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la norvège naturellement

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rythmées par les tubes des Beatles – Beatles, un<br />

roman générationnel publié en 1984 et dans lequel<br />

s’identifie depuis chaque Norvégien, quel que soit<br />

l’âge auquel il le découvre. Le romancier est à ce jour<br />

le seul écrivain norvégien que <strong>la</strong> France ait élevé en<br />

2008 au rang de Chevalier des Arts et des Lettres. Per<br />

Petterson se situe lui aussi dans cette tradition<br />

épique, lui qui a l’art de dépeindre des figures de <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>sse ouvrière et de lever le voile sur <strong>la</strong> psyché norvégienne<br />

à travers des expériences traumatiques.<br />

Impossible de relire les c<strong>la</strong>ssiques sans évoquer Tarjei<br />

Vesaas qui, s’il n’était mort prématurément en 1970,<br />

aurait obtenu le prix Nobel que d’aucuns lui promettaient.<br />

Vesaas est l’un des grands artisans du renouvellement<br />

de l’écriture littéraire au XXe siècle, et<br />

notamment du néo-norvégien dont il a su magnifier<br />

le lyrisme que de nombreux locuteurs norvégiens lui<br />

prêtent, grâce aussi à une écriture resserrée à l’extrême.<br />

Pa<strong>la</strong>is de g<strong>la</strong>ce reste aujourd’hui encore le livre<br />

de chevet de tous les enfants et adolescents sensibles<br />

de Norvège, émus par l’histoire d’amour tragique<br />

entre deux petites filles – et c’est d’ailleurs une<br />

constante dans les lettres norvégiennes, qui offrent en<br />

outre une remarquable littérature pour <strong>la</strong> jeunesse :<br />

les auteurs ne dédaignent pas à présenter des enfants<br />

comme personnages principaux. Les Français, eux, se<br />

sont pris d’affection pour Mattis, dans Les oiseaux, ce<br />

simple d’esprit qui sait que <strong>la</strong> vérité dans cette vie se<br />

situe plutôt dans les empreintes des bécasses que<br />

dans les pas des humains. Le silence voire le<br />

mutisme, <strong>la</strong> solitude voire l’isolement, <strong>la</strong> nature<br />

impressionnante voire menaçante : toute l’imagerie,<br />

réelle ou fantasmée, que les étrangers aiment à associer<br />

à <strong>la</strong> Norvège se retrouve chez Vesaas. À tel point<br />

que le romancier issu du Telemark continue d’influencer<br />

les auteurs contemporains, Jon Fosse en est<br />

l’exemple.<br />

La Norvège s’est radicalement transformée au cours<br />

du XXe siècle, passant d’un jeune pays (enfin indépendant<br />

en 1905) de pêcheurs à une riche nation pétrolière.<br />

Nul mieux que Gunnar Staalesen n’a su retracer<br />

ces changements socio-économiques et humains dans<br />

son Roman de Bergen, une trilogie, à l’instar des<br />

po<strong>la</strong>rs de l’auteur, qu’utilisent de nombreux lecteurs<br />

également en guise de guides touristiques pour mieux<br />

visiter <strong>la</strong> ville. Le bouleversement le plus marquant<br />

de l’histoire du pays concerne bien sûr <strong>la</strong> mise en<br />

p<strong>la</strong>ce puis <strong>la</strong> mise au rebut (impossible ?) de <strong>la</strong><br />

social-démocratie dont Roy Jacobsen a subtilement<br />

dépeint l’histoire dans Les Vainqueurs, un roman précieux<br />

encore non traduit en français. Comme lui,<br />

beaucoup d’auteurs norvégiens se sont employés à<br />

décrire le quotidien sinon des petites gens, en tout<br />

cas des gens ordinaires tels ceux qu’affectionnait<br />

Vesaas – vous et moi, en somme ; ce qui explique<br />

aussi le succès international des po<strong>la</strong>rs scandinaves<br />

(citons encore Staalesen mais aussi Jo Nesbø ou Karin<br />

Fossum) : les héros ne sont pas extraordinaires, c’est<br />

notre vie que nous lisons. Dans ses romans dits<br />

sociaux du début des années 80 puis à travers son<br />

personnage d’Elling, un monomaniaque hystérique et<br />

délirant, Ingvar Ambjørnsen brosse aussi le portrait<br />

des exclus viscéralement attachés à <strong>la</strong> social-démocratie<br />

norvégienne durant ces trente dernières années. Et<br />

Frode Grytten lui emboîte le pas quand il décrit <strong>la</strong><br />

longue grève consécutive au démantèlement du tissu<br />

industriel de <strong>la</strong> ville d’Odda, dans <strong>la</strong> décennie 90, qui<br />

nous rappelle ici <strong>la</strong> fermeture des bassins sidérur-<br />

Photo : Finn Ståle Felberg<br />

Photo : Jens Helle<strong>la</strong>nd Åndanes<br />

Per Petterson Johan Harstad<br />

O<strong>la</strong>ug Nilssen Trude Marstein<br />

Photo : John Erik Riley<br />

Photo : Gyldendal Norsk For<strong>la</strong>g<br />

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