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Haiti Liberte 26 Fevrier 2020

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Perspectives<br />

Notre Mémoire se Souvient<br />

Eduardo Chivambo Mondlane: révolutionnaire mozambicain<br />

méconnu (1920 – 1969)<br />

Eduardo Chivambo Mondlane:<br />

révolutionnaire mozambicain<br />

méconnu, précurseur de<br />

l’indépendance du Mozambique.<br />

Par Frantz Latour<br />

Rarement, un révolutionnaire aura eu<br />

une vie militante aussi météorique<br />

qu'Eduardo Chivambo Mondlane.<br />

Mondlane est né dans le pays<br />

de Gaza, au sud du Mozambique, le<br />

20 juin 1920, fils d'un chef tribal. De<br />

ses parents, Chivambo rapporte qu'ils<br />

«appartenaient à la vieille Afrique sans<br />

contact valable avec les modes [de<br />

vie] du monde occidental. Ils ne connaissaient<br />

pas le christianisme, ils ne<br />

savaient ni lire ni écrire, ils vénéraient<br />

et adoraient les ancêtres... On vivait<br />

de la culture des petits champs, de<br />

l'élevage du bétail et de la chasse. Mon<br />

enfance se passa ainsi dans les pâturages<br />

avec de nombreux bergers de mon<br />

âge». Mais, un sens aigu de la responsabilité<br />

révèle très tôt au jeune Chivambo<br />

l'abrutissante domination coloniale.<br />

Son adolescence est marquée au<br />

coin d'une éducation religieuse, presbytérienne<br />

suisse. Il se rend à Lourenço<br />

Marques, capitale du Mozambique (aujourd'hui<br />

Maputo) pour y terminer ses<br />

Che Guevara en conférence de<br />

presse avec Mondlane.<br />

"primaires." à l'école de la Mission Suisse.<br />

L'ambiance religieuse qui y règne<br />

finit par faire de lui un évangéliste. Il<br />

rejoint la Mission Suisse au Transvaal<br />

du nord, à Lemana. Le samedi et le dimanche,<br />

Mondlane enseigne et prêche,<br />

mais le reste du temps, il travaille avec<br />

acharnement à l'école. Il rejoint ensuite<br />

la mission méthodiste rurale de Cambine<br />

jusqu'en 1942. En 1948, il part<br />

étudier les sciences sociales à l'université<br />

du Witwatersrand à Johannesburg<br />

où il passe avec succès ses examens de<br />

maturité en anglais et en afrikaans, la<br />

langue des Boers.<br />

Après un an d'études collégiales<br />

à l'Université de Witwatersrand en Afrique<br />

du Sud, l'orientation du nouveau<br />

parti nationaliste le force à laisser l'environnement<br />

universitaire. Il se rend à<br />

Lisbonne pour voir et comprendre de<br />

plus près le gouvernement et les politiques<br />

portugais et aussi pour mieux<br />

maîtriser le portugais. De mauvais traitements<br />

le forcent à plier bagages. Des<br />

missionnaires protestants au Mozambique<br />

lui trouvent une bourse pour aller<br />

étudier à Oberlin College, une université<br />

d'arts libéraux américaine dans l'État<br />

de Ohio, aux États-Unis, où il décroche<br />

une licence en sociologie et en anthropologie<br />

en 1953, suivie d'une maîtrise<br />

à l'université de Northwestern et d'un<br />

doctorat en anthropologie à Harvard où<br />

il avait rencontré sa femme, blanche<br />

originaire d'Indiana, une militante politique.<br />

En 1957 Eduardo est nommé<br />

chargé de recherche au Département<br />

de tutelle de l'Organisation des Nations<br />

Unies. Il voyage fréquemment<br />

en Afrique pour étudier et écrire sur les<br />

développements sociaux, économiques<br />

et politiques dans les territoires sous<br />

tutelle portugaise. Lors d'une visite au<br />

Mozambique en 1961, il est accueilli<br />

par des milliers de Mozambicains qui<br />

voient en lui des qualités de leadership.<br />

Mais à l'ONU, il n'est pas autorisé à<br />

exercer une activité politique directe.<br />

Il démissionne alors de son poste cette<br />

année-là et accepte un poste de professeur<br />

à l'Université de Syracuse comme<br />

professeur adjoint d'anthropologie.<br />

Il aide également à l'élaboration d'un<br />

programme d'études pour l'Afrique de<br />

l'Est.<br />

En 1961, Julius Nyerere l'invite à<br />

rejoindre la Tanzanie où l'indépendance<br />

se met en place. Là, il rencontre les<br />

populations mozambicaines réfugiées.<br />

A Dar-ès-Salam, des groupements politiques<br />

de Mozambicains se querellent,<br />

des milliers et des milliers de gens de<br />

tout le Mozambique vivent mal, réfugiés<br />

en Tanzanie. Un programme<br />

s'impose: Il faut que les factions politiques<br />

mozambicaines fusionnent, il<br />

faut, aussi, lever l'étendard d'un nouveau<br />

Mozambique uni, de la patrie pour<br />

laquelle on donnera sa vie. Le 25 juin<br />

1962, les trois principaux mouvements<br />

décident de disparaître et de former le<br />

Front de Libération du Mozambique, le<br />

FRELIMO dont Mondlane, le co-fondateur<br />

et coordinateur, est élu président.<br />

Son mandat sera renouvelé en<br />

1968 après que les forces armées du<br />

FRELIMO auront libéré le nord du Mozambique.<br />

Résolu à consacrer sa vie à<br />

«la lutte de libération de mon peuple»,<br />

il démissionne de Syracuse au début<br />

de 1963 et établit sa base d'opérations<br />

à Dar es-Salaam, la capitale du Tanganyika,<br />

l'actuelle Tanzanie. Vers le<br />

milieu de l'année, il est rejoint par son<br />

épouse Janet Rae Johnson et leurs trois<br />

Mondlane (à droite) en campagne militaire avec Samora Machel<br />

enfants. Libérer le Mozambique signifie<br />

se préparer à la guerre, chercher des<br />

appuis de toutes sortes, partout, entrainer<br />

les futurs guérilleros, hommes<br />

et femmes, intéresser le monde entier à<br />

sa cause! Aussi Eduardo Mondlane, sa<br />

femme, plusieurs de ses amis parcourent-ils<br />

l'Europe et l'Asie sans oublier<br />

évidemment, l'Afrique.<br />

Au deuxième congrès du<br />

FRELIMO, en plein Mozambique, en<br />

juillet 1968, lors de ses voyages en<br />

territoires libérés, Mondlane visite les<br />

combattants, inspecte les premiers<br />

postes sanitaires au service de la population,<br />

les petites écoles, les centres<br />

agricoles. La lutte de libération aura<br />

continué pendant les sept prochaines<br />

années, lorsque le Mozambique aura<br />

été finalement été libéré du contrôle<br />

colonial portugais pour devenir une nation<br />

indépendante en 1975.<br />

«Bien que j'aie aimé la vie universitaire<br />

par dessus tout, j'ai décidé de<br />

consacrer le reste de ma vie à la guerre<br />

de libération de mon pays, jusqu'à l'indépendance!»,<br />

ne cessait de répéter<br />

Mondlane. Cette indépendance, Eduardo<br />

Chivambo Mondlane ne l'aura jamais<br />

vue. En effet, le 3 février 1969,<br />

une bombe avait été plantée dans un<br />

livre qui lui avait été envoyé au siège<br />

du FRELIMO à Dar es Salaam, en Tanzanie.<br />

L'engin a explosé quand il a<br />

ouvert le paquet dans la maison d'une<br />

amie américaine, Betty King, le tuant<br />

sur le coup. Tant le renseignement portugais<br />

que la redoutable police secrète<br />

portugaise PIDE / DGS et des opposants<br />

hostiles à Mondlane au sein du FRE-<br />

LIMO ont été accusés par différents<br />

historiens de cet assassinat. L'ancien<br />

agent PIDE Oscar Cardoso a affirmé que<br />

Casimiro Monteiro *, un agent du PIDE<br />

est celui qui a planté la bombe qui a tué<br />

Eduardo Mondlane.<br />

Ndlr.<br />

* Monteiro était une figure notoire<br />

en Goa portugais. En tant qu'agent<br />

de la PIDE, Monteiro a mené des assassinats<br />

de haut niveau, tels celui du<br />

général Humberto Delgado, leader de<br />

l'opposition à la dictature portugaise de<br />

Salazar, et celui d’Eduardo Mondlane,<br />

leader du FRELIMO.<br />

Sources d’information:<br />

Eduardo Mondlane et l’indépendance<br />

du Mozambique. NOFI, février<br />

2015<br />

Biographie d'Eduardo Mondlane.<br />

Présence africaine.<br />

Celebrating an Hero: Eduardo<br />

Mondlane. africanlisbontour, February,<br />

2019.<br />

La mémoire au service des luttes: Cheikh Anta Diop<br />

Alors encore au lycée, il entreprend<br />

la rédaction d'une histoire du<br />

Sénégal. Ses réflexions laissent entrevoir<br />

son projet ultérieur de renaissance<br />

culturelle et d'indépendance politique<br />

de l'Afrique noire.<br />

En 1946, il émigre à Paris pour<br />

des études d’abord de physique et de<br />

chimie, puis d’histoire et de sciences<br />

sociales. Il suit en particulier les cours<br />

de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie.<br />

En 1947, parallèlement à ses<br />

études, il effectue des recherches linguistiques<br />

sur le wolof et le sérère,<br />

langues parlées au Sénégal.<br />

En 1951, Anta Diop rédige<br />

suite à la page(18)<br />

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Il y a 34 ans, le 7 février 1986 le<br />

grand historien et anthropologue<br />

Cheikh Anta Diop décédait.<br />

Né le 29 décembre 1923 dans<br />

le village de Caytou près de la ville de<br />

Bambey (située à environ 150 km de<br />

Dakar, au Sénégal), il perdit son père<br />

peu de temps après sa naissance.<br />

De 1938 à 1945, il fait ses études<br />

secondaires à Dakar et à Saint-Louis<br />

et obtient son baccalauréat (appelé à<br />

l'époque "Brevet de capacité colonial")<br />

en mathématiques et philosophie.<br />

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