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BÉTHUNOIS-BRUAYSIS<br />
Samedi 13 juillet 2019<br />
Bonjour<br />
BÉTHUNOIS FIRST ?<br />
Dimanche soir, les conditions seront réunies<br />
pour que la Grand-Place de Béthune soit noire<br />
de monde : des têtes d’affiche d’envergure internationale,<br />
un ciel clément... La mairie mise<br />
sur un maximum de 20 000 personnes, une<br />
densité sur le pavé de l’ordre des poules de<br />
batterie. 20 000, ça peut sembler beaucoup<br />
mais on y sera vite. Et après ? Cinq cents ou<br />
mille de plus, ça peut passer mais pas davantage.<br />
« C’est là qu’il faut gérer », pronostique<br />
l’adjoint Francis Cordonnier avec une mine de<br />
diplomate. Quelques-uns comprendront,<br />
d’autres s’emporteront. Déjà, au téléphone ou<br />
sur les réseaux sociaux, des habitants râlent :<br />
« Nous sommes Béthunois, nous devrions être<br />
prioritaires ! », ou encore : « Je suis Béthunois,<br />
j’arriverai au dernier moment. » Oui, mais<br />
non : la fête est gratuite et sans réservation...<br />
Béthunois ou pas, vous serez fouillés, et pas la<br />
peine de glisser un justificatif de domicile<br />
dans le sac, ça ne prendra pas. I. M.<br />
BÉTHUNE<br />
ATLAS, LA MOB<br />
D’ICI QUI<br />
VEUT GRAVIR<br />
LES SOMMETS PAGE 10<br />
Photo Ludovic Maillard<br />
BRUAY-LA-BUISSIÈRE<br />
Alors, c’était comment<br />
le concert de Shy’m<br />
hier soir ? PAGE 12<br />
BÉTHUNE<br />
Nos conseils pour<br />
bien profiter des spectacles<br />
du 14 Juillet PAGE 13<br />
RUITZ<br />
Un petit tour<br />
dans le jardin bucolique<br />
de Michel Dubus PAGE 15<br />
1219.A
10 Béthunois-Bruaysis<br />
LA VOIX DU NORD SAMEDI 13 JUILLET 2019<br />
<strong>Atlas</strong>, la <strong>mob</strong> branchée et<br />
écolo « made in » Béthune<br />
SUR NOTRE SITE<br />
Retrouvez davantage<br />
de photos sur<br />
lavoixdunord.fr,<br />
onglet « Béthune-Bruay »<br />
Un moyen de transport qui roule tout le temps, partout, pour deux SMIC.<br />
Benjamin Surain remet le cahier des charges de la Mobylette au goût du<br />
jour avec <strong>Atlas</strong>, un deux-roues électrique en partie produit par impression<br />
3D. Commercialisation au deuxième trimestre 2020.<br />
PAR RUBEN MULLER<br />
bethune@lavoixdunord.fr<br />
BÉTHUNE. Benjamin Surain,<br />
43 ans, a de la suite dans les<br />
idées. Ce Belge au look rock’n’roll,<br />
originaire de Mons, a<br />
commencé par vendre des motos<br />
de luxe – des pièces uniques pour<br />
collectionneurs – puis a travaillé<br />
sur des vélos électriques pour la<br />
ville de Tournai. Le voilà à la Fabrique<br />
de Béthune pour concevoir<br />
<strong>Atlas</strong>, une <strong>mob</strong>ylette électrique.<br />
« J’ai toujours travaillé sur l’hybridation<br />
entre vélo et moto,<br />
confirme Benjamin Surain. Ma<br />
spécialité, c’étaient les vélos usinés<br />
dans la masse, avec un gros<br />
moteur électrique, comme des motos<br />
en plus léger – moins de<br />
50 kg. » Avec sa <strong>mob</strong>, il renverse<br />
quand même la vapeur : « Les<br />
motos de Surain Motorcycles<br />
avaient un prix élevé, il fallait<br />
amortir de grosses dépenses en recherche<br />
et développement pour des<br />
exemplaires uniques. Avec <strong>Atlas</strong>,<br />
je prends un virage à 180 degrés :<br />
je veux produire le véhicule le<br />
moins cher possible pour mettre<br />
tout le monde sur la route. »<br />
LA MEULE DU XXI E SIÈCLE<br />
Pour concevoir sa meule, il s’est<br />
replongé dans le cahier des<br />
charges de Motobécane : un véhicule<br />
qui tourne tout le temps,<br />
partout, avec une structure<br />
simple, facile à bricoler et personnaliser,<br />
d’une valeur de<br />
2 SMIC pour le modèle de base,<br />
45 km/h en pointe et 100 km<br />
d’autonomie. N’allez pourtant<br />
pas croire qu’il réinvente l’eau<br />
chaude, il l’adapte aux technologies<br />
actuelles, notamment à l’impression<br />
3D, qui entre à 40 %<br />
dans la fabrication. « C’est économique<br />
– pas besoin de moule plastique,<br />
construction à la demande,<br />
réparation simple, évolution facile…<br />
Les plans seront open<br />
source, c’est-à-dire que n’importe<br />
qui pourra développer ses accessoires<br />
et les partager gratuitement.<br />
On est en train de mettre en<br />
place une plateforme avec une partie<br />
communautaire. »<br />
Les plans seront<br />
open source, c’est-à-dire<br />
que n’importe qui pourra<br />
développer ses<br />
accessoires et les<br />
partager gratuitement.<br />
Benjamin Surain présentera trois prototypes de sa Mobylette électrique à la Fabrique<br />
du 23 au 25 août, pendant Béthune rétro. PHOTOS LUDOVIC MAILLARD<br />
Le logiciel libre et l’impression<br />
3D permettent ainsi la personnalisation<br />
à outrance. <strong>Atlas</strong> présentera<br />
trois prototypes à la Fabrique<br />
du 23 au 25 août, lors du<br />
festival Béthune rétro : le modèle<br />
de base, un café racer – une bécane<br />
monoplace de style rétro,<br />
au guidon bas et peu carénée –<br />
et une version tout-terrain. Un<br />
triporteur inspiré du bakfiets hollandais<br />
– un vélo doté d’un bac<br />
pouvant contenir deux enfants –<br />
sera proposé aux livreurs à domicile<br />
(de pizzas, pas d’enfants)<br />
dès la fin 2019. La commercialisation<br />
interviendra au deuxième<br />
trimestre 2020.<br />
Mais le champ de personnalisation<br />
est quasi infini, insiste Romain<br />
Surain : « On veut que les<br />
customiseurs s’approprient le<br />
projet, qu’<strong>Atlas</strong> devienne le reflet<br />
de leur personnalité. C’est très<br />
tendance – la Fiat 500 propose<br />
plus de 3 000 combinaisons de<br />
style – mais ce n’est pas nouveau<br />
: avant, on récupérait la <strong>mob</strong><br />
bleue de mamie et on la découpait<br />
dans tous les sens pour en faire<br />
un modèle sport. »<br />
Penser global,<br />
fabriquer local<br />
Benjamin Surain rêve d’un destin<br />
mondial pour l’<strong>Atlas</strong>,<br />
comme la <strong>mob</strong> originelle, mais<br />
veut la produire le plus localement<br />
possible. « La plupart des<br />
créateurs de ce type de machines<br />
les conçoivent en Europe mais les<br />
assemblent en Chine. Ce n’est pas<br />
cher mais le bilan carbone est déjà<br />
mort. » Il travaille avec le fablab<br />
de la Fabrique pour développer<br />
le système électronique, avec un<br />
démarrage par empreinte digitale.<br />
Les pièces de base sont importées<br />
d’Allemagne (le métal des<br />
tubes du cadre, les amortisseurs<br />
à gaz…) ou de Thaïlande (les<br />
jantes, en alu recyclé de l’aéronautique).<br />
Le moteur vient<br />
même de Chine « mais on n’a pas<br />
le choix ».<br />
Tout le reste est made in France :<br />
les pneus anticrevaison sont des<br />
Bridgestone, les filaments pour<br />
l’impression 3D sont fabriqués<br />
en Bretagne chez Nanovia, à<br />
base de carbone : « Ils récupèrent<br />
des coques d’Airbus, les broient et<br />
le mélangent avec du plastique. »<br />
DE L’AIRBUS DANS LA MEULE<br />
« Je recherche toujours le meilleur<br />
compromis qualité-prix-environnement<br />
», sans relâche. Il étudie la<br />
possibilité de récupérer des<br />
chutes d’inox à l’ex-Française<br />
de mécanique pour le cadre ; de<br />
travailler avec les universités sur<br />
les moteurs électriques… Il rêve<br />
aussi de revisiter les parcours de<br />
test de la vraie Mobylette, des<br />
usines de Rouvroy et Saint-<br />
Quentin à Ouarzazate (Maroc)<br />
en passant par le mont Ventoux.<br />
Avec un crochet par les terrils<br />
du 11/19 à Loos-en-Gohelle<br />
pour la version tout-terrain.<br />
Voilà à quoi<br />
devrait ressembler<br />
le modèle de base.<br />
ILLUSTRATION ATLAS<br />
UN SCOOTER AU LOOK<br />
DE 600 CC<br />
L’<strong>Atlas</strong> sera un cycle de classe B,<br />
accessible dès 14 ans aux titulaires<br />
du brevet de sécurité routière<br />
(BSR). Le modèle de base,<br />
commercialisé aux alentours de<br />
2 500 €, aura une autonomie<br />
de 100 km mais les versions les<br />
plus évoluées, entre 4 000 et<br />
5 000, pourront parcourir jusqu’à<br />
450 km avec un « plein ».<br />
L’engin pèsera 60 à 70 kg, contre<br />
45 kg pour le modèle originel :<br />
« J’ai tout surdimensionné pour<br />
avoir le look et le confort d’une<br />
moto de 600 cc », justifie Benjamin<br />
Surain. Le pack batteries<br />
(2,5 kg, 20 × 20 cm) sera amovible,<br />
ce qui permettra de le<br />
recharger chez soi sur le secteur,<br />
en 2 heures. « À l’avenir, on veut<br />
développer un système de bornes<br />
d’échange : on pose la batterie<br />
déchargée, on en récupère une<br />
à bloc. Ça permettra de baisser<br />
encore le prix de 600 € : les gens<br />
achèteraient la <strong>mob</strong> sans la batterie<br />
et loueraient les accus à l’année.<br />
»<br />
2219.