Rapport d'Activité du MAN 2018
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
S’efforçant d’embrasser la totalité de la chaîne
archéologique, la démarche de conservation
préventive du MAN s’est exercée, en 2018,
sur un chantier de fouille archéologique. Un
exceptionnel sanctuaire à armement sacrifié de
la période gauloise a été découvert lors d’une
opération de diagnostic archéologique conduite
à Ablis (Yvelines) par l’Institut national de
recherches archéologiques préventives (Inrap)
en 2013. Une fouille programmée a ensuite été
confiée à Nathalie Ginoux, maître de conférences
à l’université Paris-Sorbonne. Le service régional
de l’Archéologie (SRA) d’Île-de-France a sollicité
l’expertise du MAN pour mettre en place une
chaîne opératoire dite « de la fouille au musée »,
garantissant le suivi des données de terrain et la
conservation des vestiges, majoritairement en
alliage ferreux : Laurent Olivier et Clotilde Proust
ont ainsi été associés à la conduite de l’opération
d’Ablis du 14 mai au 1 er juin 2018. Clotilde Proust
a tiré parti de cette collaboration pour lancer une
réflexion sur l’utilisation du conditionnement
sous anoxie, mis en pratique sur le mobilier en
fer d’Ablis. Afin de développer cette utilisation
lors de fouilles programmées et préventives,
une étude conjointe avec le département
de la Conservation préventive du Centre de
recherche et de restauration des Musées de
France (C2RMF) a été lancée et se poursuivra en
2019.
À l’autre bout de la chaîne opératoire, le partenariat
avec le département de la Conservation
préventive du C2RMF s’est consolidé et
développé. En 2018, l’attention s’est portée
sur les salles Moreau et De Baye, deux salles de
réserves portant le nom des donateurs Frédéric
Moreau et Joseph de Baye ayant conservé leur
muséographie du xix e siècle. Un des projets de
l’établissement est de réhabiliter ces salles afin
de les rendre accessibles au public, sur le modèle
de la salle Piette (collections paléolithiques).
Une étude complète a été réalisée par Carole
Nebout à l’occasion d’un stage, aboutissant à
la rédaction d’un mémoire qui est une véritable
aide aux décisions prises pour la mise en place
d’un chantier de réhabilitation des salles.
Autour des collections du premier Moyen
Âge, conformément au plan de conservation
préventive du MAN, le Laboratoire de
conservation-restauration a mené une étude
climatique plus spécifique de la réserve du
deuxième étage, dite « réserve sèche », où est
assurée la conservation de nombreux objets
métalliques. De même, il a accompagné les
élèves du master Conservation-restauration
des biens culturels, parcours Conservation
préventive du patrimoine de l’université Paris I –
Panthéon-Sorbonne pour une étude statistique
en conservation préventive, dont le but était
d’évaluer l’état global des objets conservés en
réserves IV et V et de modéliser les apports, les
contraintes, les moyens à mettre en œuvre et les
résultats d’un potentiel chantier des collections,
dont l’objectif serait le reconditionnement de
celles-ci et, lorsque cela est nécessaire, leur
restauration.
Expertises, diagnostics et
assistance en conservation
Le Laboratoire de conservation-restauration
apporte au quotidien conseils, expertises et
diagnostics de conservation sur les collections du
MAN. Il est ainsi consulté sur l’état de conservation
des objets lors de leur prêt pour exposition, lors
CONSERVER ET RESTAURER
{ Moulage de la Dame
de Beaupréau : phase de
patine
Les missions des conservateurs-restaurateurs pourraient se
résumer en deux mots : prévenir et guérir. La conservation
préventive permet de prévenir les dégradations naturelles ou
accidentelles qui pourraient advenir à un objet, tandis que la
restauration intervient dès lors que l’objet a subi des séquelles.
Leur action peut se faire dès le chantier de fouille afin d’assurer
la préservation des objets extraits et jusqu’à leur présentation au
public, de façon permanente ou temporaire, afin de veiller que
toutes les conditions de sa bonne conservation sont réunies. Au
MAN, les conservateurs-restaurateurs sont également chargés
du fonds de moulages, dont les premiers modèles datent du
xix e siècle, et réalisent des copies de certains objets.
de l’arrivée de nouvelles acquisitions, mais aussi
lors des opérations de récolement, de mises en
vitrine, etc. Il apporte également son expertise
pour l’identification de matériaux constitutifs
des collections et la compréhension d’anciennes
interventions de restauration ou de moulage.
Les consultations par l’équipe de conservation
sont en constante augmentation et constituent
aujourd’hui une activité à part entière du
service. Celui-ci est également régulièrement
sollicité pour son expertise par des partenaires
institutionnels (SRA, opérateurs d’archéologie
préventive, musées de collectivités). En 2018,
cette mission de conseil et d’expertise a justifié
la participation du Laboratoire de conservationrestauration
au montage de l’exposition Ours
(Neuchâtel, Laténium ; 30 mars 2018 – 6 janvier
2019).
Conservation curative, restauration
et moulage des collections
Au gré des besoins, le Laboratoire réalise les
interventions de conservation-restauration pour
la préparation des objets aux expositions. En
2018, on peut signaler :
• l’intervention de conservation-restauration
sur l’un des chefs-d’œuvre des collections
du premier Moyen Âge, l’épée d’Arcy-Sainte-
Restitue (Aisne ; MAN 36829), de nombreuses
fois restaurée, fragilisée par les manipulations et
de multiples interventions, pour son exposition
dans le cadre de L’Objet du mois ;
• la consolidation et le refixage d’une défense en
ivoire de mammouth (MAN 6823) provenant
du site paléolithique de la grotte des Fées
(Châtelperron, Allier) en vue de son prêt à
l’exposition Mémoire de mammouth (Les Eyziesde-Tayac,
musée national de Préhistoire ; 30 juin –
12 novembre 2018).
Mais l’action du Laboratoire s’inscrit dans une
politique de fond qui vise à l’entretien régulier et
à la gestion des collections, comme le montrent
plusieurs opérations menées en 2018, parmi
lesquelles :
• l’intervention fondamentale de conservationrestauration
sur 1 fragment de tôle de bronze
gallo-romain pourvu d’une inscription en
pointillés (MAN 85887), provenant de Lavoye
(Meuse) ;
• l’intervention fondamentale de conservationrestauration
sur 5 fragments d’un ruban galloromain
en alliage cuivreux, perforé et inscrit
(MAN 85998), de provenance incertaine
(Meuse ?) ;
• l’intervention fondamentale de conservationrestauration
sur 1 anse de vase-panier galloromain
en alliage cuivreux (MAN 79075),
provenant de la vallée de la Saône.
Cette veille sanitaire entre dans le cadre de
l’étude des objets, permettant ainsi de mieux
les connaître aussi bien sur le plan scientifique
que sur celui de leurs spécificités en matière de
conservation, comme l’ont montré plusieurs cas
en 2018, parmi lesquels on peut citer :
• l’intervention de conservation-restauration
pour étude sur 2 pointes de lance en métal
ferreux de l’âge du Fer (MAN 27662-001 et
MAN 27663-003) ;
• l’intervention fondamentale de conservationrestauration
sur 1 statuette gallo-romaine en
calcaire (MAN 28731-a) provenant du site du
Mont-Berny (Saint-Étienne-Roilaye, Oise), dont
l’assemblage fautif de la tête et du corps a été
démonté.
Le Laboratoire se charge également, au cas par
cas, de la conception d’éléments de maintien
pour la conservation en vitrine au moment
de prêts d’objets aux expositions. Il a ainsi
assuré la fabrication des soclages d’objets
d’art paléolithique pour l’exposition Disparus ?
Les mammifères au temps de Cro-Magnon
(Treignes, musée du Malgré-Tout ; 6 mai –
11 novembre 2018).
Les opérations de conservation-restauration et
de moulage ont été effectuées cette année sur
environ 120 objets du Musée. Les interventions
de restauration de moulages anciens sont
32 • RAPPORT D’ACTIVITÉ 2018 CHAPITRE I • 33