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Regards croisés
Interviews d’artistes de l’exposition
CLAIRE LANCIEN
Claire Lancien est née en 1989 ; elle vit entre Paris
et la Haute-Normandie. Si elle suit quelques mois
les cours des Ateliers de Sèvres, elle est avant tout
autodidacte. En 2018, elle obtient un espace de
travail dans l’Atelier libre du 59 rue de Rivoli à Paris
et commence la peinture après avoir principalement
travaillé la mine de plomb. Son travail est alors
exposé au musée Art et Déchirure près de Rouen, et
le Fonds de dotation #ArtsSansExclusion acquière
deux de ses dessins à la mine de plomb. Claire
Lancien est soutenue par l’association EgArt, fondée
pour faire connaître et reconnaître, par les milieux
artistiques et culturels, les artistes dont l’accès à ces
circuits est rendu difficile.
À quand remonte votre première rencontre avec le
monde de l’art ?
Claire Lancien. De moi-même, je me suis tournée
vers le monde artistique vers l’âge de 20 ans en
m’intéressant au Théâtre. J’ai intégré alors le cours
Florent. J’ai commencé à ressentir le besoin de
dessiner vers 22 ans et je dessine toujours. Ensuite,
je me suis lancée dans la peinture en faisant
évoluer mon style régulièrement. Récemment,
j’ai commencé une nouvelle série de portraits en
pointillisme.
Pouvez-vous dire quelle a été rencontre capitale ou
l’élément déclencheur de votre vie d’artiste ?
Deux rencontres capitales :
Une amie, très intéressée par le monde de l’Art, m’a
soutenue et encouragée à développer mon travail.
Elle m’a emmenée dans des expositions, Musées,
Galeries… ce qui a confirmé mon appétence pour
les arts.
Le regard de Marie Girault, de la Fondation Egart,
sur mon travail m’a fait ressentir le fait d’être une
artiste à part entière.
« au départ mes personnages parlent
de moi [...] ils prennent leur propre
existence lorsqu’ils sont terminés »
Sans titre, 2020
Quelle importance accordez-vous à l’empathie
lorsque vous réalisez un portrait ? Quelles sont les
émotions qui vous traversent ?
L’état dans lequel je dessine ne me permet pas
de ressentir de l’empathie parce qu’au départ
mes personnages parlent de moi. En revanche,
ils prennent leur propre existence lorsqu’ils
sont terminés. C’est alors que je leur donne une
identité. En ce qui concerne mes émotions,
paradoxalement, je ressens profondément une
certaine joie.
Sur le site de l’association Egart, on peut lire que
vous ne faites pas de croquis préparatoire pour
vous rapprocher du dessin automatique. Comment
se déroule pour vous une séance de dessin ? Quel est
le rôle de votre environnement dans ce processus ?
Je ne décide pas du moment où je vais dessiner.
Cela répond à un besoin inconscient. Cela peut
se passer n’importe où, mais c’est toujours mieux
chez moi. J’ai besoin d’un lâcher-prise total. Par
exemple, lorsque j’ai dessiné Tornade, j’étais en
peu en semi-conscience, les traits se faisant tout
seul. Je préfère la lumière artificielle à la lumière
du jour.
La Tornade, 2018
Dans quel contexte avez-vous réalisé les œuvres
exposées dans Regards Croisés ? Ces portraits sontils
inspirés de personnes réelles ?
Bien que je donne souvent des prénoms à mes
dessins pour les personnifier, les figures ne sont
inspirées d’aucune personne en particulier, mais
de la part inconsciente de tout un chacun.
Le Polymorphe, 2017
Vous avez dit, au sujet du portrait : « le trait doit
être brutal et le cadrage serré pour que ces figures
angoissées qui nous défient nous forcent à les voir
telles qu’elles sont ». Vos portraits ont-ils vocation
à confronter leur spectateur à ses propres peurs ?
Qu’auriez-vous envie de dire aux spectateurs que
ces dessins pourraient mettre mal à l’aise ?
Si quelqu’un est mal à l’aise, c’est qu’il est touché.
C’est peut-être que la personne se trouve face à
une partie d’elle-même qui la dérange dans le sens
où ce qui nous dérange chez les autres, c’est une
partie de soi que l’on n’accepte pas.
De quelle manière envisagez-vous la relation entre
l’œuvre d’art et les questions de société telles que le
handicap ?
Votre question renvoie à l’acceptation de la
différence, c’est-à-dire l’acceptation de soi-même.
Ressentez-vous une affinité prticulière entre votre
travail et celle d’un.e autre artiste exposé.e ?
J’ai trouvé que les œuvres de Magali Berdaguer
dialoguaient bien avec mon travail.
Sans titre, 2020