plaidoyer pour un système éducatif égalitaire.” ............................... Page 8<br />
Un Poète appelé COUPE CLOUE ........................................................... Page 11<br />
Rachelle PRINCE CELARME “A la découverte<br />
de la chanteuse” ..................................................................................................... Page 12<br />
La promotion… CIC MEDIA GROUP .................................................... Page 13<br />
Quatre Questions à Nancy ALCINDOR ........................................... Page 14<br />
Bono “vous offre le nouveau son du Compas.”...................... Page 17<br />
Mode “Une styliste, une artiste.” ............................................. Pages 18 à 21<br />
Toussaint LOUVERTURE, “Presque 216 ans déjà...” ................. Page 22<br />
Festival Haïti en Folie “Grand succès de l’édition <strong>2018</strong>” ..... Pages 24<br />
Les industries créatives et culturelles en haïti ........................... Page 25<br />
Toto Nécessité, “Plus de 50 ans<br />
d’une richissime carrière” ............................................................. Pages 26 à 27<br />
Culture “Lecture” ................................................................................................ Page 29<br />
La ville de PORT-AU-PRINCE<br />
“Le visage neutre d’une ville”.................................................................. Page 30<br />
BOYO <strong>Magazine</strong> est une publication trimestrielle de la société SAINT-FLEUR Pradel<br />
Fondateur / Directeur de publication : Pradel SAINT-FLEUR<br />
Rédacteurs : André FOUAD, Wilmax GAY, Joseleen GEORGES, Farah LARRIEUX,<br />
Ernest SAINT AUBIN, Pradel SAINT-FLEUR.<br />
Ont collaboré à ce numéro : Maguet DELVA, Prisca FANOGNY, André FOUAD,<br />
Wilmax GAY, Joseleen GEORGES, Myriam GERVIL, Farah LARRIEUX, Ernst SAINT AUBIN,<br />
Pradel SAINT-FLEUR.<br />
Photo de Couverture par : Ernst SAINT AUBIN.<br />
Maquette : Hérick E. SAINSILY / Corrections : PSF Editions<br />
Photographies : Pradel SAINT-FLEUR (PSF Photography), Ernst SAINT AUBIN, et DR<br />
Distribution : France, USA, Canada, Haïti, Londres, Madrid, Guyane et Antilles Françaises.<br />
Canada : GAY Wilmax (Montréal Love) / Londres : MAROUS Wilford<br />
Etats-Unis : Réseaux BOYO et FOUAD André / Madrid : VERCIER Jimmy<br />
Martinique : BATARDOT Bruno / Guadeloupe : CORANTIN Martial<br />
Haïti : • Réseau National : EXALUS Georgy et les correspondants • Gonaïves : CHARLES Malaïcka •<br />
Petit-Goâve : Le restaurant L’Escale Gourmande (H. O.) • Département des Nippes : MARCHAND Michel<br />
• AZUR Plage (Merger) et PIMENTAD Resto Club (Gressier) • Arcahaie, Montrouis, Cabaret, Saint Marc :<br />
Radio Citronnelle et Citro Resto • Département de la Grand-Anse (Jérémie, Dame-Marie) : RENOIS Darly.<br />
Correspondants Haïti : DANIEL Jeffane Zila, DEBROSSE Shelcie, DIFFICILE Guylène,<br />
EXALUS Georgy (Directeur départemental Nord), FRANCOIS Chiller, GEORGES Joseleen<br />
(Directrice adjointe départementale Nord), GEROME Valery, JEAN Robertho, JOSEPH Jenny Flore,<br />
LOUIS Jenny-Flore, PIERRE Denis J. Emile, PIERRE-LOUIS Snayder, PROVENCE Rubenson, RENOIS Darly.<br />
Correspondants Guadeloupe : CORANTIN Martial • Martinique : BATARDOT Bruno<br />
Correspondants Etats-Unis : FOUAD André, LARRIEUX Farah.<br />
Site Internet : www.boyomag.com • Impression : IPNS<br />
Publicité : France : 06 58 95 39 45 • Etats-Unis : 609 582 2702 • Haïti : 31 06 13 57<br />
WhatsApp et Reste du monde : +33 658 953 945<br />
Email : boyomag@hotmail.com et boyomagazine@hotmail.fr<br />
Les articles publiés dans ce magazine n’engagent que leurs auteurs.<br />
BOYO <strong>Magazine</strong> #7/<strong>23</strong>/3/1/9 <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong> est édité par la société SAINT-FLEUR Pradel.<br />
Code APE 5814Z. SIRET 794 436 196 00016. Siège : 155 Rue Pelleport 75020 Paris - France.<br />
© & ® <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>.<br />
Lecteurs de Boyo Mag.<br />
• Benji et Jean Will, Hotel Montana Haiẗi
Un palliatif au Compas ?!<br />
• Edito<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
Existe-il une alternative au Compas ?<br />
Faut-il un palliatif à ce rythme dont on<br />
dit qu’il est LA musique commerciale<br />
d’Haïti ? Il est vrai que la plus grande industrie<br />
nationale demeure, jusqu’à présent, cet héritage<br />
légué par Nemours Jean-Baptiste. Il est<br />
joué, avouons-le, par la majorité des musiciens<br />
du pays.<br />
Mais depuis quelques années, cette musique<br />
tend à s’essouffler. Alors qu’il était question<br />
d’un renouvellement décennal régulier du<br />
rythme Compas, on a remarqué que depuis<br />
une vingtaine d’années, les groupes et artistes<br />
cherchent un second souffle qu’ils n’arrivent<br />
pas réellement à trouver. La nouvelle tendance,<br />
dont il était question dans un de nos<br />
précédents éditoriaux, n’est plus une certitude.<br />
Par contre, il est intéressant de constater qu’il<br />
existe, parallèlement aux « ténors » du Compas,<br />
une mouvance, certes encore timide, mais<br />
bénéficiant d’une bonne presse. Il s’agit de la<br />
percée notable de nouvelles voix dans le Paysage<br />
Musical Haïtien, de vrais auteurs compositeurs<br />
et interprètes, des artistes plus rigoureux<br />
et disciplinés. Ce sont des artistes solos qui ont<br />
choisi d’évoluer dans des registres différents de<br />
celui du traditionnel rythme national. Choisissant<br />
de rejoindre, dans leur petit monde, les<br />
grandes pointures que sont Beethova Obas,<br />
Emeline Michel et James Germain, ces jeunes<br />
artistes répondent aux noms de BIC, BelO,<br />
Jean Jean Roosevelt, Tamara Suffren, Stanley<br />
Georges, Tifane, Rutshelle Guillaume, Darline<br />
Desca, Roody Roodboy, Grégoire Chéry, Princess<br />
Eud, Wanito, J Perry, etc.<br />
Il faut reconnaitre qu’il existe un vrai marché<br />
pour cette autre musique offerte par ces<br />
jeunes. Cependant, les organisateurs sont encore<br />
trop frileux pour essayer de le pénétrer et<br />
surtout le développer. Pourtant, celui du Compas<br />
semble montrer ses limites à cause du<br />
manque de créativité et de rigueur chez les<br />
musiciens, et de l’absence de la notion de<br />
risque chez les organisateurs et producteurs.<br />
C’est donc une idée qui mérite d’être explorée<br />
et éventuellement exploitée.<br />
A noter qu’entre ces jeunes artistes qui ont fait<br />
ce choix audacieux et les traditionnels musiciens<br />
de Compas, il y a ceux qui cherchent à<br />
ratisser large. Ils proposent, comme Dener<br />
Céide, Ralph Conde ou Bato Always, une musique<br />
plus contrastée qui touche aussi bien les<br />
aficionados du rythme Compas que les<br />
adeptes de la world music et des rythmes se<br />
rapprochant du jazz.<br />
Tout ceci nous suggère que les jours du bon<br />
vieux Compas sont peut-être comptés. A<br />
moins qu’à l’instar du dernier album de Zenglen,<br />
il y ait un sursaut de créativité chez les<br />
jeunes musiciens. Rien n’est moins sûr.•<br />
Lectrice de<br />
Boyo Mag.<br />
Marie-Eve,<br />
Paris<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> Juillet/Septembre <strong>2018</strong><br />
3
Barik Restaurant<br />
44, Boulevard du Cap-Haïtien • Cap-Haïtien • HT 6120 Haïti<br />
& +509 32 33 44 44
FestivAnacaona<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
un événement à<br />
la hauteur de la<br />
fierté Léogânaise<br />
La situation géographique de la ville de<br />
Léogâne (une trentaine de kilomètres au<br />
sud de la capitale) et son passé historique<br />
en font un lieu privilégié pour accueillir<br />
une activité culturelle telle qu’un festival culturel.<br />
BOYO <strong>Magazine</strong> qui a déjà pignon sur rue et<br />
dont certains dirigeants sont originaires de<br />
cette ville, a justement décidé de bientôt doter<br />
la ville de la reine Anacaona de son premier<br />
grand festival annuel. Il s’agira de FestivAnacaona.<br />
De par son appellation, chacun comprendra<br />
que la reine Anacaona y aura toute sa place.<br />
Oui, FestivAnacaona aura une allure de reconnaissance<br />
historique. Le festival sera réalisé<br />
dans un souci de vulgariser et rendre accessible<br />
la culture de la ville de Léogâne au plus<br />
grand nombre.<br />
C’est un festival qui sera axé sur les spécificités<br />
de la ville, notamment autour des créations et<br />
activités musicales, artistiques et artisanales.<br />
Une journée offrant un niveau de confort et de<br />
qualité exceptionnel. L’objectif principal de la<br />
première édition de FestivAnacaona est de<br />
proposer un événement convivial comme il y<br />
en a peu en Haïti. Ce côté convivial et ludique<br />
permettra à toute la population locale ainsi<br />
que les milliers de visiteurs nationaux et internationaux<br />
de se détendre et se récréer dans<br />
une atmosphère familiale et inoubliable. Il<br />
pourra susciter un grand intérêt aussi bien du<br />
côté du public que de celui des médias, ce qui<br />
lui garantit un énorme succès. Il est à noter<br />
que c’est une activité qui touchera des gens de<br />
l’intérieur du pays, les nombreux amateurs<br />
d’arts et fans de festivités culturelles, et des<br />
gens de l’extérieur, les compatriotes et leurs<br />
amis qui viendront visiter le pays durant cette<br />
période.<br />
FestivAnacaona favorisera la découverte de<br />
jeunes talents locaux et nationaux, les rencontres,<br />
partages et échanges entre professionnels<br />
et amateurs d’événementiels. Afin de mettre<br />
l’accent sur la qualité de l’hospitalité des habitants<br />
de la ville de Léogâne, FestivAnacaona<br />
sera un événement à dimension humaine, il se<br />
voudra également accessible à tous les membres<br />
de la famille et au-delà. Un des points<br />
forts de ce festival est qu’il sera respectueux de<br />
l’environnement. Donc, dans un souci de sauvegarder<br />
la propreté de la ville et ses environs,<br />
FestivAnacaona disposera d’une brigade mobile<br />
de nettoyage. Ceci, durant toute la période<br />
du festival et au delà.<br />
Pour entrer en contact<br />
avec l’organisateur,<br />
envoyez vos messages par WhatsApp<br />
au +509 3106 1357 ou par mail<br />
à boyomag@hotmail.com<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
5
BOYO <strong>Magazine</strong>,<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
Souffle ses vingt bougies<br />
boyomag.com<br />
Lorsqu’en 1998 BOYO <strong>Magazine</strong> a pris<br />
naissance, c’était dans le but principal<br />
d’informer le grand public de ce qui se<br />
passait dans le Paysage Musical Haïtien. Très<br />
vite, la direction de la revue a remarqué le<br />
vide qui existait dans la diffusion sérieuse et<br />
objective de l’information liée au monde culturel<br />
haïtien. Elle a donc ajusté l’objectif du<br />
périodique en le faisant devenir la voix de la<br />
Culture Haïtienne.<br />
En vingt ans, s’installant comme le vrai média<br />
culturel de la société haïtienne, BOYO <strong>Magazine</strong><br />
a publié beaucoup d’informations relatives<br />
au monde des arts et de la littérature.<br />
Qu’il s’agisse du théâtre, tourisme, de la poésie,<br />
peinture, photographie, littérature, gastronomie,<br />
musique, ou de l’artisanat, rien n’est<br />
laissé à l’abandon. Il dégage de chaque page<br />
du magazine, chaque trimestre, un réel esprit<br />
de positivité. Grâce à BOYO <strong>Magazine</strong>, nous<br />
découvrons, apprécions et vivons pleinement<br />
la créativité de nos Artistes, jeunes et vieux,<br />
connus et émergents.<br />
Au fil des années, nombreux sont les artistes<br />
qui ont fait la une de notre magazine et/ou occupé<br />
une place de choix dans nos colonnes.<br />
Parmi eux, on est fier de citer, sans néanmoins<br />
être exhaustif, les groupes Ayiti Dans An Nou,<br />
Zin, Klean, T-Vice, Ot Gam, les artistes Neefah,<br />
Ernst Vincent (Tinest), Emeline Michel, Atissou<br />
Loko, Tifane, Nia, Gracia Delva, Jackito, Alan<br />
Cavé, Raoul Guillaume, Rubens Création,<br />
Misty Jean, Jean Hérard Richard (Richie),<br />
André Fouad, Gary Legrand, Kécita Clénard,<br />
Jean Claude Joseph (Bibil), Jimmy Jean-Louis<br />
et des personnalités telles que la jeune Belandy<br />
Gard, Anne Louise Mésadieu, Natacha<br />
Pierre, Garibaldi Adi, Rose Belizor, Mya Aggoun,<br />
Laury Saint Sauveur Raymond, Bendjine,<br />
Yasmine Saint-Victor, Jeffane Zila Daniel,<br />
etc. La nouvelle stratégie adoptée par la direction<br />
de BOYO <strong>Magazine</strong> permet d’atteindre la<br />
régularité et la stabilité toujours recherchées.<br />
Elle consiste à beaucoup miser sur la qualité<br />
aussi bien rédactionnelle que matérielle, à ne<br />
jamais tomber dans la facilité et à évoluer progressivement,<br />
sans précipitation.<br />
La rigueur imposée dans notre travail est la garantie<br />
de notre notoriété. Si aujourd’hui, nous<br />
sommes fiers d’avouer que nous avons des demandes<br />
pour notre couverture jusqu’au mois<br />
de Janvier 2020, c’est essentiellement le fruit<br />
de notre sérieux et professionnalisme, aussi de<br />
la compréhension de notre équipe rédactionnelle<br />
et commerciale.<br />
Au moment où nous fêtons les vingt ans d’existence<br />
de notre revue, nous pouvons nous enorgueillir<br />
d’avoir toujours gardé un style<br />
simple et efficace, accessible à toutes les<br />
couches sociales du pays et de la diaspora. De<br />
ce fait, nous avons l’énorme plaisir de confirmer<br />
que cette revue est la vraie vitrine et la<br />
voix de la culture haïtienne. En toute humilité,<br />
nous affirmons que tous les acteurs culturels<br />
sérieux et dignes de ce nom ont travaillé, sont<br />
en train de travailler ou seront amenés à travailler<br />
avec notre dynamique équipe. Nous<br />
vous attendons donc.<br />
6<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
Coup de gueule<br />
de Joseleen<br />
Par Joseleen GEORGES<br />
boyomag.com<br />
Plaidoyer pour un système<br />
éducatif égalitaire.<br />
Tout ce qui fait la grandeur d'une nation,<br />
c'est le type d'éducation qui y est inculqué.<br />
Avec un système fort, il y aura une<br />
nation forte, sinon, elle s'écroulera vers la colonisation<br />
éducative comme c'est le cas<br />
d'Haïti. “Un établissement dans lequel on enseigne<br />
les savoirs fondamentaux”, le plus simple<br />
d'esprit saura qu'il s'agit d'une des<br />
définitions du mot “école”. En revanche “espace<br />
où élèves, professeurs et directeur s'entredéchirent”,<br />
seul un haïtien verra que c'est<br />
une autre définition attribuable au même mot.<br />
Pour mieux saisir les caractéristiques qui diffèrent<br />
les divers types d'écoles existant en Haïti,<br />
on a sélectionné et parcouru la ville du Cap-<br />
Haïtien et relevé des informations grâce aux<br />
rares élèves qui ont accepté de participer à<br />
notre enquête.<br />
Jeorginior RAYMOND : “Déjà mes 7 ans dans<br />
une école congréganiste, je vis une belle expérience<br />
car je me sens en famille. Pour le bon<br />
fonctionnement, il faut des règlements et les<br />
trois principes qui animent notre règlement intérieur<br />
sont : - Le respect du Directeur Général<br />
et du personnel - Le respect de soi en adoptant<br />
une tenue décente - Le respect des locaux et<br />
du matériel.<br />
La discipline y est très importante et nul n'a le<br />
droit de la briser. La rentrée est à 6 h 50 et la<br />
fin des cours est à 15 h, soit un total de 8 h de<br />
cours par jour. Avoir 3 retards sur une période<br />
de 30 jours est sujet à la convocation d'un parent.<br />
C'est une école unisex, malgré tout, il n'y<br />
a jamais eu de troubles violents. Nous participons<br />
à un concours de génie à chaque édition,<br />
nous avons un terrain de football et de basketball,<br />
un bar, une grande bibliothèque et des laboratoires,<br />
nos salles sont aérées et notre<br />
auditorium reçoit nos messes du dimanche.”<br />
Kervens CHARLES : J'aurai 6 ans dans cette<br />
école et mon expérience est tout à fait particulière.<br />
Partiellement satisfait, j'y changerais<br />
beaucoup de choses dont la discipline qui n'y<br />
est pas respectée. J'aime bien cette école parce<br />
8<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
qu'elle donne à ses élèves beaucoup de plaisir<br />
que d'autres trouveront certainement malsains.<br />
N'importe qui peut y entrer, que tu sois dealer<br />
ou bon élève, dès que tu payes l'écolage. La<br />
rentrée est à 8 h et la fin est à 15 h, l'ensemble<br />
fait un total de 7 h par jour entrecoupé de deux<br />
récréations. Il n'y a pas encore de bibliothèque<br />
ni de terrain de jeux mais nous avons une cafétéria<br />
disponible et accessible à tous. Les professeurs<br />
soucieux de notre apprentissage<br />
mettent tout en oeuvre pour parfaire notre éducation.<br />
Une école mixte, des bagarres entre<br />
élèves se font très rarement. Elle n'est pas<br />
parmi les meilleures mais j'y suis et j'y resterai<br />
jusqu'à avoir mon baccalauréat.<br />
Wootznay DUROSIER: Je suis en dernière<br />
année et j'ai 3 ans dans ce lycée. Je vis à la fois<br />
une bonne et une mauvaise expérience. Les<br />
cours débutent de 7 h et finissent à 12 h 45<br />
pour la première vacation puis de 13 h à 18 h<br />
pour la seconde, un total de 5 h de cours par<br />
jour. L'ensemble du fonctionnement est à revoir<br />
car il est fort difficile pour nous les élèves,<br />
pour nos professeurs aussi, de suivre les cours<br />
dans une petite salle pouvant contenir 70 à<br />
100 élèves. Il y a une altercation entre élève et<br />
professeur après chaque récré car nous ne<br />
voulons pas rentrer dans nos salles immédiatement.<br />
Les troubles violents, tous les lycées<br />
connaissent et le mien ne se retire pas de la<br />
liste. Nous vivons à l'affût, il doit nécessairement<br />
avoir une ou plusieurs bagarres au cours<br />
de chaque semaine qui peuvent même être<br />
sanglantes. Notre plus grande fierté est le<br />
concours de génie national auquel nous participons<br />
et dont nous sommes souvent sortis<br />
vainqueurs.<br />
Pourquoi tant d'inégalité entre nos écoles ?<br />
C'est le même programme qui y est enseigné,<br />
les professeurs de lycée enseignent aussi dans<br />
les congréganistes et les écoles privées. Alors<br />
comment expliquer cet écart dans les résultats<br />
annuels ? Tous les parents soucieux de l'éducation<br />
de leurs enfants font tout leur possible<br />
pour les intégrer dans une congréganiste. Une<br />
bonne éducation coûte chère en Haïti, nous<br />
avons cette manie de dire que plus c'est chère<br />
plus c'est de qualité. Or l'enfant, à sa naissance,<br />
doit être éduqué. En plus d'être marginalisés,<br />
certains élèves ont peur de dénoncer<br />
les abus qui règnent au sein de leur école. Si<br />
le gouvernement n'est pas au courant des problèmes<br />
internes que confrontent nos élèves,<br />
comment pourra t-il y apporter un semblant de<br />
solution? Le salaire des professeurs devrait être<br />
le cadet de nos soucis si le rendement de<br />
l'école en question n'atteint pas les 60 à 70 %.<br />
Comment peut-on réclamer sa paie si son travail<br />
est médiocre et ne rapporte que peu de<br />
fruits ?<br />
Le respect de l'école par les élèves se détériore<br />
et l'avenir du pays est menacé par ce système<br />
éducatif vendu.•<br />
Lectrice de Boyo Mag.<br />
• Nikky, Paris<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
9
oyomag.com<br />
...<br />
10<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
Un poète qui s’appelait “Coupé Cloué”<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
Avec une longue carrière qui a commencé<br />
en 1951 pour se terminer en<br />
1997, Coupé Cloué, de son vrai nom<br />
Jean Gesner Henri, fait partie des artistes haïtiens<br />
les plus prolifiques.<br />
Subissant, comme quasiment toute la population<br />
haïtienne de l’époque, les fortes influences<br />
cubaines, Coupé Cloué donnait des<br />
sérénades dès 1951 au quartier du Bel Air à<br />
Port-au-Prince. Après six années de balbutiements,<br />
il crée le Trio Crystal en 1957. Cette formation<br />
deviendra le fameux Trio Select,<br />
spécialisé dans un premier temps, dans le style<br />
« Twoubadou » revisité afin de le personnaliser.<br />
Rapidement, le groupe s’impose avec un<br />
mélange de rythmes traditionnels et de jazz où<br />
la guitare et les percussions jouent un rôle prédominant.<br />
Grâce à ses nombreux succès, le<br />
Trio Select enregistre son premier album en<br />
1960.<br />
Les talents de diseur et conteur de Coupé<br />
Cloué ont grandement contribué aux succès<br />
de son groupe qu’il a décidé de rebaptiser, en<br />
1970, « Ensemble Select de Coupé Cloué ».<br />
Lors d’une tournée en Afrique, les Africains de<br />
l’ouest le surnomment Roi Coupé Cloué tant<br />
ils sont émerveillés par la qualité de sa musique.<br />
Ce qui n’est pas une mince affaire, car<br />
il était sur le territoire du rythme Soukous, très<br />
populaire mondialement.<br />
Durant près de cinquante ans (1951-1997),<br />
Coupé Cloué a raconté beaucoup d’histoires<br />
qui ont mis l’accent, notamment, sur les réalités<br />
sociales de son pays. Pourtant, rien ne prédestinait<br />
cet homme à la musique, lui qui a<br />
pris naissance à Léogâne le 10 Mai 1925 et qui<br />
a commencé sa vie professionnelle dans le<br />
monde sportif avec l’équipe de football du Bel<br />
Air, Aigle Noir Athlétique Club. L’histoire raconte<br />
d’ailleurs que c’est lors d’un match de<br />
cette équipe qu’il a hérité, grâce à ses exploits<br />
techniques, du nom de Coupé Cloué.<br />
Après plus de trente albums enregistrés et<br />
commercialisés durant sa longue et belle carrière,<br />
de nombreuses prestations offertes sur les<br />
plus belles scènes mondiales, Coupé Cloué a<br />
donné son dernier spectacle au mois de décembre<br />
1997, avant de s’éteindre, victime du<br />
diabète le 29 janvier 1998. Sa riche discographie<br />
est le précieux héritage qu’il nous a laissé.<br />
Libre à nous de l’utiliser avec minutie et intelligence.<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
11
Rachelle Prince Célarme<br />
Par André FOUAD<br />
A la découverte<br />
de la chanteuse<br />
Fille du feu pasteur Marc Prince,<br />
Rachelle Prince Celarme est née<br />
le 11 mars 1974 aux Gonaïves,<br />
la cité de l'indépendance. Dès l'âge de<br />
4 ans, elle s'est mise à chanter à son assemblée.<br />
Tous les samedis, elle participait<br />
à coeur joie à l'émission “gaieté<br />
enfantine” sur les ondes de radio lumière.<br />
boyomag.com<br />
Passionnée de la musique, elle a laissé<br />
ses empreintes dans les groupes “Mélodie<br />
Angélique” du maestro Blanc Lafontaine<br />
et “V.E.D.” (Voix des Enfants<br />
de Dieu).<br />
Auteure de trois albums qu'elle a réalisés<br />
à New Jersey, “Ede Nou” (2008),<br />
“Ecoute-moi Seigneur” (2010) et<br />
“Aimer” (2015), Rachelle Célarme, infirmière<br />
de profession, mère de deux<br />
enfants se sert de la voie musicale pour<br />
chanter la gloire de Dieu dans toute sa<br />
splendeur.<br />
Son dernier opus titré “Aimer” réunit de<br />
grosses pointures de la musique haïtienne<br />
en l'occurrence le chanteur<br />
Nido Noël ex-membre de la formation<br />
Fasad et le producteur-compositeur et<br />
guitariste très en vogue de nos jours<br />
Dener Céide.<br />
12<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
Marché musical<br />
à sens unique<br />
Par André Fouad<br />
La question qui m'est venue a l'esprit tout<br />
au cours de la periode estivale de cette<br />
année est pourquoi y a t-il beaucoup plus<br />
de promoteurs dans le secteur Compas que<br />
dans l’univers des autres variantes de la musique<br />
haïtienne ?<br />
Selon ces promoteurs,la musique haitienne<br />
est reduite à l'éternel style Compas. Quant<br />
aux autres tendances, elles sont jetées aux<br />
oubliettes et sont utilisées à des occasions<br />
bien précises.<br />
Quel est le futur des groupes et artisteschanteurs<br />
tels que N'digenuous,Ysrael,<br />
Artiz, Ekilib, Belo, Mikaben, Steeve Khe, Tamara<br />
Suffren, B.I.C. Auront-ils la force de résister<br />
dans ce marché à sens unique ?
La Floride,<br />
Par André FOUAD<br />
Promotion des<br />
activités sociales<br />
Le C.I.C media group (Christian Intellectual<br />
Contest) est la première organisation<br />
dans le sud de la Floride à promouvoir<br />
les activités d'ordre social et intellectuel dans<br />
les églises haïtiennes aux Etats-Unis.<br />
Le 8 janvier 2016, Guy Frantz Jn-Baptiste qui<br />
avait caressé l'idée, a fini par fonder cette organisation<br />
qui selon lui vise à projeter une<br />
autre image de la communauté évangélique en<br />
terre étrangère. Détenteur d'un baccalauréat<br />
en business administration décroché à Florida<br />
International University (F.I.U), il rêve pleinement<br />
d'une communauté évangélique, ferme,<br />
dynamique, progressiste et ouverte sur le<br />
monde.<br />
De la mise sur pied des concours bibliques<br />
télé génie, des shows de concours de talents<br />
incluant la danse et la musique, les réalisations<br />
de C.I.C sont très appréciées auprès du public.<br />
Cette année le concours de télé génie biblique<br />
a été remporté par l'Eglise FCC de North Lauderdale<br />
dirigée par le Pasteur Rabner Fleurigène.<br />
D'ici l'année prochaine, le C.I.C media<br />
group compte ajouter d'autres catégories regroupant<br />
les jeunes et les enfants de la communauté<br />
haïtienne. Il se tiendra le 7 juillet<br />
2019. Ce sera ouvert à tous les gens qui résident<br />
aux Etats-Unis. « Selon plus d'un, on est<br />
venu combler un vide qui existait dans ce domaine<br />
» nous a affirmé Guy Jn Baptiste d’un<br />
air fier et optimiste. Le fondateur et directeur<br />
de C.I.C media group envisage dans un avenir<br />
pas lointain d'organiser des soirées en vue<br />
d'honorer les talents évangéliques, organiser<br />
des ateliers de formation pour les jeunes haïtiano-américains.<br />
Le comité de C.I.C media group est ainsi composé<br />
de Guy Jn Baptiste (président), Billy Dufresne<br />
(conseiller), Fabienne Bitard (secrétaire)<br />
et D'Jodens Conserver (directeur des activités)<br />
et les activités peuvent être suivies sur les réseaux<br />
sociaux.<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
13
Quatre questions...<br />
...à la styliste<br />
Nancy Alcindor<br />
Propos recueillis par André FOUAD<br />
peinture sur une jupe. J'aimais son savoirfaire.<br />
A mon retour aux Etats-Unis, je me suis<br />
dit que j'allais me lancer dans le domaine de<br />
la mode.<br />
BM : Qu’est-ce qui vous différencie des autres<br />
stylistes haïtiens et internationaux ?<br />
NA : Nous avons chacun notre propre style.<br />
Quant à moi, je réalise des vêtements sur peinture<br />
qui peuvent être utilisés dans toutes les<br />
circonstances (mariages, funérailles, etc.).<br />
BM : Comment voyez-vous la mode haïtienne<br />
de nos jours ?<br />
NA : Notre culture est si enrichissante. A mon<br />
avis, nos designers travaillent beaucoup, ils<br />
consentent tant de sacrifices. Ce qui est intéressant<br />
de nos jours, c’est que la mode haïtienne<br />
est tant appréciée par les autres<br />
peuples.<br />
F<br />
ondatrice de l'entreprise “Kaltural”<br />
(2008), Nancy Alcindor est une passionnée<br />
de la mode depuis son adolescence.<br />
Son premier défilé s'est tenu à Boynton Beach<br />
en Floride en 2009. Résidant dans le sud de<br />
cet Etat, elle a bien voulu répondre à nos<br />
questions.<br />
BM : Quels sont vos projets à court, moyen et<br />
long termes ?<br />
N.A : A court terme, j'aimerais que nos compatriotes<br />
embrassent leur culture dans tous ses<br />
états. Et à long terme, j'aurais aimé que mon<br />
entreprise “Kaltural” soit reconnue tant à<br />
l'échelle nationale qu'internationale.<br />
boyomag.com<br />
BOYO <strong>Magazine</strong> (BM) : Qu'est-ce qui vous a<br />
amenée à vous lancer dans le secteur de la<br />
mode ?<br />
Nancy Alcindor (NA) : Je peux dire que dès<br />
l'âge de 16 ans, j'aimais toujours m'habiller<br />
différemment des autres. Durant mes vacances<br />
en Haïti, j'ai assisté un artiste-styliste qui dessinait<br />
sur un mur. Après avoir vu la peinture finale,<br />
je voulais aussi reproduire ces genres de<br />
14<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
...<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
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oyomag.com<br />
...<br />
16<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
BONO vous offre le nouveau son du Compas<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
1993 les Super Stars de New York. Dans cette<br />
ville, il côtoie des chanteurs de renom comme<br />
King Kino du groupe Phantoms et Isnard<br />
Douby du System Band, très en vogue à<br />
l’époque. Bono poursuit son chemin en créant<br />
ou intégrant des formations musicales telles<br />
que Kaffuu et Zel. Vocalement, Bono semble<br />
atteindre les plus hauts sommets suite à sa formation<br />
de quinze mois au Brooklyn Academy<br />
of Music, ce qui lui a donné l’opportunité de<br />
prendre part à d’excellents projets de Mini All<br />
Stars, Chandel, T-Tabou, Les Rois du Compas,<br />
Metrosonic, Finesse, Jazz La, Top Vice, Herman<br />
Nau, NY All Stars, NY Troubadour et bien<br />
d’autres.<br />
Le Compas est un plat qui requiert une<br />
certaine expertise pour se lancer dans sa<br />
conception. Il nécessite de nombreux ingrédients<br />
dont seuls les talentueux musiciens<br />
haïtiens ont le secret. La direction de BOYO<br />
<strong>Magazine</strong> s’est donné pour tâche de vous faire<br />
découvrir ou redécouvrir ces perles qui deviennent<br />
de plus en plus rares dans le Paysage<br />
Musical Haïtien (PMH). C’est ainsi que nous<br />
nous faisons un immense plaisir de vous présenter<br />
la coqueluche du moment Robert Cénatus<br />
(Bono).<br />
Bien qu’il ne soit pas un nouveau venu dans<br />
le milieu, sans perdre l’essence de l’héritage<br />
de Nemours Jean-Baptiste, Bono a cette particularité<br />
de savoir s’adapter et pouvoir évoluer<br />
en fonction des tendances du moment. Après<br />
des débuts à Los Angeles en 1991, il intègre en<br />
Dans un souci de satisfaire les vrais fans du<br />
Compas et d’offrir une alternative à la fameuse<br />
tandance “Gouyad” qui dénature la vraie musique<br />
commerciale haïtienne, Bono a récemment<br />
créé le groupe Chalè Mizik. Ce groupe a<br />
préparé un album qui correspond à ce que les<br />
aficionados les plus exigeants attendent de nos<br />
musiciens auteurs compositeurs. Deux titres<br />
font déjà couler beaucoup d’encre. Il s’agit de<br />
“Back on Track” et “Fanm Okap”. Ces morceaux<br />
répondent pleinement aux attentes du<br />
public. On y découvre un vrai et talentueux<br />
chanteur, des mélodies parfaitement adaptées<br />
aux sonorités actuelles tout en gardant les saveurs<br />
du vrai Compas. C’est le nouveau son du<br />
Compas. Avec sa voix langoureuse, Bono nous<br />
emmène dans un voyage musical harmonieux<br />
que nous voudrions sans fin.<br />
Bonne écoute !<br />
Contact :<br />
& 1 (718) 813-9041.<br />
boyomag.com<br />
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17
Prisca<br />
FANOGNY,<br />
Dossier d’Ernst Saint Aubin<br />
boyomag.com<br />
Une styliste,<br />
une artiste.<br />
Je suis Prisca FANO-<br />
GNY, je suis née à Hell-<br />
Ville Nosy-Be<br />
Madagascar. Je suis une<br />
artiste d'âme, la création<br />
fait partie de moi, je<br />
peux même dire que je<br />
suis née avec. Pour devenir<br />
styliste, il faut faire<br />
beaucoup d'études. Par<br />
exemple, tous les créateurs<br />
que je connais ont<br />
fait de grandes études<br />
pour devenir créateurs.<br />
Oui moi aussi j'ai fait<br />
des études de stylisme à<br />
Madagascar, mais pas<br />
autant, en tout cas pas<br />
comme eux et surtout je<br />
n'en ai pas fait ici en<br />
France. Parfois, ça me<br />
complexe un peu, mais<br />
je me rends compte de<br />
la chance que j'ai. J'ai<br />
commencé à créer des<br />
vêtements depuis mon<br />
très jeune âge, car je<br />
voulais m'habiller différemment.<br />
18<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
la Mode<br />
Quand je suis arrivée en<br />
France en juillet 2011, il<br />
fallait que je m'installe<br />
d'abord, donc j'ai dû travailler<br />
dans la restauration.<br />
Du coup, j’ai<br />
attendu 2015 pour pouvoir<br />
créer mon entreprise.<br />
Je participe à beaucoup<br />
de défilés de mode, élection<br />
de Miss et je collabore<br />
avec de nombreux<br />
mannequins, des célébrités<br />
(hommes et femmes)<br />
du cinéma et de la musique.<br />
J'ai créé deux collections<br />
pour l'année :<br />
"printemps été" et "automne<br />
hiver".<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
19
oyomag.com<br />
J'adore la mode, j'aime beaucoup<br />
la nature la forêt et la mer.<br />
Je voyage beaucoup. Aussi, ce<br />
que je préfère c'est les mélanges<br />
de cultures qu'on voit<br />
souvent dans mes créations.<br />
Comme tous les créateurs, il<br />
faut sans cesse imaginer de<br />
nouveaux modèles. Comme<br />
c'est ma passion, je crée tout le<br />
temps, mon cerveau ne peut<br />
pas rester tranquille, j'ai besoin<br />
de ça.<br />
On est au mois de septembre,<br />
donc je sors ma nouvelle collection.<br />
Et, il y a beaucoup de<br />
projets pour 2019. Je suis invitée<br />
à l’étranger pour défiler en<br />
novembre <strong>2018</strong> et février 2019.<br />
J’ai aussi mes propres événements<br />
ici en France bien sûr.<br />
Vous pourrez même retrouver<br />
la prochaine collection dans<br />
une boutique à La Rochelle<br />
(France). Quand j'habille une<br />
personne, c'est pour la voir en<br />
confiance et se sentir différent<br />
car on n'est tous différents.<br />
Ce que j’envisage, c’est de<br />
continuer à bosser très dur et<br />
avoir encore des collaborations<br />
avec plus de boutiques un peu<br />
partout.<br />
Les mannequins : Sentya Routouang<br />
Mannequins International<br />
et Miss Style Canada <strong>2018</strong>,<br />
et Odrey Brook Miss Paris<br />
2016/2017, 10ème finaliste Top<br />
modèle Euros 2017, Animatrice<br />
de télé et Mannequins.<br />
20<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
Contacts des mannequins :<br />
Sentya Routouang Scr Millésimé<br />
Sentya Routouang<br />
Odrey Brook<br />
odrey_brook<br />
Contacts de la styliste :<br />
Site : www.norapf.jimdo.com<br />
Page : NORA&PF<br />
norapfstyle fashion<br />
norapfstylefashion<br />
norapfstylefash<br />
norapfstylefash<br />
Email : prisca.karima@yahoo.com<br />
& 07 5276 1160<br />
boyomag.com<br />
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21
oyomag.com<br />
Toussaint LOUVERTURE,...<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
Presque 216 ans<br />
déjà...<br />
Né le 20 Mai 1743 près du Cap-Français<br />
(Cap Haïtien) de Pauline et Gaou<br />
Guinou, François-Dominique Toussaint<br />
Louverture (Toussaint de Breda), finira ses<br />
jours le 7 Avril 1803, alors qu’il était incarcéré<br />
en isolement au fort de Joux, dans le rude climat<br />
froid du Doubs. Toussaint n’a donc pu<br />
connaître la proclamation d'indépendance<br />
d'Haïti le 1er Janvier 1804.<br />
Il faut savoir que Toussaint sert d'abord comme<br />
esclave sur l’habitation Bréda, située sur le<br />
Haut du Cap au nord de l’île. Il est le protégé<br />
du gérant Bayon de Libertat, qui lui aurait accordé<br />
une « liberté de savane » ; en d’autres<br />
termes, il bénéficiait de la liberté de mouvements<br />
sans l’affranchissement. En 1776 Toussaint<br />
est totalement libre. Il aurait été affranchi<br />
entre les années 1760 et 1770. Une fois affranchi,<br />
Toussaint prend comme patronyme «<br />
Bréda », le nom de l’habitation dont il avait été<br />
l’esclave. En 1779, on retrouve Toussaint Bréda<br />
à la tête d’une habitation produisant du café<br />
au Petit-Cormier et comportant 13 esclaves<br />
parmi lesquels un certain Jean-Jacques qui<br />
n'est autre que son futur successeur et empereur<br />
Dessalines.<br />
La chute de Toussaint Louverture provoque un<br />
coup d’arrêt de la Révolution de Saint Domingue.<br />
Trop progressiste pour Bonaparte, trop<br />
réactionnaire pour les cultivateurs, le régime<br />
de Toussaint Louverture ne semble satisfaire<br />
personne, à l’exception de la nouvelle élite de<br />
militaires noirs, grande bénéficiaire du nouvel<br />
ordre. C’est finalement dans une certaine indifférence<br />
que le 7 Juin 1802 Toussaint Louverture<br />
est déporté en France. Il est embarqué<br />
avec sa famille sur la frégate la Créole et transbordé<br />
au large du Cap-Haïtien sur le Héros qui<br />
le transporte à Brest. Enfermé au fort de Brest<br />
le 14 Juillet 1802, il est transféré huit jours plus<br />
tard avec son fidèle serviteur Mars Plaisir au<br />
fort de Joux où il meurt le 7 Avril 1803, après<br />
un hiver très rude.<br />
Sa famille restée à Brest était composée de sa<br />
femme Suzanne-Simone Baptiste Louverture et<br />
leurs enfants Placide, Isaac et Saint-Jean Louverture.<br />
On se souvient tous de cette légendaire citation<br />
de Toussaint Louverture. Des mots qu’il<br />
aurait prononcés le 7 Juin 1802, au moment<br />
où il allait monter sur le navire Le Héros qui le<br />
déporte en France avec sa famille. « En me<br />
renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue<br />
que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera<br />
car ses racines sont profondes et<br />
nombreuses ».<br />
... Et maintenant,<br />
où en sommesnous<br />
?<br />
Aujourd’hui, en <strong>2018</strong>/2019, on se demande si<br />
les nantis de la classe politique ont eu la même<br />
lecture de l’histoire du pays que les autres<br />
membres de la population haïtienne. Se sontils<br />
volontairement exclus de ces profondes racines<br />
dont Toussaint Louverture fit mention ?<br />
22<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
Le mot responsabilité ou la notion de<br />
conscience nationale ont-ils un sens pour ces<br />
fils et filles d’Haïti qui se comportent comme<br />
des ennemis du pays ? Il est, à mon avis, temps<br />
que chaque membre de cette Haïti fasse sa<br />
propre révolution interne pour en finir avec le<br />
MOI et enfin commencer à penser à la collectivité.<br />
Le plus gênant est que ces politiciens voyagent<br />
assez souvent, sans faire état du luxe excessif,<br />
ils voient et vivent ce que nous appelons la<br />
normalité d’une vie en société, mais une fois<br />
rentrés au pays, ils oublient tout et acceptent<br />
de continuer à fonctionner dans la crasse. Ils<br />
trouvent logique et normal que la majorité de<br />
la population vivent dans l’obscurité, ne disposent<br />
pas du minimum requis pour entrer<br />
dans cette « normalité ». Ils croient qu’ils sont<br />
à l’abri derrière les vitres fumées de leur voiture<br />
tout terrain. Ils pensent que la poussière<br />
ne les atteindra pas au-delà des hauts murs de<br />
leur « villa ». Quelle tristesse !<br />
Lorsqu’on a quitté son pays depuis très longtemps,<br />
on a du mal à accepter cette manière<br />
de voir les choses, on ne comprend pas qu’il<br />
n’existe toujours pas d’itinéraires alternatifs<br />
aux routes nationales, impraticables à certains<br />
endroits et souvent embouteillées. On ne comprend<br />
pas qu’il y ait autant de gens qui tombent<br />
dans la mendicité, y compris de<br />
nombreux enfants. Non, on ne comprend pas<br />
qu’il y ait encore autant de laisser-aller, de<br />
faire-valoir et de corruption. Après avoir effectué<br />
de nombreux voyages au pays, certains<br />
sont découragés de constater qu’il n’y ait jamais<br />
de progrès, que les pauvres soient devenus<br />
encore plus pauvres et que les plus aisés<br />
continuent à les mépriser. Non, jamais on ne<br />
comprendra cette manière égoïste de vivre.<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
<strong>23</strong>
oyomag.com<br />
Festival Haïti en Folie<br />
Par Wilmax Gay (Montréal Love)<br />
Grand succès<br />
de l’édition <strong>2018</strong><br />
Le partage de la culture haïtienne avec les<br />
canadiens est, depuis 2007, l’affaire du<br />
Festival Haïti en Folie créé par la Fondation<br />
Fabienne Colas. Grâce à sa régularité, sa<br />
diversité et l’engouement qu’il suscite, cet événement<br />
annuel est désormais considéré<br />
comme « le plus important festival pluridisciplinaire,<br />
en dehors d’Haïti, entièrement dédié<br />
à la culture haïtienne ».<br />
Chaque année, durant une semaine entière,<br />
Montréal et ses environs vivent aux rythmes et<br />
couleurs Haïtiens par le biais des secteurs culturels<br />
suivants : le cinéma, le théâtre, la musique,<br />
la danse, la peinture, l’artisanat, la<br />
gastronomie, la littérature, etc. Pour cette<br />
année <strong>2018</strong> (du 25 au 29 Juillet), le succès fut<br />
encore au rendez-vous grâce à une programmation<br />
exceptionnelle. En effet, elle a mis en<br />
exergue des personnalités culturelles telles que<br />
Beethova et Emmanuel Obas, Fabrice Rouzier,<br />
notre diva Émeline Michel, Wesli sans oublier<br />
notre immortel Dany Laferrière qui y participe<br />
chaque année, entre autres. Hommes, femmes<br />
et enfants des communautés haïtiennes et<br />
amies venant de tous les continents ont fêté en<br />
découvrant ou redécouvrant les plus beaux<br />
atouts d’Haïti. Qu’il s’agisse des artisans, chefs<br />
(restaurateurs) ou artistes, le choix existait bel<br />
et bien pour que les cinq jours du festival<br />
soient les meilleurs du plus beau mois de l’année<br />
(il a, en effet commencé avec la célébration<br />
de la fête nationale du Canada).<br />
La réussite de cet événement annuel est le résultat<br />
d’une discipline et d’une certaine méthodologie<br />
mises en place par la présidente<br />
directrice générale et organisatrice Fabienne<br />
Colas. Ce n’est donc pas étonnant qu’elle soit<br />
chaque année sur la prestigieuse liste des personnalités<br />
les plus en vue du Canada.<br />
D’ores et déjà, le rendez-vous est pris pour la<br />
nouvelle édition, du 24 au 28 Juillet 2019 à<br />
Montréal. Prenez les dispositions nécessaires<br />
pour ne pas rater ces festivités culturelles. Il y<br />
a tant de bons moments à vivre à travers ce festival.<br />
A noter que depuis 2016, le Festival Haïti en<br />
Folie s’est également installé dans la métropole<br />
Newyorkaise pour le plus grand plaisir de la<br />
communauté haïtienne.<br />
24<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong>
Les Industries Créative et Culturelle en Haïti<br />
Par Farah LARRIEUX<br />
Q u’entend-on<br />
par Industries<br />
Créative et Culturelle<br />
?<br />
L’Organisation<br />
des Nations<br />
Unies pour l’Education,<br />
les Sciences<br />
et la Culture (UNESCO)<br />
définit les Industries Créative et Culturelle<br />
comme étant les secteurs d’activité ayant<br />
comme objet principal la création, le développement,<br />
la production, la reproduction, la promotion,<br />
la diffusion ou la commercialisation<br />
de biens, de services et activités qui ont un<br />
contenu culturel, artistique et/ou patrimonial.<br />
Les activités artistiques sont entre autres : l’architecture,<br />
la sculpture, les arts visuels (peinture,<br />
artisanat, dessins), la musique, la<br />
littérature, la mode, le folklore, la danse, le<br />
théâtre/Mime/Marionnettiste, l’art culinaire, les<br />
jeux vidéo, le cinéma (films, séries télévisées,<br />
films d'animation) et les arts médiatiques (productions<br />
radiophoniques et télévisuelles, arts<br />
numériques, photographie). Y sont aussi inclus<br />
le patrimoine culturel qui est l'ensemble des<br />
biens, matériels ou immatériels, ayant une importance<br />
artistique et/ou historique, et qui appartiennent<br />
soit à une entité privée (personne,<br />
entreprise, association, etc.), soit à une entité<br />
publique (commune, département, région,<br />
pays, etc.). Cet ensemble de biens culturels est<br />
généralement préservé, restauré, sauvegardé et<br />
montré au public, soit de façon exceptionnelle<br />
(comme les Journées Européennes du Patrimoine),<br />
soit de façon régulière (château,<br />
musée, église, etc.), gratuitement ou moyennant<br />
un droit d'entrée et de visite payant. Les<br />
principales caractéristiques de ces industries<br />
sont :<br />
• L’intersection entre l’économie et la culture<br />
• La créativité au cœur de l’activité • Le<br />
contenu artistique, culturel ou inspiré de la<br />
création du passé • La production de biens et<br />
de services protégés par la propriété intellectuelle<br />
(droit d’auteur) • La double nature : économique<br />
(génération de richesse et d’emploi)<br />
et culturelle (génération de valeurs, de sens et<br />
d’identité) • L’innovation et le renouvellement<br />
créatif • Une demande et des comportements<br />
du public difficiles à anticiper • Un secteur<br />
marqué par la non-systématisation du salariat<br />
comme mode de rémunération du travail et la<br />
prédominance de micro entreprises.<br />
Farah Larrieux est une personnalité de média<br />
très connue qui a plus de 20 ans d’expérience<br />
dans le secteur culturel et artistique. Avec<br />
Pierre-Michel Théodat, elle fonda en Haïti en<br />
2002 THĒLAR Management Group, une<br />
agence en communication spécialisée dans les<br />
industries créative et culturelle.<br />
www.THELARManagementGroup.com<br />
Lecteurs de Boyo Mag.<br />
Greǵoire, Preńol et Andymix, Paris<br />
boyomag.com<br />
Boyo <strong>Magazine</strong> <strong>Octobre</strong>/<strong>Décembre</strong> <strong>2018</strong><br />
25
oyomag.com<br />
Toto Nécessité,...<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
Plus de 50 ans d’une<br />
richissime carrière<br />
Combien d’artistes musiciens du Paysage<br />
Musical Haïtien (PMH) peuvent<br />
s’enorgueillir d’avoir pu atteindre le<br />
joli chiffre de cinquante années de carrière et<br />
s’offrir le plaisir de continuer à produire ? La<br />
liste n’est certainement pas très longue. Mais,<br />
nous avons le privilège d’être des contemporains<br />
d’une de ces légendes, en la personne de<br />
Jean Jules Similien de son nom d’artiste Toto<br />
Nécessité.<br />
Tout a commencé à l’âge de vingt cinq ans, en<br />
1966. Avec son ami Rodrigue Milien, ils assurent<br />
la première partie (lever de rideau) du<br />
groupe comique d’Alcibiade au Rex Théâtre et<br />
du groupe de Compas Les Loups Noirs à<br />
Magic Ciné. Leur répertoire est constitué principalement<br />
de chansons Troubadours. Grâce à<br />
son talent d’imitateur, Jean Jules Similien est<br />
engagé dans la troupe d’Alcibiade pour jouer<br />
le rôle d’Odié Bénito (Toto).<br />
La vraie aventure des deux troubadours démarre<br />
en 1970 quand Toto quitte la troupe.<br />
Leur premier album sorti en 1973, avec le<br />
morceau “Nécessité” rencontre un franc succès.<br />
Dès lors, Toto devient Toto Nécessité.<br />
Après avoir enregistré, en 1974, l’album “Lougarou/La<br />
Trinité”, ils s’envolent à destination<br />
de New York pour une tournée qui fut un immense<br />
succès. Alors que Rodrigue décida de<br />
rentrer en Haïti, Toto resta à New York où il<br />
créa rapidement un nouveau groupe. Depuis,<br />
le Toto mania a pris une nouvelle tournure.<br />
Voici ce que nous avons extrait de sa biographie<br />
: “En 1977, il sortit l’album « An Ba Besmint”<br />
enregistré à Atlanta. Cet opus confirma<br />
que Toto pouvait continuer sa carrière musicale<br />
sans Rodrigue. Il était tellement populaire<br />
qu’au cours de la même année Mini Records<br />
le choisit comme chanteur principal du premier<br />
projet Mini All Stars où il chanta les hits<br />
Ce Péché, Débrouillé et I am Laughing. En<br />
1978, Toto Nécessité sortit l’album Thank You<br />
Africa avec le méga hit “Coq La Chanté”. Il<br />
était devenu tellement une vedette incontournable<br />
qu’en 1979 Toto lança deux nouveaux<br />
disques avec deux différents labels de l’époque :<br />
“Tripotage” avec le tube L’Hôpital et “Tout se<br />
Vanite” avec le hit Rose Enfer.<br />
Au début des années 80, au sommet de sa po-<br />
26<br />
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pularité, Toto décida de se rendre en Haïti pour<br />
une tournée qui durera plusieurs mois. En<br />
1982, il récidiva en sortant à nouveau deux albums<br />
durant la même année et avec des labels<br />
différents : Azoumounou et Ti Pouchon. Ti Pouchon<br />
demeure à ce jour l’une des chansons les<br />
plus populaires de l’artiste. Depuis le 2 novembre<br />
2006, Toto continue sa carrière dans<br />
un tout autre registre. Il a choisi de chanter exclusivement<br />
à la gloire de Dieu. Toto est passé<br />
du chanteur populaire qui dénonce les tares<br />
de la société avec une pointe d’humour très<br />
poussée, à celui qui loue le seigneur et témoigne<br />
de la bienveillante grâce de Dieu en<br />
sa faveur. “Ma reconversion à la musique chrétienne<br />
avait pour but d’équilibrer ma vie en remettant<br />
le matériel et le spirituel à leur place<br />
selon la volonté de Dieu…” dit-il.<br />
Au milieu de cette année <strong>2018</strong>, à l’occasion<br />
de ses cinquante deux ans de carrière, Jean<br />
Jules Similien (Toto Nécessité) a décidé d’offrir<br />
un nouvel opus aux multiples milliers de ses<br />
fans. Il s’intitule “Tounen Lakay” et comporte<br />
une dizaine de chansons. Notre plaisir fut à<br />
son apogée en y découvrant des collaborations<br />
avec, entre autres, Sabine Francoeur, Princess<br />
Georgy et Gayenne Thoupuissant. Une production<br />
de la prestigieuse maison Kreyol<br />
Music.
oyomag.com<br />
...<br />
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Lecture<br />
Du Chemin<br />
de Croix au Chemin<br />
des Loas<br />
Rosmy Bernette est née en 1982 d’une<br />
mère martiniquaise et de l’illustre artiste<br />
haïtien Rodrigue Millien. Elle a<br />
passé toute son enfance au sein d’une communauté<br />
évangélique pentecôtiste où elle a reçu<br />
le baptême par immersion en juin 1999. Elle<br />
est passionnée d’histoire et de culture des peuples<br />
noirs.<br />
Au fur et à mesure qu’elle progresse dans sa<br />
vie, Rosmy rêve et vit des phénomènes<br />
étranges. La plupart de ses rêves se réalisent,<br />
les autres sont des messages. Elle est alors<br />
plongée dans un tourbillon de questionnement,<br />
sur sa vie, sa place dans la société dans<br />
laquelle elle évolue, et ce qu’elle désire réellement.<br />
Et l’improbable se passe, après une<br />
longue période de combat interne, elle est revenue<br />
à sa culture ancestrale : Le Vodou. Selon<br />
les dires de l’auteure, les loas l’ont rendue<br />
semblable à l’eau : sensible à la moindre vibration,<br />
la moindre énergie. Elle rêve, leur<br />
parle. Une relation étroite s’est établie entre<br />
eux. C’est donc tout naturellement qu’elle a répondu<br />
à l’appel des loas en recevant le sacrement<br />
de “Manbo Assogwe”.<br />
Dans son ouvrage “Du Chemin de Croix au<br />
Chemin des Loas” paru récemment, Rosmy Parady<br />
décrit le vodou comme une philosophie<br />
et un mode de vie entre autres. Elle pense que<br />
la société haïtienne dispose, à travers le Vodou,<br />
d’une mine d’or sans le savoir. Des remarques<br />
qui semblent très pertinentes et incitatives à la<br />
lecture approfondie de son ouvrage au titre<br />
évocateur.<br />
Lectrice de<br />
Boyo Mag.<br />
Benji,<br />
Hotel Montana<br />
Haiẗi<br />
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Port-au-Prince,<br />
Par Pradel SAINT-FLEUR<br />
Avenue John Brown (Lalue),<br />
un dimanche matin du mois d'Août<br />
boyomag.com<br />
Le visage neutre<br />
d’une ville<br />
Nous sommes en <strong>2018</strong>/2019, que les<br />
nostalgiques de la dictature qui prétendent<br />
que tout était meilleur entre<br />
1957 et 1986, se ressaisissent et acceptent le<br />
fait que les données ont bien changé et que<br />
nous devons en tenir compte. Avant ce n’était<br />
pas terrible, aujourd’hui c’est pire.<br />
Il faut donc agir sur la conscience nationale<br />
afin d’insuffler les notions essentielles de civisme<br />
à l’ensemble de la population. Oui,<br />
vous avez bien lu, les notions d’inclusion et de<br />
solidarité y trouvent tout leur sens, car peu importe<br />
le rang social auquel ils appartiennent,<br />
les haïtiens sont coupables de négligence et de<br />
maltraitance envers ce pays en général et la<br />
ville de Port-au-Prince en particulier, cette fameuse<br />
capitale que je vous propose de découvrir.<br />
Alors que des études, sondages et statistiques,<br />
émanant d’organismes aux intentions parfois<br />
douteuses, jettent trop souvent le discrédit sur<br />
cette ville, nous, de BOYO <strong>Magazine</strong>, avons<br />
décidé de rétablir la vérité en vous présentant<br />
tous les éléments qui vous permettront de<br />
juger Port-au-Prince à sa juste valeur. Nous ne<br />
prétendons pas que tout soit aux normes et<br />
qu’il fasse bon vivre sur tout le territoire de la<br />
capitale haïtienne. Loin de nous de cacher les<br />
nombreux problèmes sanitaires et environnementaux<br />
auxquels fait face la ville. Notre démarche<br />
est de mettre les choses à leur vraie<br />
place afin que vous puissiez vous faire une<br />
idée objective de la vie à Port-au-Prince.<br />
D’ailleurs, dans un article paru, le 29 Avril dernier,<br />
sur le site rezonodwes.com, il est mentionné<br />
que la métropole de Port-au-Prince,<br />
capitale d`Haïti, a été classée à la dernière position<br />
(<strong>23</strong>1) dans la 20 ème édition de l`enquête<br />
annuelle Mercer sur la salubrité et à la 228<br />
place pour la qualité de la vie. La ville de<br />
Santo-Domingo, capitale de la République<br />
Dominicaine, est placée à la 135 ème position<br />
et Kingston, capitale de la Jamaïque, à la<br />
153 ème . Ont été pris en compte, pour cette<br />
étude, les différents critères relatifs à l’attractivité<br />
des villes. Il s’agit des services d’enlèvement<br />
des ordures et d’évacuation des eaux<br />
usées, des maladies infectieuses, de la pollution<br />
atmosphérique, de la disponibilité et la<br />
qualité de l’eau.<br />
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Selon sa situation géographique, l’aire métropolitaine<br />
de Port-au-Prince qui est installée sur<br />
une superficie de 152 kilomètres carrés, soit<br />
un cinquième de l’étendue de l’arrondissement<br />
de la capitale, a, en 2012, une population<br />
de près de deux millions cinq cent mille<br />
âmes. La ville elle-même ne compte pas moins<br />
de seize collines : Saint-Martin, Pacot, Sans-<br />
Fil, Morne-à-Tuff, Bel Air, Poste Marchand, Canapé<br />
Vert, Nazon, Bourdon, Bois Verna, Fort<br />
National, Bolosse, Nelhio, Fort Mercredi, Turgeau,<br />
Saint Gérard. La commune de Port-au-<br />
Prince est composée de trois sections<br />
communales : Turgeau (19,74 km2), Morne<br />
l’Hôpital (7,45km2) et Martissant (8,85km2).<br />
Historiquement, notons que la ville fut fondée<br />
par les colons français en 1749. En 1770, elle<br />
remplaça le Cap-Français comme capitale de<br />
la colonie de Saint-Domingue. La nouvelle capitale<br />
est détruite le 3 Juin 1770. Elle fut rebaptisée<br />
Port Républicain pendant la révolution<br />
française (le 22 Septembre 1793). Au bénéfice<br />
de l’échec de l’expédition de Saint Domingue<br />
de 1802, la ville redevint en 1804 la capitale<br />
Champ de Mars<br />
du nouveau pays indépendant. L’empereur<br />
Jacques 1 er (Jean-Jacques Dessalines) lui rendit<br />
le nom de Port-au-Prince.<br />
Les sites, curiosités et atouts de la ville sont<br />
nombreux. Dans l’objectif de vous guider au<br />
mieux, nous en avons recensés quelques-uns.<br />
A commencer par le Marché en Fer qui jadis<br />
portait des noms comme “Marché Hyppolite”<br />
ou “Marché Vallières”. Il fut construit en 1891<br />
sous le gouvernement du président Florvil<br />
Hyppolite. A noter que cet édifice fut fabriqué<br />
à Paris et, initialement, destiné à équiper une<br />
gare ferrovière en Egypte (au Caire) dont le<br />
Le toit du MUPANAH<br />
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Port-au-Prince<br />
Cour de Cassation,<br />
Champ de Mars<br />
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projet ne s’est jamais réalisé. Formé d’une<br />
halle réservée à l’artisanat et d’une autre à<br />
l’alimentation, ce marché fut incendié à plusieurs<br />
reprises et totalement détruit lors du<br />
séisme du 12 janvier 2010. L’Institut de sauvegarde<br />
du patrimoine national (ISPAN) l’ayant<br />
déclaré “patrimoine<br />
historique”, sa reconstruction<br />
à l’identique<br />
fut effectuée en<br />
une petite année. Sa<br />
section alimentaire<br />
fut, à nouveau, incendiée<br />
dans la nuit<br />
du 12 au 13 février<br />
<strong>2018</strong>, en marge du<br />
carnaval national. Parmi les vestiges de la ville<br />
de Port-au-Prince, il y a l’hôtel Montana qui,<br />
malgré sa destruction lors du séisme de 2010<br />
et sa rapide reconstruction, demeure un lieu<br />
d’hébergement de grande qualité. Il se situe à<br />
Champ de Mars,<br />
lieu incontournable<br />
de la capitale<br />
Pétion Ville non loin du centre de la capitale.<br />
Le lieu incontournable de la capitale haïtienne<br />
s’appelle le Champ de Mars. C’est à cet endroit<br />
que si situent le nouveau Ministère des<br />
finances, les Contributions, la nouvelle Cour<br />
de cassation, le Musée du Panthéon national<br />
et surtout les ruines<br />
du Palais national. Les<br />
marchands de produits<br />
artisanaux et<br />
souvenirs y sont installés<br />
dès le petit jour,<br />
et y sont érigées la<br />
statue du père de l’indépendance<br />
d’Haïti<br />
Jean-Jacques Dessalines<br />
et celle du “Nègre Mawon”. On y trouve<br />
également la misère des gens démunis qui se<br />
résignent à la mendicité. Mais le plus important<br />
est que ce Champ de Mars fut et demeure<br />
un lieu de rencontres et un espace de détente.<br />
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On y danse et chante dans l’enceinte du nouveau<br />
square Occide Jeanty dédié aux spectacles<br />
artistiques.<br />
Les personnalités, vivantes ou disparues, liées,<br />
d’une manière ou<br />
d’une autre à la ville<br />
de Port-au-Prince<br />
sont nombreuses.<br />
Il y a tant<br />
à dire de cette ville<br />
de Port-au-Prince<br />
Sans tomber dans<br />
un jeu sans fin de citation<br />
de noms,<br />
nous vous dévoilons<br />
tout de même le<br />
nom de certaines de ces célébrités. Il s’agit du<br />
peintre Rigaud Benoit, de la dramaturge et romancière<br />
Marie Chauvet, du peintre et sculpteur<br />
Gesner Abelard, du journaliste Jean<br />
Dominique, de l’artiste Jean-Claude Garoute<br />
(Tiga), du compositeur, chef d’orchestre Occide<br />
Jeanty, de l’écrivain, chroniqueur et scénariste<br />
Dany Laferrière, de l’écrivain Lyonel<br />
Trouillot, de l’ex gouverneure générale du Canada<br />
Michaëlle Jean, de l’ancien président de<br />
la République Michel Martelly, des basketteurs<br />
Samuel Dalembert et Skal Labissière ou de<br />
l’athlète médaillé<br />
aux Jeux Olympiques<br />
et ancien<br />
maire de Port-au-<br />
Prince Sylvio Cator.<br />
Comme vous pouvez<br />
vous en douter, la<br />
liste pourrait être très<br />
longue si nous voulions être exhaustifs.<br />
Il y a tant à dire de cette ville de Port-au-<br />
Prince. Il y a tant à faire dans et pour cette ville<br />
de Port-au-Prince. Nous à BOYO <strong>Magazine</strong><br />
pourrions nous en occuper, mais nous avons<br />
choisi de vous laisser vivre cette ville pleinement<br />
avec votre imagination illimitée.<br />
Mur de l'Hotel Le<br />
Plaza, Champ de Mars<br />
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