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test memoire NP

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vers une

Architecture

pschiatrique PLUS humaine

Mémoire de licence 3

ensam

ninon pichoux



remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes m’ont aidée lors de la rédaction de ce mémoire.

Je voudrais dans un premier temps remercier, mon directeur de mémoire Rémy Marciano, professeur

de projet à l’ENSAM, pour sa patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont

contribué à alimenter ma réflexion.

Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour leur aide dans la

réalisation de ce mémoire :

Marie Desvaux, ma psychologue qui m’a encouragé et m’a aidé à trouver des usagers d’hôpitaux

psychiatriques pour des entretiens.

Gaétan Graff, ami de l’ENSAG qui m’a aidé à obtenir un entretien avec l’agence de Thomas Vadja,

spécialisée dans l’architecture hospitalière.

Fredrick Tosseram, Clément et Clémence, pour m’avoir accordé des entretiens et avoir répondu à mes

questions leur vision de la psychiatrie ainsi que leur expérience personnelle.

Mon papa ainsi que mes tantes, pour avoir relu et corrigé mon mémoire. Leurs conseils de rédaction

ont été très précieux.

Maxence, pour son soutien constant et ses encouragements



Avant propos

RAPPORT AU VIVANT

Réfléchir à un sujet de mémoire n’est pas chose facile, tous les thèmes sont intéressants

et en choisir un en particulier est une tâche délicate.

Au fond de moi je savais dès le début que je voulais parler d’une architecture qui aide,

qui soigne.

Une architectrue qui aide les personnes malades, qui aide les personnes mourantes,

qui aide les personnes en deuil et les accompagne vers une vie plus apaisée et douce.

J’ai longtemps hésité entre ces deux sujets : l’architecture hospitalière en tant qu’outil

de soin ou un autre sujet plus lourd, plus profond : comment l’architecture peut aider

au mieux des personnes à faire leur deuil, à apaiser leurs maux?

Ce deuxième choix de sujet sur l’architecture pour ceux qui sont partis, et les autres,

ceux qui restent était un sujet sûrement trop lourd à aborder. La mort est un sujet

sensible et tabou, beaucoup n’osent pas en parler. En deuxième année d’architecture

à l’école de Grenoble il nous a été demandé au projet du S4 de penser un lieu de

recueillement, un lieu de dispertion de cendres pour des personnes en deuil. J’ai

beaucoup appris durant ce semestre, cela m’a permis en grande partie de développer

ma sensibilité et de me mettre à la place des personnes pour qui on pense un projet.

Nous pouvons faire énormément grâce à l’architecture, elle doit pouvoir nous

accompagner dans les bons moments de notre vie mais aussi dans les pires, les plus

tristes, les plus difficiles pour nous permettre d’aller mieux.

Lorsqu’il a fallu faire un choix entre ces deux sujets de mémoire qui m’intéressaient

tout deux, je me suis dis que j’allais travailler sur le côté thérapeutique de l’architcture,

c’était un aspect que je ne connaissais pas et que je voulais découvrir. Choisir le milieu

de la psychiatrie était pour moi un défit, je connais peu ce milieu mais tout ce qu’on

peut entrendre sont généralement des aprioris négatifs. Je voulais alors me pencher

sur les nouvelles manières de concevoir un hôpital psychiatrique et de quelle façon les

architectes pouvaient procéder pour accompagner au mieux les personnes souffrant

de maladie mentale.

Quel que soit le choix du sujet, mon intention première est de montrer qu’avec des

sujets lourds comme la mort ou la maladie, l’architecture peut avoir son rôle à jouer

pour nous accomagner au mieux possible. C’est surtout le rapport au vivant que je

voulais mettre en avant dans ce mémoire.

Il n’y a pas une bonne architecture mais des multiples façons d’améliorer le quotidien

des personnes et leur vie en générale.

En tant que future architecte j’espère que ce rapport au vivant m’accompagnera pour

pouvoir exercer au mieux possible mon métier au service de l’humain.


SOMMAIRE

INTRODUCTION

échelle 1 : 500

Les hôpitaux psychiatriques sur le territoire, échelle urbaine

1.1 Reconsidération du patrimoine passé pour la ville à venir

1.2 Le regard de la société sur les hôpitaux psychiatriques

1.3 Quel est le lien entre les hôpitaux et la ville ?

- Les hôpitaux psychiatriques au coeur des villes

- Les établissements alternatifs

1.4 Etat des lieux en ville : Marseille


échelle 1 : 50

Le traitement des espaces au coeur de l’architecture psychiatrique, échelle humaine

2.1 Espaces d’intimité

- La chambre

- Les salles de consultation

2.2 Architecture de la rencontre

- La circulation : entre intimité et rencontre

- Les espaces collectifs

2.3 Les espaces extérieurs

- Les patios

- Les jardins

conclusion

annexes

bibliographie


architecture psychiatrique

INTRODUCTION

“ l’environnement physique d’un

malade participe étroitement à sa

maladie ou à sa guérison. Il existe

une organisation architecturale propre

à la psychiatrie mais il n’existe pas

d’architecture psychiatrique. La qualité

de l’environnement est thérapeutique” 1

Aujourd’hui, un français sur cinq souffre

de troubles de la santé mentale, cela

représente plus de 12 millions de

personnes.

Une petite partie de ces personnes sont

amenées à côtoyer quotidiennement

ou ponctuellement des centres

psychiatriques pour y être internés ou

pour suivre des thérapies. En france, c’est

au total 419 000 personnes internées en

hôpital psychiatrique dont 46000 enfants.

519 structures psychiatriques accueillent

ces malades, dont la plus grande partie

sont des hôpitaux psychiatriques issus de

l’héritage asilaire du XIXe siècle.

Dans le domaine de la psychiatrie,

l’architecture à un réel rôle à jouer dans le

“mieux-être” des malades et peut les aider

à se soigner. Nous nous intéressons ici à

la valeur thérapeutique de l’architecture

en milieu psychiatrique et de l’effet

positif ou négatif qu’elle peut avoir sur

les patients.

Au cours de l’histoire les lieux d’accueil

pour les personnes souffrant de

troubles mentaux n’ont pas toujours été

chaleureux, de nos jours, les architectes

et les équipes médicales essaient de

répondre au mieux aux besoins des

patients, tout en répondant également

aux contraintes économiques,

fonctionnelles et sécuritaires du projet.

Leur concertation paraît essentielle

pour la réussite d’un tel projet et de plus

en plus les architectes et les équipes

médicales travaillent en cohésion pour

se rapprocher au mieux des besoins des

patients.

1. Alain girard et Caroline Jeanpierre dans Architecture et psychiatrie, approches françaises et internationales,

éditionns Le Moniteur, 2017, page 92

7


architecture psychiatrique

L’intervention de Jan et Pascal Richter à la

cité de l’architecture et du patrimoine lors

d’une conférence sur le thème “prendre

soin” a soulevé des questionnements

qui m’ont interpellé sur l’architecture de

soin et plus spécifiquement sur le rôle de

l’architecture en milieu psychiatrique.

Au cours de l’histoire les lieux d’accueil

pour les personnes souffrant de troubles

mentaux n’ont pas toujours été adaptés,

nous voudrions comprendre de quelle

manière l’architecture peut avoir un rôle

thérapeutique dans le cadre de maladies

psychiatriques et comment les différents

acteurs se mettent d’accord pour la

conception d’un hôpital psychiatrique

Afin de traiter le sujet et de répondre

aux questionnements émis, nous allons

dans un premier temps travailler sur

une échelle urbaine, pour analyser le

positionnement des établissements

psychiatrique dans la cité.

A cette échelle nous nous questionnons

sur l’histoire et le devenir du patrimoine

psychiatrique, du regard de la société

sur ces hôpitaux. Enfin, pour mieux

comprendre l’évolution architecturale

des hôpitaux psychiatriques en termes

d’organisation, de relation au patient

et d’image dans la cité, nous verrons

comment ils peuvent être pensés pour

être le mieux intégrés possible dans la

ville.

Ensuite, nous travaillerons à une seconde

échelle, plus humaine, pour comprendre

les différents besoins des patients en

matière d’espace, afin de mettre en

avant une architecture “idéale” pour ces

hôpitaux qui puisse répondre à la fois aux

contraintes du projet et aux besoins des

utilisateurs pour améliorer la condition

de vie des malades.

Il s’agira également de mener des

entretiens auprès de personnes

pratiquant les centres de psychiatries :

les soignants, les patients et les visiteurs

afin de comprendre leur ressenti vis à vis

de leur environnement.

8


architecture psychiatrique

9


architecture psychiatrique

comment l’architecture

peut-elle contribuer

à améliorer le milieu

psychiatrique?

10


échelle urbaine

11


échelle urbaine

Les hôpitaux psychiatriques sur le territoire,

échelle urbaine

échelle 1:500

L’histoire de la psychiatrie est récente et les bâtiments

psychiatriques ont souvent été cantonnés en campagne. Depuis la

période asilaire du 19e siècle jusqu’à la moitié du 20e siècle, placer

un hôpital psychiatrique au coeur de la ville était impensable.

Les malades, les fous, les aliénés (considérés comme tels à ces

époques là) étaient “cachés” dans des zones rurales. Au début du 20e

siècle le concept d’hôpital village se développe également en retrait

des villes avec le courant moderne qui met en avant l’automobile

et la polarisation des secteurs (groupements hospitaliers, campus

universitaires, en périphérie des villes).

De plus en plus les architectes et les psychiatres se penchèrent

sur la question de l’insertion dans un milieu urbain. Avec l’apparition

d’un courant plus humaniste dès la fin des années 60 en réponse

aux courants précédents, les patients ont été réellement considérés

en tant que citoyens comme les autres, et leur place dans la cité est

apparu comme évidente.

Les architectes et les psychiatres se sont questionnés

ensemble pour faire naître une pratique de la psychiatrie plus

humaine, et ouverte, dans un environnement sécurisé et connecté

à la ville.

Le concept d’hôpital urbain de petite taille, intégré dans

la cité, se développe dès les années 1960. Depuis une vingtaine

d’année le nombre de lits d’hospitalisation ont énormément baissés

et en parallèle il y a eu un développement des petites structures

proposant des soins alternatifs, ambulatoires, réparties dans la ville,

dont une des caractéristiques est d’être au maximum intégrées,

fondues dans le tissu urbain.

Nous allons voir comment les infrastructure psychiatriques,

qu’elles soient des hôpitaux ou des plus petites structure

ambulatoires, s’intègrent dans un tissus urbain dense et comment

elles se connectent à la ville. Ce lien avec la ville passe avant tout

par le regard de la société sur la psychiatrie et la prise en compte du

patrimoine.

12


échelle patrimoine 1:500

1.1

Reconsidération du patrimoine passé pour la ville à venir

Entre 2005 et 2015, un établissement

psychiatrique sur deux a procédé à un

projet de rénovation ou réhabilitation. On

peut se poser la question du devenir de la

production architecturale psychiatrique

passée.

“Construire dans le construit” est un

enjeu majeur du 21e siècle, la ville doit se

reconstruire sur elle même pour évoluer.

L’architecte d’aujourd’hui fait face

cette grande question : que fait-on du

patrimoine, de l’existant?

La rénovation, réhabilitation, extension

du bâti existant pose d’importantes

contraintes à l’architecte. Il doit assumer

le style du bâtiment et ses contraintes

(l’épaisseur du bâtiment, les systèmes de

distribution existants, les ouvertures..)

mais a aussi de nombreux avantages

(qu’il ne pourrait pas avoir avec une

construction neuve ) dont l’étendue de la

façade ou encore les espaces extérieurs

généralement généreux.

On s’aperçoit alors que les rénovations

d’asiles sont plutôt réussies et que les

patients et les équipes médicales s’y

sentent bien. Ceux ci sont le plus souvent

en ville (car rattrapé par l’expansion

urbaine) et ils ont un grand avantage par

rapport à des structures nouvelles : leurs

espaces extérieurs.

En effet, les hôpitaux plus récents

disposent de peu d’espace extérieur

car ils sont en pleine densité et ils ont

dû s’implanter dans les interstices de

la ville. Les asiles quand à eux étaient

déjà là, avec leurs grands parcs. Leur

réhabilitation est un enjeu majeur pour

l’architecture psychiatrique, il faut réussir

à faire oublier l’image carcérale et dure

du bâtiment, mais en contrepartie il y a

énorméments d’avantages.

Au delà de la simple rénovation d’un

bâtiment ancien il y a une symbolique très

forte : permettre au bâti de poursuivre

son histoire.

13


patrimoine

Les patients et les visiteurs sont sensibles

à ces lieux chargé d’histoire :

“grâce à son image valorisante, le

patrimoine peut être intégré dans une

démarche thérapeutique de l’architecture” 2

Les sites du 19e siècle ont en grande

partie été modernisés, restructurés

et bénéficient de bâtiments neufs.

Pour autant, on peut se demander si

leur réutilisation est possible avec les

outils thérapeutiques d’aujourd’hui?

L’architecture passée et les besoins

thérapeutiques d’aujourd’hui peuvent-tils

s’accorder?

Leur conception très éloignée des

nécessités actuelles pose débat :

“l’humanisation des structures anciennes

peut coûter très cher et empêcher une

conception adaptée au mode de soin

actuels sur une structure bâtie des siècles

auparavant” 3

n peut se poser la question de la

légitimité de réhabiliter ces sites? S’ils

ne sont pas réutilisés pour l’architecture

psychiatrique, que peuvent-ils devenir?

Seront-ils détruit?

Une reflexion poussée sur l’architecture

de ces bâtiments doit permettre à ces

lieux de retrouver une utilitée adaptée

aux besoins d’aujourd’hui. L’architecte

peut faire en sorte que le bâtiment

redevienne adapté aux soins et permette

une prise en charge des patients tout à

fait agréable et en lien avec son temps.

“ il s’agit de créer, dans un contexte de

groupe, des espaces un peu vivables, qui

ne soient pas bombardés par l’oppression,

la ségrégation, les habitudes de pensée,

les préjugés ; des espaces un peu libres,

où la parole rendue possible favoriserait

un processus de désaliénation au coeur

même des organismes de soins les plus

aliénés “ 4

2. Donato Severro dans Architecture et psychiatrie, approches françaises et internationales, éditionns Le Moniteur,

2017, page 41

3. Caroline Jeanpierre dans Architecture et psychiatrie, approches françaises et internationales, éditions le Moniteur,

2017, page 99

4. Jean Oury, Psychiatrie et psychothérapie institutionnelle, Les éditions du Champ social, 2001

14


patrimoine

référence 1 : centre psychiatrique à Pampelune en Espagne

Vaillo + Irigaray + Galar + Vélaz -

Le projet est une réflexion sur la mémoire : le bâtiment originel date du

19 ème siècle. La réhabilitation de toute une partie de l’ancien édifice joue

avec sa volumétrie et ses ouvertures existantes.

Les marques du passé sont gravées dans les nouveaux bâtiments, comme

une mémoire des trames anciennes.

Les espaces entre les pavillons sont repensés en fonction des thérapies

actuelles. Les circulations, les espaces et l’échelle deviennent plus

appropriés. Les équipes médicales ont tenu à valoriser «l’esprit hygiéniste»

et «l’esprit thérapeutique» d’époque en privilégiant l’ergothérapie et les

activités quotidiennes tel que le jardinage. Les extérieurs et les patios

sont générés par le vide entre les circulations.

Ce projet met en avant une juste réhabilitation, dialogue entre bâtiments

neufs et anciens, en essayant de tirer le meilleur parti des deux

architectures.

Il s’agit d’une proposition équilibrée qui suit les motifs géométriques des

anciens bâtiments mais entreprend sa conception à partir de sa propre

fonctionnalité pour répondre au mieux aux besoins d’aujourd’hui.

Les géométries des arcs des anciens bâtiments sont gravées sur les

nouvelles façades, comme un “souvenir”.

15


patrimoine

16


patrimoine

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Plan de situation à l’échelle de la ville de Lyon

référence 2 : Centre hospitalier le Vinatier à Lyon

Michel beauvais architecte

L’ensemble du site du Vinatier fût construit par l’architecte

Louvier en 1876 pour y placer un asile. Le site se situe à

l’est de Lyon. (fig 1)

En 2010 un concours fût lancé pour la réhabilitation et

l’extension du bâti existant. L’architecte Michel Beauvais

s’est montré particulièrement exigeant vis à vis des

contraintes du site. Il a du respecter le tracé originel du

parc en gardant les alignements et les axes des bâtiments

historiques. Il a conservé la chapelle et enfin il s’est aligné

aux hauteurs et dimensions des bâtiments existants.

Le rôle de l’architecte a été d’adapter ce centre avec les

nouvelles pratiques de la psychiatrie.

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT


patrimoine

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

DE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Plan historique de l’asile du Vinatier

Coursives extérieures reliant les différentes unités

Coursives extérieures reliant les différentes unités

Nouveaux pôles

Bâtiments historiques

Chapelle et le

pavillon central

La simplicité volumétrique des nouveaux bâtiments contribue a

renforcé l’unité de l’ensemble. Les anciens bâtiments dialiguent

entre eux avec la symétrie.

Les trois nouveaux pôles ont une échelle domestique rassurante

et adaptée aux séjours des patients.

Cettte extension fût pensée à l’opposé de la composition

statique des grands hôpitaux psychiatriques fondés sur la

notion d’enfermement.

18


le regard de la société

1.2

LE REGARD DE LA SOCIété sur les hôpitaux psychiatriques

Dès la fin du 19e siècles ont

été construits des asiles pour

les aliénés, ceux-ci étaient

placés en campagne, sur des

sites isolés des villes. La raison

principale pour justifier cet

éloignement était l’hygiène,

comme l’affirme M.A Laugier

dans un essai sur l’architecture

datant de 1755 :

“il faut un air pur, que l’eau y soit

soluble, la plupart des insensés

mangent peu d’aliments et ne

se nourrissent pour ainsi dire

que d’air et d’eau”

Nous pouvons dire aujourd’hui

que cette raison hygiéniste

-même si elle est justifiéepose

problème car elle cache

une seconde raison bien plus

profonde. Cette véritable raison

de l’isolement des malades

était sociale. Les malades

étaient cachés de la société

car considérés commes des

tares. Pendant des centaines

d’années leur dangerosité a été

mise en avant et la société en

avait peur.

Ce qui fait qu’aujourd’hui

encore, les malades mentaux

sont craints et les personnes

qui ne connaissent pas ce

milieu sont méfiantes et ont

une image déformée de la

réalité.

La partie sociale est donc

indissociable de la partie

architecturale. L’architecture

peut pousser à une évolution

des pensées, plus positive et

compréhensive.

Le changement de regard

sur la psychiatrie à petit à

petit commencé dans les

années 50 avec l’apparition

des antidépresseurs et

des

antipsychotiques,

l’avènement de ces traitements

médicamenteux a permis de

déstigmatiser les maladies

mentale.

Il me paraît essentiel d’aborder

le regard que porte la société

actuelle sur les hôpitaux

psychiatriques.

Depuis

des années les hôpitaux

psychiatriques sont assimilés à

des sortes de prisons, froides,

glauques, de longs couloirs

sans lumières. Cette image

dure et froide avait commencé

à disparaître peu à peu dans

les années 50 avec l’arrivée

des médicaments adaptés aux

pathologies et les mouvements

d’une architecture plus humaine,

plus souple.

Mais depuis les années 80 la

culture populaire et notamment

le cinéma d’horreur, les émissions

de élévision ou les romans ont

stigmatisé la maladie mentale

et les hôpitaux psychiatriques.

N’importe qu’elle personne

interrogée confirmera ne pas

être à l’aise si elle devait aller

dans un hôpital psychiatrique.

Cette stigmatisation est

due en grande partie à la

culture populaire qui véhicule

cette image effrayante et

inhospitalière des hôpitaux

psychiatriques.

5. Marc Antoine Laugier, Essai sur l’architectire, 2e édition, 1755

19


le regard de la société

Une du journal La Provence - 5 septembre 2017

“Pourquoi conforter auprès du grand public

des fantasmes de « fou ridicule » ? Selon toutes

les études, la stigmatisation est la première

cause de souffrance, de retard de soins et

d’exclusion des personnes touchées par des

troubles psychiques. Pourquoi alimenter une

nouvelle fois les pires clichés sur les maladies

mentales, alors que d’autres émissions ont déjà

été signalées ?”

Extrait de l’émission Fort-Boyard en 2017

Suite à la parution de « Fort Boyard : la maladie mentale n’est pas un jeu », le professeur Antoine

Pelissolo, chef de service à l’hôpital Henri Mondor de Créteil et co-signataire de la tribune

parue dans « Le Monde », déplorait l’image très choquante véhiculée par cette émission dite de

divertissement.

20


le regard de la société

Les médias alimentent ces aprioris en

partageant des faits-divers. Le fait de n’évoquer

la psychiatrie qu’à l’occasion d’un crime

contribue à aggraver la stigmatisation des

malades mentaux.

En 2008, Nicolas Sarkozy alors président de la

République prononce un discours en faveur de

règles plus strictes en psychiatrie pour mieux

contenir les malades dangereux. Il faut bien

sur considérer les malades potentiellement

dangereux qui existent mais ils sont très

peu nombreux. Ne communiquer que sur la

dangerosité des malades mentaux est injustifié

et masque leur difficile insertion sociale. Il

faut continuer à prendre en charge dans les

meilleures conditions possibles les malades

dangereux, mais cela ne doit pas se faire au

détriment des autres malades, majoritaires en

nombre.

Les médias, le cinéma et la culture tendent

à donner une image négative des hôpitaux

psychiatriques en assimilant la maladie mentale

à la dangerosité, à l’agressivité.

Le regard que la société porte sur un sujet est

fortement influencée par la culture, les médias,

mais aussi par l’histoire. L’histoire passée nous

montre des asiles froids, grands, ou étaient

pratiqué la camisole de force et certaines

tortures. Dans la pensée collective ces clichés

persistent et sont difficiles à déloger. Cela se fait

au détriment des malades eux-même qui sont

caricaturés, catégorisés. Leur réinsertion sociale

en est d’autant plus difficile.

Paradoxalement, l’architecture psychiatrique n’a

jamais été aussi humaine qu’aujourd’hui, bâtie

sur les concepts humanistes de bientraitance.

Les nouvelles constructions et les réhabilitations

font au mieux pour placer le patient au coeur

des préoccupations, tout est fait pour qu’il s’y

sente bien et se soigne.

Malgré ces évolutions, la psychiatrie continue

à être méconnue et à faire peur. La société est

prudente envers ce milieu étranger. On peut

dire que grâce à l’architecture récente des

hôpitaux psychiatrique, cette méfiance tend

à évoluer vers plus de tolérance. L’intégration

en ville d’hôpitaux ou de structure plus légère

viennent adoucir l’image qu’on se fait de la

psychiatrie. Certains projet proposent des

activités en relation avec les population du

quartier, la sociabilisation entre patient et sa vie

de quartier peut alors se faire en douceur. Ce

genre de structure peut réellement contribuer

à inverser cette tendance méfiante de la société

au regard des malades.

Sur la page de droite : comparaison entre

deux recherches dans google image “hôpital

psychiatrique” et “maison de retraite”. Cela

montre le regard évident de la société sur les

hôpitaux psychiatriques comme des lieux de

danger, de peur, d’insécurité.

21


le regard de la société

22


le regard de la société

«SI LA DIFFÉRENCE VOUS EFFRAIE, IMAGINEZ LA CONFORMITÉ...» 6

Entrée du pavillon 3BISF

Salles d’exposition

référence 3 : 3 BIS F - CENTRE PSYCHIATRIQUE MONTPERRIN

AIX EN PROVENCE

Depuis 1983, le 3 BIS F est un lieu d’art contemporain situé dans le Centre

Hospitalier psychiatrique Montperrin, à Aix en Provence.

Chaque année, des artistes exposent leurs oeuvres. Plusieurs

moments de rencontres avec les résidences en cours sont proposés et

ouverts à tous les publics. Il y a des ateliers de pratique collective, des

échanges avec les artistes, des visites. Toutes ses activités sont ouvertes

aux patients de l’hôpital psychiatrique et servent à renouer le lien entre

les visiteurs, les amateurs d’art et les personnes souffrant de troubles

mentaux. Le but étant de favoriser l’échange et de déstigmatiser la

maladie mentale et le regard de la société sur les hôpitaux psychiatriques.

“Venir au 3 bis f, c’est oeuvrer pour la traversée du mur, prendre en compte

les différences, agir pour le décloisonnement, accepter et cultiver sa

propre étrangeté. (...) Au début de cette aventure, il s’agissait de redonner

de la valeur à l’intra-hospitalier sans tomber dans des démarches de

mise à l’écart et d’engager le pari de l’importance de la présence du non

spécialiste dans l’univers de la psychiatrie ” 6

6. Site internet de 3bisF : www.3bisf.com

23


rapport à la ville

1.3

quel est le lien entre les hôpitaux et la ville?

Les hôpitaux psychiatriques au coeur des villes

Aujourd’hui, les durées de séjours

atteignent en moyenne 4 à 6 semaines et

l’objectif est de favoriser le plus possible

les allers-retours entre dedans-dehors. Il

s’agit d’externaliser un certain nombre

d’activités, notamment sportives ou

culturelles, pour permettre au patient

de sortir régulièrement de l’enceinte de

l’hôpital. Ces dispositifs vont pouvoir

aider un patient déprimé ou phobique à

ne pas perdre son lien avec la vraie vie,

voire lui permettre de recréer une vie

sociale.

Les centres psychiatriques

contemporains sont plus axés sur

l’ouverture, la projection hors-les-murs,

la liberté de circulation et leur méthode

principale vise à préparer les patients à

leur réinsertion sociale.

“nous avons besoin de lieux au coeur des

centres villes, mais si possible dans des

rues discrètes où l’on fera connaissance

très progressivement avec les voisins,

pour ne pas les effaroucher. Des

implantations proches des commerces

et surtout des transport en commun. Ces

simples indications suffisent à montrer

la difficulté à trouver un lieu où se poser

avec nos compagnons de route” 7

7. Marie-Claude Barroche, présidente de la

fédération AGAPSY

PARTIE PAS TERMINEE !!

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

rapport à la ville

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

référence 4 : hôpital psychiatrique kronstad - bergen en norvège - Origo Arkitektgruppe

Plan de rez de chaussée.

On peut y voit le lien avec l’espace public, avec l’aménagement de la place publique (à droite du

plan) et l’arrivée du tramway (en haut du plan).

25

Plan de situation à l’échelle de Bergen

Coupe longitudinale

On comprend la volumétrie du bâtiment, avec ses 7 étages. Les patios apportent de la lumière au

coeur de l’hôpital.

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUD

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT


rapport à la ville

Le centre de Kronstad est un hôpital

psychiatrique local à Bergen qui comprend des

équipes ambulantes ainsi que des services de

nuit. La conception vise à fournir des qualités

positives dans une situation urbaine difficile, tout

en offrant aux patients la protection nécessaire.

Le bâtiment de sept étages donne sur une

place publique ouverte, qui s’étend de l’arrêt de

tramway jusqu’a la façade principale du bâtiment.

Un mur végétal donne sur la rue, avec un accès

au rez-de-chaussée transparent du centre, où se

trouvent un café et une boutique.

La façade blanche au-dessus est plus fermée

et abrite les parties protectrices du bâtiment,

organisées en trois parties. Les zones les plus

sensibles du centre sont situées au sommet avec

leurs propres jardins sur le toit et des espaces

extérieurs.

L’importance de l’aménagement paysager a

augmenté au fur et à mesure de l’avancement

du projet.

Il y a en tout neuf jardins sur le toit, situés à

différents étages, pour soulager le milieu urbain

dense, loin de la circulation intense.

La place devant le bâtiment a un design simple

avec du gravier et des dalles en béton, un écran

d’eau à côté de la voie de circulation et deux

rangées de magnolias le long de la rue en face.

L’arbre central est un gros hêtre.

La conception de cet hôpital met l’accent sur

«l’ouverture et la transparence» envers le public

tout en formant une enveloppe protectrice pour

les patients.

L’ajout d’espaces publics, de la nature et de

nouvelles qualités visuelles à un environnement

urbain difficile a été au cœur du processus.

Vue depuis la place devant l’hôpital.

L’espace public à été aménagé avec un traitement des sols

et du mobilier urbain.

Vue de l’entrée principale en face de l’arrêt de tramway.

L’hôpital est ouvert sur l’espace public, le mur végétal apporte

de la vie sur la rue.

Vue sur la station de tramway.

L’hôpital se trouve dans un milieu urbain dense, avec

toutes les comodités liées au transport. C’est un lien avec

la ville.

26


rapport à la ville

LES HôPITAUX DE JOUR : UNE ALTERNATIVE

Comme les autres disciplines médicales,

la psychiatrie est soumise à une attente

forte de désinstitutionnalisation et

de développement de l’ambulatoire :

psychiatrie hors les murs, principe du

«aller vers», dispositif orienté vers les

besoins globaux des patients et favorisant

leur réinsertion dans la société. Cette

désinstitutionnalisation et sectorisation

du milieu psychiatrique sont au départ

dues à des choix politiques, elles tendent

cependant à redorer l’image de la

psychiatrie et de la maladie mentale.

Les premières structures extrahospitalières

développées furent des

centres médico-psychologiques (CMP)

et des hôpitaux de jour (HJ). Au début

de la psychiatrie “hors les murs” ; “dans

la cité” ces nouveaux dispositifs de soins

se sont souvent installés dans des locaux

inadaptés : appartements, maisons,

bureaux, car il n’existait aucun modèle,

aucune référence. Les CMP et les HJ se

sont bien développés depuis et leur

image semble de plus en plus valorisée.

Ils sont au service de la population, ils

doivent se situer au coeur de la vie, en

ville. Ces nouvelles façon de penser la

psychiatrie sont des perspectives de

soins tournés vers la cité. Au fur et à

mesure ces petites structure ont eu le

droit, tout comme les hôpitaux, à être

pensées architecturalement et plus

seulement intégrées dans des bureaux

ou des locaux administratifs.

PARTIE PAS TERMINEE !!

27



rapport à la ville

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Cette fondation a pour but d’offrir dans le

secteur privé une aide dans les domaines de

la psychiatrie, des addictions, des troubles de

l’autisme et de la santé mentale.

En 1962, les architectes Paul Aynes, Biass et Ivan

Chomel sont chargés de construire un centre de

traitement de la psychonévrose à l’arrière d’un

hôtel particulier situé rue La Rochefoucauld.

Ce centre est un des premiers hôpitaux de jour

ouverts en France, où les patients reçoivent des

soins en journée sans y rester dormir.

C’est un grand pas dans l’intégration de la

psychiatrie de jour en ville.

Constitué de deux ailes perpendiculaires,

le bâtiment est construit avec une ossature

métallique. Le remplissage est constitué de

panneaux préfabriqués revêtus de verre émaillé.

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

référence 5 : L’Institut psychiatrique de jour Paul Sivadon - Paris 9 e

atelier 2+1 architecture

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

29

Plan de situation à l’échelle de la ville de Paris


rapport à la ville

L’atelier 2+1 participa en 2014 à la restructuration

du centre avec la rénovation de l’existant et une

extension. Situé dans le 9 è arrondissement de

Paris, ce centre se trouve dans un milieu urbain

dense, entouré d’immubles haussmaniens.

A l’origine, il y avait deux bâtiments avec une

cour qui faisait office de parking. L’extension est

venu clore cette cour pour former un patio très

minéral, le parking ne faisant plus partie des

priorités.

Le patio symbolise la volonté d’offir des lieux

apaisants au milieu psychiatrique.

L’effet mirroir de l’extention en verre reflète les

deux autres bâtiments et fait rentrer la ville dans

la cour.

L’accès depuis la rue par un petit chemin pavé

démontrent aux patient la facilité d’accès et la

convivialité du lieu.

Les patients ont participé a l’élaboration du

projet, pendant la phase de chantier ils ont

constitués un reportage photo et des activités

de cinéma dans le carde de leurs thérapies.

Ce sont des hospitalisation uniquement de

jour avec des propositions de participation à

différents projets comme la médiation créative,

artistique, corporelle et sportive.

Ce centre de jour, au coeur de la ville participe

à donner une nouvelle image des centres

psychiatriques : accueillant et chaleureux,

ce centre est référencé sur un site déstiné

aux visiteurs et promeneurs de Paris : “parispromeners.com”.

Cela démontre bien l’ouverture

et le lien avec la ville, ses habitants et ses visiteurs.

Vue sur la cour . En face la nouvelle extension et de part

et d’autres les bâtiments modernes des années 60.

Coupes

30


REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIAN

rapport à la ville

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETU

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

référence 6 : Le centre de jour d’Adamant - PARIS 12

SEINE DESIGN

31

Plans et coupe de la péniche


rapport à la ville

En plein centre de Paris, loin des lieux de soins habituels, cet hôpital psychiatrique bercé par la rivière offre aux

patients un espace ouvert qui ressemble plus à des ateliers d’artistes qu’à un hôpital. Le programme officiel

de l’hôpital consistait à concevoir un ensemble «d’ateliers de thérapie» et les bureaux de l’équipe soignante.

Le but de cet hôpital psychiatrique de jour était de limiter autant que possible les périodes d’hospitalisation

lourdes pour ces patients souffrant de pathologies très diverses. Sur la base d’un programme d’ateliers créatifs

(poterie, musique, dessin, etc.), l’établissement a souhaité offrir un espace dans lequel les patients souhaitent

séjourner et revenir pour favoriser leur réinsertion.

Pendant la phase de construction, en 2010, les travailleurs, les patients et les soignants se sont rencontrés pour

discuter des méthodes de construction et de l’évolution du bâtiment. L’idée était de concevoir un bâtiment

qui donne du sens aux événements quotidiens les plus courants en les rendant spectaculaires. Les conditions

météorologiques comme la pluie, le soleil ou le vent deviennent des jeu de spectacles.

La qualité des espaces est un facteur essentiel pour amener les patients à vouloir rester et revenir. Cette qualité

passe par un traitement domestique des espaces accompagné d’un travail minutieux à l’échelle. Conçus comme

des ateliers d’artistes, les espaces de thérapie et de réunion sont essentiellement constitués de matériaux

naturels. La forte présence de bois, avec une réflexion apaisante sur l’eau, renforce l’aspect chaleureux

et domestique. Un traitement léger optimisé à bord renforce ce composant. Les travaux sur la symétrie du

bâtiment visant à matérialiser sa dimension institutionnelle lui permettent d’exprimer son ouverture au public.

32


W

Marseille

1.4

état des lieux en ville : marseille

33


Marseille

“Le retour intra-muros des lieux de soins

de la psychiatrie se fait dans les conditions

actuelles de l’hyperville (A. Corboz)

contemporaine, profondément différente

de la ville ancienne et de la ville

moderne” 8

La ville du 21e siècle se caractérise par la disparition des

limites entre ville et campagne. La ville s’étend, et absorbe

des infrastructures qui se trouvaient à l’époque de leur

construction, à la campagne. Ainsi, la plupart des Asiles ou

des Hôpitaux psychiatriques du 19e et 20e siècle, construits

en marge de la ville, se retrouvent entouré par le tissus urbain.

La ville d’aujourd’hui est plurifonctionnelle, elle englobe tous

les services et les industries, pourquoi ne pas laisser une place

à la psychiatrie?

Nous allons nous intéresser plus précisément à la ville de

Marseille. Que s’est-t’il passé sur son territoire? Qu’est devenu

le patrimoine asilaire? Comment la ville a pu intégrer de

nouveaux centres ou hôpitaux et quels ont été les choix

d’implantations de ceux-ci?

8. Donato Severro, Architecture et psychiatrie, approches françaises et internationales,

éditions le moniteur, 2017

34


Marseille

Carte de l’histoire des hôpitaux psychiatriques de marseille

centre hospitalier

edouard toulouse

hospice saint lazare

centre hospitalier valvert

hp la conception

hospice de la timone

hôpital sainte marguerite

Hôpitaux psychiatriques publics historiques

Hôpitaux psychiatriques publics construits depuis le 20 è siècle

35


Marseille

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Avant le 19e siècle, les “insensés”

de Marseille étaient recueillis à

l’asile Saint Lazare, avec l’arrivée

des lois aliénistes dans les années

1830 l’hospice de la Timone fut

édifié en 1844 à l’extérieur de la

cité de l’époque pour y récupérer

les malades de Saint Lazare. Le

deuxième hôpital issu de la réforme

asilaire fut l’hôpital public de sainte

marguerite construit en 1887 dans

les campagnes marseillaises (l’actuel

quartier de sainte Marguerite dans

le 9e). Jusque dans les années 1950

ces deux seuls hôpitaux prenaient

en charge les malades mentaux à

Marseille. Ces deux asiles étaient, à

l’époque de leur construction hors

de la ville et l’urbanisation les a

rattrapé au cours du 20e siècle.

36


Marseille

En plus de ces quatre structures publiques

il y a les cliniques privées qui accueillent

aussi les patients : les cliniques Mon

Repos et l’Émeraude dans les quartiers

Sud puis les cliniques des Trois Lucs et de

Saint Roch à l’Est.

Hôpital Sainte Marguerite - 1848

Plan de situation de l’hospice de la timone - 1830

L’hospice de la Timone fut démoli en

1967 pour la construction de l’actuel CHU

de la Timone qui intégrait les quartiers

de psychiatrie. En 2006, les différentes

unités ont été transférées dans l’hôpital

de la Conception qui est aujourd’hui le

pôle majeur de la psychiatrie marseillaise.

Actuellement il y a 4 hôpitaux

psychiatriques publics à Marseille :

l’hôpital sainte Marguerite pour les

quartiers Sud, le centre hospitalier

Edouard Toulouse (1962) dans les

quartiers Nord, le centre hospitalier

Valvert (1975) pour les quartiers Est et

l’hôpital de la Conception à proximité du

centre ville.

Dans les années 70, la politique de

psychiatrie de secteur s’est développée et

a permis la prise en charge “hors les murs”.

(Loi du 15 mars 1960 sur la sectorisation

en psychiatrie) La ville est ainsi divisée

en secteurs, cela permet de répondre à

la demande de la population qui vit dans

chacun des secteurs. Chaque secteur est

ainsi constitué de divers services destinés

à permettre l’exercice des activités de

prévention, de cure et de post-cure que

nécessite l’état du patient.

Avec la sectorisation de la psychiatrie

sont apparus dans les années 70 les

hôpitaux de jour, les CMP (centre médicopsychologiques)

et les CATTP (centre

d’activité hérapeutique à temps partiel)

qui permettent la prise en charge de

patient au plus près de leur lieu de vie, en

ville. Les patients ne viennent que pour

la journée pour pratiquer des soins ou

des activités thérapeutiques. Ces centres

leurs permettent de se réinsérer dans une

vie sociale et urbaine tout en ayant accès

à des soins plus léger ne nécessitant pas

d’internement.

37


Marseille

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ET

carte etat des lieux des structures psychiatriques à marseille aujourd’hui

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Structures de jour : HJ, CMP, CATTP

Hôpitaux psychiatriques publics et privés acueuillant des internements

38


Marseille

L’étude de cas de Marseille nous montre ce

qu’il s’est passé dans toutes les villes françaises

: les asiles furent édifiés hors des

villes, puis l’urbanisation les a rattrapé et

ils ont souvent été gardés et réhabilités

aux besoins thérapeutiques d’aujourd’hui.

Au 20 e siècle les hôpitaux publics se sont

implantés dans les villes équitablement

sur le territoire pour pouvoir répondre au

demandes de tous les habitants, ces services

furent complétés par l’arrivée des

cliniques privées.

depuis les années 70 avec la sectorisation

de la psychiatrie, des petites structures

de jour sont apparues, le plus souvent en

ville, au coeur de la population pour aider

les patients dans leur réinsertion sociale.

La démocratisation de la psychiatrie en

ville permet petit à petit de changer le regard

de la société sur la maladie mentale

et les hôpitaux psychiatriques.

39


échelle humaine

Le traitement des espaces au coeur de

l’architecture psychiatrique,

échelle humaine

échelle 1:50

L’espace est notre élément premier, là où l’on est, là où l’on vit. Nous

avons tous un avis sur l’espace qui nous entoure et surtout celui

où on vit. Vivre dans un endroit qui nous plaît, où on est serein est

une des bases de l’épanouissement personnel. Nous avons abordé

ce sujet à l’école en phénoménologie, et l’espace de vie est l’un des

plus important.

Nous percevons l’espace tel qu’il nous apparaît. Lorsque nous

sommes en bonne santé il nous apparaît tel qu’il est, mais pour

certaines personnes atteintes de maladies mentales, l’espace

peut être déformé, la réalité biaisée, alors, la personne ne sait plus

différencier la réalité de sa propre perception de cet espace. L’espace

peut alors devenir source de stress, de danger. Il est instable,

inquiétant, il perd sa mesure.

Quel type de bâtiment offrir aux patients qui puisse à la fois

les apaiser, leur donner envie de guérir et de quitter l’enceinte

protectrice de l’hôpital ? Comment ouvrir le bâtiment sur l’extérieur

tout en préservant l’intimité des patients ? Comment l’architecture

peut t elle aider les patients?

Depuis toujours on a cherché enfermer les personnes atteintes de

troubles mentaux dans un même lieu, pour tenter de les soigner.

Au 19e siècle c’est le début de la période asilaire en europe. Les

asiles sont des lieux pensés pour soigner les malades mentaux et

ils occupent une place importante dans l’histoire de l’architecture

psychiatrique. Ce sont les premiers endroits officiellement reconnus

pour soigner les malades mentaux. Les plans de ces asiles sont

pensés avec une symétrie parfaite pour contenir et corriger la

désorganisation de la folie.

Peut être qu’à un moment donné, ils ont contribué par leur

architecture-même (dure, symétrique, imposante, carcérale) à

freiner voire à empêcher l’évolution des soins en psychiatre. Ces

asiles ont pu au fil du temps devenir eux-mêmes aliénants, alors

qu’ils avaient été conçus au départ pour soigner les aliénés.W

40


échelle humaine

Une architecture peut également contribuer à l’amélioration de soins psychiatriques et donc a une

valeure thérapeutique auprès des patients. Les patients atteints de troubles mentaux sont plus

sensibles aux espaces que n’importe quelles autres personnes et leur environnement doit avoir un

rôle à la fois apaisant et stimulant. Les espaces physiques et psychiques sont extrêmement liés,

d’autant plus chez des personnes atteintes de troubles mentaux, c’est pourquoi la conception d’un

centre psychiatrique doit être attentive aux besoins des patients. En psychiatrie il y a deux grandes

catégories de pathologies : les névroses et les psychoses, ainsi les patients atteints de troubles mentaux

ont une perception différente de l’espace selon leur maladie. Une personne dépressive aura besoin

d’un environnement stimulant, à contrario une personne atteinte de schizophrénie aura besoin d’un

environnement qui l’apaise et adoucit ses pensées.

Le bâtiment doit avoir une fonction protectrice vis à vis des sentiments d’agression et doit pouvoir

aider le malade a développer ses rapports sociaux, humains et retrouver une certaine sociabilité,

c’est pourquoi un hôpital psychiatrique se doit avant tout d’être un lieu de rencontre qui favorise

les interactions entre ses utilisateurs, que ce soit entre patients, entre patients et soignants ou entre

patients et visiteurs. On peut supposer que les personnes qui se rendent dans un hôpital psychiatrique,

(que ce soit des patients ou des visiteurs) ne sont pas dans la meilleure période de leurW vie, c’est

pourquoi l’architecture doit pouvoir les aider à mieux appréhender cette période difficile.

“Les murs blancs ou verdâtres, le manque de lumière

naturelle, les bruits, les chambres mal-conçues peuvent

faire de l’hôpital un lieu déprimant et l’architecte a son rôle

à jouer dans le processus de guérison des patients.” 9

L’architecture d’un service de psychiatrie doit faire croire à une certaine liberté, tout en gardant ce

rôle de contenance.

Les hôpitaux sont divisés en unités, une unité est composée de trois grandes parties : l’entrée unique

de l’unité avec son accueil, l’espace des infirmiers avec leur bureau, l’infirmerie, la pharmacie (c’est un

point central dans l’unité), et les espaces de déambulation qui permettent de circuler entre l’espace

nuit (l’intime) et l’espace jour (le collectif).

Les lieux sont importants quand il s’agit de contenir et d’apaiser les manifestations des troubles

psychiatriques, et quand il s’agit d’aider à la reconstruction d’une identité souvent altérée par ces

troubles.

On peut relever deux catégories d’espaces bien différencié dans leur rôle : rôle de sociabilisation et

rôle de préservation de l’intimité.

9. Victor Castro, De l’architecture, des patients, 2011

41


intimité

2.1

espaces d’intimité

Les chambres

L’intimité est l’espace individuel. C’est

l’espace du retour à soi, important à

prendre en compte dans un processus

thérapeutique. Ca peut être aussi l’espace

du retrait et de l’isolement, qui peut venir

couper un processus thérapeutique mais

qui est nécessaire au bien être du patient.

Dans le passé les patients n’avaient

quasiment aucun espace intime, ils

dormaient dans des dortoirs communs,

et jusqu’au 20e siècle ces habitudes de

concevoir des dortoirs ont perdurés, ce

n’est que récemment que la chambre

individuelle s’est imposée comme un

élément essentiel pour le patient.

Aujourd’hui les nouveau centres

psychiatriques sont tous équipés de

chambres individuelles ou doubles

dans certains cas avec des salles de bain

personnelles (en opposition avec les

douches communes). Cet espace de la

chambre doit permettre de se recentrer,

de penser à soi mais peut aussi couper

le patient de l’extérieur, alors il doit donc

être pensé comme une invitation à en

sortir.

L’architecte Victor Castro témoigne :

“en Colombie, j’ai visité un hôpital

psychiatrique où les patients avaient

la possibilité de décorer leur chambre,

10

comme dans une maison”

11

On retrouve ici le sens d’habiter .

Offrir aux malades un lieu de vie plus

intime, plus chaud et rassurant est un

élément important dans la conception

thérapeutique.

10. Victor Castro, témoignage

11. Voir les écrits de Heidegger

42


intimité

CARACTÉRISTIQUES :

Une chambre doit pouvoir faire environ 20m2 et comprend une

salle de bain et des sanitaires. L’intimité de la chambre vue depuis

l’extérieur doit être préservée.

Le placard doit pouvoir se verrouiller. La chambre doit pouvoir être

fermée à clé depuis l’intérieur. L’isolation phonique doit être travaillée

pour insonoriser la chambre et preserver l’intimité.

Dans la chambre, on cherche à retrouver une dimension domestique,

il est favorable de travailler cette image de “chez soi” afin de

rendre le lieu agréable à vivre. Cela peut se traduire par exemple

par la suppression du mobilier d’hôpital, qui peut être remplacé

par des meubles en bois plus personnels.

Chambres de l’hôpital psychiatrique de La Soteria - berlin

architecte bda

La Soteria, qui veut dire en grec «guérison», «prospérité»,

«préservation» représente bien l’esprit des lieux.

L’approche du centre vise à fournir aux patients un environnement

peu anxiogène, qui propose une orientation facile, une

protection et une impression de sécurité.

Ici : pas de barreaux aux fenêtres, des chambres lumineuses et

spatieuses avec un confort domestique.

L’objectif des architectes était de désinstitutionnaliser les

chambres. Au lieu de créer un environnement hospitalier simplement

fonctionnel (qui peut être perçu comme stérile, froid,

effrayant), Sotéria mis en avant le côté domestique.

Le choix des matériaux était porté sur des matériaux nobles

comme le bois. La lumière à été pensé pour qu’elle ait des interractions

avec les couleurs des murs. (référence 8 - page 54)

43


intimité

Oriel

Placard

patient

LA CHAMBRE D’ISOLEMENT

La chambre d’isolement ne doit jamais

être considérée comme une chambre

normale, c’est un outil thérapeutique bien

spécifique. Les patients mis en chambre

d’isolement sont dans un état de crise

donc tout doit être mis en place pour les

calmer et les rassurer, la sécurité de cette

pièce est l’une des priorité pour éviter

tout risque de blessure ou de suicide.

La haute autorité de santé (HAS)

donne des recommandations en ce qui

concerne l’aménagement de la chambre

d’isolement :

Placard médical

SDB

Couloir

Plan d’une chambre simple du centre

hospitalier le Vinatier (référence 2 - page 17)

Une unité doit disposer de deux chambres

d’isolements (pour 20 chambres

normales). Elles doivent impérativement

se situer à coté des salles des infirmiers

et disposer d’un SAS. La chambre

d’isolement doit être assez grande pour

permettre l’accès simultané de plusieurs

soignants (jusqu’à 7 personnes).

Les

chambres d’isolements sont soumises

à de nombreuses contraintes comme

l’absence de faux-plafond, des vitres

incassable, une climatisation, l’absence

de prises électriques, des baies fixes…

Au delà de ces contraintes de sécurité

pour le patient et les équipes médicales,

la chambre doit être agréable et ne doit

pas être perçue par le patient comme

un prision (la vision de la chambre

d’isolement sous camisole avec des murs

matelassés à bien changé). Il est possible

de permettre l’écoute de sons et de

musiques apaisantes via des enceintes,

les vues vers l’extérieur sont conseillées et

le mobilier doit être à la fois confortable

et sécurisé.

Le SAS est le premier lieu de resociabilisation

après un moment de crise.

Cet élément du dispositif d’isolement

est un lieu pouvant être aménagé pour

prendre un repas ou avoir un entretien.

C’est un entre deux, vers un retour au

lieux collectifs.

douche

CH d’isolement

bureau infirmier

SAS

Monte

malade

Salon

d’apaisement

Jardin sécurisé

Plan d’une chambre d’isolement du centre

hospitalier le Vinatier (référence 2 - page 17)

44


intimité

les salles de soin

Le poste de soin est composé de trois

pièces à proximité des chambres

d’isolement : la pharmacie, le poste

d’infirmier et les salles de soin.

Les salles de soins peuvent être de

multiples usages : il peut y avoir des

bureaux de consultation, des salles de

méditation, de balnéothérapie et d’autres

thérapies.

Les bureaux de consultation font une

quinzaine de m 2 et il est préférable qu’ils

disposent d’une vue sur l’extérieur tout

en n’étant pas visible depuis le dehors

pour garantire l’intimité du patient.

Salle de consultation. du centre psychiatrique de

Metz-Queuleu (référence 10 - page 59)

A developper et completer avec

des réf

45


architecture de la rencontre

2.2

architecture de la rencontre

Dans les lieux collectifs, l’architecture

est au service du lien et de la rencontre,

ce sont les espaces communs comme

le jardin, les lieux de vie, et les espaces

de circulation qui permettent des

interactions entre les différents occupants

du lieu. Dans ces espaces les connections

sont importantes entre les utilisateurs.

Tout est fait pour que le malade sorte le

plus possible de sa chambre.

Le but est de favoriser la communication

et la rencontre.

La beauté des lieux et des matériaux à un

impact certain sur le comportement des

patients. D’ailleurs selon les soignants

les patients montrent leur sensibilité à

l’esthétique de leur environnement par

plus de respect et beaucoupe moins de

dégradations des lieux.

Les espaces de circulation, entre intimité et rencontre

En architecture psychiatrique, les lieux de circulation ont longtemps été ramenés à une

simple fonction de distribution entre les lieux de soins. De longs couloirs rectilignes

desservant des chambres réparties symétriquement de chaque côté, d’autres couloirs

perpendiculaires qui mènent à des pièces de vie ou à l’infirmerie. Cette organisation a

longtemps été systématique dans la conception d’hôpitaux psychiatriques et persiste

encore dans de nombreux projets.

46


architecture de la rencontre

L’architecte Victor Castro plaide

en faveur d’une architecture plus

souple, plus douce. Il pense les lieux

de circulation comme des espaces

pouvant favoriser les rencontres et

les relations informelles :

“Si l’on accorde au vide une

certaine autonomie, si l’on reconnaît

sa capacité à susciter des

comportements, des activités et,

surtout, son caractère symbolique

et signifiant, il constitue un véritable

espace de liberté pour les patients

et le personnel, car il est le lieu

habituel de la déambulation

“sauvage”, là où les patients

peuvent échapper au contrôle du

rapport hiérarchique qui s’exerce

dans un bureau, dans un cabinet

de consultation ou dans une salle

d’activités. C’est dans cet interstice

entre rationalité et champ libre que

le projet architectural devient outil, et

peut servir le projet thérapeutique” 12

Cela consiste à faire évoluer la

simple fonction utilitaire et pratique

des couloirs, (en y aménageant

des endroits de convivialité avec

des ouvertures sur l’extérieur

amenant de la lumière naturelle) ces

aménagements pouvant permettre

la socialisation, les personnes se

rencontrent non plus parce que

c’est prévu mais par hasard, en

déambulant par plaisir dans ces

espaces qui ne sont plus seulement

espaces de circulation “pratique”

mais deviennent aussi des espaces de

ballades, de flânerie et de rencontre.

Les multiples déplacements

du patient régissent l’organisation

de la circulation et donc la

conception du bâtiment. Le patient

en psychiatrie à une conscience

amplifiée des espaces collectifs, il

peut circuler librement et le fait de

nombreuses fois par jour. Dans les

lieux de déambulation, le patient

doit pouvoir s’orienter facilement

et trouver des repères doux.

Circulation ouverte sur l’extérieur des deux côtés. HP de Bergen (Référence 4 - page 25)

47


architecture de la rencontre

Ce que les architectes et les psychiatres

d’aujourd’hui veulent éviter ce sont les

couloirs. Les longs couloirs ont été une

tradition de l’architecture passée. Dans

l’architecture asilaire puis dans les HP

du 20e siècles ces couloirs étaient de

simples circulations, des espaces de

contrôle et de distribution rationnelle :

“le circuit des malades : communication

facile entre les locaux d’alitement et les

salles de séjour, évitant de faire de ces

dernière des lieux de passages” 13

A cette époque donc, le couloir ne devait

pas être trop emprunté, il ne devait pas

laisser place à des promenades, il était

purement fonctionnel pour connecter

une pièce à un autre.

Robin Evans, historien anglais, a

contribué à la critique du couloir dans

son essai Figures Doors and Passages.

Selon lui, le couloir enferme les patients

sur eux-même et génère du stress.

Dans l’architecture psychiatrique

contemporaine, un couloir est un des

point à surtout éviter. Par sa définition,

un couloir est un passage étroit et

long, pour circuler d’un lieu à l’autre,

d’une pièce à l’autre. Il est simplement

fonctionnel. Les éléments qui le

rythment (les lumières, les portes, le

motif du sol, les fenêtres) amplifient

cette longue perspective et peuvent

être source d’angoisse chez les patients.

Pour Louis Kahn, les pièces sont en

relation les unes aux autres par les

espaces de circulation, et ceux ci

ont la mission de les lier entre elles.

L’espace de circulation a donc autant

d’importance que la pièce et mérite tout

autant d’attention dans son traitement

architectural des ambiances et de la

lumière naturelle.

“Il faut bannir les couloirs qui sont

propices à la déambulation sauvage,

particulièrement pour les sujets en phase

maniaque. Le parcours therapeutique

d’un patient hospitalisé doit etre dessiné

architecturalement” 14

Circulation ouverte extérieure, avec des assises.

HP de Bergen (référence - 4 p25)

12. Victor Castro, architecte

13. Jacques Bouquerel, Les problèmes architecturaux de l’hôpital psychiatrique, Masson & C. éditeurs, Paris,

1956

14. Bruno Laudat cité par Anne Gayet dans Psychiatrie, architecture, environnement, autre temps, cahier

d’éthique sociale et politique, 1998, vol 58 p 113

48


architecture de la rencontre

“entre les chambres et le

regroupement dans les lieux de vie

collective, les circulations offrent des

espaces de transition permettant

de concilier sociabilité ou retrait,

bénéficiant de vues, de lumière

naturelle et d’un environnement

sonore maîtrisé et confortable” 15

Les circulations ont un rôle important

dans la notion d’enfermement, en

effet ils peuvent être travaillés pour

que le patient puisse déambuler

librement, sans se sentir oppressé.

Dilatés, étirés, fractionnés, ces

derniers permettent l’appropriation

individuelle de l’ensemble du lieu.

Ce qui introduit auprès du patient la

notion de choix, donc de liberté. Il

est libre de choisir son parcours.

En gérontopsychiatrie les espaces

de circulation peuvent être adaptés

aux patients qui sont âgés, il est

préférable de mettre en place des

déambulation circulaires (rotondes),

sécurisées avec des mains courantes

et il est favorable de supprimer les

marches et les remplacer par des

pentes douces.

15. Antonio Lazo, Architecture et Psychiatrie, Approches Françaises et Internationales, Le Moniteur 2017

49


architecture de la rencontre

circulations du centre psychiatrique de Pampelune

(référence 1 - page 15)

Les espaces de déambulation sont issus de l’ancien

bâtiment du 19è siècle, cela forme des coursives et

rappelle la typologie d’un cloître avec des galeries en

arcades donnant sur un patio.

Le travail de la lumière naturelle et des voûte donne

une impression d’apaisement. Le rythme des arches

ponctuent la ballade.

espaces de circulation du

centre psychiatrique de

metz-queuleu par richter

associés

(référence 10 - page 59)

Les circulations sont douces, aérées et permette

l’emprun de chemins différents. Les jeux de lumière

viennent éclairer un pan de mur, les lanières de bois

du plafond, un angle..

Le plafond suit des formes irrégulières qui confèrent

une ambiance singulière aux circulations.

50


architecture de la rencontre

référence 7 : centre neuropsychiatrique notre dame de carmen - saragosse en espagne

josé javier gallardo

Vue dans une des salles communes.

Vue dans l’allée centrale : la circulation

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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architecture de la rencontre

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Vue depuis l’allée centrale, donnant sur la terrasse

Façade ouest

Terrasse de la façade nord

Les toits avec les pentes les plus raides sont situés

au-dessus des salles communes partagées, tandis

que les pignons peu profonds correspondent aux

chambres des patients et les logements du personnel

sont situés sous les toits plats.

Du zinc rouge recouvre tout l’extérieur, interrompu

uniquement par des fenêtres sans cadre apparant. Le

choix de ce matériau et de cette couleur n’est pas

anodin : l’idée est de contraster avec les anciens

asiles qui étaient «cachés» de la société, ce centre la

est coloré et visible de tous.

Les circulations sont travaillées comme des espaces

libérés des contraintes, on retrouve à l’intérieur cet

effet en dent de scie de la toiture.

On pourraît néammoins s’interroger sur le caractère

très fermé de l’axe central, en couloir.

52


architecture de la rencontre

Les espaces collectifs

L’importance de l’atmosphère, de

l’ambiance des lieux, la nouvelle image

de la psychiatrie prône des lieux de vie

lumineux, ouverts sur l’extérieur, ces lieux

doivent permettre d’apaiser les angoisses.

“les espaces de dégagement, de refuge, de

mise au calme pour les patients offrent une

possibilité de rester dans une juste distance

entre soi et les autres, sans pour autant

avoir à s’enfermer dans sa chambre” 16

Les interactions entre les patients sont

bénéfiques pour une reprise de la vie sociale.

Les patients doivent s’y sentir accueillis et

protégés, sans se sentir observés ni surveillés.

Les lieux de vie sont pensés pour favoriser la

reconstruction de son identité, le retour à soi.

CARACTÉRISTIQUES :

Les espaces collectifs comprennent des salles d’activités, un salon de rencontre, un espace

de vie confortable (qui contribue tout autant que la chambre à la qualité des soins) comportant

une salle à manger, un salon, une salle télé. A ces espaces collectifs de vie peuvent

être ajouté des salles d’activité sportives, artistiques ou des salles d’animation.

Points négatifs :

- Les longs couloirs

- Les espaces clos grillagés / barreaux

- Une disproportion entre les volumes

- Les portes

- Les barraux

(Pour éviter les barreaux aux fenêtres, il serait

aussi possible d’envisager des dispositifs

orientaux comme le moucharabieh)

Points positifs :

- Les éléments d’orientation et repérage

(couleur / forme / matériau)

- Les ouvertures vers l’extérieur

- Les espaces ouverts décloisonnés et es

paces refuges.

- Les formes et les couleurs rassurantes

- Des recoins avec des livres, des journaux

et des magazines

- Des puits de lumière pour donner de la

clarté mais aussi des espaces plus retirés

avec une lumière tamisée

- Les ambiances

- La gestion de l’acoustique (confidentialité

des échanges)

- La sécurité (équilibre entre la surveillance

et la protection de l’intimité des patients ;

équilibre entre la contenance et la liberté

de circuler.

16. Armel Rivallan, architecture et psychiatrie, éditions Le Moniteur, 2017, page 112

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETU

architecture de la rencontre

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E A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Plan masse

Salon depuis la salle à manger

référence 8 : hôpital psychiatrique de La Soteria - berlin

architecte bda

Espaces partagés Salle à manger depuis le salon

Ce centre a la spécificité d’avoir été pensé L’un des enjeux principaux a été d’enlever

à une échelle domestique. Chaque pièce le caractère hospitalier au projet, car un

est proportionnée comme une pièce d’un hôpital à tendence à rappeler sans cesse

appartement. C’est réalisable car c’est une aux habitants qu’ils sont malade.

petite extension de 550 m 2 . Le lieu intègre Les parties communes restent dans l’ordre

les reations sociaes à l’environnement de l’intime, avec des proportions justes

physique, l’expérience en est particulière et des matériaux nobles comme le bois,

pour les patients et le personnel.

le parquet, une cuisine domestique.

La planification du projet qui a duré environ L’ameublement aussi se détache d’un

un an s’est faite en concertation avec tous langage hospitalier.

les acteurs (soignants, patients, architectes)

54


architecture de la rencontre

«C’est un bâtiment très spécial, un espace de

vie vraiment riche, comme une grande maison

ou une petite ville, avec l’intimité d’une maison et

aussi la variété d’une ville.

La proposition a émergé d’une méthode aléatoire

Je pensais que si je pouvais faire un bâtiment en

utilisant une méthode impliquant quelque chose

qui était simplement dispersé, le résultat serait un

bâtiment idéal.

Cette méthode a permis une conception étonnamment

précise contrairement au programme

requis, qui était assez compliqué.

On pourrait donner au plan une certaine flexibilité

aléatoire en déplaçant délicatement une boîte.

Bien que cet espace soit le résultat d’un processus

de conception artificielle strict et infini, il s’est

matérialisé comme un lieu qui a été généré automatiquement,

sans intention.

Vue extérieure

référence 9 : centre PSYCHIATRIQUE POUR ENFATNS - HOKKAIDO AU JAPON

SOU FUJIMOTO

Un endroit vague, imprévisible et improbable. Un

processus de conception strict a donné naissance

à quelque chose qui ne semble pas intentionnel.

Une grande partie de la qualité de ce projet est

due à l’ambiguïté de ne pas être intentionnel. Des

espaces irréguliers semblables à des alcôves

sont produits entre les boîtes placées au hasard.

Ces résidus sont des petits endroits où les enfants

peuvent se cacher lorsqu’ils sont dans le salon.

Bien que ce soit des espaces sans fonction

spécifique, les enfants peuvent y jouer comme

l’homme primitif qui interprète librement le paysage

et y vit à son aise. Ils se cachent derrière

quelque chose, se montrent, se détendent à l’arrière

et courent ici et là. Être séparé et être connecté

sont compatibles.

On peut dire qu’il n’y a pas de centre ici et, inversement,

qu’il y a d’innombrables centres. Ce sont

des «centres relatifs» qui interagissent et changent

toujours selon la volonté de ceux qui sont là ou la

condition de la lumière. Pour les enfants, le salon,

une chambre simple ou une alcôve pourrait être

le centre. Le centre occasionnel se trouve dans la

fluctuation de l’espace.» 17

17. El Croquis 151 - SOU FUJIMOTO 2003/2010 pages 38 à 47

55

Vue intérieure

Vue intérieure

Vue intérieure sur les circulations


architecture de la rencontre

“ouverture et isolement, hasard et précision, lien et séparation”

C’est par ces antagonismes que Sou Fujimoto présente son centre psychiatrique pour enfants.

L’objectif de ce centre est de développer des séquences spatiales et visuelles allant du public

au privé, de l’espace commun à l’espace intime, du soignant au patient.

Sou fujimoto a utilisé le principe de la déconstruction de l’espace en favorisant l’implantation

aléatoire et la fin des longs couloirs.

Les 24 boîtes de béton sont regroupées sous une grande toiture. Entre ces volumes, des espaces

de double hauteur sont des lieux de vie qui peuvent être utilisés pour diverses activités.

Les boites, elles, superposent deux niveaux accueillant diverses fonctions dont les chambres, à

l’étage et en rez-dechaussée, où des alcôves ouvertes sur les espaces communs sont aménagées.

Etre séparé mais toujours en contact devient alors compatible et les enfants se déplacent de

manière spontanée. La particularité du lieu est à la fois de ne pas avoir de centralité et d’en

contenir d’innombrables, cette notion étant ici, laissée à l’appréciation de chacun. Par exemple,

pour les membres du personnel, la salle de travail représente le cœur du bâtiment. Pour les

enfants, le salon qu’ils utilisent, leur chambre ou une alcôve devient une centralité.

56


espaces extérieurs

2.3

les espaces extérieurs

Les espaces extérieurs ont une réelle

qualité thérapeutique. Leur rôle apaisant

est reconnu depuis les prémices de la

psychiatrie.

Dès la période asilaire, Esquirol reconnaît

leur qualité :

“ l’exercice de la marche et la vue de

l’eau sont deux besoins chez les aliénés

(...) il est essentiel d’établir dans chaque

section une promenade jardin” 18

Cela se réfère à une idée ancienne de la

nature bienfaisante, c’est ce qui a poussé

à l’époque la construction des asiles hors

des villes.

Aujourd’hui les hôpitaux psychiatriques

anciens sont rattrapés par l’urbain, et les

nouveaux centres sont construits le plus

souvent en ville, on pourrait penser que

cette densité urbaine nuit aux extérieurs.

Au contraire : les espaces extérieurs n’ont

jamais été autant travaillés et idéalisés

qu’aujourd’hui en psychiatrie. Ce sont

des lieux de déambulation, de répit et de

rencontre qui font partie intégrante du

processus de soin.

Que ce soit des jardins, des cours

intérieurs ou des patios, ils sont aménagés

et minutieusement pensés.

18. Esquirol, Des maisons d’aliénés, Paris, Imprimerie

royale, T des M.M.T. II 1817 page 445-526.

57


espaces extérieurs

le patio

Le patio est un élément architectural

très souvent utilisé dans la conception

d’hôpitaux psychiatriques, il permet

diffusion de la lumière, la dilatation

spatiale, un certain microclimat et

ambiance sonore calme. Il produit des

effets architecturaux par le vide.

L’espace du patio se différencie de

l’agitation extérieure. Il peut être arboré,

planté, minéral, accessible ou non.

Ses utilités peuvent varier en fonction

des besoins de chaque projet.

Ces dernières années le patio est de plus

en plus utilisé en psychiatrie pour deux

raisons évidentes :

La première, lorsque les nouvelles

structures sont implentées en ville, le

foncier est généralement petit et bordé

par l’urbanisation. Faire un parc ou un

grand jardin n’est pas faisable pour tous

les projets.

Donc le patio permet d’offrir des espaces

extérieurs tout en limitant l’emprise en

RDC, en effet les patios peuvent êtres

disposés à des étages variables aussi

bien en RDC qu’en R+8.

La seconde raison concerne la sécurité.

Pour le personnel médical il est plus

facile de veiller sur des patients dans

un espace plus restreint, les parroies

avec l’intérieur du bâtiment son

généralement vitrées.

Le plus souvent les patios sont considérés

comme des lieux calmes, de repos et de

sereinité. Les patient peuvent venir s’y

reposer ou contempler le calme.

Patios de l’unité de psychiatrie de Bures-sur-Yvette

Par A+ Samuel Delmas

Les patios peuvent également être des

lieux de convivialité s’ils sont aménagés

avec du mobilier ou des activités

particulières comme un potager.

58


espaces extérieurs

Plan Masse

référence 10 : centre DE SOINS PSYCHIATRIQUES - METZ-QUEULEU

JAN ET PASCALE RICHTER

59

Entrée du centre

Plan de RDC


espaces extérieurs

Depuis une salle de soin vers un des patios

Enveloppe vue depuis l’extérieur

Pour la conception de ce centre de soin à Metz

Queuleu, l’agence de Jan et Pascale Richter a

imaginé un bâtiment unitaire en béton, organisé

autour de patios et ancré dans la pente du terrain.

Ce centre de soin est divisée en deux parties :

un pôle enfant et un pôle adulte. Le bâtiment à

été pensé pour que chaque pôle ait sa propre

entrée, afin que les adultes et les enfants ne se

croisent pas pour des raisons thérapeutiques et

de sécurité. Seul le personnel soignant partage

les commodités.

La particularité du centre et ce qui en fait sa

singularité ce soint ces six patios réunis dans

l’enveloppe protectrice du bâtiment. Depuis les

espaces intérieurs les ouvertures sont

Vue sur un patio

positionnées pour toujours avoir une vue sur les

différents patios. Chacun à sa particulérité et son

ambiance.

« Offrir une plus grande ouverture tout en

préservant l’intimité, faire écho au paysage

ou à la ville tout en soignant l’individu, assurer

la pérennité de l’ouvrage et lui permettre de

s’adapter à de nouvelles fonctions et usages,

chaque projet architectural tente de résoudre

d’apparentes oppositions. » 19

19. https://richterarchitectes.com/project/centre-de-consultations-et-de-soins-2/

60


espaces extérieurs

Le travaille de l’enveloppe à été

particulièrement travaillé, ils ont fait appel à

l’artiste Grégoire Hespel pour donner cette

apparence singulière à l’enveloppe de béton,

qui par moment se dénude et laisse apparaître

l’irrégularité des grains. À l’échelle du lieu,

son intervention produit des variations de

surfaces jouant avec cette situation mêlant

échappées visuelles directes vers le paysage

boisé et séparation strictes entre les services

des enfants et des adultes.

Tout en se protégeant de la vue directe du

voisinage pour garantir la confidentialité du

soin, les espaces intérieurs s’ouvrent en effet

généreusement sur l’extérieur par le biais de

façades vitrées et évolutives.

“Cette enveloppe, qui représente la pérennité

de l’ouvrage et son caractère institutionnel, se

creuse, invite à la pénétrer, et embrasse en

son sein une succession de patios contrastés,

dont un petit bois qui filtre les vues entre les

deux services. Ainsi, tout en se protégeant

de la vue directe du voisinage (essentiel

pour la confidentialité du soin), les espaces

intérieurs peuvent s’ouvrir généreusement sur

l’extérieur, par le biais de façades très vitrées

et évolutives.” 19

Les aménagements intérieurs (cloisonnement,

plafonds, mobilier), ont été réalisés en

panneaux de bois, qui permettront la

modularité du plan en fonction des

changements d’usages.

référence 10

61


espaces extérieurs

le jardin

L’autre espace qui permet la surprise

de la rencontre est bien sûr le jardin.

Le jardin est propice à la promenade

et au repos. Il est un lieu de distraction

pour les mélancoliques comme les

patient souffrant de dépression, et

un lieu de détente pour les agités

comme les patients souffrant de

troubles psychotiques.

La notion de paysage thérapeutique

naît au 20e siècle, le jardin

thérapeutique est un concept qui

apparaît dans les années 80 aux

Etats-Unis. Clare Cooper-Marcus et

Manni Barnes ont fait de nombreuses

recherches sur le jardin qui favorise la

guérison, ces recherches ont montrés

la vertu des éléments végétaux :

“les patients ont clairement désigné

l’arbre, la plante, le chant des

oiseaux, comme autant d’éléments

qui apaisent leur anxiété” 20

Le jardin doit être clos mais arboré,

suffisamment vaste et organisé, avec

des allées pour déambuler et des

endroits pour se poser un moment.

“les concepts de cours-jardin et de

jardin-parc pour l’hôpital offrent la

possibilité de déjouer l’enfermement

et de repousser partiellement ses

limites” 21

Les patients peuvent se sentir

inutiles, seuls, avoir peur de l’avenir

et avoir des difficultés de projection,

ainsi que de grandes difficultés

d’adaptation aux événements, aux

lieux et aux personnes.

Des activités en extérieures sont

proposées dans un bon nombre

d’hôpitaux. Les outils utilisés

par les différents professionnels

permettent aux patients, dont la vie

est désorganisée par la maladie, de

se réapproprier les gestes de la vie

quotidienne, de se réinscrire dans la

réalité afin de retrouver une qualité

de vie.

“la qualité des espaces extérieurs

et leur diversité permettent ainsi de

développer l’activité sportive de plein

air, les jardins thérapeutiques, la

présence de l’animal, les chemins de

promenade, les points d’observation

qui accompagnent le parcours de

soins” 22

20. Anne Chahine, présidente de Jardins et santé. Des jardins à visée thérapeutique, histoire et

perspective.

21. Régis Guignard, Architecture et psychiatrie, approches françaises et internationales, éditons Le

Moniteur, 2017, page 114

22. Alain Girard, Architecture et psychiatrie, approches françaises et internationales, éditons Le Moniteur,

2017, page 117

62


espaces extérieurs

Les activités de jardinage par exemple

sont sources d’enrichissement

par le contact avec les autres et

permettant ainsi de créer des liens

sociaux. L’accueil, la communication

et la participation des familles y sont

privilégiés. Le jardin peut être source

de relation et de communication.

C’est dans les gestes du quotidien,

dans la stimulation des sens et la

fonction cognitive que se réalise

l’accompagnement. Celui-ci se

fonde sur la reconnaissance et la

valorisation de la personne.

clos. Le jardin est lieu de soins

permettant de lutter contre le stress

et la souffrance psychique tout en

améliorant l’hospitalité et la qualité

de vie à l’hôpital.

Dans un travail sur les jardins

thérapeutiques, Jérôme Pellissier,

chercheur en psychologie, relève

la qualité que peut avoir un jardin

notamment dans la réduction du

stress des personnes hospitalisées.

“Il faut cultiver notre jardin” 23

Toutes les activités proposées sont

propices à faire apparaître ou revenir

la notion de désir chez le patient.

Le jardin thérapeutique représente

une approche thérapeutique

originale ayant pour but

l’amélioration de la qualité de la

prise en soins, il permet aussi de

enforcer les liens entre les patients

et le personnel

Le jardin est envisagé à la fois

comme un endroit d’autonomie

et d’intimité, et un lieu qui favorise

les liens sociaux, il doit contenir les

patients, tout en leur redonnant un

sentiment de liberté mais en restant

Cette métaphore de Voltaire signifie

que l’essentiel est de vivre et profiter

de ce que l’on a à portée de main. Le

bonheur est là, il faut savoir le voir, le

travailler au quotidien pour récolter

les fruits de ses efforts.

La vie, c’est cultiver ce que l’on a,

ce que l’on a en soi, pour obtenir le

meilleur de nous.

Cultiver son jardin, c’est préparer,

entretenir, semer puis récolter les

fruits d’un labeur. Un jardin cultivé

prend de la valeur : les patients

gagnent en confiance, en sérénité

et en bonheur à cultiver leur propre

jardin.

23. Voltaire, Candide, Larousse, Paris, 2011

62


espaces extérieurs

tous ces éléments propres à la conception

architecturale permettent le bon fonctionnement

d’un projet.

à cette échelle humaine l’architecte peut

intervenir, penser et créer des espaces

propres à chaque bâtiment.

il n’y a pas de typologie propre à l’architecture

psychiatrique, l’idéal est de penser

chaque lieu en fonction de ses caractéristiques,

de son site et des besoins de ses utilisateurs.

dans le cadre d’un environnement psychiatrique,

un des éléments essentiel à la réussite

du projet est l’ambiance.

L’ambiance d’un lieu passe par la gestion de

ses ouvertures, l’organisation de ses circulations,

l’aménagement des différentes

pièces, la qualité des extérieurs et le choix

des matériaux...

Tous ces éléments agissent sur le bien être

des utilisateurs.

s’ils sont pensés de façon à améliorer le

quotidien des malades et des soignants,

quel que soit la manière, alors ils seront

agréable à vivre et seront vivants.

63


architecture psychiatrique

conclusion

Depuis la fin du XX e siècle, il n‘existe plus

d‘architecture spécifique aux institutions

de santé mentale, mais il est possible

à l’architecte de penser un espace où

chacun se sente bien. Si la psychiatrie

s’attache à réparer le défaut de lien entre

le patient et son environnement, elle

peut s’appuyer sur l’architecture, en la

considérant comme un moyen qui permet

de redonner aux gens qui souffrent une

image positive de leur corps et de leur

présence au monde.

Les lieux de la psychiatrie doivent être des

lieux de vie, des lieux de communication,

d’échange et de sécurité. Les espaces

thérapeutiques récents semblent le

produit d’une architecture humaine et

soucieuse de ses usagers.

Même si l’architecture psychiatrique doit

penser au besoins du patients en aidant

à améliorer le cadre thérapeutique, sa

conception doit avant tout prendre en

compte la réalité sociale de la psychiatrie

: un encadrement et une surveillance des

malades dans le but de leur donner des

soins. Les limites spatiales imposées aux

patients restent donc encore importantes

dans les hôpitaux traditionnels. Le but

des internements étant en premier lieu de

couper le patient de l’extérieur.

Ces internements sont parfois necessaires

au mieux être du patient et lui permettent,

en accompagnant sa sortie, de réinsérer la

vie sociale au mieux possible.

La conception d’un hôpital psychiatrique

est établie dès le début du projet pour

une longue période d’au moins trente ans

alors que les idées concernant la façon de

soigner les troubles psychiatriques sont

en constante évolution. On doit donc, en

tant qu’architecte, se questionner quant

au devenir du bâtiment.

La science psychiatrique est en évolution

perpetuelle et les thérapies également,

l’architecture doit pouvoir accompagner

des potentiels changements en matière

de soin dans le temps. 24

64


architecture psychiatrique

Cette question de l’évolutivité a été

trop souvent négligée dans le passé : la

conception des hôpitaux psychiatriques

a souvent été en retard par rapport à

l’évolution des concepts de soins. Penser

un projet en anticipant sur l’avenir, peut

aider à ne pas le fixer et le figer.

L’architecte doit penser à garder une

ouverture, et à laisser une marge évolutive

pour les potentielles adaptations à venir.

L’histoire a montré les limites du recours

à des modèles architecturaux, en

psychiatrie. La prise en compte d’un

contexte, différent à chaque projet tout

comme la prise en charge des patients,

sont des éléments fondamentaux de

l’élaboration d’une réponse pertinente

et adaptée. Le placement du patient au

centre des préoccupations thérapeutiques

et architecturales sont l’essence d’un

projet réussi. La prise en compte des

spécificités de chaque projet, qu’elles

soient médicales, sociales ou techniques,

est déterminante dans la recherche de

propositions pertinentes pour créer un

environnement permissif dont le contrôle

lui assurera une fonction thérapeutique.

Avec la période de confinement actuelle

nous avons pû “expérimenter” une sorte

d’enfermement, bien sûr il n’est pas le

même que celui que vivent les patients en

psychiatrie.

Cependant il nous a permis de comprendre

une chose : être dans un environnement

qu’on apprécie et dans lequel on se sent

bien est un des points essentiels pour

supporter cet enfermement.

65





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