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Journal n°1 | novembre 2019 |

Le Journal de Sciences Po Toulouse

L’ESPACE DANS TOUS SES ETATS

DOSSIER SPECIAL SUR L’ESPACE

L’espace public et les féminicides

L’espace, les exoplanètes et la conquête

spatiale

L’espace, tout un cinéma

L’espace scénique, l’espace vert...

Mais, où sont donc les limites de

l’espace aujourd’hui ?

SANS OUBLIER LES SURPRISES DE

LA REDAC’

La nouvelle gagnante du

concours d’Halloween du BDA

Le Brexit vu par Andrew Milne

Un horoscope pimenté

d’humour

et bien d’autres articles à

découvrir !

Mise en page par le bureau de Caractères avec l’aide de Marine Savelli


SOMMAIRE

Édito :

Journalisme en danger, la liberté à

découvert..........................................................p.2

Décryptage de l’actu :

La saga Brexit vue par Andrew Milne......p.4

Récit de voyage :

Un voyage en “terre sainte”.........................p.6

Poème................................................................p.9

DOSSIER ESPACE :

Les féminicides dans l’espace public....p.10

L’homme est -il vraiment seul dans

l’univers ?..................................................p.12-13

Pub et cité................................................p.26-28

L’espace public, public pour tous ?..........p.30

Les espaces verts extraordinaires.......p.32-33

LES SURPRISES DE LA REDAC’ :

Faire ses courses écolos à Toulouse......p.34

Les dessous des sites de rencontres.......p.36

La gagnante du concours de nouvelles

du BDA :

«La dame au fond de la ruelle»...............p.39

Chine : Vers l’infini et au-delà ?................p.14

Horoscope......................................................p.15

Nature et ville : l’impossible symbiose ?

.....................................................................p.16-17

Reportage :

A la conquête de la cité de l’Espace.......p.18

Interview :

La notion d’espace au théâtre...........p.20-21

Quelle vision le cinéma donne-t-il de

l’espace .....................................................p.22-23

L’histoire de l’industrie aéronautique et

spatiale toulousaine.............................p.24-25

2


ÉDITO

Journalisme en danger, la liberté à découvert

36 journalistes tués depuis le début de l’année 2019, 236 journalistes emprisonnés,

137 journalistes citoyens en prison

Triste bilan. Etre journaliste est donc plus qu’un métier qu’on laisse derrière soi lorsqu’on rentre à la

maison, c’est une vocation, un risque à accepter. D’ailleurs, le mot « risque » est un euphémisme.

Dans certains cas, enquêter signifie signer son arrêt de mort. La liste serait trop longue si on nommait tous ceux

qui ont subi les oppressions, de l’intimidation aux menaces, des violences au meurtre. Les histoires seraient

sordides, or nous ne sommes pas là pour perdre espoir. Le journaliste est donc délibérément visé. Pourquoi ?

Parce qu’il est celui qui relaye l’info, qui donne de la visibilité, de l’importance à des événements qu’on cherche

parfois à cacher, le plus longtemps possible. Il inquiète le plus armé de tous les hommes car son arme fait bien

plus de dégâts : sa plume fait couler l’encre et non le sang.

Pas étonnant qu’il déchaîne toutes les passions…

Toutefois, il ne vous aura pas échappé que la légitimité des journalistes est controversée.

“Ennemis du peuple” selon Donald Trump, objet de tant de haine de la part des “gilets jaunes”, critiqué par les

dirigeants politiques, le journaliste est la figure du bouc émissaire.

Les critiques sont souvent constructives. La profession doit se remettre en question, mais lorsque les critiques

se transforment en rejet incontrôlable, en répulsion sans concession, alors ceux qui travaillent sur le terrain en

subissent les conséquences. Cette passion d’ailleurs, est aussi celle qu’il faut avoir pour exercer ce métier. Peutêtre

est ce un peu naïf de notre part de penser que faire rayonner la lumière de la liberté d’expression est l’un des

devoirs du journaliste. Cette liberté, l’une des plus fondamentales, naît avec les premières pensées démocratiques.

Inscrite en 1789 dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui déclare alors « la libre

communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut

donc parler, écrire, imprimer librement ».

Cependant, cet espace des possibles qui s’ouvre aux journalistes les téléporte directement au coeur du débat, de

l’actualité. Il écrit, il affirme, il vérifie, il commente, il critique, il se trompe parfois. Mais, dans cette société où

tout se sait, tout est amplifié, tout est détourné, l’erreur est fatale car les propos sont repris en un quart de seconde.

L’information est relayée, le mal est fait. Ce règne de l’immédiat a causé du tort aux médias et particulièrement

à la presse écrite.

Ces quelques maux n’ont pas pour but de clamer que les journalistes n’ont aucun tort, qu’ils font tous leur métier

d’une façon éthique, respectueuse et honnête. Leurs erreurs ne sont évidemment pas que fantasmes et illusions.

Mais ce qui est intéressant dans l’espace démocratique, pour l’instant toujours le nôtre, c’est de débattre. Ne pas

refuser la discussion, passer de la critique constructive au dialogue.

Lorsque celui ci se mue en haine, et que la haine l’emporte, alors c’est le pilier de la démocratie qui se fragilise.

Le risque est, que, épuisé par le vent qui souffle sur ses valeurs, il vacille et se brise lamentablement en milles

morceaux.

Nous espérons que cette première édition papier 2019 va vous satisfaire. Elle signifie, pour tous les membres de

la Carac’team, une première expérience dans le journalisme, alors soyez un tant soit peu indulgents avec notre

équipe Sciencespistes !

Attention, Caractères est de retour !

Juliette Husson et Yannick Sénégas

3


Décryptage de l’actu

4

La saga Brexit vue par Andrew Milne

Presque trois ans que rien n’a bougé, que les débats divisent toujours le Royaume-

Uni, que les médias analysent tout et rien. Le Brexit lasse les britanniques et

Andrew Milne, professeur d’anglais à l’IEP, n’y manque pas. Dans une interview

pour Caractères il explique son point de vue sur le Brexit en tant que professeur, en

tant que britannique et en tant qu’Européen.

Étiez-vous pour ou contre le Brexit en 2016 quand il a été voté ? Quelles en sont les raisons ?

J’étais contre le Brexit, même si ma vie en France ne sera pas altérée parce que j’ai la double nationalité. Je n’ai pas eu

le droit de vote dans le referendum sur le Brexit car je suis en-dehors du Royaume-Uni depuis 15 ans. J’étais contre

le Brexit sans pouvoir manifester mon droit de vote donc mon opinion n’a pas beaucoup d’influence. Je pense

que c’est une mauvaise décision, que la campagne a été beaucoup influencée, par les russes, comme pour les États-

Unis. En 2016, j’indiquais déjà que des personnes comme Boris Johnson ne disaient pas entièrement la vérité. Ils

racontaient même de purs mensonges, des choses anecdotiques... Par exemple, que l’Union Européenne interdisait

aux enfants de gonfler des ballons en caoutchouc, effectivement c’était une recommandation de l’UE pour éviter

qu’ils ne leur éclatent au visage ; que l’UE interdisait de faire du compost avec des sachets de thé parce qu’il y

avait des agrafes dedans, encore une recommandation. Johnson a présenté ça comme obligatoire, désignant l’UE

comme négative, de par ces interdictions. Cela n’était pourtant qu’anecdotique, mais ça a alimenté une discussion

mensongère. Boris Johnson dénonçait l’UE de priver les britanniques de 350 millions d’euros chaque jour. Mais

une étude récente de la « London School of Economics » prouve que ce budget, destiné aux hôpitaux ou à la NHS,

était en fait de 185 millions.

Vos arguments ont-ils évolué de 2016 à aujourd’hui ?

Je n’ai pas évolué par rapport à ça. Aujourd’hui des études gouvernementales indiquent qu’il y aura certainement

une augmentation de flux migratoires dûs aux changements de tactique des migrants, et au Brexit. Ce dernier

implique qu’il y aurait très certainement une redistribution du personnel administratif, douanier et policier, à

d’autres fonctions. Tout cela dans le but de gérer le flux de marchandises, autant de personnel, qui ne sera plus

affecté à la gestion du flux migratoire.

« Les personnes qui rentrent dans le pays, c’est aussi un faux problème. »

Les migrants clandestins ne représentent qu’une minorité, estimée entre 750 000 personnes et 1 million.

Que pensez-vous de la situation politique ?

Les conservateurs, pour passer leur « deal » auront besoin d’une grande majorité, qu’ils ne risquent pas d’avoir.

L’opposition pourrait faire face si, eux aussi, gagnent beaucoup de sièges et décident d’une grande coalition contre

les conservateurs. Mais on se retrouvera dans la même position qu’aujourd’hui. Je pense que le 31 janvier 2020

on rejouera simplement ce qu’on a fait deux fois déjà, c’est à dire, redemander une extension. En 2125, on sera

encore en train de négocier. Je ne vois pas d’alternative, le pays est tellement divisé. Les gens ne sont pas choqués

aujourd’hui que Johnson puisse mentir, réduire au silence le Parlement pendant 5 semaines,

« c’est démocratiquement une aberration. »

Heureusement qu’il y a des gens qui font des procès ou la Cour Suprême du Royaume-Uni qui décide autrement

pour réinstaurer un petit peu de droit. Je crois qu’il y a une réelle crise de démocratie au Royaume-Uni et que c’est

pour ça que le pays est totalement divisé. Certaines personnes ne veulent pas de B. Johnson mais ne voient pas de

positif ou de différence dans l’opposition. Le Labour et J. Corbyn suscitent des peurs, de retourner vers une période

de nationalisation d’industries, dont les gens se rappellent dans les années 1970-80. Quand T. Blair était au pouvoir


Décryptage de l’actu

il n‘était pas très différent de M. Thatcher et proposait sensiblement le même genre de politique. Je pense que le

pays est totalement perdu et que c’est révélateur de la crise générale dans les démocraties. Je ne sais pas si les gens

vont voter le 12 décembre. En tout cas moi, je n’aurai pas le droit.

Quel est le rôle des médias dans tout ça selon vous ?

Je pense que la plupart des médias ne se concentrent pas sur les réels problèmes du Brexit, qui sont les bienfaits

de l’UE, ce qu’on y a gagné (...).

« Les droits européens nous protègent. »

Quand j’entends des partis d’opposition dire qu’un « no deal » ou même un « deal » pourrait entraver les droits

des travailleurs, c’est la vérité. Mais pourquoi les journaux ne précisent-ils pas ligne par ligne les droits que les

travailleurs vont perdre ? Entre temps, on va discuter de faux problèmes, c’est aberrant parce que ça devient

tellement compliqué. Et quand quelque chose est compliqué dans les médias, on arrête d’écouter. En trois ans, ils

ont été incapables de se décider sur toutes les éventualités. Il y a des choses qui ne sont toujours pas réglées : on

n’a toujours pas décidé ce qui se passera pour des étudiants Erasmus, pour le trafic aérien, avec des avions qui ne

pourront plus décoller ou atterrir car les accords sont européens.

Pensez-vous que l’avis des britanniques sur la politique a changé ?

Je pense que les britanniques en ont marre comme le reste de l’UE d’entendre parler du Brexit. C’est assez risible

vu de l’extérieur, mais depuis l’intérieur du pays on voit que depuis 2016, il n’y a rien dans les journaux à part le

Brexit. C’est difficile aujourd’hui d’en discuter avec des gens, ils en ont marre de parler de ça. Il y a des irréductibles

qui veulent refaire un référendum et d’autres qui veulent coûte que coûte faire un Brexit même avec un « no deal ».

Je pense que les gens en ont marre des médias, des politiques, des mensonges. Mais visiblement ça ne dérange pas

tout le monde parce que sinon on aurait pas 38 % pour les conservateurs. Après, est-ce que les gens disent la vérité

? Les sondages ne reflètent pas toujours la vérité, ils influencent les gens mais peut être pas dans le sens où nous le

croyons.

Que pensez-vous du problème de la frontière en Irlande ?

Aujourd’hui les parlementaires se rendent comptent que le réel problème est la frontière avec l’Irlande du Nord.

On passe plus de temps au parlement britannique à parler du fait qu’on soit d’accord ou non avec le Brexit, qui a

déjà été voté. L’enjeu n’est pas seulement de quitter l’UE, c’est aussi la vie des Irlandais. Ca m’est totalement égal

qu’il y ait un démantèlement du Royaume-Uni. On pense que les pays sont figés pour l’éternité, mais ce n’est pas

le cas. Je ne comprends pas comment je ne pourrais pas me soucier de problèmes entre l’Irlande du nord et la

République d’Irlande, c’est primordial, c’est la vie des gens. Ont-ils oublié ? Il y a eu du terrorisme, des morts... Je

trouve que ce n’est pas possible de diviser l’Irlande du nord du reste du Royaume-Uni. Je ne sais pas quel premier

ministre pourrait accepter ce genre d’accord. Ils ont réfléchi à l’avenir et ont vu la possibilité de réunification des

deux Irlande, car ce sera sur la table, et ensuite l’Écosse qui est légitime de dire « si l’Irlande a un traitement de

faveur, on veut aussi parce qu’on a voté pour rester en Europe ». Le problème de l’Irlande est impossible à résoudre.

Si on quitte l’UE, une frontière doit être créée quelque part, soit entre les deux Irlande, soit entre le Royaume-Uni

et l’Irlande du nord. Il y a des centaines de milliers de gens qui traversent cette frontière pour travailler, pour moi

c’est impossible de la fermer.

« S’ils veulent le Brexit il faudra une frontière et ça entraînera le démantèlement du

pays. »

Interview à retrouver en intégralité sur le site web de Caractères : https://journalcaracteres.wordpress.com

Evan Vannier, Amandine Savelli et Sophie Kruk.

5


Récit de voyage

UN VOYAGE EN “TERRE SAINTE”

C’est le genre d’expérience que l’on ne peut pas oublier. Partir trois semaines,

dans une nouvelle culture, un nouvel environnement, un autre monde, ça ne

s’échappe pas de l’esprit en deux mois.

Je suis parti du 07 au 28 août 2019 pour un

pèlerinage catholique en « Terre Sainte » (la

région d’Israël et de Palestine), accompagné de deux

prêtres et quatre autres jeunes.

Objectifs de la mission : découvrir les lieux saints et

faire du service dans une maison de retraite.

Objectifs personnels : découvrir les lieux saints,

comprendre la vie des habitants au milieu d’une région

incontournable et sortir des idées générales développées

dans l’Occident.

Un chemin de vie entre spiritualité et découverte

d’un autre monde

Notre chemin s’est dessiné autour de plusieurs villes :

Haïfa, Nazareth, Bethlehem, quelques autres endroits

en « Terre Sainte » et évidemment le passage obligé par

Jérusalem, ville que j’avais à cœur de découvrir depuis

de nombreuses années.

Nous avons visité les lieux saints, c’est-à-dire les lieux

de récits bibliques, et notamment les lieux de vie de

Jésus. Chaque endroit de la région est marqué, plus

ou moins profondément, par des traces historiques ou

mémorielles de la Bible. Pouvoir vivre au milieu de ces

endroits, lire les passages de la Bible là où ils se sont

déroulés et prendre le temps de prier sur chacun d’entre

eux est une expérience formidable, pleine de sens et

revigorante pour notre foi. Nous n’avons pas pu tout

faire car il y a énormément de lieux, mais l’essentiel a

été fait, entre la Basilique de l’Annonciation à Nazareth

et Jérusalem avec, entre autres, le Saint-Sépulcre où est

enterré Jésus, en passant par Bethléem. En dehors de la

découverte des lieux saints, nous avons marché dans le

désert vers Jéricho avant de nous baigner dans la Mer

Morte, lieu le plus bas sur Terre. À Nazareth, nous avons

aidé les personnes âgées à l’hôpital pendant quelques

jours. Nous avons donné à manger, douché, soigné les

terrifiantes escarres, mais aussi joué, discuté en anglais

et en arabe, et rigolé. Nous étions là pour leur apporter

de la joie, ces personnes nous ont transmis leur amour.

Bien sûr, partir en Terre Sainte, c’est se

confronter à la réalité de la vie.

Vue sur Jérusalem depuis le mont des Oliviers

Il a donc fallu traverser les multiples check-point,

parfois à pieds, d’autres fois en bus, en présentant le

visa à des jeunes israéliens de seize ans en service

militaire avec une arme à feu plutôt imposante dans les

mains. C’est comprendre que même si les différentes

religions traversent les frontières, la situation n’est pas

idyllique partout. Mais c’est surtout s’apercevoir que le

récit de peur et de danger véhiculé dans l’Occident est

souvent aux antipodes des sentiments qui existent entre

les populations des deux pays. Bien sûr, les tensions

sont toujours présentes, mais elles ne sont pas toujours

aussi fortes que nous pouvons l’imaginer.

6

Célestin Barraud


Récit de voyage

7


Dossier

L’espace des possibles

s’ouvre à vous

8


Poéme

Ta main s’élance

Mais avant que j’y pense

l’espace s’est réduit

C’est la troisième fois aujourd’hui

Courir

S’enfuir

Vers un paradis rêvé

qui semble trop éloigné

Ton corps contre le mien

Tu avances

Tu recules

et moi je chute

Mon espérance de vie

rétrécit chaque nuit

je ne vais plus tenir

Car je sais que tu peux faire bien pire

J’ai 8 ans

Mais plus toutes mes dents

J’ai 8 ans

Et maintenant c’est le néant

Anonyme

9


ESPACE PUBLIC

Les féminicides dans l’espace public

136. Depuis le 1er janvier 2019, c’est le nombre de féminicides en France.

136 meurtres, au seul motif d’être une femme. 136 fois où un homme a tué sa

compagne ou ex-compagne. 136 fois où le crime est resté impuni. 136 féminicides

recensés au 16 novembre, ça en fait presque un tous les deux jours. Jusqu’à quatre

par semaine.

Si ces crimes ont lieu dans le cadre privé, à

savoir le domicile dans la plupart des cas,

de vives réactions sont rendues visibles dans l’espace

public.

Dans la nuit du lundi 16 septembre, des activistes

pacifiques ont procédé au collage d’affiches sur les murs

de la ville rose, mais plus largement partout en France.

Leur but ? En aucun cas, bien sûr, il ne s’agissait de

dégrader l’espace public mais, au contraire, de rendre

bien visibles ces nombreux actes de violences. De les

rendre visibles certes, mais surtout de les dénoncer.

Pots de colle, pinceaux, feuilles format A4. Voilà tout

le matériel nécessaire à cette campagne.

Sans oublier une grosse dose de

détermination, et un très fort sentiment

d’injustice et de rage.

En alliant efficacité et engagement, elles ont réussi à

afficher leurs messages dans plus d’une cinquantaine

de rues toulousaines, et plus globalement françaises,

afin que les citadins découvrent, en ouvrant leurs

volets au petit matin, en empruntant le chemin vers

leur travail, ou en arpentant leur parcours de running

hebdomadaire, la trace de ces crimes. Tout le monde le

sait. Ce n’est une surprise pour personne. Et pourtant,

nombre d’entre eux.elles s’offusquent de voir de tels

affichages, choquants.

10


Féminicides

Qu’est-ce qui est choquant ici ?

Que des parcelles de murs appartenant à la municipalité

aient été la proie à une soudaine attaque de colle, sans

même avoir l’autorisation de la commune, ou que plus

d’une centaine de femmes aient succombé aux coups

de leur conjoint dans l’indifférence générale ?

Vaut-il mieux que des papiers et de la peinture

viennent créer un désordre public ou que ces crimes

se perpétuent ? Faut-il que les citoyen.ne.s soient

choqué.e.s d’une telle violence manuscrite ou qu’il.

elle.s soient conscient.e.s de la situation actuelle pour

pousser l’État à agir ?

Après tout, ce n’est qu’une question de priorité.

Le Parisien titrait « 400€ pour avoir collé des affiches

contre les féminicides » dans la capitale, c’est pour

motif « d’affichage sauvage ». L’Hôtel de ville a

prétexté que la verbalisation n’avait rien à voir avec le

message en lui-même.

Naturellement, on serait tenté.e.s de penser que l’aide

gouvernementale n’est pas négligeable et capable de

régler le problème à elle toute seule. Quelle utopie !

Celui qui a les plus gros projets de financement n’est

pas capable, ou simplement pas d’humeur, à les

débloquer contre ces violences massives qui perdurent.

C’est alors aux activistes de mobiliser l’espace public

pour donner de la visibilité à ces horreurs.

Le féminisme s’approprie la rue, à défaut

d’avoir déjà agi sur les mentalités.

Affichage sauvage ? Vraiment ? Il s’agit là

d’une réelle inversion des faits.

Ne serait-ce pas plutôt la sauvagerie conjugale qui

serait à bannir ? Aucun sondage n’a été réalisé, mais

j’imagine, ou j’ose espérer, que 100% de la population

préférerait voir ces affiches plutôt que de savoir plus

d’une centaine de femmes mortes sous les coups de

leur conjoint ou ex-conjoint. Mais, ces 100%, que

font-il.elle.s ? Parmi eux, on retrouve des citoyen.ne.s

qu’on dira « lambdas », mais aussi des associations qui

luttent contre ces massacres en masse, ou encore des

gouvernants, qui essayent, à leur échelle, de contribuer

à l’éradication de ce fléau.

3 septembre, 3 octobre, 24 novembre… Les manifestations

se multiplient pour faire entendre les voix des femmes.

Ces marches dérangent par leur caractère macabre ?

C’est sûr que ce n’est pas aussi joyeux qu’un défilé

de carnaval, il y a moins d’ambiance, et pourtant,

c’est amusant, on y passe un bon moment ensemble.

Annoncez à votre entourage que déjà 136 femmes ont

été assassinées par leurs compagnons, ils vont vite

détourner le regard parce que « c’est morbide comme

truc ». Pourtant, ça se passe sous nos yeux et nous ne

faisons rien. Rien. 136.

Flora Lanaspeze et Sophie Kruk

11


Exoplanète

L’homme est -il vraiment seul dans l’univers :

la piste des exoplanètes

« C’est potentiellement un second monde habitable. Le premier étant le nôtre ». Ce

sont les mots d’Ingo Waldmann, un des auteurs de l’étude amenant à la découverte

de traces favorables à la vie sur une exoplanète. Même si cette phrase peut nous

amener à faire des plans sur la comète, la réalité peut sembler un peu moins

euphorique.

Le 10 Septembre 2019, les astronomes

de l’University College de Londres ont

annoncé avoir découvert des traces de vapeur d’eau

dans l’atmosphère de l’exoplanète “K2-18 b”. Cette

annonce est très importante puisqu’elle prouve qu’une

des conditions favorables à la vie est présente sur une

autre planète que la nôtre, qui plus est, hors du système

solaire. Cette avancée dans la recherche de « zone

d’habitabilité » est considérable.

Mais restons les pieds sur Terre, le

septième ciel, c’est pas pour tout de suite.

Cette exoplanète, située à 110 années-lumière de la

Terre, est invisible, même avec les télescopes les

mieux équipés. Alors, de là à s’imaginer y vivre, il

faut être très optimiste, et aussi très patient. Tout de

même, cette découverte est assez surprenante, et fait

avancer le domaine spatial dans la compréhension de

notre univers. Il faut donc relativiser entre la

découverte et le changement quotidien que

cela peut nous apporter.

progrès technique, ce domaine est un peu plus étudié au

XIXème siècle. Finalement, la détection d’exoplanètes

n’arrive que très récemment. En octobre 1995, les

astronomes suisses Michel Mayor et Didier Queloz ont

découvert la première exoplanète de l’Histoire. Elle est

nommée “51 Peg b” et se situe à 42 milliards d’annéeslumières

de chez nous. Cette détection leur a valu le

Prix Nobel de physique en octobre 2019.

Une exoplanète est une planète extrasolaire, c’est-à-dire

située hors du système solaire. Une exoplanète est dite

habitable lorsqu’elle remplit des conditions propices

à la vie. Ces conditions d’habitabilité sont plus ou

moins complexes, et exhaustives. C’est pourquoi nous

mentionnerons seulement cinq critères dits essentiels à

l’établissement de la vie humaine sur une planète ; elle

doit :

• Etre tellurique (ou bien rocheuse), afin d’assurer les

conditions les plus propices à la vie.

• Avoir une température clémente et stable, c’est-à-

La recherche des exoplanètes, et d’une

autre forme de vie en dehors de la Terre,

a commencé à se développer à partir du

XVIème siècle. Le sujet intéresse mais

les moyens de l’époque n’engendrent pas

d’avancées. Grâce à une amélioration du

12

Michel Mayor (à droite) et Didier Queloz (à gauche)

ont reçu le Nobel de physique pour la découverte

d’une exoplanète en orbite autour d’une étoile de

type solaire. LAURENT GILLIERON / AP


Exoplanète

dire qu’elle ne doit être ni trop élevée ni trop froide,

avec de légères fluctuations.

• Disposer d’une gravité relativement importante, afin

de retenir des éléments chimiques mais cette dernière

ne doit pas être trop forte, autrement les hommes

auraient du mal à exécuter leurs mouvements.

• Posséder une atmosphère, auquel cas elle serait trop

exposée à la lumière et à la chaleur de son étoile.

• Être en présence de marées, afin que l’eau soit en

mesure de se déplacer sur sa surface, afin de réguler le

climat.

Il est donc déjà difficile de regrouper ces cinq critères

sur une même exoplanète, c’est pour cela que peu

d’exoplanètes sont dites « potentiellement habitables » .

A l’heure actuelle, seulement 55

exoplanètes sont dites habitables*

*au 4 Septembre 2019, d’après l’Habitable Exoplanets

Catalog

La « chasse aux exoplanètes » a réellement débuté après

leur découverte. Ainsi de 1995 à 2019, près de 4000

exoplanètes ont été découvertes. L’objectif de l’étude

des exoplanètes consiste principalement en la réponse

à la question « Sommes-nous seuls dans l’Univers ? »

que les philosophes se posent depuis l’Antiquité, allant

d’Épicure à Kant.

Cependant, elle a également pour objectif de découvrir

des planètes dites habitables, pouvant posséder

des caractéristiques similaires à la Planète Bleue, à

l’heure où les questions environnementales demeurent

prépondérantes. Enfin, nous pouvons également

affirmer que l’exoplanétologie a pour but d’établir les

origines de l’existence, avec la potentielle découverte

d’autres formes de vies, pouvant être éventuellement

antérieures aux différentes formes de vie présentes sur

Terre.

La découverte d’exoplanètes habitables à une distance

moyennement élevée en années-lumières pourrait

également conduire à une réelle amélioration des

engins de vols spatiaux, ce qui aurait pour conséquence

la potentielle visite de l’Homme sur d’autres planètes

du système solaire dans un horizon moins lointain car

à l’heure actuelle, une mission habitée vers Mars ne

serait réalisable qu’en 2037.

Le développement de nouveaux instruments

technologiques va-t-il permettre la découverte de

nouvelles exoplanètes habitables, dont les critères

laisseraient présager de potentielles missions habitées

sur celles-ci ? Ou au contraire, cela nous confortera-t-il

dans l’idée que l’Homme est seul dans l’univers, et que

seule Mars peut faire l’objet d’une mission habitable ?

Sylvain PERONNEAUD & Célestin BARRAUD

13


Chine

En 2008, le taïkonaute Zhai Zhigang réalise la

première sortie extravéhiculaire chinoise.

La Chine étant peu connue pour son programme spatial,

il est nécessaire de faire quelques rappels historiques.

Si l’avènement de cette ambition spatiale se fait dans

l’ombre soviétique, la Chine devient rapidement isolée

dans le développement de celle-ci.

Il faut alors attendre 1970, pour que la Chine entre dans

la cour des grands par le lancement de son premier

satellite, le Dong Fang Hong 1.

Plus qu’une prouesse technologique, c’est un outil

de propagande puissant, où le vide sidéral, pourtant

imperméable et sourd, va être la caisse de résonnance

du chant patriotique L’Orient est rouge (traduction de

Dōng Fāng Hóng).

Si le saut a été fait, il ne manque plus qu’à la Chine

de prendre son envol. La véritable odyssée de l’espace

va se faire à l’aube du nouveau millénaire. La Chine

témoigne alors d’une extraordinaire rapidité quant au

déploiement de son programme spatial habité. Elle

accomplit en seulement 9 ans ce que la Russie ou les

Etats-Unis ont mis des décennies à réussir. Et cela en

envoyant 6 taïkonautes et en réalisant une première

sortie extravéhiculaire en 2008. C’est encore en cavalier

seul que la Chine poursuit son périple, en développant

par ses propres moyens un équivalent chinois de l’ISS

(Station Spatiale Internationale), Tiangong (pour Palais

céleste).

14

Vers l’infini et au-delà ?

Si on connaît la conquête spatiale du point de vue américain, russe ou encore

européen, peut-on en dire autant du programme spatial chinois ? Pourtant, la

Chine tend à s’affirmer comme un acteur majeur du secteur, et certainement l’un

des plus ambitieux.

La Chine devient alors une puissance

incontournable vis-à-vis du domaine

spatial.

Aujourd’hui, si Elon Musk apparaît comme novateur et

visionnaire dans ses objectifs de colonisation de Mars,

la puissance chinoise s’intéresse de plus en plus à la

planète rouge. En effet, elle espère bien pouvoir planter

d’ici à 2030 un drapeau étoilé, qui n’en comportera non

pas 50, 5 suffiront, surtout si elles sont sur fond rouge.

Cela ne sera possible que grâce à une autre mission

d’envergure : la conquête de la face cachée de la lune.

Les Chinois entendent relancer un engouement pour

notre satellite, d’autant plus qu’il pourrait représenter

un pas de tir idéal vers ses rêves martiens. Le premier

asiatique devrait poser le pied sur la lune avant

l’échéance de 2025.

Pourtant, si ce programme est bien plus ambitieux que ses

équivalents européens, russes ou étasuniens,

la Chine reste néanmoins un « colosse

aux pieds d’argile »,

dont les ailes risquent de fondre à vouloir trop s’approcher

du soleil. Si le tableau semble sans tâche et sans rature,

il n’en est rien. La Chine accuse encore un retard

technologique certain face aux autres puissances spatiales.

De plus, l’échec de certaines de ses dernières missions,

comme le lancement raté d’une fusée en 2017, a eu pour

effet de décaler de manière significative le planning de

conquête lunaire et donc martienne.

D’autre part, si la Chine conduit un programme en

autonomie, c’est bien parce qu’elle est exclue des

grands projets spatiaux internationaux suite aux tensions

géopolitiques qu’elle engendre, mais également du fait des

Etats-Unis qui tiennent volontairement le pays en dehors

de cette coopération spatiale internationale.

La Chine paraît donc extrêmement ambitieuse dans son

programme de conquête spatiale, qui s’est concrétisé

par de nombreuses réussites mais tout autant, voire

davantage, d’échecs.

La poursuite de son odyssée sera donc

capitale pour déterminer si elle pourra

un jour rentrer au Panthéon des grandes

puissances spatiales.

Noémie Latrubesse


Astrologie

Horoscope:

Bélier : Cette semaine, rien de bon ne

s’annonce, ne vous regardez pas dans la

glace ou votre reflet vous fera peur. Restez

dans votre lit, voilà le conseil de la Lune.

Taureau : Toujours à foncer tête baissée,

cette semaine voilà le pas de trop, vous

vous prenez un mur. Rétrogradez un peu,

rien ne sert de s’impatienter, le bal de

Noël va bientôt arriver.

Gémeaux : Votre esprit quelque peu

lunatique fait de vous une mauvaise

personne. Ne cherchez pas à essayer de

changer, vous n’y arriverez pas : vous ferez

toujours chier le monde. Cordialement.

Cancer : Vous êtes à deux doigts d’intégrer

les services secrets mais pas de bol vous

allez vous casser un ongle, celui de

l’auriculaire de la main droite. Attention

pas de prises de risque cette semaine,

vous en faites ce que vous voulez petit.e

casse cou !

Lion : Le lion qui sommeille en vous

continuera de sommeiller pendant encore

10 ans, courage votre ferveur sait se faire

attendre.

Scorpion :

Amour: Vous faites des efforts mais

ça reste difficile, supprimez le legging

léopard et retentez votre chance.

Sagittaire:

Tempora mori, tempora mundis recorda...

Ca veut rien dire mais ça fait bien,

démerdez-vous avec ça !

Capricorne : C’est vous le petit chanceux

cette semaine, vous êtes ce pote qui part au

soleil pendant qu’il fait froid à Toulouse !

Pas d’ami mais du soleil, on peut pas

tout avoir !

Verseau: Amour : Je ne crois pas qu’il y ait

de bonne ou de mauvaise situation. Moi,

si je devais résumer ma vie aujourd’hui

avec vous, je dirais que c’est d’abord

des rencontres… Attendez ces gens qui

tendent la main à un moment où vous ne vous y attendez

pas et vous danserez la vie, vous chanterez la vie.

Poisson :

La déprime hivernale viendra se coupler à

la déprime post-intégration, force à vous !

Vierge : L’astrologie vous ment, nous

venons de trouver une incohérence totale

sur ce signe : les vierges privilégient

la réflexion à l’action, pourtant Eric

Zemmour est vierge. Allez chercher la

logique !

Balance:

Carrière: Vous allez trouver un stage et un

job rémunéré pour cet été* !

* offre soumise à conditions

15


Ville

Nature et ville : l’impossible symbiose ?

Interview de Benoit Boldron, urbaniste OPQU

(Office professionnel de qualification des

urbanistes), responsable Habitat à Toulouse

Métropole et maître de conférence à

l’université Toulouse Jean Jaurès.

Benoit Boldron, source de l’image : LinledIn

A l’heure de l’intensification des fortes chaleurs comme en témoignent les canicules de l’été 2019, les inondations

dans l’Aude ou encore un automne qui tarde à pointer le bout de son nez, les exemples ne manquent pas pour

montrer les effets indéniables du changement climatique. Les villes, principales responsables de cette crise

environnementale, sont au cœur du mal qui ronge notre siècle et elles n’ont pas prévu de se retirer du devant de la

scène.

Benoit Boldron pose le décor dès ses premiers mots :

« En 2050, 75% de la population mondiale vivra en ville » contre 55% en 2018.

Face à un phénomène urbain de plus en plus important à l’échelle mondiale, la prise en compte de l’enjeu climatique

dans la conception de nos villes semble vitale. Selon Benoit Boldron, le cœur du problème de nos villes actuelles

c’est la coupure nette avec la nature. C’est cette rupture du lien que l’Homme avait avec la nature qui entraine sa

perte de conscience environnementale. Il semblerait donc que l’augmentation de l’urbanisation n’aille absolument

pas dans le sens d’une prise de conscience nouvelle qui amènerait à plus de respect envers la nature. Un nouvel

enjeu se dessine donc pour les urbanistes : comment remettre de la nature en milieu urbain pour que les gens se

sentent en lien avec elle ?

Il y a alors deux défis à relever à l’échelle de la ville qui peuvent se résumer en deux

mots : atténuer et s’adapter.

D’abord, atténuer la dette environnementale qui pèse un peu plus lourd chaque jour comme nous le rappellent les

échéances alarmistes du GIEC. Puis, s’adapter aux effets du changement climatique auxquels nous n’échapperons

pas pour pouvoir continuer à habiter dans la ville.

Pour recréer du lien entre ville et nature, des solutions sont imaginées mais...hors de la ville !

16


Ville

« Parce que forcément la nature n’est pas dans la ville et ne sera jamais dans la ville.

On va pas faire une réserve amazonienne en pleine ville, il y a trop de pollution, il y a

trop d’impacts humains »

affirme catégoriquement Benoit Boldron. Ainsi, la réduction de la pollution et des impacts néfastes de l’Homme

dans la ville semble être une utopie pour notre urbaniste toulousain. Dans le jargon urbanistique, il est plus

envisageable de créer des « réservoirs de biodiversité » autour des villes qui permettraient un nouveau lien avec

la nature à travers des « corridors de biodiversité ». L’enjeu est d’abord celui de préserver la nature qui se trouve

en dehors des villes. L’extension des villes doit donc être limitée. A Toulouse, 20% des constructions sont dans

une dynamique d’extension de la métropole. Les 80% complémentaires concernent le renouvellement de la ville

sur elle même.

Benoit Boldron nous parle de « débitumisation » des sols qu’il faudrait notamment appliquer aux centres

commerciaux à la périphérie des villes. En d’autres termes, il faut remplacer les immenses étendues de bitume qui

tiennent lieu de parking par des éléments naturels. L’herbe remplacerait le béton et les parkings silos (à étages)

remplaceraient les kilomètres carrés des parkings de Labège. Un moyen concret de régénérer la ville.

La nature en plein centre de la ville présente une toute autre fonction que celle idéalisée d’une symbiose parfaite

entre vie citadine et respect de l’environnement : « L’enjeu de la nature en ville, il est avant tout pédagogique dans

son rapport de l’homme à la nature ».

La nature doit être là pour faire une piqure de rappel aux citadins qui lui tournent le

dos et font comme si elle n’existait pas.

« Les gens ne supportent plus la nature » confie Benoit Boldron. Nous faisons indéniablement fausse route. La

nature est protectrice et l’Homme ne saurait vivre sans elle. Evapotranspiration, ventilation, diminution du stress

urbain... La nature nous rend des services gratuitement. Benoit Boldron cite l’exemple des abeilles qui butinent

les fleurs en les mettant en parallèle avec l’aberration chinoise où des pollinisateurs sont payés pour faire le travail

des abeilles qui ont toutes disparues. « On ne peut pas continuer à construire la ville comme on le faisait jusqu’à

aujourd’hui et qui nous amène dans le mur. Il faut tout remettre à plat et penser différemment ».

Cela relève alors du domaine politique et les urbanistes sont là pour faire la synthèse et prendre la commande de

l’élu. Selon Benoit Boldron : « la loi d’aujourd’hui offre un tel panel qu’on peut tout faire à la vitesse qu’on veut. Un

élu qui veut tout révolutionner a les outils réglementaires pour le faire, les start-ups, les exemples à l’étranger... » .

Mais il ajoute : « La réponse des élus vient aussi souvent des demandes des citoyens. Pour que ça bouge au niveau

des élus, faut que ça bouge au niveau des citoyens, de la prise de conscience écologique. »

Ainsi, l’immobilisme des pouvoirs publics serait du à l’absence de mobilisation de la

part des citoyens.

Une vision que tout le monde ne partage pas... Enfin, si l’on se projette dans l’avenir, la montée de la question

environnementale va permettre le positionnement d’un nouvel acteur dans la conception des villes : l’écologue.

Peut être celui ci arrivera t-il à imposer sa voix pour transformer nos représentations actuelles de la ville et faire de

celle ci, non plus un problème mais une solution face au changement climatique. Le dernier espoir pour concilier

ville et nature ? Le temps nous le dira, même s’il n’en reste pas beaucoup…

Juliette Husson et Elsa Ritter

17


Cité de l’espace

A la conquête de la cité de l’espace

Caractères vous entraîne dans les dédales de la cité de l’espace. En 20 ans

d’existence, plus de 6 millions de visiteurs ont foulé le sol de ce centre de culture

scientifique qui s’étend sur cinq hectares. Si vous êtes curieux, que vous aimez les

défis, et que vous êtes prêt.e.s à partir à l’aventure de la conquête spatiale, ce lieu

unique est fait pour vous

Animations et films

Les expositions

Au delà des étoiles

Pour attaquer la journée, commencez par le Planétarium.

Confortablement installé, les yeux au plafond, la

tête dans les étoiles, laissez vous porter par cette voix

captivante qui vous fera voyager à travers le temps.

Vous y découvrirez l’histoire du soleil, de la lune, des

étoiles, des planètes… Afin de ne pas sombrer dans les

limbes du sommeil, un petit jeu interactif est proposé

tout au long de la séance. Prévoyez une heure, en comptant

une attente assez longue dans la salle avant que le

film ne commence.

Apollo 11, first step

Pour débuter la journée en douceur vous pouvez également

commencer par l’IMAX 2D, afin de découvrir, sur

écran géant pendant 45 minutes, l’incroyable aventure

des premiers pas de l’Homme sur la lune. Au travers

d’images d’archives inédites réalisées par Todd Miller,

redécouvrez l’excitation du peuple américain, et vivez

l’impossible à travers les yeux des astronautes. Cette

expérience immersive offre un regard plus neuf encore

sur l’une des épopées des plus extraordinaires de l’humanité.

Le vide spatial

Maintenant, place à l’action ! Rendez vous à l’auditorium

afin de participer à des expériences de physique

étonnantes. Vous allez y découvrir comment l’atmosphère

est constituée, mais aussi ce qu’est le vide spatial.

Préparez-vous à remettre en question votre vision de la

pression, de l’air, de la chaleur... Le professionnel présent

n’hésitera pas à répondre à vos questions, mais aussi à

tester vos connaissances, et à vous faire participer à ces

expériences. Cette séance de 30 minutes s’avère être un

très bon exercice de vulgarisation scientifique, accessible

à tout âge.

Une exposition temporaire et cinq expositions permanentes

(dont l’observatoire de l’Univers, le centre de

lancement et le pôle météo) se déploient sur les quatre

niveaux de la cité de l’espace.

Lune, épisode II

Cette exposition inédite ouverte depuis avril 2019 vous

garantit un voyage lunaire avec un retour de 50 ans en

arrière. Elle remonte jusqu’au 21 juillet 1969, lorsque

le premier homme a foulé le sol de la lune. L’exposition

est idéale pour retracer l’exploit d’Apollo 11 avec Neil

Armstrong et Buzz Aldrin. Cette exposition tourne

18


Cité de l’espace

également autour de l’environnement lunaire et sensibilise

le public à cet astre, tant convoité. Elle met en

exergue les défis actuels et les challenges à relever pour

permettre une installation humaine durable.

Le vaisseau Terre

A travers cette exposition riche en animations et jeux

interactifs, vous pouvez découvrir le rôle des satellites

et leur impact sur notre vie de tous les jours. Renseignements,

télémédecine, surveillance, géolocalisation,

exploitation des ressources : ils sont partout et pourtant

nous ignorons tout d’eux.

permettre l’exploitation spatiale habitée à long terme.

La Capsule Soyouz

Suivez les pas des trois cosmonautes qui ont passé 9h

de vol dans cette capsule de 9m² habitables : 6h pour

s’amarrer à la station spatiale à 400km d’altitude et 3h

pour revenir sur terre. Le vaisseau, situé en haut du lanceur

abrite l’équipage pendant les phases de vol. Vous

pouvez prendre place dans un siège spécialement moulé

aux mesures de l’équipage.

L’humeur de la rédaction

Coup de coeur de la rédaction

J’ai adoré l’expérience “le vide spatial” : très interactif,

intéressant. Tellement captivant qu’on ne voit pas

le temps passer. On ressort la tête pleine de nouvelles

connaissances à partager, et des envies débordantes

d’expériences à mener.

Le quai du système solaire

Si les planètes vous passionnent, vous allez, sans aucun

doute, être dans votre élément. Vous pouvez y observer

une véritable météorite venue de l’espace, une pierre de

lune à valeur inestimable prêtée par la NASA, ou une

autre encore ayant voyagée avec Thomas Pesquet dans

l’espace. Aux commandes de l’exo-sonde et de la biosonde,

vous pouvez découvrir comment sont détectées

les exoplanètes et quels sont les paramètres qui permettent

de déterminer si elles peuvent abriter la vie.

Coup de gueule de la rédaction

Dans les expositions, on trouve beaucoup de jeux sans

aucune explication. Il devient alors compliqué d’en

comprendre le principe, même avec la meilleure volonté.

C’est dommage car la plupart ont certainement du

potentiel.

Dans les jardins

Pour finir, n’hésitez pas à parcourir les jardins et à trouver

votre bonheur au milieu des jeux interactifs et des

expositions en plein air…

La station MIR

Découvrez la réplique exacte de la station MIR,

construite comme “terrain d’essais” pour les astronautes.

Elle a été placée en orbite terrestre par l’Union

soviétique en 1986, et détenait le record du plus grand

satellite artificiel en orbite autour de la Terre. Elle était

la première à être composée de plusieurs modules et à

Emma Gomez

19


Espace Scénique

20

La notion d’espace au théâtre,

quelles dimensions ?

Mais que serait l’espace sans sa dimension scénique ? Kristina Dekens est professeure

d’expression orale à l’IEP de Toulouse. Cette metteuse en scène nous livre sa vision

des choses sur la notion de l’espace au théâtre de nos jours. En ce début d’automne,

dans un face à face à la cafétéria, elle nous confie ses ressentis.

Comment abordez-vous l’espace scénique ?

Il existe un langage qui emploie des termes tels que « cour » et « jardin » pour

ne pas prononcer gauche ou droite. Il est nécessaire pour le « regard miroir »

qui dépend des perspectives du metteur en scène ou des comédiens. Suivant ces

termes, le public voit arriver par sa gauche des personnages bons, et par sa droite

des mauvais. Si l’ordre est bouleversé, alors cela le perturbe et l’entrée est connotée

comique. Les comédiens doivent être également conscients de leur nécessaire

posture de 3/4, même lorsque l’intensité est forte entre deux personnages car elle

doit être ressentie également par le public. De cette manière, les comédiens sont

à l’écoute les uns des autres pour éviter à l’un d’entre eux de se retrouver de dos. Je

fais également du cirque et cet espace est encore plus multiple : il concerne aussi

la hauteur par exemple.

En quoi l’espace scénique est-il différent de l’espace vital ?

La différence majeure réside dans la présence du public.

Il est donc essentiel de savoir gérer son regard, de le porter à hauteur du public, de lui parler comme aux autres

personnages. Ce public, plongé dans le noir, prend plaisir à être voyeur, c’est pourquoi il vient au théâtre. Par

exemple, dans le livre de de Stanislavsky sur le théâtre réaliste, on peut découvrir l’anecdote d’un comédien perturbé

qui, pour faire tomber une boite d’allumette et la récupérer, en prend une véritable pour le faire réellement. Donc

l’espace scénique peut se rapprocher de l’espace vital dans l’utilisation de véritables objets. Ce qui est primordial ce

n’est pas que d’être, mais également de faire, comme dans l’espace vital. Il existe d’autres particularités de l’espace

scénique comme la lumière ou des techniques de jeu, avec le public en rond par exemple (ce qui casse le 4ème mur,

les trois autres étant l’arrière scène et les coulisses).

Quel est la place des décors dans le traitement de l’espace scénique ?

Ça dépend mais souvent, les décors ou accessoires ne sont pas valorisés car les véritables émotions s’échangent

entre les comédiens et le public sans besoin d’un fond. Néanmoins, quand les décors sont présents, leur nombre

dépend des moyens du théâtre mais aussi de leur malléabilité à être transportés. En effet, ils doivent souvent servir

pour toute une tournée. Il existe plusieurs manières de faire du théâtre. Le théâtre minimaliste, par exemple,

prône l’absence de décors pour la référence jouée aux choses. Le théâtre des Bouffes du Nord de Peter Brook, qu’il

développe dans son livre L’espace vide, est un théâtre magnifique mais dont les pièces de décors permanentes ont

été construites à partir de presque rien, des suites de bombardement et des incendies. C’est l’existence de ce théâtre

qui m’a d’ailleurs poussée à quitter les Etats-Unis pour la France. Je suis dans la production de théâtre jeune public,

les décors doivent être résistants et minimes afin d’être emballés et transportés en plein air.


Espace Scénique

Dans le cadre de mon travail pour ma troupe « Culture en Mouvement », je pratique avec mes comédiens des

« invasions artistiques », c’est-à-dire des jeux dans des espaces culturels, comme les musées ou les abbayes. Ces

lieux sont choisis en fonction de leur caractère, de l’écho qu’ils ont sur ma troupe. Ainsi, peu importe l’espace et ses

décors tant qu’il est choisi avec soin,

« l’essentiel est de créer différents liens et d’attirer toute sorte de public »

Est-ce qu’aborder l’espace scénique permet de mieux ressentir l’espace vital ?

Sans doute, car les comédiens sont plus conscients des choses autour d’eux et chaque espace vital est perçu comme

un potentiel scénique, comme la rue ou un parc. Avec ma troupe de « Culture en Mouvement », après avoir joué au

musée Saint-Raymond la nuit, dans une atmosphère bien particulière, je ne peux y retourner, en tant que visiteuse,

sans ressentir ce rapport privilégié qui nous a uni, avec ma troupe et le public, au musée.

Comment se fait la transition entre espace scénique et espace vital ?

Tout commence dans les loges, ou bien à l’arrivée au théâtre : la vie du comédien est laissée à l’extérieur, seul

existe le théâtre. Les coulisses jouent un rôle de sas. Si les comédiens ont le trac, parfois abondamment, ou sont

fatigués, sitôt sur scène, un déclic magique s’opère et tout disparaît. Pour autant, après avoir quitté la scène,

certains comédiens peuvent tomber dans les loges, se déconnectant d’eux-mêmes. C’est pourquoi les loges sont

très importantes. Même en plein air, un paravent ou un camion doit faire office de loge pour que le jeu fonctionne.

Tout simplement parce qu’il est essentiel pour les comédiens de définir leur espace de

jeu, de vie, ou de transition.

Il leur faut un endroit dans lequel ils peuvent réviser, se concentrer, pratiquer leurs rituels avant de monter sur

scène, quel que soit la forme de cet espace.

Iris Lombardi-Borgia

21


Cinéma

Il va être question ici de l’espace au sens spatial.

Se concentrer sur l’espace au sens général est

quasiment impossible du fait des trop nombreux films

qui en traitent et surtout des liens parfois compliqués

à tisser entre eux. Relier Metropolis de Lang avec

Watchmen de Snyder tout en passant par Stalker de

Tarkovski ou encore de Gus Van Sant est un exercice

hautement périlleux auquel je ne me risquerais pas. Il va

plutôt être question du cinéma de science-fiction, celui

qui propage le plus massivement les représentations

sur l’espace.

22

Quelle vision le cinéma donne-t-il de l’espace ?

Froid et chaud, vide et peuplé de divers mondes, mortel et rempli de vie, mort et

vivant, oppressant et libérateur, lieu de fin des rêves et terrain imaginaire sans fin,

l’espace est pour nous beaucoup de choses qui s’entrechoquent, se mêlent et forment

un ensemble flou et vaste où pourtant nous savons où nous sommes. L’espace est

à la fois fascinant et terrifiant, on arrive à s’en faire une idée tout en étant dépassé

par lui.

Alors, à quel point le cinéma a façonné

notre vision de l’espace ?

Et bien, la vision commune qu’on a de l’espace est

erronée, et pas qu’un peu. On va reprendre depuis le

début. Et on va parler de représentations, démontrer en

quoi ce que les films montrent est souvent faux, sans

juger la qualité des films. Ce n’est pas parce qu’un

film détruit les lois de la physique à coup de boule de

démolition qu’il est mauvais, qu’on soit clair.

Alors, commençons en revenant aux origines du

cinéma.

Image tirée du film Voyage dans la lune de Méliès

Au départ, filmer l’espace, c’est compliqué. A part

Méliès qui se risque à filmer une adaptation du Voyage

sur la Lune de Vernes avec donc une partie sur ladite

Lune, filmer l’espace est quelque chose d’assez récent

dans le sens où on a commencé à vraiment le faire dans

les années 1960.

En résumé, si pour vous, l’espace c’est comme dans

Star Wars, désolé mais vous en avez une vision erronée.

Pas de vaisseaux qui font du bruit, pas de vaisseaux qui

tournent comme des avions. Pourtant, cette vision de

l’espace a beaucoup marqué la culture en général avec

Star Trek. Et jusqu’à très récemment, très peu de films,

séries ou jeux vidéo se passaient de faire taire leurs

vaisseaux spatiaux.

C’est même devenu

un critère entre les

films qui traitent «

sérieusement » l’espace

et ceux qui laissent

courir leurs fantasmes.

Par exemple 2001,

qu’on oppose souvent

à Star Wars, ce film qui

est censé représenter

parfaitement l’espace

et nos comportements

dans ce milieu doit

sûrement être exempt de défauts, non ?

Pourtant, même 2001, pourtant porté au rang de

meilleur film sur l’espace de tous les temps (à condition

d’aimer les séquences d’ambiance de plusieurs

dizaines de minutes), commet des erreurs, et assez

bêtes pourtant. La plus simple à expliquer est lorsque

l’un des deux astronautes sort avec une capsule pour

réparer une antenne et se gare à des centaines de mètres

de l’antenne pour faire une sortie extravéhiculaire dans

l’espace, sans attache. Si vous avez déjà vu une EVA,


Cinéma

vous savez que les astronautes sont toujours attachés

au vaisseau, à part avec l’ancien dispositif MMU.

Je voudrais juste revenir sur un dernier

élément qui est souvent impactant dans les

films, la mort dans l’espace.

On a trouvé plein de façons bien spécifiques de

mourir dans l’espace, toutes plus marquantes que les

autres. Sauf qu’aucune des plus répandues ne sont

vraies (on n’explose pas, on ne gèle pas, etc.)

Mais ne vous inquiétez pas, la réalité est aussi fun que

la fiction. Du fait de l’absence de pression, tout l’air

de nos poumons est évacué, attiré par le vide. Cette

désoxygénation rapide va faire éteindre le cerveau et

nous fait perdre connaissance en 15 secondes.

15 secondes qui laissent largement le temps de sentir

les vaisseaux sanguins fragiles, comme ceux des yeux,

éclater et donc voir notre sang bouillir (du fait de la

pression inexistante) avec notre salive vu qu’il est

probable qu’on crie un minimum.

Le tout avant de relâcher tous les gaz contenus dans

notre intestin dans un unique souffle qui nous propulsera

à jamais dans l’espace (principe d’inertie).

Donc oui, la représentation donnée par le cinéma de

l’espace est fausse, même dans les films qui se veulent

les plus réalistes possibles.

Mais ce n’est pas un problème, le cinéma

est là pour nous faire rêver d’inconnu,

et existe-t-il meilleur terreau fertile à

l’imagination que l’espace ?

Une petite liste personnelle de films sur

l’espace :

• 2001, A Spacetime Odyssey de Kubrick : ****

• Ad Astra de Gray : ***

• Interstellar de Nolan : *****

• Gravity de Cuaron : ****

• The Spacewalker de Kisseliov : *****

• Apollo 11 de Douglas Miller : ***

• Apollo 13 de Howard : ***

• Mission to Mars de De Palma : **

Raphaël Caillet-Motte

23


Toulouse

Une brève histoire du développement de l’industrie

aéronautique et spatiale dans la ville rose

Ce ne sont pas les surnoms qui manquent à Toulouse mais savez-vous d’où vient

celui-ci : “capitale européenne de l’aéronautique et du spatial” ? C’est ce que nous

vous proposons de découvrir dans la suite de cet article.

Toulouse est une ville qui s’industrialise tardivement

en comparaison des autres grandes villes françaises.

A l’aube de 1914, les seules industries sont la

manufacture des tabacs, l’Arsenal et la poudrerie.

Lorsque la Grande Guerre commence, Toulouse est

la grande ville française la plus loin du front et la plus

proche de l’Espagne, d’où proviennent les matières

premières : un emplacement parfait pour les usines.

Et c’est justement là que Pierre-George Latécoère,

originaire de Bagnères-de-Bigorre, installe ses ateliers.

L’entreprise familiale obtient en 1917 un contrat avec

l’Etat pour construire des biplans, marquant le début de

l’industrie aéronautique à Toulouse.

Après la guerre, Latécoère convertit ses avions de

combat en transport pour créer des voies postales entre

la France, l’Espagne, l’Afrique et l’Amérique du sud :

c’est la Compagnie générale aéropostale (nom pris

après 1927), rendue notamment célèbre par l’écrivain

et pilote Antoine de Saint-Exupéry. La compagnie est

reprise par l’Etat en 1933 sous le nom Air France.

24

S’en suit l’implantation de plusieurs constructeurs

aéronautiques comme Sud-Aviation (1957-1970),

connu pour la création du Concorde en coopération

avec la British Aircraft Corporation.

On peut imaginer que leur présence

contribue au choix de Toulouse par l’Etat

comme métropole d’équilibre chargée de

l’industrie aéronautique et spatiale en

1963.

En application de cette politique de décentralisation, le

Centre National d’Etude Spatial (CNES), agence spatiale

française créée en 1961, y installe une grande partie de

ses opérations. Si les premiers personnels sont accueillis

sur ce nouveau site dès 1968, l’inauguration, elle, n’a lieu

qu’en 1973. En 2018, le centre spatial toulousain accueillait

quelques 1700 personnes sur un total de 2400 salariés.

Cette décentralisation s’accompagne par le transfert

des Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et

Ecole Nationale de l’Aviation Civile ainsi que de l’Office


Toulouse

National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales. En

résulte aujourd’hui le vaste complexe scientifique et

universitaire de Ramonville rassemblant université,

écoles, laboratoires de recherche et entreprises de

l’industrie aéronautique et spatiale. On y retrouve

l’Institut de Recherche Technologique Saint-Exupéry,

créé en 2013 et associant partenaires publics et privés

dans la recherche & développement applicable au

secteur industriel.

Mais la renommée de la ville rose dans le secteur est

aussi due à la présence d’Airbus Commercial Aircraft,

un consortium de fabricants aéronautiques européens

créé en 1970 dont le siège est à Blagnac. Si la première

chaîne d’assemblage est née à Saint-Martin-du-

Touch, Toulouse n’a aujourd’hui plus le monopole de

l’assemblage mais a conservé celui de quatre avions

dont l’A380 (qui ne sera bientôt plus produit).

Airbus est une filiale d’un groupe qui porte le même

nom depuis 2014 et dont le siège est à Paris. Ce groupe

est issu de plusieurs fusions entre entreprises depuis les

années 1970 dont la société aéronautique allemande

DASA et l’équivalent espagnol CASA. Sa participation à

la vie économique toulousaine ne s’arrête pas seulement

à la construction d’avions : la filiale Airbus Defence &

Space y est aussi implantée pour les tests des avions

militaires, la cyber sécurité et surtout le développement,

l’assemblage et le test des satellites.

Autre géant du secteur, Thales alenia space (coentreprise

créée en 2007), l’un des leaders mondiaux

de la fabrication de satellites, qui emploie environ 2500

personnes à Toulouse. L’industriel possède 125 satellites

de télécommunication sous sa maîtrise d’œuvre. Il se

revendique également comme le « fournisseur exclusif

de l’ensemble des instruments d’optique de très haute

résolution destinés aux satellites de renseignement

français ». Exploration, observation, navigation…

TAS produit une gamme de satellites et instruments

variée. Il n’est donc pas étonnant qu’un pôle de

compétitivité sur le thème de l’aéronautique, de l’espace

et des systèmes embarqués ait été créé en 2005 sous

le nom d’Aerospace Valley. Selon les chiffres de celuici

ainsi que ceux de l’Insee Occitanie et Aquitaine, le

secteur aéronautique et spatial représenterait 146 000

emplois dans le Sud-ouest en 2017.

Dernière grande concrétisation : l’annonce le 25 juillet

dernier de ,

la création d’un commandement de

l’espace le 1er septembre 2019 par la

ministre des Armées Florence Parly,

commandement qui s’installera à

Toulouse,

« ville au cœur de l’écosystème spatial français » selon

les mots de la ministre.

Selon le groupe, il y aurait dans

la région Occitanie plus de 28 000

employés d’Airbus, un chiffre auquel on

pourrait ajouter tous les sous-traitants

nécessaires.

Elna Fraysse

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ESPACE PUBLIC

PUB ET CITE DANS L’ESPACE PUBLIC

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Sans cesse happé par les stimulis extérieurs que nous donne à voir l’espace public,

on ne se lasse même plus de ces dérangements urbains. Tantôt une incitation à

maigrir, à changer de vie, à se mettre au sport ou à acheter la dernière palette de

maquillage, le but est toujours le même, l’appel à l’achat.

Le capitalisme comme mode de consommation et de production incessant est partout. Si bien qu’il n’y ait plus lieu

d’utiliser un autre terme pour définir notre mode de vie, les panneaux publicitaires sont le reflet de notre société.

Acheter devient le maître mot de nos envies, le seul moyen d’être heureux et de s’épanouir. Collées sur le bus, elles

se baladent toute la journée, dans les cafés elles prennent le temps de vous séduire, à la TV elles vous manipulent

inlassablement, impossible de les oublier, elles reviennent vous hanter comme un vieil amant.

Mais, trêve de poésie bas de gamme, nous parlons bien sûr ici de la publicité. Cette dernière peut avoir plusieurs

définitions. D’une part, selon le CNRTL, elle signifie l’action de rendre public quelque chose, d’autre part elle est

le fait de promouvoir un produit en exerçant sur le public une influence psychologique pour lui créer des besoins.

C’est sur ce second sens que nous nous attarderons. De ce fait, la publicité nous sollicite constamment, les « pubs »

sont partout, pourtant la rue n’appartient à personne. Notre liberté passe après le commerce. En effet, qui vous a

un jour demandé si vous souhaitiez voir ces affiches provocatrices et teintées d’hypocrisie chaque matin en allant

travailler, chaque soir avant d’aller vous reposer ?

Dès lors le constat s’impose, l’espace public perd peu à peu son sens, il est devenu le

terrain de jeu des entreprises et de la surconsommation.

En s’appuyant sur l’analyse de T. PACQUOT, la notion de publicité dans son sens premier, nous permet de nous

rendre compte de l’aspect profondément politique des espaces publics. Un espace de structuration de la pensée

individuelle et d’échanges. Néanmoins, la publicité (dans son sens second) réussit à s’immiscer faisant de ce lieu

philosophique, un territoire géographique banal.

Toutefois, délaissons un peu la réflexion politique pour revenir aux faits concrets, ceux qui rythment notre

quotidien de citadins. En moyenne, par jour, un citadin est exposé à 3000 affiches publicitaires.

Epargnez vous le calcul, cela revient à voir 1 095 000 publicités par an.

Ce chiffre met en lumière notre aliénation à un espace public qui condamne notre cerveau à être constamment

sollicité, surchargé d’informations. En effet, celles ci sont stockées dans notre inconscient, dans notre « mémoire

implicite », celle à laquelle l’individu fait appel sans avoir conscience du phénomène de stockage préalable, selon le

site e-marketing. Or, l’objectif de la publicité n’est pas d’informer mais d’influencer nos comportements à des fins

mercantiles.

Il existe pourtant une loi depuis 1902 qui encadre les pratiques des acteurs privés et publics en matière de publicité.

Elle informe d’un certain nombre de restrictions comme la limitation ou l’interdiction de faire de la publicité dans

les zones rurales, dans les sites historiques ou classés, dans les espaces verts mais aussi condamne, par exemple,

l’affichage sauvage.

Néanmoins, soyons clairs, nous sommes tous sollicités, mais très peu pourront satisfaire ces besoins créés de

toutes pièces, entretenant ainsi un état de frustration. Acheter le dernier smartphone à la mode, le dernier parfum

ou changer de voiture ne sont pas des envies pouvant être satisfaites par tous. La publicité entre dans notre vie

privée pour mieux nous culpabiliser, nous inciter à acheter, favoriser les crédits et les fins de mois difficiles. Elle

transmet une norme de valeurs occidentales de richesse abusive, de consommation ostentatoire. On ne peut pas

l’accuser de tous les maux de notre société, mais elle reflète simplement un mode de vie, aujourd’hui majoritaire.


PUBLICITE

Ce n’est pas un choix citoyen que d’accepter cette pollution visuelle et cognitive. Cet outil marketing agit au niveau

de nos émotions, utilisant la manipulation cognitive comme technique publicitaire, ces images nous serviront

de références pour former notre opinion, nos préjugés, nos schémas sociaux, notre modèle esthétique. « La

démocratie subit les coups répétés de la mise en scène de l’émotion collective” explique T.PAQUOT dans son livre

l’espace public publié en 2009.

Qui n’a jamais réutilisé ces slogans célèbres : « just do it » de Nike qui se permet de nous donner un ordre, ou «

parce que nous le valons bien » de L’Oréal tentant de nous rassurer sur notre estime personnelle.

Las de constater que la publicité est aussi le fruit de stratégies clientélistes. Les taxes que les annonceurs payent aux

communes servent parfois à financer des infrastructures publiques.

D’ailleurs, nous pouvons mettre un nom sur l’inventeur de la publicité dans les villes :

Antoine Decaux.

En effet, en 1964, il invente l’Abribus qu’il commence à installer dans la ville de Lyon. Il fournit le mobilier urbain,

et, en échange, il récolte les revenus publicitaire engendrés par la location de cet espace, selon Gala.

Par ailleurs, au fur et à mesure, les techniques se multiplient. En 2017 des panneaux publicitaires lumineux

ont été installés dans l’espace public. Le 22 décembre 2018 dernier, le Premier ministre signe un décret visant à

déroger « à certaines règles du code de la route et du code de l’environnement pour permettre l’expérimentation de

marquages sur les trottoirs à des fins publicitaires » à Bordeaux, Lyon et Nantes. Trois semaines plus tard, ce même

gouvernement suspend la démarche à Bordeaux et Nantes car son décret « n’a pas été précédé d’une concertation

suffisante avec les agglomérations concernées ».

Par conséquent, il est évident que cette question est politique. La ville est le lieu par excellence de la publicité. Le

maire a pour but de faire de l’espace public un espace sécurisé de vie commune, un espace à la fois neutre et où tout

le monde a son rôle à jouer en tant que citoyen. Or le citoyen n’a pas eu son mot à dire, se retrouvant même dans

une position de vulnérabilité. Bien que ce terme apparaisse comme disproportionné lors d’une première approche,

qu’y-a-t-il de plus insidieux sur le long terme que des stratégies d’entreprises qui pénètrent notre inconscient et lui

inscrivent des normes sociales, des images qui influenceront nos choix et les verrouilleront dans le prisme d’une

esthétique occidentale d’appel à la minceur, à la perfection ? De ce fait, cela pose la question de la capacité des

communes à prendre en main l’aménagement de leur ville, quand on sait que l’État central a souvent eu du mal à

accepter de décentraliser certaines de ses prérogatives aux collectivités territoriales.

Ensuite, selon Habermas dans son ouvrage l’espace public « la sphère publique doit être médiatrice de la politique

et de la morale”.

Où est ici la gestion de notre espace commun à visée éthique et politique ?

L’individu apparaît comme aspiré par la masse, entraînant avec elle le déclin de l’espace politique urbain.

Attardons nous, ensuite, sur l’absurdité de la publicité. La publicité représente un budget considérable pour

certaines grandes marques, cet argent investi va se répercuter sur le prix des produits dont ils font la publicité.

Par exemple en 2008 les investissements publicitaires atteignaient environ 9 milliards d’euros en Belgique ! Nous

payons la publicité faite pour nous inciter à l’achat.

Par ailleurs, la publicité ne s’adapte pas encore aux passants, certaines publicités peuvent choquer un public plus

sensible que d’autres. Par exemple, les enfants sont les premières victimes de ce matraquage, face à des affichages

parfois sexistes cherchant constamment à objectiver le corps de la femme ou à banaliser la violence.

Il convient néanmoins de relativiser ces propos, bien évidemment l’humain conserve un certain libre arbitre dans

ses choix de consommation et il existe une législation sur le droit à l’affichage. Mais il est plus difficile de se

réapproprier cet espace public pour en faire une sphère publique de vie commune. Le citoyen/citadin est très

peu sollicité afin de donner son avis. Nous sommes donc loin d’une cité qui ne se laisserait pas contrôler par des

intérêts financiers mais privilégierait son rôle premier d’effervescence du débat politique et de bien être social.

Yannick Senegas Amoros

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ESPACE PUBLIC

L’espace public ; tout public ?

A Toulouse, une question fait débat. Elle concerne l’espace public, qu’on peine à

définir, et ceux qui y vivent. On s’intéresse plus particulièrement au cas des personnes

Sans Domicile Fixe (SDF). Une question demeure : ont-ils le droit d’installer des

tentes pour dormir dans la rue ?

L’espace public : quelles limites, quelles représentations ?

Il s’avère difficile de trouver une définition de l’espace public, « ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui

sont à l’usage de tous », « un idéal non restreint de discussion rationnelle des affaires publiques », selon Alain Létourneau.

Le problème quand on n’a pas de définition, c’est qu’il n’y a pas de limites claires et précises. Par conséquent, où

s’arrête l’espace public ? Où s’arrête notre liberté d’action dans l’espace public ?

Les questions sur la place des SDF font débat aujourd’hui à Toulouse, et dans d’autres grandes villes de France.

Si le droit administratif répond à la plupart de ces interrogations par la jurisprudence, celle sur les « bivouacs

» n’est pas encore très au point. L’occasion alors pour Jean-Luc Moudenc, maire Les Républicains de Toulouse,

d’annoncer un arrêté anti-bivouac le 12 septembre 2019. Cet arrêté interdit alors les tentes dans le centre-ville de

Toulouse. Cette annonce fait écho au nombre croissant de tentes dans la ville, mais aussi au manque de solutions

offertes par l’État, manque dénoncé par M. Moudenc et douze autres maires en avril 2019. En effet, faisant face à

la saturation des centres d’hébergement de migrants et des dispositifs de prise en charge, ils dénonçaient l’accueil

« indigne » que la France fait aux migrants. Soutenus par France terre d’Asile, Emmaüs France, France urbaine ou

encore l’Armée du Salut, les maires appelaient l’État à échanger sur le dispositif d’accueil des migrants.

Des dispositifs anti-SDF

Source : compte twitter @jlmoudencmaire

Pourtant, parmi ces maires on compte Anne Hidalgo, maire de Paris, dont la ville a recours aux dispositifs anti-

SDF : des douches installées à une entrée de parking dans le premier arrondissement qui crachent de l’eau dès que

quelqu’un ose s’y installer, des boulons fixés sur le perron d’un immeuble, des bancs penchés ou l’installation de

pics de métal devant une banque du XVe arrondissement … Toulouse, n’est pas irréprochable non plus sur ce sujet

là, on peut remarquer la multiplication des bancs penchés et cet arrêté anti-bivouac (précédemment cité) annoncé

en début d’année scolaire.

Celui-ci a mis le feu aux poudres, notamment avec une pétition lancée par l’association DAL 31 (Droit au logement)

qui a atteint 1364 signatures (le 3 novembre 2019 à 18h20). DAL dénonce cet arrêté et la personne responsable, le

maire de la ville rose :

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SDF

« Comment des enfants qui vivent dans la rue et que vous pourchassez peuvent-ils

avoir l’égalité des chances dans l’école de la République dont pourtant, en tant que

maire, vous avez mandat d’être un des garants ? »

DAL 31 se base sur des arguments humains, sociaux, républicains – tout à fait valables – qu’en est-il des arguments

juridiques ?

Un petit tour sur la côte d’Azur

Rien de mieux que l’exemple pour y voir peut être un peu plus clair. Prenons le

cas de Nice dont le maire, Christian Estrosi, avait pris en 2015 un arrêté similaire

à celui de Toulouse, qui a fait débat. Porté devant le tribunal administratif

par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Comité départemental 06 du

Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples ainsi que

l’association pour la Démocratie à Nice dans les Alpes-Maritimes. L’arrêté

prévoyait l’interdiction « entre 7 heures et 10 heures et 14 heures et minuit

(…), sauf autorisations spéciales, toutes occupations abusives et prolongées

des rues et autres dépendances domaniales, lorsque ces occupations sont, ou

non, de nature à entraver la libre circulation des personnes ou bien de porter

atteinte à la tranquillité et à la salubrité publique » ; de telles occupations sont

interdites « qu’elles soient, ou non, aggravées par des dépôts d’immondices

laissés à l’abandon, par des embarras, de divers matériaux de type cartons,

matelas ou couvertures susceptibles de porter atteinte à la santé publique » et

« lorsque ces occupations sont accompagnées de structures de fortune ou tous

autres moyens d’abris ».

Dès lors, le Tribunal Administratif de Nice, a décidé que les bivouacs ne sont pas une condition suffisante pour

avoir recours aux pouvoirs de police. L’interdiction de ceux-ci n’a donc pas été considérée comme nécessaire et

proportionnée. Le TA déclare :

« l’article premier, qui permet d’interdire toute « occupation abusive et prolongée »

sans atteinte, ni même menace à l’ordre et la tranquillité publics est insusceptible de se

rattacher à l’exercice par le maire de ses pouvoirs de police »

(TA Nice 3 février 2015, Assoc. LDH et autres, n°1304383).

Par conséquent, la décision a été d’annuler l’arrêté du maire interdisant les bivouacs.

Source :

compte twitter @jlmoudencmaire

Si on peut se servir de cette jurisprudence, il n’est pas sûr qu’un recours contre l’arrêté du maire de Toulouse ait

la même issue. En effet, les TA peuvent avoir recours à des « retournements de jurisprudence », c’est-à-dire à une

solution opposée face à un problème de droit similaire. Qui plus est, le TA de Nice s’est fondé sur l’imprécision de

la mairie de Nice afin de qualifier cette mesure de disproportionnée et non nécessaire.

Ainsi, beaucoup d’arguments permettent de critiquer, tant moralement que juridiquement, cet arrêté. L’issue de

celui-ci est attendue avec beaucoup de craintes pour toutes les personnes qui le subissent ou qui se battent contre.

Amandine Savelli

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Espaces Vert

Les espaces verts extraordinaires

Les grandes métropoles du monde sont souvent une composition de bâtiments,

de boulevards et de toits. A cause de ces grandes villes grisonnantes, les habitants

de Londres, Paris, Berlin ou encore New York sont plus qu’heureux de trouver des

endroits verts. Même à Oslo, qui est la ville d’Europe la plus “verte”, c’est seulement

29% de l’espace urbain qui est déclaré comme “vert”.

Quand on parle d’espace vert, on fait souvent référence à un parc ou à un jardin dans un milieu urbain. Mais les

espaces verts dans les grandes métropoles du monde ne sont pas tous égaux. Il y a quelques parcs ou coins de

verdures qui sont plus originaux qu’une simple étendue plantée d’arbres, de buissons ou de fleurs. Ce sont des

espaces verts extraordinaires que l’on peut notamment trouver en Allemagne ou en France.

Munich : les Allemands et la nudité

Un amour controversé pour la nudité qui, certes, n’est pas aussi fort qu’il l’était dans les années 1970 ou 1980,

mais qui demeure encore aujourd’hui en Allemagne, à travers une véritable culture de la nudité. Ce ne sont pas

seulement certaines plages, lacs ou étangs qui sont concernés, au bord desquels les Allemands prennent un bain

de soleil sans le fameux maillot de bain. En effet, en Allemagne, même dans certains parcs publics, il existe des

zones de nudité. Un des parcs les plus populaires est celui de « Englischer Garten » à Munich. Dans ce jardin

munichois, on trouve effectivement plusieurs zones où il est permis d’être nu. Il s’agit de pelouses où les gens

peuvent se baigner ou se relaxer en plein soleil pendant les jours d’été, sans être forcé de se recouvrir. La plupart

de ces parcs sont au bord de la Isar, la rivière qui coule dans la capitale bavaroise. Toutefois, le nombre nudistes

dans le « Englischen Garten » s’est réduit drastiquement ces dernières années. Durant les années 70 et 80, ils

n’étaient pourtant pas rares ! Selon les histoires entendues, les pelouses et les chemins du parc étaient emplit de

personnes ne portant pas même un maillot de bain. Même les cyclistes, les promeneurs se rendant au kiosque

ou ceux partant boire un verre. Ils se sentaient libres. Aujourd’hui, c’est le contraire. Il faut du temps avant de

tomber sur une personne sans vêtements...même s’il fait beau ! Néanmoins quelques vrais amateurs du nudisme

cherchent encore les espaces verts de « Englischen Garten » pour passer un après-midi en “tenue” d’Adam ou

d’Eve. Bien que les années glorieuses du nudisme à Munich soient du passé, le « Englischer Garten » demeure un

espace vert extraordinaire. Il offre cette particularité qu’on ne trouve pas dans les autres parcs !

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Espaces Vert

Berlin : l’histoire de son thaipark

Il y a un autre espace vert extraordinaire qui se trouve également en Allemagne. Cependant la culture véhiculée

par ce parc n’est pas typiquement allemande. Il s’agit du « Preußenpark » à Berlin. On l’appelle aussi « Thaipark

». Ce nom est déjà plus ou moins une description de ce qui se passe dans ce parc. « Preußenpark » est connu

pour la présence de ses nombreuses cuisinières asiatiques, vendant des repas thaï à manger sur place. Presque

chaque jour, ces plats thaïlandais sont cuisinés fraichement sur place, sous des parasols de toutes les couleurs.

Spécialement pendant le week-end, le « Thaipark » dans le quartier Wilmersdorf est une grande attraction. Des

salades de papaye aux légumes au wok avec du magret de canard, les visiteurs ont une grande possibilité de choix

entre les différents repas asiatiques proposés. On peut goûter des spécialités comme celles à base de curry et

également d’autres, d’origine exotiques, comme les insectes grillés ou les pieds de poulet. Ces traditions durent

depuis plusieurs années. A l’origine, le parc était utilisé par des familles d’origine thaïlandaise ou asiatique vivant

à Berlin. Elles se réunissaient pour créer un endroit d’échange et de partage entre familles ayant les mêmes

racines, la même culture. Au fil du temps, les rendez-vous privés se sont transformés en un grand événement

culinaire, ouvert au public. Aujourd’hui, on passe d’un échange culturel privé à un niveau complètement inédit.

Le parc thaï dans le quartier Wilmersdorf à Berlin est un lieu d’échanges, de délices et de la communauté et ce

n’est certainement pas banal.

Paris : un projet extraodinaire

Paris est connu pour ses monuments et aussi pour ses parcs et ses jardins comme le jardin du Luxembourg, le jardin

des plantes ou le champ de mars. Quiconque a déjà visité Paris a vu au moins un de ces espaces verts. A partir

du printemps 2020, la capitale française offrira un nouvel espace vert, plus extraordinaire. L’année prochaine, la

plus grande ferme urbaine d’Europe ouvrira ses portes. Sur les toits du bâtiment des expositions dans le 15ème

arrondissement se développe une plantation de légumes et de fruits. Selon « The Guardian » l’espace vert dans

le sud-est de Paris fera 14 000 m2 sur lesquels 30 différentes espèces de plantes vont être plantées. Il est estimé

que, pendant la haute saison, cette ferme au-dessus des toits parisiens produise jusqu’à 1000 kg de fruits par jour.

Ce nouveau concept s’appelle « Agripolis » et est fondé par Pascal Hardy. Il permet une agriculture soutenable et

durable. Dans cette ferme urbaine, l’utilisation des pesticides sera interdite, afin de préserver la biodiversité. Les

produits seront vendus aux magasins et hôtels locaux par un système de boîtes de légumes, les parisiens pourront

également en acheter directement sur place. L’instauration d’un circuit court fait également partie des exigences

pour cette nouvelle forme d’agriculture. Mis à part le fait que la ferme urbaine de Paris est un projet pionnier pour

l’avenir de l’agriculture, c’est également un endroit de découverte pour le public. Des workshops, un restaurant et

un bar seront à disposition. Les parisiens pourront louer des espaces pour planter leurs propres fruits et légumes,

et se transformer eux-mêmes en agriculteurs. Cela paraît presque trop beau pour être vrai, alors nous avons hâte

que ce projet voit le jour.

Néanmoins, même un espace vert ordinaire est un endroit de dépaysement, qui est toujours le bienvenu au milieu

du gris quotidien de la vie dans une grande métropole. Et pour moi, d’une certaine manière, les poulets et les coqs

du jardin des plantes à Toulouse sont également une chose extraordinaire !

Lea Dörflinger, étudiante erasmus allemande

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Écolo

Faire ses courses écolo à Toulouse :

Day by day :

• Qu’est-ce que c’est ? Un magasin avec que du vrac ! (cf. fb Aurélie de Day by Day)

• Ou et quand ? Au 37 Avenue Etiennes Bilieres (entre Saint-Cyprien et Patte d’Oie). Fermé le lundi, de 10h à

13h et de 14h30 à 19h30 du mardi au vendredi. Samedi: 10h-19h30 et dimanche: 10h-13h.

• On y trouve quoi ? Alimentaire, produits réutilisables, produits d’entretien, … A peu près tout ce qu’on

pourrait trouver dans un supermarché !

• Avantages : accessible facilement avec le métro, on réduit nos déchets, les prix sont abordables et les bocaux

en verre sont gratuits !

• Inconvénients : on n’y trouve pas tout ce qu’on pourrait trouver en supermarché et le passage au vrac peut

être compliqué au début.

Les biocoop:

• Qu’est-ce que c’est ? Des supermarchés avec que du bio !

• Ou ? 32 Allées Jean Jaurès, 7 place de la Trinité, de 10h à 20h du lundi au samedi, de 9h30 à 12h30 le

dimanche.

• On y trouve quoi ? Tout ce qu’on trouve habituellement en supermarché mais en bio

• Avantages : accessible en métro, permet de consommer des produits bio

• Inconvénients : les prix ne sont pas tous abordables, l’éthique dépend du gérant.

Mme Bio et Mr Vrac :

• Qu’est-ce que c’est? Magasin bio et vrac de quartier, tenu par une mère et son fils.

• Où et quand? 15 Rue de Bayard, 31000 Toulouse

• On y trouve quoi? alimentaire, hygiène, cosmétique, vrac liquide et vrac solide.

• Avantages: Produits variés, situé en centre-ville, des nouveautés tous les mois...

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Le drive tout nu:

• Qu’est-ce que c’est ? Un drive en vrac ; vous faites vos courses sur le site

et payez en ligne et vous récupérez votre commande chez le Drive tout nu à

Beauzelle ou Ramonville.

• Ou et quand ? (adresses) tous les mercredi, vendredi et samedi à Beauzelle

(nord de Toulouse) de 11h à 19h, ou tous les jeudi de 16h à 19h à Ramonville

(sud de Toulouse).Progressivement, ils vont ouvrir tous les jours de la semaine.

• On y trouve quoi ? Tout !

• Avantages: lors de la première commande les contenants sont compris

dans la commande et il est possible de les ramener ensuite, garante 100%

responsable et 0 déchets, lorsque vous ramenez les contenants vous recevez

un bon d’achat de 0,10€ par contenant

• Inconvénients : il faut avoir une voiture, c’est un peu loin du centre

Ceci Cela (vrac):

• Qu’est-ce que c’est? Epicerie en vrac

• Où et quand? 16 avenue des Minimes (entre les stations Capitole et Esquirol) et

7 rue Baour Lormian (entre les stations Minimes-Claude Nougaro et Canal du Midi)

• On y trouve quoi? hygiène/cosmétique, épicerie salée, épicerie sucrée, traiteur,

fruits et légumes, écoproduits, livres et accessoires zéro-déchet

• Avantages: possibilité de commander un panier de légumes de saison (différentes

tailles) sur le site

Et bien sûr les oeufs et le panier Gaïa tous les mardis à l’IEP !

A.S.

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Laura 19 ans *

L’an dernier, j’ai voulu tester plusieurs sites de rencontre, et j’ai découvert l’application Fruitz. Cette application a

un concept que je trouve assez original. Cela consiste à swiper des personnes (sur le même principe que Tinder)

qui auront préalablement choisi un « fruit » en fonction du type de relations qu’ils recherchent, de leurs envies.

Par exemple choisir :

-une pêche signifie qu’on ne recherche qu’une relation d’un soir

-une pastèque signifie qu’on ne recherche un sex friend

-un raisin signifie qu’on est prêt à aller boire un verre, sans prise de tête, pour découvrir l’autre personne

-une cerise signifie qu’on est à la recherche d’une relation sérieuse.

Le concept m’a séduite, car contrairement à Tinder, on sait ce que l’autre recherche

et cela nous évite de perdre du temps ou d’être déçu.

Sur Tinder, par exemple, pour savoir si nous sommes sur la même longueur d’onde que notre partenaire, la seule

solution est de demander directement à l’autre personne ce qu’elle recherche. Mais cela peut rendre lourd voire

gênant, pour une première conversation avec une personne que l’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam.

Un autre concept de l’application est de commencer la conversation avec un match en posant une question parmi

une liste proposée. Cela permet de sortir de l’éternel « Salut, ça va ? » que l’on retrouve habituellement, approche

souvent lassante. Mais aussi d’être moins intimidé pour faire le premier pas.

D’un autre côté, certaines personnes n’étaient pas honnêtes.

Il m’est déjà arrivée qu’une personne « cerise » (donc prétendant vouloir une relation sérieuse) me pose comme

question, en première approche, quelle position je préférais…

L’autre défaut de cette application, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de personnes inscrites. On peut donc se retrouver

à devoir swiper quelqu’un qu’on avait déjà évité une première fois. Il peut arriver de tomber sur une personne de la

même école que nous, en l’occurrence l’IEP de Toulouse, cependant quand cela est répétitif, ça en devient gênant.

Ainsi, bien que je ne sois pas restée longtemps sur l’application, et que le seul potentiel date se soit soldé par un

échec (la personne m’a posé un lapin), je préfère cette application à d’autres.

Théo 20 ans *

Les dessous des sites de rencontres

Je trouve que ces sites sont biens pour les gens qui ne mettent pas d’importance dans le fait de rencontrer

des personnes au hasard, qui correspondent pas forcément mais que tu rencontres quand même. Je trouve

ça bien pour les gens introvertis, ça ne t’oblige pas à sortir en boîte ou dans des bars, là où en général tu

peux rencontrer des gens.

Cependant, pour moi, ça ne remplacera jamais le bon vieux « coup de foudre »

dans la rue ou dans ton cercle social.

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Rodrigue 21 ans *

Je me suis lancé sur Tinder l’année dernière par curiosité, sans but précis, avec l’envie de rencontres. Avant cela,

j’avais toujours été sceptique vis à vis de ce genre de sites ou applications, que je jugeais trop superficiels dans leur

principe.

Il y a quelque chose de ludique à swiper à gauche, à droite, un aspect mécanique, aussi. Et dans cette première

étape, j’avais du mal à imaginer réellement une personne derrière la photo ou le profil. Du coup, il n’y avait pas

d’enjeu, pas de risque. C’était intéressant de voir comment les gens s’approprient le peu de personnalisation que

donne l’app, des descriptions teintées d’humour ou des photos décalées. J’ai surtout matché avec des gens qui ne

savaient pas trop ce qu’ils faisaient là, voire qui s’ennuyaient et qui étaient inscrits seulement pour le côté fun de

parler avec des inconnus, démarche qui peut se résumer à l’enthousiasmante accroche “salut”. Dans ce cas là, la

rencontre ne se faisait pas vraiment.

Ensuite, le match s’est fait avec une personne avec qui le feeling est passé et que je côtoie encore. Alors on peut dire

que Tinder a “marché” pour ma part. Mais on a un peu l’impression que c’est une exception quand ça arrive, et

c’est surement le cas. Seulement, c’est une exception qui arrive assez régulièrement car on voit passer devant nos

yeux des centaines de profils.

J’ai eu l’impression de n’avoir fait aucun effort, que c’est arrivé par hasard, mais pas de façon naturelle, et ça rend le

contexte de la rencontre particulier au début.

On se retrouve face à une application qui demande tellement peu d’implication

et de prise de risque au départ, qu’on peut se retrouver un jour à boire un verre

avec une personne qu’on ne connaît absolument pas.

Pour moi, tous les moyens sont bons pour faire une rencontre et même si c’est moins naturel et moins excitant,

passer par les sites de rencontres n’est qu’une nouvelle possibilité d’en faire, ce qui arrive après n’appartient qu’à

nous même.

Luna 19 ans *

« Je ne connaissais pas l’application Tinder, mais des amies à moi m’ont inscrite dessus il y a quelques années. Je

pensais tomber seulement sur des gens ne cherchant pas d’histoires sérieuses. C’est pourtant là que j’ai rencontré

mon ex, avec qui je suis restée 8 mois, puis mon copain actuel avec qui j’ai été amie pendant plus d’un an, avant de

me mettre en couple avec lui. Nous venons de fêter nos 3 ans de relation.

C’est donc tout à fait possible d’aboutir à une relation sérieuse en utilisant une

application de rencontre. »

*Pour un soucis d’anonymat, les prénoms ont été changés

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Nouvelle

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Concours de nouvelles:

La dame du fond de la ruelle sombre

Pas un bruissement dans les arbres, pas même le murmure saturé de la brise d’automne ne venait

troubler le silence assourdissant de cette nuit d’octobre. Pas une branche craquant sous les

pas d’un promeneur égaré. Pas de promeneur du tout. Ah, si, il y avait bien ces fois où un râle métallique

venait briser ce calme dérangeant, mais toute nature s’était terrée, livide, intimidée par les hauts squelettes

rouillés qui se dressaient de part et d’autre de la rue, si voûtés que leur halo tremblant n’éclairait que

des bribes de la route déserte. Plus personne ne s’y aventurait vraiment, sur ces terres bétonnées ; seul y

passait un temps presque figé, impassible et froid, sans un regard en arrière. En avant non plus, d’ailleurs.

Pourtant, si le temps avait pris le sien, il aurait vu la vie qui bouillonnait au fond de la ruelle sombre. Elle

frémissait, sensuelle et indomptable, cette vie, en ébullition permanente.

Des sons rauques, des gestes vifs, s’emballant dans le tumulte d’un rite mystérieux dont elle seule avait le secret.

Dans un mouvement langoureux, la vie prenait forme, décrivait des arabesques suaves sur un parquet grinçant.

L’atmosphère rougeoyante amplifiait son délire enivré, à la femme du fond de la ruelle sombre, et les reflets de ses

rondeurs se répétaient sur l’asphalte râpeux. Dehors, plus rien ne bougeait d’autre que les ombres tournoyantes

de sa danse folle.

Un pas.

Elle révélait ses dents jaunies à l’éclat lancinant des flammes brûlant dans l’âtre.

Un autre.

Elle fermait ses immenses paupières, grasses et brillantes.

Un dernier, de côté.

Son buste se soulevait, et un rire sonore prenait forme, expulsé de ses lèvres charnues comme la progéniture

grossière de ses exaltations.

Les tissus voletaient autour de ses courbes moelleuses, comme le papier froissé d’un bonbon aux saveurs

gourmandes. Et gourmande, elle l’était, la dame du fond de la ruelle sombre. Elle raffolait des saveurs d’ailleurs,

engouffrerait même la peine de tout un monde dans ses joues pleines si elle le pouvait. Elle était affamée,

voluptueuse, dans ses danses et dans ses paroles. C’était un drôle de personnage, cette dame du fond de la ruelle,

et alors même que la nuit tombait et couvrait ses reins nus, elle s’étira. Du long de son corps généreux, ses

muscles peinaient à transcender sa peau granuleuse : dans une dernière valse maladroite, elle s’arrêtait de danser,

et l’obscurité embrassait définitivement la rue.

Ses mains se tendirent difficilement vers le nouvel objet de ses désirs, aussi poussiéreux et grossier

qu’elle. Mais elle l’aimait -tout comme on l’aimait elle- son drôle de grimoire. C’était un livre

vieillissant, couvert des griffures du temps, jaloux de n’être jamais parvenu à le faire tomber dans les

limbes de l’oubli. Elle, ne l’oubliait jamais. Elle, chaque soir, le chérissait de ses mains potelées, de

son écriture ferme. Elle y enfermait de nouvelles annotations hasardeuses les soirs comme ceux-là, où

l’inspiration dictait ses actions, offrant alors le spectacle d’une femme livrée toute entière à ses passions.

La dame, dont les joues avaient rougi de tant d’efforts, ouvrit une page à demie blanche. Elle l’avait déjà griffonné

l’autre fois, apposant son amour pour la nuit, terrain de toutes ses ardeurs. Pourtant, de toutes celles de l’année,

c’était celle-là qu’elle préférait. Qu’est-ce que l’ombre était douce, depuis son étui de lumière chaude : l’air y

était saturé, les fenêtres embuées, mais dans son antre, elle se laissait aller à ses folies. De l’autre côté du mur,

elle savait que le bruit reviendrait, que les enfants crieraient encore. Elle aimait quand ils revenaient, les yeux

brillants, passant une tête furtive devant ses vitres. Que s’attendaient-ils à voir ? Ils rêvaient probablement de la


Nouvelle

voir tournoyer fiévreusement, ou peut-être craignaient-ils ce spectacle étrange ?

Elle ne savait jamais vraiment, mais leurs yeux scintillaient, et elle les aimait. Pas comme elle chérissait son

grimoire d’antan, ni comme un repas dont elle se délectait, non. Ce que la dame aimait réellement, c’était leur

air admiratif, de ceux qu’ont les êtres gris et mornes à la vue de sa lumière : elle qui luisait de vie, jusque dans sa

ruelle si sombre, au point où l’on ne pouvait plus voir qu’elle.

Ce soir, elle se joindrait à ce royaume nocturne qui stagnait. Elle ne l’avait pas fait depuis des mois qu’elle ne

comptait plus – peut-être la dernière fois était-elle ancrée dans les pages fragiles de son ouvrage. Elle ne savait

plus, ne le relisait jamais. La dame du fond de la ruelle sombre, ce soir, sortirait. Elle ferait quelques pas, brûlerait

le sol sous ses pieds nus, exposerait les pants orangés de sa jupe à qui voudrait les voir. Et toujours, un sourire

immense gratifierait chaque enfant, chaque parent. Un sourire aussi éblouissant que dérangeant, tordu par les

délices qu’elle consommait.

Ce soir, la dame du fond de la ruelle serait elle-même : ronde, grasse d’un orange velouté, grosse d’une générosité

qui lui était propre.

Ce soir, elle fera briller la nuit d’Halloween, la citrouille.

Diane Roels

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Merci à tous ceux qui ont participé à la

rédaction de ce journal...

Célestin BARRAUD

Flora LANASPEZE

Raphaël CAILLET-MOTTENoémie LATRUBESSE

Léa Dörflinger

Sophie KRUCK

Sylvain PERONNEAUD

Iris LOMBARDI-BORGIA

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Un grand merci de la part du nouveau bureau :

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