Jean-Philippe Mouton, - Saint-Quentin-en-Yvelines

vivre sa ville automobile
Essai
Nissan Leaf : c’est déjà demain !
Premier modèle électrique sacré « Voiture de l’année 2011 », la Nissan Leaf bouleverse les
habitudes et les usages.
Pas deux fois les mêmes
erreurs. C’est le sentiment
qui prédominait au moment
de l’élection de la Voiture
de l’année 2011 par le jury de journalistes
professionnels. L’épisode
de la première Toyota Prius recalée
trottait encore dans tous les esprits,
et cette fois le jury a pris le train de
l’avenir en élisant une voiture 100 %
électrique. Malgré une diffusion
encore confidentielle, en raison d’un
tarif élevé et des inconvénients inhérents
à sa technologie, la Nissan Leaf
mérite son titre. Loin des ersatz de
voitures thermiques converties tant
bien que mal aux kilowatts ou des
« microcars », la Japonaise est le premier
modèle réellement conçu autour
de cette énergie.
Une habitabilité de berline compacte
Cela se vérifie déjà dans sa silhouette,
comparable en dimensions et en standing
à une berline compacte de type
Renault Mégane ou Peugeot 308. Si les
codes Nissan transpirent à travers le
modelé des ailes et le traitement de la
poupe, on notera l’absence de calandre
avant et les blocs optiques remontant
jusqu’au pied du pare-brise.
Le capot avant accueille un moteur électrique
de 80 kW/108 ch tandis que le
plancher est tapissé de 48 modules de
quatre cellules de batteries lithium-ion.
Elles sont capables de supporter des
recharges rapides de 30 minutes sur une
prise triphasée. Après cinq ans d’utilisation,
elles auraient encore 80 % de leur
capacité.
À ses lignes de vraie voiture, la Leaf
ajoute une habitabilité pour cinq personnes
et un coffre convenable. La
planche de bord se structure autour d’un
superviseur des dépenses énergétiques
46 l www.saint-quentin-en-yvelines.fr
© Nissan
face au conducteur, d’une fine lame à
cristaux liquides indiquant la vitesse
et d’une console centrale proéminente
dotée d’un écran de communication
comportant plusieurs fonctionnalités
comme le diagramme des flux d’énergie
et la navigation GPS. Surprise, un
sélecteur à boule fait office de levier de
vitesses.
Quelques freins…
Ses différents modes déterminent
un style d’allure et de récupération
d’énergie au lever de pied. À l’instar
de tous les modèles zéro émission,
on apprécie le silence de fonctionnement
et la vigueur au démarrage,
fournie par 280 Nm de couple. Mais
si l’accélération est similaire à un
V6 3 litres, la baisse à vue d’œil de la
réserve d’électricité calme les ardeurs
et peut avoir un effet anxiogène. Le
fonctionnement du chauffage ou de la
climatisation grève aussi l’autonomie.
Dans ces conditions, la Leaf s’engage
Nissan Leaf, un
modèle réellement
conçu autour de
l’énergie électrique.
sur l’autoroute à reculons et c’est vraiment
en ville, sur le mode Éco qui
fournit 10 % de régénération en plus
mais plafonne la vitesse à 60 km/h,
que l’autonomie annoncée de 160 km
est préservée. C’est bien là le talon
d’Achille de cette technologie qui
oblige en plus à patienter douze heures
pour recharger sur une prise domestique.
Malgré un coût d’usage trois fois
inférieur au diesel, la Leaf ne peut rivaliser
en polyvalence avec les voitures
thermiques de sa catégorie. En définitive,
avec son rayon d’action limité, la
Leaf roule avec un fil à la patte. Pas
question, par exemple, de décider au
dernier moment de passer le week-end
à la mer. À moins d’être un particulier
véritablement militant ou une entreprise
soucieuse d’asseoir une image
écolo, le tarif de 35 990 euros, hors
déduction de la prime de 5 000 euros,
est aussi un frein à sa diffusion.
Sylvain Reisser