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Faire vivre les identités francophones - Fédération Internationale ...

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part de sa raison, non pour déraisonner mais pour se faire voyant, inventeur de<br />

langages, annonciateur d’un autre monde.”(Chamoiseau, 1994, p.158)<br />

À partir du récit de ces longues et diffici<strong>les</strong> journées passées à l’école, sous l’optique<br />

de l’enfant, plusieurs questions se posent, en particulier celle de l’identité créole<br />

face à la domination linguistique et coloniale française. L’oeuvre de Chamoiseau<br />

pourrait s’inscrire dans ce courant idéologique qui témoigne combien l’écrivain<br />

“alimente son œuvre avec le caractère radicalement problématique de sa propre<br />

appartenance au champ littéraire et à la société” (Maingueneau, 1993, p. 28).<br />

Son choix littéraire représente, ainsi, un acte politique. Autrement dit, son œuvre<br />

ne peut dire quelque chose du monde qu’en inscrivant le fonctionnement du lieu<br />

qui l’a rendu possible. Il s’agit bien d’une écriture de dénonciation qui met en<br />

cause l’Histoire coloniale pour rompre avec le modèle idéologique européen, pour<br />

prôner l’hétérogénéité culturelle et l’expression de la diversité. Le choix du genre<br />

autobiographique qui place au centre du récit la figure de l’enfant créole, lui<br />

permet d’inclure dans l’écriture la “performance orale”, selon l’expression de<br />

Zumthor (apud Maingueneau, 1993, p.89) de la langue créole et de son discours,<br />

traversée par la mémoire. La littérature écrite n’est pas considérée comme une<br />

simple fixation de la littérature orale ; Chamoiseau admet son hétérogénéité comme<br />

constitutive du sens de l’oeuvre et de son projet d’écriture : la réhabilitation<br />

du créole. En reprenant Maingueneau, “chaque acte d’énonciation littéraire,<br />

même dérisoire, rend plus fort son rôle de langue digne de littéraire et, au-delà,<br />

de langue simplement”, “la relation que l’oeuvre maintient avec la diversité<br />

linguistique est partie intégrant de la création”. (1993, p.103). Affirmations qui<br />

rejoignent celle d’Édouard Glissant sur la nécessité de la littérature antillaise de<br />

placer “la dialectique de cette oralité et de cette écriture à l’intérieur même de<br />

l’écriture”. (1994, p.116).<br />

Références bibliographiques<br />

Bernabé, Jean, Chamoiseau, Patrick, Confiant, Raphaël. Éloge de la créolité. Paris:<br />

Gallimard, 1993.<br />

Chamoiseau, Patrick. Chemin d’école. Paris: Gallimard, 1994.<br />

Chamoiseau, Patrick. Que faire de la Parole ? Dans la tracée mystérieuse de l’oral à l’écrit. In:<br />

Ludwig, Ralph. Ecrire la parole de nuit: la nouvelle littérature antillaise. Paris: Gallimard, 1994.<br />

Combe, Dominique. Aimé Césaire. Cahier d’un retour au pays natal. Paris: PUF, 1993.<br />

Combe, Dominique. Poétiques <strong>francophones</strong>. Paris : Hachette, 1995.<br />

Glissant, Édouard. Le chaos-monde, l’oral et l’écrit. In: Ludwig, Ralph. Ecrire la parole de<br />

nuit: la nouvelle littérature antillaise. Paris: Gallimard, 1994.<br />

Joubert, Jean-Louis. Les Littératures <strong>francophones</strong> depuis 1945. Paris: Bordas, 1986.<br />

Kourouma, Ahmadou. Écrire en français, penser dans sa langue maternelle. Études françaises,<br />

v.33, p.115-118, Printemps 1999. Disponible: . Accès en Oct. 2006.<br />

Maingueneau, Dominique. O contexto da obra literária. São Paulo : Martins Fontes, 2001.<br />

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<strong>Faire</strong> <strong>vivre</strong> <strong>les</strong> <strong>identités</strong> <strong>francophones</strong>

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