THE MAG - Numéro 1 - Mai 2020
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T H E
NUMERO 1
MAI 2020
UNE AVENTURE COLLECTIVE
SANTÉ / BIEN-ÊTRE I
TOURISME I
DÉVELOPPEMENT DURABLE I
ENTREPRENEURIAT I
SOLIDARITÉ I
DIGITAL I
PORTRAIT I
ART / CULTURE
UNE AVENTURE
COLLECTIVE !
« SE RÉUNIR EST UN DÉBUT,
RESTER ENSEMBLE EST
UN PROGRÈS, TRAVAILLER
ENSEMBLE EST LA RÉUSSITE”
EDITO
55
jours, c’est le temps qu’il
nous aura fallu pour vous
présenter ce numéro 1 !
55 jours, c’est long et c’est court. C’est trop
de temps éloigné de ceux qu’on aime, c’est
presque trop court pour réaliser les projets
ou les objectifs que nous nous étions fixés
au début du confinement.
Cette période exceptionnelle nous a donné
la possibilité d’avoir du TEMPS à consacrer
à notre famille et à mettre au profit de notre
territoire.
Enfin, après l’avoir imaginé pendant plusieurs
mois, nous sommes heureux et fiers
de vous présenter THE MAG’ dans sa version
web. Bientôt, grâce à vous, annonceurs
et contributeurs, nous vous proposerons
un magazine papier imprimé à 50.000
exemplaires
Sortir des
sentiers
battus et
briser les
codes
traditionnels
Sophie, Nathalie, Emmanuelle, Prescilia, Sandy, Herve, Alexandre...
... et vous !
THE MAG’ est un magazine unique en son
genre ! Un contenu éditorial de qualité, des
sujets traités avec optimisme et bienveillance
et une véritable communauté pour
soutenir le projet. Nouveau support de
communication au service du territoire, THE
MAG’ est avant tout une aventure humaine
à laquelle vous pouvez prendre part à tout
moment.
Le comité de rédaction THE MAG’
Sandy GUILLERMET, Hervé ROCLE, Nathalie EESES, Sophie CHONE SOL-
MAZ, Prescilia HADJOUT, Alexandre CHAVANNE, Emmanuelle COLEY
Contactez-nous par email sur : contact@the-mag.online
Directeur de publication
ACTU’, 344 rue des Jardiniers,
69400 Villefranche/Saône
RCS : 812 929 099 00024
Tel : 04 74 09 18 37
Email : contact@the-mag.online
Nathalie Ruet
n.ruet@wanadoo.fr
Saisie, correction, relecture
de documents
THE MAG 3
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Cette expression est apparue pour la première fois en 1987, le développement
durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
LE DÉVELOPPEMENT
DURABLE,
C’EST QUOI ?
Par Hervé Rocle
hrconseil@orange.fr
06 09 23 68 10
Stratégie collective & collaborative
pour une meilleure attractivité
internationale
et de les imaginer dans notre vie de
tous les jours, à Lyon, dans le Beaujolais,
en France et partout ailleurs. Sur
notre blog car cela pourra prendre 17
semaines, l’édition papier trimestrielle
demandera quatre années.... De plus le
blog vous permettra d’interagir...
OBJECTIF N° 1 : LUTTER
CONTRE LA PAUVRETÉ
les 3 piliers du développement durable. - Radio Canada, Olivia Laperrière-
Sur sa page d’accueil, l’Organisation
des Nations Unies expose
les défis que chacun d’entre
nous doit relever individuellement et
collectivement :
« Les objectifs de développement durable
sont un appel à l’action de tous
les pays – pauvres, riches et à revenu
intermédiaire – afin de promouvoir la
prospérité tout en protégeant la planète.
Ils reconnaissent que mettre fin
à la pauvreté doit aller de pair avec des
stratégies qui développent la croissance
économique et répondent à une
série de besoins sociaux, notamment
l’éducation, la santé, la protection
sociale et les possibilités d’emploi,
tout en luttant contre le changement
climatique et la protection de l’environnement.»
17 objectifs mondiaux
ont été recensés et priorisés : Lutter
contre la pauvreté, contre le gaspillage
alimentaire, vacciner la population,
éduquer les enfants, instaurer l’égalité
des femmes, ne pas gaspiller l’eau,
l’énergie, former les jeunes, financer
les infrastructures vitales, soutenir les
populations marginalisées, utiliser les
modes de déplacements doux ou collectifs,
recycler nos déchets, limiter le
réchauffement climatique, éradiquer
les plastiques, développer les forêts,
défendre les droits de l’homme, inciter
nos dirigeants à investir dans le développement...
Je vous propose d’aborder ces 17 objectifs
dans une saga de 17 articles que
vous pourrez découvrir sur notre blog
De nombreuses initiatives existent,
certaines depuis de nombreuses années
comme Emmaüs, créée à Lyon
par l’abbé Pierre, les restos du cœur,
créés par Coluche, le secours populaire
créé après la guerre en 1945, et
beaucoup d’autres dont la liste serait
trop longue à écrire.
L’important étant que chacun d’entre
nous, à chaque instant prenne le
temps de réfléchir aux conséquences
de ses actes, ne jette pas un vêtement
démodé, un meuble qui peut être restauré,
ne remplisse pas ses placards
de denrées qui ne se ront pas consommées,
n’achète pas un produit parce
qu’il n’est pas cher sans vérifier qu’il
n’a pas fait le tour de la planète alors
que celui à côté, un peu plus cher, provient
de l’économie locale et donne
du travail à nos familles, nos voisins,
nos entreprises, et nous profite donc
indirectement
4 THE MAG
THE MAG
5
SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
SOLIDARITÉ
Par Bérangère Durand Mathieu
berangere.durandmathieu@gmail.com
06 36 92 17 75
Psycho-praticienne en thérapie brève
ET SI NOUS ARRÊTIONS DE
TOUJOURS VOULOIR TOUT
CONTRÔLER ?
Un mille-pattes vivait très heureux
jusqu’au jour où il rencontre une
fourmi qui l’interpelle : « à chaque
fois que je te vois passer, je me demande
comment tu fais avec toutes
tes pattes ? Dans quel ordre les
bouges-tu ? tu avances l’une puis
l’autre ? Toutes celles de droite
puis toutes celles de gauche ?
Tu alternes différemment ? »
Se mettant à réfléchir à la question,
le mille-pattes se retrouva dans
l’incapacité d’avancer. Le millepattes
s’est morfondu longtemps
en réfléchissant à la question de la
fourmi, jusqu’au jour où une jolie
petite mille-pattes est apparue.
Tout émoustillé, il s’est précipité
pour la suivre…
Le compromis entre désirs individuels et
contraintes sociales nécessite un ajustement
permanent. Le contrôle fait ainsi partie
intégrante de la vie en société mais cela
peut amener à la perte de contrôle.
Combien de fois ai-je entendu mes patients
me dire : « je dois me contrôler ! » ou
encore « si je ne contrôle pas tout, je panique
» : contrôler ses émotions, contrôler
ses réactions, contrôler ses pensées, nos
peurs, ses colères, mais aussi contrôler ses
enfants, son (sa) conjoint(e), sa vie professionnelle.
«
Comme si les émotions
se laissaient
contrôler »
Chaque fois que nous ressentons une
émotion que nous estimons ne pas devoir
ressentir, nous tentons de la contrôler. S’efforcer
de ressentir ce qu’on ne ressent pas
ou lutter rationnellement contre ses émotions.
Comme si les émotions se laissaient
contrôler…
Mais qui ressent l’émotion ? Moi ! Donc
« JE » vais lutter contre « MOI ». Comme
si la lutte contre soi-même pouvait mener
à quelque chose, pouvait mener à une victoire.
Tout cela vient de la conviction que nous
avons prise sur la situation ou sur l’émotion,
que nous pouvons la contrôler ; de
la volonté que nous devons avoir prise sur
la situation ! Rien n’est plus effrayant pour
nous qu’une situation hors de contrôle.
Or, c’est précisément quand nous voulons
tout contrôler que nous perdons le
contrôle.
Et si nous renoncions un peu à agir ? La
simple idée d’avoir un problème et de ne
rien faire est effrayante. Pourtant, réfléchissez,
la dernière fois que vous étiez
bien, pleinement heureux, étiez-vous en
train d’agir, de réaliser avec effort une
action intentionnelle ou étiez-vous au
contraire en train de vous laisser porter
par la vie
C’est loin d’être facile mais cela vaut le
coup d’essayer!
UN VOYAGE
PAS COMME LES AUTRES
Ça y’est nous sommes en route.
Quelques-uns essaient d’avoir des
indices concernant le programme
de la semaine. Malheureusement,
ni Julie, ni Martin ne sont dupes. Ils
nous annonceront les activités sportives
du jour, la veille au soir pour le
lendemain. Il faudra donc patienter.
Nous arrivons à Tignes 1850. Le paysage
est recouvert d’un magnifique et épais
manteau blanc. L’excitation générale se fait
sentir et je suis impatiente de déposer mes
affaires dans notre appartement et pouvoir
nous retrouver autour d’un verre pour fêter
notre arrivée. Mais coup de théâtre, il nous
manque un bagage. Celui de Martin.
Martin c’est l’un de nos 2 responsables
de séjour. Il est paraplégique et au-delà
d’avoir besoin de son équipement d’hiver,
ses vêtements et ses affaires de toilette, il a
surtout besoin de son matériel médical qui
l’aide au quotidien dans son handicap.
Après plusieurs appels sans résultats, Martin
détend l’atmosphère et nous précise
que si l’un d’entre nous lui prête un slip de
rechange pour la semaine, il arriverait à se
passer de ses affaires. Son sens de l’humour
nous donne aussitôt le ton du séjour.
NOUS POUSSER À DÉPASSER NOS
LIMITES
20h, nous nous retrouvons pour l’apéritif.
Julie nous annonce l’activité de demain : Ce
sera matinée détente au Spa puis plongée
sous la glace l’après-midi. « Plongée sous
la Glace… ». Cette phrase résonne en moi.
Je n’aurais pas imaginé un seul instant que
nous pourrions faire de la plongée en hiver…
et sous la glace… Je me sens tout à coup déconcertée.
Est-ce le but recherché ? Nous
bousculer et nous pousser à dépasser nos
limites ? Cette annonce a fait son effet et
chacun échange, débat, nous confie ses
peurs ou son avidité. Les sentiments sont
partagés mais la bonne humeur est bien au
rendez-vous.
Par Sandy Guillermet
info@hygiespaconseil.fr
06 62 50 86 78
Conseil en création et gestion
des Spas et Instituts de Beauté
Il est 15h, je m’apprête à plonger mais j’ai
peur. Djamale, Stéphane et Hélène sont là
et m’encouragent. Soudain, je me décide à
plonger dans les profondeurs. La combinaison
est très épaisse et je ne suis pas à l’aise
dans mes mouvements. J’ai l’impression de
me déplacer comme le personnage bibendum.
Je contemple la lumière du soleil qui
oscille à travers la glace et les bulles qui
dansent le long de la paroi. C’est magnifique.
C’est au tour de Stéphane. Lui aussi est inquiet.
Pourtant c’est un grand sportif et malgré
son handicap, c’est un vrai casse-cou.
D’ailleurs il fait partie d’un club de wakeboard.
Stéphane, c’est un peu le grand frère
du groupe. Il a toujours le sourire et adore
taquiner tout le monde. Hélène et moi
l’encourageons. Au bout de 3 reprises, il y
arrive. Bravo, je reste admirative devant
autant d’obstination.
LA BARRIÈRE DU HANDICAP
N’EXISTE PLUS
Les jours s’enchaînent mais ne se ressemblent
pas. Chaque activité est un
émerveillement. La barrière du handicap
a déjà disparu et même si l’autonomie est
différente pour tous, chacun se met naturellement
au rythme de l’autre. Dernier jour.
Nous finissons de charger les voitures. La
nostalgie se fait sentir. Même si le séjour
est passé vite, il a suffi à créer des liens, à
faire tomber des masques et à changer des
regards.
13 mai 2019 : Je suis en formation. J’ai décidé
de m’investir dans l’association en tant
que bénévole et responsable de séjour
Sandy GUILLERMET
Responsable bénévole de séjours
Association « Comme les Autres »
6 THE MAG
THE MAG
7
SOLIDARITÉ
On pense que cela n’arrive qu’aux autres et puis un jour
c’est nous. 26 octobre 2013 12h00. Une date qui change
ma vie, qui change notre vie. Une date qui change le regard
que l’on porte sur le déroulé de celle-ci.
D’UNE VIE
À L’AUTRE
TOURISME
Par Hervé Rocle
hrconseil@orange.fr
06 09 23 68 10
Stratégie collective & collaborative
pour une meilleure attractivité
internationale
Par Martin MOIRET
Référent Membre de l’Association Comme Les Autres
Contact association CLA
Valérie REBISOUL
vrebiscoul@commelesautres.org
L’aventure commence par de longs mois d’apprentissage.
Un apprentissage où l’on se découvre.
Un apprentissage qui nous permet de
connaître, ou reconnaître les qualités de notre
entourage. Un apprentissage qui nous apporte
souvent de nouvelles rencontres, qui marque
nos vies à jamais. Un apprentissage qui nous
pousse à nos limites.
7 mois plus tard on pense l’apprentissage terminé
et on est lâché dans le grand bain.
Mais on constate que l’apprentissage n’est
jamais terminé, que nos limites fixées au début
sont faites pour être dépassées.
La découverte de nouveaux sports ou la pratique
d’activité inattendue nous aide à nous
surpasser !
Après quelques temps, on se rend compte que
l’on peut mettre à disposition son temps au
bénéfice des « autres » pour leur facilité leur apprentissage,
pour leur faire gagner du temps, de
l’énergie, leur donner goût à cette nouvelle vie.
Alors j’ai décidé de m’investir dans une association
qui aide des personnes à mobilité réduite à
se reconstruire après un accident de vie.
«
Il ne faut pas chercher
à faire comme avant, on
fera mieux qu’avant »
IMAGINER UN NOUVEL
ACCUEIL TOURISTIQUE,
DURABLE ET
BIENVEILLANT...
...EST L’AFFAIRE
DE TOUS.
Le dictionnaire Larousse nous éclaire sur
ce qui est durable : « De nature à durer
longtemps, qui présente une certaine
stabilité, une certaine résistance ».
> Synonymes : constant - continu
immuable - invariable - solide - stable.
> Contraires : changeant - éphémère
fugace - fugitif - instable - momentané
passager - périssable - précaire
temporaire – transitoire.
Le 26 octobre 2013 je suis devenu paraplégique
à la suite d’un accident de moto, une tragédie en
soi, mais un nouveau départ.
Je ne pensais pas qu’un événement aussi marquant
et dur puisse apporter des choses aussi
belles et bénéfiques.
Certaines phrases entendues en rééducation
prennent tout leur sens « il ne faut pas chercher
à faire comme avant, on fera mieux qu’avant »
Le handicap n’est pas une finalité en soi, c’est le
début d’une nouvelle histoire
La pandémie de COVID 19 dont nous
ne sommes pas encore sortis nous
incite plus que jamais à réfléchir et à
imaginer aujourd’hui un nouveau tourisme
pour demain, différent, plus respectueux
des gens, des lieux, de la nature. Il faudra
des mois, ou des années, pour relancer le
voyage en avion, en TGV, et permettre aux
touristes que nous sommes tous, de voyager
dans les régions voisines, les pays voisins
ou sur les autres continents.
Aujourd’hui, les professionnels du tourisme,
les hébergeurs, les transporteurs
- avion, train, autobus, taxis et VTC - les
prestataires touristiques, doivent inventer
l’offre touristique qui fera la demande de
demain. Ils doivent identifier toutes les activités,
tous les sites, tous les évènements
qui existent autour d’eux de manière à
présenter collectivement une offre riche
et variée, aux autocaristes, aux agences de
voyages et Tour-Opérateurs qui leur envoient
leurs clients, ainsi qu’aux touristes
eux-mêmes, pour leur donner envie de
voyager moins souvent et de « se poser »
plus longtemps en mode Slow-Tourisme.
8 THE MAG
THE MAG
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LES AVENTURES
DE GÉO
Aloïs
Naveau
alois_nvo
Clément
Chavanne
clems_cve
«
La finalité du voyage
sera toujours de rencontrer
l’autre, d’échanger
avec lui ! »
C’est de cette offre que naîtra la demande d’un nouveau tourisme
ou l’on prendra le temps de rencontrer les autochtones,
de partager des moments de vie avec eux, de s’initier aux us et
coutumes locaux, de participer à des événements festifs avec
eux.
Au Canada, des villages entiers se mobilisent pour accueillir des
groupes de visiteurs étrangers et les inviter à faire la fête au village
avec eux, se terminant souvent par une nuit chez l’habitant.
Cette vision du tourisme et de rencontre est tout aussi enrichissante
pour celui qui visite que pour celui qui est visité.
Si les sites touristiques incontournables doivent être très professionnels
pour accueillir des flux importants de visiteurs dans des
conditions de confort et de sécurité indispensables, ils doivent
aussi être les locomotives des autres sites moins connus, moins
visibles, souvent entretenus par des collectivités locales ou des
associations, qui participent activement à l’attractivité des territoires,
et inciter leurs visiteurs à découvrir ces sites alentours.
Cette offre collaborative élargie est l’unique solution pour éviter
les phénomènes de surtourisme ou des autochtones excédés ne
supportent plus la venue de touristes et ou ces mêmes touristes
trop nombreux dégradent les sites majeurs vers lesquels ils sont
concentrés, à l’image de Venise avant que le COVID 19 ne la
débarrasse de ses envahisseurs !
Quels que soient les moyens utilisés pour nous donner envie de
voyager, agence, catalogue, site web, recommandations d’amis
ou via les réseaux sociaux, la finalité du voyage sera toujours
de rencontrer l’autre, d’échanger avec lui. La préparation d’un
repas, depuis les emplettes chez de petits producteurs locaux,
l’élaboration d’un menu en suivant une recette, jusqu’à la dégustation
accompagnée d’un vin local en compagnie d’un hôte laissera
un souvenir bien plus indélébile dans l’esprit des convives
qui l’ont partagé, que le simple fait d’avoir déjeuné ou dîné
ensemble dans un restaurant. De même qu’une journée passée
dans un vignoble à partager la journée d’un vigneron donnera un
goût différent au verre de vin dégusté, que le simple fait d’ouvrir
une bouteille achetée dans un magasin.
L’ACCUEIL TOURISTIQUE N’EST CEPENDANT PAS UNI-
QUEMENT L’AFFAIRE DES PROFESSIONNELS, C’EST AUS-
SI LA MISSION DES COLLECTIVITÉS, DES ASSOCIATIONS
DE VALORISATION DU PATRIMOINE, DE LA CULTURE
OU DES TRADITIONS, AINSI QUE CELLE DE CHAQUE
CITOYEN LORSQU’IL RENCONTRE UN TOURISTE.
N’oublions pas que le premier visiteur égaré qui sera bousculé,
à l’aéroport ou dans le métro, se dira « LES français ne sont pas
bienveillants à l’égard des touristes ». À l’inverse, si vous prenez
2 minutes de votre temps pour lui indiquer son chemin ou pour
lui recommander un restaurant sympa à proximité, il dira : « Les
français sont vraiment accueillants et bienveillants à l’égard des
touristes »
Hervé ROCLE
Villefranche sur Saône
9 mai 2020
10 THE MAG THE MAG
11
PORTRAIT
RENCONTRE AVEC
JEAN ET
JOSETTE
BROUILLY
Par Prescilia Hadjout
presciliahadjout@gmail.com
06 82 81 63 62
ACTU’
Portraits :
Sophie Choné Solmaz
sophiechone@free.fr
07 81 41 17 66
Artiste peintre
Toque blanche lyonnaise et chef étoilé, on ne présente plus le chef Jean BROUILLY. Dans
l’ombre de cet amoureux de la cuisine aux yeux rieurs, sa femme, Josette, n’a jamais voulu
être sous les feux des projecteurs. Josette est lyonnaise, Jean est originaire de Villechenève.
Ils ont été hôteliers et restaurateurs du côté de Tarare de 1962 à 2007. Depuis leur retraite, le
couple est installé à Villefranche-sur-Saône. 58 ans de vie commune dont 45 ans de travail
comme modèle de réussite. Démonstration de bonheur avec ce couple attachant en pleine
période de confinement !
QUE PENSEZ-VOUS DE CETTE PÉ-
RIODE INÉDITE QUE NOUS VIVONS ?
Ndlr : les propos ont été recueillis par entretien
téléphonique le 27 Avril 2020.
Jean : cette période me rappelle des souvenirs
de mon service militaire ou encore
de ma plus tendre enfance ! Nous vivions
en autarcie dans une petite ferme, nous
devions gérer les stocks pour l’année,
avec très peu de viande sur la table. Pareil
durant le service militaire, il fallait gérer
les vivres pour plusieurs mois sans savoir
quand est-ce qu’aurait lieu le prochain
ravitaillement… Finalement, aujourd’hui
cette période est presque « ludique », je
ne ressens aucune contrainte particulière.
Je m’efforce de faire des bons petits plats
pour Josette et moi, nous aimons prendre
du plaisir à table et cela nous fait oublier la
liberté de mouvement.
Josette : nous en profitons pour reprendre
contact avec nos amis par téléphone, des
personnes que nous n’avons pas vues
depuis longtemps. Mes copines de l’association
me manquent un peu (ndlr : Josette
est bénévole à la Croix-Rouge depuis 12
ans) et je regrette aussi de ne pas pouvoir
être plus efficace… Il y a beaucoup plus
malheureux que nous !
COMMENT À COMMENCÉ VOTRE
HISTOIRE ?
Josette : je suis originaire de LYON, mes
parents avaient une pâtisserie aux Gratte-
Ciel et d’autres membres de ma famille
étaient dans les métiers de bouche. Mes
parents étaient mes modèles, je les ai toujours
vus travailler ensemble.
En épousant un cuisinier, je savais exactement
à quoi m’attendre mais ce n’était pas
un sacrifice, c’était naturel. J’étais prête à
abandonner ma carrière de secrétaire de
Direction pour faire équipe avec mon mari.
12 THE MAG THE MAG 13
«
Nous nous sommes
parfaitement
complétés ! »
intellectuelles de Josette. Nous nous
sommes parfaitement complétés, elle
était capable de gérer les comptes, écrire
les courriers, les menus etc… Sans elle je
n’y serais jamais arrivé.
QUE RETENEZ-VOUS DES DÉBUTS
AVEC LA REPRISE DE L’HÔTEL RES-
TAURANT ?
Josette : les débuts ont été difficiles, on
travaillait 7 jours sur 7 non-stop de 6h30
du matin jusqu’à 23h le soir. Il nous a fallu
attendre deux ans pour nous accorder
une première soirée sans travailler !
Puis avec la naissance de nos fils, nous
avons dû revoir notre rythme. Heureusement
nous avions un excellent chef qui a
travaillé avec nous pendant 20 ans pour
seconder Jean.
Finalement, avec le recul, je ne retiens que
les bons moments, les bons côtés. Cette
aventure a pu parfois être une véritable
épreuve mais celle-ci a véritablement
soudée notre vie. Nous nous sommes toujours
serrés les coudes, et avons respecté
les valeurs inculquées par nos parents.
réussi. Finalement eux ont disparu et nous
nous sommes restés…
J’ai travaillé gracieusement toute ma vie, je
n’ai jamais touché de salaire et je n’ai jamais
pensé au divorce une seule seconde de ma
vie. J’avais confiance en Jean et je ne pensais
pas qu’il pourrait m’abandonner !
Au restaurant, il y avait aussi beaucoup
de respect et de confiance entre nous et
nos employés ; le vouvoiement était de
rigueur en toutes circonstances ! J’ai toujours
appelé Jean « CHEF ! » et parfois aujourd’hui
encore ça m’arrive de l’interpeller
comme ça s’il ne me répond pas.
«
Ma signature de
Chef restera celle
de la cuisine des
fleurs »
Jean : le plus important c’était l’investissement,
aller de l’avant et progresser
continuellement. Nous avons aussi misé
sur la fidélité de nos équipes. D’ailleurs
beaucoup de restaurateurs de la région
encore en activité sont passés par chez
nous… C’est un vrai bonheur de garder
contact avec eux et de les voir réussir !
Finalement, nous avons semé plusieurs
graines de talent dans la région et nous en
sommes très fiers.
Il a fallu innover aussi pour se démarquer !
J’ai été le premier dans la région à lancer
la “cuisine à la vapeur”, j’avais vu ça à Paris
dans un restaurant où j’avais travaillé, Paris
a toujours été à la pointe de la créativité.
J’ai même inventé une casserole que
j’aurais pu faire breveter ; les Japonais
s’étaient intéressés à mon idée ! Bien sûr,
ma signature de Chef restera celle de la
cuisine des fleurs.
ET LES ÉTOILES, QU’EN PEN-
SEZVOUS ?
Josette : l’étoile nous a beaucoup apporté,
même dans des périodes plus
“creuses”, l’étoile nous a toujours garanti
une affluence minimale (ndlr : le restaurant
a conservé son étoile pendant 20 ans).
Nous avions toujours du passage, des gens
s’arrêtaient parce que nous étions dans
le Guide Michelin. Ca a été une grande
fierté pour nous et pour nos équipes que
de conserver cette étoile jusqu’à la vente
du restaurant en 2007. Aujourd’hui nous
avons beaucoup de peine de voir certains
collègues perdre leur étoile, ça représente
tellement de travail, cela nous fait vraiment
mal au cœur.
COMMENT SÉPARER VIE PRIVÉE ET
VIE PROFESSIONNELLE QUAND ON
EST AUTANT INVESTI DANS SON AF-
FAIRE ?
Josette : nous vivions sur place, c’était
plus simple à gérer mais il y avait un temps
pour chaque chose. Jamais nos enfants
ont été privés de nous, nous étions présents
après l’école, pour les repas et pour
les coucher. Prendre nos repas en famille
c’était la chose la plus importante pour
nous ! Finalement, ils vivaient notre vie à
100%.
Jean : parfois le weekend nous avions
envie de sortir, d’aller manger ailleurs mais
finalement les garçons préféraient manger
à la maison, selon eux c’était bien meilleur
(rires). Au restaurant, Josette était « Madame
BROUILLY » mais dans la vie privée,
c’était et c’est toujours « Ma Bichette » !
L’argent n’a jamais commandé dans notre
vie. On s’est fait plaisir, on a bien vécu.
On a ce qu’il faut pour notre retraite mais
nous ne sommes pas exigeants non plus.
PARLEZ-NOUS DE VOS VOYAGES
POUR REPRÉSENTER LA CUISINE
FRANÇAISE À TRAVERS LE MONDE..
Jean : j’ai eu beaucoup de chance, je suis
rentré assez jeune aux Toques Blanches
Lyonnaises et je me suis toujours investi
pour représenter le Beaujolais. Puis
mon chemin a croisé celui de Georges
QUEL TYPE DE « PATRONS » ÉTIEZ-
VOUS ?
Jean : j’avais la rage d’apprendre, depuis
très jeune j’avais toujours dans un coin
de ma tête cette envie d’avoir un restaurant.
J’ai d’abord beaucoup voyagé et travaillé
dans plusieurs restaurants partout
en France avant de m’installer. C’est un
peu par hasard que nous avons eu cette
opportunité à Tarare. Je dépannais pour
quelques semaines mon oncle dans son
épicerie. Un jour l’un des clients de l’épicerie
m’a fait part de sa volonté de vendre
son affaire : un hôtel-restaurant sur la
Route Nationale 7, et c’est comme ça que
l’aventure a commencé en 1962 et elle a
duré 45 ans !
Pourtant j’ai arrêté l’école très jeune à 13
ans et demi, je n’ai pas les compétences
Josette : nous étions très prudents avec
l’argent, c’est ce qui a fait notre réussite
sur le long terme. Nous n’étions pas pressés
de réussir, et nous vivions assez simplement.
Je m’étonnais de voir certains
autres restaurateurs achetés de belles
voitures ou des vêtements de luxe… Nous
vivions bien mais nous n’avons jamais été
dans les excès et cette simplicité nous a
14 THE MAG THE MAG
15
DUBOEUF (ndlr : Georges Duboeuf est
décédé début 2020 à l’âge de 87 ans).
Ensemble nous avons fait la promotion
des vins et de la gastronomie de notre
région dans le monde entier. J’ai des souvenirs
formidables de nos voyages, des
rencontres exceptionnelles comme la
fois où nous étions à Auckland (Nouvelle-
Zélande) dans le même hôtel que David
BOWIE.
Japon, Chine, Côte d’Ivoire, Norvège,
Canada, Nouvelle-Zélande, Singapour,
Etats-Unis, Emirats Arabes … J’ai voyagé
à travers le monde et j’en garde des souvenirs
formidables. Chaque voyage était
une aventure humaine formidable…
EST-CE QUE VOUS VOYAGEZ
ENCORE AUJOURD’HUI ?
Josette : oui régulièrement nous allons en
Allemagne pour rendre visite à notre fils
et nos petits-enfants, nous attendons le
prochain voyage avec impatience.
A QUOI RESSEMBLE VOTRE VIE DE
RETRAITÉS ?
Josette : nous avons choisi de nous installer
en ville par praticité. Les caladois
ont été très accueillants, nous avons rapidement
fait des amis et nous sommes
très heureux ici. Nous vivons comme
nous avons toujours vécu, très simplement,
avec une petite retraite. Ce n’est
un secret pour personne, je n’ai jamais
été salariée donc personnellement je
ne touche pas de retraite et nous vivons
ainsi comme nous avons toujours vécu.
Jean : mon plaisir reste la cuisine et le
jardinage ! Je cultive mes fleurs, mes
plantes, mes légumes… Je fais toujours
des bons petits plats. Nous descendons
sur LYON de temps en temps en bus,
nous apprécions nos sorties aux restaurants
!
JUSTEMENT, QUELLES SONT VOS
ADRESSES DU MOMENT SUR LYON ?
Jean et Josette : pour n’en citer que
quelques-unes, nous apprécions la cuisine
de Anthony BONNET de la Cour
des Loges. Davy TISSOT fait un travail
formidable au restaurant d’application
de l’Institut Paul Bocuse. Il y a aussi Felix
GAGNAIRE (fils de notre ami Pierre
GAGNAIRE) avec son restaurant « Sauf
Imprévu » dans le 6ème. Pour nous, la
chef qui monte c’est Tabata MEY, les
APOTHICAIRES également dans le
6ème arrondissement
ENTREPRENEURIAT
Guillemette LOYEZ
guillemette@azergues.net
06 32 38 67 65
https://fr.linkedin.com/in/guillemetteloyez
RENCONTRE AVEC LES
ENTREPRENEURES
DU BEAUJOLAIS
UN MOT
DE LA PART DE PRESCILIA & ALEXANDRE QUI ONT RÉDIGÉ CET ARTICLE
A travers cette série de questions, nous avons souhaité dresser un portrait intimiste du couple BROUILLY et de leur réussite
tant sur le plan professionnel que dans leur vie privée. Leur histoire d’amour est unique, leur personnalité est attachante. Il
ressort de cet entretien une harmonie totale entre les deux êtres, un bonheur pur et simple qui force le respect.
Vivre et travailler en milieu rural est un choix assumé. Il y a de nombreux avantages, et des inconvénients,
comme partout, comme pour tous. Ce billet, écrit par Guillemette Loyez, adoptée par le
Beaujolais depuis son arrivée de la région parisienne en 2016 est le récit de son parcours et de ses
rencontres avec des femmes qui font ce territoire aux multiples facettes
Prescilia HADJOUT & Alexandre CHAVANNE
ACTU’
En 1962 , Jean et Josette BROUILLY ont d’abord repris
un hôtel-restaurant « Le Français » rapidement rebaptisé
« Jean BROUILLY » rue Etienne DOLET dans le
centre de Tarare.
En 1980, ils ont investi une grande bâtisse construite
en 1906 pour installer le restaurant gastronomique à la
sortie ouest de la ville. Pendant 7 ans, ils ont toutefois
continué à faire tourner les deux établissements, faute
de repreneurs pour l’hôtel-restaurant.
Le 31 Mars 2007 , Jean et Josette BROUILLY ont
vendu leur restaurant avec leur nom et leur étoile au
chef Éric LAMBOLEZ. Le restaurant gastronomique a
depuis perdu son étoile mais sa réputation et son histoire
perdurent.
Le restaurant Jean BROUILLY reste une adresse incontournable
de la Nationale 7 dans l’ouest rhodanien.
A découvrir absolument !
16 THE MAG THE MAG
17
GUILLEMETTE, ENTREPRENEURE, DE
L’ESSONNE AU BEAUJOLAIS
Vendredi, 9h. Ca sent bon le café dans
tout le bâtiment, des bruits de voix se
font entendre jusqu’au rez de chaussée…
nous sommes à l’espace de coworking de
Lamure sur Azergues, au coeur du Beaujolais
vert. C’est là que se tient le Café
des échanges : des femmes, des entrepreneures,
de celles qui osent, qui font, qui
pleurent et qui foncent.
Ce billet est un hommage à leur ténacité…
mais alors pourquoi “que des femmes” me
direz-vous ? Parce que ce sont des rencontres
qui résonnent avec ma propre histoire.
Avril 2016, nous débarquons dans le Beaujolais.
J’ouvre et j’anime ce tout nouvel
espace de coworking à Lamure sur Azergues
et mon mari change de cap : cadre
dans l’automobile, il devient artisan vélo et
conducteur de cars scolaires.
Aujourd’hui, ces quatre années passées
à travailler dans le Beaujolais, et les rencontres
que j’y ai faites m’ont donnée envie
de témoigner de la richesse de l’entrepreneuriat
au féminin en milieu rural.
Et puis, en ce lundi frais et ensoleillé, je
déjeune avec Prescilia à Villefranche. Elle
me raconte son histoire d’entrepreneure
et celle de “The Mag - une aventure collective”.
J’ai eu tout de suite envie d’y participer
! Comment ? En parlant de ces femmes
qui s’emploient à vivre et travailler dans le
Beaujolais. 6ème arrondissement.
«
Par an, 30% des
entreprises créées
le sont par des
femmes. »
«
Une envie viscérale
de choisir mon
rythme de travail,
de concilier vie
pro/vie perso, de
donner du sens à
mon quotidien audelà
de ma famille,
et surtout de me/
de nous donner du
temps pour grandir
ensemble. »
Flash back.
Nous sommes le 18 juillet 2012, j’ai quitté
mon poste de chef de projet webmarketing,
mon deuxième pirate fête ses un an
et mon entreprise est officiellement créée.
Elle n’est pas le résultat d’une idée de
génie, mais plutôt une envie viscérale de
choisir mon rythme de travail, de concilier
vie pro/vie perso, de donner du sens à mon
quotidien au-delà de ma famille, et surtout
de me/de nous donner du temps pour
grandir ensemble.
L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ EN
FRANCE ET EN MILIEU RURAL : UN
PEU DE THÉORIE ET QUELQUES
CHIFFRES
Vivre et travailler en milieu rural est un
choix assumé, surtout quand on connaît
les difficultés que ça représente : emploi
et mobilité, garde d’enfants... Et pourtant
les femmes y réussissent particulièrement,
modestement mais sûrement. Avant de
partir à la rencontre de ces femmes en
Beaujolais, revenons sur les faits.
Par an, 30% des entreprises créées le sont
par des femmes. c’est si peu alors que je
croise beaucoup de femmes qui ont des
idées, qui deviendraient de solides projets.
Le premier constat que je relève est intimement
lié à leur personne. L’étude portée
par le Ministère de l’égalité des familles,
de l’enfance et des droits des femmes, en
partenariat avec l’Agence France Entrepreneur*
le met bien en exergue. Ce non passage
à l’acte des femmes entrepreneures
est dû à :
- l’inaction… l’intention est bien là mais
elles en restent là…
- le stéréotype de la femme cheffe d’entreprise
: elles n’arrivent pas à s’identifier à
l’image de la femme entrepreneure véhiculée
par les médias.
- la raison de leur création : elle se fait souvent
au moment d’une rupture, familiale
ou professionnelle.
https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/wp-content/uploads/2016/09/7-engagements-des-reseaux-en-faveur-des-femmes-entrepreneures.pdf)
18 THE MAG THE MAG
19
une offre de garde sous-développée (pas
de garderie extrascolaire ni de service
de cantine pour les enfants de maternelle,
sans parler de l’absence de centres
de loisirs pendant les vacances ou dont
les places sont proposées en trop petit
nombre).
Entre autre parce qu’il leur est parfois
délicat de trouver ce juste équilibre, elles
rencontrent des difficultés à faire réseau.
En plus, il apparaît qu’elles en sous-estiment
les bénéfices (ce qui s’explique
aussi par le manque de confiance en elle
et le fait qu’elles n’osent pas échanger/
parler/partager et donc faire connaître
leur projet pour trouver des moyens). La
fable du serpent qui se mord la queue.
Il se trouve qu’en plus elles choisissent
des secteurs concurrentiels dont la pérennité
est faible (bien-être, services à la
personne)... la totale en somme !
Au regard de ces difficultés et de la dispersion
des ressources, il est essentiel
de mettre en avant les moyens de sensibiliser
et accompagner cet entrepreneuriat
au féminin
C’est ce qui m’amène à vouloir parler
d’elles, montrer ce qu’elles font, les encourager,
les soutenir, leur partager le
réseau auquel j’ai moi-même accès, par
mes missions professionnelles, ma curiosité
et ma gourmandise pour les petites
histoires qui font la grande.
L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ
DANS LE BEAUJOLAIS : REN-
CONTRE AVEC DE CHOUETTES
OUVRIÈRES
Mais alors, dans le Beaujolais, concrètement,
ça donne quoi ? Qui sont ces
femmes entrepreneures ? Il n’y a pas une
réponse, il y a des personnes. Parce que
les généralités nous desservent, mais
que les histoires nous parlent, c’est à
travers le prisme de mon travail et la manière
dont moi femme entrepreneure je
fais réseau dans le Beaujolais que je vous
propose d’aller à leur rencontre.
Depuis toujours, de manière innée, naturelle,
j’ai besoin de rassembler autour de
moi des personnes qui me font du bien, à
qui je porte assistance. En toute humilité,
je partage ce que j’ai appris, ce qui vaut
pour moi ne valant pas toujours pour autrui.
Avec elles je parle, me balade, bois
un café, je les soutiens d’une manière ou
d’une autre, par ma présence et par mes
mots. Je ne cherche absolument pas à en
tirer quelque chose, je le fais, je suis.
Curieuse, j’arpente les réseaux virtuels et
j’écoute les personnes que je rencontre
dans les nombreux lieux événements que
je fréquente. Cela me permet de tisser
On comprend mieux pourquoi ce chiffre
de la création par des femmes reste
faible, si on y ajoute en plus les difficultés
sociétales alors celles qui y parviennent
ont trouvé le bon chemin, les bonnes
personnes et leur ténacité paye.
Toujours selon cette même étude, on
constate que
- l’information est dispersée : pas de
point unique d’entrée. Entre la CCI, la
CMA, le Pôle Emploi, les développeurs
économiques, les coopératives, les
experts-comptables, voire “une amie
qui a créé”… qui dit vrai ? Ce qui s’avère
encore plus vrai si on y ajoute une spécificité
territoriale : certains services sont
à Tarare, Villefranche, Belleville voire
Lyon.
- l’éloignement géographique crée une
rupture dans l’accès aux services (ici
on parle au minimum de 40 min de voiture
sur des routes plutôt sinueuses), et
donc le besoin d’être mobile ou d’avoir
une offre de transport partagé est
nécessaire (surtout si on y ajoute une
offre de service en garde d’enfants mal
dimensionnée : pas de crèches, encore
trop peu de relais d’assistantes maternelles,
parfois pas de cantine pour les
plus jeunes et une offre de garde extrascolaire
réduite).
- les réseaux d’entrepreneurs qui aident
et servent de porte d’entrée ne sont
pas toujours accessibles : financièrement
comme géographiquement. Par
exemple, en Vallée d’Azergues seul le
Club Azergues Entreprendre pourrait
remplir ce rôle de facilitateur, sinon il
faut aller à Villefranche, Belleville, Thizy,
Tarare ou Lyon.
- ajoutons-y la fracture numérique et
voilà que le combo est loin d’être gagnant.
Au lieu de proposer la 5G dans
le métro, et si on déployait la 4G partout
sur le territoire, ça aiderait, non ?!
Dans le Beaujolais, des zones blanches
ou des réparations de réseaux qui interviennent
bien au-delà du temps d’intervention
supportable ne permettent pas
de rester connecté avec la réalité du
chef d’entreprise.
Un sujet qui fait souvent la une des
articles au sujet de la femme entrepreneure
comme des magazines de développement
personnel, c’est la légitimité
de la femme entrepreneure. Les femmes
assument moins bien la posture de chef
d’entreprise, elles croient moins que les
«
Au regard des
difficultés et de
la dispersion des
ressources, il est
essentiel de mettre
en avant les moyens
de sensibiliser et
accompagner cet
entrepreneuriat au
féminin. »
hommes en leur potentiel alors même
que leur seul objectif (et sans doute le
plus précieux, non ?!) est la création de
leur propre emploi (71% contre 53% des
hommes). Si les idées qu’elles ont sont
ambitieuses, elles n’investissent pas à
hauteur de leur projet.
Elles ont du mal à trouver le duo gagnant
pour concilier vie pro/vie privée : elles
sont le plus souvent en charge de la garde
et de l’éducation des enfants. Ce fait est
accentué par des salaires plus élevés
pour les hommes (elles choisissent donc
un congé parental ou restent au foyer) et
20 THE MAG THE MAG
21
une immense toile dont je ne connais pas
moi-même les limites dans laquelle sont
stockées toutes les informations dont on
m’a fait part ou que j’ai trouvées et pour
lesquelles je me suis dit : je le garde dans
un coin, ça pourrait être utile un jour. Des
fois, je ne sais pas ce que je vais en faire
de cette info, mais je sais qu’il se passera
quelque chose un jour pour quelqu’un
parce que je partagerai ce que je sais.
J’ai une carte mentale de mon Beaujolais.
Les points remarquables, ce sont les
femmes qui y vivent. Pour les relier entre
elles, pas de routes, mais une toile dont
je connecte les fils. En vrai, ça donne…
“Céline, as-tu déjà rencontré Florence ?
Non ?! Appelle-la je suis sûre que vous
avez un truc à faire ensemble. Je ne sais
pas quoi, je ne sais pas quand. Mais je le
sais.”
Pas très empirique, mais demandez-leur,
elles vous diront.
«
J’ai une carte mentale
de mon Beaujolais. Les
points remarquables,
ce sont les femmes qui
y vivent. Pour les relier
entre elles, pas de
routes, mais une toile
dont je connecte
les fils. »
Sans que je le clame, sans que je le formalise,
des femmes arrivaient à moi
“va voir Guillemette, elle saura t’aider”.
J’aime leurs histoires, je les écoute
avant qu’on trouve ensemble comment
entreprendre. Elles viennent parler de
ce qu’elles sont, de ce qu’elles font et
on construit ensemble l’histoire qu’elles
ont envie d’écrire là où elles vivent. Car
leur moteur est bien là. Travailler dans le
Beaujolais.
Un constat, les femmes que je connais
dans le Beaujolais, comme moi, n’ont pas
trouvé LE réseau qui leur va bien, alors
on l’a créé ensemble, ici dans cette partie
rurale du Beaujolais, aux frontières de la
Saône et Loire, et de la Loire, aux portes
de la calade et de Lyon. Nous inventons
nos méthodes avec les moyens locaux,
pour ne pas rester seules et réussir ! Pour
rester là où nous en avons envie, là où
nous nous sentons bien, soutenues, accompagnées…
et libres ! Parce que nous
y tenons à notre liberté. Avec un grand L.
Elles ont choisi d’entreprendre (un rêve
qu’elles ont envie de réaliser, celles-ci
sont des entrepreneures nées), ou qui
ont été amenées à le faire pour des questions
d’organisation (celles-ci sont des
guerrières) : un mari qui travaille beaucoup,
souvent absent, un enfant atypique
pour lequel elles choisissent de prendre
du temps, un burn-out qui les amène à
changer de vie… aucune histoire ne se
ressemble, sauf d’être incarnée par une
femme.
Je lui ai donné un nom et il a plusieurs visages
: le Café des échanges. Il regroupe
deux mots que j’adore : café (oui j’aime
ce liquide chaud, ses saveurs et textures,
ses excuses qu’il nous donne pour nous
rassembler) et échanges (le partage de
nos bonnes pratiques, le soutien que l’on
se donne dans nos adversités, la richesse
que nous ouvre ces rencontres).
J’en ai fait un lieu de rendez-vous hebdomadaire
des entrepreneures de la vallée
d’Azergues, libre d’accès et ouvert à tous.
Les femmes y sont présentes en grand
nombre, des hommes nous rejoignent
curieux et timides. Nous sommes parfois
quatre, d’autres fois il faut pousser
les murs, des fois mêmes nous partons
marcher. Parmi elles, quelques figures
qui dégagent une force tranquille et fragile,
de celles qui m’inspirent et qui m’ont
émue ou soutenue.
Chacune d’elles a débarqué un jour, et je
me souviens pour toutes de leur premier
jour comme si c’était hier. Comme Florence
ou Catherine, elles ont osé franchir
la lourde porte. Elles sont venues pour
ne pas rester seules. On a d’abord passé
une bonne heure à parler. Quel bonheur
j’ai ressenti à les écouter, à comprendre
ce qui les amenait jusqu’à ce lieu, jusqu’à
moi. Elles ont pu construire les bases du
chemin sur lequel elles avancent. Il m’en
faudrait des mots pour toutes les raconter.
Il a donc fallu que je choisisse. Partons
à leur rencontre.
CELLE AVEC QUI JE COURS...
Estelle, de Grandris c’est ma première
rencontre entrepreneuriale locale. Celle
pour qui j’ai débarqué à Lamure, elle qui
voulait partager ses bureaux. On a chaussé
nos chaussures de trail et arpenté les
chemins, elle m’a permis d’atterrir en douceur
dans ce Beaujolais qu’il fallait faire
nôtre. Elle m’a ouvert son réseau local et
la convivialité partagée autour d’une pizza
locale et d’une bière non moins locale
ont fait le reste. Désormais à la tête d’une
entreprise installée à L’Arbresle, et qui
emploie six personnes pour des clients
partout en France, elle est le ciment de
mon parcours entrepreneurial local.
CELLE AVEC QUI JE ME SENS
UTILE…
Nadia, nous nous sommes rencontrées
à Lyon à l’occasion d’une session d’information
que j’animais : Vivre et Travailler à
la campagne. J’ai ressenti de l’électricité
à la voir défendre son projet dun centre
de loisirs pour personnes âgées isolées
en milieu rural, elle qui pourtant vient
de Frontenas, un autre Beaujolais, elle
est devenue une habituée de notre pôle
entrepreneurial local.
CELLE AVEC QUI JE CROIS….
Tereska, c’est “ma voisine d’en face”, elle
débarque avec des tournesols et même
en hiver elle apporte avec elle toute la
chaleur dont les femmes sont capables.
De mon point de vue, elle représente
l’histoire des Femmes. Polonaise, sud
africaine, artiste, agricultrice arrivée de
la Drôme il y a trente ans, elle est tout
ce qu’on devrait s’autoriser à être, juste
parce que la Vie, c’est ça, un savant mélange
de ce qu’on est, de ce qu’on crée
et de ce qu’on est parfois obligé d’être,
avec le sourire toujours. Elle habite Impasse
des Rêves, vous imaginez tout ce
que cela présage ?
Celles avec qui je danse et je marche…
Là-haut, à Monsols, il y a Magali et Pascale.
Elles ont osé me faire de la concurrence,
chez Annette à Chénelette, en
créant et animant un Apéro Réseau. Et
je les en remercie, c’est le plus beau des
cadeaux : la création de cet événement,
pendant de mon Café, c’est la confiance
qu’elles s’accordent pour elles aussi rassembler,
et répondre à un besoin : certains
entrepreneurs ne sont dispo que
le soir, et pas toutes les semaines. Deux
visages, deux personnes et la même
confiance dans la vie. D’un côté Magali et
ses ateliers mêlant danse, chant, méditation
et balades au grand air. Et de l’autre
Pascale qui a longtemps géré et animé
une boutique du terroir, ou l’incroyable
force d’une femme qui suit son chemin.
D’ailleurs en 2019, elle est partie de
Monsols rejoindre Compostelle, ça force
le respect non ?! Si vous venez jusqu’à
elle, elle vous racontera.
CELLE QUI EST MON MIROIR…
Sur l’autre versant, rejoignons Caroline
de Saint Cyr le Châtou, cheveux courts,
c’est ma jumelle discrète (notre lien n’a
pas besoin de mots, elle lit comme dans
un livre ouvert en moi quand elle me regarde).
Elle a sous son bras son panier de
savons qui rend nos peaux douces. Elle
a installé son atelier entre nos deux vallées,
et elle descend jusqu’à nous chaque
vendredi nous proposer ses nouveautés.
CELLE QUI NOURRIT MES RÊVES
DE VOYAGES…
Eléonore de Lamure, mais aussi de Madagascar
et Bordeaux, ce sont les paysages
et les personnages dont elle parsème ses
illustrations qui font d’elle une artiste qui
nous fait voyager au-delà de nos propres
rêves. Elle a mis de la couleur sur les murs
de l’espace de coworking avant d’installer
son atelier à Quartier Métisseur,
juste en face. Mais c’est surtout celle qui
a illustré, avant même me connaître ce
que je représente, un être mi-femme, michouette,
prête à s’envoler.
22 THE MAG THE MAG
23
CELLE QUI ME NOURRIT…
Chloé de Claveisolles et maintenant
Grandris, c’est son rire que j’entends et
son bandeau rouge qui retient ses cheveux
fous. Elle est tombée dedans quand
elle était petite… la cuisine ! Elle fait de
nos petits-déjeuners des voyages gustatifs
et elle a l’ambition de révolutionner la
restauration collective des plus fragiles.
A table !
ET ENFIN, CELLES QUI
M’ANCRENT…
Avec elles, je partage valeurs et visions.
Il y a Emilie de Saint Laurent d’Oingt. La
première fois qu’elle a débarqué dans
ma vie, c’était en juin 2016, à l’inauguration
de l’espace de coworking. Elle met
de la couleur dans mon quotidien, elle
me permet d’explorer une part de moimême
que je laisse trop souvent de côté
: l’artiste. Elle fait d’une simple réunion un
World Café et sait transformer un simple
mur en Social Wall.
Et puis Christine, avec elle, impossible
de passer à côté du but, de la mission,
du projet dont on lui a fait part. Elle sait
dérouler le tapis pour que ça se fasse.
Coach expérimentée, c’est elle qui me
remet sur mon chemin, celui de mes
rêves. Un fil ténu avec mon côté artiste
qui voudrait se perdre, et celle que je suis
vraiment. On se retrouve régulièrement
pour parler de nos En-Vies.
Nos points communs ? Un lieu : Lamure
sur Azergues ; le fait qu’on se connaisse
et se côtoie toutes. Et une croyance
: celle de réaliser nos rêves et donc de
nous en donner les moyens pour réussir,
à notre manière, accompagnées les unes
des autres nous nous affranchissons des
difficultés locales.
Et la crise sanitaire actuelle montre à
quel point elles sont sur tous les fronts,
ici comme ailleurs. A l’aide du mentorat
(relation interpersonnelle de soutien) et
du co-développement (partage de problématiques
professionnelles/personnelles,
écoute active et réflexions pour
se mettre en action), qui ne sont pas pour
elles des concepts marketing, elles expérimentent
au quotidien pour atteindre
leur but : vivre de leurs activités tout
en prenant soin des autres et des lieux,
ensemble.
Croyez-moi l’entrepreneuriat des femmes
en milieu rural a de l’avenir !
ET MAINTENANT ?
Ce billet n’est pas exhaustif parce que
c’est un récit de ma propre expérience
dans la partie rurale du Beaujolais, reflet
d’une réalité nationale : les femmes en
milieu rural, malgré les difficultés, réussissent,
modestement mais sûrement. Il
y a toutes celles que je ne connais pas,
discrètes mais bel et bien là, et celles
qui sont mes chouettes ouvrières et
dont vous retrouverez les portraits en
ligne : Nadia, Tereska, Estelle, Eléonore,
Caroline, Chloé, Emilie, Magali, Pascale,
Christine et Prescilia !
Leur histoire, leur projet et notre rencontre,
ce sera un peu comme les 10
doigts d’une main, mais autour des 11
lettres de mon prénom, un clin d’oeil que
je me fais.
Parce que j’ai toujours trouvé qu’on
parlait toujours des mêmes, alors j’ai eu
envie de rendre justice à ces entrepreneures,
et je remercie Prescilia, et toute
l’équipe de The Mag, de m’offrir cette
belle tribune qui entre en cohérence
avec les valeurs que nous partageons,
celle du faire ensemble au profit du bien
vivre et travailler dans le Beaujolais.
Le premier portrait de cette série de 11
est à retrouver en juin sur le blog The
Mag. Je vous inviterai à faire connaissance
avec Nadia de l’AiRe AéRée, une
femme entrepreneure qui a transformé
une histoire de famille en association au
service des personnes âgées isolées, un
projet qui prend tout son sens avec ce
que nous fait vivre le covid-19
«
L’entrepreneuriat des
femmes en milieu rural
a de l’avenir ! »
ET SI ON
CONSOMMAIT
LOCAL
AVEC DES
APPLICATIONS
MOBILES ?
Par Nathalie Eeses
eesesnathalie@gmail.com
06 24 23 30 37
Chef de projet événementiel
communication digitale
Cocorico !
Lyon a été officiellement labellisée
« Métropole French
Tech » grâce à son écosystème
entrepreneurial numérique
important .
Dans le numérique on retrouve
notamment les applications mobiles.
Ces dernières ont le vent
en poupe et poussent comme des
champignons . Face à l’immensité
du Playstore, nous avons résumé
sous forme d’infographie des
applications citoyennes gratuites
imaginées par des entrepreneurs
originaires du Rhône.
Ce zoom montre que la solidarité
2.0 a sa place dans nos smartphones.
N’hésitez pas à les tester
afin de vous rendre compte de leur
utilité dans votre quotidien
24 THE MAG THE MAG
25
Luminosité, couleurs chatoyantes, les vitraux accrochent notre
regard dès que nous les découvrons. Le dessin de certains
nous absorbe plus longuement, attise notre curiosité et notre
admiration. Les vitraux sont majestueux, grandioses, lumineux,
emprunts de sérénité. Et c’est peut-être à tort que nous leur
attribuons souvent une image vieillotte ou religieuse. Le vitrail
vient nous surprendre sous des lignes contemporaines, pour
habiller magnifiquement nos intérieurs. Laissez-vous emporter
ici par cette belle découverte
La révélation et la réverbération de ses
couleurs et de ses reliefs, évoluent selon
le temps. C’est ce qui fait de lui un art
vivant qui nous emplit d’émotions.
Le vitrail se dessine sous des traits épurés
et élégants. Il met en scène des styles quasiment
infinis : l’art nouveau, l’art déco, le
style industriel, le style scandinave... c’est
une invitation à la respiration, au zen et à
la lumière.
Tout en finesse, ce rideau de lumière ravit
la décoration intérieure.
Le vitrail donne vie à un merveilleux mariage
entre l’authenticité et la modernité.
Le Design s’invite au travers du savoirfaire.
C’est une œuvre d’art qui sublime
et se renouvèle pour répondre à l’infini
à nos besoins de décoration moderne.
Si votre curiosité est attisée, laissez-vous
surprendre par cet univers résolument
contemporain, créatif, puissant et bienfaisant.
Le Christ de Wissembourg, le plus ancien
vitrail figuratif en bon état subsistant, datant
d’environ 1060. Conservé à Strasbourg.
ELEMENT DE DECOR CONTEMPORAIN,
LE VITRAIL NOUS RESERVE DE
BELLES SURPRISES
Si l’art du vitrail est ancestral, il a traversé
les époques et a aujourd’hui
toute sa place. Au fil des années et
des modes, il s’est démocratisé. Autrefois
il était conçu pour apporter la clarté
dans les édifices ; de nos jours, il permet
de créer des cloisons intérieures lumineuses.
Nos rythmes de vie suscitent le besoin
d’espace et d’ouverture. Des lieux de
détente où l’on respire pleinement, où
l’extérieur s’invite à l’intérieur. La lumière
contribue à notre bonne humeur et notre
bonne santé. Elle a une action bienfaisante
et régénératrice sur notre corps. Les couleurs
agissent également sur notre bienêtre.
Par Vanessa Bailliache
latelierdevaness@gmail.com
Création de vitraux, sculptures et restauration
www.latelierdevaness.com
Le vitrail apporte toutes ces ondes douces
et pures, d’autant plus qu’il fluctue selon
la luminosité qui le traverse. Au gré des
heures, des journées et des saisons, il
crée des ambiances naturellement changeantes
; comme s’il se réinventait à
chaque lumière.
LA PETITE HISTOIRE DU VITRAIL
A l’origine, les vitraux étaient réalisés pour
instruire et apprendre les textes sacrés
aux illettrés. Il n’y a pas de sources précises
pour savoir à quelle époque réellement le
premier vitrail a été réalisé.
Les fouilles archéologiques nous éclairent
sur la confection du verre, connue depuis
le 3ème millénaire avant notre ère. La plus
ancienne pièce de verre peinte retrouvée
à ce jour, remonterait à 1060 et provient
probablement d’un vitrail. Elle est conservée
au musée de l’œuvre Notre-Dame à
Strasbourg.
Le vitrail fait partie de notre patrimoine,
de notre savoir-faire culturel. N’est-ce
pas tout simplement incroyable, de réaliser
que certaines pièces si fragiles par la
matière, ont traversé les siècles et subies
tant d’intempéries ? Elles pourraient nous
raconter un panel d’histoires qu’elles ont
traversé du moyen âge jusqu’à nos jours.
C’est ce qui se passe lorsqu’un maître
verrier a entre les mains un vitrail à restaurer.
Il n’a pas uniquement une œuvre
d’art à restituer - réparer ; il fait un bond
dans l’histoire, qu’il doit comprendre et
«
Le vitrail fait partie
de notre patrimoine,
de notre savoir-faire
culturel. »
interpréter avec le plus grand soin, pour
restaurer le plus fidèlement cet ornement
de lumière.
Les techniques de réalisation restent quasiment
inchangées depuis l’origine. Les
pièces de verres, préalablement découpées,
sont insérées dans des baguettes de
plomb profilées, comme un puzzle. Puis les
intersections sont soudées à l’étain et l’ensemble
est mastiqué pour assurer solidité
et étanchéité.
Au Moyen Âge, les verres colorés étaient
teintés dans la masse. Certains motifs
étaient réalisés par une peinture, que l’on
nomme la grisaille. Elle était alors diluée
avec de l’urine d’animal – heureusement, ce
n’est plus le cas de nos jours. Cette peinture
opaque et sombre permet de réaliser
les traits d’un visage, ou encore les plis d’un
tissu.
Aujourd’hui, les possibilités de peintures et
de colorations sont bien plus développées.
Elles permettent de donner jour à des
réalisations très modernes et graphiques.
Sous les mains minutieuses du maître
verrier, les matières nobles prennent vie
et révèlent tout leur éclat. Elles suscitent
l’émotion par leurs lignes et leur intensité
colorée
26 THE MAG THE MAG
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