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L'homme le plus riche de Babylone

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Tel<strong>le</strong> était <strong>Babylone</strong>: tout à la fois somptueuse et simp<strong>le</strong>, éblouissante <strong>de</strong> <strong>riche</strong>sse<br />

et ternie par une terrib<strong>le</strong> pauvreté, sans ordre, pê<strong>le</strong>-mê<strong>le</strong>, à l’intérieur <strong>de</strong>s murs<br />

<strong>de</strong> la vil<strong>le</strong>.<br />

En se retournant, Bansir aurait remarqué <strong>le</strong>s bruyants chars <strong>de</strong>s <strong>riche</strong>s qui<br />

bousculaient et repoussaient <strong>le</strong>s commerçants en sanda<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s mendiants aux<br />

pieds nus. Même <strong>le</strong>s <strong>riche</strong>s <strong>de</strong>vaient poser <strong>le</strong>s pieds dans <strong>le</strong>s rigo<strong>le</strong>s pour libérer<br />

<strong>le</strong> chemin aux longues fi<strong>le</strong>s d’esclaves et <strong>de</strong> porteurs d’eau “au service du roi”.<br />

Chaque esclave transportait une lour<strong>de</strong> peau <strong>de</strong> chèvre remplie d’eau qu’il<br />

versait sur <strong>le</strong>s jardins suspendus.<br />

Bansir était trop préoccupé par son propre problème pour entendre ou prêter<br />

attention au vacarme confus <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> achalandée. Ce furent <strong>le</strong>s notes familières<br />

d’une lyre qui <strong>le</strong> tirèrent <strong>de</strong> sa rêverie. Il se retourna et vit la figure expressive et<br />

souriante <strong>de</strong> son meil<strong>le</strong>ur ami — Kobbi, <strong>le</strong> musicien.<br />

«Puissent <strong>le</strong>s dieux te bénir avec une gran<strong>de</strong> générosité, mon bon ami, dit Kobbi<br />

avec un grand salut. Il me semb<strong>le</strong> qu’ils ont été si généreux que tu n’as <strong>plus</strong> à<br />

travail<strong>le</strong>r. Je me réjouis <strong>de</strong> ta chance. Plus, je voudrais la partager avec toi. Prie<br />

que <strong>de</strong> ta bourse, qui doit être p<strong>le</strong>ine puisque tu n’es pas en train <strong>de</strong> peiner dans<br />

ton atelier, tu puisses sortir seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>stes shekels et me <strong>le</strong>s prêter,<br />

jusqu’après <strong>le</strong> festin <strong>de</strong>s <strong>homme</strong>s nob<strong>le</strong>s, ce soir. Tu ne <strong>le</strong>s perdras pas, ils te<br />

seront rendus.»<br />

«Si j’avais <strong>de</strong>ux shekels, répondit Bansir tristement, je ne pourrais <strong>le</strong>s prêter à<br />

personne, ni même à toi, mon meil<strong>le</strong>ur ami, parce qu’ils seraient toute ma<br />

fortune. Personne ne prête toute sa fortune, même à son meil<strong>le</strong>ur ami.»<br />

«Quoi! s’exclama Kobbi stupéfié. Tu n’as pas un shekel dans ta bourse et tu<br />

restes assis comme une statue sur la murail<strong>le</strong>! Pourquoi ne termines-tu pas ce<br />

char? Comment peux-tu assouvir ta faim? Cela ne te ressemb<strong>le</strong> pas, mon ami.<br />

Où est ton énergie débordante? Y a-t-il quelque chose qui t’afflige? Les dieux<br />

t’ont-ils causé <strong>de</strong>s problèmes?»<br />

«Ce doit être un supplice <strong>de</strong>s dieux, répondit Bansir. Cela a commencé par un<br />

rêve; un rêve vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens, dans <strong>le</strong>quel je pensais que j’étais un <strong>homme</strong> fortuné.<br />

À ma ceinture pendait une bel<strong>le</strong> bourse remplie <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s pièces que je lançais<br />

avec une insouciante liberté aux mendiants, <strong>de</strong>s pièces d’argent avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

j’achetais <strong>de</strong>s atours à ma femme et tout ce que je désirais pour moi-même;

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