Derrière le titre Not Making a Movie se cache une série d’œuvres à la croisée de la photographie, du dessin et de la peinture. Les images, qui ont servies de base préparatoire à ses pièces, sont issues des archives personnelles de l’artiste. Certaines remontent à 1987, mais la plupart sont signées de ses dix dernières années, passées entre autres à Los Angeles. Hybrides, acides et décentrées, ces visions narcotypes laissent entrapercevoir les images d’une histoire personelle. « Beaucoup des œuvres tirées de l’exposition sont présentées en diptyque. J’aime cette idée de séquence, d’interimage, l’idée que deux images en créent une troisième à priori invisible » Pour <strong>Olivier</strong> Dahan, « il existe, un rapport, très intime, entre cinéma et peinture ». L’artiste, planétarisé par la Môme pratique les deux disciplines, sans discontinuité, dans un geste mêlé : « j’ai toujours peint », confie <strong>Olivier</strong>. « Je peignais avant d’entrer aux Beaux-Arts à Marseille en 1987, et je continue de peindre, à ce jour, souvent caché, pour moi ou mes proches ». Une production hors-cimaise, que l’artiste développe même durant ses tournages : « ce n’est pas un travail subsidiaire au cinéma, mais un geste parallèle, qui a toujours été présent dans ma vie. Peinture et cinéma ont beaucoup en commun. Sur un plateau il y a quelque chose qui relève de la performance, sans possibilité de retour en arrière. En peinture, le temps compte lui-aussi beaucoup. Le séchage, l’application des matières ont leur propre rythme. Les accidents y laissent leurs marques ». Les marques et les accidents de vie, <strong>Olivier</strong> les porte depuis l’enfance. Atteint d’une maladie orpheline à l’âge de six ans, il a subi une rechute ces dernières années: « j’ai peins de façon encore plus assidue », explique-t-il. « La production de ces dernières années a été marquée par une altération de la réalité due à la chimie des prescriptions ». Pourtant les images jaillissent. Cette nouvelle série est hallucinatoire, car liée à la prise de médicaments, mais également pop, cathartique aussi. « Ces médicaments altèrent la réalité, la production liée à cette période a à voir avec le rêve et l’enfance » Paillettes, matériels d’école, fournitures scolaires, collages... Certaines des œuvres d’<strong>Olivier</strong> présentent des techniques très enfantines : « l’enfance, sa fragilité, sa disparition, les mémoires qui s’estompent... Et nous échappent », souffle le plasticien. « Il s’agit ici d’un crash entre les souvenirs d’une enfance perturbée par la maladie, et les médecines que j’ai subies ces quatre années en tant qu’adulte ». Après avoir signé une production “cachée” durant de nombreuses années, <strong>Olivier</strong> Dahan donne à voir, pour la première fois, les cordes sensibles de sa mémoire – dupliquées, irradiées et saturées, dans des formats inédits jusqu’alors. Une plongée pop et onirique à expérimenter à partir du six juin deux mille dix-neuf, à la Galerie Rive Gauche Marcel Strouk, Paris 6ème. (Propos receuillis par Théophile Pillault.) 6 7