BIEN DIT 1 - NOVEMBRE 2019

solidarité
OULLINS
UNE ASSOCIATION DE PATIENTS SE CRÉE
POUR LUTTER CONTRE LE CANCER DU POUMON
d'autant que l'immobilisme de la
France ne concerne pas seulement
le dépistage. Une corrélation a
été établie entre les émanations
de radon, gaz inodore et incolore
présent en plus ou moins grandes
quantités selon les régions et
les cas de cancers. Si des pays
européens demandent un certificat
concernant le radon au moment
de l'acquisition d'une maison, rien
n'est exigé dans l'Hexagone.
L'association représentée lors du Run in Lyon le 6 octobre dernier
Il y a bientôt deux ans naissait
une association de lutte contre
le cancer du poumon, "De l'air !",
présidée par Suzy Sauvajon. En
tant que malade elle souhaite
apporter sa pierre à l'édifice. Elle
ambitionne d'inciter les autorités
à mettre en place un dépistage et
de donner une autre image de ce
cancer.
L'institut de cancérologie Lucien
Neuwirth de St-Priest-en-Jarez
dans la Loire organisait une
conférence grand public sur le
cancer du poumon, le 10 octobre
dernier. Parmi les intervenants, la
jeune association oullinoise "De
l'air !"
L'association de patients du
cancer du poumon accueillant
aidants et soignants a été créée
en février 2018 par Suzy Sauvajon,
directement concernée. Le
diagnostic est tombé comme
un couperet il y a 2 ans et
demi. Aujourd'hui en phase
4 de la maladie, elle suit une
chimiothérapie. "Je vais tant bien
que mal" confie-t-elle. Alors que
sa fonction de présidence pourrait
sembler incompatible, elle explique
au contraire l'effet stimulant que
cela lui procure : "Ce rôle me
donne de l'énergie et l'envie de
vivre encore davantage. Je me
sens utile". Et cette association
faisait cruellement défaut car
jusque-là il n'y avait rien d’existant
sur cet organe en question.
Ses objectifs sont multiples :
soutenir les actions de prévention,
la recherche, apporter au corps
médical l'expérience des patients,
rompre l'isolement que vivent les
personnes atteintes. Mais ce qui lui
tient particulièrement à cœur, c'est
le dépistage.
S'il existe la mammographie pour
le sein, le test immunologique
pour le colon, le frottis pour le col
de l'utérus, rien en revanche pour
le poumon, alors que ce cancer
est le troisième plus fréquent
chez la femme après le sein et le
colon rectum et le deuxième chez
l'homme après la prostate et qu'il
est la première cause de mortalité
par cancer en France en 2017 avec
près de 30 000 décès par an. Dans
le même temps, les fonds dédiés à
la recherche ne sont que de 0,8%.
La ministre de la Santé, Agnès
Buzyn, serait favorable à son
instauration mais la Haute Autorité
de Santé, seule décisionnaire, n'a
pas donné son feu vert, estimant
que ce dépistage suppose des
difficultés de mise en œuvre
et que son efficacité n'est pas
avérée. Dans les pays voisins le
pratiquant, les études montrent
une diminution jusqu'à 26% de la
mortalité. Détecté au stade 1, une
opération est possible, consistant
en l’ablation d’une partie du lobe
atteint.
Un autre objectif de l'association
vise à modifier l'image du cancer
du poumon associé à la fin de vie
et au tabac. Or sur l'ensemble des
personnes touchées, 20% d'entre
elles sont non-fumeuses. Si par
le passé, seules les personnes
âgées étaient confrontées à cette
pathologie, on observe maintenant
un rajeunissement des malades.
Les facteurs environnementaux
peuvent expliquer que soient
touchés des trentenaires qui n'ont
jamais fumé ou encore des sportifs.
La route à parcourir sera longue,
"De l'air" et de l'espoir
L'association "De l'air" compte 200
adhérents et gagne sa légitimité
notamment grâce à des articles
validés par le corps médical et
publiés sur son site. L'un d'eux
concerne l’ASCO, l’American
Society for Clinical Oncology, le
plus important congrès mondial
de cancérologie auquel participent
chaque année à Chicago plus
de 40 000 professionnels. Elle
participe à de nombreuses
conférences, des congrès,
organise des manifestations
sportives, des cafés-rencontres à
Oullins, groupe de parole qui se
réunit le deuxième jeudi du mois
à 14h30 à la Maison des Sociétés,
permettant à chacun de parler de
son expérience et de sortir de son
isolement.
L'association se veut porteuse
d'espoir, l'espoir qu'un jour un
dépistage soit mis en place et
celui provenant des avancées
thérapeutiques. "À terme, on peut
imaginer que le cancer du poumon
devienne une maladie chronique".
L'immunothérapie, récent
traitement n'ayant quasiment
pas d'effets secondaires, vise à
stimuler les défenses immunitaires,
à renforcer les cellules saines,
tandis que la chimiothérapie qui
a bien moins d'effets secondaires
qu'elle n'en avait autrefois, attaque
les cellules cancéreuses. En ce
sens, l'immunothérapie qui semble
prometteuse, constitue une
avancée majeure.
Peggy Mège
Renseignements : assodelair.fr
delair.asso@gmail.com
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