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Enguehard, Franck_ Iacona, Estelle_ Taine, Jean - Transferts thermiques _ introduction aux transferts d'énergie _ cours et exercices d'application-Dunod (2014)

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Jean Taine

Franck Enguehard

Estelle lacona

Transferts thermiques

Introduction aux transferts

d'énergie

Cours et exercices d'application

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DU NOD


Illustration de couverture : © Martin Capek - Fotolia.com

Le pictogramme qui figure ci -contre d'enseignement supérieur, provoquant une

mérite une explication. Son objet est boisse brutale des achats de livres et de

d'alerter le lecteur sur la menace que

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revues, au point que Io possibilité même pour

représente pour l'avenir de l'écrit, ----- les auteurs de créer des œuvres

particulièrement dons le domaine DANGER nouvelles et de les foire éditer corde

l'édition technique et universi-

rectement est aujourd'hui menacée.

taire, le développement massif du

Nous rappelons donc que toute

photocodopdilloge. Il . dreprodudion, portielble ou totale,

Le C e e 1 o propriété inte ec- e 1 o présente pu 1 icotion est

tuelle du 1er juillet 1992 interdit LE Pl+:)T(X:CMJILLAΠinterdite sons autorisation de

en effet expressément la photoco- TUE LE LIVRE l'auteur, de son éditeur ou du

pie à usage collectif sons aulori-

Centre français d'exploitation du

sotion des ayants droit. Or, cette pratique droit de copie (CFC, 20, rue des

s'est généralisée dons les établissements Grands-Augustins, 75006 Paris).

© Dunod, 1991, 1998, 2003, 2008, 2014

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5 rue Larorniguière, 75005 Paris

www.dunod.com

ISBN 978-2-10-071458-2

Le Code de Io propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article

L. 122-5, 2° et 3° a), d'une port, que les «copies ou reproductions strictement

réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective»

el, d'autre pari, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et

d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite

sons le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants couse est

illicite » (art. L. 122-4).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait

donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du

Code de la propriété intellectuelle.


TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos

Index des notations

XIII

XV

PARTIE 1

PREMIÈRE APPROCHE DES TRANSFERTS THERMIQUES

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Chapitre 1. Les principaux modes de transfert d'énergie

l. l Limitations physiques et objectifs

l . l . l Le système

l. l .2 Déséquilibre thermique et équilibre thermodynamique local (E.T.L.)

l. l .3 Objectifs des transferts thermiques - Conventions sur les flux

l .2 Première notion de flux radiatif

l .3 Transfert conductif

l .3. l Flux conductif

l .3.2 Ordres de grandeur des conductivités thermiques

l .3.3 Systèmes à conductivité apparente très élevée : caloducs

l .4 Flux convectif et conducto-convectif

l .4. l Le phénomène de convection

l .4.2 Flux surfacique conductif à une paroi, couplé au phénomène

de convection

l .4.3 Application aux caloducs

l. 5 Conditions aux limites classiques

1.5. l Exemple l : milieu opaque et milieu transparent

l .5.2 Exemple 2 : deux milieux opaques

l .5.3 Exemple 3 : un milieu (semi-)transparent et un milieu transparent

l .5.4 Exemple 4 : contact thermique

l .5.5 Exemple 5 : interface entre deux phases

l .6 Bilan d'énergie en régime stationnaire sans mouvement

1.6. l Formulation générale du bilan d'énergie

1.6.2 Méthodologie de résolution d'un problème de transfert thermique

1.6.3 Exercices d'application

Exercice l. l. Chauffage en volume

Exercice 1.2. Crayon fissile

Chapitre 2. Transferts conductifs stationnaires linéaires

2.1 L'analogie électrique et ses limites

2.1.l Principe

2.1.2 Exercices d'application

Exercice 2.1. Résistances thermiques

Exercice 2.2. Le paradoxe de l'isolant, en géométrie cylindrique

3

3

3

4

5

6

8

8

10

l 1

l 1

l 1

14

16

18

18

19

19

19

20

20

20

21

22

22

24

27

27

27

30

30

31

Ill


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

Exercice 2.3. Résistance thermique d'un élément d'échangeur plan;

coefficient d'échange global

2.2 Ailettes et approximation de l'ailette

2.2.1 Approximation de l'ailette

2.2.2 Calcul de l'efficacité d'une ailette

2.2.3 Ailette idéale (isotherme)

2.2.4 Ailette infinie

2.2.5 Résultats pour diverses géométries d'ailettes

2.2.6 Validité de l'approximation de l'ailette au sens du profil

de température

2.2.7 Résolution générale du problème de l'ailette (conduction

stationnaire à plusieurs dimensions)

2.2.8 Validité de l'approximation de l'ailette au sens du flux global

2.2.9 Exercices d'application

Exercice 2.4. Ailette en acier: conditions pratiques de l'approximation

de l'ailette

Exercice 2.5. Bilan énergétique simplifié d'un appartement

32

34

35

36

38

39

39

39

40

42

43

43

43

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Chapitre 3. Conduction instationnaire

3.1 Introduction

3.2 Théorèmes généraux

3.2.1 Théorème de superposition

3.2.2 Analyse dimensionnelle - Théorème ll

3.3 Géométrie semi-infinie. Réponse après un intervalle de temps court

3.3.1 Réponse d'un système après un intervalle de temps court

3.3.2 Réponse d'un système à une condition extérieure périodique

3.3.3 Exercice d'application

Exercice 3.1. Contact thermique

3.4 Géométrie finie. Réponse d'un système à un instant quelconque

3.4.1 Réponse à une perturbation brutale

3.4.2 Réponse à un régime forcé

3.5 Échelles de temps et de longueur

3.5.1 Temps caractéristiques

3.5.2 Nombre de Biot

3.5.3 Nombre de Fourier

3.5.4 Exercices d'application

Exercice 3.2. Temps de réponse d'un thermocouple

Exercice 3.3. Pont thermique

49

49

52

52

54

57

57

60

63

63

66

66

68

68

68

70

71

71

71

72

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Chapitre 4. Transferts radiatifs entre corps opaques

4.1 Domaine du rayonnement thermique

4.2 Expression d'un flux monochromatique

4.2.1 Flux monochromatique directionnel

4.2.2 Expression générale du flux monochromatique hémisphérique

4.2.3 Expression du flux monochromatique hémisphérique dans le

d'un rayonnement isotrope

4.2.4 Flux radiatif; vecteur flux radiatif

4.3 Équilibre thermique et propriétés radiatives

cas

75

76

78

78

79

80

81

82

IV


Table des matières

4.3. l Absorptivité et réflectivité monochromatiques directionnelles 82

4.3.2 Rayonnement d'équilibre 83

4.3.3 Émissivité monochromatique directionnelle 84

4.3.4 Loi fondamentale du rayonnement thermique 85

4.3.5 Cas particuliers usuels 85

4.4 Propriétés du rayonnement d'équilibre 87

4.5 Modèles simples de transfert radiatif 89

4.5. l Corps opaque convexe isotherme entouré par un corps noir

isotherme 89

4.5.2 Corps opaque convexe de petite dimension et isotherme placé

dans une enceinte en équilibre thermique 90

4.5.3 Conditions de linéarisation du flux radiatif 91

4.5.4 Extension au cas de milieux transparents par bandes 92

4.5.5 Exercices d'application 94

Exercice 4.1. Mesure par thermocouple de la température d'un gaz 94

Exercice 4.2. Étude thermique d'une ampoule à incandescence 96

4.6 Métrologie radiative; pyrométrie bichromatique 99

4.7 Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques l 0 l

4.7. l Expression du flux radiatif l 0 l

4.7.2 Exemple de calcul direct: intérêt des écrans radiatifs 103

4.7.3 La méthode des flux incidents et partants 104

4. 7.4 Exercice d'application 107

Exercice 4.3. Étalon de luminance - corps noir 107

4.7.5 Propriétés des facteurs de forme l l 0

4.7.6 Exercice d'application l l 2

Exercice 4.4. Structure isolante en cryogénie l l 2

4.8 Généralisation de la méthode l 14

4.8. l Généralisation au cas de parois partiellement transparentes l 14

4.8.2 Généralisation au cas de rayonnement(s) incident(s) directionnel(s) l l 7

Chapitre 5. Introduction aux transferts convectifs 119

5. l Bilan d'énergie pour un système indéformable 120

"O 5. l. l Système matériel 120

0

c

5. l.2 Premier exemple d'application : une filière 120

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0

5. l.3 Système ouvert à frontières fixes en régime stationnaire 122

v ;a; 5.1.4 Retour sur l'exemple de la filière 123

,..-!

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5. l.5 Exemple 2 : interface solide-liquide, front de fusion 123

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"' 5.2 Bilan d'énergie pour un système fluide monophasique 125

~ ~

..c 't: 5.2. l Théorèmes de transport 125

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'5 5.2.2 Bilan d'énergie (approche simplifiée) 127

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c 5.3 Applications simples: transferts dans une conduite; échangeurs de chaleur 130

0

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u .Q 5.3. l Hypothèses simplificatrices 130

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"' 5.3.2 Bilan d'énergie en régime stationnaire l 31

5.3.3 Exercice d'application 133

'5 "' Exercice 5.1. Performances comparées d'échangeurs de chaleur 133

F! 5.4 Analyse dimensionnelle en convection forcée 138

-ci

0

c

0 "'

@

5.4. l Notion élémentaire de viscosité 139

5.4.2 Nombres caractéristiques clés 140

V


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

s.s

S.6

S.7

S.8

S.9

S.4.3 Interprétation physique des nombres caractéristiques

S.4.4 Notion de similitude en convection forcée

S.4.S Transition entre régimes laminaire et turbulent

Convection forcée externe

S.S.1 Convection forcée externe laminaire

S.S.2 Convection forcée externe turbulente

S.S.3 Exercice d'application

Exercice S.2. Refroidissement d'une plaque

Convection forcée interne

S.6.1 Convection forcée interne laminaire

S.6.2 Convection forcée interne turbulente

S.6.3 Comparaison entre les transferts turbulents le long d'une plaque

et dans un tube

S.6.4 Autres écoulements internes; notion de diamètre hydraulique

S .6. S Exercice d'application

Exercice S.3. Écoulement dans un tube

Convection naturelle externe

S.7.1

Analyse dimensionnelle en convection naturelle externe le long

d'une plaque verticale

S.7.2 Transition entre régimes laminaire et turbulent le long d'une plaque

verticale

S.7.3 Principaux résultats pratiques de convection naturelle externe

S.7.4 Exercice d'application

Exercice S.4. Chauffage d'une pièce

Convection naturelle interne

S .8.1 Exercice d'application

Exercice S.S. Lame d'air d'un double vitrage

Convection mixte : compétition entre convection forcée et convection

naturelle

142

145

145

148

148

l 51

155

155

156

156

160

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166

166

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l 72

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l 75

176

176

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Problèmes de synthèse de la partie 1

1 Circuit de refroidissement d'un moteur fusée cryogénique

2 Thermique élémentaire d'un réacteur à neutrons rapides

3 Dimensionnement d'un capteur solaire thermique

4 Effet de serre atmosphérique

PARTIE 2

TRANSFERTS THERMIQUES AVANCÉS

Chapitre 6. Rayonnement des milieux denses et des gaz

6.1 Généralités

6.2 Phénomènes volumiques d'absorption, d'émission et de diffusion

6.2.1 Absorption

6.2.2 Émission

6.2.3 Diffusion

6.3 Équation de transfert du rayonnement

179

179

182

187

193

199

201

202

202

203

205

207

VI


Table des matières

6.3. l Formulation locale de l'équation de transfert 207

6.3.2 Couplage avec l'équation de bilan d'énergie 209

6.3.3 Formulation intégrale de léquation de transfert 21 0

6.3.4 Conditions aux limites de léquation de transfert 21 2

6.3.5 Échelles caractéristiques du rayonnement 214

6.4 Transferts radiatifs en géométrie monodimensionnelle 21 6

6.4. l Mur plan homogène et isotherme (sans diffusion) 21 7

6.4.2 Exercice d'application 219

Exercice 6. l. Sphère homogène et isotherme (non diffusante) 21 9

6.4.3 Mur plan non diffusant hétérogène et anisotherme 220

6.5 Cas limites de milieux optiquement minces ou optiquement épais 224

6.5. l Milieu hétérogène et anisotherme optiquement mince : moyenne

de Planck 2 24

6.5.2 Milieu hétérogène et anisotherme optiquement épais: loi de Fourier

radiative; moyenne de Rossel and 22 5

6.6 Méthode de dimensionnement: hémisphère équivalente de Hottel 227

6.6. l Principe de la méthode 227

6.6.2 Exercice d'application 231

Exercice 6.2. Transferts radiatifs dans un tube 231

6. 7 Exemples simples de transferts radiatifs avec diffusion 232

6. 7. l Conductivité radiative d'un milieu diffusant et absorbant

optiquement épais

6.7.2 Exercice d'application

Exercice 6.3. Caractérisation d'un milieu poreux diffusant

6.8 Méthodes générales de transfert radiatif

6.8. l Méthode de tracés de rayons

6.8.2 Méthodes d'interpolation et d'ordonnées discrètes

6.8.3 Principe de réciprocité, méthode des zones

6.8.4 Méthode de Monte-Carlo appliquée aux transferts

6.8.5 Approximation différentielle: méthodes P 1 ,P 3 , ••• ,P 2 n+i

232

234

234

236

237

241

243

246

253

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Chapitre 7. Propriétés radiatives des milieux

7. l

7.2

Propriétés radiatives des milieux denses

7.1. l Milieux denses non diffusants dans des conditions

de laboratoire

7.1.2 Propriétés radiatives d'une assemblée de particules

7.1.3 Matériaux réels

Propriétés radiatives des gaz

7.2. l Approche raie par raie

7.2.2 Les phénomène de corrélations spectrales

7.2.3 Modèle statistique à bandes étroites

7.2.4 Modèle CK

7.2.5 Modèles globaux

7.2.6 Comparaison entre modèles approchés

7.2.7 Abaques de Hottel

257

258

258

261

267

274

275

278

281

286

289

291

292

VII


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

Chapitre 8. Équations générales de la convection (fluide monophasique) 293

8. l Équations de bilan pour un fluide homogène 293

8.1. l Dépendance en température et pression des grandeurs

thermophysiques 293

8. l .2 Bilan de quantité de mouvement 294

8.1.3 Bilan d'énergie 296

8.2 Équations de bilan pour un fluide hétérogène 299

8.2. l Bilan de masse d'une espèce 300

8.2.2 Bilan d'une grandeur relative à une espèces 302

8.2.3 Bilan d'énergie d'un fluide monophasique hétérogène 302

8.3 Équations de bilan adimensionnées (transformations isovolumes) 304

8.3. l Convection thermique 304

8.3.2 Convection avec transfert de masse 307

8.4 Analogie entre transferts thermiques et transferts massiques 309

8.4. l Grandeurs et échelles caractéristiques en diffusion d'espèces 309

8.4.2 Principaux nombres caractéristiques en convection 31 0

8.4.3 Conclusion : usage des analogies en convection 31 2

8.5 Couches limites en convection forcée externe laminaire 31 3

8.5. l Approximation de la couche limite 31 3

8.5.2 Solution par la méthode intégrale 31 5

8.6 Couches limites en convection naturelle externe laminaire 31 7

8. 7 Convection forcée interne laminaire 31 8

8.7. l Établissement du régime mécanique dans une conduite 319

8.7.2 Établissement du régime thermique dans une conduite 321

8.8 Convection naturelle interne laminaire 324

Chapitre 9. Transferts turbulents 325

9. l Équations de bilan et échelles caractéristiques 326

9.1. l Équations locales instationnaires de bilan 326

9.1.2 Équations statistiques de bilan en turbulence 327

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9.1.3 Échelles mécaniques caractéristiques de la turbulence 330

0

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9.1.4 Échelles caractéristiques thermiques et scalaires 335

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9.1.5 Cascade énergétique 336

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9.2 Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi 337

0

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9.2. l Contrainte totale Trot 339

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9.2.2 Flux surfacique thermique radial total 340

~

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Ol 9.2.3 Structure de l'écoulement 342

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a.

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9.2.4 Cas d'un fluide de masse volumique variable 348

0

u 9.2.5 Couplages avec le rayonnement 348

VIII

9.2.6 Structure d'un écoulement turbulent dans une autre géométrie 349

9.3 Les différentes voies de modélisation 349

9.3. l Simulation numérique directe de la turbulence 350

9.3.2 Méthodes fondées sur des équations statistiques de bilan

et la diffusion turbulente 352

9.3.3 Simulation des grandes échelles de la turbulence 359


Table des matières

Chapitre 1 O. Bases physiques des transferts thermiques 361

10.1 Fonction de distribution des vitesses, Luminance, Flux 362

10.1.1 Fonctions de distribution des vitesses 363

10.1.2 Vitesses et énergies macroscopiques 364

l 0.1.3 Flux de diffusion 365

10.1 .4 Flux radiatif et luminance 369

10.2 Équilibre Thermodynamique Parfait 370

l 0.2. l

Équilibre thermodynamique parfait du système

matériel 371

l 0.2.2 Équilibre thermodynamique parfait du champ

de rayonnement, loi de Planck 372

10.2.3 Interprétation physique de la loi de Planck

(modèle d'Einstein) 373

l 0.3 Équations d'évolution 375

10.3.1 Équation d'évolution de la distribution des vitesses 375

10.3.2 Équation de transfert du rayonnement pour un gaz 382

l 0.4 Équilibre Thermodynamique Local et flux de diffusion 384

l 0.4. l Système matériel 385

l 0.4.2 Exercice d'application 390

Exercice 10.1. Modèle grossier de viscosité et conductivité thermique 390

10.4.3 ETL et solution de perturbation pour le champ

de rayonnement 393

l 0.5 Non équilibre du système matériel : nanosystèmes et milieux raréfiés 394

10.5.1 Conditions de Non équilibre 394

10.5.2 Exercice d'application 396

Exercice 10.2. Régime ballistique d'une assemblée de particules 396

Complément A. Quelques méthodes mathématiques de la diffusion 401

A. l Utilisation de la transformation de Laplace 401

A.2 Utilisation de la méthode de séparation des variables 405

A.3 Utilisation de la fonction de Green en conduction 406

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Complément B. Fonctions et équations usuelles 413

B.1 Fonctions d'erreur (conduction instationnaire) 41 3

B.2 Fonctions intégro-exponentielles (rayonnement) 4 14

B.3 Tenseurs usuels en transferts (convection) 4 14

B.4 Équations utiles en convection (coordonnées cartésiennes et cylindriques) 420

Complément C. Corrélations de convection 423

C. l

C.2

Convection forcée externe 423

C.1.1 Écoulement parallèle à une paroi plane (ou à une paroi de faible

courbure) 423

C.1.2 Écoulement perpendiculaire à l'axe d'un cylindre de section

circulaire

C. l .3 Écoulement impactant une sphère

C. l .4 Autres configurations

Convection forcée interne

C.2. l Tube de section circulaire

425

425

425

425

425

IX


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

C.3

C.4

C.2.2 Plaques parallèles

C.2.3 Autres cas

Convection naturelle externe

C.3.1 Paroi verticale plane

C.3.2 Paroi plane inclinée

C.3.3 Paroi horizontale plane

C.3.4 Cylindre isotherme vertical

C.3.5 Cylindre horizontal

C.3.6 Sphère

C.3. 7 Autres cas

Convection naturelle interne

C.4.1 Enceinte rectangulaire bi-dimensionnelle, infinie

dans une direction horizontale

C.4.2 Autres cas

428

429

429

429

431

431

432

432

432

432

432

432

433

Complément D. Quelques propriétés thermophysiques (conduction

et convection) 435

D. l Gaz à pression atmosphérique 43 5

D.2 Liquides 439

D.3 Solides 442

Complément E. Quelques données radiatives 445

E. l Rayonnement d'équilibre 445

E.2 Quelques facteurs de forme 44 7

E.3 Emissivités totales des gaz 448

Complément F. Données diverses 451

F. l Conversions d'échelles de température

F.2 Conversions d'unités diverses

451

451

Bibliographie 453

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Index 461

X


AVANT-PROPOS

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Plus de 85 % de l'énergie consommée dans le monde passe par la combustion de

réserves fossiles ou de ressources renouvelables. D'autre part, quelles que soient les

technologies utilisées, la maîtrise de l'énergie nucléaire, de l'énergie solaire thermique,

de la géothe1mie profonde ou des pompes à chaleur reposent en partie sur les

transferts thermiques. De plus, les efficacités des systèmes de propulsion, de production

d'énergie et, plus généralement encore, de la plupart des systèmes industriels ou

d'usage courant, électroniques par exemple, dépendent aussi de la maîtrise du conditionnement

thermique de ces systèmes. Les transferts thermiques constituent donc

une science clé de l'énergie.

La cinquième édition de cet ouvrage repose sur l'expérience acquise par les

trois auteurs, professeurs à l'École Centrale Paris, tant en enseignement qu'en recherche

au sein du laboratoire d'énergétique moléculaire, macroscopique combustion

(EM2C). Elle est organisée en deux paities :

La première partie de l'ouvrage « Première approche des transferts thermiques»,

de niveau Licence 3, constitue une présentation de l'ensemble de la discipline avec

un minimum de formalisme. Les différents modes de transfert, par conduction, rayonnement

et convection thermiques, sont progressivement introduits en privilégiant une

approche physique des phénomènes. Dans cette partie, les applications envisagées

sont généralement monodimensionnelles, de façon à éviter les difficultés d'ordre mathématique

ou numérique engendrées par des géométries complexes. Dans le même

esprit, les transferts convectifs sont abordés en amont d' un cours de mécanique des

fluides dans cette première partie. L'accent est mis qualitativement d'abord, puis à

paitir des outils de l'analyse dimensionnelle, sur le couplage entre phénomènes de

diffusion et de convection dans les couches limites. Cette première partie du cours est

illustrée :

d'exercices d'application immédiate résolus, au fil des paragraphes,

't: - de problèmes de synthèse résolus, en fin de partie. Représentatifs de la grande

0

'5

"' c:

diversité des applications de la discipline, ils mettent en jeu les couplages entre les

0

différents modes de transfert.

c:

c:

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~ La deuxième partie « transferts thermiques avancés», de niveau Master, introduit

o.

~ des modèles avancés de rayonnement thermique et de transfert convectif. Le cas gé-

'='

f2

néral des transferts radiatifs en milieu semi transparent et les cas limites des milieux

-ci

§ optiquement minces et des milieux optiquement épais sont abordés. Une attention

~ particulière est portée sur la modélisation des propriétés radiatives des gaz, prenant

XI


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

en compte l'épineux problème des corrélations spectrales. Le chapitre sur les différentes

voies de modélisation des transfe1ts turbulents intègre des développements

récents de la recherche. Le chapitre « Bases physiques des transferts » constitue une

innovation de cette cinquième édition. Au-delà du traitement des transferts diffusifs et

radiatifs en non-équilibre et à l'équilibre thermodynamique local, ce chapitre constitue

une introduction à la nanothermique. Cette deuxième partie du cours constitue

aussi une référence pour les ingénieurs d'études avancées et de recherche, ainsi que

pour les chercheurs.

Jean Taine, Franck Enguehard, Estelle Iacona

Juin 2014

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INDEX

DES NOTATIONS

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a (m 2 s- 1 )

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C, c (JK- 1 , JK- 1 kg- 1 )

C (m 2 )

Cr (WK- 1 )

c, co (ms- 1 )

Cs (kgm- 3 )

D1i (m)

D sb (m 2 S- 1 )

ev

ep(m)

E, e, 8 (Jm- 3 , Jkg- 1 , J)

E

f , f ij

g (ms- 2 )

hp (J.s)

h (Wm- 2 K- 1 )

H, h, 1i (Jm- 3 , Jkg- 1 , J)

j (Am- 2 )

ks (JK- 1 )

k (m 2 s- 2 )

kvK

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Lm, Lrh (m)

~ LA (Wm- 2 µm- 1 se 1 )

~ Lv (Wm- 2 Hz- 1 se 1 )

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~ m, M, M (kg, kg, kg/mol)

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~ m (kgs- 1 )

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B N.D.T (N.T.U)

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l p (Pa)

~ P, P (Wm- 3 , W)

: Q

§ q, qi (Wm- 2 )

0

@ r,R(JK- 1 kg- 1 , JK- 1 mol- 1 )

grandeur massique, volumique, totale

diffusivité thermique

effusivité

capacité thermique, capacité thermique massique

section efficace

débit de capacité

célérité du rayonnement, dans le vide

concentration d'une espèce s

diamètre hydraulique

diffusivité d'une espèce s dans un bain b

épaisseur optique

profondeur de pénétration

énergie interne volumique, massique, totale

efficacité d'un échangeur

facteur de forme

résultante des forces massiques

constante de Planck

coefficient de transfert

enthalpie volumique, massique, totale

vecteur densité de courant

constante de Boltzmann

énergie cinétique turbulente massique

constante de Von Karman

constante thermique turbulente ine1tielle

longueur d'établissement mécanique, thermique

luminance monochromatique (ou spectrale)

ou (Wm- 2 (cm- 1 ) - 1 se 1 )

masse, masse totale, masse molaire,

débit de masse

n01male orientée

nombre d' unités de transfert

pression

puissance volumique, puissance totale

efficacité (théorie de la diffusion)

vecteur flux surfacique

constante massique, molaire des gaz parfaits

XIII


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

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~ (KW- 1 )

s ij

T (K)

t (s)

U, Ui

u(ms- 1 )

u (Jm- 3 )

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v, vi (ms- 1 )

w (mç 1 )

W.Dext (mÇ 1 )

z(O, À/Àm)

Caractères grecs

œ

/3 (m-1)

Y (m- 1)

y (Nm- 1 )

r (W K - 1 )

E

s (m 2 s- 3 )

K (m-l)

TJ, (T/oo)

T/v (Wm- 3 Hz- 1 sc 1 )

il ütm)

il (Wm- 1 K- 1 )

µ (kgm- 1 s- 1 )

V (m2çl)

v (Hz ou cm- 1 )

II (m2ç3)

p (kgm- 3 )

p

a- (Wm- 2 K- 4 )

a- (cm- 1 )

T

r.p, <P (Wm- 2 , W)

n

w

résistance thermique

tenseur des taux de déformation

température

temps

vecteur unitaire

vitesse suivant Ox

densité volumique d'énergie radiative

vitesse suivant Oy

vecteur vitesse

vitesse suivant Oz

vitesse de déplacement de l'interlace

fonction de distribution spectrale cumulée

du rayonnement d'équilibre

absorptivité

coefficient d'extinction

coefficient de pénétration (milieu diffusant isotrope)

tension superficielle

conductance thermique

émissivité

dissipation d'énergie cinétique turbulente

coefficient d'absorption

efficacité d'une ailette, (infinie)

coefficient monochromatique d'émission

longueur d'onde

conductivité thermique

viscosité dynamique

viscosité cinématique, diffusivité mécanique

fréquence ou nombre d'onde

production d'énergie cinétique turbulente

masse volumique

réflectivité

constante de Stefan

coefficient de diffusion

transmittivité

flux surfacique , flux total

angle solide

albedo

XIV


Index des notations

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Nombres caractéristiques

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Ri

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St

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Indices usuels hauts

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r

R

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nombre de Biot

coefficient de frottement

nombre d' Eckert

nombre de Froude

nombre de Graetz

nombre de Grashof

nombre de Knudsen

nombre de Lewis

nombre de Nusselt

nombre de Ohnesorge

nombre de Péclet

nombre de Prandtl

nombre de Rayleigh

nombre de Reynolds

nombre de Richardson

nombre de Sherwood

nombre de Stanton

nombre de Weber

absorbé (rayonnement)

diffusé (rayonnement)

émis (rayonnement)

éteint (rayonnement)

incident (rayonnement)

partant (rayonnement)

réfl échi (rayonnement)

radiatif

équilibre

directionnel

de frottement (T*, v*, · · · )

relatif aux structures dis si pati ves (turbulence)

relatif aux structures énergétiques (turbulence)

de débit (vitesse), de mélange

relatif à une espèce s

grandeur turbulente

grandeur spectrale

XV


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Cette première partie de l'ouvrage, de niveau Licence 3, constitue à la fois une introduction

aux transferts thermiques fondée sur la compréhension physique des phénomènes

et un document de base pour l'ingénierie thermique. Les trois modes de transfert,

par conduction, rayonnement et convection thermiques, sont abordés et couplés

dans des applications concrètes. La maîtrise du premier principe de la thermodynamique

et de notions élémentaires de mathématiques de niveau licence de mécanique

ou physique est suffisante pour une complète assimilation du cours. Un ensemble de

compléments, en fin d'ouvrage, permettent de dimensionner, au moins en première

approche, de nombreux systèmes au sein d'applications variées.

Comme cette première paitie est focalisée sur la compréhension physique des phénomènes,

les transferts thermiques sont le plus souvent traités à une dimension, de

façon à alléger le formalisme mathématique. Une attention pai·ticulière est portée

à la modélisation des systèmes thermiques dans des exercices d'application et des

problèmes de synthèse qui illustrent le cours : d'abord en définissant une stratégie de

résolution, ensuite en construisant à pa11ir d'hypothèses réalistes des modèles simples

et en résolvant ces problèmes alors bien conditionnés, enfin en validant a posteriori

ces modèles.

Le premier chapitre introduit à un niveau élémentaire les modes de transfert et le

bilan d'énergie en régime stationnaire, en absence de mouvement. Le second chapitre

est consacré aux modèles linéaires de conduction thermique stationnaire, quand les


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

propriétés des milieux dépendent faiblement de la température. Le Chapitre 3 introduit

les bases de la physique macroscopique de la diffusion, à partir de l'exemple

par excellence que constitue la conduction thermique instationnaire. Les transferts

radiatifs entre corps opaques à travers un milieu transparent sont abordés dans le

Chapitre 4. Le dernier chapitre est consacré à une approche phénoménologique de

la convection thermjque forcée ou naturelle, en régime laminaire ou turbulent. Les

notions de base essentielles introduites dans cette première partie sont étendues à un

niveau mas ter dans la deuxième partie de l'ouvrage.

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LES PRINCIPAUX

MODES DE TRANSFERT

D'ÉNERGIE

Notions clés

Équilibre Thermodynamique Local (E.T.L.), flux cond uctif, flux radiatif, fl ux

convectif, flux conducto-convectif, conditions aux li mites, bilan en régime stationnaire

sans mouvement .

1.1 LIMITATIONS PHYSIQUES ET OBJECTIFS

1.1.1 Le système

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Tout système physique se compose de deux sous-systèmes en interaction permanente

: un système matériel et un champ de rayonnement.

Le système matériel est en général considéré du point de vue des milieux continus.

Il est en fait constitué, à l'échelle élémentaire, de molécules (atomes, ions, molécules),

d'électrons, de particules fictives telles que les phonons (qui représentent des

quanta d'énergie de vibration dans un solide). Adopter le point de vue des milieux

continus consiste à limiter l'analyse d' un système matériel à des éléments de volume

arbitrairement petits à l'échelle macroscopique mais suffisamment grands pour

que les nombres de molécules qu'ils contiennent soient extrêmement élevés [1 12]. À

titre d'exemple, l'état d'un système matériel fluide, dans un élément de volume dV,

pendant un bref intervalle de temps dt, est caractérisé par des grandeurs physiques

macroscopiques : pression, vitesse hydrodynamique (vitesse du centre de masse des

molécules dans d V), etc. et, sous certaines conditions seulement, température.

Le champ de rayonnement électromagnétique est caractérisé à l'échelle macroscopique

par la donnée à chaque instant t, en tout point r de l'espace, pour toute

direction u, d' une grandeur énergétique L~ dépendant de la fréquence v et appelée

luminance monochromatique 1 , qui sera définie dans le Chapitre 4. Le champ radiatif

résulte de la distribution des photons caractérisés chacun par une fréquence v, une

quantité de mouvement p et un état de spin m 5 •

1. La luminance est introduite directement en physique statistique (voir paragraphe 10.1.4).

3


Chapitre 1 • Les principaux modes de transfert d'énergie

1.1.2 Déséquilibre thermique et équilibre

thermodynamique local (E.T.L.)

L'équilibre thermique, une des conditions del' Équilibre Thermodynamique Parfait

(E.T.P.), est caractérisé par l'isothermie à la température absolue 2 T (en K) de l'ensemble

du système ou, formulation équivalente, par l'absence de tout flux thermique.

Les systèmes considérés dans cet ouvrage sont en déséquilibre thermique, par

exemple du fait des contraintes imposées par le milieu extérieur. De nombreux mécanismes

à l'échelle élémentaire tendent alors à faire retourner le milieu vers un état

d'équilibre thermique : collisions molécule-molécule ou molécule-paroi, transitions

molécule-photon (absorption, émission spontanée, émission induite, etc.), interactions

phonon-phonon, phonon-électron, électron-photon, phonon-photon, etc. L' évolution

énergétique du système résulte du couplage, à l'échelle macroscopique, entre:

• Les effets cumulés de ces processus élémentaires de transfert thermique, qui

donnent naissance aux phénomènes de conduction et de rayonnement thermique,

• Le transfert de chaleur associé à un éventuel transfert macroscopique de masse,

appelé convection.

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Dans le cas d'un déséquilibre thermique important le système matériel ne peut être

caractérisé, au point r, à l'instant t, que par la distribution statistique des populations

NiJ des différentes espèces j (molécules, particules) sur les différents niveaux quantiques

d'énergie i, discrets ou continus. Les mécanismes mentionnés précédemment,

comme les collisions par exemple, conduisent à des équations de relaxation régissant

les évolutions des populations Nij' analogues aux équations de la cinétique chimique.

Une méthode puissante pour décrire les évolutions du système est le formalisme des

équations de Boltzmann [ 46]. Cette approche est nécessaire à l'étude des transferts

thermiques dans diverses applications : milieux lasers, plasmas froids utilisés comme

source d'énergie ou pour la production de composites (torches à plasma), plasmas de

fusion, rentrée d'engins dans l'atmosphère, milieux raréfiés, nanosystèmes, etc.

Toute la physique des transfe1ts dans les milieux continus repose sur l'hypothèse

de 1' équilibre thermodynamique local 3 (E.T.L. ou L.T.E. dans la bibliographie anglosaxonne)

qui con-espond à une situation de déséquilibre faible : pendant un intervalle

de temps dt et dans un élément de volume dV arbitrairement petits, mais à l'échelle

macroscopique, le système matériel est infiniment voisin d' un état d'équilibre tangent,

caractérisé par un ensemble de valeurs des grandeurs physiques intensives et

2. La température absolue est introduite quantitativement [1 12], à partir du seul postulat fondamental

de la physique statistique appliqué à une partition d'un système isolé à l'équilibre thermodynamique

(construction de l'ensemble représentatif canonique).

3. C'est, en toute rigueur, l'état correspondant à la solution d'ordre zéro de l'équation de Boltzmann

(voir un cours de physique statistique, par exemple [ 46]).

4


1.1. Limitations physiques et objectifs

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extensives. Concrètement l'hypothèse de l'E.T.L. signifie qu'il est possible de définir,

à chaque instant t, en tout point r, les variables physiques usuelles en pa1ticulier

la température T(r,t). Elle revient à admettre que les degrés internes du système matériel

sont thermalisés (distribution de Maxwell-Boltzmann des populations sur les

niveaux d'énergie). Un critère simple de validité des conditions de l'E.T.L. dans un

élément de volume dV macroscopiquement petit (paragraphe 10.4) est que le libre

parcours moyen (l.p.m.) des po1teurs responsables de la thermalisation soit petit par

rapport à une dimension L de cet élément (Kn= l.p.m./L, nombre de Knudsen, petit

devant 1.)

Nous adoptons, dans la suite de l'ouvrage, l' hypothèse de l'E.T.L. pour le seul

système matériel. Le système physique considéré est alors le siège de transformations

irréversibles macroscopiques auxquelles sont associés des flux.

Dans le référentiel d'un élément du système matériel, l'effet cumulé à l'échelle

macroscopique du transpo1t par des particules (molécules, électrons, phonons, etc.)

de différentes grandeurs physiques extensives (charge électrique, nombre de molécules

d'une espèce donnée, énergie) se traduit par des flux macroscopiques de diffusion

: conduction électrique, diffusion d'une espèce dans un milieu, conduction

thermique, etc. Ces flux de diffusion apparaissent dans n'importe quel référentiel de

référence.

Dans un référentiel quelconque, à tout transfert macroscopique de masse engendré

par le mouvement global d' une partie du système matériel sont associés des flux

macroscopiques de charge électrique, d'énergie, etc.; ce sont les phénomènes de

convection : convection électrique, convection thermique (qui est plus précisément

une convection d'enthalpie), etc. Les phénomènes de diffusion se couplent aux phénomènes

de convection dans un référentiel quelconque.

Les interactions entre les molécules du système matériel et les photons du champ

de rayonnement conduisent, dans le cas où système matériel et champ de rayonnement

sont en déséquilibre, à des flux macroscopiques d'énergie sous forme de rayonnement

thermique. Si le système matériel est ici considéré au voisinage de l'E.T.L.,

le champ de rayonnement est généralement en déséquilibre profond 4 .

1.1.3 Objectifs des transferts thermiques - Conventions

sur les flux

L'objectif des transferts thermiques est de déterminer, dans tout système matériel

physique voisin de l'E.T.L., les évolutions des champs de température T(r,t) et de

flux d'énergie, quelle que soit la forme de cette énergie, en vue de la maîtrise et du

conditionnement thermique de ce système.

4. Le champ de rayonnement est voisin de l'E.T.L. uniquement dans les milieux dits optiquement épais

(voir paragraphes 6.4 et 10.5).

5


Chapitre l • Les principaux modes de transfert d'énergie

Une transformation sera dite instationnaire si, par rapport à un référentiel donné,

les grandeurs physiques A(r,t) considérées, scalaires, vecteurs ou tenseurs, dépendent

explicitement du temps :

8A(r,t) O

(1.1)

8t * .

Une transformation sera dite stationnaire dans le cas contraire :

8A(r,t) = O

8t .

(1.2)

Nous adopterons les conventions définies ci-dessous pour les flux à travers une surface

ouverte :

• La puissance élémentaire d<P, exprimée en W, traversant algébriquement une surface

élémentaire dS orientée par une normale n (figure 1.1) et appelée flux élémentaire

d'énergie à travers dS, s'écrit en fonction du vecteur flux surfacique d'énergie

q:

d<t> = q · n dS.

(1.3)

d~

~"

q

Figure 1.1 - Élément de surface orienté.

• On appelle flux surfacique (algébrique) d'énergie, au point M, à travers la smface

dS orientée, la quantité, exprimée en W m- 2 :

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Pour chacun des modes de transfert cités précédemment (conduction, convection,

rayonnement) nous définirons les quantités d<P, q et <p. En pratique, les normales

aux surfaces ouvertes sont orientées dans le sens des axes du référentiel. Ces flux

à travers des suif aces ouvertes sont comptés positivement dans le sens des axes .

1.2 PREMIÈRE NOTION DE FLUX RADIATIF

Le Chapitre 4 est consacré à l'étude du rayonnement thermique dans des cas simples.

Nous nous limitons dans le présent paragraphe à introduire la notion de flux radiatif.

De l'énergie est échangée en permanence entre un système matériel et le champ de

rayonnement par deux processus : l'émission et l'absorption. L'émission spontanée de

6


1.2. Première notion de flux radiatif

rayonnement est une conversion d'énergie matérielle (énergie de vibration-rotation,

énergie électronique, énergie des phonons, etc.) en une énergie radiative (photons).

L'absorption de rayonnement consiste en une conversion inverse d'énergie radiative

en énergie matérielle 5 . D'autres processus (diffusion sans changement de .fréquence,

réflexion) correspondent à des changements de direction d'un rayonnement incident

mais n' influent pas directement sur l'énergie du système matériel.

On distinguera trois types de milieux matériels homogènes vis-à-vis du rayonnement

: deux cas limites importants, les corps transparents et les corps opaques, et le

cas général des milieux semi-transparents.

Un milieu transparent n'interagit pas avec le champ de rayonnement; il n'émet

pas, n'absorbe pas, ne réfléchit pas, ni ne diffuse de rayonnement; tout rayonnement

incident est transmis quelles que soient sa direction et sa fréquence (ou longueur

d'onde).

d

co1ps

opaque

X

Figure 1.2 - Interaction

rayonnement-corps opaque.

Figure 1.3 - Flux émis et absorbé.

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9

Un corps opaque ne transmet aucune fraction d'un rayonnement incident (i); ce

dernier est alors soit absorbé (a), soit réfléchi (r) (figure 1.2). Plus restrictivement,

nous définirons un corps opaque comme un milieu tel que la profondeur 17 de pénétration

du rayonnement est faible devant une dimension caractéristique du système :

d. Dans la mesure où un corps opaque absorbe du rayonnement (a), il est susceptible

d'en émettre ( e ), en tout point de sa frontière6 .

Par souci de clarté, absorption et émission ont été représentées en des points différents

sur la figure 1.2. Soit un corps opaque dont la surface frontière est normale en 0

à l'axe Ox (figure 1.3). Le flux suif'acique radiatif 'PR caractérise la puissance échangée

entre le corps opaque et le champ de rayonnement. Il s'écrit algébriquement avec

5. Le phénomène antagoniste de l'absorption, appelé émission induite, qui joue un rôle essentiel dans

les milieux lasers, n'est pas abordé ici. Ce phénomène est globalisé avec celui d'absorption dans Je cas

considéré où Je système matériel est proche de l'E.T.L.

6. En effet, les phénomènes d' émission et d'absorption sont tous deux produits par un mmnent dipolaire

électrique, qui caractérise la distribution de charge électrique au sein de l'élément matériel considéré.

7


Chapitre 1 • Les principaux modes de transfert d'énergie

la convention qui consiste à compter positivement le flux suivant Ox:

(1.5)

Dans cette expression, <.pe et <.pa sont des grandeurs arithmétiques, respectivement les

flux surfacique émis et flux surfacique absorbé par le corps opaque au point 0, qR

est le vecteur flux radiatif et n le vecteur normal unité. Dans le cas d'un solide par

exemple, le premier terme de l'équation 1.5 <.pe représente la disparition d'énergie

matérielle (phonons, etc ... ) par émission, le second <.pa l'apparition d'énergie matérielle

à la frontière du corps par absorption. Les quantités <.pe et <.pa sont intégrées sur

tout le spectre des longueurs d'onde (fréquences) et sur toutes les directions du demiespace

correspondant. Il est important de noter que le flux réfléchi n'intervient pas

dans l'équation 1.5.

À l'équilibre thermique, le flux radiatif surfacique <.pR est nul. Hors d'équilibre,

<.pR représente un flux d'énergie qui se propage sous forme radiative dans le milieu

transparent et diffuse sous forme conductive dans un solide opaque.

Un milieu semi-transparent réfléchit, absorbe, diffuse ou transmet sur une longueur

finie un rayonnement incident ; il émet également du rayonnement. Si dans

le cas de corps opaques les interactions rayonnement-matière peuvent, en première

approximation, être considérées comme superficielles, elles doivent être nécessairement

traitées comme volumiques dans le cas d'un milieu semi-transparent. Le cas

des milieux semi-transparents est abordé dans le Chapitre 6.

1.3 TRANSFERT CONDUCTIF

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Le transfert d'énergie par conduction se produit dans tout référentiel, en particulier

dans le référentiel d'un élément matériel, dès lors qu'il existe un gradient de température

: il représente l'effet global du transport d'énergie par les po1teurs élémentaires

(molécules, phonons, électrons, etc.).

1.3.1 Flux conductif

Dans le cas de milieux homogènes et isotropes (fluides ou solides), le vecteur flux

surfacique conductif q cd est proportionnel au gradient de température local VT, suivant

la loi de Fourier :

qcd = -/l(T)VT. (1.6)

A(T), appelée conductivité thermique (en wm- 1 K- 1 ), dépend en général fortement

de la température. Les conductivités thermiques de matériaux et de fluides usuels

sont données dans le Complément D et dans [142, 143, 144]. Le signe moins dans

l'équation 1.6 provient du second principe de la thermodynamique.

8


1.3. Transfert conductif

Dans le cas d' un fluide, les p01teurs élémentaires (molécules, atomes, ions etc.)

sont caractérisés par des énergies de translation, éventuellement de vibration-rotation,

des énergies électroniques, etc. Le formalisme d'Enskog [26, 46, 60] dérivé del' équation

de Boltzmann permet de calculer, avec une excellente précision, la conductivité

thermique d'un gaz comme toutes les autres propriétés de transport (viscosité, diffusivités

d'espèces, etc.), même dans le cas d'un mélange dans un milieu réactif.

Dans le cas de solides, les atomes sont liés dans un réseau cristallin plus ou moins

parfait. Les vecteurs élémentaires de l'énergie sont les phonons (quanta de vibration

du réseau) et, éventuellement, les électrons libres (ou de conduction électrique et

thermique). La modélisation des transferts par conduction électrique et thermique

relève des méthodes de la physique du solide [76, 162].

La loi de Fourier correspond à l'approximation de la réponse au premier ordre

d'un système et est analogue à de nombreuses autres lois physiques correspondant à

des phénomènes similaires de diffusion, engendrant des flux de charge électrique, de

fraction massique, etc. :

• la loi d'Ohm, sous sa forme vectorielle :

j = o-E = -o-VVez, (1.7)

où j, E, a- et Vet représentent respectivement les vecteurs densité de courant et

champ électrique, la conductivité et le potentiel électriques ;

• la loi de Fick, relative à la diffusion d'une espèce diluée dans une autre espèce :

(1.8)

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c

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où q~ représente le flux de masse de l'espèce s (en kg m- 2 ç 1 ), Ds la diffusivité

(en m 2 s- 1 ) , es la concentration (en kg m- 3 ).

De nombreux corps ne peuvent être considérés comme homogènes et isotropes (corps

composites, isolants fibreux, pneumatiques, corps feuilletés présentant des conductivités

différentes dans le plan de clivage et dans la direction perpendiculaire). La loi

de Fourier se généralise alors en considérant la conductivité comme un tenseur. Un

exemple de corps de ce type est donné figure 1.4. On voit que la conductivité peut

dépendre d'une manière très critique de la direction.

La loi de Fourier ne fait pas intervenir explicitement le temps : elle postule une

réponse instantanée en tout point d' un milieu à une perturbation thermique survenant

en un point M. Cette hypothèse est valable tant que les échelles de temps considérées

sont grandes devant celles caractérisant le transfert par collisions entre porteurs

élémentaires (temps de relaxation). En pratique, la loi de Fourier est valable dans la

quasi-totalité des applications. Une discussion est menée dans le paragraphe 10.5.

9


Chapitre l • Les principaux modes de transfert d'énergie

10./--------~

J.. (Wm- 1 K ~

,

ur

I 0 .....__-...-+----+-....,......-+--.......

1 JO JO-

Figure 1.4 - Conductivité du graphite pyrolithique [ 144); a) parallèlement au plan de

clivage; b) perpendiculairement.

1.3.2 Ordres de grandeur des conductivités thermiques

"Cl

0

c

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0

..-1

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Ol

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u

L'échelle des conductivités thermiques est beaucoup plus réduite que celle des

conductivités électriques (rapport 1 à 5.10 4 contre 1 à 10 40 ). Les conductivités thermiques

de quelques corps sont représentées en fonction de la température sur la figure

1.5. La distinction entre conducteurs et isolants thermiques présente un caractère

un peu arbitraire ; néanmoins, on peut noter une certaine correspondance avec

les conducteurs et isolants électriques.

Parmi les bons conducteurs, il faut citer les métaux en général, le cuivre et l'aluminium

en particulier, et les alliages de ces métaux [143]. Les aciers sont des conducteurs

médiocres de la chaleur ; pour un acier inoxydable courant, la conductivité ne

vaut pas plus que 15 wm- 1 K- 1 à 300 K.

Les gaz ont des conductivités faibles (de l'ordre de quelques 10- 2 wm- 1 K- 1 );

celles-ci évoluent très grossièrement en fonction de la température absolue en T 0 • 7

et sont indépendantes de la pression, dans un large intervalle de pressions, jusqu'à

quelques 10 6 Pa. La conductivité d'un mélange gazeux a une expression complexe

en fonction des conductivités des constituants. Il faut tenir compte en effet des différents

types d'interactions collisionnelles à l'échelle des molécules. Des tables de

conductivité existent pour certains mélanges usuels [142] .

À première vue, les gaz constituent d'excellents isolants. Mais une restriction fondamentale

à leur usage comme isolants thermiques apparaît très vite : c'est le phénomène

de convection naturelle développé dans le paragraphe suivant. Cependant on

peut constituer des isolants avec des milieux divisés, fibreux ou poreux, baignés par

l'air; les interstices sont alors assez petits pour que la convection naturelle ne puisse

se développer, du fait de la viscosité du fluide : laines de verre, etc. Les transferts

dans de tels milieux sont essentiellement dus à la conduction (contacts entre fibres)

et au rayonnement, même à basse température.

10


1.4. Flux convectif et conducto-convectif

cuivre

JO~ '

aluminium

JO

acierAJSI3J6

J

-1

JO

: 1.1 verre

, eau {liquide)

-r<J.61 ~téflon

'

T(K)

J OO 300 500 'JOO

Figure 1.5 - Évolution de la conductivité avec la température.

1.3.3 Systèmes à conductivité apparente très élevée :

caloducs

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Un caloduc est un système pouvant prendre la forme d' un baireau, dont l'enveloppe

externe est souvent en acier, et qui présente entre ses deux extrémités une conductivité

apparente très élevée, bien supérieure à celle du cuivre, dans ses conditions

d'utilisation. Le principe de fonctionnement du caloduc est complexe et met en jeu

un fluide sous deux phases entre un évaporateur et un condenseur. Des notions sur les

caloducs sont données dans le paragraphe 1.4.3.

1.4 FLUX CONVECTIF ET CONDUCTO-CONVECTIF

1.4. l Le phénomène de convection

La convection thermique est un transfert d'énergie par rapport à un repère donné,

consécut~f à un transport macroscopique de masse dans ce repère.

Considérons l'écoulement d'un fluide au travers d'une surface élémenta.ire dS caractérisée

par une normale orientée n (voir figure 1.6). Le débit de masse à travers

11


Chapitre l • Les principaux modes de transfert d'énergie

X

y

plafond

OO

plancher chaud

Figure 1.6- Flux convectif.

Figure 1.7- Exemple de convection

naturelle.

dS , noté dm, est donné par :

dm= pv · n dS, (1.9)

où p désigne la masse volumique et v la vitesse 7 locale du fluide par rapport à la

surface dS. À ce transfert macroscopique de masse est associé un transfert d' enthalpie

en M , caractérisé par unflux convectif d<Pcv :

d<Pcv = pv · nhdS =dm h, (1.10)

où h désigne l'enthalpie massique locale du fluide en M rapportée à une orig.ine

arbitraire des températures. Le vecteur flux surfacique convect{f est défini par :

qcv = pv h tel que : 'Peu = pv · n h. (1.11)

"Cl

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a.

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u

On distingue traditionnellement tro.is types de convection.

Un phénomène de convection forcée apparaît quand le mouvement du fluide est

imposé par une cause mécanique extérieure au système. C'est le cas, par exemple,

des échangeurs industriels, des radiateurs de voitures, qui sont essentiellement des

convecteurs : deux fluides en mouvement échangent de l'énergie à travers une paroi

dont la température diffère des leurs. Comme les vitesses d'écoulement peuvent atteindre

des valeurs très élevées, le transfert associé à la convection forcée est souvent

extrêmement efficace (voir paragraphe 1.4.2) .

Un phénomène de convection naturelle thernlique apparaît spontanément, sous

certaines conditions, dans un fluide au sein duquel existe un gradient de masse volumique

dû à un gradient de température imposé par le milieu extérieur. Prenons

comme exemple une pièce dont le plancher est plus chaud que le plafond (chauffage

par le sol). L'air chaud au voisinage du plancher, moins dense que l'air froid

7. Dans tout cet ouvrage, on appelle vitesse la vitesse hydrodynamique définie en physique statistique :

voir le paragraphe l 0.1.2.

12


1.4. Flux convectif et conducto-convectif

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proche du plafond, va monter sous l'effet d'une force d'Archimède, tandis que l'air

froid va descendre (figure 1.7). L'écoulement est freiné par les forces de frottement

visqueux, premier phénomène dissipatif, et 1' écart de température, cause du phénomène,

est amoindri par conduction thermique, second phénomène dissipatif. Sous

1' effet de deux forces antagonistes (d'Archimède et de frottement), le fluide atteint

sous ce1taines conditions une vitesse limite conduisant en tout point à un écoulement

stationnaire. Cet écoulement fait passer de l'énergie du plancher au plafond : ce

transfert est évidemment beaucoup plus important qu'un transfert purement conductif

dans l'air immobile, dont la conductivité est faible. La convection naturelle est

en général beaucoup moins efficace que la convection forcée, qui aurait lieu dans

1' exemple précédent si on utilisait un ventilateur dans la pièce. On est cependant souvent

obligé de se limiter à un transfert par convection naturelle dans de nombreuses

applications pour des raisons techniques ou économiques (coût et fiabilité). Des ailettes

permettent alors d'augmenter la surface d'échange entre le fluide et le système :

refroidissement de pompes, de gros transformateurs électriques, d'éléments électroniques

(voir paragraphe 2.2).

La convection mixte correspond au couplage des deux phénomènes précédents

(convections naturelle et forcée) quand les vitesses d'écoulement, fictives, dues aux

deux types de convection sont, considérées séparément, du même ordre de grandeur.

Quel que soit le type de convection considéré on distingue, suivant la vitesse du

fluide, deux régimes d'écoulement : laminaire et turbulent. Nous limiterons la présente

introduction à une description qualitative. Considérons un écoulement dans un

tube transparent de section constante et supposons qu'on puisse suivre par des traceurs

les évolutions d'éléments matériels macroscopiques de ce fluide.

À faible vitesse, l'écoulement se fait de façon ordonnée, parallèlement aux génératrices

du tube, sans brassage du fluide : un mince filet d'encre ne s'étale pas sensiblement.

Il ne s'étale que par phénomène de diffusion. C'est un régime laminaire. En

tout point, on peut définir de façon déterministe la vitesse et la température du fluide

à chaque instant, à partir des conditions initiales.

Si la vitesse croît, le type d'écoulement change totalement à pa1tir d'une vitesse

critique Ve (qui dépend de la nature du fluide, du diamètre du tube, voire de la rugosité

des parois). Les filets d'encre sont animés de mouvements tourbillonnaires de caractère

apparemment aléatoire; le mouvement du fluide devenu chaotique se fait à trois

dimensions, avec un brassage important qui favorise les échanges thermiques comme

il accélère la répartition du colorant dans tout le fluide. C'est un régime turbulent. De

la même manière, la température moyenne du fluide est homogénéisée dans chaque

section du tube. L'écoulement étant devenu chaotique, il n'est plus possible de prédire

de manière exacte les valeurs des champs de vitesse et de température du fluide.

13


Chapitre 1 • Les principaux modes de transfert d'énergie

En premières approches, ces champs sont considérés comme étant les superpositions

de champs moyens 8 v et t et de champs fluctuants v' et T'.

Dans un problème de convection, il est nécessaire de déterminer à la fois les

champs de vitesse et de température pour déterminer les flux d'énergie échangés dans

le système 9 . Dans ce cours introductif, nous allons traiter un grand nombre d' applications

à partir du modèle phénoménologique simple du coefficient de transfe1t

convectif h, qui va être introduit dans le paragraphe suivant sur un exemple significatif.

L'évaluation de ce coefficient h dans un certain nombre de situations pratiques

fait l'objet du Chapitre 5.

1.4.2 Flux surfacique conductif à une paroi, couplé

au phénomène de convection

Considérons une paroi solide léchée par un fluide en mouvement et supposons pour

simplifier que les transferts radiat~fs sont négligeables. Le flux surfacique conductif

à la paroi dans le solide S s'écrit en fonction de la conductivité du solide As et du

champ de température Ts, si la paroi est normale à Oy:

cdl _ 1 éJTs 1

'P - -Ils - .

pS éJy pS

(1.12)

Le transfert thermique dans le fluide à la paroi est uniquement conductif, puisque

la vitesse du fluide est en ce point celle de la paroi, c'est-à-dire nulle 10 . Le flux

surlacique conductif, côté fluide, a pour expression :

'P

cdl

éJT11

pf = - Ai oy p.r'

(1.13)

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u

où Àf et T1 représentent la conductivité et le champ de température du fluide. On a

en l'absence de rayonnement et pour une paroi inerte :

-Às éJTs 1 = -ÀJ éJT11 .

oy ps oy pf

(l.14)

De plus, la température est continue à la paroi.

Dans l'expression du flux conductif, côté fluide, le problème épineux est de déterminer

le gradient de température à la paroi oT 1 /oylpf, qui dépend du phénomène

de convection. Nous appellerons le flux associé, donné par l'expression 1.13, flux

8. Tl s'agit de moyennes temporelles, prises sur des intervalles de temps longs devant les périodes des

fluctuations.

9. Une telle approche est développée dans les Chapitres 8 et 9.

10. La viscosité du fluide assure la continuité du profil de vitesse en tout point du fluide, en particulier

à la paroi.

14


1.4. Flux convectif et conducto-convectif

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0

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conducto-convectif à la paroi et le noterons <.pcc, car il résulte d'un couplage entre un

phénomène convectif dans le sens de 1' écoulement et un phénomène conductif transverse

à celui-ci. Pour le déterminer, il est nécessaire, en toute rigueur, de résoudre les

problèmes thermique et mécanique couplés. Nous allons, en fait, adopter un modèle

simplificateur, qui va être introduit à partir d'un exemple.

Considérons un fluide opaque ou transparent circulant, en régime stationnaire,

entre deux plaques supposées infinies suivant Ox et Oz et maintenues à températures

T 1 et T 2 respectivement (figure 1.8). On se place loin de l'entrée des plaques,

de façon à ce que le champ de température dans le fluide ne dépend plus des conditions

d'entrée. L'écoulement est supposé très turbulent dans la zone considérée ; la

moyenne temporelle de la vitesse est cependant en tout point parallèle à Ox. Au cœur

de l'écoulement, le brassage est considérable, favorisant les échanges thermiques. Le

profil de température moyennée dans le temps, sur une durée plus grande que celle

des fluctuations turbulentes, est stationnaire, à la limite uniforme et prend la valeur

Tm dans la zone centrale entre les deux plaques (figure 1.9). Par contre, au voisinage

immédiat des parois, la vitesse du fluide est très faible, nulle à la paroi, sous l'effet

du frottement visqueux. Dans une couche d'épaisseur tout', le transfert thermique

suivant Oy est quasiment conductif. Si on admet que la conductivité Àf du fluide est

constante, le profil de température suivant Oy, moyenné dans le temps, est linéaire et

schématisé, dans ce cas limite, sur la figure 1.9. Avec ce profil de température, le flux

surfacique conducto-convectif à la paroi y= 0 s'écrit

ccl IJTfl (Tm -T,)

cp = -À.r- = - Àf = h(T1 - Tm)·

y=O IJy y=O t

(1.15)

h est appelé coefficient de transfert convectif à la paroi 11 et ne dépend pas de la nature

de la paroi 12 ; h dépend uniquement des propriétés thermophysiques du fluide et de la

nature de l'écoulement. Le résultat 1.15 peut être généralisé à la plupart des écoulements

(convection forcée, naturelle ou mixte), en régime laminaire ou turbulent, pour

calculer un flux surfacique conducto-convectif local à une paroi <.p~c sous la forme:

(l.16)

où T P désigne la température locale de la paroi et Tc la température caractéristique

locale du fluide. Celle-ci peut être la température au loin en convection forcée le

long d' une structure, celle du fluide au repos en convection naturelle, la température

moyenne dans la section droite d' une conduite, appelée température du mélange,

pondérée au sens d'une loi définie dans le paragraphe 5.3.2 a). L'expression 1.16 a

été prise en valeur absolue : le signe dépend en effet du choix des axes.

11. h est à distinguer d'une enthalpie massique, notée h.

12. h peut cependant dépendre de l'état de surface (rugosité) de la paroi.

15


Chapitre l • Les principaux modes de transfert d'énergie

I

y

T1

////

v(1)

1( (r) X

/

T

1

T,,,

'l (y)

. ~ prqftl conduclif pur

•••••••••

profil réel

··••••• profil adopté

T] ~o~~~~~~~· -··-·----=~'~~--t..

~ zone ftfrbulent~ ~ •

'-.sous couches /

pariétales

y

Figure 1.8- Configuration d'écoulement.

Figure 1.9- Champ thermique simplifié.

L'efficacité du transfert convectif est évidente, si on considère la figure 1. 9 : le

brassage du fluide dû à la turbulence homogénéise la températme dans la zone centrale

et reporte les gradients de température au voisinage des deux parois, dans les

couches d'épaisseur ? et ?'; la zone brassée est d'autant plus importante, et les

couches d'épaisseur? et?' d'autant plus réduites que la vitesse moyenne du fluide

est plus élevée ; le flux surfacique à la paroi prend alors une valeur élevée, d'après

1.15. Si on supposait le fluide parfaitement immobile, avec les mêmes conditions

thermiques aux parois, le transfert serait purement conductif; le flux surfacique à la

paroi s'écrirait:

cd 1 - -À T 2 - Tt

'Pp - .f l

y=O

(1.17)

"Cl

0

c

::::i

0

.-1

0

"""

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a.

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u

où l désigne la distance entre les deux parois. Comme (T2 - T1) et (Tm - T1) sont du

même ordre de grandeur, le rapport des flux surfaciques conductifs en l'absence et en

présence de couplage avec la convection est de l'ordre de (/l, quantité qui est petite

devant 1, ce qui démontre l'efficacité des transferts convectifs.

Nous avons, à titre indicatif, regroupé dans le tableau 1.1 des ordres de grandeur

des valeurs atteintes par le coefficient de transfert convectif h suivant le type

de convection, la nature du fluide et le régime d'écoulement. Le cas d'échanges diphasiques

est également abordé.

1.4.3 Application aux caloducs

Un caloduc est un dispositif exploitant les valeurs élevées des coefficients de transfert

h en régime diphasique liquide-vapeur et des chaleurs latentes de changement

de phase pour transférer un flux important de chaleur d' un évaporateur (côté source

chaude) vers un condenseur (côté source froide). Comme la variation de température

du fluide à l'intétieur du caloduc est faible et que le caloduc se présente extérieure-

16


1.4. Flux convectif et conducto-convectif

Tableau 1.1 - Ordres de grandeur de h.

Type de transfert Fluide h(wm- 2 K- 1 )

air 5 - 30

Convection naturelle

eau 100 - 1000

air 10 - 300

eau 300 - 12000

Convection forcée

huile 50 - 1700

métal liquide 6000 - 110000

ébullition 3000 - 60000

Changement de phase (eau)

condensation 5000 - 110000

ment comme un barreau inerte, il est clair, d'après la loi de Fourier que le caloduc est

caractérisé par une conductivité équivalente très élevée.

évaporateur

Source -----------­

vapeur---•

chaude ------------

L

condenseur

Source

froide

st111cture cap;//aire

Figure 1.10- Coupe d'un caloduc.

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Le liquide circule le long des parois dans une structure capillaire de relativement

faible section. Cela permet au système de fonctionner contre la gravité. À l'évaporateur,

il reçoit la chaleur fournie par la source chaude et se vaporise : le coefficient de

transfert convectif est alors excellent (voir tableau 1. 1). La vapeur engendrée est évacuée

dans le cœur du caloduc avec une section de passage beaucoup plus importante

que celle offerte au liquide et est condensée à l'autre extrémité au niveau de la source

froide, avec également un excellent coefficient de transfert convectif. Compte tenu

du faible écart de pression, l'écart de température est très faible entre condenseur et

évaporateur.

Les avantages de cette technique sont nombreux : a) le système est passif, du

point de vue de l'utilisation, donc fiable; b) les surfaces d'échange côté évaporateur

et côté condenseur peuvent être très différentes. Si on souhaite un refroidissement

par convection naturelle (fiable et peu coûteux), on a intérêt à augmenter la surface

d'échange du condenseur. Réciproquement, la surface d'échange de l'évaporateur

peut être de faible dimension, et de forme adaptée à la géométrie d'une pièce difficile

d'accès (partie profonde d'un moule de fonderie par exemple) ; c) la gamme

des points de fonctionnement est très étendue : ils sont liés aux températures d'équilibre

liquide-vapeur du fluide choisi. On peut utiliser des fluides cryogéniques (azote,

17


Chapitre l • Les principaux modes de transfert d'énergie

ammoniaque), de l'eau (autour de 100 °C) ou des métaux liquides (sodium jusqu'à

900 °C); d) à haute température, un caloduc creux constitue un four particulièrement

stable.

1.5 CONDITIONS AUX LIMITES CLASSIQUES

La température est une grandeur physique continue de façon générale, mais a

l'échelle locale. C'est aussi le cas du flux surfacique d'énergie, en tenant compte

de toutes les formes d'énergie. Nous abordons dans ce paragraphe un certain nombre

d'exemples, non limitatifs, de conditions aux limites thermiques relatives aux flux.

1.5.1 Exemple 1 : milieu opaque et milieu transparent

Soit un solide conducteur de conductivité ils, opaque au rayonnement, limité par le

plan x = 0, (x < 0), baigné par un fluide transparent de température au repos T 0 dans

lequel se développe un phénomène de convection naturelle (coefficient h à la paroi);

le solide échange un flux radiatif cpR avec le milieu extérieur à travers ce fluide (figure

1.11). La température est appelée Ts(x) dans le solide. La continuité du flux d'énergie

au voisinage de x = 0 s'écrit avec les conventions de signe choisies (qui consistent à

compter positivement les flux suivant Ox) :

oTs 1

R

- ls ox x:;:o = h[Ts (0) - To] + cp (1.18)

"Cl

0

c

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..c

Ol

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a.

0

u

où cpa et cpe représentent les flux arithmétiques associés aux rayonnements émis et

absorbé, sur toutes les longueurs d'ondes et dans toutes les directions, au voisinage

de x =O.

solide

opaque

fluide

transparent

h y;

0

À s ,T s À r ,1r

0 X

<p

solide

semi-transparent

J...,:r: s

À f T

R

cp s (0 )

fluide

1ranspare111

'

f

R

qJf (0 4;

X

Figure 1.11 - Solide opaque et fluide

transparent.

Figure 1.12 - Solide semi-tranparent et

fluide transparent.

18


1.5. Conditions aux limites classiques

Si le milieu (x > 0) était un solide conducteur transparent de conductivité l~ et de

température T's (x), la condition de continuité deviendrait :

oTs 1 ' ar5 1

- l s - = -ls- +<p. R

ox x=O

ox x=O

(1.19)

1.5.2 Exemple 2 : deux milieux opaques

Considérons, par exemple, le cas d'un solide opaque en contact avec un liquide

opaque. Comme les portées des photons sont négligeables dans les deux milieux,

aucun flux radiatif n'apparaît dans la condition à l'interface de ces deux m.ilieux.

Dans l'équation l.18 le flux radiatif est nul.

1.5.3 Exemple 3 : un milieu (semi-)transparent et un milieu

transparent

On considère le même problème qu'au paragraphe 1.5.1, en remplaçant le solide

opaque (x < 0) par un solide semi-transparent au rayonnement (figure 1.12). Dans

ces conditions, les échanges entre le champ de rayonnement et le solide ne sont plus

considérés, en première approximation, comme superficiels mais sont volumiques. Il

y a alors continuité du flux radiatif à la paroi x = 0 13 , et par conséquent égalité du

flux conductif dans le solide avec le flux conducto-convectif dans le fluide:

(l.20)

"O

0

c

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0

v

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T"-f "O

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~

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i8

-ci

0

c

::l

0

@

oTsl - l s ~ = h[Ts (0) - To]

ux x=O

(1.21)

Le problème à résoudre est plus complexe que le précédent, car la température dans

le milieu semi-transparent Ts (x) est très étroitement couplée au champ de rayonnement.

1.5.4 Exemple 4: contact thermique

Considérons un élément cylindrique de conductivité 1 1 , enchassé dans un manchon

de conductivité A2 (figure 1.13). Quelle que soit la précision de l' usinage des faces r =

R 1 du cylindre et du manchon, le contact entre ces deux pièces n'est pas parfait, du fait

de la rugosité, des coefficients de dilatation différents, etc. En pratique les contacts

sont aléatoires et dans les interstices se loge de l'air; comme les dimensions des

interstices sont très faibles, del' ordre du µm, la convection ne peut se développer ; les

13. Les flux radiatifs dans le solide cp~ (0-) et dans le fluide cp~ (ü+) peuvent être déterminés à partir des

modèles présentés au Chapitre 4.

19


Chapitre l • Les principaux modes de transfert d'énergie

transferts sont conductifs et radiatifs à la fois. Comme, de plus, l'air est très mauvais

conducteur, la chute de température entre deux surfaces fictives extrêmement proches

à l'intérieur de chacune des deux parois peut ne pas être négligeable à une échelle

macroscopique de modélisation simpl~fiée :

(1.22)

Le flux surfacique d'énergie reste évidemment continu puisque les surfaces qui se

correspondent dans les milieux 1 et 2 sont extrêmement proches. Il est nécessaire de

recourir à une modélisation assez délicate du contact thermique car la géométrie de la

lame d' air est difficile à préciser. En régime stationnaire, il est possible d'introduire la

notion de résistance thermique de contact. Des données grossières sont données dans

la référence [7] par exemple. En régime instationnaire, le problème est beaucoup plus

délicat.

Figure 1.1 3 - Contact thermique entre deux pièces.

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1.5.5 Exemple 5 : interface entre deux phases

On se reportera pour ces cas relativement complexes à l'exemple traité dans le paragraphe

5.1.5.

~ 1.6 BILAN D'ÉNERGIE EN RÉGIME STATIONNAIRE

@

~ SANS MOUVEMENT

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g- 1.6. l Formulation générale du bilan d'énergie

u

20

Les systèmes considérés sont supposés ici indéformables, fixes, continus, matériels.

Le système de volume V est limité par une surface S (figure 1.14); en régime stationnaire,

l'énergie interne totale 8 du système est invariante. En l' absence de mouvement,

donc de travail, le bilan énergétique consiste à écrire que la somme du flux

traversant algébriquement la surface S et de la puissance engendrée dans le volume


1.6. Bilan d'énergie en régime stationnaire sans mouvement

V est nulle. Sous forme intégrale, l'équation de bilan d'énergie s'écrit alors :

d1-l(t) = dô(t) = ( - · n . dS + ( PdV = 0

dt dt Js q ext Jv '

(1.23)

(1.24)

Dext est la normale orientée vers 1' extérieur à un élément de surface dS ; q représente

le vecteur flux surfacique d'énergie, avec des contributions radiatives et conductives.

Le vecteur flux radiatif qR sera défini dans le paragraphe 4.2.4 ; q · n exr est le flux

surfacique local à travers la surface. Les contributions convectives sont absentes de

l'expression du bilan en l' absence de mouvement dans le système. Le signe moins

du premier terme permet de respecter la convention thermodynamique, opposée à la

convention mathématique d'orientation de la normale. P, la puissance volumique engendrée

en un point M, est comptée positivement quand elle correspond à un échauffement

du système (effet Joule, etc.), ce qui est généralement le cas.

V

d

dV

Ü M(r)

Figure 1.14- Système étudié.

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L'équation de bilan pour un système immobile indéformable en régime stationnaire

1.23 peut être écrite pour un élément de volume élémentaire d V. Il vient après

transformation :

- V·q +P=O (1.25)

À cette équation de bilan locale sont associées les conditions aux limites thermiques

du type de celles abordées dans le paragraphe 1.5, ce qui conduit à un problème

mathématique clos, à solution unique.

1.6.2 Méthodologie de résolution d'un problème

de transfert thermique

La plupart des problèmes de transfert thermique peuvent être résolus en suivant les

différentes étapes méthodologiques suivantes :

21


Chapitre 1 • Les principaux modes de transfert d'énergie

• Identification des sources et puits de chaleur;

• Simplification du problème par l'exploitation de toutes ses symétries;

• Définition précise du système et éventuellement des sous-systèmes auxquels des

bilans d'énergie vont être appliqués ;

• Définition des axes;

• Écriture des équations de bilan ainsi que de toutes les conditions aux limites qui

leur sont associées ;

• À partir de la solution, validation des éventuelles hypothèses formulées a priori

pour simplifier le problème.

1.6.3 Exercices d'application

( Exercice 1. 1 Chauffage en volume

Énoncé

Considérons une plaque homogène, d'épaisseur e, de conductivité ;i constante, infinie

suivant Oy et Oz, normale à Ox. La température To est imposée en x = e; la plaque

est baignée, en x = 0 dans un fluide dont la température caractéristique est Tf et le

coefficient de transfert conducto-convectif est h. Une puissance volumique P(x) est

dissipée dans cette plaque. Enfin, un flux radiatif se propageant suivant Ox s'atténue

suivant la loi, supposée connue, qui correspond au cas où l'émission de la plaque est

négligeable :

ql(x) = 'Po e-Kx avec : Ke >> 1. (1.26)

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Établir les équations permettant d'obtenir le champ de température dans la

plaque.

Solution

Il est évident que le problème reste invaiiant par toute translation suivant Oy et Oz : il est

à traiter à une dimension, suivant Ox. Le point fondamental consiste à définir le système :

une tranche élémentaire de la plaque, comprise entre x et x + dx, de surface unité en

projection sur yOz, et à lui appliquer le bilan d'énergie. Ce système matériel est soumis

sur ses surfaces externes à deux types de flux ( conductif et radiatif). Les flux surfaciques

conespondants sont comptés positivement suivant Ox. Le flux conductif est:

dT

cpcd(x) = -À-.

dx

(1.27)

22


1.6. Bilan d'énergie en régime stationnaire sans mouvement

T,j

e

X

Figure 1.1 5 - Les différents flux.

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Le flux d'énergie à travers la smface fermée S du système, orientée vers l'intérieur, vaut:

L (

d(l dcpcd )

-q.next dS = [</(x)+cpcd(x)-cpR(x+dx)-cpcd(x+dx)]S = - - + - Sdx. (l.28)

s dx dx

La puissance engendrée dans le volume du système vaut P(x)S dx. Il vient donc à partir de

l'équation 1.23 :

d 2 T

À-+ K f fl e - KX +P(x) = 0

(l.29)

dx2 't'O '

équation del' énergie du système, dont la solution dépend de deux constantes à déterminer

à partir des conditons aux limites; soient, d'une part:

T(e) = To, (1.30)

D'autre part, en x = 0, la plaque est soumise à un flux conducto-convectif et à un flux

radiatif. De plus, le milieu est considéré comme semi-transparent et il y a, séparément,

continuité du flux surfacique d'énergie thermique (égalité 1.3 1. ci-dessous) et du flux surfacique

radiatif cp 0 en x = 0 (voir paragraphe 1.5.3) :

dT

- A- (0) = h[Tf - T(O)].

dx

(l.31)

Dans l'équation 1.29 le terme Kq>o e-Kx s'apparente à une puissance volumique engendrée

dans le milieu, comme P(x); l'interprétation en est évidente: ce terme représente la fraction

d'énergie radiative absorbée (qui a été convertie en énergie matérielle volumique).

Si quel que soit x, le terme en exp(-Kx) est négligeable à l'échelle macroscopique au

voisinage de x = 0, alors la contribution radiative disparaît de l'équation 1.29, qui devient:

assortie des conditions aux limites :

d 2 T

il dx 2

+ P(x) = 0,

T(e) = To,

(1.32)

(1.33)

dT

-il-(0) = h[Tf - T(O)] + <po.

(1..34)

dx

L'équation 1.34 exprime que le flux radiatif cpR(O) est absorbé en surface. Le flux émis,

rappelons-le, a été négligé dans cet exemple: le corps est un corps opaque froid. La plaque

est dans ces conditions un cO!ps opaque, qui correspond au cas limite où Ke est très grand

devant 1 (voir paragraphe 1.2).

23


Chapitre 1 • Les principaux modes de transfert d'énergie

Exercice 1.2 Crayon fissile

Énoncé

On considère un crayon de matière fissile, assimilé à un cylindre de rayon R infini

selon Oz, de conductivité ;i constante, dissipant une puissance volumique homogène

P. Ce cylindre est baigné dans un fluide dont la température caractéristique est Tt.

Le coefficient de transfert conducto-convectif est h. On considère le transfert radiatif

négligeable.

Quelle est la distribution de température dans le crayon ?

Solution

Le problème est monodimensionnel (suivant Or). Il s'agit d'écrire le bilan d'énergie dans

un anneau élémentaire du crayon dont Je rayon est compris entre r et r + dr et de hauteur

dz (voir fig. 1.16). Les flux surfaciques sont comptés positivement suivant Or.

P, r+dr

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À ~ r

'

:n ext : »ext

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Figure 1.16- Le système considéré.

Par symétrie, le flux surfacique est nul aux sections de cotes z et z + dz. Le flux d'énergie

à travers la surface fermée S du système, orientée vers l'intérieur, vaut alors :

( -q.next dS = [+cpcd(r)S(r)- cpcd(r + dr)S(r + dr)] = -~[cpcdS(r)] dr.

Js

dr

Le bilan d'énergie s'écrit donc:

Avec:

d

--(2n:rdzcpcd)dr + 2n:rdrdzP = 0

dr

(1.35)

(1.36)

(1.37)

24


1.6. Bilan d'énergie en régime stationnaire sans mouvement

on obtient:

avec les conditions limites :

d dT

-(rÀ-) = - Pr,

dr dr

dT(O) - 0 , . par symetne

dr

dT

-il dr (R) = h[T(R) - Tt]

(1.38)

( l.39)

(1.40)

Compte tenu des équations 1.38 à 1.40, l'évolution de température s'écrit:

p 2 2 PR

T(r) - Tt= - -(r - R ) + -

4À . 2h

____

(1.41)

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TRANSFERTS

CONDUCTIFS

STATIONNAIRES

,

LINEAIRES

Notions clés

Résistance et conductance thermiques, approximation de l'ailette, nombre de

Biot, ailettes infinie et idéale; méthodologie de résolution.

L'objectif de ce chapitre est d'appliquer le formalisme du bilan d'énergie dans des

cas simples de transferts conductifs stationnaires au sein d'un milieu immobile. Dans

les conditions aux limites apparaissent des transferts conducto-convectifs ou radiatifs,

dans l'hypothèse où ils sont linéarisables, ce qui sera discuté dans le paragraphe 4.5.3.

Comme les conductivités et les coefficients de transfert sont, dans cette première approche,

supposés indépendants de la température, les transferts conductifs sont linéaires.

Un modèle fondé sur l'analogie électrique est développé dans le paragraphe 2.1 ;

le modèle classique de l'ailette fait l'objet du paragraphe 2.2 ; une synthèse de ces

différents modèles et une méthodologie de résolution sont proposées dans l'exercice

d'application 2.5 : le bilan énergétique simplifié, en régime stationnaire, d'un appartement.

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2.1 L'ANALOGIE ÉLECTRIQUE ET SES LIMITES

Ce modèle est limité à des géométries relativement simples et permet de dégrossir

1' étude de systèmes stationnaires.

2.1.1 Principe

Nous avons vu dans le Chapitre 1 que l'expression du flux conductif donné par la loi

de Fourier:

q cd = - 11.(T)VT (2.1)

27


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

est analogue à la loi de Fick (équation 1.8) et à la loi d'Ohm sous forme locale (équation

1.7). Notons les correspondances évidentes entre grandeurs électriques et thermiques:

conductivité électrique

potentiel

vecteur courant

intensité du courant

a-(T) ~ À(T)

Ve1 ~r

j ~qcd

J ~ <Pcd

conductivité thermique

température

vecteur flux conductif

flux conductif

Les isothermes (équipotentielles) sont normales aux lignes et aux tubes de flux

(lignes et tubes de courant). L'intérêt, en régime stationnaire, de l'analogie électrique

est d'appliquer aux transferts thermiques les techniques simples et bien connues de

l' électrocinétique linéaire et stationnaire : résistance et conductance, association en

série, en parallèle, lois des réseaux, etc.

Cependant, l'usage de ces méthodes est plus limité qu'en électrocinétique pour

deux raisons essentielles. D'une part, les conductivités électrique et thermique dépendent

en général de la température T; si ceci ne présente que peu d'inconvénient

dans le cas de la conduction électrique, cette propriété rend les problèmes non linéaires

en T dans le cas de la conduction thermique. Pour appliquer l'analogie électrique,

la conductivité thermique doit donc être supposée homogène, isotrope et indépendante

de T, tout au moins dans la plage de température correspondant à l'application

considérée. Une deuxième limitation est que le transfert conductif se produit

souvent en concurrence avec un transfert radiatif, rarement linéarisable. Quand le

rayonnement thermique n'est pas linéaire, l'analogie électrique ne peut être utilisée

(voir à cet égard le paragraphe 4.5.3).

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dS

T(s)

Figure 2.1 - Tube de flux.

Étant données ces deux réserves, il est possible de définir une résistance et une

conductance thermiques. Considérons un tube élémentaire de flux compris entre deux

sections élémentaires isothermes dS 1 et dS 2 , orthogonales aux génératrices du tube

et à températures Ti et T 2 respectivement (figure 2.1). Le flux conductif d<P à travers

une section orthogonale isotherme courante dS , caractérisée par l'abscisse curviligne

s, s'écrit:

dT

d<P = -À-dS(s).

(2.2)

ds

28


2.1. L'analogie électrique et ses limites

Ce flux d<P est, en régime stationnaire, conservatif à l'intérieur du tube de flux 1 •

Après intégration de s 1 à s 2 , si on considère, suivant la convention des électriciens,

des diminutions de température, analogues aux chutes de tension, on obtient :

(2.6)

~' qui est la résistance thermique du tube entre s 1 et s2, est l'inverse d'un élément

différentiel. La relation 2.6 est analogue à la loi d'Ohm sous sa forme usuelle :

(2.7)

où ~e désigne la résistance électrique. On introduit également la conductance thermique

dr:

dI' - À[ rs2 ~]-1

Js,

dS(s)

(2.8)

On peut passer à partir de 2.6, par association en série ou en parallèle, à la résistance

thermique d'un tube de flux fini entre deux surfaces isothermes quelconques. L'idée

de base est comme en électrocinétique stationnaire que le flux d'énergie dans un tube

est conservat~f

On trouvera dans la bibliographie des expressions analytiques, ou issues de calculs

numériques, de résistances thermiques ou conductances thermiques pour diverses

configurations géométriques (voir par exemple la référence [7]).

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l. La démonstration détaillée de cette propriété "évidente" permet d'illustrer, une nouvelle fois, les

conventions de signes à adopter dans un bilan.

Choisissons comme système la tranche de tube de flux comprise entre dS 1 et dS. On lui applique le

bilan d'énergie (équation l.23). En l'absence de production interne de chaleur et de rayonnement, ce

bilan se réduit à :

l - d8 = - q

cd .Ilex1 dS = Û ,

(2.3)

dt s

où S surface totale du système comprend dS 1 , dS et la surface latérale du tube élémentaire. Par définition,

il n'y a pas de flux à travers cette dernière surface.

Par convention, les flux à travers les surfaces dS 1 et dS, considérées indépendamment, sont comptés

positivement dans le sens de l'axe 0 1 s.

Mais, dans le bilan d'un sys1ème, on comple posilivement les.flux quand les normales sont entrantes .

Dans ces conditions, la contribution au bilan du système à travers dS 1 est - ÀoT/ôs(s 1 )dS 1 qui correspond

à un flux algébrique compté positivement dans le sens de l'axe; inversement, la contribution au

bilan du système à travers dS est +ÀÔT/ôs(s)dS qui correspond à un flux algébrique compté négativement

dans le sens de l'axe. L'équation de bilan du système élémentaire devient :

ou:

ar

ar

d<t> = -À-(s,)dS 1 = -À-(s)dS .

0 s

0 s

(2.4)

(2.5)

29


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

2.1.2 Exercices d'application

( Exercice 2. 1 Résistances thermiques

Énoncé

Écrire la résistance thermique du système considéré.

1. Résistance d'un manchon cylindrique indéfini dont les surfaces latérales sont isothermes

(figure 2.2).

2. Résistance d'un manchon cylindrique fini de longueur l dont les faces cylindriques

sont isolées et les sections droites isothermes (figure 2.3).

3. Résistance du volume compris entre deux éléments isothe1mes de sphères concentriques

et une surlace conique isolée (figure 2.4).

4. Résistance thermique de transfert conducto-convectif entre un fluide de température

caractéristique Tc et une paroi isotherme à Tp de surlace J;; Je coefficient de

transfert h est supposé uniforme sur toute la surface I:.

cp - 0

---·-----·-- ....-.......-... --........... T 3 :z T./

1

1

cp - 0 cp =0

<p

Rl Ti R2 r

z

Rl 0 R2 z

8

dz

I

Figure 2.2 - Manchon (sections

droites extrêmes isolées).

Figure 2.3 - Manchon (sections

droites isothermes).

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1]

Figure 2.4- Tronc de cône.

Solution

1. On raisonne sur une tranche d'épaisseur dz, en coordonnées cylindriques. Les cylindres

coaxiaux de rayon courant r sont isothermes à T(r); les lignes de flux sont radiales. Avec

les notations habituelles, on a, quel que soit r :

dT d<P R?

d<P = -À-2nrdz soit : Ti - T, = --ln --=. (2.9)

dr - 2rr,1dz Ri

0

30


2.1 . l'analogie électrique et ses limites

La résistance thermique cherchée est donc :

2. En coordonnées cartésiennes, on trouve :

1?.. = _l_ ln R1

2nAdz Ri

1?.. = l/[rrÀ(R~ - Rf )]

(2.10)

(2.11)

3. On trouve, si Q est l'angle solide du cône :

4. Le flux à la paroi s'écrit :

<Pcc = Eh(Tp - Tc).

(2.12)

(2.13)

La résistance thermique coITespondante est alors :

'R = (hE)- 1 ,

(2.14)

et la conductance thermique :

I'=Eh.

(2.15)

h apparaît comme une conductance thermique swfacique. Notons que h peut être un coefficient

de transfert convectif hcc, un coefficient de transfert radiatif hR (voir paragraphe

4.5.3), dans les conditions très spécifiques de linéarisation du flux radiatif, enfin un coefficient

de transfert global (h = hcc + hR).

Exercice 2.2 Le paradoxe de /'isolant, en géométrie cylindrique

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Énoncé

On se propose d'isoler une conduite cylindrique dont la température exteme, au rayon

r = Ri. , est maintenue à la valeur T 1 (figure 2.5); on dispose un manchon isolant

entrer= R 1 et r = R 2 , de conductivité À constante et refroidi sur sa face exteme par

convection naturelle dans l'air au repos à Ta et par rayonnement linéarisé (coefficient

de transfert global h).

Exprimer la résistance thermique associée au système. Commenter.

Figure 2.5 - Coupe de la conduite isolée.

31


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

Solution

Entre r = R 1 et l'air ambiant, on a une association de résistances thermiques en série,

suivant le schéma de la figure 2.6. On obtient une résistance thermique globale pour une

longueur dz, d'après 2.10 et 2.14 :

(2.16)

Celle-ci passe par un minimum, en fonction de R 2 , pour: R;lin = À/h, si toutefois R 1 est

infé1ieur à À/h. Dans cette hypothèse, le flu x dissipé <1> est maximum pour R 2 égal à À/h

et prend une valeur supérieure au flux dissipé en l'absence de manchon isolant <1> 0 (figure

2.7). Si R 1 est supérieur à À/h, le flux dissipé décroît continûment quand on augmente

1 'épaisseur de lisolant.

r R 1

re.nstance résis1ance R

conductive conducto-convective

Figure 2.6 - Schéma électrique équivalent.

Figure 2.7- Paradoxe de l'isolant.

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Le fait que le flux dissipé passe par un maximum pour R1 égal à À/h est catastrophique

dans certaines applications. Supposons qu'on veuilJe isoler une conduite d'eau chaude et

que l'isolant, altéré par l'humidité, ait une conductivité de 0,5 W m- 1 K- 1 • Le flux sera

alors maximal pour un diamètre externe d'isolant de 0,1 m si on adopte la valeur réaliste:

h = 10 W m- 2 K- 1 . Ce fait, bien connu, constitue le paradoxe de l'isolant et caractérise

la géométrie cylindrique ~ l'explication en est simple : l'effet d'augmentation de surface

externe, qui tend à augmenter le flux dissipé, l'emporte sur l'augmentation de la résistance

de conduction due à l'épaisseur. En pratique, on a intérêt à rendre étanche ce type de

manchon isolant.

Exercice 2.3 Résistance thermique d'un élément d'échangeur plan; coefficient

d'échange global

Énoncé

On considère un échangeur entre deux fluides caloporteurs circulant entre plans

parallèles : une paroi d'épaisseur e sépare les deux fluides (figure 2.8), caractérisée

par une conductivité il et au travers de laquelle ont lieu les échanges thermiques. On

se limite à un élément d'échangeur, de longueur dx suffisamment petite pour qu'on

puisse considérer comme constantes (suivant x) les températures caractéristiques TA

et TB des fluides A et B et les températures T pA et T pB des deux faces de la paroi médiane.Lest

la dimension transverse suivant Oy de l'échangeur, suffisamment grande

pour qu'on puisse négliger les effets de bord. On néglige la conduction axiale dans la

paroi (suivant Ox) devant le transfert suivant Oz. Les fluides n'échangent de la cha-

32


2.1 . l'analogie électrique et ses limites

leur avec la paroi médiane que par transfert conducto-convectif ~

coefficients de transfert convectif. On néglige le transfert radiatif.

soient hA et hs les

Établir l'expression de la conductance thermique du système et en déduire l'expression

d'un coefficient d'échange global. Discuter d'un point de vue pratique

des différentes contributions.

Solution

z! T fluide A

.l

.

: X

Ipe.

':paroi:

Ta fluide B : À e

--~~~~~~~~-- '

dx

Figure 2.8- Élément d'échangeur.

T T T T

A pA pB B

/\MIW\JWv

Figure 2.9 - Montage électrique

équivalent.

Il s'agit d'écrire l'expression du flux échangé entre les deux fluides en fonction de la résistance

thermique du système à partir du schéma électrique équivalent donné par la figure

2.9. Le flux d'énergie échangé entre les deux fluides dans l'élément dx est alors :

(2.17)

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dr = Ldx[lfhA + e/;t + lfhBr 1 = Ldxhg. (2.18)

Dans 2.18, hg qui représente une conductance surfacique est appelé coefficient d'échange

global entre les deux fluides. Cette notion est essentielle pour caractériser un échangeur

(voir exercice d'application au paragraphe 5.3.3).

Si la paroi est bom1e conduct.J.ice, le terme e/ À est souvent négligeable dans l'expression de

la conductance 2.18 devant les termes l/hA ou lfhB : c'est en général le cas pour des gaz

séparés par une paroi métallique. Si l'un des transferts conducto-convectifs est médiocre,

on a intérêt à augmenter la surface d'échange du fluide con-espondant en disposant des

ailettes (voir paragraphe 2.2) : c'est le cas d ' un radiateur d'automobile pour l'échange

air-paroi par exemple.

Il faut en général tenir compte du phénomène d'encrassement des parois, à plus ou moins

long terme, qui crée des résistances thermiques conductives supplémentaires; on trouve

dans des ouvrages spécialisés des expressions empiriques de résistances thermiques d'encrassement

rapportées à l'unité des surfaces dépendant de .la nature des fluides et des

conditions d'utilisation (suies, moules dans les circuits de refroidissement des centrales

nucléaires, etc.).

___)

33


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

2.2 AILETTES ET APPROXIMATION DE L'AILETTE

Les flux d'énergie évacués d'une pièce ou d'un système par transfert conductoconvectif

dépendent fortement du type de fluide utilisé (air ou eau, pour se limiter

aux fluides les plus usuels), du type de convection considéré (forcée, naturelle, etc.)

et de la nature de l'écoulement (laminaire, turbulent, etc.) : on se reportera au tableau

1.1 du paragraphe 1.4.2 pour trouver des plages de variation du coefficient de

transfert h. Le cas de la convection naturelle avec del' air est doublement défavorable.

Or c'est le seul type d'échange énergétique envisageable dans de nombreuses applications

industrielles pour des raisons de .fiabilité ; la convection naturelle se produit

quoiqu'il an·ive, tandis que la convection forcée est tributaire de pannes d'organes

mécaniques ou de brèches de circuits de refroidissement par eau par exemple. À ces

raisons de fiabilité et d'absence de nuisances sonores, s'ajoutent des raisons économiques

évidentes.

Dans ces conditions, une idée simple pour augmenter le flux transféré entre un système

et un fluide consiste à augmenter artificiellement la surface d'échange entre ce

système et ce fluide : on dispose ainsi des ailettes sur la surface de la pièce nue. Des

cas classiques sont constitués par des ailettes de radiateurs de chauffage central ou

des ailettes destinées à refroidir un thyristor, composant électronique de puissance,

représentées en vue de dessus sur la figure 2.1 O. Les applications sont en fait innombrables.

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Figure 2.10- Systèmes ailettés.

Les dimensions des ailettes sont à optimiser en fonction de considérations économiques

: augmentation du transfert attendue en regard de l'augmentation de l'investissement.

On utilise aussi des ailettes en convection forcée, dans un radiateur d'automobile

par exemple, du côté du fluide présentant la plus faible valeur du coefficient

h: l'air.

Une notion importante est l'efficacité d'une ailette, ou d'un ensemble d'ailettes. On

en trouve deux définitions dans la bibliographie. Nous adopterons en général comme

définition del' efficacité d'une ailette :

(2.19)

34


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

soit le rapport du flux dissipé par une ailette <Pa au flux <P 0 que dissiperait, dans les

mêmes conditions extérieures, la base nue (en absence d'ailette). Par mêmes conditions,

il faut entendre que le fluide extérieur garde la même température Tf de référence

et est caractérisé par le même coefficient de transfert h ; en toute rigueur les

coefficients de transfe1t convectif entre ce fluide et la pièce nue ou le système ailetté

diffèrent, de même que les coefficients de transfert radiatif hR, dans l'hypothèse où les

transferts radiatifs sont linéarisables : voir le paragraphe 4.5.3. On a intérêt à rendre 77

le plus grand possible et supérieur à l'unité, au moindre coût. Mais des limitations apparaissent

très vite pour maintenir la valem de h si le nombre d'ailettes croît. L'autre

définition de l'efficacité, utilisée couramment dans les échangeurs, est :

0 ::::; 77' ::::; l , (2.20)

où <Pa(T 0 ) désigne le flux qui serait dissipé par la même ailette dont toute la surface

serait à la température T 0 de la base (ailette idéale de conductivité infinie : voir le

paragraphe 2.2.3).

2.2.1 Approximation de l'ailette

Nous nous limitons ici au cas simple d'une seule ailette de section quelconque destinée

à refroidir dans le fluide ambiant à Ta une plaque plane (base en z = 0) à

température T 0 (figure 2.11.a).

h ,Ta

T{y,z)

-

........._

------ -- - --- -- - ~

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T(z}

z

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Figure 2.11 - a) Exemple d'ailette ; b) Profil de température dans une section droite.

Nous supposons que les transferts entre l'ailette et l'environnement sont uniquement

conducto-convectifs ; néanmoins des transferts radiatifs sont aussi, dans certains

cas, linéarisables : voir le paragraphe 4.5 .3. Le coefficient de transfert est pris

constant, égal à h, sur toutes les faces de l'ailette exposées à l'air. Le problème est

de déterminer le flux dissipé par conduction par toutes les faces de l'ailette baignées

par le fluide. En régime stationnaire, ce flux est égal à celui traversant par conduction

la base de l' ailette (z = 0). En théorie, il est nécessaire de déte1miner au préalable le

champ de température à trois dimensions, en tout point de l'ailette. En pratique, le

35


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

problème est considérablement simplifié par le recours à une approximation, classiquement

appelée approximation de l'ailette.

Le flux surfacique conducto-convectif échangé, en P, par un élément courant de

la surface latérale de l'ailette, de normale extérieure orientée suivant l'axe y (figure

2.11.a), a pour expression :

(2.21)

Ce flux smfacique, caractérisé par une faible valeur du coefficient de transfert convectif

h, est alors petit devant le flux surfacique conductif -iloT/oz(M) dans l'ailette, au

point M, à travers un élément de surface normal à Oz (voir figure 2.11.a) ; soit :

(2.22)

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Ceci s'applique quels que soient les points P et M appartenant à la tranche [z, z + dz]

de l'ailette. Il ressort des expressions 2.22 que, quelle que soit la direction considérée

normale à Oz, les variations de température au sein de l'ailette dans cette direction

sont petites devant les variations de température suivant Oz.

L'approximation de l'ailette consiste à supposer que les isothermes au sein de

l'ailette sont normales à Oz (ce qui revient à dire qu'on néglige les variations de

température suivant une direction normale à Oz). Le champ de température est alors

monodimensionnel suivant Oz, ce qui simplifie considérablement les calculs. En pratique,

on remplace un profil de température bidimensionnel T(y,z) ou tridimensionnel

T(x,y,z) par le profil T(z) moyenné sur une section droite (figure 2.11.b).

Sil' ailette considérée sur la figure 2.11.a est pleine, il est également possible d'envisager

des ailettes creuses avec éventuellement un autre fluide à l'intérieur caractérisé

par une température de référence T~ et un coefficient de transfert h' différents ;

l'approximation de l'ailette se généralise sans peine à ce cas.

2.2.2 Calcul de l'efficacité d'une ailette

Le modèle linéaire de l'approximation de l'ailette n'est applicable que si la conductivité

du matériau est indépendante de la température, que si les flux radiatifs sont

négligeables ou linéarisables et enfin que si le coefficient de transfe1t h est supposé

uniforme. En 1' absence de puissance dissipée dans la matière, le bilan énergétique

s'écrit:

d~l(t) = l -q. llext dS =O. (2.23)

Nous l'appliquons à une tranche d'ailette comprise entrez et z + dz (figure 2.12). 3l

désigne la section de l'ailette et <p le périmètre mouillé de cette section, périmètre

36


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

z

l > 5/m

h T

' a

cp cc(z)

z

...... ~d-... · 1 ·........

cp (z} -a a

h T

' a

X

Figure 2.12 - Système étudié.

Figure 2.13- Ailette à deux dimensions

(x et z), infinie selon z.

léché par le fluide. Trois flux thermiques apparaissent dans le bilan d'énergie : deux

flux conductifs aux sections z et z+dz, et un flux conducto-convectif à la paroi latérale.

Le bilan s'écrit donc :

(2.24)

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avec:

soit :

<pcd = - À dT(z)

dz

d 2 T h P -

- - --[T(z)-T] =O.

dz 2 À YI a

(2.25)

(2.26)

Cette équation de bilan est adimensionnée en adoptant comme dimension caractéristique

transverse del' ailette la quantité :

et en posant :

Il vient alors :

avec:

D, = Y</P, (2.27)

(2.28)

(2.29)

Bi= hDr/À. (2.30)

Bi est le nombre de Biot, dont l'intérêt apparaîtra dans le paragraphe 2.2.6. Sa signification

physique précise est discutée dans le paragraphe 3.5.2.

37


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

Retournons à 1' équation de bilan dimensionnée 2.26. Deux conditions aux limites

lui sont associées ; par exemple :

en z = 0:

T(O) = To,

(2.31)

en z = l (bout d'ailette) :

dT -

- /l-(l) = h[T(l) - Ta] ·

dz

Le système d'équations 2.26, 2.31 , 2.32 est résolu, en posant:

m 2 = Ph/:l{ll.

(2.32)

(2.33)

Soit:

T - Ta

~~- =

To - Ta

~~~~~~~~~~~~~~~~~~

exp[m(l - z)](l + mll/h) - exp[-m(l - z)](l - mll/h)

exp(ml)(l + mll/h) - exp(-ml)(l - mll/h)

(2.34)

La température en bout d'ailette est alors :

2mA/h

T (l) = Ta + (To - Ta) ·

exp(ml)(l + mÀ/h) - exp(-ml)(l - mÀ/h)

(2.35)

Le flux dissipé par l'ailette traverse sa base (plan z = 0), soit :

(2.36)

Ce flux est à comparer au flux échangé par la base seule, en l'absence d'ailette (on

suppose avoir le même coefficient de transfert h) :

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L' efficacité de l'ailette, définie par 2.19, vaut alors :

c/> 0 = :l{h(To - Ta). (2.37)

17 = (mÀ/h) (1 + mÀ/h) exp(ml) + (1 - mÀ/h) exp(-ml) ( 2 _ 38 )

(1 + mÀ/h) exp(ml) - (1 - mÀ/h) exp(-ml)

Cette efficacité doit être supérieure à 2 pour que le système soit intéressant.

2.2.3 Ailette idéale (isotherme)

Une ailette idéale, en aluminium ou en cuivre ou en alliage de ces métaux, est très

conductrice. Si la longueur l de l'ailette est telle que :

ml« 1, (2.39)

38


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

la température de l'ailette reste en tout point très voisine de To. L' efficacité d'une

telle ailette isotherme est obtenue par passage à la limite de la relation 2.38, compte

tenu de 2.39 et 2.27 2 :

77isotherme ~ l/D,. (2.40)

Le gain apporté par une ailette isotherme est de l'ordre du rapport de la surface latérale

à celle de la base.

2.2.4 Ailette infinie

Le champ de température défini par 2.34 tend vers un profil exponentiel exp(-mz)

pour une ailette infinie, au sens thermique, vérifiant :

exp( ml) >> 1. (2.41)

Cette relation est, en pratique, vérifiée dès que l est supérieur à 3/m (précision de

4.10- 2 ) ou 5/m (précision meilleure que 10- 2 ). Il apparaît sur l'équation 2.38 que

dans le cas d'une ailette infinie, vérifiant l'équation 2.41, le gain en efficacité est

quasiment nul à partir d'une certaine longueur d'ailette; aucun flux n'est plus dissipé

en bout d'ailette. En effet, au bout d'une ce1taine longueur la température de l'ailette

est proche de la température de référence du fluide; le flux échangé tend alors vers O.

L'efficacité d'une ailette infinie est :

7700 = Jm/h = Bi- 112 (2.42)

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2.2.5 Résultats pour diverses géométries d'ailettes

Le lecteur trouvera les champs de température, les flux thermiques dissipés et les

efficacités d'ailettes pour de multiples géométries dans des ouvrages spécialisés (par

exemple la référence [7]).

2.2.6 Validité de l'approximation de l'ailette au sens

du profil de température

À paitir du champ de température obtenu en supposant vérifiée 1' approximation de

l'ailette (équation 2.34), il est possible d'étudier la validité du critère 2.22. Il suffit de

calculer le rapport :

-ÀdT/dz mil exp[m(l - z)](l + mil/h) + exp[-m(l - z)](l - mil/h)

----=

h(T - Ta) h exp[m(l - z)](l + mÀ/h) - exp[-m(l - z)](l - mÀ/h)

et de le comparer à 1.

2. Pour obtenir 2.40, on a supposé que Bi défini par la relation 2.30 est très petit devant 1.

(2.43)

39


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

Dans le cas d'une ailette infinie, tant que la quantité exp[m(l - z)] est grande devant

1, c'est-à-dfre à une certaine distance de l'extrémité de l'ailette, le rapp01t donné

par 2.43 tend vers la quantité mÀf h. Le critère 2.22 est vérifié au sens du profil local

de température, si :

mll/h = Bi- 112 » 1 soit Bi« 1. (2.44)

D'une manière générale, la relation 2.44 est un critère de validité de l'approximation

de 1' ailette au sens du profil de température sauf en bout d'ailette. Ce critère sera

retrouvé directement au paragraphe 3.5.2 à partir de l'analyse des temps caractéristiques.

Dans le cas particulier d'une ailette infinie, le critère 2.44 est d'autant mieux

vérifié que l'efficacité de l'ailette est plus élevée.

En bout d'une ailette, non nécessairement infinie au sens thermique, le rapport 2.43

est égal à 1. En conséquence, l'approximation de l'ailette n'y est pas valable: le problème

doit être traité à deux ou trois dimensions. Ceci est d'un faible intérêt pratique,

puisque dans le cas d'une ailette bien conçue, donc proche de l'ailette infinie, les

échanges d'énergie sont très faibles en z = l puisque la température de l'ailette est

alors extrêmement proche de celle du fluide.

En fait, nous verrons dans le paragraphe suivant que la condition pratique de validité

de l'approximation de l'ailette est moins restrictive si on s'intéresse au flux

globalement échangé par toute 1' ailette et non pas au champ de température.

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2.2.7 Résolution générale du problème de l'ailette

(conduction stationnaire à plusieurs dimensions)

Dès que la géométrie du système et les conditions aux limites deviennent complexes,

la résolution d'un problème de conduction, même stationnaire, nécessite, en pratique,

le recours à des méthodes numériques. Néanmoins, des exemples de résolution analytique

de ce genre de problèmes par séparation des variables, transformation de Laplace

et fonctions de Green sont donnés en compléments de cet ouvrage 3 .

Nous nous limitons dans ce paragraphe au problème bidimensionnel simple de

l'ailette, de façon à donner un exemple de structure d'un problème de conduction

multidimensionnel. Nous nous proposons de calculer, pour une géométrie simple,

3. Mentionnons pour mémoire l'existence de méthodes graphiques, devenues obsolètes avec le développement

des moyens de calcul [6]. Ces méthodes reposent sur l'unicité de la solution du problème

physique pour des systèmes à deux dimensions et de conductivité uniforme. Il s'agit de tracer à main

levée les lignes de flux et les isothermes, qui sont orthogonales. Les symétries et le fait que les parois

soient à températures imposées ou adiabatiques simplifient ce tracé. Tout l'art de la méthode consiste à

construire des cellules curvilignes, entre deux isothermes et deux lignes de flux, constituées de quasirectangles

de même taille. Les flux passant dans les différents tubes de flux sont alors quasiment égaux.

Si cette méthode présente maintenant un intérêt historique, sa compréhension permet de mieux cerner

le transfert de chaleur par conduction.

40


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

le flux exactement dissipé par une ailette, sans faire l'approximation d' une température

fonction de z seulement, et de comparer ce résultat à celui obtenu en faisant

l'approximation de l'ailette.

Considérons une ailette infinie suivant Oz au sens de 2.41, infinie géométriquement

suivant Oy, de largeur 2a suivant Ox. La base (z = 0) est maintenue à To ;

l'ailette est refroidie par convection dans l'air à Ta, avec un coefficient de transfert h

supposé constant. Le problème, invariant par translation suivant Oy, se traite à deux

dimensions suivant Ox et Oz (figure 2.13). Si nous admettons que la conductivité est

indépendante de la température, l'équation locale de bilan d'énergie 1.25 prend la

forme simple:

éPT ô 2 T

- + -=0

ôx 2 ôz 2

(2.45)

avec les quatre conditions aux limites :

T(x,O) = To

(2.46)

T(x,oo) = Ta

ôT

- À ôx (a,z) = h[T(a ,z) - Ta ]

(2.47)

(2.48)

(2.49)

Introduisant les quantités sans dimension suivantes 4 :

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le système précédent devient :

y + (x+ +) = T - Ta

,z To - Ta

+ X

X = -

a 2 r + a 2 r +

-- +-- = 0

ôx+ 2 ôz+ 2 a

+ z

z = ā

(2.50)

(2.51)

(2.52)

(2.53)

4. Le choix de a, demi-largeur de l'ailette, comme longueur de référence est cohérent avec l'équation

2.27.

41


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

"O

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Le système précédent ne dépend que du nombre de Biot :

(2.54)

IJT+

IJx+ (0,z+) = 0 (2.55)

Bi= ha/À (2.56)

Dans le cas d'une ailette finie, le système dépendrait d' un deuxième paramètre, l/a.

2.2.8 Validité de l'approximation de l'ailette au sens du flux

global

Si on suppose connue la solution T +(x+, z+), le flux exact dissipé par l'ailette est

obtenu par retour à des grandeurs dimensionnées :

(2.57)

La solution du système 2.51 à 2.55 est obtenue par la méthode de séparation des

variables développée dans le Complément A.2. Soit :

cpex = 2d À(T - T) fi 2sin2 kn

a Y O a Uk

n + sm · k

n cos k

n

n=I

(2.58)

où les kn sont les solutions discrètes de tg k = Bi/k. Une expression approchée de ce

flux <P~P dans le cadre de l'approximation de l'ailette est obtenue à partir de 2.34 et

en faisant tendre l vers l'infini :

cp~P = 2dy(To - Ta)~ (2.59)

8 Tant que le nombre de Biot est inférieur à 1, l'erreur relative commise sur le flux à

N

@ partir de l'approximation de l'ailette est inférieur à 10%. Cet ordre de grandeur du

nombre de Biot critique est valable pour d'autres géométries d'ailettes et permet de

.:t:

Ol

·~ vérifier facilement si l'approximation de l'ailette peut être utilisée. Dans le cas d'une

g.

u

ailette finie il faudrait aussi tenir compte del/a. On notera que le critère :

Bi< 1, (2.60)

obtenu ici, est beaucoup moins sévère que le critère local Bi << 1 obtenu dans le

paragraphe 2.2.6. La raison est qu'on ne s'intéresse ici qu'au flux global dissipé par

l'ailette.

42


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

2.2.9 Exercices d'application

( Exercice 2.4 Ailette en acier : conditions pratiques de /'approximation

de /'ailette

Énoncé

Considérons une ailette en acier, plane, infinie au sens de l'équation 2.41 , d'épaisseur

2a égale à 2 10- 3 m.

Étudier à partir du tableau des valeurs de h (paragraphe 1.4.2) et des valeurs

des conductivités thermiques (voir Complément D) dans quel cas l'approximation

de l'ailette est fondée.

Solution

Pour une ailette en acier (À::::: 15 wm- 1 K- 1 ), l'approximation de l'ailette est fondée si

Bi= ha/A::::: 7.10- 5 h < 1. (2.61)

L'approximation est justifiée suivant le critère 2.60 tant que h est inférieur à

15 000 Wm - 2 K - 1 , soit en convection naturelle pour tout fluide et en convection forcée

pour les fluides usuels (gaz, eau, huile). Par contre, elle ne le serait plus en convection

forcée avec un métal liquide, ni s'il se produit un changement de phase sur les parois de

l'ailette (ébullition, condensation). Notons, de plus, que l'acier choisi dans notre exemple

représente un cas défavorable du point de vue de l'approximation de l'ailette, par rapport

à l'aluminium ou au cuivre (15 ou 25 fois plus conducteur).

Exercice 2.5 Bilan énergétique simplifié d'un appartement

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Énoncé

Un appartement est situé entre des appartements identiques, chauffés tous à la température

Ti (figure 2.14 et figure 2.15). Les trois murs porteurs, orientés nord-sud (deux

murs latéraux et un mur central) ainsi que les dalles qui constituent le plancher et

le plafond sont en béton d'épaisseur ep et de conductivité Àp (figure 2.14); ces trois

murs aboutissent au ras de la façade sud, le mur central au ras de la paroi nord; les

deux murs latéraux encadrent au nord la loggia qui n'est ouverte que par un plan.

Des joints parfaitement isolants relient les trois murs aux dalles plancher et plafond

(figure 2.15). Cette propriété heuristique des joints n'a d'autre but que de simplifier

le problème traité.

Les murs de façade, orientés est-ouest, sont en béton léger, d'épaisseur e1 et de

conductivité ÀT. La façade sud est percée de deux fenêtres en verre, de surface S v

chacune, d'épaisseur eu, de conductivité Àv, la façade nord de deux porte-fenêtres de

surface S f chacune, constituées du même verre. Le verre est dans tous les cas parfaitement

isolé des murs. De la même façon, les deux murs de façade sont liés à la

43


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

l 1 S . s 1 loggia S .Si

I,

l

chambre:!

e c

entrée

palier

séjour S

Figure 2.14- Coupe horizontale.

L~--- - ~- .. ... '

murs porreurs

't!f'rt! ... . ........... L ~ ..

Figure 2.1 5- Façade sud.

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structure porteuse par des joints parfaitement isolants. Les cotes des cloisons internes,

d'épaisseur ec, de conductivité Àc, sont reportées sur la figure 2.14.

L'air intérieur (appartement, palier) est, à une certaine distance des parois externes, à

température Ti. Le milieu extérieur est à température Te; on prendra comme coefficients

de transfert hi sur toutes les parois internes et he sur toutes les parois externes.

Ces coefficients de transfert tiennent compte des échanges radiatifs linéarisés et des

transferts conducto-convectifs. L'air de l'appartement est renouvelé par appott d'air

externe à Te, à raison d'une fois le volume de l' appartement par heure (phénomène

de convection).

Exprimer la puissance nécessaire au maintien de la température Ti dans l'appartement,

en régime stationnaire, avec les données suivantes :

l = 2 m; l1 = 2 m; H = 2,5 m; L = 4,8 m; d = 2,5 m; D = 1,5 m; ep = 0,30 m;

e1 = 0,20 m; ec = 0,15 m; ev = 4.10- 3 m; Àp = 5 ;A1 = 0,2 ;Àc = 1,5; Àv = 1

(Wm- 1 K- 1 );Sv = 1m 2 ;Sf=2,5m 2 ;hi = JO;he = 30(Wm- 2 K - 1 ); Te = 0 °C;

Ti= 19 °C.

Les propriétés thermophysiques de l'air sont à trouver dans le Complément D .

44


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

Solution

La démarche décrite au paragraphe 1.6.2 va être suivie.

• Les paramètres clés

Le milieu source est l'intérieur de l'appartement à Ti; l'énergie est dissipée vers le milieu

extérieur à Te. Une question se pose: quelle est exactement la partie de la structure

de l'appartement qui est à Ti ? La modélisation devra préciser ce point.

• Le système

> Symétries. Si on considère une coupe verticale de l'appartement perpendiculaire à

l'axe N-S (figure 2.16), il est évident que, par symét1ie des conditions géométriques et

thermiques, les flux échangés avec les appartements supérieur, inférieur et latéraux sont

nuls. Le système est donc limité par les plans de symétrie de la figure 2.16. Il est à noter

que le palier présente la même symétrie.

Jll <p 0

1' 1

11 1

. .

· ····· · · · · · · ·· · · · ······ · · · ···· · · · · · · ····· · ·~~ · · · · · ·

T; ~I , i 1 T; hi Tl '1 i 1 j [ ' h 1

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1;1 q, -o r, 11 1 Ill

<p -o : : <p - 0

...,......................................, .......

Figure 2.16 - Plans de symétrie.

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> Les transferts

Trois types de transfert thermique existent dans ce système :

le renouvellement de l'air par convection: l'air frais entre à Te, l'air vicié sort à Ti

avec le même débit massique ;

les différents transferts à travers les façades Net S, murs légers et vitrages : l'existence

heuristique de joints parfaitement isolants découple ces diverses contributions.

Chaque sous-système est caractérisé par une simple association en série, comme ill ustré

à la figure 2.17. Cependant, pour chaque sous-système, les températures T p, et T p;

des parois extérieure et intérieure sont différentes;

he ,Te 1pe

cp 0 e, À cp -o

h 1

,T;

Tpi

'le Tpe Tpi T;

Figure 2.1 7 - Montage électrique équivalent.

les transferts à travers la smface extérieure des murs porteurs, plafond et plancher :

ce calcul semble complexe en raison de l'existence des structures internes à l' appartement;

c'est ici que la modélisation est déterminante.

4 5


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

> Modélisation des murs porteurs, plancher et plafond

Ces murs porteurs, plancher et plafond peuvent être traités dans le cadre de l'approximation

de l'ailette (voir figure 2.18); en effet, pour des murs d'épaisseur eµ/2 isolés sur

une face et échangeant du flux sur J' autre par transfert conducto-convectif (hi et he), Jes

nombres de Biot valent :

(2.62)

Ces valeurs vérifient le critère de validité de l'approximation de l'ailette au sens du flux

(Bi < 1). Les murs porteurs, plancher et plafond se comportent de plus comme des

ailettes infinies tant vers l'intérieur que vers l'extérieur dès que leur longueur excède

une longueur utile définie par Lu = 5/m (voir paragraphe 2.2.4); soit, ici :

(2.63)

À une distance supé1ieure à 1,4 m des façades toutes les cloisons internes (palier comp1is)

sont isothermes à Ti: les cloisons internes de l'appartement ne jouent aucun rôle

dans l'étude. De la même façon les murs de la loggia sont à la température Te à 0,8 m

de la façade.

• Bilans d 'énergie :

> Renouvellement de /'air. Les flux convectifs entrant et sortant sont m he et m hi

où m, he et hi désignent respectivement le débit massique d'air (entrant et sortant), l'enthalpie

massique de l'air extérieur et l'enthalpie massique de l'air intérieur. Le flux de

chaleur dû au renouvellement del' air est donc :

(2.64)

où V/!:::..t désigne le débit volumique. Soit:

<I>ren ~ -1,6 kW.

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> Transferts à travers les façades Net S. D'après le schéma équivalent précédent

(figure 2.17), le flux traversant la façade nord est, avec les notations de l'énoncé :

[ ( )-] ( )-] l

N 1 ev 1 1 er 1 ·

<!>. = (T -T) 1 2S1· - + - + - + (2LH - 2S1·) - + - + -

fac e h · 1 h h · 1 h

1 llv e 1 llf e

soit : <I>'.lac ~ - 1, 0 kW. De même pour la façade sud :

l

[ ( )-1 ( )-1

s 1 ev 1 1 er 1

<!> . = (T - T) 2S - + - + - + (2LH - 2S ) - + - + -

fac e ' v hi Àv he v hi Àr he

(2.65)

(2.66)

soit : <t>].ac ~ - 0,6 kW.

> Transferts à travers les murs porteurs, plancher et plafond sud et Je

mur porteur central nord. La figure 2. 18 représente le modèle adopté après l'étude

46


2.2. Ailettes et approximation de l'ailette

précédente. Les isothermes sont perpendiculaires à Ox, à la fois dans le mur conductif

entre x = 0 et x = e1, et dans l'ailette: x > e,. Le flux <1> 1 traversant la face x = 0 s'écrit :

(2.67)

où H 1 est le périmètre des cloisons considérées: H 1 = 3H + 2L + 2ep.

Le champ de température dans l'ailette T'(x) est solution de:

2

d

T' -

dx 2

2 hi (T' - T·) . , = 0 · , T'( . oo ) = T . i ; T'( e1 ) = T( . e1 ) .

À.pep

(2.68)

Soit:

(2.69)

On obtient donc :

(2.70)

Tpe

\ 0 he Te

<P 0 e1

1'(-oo) 'l'e

<P 0

- -·-·-- .....-...-...... T'(x)

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cp 0 e1 p 0

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T(oo) - T;

X T( t oo) T .

I

Figure 2.18 - Ailette couplée à un

mur.

Figure 2.19- Ailettes couplées.

>- Transferts à travers les murs porteurs externes, plancher et plafond

nord. Le modèle adopté est celui de la figure 2.19 : deux ailettes infinies, couplées par

un pont conducteur d'épaisseur e 1 . Le flux traversant la face x = 0 s'écrit:

où H2 est le périmètre des cloisons considérées: H2 = H + 2L + 2ep.

(2.71)

47


Chapitre 2 • Transferts conductifs stationnaires linéaires

Les champs de température T 1 (x) et T 2 (x) se calculent comme précédemment:

(2.72)

On en déduit la puissance nécessaire au maintien de la température Ti :

<l>roi = - (<Pren + <l>fac + <PJ·ac + <1>1 + <1>2), soit <l>tot ~ 4,6kW.

Commentaire

On remarquera que les divers flux échangés par l'appartement sont proportionnels à Te-Ti

(transferts linéaires). C'est ce qui justifie, en régime stationnaire, les normes de l'industrie

du bâtiment: nombres K, G, B et C, qui sortent del' objet de cet ouvrage. D'un point de vue

pratique, il s'avère que les pertes principales sont, dans le cas considéré, dues au renouvellement,

vital, de l'air et aux vitrages : d'une part, une ventilation mécanique contrôlée à

double flux, c'est-à-dire utilisant un échangeur fournissant à l'air frais la plus grande partie

de l'énergie thermique utilisable de l'air vicié, et d'autre part, un double vitrage, seraient

économiquement intéressants.

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48


CONDUCTION

INSTATIONNAIRE

Notions clés

conductivité, diffusivité, effusivité thermiques; théorème de superposition et

théorème n; échelles caractéristiques de temps et de longueur; nombres de

Fourier et de Biot.

Par souci de simplicité, l'étude se limite ici à des systèmes caractérisés par des propriétés

thermophysiques uniformes, en particulier par des conductivités thermiques

scalaires (isotropes) indépendantes de la température et par des coefficients de transfert

uniformes, intégrant le cas échéant un transfert radiatif linéarisé. Par conséquent,

les équations de bilan d'énergie et les conditions aux limites considérées ici sont linéaires.

En effet, dans ce chapitre on privilégie une approche physique de la diffusion

basée sur des échelles caractéristiques de longueur et de temps. Il sera ici question de

conduction thermique instationnaire, mais les résultats obtenus pourront être étendus

à tout phénomène de diffusion.

3.1 INTRODUCTION

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9

L'objet de ce chapitre est limité au cas de systèmes matériels immobiles et indéformables.

Dans un cas contraire, apparaîtraient des déplacements des frontières du

système, donc des phénomènes de convection. L'équation de bilan d'énergie s'écrit

pour un tel système de volume V limité par une surface S (figure 3.1) :

Figure 3.1 - Système fixe indéformable.

(3.1)

49


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

T(r,t), cp(r,t), p(r,t) et P(r,t) représentent les température, capacité thermique massique

à pression constante dans le cas d'un gaz, masse volumique et puissance volumique

dissipée au point M(r) à l'instant t; qcd et qR les vecteurs flux smfaciques

de conduction et de rayonnement en r à l'instant t. L'équation 3.1 s'écrit aussi sous

forme locale :

(3.2)

Le flux conductif qcd s'exprime en général par la loi de Fourier, dans le cas d'un

milieu isotrope :

qcd = - À(r,t)VT. (3.3)

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Les approximations linéaires du Chapitre 2 ne sont vérifiées que si la conductivité

thermique À, exprimée en W m- 1 K- 1 , est indépendante de la température. Si le milieu

n'est pas isotrope, l'équation 3.3 se généralise sous forme tensorielle 1 , ce qui rend

la résolution du problème plus délicate sur le plan numérique, mais non sur le plan

physique. De ce fait, nous n'envisageons pas ici ce cas qui se rencontre dans des

milieux textiles, pneumatiques par exemple, ou dans des matériaux composites dont

l'emploi se développe actuellement.

L'équation 3.3 ne tient compte d'aucun phénomène de retard dans la réponse en

flux à une perturbation brutale du champ de température. Si on considère des phénomènes

très rapides (par exemple, les réponses à des impulsions de lasers de 1' ordre de

10- 12 à 10- 15 s ), cette loi n'est plus satisfaisante. Le phénomène de conduction est en

effet dû à des transferts d'énergie par des porteurs (interactions molécule-molécule

dans un gaz ou un liquide, ou interactions mettant en jeu des phonons et des électrons

dans un réseau cristallin) : les temps caractéristiques des transferts ou temps de relaxation

sont de l'ordre de 10- 10 à 10- 12 s. À ces échelles de temps, la loi de Fourier

n'est plus valable 2 .

Une autre limitation de l'équation 3.3 concerne les nanosystèmes, couches extrêmement

minces de l'ordre du nanomètre, pour lesquels la conductivité the1mique

n'est pas nécessairement définie. Mais dans la plupart des applications qui concernent

l'ingénieur, une réponse à 1 ns près ou à une fréquence inférieure à 1 GHz est suffisante

; l'équation 3.3 est alors correcte.

L'introduction du vecteur flux surfacique radiatif qR (voir paragraphe 4.2.4) n'a

d' intérêt que pour l'étude des milieux semi-transparents. Le te1me - V· qR représente

alors la différence entre puissances volumiques absorbée et émise 3 . À l' intél.

qfd = - À;/âT/âxj), où À;j est un tenseur de conductivité.

2. Le critère de validi té de la loi de Fourier est: Kn « l, où Kn désigne le nombre de Knudsen, rapport

du temps de relaxation des porteurs à une durée d' intérêt physique pour le système, ou rapport du libre

parcours moyen des porteurs à une échelle spatiale d'intérêt physique, par exemple la plus petite échelle

spatiale considérée : voir Je paragraphe 10.4.1.

3. Ce point est développé dans Je Chapitre 6.

50


3.1. Introduction

rieur d'un corps opaque, et non pas à sa frontière, le flux radiatif est nul, tandis que,

dans l'autre cas limite d' un milieu parfaitement transparent qui n' interagit pas avec

le champ de rayonnement, on obtient V · qR = O. Cette dernière relation traduit le

fait que toute l'énergie radiative entrant dans un système transparent quelconque en

resso1t sous forme radiative. Donc, quand le système considéré ne comprend que des

corps opaques baignés dans des milieux transparents, l'équation de l'énergie prend

la forme simplifiée 4 :

ôT

pcpBt =V. [/l(r,t)VT] + P(r,t). (3.4)

Les flux radiatifs n'interviennent plus que dans l'expression des conditions aux limites

aux parois des corps opaques.

Un problème de conduction instationnaire est, dans ces conditions, défini par un

système comprenant :

a) l'équation de l'énergie (plusieurs si le système se décompose en plusieurs soussystèmes);

b) les conditions aux limües thermiques sur l'ensemble des smfaces frontières.

Les différents types de conditions aux limites classiques (conduction, convection,

rayonnement etc.) ont été abordés dans le paragraphe 1.5 ;

c) une condition initiale, définissant l'état du système, en tout point r , à t = O. La

condition initiale peut faire intervenir des distributions de température ou de flux.

Elle ne correspond pas nécessairement à un état d'équilibre thermique, ni même à

un régime stationnaire.

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Nous supposerons dans tout ce chapitre que les transferts conductifs sont représentés

par des systèmes linéaires en T , c'est-à-dire que la conductivité À, la masse volumique

p, la capacité thermique massique Cp et les coefficients de transfert convectifs h sont

constants et que les éventuels transfe1ts radiatifs intervenant dans les conditions aux

limites sont linéarisables. L'équation de l'énergie 3.4 devient alors si on introduit la

difj'usivité thermique a (en m 2 /s) :

À

a= ­

pcp

(3.5)

équation de diffusion. Il est important de noter qu'une équation linéaire similaire à

l'équation 3.5 est aussi vérifiée par les composantes du vecteur flux.

4. L'équation 3.4 s'applique aussi à des milieux semi-transparents si - V· qR est intégré dans P(r,t).

51


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

3.2 THÉORÈMES GÉNÉRAUX

3.2.1 Théorème de superposition

a) Principe

La solution du système linéaire d'équations aux dérivées partielles constitué par

l'équation de l'énergie, les conditions aux limites et la condition initiale est unique.

On a souvent intérêt à décomposer un système de ce type S (O) en sous-systèmes S (1),

S < 2 ), · · · , S (n) également linéaires et à solutions uniques, tels que par somme membre

à membre on obtienne le système linéaire de départ s< 0 ). La solution T (O) unique du

système S (O) est alors la somme des solutions T (i) de chacun des sous-systèmes S (i).

Par souci de chuté, ce théorème très général est ici illustré sur un exemple concret.

La généralisation à d'autres cas (géométrie, conditions aux limites ou initiale différentes)

est évidente.

À,p ,c,a,P

h1 h1 < h,

e

I

À ,p ,c,a,P

t R t t R t

eau eau eau eau

e 2 > e 1

T e

T(x,t)

À, a, p, c

T 0

X

/ <... 0

Figure 3.2 - Conditions initiales et finales.

Figure 3.3 - Mur semi infini.

b) Exemple d'application

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On considère un cylindre de rayon R, de longueur très grande, d'un matériau fissile

de conductivité À et de diffusivité a uniformes ; dans cette barre une puissance volumique

P supposée uniforme est dissipée (figure 3.2). En fonctionnement normal,

un régime stationnaire s'établit : la puissance fournie au cylindre par la réaction de

fission est évacuée par un fluide caloporteur (eau pressurisée) dont la température

de mélange est supposée constante à la valeur 8 1 ; 1 'échange est caractérisé par un

coefficient de transfert conducto-convectif constant h 1 . On néglige pour simplifier la

présence de la gaine en acier inoxydable entre le matériau fissile et l'eau. À l'instant

t = 0 survient un incident dans le circuit de refroidissement; d'une manière très grossière,

nous considérons que la température de mélange de l'eau passe immédiatement

à la valeur 82 (82 > 81) tandis que le coefficient de transfert devient h2 (h2 < h,).

Le problème est d'évaluer au bout de quelle durée 8t la température T2(r,t) du

matériau fissile, dans les conditions 2, atteint une valeur critique Tc si on laisse évoluer

le système, ou de combien de temps on dispose pour ralentir la réaction (réduire

52


3.2. Théorèmes généraux

P autant que possible) en faisant tomber les barres du modérateur de la réaction de

fission.

Le champ de température T 2 (r,t) est, pour t > 0, solution du système comprenant:

• l'équation de l'énergie, en coordonnées cylindriques :

8T2 = a(8 2 T2 + ~ 8T2) + !._

8t or 2 r or pc

(3.6)

• les conditions aux limites :

(3.7)

(3.8)

• la condition initiale :

T2(r,t = 0) = Tf (r). (3.9)

Tf(r) représente la solution stationnaire initiale, associée au couple (h 1 , 8 1 ), qui est

la solution du système d'équations 3.10 à 3.12 dans lequel on adopte la valeur i = 1:

i = 1,2

l

( d2 Tf 1 dTf p

a--+--+- =0

dr 2 r dr pc

(3.10)

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i = 1,2

i = 1,2

dT 5

- .tl-i (R) =hi [rs(R) - 8i]

dr

'

dT 5

-À- l (0) = 0

dr

dont la solution est (voir exercice 1.2 au paragraphe 1.6.3) :

( R2 - r 2 R )

Tf = 8i + P 4À. + 2h;

(3.11)

(3.12)

(3.13)

T~ est la solution stationnaire hypothétique du système pour le couple (h 2 , 8 2 ) au bout

d'un temps dit infini, notion qu'on précisera ultérieurement. La résolution directe

du système d'équations 3.6 à 3.9 est possible mais laborieuse. Il est beaucoup plus

simple de poser, en utilisant la technique de superposition :

T2(r,t) = T~(r) + T(r,t) (3.14)

53


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

Le système d'équations 3.6 à 3.9 est remplacé par le système d'équations 3.10 à 3.12

pour i = 2, de solution T~ (r) connue, et par un système en T(r,t) obtenu par différences

membre à membre des équations homologues des deux systèmes précédents

(avec i = 2 dans le deuxième cas) ; soit :

oT =a (o 2 T + ~ oT)

1

ot or 2 r o r

(3.15)

oT

- À or (R,t) = h2T(R,t), (3.16)

oT

- À or (O ,t) = 0, (3.17)

PR( 1 1 )

T (r,0) = T f (r) - T~ (r) = 81 - 82 + 2 h;, - h

2

= To < O. (3.18)

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Il est plus simple de résoudre le système d'équations 3.15 à 3.18 que le système 3.6

à 3.9. En effet, le terme de puissance volumjque P a disparu ; l'équation 3.16 est

homogène; la condition initiale 3.18 est uniforme. La résolution mathématique du

dernier système d'équations est classique et reportée au Complément A.1 afin d'alléger

l'exposé. Une application numérique concernant l'exemple traité y est également

abordée.

D' un point de vue physique, ce système représente la diffusion de la chaleur dans

un cylindre infiniment long de rayon R, initialement à une température uniforme To

négative, qui s'échauffe sous l'effet d' un transfe1t conducto-convectif à la paroi, caractérisé

par h1 et une température de mélange Tm = 0 du fluide. Ce type de problème

très classique donne lieu à des tabulations pour différentes géométries monodimensionnelles

et différentes conditions aux limjtes [122].

Lors d' une tabulation des résultats de calculs analytiques ou numériques, il est

souhaitable de présenter la solution en fonction d' un nombre mirumal de groupements

adimensionnés ; ces groupements adimensionnés représentent les paramètres

physiques, en nombre limjté, qui régissent le problème. C'est l'objet du paragraphe

suivant.

3.2.2 Analyse dimensionnelle - Théorème II

L'analyse dimensionnelle repose sur un théorème classique, dit de Vaschy­

B uckingham ou théorème n, que nous nous contenterons d'exposer et d'appliquer

à quelques cas.

Si un phénomène physique est décrit par n grandeurs physiques Pi (i = l, ... , n),

qui s'expriment en fonction de k dimensions indépendantes, alors il est possible de

54


3.2. Théorèmes généraux

grouper les n grandeurs physiques en n - k produits sans dimension, notés II1 (j =

l, ... , n - k), et la solution se met sous laforme :

(3.19)

Appliquons ce théorème à deux exemples, de façon à en comprendre la portée et les

limites :

a) l er exemple : échauffement d'une barre

Soit à étudier le phénomène représenté par le système d'équations 3.15 à 3.18. Le

problème dépend den = 8 grandeurs physiques indépendantes (t,T,To,a,r,.:i,R,h2).

On notera que les quantités T et To représentent en fait des écarts de température

par rapport à la température de mélange Tm = 0 du fluide, considérée ici comme

référence. Les unités SI des huit grandeurs physiques sont respectivement : s, K,

K, m 2 /s, m, W/(m.K), m, W/(m 2 .K) qui s'expriment en fonction de k = 4 unités

indépendantes (s, K, m, W). On obtient donc : n - k = 4. Il faut faire appel au sens

physique pour guider les choix de certains groupements sans dimension pilotant le

problème ; les autres s'en déduisent.

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Soient:

- II 1 = r/ R = r+ : distance adimensionnée ;

- II 2 = at/ R 2 = Fo : ce groupement, déduit de la dimension de a et appelé

nombre de Fourier noté Fo, représente un temps adimensionné t+ = t/Tcd,

avec: ~d = R 2 /a;

- ll3 = T/To : rapport d'écarts de températures caractéristiques.

Il reste à déterminer un groupement ll4, qui fasse intervenir À et h2, grandeurs

physiques non utilisées dans les groupements précédents. Le plus simple est

de poser:

- fl 4 = h2R/ À = Bi, nombre de Biot introduit dans le Chapitre 2. La signification

physique de Bi sera abordée dans le paragraphe 3.5.2.

Sans aucun calcul, on sait, à partir du théorème il que la solution du système

d'équations 3.15 à 3.18 peut s'écrire:

f(T/To, Bi, Fo, r/R) =O. (3.20)

Il s'avère qu'elle s'écrit même: T/To = g(Bi, Fo, r/R), après résolution du système

(voir Complément A). Notons, à ce stade, que dans ce type de problème, relatif à une

géométrie finie, les variables adimensionnées spatiale r/R et temporelle F o jouent

des rôles bien distincts.

55


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

b) Deuxième exemple : mur semi-infini de température

pariétale imposée

On considère un mur semi infini (x > 0), initialement à température To, dont le champ

de température ne dépend que de x. À partir de l'instant t = 0, la température de la

paroi x = 0 est imposée à la valeur Te. Tous les paramètres physiques caractérisant le

problème (À, a, p, c) sont constants (figure 3.3). T(x,t) vérifie le système :

ôT ô 2 T

ôt =a ôx2 '

(3.21)

T(x = O,t) = Te T(x = oo,t) = To T(x,t = 0) = To. (3.22)

Ce système dépend den = 5 grandeurs physiques : (T - Te, To - Te, t, a, x), dont les

unités respectives (K, K, s, m 2 /s, m) dépendent de k = 3 unités indépendantes. Il est

caractérisé par n - k = 2 groupements sans dimension :

- fl1 = (T - Te)/ (To - Te) = T +, température adimensionnée,

- un autre groupement fl 2 qui dépend nécessairement de t, a et x.

On pose alors fl 2 = at/ x 2 = Fo, nombre de Fourier ; et le phénomène étudié a une

solution du type f (T +, Fo) = 0 qui, dans ce cas, se met d'ailleurs sous la forme

T+ = g(Fo) (voir paragraphe 3.3.la)).

"O

0

c

::J

0

v

,..-!

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Il est remarquable de constater que, dans ce deuxième exemple, con-espondant à

une géométrie semi-infinie, les variables x et t ne sont plus indépendantes comme

dans le cas précédent mais interviennent de façon liée dans le groupement at/x2,

nombre de Fourier, qui prend alors deux significations distinctes :

- en x donné, Fo est un temps adimensionné : le temps caractéristique de

conduction thermique, de 0 à X, noté rd, est x 2 ja;

- à t donné, on introduit Fo- 1 1 2 = x/ Yai qui est un adimensionnement de la variable

d'espace; Yai est la longueur caractéristique de conduction à l'instant t

(l'instant 0 correspondant à l'apparition de la perturbation).

Il apparaît également dans le groupement at/ x 2 qu'il est équivalent de faire tendre x

vers l'infini (hypothèse initiale du mur semi-infini) ou le temps vers 0; il est clair que

le modèle d'un mur semi-infini caractérise la réponse d'un système dans les instants

56


3.3. Géométrie semi-infinie. Réponse après un intervalle de temps court

qui suivent immédiatement une perturbation tels que : t << L 2 /a, si Lest la dimension

finie du mur (réponse aux courts instants) 5 .

La suite de cette étude sera divisée en deux parties : l'étude des phénomènes physiques

liés à des géométries semi-infinies, ou à la réponse aux courts instants, dans

le paragraphe 3.3 et celle des géométries fini es, ou de la réponse à un instant quelconque,

dans le paragraphe 3.4.

3.3 GÉOMÉTRIE SEMI-INFINIE. RÉPONSE APRÈS

UN INTERVALLE DE TEMPS COURT

Nous abordons, dans ce paragraphe, des cas caractéristiques mais non limitatifs des

problèmes liés à une géométrie semi-infinie, sous un angle physique : la réponse

d'un système un bref intervalle de temps après une perturbation et le problème de

la réponse thermique à une sollicitation périodique forcée. Des outils mathématiques

puissants (fonctions de Green, transformation de Laplace, etc.), développés dans le

Complément A, permettent de généraliser à des situations plus complexes les cas

abordés dans ce paragraphe.

3.3.1 Réponse d'un système après un intervalle de temps

court

a) Réponse à une température imposée

On reprend le deuxième exemple du paragraphe 3.2.2b), c'est-à-dire le mur semiinfini

initialement isotherme, auquel on impose une température de paroi Te à l'instant

t = 0 en x = O. Si on adopte les variables sans dimension :

X

et u = 2

Yai, (3.23)

"O

0

c

::J

0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

::l

~

@ .,

.,

'<I)

~

..c ·-= "'

Ol

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g

::l

CO

>- c

a. 0

c

0

c

u .~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

l'équation aux dérivées partielles 3.21 dégénère en une équation différentielle6 en u:

d 2 T+ dT+

-- +2u- =Ü.

du 2

(3.24)

du

Le sens physique de cette transformation est clair : ce type de problème est gouverné

par l'unique grandeur adimensionnée Fox = at/x 2 , nombre de Fourier introduit au paragraphe

3.2.2b ). La condition initiale et la condition à la limite x ~ oo ont fusionné

pour donner

(3.25)

En effet, l'infini n'est jamais affecté par une pe1turbation en x =O.

5. Par contre, il n'est pas équivalent de considérer les solutions à t ~ oo et x ~ 0, car dans le premier

cas le modèle physique n'est plus fondé.

6. En effet, on a, pour t t:. 0 : 8 2 T /8x2 = (1 /4at)d 2 T/du 2 et 8T /8t = -(u/2t)dT/du.

57


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

La condition à la limite x = 0 devient

(3.26)

On obtient après intégration :

dT+

v = - ·- = A exp(- u 2 ).

du

(3.27)

Le facteur 2, introduit arbitrairement dans l'équation de définition 3.23 de u, conduit

à la forme simple précédente. Puis, intégrant (3.27) et tenant compte des conditions

(3.25) et (3.26), on aboutit :finalement à :

T - T

Ju

exp(-u'2)du'

2 l u=x/(2 ..;ai)

e = r+ = J°oo = erf(u) = - r:;;. exp(- u' 2 )du''

To - Te

exp(-u' 2 )du' y7r o ·

0

(3.28)

où apparaît la fonction d'erreur erf(u), brièvement étudiée dans le Complément B.

I

T - T e

0,5

cp (1)

0

T(x,t)

À, a, p , c

·-~- - -+

0 0,5 1.1

1 '

X {2(al)/ -

2,-1

"Cl

0

c

::::i

0

.-1

0

""'"

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

Figure 3.4 - Fonction d'erreur.

Figure 3.5 - Mur semi infini.

Sur la figure 3.4 le rôle du groupement x/(2-{{it) apparaît clairement:

• à x fixé, Tcd = x2 /a est le temps caractéristique de conduction 7 qui caractérise la

dynamique del' évolution du système; en effet, pour x/(2 -{{it) = 0,5 ou Fox =

at/x 2 = 1 ou encore t = x 2 /a, la perturbation thermique imposée en x = 0 a

imposé la moitié de son effet en x, par rapport aux conditions asymtotiques ;

7. En fait, ce résultat est valable pour tous les phénomènes de diffusion : si D est la diffusivité, en m 2 /s,

associée au phénomène de diffusion considéré (diffusion de quantité de mouvement, de concentration

d'espèce, de charge électrique, etc.), le temps caractéristique associé est r = x 2 /D.

58


3.3. Géométrie semi-infinie. Réponse après un intervalle de temps court

• à t fixé, zcd = YQi est la longueur caractéristique de conduction 8 ; en effet, on

peut donner la même interprétation que précédemment pour Fox = at/x2 = 1

OU X= Yëii.

Le modèle du mur semi-infini n'a de sens que tant que la dimension du mur suivant

x, notée L, vérifie

L » Vat soit: Fol= at/L 2 « 1. (3.29)

On déduit de l'équation 3.28 le flux surfacique r.p(x,t) en utilisant la relation dimensionnée:

Le groupement :

r.p = - À oT = - (To - Te) ~exp(-~ )

ox '/-;[ 4at

(3.30)

b=~, (3.31)

appelé ejfusivité du matériau, caractérise physiquement la réponse d'un système aux

instants qui suivent immédiatement une perturbation. L'intérêt de cette grandeur apparaîtra

de façon plus manifeste dans le paragraphe 3.3.3.

On notera la décroissance du flux en r 1 1 2 à la paroi x = 0 du mur, caractéristique

de la réponse du mur semj-infini.

"O

0

c

::J

0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

::l

~

@ .,

.,

'<I)

~

..c ·-= "'

Ol

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g

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u .~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

b) Réponse à un flux extérieur constant

Un milieu semi-infini, initialement isotherme à la température To, est soumis à partir

de l'instant t = 0 à un flux surfacique uruforme et constant dans le temps r.p 0 sur sa

frontière x = O.

Sous l'hypothèse d' uniformité de a, l'équation de l'énergie peut être écrite en

te1mes de fi ux :

oT

or.p o 2 r.p

r.p(x,t) = - À ox

(3.32)

ot =a ox2 '

r.p(O,t) = t.po r.p(x ~ oo ,t) = 0 r.p(x,0) = O.

(3.33)

Le système d'équations 3.32 à 3.33 est formellement du même type que le système

d'équations 3.21 à 3.22 dont la solution est donnée dans le paragraphe 3.3.la).

Compte tenu des différences de conditions aux limites et irutiales, on trouve :

r.p(x,t) = t.po { 1 - erf [ x/(2 Vat)]} = t.po erfc [ x/(2 Wt)] t * 0, (3.34)

8. Expression généralisable à tout phénomène de diffusion : l = ..../Dt.

59


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

g

c5

où erfc(u) désigne la fonction d'erreur complémentaire (voir le Complément B.l).

La solution en température s'en déduit immédiatement, en utilisant les conditions

aux limites du problème et la loi de Fourier :

T(x,t) = _ ~

yÀpc

2<po Yt Loo , ,

x/2Vai

erfc(u )du + To

avec at/L 2 « 1. (3.35)

L'intégrale, appelée ierfc, qui apparaît dans l'équation 3.35, est tabulée dans le Complément

B.1. Dans cette expression apparaît encore l'ejfusivité YXiiC notée b, qui

caractérise la réponse du système aux instants qui suivent immédiatement une perturbation.

On constate qu'un système de grande effusivité verra sa température plus

faiblement pe1turbée qu'un système de faible effusivité.

Notons que:

• À la paroi x = 0, la température du système croît en Yi, dès lors que la condition

at/L 2 « 1 est vérifiée.

• L'analyse dimensionnelle montre que le système d'équations 3.32 à 3.33 dépend

de six grandeurs indépendantes (T - T 0 , x, t, a, À, <po), s'exprimant en

fonction de quatre unités indépendantes (m, s, W, K). La solution dépend donc

de deux groupements indépendants : at/x2 et <pox/[À(T - T 0 )]; en fait ici ce

sont les combinaisons x/(2 Vat) et il (T - To)/'Po Vat = b (T - To)/'Po Yt qui

interviennent explicitement dans l'équation 3.35.

• La fonction intégrale qui apparaît dans l'équation 3.35 a une largeur caractéristique

: x/(2 Vat) = 1/2 ; la constante de temps de ce phénomène est toujours

r = x2/a et la longueur de diffusion -Vat.

3.3.2 Réponse d'un système à une condition extérieure

périodique

8 Un système peut être soumis à des conditions thermiques périodiques : alternance

N

@ jour-nuit, phénomène important pour les applications solaires ou les bâtiments; tech-

.:t: niques de hachage de faisceau utilisées en métrologie, etc. Un régime sinusoïdal

Ol

·~ constitue souvent une première approximation de ce régime périodique. Dans le cas

g. des applications métrologiques, les techniques de traitement du signal permettent de

u

se limiter, en toute rigueur, à l'étude the1mique du régime sinusoïdal.

60

a) Analyse du problème

Considérons un mur semi-infini (x > 0), initialement à température To et soumis en

x = 0 à un flux <p = <po(l +cos wt), c'est-à-dire modulé sinusoïdalement autour d'une


3.3. Géométrie semi-infinie. Réponse après un intervalle de temps court

valeur moyenne cp 0 (figure 3.5). Le système régissant ce problème est:

aT

a 2 r

ot =a ox2 '

(3.36)

T(oo, t) = To T(x,0) = To. (3.37)

On a postulé implicitement que la perturbation n'atteindrait pas l'infini. Cette hypothèse

sera discutée ultérieurement. Utilisons le théorème de superposition, en cherchant

une solution du type: T = T 1 + T1 telle que T 1 et T2 vérifient les deux systèmes

d'équations 3.38 à 3.39 et 3.40 à 3.41 respectivement:

(3.38)

T1(00, t) = To Ti(x,0) = To. (3.39)

Ce premier sous-système a été étudié au paragraphe 3.3.lb). L'autre sous-système

s'écrit:

0T2 o 2 T2

-=a--

ot ox 2 (3.40)

'

(3.41)

"O

0

c

::J

0

v

;a;

"='

T"-f

0 c

N

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.,

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Ol

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'5

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a. 0

c

0

c

u .Q

ü

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2

o.

~

~ ~

't:

0

'5 "'

F!

-ci

0

c

0 "'

@

La notation Re( eJwt) signifie ici partie réelle de eJwt. Le théorème ll (paragraphe

3.2.2) montre que la solution du système d'équations 3.40 à 3.41 dépend de

trois groupements sans dimension wt, AT 2 /(cpox) et x 2 w/a. La solution générale de ce

système s'obtient par les techniques exposées au Complément A. Ce deuxième soussystème

conduit au bout d'un temps suffisamment grand, précisé ultérieurement, à un

régime asymptotique forcé.

b) Solution en régime forcé

On cherche une solution de la forme :

T:;(x,t) = Re[8 2 (x) exp(jwt)],

au bout d'un temps infini; B2(x) vérifie évidemment le système :

. e d 2 82

JW 2 = a-- 2

dx

(1) 82(00)=0 (3).

(3.42)

(3.43)

61


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

La condition initiale n'a alors plus de sens. L'équation caractéristique de l'équation

3.43(1) s'écrit:

p 2 = jw/a. (3.44)

D 'où:

lh (x) =A exp [-(w/2a) 112 (1 + j)x ] + Bexp [Cw/2a) 112 (1 + j)x]. (3.45)

Les conditions 3.43(2) et 3.43(3) imposent :

A = (<po/il)(a/2w) 1 / 2 (1 - j) B= O. (3.46)

La solution asymptotique r ;(x,t) s'écrit alors :

r ; cx ,t) = (<po/À)(a/w) 1 1 2 exp [-(w/2a) 1 1 2 x] cos [wt - (w/2a) 1 1 2 x - n/4] . (3.47)

c) Dégénérescence du phénomène de diffusion en phénomène

de propagation

La solution asymptotique ci-dessus ne vérifie pas la condition initiale écrite en 3.41 ;

le système a totalement perdu mémoire de son état initial. Étudions les propriétés

remarquables de la solution en régime forcé à la pulsation w.

Le phénomène de diffusion a dégénéré, à pulsation w fixée, en un phénomène de

propagation vers les x positifs avec une célérité C:

w(t - x/C) = wt - (w/2a) 112 x ==:::} C(w) = (2aw) 1 1 2 • (3.48)

'O

0

c

::J

0

v

,..-!

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

La célérité est dispersée en fréquence. L'analyse spectrale du phénomène de diffusion

montre, d'après l'équation 3.48, que :

• Les signaux à fréquence infinie se propagent avec une célérité infinie : aucun

temps de retard n' apparaît entre une perturbation et sa propagation en un

point; ce phénomène, peu physique, provient de l'hypothèse de Fourier (paragraphe

10.5).

• Les signaux à fréquence faible se propagent lentement.

Le signal à la pulsation w se propage en étant fortement atténué en

exp [- (w/2a) 1 1 2 x] dans l'équation 3.47. Cette atténuation est d'ailleurs d'autant

plus forte que la pulsation w est plus élevée. Si les composantes à fréquence élevée

d'un signal thermique se propagent vite, elles sont rapidement éteintes. La

profondeur de pénétration e P est définie, pour la pulsation w, par :

ep = (2a/w) 1 / 2 (3.49)

62


3.3. Géométrie semi-infinie. Réponse après un intervalle de temps court

Le nombre de Fourier associé Fow = af(wep 2 ) est voisin de l'unité, égal à 1/2.

On constate l'existence d'un déphasage n/4 entre le flux excitateur <po cos wt et la

réponse en température en x = O.

Toutes ces propriétés traduisent l'existence d'un effet de peau lors de la propagation

d'une onde thermique de pulsation w. Rappelons, à ce stade, qu'on est en droit de

parler de propagation et d'onde thermique à fréquence fixe w, mais que, si le phénomène

est envisagé globalement, il s'agit de diffusion, caractérisée par une dispersion

de la célérité.

Une perturbation thermique dépendant du temps imposée en la face x = 0 d'un mur

semi-infini peut être décomposée par analyse spectrale en composantes élémentaires

de pulsation w. Chacune des composantes se propage avec une célérité C(w) et est

caractérisée par une profondeur de pénétration ep(w). Le signal global correspond à

1' ensemble des composantes à toutes les pulsations et est doublement déformé lors

de son transport à 1' intérieur du milieu : c'est le phénomène de diffusion.

Une méthode mathématique puissante pour résoudre ce type de problème consiste

à faire subir au système une transformation de Laplace (voir Complément A.1) :

l'équation aux dérivées partielles que représente l'équation de l'énergie dégénère

alors en équation différentielle s'il y a une seule variable d'espace à considérer. La

transformation de Laplace correspond à une analyse spectrale du signal thermique ;

le fait que l'équation de l'énergie à une dimension spatiale dégénère à une fréquence

donnée en une équation différentielle correspond à la dégénérescence du phénomène

de diffusion en phénomène de propagation, plus facile à étudier. La transformation

inverse permet de reconstituer par intégration spectrale la réponse du phénomène de

diffusion.

'O

g

::J

0

v

,..-!

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

3.3.3 Exercice d'application

, ( Exercice 3.1 Contact thermique

"'

~ Énoncé

't:

0

~ Un problème courant consiste à étudier l'évolution the1mique d'un système constitué

~ de deux corps notés 1 et 2, initialement isothermes à des températures différentes Tf

·~ et rg, et mis brusquement en contact thermique à l'instant t = 0 (figure 3.6). On fait

l les hypothèses suivantes :

~

"'

~ • Les grandeurs thermophysiques caractérisant les deux corps (ili, Pi, ci, ai, bi

i = 1,2) sont uniformes,

-ci

0

c

=i

~ • Le contact est supposé parfait,

63


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

Àl, a 1

,p 1

, c 1

, b 1

~, a 2'p 2

, c 2

, b 2

1j (x, t) T 2

(x, !} x

y o

J

milieu 1

0 y o

2

milieu 2

Figure 3.6 - Modèle du contact thermique.

• On ne s'intéresse à l'évolution du système qu'aussitôt après la mise en contact.

1. Établir les expressions donnant l'évolution de la température des deux corps

en fonction du temps et de la variable d'espace.

2. Quelle est la température de contact entre la peau assimilée à de l'eau à 37 ° C

et une plaque d'acier à 60 °C? Même question avec une plaque de bois à 60 °C.

Commenter.

Solution

1. Le système à résoudre, en utilisant le modèle adapté de deux murs semi-infinis, s'écrit:

(3.50)

(3.51)

Ti (-oo,t) = r? (3.52)

T1(x,O) = T? (3.53)

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

Le système dépend de neuf paramètres indépendants (Tg - T?, T 1 - T?, T 2 - rg, À 1 , À 2 ,

x,t,a 1 , a2) qui eux-mêmes dépendent de quatre unités indépendantes (K,W,m,s); la solution

s'exprime en fonction de cinq produits sans dimension indépendants. On pose, a

priori: (T 1 -T?)/(T~ -T?), (T 2 - rg)/(T?-T~), Ài/À. 2 ,a 1 t/x 2 , a 2 t/x 2 . On remarquera que

dans le choix des produits, on s'est attaché à ne pas détruire la symét1ie du système: a 1 /a 2

est obtenu par rapport des deux derniers groupements .

Il s'agit de résoudre le système d'équations 3.50 à 3.53. En variables sans dimension,

choisies de façon à ne pas rompre la symétrie du système :

+ Ti - T~

Tl = _T_o __ T_o'

2 - 1

le système devient :

T + _ T2 -T2°

2 - T o T o'

1 - 2

Ut=

X

'

2~

(3.54)

(3.55)

64


3.3. Géométrie semi-infinie. Réponse après un intervalle de temps court

(3.56)

(3.57)

Tt(-oo)=O (3.58)

Les solutions des équations 3.55 vérifient les relations (paragraphe 3.3.la)):

(3.59)

et l'équation 3 .56 devient :

(3.60)

Compte tenu des conditions aux limites à l'infini 3.58, les équations 3.59 s'intègrent en :

(3.61)

L'équation 3.57 conduit alors à:

(3.62)

Le système des deux équations 3.60 et 3.62 permet la détermination de A 1 et A1 et finalement

des champs de température Tt (u 1) et T{ (u 2 ) :

(3.63)

"O

0

c

::J

0

v

;a;

"='

T"-f

0 c

N

"'

@ "'

.,

"'

..c

Ol

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'5

>- "' c

a. 0

c

0

c

u .Q

ü

"=' "'

2

o.

~

~ ~

't:

0

'5 "'

F!

-ci

0

c

0 "'

@

soit:

(3.64)

2. Intéressons-nous à l'évolution des températures au point de contact (x = 0) aux instants

qui suivent ce contact. Comme erfc(O) vaut 1, il vient :

(3.65)

Immédiatement après le contact, une température intermédiaire entre T~ et T~ s'établit au

point de contact, et celle-ci se maintient apparemment indéfiniment dans le temps. En fait,

elle ne se maintient que tant que le modèle des murs semi-infinis (limité aux instants qui

suivent la perturbation) a un sens : a 1 tf L7 « 1, a1t/L~ « 1. Le résultat remarquable est

65


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

que le corps de plus grande e.ffusivité tend à imposer sa température à l'autre. En effet, si

b1 » b2, on obtient:

(3.66)

Les conditions du paragraphe 3.3.1 sont donc réalisables dans ce cas. C'est aussi l'explication

d'un phénomène courant mais paradoxal : marcher à pied nu (à 37 °C) sur une

plaque métallique à 60 °C ou sur un morceau de bois à la même température ne donne pas

la même sensation de température : la première est insupportable, la seconde est tout-àfait

tolérable. La réponse est simple : l' effusivité du pied est assimilable à celle de l'eau :

bp ~ 1600 (SI), celle du bois vaut : bb ~ 11 (SI) et celle de l'acier : ba '.::::'. 13000 (SI).

Lors du contact pied-acier, une température s' établit immédiatement : T pa = 57 ,5 °C. Lors

du contact pied-bois, on obtient seulement : T pb = 37 °C. Si, par contre, on persiste à rester

debout sur la planche de bois, très vite l'effet sera le même que sur la plaque d 'acier.

C'est une démonstration par l'absurde, facile à réaliser, que le modèle du mur semi-infini

n'est valable qu'aux temps courts. Les Sages Je savent bien, qui ne font que passer sur Jes

brasiers ardents !

L'ejfusivité -yxpë représente dans tous les cas envisagés aux paragraphes 3.3.1 et 3.3.3

une grandeur caractérisant la réponse instationnaire d'un système aux instants suivant une

perturbation (tant que le milieu peut être considéré comme semi-infini). Elle représente

physiquement la capacité du milieu à résister (en température) à une modification brutale

des conditions extérieures.

___ J

3.4 GÉOMÉTRIE FINIE. RÉPONSE D'UN SYSTÈME

À UN INSTANT QUELCONQUE

"O

0

c

::J

0

v

,..-!

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

La réponse d'un système fini à une perturbation a déjà été abordée (paragraphe 3.2.1).

Nous traitons ici d'autres cas, de façon à mettre en évidence les spécificités physiques

de ce type de problème. Les outils mathématiques et méthodes numériques ( différences

finies, éléments finis, etc.) permettant d'aborder des problèmes plus complexes

sortent des objectifs de cet ouvrage.

3.4.1 Réponse à une perturbation brutale

Considérons un mur, d'épaisseur L suivant Ox, isolé sur la face x = 0, initialement

à température To et échangeant, à partir de l'instant t = 0, de l'énergie avec un

milieu extérieur à température Te par transfert conducto-convectif caractérisé par le

coefficient h sur la face x = L. Le système à résoudre s'écrit:

ôT ô 2 T

-= a--

ôt ôx2

(3.67)

66


3.4. Géométrie finie. Réponse d'un système à un instant quelconque

ôT

- À ôx (L,t) = h [T (L,t) - Te]

ôT

- À ôx (0,t) = 0, (3.68)

T(x ,0) = To. (3.69)

Il y apparaît huit grandeurs indépendantes (T - Te, To - Te, x , t, a , À, h, L) dépendant

de quatre unités indépendantes (K, W, m, s) ; la solution dépend donc de quatre

groupements adimensionnés : T + = (T - Te)/(To - Te), x+ = x/L, t+ = Fo = at/L 2 ,

Bi = hL/ À. La signification physique du nombre de Biot Bi sera précisée dans le

paragraphe 3.5.2. Le système devient, sous forme adimensionnée:

aT+ a 2 T +

= ôx+ 2 '

(3.70)

a T + +) . + +)

- 8

(l,t +Bi T (l., t = 0

x+

(3.71)

(3.72)

Ce système linéaire ne comporte qu'une équation non homogène 3. 72 ; il peut être

résolu dans ces conditions par différentes techniques, dont les plus classiques sont

la transformation de Laplace ou la méthode de séparation des variables. La solution

dimensionnée, détaillée dans le Complément A.2, est:

T (x,t) - Te _ fi( 2 sin(kn) ) (k x ) ( 2 at )

- L.J . cos n - exp -kn L 2

,

To - Te n=O kn + sm(kn) cos(kn) L

où les kn sont la suite des solutions de :

(3.73)

(3.74)

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Cet exemple est représentatif du type de solutions obtenues, pour une géométrie finie

quelconque. Quand il est possible d ' obtenir une solution analytique, elle se présente

généralement sous la forme de séries infinies. Une telle solution est valable quelle

que soit la valeur de t. Il est clair que le temps caractéristique T cct = L 2 /a qui apparaît

dans le temps adimensionné t+ (ou nombre de Fourier) représente la constante de

temps du système. À la limite où : at/L 2 >> 1, on peut se contenter d' un seul terme :

la réponse du système aux temps longs prend une forme exponentielle. Quand, au

contraire : at/L 2 << 1, c'est-à-dire aux courts instants après la perturbation, tous les

termes doivent être pris en compte. Dans ces conditions, le milieu peut être considéré

comme semi-infini puisque le phénomène de diffusion n'affecte pratiquement pas la

frontière x = 0 du système. Des solutions directes, plus aisément exploitables peuvent

souvent être obtenues (voir paragraphe 3.3.1). Dans les cas intermédiaires, il sera en

général suffisant de limiter la série à 2 ou 3 termes.

67


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

3.4.2 Réponse à un régime forcé

L'étude du paragraphe 3.3.2 peut être reprise, sans difficulté, dans le cas d'une géométrie

finie. Il apparaît, pour une pulsation w donnée, un phénomène de propagation

d'ondes thermiques à la fois vers les x positifs et vers les x négatifs, donnant lieu à

des ondes stationnaires.

,

3.5 ECHELLES DE TEMPS ET DE LONGUEUR

Ce paragraphe présente les résultats principaux ayant trait aux échelles de longueur

et de temps en diffusion. Ces résultats sont appliqués ici à la conduction the1mique,

mais ils restent valables pour tout phénomène de diffusion.

3.5.1 Temps caractéristiques

Un système thermique est souvent caractérisé par des temps caractéristiques propres

(excitation périodique, durée d'une impulsion, temps caractérisant le déplacement

d'un front de fusion, temps nécessaire au conditionnement ou au traitement d'un

matériau, etc.). Ces temps sont à comparer entre eux et à d'autres qui caractérisent

les transferts par conduction, convection et rayonnement lors del' analyse initiale du

système. Il est souvent possible de simplifier considérablement la modélisation de

celui-ci, dès lors que certains de ces temps sont négligeables devant d'autres.

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a) Temps caractéristique de conduction thermique

Un temps caractéristique de conduction thermique rcct, dans une direction pour laquelle

l'extension du système est R, est construit à partir de l'expression du nombre

de Fourier relatif à cette direction (Fo, obtenu dans le paragraphe 3.2.2 dans le cas

d'un cylindre) :

t at cd R2

Fo = rcd = R 2 r =­ (3.75)

a

Un système est souvent caractérisé par plusieurs temps caractéristiques de conduction.

Notons qu'un bloc parallélépipédique homogène de diffusivité a et de dimensions

L 1 , L 2 , L 3 est caractérisé a priori par trois nombres de Fourier atf LT, at/L~, at/L~

auxquels on peut associer les trois temps caractéristiques Lifa,L~ja et L~/a.

b) Temps caractéristique de transfert conducto-convectif

Un temps caractéristique de transfert conducto-convectif r<-·c peut facilement être introduit.

Pour ce faire, on suppose que, pour un système fini, le temps caractéristique

de conduction normalement à la paroi est nul (conductivité thermique du matériau

infinie : notion qu'on précisera ultérieurement). Considérons, à titre d'exemple, une

68


3.5. Échelles de temps et de longueur

tranche élémentaire d'une barre de rayon R, initialement à la température T 0 , qui

échange de la chaleur uniquement avec un bain à la température Te par transfert

conducto-convectif caractérisé par un coefficient d'échange h. À chaque instant t la

barre sera, avec les hypothèses précédentes, isotherme à la température T(t). L' évolution

de la température T(t) de la tranche de cette barre, de volume dV et de smface

d'échange avec le bain dS est régie par le système:

T(O) = To. (3.76)

dont la solution est :

_T_-_T_e = exp (- _h_dS_t) = exp (-_t ) .

To - Te pcdV Tee

(3.77)

En l'absence de retard lié au phénomène de conduction (isothermie instantanée de la

barre), le temps caractéristique conducto-convectif est:

cc pc dV pcR

T = h dS = 2h .

(3.78)

L'hypothèse d'isothermie instantanée 9 de la tranche est vérifiée à des échelles de

temps grandes devant T cd, quand est vérifiée la relation :

(3.79)

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Notons que cette inégalité, qui doit être considérée au sens d'une exponentielle

très petite, est peu contraignante : rd 3 à 5 fois plus petit que Tee est suffisant.

Dans l'hypothèse inverse:

(3.80)

la conduction thermique peine à transférer au milieu l'énergie apportée à la paroi

par transfert conducto-convectif : c'est la limite où on considère que h tend vers

l'infini. Le transfert conducto-convectif impose alors la température Te à la paroi

de la barre et il convient de résoudre complètement le problème de conduction

instationnaire au sein de la barre (voir les paragraphes précédents).

9. Dans un problème instationnaire, cette propriété d'isothermie instantanée n'est atteinte qu'au bout

d'un délai de l'ordre de quelques Tcd . Cet intervalle de temps correspond à l'établissement d'un régime

stationnaire local.

69


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

c) Temps caractéristique de transfert radiatif

Il est également possible de définir un temps caractéristique radiatif aux limites d'un

système. Dans un cas simple classique l'équation 3.76 se transforme en:

dT

pc dt dV = -ê<T (T 4 - r:) dS T(O) = To . (3.81)

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u

dont la solution est :

pc dV (T dT'

t - to = ê<T dS Jro r: -T'4 (3.82)

Ce temps est lié au flux radiatif, pas au phénomène de propagation des photons qui

est en pratique instantané, puisque caractérisé par la célérité du rayonnement sur des

distances finies. Son expression peut être simplifiée dans différents cas limües : à la

limite où : (T - Te)/Te « 1, après linéarisation, on retrouve l'équation 3.76 ; si, au

contraire: Te>> T, le flux est constant dans l'équation 3.81 et il vient:

t - to pc dV

=

T - To s<TT: dS

(3.83)

Ce résultat dépendant de la température, il dépend fortement des conditions de l'application

considérée; il n'y a alors pas d'expression générale pour le temps caractéristique

radiatif.

3.5.2 Nombre de Biot

Dans le cas d' une barre de rayon R, on retrouve le nombre de Biot hR/;t comme

rapport des temps caractéristiques de conduction R 2 /a (équation 3.75) et de transfert

conducto-convectif pcR/2h (équation 3.78), soit, à un facteur près :

(3.84)

Ce résultat est général et la discussion du paragraphe précédent correspond aux deux

critères classiques :

• Bi « 1, déjà rencontré comme critère de validité de l'approximation de l'ailette

au sens du profil de température. Ce critère s'éclaire parfaitement, à partir

de la discussion précédente. Même si l'ailette est considérée en régime stationnaire,

le fait que le temps de conduction transverse rd soit petit devant le

temps de transfert conducto-convectif rc' ou global incluant éventuellement

un rayonnement linéarisé, impose de fait une quasi-isothermie de la section

droite del' ailette.

• Bi >> 1, rencontré quand le coefficient de transfert est très élevé (échange diphasique,

par exemple : voir tableau 1.1 du paragraphe 1.4.2). Dans ce cas, le

fluide impose sa température à la paroi du corps en contact avec lui.

70


3.5. Échelles de temps et de longueur

3.5.3 Nombre de Fourier

Différentes s.ignifications du nombre de Fourier ont été abordées dans cette étude :

a) Pour un système de dimension finj e, de longueur L, c'est le temps adimensionné:

(3.85)

où r-·d est le temps caractéristique de conduction dans la direction relative à la dimension

L (voir le paragraphe 3.5.1).

b) Pour un système ayant une dimension semi-infinie (c'est-à-dire considéré aux

instants suivant immédiatement une perturbation), le nombre de Fourier permet :

• à un instant donné t, d'obtenir la distance caractéristique de diffusion : ...;ai;

• en un point M d'abscisse x, d'obtenir le temps caractéristique de diffusion :

x 2 /a;

• dans le cas d' un régime sinusoïdal forcé à la pulsation w, le nombre de Fourier

permet d'obtenir la profondeur de pénétration de l'onde à la pulsation w :

y2a/w (paragraphe 3.3.2).

3.5.4 Exercices d'application

( Exercice 3.2 Temps de réponse d'un thermocouple

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9

Énoncé

Un thermocouple est représenté, avec sa gaine généralement en acier, sur la figure 3.7.

La soudure entre les deux fils métalliques est disposée à l'extrémité d' un cylindre de

rayon R, au centre d'une hémisphère de rayon R. Elle est noyée dans un matériau

isolant (magnésie). C'est la f.e.m. engendrée au niveau de cette soudure qui permettra

de remonter à la température du thermocouple.

fil métallique J gaine

\==·

/ -______,_,,

fll mérallique 2 magnésie

Figure 3.7- Coupe d'un thermocouple commercial.

71


Chapitre 3 • Conduction instationnaire

Caractériser les temps de réponse de ce thermocouple. Discuter, d'un point de

vue pratique, de l'influence du rayon.

Solution

Si on suppose, pour simplifier, le matériau constituant le thermocouple homogène et de

diffusivité a , on peut introduire un temps de réponse conductif transverse: Ted = R 2 /a et

un temps de réponse conducto-convectif: Tee = pcR/ h. Les deux temps de réponse Ted et re

sont en série et caractérisent globalement la réponse du thermocouple ; rd et T ee diminuent

sensiblement quand R décroît, d'autant plus, dans le second cas, que h augmente fortement

quand R décroît (voir Complément C.1).

On a donc intérêt, si on veut privilégier une réponse rapide d'un thermocouple, à diminuer

autant que possible le rayon R. Si les thermocouples usuels, dans l'industrie et au laboratoire,

ont un rayon de 0,5 mm, les thermocouples les plus pe1formants ont des rayons

de l'ordre de 10- 2 mm. Le coût d ' un tel thermocouple croît en raison exponentielle de

l'inverse du rayon.

Exercice 3.3 Pont thermique

Énoncé

Un fluide opaque s'écoule en régime stationnaire suivant Ox entre deux plaques parallèles

de longueur L maintenues à la température uniforme Tp (voir figure 3.8). La

température de mélange du fluide, qui est à la pression p, est supposée uniforme sur

la longueur Let de valeur T f . Une barre cylindrique en acier de rayon R et de conductivité

thermique À maintient les deux plaques à une distance H l'une de l'autre. Le

coefficient de transfe1t conducto-convectif entre le fluide et la barre est supposé uniforme

et de valeur h.

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H =SOcm

---------+- -+----------+ X

1

i

- 2R=6 mm

L= 3m

Figure 3.8 - Section du système.

1j = 100°c

7~ = 20°C

1. h = 81 W.m- 2 .K- 1 (air comprimé). Donner, à partir du modèle le plus simple

possible, l'expression analytique et la valeur numérique du flux échangé entre la

barre et le fluide.

2. h = 510 5 W.m- 2 .K- 1 (sodium liquide). Écrire le système d'équations le plus

simple possible permettant d'obtenir le champ de température dans la barre.

72


3.5. Échelles de temps et de longueur

Données : L = 3 m ; H = 50 cm ; R = 3 mm ; ,l = 15 W.m- 1 .K- 1 ; p = 3 bar ;

T P = 20 ° C ; T f = 1 OO ° C.

Solution

Les efficacités comparées du transfert conductif dans le solide et du transfert conductoconvectif

dans le fluide ont un impact direct sur la solution de ce type de problème. Le

nombre de Biot donne un ordre de grandeur du rapport entre les temps caractéristiques Ted

et re. Le système présentant un plan de symétrie (Je plan d'équation z = H /2), seule une

moitié de la barre, de longueur H/2, est étudiée.

1.Le nombredeBiotvautBi = hR/;t = 0,016.CommeBi « 1,l'approximationdel'ailette

est valide en termes de champ de température et de flux échangé. Soit T (z) le champ de

température au sein del' ailette (l'axez est défini sur la figure 3.8). Le bilan d'énergie pour

une tranche [z, z + dz] de la barre s'écrit:

ou encore:

nR 2 [cp (z) - <P (z + dz)] - h [r (z) - Tf ] 2n R dz = 0 (3.86)

d2T 2

- - m [r (z) - T f] = O

dz 2 (3.87)

avec m = y2h/;tR = 60m- 1 •

La longueur adimensimmée de l'ailette m.H/2 vaut 15; elle est donc plus grande que 5, et

la barre peut être assimilée à une ailette infinie.

Les conditions aux limites sont T (0) = Tp et T (oo) = T.r. La résolution donne:

T (z)- T r

---· = exp (-mz) (3.88)

Tp- Tf

Le flux <I> fourni par la barre au fluide est le double de celui traversant la base de la demiailette,

soit :

(3.89)

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2. Ici, le nombre de Biot vaut Bi = 100 » 1. Le temps caractéristique de conduction r ed

est donc très grand par rapport à celui décrivant le transfert conducto-convectif Tee . Dans

ces conditions, le fluide impose sa température de mélange T.r à la surface de la barre. Le

problème est donc bidimensionnel. Un bilan d 'énergie appliqué au volume élémentaire de

barre situé entre deux cylindres concentriques de rayons r et r + dr d'une part et entre deux

plans de cotes z et z + dz d'autre part aboutit au résultat suivant:

Les conditions aux limites sont :

T (R,z) = T.r

a 2 r 1 ar a 2 r

ôT(r,z) = - + -- + - = 0

8r 2 r Br 8z 2

T (r,O) = Tp

8T

Br (O,z) = 0

(3.90)

BT (r, H) = 0 (3.91)

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73


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TRANSFERTS

RADIATIFS ENTRE

CORPS OPAQUES

Notions clés

milieux opaques, transparents et semi-transparents; luminance; rayonnement

d'équilibre; étendue spectrale d'une source; absorptivité, émissivité et réflectivité

d'un corps opaque; flux radiatif; corps immergé dans un système à l'équilibre

radiatif.

Si on se limite aux échanges d'énergie radiative entre corps opaques 1 à travers un

milieu transparent (voir les définitions dans le paragraphe 1.2), les transferts radiatifs

n'apparaissent dans le bilan thermique d' un système qu'au niveau des conditions aux

limites (voir paragraphe 1.5). Nous adopterons ce point de vue dans le présent chapitre

et n'aborderons que des configurations géométriques et physiques simples. Le

problème essentiel est ici d'exprimer le flux smfacique radiatif <pR, qui intervient dans

l'expression du flux d'énergie à la frontière d' un corps opaque (voir paragraphe 1.5).

Le champ de rayonnement thermique se décompose en rayonnements élémentaires,

caractérisés par des fréquences v ou des longueurs d'onde l. Le flux surfacique

radiatif <pR en un point, compté positivement dans le sens de la normale à la smface,

représente la somme sur tout le spectre de longueurs d'onde l du flux surfacique

monochromatique d<p~, défini pour l'intervalle spectral [l, l +dl] :

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<pR = rl=oo d<p~.

j A=O

(4.1)

Les flux radiatifs surfaciques <pR et d<p~ sont algébriques; d<p~ s'exprime en fonction

de flux surfaciques monochromatiques particuliers définis dans le paragraphe 1.2

(voir figures 4.1 .a et 4.1 .b ), qui sont des quantités arithmétiques intégrées dans un

demi-espace :flux émis, d<p~ ;flux absorbé, d<p~ ;flux réfléchi, d<p~ ;flux incident, d<p~;

flux partant, d<p~ Du point de vue du corps opaque, le flux surfacique radiatif monochromatique

d<p A s'écrit en x = o-, avec le sens choisi pour Ox sur la figure 4.1.a :

1. Le traitement général des milieux semi-transparents est détaillé dans Je Chapitre 6.

(4.2)

75


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

Du point de vue du milieu transparent, d<p1 s'écrit en x=ü+ (figure 4.1.b):

d R_dp d i

'PA - 'PA - 'PA· (4.3)

Les équations 4.2 et 4.3 sont équivalentes pour un corps opaque. En effet, le flux

monochromatique incident sera en partie absorbé et en partie réfléchi :

d<p~ = d<p~ + d<p~

(4.4)

tandis que le flux surfacique partant se compose des flux émis et réfléchi :

(4.5)

corps .

opaque;

flux

absorbé=.

/lux

émis

a) Point de l'lie

du COIJJS OfXJq11e

milieu corµs milieu

transpare/lf opaque : trtm~pare111

j~

: //11;r

l 0

t i11cidem

X : ~ X

~lux

~

b) Point de vue

du milieu transparent

Figure 4.1 - Les deux approches du flux radiatif.

4.1 DOMAINE DU RAYONNEMENT THERMIQUE

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Le rayonnement thermique est constitué de quanta, appelés photons, d'énergies hv,

particules ultrarelativistes dont l'étude relève de la statistique de Bose-Einstein des

particules en nombre indéterminé [39]. Nous considérons dans ce chapitre que le

rayonnement se propage dans des milieux transparents d'indice absolu n égal à 1

(vide et, en excellente approximation, gaz transparents : N 2 , 0 2 , etc.). La grandeur

fondamentale caractérisant un rayonnement est la fréquence v, invariante lors d' une

réflexion ou de la traversée d' un milieu quelconque. Avec les hypothèses précédemment

faites, la longueur d'onde ,l du rayonnement est également invariante 2 :

;l = c 0 /v, (4.6)

2. /l n'est pas invariante dans un milieu semi-transparent ; en effet, net c peuvent dépendre des propriétés

locales du milieu, présenter une partie imaginaire ou même dépendre de v et de la direction u. L' unité

spectrale sera, dans un tel milieu, liée à la fréquence (Hz) ou plus comamment au nombre d'onde dans

le vide (cm- 1 ).

76


4.1. Domaine du rayonnement thermique

où c 0 est la célérité du rayonnement dans le vide. Conformément à l'usage, nous utiliserons

en général la longueur d'onde exprimée en ~Lm oo- 6 m). Nous démontrerons

dans le paragraphe 4.4 que la longueur d'onde Âm la plus représentée dans un milieu

transparent à la température T , en équilibre thermodynamique avec les corps opaques

qui J' environnent, vérifie la relation remarquable :

T.Àm(T) = 2898 ~un.K. (4.7)

On déduit de l'équation 4.7 les longueurs d'onde caractéristiques des rayonnements

en équilibre avec des sources à des températures diverses (figure 4.2). Le domaine

du rayonnement thermique usuel couvre une grande partie du domaine infrarouge

(0,8 à 70 ~Lm) et le domaine visible (0,4 à 0,8 ~Lm). Cependant, les lois du rayonnement

introduites dans cet ouvrage s'appliquent à tous les domaines spectraux (si A

est petite devant une échelle caractéristique du système 3 ) : seuls les ordres de grandeur

changent. Il apparaît clairement sur l'équation 4.7 que le rayonnement est une

notion autant thermodynamique qu'électromagnétique. Les seules méthodes praticables

pour mesurer des températures élevées sont radiatives ; délicates à mettre en

œuvre, de plus en plus fondées sur l' usage de lasers, elles sont précises parce qu'elles

perturbent peu le milieu étudié.

fond c1yogénie température fission, fusion

du ciel (azote liquide) ambiante combustion soleil nucléaires

-1 80 300 2500 5600 JO 6 - JO

7 T(K)

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microonde !

0 11

Henzien

'

in}iw·ouge Visible ! U. v.: X

ro ~8 ~-1

~ ---------------------- ·· --------------------------------------- ~

rayonnement thermique usuel

Figure 4.2 - Les différents types de rayonnement électromagnétique.

3. Cette condiüon correspond à l'approximation classique en physique quantique et au champ lointain

en électromagnétisme.

-./

y

77


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

4.2 EXPRESSION D'UN FLUX MONOCHROMATIQUE

4.2. l Flux monochromatique directionnel

Une grandeur directionnelle est relative à un angle solide élémentaire d.Q s'étendant

autour d' une direction caractérisée par un vecteur unitaire o . Elle sera affectée d'un

symbole prime (1).

Considérons un élément de surface dS 1 autour d'un point 0 1 , qui échange du

rayonnement avec un élément de surface dS 2 autour de 02 (figure 4.3). Soient n 1

et n2 les normales orientées des faces en regard de dS . 1 et dS 2, o 1 le vecteur unitaire

de 0 1 vers 0 2, 02 le vecteur unitaire de 0 2 vers 0 1 (02 = -o 1 ), et f}i et 82 les angles

(n1,u 1) et (n2,02). Le flux monochromatique directionnel échangé entre dS 1 et dS 2

est proportionnel à:

a) la suif ace apparente de dS 1 dans la direction 0 10 2, soit dS 1 cos 81,

b) l'angle solide d.Q 1 sous lequel on voit dS 2 de 0 1, soit dS 2 cos 82/01 O~,

c) la largeur de l'intervalle spectral [À, À + d/l.].

Figure 4.3 - Configuration d'échange entre surfaces élémentaires.

On obtient finalement :

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d 5 "', = '(O. )dS1 cos81dS2cosfhd 1

""'A L,1 ,,01 2 /l.

0,02

(4.8)

L'équation 4.8 est la relation phénoménologique de définition 4 de la luminance monochromatique

directionnelle L~(0 1 ,o 1 ) du rayonnement considéré (loi dite de Bouguer

ou de Kirchoff). C'est une grandeur définie en tout point del' espace qui est invariante

en tout point du trajet 0 1 0 2 dans le cas où le milieu entre 0 1 et 0 2 est transparent.

La partie géométrique de l'équation 4.8 est symétrique vis-à-vis des surfaces dS 1

et dS 2 : elle peut s'écrire sous deux formes différentes. Si on fait apparaître l'angle

solide d.Q 1 , on obtient :

(4.9)

4. Une définition physique directe de la luminance, relevant de la physique statistique, caractérise en

(r ,t) 1 'état d' un système de photons hors équilibre : voir paragraphe l 0.1.

78


4.2. Expression d'un flux monochromatique

Si on fait apparaître l'angle solide dQ 2 sous lequel on voit dS 1 de 0 2 , soit

dS 1 cos Bi/0 1 O~, on obtient:

(4.10)

La luminance, grandeur énergétique, est additive ; par exemple, le flux monochromatique

directionnel partant de l'élément de surface dS 1 supposé opaque d 5 <P~~ se

compose d'un flux émjs d 5 <t/ 1 ~ et d'un flux réfléchi d 5 <1>' 1 ~ : (4.11)

On obtient, à partir de relations analogues à l'équation 4.8, la relation entre les luminances

correspondantes :

I p - I e Ir (4 12)

Lu - Lu+ L1,i,· .

Si L'Li désigne la luminance directionnelle monochromatique incidente sur dS 2, il

vient:

(4.13)

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0

c

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0

v

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T"-f

0 c

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0

c

0 "'

@

où L{~ représente la luminance du rayonnement incident sur dS 2 et réfléchi dans un

demi-espace et L;~ la luminance du rayonnement qui va être absorbé par dS 2·

La notion de luminance monochromatique directionnelle L~ est liée à la grandeur

spectrale choisie comme référence : dans le cas présent la longueur d'onde À.. Il est

possible de définir d'autres grandeurs physiques qui sont les luminances monochromatiques

rapportées à la fréquence v (L~) ou au nombre d'onde a- (L~), ce qui est

d'usage dans l'étude des milieux semi-transparents. Les relations liant ces trois grandeurs

physiques sont :

(4.14)

Les signes moins qui apparaissent dans l'équation 4.14 proviennent du fait que les

différentielles dtl et dv sont de signes opposés. Rappelons l'expression de dtl :

dtl. = (-c 0

/nv)[n-\dn/dv) + v- 1 ]dv.

4.2.2 Expression générale du flux monochromatique

hémisphérique

(4.15)

Considérons les flux monochromatiques incident, réfléchi, absorbé, émis, partant

dans toutes les directions du demi-espace limité par l'élément de surface considéré

du corps opaque et correspondant à chacun des phénomènes. De tels flux sont dits

flux hémisphériques. Suivant les cas on utilise les équations 4.9 ou 4.10. Un flux surfacique

hémisphérique monochromatique incident, absorbé ou réfléchi en dS 1 , émis

79


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

ou partant de dS 1 s'écrit (figure 4.4) sans symbole' puisque c'est un flux hémisphénque:

s=i,a,r,e,p (4.16)

Si la luminance présente une symétrie de révolution par rapport à n 1 (cas de la figure

4.5), l'équation précédente devient, en remplaçant la dépendance en u . 1 . par une

dépendance en e, :

s = z, a, r, e, p

(4.17)

dQ

corps

opaqu

Figure 4.4 - Configuration

générale.

Figure 4.5 - Cas d'une luminance

axisymétrique.

4.2.3 Expression du flux monochromatique hémisphérique

dans le cas d'un rayonnement isotrope

"Cl

0

c

::::i

0

.-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

Si la luminance du rayonnement considéré est indépendante de la direction (on notera

dans ce cas la luminance L,1. en omettant le symbole'), alors les équations 4.16 et 4.17

se simplifient compte tenu du fait que:

Soit:

r;rr/2

Jo cos 812n sine, d81 = 7T. (4.18)

(4.19)

Les flux surfaciques monochromatiques émis, absorbé, réfléchi, partant, incident

s'écrivent dans ce cas très simplement, si L~ désigne la luminance associée:

(4.20)

80


4.2. Expression d'un flux monochromatique

4.2.4 Flux radiatif; vecteur f1 ux radiatif

a) Expression du flux radiatif

Soient n le vecteur unitaire de la normale orientée vers l'extérieur en un point M

d'un corps opaque (figure 4.4) et e l'angle (n,u); le flux radiatif monochromatique

surfacique en M s'écrit:

(4.21)

À partir des équations 4.16 et 4.21 , on obtient à ce stade deux expressions du flux

radiatif:

(4.22)

(4.23)

b) Vecteur flux radiatif 5

Le flux surfacique partant a trait au demi-espace caractérisé par: u.n =cos e > 0; le

flux surfacique incident au demi-espace caractérisé par: u.n =cos e < O. Soient :

dcp~ = dil ( Lf cos edn ;

J 2rr(cos B>O)

dcp~ = dil ( (f I cos e1dn. (4.24)

J 2rr(cos B<O)

La distribution de luminance (tous rayonnements confondus) au point M est L~ (M,u)

définie par :

"O

0

c

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0

v

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T"-f "O

0 c

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c

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0

@

cos e > 0 L~(M,u) = Ll (M,u); cos e < 0 L~(M,u) = Lj (M,u). (4.25)

Il résulte des équations 4.23 à 4.25 la relation :

dcp~ = dcp~ - dcp~ = n.( dil ( L~ (M,u)udn )·

J 4rr

(4.26)

La quantité entre parenthèses dans l'équation 4.26 est appelée vecteur flux radiatif

monochromatique 6 . On définit par intégration sur le spectre un vecteur flux radiatif

qR, analogue à q cd :

qR = (

Jo

00

dit ( L~ (M , u)udn,

J 4rr

(4.27)

5. La lecture de ce paragraphe n'est pas nécessaire pour la compréhension du Chapitre 4.

6. Le vecteur flux radiatif monochromatique est directement introduit par dénombrement des photons :

voir paragraphe 10.1 . S ' il présente peu d' intérêt pour calculer les transferts entre corps opaques, il joue

un rôle essentiel dans la modélisation des milieux semi-transparents.

81


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

tel que :

(4.28)

À l'échelle élémentaire, les phénomènes de transfert par rayonnement et conduction

présentent une grande analogie (voir paragraphe 10.1) :

Le flux surfacique radiatif provient des contributions énergétiques des photons

traversant dans toutes les directions de l'espace l'unité de surface par unité de

temps.

Le flux surfacique conductif provient, dans le cas d'un gaz monoatomique pour

simplifier, des contributions des énergies cinétiques des atomes traversant dans

toutes les directions de l'espace l'unité de surface par unité de temps.

4.3 ÉQUILIBRE THERMIQUE ET PROPRIÉTÉS

RADIATIVES

Les phénomènes d'absorption, d'émission et de réflexion sont caractérisés par des

grandeurs monochromatiques directionnelles appelées respectivement absorptivité

(ou facteur d'absorption), émissivité (ou facteur d'émission), réflectivité (ou facteur

de réflexion) qui ne dépendent que du corps opaque considéré et del' indice réel n du

milieu transparent de propagation. On introduira ultérieurement la transmittivité dans

le cas des corps non opaques. À l'équilibre thermique, ces facteurs sont liés par des

relations simples qu'on généralisera quand le système matériel est hors d'équilibre 7

(mais à l'E.T.L. - voir paragraphe 1.1.2).

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0

c

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0

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a.

0

u

4.3.1 Absorptivité et réflectivité monochromatiques

directionnelles

Le rayonnement incident dans l'angle solide d.Q 1 autour de la direction u 1 ( 81 ,<p1)

sur 1' élément dS 1 opaque est caractérisé par le flux directionnel monochromatique

incident d 5 <1'>',{. Ce flux est en partie absorbé (fraction d 5 <J'>~a), et en partie réfléchi 8

dans 2n stéradians (fraction d 5 <1'>1ir) (figure 4.6). D'où la relation :

(4.29)

7. Le champ de rayonnement est en général totalement hors d'équilibre (sauf dans le cas d'un milieu

optiquement épais, tel que le libre parcours moyen des photons est petit devant une distance caractérisant

les variations des champs thermiques : voir paragraphes 6.5.2 et 10.4.3).

8. Dans d 5 <J>~hr, le premier symbole (') se rapporte à un flux incident directionnel, le second ( 11 ) au flux

réfléchi qui est hémisphérique. La notation d 5 , qui ne sera utilisée que dans ce paragraphe dans un souci

de précision, désigne cinq dimensions différentielles : deux pour chaque surface, une pour la longueur

d'onde.

82


4.3. Équilibre thermique et propriétés radiatives

Figure 4.6- Flux incident sur dn..

Figure 4.7 - Flux partant de dn..

À partir de la définition del' absorptivité monochromatique directionnelle de dS 1 :

(4.30)

et de ce.lle de la réflectivité monochromatique directionnelle hémisphérique de dS 1 :

(4.31)

on déduit la relation :

(4.32)

L'équation 4.32 est vérifiée même quand le corps opaque est totalement hors d'équilibre.

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0

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0

9

4.3.2 Rayonnement d'équilibre

On démontre en physique statistique [112] que dans un milieu transparent, non dispersif,

d'indice 1, en équilibre the1mique avec les corps opaques avoisinants, il existe

en tout point un rayonnement d'équilibre. La luminance de ce rayonnement est indépendante

de la direction (rayonnement isotrope) et ne dépend que de la longueur

d'onde et de la température. L' expression de cette luminance, notée par convention

L~, est donnée par la loi de Planck 9 :

0 2hc~ [ ( hc 0 )

L =-- exp -- -1 i-I

À ;l 5 ksÀT

(n = 1), (4.33)

9. Une expression généralisée de cette luminance à des milieux d'indice de réfraction différent de 1,

dépendant de la fréquence et/ou de la direction de propagation est donnée dans le paragraphe 10.2.2.

83


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

dans laquelle h et ks désignent les constantes universelles de Planck et Boltzmann et

c 0 la célérité du rayonnement dans le vide :

k 8 = 1,3805 io- 23 J/K ; h = 6,626 io- 34 J.s ; c 0 = 2,998 10 8 m/s. (4.34)

Aucune autre hypothèse que l 'isothermie à la température T n'est nécessaire pour

obtenir ce résultat. Le rayonnement d'équilibre va servir de référence à tout calcul

de flux comme nous allons le montrer dans le paragraphe suivant. Ses propriétés

essentielles sont exposées dans le paragraphe 4.4.

4.3.3 Émissivité monochromatique directionnelle

Dans des conditions d'équilibre thermique à la température T 1 d'un système (champ

de rayonnement et système matériel), le flux monochromatique partant dans l'angle

solide df! 1 d'un élément de surface dS 1 opaque a pour expression, d'après l'équation

4.9 :

(4.35)

Ce flux se compose d'un flux émis, caractérisé par la luminance L~e(0 1 , 8 1 ,<p 1 , T 1 ):

(4.36)

et d'un flux réfléchi (d 5 <P~rryq dans l'angle solide df! 1 , en provenance de toutes les

directions du demi-espace vu par le corps opaque (figure 4.7). Ces différents flux

vérifient la relation :

On tire des équations 4.35 à 4.37 une conclusion fondamentale :

(4.37)

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0

c

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0

v

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a.

0

u

(d 5 ct>'~rq ~ (d 5 <P'~rq ~ (L'Jrq (01'8i '<p1 'Ti)~ Lf (Ti)

(4.38)

Ce résultat, démontré à l'équilibre du système, est généralisé quand le système est

hors équilibre, plus précisément quand le système matériel est proche de l'E.T.L.

mais que le champ de rayonnement est, en général, hors d'équilibre. La luminance

monochromatique LJ(0 1 , 8 1 ,<p1, Ti) du rayonnement émis par un corps opaque de

température Ti est toujours inférieure ou égale à celle du rayonnement d'équilibre

à la même température L ~. La luminance du rayonnement d'équilibre apparaît donc

comme une référence et une limite pour caractériser la luminance monochromatique

du rayonnement émis par un corps opaque. On définit alors l'émissivité monochromatique

directionnelle s~ du corps opaque par la relation :

0 ::; ê~ ::; 1. (4.39)

84


4.3. Équilibre thermique et propriétés radiatives

4.3.4 Loi fondamentale du rayonnement thermique

L'absorptivité monochromatique directionnelle d'un corps opaque œ~ est égale à son

émissivité monochromatique directionnelle 10 ê~; soit:

(4.42)

Cette relation sera supposée vérifiée hors d'équilibre pour le système matériel (mais

au voisinage de l'E.T.L. de celui-ci).

4.3.5 Cas particuliers usuels

a) Corps gris

Un corps gris est un corps opaque dont les propriétés radiatives (œ', ê', p'h) sont indépendantes

de la longueur d'onde À mais dépendent a priori de la direction. Dans ce

cas paiticulier, l'équation 4.42 devient :

(4.43)

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0

c

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c

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0

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Cette approximation est souvent faite de façon inconsidérée. Un corps peut généralement

être considéré comme gris dans certaines plages de longueurs d'onde. Par

exemple, dans l'infrarouge moyen, autour de 10 µm, le plâtre sec a une émissivité

dans la direction normale del' ordre de 0,9 : on pourra le considérer comme gris pour

des rayonnements issus de sources à faible température (murs, sol, atmosphère, habitants,

etc.). Mais le plâtre est beaucoup plus réfléchissant pour le rayonnement solaire

(de température caractéristique 5 600 K). Son absorptivité n'est plus alors que de 0,2

environ. Il pourra encore être considéré comme gris mais avec une autre valeur de

l'absorptivité pour ce dernier rayonnement. Le verre est un autre exemple de cette

limite de la notion de corps gris (voir paragraphe 4.5.4).

10. On peut introduire également, à partir de l'équation 4.37, une réflectivité monochromatique hémi-

5phérique directionnelle P1', qui à l'équilibre est liée à l'émissivité directionnelle par la conservation de

l'énergie. En divisant l'équation 4.37 par L?i (T 1 ) dS 1 cos0 1 dQ 1 dl!, il vient, en utilisant l'équation 4.35 :

(4.40)

relation analogue à l'équation 4.32. pfq représente la réflectivité dans un angle solide élémentaire dQ

(notation '),associée à un rayonnement incident de luminance isotrope. En fait, p:{ 1 et pfq s'expriment

en fonction d'une réflectivité bidirectionnelle (voir Chapitre 6), et il est possible de démontrer, en théorie

de la diffusion ([55]), que :

(4.41)

point également discuté dans la référence [67). Ce résultat est traditionnellement appelé principe de

réciprocité de Helmholtz. Une conséquence immédiate de l'égalité précédente et des équations 4.32

et 4.40 est la deuxième loi de Kirchhoff (équation 4.42).

85


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

b) Corps à propriétés radiatives isotropes

Ces corps sont tels que l' émissivité, l'absorptivité et la réflectivité monochromatiques

sont indépendantes de Ja direction. Ces facteurs ne dépendent alors que de la Jongueur

'

'

d'onde ; l'équation 4.42 devient:

(4.44)

Cette approximation se justifie souvent par le fait que, même pour des corps à parois

optiquement lisses 11 , les indicatrices directionnelles d'émissivité et d'absorptivité

sont stationnaires au voisinage de la direction normale (figure 4.8); par exemple,

s~ et a~ varient peu entre 0 et 60°. Or ces incidences, proches de la normale, sont

déterminantes dans l'expression du flux, à cause de la pondération par cos 0 1 dans

l'équation 4.9. Dans le cas de parois rugueuses, cas plus réaliste, la distribution locale

des pentes de la paroi est aléatoire à l'échelle de la longueur d'onde : les propliétés

radiatives du corps opaque tendent encore plus vers l'isotropie de ce fait. L'intérêt

de l'approximation d'isotropie est évidemment de simplifier considérablement les

calculs.

s'

• ). 20°

--

--- alunîï'nium bronze ' 60°

0,1 o ../

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a.

0

u

c) Corps noir

Figure 4.8 - Émissivité directionnelle des métaux.

Un corps noir, par définition, absorbe tout rayonnement, quelles que soient sa longueur

d'onde et sa direction ; soit:

(4.45)

11. Paroi optiquement lisse : telle que la rugosité (échelle de longueur caractérisant l'état de surface)

est très inférieure aux longueurs d'onde à considérer dans l'application.

86


4.4. Propriétés du rayonnement d'équilibre

On en déduit deux propriétés fondamentales :

Un corps noir ne réfléchit aucun rayonnement d' après l'équation 4.32.

La luminance monochromatique du rayonnement émis par un élément de surface

assimilable à un corps noir de température T est égale à la luminance du rayonnement

d'équilibre à la température T. En effet, d'après les équations 4.39 et 4.42

il vient:

LfC.N (T) = L~ (T) (4.46)

On notera dans la suite L~(T) à la fois la luminance du rayonnement d'équilibre et

celle du rayonnement émis par un corps noir à l'E.T.L. à la température T , mais il est

essentiel dans les applications de bien distinguer les deux notions.

Il n'existe pas de corps noir parfait, mais certains matériaux tendent vers les propriétés

d' un corps noir dans un intervalle spectral [À.1 ,À.2], par exemple le plâtre ou le

verre à vitre au delà de 3 ~tm.

4.4 PROPRIÉTÉS DU RAYONNEMENT D'ÉQUILIBRE

La luminance du rayonnement d'équilibre à la température T est donnée par l' équation

4.33, dans le cas d'un milieu transparent d'indice 1. Cette fonction est isotrope,

dans le milieu d'indice isotrope considéré, et a l'allure caractéristique de la figure 4.9.

Elle passe par un maximum, à T fixée, pour Àm(T) vérifiant:

T.Àm(T) = 2898~tmK (4.47)

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ce qui permet de trouver les longueurs d'onde caractéristiques associées à différentes

températures (voir paragraphe 4.1). Les courbes de luminance correspondant à différentes

températures ne se coupent pas (figure 4.9). Si on fixe À :

En coordonnées n01malisées, définies par :

T' > T ===> L~(T') > L~(T) (4.48)

X= À/Àm(T), y = L~( T)/L~ 111

(T), (4.49)

la représentation de la luminance du rayonnement d'équilibre est universelle (figure

4.10). En pratique, la plage s'étendant de Àm/2 à 8 Àm correspond à 98 % de

l'énergie du rayonnement d'équilibre. En d'autres termes, le rayonnement thermique

est à prendre en compte dans cette plage. C'est aussi, d'après l'équation 4.39, la plage

caractéristique des longueurs d'onde du rayonnement émis par un corps quelconque,

proche de l'E.T.L.

87


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

1.0

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JO

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~ 0.5

-~ ·<

...:) 0.4

0.3

0.2

0.1

0.0 ...........................................................................................................................................

1 2 À/A 3 4

m

Figure 4.9- Luminance du rayonnement

d'équilibre.

Figure 4.10 - Luminance

adimensionnée du rayonnement

d'équilibre.

La luminance totale du rayonnement d'équilibre est définie par :

L 0 (T) = (

Jo

00

L~(T)dÀ = a- T 4

n

(4.50)

relation remarquable, dans laquelle a- représente une constante universelle, dite

constante de Stefan, fonction de h, ks et c 0 :

(4.51)

"O

0

c

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0

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,..-!

0

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~

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a.

0

u

Le flux smfacique total de rayonnement isotrope incident sur un élément de surface

ou partant de cet élément, à l'équilibre à la température T, s'écrit, d'après l'équation

4.20 :

cp; = cpP = f rrL~(T)dA = rrT 4 (4.52)

Pour calculer les transferts radiatifs, on utilise en pratique la fonction z :

z[ .tli À 2 ] = J:i~ 2 L~ (T)d.tl = J:i~ 2 nL~(T)d.tl

Àm(T)' Àm(T)

fo00

L~ (T)dÀ a-T 4 (4.53)

qui représente le rapport d'un flux hémisphérique de rayonnement d'équilibre correspondant

à la bande spectrale [.tl1, .tl2] au flux du même rayonnement d'équilibre

intégré sur tout le spectre. Les valeurs de z[O, Àf Àm(T)] en fonction de x = À/Àm(T)

sont reportées dans le Complément E.1 .

88


4.5. Modèles simples de transfert radiatif

4.5 MODÈLES SIMPLES DE TRANSFERT RADIATIF

Les exemples développés dans ce paragraphe correspondent à des cas particuliers

importants dans la pratique et conduisent à des expressions simples du flux radiatif.

L' expression du flux radiatif monochromatique surfacique en un élément de paroi

de smface dS 1 d'un corps opaque d'émissivité E~ et de température T 1 (figure 4.11)

s'écrit à ce stade, compte tenu des équations 4.22, 4.30, 4.39 et 4.42 :

(4.54)

Dans cette expression, le point délicat est d'exprimer la luminance incidente sur

I.

dS1Lj.

corps

opaqu

mi lieu transparent

n

Figure 4.11 - Problème élémentaire à la paroi d'un corps opaque.

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0

@

4.5.1 Corps opaque convexe isotherme entouré

par un corps noir isotherme

On considère un corps opaque convexe de surface S 1 , isotherme à la température

T 1 , d'émissivité monochromatique directionnelle s;,i<e, cp, À, T 1 ) entouré complètement

par un corps noir, de surface quelconque S 2 , éventuellement concave, isotherme

à T 2 (figure 4.12). Le mili.eu séparant les deux corps est parfaitement transparent.

On cherche 1' expression du flux radiatif <J>R traversant les surfaces S 1 et S 2 . Soit

un élément de surface dS 1 quelconque de S 1 (figure 4.11). Si on choisit un axe Oz

orienté vers le milieu transparent, le flux radiatif à travers dS 1 s'écrit:

d<l>f = de/)~ - d</>~ (4.55)

où d<P~ et d<P~ représentent les flux émjs et absorbé dont les expressions sont:

(4.56)

89


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

e' corps ,.,,..1)..

opaque "-'

1j

Figure 4.12 - Corps opaque

convexe entouré par un corps

noir isotherme.

Figure 4.13 - Corps opaque convexe et de

petite dimension recevant un rayonnement

d'équilibre.

et:

(4.57)

Comme le corps 1 est convexe, le rayonnement incident ne provient que du corps 2.

Comme S 2 est un corps noir à température T 2 , la luminance associée, notée dans ce

cas LL, est indépendante de la direction et vaut :

(4.58)

soit :

(4.59)

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a.

0

u

Le flux radiatif ne dépend pas de la géométrie de S 2 qui peut être concave, ni de son

aire!

Dans le cas d'un corps gris d'émissivité isotrope s 1(T 1 ), il vient, d'après l'équation

4.20 :

M>~ = dS1t:1(T1) f rr[(LA(T1)- LA(T2)]d.l

soit, d'après l'équation 4.50 :

d<l>f = s1(T1)dS1 cr(T{ - Ti).

4.5.2 Corps opaque convexe de petite dimension

et isotherme placé dans une enceinte en équilibre

thermique

(4.60)

(4.61)

Considérons d'abord une enceinte fermée à température uniforme T 2 (figure 4.13).

Les parois sont opaques, de propriétés radiatives quelconques. Le rayonnement existant

à l'intérieur de cette enceinte est caractérisé en tout point et dans toutes les directions

par la luminance du rayonnement d'équilibre L~(T2 ). On introduit dans cette

90


4.5. Modèles simples de transfert radiatif

enceinte un corps opaque, convexe, de très petite dimension, maintenu par un moyen

quelconque à une température T 1 ; ce corps apporte une perturbation négligeable au

rayonnement existant dans l'enceinte (dans la mesure où sa température n'est pas

élevée devant celle de l'enceinte, le rayonnement qu'il émet, ou celui qu'il absorbe,

est négligeable devant le rayonnement émis par l'enceinte). Le flux radiatif échangé

d<Pf a donc exactement la même expression que dans le paragraphe 4.5.1 , mais le

phénomène physique est très différent. On retrouve évidemment l'équation 4.61 si

l' émissivité du corps 1 est grise et isotrope.

Remarques:

• Si l'enceinte est un corps noir, la luminance incidente sur 1 est la luminance émise

par l'enceinte;

• Sinon, la luminance incidente sur 1 est la luminance partant de l'enceinte, qui inclut

une composante émise et une composante réfléchie.

4.5.3 Conditions de linéarisation du flux radiatif

Dans de nombreux cas d'intérêt pratique mettant en jeu un corps gris d'émissivité

isotrope s qui est entouré complètement soit par un corps noir isotherme à Ta (paragraphe

4.5.1) soit, plus fréquemment encore, par un milieu en équilibre à Ta (paragraphe

4.5.2), le flux radiatif à la paroi de ce corps gris de température T s'écrit :

En parallèle se produit généralement un échange conducto-convectif du type :

(4.62)

(4.63)

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par convection forcée, naturelle ou mixte. Quand <pcc et 'PR sont du même ordre de

grandeur, il est parfaitement inutile de calculer 'PR avec une précision élevée, dans la

mesure où, de plus, s est généralement estimé avec une précision qui n'excède pas

10%. Si (T - Ta) est très petit devant T, on peut linéariser l'équation 4.62, soit:

(T 4 - T~ ) = (T - Ta)(T + Ta)(T 2 + T'!'z) ~ 4T~(T - Ta) (4.64)

où Tm est une température intermédiaire qu'on peut prendre en première approximation

égale à (T + Ta)/2 ou même à Ta dans la mesure où celle-ci est connue. Cela

revient à écrire l'équation 4.62 sous la forme:

(4.65)

analogue à l'équation 4.63 où le coefficient de transfert radiatif hR vaut 4scrT,~ . Il est

évident que la condition de linéarisation doit être vérifiée dans chaque cas particulier,

en fonction du niveau des températures considérées et de la précision souhaitée.

91


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

Par exemple, pour une application au bâtiment, les températures sont voisines de

300 K et leurs écarts de quelques K; alors hR :::::: 6 W m- 2 K- 1 pour s = 1, ce qui

est peu différent de hcc :::::: 4 W m- 2 K- 1 , couramment utilisé en première approche

pour caractériser la convection naturelle ; on obtient alors le fameux coefficient de

transfe1t heq :::::: 10 W m- 2 K- 1 , attribué généralement à la convection, alors que le

rayonnement est du même ordre de grandeur ! Les transfe1ts thermiques ( conductifs,

convectifs, conducto-convectifs, radiatifs) intervenant dans le bâtiment (voir exercice

à la fin du Chapitre 2) sont donc linéarisables. Ce fait explique l'existence dans

les normes de cette industrie d'un coefficient global smfacique K (homogène à une

conductance thermique surfacique) tel que les pertes d'un immeuble s'écrivent, en

régime stationnaire :

(4.66)

4.5.4 Extension au cas de milieux transparents par bandes

Nous n'avons abordé jusqu'ici que les transferts entre corps opaques à travers un

milieu transparent. Mais de nombreux corps (verre, air, atmosphère, eau ... ) sont semjtransparents

(voir paragraphe 1.2). Nous nous limiterons dans ce paragraphe aux cas

particuliers de corps transparents ou opaques par bandes de longueur d'onde 12 .

La transmittivité monochromatique directionnelle, éventuellement totale, est définie

comme le rapport du flux transmis au flux incident sur un matériau :

(4.67)

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a.

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u

De ce fait, un rayonnement incident peut être transmis, réfléchi, ou absorbé. La

conservation de l'énergie s'écrit alors (voir figure 4.14):

(4.68)

Comme nous nous limitons à des milieux quasi-transparents ou opaques, T~ est voisin

de 1 ou vaut O. Par exemple, les propriétés radiatives d'une vitre en verre peuvent

être, sous incidence normale, schématisées par la figure 4.15, en première approximation.

La longueur d'onde de coupure Àc varie entre 2,5 et 4 ~Lm suivant le type de

verre. Pour calculer les flux radiatifs, il suffit de décomposer le spectre en bandes de

longueurs d'onde; on adopte alors tantôt le point de vue d'un corps opaque, tantôt

celui d'un corps transparent qui n'échange, rappelons-le, aucune énergie radiative

avec le système matériel.

12. Une étude générale des milieux semi-transparents est présentée dans le Chapitre 6.

92


4.5. Modèles simples de transfert radiatif

d{p_' h r

n /... :.n · h ·

reJ'ec r

5<1>.'a

d À

absorbé

t:~ (Oo) a;, (0°)

0,95

i<P; 1 """\ \

lransmis

o ,__~~-L-~01---==::::..__1_~

0 Â.c J..(µm) 0

Figure 4.14 - Milieu transparent par

bandes.

Figure 4.1 5 - Propriétés radiatives

d'une vitre.

a) Effet de serre usuel

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9

On considère une vitre idéalisée par les propriétés suivantes :

T~ = 1pour0,2 µm <À< 3 ~tm; œ~ = 1pour3 ~tm <À< 80 ~tm.

Considérons les rayonnements émis par une source noire à 5 700 K : c'est approximativement

le cas du soleil avant filtrage par l'atmosphère; c'est très grossièrement le

cas du soleil au niveau du sol 1 3 . On obtient : Àm = 3000/5700 = 0,53 ~tm. Le spectre

utile du soleil s'étend alors de Àm/2 = 0,26 µm à 8Àm = 4,24 µm. La quasi-totalité de

ce spectre utile con-espond à la zone transparente de la vitre 14 .

Inversement, le rayonnement émis par une source noire à 300 K (sol), caractérisée

par Àm = 10 µm, s'étend de Àm/2 = 5 µm à 8.:lm = 80 µm. Aucune fraction de ce

rayonnement n'est transmis par la vitre, qui l'absorbe totalement. Globalement le sol

à 300 K s'échauffe sous l'effet du flux solaire reçu, mais ses pertes sont limitées par la

vitre qui absorbe tout le rayonnement qu'il émet. Cette énergie gagnée par la vitre va

contribuer à élever la température de celle-ci. De ce fait, la vitre va transférer au sol

un flux par émission, conduction ou convection 15 . La présence de la vitre contribue

donc à augmenter la température du sol.

13. Dans le domaine visible, une fraction importante du rayonnement solaire est transmise par l' atmosphère.

En très grossière approximation, ce rayonnement est assimilable au-dessus de l' atmosphère à

celui d'une source ponctuelle noire à 5700 K. Au sol, on reçoit :

une contribution directionnelle (venant du point source considéré : Je soleil);

une contribution diffuse, en première approximation isotrope, due à la diffusion du rayonnement solaire,

soit par les gouttelettes d'eau contenues dans les nuages (gris), soit par les molécules de l'atmosphère

(bleu du ciel) : voir le paragraphe 7 .1.2.

14. Un calcul à partir de la fonction z (équation 4.53 et Complément E .1) conduit à 98% de transmission.

15. Dans un effet de serre idéal, la vitre devrait être totalement réfléchissante au lieu d'être absorbante,

ce qui annulerait les pertes radiatives du sol.

93


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

b) Effet de serre atmosphérique (essentiellement dû à H 2 0)

L'effet de serre atmosphérique vient du fait que l'atmosphère se comporte en partie

comme une vitre 16 entre le soleil et le sol (transmission du rayonnement en dessous

de 2 ~Lm environ, absorption au delà sauf dans la zone spectrale [9, 12 ~Lm]). Si on

oublie cette dernière réserve, l'effet de serre dû à 1' atmosphère est similaire à celui

dû à la vitre et conduit à une augmentation sensible de la température moyenne de

la terre. Dans la fenêtre atmosphérique [9, 12 µm], zone dans laquelle l'émission du

sol est maximale, la terre se refroidit par émission, sans contrepartie de la part de

l'atmosphère.

c) Effet de serre atmosphérique complémentaire (C0 2 et CH 4 )

L'effet de serre complémentaire est essentiellement dû à C0 2 et CH 4

17 . Quand la

concentration de C02, par exemple, augmente, la fenêtre atmosphérique [9, 12 ~Lm]

est faiblement rétrécie. La conséquence de ce rétrecissement est que la terre émet

moins d'énergie directement vers l'espace et se refroidit moins; au deuxième degré,

l'atmosphère absorbe davantage d'énergie en provenance de la terre et sa température

augmente légèrement, donc celle de la terre également du fait des échanges

thermiques terre-atmosphère.

4.5.5 Exercices d'application

( Exercice 4.1 Mesure par thermocouple de la température d'un gaz

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Énoncé

On considère un gaz transparent, en écoulement turbulent dans une conduite de diamètre

D = 0,6 m qui est assimilable à un corps gris d'émissivité êp = 0,5 (figure

4.16).

On se propose de mesurer la température de ce gaz avec un thermocouple de diamètre

d = 0,5 mm, placé suivant l'axe de la conduite. Pour simplifier les calculs, ce thermocouple

est supposé isolé suivant sa section droite terminale ; le thermocouple est un

16. L' air est absorbant, non par les espèces les plus abondantes (N 2 et 0 2 ) mais par les traces de C0 2

(xc 0 2

"" 3,810- 4 ) , de CH 4 dans certaines régions et surtout de H 2 0 (de l'ordre de l % à 2% suivant le

degré hygrométrique, là où la température dépasse 0 °C). De ce fait, l'air pourra raisonnablement être

considéré comme transparent sur des distances courtes, mais très absorbant par bandes sur quelques

kilomètres. Les bandes intenses d'absorption sont celles de C0 2 (15 µm, 4,3 µm, 2,7 µm, ... )et celles

de H 2 0, beaucoup plus étendues sur Je spectre. Dans la zone spectrale qui nous intéresse ici :

T~ = 1 pour À < 2 µm et 9 µm < À < 12 µm ; l~~ 1 = 1 pour 2 µm < À < 9 µm et À > 12 µm.

17. Le rôle du C0 2 est prépondérant dans l'équilibre physico-chimique de l'atmosphère, du fait d'une

durée de vie de 1 'ordre de quelques décennies, beaucoup plus longue que celle de CH 4 de 1 'ordre de

l'année.

94


4.5. Modèles simples de transfert radiatif

corps gris d'émissivité éc = 0,8. La température caractéristique du gaz Tg(= 600 °C)

et la température de la paroi Tp (= 200°C) sont supposées constantes sur une distance

L grande devant D, ainsi que la température T du thermocouple. Les différents

coefficients de transfert convectif sont hc = 100 W m- 2 K- 1 et hp = 30 W m- 2 K- 1 à

la paroi du thermocouple et à celle de la conduite respectivement.

D

e p

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·\ri. .... tèra n

thermocouple"- h c f r T ec

q>=O __.f

T --~~~-1~~~~--~

g

Td

································;,···

L>>D

Figure 4.16 - Coupe du système (proportions non respectées).

Quel écart y a-t-il entre la température mesurée T du thermocouple et celle du

gaz Tg?

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Solution

• La température T du thermocouple dépend de celle du gaz Tg par transfert conductoconvectif

mais aussi de celle de la paroi T P par transfert radiatif.

• Le point délicat est de modéliser le transfert radiatif thermocouple-paroi; le gaz transparent

ne participe pas à ce transfert : sa température ne joue aucun rôle. Le thermocouple

de diamètre d = 5.10- 4 m est dans un tube isotherme à température Tp. de diamètre

D = 0,6 m. Si on néglige la présence du thermocouple, il règne en tout point à l'intérieur

du tube et dans toutes les directions un rayonnement d'équilibre de luminance

L~ (Tp). La perturbation apportée par le thermocouple est liée au rapport du flux émis

par ce thermocouple au flux émis par le tube par unité de longueur. Soit :

(4.69)

Si, en première approximation, qui constitue une majoration, on pose T = Tg, ce rapport

vaut 1,5 .10- 2 . Il est justifié de négliger la perturbation apportée par le thermocouple .

Celui-ci reçoit un rayonnement d 'équilibre à la température T P' quelle que soit la valeur

de Sp !

• Le seul bilan à faire est celui du thermocouple en régime stationnaire :

L (qcd + qR) · (-llext)dS = Ü (4.70)

ndL[hc(Tg - T) + (<l - </)] =O. (4.71)

95


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

Le flux absorbé cp 0 s'éc1it:

Le flux émis 'Pe s'écrit :

D 'où l'équation de bilan:

a i T4

'P = ê c'P = êcCF p · (4.72)

T4

e

'P = êcCF . (4.73)

(4.74)

qui est résolue par itération. Soit T ~ 760 K qui est à rapprocher de Tg = 873 K et

Tµ = 473 K.

Dans le rayonnement incident sur le thermocouple, une partie représente le flux émis par

le tube SpcrT;, l'autre partie (1 - êp)crT; représente un flux réfléchi par ce tube. La somme

de ces deux contributions correspond au rayonnement d'équilibre.

L'écart de température Tg - T est considérable! Le the1mocouple donne sa propre température,

pas celle du gaz. Pour remédier à cet inconvénient, on dispose, en pratique, un écran

de diamètre 8 petit devant D autour du thermocouple. De cette façon, l'écran se trouve à

une température voisine de T déterminée précédemment: en fait, sa température Te est

même plus proche de Tg puisque l'écran échange de la chaleur avec le gaz par ses deux

faces. Le rôle perturbateur sur Ja nouvelle température T' du thermocouple est alors assuré

par cet écran, et non plus par la paroi du tube. Cet effet est plus faible dans la mesure où

l'écart Te-T'est faible, et d'autre part le rapport d/8 n'est pas très petit. L'écran n'impose

plus un rayonnement d'équilibre sur le thermocouple ; cependant la correction n'est pas

parfaite.

Exercice 4.2 Étude thermique d'une ampoule à incandescence

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Énoncé

Une lampe de puissance 'P est schématisée sur la figure 4.17. Elle comprend une enveloppe

en ven-e, sphérique de rayon R, d'épaisseur e, de conductivité lv, d'émissivité

s V11., supposée à température uniforme Tv et, d'autre part, un filament en tungstène, de

température uniforme TF, de smface S F, assimilable aux 3/4 d'un tore, de rayon générateur

a et de même centre 0 que l'ampoule. Le tungstène est opaque d'émissivité

EFA· On fait les approximations ou hypothèses suivantes :

• Tous les rayonnements issus du filament amvent sur l'enveloppe en ven-e (et non

en un autre point du filament),

• La présence des conducteurs mettant le tungstène sous tension est négligée,

• La puissance 'P est dissipée dans le filament,

• Les transferts à l'intérieur de l'ampoule sont uniquement radiatifs,

• Le milieu extérieur est à température Ta; le coefficient de transfert par convection

naturelle avec l'extérieur est h.

96


4.5. Modèles simples de transfert radiatif

O ../+----~

0,1 1

Figure 4.1 7 - Coupe de

l'ampoule.

Figure 4.18 - Émissivité du

filament.

On suppose dans un premier temps que le filament de tungstène est un corps gris

d'émissivité cF = 0,4.

Déterminer le rendement de l'ampoule, rapport de la puissance lumineuse émise

entre 0,4 et 0,8 ~tm à la puissance P. Déterminer Tv. Justifier que la température

du verre est uniforme dans le sens radial.

Si le tungstène a en fait une émissivité donnée sur la figure 4.18, quelles conséquences

en découle t-il ?

Données:

P = 60 W ; R = 2, 5 · l 0- 2 m ; e = 5 · l 0- 4 m ; S F = 2 · l 0- 5 m 2 ; a = 1,5 · l 0- 2 m ;

Ta = 20°C; h = 5Wm- 2 K- 1 •

, , 1 lW - IK- 1 {À ::; 3,5~un : T u;t = 1 ; c u;t = 0

verre : /lu = m ; c u;t : 1 0 1

/l > 3 , 5 ~lm : T uA. = ; c u;t = ·

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Solution

> Analyse. Les paramètres gui conditionnent l'étude thermique sont la puissance rp de

l'ampoule, la température T 0 du verre, celle du milieu extérieur T 0 • En fait i.1 est nécessaire

de connaître la répartition spectrale du rayonnement émis par la lampe ; donc un paramètre

clé est aussi la température TF du filament. Les sous-systèmes à étudier sont, d'une part, le

filament, dont le bilan conduit à la température TF, gui permet de déterminer le rendement

de la lampe, et, d'autre part, l'enveloppe de verre dont le bilan permet de déterminer la

température du verre. On notera que le verre est ici assimilé à un corps noir vis-à-vis de

toute source de température inférieure à 428 K (région [Àm/2, 8J 171 ]).

> Bilan du filament en régime stationnaire.

( PdV + ( q en _(- nex1)dS = 0

Jv Js

(4.75)

97


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

Si on ne considère que des transferts radiatifs, avec un vetTe de température a p1iori inférieure

à 428 K :

(4.76)

Tv étant évidemment négligeable devant TF, l'équation 4.76 permet d'évaluer TF : TF ~

3400K. Le maximum d'émission du filament se produit pour: Âm (TF)= 0,88~tm, ce qui

est à la limite du visible et de l'infrarouge.

Le rendement de l'ampoule est le rapport du flux émis dans le visible et transmis par le

verre au flux rp dissipé par la lampe; soit :

R= nSFsF f° ·s ~unL~( TF)d;t=z(o. 0,8~1.m)- z (o, 0,4µm) ~ o,I8

rp Jo,4~1m Àm(TF) Àm(TF)

(4.77)

>- Bilan du verre. Avec la pièce extéiieure, le vetTe, assimilé à un corps noir pour Tv <

428 K, échange del' énergie par transfert conducto-convectif, mais aussi par rayonnement.

Le verre reçoit un rayonnement d'équilibre 18 (flux surfacique cpi) à la température T 0 et

émet du rayonnement. Soit :

(4.78)

À l'intérieur del' ampoule, le verre absorbe le rayonnement émis par le filament au delà de

3,5 ~tm. Il reçoit aussi un rayonnement émis par lui-même (autoéclairement), qu'il absorbe

entièrement. Ce rayonnement est exactement compensé par le rayonnement qu'il émet vers

l'intérieur (équilibre radiatif vetTe-vetTe). Le bilan s' écrit donc en utilisant l'équation 4.53 :

s V [ h (Ta - Tv) + (T ( T: - T:)] + rp [ 1 - z ( 0 , ~~ 5 (~;) ) l = 0 (4.79)

On trouve, par itération :

Tv ~ 330 K (ou 57 °C).

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u

Compte tenu de la faible température du verre, il était possible de linéariser l'expression

du bilan :

ce qui conduit à :

(4.80)

La température du vetTe est évidemment unifo1me dans le sens radial. Un montage thermique

équivalent très simple permet de le montrer (figure 4.19): Soit:

(4.81)

18. L'ampoule est évidemment de faible dimension par rapport à la pièce et ne perturbe pas le rayonnement

d'équilibre de celle-ci.

98


4.6. Métrologie radiative; pyrométrie bichromatique

Figure 4.19 - Montage électrique équivalent.

>- Avec des données plus réalistes sur l' émissivité du tungstène, les résultats de l'étude

sont modifiés. L' émissivité étant inférieure ou égale à 0,4 et la puissance électrique dissipée

par la Jampe inchangée, la température du filament TF est plus élevée. Dans .le domaine

visible, SFÀ est inchangé, mais TF a augmenté, donc le rendement R croît. Enfin, la fonction

z[O, 3,5/11.m(T F )] augmente puisque TF augmente~ donc la température Tv diminue.

En fait, on est obligé d'introduire un gaz inerte dans l'ampoule, sous une pression assez

faible de façon à empêcher la volatilisation du filament. Dans ce gaz apparaissent des

mouvements complexes de convection naturelle relativement faibles mais qui ont pour

effet de refroidir le filament et de faire chuter le rendement.

___ J

4.6 MÉTROLOGIE RADIATIVE; PYROMÉTRIE

BICHROMATIQUE

Une méthode classique de mesure de la température T d'un élément de corps

opaque repose sur la mesure préalable des flux reçus par un détecteur optique

(Germanium-Or, Antimoniure d'indium, etc.) pour deux longueurs d'onde différentes,

d'où l'appellation de pyrométrie bichromatique. On considère la configuration

de 1a figure 4.20, avec 1es hypothèses suivantes :

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0

c

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0

"""

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s "'

F

-ci

c

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0

@

a) Le flux réfléchi par l'élément de surface dS dont on veut mesurer la température

est négligeable devant le flux émis par cet élément (cas d'une paroi très chaude

dans un environnement froid).

b) Le milieu entre dS et Je détecteur dI est transparent.

c) Le système centré optique, focalisant le rayonnement en un point du détecteur, est

parfaitement connu.

d) Deux filtres interférentiels (étalons Fabry-Pérot avec un seul mode passant), dont

les propriétés de transmission et de réflexion sont grossièrement schématisées sur

la figure 4.21 , peuvent être placés devant le détecteur. Pour un filtre interférentiel

donné j (} = l ou 2), le détecteur ne reçoit un flux incident D. <J/ que dans l'inter-

./

valle spectral [À. 1 , A 1 + D.A.i]; ce flux donne lieu à une tension électrique, qui est

mesurée.

99


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

L'expression de /1ÇP~ est :

.

L ~lù

L

À-+~À 1 1

·

SC

11<1>} = dE cosBd.Q T,i s~L~(T)dil

Àj

avec cos(}~ 1 (4.82)

L'intégration directionnelle se fait sur l'angle solide !iw sous lequel l'élément de

surface dS est vu au niveau du détecteur à travers le système centré de transrnittivité

T~c et le filtre interférentiel (voir figure 4.20); l'angle B est évidemment

pratiquement nul en excellente approximation.

e) L' émissivité s~ . du corps dS est invariante sur !iil j et sur les directions conjuguées

J

de celles comprises dans l'angle solide !iw; de même, T1c est invariante sur !iilj.

détecteur

dS corps milieu

opaque transparent

dI

n

L1w

système

optique filtre

E' 1' .. f;

}. inteJjérentie/ F

Figure 4.20 - Montage optique.

P;.

.......... -----.......... .

1: ' '

À

À .

1

.

l

.

".

Figure 4.21 - Propriété d'un filtre.

.

Dans ces conditions :

-0

0

c

::::i

0

.-1

0

"'"

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

Le rapport des flux associés aux deux filtres :

(4.83)

(4.84)

dépend de T, grandeur à déterminer, par l'intermédiaire du rapport des deux intégrales

(fonction bijective de T, parfaitement connue numériquement) ; du rapport

connu des transmittivités du système centré ; du rapport inconnu, dans des conditions

industrielles, des émissivités aux deux longueurs d'onde ,l 1 et A 2 du corps à

étudier.

100


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

En pratique, tout dépend du choix de À 1 et À 2 , qui résulte de deux considérations

antagonistes :

1 1 et 1 2 doivent être suffisamment différentes pour que le rapport des intégrales,

pour un même Lil, diffère sensiblement de 1 ;

1 1 et 12 doivent être suffisamment proches pour que &~

1

et &~ ,

2

en général inconnues,

puissent être supposées égales.

On aura donc intérêt à choisir 1 1 et 12 dans la plage [0 ,6lm(T) ; 0,9lm(T)], c'està-dire

là où la fonction L~ (T) est la plus pentue. La validation de l'hypothèse d'invariance

de&~ s'obtient en utilisant une troisième longueur d'onde À3 et en comparant

les températures T 12 , T 13 et T 23 déterminées pour l'élément dS à paitir des couples

(À1 , 12), (11 , 13) et (12, 13) respectivement.

On peut s'affranchir, par une technique laser et modulation du rayonnement incident,

du rayonnement réfléchi par dS dans l'hypothèse où il n'est pas négligeable.

4.7 MÉTHODE GÉNÉRALE DE TRAITEMENT

DU TRANSFERT RADIATIF ENTRE CORPS

OPAQUES

"O

0

c

::J

0

v

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T"-f

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N

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2

o.

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't:

0

'5 "'

F!

-ci

0

c

0 "'

@

4.7. l Expression du flux radiatif

L'expression du flux radiatif surfacique 'PR à la paroi d' un corps opaque a été établie

dans l'introduction du paragraphe 4.5 : 'PR(r), compté positivement dans le sens de

la normale (figure 4.22), est obtenu, en chaque point M(r), par intégration sur tout le

spectre des longueurs d'onde l du flux radiatif monochromatique surfacique d'fJ~(r)

relatif à l'intervalle [À, l + dÀ] :

ql(r) = rÂ=oo d(/J~(r).

J Â=Ü

(4.85)

Le flux radiatif monochromatique s'écrit indifféremment, avec le sens de la normale

choisi :

d'fJ~(r) = d'fJ~(r) - d'fJ~(r) , (4.86)

(4.87)

101


Chapitre 4 • T ransferts radiatifs entre corps opaques

Les indices a,e,i,p se rapportent respectivement aux flux absorbé, émis, incident et

pattant de la surface. L'expression locale en M du flux radiatif 4.86 est, d'après 4.55

à 4.57 :

00

s~(r,u) {L~ [(T(r)] - Li (r,u)} cos BdO,

ql (r) = <l(r) - <pa(r) = ( d;l (

Jo Jn=27T

(4.88)

où s~ est l'émissivité monochromatique directionnelle du corps, L~ (T) la luminance

du rayonnement d'équilibre à la température T et Ll la luminance directionnelle du

rayonnement incident; du point de vue de l'équation 4.87 le flux s'écrit:

(4.89)

où L f désigne la luminance du rayonnement partant en M dans dO autour de la direction

u. La complexité du problème est grande si on considère l'équation 4.88. Dans

l'absolu, il est nécessaire de connaître s~ (r,u) en chaque point. Il est, en pratique,

peu réaliste de tenir compte des dépendances angulaires de l' ém.issivité pour des matériaux

opaques, corrodés, oxydés ou encrassés dans des conditions industrielles.

c~ •

dQ

M.'l:

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

Figure 4.22 - Convent ions.

Figure 4.23 - Complexité du champ de

luminance incidente.

D'autre part, la détermination du champ des luminances incidentes Z:J, pour toutes

les directions u, en tout point de chaque paroi, est irréaliste à cause des phénomènes

de réflexions multiples ; la considération du cas particulier de la figure 4.23 en

convaincra le lecteur. La méthode numérique dite de Monte Carlo permet au prix d' un

investissement numérique important de résoudre ce type de problèmes (voir le Chapitre

6). En général, il est nécessaire de recourir à des approximations réalistes : c'est

l'objet du paragraphe 4.8. Néanmoins, dans quelques cas particuliers simples, il est

possible de calculer directement les flux radiatifs en tenant compte des phénomènes

de réflexions multiples.

102


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

4.7.2 Exemple de calcul direct : intérêt des écrans radiatifs

Considérons deux corps opaques, plans, indéfinis, d'émissivités isotropes eu et eu et

de températures uniformes T 1 et T 2 respectivement, séparés par un milieu transparent

d'indice 1. Les flux radiatifs 'Pf et <p~ s'écrivent avec les conventions d'orientation de

la figure 4.24 :

(4.90)

où L; A désigne la luminance, isotrope dans ce cas particulier, du rayonnement incident

sur 1 (en effet, car e u , eu , p u et Pu sont isotropes et la géométrie est

plane). Le rayonnement incident sur 1 se compose d'une part initialement émise

par 1 et subissant un nombre impair de réfl exions sur 2 ou 1 et d'une part initialement

émise par 2 19 . La fraction de la luminance du rayonnement incident sur 1

correspondant à l'émission par 2 comprend les termes suivants : E2,iL~ (T2) (trajet

2 ~ 1); E2 ,iPuP2,iL~ (T2 ) (trajet 2 ~ 1+1 aller-retour); · ·· ; e2,i (p up2,itL~ (T2 ) (trajet

2 ~ 1 +n aller-retours);· · ·. La somme de ces termes est: e1,iL ~ (T2 )(1-pupu ) - 1 •

Par un raisonnement analogue, la fraction de luminance du rayonnement incident

sur 1 due à l'émission par 1 est: eup 2,i L~ (T1)(1 - P uPu)- 1 • Il vient donc :

L~ ,i = [e2,i L~ (T2 ) + eupu L~ (Td] (1 - PuPu )- 1 • (4.91)

émis

-- .. ...------· -- ... .....

-·--

MT. ---

-·-·

E •• -------- - ré.fléchis

~ absorbé

2}.. - - ----- }). c. o.

C.o.

-;;;;;;hÎ---- ----- ----

absorbé

';/ ' ···------- ~ ...

r~fléchj .• · ~

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1!!

~

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~

-d

0

c

:::>

0

9

Figure 4.24 - Réflexions multiples.

X

Figure 4.25 - Écrans

radiatifs.

Le flux smfacique s'obtient, dans ces conditions, à partir des équations 4.90 et 4.91 :

R R

100

e u e2,vr [ L~ (T2 ) - L~ (T1)]

'P1 = 'P2 = dl, (4.92)

0 1 - (1 - et,l)(l - e2À)

où, pour T 1 = T 2 , le flux s'annule. Dans le cas de deux corps gris, l'équation 4.92

devient:

(4.93)

19. Sur la figure 4.24 on a représenté, par commodité, le cas d' un rayon : le raisonnement s'applique

ici, en fait, au cas d'une réflexion isotrope.

103


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

L'équation 4.93 permet d'estimer les pe1formances d'un système de N écrans radiatifs

placés entre deux milieux à TF et Tc (figure 4.25). En régime stationnaire, le flux

échangé est constant et les écarts de température sont faibles du côté de la source

chaude (pas de convection naturelle) mais importants du côté de la source froide. En

pratique, on utilise des nids d'abeilles ou des empilements de pailles, en cryogénie

par exemple.

4.7.3 La méthode des flux incidents et partants

L'objectif de cette méthode est de déterminer le flux surfacique radiatif en tous les

points de la smface interne d'une enceinte constituée de corps opaques. Le milieu

de propagation du rayonnement est supposé transparent et d'indice de réfraction égal

à 1.

a) Hypothèses générales

>- Hypothèse H 1 : les propriétés radiatives des corps opaques sont isotropes,

indépendantes de la direction, soit :

(4.94)

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Dans cette expression, Ptl désigne à la fois p~h

qui ne dépend pas de l'angle d'incidence,

et PT qui ne dépend pas del' angle d'émergence (voir le paragraphe 4.3).

>- Hypothèse H2 : le système est discrétisé en N surfaces, notées S j (j =

l, · · · ,N), supposées isothermes à Tj et caractérisées par des propriétés radiatives

uniformes. La validité de cette hypothèse repose sur la finesse de la discrétisation

adoptée, d'où un optimum du rapport précision/temps de calcul à définir.

En première conséquence des hypothèses Hl et H2, la luminance L jtl du rayonnement

émis par la surface S j est isotrope et uniforme, indépendante du point de la

surface considéré :

(4.95)

L'isotropie de la luminance du rayonnement pa1tant découle de l'hypothèse Hl relative

àpjtl et E:jtl· L'uniformité de L Ptl repose sur une hypothèse supplémentaire:

.!

>- Hypothèse H3 : le flux surfacique monochromatique incident sur une surface

S j• défini par la relation :

d<p ~i,i(r) = d;l J:JT L1À(r,(),TJ) cos ()dQ (4.96)

dans laquelle L1À représente la luminance, dépendant de() et de l'azimut TJ, du rayonnement

incident, est uniforme (indépendant de r).

104


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

Ce flux est caractérisé par une luminance incidente isotrope équivalente uniforme

L~;i· soit:

(4.97)

qui est indépendante du point r. Notons bien que la luminance du rayonnement incident

réel dépend, en général, de la direction.

b) Expression des flux radiatifs

La luminance du rayonnement incident dans dQ et réfléchi dans un demi-espace

s'écrit (voir équation 4.31):

Le flux réfléchi correspondant est :

(4.98)

d'fJ/f (dQ ~ 2n) = L'jX'(dQ ~ 2n) cos BdQdil = (1 - Ej,i)L~~ cos Bdndil, (4.99)

et le flux global réfléchi :

d'fJj;i(2n ~ 27r) = (1 - Ep)dil (

Jn=2JT

LJ;i cos Bd.Q = (1 - Ep)nL~;idil.

(4.100)

La luminance (1 - Ej;i)L~,i du rayonnement réfléchi par la surlace S j est uniforme et

isotrope. Il en va de même de la luminance L~;i du rayonnement partant de S j :

(4.101)

"O

0

c

::J

0

v

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"='

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2

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~

~ ~

't:

0

'5 "'

F!

-ci

0

c

0 "'

@

L'intérêt des hypothèses Hl, H2 et H3 est de conduire à des luminances uniformes

et isotropes L~;i des rayonnements partant des smfaces jet de permettre l'usage des

./

luminances incidentes isotropes équivalentes uniformes Li.À.. Le flux radiatif à la pa­

.1

roi j, donné par l'équation 4.87, devient alors :

R_[ (p i )

'Pj -

0

n LjA - LjÀ. dil. (4.102)

Il reste à exprimer la luminance incidente isotrope équivalente L~;i·

Le flux monochromatique

d<P~;i incident sur S j provient des N surfaces opaques intervenant dans

le système, y compris la surface S j elle-même :

N

d<P~;i = nL~;iS jdil = ~ d<t>f~j,;i, (4.103)

k= l

105


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

où d<P:-+ j,'1. représente le flux monochromatique partant de k et arrivant directement

sur j, sans réfl exion intermédiaire. Avec les notations de la figure 4.26, il vient :

L L P _ P dS kcosBkdS jcosBj

d<Pk-+ . À - LkA d/l 2

(4.104)

1 • sk sj rkj

compte tenu des propriétés d'isotropie et d'uniformité de Lf,i· En prenant comme référence

le flux monochromatique global partant de k noté d<Pf,i, on définit la quantité

purement géométrique fkj, appelée :facteur de forme de k à j :

(4.105)

Soit:

< . < .. - _1_ L L dS kCOS8kdS jCOS8 j

0 - fk; - 1 f k; - S' ?-

rc k s k s j kj

(4.106)

Trois propriétés des facteurs de forme apparaissent immédiatement :

Figure 4.26 - Configuration d'échange radiatif.

• D'après l'équation 4.106, la relation de réciprocité:

s kfkj = s jfJk. (4.107)

-o • D 'après l'équation 4.105, si N surfaces, comprenant la surface k, forment une

0

§ enceinte fermée, la conservation de l'énergie implique que:

0

.-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

N

d<J>f,i = L: d<J>f-+j,A =>

j=I

N

L:fkj = 1.

En particulier, si j entoure complètement un corps convexe k :

fkj = l.

• Pour un corps k convexe, il vient, d'après 4.105 :

j=l

(4.108)

(4.109)

fkk =o.

(4.110)

106


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

L' égalité 4.103 peut être réécrite en exprimant les différents flux monochromatique

du terme de droite à l'aide de la relation 4.105 :

N

nL~AS 1 dil = .2.: fkJS knLL_dil, (4.111)

Compte tenu de 4.107, l'égalité ci-dessus se simplifie pour devenir:

k=J

N

L~,i = I fjkLf,i · (4.112)

k=l

Les équations 4.101 et 4.112 constituent un système linéaire de 2N équations à

2N inconnues, les luminances des rayonnements partants et incidents relatifs aux

N surfaces S 1 , dont la solution permet de calculer les flux par l'équation 4.102,

dans la mesure où les propriétés radiatives et températures des corps opaques sont

connues.

c) Cas particulier de corps gris

Sous l'hypothèse que les N surfaces S J sont grises :

Vj : Ej = Œj = 1 - PJ (4.113)

les équations 4.101, 4.102 et 4.112 s'expriment en flux après intégration sur tout le

spectre:

(4.114)

R ,...P i

<p-=t.p;-'{J·

J J J

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

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a.

0

u

"'

~

·~ 4.7.4 Exercice d'application

"' c:

0

c

·~(Exercice 4.3 Étalon de luminance - corps noir

2

(4.115)

N

'P~ = I 11kcr1 (4.116)

k= I

~ Énoncé

s "'

f2 Considérons une sphère creuse de rayon R, opaque, d'émissivité isotrope E,i, iso­

-o

§ therme, à la température T (figure 4.27) munie d' un orifice circulaire de rayon r

~ (r << R).

107


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

On fait l'hypothèse que Je flux monochromatique incident est uniforme à l' intérieur

de la sphère (cette unifo1mité n'est, en toute rigueur, perturbée que par la contribution

très faible de l'orifice à ce flux). Les conditions Hl, H2 et H3 sont supposées

réalisées.

Donner l'expression de la luminance monochromatique sortant de l'orifice normalement

à la sphère.

T

Figure 4.27- Corps noir

étalon : principe.

Figure 4.28- Montage expérimental.

Solution

Les luminances des rayonnements incidents et partants L~ et L~ en tout point de la sphère,

hors l'orifice, sont :

(4.117)

L~ = fn:L~ + fis L~ , 1 , (4.118)

où J; et S représentent les aires respectives de la sphère (sans l'orifice) et de 1' orifice, et

L~ ,i la luminance du rayonnement pénétrant dans la sphère par l'orifice :

"Cl

0

c

::::i

0

...-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

où Te est la température d'équilibre de la pièce contenant la sphère. Il vient:

et après calcul :

(4.119)

!sr= J ; frs = fsr(S /};) = S /J: ; frr = 1 - S/L:, (4.120)

i o SJL: ( o o ]

L,1 = L;i (T) + (l - )S/~ L,1 (Te) - L;i (T)

EA + EA ,;..,

(4.121)

(4.122)

Comme S /J; est très petit devant 1 et que Te est en général très inférieur à T, on peut poser:

(4.123)

108


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

Les rayonnements partant et incident à l'intérieur de la sphère sont pratiquement caractérisés

par la luminance du rayonnement d'équilibre à la température T, soit L~ (T), même

quand les parois de cette sphère sont loin d'être des corps noirs. Ce résultat présente un

intérêt fondamental et de multiples intérêts pratiques :

a) Sur un plan fondamental, dès lors qu'on réalise de façon approchée les conditions de

l'équilibre the1mique dans un système, donc de l'équilibre radiatif, il est évident qu'on

retrouve comme résultat une des lois posées en rayonnement thermique 20 : la luminance du

rayonnement thermique dans un milieu tran.sparentd'indice 1 (isotrope) est, à l'équilibre

à la température T, donnée dans toutes les directions par la fonction L~ (T) (formule de

Planck). L'écart constaté ici pe1met de quantifier l'écart du système avec une situation

d'équilibre thermique parfait: cet écart est proportionnel à [L~(T) - L~(Te )] et croît aussi

avec le rapport S /E. Le système ne peut en toute rigueur être à l'équilibre puisqu'il dissipe

de l'énergie vers le milieu exté1ieur à température plus basse.

b) Sur un plan pratique, nous retiendrons deux applications:

• Pour réaliser un étalon de luminance de rayonnement d'équilibre à la température T,

soit L~( T), il suffit de réaliser une cavité parfaitement isotherme (figure 4.28) - c'est

toute la difficulté du problème - et de ménager dans cette cavité un petit orifice dS.

On aura évidemment intérêt à choisir des parois plutôt absorbantes. Le rayonnement

sortant de l'orifice dS est, de façon plus ou moins rigoureuse suivant la qualité de la

réalisation, caractérisé par la luminance L~(T). L'utilisateur de ce système ne considère

pragmatiquementque le rayonnement sortant de l'orifice dS, non matéiiel, qui se comporte

du point de vue du rayonnement partant comme s'il émettait un rayonnement émis

par un corps noir à la température T (en effet cette surface dS est le point objet de tout

le système optique utilisé). Aussi appelle-t-on usuellement l'orifice dS (et par abus de

langage l'ensemble du système) corps noir étalon. En fait on a réalisé les conditions du

rayonnement d'équilibre. Notons qu'un rayonnement quelconque entrant par l'orifice

dS dans la cavité a très peu de chances d'en sortir; il est absorbé après des réflexions

multiples : a~ = 1.

"O

0

c

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0

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T"-f "O

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::l

0

@

• Les conditions de l'équilibre radiatif sont souvent réalisées alors que les conditions de

l'équilibre thermique ne le sont pas. Ce cas apparaît classiquement quand on veut utiliser

un thermocouple pour mesurer la température d'un fluide transparent et très an isotherme

en écoulement. Dans ces conditions, la température du thermocouple est affectée non

seulement par les transferts conducto-convectifs qui tendent à imposer la température

des couches fluides les plus proches mais également et à grande distance, parce que le

fluide est transparent, par les transferts radiatifs avec les parois, généralement beaucoup

plus froides, qui tendent à faire baisser la température du thermocouple. Le remède,

partiel, à cette perturbation classique par les parois consiste à protéger le thermocouple

par un écran radiatif (voir l'exercice d'application 4.1).

_____ )

20. Démontrée, rappelons-le, en physique statistique (statistique de Bose-Einstein pour des bosons en

nombre indéterminé).

109


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

4.7.5 Propriétés des facteurs de forme

a) Propriétés principales et dénombrement

Rappelons que la méthode développée au paragraphe 4.7.3 repose sur les propriétés,

purement géométriques, des facteurs de forme f iJ, de valeurs comprises entre

0 et 1. Dans une enceinte fermée, délimitée par N surfaces, on a N 2 facteurs de

forme (de f 11 à fNN ), N relations de conservation de l'énergie 4.108, C~ relations

de réciprocité 4.107, p facteurs de forme nuls fu s'il existe p surfaces convexes

parmi les N surfaces. Le nombre des facteurs de forme à déte1miner est alors :

n = N 2 - N - N(N - 1)/2 - p. En fait l'enceinte considérée présente, en général,

un certain nombre de symétries qui réduisent le nombre des facteurs de forme à déterminer

mais aussi le nombre de relations les liant.

Exemple 1 : Obtention directe de tous les facteurs

Soient des échanges radiatifs entre deux sphères concentriques (figure 4.29). On peut

écrire les diverses égalités suivantes :

!11 = 0 ; !12 = 1 - f11 = 1 ; h i = (S i/S 2)!12 = S 1/S 2 ; h2 = 1 - h i = 1 - S i/S 2 ·

(4.124)

Tous les facteurs de forme sont déterminés directement. Noter que ces résultats restent

valables pour deux cylindres coaxiaux.

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

>-

Figure 4.29- Sphères

concentriques.

Figure 4.30- Cube (6 faces

participantes).

g- Exemple 2 : cas d'un cube

u

Soit un cube dont les 6 faces internes, notées 1 à 6, sont caractérisées par des propriétés

différentes mais uniformes. On a en théorie (figure 4.30) 36 facteurs de forme

et 6 + 15 + 6 = 27 relations, donc 9 facteurs de forme indépendants à calculer directement.

En pratique, compte tenu de toutes les symétries du problème, il n'y a que

deux facteurs de forme différents : f relatif à des faces adjacentes, f' relatif à des

110


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

faces opposées. Il ne reste qu' une relation, non triviale, qui exprime la conservation

de l'énergie :

f' + 4f = 1. (4.125)

Il faut donc calculer directement un facteur par l'équation 4.106, ou chercher la valeur

du facteur de forme correspondant dans une table (voir Complément E.2). On

trouvera également des données dans des ouvrages généraux de rayonnement thermique

[64, 128].

b) La technique de la surface fictive

Une surface fictive intermédiaire, généralement plane, apporte souvent une relation

supplémentaire au calcul des facteurs de forme. Soit à calculer les facteurs de forme

entre deux demi-cylindres de rayon R (figure 4.31.a). A priori, il faut calculer / 1 2 et

f 11 . Nous ne disposons en fait que d'une relation non triviale : / 1 2 + / 11 = 1. Il reste

une inconnue. Soit la surface fictive 0 (figure 4.31.b). On a alors les facteurs de forme

fi 1 et fio à calculer, liés cette fois par :

f1J + fw=l !01 = 1 !10 = (S o/S 1 )/01 = S o/S 1 = 2/rr, (4.126)

donc:

/12 = /10 = 2/rr /11 = 1-2/rr. (4.127)

b

"Cl

0

c

::::i

0

"""

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..-1 "O

0 c

N

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u .S!

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o..

~

s "'

F

-ci

c

::i

0

@

Figure 4.3 l - Surface fictive : application à deux hémisphères.

c) Facteurs de forme différentiels

Considérons le système constitué par les surfaces S 1 et S 2 en regard et les éléments

différentiels dS 1 et dS 2 (figure 4.32). On définit différents facteurs de forme différentiels

à partir de l' équation 4 .106 :

de dS 1 vers dS 2 :

de dS 1 vers S 2 :

(4.128)

(4.129)

111


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

de S 1 vers dS 2 :

et enfin un facteur de fo1me global :

F

df. = dS 2 ( dS t cosB1 cosB2

s,, ds2 rrS 1 Js1 rT2

. = _l_ L L dS 1dS 2cosB1cosB2

JS 1,S'> S 2

- rr 1 S 1 S2 rl2

(4.1 30)

(4.131)

c. o.

dx

dx'

x'

Figure 4.32 - Configuration

élémentaire.

Figure 4.33 - Facteur de forme

différentiel.

"Cl

0

c

::::i

0

.-1

0

"""

N

@

Les facteurs de forme différentiels se déduisent facilement des facteurs de forme globaux.

Soit à calculer, à l'intérieur d' un tube, le facteur de forme entre deux segments

cylindriques élémentaires de largeurs dx et dx' (figure 4.33), noté par commodité

f dx , dx'. Supposons connaître le facteur de forme f x,x' entre les deux disques de rayon

R, centrés en x et x' respectivement. On a de manière évidente :

ô '

dfx,dx' = fx,x' - fx,x'+dx' = - Ôx'fx,x' dx

Par un raisonnnement analogue on trouve :

R ô ô .

df dx',dx = - 2 ôx' ôxfx,x' dx

R ô

f dx' ,x = - 2 Ôx' fx,x' (4.132)

R ô ô ,

df dx,dx' = - 2 ôx' ôxfx,x' dx (4.1 33)

Les facteurs de forme différentiels susceptibles d'intervenir dans un tube se déduisent

donc aisément du facteur de forme entre deux disques noté fx,x' (Complément E.2).

:§, 4.7.6 Exercice d'application

·;::

a.

0

u

( Exercice 4.4 Structure isolante en cryogénie

Énoncé

On utilise souvent, à l' intérieur d'une enceinte vidée 00- 2 à io- 6 torr)2 1 , une structure

isolante constituée d' un empilement de pailles (tubes cylindriques creux) pour

21. 1 torr (Torricelli) = 1 mm Hg.

112


4.7. Méthode générale de traitement du transfert radiatif entre corps opaques

limiter 1es transferts radiatifs entre les parois extérieures et Ja zone à conditionner

à très basse température. En effet, en l'absence de transferts conducto-convectifs

(vide) et compte tenu de la faiblesse des transfe1ts conductifs (faible conductivité

des "pailles", mauvais contact thermique entre génératrices de pailles voisines), les

échanges radiatifs sont importants même aux très basses températures considérées.

Soit un empilement régulier de pailles, d'émissivité s indépendante de la longueur

d'onde et de Ja direction (figure 4.34).

Figure 4.34- Configuration élémentaire.

On considère pour simplifier que tous les éléments des demi-couches 2n et (2n + 1),

constituées de demi-cylindres, sont isothermes à T 2n et T 2n+ l respectivement et vérifient

les propriétés Hl, H2 et H3.

z

z

2n+2

cp p '

2n

2n+l

Figure 4.35 - Transferts à l'intérieur

d'un cylindre.

Figure 4.36 - Transferts à l'extérieur de

cylindres.

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On considérera 1es flux surfaciques radiatifs partants ou incidents notés

1

mp' rrl {{/ {{/ et mp" rnp" " /' 1rl' respectivement suivant qu'on consir

2n '"1'2n+ l ' "1'2n ' "1'2n.+l "1' 2n. ' "1'2n.+ 1 '"1'2n '"1'2n.+ l

dère l'intérieur ou l'extérieur des cylindres.

Exprimer les flux radiatifs cp~n·

Solution

Dans ces conditions, on peut écrire :

a) À l'intérieur d'un cylindre (figure 4.35) :

où f et f' sont donnés par les équations 4.126 et 4.127 et :

j' - '+ I p'

'P2n - f 'Pin f 'P211+ 1 '

(4.134)

j' - p' I p'

'P211+ I -f'P2n+I +f'P2n· (4.135)

1 1 3


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

Le flux radiatif smfacique, positif suivant Oz, est :

R' - p' i' - (1 - f') scr (Tin - Tin+!)

<.p2n - <.p211 - <.p2n - 1 - (1 - s)(2/ - 1)

(4.136)

b) À l'extérieur de 4 quarts de cylindre (figure 4.36), les facteurs de forme requis se calculent

avec la méthode de la surface fictive :

fo,211 +1 = 1 h11+ 1,211+2 = h11+ 1,0 = 2/n = f' h11+l,2n+I = f = 1 - J' (4.137)

Les relations entre les flux smfaciques <.p~;i + I, 1.p!(t- 1

etc. sont analogues aux relations 4.134

à 4.136. Les flux radiatifs par unité de surface /k et~,, sont constants, en régime stationnaire,

de n = 1 à n = 2N si les transferts autres que radiatifs sont négligeables et vérifient :

R R' R" R' R" R' R" R

(2/n)<.p o = <.p 1 = <.p J = i.{J2 = i.{J2 = ··· = <.p2n = <.p2n = ··· = <.p2N+ 1

_____

(2/n)• (4.138)

ce qui conduit aux rel ations cherchées entre Jes températures T 0 , T 1, ... , T1N+I ·

)

4.8 GÉNÉRALISATION DE LA MÉTHODE

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a.

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u

4.8.1 Généralisation au cas de parois partiellement

transparentes

a) Quelques notions sur les milieux semi-transparents

Nous n'abordons pas dans ce paragraphe le cas général des milieux semi-transparents

(voir le Chapitre 6); nous nous limitons au cas de parois partiellement transparentes

non absorbantes ou absorbantes mais isothermes, à propriétés radiatives isotropes.

Précisons, dans un premier temps, ce qu'il faut entendre par rayonnements transmis,

absorbé et réfléchi pour un milieu semi-transparent, en nous aidant de l'exemple de

la figure 4.37. Un rayonnement incident en A sur la paroi considérée est en partie

réfléchi dans le milieu (1) avec une indicatrice complexe 22 ; l'autre partie se propage

dans le milieu (2), également avec une indicatrice complexe. Pour simplifier, nous

suivrons un seul trajet réfracté, de A à B; entre A et B, ce rayonnement peut être absorbé

en tout point ou également être diffusé en tout point vers d'autres directions, ce

qui est représenté en A' : certains rayons diffusés atteignent la face supérieure de la

paroi (cas de C'), d'autres la face inférieure (cas de B') ; la fraction non absorbée et

non diffusée du rayonnement se propage de A vers B, atteint B où elle est en partie réfléchie

dans le milieu (2) par réflexion interne, en partie transmise dans le milieu (3).

22. Plus précisément, on introduit une densité de probabilité de réflexion dans chaque direction. Une

densité analogue est également introduite pour la transmission; et une troisième, appelée fonction de

phase de diffusion, caractérise le phénomène de diffusion au sein du milieu.

114


4.8. Généralisation de la méthode

Si on suit le rayonnement réfl échi de B vers C, on retrouve les mêmes phénomènes

que précédemment (de A vers B): absorption, diffusion, réfl exion interne (vers D) ou

transmission, dans le milieu (1) cette fois, etc.

z

(/)

(2)

D

(3)

Figure 4.3 7 - Devenir d'un rayon

incident.

Figure 4.38- Sous-ensembles couplés.

On appelle rayonnements réfléchis tous les rayonnements issus du rayon incident

en A et repartant finalement vers les z > 0 dans le milieu (1), à l'interlace 1-2, quels

que soient les trajets suivis par ces rayons. On définit la réflectivité globale p ,i comme

le rapport du flux global réfléchi d<P~ au flux incident d<P~ :

(4.139)

Notons que, contrairement au cas d' un corps opaque, cette grandeur n'est pas intrinsèque.

De la même façon, si on introduit les flux globalement transmis d<P~ dans (3),

vers les z < 0, et globalement absorbé d<P~, on définit des transmittivité et absorptivité

globales, grandeurs extrinsèques, par :

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D' une manière évidente, la conservation de l'énergie s'écrit:

(4.140)

d<J>~ = d<J>~ + d<J>~ + d<J>~ , OU: p,i + T ,i + ŒÀ = 1. (4.141)

On appelle rayonnement globalement émis par la paroi l'ensemble des rayonnements

qui, ayant été émis en un point quelconque du milieu (2), se propagent soit

dans le milieu (1) (vers les z > 0) soit dans le milieu (3) (vers les z < 0) après avoir

subi éventuellement des phénomènes de diffusion et de réflexion multiple au sein

du milieu (2) et finalement un phénomène de transmission. En général, le milieu (2)

n'est pas isotherme; les flux émis globalement vers (1) et vers (3) sont différents.

Comme il n'y a pas de température de référence, on ne peut définir d'émissivité globale

(analogue à œÀ). Le calcul des flux émis dans ces conditions est complexe: voir

le Chapitre 6.

1 1 5


Chapitre 4 • Transferts radiatifs entre corps opaques

Si nous nous limitons au cas paiticulier d'une paroi isotherme, en régime instationnaire,

telle que Bi « 1, le problème se simplifie : il est possible de définir une

émissivité globale 23 , grandeur extrinsèque, par référence à la température T de cette

paroi, telle que le flux surfacique monochromatique émis (aussi bien vers les z > 0

que vers les z < 0) est :

(4.142)

Nous considérons toujours le cas simplificateur de propriétés radiatives isotropes. On

démontre aisément, à partir de considérations sur une situation d'équilibre, que, dans

ce cas particulier, on a alors la relation :

b) Expression des flux radiatifs

(4.143)

Si dans une enceinte fermée une des parois est partiellement transparente et isotherme

à la température To (paroi 0 de la figure 4.38), il est possible de généraliser laméthode

de calcul des transferts vue dans ce chapitre (les hypothèses Hl, H2, H3 sont

vérifiées : voir le paragraphe 4.7.3 a)). On distingue la face inférieure et la face supérieure

de la paroi, même si celle-ci est infiniment mince, et on considère deux

sous-systèmes.

• Le sous-système 1 est constitué par l'intérieur de l'enceinte : le rayonnement à la

paroi est caractérisé par les luminances L~ll et L~,i.

k = 0,1 ... N (4.144)

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où la luminance L~,i représente le rayonnement issu de II et transmis dans I.

(4.145)

• Le sous-système II comprend la face supérieure de la paroi et le milieu extérieur.

Les rayonnements au-dessus de la paroi sont caractérisés par les deux luminances

L~, ,i et L~, Il; la luminance L~, Il dépend du milieu extérieur uniquement; la luminance

L~, A a pour expression :

(4.146)

23. Dans le cas d'une paroi mince, les réflectivité, absorptivité et transmittivité globales introduites dépendent

en général non seulement des propriétés du matériau mais aussi de l'épaisseur d de la paroi :

ce ne sont pas des propriétés intrinsèques comme dans le cas d'un corps opaque. De ce fait, certains

auteurs soulignent cette caractéristique en utilisant des terminologies différentes : absorptance, réftectance,

transmittance du milieu et éventuellement des notations différentes. Dans un souci de simplicité

de langage, ce choix n'a pas été retenu dans cet ouvrage. À la limite où la paroi est optiquement épaisse,

sans être opaque, ces propriétés deviennent des propriétés intrinsèques du matériau tout au moins s'il

est proche de 1' isothermie (la transmittivité est alors nulle).

116


4.8. Généralisation de la méthode

Le couplage entre les deux sous-systèmes est assuré par les te1mes exprimant les

rayonnements transmis :

(4.147)

À l'intérieur de l'enceinte/, les transferts entre les parois opaques sont traités avec

le modèle classique des flux incidents et partants.

4.8.2 Généralisation au cas de rayonnement(s) incident(s)

directionnel(s)

Des sources de rayonnements directionnels apparaissent dans certaines applications,

fraction directe du rayonnement solaire non diffusé par l'atmosphère par exemple.

Pour ce type de source, les flux reçus par les surfaces ne peuvent plus se calculer à partir

du fomalisme des facteurs de forme ; le calcul doit être conduit directement à partir

de considérations géométriques, en tenant compte d'éventuels phénomènes d'ombre.

L'hypothèse d'isotropie des propriétés radiatives des corps opaques (t:,.i , p ,.i , œ,.i) peut

toujours être faite dans ces conditions, si bien que, dès la première réfl exion sur une

surface, les flux partant de cette surface sont caractérisés par une luminance isotrope :

le modèle des flux incidents et partants s'applique alors à ces contributions. Dans ces

conditions, les rayonnements incidents sur une surface S .i se composent :

• de rayonnements partant de surfaces S k> à propriétés radiatives isotropes, entourant

la surface S .i : on introduit, comme dans le paragraphe 4.7.3, une luminance

isotrope équivalente L~,.i pour décrire ce rayonnement incident :

(4.148)

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où L~A. désigne la luminance isotrope du rayonnement partant de la surface S k ·

• d' un rayonnement directionnel, qui n'apparaît que dans un angle solide dQ élémentaire,

si la source est ponctuelle, unique et à l'infini ; ce rayonnement est caractérisé

par la luminance Lj,.i dir. La seule difficulté de ce type de problème consiste

à exprimer Lj,.i dir et la fraction du flux associé à cette luminance qui est réfl échie

par la surface S .i.

117


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1 NTRODUCTION

AUX TRANSFERTS

CONVECTIFS

Notions clés

Flux convectif, systèmes ouvert et matériel, théorèmes de transport, nombres de

Nusselt, Reynolds, Prandtl, régimes laminaire et turbulent, régime établi, convection

forcée, convection naturelle, température de mélange, diamètre hydraulique.

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Les systèmes étudiés dans les Chapitres 2 et 3 sont fixes ; aucun transfert convectif

n'est pris en compte au sein de tels systèmes. Cependant un mouvement apparaît le

plus souvent dans un fluide du milieu extérieur. Le transfert convectif associé à ce

mouvement est couplé au phénomène de conduction 1 dans le fluide, supposé transparent

ou opaque, et modifie le champ de température au sein de celui-ci au voisinage

de la paroi. Le flux conductif dans le fluide à la paroi couplé à la convection est appelé

flux conducto-convectif (voir paragraphe 1.4.2).

Ce chapitre a pour objet principal d'exprimer ce flux conducto-convectif. Il est

alors nécessaire de prendre en compte les transferts convectifs thermiques. L'étude

de ces phénomènes est abordée de façon progressive. Dans le paragraphe 5 .1, nous

envisageons le cas simple d'un système indéformable, à la fois des points de vue

du système matériel et du système ouvert. Nous introduisons ensuite, dans le paragraphe

5.2, le formalisme général applicable à un fluide défo1mable et introduisons

l'équation de bilan d'énergie 2 . Ce formalisme est appliqué, en première approche, à

des cas simples relatifs aux échangeurs de chaleur dans le paragraphe 5.3. Le paragraphe

5.4 introduit des résultats pratiques en vue de la détermination du coefficient

de transfert h en convection forcée, à partir de la seule analyse dimensionnelle. Les

évolutions de h en convection forcée laminaire ou turbulente dans des configurations

ouvertes ou fermées classiques sont étudiées dans les paragraphes 5.5 et 5.6. Les trois

derniers paragraphes sont une introduction à la convection naturelle et à la convection

mixte.

Des corrélations classiques pour la détermination du coefficient de transfert dans le

cas de configurations géométriques, mécaniques et thermiques standard sont données

dans le Complément D.3 en convection naturelle ou forcée, laminaire ou turbulente.

l. Dans le cas d'un fluide semi-transparent un couplage se réalise, au sei n du fluide, entre conduction,

convection et rayonnement (voir Chapitre 9 et par exemple [ 160, 161 ]).

2. Le formalisme général de l'équation de bilan d'énergie appliquée à un fluide monophasique éventuellement

composé de différentes espèces (transferts de masse et de chaleur couplés) est développé

dans le Chapitre 8, dans lequel des modèles avancés de convection naturelle et forcée sont détaillés.

119


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

5.1 BILAN D'ÉNERGIE POUR UN SYSTÈME

INDÉFORMABLE

5.1.1 Système matériel

On appelle système matériel un système continu limité par une surface fermée S m(t),

éventuellement mobile et déformable, qui n'est traversée en aucun point et à aucun

instant par un flux macroscopique de masse. C'est, en d'autres termes, une quantité

macroscopique de matière dont on suit les évolutions dans le temps 3 . Les composantes

normales de la vitesse du fluide v (M, t) en un point M de S m (t) et de la

vitesse de déplacement w (M, t) de la frontière Sm (t) en M sont égales :

[v(M, t)- w(M, t)] · llext = 0 (5.1)

où Dext est le vecteur unitaire normal en M à S m (t) orienté vers l'extérieur. Une autre

formulation possible est la suivante : (v - w) · Dext• appelée vitesse de convection au

travers de la frontière, est nulle. Il n'y a pas de transfert convectif à la frontière d'un

système matériel.

On applique à un tel système le premier principe généralisé sous la forme :

d ( ) . .

dt o + Ocin + op = W + Q (5.2)

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où o , ocin et op représentent les énergies interne, cinétique et potentielle de tout

le système, W et Q les puissances échangées avec le milieu extérieur sous forme

de travail réversible et de chaleur, à travers la surface et au sein du volume dans ce

dernier cas. Les seuls échanges de chaleur à prendre en compte aux frontières avec

le milieu extérieur sont pour un système matériel : les échanges conductifs (incluant

d'éventuels flux conducto-convectifs) et les échanges radiatifs.

5.1.2 Premier exemple d'application : une filière

À titre d'exemple, étudions le bilan thermique d'un fil métallique de section J: défilant

à très grande vitesse u (suivant Ox) dans le référentiel d'un atelier Oxr (figure 5.1). Le

fil est refroidi par rayonnement et par transfert conducto-convectif dans l'air ambiant

à la température Ta (coefficient de transfert h). Le système considéré est la tranche

matérielle comprise à l'instant t dans l'intervalle [x, x + dx] qui se déplace dans le

3. Cette définition est macroscopique. À l'échelle microscopique, un nombre considérable de molécules

entrent et sortent du système matériel à travers sa surface Sm (t). Les transports de quantité de

mouvement, d'enthalpie et de masse de chaque espèce associés au transport moléculaire à travers cette

surface produisent les phénomènes de diffusion : viscosité, conduction thermique, diffusion d'espèces

respectivement. Mais le flux global de masse à travers n'importe quel élément de surface de Sm (t) est

toujours nul.

120


5.1 . Bilan d'énergie pour un système indéformable

r

À,e,c

<p cc

h T a

0

<p X 1 dx

cd

!},

.X x idx coupe s11iva111 x

Figure 5.1 - Coupes du système indéformable.

référentiel Oxr. Nous supposons la température constante dans chaque section droite

(voir le paragraphe 2.2.6).

Les flux extérieurs à prendre en compte pour ce système matériel sont :

• les flux conductifs I<pcd (x) et J:<pcd(x + dx) à travers les sections droites du fil et le

flux conducto-convectif 'Pdxh[T(x) - Ta] à travers la surface latérale, si 'P désigne

le périmètre mouillé du fil. Ce dernier flux est compté positivement suivant Or.

L'air est en mouvement, de convection forcée, dans le référentiel du fil.

• un flux radiatif 'Pdx<pR, compté positivement suivant Or, entre la surface latérale

de la tranche et le milieu extérieur.

Dans l'équation 5.2, l'énergie cinétique Ôcin du système matériel dans le référentiel

choisi est constante, les variations del' énergie potentielle de pesanteur 8p sont négligeables,

et le terme W est nul ; il vient, d'après cette relation, en assimilant enthalpie

et énergie interne pour un solide :

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d1{ = d8 = CdT = (pcJ:dx) (()T + u oT)

dt dt dt ot ax

(5.3)

où C et c désignent la capacité thermique de la tranche et la capacité thermique massique

du fil, respectivement.

Le terme de l'équation 5.3 en 8T/8t correspond à un régime instationnaire : variation

temporelle de la température en un point fixe x du référentiel de l'atelier; nous

nous limitons dans cet exemple à un régime stationnaire caractérisé par :

Dans ces conditions, l'équation 5.3 devient

où m, égal à pEu, est le débit massique de la filière.

(5.4)

d1{

dt = (pEu) c dT = rh c dT (5.5)

121


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Le terme de l' équation 5.3 en u ôT /ôx existe en régime stationnaire : il représente

la variation de température, par unité de temps, d' un élément matériel suivi dans son

mouvement par rapport au réf érentiel de l'atelier.

Compte tenu des transferts à prendre en compte, on obtient, d'après l'analyse précédente:

Q = I [ <pcd(x) - <pcd(x + dx)] + Pdx { h [Ta - T(x)] - 'PR} . (5.6)

Soit, à partir des équations 5.2 à 5.6, en régime stationnaire 4 :

d<J{ d8 dT d 2 T R

dt= dt= pi cu dx dx = ÀE dx 2

dx + Pdx [h(Ta - T) - <p (Ta,T)], (5.7)

avec les conditions aux limites :

T(O) = To

T(oo) =Ta.

(5.8)

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5.1.3 Système ouvert à frontières fixes en régime

stationnaire

Un système ouvert a une surface perméable aux flux macroscopiques de masse. Nous

nous limitons dans ce paragraphe au cas d' un système ouvert à frontières fixes dans le

référentiel choisi. Le cas général sera abordé dans le paragraphe 5 .2.1 et le Chapitre 8.

En régime stationnaire, les grandeurs physiques globales considérées sont invariantes

par rapport au temps dans ce référentiel 5 :

d8 .

~( !) = 0

dt

d<J{

dt(!)= 0, (5.9)

Les transferts thermiques à prendre en compte sont les transferts conductifs 'Peel ou

<pcc, radiatifs 'PR et convectifs <peu; ces derniers sont associés aux flux macroscopiques

de masse à travers la smface du système.

Le bilan d'énergie pour un système ouvert à frontières fixes en régime stationnaire

s'écrit, si qen désigne le vecteur flux surfacique d' énergie, h l'enthalpie massique du

fluide et P la puissance volumique dissipée :

(5.10)

d<J{ = ( - qen · DextdS + ( Pd V = 0.

(5.11)

dt Js J v

Cette équation de bilan est illustrée par deux exemples (paragraphes 5 .1.4 et 5 .1.5)

4. Comme, en régime stationnaire (BT /Bt = 0), T [x (t)] ne dépend pas directement du temps, des dérivées

droites sont utilisées: (dT/dt) = (dT/dx)(dx/dt).

5. Les relations 5.9 font apparaître des dérivées droites et non des dérivées partielles car les grandeurs

considérées ne dépendent que du temps.

122


5.1. Bilan d'énergie pour un système indéformable

5.1.4 Retour sur l'exemple de la filière

Nous reprenons l'exemple du paragraphe 5.1.2 en adoptant le point de vue du sytème

ouvert compris entre les plans x et x + dx, quel que soit l'instant considéré.

L'équation 5.11 devient:

d'H . d 2 T [ ] dT

- = Q = ,U;'- 2

dx + 'Pdx -ql + h(Ta - T) - J:pcu-d dx = O.

dt dx X

(5.12)

Le premier terme ,U;'(d 2 T/dx2)dx représente l'effet global des contributions conductives

dans les plans x et x + dx; le second terme 'Pdx[-<pR + h(Ta - T)] les contributions

radiative et conducto-convective sur la surface latérale du fil ; le dernier

terme -J:pcu(dT/dx)dx la somme des contributions convectives J:pu h[T(x)] en x et

-J:pu h[T(x+dx)] en x+dx. Il est évident que, formellement, l'équation de bilan 5.12

est identique à l'équation 5.7 obtenue avec le point de vue du système matériel dans

laquelle le terme de convection de l'équation 5.12 J:pcu(dT/dx)dx apparaît au premier

membre changé de signe.

Si on ignore le flux radiatif <pR, la solution du sytème d'équations 5.7 et 5.8 s'écrit:

T - Ta = exp{-pcux[(i + 4'PhÀ ) 1 2

/ _ 1

To - Ta ]}·

2,i J;p2c2u2

(5.13)

La contribution de la conduction axiale suivant Ox, représentée par À, est négligeable

devant la contribution convective (point du vue du système ouvert) si :

(5.14)

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Dans pratiquement toutes les applications usuelles, cette condition est réalisée, qu'on

ait affaire au mouvement d'un solide (le fil par exemple), d'un liquide ou d'un gaz.

Pour s'en convaincre, il suffit d'envisager des valeurs réalistes de À,p, c, des valeurs

réalistes de 'Pet J:, et enfin les plages de variation du coefficient de transfert convectif

h (cf. tableau 1.1 du paragraphe 1.4.2). Nous admettons dans la suite que le transfert

conduct~f axial, pour un solide, un gaz ou un liquide, est en pratique négligeable devant

le transfert convectif dans la même direction. Ce fait est justifié rigoureusement

pour un fluide dans le paragraphe 8.5. l.

5.1.5 Exemple 2 : interface solide-liquide, front de fusion

Une des méthodes pour stocker l'énergie en vue d'une utilisation différée consiste à

utiliser la chaleur latente importante de changement d'état liquide-solide. On utilise

des sels dont le point de fusion peut atteindre 900° C, ce qui permet de ne pas dégrader

le niveau thermique. On peut utiliser des échangeurs classiques avec parois,

123


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

peu efficaces, ou mieux des échangeurs à contact direct gouttes-fluide. Un des problèmes

à résoudre est de relier la vitesse de déplacement du front de fusion aux flux

d'énergie à l'interface, côté liquide et côté solide. Si on fait l'hypothèse simplifica-

J•J

z

Liquide : À l

p

~ q>~ }q>~

Front de fusion à TF

z

) cp cc/ J cp CV

) s l s

Solide : À s' P

Figure 5.2 - Modèle d'interface.

trice que les masses volumiques Ps et PL des phases solide et liquide sont égales à la

valeur p, on peut, en première approche, modéliser le front de fusion par une couche

indéformable d'épaisseur 7], isotherme à TF, constituée des deux phases intimement

liées (figure 5.2). Le système le plus simple à choisir est le front de fusion lui-même

d'épaisseur 1J qui est en mouvement, de vitesse ZF par rapport à un axe fixe Oz. C'est

un système ouvert. On applique le bilan d'énergie par rapport à un système d'axe OZ

lié à ce front de fusion. Des transferts convectif et conductif sont à considérer sur

chaque face (voir figure 5.2) 6 :

(5.15)

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

où .E, hs(T F) et hL(T F) désignent la smface du front et les enthalpies massiques des

phases solide et liquide à la température de fusion TF. in représente le débit massique,

évidemment constant, de liquide et solide à travers les faces du front de fusion ; soit :

L'équation de bilan devient :

in= -p.EZ,p. (5.16)

(5.17)

où lv désigne la chaleur latente massique de changement d'état.

6. L'équation 5.15 est valable si les deux phases sont toutes deux soit opaques, soit transparentes.

124


5.2. Bilan d'énergie pour un système fluide monophasique

5.2 BILAN D'ÉNERGIE POUR UN SYSTÈME FLUIDE

MONOPHASIQUE

La modélisation des transferts thermiques dans un fluide en mouvement, en particulier

au voisinage des parois, est un enjeu majeur de la discipline. Il convient d'établir,

comme pour un solide, la loi d'évolution de l'énergie du système fluide : le problème

est rendu délicat par le fait que le fluide est déformable, mais aussi dilatable

(ôp/ôT * 0); c'est le cas, en particulier, d'un gaz auquel on apporte ou duquel on

extrait une énergie importante. Les gaz sont également compressibles (ôp/ ôp * 0),

mais cette propriété ne génère des difficultés supplémentaires que dans les cas où les

variations de pression sont importantes, cas que nous excluons ici. L'équation générale

de bilan d'énergie pour un écoulement monophasique compressible et dilatable

se trouve au paragraphe 8.1.

L'équation simplifiée de bilan d'énergie découle de deux théorèmes de transport

introduits dans les paragraphes à suivre, et du premier principe de la thermodynamique

appliqué à un système matériel.

5.2.1 Théorèmes de transport

a) Système ouvert monophasique à frontières mobiles

Soient A et a des grandeurs scalaires, vecteurs ou tenseurs, rapportés aux unités de

volume et de masse respectivement :

A =pa. (5.18)

Considérons, dans un référentiel, un système mobile, déformable, de volume V(t), limité

par une surface S (t) (figure 5.3). Nous admettons le théorème [153] représentant

l'évolution temporelle de la quantité globale 3l rattachée au volume V :

"O

0

c

::J

0

v

;a;

"='

T"-f

0 c

N

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2

o.

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't:

0

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F!

-ci

0

c

0 "'

@

d3l = ~ ( ( A dV) = ( ôA dV + ( A w.next dS.

dt dt J v(t) J v(1) ôt J s(t)

(5.19)

Dans cette expression, llext représente la normale orientée vers l'extérieur d'un élément

de la surface S et w le vecteur vitesse de déplacement de l'élément de surface

dS dans le référentiel d'étude (et non celui de l'élément matériel en ce point à l' instant

considéré, noté v).

b) Théorème de Reynolds pour un système matériel

monophas iq ue

Un système matériel de volume Vm(t) et de surface S mU) est défini par (paragraphe

5.1.1) :

w(r ,t).next = v(r ,t).nexr, (5.20)

125


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Figure 5.3 - Système ouvert à frontière mobile.

c'est-à-dire que les composantes normales à la surface des vitesses v de l'élément

matériel et de déplacement de la surface w coïncident en tout point de la surface. La

substitution de v(r,t).next à w(r,t).next dans l'équation 5.19 conduit au théorème de

transport de Reynolds 7 pour un système matériel :

d3{ (l ) l L

d = d A dV = 7) ôA d V + A v · Dext dS

t t V 111

(t) V,,,(1) t S,,,(t)

(5.21)

c) Équation de bilan de la masse globale

L'équation 5.21 appliquée à la masse (A= p) donne l'équation de bilan de la masse

globale, encore appelée équation de continuité :

l L

m . = - dm = 7) ôp dV + pV.Dext dS =O.

dt V,.,,(t) t S 111

(!)

(5.22)

Soit, après transformation, sous forme locale :

ôp

- + V· (pv) = 0

Ôt

(5.23)

d) Réécriture du théorème de Reynolds

·~ L'expression 5 .19 peut être transformée dans le cas d'un système matériel, vérifiant

a.

3 l'équation 5.23, en adoptant les notations définies par l'équation 5.18. Soit:

- = - padV = p-

d3I d (J: ) l [ ôa op ]

+ a- + aV.(pv) + pv.Va dV,

dt dt Vm(t) V,,,(t) 8 t 8 t

(5.24)

7. Certains auteurs notent la dérivée totale dA/dt avec des D majuscules (DA/Dt) et l' appellent dérivée

matérielle.

126


5.2. Bilan d'énergie pour un système fluide monophasique

et après simplification, à partir de l'équation 5.23 :

J: - = - padV = p - ôa + v ·Va) dV = p-dV, da

dt dt V 111

(t) V 111

(t) Ôt V 111

(t) dt

dJI d (J: ) J: (

(5.25)

formulation équivalente du théorème de Reynolds, valable que a soit scalaire, vecteur

ou tenseur. On notera que dans cette expression, p peut dépendre du temps par

l'intermédiaire de Tou p.

e) Remarque très importante : significations physiques

des dérivées partielle et droite

Pour toute quantité massique a, il convient de bien distinguer les significations phy-

. d 1 d, · , · 11 ôa d 1 d, · , d · da

s1ques e a envee pa1t1e .. e par rapp01t au temps ôt et e a envee ro1te dt .

La dérivée partielle ~~ caractérise l'évolution instationnaire de la grandeur a en

un élément de volume autour d'un point fixe M(r) du référentiel. Dans un fluide

en mouvement, ce sont des éléments de matière djfférents qui occupent ce volume

élémentaire en fonction du temps.

La dérivée droite da caractérise l'évolution temporelle globale de la grandeur

dt

a attachée à l'élément de matière macroscopique qui occupe l'élément de volume

considéré autour d'un point fixe M(r) du référentiel au seul instant t. Contrairement

à la dérivée partielle, la dérivée droite n'est pas nulle en régime stationnaire.

D'un point de vue mathématique, il vient:

"O

0

c

::J

0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

::l

~

@ .,

.,

'<I)

~

..c ·-= "'

Ol

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g

::l

CO

>- c

a. 0

c

0

c

u .~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

da(r,t) ôa(r,t) V )

= ô + v. a(r,t

dt t

(5.26)

Le terme v.Va(r,t) représente la contribution à l'évolution temporelle de l'élément

matériel due au seul déplacement par unité de temps dt de cet élément dans des

champs qui seraient figés à l'instant t : cette contribution existe en régime station-

. L ôa(r,t) . . . , .

narre. e terme ôt est le terme mstat1onnaue complementarre.

5.2.2 Bilan d'énergie (approche simplifiée)

L'équation de bilan d'énergie est établie dans ce paragraphe sous l'hypothèse restrictive

d'un fluide soumis à une faible variation de pression 8 , tant des points de vue d'un

système matériel que d'un système ouvert. Une démonstration complète et générale

est exposée dans le paragraphe 8.1.

8. Une faible variation de pression est en effet nécessaire pour engendrer le mouvement du fluide dans

une conduite par exemple.

127


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

a) Point de vue d'un système matériel

Nous admettrons sans démonstration que la variation d'enthalpie d'un système matériel

fluide monophasique à pression quasiment constante est égale à la puissance

calorifique algébriquement fournie au système :

L ( l

-- d<Jim = - q cd + q R) .next dS + PdV

dt S 111 (t) Vm(t)

(5.27)

Le premier te1me du second membre ne prend en compte que des flux conductif

et radiatif ( qR .next représente le flux radiatif smfacique 'PR à travers la surface du

système orientée vers l'extérieur). Il n'y a pas de terme de convection dans ce bilan

écrit du point de vue d' un système matériel. Pest la puissance calorifique volumique

engendrée dans le milieu. Dans la mesure où le fluide est un liquide ou un gaz parfait,

l'enthalpie massique h 9 vérifie :

On obtient, par application du théorème de Reynolds 5.25 :

(l ) l l -- d1im = -d phdV = p-dV dh = pcp-dV dT

dt dt Vm(t) Vm(t) dt V 111

(t) dt

(5.28)

(5.29)

Compte tenu des deux équations 5.27 et 5.29, l'équation de bilan d'énergie sous

forme intégrale s'écrit :

l L l -- d<Jim = pc p - dT . d V = - q cd .Ilext dS + P + P d V

dt V 111

(t) dt S ,,,(t) V 111

(t)

( R )

(5.30)

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

où on a introduit la puissance radiative pR dissipée dans un fluide semi-transparent,

égale à - V · qR.

b) Point de vue d'un système ouvert

Considérons un système matériel fluide, de surface frontière Sm (t) et de volume

V m (t), mobile dans un référentiel donné. Par définition d' un système matériel, le flux

convectif q~v · Ilext de quelque grandeur physique Ji que ce soit (a par unité de masse,

A par unité de volume) est nul en tout point M de la frontière et à chaque instant t.

À présent, considérons un système fluide ouvert, de surface frontière S 0 (t) et de volume

V 0 (t), également mobile, et qui occupe exactement le même volume physique

que le système matériel précédent uniquement à l'instant t. Les vitesses w (N, t) de

certains points N de sa surface frontière diffèrent nécessairement des vitesses v (N, t)

9. Dont la notation est à distinguer de h coefficient de transfert.

128


5.2. Bilan d'énergie pour un système fluide monophasique

du fluide aux mêmes points, sinon V 0 (t) serait un volume matériel. Par conséquent,

des flux convectifs q~v · Dext apparaissent en ces points à travers la surface S 0 (t); ils

sont donnés par 10 q~v · Dext = A (V - W) · Dext = pa (V - W) · Dext (5.31)

Le théorème général de transport 5.19 permet d'exprimer le taux de variation de la

grandeur globale 5l pour le système matériel :

(J: ) J: L

-d- d5lm = d pa d V = o(pa) d V +

pa v · Dext dS

t t V 111

(t) V 111

(t) 0 t S m(t)

Pour le système ouvert, le même théorème donne :

d5lo = _5!. ( ( pa d v) = ( {) ~a) d V + ( pa w · Dext dS

dt dt J V 0

(t) J V 0

(t) t J S 0

(t)

(5.32)

(5.33)

On notera que la vitesse du fluide v, qui apparaît dans l'équation 5.32, est remplacée

par la vitesse w de la frontière S 0 (t) dans l'équation 5.33. Comme, à l'instant t, les

smfaces S 0 (t) et Sm (t) sont égales ainsi que les volumes V 0 (t) et V m (t), il découle

de ces deux équations le résultat suivant :

d5lo d5lm L d5lm L cv

-d- = -d- - pa (V - W) · Dext dS = -d- - qa · Dext dS

t t S 0

(t) t S oU)

(5.34)

"O

0

c

::J

0

v

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T"-f "O

0 c

N

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::l

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Q,

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~

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-ci

0

c

::l

0

@

Le taux de variation de la grandeur extensive 5l sur le système ouvert est donc égale à

la somme du taux de variation de la même grandeur sur le système matériel occupant

le même volume à l'instant t et de l'intégrale sur la frontière du système ouvert du

flux convectif q~v donné par l'expression 5.31 et compté positivement vers l'intérieur

du système.

Ce résultat général peut à présent être appliqué à l'enthalpie 11. Le premier terme

des second et troisième membres de l'égalité 5.34 d<J{m/dt est donné par l'équation

de bilan d'énergie pour un système matériel (équation 5.30):

ct'l1m - r a(Ph) dV r h dS

dt JV 111

(t) ---al + Js 111

(t) P V · Dext

= - fs (t) qcd · Dext dS + fvm(t) (PR+ P) dV

111

(5.35)

Il s'ensuit que le taux de variation de l'enthalpie du système ouvert d1{ 0 / dt a pour

expression :

ct11a - r ô(ph) dV f h dS

dt )Vo(t) -af + Js o(t) p W . Dext

- fs o(t) ( qcd + qfiv). Dext dS + Jva(t) (PR+ P) dV

(5.36)

10. Cette expression est plus générale que celle du paragraphe 1.4.1 : (v - w) · nex1 représente la vitesse

normale du fluide par rapport à l'élément de smface dS 0

(t) mobile, encore appelée vitesse de

convection.

129


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Pour le système ouvert, le flux convectif apparaît explicitement dans le second

membre de l'équation de bilan 5.36, tandis que pour le système matériel, il apparaît

implicitement dans le premier membre de l'équation 5.35 via le terme de transport.

Les résultats du paragraphe 5 .1. 3 sont retrouvés ici ; en particulier, l'équation 5 .11

correspond à un système ouvert à frontières fixes en régime stationnaire.

5.3 APPLICATIONS SIMPLES : TRANSFERTS DANS

UNE CONDUITE; ÉCHANGEURS DE CHALEUR

Nous considérons l'écoulement stationnaire d'un fluide, de débit massique m

constant, dans une conduite cylindrique (de génératrices parallèles et de section

constante .E). Dans ce qui suit, une température globale, appelée température de mélange,

va être introduite pour caractériser le fluide dans une section donnée. Cette

température de mélange servira de référence dans les calculs de transfert convectif,

en particulier dans les échangeurs de chaleur, pour des écoulements laminaires ou

turbulents.

5.3.1 Hypothèses simplificatrices

On se propose de construire un modèle simple à partir d'un certain nombre d'hypothèses

:

"O

0

c

::J

0

v

T""f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

>- Hypothèse H 7 : les propriétés thermophysiques du fluide il, cp, ... sont supposées

uniformes, en particulier indépendantes de la température; on prend, en fait, la

valeur moyenne de ces grandeurs sur toute la longueur de la conduite et sur toutes ses

sections. La masse volumique p est susceptible de varier de façon appréciable avec

T, notamment pour un gaz.

>- Hypothèse H2 : la vitesse du fluide v est, en tout point, parallèle aux génératrices

de la conduite, c'est-à-dire à Ox; elle a pour valeur algébrique u; ceci suppose

qu'on est loin d'une entrée éventuelle du tube. En régime stationnaire, la conservation

de la masse dans un tube de flux s'écrit d'après l'équation 5.23 :

ô

ôx(pu) =O. (5.37)

La vitesse axiale une se conserve pas dans un tube de flux dans la mesure où p varie.

>- Hypothèse H 3 : le fluide est un gaz parfait ou un liquide.

130


5.3. Applications simples : transferts dans une conduite; échangeurs de chaleur

5.3.2 Bilan d'énergie en régime stationnaire

La température du fluide dépend, en toute rigueur, des trois coordonnées spatiales.

Nous allons adopter un modèle simplificateur, monodimensionnel, analogue à celui

de ]'approximation de ]'ailette, en introduisant la notion de température de mélange.

a) Notion de température de mélange

Considérons le système matériel fluide compris, à l'instant t, entre x et x+dx et représenté

sur 1a figure 5.4.a. À un instant ultérieur, ce système s'est déplacé et déformé

(voir la figure 5.4.b) : cette déformation est importante puisque les filets de fluide

au voisinage immédiat de la paroi ne se sont pratiquement pas déplacés (annulation

de la vitesse à la paroi) contrairement aux filets occupant la partie centrale du tube.

La vaiiation d'enthalpie par unité de temps de ce système, en régime stationnaire,

s'obtient en adaptant aux conditions et hypothèses du problème l'équation 5.25 :

r ar

d<J{

dt= dx JrPCpU Bx dydz, (5.38)

expression dans laquelle p, u et T dépendent de x,y,z, tandis que cp est constante.

Après transformation, on obtient, compte tenu de la relation 5.37 :

(5.39)

1

T - T e

"Cl

0

c

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0

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F

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c

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0

@

0,5 1

0 0,5 1,2

JI?

x1[2(at)) -

2,./

Figure 5.4- Déformation temporelle de l'élément matériel.

L'intégrale sur J; peut s'interpréter comme une moyenne de la température pondérée

par le débit massique. On appelle température de mélange la quantité:

L

L

puT dydz puT dydz

Tm(x) = =

(5.40)

pudydz

l:

131


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Cette température serait celle de la section droite J; si l'équilibre thermique était

fictivement réalisé dans cette section 11 (d'où la notion de mélange). C'est une température

globale de la section droite associée au débit massique m. L'équation 5.38 de

bilan d'énergie devient dans ces conditions :

(5.41)

Cette nouvelle expression, rigoureuse, est formellement identique à celle relative au

mouvement en bloc d' un solide caractérisé par la relation 5.5.

b) Bilan d'énergie pour une tranche élémentaire

Nous supposons, pour simplifier, que les échanges radiatifs sont linéarisables et incJus

dans le coeffi cient d'échange hou négligeables; d'autre par.t, la conduction axiale est

supposée négligeable (voir les conclusions du paragraphe 5.1.4). Dans le cas d' un

flux conducto-convectif à la paroi, le bilan d'énergie pour une tranche matérielle

[x,x + dx] s'écrit:

(5.42)

où rp représente le périmètre mouillé de la conduite et Tp(x) la température de la

paroi, supposée constante dans une section droite (éventuellement moyennée sur le

périmètre mou.illé P). Dans le cas particuUer où la température de paro.i de la conduite

Tp est constante en x, la température du fluide converge exponentiellement vers Tp :

(5.43)

"Cl

0

c

::::i

0

.-1

0

"'"

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

où To désigne la température à l'entrée de la conduite. Cette situation se produit,

par exemple, s'il existe de l'autre côté de la paroi un système restant sur toute la

longueur de la conduite sous deux phases : condenseur parfait ou évaporateur pa1fait

(figure 5.5).

T

p

T," (,r) a) évaporateur

parjàit

T

p

T

X 0

......··:..:.

·;.; · ·.-· -~-----

b) condenseur

pmjàit

X

Figure 5.5 - Profils de température des deux fluides.

11. Dans un écoulement turbulent, cette moyenne spatiale est pratiquement réalisée au cœur de l'écoulement,

tout au moins si on considère les champs moyennés sur des échelles de temps grandes par rapport

à celles des fluctuations turbulentes.

132


5.3. Applications simples : transferts dans une conduite; échangeurs de chaleur

5.3.3 Exercice d'application

(Exercice 5.1 Performances comparées d'échangeurs de chaleur

Énoncé

Soit l'échangeur de chaleur plan très simple à deux fi uides, chaud c et froid F, séparés

par une paroi conductrice d'épaisseur e, de conductivité il, à travers laquelle de la

chaleur est échangée (figure 5.6). Les deux autres parois parallèles à la paroi médiane

sont parfaitement isolantes et distantes de d de celle-ci. Cette condition est en pratique

réalisée par un empilement d'éléments d'échangeur du type décrit ici. On considère

que l'étendue L suivant Oy de l'échangeur est suffisamment grande devant d pour

négliger les effets de bord. Un échangeur est dit à co-courant si les fluides circulent

su.ivant Ox dans le même sens, à contre-courants' ils ci.rculent en sens contraire. Nous

adopterons les conclusions du paragraphe 5.3.2 et ne considérerons pas de transfe1ts

radiatifs, ou des transferts linéarisés pris en compte dans les coefficients de transfert.

Soient n1.c et mF les débits massiques constants des fluides chaud et froid, comptés

positivement si l'écoulement se fait dans le sens de Ox; me sera toujours positif, mF

pourra être positif ou négatif suivant le type d'échangeur considéré. Nous appelons

T mc(x), TmF(x), Tpc(x) et TpF(x) respectivement les températures de mélange des

fluides chaud et froid et celles des faces de la paroi à leur contact, à l'abscisse x.

"Cl

0

c

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0

"""

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F

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0

@

@ L cp - 0

d

d

:

. T

m e

-d<P

' h c 1 x ~ dx

. e J..

~ T pF

: -

1. Bilan thermique d'un échangeur

.

: mF TmF

:<- J

cp =O

Figure 5.6 - Coupe de l'échangeur plan.

Donner les expressions reliant les températures de mélange d'entrée et de sortie

des fluides chaud et froid. Commenter.

2. Efficacité et nombre d'unités de transfert

Un échangeur peut être considéré comme un quadrupôle (les pôles étant les entrées

et sorties des fluides froid et chaud); les températures des fluides sont désormais

X

133


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

affectées d'un indke e pour l'entrée et s pour la so1tie. On appelle débit de capacité,

noté Cr, le module du produit incp (capacity rate en anglais), et on pose :

(5.44)

(5.45)

Pour préciser la notion de perfo1mance d'un échangeur, on introduit un nombre sans

dimension E, appelé efficacité de l'échangeur, et défini comme le rapp01t du flux

transmis <Pau flux maximal théoriquement transmissible <Prh·

a) Exprimer la quantité de chaleur maximale théoriquement échangée entre le

fluide chaud et le fluide froid <l>th en fonction du débit de capacité Cr.

b) Exprimer l'efficacité d'un échangeur à co-courant ou à contre-courant en

fonction d'un paramètre physique appelé nombre d'unités de transfert NUT défini

par NUT = hgSmaJCrmin· Discuter.

Solution

1. Les bilans d'énergie pour des tranches matérielles de fluide comprises à l'instant t entre

x et x + dx (figure 5.6) s'écrivent:

-d<t> =me Cpc dTmc = -Ldxhc(Tmc - Tpc).

d<t> = mF CpF dTmF = -LdxhF(TmF - TpF ),

(5.46)

(5.47)

où hc et hF désignent les coefficients de transfert aux parois, moyennés sur la longueur de

l'échangeur, côté fluide chaud et côté fluide froid. Dans cet échangeur parfait, la chaleur

perdue par le fluide chaud ld<PI est totalement gagnée par le fluide froid.

Les écarts de température Tmc - Tpc et TmF - TpF peuvent se calculer à partir de la notion

de coefficient d'échange global hg, conductance surfacique d'un élément dx d'échangeur

(voir exercice 2.3 au paragraphe 2.1.2). Soit, par définition de hg :

"O

0

c

::J

0

v

,..-!

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

d<t> = -Ldxhg(TmF - Tmc),

expression où hg vaut 12 (d'après l'équation 2.18):

Le système se simplifie en :

( 1 e 1 )- 1

hg = hc + A + h F

YnpCpFdTmF = +Ldxhg(Tmc - TmF)·

(5.48)

(5.49)

(5.50)

(5.51)

12. On pourrait ajouter des résistances d' encrassement, ce qui revient à ajouter de part et d'autre de

la paroi conductrice des couches faiblement conductrices supplémentaires dont les propriétés sont à

évaluer.

134


5.3. Applications simples : transferts dans une conduite; échangeurs de chaleur

On obtient, si l'entrée del' échangeur est en x = 0, à partir des équations 5.50 et 5.51 :

Tmc(x)-TmF(x) = [Tmc(O)-TmF(O)] exp[-hgLx(-. _l_ + . l )].

mcCpc mpCpF

(5.52)

En substituant l'équation 5 .52 dans les équations 5 .50 et 5 .51, il vient, si on note S max la

quantité Ll :

Tmc(O) - T,,ic(l)

Tmc(O) - TmF(O)

(5.53)

TmF([) - TmF(O)

Tmc(O) - TmF(O)

Les équations 5 .53 et 5.54 sont valables pour tous les types d'échangeurs à co-courant

(me, mF > 0) et à contre-courant (me > 0, fn.F < 0), quelle que soit la géométrie de

la section : cylindrique, triangulaire, etc. En général, dans un échangeur industriel plus

complexe, la surface d'échange S max offerte à l'un des :fluides est plus importante que la

smface offerte à l'autre. Dans ce cas, le coefficient global d'échange hg est par convention

rapporté à S max .

Dans le cas particulier où mFCpF (ou mcCpc) tend vers l'infini, alors TmF(x) garde la valeur

constante TmF(O) (Tmc(x) garde la valeur T mc(O)): c'est le cas d'un tube à température de

paroi constante, cas déjà traité : paragraphe 5.3.2, équation 5.43.

Tmc

Tmc

"Cl

0

c

::::i

0

"""

;o;

..-1 "O

0 c

N

::i

@

.,

"'

.µ '~

..c ·c

Ol c

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a. 0 c

u .S!

ti

::i

"O

2

o..

~

s "'

F

-ci

c

::i

0

@

0 l

Figure 5.7- Échangeur à co-courant.

0 l

Figure 5.8 - Échangeur à

contre-courant : inFcpF + incCpc = O.

> Dans le cas des échangeurs à co-courant, les températures des deux :fluides

tendent à converger à la sortie commune de l'échangeur (figure 5.7).

> Dans le cas des échangeurs à contre-courant, les arguments des exponentielles

dans les équations 5.52, 5.53 et 5.54 s'annulent en même temps que la quantité

mFcpF + mccpc· On distingue les différents cas d'évolutions représentés sur les figures

5.8, 5.9 et 5.10. Lorsque mFCpF + mcCpc = 0, les profils de température sont des

droites parallèles. Par ailleurs, il apparaît que pour un échangeur à contre-courant, le fluide

froid peut sortir plus chaud que ne sort le fluide chaud : Tm F(O) > T,,u..(l) (figures 5.9

et 5 .10), ce qui est impossible avec un échangeur à co-courant. Un échangeur à contrecourant

est donc plus performant qu' un échangeur à co-courant. Nous allons préciser cette

notion dans ce qui suit.

135


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

~llC

1/nc

~nF

TmF

0 I

Figure 5.9- Échangeur à

contre-courant : tnfCpF + tncCpc > 0.

0 l

Figure 5.10 - Échangeur à

contre-courant : tnfCpf + tncCpc < 0.

2. Pour exprimer le flux maximal thé01iquement transmissible ct> 1 1i, on considère qu'un des

fluides subit la variation maximale de température autorisée par le second principe, soit

(T,~ic - r:, 1

F). Cette situation est réalisée par exemple dans un échangeur à contre-courant

de longueur infinie. Il est faci le de se convaincre que seul le fluide de plus petit débit de

capacité Crmin peut subir cette vaiiation de température. Donc cf>r1 1 est:

(5.55)

Un schéma de quadrupôle est donné sur la figure 5.11. Tl existe de très nombreux types

d'échangeurs de chaleur (à cc-courant, contre-courant, courants croisés, courants brassés,

etc.), mais tous se réduisent au quadrupôle précédent. La relation fondamentale d'un

échangeur parfait, sans pertes vers l'extérieur, s'écrit:

(5.56)

Rappelons que les échangeurs industriels sont constitués d'empilements très compacts de

modules élémentaires ; de ce fait, les pertes sont en pratique négligeables. Dans l'équation

précédente, lc/>I exprime le flux échangé entre les deux fluides sur toute la longueur de

l'échangeur.

L'efficacité de l'échangeur, définie comme le rapport du flux transmis et> au flux maximal

thé01iquement transmissible ct> 1 1i, est donc :

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

e

'lin c

Crc

Cr F

cf> Crc (T~c - T,~1c) CrF(TiiF - T,~F)

E = <Prh = Crmin(T:iu: - T,~F) - Cr111 in (T,~1c - T1 ~ 1 F). (5.57)

1 E

s

T,11

Figure 5.11 - Représentation d'un

échangeur.

NUT

O .._~~~~~~~~__.

0 5

Figure 5.12 - Caractérisation d'un élément

d'échangeur.

136


5.3. Applications simples: transferts dans une conduite; échangeurs de chaleur

Étudions, à titre d'exemple, les efficacités des échangeurs à contre-courant et à co-courant

examinés plus haut. Dans le cas d ' un échangeur à co-courant, on obtient:

E = {l _ exp[-(l + Cr min )hg S max ]}/(l + Cr min )

Crmax Crll1ln Crmax

(5.58)

et pour J' échangeur à contre-courant :

(5.59)

Il apparaît sur les expressions 5.58 et 5.59 que les efficacités des deux types d'échangeurs

sont d'au tant plus élevées que la smface maximale d'échange est plus grande; dans le

cas de l'échangeur à co-courant, E est bornée par (1 + Crmjn/Crmax)- 1 tandis que pour

un échangeur à contre-courant E peut atteindre 1, mais pour un échangeur de longueur

infinie, notion qui sera précisée ultérieurement. Les augmentations de la surface d'échange

entre les deux fluides, donc de l'encombrement et surtout du coût de l'échangeur, sont

évidemment limitées par des raisons économiques.

L'efficacité de l'échangeur est une fonction de deux grandeurs adimensio1mées, le rapport

Crmin/Crmax d'une part, et d'autre part la quantité hgS max/Crmin· Cette demière apparaît

comme le rapport de la surface maximale d'échange S max à une surface de référence

Crmin/hg, qu'on appelle unité de transfert; hg représente, rappelons-le, le coefficient global

d 'échange moyen pour tout l'échangeur rapporté à la surface maximale d'échange et C rmin

le débit de capacité minimum des deux fluides ; la surface de référence est celle qui est

nécessaire pour élever d' un degré environ la température d ' un des fluides quand l'écart de

température caractéristique entre les deux fluides est de l'ordre du degré.

Nous appellerons nombre d 'unités de transfert NUT d'un échangeur de type donné (ou

NTU dans la bibliographie anglo-saxonne) la quantité :

"O

0

c

::J

0

v

;a;

"='

T"-f

0 c

N

"'

@ "'

.,

"'

..c

Ol

ï::::

'5

>- "' c

a. 0

c

0

c

u .Q

ü

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2

o.

~

~ ~

't:

0

'5 "'

F!

-ci

0

c

0 "'

@

(5.60)

où Smax désigne la surface d'échange la plus importante, hg le coefficient d'échange global

moyen de l'échangeur rapporté à S max , et Crmin le débit de capacité minimal. D' une

manière générale, la relation caractéristique d'un échangeur est du type:

E = f(NUT, Crrrûn/Crmax ) . (5.61)

Pour tout type d 'échangeur, le constructeur foumit cette relation (voir un exemple figure

5.12). L'efficacité est d ' une manière générale d'autant plus élevée que :

>- le NUT, donc la surface d 'échange, est plus élevé; pour un NUT de l'ordre de 4,

l'efficacité tend vers une valeur asymptotique; une augmentation de la surface d'échange

provoque alors un gain fai ble en efficacité.

>- le rapport Crrrûn/Crmax est plus faible; mais à la limite, le débit d'un des fluides est

négligeable, ce qui en général est peu intéressant.

137


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Commentaire: principe d'un calcul d'échangeur

Supposons qu'on veuille, dans une installation industrielle, préchauffer un fluide par un

autre fluide (mélange à chauffer avant combustion, préchauffé par les produits de cette

combustion, etc.). Les températures d'entrée et les débits des deux fluides sont imposés.

On se fixe un type d'échangeur adapté au problème considéré. Il reste à déterminer la surface

d 'échange S max , c'est à dire le volume de l'échangeur, compte tenu de sa compacité

(en m 2 de surface d'échange par m 3 ). Il est possible de procéder par itérations. Les variétés

d 'échangeurs et de fluides utilisables sont innombrables. Pour des applications précises, il

convient de se reporter à des publications spécialisées : [71] par exemple pour les échangeurs

compacts. Il faut enfin prendre en compte les problèmes de coût, d'encrassement, de

perte de charge, de contraintes thermiques, de vibrations, de fiabilité, etc.

___ J

5.4 ANALYSE DIMENSIONNELLE EN CONVECTION

FORCÉE

Quel que soit le type de transfe1t convectif thermique considéré (naturel ou forcé,

laminaire ou turbulent), les phénomènes principaux qui interviennent de façon couplée

dans l'expression du flux conducto-convectif 13 à une paroi, au sein d' un fluide

monophasique homogène transparent, sont 14 (figure 5.13) :

"O

0

c

::J

0

v

T""f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

• un transfert convectif de quantité de mouvement, axial, c'est-à-dire parallèle à

la paroi;

• un effet visqueux, essentiellement transverse à l'écoulement (diffusion de

quantité de mouvement) ;

• un transfert convectif d'enthalpie, axial ;

• un transfert conductif essentiellement transverse (diffusion d'enthalpie).

Dans ce paragraphe, nous étudions à partir de considérations simples d'analyse dimensionnelle

le comportement du coefficient de transfert convectif h à une paroi, et

mettons en évidence un ensemble de groupements adimensionnés de grandeurs physiques,

appelés nombres caractéristiques, qui jouent un rôle déterminant en convection

thermique.

13. La notion de flux conducto-convectif a été introduite dans Je paragraphe l.4.2.

14. Dans le cas d'un fluide semi-transparent (produits de combustion, bain verrier, etc.), la situation

de la figure 5.13 est compliquée par l'existence d'un transfert radiatif volumique au sein du fluide. Le

flux d'énergie conductif pariétal - ÀaT/aylP résulte alors d'un couplage entre conduction, convection

et rayonnement; à température élevée, dans un tel milieu, il est très fortement modifié par le couplage

avec le rayonnement. Ces phénomènes sont abordés brièvement dans le paragraphe 9.2.5.

138


5.4. Analyse dimensionnelle en convection forcée

paroi

X

fluide

Tp h T(1·) To

diffùsions

visqueuse

et

cond11c1ive

convec1ions

mécanique

et

thermique

y

Figure 5.1 3 - Schématisation des transferts dans un fluide au voisinage d'une paroi.

5.4. l Notion élémentaire de viscosité

"Cl

0

c

::::i

0

"""

;o;

..-1 "O

0 c

N :::>

;:;;

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.,

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s

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0

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u .~

0

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"O

e

c.

1!!

~

:::>

~

-d

0

c

:::>

0

9

L'origine physique de la viscosité est liée à celle de la conduction thermique. Il s'agit

de l'effet cumulé à l'échelle du milieu continu des transferts de quantité de mouvement

entre molécules d'un gaz ou d'un liquide lors de processus de collisions intermoléculaires.

De ce fait le phénomène est général, sauf dans un milieu extrêmement

raréfié. Nous nous limitons ici à introduire le phénomène à une seule dimension, en

amont d'un cours de mécanique des fluides.

Considérons un fluide de champ de vitesse u(y) parallèle à Ox et dépendant de la

seule variable y (figure 5.14). Séparons fictivement ce milieu fluide en deux parties :

y > y 0 et y < y 0 . La normale n à l'interface est orientée positivement suivant l'axe

Oy. Par convention 15 , laforce surfacique T exercée suivant Ox au point (x, yo) par la

partie du fluide située du côté de la normale orientée (y > yo) sur l'autre partie du

fluide (y < yo) est :

au

T=µ-

(5.62)

8y

oùµ désigne la viscosité dynamique (en kg/ms). Si 8u/8y est positif, r accélère le

mouvement de la couche y < Yo ; par exemple, le fluide situé au coeur de l'écoulement

accélère le mouvement de la couche inférieure, qui serait freinée par une paroi

en y = O. En d' autres termes, la viscosité assure la continuité du profil de vitesse dans

le fluide à partir de la paroi, où cette vitesse est nulle, par continuité également.

15. Cette convention est 1 ' inverse de celle utilisée en transferts thermiques : il n'apparaît pas de signe -

comme dans la loi de Fourier qui est issue de la même physique ; en effet, la convention adoptée revient

à considérer, pour une surface fermée dont la normale est orientée mathématiquement vers l'extérieur,

l'action du milieu extérieur sur Je système fluide.

139


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

X

rf~

X

!D

Yo

y

Figure 5.14 - Fluide visqueux: cas ôu/ôy >O.

5.4.2 Nombres caractéristiques clés

L'analyse dimensionnelle en convection forcée thermique, dont la po1tée est générale,

va être introduite à partir d'un exemple classique.

On considère, par rapport à un référentiel 0 xyz, une paroi plane, d'inclinaison

quelconque, de longueur L suivant Ox, maintenue isotherme à Tp (figure 5.13). Un

fluide de vitesse uo parallèle à la plaque, et de température To loin de la plaque,

échange de l'énergie avec la plaque entre le bord d'attaque (x = 0) et le bord de fuite

(x = L). Dans cette première approche, les propriétés physiques du fluide sont supposées

constantes ; plus précisément, on adopte les valeurs de p (masse volumique),

À (conductivité thermique),µ (viscosité dynamique) et cp (capacité thermique massique

à pression constante) con-espondant à la température de.film (To + Tp )/2. Il est

utile de distinguer dans les applications :

• h(x) coefficient de transfert local à une abscisse x, associé au flux conductoconvectif

local :

aTI

<p(x) = h(x)(Tp - To) = -il- .(x)

8

Y paroi

(5.63)

"O

0

c

::J

0

v

,....f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

• h coefficient de transfert moyen sur la plaque, associé à un flux conductoconvectif

moyen :

lL

ëp = h(T

- l

P - To) = - h(x)(T P - To)dx

(5.64)

L o

-

Dans ce deuxième cas, le problème de la détermination de h, associé au flux

conducto-convectif transverse, dépend d'un certain nombre de grandeurs et

phénomènes physiques qui pilotent le problème :

• la seule éche11e de longueur utilisable est la longueur L de la plaque;

• le flux surfacique convectif 16 axial de quantité de mouvement est caractérisé

par l'échelle puouo qui est homogène à une force surfacique, tandis que la

diffusion visqueuse axiale 17 est caractérisée par l'échelle de force surfacique

µu 0 /L (d'après l'équation 5.62);

140


5.4. Analyse dimensionnelle en convection forcée

• le flux surfacique convectif axial thermique est caractérisé par l'échelle

pu 0 cp(Tp - T 0 ), tandis que la diffusion thermique axiale est caractérisée par

l'échelle de flux surfacique /l.(Tp - To)/L.

Ni les propriétés thermophysiques, ni les champs de vitesse ne dépendent de

(Tp - To); h ne dépend pas alors explicitement de (Tp - To) (dans le cas contraire,

le phénomène serait du type convection naturelle ou mixte, c'est-à-dire qu'une partie

du mouvement serait due à la force d' Archimède engendrée par (Tp - T 0 )).

Dans ces conditions, compte tenu des échelles précédentes, le problème thermique

de la détermination de h est entièrement déterminé par sept grandeurs physiques :

h,p, µ,il, cp, Let uo.

Les dimensions respectives de ces grandeurs MT- 3 e- 1 , ML-3, ML- 1 T- 1 ,

MLT- 3 e- 1 , L 2 T- 2 e- 1 , L et LT- 1 s'expriment en fonction de quatre dimensions

(M,T,L et 8). Le théorème II (voir paragraphe 3.2.2) permet de prédire que la solution

s'exprime en fonction de trois groupements sans dimension indépendants. Nous

faisons de plus l'hypothèse que la solution s'écrit sous la forme d'un produit de puissances

de ces groupements, hypothèse valable sur des intervalles finis de variation

des paramètres. Soit :

(5.65)

Quatre relations, associées aux quatre dimensions de référence, s'en déduisent:

c = -d + l , b = d - a , e = a , f = a - 1. (5.66)

Après résolution, on obtient, en posant œ = +a et f3 = +d, la relation :

"O

0

c

::J

0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

::l

~

@ .,

.,

'<I)

~

..c ·-= "'

Ol

ï::::

g

::l

CO

>- c

a. 0

c

0

c

u .~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

où C est une constante, et qui s'écrit également sous la forme:

(5.67)

NuL = C Re~ Pr8 (5.68)

où apparaissent le nombre de Nusselt rapporté à la longueur L :

NuL = hL/il, (5.69)

16. Tout flux convectif surfacique a pour échelle pu 0 a, où a est la grandeur massique de référence; la

quantité de mouvement massique de référence est la vitesse u 0 ; l'enthalpie massique de référence est

cp(Tp - T 0 ).

17. La diffusion visqueuse est essentiellement transverse. Mais, à ce stade, nous ne disposons pas

d'échelle de longueur transverse; d'où ce choix d'échelle caractéristique axiale, qui n' influe pas sur

le résultat.

141


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

le nombre de Reynolds rapp01té à L:

ReL = puoL/µ, (5.70)

et le nombre de Prandtl:

Pr= µcµ/À. (5.71)

De la même façon, pour le transfert thermique local caractérisé par la substitution de

x et h(x) à Let h respectivement, on obtient:

(5.72)

ou:

Nux(x) = C' Re~ Pl 1 (5.73)

en introduisant le nombre de Nusselt local, au point x, rapporté à la longueur x:

et le nombre de Reynolds rapporté à x :

Nux(x) = h(x)x/À (5.74)

Rex = puox/µ. (5.75)

Les exposants qui apparaissent dans les équations 5.68 et 5.73 sont évidemment

identiques, et les coefficients C et C' sont liés 18 . On introduit également souvent

le nombre de Péclet, rapporté à x ou L :

§ 5.4.3 Interprétation physique des nombres caractéristiques

'O

0

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Les groupements adimensionnés qui figurent dans ces relations ont des significations

précises.

• Le nombre de Reynolds ReL = pu 0 L/µ représente un rapport entre des énergies

volumiques 19 , caractérisant l'inertie et la viscosité :

(5.76)

18. La relation entre C et C' découle de l'équation 5.64, laquelle se réécrit sous la forme de l'équation

5.84. En particulier, C' = 2C pour a = 1/2 et C' = 5C/4 pour a = 4/5, valeurs courantes de

l'exposant cr.

19. Il s'agit ici d'une simple analyse de phénomènes, qui ne vise qu'à caractériser des ordres de grandeur.

142


5.4. Analyse dimensionnelle en convection forcée

Une autre interprétation physique consiste à voir dans le nombre de Reynolds le

rapport du temps caractéristique de diffusion de quantité de mouvement 20 L 2 /v au

temps caractéristique de convection L/uo. v, diffusivité de quantité de mouvement,

a pour expression v = µ/p; on l'appelle également diffusivité mécanique ou viscosité

cinématique, et elle s'exprime en m 2 .s- 1 (comme la diffusivité thermique). Les

temps caractéristiques de transport convectif L/u 0 sont classiquement de l'ordre de

la seconde, tandis que ceux de diffusion visqueuse L 2 /v peuvent facilement atteindre

10 5 secondes.

Ce nombre caractérise l'écoulement, en particulier la nature du régime (laminaire

ou turbulent).

• Le nombre de Prandtl Pr = µc p/ il compare la diffusivité de quantité de mouvement

v à la diffusivité thermique a :

µ

V= -

p

À

et a= -­

pep

µCp

V

Pr=-=­

À a

(5.77)

Il compare donc les deux phénomènes transverses par diffusion. Le nombre de

Prandtl ne dépend que des propriétés physiques du fluide. On considère trois

classes de fi uides :

- les gaz, dont le nombre de Prandtl est voisin de 0,7 et les liquides usuels (eau,

huiles légères, etc.) pour lesquels l'ordre de grandeur du nombre de Prandtl est

proche de l'unité (Pr = 7 pour l'eau à 20 °C, Pr = 2 à 90 °C).

- les métaux liquides, très conducteurs (K, Na, Li, NaK, etc.), souvent utilisés

comme fluides caloporteurs, en particulier dans des réacteurs nucléaires à neutrons

rapides, et dont le nombre de Prandtl est très faible (qq 10- 2 ) : ces fluides

ont un compo1tement très différent des précédents lors du transfert d'enthalpie.

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

~ .

c

::l

.,

~

.,

~

·-= g

::l

CO

c:

0

c:

c:

.~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

- les huiles très lourdes, dont le nombre de Prandtl peut dépasser 10 3 .

Le nombre de Nusselt local Nux(x) = h(x)x/il représente le gradient de température

adimensionné à la paroi. En effet, si on pose :

l'expression du flux conductif à la paroi :

y+ = y/x ; y+ = (T - Tp)/(To - Tp) (5.78)

arl

-il- = h(Tp - To)

ôy paroi

(5.79)

i8

-o 20. En effet, toute l'analyse développée au Chapitre 3 en conduction thermique peut être étendue à

0

5 n'importe quel phénomène de diffusion, et dans le cas présent à la diffusion de quantité de mouvement

0

© caractérisée par la diffusivité mécanique v.

143


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

devient:

ar+ 1

Nux(x) = ~ + . (x).

uy paroi

(5.80)

Cette expression est à rapprocher de celle du coefficient de frottement C Fx en mécanique

des fluides, défini comme le rapport de la contrainte visqueuse à la paroi à

l'énergie cinétique volumique, de l'écoulement amont dans le cas considéré :

Tp µ OUI

CFx(x) = - - 1

= 12- (x)

-pu

2

2 0

-pu

2 0

oy paroi

Soit en posant, comme dans l'équation 5.78 :

(5.81)

(5.82)

2 au+ 1

Cpx(x) = -R ~ + _(x)

(5.83)

ex uy paroi

-

• Le nombre de Nusselt global NuL = hL/ ;i a un intérêt pour calculer le transfert

global par la plaque. Il se rapporte au coefficient de transfert moyen h, et s'exprime

en fonction du nombre de Nusselt local Nux (x) par:

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

N

UL =

L Nux(x)d

0 X

On notera que la moyenne réalisée n'est pas celle de Nux(x).

X

(5.84)

D'autres expressions du nombre de Nusselt associées à d'autres configurations

peuvent être définies. En particulier, en convection forcée interne (par exemple

dans un tube), on rencontrera un nombre de Nusselt local au point x (x est compté

suivant l'axe de l'écoulement à partir de l'entrée) associé à une dimension transverse

(D le diamètre du tube par exemple), noté Nu 0 (x) :

Nuv(x) = h(x)D/ ;i (5.85)

En régime établi, c'est-à-dire au bout d'une ce1taine longueur dans le tube (la

définition de ce régime sera donnée au paragraphe 5.6), quand le fluide a perdu

mémoire des conditions d'entrée, ce nombre de Nusselt eth pourront être indépendants

de x ; on pose alors simplement :

Nuv = hD/,t (5.86)

-

Enfin, si on considère le nombre de Nusselt associé au coefficient de transfert h

moyenné de l'entrée du tube en x = 0 à x = L, on posera :

Nuv L = hD/,t

'

(5.87)

144


5.4. Analyse dimensionnelle en convection forcée

5.4.4 Notion de similitude en convection forcée

Les expressions très synthétiques des nombres de Nusselt précédemment obtenues

sont généralisables à d'autres situations. Les problèmes considérés sont définis par:

• une géométrie, caractérisée au moins par une longueur de référence H (longueur L

de la plaque dans nos exemples) intervenant dans les expressions de Nui et Rei;

d'autres longueurs peuvent intervenir : x, iliamètre D, diamètre hydraulique Dh

(voir paragraphe 5.6.4), etc.

• des conditions aux limites thermiques et mécaniques (température ou flux imposé

sur la plaque, température amont du fluide ou température au loin ; vitesse nulle à

la paroi, vitesse amont du fluide ou vitesse au loin, etc.).

• un type d'écoulement, caractérisé par les valeurs du nombre de Reynolds.

• un type de fluide, caractérisé par la valeur du nombre de Prandtl; on distinguera

les fluides usuels dont le nombre de Prandtl est de l'ordre de 1, les métaux liquides

pour lesquels Pr vaut quelques 10- 2 et les huiles de nombre de Prandtl élevé.

Deux problèmes sont thermiquement semblables s'ils sont caractérisés par des géométries

semblables, des conditions aux limites adimensionnées identiques, la même

valeur du nombre de Reynolds et la même valeur du nombre de Prandtl. La valeur du

nombre de Nusselt est alors la même.

Dans ces conditions, les expressions du nombre de Nusselt sont du type :

Les expressions utilisées peuvent provenir :

Nu= C Rea Pr8. (5.88)

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- d'une modélisation ; la précision est alors liée à la connaissance des propriétés

thermophysiques du fluide (il, p, Cp, µ) et à la précision des méthodes mathématiques

et/ou numériques utilisées.

- d'une approche semi-théorique et semi-expérimentale, avec une certaine part

d'empirisme. La précision escomptée est alors de quelques pour cent.

On trouvera dans le Complément C un certain nombre d'expressions du type de

l'équation 5.88 correspondant à des écoulements par convection thermique forcée

dans différentes conditions. Ces expressions permettent d'accéder aux valeurs des

coefficients de transfert locaux ou globaux par les équations 5.69 et 5.74.

5.4.5 Transition entre régimes laminaire et turbulent

Dans ce paragraphe, les domaines associés aux régimes laminaire et turbulent sont

définis pour deux configurations géométriques particulières : écoulement parallèle

145


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

à une plaque plane d'une part, et écoulement au travers d'une conduite, plus précisément

d'un tube circulaire, en régimes mécanique et thermjque établis, c'est-àdire

suffisamment loin de l'entrée pour que l'écoulement ait perdu la mémoire de

ses conditions d'entrée (voir paragraphe 5.6.1). Pour d'autres configurations géométriques,

les résultats peuvent différer sensiblement de ceux donnés ici (voir Compléments

C. l et C.2).

Dans tous les cas, il n'existe pas de critère précis caractérisant la transition entre

un régime laminaire et un régime turbulent. Cette incertitude est due au fait que, pour

n'importe quel phénomène physique, 1' amorçage d'instabilités nécessite souvent des

conditions favorables très spécifiques et incontrôlables. Néanmoins, 1' objectif le plus

souvent recherché dans les applications industrielles est de produire de la turbulence,

par exemple au moyen de promoteurs de turbulence (rugosités de parois artificielles,

etc.) ou encore en faisant vibrer le dispositif. Un document de référence sur les caractéristiques

physiques de la transition entre écoulements laminaire et turbulent est

la référence [120].

En convection forcée externe, c'est-à-dire lorsqu'un fluide s'écoule le long d'une

structure, les champs de vitesse et de température dans le fluide sont perturbés par

les parois du fait des phénomènes de diffusion (viscosité et conduction thermique

respectivement). Ces régions proches de la paroi, où les champs de vitesse et de

température sont perturbés, s'appellent des couches limites. Ici, l'étude se limite au

cas d' une plaque plane; la distance de référence est alors la distance x depuis le bord

d'attaque, c'est-à-dire le premier point de la plaque rencontré par le fluide.

Les résultats importants qui suivent sont essentiellement issus d'expériences,

quelques-uns de simulations numériques, mais aucun n'a été tiré d'un modèle physique.

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• L'écoulement est laminaire, au voisinage de la plaque, depuis le bord d'attaque (en

x = 0) jusqu'à une certaine abscisse XIe ; un premier nombre de Reynolds critique

Rexlc est associé à XIe·

• Une zone de transition apparaît entre x 1 e et une seconde abscisse X2c ; un second

nombre de Reynolds critique Rex2c est associé à x2e· Les premières instabilités

apparaissent dans cette zone de transition et prennent de l'ampleur ; l'écoulement

est intermittent, tantôt laminaire tantôt instable.

• Au-delà de X2e apparaît un régime de turbulence développée. Un certain ordre

s'établit dans le chaos. Dans ce régime d'écoulement, les champs de vitesse

et de température présentent des structures bien définies, avec différentes souscouches,

dans n'importe quelle section d'abscisse x normale à la plaque (voir paragraphe

5.5.2 et, pour plus de détails, le paragraphe 9.2.3).

146


5.4. Analyse dimensionnelle en convection forcée

Les valeurs critiques Rex1c et Rex2c ne sont pas universelles. En effet, tout écoulement

réel présente une ce1taine intensité de turbulence 21 , et aucune plaque n'est parfaitement

lisse. De plus, la configuration géométrique réelle au bord d'attaque joue un rôle

important : par exemple, un bord d'attaque pointu génère de nombreux tourbillons.

Néanmoins, les résultats généraux qui suivent peuvent être considérés comme valides

:

• Même avec une forte intensité de turbulence initiale, l'écoulement est généralement

laminaire aux abscisses x telles que Rex < Re_tlc = 210 5 [120, 153].

• Pour Rex compris entre 210 5 et 610 5 , l'écoulement peut être laminaire, de transition

ou turbulent [120]. Dans des conditions de laboratoire extrêmes (surfaces parfaitement

lisses, pas de vibrations, intensité de turbulence initiale quasiment nulle),

ce1taines expériences ont montré des écoulements laminaires pour un nombre de

Reynolds local Rex allant jusqu'à 610 5 [120].

• De nombreux auteurs ont observé que, dans des conditions communes, le régime

de turbulence développée apparaît pour un nombre de Reynolds local Rex plus

grand que 5 à 610 5 [120]. En présence d'une intensité de turbulence initiale importante,

ce régime a été observé à des nombres de Reynolds locaux Rex situés

dans l'intervalle [3 10 5 ; 610 5 ].

En conclusion, dans une application faisant intervenir une plaque de faible rugosité et

une intensité de turbulence initiale typiquement inférieure à 0,01, seule une estimation

des résultats peut être faite avec les valeurs suivantes des nombres de Reynolds

critiques définis précédemment 22 :

Re,ûc = puox2c/µ = 5 10 5 (5.89)

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En convection forcée interne, le fluide s'écoule au travers d'une conduite ou d'une

structure. Nous nous limitons ici au cas d'un tube circulaire de diamètre 23 D et de

régimes mécanique et thermique établis (ces notions de régimes établis seront précisées

au paragraphe 5.6.1). Cet écoulement est caractérisé par un nombre de Reynolds

ReD défini par

Reo = puoD/µ (5.90)

21. L'intensité de turbulence est définie par le rapport de l'écart-type de la fluctuation de vitesse à la

v.itesse moyenne; voir paragraphe 5.5.2 .

22. Certains auteurs simplifient cette approche et considèrent que Je régime est laminaire jusqu'à 3 10 5

et turbulent au-delà de cette valeur; il s'agit là d'une manière pragmatique de tra.iter la zone de transition

très mal connue.

23. Dans le cas d'une conduite de section constante non circulaire, la longueur caractéristique utilisée est

le diamètre hydraulique D 1i (voir paragraphe 5.6.4) ; il s' agit du diamètre du tube circulaire équivalent

à la conduite considérée pour des écoulements turbulents.

147


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Comme précédemment dans le cas de la plaque plane, les résultats qui suivent sont

issus d'expériences et quelquefois de simulations numériques, mais n'ont aucune

justification théorique.

Le régime est toujours laminaire, partout dans le tube, pour [120]

ReD = puoD/ µ < 2300 (5.91)

Le régime peut être turbulent pour Re 0 > 2300 si les conditions sont favorables à

l'initiation d'instabilités turbulentes (vibrations de la conduite, rugosité de smface,

... ).Mais, dans le cas d'une conduite et de conditions opératoires bien maîtrisées (parois

lisses, pas de vibrations, utilisation d'un convergent à l'entrée de la conduite, intensité

de turbulence initiale très faible), l'écoulement peut encore être laminaire à des

valeurs de Re 0 allantjusqu'à 610 4 [120] ! Par conséquent, dans des conditions industrielles,

des promoteurs de turbulence sont couramment utilisés pour rendre l'écoulement

turbulent en régimes établis pour des nombres de Reynolds supérieurs à 2300.

Cependant, il est recommandé de dépasser sensiblement cette valeur pour être bien

sûr de la nature turbulente de l'écoulement.

5.5 CONVECTION FORCÉE EXTERNE

La convection forcée externe correspond à un écoulement le long d' une plaque plane,

ou plus généralement à l'extérieur d' une structure, à partir du bord d'attaque (en

x = 0) jusqu'au bord de fuite (en x = L) (voir figure 5.13).

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5.5. l Convection forcée externe laminaire

a) Couches limites mécanique et thermique

Les transferts d'énergie fluide-structure se font, dans le cas de géométries ouve1tes,

au travers de zones appelées couches limites qui se développent à partir du bord

d'attaque de la structure (en x = 0). Dans ces couches limites les champs de vitesse

et de température sont perturbés par rapport à une situation de référence (en amont et

au loin).

La couche limite mécanique est due au phénomène de diffusion de quantité de

mouvement par frottement visqueux; le champ de vitesse du fluide est pe1turbé par la

proximité de la paroi, où la vitesse s'annule, tandis qu'au loin l'écoulement n'est pas

perturbé. Plus précisément, la couche limite mécanique est la zone de fluide comprise

entre la paroi et le lieu des points, considérés sur des normales à la paroi, où la

vitesse est 0,99 fois la vitesse de l'écoulement non perturbé (figure 5.15).

La couche limite thermique est due au phénomène de diffusion d'enthalpie par

conduction : le champ de température du fluide est perturbé par la présence de la paroi,

qui est à une température différente. Plus précisément, la couche limite thermique

148


5.5. Convection forcée externe

est la zone de fluide comprise entre la paroi et le lieu des points dont les écarts de

température avec la paroi (T- T p), comptés sur les normales à la paroi, sont 0,99 fois

l'écart de température (T o - T P) entre la partie du fluide non perturbée et la paroi

(figure 5.15).

région non perturbée uo

couche limite

mécanique

) -1 !/ l'r.r T. j

région non perturbée To

6r1r(~J

Figure 5.1 5 - Couches limites en convection forcée externe. Par souci de clarté, les

couches limites mécaniques et thermiques sont représentées respectivement en haut et

en bas de la figure. Dans la réalité elles sont évidemment imbriquées. Les profils de

v itesse et de température adimensionnés ont été représentés, en des positions X; fixées,

en fonction de y.

On note Ôm(x) et ô 1 1i(x) les épaisseurs, comptées nmmalement à la paroi en x, des

couches limites mécanique et thermique. Ces épaisseurs peuvent être voisines ou différentes

suivant la valeur du nombre de Prandtl (Pr= v/a), comme il sera discuté ultérieurement.

L'expérience montre que, sauf au voisinage immédiat du bord d'attaque

x = 0, les épaisseurs de couches limites Ôm et Ôih sont petites devant x: Ôm, Ôrh « x.

On associe en mécanique des fluides des couches limites à de nombreuses autres

grandeurs physiques ; nous ne les utiliserons pas dans cet ouvrage.

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b) Résultats pratiques en régime laminaire pour une plaque

plane

Pour un écoulement de convection forcée externe laminaire, parallèle à une plaque

plane, le calcul des champs de vitesses et de température est mené à bien dans le

paragraphe 8.5. Il s'agit, en s'appuyant sur des connaissances de mécanique des

fluides, de résoudre les équations de bilan de masse globale (dite de continuité),

de quantité de mouvement (dite de Navier-Stokes) et d'énergie généralisant l'équation

5.30. Nous considérons uniquement dans ce paragraphe les résultats essentiels,

sous l'angle de la physique des phénomènes. Ils sont valides pour les fluides usuels

tels que Pr > 0,5 ; ils ne sont pas valides pour les métaux liquides, caractérisés par de

très faibles nombres de Prandtl.

149


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

L'épaisseur de la couche limite mécanique Ôm (x) est donnée par:

Tp uniforme ; Pr> 0,5 : Ôm (x) = 4,92 Re~l /2

X

(5.92)

Le nombre de Prandtl, rapport des diffusivités mécanique et thermique v/a, est directement

lié au rapport des épaisseurs locales des couches limites mécanique et thermique24

:

T P uniforme ; Pr > 0,5 :

Ôrh (x) = Pr-1/3

Ôm (x)

(5.93)

Pour les gaz usuels, le nombre de Prandtl est voisin de 0,7. Dans ces conditions

les couches limites sont en pratique confondues (ôrhlôm '.:::::'. 1,13). Pour des huiles

lourdes, Pr est très élevé : la couche limite thermique est beaucoup plus fine que la

couche limite mécanique : c'est aussi le cas de l'eau entre 0°C et 100°C mais dans

une bien moindre mesure (Pr compris entre l, 7 et 7). Pour des métaux liquides (Pr

de l' ordre de 10- 2 ) apparaît le phénomène contraire : la couche limite thermique

est plus épaisse, en théorie, que la couche limite mécanique, ce qui conduit à une

situation instable. En effet, l'existence d'un gradient de température en dehors de la

couche limite mécanique est susceptible de déclencher un phénomène de convection

naturelle dans cette partie de la couche limite thermique, conduisant en fait à un

écoulement de convection mixte.

Le nombre de Nusselt local Nux (x), dans le cas d'un fluide usuel, s'exprime en

fonction du coeffi cient de frottement CFx (x) et du nombre de Reynolds Rex par les

relations suivantes :

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- 0 ,332 . Rex

1/2

Pr

1/3

(5.94)

À ce stade, il est important de souligner que les con-élations locales de convection externe

en régime laminaire telles que celle ci-dessus ne sont pas valables à proximité

immédiate du bord d'attaque. En effet, elles reposent sur un modèle de couches limites

qui suppose que les vitesses normales à la plaque sont petites devant les vitesses

axiales, ce qui n'est pas le cas au voisinage du bord d'attaque. Seule une résolution

numérique des équations de bilan de masse, de quantité de mouvement et d'énergie

permet de résoudre le problème du comportement de h (x) au voisinage de x = O.

Le nombre de Nusselt global NuL pour la totalité de la plaque se déduit de la

relation 5.84 :

Tp uniforme ; Pr > 0,5 N -LL Nux (x)d - 0 664 R 1/2 p 1/3

UL - x - , eL r

0 X

(5.95)

24. Il est prouvé au paragraphe 8.5. l que, pour un fluide de nombre de Prandtl égal à 1, les champs

adimensionnés de vitesse u+ et de température T + sont égaux.

150


5.5. Convection forcée externe

On remarquera les liens entre N ux (x), h (x) et l'épaisseur de la couche limite thermique

Ôth (x) :

Tp uniforme ; Pr > 0,5

X

Nux (x) = 1,63 ( )

Ôth X

il

h(x) = (5 96)

0,61 Ôth (x) ·

Dans le modèle simpliste développé au paragraphe 1.4.2, pour un écoulement turbulent

dans un canal, le coefficient de transfert est égal au rapport de la conductivité

thermique du fluide à une longueur caractéristique f Au vu de la relation 5.96, on

s'aperçoit que ce résultat est généralisable à un écoulement laminaire le long d' une

plaque et que cette longueur caractéristique ~ est égale à 0,61 Ôth (x).

c) Applications des résultats obtenus

La dépendance en x du coeffici ent de transfert sur une plaque plane, à pa1tir du bord

d'attaque, est extrêmement imp01tante dans de nombreuses applications. On obtient :

Tp uniforme; Pr > 0,5 : h(x) = Nux; x)il = 0,332 Pr 1 1 3 ( u: ) 112 il x- 1 1 2 (5.97)

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soit un comportement théorique en x- 1 1 2 au voisinage du bord d'attaque (x = 0) et

dans toute la partie de la couche limite où l'écoulement reste laminaire (Rex < 210 5 ).

En toute rigueur, en x = 0, les hypothèses du modèle utilisé ne sont plus vérifiées

(voir Chapitre 8) mais elles le redeviennent pour une valeur de x faible; h(x) prend effectivement

des valeurs extrêmement élevées dans cette zone. On a donc intérêt dans

une réalisation industrielle à multiplier les effets de bords d'attaque (figure 5.16) si

on souhaite augmenter le flux transféré. La distance l entre les plaques et la longueur

L de ces plaques doivent être optimisées : l doit être suffisamment faible pour que la

diminution de surface d'échange qui résulte de ce dispositif ne l'emporte pas sur le

gain résultant de l' augmentation de h(x) ; inversement, il est intuitif que pour que l' effet

de bord d'attaque soit important, il faut que les conditions de l'écoulement amont

(à la température près) soient grossièrement rétablies au début de la plaque suivante.

Les réalisations technologiques s'appuyant sur ce principe sont très diverses ( décollement

de couche limite par inclinaison de bord de fuite, macrorugosité, aiguilles,

etc.) et n'entrent pas dans les objectifs de cet ouvrage. À titre d'exemple, le refroidissement

des parois d'une chambre de combustion ou de celles d'une aube de turbine

dans un moteur d'avion repose notamment sur la multiplication d'effets de ce genre.

5.5.2 Convection forcée externe turbulente

Dans les modèles simples de turbulence appliqués à un fluide de masse volumique

p supposée uniforme, les champs spatio-temporels de vitesse et de température sont

1 51


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

uo ______ _

.<::: ____:

écoulement amon~t---- :

L

uO------­

écou/ement amont

l

.

1 ---',

1

l

l

____,

L

Figure 5.16 - Réseau de plaques espacées.

considérés somme résultant de la superposition de leurs champs moyens, v et f respectivement,

et des champs de leurs fluctuations v' et T' :

v = v + v' T = f + T' T' = 0 (5.98)

Les grandeurs moyennes correspondent à des moyennes temporelles sur des durées

grandes devant les périodes caractéristiques des fluctuations turbulentes. Cette approche,

appelée prise de moyenne de Reynolds, permet la détermination des champs

moyens de vitesse et de température dans des cas simples. Les difficultés principales

de tout modèle de turbulence proviennent des termes moyens de convection de quantité

de mouvement, par exemple p uv où u et v sont deux composantes du champ v, et

de convection d'enthalpie, par exemple pep uT . En effet, on démontre que les valeurs

moyennes de ces termes de convection dépendent non seulement des champs moyens

-- --

mais aussi de termes de c01Télation du type u'v' et u'T' :

uv = u v + u'v' uT = u f + u'T' (5.99)

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Le problème de base est de déterminer les termes du type pu' v' et pc P u'T' , lesquels

dépendent des lois statistiques très mal connues de la turbulence. Ces termes portent

de fortes non-linéarités associées au transport turbulent 25 , lequel est le phénomène

prédominant au cœur d'un écoulement turbulent.

Les fluctuations mécaniques et thermiques sont caractérisées par l'énergie cinétique

turbulente par unité de masse k = u' 2 + v' 2 + w' 2 /2 d'une part, et par la variance

des fluctuations de température e = T' 2 d'autre part, et aussi couramment par

les intensités de turbulence mécanique et thermique

où V est le module de la vitesse v et T o est une température de référence.

(5.100)

25. Le terme pu' u' peut être interprété comme étant le transport de fluctuation de quantité de mouvement

par unité de volume dans la direction x pu' corrélé par la fluctuation de vitesse dans la direction yu'.

De même, pc,, u'T' peut être interprété comme étant le transport de fluctuation d'enthalpie volumique

pcpT' corrélé par la flucluation de vitesse dans la direction x u' .

152


5.5. Convection forcée externe

a) Notions qualitatives sur la turbulence pariétale

Considérons l'écoulement, le long d'une plaque plane supposée ici parfaitement lisse,

d'un fluide caractérisé, en amont et au loin, par une vitesse parallèle à la plaque uo

et une température To. Il se développe, à partir du bord d'attaque (x = 0), deux

couches limites laminaires mécanique et ther.mique (paragraphe 5.5.1 et figure 5.17).

Ce régime laminaire se maintient jusqu'à une distance x 1 c, associée à un nombre de

Reynolds critique Rexi c d'environ 210 5 .

À partir de cette distance, apparaît un régime intermittent d'écoulement turbulent:

des tourbillons se créent dans cette zone, puis disparaissent ; d'autres apparaissent.

Au-delà d'une distance X2c au bord d'attaque, associée à une valeur du nombre de

Reynolds Rex 2 c de l'ordre de 5 1.0 5 , la turbulence se maintient en permanence: c' est

la turbulence développée. Dans la zone de turbulence développée, il est possible de

couches limites

laminaire :

zone de

transi tio11

-::---

4

{interniillente) c

X ~

couche limite

,( 111rbulente

_',

~ (statistique)

~ turbulence développée

sous couche visqueuse

.............. "::::__/

Figure 5.1 7 - Structure d'un écoulement sur une plaque.

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définir, en moyenne temporelle sur une durée !:lt grande par rapport aux périodes des

tourbillons, une couche limite turbulente d' épaisseur ô. La frontière, définie statistiquement,

de cette couche est néanmoins traversée périodiquement par des tourbillons

dont la taille caractéristique est de l'ordre de ô (figure 5 .17).

Si on observe le champ d'indice optique associé au fluide en écoulement par une

technique optique (strioscopie, interférométrie .. . ), donc en pratique le champ de température

pour un fluide homogène quasi-isobare, on constate au voisinage immédiat

de la paroi la présence de franges représentant des isothermes très resserrées et parallèles

à cette paroi. Dans cette sous-couche, qualifiée de conductive, il existe certes

des structures tourbillonnaires convectant des fluctuations d'enthalpie, mais le transfert

dominant est conductif. De la même façon, au voisinage immédiat de la plaque,

le champ de vitesse est en pratique parallèle à la paroi, comme dans un écoulement

laminaire: c'est la sous-couche visqueuse. Les sous-couches visqueuse et conductive

jouent un rôle déterminant puisque c'est dans celles-ci qu'est calculé le flux conductif

à la paroi, donc le coefficient de transfert.

La production de turbulence lors de l'interaction entre un fluide non réactif et

une paroi lisse est due principalement au cisaillement visqueux dans la zone fluide

153


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

immédiatement au contact de la sous-couche visqueuse 26 , appelée zone de production

de turbulence. Les structures ainsi engendrées ont, en général, des tailles importantes,

typiquement de l'ordre de l'épaisseur ô de la couche limite. Ces tourbillons de

grandes tailles, ou structures énergétiques, dégénèrent dans une cascade énergétique

en tourbillons de tailles de plus en plus petites, mais de vitesses angulaires de plus en

plus élevées, structures dissipatives. On verra, dans le Chapitre 9, que cette dégénérescence

globale est due aux termes non-linéaires de convection dans les équations de

bilan qui permettent d'augmenter les nombres d'onde des tourbillons, donc de diminuer

leurs tailles. La dissipation d'énergie cinétique turbulente se fait, sous forme de

chaleur, par viscosité moléculaire, très majoritairement sur les tourbillons de petites

tailles. Cette dissipation est également maximale dans la zone de production.

Un autre effet de la turbulence est d'homogénéiser, au cœur de l'écoulement, les

champs de vitesse et de température moyennés, par exemple sur une durée ~t grande

devant les périodes caractéristiques des tourbillons. Corrélativement, les gradients de

ces mêmes champs sont augmentés aux voisinages des parois par rapport au cas d' un

écoulement laminaire. Les transferts, en particulier thermiques, sont donc augmentés

à la paroi.

b) Résultats pratiques en convection forcée externe

turbulente

L'expression du nombre de Nusselt Nux (x) pour un écoulement turbulent le long

d' une plaque plane s'obtient, comme en régime laminaire, par la résolution des équations

de bilan couplées de masse, de quantité de mouvement et d'énergi e. Nous nous

plaçons ici dans la zone de turbulence développée (Rex > Rex2c). L'épaisseur de

la couche limite turbulente ô (x), définie statistiquement, est donnée par (voir par

exemple la référence [23]) :

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ô(x) = 0,37 Re~ I/ 5 (5.101)

X

Il s'ensuit que ô (x) est proportionnel à x 4 1 5 . Pour une plaque plane lisse et dans la

zone de turbulence développée, on trouve les corrélations suivantes :

Pr> 0,5 Nux (x) = ~ C Fx (x) Rex Pr 1 1 3 = 0,0296 Re~ 5 Pr 1 1 3 (5.102)

Pr> 0,5 : NuL = hL/À = Pr 1 / 3 [0,664 Re~ 12 + 0,037 (Re~ 5 - Re~ 15 )] (5.103)

26. Dans cette région le gradient de vitesse est très important. On peut donner un argument si mple pour

expliquer le phénomène; un élément au voisinage de la paroi est soumis, dans un référentiel entraîné à

la vitesse du champ moyen, à un couple résultant de deux forces (contraintes) de sens opposés, l'une

freinant cet élément (du côté de la paroi), l'autre l'accélérant (du côté du coeur de l'écoulement) : il

en résulte l'apparition d'un tourbillon superposé au champ moyen, qui tend à partir de la paroi vers

l'arrière de l'écoulement. Une justification plus précise est donnée dans Je paragraphe 9.1.

154


5.5. Convection forcée externe

Dans l'équation 5.103, le tenue 0,664 Re~ 12 rend compte de l'écoulement laminaire

jusqu'à la valeur du nombre de Reynolds critique Rec, à choisir en cohérence avec la

discussion du paragraphe 5.4.5.

On constate en pratique que :

- le coefficient de transfert h(x) décroît en x- 1 1 2 en régime laminaire et en x- 1 1 5

en régime turbulent ;

- les valeurs des nombres de N usselt, donc de h, croissent très sensiblement dans

la zone de transition entre régimes laminaire et turbulent (voir figure 5.18).

Une question pratique est de savoir si, pour augmenter le transfert d'énergie,

on a intérêt à se placer dans les conditions d'un écoulement turbulent sur une

plaque plane ou, au contraire, à multiplier les effets de bord d'attaque observés

en x = 0 en régime laminaire (h(x) ~ oo ). La réponse dépend des conditions

d'utilisation.

1,\ régime régime turbulent

laminaire

___.. -'J,5

X -'U

transition

0

..

X

Figure 5.18 - Évolutions de h(x) depuis le bord d'attaque.

X,.'

5.5.3 Exercice d'application

( Exercice 5.2 Refroidissement d'une plaque

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Énoncé

On considère une plaque plane de 2 m de long, à T P = 1OO °C, que 1 'on souhaite

refroidir en faisant circuler de l'air à la vitesse v = 5 m/s et à la température Ta =

20 °C parallèlement à la plaque.

À quel endroit le refroidissement est-il le plus efficace ?

Solution

Il s'agit de calculer le coefficient de transfert conducto-convectif h (x), en convection forcée

externe le long de la plaque (selon Ox). On pourra par exemple comparer la valeur

numérique de h proche du bord d 'attaque (en x = 1 cm) et au début du régime turbulent

(en x = x2c). La démarche consiste à déterminer .le régime d'écou.lement puis à calculer

le nombre de Nusselt local Nux (x) à partir de la con-élation adéquate. Le coefficient de

transfert est ensuite déduit de la relation h (x) x/ À.

155


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Le régime de l'écoulementest déterminé par le nombre de Reynolds Rex = vx/v. La viscosité

de l'air v est p1ise à la température de film Tfilm = 333 K: v = 1,9210- s m 2 /s. Au voisinage

du bord d 'attaque (en x = 1 cm), Rex = 2603 : le régime est laminaire. Le nombre

de Prandtl de 1' air à Tfilm vaut 0,702; on peut donc appliquer la corrélation 5.94 Nux (x) =

0,332 Re~ 2 Pr 113 . Le calcul donne Nux (x) = 15,06. Or Nux (x) = h (x) x/À, expression

dans laquelle À est la conductivité thermique de l'air à Tiilm et vaut À= 2,87 10- 2 W/m/K.

On en déduit finalement h (x) = Nux (x) ;ijx = 43,3 W/m 2 /K.

L'écoulement devient turbulent (turbulence pleinement développée) en x = x2c =

5 1 os v/v, soit x = 1,92 m. La con-élation à appliquer est à présent la formule 5 .102

Nux (x) = 0,0296 Reys Pr 1 /3, ce qui donne Nux (x) = 953 ,5 puis finalement h (x) =

14,3 W/m 2 /K.

On en déduit que le refroidissement est très efficace à proximité du bord d'attaque mais

peu uniforme (voir figure 5.18). )

5.6 CONVECTION FORCÉE INTERNE

La convection interne est associée à un écoulement entre des plaques parallèles, dans

des conduites de section circulaire, rectangulaire, hexagonale, . . . et, plus généralement,

dans des canaux. Une définition précise sera donnée au paragraphe 5.6.l.b).

Cette pa1tie se limite à des cas de convection interne dans des conduites de section

constante en régime stationnaire ; les écoulements laminaires sont traités au paragraphe

5.6. l et les écoulements turbulents au paragraphe 5.6.2.

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u

5.6.1 Convection forcée interne laminaire

a) Structure des champs dans une conduite

Dans le cas d'un écoulement forcé le long d'une plaque, il a été établi dans le paragraphe

précédent qu'on retrouve sur une normale à la paroi, à une certaine distance de

celle-ci, les conditions de l'écoulement non perturbé (mêmes profils de vitesse et de

température). Ceci n'est plus vrai pour le champ de vitesse dès l'entrée de la conduite,

dans un cas de convection interne. En effet, comme le débit de masse est conservé

dans toute section droite du tube et que la vitesse du fluide diminue au voisinage des

parois du fait des frottements visqueux, la vitesse augmente au voisinage de l'axe.

Dans cette zone voisine de l'axe, les effets visqueux sont faibles et le profil de vitesse

garde une valeur Umax(x) indépendante des coordonnées transverses mais fortement

dépendante de x (écoulement localement en bloc); cette valeur Umax(x) croît avec x

quand on s'éloigne de l'entrée (figure 5.19).

Par contre, la température conserve, au voisinage de l'axe, sur une certaine distance

à partir de l'entrée, la valeur uniforme T o qu'elle avait dans l'écoulement amont.

Mais la notion de température a peu d'intérêt physique dans ce type d'écoulement et

il conviendra de raisonner en terme d'écart de température avec la paroi, et même de

156


5.6. Convection forcée interne

Couches limites mécaniques

u(y)

X

Figure 5.19 - Couches limites mécaniques en régime laminaire.

température adimensionnée r+, qui sera introduite dans le paragraphe 5.6.1 c). Si le

flux imposé à la paroi du tube est constant, la température de paroi Tp(x) varie en x

dès l'entrée, et l'écart entre la température locale et la température de paroi varie en

x dès l'entrée, comme la vitesse.

Il ressort des remarques précédentes que les couches limites dans les zones d'entrée

ont des définitions différentes de celles du paragraphe 5.5. l.

• La couche limite mécanique est comprise entre la paroi et le lieu des points où la vitesse

est égale à 0,99 fois la vitesse maximale dans une section droite (figure 5.19).

• La couche limite thermique est comprise entre la paroi et le lieu des points où

l'écart entre la température et celle de la paroi est égal à 0,99 fois l'écart entre la

température extrême dans une section droite et celle de la paroi (figure 5.20).

Couches limites thermiques

J T{xj.y}

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. .- ... ---... -

Figure 5.20 - Couches limites thermiques en régime laminaire.

6m(x) et Ôrh(x) sont les épaisseurs des couches limites mécanique et thermique. Au

bout d'une certaine longueur L;P dite longueur d'entrée mécanique, les couches limites

mécaniques se rejoignent (figure 5.19). De même, au bout d' une longueur L~h '

dite longueur d'entrée thermique, les couches limites thermiques se rejoignent (figure

5.20). Au delà, sous certaines conditions, c'est la zone de régime établi (voir

paragraphe 5.6.1 c).

157


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

b) Limitations du modèle précédent

• Dans certaines applications, un tube de grand diamètre D mais de faible longueur

L doit être considéré comme une géométrie ouverte ; en effet, en sortie,

les épaisseurs de couches limites <5m(L) et Ôrh(L) peuvent être très inférieures à

D : le formalisme de la plaque plane est alors justifié dans la mesure où Ôm et

Ôrh restent faibles devant le rayon de courbure de la géométrie considérée et la

dimension caractéristique transverse.

La convection n'est de type interne que si les épaisseurs des couches limites

ne sont pas très petites devant une dimension transverse caractéristique de la

conduite.

• Dans un circuit fermé sans changement brutal de géométrie, il n'apparaît pas

de phénomène d'entrée.

c) Régimes mécanique et thermique établis

En régime stationnaire, sous les deux hypothèses adoptées dans la suite :

>- Hypothèse H 1 : les géométries considérées sont de section constante,

>- Hypothèse H2 : les propriétés thermophysiques des fluides (p, tl, µ, Cp· ··> sont

uniformes,

on obtient, au delà d' une certaine distance de l'entrée, des régimes établis, tels que

les profils de certaines grandeurs physiques sont invariants en x.

Le régime mécanique établi est caractérisé par :

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a.

0

u

au+

- = 0 avec

ox

Um est la vitesse de débit et a pour expression :

+ u

u =-

Um

(5.104)

(5.105)

où m désigne le débit massique de l'écoulement et J; la section de la conduite.

On définit une température locale adimensionnée T + en prenant comme référence

l'écart entre la température de paroi Tµ(x) et la température de mélange du fluide

dans la section droite x, notée T m(x) (paragraphe 5.3.2 a)) :

+ T(x,y,z) - Tµ(x)

T (x, y , z) = Tm(x) - Tp(x)

(5.106)

158


5.6. Convection forcée interne

Il est établi dans le paragraphe 8.7.2 qu'un régime thermique établi est caractérisé

par:

ar+

-=0

ox

(5.107)

Finalement, à partir de l'entrée d'une conduite, trois régions sont associées à trois

types de régimes mécanique et thermique:

• Les régions très proches de l'entrée, où les régimes mécanique et thermique sont

identiques à ceux au voisinage du bord d'attaque d'une plaque plane,

• Les régions intermédiaires, de longueurs L~ 1 et L~h' correspondant à l'établissement

des régimes mécanique et thermique,

• Les régions très éloignées des zones d'entrée de longueurs L;n et L~h' où les régimes

mécanique et the1mique sont établis.

d) Résultats en régime laminaire pour un tube circulaire

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Les conditions associées à la transition entre les régimes laminaire et turbulent dans

un tube circulaire de diamètre D sont discutées au paragraphe 5.4.5.

Le nombre de Nusselt local NuD (x) prend une valeur importante en x = 0, comme

pour une plaque plane, puis décroît continûment jusqu'à la valeur asymptotique

NuD obtenue lorsque les régimes mécanique et thermique sont établis (voir Complément

C.2). Cette valeur asymptotique est une constante : elle est indépendante du

nombre de Reynolds. Selon le type de condition limite imposée aux parois du tube,

NuD vaut:

condition de flux imposé : NuD = 46/11 = 4,364

condition de température imposée : NuD = 3,657

(5.108)

Ces derniers résultats diffèrent fortement de ceux relatifs à un écoulement laminaire

sur une plaque plane, pour lesquels il n'y a pas de valeur asymptotique mais une

transition vers la turbulence pour les grandes valeurs de Rex, comme il a été vu au

paragraphe 5.5.2.

Des résultats précis sont donnés au Complément C.2 pour un tube, et quelques

références pour d'autres configurations géométriques. Pour un écoulement laminaire,

ces résultats dépendent fortement :

• du type de condition limite (température imposée ou flux imposé aux parois, par

exemple);

• de la superposition ou non des zones d'établissement des régimes mécanique et

thermique.

159


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

5.6.2 Convection forcée interne turbulente

a) Écoulement dans un tube

Considérons un tube ouvert à l'entrée (x = 0) et un écoulement amont caractérisé

par une vitesse uo parallèle au tube et une température To unifonnes. Il se développe

d'abord, à partir de x = 0, des couches limites mécanique et thermique laminaires

le long de la paroi (voir précédemment). Cependant, au bout d'une certaine longueur

x 1 dépendant de la valeur de uo/v, ces fines couches limites laminaires deviennent

turbulentes, au moins de façon intermittente, et s'épaississent brusquement jusqu'à

occuper toute la conduite pour la valeur Xe de la distance au bord d'attaque, longueur

d'entrée. C'est l'établissement de régime turbulent. Des expressions des longueurs

d'entrée et des champs relatives à cet établissement de régime turbulent sont présentées

dans le Complément C.2. Les longueurs d'établissement en régime turbulent

(de l'ordre de 60D) sont beaucoup plus courtes que celles correspondant au régime

laminaire. Au-delà de Xe, on trouve un régime dit de turbulence établie dans le tube

(figure 5.21).

Établiss

Xr Xe

Transition

Turbulence

établie

Figure 5.21 - Structure d'un écoulement turbulent dans un tube.

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0

u

Une fois le régime d'écoulement établi dans un tube de section constante, la structure

d'écoulement est tout-à-fait comparable à celle observée en turbulence développée

le long d'une plaque plane (figure 5.22): présence de sous-couches visqueuse et

conductive, production maximale d'énergie cinétique turbulente principalement sous

forme de tourbillons de taille typique D au voisinage de ces sous-couches, dissipation

de ces tourbillons par les mêmes phénomènes que précédemment. Les champs

moyens sont également presque uniformes au cœur de l'écoulement et les gradients

pariétaux importants.

--· u ·--........ ·c·; ·a ·-Sous couches visq11e11m

-- ·--. ~r

~- . c.~ ... ..................... ~ ... :l~:::,:·pce établie

Figure 5.22 - Régime turbulent établi.

160


5.6. Convection forcée interne

Le critère de transition vers un régime turbulent, qui est complètement développé

au bout d'une distance d'approximativement 60 D de l'entrée du tube, est discuté au

paragraphe 5.4.5.

b) Cas de parois 1 isses

On considère un tube circulaire de diamètre D avec des parois lisses, c'est-à-dire dont

la rugosité est plus petite que les épaisseurs des sous-couches visqueuse et conductive.

Le nombre de Reynolds ReD est défini sur la base de la vitesse de débit um :

(5.109)

Le nombre de N usselt N uD est propo1tionnel au coefficient de frottement CF D (parfois

également noté f) et est donné par [38] :

0,7 <Pr< 160 et L/D > 60

hD 1

CF D ReD Pra = 0,023 Re~5 Pra

NuD = T =

2

(5.110)

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où la valeur de a dépend de la configuration thermique (parois du tube chaudes ou

froides) : voir Complément C.2.

Contrairement au cas précédent de l'écoulement laminaire, le nombre de Nusselt

dépend fortement du nombre de Reynolds pour un écoulement turbulent. Les

grandeurs thermophysiques du fluide doivent être prises à la température de film

( T P + Tm) /2, moyenne de la température des parois du tube et de la température de

mélange du fluide. En général, les conditions thermiques aux parois (flux imposé ou

température imposée, etc.) n'ont pas d'impact sur l'expression du nombre de Nusselt

en écoulement turbulent, contrairement au cas de l'écoulement laminaire.

c) Cas de parois rugueuses

Dans la plupart des applications, les parois d'un tube circulaire de diamètre D présentent

une rugosité absolue~' exprimée en ~Lm ou mm, et par conséquent une rugosité

relative définie par le rapport ~ / D. En régime turbulent complètement établi, le

coefficient de frottement CF D (ou f) est multiplié par 3 pour~ /D = 10- 2 et par 6

pour~ /D = 510- 2 , selon les abaques de Nikuradze et Moody [98] exprimées ensuite

au moyen d'une équation analytique par Churchill (voir Complément C.2). Il s'agit

donc là d'un phénomène important qui doit être pris en compte dans beaucoup d'applications

pratiques. En effet, l'équation 5.110 indique que le nombre de Nusselt est

multiplié dans les mêmes proportions que le coefficient de frottement.

161


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

d) Prise en compte des variations de la viscosité

La variation de la viscosité en fonction de la température est importante pour les gaz

(par exemple les gaz de combustion soumis à de forts gradients thermiques) mais

aussi pour les liquides : ainsi l'eau voit sa viscosité dynamique µ divisée par 4 entre

7 °C et 80 °C. À partir de diverses expériences réalisées sur des conduites, Sieder et

Tate [127] ont proposé une corrélation prenant en compte la dépendance deµ avec la

température. L'équation 5.110 devient:

(5.111)

où µm. et µP sont les viscosités dynamiques à la température de mélange du fluide et

à la température des parois respectivement (la température de film n'intervient donc

pas dans ce rapport µm/µp). Whitaker [153] conseille d'appliquer cette correction

pour tout écoulement turbulent et dans toute configuration géométrique.

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5.6.3 Comparaison entre les transferts turbulents le long

d'une plaque et dans un tube

a) Écoulement laminaire

En écoulement laminaire le long d'une plaque plane (convection forcée externe laminaire),

la vitesse et la température en une abscisse x donnée depuis le bord d'attaque

varient dans toute l'épaisseur des couches limites. De même, en écoulement

laminaire complètement développé dans un tube de diamètre D (convection forcée

interne laminaire), la vitesse et la température varient sur toute la section du tube. Par

conséquent, les échelles de longueur caractérisant les variations des profils de vitesse

et de température sont :

• Dans le premier cas, les épaisseurs Ôm (x) et Ôrh (x) des couches limites mécanique

et thermique,

• Dans le second cas, le diamètre du tube D.

Considérons à présent les expressions du coefficient de transfert associées à ces deux

cas:

• En convection forcée externe laminaire, l'équation 5.96 donne

h (x) = 1,63 À/Ôth (x) (5.112)

• En convection forcée interne laminaire, dans un tube circulaire, l'équation 5 .108

donne en tout point où le régime est complètement établi :

flux imposé aux parois :

température imposée aux parois :

h = Nu 0 À/D = 4,364 À/D

h = Nu 0 il/D = 3,657 il/D

(5.113)

(5.114)

162


5.6. Convection forcée interne

Dans les deux cas, le coefficient de transfe1t apparaît comme étant le rapport de

la conductivité the1mique du fluide À. à l'échelle spatiale associée aux variations

" .

du champ de température : Ôrh (x)/1,63 en convection forcée externe, D/4,364 ou

D/3,657 en convection forcée interne. Ôm (x) et Ôrh (x) apparaissent dès lors comme

étant les véritables échelles spatiales caractérisant la viscosité et la conduction thermique

à la paroi d' une plaque plane. Elles sont plus pertinentes que x, qui ne fait que

décrire la direction axiale.

b) Transition entre régimes laminaire et turbulent

Les valeurs typiques du nombre de Reynolds critique caractérisant la fin du régime

laminaire le long d' une plaque (Rexic = 210 5 ) et dans un tube en régime complètement

établi (Rev = 2300) ont été cliscutées au paragraphe 5.4.5. Ces deux valeurs

diffèrent sensiblement l' une de l'autre, mais sont reliées à deux échelles spatiales

différentes : l'abscisse x pour la première, le diamètre D pour la seconde.

Suivant les conclusions du paragraphe 5.6.3 a), un autre nombre de Reynolds en

convection forcée externe laminaire peut être construit en remplaçant la longueur de

référence x par Ôm (x) de la manière suivante :

Reo,,.(x) = Rex

Ôm (x) 1/2

X

= 4,92 Rex

(5.115)

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où le rapport Ôm (x) /x a été remplacé par son expression 5.92. Avec ce nombre de

Reynolds transverse, la fin du régime laminaire, associée au critère Rexlc = 210 5 , est

à présent caractérisée par le critère Reo,,,(xlc) = 2200. Ce résultat correspond à celui

associé à la fin du régime laminaire dans un tube.

La théorie est donc cohérente, mais elle manque d'explication physique sur la valeur

de ce critère unifié, issu uniquement d'expériences ou de simulations numériques.

c) Écoulement turbulent

En régime turbulent, que ce soit en convection forcée externe (le long d'une plaque

dans la zone de turbulence développée) ou interne (dans un tube en régime complètement

établi), les effets des phénomènes de diffusion (viscosité et conduction thermique)

ne sont pas totalement négligeables dans des zones au contact des parois et

d'épaisseurs faibles par rappo1t aux épaisseurs ô ( x) des couches limites turbulentes

ou au diamètre D du tube. Une analyse plus détaillée de ces zones, appelées zones

internes mécanique et thermique, est donnée au paragraphe 9.2.3.

Au cœur de l'écoulement, les profils de vitesse et de température ont des allures

similaires. Un profi l universel de vitesse souvent cité, et tracé à la figure 5.23, est

163


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

1

0 1

y/R

Figure 5.23 - Profil de vitesse turbulente, Re 0 = 10 6 , de Nikuradze, cité par

Schlichting [ 120).

exprimé par :

u/ Umax = (y/ R) l /n avec n = 3 Re~ 08 (5.1 16)

où y et R sont la distance à la paroi du tube et son rayon. Les zones internes mécanique

et thermique correspondent grossièrement à: y/ R < 0, l. Ici nous nous bornons

à considérer que ces sous-couches sont des pellicules d'épaisseur unifo1me le long

du périmètre mouillé d' une section du tube ou le long de la couche limite. Dans une

section, les variations des champs moyens de vitesse et de température ne se produisent

que dans ces sous-couches ; par conséquent, le coefficient de frottement et le

nombre de Nusselt ne dépendent que des conditions mécaniques et thermiques dans

ces sous-couches. De plus, les résultats concernant le coefficient de transfert pour

une plaque plane (équation 5.102) et un tube (équation 5.110) sont très semblables,

contrairement au cas de l'écoulement laminaire :

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a.

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h (x) = Nux (x) il.lx= 0,0296 Re~ 5 Pr 1 3 il./x = 0,0296 Pr 1 3 : (5.117)

(v/uo) 15 xl/5

il

h = Nuv il.ID= 0,023 Re~ 5 Pra il.ID= 0,023 Pra

(v/um)

415 Dl/5

(5.118)

Les longueurs caractéristiques (v/uo) 4 1 5 x 1 1 5 et (v/um) 4 1 5 D 1 1 5 apparaissant dans les

deux expressions ci-dessus font intervenir d'autres longueurs caractéristiques : v / uo

et v / um respectivement. Ces quantités peuvent être interprétées comme étant la longueur

l telle que l'échelle temporelle de convection l/uo (respectivement l/um) est

égale à l'échelle temporelle de diffusion de quantité de mouvement t2 /v. L'échelle

spatiale v/uo (v/um) caractérise l'écoulement turbulent au voisinage de la paroi; dans

cette zone, l'écoulement est caractérisé par un nombre de Reynolds 27 Re = uoy/v

27. En réalité, la vitesse de référence dans le nombre de Reynolds est une vitesse de frottement u* : voir

paragraphe 9.2. l.

164


5.6. Convection forcée interne

(umy/v) qui n'est autre que la distance à la paroi y rapportée à cette échelle spatiale

v/uo (v/um).

5.6.4 Autres écoulements internes; notion de diamètre

hydraulique

En régime turbulent uniquement, différents résultats (longueur d'entrée, longueur

d'établissement, coefficient de frottement, nombre de Nusselt, etc.) obtenus dans des

tubes de section circulaire avec un ensemble de conditions aux limites (mécaniques

et thermiques) peuvent être généralisés, avec une précision raisonnable, à des géométries

différentes mais pas trop éloignées, pourvu que les conditions aux limites soient

de même type. L'idée de base consiste à prendre comme référence un tube de section

circulaire et de diamètre D et de définir, pour une autre géométrie, un tube équivalent

caractérisé par un diamètre équivalent, classiquement appelé diamètre hydraulique

et noté Dh. Soient, par exemple, des conduites cylindriques dont les sections droites

sont caractérisées par les géométries de la figure 5.24 :

Figure 5.24 - Géométries exploitables avec le diamètre hydraulique Dh.

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On les caractérise par :

• Le périmètre mouillé par le fluide d'une part. Cette grandeur, notée P,n. vaut par

exemple n (D 1 + D 2 ) pour les deux dernières sections de la figure 5.24;

• La section de passage ouverte au fluide d'autre part. Cette grandeur, notée I, vaut

n ( Dâ - Df) / 4 pour ces deux mêmes sections.

Le diamètre d'un tube équivalent est une longueur caractéristique, proportionnelle à

I/P m· Par convention, on adopte comme définition du diamètre hydraulique :

(5.119)

expression qui conduit à retrouver D dans le cas d'un tube circulaire (d'où le coefficient

4). Pour deux plans parallèles infinis distants de e, on obtient: I = ed, Pm = 2d,

ce qui conduit à la valeur D1i = 2e. Dans le cas d'un espace annulaire caractérisé par

les diamètres D1 et D2, I = 7f (D~ - Di)/4 et Pm= 7f (D1 + D2), donc D1i = D1 -Di.

Pour un canal de section non circulaire, le diamètre hydraulique Dh = 41: / P 111 est

donc, en convection forcée interne turbulente et en régime complètement établi, le

diamètre du tube circulaire équivalent du point de vue des valeurs du coefficient de

frottement et du coefficient de transfert conducto-convectif. On pourra donc évaluer

165


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

ce dernier coefficient en remplaçant D par Dh dans les corrélations vues précédemment.

La notion de diamètre hydraulique n'a d'intérêt qu'en régime turbulent. En effet, il

est montré dans le paragraphe 9.2.3 que, dans ce type de régime, les variations de la

vitesse moyenne u et de la température moyenne T ont lieu essentiellement dans les

zones dites internes (mécanique et the1mique), de faible extension et voisines de la

paroi, typiquement d'épaisseur TJ inférieure à R/10 pour un tube à section circulaire.

Aussi la notion de périmètre mouillé est-elle directement associée à l'extension de

ces zones internes, caractérisées schématiquement par une section de passage égale à

TJPm. Inversement, la section E offerte au fluide est constituée essentiellement par la

zone dite externe (cœur de l'écoulement turbulent).

On conçoit, dans ces conditions, que les expressions du nombre de Nusselt dépendent,

à diamètre hydraulique égal, assez peu de la géométrie considérée mais surtout

du rappo1t E/ Pm. En régime laminaire au contraire, les variations de température

et de vitesse sont appréciables dans toute la section du tube, et non plus seulement au

voisinage immédiat des parois. Aussi les résultats dépendent-ils, à diamètre hydraulique

donné, beaucoup plus de la géométrie considérée.

5.6.5 Exercice d'application

( Exercice 5.3 Écoulement dans un tube

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Énoncé

On considère un écoulement complètement établi, de débit massique m = 1 kg/s,

au travers d'un tube circulaire de diamètre D = 10 cm et de longueur L = 5 m. La

température de la paroi du tube T P est imposée. L'étude se limite à un endroit du tube

où la température de mélange du fluide est Tm.

Comparer les coefficients de transfert conducto-convectif lorsque le fluide est de

l'eau liquide, de l'air et de l'hélium (Tp = 20 °C et Tm = 100 °C), et du sodium

liquide (T P = 220 ° C et Tm = 300 ° C), a) pour des parois lisses, b) pour des parois

rugueuses : s = 400 ~tm.

Solution

a) Parois lisses : il s'agit d'un écoulement de convection forcée interne dans un tube circulaire.

Le nombre de Reynolds Reo a pour expression Reo = pumD / µ où um, vitesse de

débit, est telle que m = pumnD 2 /4; par conséquent, Reo = 4m/ (nµD). La corrélation de

convection forcée interne sera une relation du type NuD = f (ReD , Pr); connaissant les valeurs

de ReD et de Pr, on en déduira donc celle de NuD puis finalement celle du coefficient

de h puisque Nuo = hD /À.

166


5.7. Convection naturelle externe

Les propriétés thermophysiques µ, Pr et À du fluide doivent être p1ises à la température

de film Tfilm = (rp + Tm)/2; pour cela, des interpolations linéaires des tables du Complément

D doivent être faites. Les deux tableaux ci-dessous listent les valeurs numé1iques

auxquelles on aboutit.

Tfilm (K) µ(kg/mis) Pr tl (W/m/K)

eau liquide 333 4,44 10- 4 2,81 0,657

air 333 2,00 10- 5 0,702 2,87 10- 2

hélium 333 2, 14 10- 5 0,678 0, 164

Na liquide 533 3,82 10- 4 0,00646 78,0

Reo écoulement corrélation Nuo h (W/m 2 /K)

eau liquide 2 870 turbulent Nuo = 0,023 Re~ 5 Pr 0 3 • 18,3 120

air 63 600 turbulent Nuo = 0,023 Re~ 5 Pr 0 3 • 144 41,4

hélium 59 600 turbulent Nu 0 = 0,023 Re~ 5 Pr 0 3 • 135 221

Na liquide 3 330 turbulent Nuo = 4,8 + 0,0156 Re~ 85 4,94 3 850

Pro,93

Toutes conditions étant identiques, on note que le coefficient d 'échange pour l'air est le

plus faible, que les coefficients d'échange pour l'eau et pour l'hélium sont du même ordre

de grandeur malgré des nombres de Reynolds très différents, et que le sodium liquide

fournit le coefficient d'échange le plus élevé et ce malgré un nombre de Reynolds faible.

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b) Parois rugueuses:

Dans ce cas, les nombres de Reynolds et de Prandtl étant inchangés par rapport au cas

précédent, il découle de la relation 5 .110 NuD = ~ CF D ReD Pt1' que les nombres de

NusseJt et par conséquent les coefficients de transfert conducto-convectif sont multipliés

par un facteur égal au rapport du coefficient de frottement du tube rugueux à celui du tube

lisse. Le diagramme de Moody (reproduit dans le Complément C.2) permet d'évaluer ces

divers coefficients de frottement. Ainsi, pour l'air (Rev = 63600 ~ 6 10 4 ), le coefficient

Cp D vaut environ 0,031 pour la paroi rugueuse (s/ D = 4 10- 3 ) et 0,020 pour une paroi lisse

(on retient ici la courbe de rugosité relatives/ D minimale, c'est-à-dires/ D = 510- 6 ); le

coefficient de transfert du tube rugueux sera donc égal à environ 1,5 fois celui du tube lisse.

5.7 CONVECTION NATURELLE EXTERNE

_____)

Le phénomène de convection naturelle n'est pas dû à une cause mécanique externe,

ce qui est le cas de la convection forcée. Il est dû à un mouvement résultant de différences

de masse volumique au sein du fluide et qui a pour origine les conditions

167


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

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aux limites thermiques ou les conditions initiales imposées à un système dans un cas

instationnaire. Ce paragraphe ne traite que de la convection naturelle thermique.

Le terme moteur de la convection naturelle thermique provient des variations de la

masse volumique du fluide avec la température. Ces différences de masse volumique

du fluide en des cellules voisines créent une situation d'instabilité. Un mouvement est

alors engendré sous l'effet de forces volumiques d'Archimède. Deux effets diffusifs

s'opposent à ce mouvement: la viscosité du fluide joue le rôle de frein; le phénomène

de diffusion thermique tend à détruire à la source les écarts de température qui sont à

l'origine de la convection naturelle.

De ce point de vue, la convection naturelle est un phénomène plus complexe que

la convection forcée, dans laquelle le terme moteur (énergie cinétique volumique) est

issu d'une cause mécanique externe et est beaucoup moins couplé aux autres champs

du fluide, tandis que le seul effet diffusif est la viscosité du fluide.

L'objet de ce paragraphe est limité à une première approche de la convection naturelle,

en suivant la même démarche globale que celle qui a été suivie pour la convection

forcée. Elle repose essentiellement sur une technique d'analyse dimensionnelle,

laquelle fournit la structure générale des solutions. Une analyse plus détaillée, décrite

à la référence [6], dite analyse d'échelles, prédit les grandeurs adimensionnées

pe1t.inentes dans différentes conditions et pour différents types de fluides. Les phénomènes

de convection naturelle the1mique et massique sont également abordés dans

les paragraphes 8.6 et 8.8.

Afin de simplifier l'analyse, les hypothèses suivantes dites hypothèses de Boussinesq

[12] seront faites :

>- Hypothèse Hl : les propriétés thermophysiques du fluide sont supposées unif01mes28

(cas deµ, il, cp), à l'exception de la masse volumique p dans le seul terme

moteur (Archimède) de la convection naturelle.

>- Hypothèse H2 : les variations de la masse volumique sont supposées linéaires

en température, données par la relation suivante où T 0 représente la température du

fluide non perturbé :

/3(T - To) << 1 p(T) =Po (To) [1 -/3(T - To)] (5.120)

La condition H2 est vérifiée par les liquides. Dans le cas d' un gaz parfait, on a :

f3 = l/T : les variations relatives de la température absolue du fluide doivent être

faibles.

La plupart des fluides sont caractérisés par des valeurs positives de f3. Une exception

célèbre est l'eau liquide, uniquement entre 0 °C et 4 °C ; cette propriété singulière,

qui conduit à une inversion de la direction du mouvement de convection natu-

28. On adopte, comme précédemment, les valeurs de ces grandeurs à (T 0 + Tp)/2, température de film.

168


5.7. Convection naturelle externe

relle dans la plage de température [0 °C; 10 °C] proche du point de fusion de l'eau,

est exploitée dans certaines applications.

5.7.1 Analyse dimensionnelle en convection naturelle

externe le long d'une plaque verticale

Considérons, comme problème de référence, celui d'une plaque verticale de hauteur

Let de température Tp en contact avec un fluide de température T 0 et au repos

loin de la plaque, comme illustré à la figure 5.25. Les équations 5.63 et 5.64 représentent

comme précédemment les flux surfaciques local et moyen sur la plaque,

auxquels on associe les coefficients de transfert local h (x) et moyen h.

1~

L

X

fluide au repos

au loin

0

lg To , uo - 0

Figure 5.25 - Problème de référence en convection naturelle externe.

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Comme dans le cas de la convection forcée externe, des couches limites mécanique

et thermique apparaissent à partir du bord d'attaque (en x = 0). La définition

de la couche limite mécanique diffère de celle introduite en convection forcée. En

convection naturelle externe, la couche limite mécanique est la zone fluide située

entre la plaque et le lieu des points où la vitesse axiale est égale à 1 % de sa valeur

maximale dans la direction transverse ; la figure 5 .26 illustre cette définition. Quant

à la couche limite thermique, elle a exactement la même définition qu'en convection

forcée externe.

Le problème de transfert global est enti.èrement détenniné par sept grandeurs

h,p 0 ,µ, À, cP, Let le terme moteur p 0 g[3(Tp - T 0 ). Au lieu d' utiliser la méthode

mise en oeuvre dans le cas de la convection forcée, nous procédons par analogie

avec ce cas. Si nous avons introduit le terme moteur pogf3(Tp - To) dans les paramètres

physiques, c'est que le choix d' une vitesse de référence Ur, analogue à uo,

n'est pas évident. Néanmoins, une expression de u,. qui dépendrait de pogf3(Tp - To)

et des autres grandeurs physiques permettrait d' utiliser directement les équations 5.67

et 5.72, en y substituant u,. à uo, vitesse de référence en convection forcée. Pour ce

faire, écrivons l'équilibre entre la force motiice volumique maximale pogf3(Tp - To)

169


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

région non perturbée 1,t. 1 =0

y

couche limite mécanique

région non perturbée T'l

y

Figure 5.26- Couches limites en convection naturelle externe (plaque verticale). Par

souci de clarté, les couches limites mécanique et thermique sont représentées

respectivement en haut et en bas. En réalité, elles se recouvrent. Les profils de vitesse et

de température sont également tracés en fonction de y en des positions x données.

et un ordre de grandeur de la force visqueuse volumique 29 µu,/L 2 ; ce raisonnement

conduit à poser :

(5.121)

Le problème est alors déterminé par les sept grandeurs physiques : h, po, µ,À, cp, L

et u,.. Dans l'équation 5.67, le nombre de Reynolds prend la forme:

p6gf3(Tp - To)L 3

------=GrL

µ2

(5.122)

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Il est appelé nombre de Grashof GrL, rapporté à la longueur L. Les expressions des

nombres de N usselt global et local sont alors :

(5.123)

Nux(x) = C' Gr~ Pr8 (5.124)

Dans l'équation 5.124 apparaît le nombre de Grashof local rapporté à x:

(5.125)

3 Cette simple étude dimensionnelle a permis de dégager un résultat essentiel

de convection naturelle : si le transfert thermique croît avec le terme moteur

Pof3g(Tp - To), il croît à une puissance trois fois plus élevée avec la distance caractéristique

x (ou L). La viscosité joue évidemment un rôle de frein dans le transfert

29. Celle-ci est rapportée à L dans la mesure où, comme en convection forcée, on ne dispose pas à ce

stade d'échelle transverse de longueur.

170


5.7. Convection naturelle externe

(terme en l/µ 2 dans le nombre de Grashof). Enfin, on notera que le nombre de Grashof

a la même signification physique que le nombre de Reynolds : il est le rapp01t

du terme source du mouvement au terme de dissipation mécanique. Par conséquent,

la valeur de ce nombre permettra de caractériser la nature laminaire ou turbulente de

l'écoulement. La zone de transition entre ces deux régimes sera elle aussi décrite par

deux valeurs critiques du nombre de Grashof.

En convection naturelle, on a l'habitude d'introduire d'autres groupements sans

dimension:

• Des nombres de Rayleigh local Rax et global RaL :

g{J ( T p - T o) x 3

Rax = Grx Pr = -----­

av

• Des nombres de Boussinesq local Box et global Bol :

L'intérêt physique des nombres de Rayleigh et de Boussinesq apparait dans l'analyse

d'échelles suivante, détaillée dans la référence [12] :

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• Le nombre de Rayleigh caractérise le transfe1t thermjque pour les fluides classiques

de nombre de Prandtl supérieur à 0,5 (gaz, liquides, huiles), c'est-à-dire les

fluides pour lesquels la couche limite mécanique est d'épaisseur à peu près égale

ou supérieure à la couche limite thermique. Il rend compte de l'équilibre entre

la force de mise en mouvement du fluide (la force d'Archimède) et les deux effets

dissipatifs par diffusion de quantité de mouvement (viscosité) et par iliffusion

d'enthalpie (conduction). Pour ces fluides classiques, le nombre de Nusselt dépend

essentiellement du nombre de Rayleigh; le nombre de Prandtl apparaît en tant que

facteur correctif (voir Complément C.3).

• Le nombre de Boussinesq caractérise le transfert thermique pour les fluides de

nombre de Prandtl très inférieur à 0,5 (métaux liquides), c'est-à-dire les fluides

pour lesquels la couche limite thermique est beaucoup plus épaisse que la couche

limite mécaruque. Il rend compte de l'équilibre entre la force de mise en mouvement

du fluide (la force d'Archimède) et le principal effet dissipatif par diffusion

d'enthalpie (conduction). Pour les métaux liquides, le nombre de Nusselt dépend

essentiellement du nombre de Boussinesq ; le nombre de Prandtl apparaît en tant

que facteur correctif (voir Complément C.3).

17 1


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

Comme en convection forcée, deux interprétations physiques peuvent être données

pour les nombres de Grashof, Rayleigh et Boussinesq :

• Ils représentent le rapport du terme source du mouvement pog/3 ( T P - To) x, travail

d'une force volumique, à une énergie dissipée par unité de volume par viscosité

µ 2 / (Pox 2 ), par couplage viscosité-conduction µa/x2 et par conduction poa 2 /x 2 .

• Ils représentent également le carré du rapport d'une échelle de temps associée

à la viscosité x 2 /v, au couplage viscosité-conduction x 2 / yav et à la conduction

x 2 /a à une autre échelle de temps associée au terme source du mouvement

~ x/ [ g/3 ( T p - T o)].

Néanmoins, les coefficients de transfert local h (x) et moyen lis' obtiennent, pour tous

les fluides, via des expressions du type (voir Complément C.3) :

NuL = C Raf Pr8'

(5.128)

Nux (x) = C' Ra~'

Pr8'

(5.129)

5.7.2 Transition entre régimes laminaire et turbulent

le long d'une plaque verticale

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Dans le cas d'un fluide au repos et isotherme au loin en contact avec une plaque

isotherme, l'écoulement est laminaire depuis le bord d'attaque (en x = 0) jusqu'à

une abscisse critique x = x 1 c pour laquelle le nombre de Grashof atteint la valeur

critique [8] 30 :

Grxlc ~ 10 9 (5.130)

Au delà de cette valeur critique x1c, une turbulence intermittente apparaît et se développe

au fur et à mesure que x croît, comme en convection forcée le long d'une

plaque. Un régime de turbulence développée s'instaure à partir d'une abscisse critique

X2c définie par :

(5.131)

30. Remarque importante concernant les résultats de convection naturelle.

L' analyse de A. Bejan [8] est pertinente pour une plaque plane verticale. Cependant, pratiquement

aucun auteur n'utilise le nombre de Grashof pour définir la transition laminaire-turbulent dans le cas

d'une autre configuration (cf. le handbook du même auteur (7]).

172


5.7. Convection naturelle externe

5.7.3 Principaux résultats pratiques de convection

naturelle externe

a) Plaque plane verticale isotherme

Des expressions précises des nombres de Nusselt local Nux (x) et global NuL, en

régimes laminaire et turbulent, sont données dans le Complément C.3. Ce paragraphe

contient quelques remarques d'ordre physique à propos de ces résultats.

• En régime laminaire et à une distance suffisante du bord d'attaque (pour que le

modèle des couches limites soit valable), Nux (x) = h (x) x/ À est proportionnel à

RaY 4 , et NuL = hL/À à Ra~ 4 . Par conséquent, comme Rax est proportionnel à x3,

le coefficient de transfert local h (x) est proportionnel à x- 1 1 4 • Il apparaît donc,

comme en convection forcée externe où h(x) est proportionnel à x- 1 1 2 , un effet de

bord d'attaque, mais beaucoup plus faible qu'en convection forcée. Les couches

limites mécanique et the1mique laminaires, pour un nombre de Prandtl voisin de 1,

sont à peu près superposées ; leur épaisseur est donnée par 1' expression [63] :

Ôm (x) ,.., Ôrh (x) ,.., 3,93 (0,952 + Pr) 14 Gr- 1/4

x x Prl/2 x

(5.132)

Les épaisseurs de couches limites varient donc en x 1 4 •

• En régime turbulent, Nux (x) = h (x) x/A est en pratique proportionnel à RaY 3 ,

et NuL = hL/ À à Ra~ 3 . Par conséquent, comme Rax est proportionnel à x 3 , le

coefficient de tran~fert local h (x) est indépendant de x; il est uniforme.

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b) Autres configurations géométriques

Des résultats relatifs à des plaques planes inclinées, des plaques horizontales, des

cylindres et des sphères, dans différentes conditions, sont donnés dans le Complément

C.3.

c) Effets du signe de la variation de masse volumique

Les effets liés au signe des variations de p méritent d'être discutés. Nous nous limitons

ici à deux configurations : une plaque ve1ticale isothe1me d'une part, et une

plaque horizontale isotherme d'autre part. Les c01Télations relatives à ces deux configurations

sont données dans le Complément C.3.

Considérons d'abord le cas d' une couche limite le long d'une plaque verticale de

température imposée plongée dans un fluide immobile au loin et de température elle

aussi imposée (figure 5.27). Une inversion des températures imposées à la plaque et

au fluide change le signe des variations de masse volumique et se traduit par deux

écoulements similaires au signe du champ de vitesse près. Le bord d'attaque devient

173


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

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T c 1

T

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paroi 1'

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r

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b) r I I I I I

>>>>>>>>

paroi T fluide T

c

c

L

/, L

Figure 5.27- Inversion des conditions

aux limites; plaque verticale isotherme.

Figure 5.28 - Inversion des conditions

aux limites; plaque horizontale

isotherme.

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le bord de fuite et vice-versa. Si l'origine et le sens de l'axe des abscisses sont changés,

les expressions du nombre de Nusselt local Nux (x) et du coefficient de transfert

local h (x) sont inchangées.

Les résultats diffèrent en revanche si on considère le transfert par convection naturelle

le long d'une plaque horizontale. En effet, l'une des deux situations est favorable

au transfert tandis quel' autre ne l'est pas. Supposons que la plaque est infinie et

que, comme dans la grande majorité des cas 31 , la masse volumique du fluide décroît

lorsque la température augmente.

Si les couches fluides inférieures sont plus froides, et donc plus lourdes, que celles

au dessus (cas de la figure 5. 28 a), une stratification du fi uide s'installe, le fi uide

restant au repos. Si des instabilités et un écoulement de convection naturelle prennent

naissance, ce ne peut être que du fait d'effets de bord liés à une taille finie de la

plaque. Même dans de telles circonstances, les valeurs du coefficient de transfert sont

faibles, car les conditions ne sont pas favorables au développement d'un écoulement

de convection naturelle. Des résultats associés à cette configuration sont donnés dans

le Complément C.3. Les mêmes conclusions s'imposent si une paroi froide est placée

sous le fluide.

En revanche, si les couches inférieures du fluide sont plus chaudes, et donc plus

légères, que celles au dessus (cas de la figure 5.28 b), le système est instable. Cette

configuration est favorable au développement d'un mouvement de convection naturelle.

La valeur du coefficient de transfert est plus grande que dans le cas précédent,

comme on pourra le constater à l'examen de corrélations données dans le Complément

C.3.

En conclusion, l'inversion des sources froide et chaude ou l'inversion de la gravité

conduisent, dans les deux configurations examinées, tantôt à des écoulements exactement

semblables (cas de la plaque verticale), tantôt à des écoulements très différents

31. Voir les commentaires qui suivent l'équation 5.120.

174


5.7. Convection naturelle externe

et par conséquent à des valeurs très différentes du coefficient de transfe1t (cas de la

plaque horizontale).

5.7.4 Exercice d'application

( Exercice 5.4 Chauffage d'une pièce

Énoncé

On considère un radiateur rectangulaire plan de surface S = 0,5 m 2 (de hauteur H et

de largeur L), à température T,. = 60 °C, placé contre le mur d' un local. La température

de l'air à l'intérieur du local et de toutes les parois du local vaut Ta = 20 °C.

Trois configurations seront examinées : [H = 0,7 met L = 0,7 m], [H = 2,5 met

L = 0,2m] et [H = 0,2m et L = 2,5 m].

Quelle est la configuration la plus efficace du point de vue du transfert convectif?

Solution

Le flux fourni par le radiateur au local par convection naturelle a pour expression :

<!> = h(T,. -T 0 )S (5.133)

où h est le coefficient d'échange moyen sur la hauteur du radiateur. La différence de température

et la surface d'échange étant les mêmes pour les trois configurations, maximiser

<!> revient donc à maximiser h.

Il s'agit d'un problème de convection naturelle externe sur une hauteur H. Le nombre de

Grashof a pour expression

(5.134)

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où les propriétés thermophysiques f3 et v de l'air sont prises à la température de film

Tfilm = (T,. + T 0 )/2 = 3 13K : f3 = 1/Tfilm = 3,1910- 3 K- 1 et v = 1,7210- 5 m 2 /s. Le

nombre de Prandtl et la conductivité thermique de l'air à cette même température valent

respectivement Pr = 0,705 et ,1 = 2,73 10- 2 W/m/K. Les corrélations adaptées et les valeurs

numériques obtenues sont regroupées dans le tableau ci-dessous.

GrH écoulement corrélation NuH h (W/m 2 / K)

H = 0,2m 3,39 10 7 laminaire NUH = 0,680 + 0,514 Ra~ 4 36,6 4,99

H = 0,7m 1,4510 9 transition

H = 2,5m 6,6210 10 turbulent

2

NUH = (0,825 + 0,324 Ra~ 6 ) 411 4,48

La configuration la plus favorable au transfert par convection naturelle est donc celle à

___

faible hauteur du radiateur, mais le gain par rapport à un radiateur de grande hauteur est

assez faible.

)

175


Chapitre 5 • Introduction aux transferts convectifs

5.8 CONVECTION NATURELLE INTERNE

Les problèmes de convection naturelle interne dans des configurations géométriques

tridimensionnelles (les cavités fermées par exemple) ne peuvent être résolus que numériquement;

leur traitement sort du cadre de ce livre.

Dans les cas de configurations géométriques simples et de conditions aux limites

classiques (température imposée ou flux imposé aux parois), les résultats sont généralement

exprimés en termes d'une conductivité équivalente plutôt que d'un nombre

de Nusselt. Cette conductivité équivalente dépend d'un nombre de Rayleigh rapporté

à la distance entre les parois d' une part, et du nombre de Prandtl du fluide d'autre

part (voir Complément C.4).

5.8.1 Exercice d'application

( Exercice 5.5 Lame d'air d'un double vitrage

Énoncé

On considère une lame d'air verticale, rectangulaire, d'épaisseur d, de hauteur H =

1 m, et infinie dans la troisième direction. Les murs verticaux de part et d'autre de la

lame d'air sont soumis à des températures imposées : T 1 = 10 °C et T 2 = 20 °C. Les

murs horizontaux sont supposés parlaitement isolés.

Pour quelles valeurs de d le transfert est-il pseudo-conductif? Quel est l'intérêt

pratique de ce régime ?

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0

c

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u

Solution

Dans cette configuration géométrique, l'échange thermique par convection naturelle interne

est caracté1isé par la notion de conductivité équivalente Àeq· Cette grandeur dépend

du nombre de Rayleigh RaH défini par

(5.135)

et du rapport H / d de la cavité. Une fois la conductivité Àeq évaluée, le flux échangé par

convection naturelle interne entre les deux parois verticales se déduit par la relation

(5.136)

Le calcul du nombre de Rayleigh aboutit à la valeur RaH = 1, 10 10 9 . Le rapport H / d

de la cavité étant sûrement assez grand, et le fluide considéré étant de l'air, on trouve la

corrélation suivante dans le Complément C.4 :

( H)4/7

d Ra~ 7 > 30

Àeq = 0 364 Ra 114 !!:_

À. ' H H

(5.137)

176


5.9. Convection mixte: compétition entre convection forcée et convection naturelle

où À désigne la conductivité thermique de l'air (à la température de film T film =

(T 1 + T2) /2). La condition (H / d) 4 1 7 Ra~ 7 > 30 se traduit par d < 47 cm; et l' équation

5.137 donne Àeq/ À < 1 pour d < 15 mm. Lorsque Àeq/ À < 1, le fluide ne se met

pas en mouvement, le transfert est donc simplement conductif et est caractérisé par la

conductivité du fluide À (régime dit de pseudo-conduction).

L'intérêt d'une lame d'air dans un double vitrage est de limiter le transfert thermique;

par conséquent l'épaisseur d de la lame doit être suffisamment grande pour limiter le flux

(voir équation 5.136) mais également suffisamment petite pour interdire tout mouvement

convectif de l'air. Des épaisseurs de lames de l'ordre de 10 mm sont souvent retenues par

les fabricants. _____ )

5.9 CONVECTION MIXTE : COMPÉTITION ENTRE

CONVECTION FORCÉE ET CONVECTION

NATURELLE

Lorsque les convections forcée et naturelle coexistent, c'est-à-dire lorsque le mouvement

du fluide est généré par une cause mécanique extérieure mais aussi par des

gradients de masse volumique en son sein, un critère simple permet de comparer les

contributions des deux phénomènes. Il apparaît, dans les équations de bilan adimensionnées

relatives à la convection mixte et dans le cadre des hypothèses de Boussinesq

(voir paragraphe 8.3.1), que le poids relatif de la convection naturelle par rapport à

la convection forcée est gouverné, pour une configuration donnée, par le nombre de

Richardson Rix, grandeur sans dimension définie par

Ri . _ Grx

x - Re2

X

(5.138)

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Ce nombre définit les domaines de convection forcée dominante (Rix « 1), de

convection naturelle dominante (Rix >> 1) et de convection mixte (Rix ~ 1). Cette

analyse est valide quelle que soit la longueur de référence x.

On aura donc intérêt à choisir ill et il.2 dans la plage [0,6ilm(T); 0,9il. 111 (T)], c'està-dire

là où la fonction LA(T) est la plus pentue. La validation de l'hypothèse d'invariance

des~ s'obtient en utilisant une troisième longueur d'onde A 3 et en comparant

les températures T 12 , T 13 et T 23 déte1minées pour l'élément dS à paitir des couples

(A1, il.2), (il.1, À.3) et (À.2, il.3) respectivement.

On peut s'affranchir, par une technique laser et modulation du rayonnement incident,

du rayonnement réfléchi par dS dans l'hypothèse où il n'est pas négligeable.

177


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PROBLÈMES DE

SYNTHÈSE DE LA

PARTIE 1

0 Circuit de refroidissement d'un moteur fusée cryogénique

Connaissances requises

Transferts linéaires (Chapitre 2); convection (Chapitre 5).

Il s'agit de réaliser un calcul d'avant-projet pour une configuration donnée. De ce

fait, certaines hypothèses, introduites à ce stade pour permettre un calcul monodimensionnel,

sont contestables. Dans le cadre de ces hypothèses, il est demandé

de construire un modèle physique simple, fondé sur des approximations

justifiées, et de calculer tous les paramètres clés du problème aussi précisément

que possible.

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Les parois en cuivre de la chambre de combustion d' un moteur cryogénique spatial

(de type Vulcain) sont soumises à un flux thermique intense de la part des gaz

issus de la combustion de parahydrogène et d'oxygène (température de mélange :

Tc = 3600 K, pression : Pc = 14 MPa, débit massique : qc = 10 3 kg/s). On considère

une section droite de la chambre, assimilée à celle d' un tube cylindrique creux

de diamètre intérieur D = 0,5 m, à travers lequel l'écoulement des gaz chauds est

supposé établi (voir figure 1).

Les parois sont refroidjes par du parahydrogène liquide qui, avant injection dans la

chambre de combustion, traverse un grand nombre de canaux à sections rectangulaires

qui entourent complètement la chambre. Dans la section droite considérée, le

parahydrogène circule dans les canaux en régime établi, à contre-courant des gaz

chauds, avec une température de mélange T1 = 60 K. Les canaux sont eux-mêmes

entourés de parois en cuivre massif (voir la disposition des canaux et le détail d'une

section droite sur la figure 2). Le système est, d'autre part, supposé parfaitement isolé

de l'extérieur.

On fera l'hypothèse simplificatrice que la température en y = E est unifo1me. On

négligera tout transfert radiatif.

179


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

L+2E

L+E

y q? = 0

cuivre

qc

chambre de

combustion

T,,=3600K

: canaux

~ ·

·'O.

:11 .:

~:

E ~ ... ::::.... ::.:.:..... ,..... ,, .... ····.... T(r::)

cuivre

0 -------- T, -?OOK

t <p

ch.ambre de combustion

Figure 1- Détail d'une section droite de la chambre de combustion.

Déterminer qh le débit massique minimal de parahydrogène dans un canal,

pour qu'en aucun point des parois en cuivre la température n'excède T1

700K.

Données: e = 2 mm ; E = 2 mm ; L = 10 mm.

Propriétés des gaz chauds à 2150 K:

1

Ile- , ' c-,,

,..., 0 35 Wm- LK- 1 Pr ,..., 0 6 µc ~ 6,4 10- 5 kg m- 1 s- 1 •

Les propriétés thermophysiques du parahydrogène suivent des lois affines en fonction

de la température, du type AT+ B, sur la plage [200 K - 400 K]; les valeurs des

coefficients A et B sont données dans le tableau ci-dessous.

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0

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0

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0

N

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C'I

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0

Propriété Unité A B

À W·m- 1·K- 1 0,000205 0, 123

p kg·m- 3 - 0,0346 21,24

µ kg·m-1.ç1 2,75 10-s 5 10- 1

Pr 0 0,7

Les notations usuelles dans cet ouvrage des différentes grandeurs sont utilisées.

a) Stratégie de résolution

Trouver qf revient à détermjner le coefficient de transfert h 1 . Le problème à résoudre

est résumé sur la figure 2.

180


Prob lèmes de synthèse de la partie 1

T 1 = 700K

ailette

~~~~~~~~~~_y_~ y

0 E <p= O E+L

Figure 2 - Schéma de la géométrie à étudier.

On détermine par un calcul explicite, successivement : hc, coefficient de transfert à

la paroi de la chambre de combustion, puis 'fJ, flux smfacique extrait de la chambre,

et enfin T(y = E). En introduisant la notion d'efficacité de 1' ailette ry(h 1 ), on obtient

alors une équation de bilan qui conduit à ht :

L'hypothèse d' une ailette infinie mérite d'être envisagée (puis, éventuellement, validée).

b) Calcul de hc

• Les données sont calculées à: Tfi1m = (3 600 + 700)/2 = 2 150 K.

• On obtient à pa1tir des données: ReD = PcVcD/µc = 4qcf (nDµc) = 4,010 7 .

Le régime étant turbulent, le nombre de N usselt est donné par :

(1)

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c) Calcul du flux et de T(y = E)

'P = hc(Tc - Tt) = 4,8 10 7 W/m 2

<p = Àcu[Tt - T(y = E)]/E

Àcu(300 °C) = 384 Wm- 1 K- 1 ==::} T(y = E) = 449 K

Le cuivre était incontournable : Tt - T(E) ~ 251 °C !

d) Calcul de hf

On fait l'hypothèse d' une ailette infinie, en supposant l'approximation de l'ailette

justifiée (à vérifier ultérieurement). Dans ce cas (voir paragraphe 2.2) :

181


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

7]00 = l/ Ylli, avec Bi = hfe/(2lcu) (on raisonne sur une demi-ailette). hf est solution

de l'équation 1, du second degré en .JhÏ':

e) Calcul de qf

2cp =[hi + (2Àcu/e) 1 1 2 .Jhf-] [T(E) - Tt ]

==> hf = 76220 Wm- 2 K- 1 •

Pour la température de film T fiim = (449 + 60)/2 ~ 255 K, on obtjent :

µ1(255 K) = 7 ,5 10- 6 kg m - 1 ç 1 ,

ÀJ(255 K) = 0,175 Wm- 1 K - 1 ,

Pr1(255 K) = 0,7.

Le diamètre hydraulique est: D1i = 4I/P = 4Le/[2(L + e)] = 3,33 10- 3 m, avec :

I = 2 10- 5 m 2 . On en déduit le nombre de Nusselt puis, en utilisant une corrélation

de régime turbulent, le nombre de Reynolds et le débit :

Remarque

Nuv 11 = h1D1i/Àf = 0,023 Re~,~ Prj 3

Rev,, = q1D1i/(Iµ1) ==> qf = 5,110- 2 kg/s

On a n0/(2e) = 393 canaux, soit un débit total de parahydrogène de refroidissement

de 20 kg/s.

f) Validité des approximations faites

• approximation de l'ailette (voir paragraphe 2.2) : Bi= h.re/(2Àcu) = 0,20 < l ;

• ailette infinie: m 2 =h1P/(lcuL)=2h1/(Àcue) =2,010 5 m- 2 ; exp(-mL)!::! 10- 2 .

f) Thermique élémentaire d'un réacteur à neutrons rapides

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Connaissances requises

Transferts linéaires stationnaires (Chapitres l et 2); convection (Chapitre 5) .

Tjs

Fluide I

Coeur

q

1

1Js

T 2e

Fluide li

· crayon

-- gaine

Figure 3 - Schéma d'ensemble des circuits thermiques.

182


Problèmes de synthèse de la partie 1

assemblage

élément

fi

Coeur - 120 assemblages

assemblage - 270 élémenL'i

Figure 4 - Schéma des assemblages.

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Le schéma d'ensemble des circuits thermiques d'un surgénérateur est donné figure 3.

Dans le cœur, la matière fissile est disposée sous forme de crayons de rayon R 1 dans

des gaines en acier inoxydable (on considèrera un acier au chrome-nickel 18/8 (18 %

Cr/ 8 % Ni)) de longueur Let de rayon R1. On supposera que les crayons occupent

toute la longueur des gaines et sont jointifs, délimitant des interstices ; 270 éléments

gaine-crayon sont groupés dans un assemblage. Les 120 assemblages sont jointifs et

constituent le cœur (figure 4): ce sont des structures de section hexagonale d'arête a.

Le sodium primaire (fluide I) circule dans le cœur, dans les interstices entre gaines.

Le coefficient de transfert conducto-convectif dans le coeur, entre la gaine et le sodium,

supposé uniforme, est h 1 . La puissance thermique tot<:ùe du surgénérateur est

P. Les conduites entre le cœur et l'échangeur sont parfaitement isolées et l' échangeur

à contre-courant est supposé sans pertes. Le fluide primaire entre dans le cœur

à T 1 e avec un débit massique q 1 • Le fluide secondaire (sodium également) sort de

l'échangeur à T2s avec un débit massique q1.

On fera les approximations suivantes :

• la puissance volumique P, dissipée dans la matière fissile uniquement (crayons),

est homogène et constante pour tous les crayons (grossière approximation),

~ • les flux conductifs axiaux (au sens de l'écoulement de Na 1 ) sont négligés aussi

"'

·~ bien dans les crayons, les gaines, les parois d'assemblages que dans le fluide,

·c

c

::;

~ • les débits de N a 1 sont les mêmes dans tous les interstices entre gaines,

c

.S!

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2

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~

s "'

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8

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• la conductivité thermique de U0 2 À.u est supposée indépendante de la température

(grossière approximation),

• pour simplifier le calcul de h 1 , on prendra, dans cette première approche, les propriétés

thermophysiques du sodium uniformes à (T1e + T2s)/2 : À.Na, µNa, PNa et

CpNa·

183


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

1. Sachant que la température maximale admise en un point des crayons est

rmax' quel doit être le débit massique qi en régime stationnaire?

A.N : R1 = 0,003 m; R1 = 0,005 m; L = 2 m; a= 0,107 m

'P = 3 200 MW,

Tmax = 2 400 °C,

T1 e = 400 °C, T 2s = 540 °C,

Au = 2,4 W m- 1 K- 1 •

2. Pour une température donnée T z.e d'entrée du fluide II dans l'échangeur à

contre-courant, quels doivent être le débit massique q 2 du fluide II et la surface

d'échange?

On supposera, pour simplifier, que l'échangeur est à plaques parallèles en acier inoxydable

18/8, d'épaisseurs ô, et est constitué de Ne canaux pour chaque fluide, de

largeur d et de dimension transverse H.

A.N : Ne= 500; d = 0,005 m; ô = 0,002 m ; H = 3,75 m; T2e = 380 °C.

Solution

1. Détermination du débit massique q 1

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......

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a.

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u

a) Stratégie de résolution

Deux inconnues pilotent le problème: q 1 mais aussi T 1 s. La détermination de T 1 s est

liée à celle de Tmax. En effet, étant donnée la symétrie de révolution de 1' ensemble

gaine-crayon et le fait que nous pouvons considérer la puissance volumique P comme

constante, la température T max est atteinte sur l'axe du crayon et en sortie d'assemblage,

au niveau où la température du fluide est la plus élevée, T1s. Un bilan en cette

section conduira à une première relation entre q 1 et T 1 s. Un bilan global sur le coeur

conduira à une deuxième relation entre ces grandeurs .

b) Bilan global

La puissance totale 'P du réacteur est intégralement emp01tée par le fluide 1. Soit:

(2)

c) Expression de la température maximale

Pour trouver une deuxième relation, nous considérons les échanges transverses liés

au refroidissement du cœur. On appelle Tu et Tg les champs de température dans le

184


Problèmes de synthèse de la partie l

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crayon d'uranium et la gaine et Àg la conductivité thermique de la gaine. Considérons

une tranche de crayon fissile d'épaisseur dZ. La puissance cédée au fluide est :

soit:

d<P = nRf dZP = 2nÀ 9

/ln(R2/R1)[Tu(R1 ,Z) - T 9

(R2,Z)]dZ

d<P = h1(q1)2nR2dZ[T 9

(R2,Z) - T1 (Z)]

Tu(R1,Z) -T1(Z) = nRf P[(2nR2h1)- 1 + ln(R2/R1)/(2nÀg)] (4)

Tu(R 1 ,Z) est obtenue à paitir d'un bilan thermique de la couronne comprise entrer et

r + dr et d'épaisseur dZ dans la matière fissile :

0 = dZ[2nnpcd(r) - 2n(r + dr)<pcd(r + dr)] + 2nrdrdZP (5)

Après intégration, en tenant compte de la relation (4) et de la condition de symétrie

axiale : dTu/dr(O ,Z) = 0, on obtient :

Tu(r,Z) - T1(Z) = P(RÎ- r 2 )/(4Àu) +nRÎP[(2nR2h1)- 1

(6)

+ ln(R2/R1)/(2nil 9

)]

Soit, en Z = L, où T1 (L) = Tis et Tu(O,L) = ymax :

T 1 s = ymax -nRîP{(4niluF 1 + [2nR2h1(q1)r 1 +ln(R2/R1)/(2nil 9

)} (7)

ce qui donne la deuxième relation cherchée entre q 1 et T 1 s. La puissance volumique

P s'obtient à paitir de la puissance totale du réacteur:

où ncr désigne le nombre de crayons par assemblage et nas le nombre d'assemblages.

d) Expression du coefficient de transfert

L'écoulement a lieu dans les interstices entre gaines. La section de passage globale

dans un assemblage est : I = (3 Y3/2)a 2 - 270nR~ = 0,00854 m 2 , et

le périmètre mouillé total, qui ne comprend pas les parois de l'hexagone, est :

P 111 = 270(2nR2) = 8,48 m. Le diamètre hydraulique est donc :

D1i = 4I/ Pm = 4,0 mm.

L'expression du nombre de Reynolds est (avec µNa = 2,54 10- 4 kg/(ms) obtenu par

interpolation linéaire à partir des données du Complément D.2):

ReD,, = (qi/nas)Dhf(µNaL) = 15,47 q1.

Supposons que le régime d'écoulement du sodium est turbulent. La corrélation pour

les métaux liquides est alors :

NuD = hiD1i = 6 3 + 0 0167 Re 0 • 85 Pr 0 • 93 ==}

" il ' ' D1i Na

Na

(3)

(8)

h1 (q1) = 106 020 + 19,914 q~· 85

(9)

185


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

Ainsi on dispose d' un système de trois équations 2, 7 et 9 dont les inconnues sont au

nombre de trois: q 1 , T 1 s et hr. La combinaison de ces 3 équations permet d'aboutir à

la relation suivante vérifiée par

ll

q 1 :

P PR 2 2 2ln(R2/R1) ]

r,. + q, CpNa = ym» - -;i1 Àa + R1 ( 106020 + 19,914 q~· 85 ) + Ag

La résolution numérique de cette équation donne q 1 = 11530 kg/s. Avec cette valeur

de q 1 , Rev1i vaut 1,78 10 5 : l'écoulement est bien turbulent. Par ailleurs, la connaissance

de la valeur de q 1 pe1met de calculer celles de h 1 et T 1 s : h 1 = 1,62 10 5 W/m 2 /K

et Tis = 619 °C.

2) Dimensionnement de l'échangeur

Comme l'échangeur est sans perte:

ce qui donne: lq 2 1 = 15790 kg s- 1 • Considérons, à l' instant t, des tranches matérie1les

[x ,x + dx] des deux fluides dans cet échangeur à contre-comant (voir figure 5).

1' fr

~1 (.~) {1 (x + dx)

1 1

(10)

"O

0

c

::J

0

<::!"

qz <U l li.r

u

i 1

1 1

11 (x) fi (x + dx)

x x+dx L

Figure 5 - Schéma de l'échangeur.

Cj Des bilans élémentaires conduisent à (voir exercice d'application au para-

N

@ graphe 5.3.3) :

.c

0\

ï:::

a.

0

u

q2

-CpNadT2 = 2H dx h 9

(T, - T2)

Ne

où h 9

désigne le coefficient global d'échange transverse :

q , > 0 (11)

(12)

l /hg = l/h J + ô/ Îlacier + l /h2 ·

(13)

186


Problèmes de synthèse de la partie l

Notons que les températures des deux fluides T 1 (x) et T 2 (x) décroissent quand x croît.

On obtient donc, en résolvant ce système :

(14)

On introduit la surface totale d'échange S tot = 2NcH L ; S 101 a donc pour expression

(15)

Il reste maintenant à évaluer hg, et ceci passe par l'évaluation des deux coefficients

d'échange hi et h1.

Avec les données du problème, on trouve :

J; = dH Pm= 2(d + H) ~ 2H

qiDh

ReiD1i = N J; RelD 11 = 48340 Re2D,, = 66190

c µNa

"O

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@

NuiD" = h~ Dh = 6,3 + 0,0167 Re~~'~ Pr~~ 3 Nuw 11 = 7,41 Nu2v 11 = 7,74

/lNa

Soit : h 1 = 50 180 W/m 2 /K h 2 = 52 480 W/m 2 /K

Avec Àacier ~ 20W/m/K: hg= 7 195W/m 2 /K S 101 =10350m 2

Ne = 500 couples de canaux d'épaisseur 14 mm ont une hauteur de 7 m. Par

ailleurs, connaissant S 101 , on en déduit la longueur L des plaques de 1' échangeur :

L = S 101 /(2NcH) = 2,76m. Le volume total de l'échangeur est donc de 72 m 3 .

IJ Dimensionnement d'un capteur solaire thermique

Connaissances requises

Rayonnement (Chapitre 4); convection (Chapitre 5)

Un capteur solaire orienté au sud et incliné à 45° par rapport à la verticale est supposé

parfaitement isolé sur toutes ses faces, à l'exception de sa face vitrée, carré d'arête L.

Il est constitué de deux plaques de verre d'épaisseur e, entre les plans 1 et 2 d'une

part et 3 et 4 d'autre part, et d' un absorbeur d'épaisseur d en acier inoxydable 18/8,

entre les plans 5 et 6. Les plans 2 et 3 d'une part, et 4 et 5 d'autre part, délimitent

deux lames d'air à pression atmosphérique. Les distances entre les vitres et entre la

187


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

vitre interne et l'absorbeur sont égales à ô. Un fluide caloporteur opaque, assimilé ici

à de l'eau, entrant à température Ti s'écoule horizontalement en régime établi, avec

un débit massique q, dans le canal d'épaisseur E constitué par le plan 6 et la paroi

externe isolée 7.

1

vitres

<p = 0

verticale

~

SUD

7

absorbeur

<p = 0 d

Coupe du capteur solaire

Figure 6 - Coupe du capteur solaire.

fluide

caloporteur

"O

0

c

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0

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......

0

N

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......

..c

Ol

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a.

0

u

Il est supposé que :

• Le flux solaire incident sur le capteur, directionnel et sous incidence normale, est

égal à 'PO·

• Le soleil est un corps noir à température Ts.

• L'atmosphère, à température Te, est transparente entre 0,25 et 3 ~lm d'une part, et

entre 9 et 12 µm d'autre part. En dehors de ces deux intervalles spectraux, elle est

totalement absorbante .

• Le sol est un corps noir à température Te.

• Le facteur de forme entre le plan 1 et le sol vaut f = 0,25.

• Les colonnes d'air entre le capteur et le sol, beaucoup moins épaisses que les distances

atmosphériques, sont transparentes.

• Le revêtement de la face 5 de l'absorbeur est totalement absorbant pour ;i < 3 ~lm

et est caractérisé au-delà par une émissivité é isotrope.

• Le verre est totalement transparent pour ,t < 3 ~lm et est opaque au-delà et caractérisé

par une absorptivité a isotrope.

188


Problèmes de synthèse de la partie l

• L'inclinaison du capteur se traduit, dans d'éventuels calculs de convection naturelle,

par le fait de pondérer l'accélération de la pesanteur par cos 45°.

• Un vent d' ouest de température Te et de vitesse v 0 balaie le capteur.

On supposera en première approximation que toutes les interlaces j (j = 1 à 6)

sont isothermes à températures T 1 . Les différents flux à travers une inte1f ace j seront

notés 'PJ · On supposera tous les écarts de température petits devant la température

absolue.

1. Estimer l'ordre de grandeur de la variation de Tb température du fluide caloporteur,

entre l'entrée et la sortie du capteur.

2. Si on estime qu'un tel capteur est actif pendant Sh, combien de m 2 de capteurs

fonctionnant en régime stationnaire sont nécessaires à une élévation de 40 °C de

la température de 100 L d'eau chaude sanitaire pendant cette durée (en supposant

l'échangeur utilisé parfait)?

Données :

L = 1 m ; e = 3 mm ; d = 1 mm ; q = 1 kg/s ; E = 5 mm ; ô = 1 cm ;

Ti = 70 °C ; Te = 7 °C ; T s = 5 750 K ;

'PO= 400 W/m 2 ; E = 0,5; a = 0,9 ; vo = 10 m/s.

Solution

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1. Une estimation est obtenue en supposant que tout le flux solaire incident se1t à

chauffer l'eau de ôT f :

(16)

On en déduit ôT1::::: 0, 1 °C.

2. a) Stratégie de résolution

On exprimera, en régime stationnaire, la conservation du flux d'énergie à travers tous

les plans du système. Pour ce faire, on exprimera d'abord en fonction des températures

les flux suivants :

• flux radiatif pour il< 3 ~tm de 1 à 5 (d'origine solaire),

• flux radiatif en 1 pour À> 3 µm,

• flux total en 1 (côté fluide), incluant tous les types de transferts,

189


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

• flux totaux en 3 (côté fluide) et 5 (côté fluide), incluant tous les types de transfe1ts,

• flux total en 6 (côté fluide) , incluant tous les types de transferts.

Après une analyse des résultats et une comparaison des différentes contributions, on

déduira un modèle simplifié de résolution.

b) Flux radiatif pour À < 3 µm de 1 à 5

Le flux solaire incident 'PO appartient au dessus de l'atmosphère à l'intervalle

[ Àm (Ts) /2 = 0,26 ~Lm; 8 Àm (Ts) = 4,2 ~Lm] et sur le capteur, après transmission par

l'atmosphère, à [0,26 ; 3 µm]. La partie du flux solaire transmise par l'atmosphère

vaut donc cp 0 = cp 0 z [0; 3/Àm (Ts)J = 390,3 W/m 2 . Comme l'absorbeur est un corps

noir sur le domaine spectral [0,26 ; 3 ~Lm], ce flux cp 0 sera absorbé sur la surface 5

après transmission par les vitres.

Aucun autre flux n'existe dans ce domaine spectral (ni les vitres ni l'absorbeur n'y

émettent).

c) Flux radiatif pour À > 3 µmen 1

Pour le sol, le capteur et l'atmosphère, la température est d'environ 300 K, le domaine

spectral utile est donc [5; 80 ~Lm]. Le flux dcp~À. absorbé en 1 par le verre, qui

est un corps gris d'absorptivité œ dans le domaine spectral À > 3 ~Lm, dépend des

contributions de l'atmosphère et du sol :

dcp~À

= œdcpL = œ(0,25 nL~ sol+ 0,75 nL~ atm) dÀ

Compte tenu de la bande de transparence de l'atmosphère entre 9 et 12 µm, le flux

total correspondant est :

<p~

~ œ [o,25crti + 0,75 ( crT: - f 2

rrL~(T,)dA)]

"O

g L'intégrale est calculée en utilisant les fonctions z. On pose :

::J

0

-.;t

......

0

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......

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a.

0

u

et on obtient :

Après linéarisation, on obtient

Z = z[O; 12/Àm(Te)] - z[O; 9/Àm(Te)] = 0, 1808

(17)

cpf = hf (Te - T1) + cp~ (18)

avec hR = 4 œ a- T 3 = 4 48 W/m 2 /K et m' = - 0 75 œ Z a- T 4 = - 42 53 W/m 2

J e ' 'Tî ' e ' ·

d) Flux total en 1

cc R I

'PI = 'P1 + 'P1 + 'Po (19)

190


Problèmes de synthèse de la partie l

Le coefficient h~c est donné par : NuL = h~c L/ Àair· Les propriétés du fluide sont prises

à 280 K. Le nombre de Reynolds est: ReL = voL/vair = 7,0910 5 . Le régime étant turbulent,

la corrélation à utiliser est NuL = Pr~; [o,664Re~ 12 + 0,037 (Ref 5 - Re: 15 )]

avec Rec = 3 10 5 . On en déduit h~c = 27 ,46 W /m 2 /K.

Le flux total en 1 devient:

avec h~q = hf + h~c = 31,95W/m 2 /K.

e) Flux en 3 et 5

<pi = h~q (Te - Ti)+ <p~ + <p;

>- Convection naturelle entre 2 et 3 et entre 4 et 5. Pour d'éventuels calculs itératifs

de convection naturelle, il faut postuler des températures d'interfaces initiales. On

peut poser:

Ts =Ti= 343K

Ce choix majore les écarts de température donc surestime la convection naturelle.

Entre les smfaces 2 et 3, le rapport hauteur/ largeur vaut L/ô = 100, et le nombre de

Rayleigh a pour expression :

g'f3ait-(T3 -T2)L 3 -~

R aL = avec g' = g/-v2

GairVair

Les propriétés de l'air sont prises à Tfilm = (T2 + TJ) /2 = 295,75K. Le calcul donne

RaL = 2,17 10 9 < 10 13 et (L/6) 4 /7 Ra~ 7

= 300 > 30; on a donc affaire à une longue

cavité, et la corrélation à utiliser est NuL = Àeqf Àair = 0,364 Ra~ 4

ô/L. Le calcul

donne Nul = Àeq/Àair = 0,79 < 1; on est donc là dans un régime de pseudoconduction,

et le flux conducto-convectif à la paroi 3 a pour expression :

(20)

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<p~c = Àair (Tfi!m = 295,75K) (T2 - T3) = h3c (T2 - T3) (21)

ô

avec h3c = 2,60 W/m 2 /K. De même, le flux conducto-convectif sur la surface 5 est:

avec h~c

<p~c = Àait-(Tfilm = (T4 +ôTs)/2 = 327,25K) (T4 - Ts) = h~c (T4 - Ts) (22)

= 2,83 W/m 2 /K.

>- Rayonnement de 2 à 3 et de 4 à 5. Il s'agit d' un échange radiatif entre 2 corps gris

plans parallèles infinis. En effet, pour le domaine spectral considéré ([5; 80 ~Lm]) , les

vitres et l'absorbeur sont opaques et ont pour émissivités œ et E respectivement. Le

fi ux radiatif est :

(23)

191


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

Après linéarisation, on obtient :

R 3 éiéj

'PiJ = 4crTm 1 - (1 - éi)(l - éJ) (Ti - T1)·

(24)

Soit, d'une pait, avec ci = c 1 = œ : cp~ 3

= h23(T2 - T3) et h23 = 4,80 wm- 2 K- 1 , et

d'autre pait, avec ci= œ et c 1 = c: cp: 5

= h4s(T4 - Ts) et h4s = 3,77 wm- 2 K- 1 .

f) Flux total en 6

Les propriétés du fluide (eau) sont prises à sa température d'entrée Ti : µeau =

4,01 io- 4 kg/m/s, Preau = 2,52 et Àeau = 0,663 W/m/K. Le diamètre hydraulique

associé à l'écoulement est Dh ~ 2E, et le nombre de Reynolds est:

2q

ReD = -- = 4988

h

µeau

L

Le régime étant turbulent, le nombre de N usselt est :

h62E o 8 o 3 2

Nuv" = - 1

- = 0,023 ReD1i Pre~u =} h6 = 1830 W/m /K

/leau

Analyse des résultats

La conservation des flux en régime stationnaire s'écrit :

soit:

(25)

cp = 'Pl = 'P2 = ... = 'P6 (26)

"O

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Àu ) / eq ( ) / Àacier ) ( )

= -;; (T3 - T4 + cp 0 = h 5

T4 - Ts + cp 0 = d (Ts - T6 = h6 T6 - Tt

avec h;q = h13 + h~c et h~q = h4s + h~c

Les applications numériques montrent que, en première approximation, on peut poser:

T1 = T2; T3 = T4; Ts = T6 = Tt. On obtient:

cp = (Te - Tt)+ cp~/h~q + ,

l/h~q + l/h;q + l/h~q 'Po

En prenant pour Tt la valeur Ti = 70 °C, on obtient cp = 188W/m 2 . La surface

d'échange S est obtenue par un bilan: fneauCp eau/)..Teau = Peau:rcpeau/),_Teau = cpS,

ce qui conduit finalement à S = 4,95 m 2 .

192


Problèmes de synthèse de la partie 1

GJ Effet de serre atmosphérique

Connaissances requises

Rayonnement (Chapitre 4); convection (Chapitre 5)

Un calcul grossier très global est proposé avec des données, en particulier solaires,

moyennées sur l'alternance jour-nuit, c'est-à-dire sur toute la surface de la

terre: le but est d'estimer des effets. Les estimations obtenues sont réalistes.

La ten-e est représentée par un corps opaque gris d' émissivité Er et température T,.

Du point de vue radiatif, l'atmosphère est représentée par une couche, disjointe de la

terre, de température uniforme Ta, qui est un milieu transparent ou un corps noir suivant

les bandes de longueurs d'onde (voir son spectre d'émissivité êa,.t à la figure 7) .

a~ -!

0.15 z 9

I l

1 -

1 -

8(} À(J.Ull)

Figure 7 - Evolution de l'émissivité de l'atmosphère en fonction de la longueur d'onde.

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Au-delà de l'atmosphère, le rayonnement du cosmos est assimilé à celui d' un corps

noir à Tc. La seule autre source radiative que l'on prendra en compte est le soleil,

dont le rayonnement issu de la photosphère et incident sur 1' atmosphère est assimilé

à celui d' un corps noir à Ts. Pour simplifier, on adoptera une valeur globale du flux

solaire incident au dessus de l'atmosphère terrestre 'PO (Wm- 2 ); ce flux est moyenné

sur une année et la surface du globe.

Les échanges d'énergie non radiatifs entre la terre et l'atmosphère (évaporation,

transferts conducto-convectifs ... ) sont représentés par un flux surfacique global

'Pth (Wm- 2 ) cédé par la terre à l'atmosphère.

Données : Tc = 4 K; Ts = 5 750 K; t.po = 342 Wm- 2 ; 'Prh = 114 Wm- 2 ; et s, = 0.8.

1. Calculer la température qu'aurait la terre si l'atmosphère n'existait pas.

2. Déterminer la température de la terre T 1 en présence de l'atmosphère. Application

numérique.

3. L' effet de serre, constaté en 2) par rapport au résultat de l), est très majoritairement

dû à la vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère. La présence de C0 2 (espèce

193


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

à durée de vie longue) est augmentée par l'activité humaine, en particulier par tout

type de combustion.

Étudier l'impact sur T 1 d'un rétrécissement de la fenêtre de transparence atmosphérique

de [9 - 12 µm] à [9,05 - 11,95 ~tm]. Quel est en wm- 2 l'effet sur le

flux émis par la terre ?

Solution

1. La température Tr s'exprime, en régime stationnaire, à partir d'un bilan élémentaire

de la terre seule (l'atmosphère n'existant pas, le flux 'Pth est pris nul).

4nR;<p~ = 0

où <p~ est le flux radiatif surfacique donné par

Remarque

R e a T4

'Pr = 'Pr - 'Pr = s,o- t -

cr'PO·

crTi « cp 0 , donc on peut négliger le rayonnement d'origine cosmique dans tout ce

problème.

(27)

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On en déduit: Tr = (<po/o-)lf 4 , soit: Tt = 279 K.

2. Il s'agit de déterminer la température de la terre et la température de l'atmosphère.

Un bilan de la terre et un bilan de l'ensemble terre-atmosphère permettront d'obtenir

les deux équations nécessaires.

a) Bilan de la terre

a e 0

'Pr - 'Pr - 'Pth = (28)

où 'Pf et <p~ sont les flux smfaciques absorbé et émis par un élément « moyen » de

su1face terrestre. Le flux émis par la terre est :

e y4

'Pr = s,o- r (29)

Le flux absorbé par la terre est :

Le flux monochromatique surfacique incident sur la terre d<p~t provient de deux

contributions :

• le flux monochromatique émis par l'atmosphère: 7rca,iL~(Ta)dA,

• le flux monochromatique provenant du soleil et transmis par l'atmosphère. On

connaît le flux directionnel incident au dessus de l'atmosphère, moyenné sur toute

(30)

194


Problèmes de synthèse de la partie l

la surface de la tetTe et sur une année. Comme la composition spectrale de ce flux

est celle d' un corps noir à Ts, le flux monochromatique associé transmis par l'atmosphère

d'P ~f r s'en déduit par une simple proportion :

i s L~ (Ts) dJ L~ (Ts) dJ

dlp ,lt = (1 - êaA) roo <[JO = (1 - êaA)

4

Jo L~ (Ts) dil a-Tsflr

</JO

(31)

Finalement, le flux absorbé par la ten-e est:

<p~ = lrêr (

Jo

00

[saÀL~ (Ta)+ 'P0 4

(1 - EaA)L~ (Ts)] dÀ

Si on fait l'hypothèse Ta ~ 300K, l'intervalle spectral utile associé à Ta est

[5 ; 80 ~Lm]. On peut alors écrire les diverses égalités suivantes :

a-Ts

Jo 00 EaÀL~ (Ta) dÀ = Js 80 EaÀL~ (Ta) dÀ = Js 9 L~ (Ta) dÀ + Ji~O L~ (Ta) dÀ

= J: L~ (Ta) dil + fu L~ (Ta) dil = (}";;: [z ( 0 , A~,~~:) )+ 1 - z ( 0 , ~,~t~~))]

De même, comme Ts = 5750K, l'intervalle spectral utile associé à Ts est

[0,26; 4,2 ~Lm]. On peut donc écrire les diverses égalités suivantes :

Jo 00 (1 - EaÀ) L~ (Ts) dÀ = Jo.;! (1 - Ea 1i) L~ (Ts) dÀ = Jo~26

Introduisant les notations

= r2 Lo (Ts) dÀ = crr; z (o ' 2~Lm )

Jo À n A,,,(Ts)

L~ (Ts) dÀ

2µm )

9~Lm)

12µm)

Zs (2) = Z ( 0 , Àm (Ts) Za (9) = Z ( 0 , Àm (Ta) Za (12) = Z ( 0 , Àm (Ta)

(32)

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c

le flux absorbé par la ten-e a pour expression :

~ "' b) Bilan global (terre + atmosphère)

~

't:

0

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"' c

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c

c

.Q

ü

'Pf =Er {a-T: [1 + Za (9) - Za (12)] + 'POZs (2)}. (33)

Il est judicieux ici d' utiliser les notions de flux incident sur l'ensemble (teITe + atmosphère)

<fJ~+a et de flux partant <fJf+a. En effet, le flux incident 'P~+a vaut tout simplement

'PO· Quant au flux partant <fJf+a' il comporte 3 te1mes :

~ • La fraction du flux solaire <po transmise par l'atmosphère, réfléchie par la terre, et

o.

~ transmise à nouveau par l'atmosphère. Ce flux vaut

'5

F!

-ci

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c

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@

195


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

• La fraction du flux émis par la ten-e qui est transmise par l'atmosphère. Ce flux vaut

n Et fo00

(1 - Ea 1

i) L~ (T,) dÀ. Si on fait l'hypothèse T 1 ~ 300K, l'intervalle spectral

utile associé à Tr est [5 ; 80 ~lm]. On peut alors écrire les diverses égalités suivantes:

7r Et Jo 00 (1 - Ea,i) L~ (Tt) dÀ = 7r Et Js 80 (1 - Ea,i) L~ (T,) dÀ = 7r Et ]; 12 L~ (Tt) dÀ

= E 1 crT')- [Zr (12) - Zr (9)] avec la notation Zt (À-0) = z(O, ,i 11 ~i,))

• Le flux émis par l'atmosphère, qui a pour expression crTd [l + Za (9) - Za (12)]

(voir bilan sur la ten-e).

Le flux partant r.pf+a vaut donc :

r.pf+a = (1 - Er) r.po Zs (2) + ErcrT'} [z, (12) - Zt (9)] + crTd [l + Za (9) - Za (12)] (34)

et le bilan sur l'ensemble (ten-e +atmosphère) s'écrit:

tnp - tni - tn

rr+a - rt+a - rO

(35)

En combinant les équations 28, 29, 33, 34 et 35, on obtient :

crT( = 'PO [ 1 + Er Zs(2)] - 'PrhfEr

1 + E1 [z1(12) - zr(9)]

(36)

Par itération, on obtient la température de la ten-e : Tt = 289 K. L'effet de sen-e atmosphérique

principal, essentiellement dû à la vapeur d'eau, a élevé la température de

la ten-e de 10 °C.

3. À partir de l'équation 36, il vient :

"O

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On en déduit, pour un déplacement des deux bornes de la fenêtre atmosphérique de

0,05 ~lm, une élévation de température ôTr = 0,3 °C, soit une augmentation du flux

émis con-espondant ôr.p1 = 1,3 W/m 2 . Cet effet de sen-e additionnel a l'ordre de grandeur

de celui constaté depuis le début de la révolution industrielle. Il est aussi de

l'ordre de grandeur de l'incertitude sur le bilan énergétique de la ten-e.

(37)

196


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Les premiers objectifs de cette partie, de niveau master, sont d'approfondir l'étude du rayonnement

thermique et de la convection, étendue aux transferts d'espèces. Les milieux semitransparents

en rayonnement sont abordées de façon générale (Chapitre 6), ainsi que les propriétés

radiatives tant des milieux denses que des gaz avec ou sans particules (Chapitre 7). Les

équations générales de bilan et le modèle des couches limites en convection sont introduits

en incluant les transferts d'espèces, mais en limitant l'étude à des mi.lieux monophasiques

(Chapitre 8). Une attention particulière est apportée à l'étude des phénomènes de base de

la turbulence, sous l'angle des flux transférés, et à la modélisation pratique des transferts

turbulents (Chapitre 9).

L'objectif du dernier chapitre de l'ouvrage (Chapitre 10) est d'introduire les bases physiques

des transferts thermiques. Suivant le cursus suivi ou les centres d'intérêt du lecteur,

ce chapitre peut être considéré comme une conclusion, mettant en évidence les limites des

modè.les de milieux continus et ouvrant vers la nanothermique, ou au contraire comme une

introduction physique à l'ensemble de l'ouvrage.

Si la première partie de l'ouvrage était focalisée sur la compréhension des phénomènes

physiques, en se limitant de ce fait à des approches le plus souvent monodimensionnelles,

cette seconde partie aborde les sujets traités avec des modè.les avancés. Une attention particulière

est apportée aux changements d'échelles (de celle des molécules ou des photons à

celle des milieux continus, de celles des champs instationnaires turbulents à celle des champs

moyens, après moyenne d'ensemble). Les solutions sont alors généralement numériques. Cet

ouvrage aborde la plupart des modèles physiques qui sont utilisés dans les solutions numériques,

mais n'a pas vocation à traiter des méthodes numériques en général, moins encore des

algorithmes associés.

Dans chaque chapitre, le lecteur trouvera une bibliographie récente correspondant à l'état

de l'avancement de la recherche dans les différents thèmes des transferts thermiques, ce qui

constitue une ouverture sur les méthodes les plus avancées des bureaux d'étude et centres de

recherche.


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RAYONNEMENT

DES MILIEUX DENSES

ET DES GAZ

Notions clés

émission, absorption, autoabsorption, diffusion, épaisseur optique, milieux optiquement

minces, milieux optiquement épais.

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Le Chapitre 4 abordait l'étude des des transfe1ts radiatifs entre corps opaques à travers

un m.ileu transparent d'indice n égal à 1 (vide ou gaz en première approximation).

C'est une limitation importante, qui est loin d'être générale. Il apparaît en effet

des milieux semi-transparents 1 dans les applications relevant des sciences de la

terre et de l'univers et dans de nombreuses applications industrielles. Le Chapitre 7

traite de la caractérisation des propriétés radiatives des milieux : corps opaques mais

aussi milieux semi-transparents (gaz, milieux denses, particules). Le présent chapitre

est consacré à une approche générale des transferts racliatifs dans les m.ilieux semitransparents.

En sciences de la terre, l'atmosphère et les océans sont des milieux semitransparents

[96]. En effet, H20, C02 et les espèces organiques en phases gazeuse

ou dense émettent et absorbent du rayonnement en volume. Si ces milieux sont divisés

(gouttelettes d'eau, glace, . . . ) ou contiennent des aérosols ils sont susceptibles,

de plus, de d~ffuse r du rayonnement ; c'est aussi le cas, à une autre échelle, des molécules

de 1' air. Ces phénomènes de diffusion conditionnent notre environnement (fond

du ciel bleu, dégradés subtils de gris de la couverture nuageuse des ciels bretons,

couleurs des levers et couchers de soleil, etc.). En astrophysique, l'étude de la structure

interne des étoiles, du soleil en particulier, nécessite de recourir au formalisme

des milieux semi-transparents également. Que ce soit en météorologie ou en astrophysique,

les techniques de mesure sont pratiquement toutes radiatives et reposent

sur 1' inversion de l'équation de transfert du rayonnement, qui sera introduite dans ce

chapitre.

Parmi les nombreuses applications industrielles des milieux semi-transparents, la

plus importante est constituée par les transferts dans les milieux en combustion ou

dans les produits issus de cette combustion. En effet C02 et H20, les deux produits

les plus courants d' une combustion, sont des espèces dont les spectres d'émission

et d'absorption sont très intenses. Paimi les produits de combustion se trouvent également

des suies, particules de carbone plus ou moins agglomérées, des paiticules

1. voir la définition dans le paragraphe 1.2.

199


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

liquides ou solides d'alumine ou de zircone, issues de la combution de pains de propergols

solide, ou des particules issues des parois et ablatées par un jet, de tailles très

diverses. Toutes ces particules émettent, absorbent et diffusent du rayonnement en

volume. Une autre classe importante d'applications concernent les milieux verriers

(composition, bains des fours verriers, plaques de verre dans un procédé de type fioat,

ou même vitrages). Notons aussi la nécessité de modéliser les transfe1ts en milieux

semi-transparents pour les phénomènes de trempe par l'eau à très haute température,

les problèmes liés à la sûreté nucléaire en cas d'accident sévère, etc.

En principe, les transferts radiatifs dans des milieux poreux à haute température

peuvent, si la phase dense est opaque, être modélisés à partir de modèles locaux de

transfert radiatif entre corps opaques (Chapitre 6). En pratique, un tel milieu poreux

est traité comme un milieu semi-transparent continu, après une procédure d' homogénéisation

valide sous certaines conditions.

Enfin une simple couche d'air (de quelques cm à quelques m) doit souvent être

considérée comme un milieu semi-transparent en fonction de la nature de l'application

considérée. En effet un air humide, même sans phase liquide, à température ambiante

est caractérisé par une fraction molaire en H 2 0 atteignant 0,02 et une fraction

molaire en C0 2 de 3, 6.10- 4 , abondance naturelle en dehors de sources de pollution.

Certaines bandes d'absorption (et d'émission) par H 2 0 et C0 2 sont, même dans ces

conditions, d'intensités non négligeables. De ce fait, toutes les mesures radiatives réalisées

au voisinage des bandes à 2, 7 ~lm, 4,3 µm, 15 ~lm seront fortement perturbées

par le caractère semi-transparent de l'air. Les transferts radiatifs gaz-gaz perturbent

également les écoulements de convection naturelle dans des pièces de grandes dimensions.

Savoir s'il faut modéliser l'air comme un milieu semi-transparent en transfe1ts

thermiques est une question délicate, qui ne trouve de réponse que cas par cas.

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L'étude des phénomènes d'émission, d'absorption et de diffusion, l'établissement

de l'équation de transfert du rayonnement, sous deux formulations, et les conditions

aux limites radiatives courantes font l'objet des paragraphes 7.1 à 7.3.

Le paragraphe 6.4 est consacré à la résolution analytique de problèmes classiques

en géométrie monodimensionnelle, pour des milieux non diffusants éventuellement

hétérogènes et anisothermes. Le cas du mur plan hétérogène et anisothe1me est détaillé

dans la mesure où il sert de solution de référence à tout modèle de transfert

en géométrie complexe. Les cas limites essentiels des milieux optiquement minces

et optiquement épais sont abordés dans le paragraphe suivant. À la limite d' un milieu

optiquement épais sur tout le spectre, la modélisation du rayonnement par une

conductivité fortement non-linéaire en température est discutée. La méthode de dimensionnement

de Hottel pour des milieux non diffusants isothermes est introduite

dans le paragraphe 6.6 . Des exemples de transfert radiatif au sein d'un milieu diffu-

200


6.1. Généralités

sant sont abordés dans le paragraphe 6.7. Enfin les méthodes générales de transfe1t

radiatif les plus utilisées sont brièvement exposées dans le paragraphe 6.8.

6.1 GÉNÉRALITÉS

Un milieu dense homogène ou un gaz est un milieu semi-transparent, caractérisé optiquement

par un indice complexe n égal à n + }X (n est l'indice réel et x 1' indice

d'extinction du milieu). n varie en fonction de la variable d'espacer et de la direction

u. Il sera établi dans le Chapitre 7 que, pour des milieux semi-tramparents, x

est généralement petit devant n (verre, air, etc). Nous utiliserons cette propriété dans

la suite en ne considérant que 1' indice réel n pour définir les propriétés géométriques

du faisceau. Il est cependant évident que 1' absorption et/ou la diffusion volumique

par le milieu, qui lui confèrent son caractère semi-transparent sont étroitement liées

àx. D'autre part, si la fréquence d'un rayonnement qui se propage dans un milieu est

invariante dans un référentiel donné, la longueur d'onde de ce rayonnement est une

fonction de r et de u :

À(r,u) = c(r,u)/v = co/[v n(r,u)] avec n = co/c (gaz : n ~ 1) (6.1)

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où c et co représentent respectivement les célérités du rayonnement dans le milieu

et dans le vide. Si pour l'air et les gaz, en première approximation, n vaut 1 à qq

10- 4 près, il n'est pas judicieux d'utiliser À pour caractériser le rayonnement dans

un milieu semi-transparent : on utilise soit la fréquence v, exprimée en Hz et ses

multiples (c'est l'usage dans le domaine dit He1tzien, les microondes), soit le nombre

d'onde dans le vide a-, égal à v/c 0 , exprimé usuellement en cm- 1 (ou Kaiser), c'est

l'usage dans le domaine infrarouge.

La luminance du rayonnement d'équilibre dans un milieu réel dépend également

der et de u; elle a pour expression (paragraphe 10.2.2) :

2hv 3 hv _ 1 2

0 0

Lv(u, r, T) =

2

[exp(-k) - 1] = n (r,u)Lv(T)

c (r,u) T

(6.2)

où L~ (T) représente la luminance isotrope du rayonnement d'équilibre dans le vide,

ou dans un milieu d'indice n égal à 1. La luminance d'équilibre, donnée par l'équation

6.2, n'est donc isotrope que dans la mesure où n est isotrope.

La structure du troisième membre de l'expression 6.2 se généralise à des luminances

quelconques au sein d'un milieu transparent, d'indice n. Considérons la trajectoire

courbe d'un rayon (M 1 M2s) et deux éléments de surlace dS 1 et dS2 normaux

en M 1 et M2 à la trajectoire (figure 6.1) au sein d'un milieu d'indice hétérogène.

Considérons un autre rayon courbe passant par les points conjugués M 1 et M2 dans

les angles solides élémentaires respectifs d.Q 1 et dn2, dont les vecteur unités 01. et

201


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

u 2 font les angles 8 1 et 8 2 avec les normales n 1 et n 2 à dS 1 et dS 2 . Le théorème de

Clausius relative à la conservation de l'étendue optique d'un faisceau n 2 dS cos(} d.Q

s'écrit [93] :

(6.3)

L'indice réel n, la surface de l'élément dS, l'angle solide d.Q sont susceptibles de varier

entre les points s 1 et s 2 . Si, de plus, le milieu est considéré comme transparent, la

conservation du flux monochromatique d'énergie dans l' intervalle spectral dv s'écrit,

en introduisant les luminances L~ v et L~v en s1 et s2 :

Il vient, à partir des deux dernières relations, dans le cas d'un milieu transparent :

(6.4)

(6.5)

Ce résultat est analogue à l'équation 6.2 : dans un milieu transparent hétérogène à

l'équilibre, L~(T) est invariante. On généralisera, dans la suite, ce résultat au cas des

milieux considérés ici, tels que x indice d'extinction est petit devant n.

6.2 PHÉNOMÈNES VOLUMIQUES D'ABSORPTION,

D'ÉMISSION ET DE DIFFUSION

La caractéristique essentielle des milieux semi-transparents est qu'ils sont susceptibles

d'absorber, d'émettre et de diffuser du rayonnement en chaque élément de volume,

tandis que pour des corps opaques ces phénomènes étaient considérés comme

superficiels.

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Figure 6.1 - Conjugaison optique.

6.2. l Absorption

r..,;M b)

~ dQ

dV~

Figure 6.2 - Absorption en volume .

Considérons le flux d 5 cf>~ associé à un rayon élémentaire se propageant dans d.Q, en

s, normalement à un élément de surface dS dans un milieu semi-transparent. Soit

(figure 6.2a) :

(6.6)

202


6.2. Phénomènes volumiques d'absorption, d'émission et de diffusion

Ce flux est en paitie absorbé dans l'élément de volume dV compris entres et s + ds

(soit: dV = dSds). D' une manière relativement générale 2 , l'expression algébrique

du flux absorbé par un élément de volume dV est (voir figure 6.2b) :

c'est-à-dire proportionnelle à L~,

-d 6 cp'a = d 6 cf>'(s) = -K L' dVd.Qdv

V V V V

(6.7)

dV, d.Q et dv. Kv est par définition le coefficient

volumique d'absorption du milieu (généralement exprimé en cm- 1 ). La relation 6. 7

n'a de sens que si dV est arbitrairement petit, plus précisément si : Kvds « 1. On dit

alors que l'élément de volume est optiquement mince vis-à-vis de l'absorption.

>- Cas particulier d'une colonne homogène et isotherme

Pour une colonne rectiligne, de longueur l, homogène et isotherme 3 , le coefficient

monochromatique d'absorption du milieu Kv est uniforme, l'indice n est également

uniforme, donc la propagation est rectiligne. Si on considère le seul phénomène d'absorption

entres = 0 et s = l, le flux transmis en s = l s'exprime en fonction du flux

incident dans la direction Os en s = 0, par intégration de l'équation 6.7 compte tenu

de l'équation 6.6 en posant dV = dSds. Soit:

d 5 cf>~(l) = exp(-Kvl)d 5 cf>~(O) (6.8)

ce qui fait apparaître les transmittivité r~ et absorptivité œ~ de la colonne, liées par :

~ = 1 - œ~ = exp(-Kvl) (6.9)

C'est la loi de Beer, rigoureuse à condition de considérer des grandeurs monochromatiques.

L'intérêt de la configuration élémentaire de la colonne homogène isotherme

est d'être celle à laquelle se réduit un calcul dans un milieu hétérogène et anisotherme,

après discrétisation numérique.

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6.2.2 Émission

Tout milieu susceptible d'absorber du rayonnement est susceptible d'en émettre. 4 Le

flux émis dans l'angle solide élémentaire d.Q, par un volume élémentaire dV, dans dv

est, par définition :

(6.10)

17v(s) est appelé coefficient monochromatique d'émission en s .

2. Dans des milieux poreux homogénéisés, le flux absorbé peut ne pas être proportionnel à la luminance

incidente. Un formalisme généralisé, adapté à ces milieux, non Beeriens est développé dans les

références [134, 131 , 24].

3. En pratique, net K,, dépendent de la température; l'isothermie est donc nécessaire pour que le milieu

soit considéré comme homogène en net Kv.

4. On ne considère ici que l'émission spontanée de rayonnement. L'émission induite, pas toujours négligeable

en rayonnement thermique, est comptabilisée négativement dans le coefficient d'absorption

de l'équation 6.7 : voir paragraphe 10.2.3.

203


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Si on fait l'hypothèse de l'équilibre thermique du milieu, la luminance dans toute

direction et en tout point est la luminance du rayonnement d'équilibre n 2 L~( T).

D'autre part, à l'équilibre thermique, le flux absorbé est égal au flux émis; compte

tenu des équations 6. 7 et 6.10, il vient :

(6.11)

Cette relation est généralisée dans l'hypothèse de faible déséquilibre du milieu semitransparent

(qui reste au voisinage de l'E.T.L.). Dans cette hypothèse, le flux émis

par l'élément de volume dV, dans l'angle solide d.Q, a pour expression :

(6.12)

Si le milieu semi-transparent est très fortement hors d'équilibre (loin de l'E.T.L.), T/v

s'exprime directement à paitir d' un modèle cinétique local (voir paragraphe 10.2.3).

>- Cas particulier d'une colonne homogène et isotherme

On considère à nouveau une colonne homogène, isotherme, rectiligne, de longueur l,

(Kv et n uniformes : figure 6.3). À l'équilibre thermique à la température T , le flux

incident (en s = 0) et le flux partant (en s = l) sont caractérisés par la luminance

n 2 L~( T). Soit, si on considère que dS est normale à Os:

d 5 <P~(O) = d 5 <P~(l) = n 2 L~(T)dS d.Q dv (6.13)

Or, d 5 <P~(l) se compose d'un flux émis et d' un flux transmis par la colonne, soit:

(6.14)

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avec:

(6.15)

Par définition de l'émissivité monochromatique de la colonne isotherme 5 et homogène

du milieu comprise entre 0 et l, on pose :

Soit, d'après les équations 6.13 à 6.16 :

(6.16)

s~ = 1 - T~ = œ~ = 1 - exp( -Kvl) (6.17)

Les équations 6.16 et 6.17 représentent le flux globalement émis et l'émissivité globale

de la colonne de longueur l. Elles tiennent compte de 1' ensemble des phénomènes

d' autoabsorption de rayonnement par la colonne, c'est à dire des rayonnements

5. Notons que si la notion de transmittivité garde un sens pour une colonne hétérogène et anisotherme,

l'émissivité n'a pas de sens pour une colonne anisotherme.

204


6.2. Phénomènes volumiques d'absorption, d'émission et de diffusion

émis par tous les éléments ds entres et s + ds et absorbés par les éléments ds' entre

s' et s' + ds' (figure 6.4). Les équations 6.16 et 6.17 sont généralisées au cas d' un

déséquilibre thermique faible du milieu semi-transparent (hypothèse de l'E.T.L.);

l'expression générale de la luminance en l est alors, pour une colonne isotherme en

faible déséquilibre avec son environnement :

L~(l) = <L~(O) + (1 -<)n 2 L~ (T) (6.18)

Le premier terme représente la luminance du rayonnement transmis par la colonne,

le second celle du rayonnement émis globalement par celle-ci.

d~~~

d~~m

a { _______ ~o ,

s

0 s s ' J

1 1 1 1 1 1

s '+ds'

Figure 6.3 - Émission par une colonne.

Figure 6.4- Colonne discrétisée

(autoabsorption).

6.2.3 Diffusion

La diffusion du rayonnement est un phénomène volumique qui a deux effets sur le

flux d 5 <P~( s) qui se propage dans l'angle solide dQ:

• un effet d'extinction : une fraction de ce flux se propage en s + ds dans des directions,

telles que u', n'appartenant pas à l'angle solide dQ (figure 6.5a).

• un effet constructif : certains rayonnements qui se propageaient hors de l'angle

solide dQ en s, se propagent en s+ds dans cet angle solide (figure 6.5b ).

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9

a) b)

dQ (.<;)

Figure 6.5 - Diffusion: a) extinction, b) terme source.

dQ (s.,.ds)

Le premier phénomène est énergétiquement analogue à l'absorption du seul point de

vue du rayonnement transmis; le flux éteint par diffus.ion a pour express.ion 6 :

- d 6 <t>'d- = d 6 <t>' =-a- L' d.QdVdv (6.19)

V V V V

où a-v représente le coefficient volumique de diffusion, exprimé en cm- 1 • On introduit,

compte tenu des équations 6.7 et 6.19 un coefficient d'extinction f3v et l'albedo

Wv:

f3v = Kv + 0-v (6.20)

6. Les limitations physiques sur l'équation 6.7 s'appliquent aussi à la diffusion.

u

205


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Le coefficient d'extinction f3v vérifie:

(6.21)

où d 6 <P~- représente le flux arithmétique éteint entre s et s + ds.

>- Cas particulier d'une colonne homogène et isotherme

Les coefficient de diffusion CF v et d'extinction f3v jouent exactement les mêmes rôles

que le coefficient d' aborption Kv, du point de vue de la transmission. Si on considère

une colonne, de longueur l, homogène et isotherme, de coefficient de diffusion

uniforme CF v. les transmittivités liées à la diffusion et à l'extinction sont :

T~ = exp( -CF vl) et T~ = exp[-(Kv + CFv)l] (6.22)

Il est plus délicat de prendre en compte l'effet constructif de la diffusion décrit par la

figure 6.5b. À une luminance incidente en s, dans l'angle solide élémentaire d.Q' centré

sur la direction u', dans dv, est associé un flux éteint par diffusion (diffusion dans

toutes les dfrections) par l'élément de volume dV : CF vL~dVd.Q' dv. La probabilité pour

que la luminance éteinte soit diffusée dans d.Q(u) est (d.Q/4n)pv(u', u) où pv(u', u)

désigne la/onction de phase associée au milieu diffusant dans l'élément dV. Le flux

provenant de l'ensemble des directions de l'espace et diffusé constructivement par

dV dans l'angle solide d.Q est:

d 6 ~+ = :; dVd.Qdv [ ' p,(u', u)L~(u')d.Q ' (6.23)

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À l'équilibre thermique (température T uniforme), d 6 <P~d+, te1me de diffusion

constructive dans d.Q, compense exactement d 6 <P~d-, te1me d'extinction par diffusion

dans ce même angle solide. En effet, la fonction de phase est normalisée par la

relation :

1 [Jr

- n 2 (u' ,s)pv(u', u ,s)d.Q' = n 2 (u, s)

4n 0

Comme la luminance incidente dans u' est à l'équilibre n 2 (u',s)L~(T), il vient:

(6.24)

(6.25)

L'anisotropie de la diffusion est caractérisée par un paramètre d'asymétrie de la diffusion

9v défini par :

r47r

l

9v(uo) = 7r J o cos Bpv(u0 , u)d.Q (6.26)

4

206

Dans cette expression, e est l'angle entre la direction fixe d'incidence u 0 et la direction

courante de diffusion u. Le paramètre d'asymétrie 9v est à considérer au sens du


6.3. Équation de transfert du rayonnement

flux radiatif, comme l'atteste la présence du facteur cos e dans sa relation de définition.

Pour un rayonnement incident dans une direction u 0 , le cas g = 1 correspond

à un rayonnement diffusé dans no, soit à une distribution de Dirac avant (absence

de diffusion) ; le cas g = -1 à un rayonnement émergent dans -no, soit à une distribution

de Dirac arrière ; le cas g = 0 à un rayonnement diffusé caractérisé par un

flux global nul : la diffusion isotrope (p = 1) répond à cette propriété. Si 1' extinction

par diffusion se produit sur un volume dS ds correspondant à un trajet ds suivant la

direction no et normalement à la surface dS , gv représente physiquement le rapport

du flux associé au terme source de diffusion à travers dS au flux éteint par diffusion à

travers dS. L'importance du paramètre d'asymétrie apparaîtra dans la définition des

échelles de longueur associées au flux radiatif: voir le paragraphe 6.3.5.

6.3 ÉQUATION DE TRANSFERT

DU RAYONNEMENT

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6.3.1 Formulation locale de l'équation de transfert

Si on récapitule l'ensemble des résultats obtenus (équations 6.7, 6.12, 6.19 et 6.23),

la loi d'évolution du flux incident dans un angle solide d.Q, de direction principale u,

s'écrit:

d6 <P' = -d6 cp'a _ d6 cp' d- + d6 cp' e + d6 cp' d+

V V V V V

(6.27)

ce qui conduit 7 , dans une situation où le milieu semi-transparent est proche de

l'E.T.L., à:

d6<t>'

d V dOv dv = -(Kv+CT v)

cr (4n

L~(u,s)+Kv n 2 (u,s)L~(T)+ 4

; Jo Pv(u', u, s)L~(u' ,s)dO'

(6.28)

Pour exprimer d 6 <t>~, terme du premier membre de l'équation 6.28, considérons le

volume paiticulier dV défini sur la figure 6.6, limité en s et s + ds par les smfaces

dS (s) et dS (s + ds) normales à la trajectoire. On pose :

D'après le théorème de Clausius, il vient 8 :

d 6 <t>~ = d 5 <t>~(s + ds) - d 5 <t>~(s) (6.29)

L' (s + ds)

d 5 <t>~(s + ds) = dS(s + ds)dO(s + ds)n 2 (s + ds) ; dv

n (s + ds)

(6.30)

7. Ce formalisme est généralisé dans la référence [131 ] quand les équations 6.7 et 6.19 ne sont pas

applicables.

8. La notation condensée L~(s ) représente L~[u( s) ,s)]; la direction u dépend sur une trajectoire des.

207


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

~

dQ (s+ds)

s ~ds

Figure 6.6- Conjugaison sur un volume élémentaire (bilan).

s , 2 L~(s + ds)

d <Pv(s + ds) = dS (s)d.Q(s)n (s) 2

dv

n (s + ds)

(6.31)

Soit:

d 6 <P~

= dVd.Q(s)n 2 (s)~ (L;) dv

ds n

(6.32)

où dV remplace dS ds. Compte tenu des équations 6.28 et 6.32, il vient:

2 dL~ ' 2 o

n (u,s)-d {- 2

[u(s),s)]} = -(Kv + crv)Lv(u,s) + Kv n (u,s)Lv(T)

s n

+ ;; .(' Pv(u', u,s) L~(u' ,s)dQ'

(6.33)

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Cette équation d'évolution de la lumi.nance le long de la trajectoire, éventuellement

curviligne, d'un rayonnement est appelée équation de transfert du rayonnement.

Dans la plupart des applications, aussi bien dans les gaz et les liquides que les solides,

l'approximation d'une trajectoire rectiligne est faite, à l'exception notable de

1' atmosphère.

Dans ce qui précède, le système a été considéré à des échelles de temps telles

que la propagation du rayonnement peut être considérée comme instantanée. Dans

certaines applications spéciales (photonique des plasmas de fission ou de fusion nucléaire,

par exemple ou réponse d'un système à des impulsions laser ultra brèves :

10- 12 à 10- 15 s), il est nécessaire de considérer un premier terme instationnaire au

premier membre de l'équation de transfert qui s'écrit (1/c)ô/ôt(L~/n 2 ). Dans le premier

type d'application la capacité thermique volumique radiative l'emporte largement

sur celle associée au système matériel (voir paragraphe 10.2.3).

On retrouve dans le cas d'un milieu transparent (Kv = 0 et cr v = 0) la propriété de

conservation de la quantité L~/n 2 (équation 6.5).

208


6.3. Équation de transfert du rayonnement

6.3.2 Couplage avec l'équation de bilan d'énergie

L'équation de transfe1t est couplée, de façon multiple, à l'équation locale instantanée

de l'énergie :

pep ( ~~ + v· grad T) = div(-tgrad T) - div ( qR) + P + .. . (6.34)

La luminance L~(u, r) en un point donné9 r dépend par l'équation 6.33 du

champ de température T(r,t) en tous points du système, au sein du milieu semitransparent

et sur les parois opaques frontières : ceci est dû à l'interaction instantanée

à grande distance que constitue le transfert radiatif.

Le champ de température T(r,t) dépend du champ de luminance au point r du

milieu semi-transparent, par le terme puissance volumique radiative dissipée en

ce point noté pR(r,t) qui s'exprime classiquement à partir du vecteur flux radiatif

défini par l'équation 4.27 :

(6.35)

Soit:

pR(r,t) = - div(qR) = - (

00

Jo J4JT

( div[L~ (u,r) u] dQ dv,

où u désigne le vecteur unitaire de la direction courante.

(6.36)

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Une autre forme de pR est souvent utilisée. Dans le cas d'un milieu d' indice uniforme

(trajectoires rectilignes) il vient au premier membre de l'équation de transfe1t:

d L~ = div(L~u) .

ds

(6.37)

Quand n est uniforme, il est donc possible de remplacer le terme divergence de

l'équation 6.36 par le second membre de l'équation de transfert 6.33. Après intégration

sur toutes les directions de l'espace, les termes d'extinction et de construction

par diffusion se compensent et il ne reste plus que les termes d'émission pe et

d'absorption pa soit:

PR(r,t) = (

00

Jo J~

( Kv(r)L~ (u,r)dQdv - 4n (

00

Jo

Kv(r)n 2 L~(T)dv = P° - p e (6.38)

9. La notation L:(u,r) est la plus générale quand on ne considère pas un rayon particulier.

209


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Un dernier couplage est réalisé par les conditions aux limites thermiques, parmi

lesquelles apparaît le flux radiatif à une paroi opaque par exemple, qui s'écrit

(voir Je paragraphe 4.2.4) :

ql(r,t) = qR. n =

L r>O dv L~(r,u) n. u d.Q

Jo 4rr

où n désigne le vecteur unitaire de la nmmale à la paroi.

(6.39)

6.3.3 Formulation intégrale de l'équation de transfert

Une formulation, sous forme intégrale, del' équation de transfert se déduit del' équation

6.33 écrite formellement:

d L' L'

-d 2v + f3v 2v = S v

s n n

(6.40)

avec comme terme source Sv :

s v(u,s) = Kv(s)L~ [T(s)] + <T;(s) [JT Pv(u' ~ u,s)L~(u' ,s)d.Q'

4rrn (u, s) o

(6.41)

Privée de second membre, l'équation 6.40 a pour solution :

L'

( s

n; = C exp l -Jo f3v(s')ds')]

(6.42)

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

Sous forme complète, la solution obtenue par la méthode de variation de la constante

est, si on considère une luminance incidente en s = 0 dans la direction uo :

L' L' ls ls Ls

-i<u ,s) = -i<uo,0) exp [- f3v(s')ds')J + s v(u,s') exp r - f3v(s")ds"]ds'

n n o o l s'

(6.43)

o a) b)

i i +-1

I i I

Figure 6.7- Approches continue et discrétisée d'un chemin optique.

Le premier terme de l'équation 6.43 représente le rayonnement incident en 0 et transmis

jusqu'en s; le second terme la somme des contributions des rayonnements émis

210


6.3. Équation de transfert du rayonnement

ou diffusés (terme source de diffusion) dans d.Q dans tous les segments [s 1 ,s 1 + ds 1 ]

et transmis de s 1 en s. Si on introduit la transmittivité monochromatique de s 1 à s :

l'équation 6.43 devient :

<s' s = exp[-

rs f3v(s")ds"]

Js'

(6.44)

(6.45)

ls L1 L1 ÔT1

V V I 0 I vs' s I

? (u,s) = ? (uo,O)Tvos + Lv[T(s )J--ds

(6.46)

n- n- o 8 s 1

Dans le cas particulier d' un milieu non diffusant (<Tv = O,f3v = Kv), il vient:

Sur ces expressions intégrales reposent de nombreuses méthodes de transferts radiatifs.

L'intérêt essentiel de l'équation 6.46 est de faire disparaître le coefficient d' absorption

au profit de la transmittivité monochromatique d' une partie de trajectoire

éventuellement hétérogène et anisotherme, noté <s's· Dans cette approche, il est nécessaire

de déterminer exactement toutes les transmittivités T~s's de toutes les parties

de trajectoires utiles en transfert radiatif. En général, une colonne hétérogène et anisotherme

est discrétisée (figure 6.7b) en Ne éléments homogènes et isothermes, indicés

j (j = l, .. . , Ne ) de longueurs z 1 et caractérisés par un coeffi cient d'absorption KJv·

Sous forme discrétisée, l'équation 6.46 devient :

"O

0

c

::J

0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

::l

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@ .,

.,

'<I)

~

..c ·-= "'

Ol

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a. 0

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0

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u .~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

avec:

Remarque

I LI Ne

L

V V 1 L: o 1 1

-n 2

.(u,Nc) = ? n- (Uo,O)TvON + L v{Tj )(Tv1N· - Tv1·- 1N )

c c c

j = l

T~}Nc =exp -

(

Ne

L: Kj'vlj'

j'=j +l

J

(6.47)

(6.48)

On pourrait s'étonner que le terme source associé au seul phénomène d'émission soit

dans l' équation 6.45, compte tenu de 6.4 l , À en (Kv/f3J L~ (T)8/8 s ' r: 5 , 5

• Cela vient simplement

du fait que l'expression du terme d'émission dans l'intégrale de l'équation 6.45

est Kv L~ (T) r~ 5 , 5 • Si l'émission est caractérisée par Kv, l'extinction est caractérisée par f3v· 211


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

6.3.4 Conditions aux limites de l'équation de transfert

a) Une paroi opaque est en toute généralité caractérisée, en principe, par la donnée en

tout point d' une réflectivité bidirectionnelle monochromatique [128] p~P ;Pk (u,u' ,r).

Cette donnée locale, qu'il est généralement difficile d'obtenir, dépend de la direction

d'incidence u dans un angle solide an, de la direction d'émergence u' dans d.Q',

de la polarisation Pi du rayonnement par rapport au plan d'incidence (Il ou l.. : voir

Chapitre 7), de la polarisation Pk par rapport au plan d'émergence (Il ou 1..), de la

fréquence. Elle s'exprime à partir des indices complexes de la paroi et du milieu

semi-transparent mais dépend aussi, étroitement, de l' état de surface, de la composition

superficielle du matériau, de son histoire, etc., paramètres incontrôlables sauf en

conditions de laboratoire. Dans l'hypothèse considérée, la condition à la limite s'obtient

en exprimant la luminance L~* (u') du rayonnement quittant la paroi opaque

dans la direction u' :

1 Lf!=27r

L~k (u' ,r) = S~pk (u' ,r)n 2 L~( T) + : p~IPk (u, u' ,r) L~ 1 (u , r) cos ean

" .0=0

1 L .Q=2JT

+- p~1- P (u, u' ,r)L~1-(u,r) cos 8d.Q (6.49)

'lf f!=O k

où l'émissivité est définie pour un milieu de propagation d'indice n isotrope, par:

e~p,( L

u') = 1 - [P~w.<u, J::2• u',r) + p~.LP, (u, u', r)] cos Bd.Q ( 6.50)

L' utilisation des équations 6.49 et 6.50 est limitée, dans des situations concrètes

usuelles, par le manque de données.

Nous nous limiterons à deux hypothèses classiquement faites (voir discussion du

paragraphe 7 .1) :

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Dans le cas d'une paroi opaque optiquement lisse (en optique infrarouge par

exemple), on utilise les lois de Fresnel (réflexion spéculaire) qui dépendent de

la polarisation :

L~/u',r) = s~p/u',r)n 2 L~ (T) + [1 - s~p/u',r)]L~pk(u'* ,r) (6.51)

où u'* désigne le vecteur unitaire symétrique de u' par rapport au plan de l' élément

de paroi.

Dans le cas d' une paroi d'état de surface grossier par rapport à la longueur d'onde

du rayonnement considéré, on fait l'hypothèse d'isotropie de Sv et P v (voir le

Chapitre 6) :

1 - Sv(r) lln ·

L~ (r) = sv(r)n 2 L~ [T(r)] + L~ (u,r) cos 8d.Q

'lf 0

(6.52)

212


6.3. Équation de transfert du rayonnement

Il n'est pas cohérent, dans ces conditions, de tenir compte de la polarisation.

b) Une inteif ace entre milieux semi-transparents est caractérisée par des condi ti.ons

aux limites plus complexes (cas par exemple de la frontière d'un bain de verre en fusion

et d'un mélange de gaz de combustion: les deux milieux sont semi-transparents,

de natures très différentes). Dans le cas idéal où la surface de séparation est optiquement

lisse et stable, il convient d'utiliser les lois de Fresnel (réflexion spéculaire et

réfraction); nous nous limiterons ici à ce cas et supposerons que les parties imaginaires

des indices sont, pour les deux milieux, très petites devant les parties réelles

ni. Un rayonnement incident sur l'intelface (figure 6.8) dans le milieu 1 (d'indice n 1

supérieur à celui n2 du milieu 2), dans un angle solide d.O autour de u , est totalement

réfléchi si l'angle d'incidence Best supérieur à l'angle limite iz défini par:

(6.53)

Il est, dans le cas contraire, en partie réfléchi et en partie transmis. Les luminances

correspondantes vérifient la relation de conservation del' énergie, valable pour

chaque polarisation P (Il ou ..1) :

L;f/u,r)dS cos Bd.0 = L~(u* ,r)dS cos Bd.0 + i:p(u' ,r)dS cos e' d.0' (6.54)

En divisant cette relation par l'étendue optique nidS cos Bd.0 et en utilisant le théorème

de Clausius 6.3, on obtient la relation qui exprime la conservation de la luminance

dans le vide à l' intelface :

Li L'r z;r

Vp ( ) Vp ( * ) Vp ( f )

u,r = -? u ,r + -

2

2

u ,r

nl nï n2

-

(6.55)

"Cl

0

c

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0

"""

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..-1 "O

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u

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ti

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o..

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s "'

F

-ci

c

::i

0

@

·. ................

(J) n I ••

.•••• zone de

réflexion totale

Figure 6.8 - Réflexion et transmission à une interface

On définit la réflectivité et la transmittivité d'interface par :

dif>'r L'r

f Vp Vp

Pvp = dif>'i = Li

Vp Vp

et

't 'f 2

' dif>vp (Lvpfn2)

T -------

Vp - d.m.'i

'P'vp

- (L'i/

Vp n,

2)

(6.56)

213


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

avec évidemment :

Ces grandeurs sont exprimées dans le Chapitre 7.

I I 1

Pvp+ Tvp = (6.57)

6.3.5 Échelles caractéristiques du rayonnement

L'équation locale de transfert du rayonnement 6.33 peut être écrite en termes

d' échelles caractéristiques de longueur, pour des rayonnements directionnels, en posant:

• te = K; 1 : échelle caractéristique d'absorption,

• l~

• l~

= cr; 1 : échelle caractéristique de diffusion (pour une colonne),

= /3; 1 : échelle caractéristique d'extinction.

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Il vient, si on suppose l'indice uniforme :

d / ( ) 1 / ( ) 1 2 o ) 1 [ 7T / 1 1 ) Al

-LV u + -LV u = --:n Lv(T + --d

ds l~ l~ 4nlv o

Pv(U 'u,s)Lv(u s d.H. '

(6.58)

dans laquelle u désigne le vecteur unitaire de la direction de propagation de la luminance

et dQ l' angle solide associé. Les échelles d' absorption, de diffusion et d' extinction

peuvent être considérées comme des libres parcours moyens des photons,

qui se propagent en ligne droite avant qu' un évènement (absorption, diffusion, ... ) ne

survienne. Ces échelles sont évidemment à comparer à une échelle spatiale d caractérisant

le système considéré, qui apparaît naturellement au premier membre si on

pose : s+ = s/d. Un milieu sera dit optiquement épais vis à vis de l'absorption, la

diffusion ou l'extinction si, respectivement: te/d << 1, l~/d << 1 ou l~/d << 1.

Les échelles précédemment introduites sont des échelles directionnelles. On définit

également une échelle caractéristique globale de longueur associée au flux transféré.

Par souci de clarté, nous utiliserons partiellement la notation tensorielle pour représenter

une composante u 1 , suivant l'axe Ox.i, du vecteur unitaire courant u et une

composante q 1 du flux radiatif:

q7 = (

00

dv[JT u .iL~ (u)d.Q = f ~q7vdv

Jo o o dv

(6.59)

En remplaçant, en notation tensorielle, dL~/ds par u i oL~/oxi et en intégrant l' équation

de transfert locale 6.33 multipliée par u.i sur toutes les directions de l' espace, il vient

(on suppose n uniforme) :

f:Ja [ 7T u i u1 L~ (u)dQ + f3v ~q 1 ~v [ 7T = CTv u 1

ctn [ 7T pv(u',u)L~ (u')d.Q' (6.60)

u Xi o dv 4n o o

214


6.3. Équation de transfert du rayonnement

Si on fait l'hypothèse, non générale mais courante, que Pv ne dépend que de l'angle

(u', u), ce qui correspond à une fonction de phase axisymétrique, le second membre

de l'équation précédente s'écrit simplement en fonction du paramètre d'asymétrie gv,

défini IO dans le paragraphe 6.2.3 :

crv [Jr , , '[Jr 1 crv [Jr , 1 1 1 d R

- 4

L/u )dQ p(u ,u)u1dn = - 4

4ngvu 1

Lv(u )dQ = crvgv-d q jv

no o n o v ·

(6.61)

Le flux devient à paitir de l'équation 6.60 et après une transformation simple :

1 a [Jr

q1 = - ( ) dv-;- UiU 1L~(u)dQ

. Q Kv + 1 - 9v cr v UXi Q

100

(6.62)

Il ressort de l'expression précédente que l'échelle de longueur caractéristique du

transfert est : ( = [Kv + (1 - gv)cr vJ- 1 • Pour un milieu purement absorbant (cr v = 0),

l'échelle de longueur caractéristique de l'absorption au sens du flux est encore

l~ = K~ 1 . Dans le cas d'un milieu purement diffusant (Kv = 0), l'échelle caractéristique

de la diffusion au sens du flux est :

(6.63)

"O

0

c

::J

0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

::l

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@ .,

.,

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..c ·-= "'

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::l

CO

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c

u .~

0

::l

"O

e

Q,

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

Cette nouvelle échelle dépend très fortement du paramètre d'asymétrie 9v· Dans le

cas d'une diffusion isotrope (gv = 0), on retrouve l'échelle classique de diffusion.

Dans le cas extrême d'une diffusion pointue vers l'avant (gv = 1 - (v), où ?v est supposé

très petit devant 1), l'échelle de diffusion au sens du flux z~d est considérable

(égale à zegv). Il est possible de montrer par des simulations numériques stochastiques

(marche au hasard) que 3 à 5l~d COlTespond à la longueur au bout de laquelle

une composante directionnelle de la luminance (faisceau collimaté; cas d'un faisceau

laser, par exemple) est éteinte, après un certain nombre d'événements de diffusion.

Le rayonnement résultant est, si le milieu est principalement diffusant, isotrope. Ce

résultat se retrouve dans les propriétés conductives d' un milieu diffusant très épais

(voir le paragraphe 6.5.2).

10. Démonstration de la propriété utilisée :

On veut établir: S 1 = .Îon p(u', u)u 1 dn = 4nguj.

On choisit u' suivant Oz. Dans ces conditions u a pour composantes (sine cos l/f, sinesinl/f, cos e) suivant

Ox, Oy, Oz; dQ est égal à sinededl/f et Pv est seulement une fonction de cos e. Les deux composantes

S x et S y sont nulles à cause de l'intégration sur l/f. Seule la composante de u 1 dans la direction de Oz

(c'est-à-dire de u') est non nulle. D'aprés la définition 6.26 de 9v. on obtient Je résultat cherché.

215


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

6.4 TRANSFERTS RADIATIFS EN GÉOMÉTRIE

MONODIMENSIONNELLE

Le calcul des transferts radiatifs dans une géométrie complexe au sein d'un milieu

semi-transparent dense ou d'un gaz, comportant ou non des particules en suspension,

est délicat pour différentes raisons :

a) La grandeur locale clé du rayonnement, est la luminance

monochromatique directionnelle L~(u,r).

Elle dépend :

• de l'intervalle spectral considéré ; dans le cas des gaz, le fait de ne pas mener

les calculs à haute résolution spectrale impose de prendre en compte les

corrélations spectrales entre les phénomènes d'émission, de transmission et

d'absorption par la même espèce gazeuse, point délicat à traiter (voir le paragraphe

7.2);

• du point M(r);

• de la direction u considérée. Cette dépendance directionnelle est souvent déroutante

pour les mécaniciens des fluides et rend le rayonnement difficile à

intégrer dans les logiciels de mécanique des fluides. Si le milieu est diffusant,

deux niveaux de dépendance directionnelle sont à prendre en compte (4 dimen-

. ') SIOnS ..

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

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~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

b) Le transfert radiatif est une interaction à distance,

caractérisée dans les applications usuelles par

une propagation instantanée du rayonnement

Le champ de luminance en un point du milieu dépend explicitement du champ de

luminances en n'importe quel point au sein du matériau ou des parois. Les luminances

en un point dépendent donc explicitement des champs de température, pression,

concentrations en tous les points du milieu et des parois, essentiellement du

fait des luminances des rayonnements émis en tous ces points. Une autre difficulté

apparaît, en paiticulier dans les gaz, liée à cette interaction à distance : la portée

de l'interaction (en d'autres termes l'épaisseur optique du milieu) est fortement dépendante

de l'intervalle spectral considéré : il y a interdépendance entre dépendance

spatiale et dépendance spectrale (voir la figure 6.9).

Le schéma précédent, déjà complexe, fait intervenir le principe de propagation rectiligne

du rayonnement pratiquement toujours admis ; il prend une dimension supérieure

dès lors que le milieu est localement diffusant; c'est-à-dire qu'en chaque point

216


6.4. Transferts radiatifs en géométrie monodimensionnelle

r,

n,

1( V• T

M 2

1i

V

'.)

Elv

1

M1

0

X

E 2v

2

l

Figure 6.9- Portée spectrale du

rayonnement.

Figure 6.10- Mur plan homogène

isotherme.

considéré il y a un couplage fort entre la luminance partant dans une direction u et

les luminances incidentes dans toutes les directions u'. Le calcul directionnel devient

alors complètement implicite. Notons qu'en l'absence de diffusion volumique, les

calculs de transfert radiatif sont déjà rendus implicites par les conditions de réflexion

aux parois, c'est-à-dire par une autre forme de diffusion.

Dans ce paragraphe, nous nous limitons à des modèles analytiques de transfert

radiatif à travers un milieu non diffusant de géométrie monodimensionnelle. (Les

méthodes générales de transfert seront abordées dans le paragraphe 6.8). Dans une

première phase, nous considérerons les transferts à travers un milieu homogène et

.isotherme. Le problème des transferts dans un mur plan anisothe1me et hétérogène,

mais d'indice uniforme, est aussi traité : c'est pratiquement le seul cas conduisant à

une solution explicite, exploitable pour valider les modèles numériques de transfert.

"Cl

0

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..-1 "O

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u .S!

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2

o..

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s "'

F

-ci

c

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0

@

6.4. l Mur plan homogène et isotherme (sans diffusion)

On considère un milieu semi-transparent homogène (n et Kv unifo1mes) et non diffusant,

isotherme à la température T , compris entre deux parois opaques, distantes de

L, à propriétés radiatives isotropes et uniformes, d'émissivités E1v et Ezv et de températures

respectives T 1 et T 2 (figure 6.10). On se propose d'exprimer les flux radiatifs

'Pf et <p~ sur les parois 1 et 2. La démarche est dans sa structure analogue à celle

suivie dans le paragraphe 6.2. On pose, avec les notations usuelles de ce chapitre :

avec:

'P~ = f rr(Lf, - L\ , )dv (6.64)

(6.65)

Une différence essentielle avec l'approche du Chapitre 6 est l'apparition du facteur

n 2 dans l'expression de la luminance émise ; c'est une propriété du milieu de propagation,

et non du corps opaque. D'autre part, on pose:

1r

rrL; v = fo 2 L 1 /v cos e2rr sin ede (6.66)

2 17


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

La difficulté est, à ce stade, d'exprimer la luminance incidente directionnelle sur la

paroi 1, dans une direction u(B). Il vient (figure 6.10) :

(6.67)

où T'M M est la transmittivité de la colonne homogène isothe1me de M2 à M 1 , com-

2 JV

plémentaire à 1 de l' émissivité, et donnée par :

(6.68)

Les calculs sont simplifiés dans la mesure où Liv' luminance du rayonnement paitant

de 2 est isotrope. On pose alors :

µ = cose (6.69)

L'équation 6.66 devient, après un changement de variable, compte tenu des équations

6.67 et 6.68 :

en introduisant la fonction intégro-exponentielle d' ordre 3 :

(6.70)

EJ(u) = l' exp(- u/µ)µdµ (6.71)

"O

0

c

::J

0

v

T'-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Cette fonction est brièvement caractérisée dans les Données de Base. Notons en particulier

que : E 3 (0) = 1/2, E 3 (3,5) ~ 5 10- 3 . L'équation 6.70 s'interprète physiquement

en introduisant les transmittivité et émissivité globales du mur 11 :

Il vient alors :

(6.72)

(6.73)

Le premier te1me de 1' équation 6.73 correspond à la transmission globale du rayonnement

pattant de 2 par le milieu compris entre les deux parois ; le second terme à

l' émission isotrope vers 1 de ce même milieu. On retrouve à travers un milieu transparent

(T12v = 1 et B1 2v = 0) que LL est égal à Liv·

11. vis-à-vis d'un rayonnement incident isotrope pour la transmittivité. Ces quantités sont évidemment

symétriques vis-à-vis de 1 et 2.

218


6.4. Transferts radiatifs en géométrie monodimensionnelle

Pour une couche de mrneu semj-transparent homogène et isotherme, deux cas limites

sont à considérer en fonction de l'épaisseur optique ev = KvL de la couche,

quantité sans dimension :

• Si ev est supérieure à 3 ou 5, on peut en pratique considérer qu'aucun rayonnement

n'est transmis à travers la couche [2E 3 (3) = 0,024]; un tel milieu est

dit optiquement épais.

• Si au contraire ev est petite devant l, le milieu est dit optiquement mince;

en première approximation dans ce cas, les rayonnements sont intégralement

transmis par la couche (sauf dans une direction rasante); d'autre part le phénomène

d' autoabsorption au sein du milieu est négligeable.

La notion d'épaisseur optique est spectrale (liée à la fréquence); le même milieu

peut être optiquement mince, épais ou semi-transparent pour des intervalles spectraux

très voisins : ce phénomène est typique des gaz, ce qui en complique le traitement.

Le flux radiatif à la paroi 1 est donné par:

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

'Pf =

Loo T[2vê2v7r[L~(T1) - L~(T2)] + ê[2v[l + (1 - ê2v)T12v].7r[L~(T1) - L~(T)]

êtv . 2 dv

O

1 - (1 - êtv)(l - ê2v)T 12

v

(6.74)

Cette relation s'interprète directement, compte tenu des réflexions multiples sur les

parois 1 et 2. La raison de la série géométrique qui donne sa structure au dénominateur

c01Tespond à une réflexion sur chaque paroi et deux transmissions par le milieu

semi-transparent. Au numérateur, on trouve les échanges directs paroi-paroi à travers

le milieu (premier terme) et paroi-milieu (deuxième terme, qui tient compte de

l'émission du milieu vers 1 et de l'émission du milieu vers 2, suivie d'une réflexion

;a; par 2 et d'une transmission vers 1).

'='

"'

~ 6.4.2 Exercice d'application

0

·=

J ( Exercice 6. 1 Sphère homogène et isotherme (non diffusante)

c:

.Q

g Un milieu semi-transparent homogène isotherme (n,Kv,T) est contenu dans une

} sphère à paroi opaque, de rayon R , d'émissivité êpv et de température Tp (figure 6.11).

"' s

: Établir l'expression du flux radiatif 'P~ à la paroi de la sphère.

0

c:

=i

0

@

219


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

E pv

Figure 6.11 - Sphère homogène

isotherme.

T1

E j V

n,

1 2

0 X

l

T2

E 2v

Figure 6.12 - Mur plan hétérogène

an isotherme.

Solution

Le flux radiatif <l,i sur la paroi est donné par un système similaire aux équations 6.64

à 6.67 en posant LL = L~v et Lfv = Liv (une seule paroi). Une autre différence réside dans

l'expression de T'.., M :

in2 1 V

T~ 2 M , v = exp(-2KvR COS 8)

On retrouve alors l'équation 6.73 en posant pour le milieu :

et l'expression du flux radiatif pariétal :

(6.75)

avec u = KvR (6.76)

___(6.77)

)

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

6.4.3 Mur plan non diffusant hétérogène et anisotherme

On considère un milieu semi-transparent compris entre deux plans parallèles, distants

de L, indéfinis, à propriétés radiatives isotropes et uniformes et caractérisés par des

conditions aux limites uniformes. La température T(x) et le coefficient d'absorption

Kv(x) ne dépendent que de x (figure 6.12). Le milieu semi-transparent, d'indice n

uniforme, absorbe et émet du rayonnement mais n'en diffuse pas. On se propose

de calculer le flux radiatif <pR(x) en tout point x compris entre les parois ainsi que

la puissance volumique PR(x). Une direction est caractérisée par le vecteur unitaire

u(B,cp) d'angle e avec l'axe Ox. Compte tenu de la symétrie plane du système, le

champ de luminances ne dépend que de cos e; on pose (voir figure 6.12) :

µ = COS 8 () E [0,n] (6.78)

La luminance du rayonnement se propageant dans la direction u vers les x positifs

(x+ soitµ> 0) est, d'après l'équation 6.46, si on poses= x/ cos():

s > s'

1 1

+ ( ) I + (0 ) ( S 2 0 ( I) Q I I

LV s,() = TvosLV ,e + Jo n LV s os' Tvs'sds (6.79)

220


6.4. Transferts radiatifs en géométrie monodimensionnelle

X> X 1 1

+ I

1

+ 0 ( X 2 0 I 0 I I

LV (x,8) = T v0 .. Lv ( ,()) + Jo n Lv(x) ox' T vx'xdx (6.80)

Dans cette expression la luminance L~ dépend de x' par la température locale T(x')

et <x'x' égale à T~s's' désigne la transmittivité monochromatique directionnelle du

milieu, suivant u, de x' à x :

<x' /µ) = exp[-ev(x' ,x)/µ] (6.81)

ev est par définition l'épaisseur optique d' une colonne normale aux parois planes

entre x' et x ; l'épaisseur optique est une grandeur sans dimension qui joue un rôle

essentiel en transferts radiatifs :

ev(x' ,x) = ( x Kvdx"

Jx'

(6.82)

Si on considère la propagation du rayonnement vers les x négatifs (sens x-; µ < 0 et

x' > x) les quantités ev(x' ,x) et 8 ~ T~ x' x sont négatives. Il vient alors :

X 1 >X

Lx .!l

1 1 - I - 2 0 I U I I

n Lv(x )-;-Tvx'xdx

L ux' ·

Lv (x,()) = TvLxLv (L,()) +

(6.83)

L'intégrale au second membre de 1' équation 6.83 est bien positive.

Le flux surfacique radiatif en un point x quelconque vaut :

(6.84)

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où on a posé:

µ>0 'PR'(x) = 2rr f dv l' z;,,+(x ,µ)µdµ (6.85)

µ<0 µ' = - µ, ()' = TC - () 'PR_(x) = 2rr f dv l' L~-(x ,µ')µ'dµ' (6.86)

La puissance volumique dissipée en un point x est d'après les équations 6.36 :

R d<pR d<pR- d<pR+

P (x) = --(x) = -(x) - -(x)

dx dx dx

(6.87)

221


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

a) Expressions des flux

Nous ferons, à ce stade, l'hypothèse d'une distribution isotrope des luminances des

rayonnements quittant les parois notées L~ (O) et L ;,(L) ; cette hypothèse se justifie

dans les cas de parois opaques à propriétés radiatives isotropes (voir les discussions

du paragraphe 4.3.5). Dans ces conditions, il vient d'après les équations 6.80 et 6.85 :

où apparaît la fonction intégro-exponentielle d'ordre 3 notée E 3 , introduite dans le paragraphe

6.4.l a et brièvement caractérisée dans le Complément B.2. L' équation 6.88

est réécrite :

(6.89)

où apparaît la quantité :

0::; Tvx'x = 2E3 [ev(x' ,x)] ::; 1 (6.90)

qui représente la transmittivité du mur hétérogène et anisotherme compris entre les

plans x' et x vis-à-vis d' un rayonnement source isotrope (soit le rayonnement d'équilibre,

soit le rayonnement partant de la paroi). La fonction E3 vaut effectivement 1/2

pour ev = 0 et 0 pour ev ~ oo ce qui est compatible avec les propriétés d' une transmittivité.

De la même façon on obtient après intégration surµ' = - µ:

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avec maintenant :

(6.91)

(6.92)

Les équations 6.89 et 6.91 généralisent les expressions relatives à un mur plan homogène

et isotherme de type 6. 70. Les premiers termes correspondent à la transmission

jusqu'à x du rayonnement issu d'une paroi, (x = 0 ou x = L); les seconds termes

aux effets cumulés des rayonnements émis par les tranches de murs (x' ,x' + dx') et

transmis jusqu'au plan x.

Les relations permettant d'exprimer L~(O) et L-;(L) sont, pour des parois opaques

à propriétés radiatives isotropes, avec les notations de la figure 6.12 :

(6.93)

222


6.4. Transferts radiatifs en géométrie monodimensionnelle

(6.94)

(6.95)

nL~(L)dv = dip~+ ( L) (6.96)

Les quatre luminances L~ (O) , L~ (O), L~(L) et L~(L) s'obtiennent par résolution

du système linéaire associé à chaque valeur de la fréquence, à partir des équations

6.89, 6.91, 6.93 à 6.96.

b) Expression des puissances

La puissance radjative volumique pR(x) est donnée par l'équation 6.87 :

00

pR(x')=r

n[L~(L)aa TvLx - L:(o)aa T vOx]dv + f {nL~ (x)(

1 X X 0 x' -~ X

( l) (2)

- nL~ (x)()~- ~Tvx'x) }dv

(4)

lim aa' Tvxx)

(3)

(6.97)

(5)

(6)

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Les différents termes 12 de l'équation 6.98 correspondent aux puissances :

( 1) : partant de la paroi x = L et absorbée en x (> 0) ;

(2) : partant de la paroi x = 0 et absorbée en x (> 0) ;

(3) : émise par la tranche en x vers les x' > x ( < 0);

( 4) : émise par la tranche en x vers les x' < x ( < 0) ;

(5) : émise par la tranche en x' (x' > x) et absorbée par la tranche en x (> 0);

(6) : émise par la tranche en x' (x' < x) et absorbée par la tranche en x (> 0).

L'équation 6.98 s'écrit de façon plus explicite en utilisant les propriétés des fonctions

intégroexponentielles (voir le Complément B.2.):

12. on utilise : dd· rox .f(x,x')dx' = rox aa.r (x,x')dx' + lim .f(x,x').

x Jo Jo x ).J,x

(6.98)

223


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Soit:

00

PR(x) = fo 21rKv (x){L~(L)E2[ev(x, L)] + L~(O)E2[ev(O,x)])dv (6.99)

00

-fo 4rrKv(x)L~(x)dv

00

+ fo

00

+ fo

(3) et (4)

( 1) (2)

dv LL 2rrL~(x')Kv(x)Kv(x')E1 [ev(x,x')]dx'

(5)

dv lx 2rrL~ (x')Kv(x)Kv(x')E1 [ev(x' ,x)]dx' (6.100)

Les expressions précédentes, quelque peu austères, ont été détaillées dans la mesure

où le cas du mur plan traité précédemment est l'un des seuls cas réalistes qui

conduisent à une solution (presque) analytique, avec des champs monodimensionnels

de température, coefficients d' absorption et indices. Il constitue un cas-test classique

et redoutable pour tous les codes de tranfert bi- et tridimensionnels.

(6)

6.5 CAS LIMITES DE MILIEUX OPTIQUEMENT

MINCES OU OPTIQUEMENT ÉPAIS

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6.5.1 Milieu hétérogène et anisotherme optiquement

mince : moyenne de Planck

Dans de nombreuses applications, certains types de torches à plasma ou de

flammes, ... le fait que le milieu soit globalement optiquement mince simplifie considérablement

le calcul des transferts si on suppose l'environnement gris.

Considérons un tel milieu, hétérogène et anisotherme, d'indice uniforme n, caractérisé

par un coefficient d' absorption Kv(r) et un champ de température T(r). Ce

milieu est supposé entouré d'une paroi, de surface S, isotherme à température Tp,

opaque et grise, d'émissivité Ep. On supposera que cette paroi reçoit un flux incident

uniforme. Comme le milieu est optiquement mince, on néglige l'autoabsorption de

tout rayonnement émis par le milieu, y compris après un certain nombre de réflexions

(la réflectivité des parois ne doit pas être top élevée). En effet, si d est une dimension

caractéristique du milieu, le rayonnement autoabsorbé est proportionnel à (Kd) 2 , tandis

que le rayonnement émis est proportionnel à Kd, infiniment petit de référence. Le

flux radiatif surfacique moyen sur la paroi vaut:

<pR = n:(L~ - L~) = (tp - P')/S (6.101)

224


6.5. Cas limites de milieux optiquement minces ou optiquement épais

où L~, L~, rpe et rpa. désignent respectivement les luminances moyennes isotropes

des rayonnements incident et partant de la paroi et les puissances totales émise et

absorbée par le milieu.

Les puissances émise et absorbée par le milieu modifient le rayonnement d'équilibre

à la température Tp, qui règnerait dans l'enceinte si le milieu était parfaitement

transparent. Si les températures du milieu et de la paroi sont proches (a fortiori si la

paroi est beaucoup plus chaude que le milieu), les rayonnements émis et absorbé par

le milieu perturbent peu ce rayonnement d'équilibre.

Si le milieu est beaucoup plus chaud que les parois (torche à plasma,

combustion ...) ce rayonnement d'équilibre peut être cependant négligeable devant

le flux émis par le milieu. Le rayonnement absorbé par le milieu est alors négligeable

(l' autoabsortion du rayonnement du milieu est négligée et la luminance de la paroi

est négligeable devant celle du milieu). Il vient, par intégration de l'équation 6.12 :

lv r lv 'P' - 'P" ~ 4rrn 2 d V T)L~ (T) dv = 4n 2 K(r' T)crT 4 d V ( 6.102)

Kv(r'

où K(r,T) désigne la moyenne de Planck du coefficient d'absorption (tabulée

dans [116]) :

00

K(r,T) = ~ (

a-T Jo

Kv(r,T)nL~(T) dv

(6.103)

Il convient de noter que cette notion ne présente d'intérêt que si simultanément le

milieu est mince et le flux absorbé négligeable.

Il est intéressant de noter que, dans ces conditions très particulières mais courantes,

le flux pariétal moyen <pR donné par l'équation 6.102 ne dépend pas de l'émissivité

de paroi Ep·

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6.5.2 Milieu hétérogène et an isotherme optiquement épais:

loi de Fourier radiative; moyenne de Rosseland

On considère le mur plan hétérogène étudié dans le paragraphe 6.4.3 dans des conditions

telles que sur une distance 7Jv dépendant de la fréquence v et vérifiant :

1Jv > 3/Kv (6.104)

les quantités Kv, T ,ôT/ôx peuvent en excellente approximation être considérées

comme uniformes. Le milieu est alors localement optiquement épais, sur une distance

de l'ordre de T/v et le flux radiatif prend une forme remarquablement simple.

On a alors:

Vx > 1Jv n = 3,4 (6.105)

225


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Si on pose, d'après l'équation 6.82, sauf au voisinage des parois :

X 1 <X u = ev(x' ,x) et du = -Kv(x')dx' (6.106)

l

x

E3[ev(x' ,x)]dx' = -1/Kv

0 ev(O,x)

Lo

E3(u)du = E4(0)/Kv = l/(3Kv)

(6.107)

X< X 1 u = ev(x,x') et du = Kv(x')dx' (6.108)

( x E3 [ev(x,x')]dx' = l/Kv ('° E3(u)du = - E4(0)/Kv = -1/(3Kv)

J~~q

Ji

Dans ces conditions, les équations 6.89 et 6.91 deviennent, pour x > 1Jv :

oo 2Jr[ Loo n2 d ]dT

Lo 3 o Kv dT dx

r.pR+(x) = nn 2 L~(x)dv - - - -L~(T)dv -

(6.109)

(6.110)

Soit:

R [ 2 0 2n [ ( 00 n 2 d 0 ] dT

r.p -(x) =

0

nn Lv(x)dv +

3 Jo Kv dTLv(T)dv dx. (6.111)

(6.112)

expression remarquable : à cette limite des milieux optiquement épais le phénomène

de tran~fert radiatif devient de nature diffusive; ÀR(T) est une conductivité radiative,

très fortement dépendante de la température locale :

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ÀR(T) = 4 n n 2 (

00

3 Jo Kv dT

_!_ ~ L~(T)dv = l6n 2 o-T 3 /(3KR),

(6.113)

relation qui définit la moyenne de Rosseland KR du coefficient d'absorption. À température

élevée, la conductivité radiative devient pour des matériaux tels que les verres

et certains réfractaires beaucoup plus importante que la conductivité phonique, à laquelle

elle s'ajoute.

Il est imp01tant de souligner que 1' obtention de 1' équation 6.113 ne résulte pas

d'un hasard providentiel. Il y a une analogie très complète entre le transport d'énergie

cinétique par les molécules d'un gaz monoatomique, pour simplifier, qui mène à

la conductivité thermique et le transport de quanta d'énergie hv par des photons qui

mène à la conductivité radiative (voir la comparaison des flux conductif et radiatif

dans les paragraphes 4.2 et D.2). Dans un milieu optiquement épais, les conditions

du champ de rayonnement sont proches de celle de l'équilibre thermodynamique local

: c'est-à-dire que le champ ne diffère que par une petite perturbation, d'ordre 1,

226


6.6. Méthode de dimensionnement: hémisphère équivalente de Hottel

d'un état d'équilibre radiatif tangent, caractérisé par la luminance L~ [T(x)] dans

toutes les directions au point M(x). En effet, les premiers termes des expressions

des flux ql?+ et 'PR_ dans les équations 6.110 et 6.111 correspondent aux contributions

d'équilibre. Or c'est précisément au voisinage de l'E.T.L. pour la matière, et

uniquement dans ce cas, que le flux conductif peut-être exprimé grâce à l'hypothèse

de fermeture de Fourier: voir le paragraphe 10.4.l.

L'équation 6.112 est généralisée à trois dimensions sous la forme de la loi de Fourier

radiative 13 , à condition que l'indice optique local du milieu soit isotrope; dans

le cas contraire, on obtient un tenseur conductivité, comme en conduction thermique.

Notons que la très forte dépendance de À.R(T) avec la température rend les problèmes

de conduction radiative fortement non linéaires en T.

Il convient d'autre part de veiller à ce que la condition 1Jv > 3/Kv soit bien vérifiée

en tout point du système et pour toutes les zones spectrales jouant thermiquement un

rôle appréciable. Au voisinage des parois, dans les couches limites d' un fluide semitransparent

comme un verre en élaboration dans un bain, même si le mouvement est

très faible, cette condition est rarement vérifiée ; il est alors nécessaire de recourir à un

traitement exact à partir des équations 6.89 et 6.91. Un modèle monodimensionnel est

généralement approprié, de façon locale. Dans le cas d'un gaz, le milieu n'est jamais

optiquement épais sur tout le spectre utile, y compris dans le cas de l'atmosphère. On

ne retrouve pas pour de grandes valeurs de xpl un comportement de type conductif

dans toutes les zones spectrales.

Une condition quantitative de validité de la loi de Fourier radiative, due à Gomart

et Taine [51] est présentée dans le paragraphe 10.4.3.

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6.6 MÉTHODE DE DIMENSIONNEMENT:

HÉMISPHÈRE ÉQUIVALENTE DE HOTTEL

La méthode qui suit, due à Hottel [64], permet de dégrossir rapidement les calculs de

transferts radiatifs. Elle est fondée sur une hypothèse d'extrapolation hardie à partir

du traitement rigoureux du cas d'un milieu optiquement mince.

6.6. l Principe de la méthode

a) Émissivité d'une hémisphère homogène isotherme vers le

centre de sa base

On considère un milieu semi-transparent homogène et isotherme, non diffusant (d'indice

réel n unifo1me), contenu dans une hémisphère de rayon R, qui émet du rayonnement

vers l'élément de surface dS au centre de la base de cette hémisphère

13. Ce point est traité, avec de plus une diffusion anisotrope, dans Je paragraphe 6.7.1

227


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

(figure 6.13). Le flux émis par l'hémjsphère vers la smf ace élémentaire dS est,

compte tenu de l' autoabsorption du rayonnement par le milieu :

fr

d<P~ = { fo 2 [1 - exp(- KvR)] n 2 L~( T) cos B 2n sin B dB}dv dS (6.114)

On pose :

avec:

(6.115)

é:vI:O = 1 - exp(- KvR) (6.116)

Cette émissivité de l'hémisphère vers le centre sa base est formellement identique à

celle d 'une colonne gazeuse homogène et isotherme de longueur R. On introduit les

absorptivité et transmütivité correspondantes :

ŒvI:O = 1 - T vEO = é:vI:O (6.117)

Dans le cas particulier d'un milieu optiquement mince (KvR << 1), l'émissivité de

l'hémisphère de milieu homogène et isotherme est :

Ce dernier résultat, rigoureux, va servir de base à la méthode de Hottel.

(6.118)

b) Émissivité moyenne d'un milieu optiquement mince

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On considère un volume quelconque V, limité par une surface S d' un milieu semitransparent,

homogène et isotherme (figure 6.14). Si De est une dimension caractéristique

du système, on postule :

(6.119)

Dans ces conditions, le flux monochromatique émis par le milieu est intégralement

transmis vers les parois de surface S , sans phénomène d'auto-absorption :

d<P~ = dv (4rr dQ ( V Kvn 2 L~ (T)dV

Jn=o Jo

On obtient avec les hypothèses d' homogénéité et d'isothermie du milieu:

(6.120)

(6.121)

228


6.6. Méthode de dimensionnement: hémisphère équivalente de Hottel

Figure 6.13 - Hémisphère homogène

isotherme.

Figure 6.14 - Hémisphère de Hottel.

Le flux surfacique moyen émis par le milieu sur la paroi de surface totale S 14 , noté

< dcp~ >s, est:

< d<p~ >s= dr/J~/S =< Ev >s nn 2 L~ (T)dv, (6.122)

en posant:

< Ev >s= (4V/S)Kv (6.123)

< c >s est l'émissivité moyenne du milieu vers un élément de surface de S relativement

à l'intervalle spectral [v,v + dv]. Ce résultat permet de définir la dimension

caractéristique de la relation 6.1 19 :

De = 4V/S (6.124)

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9

Une interprétation physique simple de l'équation 6.123, résulte de l'équation 6.118,

relative à une hémisphère homogène et isotherme de milieu semi-transparent; la dimension

caractéristique De est le rayon de l'hémisphère équivalente qui, vis à vis

d' un point courant typique de la surface S, émet le même rayonnement que le volume

V du milieu étudié (voir figure 6.14). Toutes les considérations développées

jusqu'à ce stade sont rigoureuses, compte tenu des hypothèses faites.

c) Généralisation (hardie) à un milieu homogène et isotherme

quelconque

Le raisonnement qui suit, très pragmatique, est initialement dû à [64]. Si l'hémisphère

équivalente de rayon R = De a un sens physique pour un milieu optiquement mince,

on est fondé à espérer qu'elle reste crédible pour un milieu d'épaisseur optique quelconque.

C'est évident pour un milieu homogène et isotherme épais ; en effet dans cet

14. Il s'agit d'un flux émis par le milieu et directement reçu par la paroi, sans prendre en compte

d'éventuelles réflexions.

229


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

autre cas limite l'émissivité moyenne< cv > vaut 1. L'émissivité moyenne d'un milieu

semi-transparent homogène isotherme vers un élément moyen de sa smface est,

suivant l'hypothèse de Hottel, d'après les équations 6.116 et 6.123 :

<Sv >s= 1- exp(-Kv4V/S) (6.125)

relation postulée arbitrairement pour 4Kv V/S de 1' ordre de 1. Le flux émis par le

milieu vers la paroi est, dans cette approche, compte tenu de l' autoabsorption du

rayonnement :

(6.126)

Des comparaisons avec des calculs exacts pour un certain nombre de géométries [64,

128] révèlent des erreurs de l'ordre de 10 à 15%, introduites par l'approche crue

des équations 6.125 et 6.126. Un coefficient C, empirique, permet généralement

d'améliorer les résultats :

<Sv >s = 1 - exp(-KvCDc) c ~o,9 (6.127)

L'expression précédente très simple de < cv > permet de calculer également

une absorptivité et une transmittivité monochromatiques globales du milieu semitransparent

vis à vis de rayonnements partant, avec une luminance uniforme et isotrope,

de la paroi de surface S. Soit d~ le flux surfacique uniforme partant de S ;

on pose par définition de l'absorptivité < Œv > s et de la transmittivité < r v > s :

(6.128)

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d<P~ = d<P~ - d<P~ =< Tv >s d~ = (1- < Œv >s)d~ (6.129)

où d<P~ et d<P~ sont les flux absorbé et transmis. Notons à ce stade que d<P~ représente

la totalité du flux absorbé, dans la mesure où d<P~ prend en compte tous les

rayonnements successivement réfléchis par la paroi de su1face S.

À l'équilibre thermique à la température T du milieu semi-transparent et de la

paroi, les flux émis globalement par le gaz (compte tenu de l'auto-absorption) et

absorbé par le milieu (en provenance des parois) sont égaux. Le rayonnement paitant

de la surface S est alors :

(6.130)

230

Il vient, compte tenu des équations 6.127 à 6.130 :

< Œv >s=< Sv >s (6.131)


6.6. Méthode de dimensionnement: hémisphère équivalente de Hottel

Ce résultat est généralisé hors d'équilibre au cas d' un flux paitant des parois supposé

uniforme et caractérisé par une luminance isotrope. D'après les équations 6.129

et 6.131, il vient:

< T v > S = 1- < Œv > S = 1- < Ev > S (6.132)

où < Tv >s représente la transmittivité globale de l'ensemble de la surface S vers

l'ensemble de la surface S à travers le milieu semi-transparent, unifo1me et isotherme,

si la luminance du rayonnement partant est unif01me et isotrope.

6.6.2 Exercice d'application

( Exercice 6.2 Transferts radiatifs dans un tube

Un milieu semi-transparent homogène et isotherme à la température T, en première

approximation, et d' indice constant n circule à l'intérieur d'un tube de section carrée

d'arête a; les parois opaques sont uniformément à température Tp et caractérisées par

une émissivité isotrope Ep,,· Estimer le flux radiatif à la paroi interne du tube.

Solution

Le flux radiatif cherché est par unité de surface :

<.pR = <.pi _ ~ (6.133)

où <.pi et cpP désignent les flux surfaciques incident et partant de la paroi, supposés en première

approximation uniformes; le flux surfacique moyen partant d'une paroi s'écrit:

<.pp= Loo rr~dv =

L00

[Sp

vrrn 2 L~ (Tp) + (1- Spv )nL~]dv (6.134)

où L~ et L~ représentent les luminances monochromatiques des rayonnements incident et

partant. D'autre part, le flux surfacique incident est donné par :

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S <.pi = S Loo rrL~dv = Loo < Tv >s SnL~dv +Loo (1- < Tv >s )Srrn 2 L~ (T)dv (6.135)

Le premier terme de l'équation 6.135 représente la partie du flux partant de l'ensemble

de la paroi interne S du tube, incidente après transmission par Je milieu sur l'ensemble de

cette même paroi. Le second terme représente la cont1ibution du milieu semi-transparent

au flux incident sur la paroi de surface S. Tous calculs faits, le flux radiatif surfacique

l

s'exprime: OO 2[Lo(T) Lo(T )]

R Spv <Sv >s nn v - v P

<.p = dv

(6.136)

O 1 - (1- < Sv > S )( 1 - S pv)

Il reste à exprimer l' émissivité globale du milieu < Sv >s. Si L désigne la dimension

longitudinale du tube, le volume de milieu est V = a 2 L et la surface latérale S = 4aL. Le

rayon de l'hémisphère équivalente au milieu, en tout point, est en première approche:

Donc:

De = Req = 0,9(4V/S) = 0,9a (6.137)

<Sv >s= 1 - exp(-0,9Kva) (6.138)

231


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

6.7 EXEMPLES SIMPLES DE TRANSFERTS

RADIATIFS AVEC Dl FFUSION

Les phénomènes de diffusion sont délicats à traiter dés lors que la fonction de phase

considérée est fortement anisotrope, ce qui est généralement le cas. On doit recourir

à des méthodes numériques performantes, en pratique à la méthode de Monte-Carlo

(voir le paragraphe 6.8.4). Nous nous limiterons ici à traiter, pour illustrer certaines

propriétés de la diffusion, deux exemples.

6.7. l Conductivité radiative d'un milieu diffusant

et absorbant optiquement épais

On considère un mur plan d'épaisseur L, constitué d'un milieu caractérisé par un

indice n, des coefficients d'absorption et de diffusion Kv et cr v uniformes et une fonction

de phase de diffusion anisotrope du type Pv(u' .u) (figure 6.15). On fait, de plus,

l'hypothèse que le milieu est optiquement épais vis à vis de l'absorption, c'est-à-dire

que si d est une distance petite devant l'épaisseur L du milieu et sur laquelle on peut

considérer Tou dT/dx uniformes 15 :

(6.139)

Une conséquence de cette propriété est que :

f3vd » 1 (6.140)

Le flux radiatif ne dépend que de x, compte tenu de la symétrie du problème. Il est

donné par la relation :

ipR(x) = f dv l' L~(x,11) cos 112rr sin lldll (6.141)

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u

av (.r) p 1

1'1 n , '\t (.\), T (x) T2

1 2

0 X

Figure 6.1 5 - Mur plan anisotherme et

diffusant.

L

b}

11, K\f (x). T (x)

0

v (x) p 1

Figure 6.16- a) Mileu poreux réel; b)

Milieu semi-transparent équivalent.

15. Il peut sembler y avoir une contradiction entre ces deux hypothèses. En fait, c'est à l' ordre zéro de

perturbation (voir éq. 6.145) que T sera supposé uniforme sur cl et à l'ordre un de perturbation (voir

éq. 6.147) que dT/dx sera supposé uniforme sur cl.

232


6.7. Exemples simples de transferts radiatifs avec diffusion

On introduit la longueur d'extinction lev = /3~ 1 et on pose pour adimensionner l' équation

de transfe1t :

ce qui conduit à :

X+ = xjd (6.142)

(vcose~L~ + L~ = (l -wv)n 2 L~ + Wv

dx+

4n Jo

r47f pv(u'.u)L~(x+,e')d.Q'

(6.143)

Compte tenu des hypothèses faites, (v est un infiniment petit d'ordre un, qui pilote le

problème et va servir de référence dans une méthode de résolution par perturbation

de l'équation de transfert du rayonnement. On pose que la luminance est de la forme :

L 1 = L'(O) + L'( I)

V V V

Lv(O) est indépendante de (v; L~(I ) est d'ordre 1 en ?v·

À l'ordre zéro en (v, l'équation de transfe1t devient:

L ~(O)

= :; [ ' Pv(u' .u)L~(O)(x,e')dQ' + (! - Wv)n 2 L~ (T)

(6.144)

(6.145)

La solution du problème est unique. Si on suppose que L~O) est isotrope, on obtient par

intégration membre à membre de l'équation 6.145, compte tenu de la relation 6.24 :

(6.146)

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La solution d'ordre zéro en (v est la solution d'équilibre thermodynamique à la température

T. La contribution de l'ordre zéro au flux radiatif est donc nulle.

' r4Jr '(l)

A l'ordre un en (v, on se propose donc de calculer Jo Lv (x,B) cos Bd.Q à paitir

de l'équation de transfert 6.143, soit:

.f Jf

L~(l) cos Bd.Q = - n 2 (v-L~(T) cos 2 BdQ + ---2:'.

0 dx+ 0 4n 0

.f .f d Jf w Jf

cos 8dQ [

' Pv(u'. u )l~( I l dQ'

En appliquant la transformation introduite par l'équation 6.61 il vient :

(4Jr L~(l)cosBdQ = - 4 7rn2 (v ~L~ (T) + Wv (4Jr 4ngvLY) cosB'd.Q'.

Jo 3 dx+ 4n Jo

(6.147)

(6.148)

Finalement, l'expression du flux radiatif, à l'ordre 1 en (v de la méthode de perturbation

est:

ql(x) = _ 4n n2 dT ( 00 1 dL~ (T) = - ÀR dT

3 dx Jo Kv + (1 - 9v)O-v dT dx

(6.149)

233


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

avec:

4n ·Loo 1 d 0

ÀR = -n 2 -Lv(T)dv.

3 O Kv + (1 - 9v)O-v dT

(6.150)

On retrouve, généralisé à un milieu absorbant et diffusant, le résultat du paragraphe

6.5.2 (voir aussi la discussion du paragraphe 6.3.5). La discussion sur la validité

du modèle s'applique également au cas considéré ici.

Une condition quantitative de validité de la loi de Fourier radiative, due à Gomart

et Taine [51] est présentée dans le paragraphe 10.4.3.

6.7.2 Exercice d'application

( Exercice 6.3 Caractérisation d'un milieu poreux diffusant

On considère une céramique poreuse, ou un textile, sous les hypothèses suivantes

(figure 6.16) dues à [94] :

• Hypothèse Hl : le milieu est froid; l'émission the1mique du milieu est négligée

devant le flux incident.

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u

• Hypothèse H2: le milieu est globalement caractérisé par un indice optique n = 1,

des coefficients d'absorption et de diffusion uniformes Kv et a-v et une fonction de

phase p isotrope (égale à 1).

Il s'agit d'un modèle à l'échelle macroscopique (milieu supposé continu). À

l'échelle locale du milieu poreux, le milieu considéré pomTait être constitué d'un

empilement de grains ou de fibres, opaques par exemple, dont le comportement

collectif au sein d'un volume élémentaire représentatif (V.E.R) est représenté par

les propriétés précédentes. L'indke est alors celui de l'air dans les interstices. Le

VER est suffisamment grand pour comporter un grand nombre de grains (dimension

statistique) et suffisamment petit pour que le rayonnement soit traité avec une

approche de milieu continu caractérisé par Kv, a-v et p.

• Hypothèse H3 : il n'y a pas de discontinuité d'indice, dans la phase fluide, à la

frontière du milieu poreux. On ne tiendra pas compte ici de la réflexion due à la

phase dense dans les sections droites extrêmes du milieu. La réflexion sera alors

de type diffus (phénomène de rétrodiffusion par le milieu poreux).

• Hypothèse H4 : on adopte dans le milieu poreux un modèle monodimensionnel

de luminance, hypothèse dite de Schuster-Schwarzfield [123], avec une luminance

L~(x) semi-isotrope dans le sens de propagation positif (x > 0) et une luminance

différente L~(x), semi-isotrope vers les x < O.

234


6.7. Exemples simples de transferts radiatifs avec diffusion

On suppose que le milieu ainsi caractérisé reçoit en x = 0 une luminance isotrope

L:(O) et qu'il est semi-infini suivant x >O.

1. Définir la réflectivité doublement hémisphérique Pv= du müieu.

2. Pour un mur poreux, d'épaisseur d, caractériser les réflectivité, absorptivité, transmittivité,

propriétés extrinsèques (car dépendant de d).

Solution

l. L'équation de transfert du rayonnement régissant ce problème en luminance directionnelle

L~(x,B) est :

(6.151)

Elle se décompose en deux équations :

cos(}> 0

dL+

cos(}- v + (Kv + O"v)L~ = O"v/2[L~ (x) + L; (x)]

dx

(6.152)

dLcos

(}-v + (Kv + O"v)L~ = o-vf2[L~(x) + L;(x)]

cos(}< 0

dx

Après intégration des équations 6.152 et 6.153 sur un demi-espace on obtient:

(6.153)

(6.154)

et:

(6.155)

Le terme de diffusion no- v (L~ + L;) couple les deux équations, dont la solution est :

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avec:

L~(x) = L~(O) exp[-yvx] (6.156)

(6.157)

Les termes divergents en exp(yvx) ont été éliminés. Le milieu est dit semi-infini si : YvL »

1. C'est alors un corps opaque. Sa réflectivité Pvoo vaut :

Elle est évidemment biisotrope. On en déduit immédiatement :

(6.158)

ê voo = œvoo = 1 - Pvoo (6.159)

Quand Kv tend vers 0, Yv tend vers 0; la profondeur de pénétration dans le milieu y; 1

est grande et Pv tend vers 1 ; le milieu est parfaitement réfléchissant, sous forme diffuse.

235


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Inversement, si cr v tend vers 0, un développement limité de Pvoo tend vers 0; le milieu est

alors un corps noir. Une étude expérimentale du milieu permet de déduire Kv/crv à partir de

la mesure de Pvoo· On notera que Pvoo est une propriété intrinsèque du matériau.

2. Les conditions aux limites du système à résoudre sont: L~(O) connu, L;(d) = 0; il vient

alors:

L;(O) 1 - T~

Pv(d) = L+(O) = Pvoo 1 - 2 2

Pvoo Tv

L~ (d) 1 - P~oo

et Tv(d) = L+(O) = Tv 1 - 2 2

v

PvooTv

(6.160)

Œv(d) = 1 - Pv(d) - Tv(d) T v = exp( -')'vd) (6.161)

On ne peut définir une émissivité sv(d) d'un tel milieu que dans la mesure où il est isotherme;

on a alors : sv(d) = œv(d). Ces résultats permettent de compléter la caractérisation

du milieu poreux, dans la limite de l'hypothèse d'une fonction de phase isotrope, en déterminant

séparément Kv et O-v. On trouvera une bibliographie avancée sur le traitement

de milieux poreux considérés comme milieux continus, après homogénéisation de chaque

phase, dans le paragraphe 7 .1.3 et c.

_____ )

6.8 MÉTHODES GÉNÉRALES DE TRANSFERT

RADIATIF

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La complexité géométrique, directionnelle et spectrale des transferts radiatifs nécessite

en pratique de recourir à des méthodes numériques pour calculer les flux et les

puissances radiatives dans un système. Ce calcul des transferts 16 utilise, comme données

d'entrée, les champs de températures, fractions molaires, fractions volumiques

et l'ensemble des propriétés physiques caractérisant le milieu et les parois.

Si les transferts radiatifs sont couplés à d'autres transferts thermiques, la seule voie

praticable consiste le plus souvent à insérer successivement dans un schéma itératif la

résolution des équations de bilan pour le système matériel avec leurs conditions aux

limites et celle de l'équation de transfert du rayonnement avec ses propres conditions

aux limites (voir les couplages dans le paragraphe 6.3.2 et les conditions aux limites

radiatives en 7.3.4).

Les méthodes de transfert radiatif considérées ici sont d'une part des méthodes déterministes

(méthodes de tracés de rayons, méthodes d'interpolation ou d'ordonnées

discrètes ; méthodes de zones ; méthodes P n) et d'autre part une méthode statistique,

la méthode de Monte-Carlo, qui est probablement la méthode de l'avenir.

16. La structure générale d'un calcul de transfert a été présentée dans les paragraphe 6.4a et 6.4b.

236


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

6.8.1 Méthode de tracés de rayons

La méthode de tracés de rayons est la méthode déterministe de transfert radiatif la

plus générale, si elle est utilisée de façon rigoureuse. Elle est très proche de la méthode

de Monte-Carlo (paragraphe 6.8.4) qui peut être considérée comme sa variante

statistique.

a) Discrétisation

Un système tridimensionnel, dont une coupe de principe est représentée sur la figure

6.17, est caractérisé par des ensembles de Np nœuds de parois Pj (j = 1, ... ,Np)

et de Nm nœuds Mk au sein du milieu considéré (k = 1, ... , Nm). Ces nœuds peuvent

être distribués de façon complètement in-égulière et être, par exemple, issus d'un

maillage non structuré de mécanique des fluides. Seuls les nœuds comptent dans la

méthode, et non les mailles.

À chaque nœud de paroi Pj sont associés, en début de calcul, un ensemble de

propriétés thermophysiques :

• pour une paroi opaque, la température Tj et la réflectivité (bidirectionnelle et polarisée

dans le cas général p'!, spéculaire p'. ou isotrope et non polarisée dans la

JV · JV ··

plupart des applications p jv) ;

• pour une paroi semi-transparente ou une ouverture, les luminances monochromatiques

directionnelles Lfv des rayonnements partant de la paroi vers l'intérieur du

système considéré, qui sont issues d'un calcul de couplage avec le milieu extérieur.

De plus, une condition aux limites couramment utilisées est une condition de symétrie

à la paroi (corps opaque de réflectivité spéculaire égale à 1).

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Figure 6.1 7 - Éléments de discrétisation.

À chaque nœud de volume Mk sont associées les propriétés thermophysiques permettant

de caractériser localement le milieu : température Tb pression Pb fractions

molaires en constituants i Xki, fractions volumiques en particules i' Îki'• distributions

de tailles Pki'(R). Les coefficients d'absorption et de diffusion Kkv et <Tkv et la fonction

de phase Pkv(u ,u ' ) sont calculables à partir de ces données.

237


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

L'objectif est d'obtenir, indépendamment, les flux radiatifs <p7 aux nœuds P 1 et les

puissances volumiques radiatives Pf aux nœuds Mk. Ces deux quantités reposent sur

la détermination préalable des champs de luminances L~(P 1

,ud) et L~(Mk.ud) en tous

les points correspondants de la discrétisation pour les 2Nd directions discrètes 17 ud

de l'espace (d = 1, ... , 2Nd sur4n stéradians). Le flux radiatif surfacique <pR s'obtient

.!

alors à paitir de l'équation 6.39, la puissance volumique Pf à partir de l'équation 6.36

ou de l'équation 6.38.

b) Milieux non diffusants

Pour alléger l'écriture, les équations qui suivent ne sont pas discrétisées : le principe

de la discrétisation est donné dans le paragraphe 6.3.3.

Considérons, dans un premier temps, le cas d'un milieu non diffusant entouré de

parois opaques. Le flux pariétal <p7 en P 1 est donné par:

l

R _ 'i 'p

Loo

dv

0 2

<p j -

7r (L jvd - L jvd) COS BdQ (6.162)

où L' ! 1

et L 1 Pd sont les notations condensées des luminances directionnelles, mono-

1vc, )V

chromatiques, des rayonnements incident en P 1 et partant de P 1 , soient L~(P 1 ,ud)

et Lf (P 1 ,ud). Ljvd s'exprime à paitir de la lumjnance L~(fl1 )

du rayonnement partant,

dans la même direction ud, du point II 1 , antécédent de P 1 sur la paroi (voir

figure 6.17) ; soit en formulation en termes de transmittivités :

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L 1

.vd - L / flj)TvllP +

, I j j

O

n Lv[T(s)]-;-TvsP·ds

1 l _ p f 2 0 , I ,

V . J J Ü US J

(6.163)

où s désigne l'abscisse du point courant Ms sur II1P1.

Avec certains modèles de propriétés radiatives du milieu, on pourrait aussi utiliser

une formulation de l'équation 6.163 en termes de coefficients d'absorption (voir le

paragraphe 7 .2). Dans l'approche suivie, l'équation 6.163 est discrétisée et les propriétés

associées à un point Ms de la discrétisation de la trajectoire sont interpolées à

partir des propriétés correspondantes associées aux nœuds Mk de la discrétisation du

milieu 18 . Par exemple :

L~[T(Ms )] = I akL~[T(Mk)] (6.164)

k

17. Dans le cas de champs de luminances tridimensionnels fortement anisotropes, Nd doit être typiquement

choisi au moins égal à 400.

18. Notons que, par commodité, de représentation la figure 6.1 7 a trait à un plan de coupe contenant

P/1 1 et Ms mais que les nœuds Mk sont à considérer dans Je volume environnant Ms.

238


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

De la même façon, IT 1 n'est pas, a priori, un nœud de la discrétisation pariétale.

L~(Il1 ) est donc obtenu également par interpolation sur les luminances issues des

nœuds voisins P.r dans la direction ud, à la même fréquence :

(6.165)

Inversement, les luminances des rayonnements partants des nœuds P 1 , s'expriment

en fonction de la distribution anisotrope des luminances incidentes L}vd'. Soit, à une

paroi opaque 19 :

l " L'

jvd

p

- 8 '

Jvdn 2Lo(T) v J + ;. 1 Pjvd'd L'i jvd' ntd'""'

COS 0 ~l.

2Jr

(6.166)

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où P}vd'd est la réflectivité bidirectionnelle, caractérisant un rayonnement incident

dans dQ'(ud') et réfléchi dans dQ(ud): voir le paragraphe 6.3.4. Si l'application ne

comprend que des parois opaques, le système d'équations est alors clos. Après discrétisation

sur Nd di.rections, les luminances L

'

fvd des rayons partant de P 1 dans ud

s'expriment, par l'équation 6.166, en fonction des luminances Ljvd' incidentes en P 1 ,

elles-mêmes discrétisées en Nc1 directions. Réciproquement, par les équations 6.163

et 6.165, Z:! d'en P 1· s'exprime en fonction des luminances discrétisées des rayonne-

.1v .

ments partant de l'ensemble des points P.r dans la di.rection ud' . On obtient un système

linéaire de 2NpNd équations à 2NpNd inconnues : Lj~d' et Lfvc1· Les méthodes

de résolution sont diverses. Cette résolution qui conduit aux luminances L' ! d' et L 1 ~ 1

,

)V )Vt

puis au flux pariétal par l'équation 6.162 doit être conduite fréquence par fréquence.

La puissance radiative volumique dissipée en un nœud Mk résulte alors d' un calcul

explicite immédiat, en termes de coefficient d'absorption :

où L~vd

(6.167)

luminance en Mk, dans la direction Uc1 s'obtient à partir de nb point antécédent

sur la paroi, par une relation strictement analogue à l'équation 6.163, qui

nécessite également des interpolations du type l'équation 6.165 pour caractériser les

luminances des rayonnements partants des points flk. Dans le cas de modèles de propriétés

radiatives fondées sur la transmittivité, l'équation 6.167 est remplacée par une

relation du type del' équation 6.36.

Les calculs mis en jeu dans le modèle précédent sont lourds et implicites sur les

parois. De plus, la réflectivité bidirectionnelle p~ est généralement mal connue. Très

19. Une approche plus générale tiendrait compte des effets de polarisation du rayonnement.

239


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

souvent ce modèle est utilisé avec des propriétés radiatives de parois opaques isotropes.

La luminance du rayonnement pattant d' un point de paroi P 1 est alors isotrope

et 1' équation 6.166 devient :

(6.168)

où L~v représente la luminance incidente isotrope équivalente :

l Î 1

1

L . = - L . Î

d' cos B I

d.Q I

]V 7f ]V .

2n

(6.169)

Pour chaque valeur de la fréquence, le système constitué par l'équation 6.168 d'une

part et les équations 6.169 et 6.163 d'autre part n'est plus que de rang 2Np avec 2Np

inconnues : L~v et L~v · Cette méthode est praticable dans des foyers aéronautiques,

par exemple.

c) Milieux diffusants

Dans le cas d' un milieu diffusant en volume, le calcul devient implicite non seulement

en chaque point de paroi, pour chaque direction (la réfl exion est en fait un phénomène

de diffusion) mais aussi en tout point volumique du milieu, pour chaque direction.

L'équation 6.163 qui permet d'exprimer la luminance incidente dans une direction

donnée sur un nœud de paroi P,; (ou sur un nœud du milieu Mk) devient, dans une

formulation fondée sur les coefficients d'absorption Kv, de diffusion a-v et d'extinction

f3v, et en posant :

(6.170)

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(6.171)

.:t: Après discrétisation de la trajectoire, la luminance dans la direction " d', au point Ms'

Ol

·~ de cette discrétisation, s'exprime en fonction des valeurs des luminances con-espona.

8 dantes des nœuds voisins Mk de la discrétisation du système :

(6.172)

240

La fréquence étant fixée, la luminance en un nœud quelconque de la paroi P 1 ou du

milieu Mk, pour une direction donnée ud, s'exprime donc en fonction des luminances


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

en tous les nœuds de paroi et du mrneu, pour toutes les directions. Ce calcul est totalement

implicite. En théorie, ces champs de luminances s'obtiennent par résolution

d'un système linéaire. En pratique, seule la méthode similaire, mais statistique, de

Monte-Carlo est actuellement susceptible de résoudre un tel problème, en géométrie

complexe (voir paragraphe 6.8.4).

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d) Volume des calculs requis

Pour estimer l'effort de calcul nécessité par la mise en œuvre d' une méthode de tracés

de rayons, considérons le cas simple d'un cube discrétisé en Nl nœuds dans le milieu

et 6N; nœuds de parois. Pour déterminer une luminance dans une direction donnée,

en un point, il est nécessaire de discrétiser la trajectoire en Ns segments (Ns ~ Ni). De

plus, Nir itérations sont requises pour que le calcul converge pour chaque fréquence

et Nv valeurs de la fréquence sont utilisées pour couvrir le spectre 20 .

Dans ces conditions, et quels que soient le milieu, diffusant ou non, et les propriétés

de parois, isotropes ou bidirectionnelles, le nombre d'éléments de colonne à

caractériser (par interpolation) à partir des nœuds de la discrétisation du système est,

pour le calcul des flux pariétaux : NitNv(6N;)Nc1Ns; pour le calcul (supplémentaire)

des puissances : NvNlNc1Ns.

Dans un milieu diffusant, la caractérisation d' un élément en Ms est excessivement

lourde : il convient de caractériser les luminances incidentes dans toutes les directions.

D'autre part, le rang du système linéaire à inverser, pour une valeur donnée de la

fréquence, pour accéder aux flux pariétaux est, pour un milieu non diffusant, à parois

caractérisées par des propriétés isotropes : 2(6N; ); pour un milieu non diffusant, à

parois caractérisées par des propriétés directionnelles : 2(6N;)Nc1; pour un milieu

diffusant à parois quelconques : 2(6Nf + Nl)Nc1.

Dans la méthode de tracés de rayons, les calculs de luminances directionnelles en

un point, nécessaires à la détermination des flux et des puissances, sont menés directement

et indépendamment des calculs similaires réalisés en des points voisins : ceci

permet de garantir une grande précision des résultats et de limiter la diffusion numérique.

Dans les méthodes, dites d'interpolation, abordées dans le paragraphe 6.8.2, le

volume des calculs est au contraire optimisé en utilisant les résultats obtenus en des

points voisins, au prix d'une très forte diffusion numérique.

6.8.2 Méthodes d'interpolation et d'ordonnées discrètes

Nous regroupons sous ces appellations la très populaire famille de méthodes équivalentes,

dites aux ordonnées discrètes, [47, 48, 49, 145, 118] par exemple et des mé-

20. ou Nv valeurs de la discrétisation du coefficient d'absorption dans certains modèles globaux : voir

SLW et ADF dans le paragraphe 7.2.

241


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

thodes de transfe1t radiatif par interpolation directe [158]. Les idées principales de

ces méthodes sont, dans un souci d'allègement des calculs :

• de calculer les luminances dans une direction donnée, de proche en proche, par

interpolation ou à partir d' un bilan de maille (ordonnées discrètes);

• éventuellement d'alléger la discrétisation directionnelle en utilisant des quadratures

pour intégrer sur les directions. Le nombre de directions prises en compte

passe alors d'au moins 200 à une dizaine (en ordre de grandeur): c'est la deuxième

originalité, purement technique, de la méthode des ordonnées discrètes. L'usage de

ces quadratures se justifie pour des champs de luminances assez faiblement anisotropes.

I1 est évident que les gains en volume de calcul se traduisent par une perte

de précision, tout au moins dans des cas réellement tridimensionnels, caractérisés

par des champs de luminances anisotropes et des zones chaudes localisées.

La structure du calcul des flux pariétaux et des puissances volumiques est identique à

celle de la méthode de tracés de rayon. Nous aborderons ici le calcul des luminances

par la seule technique d' interpolation directe dans le cas d' un milieu absorbant et

émissif 2 1 , mais non diffusant, au sein d' un schéma itératif.

On suppose avoir détermjné, à l'itération n, la distribution des luminances des

rayonnements partants de tous les nœuds de parois P 1

, soient ((v~n), et des luminances

en tous les nœuds Mk du milieu, L~~ - À l'itération (n + 1), on calcule pour chaque

direction ud, les luminances de proche en proche en partant d' une paroi, suivant le

schéma décrit sur la figure 6.18. Il s'agit de déduire la luminance L~vd au point D ,

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Figure 6.18 - Schéma d'interpolation.

Figure 6.19- Distribution schématique

des zones .

dans la direction ud, à partir des lumfoances 22 en A,B et C, dans cette même direction,

supposées connues. Soit D' l'antécédent de D dans le plan ABC et dans la direction

uc1, et E le milieu de D' D. On pose:

(6.173)

21. Ces méthodes sont peu adapatées à un calcul de diffusion avec une fonction de phase complexe.

22. Le schéma peut s'appliquer à N luminances connues.

242


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

avec évidemment :

L~'vd = ~ a1 L~vd (6.174)

f =A,B,C

À la fin du processus, l'ensemble des luminances directionnelles des rayonnements

incidents en P 1 sont exprimés en fonction des luminances des rayonnements pa1tants

des Pi' et on retrouve la structure du calcul du paragraphe 6.8.1. L'allègement du calcul

est considérable. Cependant, ces techniques d'interpolation sont lourdes à mettre

en œuvre avec des maillages curvilignes complexes, en particulier au voisinage des

parois. Notons que l'usage des équations 6.173 et 6.174 n'est pas compatible avec

une formulation des propriétés radiatives d'un gaz en transmittivité moyenne (modèles

statistiques à bandes étroites : voir Chapitre 7) dans la mesure où l'information

sur les corrélations spectrales ne peut être conservée entre T~D' D et L~ ' vd·

En te1mes d'efforts de calculs, les gains de ces méthodes par rapport aux méthodes

de tracés de rayons proviennent :

• d'un nombre réduit d'éléments à caractériser pour le calcul des flux pariétaux :

NitNvC6N1)Nd, soit un nombre divisé par Ns (nombre de discrétisations d'une colonne);

• de la supression des calculs supplémentaires pour obtenir les puissances volumiques.

• Par contre, les rangs des systèmes matriciels à inverser sont inchangés dans tous

les cas.

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6.8.3 Principe de réciprocité, méthode des zones

La méthode des zones [64] généralise à des milieux semi-transparents absorbants,

diffusants et émissifs la méthode des flux incidents et partants du paragraphe 6.2.

Nous nous limiterons au cas d'un milieu non diffusant mais généraliserons la présentation

de la méthode, par rapport à celle de Hottel et Sarofim, en introduisant une

dimension spectrale.

a) Principe de réciprocité

Le système est discrétisé en Np surfaces opaques S P• isothermes, recevant des flux

incidents uniformes et caractérisées par des propriétés radiatives uniformes et isotropes

(émissivité Epv) et Nm volumes homogènes, caractérisés par un coefficient

d'absorption uniforme Kmv, et isothermes à Tm (voir figure 6.19). Le flux d<t>~lv partant

de Si et incident sur S 1 vérifie :

(6.175)

243


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

où (siSJ)v est appelée surface efficace de transfert et où r;jv est la transmittivité spectrale

du milieu du centre de dS i au centre de dS j, distants de rij. À partir de la relation

de réciprocité 4.107, il vient :

(siSj)v = (SjSi)v

Le flux émis par Si et absorbé par S .i est :

Tijv = Tjiv

(6.176)

d<Pf}v = êiv(SiSj)v1rn 2 L~(Ti)êjv dv

(6. 177)

Compte tenu des symétries des équations 6.177 et 6.176 vis à vis de i et j, il vient

(principe de réciprocité) :

(6. 178)

où d<P)fv est le flux émis par S jet absorbé par Si·

Considérons maintenant les échanges entre un volume élémentaire dVi d' un milieu,

de coefficient d'absorption Kiv et de température Ti, et une surface élémentaire

dS 1 . Le flux émis par dVi et absorbé par dS j est:

(6.179)

où r' 1

.. est la transmittivité monochromatique du milieu entre les centres i et j des

)V

éléments dVi et dS j· Remarquons que l'expression précédente représente aussi le flux

émis par la surface dS 1 à température Ti et absorbé par dVi (réciprocité). La surface

efficace de tramfert (gisJ)v caractérise l'échange entre le volume global discret Vi,

supposé isotherme à Ti et caractérisé par Kiv uniforme, et la surface S .i :

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(gis)v = - dVi

2

7r v. s. r ..

1 J Lj

COS 81dS .i

(6.180)

Compte tenu des symétries, le principe de réciprocité s'écrit dans ces conditions :

(6.181)

La puissance émise par un élément de volume dVi, isothe1m e à Ti et directement

absorbée par un élément de volume dVj s'écrit:

dPf}v = Kivn 2 L~(Ti)dVi< 1JiKjvdVjdv (6.182)

On introduit la smface efficace de transfe1t (gig j)v caractérisant 1' échange entre les

volumes globaux discrets Vi et V 1 isothe1mes à Ti et T 1 de coefficients d'absorption

Kiv et Kjv uniformes :

(6.183)

244


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

La puissance émise par Vi et di rectement absorbée par v 1 s'exprime dans ces conditions

:

(6.184)

et le principe de réciprocité :

dP)fjL~ (Tj ) = (gigj)vn 2 ndv = dfJ>f}jL~ (Ti ) (6.185)

Le pricipe de réciprocité s'applique aussi à un milieu diffusant, y compris de façon

anisotrope.

b) Méthode des zones de Hotte! [64]

Compte tenu des équations 6.178 et 6.181 , le flux radiatif dc/>fv à la paroi S i s'exprime

en fonction des flux algébriquement échangés entre S i et les parois courantes

S 1 d'une part, les volumes courants VJ' d'autre part. L'ensemble des surfaces S 1

constituent une enceinte fermée. L'ensemble des volumes VJ' recouvrent la totalité

du milieu semi-transparent. Soit :

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dc/>fv = I €iv€jv(sis)vn 2 n[L~ (Tj ) - L~(Ti)]dv

j

+ I ê iv(l - Sjv ) (siSj) vn 2 n [L~v - L~(Ti )]dv

j

+ I Siv(gj' Si)v n 2 n [ L~ (Tj' ) - L~(Ti)] dv

j'

(6.186)

(6.187)

Le deuxième terme du second membre de l'équation 6.187 tient compte des flux réfléchis

par les surfaces S 1 , non pris en compte dans la formulation en flux d'échange.

De la même façon, la puissance radiative dans un volume Vi s'exprime en fonction

des puissances échangées avec l'ensemble des S 1 et des VJ' :

dPfv = I S,;v(gis,; ) v n 2 n [L~(Tj) - L~(Ti) ]dv

j

+ Io - Sjv)(sJgi)vn 2 n [L~v - L~ (Tï ) ] dv

j

+ L (gi g.i' )vn 2 n[L~ (T.r ) - L~(Ti) ]dv

.i'

(6.188)

(6.189)

Dans les équations 6.187 et 6.189 L~v représente la luminance monochromatique isotrope

équivalente incidente sur la paroi S 1 , qui s'exprime à partir d'expressions généralisant

celles du paragraphe a :

S 1 L~v = .l: CskSJ)vL~ + .l: (gk'Sj ) vn 2 L~ (Tk 1 ) (6.190)

k

k'

245


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

(6.191)

En pratique, la méthode des zones a généralement été appliquée à des milieux gris

(K uniforme) ou gris sur quelques bandes spectrales. C'est dans ce cas une méthode

précise, souvent considérée comme de référence. Elle peut donc être utilisée pour

traiter certains milieux denses.

La méthode des zones nécessite des temps de calcul importants. Si, comme pour

la méthode des tracés de rayons, une enceinte cubique est discrétisée en Nm = N~

l

volumes et Np = 6Nf surfaces pariétales, on a C~m ,..., (N? )/2 quantités (gigj)v à

calculer dans un cas général, par bande spectrale considérée, sans compter les (gi sj)v

et (sis)v· Le calcul d'une quantité telle que (gigj)v est complexe et laborieux et ne

peut faire l'objet de tabulations dès lors que l'hypothèse d'un coefficient d'absorption

K uniforme sur une bande spectrale n'est pas acceptable.

La méthode est numériquement inadaptée à traiter le cas de milieux et de parois

présentant des structures spectrales complexes. En effet le calcul ab initio de toutes

les surfaces effi caces (sis j)v, (sig j)v et (gig j)v dans une géométrie complexe et pour

toutes les fréquences requises par le calcul de transfert est prohibitif. Il vaut mieux

dans ce cas utiliser la méthode de Monte-Carlo, méthode statistique, qui présente une

certaine parenté avec la méthode déterministe des zones (utilisation fréquente de flux

d'échange et du pricipe de réciprocité).

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6.8.4 Méthode de Monte-Carlo appliquée aux transferts

a) Principes de base et architecture du calcul

La méthode de Monte-Carlo est une méthode de traitement stochastique d'un problème

dont la physique est parfaitement maîtrisée (lois déterministes et toutes les

conditions d'application connues) : entre d'autre termes, c'est une expérience numérique

de simulation d'un problème physique, dont les solutions sont valables à la

limite des grands nombres de réalisations. À chaque résultat numérique de la méthode

sera donc associé un écart type, caractérisant sa validité.

Appliquée aux transferts radiatifs [65, 151, 44, 137], la méthode de Monte Carlo

permet de simuler un probème complexe en suivant le devenir de « paquets de puissance»,

qui constituent des grains élémentaires à l'échelle de la méthode mais correspondent

à un nombre très élevé de photons par unité de temps (approche mésoscopique).

Une enceinte est discrétisée comme précédemment en éléments discrets (smfaces

opaques 23 discrètes Si caractérisées par des températures Ti et émissivités Ei(v, (} ,cp)

23. Si une paroi est (semi) transparente, des conditions aux limites radiatives adaptées sont alors utilisées

: couplage entre deux milieux.

246


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

uniformes et volumes djscrets v 1 , caractérisés par des températures T 1 et coefficients

d'absorption et d'extinction KJv cr 1v, et des fonctions de phase PJv uniformes). L'objectif

concret est de calculer dans cette enceinte les flux radiatifs <Pf et les puissances

radiatives PJ se rapportant respectivement aux éléments Si et v 1 . Les puissances PJ

sont utilisées dans les équations de bilan d'énergie associées au système et les flux

<Pf dans les conditions aux limites thermiques (voir paragraphe 6.3.2).

Remarque importante

Dans la méthode de Monte-Carlo, on considère comme émission par un volume V)

la seule émission physique, sans tenir compte de/' autoabsorption par V) du rayonnement

que ce volume émet. Ce phénomène d' autoabsorption sera pris en compte dans

le calcul global comme absorption dans V) d'une partie de son propre rayonnement.

La méthode de Monte Carlo utilise de façon optimale le principe de réciprocité,

dans une formulation qui généralise celle du paragraphe précédent. Quelque soit le

trajet 24 suivi par les rayons couplant deux cellules k et k' (surfaces élémentaires Si

ou volumes élémentaires V 1 ), la puissance monochromatique Pff,v émise par k et absorbée

par k' est liée à la puissance monochromatique Pf~kv émise par k' et absorbée

park:

(6.192)

Chacune des cellules k du système (Si ou V 1 ) émet une puissance dépendant de

ses conditions thermophysiqes. Ce phénomène d'émission est traité grâce à un très

grand nombre Nk de tirs discrets de rayons, qui représentent statistiquement les points

sources, fréquences et directions d'émission correspondant aux lois physiques. Dans

des conditions idéales, on est en mesure de calculer l'ensemble des puissances radiatives

échangées 25 P~k'v relatives à tous les couples k, k' :

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(6.193)

On en déduit les flux <Pf et les puissances PJ sur les surfaces Si et dans les volumes

V,;, par sommation des échanges avec toutes les autres cellules k' du système :

cpf = ~p~'v (6.194)

k'

D'une manière plus précise, une puissance P 'fcv/Nk est émise d'une cellule k lors de

chaque tir d' un rayon, dont les coordonnées du point d'émission au sein de la cellule,

24. Ce trajet inclut divers phénomènes de réflexion pariétale ou de diffusion volumique.

25. Dans un système complexe, c'est, à ce jour, irréaliste. Dans un volume discrétisé en 100 3 mailles,

à la limite des grands nombres (10 3 valeurs de la puissances par maille), il faut stocker environ 10 9

informations.

247


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Figure 6.20- Exemples de trajectores issues: a) de S;; b) de Vi .

les angles de la direction d'émission et la fréquence sont obtenus à partir de tirages

de nombres aléatoires, de façon à respecter les fonctions de distribution cumulée

de ces grandeurs (paragraphe b). La trajectoire associée à ce tir est constituée d'un

ensemble d'éléments rectilignes (figure 6.20). En effet, une réflexion sur une surface

discrète ou une diffusion au sein d'un volume discret se traduit par un changement

de direction du rayonnement. La probabilité d'occurence de chaque évènement de ce

type et la nouvelle direction sont définis par des tirs de nombres aléatoires respectant

statistiquement les lois de la réflexion ou de la diffusion, supposées connues, selon

une procédure également expliquée dans le paragraphe c.

Dans un calcul de Monte Carlo pur, la puissance associée à un tir de rayon est

absorbée en un point de la trajectoire appartenant à une cellule k' (surface ou volume

é lém entaire)~ soit <JXi~'v, cette puissance. Le point d'absorption est déterminé à partir

d'une procédure statistique détaillée dans le paragraphe c.

La puissance radiative échangée entre les cellules k et k', calculée à partir des Nk

tirs t émis de k est d'après l'équation 6.193 :

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Pfk'v = -1{,kv = - L Pfc%1v t[l - L~ (Tk1 )/ L~( Tk)] . (6.195)

t=I

Une autre manière de calculer la même puissance est de considérer les tirs émis par

la cellule k' :

Nk'

Pfk'v = -P:,kv = L pZ~kv t' [1 - L~(Tk)/L~(Tk' )] · (6.196)

t'= I

248

b) Formulation statistique de l'émission par un volume

Commençons par considérer le phénomène d'émission d' un point de vue statistique

dans le cas d' un volume discret. La probabilité pour qu' un flux émis lors d' un tir t

à partir du volume Vj le soit précisément dans l' intervalle de fréquence (v, V+ dv],


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

dans les directions définies par les intervalles angulaires [8, e +dB] et [<p, <p + d<p] et

dans l'élément de volume dV, autour d'un point M(x,y,z) est:

d1j Kjvn 2 L~(T1)dvsin8d8d<pdV1 Kjvn 2 L~( T1)dv sinBdB d<p dV1

= = ------- - -

1j 4.rrVj Jo 00 Kjvn 2 ~(T1)dv Jo 00 Kjvn 2 L~ (T1)dv 2 27r V:i

(6.197)

où tpe, désigne la puissance physique totale émise par V 1· sans autoabsorption. Dans

J .

l'équation 6.197, apparaissent les fonction de distribution fi(B), fi(<p) et f3(v) des

grandeurs indépendantes 8, <pet V:

fi(8) = sin8/2; h('{J) = l/(2rr); f3(v) = Kjvn 2 L;(Tj)[f Kjvn 2 L;(Tj)dv)r 1

(6.198)

et une fonction de distribution jointe f4(x,y,z) associée à la position du point de tir

dans le volume. L'équation 6.197 devient :

d~

~ 1 = f1 (B)de f2(<p)d<p f3(v)dv f4(x,y,z)dxdydz

J

(6.199)

À partir de cette approche, il est possible d'affecter à chaque tir t par une méthode

Stochastique des Valeurs des Variables indépendantes 8, <p et V et dépendantes X, y

et z. Pour respecter les lois physiques de l'émission, on considère la fonction de

distribution cumulée de chaque variable indépendante, qui est une fonction monotone

croissante, inversible, dont les valeurs appartiennent à l' intervalle [O, l]. Dans le cas

de la fréquence v, on obtient la fonction de distribution cumulée g3(v) :

0 $ g3(v) = L v Kjv'L;,(Tj)dv'/[f KjvL;(Tj)dv)] $ 1 (6.200)

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La méthode consiste à tirer à partir d'un générateur de nombres aléatoires dans [0, l]

une valeur av et à inverser la fonction de distribution cumulée, en posant :

(6.201)

ce qui conduit à une réalisation statistique Vr de la valeur de la fréquence du tir. À

la limite des grands nombres de tirs (Nk très élevé), la loi physique de l'émission est

respectée de façon précise. De la même façon, les fonctions de distribution cumulées

associées à e et <p sont :

8 E [0,rrj Ü $ g1 (8) =.((sin 8/2)d8 = (1 - COS 8)/2 $ J

'P E [0,2rr] 0 $ g2('/') = f (1/2rr)cùp = '{J/2rr $ 1

(6.202)

(6.203)

249


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

Pour chaque tir t, les angles de la direction d'émission sont défini s pare, = g! 1 (ag)

et 'Pt = g2 1 (aip) à partir des tirages indépendants des deux nombres aléatoires ag et a'P

dans l'intervalle [0, l]. Des algorithmes spécifiques permettent de tirer aléatoirement

un point d'émission M (x,y,z) au sein du volume V 1 .

c) Formalisme pour l'absorption et la diffusion dans un volume

Les phénomènes d'absorption et de diffusion sont, dans une stricte méthode de

Monte-Carlo, également modélisés statistiquement à partir d' un grand nombre de

tirages de nombres aléatoires. Considérons, d'abord, un milieu non diffusant et un

chemin optique ne rencontrant pas de paroi. L'absorption volumique est tirée aléatoirement

sur ce chemin optique, caractérisé par l'abscisse curviligne s depuis le point

origine. On introduit la fonction de distribution d'absorption j~ ( s ) , telle que la probabilité

d'absorption entre s et s + ds est donnée par :

dPa(s) = fa(s)ds =exp[-L' Kv(s')ds']Kv(s)ds (6.204)

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et 9a(s), fonction de distribution cumulée d'absorption le long du trajet, qui est une

définition statistique de l'absorptivité de la colonne hétérogène [0,s] :

rs rs' rs

0 :::; 9a(s) = Jo exp[- Jo Kv(s")ds" ]Kv(s')ds' = 1 - exp[- Jo Kvds'] = œ~sv :::; 1

(6.205)

Un tirage aléatoire d'un nombre aa, compris dans [0, 1], permet de déte1miner par

inversion de l'équation 6.205 la distance sa au bout de laquelle toute la puissance

~/Nk du tir t est en totalité absorbée : sa = g~ 1 (aa). Dans cette approche de la

méthode, toute la puissance est absorbée dans la cellule k' à laquelle appartient le

point d'abscisse curviligne sa :

(6.206)

Remarque

La plupart des logiciels reposent, en fait, sur des méthodes hybrides dans lesquels

l'absorption est traitée de façon déterministe et continue, tout au long du chemin

optique brisé de la trajectoire (voir, par exemple, Tessé et al., [13 7]). La puissance

'P~~' v r absorbée par un volume discret j' est calculée lors de chaque traversée de ce

volume par la trajectoire. Cette méthode hybride accélère la convergence du processus

(diminue les écarts-types pour un nombre de tirs fixé).

250

Si l'absorption est traitée de manière déterministe, la diffusion est généralement

traitée de de façon stochastique. Le couplage de ces deux approches est rendu possible

par l'indépendance statistique des phénomènes d'absorption et de diffusion. En


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

effet, la probabilité pour qu'il y ait diffusion entres et s + ds sur un chemin optique

est donnée par :

J'

dP d(s) = exp[- /Jv(s')ds']a-v(s)ds

ls ls

= exp[ - Kv(s')ds']{ exp[ - <T v(s')ds']a-v(S )ds)

(6.207)

Le premier facteur du second membre représente la transmission liée à l'absorption

de 0 à s et peut être calculé de façon déterministe, le long du trajet. Le second facteur

est la probabilité de diffusion pure entre s et s + ds et peut être calculé de façon stochastique,

exactement comme il vient d'être fait pour l'absorption (équations 6.204

et 6.205). Un nombre aléatoire ad est tiré dans l'intervalle [0, l] et le point d' extinction

sur la trajectoire est défini par: sd = g"'d 1 (ac1); gc1(s) est donnée par l'équation

6.205, dans laquelle [Jv(s) est substitué à Kv(s). La diffusion ne contribue pas au bilan

énergétique des cellules k'.

À ce stade, la nouvelle direction du rayon après diffusion dans la cellule k' est

obtenue à partir de tirages de nombres aléatoires dans [0, l] associés aux nouveaux

angles 8c1 et tpd, en utilisant Pv k' (e, tp, 8c1, 'Pd), fonction de phase de diffusion de la

cellule k'.

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::l

0

@

d) Formalisme pour l'émission, l'absorption et la réflexion par

une surface opaque

Par souci de simplicité, nous limiterons ce paragraphe au cas d' une smface opaque

discrète d' émissivité isotrope 26 Eiv· Par analogie avec l'équation 6.197, la probabilité

pour qu' un flux émis lors d'un tir t à partir de la surface Si le soit précisément dans

l'intervalle de fréquence [v, v + dv] , dans les directions définies par les intervalles

angulaires [B, e +dB] et [tp, tp + dtp] et dans l'élément de smface dS, autour d'un

point M(x,y,z) est:

dP~

l

=

Eivn 2 L~ (Ti)d v sine cos 8d8dtpdS

rpe:

l nS i fo00

Eivn 2 L~(Ti)dv (6.208)

= f{(B)dB f2 (tp)dtp J;(v)dv f~(x,y,z)dxdydz

OÙ apparaissent les fonctions de distribution des variables indépendantes 8, l.fJ et V :

f f{ ( 8) = sinW ; /2( tp) = l/(2rr) ; f3( v) = E;vn 2 L~ (T;)[ E;vn 2 L~ (T;) dv)i- 1 ( 6.209)

26. La méthode est généralisable sans difficulté au cas d'une réflectivité bidirectionnelle et bipolarisée

pour caractériser le corps opaque; dés lors que l'émissivité (la réflectivité) n'est pas isotrope, il faut

utiliser des fonctions de distribution jointes en e,, 1.p,, v, .

251


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

et la fonction de distribution jointe associée à la position du point d'émission sur

S i· Trois tirs indépendants dans l'intervalle [0, 1] de nombres aléatoires a 8 , a'P et av

conduisent à une réalisation statistique de l'ensemble des valeurs ( 8 1 , 'fJr , v 1 ) caractérisant

le tir t, par des relations du type : X 1 = g.X\ax) où gx est la fonction de

distribution cumulée associée à X (X=(), cp, v). Le point d'émission sur la surface est

obtenu à partir d'un algorithme spécifique.

Le traitement de l'absorption ou de la réflexion d'un rayon issu d' une cellule k

par une surface opaque Si repose sur le fait que l' émissivité Eiv est la probabilité

d'absorption. Dans une méthode pure de Monte Carlo, un nombre aléatoire aa est

tiré dans l'intervalle [0, l] ; si aa < é;v, la puissance tf>%/Nk transportée par le rayon

est absorbée par la cellule i ; dans le cas contraire, le rayon est réfléchi. Dans une

approche hybride semi-déterministe, aucun tir de nombre aléatoire n'est pratiqué, la

fraction éiv de la puissance incidente sur la paroi opaque (inférieure à tf>%/Nk dans la

mesure où l'absorption a été traitée continûment au long de la trajectoire) est absorbée

dans la cellule i.

La réflexion est physiquement un phénomène de diffusion et la procédure de détermination

de la nouvelle direction du rayon est similaire à celle de ce cas. Avec

une réfl ectivité isotrope, deux nombres aléatoires indépendants ae, et a'P,. sont tirés

dans l'intervalle [0,l], selon les mêmes règles que pour l'émission isotrope (équation

6.202 et 6.203).

e) Convergence et précision de la méthode de Monte Carlo

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a.

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u

Le contrôle de la convergence de la méthode nécessite de recourir parallèlement au

calcul de toute grandeur au calcul de l'écait type sur cette grandeur. Une méthode

usuelle consiste à exploiter les tirs de trajectoires successifs. Avec ion+I tirs, un écart

type sur dix réalisations de ion tirs est calculé. Quand n est suffisamment élevé, l'écart

type évolue à la limite des grands nombres en N~:f 2 . La convergence sera réputée

atteinte dès lors que les champs moyens sont stabilisés et que l'écart type est stabilisé

sous un seuil fixé a priori. Cette convergence est lente mais la méthode est précise.

Un grand avantage de la méthode de Monte Carlo, adaptée aux systèmes de géomètrie

complexe, est que les temps et volumes de calcul ne croissent pas en raison

de la complexité du problème traité. Par exemple, ajouter le traitement de la diffusion

avec une fonction de phase complexe à celui de l'absorption par le milieu fait

croître les temps et volumes de calcul dans une proportion bien moindre qu'avec

une méhode déterministe. Autre exemple, traiter les propriétés radiatives d'un gaz

par un modèle évolué (CK modèle statistique à bandes étroites, voire raie par raie)

n'engendre pas un volume considérable de calculs supplémentaires par rapport à une

rustique méthode de gaz gris.

252


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

À ce jour, la méthode de Monte Carlo est utilisée pour la modélisation numérique

de transferts the1miques couplés, entre turbulence et rayonnement des gaz avec ou

sans particules, par exemple. Elle est alors couplée à un modèle de turbulence : k-E

[137, 41], LES [1 60] ou même DNS [161], ...

6.8.5 Approximation différentielle : méthodes

P1 ,P3, ... , P2n+ 1

a) Principe général

Une des difficultés essentielles des transferts radiatifs est de prendre en compte le

champ directionnel des luminances L~(r,u), en tout point M(r), pour tout intervalle

spectral v, et pour toute direction caractérisée par u(B,<p). Une approche mathématiquement

séduisante consiste à décomposer L~ sur une base complète de fonctions

dépendant séparément de r et u, et de convergence rapide vis à vis de u(B,<p). La

référence est la base complète des haimoniques sphériques Yin(B,<p) [2], telle que :

(6.210)

où le symbole * désigne le nombre complexe conjugué. On pose :

{X) +/

L~(r,u) = I I A?~(r)Y;n(B,<p) (6.211)

l=O m=-l

où les A~(r) sont inconnues. La méthode P 1 consiste à arrêter le développement à

l'ordre l = 1; P3 à l'ordre l = 3; P2n+I à l'ordre l = 2n + 1. Les coefficients A~(r)

sont les moments de la luminance L~ par rappo1t aux harmoniques sphériques :

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A m.(r) = !rr L' ym* dQ

[y V [

0

Dans l'équation de transfert réduite (sans diffusion), en notation tensorielle :

(6.212)

(6.213)

les cos ai désignent les cosinus directeurs de u par rapport aux trois directions principales

Ox 1 , Ox2, Ox3, qui vérifient :

cosa1 = sinBcos<p = (2n/3) 112 (Y1 1 + Yf)

cosa2 = sinBsin<p = i(2n/3) 112 (Y1 1 -

cos a3 = cos e = ( 4n/3) 1 1 2 Yf

Y/)

(6.214)

(6.215)

253


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

En effet, les premières harmoniques sphériques ont pour expressions :

rg = (4n)- 1 1 2 ; Y? = [3/(4n)] 112 cos 8; Yl

= (3/(8n)J l/ 2 Sin 8éP; f! 1 = (3/(8n)J l/ 2 Sin 8e- ùp

(6.216)

Après multiplication des deux membres de l'équation 6.213 par Yf2* et intégration

sur 4n stéradians, on obtient, compte tenu de l'équation 6.210 :

(6.217)

La quantité cos œiYf2*, somme de produits d'harmoniques sphériques d'après l' équation

6.215, se décompose sur la base des Y;: 1 '. Après usage de l'équation 6.210, l'ensemble

des équations 6.217 couplent les inconnues A ~~~ (r).

b) Méthode des moments

En pratique, une approche plus physique est utilisée. Au lieu de projeter l'équation

de transfert sur la base des r;n, il est équivalent de la projeter sur l'ensemble des

combinaisons de produits de cosinus directeurs de même ordre (l). On introduit alors

des moments de la luminance, notés M (l), qui introduisent les grandeurs physiques

clés :

• Un moment d' ordre 0:

M~O ) = [ ' L~dQ = CUv = v'4;A8v (6.218)

"O

0

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a.

0

u

On retrouve la densité volumique d'énergie radiative par unité de fréquence uv

(voir paragraphe 10.2.2).

• Trois moments d'ordre 1 :

Le vecteur M~)

notée d iv ·

• Neuf moments d'ordre 2 :

(6.219)

est la dérivée par rapport à v du vecteur flux radiatif spectral,

7f

dp~.

(2) _ t _ · l ) V

M ijv - 0 cos Œi cos œ 1L vd.Q - cdv (6.220)

[

Les quantités dp~)dv représentent les dérivées par rapport à v des composantes du

tenseur spectral des pressions de rayonnement, analogue au tenseur des pressions

de la mécanique des fluides (voir Complément B.3).

254


6.8. Méthodes générales de transfert radiatif

• Moments d'ordre l + 1 :

(6.221)

Dans ces conditions, les projections de l'équation de transfert 6.213 sur les produits

de cosinus directeurs conduisent aux relations suivantes :

• À l' ordre zéro, après intégration de l' équation 6.213 sur 4n stéradians, il vient:

ôd

dPR

____!:::_ = 4 L 0 (T ) - M (O) = _ v

7l"Kv V Kv V d

Ô

Xi

V

(6.222)

dP~/dv représente la puissance volumique locale dissipée par unité de fréquence.

• À l'ordre 1, après multiplication de l'équation 6.213 par cos œ 1 et intégration

sur 4n:

j = 1,2,3

(6.223)

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Le résultat précédent se généralise par récurrence :

• À l'ordre l :

ôM(l+ l )

iJ'v

(l)

- -KM

ÔXi - V /

(6.224)

Le développement de L~ en harmoniques sphériques est, en pratique, tronqué à un

ordre l. Il apparaît des moments d'ordre l+ 1 d' après l'équation 6.224 qu'il faut exprimer

en fonction des moments d' ordres inférieurs ou égaux à l. Nous nous limiterons

au cas le plus courant de la méthode de P 1 : développement de L~ à l' ordre 1.

On trouvera une généralisation à la méthode de P 3 dans les références [110, 95].

c) Exemple du développement à l'ordre 1 : méthode P 1

On pose donc :

En utilisant les équations 6.210, 6.215, 6.220 et 6.225, on obtient :

M~; = (2/3) Y7TôiJA8/r) = (ôiJ/3)M~O) (r)

Le système à résoudre se déduit des équations 6.223 et 6.226 :

j = 1,2,3

(6.226)

(6.227)

255


Chapitre 6 • Rayonnement des milieux denses et des gaz

et compte tenu des équations 6.222 et 6.227 :

j = 1,2,3

~( _ 1 ôdiv) _ ôL~ (T) d·

Kv Ô - 4 7r Ô + 3 Kv }V

Ô

Xj Xi Xj

(6.228)

La résolution du système d'équations 6.228 conduit aux trois moments d'ordre 1 div,

c'est-à-dfre aux composantes du flux radiatif d<piv, et par intégration des trois équations

6.227 à M~O), moment d'ordre 0, ou à la densité volumique d'énergie radiative,

si des conditions aux limites ont été définies. Compte tenu de l'équation 6.215 on

obtient des relations entre dJv et A;~ et entre M~O) et A6~, qui conduisent à:

L~ = { M~ü) (r) + 3[d1v(r) sin B cos <p + d2v(r) sin B sin <p + d3v(r) cos B] }!4n (6.229)

La méthode P 1 est populaire dans la mesure où elle consiste à résoudre, pour chaque

intervalle spectral un système de trois équations aux dérivées partielles, ce qui s' apparente

aux méthodes de la mécanique des fluides. Néanmoins la troncature à l'ordre 1

est grossière, ce qui apparaît clairement dans les conditions aux limites radiatives du

système considéré.

Par exemple, le cas trivial d'une paroi noire ne peut être traité précisément par la

méthode P 1 (ni par P3) : comme la luminance du rayonnement partant est indépendante

de la luminance incidente, une forte discontinuité de L~ apparaît pour e = n/2,

qu'une base tronquée de fonctions ne peut prendre en compte. Il en va de même pour

une paroi de propriétés radiatives quelconques. En pratique, pour une paroi opaque,

la condition à la limite ne peut être imposée que globalement (contrainte molle), ce

qui conduit à des résultats erronés :

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c

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(6.230)

Si on utilise le développement 6.229 de L'! et L~ dans l'équation 6.230, on obtient la

condition aux limites effective, quel que soit l'axe Oxi considéré, valable en chaque

par01:

(6.231)

Les écarts constatés sont discutés notamment dans la référence [128]. On trouvera

une généralisation à la méthode P3 dans les références [110, 95]. En conclusion, les

méthodes Pn sont inadaptées au traitement des transferts pariétaux. Elles peuvent

être intéressantes pour traiter des problèmes en champ libre, y compris avec diffusion

de rayonnement.

256


PROPRIÉTÉS

RADIATIVES

DES MILIEUX

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L'objectif de ce chapitre est de donner des éléments de caractérisation des propriétés

radiatives de milieux denses et de gaz dans le domaine du rayonnement thermique

usuel. Une étude approfondie de ces propriétés dépasserait largement le cadre de cet

ouvrage et relève de la physique de l'état solide, de celle des liquides ou de la chimie

physique pour les gaz.

La diffusion est due à l'existence d'hétérogénéités volumiques de l'indice complexe

optique d'un milieu supposé continu ou, ce qui revient localement à une situation

du même type, à l'existence d'une interface entre deux milieux continus d' indices

différents, à l'exception du cas d'une interface plane, lisse et d'extension supposée

infinie entre deux milieux. Les exemples de milieux diffusants sont très divers :

assemblée de particules, homogènes ou non, dans un fluide issu d'une combustion

ou un fluide atmosphérique; assemblée de bulles issues d'un phénomène de dégazage

dans un bain verrier ou métallurgique; mousses apparaissant sur ces mêmes

bains; isolants fibreux (laines de verre et de roche, etc.); milieux poreux compacts

ou constitués d'empilements de grains (réfractaires, protections thermiques des engins

spatiaux, céramiques catalytiques, pigments de peinture dans une matrice; etc.).

Les propriétés radiatives de matériaux denses sont abordées dans le paragraphe 7 .1.

Le cas idéal d'un matériau homogène limité par une interface plane, optiquement

lisse, infiniment étendue, est abordé dans le paragraphe 7 .1 .1. Le paragraphe 7 .1.2

traite des propriétés radiatives (absorption, émission, diffusion) associées à une assemblée

de particules. Les propriétés de matériaux réels, éventuellement hétérogènes,

éventuellement poreux à l'état de surface rugueux, sont discutées dans le paragraphe

7.1.3 .

Les propriétés radiatives des gaz sont abordées dans le paragraphe 7 .2. La spécificité

essentielle du rayonnement des gaz réside dans l'existence d'une structure de

raies d'origine quantique, qui engendre des phénomènes de corrélations spectrales

entre émission, transmission et absorption d'un rayonnement que les modèles doivent

impérativement prendre en compte pour calculer des flux macroscopiques.

257


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

7.1 PROPRIÉTÉS RADIATIVES DES MILIEUX

DENSES

7.1.1 Milieux denses non diffusants dans des conditions

de laboratoire

Par conditions de laboratoire 1 , il faut entendre que le matériau est homogène, isotrope,

de composition chimique parfaitement définie et que la surface de séparation

avec le milieu extérieur est optiquement lisse, c'est-à-dire que les aspérités de cette

surface sont très inférieures à ÀcarflO (fenêtres et lentilles en fluorine ou saphir ou

en KCl, miroirs, bons conducteurs thermjques recouverts d' un dépôt d'or, utilisés en

optique infrarouge ou visible ... ). Le milieu n'est pas diffusant dans la masse, ce qui

découle de l'homogénéité, ni en surface (interface plane, optiquement lisse, infiniment

étendue). De telles conditions sont exceptionnellement rencontrées par l'ingénieur;

elles permettent néanmoins de dégager l'influence de grandeurs physiques sur

les propriétés radiatives.

Dans les conditions idéales précédentes, on considère qu' une onde plane incidente,

de fréquence v, se propage dans des milieux continus, isotropes et non diffusants, qui

présentent une discontinuité des propriétés physiques à leurs frontières, et on utilise

le formalisme des équations de Maxwell [11 ]. Le milieu est caractérisé par un indice

complexe:

nv = nv + }Xv (7.1)

où nv et x v désignent respectivement les indices réel et d'extinction du matériau. Une

onde plane est caractérisée, notamment, par un champ électrique, perpendiculaire au

vecteur unitaire u de la direction de propagation, d'amplitude E :

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u

E = E 0 exp[-2njv(t - nvu.r/c 0 )]

= E 0 exp(-2nvxvu.r/c 0 ) exp[-j(2nvt - k' .r)]

(7.2)

où k', égal à (2nnv v/ c 0 ) u, est la partie réelle du vecteur d'onde. Le flux surfacique

'Pv associé à cette onde est le flux du vecteur de Poynting. On a donc :

(7.3)

Pour ce milieu semi-transparent homogène et non diffusant, le coefficient monochromatique

d'absorption Kv introduit par la relation 6.8 est obtenu par identification avec

l'équation 7.3 :

Kv = 4nvxv(v)fco = ze-l (7.4)

1. Tous les développements qui suivent sont valables en champ lointain : distance à l' interface grande

devant la longueur d'onde. Dans le cas contraire, des phénomènes spécifiques de champ proche, liés

à l'existence d'ondes évanescentes non propagatives, peuvent apparaître et modifier drastiquement les

résultats : voir par exemple les références [18, 126]

258


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

où l~

représente la profondeur de pénétration de l'onde dans le corps opaque (longueur

d'absorption). Elle est de 6,3 nm dans le cas du cuivre pour Ào = c 0 /v = lµm.

a) Lois de Fresnel

Soit une onde électromagnétique monochromatique plane (figure 7.1) se propageant

initialement dans un milieu d'indice 1, incidente sur un milieu homogène d'indice

complexe n 2 , non magnétique(µ = 1) dans la direction u 1 . La normale à l'interface

est n. Les équations de Maxwell permettent de calculer les réflectivités et r~.L <11

des composantes du champ électrique E polarisées, d' une part parallèlement au plan

d'incidence défini par u 1 et n et, d'autre pait, perpendiculairement au plan d'incidence

[ 11] :

(7.5)

où k 1 z et k2z sont les projections sur Oz des vecteurs d'onde complexes k j = kj + jk'j

dans les milieux 1 et 2 ; soit, si 0 1 est l' angle d' incidence :

... 2 . 2 )1/2

Jm(kjz) > 0 ; kjz = w/co ( nj - sm B1 (7.6)

Les expressions des réflectivités énergétiques polarisées s'en déduisent :

Pvll

'

= 2

1

rvll

' 1 P ' v.L = 1 rv.L ' 1 2

(7.7)

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0

9

Les compléments à 1 de ces réflectivités sont les t:ransmittivités énergétiques polarisées

de l'interface r~

11

et r~ .L . Dans le cas où le matériau est opaque, ce sont les

absorptivités œ~ 11

et œ~.L du matériau (absorption dans les couches superficielles).

Milieu

d'indice

n1 I

Milieu

/\

d'indice n 2

0 .••

' . X

plan

d'incidence

Figure 7.1- Interface lisse entre milieux homogènes.

259


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

b) Caractère directionnel des propriétés radiatives

Il apparaît sur les relations 7.5 et 7.6 que la réflexion modifie en général l'état de

polarisation d' un rayonnement incident. Dans les deux cas limites angulaires la polarisation

n'est cependant pas modifiée. Pour une incidence rasante (B 1 = rr/2), p~

11

et

p~.J.. valent 1. Pour une incidence nulle (8 1 = 0), le plan de polarisation se réduit à la

normale n et les deux réflectivités tendent vers :

p~(O) = [(nv - 1) 2 + Xv]/[(nv + 1) 2 +X~ ] (7.8)

p~ 11

et p~.J.. sont stationnaires en fonction de e 1 au voisinage de e 1 = 0 (figure 7.2).

1

réflectivité

0,8 Il I 112

0,6 a)

0,./

110 11 po/arisee

0,-

0

oo 30°

I

réflectivité

0,8

0.6

0,./

O,_

" 1 11 2

0

oo

réflexion

rorale

b)

90°

Figure 7.2 - Allures des réflectivités énergétiques polarisées d'un diélectrique:

a) réflexion externe, b) réflexion interne.

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u

c) Paradoxe de l'absorption pour des corps opaques

La réflectivité non polarisée p~ est égale à (p~J.. + p~ )!2.

11

L'émissivité s~ et l'absorptivité

œ~ sont donc, pour B1 = 0, stationnaires :

œ~(O) = E~(O) = 4n/[(nv + 1) 2 +X~] (7.9)

Des exemples de résultats sont donnés sur les figures 7.3 et 7.4.

On aboutit au paradoxe que l'absorptivité œ~ du corps opaque est d'autant plus

grande, à nv fixé, que Xv est plus faible! Le cuivre, caractérisé à 5 ~tm par une profondeur

de pénétrati.on de 30 nm est, une fois poli, un excellent miroir. Une plaque

de verre caractérisée par une profondeur de pénétration à 5 µm de 1' ordre de l mm

est, par contre, presque entièrement absorbante : œ~(O) ::::::: 0,95. Tout le rayonnement

transmis à travers la première interface est absorbé par une vitre de 4 mm d'épaisseur.

La profondeur de pénétration ze, grande devant la longueur d'onde, est petite à

l'échelle d'une vitre. L'interprétation de ces phénomènes, apparemment paradoxaux,

est simple : pour qu' un rayonnement soit absorbé, il est nécessaire qu'il pénètre profondément

à l'intérieur du milieu; or pour des valeurs de Xv importantes le milieu

est réfléchissant : la profondeur de pénétration ze est très faible. L'absorption est un

phénomène volumique dans le milieu.

260


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

I

0, 8 t-----f-f--./-_j

0.6

réflectivité p ;

0 ,.1

1

O,_

0

oo 60°

0

90°

1

0,8

0.6

0

Figure 7.3 - Allures des réflectivités non

polarisées de métaux à 300 K et

10 ~tm [ 143): a) or; b) platine; c) plomb;

d) nickel-chrome; e) graphite (2 300 K).

Figure 7.4 - Émissivité non polarisée

d'un matériau vitreux en fonction du

rapport n 2 /n 1 : a) 5; b) 3; c) 1,5.

7.1.2 Propriétés radiatives d'une assemblée de particules

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Nous nous linùtons à traiter les phénomènes d'absorption, d'énùssion et de diffusion

par des particules, essentiellement sphériques et homogènes, en ne tenant pas compte

des effets de polarisation, ni des phénomènes de diffusion dépendante. Le cas traité

est néanmoins applicable à un nombre considérable d'applications industrielles et en

sciences de l'univers (gouttes, suies, particules ablatées, aérosols, planètes et même

molécules de l'atmosphère).

L'objectif est d'exprimer pour une assemblée de particules parfaitement caractérisées

les coefficients d'absorption Kv, de diffusion CTv et la fonction de phase de diffusion

Pv· La démarche consiste à considérer d'abord l'interaction en champ lointain

entre une particule et une onde plane monochromatique, puis à généraliser l'étude

à une assemblée de particules. Les résultats classiques de la théorie de Mie relatifs

à des particules sphériques homogènes seront présentés, mais le formalisme introduit

se généralise à toutes autres formes de particules. Il s'agit, dans tous les cas,

de résoudre les équations de Maxwell avec leurs conditions aux limites. Les particules

sont caractérisées par un indice complexe ftv, une forme, non nécessairement

sphérique (par exemple cylindres infinis, agglomérats ayant une certaine dimension

fractale, ... ), une taille s, ou une distribution de tailles P(s), un nombre de particules

par unité de volume q, ou une fraction volunùque fv·

a) Interaction entre une particule et une onde plane incidente

Une onde plane monochromatique incidente se propageant dans un nùlieu d'indice

supposé réel nmv(Smvi µmv) est définie par les champs électrique et magnétique:

E; = Eo exp[j(k · r - 2nvt)] Hi= Ho exp[j(k · r - 2nvt)] (7.10)

261


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

Cette onde va être en partie diffusée par la pa1ticule. Dans le cas de 1 'onde plane

.incidente le flux surfacique associé <fJiv est, compte tenu des relations entre E 0 et Ho :

(7.11)

L'interaction particule-onde est solution des équations de Maxwell, respectant la

continuité des composantes tangentielles à la surface de la particule :

(E - Ein1) /\ Dext = 0 (H - H int)/\ Dext = Ü (7.12)

où Eint et H;nr sont les champs intérieurs et E et H les champs extérieurs à la particule,

écrits sous la forme :

E =Et+ Ed (7.1 3)

Le flux radiatif cf; à travers une surface de normale extérieure n est donné par le flux

du vecteur de Poynting P :

P v = Re < E /\ H* > /2 '1>v = LPv·ndS (7.14)

Les champs Ed et Hct, appelés champs diffusés, sont considérés à une distance r

grande par rapport à la taille caractéristique a de la particule (figure 7 .5). Ils ont des

structures d'ondes sphériques [10] : par exemple, pour le champ électrique :

Ed,...., [} exp(jkr)/kr]T(B,<p) e-.i<JJt (7.15)

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u

Figure 7.5 - Diffusion en champ lointain; le plan de figure est celui de diffusion: u est

confondue avec la normale extérieure à la sphère next·

L'amplitude complexe de l'onde diffusée T, dépendant de la direction, s'exprime,

après résolution des équations de Maxwell, linéairement en fonction des composantes

de Eo. Le vecteur de Poynting associé à l'onde globale s'écrit en champ lointain:

(7.16)

où Piv et P dv désignent les vecteurs de Poynting des ondes incidentes et diffusées. Le

dernier terme de l'équation 7.16, noté P exiv, est associé à l'extinction de rayonnement.

262


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

En effet, le flux de P v à travers une sphère .E, de rayon r grand devant a, et de normale

externe u conduit à 2 :

-L L L

P extv · udS = - P v · udS + P c1v · udS (7.17)

Le premier terme du second membre est la puissance absorbée par la particule <Pav.

le second la puissance diffusée <Pc1v· Le premier membre représente la puissance du

rayonnement éteint :

<Pextv = <Pav + <Pc1v (7.18)

Les phénomènes d'absorption, de diffusion et d'extinction sont caractérisés par des

sections efficaces totales, homogènes à des surfaces Cav. C c1v et C exrv :

(7.19)

avec:

C extv = C av + C c1v (7.20)

Les efficacités radiatives con-espondantes sont obtenues en adimensionnant les sections

efficaces par S P• surface apparente de la particule dans la direction d'incidence:

Q av = C av/S p 1 (7.21)

Le flux diffusé dans l'angle solide d.Q autour de la direction u est :

(7.22)

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où P dv·U représente la luminance L~v du rayonnement diffusé à la distancer, proportionnelle

à r - 2 d'après les équations 7.14 et 7.15. La fonction de phase de diffusion,

introduite dans le paragraphe 6.2.3, est liée à la probabilité pour un rayonnement

incident dans la direction uo d'être diffusé dans la direction u :

(7.23)

D' une manière générale (voir figure 7.5), il faut prendre en compte les phénomènes

de polarisation. Une approche très générale de la polarisation repose sur le vecteur de

Stokes à 4 composantes [25].

2. Le flux associé à l'onde incidente uniforme à travers la sphère est nul.

263


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

b) Cas d'une assemblée de particules

Nous nous plaçons dans l' hypothèse dite de d~fjusion indépendante, c'est-à-dire que

nous considérons qu'en champ lointain les effets d'interférence entre les rayonnements

issus de la même onde plane et diffusés par deux particules sont négligeables,

ainsi que les simples effets d'écrans en milieu optiquement mince. Ces hypothèses se

justifient intuitivement pour des particules diluées dans le milieu de propagation. En

pratique, les phénomènes de diffusion dépendante n'apparaissent que pour des fractions

volumiques de particules extrêmement élevées ; un critère est donné dans [13] :

la distance interparticulaire doit être de l'ordre de grandeur de la taille des particules.

On rencontre ce type de situations dans des brouillards très denses, par exemple, ou

dans des lits fluidisés (Singh et Kaviany, 1992).

Sous l'hypothèse de diffusion indépendante, les effets d'absorption et de diffusion

par les différentes particules sont additifs, dans la limite où le milieu est optiquement

mince à l'échelle de l'élément de volume élémentaire auquel on se propose d'affecter

des coefficients volumiques d'absorption Kv ou de diffusion cr v · Dans ces conditions,

pour q particules de même nature par unité de volume, caractérisées par la fonction

de distribution P(s) de la taille s, il vient 3 :

L00

Kv = q Cav(s,v, .. .)P(s)ds

L00

cr, = q Cdv(s,v, .. .)P(s)ds

(7.24)

f3v = Kv + CFv

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u

et pour la fonction de phase globale, qui se rappo1te à la section efficace de diffusion

globale :

L00

<TvPv = q p,(s, . ..)Cdv(S, v)P(s)ds (7.25)

c) Propriétés de particules sphériques homogènes

L'application du modèle précédent à des particules sphériques est appelée théorie de

Mie. La solution dépend de deux paramètres [10]. D' une pait, le paramètre optique :

m(v) = (nv + .iXv)/nm(v) (7.26)

est le rapport des indices. D 'autre part, le paramètre de taille est défini par :

x = 2nnm.R/Ào (7.27)

où ilo est la longueur d'onde dans le vide.

3. Démonstration : on pose q = dN/dV ; KvL: dvdQdV = Kv<,O;vdV = dN J;' if>av(s,v, .. . )P(s)ds.

264


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

Dans le cas général, Q av, Qc1v et Pv s'expriment à paitir des fonctions de Bessel et

de Hankel sphériques; il n'est pas utile de mentionner ici ces expressions analytiques

quelque peu rébarbatives. On trouvera dans (Bohren et Huffman, 1983) des logiciels

de calcul. Deux cas limites sont particulièrement intéressants : celui des particules

grandes par rapport à la longueur d'onde du rayonnement considéré et celui des petites

paiticules :

• Les grandes particules sont définies par:

À cette limite, l'efficacité d'extinction tend vers 2:

X>> 1 et x(m - 1) >> 1 (7.28)

(7.29)

De plus, le phénomène de diffusion s'analyse en un phénomène de d~ff'raction tel

que:

C diffraction = 7r R 2 et Q c1if.fraction = 1 (7.30)

et des phénomènes de réflexion et de transmission 4 notés rt, tel que :

Q c1v = Q dif.fraction v + Q rt v et c dv = c dijf raCtiOn V + c rt V (7.31)

La réflexion est considérée au sens de l'optique géométrique, point de vue qui se

justifie dans la mesure où la taille de la particule est grande devant la longueur

d'onde. Le phénomène de transmission se produit après deux réfractions du rayonnement

et un nombre plus ou moins grand de réflexions internes, dans le cas où la

particule peut être considérée comme semi-transparente. Il vient donc la relation :

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ou C av + Crrv = nR 2 (7.32)

La section efficace de diffraction, qui ne peut s'expliquer que du point de vue ondulatoire

de 1' optique physique, est égale à la section effi cace évidente associée aux

autres phénomènes qui conduisent à l'extinction : absorption, réflexion et transmission

dans une autre direction que la direction d'incidence. Ce résultat, surprenant à

première vue, s'obtient à partir du théorème de Babinet [11]. La diffraction correspond,

en pratique, dans le cas de très grandes particules, à un infime changement

de direction du rayonnement incident.

Compte tenu de 7.24, 7.25 et 7.29, il apparaît que, dans la limite des grandes particules,

le coefficient d'extinction global f3 associé à un ensemble de particules est

4. Dans le cas d'une particule opaque, le phénomène de transmission disparaît et il vient :

Q dv = Q di.lfrac1io11 + Q,. et C dv = C diffrac1io11 + C,.

265


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

indépendant de la longueur d'onde : les grandes paiticules peuvent être considérées

comme grises, pour l'extinction, tant que x et x(m - 1) >> 1, c'est-à-dire que

À est petit. De plus, si les particules sont non absorbantes (Qa = 0), le coefficient

de diffusion global est gris (Cd = 2rrR 2 ). Ce cas est pratiquement celui des nuages,

constitués de gouttelettes d'eau, qui diffusent essentiellement le rayonnement visible.

Si les particules individuelles sont considérées comme grises (Ca indépendant

de À, Cc1 = 2rrR 2 - Ca), les coefficients d'absorption et de diffusion globaux

sont indépendants de À.

• Les petites particules sont définies par :

Qav = 4xlm

x = 2rrnmR/ Ào << 1 lm- li<< 1 (7.33)

m 2 -

( 2

Il

m + 1

8

2 1 2

4 m -

Qdv = 3x m2 + 1

où lm signifie paitie imaginaire d' un nombre complexe, et:

(7.34)

Pv = 3/4(1 + cos 2 8) (7.35)

Ce cas limite de la théorie de Mie est souvent appelé diffusion Rayleigh.

Du point de vue de l'absorption, Q av1 Cavet donc Kv pour une assemblée de paiticules

sont inversement propo1tionnels à À (propo1tionnels à v). Après introduction

de la fraction volumique en particules fv :

J,, = f (4/3)rrR 3 qP(R)dR, (7.36)

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il vient, à partir de 7.24, 7.33 et 7.34 :

KA = 6rrlm[(m 2 - l)/(m 2 + l.)]nmfv/À = Afv/À (7.37)

Il sort de cette relation que l'effet des petites paiticules (absorption et émission)

est pour une source à très haute température (3 000 K) important dans le domaine

spectral [0,5-2 ~Lm] ou [5 000-20 000 cm- 1 ] qui est un domaine de relative transparence

des gaz de combustion, tandis que l'effet de ces gaz est important en deça

de 5 000 cm- 1 , à cause de la localisation spectrale des bandes d'absorption.

266

Du point de vue de la diffusion, Qdv et C dv sont proportionnels à x 4 ; la diffusion

est donc généralement négligeable devant l'absorption, si le milieu est absorbant.

Cependant, dans les applications métrologiques (diffusion Rayleigh) ou pour


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

1' atmosphère 5 ce phénomène est impo1tant. Qc1v et Cc1v sont alors propo1tionnels à

v 4 (ou ,t- 4 ).

Il peut être intéressant de comparer pour une masse donnée de particules par unité

de volume du mélange fluide-particules Cm l'absorption par des petites particules et

par des grandes particules. On obtient pour des petites particules :

(7.38)

où Pp est la masse volumique intrinsèque des paiticules. Par exemple, dans le cas de

suies (Dalzell et Sarofim, 1969 , Buckius et Tien, 1977) :

A~ 5,5 (à 1,5 près KA. en m- 1 et À en m) (7.39)

Pour de grandes particules, de rayon Rr:l' on obtient :

KJ = Qai. (nR~)(cmf Pp)/(4/3nR~) = 3/4Qa, 1 (cmf Pp)/Rg (7.40)

Dans cette expression, l'efficacité d'absorption QaA est bornée pai· 1. Dans les conditions

de calcul considérées, les petites particules sont donc beaucoup plus absorbantes

que les grandes, dans la mesure où: À<< R 9

.

Les figures 7.6 et 7.7 représentent différents exemples d'efficacité d'extinction Qe,

d'absorption Qa et de diffusion non polarisée Qc1, de paramètre d'asymétrie g, de

fonction de phase non polarisée pv(B) et de fonction de phase cumulée P v(B) pour des

paiticules d'alumine d'un propergol. Les oscillations à hautes fréquences sont dues

à des effets d'interférences entre les trajets internes et externes aux particules. Ces

effets sont lissés et disparaissent en pratique, dès lors qu'on considère une dispersion

de la distribution des tailles. Sur la figure 7.7 il apparaît que les fonctions de phase

des grandes paiticules sont très pointues vers l'avant.

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7.1.3 Matériaux réels

Les matériaux rencontrés dans des conditions industrielles sont très loin de vérifier

les différentes hypothèses du paragraphe 7 .1.1 qui a trait à des conditions de laboratoire.

Un matériau usuel, même quasiment homogène en volume, est en effet souvent

caractérisé à la fois par une composition très hétérogène dans ses couches superficielles,

vai·iable dans le temps, et un état de surface rugueux susceptible d'engendrer

des phénomènes de diffusion.

5. Ce phénomène de diffusion explique la couleur bleue du ciel. Dans une direction qui n'est pas directement

celle du soleil, le rayonnement visible reçu par un observateur est à la fois proportionnel à

,t- 4 et grossièrement à la luminance L~ (5 700 K), qui est celle du corps noir à la température équivalente

du rayonnement issu du soleil. De ce fait, pour la partie visible du spectre [0,4 à 8 µm], les

rayonnements bleus sont privilégiés. Inversement, lors d'un coucher de soleil , le ciel est rouge dans la

direction du soleil. L'observateur voit, après une traversée oblique de l'atmosphère, qui augmente son

épaisseur optique, un rayonnement privé de ses composantes spectrales diffusées : ce rayonnement est

donc principalement rouge.

267


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

Q.

4.0

2.0

o.o 0

6.0

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4.0

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0. 10

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0.8

0.6

0.4

0.2

0.0

8

Figure 7.6 - Efficacités d'extinction, d'absorption et de diffusion, et paramètre

d'asymétrie G en fonction du paramètre de taille x: alumine liquide; T = 3 000 K;

R = 0,5 ~·m; calculs de (Duval, 2002) à partir de données de la référence [40).

a) Paramètres modifiant les propriétés radiatives des matériaux

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>- Le caractère diffusant du matériau

Un matériau diffusant en volume du fait de l'hétérogénéité peut souvent être analysé

comme un milieu semi-transparent continu. Un modèle simple d'un tel matériau,

poreux, a été proposé dans le paragraphe 6.3. Une bibliographie sur une modélisation

avancée récente des matériaux poreux est brièvement commentée dans le paragraphe

7.1.3c .

Si la profondeur de pénétration du rayonnement est faible, à l'échelle macroscopique

dans le milieu, celui-ci peut, en première approximation, être cons.idéré comme

un corps opaque dont la réfl exion, due notamment à des phénomènes de rétrodiffusion

volumique, s'écarte fortement des lois de Fresnel, avec une indicatrice pouvant

tendre vers l'isotropie. C'est le cas de nombreuses céramiques et de réfractaires.

>- La composition superficielle du matériau

Pour un corps opaque par exemple, la profondeur de pénétration du rayonnement

est faible à 1 'échelle macroscopique : quelques nm à quelques dizaines de nm pour

les métaux, suivant la fréquence du rayonnement considéré. Seules les couches les

268


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

h)

1e+02

0. 1

0.01

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0.01 0.0001

0 100 150 0 50 100 150

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ù)

0.8

0.6

0.4

0 50 100 150

Il

0.2

0.0

Figure 7.7- Fonction de phase non polarisée d'une assemblée de particules en

fonction du paramètre de taille x: alumine liquide; T = 3000 K; a) R = 0,5 µm; <J = R/10;

b) R = 40 µm; <J = R/10 et fonction de phase cumulée: c) R = 0,5 µm; <J = R/1 O;

d) R = 40 µm; <J = R/l 0; calculs de (Duval, 2002) à partir de données de de la

référence [40).

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plus superficielles du matériau sont à prendre en compte pour caractériser les propriétés

radiatives. Or, ces couches sont précisément celles qui sont le plus soumises

aux effets d'un environnement agressif: oxydation, corrosion, encrassement, défauts

superficiels de structure, etc. De ce fait, ce ne sont plus les propriétés physiques (intrinsèques)

du matériau qui interviennent mais celles de la surface du matériau dans

un environnement donné, compte-tenu également de son histoire. Un matériau défini

va, par exemple, en fonction de cette histoire se couvrir d' une couche constituée d' un

mélange d'oxydes divers de composition et d'épaisseur variables. Un cas frappant est

l'évolution des propriétés radiatives d' un corps réputé inoxydable, un acier spécial

du type inconel, en fonction de la couche très mince d'oxydes déposée (figure 7.8).

L'appelation inoxydable signifie ici que la couche d'oxyde est stable et protège les

couches profondes du matériau; si les propriétés mécaniques de celui-ci ne sont pas

modifiées, ses propriétés radiatives le sont fortement.

>- L'état de surface d'un matériau

Il est souvent rugueux ou granuleux (oxydation) dans les conditions usuelles d' utilisation.

La surface d' un corps peut aussi avoir subi des traitements qui vont considé-

269


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

I

s'

T(K)

0~~~~~~~~~~~--

600 1200

Figure 7.8- Émissivité totale de l'inconel en fonction de l'état de surface, adapté de

Touloukian et De Witt [ 139).

rablement affecter ses propriétés radiatives (grenaillage, sablage, microbillage, rainurage,

etc. : voir la figure 7.8 pour le sablage). Rappelons, à ce stade, qu'une surface

optiquement lisse, une des conditions requise dans le paragraphe 7 .1.1, présente des

aspérités très inférieures à A/10, c'est-à-dire à 1 µm pour une source à 300 K et à

0,2 ~Lm pour une source à 1500 K. L'influence de la dégradation de l'état de surface,

d'un métal poli à un métal rugueux, est évidente sur la figure 7.9 relative au

cuivre. La réflexion devient de moins en moins spéculaire au fur et à mesure que la

rugosité du matériau croît. Les rayonnements qui ne sont pas réfléchis dans la direction

prédite par les lois de Descartes le sont progressivement dans toutes les autres

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Figure 7.9- Émissivité spectrale du cuivre en fonction de l'état de surface, adapté de

Touloukian et De Witt [ 139).

270


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

directions, ce qui a pour effet d'augmenter l'absorption par le matériau par effet de

cavité. Il est possible de passer de façon continue, en fonction de la rugosité, d' une

réflexion spéculaire (cas optiquement lisse) à une réflexion quasiment isotrope (cas

où les orientations des éléments de surface sont aléatoires).

La rugosité d' un matériau peut aussi être artificiellement contrôlée : augmentation

de l'absorptivité par effet de cavité, modification de l'indicatrice de diffusion

par rainurage, technique de sablage, microbillage, etc. Une étude systématique de la

rugosité naturelle ou contrôlée est développée par Beck.man et Spizzichino [3] par

exemple.

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b) Obtention de propriétés radiatives réalistes de matériaux

opaques

Il serait vain d'essayer de prédire par un modèle les propriétés radiatives de matériaux

considérés dans des conditions usuelles, car le nombre de paramètres physiques locaux

à prendre en compte (nature et proportions des divers oxydes, rugosité, diffusion

d'espèces, etc.) rend toute investigation illusoire. Il reste alors à faire des approximations

réalistes.

La première approximation usuelle a trait au caractère directionnel des propriétés

radiatives. Sauf dans les cas particuliers où une source ponctuelle intervient dans

l'étude, il est le plus souvent suffisant dans les problèmes de transfert de considérer

que les propriétés radiatives (émissivité, absorptivité, réflectivité voire transmittivité)

sont isotropes. Deux justifications peuvent être données à cette hypothèse. Même

pour une inte1f ace optiquement lisse œ~ et s~ sont largement indépendants de la direction

de 0 à 60° (paragraphe 7.1.1). En termes de flux , le rôle des directions appartenant

à l' intervalle [60° , 90°] est fortement minimisé par la présence du facteur

cos B dans l'expression de ce flux. Quand on passe à des matériaux réels, la réflectivité

tend à devenir, au moins partiellement isotrope, à cause de l' état de surface ou à

cause d'éventuelles propriétés diffus antes du matériau.

Dans ces conditions, on considérera le plus souvent les propriétés radiatives des

matériaux isotropes pour les problèmes de transfert :

é:v = Œv = l - P v (7.41)

Notons que la réflectivité est alors considérée comme indépendante à la fois de

l'angle d'incidence et de l'angle d' émergence. Une exception notable est le cas de

matériaux vitreux, en particulier dans des géométries monodimensionnelles planes,

pour lesquels il faut souvent prendre en compte les lois de Fresnel, voire les phénomènes

de polarisation.

Une approximation plus élaborée consiste, pour des matériaux dont les pentes locales

de la surface sont faibles, à considérer la réflectivité associée à un rayonnement

271


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

incident directionnel, de vecteur unitaire ui et d' angle e avec la normale :

(7.42)

comme la somme d' une composante diffuse p:so et d' une composante spéculaire

p~spec . Cette dernière est déduite des lois de Fresnel en utilisant l' approximation de

Kirchhoff [3, 102]. La composante diffuse se déduit de l'absorptivité directionnelle,

mesurable par ailleurs, à partir de la relation en réflectivités directionnelles :

(7.43)

où k et ô désignent le nombre d' onde et la rugosité de la surface.

Les propriétés radiatives de matériaux usuels dépendent par contre fortement de la

fréquence ou de la longueur d'onde. Deux méthodes sont envisageables pour déterminer

cette dépendance :

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u

• estimer ces propriétés par rapport à des conditions de référence tenant compte du

traitement de surface et de l'historique du matériau (chauffage à une température

donnée, pendant N heures ... ) à partir de la mine de données constituée par la série

[139, 140] par exemple. On peut prédire de cette façon les propriétés radiatives

monochromatiques de nombreux corps courants avec une précision de 10 %, dans

le meilleur des cas ;

• mesurer ces propriétés sur des échantillons pour diverses températures et longueurs

d'onde ou même dans certains cas recourir à la mesure in situ.

Enfin, il est souvent possible d' admettre, en dehors des zones spectrales où l'absorption

sélective par un isolant est importante et des zones où l' absorption continue

par un métal est dominante, que le corps se comp01te comme une substance grise

dans un ce1tain domaine spectral (cas d' une vitre en verre). Une modélisation correcte

consiste souvent à considérer des corps gris par bandes discrètes. Le nombre

de bandes est évidemment à optimiser en fonction de la précision souhaitée et du

volume jugé acceptable des calculs. Notons, par exemple, que les métaux, même les

aciers inoxydables protégés par une couche d' oxyde suffisante, peuvent souvent être

considérés dans l'infrarouge comme gris, avec une émissivité voisine de 0,8 à 10 %

près environ.

272

c) Modèles statistiques avancés de milieux poreux

La plupart des modèles de milieux poreux reposaient jusqu'en 2002 sur des techniques

d'identification de paramètres à partir d' un ensemble de données expérimentales

macroscopiques. Ces techniques présentent une validité limitée du fait du grand


7.1. Propriétés radiatives des milieux denses

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nombre de paramètres à optimiser. D' autre part, elles reposent généralement sur un

forçage des lois physiques. Une autre approche [34, 88, 87] consiste à appliquer aux

équations de transfert radiatif les techniques déterministes de prise de moyenne volumique

de Whitaker et Quintard [154], qui trouvent leur pleine justification en mécanique

des milieux continus.

Une méthode statistique plus générale, qui repose non seulement sur les valeurs

moyennes mais aussi sur l'ensemble des moments, permet de caractériser exhaustivement

les propriétés radiatives d'un matériaux poreux à partir des fonctions de

distribution des cordes. Ces fonctions de distribution caractérisent déjà parfaitement

la morphologie d'un milieu poreux [138] et sont obtenues généralement à partir

d'images tridimensionnelles à haute résolution spatiale, issues de tomographies X

ou y. L' idée clé est que pour un milieu poreux avec une phase opaque et une phase

transparente, la fonction de distribution cumulée d'extinction Gext de la phase homogénéisée

de propagation, complément à 1 de la transmittivité directionnelle, est

simplement la fonction de distribution cumulée des cordes [134]. Quand une phase

homogénéisée suit la loi de Beer, Gexr(s), égale à 1 - exp(- ,Bs), est caractérisée par

le seul coefficient d'extinction ,B. La méthode, dite RDFI [134, 156] permet alors de

valider le caractère Beerien ou non Beerien d' une phase homogénéisée et de déterminer,

dans la première hypothèse, le coefficient d'extinction et plus généralement,

à partir des lois locales de réflexion des parois opaques, les coefficients d'absorption

et de diffusion de la phase homogénéisée. Il est remarquable que dans cette approche

la fonction de phase de diffusion du milieu poreux est directement déterminée sans

aucune approximation, à partir de la connaissance des lois de réflexion à l'échelle

locale [134, 157, 9, 24]. Cette méthode a été également utilisée ensuite par d' autres

auteurs [105, 104, 57, 56, 58].

De nombreuses phases homogénéisées de milieux poreux, statistiquement anisotropes

ou même statistiquement isotropes de porosité intermédiaire, sont très loin

d'être caractérisées par une extinction exponentielle : voir l'exemple [24] de la figure

7 .1 O. Les propriétés radiatives d' un tel milieu poreux sont alors exhaustivement

caractérisées par la fonction de distribution cumulée d'extinction représentée sur la

figure, la probabilité cumulée de diffusion, la fonction de phase de diffusion et, si

la phase est statistiquement anisotrope, un indice optique directionnel effectif. Les

transferts radiatifs sont alors régis par une équation de transfert généralisée (GRTE

en Anglais), établie dans la référence [131], qui est résolue aussi facilement, par une

méthode statistique de Monte Carlo, que l'équation de transfert classique, dans la

mesure où elle est déjà fo1mulée en termes de fonctions de distribution.

Un fo1mali sme général de couplage entre transferts radiatifs et autres transferts

the1miques au sein d'un milieu poreux, incluant les couplages à échelle locale, a été

développé dans la référence [84].

2 73


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

2 4 6 8 10

f3re/s'-.s)

Figure 7.10 - Fonction de distribution cumulée d'extinction d'un ensemble de tubes

dégradés d'un cœur de réacteur nucléaire à eau sous pression [24) Gexr (s' - s,(J = TC/2,tp)

pour(}= TC/2 (plan de coupe radial) et différentes valeurs de l'azimuth 'P dans ce plan

(1,5° +, 16.5° x, 31,5° o, 43,5° o). En trait gras, fonction de distribution cumulée

d'extinction moyennée sur toutes les directions 'P· 1 - Gexr devrait être linéaire en

coordonnées logarithmique si le milieu suivait la loi de Beer sur l'extinction.

7.2 PROPRIÉTÉS RADIATIVES DES GAZ

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Seules les notions strictement utiles à la compréhension des transferts radiatifs dans

un milieu gazeux sont .introduites dans cette partie. Les bases physiques du rayonnement

des gaz (transitions, profils de raies, .intensités, etc.) ont été détailJées dans

un article de synthèse [133]. Certaines notions clés sont développées dans le paragraphe

10.2.3.

L'approche raie par raie, la plus générale, est esquissée dans le paragraphe 7 .2.1.

Le problème, crucial pour les gaz, des corrélations spectrales entre phénomènes

d'émfasion, de transmission et d'absorption est abordé dans le paragraphe 7.2.2. En

pratique, les modèles approchés adaptés aux transferts radiatifs peuvent être classés

en modèles de bandes, qui caractérisent les propriétés radiatives dans des bandes

spectrales discrètes, et en modèles globaux, fondés sur une fonction de distribution

cumulée du coefficient d'absorption sur tout le spectre. Parmi les modèles de bandes,

le modèle statistique à bandes étroites (MSBE) fait l'objet d'une attention particulière

dans le paragraphe 7 .2.3, dans la mesure où il présente un grand intérêt pédagogique

pour mettre en évidence aisément toutes les situations susceptibles d'être rencontrées.

Le modèle CK, compatible avec le traitement de la diffusion par des particules, est

274


7.2. Propriétés radiatives des gaz

abordé dans le paragraphe 7.2.4. Les modèles globaux, moins précis, dans le paragraphe

7.2.5. On trouvera une étude exhaustive de ces modèles, des comparaisons

de leurs performances dans différentes conditions et des critères de choix dans la

référence [133].

7.2.1 Approche raie par raie

Un spectre infrarouge (de 10 à 12 500 cm- 1 ) est constitué d'un ensemble de raies, qui

représentent chacune une transition entre deux niveaux quantiques d'énergie d'une

molécule (voir le paragraphe 10.2.3), généralement de vibration-rotation. L'ensemble

des raies associées aux transitions entre deux niveaux de vibration est appelé une

bande. 6

Un spectre, quelque soit son type, est observé pour des molécules présentant un

moment dipolaire électrique, soit pe1manent 7 (H20, HF, etc.), soit dû à une excitation

vibrationnelle par exemple (C02, H20, etc.).

Les spectres visibles (entre 12 500 et 25 000 cm- 1 ) et UV (au-delà de 25 000 cm- 1 )

présentent la même structure de raies de vibration-rotation mais couplant des états

électroniques moléculaires différents (N2, 0 2, C02, H20, OH, N, 0 et les ions associés,

etc.). Ils présentent aussi des continua d'absorption associés à des transitions

mettant en jeu un état moléculaire non lié. Ils apparaissent dans des milieux réactifs,

tels que les plasmas. Pour un spectre de raies d ' un mélange de gaz absorbants (H20,

C02, HF, CO, etc.), le coefficient d'absorption Kv, à la fréquence v, est la somme des

coefficients d'absorption individuels des raies i, notés Kiv :

Kv = (7.44)

consrituanrs absorbants

raie.si

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dans la mesure où les raies peuvent être considérées comme isolées. Cette approximation,

non générale, est discutée par Taine et Soufiani [133]. L'approche précédente,

appelée raie par raie, est rigoureuse si, pour toutes les conditions considérées (T,p,x,

etc.), les grandeurs physiques clés sont connues pour toutes les raies :

• les positions des centres des raies vi;

• les profils normalisés des raies Fi(v), tels que :

f F;(v) = 1 (7.45)

6. Cette bande (de vibration) ne doit pas être confondue avec la notion de bande spectrale associée à un

intervalle il v.

7. Les molécules polaires possèdent de ce fait une bande dite de rotation pure (couplant des états rotationnels

d'un même niveau vibrationnel, en particulier du niveau fondamental). Cette bande s'étend

d'une fréquence faible à quelques dizaines, centaines ou milliers de cm- 1 en fonction de la température.

La bande rotationnelle de H 2 0 permet le chauffage par microondes des aliments.

275


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

Ces profils dépendent de diverses causes d'élargissement [53, 133] : effet Doppler (lié

à l'observation du rayonnement dans un référentiel différent de celui de la molécule

qui l'émet ou l'absorbe) auquel est associé un profil gaussien caractérisé par une

demi-largeur à mi-hauteur 'YiD ; effet Lorentz ou des collisions, auquel est associé un

profil lorentzien, caractérisé par une demi-largeur à mi-hauteur 'YiL; effets couplés

Lorentz et Doppler, auxquels est associé un profil Voigt résultant de la convolution

des deux premiers profils, etc.

Dans les conditions thermiques usuelles (300 à 2 500 K, 1 atm), 'YiL est de l'ordre

de qq 10- 2 cm- 1 pour C02 et H20 et le profil est pratiquement lorentzien. À très basse

pression, YiL , proportionnel à la pression, est négligeable devant ym, indépendant de

la pression et de l'ordre de qq 10- 3 cm- 1 , à 300 K, pour les mêmes espèces : le profil

est pratiquement de type Doppler, sauf dans les ailes lointaines des raies. Dans des

conditions inte1médiaires, le profil est de type Voigt.

• les intensités des raies, dont deux définitions existent :

nS;(T) = f K;,dv

Kiv = nS i(T)Fi(v)

f xpS ;(T) = K;vdv [S; en cm- 2 atm- 1 ]

(gaz parfait)

(7.46)

(7.47)

(7.48)

(7.49)

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Dans ces expressions n, p et x représentent respectivement le nombre de molécules

absorbantes par unité de volume, la pression totale et la fraction molaire c01Tespondante.

Les intégrales dans 7.45 à 7.48 portent sur l'ensemble du profil de la raie utile,

soit sur un intervalle spectral extrêmement petit devant vi.

À titre d'exemple, dans l'approche raie par raie, il est nécessaire de considérer

environ 10 6 raies, d'intensités extrêmement différentes, pour caractériser un spectre

C02-H20 dans un milieu en combustion à 1 atm et 2 500 K. Comme la demi-largeur

typique à mi-hauteur d' une raie est 10- 2 cm- 1 , la résolution spectrale du calcul doit

être de l'ordre de 3 io- 3 cm 1 , ce qui nécessite de recourir à quelques 10 6 points

de discrétisation spectrale. Cette approche est prohibitive (sauf avec une méthode de

transfert de type Monte Carlo) si on envisage de l'appliquer à des transferts radiatifs

en géométrie complexe, en milieu hétérogène, compte tenu des discrétisations spatiales

et directionnelles nécessaires par ailleurs. Le recours à des modèles approchés

est, dans ces conditions, impératif. Néanmoins, l'approche raie par raie constitue un

modèle étalon, qui permet de valider dans toutes les conditions l'usage d' un modèle

approché. Des spectres raie par raie de C02 et H20 sont représentés sur les

figures 7.11, 7.12 et 7.13, à titre d'exemple. La dynamique spectrale est importante et

276


7.2. Propriétés radiatives des gaz

1.5 ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

1.0

oo 0 o -> 00°1

0.5

8:9

0.6

0.4

0.2

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0.4

0.3

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0.1

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0.10

0.05

0. OO l-+-.-+-+--1-+--+-+-+-+-<---"'illJlllll~•

4

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1950 2000 2050 2100 2150 2200 2250 2300 2350 2400 2450

v(cm. 1 )

Figure 7.11 - Spectre d'absorption de C0 2 , à haute résolution, calculé avec les données

EM2C, ECP. T = 3 000 K, p = 1 atm, Xc o 2

= 0,02, XN 2

= 0,98. Les quatre figures supérieures

sont relatives à des bandes de vibration identifiées ; la figure inférieure représente le

spectre global (communication de Ph. Rivière).

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1.5 ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

1.0

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0.15

0.10

0.05

0. OO IA-ll-A..\LlJ..4i.11.JU4!U\,.ii..il,.li..il,l!>M-1l.jll..l\..\l.A.l!IAJl./l.iW\Ajl.i!~8,!W\MllC!M1!!MilMMil!l!!!!~

4

2 fil' Vl"IN/ "l.~~·~1~r\N1 11.,., .,,f/J'l\}'

. ll, ~\J"l~lll.••VlJW 1 1lll'\! R WI

0 '---'~~~_,_~~~""--"'---'~~~_,_~~~""--"'---'~~~~

2300 2305 2310 2315 2320 2325

v(cm. 1 )

Figure 7.12 - Spectre d'absorption de C0 2 , à haute résolution, calculé avec les données

EM2C, ECP: détails. Même légende que pour la figure 7.11 (communication de Ph.

Rivière).

277


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

0.40 ~-------------------

0.30 000 -> 001

0.20

0.10

0.00 ~~AlUUll~ll.lllll~ll.ltJl.llllllli~

0.15

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0.05

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0.015

0.010

0.005

0.000 f----4-

0.6

0.4

0.2

0. 0 U.llWlllll-

3000 3200 3400 3800 4000 4200

Figure 7.13 - Spectre d'absorption de H 2 0, à haute résolution, calculé avec les données

EM2C, ECP. Même légende que pourla figure 7.11 (communication de Ph. Rivière).

la structure des raies apparait clairement. L'ensemble d'un spectre IR est représenté,

avec une résolution spectrale dégradée de 25 cm- 1 , sur la figure 7 .14a.

Les raies n'apparaissent plus. Seules les enveloppes d'un ensemble de bandes d'absorption

(bande : ensemble des raies associées à des transitions entre deux niveaux

de vibration) apparaissent à cette résolution.

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7.2.2 Les phénomène de corrélations spectrales

À ce stade, il est légitime de se demander si la structure spectrale complexe d'un

spectre gazeux doit être prise en compte, si on s'intéresse uniquement à des flux

et des puissances globaux, intégrés sur tout le spectre. En d'autres termes, quelle

résolution spectrale doit être considérée pour un tel calcul ?

Une première réponse est de considérer une résolution spectrale de calcul issue

d'un critère relatif aux variations de la luminance du rayonnement d'équilibre L~(T)

aux différentes températures considérées dans l'application. Si, sur un intervalle spectral

~v, les variations relatives de la luminance d'équilibre sont inférieures à une valeur

donnée, on pourra considérer cette luminance uniforme sur ~v. Un critère précis

sur la largeur de l'intervalle ~ v, centré en v 0 , est donné par :

v E [vo - ~v/2, vo + ~v/2]

(7.50)

278


-0.07

0.0 2000.0 4000.0 6000.0 8000.0

7.2. Propriétés radiatives des gaz

1.0

(a)

0.8

0.6

0.4

-- raie par raie

0.2

0.0 0.0 2000.0 4000.0 6000.0 8000.0

0.12

(b) -- MSBE

0.08

0.03

-0.02

-- - CK

-/

v (cm )

Figure 7.14 - Haut: Transmittivité d'un mélange anisotherme COi-H 2 0 (résolution de

2 5 cm- 1 ). Ti = 2 000 K, T2 = 500 K, p = 1 atm, '1 = 1 m, /2 = 1 m, XH 2

o = 0, 1, Xco 2

= 0, 1,

XN 2

= 0,8. Bas : écarts relatifs par rapport au calcul raie par raie. Modèles EM2C, ECP.

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Si on se limite à ces considérations, il paraît à première vue légitime d' utiliser au

sein d'intervalles de largeur ôv respectant ce critère, et donnés sur la figure 7.15,

des propriétés radiatives des gaz uniformes, comme pour les milieux denses. Cette

approche est physiquement fausse et susceptible de condu.ire à des résu1tats aberrants

tant qualitativement que quantitativement sur les flux globaux calculés. En effet, elle

néglige les corrélations spectrales au se.in du mi1ieu entre phénomènes d'émission,

de transmission et d'absorption, liées à la structure fine à haute résolution.

0

100

0 ..iooo 8000

Figure 7.1 5 - Valeur maximale de 6v en fonction du critère de précision€.

Un exemple cat.icatural permet de mettre en évidence l'importance de ce phénomène

de corrélations spectrales. Soit un intervalle spectral ôv dans lequel il existe

279


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

un certain nombre de raies d'absorption, grossièrement représentées par les créneaux

régulièrement espacés de la figure 7.16 (dites raies noires équivalentes). On s'intéresse

au flux d<P'~ v émis, dans ilv, par une colonne 1, de température T 1 , d'émissivité

monochromatique &~v et absorbé par une colonne jointive d'émissiv.ité &;v = a;v.

I

s =a

/v 2v

ôv' 6v' ôv'

Figure 7.16 - Système de raies noires considéré.

V

Soit:

--~v

d<P' 1 ( lvo+2 , , ) ôv

A= = - & 1 v& 2 vdv = = 1/4

L~ (T1 )did.Qilv ilv vo-~ ov + ov'

Ll.v

(7.51)

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Dans l'expression précédente, la luminance d'équilibre qui respecte le critère d'invariance

7.50 sur ilv a été extraite de l'intégrale. Ce calcul a tenu compte du fait que

l'absorption a lieu en des positions spectrales précises où le gaz émet et, corrélativement,

n'a pas lieu là où le gaz n'émet pas : ce sont les corrélations spectrales. Une

approche naYve consisterait à considérer des émjssivités (ou absorptivités) moyennées

sur ilv:

l

vo+M

-,-~v -,-~v 1 2 ' d

ê =a =- ê V

(7.52)

l v 2v AV Ll.v lv

u vo-2

et à se livrer à un calcul non c01rélé entre colonnes du flux considéré. Le résultat 7.51

deviendrait dans ces conditions : Ane = &~v ~v &;v~v = 1/16, et sous-estimerait quatre

fois le flux ! Si un spectre réel n'a pas l'allure caricaturale des créneaux choisis, il

n'en est guère éloigné, comme il apparaît sur les figures 7.11, à 7.13.

En conclusion, un calcul correct, même approché, des transferts dans un gaz doit

tenir compte du phénomène de corrélations spectrales d'origine quantique, même si

on ne s'intéresse qu'à un flux global (en wm- 2 ) . Toutes les méthodes qui recourent

à des modèles de gaz gris ou gaz gris par bandes, même spectralement étroites (box

models) reposent sur une erreur physique grossière et sont susceptibles de conduire

à des résultats aberrants quantitativement, et même qualitativement, sauf dans des

cas particuliers qui seront précisés ultérieurement. Comme l'approche raie par raie

est, à ce jour encore, prohibitive en volume et temps de calcul, en transferts 2D et

3D dans des systèmes complexes, il convient d'envisager des modèles approchés, qui

constituent des compromis entre temps de calcul et précision.

280


7.2. Propriétés radiatives des gaz

Il existe un grand nombre de modèles approchés de type modèles de bandes. Nous

nous limitons à aborder dans les paragraphes suivants le modèle statistique à bandes

étroites (paragraphe 7 .2.3) et le modèle CK, à fonction de distribution cumulée du

coefficient d'absorption sur une bande (paragraphe 7.2.4). Parmi les autres modèles

de bandes, il convient de mentionner le modèle dit d'Edwards [42, 43], modèle statistique

à bandes larges, qui fut très utilisé dans les années 70-80, dans la mesure

où il correspondait à un optimum vis à vis des moyens de calcul de l'époque. Nous

aborderons dans une deuxième phase des modèles globaux, fondés sur une fonction

de distribution cumulée du coefficient d'absorption sur tout le spectre: WSGG, SLW

et ADF (paragraphe 7 .2.5).

7.2.3 Modèle statistique à bandes étroites

Le modèle statistique à bandes étroites vise à représenter les propriétés radiatives des

gaz sur des intervalles spectraux, typiquement de 5 à 400 cm - l .

a) Hypothèses physiques

Une étude détaillée des hypothèses est menée dans l'article de synthèse [133]. D' une

manière sommaire, nous postulerons que :

>- Hypothèse Hl : les centre des N raies d'absorption présentes dans un intervalle

spectral !:J..v sont supposés occuper des positions aléatoires au sein de l'intervalle.

>- Hypothèse H2 : chacune des N raies de l'intervalle considéré est supposée

appartenir à une suite infinie de raies identiques, positionnées dans un très grand

nombre d'intervalles consécutifs de largeur !:J..v (ensemble représentatif).

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>- Hypothèse H 3 : les N raies del' intervalle qui ont des largeurs distinctes Ym, sont

bien représentées par une largeur moyenne Y. On considère ici uniquement l'élargissement

par collisions 8 (Lorentz).

>- Hypothèse H4 : les intensités S des N raies suivent une loi de distribution P(S)

fixée a priori.

b) Cas d'une colonne homogène et isotherme

Compte tenu de toutes ces hypothèses, il est démontré que la transmittivité d'une

colonne gazeuse homogène et isotherme, avec une seule espèce absorbante, est caractérisée

par trois grandeurs dans chaque intervalle !:J.. v :

8. Des généralisations ont été menées, en domaine Yoigt (115].

281


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

-

• k(T) qui représente le quotient de l'intensité moyenne des raies par l'espacement

moyen des raies (en cm- 1 atm- 1 ) ;

• 1/o(T), inverse d'un espacement caractéristique des raies (en cm);

• y, largeur moyenne des raies (en cm- 1 ), qui dépend de l'espèce absorbante, de

la température, de la pression, des concentrations dans les différentes espèces

du milieu.

- -

Les deux premières grandeurs k et 1/8 sont, en pratique, tabulées en fonction de

T et de l'intervalle spectral considéré, par exemple par Rivière et Soufiani [ 116] et

Ludwig et al. [91 ] ; les demi-largeurs moyennes y sont données par des expressions

analytiques 9 .

La transmittivité moyenne sur Llv d'une colonne homogène et isotherme, de température

T, pression p, fraction molaire en gaz absorbant x et de longueur l, est donnée

dans le modèle de (Malkmus, 1967) par :

T'!lv = exp{-(,8/n)[(l + 2nxplkf°fi) 112 - 1]}

- -

f3 = 2ny/8

(7.53)

(7.54)

La transmittivité moyennée dépend finalement de deux paramètres statistiques seule-

- -

ment dans une bande spectrale : k, paramètre intensif précédemment défini, et f3 qui

caractérise la dynamique spectrale (et lié au rapport de la largeur moyenne à l' espacement

typique des raies). La précision du modèle est excellente, de l'ordre de 1 %

pour un milieu isotherme et homogène. Nous considérons dans le paragraphe c les

conséquences physiques de l'expression 7 .53.

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c) Propriétés essentielles des spectres gazeux

La loi de Beer sur l'absorption, valable en toute généralité à haute résolution et reposant

sur la notion de coefficient d'absorption, n'est en général plus valable si on considère

une transmittivité moyennée sur un intervalle Llv. Il apparaît sur l'équation 7.53

qu'un coefficient d'absorption moyenné n'a plus en général de sens physique (on retrouve

la discussion du paragraphe 7 .2.2). La précision typique de 1 % du modèle

statistique à bandes étroites montre qu'il prend très bien en compte le phénomène de

9. Par exemple, les demi-largeurs moyennes utilisées [129] sont:

Y~o7 = (p/ps)(Ts/T) 0 • 75 (0,07xco 7 + 0,1XH 2 o + 0,05Xo 2 + 0,058Xamre )

- -

Y~2 o = (pfps)f0,462(Ts/T)XH 2o + (Ts/T) 0·5[0.106xco 2

+ 0,036xo 2

+ 0,079xautre]}

où les x; désignent les fractions molaires en constituants i du mélange, Ts et Ps les température et

pression de référence : 296 K et 1 atm. Il est très important de n'utiliser que des ensembles de données

(k, 1/8, y) cohérents, issus de la même génération de modèle par les mêmes auteurs.

282


7.2. Propriétés radiatives des gaz

corrélations spectrales pour un milieu homogène et isotherme, quand on fait varier la

longueur de la colonne, en pa1ticulier quand on passe d'une colonne de longueur Là

une colonne de longueur L + l.

Deux cas limites peuvent être considérés, correspondant à des comportements très

différents des spectres :

> La limite dite de l'absorption forte del' équation 7 .53 est définie par :

2rcxpl(k//3) >> 1 ou xplk(ofj) >> 1 ou xpl(S Efi) >> 1 (7.55)

-

Dans cette expression, xplk est lié grossièrement à l'épaisseur optique moyenne du

milieu: k est en effet égal au quotient de l'intensité moyenne par l'espacement caractéristique

des raies; ôfY représente la dynamique du spectre, c'est-à-dire le rapport de

l'intervalle typique entre raies et de la largeur moyenne de celles-ci. Le critère 7.55

peut être atteint :

• pour un ensemble de quelques raies intenses mais très fines (ofi >> 1 ; le milieu est

éventuellement optiquement mince en moyenne)

- -

• pour des raies caractérisées par un produit xplk élevé (ofY de l'ordre de 1 ou plus

petit que 1).

Ces deux situations extrêmes sont très différentes. À la limite de l'absorption forte,

on obtient:

(7.56)

L'absorption est alors régie par la grandeur :

ç = (k ft)l/2 = (ky/8) 1/2 (7.57)

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0

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@

> La limite dite de l'absorption faible de l'équation 7.53 est définie par:

2rcxpl(k//3) << 1 ou xplk(ofi) « 1 ou xpl(S EfÏ) « 1 (7.58)

L'expression de la transmittivité moyennée r'!:lv se simplifie alors en :

-!:lv -

r' = exp(-xiplk) (7.59)

-

Cette situation est idéale en ce sens que k apparait comme un coefficient d'absorption

moyen par unité de pression partielle.

Quand la largeur de raie est plus petite que 8, espacement typique des raies, le fait

que la condition 7.58 soit vérifiée conduit même à une expression de la transmittivité

voisine de 1 ; l'expression 7 .59 peut alors être linéarisée : le milieu est optiquement

mm ce.

283


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

.Mais si les raies sont suffisamment larges par rapport à leurs espacements (cas de

forts recouvrements : ofY « 1), le fait que la _90ndition 7.58 soit vérifiée n'implique

pas que le milieu soit optiquement mince : xplk peut être del' ordre de quelques unités

(milieu optiquement épais) et la transmittivité moyennée faible; dans ce dernier cas,

toute dynamique a disparu du spectre qui est très lisse en fonction de la fréquence,

comme pour un milieu dense. Cette situation se rencontre dans les gaz à pression

élevée (y est proportionnel à p, comme dans les liquides).

d) Colonne hétérogène et/ou anisotherme

(plusieurs espèces absorbantes)

Si on considère un milieu anisotherme et hétérogène, constitué d'un mélange de gaz

absorbants et de particules de petit paramètre de taille, qui émettent et absorbent,

tout problème de transfert se réduit à la prise en compte d'un ensemble de colonnes

hétérogènes et anisothermes, discrétisées en une succession d'éléments isothermes

et homogènes. L'équation de transfert est nécessairement considérée du point de vue

des transmittivités (équation 6.43), si on utilise pour les gaz un modèle statistique

à bandes étroites. Si on affecte chaque gaz absorbant d' un indice i et les particules

d' un indice p, la transmittivité moyennée sur ~v d'une colonne globale hétérogène et

anisotherme est donnée par :

V p

T

-~v = n-~v

T i

n-~v

Tp (7.60)

i=l p =l

"O

0

c

::J

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Ol

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a.

0

u

où v désigne le nombre de gaz absorbants, P le nombre d'espèces de pait.icules

et Tf'v (ou r~v) la transmittivité moyenne de la colonne hétérogène et anisotherme

pour la seule espèces absorbante i (ou p ). Cette expression repose sur l'hypothèse

d'indépendance statistique des distributions spectrales des coefficients d'absorption

associés à différentes e~pèces (la transmittivité moyenne du mélange est le produit

des transmittivités moyennes associées aux différentes espèces i ou p ). Cette hypothèse,

évidente pour des particules, a été vérifiée pour les gaz dans de nombreuses

études et sera justifiée dans le paragraphe 7 .2.4.

L'absorption par les particules a été traitée dans le paragraphe 7 .1.

e) Colonne hétérogène et/ou anisotherme

(une seule espèce absorbante)

Il reste à exprimer avec les modèles statistiques, pour un gaz absorbant i donné, la

transmittivité moyennée sur ~ v d'une colonne hétérogène et anisotherme notée r' ~v .

On dispose pour les Ne éléments homogènes de cette colonne, caractérisés chacun

284


7.2. Propriétés radiatives des gaz

par une longueur l 1 et un ensemble de condition 10 (T 1 ,p 1 ,xi 1 ,xk 1 ), des valeurs des pa-

- -

ramètres k(Tj), l/ô(Tj) et y(T 1 ,p 1 ,xiJ,XkJ) des modèles statistiques à bandes étroites.

Une hypothèse supplémentaire est nécessaire à ce stade pour obtenir concrétement

r'~v

pour l'ensemble de la colonne non uniforme. Il s'agit en fait de modéliser les

corrélations spectrales entre éléments de colonne. D' innombrables approximations

sont proposées. Une discussion complète de ces approximations est détaillée dans des

articles de (Young, 1975 a et b). L'approximation de Curtis-Godson, la plus simple,

donne généralement des résultats satisfaisants pour les applications usuelles à haute

température, en particulier dans un milieu en combustion. Dans cette approche, on

définit la quantité extensive caractérisant la composition du milieu :

u = li x;(s)p(s)ds . (7.61)

-

On introduit pour la colonne non uniforme un paramètre ke global, pondéré par u,

soit:

li k,u = x;(s)p(s)Ïc(s)ds, (7.62)

- -

et un paramètre f3e moyen pondéré par keu soit:

(7.63)

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0

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0

v

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0

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Cela revient à associer à la colonne non uniforme une colonne équivalente uniforme

- - - - -

caractérisée par ke et f3e, plus précisément par ke et f3eke, qui sont les deux grandeurs

physiques essentielles du modèle, et qui régissent les limites de l'absorption faible

et de l'absorption forte. L'approximation de Curtis-Gordon consiste à poser que la

transmittivité moyennée sur !:J.. v de la colonne non uniforme est celle de cette colonne

équivalente; c'est-à-dire qu'on utilise l'expression 7.53 du modèle de Malkmus :

(7.64)

Cette approximation est en pratique d' autant meilleure que le paramètre f3 varie faiblement

sur la colonne non homogène et non uniforme. Un exemple de spectre calculé

avec l' approximation de Curtis-Godson est comparé sur la figure 7 .14 au même

spectre calculé par la méthode raie par raie. La précision typique de 1' approximation

de Curtis-Godson pour des milieux en combustion est d' environ 5 %. Le calcul des

luminances pour une colonne anisotherme et non uniforme est alors effectué à partir

de l'équation 6.47.

1 O. Dans l'ordre température, pression totale, fraction molaire du constituant absorbant i et des autres

constituants k.

285


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

7.2.4 Modèle CK

Le modèle CK a été initialement introduit pour des applications atmosphériques [53,

78] puis généralisé à des applications à des milieux en combustion [113, 114]. Il

a été étendu pour les applications à la télédétection en modèle CKFG, non abordé

ici [85, 113].

a) Milieu gazeux homogène et isotherme avec un seul

constituant absorbant

La fonction de distribution f(k) et la fonction de distribution cumulée 11 g(k) du coefficient

d'absorption Kv pour un intervalle spectral centré en v 0 , de largeur ~v , vérifient:

g(k) = .( f(k')dk' (7.65)

La quantité dg = f (k)dk représente la probabilité pour que Kv soit compris entre k

et k + dk dans ~v. Toute grandeur moyennée sur la fréquence dans ~v peut s'exprimer

en fonction de k ou g. Par exemple, la transmittivité moyenne d'une colonne de

longueur l:

~ lvo+~v/2 1= ll

T~ V= ~v- 1 T~dv = T~(k)f(k)dk = T~[k(g)]dg

vo -~v/2 0 0

'

(7.66)

où k(g) désigne la fonction réciproque de g(k). A partir de l'expression der~ il

est aisé d'exprimer la luminance émise et le flux émis par la colonne homogène et

isotherme, dans la mesure où L~ (T) est supposé uniforme env sur l'intervalle ~v.

-~v

"O

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c

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Ol

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0

u

b) Milieu gazeux hétérogène et anisotherme avec un seul

constituant absorbant

Une colonne d'un tel milieu peut être discrétisée en éléments homogènes et isothermes

: le problème est de traiter aussi précisément que possible les phénomènes

de corrélations spectrales entre éléments de colonne. Si on fait l'hypothèse simplificatrice

que le coefficient d'absorption du milieu suit, dans les différentes conditions

the1mophysiques caractérisées pars, la loi d'échelle suivante 12 :

Kv(s) = TJ(S)h(v), (7.67)

la fonction de distribution cumulée de Kv/TJ, notée g(k*)est invariante d' un point du

milieu à l'autre et on peut poser :

k(s,g) = T/(s)k*(g). (7.68)

11. fonction monotone croissante, donc inversible, prenant ses valeurs dans [O, 1).

12. 77(s) dépend en fait de T(s), p(s),x(s), etc.

286


7.2. Propriétés radiatives des gaz

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Dans ce cas, les spectres associés aux différentes conditions thermophysiques sont

affines et les corrélations spectrales sont rigoureusement prises en compte en faisant

se correspondre, pour les différents points s, les valeurs de k associées aux mêmes

valeurs de g. Cela revient à dire que g est une pseudo-fréquence sans dimension.

La loi d'échelle 7.67 est rigoureuse en profil Doppler et constitue une bonne

approximation en profil Lorentz (conditions thermiques usuelles) pour des milieux

quasi-isothermes, de fractions molaires variables en C0 2 , voire de pression variable

(tant que la largeur de raie varie faiblement du fait de x et de p). Mais de fortes

variations de température, de pression ou de la fraction molaire en H 2 0 modifient

fortement les spectres et mettent en principe en défaut la loi 7.67. L'hypothèse de

séparabilité des dépendances spatiales et fréquentielles n'est plus exacte dans ces

conditions.

Bien que la condition suffisante 7 .67 ne soit pas vérifiée, la loi de c01Télation approchée

utilisée dans la méthode CK consiste à considérer g comme une pseudofréquence

adimensionnée, c' est-à-dire à associer les valeurs de k de même valeur de

g en tout point. C 'est la cause principale d'erreur de la méthode. L' erreur dans des

conditions typiques de combustion est de 5 % sur la transmittivité (voir figure 7.14b).

Considérons l'exemple d'un milieu hétérogène et anisotherrne comprenant un seul

gaz absorbant caractérisé par k(s,g) dans le modèle CK et une assemblée de paiticules

caractérisées par des coefficients d'absorption et de diffusion Kv 0

(s) et crv 0

(s)

et une fonction de phase Pv 0

(u', u) supposés uniformes sur Liv. En utilisant la loi

de c01Télation précédente, l'équation de transfert locale pour un milieu absorbant et

diffusant (voir paragraphe 6.3.1) moyennée sur Liv, en fait sur g, devient, pour une

bande centrée en vo :

l

i

d

o ds

li

-L~ 0 (g,u, s)dg = - [k(s, g) + Kv (s) + 0

o

crv 0

(s)]L~/g , u, s)dg

+ L; 0

(s) li [k(s,g) + Kv 0 (s)]dg + :: [ ' P v 0 (n' ,u) (l1 L~,(g,u' ,s)dq) d!!'

(7.69)

Les limitations de la loi de corrélation utilisée en CK sont discutées dans la référence

[133]. Un avantage est d'associer de façon biunivoque à un coefficient d' absorption

k(g,T) pour un milieu homogène de température T , un coefficient d' absorption

unique k' (g, T') pour le même milieu, mais à température T', alors qu' en fait,

dans un spectre réel, compte tenu des modifications des fonctions de distributions cumulées

dues à l' effet de température, différentes valeurs Kv(T') peuvent être associées

à une valeur donnée Kv(T).

L' intérêt pratique de la méthode CK est que k(g) est une fonction monotone croissante

de g. Une interprétation physique consiste à considérer k(g) comme un spectre

287


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

réordonné par valeurs croissantes de la pseudo fréquence adimensionnée g dans l'intervaUe

~v. De ce fait, les intégrations sur g dans 7.66 et 7.69, et d'une manière

générale, pour toute fonction moyennée sur ~v , peuvent être menées à partir d'une

métode de quadrature à N points (N =::: 10). Par exemple, la luminance moyenne 13

apparaissant dans 7 .69 devient :

r' n.

L~0 (u, s) = J o L~0 (g,u, s)dg = I Wj L~/u, s)

0 j = l

(7.70)

où L~ est la valeur de la luminance au point discret gj de [0,1], de poids Wj. Les

1

N couples (gj ,wj) sont indépendants de la bande spectrale et des conditions thermophysiques.

Avec la transformation 7.70 l'équation de transfert moyennée sur ~v est

résolue dès lors qu'on a résolu les N équations de transfert associées aux N valeurs

discrètes g j :

:s L~/u, s) = - [kg/s) + Kv 0 (s) + CTv0 ]L~/u, s) + [kg/ s) + Kv0 ( s)]L~0 ( s)

+ cr vo (4rr Pg (u', u)L~ (u' , s)dQ'

4n ) 0

1 1

(7.71)

Des tabulations de kg sont données pour C0 2 et H 2 0, à la pression atmosphérique,

entre 300 et 2 500 K par (Soufiani et Taine, 1997).

c) Mélanges de gaz absorbant dans la même zone spectrale

"O

0

c

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0

v

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~

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Ol

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a.

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u

Ce cas est discuté de façon détaillée dans la référence [133]. Plusieurs approches

sont praticables. Il apparaît à partir de 7. 66 que r~ 6 v ( l) est, pour une colonne gazeuse

homogène et isotherme, la transformée de Laplace de f(k):

- f),y ( OO

r~ = Jo exp( -kl)f (k)dk (7.72)

Si les variables k 1 et k 2 associées aux coefficients d'absorption de deux espèces

gazeuses différentes sont statistiquement indépendantes, la fonction de distribution

jointe du mélange / 12 (k 1 ,k 2 ) est le produit de convolution des fonctions de distribution

/ 1 (k1) et fi(k2) des deux espèces. Compte tenu de 7.72 la transmittivité moyennée

du mélange de gaz est alors le produit des transmittivités moyennées associées

à chaque espèce prise séparément : voir l'équation 7.60. En conséquence, pour un

mélange, deux voies sont possibles :

13. La même expression peut être écrite pour r~ ou toute autre grandeur.

288


7.2. Propriétés radiatives des gaz

• utiliser l'équation 7.60 mais cela fait perdre l'intérêt d' une fo1mulation de l'équation

de transfert en coefficient d'absorption, compatible avec la diffusion (relation

7.69).

• augmenter considérablement dans chaque intervalle spectral de recouvrement

d'absorption l'ordre de la quadrature, à paitir de la relation rigoureuse exprimant

1' indépendance statistique de 1' absorption par deux espèces :

(7.73)

où les points courants g.i et g.i' et les poids w 1 et w.r se rapportent aux deux espèces.

(Ce sont évidemment les mêmes points et poids). En pratique, pour une bande

de recouvrement d'absorption par deux espèces, on considère N 2 couples (g.i,g.i' )

auxquels sont associés les poids w 1 w J' . Si cette approche est pénalisante dans une

méthode de transfert déterministe, elle ne l'est pas dans une méthode de Monte­

Carlo.

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7.2.5 Modèles globaux

Nous ne considérerons que les modèles globaux fondés sur une fonction de distribution

cumulée du coefficient d'absorption sur l'ensemble du spectre. Le modèle le

plus ancien, appelé modèle WSGG (Weighted Sum of Gray Gases), dû initialement à

Hottel et Sarofim [64], a été considérablement amélioré par Denison et Webb [36, 37]

et par Pierrot et al. [106, 107]. Nous nous limiterons ici à ces deux formulations récentes.

Les modèles globaux traitent l'ensemble du spectre. Ils ne sont donc adaptés qu'à

la prise en compte de parois et de particules considérées comme grises, ce qui est

une restriction d' usage importante. Ils sont précisément fondés sur une fonction de

distribution cumulée du coefficient d'absorption Kv pondérée, sur tout le spectre, par

la luminance du rayonnement d'équilibre L~ (T) à une température T. Ceci les rapproche

des modèles CK. La pondération par L~(T) vient du fait que, contrairement

au cas du modèle CK pour une bande Liv, il n'est pas possible de considérer cette

luminance comme uniforme sur tout le spectre .

Pour un milieu homogène et isotherme, la fonction de distribution cumulée pondérée

de Kv est définie par :

'F(T ,x,p,k) = (<rT 4 /rr)- 1 L,.<k L~ (T)dv (7.74)

La sommation est étendue à toutes les valeurs de la fréquence v telles que Kv soit

inférieur à k.

289


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

Un spectre réel ne respecte pas la loi d'échelle 7.67 (voir la discussion du paragraphe

précédent, relatif à CK). Mais, même si on faisait cette hypothèse, les

fonctions de distribution cumulées à deux températures T et T' seraient très différentes

à cause de la pondération par L~(T). Une approximation due à Dennison et

Webb [36], tend à contourner cet inconvénient en introduisant une température de

référence unique Tref pour tout le système et une fonction de distribution cumulée à

deux températures :

'F'(T1Tref1 Xref1 Pref1 · · · 1 k) = (a-T:etfn)-J ( L~(Tref )dv (7.75)

J v : K,,(T ,Xref•Pref)<k

De cette façon, les valeurs de r associées à deux valeurs de T et T' seraient affines,

si la loi d'échelle était respectée. Les mêmes valeurs de r seraient associées aux

mêmes valeurs de k* = klTJ.

Si on considère deux bornes de l'espace des k, ki min et ki max, la quantité ai défini e

par:

ai(T1Tref) = 'F'(T1Tref 1 Xref1 Pref1 ... 1 ki max )

-'F'(T1Tref1 Xref1 Pref1 · · · 1 ki min)

(7.76)

représente le poids spectral (la fraction de a-T:ef) associé aux valeurs du coefficient

d'absorption Kv appartenant à l'intervalle [ki mini ki maxl On introduit également

la valeur unique ki du coefficient d'absorption, représentative de l'intervalle

[ki min i ki max], pour une température T, par la relation :

(7.77)

"O

0

c

::J

0

v

T'-f

0

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@

~

..c

Ol

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a.

0

u

L'hypothèse de corrélation du modèle SLW consiste à associer à chaque intervalle

i, et pour chaque température T , une valeur unique ki(T) et des bornes uniques

[ki min (T)1 ki max(T)], qui correspondent à des valeurs fixes de la fonction de distribution

cumulée 'F'(T1k), définie par 7.75. À partir de là, la formulation SLW [36] du

modèle WSGG, repose sur la résolution des équations de transfert partielles, associées

à chaque intervalle i, écrites avec les approximations faites :

(7.78)

290

On notera que le terme d'émission est approximativement calculé, dans la mesure où

le poids ai correspond à une pondération à la température de référence Tref et non à

la température T. En pratique pour un choix de Tref dans un intervalle utile [T1 1 T2],

l'ensemble des paramètres ai(T) et ki(T) sont tabulés. Avec ce modèle, l'émissivité


7.2. Propriétés radiatives des gaz

d'une colonne homogène isotherme de gaz de longueur l et de température T est

donnée par:

(7.79)

Un inconvénient majeur de la méthode en transfert radiatif est que les résultats sont

généralement sensibles au choix des conditions de référence.

Une variante de l'approche SLW, due à Pierrot et al. [106, 107] et connue sous le

nom de modèle ADF, repose exactement sur la même structure de calcul de ':F mais

consiste à exprimer plus précisément le terme d'émission par :

ai(T) = ':F(T,T, Xref1 Pref1 · · · , ki max)

-<J='(T,T, Xref1 Pref1 · · · , ki minki mjn)

(7.80)

Les précisions de ces modèles sont discutées dans les références [106, 107].

Dans le cas d'un mélange de gaz absorbants, la solution la plus simple consiste

à considérer un milieu de composition figée ou dont le rapport des fractions molaires

est uniforme, pour lequel les tabulations sont à réaliser. Une méthode générale,

dont la mise en œuvre est laborieuse, consiste à considérer des fonctions de distribution

cumulées jointes des coefficients d'absorption des différentes espèces absorbantes

[106, 107].

7.2.6 Comparaison entre modèles approchés

Les performances des modèles statistiques à bandes étroites, CK et globaux (WSGG,

SLW et ADF) sont étudiées en détail dans des cas tests de transfert [133]. Les conclusions

essentielles sont que :

"O

0

c

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0

v

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T"-f

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@

Les modèles de bandes sont plus précis que les modèles globaux, mais nécessitent

un effort de calcul plus important. Cependant l'effort de calcul requis pour des

mélanges traités, en toute généralité, avec un modèle global, redevient important,

ce qui fait perdre beaucoup d'intérêt à une telle approche.

Seuls les modèles de bandes permettent de traiter des parois de propriétés radiatives

réelles (non grises). C'est une limitation forte des modèles globaux .

Les modèles de bandes de type CK et les modèles globaux sont fondés sur des

(pseudo)-coefficients d'absorption. De ce fait toutes les approches de l'équation

de transfert (locales et intégrales) sont utilisables avec ces modèles, tandis que

seules les approches intégrales sont utilisables avec les modèles statistiques à

bandes étroites.

Pour traiter les phénomènes d'absorption et de diffusion par des particules parallèlement

à l'absorption par les gaz, seule une approche fondée sur le coefficient

291


Chapitre 7 • Propriétés radiatives des milieux

d'absorption (formulation locale) est adaptée, en pratique. De plus, les propriétés

des particules dépendent fo1tement de la fréquence sur l'ensemble du spectre (à

l'exception du cas des paramètres de taille élevés). Dans ces conditions le modèle

le plus adapté est le modèle CK.

Les précisions des modèles statistiques à bandes étroites et CK sont très similaires

dans les conditions usuelles de transfert radiatif (combustion à la pression

atmosphérique).

L'avantage essentiel du modèle statistique à bandes étroites est sa très grande

souplesse d'utilisation dans l'ensemble des conditions de validité. Aucune paramétrisation

supplémentaire n'est nécessaire pour faire varier dans des plages

importantes, pression totale, fractions molaires, etc.

7.2.7 Abaques de Hottel

Une estimation du flux émjs par une masse gazeuse homogène et isotherme est utile

pour estimer des ordres de grandeur du flux radiatif dans une application. D'après

l'étude du paragraphe 6. 6.1 d, l' émissivité monochromatique de la masse gazeuse

peut être calculée à partir de celle d' une colonne gazeuse homogène et isotherme

en utilisant la technique du rayon équivalent. On introduit, pour un milieu gazeux

isotherme, une émissivité totale d'une colonne (dite aussi facteur d'émission total)

par:

00

s(T) = (crT 4 )- fo

1 rrs~(T)L~ (T)dv (7.81)

"O

0

c

::J

0

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0

N

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~

..c

Ol

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a.

0

u

Cette grandeur a été tabulée pour C0 2 et H 2 0 à partir de résultats expérimentaux

entre 300 et 2 500 K [64] : voir les cas correspondant à 1 atm pour C0 2 et H 2 0 dilué

dans N 2 ou de l'air, dans le Complément E.3.

Mais, il est essentiel de noter que l' usage d' une émissivité totale s(T) ne permet

jamais de calculer le flux absorbé par un gaz venant d'une source même isotherme, à

température différente de celle du gaz.

292


I

EQUATIONS

I

I

GENERALES DE LA

CONVECTION (FLUIDE

MONOPHASIQUE)

Les objectifs de ce chapitre sont d'introduire :

• les équations générales de bilan pour un fluide monophasique éventuellement dilatable,

compressible et hétérogène, c'est-à-dire avec transferts de masse de diff é­

rents constituants s au sein d' un mélange. La convection forcée et la convection

naturelle seront abordées.

• les analogies entre transferts thermiques par diffusion et convection et transferts de

masse d'une espèce s, également par diffusion et convection. Cette analogie est cependant

limitée au cas où les propriétés thermophysiques du fluide sont uniformes.

• les modèles classiques de couches limites tant en convection externe qu'en convection

interne.

Le cas très important et spécifique des transferts turbulents sera abordé dans le

Chapitre 9.

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8.1 ÉQUATIONS DE BILAN POUR UN FLUIDE

HOMOGÈNE

8.1.1 Dépendance en température et pression

des grandeurs thermophysiques

Des tableaux assez complets illustrant le comportement de la conductivité thermique

À, la masse volumique p, la capacité thermique massique cp, la viscosité dynamiqueµ,

la vicosité cinématiique v, la diffusivité thermique a et le nombre de Prandtl

Pr sont donnés pour des fluides usuels dans le Complément D ; le lecteur est invité à

s'y reporter au cours de la lecture de ce paragraphe. Des données plus complètes sont

accessibles [142, 143].

Les liquides ne sont, en excellente approximation, ni compressibles ni même dilatables

(sauf dans le terme moteur de la convection naturelle). Ils suivent des transfor-

293


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

mations isovolumes :

P =po (8.1)

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Les variations de la conductivité thermique il et de la capacité thermique massique

Cp sont modérées avec la température. Par contre les variations de la viscosité dynamique

de l'eauµ avec T sont considérables : 10- 2 ; 2,8 10- 3 et 10- 3 kg m- 1 ç 1 à

20, 100 et 280 °C respectivement (l'eau est évidemment pressurisée dans ce dernier

cas). Les variations des nombres de Prandtl et de Reynolds dans un tube sont donc

importantes avec la température quand de l'eau s'échauffe de 20 à 90°C !

Les gaz sont généralement considérés comme parfaits :

p = rpT (8.2)

Pour des écoulements largement subsoniques, les vanat10ns de pression ô p sont

faibles. Pour un gaz parfait isothe1me la quantité (dp/dp)ôp = (ôp/p)p peut généralement

être négligée 1 devant Po et l'équation d'état 8.1 s'applique en pratique. L' écoulement

est isovolume. Par contre, un gaz est fortement dilatable et la transformation

n'est plus isovolume si T varie sensiblement.

Si cP varie faiblement avec T, À etµ croissent approximativement en r 0 • 8 pour les

gaz usuels. De ce fait, le nombre de Prandtl est pratiquement constant et voisin de 1.

Notons inversement que pour un écoulement dans un tube à débit massique constant

(pu constant), le nombre de Reynolds décroît fortement quand la température croît,

du fait des variations de la viscosité. Les dépendances de il, µ et c P avec la pression

sont très faibles.

L'équation générale de bilan de masse globale, pour un fluide dilatable et compressible,

a été établie dans le paragraphe 5.2. l. En notations tensorielles (voir complément

B.3 de cette partie), elle s'écrit:

ôp ô

- + -(pvi) = O. (8.3)

Ôt ÔXi

Elle dégénère pour un.fluide à tran~formation isovolume défini par l'équation 8.1 en:

ÔVi =O.

ÔXi

~

..c

Ol

·~ 8.1.2 Bilan de quantité de mouvement

a.

0

u L'équation de bilan de quantité de mouvement résulte de 1' application du principe

fondamental et du théorème de Reynolds (équation 5.25) à un système matériel :

(8.4)

(8.5)

1. Pour de l'air, à 1 atm et 300 K, à 10 m/s, op/p ~ 0 ,65 10- 3 .

294


8.1. Équations de bilan pour un fluide homogène

expression où apparaissent la résultante massique des forces volumiques gi et la force

smfacique ou contrainte ti(nexr j) appliquée à un élément dS m de la surface du système

dont la normale (next j) est orientée vers l'extérieur. La contrainte en une surface

dépend du sens de la normale choisi : il s'agit de laforce surfacique exercée par le

fluide situé du côté de cette normale sur cet élément de surface, en général fictif. En

ve1tu du principe physique de l'action et de la réaction le milieu situé de l'autre côté

de la surface exerce sur celle-ci la force opposée :

(8.6)

Les contraintes ti(nexr j) groupent les forces de pression et les forces visqueuses ; on

se limitera ici aux fluides usuels, newtoniens.

Les forces de pression représentent l'effet cumulé du transpo1t dans la direction

j de la normale n .i• à travers la surface considérée, des quantités de mouvement

dans la direction j de toutes les molécules traversant la surface (voir le

paragraphe 10.1.3). Ce phénomène est indépendant des interactions élémentaires

entre molécules. L'expression de la contrainte associée est :

(8.7)

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Les contraintes visqueuses résultent au contraire des effets cumulés des interactions

élémentaires entre molécules du fluide, dirigées par les potentiels intermoléculaires,

lorsque des déformations sont imposées à un élément matériel de ce

fluide. La notion de déformation est précisée dans le complément B.3, par opposition

aux autres transformations d'un élément matériel (translation ou rotation

dans un référentiel donné). À la suite de déformations imposées à un élément

matériel, il apparaît en tout point de la surface de cet élément un champ vectoriel

de contraintes visqueuses, dans le cas d'un fluide newtonien, caractérisé par le

vecteur contrainte tvi(next j) :

(8.8)

où Ti.i désigne le tenseur des contraintes visqueuses qui s'exprime simplement

en fonction du tenseur di.i des taux de déformation du fluide (voir le Complément

B.3).

Les contraintes visqueuses représentent l'effet cumulé du transport dans la direction

j, à travers la surface considérée, de la quantité de mouvement dans la direction i

des molécules (et réciproquement à cause de la symétrie). Le tenseur des contraintes

295


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

visqueuses s'exprime en fonction de la viscosité dynamiqueµ du fluide et de la vitesse

(voir le paragraphe 10.4.1):

(8.9)

On appelle tenseur des pressions, également appelé tenseur des contraintes totales,

Pij le tenseur résultant :

(8.10)

C'est un tenseur de rang 2, symétrique, introduit directement en physique statistique

(voir complément B.3). L'expression de la contrainte à la paroi, de normale next J est:

Après transformation du second membre de l'équation 8.5 :

J: ti(next j) dS m = ( next jPij dS m = ( Ô~ Pij dVm,

Sm(t) Jsm Jvm .i

l'équation de bilan de quantité de mouvement s'écrit, sous forme locale:

(8.11)

(8.12)

dvi ô ô

p dt = pgi - ÔXip + ÔXj Tij· (8.13)

où TiJ est donné par l'équation 8.9 dans le cas d'un fluide newtonien. C'est l'équation

de Navier-Stokes. Si on suppose que la viscosité dynamiqueµ est indépendante de la

température et plus généralement uniforme, il vient 2 :

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dvi Ô Ô 2 µ Ô ( ÔVk)

p- =pgi - - p +µ-vi + -- - .

dt Ôxi ôx~ 3 oxi OXk

J

(8.14)

Remarquons que dans le cas de transformations isovolumes du fluide (équation 8.4)

le dernier te1me de l'équation 8.14 est nul.

8.1.3 Bilan d'énergie

On applique le premier principe de la thermodynamique. Si e désigne l'énergie interne

massique du fluide, ce dernier s'énonce :

296

d d l ( v~ ) l (de dvi ) . .

-d(8 + 8c) = -d p e + -2 dVm = p -d + Vid

dVm = w + Q, (8.15)

t t Vm(t) V,,,(t) t t

2. Pour ce faire on a utilisé la relation : 2... ( avk o· ·) = .L. ( avk ).

' chj /Jxk 'J ch; <hk


8.1. Équations de bilan pour un fluide homogène

où 8 et 8c représentent les énergies interne et cinétique du système matériel, W et Q

les puissances échangées par celui-ci sous forme de travail et de chaleur; soient:

w = r P9iVi dVm + r ti(next j) Vi dS m.1

J vm(t)

J sm(t)

somme des puissances associées aux forces volumiques et aux contraintes, et :

Q = ( PdVm + ( - (q ~h + qn next i dS m,

J v,,,(r) J sm(t)

(8.16)

(8.17)

somme des puissances engendrées dans l'élément matériel ou traversant algébriquement

sa surface 3 . Comme le système est matériel aucun terme de convection globale

n'intervient dans l'équation 8.17. Le deuxième terme de l'équation 8.16 devient,

compte tenu des relations 8.7, 8.8 et 8.9 :

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( (tpj+tvj)VjdSm = ( nexr i(-pÔij+Tij)VjdSm

J sm(t)

J sm(t)

(8.18)

= ( [-!:la (pvi) + !:la (TijVj)l dVm.

J vm(t) UXi UXi

Le premier principe généralisé s'écrit finalement, sous forme locale:

de dvi ) a a a ( th R)

p ( dt + Vi dt = P9iVi - axi (pvi) + axi (Tij Vj) - axi qi + qi + P. (8.19)

Dans cette expression, apparaissent au second membre respectivement les puissances

associées aux forces volumiques, aux forces de pression, aux forces visqueuses et les

puissances calorifiques.

L'équation d'évolution de l'énergie interne se déduit de l'expression 8.19 en soustrayant

membre à membre l'équation de bilan d'énergie cinétique à celle-ci. L'équation

de bilan d'énergie cinétique s'obtient en réalisant le produit scalaire par vi de

l'équation de bilan de quantité de mouvement 8.13 ; soit:

d~ a a

PVi dt = P9iVi - Vj axi p + Vj ax j Tji. (8.20)

L'équation d'évolution de l'énergie interne s'écrit, après des transformations élémentaires

:

p- de = -p (-a vi ) +Ti· -v·+P- a -a ( q. th +q- R) . (8.21)

1

dt axi .! axi .! axi l

Pour obtenir l'équation 8.21, on a utilisé le fait que via/axjTji est égal à vja/axiTij

puisqu'une double sommation est faite suri et jet que le tenseur Tij est symétrique.

3. q;h représente, dans le cas d' un mélange d'espèces, un flux thermique qui n'est pas seulement conductif;

un effet de transport d'enthalpie lié à la diffusion de masse sera introduit dans le paragraphe 8.2.3.

297


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

L'enthalpie massique du fluide h est donnée par la relation :

e = h - p/p,

(8.22)

On obtient, si on prend en compte l'équation de bilan de masse 8.3 :

dh de 1 dp p ô

- = - + -- + --vi.

(8.23)

dt dt p dt p Ô Xi

L'équation de bilan d'énergie (d'enthalpie) s'écrit donc, pour un fluide monophasique

éventuellement hétérogène (plusieurs espèces) :

dh Ô ( th R) Ô dp

p- = -- q. +q. +P+Tï - v· + -.

dt OXi l l .! OXi .! dt

(8.24)

Les trois premiers termes du second membre con-espondent à des échanges in-éversibles

de chaleur; le troisième, toujours positif, con-espond à l'échauffement du fluide

par le travail ifféversible des forces visqueuses. Le dernier terme est réversible et correspond

à la compressibilité du fluide.

Cas particulier d'un fluide homogène (sans transport d'espèces).

Dans le cas d'un liquide la différence entre enthalpie et énergie interne est souvent

académique ; on pose généralement :

dh = Cp dT, (8.25)

où cp désigne la capacité thermique massique du liquide. Dans le cas d'un gaz réel,

l'expression de l'enthalpie massique est donnée par :

dh = CpdT + (1 - Tf3)dp/p, (8.26)

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où/3 est égal à -ljp(ôp/ôT)p. L'équation générale de l'énergie prend, dans ces conditions,

la forme déduite de l'équation 8.24 et totalement rigoureuse pour un fluide

monophasique homogène newtonien 4 :

dT o ( cd R) dp o

pc -=-- q. +q. + P +T/3-

p dt ÔXi

+Tï·-v·.

1 1

dt .! ÔXi .!

(8.27)

La quantité scalaire qui représente 1' échauffement dû aux contraintes visqueuse, propo1tionnel

àµ, si µ est constant, appelée fonction de dissipation , s'écrit généralement:

(8.28)

Dans le cas d' un gaz parfait (/3 = l/T), en transformation adiabatique, l'équation

locale de 1' énergie devient :

pcpdT = dp. (8.29)

4. Comme le fluide est homogène, q; 11 représente seulement un flux conductif q~·d .

298


8.2. Équations de bilan pour un fluide hétérogène

dp/p = [cp/(cp - eu)] (dT/T) = [y/(y - 1)] (dT/T), (8.30)

ce qui correspond à la transformation isentropique d' un gaz parfait, bien connue.

Dans les applications pratiques, où un échange d'énergie important par conduction

ou rayonnement se produit, les deux derniers termes de l'équation 8.27 (fonction de

dissipation et effet des forces de pression) sont négligeables. Une discussion détaillée

de ce point est donnée par Whitaker [153]. Ces termes ne jouent en pratique un rôle

important qu'en écoulement compressible (vitesses proches de la vitesse sonique ou

supérieure ou dans des milieux très visqueux). Dans les applications les plus usuelles,

l'équation de bilan d'énergie, sous forme intégrale et en notation vectorielle, s'écrit:

Notons que le premier membre de cette équation représente pour un solide, un liquide

ou un gaz parfait la dérivée temporelle de l'enthalpie d<J{/dt.

En conclusion, les équations de bilan de masse 8.3, de quantité de mouvement 8.13

et d'énergie, en formulation enthalpique 8.27 ont été établies du point de vue d' un

élément matériel de fluide monophasique newtonien (avec un fluide homogène à ce

stade). Le point de vue d' un système ouvert à frontières éventuellement mobiles a été

abordé dans le paragraphe 5.2.2.

8.2 ÉQUATIONS DE BILAN POUR UN FLUIDE

HÉTÉROGÈNE

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Dans le cas d'un fluide constitué d' un mélange hétérogène de S espèces s, les

équations locales instantanées de bilan de masse globale 8.3 et de quantité de

mouvement 8.13 sont, en un point M, à l'instant t, formellement identiques à

celles établies dans le paragraphe 8.1 pour un fluide homogène. Ces équations

de bilan dépendent alors des propriétés thermophysiques relatives au mélange :

p(M,t), cp(M,t),il(M,t), µ(M,t) ... . Des équations de bilan de masse complémentaires

doivent être établies pour S - 1 espèces du mélange hétérogène. L'équation

relative à la dernière espèce est déduite des S - 1 équations précédentes et de celle

de bilan de masse globale. L'équation de bilan global d'énergie du fluide intègre,

de plus, de nouvelles contributions, associées aux transferts d'enthalpie par les différentes

espèces au sein d'un élément matériel du mélange. En effet, chaque espèce s est

caractérisée 5 par une vitesse de d(ffusion v 0 .(M,t), différence entre la vitesse moyenne

Sl

5. Toutes les grandeurs qui suivent sont précisément introduites dans Je paragraphe 10.1.3.

299


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

de l'espèce Vsi(M,t) et la vitesse (hydrodynamique) du fluide Vi(M,t), qui permet

d'exprimer le vecteur flux de masse de l'espèce q~ni:

m D

qs i = Cs vsi' V D. = V si - Vi 1 (8.32)

Sl

où cs(M,t) est la concentration de masse de l'espèce s au sein de mélange (en kgm- 3 ).

Notons que cette notion est introduite, pour réserver la notion de masse volumique

ps(T,p) à un milieu homogène dans les mêmes conditions thermodynamiques.

8.2.1 Bilan de masse d'une espèce

La variation de masse d'une espèces par unité de temps au sein d'un volume matériel

s'exprime en appliquant le théorème de transport 5.19 au système matériel associé à

la seule espèce s. La vitesse Wi d'un point de la surface est alors égale à la vitesse

moyenne Vsi de l'espèce s par rapport au référentiel fixe, soit:

(8.33)

où Rs représente la masse de l'espèce s créée algébriquement par unités de temps et

de volume. Soit encore, d'après 1' équation 8.32 :

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( a;ts dV + ( CsVi next i dS = ( Rs dV - ( CsV~ next i dS.

Jvm Jsm Jvm Jsm

(8.34)

Après transformation, on obtient, sous forme locale, l'équation de bilan de masse

de s:

ÔCs Ô Ô D Ô m

- + - (CsVi) = --(es vs)+ Rs = --qsi + Rs, (8.35)

8 t 8 Xi 8 Xi 8 Xi

En introduisant la fraction massique Ys : égale à Csf P il vient à partir des équations 8.3

et 8.35 :

dYs Ô ( m)

p- = --Ô qsi + Rs.

(8.36)

dt Xi

Le point délicat est d'exprimer v~ ou q~. Les calculs sont quelque peu arides. À titre

d'exemple, on obtient dans le cas d'un mélange de gaz [46] :

vf; = - ~ o,,, [d,'; + (ku) a~; r], (8.37)

300

avec:

dsi = J_(nsi ) + (ns _ Cs)~J_p- Cs [Fs _ ~ Fs'Ps' ),

Ôxi n n p p ôxi p 4 p

s

(8.38)


8.2. Équations de bilan pour un fluide hétérogène

où Fs désigne la résultante des forces massiques sur l'espèce s. Il ressort de ces expressions

que v~, vitesse de diffusion de l'espèce s, dépend des coefficients de diffusion

D ss' del' espèces dans des bains constitués par les espèces' et des quantités krs'

caractérisant les effets d' un gradient de température sur la diffusion des espèces s'.

Hirschfelder et al., [60] traitent également de ce sujet pour les gaz et les liquides.

Considérons deux cas particuliers importants :

• Dans le cas de mélanges binaires de concentrations quelconques en constituants

A et B, le flux de masse de A, de fraction massique YA, a pour expression [81]:

m ( Ô . kr Ô kp ô )

qAi = -p1JAB -YA + ---T + ---p , (8.39)

ÔXi T ÔXi p ÔXi

où 1J AB est la diffusivité massique 6 de A dans le mélange et k 7 1J AB le coefficient

de thermodiffusion (1.JAB en m 2 s- 1 est une grandeur homogène à a diffusivité thermique

et v viscosité dynamique). Dans un cas où les effets liés aux gradients de

température et pression sont négligeables, on obtient une équation de bilan classique

à paitir des équations 8.36 et 8.39 :

dYA Ô ( Ô )

pdt = ÔXi p1JAB ÔXi YA +RA, (8.40)

expression semblable à l'équation de bilan d'énergie 8.27.

Le flux d'énergie diffusée par le mélange binaire, à prendre en compte dans l'équation

de bilan d'énergie 8.24, groupe un terme de conduction (qui existe toujours

en l'absence de transport de masse) et des termes de convection d'enthalpie aux

vitesses de diffusion des différentes espèces; soit, dans la mesure où q~i est égal à

-qm.

Ai.

(8.41)

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Dans le cas de mélanges à plusieurs espèces, les phénomènes à prendre en compte

sont beaucoup plus complexes [ 46, 60].

• Dans le cas particulier de S espèces s, de gaz parfaits ou liquides, infiniment diluées

dans un bain de masse volumique Po uniforme (suivant des transformations

isovolumes), on obtient avec les mêmes approximations sur Tet p, la loi de Fick:

(8.42)

6. Dans Je cas d'un mélange binaire de deux gaz, il est possible de retrouver l'équation 8.40 à partir de

l'équation 8.39. En effet : DM = 1JAs(ce/cA)MAMs(n/p) 2 et DAs = - 1JAsMAMs(n/p) 2 [46]. Compte

tenu du fait que : ôxA/ôxi = - ôxe/Ôx;, il vient :

cf; = cAvf = - cA(DAA - DAB)âxAfâx; = - p1JABMAMB(n/p)2âxAfâx; = - pVABâYAfâx;.

1JA8 s'exprime en fonction de l'intégrale de collision D.~~· 1 >, fonction uniquement de T :

1JA8 = 3RT / ( 16np.0.~ ~· 1 ) ) , oùµ désigne la masse molaire réduite, ce qui explique que 1JA81 p soit tabulée

en m 2 s- 1 a1m.- 1 en fonction de la température pour un gaz parfait A dilué dans un gaz B.

301


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

où D sb est la diffusivité de l'espèce dans le bain, exprimée en m 2 s- 1 • Cette loi est

analogue à la loi de Fourier :

(8.43)

Compte tenu de l'équation 8.4, l'équation de bilan de masse d'une espèce 8.35

devient:

des a a a ( a )

-d = -;;-Cs+ Vï-;:;-Cs = -;:;- Dsb-;:;-Cs + Rs,

t ut UXi UXi UXi

(8.44)

équation analogue à celle de bilan d'énergie. Il est important de remarquer que

cette équation a même structure que l'équation 8.40, établie sans hypothèse sur

les concentrations mais pour un mélange binaire. Notons qu'en l'absence de mouvement

au sein du fluide, on obtient, dans les deux cas, une équation de diffusion

classique, analogue à celle de la conduction thermique: le premier terme de l'équation

8.44 devient ocs/ot.

8.2.2 Bilan d'une grandeur relative à une espèce s

Le théorème de transport est ici appliqué pour faire le bilan d'une grandeur 31s associée

à une espèce s au sein d'un élément du système matériel global (wi = vi). Il

s'agit de généraliser le théorème de Reynolds (équation 5.25) au cas de la variation

temporelle de cette quantité 31s. Il vient :

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Compte tenu de 1' équation de bilan de masse del' espèce s 8.35, l'équation précédente

devient:

d31s ( [ das ( o m)j

dt = Jvm(t) Cs dt +as Rs - OXi qsi

dV.

(8.46)

Le premier terme du second membre est analogue au second membre du théorème de

Reynolds (équation 5.25). Le deuxième terme représente la variation de la grandeur

31s par unité de temps due à la production (algébrique) del' espèce s dans une réaction

chimique; le dernier terme représente la variation due au phénomène de diffusion de

l'espèce s au sein d'un élément du système matériel global.

302

8.2.3 Bilan d'énergie d'un fluide monophasique hétérogène

Dans le bilan d'énergie d'un élément du système matériel global, le flux thermique

de l'équation 8.24 comprend non seulement un flux conductif mais aussi des flux


8.2. Équations de bilan pour un fluide hétérogène

d'enthalpies convectées, pour chaque espèce, à la vitesse de diffusion de l'espèce.

Soit, l'expression qui généralise l'équation 8.41 :

s

th Ô '\:' m

qi = -À Ôx· T + LJ h sqsi"

1

s= l

Il vient alors, pour des gaz patfaits ou des liquides,à partir de l'équation 8.36 7 :

(8.47)

(8.48)

avec:

s

pep = L CsCps 1

s=I

(8.49)

et à partir de l'équation de bilan d'énergie 8.24, dont on néglige les derniers termes :

d Ô ( th R)

P dt h = - ôxi qi + qi + P, (8.50)

Soit, après simplification, en tenant compte de l'équation 6.36 :

(8.51)

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0

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Le deuxième terme du second membre de l'équation précédente est rigoureusement

nul si toutes les capacités thermiques massiques à pression constante des différentes

espèces c Ps sont égales ; dans le cas contraire, ce terme est souvent négligeable 8 .

Nous nous placerons dans cette hypothèse dans la suite de ce cours.

Il vient alors formellement :

d ô ( ô )

pcp-T = - A-T + P,

dt ÔXi ÔXi

(8.52)

équation dans laquelle tous les termes sources radiatifs, chimiques ou d'autres origines,

ont été globalisés dans la puissance volumique P.

7. On pourra.it aussi utiliser l'équation 8.46 et exprimer que la variation de l'enthalpie totale d'un mélange

est la somme des variations des enthalpies de ses constituants.

8. Les capacités thermiques massiques des espèces varient peu avec la température. Dans le cas de

gaz, elles sont de l'ordre de 1050, 1100, 980, 930 J/(kgK) pour l'air, N 2 , C0 2 , 0 2 respectivement; le

second terme du second membre de l'équation 8.51 est alors négligeable. Mais cP est de l'ordre de 2000

et 14.000 J/(kgK) pour la vapeur d'eau et H 2 : l'hypothèse précédente s'applique difficilement à une

combustion cryogénique, par exemple. Dans le cas des liquides, les valeurs de c" sont très variables.

303


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

8.3 ÉQUATIONS DE BILAN ADIMENSIONNÉES

(TRANSFORMATIONS ISOVOLUMES)

8.3.1 Convection thermique

L'objet de ce paragraphe est limité aux transferts mécaniques et thermiques ; ses

conclusions seront généralisées aux transferts d'espèces dans le paragraphe 8.3.2.

Dans l'approche physique simplifiée considérée ici, nous admettrons que µ, Il, c P

et p sont uniformes (sauf dans le terme moteur de la convection naturelle pour p ). Ces

hypothèses permettent de simplifier le formalisme, en particulier les équations locales

instationnaires de bilan. En pratique, elles sont justifiées si les variations relatives de

T et p sont faibles. L'usage de températures de film (To + Tp)/2 au voisinage des

parois permet d'étendre raisonnablement les plages de variations acceptables de T.

Cependant, dans les cas courants pour des gaz où les variations de T ne peuvent

être négligées, il faut recourir à un calcul direct, en général numérique, à partir des

équations de bilan des paragraphes précédents, sous leurs formes générales.

Sous l'hypothèse d'unifo1mité de p 0 , il.,µ, Cp en convection forcée, les équations

de bilan deviennent, en notations vectorielles :

a) bilan de masse 8.3 :

P = Po ===> div(v) = 0 (8.53)

b) bilan de quantité de mouvement 9 8.14, sans force volumique et compte tenu de

l'équation 8.53 :

Po ( ~: + v·grad v) = -grad p + µ<i v (8.54)

c) bilan d'énergie 8.27, dans lequel les termes de dissipation visqueuse et

compression-détente du fluide sont négligés (transformation isovolume) :

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c

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0

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0

N

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a.

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u

poc P ( ~ + v . grad T) = Â il. T + P (8.55)

Le problème mécanique défini par les équations 8.53 et 8.54 est découplé du problème

thermique de l'équation 8.55. Le système d'équations 8.53 à 8.55 est à résoudre

avec des conditions initiales de champs de température et vitesses et des

conditions aux limites mécaniques et thermiques.

9. Quelque soit le système de coordonnées adopté (cartésien, cylindrique ou sphérique, ...) l'équation

8.54 est à projeter sur trois axes. Les notations grad. v et Av signifient que les opérateurs grad

et 6. sont appliqués aux composantes associées de la vitesses dans le système de cordonnées choisi.

Par exemple, en coordonnées cartésiennes la projection sur Ox de l'équation devient simplement :

p0 ~ + p 0 v.grad u = -!~ + µô.u. Des équations similaires peuvent être écrites pour les projections

sur Oy et Oz.

304


8.3. Équations de bilan adimensionnées (transformations isovolumes)

Dans un cas plus général, un phénomène de convection naturelle sous l'approximation

de Boussinesq (paragraphe 5.7), couplé à un écoulement forcé, peut être introduit

en ajoutant à l'équation de bilan de quantité de mouvement (Navier-Stokes) 8.54 une

force d'Archimède volumique -pog[l-f3(T-To)]VZ, si Z est orienté suivant la verticale

ascendante. C'est la convection mixte. Il vient alors, tant en convection naturelle

pure (pas d'écoulement forcé) qu'en convection mixte:

Po ( ~; + v . grad v) = grad (p + PogZ) + pogf3(T - To)grad Z + µ 11 v (8.56)

En l'absence de perturbation thermique, donc de mouvement (v = 0), on retrouve

l'équilibre hydrostatique, en particulier si OZ coïncide avec Ox (figure 5.25) :

ôp/ôx = -pog.

L'approximation de Boussinesq peut être justifiée à paitir d'un calcul systématique

d'ordres de grandeurs en propriétés thermophysiques variables sur toutes les

équations (masse, quantité de mouvement, énergie, etc.). Développons simplement

un argument physique: en l'absence de terme moteur pogf3(T-To), aucun mouvement

n'apparaît; le gradient de pression statique dans ôp/ôx, est égal à -p 0 g. Quand on

considère le terme moteur, la réponse du système à l'ordre un en /3(T - To) ne peut

provenir que des contributions d'ordre zéro des autres termes en p ; prendre en compte

ailleurs que dans le te1me moteur des variations de p avec T conduirait à introduire

des termes d'ordre deux en f3(T - To) dans la solution, termes qu'on néglige ici.

Avec les variables adimensionnées :

X+ = x/H, y+ = y/H, z+ = z/H, z+ = Z/H (8.57)

où H désigne une longueur caractéristique de la géométrie, on pose :

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v+ = v/vo (8.58)

où vo désigne une vitesse de référence, caractéristique de la convection forcée, et :

(8.59)

y+ = (T - To)/ôT (8.60)

To est une température de référence et ôT un écart de température, réel ou défini à

paitir d'un flux surfacique, par exemple Htpo/À. L' équation 8.56 devient, après transformation

:

305


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

expression dans laquelle grad+ et /1 + sont définies à partir des grandeurs spatiales

adimensionnées et apparaissent:

> le nombre de Grashof:

(8.62)

> le nombre de Reynolds :

ReH = povoH,

µ

(8.63)

> le nombre de Froude :

v2

FrH =_o.

Hg

(8.64)

Ce dernier nombre compare 1' énergie cinétique de référence à l'énergie potentielle

dans le champ de pesanteur.

L'équation de l'énergie 8.55 devient:

où apparaissent la puissance adimensionnée :

(8.65)

p+ =

PH

Po cp voôT

(8.66)

> le nombre de Péc/et 10 Pe:

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v

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0

u

(8.67)

On retrouve sur les équations 8.61 et 8.65 le rôle déterminant joué par les nombres :

Re, Gr, Pe, Pr (voir paragraphes 5.4.3 et 5.7).

Le terme Gr/(Re 2 )T+ dans l'équation 8.61 où apparaît le nombre de Richardson:

Ri= Gr/Re 2 (8.68)

permet de définir précisément les domaines de prépondérance de la convection forcée

et de la convection naturelle :

10. Normalien, cofondateur de !'École Centrale des Arts et Manufactures (E.C.P.); premier professeur

de physique de !'École. Le nombre de Péclet est surtout utilisé dans les milieux poreux et pour l'étude

des métaux liquides.

306


8.3. Équations de bilan adimensionnées (transformations isovolumes)

• si : Gr << Re 2 , la convection forcée l'emporte. Le terme Fe 1 est alors souvent

négligeable devant 1. Dans ces conditions, le champ de température adimensionnée

dépend de Re et Pr, ou de Pe et Pr.

• si : Gr >> Re 2 , la convection naturelle l'emporte. Il convient alors de reprendre

l' adimensionnement des vitesses (von' a plus de sens) et le nombre de Reynolds

va disparaître des équations. On adopte l'expression de Ur donnée par l' équation

5. 121 ce qui conduit à: ReH = GrH. Le terme GrH/Re~ devient l/GrH.

L'équation de Navier-Stokes est alors pilotée par le nombre de Grashof. Symétriquement,

le nombre de Péclet PeH qui pilote l'équation de l'énergie devient

un nombre de Rayleigh (RaH = GrHPr) et on retrouve les conclusions duparagraphe

5.7. Le champ de température adimensionnée dépend de Gr et Pr, ou

de Ra et Pr.

• si : Gr ~ Re 2 , on est dans le domaine de la convection mixte.

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8.3.2 Convection avec transfert de masse

Nous nous limitons ici aux transfert de masse d' une seule espèces.

Pour exploiter l'analogie avec les modèles simplifiés de transport de quantité de

mouvement et d'énergie, développés dans le paragraphe précédents, il convient de

considérer l'ensemble des propriétés thermophysiques globales du mileu comme uniformes

: viscositéµ, diffusivité massique de s dans le bain D s et masse volumique

p 0 , sauf dans le terme moteur de la convection naturelle dans ce dernier cas (approximation

de Boussinesq). Ces différentes conditions ne sont, en pratique, réalisées que

si le constituant s est dilué dans le bain.

Une convection naturelle d'origine massique peut être également engendrée par

des gradients de concentration Cs de l'espèce s dans le bain. Dans le cadre de l'approximation

de Boussinesq, on pose :

où il est clair que :

P = Po[l + Y s(Cs - Cso)J (8.69)

Ys= l/po, (8.70)

si Cs est la concentration (en kg m- 3 ). L' intérêt de l'expression générale 8.69 est d'être

formellement valable quand Cs désigne une concentration molaire ou une fraction

molaire.

307


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

Les équations de bilan deviennent, en notation vectorielle :

a) bilan de masse globale 8.3 :

P = Po =} div(v) = 0

(8.71)

b) bilan de quantité de mouvement en convection mixte,

généralisant l' équation 8. 56 :

ôv

Po ( ôt + v · grad v) = - grad(p + pogZ) - Po9Ys(Cs - Cso) gradZ +µAv (8.72)

c) bilan de masse du constituant s:

ÔCs

Ôt +v ·grades =Dsblics + Rs (8.73)

Si on fait abstraction des termes sources, il y a analogie complète entre le transp01t

d'enthalpie caractérisé par l'équation 8.55 et celui de l'espèce s caractérisé par

l'équation 8.73. Il suffit de substituer Cs à T et Ds à a. En convection forcée, l'équation

de bilan de quantité de mouvement est la même en transfert de masse qu'en transfert

thermique. En convection naturelle d'origine massique, pour poursuivre l' analogie

il convient de substituer -ys(cs - Cso) àf3(T - To).

L' adimensionnement de la concentration en constituant s se fait, de plus, comme

dans le paragraphe 8.4.3, en posant:

Cs -

OCs

Cso

(8.74)

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où ôcs est un écart de concentration de référence (réel ou construit à partir d'un flux

surfacique imposé).

L'équation de bilan adimensionnée de quantité de mouvement (pour une seule espèce

diluée) devient :

dv+ ôv+ ( 1 GrsH ) 1

- = - + v+ · grad+(v+) = - grad+z+ - + --c'. - grad+ p+ + --A +(v+)

dt+ ôt+ FrH Rei s ReH

(8.75)

expression dans laquelle apparaît, de plus, le nombre de Grashof d'espèces :

GrsH =

P6 9Ys Ôcs H 3

µ2

(8.76)

308

qui a exactement la même structure et les mêmes propriétés que le nombre de Grashof

the1mique. La discussion sur le type de convection peut être étendue à un nombre de

Richardson Ris fondé sur le nombre de Grashof d'espèces.


8.4. Analogie entre transferts thermiques et transferts massiques

L'équation de bilan adimensionnée de masse du constituants s'écrit:

(8.77)

Dans cette expression apparaît le nombre nombre de Schmidt Ses, relatif au constituant

s et strictement analogue au nombre de Prandtl Pr et au nombre de Lewis Les :

(8.78)

Notons qu'en convection forcée il suffit de substituer Ses à Pr, pour passer de la

solution T+ à la solution c; et qu'en convection naturelle il faut, de plus, substituer

Grsx à Grx. Le modèle précédent est aisément généralisable au cas d'un mélange de

S espèces s (s = 1, ... ,S) diluées dans un bain de l'espèce B. En effet, dans ces

conditions, l'approximation de Boussinesq s'applique et l'équation 8.1 devient :

P =Po [ 1 + ~ y,(c, - c ..o)] (8.79)

L'ensemble des termes ~~=I ys(cs - cso) se substituent, comme termes moteurs d'origines

massiques, à Ys( Cs - Cso) dans l'équation 8. 72 de bilan de quantité de mouvement

et une équation de bilan de masse peut être écrite pour chaque espèce s. L'analogie

décrite précédemment s'applique à chaque espèce séparément.

8.4 ANALOGIE ENTRE TRANSFERTS THERMIQUES

ET TRANSFERTS MASSIQUES

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8.4.1 Grandeurs et échelles caractéristiques en diffusion

d'espèces

Toutes les méthodes valables en conduction instationnaire, et développées dans

le Chapitre 3, s'appliquent évidemment au problème de diffusion d'espèces (analyse

dimensionnelle, nombres caractéristiques, échelles caractéristiques, méthodes

de résolution···). Si la conductivité termique l, la diffusivité thermique a = l/(pc),

la diffusivité d'espèces D s sont unif01mes, les con-espondances sont les suivantes :

a) À la conductivité thermique À est associée la diffusivité Ds dans les expressions

des flux 8.42 et 8.43.

b) À la diffusivité thermique a est également associée la diffusivité Ds dans les

équations de diffusion 8.44 et 8.52.

309


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

c) À pc est associé le scalaire 1 dans les équations de diffusion 8.44 et 8.52.

d) À l'ejfusivité thermique b = (Àpc) 1 1 2 est associée une effusivité d'espèce

bs = D! 12 , qui caractérise la réponse d'un système aux courts instants après une

perturbation.

e) Au nombre de Fourier themique Fo = at/L 2 est associé un nombre de Fourier

d'espèce Fos = Dsbt/L 2 , qui permet de définir:

• un temps caractéristique de diffusion : r~ = L 2 /Dsb,

• une longueur caractéristique de diffusion : z? = (Dsbt) 1 1 2 ,

• une longueur d'atténuation d' une perturbation sinusoïdale de pulsation w :

e~s = (2Dsbfw) 112 , •••

8.4.2 Principaux nombres caractéristiques en convection

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Dans ce paragraphe, les principaux nombres adimensionnés sont récapitulés et les

conclusions générales sur les analogies entre transferts de masse globale, transferts

de masses des différentes espèces s, transferts de quantité de mouvement et transferts

d'enthalpie tirées.

a) Le nombre de Prandtl (Pr = µcp/À = v/a) compare la diffusivité de quantité

de mouvement v (ou viscosité cinématique) et la diffusivité thermique a (voir paragraphe

5.4.2). Il compare donc deux phénomènes dissipatifs transverses par diffusion.

Le nombre de Prandtl, intrinsèque, ne dépend que des propriétés physiques du fluide.

Le nombre de Schmidt (S Cs = v/Ds) compare la diffusivité de quantité de mouvement

v (ou viscosité cinématique) et la diffusivité d'espèce D s : ce nombre est similaire au

nombre de Prandtl. Tous les développements relatifs au nombre de Prandtl du cours

de transferts thermiques (Chapitres 5 et 8) s'appliquent au nombre de Schmidt, pour

les transferts d'espèces. En particulier, la caractérisation du rapport des épaisseurs des

couches limites. On définit aussi par transitivité le nombre de Lewis (Les = a/Ds),

rapport de la diffusivité thermique a à la diffusivité d'espèce D s.

b) Le nombre de Reynolds local (Rex = pu 0 x/µ = u 0 x/v) représente, en convection

forcée, un rapport entre des énergies volumiques caractérisant l'inertie et la viscosité.

Ce nombre qui ne dépend que de grandeurs mécaniques caractérise l'écoulement, en

particulier la nature du régime (laminaire ou turbulent, etc.). Il est associé au nombre

de Reynolds un nombre de Péclet local (Pex = uox/a), égal à RexPr, dans lequel

l'effet dissipatif de diffusion conductive est substitué au dénominateur à la diffusion

visqueuse et, de façon analogue, un nombre de Péclet d'espèce (Pesx = uox/Ds =

RexSc 5 ).

310


8.4. Analogie entre transferts thermiques et transferts massiques

c) Les nombres de Grashof thermique et massique locaux (Grx = gf3oTx 3 /v 2 et

Grsx = gyôcsx 3 /v 2 , respectivement), dérivés du nombre de Reynolds, représentent,

en convection naturelle thermique ou massique, un rapport entre un terme moteur

de type Archimède et des effets dissipatifs par viscosité. Ces nombre caractérisent

l'écoulement, en particulier la nature du régime (laminaire ou turbulent, etc.), comme

le nombre de Reynolds.

Il est associé aux nombres de Grashof thermique et massique des nombres de Rayleigh

thermique et massique locaux (Rax = gf3oTx 3 /(va) et Rasx = gôcsx 3 /(v1Js),

égaux à GrxPr et GrsxScs), dans lequel un deuxième effet dissipatif, par diffusion

thermique ou d'espèce, apparaît au dénominateur.

d) Le nombre de Nusselt local (Nux = h(x)x/À) représente le gradient de température

adimensionné à la paroi (voir paragraphe 5.4.2) :

T+ = T-To.

oT '

Nux(x) =

hx X aT+ 1

= - (x).

Àjluide

ay+ paroi

(8.80)

Cette expression est analogue à celle du coefficient de frottement CFx :

+ U - Up U

u = =

UQ - Up UQ

T p µ au 1 1 au+ 1

CFx(x) = - = - - (x) = -- (x)

pu6 pu6 ay paroi Rex ay+ paroi

(8.81)

e) Le nombre de Sherwood local (Shsx = hsx/Ds) est l'analogue du nombre de

Nusselt local. Il représente le gradient de concentration adimensionné à la paroi. En

effet, on introduit phénoménologiquement un coefficient de transfert d'espèces hs (en

m s- 1 ), par analogie avec les transferts conducto-convectifs, par la relation à la paroi :

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ce qui conduit, après adimensionnement à :

Cs -

Cso

c+ = ---

s S Cs

Les mêmes analyses physiques que pour le nombre de Nusselt peuvent être faites.

(8.82)

(8.83)

j) Le nombre de Nusselt global (NuL = hL/À) et le nombre de Sherwood global

(Shs = hL/Ds) ont un intérêt pour calculer le transfert global par une structure.

Ils sont associés à des coefficients de transfert moyennés sur une distance L et aux

nombres caractéristiques rapportés à cette distance : ReL, PeL, GrL, RaL ...

311


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

8.4.3 Conclusion : usage des analogies en convection

En conclusion de cette analyse, si les termes sources P et Rs sont négligeables :

a) les équations adimensionnées de bilans d'enthalpie et de masse d'un constituant

s, 8.65 et 8.77, sont identiques à la substitution près de Ses à Pr.

b) Il sera établi dans le paragraphe 8.5.1 que l'équation adimensionnée de bilan

de quantité de mouvement, considérée à une dimension dans le modèle de la couche

limite, est identique aux deux précédentes, à la substitution près de ReH à ReH Pr =

PeH ou ReH Ses = PesH·

Si les conditions aux limites adimensionnées correspondantes du problème considéré

sont également identiques alors :

- une conséquence de a) est que les solutions y + et ci sont identiques pour

Pr= Ses, ou à la substitution près du nombre de Schmidt au nombre de Prandtl.

Dans ces conditions, les expressions donnant le nombre de Sherwood Shsx, en

fonction du nombre de Reynolds Rex (ou de Grashof Grsx) et du nombre de

Schmidt Ses :

(8.84)

sont strictement identiques (avec les mêmes coefficients numériques) à celles

donnant le nombre de Nusselt en fonction du nombre de Reynolds Rex (ou de

Grashof Gr sx) et du nombre de Prandtl Pr :

Nux = g(Grn Pr), (8.85)

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si toutes les conditions de similitude sont respectées.

Tous les résultats du complément C pour les transferts thermiques, tant en

convection forcée qu'en convection naturelle, sont alors exploitables en transferts

de masse, dans les conditions de validité de l'analogie.

- une conséquence de b) est que les solutions u+ et r + (ou en sont identiques

pour Pr ou Ses = 1, ou à l'introduction près d'une dépendance de la solution en

nombre de Prandtl (de Schmidt). Cette remarque pe1met également de passer

de l'expression du coefficient de frottement Cp à celle du nombre de Nusselt

Nu (ou de Sherwood Sh 5 ).

Du fait des analogies précédentes les transferts de masse ne sont pas abordés dans

la suite de ce chapitre. Mais, tous les résultats obtenus dans les Chapitres 5, 8 et 9

sont immédiatement transposables aux tran~ferts de masse en respectant cette

analogie.

312


8.5. Couches limites en convection forcée externe laminaire

8.5 COUCHES LIMITES EN CONVECTION FORCÉE

EXTERNE LAMINAIRE

L'objectif de ce paragraphe est d'introduire, à partir des équations de bilan établies

dans le paragraphe 8.1 , les modèles de couche limite pour des écoulements laminaires,

en convection externe.

La notion de couche limite a été abordée dans les paragraphes 5.5 et 5.6. Le principe

du calcul d'une couche limite de convection externe est exposé dans le présent

paragraphe à partir de l'exemple de la plaque plane isotherme dans un écoulement à

vitesse parallèle au loin.

8.5.1 Approximation de la couche limite

Considérons la plaque plane parallèle à Ox, maintenue à température uniforme T p et

immergée dans un fluide en écoulement du paragraphe 5.4 (figure 5.13). Soient u et

v les composantes de la vitesse suivant Ox et Oy, et uo(x) la vitesse, parallèle à Ox,

de l'écoulement amont, qui dépend éventuellement de x. Les conditions aux limites

mécaniques et thermiques sont analogues :

u(x ,0) = 0, u(x,oo) = uo(x), u(O,y) = uo(O)

(8.86)

T(x,O) = Tp, T(x,oo) = To(x), T(O,y) = To(O)

Les équations de bilan 8.53 à 8.55 deviennent simplement :

>- Bilan de masse

(8.87)

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ôu + ôv = 0

ôx ôy

>- Projections sur Ox et Oy du bilan de quantité de mouvement

u~u + v~u = _2_ ôp + v(ô2u + a2u )

ôx ôy Po ôx ôx 2 ôy 2

u~v + v~ v = _2_ Ôp + v(ô2v + a2v)

ôx ôy Po ôy ôx 2 ôy 2

>- Bilan d'énergie, sans terme source

(8.88)

(8.89)

(8.90)

ô ô (ô 2 T ô 2 u-T + v-T = a - + -

T)

.

(8.91)

8 X 8 y ÔX 2 Ôy 2

Dans une couche limite les gradients suivant Ox se rapportent à la distance L, longueur

de la plaque ; on a donc, en ordre de grandeur :

a 1 a 2 1

- "" -

ôx - L'

- ~ -

ôx 2 L2

(8.92)

313


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

Les gradients suivant Oy se rappo1tent à l'épaisseur de la couche limüe mécanique

8m ou à celle de la couche limite thermique 8rh ; soit :

a i i a 2 1 1

oy == 8m ou 8rh iJy2 == 8~. ou 8;h (8.93)

On ne garde dans le système d'équations 8.88 à 8.91 que les termes prépondérants.

L'équation de bilan de masse 8.88 conduit à:

(8.94)

La composante v de la vitesse est un infiniment petit en 8m/L par rapport à u. D'où:

a a u

u- == v- == - (8.95)

ox oy L

Les termes de convection des premiers membres des équations 8.89, 8.90 et 8.91 sont

du même ordre de grandeur au sein d'une même équation. Les termes en o 2 /ox 2 de

1' ordre de 1/ L 2 sont négligeables dans toutes les équations devant les termes correspondants

en o 2 /oy 2 , de l'ordre de 1/8~1 ou l/8;h. Comparons les termes homologues

des équations 8.89 et 8.90 : u ov/ox est négligeable devant u ou/ox; il en va de même

pour V ov/oy devant V ou/oy et pour V o 2 v/oy 2 devant V o 2 u/oy 2 . L'équation 8.90 se

réduit dans ces conditions à:

(8.96)

Cette expression conduit à poser que p n'est fonction que de x : la même fonction

dans la couche limite que dans la zone non perturbée (quand y tend vers l'infini). Le

gradient de pression op/ox dans la couche limite est donc le même que dans la zone

non perturbée, à un terme d'ordre supérieur près. Si on suppose que l'écoulement

-g non perturbé au loin est à vitesse constante u0, on considérera que op/ox est nul (ou

§ plutôt tout à fait négligeable) :

0

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

En supposant uo et To uniformes et en posant:

op == o(8m) (8.97)

ox L

x+ = x/L, y+ = y/L, u+ = u/uo, v+ = v/uo, y + = (T - Tp)/(To - Tp) (8.98)

on obtient le système d'équations adimensionnées :

au+ av+

- + - = 0 (8.99)

iJx+ iJy+

uoL

avec: Rel= -

V

(8.100)

314


8.5. Couches limites en convection forcée externe laminaire

ar+ ar+ 1 a 2 r +

U+ __ +V+ __ = ---

ôx+ ôy+ PeL ôy+ 2

avec les conditions aux limites :

avec:

uoL

PeL = -

a

x+ =y+ ou u+ : x+(x+,o) = 0, x+cx+,oo) = 1, x+co,y+) = 1

(8.101)

(8.102)

Il existe cependant une zone singulière, d'étendue très limitée au voisinage immédiat

du bord d'attaque, dans laquelle les approximations exposées précédemment ne

sont justifiées ni pour les équations mécaniques ni pour les équations thermiques. En

effet, dans cette zone, les variations de vitesse et de température sont comparables

suivant Ox et Oy et v n'est pas négligeable devant u. Il est nécessaire d'y traiter le

problème bidimensionnel, en toute rigueur, à partir des équations générales données

par le système d'équations 8.86 à 8.91.

La résolution numérique du système d'équations précédentes permet d'accéder au

coefficient de frottement CF(x) et au nombre de Nusselt Nux définis par:

CF(X) =

au+I

-+ ;

Ôy paroi

ar+I

Nux(x) = ô + .

Y paroi

(8.103)

Les résultats correspondants sont donnés dans le paragraphe 5 .5 .1.

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8.5.2 Solution par la méthode intégrale

Une solution approchée du cas traité dans le paragraphe précédent peut être obtenue

par une méthode intégrale.

L'intérêt de cette solution approchée est de mieux cerner les liens entre les diff é­

rentes grandeurs physiques : Pr, Ôm(x), Ôrh(x), CF(x), Nux(x), etc .. D'autre part, elle

conduit à des solutions analytiques simples et en général assez précises. Les approximations

faites consistent à considérer que les conditions de 1' écoulement non perturbé

(T 0 , u 0 ) sont exactement vérifiées à la frontière des couches limites, ce qui ne

correspond pas rigoureusement aux conditions précédentes :

u(x,ôm(x)) = uo T(x,Ôrh(x)) - Tp = To - Tp (8.104)

que, de plus, la convergence vers ces valeurs est stationnaire :

ôu

ôy [X,Ôm(x)] = 0

ôT

ôy [x,Ôrh(x)] = 0 (8.105)

Enfin, une analyse des termes des équations de bilan de quantité de mouvement 8.1 OO

et d'énergie 8.101 permet d'écrire:

ô 2 u

ôy 2

(x,0) = 0

32y

ôy 2 (x,0) = 0 (8.106)

315


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

On pose , de plus, toujours :

u(x,0) = 0 T(x,0) - Tp = 0 (8.107)

Les équations de bilan associées, compte tenu des approximation de la couche limite,

sont :

ôu + ôu = 0 (8.108)

ôx ôy

ôu ôu ô 2 u

u- + v- = v- (8.109)

ôx ôy ôy2

ar ar a 2 r

u- + v- =a- (8.110)

ôx ôy ôy2

Les solutions polynomiales des équations précédentes d'ordre 3 en y sont :

u 3 y 1 y 3

-(x,y) = --- - --- (8.111)

uo 2 Ôm(x) 2 ô~(x)

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a.

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u

T - Tp 3 y 1 y 3

--(x,y) = --- - --- (8.112)

To - T P 2 Ôrh(x) 2 ô:h(x)

Le champ de vitesse v(x,y) se déduit immédiatement des équations 8.108 et 8.111,

soit:

( Y 2_ ôu dy = ~ ~Ôm [(j/_)2 - ~ (j/_)4]

!_(x,y) = -

uo Jo uo ôx 4 dx Ôm 2 Ôm

(8.113)

On retrouve la condition : v « u.

L'épaisseur de la couche limite mécanique Ôm(x) est déterminée en résolvant,

seulement au sens intégral, l'équation de bilan de quantité de mouvement 8.109. Soit:

Il vient:

! ·,,,( lom ôu ôu) ô2 u ôu

u- + v- dy = v-dy = -v-(x,0)

0 ôx ôy 0 ôy 2 ôy

Ôm(x) 4,64

(8.114)

(8.115)

De la même façon, l'épaisseur de la couche limite thermique est obtenue en résolvant

au sens intégral l'équation 8.110 en supposant que le rapport Ôthlôm est constant;

soit:

l

ô,1i(x) ( ôT ôT) lôr1h) ô 2 T ôT

u- + v- dy = a -dy = -a-(x 0)

0 ôx ôy 0 ôy 2 ôy '

[ Ôrh(x) ]3 _ __!_[61h(x)] 5 = 0,93

Ôm(X) 14 Ôm(X) Pr

(8.116)

(8.117)

316


8.6. Couches limites en convection naturelle externe laminaire

On retrouve évidemment que pour Pr= 1, cas pour lequel a = v, les épaisseurs des

couches limites ô 1 1i etôm sont égales : ces couches limites sont confondues. Pour les

fluides usuels, une excellente approximation de l'équation 8.117 est donnée par :

Pr;?: 0,7 ô 1 1i/6m = Pr- l/ 3 (8.118)

résultat remarquable, qui établit le lien entre les épaisseurs des couches limites et le

nombre de Prandtl, rapport des diffusivités mécanique et thermique (v/a).

Exprimons le nombre de Nusselt local Nux, dans le cas d'un fluide usuel (Pr ;?:

0,7), en utilisant l'équation 5.80 (sans les approximations de la méthode intégrale):

Nux(x) - -- h(x)x - ( X T ) [-À-ô ôT (x,O)] - 3 X 0,5 1/3

- 2 ~( ) - 0,323 Rex Pr (8.119)

'1 '1 T 0 - P y u11i x

valeur, qui diffère peu de la valeur plus précise de l'équation 5.93. On remarquera

surtout, dans ce modèle, les liens entre Nux,h(x) et l'épaisseur de la couche limite

thermique 6 1 1i(x) :

3 À

h(x) = - --

(8.120)

2 Ôrh(x)

Ces résultats sont discutés dans le paragraphe 5 .5 .1.

8.6 COUCHES LIMITES EN CONVECTION

NATURELLE EXTERNE LAMINAIRE

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On reprend le problème de la plaque plane verticale isotherme, dans un fluide isotherme

et au repos au loin, du paragraphe 5.7. On adopte à nouveau l'approximation

de Boussinesq. Toute l'approche du paragraphe précédent (modèle de couche limite)

s'applique. Il suffit d'ajouter le terme moteur dans l'équation 8.89 si OZ et Ox sont

confondus, tandis que les autres équations de bilan (dimensionnées ou sans dimension)

sont inchangées. L'équation de Navier-Stokes 8.56 projetée sur Ox devient, en

régime stationnaire :

ôu ôu 1 ô (ô 2 u ô 2 u)

u- + v- = - --(p + pogx) + v - + - + {J(T - To)g

ôx ôy Po ôx ôy 2 ôx 2 (8.121)

En suivant la même analyse des ordres de grandeurs que dans le paragraphe 8.5, on

retrouve, pour la projection sur Oy, l'équation 8.96. De ce fait le gradient de pression

suivant x est le même dans la couche limite que dans le fluide au loin, à l'équilibre

hydrostatique. On a donc :

Ôp

- ~ -pog

ôx

(8.122)

317


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

Dans ces conditions, l'équation de Navier-Stokes 8.121 devient:

au au a 2 u

u- + v- = v- + gj3(T - To)

ax ay ay2

(8.123)

En reprenant les variables adimensionnées données par les équations 8.98 mais avec

une vitesse de référence Ur définie par l'équation 5 .121, il vient :

en posant:

au+ au+ (a 2 u+ ) 1

u+- + v+- = -- + T + - 1) -

ox+ [)y+ [)y+2 Grl

Grl = gf3(Tp - To)L 3 /v 2

L'équation de l'énergie devient, dans ces conditions :

en posant:

ar+ aT+ 1 a 2 T+

U+ __ +V+ __ = ---

{)x+ ay+ RaL [)y+ 2

(8.124)

(8.125)

(8.126)

(8.127)

On notera 1' analogie entre les équations 8.1 OO et 8.124 où GrL se substitue à Rel et où

apparaît un terme moteur (T+ - 1)/GrL, et la quasi identité entre les équations 8.101

et 8.126, où Ral se substitue à Pel.

Une solution numérique locale de ce problème a été obtenue en fonction des

nombres Rax et de Pr. On obtient finalement, à la suite d'un lissage dû à Lefevre [5],

avec une précision relative meilleure que 5.10- 3 :

Nux = 0,503[Pr/(Pr + 0,986Pr 1 1 2 + 0,492)] 1 1 4 RaY 4 (8.128)

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ce qui conduit à un nombre de Nusselt, pour l'ensemble de la plaque:

Nul = _!.. ( L Nux dx = 0,671 [Pr/(Pr + 0,986Pr 1 / 2 + 0,492)] l / 4 Ra~

LJ 4

0 x

(8.129)

On retrouve, ici, avec une dépendance en x plus molle, un résultat analogue à celui

obtenu en convection forcée pour la partie laminaire de la couche limite :

h(x) = ÀNuxfx = cstex- 1 / 4 (8.130)

Les épaisseurs de couches limites mécanique et thermique supposées confondues et

calculées par la méthode intégrale sont [63], pour un nombre de Prandtl voisin de 1 :

Ôm(x)/x,..., Ôrh(x)/x = 3,93 Pr- 0 •5(0,952 + Pr)l/ 4 Gr; l/ 4 (8.131)

8. 7 CONVECTION FORCÉE INTERNE LAMINAIRE

Les notions de régimes d'établissement mécanique et thermique à l'entrée d'une

conduite de section constante et de régimes établis mécanique et thermique ont été

318


8.7. Convection forcée interne laminaire

introduites qualitativement dans le paragraphe 5.6.1. Le présent paragraphe vise à introduire

les modèles associés à ces notions dans le cas courant d'un tube de section

circulaire. Les résultats obtenus sont généralisables à tout type de structure à section

constante.

Rappelons les hypothèses faites dans cette classe de problèmes, déjà énoncées dans

le paragraphe 5.3.1 :

• Les propriétés thermophysiques des fluides sont supposées uniformes.

• Les composantes radiales de la vitesse sont négligées.

8.7. l Établissement du régime mécanique

dans une conduite

Considérons un écoulement en régime stationnaire dans un tube de rayon R, d'axe 0 x.

En l'absence de mouvement azimuthal (suivant cp), du fait de la symétrie cylindrique

du système et des conditions aux limites imposées, l'équation de bilan de masse 8.23,

exprimée en en coordonnées cylindriques (voir le Complément B.4) conduit à:

ou(x,r) + ~ o(rv) = 0

ox r or

(8.132)

La projection sur Ox du bilan de quantité de mouvement (équation 8.5) en coordonnées

cylindriques (voir le Complément B.4) devient simplement:

ou ou 1 o P v o ou

u- + v- = -- - + --(r-)

0 X 0 r Po 0 X r or or

(8.133)

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Le recours aux hypothèses de la couche limüe a pe1mis de négliger le terme v~:~

dans l'équation 8.133. Les conditions aux limites associées sont:

u(x,R) = 0

u(O,r) = ue(r) (8.134)

ou

or (x,0) = 0 (8.135)

La dernière condition est issue de la symétrie de révolution du système. Le système

peut être résolu numériquement: cette solution correspond au régime d'établissement

(voir Complément C.2).

Un régime mécanique établi est obtenu au delà d'une certaine distance d'établissement

mécanique Lr:n. Le régime est caractérisé par un profil de vitesse uoo(r) vérifiant :

ou00(r) = O

ox

(8.136)

319


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

Comme la vitesse radiale v s'annule à la paroi (r = R), on obtient rigoureusement en

régime établi :

~ o(rv) = 0

v(r) = 0 Vr (8. 137)

r or

La vitesse est parallèle aux génératrices, soit à Ox. L'équation 8.133 devient dans ces

conditions en régime établi :

1 op V 0 OUoo

- - - + --(r-) = 0

PO OX r or or

(8.138)

Dans le modèle de la couche limite, le champ de pression est indépendant de r.

D'autre pait, la vitesse du fluide est maximale en r = 0 par symétrie et y vaut Umax·

Après intégration sur r del' équation 8.133, de 0 à r, puis de 0 à R, la quantité ~~ peut

être éliminée et il vient :

Uoo(r) = Umax [l - (r/R) 2 ]. (8.139)

La conservation du débit de masse m, à travers la section droite de surface Econduit,

par définition de la vitesse de débit um, à :

.,.. L () L ) m=poEum =Po Ue r dE =Po uoo(r dE = ponR 2 -- Umax (8. 140)

E E 2

Soit: Uoo(r) = 2um [1 - (r/R) 2 ]. (8.141)

La vitesse maximale axiale est alors 2um. Pour deux plaques planes parallèles distantes

de 2e et perpendiculaires à Oy, on obtient :

Uoo(y) = 3/2 Um [l - (y/e) 2 ] (8.142)

-0

0

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u

La vitesse maximale n'est alors que 3/2 um..

Différents auteurs ont calculé la longueur d'établissement mécanique L~n' défini e

comme la distance au bout de laquelle la vitesse axiale diffère de 1 % seulement de

la vitesse asymptotique ; cette notion coïncide évidemment avec la longueur d'entrée

(voir le Complément C.2).

Pour un tube de diamètre D :

Lr:n/D = 0,0575 Reo avec: Reo = u 111 D/v (8.143)

Pour deux plaques distantes de 2e :

(8. 144)

Dh = 4V/E = 8e:E/(2I) = 2e (8.145)

320


8.7. Convection forcée interne laminaire

où Dh est le diamètre hydraulique (paragraphe 5.6.2). On constate que les équations

8.143 et 8.144 sont formellement semblables, mais que l'établissement mécanique

est plus vite atteint entre deux plaques que dans un tube. Ce dernier résultat

s'explique par le fait que les vitesses maximales données par les équations 8.141

et 8.142 sont différentes. Mais, dans le cas du tube, la vitesse 3/2 Um est atteinte pour

une longueur en bon accord avec l'équation 8.144.

8.7.2 Établissement du régime thermique

dans une conduite

Un régime thermique établi est défini par analogie avec l'équation 8.136. Mais seul

un écart de température est analogue à une vitesse, grandeur extensive. D'autre part,

si la température de paroi Tp est imposée on ne peut annuler la quantité ô(T -Tp)/ôx,

à moins d'obtenir l'isothermie, solution triviale. On définit une température locale

aclimensionnée r+ en prenant comme référence l' écait entre la température de paroi

Tp(x) et la température de mélange du fluide dans la section droite x, notée Tm.(x)

(voir le paragraphe 5. 3) :

+ T(x,r) - Tp(x)

T (x,r) = ---­

Tm(x) - Tp(x)

(8. 146)

Nous allons démontrer qu'on obtient, pour des valeurs élevées de x, un régime thermique

établi défini par :

ar+

-=0

(8.147)

ôx

et ceci, pour différentes condüions aux limites thermiques. Nous étudions y + dans

-g diverses situations qui, sous les hypothèses de l'introduction du paragraphe 8.7, dé-

§

0

pendent:

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a.

0

u

~ .

-ci

0

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=i

0

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des conditions d'entrée. Si les conditions thermiques sont imposées dès le bord

d'attaque de la géométrie considérée (tubes, plaques parallèles etc.), les établissements

mécanique et thermique sont interdépendants. Si la conduite est adiabatique,

ou isotherme à la température constante du fluide, sur une longueur plus grande que

Lr:n et que le conditionnement thermique n'est imposé qu'ensuite, les problèmes

sont dits de Graetz (voir un exemple sur la figure 8.1). Les deux établissements de

régimes sont indépendants.

"'

~ • des conditions thermiques aux parois. Par exemple, température constante Tp , flux

constant <pp, profil linéaire de température, etc. Des résultats détaillés, pour diverses

conditions thermiques sont données dans le paragraphe C.2.

321


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

a) Premier cas : régime mécanique déjà établi

Cette classe de problèmes, initialement abordée par Graetz dans le cas du tube, a

été généralisée à d'autres géométries. Il reste à résoudre dans un tube de rayon R

(figure 8.1 ) :

âT (â 2 T 1 âT)

Uoo(r)- =a - + --

ôx ôr 2 r âr

(8.148)

T(O,r) = Te(r) (8.149)

T(x,R) = T P ou (8.150)

En variable adimensionnée r +, l'équation 8.148 devient:

âT

âr (x,O) = 0 (8.151)

'l (011 qJ - 0)

<p = 'P

/1 0

Couche limite 111t!ca11iq11e

e

... .......... -......... l.J1t .... -• -.... -... <p = <p

p 0

I

Figure 8.1 -

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[

r + d ar+ 1 dT ] (a 2 r+ 1 ar+ )

Uoo () ( )-(Tm-Tp)+-ô + d p =a-?- +--;- (8.152)

Tmx - Tpx dx x Tm-Tp x ôr- r ur

>- Flux pariétal <pp constant

Les conditions aux limites sont:

r +(Ü,r) = r : (r) (2) ;

ar+

-a,:-(x,0) = 0 (4)

(8. 153)

La résolution du système d'équations 8.152 et 8.153 conduit, pour x ~ oo, à:

+ r ar+ D

r = - Nuo = --

R r+ il

8

(oo, 1) = -h 00 = 48/.11

Gz- 1 2: 0,25 (8.154)

322


8.7. Convection forcée interne laminaire

h(x), coefficient de transfert local à 1' abscisse x, tend vers la valeur asymptotique hco

associée au nombre de Nusselt asymptotique Nuv; Gz est le nombre de Graetz:

Gz = RPev/x = D 2 um/(2ax) (8.155)

Comme hco et par conséquent (Tm - Tp) sont des constantes et que:

(8.156)

les températures de paroi et de mélange croissent linéairement avec un écart constant.

En injectant ces résultats dans l'équation 8.152, on vérifie bien qu'il existe une solution

T+(r+) de régime établi vérifiant l'équation 8.147 et le système:

( a2 r + 1 ar+ )

-- + --- = -Nuvu+ (r)

ôr+ 2

00

(8.157)

r+ ôr+

ar+(x+ 0) = 0

ôr+ '

(8.158)

La solution du système d'équations 8.152 et 8.153 conduit à une longueur d'établissement

thermique L~h' correspondant à Gz= 0,25 :

L~h/D = 0, 125 Pev = 0, 125 RevPr (8.159)

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Le nombre de Nusselt local Nuv(x) prend une valeur importante à l'entrée de la zone

the1miquement perturbée et décroît continûment jusqu'à la valeur asymptotique Nuv,

obtenue au bout de la longueur d'établissement (voir Complément C.2). La situation

au voisinage de l'entrée de la conduite est à rapprocher de celle obtenue pour une

géométrie ouverte. Loin de l'entrée, les deux situations diffèrent; en effet, pour une

géométrie ouverte, on n'obtient pas de limite asymptotique, mais pour Rex 2 2 10 5

une transition vers la turbulence.

> Température de paroi constante

Les conditions aux limites adimensionnées, associées à l'équation 8.152 sont, si on

poser+ = r/R et x+ = x/R :

r+(o,r+) = r:(r+) (2); (3); ~~: (x+ ,0) = 0 (4)

(8.160)

La résolution directe du problème conduit, comme précédemment, à une valeur

asymptotique du nombre de Nusselt local notée Nu 0 :

Nu 0 = 3,656 Gz- 1 2 0,25 (8.161)

323


Chapitre 8 • Équations générales de la convection (fluide monophasique)

Un bilan global sur le tube conduit, pour Gz- 1 :?: 0,25, à:

1 d 2hnR 2 2Nuv

T T d +(Tm - Tp) = - . = P

m - p x mcp ev

L' équation de bilan d'énergie 8.152 devient en régime établi (ôT+ /ôx+ = 0) :

+ + + + (a 2 r+ 1 ar+)

-Nuo u 00

(r ) T (r ) = -- + ---

ôr+2 r+ ôr+

(8.162)

(8.163)

expression qui, associée aux conditions 8.160, conduit à une solution asymptotique

unique. La longueur d'établissement est encore donnée par l'équation 8.159, dans le

cas d'un tube. La même remarque que dans le cas d'un flux constant peut être faite

concernant les évolutions de h(x) et Nuv(x) de l'entrée de la conduite à la zone où

le régime est établi. Des expressions approchées de Nuv(x) et du nombre de Nusselt

Nuv,L sont données dans le Complément C.2, pour différentes géométries.

b) Deuxième cas : Conditions mécaniques non établies

à l'entrée (problème de Nusselt)

Ce cas correspond à la plupart des applications industrielles. Il convient de tenir

alors compte de l'évolution en x du profil de vitesse dans l'équation de l'énergie,

qui s'écrit: [ ôT ôT]

2

pep u(x,r) ôx + v(x,r) ôr = JV T(x,r) (8.164)

Il est évident que pour des valeurs de x élevées on doit retrouver les mêmes solutions

asymptotiques pour les nombres de Nusselt locaux Nuv (x). Des résultats détaillés

sont exposés dans le Complément C.2.

g

::J

0

v

,..-!

0

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0

u

8.8 CONVECTION NATURELLE INTERNE

LAMINAIRE

Ce cas est délicat à traiter. Les solutions sont en pratique numériques. Dans le cas

très simple d'un mur on introduit cependant la notion de conductivité équivalente :

voir le Complément C.4.

324


TRANSFERTS

TURBULENTS

Notions clés

Équations locales instationnaires; contraintes turbulentes; décomposition de

Reynolds; équations statistiques de bilan; échelles caractéristiques de production

et de dissipation.

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0

c

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Les connaissances actuelles sur la turbulence demeurent parcellaires, partiellement

empiriques. Si de nombreuses approches de la turbulence existent, elles ne permettent

pas, à ce jour, de prédire les effets de la turbulence sur les transferts thermiques et

d'espèces dans toutes les situations concrètes. Inversement, la turbulence est présente

dans la plupart des transferts the1miques et d'espèces d'intérêt industriel. En effet, si

1' objectif est de maximjser ces transfe11s entre un fluide et une paroi, il convient

en général d'utiliser des écoulements fortement turbulents (à l'exception notable du

phénomène de bord d'attaque).

La turbulence est un phénomène dont la source est à l'échelle du mileu continu, caractérisé

par l'apparition et les évolutions d'un système complexe d'instationnarités

chaotiques, sous forme de tourbillons d'échelles et de vitesses très diverses. Dans un

élément de volume dV arbitrairement petit, pendant un intervalle de temps arbitrairement

petit, un fluide en écoulement turbulent reste caractérisé par une vitesse v(r,t),

une température T(r,t), des fonctions d'état et des propriétés thermophysiques définies

sous l'hypothèse de l'E.T.L. (voir le paragraphe 10.4.1). Les équations locales

instationnaires de bilan, du paragraphe 9 .1.1, contiennent, avec les conditions aux

limites associées, toute la physique de la turbulence, au moins pour un fluide transparent.

Cependant si les structures complexes des tourbillons sont théoriquement solutions

mathématiques de ces équations locales instationnaires, cette approche reste, le

plus souvent encore, impraticable. Différentes voies de modélisation sont néanmoins

pertinentes dans divers cas.

Ce chapitre constitue une introduction générale à la modélisation pratique de la

turbulence, sans cependant traiter des aspects techniques numériques. Il a pour but :

• d'introduire les équations de bilan locales instationnaires associées aux méthodes

de simulation numérique directe et les équations statistiques de bilan, obtenues par

moyenne d'ensemble, qui servent généralement de base aux modèles d'ingénieurs.

• d'introduire les échelles caractéristiques de la turbulence (paragraphe 9.1) :

échelles de taille, durée, fréquence, vitesse, nombre d'onde associées notamment

aux phénomènes de production et dissipation de la turbulence. Les mécanismes

d'évolution des tourbillons (cascade énergétique) sont aussi précisés.

325


Chapitre 9 • Transferts turbulents

• d'étudier la structure d'un écoulement turbulent établi dans une conduite au voisinage

d'une paroi ou développé sur une plaque (paragraphe 9.2); cette étude de

base en transferts thermiques et en transferts d'espèces est indispensable à la compréhension

des modèles numériques.

• d'introduire différentes voies actuelles de modélisation des tranferts thermiques

turbulents (paragraphe 9.3).

9.1 ÉQUATIONS DE BILAN ET ÉCHELLES

CARACTÉRISTIQUES

-0

0

c

::J

0

v

,..-!

0

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Ol

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a.

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u

9.1.1 Équations locales instationnaires de bilan

Les équations locales et instationnaires pour le fluide, supposé monophasique et

proche de l'E.T.L., de bilans de masse, de concentrations des différentes espèces, de

quantité de mouvement (Navier-Stokes) et d'énergie (sous forme enthalpique) introduites

dans le paragraphe 8.1 s'expriment en fonction des vitesse vi, température T,

masse volumique p, viscosité dynamique µ, diffusivité d'espèces Ds, conductivité

thermique Il et chaleur massique c P du fluide. Elles peuvent être résolues directement

dans des cas simples, pour accéder aux différents champs locaux et instationnaires

turbulents et à toutes les quantités transférées au voisinage des parois : c'est la simulation

numérique directe. Dans le cas où on suppose les propriétés thermophysiques

dujl.uide (po,cp,À,µ, D s) uniformes, cas auquel on se limitera ici par souci de simplicité,

ces équations sont en notations tensorielles :

a) Bilan de masse (équation 8.3) :

P =Po ==>

a

- v·=O

ox· J

J

(9.1)

b) Bilan de quantité de mouvement, déduit 1 de l'équation 8.14, considéré ici sous

le seul angle de la convection forcée, sans terme source:

c) Bilan d'énergie, déduit de l'équation 8.27, considéré sans terme source:

(9.2)

(9.3)

1. Il suffit d'utiliser l'équation 9.1 pour déduire l'équation 9.2 de l'équation 8.14 et d'utiliser de plus le

fait que Bh/Bx; = cp(8T/8x;) pour obtenir l'équation 9.3 à partir de l'équation 8.27.

326


9.1. Équations de bilan et échelles caractéristiques

d) Bilan de concentration de l'espèce s, (en kg m- 3 ) déduit des équations 8.35

et 8.42, sous l'hypothèse d'un constituant dilué (ou d'un mélange binaire) et considéré

sans terme source :

ÔCs Ô Ô ( ÔCs )

- + - (vies)= - . Ds-ô

8 t 8 x· 8 x· x·

l l l

(9.4)

Dans les équations 9.2 à 9.4, les quantités transportées pv 1 , pcpT et es jouent des

rôles similaires. Ces équations ont, de plus, la même structure : un terme instationnaire

et des termes de convection dans leurs premiers membres ; ces derniers termes,

p a~; (vivJ), pep a~; (viT), a~; (vies), sont non-linéaires et posent de délicats problèmes

de modélisation. Leur rôle physique a été discuté dans le paragraphe 5.5.2. Dans les

second membres apparaissent des termes de diffusion et éventuellement des termes

de production et de dissipation de la quantité considérée.

9.1.2 Équations statistiques de bilan en turbulence

La résolution des équations locales instationnaires de bilan précédentes n'est pas envisageable

directement pour des systèmes tridimensionnels complexes, compte tenu

des outils numériques disponibles à ce jour. Cependant, dans la plupart des applications

thermiques, ce sont les transferts entre fluide et paroi qui sont importants : les

objectifs sont alors généralement de déterminer des champs de température, vitesse,

concentrations, ou des flux pariétaux moyennés. En effet, la plupait des structures

solides ont des temps de réponse longs par rapport aux échelles de temps de la turbulence.

Deux types de moyennes peuvent être considérés :

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0

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0

v

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- une moyenne temporelle, en un point M(xi), entre t et t + ôt, sur une durée

ôt grande par rapport aux grandes échelles de temps de la turbulence ; cette

approche ne permet de traiter un problème instationnaire qu'à des échelles de

temps plus grandes que celles de la turbulence.

une moyenne d'ensemble, sur un nombre arbitrairement grand de réalisations

(en Xi, t), ce qui correspond à l'approche usuelle de la physique statistique.

L'équivalence des deux approches est la fameuse question del' ergodicité des

phénomènes.

Toute grandeur physique, A(x;,t) peut être décomposée en une partie moyennée

A(xi,t) (moyenne de Reynolds) et une partie dite ftuctuante 2 A'(xi,t):

A= A+ A' avec : A'= 0 (9.5)

2. Avec des propriétés thermophysiques variables du fluide, on utilise généralement la moyenne de

Favre f 45), telle que: p = pA, A =  +A", Â'' = 0 mais A" ::/=O. Notons que, si la moyene

327


Chapitre 9 • Transferts turbulents

La dépendance temporelle de A correspond d'une part à l'instationnarité turbulente

(qui apparaît toujours dans A') mais, éventuellement aussi, à une instationnarité d'une

autre origine, qui persiste en moyenne temporelle sur D.t ; cette instationnarité, à une

échelle de temps beaucoup plus grande, peut être due, par exemple, à une variation

temporelle des conditions aux limües imposées au système. Dans le modèle développé

ici, nous admettrons qu'il n'y a aucun couplage entre ces deux types d'instationnarité.

La notation éJA/ot se rapporte uniquement aux évolutions lentes d'un

système, indépendamment des instationnarités turbulentes qui n'apparaissent pas à

cette échelle, et ceci quel que soit le type de moyenne réalisée.

À titre d'exemple, on trouve dans les équations de bilan les quantités :

T = T + T' Vi = Vi + v; (9.6)

mais aussi des produits qui interviennent typiquement dans les termes non linéaires

de convection des équations de bilan, tels que :

viT = viT + (viT)' = (viT + v;T') + (v;T' - v;T' + v;r + viT') (9.7)

Notons, dans ce dernier cas, qu'au produit des termes fluctuants v;T' est associé un

terme moy·· en corrélé, en général non nul, v~T' et un terme fluctuant v~T' - v~T'.

l l 1

Après avoir moyenné les équations locales instationnaires de bilan 9.1 à 9.4 on

obtient les équations statistiques de bilan, pour des propriétés thermophysiques uniformes:

~V.=0

ox· J

J

(9.8)

avj a r.;-_ _) op a ( a _ ---,-,)

po-+po-\viv· =--+- µ-v·-pov.v.

ot axi

1

axj axi axi 1 ' 1

(9.9)

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u

éJT o- éJ(éJT - i

POCp--;;- + POCp:;-(ViT) = ::;--

ut UXi UXi UXi

À:;- - POCpv;T'

(9.10)

(9.11)

Ces équations statistiques de bilan sont similaires aux équations locales instationnaires,

à la différence près qu'elles font apparaître des termes de transport turbulent

liés à des effets corrélés entre composantes de la vitesse, composante de la vitesse et

température ou composante de la vitesse et concentration :

de Favre permet de traiter correctement les termes de convection, elle est inadaptée aux autres types de

termes en particulier à ceux de diffusion moléculaire.

328


9.1. Équations de bilan et échelles caractéristiques

a) Des termes de transport de quantité de mouvement

-p 0 v;vj dans l'équation 9.9, souvent appelés contraintes de Reynolds. Il s'agit, dans

ce cas, de la moyenne des termes de convection par la vitesse fluctuante dans la direction

ide la quantité de mouvement fluctuante suivant j, ou l'inverse. Ces termes sont

dus aux corrélations entre les fluctuations de v; et celles de vj. La quantité -pov;vj

est à rapprocher à l'échelle du milieu continu d'une composante Pi.i du tenseur des

pressions (voir paragraphe 10 .1. 3) égale à Po < C iC 1 > qui représente la moyenne

d'ensemble, sur la distribution des vitesses, des vitesses relatives Ci et c 1 des molécules

élémentaires (c'est-à-dfre des vitesses par rapp01t à un référentiel entrainé à la

vitesse hydrodynamique).

Dans les deux cas, il s'agit d'un changement d'échelles :

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0

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0 c

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-ci

0

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- de l'échelle élémentaire des molécules, représentée par le tenseur -p 0 Cie .fo

à celle du milieu continu, représentée par le tenseur des pressions PiJ défini

par -po < CiCJ >. Ce changement d'échelle constitue un succés majeur de

la physique statistique qui introduit rigoureusement, au voisinage de l' E.T.L

seulement, la notion de viscosité moléculaire; soit, dans le cas particulier d'un

fluide à propriétés thermophysiques uniformes [46] :

- po<CiC1>= µ (-+-

OVJ oui)

oxi OXj

(9.12)

C'est précisément la moyenne du premier te1me du second membre de l' équation

9.12 qui apparaît en concurrence avec -pov;vj dans l'équation 9.9.

La raison de ce fait est que l'équation 9. 12 s'écrit de façon plus générale:

av 1 a av a -

P ot + P ox· (vi Vj) = - ox · + ox· (-p< CiCJ > - pv;vj),

1 J l

(9.13)

avant fermeture, à l' ETL, des termes liés à la diffusion de quantité de mouvement

relative par une contrainte visqueuse. Notons que la contribution du

second terme du second membre de l'équation 9.12 à l'équation 9.9 existe

mais est nulle pour un fluide de masse volumique uniforme, compte tenu de

l'équation 9.1.

- de l'échelle du milieu continu, représentée par le terme Po v;vj, à celle des

champs moyens turbulents, représentée par -pov;vj. Ce changement d'échelle

constitue le problème majeur, généralement mal résolu, de la turbulence et

donnera lieu à diverses techniques de fermeture des équations statistiques de

bilan (paragraphe 9.3.2).

329


Chapitre 9 • Transferts turbulents

b) Des termes de transport d'enthalpie

-pocpu;T', qui apparaissent dans l'équation 9.10. Il s'agit de la moyenne des termes

de convection par la vitesse fluctuante u; dans la direction i de la fluctuation d'enthalpie

p0c PT'. Comme précédemment, ces termes sont analogues aux te1mes - p <

ci e >, où e représente l'énergie inteme 3 d'une molécule, qui sont fermés par la loi

Fourier -À Z~ au sein du fluide, et dont les moyennes apparaissent également au second

membre de l'équation 9.10. L'expression d'un terme -pocpu;T 1 est un autre

problème délicat de fermeture.

c) Des termes de transport d'espèces

-u;c~, pour lesquels le même commentaire peut être fait.

"O

0

c

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0

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~

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0

u

9.1.3 Échelles mécaniques caractéristiques de la turbulence

L'étude des termes con-élés -pou;uj, -pocpu;T 1 , -u;c~ requiert la caractérisation préalable

des échelles de taille (ou de nombre d'onde), de durée, de fréquence et de vitesse

attachées aux fluctuations turbulentes de u;, T', c~. La grandeur scalaire locale

la plus simple qu'on puisse associer à la turbulence est l' énergie cinétique turbulente

massique moyennée k, qui est propo1tionnelle à la trace du tenseur des contraintes

I I '

tur b u 1 entes -pouiu.i' s01t :

k = u'u~/2

l l

(9. 14)

k est solution de l'équation de bilan qui s'ajoute au système d'équations 9.8 à 9.11,

équation établie dans la référence [135] et admise ici sans démonstration :

ok _ o k) o (-, 1 -,

( ot , ok)

1 ox1

1

ox 1

1 2 l 1 ox 1

Po - +u·- =-- p'u.+-pou.u.u.-µ-.

- 0 ou~ ou~

I I - l l

-pou.u .-ui - µ--

1 .! OXj OXj OXj

(9.15)

Le premier terme du second membre, terme de transport, se décompose en un terme

de diffusion moléculaire de k soit µo 2 k/ox], et en des termes qui font apparaître des

moments d'ordre deux p'uj (lié au travail turbulent des fluctuations de pression) et

d'ordre trois u; u;uj (lié au transport turbulent des fluctuations de l'énergie cinétique

3. Les termes < C; e > correspondent à une généralisation à des molécules polyatomiques, présentant

des degrés internes, de l'approche du paragraphe 10.1.3, limitée par souci de simplicité à des gaz

monoatomiques, sans degrés internes, donc à des termes< C; CjCJ >.C'est après diverses transformations

de l'équation de l'énergie tenant compte de l'équation de bilan de masse que l'enthalpie massique

apparaîtra finalement, à l'échelle macroscopique, à la place de l'énergie interne massique.

330


9.1. Équations de bilan et échelles caractéristiques

massique turbulente), qu'.il conviendra également de fermer (voir le paragraphe 9.3).

Le second terme du second membre de l'équation 9.15, terme de transfert d'énergie

entre champs moyennés et champs fluctuants

-,-,ô_ 0

II = -pou.u.-ui >

(9.16)

1

Jôx·

La quantité II est le plus souvent positive4 et correspond alors à une production

d'énergie cinétique turbulente. Dans ces conditions, la production de k est maximale

dans les régions où les contraintes visqueuses associées à ]'écoulement moyen 8 ~ . ui

J

sont du même ordre de grandeur que la contrainte de Reynolds turbulente -pu;uj.

C'est en particulier le cas au voisinage d' une paroi, comme il apparaît sur la figure 9.1

mais pas immédiatement à son contact, où la quantité u:v} serait trop faible : voir le

paragraphe 9.2.3b.

IT/(u * 3 IR)

./

ll/(u* lv)

20

10

o .__~...__~_._~~"--~-'=---

u*ytv

O ,__~~~--~~~~~---

o 0,2 0.-1 0,6 0,8 0 JO 20 ylR

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9

Figure 9.1 - Production d'énergie cinétique turbulente dans un tube, d'après (Lauter,

1954). On a posé: y= R- r; u• est défini par l'équation 9.36.

Le dernier terme del' équation 9.15 est toujours négatif et représente la dissipation

irréversible d'énergie cinétique turbulente par frottement visqueux, notée s, phénomène

irréversible ; en fait, on pose :

ôu~

ôu~

-pos = -µ-- <

ÔXj ÔXj

1 l 0

(9.17)

Cette dissipation d'énergie cinétique se traduit par un échauffement du fluide, qui

apparaît au sein de la fonction de dissipation de l'équation de bilan d'énergie introduite

dans le paragraphe 8. 1.3. L'énergie cinétique de la turbulence est uniquement

4. Il a été établi que dans la section droite d'un écoulement turbulent au sein d'un canal , la valeur

moyenne den est positive [80]. Citons aussi un argument heuristique : dans les modèles d'ingénièrie,

- pu;uj est fermé par un modèle également heuristique de diffusion turbulente, so it µ,~ (voir le

paragraphe 9.3.2), ce qui conduit à un résultat positif. Cependant, dans diverses configurations d'écoulements

turbulents, en combustion turbulente notamment, n peut être localement négatif.

331


Chapitre 9 • Transferts turbulents

dissipée par viscosité moléculaire. L'échelle des structures prépondérantes dans cette

dissipation sera discutée dans le paragraphe b. s, comme n, est maximale au voisinage

de la paroi, dans la mesure où les gradients de vitesses fluctuants, donc leurs

corrélations, y sont importants.

k et s servent de base à la construction d'échelles caractéristiques de la turbulence.

s est également déte1minée, comme k, à paitir d'une équation statistique de bilan

supplémentaire du même type que les équations 9.8 à 9.11 et 9.15 et couplée à

celles-ci. Une forme simplifiée, fermée avec l'hypothèse de diffusion turbulente, de

cette équation est donnée dans le paragraphe 9.3.2 d (équation 9.94). Nous allons

considérer, dans un premier temps, les grandes structures de production de l'énergie

cinétique turbulente ou structures énergétiques et, dans un second temps, les petites

structures ou structures dissipatives de cette énergie.

a) Échelles énergétiques mécaniques de turbulence

Les grandes structures de l'écoulement, tourbillons les plus énergétiques, sont caractérisées

par :

"O

0

c

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0

v

T""f

0

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Ol

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u

• une échelle énergétique de vitesse :

V

- kl/2

e- ' (9.18)

Notons que ui et u; sont de l'ordre de k 1 1 2 et, d'autre part, u;u; et u;uj de l'ordre

de k.

• des échelles énergétiques de temps et de fréquence déduites de l'équation 9 .15

de bilan de k, réduite aux termes de transport et de dissipation : ~~ = -s;

soient:

k

c

Te= -, Ve= -,

(9. 19)

c

k

ce qui pe1met de déduire, à paitir de l'équation 9.18 :

• des échelles énergétique de taille le, typiquement de 1 'ordre de 1 'épaisseur de

la couche limite turbulente le long d'une plaque ou du diamètre hydraulique

d'un canal, et de nombre d'onde Ke (en effet, les tourbillons sont considérés

comme des oscillateurs) :

k~ 2 1 e

le = UeTe = ----;-' Ke = le = k 312

. (9.20)

Il apparaît à partir des équations 9.16 et 9.20 quefl/p et s, termes de production

et de dissipation de k, sont du même ordre de grandeur:

k3/2

fl/p ~ c ~ - ~ Ke k 312 . (9.21)

le

Cela correspond à un certain équilibre de la turbulence, en régime établi.

332


9.1. Équations de bilan et échelles caractéristiques

b) Échelles mécaniques de dissipation de turbulence

Comme le montre l'équation 9.15, l'énergie cinétique turbulente se dissipe en chaleur

uniquement sous l'effet de la viscosité moléculaire v, phénomène de diffusion. La

taille caractéristique ld des structures dissipatives peut alors être caractérisée par de

simples considérations dimensionnelles, en admettant qu'elle ne dépend que de & et

v, de dimensions respectives L 2 T - 3 et L 2 T- 1 ; on obtient alors :

• des échelles dissipatives de taille ld et de nombre d'onde d'onde Kd:

(9.22)

La même approche conduit à :

• des échelles dissipatives de temps Tc1 et de fréquence v c1 :

(9.23)

ce qui conduit à :

• une échelle dissipative de vitesse vc1 :

(9.24)

Notons que la durée r c1 d'une structure dissipative de taille caractéristique ld est

aussi le temps caractéristique de diffusion par viscosité associé à cette taille, soit :

z;;v, analogue à 12/a en conduction.

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@

c) Comparaison des échelles

Les rapports des échelles de dissipation aux échelles correspondantes énergétiques

dépendent simplement d'un nombre de Reynolds Ree associé aux structures énergétiques

:

(9.25)

Soient, tous calculs faits :

Td / Te= R ee -1/2 ' / R -1/4

Vd Ve = ee .

(9.26)

Comme Ree est grand en régime turbulent, les tailles, vitesses et durées des structures

dissipatives sont beaucoup plus petites que celles des structures énergétiques correspondantes;

l'inverse est vrai pour les nombres d'onde et fréquences. Cette séparation

333


Chapitre 9 • Transferts turbulents

importante des échelles est un obstacle majeur à la simulation numérique de la turbulence,

qui doit traiter avec précision les deux types d'échelles. Ce phénomène est

d'autant plus critique que Ree prend une valeur élevée, c'est-à-dire que l'écoulement

est plus turbulent.

d) Notions de spectres de la turbulence

Il est intéressant d'étudier les spectres de k et E sous l'hypothèse d' une turbulence

homogène et isotrope. Cette hypothèse est physiquement peu réaliste pour caractériser

la turbulence au voisinage d' une paroi, mais permet d'introduire des ordres de

grandeurs de résultats. Les densités spectrales E (K) et D(K) de k et s sont définies

par:

k = f E(K)dK, E = f D(K)dK. (9.27)

E(K) est représentée en échelles logarithmiques sur la figure 9.2a. 11 y apparaît que

la quasi totalité de l'énergie cinétique turbulente correspond aux grandes strnctures,

dites énergétiques, de nombre d'onde voisins de Ke. Corrélativement, la contribution

ln {E (K)}

ln [E (K) (e v 5) -1 ./]

/

K-5'3

ln (K) b)

"Cl

0

c

::::i

0

.--1

0

"""

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Ol

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>-

0.

0

u

Figure 9.2 - Densité spectrale E(K) de k: a) allure générale; b) échelles inertielles et de

dissipation, d'après Monin et Yaglom [97).

à k des structures dissipatives, de nombre d'onde voisins de Kd est faible. Entre les

structure énergétiques caractérisées par Ke et les structures dissipatives, caractérisées

par Kd, des structures intermédiaires, dites inertielles, sont caractérisées par un argument

dû à Kolmogorov [59] : E(K) ne dépend dans cette zone que de K et&. Soit,

compte tenu des dimensions respectives de E , K et s (L 3 T- 2 , L- 1 et L 2 r- 3 ):

E(K) = C K- 5 ! 3 s 213 • (9.28)

334

Cette dépendance est représentée par une droite, dite droite de Kolmogorov, en

échelle logarithmique (voir figure 9.2b). La densité spectrale de dissipation turbulente

D(K), égale en turbulence homogène et isotrope à 2vK 2 E(K), maximale pour

Kd est représentée sur la figure 9.3, inspirée de Monin et Yaglom [97].


9.1. Équations de bilan et échelles caractéristiques

unités arbitraires

tl

K

Figure 9.3 - Allures de E(K) et D(K)

(échelles logarithmiques)

Figure 9.4- Essai de représentation

des échelles mécaniques.

Les mécanismes de la turbulence reposent sur des échanges énergétiques complexes

et réciproques entre des tourbillons de toutes les échelles de nombres

d'onde K. Globalement, la dégradation de l'énergie se produit des grandes structures

énergétiques vers des structures de plus en plus petites, jusqu'aux structures

dissipatives de taille typique ld (voir une schématisation sur la Fig. 9.4). En effet, la

turbulence est principalement produite sous forme de tourbillons de grandes tailles

(structures énergétiques), tandis qu'elle est essentiellement dissipée sous forme de

tourbillons de petites tailles (structures dissipatives) : ces dernières sont plus efficaces

pour dissiper l'énergie cinétique en chaleur par viscosité. En effet, la durée

caractéristique d'une structure est 12/v. Ces mécanismes de dégradation sont abordés

dans le paragraphe 9.1.5.

"Cl

0

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9.1.4 Échelles caractéristiques thermiques et scalaires

--;z '2

Les évolutions de B = r 2

et x s = c2 sont parallèles à celles de k. On se limitera ici

à B. Les évolutions de Xs se déduisent des résutats associés par un simple changement

de notations.

Des équations statistiques de bilan simüaires à celles relatives à k et E sont établies

pour e et Ef), dissipation de e. On introduit à la fois une densité spectrale de e, notée

EB(K), et une densité spectrale DB(K) de cfJ, quj apparaît comme te1me dissip. atif dans

. .

l'équation statistique de bilan de e, comme c dans celle de k :

âT' âT'

cf)= a-Ô -Ô.

Xi Xi

(9.29)

où a est la diffusivité thermique du fluide.

En turbulence homogène isotrope DB(K) est encore égal à 2aK 2 EB(K). De façon

plus générale, aux nombres d'onde KeB et KdB correspondant aux maxima de EB et

DB sont associées les échelles spatiales énergétiques leB = 1/ Kee et de dissipation

335


Chapitre 9 • Transferts turbulents

lc1e = lf Kde· Les évolutions de Ee(K) et D 8 (K) sont comparées à celles de E(K) et

D(K) par Monin et Yaglom [97] pour diverses valeurs du nombre de Prandtl. Pour Pr

voisin de 1, il apparaît que :

9.1.5 Cascade énergétique

et (9.30)

La turbulence est créée principalement sous forme de grandes structures, de tailles

caractéristiques le et nombres d'onde Ke, dans des régions de l'écoulement où coexistent

des contraintes visqueuses et de Reynolds importantes (voir l'équation 9.16).

Ce phénomène se produit :

• dans des zones voisines d'une paroi, où les gradients de vitesse et de température

sont grands, mais pas immédiatement à la paroi (voir le paragraphe

9.2.3c);

• au voisinage des fronts de réactions chimiques, en particulier des fronts de

flamme, là où les gradients de température, de masse volumique, de vitesses

sont également très importants; la combustion turbulente est une discipline en

plein essor.

• au voisinage de microstructures le long des parois, appelées promoteurs de

turbulence ; les gradients de vitesse y sont considérablement augmentés. C'est

un moyen efficace pour provoquer la turbulence d'un écoulement de nombre

de Reynolds global supérieur à 2300 dans un tube, qui risquerait néanmoins

de rester laminaire en l'absence de vibrations ou de ces promoteurs (voir le

paragraphe 5.4.5).

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L'observation d'écoulements révèle que les tourbillons de grandes tailles sont diffusés

et convectés, mais dégénèrent statistiquement en tourbillons de plus en plus

petits et de fréquences de plus en plus élevés, pour finalement être dissipés en chaleur

du fait de la viscosité moléculaire du fluide, principalement quand leurs tailles et

nombres d'onde sont de l'ordre de ld et Kd. Cet effet est statistique et irréversible: des

échanges réciproques ont lieu entre classes de tourbillons de différentes tailles, mais

globalement l'énergie de la turbulence passe progressivement des grandes échelles de

production aux petites échelles de dissipation. Les mécanismes responsables de cette

cascade énergétique de la turbulence sont les transfe1ts convectifs turbulents, c'est à

dire les te1mes non linéaires des équations de bilan 9.2 à 9.4 :

336


9.2. Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi

Ces non-linéarités permettent d'expliquer, à partir d' un argument spectral simple, la

dégénérescence d' un tourbillon d'échelle spatiale let de nombre d'onde K = l./l en

structures de plus en plus petites, caractérisées par des nombres d'ondes de plus en

plus grands (cascade énergétique). Supposons qu'à l'instant t 0 les composantes de la

vitesse en un point M(x,y,z) soient en notation complexe

vi = ViQRe [exp(} Kixx)], (9.31.)

c'est -à-dire un champ caractérisé par trois nombres d'onde différents Kix, KJx• Kkx,

suivant la seule direction x pour simplifier. Du fait du te1me p 0

°.

x, (viv 1

-) de l'équation

instationnaire de bilan de quantité de mouvement 9.2, et plus précisément du produit

vivJ, la vitesse vi à un instant ultérieur va être affectée par toutes les combinaisons

de nombres d'onde du type Kix + K 1 x et Kix - KJx · Ce processus est responsable du

transfert de l'énergie entre classes de tourbillons de nombres d'onde différents plus

grands ou plus petit que le nombre d'onde initial. Comme les tourbillons de grands

nombres d'onde sont beaucoup plus vite dissipés en chaleur que les autres, le puits

de disparition des tourbillons est constitué par ces tourbillons de grands nombres

d'onde. La même analyse peut être faite sur les autres équations de bilan.

9.2 ÉCOULEMENT TURBULENT AU VOISINAGE

D'UNE PAROI

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La difficulté essentielle en transferts turbulents thermiques est de modéliser la turbulence

au voisinage des parois d' un système. C'est l'objet de ce paragraphe, dont la

compréhension est importante pour cette modélisation, y compris par les méthodes

les plus avancées (simulation numérique directe, simulation des grandes échelles, ... ).

Ce paragraphe traite précisément de la structure d'un écoulement turbulent en régime

établi dans un tube chauffé à flux constant <pp, tant du point de vue du champ

de vitesse que de celui du champ de température. Ses résultats sont généralisables

à d'autres configurations (canal de diamètre hydraulique Dh, couche limite le long

d' une plaque plane, condition de température imposée ... ), à condition d'adapter les

échelles de longueur de référence.

Dans une approche plus pragmatique que dans le paragraphe précédent, de nouvelles

échelles macroscopiques sont introduites :

• les grandes structures des champs de température et de vitesse sont rappo1tées au

rayon R du tube 5 ;

5. À l'épaisseur locale de la couche limite, le long d'une plaque plane, au (demi) diamètre hydraulique

dans un canal de section constante.

337


Chapitre 9 • Transferts turbulents

• les vitesses (moyennées et fluctuantes) sont rapportées à la vitesse de frottement u*,

définie par référence à T P• contrainte visqueuse exercée par le fluide sur la paroi,

toujours positive dans le sens de l' écoulement 6 ; soit :

u* > 0, 8

8 U < 0, T p > 0.

r

(9.32)

• les températures, moyennes et fluctuantes, sont de façon similaire rapportées à la

température de frottement T*, qui est en fait une variation de température définie

dans le cas d'un flux surfacique constant à la paroi 'Pp par:

*T* PCpU ='Pp u* > 0, 'Pp et T * algébriques. (9.33)

Contrairement aux cas du gradient de vitesse et de la contrainte pariétale, les signes

du gradient de température et du flux thermique pariétal 'Pp dépendent de l'application

: T* est donc une quantité algébrique, de même signe que <pp, positif dans le sens

de l'axe Or.

3

2/-

1/ ?'~

q O,OOf 0. 0~8 0 1 01 1VR 0 0.2 O../ 0,6 0.8 /

0.06

0,02

r!R

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Figure 9.5 - Fluctuations de vitesses

mesurées dans un tube d'après Laufer [82],

pour Re 0 = 510 5 et u/u* = 0,035.

Figure 9.6 - Composante du

tenseur de Reynolds; Mêmes

condition qu'en Fig. 9.5.

Il est intéressant, à ce stade, de considérer des données expérimentales relatives à

u' 2 et v' 2 (figure 9.5), u'v' (figure 9.6) et à la production d'énergie cinétique turbulente

Il (figure 9.1) en fonction de la distance à la paroi y = R - r . Il apparaît sur

la figure 9.5 que les fluctuations de vitesses croissent à partir de la paroi jusqu'à une

zone où elles sont maximales. Cette zone est caractérisée par une valeur du nombre

de Reynolds de la turbu.lence

R * * /

ey = U !f V (9.34)

6. Rappelons que, par convention, µ ?ft: est la contrainte exercée par Je milieu situé du côté de la normale

orientée (ici du côté des grandes valeurs der) sur l'autre milieu.

338


9.2. Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi

de l'ordre de 10 à 20. Elle correspond également au maximum de la production

d'énergie cinétique turbulente représentée sur la figure 9.1. Ce point sera discuté dans

le paragraphe 9.2.3.

Dans le cas de T' 2 , des résultats similaires sont obtenus sur la figure 9.7 pour de

l'eau. Pour un métal liquide, le mercure sur cette même figure, les résultats sont très

différents du fait de la diffusivité thennique très élevée de celui-ci, plus précisément

de son très faible nombre de Prandtl.

-12

T' 1 IT*

2 eau (Hochreiter, 1971)

I

mercure

(Hochreiter, 1971) y/R

0 0.5 1

Figure 9.7- Fluctuations de température. Lissages d'expériences d'après Pimont [ 108].

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9

9.2.1 Contrainte totale Ttot

Soit un écoulement stationnaire en moyenne et en régime établi d'un fluide à transformation

isovolume au sein d' un tube de rayon R. La masse volumique supposée

uniforme sera simplement notée p. Soient x et r les coordonnées axiale et radiale d' un

point, <.p son azimuth définissant la coordonnée orthoradiale. Le vecteur vitesse v a

pour composantes respectives u,v,w suivant ces trois coordonnées.

Le régime turbulent établi est caractérisé par : 2- u = 0 · 2- u' 2 = 0 · 2-u'v' = O.

ôx ' ôx ' ôx

Comme l J:t est nul en régime établi, et que ~ ;'P w est nul du fait de la symétrie

cylindrique, l'équation de bilan de masse moyennée est réduite à : ~ Îr(ro) = 0, ce

qui conduit à : ru = Rüp = 0, soit : ü = O.

La moyenne d'ensemble de la projection sur Ox de l'équation de bilan de quantité

de mouvement 9.2 s'écrit:

pdiv(uv) = - ~~ + div(µgradü). (9.35)

Dans le second terme du second membre de l'équation 9.35 la quantité :; 2 u est nulle

en régime établi, la vitesse orthoradiale w l'est également pour raison de symétrie.

Il ne reste donc que le terme ~ Îr(r µ ~~ ).Après décomposition de Reynolds 9.6 (u =

u + u' ... ) et annulation de nombreux termes 7 sur la base des hypothèses faites, il

7.Pour: c = uouT,div(c v) = c div(v) + v. grad (c).

- a) Dans le cas c = u, après moyenne d'ensemble : div(u v) = fx u 2 + ~ f,. ruu + ~ ,~ uw.

339


Chapitre 9 • Transferts turbulents

vient finalement:

- ôp + !~ [r (µ ôu - pu'u')] =O.

ôx r ôr ôr

(9.36)

La moyenne d'ensemble de la projection sur l'axe radial de l'équation de bilan de

quantité de mouvement a pour expression :

(9.37)

En effet, la quantité Jx (ru' u') est nulle en régime établi et gr frp w par raison de symétrie.

Comme Jx (rv' 2 ) est nul en régime établi, il vient:

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~!_p = o.

ôr ôx

L' expression de la contrainte totale au sein du fluide 'T, 0 ,(r) est alors déduite :

(9.38)

• de l' intégration de l'équation 9.36, de 0 à R. Comme la vitesse et la contrainte

- pu' u' sont nulles à la paroi, Jx p a pour expression en r = R : - 2/ R T P' où T P

désigne la contrainte exercée par le fluide sur la paroi (voir l'équation 9.32).

• de la substitution de cette expression de Jx p, dans l'équation 9.36 intégrée de 0

à r.

Il vient:

_ ) du ) - r r *2

T 101 (r = +µ-(r - p u' u'(r) = - - T P = - - pu .

dr R R

(9.39)

Un résultat remarquable est que le module de la contrainte totale croît linéairement de

la valeur 0 au cœur de 1' écoulement à la valeur r P à la paroi. Des déterminations expérimentales

de la contrainte turbulente - p u'v' montrent que celle-ci est prépondérante

au cœur de l'écoulement et décroît fortement au voisinage de la paroi (figure 9.6).

9.2.2 Flux surfacique thermique radial total

Un régime thermique établi 8 est caractérisé par:

a - a - - r r a-- a--

- T * 0 · -T+ = 0 avec y + = - /1 • - u'T' = 0 · - u'T' =O.

ôx ' ôx ' T m - T

p

' ôx ' ôx

Le terme fx u 2 = fx ïi + fx u' 2 est nul en régime établi. Le terme; a~ uw est nul du fait de la symétrie

cylindrique. II ne reste donc que : ! .!!.. ruu = ! .!!.. ru'u' puisque ü est nul.

r fJr r ô r '

- b) Dans le cas c = T, après moyenne d'ensemble : div(T v) = fx uT + ; f,. ruT + ; a: wT.

Le terme .!L uT devient u .!L T puisque .!L u et .!L u'T' sont nuls en régime établi. Le terme ! .!L wT est

ôx ôx ' ax ax /' 81(>

nul du fait de la symétrie cylindrique. Comme ü est nul , le terme ; f,. ruT devient ; f,. ru'T' .

8. Les défini tions de la température de mélange et de la températures adimensionnée en conduite ont

été introduites dans le paragraphe 5.3.

340


9.2. Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi

La moyenne d'ensemble de l'équation de bilan d'énergie 9.2 du fluide s'écrit avec

les hypothèses faites, incluant celle de la couche limite :

Après transformations 9 celle-ci devient :

pep div(v T) = ~ i_ (rÀ oT).

r or or

[ )]

_oT i o oT -

pc u - - = - - r (À- - -pc v' T' .

p ox r or or p

(9.40)

(9.41)

Le flux surfacique thermique radial total défini par :

oT -

'Tfot

m (r) = - À-

or + pc p v'T'

(9.42)

ne dépend que der. En effet, la quantité JxvT' est nulle en régime établi et lx ffrT est

également nul si le flux pariétal est uniforme 9 . De la même façon, ~~ ne dépend pas

der.

Le profil universel de vitesse moyenne de Nikuradze-Schlichting [120] (voir équation

5.114) conduit à la limite où Rev tend vers l'infini à un champ de vitesse u également

uniforme en r : nous ferons cette approximation. L' intégration de l'équation

statistique de bilan d'énergie 9.41 de 0 à R conduit à:

et son intégration de 0 à r à :

(9.43)

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Re 0 ---7 oo :

oT - r

<p 101 (r) = - À or (r) + pcpv'T'(r) ='Pp R (9.44)

Dans cette éqation, <p 101 (r) et 'Pp sont des flux algébriques, comptés positivement dans

le sens de l'axe. L'expression lPtot(r) obtenue est analogue à celle de la contrainte totale

'T 101 (r). Les écarts à la loi linéaire dans l'équation 9.44 sont faibles, de l'ordre de

20% pour Rev voisin de 5 000 et décroissent quand Reo croît. Nous adopterons dans

la suite l'équation 9.44. Les modules du flux thermique radial total et de la contrainte

totale, croissent linéairement de la valeur 0 au centre de l'écoulement à <p P et T P à

la paroi, respectivement : les contributions turbulentes, faibles à la paroi, sont prépondérantes

dans le coeur de l'écoulement, l'inverse étant vrai pour les contributions

diffusives (conduction thermique et viscosité).

9. En régime thermique établi, fx T+ = O. Soit: -J;cf - Tp) = K 'i;(T 111 - Tp) = K ;x 'P:, = O. Ni TP, ni

T ne dépendent alors de r.

341


Chapitre 9 • Transferts turbulents

9.2.3 Structure de l'écoulement

Les structures des champs de vitesses et de température dans l'écoulement sont étudiées

dans ce paragraphe à partir des expressions de la contrainte totale et du flux

thermique radial total, obtenues dans les deux paragraphes précédents. Cependant un

usage universel est de considérer comme variable, non plus r mais la distance à la

paroi:

y= R - r. (9.45)

La raison de ce choix est que les phénomènes les plus importants se produisent dans

des couches pariétales du fluide extrêmement fines. En conséquence, le sens del' axe

radial est renversé, ô/ôr devient - ô/ôy, v' devient -v', la contrainte Tror(Y) est égale

à -Tror(r), mais la contrainte T P exercée par le fluide sur la paroi est toujours positive

(dans le sens de l'écoulement). Avec ces nouvelles conventions, l'équation 9.39

devient:

_ du - ( y) *1 ( Y )

Tr 0 r(Y) = +µ dy (y) - p u'u'(y) = T p 1 - R = pu 1 - R . (9.46)

Les flux thermiques sont maintenant comptés positivement dans le sens de y et

'Pp devient - <pp. L'équation du flux thermique radial total 9.44 devient, à la limite

ReD ~ oo:

<p, 0 ,(y) = -À~: (y) + pcpv'T'(y) = 'Pp ( 1 - ~) = pcpu*T * ( 1 - ~) (9.47)

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En régime turbulent établi dans un tube, deux types de zones sont définis par référence

- --

aux propriétés des contraintes turbulentes -u'v' et v'T' :

• des zones internes, voisines de la paroi, dans lesquelles les contributions diffusives

(visqueuse et conductive) ne sont pas totalement négligeables : dominantes à la

paroi, ces contributions deviennent cependant très faibles à l'autre limite d'une

zone interne.

• des zones externes, qui ne sont en pratique le siège que de contrainte et flux tur-

- --

bulents : -u' v' et u'T' ; ces zones qui sont géométriquement les plus importantes

constituent le cœur de l'écoulement turbulent.

La frontière entre zone interne et zone externe est floue ; ces zones se différencient

essentiellement par les échelles de longueur de référence adoptée pour les grandeurs

moyennées et turbulentes. On parlera de zone interne mécanique (Z.I.M.) et de zone

externe mécanique (Z.E.M.) si on fait référence à la contrainte turbulente u'v', de

zone interne thermique (Z.l.T.) et zone externe thermique (Z.E.T.) si on fait référence

à v'T'.

342


9.2. Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi

a) Contrainte et flux thermique totaux dans les zones externes

Comme les zones externes occupent la quasi totalité du tube, on prendra comme

échelle de longueur de référence le = R, et on posera :

+

/R - + -; * 1 1

Ye = y , u = u u , V + = V / u *, T 1 + = T 1 /T*, T + = u s:T/T* (9.48)

où ôT représente l'écart entre la température moyenne du fluide en un point et celle de

la paroi. La contrainte totale, donnée par l'équation 9.46, et le flux thermique radial

total, donné par l'équation 9.47 deviennent:

Trot _ ( V ) ôu+ i+ i+ _ l +

--- ---UV - -y

pu* 2 u*R ôy~ e

(9.49)

(9.50)

Comme en régime turbulent, les nombres de Reynolds et de Péclet:

ReR = u*R/v PeR = u*R/a (9.51)

sont grands devant 1, les équations 9.49 et 9.50 deviennent :

(9.52)

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b) Contrainte et flux thermique totaux dans les zones internes

Dans les zones internes mécanique et thermique, proches de la paroi, on prend les

mêmes échelles de référence que précédemment (équations 9.48), sauf dans le cas

des échelles de longueur. Dans l'expression de la contrainte 9.46, les contributions

visqueuse et turbulente sont supposées du même ordre de grandeur dans ces zones :

vu * d-+ u *2 + y

- - ~ -u 1 +v 1 + u avec : y - - (9.53)

l~ dy ~ i - F

l 1 l

où zr est la longueur de référence dans la zone interne mécanique. Celle-ci est alors

choisie égale à :

lm / * + * / R *

i = v u ~ Yi = u y v = ey (9.54)

L'expression 9 .46 de la contrainte totale devient, si y/ R « 1 :

'Trot du+

-- = - - ut+v 1 + ::::::: 1

pu*2 dy7

(9.55)

La zone mécanique interne est une zone caractérisée par une contrainte totale

constante.

343


Chapitre 9 • Transferts turbulents

Dans la zone interne thermique, proche de la paroi, on définit par une démarche

analogue à la précédente, qui ne sera pas détaillée, la longueur de référence l~h par:

l'1·h = a/u* ++ * / p *

~ Yi = u y a = ey. (9.56)

Le flux thermique radial total, donné par l'équation 9.47, devient :

dT +

(/)rot

--- = - -- + v 1 +T 1 + :::::: 1.

pcpu*T* dy7+

(9.57)

La zone thermique interne est une zone à flux constant.

c) Structure des zones internes

La comparaison des ordres de grandeur des effets diffusifs (effets de la viscosité et de

la conduction) et turbulents conduit à distinguer trois sous-couches dans chacune des

zones internes :

• Dans la partie de la zone interne qui est au voisinage immédiat de la paroi, les

contraintes turbulentes sont négligeables. L'observation montre qu'elles existent

néanmoins. On obtient d'après les équations 9.55 et 9.57 :

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d + = 1

Yi

dT+

d ++ = 1

Yi

- + +

u =Yi (9.58)

T + - ++ - -yi . (9.59)

Ces sous-couches, dominées par les effets visqueux et conductifs, sont les souscouche

visqueuse et sous-couche conductive, respectivement. Les valeurs limites,

de l'ordre de y7 = 5 et y7+ = 5, résultent d'observations expérimentales : elles

sont actuellement retrouvées par simulaion numérique directe.

• Dans la partie de la zone interne qui voisine la zone externe, les effets diffusifs sont

très petits devant les effets turbulents. Les équations 9.55 et 9.57 deviennent :

- Tr or --,-; *2

-- :::::: -u V ~ U (9.60)

p

<fJrot 'T' *T*

-:::::: v ::::::u

pep

(9.61)

Cette région de la zone interne diffère très peu de la région immédiatement voisine

de la zone externe. La distinction arbitraire entre ces régions repose sur les échelles

de longueur de référence différentes utilisées (voir le paragraphe précédent). Le

gradient de vitesse moyennée s'exprime de deux façons différentes dans la zone

344


9.2. Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi

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interne mécanique et dans la zone externe mécanique, à la frontière entre ces deux

zones:

du u* 2 du + u* du +

=---=---

(9.62)

dy V dyt R dy~

En multipliant les deux membres par y/u*, on obtient :

d-+ d-+ 1

+ u + u

Yi dyt = Ye dy~ kvK (9.63)

L'égalité entre deux fonctions de variables différentes implique qu'elles sont égales

à une constante kvk, inverse de la constante de Von Karmann. Ceci conduit, au

voisinage de la frontière entre les deux zones à un profil logarithmique des vitesses ;

soit, dans la zone interne :

u+ = kvk ln(yu* /v) + c. (9.64)

Les valeurs des constantes préconisées avec une bonne prec1s10n par Sclichting

[120], sur la base d'expériences de Nikuradze pour de l'eau, sur une plage

importante de nombre de Reynolds global Re 0 = umD/v allant de 3. 10 3 à 3.2410 6

sont : kvK = 0,40 et C = 5,5 (voir figure 9.8). Ces valeurs ont été retrouvées

pour des fluides usuels transparents par de nombreux expérimentateurs, ainsi que

par simulation numérique directe, avec une très bonne précision. Des valeurs différentes

sont données par Pimont [108] pour des métaux liquides, de faible nombre

de Prandtl.

Cette région de la zone interne mécanique où le profil des vitesses est logarithmique

est appelée sous-couche inertielle. Elle s'étend au delà de y7 = 30 jusqu'à

la frontière mal définie avec la zone externe mécanique; la valeur de cette frontière

généralement adoptée 10 est y/R = 0,1.

De la même façon, on introduit une sous-couche inertielle dans la zone interne

the1mique au voisinage de la zone externe, en identifiant les gradients moyens

de température dans les zones interne et externe respectivement. On obtient, par

analogie avec l'équation 9.64, un profil logarithmique de température tant dans la

zone externe au voisinage de la zone interne que dans la zone interne au voisinage

de la zone externe. Soit, dans le second cas :

T + = k 1 - J ln(yu* /a) + C'. (9.65)

Des valeurs récentes [69] sont: k' = 0,36, C' = 3,07 (constante rapportée à y7+),

pour des gaz : k' a une valeur voisine de la constante kvK de Von Karman. La

région de la zone interne caractérisée par un profil logarithmique de température,

sous-couches inertielle thermique, s'étend également de y7+ = 30 à la frontière

avec la zone externe the1mique, conventionnellement pris égale à y/R = 0, 1 (voir

la figure 9.9).

1 O. Dans le cas d'un canal de diamètre hydraulique D 11 , Rest remplacé par D1i/2.

345


Chapitre 9 • Transferts turbulents

15

5

v;+ = 2.5 ln(y+) + 5.5

\

+

lh

20

10

- +

T = 2.78 ln(y+) + 2.09

10

y+

100

10

y+

100

Figure 9.8 - Profils moyens de vitesse

dans un canal plan obtenus par simulation

numérique directe: o [75], line [ 160].

Figure 9.9- Profils moyens de

température dans un canal plan obtenus

par simulation numérique directe : o :

Pr=2, 1:;. : Pr=0,71, 1:::.: Pr=0,1, [74];

line [ 160]. Notons que ces courbes

rapportées à y+ et non à y++ dépendent

alors de Pr.

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• Au sein des zones internes mécanique et thermique, les sous couches comprises

entre les sous couches visqueuses et conductives et les sous couches ine1tielles

sont appelées sous-couches tampons, : y+ ou y""!"+ y varient entre 5 et 30. Ces

l

l

sous couches jouent un rôle essentiel : tant la production d'énergie cinétique turbulente

II que sa dissipations y sont maximales, au voisinage de y7 = 12 (voir la

figure 9.1). Il en va du même pour les termes de production et de dissipation des.

Van Driest [147] a grossièrement modélisé, dans la sous-couche mécanique tampon,

l'amortissement des fluctuations de vitesse dû à la paroi par un facteur exponentiel,

ce qui conduit à généraliser l'expression de la contrainte turbulente 9.60

dans cette zone. Un modèle plus récent fondé sur cette approche est présenté dans

le paragraphe 9.3.2 a. La production d'énergie cinétique turbulente II calculée par

ce modèle passe par un maximum pour y7 ~ 12, en accord avec des résultats

expérimentaux.

d) Structures des zones externes

Dans la zone externe, au voisinage de la zone interne, l'intégration de l'équation 9.63

et d'une équation similaire pour T + conduit également à des profils logarithmiques

des champs de vitesse et température :

(u - uo)/u* = kvk ln y; + D,

(9.66)

T + = ôT /T* = k 1 -

l ln y; + E

(9.67)

346


9.2. Écoulement turbulent au voisinage d'une paroi

Ces expressions sont appelées lois déficitaire des vitesses et températures puisque les

vitesse et température de référence, u 0 et T 0 , sont maintenant celles de l'écoulement

moyen sur l'axe de la conduite. Elles sont applicables à la plus grande partie du

tube, depuis la frontière des zones internes (conventionnellement y/R = 0, l)à environ

y/R = 0,3. Elles ne le sont évidemment pas au voisinage de l'axe, où vitesse et

température sont stationnaires. Le profil universel de Schlichting (Eq. 5.114) peut

être utilisé au coeur de l'écoulement.

La valeur de D , difficile à mesurer ou à déterminer par simulation numérique directe,

est faible de l'ordre de 0,5. Mais les grandes structures des champs de vitesse

et de température au coeur de l'écoulement sont assez bien déterminés par la plupart

des modèles, contrairement au cas des structures voisines de la paroi.

e) Exemple d'ordres de grandeur

Il est important de connaître des ordres de grandeur des échelles spatiales mises en

jeu dans un écoulement turbulent. Soit, par exemple un écoulement turbulent établi

d'air, stationnaire en moyenne, dans un tube de diamètre D, avec les données réalistes

suivantes : D = 0, lm; v 0 = 20 m/s; v = 210- 5 m 2 /s; Pr= 0,7.

On en déduit : Rev = vovD = 10 5 et à paitir de l'expression du coefficient de

frottement CFv, défini par l'équation 5.81 : CFv = 27 i = (u*) 2 = 0,046 Re- 0 • 2 , 0

la

pv 0

vo

valeur de la vitesse de frottement: u* = l ,36m/s. En conséquence:

• La sous couche visqueuse s'étend de 0 à 5 v/u* = 70 ~Lm de la paroi,

• La sous-couche conductive de 0 à 5 aju* = 100 ~Lm de celle-ci;

• La sous-couche tampon mécanique de 70 ~Lm à 30 v/u* = 420 µm de la paroi,

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• La sous-couche tampon thermique de 100 µm à 30 v/u* = 600 µm de celle-ci;

• La zone inertielle (logarithmique) mécanique interne de 420 ~Lm à 5 mm de la paroi,

• La zone inertielle (logarithmique) thermique interne de 600 ~tm à 5 mm de la paroi,

• La zone inertielle (logarithmique) mécanique externe de 5 mm à 15 mm de la paroi,

• La zone inertielle (logarithmique) the1mique externe de 5 mm à 15 mm de la paroi.

Comme les épaisseurs des sous couches sont très faibles, ces résultats ne sont valables

que pour des parois lisses, c'est à dire de rugosité faible par rapport à l'épaisseur

d'une sous couche. Rappelons que des corrections empiriques des coefficients

de frottement, des nombres de N usselt et, à partir de là, des coefficients de transfert

peuvent être réalisées à paitir des abaques de Nikuradze-Moody (voir le Complément

C.2).

347


Chapitre 9 • Transferts turbulents

9.2.4 Cas d'un fluide de masse volumique variable

Dés lors que le gradient de température est important au sein de la zone interne, les

variations de la masse volumique et de la viscosité avec la température ne peuvent

plus être négligées. Dans ces conditions, la moyenne de Favre [ 45] est généralement

substituée à celle de Reynolds dans les équations statistiques de bilan : voir le

paragraphe 9.1.2. Mais cette moyenne est peu adaptée à traiter les phénomènes de

diffusion, importants dans les sous couches visqueuse, conductive et tampons.

Une approche pragmatique, validée par simulation numérique directe, par exemple

par [1 60], consiste à modifier l'adimensionnement spatial [66], en posant au lieu

de y+ :

* P Ur(Y) Y

Yi = µ(y) Ur(Y) = ( p(~) (9.68)

T )1/2

et à utiliser un nombre de Prandtl turbulent ajusté sur des résultats de simulation

numérique [72] dans le cas d'un gaz (de nombre

r

de

[

Prandtl égal à 0,7):

ir Pr,(y) = ( 0,5882 + 0,228; - 0.0441 (; 1 - exp (-5, 165 :,) (9.69)

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9.2.5 Couplages avec le rayonnement

Si le fluide est semi-transparent et que le système présente une épaisseur optique

importante, un couplage important et réciproque des champs turbulents (de vitesses

et surtout de température) et des champs radiatifs (de luminance) peut se produire.

C 'est notamment le cas des applications de la combustion à pression élevée. La turbulence

affecte les champs radiatifs. Réciproquement, les transferts radiatifs modifient

profondément les bilans thermiques dans les différentes couches de la zone interne

the1mique. La structure des champs de température est fo1tement modifiée. Le profil

logarithmique de température est même susceptible de disparaître. CmTélativement,

le flux conductif à la paroi est aussi susceptible d' être profondément modifié sous

l' action de deux effets antagonistes :

• D 'une part, les transferts radiatifs gaz-gaz, qui représentent un transfert supplémentaire

par rappmt à la convection, tendent à homogénéiser plus encore le profil

de température moyen au coeur de l'écoulement. Dans ces conditions, le gradient

de température et par conséquent le flux conductif sont augmentés fortement à la

parm.

• D ' autre part, si les transferts radiatifs paroi-gaz sont importants, la paroi tend au

contraire à imposer sa température en son voisinage, donc à y diminuer le flux

conductif. La valeur de l' émissivité de paroi joue un rôle déterminant dans le poids

de cet effet.

348


9.3. Les différentes voies de modélisation

Suivant que l'un ou l'autre des phénomènes précédents l'emporte, le flux conductif

pariétal est susceptible d'être fo1tement augmenté ou diminué. Quand ils sont du

même ordre de grandeur, l'effet sur le flux conductif est faible, même si les flux

radiatifs sont importants.

Une analyse physique de ces phénomènes complexes, dont la prévision est délicate,

a été conduite par Zhang et al. [160] à pait.ir d' une simulation numérique directe

de la turbulence couplée à un calcul Monte-Carlo des transferts radiatifs. Des critères

quantitatifs définissant des conditions dans lesquelles la modification des champs

thermiques et du flux conductif pariétal sont importantes ont été établis. Un modèle

de simulation des grandes échelles de la turbulence a été couplé à une approche

Monte Carlo du rayonnement et à des modèles monodimensionnels de turbulence et

rayonnement au voisinage de la paroi, en vue d'application à des calculs d'ingéniérie

[161].

9.2.6 Structure d'un écoulement turbulent dans une autre

géométrie

Les résultats précédemment obtenus pour un tube de section circulaire sont applicables

au cas d' un canal de section.

Il suffit de remplacer dans le formalisme du paragraphe 9.2 le rayon R par le demidiamètre

hydraulique du canal D,J2 (voir par exemple les figures 9.8 et 9.9.

Dans le cas de l'écoulement le long d'une plaque plane, ou plus généralement le

long d'un profil quelconque (géométrie ouverte), la zone interne est caractérisée par

la même structure. La différence essentielle est que la longueur de référence pour la

zone externe est alors l'épaisseur statistique de la couche limite turbulente ô(x), au

lieu du rayon R du tube. Les profils universels des vitesses et températures ne sont

pas modifiés.

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9.3 LES DIFFÉRENTES VOIES DE MODÉLISATION

La modélisation de la turbulence est un sujet complexe, d' une importance cruciale

dans les applications industrielles. Les voies de modélisation exposées dans ce paragraphe

ne sont pas exhaustives.

Les méthodes, anciennes mais qui restent les plus utilisées actuellement, reposent

sur des Équations Statistiques de Bilan, en nombre plus ou moins important et écrites

en cascade. Ces équations sont finalement fermées par des lois de diffusion, postulées

arbitrairement. Ces méthodes, abordées dans le paragraphe 9.3.2, dont la plus

usitée est la méthode k-s, sont souvent appelées RANS en anglais (Reynolds Averaged

Navier Stokes equations). Leur limitation majeure est que la fe1meture par diffusion

postulée s'applique à toute la gamme des structures spatiales. Ces méthodes,

349


Chapitre 9 • Transferts turbulents

adaptées à des écoulement à dfrection principale, traitent généralement mal les problèmes

de recirculation, par exemple. De plus, comme les structures vosines de la

paroi ne peuvent être traitées correctement, ces méthodes doivent être complétées par

des « lois de paroi », qui reviennent à imposer en grande partie les expressions de la

contrainte et du flux thermique à la paroi.

La seule méthode qui permet de résoudre directement les structures turbulentes au

voisinage de la paroi, et donc de calculer ab initio le flux thermique et la contrainte

à la paroi, ce qui est l'objectif principal en transferts thermiques, est la Simulation

Numérique Directe (SND ou DNS en anglais). Mais cette méthode, évoquée dans le

paragraphe 9.3. l , reste actuellement confinée à des faibles valeurs des nombres de

Reynolds et des configurations géométriques simples. De plus elle repose souvent

sur des conditions aux limites simples, qui contraignent le problème à traiter. La

simulation numérique directe est cependant un important outil de simulation, par

exemple pour établir des lois de parois utilisables par les autres méthodes.

Une méthode actuellement en essor depuis vingt ans environ est la Simulation des

Grandes Échelles (SGE ou LES, Large Eddy Simulation,en Anglais), dont le principe

est donné dans le paragraphe 9.3.3. C'est en pratique une méthode hybride entre les

deux classes précédentes. La turbulence est traitée de façon instationnaire, comme en

simulation numérique directe, pour les grandes échelles spatiales jusqu'à une échelle

de coupure. Les structures spatiales plus petites que cette échelle de coupure sont

alors traitées par des méthodes similaires aux méthodes RANS. De cette façon, des

effets tels que les recirculations au sein d'un écoulement sont correctement traités.

Les fermetures sont également moins brutales, dans la mesure où elles portent sur

des échelles spatiales plus petites que dans les méthodes RANS.

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9.3.1 Simulation numérique directe de la turbulence

La simulation numérique directe de la turbulence est rigoureuse, dans la mesure où

l'ensemble des équations locales instationnaires de bilan masse, quantité de mouvement,

énergie, transport d'espèces 9.1 à 9.4 représentent complètement le poblème

physique 11 . Elle est cependant très fortement limitée par les performances des

moyens de calculs disponibles. Elle consiste à résoudre ces équations locales instationnaires

de bilan avec un ensemble complet de conditions aux limites, en traitant

correctement à la fois les échelles énergétiques et les échelles de dissipation. Ces dernières

nécessitent le recours à des maillages extrêmement raffinés, ce qui constitue la

limitation principale de la méthode.

11. Dans des gaz à températures élevées, il est parfois impératif de prendre en compte les couplages en

volume avec le champ de rayonnement : voir, par exemple, les références [ 160] (couplage simulation

numérique directe-Monte Carlo), [161) (couplage simulation des grandes échelles-Monte Carlo), ...

350


9.3. Les différentes voies de modélisation

Considérons l'exemple simple du paragraphe 9.2.3 e. Dans un tube de rayon

R = 0,05m, à un nombre de Reynolds Rev = 10 5 correspond un Re* défini par

l'équation 9.34 de 6800. Dans ces conditions, il faut saisir dans les couches limites

des structures correspondant au moins à y+ = 1, soit de l'ordre 15 µm, c'est-à-dire

de R/3000. Avec un maillage régulier, il faut environ 10 10 nœuds en théorie pour

résoudre complètement toutes les structures pour un système tridimensionnel. En

pratique, un maillage à pas variable est utilisé, dense au voisinage de la paroi où les

structures dissipatives jouent un rôle clé, beaucoup plus relâché au coeur de l'écoulement.

Dans les faits, la méthode est généralement limitée à des nombres de Reynolds

ReD de l'ordre de quelques 10 4 .

Remarquons que l'analyse précédente ne s'applique qu'à des parois très lisses,

c'est-à-dire de rugosité plus petite que 15 ~lm, ce qui correspond en pratique à des

parois métalliques d'usinage avancé. Pour une paroi rugueuse, une correction empirique

est, rappelons le, assurée à paitir du diagramme de Moody-Nikuradze (voir le

Complément C.2).

Les méthodes de simulation numérique directe sont de plus, à ce jour, limitées

en pratique par la nécessité de recourir à la fois à des configurations géométriques

simples, des conditions aux limites simples et un régime généralement établi :

• Les géométries traitées sont typiquement bidimensionnelles ; le cas d'un écoulement

entre plans parallèles est le plus fréquent. Notons que le traitement de la

turbulence est, au contraire, toujours tridimensionnel.

• Une hypothèse de stationnarité en moyenne de l'écoulement est le plus souvent

faite. Les résultats conduisent néanmoins à un volume gigantesque d'informations

instationnaires, qu'il faut ensuite analyser.

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• Très souvent, pour limiter les volume des calculs, une hypothèse de périodicité

instationnaire de l'écoulement est faite. Dans le cas d'un écoulement suivant Ox,

à travers un canal plan compris ente x = 0 et x = L , les champs en (0,y, z, t)

sont alors pris égaux à ceux en (L, y,z,t). Ces champs de vitesse et de température

sont alors invariants en moyenne d'ensemble d' une section droite x à l'autre. Un

force volumique, terme source artificiel, doit être ajoutée à l'équation de bilan

de quantité de mouvement pour compenser la dissipation visqueuse. En cas de

conditions aux limites thermiques identique sur les deux parois, une puissance

volumique artificielle doit aussi être ajoutée pour conserver globalement l'énergie.

En conclusion, la simulation numérique directe est un outil essentiel de recherche, qui

n'est pas adapté aux calculs d'ingéniérie. En effet, l'effort numérique, qui est considérable,

porte essentiellement sur les structures dissipatives, et très peu sur les grandes

structures et les structures intermédiaires. De ce fait, l'emploi des méthodes de simulation

numérique directe est de tester des hypothèses, valider des modèles ou définir

351


Chapitre 9 • Transferts turbulents

des lois de paroi dans des conditions particulières, plutôt que de réaliser des simulations

complètes sur des systèmes tridimensionnels réels. À titre d'exemple, pa1mi de

nombreuses publications, on citera les travaux de Zhang et al. qui permettent d'accéder

aux lois de couplages entre transferts conductif, convectif et radiatif au voisinage

des parois dans le cas de gaz, issus d' une combustion par exemple [160, 161]. Ces résultats

sont alors utilisés, par exemple, dans des méthodes de simulation des grandes

échelles (SGE ou LES, en Anglais), qui sont aujourd'hui les méthodes d'ingénierie

les plus avancées (voir le paragraphe 9.3.3). On trouvera aussi des informations

sur la simulation numérique directe de la turbulence dans les références [75, 74], par

exemple, et dans le cas d' un modèle de combustion avancée dans la référence [119].

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9.3.2 Méthodes fondées sur des équations statistiques

de bilan et la diffusion turbulente

L'hypothèse heuristique de diffusion turbulente repose sur l'exploitation, non fondée

physiquement, d' une analogie avec la d~ffusion d'origine moléculaire, discutée

dans le paragraphe 9.1.2. Cette hypothèse est exploitée dans la plupart des modèles

de transferts turbulents, utilisés en ingéniérie. Elle ne tient aucun compte de la complexité

des stmctures de la cascade énergétique. La notion de diffusivité turbulente

peut être appliquée à toute quantité moyennée transportée : vi, T , Cs, k, E, mais aussi

dans des modèles plus évolués v~v'., v~T' , v~Tc ~ ... L'ensemble des ces méthodes sont

l J l l

appelées « Reynolds-Averaged Navier Stokes equations models » (RANS) dans la

bibliographie anglo saxonne.

Les modèles les plus simples et les plus courants reposent sur une fermeture des

équations statistiques de bilan de quantité de mouvement et d'énergie ou de concentration

d'espèce (paragraphe 9.1.2), en introduisant des viscosité, conductivité et diffusivité

d'espèce turbulentes; ces dernières quantités sont simplement ajoutées aux

quantités homologues d'origine moléculaire. Le modèle le plus représentatif de cette

famille est le modèle k - s , qui repose également sur 1' introduction d'équations de

bilan supplémentaires de k et s ; de ke et se, kx et sx pour le transport d'énergie et

d'espèce.

Des modèles plus avancés consistent à introduire de plus des équations statistiques

de bilan des composantes du tenseur de Reynolds -pv;vj et du vecteur associé au

-- - -

transport turbulent d'enthalpie pcpv;T' et/ou de concentration d'espèce v ; c~ (paragraphe

pl 1.2.2). Ces nouvelles équations sont elles mêmes fermées en introduisant

les viscosité, conductivité et diffusivité d'espèce turbulentes.

352

a) Notion heuristique de diffusion turbulente

Soit un écoulement caractérisé par une vitesse moyenne ïi suivant Ox ne dépendant

que de la dimension transverse y. Un paquet de matière, transporté par turbulence de


9.3. Les différentes voies de modélisation

l'ordonnée y où la vitesse moyenne de l'écoulement est u(y) à l'ordonnée y+ dy où

elle est u(y + dy ), est susceptible d'être caractérisé par une fi uctuation de vitesse u'

de l'ordre de lu(y + dy)- u(y)I. Si on considère que sur une longueur finie lm, appelée

longueur de mélange mécanique, un tourbillon conserve son identité du point de vue

de la vitesse, il vient :

I dU

lu 1 ex: lmdy

(9.70)

Comme lu'I et lv'I sont du même ordre de grandeur et que - u'v' est de l'ordre de

#i #z (voir figure 9.6), il est naturel de poser:

d- 2

-u'u' ex: z2 (_!!:_)

m dy .

(9.71)

Cette relation permet d'introduire un phénomène de diffusion turbulente, caractérisée

par les deux viscosité turbulentes µt et vr :

du

- pu'v' = µt- dy

(9.72)

Vr = µrfp.

Il reste alors évidemment à exprimer lm.

Par un raisonnement analogue, on pose :

dT

I

IT 1 tx l1h dy. (9.73)

où lrh est une longueur de mélange thermique, longueur sur laquelle un tourbillon

conserve son identité thermique, à priori différente de lm; on déduit de cette relation,

puisque v'T' est de l'ordre de grandeur de (v' 2 T' 2 ) 1 1 2 soit de lv'llT'I, l'expression :

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dT du

u'T' tx - l l rh-­

m dy dy.

Des conductivité et diffusivité the1miques turbulentes sont introduites par :

Le nombre de Prandtl turbulent, défini par:

(9.74)

(9.75)

(9.76)

apparaît, dans ce modèle, comme le rapport des longueurs de mélange mécanique et

thermique. De façon similaire la diffusivité d'espèce turbulente Dsr est définie par:

-V des

St dy

(9.77)

353


Chapitre 9 • Transferts turbulents

et un nombre de Schmidt turbulent Scs 1 , ainsi qu'un nombre de Lewis turbulent Les 1 ,

par:

(9.78)

Dans toutes les approches considérées dans ce paragraphe, les termes -pv;vj, v; c~

et pcpv;T' sont alors exprimés grâce à des diffusivités turbulentes, fondées sur une

analogie avec les phénomènes de diffusion moléculaire :

- (avi av1) - aT

- v' v'. = v, -;--- + -;- ; v~T' = - a 1 -;- ;

t ) U Xj U X i

1

U Xi

V~.c's = rr.

OCs

• - L/ st ~·

U Xi

(9.79)

Dans cette approche, les équations statistiques de bilan sont alors les mêmes que dans

un régime laminaire, dans lequel seraient utilisées des diffusivités effectives :

(9.80)

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Mais, les quantités turbulentes Vt, a, et D sr dépendent fortement de champs macroscopiques

liés à l'écoulement et ne sont pas des propriétés intrinsèques du fluide.

Ces modèles fondés sur des diffusivités turbulentes sont donc totalement empiriques

et ne peuvent être, paitiellement, justifiés que par l'expérience. Leurs limitations

appai·aissent clairement à partir de l'argument simple qui suit.

Les diffusivités moléculaires (v, a et D s) n'ont de sens physique que pour des

milieux dilués , au sens de la théorie du transport moléculaire (voir paragraphe 10.3.1

e) ; c'est-à-dire quand le libre parcours moyen des molécules lpm est très petit devant

la plus petite échelle spatiale utilisée dans le milieu continu, le pas ds du maillage

dans notre cas : (Kn = Ld:i < < l). Hors, l'équivalent du libre parcours moyen dans

un écoulement turbulent est la taille typique des grands tourbillons, la dimension

transverse d' un canal, par exemple. Celle-ci n'est jamais petite devant la plus petite

structure spatiale du milieu continu, la taille de la maille élémentaire ds d'un schéma

numérique.

Sur un plan historique, les premiers développements fructueux de la physique statistique,

attachés au nom de Boltzmann, et les premiers balbutiements de la turbulence,

attachés à celui de Reynolds ont été menés parallèlement. Ma is aucune théorie

convaincante de la turbulence, comparable à celle de la physique statistique, n'a été

établie à ce jour. La notion de diffusivité turbulente est une transposition heuristique

au changement d'échelle entre milieu continu et échelles des tourbillons des fermetures

rigoureuses associées au changement d'échelle d'un ensemble de molécules à

un milieu continu.

Finalement, dans les modèles considérés, il reste à exprimer les diffusivités turbulentes

v 1 = µtfp, a, = Atf(pcp) ou D sr qui apparaissent dans les fermetures des

équations statistiques de bilan 9.8 à 9.11. Ces diffusivités ne sont pas, rappelons le,

354


9.3. Les différentes voies de modélisation

des propriétés du fluide mais dépendent fortement des propriétés de l'écoulement.

Différentes méthodes sont utilisées pour ce faire, dites à 0, 1, 2, 4 ou N équations

supplémentaires.

b) Modèle reposant sur des longueurs de mélange (0 équation

supplémentaire)

> Dans les sous-couches inertielles (ou logarithmiques) des zones internes

d'un écoulement (voir le paragraphe 9.2.3 c), il vient en dérivant les équations 9.64

et 9.65 :

du u* dT T *

= =

(9.81)

dy kv K y ' dy k' y .

D 'autre part, les équations 9.60, 9.71, 9.72 et 9.61, 9.75 conduisent à:

V du = z2 (du)2 = u*2

'dy m dy

A paitir des équations 9.81 et 9.82, on obtient alors :

(9.82)

(9.83)

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qui sont appelées respectivement longueurs de mélange de Prandtl mécanique et thermique,

valables dans les sous-couches inertielles (zones logarithmiques).

> Dans les sous-couches tampons, des fonctions d'amortissement de Van

Driest [147] et Cebeci [23] sont respectivement appliquées aux longueurs de mélange

précédentes :

(9.84)

(9.85)

Les modèles originaux de Van Driest et Cebeci reposant sur ces fonctions d' amortissement

introduisaient des dépendances spatiales incorrectes des contraintes et flux

turbulent au voisinage des parois. Ils ont été corrigés à partir de résultats concordants

de simulation numérique directe. Une expression pragmatique de la viscosité

cinématique turbulente a alors été établie [17, 16] :

v, = kvKY [l - exp(-y7 /A +)] 2 u* (9.86)

Deux expressions pragmatiques du nombre de Prandtl turbulent, obtenues par ajustement

sur des données expérimentales [72], permettent de calculer les diffusivité et

355


Chapitre 9 • Transferts turbulents

conductivité the1miques turbulentes :

Pr,=::= {o,5882 + 0,228(:) -0,441(:f [1-exp(-5,565:,)Jr

(9.87)

v, µ

Pr, = - = 0,85 + 2,0--.

a 1

µ, Pr

(9.88)

La première est la plus précise pour des gaz [161] ; la seconde permet de traiter

d'autres fluides également.

Le modèle de longueurs de mélange, qui repose sur un formalisme simple et pragmatique,

est couramment utilisé pour représenter, le plus souvent avec succès, les

champs moyens au sein des zones internes dans les modèles numériques approchés

de turbulence, en particulier en simulation des grandes échelles (voir le paragraphe

9.3.3). Il est d' autre pait peu adapté à la modélisation des phénomènes intervenant

dans la zone externe (dans laquelle on adopte souvent, faute de mieux, les

valeurs des longueurs de mélange obtenues à la frontière avec la zone interne, soit

kvKR/lO et k' R/10). Mais ces zones sont traitées directement dans les modèles numériques

approchés précédents.

La diffusivité turbulente d'espèces se calcule en posant le plus souvent, pour des

gaz par exemple :

Set = vtf 'Dst ,...., 1 ou Le, = atf 'Dst ,...., 1, (9.89)

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où Sc, et Le, sont les nombres de Schmidt et Lewis turbulents. L'avantage principal

de ce modèle est sa simplicité.

c) Modèle de Prandtl-Kolmogorov (1 équation supplémentaire)

Dans cette approche, µ, s'exprime en fonction de la valeur locale de k, énergie cinétique

turbulente, et d'une longueur de référence. De simples considérations dimensionnelles

conduisent à poser :

µ, = pkl/2 t. (9.90)

La différence essentielle avec le modèle précédent est que k est calculé en tout point

du maillage comme solution de l'équation statistique de bilan 9.15 dont les termes

faisant intervenir des moments corrélés sont fermés comme suit (voir une démons-

356


9.3. Les différentes voies de modélisation

tration dans la référence [135], par exemple) :

ok - ok

+pu·-

P or

1 OXj

~

'---v--'

instationnaire convection

_ ~ [(µ + µt )~] + µ (oui + OUJ) oui _

- ox. O"k ox. f ox. ox· ox. '---- _,,

J J J l J -v--

diffusion

où on a aussi posé, à paitir d'une analyse dimensionnelle :

production

dissipation

(9.91)

c pk 2

ê= _µ __

µt

(9.92)

On adopte généralement, de façon empirique à partir de considérations expérimentales,

les valeurs : O"k = 1 ; cµ = 0,09. La longueur de référence lest généralement la

longueur de mélange mécanique lm; ar est déduit de Vt à partir d'une expression du

nombre de Prandtl turbulent, D st de Vt par l'équation 9.89 pour un gaz.

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d) Modèle k - t: (2 équations supplémentaires et N équations

supplémentaires)

µ 1 s'exprime empiriquement dans ce modèle en fonction de k et s par l'équation 9.92 ;

soit:

Cµpk 2

(9.93)

Une deuxième équation statistique de bilan supplémentaire permet de calculer sen

tout point du maillage et s'ajoute à l'équation 9.91. Soit après fermeture des termes

contenant des moments corrélés [135] :

+ PUJ- =- µ+- - +Cie-µ, - + - - -pcies/k

OXj OXj 0-e OXj k OXj OXi OXj '-v---'

. ~ . ~ dissipation

mstat10nmure convection diffusion production

(9.94)

On adopte généralement les coefficients empiriques : a-e = 1, 3 ; c le = 1,4 ; c2e = 1, 92

et on utilise comme précédemment un nombre de Prandtl turbulent pour exprimer Àr

et Ser pour exprimer D sr· Les champs moyens ui, T, k et s sont donc obtenus par la

résolution de cinq équations statistiques de bilan en tout point du maillage.

Dans sa formulation classique, la méthode k - s pose de très sérieux problèmes

de convergence au voisinage de la paroi. Cette approche globale de la turbulence

ne permet pas de cerner les petites structures qui y sont présentes. (C'est en effet la

zone où la production et la dissipation de turbulence sont maximales : voir le paragraphe

9.3.2 b). De plus, la discrétisation spatiale d'un calcul k - s est généralement

ê

_ os o [( µt ) os l s [ ( oui ou J) oui l 2

357


Chapitre 9 • Transferts turbulents

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insuffisante dans cette zone. Des « lois de paroi » sont alors utilisées pour clore le

calcul à une paroi. Différentes voies sont envisagées.

• La méthode la plus courante en ingéniérie consiste à utiliser dans les sous-couches

inertielles des zone internes de l'écoulement les profils universels logarithmiques

de vitesses et températures introduits dans le paragraphe 9.3.2 b. Par exemple, on

impose aux vitesses, v 1 et v 2 et aux températures T 1 et T 2 des deux premiers points

y 1 et y 2 du maillage numérique de vérifier ces lois. On en déduit grossièrement

d' une pait la vitesse de frottement à la paroi u*, donc le coeffi cient de frottement,

et d'autre part une relation entre la température de paroi et le flux conductif à

celle-ci.

• Des méthode, comme celle développée notamment par Lam et Bremhorst [79],

consistent au sein d'un modèle k - E utilisé dans tout le fluide à introduire des

fonctions d'amortissement de façon à essayer de prendre en compte l'anisotropie

de la turbulence au voisinage des parois. Cette technique permet de faire converger

le code de calcul, même au voisinage de la paroi, au prix d'un raffinement extrême

du maillage. Une étude assez détaillée de ces modèles a été réalisée par Patel, Rodi

et Scheuerer [103]. Ces modèles s'appellent souvent modèles à bas Reynolds.

Les fonctions d'amortissement notées fµ , f 1 et h portent respectivement sur cµ (dans

l'expression de µ 1 et l'équation de transport de k) et c 18 , c 28 (dans l'équation de

transp01t des). Les expressions adoptées par Lam et Bremhorst [79], par exemple,

sont: ( 20 5)

fµ = [ 1 - exp(0,00165 Rey) 2 ] 1 + R~r , (9.95)

avec:

/1 = 1 + (O~Sr fi = 1 - exp(- Re}). (9.96)

kl/2 y klf2(k3/2 j E) k2

Re = -- Rer = =

y V V V E

(9.97)

où k 3 1 2 js est l'échelle énergétique de longueur le introduite dans le paragraphe 9.1.3a.

La parenté est évidente entre la fonction d'amortissement qui apparaît dans fµ et celle

du modèle de Van Driest.

On peut aussi écrire des équations statistiques de bilan pour B = T' 2 et sa dissipation

Ee [100] pour X = c?, etc.

Les méthodes RANS, de type k - E, et leurs innombrables variantes, sont les méthodes

couramment utilisées pour les applications industrielles, compte tenu de leur

facilité relative d'emploi comparées aux méthodes de simulation des grandes échelles

ou de transport des moments d'ordres élevés. Leurs limitations physiques sont cependant

nombreuses. Le traitement de la dissipation de turbulence sur la seule base de

l'équation de transport de E est très imparfait. Les méthodes de type k - E sont inadaptées

au traitement :

• de couches limites soumises à des gradients de pression importants,

358


9.3. Les différentes voies de modélisation

• de l'expansion de jets,

• de recirculation, impact ou d'écoulement fortement tridimensionnels,

• etc.

e) Méthodes de transport de moments d'ordres élevés

Ces méthodes s'appuient sur les équations statistiques de bilan de masse, quantité

de mouvement, énergie ou/et de transport d'espèces 9.8 à 9.11 , auxquelles viennent

s'ajouter les équations statistiques de bilan des composantes du tenseur turbulent de

Reynolds -pv;vj et les termes de transport turbulent de l'enthalpie pcpv;T 1 , ou/et des

concentrations d'espèces v;c~, qui apparaissent dans l'ensemble des équations précédentes.

Chaque nouvelle équation de ce type comprend comme les autres équations

statistiques de bilan un terme instationnaire, et des termes de convection, de diffusion,

de production et de dissipation de la quantité transportée (voir par exemple la

référence [109]. Des termes d'ordre supérieur, tels que p v;vjv~, ou p Cp v;T' v~, apparaissent

alors. Il est possible de les exprimer par de nouvelles équations statistiques

de bilan. L'ensemble des équations statistiques de bilan retenues doivent alors être

fermées, par des méthodes qui généralement s'apparentent aux méthodes de fermeture

d'un modèle k - ê. L'idée sous-jacente à ces modèles est que plus la fermeture

est réalisée à un ordre élevé, moins est important l'impact de son caractère grossier

sur les champs moyens des premières équations statistiques de bilan.

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9.3.3 Simulation des grandes échelles de la turbulence

La méthode de simulation des grandes échelles de la turbulence (SGE, ou LES en

anglais : Large Eddy Scale ), en plein essor, repose sur une adaptation des calculs

aux moyens disponibles. L'idée est de traiter par simulation numérique directe le

plus grand nombre possible de structures, c'est-à-dire les structures énergétiques et

certaines structures inte1médiaires, et de traiter les autres structures, en paiticulier

les structures dissipatives, par une méthode reposant, en général, sur une diffusion

turbulente (paragraphe 9.3.2 a). On peut raisonner:

> soit dans /'espace physique : la résolution spatiale du calcul direct cmTespond

à la taille a des mailles retenues ;

> soit dans /'espace des nombres d'onde K : les échelles spectrales sont

prises en compte jusqu'à une fréquence de coupure Kc de l'ordre de 1/a . Cette valeur

Kc peut être reportée sur la figure 9.3 représentant E(K) et D(K), ce qui fait apparaître

plus clairement quelles échelles de tourbillons sont correctement prises en compte

par la simulation directe et quelles échelles de tourbillons relèvent de méthodes de

fermeture empiriques (K > Kc).

359


Chapitre 9 • Transferts turbulents

D'un point de vue mathématique, en approche spatiale, on considère une fonction

filtre, par exemple G(lxi - x;I) telle que G = 1 pour lxi - x;I < ~ et G = 0 pour

lxi - x;I > ~ et on applique à toutes les équations de bilan cette fonction filtre, ce

qui revient à dégrader par convolution par la fonction filtre la résolution spatiale de

ces équations comme le fait d'ailleurs un maillage numérique. Considérons, à titre

d'exemple, l'équation de Navier-Stokes filtrée :

ÔVjF Ô - F ÔpF Ô2UF

p-- + -(pViUj ) = - -- + µ---

Ôt ÔXj ÔXj ÔXjÔXj

(9.98)

La difficulté essentielle repose sur l'expression p uiv 1

F . On pose alors, comme dans

la décomposition de Reynolds :

(9.99)

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Le premier terme du second membre de l'équation 9. 99 s'exprime directement à

partir des composantes filtrées de la vitesse et reste au premier membre de l' équation

9.98. Le deuxième terme doit être modélisé: c'est le point faible de la méthode.

Les lois de fermeture utilisées pour modéliser ce terme sont très diverses et s'inspirent

évidemment des méthodes du paragraphe 9.3.2 b.

Notons qu'à la limüe où la largeur~ de la fonction filtre (le pas du maillage) résoud

les structures dissipatives, la méthode de simulation des grandes échelles converge

vers une simulation numérique directe.

Un avantage de la méthode de simulation des grandes échelles est que les échelles

à modéliser sont beaucoup plus locales que dans la méthode k - E : une fermeture non

rigoureuse par diffusion est moins choquante que dans la méthode k - ê. Néanmoins,

les termes de transfe1t d'énergie entre les différentes échelles ne sont pas modélisés

dans cette fermeture empirique.

On trouvera une approche détaillée de la simulation des grandes échelles dans

l'ouvrage de Sagaut [117].

360


BASES PHYSIQUES

DES TRANSFERTS

THERMIQUES

10

Notions clés

Notions clés : fonction de distribution, vitesse (hydrodynamique) d'un fluide, vitesse

de diffusion, flux de diffusion, luminance, flux radiatif, pression, tenseur

des pressions, ETL, nombre de Knudsen, conductivité thermique, viscosité, diffusivité

thermique.

L'objectif de ce chapitre est d'introduire les bases et les limites de la physique des

milieux continus sous l'angle des sciences de transfert, en particulier des transferts

the1miques, c'est-à-dire :

• introduire physiquement les notions de vitesse macroscopique et pression d'un

fluide, et de luminance du champ de rayonnement;

• introduire, sur des bases physiques claires, le modèle, pratiquement universel en

mécanique des fluides, transferts thermiques et génie des procédés, de l' Équilibre

Thermodynamique Local (ETL) pour le système matériel et ses limites. C'est au

voisinage de L'ETL seulement que les expressions usuelles des flux de diffusion

(lois de Fourier, de Fick, contraintes visqueuses newtoniennes, ... ) peuvent être introduites.

L'ETL s'oppose à l' Équilibre Thermodynamique Parfait (ETP) d'un système,

qui n'est alors soumis à aucun flux.

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• aborder les méthodes de calcul des flux de diffusion (flux de masse d'une espèce,

flux conductif, tenseur des pressions, ... ) et du flux radiatif et introduire les grandeurs

physiques correspondantes (diffusivité, viscosité, conductivité, ... ).

• introduire la nanothermique, branche de ce qu'il est convenu d'appeler les nanosciences.

Il s'agit plus précisément de milieux de natures très diverses, à des échelles

non nécessairement nanométriques, pour lesquels les conditions de l'ETL ne sont

pas réalisées et les lois des milieux continus ne s'appliquent plus. Divers modèles

de Non Équilibre doivent alors être développés.

• Mener un parallèle entre la modélisation des tramferts radiatifs, c'est-à-dire du

champ de photons, et celle des tramferts diffusifs d'origine moléculaire, en fonction

des types de milieu rencontrés et de leurs états (équilibre, ETL, non équilibre).

En effet, de nombreux modèles de nanothermique reposent sur des modèles de non

équilibre, précédemment appliqués au rayonnement thermique.

361


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

Le chapitre est focalisé sur la compréhension des modèles physiques et la démarche

globale suivie. De ce fait, des développements mathématiques complexes

associés à ces modèles ont été éludés ; le lecteur ne trouvera pas toutes les démonstrations

mais des références à celles-ci pour un approfondissement éventuel.

l 0.1

FONCTION DE DISTRIBUTION DES VITESSES,

LUMINANCE, FLUX

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Ce paragraphe est consacré à deux changements d'échelle :

• de l'échelle des particules d'un fluide à celle d'un milieu matériel continu, caractérisé

par des fonctions de distribution des vitesses des différentes espèces du

fluide. Cette approche sera dans un souci de simplification limitée à des particules

animées du seul mouvement de translation (atomes, par exemple) mais peut être

généralisée à des molécules polyatomiques dotées de degrés de rotation, de vibration

et de degrés internes ;

• de l'échelle d'une assemblée de photons à celle d'un milieu continu caractérisé par

le champ de luminance.

Les grandeurs clés qui caractérisent un système matériel et le champ de rayonnement

associé, les fonctions de distribution des vitesses et la luminance, sont introduites

dans ce paragraphe de façon parallèle.

Tant les molécules que les photons seront supposés vérifier les conditions de l 'approximation

classique. Cette condition c01Tespond à la limite des grands nombres

quantiques : la longueur d'onde de de Broglie associée à une particule ;i 08 , définie

par la relation : À.os = ~ où p est la quantité de mouvement de la particule et hp

la constante de Planck, est petite devant les dimensions caractéristiques de l'enceinte

L : À.vs << L. L'approximation classique permet de représenter l'état, dit classique,

d'une particule de l'espèce s dans un dans un micro-espace de phases à 6 dimensions1,

construit à partir des coordonnées x,y,z du vecteur position r de cette particule

et de celles Psx1Psy1Psz de son vecteur quantité de mouvement Ps, ou ce qui

est équivalent pour les molécules d'une espèce s à paitir des coordonnées x,y,z du

vecteur position r et de celles Vsx i V syi V sz de son vecteur vitesse Vs·

Mais le comportement statistique des molécules constituant un fluide et celui des

photons diffèrent à l'équilibre thermodynamique parfait (voir par exemple [39, 112].

Les photons suivent toujours la statistique quantique des bosons en nombre indéter-

1. En physique statistique, l'état de l'ensemble des Ns particules s est caractérisé par un point dans un

grand espace de phase à 3Ns dimensions; le passage de cette approche générale à l'approche simplifiée

décrite ici, appelé hiérarchie BBGKY (associée aux noms de Bogoliubov, Born, Green, Kirkwood et

Yvon) est donnée par exemple dans la référence [39).

362


l 0.1. Fonction de distribution des vitesses, Luminance, Flux

miné, tandis que les molécules seront ici considérées à la limite classique des statistiques

quantiques : la statistique semi classique de Maxwell-Boltzmann leur est

applicable.

La connaissance des fonctions de distribution des vitesses permet de calculer les

flux de diffusion au sein du milieu matériel supposé continu (flux de masse d' une

espèce, flux conductifs électrique et the1mique, tenseur des pressions, ... ) ; celle du

champ de luminance permet de calculer le vecteur flux radiatif en tout point.

10.1.1 Fonctions de distribution des vitesses

Soit une assemblée a priori hors équilibre constituée de N particules de S espèces s,

de masses et de nombres respectifs ms et Ns. Pour simplifier l'étude, ces particules

sont supposées animées uniquement de mouvements de translation (cas d'atomes,

par exemple). L'état physique d' une particule de l'espèce s est défini dans le microespace

de phases à 6 dimensions par : x,y,z, Vsxi Vsy' Vsz· L'état de l'ensemble des

particules de l'espèce s est alors statistiquement caractérisé par une fonction de distribution

des vitesses fs(r, Vs, t), telle que j~d 3 rd 3 Vs représente le nombre de particules

s présentes à l'instant t, dans l'élément de volume à six dimensions 2 d 3 rd 3 Vs.

Le nombre ns de particules par unité de volume de l'espèce s et le nombre total de

particules par unité de volume n, en r à l'instant t, vérifient dans ces conditions 3 :

s

n(r,t) = I ns. (10.1)

Plus généralement, la valeur moyenne d' une grandeur quelconque P s(r,t) liée aux

particules s a pour expression, au point r :

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ns(r,t) Ps(r,t) ~ J Ps f~(r ,Vs,t)d 3 Vs (10.2)

Pour que la moyenne Ps(r,t) ait un sens, l'élément de volume généralisé d 3 rd 3 Vs

doit être macroscopiquement petit, c'est-à-dire:

• suffisamment grand pour que le nombre total de particules s contenues soit très

élevé et obtenir un comp01tement statistique valide;

• suffisamment petit pour que l'état d'une paiticule soit caractérisé (au sens macroscopique

du milieu continu 4 ) par r et Vs.

2. La notation d 3 r représente J' élément de volume physique, indépendamment du système de coordonnées

choisi, par exemple dxdydz; d 3 Vs l'élément correspondant de J'espace des vitesses dVsxdVsydVsz·

3. Dans l'équation 10. l et celles qui suivent, la sommation est réalisée sur toutes les valeurs possibles

de Vs, c'est-à-dire que Vw Vsy et Vsz varient indépendamment de -oo à +oo.

4. Il s'agit d'état au sens de la mécanique des milieux continus; de très nombreuses particules occupent

cet état. Inversement, si on considère un état quantique p d'une particule, indiscernable par nature, il

363


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

10.1.2 Vitesses et énergies macroscopiques

• La vitesse moyenne instantanée Vs(r,t) des particules s dans l'élément de volume

d 3 r centré en r , est définie par :

(10.3)

ou, en introduisant la concentration massique 5 cs(r,t) :

(10.4)

• La vitesse hydrodynamique du fluide v(r,t), couramment appelée vitesse en mécanique

des fluides et transferts thermiques, est définie, dans l'élément de volume

d 3 r centré en r , par :

p(r,t)v(r,t) = (t, c,(r,t)) v(r,t) = t, cs(r,t)V s(r,t), (10.5)

où p(r,t) est la masse volumique du fluide. On introduit alors la vitesse relative

d' une particule quelconque s :

C s ~ Vs - v(r,t), (10.6)

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vitesse de cette paiticule dans un référentiel entraîné, au point r , à la vitesse hydrodynamique.

• La vitesse de diffusion vp(r,t) de l'ensemble des particules de l'espèce s est définie

par:

D ,.. - -

V 5

(r,t) = Cs(r,t) = Vs(r,t) - v(r,t). (10.7)

Elle caractérise le mouvement du centre de masse de l'ensemble des molécules

de l'espèce s, présentes dans un élément de volume en r , par rapport au centre de

masse de l'ensemble de toutes les molécules, c'est-à-dire le phénomène de diffusion

d 'espèce.

convient de se rappeler que dans les conditions de la limite classique, admises ici, la fréquence moyenne

d'occupation de cet état NP est voisine de zéro, c'est-à-di re que l'état est en général inoccupé et quelquefois

occupé par une particule. Entre l'état moléculaire et l'état macroscopique classique, il y a changement

d' échelle, passage de l'échelle moléculaire à celle du milieu continu, qui est l'échelle de la

fonction de distribution.

5. La notation Ps est traditionnellement réservée à la masse volumique de l'espèce s pure dans les

mêmes conditions thermodynamiques (T, p, . .. ).

364


l 0.1. Fonction de distribution des vitesses, Luminance, Flux

• L'énergie interne volumique dufluide E(r,t) (limitée ici aux seuls degrés de translation)

est définie par :

- "'\"' J

s c2

ms s

E(r,t) = LJ - - fs(r,Vs,t)d

3

Vs

2

s=l

s -2

= 2: cs(r,t)C./r,t).

2

s=l

(10.8)

• L'énergie totale volumique du fluide EM(r,t) est alors :

-E ( ) ~ f, J ms[Cs + v(r,t)] 2 f ( V )d3 _ -( ) p(r,t)v 2 (r,t)

M r,t - LJ s r, s 1 t Vs - E r,t + .

s=l 2 2

(10.9)

C'est la somme de l'énergie interne et de l'énergie cinétique du fluide liée au mouvement

macroscopique ; son expression est obtenue en remarquant à partir des

équations 10.4 à 10.7 que:

s

= Icsv~ = 0, (10.10)

s= l

ce qui constitue une propriété essentielle des vitesses de diffusion des différentes

espèces.

10.1.3 Flux de diffusion

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L'objectif de ce paragraphe est d'introduire la notion de flux de diffusion d'une grandeur

au sein d'une assemblée de particules, a priori hors d'équilibre. Ce flux est

associé à l'effet cumulé du transport de cette grandeur élémentaire par l'ensemble

des particules dans le référentiel de leur centre de masse. Quand la grandeur transportée

est un scalaire (cas de la charge électrique, de la masse d'une espèce s, de

l'énergie cinétique du mouvement relatif, ... ), le flux de diffusion associé est un vecteur

(vecteur densité de courant électrique, vecteur flux de masse de l'espèce, vecteur

flux conductif thermique, ... ). Quand la grandeur transportée est un vecteur, cas de

la quantité de mouvement, le flux de diffusion associé est un tenseur (tenseur des

pressions). Dans ce dernier cas, les notions précises de pression et de contrainte de

cisaillement seront directement définies.

Considérons, au sein d'un fluide, une surface élémentaire dI de normale orientée

n, appartenant à un référentiel entraîné à la vitesse hydrodynamique du fluide v.

Soit [As] une grandeur physique quelconque (scalaire, vecteur ou tenseur) attachée

à une particule de l'espèce s. Les particules traversant algébriquement dI pendant

dt, avec une vitesse relative voisine de Cs appartiennent au volume n · CsdtdI; leur

nombre est donc fs(r,Vs 1 t)n · Cs d 3 Vs dtd.E. Le flux surfacique [cf] de [A] à travers

365


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

dI est, dans ces conditions, défini par :

s

[lf ](r,t) ~ I[q: ](r,t). (10.11)

Il est homogène à la dimension de [A s] par unités de surface et de temps. Le flux

surfacique [cf] est de même nature que [A] (scalaire, vecteur ou tenseur). Il dépend

du choix arbitraire de la surface dI de référence. Une grandeur générale, qui ne

caractérise que l'état du fluide, est le.flux de [A] défini par:

s=l

s

[qA](r,t) ~ I [q:](r,t. (10.12)

À un scalaire [As] (charge électrique, masse d' une espèce s, énergie cinétique, etc.)

est associé un vecteur flux [qA] (vecteur densité de courant électrique, vecteur flux

de masse d'une espèce, vecteur flux conductif, etc.) ; à un vecteur [A s] (quantité de

mouvement) est associé un tenseur [qA] (tenseur des pressions P), etc.

a) Vecteurs flux de particules de l'espèce s et total : [A 5 ] = l

s=l

qs(r,t) = f C s f 5 (r,Vs,t)d 3 Vs = ns(r,t)vp.

On introduit un vecteur flux total de particules, a priori non nul :

s

q(r,t) ~ I

s= I

Qs(r,t)

(10.13)

(10.14)

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

b) Vecteur flux de masse : [As] = ms

q;(r,t) ~ f msCs f~(r,Vs ,t)d 3 Vs

= Cs(r,t) vP(r,t);

(10.15)

Le vecteur flux de masse globale est évidemment nul, dans le référentiel du système

matériel, d'après l'équation 10.10.

c) Flux d'énergie cinétique relative (vecteur flux conductif)

[As] = m~C ~

Le vecteur flux conductif est associé au flux de l'énergie cinétique relative dans le

cas d'un système animé des seuls degrés de liberté de translation :

s

c2

qcd(r,t) = If ms 2

s (r,t) C s fs(r,Vs,t)d 3 Vs.

s=l

(10.16)

366


10.1. Fonction de distribution des vitesses, Luminance, Flux

d) Flux de quantité de mouvement (tenseur des pressions) :

[As]= msCs

Les composantes du tenseur des pressions, qui est symétrique, ont pour expression :

s

CsaCsbfs(r,Vs,t)d 3 Vs= Pba a= x , y,z; b=autre coordonnée.

Pab = - 2= ms J

s=l

(10.17)

Le signe moins est introduit de façon conventionnelle dans l'équation 10.17 de façon

à respecter les conventions en usage en mécanique des ftuides 6 .

• Termes diagonaux Paa (Figure 10.1):

-mÇ~

- c~

milieu 1

milieu2

X

milieu 1 milieu 2

X

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0

c

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0

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c.

1!!

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~

-d

0

c

:::>

0

9

Figure 10.1 - Notion de pression.

dNs = l +: dVsb l +: dVsc (d.E dt Csa) fs(r,Vs,t)dVsa est le nombre algébrique de

particules s qui traversent pendant dt une surface dI normale à la direction a et

sont caractérisées par des composantes de la vitesse relative suivant cette même

direction voisines de C sa (de composante de la vitesse suivant a dans [Vsa , Vsa +

dVsaD;

l+: dVsb 1:00

dVsc msCsa C. 50 f 5 (r,Vs,t)dVsa est la quantité de mouvement dans

la direction a transportée par les particules précédentes, par unités de surface et de

temps.

Considérons 1 'effet cumulé de toute la distribution des vitesses Vsa et introduisons

la nonnale orientée na dans la direction a : la quantité nams J CsaCsafs(r,

Vs,t)d 3 Vs, toujours positive, s'interprète comme la force smfacique exercée par

les particules s du milieu 1, situé du côté des a négatifs, sur le milieu 2, situé du

côté des a positifs. La sommation sur toutes les valeurs possibles de Vs inclut non

seulement l'effet des particules s du milieu 1, qui traversent dI dans la direction a,

mais aussi celles de ce même milieu 1 qui ont traversé dI en sens contraire, en

provenant du milieu 2.

6. Les actions du milieu extérieur sur le système sont considérées comme positives ; ce point est précisé

dans le paragraphe 5.4. l

367


Chapitre l 0 • Bases physiques des transferts thermiques

na L: ~= I ms J CsaCsafs(r,Vs,t)d 3 Vs représente donc la composante normale à la

smface dE de la force surfacique positive (suivant a), exercée sur le mmeu 2 par

toutes les particules des différentes espèces du milieu 1. Cette quantité est la pression

Pa exercée par les particules du milieu 1 sur celles du milieu 2, à travers la

smface d.E.

Si on considère l'effet du milieu 2, considéré comme milieu extérieur, sur le milieu

1, le même raisonnement est appliqué par inversion de la direction de la normale

à dE ; une force de pression opposé à la précédente est obtenue, suivant le

principe del' action et de la réaction. C'est la signification physique du signe moins

introduit dans na Paa : par convention, en mécanique des fluides, l'action du milieu

extérieur sur le système est comptée positivement.

Dans des conditions usuelles, même hors équilibre, les trois composantes diagonales

du tenseur des pressions sont égales : la pression est isotrope au sein du fluide

et à une paroi :

s

p(r,t) = Pxx(r,t) = Pyy(r,t) = Pzz(r,t) = ~ 2= ms J c; fs(r,Vs,t)d 3 Vs = ~ E(r,t).

s=l

(10.18)

• Termes non diagonaux Pab (Figure 10.2):

"Cl

0

c

::::i

0

...-1

0

""'

N

@

..c

Ol

·;::

a.

0

u

milieu 1

F,,

milieu

Figure 10.2- Notion de contrainte.

En suivant la démarche précédente, 1: dVsb L: dVsc(msCsb)CsafsCr,Vs,t)dVsa

représente le transport dans la direction a de la quantité de mouvement relative

msCsb dans la direction b, par les particules s de vitesse relative suivant a voisine

de Csa par unités de surface normale à a et de temps. En notations tensorielles :

na L:;=I ms J Csb Csa fs(r, Vs,t) d 3 Vs est la composante suivant la direction b de

la force surfacique exercée par toutes les particules de fluide 1 sur le fluide 2, au

sein d'une surface normale à la direction a: c'est la contrainte de cisaillement dans

la direction b exercée par le fluide 1 sur le fluide 2 au sein d'une surface normale

368


l 0.1. Fonction de distribution des vitesses, Luminance, Flux

à a. Comme précédemment, en mécanique des fluides on considère l'opposé de

cette quantité, c'est à dire qu'on compte positivement na P ab, action du milieu

extérieur 2, du côté de la normale, sur le milieu 1.

l 0.1.4

Flux radiatif et luminance

Le champ de rayonnement est constitué de photons caractérisés 7 par :

• une énergie hv, associée à la fréquence v (h est la constante de Planck)

• une quantité de mouvement p de module :

p = hv/c = nhv/co (10.19)

où c désigne la célérité du rayonnement dans un milieu d'indice n (c 0 dans le vide);

• un état de spin : bosons en nombre indéterminé, les photons ont un spin S = 1,

dégénéré deux fois (deux états caractérisés par ms = + 1 et ms = -1).

Comme dans le cas des molécules, la longueur d'onde À associée à un photon est,

dans les applications de transferts thermiques, petite devant les dimensions L del' enceinte8.

C'est la condition de validité de l'approximation classique (voir l' introduction

du paragraphe 10.1).

Sous cette hypothèse, un photon de quantité de mouvement p, de module p et

direction u(B, <p) est représenté par un point (r, p) d'un microespace des phases classique

position-quantité de mouvement, à six dimensions x, y, z, p, B, <p. Le volume

dT d' une cellule élémentaire ce cet espace est égal à d 3 r p 2 dp dQ(B, <p). Dans l'approximation

classique, le nombre d'états quantiques accessibles à des photons dNacc

dans dT est donné par :

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0

c

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0

v

;a;

T"-f "O

0 c

N

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Q,

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::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

gc1 d 3 r p 2 dpdO(B, <p)

h3

(10.20)

La dégénerescence gc1 de l'état (r, p) correspond aux deux états de spin possibles

d' un photon (ms = + 1 ou - 1) et est égale à 2. Une grandeur clé est, en physique

statistique, le nombre moyen N(r,p, ms ,t) de photons occupant un état quantique

7. D'un point de vue électromagnétique, à p est associé un vecteur d'onde k : p = nk = (h/2rr)k et

aux deux états de spin, caractérisés par les projections nms (ms = + 1 ou - 1) sur l'axe défini par p, sont

associées respectivement les polarisations circulaires droite et gauche d'une onde.

8. Le critère de validité de l'approximation classique (il 08 = h/p « L) correspond, en théorie électromagnétique,

à la notion de champ lointain, par opposition aux conditions de champ proche : au

voisinage d'une paroi, il existe un champ d'ondes transverses, non propagatives, dont l'extension spatiale

normale à la paroi, dans le matériau et hors de celui-ci, est de l'ordre de il. Ces ondes, recèlent une

énergie importante. Un résultat concret est que le flux radiatif transféré entre deux parois, distantes de

quelques il, est d'un ordre de grandeur considérable par rapport au flux prédit par un modèle usuel de

rayonnement thermique [ 18, 126].

369


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

(r, p, ms) à un instant t. Le nombre total moyen de photons occupant une cellule

élémentaire de l'espace de phase, à l'instant t, est alors :

2 N(r,p, ms ,t)dI'

dN(r,p, ms ,t) = h 3

= F(r,p, ms ,t) dI' (10.21)

La quantité F(r,p, ms ,t) est la fonction de distribution des quantités de mouvement

des photons et joue exactement le même rôle que la fonction de distribution des vitesses

des molécules introduites dans le paragraphe 10.1. l .

Le flux vecteur flux radiatif au sein d'un milieu quelconque est associé au transport

de l'énergie pc des photons à la célérité du rayonnement dans la direction u considérée.

La différence majeure avec le flux conductif, associé au transpo1t de l'énergie cinétique

relative des atomes à la vitesse relative de ceux ci (voir le paragraphe 10.1.3),

est que la célérité du rayonnement est invariante par changement de référentiel. L'ensemble

de la démarche de ce paragraphe peut être suivie et conduit à l'expression du

vecteur flux radiatif qR :

qR = J pc uc F(r,p, ms ,t) d 3 p = J pc 2 F(r,p, ms ,t) d 3 p

d 3 p = p 2 dpd.Q.

(10.22)

Ce vecteur est analogue au vecteur flux conductif qcd. Il est d'usage d'utiliser la fréquence

en non la quantité de mouvement pour caractériser le rayonnement. Compte

tenu des équations 10.19,10.21 l'expression du flux radiatif devient alors:

R Loo J:rr 2hv3 _ Loo J:rr

q = dv - ?- N(r,p, ms ,t) u dQ = dv L~ u dQ

0 0 c- 0 0

La quantité :

(10.23)

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0

c

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0

v

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0

N

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~

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Ol

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a.

0

u

3- 43-

=

2

'( ) _ 2hv N(r,p, ms ,t) h v F(r,p, ms ,t)

Lv v,u,ms ,t -

c c 2 (10.24)

qui caractérise énergétiquement le rayonnement se propageant dans l'intervalle spectral

dv et dans l'angle solide dQ, autour de u, au point considéré, à l'instant t, est

appelée luminance monochromatique directionnelle du rayonnement. La polarisation

des champs, associée à ms, n'est généralement pas prise en compte en transferts thermiques.

370

,

10.2 EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE PARFAIT

L'Équilibre Thermodynamique Parfait repose sur l'équilibre du système matériel,

l'équilibre du champ de rayonnement et l'équilibre mutuel du système matériel et du


10.2. Équilibre Thermodynamique Parfait

champ de rayonnement. Il est caractérisé par l'absence de flux, quelque soit la nature

de ce flux, et l'uniformité des champs macroscopiques. La température thermodynamique

T, définie sans ambiguïté en physique statistique (voir par exemple [39, 112])

à partir de l'ensemble représentatif canonique et exprimée en K, est aussi uniforme.

Elle caractérise, à l'ETP, à la fois le système matériel et le champ de rayonnement.

10.2.1 Équilibre thermodynamique parfait du système

matériel

Il existe un repère galiléen dans lequel la vitesse hydrodynamique est nulle; nous poserons

donc: v = 0; Vs = Cs; Ps = msCs et nous limiterons, par souci de simplicité

à un système animé des seuls degrés de liberté de translation.

Sous l'approximation classique, le nombre d'états quantiques présents au sein d'un

volume élémentaire dI' du micro-espace des phases est donné par l'équation 10.20.

Dans les conditions de la limite classique (voir l'introduction du paragraphe 10.1),

la probabilité d'occupation d'un tel état e est, à l'ETP à la température T, très petite

devant 1 et donnée par:

L:états accessibles

2

exp (-___RL._)

2mskT

? •

(

p:;: )

exp - 2mskT

(10.25)

La probabilité d'occupation d'un état classique, au sein de d 3 r et de module de la

quantité de mouvement compris à l'ETP entre Ps et Ps + dp.P est alors :

"O

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0

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@

-o

P (r,ps) = (10.26)

[ f 00 exp ( _ __li_) 47r p 2 dp ] d3 r/h3 •

Jo 2mskT s s

La fonction de distribution des vitesses des particules s à l'équilibre thermodynamique

parfait f; (Cs) est obtenue, après intégration du dénominateur. Soit:

m )3/2 [ m c2 ]

J;(Cs) = ns ( 2n;T exp - 2~Ts . (10.27)

j~ 0 (Cs) est isotrope et ne dépend ni der, ni de t.

Après intégration sur la distribution des vitesses,

d'équilibre, donnée par l'équation 10.8, devient:

s -2

- o I Cs C s 3

E = --=-nkT.

2 2

s=I

1' énergie interne volumique

(10.28)

371


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

On retrouve l'équipartition de l'énergie à l'équilibre 9 pour 3n degrés de liberté

d'énergie cinétique.

La fonction de distribution à l'ETP f s 0 (Cs) est paire vis à vis de la vitesse relative

Cs. Dans l'expression de tout flux d'une grandeur scalaire (masse, énergie cinétique

relative, ... ), les quantités sommées sur la distribution des vitesses sont alors impaires

vis à vis de la vitesse relative. En conséquence, les flux des quantités scalaires et les

termes non diagonaux du tenseur des pressions sont nuls à l'équilibre thermodynamique

parfait.

La pression du fluide devient, à l'ETP, à partir de l'équation 10.18 :

2-

p0 = - E = nkT.

3

(10.29)

L'équation d'état obtenue est la loi des gaz parfaits. En effet, il n'existe dans le modèle

aucune limitation du nombre de molécules occupant à un instant donné un volume

arbitrairement petit ; les paiticules sont considérées comme un gaz de points sans

effets stériques. C'est le modèle du gaz parfait.

10.2.2 Équilibre thermodynamique parfait du champ

de rayonnement, loi de Planck

À l'équilibre thermodynamique à la température T , le nombre moyen de photons par

état quantique est donné par la statistique des bosons en nombre indéterminé [39,

112]:

N:,u = [exp(hv/kT) - lr 1 (10.30)

La luminance du rayonnement d'équilibre devient, à partir de l'équation 10.24, en

tout point du milieu :

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N

@

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a.

0

u

L~(u , r , v) = [2hv 3 /c 2 (u,r, v)][exp(hv/kT) - lr 1 = n 2 (u ,r, v)L~ (T), (10.31)

où L~ (T) désigne la luminance du rayonnement d'équilibre, qui est isotrope, dans le

vide ou, en excellente approximation, dans un gaz, milieu d'indice pratiquement égal

à 1 (loi de Planck) :

L~(T) = (2hv 3 /c6)[exp(hv/kT) - 1r 1 • (10.32)

Cependant, dans un milieu biréfringent, tel que l'indice de réfraction n= co/c dépend

de la direction u, la luminance du rayonnement d'équilibre n'est pas isotrope.

9. Le principe d'équipartition de l'énergie à l'équilibre attribue, en physique classique, une énergie

moyenne kT/2 à tout degré de liberté associé à toute forme d'énergie d'une molécule ou particule,

sous réserve que les conditions de validité de la limite classique et de l'approximation classique soient

vérifiées pour chaque type d'énergie (voir, par exemple, [39, 112]).

372


10.2. Équilibre Thermodynamique Parfait

La densité volumique d'énergie radiative à l'équilibre par unité de fréquence v, u~

est aisément déduite des équations 10.21, 10.24, 10.32. Soit:

u~(T) = (8nhv 3 /c 3 ) [exp(hv/kT) - lr 1 . (10.33)

Par intégration sur le spectre des fréquences, on obtient L 0 (T) luminance totale et

u 0 (T) densité volumique d'énergie radiative d'équilibre dans le vide (n = 1):

L 0 (T) = (cr/n) T 4 ; u 0 (T) = (4a-/co) T 4 • (10.34)

(10.35)

Notons une conséquence importante de ce résultat : la capacité thermique radiative

volumique cR égale à du 0 /dT, soit 16a-T 3 /c 0 , est dominante devant celle du système

matériel à température très élevée (plasmas de fission et surtout de fusion : T >

10 6 K) !

10.2.3 Interprétation physique de la loi de Planck

(modèle d'Einstein)

Considérons l'interaction rayonnement-matière entre deux niveaux quantiques 10 notés

1 et 2 d'une paiticule A (molécule, atome, d'un ion, etc.). Soient gi, Ni et Ei respectivement

les dégénérescences (nombres d'états par niveau), populations et énergies

de ces niveaux (i = 1,2). On pose:

(10.36)

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0

c

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Q,

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i8

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0

@

Les interactions élémentaires rayonnement-matière couplant ces niveaux, avec apparition

ou disparition d'un photon, sont l'émission spontanée (e.s), l'absorption (a)

et l'émission induite (e.i), appelée également émission stimulée. Les équations cinétiques

associées à ces phénomènes sont :

> Émission spontanée :

ôN2 le.s

ôN1 le.s

-- = - =A21N2

(10.37)

Ôt 12 ôt 12

Az 1 est appelé coefficient d'Einstein d'émission spontanée et est relatif à la transition

entre un état quelconque du niveau 2, qui est désexcité lors de l'émission d'un

photon, et l'ensemble des états du niveau 1, susceptibles d'être peuplés 11 . L'émission

spontanée est incohérente et isotrope. Elle dépend en fait des fluctuations du

10. En fait, il s'agit de deux niveaux quantiques discrets d'un système comprenant un très grand nombre

d'autres niveaux.

11. En effet, la dégénérescence g 2 du niveau 2 initial est, dans 1 'équation 10.37, déjà prise en compte

dans l'expression de la population N 2 de ce niveau.

373


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

champ électromagnétique. Sa modélisation, complexe, relève de la théorie quantique

du champ.

>- Absorption :

0 N2 la 0N1 la

-- = - -- = B12N1uv

ot i2 ot 12

(10.38)

où uv repréente la densité d'énergie radiative, hors équilibre. B 12 est appelé coefficient

d'Einstein d 'absorption et caractérise la transition entre un état quelconque du

niveau 1 et l'ensemble des g2 états du niveau 2.

Au début du siècle, la seule prise en compte des deux phénomènes précédents

ne permettait pas d'expliquer la loi de Planck. Einstein a postulé l'existence d' un

troisième phénomène, inverse de l'absorption, appelé émission induite.

>- Émission induite : Ce phénomène peut être considéré comme une résonance

entre un photon excitateur (hv,p,ms) et l'ensemble des états des niveaux 2 et 1 de la

molécule, qui occupe initialement un état du niveau 2 ; il se traduit par la désexcitation

de la molécule vers le niveau 1 et par 1' apparition de deux photons strictement

identiques au photon excitateur (hv,p,ms ), c'est-à-dire de même fréquence v, même

quantité de mouvement p (même k) et même état de spin ms (même polarisation

circulaire). L' émission induite est un phénomène amplificateur cohérent, germe de la

technologie des lasers. On pose:

(10.39)

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0

c

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0

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relation inverse de l'équation 10.38 ; B 21 est le coefficient d'Einstein d 'émission

induite. Le phénomène d'absorption tend à détruire l'effet de l'émission induite.

Construire un laser consiste à réaliser un conditionnement thermique du milieu, en

termes de population, de façon à privilégier l'émission induite au détriment de l' absorption.

Compte-tenu des équations 10.37 à 10.39, les évolutions des populations du niveau

1, dues aux seuls phénomènes radiatifs le couplant à un niveau 2, sont données

par les relations :

(10.40)

À l'équilibre, à la limite classique pour le système matériel, le rapport des populations

des niveaux 2 et 1 est donné par :

(10.41)

374


10.3. Équations d'évolution

De plus, les variations de populations exprimées par l'équation 10.40 sont nulles. 11

vient:

(10.42)

Cette expression de u~ est identifiable à l'équation 10.33, soit (avec n= 1):

(10.43)

Ces deux relations sont supposées vérifiées hors d'équilibre. En effet, les coefficients

d'Einstein régissent les phénomènes élémentaires d'interactions rayonnementmatière

hors équilibre, relatifs aux transitions radiatives d'un état du niveau 1 à l'ensemble

des états du niveau 2. Ils sont exprimés par les équations 10.43 en fonction de

8 12. On démontre, de plus [33] que:

91 B12 = g2B21 = Cste .2: l(r1 lµlr2)1 2 = D12 (10.44)

f'] ,,.,

où (r1 lµe1lr2) est 1' élément de matrice de 1' opérateur quantique dipolaire électrique µel

entre l'état initial et final de la transition. Les phénomènes d'émission ou d'absorption

reposent sur l'existence d'un moment dipolaire, quelle que soit son origine.

l 0.3 ÉQUATIONS D'ÉVOLUTION

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Les équations d'évolution des fonctions de distribution des vitesse des espèces (notamment

l'équation de Boltzmann) et celle du champ de luminance (équation de

transfert du rayonnement) sont similaires. Leur résolutions permet de calculer les

évolutions spatiales et temporelles des champs et des flux de diffusion au sein d'un

système thermodynamique (système matériel et champ de rayonnement).

10.3.1 Équation d'évolution de la distribution des vitesses

La fonction de distribution des vitesse d'une espèce d'un fluide évolue dans le temps

et 1' espace du fait de collisions intermoléculaires, de collisions molécules-paroi, de

phénomènes d'émission et d'absorption de rayonnement (voir le paragraphe précédent),

... Seul le premier phénomène est traité dans ce paragraphe. Dans un premier

temps, le cas limite de particules qui n'exercent entre elles aucune interaction sera

considéré. C'est par exemple le cas d'un milieu raréfié (notion qui sera précisée ultérieurement).

Dans une deuxième phase, des effets d'interactions faibles dues à des

collisions intermoléculaires seront abordées. Le formalisme de 1' équation de Boltzmann,

applicable à des milieux dilués (notion introduite dans le paragraphe e), sera

enfin introduit sans démonstration.

375


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

a) Particules sans interaction

En l'absence totale d'interaction, chaque particule de l'espèce s constitue un système

isolé et l'ensemble des Ns particules s du système peut être assimilé à un ensemble

représentatif d'une particule quelconque dans le microespace des phases (r, Vs), de

dimension 6, associé à une particule. Le théorème de Liouville établi dans le grand

espace des phases en physique statistique [39, 112] peut alors être appliqué :

drl

Vs = dt s'

(10.45)

où F s désigne la force extérieure massique exercée sur une particule de l'espèce s

(accélération de la pesanteur g, force électrique massique, ... ). Le régime con-espondant

est appelé ballistique. Il est rencontré dans les milieux raréfiés, généralement

hors équilibre (voir le paragraphe e). Ce régime est similaire également, en transferts

radiatifs, à celui d'une assemblée de photons en non équilibre au sein d'un milieu

transparent, cas le plus fréquemment rencontré.

b) Effet des collisions intermoléculaires

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On appelle collision intermoléculaire toute interaction entre molécules, même à

grande distance, susceptible de modifier même de façon infime l'état d'une molécule:

de modifier les vitesses des paiticules dans le cas de collisions élastiques (telles que

1' énergie cinétique totale des molécules est conservée). L'interaction est pilotée par

un potentiel d'interaction. Dans le cas d'atomes, cas auquel cette étude est limitée,

ces potentiels <V(r) sont pratiquement sphériques : ils ne dépendent que de la distance

intermoléculaire r. En réalité, les potentiels d'interaction entre molécules polyatomiques

sont fo1tement anisotropes : potentiels électrostatiques multipôle-multipôle,

pai· exemple. Le plus simple des potentiels sphériques est celui dit des sphères dures :

r > ro : <V(r) = 0; r < ro : <V(r) = oo. (10.46)

C'est le modèle des boules de billard ; il conduit à des résultats peu réalistes, pai·

exemple les dépendances en température des grandeurs calculées sont en-onées. Le

potentiel exponentiel :

<V(r) = A exp(-ar). (10.47)

est réaliste pour représenter la partie répulsive de l'interaction atome-atome, mais il

ne comprend pas de partie attractive de type dipôle induit - dipôle induit pour des

collisions atomiques. Dans le potentiel de Lennard-Jones (LJ 6-12) :

( 5)12 (5)6

<V ( r) = 4s ;. - ;. , (10.48)

376


10.3. Équations d'évolution

la paitie attractive en r- 6 est réaliste pour des atomes (interaction dipôle induit -

dipôle induit) mais la pa1tie répulsive en r- 12 n'est introduite que par commodité et

est beaucoup trop molle. Bien d'autres potentiels sphériques sont aussi utilisés [14,

39, 46].

Les collisions entre particules régies par un potentiel d'interaction ~(r) conduisent

à une loi d'évolution de la fonction de distribution du type :

dj~ s a1~1

dt = ~ Ôt coll.s-p

(10.49)

Dans cette expression, 8 f,s 1

est la pe1turbation appo1tée par unité de temps à la

coll.s-p

fonction de distribution fs d'une espèce de particules s pai· les collisions des particules

s avec des particules de l'espèce p.

Cette quantité tient compte de deux effets antagonistes :

ô/5 I = r + - r -

Ôt coll.s-p

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sp

(10.50)

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• r ; P représente l'effet cumulé de toutes les collisions des particules d'une espèce

s, initialement dans un état macroscopique défini par (r,Vs, d 3 r, d 3 Vs), avec les

particules de l'espèce p. Ces collisions, appelées collisions directes ont pour effet

de diminuer les valeurs des fonctions de distribution / 5 , puisque les particules s

auront toutes quitté leur état initial en fin de collision.

• r; P représente l'effet cumulé de toutes les collisions, appelées collisions inverses12

, qui produisent dans l'état final, une particule s dans l'état considéré

(r,Vs, d 3 r,d 3 Vs), alors qu'elle était initialement dans un état différent. Ces collisions

inverses constituent l'ensemble des collisions [14, 46] qui augmentent les

valeur des fonctions de distribution fs·

c) Équation de Boltzmann (limitée aux degrés de translation)

L'équation de Boltzmann, appliquée à des particules animées des seuls mouvement

de translation et subissant donc des collisions élastiques, est introduite dans ce paragraphe

sans démonstration. Celles-ci sont développées dans divers ouvrages, par

exemple [14, 46], dans lesquels on trouvera des généralisations à des collisions inélastiques

de molécules polyatomiques. Les hypothèses suivantes sont faites :

• Hl : Les collisions sont uniquement binaires; la durée d'une collision est négligeable

devant la durée moyenne entre deux collisions ou, ce qui est équivalent, la

12. Les collisions inverses diffèrent en général de celles obtenues par renversement du temps.

377


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

p01tée du potentiel d'interaction 13 est petite devant le libre parcours moyen d'une

paiticule 13 .

• H2: Les variations de / 5 (r,V 5 ,t) sont négligeables sur une distance de l'ordre de

la portée du potentiel 13.

• H3 : Les états des particules entrant en collision sont supposés statistiquement

décorrélés (hypothèse dite du chaos moléculaire initial).

• H4 : La durée de collision est négligeable devant la durée associées à des variations

significatives de fir, V 5 ,t). En conséquence, les variations de f s(r, V s,t) dues à des

variations des forces externes sur des échelles de temps de l'ordre de la durée de

collision ne pourront être prédites.

Le terme dû aux collisions des particules s avec les particules p a alors pour expression:

dcrsp I I I

X g dQ (g, x , ê )dVp dQ. (10.51)

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Le calcul est réalisé dans le référentiel du centre de masse de la collision. Le te1me

entre crochets représente la différence entre les produits des fonctions de distribution

des particules pet s, supposées indépendantes et c01Tespondant aux états de ces

particules à l'infini en voies de sortie (indice') et d'entrée de la collision (pas d'indice).

C'est, à un facteur près, l'expression élémentaire de la quantité r:P - r;P. Les

deux sommations portent sur la distribution des vitesses initiales V P des particules p

et 1' angle solide élémentaire dQ' (X' ,s') dans lequel pointe le vecteur vitesse relative

des molécules en sortie de collision dans le référentiel du centre de masse ; g est le

module de la vitesse relative V P - Vs = V' P - V' 5 , conservée à l'infini entre les voies

d'entrée et de sortie de la collision ; d~P est la section efficace différentielle de la collision

(surface élémentaire de la cible d'impact par unité d'angle solide de diffusion,

c'est à dire de la voie de sortie considérée).

Pour adimensionner 1' équation de Boltzmann, on associe à chaque grandeur physique

de base une échelle de référence :

• au temps t est associée une durée e dépendant du système macroscopique considéré,

qui sera clairement définie au niveau de l'équation 10.59 :

+ t

t = ē (10.52)

13. Le libre parcours moyen d'une particule est la distance caractéristique parcourue par une particule

entre deux collisions consécutives de celle-ci avec une autre particule.

378


10.3. Équations d'évolution

• à la section efficace différentielle ~~ est associé le carré de la portée du potentiel :B :

da-+

d.Q

1 do-

- -

13 2 d.Q

(10.53)

• le choix de la vitesse de référence des paiticules v* a peu d'importance puisqu'elle

disparaîtra du calcul :

(10.54)

• à la vitesse relative g de deux particules, est associée 14 G, moyenne du module de

la vitesse relative de deux particules à l'équilibre :

avec: (10.55)

oùµ désigne la masse réduite des particules dans le référentiel du centre de masse.

• une fonction de distribution f est alors adimensionnée par :

(10.56)

où n désigne le nombre de particules par unité de volume.

L'équation de Boltzmann devient après adimensionnement:

1 d + ô .,.1

G:B 2 n B dt+ f = ôt+ j coll

ou Kn~ .,. - !.___ .,.1

dt+ j - ôt+ j coll

(10.57)

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Le nombre nombre de Knudsen Kn est égal :

• au rapport de la durée typique r entre deux collisions à l'échelle de temps caractéristique

du système B :

Kn = (B G rc!B 2 n)- 1 = ~, (10.58)

La quantité rc!B 2 Gdt est grossièrement le volume dans lequel une particule donnée

est susceptible de perturber toute autre particule pendant la durée dt ; mr:B 2 G est

donc de l'ordre de grandeur du nombre de collisions par particule et par unité

de temps ; l'inverse de cette quantité représente, typiquement la durée moyenne r

entre deux collisions subie par une particule.

14. L' introduction d'une température est à ce stade arbitraire puisque cette notion n' a pas encore de sens

physique : elle sera justifiée ultérieurement par un milieu dont le déséquilibre n'est pas très important.

Pour un deséquilibre important G est à estimer directement.

379


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

• au rapport du libre parcours moyen des particules lpm à 1' échelle spatiale ds caractéristique

du système, qui est typiquement soit la taille de la plus petite maille

d' un calcul numérique, soit au contraire la taille du système complet. En effet, rG

est de l'ordre de grandeur du libre parcours moyen des particules, et l'échelle de

temps() caractéristique du système peut être définie 15 par ds/G. Soit:

l.p.m. 1

Kn = -- ~ ---

ds rc!/3 2 nds ·

(10.59)

d) Classification des milieux

Les propriétés du fluide dépendent fortement des valeurs du nombre de Knudsen,

qui régit les poids des deux membres de l'équation de Boltzmann. Deux cas limites

apparaissent :

• Kn » 1 (gaz raréfié) ; une pait.icule a une probabilité négligeable d'entrer en collision

avec une autre, sur un trajet de l'ordre de L , longueur caractéristique du

système ou une durée de l'ordre de (), temps caractéristique du système. Le second

membre de l'équation de Boltzmann est alors négligeable. Ce domaine est

celui de la dynamique des gaz raréfiés (ou RGD : Rarefied Gas Dynamics); les

phénomènes d'interaction avec les parois jouent un rôle important ; la fonction de

distribution est régie par l'équation 10.45, théorème de Liouville. Le régime est

aussi dit moléculaire ou ballistique.

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• Kn ~ 0 et lpm ~ !B (milieu dense). Les collisions sont extrêmement nombreuses et

celles qui mettent en jeu plusieurs, voire un grand nombre de molécules, jouent un

rôle imp01tant. C'est le cas des liquides et plus généralement des milieux denses,

pour lesquels les effets collectifs sont importants. Un modèle reposant comme dans

le pai·agraphe précédent sur des collisions binaires n'est pas applicable. Les propriétés

locales du fluide sont régies uniquement par les collisions. Le régime est dit

collisionnel.

• En fait, dans la plupait des applications mettant en jeu des gaz, les deux conditions

suivantes sont simultanément remplies : Kn<< 1 et lpm >> !B. Les collisions sont

extrêmement nombreuses si elles sont considérées à une échelle macroscopique .

Mais la durée entre deux collisions est très grande devant le temps d'interaction

entre deux molécules. Le modèle boltzmannien du paragraphe précédent peut être

appliqué : c'est un milieu dilué.

15. En toute rigueur, Gest la vitesse relative moyenne de deux molécules; il faudrait utiliser d/V 111

V, 11 serait la moyenne du module de la vitesse d'une molécule, par exemple, ou la vitesse quadratique

moyenne. Cela se traduirait par l' introduction d'un facteur multiplicatif, proche de l'unité, qui n'a pas

d' intérêt dans cette approche d'ordre de grandeurs.

380


10.3. Équations d'évolution

• Le cas Kn ~ 1 est régi par une physique totalement différente et mérite d'être signalé

à ce stade: il correspond à des systèmes pour lesquels les lois de la physique

du milieu continu ne sont plus applicables (libre parcours moyen del' ordre des distances

entre parois, par exemple). C'est le cas le plus délicat d'un nanosystème: la

nanothermique est une discipline active.

e) Principe de résolution par méthode de perturbation

(milieux dilués)

Dans le cas d' un milieu dilué (voir le paragraphe précédent), l'équation de Boltzmann

peut être résolue par une méthode de perturbation de paramètre Kn, quantité petite

devant l'unité. L'objet du présent paragraphe est limité à un bref exposé de principe

de la technique de résolution et de ses implications. La solution par perturbation est

abordée dans les paragraphes qui suivent. La solution f + de l'équation de Boltzmann

adimensionnée (Eq.10.57) est cherchée sous la forme:

(10.60)

où f+(O) , terme d'ordre zéro est indépendant de Kn et f+(l) est proportionnel à Kn

(ordre 1). Les termes non linéaires du développement sont en général négligés.

La solution d'ordre zéro en Kn consiste à négliger le premier membre de l'équation

de Boltzmann ; cela revient à traiter le milieu dilué comme un milieu dense en faisant

tendre vers zéro le libre parcours moyen des molécules. Celles-ci ne sortent alors

pas d'un élément de volume arbitrairement petit d 3 r, qui peut être considéré comme

isolé sur un plan thermodynamique. Dans ce régime collisionnel, les molécules se

thermalisent entre elles. Seules des contributions d'ordre zéro sont prises en compte

et l'équation 10.57 devient:

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-f+ =0

ot+ coll

(10.61)

Une fois la solution f +(O) obtenue (voir le paragraphe 10.4.l a), la solution d'ordre 1

est recherchée à paitir de l'équation de Boltzmann complète. La solution d'ordre 1

est, en fait, un terme correctif qui tient compte des interactions de l'élément de volume

d 3 r avec les éléments de volume voisins, sur des distances de l'ordre du libre

parcours moyen des molécules : le système n'est plus isolé et des flux de diffusion

apparaissent. Comme le premier membre de l'équation de Boltzmann doit être limité

au seul ordre 1 et qu'il est proportionnel à Kn, d~+f+ doit être d'ordre zéro. Comme

d'autre part, les variations des champs macroscopiques influençant f + interviennent à

des échelles de temps beaucoup plus grandes que la durée des collisions, f + est choisi

égal à f +(O) dans ce seul membre. Il convient alors de ne conserver dans le second

381


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

membre que des contributions d'ordre 1 en Kn pour obtenir la solution cherchée.

Soit:

Kn[~ l +](O) = Kn[~ l+(O)] = [}____ l +I

](I)

dt+ dt+ fJt+ coll '

qui permet d'obtenir la solution d' ordre 1 en Kn (voir paragraphe 10.4.1 b).

(10.62)

10.3.2 Équation de transfert du rayonnement pour un gaz

L'établissement, par une approche phénoménologique, et les propriétés de l'équation

de transfert radiatif, équation d'évolution de la luminance, font l'objet du Chapitre 6.

Ce paragraphe est consacré à l'établissement physique direct de l'équation de transfert

radiatif dans le cas d'un gaz, supposé non diffusant, à paitir du modèle d'Einstein

introduit dans le paragraphe 10.2.3. Dans un souci de simplicité, l'approche est limitée,

comme dans ce paragraphe, à un système à deux niveaux.

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a) Cas général : système matériel hors équilibre

Considérons les transitions radiatives entre deux niveaux 1 et 2, caractérisés par les

populations volumjques n 1 et n 2 . Du fait de différents phénomènes physiques introduits

dans le paragraphe 7 .2.1 (lai·geur naturelle, effet Doppler, effet des collisions

intermoléculaires), la probabilité pour qu' une transition ait lieu dans l'intervalle spectral

[v , v + dv] est: F(v)dv. F(v) est appelé profil normalisé de raie. Les variations de

la luminance au sein du milieu gazeux sont engendrées par les phénomènes d'émission

spontanée, d'émission induite et d'absorption :

• L'émission spontanée est isotrope. Sa contribution à la variation du flux

dans un angle solide élémentaire dQ, centré sur une direction u est :

hv A11n2 dV (dQ/4n) F(v)dv.

• Les phénomènes d'absorption et d'émission induite dépendent de la densité volumique

d'énergie radiative uv. Celle-ci est considérée comme isotrope dans

le référentiel d' une molécule susceptible d'interagir avec le champ de rayonnement.

Mais ces molécules ont des orientations aléatoires (isotropes) dans

le référentiel du laboratoire dans lequel est définie la direction considérée u.

La densité volumique d'énergie radiative Uv associée à L~(u)dQ est donc :

uv = ~ dQ. Les équations 10.38 et 10.39 conduisent alors, aux contributions

: - hvB12n1 dVdQ ~F(v)dv et-hvB21n2dVdQ ~~F(v)dv, pour l'absorption

et l'émission induite respectivement.

L'équation de transfe11 radiatif associée à ce système à deux niveaux devient :

(10.63)

382


10.3. Équations d'évolution

Si le système matériel est fortement hors équilibre (éloignée des conditions de

l'ETL), il n'existe pas de température pour caractériser les populations volumiques

n 1 et n2 des niveaux d'énergie; il est alors nécessaire de coupler l'équation 10.63 à

un modèle cinétique (cas des lasers, de certains plasmas ou de milieux réactifs hors

équilibre). Dans ce cas général, l'équation de transfert du rayonnement s'écrit (pour

un milieu non diffusant et d'indice de réfraction homogène) :

dL~

I

-d = T/v - KvLv.

s

(10.64)

Le coefficient d'absorption Kv et le coefficient d'émission hors équilibre TJv (voir paragraphe

6.3) ont pour expression, dans le cas d'un élément matériel hors équilibre,

compte tenu des équations 10.43, 10.44 et 10.65 :

Kv = hv[F(v)/co] (B12n1 - B21) = hv[F(v)/co] D12(ni/g1 - n2/g2).

T/v = hvF(v)A21 (n2/4rr) = 2h 2 (v 4 Jcg)F(v) D12(n2/g2)

(10.65)

(10.66)

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De façon générale, les phénomène d'émissions spontanée et induite et d'absorption

reposent sur l'existence d'un élément de matrice non nul du moment dipolaire électrique

entre les états initial et final de la transition D 12. Celui-ci est non nul si les

symétries de l'état initial, de l'état final et du moment dipolaire sont compatibles. Il

peut s'agir :

• d'un moment dipolaire permanent: c'est le cas de molécules polaires comme H20,

ce qui conduit dans l'infrarouge à des transitions entre niveaux de rotation pure ;

• d'un moment dipolaire engendré par la vibration : c'est le cas, par exemple, de

C0 2 et H 2 0, ce qui conduit dans l'infrarouge et, pour certaines molécules dans le

domaine visible, à des transitions rovibrationnelles ;

• d'un moment dipolaire associé à la nature des états électroniques, ce qui conduit

à des transitions dans les domaines visible, ultraviolet et X.

Les différents phénomènes sont susceptibles d'être couplés, ce qui conduit à des

structures complexes de spectres discrets et continus (voir paragraphe 7 .2).

b) Origine de la diffusion de rayonnement

Un moment dipolaire peut être également engendré par un champ électromagnétique

excitateur de fréquence v, c'est à dire par uv ou L~. Dans le cas le plus simple, l'apparition

de ce moment dipolaire oscillant à la fréquence v, et non colinéaire au champ

électrique excitateur, conduit à un phénomène de diffusion élastique des photons,

c'est-à-dire sans changement de fréquence par rapport au rayonnement excitateur; le

bilan énergétique est alors nul pour la matière. Dans le cas d'un gaz, dont les tailles

383


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

des molécules sont très inférieures aux longueurs d'onde généralement considérées,

c'est la diffusion Rayleigh, traitée dans le paragraphe 7 .1.2.

Des phénomènes non élastiques peuvent également apparaître mettant en œuvre

deux photons de fréquences différentes : c'est le cas de la diffusion Raman. Les phénomènes

multiphotoniques peuvent également être beaucoup plus complexes, et de

nature cohérente, généralisant le phénomène d'émission induite ; un cas utilisé en métrologie

est celui de la Diffusion Raman Anti-Stokes Cohérente (DRASC ou CARS).

c) Cas d'un système matériel à I' ETL

Si l'élément matériel est à l'ETL, notion précisément définie dans le paragraphe suivant,

il vient, dans les conditions de la limite classique :

n~/n~ = (g2/g1)exp[-(E2 - E1)/kT]

2hv 3 /c 2 )

/ o = Lo(T)

v

exp(hv/kT) - 1

T/v Kv =

(10.67)

(10.68)

L'équation 10.63 prend alors la forme la plus commune de l'équation de transfert

associée à un milieu homogène non diffusant (à l'ETL et d'indice de réfraction n égal

à 1) :

(10.69)

Le terme de diffusion de l'équation de transfert peut être introduit à partir des éléments

discutés dans le paragraphe b.

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10.4 EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE LOCAL

ET FLUX DE DIFFUSION

Dans la quasi totalité des applications, les transferts thermiques au sein de systèmes

matériels (mais aussi la mécanique des fluides, le génie des procédés, ... ) sont traités

au voisinage de 1'.Équilibre The1modynamique Local (ETL): l'existence d'une température

locale instantanée T(r, t) est postulée. L'objet de ce paragraphe est d'établir

ce modèle sur des bases physiques claires.

Les transferts radiatifs relèvent, au contraire, généralement d'une physique du non

équilibre même dans les cas les plus simples : entre deux plaques noires à des températures

différentes séparées par un milieu transparent, par exemple, le champ de

luminance est fortement hors équilibre. Cependant, un modèle d'ETL radiatif est

également utilisé, sous certaines conditions, dans les m.ilieux localement optiquement

épais (voir paragraphe 6.7.1).

384


l 0.4. Équilibre Thermodynamique Local et flux de diffusion

10.4.1 Système matériel

a) Définition de I' ETL

L'Équilibre Thermodynamique Local correspond à la solution d'ordre zéro de l'équation

de Boltzmann (Éq. 10.51), définie par l'équation 10.61. Une seule espèce s est

considérée dans ce paragraphe par souci de simplicité; l'indice s sera omis. Les vitesses

des deux molécules de la voie d'entrée de la collision seront notées V et W,

celles de la voie de sortie V' et W'. Dans ces conditions, la fonction de distribution

d'ordre zéro j<O)(r,V,t) vérifie:

La nullité du te1me entre crochets de l'équation 10.70 ne peut être obtenue que si et

seulement si :

VW ln/ 0 )(r,V,t) + ln/ 0 )(r,W,t) = ln/ 0 )(r,V',t) + ln/ 0 )(r,W',t). (10.71)

La quantité ln j< 0 )(r , v,t) est un invariant collisionnel additif 16 . Elle peut être exprimée

comme une combinaison linéaire [54] de la base des trois invariants collisionnels

constituée par m, mV et mi 2 • Soit:

ln fO) = Am + B · m V + D

(

- mV2 -

)

+ E. (10.72)

2

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où A et D sont deux constantes scalaires et B une constante vectorielle. La constante

E est obtenue par normalisation par sommation sur la distribution des vitesses. Les

trois constantes A, B et D peuvent être déterminées à paitir des trois relations indépendantes,

vérifiées par la fonction de distribution f à 1' ordre zéro en Kn. De manière

évidente les expressions du nombre de particules et de la quantité de mouvement pai·

unité de volume n(r,t) etp(r,t)v(r,t) pe1mettent d'introduire des grandeurs macroscopiques

: la vitesse hydrodynamique v(r,t) et n(r,t) ou p(r,t), qui sont des quantités

d'ordre zéro. Soient:

J n(r,t) = /0 )[r,V - v(r,t),t]d 3 V,

(10.73)

J

pv(r,t) = /O)[r,V - v(r,t),t] mVd 3 u.

(10.74)

16. On appelle invariant collisionnel additif dans une collision d'une molécules avec une molécule p

toute quantité extensive A attachée à une molécule dont la somme se conserve à l'infini entre les voies

d'entrée et de sortie (notée') de la collision; soit: A p + As =A~+ A~ .

385


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

Les équations 10.73 et 10.74 pe1mettent de déterminer A et B, respectivement. La

définition, arbitraire à ce stade, d'un champ de température en non équilibre T(r,t),

quantité d'ordre zéro fournit la troisième relation permettant de déterminer D. Cette

définition est inspirée de l'équipartition de l'énergie à l'équilibre thermodynamique

parfait (à ce stade, elle reste à justifier) :

J 3 _ (O) m[V - v(r,t)] 2 3

2 n(r,t) kT(r,t) - f [r, V - v(r,t),t] d V. (10.75)

2

Tous calculs faits, il vient :

312

10) _ ( m ) [ m[V - v(r,t)] 2 ]

[r, V - v(r,t),t] - n(r,t) 2rckT(r,t) exp - 2kT(r,t) . (10.76)

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a.

0

u

La fonction de distribution d'ordre (0) j<O)[r,V - v(r,t),t] est formellement identique

à / 0 (C) qui caractérise l'équilibre thermodynamique parfait, à la température T (voir

l'équation 10.27). J(O) [r, V - v(r,t),t] caractérise un Équilibre Thermodynamique Local

(ETL) del' élément de volume élémentaire d 3 r, pendant un intervalle de temps dt

arbitrairement petit. T(r,t), définie arbitrairement par l'équation 10.75, est la température

qu'aurait l'élément de volume s'il était parfaitement isolé à 'instant t, c'est-à

dire en négligeant les effets d'ordre l en Kn.

Les différences entre / 0 (C) et j<O) [r, V - v(r,t),t] sont importantes. Dans le premier

cas (ETP), tous les champs macroscopiques (n, v = 0, T) sont uniformes et il n'existe

aucun flux. Dans le second cas (ETL), les champs n(r,t), v(r,t) et T (r,t)) varient

fortement dans l'espace et le temps, ce qui se traduit par des flux, éventuellement

très intenses. Pour donner une image de la portée de cette hypothèse, les transferts

thermiques au sein d'une chambre de combustion d'un moteur d'avion relèvent de ce

modèle.

Notons le fait que j<O)[r,V - v(r,t),t] est une fonction paire de la vitesse relative,

comme l'est / 0 (C): dans ces conditions, comme dans le cas de l'ETP, tous les flux de

grandeurs scalaires et les termes non diagonaux du tenseur des pressions sont nuls

à l'ordre zéro (dans les conditions d'ETL). Ce n'est qu'à l'ordre 1 en Kn que ces

différents flux et termes non diagonaux vont apparaître (voir le paragraphe suivant).

En conclusion, la température d'ETL (solution d'ordre zéro) correspond à l'état

d'équilibre tangent du système, valable pour le seul élément de volume d 3 r arbitrairement

petit, pendant l'intervalle de temps dt, également arbitrairement petit. Ellen' a

de sens que si le système ne s'écarte que faiblement de cet état d'équilibre tangent,

ce qui se traduit par :

f- j\0) j«l)

/(0) ~ /(0) << 1 ·

(10.77)

386


l 0.4. Équilibre Thermodynamique Local et flux de diffusion

Cette condition est respectée quand Kn est très petit devant 1. Cette température a un

sens physique pour les milieux dilués et les milieux denses, précisément définis dans

le paragraphe 10.3 e. C'est la température des transferts thermiques.

b) Flux de diffusion : perturbation de I' ETL

Avec les mêmes hypothèses et limitations que dans le paragraphe précédent, la solution

d' ordre 1 en Kn de l'équation de Boltzmann (équation 10.57) a la structure de

l'équation 10.62 :

soit:

Kn [ d~+ r r =

d ]<o) [ a ]<1)

Kn- + _ _ +

[ d t+f - ôt+fcoll

L f.) t'<r' V' ,t)f' (r' W' ,t)

(10.78)

- f +(r,V,t)f +(r,W,t)f) g+~ d 3 W+d.n (10.79)

En posant:

j-+(t)(r, V ,t) = f +(O)(r, V ,t) lf/(r, V ,t),

et utilisant les équations 10.72 et 10.78, on obtient:

(10.80)

Kn d~+ f+<O\ r,V, t) = J I.rr j +<O\r,V,t)f +(O)(r,W,t)g+ (10.81)

[!P(r, V',t) + !ff(r ,W' ,t) - !ff(r,V,t)- !ff(r ,W ,t)] d;; d 3 W+dn

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Résoudre à l'ordre un l'équation de Boltzmann revient à détermjner la fonction

'P(r, v,t) qui est assujettie à vérifier trois relations parallèles aux équations 10.73

à 10.75. Les seconds membres sont ici nuls, car n(r,t), v(r ,t) et T(r,t) sont d' ordre 0

en Kn. Il vient :

u 1ct3vr = o.

[J fmVd 3vr

=o .

[J f m(V; v)2 d3Vr = O.

(10.82)

(10.83)

(10.84)

La solution du problème mathématique ainsi posé, très complexe, est détaillée par

exemple dans les références [26, 46]. Nous commenterons ici, sans démonstration,

les résultats relatifs, au tenseur des pressions P ab et au flux conductif q cd·

387


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

• Tenseur des pressions : De même qu'il n'existe pas de contributions d'ordre 0 en

Kn aux termes non diagonaux du tenseur des pressions, il n'existe pas de contribution

à l'ordre 1 pour les termes diagonaux, pour des raisons de parité par rapport à

la vitesse relative. Les termes non diagonaux d'ordre 1 de l'équation 10.17 obtenus

par le modèle sont exprimés en fonction des composantes de la vitesse hydrodynamique

17 :

(1) [ ÔVb ÔVa 2 ( ÔVa Ôvb ÔVc) ]

P =-µ -+- - - - + - + - Ôab

ab ôa ôb 3 ôa ôb ôc

(10.85)

La quantité physiqueµ qui apparaît dans l'équation 10.85 est la viscosité dynamique

( exprimée en kg m- 1 ç 1 ). Son expression est donnée, à la suite de développements

mathématiques ardus, par :

5kT

µ= 8.Q(2,2) ,

(10.86)

où n< 2·2) est une intégrale de collision du type :

kT )1/2 Loo

,n(l,r) = · exp(-y2)y2r+3 Q(l) dy

(

2nµcoll

O

(10.87)

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a.

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u

avec : y =

112

µ coll )

(

2 kT g o< 0 (g) = 2rr f [! - cos' x (b,g)]bdb. (10.88)

où µcoll est la masse réduite de la collision, g le module de la vitesse relative,

b le paramètre d'impact de la collision et x l'angle de diffusion (voir paragraphe

10.3. l c).

C'est le potentiel d'interaction ~(r) qui pilote les résultats obtenus. Les intégrales

de collisions sont tabulées pour les différents types de potentiels sphériques (voir

les références [26, 46, 60], par exemple).

• Flux conductif: Le même modèle conduit, à partir de l'équation 10.16, à la loi de

Fourier moléculaire :

q cd(l) = _ .il. VT.

(10.89)

où À. désigne la conductivité thermique, exprimée en wm- 1 K- 1 :

,;i( l) = 25 CvkT

1 16 .Q(2,2) ,

(10.90)

où Cu est la chaleur massique à volume constant. En introduisant pour un gaz parfait

monoatomique la relation cp =

3

2. , on obtient à partir des équations 10.86 et 10.90

Cv

l'expression du nombre de Prandtl :

388

17. Oat> est Je symbole de Kronecker (Oat> = 1 si a= b, sinon Oat> = 0).

Pr = µcp = ~. (10.91)

À 3


l 0.4. Équilibre Thermodynamique Local et flux de diffusion

Le nombre de Prandtl Pr d'un gaz monoatomique est constant et égal à 2/3. Un

résultat similaire est obtenu pour des gaz polyatomjques : les valeurs du nombre

de Prandtl sont en conséquence pratiquement constantes pour les gaz.

c) Généralisation

Les approches précédentes peuvent être généralisées à différents niveaux : avec les

mêmes hypothèses (limitation aux degrés de translation) mais avec des mélanges de

gaz, la vitesse de diffusion v~ del' espèce s, donc le le flux de masse de s peuvent être

exprimés au sein d'un mélange gazeux de s espèces ; v~ est déterminée, à l'ordre 1

en Kn dans les references [26, 46], ... Les expressions correspondantes font apparaître

d'autres intégrales de collision et sont complexes. Les coefficients de diffusion

introduits sont alors éventuellement couplées à la conductivité the1miques.

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d) Non additivité des conductivité, viscosité, diffusivité

dans un mélange

Un fluide constitué d' un mélange d'espèces est caractérisé, à chaque instant et en tout

point, par des viscosité, conductivité thermique et diffusivité globales. Ces quantités

sont obtenues à partir de modèles d'autant plus complexes que le mélange comporte

un plus grand nombre de constituants. Par exemple, la difficulté de la détermination

de la conductivité il d' un mélange, à partir par exemple des conductivités de

ses espèces considérées isolément, vient du fait que cette grandeur est pilotée par les

potentiels d' interaction entre les différentes molécules du mélange. Pour prendre un

exemple simple, si la conductivité l'hélium pur est pilotée par le potentiel d' interaction

VHe-He entre deux atomes d' hélium, la conductivité d'un mélange Hélium­

Néon est pilotée non seulement par les potentiels VHe-He• VNe-Ne mais aussi par

VHe-Ne• potentiel d'interaction entre un atome d'hélium et un atome de néon. Il n'y a

donc pas de propriété d'additivité. Des ouvrages spécialisés traitent de ces questions

sous des approches théoriques [ 46, 60] ou sous forme de bases de données expérimentales

[lll, 142]. De nombreux logiciels ont été développés pour calculer ces

propriétés de transport dans des mélanges complexes, par exemple dans un milieu en

combustion ou dans un plasma, dans lequels des centaines d'espèces sont éventuellement

à prendre en compte .

389


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

10.4.2 Exercice d'application

( Exercice 10.1 Modèle grossier de viscosité et conductivité thermique

Énoncé

On considère un gaz dilué d'atomes, constitué d'une seule espèces, de masse m. Une

équation d'évolution très simplifiée de la fonction de distribution des vitesses des

atomes est adoptée :

(10.92)

où T est la durée entre deux collisions dans le modèle grossier des sphères dures de

diamètre d (voir paragraphe 10.3.1).j<O) est la fonction de distribution d'ordre zéro,

à l'ETL pour un milieu dilué, donnée par :

(10.93)

avec les notations du cours. On se limite à une solution f sous la forme d'un développement

de perturbation d'ordre 1 en Kn :

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a) Donner 1' expression de cp(I).

b) Justifier précisément l'usage de l'équation d'état d'un gaz parfait.

c) Le milieu est supposé dans cette question isotherme à T ; le nombre de pa1ticules

par unité de volume n est supposé unif01me, en première approximation. L' écoulement

stationnaire est caractérisé par un champ de vitesses hydrodynamique u(y),

parallèle à Ox et ne dépendant que de y.

Donner l'expression de la fonction de distribution.

En déduire l'expression de la contrainte de cisaillement, composante P xy du tenseur

des pressions.

Étudier dans ce modèle les dépendances en pression et en température du coefficient

de proportionnalitéµ de Pxy' appelé viscosité dynamique.

d) Dans cette question, le fluide est au repos macroscopique, à pression uniforme. Le

champ de température T(xi) est stationnaire.

Établir l'expression de la fonction de distribution.

Retrouver la loi de Fourier et donner l'expression de la conductivité the1mique À.

390


l 0.4. Équilibre Thermodynamique Local et flux de diffusion

Étudier, dans ce modèle, les dépendances en pression et en température de la conductivité.

Donner l'expression du nombre de Prandtl défini par: Pr = µcp/À.

Solution

a) Expression de <Pi

Le nombre de Knudsen est défini, d'un point de vue temporel par: Kn = ~ où Test le temps

de relaxation global et e le temps hydrodynamique. En posant : t+ = t/e, il vient :

(10.95)

Le premier membre, proportionnel à Kn, est au moins d'ordre 1 en Kn; j<O) est donc la

solution de perturbation d'ordre zéro en Kn de l'équation d'évolution.

À l'ordre 1 en Kn, celle-ci devient:

( )

(0)

Kn d~ f = - / 1) = -<P(J) J<O) (10.96)

Comme la durée d' une collision est très petite devant les échelles associées au temps hydrodynamique

r (voir paragraphe 10.3.1 c), on peut poser:

ce qui conduit, en repassant à un temps dimensionné, à :

(

d )(O) d

dt+ j = dt+ j<O) (10.97)

(1) = - Kn ~l\O) = - ~ilo)

</J j(O) dt+ . j(O) dt

(10.98)

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b) Équation d'état d'un gaz parfait

À l'ordre zéro les composantes non diagonales du tenseur des pressions, telles que :

(10.99)

sont des quantités impaires par rapport aux C, intégrées sur Ja dist1ibution d'ordre zéro :

elles sont nulles. Les composantes diagonales vérifient, d'après le théorème d'équipartition

de l'énergie, une relation du type :

soit:

-- Je C 1<o)d3 - -2nkT(xï)

'''' A '' 2

P •• - m • • v -

(10.100)

(10.101)

On retrouve localement l'équation d'état des gaz parfaits, à l'ordre zéro (solution d'ETL).

391


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

c) Contrainte de cisaillement, viscosité

Cx = Vsx - u, (10.102)

Il vient:

j<O) = n[ m ]3/2 exp (- mC2)

(2nkT) 2kT

(10.103)

j<O) ne dépend que de la quantités macroscopiques y par l'intermédiaire de u(y) et est

indépendante de x, z et de t, à des échelles de temps grandes devant la durée des collisions.

Dans ces conditions, comme : y x = 0, il vient :

a

d

- j<O\y,u) = C -j<O)

dt

y 8y

(10.104)

Soit:

( 1) m a

,+, = -r-C C -u

'r kT X y 8y

(10.105)

À l'ordre 1 en Kn, on obtient :

Pxy = -m

+oo

f f +oo f +oo ( Tm 8 )

c;c; - kT -u j< 0 >dCxdCydCz

8

a a

OO - OO - OO /j

Pxy = rnkT-

8 y

u = µ- 8 y

u

(10.106)

(10.107)

Dans le modèle des sphères dures, on obtient (voir équation 10.59) :

1

T=---

ncflnG

(10.108)

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a.

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u

où d et G sont les portée du potentiel et la vitesse relative moyenne de deux molécules.

Soit:

1 (mkT)'l 2

(10.109)

µ=4yn d2

Dans ce modèle simplifié, µ est indépendant de la pression (ce qui est exact) et croît en

T 1 1 2 • Cette dépendance en température est fausse ; une dépendance plus correcte peut être

obtenue à partir d'un potentiel d' interaction plus réaliste, par exemple de type Lennard­

Jones .

d) Expression simplifiée du flux conductif. Conductivité thermique.

Dans cette question, le fluide est au repos macroscopique, à pression uniforme. Le champ

de température T (xi) est stationnaire. Avec ces hypothèses, on pose :

(10.110)

Il vient:

(10.111)

392


l 0.4. Équilibre Thermodynamique Local et flux de diffusion

et:

AO) m 1 ( mC 2 )

J , = p (2nkT)312 (kT)512 exp - 2kT

(10.112)

fO) ne dépend que des quantités macroscopiques Xi par l'intermédiaire de T :

aj<O)

d

_ AO) (x·) = C.-

1

dt1 . /. axi

(10.113)

Soit:

(10.114)

Le flux conductif a pour expression :

(10.115)

Seul le terme d'ordre 1 en Kn de f, soit /

0 )</>(I), contribue au flux, ce qui conduit à:

5k BT BT

qJ = --TnkT- = -À.-

2m 1Jx 1 1Jx 1

(10.116)

La conductivité thermique obtenue À. est indépendante de la pression et croît en T4 ; cette

dernière dépendance est fausse, comme dans le cas la viscosité :

Sk 1 (mkT) 1 1 2

À.=-------

2m4yn d 2 (10.117)

Le rapport de la conductivité thermique à la viscosité dynamique (équation 10.109) est

indépendant de la température et de la pression. Plus précisément, si on introduit la capacité

the1mique massique cp = ~ k/m, on obtient:

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µcp

Pr=-=1

À.

(10.118)

Le nombre de Prandtl vaut 1 dans le cadre de ce modèle simplifié. La résolution de l'équation

de Boltzmann à l'ordre 1 par la méthode de Chapman-Enskog avec un conduit aussi à

une valeur constante exacte de Pr, égale à ~ (voir l'équation 10.91). J

l 0.4.3

ETL et solution de perturbation pour le champ

de rayonnement

Si l'ETL est le cadre usuel des transferts thermiques au sein d'un système matériel

et les conditions de non équilibre, l'exception, la situation est inversée pour les transferts

radiatifs. Une loi de Fourier radiative est introduite dans les paragraphes 6.4.3

et 6.5.2, dans des conditions très particulières telles que le système matériel est loca-

393


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

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v

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@

lement optiquement épais. Le champ de rayonnement est dans ces conditions considéré

également dans des conditions d'ETL, caractérisé par la température T(r, t), à

l'ordre zéro d'une solution de perturbation de l'équation de transfert du rayonnement.

Le paramètre de perturbation est un nombre de Knudsen radiatif KnR, souvent pris

égal à (/36r 1 , où f3 et 6 sont respectivement le coefficient d'extinction du milieu et

la plus petite échelle spatiale sur laquelle le milieu peut être considéré optiquement

épais. La quantité 1//3 est la longueur d'extinction du rayonnement, qui joue le même

rôle que le libre parcours moyen des molécules dans le cas d'un milieu matériel, et

doit être petit devant une échelle spatiale caractéristique du système.

Des critères précis de validité de la loi de Fourier radiative (donc des conditions

d'ETL) ont été récemment établis [51 ] pour un millieu absorbant et diffusant le rayonnement.

Ils sont basés sur un coefficient d'absorption effectif Jl!f!, qui tient compte des

phénomènes de diffusion et a été tabulé en fonction de l'albedo w = a-//3 et duparamètre

d'asymétrie de la diffusion g (voir le paragraphe 6.2.3). En effet l'effet de la

diffusion, en particulier quand les phénomènes de diffusion sont nombreux entre le

point d'émission et celui d'absorption d'un photon, est de fortement réduire la distance

parcourue entre ces deux évènements : Kef! peut alors être beaucoup plus grand

que le coefficient d'absorption K du milieu.

Les deux conditions de validité de la loi de Fourier radiative sont:

• Le modèle n'est applicable qu'en des points situés à une distance des frontières du

milieu supérieure à 5 à 10 Kef! - J ; en effet, tout l'environnement du point considéré

doit être optiquement épais.

• Le gradient de température doit être, en tout point du milieu et à toute échelle spatiale,

borné par : d J~(T) < 17Keff. Le coefficient 17 dépend de la précison souhaitée

sur le flux radiatif. Pour une précision de io- 2 , 17 vaut 0,03 [51].

l 0.5 NON ÉQUILIBRE DU SYSTÈME MATÉRIEL:

NANOSYSTÈMES ET MILIEUX RARÉFIÉS

~

"5i l 0.5. l Conditions de Non équilibre

ï::::

>-

g. Des conditions très spécifiques d'un système matériel, alors généralement qualifié de

u

nanosystème ou milieu raréfié, peuvent être caractérisées :

• en approche spatiale, par un libre parcours moyen des vecteurs de la conduction

(molécule, électron, phonon) de l'ordre de grandeur des dimensions du système ou

beaucoup plus grand (Kn?:: 1). Citons les cas des gaz raréfiés, dits en régime moléculaire

ou de Liouville, à très basse pression, ou plus couramment des applications

394


1 O.S. Non équilibre du système matériel : nanosystèmes et milieux raréfiés

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à la nanothermique pour les matériaux. Il s'agit, par exemple, de caractériser la

réponse de matériaux très minces (nanométriques) à des solicitations thermiques.

, ., .,

• en approche temporelle, par une durée moyenne entre deux collisions des vecteurs

de la conduction (molécule, électron, phonon) de l'ordre de grandeur ou beaucoup

plus grande que l'échelle de temps du système (Kn;::: 1). C'est le cas de matériaux

soumis à des lasers impulsionnels dont la durée de l'éclair est de l'ordre de 10- 12 s

(picoseconde ps) ou 10- 15 s (femtoseconde fs).

• ou encore, par combinaison des deux phénomènes précédents, par une durée

moyenne entre deux collisions relativement grande pour un système de dimension

relativement petite, ce qui conduit encore à Kn ;::: 1. Notons que dans ces

conditions l'appellation nanosystème peut être impropre, que ce soit sous l'angle

temporel ou sous l'angle spatial. Une terminologie plus correcte serait système en

non ETL.

Dans les cas extrêmes caractérisés par Kn >> 1, la température n'a plus de sens

physique, même si on peut continuer à l'introduire formellement. Le flux, par contre,

est clairement défini en termes de fonction de distribution des porteurs f [ 46]. Physiquement,

les collisions entre paiticules (ou les interactions) deviennent extrêmement

rares et ne thermalisent plus le système. Il n'existe plus alors que les collisions ou

interactions avec les parois. Pour un gaz, l'équation de Boltzmann dégénère alors

en équation de Liouville (df/dt = 0: voir le paragraphe 10.3.1), c'est-à-dire sans

terme de collisions (second membre nul). C'est un régime ballistique, qui s'apparente

simplement au traitement du rayonnement entre deux parois à travers un milieu

transparent. La fonction de distribution des vitesses dans une direction donnée f n'est

pas modifiée dans le milieu mais seulement après réflexion des vecteurs sur une paroi

: on admet alors, en général, qu'après thermalisation, la fonction de distribution

des vitesses issues de la paroi est celle d'équilibre à la température de cette paroi,

considérée comme thermostat. Un exemple de ce cas ballistique est traité dans le

paragraphe suivant.

Das les cas intermédiaires, caractérisés par Kn ~ 1, le traitement physique est plus

complexe. C'est par excellence le domaine de la nanothermique.

Par exemple, la loi de Fourier ne postule aucun effet de retard en flux après l'apparition

d'une pe11urbation en un point. Ce retard est physique et lié au temps de

relaxation des vecteurs de l'énergie (de l'ordre de la durée moyenne entre deux collisions

dans le cas d'un gaz dilué). Cependant, les ordres de grandeurs de ces temps

de relaxation sont très faibles dans les solides et les liquides (généralement inférieurs

à io- 10 s); c'est également le cas dans les gaz à la pression atmosphérique. Ce retard

n'a aucune conséquence dans la plupart des applications usuelles. Mais quand l'une

des trois conditions précédentes est vérifiée, la loi de Fourier, sans terme de retard,

est mise en défaut.

395


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

Un modèle grossier [20, 148], très ancien, consiste à introduire un effet de retard

dans l'expression du flux conductif, ce qui conduit à une équation de diffusion hyperbolique

(du type équation des télégraphistes). Dans cette voie phénoménologique, le

retard est piloté par un temps de relaxation unique T [99] :

- il ôT = 'Peel + T Ôcpcd

ôx

Ôt

(10.119)

L'équation de l'énergie devient alors :

pc ôT = _.!_(-il ôT - T ôcpcd ) =À ô2T - pc T ô2T

P ôt ôx ôx ôt ôx2 P ôt2

(10.120)

Cette équation hyperbolique conduit à la propagation d'un signal thermique de pulsation

w de la forme T(t) = B(t) eiwt avec une célérité, vitesse de phase, qui tend pour

w ~ oo vers une valeur finie : C 00 = (a/T)l/ 2 .

Il y a toujours dispersion de la célérité comme dans l'équation de diffusion mais les

signaux de fréquence infinie ne se propagent plus à une vitesse infinie. Le paradoxe

que recèle la loi de Fourier est de cette façon levé pragmatiquement, puisqu'il apparaît

une vitesse limite de propagation d'un signal thermique.

Ce sujet fait toujours l'objet d'un impo1tant effort de recherches par des méthodes

plus précises. En particulier les méthodes numériques directes, de type dynamique

moléculaire, traitent directement le problème à partir des potentiels d'interaction

entre les particules du milieu. On pourra par exemple se reporter aux références [1 ]

et [27].

10.5.2 Exercice d'application

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( Exercice 10.2 Régime ballistique d'une assemblée de particules

Énoncé

On considère une assemblée gazeuse homogène de n atomes par unité de volume, au

repos macroscopique entre deux parois à températures T 1 et T 2 , parallèles, infinies,

normales à Ox et distantes de d.

Les atomes entrant en collision avec une paroi de température Ti sont thermalisés et

quittent cette paroi en étant caractérisés par une fonction de distribution f, proportionnelle

à exp[-mC 2 /(2kTi)] après une réflexion spéculaire (loi de Descartes).

396

Cas 1 (milieu raréfié réel) : T 1 = 1200 K, T2 = 300 K, d = 0, l mm,

n = 10 20 atomes/m 3 , portée du potentiel interatomique : 13 = 10- 9 m, M =

3 10- 3 kg/mole.


1 O.S. Non équilibre du système matériel : nanosystèmes et milieux raréfiés

Cas 2 (nanosystème, iHe) : Ti = 290 K, T2 = 310 K, d = 4 nm, n =

5 10 24 atomes/m 3 , portée du potentiel interatornique : :B = 10- 9 m, M

4 10- 3 kg/mole.

a) .Montrer que le milieu est raréfié au sens du paragraphe 10.3.l.

b) Exprimer la fonction de distribution des vitesses f(x, Vs, t), associée au système

d'atomes, en exploitant la nullité en tout point du flux de particules.

c) Exprimer le flux d'énergie transférée d'une paroi à l'autre. Discuter des ordres de

grandeur dans les cas 1 et 2.

d) Exprimer le champ de pression dans le fluide. Démontrer qu'il est isotrope et

uniforme. Discuter des ordres de grandeur dans les cas 1 et 2.

e) On peut formellement définir, même dans un milieu totalement hors d'équilibre,

une température par la relation :

J -3 nkT = -mC 1 2 f d 3 v

2 2

Cette définition a-t-elle un sens dans le cas 1 ?

Quelques rappels :

Loo 2n ( 2)d _ (2n - 1)(2n - 3) ... 1 ( . 7f

x exp -ax x - --)!

0 2n+ l a2n+J

Loo 1

x 2 n+ 1 exp( -ax 2 )dx = _n_.-

o

2an+I

(10.121)

(10.122)

(10.123)

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Solution

a) Calculs d'ordres de grandeur.

Le nombre de Knudsen vaut approximativement (voir équation 10.59) :

l.p.m. 1

Kn= '.::::'. ---

d rr13 2 nd

A.N cas 1 (milieu raréfié réel): Kn = 32; A.N cas 2 (nanosystème): Kn = 16.

(10.124)

En conclusion, Je libre parcours moyen l.p .m. est très grand devant d: Je milieu est raréfié.

Le théorème de Liouville est applicable au sein d'un milieu.

b) Expression de f.

D'une paroi à l'autre, la fonction de distribution f est indépendante de x, y et z, à cause de

la symétrie plane du système et de l'absence d'interaction dans un milieu. Compte tenu de

la symétrie de révolution du système autour de Ox, on utilise des coordonnées cylindriques

d'axe Ox.

397


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

Comme la vitesse hydrodynamique est nulle, il y a identité entre la vitesse d'un atome et sa

vitesse relative de module C. Dans ces conditions, f est une fonction de C et de e. Soient :

f+ =A exp[-mC 2 /(2kT 1 )]

µ = cose > 0

8€[0,n/2]

(10.125)

] = B exp[-mC 2 /(2kT2)]

µ = cose < 0

Deux relations permettent d'exprimer A et B.

> Première relation, liée à la définition de f :

J n = fd 3 C

BE[n/2, 7r]

avec: d 3 C = 2nC 2 dCsinede

n =Al°" exp[-mC 2 /(2kT1)]C 2 dC l 1T/ 2 2n si n ede

(10.126)

(10.127)

(10.128)

Soit:

+B f exp[-mC 2 /(2kT2)]C 2 dC ( 1T 2n sin()d()

0 J JT/2

(10.129)

(10.130)

(10.131)

+ -

n = n +n

(10.132)

n+ est le nombre de particules en mouvement dans le sens de Ox, n- dans le sens opposé.

> Deuxième relation. On exprime que Je flux de particules est nul en tout

point:

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Comme:

il vient:

J q~ = Ccos()jd 3 C = 0 (10.133)

00

A fo C 3 exp[-mC 2 /(2kT1)]dC fo1T 12 2nsin8cosede (10.134)

+ B f C 3 exp[-mC 2 /(2kT 2) ]dC ( 1T 2n sine cos ede = 0

0 J JT/2

(10.135)

roo (kY.) 2

Jo C 3 exp[-mC 2 /(2kTi)]dC = 2 --;;/- (10.136)

(10.137)

+T112 _ -T112

n J - n 2 (10.138)

398


1 O.S. Non équilibre du système matériel : nanosystèmes et milieux raréfiés

Ces équations s'interprètent par le fait que le flux suivant Ox est proportionnel à la vitesse

quadratique moyenne, qui est en T : 12 , tandis que le flux dans les sens opposé est

proportionnel à la vitesse quadratique moyenne, qui est en T~ 12 . Il vient encore :

yl/2

n+ = n . 2

T1 12 + T1 12

1 2

T1 12 ( 3/2

A = 2n 2 __!!!__

T112 + T112 2rckT1)

1 2

T l/2

- n J

n =----

T'/2 + T112

l 2

T1 12 ( 3/2

1

B = 2n

__!!!__)

T1 12 + T112 2rckT2

1 2

(10.139)

(10.140)

c) Flux d'énergie.

En posant:

J

mC2 m in Loo

q~ 1 = --Cxfd 3 C = - 2rcsin8cosede C 5 fdC

2 2 0 0

(10.141)

(10.142)

on obtient:

l lf/2

llf

q~ 1 = mrcAl 5 (T 1 ) sine cos BdB + mrcBl 5 (T2) sine cos BdB

Soit, tous calculs faits :

0 n/2

n(T1 T1)1;2(2k)3;2

qen = (T1 - T1)

x (rcm)' l2(T:12 + T~ /2 )

(10.143)

(10. 144)

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Le phénomène est indépendant de la distance entre les parois 18 , tant que le milieu reste

raréfié. Le flux est proportionnel à T 1 - T 2 , à net inversement proportionnel à m 1 2 • Si

T 1 » T2, le flux est proportionnel à T~ 12 , c'est à dire à la vitesse quadratique moyenne des

atomes dans le sens limitant.

A.N. cas 1 (milieu raréfié réel) : qen = 2,4 kW/m 2 ,

qen

soit un coefficient de transfert : h = ·· = 2,68 W/(m 2 K)

T1 -T 1

A.N. cas 2 (nanosystème): qen = 5 MW/m 2 ,

qen

soit un coefficient de transfert: h = ·· = 1,45 10 4 W/(m 2 K).

T1 -T2

Cette dernière valeur est à comparer à À./d, coefficient de transfert associé à la loi de Fourier,

qui n'est pas valable ici : 3,8 10 7 W m- 2 K- 1 , pour del' hélium de conductivité À égale à

0,152 wm- 1 K- 1 .

d) Champ de pression. On pose: D = Cx, Cy ou Cz et il vient:

Pdd = - { mD 2 A exp[-mC 2 /(2kT 1 )]d 3 C - { mD 2 B exp[-mC 2 /(2kT2)]d 3 C

J~~

J~~

(10.145)

399


Chapitre 10 • Bases physiques des transferts thermiques

On constate immédiatement, que chacune des intégrales, fonction paire, prend la même

valeur quel que soit D et que la pression est isotrope et égale à p :

(10.146)

Cette pression est uniforme: on retrouve une équation d'état d'un gaz parfait, associée à

une « température» (T 1 T 2 ) 1 1 2 !

A.N. (cas 1): p = 1,7 Pa

Le cas 2 est de peu d'intérêt: puisque la température reste voisine de 300 K, la loi des gaz

parfait s' applique approximativement.

e) Température hors équilibre.

La définition formelle de la température conduit à :

(10.147)

Soit la même température (T 1 T2) 1 1 2 que précédemment. Mais cette notion de « température

» hors équilibre n'a pas de sens physique: si le milieu est isotherme au sens de cettte

température, il est traversé par un flux d'énergie !

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400


COMPLÉMENT

QUELQUES MÉTHODES MATHÉMATIQUES

DE LA DIFFUSION

On se limite au cas d'un système à deux variables x et t. On se reportera, pour une

interprétation physique, au paragraphe 3 .2.1.

A.1 UTILISATION DE LA TRANSFORMATION

DE LAPLACE

a) La démarche

La méthode consiste :

• à appliquer une transformation de Laplace à l'équation de l'énergie, qui devient

alors une équation différentielle en x, aux conditions aux limites et à la condition

initiale. À une fonction F(t) on fait correspondre une transformée de Laplace /(p)

linéaire, par :

p E C: f(p) = f exp(-pt)F(t)dt. (A.l)

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• à résoudre le nouveau système ainsi obtenu dans l'espace transformé ;

• à revenir à l'espace (x,t): dans un cas favorable, on utilise un dictionnaire d'images

(voir Donnéses de base); dans le cas contraire, on utilise la form ule d'inversion de

M.ellin:

F(t) = lim -.

1 l y+iX

X-+oo 2m y-iX

exp(pt)/(p)dp,

(A.2)

où i2 = - 1. Cette méthode fait appel au calcul des résidus. Sur un contour d'intégration

compo1tant des pôles simples d' une fonction f(z) on calcule des résidus :

Res(a) = lim(z - a)f(z),

z-+a

(A.3)

La transformée de Laplace est un outil puissant et performant pour les problèmes

instationnaires monodimensionnels (plans, cylindriques, sphériques). Elle peut être

utilisée pour résoudre des problèmes bi et tridimensionnels mais son intérêt chute

car l'équation de l'énergie à résoudre après transformation reste une équation aux

401


Annexe A • Complément

dérivées paitielles en variables spatiales. Notons que pour des problèmes monodimensionnels,

elle est applicable à des conditions initiales non uniformes suivant la

variable d'espace.

b) Application au problème d'une barre de rayon R

On considère le problème des paragraphes 3.2.lb et 3.2.2, représenté par le système

d'équations 3.15 à 3.18. Dans l'espace (r,t), on pose:

y+= T/To, r+ = r/R, (A.4)

Il vient :

(A.5)

(A.6)

(A.7)

Après transformation de Laplace du système, on obtient (on abandonne les +):

pB - 1 = ~ i (r dB) ,

r dr dr

(A.8)

dB (l,p) +Bi B(l,p) = 0,

dr

(A.9)

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de

dr (0,p) =O.

(A.10)

où B(r,p) désigne la transformée de Laplace de T(r,t). La condition initiale a disparu,

intégrée dans l'équation A.8.

On cherche une solution dans l'espace transformé en posant : p = q 2 et u = rq ;

l'équation sans second membre A.8 devient:

2 d2 B de 2

u - + u- - u B = O.

du 2 du

(A.11)

Elle est du type Bessel modifiée. Sa solution générale s'écrit [2], en fonction des

fonctions de Bessel modifiées / 0 et K 0 :

e(r,p) =A l 0 (qr) + B K 0 (qr).

(A.12)

402


A. l. Utilisation de la transformation de Laplace

Une solution particulière de l'équation avec second membre est :

La solution générale est donc :

e

- 1

part= P · (A.13)

B(r,p) =A l 0 (qr) + B K 0 (qr) + p- 1 .

(A.14)

Le problème physique a une solution finie. Comme Ko(qr) ---? oo quand r ---? 0, on

a: B = 0, ce qui est compatible avec l'équation A.IO qui est vérifiée par / 0 (qr). A est

déterminé à partir de l'équation A.9, ce qui conduit à:

Aql~(q) + Bi [Al 0 (q) + p- 1 ] = O.

(A.15)

Bi l 0 (qr) 1

e( rp ) =- + -

, p[q l~(q) +Bi l 0 (q)] p

avec: q = pl/2 (A.16)

On recherche alors les pôles de cette solution : p = 0, pôle simple et les zéros en p

de:

q l~(q) + Bi / 0 (q) = O.

(A.17)

Des relations [2] permettent de transformer cette expression, en utilisant des fonctions

de Bessel non modifiées. On pose :

et l'équation à résoudre devient :

/~(q) = iJ~(iq) = -if 1 (iq) k = iq. (A.18)

V= - k l 1(k) + Bi J 0 (k) =O. (A.19)

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Cette relation admet une suite infinie de racines simples réelles : k = k 1 , ... ,kn .. . ,

auxquelles correspondent, en variables p, une suite infinie de racines négatives : p =

-kf, -k~, ... , - k;, .... On suppose ces racines connues et toutes pôles simples en p.

On applique à ce stade la formule d'inversion de Mellin A.2, qui fait intervenir la

quantité exprimée à partir du théorème des résidus :

Bi (ly+iX 1 (qr) exp(pt) 1 ) ~

T+ = - 2

. lim . [ ;,( ) B"/ ( )] + - dp = L.J Res(-/Ç) + Res(O)

m X ~ 00 y-1X p q 0 q + J 0 q p n= 1

(A.20)

avec: Res(O) = Bi- 1 • Pour calculer R es(-k~) , il est aisé de montrer que :

(A.21)

403


Annexe A • Complément

en utilisant les relations :

J~ (k) = - Bi J 0 (k)/k kli (k) = - li (k) + kl 0 (k). (A.22)

Finalement :

+ _ . fi l 0 (kn r+. ) exp(-/Çt+)

T - 1 - 2B1 L.J

2 2

n= 1

(Bi + kn)l 0 (kn )

.

(A.23)

À partir des équations A.4 et A.23, il vient, en variables dimensionnées :

00

T(r, t) _ (h2R) 2=

l o(kn k) exp(-k~ ~D

1 - 2-

To - À _

n- i

[(h2R)2 + k2 ]J (k ) '

À n o n

kn étant la suite des racines simples réelles de l'équation A.19.

c) Tabulation des solutions

La solution est tabulée sous la forme (Schneider, 1963) :

T - To

B = Ta _ To = 1 - T+ = /(Fo, Bi,r/R)

(A.24)

(A.25)

où Ta désigne la température du milieu extérieur et T o la température initiale. Dans

cette référence, de nombreuses géométries sont abordées. Si les abaques perdent

beaucoup d' intérêt, avec le recours aux ordinateurs, ils permettent néanmoins d'obtenir

rapidement une évaluation précise du compo1tement instationnaire d' un système

assimilable à une géométrie simple.

Dans le cas du problème du paragraphe 5.2.1, la surchauffe autorisée est:

oT = Tc - Tf (r = 0) = 100° C.

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On pose : R = 10- 2 m ; À= 1 W m- i K- 1 a = 10- 6 m 2 /s ;

hi = 3.10 3 W m- 2 K - 1 ; h 2 = 2.10 3 W m- 2 K - 1 B 2 - Bi = 50 °C ; P = 410 8 W/m 3 .

On obtient à pa1t.ir de 3.18 : To = - 383 °C.

Il est évident que le régime stationnaire T~ ne doit pas être atteint. On a, de plus :

(A.26)

r: = [T2c - Tf (r = O)]!To = oT + T f (r = 0) - Tf (r = 0) = (oT + To)/To (A.27)

Bc(r+ = 0, t+) = -oT/To = 100/383 = 0,261.

(A.28)

Soit, d' après l'abaque (Schneider, 1963) :

Foc = t: = atc/R 2 ~ 0, 16

(A.29)

404

ce qui conduit à : te ~ 16 s. Il faut agir très vite !


A.2. Utilisation de la méthode de séparation des variables

A.2 UTILISATION DE LA MÉTHODE

DE SÉPARATION DES VARIABLES

Nous traitons, à titre d'illustration, l'exemple du paragraphe 3.4.1. Soit à résoudre le

système d'équations 3.70 à 3.72 linéaire et homogène, à l'exception de la condition

initiale, qui est hétérogène.

a) Principe de la méthode

Chercher des solutions particulières y + sous la forme :

(A.30)

leur imposer, arbitrairement, de vérifier les conditions homogènes, puis chercher une

combinaison linéaire de ces solutions qui vérifie la condition hétérogène. Si celle-ci

existe, c'est, d'après le théorème d'unicité, la solution. La méthode est aussi applicable

à des problèmes multidimensionnels, stationnaires ou instationnaires. Par commodité,

les symboles + sont omis dans la suite.

b) Résolution

Il vient :

f(x) g' (t) = g(t) f" (x)

g' (t) f" (x) 2

- - --k

g(t) - f (x) - ·

(A.31)

En effet deux fonctions égales de variables indépendantes x et t sont nécessairement

égales à une constante. Les solutions particulières sont donc de la forme :

g(t) =A exp(-k2t) ; f(x) = B sin(kx) + C cos(kx), (A.32)

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soit:

T(x,t) = exp(-k 2 t)[D sin(kx) + E cos(kx)]

(A.33)

On impose à ces solutions de vérifier les conditions homogènes du système d'équations

3.71. Soit:

D = 0 ; -k sin(k) +Bi cos(k) =O. (A.34)

Les solutions correspondantes reposent sur la suite infinie de valeurs discrètes positives

(k 0 , ki, k2, ... , kn, etc.) vérifiant:

On cherche alors une fonction de la forme :

OO

(A.35)

T(x,t) = ~A n cos(knx) exp(-k~t), (A.36)

n=O

405


Annexe A • Complément

qui vérifie donc les équations 3.70 et 3.71 et à laquelle on impose, de plus, de vérifier

l'équation 3.72 ; soit:

OO

~A n cos(knx) = 1. (A.37)

n=O

Pour trouver les coefficients A n on utilise les propriétés d'orthogonalité de la base des

fonctions cos(knx) vis-à-vis d'un produit scalaire 1 . Il vient:

li COS(knX) COS( km X )dx = Ônm ( J/2 + sin(2kn)f 4kn] (A.38)

En multipliant l'équation A.37 membre à membre par cos(kmx) et en intégrant de 0

à 1, on obtient :

Vn

(A.39)

La solution du système 3.70 à 3.72 s'écrit, en rétablissant les symboles + :

(A.40)

L'exemple traité par la transformée de Laplace dans l'annexe 3 aurait également pu

1' être par séparation des variables ; la réciproque est aussi vraie pour l'exemple traité

ici. La présente méthode s'applique aussi après une adaptation simple au cas de l'ailette

du paragraphe 2. 2.

A.3 UTILISATION DE LA FONCTION DE GREEN

EN CONDUCTION

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a) Définition de la fonction de Green

Un problème général de conduction instationnaire linéaire (,t eth constants, rayonnement

négligeable ou linéarisé) comprend :

• une équation de l'énergie :

âT _ V 2 P(r,t)

- -a T+ ,

8 t

pep

(A.41)

• une condition initiale :

T(r,t = 0) = T 0 (r),

(A.42)

406

1. si n t m : f 1 cos(k 11

x ) cos(k 111

x )dx = -1 [ sin? n;k,,,) 2

+ sin?" ~ k,,,) ] = X ;

Jo ,,+,,, ,,- ,,,

d'autre part l'équation A.35

devient . kn = 1g(k111) = sin(k111) cos(k,, ) => X = O

· km tg(k,, ) sin(k11) cos(km)


A.3. Utilisation de la fonction de Green en conduction

• des conditions aux limites :

T(r1t) = Ti (rit) sur S 11 (A.43)

-ÀVrT.next = h[T(r1t) - T2(r1t)] + cp 0 (r1t) sur S2 (A.44)

où S 1 et S 2 représentent deux parties de la surface latérale S (S = S 1 US 2) et Dexr

désigne le vecteur unitaire de la normale dirigée vers l'extérieur de S . La fonction de

Green associée à un tel problème G(r1r'1 t - t') est la solution du système homogène

suivant, associé au système d'équations A.41 à A.44 :

ôG

- = aVr 2 G + 8(r - r')8(t - t')1

Ôt

(A.45)

G(r 1

r' 1

t - t') = 0 s1 t < t' 1

(A.46)

G(r1r'1 t - t') = 0 sur S 11

(A.47)

-ÀVrG.next - hG = 0 sur S 2·

(A.48)

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Le système d'équations A.45 à A.48 est un système particulier du type précédent

caractérisé par une impulsion de n01me unité, appliquée au point r' à l'instant t', et

des conditions initiales et aux limites homogènes. Cette interprétation physique sera

utile dans la phase de détermination pratique de fonctions de Green.

La solution du système A.41 à A.44 se déduit de G et des expressions des termes

non homogènes, soient T 0 (r)1 Ti (r1t), T2(r1t)1 cp 0 (r1t) par la relation explicite (Morse

et Feschbach, 1953; Carslaw et Jaeger, 1959) :

T(r1t) = J: G(r1r' 1 t)T 0 (r')dV'

+a (1 ( T1(r'1t')(-De.:a).Vr G(r1r'1t-t') dS~ dt'

Jo Js1

~ T2(r',t') - ~ (r',t')] G(r, r' ,t - t') dS ~ dt'

-al' L, [

+ ( ( G(r1r'1t - t')_!___(r' 1t')dV' dt' 1 (A.49)

Jo J v

pep

où V r' représente le gradient par rapport aux composantes du vecteur r'. De la comparaison

des premier et quatrième termes du membre de droite, il ressort qu'une

407


Annexe A • Complément

condition initiale s'interprète comme une puissance P dissipée à l'instant t' = 0 uniquement.

La difficulté essentielle de la méthode réside dans la résolution du système

homogène A.41 à A.44 qui peut être entreprise par des techniques usuelles (transformée

de Laplace, etc.)

b) Exemple de référence : fonction de Green associée

à un milieu infini

La démarche suivie ici est inductive. La fonction :

l

, 1 [ (r - r') 2

G(r,r ,t) = 3/2 exp - 4a(t - t') '

8[na(t - t')]

(A.50)

est solution de l'équation de l'énergie:

pour t > t'.

(A.51)

De plus, quand t tend vers t' , cette fonction tend vers 0, en tout point, sauf au point r',

où elle devient infinie, ce qui correspond au cas d'une impulsion imposée en t = t'

et r = r' à un milieu initialement caractérisé par G = 0 en tout point. Enfin G est

normée:

l G(r, r' ,t - t')dV = 1.

(A.52)

"O

0

c

::J

0

v

T""f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

G(r, r' ,t - t') vérifie les équations A.45 et A.48 et peut être considérée comme la

fonction de Green associée à un milieu infini.

>- Application immédiate:

si on considère un milieu infini dont la distribution de température initiale est T 0 (r),

la distribution de température est à un instant ultérieur :

T(r,t =

l (')

) 1

8(nat) 312 · v

[ l (r - r') 2 I

To r exp - dV .

4at

c) Fonction de Green associée à un milieu semi infini

>- Cas d'un flux surfacique r.p 0 (y,z,t) imposé sur la paroi x = O

(A.53)

La fonction de Green correspond à la réponse à une impulsion instantanée au point

(x' ,y' ,z') à l'instant t' avec une paroi isolée en x = O. Ceci revient à considérer

l'équation A.41 avec: h =O. Une méthode élégante consiste à associer à ce problème

un problème comprenant une image : un milieu infini caractérisé, pour x < 0, par des

champs de toutes les grandeurs physiques symétriques par rapport au plan x = O.

La condition de flux nul est alors toujours remplie en x = O. On considére donc une

408


A.3. Utilisation de la fonction de Green en conduction

impulsion identique à l'impulsion initiale placée au point (-x' ,y' ,z'). La fonction de

Green cherchée est donc celle résultant des deux impulsions images :

G = [4na(t - t')r 312 exp {- [(x - x') 2 +(y - y') 2 + (z - z') 2 ] / [4a(t - t')]} (A.54)

+exp {-[(x + x')2 +(y- y')2 + (z - z'P]I [4a(t - t')]}.

(A.55)

Pour un système initialement à température unifo1me T 0 , l'équation A.42 conduit à:

T(r,t) = To + ~

(' ( <p 0

(y' ,z' ,t')G(x,y,z,x' = O,y' ,z' ,t - t') dy' dz' dt', (A.56)

À Jo Js

où la surface S représente le plan x' =O. Le premier terme To du deuxième membre

del' équation A.41 à A.56 provient de la première intégrale du deuxième membre de

l'équation A.42. Envisageons la solution dans trois cas particuliers :

• 'Po(y,z,t) = 'Po

T(x ,t) = T 0 + a<po (' [na(t - t')r 112 exp[-x 2 /4a(t - t')]dt' (A.57)

À Jo

• 'Po(y,z,t) = 'Po cos wt

T(x,t) = To + a<po ('cos wt' [ na(t - t') r 112 exp [ - x 2 /4a(t - t') ]dt'.

À

Jo

(A.58)

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@

• 'Po(y, z,t) ='Po exp [-(y 2 + z 2 )/w 2 ].

Ce cas correspond à l'absorption du rayonnement d'un faisceau laser gaussien fonctionnant

en mode TEM OO, centré en 0(0,0,0).

l 'P W

T(x ,y,z,t) = To + : '-

y

À y7r 0

4at/w2

(1 + u 2 ) - 1 exp [ - R 2 /(l + u 2 )] exp(-X 2 /u)du (A.59)

avec : R 2 = (y2 + z 2 )/w 2 et X= x/w (A.60)

Dans le cas de problèmes à une dimension (premier et deuxième cas précédents par

exemple), il suffit d'introduire une fonction de Green à une dimension :

G(x,x' ,t - t') = [

00

[

00

G(r,r' ,t - t')dy' dz'

(A.61)

qui vaut dans le cas d' un milieu semi-infini avec une condition de flux à la smface :

G(x,x' ,t - t') = 1/2 [na(t - t')r 112 {exp [-(x - x') 2 /4a(t - t')]

+exp [-(x + x') 2 /4a(t - t')]} .

(A.62)

409


Annexe A • Complément

>- Température T 1 (y,z,t) imposée en x = 0

Le problème associé au problème réel correspond dans ce cas à une condition de

température nulle imposée en x = 0 (équation A.46). Cela revient à considérer sur

l'espace entier une fonction de Green impaire : on associe à l'impulsion unité en

(x' ,y' ,z') dans le demi-espace x' > 0, une impulsion de signe opposé en (-x' ,y' ,z').

Soit la fonction de Green normée :

G(r,r' ,t - t') = ~ [na(t - t')r 312 (exp {- [(x - x') 2 +(y - y') 2 + (z - z') 2 ]/4a(t - t')}

- exp {- [ (x + x') 2 + (y - y') 2 + (z - z') 2 ] /4a(t - t')} ). (A.63)

Par application de l'équation A.46, on obtient la répartition de température dans un

système initialement à To(r), avec une température T 1 (y,z,t) imposée à la paroi :

T(x,y,z,t) = l G(r,r',t) To(r')dV'

+al' l T1 (y,z,t) ;: (x,y,z,x' = O,y' ,z' ,t - r') dy' dz' dt' (A.64)

où la surface S désigne le plan x = 0 et avec :

ac ( ,

0

-;--- x,y,z,x = ,y

,

,z

,

,t - t

')

=

ux'

8 ; 12 [a(t - t')r512 exp {[ x 2 +(y - y') 2 + (z - z') 2 ] /4a(t - t')}. (A.65)

Soit les cas particuliers simples :

• cas T1 (t) = Te et To(x) = To

, , (' oG , , ,

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

T(x,t) = To

f 0

G(x,x ,t)dx +a Jo Te ox' (x,x = O,t - t )dt ,

(A.66)

où on a évidemment utilisé, pour simplifier, la fonction de Green à une dimension :

Soit:

G(x,x' ,t - t') = 1/2 [na(t - t')r 112 {exp [-(x - x') 2 /4a(t - t')]

- exp [-(x + x') 2 /4a(t - t')]}

oG , , x { ( 2 ,

-;--(x,x = O,t - t) = _ r;; exp - x-/4a(t - t) J} .

ux' 2 yJra 312 (t - t') 312

l 2 (''° 12 2Te [ 12

[

T(x,t) = To 1 - VIT Ju e- u du' + VIT u e- u du' u = x/(2 Wt).

(A.67)

(A.68)

(A.69)

410


A.3. Utilisation de la fonction de Green en conduction

On retrouve Je résultat du paragraphe 3.3.1 à un changement de variable près :

T - To 2 [ ,2 , [ ( _ c)]

Te _ To = Vif u e- u du = erfc x/ 2 vat .

(A.70)

• cas T1 (r,t) = T1 (t) et To(x) = To

On trouve:

2

L

X -u'2 1

T(x,t) - To = - Te t - -- - To e du .

Vif u 4au'2

oo[ ( 2) l

(A.71)

d) Fonction de Green associée à un mileu fini

On se limite, à titre d'exemple, au cas d'un mur fini d'épaisseur e, initialement à To,

isolé en x = e, et auquel est appliqué le flux cp 0 en x = O. La fonction de Green

G(x ,x' ,t - t') correspond à la réponse à une impulsion unité en x' à l'instant t', les

deux faces du mur étant isolées. Le système équivalent correspond donc à un système

infini et périodique de murs, avec des impulsions identiques en x' + 2ne et - x' + 2ne .

~ ./

cp

/ <p = O

0 0 e

X

X X

/ x'-2e -x' 0 x' -x' l e x'+ le -x'-t .Je

~ /

./ X rxix

Figure A.1 - Figure A.2 -

La fonction de Green, à une dimension pour simplifier, est alors :

"Cl

0

c

::::i

0

"""

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..-1 "O

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F

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c

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@

G(x,x' ,t - t') = [47ra(t - t')r 112 { ~ exp [- (x - x' - 2 ne) 2 ]

D · 4a(t - t')

n=-oo

~ [ (x+x'-2ne)2l}

+ L.J exp -

) .

4 a(t - t'

n=-oo

Cette fonction de Green se décompose en séries de Fourier; soit :

l ·

G(x,x' ,t - t') = ; [ 1 + 2 ~ exp [-an 2 rr\t - t')/ e 2 ] cos ( n;x) cos ( n: x') (A.73)

La solution du problème est alors :

OO

acpo 2ecpo "\'1 1 [ ? 2 2 ]

T(x ,t) = To + - . t + -- 2

L.J 2 1 - exp l( - an-7r t/e ) cos(n7rx/e) .

À.e À.7r n= 1 n

(A.72)

(A.74)

Des fonctions de Green relatives à d' autres cas peuvent être trouvées dans (Carslaw

et Jaeger, 1959; Morse et Feshbach, 1953).

411


"O

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c

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0..

0

u


COMPLÉMENT

FONCTIONS ET ÉQUATIONS USUELLES

8.1 FONCTIONS D'ERREUR (CONDUCTION

INSTATIONNAIRE)

Des données plus complètes seront trouvées dans la référence [2]

a) Définitions :

• Fonction d 'erreur: erf(x) = ) 12

fox exp(-u 2 ) du

• Fonction d'erreur complémentaire :

erfc(x) = 1 - erf(x) = 1 - 7ri 2

fox exp(-u 2 ) du

• Intégrale de fonction d'erreur complémentaire: ierfc(x) = L= erfc(u) du

b) Quelques données :

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0

c

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X 0 0.05 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6

er x 0 0.056 0.1125 0.2227 0.3286 0.4284 0.5205 0.6039

erfc(x) 1 0.944 0.8875 0.7773 0.6714 0.57161 0.4795 0.3961

ierfc x) 0.564 0.516 0.4698 0.3866 0.3142 0.2521 0.1997 0.1559

X 0.8 0. 9 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5

er x O. 7421 0.7969 0.8427 0.88020 0.9103 0.9340 0.9523 0.9661

erfc(x) 0.2579 0.2031 0.1573 0.11980 0.0897 0.0660 0.0477 0.0339

ierfc x) 0.0912 0.0682 0.0503 0.0365 0.0260 0.0183 0.0126 0.0086

X 1.7 1.9 2.2 2.4 2.5

erf(x) 0.9838 0.9928 0.9981 0.99931 0.99959

erfc(x) 0.0162 0.0072 0.0047 0.00186 0.00114

ier(c(x) 0.0038 0.0016 0.00036 0.00014 0.00008

0.7

0.6778

0.3222

0.1201

1.6

0.9764

0.0236

0.0058

413


Annexe B • Complément

8.2 FONCTIONS INTÉGRO-EXPONENTIELLES

(RAYONNEMENT)

a) Définition

Les fonctions intégro-exponentielles constituent une famille de fonctions mathématiques

détaillées dans la référence [2].

(B.l)

Elles vérifient les relations de récmTence :

d

n > 2 ou n = 2 : dx En(x) = - En+ 1 (x) ;

d 1

-E1(x) = - -exp(-x)

dx

X

(B.2)

n > 1oun=1 : nEn+i(x), = - exp(- x) - xEn(x);

Leurs expressions asymptotiques sont :

d 1

-Ei(x) = --exp(- x)

dx

X

(B.3)

X= OO : En(X) =

exp(-x).

X

1

En(O) = n- 1

(B.4)

b) Quelques données

X 0 0,05 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5

0,6 0,8 1

1,5 2 2,5

3 3,5 5

Eix) 500 455 41 6 351 300 257 222

192 144 110

56,7 30,1 16,3

12,0 4,9 8,8 10··

"O

0

c

::J

0

v

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0

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~

..c

Ol

ï::::

a_

0

u

Xl0 3

E 4 (X) 333 309 288 249 217 189 165

xl0 3

145 111 86

46,0 25,0 13,8

8.3 TENSEURS USUELS EN TRANSFERTS

(CONVECTION)

13,0 4,3 7,8 10·•

Dans les expressions simples, la notation vectorielle est généralement adoptée dans

cet ouvrage ; dans les calculs ou les expressions plus complexes, il est au contraire

414


B.3. Tenseurs usuels en transferts (convection)

le plus souvent fait appel aux conventions de la notation tensorielle parce qu'elles

sont les plus claires et les plus concises. Les objets mathématiques rencontrés dans

cet ouvrage sont des scalaires (pression, température, etc.), des vecteurs (vitesse,

normale, vecteur flux surfacique, etc.), des tenseurs (tenseurs des contraintes, des

taux de déformation, etc.), des opérateurs,scalaires ou vectoriels agissant sur des

scalaires ou des vecteurs ou des tenseurs : gradient, divergence, laplacien, etc.

a) Notation vectorielle

• Un scalaire est représenté par une lettre non graissée : p, T, a, il., etc.

• Un vecteur est représenté par une lettre graissée : v, w, q, etc.

• Un tenseur est représenté par une lettre graissée et affectée d'un - : f, d, etc.

• L'opérateur gradient 1 est graissé comme un vecteur : grad (ou V). L'opérateur

divergence est noté div (ou V . ). L'opérateur laplacien !:!,. est appliqué à un scalaire

ou formellement à un vecteur 2 et noté dans ce cas A.

b) Notation tensorielle (coordonnées cartésiennes)

• Un scalaire (tenseur de rang 0) ne comporte pas d'indice: p,T, etc.

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0

c

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T"-f "O

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-ci

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::l

0

@

• un vecteur (tenseur de rang 1, de dimension 2 ou 3 dans cet ouvrage) est représenté

par sa composante courante : ui, qk désignent les vecteurs vitesse et flux

surfacique. Ce tenseur peut présenter deux ou trois composantes (problème à 2 ou

3 dimensions). Par exemple, en coordonnées cartésiennes, le vecteur vitesse a pour

composantes (vx, uy, Vz); il est représenté par u 1 en notation tensorielle.

• Un tenseur (on se limitera ici à des tenseurs de rang 2) est un objet défini par deux

indices courants, i et j par exemple; la quantité ôvi/ôx 1 est un tenseur de ce type

qui peut être représenté par un tableau de dimension 3 x 3 si les vecteurs vitesse ui

l. Appliqué à un scalaire, l'opérateur gradient conduit à un vecteur. Il peut formellement être appliqué à

un vecteur qui apparaît dans une équation vectorielle qui peut être projetée sur les trois axes d'un repère

(par exemple dans Je bilan de quantité de mouvement). Dans ces conditions, l'opérateur gradient est

appliqué à chacune des composantes du vecteur dans ce repère. Un gradient associé à une composante

du vecteur sur un axe apparaît alors uniquement dans la projection correspondante de l'équation sur cet

axe. Le cas de l'équation de bilan de quantité de mouvement est traité dans le Complément B.4.

La même analyse peut être faite pour l'opérateur Laplacien : tl. est appliqué un scalaire ; A est appliqué

au trois composantes d'un vecteur: voir également le Complément B.4.

2. voir la note de pied précédente

415


Annexe B • Complément

et position x 1 sont de dimension 3; ce tenseur a, dans ce cas, neuf composantes :

ÔVx ÔVx ÔVx

- - -

ôx ôy ôz

Ôvy ÔVy ÔVy

ôx ôy ôz

ÔVz ÔVz ÔVz

ôx ôy ôz

si les composantes cartésiennes de Viet x 1 sont respectivement (vx, vy, Vz) et (x,y,z);

on notera que les lignes con-espondent au premjer indice cité (i), les colonnes au

second(}).

Un tenseur joue un rôle particulièrement important : c'est le tenseur de Kronecker

ou tenseur identité :

=0 si i * j

Ôij { = 1

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

c) Quelques correspondances de notation

Notation vectorielle

V

gradT ou V T

tensorielle

(coordonnées cartésiennes)

./

ôT

ÔXi

Développement

(coordonnées cartésiennes)

---

ôT ôT ôT)

( ôx' ôy' ôz

gradient

div(v) ou V. v

ÔVx ÔVx ÔVx

-+-+ôx

ôx ôx

divergence

416


B.3. Tenseurs usuels en transferts (convection)

li T ou div(grad T)

ou V .V T

ou

fJ2T iJ2T ô 2 T

--+-- + --

ôx2 ôy 2 ôz 2

laplacien

v.:r

v 2 v ou v . v v

ô ô

--v·

ôx·ôx· 1

J ./

d) Tenseur des taux de déformation

ÔTxx ÔTyx ÔTzx

--+-·-+--

ôx ôy ôz

ÔT xy ÔT yy ÔTzy

--+-- + --

ôx ôy ôz

OT xz ÔT yz ÔT zz

-- + -- + --

ôx ôy ôz

ô 2 v ô 2 v ô 2 X X v X

--+--+--

ôx2 ôy 2 ôz 2

ô 2 v ô 2 v ô 2 __ Y + __ Y + __ v

Y

ôx 2 ôy 2 ôz 2

ô 2 u7 ô 2 u7 Ô 2 Vz

--~ + --~ + --

ôx2 ôy 2 ôz 2

Soit un système fluide continu et matériel dont on suit les évolutions entre t et t + dt

en utilisant la notation tensorielle dans un système de coordonnées orthonormées

Ox 1 x2x3. Soit, à un instant t, la position d'un point matériel de référence A (vecteur

xi) et celle d'un point matériel courant G (vecteur Xi + dxi). À l'instant t + dt, le

point A, animé d'une vitesse vi à 1' instant t, occupe la position définie par :

(B.5)

"O

0

c

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0

v

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"='

T"-f

0 c

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>- "' c

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2

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~ ~

't:

0

'5 "'

F!

-ci

0

c

0 "'

@

le point matériel courant G occupe la position définie par le vecteur :

(B.6)

ôvi/ôxj représente un tenseur de rang 2; une transformation de l'équation B.6 conduit

à:

x-

,

+ dx-

,

= Xi + dxi + vidt +

[

-

1 (

-

Ôvi

+

Ôv

-

j )

+ -

1 (

-

Ôvi

-

Ôv

-

j )]

dx ·dt

1 1

2 ÔXj ÔXi 2 ÔXj ÔXi ./

(B.7)

Dans cette expression, uidt représente un vecteur translation de A; l/2(ôui/Ôxj -

ôvjfôxi)dxj représente le vecteur résultant du produit scalaire par le vecteur position

initiale dxj du tenseur antisymétrique de rang 2 rij, défini ci-dessous, dont les

417


Annexe B • Complément

éléments diagonaux sont nuls :

ri _ = ! ( Ôui _ âv J)

J 2 ÔXj ÔXi

(B.8)

ri.i est appelé tenseur des taux de rotation du système matériel et définit la rotation

appliquée par unité de temps à un élément matériel dx.i du système; l/2(âvi/âx.i +

âvjf âxi)dxJ représente un vecteur résultant du produit scalaire par le vecteur position

.initiale dxJ du tenseur symétrique de rang 2 diJ• défini ci-dessous :

dij = !(ÔVi + ÔVj)

2 ÔXJ ÔXi

(B.9)

diJ est appelé tenseur des taux de déformation du système matériel. En effet cette

partie de la transformation, contrairement aux deux précédentes (translation et rotation),

ne conserve pas les angles ou/et les distances : c'est une déformation. On peut

considérer deux classes de déformations :

• celles qui correspondent aux éléments diagonaux de di.i ; soient en coordonnées

cartésiennes âu:jâx, âvy/ây et âvJâz. L'interprétation en est simple : un accroissement

positif de la vitesse axiale crée une dilatation de 1' élément matériel, un

accroîssement négatif une contraction (voir un exemple figure B. 1.) On parle de

déformation normale ou axiale du système matériel.

y

contraction

- J--G

-----tilatation

t+dt

y

"Cl

0

c

::::i

0

..-1

0

"""

N

@

..c

Ol

·;:

a.

0

u

0

A

Figure 8.1 - Déformation normale.

X

Figure B.2 - Déformation angulaire:

cisaillement pur sans rotation.

• les déformations qui correspondent aux éléments non diagonaux du tenseur di.i sont

appelées déformations de cisaillement ou déformation angulaire. Par exemple, en

coordonnées cartésiennes I/2(âvxf ây + âvy/âx). Ce cas est représenté sur la figure

B.2. Le phénomène de déformation angulaire apparaît bien en B, Cet G. Notons

qu'il s'agit dans ce cas d'une défmmation par cisaillement pur sans rotation, c'est

à dire que les composantes correspondantes du tenseur des taux de rotation sont

nulles ; soit: âu)jây = âvy/âx.

X

418


B.3. Tenseurs usuels en transferts (convection)

e) Tenseur des contraintes visqueuses

Il est clair qu'un élément matériel de fluide en translation simple, ou en rotation

simple, ne subit aucune force surfacique autre que celles de pression. Par contre la

déformation d'un élément matériel de fluide (qu'elle soit normale ou angulaire ou en

d'autres termes de dilatation ou de cisaillement) va créer sur cet élément des forces

surfaciques ou contraintes qui vont avoir pour effet de s'opposer à ces déformations.

Pour la plupart des fluides (dits newtoniens) l'hypothèse d'un tenseur des contraintes

visqueuses proportionnel au tenseur des taux de déformation a été vérifiée dans le cas

d'une transfo1mation isovolume. L'expression correspondante est obtenue pour les

gaz en physique statistique comme solution de pe1turbation à 1' ordre de 1' équation de

Boltzmann au voisinage de l'E.T.L. (voir paragraphe 10.4.1). On pose, en fait, dans

le cas général :

T;j = 2µdu + ( K - ~µ) dw5;j (B.10)

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où µ représente la viscosité dynamique du fluide et K désigne le deuxième coefficient

de viscosité (viscosité volumique). Le deuxième terme du second membre

de l'équation B.10 s'annule quand dkb trace du tenseur des taux de déformation

(Ôvx/Ôx + Ôuy/ôy + Ôuz/Ôz) est nulle, c'est-à-dire pour une transformation isovolume

(po uniforme). Dans le cas contraire, les contractions et dilatations du fluide ne se

compensent pas : le volume de l'élément matériel ne se conserve pas et fait intervenir

la quantité K [ 46] liée au temps de relaxation entre degrés de translation et degrés

internes des molécules (rotation, vibration, etc.). En effet, lors d'une contraction ou

d'une dilatation brutale du fluide les degrés externes (translation, rotation) s'adaptent

immédiatement aux nouvelles conditions thermodynamiques tandis que les degrés

internes (vibration, électroniques) restent figés un certain temps avant de retourner

vers un équilibre local avec les degrés externes (phénomènes dits de relaxation). K est

évidemment nulle pour les gaz monoatomiques.

f) Tenseur des pressions

Le tenseur des pressions qui apparaît dans l'équation de Navier-Stokes 8.13 est défini

par:

(B.11)

où p désigne la pression locale supposée isotrope. L'expression directe de PiJ est

introduite en physique statistique (voir paragraphe 10.1.3) pour un mélange d'espèces

s :

(B.12)

419


Annexe B • Comp lément

Dans cette expression, C si et C sJ sont deux composantes de la vitesse relative d'une

molécule (égale à Vsi - vi), c'est-à-dire à la différence entre la vitesse d'une particule

Vsi et la vitesse hydrodynamique Vi du fluide. Les sommations dans l'équation B.12

portent à la fois sur la fonction de distribution des vitesses de l'espèce s, notée j~ ,

et sur l'ensemble des espèces. PiJ apparaît comme l'effet cumulé du transpo1t à la

vitesse relative Csi dans la di rection ide la quantité de mouvement relative m sCsJ dans

la direction j (et réciproquement du fait de la symétrie de l'équation B.12).

8.4 ÉQUATIONS UTILES EN CONVECT ION

(COORDONN ÉES CARTÉSIENNES

ET CYLINDRIQU ES)

a) Notation vectorielle

• Bilan de masse

ôp

- + div(pv) = 0

Ôt

(B.13)

• Bilan de quantité de mouvement (propriétés thermophysiques uniformes, force p g)

• Bilan d'énergie

ôv

P ( ôt + v . gradv) = -grad p + p g + µ A(v)

ôT

pep ( 7iï + v. gradT) = ilb..T + P

(B.14)

(B.15)

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v

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b) Coordonnées cartésiennes : x, y, z; vitesse : u, v , w

• Bilan de masse

ôp ôpu ôpv ôpw

- + - + - + - = 0 (B.16)

Ôt ôx ôy ôz

"§i • Bilan de quantité de mouvement (propriétés thermophysiques uniformes, force voï::::

~ lumique opposée à Oz)

0

u

ôu ôu ôu ôu ôp ô 2 u ô 2 u ô 2 u

p (- + u- + v- + w-) = - - + µ(- + - + - )

ôt ôx ôy ôz ôx ôx 2 ôy 2 ôz 2 (B.17)

ôv ôv ôv ôv ô p ô 2 v ô 2 v ô 2 v

p(- + u- + v- + w-) = - - + µ(- + - + -)

ôt ôx ôy ôz ôy ôx 2 ôy 2 ôz 2 (B.18)

420


8.4. Équations utiles en convection (coordonnées cartésiennes et cylindriques)

ow ow ow ow op o 2 w o 2 w o 2 w

p(- + u- + u- + w-) = -- -pg + µ(- + - + -) (B.19)

ot ox oy oz oz ox 2 oy 2 oz 2

• Bilan d'énergie

or or or or o 2 T o 2 T o 2 T

pc P ( --ç;- + u--;:;-- + u-;:;- + w ~) = + il ( .Q

2

+ -;-? + .Q

2

) + P (B .20)

ut ux uy uz ux · uy- uz

c) Coordonnées cartésiennes tensorielles : composante X;; vitesse

: v;

• Bilan de masse

(B.21)

• Bilan de quantité de mouvement (propriétés thermophysiques unifo1mes, force volumique

opposée à Oz, d'indice k)

• Bilan d'énergie

oui oui op o o

p(- + Uj-) = - - + µ--Ui

(B.22)

ot ox 1 oxi ox 1 ox 1

or or o o

pc P ( --ç;- + u r;:;---) = + il -;---- -;---- T + P

ut uX · ux · ux ·

J J J

(B.23)

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d) Coordonnées cylindriques : axiale x, radiale r, orthoradiale

<p; vitesse : axiale u, radiale v, orthoradiale w

• Bilan de masse

op + opu + ~ opru + ~ opw = 0

ot ox r or r O'fJ

(B.24)

• Bilan de quantité de mouvement (propriétés thermophysiques uniformes, force volumique

opposée à Ox)

ou ou ou w ou 0 p o 2 u 1 0 ou 1 o 2 u

p(- + u- + u- + --) = - - -pg+ µ(- + --[r- ] +--) (B.25)

ot ox or r O'fJ ox ox2 r or or r2 o'P2

ou ou ou w ou w 2 op o 2 u 0 1 Oru 1 o 2 u 2 ow

p(- +u- + u- +----) = --+µ[-+-(--)+-----]

ot ox or r O'fJ r or ox2 or r or r2 o'P2 r2 O'fJ

(B.26)

421


Annexe B • Complément

ow ow ow w ow vw 1 op o 2 w 0 1 orv 1 o 2 w 2 ou

p(- +u- +v- +--+- ) = - --+µ[-+-(--)+ --+--]

ot OX or r Otp r r Otp ox2 or r or r2 oip2 r2 Otp

(B.27)

• Bilan d'énergie

oT oT oT w oT o 2 T i o oT i o 2 T

pc (- + u- + v- + --) = +J(- + --(r- ) +--) +P (B.28)

P ot ox or r oip ox2 r or or r2 oip2

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422


COMPLÉMENT

CORRÉLATIONS DE CONVECTION

Les corrélations des paragraphes qui suivent ne sont valables que :

• pour des fluides de propriétés thermophysiques uniformes, c'est-à-dire caractérisés

par de relativement petites variations de température, à la fois dans la direction de

l'écoulement et dans la direction transverse ; la masse volumique p est une exception

en convection naturelle, sous l'approximation de Boussinesq. En conséquence,

à défaut de précisions contraires, les propriétés thermophysiques du fluide doivent

être calculées à la température de film Tf : T1 = Tp;To, où Tp désigne la température

de paroi et To une température de référence ( température du fluide non

perturbé ou température de mélange , par exemple). Cette température doit aussi

être moyennée sur un intervalle de température, raisonnablement petit, au long de

l'écoulement.

Ces considérations sont critiques dans les systèmes en combustion mais aussi pour

l'eau liquide: en effet, la viscosité de l'eau liquide dépend fortement de la température

entre 0 °C et 100 °C (voir le Complément D.2).

• si les couplages pariétaux rayonnement-convection sont négligeables, dans le cas

de fluides semi-transparents (voir le paragraphe 9.2.5).

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C. l CONVECTION FORCÉE EXTERNE

C.1.1

Écoulement parallèle à une paroi plane (ou à une paroi

de faible courbure)

L : longueur de la paroi dans la direction de l'écoulement,

x : distance courante depuis le bord d'attaque,

Nux(x) = h(J x : nombre de Nusselt local à l'abscisse x,

Nul = h,iL : hombre del Nusselt global, associé au coefficient moyen de transfert h

moyenné de 0 à L.

Voir les autres conventions dans le Chapitre 5.

423


Annexe C • Complément

• Écoulement laminaire 1 :

Paroi isotherme; le flux surfacique <p(x) dépend de x.

Pr > 0,5, fluides usuels (gaz, eau, huile légère ...) :

Nux(x) = 0,332 ReY 2 Pr 113 , Nul= 0,664 Pr 1 1 3 Re~ 2 (C.l)

Pr < 0,5, (métaux liquides, ...) :

Nux(x) = 0,564 PeY 2 = 0,564 ReY 2 Pr 1 2 , Nul = 1, 128 Pe~ 2 (C.2)

Paroi soumise à un flux smfacique uniforme <p; T p(x) dépend de x.

Pr > 0,5, fluides usuels (gaz, eau, huile légère ...) :

N ( ) - <p X - 0 453 R l/2 p l/3

Ux x - il[Tp(x) _ To] - , ex r

Nul donné par Eq. 5.84. (C.3)

Paroi soumise à un champ de température Tp(x); <p(x) dépend de x [6].

Pr > 0,5, fluides usuels (gaz, eau, huile légère ... ) :

<p(x) x = 0 332 Re Lj2prl/3 (x dT w(x') 1 dx' (C.4)

À ' -' J 0 dx' [1 _ (x'/x)3f4]If3

Paroi parfaitement isolée de x = 0 à x = d, isotherme à partir de x = d; <p(x) dépend

de X.

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Pr> 0,5, fluides usuels (gaz, eau, huile légère ...) :

Nux(x) = 0,332 ReY 2 Pr 113 [l - (d/x) 314 r 113 , Nul donné par Eq. 5.84 (C.5)

Des généralisations sont faites dans la référence [6].

Paroi soumise à un flux surfacique <p(x); Tp(x) dépend de x [73].

Pr> 0,5, fluides usuels (gaz, eau, huile légère ...) :

Tp(x) - To =

À Re

0 ;~; 3 ( x [l - (x' /x) 314 r 213 <p(x') dx' (C.6)

X

Pr 1 1 3 Jo

1. Voir la discussion sur la transition entre régimes laminaire et turbulent dans le paragraphe 5.4.5 De

plus, celle-ci dépend aussi de l'intensité de turbulence de l'écoulement initial et de la rugosité de paroi.

424


C.2. Convection forcée interne

• Écoulement turbulent (voir la note de pied précédente) :

Pr> 0,5, fluides usuels (gaz, eau, huile légère ... ) :

NuL = Pr 1 13 [0,664Re~ 12 + 0,037 (Re~ 5 - Re~ 15 )]

(C.7)

Rec : nombre de Reynolds de transition dans les conditions considérées : voir le

paragraphe 5.4.5

C.1.2 Écoulement perpendiculaire à l'axe d'un cylindre

de section circulaire

D: diamètre du cylindre,

Nu 0 = hf : nombre de Nusselt global associé au coefficient de transfert moyen h,

moyenné sur la surface du cylindre.

Expression applicable à la fois à des conditions pariétales d'isothermie et de flux

- -

imposé : h est, dans ce dernier cas, associé à T P.

Pour toutes valeurs de Pr et Rev telles que: Peo > 0,2 [30]

Nuv = 0,3 +

0 62 Re 112 Pr 1 3

0

'

[l + 3,92 io- 4 R e~ 8 ] 4 / 5 . (C.8)

[l + 0,543/Pr 2 1 3 ]1/ 4

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C.1.3 Écoulement impactant une sphère

D : diamètre de la sphère,

Nuv = hf : nombre de Nusselt global associé au coefficient de transfe1t moyen h,

moyenné sur la surface de la sphère.

Pour: 0,71 < Pr < 380, 3,5 < Rev < 0,7610 5 et 1 < ~~;~~ < 3,2 [152].

Nuv = 2 + (0,4 Re~ 2 + 0,06 Re~ 3 ) Pr 0 • 4 [µ(To)/µ(Tw)] 114 • (C.9)

C.1.4 Autres configurations

Voir, par exemple, les références [6, 7].

C.2 CONVECTION FORCÉE INTERNE

C.2.1 Tube de section circulaire

D : diamètre du tube,

E : rugosité de paroi,

425


Annexe C • Complément

x: distance courante depuis l'entrée (tube ouve1t); x+ = x/(D Pev),

Gz = n/ ( 4x+) : nombre de Graetz.

Nuv(x) = h(iD : nombre de Nusselt local à l'abscisse x,

Nuv = h~ D : nombre de Nusselt global asymptotique.

Voir d'autres conventions dans le Chapitre 5

• Coefficient de frottement f (ou CF).

102 103 10 4 10s 106 101 108

10- 1 ~~~~~-~~~~-~~~~-~~~~-~~~~~~~~ 10-1

10 2 103 10 4 10 5

Reynolds number

s=6 · 10·_

4 . 10-

3. io·1

2. 1 0~

1.5 . 10·

8. 10··

4 . io·3

5. 10·

2. 10·

5. 10·

2 . 10·-

10-2

10 6 10 7

108

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Figure C.1 - Coefficient de frottement f (ou CF) en fonction deRe 0 et de la rugosité

relative de paroi €/ D; données de Moody tabulées par V. Leroy (EM2C) à partir de la

corrélation de la référence [28).

Les abaques de Moody (1944) (voir Figure C.1) ont été numérisées avec précision

[28] :

avec: A =

8 1

r2

[(R!or f = + (A + 8)3/2

l

16

2,457 ln l et: B

[

(7/Rev) 0 • 9 + 0,27 ê/D

( 37530)16

Re 0

(C.10)

• Écoulement laminaire.

Régimes mécanique et the1mique établis

- paroi isothe1me : Nu 0 = 3,657

426


C.2. Convection forcée interne

- flux surfacique pariétal uniforme : Nuv = 48/11 = 4,364

Régime mécanique établi; établissement du régime thermique [125]

(problème dit de Graetz) ; approximation Pr ~ oo, valide pour Pr> 0, 7 :

- paroi isotherme :

x+ < 0,01 : Nuv(x) = 1,077 (x+)- 113 - 0,7; x+ > 0,01 :

Nuv(x) = 3,657 + 0,236 (x+)- 0 • 488 exp(-57,2 x+).

(C.11)

- flux surfacique pariétal uniforme :

x+ < 0,001 : Nuv(x) = l,302(x+)- 113 - 0,5; x+ > 0,001 :

Nuv(x) = 4,36 + 0,263 (x+)- 0 • 506 exp(-41,0 x+).

(C.12)

Établissement simultané des régimes thermique et mécanique [32] ;

- flux surfacique pariétal uniforme : précision de 5% dans l'intervalle :

0,7 <Pr< 10.

Nuv(x) = 4,364 (1 + 1, 14110- 3 Gz 2 ) 116 [1 + 0,01204 Gz 3 1 2 (1 + 13,26 Pr 2 1 3 ) - 3 / 4

• Écoulement turbulent 2

Régimes mécanique et thermique établis

x(l + 1,14110- 3 Gz 2 ) - 1 1 2 ] 1 1 3 .

(C.13)

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- Pr> 0,6 (gaz, eau huile légère, ... ) : indépendamment des conditions aux

limites thermiques;

- approche simplifiée; faibles variations de température; (voir la référence [38],

rééditée en 1985) :

Tm < T w : œ = 0,4; Tm> Tw : œ = 0,3

(C.14)

- approche simplifiée; con-ection de Sieder et Tate pour d'imp01tantes variations

de la viscosité en fonction de la température [127] :

2. Voir la discussion sur la transition entre régimes laminaire et turbulent dans le paragraphe 5.4.5.

(C.15)

427


Annexe C • Complément

Propriétés thermophysiques calculées à Tm dans NuD, ReD, Pr.

- approche précise 3 [50]; f, coefficient de frottement donné par la formule de

Moody-Churchill (Eq. C.11):

NuD = (j/2)(ReD - 10 3 ) Pr [l + 12,7(f/2) 112 (Pr2 13 - Or'. (C.16)

- 0,004 <Pr< 0,1, métaux liquides [101]:

flux pariétal surfacique uniforme 'Pp :

= 6 3 + 0 0167 Re 0 • 85 Pr 0 • 93 ·

, , D '

(C.17)

température de paroi unif01me Tp :

NuD = 4,8 + 0,0156 R e~ 85 Pr 0 • 93 .

(C.18)

C.2.2 Plaques parallèles

Dh : diamètre hydraulique (voir le paragraphe 5.6.4).

x : distance courante depuis l'entrée du tube (tube ouvert ) ;

x+ = x/(D 1i PeDh); Gz = n/ (4x+).

NuDh(x): nombre de Nusselt local à l'abscisse x,

NuD : 11

nombre de Nusselt global asymptotique.

• Écoulement laminaire 4

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Établissement simultané des régimes mécanique et thermjque ; cas de plaques

parallèles [68]

- température de paroi uniforme : précision de 5% dans l'intervalle

0, 1 < Pr < 1000.

0,024 x+- l ,l 4 (0,0179Pr 0 • 17 x+- 0 • 64 - 0, 14)

NuD(x)= 7,55 + --------------

(1 + 0,0358Pr 0 • 17 x+- 0 • 64 )2

(C.19)

Régime mécanique établi; établissement du régime thermique (problème de Graetz)

NuD1i (x)fNuD1i

proche de NuD(x)fNuD pour un tube de section circulaire.

3. Pour des variations importantes de la viscosité, l'usage du facteur correctif de Sieder et Tate est

recommandé ; les propriétés thermophysiques sont à calculer pour la température de mélange moyenne

T 111

(entre l'entrée et la sortie de la partie de tube considérée).

4. Voir la discussion sur la transition entre régimes laminaire et turbulent dans le paragraphe 5.4.5.

428


C.3. Convection naturelle externe

• Écoulement turbulent

Régimes mécanique et the1m.ique établis (pour toute configuration)

Mêmes résultats que pour un tube de section circulaire de même diamètre

hydraulique (voir le paragraphe 5.6.4).

C.2.3 Autres cas

Voir, par exemple, [ 6, 7].

C.3 CONVECTION NATURELLE EXTERNE

C.3.1

Paroi verticale plane

L : hauteur de la paroi ; x : distance courante depuis le bord d'attaque,

Nux(x) = h(J x : nombre de Nusselt local à l'abscisse x,

NuL = hiL : nombre de Nusselt global, associé au coefficient de transfert moyen h,

moyenné de 0 à L.

Voir d'autres conventions dans le Chapitre 5.

• Paroi isotherme; le flux surfacique pariétal cp(x) dépend de x.

Écoulement laminaire, GrL < environ 10 9 , toutes valeurs du nombre de Prandtl.

La fin du régime laminaire observée pour le l'eau (Pr proche de 6) correspond à

GrL = 1,510 8 ([90]).

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- Épaisseur de couches limites mécanique et thermique confondues (Pr voisin

de 1) [63]

Ôm(x)/x,..., Ôrh(x)/x = 3,93 Pr- 0 • 5 (0,952 + Pr) 1 / 4 Gr~ I / 4

- Éxpressions du nombre de Nusselt [31 ]

0,67Ra~ 4

NuL = 0,68 + ------­

(1 + 0,671 Pr- 9 1 16 ) 4 1 9

or NuL = 0,68 + K(Pr) Ra~ 4

K = 0,206; 0,241; 0,515; 0,533; 0,567; 0,602; 0,622; 0,656; 0,666

(C.20)

(C.21)

(C.22)

429


Corrélations utiles en convection

pour Pr= 0,005; 0,01; 0,72; l; 2; 5; 10; 100; 1000, respectivement.

Nux(x) = 0,68 + 3/4 K(Pr) Ra.Y 4

(C.23)

Tout type d'écoulement, 0, 1 < Ral < 10 12 ; toutes valeurs de Pr [31] :

(expression moins précise pour un écoulement laminaire).

0,387Ra~ 6 2

Nul = [0,825 + (l + 0,671 Pr-9/16)8/27]

(C.24)

or Nul = [0,825 + C(Pr) Ra~ 6 ]2 (C.25)

c = 0,1763; 0,1959; 0,3248; 0,3324; 0,3463; 0,3604; 0,3681; 0,3814; 0,3855

pour Pr= 0,005; 0,01; 0,72; l; 2; 5; 10; 100; 1000, respectivement.

h(x) pratiquement uniforme en régime turbulent.

• Paroi soumise à un flux surfacique uniforme 'P; Tp(x) dépend de x [31] :

Tout type d'écoulement, 0,1 < Ral < 10 12 ; toutes valeurs de Pr

0,387Ra~ 6 2

Nul = [0,825 + [l + 0,628 Pr-9/16]8/27]

(C.26)

"O

0

c

::J

0

v

,..-!

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

or Nul = [0,825 + D(Pr) Ra~ 6 ]2 (C.27)

D = 0,1795; 0,1994; 0,3276; 0,3350; 0,3484; 0,3619; 0,3692; 0,3818; 0,3855

pour Pr= 0,005; 0,01; 0,72; 1; 2; 5; 10; 100; 1000, respectivement.

En régime laminaire, une bonne approximation de Nux(x) est donnée par

3

Nux(x) = 0, 17 + 4 [0,825 + D(Pr) Ra~ 6 ] 2

(C.28)

Dans les expressions précédentes, le nombres de Rayleigh sont du type :

- 3 -

Ral = g f3 (T,,v~To)l où Tp désigne la température pariétale moyenne. Des

calculs moins implicites peuvent être réalisés en utilisant un nombre de Rayleigh

basé sur un flux surfacique uniforme: Ra{ = g~:,t en utilisant: Ra{ =Nul RaL.

Le domaine de transition entre écoulements laminaire et turbulent développé,

observé pour de l'eau liquide (Pr voisin de 6), est: 7 10 11 < G1{ < 1,5 13 ([149]).

430


Convection naturelle externe

C.3.2 Paroi plane inclinée

En régime laminaire, g est remplacé dans les expressions précédentes par g cos e, où

e est l'angle avec l'axe vertical.

La fin du régime laminaire dépend aussi de e, d'après des observations pour de l'eau

liquide (Pr voisin de 6), à la fois :

- pour une paroi isotherme [90] : Les valeurs cntiques de GrL sont

1,510 8 ; 410 7 ; 310 6 ; 1,210 5 pour 0°, 20°, 45°, 60°, respectivement;

- pour un flux surfacique pariétal uniforme. Le domaine de transition entre écoulements

laminaire et turbulent développé, observé pour de l'eau liquide (Pr voisin

de 6), est : 4 10 9 < G1{ < 1,5 10 11 et 9 10 6 < G1{ < 910 8 , pour 30° et 60°

respectivement (d'après la référence [149]).

En régime turbulent, l'usage de g conduit à des résultats plus corrects que celui de

g cos e, dans tous les cas [149].

C.3.3 Paroi horizontale plane

(voir la discussion du paragraphe 5.7.3 c)

Longueur caractéristique : Le = S /P (S, aire de l'interface; P, périmètre de la

paroi).

Pour Pr> 0,5

• Mur isotherme; le flux surfacique pariétal cp(x) dépend de x.

Paroi chaude sous le fluide ou paroi froide au dessus du fluide [89].

(C.29)

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0

c

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v

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T"-f

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2

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't:

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c

0 "'

@

10 7 < RaL < 10 9

c

Paroi chaude au dessus du fluide ou paroi froide sous le fluide [155].

10 5 < Ra < 10 10

Le

(C.30)

(C.31)

• Flux surfacique uniforme; la température de paroi Tp(x) dépend de x.

Mêmes corrélations proposées par Bejan [6], en utilisant un nombre de Rayleigh

- -

basé sur Tp - T 0 , où Tp est la température pariétale moyenne (voir la discussion

sur l'usage de RaL dans le paragraphe relatif à une paroi verticale).

431


Corrélations ut iles en convection

C.3.4 Cylindre isotherme vertical

H : Hauteur du cylindre; D : diamètre

>- Régime laminaire [83].

4( 7RaHPr ) 114 O 43 (272+315Pr)(H)

NuH = 3 100 + 105 Pr + '1l 64 + 63 Pr D

(C.32)

Les résultats convergent vers ceux relatifs à une plaque pour : D/H > 35 Gr- 1 / 4

[130].

C.3.5 Cylindre horizontal

D : diamètre

Tout type d'écoulement, 10- 5 < RaD < 10 12 , tout nombre de Prandtl, Pr [31].

Nu = 0,6 + D

{

0,387Ra 116 } 2

D [1 + 0,721 Pr- 9/16)8/27

(C.33)

C.3.6 Sphère

D: diamètre

Tout type d'écoulement, RaD < 10 11 , Pr > 0,7 [29].

\:J

0

c

5 C.3. 7 Autres cas

v

8 Voir, par exemple, les références [6, 7].

N

@

......

L

Ol

ï::::

a.

0

u

0,589Rag 4

___..;;;.. __

NuD = 2 + ____

[1 + 0,653 Pr- 9 1 16 ] 4 /9

C.4 CONVECTION NATURELLE INTERNE

C.4.1 Enceinte rectangulaire hi-dimensionnelle, infinie

Régime laminaire

dans une direction horizontale

d: distance entree parois verticales; H: hauteur de l'enceinte.

RaH et Nul-/, basés sur les différences de températures de parois.

(C.34)

432


C.4. Convection naturelle interne

• Parois ve1ticales isothermes; parois horizontales padaitement isolées (Ref. [21 ]

modifiée dans la Ref. [6]).

2 < H/d < 10, RaH < 10 13 , Pr< 10 5 •

Àeq ( Pr )0,28 ( d )0,09

NuH = - = 0,22 RaH -

À 0,2 +Pr H

(C.35)

1 < H/d < 2, Pr Ra (iL) 3 > 10 3 Pr < 10 5 .

O 2+Pr H H '

'

Àeq ( Pr )0,29 ( d )-0, 13

NuH = T = 0, 18 0, 2 + Pr RaH H (C.36)

Enceintes allongées; pour de l'air: (~) 4 1 7 Ra~ 7 > 30, RaH < 10 13 (Ref. [4]).

NuH = ~q = 0,364 Ra~ 25 ( ~) (C.37)

• Flux surfacique imposé sur les parois verticales ; parois horizontales parfaitement

isolées [ 6].

Résultats basés sur les djfférences de températures de parois.

1 H 111

/leq 2/7 ( )

NuH = T = 0,25 RaH) d (C.38)

• Parois verticales parfaitement isolées ; parois horizontales isothermes ; enceinte

chauffée par le bas [6].

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0

c

::J

0

v

T'-f

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N

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~

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Ol

ï::::

a.

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u

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c

résultats expérimentaux pour des liquides ; 3 10 5 < RaH < 7 10 9 .

~ C.4.2 Autres cas

"'

~

·g Voir, par exemple, les références [6, 7] .

'5

"' c

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c

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2

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À

NuH = ; = 0,069Pr 0 • 074 Ra~ 33 (C.39)

433


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N

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Ol

ï:::

>-

0..

0

u


COMPLÉMENT

QUELQUES PROPRIÉTÉS THERMOPHYSIQUES

(CONDUCTION ET CONVECTION)

D.1 GAZ À PRESSION ATMOSPHÉRIQUE

À pression modérée, typiquement p inférieur à 10 6 Pa (Nm- 2 ), les dépendances de

Il., µ et cp en fonction de p sont négligeables.

Air

"O

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c

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0

v

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T"-f "O

0 c

N

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c

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0

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T P µ x ](J vx J(j cP ;,, xi(/ a x 10 5 Pr {3,h

(K) kglm 3 N s!nl m 2 /s J/(kg K) Wl(m K) m 2 /s K " 1

............................................................................................................................................................................................

100 3.5562 0.711 0.200 l 032 0.934 0.254 0.786

.................... 150 ........................ 2.3364 ................................................................................................ 1.034 0.4426 1 012 1.38 ........................ 0.584 ........................ 0.758

.................... 200 ........................ 1.7458 ........................................................................ 1.325 0.7590 1 007 ................................................ 1.81 1.03 ........................ 0.737

.................... 250 ........................ 1.3947 ................................................................................................ 1.596 1.144 l 006 2.23 ........................ 1.59 ........................ O. 720

............................................................................................................................................ 300 l.1614 1.846 1.589 1 007 2.63 ........................ 2.25 ........................ 0.707

.................... 350 ........................ 0.9950 ........................................................................ 2.082 2.092 1 009 ................................................ 3.00 2.99 ........................ 0.700

.................... 400 ........................ 0.8711 ................................................................................................ 2.301 2.641 l 014 3.38 ........................ 3.83 ........................ 0.690

............................................ 450 0.7740 ................................................................................................ 2.507 3.239 1 021 3.73 ........................ 4.72 ........................ 0.686

.................... 500 ........................ 0.6964 ........................................................................ 2.701 3.879 1 030 ................................................ 4.07 5.67 ........................ 0.684

.................... 550 ........................ 0.6329 ................................................................................................ 2.884 4.557 l 040 4.39 ........................ 6.67 ........................ 0.683

............................................................................................................................................................................................

600 0.5804 3.058 5.269 1 051 4.69 7.69 0.685

650 0.5356 3.225 6.02 1 1 063 4.97 8.73 0.690

.................... ........................ ................................................................................................ ........................ ........................

.................... 700 ........................ 0.4975 ................................................................................................ 3.388 6.810 1 075 5.24 ........................ 9.80 ........................ 0.695

............................................................................................................................................................................................

750 0.4643 3.546 7.637 1 087 5.49 10.9 0.702

.................... 800 ........................ 0.4354 ................................................................................................ 3.698 8.493 1 099 5.73 ........................ 12.0 ........................ 0.709

.................... 850 ........................ 0.4097 ........................................................................................................................ 3.843 9.380 1 11 0 5.96 13.1 ........................ 0.716

............................................................................................................................................................................................

900 0.3868 3.98 1 10.29 1 121 6.20 14.3 0.720 l/T

.................... 950 ........................ 0.3666 ................................................................................................ 4.113 11.22 1 131 6.43 ........................ 15.5 ........................ 0.723

.................... 1 000 ........................ 0.3482 ........................................................................................................................ 4.244 12.19 114 1 6.67 16.8 ........................ 0.726

............................................................................................................................................................................................

l 100 0.3166 4.490 14.18 l 159 7.15 19.5 0.728

.................... 1200 ........................ 0.2902 ................................................................................................ 4.730 16.29 1 175 7.63 ........................ 22.4 ........................ 0.728

.................... 1300 ........................ 0.2679 ........................................................................ 4.960 18.51 1 189 ................................................ 8.2 23.8 ........................ 0.719

.................... l 400 ........................ 0.2488 ................................................................................................ 5.30 21.3 l 207 9.1 ........................ 30.3 ........................ 0.703

J 500 0.2322 5.57 24.0 J 230 10.0 35.0 0.685

Figure D.1 - p , masse volumique; µ, viscosité; v, viscosité cinématique; cp, capacité

thermique massique à pression constante; A, conductivité thermique; a, diffusivité

thermique ; Pr, nombre de Prandtl; f3rh• coefficient de dilatation thermique.

435


Annexe D • Complément

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

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a.

0

u

Air

p fi xlü' vx 10' C:p À xJO' a X 10 Pr

kglm 3 Nslm 2 m 2 /s J/(kg K) W!(mK) m 1 /s

........................ 1 600 ........................ 0.2177 ........................ 5.84 ........................ 26.8 ........................ 1 248 ........................ 10.6 ......................... 39.0 ........................ 0.688

........................ 1 700 ............ 0.2049 ........... ........................ 6. 11 .................. 29.8 ..... ........................ 1 267 ........................ 11.3 ............... 43.5 ... ..... ........................ 0.685

........................ 1 800 ........................ 0. 1935 ........................ 6.37 ........................ 32.9 ........................ 1 286 ........................ 12.0 ......................... 48.2 ........................ 0.683

........................ 1 900 ........................ 0.1833 ........................ 6.63 ........................ 36.2 ........................ 1 307 ........................ 12.8 ......................... 53.4 ........................ 0.677

........................ 2 000 ........................ 0. 1741 ........................ 6.89 ........................ 39.6 ........................ 1 337 ........................ 13.7 ......................... 58.9 ........................ 0.672 l!f

........................ 2 100 ........................ 0.1658 ........................ 7. 15 ........................ 43. 1 ........................ 1 372 ........................ 14.7 ......................... 64.6 ........................ 0.667

........................ 2 200 ........................ 0. 1582 ........................ 7.40 ........................ 46.8 ........................ 1 417 ........................ 16.0 ......................... 7 1.4 ........................ 0.655

........................ 2 300 ........................ 0.1513 ........................ 7.66 ........................ 50.6 ........................ 1 478 ........................ 17.5 ......................... 78.3 ........................ 0.647

........................ 2 400 ........................ 0. 1448 ........................ 7.92 ........................ 54.7 ........................ 1 558 ........................ 19.6 ......................... 86.9 ........................ 0.630

........................ 2 500 ........................ 0.1389 ........................ 8. 18 ........................ 58.9 ........................ 1 665 ........................ 22.2 ......................... 96.0 ........................ 0.613

3 000 0. 1135 9.55 84.1 2 726 48.6 157.0 0.536

CO

T, = -192°C, L, = 211 kJ/kg

200 l.688 1.27 0.752 l 045 l.70 0.963 0.781

220 1.5341 1.37 0.893 1 044 1.90 1.19 0.753

240 1.4055 1.47 1.05 l 043 2.06 l.41 0.744

260 1.2967 1.57 1.21 1 043 2.2 1 1.63 0.741

280 1.2038 l.66 1.38 l 042 2.36 1.88 0.733

300 1.1233 1.75 1.56 1 043 2.50 2.13 0.730

320 1.0529 l.84 1.75 l 043 2.63 2.39 0.730

340 0.9909 1.93 1.95 1 044 2.78 2.69 0.725

360 0.9357 2.02 2.16 l 045 2.91 2.98 0.725

380 0.8864 2.10 2.37 1 047 3.05 3.29 0.729 lfT

400 0.8421 2.18 2.59 1 049 3.18 3.60 0.719

450 0.7483 2.37 3.17 1 055 3.50 4.43 0.71 4

500 0.67352 2.54 3.77 1 065 3.8 1 5.31 0.710

550 0.61226 2.7 1 4.43 l 076 4.l l 6.24 0.710

600 0.56126 2.86 5.10 1 088 4.40 7.21 0.707

650 0.51806 3.01 5.81 1 101 4.70 8.24 0.705

700 0.48 102 3.15 655 1 114 5.00 9.33 0.702

750 0.44899 3.29 7.33 1 127 5.28 10.4 0.702

CO

T - -33.4°C, l. - 544 kJlkf!

280 1.9022 1.40 0.736 830 1.52 0.963 0.765

300 1.7730 1.49 0.840 851 1.655 1.10 0.766

320 1.6609 1.56 0.939 872 1.805 1.25 0.754

340 1.5618 1.65 1.06 891 1.970 1.42 0.746

360 l.4743 l.73 U7 908 2.12 l.58 0.74 1

380 1.3961 1.81 1.30 926 2.275 1.76 0.737

400 1.3257 1.90 1.43 942 2.43 1.95 0.737

450 l.1782 2.10 l.78 981 2.83 2.45 0.728 lfT

500 1.0594 2.31 2.18 1 020 3.25 3.01 0.725

550 0.9625 2.51 2.61 1050 3.66 3.61 0.72 1

600 0.8826 2.70 3.06 1080 4.07 4.27 0.717

650 0.8 143 2.88 3.54 1 100 4.45 4.97 0.712

700 0.7564 3.05 4.03 1 130 4.81 5.63 0.717

750 0.7057 3.21 4.55 1 150 5.17 6.37 0.714

800 0.6614 3.37 5.10 1 170 5.51 7.12 0.716

Figure D.2 - p, masse volumique;µ, viscosité; v, viscosité cinématique; cp, capacité

thermique massique à pression constante; A, conductivité thermique; a, diffusivité

thermique; Pr, nombre de Prandtl ; f3th • coefficient de dilatation thermique; Te,

température d'ébullition; Le, chaleur latente d'ébullition.

436


D. l . Gaz à pression atmosphérique

H, T, - -253°C. l, - 466 kJlkR

"O

0

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0

v

;a;

T"-f "O

0 c

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c

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T

p Jl xlrf vx lrf

CP Àx/0 2 a X /0 5 Pr f31h

kglmJ

K

Ns/m 1 m 1 /s J/(kgK) W/(mK) ,,,1/s K·'

........................ ........................ ........................ ........................ ........................ ........ iCii)" ............... 2:4ii'""'' ........................

100 0.24255 0.421 1.74 11 230 0.707

200 0.1 2 115 0.681 5.62 13 540 13.1 7 99 0.704

300 0.08078 0.896 11.1 14 310 18.3 15.8 0.701

400 0.06059 1.082 17.9 14480 22.6 25.8 0.695

500 0.04848 1.264 26.l 14 520 26.6 37.8 0.691

600 0.04040 1.424 35.2 14 550 30.5 51.9 0.678

700 0.03463 1.578 45.6 14 6 10 34.2 67.6 0.675

800 0.03030 1.724 56.9 14 700 37.8 84.9 0.670

900 0.02694 l.865 69.2 14 830 41.2 103.0 0.671

1 000 0.02424 2.013 83.0 14 990 44.8 123.0 0.673

1 100 0.02204 2.130 96.6 15 170 48.8 146.0 0.662

1200 0.02020 2.262 112.0 15 370 52.8 170.0 0.659 l/T

l 300 0.01865 2.385 l27.9 l5 590 56.8 l95.5 0.655

l 400 0.01732 2.507 144.7 15 810 61.0 223.0 0.650

1 500 0.01616 2.627 162.6 16 020 65.5 253.0 0.643

1 600 0.0152 2.737 180.1 16 280 69.7 281.5 0.639

1700 0.0143 2.849 199.2 16 580 74.2 313.0 0.637

l 800 0.0135 2.96l 219.3 l6 960 78.6 343.5 0.639

1 900 0.0 128 3.072 240.0 17 490 83.5 373.0 0.643

2 000 0.012 1 3.182 263.0 18 250 87.8 397.5 0.661

H ,O {vatJeurJ

voir oaraara1Jhe Liauides

380 0.5863 l.271 2.168 2 060 2.46 2.04 l.06

400 0.5542 1.344 2.425 2 014 2.61 2.34 1.04

450 0.4902 1.525 3.111 1 980 2.99 3.08 1.01

500 0.4405 1.704 3.868 1 985 3.39 3.88 0.998

550 0.4005 l.884 4.704 l 997 3.79 4.74 0.993 l/T

600 0.3652 2.067 5.660 2 026 4.22 5.70 0.993

650 0.3380 2.247 6.648 2 056 4.64 6.68 0.996

700 0.3140 2.426 7.726 2 085 5.05 7.71 1.00

750 0.2931 2.604 8.884 2 119 5.49 8.84 1.00

800 0.2739 2.786 10.17 2 152 5.92 lO.O 1.01

850 0.2579 2.969 11.51 2 186 6.37 11.3 1.02

He

T. = -269°C, L. = 25 kflk!!

100 0.487 l 0.963 1.98 5 193 7.30 2.89 0.686

120 0.4060 1.07 2.64 5 193 8.19 3.88 0.679

140 0.3481 1.18 3.39 5 193 9.07 5.02 0.676

180 0.2708 1.39 5.13 5 193 10.72 7.62 0.673

220 0.2216 1.60 7.22 5 193 12.31 10.7 0.675

260 0.1875 1.80 9.60 5 193 13.7 14.1 0.682 l/T

300 0.1625 1.99 12.2 5 193 15.2 18.0 0.680

400 0.1219 2.43 19.9 5 193 18.7 29.5 0.675

500 0.09754 2.83 29.0 5 193 22.0 43.4 0.668

700 0.06969 3.50 50.2 5 193 27.8 76.8 0.654

1 000 0.04879 4.46 91.4 5 193 35.4 140.0 0.654

Figure D.3 - p, masse volumique ;µ, viscosité; v, viscosité cinématique; cp, capacité

thermique massique à pression constante ; A, conductivité thermique; a, diffusivité

thermique; Pr, nombre de Prandtl ; f3th • coefficient de dilatation thermique; Te,

température d'ébullition; Le, chaleur latente d'ébullition.

437


Annexe D • Complément

N, T_ = -193°C. L, = 209k!/kf.!

T p µ. xlO' vx JO' c p

;,, xJO' a X JO' Pr

K kg/m J Ns!nl m 2 /s J/(kgK) W/(mK) m 2 /s

!OO 3.4388 0.688 0.200 1 070 0.958 0.260 0.768

150 2.2594 1.006 0.445 1 050 1.39 0.586 0.759

200 l.6883 1.292 0.765 1 043 l.83 1.04 0.736

250 1.3488 1.549 l.148 l 042 2.22 l .58 0.727

300 1. 1233 1.782 1.586 1 041 2.59 2.21 0.716

400 0.8425 2.204 2.616 1 045 3.27 3.71 0.704

500 0.6739 2.577 3.824 1 056 3.89 5.47 0.700

600 0.5615 2.908 5.179 l 075 4.46 7.39 0.701

700 0.4812 3.2l0 6.671 l 098 4.99 9.44 0.706

800 0.4211 3.491 8.290 1 120 5.48 11.6 0.715

900 0.3743 3.753 10.03 1 146 5.97 13.9 0.721

1 000 0.3368 3.999 11.87 1 167 6.47 16.5 0.721

l 100 0.3062 4.232 13.82 l 187 7.00 19.3 0.718

1 200 0.2807 4.453 15.86 1 204 7.58 22.4 0.707

1 300 0.2591 4.662 17.99 1 219 8.10 25.6 0.701

NH,

T. = -33.4°C. L. = 1370k!lkf!

........................ 300 ........................

0.6894

........................

l.015

........................

l.47

........................

2 158

........................

2.47

.........................

l.66

........................

0.887

........................ 400 ........................ 0.5136 ........................ 1.38 ........................ 2.69 ........................ 2 287 ........................ 3.70 ......................... 3. 15 ........................ 0.853

.................... 500 ... ........................ 0.4101 ........................ 1.73 ........................ 4.22 ........................ 2467 ........................ 5.25 ......................... 5. 19 ........................ 0.813

580 0.3533 l.995 5.65 2 613 6.38 6.91 0.817

{J,h

K-1

1rr

lrr

-0

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

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Ol

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a.

0

u

0 , T = -183°C, L = 213k!lkf!

................................................................................................

100 3.945 0.764 0.194

................................................

962 0.925

.........................

0.244

........................

0.796

........................ 150 ................................................ 2.585 1.148 ................................................ 0.444 921 .........................................................................

1.38 0.580 O. 766

................................................................................................................................................ 200 1.930 1.475 0.764 915 1.83 ......................... 1.04 ........................ 0.737

................................................................................................

250 l.542 1.786 1.158

................................................

915 2.26

.........................

1.60

........................

0.723

........................ 300 ................................................ l.284 2.072 ................................................ l.614 920 .........................................................................

2.68 2.27 0.7ll

................................................ 350 1.100 ................................................ 2.335 2. 123 ................................................ 929 2.96 ......................... 2.90 ........................ 0.733

.................................................................................................................................................................................................

400 0.9620 2.582 2.684 942 3.30 3.64 0.737

................................................

500 0.7698

................................................

3.033 3.940

................................................

972 4.12

.........................

5.51

........................

0.716

................................................ 600 o.6414 ................................................ 3.437 5.359 ................................................ 1 003 4.73 ......................... 7.35 ........................ o.729 1rr

.................................................................................................................................................................................................

700 0.5498 3.808 6.926 1 031 5.28 9.31 0.744

................................................ 800 0.48 l 0 ................................................ 4.152 8.632 ................................................ 1 054 5.89 ......................... l l.6 ........................ o. 743

................................................ 900 0.4275 ................................................ 4.472 10.46 ................................................ 1 074 6.49 ......................... 14.1 ........................ 0.740

........................................................................................................................ 1 000 0.3848 4.770 12.40 1 090 ........................ 7.10 ......................... 16.9 ........................ 0.733

................................................ 1 100 0.3498 ................................................ 5.055 14.45 ................................................ 1 103 7.58 ......................... 19.6 ........................ 0.736

........................ 1 200 ................................................ 0.3206 5.325 ................................................ 16.61 1 115 ........................ 8.19 .................................................

22.9 O. 725

1 300 0.2960 5.884 18.86 1 125 8.71 26.2 0.721

Figure D.4 - p , masse volumique ;µ, viscosité; v, viscosité cinématique; cp, capacité

thermique massique à pression constante; A, conductivité thermique; a, diffusivité

thermique; Pr, nombre de Prandtl ; f3th • coefficient de dilatation thermique; Te,

température d'ébullition; Le, chaleur latente d'ébullition.

438


D.2. Liquides

D.2 LIQUIDES

Les dépendances de À, µ et c en fonction de p sont négligeables.

a) Eau liquide et équilibre eau liquide-vapeur d'eau

Eau liquide

T P µ x 10 6 v x 10 9 c; À a x 1 O 7 Pr {:J,h x 10 5

° C kglm 3 Nslm 1 m 1 1s J(lkg K) Wl(m K) m 2 1s K ·'

.. ................................................................... 0 1000 1750 ......... ............................................ 1750 4220 .... ................................................................................... 0.569 1.35 13.0 ................... - 6.81

..................................... l.8 .................... 1000 ....................... 1652 ....................... 1652 ....................................................................................................... 4210 0.574 1.36 12.22 .......................... -3.27

......................................................... 6.8 1000 ....................... 1422 ................................................. 1422 4200 .......................................................................................................

0.582 1.39 10.26 +4.60

......................................................... 20 997 ....................... 1360 ................................................. 1364 4180 .......................................................................................................

0.585 1.40 7.26 +19.1

......................................................... 40 990 ....................... 673 ................................................. 680 4180 .......................................................................................................

0.630 l.52 4.47 +37.5

......................................................... 60 983 ....................... 444 ................................................. 451 4180 .......................................................................................................

0.657 1.60 2.81 +51.6

..................................... 80 .................... 972 ....................... 358 ....................................................................................................... 368 4200 0.670 1.64 ....................... 2.24 .......................... +67.5

......................................................... 100 958 ....................... 279 ................................................. 291 4220 ........................... 0.680 ............................................................................

1.69 1.76 +75 .0

§.~!........ ...........

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260 (> 4 8 10 6 Pa) 783 102 130 4990 0.603 1.54 0.85

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Equilibre eau liquide-eau vapeur

T 5

(K) 273.1 300 325 350 373.1 400 450 500 550 600 625 647.3

Ps xlO _,

(Pa) 6.2 10·3 3.6 10·3

.1379 .4218 1.013 2.488 9.443 26.75 62.00 125.1 171.3 224.1

Le 2502 2438 2378 2317 2257 2183 2024 1825 1564 1176 858 O.

(k.Jlkf!)

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c

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Figure 0.5 - p, masse volumique;µ, viscosité v; viscosité cinématique; c, capacité

thermique; A, conductivité thermique; a, diffusivité thermique ; Pr, nombre de Prandtl ;

f3ch • coefficient de dilatation thermique; T 5 , t empérature de saturation; p 5 , pression de

saturation ; Le, chaleur latente d'ébullition.

439


Annexe D • Complément

b) Métaux liquides

À

Tl T. T p c µx 10 4 vx 10 6 a X 10 6 Pr

oc oc oc kglm 3 Jl(kgK) Nslm 1 nl!s Wl(mK) nl!s

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c

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u

Lithium

179 1 317 204.4 509.2 4 365 5.416 1.1098 46.37 20.96 0.051

315.6 498.8 4270 4.465 0.8982 43.08 20.32 0.0443

426.7 489.l 4 211 3.927 0.8053 38.24 18.65 0.0432

537.8 476.3 4 171 3.473 0.7304 30.45 15.40 0.0476

Plomb

327 1737 371 10 540 159 2.40 0.023 16.1 9.61 0.024

1

1 704 1 10 140 1 155 1 l.37 1 0.014 1 14.9 1 9.48 1 0.0143

Sodium

97.6 882 100 926.5 1 384 6.70 0.723 85.7 66.9 0.01081

200 903.7 l 339 4.46 0.493 80.9 66.8 0.00738

300 880.5 1 304 3.40 0.387 76 66.2 0.00584

400 857 1 278 2.81 0.328 71.2 65 0.00504

500 833.l l 262 2.43 0.291 66.3 63 .l 0.00462

600 808.9 1 255 2.16 0.267 61.5 60.6 0.00441

700 784.3 l 257 l.97 0.251 56.6 57.4 0.00437

800 759.4 1 268 1.82 0.239 51.8 53.8 0.00445

Potassium

63.2 757 100 824.1 813 4.41 0.535 48 71.7 0.00746

200 796.3 791 2.99 0.376 45.1 71.6 0.00525

300 769.8 775 2.32 0.301 42.3 71 0.00424

400 744.5 765 1.93 0.260 39.8 69.9 0.00372

500 720.6 762 l.69 0.234 37.5 68.3 0.00343

600 697.9 765 1.52 0.218 35.4 66.3 0.00329

700 676.5 774 1.40 0.206 33.5 64 0.00322

NaK (56% K ~ 44% Na)

5.7 812 100 879.7 1 064 5.32 0.605 22.8 24.4 0.02478

200 854.4 1 032 3.57 0.418 24.8 28.1 0.01486

300 829.4 1 008 2.75 0.331 26.2 31.3 0.01058

400 804.9 991 2.28 0.283 26.9 33.8 0.00838

500 780.9 982 l.98 0.253 27.l 35.4 0.007 17

600 757.3 980 1.77 0.234 26.7 35.9 0.00651

700 734.2 986 l.62 0.221 25.6 35.4 0.00623

800 711.6 1 000 1.50 0.211 24 33.7 0.00628

Figure D.6 - p, masse volumique;µ, viscosité; v, viscosité cinématique; c, capacité

thermique massique; A, conductivité thermique; a, diffusivité thermique; Pr, nombre de

Prandtl; f3ch• coefficient de dilatation thermique; Tr, température de fusion; Te,

température d'ébullition.

440


D.2. Liquides

c) Liquides industriels

Huile Mi11érale (SAE 50)

T P µ.x l0 4 vxl0 7 c À axl0 8 Pr

° C kglm 3 N s/m 2 m2/s Jl(kg K) Wl(m K) m 2 ls

........................ 0 ................................................ 899 38 500 ................................................ 42 800 1 796 ........................ 0. 147 ................................................. 9.1 1 47 100 ........................

........................ 20 ........................................................................................................................ 888 8 000 9 000 1 880 0. 145 .........................................................................

8. 72 IO 400 7 .02

........................ 40 ........................................................................................................................ 876 2 100 2 400 1 964 0.144 .........................................................................

8.33 2 870

........................

60

................................................

864 720

........................................................................

839 2 047 0. 140

.................................................

8.00 1 050

........................

........................ 80 .................................................................................................................................................................................................

852 320 375 2 131 0.138 7.69 490

........................ 100 ................................................ 840 170 ........................................................................ 202 2219 0. 137 ................................................. 7.38 276 ........................

........................ 120 .................................................................................................................................................................................................

829 102 123 2 307 0.135 7.1 0 175

........................ 140 ........................................................................................................................ 817 65 80 2 395 0. 133 .........................................................................

6.86 116

160 806 45 56 2 483 0. 132 6.63 84

Huile Minérale - Trunscal 65

T P µ xlO' vxl0 1 c À axl0 11 Pr f3t11 X JO •

° C kg/mJ N slm 2 m 2 /s Jl(kg K) W/(m K) m 2 /s

K I

........................ 15 ........................................................................................................................ 875 8 270 9 450 1 880 0.132 .........................................................................

8.02 11 800

........................ 50 ........................................................................................................................ 848 l 780 2 100 l 980 0.130 .........................................................................

7.74 2 710

........................ 100 ........................................................................................................................ 811 410 506 2 160 0. 127 .........................................................................

7.25 698

........................ 200 .................................................................................................................................................................................................

736 92 125 2 500 0.120 6.52 192

300 660 41 62.1 2900 0. 112 5.85 106

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-ci

0

c

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0

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Gilotl1erm TH

T P µ xJO' vxJO ' c À axl0 4

Pr

° C kg/m 3 N s/m 2 m 2 /s J/(kg K) W/(m K) m2Js

........................ 0 .................................................................................................................................................................................................

1016 9500 9350 1410 0.125 8.73 10700

........................ 15 ................................................ 1 001 980 ........................................................................ 979 1 485 0.124 ................................................. 8.34 1 170 ........................

........................ 50 ........................................................................................................................ 980 152 155 1 603 0.122 .........................................................................

7.77 199

........................ 100 ........................................................................................................................ 947 34 35.9 1 800 0.119 .........................................................................

6.98 51.4

........................ 200 ................................................ 875 7.8 ........................................................................ 8.91 2400 0. 113 ................................................. 5.38 16.6 ........................

300 805 4.1 5.09 2 580 0.1 08 5.20 9.8

Figure D.7- p , masse volumique ; µ, viscosité ; v, viscosité cinématique; c, capacité

thermique massique; A, conductivité thermique ; a, diffusivité thermique ; Pr, nombre de

Prandtl; f3th • coefficient de dilatation thermique.

441


Annexe D • Complément

D.3 SOLIDES

a) Métaux

1j· L; r. L" p c À

oc kJ/kg oc kJlkg kg!n/ Jl(k~K) Wl{mK)

20 - 100

oc oc

20

oc

100

oc

300

oc

600

oc

1000

oc

1200

oc

Aluminium (pur) 658 388 2500 11.5 2708 896 243 236 240 233 222

Al 95%, Cu 9%, 2789 883 164

EMg

Argent 961 164 1635 125 10524 234 431 427 422 407 384 368

Bervllium 1280 1400 3000 2480 1850 1825 382 205 170 130 100 69

Cadmium 321 54 765 100 8650 23 1 100 97 95 89

Chrome 1920 315 2327 615 7160 440 121 91 88 82 69 62

Cobalt 1492 260 3185 650 8862 389 131 100 89

Cuivre 1083 205 2595 465 8954 383 421 399 393 384 366 336

Fer 1530 270 2500 640 7900 452 99 81 72 57 39 29 32

Or 1063 84 2960 228 19300 129 331 315 313 305 287 254

Plomb 327 24.8 1750 92 11340 129 36 35 33 32

Lithium 179 140 1372 2130 534 3391 43 77 73

MaL'fle.sium 650 200 1097 565 1740 1017 160 156 154 149 145

Manganese 1260 260 2152 420 1290 486 6.9 7.8

Nickel 1452 300 3075 620 8900 446 114 94 74 65 73 78 82

Acier Inconel 1665 851 0 439

X750

(73%Ni, 15%Cr,6.7%

Fe)

Acier: 7837 465 54 52 45 35 29 31

S. (0.5%C)

S. (J.5% C) 7870 486 36 36 35 35 28 29

S. (1%Cr) 7869 461 61 55 47 36 33

S. (20%Cr) 7693 46 1 22 22 22 24 26

S. (J8%Cr, 8%Ni) 7821 461 16 17 19 23 31

S. (20%Ni, 15%Cr) 7821 461 14 15 16 19

Tun!!stène 3370 250 5900 480 19300 134 204 179 166 142 114 110

Uranium 1690 18700 125 24 27 29 33 41

Zinc 419.5 11 2 907 180 7140 390 123 121 11 7 107

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c

::J

0

v

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0

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Ol

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a.

0

u

Figure D.8 - Tr, température de fusion; Lr, chaleur latente massique de fusion ; Te,

température d'ébullition; Le, chaleur latente massique d'ébullition; p, masse volumique ;

c, capacité thermique massique ; A, conductivité thermique.

442


D.3. Solides

b) Matériaux de construction

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0

c

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0

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0 c

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c

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0

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f) Â. p c

°C Wl(m K) k~/m 3 Jl(kf! K)

Asphalte 20 à 55 0.74 à 0.76 1 100 à 1 500 920

Basalte 2.2 3 000 840

Brique, tuile, commune 20 0.69 à 1.32 l 600 à 2300 800 à 1 000

Béton: 1.75 2 200 à 2 400 920

.................... ~~!?. J.~.gr,~g~~ ··'·~~.1.~)........................................................... ..........................................................................................................

Cellulaire 0.16 à 0.33 375 à 825 880

Ciment de Portland 0.29 l 500

Mortier 1.15 1 800 à 2 100 840

Plâtre 0.25 à 0.35 500 à 1000 800

solation : Laine de verre 23 0.038 240 700

Laine de roche 32 0.040 160

(peu compactée) 150 0.067 64

260 0.087

Polystyrène - 50 0.1 38 900

0 0.157 1 110

150 0.164 l 940

~~~.~~~ ..:

G.~~.i:!! .~..................................... .............................................................. ~ .. n.}.:?..?. .....................?... ~.Q ........................ ~.?. !?........... ..

........................................................................................................................

Calcaire 100-300 ........................................................................ 1.26 - 1.33 2 500 .................................. 900

..................................................................................................................................................................................................................................

Marbre 2.07-2.94 2 500-2 700 880

..................................................................................................................................................................................................................................

Grès et meulière 0.93 à 1.25 2 160-2 300 7 10

Ardoise 2. 1 27 000 750

Sable : sec 0.41 1 500 800

de rivière ( 40% d'humidité) 0.21 à 0.43 1 300 à 1 830

de mer 0.41 à 0.35 1 350 à l 4 10

~ 9.!..: ...... Arn.i. ! ~ .. 0.~% .. 9.'.~.~!P.!~1.! ~.~L ....................................................................... !. :~............................?...?.Q.Q.............................................

Naturel (porosity : 0.34) 1.26 à 2.0 l 710 à l 600

Neige 0.05 100

en fonction de la densité)

0.10 200

0.23 300

0.64 500

2.2 900

Glace 2. 1 910 2220

Verre à vitre 20 2 700 840

Bois: Erable et Chêne 30 0.166 540 2 400

Liège 32 0.045 45-120 l 880

Pin jaune 23 0.147 640 2 800

Saoin O. li 420 2 720

Figure D.9 - p, masse volumique ; c, capacité thermique massique ; A, conductivité

thermique; a, diffusivité thermique.

443


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0

c

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0

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0..

0

u


COMPLÉMENT

QUELQUES DONNÉES RADIATIVES

E. l RAYONNEMENT D'ÉQUILIBRE

a) Loi de Planck normalisée dans le vide.

X y X y X y X y

0.10 3.905 X 10-lS 0.80 8.777 X 10-t 1.42 7.702 X 10" 1 2.20 3.228 X 10" 1

0.20 7.366 X 10" 6 0.82 9.028 X 10-I 1.44 7.551 X 10-l 2.30 2.886 X 10-I

0.22 4.368 X 10-S 0.84 9.248 X 10-I 1.46 7.401 X 10-l 2.40 2.584 X 10-I

0.24 1.854 X 10- 4 0.86 9.437 X 10-I 1.48 7.251 X 10-l 2.50 2.318 X 10-I

0.26 6.100 X 10- 4 0.88 9.595 X 10-I 1.50 7.102 X 10-l 2.60 2.083 X 10-I

0.28 1.647 X 10-J 0.90 9.726 X 10- 1 1.52 6.954 X 10-l 2.70 1.875 X 10-I

0.30 3.805 X 10" 3 0.92 9.829 X 10-t 1.54 6.808 X 10-l 2.80 1.691 X 10-I

0.32 7.752 X 10" 3 0.94 9.906 X 10" 1 1.56 6.664 X 10" 1 2.90 1.528 X 10" 1

0.34 1.426 X 10" 2 0.96 9.959 X 10-t 1.58 6.521 X 10-l 3.00 1.383 X 10-I

0.36 2.412 X 10·2 0.98 9.990 X 10-I 1.60 6.381 X 10-l 3.10 1.255 X 10-I

0.38 3.803 X 10·2 1.00 1.000 1.62 6.242 X 10-l 3.20 1.140 X 10-I

0.40 5.655 X 10·2 1.02 9.991 X 10-I 1.64 6.106 X 10-l 3.30 1.038 X 10-I

0.42 8.002 X 10·2 1.04 9.963 X 10-I 1.66 5.971 X 10-l 3.40 9.469 X 10·2

0.44 1.085 X 10-l 1.06 9.920 X 10-t 1.68 5.839 X 10-l 3.50 8.652 X 10" 2

0.46 1.419 X 10-l 1.08 9.862 X 10-t 1.70 5.710 X 10-l 3.60 7.919 X 10" 2

0.48 1.799 X 10" 1 1.10 9.790 X 10" 1 1.72 5.582 X 10" 1 3.70 7.260 X 10" 2

0.50 2.218 X 10-l 1.12 9.707 X 10-I 1.74 5.457 X 10-l 3.80 6.667 X 10·2

0.52 2.671 X 10-l 1.14 9.613 X 10-I 1.76 5.335 X 10-l 3.90 6.132 X 10- 2

0.54 3.150 X 10-l 1. 16 9.509 X 10-I 1.78 5.215 X 10-l 4.00 5.648 X 10·2

0.56 3.647 X 10-l 1.18 9.396 X 10- 1 1.80 5.097 X 10-l 5.00 2.679 X 10·2

"O

0

0.58 4.155 X 10-l 1.20 9.277 X 10-I 1.82 4.982 X 10-l 6.00 1.421 X 10·2

c

::J

0.60 4.665 X 10" 1 1.22 9.151 X 10" 1 1.84 4.869 X 10" 1 7.00 8.199 X 10" 3

0 0.62 5.172 X 10-l 1.24 9.019 X 10-I 1.86 4.759 X 10-l 8.00 5.048 X 10- 3

v

;a;

T"-f 0.64 5.668 X 10-l

"O

1.26 8.883 X 10-I 1.88 4.651 X 10-l 9.00 3.273 X 10- 3

0 c

N

::l 0.66 6.148 X 10-l 1.28 8.743 X 10-I 1.90 4.546 X 10-l 10.00 2.213 X 10" 3

~

@ .,

., 0.68 6.608 X 10-l 1.30 8.599 X 10-I 1.92 4.442 X 10-l 15.00 4.775 X 10-4

'<I)

~

..c ·-= "' 0.70 7.043 X 10-l 1.32 8.453 X 10-I 1.94 4.342 X 10-l 20.00 1.578 X 10-4

Ol g

::l

ï::::

CO 0.72 7.45 1 X 10-l 1.34 8.305 X 10-t 1.96 4.243 X 10-l 30.00 3.253 X 10-S

>- c

a. 0 0.74 7.830 X 10" 1 1.36 8.155 X 10-t 1.98 4.147 X 10" 1 40.00 1.051 X 10" 5

0.76 8.178 X 10-l 1.38 8.005 X 10-I 2.00 4.053 X 10-l 50.00 4.361 X 10" 6

c

0

c

u .~

0

::l

e

Q,

"O

0.78 8.494 X 10-l 1.40 7.854 X 10-I 2.10 3.615 X 10-l

~

~

::l

i8

-ci

0

c

::l

0

@

Figure E.1 - y = L~~<~~

: luminance monochromatique normalisée d'équilibre dans le

Am

vide en fonction de la longueur d'onde normalisée x = L ; tabulée par V. Leroy

(EM2C/ECP).

445


Annexe E • Complément

b) fonction z(O, À:~n)

X z X z X z X z

0.10 1.301 X 10-l 7 0.80 J.237 X 10-I L42 5.014 X 10-I 2.20 7.674 X 10-I

0.20 4.809 X 10-S 0.82 1.354 X 10-l 1.44 5.114 X l0-I 2.30 7.875 X 10-l

0.22 3.397 X 10- 7 0.84 1.474 X 10-l 1.46 5.21 2 X 10-I 2.40 8.055 X 10-l

0.24 1.706 X 10- 6 0.86 1.597 X 10-l 1.48 5.309 X 10-I 2.50 8.216 X 10-l

0.26 6.596 X 10- 6 0.88 1.722 X 10-l 1.50 5.403 X 10-l 2.60 8.360 X 10-l

0.28 2.076 X 10-S 0.90 J.849 X 10-I 1.52 5.496 X 10-I 2.70 8.490 X 10-I

0.30 5.544 X 10- 5 0.92 1.978 X 10-l 1.54 5.586 X 10-l 2.80 8.607 X 10-l

0.32 1.297 X 10- 4 0.94 2. 108 X 10-l 1.56 5.675 X 10-I 2.90 8.713 X 10-l

0.34 2.720 X 10- 4 0.96 2.238 X 10-l 1.58 5.761 X 10-I 3.00 8.809 X 10-l

0.36 5.213 X 10- 4 0.98 2.370 X 10-l 1.60 5.846 X 10-I 3.10 8.895 X 10-I

0.38 9.263 X 10- 4 LOO 2.501 X 10-I L62 5.929 X 10-I 3.20 8.974 X 10-I

0.40 1.544 X 10- 3 1.02 2.633 X 10-l 1.64 6.010 X 10-I 3.30 9.046 X 10-l

0.42 2.438 X 10- 3 1.04 2.764 X 10-l 1.66 6.090 X 10-I 3.40 9.lllx lO-l

0.44 3.674 X 10- 3 1.06 2.895 X 10-l 1.68 6.168 X 10-I 3.50 9.170 X 10-l

0.46 5.3 17 X 10- 3 1.08 3.025 X 10-l 1.70 6.243 X 10-I 3.60 9.225 X 10-I

0.48 7.429 X 10- 3 LIO 3.154 X 10-I 1.72 6.318 X 10-I 3.70 9.275 X 10-I

0.50 1.007 X 10- 2 1.12 3.282 X 10-l 1.74 6.390 X 10-I 3.80 9.320 X 10-l

0.52 1.328 X 10- 2 1.14 3.409 X 10-l 1.76 6.461 X 10-I 3.90 9.362 X 10-l

0.54 1.711 X 10- 2 1.16 3.535 X 10-l 1.78 6.53 1 X 10-I 4.00 9.401 X 10-l

0.56 2.158 X 10- 2 1.18 3.659 X 10-l 1.80 6.598 X 10-l 5.00 9.660 X 10-l

0.58 2.671 X 10- 2 L20 3.782 X 10-I L82 6.665 X 10-I 6.00 9.790 X 10-I

0.60 3.25 1 X 10- 2 1.22 3.903 X 10-l 1.84 6.730 X 10-l 7.00 9.861 X 10-l

0.62 3.897 X 10- 2 1.24 4.023 X 10-l 1.86 6.793 X 10-I 8.00 9.904 X 10-l

0.64 4.610 X 10- 2 1.26 4.140 X 10-l 1.88 6.855 X 10-I 9.00 9.930 X 10-l

0.66 5.388 X 10- 2 1.28 4.256 X 10-l 1.90 6.915 X 10-I 10.00 9.948 X 10-I

0.68 6.227 X 10- 2 1.30 4.370 X 10-I L92 6.974 X 10-I 15.00 9.9836 x 10- 1

0.70 7.124 X 10- 2 1.32 4.483 X 10-l 1.94 7.032 X 10-I 20.00 9.9929 X 10-l

0.72 8.078 X 10- 2 1.34 4.593 X 10-I 1.96 7.089 X 10-I 30.00 9.9978 X 10-l

0.74 9.083 X 10- 2 1.36 4.701 X 10-l 1.98 7.144 X 10-I 40.00 9.9991 X 10-J

0.76 1.014 X 10-I 1.38 4.807 X 10-l 2.00 7.198 X 10-I 50.00 9.9995 X 10-l

0.78 J.123 X 10-I L40 4.912 X 10-I 2.10 7.449 X 10-I OO

I

"O

0

c

::J

0

v

T"-f

0

N

@

~

..c

Ol

ï::::

a.

0

u

Figure E.2 - z = '' tr(~;> d,i en fonction de la longueur d'onde normalisée x = - 1

' 1 ; <r,

q

'm

constante de Stefan, égale à 5,67 1 o- 8 wm- 2 K- 4 ; ta bu lée par V. Leroy (EM2C/ECP).

446


E.2. Quelques facteurs de forme

E.2 QUELQUES FACTEURS DE FORME

a) Entre deux faces adjacentes d'aires ac et be et d' arête commune c d' un parallélépipède

rectangle

A= a/c, B = b/c X= A 2 + B 2 , Y= (1 + A 2 )(1 + B 2 )/(l +X),

z = [B2(1 + X)]B2

W = [A2(1 + X)JA2

(1 + B 2 )X ' (l + A 2 )X

nAfacbc = nBfbcac = Atan- 1 (A - 1 ) + Btan- 1 (B- 1 )-xlf 2 tan- 1 (X- l/ 2 ) + (1/4)ln(YZW).

b) Entre deux disques coaxiaux 1et2 de rayons p 1 etp 2 , distants de H

r1 = pi/H; r2 = P2/H; X= 1 + (l + r~)!rf,

X - [X2 - 4(r2/r1)2] 1;2

f12 = 2 .

c) Entre un disque 2 de rayon R2 et une sphère 1 de rayon quelconque, centrée sur

l'axe du disque ; la distance des centres est L

1 [ ( L2 )'1 2 ]

! 12 = 2 1 - L2 + R~ .

d) Méthode des cordes croisées de Hottel : facteurs de forme entre deux surfaces

cylindriques régulières d'axe commun z (Fig. E.3)

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cordes droites

cordes croisées

Figure E.3 - Section droite du système perpendiculaire à l'axez.

>- Formulation générale

l 1 : longueur de l' arc AB, l 2 : longueur de l'arc CD;

_ l +. _ AD + BC - AC - BD

l l f 12 - 2J21 - 2 .

447


Annexe E • Complément

AD+ BC- A C - BD : somme des longueurs des cordes croisées - somme des longueurs

des cordes droites.

>- Exemple d'application : bandes perpendiculaires adjacentes infinies

de largeurs a et b et d'arête infinie commune.

AD= a, BC = b, AC= 0, BD= (a 2 + b 2 ) 1 1 2 •

a) Facteurs de forme différentiels

Voir le paragraphe 4.8.3.

E.3 EMISSIVITÉS TOTALES DES GAZ

Ces données, initialement dues à [64], ne peuvent servir qu'à une évaluation grossière

d'ordres de grandeurs. L'émissivité totale d'un gaz n'est qu'exceptionnellement égale

à son absorptivité totale (voir paragraphe 7 .2).

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Température (K)

4000 5000

Figure E.4 - Emissivité totale de C0 2 dilué dans l'air à 1 atm; adapté de [ 116).

Notons que les moyennes de Planck des coefficients d'absorption de C02 et H10

(paragraphe 6.5.1) sont également données dans [116].

448


E.3. Emissivités totales des gaz

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1000 2000 3000

Température (K)

4000 5000

Figure E.5 - Emissivité totale de H 2 0 dilué dans l'air à 1 atm; adapté de la même

référence.

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COMPLÉMENT

DONNÉES DIVERSES

F. l CONVERSIONS D'ÉCHELLES DE TEMPÉRATURE

• T, Température thermodynamique (K, degré Kelvin).

• TR , Température thermodynamique (R, degré Rankine).

• Tc, Échelle Celsius de température (°C, degré Celsius).

• TF, Échelle Fahrenheit de température (°F, degré Fahrenheit).

Tc= T - 273,15; TR = 9/5T; TF= TR - 459,67; TF= 32+9/5Tc .

F.2 CONVERSIONS D'UNITÉS DIVERSES

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> Pression

Pascal (Pa)= 1 N m- 2 ;

1 atm = 10,33 mH20(à16,7 °C) = 760 (Torr)(mmMercureà 16,7 °C)

= 1,01325 10 5 Pa = 1,01325 bar (g cm- 1 s- 2 )

lPa = 1,45 10- 4 psi (lbf/in 2 )

,

> Energie

- Unités physiques

Joule (J) ; 1 J = 1 N . m;

1 J = 10 7 erg = 9,48110- 4 BTU 1 = 0,2389 cal;

1 eV = 1,60210- 19 J = 8062,4cm- 1 = 2,41807 10 14 Hz = 11604K

- Unités commerciales

1 toe (tonne d'équivalent pétrole)= 7,3 boe (barril d'équivalent pétrole)

= 4,185510 7 J;

1 TWh = 10 3 MWh = 10 6 kWh = 3,610 12 J.

1. BTU : British Thermal Unit.

451


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A

absorption 7, 202, 373

faible, 283

forte, 283

absorptivité 83, 203

ailette 34

idéale, 38

infinie, 39

isotherme, 39

albedo 205

analogie électrique 28

approximation

de Boussinesq, 307

autoabsorption de rayonnement 204, 247

B

bande spectrale 275

bilan

d'énergie, 20, 24, 36, 41 , 49, 51 , 128,

132, 298, 299, 326

de masse d'une espèce, 302, 327

de masse globale, 294, 326

de quantité de mouvement, 294, 296, 326

bord d'attaque 151

c

caloduc 11 , 16

champ de rayonnement 3

champ lointain 262

changement d'échelle 329

~ coefficient

c

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c:

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d'absorption, 203, 258

d'échange global, 33, 134

d'émission, 203

d'extinction, 205

de diffusion, 205

de frottement, 144

de thermodiffusion, 301

de transfert convectif, 15, 31 , 138

de transfert local, 140

de transfert moyenné, 140

de transfert d'espèce, 311

de transfert radiatif, 31 , 91

colonne homogène et isotherme

(rayonnement) 203, 204, 206

condenseur parfait 132

conditions aux limites thermiques 18, 41 , 51

conductance thermique 28, 29

conductivité

radiative, 226

thermique, 8, 10

constante

de Boltzmann, 84

de Planck, 84

de Stefan, 88

contact thermique 19, 63

contrainte

de Reynolds, 329

visqueuse, 295

convection 5, 11

forcée thermique, 12, 140, 307

mixte, 13, 307

naturelle d'espèce, 307

naturelle thermique, 12, 168

corps

à propriétés radiatives isotropes, 86

gris, 85

noir, 86, 107

opaque, 7, 23

cotTélation spectrale 216, 274, 279, 285, 286

couche limite

mécanique, 148, 157

thermique, 148, 157

D

débit

de capacité, 134

de masse, l l

demi-largeur à mi-hauteur 276

densité volumique d'énergie radiative 254

diamètre hydraulique 165

diffraction 265

diffusion 5

dépendante, 264

du rayonnement, 205

indépendante, 264

Rayleigh, 266

diffusivité

massique, 301

461


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E

thermique, 51

turbulente, 354

échangeur

à co-courant, 137

à contre-courant, 137

échelle caractéristique

d'absorption, 214

d'extinction, 214

de diffusion (pour une colonne), 214

de diffusion au sens du flux, 215

écran radiatif 103

effet de seITe

atmosphérique, 94

atmosphérique complémentaire, 94

usuel, 93

efficacité

d'extinction (rayonnement), 265

d' un échangeur, 134

d'une ailette, 34, 38

radiative (particules), 263

effusivité 59, 60, 66

émission

induite, 374

physique, 247

spontanée, 6, 203, 373

émissivité monochromatique 84, 204

épaisseur

de couche limite mécanique, 149, 157,

316

optique, 221

équation

de Maxwell, 259

de Navier-Stokes, 296

de transfert du rayonnement, 208, 210

statistique de bilan (turbulence), 328

équilibre

radiatif, 109

thermique, 4, 371

thermodynamique local E.T.L., 4, 384

ergodicité 327

espèce infiniment diluée 301

étalon de luminance 107

évaporateur parfait 132

F

facteur

de forme, 110

de forme différentiels, 111

flux

conductif, 8

conducto-convectif, 15, 138

convectif, 12

radiatif, 101

thermique, 297, 302

fonction

de dissipation, 298

de Green, 57

de phase de diffusion, 206, 263

intégro-exponentielle, 2 l 8

force

de pression, 295

volumique d'Archimède, 168

front de fusion 123

H

hémisphère équivalente de Hottel 227

hertzien (domaine) 77

indice complexe 258

infrarouge (domaine) 77

instationnaire 6, 121

intensité de raie 276

inte1face entre milieux semi-transparents 213

isolant 10

L

libre parcours moyen 5, 380

loi

d'Ohm, 9, 28

de Fick, 9, 28

de Fourier, 8, 27, 50

de Fourier radiative, 227

de Fresnel, 259

de Kirchoff, 78

d'établissement (ou d'entrée) thermique,

157, 323

de mélange de Prandtl, 353, 355

longueur

caractéristique de conduction, 56, 59

d'établissement (ou d'entrée) mécanique,

157, 320

luminance 78, 79

du rayonnement d'équilibre, 90

462


Index

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Malkmus (modèle de) 282

mélange binaire 301

méthode

de Monte-Carlo, 246

des moments, 254

des zones de Hotte!, 245

numérique, 236

P1,P3, ... , P2n+1, 253

microonde (domaine) 77

milieu

semi-transparent, 8

transparent, 7, 202

modèle

CK, 286

CKFG, 286

raie par raie, 275

statistique à bande étroite, 281

Monte-Carlo 241

moyenne

d'ensemble, 327

de Favre, 327

de Planck, 225

de Reynolds, 327

de Rosseland, 226

N

nid d' abeille 104

nombre

d'unités de transfert NUT., 137

de Biot, 37, 42, 55, 67, 70

de Fourier, 55, 67, 68, 71

de Graetz, 322

de Grashof thermique, 170, 311

de Grashof d'espèce, 311

de Knudsen, 5, 50

de Lewis, 309

de Nusselt, 141, 311 , 312

de Péclet, 142, 306, 310, 343

de Péclet d'espèce, 310

de Prandtl, 142, 150, 309, 310, 312

de Rayleigh, 307

de Reynolds, 142, 310, 312, 343

de Richardson, 306

de Schmidt, 309, 310, 312

de Sherwood, 311 , 312

opaque (corps) 2 12

optiquement

épais, 219

mince, 219, 228

p

paradoxe de l'absorption 260

paramètre

d'asymétrie de la diffusion, 206

de taille, 264

paroi

optiquement lisse, 86

partiellement transparente, 114

particules

grandes, 265

petites, 266

premier principe de la thermodynamique

296, 297

principe

de réciprocité, 244, 245

de Helmholtz, 85

profil normalisé de raie 275

profondeur de pénétration 62

propagation (phénomène de) 62

puissance

radiative échangée, 247, 248

volumique radiative, 209

pyrométrie bichromatique 99

R

raie spectrale 275

rayonnement

d'équilibre, 83, 95, 201

isotrope, 80

réflectivité 83, 213

régime

établi, 157

laminaire, 13

mécanique établi, 158

thermique établi, 159, 321

résistance thermique 28, 29

s

section efficace

de diffraction, 265

463


Transferts thermiques. Introduction aux transferts d'énergie

totale, d'absorption, de diffusion,

d'extinction, 263

sous-couche turbulente

conductive, 153, 344

inertielle, 345

tampon, 346

visqueuse, 153, 344

stationnaire(régime) 6, 121

structure isolante en cryogénie 112

surface

efficace de transfert.. 244

fictive, 111

système

matériel, 3, 120

ouvert. 122

T

température

de film. 168, 304

de mélange, 52, 131, 133

locale adimensionnée, 321

temps

caractéristique de conduction, 56, 58, 68

caractéristique de transfert

oonducto-convectif, 68

caractéristique radiatif, 70

de réponse d'un thermocouple, 71

de relaxation, 50

tenseur

des contraintes totales, 296

des pressions, 296, 329

spectral des pressions de rayonnement,

254

théorème

de Babinet, 265

de Clausius, 202, 207

de Reynolds, 125, 127

de transport, 125

II (Vaschy-Buckingham), 54

théorie de Mie 264

thermocouple 94

tracé de rayon '137

transformation

de Laplace, 57

isovolume, 294

transition

radioactive, 275

transmittivité 203

d'interface, 213

d'un mur, 222

monochromatique, 92, 211

monochromatique directionnelle, 221

u

U.V. (domaine) 77, 275

V

Vaschy-Buckingham (théorème de) ou II 54

vecteur

dePoynting, 258, 262

flux radiatif, 50, 81, 209, 254

flux surfacique, 6

viscosité 139

dynamique, 139

visible (domaine) 77, 275

vitesse

de déplacement d'une surface, 125

X

X (domaine) 77

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