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Le Concert Pour la Paix - Opéra Royal

LE CONCERT POUR LA PAIX OPÉRA ROYAL de VERSAILLES 11 NOVEMBRE 2018 Conçu par Franz Welser-Möst et l’Orchestre Philharmonique de Vienne, ce programme invite à découvrir comment les grands compositeurs, depuis le siècle des Lumières jusqu’aux temps modernes, ont abordé dans leur musique la question de la paix ; et aussi comment ils ont illustré les conflits propres à l’histoire humaine. Plusieurs chefs d’oeuvres de la musique allemande, française, autrichienne, anglaise, américaine, rappelleront la présence au congrès de Versailles de ces grandes nations qui allaient tenter de construire un monde réconcilié, de façon trop éphémère sans doute – tandis que la Russie, elle aussi protagoniste de la Grande Guerre, avait entamé depuis 1917 un autre chapitre de son histoire. A travers ces compositions, pour certaines mondialement célèbres, pour d’autres moins connues, se répondront les idéaux portés par la musique, en même temps que les histoires individuelles des compositeurs dont certains, combattants sur le front, furent marqués jusque dans leur chair par le conflit mondial. C’est pourquoi Franz Welser-Möst a imaginé ce programme comme une progression : avec son prologue mozartien, ses épisodes de dévastation, puis la montée de l’espoir débouchant sur la méditation finale.

LE CONCERT POUR LA PAIX
OPÉRA ROYAL de VERSAILLES
11 NOVEMBRE 2018

Conçu par Franz Welser-Möst et l’Orchestre Philharmonique de Vienne, ce programme invite à découvrir comment les grands compositeurs, depuis le siècle des Lumières jusqu’aux temps modernes, ont abordé dans leur musique la question de la paix ; et aussi comment ils ont illustré les conflits propres à
l’histoire humaine.

Plusieurs chefs d’oeuvres de la musique allemande, française, autrichienne, anglaise, américaine, rappelleront la présence au congrès de Versailles de ces grandes nations qui allaient tenter de construire un monde réconcilié, de façon trop éphémère sans doute – tandis que la Russie, elle aussi protagoniste
de la Grande Guerre, avait entamé depuis 1917 un autre chapitre de son histoire.

A travers ces compositions, pour certaines mondialement célèbres, pour d’autres moins connues, se répondront les idéaux portés par la musique, en même temps que les histoires individuelles des compositeurs dont certains, combattants sur le front, furent marqués jusque dans leur chair par le conflit mondial.

C’est pourquoi Franz Welser-Möst a imaginé ce programme comme une progression : avec son prologue mozartien, ses épisodes de dévastation, puis la montée de l’espoir débouchant sur la méditation finale.

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LE CONCERT

POUR LA

PAIX

OPÉRA ROYAL de VERSAILLES

11 NOVEMBRE 2018


CONCEPTION DU PROGRAMME

LES ŒUVRES

Conçu par Franz Welser-Möst et l’Orchestre

Philharmonique de Vienne, ce programme

invite à découvrir comment les grands

compositeurs, depuis le siècle des Lumières

jusqu’aux temps modernes, ont abordé dans

leur musique la question de la paix ; et aussi

comment ils ont illustré les conflits propres à

l’histoire humaine.

Plusieurs chefs d’œuvres de la musique

allemande, française, autrichienne, anglaise,

américaine, rappelleront la présence au

congrès de Versailles de ces grandes nations

qui allaient tenter de construire un monde

réconcilié, de façon trop éphémère sans doute

– tandis que la Russie, elle aussi protagoniste

de la Grande Guerre, avait entamé depuis 1917

un autre chapitre de son histoire.

A travers ces compositions, pour certaines

mondialement célèbres, pour d’autres moins

connues, se répondront les idéaux portés par

la musique, en même temps que les histoires

individuelles des compositeurs dont certains,

combattants sur le front, furent marqués

jusque dans leur chair par le conflit mondial.

C’est pourquoi Franz Welser-Möst a imaginé

ce programme comme une progression :

avec son prologue mozartien, ses épisodes

de dévastation, puis la montée de l’espoir

débouchant sur la méditation finale.

L’ouverture de La Flûte enchantée, par ses

références maçonniques, symbolise l’idéalisme

des Lumières. Elle nous rappelle cette aspiration

à la paix, à l’égalité, au dialogue entre les

hommes, dont Mozart s’était fait le porte parole

dans sa vie de citoyen, et dans sa musique

même, nourrie par ces références. Elle nous

renvoie également au temps où le classicisme

musical européen demeurait assez peu marqué

par les clivages esthétiques nationaux.

Inversement, la fin du XIX e siècle sera marquée

par l’affirmation des nationalités, donnant un

élan nouveau à la création musicale. L’école

française déploie ses couleurs dans l’écriture

orchestrale de Debussy – spécialement dans

ses Nocturnes et leur dernière pièce, Sirènes,

où le chœur de Radio-France se joindront à

l’orchestre Philharmonique de Vienne.

Les sirènes, dans la mythologie, exercent

toutefois une séduction dangereuse, à l’image

de cette cette frénésie guerrière qui allait

gagner les esprits à la veille de la guerre.

Debussy, comme d’autres musiciens, illustrera

le nationalisme jusque dans ses engagement

personnels, et montrera la même fureur belliciste

que son contemporain Arnold Schönberg, de

l’autre côté du front...

Tandis que la guerre fait rage, le compositeur

anglais Gustav Holst tente de prendre un peu de

recul et de rappeler l’humanité à sa dimension

infinie en évoquant, dans une grande composition

symphonique, les confins de l’univers et les

planètes lointaines. Écrivant cette œuvre de 1914

à 1917, il ne saurait ignorer la violence du temps,

et c’est par une pièce chaotique, consacrée

à Mars – dieu de la guerre – que s’ouvre cette

suite symphonique dans laquelle s’affrontent les

forces primaires et les machines monstrueuses.

Nulle musique, toutefois, n’a mieux illustré

les folles ambitions humaines que celle de

Wagner dans le Ring der Niebelungen. On a

pu lire et relire cet immense poème comme

une illustration de la volonté de puissance, ou

comme une préfiguration du totalitarisme. On

a pu voir, aussi, dans l’épopée wagnérienne un

écho à la montée du nationalisme allemand ;

mais cette musique semble annoncer aussi

son effondrement ; et la marche funèbre du

Crépuscule des dieux sonne, avec vingt ans

d’avance, comme une marche funèbre de

l’Empire de Guillaume II.

Au cœur même de la guerre, alors que de

nombreux instrumentistes sont mobilisés,

cette marche fut également choisie par

l’orchestre Philharmonique de Vienne, pour

rendre hommage au grand chef d’orchestre

Hans Richter, disparu le 5 décembre 1916.

Avec le premier conflit mondial, la guerre

cesse d’être l’affaire des seuls militaires, pour

devenir celle de la société toute entière. Les

artistes, notamment, paieront un lourd tribut, et

beaucoup de talents prometteurs s’éteindront

sur le champ de bataille. D’autres en reviendront

grièvement blessés, à l’image du pianiste autrichien


Paul Witgenstein, amputé de la main droite

sur le front de Pologne. En réponse à ce drame,

de nombreux compositeurs écrivent pour lui

des pièces pour la main gauche seule. La plus

célèbre est le Concerto pour la main gauche de

Ravel, qui s’était engagé volontairement comme

ambulancier pendant la guerre.

Quelques années avant, le même Ravel recevait

à Paris un jeune compositeur anglais, Ralph

Vaughan-Williams, qui allait étudier auprès

de lui. Par son œuvre, celui-ci allait incarner la

renaissance de l’école musicale anglaise au XXe

siècle. Mais Vaughan-Williams devait également

combattre sur le front et subir des dommages

irréversibles de l’audition. Il évoque la guerre

dans sa composition Dirge for two Veterans

(ultérieurement insérée dans la cantate Dona

nobis pacem) : une œuvre sombre qui semble à

la fois commémorer la tragédie qui s’achève et

entrevoir les conflits à venir.

Dans la Missa solemnis, qui fait partie de ses

ultimes chef d’œuvres, Beethoven a lui même

inscrit sur sa partition : « Prière pour la paix

intérieure et extérieure ». Le vaste épisode de

l’Agnus Dei illustre cette paix menacée, quand

le climat méditatif de l’introduction se voit brisé

par les trompettes, les timbales et les rythmes

martiaux. Le Dona nobis apporte une touche

plus terrifiante encore, à laquelle répondent les

invocations désespérées des voix. C’est alors

seulement que le cœur de l’homme semble

atteindre la sérénité dans la paix de Dieu. Par

cette œuvre, comme par d’autres conçues à

l’aube du XIXe siècle, Beethoven se pose ainsi

comme le compositeur le plus attaché à la quête

spirituelle de l’humanité.

Pourquoi cette quête semble-t-elle toujours

remise en cause par les conflits humains, et par

cette violence inhérente à l’univers ? Tel est peuêtre

l’un des aspects de cette « question sans

réponse » posée par Charles Ives, en titre d’une

de ses plus belles compositions, esquissée dès

avant la première guerre mondiale et créée à New

York en 1941. Ce précurseur de l’école américaine,

dont les œuvres recourent, avec une étonnante

liberté, à des jeux de collage, de juxtaposition, de

répétition, nous conduit pour finir au cœur même

du mystère de la beauté musicale, comme un

écho au mystère de notre destin.

ILLUSTRATION

Le concert du 11 novembre se déroulera dans

l’Opéra Royal de Versailles, chef d’œuvre de

l’architecte Gabriel, inauguré en 1770. Il se

prolongera également, par l’image, en d’autres

lieux du château, où les jardins et bâtiments

renvoient souvent aux notions de guerre et

de paix : telle la Galerie des batailles, dont les

grandes toiles peintes évoquent les épisodes

militaires de l’histoire de France ; mais surtout

la Galerie des Glaces, où fut signé le traité

de Versailles le 28 juin 1919 ; à l’emplacement

même où Guillaume Ier avait déjà proclamé

l’empire allemand le 18 janvier 1871.

Le programme sera également illustré par des

images de la guerre : films d’archives, photos de

compositeurs au front, affiches de propagande

patriotique des deux camps, présence de

la grande guerre dans les œuvres d’art et les

monuments au morts... puis désir d’oublier dans

la frénésie des « années folles ».

Un commentaire sera proposé aux différentes

chaînes partenaires pour présenter le programme

et accompagner les séquences illustrées entre les

différents morceaux. Mêlant l’histoire musicale,

l’histoire politique et l’histoire des lieux, il ne

passera pas sous silence certains aspects négatifs

de la paix de Versailles - qui allait nourrir l’esprit

de revanche dans une partie de la jeunesse

allemande, préparant involontairement la montée

du nazisme et les conflits à venir.

On pourra même en tirer quelques enseignements,

et souligner que le traité de Versailles,

essentiellement fondé sur les clivages nationaux,

allait nourrir les excès du nationalisme.... Quand

la paix de 1945, après un conflit plus meurtrier

encore, allait enfin conduire les nations européennes

à se rapprocher plutôt qu’à se diviser.

La musique, mieux que tout discours, soulignera

également la riche complexité de l’histoire : à la

fois diverse par ses couleurs, ses peuples, ses

talents personnels, mais universelle par son

aspiration à l’harmonie et à la beauté.

Benoît Duteurtre

* Benoît Duteurtre est écrivain, producteur à France

Musique. Auteur de romans, d’essais, et d’ouvrages

sur la musique, il a été traduit dans de nombreux pays.

Il présente chaque année, sur France 2, le concert du

nouvel an de l’Orchestre Philharmonique de Vienne.


L’OPÉRA ROYAL DE VERSAILLES

Pour l’accueil de ce concert exceptionnel, le site de l’Opéra Royal est un

lieu symbolique et chargé d’Histoire, d’Histoires.

En faisant construire l’aile du Nord, Louis XIV avait pensé y bâtir un opéra.

La construction fut commencée en 1768 sous ordre du roi Louis XV par

prévision des mariages de ses petits-enfants, la construction dura deux

ans et L’Opéra fut inauguré le 16 mai 1770 lors du mariage de Louis XVI

de France et de Marie-Antoinette d’Autriche.

Cependant, la réalisation de ce grand dessein devait demander plus de

vingt ans. Au cours de cette longue période, Gabriel, qui avait étudié les

principaux théâtres d’Italie, en particulier ceux de Vicence, de Bologne,

de Parme, de Modène et de Turin, présenta au roi différents projets dont

aucun ne fut accepté. C’est seulement en 1768 que le roi, en prévision

des mariages successifs de ses petits-enfants, se décida enfin à donner

l’ordre de commencer les travaux. Ceux-ci furent poussés activement et

l’Opéra, achevé en vingt-trois mois, fut inauguré le 16 mai 1770, jour du

mariage du Dauphin avec l’archiduchesse Marie-Antoinette, avec une

représentation de Persée de Quinault et Lully.

L’Opéra, que Louis-Philippe avait fait repeindre en rouge et qui, en 1871,

avait été transformé en salle de séances pour l’Assemblée nationale puis

occupé par le Sénat après 1875, fut scrupuleusement restauré de 1952 à

1956 et remis dans son état d’origine en 2009. Il est ainsi redevenu l’un

des plus beaux théâtres du monde, et il illustre à nouveau la pensée de

Gabriel qui, en unissant les grâces finissantes du style rocaille au néoclassicisme

triomphant, avait voulu, selon le mot de Patte, « donner une

idée du progrès réalisé dans les arts sous le règne de Louis XV ».

La décoration est particulièrement raffinée. Louis-Jacques Durameau

a peint le plafond central, où il a représenté Apollon distribuant des

couronnes aux Muses, et les douze petits plafonds de la colonnade où il

a évoqué les amours des dieux. Leurs coloris délicats s’harmonisent avec

le décor en faux marbre de la salle, où dominent le vert Campan et le

sérancolin. Augustin Pajou a sculpté les bas-reliefs des premières loges

où l’on voit, entre les profils des Muses et des Grâces sur le fond de

lapis-lazuli, les figures allongées des dieux et des déesses de l’Olympe et

ceux des secondes loges où des amours symbolisant les opéras les plus

célèbres alternent avec les signes du Zodiaque. C’est Antoine Rousseau

qui est l’auteur des trophées d’instruments de musique qui encadrent la

scène et du cartouche aux armes de France qui la domine.

La cage de scène et les installations techniques de l’opéra ont été

restaurées récemment (septembre 2009) après deux ans de travaux qui

ont coûté 13,5 millions d’euros.

Des concerts et spectacles sont depuis programmés régulièrement par

Château de Versailles Spectacles, la filiale privée du château de Versailles

qui exploite l’opéra royal ainsi que la chapelle royale.

Le plan de salle, nouveau pour l’époque, affecte la forme d’un ovale

tronqué, et les loges traditionnelles sont remplacées par de simples

balcons, en retrait l’un sur l’autre, avec des séparations à hauteur d’appui.

Ces dispositions favorisent la vision et l’audition ; il n’y a pas d’angle

mort dans cette salle et l’acoustique y est particulièrement remarquable,

d’autant plus qu’étant entièrement construite en bois, elle résonne

comme un violon.


LE PROGRAMME

Prologue – Dévastation – Espoir – Contemplation

La Flûte enchantée - Ouverture (Mozart, 1791) :

Le dernier opéra du génie européen Mozart a

été composé à une époque de troubles et de

bouleversements socio-politiques. Il incarne

et exprime les valeurs et les préoccupations

paneuropéennes qui émergèrent à la suite

de la Révolution française et durant le siècle

des Lumières en redéfinissant les notions

d’humanité et de dignité humaine.

Nocturnes - Sirènes (Debussy, 1899/1901) :

Cette œuvre composée dans une période

transitionnelle, à la veille de la Première

Guerre mondiale, évoque, avec ses envolées

cosmologiques et symbolistes, L’Odyssée

d’Homère. Dans Sirènes, l’idée de séduction

(chant des sirènes) résonne en provoquant

ravages et destruction.

La biographie de Debussy nous donne à voir

un exemple des nombreux artistes qui ont, à

travers leurs œuvres, symboliquement ouvert

la voie à la pensée ayant conduit à la Grande

Guerre, artistes qui glorifièrent le conflit et la

guerre sans tenir compte du coût humain.

Les Planètes - Mars (Holst, composé durant les

années de guerre 1914-1916) :

Ce premier mouvement au titre évocateur,

Mars, celui qui apporte la guerre, offre une

description musicale saisissante des atrocités

perpétrées par les nouveaux engins de guerre.

Götterdämmerung - Marche funèbre (Wagner,

première en 1876 sous la direction de Hans Richter) :

Wagner a décrit Der Ring des Nibelungen

comme un « Weltgedicht » englobant la création

et la fin du cosmos. Cette œuvre a marqué

l’histoire de l’Orchestre philarmonique de Vienne,

qui fut à l’origine de sa création et interpréta

plus tard la Marche funèbre en hommage à Hans

Richter, décédé en décembre 1916.

Concerto pour la main gauche en ré majeur

(Ravel, composé en 1929/1930) :

Ce concerto pour piano est une œuvre touchante

contre la destruction et une lueur d’espoir dédiée

au pianiste autrichien Paul Wittgenstein, qui,

mobilisé sur le front russe entre 1914 et 1915, en

revint amputé du bras droit.

Dirge For Two Veterans (Vaughan Williams,

composé en 1914 et intégré plus tard à la cantate

Dona Nobis Pacem, 1936) :

Ce chant funèbre pour deux vétérans fait référence

à l’expérience personnelle de Vaughan Williams

parti combattre en France durant la Première

Guerre mondiale. Il y perdit partiellement l’ouïe

et deviendra sourd par la suite. Dona Nobis

Pacem peut être considérée comme une œuvre

commémorative, mais elle révèle également la

prémonition du compositeur quant à l’approche

de la Deuxième Guerre mondiale.

Missa Solemnis - Agnus Dei (Beethoven, 1819-

1823/1824) :

Beethoven lui-même a décrit cette œuvre comme

le sommet de son art. L’implorant Misere Nobis

pour chœur masculin, interrompu par des sons

martiaux soudains, mène jusqu’à la radieuse

prière pour la paix, Dona Nobis Pacem en ré

majeur (« Bitte um innern und äussern Frieden »

/ « prière pour la paix intérieure et extérieure »),

qui embrasse la quête spirituelle de l’humanité.

The Unanswered Question (Ives, 1908/1930-1935) :

Cette œuvre, qui traite de « l’éternelle question

de l’existence » (Ives), suit une structure

répétitive de question et réponse, à l’aide

de motifs joués par des instruments solistes.

Différents motifs disparates sont superposés,

mais sans relation tout à fait définie. L’œuvre

semble menée par un récit implicite qui ne

trouvera finalement pas de résolution.


FRANZ WELSER-MOST

Chef d’orchestre

Réputé inventif et curieux des œuvres rares, le chef d’origine autrichienne

Franz Welser-Möst fait rapidement figure de jeune prodige.

Dès l’âge de 25 ans, il est appelé à diriger au Festival de Salzbourg et

affiche une carrière riche. Il assure le rôle de Chef principal de l’Orchestre

symphonique de Norrköping (1986-1991) puis du Musikkollegium

Winterthur (1987-1990) avant de prendre la direction l’Orchestre

philharmonique de Londres comme chef principal (1990-1996). Son

parcours le mène à la tête des orchestres les plus prestigieux : de 1995

à 2005, il sera Chef puis Chef principal de l’Opéra de Zurich avant

d’en devenir le directeur musical de 2005 à 2008. Parallèlement, il est

également en charge de la direction musicale de l’imposant Orchestre de

Cleveland (depuis 2002 et au moins jusqu’en 2018).

Pourtant, malgré un parcours émaillé de critiques, parfois violentes dans

les différentes villes dont il a dirigé les orchestres, notamment à Londres,

le 6 juin 2007, le gouvernement autrichien annonce le recrutement

de Franz Welser-Möst comme Directeur musical de l’opéra de Vienne

à compter de la saison 2010-2011, aux côtés du nouveau directeur de

l’opéra, Dominique Meyer. La collaboration de Franz Welser-Möst avec

l’Opéra de Vienne avait commencé dès 1987 lorsqu’il avait remplacé

Claudio Abbado, dont il était l’assistant principal, dans la direction de

l’opéra de Rossini, L’Italienne à Alger, puis en 1997, lorsqu’il avait dirigé

Tristan und Isolde de Richard Wagner. Lors de sa prise de fonction à

l’opéra de Vienne en 2010, il dirige Tannhäuser de Wagner puis la première

de Cardillac d’Hindemith. Suivent les premières des Noces de Figaro, de

Don Giovanni de Mozart, puis Katja Kabanova, opéra de Janáček, qui

s’inscrit dans un cycle Janáček prévu sur plusieurs années.

En juin 2010, il a dirigé le Philharmonique de Vienne lors de son traditionnel

concert annuel au Château de Schönbrunn puis les éditions 2011 et 2013

du Concert du Nouvel An de Vienne.

Il était également, depuis 2002, directeur musical de l’orchestre de

Cleveland, jusqu’à la saison 2017-2018.


L’ORCHESTRE PHILARMONIQUE DE VIENNE

Considéré comme l’une, voire la plus prestigieuse formation musicale

dans la Monde, l’origine de l’orchestre remonte à 1842, lorsqu’Otto Nicolai

forme ce qui s’appelait alors l’Académie philharmonique. C’était un

orchestre totalement indépendant qui prenait ses décisions à partir d’un

vote démocratique de tous ses membres : ce sont ces mêmes principes

qui régissent l’orchestre encore aujourd’hui.

Quand Nicolai quitte Vienne en 1847, l’orchestre est quasiment démantelé

et peu actif jusqu’en 1860, quand Carl Eckert prend la direction. Il donne

une série de quatre concerts en abonnement et, depuis lors, l’orchestre

n’a cessé de jouer.

Ses membres sont recrutés exclusivement parmi ceux de l’Orchestre de

l’Opéra d’État de Vienne. Et il a la particularité de ne pas avoir de chef

permanent.

La résidence principale de l’orchestre est le Musikverein, une salle

de concert rectangulaire, aux tons ivoire et dorés et à l’acoustique

exceptionnelle. Il se produit chaque été au Festival de Salzbourg. Depuis

1941, l’orchestre donne chaque 1 er janvier un concert consacré à la musique

de la famille Strauss : le concert du nouvel an.

Tous les plus grands chefs de l’histoire musicale depuis plus de 200 ans

l’ont dirigé à Vienne ou lors de tournées mondiales.

Le son caractéristique de l’orchestre philharmonique de Vienne peut

être attribué d’une part à l’utilisation d’instruments et d’un style de jeu

fondamentalement différents de ceux des autres grands orchestres.

La clarinette a un système de doigté spécial

Le basson a une anche et un doigté spécial

La trompette a un système de valves rotatives et une dimension moindre

Le trombone et le tuba ont un doigté et un système de valves différents

Les timbales utilisent des peaux de chèvre naturelles au lieu de peaux

synthétiques

Les contrebasses retrouvent le placement traditionnel en ligne derrière

les cuivres

Le hautbois viennois a une perce, une taille, une anche et un système

de doigté spéciaux. Il est très différent du « hautbois français » utilisé

généralement.

Le cor viennois est une variante du cor naturel avec plusieurs « tons »

(tubes de différentes longueurs) reliés afin de pouvoir jouer l’échelle

chromatique. De perce plus fine mais plus longue, il est doté d’un système

à palettes qui a l’avantage de produire des attaques plus souples et des

notes liées plus coulées. En outre, le cor viennois est fabriqué dans un

alliage plus résistant que le cor d’harmonie traditionnel (double cor en

fa/si bémol).

Ces instruments et leur couleur sonore caractéristique ont fait l’objet

d’une vaste étude scientifique menée par le Professeur Gregor Widholm

de l’Institut pour la culture du son viennois à l’Académie de musique et

des arts de la scène.

Le Philharmonique de Vienne s’est vu conférer le titre de meilleur orchestre

européen par les éditorialistes de sept publications musicales, deux

stations de radio et un quotidien lors d’une enquête menée en 2006.

En tournée internationale, le prix des places est au moins le double de

celui payé pour entendre un orchestre local. Au Musikverein, tous les

concerts sont annoncés complets sur le site de l’orchestre. La liste

d’attente pour les concerts d’abonnement en semaine est de six ans et

de treize ans pour les abonnements en week-end.


LES SOLISTES


YUJA WANG

Pianiste soliste du Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel

Derrière les immenses facilités d’une pianiste-phénomène se cache une

musicienne dotée d’une grande curiosité.

Yuja Wang ? Une nature de pianiste comme il en existe peu. Vélocité

et précision surnaturelles s’allient à un jeu d’une clarté aveuglante. Sa

capacité à apprendre en un temps record les partitions les plus difficiles

permettent à son répertoire de se diversifier rapidement. Si l’on ajoute un

charisme hors norme et une propension à capter la lumière, on tient en

cette jeune musicienne chinoise une des virtuoses les plus remarquables

apparues ces dernières années. Toutes les qualités qui feront de ce

phénomène une exceptionnelle interprète du Concerto pour la main

gauche de Ravel, accompagnée par l’Orchestre de Radio France.


ELSA DREISSIG

Soprano, Solistes de l’Agnus Dei from Missa Solemnis de Beethoven

Révélation lyrique de l’année aux Victoires de la musique classique en

2016, Elsa Dreisig est née de parents chanteurs. Bête à concours bardée

de prix, elle s’apprêtait alors à rejoindre la troupe du Staatsoper Berlin,

nouvelle étape dans un parcours que tous s’accordaient à trouver

prometteur. A raison. Depuis elle a notamment chanté Pamina dans

La Flûte enchantée à Paris, Musetta dans La Bohème à Zurich, Micaëla

dans Carmen à Aix-en-Provence, Violetta dans La traviata à Berlin. Ce

palmarès ne semble pas avoir entamé sa détermination frondeuse. Elle a

la volonté de surprendre et le courage de cette volonté.

Elle a l’audace aussi de se mesurer à des songs dont la concession

semblait attribuée à perpétuité aux reines et rois du Jazz – Nina Simone,

Ray Charles… – sans que la comparaison ne tourne à son désavantage,

parce qu’il n’y a pas lieu de comparer. Elle a aussi une fraicheur et une

sincérité qui – souhaitons-le – ne sont pas l’apanage de son âge (bientôt

27 ans !)

Elsa, elle a un timbre que l’on peut trouver froid mais sur lequel la chaleur

des musiques afro-américaines a déposé des reflets cuivrés, une longueur

confortable, une ligne continue. Elle a une musicalité évidente et une

justesse d’intonation que mettent en vain à l’épreuve « La chevelure » de

Debussy ou « Liebesode », un des sept Lieder de jeunesse d’Alban Berg.


EKATERINA GUBANOVA

Mezzo-Soprano

Née à Moscou en 1979, Ekaterina Gubanova commence ses études

musicales par le piano puis par la direction de chœur et entame une

formation de chanteuse lyrique comme mezzo-sopr ano au conservatoire

Tchaïkovski de Moscou, à l’Académie Sibelius d’Helsinki, puis enfin à

Londres à l’Opéra Royal de Covent Garden.

Le public français la découvre d’ailleurs à l’Opéra Bastille en Troisième

dame de la Flûte Enchantée en 2005 puis l’acclame la même année

dans Tristan et Isolde de Wagner, une production de Peter Sellars où

elle incarne une magistrale Brangäne. En 2006, Ekaterina Gubinova est

présente au Festival d’Aix-en-Provence dans l’Or du Rhin de Wagner,

dirigé par Simon Rattle, ainsi qu’à celui de Salzbourg en 2007 dans

Eugène Onéguinede Tchaïkovski sous la direction de Daniel Barenboïm.

Durant la même année, elle débute au Metropolitan Opéra de New-York

dans Guerre et Paix de Prokofiev. Elle y retourne en 2009 dans les

Contes d’Hoffmann d’Offenbach et deux ans plus tard dans Anna Bolena

(Donizetti). Cette année-là, le public des Chorégies d’Orange lui fait une

ovation pour son interprétation du rôle d’Amneris dans Aïda de Verdi et

la presse s’enflamme.

Souvent dirigée par Daniel Barenboïm, Zubin Mehta ou Valery Gergiev,

Son programme sur les plus grandes scènes internationales la mène

jusqu’en 2016 notamment à l’Opéra Bastille dans Le Trouvère de Verdi.

La saison 2017/2018 d’Ekaterina Gubanova débutera à l’Opéra national

de Paris avec le rôle de la Princesse Eboli dans Don Carlos en octobre.

Au mois de janvier 2018, la mezzo a repris le rôle de Fricka (l’Or du Rhin

et La Walkyrie) à l’Opéra de Munich. Elle reviendra en mars à l’Opéra

national de Paris, cette fois-ci en Judith dans Le Château de Barbe-

Bleue de Bartok. Le personnage de Fricka (l’Or du Rhin et La Walkyrie)

reviendra dans son programme au Festival de Munich en juillet.


DANIEL BEHLE

Ténor

Daniel Behle a acquis sa renommée auprès d’un plus large public depuis

la sortie de l’enregistrement de la Flûte enchantée de Mozart sous la

direction de René Jacobs en septembre 2010. Son interprétation de Tamino

lui a valu les éloges de la critique musicale, qui l’a comparé au jeune

Fritz Wunderlich.

Au cours de la saison 2011/12, Daniel Behle se produit entre autres à

l’Opéra de Francfort, au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, en tournée

au Japon avec le Volksoper de Vienne, au Bayerische Staatsoper

de Munich, à l’Opéra National de Paris, au Deutsche Oper am Rhein, au

Concertgebouw d’Amsterdam, à la Hamburg Laeiszhalle, au Musikfest

Grafenegg, et au Festival de Bad Kissingen.

Daniel Behle a chanté sur les plus grandes scènes d’opéras et de festivals

d’Europe, parmi lesquelles la Scala de Milan, la Staatsoper de Vienne,

Aix-en-Provence, Baden-Baden, Theater an der Wien. Ses futurs engagements

le conduiront à l’Opéra de Francfort dans le rôle-titre d’Idomeneo,

à Baden-Baden et au Théâtre des Champs-Elysées pour Don Ottavio

(Don Giovanni), au Staatsoper de Munich et à l’Opéra de Zurich en Belmonte

dans l’Enlèvement au Sérail, ainsi qu’à l’Opéra National de Paris au

printemps 2012 (Camille de Rosillon dans la Veuve joyeuse).

Daniel Behle s’est également fait connaître comme interprète du Lied.

Son premier récital d’œuvres de Schubert, Beethoven, Grieg, Britten

et Trojahn a été sélectionné par le Metropolitan Opera Guild parmi les

quinze meilleures parutions de l’année 2009. Son second enregistrement,

Die schöne Müllerin/Auf dem Strom, paru chez Capriccio en 2010

a également reçu des critiques exceptionnelles. Il a donné son premier

récital de mélodies à Radio France à l’automne 2010 et a été engagé par

la Schubertiade et le Festival de Schwetzingen.

Depuis il a fait ses débuts au Festival de Salzbourg et au Semperoper de

Dresde, ainsi qu’à l’Opéra de Zurich.


RYAN SPEEDO GREEN

Barython-Basse

Ryan Speedo Green est né à Suffolk, en Virginie et a grandi dans un

milieu modeste

Il a obtenu le baccalauréat en musique degré à la Hartt School of Music,

Lauréat de plusieurs concours de chant, en mars 2011, il était l’un des

cinq gagnants des auditions du Metropolitan Opera National Council.

Suite à un article de David Bergner dans The New York Times sur Green

et sa victoire dans cette compétition, HarperCollins a exprimé son intérêt

à publier sa biographie, en octobre 2016 sous le titre Chantez pour votre

vie: une histoire de course, de musique et de famille. En 2014, il a reçu

le Prix de la Fondation George London, a remporté le premier prix de la

Fondation Gerda Lissner, a été finaliste au concours de chant de l’Opéra

de Palm Beach et diplômé du Lindemann Young Artist Development

Program du Metropolitan Opera .

et Varlaam à Boris Godounov .

Il est apparu en tant qu’artiste invité dans la production de Il trovatore

(comme Ferrando) de l’Opéra de Lille en 2016. Plus tard cette année-là,

Green a fait ses débuts au Festival de Salzbourg à Die Liebe der Danae

comme l’un des Kings.

En concert, Green a chanté dans le Messie de Haendel, dans le Requiem

et la Messe de Couronnement de Mozart, dans la Messa da Requiem de

Verdi . Il a chanté plusieurs fois dans la Symphonie n°9 de Beethoven, la

première fois en 2014 avec l’ Orchestre de Philadelphie.

Green a chanté le Commendatore de Don Giovanni à la Juilliard School

de New York et à l’Opéra Colorado à Denver où il était artiste Résident

en 2010/11. En 2012, il a chanté Colline pour Central City Opera. En 2014,

il interprète Zuniga dans Carmen pour la Wolf Trap Opera Company à

Vienne, en Virginie.

Il a fait ses débuts au Metropolitan Opera en 2012/13 en tant que

mandarin dans Turandot de Puccini, suivi de Parsifal en tant que Graal

Knight. La saison suivante au Met l’a vu comme Bonze dans Madama

Butterfly et comme Jailer dans Tosca . En 2014/15, il a chanté Rambo

dans The Death of Klinghoffer au Met. Green est revenu au Met en 2016

en tant que Colline.

En 2014, Green est devenu membre de l’Opéra national de Vienne . Ses

rôles étaient Angelotti dans Tosca, Sparafucile à Rigoletto, Basilio dans

Le Barbier de Séville, Juif à Salomé, Fouquier-Tinville à Andrea Chénier,

Moine à Don Carlos, Titurel à Parsifal, et le Roi à Aida, Timur à Turandot,


LE CHŒUR DE RADIO FRANCE

Fondé en 1947, le Chœur de Radio France est à ce jour le seul chœur

permanent à vocation symphonique en France, composé d’artistes

professionnels et investi d’une double mission.

Il est d’une part, le partenaire privilégié des deux orchestres de Radio

France – l’Orchestre National de France et l’Orchestre Philharmonique –

et collabore régulièrement avec la Maîtrise de Radio France. À ce titre, son

interprétation des grandes œuvres du répertoire symphonique et lyrique

est mondialement reconnue. Les chefs d’orchestre les plus réputés l’ont

dirigé, parmi lesquels Bernstein, Ozawa, Muti, Daniele Gatti, Myung-Wun

Chung, Mikko Franck, Yutaka Sado, Gustavo Dudamel, Bernard Haitink,

etc. Et parmi les chefs de chœur : Florian Helgath, Matthias Brauer et Sofi

Jeannin qui fut sa directrice musicale de 2015 à 2018 avant que Martina

Batič lui succède dès cette saison.

Fort de son talent d’adaptation, et de sa capacité à investir tous les

répertoires, le Chœur s’ouvre volontiers à diverses expériences musicales.


MARTINA BATIČ

Chef de Chœur

Nommée directrice musicale du Chœur de Radio France à compter du

premier septembre 2018, Martina Batič a eu l’occasion de diriger le

Chœur de Radio France à deux reprises en 2017, tout d’abord dans le

cadre du festival Présences en février dernier puis en novembre dans

le cadre d’un programme de musique romantique allemande forte

apprécié. Une belle harmonie avait marqué ces premières rencontres

avec le Chœur que Martina Batič retrouvera pour l’édition 2018 du

festival Présences consacré à Thierry Escaich.

Martina Batič est originaire d’Ajdovščina en Slovénie. Diplômée du

département de pédagogie musicale de l’Académie de musique de

Ljubljana en 2004, elle a terminé ses études auprès de Michael Gläser à

l’Université de musique et des arts de la scène de Munich. Elle a participé

à des Masterclasses en Slovénie et ailleurs en Europe, notamment auprès

d’Eric Ericson. À l’automne 2006, elle a reçu le prix Eric Ericson au

Concours éponyme pour jeunes chefs de chœur.

De 2004 à 2009, Martina Batič a dirigé le chœur du Théâtre national

d’opéra et de ballet de Ljubljana. Depuis l’automne 2009, elle est

l’assistante du directeur de la Philharmonie de Slovénie dans le domaine

de la musique chorale, et depuis 2012 elle occupe le poste de directrice

artistique du Chœur philharmonique de Slovénie.

Martina Batič collabore régulièrement avec le Chœur de la radio suédoise,

le Chœur de chambre Eric Ericson, le Chœur de la radio néerlandaise, le

Chœur de la radio danoise, l’Ensemble vocal du Danemark, l’Ensemble

vocal de Stuttgart, et le RIAS Kammerchor.

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