FOCUS #1
Premier numéro de votre nouveau magazine cinéma. Au programme : . Films de Noël . Dossiers . Interviews . Actus ciné / série
Premier numéro de votre nouveau magazine cinéma.
Au programme :
. Films de Noël
. Dossiers
. Interviews
. Actus ciné / série
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#1
SPÉCIAL
FILMS DE NOËL
- Sélection, Analyses & Anecdotes -
WANDAVISION
Interview exclusive
de David Masson
le costume illustrator
de la série
5ème SET
Entretien avec Alex Lutz
et Quentin Reynaud
LA NUÉE
Rencontre avec Just Philippot
et Suliane Brahim
LES CINQ LÉGENDES
Rencontre avec la voix du Père Noël
Miglen Mirtchev
PLUS BELLE
LA VIE
Dans les coulisses
du prochain prime
Edito
Le 10 Décembre 2020
Nous y voilà !
C’est avec beaucoup d’appréhension mais surtout énormément
de joie que nous vous présentons ce premier numéro de FOCUS,
votre nouveau magazine cinéma. Une version web, avant de grandir
et de vous proposer un jour, nous l’espérons, un format physique.
Pour l’heure, merci à ceux qui lisent ces lignes et qui vont
découvrir ce numéro spécial Noël.
En ces temps difficiles, il nous paraissait essentiel de vous livrer un
contenu joyeux, en vous soumettant un voyage au cœur des films
de Noël. De Maman j’ai raté l’avion à Family Man, en passant par
Piège de Cristal ou Iron Man 3, nous vous invitons à replonger dans
nos coups de cœur des productions de Noël, à vous remémorer
vos souvenirs les plus intimes, les plus nostalgiques et, pourquoi
pas, vous donner l’envie de revoir certains de ces longs-métrages
cultes.
À l’instant où je vous écris ces mots, j’ignore comment les fêtes de
fin d’année se dérouleront.
J’ignore si vous pourrez être en famille, avec vos proches, avec vos
amis, si vous pourrez aller danser, chanter et vous embrasser après
un décompte endiablé.
Ce que je sais, en revanche, c’est qu’en cette période, il n’y a rien de
plus beau que de passer un moment devant un film de Noël.
Enlacé(e) sous un plaid en compagnie de votre petit(e) ami(e) devant
une comédie sentimentale, accompagné(e) de vos enfants devant
un film d’animation, ou avec vos amis les plus fidèles devant
un bon gros film d’action, ce sont des moments rares, uniques, intenses.
Ne l’oubliez jamais !
Alors, je vous invite (après lecture de ce magazine !) à préparer vos
meilleurs films de Noël et à passer le plus beau Noël cinématographique.
Nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année !
Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)
SOMMAIRE
WANDAVISION
Interview de David Masson
(costume illustrator)
SPÉCIAL
FILMS DE NOËL
- Sélection, Analyses & Anecdotes -
FOCUS, magazine consacré
au cinéma.
FOCUS N°1 Décembre
2020
focuslemag@gmail.com
Directeur de publication
/ Rédacteur en chef :
Loïc Marie
Rédaction :
Jean Damiens
Jules Basile
Damien Della Signora
Lionel Bremond
Teddy Devisme
Graphisme :
Maud Lemoine
Alyssa Vautier
Correction :
Alyssa Vautier
Traduction :
Trystan Doré
#1
5ème SET
Interview d’Alex Lutz
et Quentin Reynaud
LA NUÉE
PLUS BELLE
Interview de Just Philippot
LA VIE
et Suliane Brahim
Dans les coulisses
du prochain prime
LES CINQ LÉGENDES
Rencontre avec la voix du Père Noël
Miglen Mirtchev
Crédits illustrations et
intérieurs :
Tous les personnages et situations
contenus dans ce
magazine sont la propriété
pleine et entière de leurs éditeurs
respectifs. Tous droits
réservés.
01. Les Films de Noël : Sélection, Analyses & Anecdotes
33. Les Immanquables
35. La voix de...
. Les Cinq Légendes : Rencontre avec la voix du Père Noël, Miglen Mirtchev
39. Dossier Spécial #1
. Aux Origines du film de Noël
47. Coup de cœur !
. Pandora d’Albert Lewin
57. Dossier Spécial #2
. Les Films de Noël : Un enjeu de santé publique ?
59. Coup de projo’ !
. Interview Just Philippot et Suliane Brahim
67. L’interview star
. 5ème set : Rencontre avec Alex Lutz et le réalisateur Quentin Reynaud
74. Hommages
. Nos adieux à Sir. Sean Connery
77. Idées shopping
79. WandaVision
Entretien avec le costume illustrator, Damien Masson
85. Plus Belle la Vie : Évasions
Dans les coulisses du prochain prime
Bonnes fêtes à tous !
G R E M L I N S
PAR Lionel Bremond
À l’ombre horrifique de nos Noëls de
naguère
Et si on se replongeait, avec délectation, dans
les réminiscences de nos Noëls passés ? Il y a
de cela 36 ans, sortait dans les salles obscures,
un film dont le succès ne se dément toujours
pas. Après presque quatre décennies d’exploitation,
il continue de ravir de nouvelles
générations, pour qui Noël rime avec effroi et
burlesque. Gremlins, au départ, aurait dû être
un film « purement horrifique », c’est ainsi que
Chris Columbus en avait écrit le scénario. En
effet, la mère de Billy aurait dû mourir décapitée,
son chien dévoré… On était encore loin
de ce qui allait devenir ce pur plaisir, mêlant
ironie mordante et terreur.
C’est sous l’égide et les recommandations du
producteur Spielberg et de la Warner Bros,
que le film se dirige vers une tonalité plus
humoristique. Mais, Dante restant le maître
d’œuvre, le film n’est jamais phagocyté par ces
velléités et son ton sarcastique reste prégnant
sur la pellicule. C’est comme si, seule la rencontre
de ces deux univers avait pu accoucher
de cette œuvre. Le parfait compromis entre le
« merveilleux » du papa d’ET et le « subversif
» du maître d’œuvre de Hurlement. Mais
rendons à Spielberg ses qualités de producteur.
La Warner, désappointée par la seconde
partie du film, aurait voulu couper court dans
cette avalanche de Gremlins, mais Steven a su
mettre en avant leur nécessité.
La famille, c’est plus ce que c’était
Dante prend un malin plaisir à nous plonger
dans son enfer. Il pervertit l’iconographie
américaine, en désosse les fondements, en extrait
la tumeur qui la ronge, et l’enrobe d’un
terrible ton sardonique. Dans cette période si
particulière, sous la présidence Reagan, où il
était coutûmier de vanter le fameux rêve américain,
le metteur en scène en dévoie les fondations.
En faisant de ce père de famille, un
inventeur raté qui cherche, à chaque instant, à
vendre le vivant constat de son échec, il brise
l’illusion de la sûreté du foyer. L’homme de
famille n’est plus le roc sur lequel s’appuyer,
mais un exemple à éviter.
1
Si sa bonhommie et l’amour qu’il porte à sa famille
atténue ce constat d’échec, il reste celui
par qui l’horreur va pénétrer dans cette petite
bourgade et mettre en danger les siens. C’est
ce désir constant de réussite qui va l’éloigner
de ses proches quand ils auront le plus besoin
de lui. Le père n’est plus le garant de rien, et
dans ce sens, le film s’inscrit dans cette mouvance
amorcée par Spielberg, celle d’une nouvelle
génération qui doit se prendre en main
en se libérant du joug tyrannique de la représentation
inconsciente de ce que doit être la
famille.
Ce passé qui n’est pas le nôtre
En démarrant son film à Chinatown, Dante
agrandit son propos. Il oppose le modernisme
au séculaire. Il montre une Amérique lancée
dans une fuite en avant, incapable de ne faire
autre chose qu’avancer, quitte à se perdre. Elle
n’a pas d’Histoire et pille celle des autres. En
s’accaparant ainsi les choses, elle en oublie
le poids des responsabilités. Le neveu est le
vivant symbole de l’assimilation par le capitalisme
: c’est finalement le désir, le besoin
d’argent, qui sera le facteur déclencheur de la
catastrophe à venir.
En venant récupérer son bien, le grand-père
leur rappelle qu’ils ne sont pas prêts. Pas prêts
à recevoir ce don qui fait office de révélateur.
Et pour cause, les Gremlins ne sont que la représentation
viciée de la communauté qui les
entoure et d’un certain mode de vie. Ils sont le
portrait que Dorian Gray ne pouvait supporter
de contempler. Il n’est pas surprenant que
la lumière puisse les tuer car elle fait office de
révélateur de l’inacceptable. Du racisme du
voisin à la pingrerie de Ruby Deagle, de cette
mère célibataire que l’on ignore à l’inaction de
tous ses habitants, cette ville cache sous ses
décors de Noël, une décrépitude qui va être
dévoilée.
Du conte au burlesque en passant
par l’horreur
La structure en trois actes du récit,
très classique en soi, est brillamment
utilisée. Une introduction empreinte
de mystère, une histoire qui démarre
comme un conte mais où s’infusent
par petite touche, des tâches sombres
qui viennent ternir le tableau. Une violence
sociale, un racisme atavique qui
noyaute la population... Si l’on perçoit
le récit à travers les yeux de cette petite
famille qui pourrait sortir d’un film de Capra,
on sent derrière le sourire, une affliction
que seul un espoir sans faille semble pouvoir
encore dissiper.
À la 49 ème minute, le fondu au noir précipite
le récit dans l’horreur. Là, Dante va user avec
talent, de tous les artifices de mise en scène
possibles pour attiser celle-ci. Un gros travail
sur le hors-champ, les ombres portées,
le travelling arrière pour espacer le cadre et
faire apparaître la menace, les contre-plongées
inquiétantes, suscitant l’éventuelle
atrocité qui nous attend plus haut… La scène
avec le professeur est un modèle de montée
en tension.
2
Le jeu de la vidéo diffusée pendant son cours, où les battements de cœur vont se conjuguer au
bruit fait par le carton, suggérant ainsi la montée du danger, est d’une indéniable efficacité.
C’est après la scène de la multiplication des monstres dans la piscine que la narration bascule
dans un grotesque réjouissant. Un grand final où les pécheurs vont subir le courroux de leur
doppelganger maléfique. Des scènes qui se jouent de notre propre morale, en rendant amusante
la violence qui s’empare de cette ville. En nous faisant apprécier donc, le jugement que subissent
ces habitants, elles nous font complices tacites des bourreaux et nous renvoient à nos propres
démons.
Le final dans la salle de projection semble renvoyer une génération face à un divertissement abrutissant,
un cinéma qui annihile l’esprit et qui, finalement, aidera à provoquer la fin de la horde.
Tout l’inverse des diverses scènes de film vues au préalable, qui nourriront le récit et feront même
évoluer ses protagonistes, Gizmo devenant le sauveur en imitant Clark Gable dans To Please a
Lady. Joe Dante démontre ici toute sa cinéphilie et l’amour du cinéma qui l’a fait grandir.
En somme, c’est là un film qui restera toujours un indispensable à voir en cette période de fêtes.
Un film toujours aussi enthousiasmant que réjouissant et qui, malgré tout, sait apporter une brève
touche de rêverie et de merveilleux face à nos tourments déchaînés.
CASTING
Rand Peltzer
Billy Peltzer
Lynn Peltzer
Kate Beringer
Hoyt Axton
Zach Galligan
Frances Lee McCain
Phœbe Cates
PRODUCTION
Producteur
Producteur délégué
Producteur délégué
Producteur délégué
Michael Finnell
Kathleen Kennedy
Steven Spielberg
Frank Marshall
3
LE PÔLE EXPRESS :
DU LIVRE À L’ÉCRAN, L’HISTOIRE
D ‘UNE ADAPTATION CULTE !
PAR Damien Cinematic Universe
4
L’un des plus beaux contes de Noël a réussi son pari de passer sur grand
écran, sans perdre son âme d’enfant. Le Pôle Express est aujourd’hui ce
que l’on appelle un classique, mais vous allez comprendre que pour le réalisateur
Robert Zemeckis et l’acteur Tom Hanks, tout n’a pas été si facile.
Nous sommes en 1985 aux États-Unis, dans
l’état de Rhode Island, bien des années avant
la sortie du Pôle Express au cinéma.
Dans la ville de Providence, vit Chris Van
Allsburg, 36 ans, professeur à l’école de design
de Rhode Island et auteur-illustrateur de
livres pour enfants. L’écrivain s’apprête à sortir
son nouveau livre : Boréal-Express. À cette
époque, on doit déjà à Chris Van Allsburg pas
moins de six livres, dont le célèbre Jumanji,
sorti en 1981. Roman à succès qui sera, lui
aussi, adapté au cinéma, avec Robin Williams
dans le rôle titre, en 1996.
Le livre Boréal-Express va être un immense
succès durant les fêtes de fin d’année de 1985.
Au fil du temps, il va même devenir une institution
de Noël !
Quelque part aux États-Unis, deux papas qui
ne se connaissent pas encore, ont sans le savoir,
le même rituel tous les ans au moment
de Noël : lire le « Boréal-Express » à leurs enfants.
Ces deux papas-poules se nomment Robert
Zemeckis et Tom Hanks.
Les deux hommes vont se rencontrer quelques
années plus tard, en 1995, sur le film Forrest
Gump. De cette rencontre, va naître une
grande amitié.
À la fin des années 90, alors qu’ils déjeunent
ensemble pour préparer le tournage de leur
prochain film, « Seul au monde », Robert Zemeckis
explique à son acteur et ami qu’il aimerait
réaliser un film pour enfants autour de
Noël. Ni une, ni deux, Tom Hanks lui parle du
livre « Le Boréal Express » ! Les deux hommes
s’aperçoivent qu’ils entretiennent les mêmes
liens d’attachement à l’ouvrage de Chris Van
Allsburg. C’est décidé, leur prochaine collaboration
(après « Seul au Monde »), sera l’adaptation
du livre pour enfants : Boréal-Express !
Zemeckis acheta les droits du livre dans la
foulée, sans même savoir encore, comment il
allait s’y prendre pour adapter le roman.
5
Un livre difficile à filmer
Tout le problème était là, réussir à retranscrire
le texte au mieux et trouver un moyen
de donner vie aux magnifiques illustrations
de Chris Van Allsburg, qui agrémentaient son
livre. Comme J.R.R Tolkien, Van Allsburg apportait
un soin particulier aux détails et aux
lumières des illustrations. Pour lui, c’était un
élément essentiel, pour emmener le lecteur
dans le monde qu’il avait imaginé.
Après des essais en animation traditionnelle
et en prises de vue réelles, Zemeckis n’est
pas satisfait du rendu. L’idée d’abandonner
le projet devenait une option de plus en plus
plausible…
Le salut arriva de Ken Ralston, spécialiste des
effets spéciaux, avec qui le réalisateur avait
déjà travaillé sur la trilogie de « Retour vers
le Futur ». Ken Ralston lui proposa d’améliorer
la technique de la « motion-capture
». Ce procédé consiste à filmer des acteurs
réels en tenue moulante et recouverte de petites
boules, afin qu’un ordinateur convertisse
leurs mouvements pour animer des personnages
virtuels. Ceci dit, il fallait aller plus loin
dans cette technique, pour permettre aux acteurs de donner vie aux expressions du visage des
personnages. C’est ainsi qu’est née la « performance-capture » ! Cette fois-ci, en plus des combinaisons
moulantes pleines de capteurs, les comédiens avaient le visage recouvert de petits
points, afin de permettre à l’ordinateur de retranscrire toutes les expressions faciales. Plus aucune
limite ne pouvait se mettre sur le chemin de l’imagination du réalisateur. Les somptueux
décors, les lumières, les situations incroyables, tout ce qu’avait créé Chris Van Allsburg pouvait
enfin prendre vie sur grand écran. Le Pôle Express était lancé !
6
Tom Hanks l’homme multitâche
Comment faire économiser de l’argent à une
production, quand un acteur surdoué comme
Tom Hanks, travaille pour vous ? Simple, en le
faisant jouer plusieurs personnages en même
temps ! C’est justement l’opportunité qu’offrit
la « performance- capture » à l’acteur sur ce
film. Il donnera vie à pas moins de six personnages
: le père du petit garçon, le contrôleur
du train, le SDF qui vit sur le toit du wagon,
à Scrooge et au Père Noël. Chose plus surprenante
encore, pour donner vie au jeune garçon,
ce sont les mouvements et mimiques de
Hanks et de l’acteur Josh Hutcherson (Peeta
dans Hunger Games) qui seront mixés. Sur
le fait de jouer le rôle du petit garçon grâce
à la technologie, Tom Hanks expliqua : « Le
fait que je joue un petit garçon est le meilleur
exemple de ce que cette technologie permet.
Vous n’êtes pas limité à un rôle en particulier,
en fonction de votre taille, de votre poids ou
de votre couleur de peau. Tant que vous avez,
artistiquement, ce que veut le réalisateur pour
le rôle, vous pouvez interpréter n’importe quel
personnage. Meryl Streep pourrait ainsi faire
le même rôle que moi ! Ceci ouvre beaucoup
d’opportunités. »
Pour la voix du héros, c’est l’acteur Daryl Sabara
(Spy Games) qui s’y collera.
Un film rempli de clins d’œil
Les deux décors centraux du film,
qui sont le train Pôle Express et la
ville du Pôle-Nord, sont inspirés
des illustrations de l’auteur du livre
Chris Van Allsburg, mais pas que…
Pour la locomotive à vapeur, Robert
Zemeckis a voulu rendre hommage
à l’auteur du livre. Le réalisateur
s’est inspiré de la locomotive
« Père-Marquette 1225 » qui a été
restaurée et qui se trouve exposée à
la « Michigan State University », là
où Chris Van Allsburg a fait ses études. D’ailleurs sur les billets dorés qu’ont les enfants, il y
est inscrit le numéro : 0001225. Ces chiffres sont une double-référence, 12 - 25, pour le 25
décembre, mais aussi pour le numéro qui est inscrit à la tête du Pôle Express en hommage à la
« Père-Marquette 1225 ».
En ce qui concerne la création de la ville du Pôle-Nord, où habite le Père-Noël et ses lutins,
elle a été inspirée par la ville de Chicago. Plus précisément par le quartier Pullman, du nom
de l’industriel George Pullman, constructeur de wagons de train. C’est lui qui a entièrement
bâti ce quartier. Que ce soit l’architecture des bâtiments de l’usine en elle-même, dont la tour
principale a été l’inspiratrice de la tour de l’horloge d’où sort le Père-Noël dans le film, ou les
différents immeubles et bâtiments qui ornaient le quartier, tous sont représentés dans le film.
Au-delà des décors, Robert Zemeckis n’a pas pu s’empêcher de faire référence à sa trilogie de
« Retour vers le futur » ! Dans la scène où les deux conducteurs du train perdent une goupille,
on peut voir qu’un convecteur temporel fait partie du système de pilotage de la locomotive.
7
Idem quand le petit garçon tire sur la corde pour faire siffler le train, c’est aussi une référence
à la trilogie. Dans cette scène, l’enfant dit fièrement : « J’ai rêvé de faire ça toute ma vie ! »,
laquelle est la réplique exacte de Doc Brown dans « Retour vers le futur 3 », quand ce dernier
effectue le même geste. Enfin, dans les dernières minutes du film, quand le traîneau du Père-
Noël part à pleine vitesse dans le ciel, cela laisse une traînée, telle que le faisait la Dolorean.
Autre référence, cette fois-ci au mentor de Robert Zemeckis : Steven Spielberg. Quoi de mieux
que de rendre hommage à ce dernier dans un film de Noël ! La scène où les lutins passent au
crible, grâce à une machine dédiée, les enfants qui ont été sages ou non. Le chef des lutins
parle d’un certain Steven qui s’amusait à faire peur à ses sœurs.
Anecdote véridique, que Steven Spielberg himself, adore raconter !
Une pure B.O. de Noël, avec un invité étonnant
Comme pour la quasi-totalité de ses longs-métrages,
Robert Zemeckis a fait appel au duo
Alan Silvestri et Harry Gregson-Williams pour
signer le score du film. Mais qui dit film de
Noël, dit chanson de Noël. Et c’est Glen Ballard
(auteur/compositeur pour Michael Jackson
ou Alanis Morissette), avec l’aide d’Alan
Silvestri, qui va signer des titres comme « The
Polar Express » et « Hot Chocolate », toutes
deux interprétées par Tom Hanks.
Plus surprenant, la chanson « Rockin’On Top
of the World », interprétée par Steven Tyler,
leader du groupe de Hard-Rock : Aerosmith !
Sortie en parallèle du film, la bande originale
deviendra un succès commercial et sera même
certifiée disque d’or dans plusieurs pays.
Un succès devenu un classique de Noël !
Le Pôle-Express arriva dans les salles obscures
à Noël 2004. Cette troisième collaboration
entre Robert Zemeckis et Tom Hanks fut
à nouveau un succès. Tout d’abord commercial,
le film rapporta 306 845 028 $ de recette
mondiale. Mais au-delà de l’aspect financier,
la critique du film fut dithyrambique. Une
pluie d’éloges et une unanimité très rare pour
un blockbuster avec autant d’effets spéciaux.
De plus, Le Pôle-Express obtint des nominations
pour ses chansons et son montage sonore
dans les plus prestigieuses cérémonies
du 7ème art, dont les Oscars et les Golden
Globes.
Plus de 15 ans après sa sortie, le Pôle-Express
est toujours l’un des films de Noël les plus vus
lors des fêtes de fin d’année. Le génie du duo
Zemeckis-Hanks, sa beauté visuelle, son histoire
pleine d’aventures et de bienveillance,
font de ce film un bijou du cinéma que l’on
adore partager en famille. Il est certain que
le Pôle-express n’est pas prêt de s’arrêter de
rouler, oh oh oh !
8
FAMILY MAN :
NOËL, SYNONYME DE CHANGEMENT
PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)
Certains films mériteraient une classification bien à eux. Je parle de ces longs-métrages
de « seconde chance » où le héros, souvent malhonnête, arrogant et ambitieux, se retrouve,
suite à un événement surnaturel, confronté à un nouvel environnement ou à côtoyer
des êtres venus de l’au-delà ayant pour rôle de leur montrer qu’une autre voie est
possible. Parfois, ils ne sont rien de tout cela, néanmoins, ils peuvent aussi être confrontés
à une autre réalité, leur ouvrant les yeux sur un futur qui n’est pas forcément meilleur,
comme c’est le cas dans Monsieur Destinée de James Orr (1990).
Parmi les plus célèbres de ces « redemption movies » (appelons-les ainsi), notons Fantômes
en Fête de Richard (1988), Un jour sans fin de Harold Ramis, Le Drôle de Noël
de Scrooge de Robert Zemmeckis (2009) et celui qui nous intéresse aujourd’hui : Family
Man de Brett Ratner, sorti en décembre 2000.
Si tous abordent ce thème de la rédemption, ils ont également un autre point commun :
Noël. Comme si cette période était la plus propice au changement... Mais nous y reviendrons
plus tard.
9
Family Man : un rendez-vous manqué avec l’amour
Tous les ingrédients sont donc réunis
: une histoire d’amour ratée, un
personnage carriériste et mégalo, un
réveillon de Noël en solitaire et, un
« Ange Gardien » survenu de nulle
part, qui propulse le héros dans une
réalité alternative. Ainsi débute Family
Man, par une introduction en
chaîne. On nous présente sous forme
d’interlude, les enjeux du film : ici, ce
rendez-vous manqué avec l’amour.
Puis, on enchaîne des plans sur le
personnage principal.
Brett Ratner procède par étape, ce qui lui
offre la possibilité d’une vraie progression
scénaristique. Il met donc en scène l’égoïsme,
l’opulence, et la fourberie dans laquelle se
conforte Jack depuis tant d’années, au travers
d’images successives : sa relation avec
les femmes, son appartement (dressing immense),
sa voiture de luxe, et son travail, où
il règne presque en tyran. Mais il dévoile aussi
une autre facette de Jack, sa gentillesse (cf. le
gardien d’immeuble), son courage (cf. le supermarché),
l’empathie (cf. proposer de l’aide
à Cash) et l’extrême solitude enfouie au fond
de lui. Des contradictions qui permettent une
attache émotionnelle. En effet, le spectateur
est, dès lors, attaché à cet homme dont le malheur
est d’être profondément seul, sans amour,
sans famille avec laquelle passer les fêtes de
Noël.Vint alors l’instant magique, où tout bascule.
Un réveil brutal dans un autre monde. Le
cinéaste plonge son héros dans une inconnue,
l’expose à ce que serait sa vie s’il était resté aux
États-Unis avec Kate. Une quête vers la rédemption,
mais pas seulement.
Il s’agit aussi pour Jack de comprendre où se
trouve la véritable richesse de l’Homme et, elle
ne réside ni dans son dressing, ni dans sa voiture
de luxe, ni dans un travail qui rapporte
des millions.
Là aussi, Brett Ratner reprend plan par plan ce
changement : vêtements bas de gamme, voiture
familiale d’occasion, travail peu enrichissant
(selon lui). Il le confrontera ensuite à ce
qu’il a perdu : vêtements de luxe, dîner dans
des grands restaurants, anciens collègues,
appartement en plein cœur de New-York. Un
chemin parsemé de tentations. Ce n’est que
lorsqu’il retrouvera tout ceci, dans cette nouvelle
réalité, puis la sienne (réelle), qu’il concevra
que tout ceci n’est que couche superficielle
à la vie qu’il menait. Qu’il prendra finalement
conscience que seul l’amour compte ! Que
seule la famille est la clé d’une véritable réussite
!
10
> Comment Brett Ratner filme cette autre dimension ?
La caméra est intime. Elle caresse les personnages
avec des plans rapprochés sur leurs visages.
Cela permet à Brett Ratner de mieux
saisir les émotions qui habitent ou hantent
ses protagonistes : leurs peurs, leurs doutes,
leurs regrets, leurs sentiments sur l’instant
T - et, par conséquent, d’autoriser le spectateur
à rentrer dans les enjeux sentimentaux
de Jack, d’en comprendre pleinement les origines
et le défi auquel il devra faire face. La
caméra capte également, en douceur, sans
être un fardeau pour les acteurs, sans être intrusive,
la pureté des déclarations d’amour,
la sensualité des scènes d’amour, la sincérité
des engueulades entre Jack et Kate ou le comique
des situations (cf. les séquences entre
Jack et ses enfants). En somme, elle s’infiltre
dans le quotidien de cette famille pour en extraire
l’authentique essence.
A contrario, elle peut s’éloigner. Prendre du
recul afin de laisser les protagonistes exister
sans nous, spectateurs (cf. le dernier plan de
la scène finale dans l’aéroport). L’espace se
réduit alors entre nous et les héros du film.
Ils sont projetés au-delà de l’intime, dans une
sorte de confidentialité amoureuse, à laquelle
on s’exclut, on s’efface volontiers, pour libérer
un environnement personnel qui sera le leur
à tout jamais...
11
Noël et les valeurs traditionnelles
Si tous ces films se déroulent à Noël, ce n’est
pas anodin.
Noël, c’est quoi ? Au-delà de l’aspect religieux
de cette fête, Noël est avant tout une fête familiale
où l’on se réunit autour d’un dîner et
de l’ouverture des cadeaux. C’est un moment
de partage, de fraternité, d’amour. La famille
est une des valeurs traditionnelles les plus importantes
aux États-Unis. Avoir une famille,
c’est réussir. Le couple Jack/Kate représente
tout ce dont rêve l’américain type : un foyer,
des enfants, des amis... D’ailleurs Kate le souligne
lorsque Jack lui propose de venir vivre
dans cet appartement luxueux New-Yorkais
pour impressionner ses voisins : « Ils nous
envient déjà tous... ». Et pour cause, même
s’ils ne roulent pas sur l’or, Jack et Kate ont
tout : une belle et grande maison, des enfants
formidables et des amis qui les apprécient.
Au départ, Jack considère ces détails
comme la construction d’une vie de « beauf »
: faire attention au moindre centime, les sorties
avec les enfants pour acheter des chaussures
notamment, les soirées entre amis, le
bowling, les potes gênants... Toutefois, la
somme de ces éléments constitue la VRAIE
vie. Et il l’apprend. Il apprend à l’aimer. Finit
par l’apprécier et la vouloir plus que tout
au monde (cf. la seconde scène entre Jack et
Cash dans la supérette). Lorsqu’un cinéaste
choisit un personnage tel que Jack, et le catapulte
à cette période de l’année, c’est pour
mettre en lumière l’extrême solitude dont il
souffre. Jack souffre de ce manque d’affection,
d’amour, surtout dans ces moments-là,
ces moments de fêtes annuelles. Secrètement,
il rêve de fêter Noël en compagnie de femmes
et enfants. Son ange gardien ne lui montre finalement
que ce qu’il savait déjà : que la famille
est la véritable clé du bonheur !
Un Noël Romantique
Au-delà de sa morale, Family Man est un chefd’œuvre
de Noël. Tendre, émouvant, romantique,
c’est une authentique histoire d’amour
qui nous est contée là. Séduisant dans sa mise
en scène, fascinant dans son propos, grandiose
dans son orchestration musicale et scénaristique,
Family Man est un petit bonbon
à savourer sans modération pour les fêtes de
fin d’année. Et un espoir, peut-être, pour certains.
Oh ! Et il s’agit peut-être du meilleur
film de Nicolas Cage. Sa performance dramatique
dans Family Man est indéniablement la
plus belle de toute sa carrière (avec Lord of
War !).
12
IRON MAN 3
S
Y
N
O
P
S
I
S
Le super-héros de Noël
PAR Lionel Bremond
Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi
qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se
lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage
va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions,
son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans
la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis
si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?
13
Quand l’espoir naissait encore en nous
Nous voilà, à l’approche des fêtes de Noël, à devoir replonger
dans le passé, un passé proche mais qui semble
si lointain, tant la franchise dans lequel s’inscrit le filmci
est devenu une masse protéiforme qui subit les gémonies
d’une partie du public et les louanges dispendieuses
d’une autre. Ceci dit, plonger dans les méandres
filandreux de jadis, implique une contextualisation. En
effet, en 2013, Marvel n’en est qu’à ses balbutiements et,
si l’infâme démiurge est sur le point de finaliser sa forme
et de régner sans partage sur le box-office mondial, pour
l’instant, il ne fait que surfer sur le succès considérable et
un brin inattendu d’Avengers.
Les clés du film qui allaient ouvrir la phase 2 de ce que
l’on appelle désormais plus communément le « MCU »,
échurent à Shane Black. Sortant de deux échecs monumentaux
qui le plongèrent à nouveau dans les affres de
la dépression, c’est grâce au soutien de Robert Downey
Jr, véritable porte-drapeau du renouveau de Marvel au
cinéma, que Shane Black se vit confier les rênes de la
troisième occurrence de la saga Iron Man. Un énorme
budget pour l’enfant terrible d’Hollywood aux scénarios
jadis payés des millions, avant d’en devenir le pestiféré.
D’immenses moyens déployés donc, qui confirment la
confiance réciproque qu’ont Robert Downey Jr et Shane
Black l’un pour l’autre.
Un film marqué par son auteur
C’est le dernier film dont la production
a débuté avant le succès
monstre des Avengers et, si une
certaine formule pouvait sembler
se dessiner, c’est une époque où l’on
pouvait encore sentir la patte des
auteurs qui ont contribué à faire du
MCU, ce rouleau compresseur populaire.
En prenant la suite directe
du film précédent, Black prolonge
ses propres obsessions en nous présentant
un Tony Stark souffrant de
syndrome post-traumatique.
Ainsi, il rentre dans la droite lignée
des Martin Riggs, Joe Hallenbeck,
ou encore Samantha Caine…, de
tous ces anti-héros prisonniers
d’un passé qui les hante et les rend
asociaux. Ils sont chacun dans
l’incapacité de vivre des relations
amoureuses stables et ce n’est qu’en
se jetant à corps perdu dans une
quête, où sera mise en œuvre toute
leur expertise dans le domaine qui
leur est propre, qu’ils pourront
vaincre leurs démons.
14
Quand on compare le traitement de Thor et ses propres
souffrances à celles de Stark, on voit qu’en 7 ans, le paradigme
a totalement changé et que l’once de personnalité
qui pouvait encore poindre a fini sacrifiée sur l’autel
du grand divertissement inconséquent. Il n’est un secret
pour personne que Shane Black maîtrise les codes du
buddy movie, étant donné qu’il en imprègne chacun de
ses films. C’est alors sans surprise que celui-ci ne fait pas
exception à la règle. Toute la rythmique narrative repose
sur la dualité, l’impossible attraction entre deux forces
qui s’opposent et la nécessité de parvenir à concilier
celles-ci pour se construire ou se reconstruire.
Que ce soit Happy, Pepper, Rhodes, Killian, Keener,
Hansen avec Stark en point central, toute la progression
narrative se joue avec cet effet miroir, avec ces archétypes
qui l’entourent, représentant les différentes étapes
qui l’amèneront à devenir l’homme qu’il peut devenir.
Celui qui pourra accepter ce monde qui a changé autour
de lui, et dont il n’est plus le soleil, finira par accepter
d’accorder l’attention que son cercle intime mérite et se
libérer de ce besoin de considération permanent. Car,
comment réussir encore à flatter son égo quand des
dieux, des légendes de la Seconde Guerre, des extraterrestres,
vous ramènent à votre simple humanité ? Il
s’agit probablement, toute proportion gardée, du film le
plus intimiste de la saga MCU. Si les scènes explosives et
grandiloquentes parsèment le métrage, elles n’en sont,
malgré tout, jamais le cœur.
L’un des grands gimmicks de Black que l’on peut retrouver dans ce film, est
celui de l’enfance face à l’adulte. L’enfant, chez Black, possède une forme
de pureté, de compréhension intuitive du monde, qui l’amène à devenir la
conscience du héros. C’est en cherchant à correspondre à cette image idéalisée
de son possible futur, que le héros peut évoluer vers la meilleure version
de lui-même. C’est en reprenant conscience de ce qui l’entoure, sans un
regard perverti par des vicissitudes induites par sa condition d’adulte, que le
héros peut trouver sa voie, faisant enfin avancer sa quête.
Si le canevas de l’histoire reste extrêmement classique, un passé que l’on
cherche à oublier mais dont les erreurs reviennent nous exploser à la figure
-explosion conduite par une Némésis qui représente ce que le héros aurait
pu devenir sans remise en question-, c’est en développant ces petits détails
exposés ci-dessus et en jouant sur la dualité entre Stark et Iron Man, que le
film gagne en profondeur. Une scène marquante expose ce concept : quand
Stark est dans son lit, en plein cauchemar, et que Pepper cherche à le réconforter.
Son armure, mue alors par son inconscient, cherchant à attaquer
Pepper qu’il prend pour une ennemie. Ici, toute la solitude de la personne
dépressive, malgré la proximité de ses intimes, rejaillit. Lorsqu’il se réveille
et qu’il cherche à protéger Pepper, son armure se brise en morceaux, morceaux
qui semblent être les vestiges épars de sa psyché.
15
Une mise en oeuvre loin d’être parfaite
Malgré tout, de nombreux problèmes parcourent le film. Une mise en scène parfois assez impersonnelle,
des mouvements illisibles et des cadrages davantage dus à des techniciens rigoureux voulant
créer du dynamisme, qu’à une réelle volonté de raconter une histoire par l’image. Le montage des
scènes d’action est plutôt catastrophique (cf. la scène dans le bar, contre la fausse agente du FBI).
Un exemple symptomatique de l’impossibilité du cinéma post-Bourne à créer le dynamisme par le
mouvement de la caméra : les plans se succèdent par dizaines pour illustrer un simple coup de poing.
Ce découpage ne parvient pas à rendre compréhensibles les déplacements des protagonistes dans
le cadre. Cet amoncellement de plans finit par nous perdre, c’est une montagne russe qui oublierait
de redescendre, qui privilégie la vitesse à la sensation. On peut notamment remarquer certaines incrustations
numériques parfois très visibles, ou encore des photographies qui semblent trop souvent
juste illustratives et, si de ci de là, on peut sentir de vraies intentions de mise en scène. Le tout semble
néanmoins s’effacer quelque peu au profit d’une certaine industrialisation de la mise en image.
Il faut dire qu’entre les souhaits des producteurs, les réécritures imposées par Downey Junior et la
pression inhérente à des projets de cette envergure, il ne doit pas être toujours évident d’imposer sa
vision dans son ensemble. L’un des autres problèmes, quand on connaît la filmographie de Shane
Black, c’est ce sentiment persistant de voir un brouillon inachevé de ce que peut donner son style, le
sentiment de ne pas avoir pu vivre pleinement l’histoire qu’il aurait voulu nous raconter...
Un héros pour Noël
Pourtant, ce film est l’un des derniers films du MCU que l’ont peut revoir sans réel déplaisir.
Un film qui échappe quand-même à son auteur mais, venant d’une époque où celui-ci
pouvait encore, malgré tout, y laisser un peu de lui-même. C’est ce soupçon de personnalité,
cette pointe d’audace, qui manque désespérément à leurs dernières productions.
Comme bien souvent chez Shane Black, l’action du film se situe pendant les fêtes de Noël. Et, en
parfait artisan du décalage, c’est dans des paysages ensoleillés qu’il fait vivre son récit. En outre, si la
forme semble dénuée de tout esprit festif, le fond, qui voit se jouer la rédemption et l’acceptation de
soi, reste ancré dans la symbolique historique des plus grands films de Noël.
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LE DRÔLE DE NOËL
DE SCROOGE
Un conte enchanteur, l’empathie
signée Zemeckis
PAR Lionel Bremond
C’est l’histoire d’un conte...
Il est difficile de faire plus représentatif de l’esprit
de Noël, que l’histoire d’Ebenezer Scrooge.
En publiant son cantique de Noël en 1843,
Dickens allait condenser en une centaine de
pages, ce qui allait alimenter l’imaginaire collectif
de millions de personnes à travers ses
différentes adaptations cinématographiques.
Perdurant à travers le temps, cette histoire de
rédemption pendant les fêtes de Noël, allait
syncrétiser l’illusion parfaite de ce que devrait
être le 25 décembre : un bref instant vertueux
où les différences s’effacent et où les colères
s’atténuent, au profit d’un amour désintéressé.
En parachevant sa trilogie tournée en performance-capture
avec ce récit culte, Zemeckis
va laisser voguer son imaginaire, tout en collant
au plus près du texte. Il faut dire que
cette histoire de voyage dans le temps, basculant
du drame à l’horreur en passant par
une fantasmagorie des plus colorées, correspond
vraiment aux obsessions du réalisateur.
Poussant la technologie dans ses derniers retranchements,
c’est libéré de toute forme de
contingences physiques, que le metteur en
scène va pouvoir laisser libre cours à sa créativité.
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18
La magie d’un Londres enneigé
Une fois de plus, Zemeckis prouve avec quel
brio il met sa science de la mise en scène au
profit de sa narration. Une capacité impressionnante
à utiliser le mouvement pour faire
avancer son récit et impacter émotionnellement
le spectateur. Dès son introduction, le
film oscille entre imagerie festive et sensation
plus lugubre. Scrooge semble happer la lumière
et être encore plus funèbre que la mort
elle-même. Les choix de cadre appuient les
peurs d’Ebenezer, des contre-plongées saisissantes,
partant de la source d’effroi, qui emplit
le côté gauche du cadre.
Des peurs qui, par ce positionnement de la
caméra, semblent induire une provenance du
passé. En positionnant le regard du spectateur
au niveau des frayeurs de Scrooge, le réalisateur
pose une distance entre lui et nous. Cette
quête est alors tout autant la sienne que la
nôtre. Ebenezer doit apprendre de ses choix et
comprendre qu’ils ne le définissent pas et qu’il
peut encore changer. Il nous faut accepter,
également, de voir au-delà des apparences, et
comprendre qu’un jugement hâtif peut nous
fourvoyer. La cruauté apparente peut cacher
une douleur bien plus profonde...
Le générique se fera en un plan séquence,
où la caméra va quitter Scrooge, planer dans
les cieux au-dessus Londres, avant de le retrouver
quelques minutes plus tard, arrivant
à son bureau. Ce plan est le parfait compromis
entre l’univers de Dickens et la maestria
de Zemeckis. En faisant fi de toute forme de
gravité, la caméra virevolte entre les fumées
des usines d’un Londres en pleine révolution
industrielle. Elle survole les rues enneigées
d’une ville se préparant à la fête, plane au-dessus
de la préparation d’un banquet, pour enchaîner,
d’un même mouvement, sur des enfants
quémandant un morceau de viande à la
fenêtre d’une cuisine.
19
Tout un Londres cosmopolite, qui, sous ce manteau
neigeux, semble parvenir à réunir furtivement
toutes les classes sociales. Un plan qui
aura débuté par la fuite d’un chien d’aveugle et
qui se finira par la fuite de deux enfants face à ce
même Ebenezer Scrooge. La fuite qui semble si
représentative du parcours de Scrooge, qui lors
de cette longue nuit, va devoir plonger dans son
passé, survoler son présent puis fuir son avenir.
Tout au long de cette évolution, la caméra va renforcer
la proximité et nous lier à cette quête en se
rapprochant au plus près de Scrooge. De simples
spectateurs externes, nous devenons actifs, l’empathie
nous gagne. Ses peurs, son désarroi, sa
tristesse vont devenir nôtres.
En faisant de sa vision d’avenir un conte funeste,
funèbre, où il se retrouve pourchassé, cherchant
à échapper à une réalité qui l’attend et au désespoir
qu’il aura répandu autour de lui, le réalisateur
donne à penser que son destin est inéluctable.
Peut-être est-il trop tard, la solitude se fait
plus pesante, le décor autour de Scrooge subit
un fondu au noir et l’isole totalement, la vie s’en
échappe... Face à cette catastrophe imminente,
la chute symbolique vers son cercueil, le désespoir
semble s’imposer comme une évidence.
Un homme nouveau
Mais toute cette évolution n’est là que pour asseoir
le changement radical du protagoniste
principal. Un vieil homme devant affronter toute
sa vie, ses choix, et qui par cette introspection,
va se réaccaparer des notions basiques que sont
le partage et l’empathie. La scène précédant le
générique devient le miroir de celle de fin, les
deux ne pouvant exister l’une sans l’autre, et
pour cause : le parcours identique d’un homme
qui a totalement changé.
Joyeux noël…
Une histoire d’un modernisme confondant, qui
nie la nécessité d’un capitalisme forcené, poussant
les gens à n’exister qu’à travers l’addition
de leurs possessions. Un film profondément humain,
dont la naïveté du propos est compensée
par l’énergie débordante du montage et de la
mise en scène. Le film qui caractérise au mieux
une fête devenue galvaudée, et comme dirait
Tim, juché sur l’épaule d’un Scrooge revigoré,
« Merry Christmas everyone ».
20
Maman j’ai raté
l’avion
MAMAN J’AI RATÉ L’AVION : DÉCOLLAGE VERS UN NOËL TUMULTUEUX
Avec un scénario écrit par John Hughes et un Chris Colombus à la réalisation, Maman, j’ai raté
l’avion ! avait de bonnes chances de devenir un incontournable du cinéma. Cela fait désormais des
décennies que celui-ci est mondialement reconnu comme étant LE film de Noël.
PAR Jules Basile
De grands noms pour un film à petit
budget
Quand John Hughes écrit le scénario, il a déjà
en tête la frimousse de son héros, celle de Macaulay
Culkin. Un visage familier, puisqu’il
était apparu dans sa précédente réalisation :
Uncle Buck. Pour la convenance, Columbus
auditionne malgré tout plus d’une centaine
de jeunes acteurs. Lorsqu’il rencontre Macaulay
Culkin, c’est une évidence : cette petite
tête blonde est parfaite pour le rôle !
Catherine O’Hara, qui incarne la mère de
Kevin, fut, quant à elle, notamment choisie
pour sa performance remarquable dans
Beetlejuice de Tim Burton en 1988.
Joe Pesci, lui, accepte le rôle pour plusieurs
raisons : diversifier sa filmographie - et poursuivre
dans le registre de la comédie -, mais
aussi pour jouer dans un film destiné à un public
plus jeune et plus familial.
Si le succès et le statut de film culte attribué
aujourd’hui à Maman, j’ai raté l’avion ! n’est
plus à discuter, difficile de croire, en revanche,
que le long-métrage fut tourné avec peu de
moyens et que le chemin pour arriver à cette
stature cultissime fut semé d’embûches. Effectivement,
peu de gens savent que ce film a failli
ne jamais voir le jour. Au départ, ce devait
être produit par la Warner Bros, avant qu’elle
ne se rétracte.
Le studio n’accepta malheureusement pas le
budget final du film (14,5 millions de dollars
contre un budget initial de 10 millions) et le
projet tomba à l’eau. Malin, John Hughes avait
secrètement contacté la 20th Century Fox, et
c’est donc ce major qui financera le film avec
un budget de 18 millions. Malgré la critique
peu élogieuse de Roger Ebert, qui trouva l’intrigue
autour des cambrioleurs peu plausible,
Maman, j’ai raté l’avion ! sera un véritable
succès. Le film remportera 17 millions de dollars
pour son seul week-end d’ouverture aux
USA et finira par en rapporter 476 millions au
box-office mondial. Encore en 2020, cela reste
une des comédies les plus rentables de l’histoire
du cinéma.
Une comédie «slapstick» de Noël
Bien que considéré comme étant LE film de
Noël, Maman, j’ai raté l’avion ! est pourtant
loin de l’œuvre traditionnelle de Noël. Exit
l’aspect magique et féerique de cette célébration,
John Hughes reprend ici les codes du
slapstick, un genre d’humour impliquant de la
violence physique, où celle-ci est volontairement
exagérée. Le comique (de situation) réside
alors dans la disposition des pièges de Kevin,
pour lesquels Marv et Harry subiront de
nombreuses blessures sérieuses et assez brutales,
qui n’étaient d’ailleurs pas drôles à voir
pendant le tournage selon Chris Columbus.
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Aux yeux des spectateurs, elles sont pourtant
incroyablement hilarantes. Entre toutes
ces séquences tordantes, le long-métrage
s’accorde des moments plus tendres et plus
émouvants. La scène où Kevin discute avec
son voisin dans l’église, dont il avait encore
peur peu de temps auparavant, dégage une
certaine quiétude dans cette comédie.
La musique de John Williams, qui oscille
entre des mélodies rythmées et joyeuses ainsi
que des mélodies plus douces et émouvantes,
fait d’elle un énorme atout émotionnel pour le
film.
Maman, j’ai raté l’avion ! contient également
une multitude de dialogues et scènes iconiques,
dont certaines ont été entièrement
improvisées. Il est de connaissance commune
que les dialogues de John Candy dans l’aéroport
furent une complète improvisation de sa
part. Cependant, il y a une scène en particulier
qui n’a pas eu le rendu final anticipé. La
scène du cri n’aurait pas dû se dérouler telle
que nous la voyons dans le film, puisque dans
le script, Kevin devait se mettre de l’après-rasage,
enlever ses mains de son visage et crier.
Mais Culkin oublia de les enlever de son visage.
Comme quoi, une simple erreur peut
créer une scène emblématique et celle-ci reste
une des scènes les plus cultes des 103 minutes.
Une merveilleuse comédie
John Hughes savait dépeindre l’adolescence
comme personne. Avec Maman, j’ai raté l’avion
!, on retrouve l’évolution qu’il offrait à ses personnages
dans ses précédents teen-movies.
D’un gamin capricieux, Kevin finit par gagner
en courage et en maturité, en se confrontant
à une certaine forme de violence et en affrontant
l’Adulte.
Ce film - en plus d’être un incontournable pour
les festivités de Noël - reste donc un symbole
fort et intemporel de notre enfance. Et bien
que de nombreux films de Noël aient été réalisés
depuis, Maman, j’ai raté l’avion ! n’a jamais
été surpassé. Il reste à ce jour, 30 ans après
sa sortie, un des plaisirs que l’on aime voir et
revoir pour les fêtes de fin d’année.
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Love Actually
L’amour est une fête !
PAR Loïc Marie
(Capitaine Cinemaxx)
Richard Curtis est sûrement le scénariste et le réalisateur le plus doué de sa génération lorsqu’il s’agit
d’évoquer les sentiments amoureux avec humour et tendresse. Avec Love Actually, le cinéaste va redoubler
d’ingéniosité et offrir une comédie romantique indémodable et intemporelle, mettant en scène une
palette d’acteurs trans-générationnels où, chaque spectateur trouvera une place qui lui correspond.
La recette Richard Curtis
La force de Love Actually est sans conteste
sa galerie unique de personnages, où vont
se succéder pas moins d’une vingtaine
d’hommes et de femmes, d’horizons différents,
de classes sociales différentes, et autant
de problèmes sentimentaux à résoudre.
Les comédies romantiques et particulièrement
celles de Noël, ont la fâcheuse habitude
de se concentrer sur une seule rencontre,
une seule relation, un seul couple, dans une
avalanche de clichés aussi subtils que les
fans du MCU sur Twitter. Ici, Richard Curtis
ne va pas se contenter de mettre en scène
une seule situation amoureuse, mais une
multitude de scènettes romancées dans un
melting-pot cinématographique ultra-référencé,
le tout en imposant son propre style,
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quitte à casser les codes. Que ce soit la figure
du politicien ou celle du musicien, le cinéaste
tord ces clichés et offre des versions décalées
et terriblement drôles de l’homme politique
- habituellement coincé - ou du musicien,
trop politiquement correct. Ainsi, le personnage
du Premier Ministre de Grande-Bretagne
devient un homme simple, tendre
et sincère, tandis que celui de Bill Mack,
un musicien vulgaire, sans langue de bois.
La figure du politicien
Généralement, la figure de l’homme politique
est assez peu présente dans les comédies
romantiques. La première trace du politicien
dans un film du genre remonte à 1909,
Amour & Politique, de D. W. Griffith, dans lequel
un politique tombe amoureux d’une caricaturiste.
Il faudra ensuite attendre 1995 et
le long-métrage de Rob Reiner, Le Président
et Miss Wade, pour que le politicien soit de
nouveau le héros d’une comédie romantique.
Ici, le réalisateur de Quatre Mariages et un Enterrement
remet le héros issu du monde politique
sur le devant de la scène, au goût du jour,
dans une version décalée et terriblement drôle.
Incarné par Hugh Grant, Le Premier Ministre
de Grande-Bretagne va s’éprendre
de sa jeune secrétaire, Natalie (Martine
McCutcheon), elle-même caricature
de la jeune pimbêche attachante.
La figure du musicien
Même principe, Richard Curtis va, une
nouvelle fois, s’amuser à prendre la figure
romantique de l’artiste pour y insuffler sa
propre patte. Ainsi, nous ferons la connaissance
de Billy Mack (Bill Nighy), chanteur
ayant connu la gloire et dont l’arrivée des
boys bands le fera tomber peu à peu dans
l’oubli. Désabusé par la musique et les périodes
de fêtes mais motivé à reprendre
sa place de numéro 1 dans les charts, face
à des jeunes produits marketings, Billy
prendra un choix radical : être sincère, en
toutes circonstances, au grand dam de son
manager, Joe (Gregor Fisher). Et si Love
Actually est une comédie romantique, Richard
Curtis en profitera néanmoins ici
pour faire la critique de l’industrie musicale
et de son hypocrisie, où toute la communication
n’est basée que sur l’image propre
et sans saveur de « merdeux arrogants ».
Parallèlement à cette critique, le réalisateur
fera l’éloge de l’amitié. Alors qu’il
fête Noël chez Elton John, Billy prendra
conscience qu’il est préférable de passer
les fêtes avec les personnes qu’il aime. En
l’occurence, avec Joe, son manager. Une
remise en question forte - due au temps
qui passe et aux priorités qu’on souhaite
accorder aux gens en vieillissant -, une
parmi tant d’autres dans Love Actually.
Bien sûr, Richard Curtis utilise parfois lui
aussi, les clichés très codifiés du genre. Le
Premier Ministre qui tombe amoureux de sa
secrétaire un poil grossière, issue de la classe
moyenne britannique, en est un. Mais il absorbe
ces clichés pour délivrer quelque chose
d’authentique, de profondément sincère, sans
le pathos grassouillet des vieilles comédies
romantiques. Chez lui, on appuie sur les émotions
pures plutôt que sur les situations dramatiques,
dont découlent les sentiments de pitié.
De plus, Curtis sait capter l’instant présent,
capturer chez ses acteurs la partie romantique
qui les anime - délivrant des séquences
d’un romantisme inégalable - mais également
la partie comique. Ce qui empêche donc
à Love Actually, comme nous le disions à
l’instant, de tomber dans le pathétique. Certains
personnages ne passeront alors pas par
quatre chemins pour dire ce qu’ils pensent,
notamment la sœur de Daniel, qui lui balancera
après la mort de sa femme : « Personne
n’aura envie de baiser avec toi si tu passes ton
temps à pleurer. ». Un parfait exemple d’une
irrévérencieuse comédie romantique, non ?
24
Mais si cette comédie traverse les décennies
au point de devenir une comédie incontournable
de Noël, c’est en partie parce
que le public peut s’identifier à tous les
personnages ou à une situation exposée
dans le film. L’enfance, le deuil, la solitude,
l’adultère, les amours secrets, la dépression
causée par le vieillissement du corps,
le temps qui passe et ses remises en question,
sont autant de thèmes auxquels le
spectateur a déjà été confronté dans sa vie.
Des scènes cultes
Un film culte ne serait rien sans des scènes marquantes et, Love Actually en regorge. Que
ce soit la danse du premier Ministre Britannique sur Jump des Pointer Sisters, son allocution
face au Président Américain et la presse, la déclaration d’amour de Mark ou les
caméos de l’ex Mister Bean, Love Actually se dessine à travers toutes ces scènes, inoubliables.
Elles ont indéniablement contribué à rendre le film de Richard Curtis, culte !
25
L’amour avant les morts-vivants
Love Actually : Aimez !
Avant de fracasser les zombies de The
Walking Dead, Andrew Lincoln n’était que
le petit gars sympa du coin, chétif et pas
très intimidant de Love Actually. Cependant,
il nous livre sans conteste une des
déclarations romantiques les plus belles
et originales de ces 20 dernières années.
Si cette séquence est aussi marquante, c’est
parce qu’elle possède un caractère universel,
qui touche au cœur n’importe quel être humain
doué de sentiments. Nous avons tous déjà
aimé une personne pour laquelle notre timidité
ou notre sens de l’honneur, nous ont empêché
de franchir le pas. Et comment le franchir
? En parler ? Aborder la personne aimée ? La
manière dont va le faire Mark, avec ce système
de pancartes, est si drôle et si tendre,
qu’elle nous rappelle à quel point il est important
de dire aux gens qu’on les aime. Ceci
dit, ce qui rend cette scène particulièrement
lumineuse, c’est sa finalité. Cette séquence se
termine en effet, par un baiser de Juliet (Keira
Knightley) mais surtout par cette phrase : « ça
suffit maintenant ». Cette réplique déchirante
pour certains est cependant révélatrice d’une
des principales valeurs morales de Mark :
l’amitié. Jamais il ne va chercher à briser son
amitié avec Peter, ni son mariage avec Juliet.
Simplement, avec toute la gentillesse qui le caractérise,
il va, une fois encore, évincer ses sentiments,
au détriment de sa relation amicale.
À Noël, Love Actually est un réchauffe-cœur.
Love Actually, c’est la magie du moment présent, un instant suspendu dans le temps, où l’on se permet
de croire, de rêver que, nous aussi, nous accèderons à ce bonheur amoureux.
26
Quand on parle de films de Noël, Die Hard n’est pas forcément
le premier long-métrage qui nous vient à l’esprit.
Pourtant, celui qui a renouvelé l’Action-Movies à la fin
des années 80 est pour beaucoup, LE film de Noël à ne pas
louper à chaque fin d’année. Mais connaissez-vous vraiment
ses secrets ?
27
PAR Damien Cinematic Universe
S
Y
N
OPSIS
John McClane, flic New-Yorkais, se rend en Californie pour passer les fêtes de fin d’année
avec sa femme Holly, récemment promue à un poste important à Los Angeles.
En arrivant à la tour Nakatomi Plaza, siège social où travaille sa femme, John essaie de participer
tant bien que mal à la fête de Noël organisée par le patron d’Holly. Mais une bande
de braqueurs va venir gâcher les festivités et prendre en otage tous les employés.
Et sans le vouloir, John McClane va devenir le dernier espoir de survie pour Holly et ses
collègues...
Quand on parle de films de Noël, on ne pense pas forcément aux films d’action. Néanmoins,
et comme vous avez pu le lire précédemment, Iron Man 3 comme Die Hard
respectent pourtant une charte précise des longs-métrages de fin d’année : la période,
les thèmes de la rédemption et du pardon ainsi que la morale : toujours croire en soi !
Pour éviter une redite, nous vous proposons une plongée au sein de la genèse
du meilleur film d’action de Noël : Die Hard, Piège de Cristal.
Allez, montez dans l’ascenseur et en route pour le 30ème étage du Nakatomi Plaza !
Die Hard est une suite !
Vous n’avez pas louché en lisant l’intertitre, DIE HARD est bien la suite d’un film, enfin presque…
Pour comprendre comment ce film est arrivé au cinéma en 1988, il faut d’abord remonter 20 ans
en arrière. En 1968 sort au cinéma « Le Détective », film réalisé par Gordon Douglas, avec Franck
Sinatra dans le rôle principal. Ce long-métrage est un polar traditionnel, adapté du best-seller « The
Detective », écrit par Roderick Thorp en 1966. L’histoire d’un flic prêt à tout pour trouver le meurtrier
d’un jeune homosexuel.
Le film est un succès et Sinatra, âgé de 54 ans à l’époque, demande à l’écrivain d’écrire une suite à
son roman. L’acteur veut absolument donner une suite aux aventures de son personnage, sur grand
écran. Thorp accepte et se lance dans l’écriture, mais cette fois-ci, fini le polar… L’écrivain veut se
lancer dans l’écriture d’un roman d’action, avec un type qui sauterait d’un toit accroché à une lance
à incendie. Le problème, c’est que Roderick Thorp va mettre 10 ans à écrire ce deuxième roman.
Quand le livre « Nothing Lasts Forever » sort enfin à la fin des années 70, Sinatra, âgé de 64 ans,
refuse de faire la suite. Il ne se sent plus capable d’être crédible dans la peau du héros.
28
Joel Silver rime avec sauveur... Ou
détonnateur
Le projet va rester plus de 8 ans dans les placards
de la 20th Century Fox, jusqu’à l’arrivée
du producteur en vogue de l’époque,
Joel Silver. On peut dire que le Monsieur s’y
connaît un peu, en films d’action, on lui doit
notamment : Commando, L’arme Fatale et
Predator.
C’est en trois étapes que Silver va relancer le
projet, mais à sa sauce…
De colère, il décide de repartir et d’aller
faire un tour en voiture pour se calmer. Sur
la route, il comprend rapidement que dans
cette dispute idiote, sa femme avait raison
sur toute la ligne. En voulant faire demi-tour
pour rentrer chez lui, il frôle l’accident de
voiture. Heureusement, plus de peur que de
mal. Jeb se dit alors que c’est une deuxième
chance qui s’offre à lui pour s’excuser.
Voilà comment est né Die Hard. Au revoir le
sexagénaire qui tue sa fille par accident, et
bonjour le héros de 30 ans qui aurait dû dire
pardon à sa femme pour ce qu’il s’est passé
entre eux.
- Première étape, le scénario. Silver va tout
d’abord modifier le titre. En effet, « Nothing
Lasts Forever » (rien ne dure éternellement)
sonne trop James Bond pour le producteur.
Il choisira alors d’appeler le film : Die Hard.
Beaucoup plus accrocheur. En revanche,
la scène du saut accroché à une lance à incendie
va être conservée. Avec toutefois une
nuance, faire exploser le toit au moment de la
chute du héros. Puis, conclure le film par une
énorme explosion qui détruirait une bonne
partie de l’immeuble.
Ce sont les scénaristes Jeb Stuart (Haute Voltige,
48H de plus, Le Fugitif) et Steven E.de
Souza (Commando, Hudson Hawk, Judge
Dread) qui vont être engagés pour mettre sur
papier la vision explosive de Silver.
À la fin de la lecture du roman « Nothing
Lasts Forever », Jeb Stuart n’avait aucune
idée de la manière dont il allait l’adapter...
Le livre est plutôt sombre puisque dans le roman,
le héros tue sa fille accidentellement en
la lâchant du toit d’un building.
La révélation pour le scénariste est venue
d’une dispute avec sa femme. Un soir, Jeb
rentre du travail. À peine arrivé chez lui, il se
dispute avec sa douce.
29
John McTiernan, l’homme de la
situation
Deuxième étape, trouver le réalisateur ! Pour
Silver il n’y a aucun doute, c’est Paul Verhoeven
qu’il lui faut. Le cinéaste Néerlandais a
cartonné l’année passée avec Robocop, mais
ce dernier refuse l’offre, trop occupé à préparer
Total Recall. Le producteur se tourne
donc vers John McTiernan, qui vient de réaliser
pour lui : Predator. Contre toutes attentes,
McTiernan refuse lui aussi…
En producteur acharné qu’il est, Joel Silver
va littéralement harceler son réalisateur pour
le faire flancher. McTiernan finit par céder,
mais à deux conditions : ajouter de l’humour
à l’histoire et transformer les terroristes en
simples braqueurs.
Bruce Willis, l’outsider qui valait 5
millions de dollars
Au bout de quelques temps, le script et sa
mauvaise réputation arrivent sur le bureau
de l’agent de stars : Arnold Rifkin. Pour lui,
le rôle de John McClane, c’est pour son poulain
: Bruce Willis ! L’acteur fonctionne bien
à la télévision dans la série Claire de Lune,
mais il aimerait surtout relancer sa carrière
sur grand écran après les échecs consécutifs
de ses deux premiers films (Boire et Déboires
et Meurtre à Hollywood).
L’agent sent que le script de Die Hard a du
potentiel et que Willis accepterait sans problème
de jouer le personnage de McClane tel
qu’il était décrit dans le scénario. De plus Arnold
Rifkin sait que Joel Silver et John Mc-
Tiernan sont au pied du mur et qu’ils n’ont
pas d’autre choix que d’engager Willis. Malin,
l’agent profite également de la situation
pour négocier un cachet de 5 millions de dollars
pour son acteur. Bruce Willis passe dès
lors de l’acteur de séries TV pour ménagères,
à l’acteur le mieux payé d’Hollywood !
Étape trois, trouver les acteurs pour donner
vie à John McClane, Holly, Al Powell,
Hans Gruber et tous les autres… Pour cause
d’obligation contractuelle, la Fox et Silver se
voient dans l’obligation de proposer le premier
rôle à Franck Sinatra, en espérant secrètement
que ce dernier décline… Heureusement
pour eux, c’est le cas. Il explique être
« trop vieux et riche » pour accepter le rôle !
Débute alors un jeu de chaises musicales
pour trouver le visage de John McClane.
Clint Eastwood, Stallone, Schwarzenegger,
Richard Gere, Al Paccino et même Burt Reynolds,
tous vont se voir proposer le rôle et
tous vont rejeter l’invitation pour à peu près
les mêmes raisons : un humour trop présent
et un héros pas assez viril…
30
Un casting à la hauteur du
Nakatomi Plaza !
Pour le rôle d’Holly, Bruce Willis a décliné
l’intégralité des bimbos sexy qui avait été
choisies par Joel Silver. Et pour cause, le
comédien ne connaissait pas meilleure actrice
que Bonnie Bedelia, pour interpréter sa
femme à l’écran.
Un héros se doit également d’avoir un bon
compagnon de route, et c’est l’agent Al
Powell, joué par Reginald VelJohnson, qui
s’y colle. C’est même grâce à un acteur célèbre,
que Reginald va décrocher le rôle !
Lors du casting, Reginald était dans la salle
d’attente en train d’écouter Wesley Snipes
passer son audition. Il le trouvait formidable.
Quand son tour arriva, il décida au dernier
moment de faire l’exact opposé de ce qu’avait
proposé Snipes, afin de se démarquer. Reginald
décrocha son premier rôle au cinéma !
Pour qu’un Action-Movie fonctionne, il lui
faut également un méchant à la hauteur du
héros ! La directrice de casting Jackie Burch
le savait parfaitement, sans un bon Hans
Grubber, le film ne tiendrait pas la route. Elle
propose un choix surprenant : Alan Rickman.
À cette époque, feu Alan Rickman n’est pas
la star internationale d’aujourd’hui. Il joue
dans de petites pièces de théâtre à Broadway
et commence à avoir une petite réputation
dans ce milieu. Rickman ne connaît donc
rien aux rouages du cinéma et n’a jamais
mis les pieds sur un plateau de tournage. Le
plus étonnant, c’est qu’il n’a jamais tenu une
arme à feu de sa vie, pas très crédible pour
jouer un grand méchant comme Hans Grubber.
Toutefois, la classe, le charisme et les
talents d’acteur d’Alan Rickman vont mettre
tout le monde d’accord lors de ses essais.
31
Die Hard au Panthéon !
Malgré les prévisions, le film va être un carton au box-office américain, ainsi que dans le
monde entier. Bruce Willis devient une star internationale et Die Hard va renouveler le
genre du film d’action : un gars normal, livré à lui-même, en huis clos, piégé avec une horde
de méchants.
Dès lors, terminé les films d’action avec des héros aux biceps surdimensionnés qui n’ont
besoin de personne pour abattre 50 gars avec un seul chargeur. Maintenant, le héros, c’est
monsieur tout le monde !
Comme d’habitude à Hollywood, dès qu’une recette fonctionne, on la décline jusqu’à l’indigestion.
Des ersatz de Die Hard vont donc voir le jour dans des avions, des trains, des
bateaux et même dans un stade de hockey… Pour preuve, ces longs-métrages sont tous
sortis après la première aventure de John McClane : Mort Subite, Passager 57, Les Ailes de
l’Enfer, Air Force One, Piège en Haute-Mer et la liste est encore longue…
Mais ces films, malgré leurs qualités et leur succès, ont tous le même problème… Ils ne seront
jamais Die Hard !
32
BONUS !
Les immanquables
PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)
LES CINQ LÉGENDES
« Libérée, délivrée... »
oups, désolé.
Œuvre sur l’importance des rêves, de l’imaginaire
et de l’espoir, Les Cinq Légendes est plus
qu’un film d’animation.
C’est une véritable ode à l’enfance !
Armé d’une poésie rare, d’une mise en scène
énergique et flamboyante ainsi que d’un soustexte
fort, le long-métrage de Peter Ramsey est
un incontournable de Noël. À ne pas manquer !
Disponible sur Netflix.
LA REINE DES NEIGES
NOS AVIS EN
EXCLUSIVITÉ !
Les parents la détestent (rires), les enfants
l’adulent, La Reine des Neiges est devenue LA
figure emblématique de Disney en l’espace de
quelques années. Forte, indépendante, elle est
l’image de la Princesse moderne, un porte-étendard
pour toutes les jeunes filles d’aujourd’hui.
Animation soignée, photographie alléchante,
musique entraînante, La Reine des Neiges est
un must pour passer un réveillon de folie !
Dans la foulée, enchaînez avec le 2 !
33
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Les immanquables
NOS AVIS EN
EXCLUSIVITÉ !
LE PÈRE NOËL EST UNE ORDURE
KLAUS
Conte sur les origines de Noël, Klaus est une
véritable œuvre de Noël : charmante, drôle et
authentique.
Les prouesses techniques et la narration exemplaire
de Klaus en font le film familial par excellence,
qui émerveillera autant les petits que
les grands.
Disponible sur Netflix.
Comédie culte de Jean-Marie Poiré, Le Père
Noël est une ordure est un indispensable de
Noël, notamment si vous avez un énorme
coup de blues. Avec ses dialogues/répliques
piquantes, cinglantes, virulentes, le film vous
entraînera dans un tourbillon de fous rires impossibles
à contrôler. De quoi vous faire oublier
tous vos soucis !
«Téléphone Thérèse,
téléphone.»
«Nous devons montrer aux gens qu’une action vraiment
désintéressée en appelle toujours une autre.»
34
MIGLEN MIRTCHEV :
ENTRETIEN AVEC UN VRAI PÈRE NOËL
PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)
Si vous ne l’avez jamais vu au cinéma ou à la télévision, peut-être connaissez-vous sa voix.
Depuis quelques années, le comédien Miglen Mirtchev parcourt le monde merveilleux du doublage
et, est rapidement devenu une référence pour incarner les personnages (ou « monstres ») forts ou
d’origines slaves. De Madagascar à Le Hobbit : La Désolation de Smaug, en passant par The Amazing
Spider-Man : Le Destin d’un Héros et le magnifique Green Book, Miglen Mirtchev séduit par son
indéniable charisme vocal, ses intonations chantantes, ainsi que par sa tonalité parfois « bourrine
» qu’impose les rôles tels que le Rhino. Méchants ou gentils, il donne également de la voix pour la
télévision et participe à des séries qui, pour certaines, sont aujourd’hui cultes : Banshee (Olek), The
Americans (Olek Burov), Iron Fist (Radovan Bernivig), mais aussi Watchmen, la série (Peur Rouge).
Avec sa voix atypique et l’accent prononcé des pays de l’Est qu’il peut prendre à sa guise, le tout combiné
à sa bonhomie et sa joie de vivre, il était le candidat idéal pour prêter sa voix au Père Noël dans
le film de Peter Ramsey : Les Cinq Légendes.
Rencontre avec une Légende, Nord, Le Père Noël.
35
Comment se retrouve-t-on à prêter sa voix
au Père Noël ? En somme, comment êtesvous
arrivé sur ce projet ?
C’est assez simple. Comme je suis d’origine de
l’Est (de Bulgarie), que je parle aussi le Russe, et
que je jouais au cinéma ou à la télévision beaucoup
de personnages de l’Est, on a pensé à moi.
J’ai évidemment passé un casting, car ça ne rigole
pas avec les boîtes américaines. Pour ce projet,
nous étions en duplex par Skype depuis Londres
avec la responsable de Paramount : nous avons
fait des essais et j’ai eu le rôle. Alec Baldwin, qui
est la voix américaine, avait pris un accent russe
pour doubler Le Père Noël. Et comme j’avais une
voix assez grave et cet accent russe...
C’est donc votre voix et cette tonalité grave,
en plus de votre accent, qui a joué en votre
faveur ?
Comment se prépare t-on à devenir le Père
Noël, comment avez-vous travaillé votre
voix pour lui donner ce timbre ?
Ça se fait sur place. Pendant le casting, ils avaient
des exigences très particulières et très précises.
Que ce soit sur le timbre, sur l’accent, tout cela
se mettait en place durant le casting. Ensuite, sur
l’enregistrement, nous étions tout le temps supervisés
par une personne en conférence Skype, toujours
depuis Londres.
Ce sont des anglo-saxons alors, après chaque prise,
ils vous disent : « Ah c’est formidable ! Quelle présence
! Mais, il y a une toute petite chose... ». Et
on commence dès lors à préciser, à rentrer dans le
détail. Voilà comment ça se déroule. Néanmoins,
c’était très agréable ! Stressant, mais agréable.
Oui, je pense que c’est ce qu’ils recherchaient. Il
fut un moment où les accents étaient prohibés en
France, surtout dans le doublage. Là, ce sont les
américains qui ont insisté pour avoir un bel accent
russe. Alors, je ne suis pas le seul sur le marché,
mais suite au casting, j’ai eu le rôle.
36
Je ne savais pas qu’ils surveillaient à
ce point le doublage...
C’est la seule fois où ça m’est arrivé. Me semblet-il.
J’avais pourtant doublé pour un autre film
d’animation, Madagascar, mais pour Les Cinq
Légendes, c’était en duplex. Tout le temps. Ils
discutaient entre eux, m’indiquaient les ajustements
à faire, etc.
Vous savez pourquoi il y avait ce protocole
si exigeant sur Les Cinq Légendes
?
Ils travaillent ainsi. Et veulent que ça corresponde
au maximum aux intentions qui sont
données par les acteurs qui ont créé les rôles.
Donc, il faut absolument que ce soit le plus
conforme possible à la version originale. Ils
supervisent ça de manière très détaillée. Toutefois,
je ne sais pas s’ils font ça avec les autres
pays...
C’était un rêve de gosse de devenir,
l’espace d’un instant, le père Noël ?
(rires) Un rêve de gosse, non. J’ai une photo,
comme beaucoup d’enfants, où je suis en pleurs
à côté du Père Noël, en revanche, j’avais déjà
fait le Père Noël pour mes petits enfants lors
de fêtes familiales. Ce qui est agréable et passionnant
dans le doublage de films d’animation
c’est que, malgré ce que je viens d’évoquer, cette
surveillance accrue, on est plus libre que dans
le doublage d’acteurs (réels). Là, il faut rentrer
dans l’œil de l’acteur.
Les Cinq Légendes a eu un énorme succès
lors de sa sortie en 2012, selon vous,
qu’est-ce qui séduit autant les jeunes et
les moins jeunes ?
Le film dégage de la poésie. Ça parle de thèmes
universels, des rêves qu’ont les enfants, et met
en scène des personnages atypiques. Il y a cette
bataille pour garder la part de rêve des enfants,
mais aussi des adultes, et c’est pour cela que ça
fonctionne.
Les Cinq Légendes a si bien marché que des
amis, lorsqu’ils ont appris que je doublais le
Père Noël, m’ont demandé de laisser des petits
messages vocaux à leurs enfants (rires). J’ai
passé pas mal de temps à laisser des messages
à droite à gauche. C’était amusant ! Encore aujourd’hui,
cette aventure me poursuit un peu.
37
Une question que nous poserons à tous nos invités :
quel est votre plus beau souvenir de Noël ?
J’ai grandi dans un pays communiste, et nous fêtions Noël le jour de l’An. Tout était pareil, sauf
le côté religion. Pour mon plus beau souvenir de Noël, je ne sais pas... Ça serait plutôt des bribes
de souvenirs. J’ai perdu mon papa à l’âge de 16 ans, j’ai des souvenirs des derniers réveillons que
nous avions passés avec lui. Une fois, mes parents avaient réservé dans un hôtel où il y avait une
piscine que nous n’avions pas le droit d’utiliser, car c’était pour les sportifs. Je trouvais ça impressionnant.
Sinon, petit, ce sont les cadeaux. Nous avions toujours des oranges pour Noël, […]
et c’était quelque chose d’extraordinaire, et des bonbons, bien sûr. Cependant, pour vous dire
franchement, je n’ai aucun souvenir des cadeaux que j’ai reçu petit. Je me souviens que, quand
j’avais 7-8 ans, mon père aimait bien fabriquer des arcs, lancer le couteau, et, mes cadeaux à
partir de cet âge-là furent des couteaux de chasse. Je les déglinguais au bout d’un mois ou deux
à force de les lancer contre les arbres (rires). Même maintenant, je continue mais avec des vrais
couteaux de lancer. Et j’apprends ça à mon petit fils. On est un peu des sauvages (rires). Toute
mon enfance, je me suis pris pour un indien.
38
AUX ORIGINES
DU FILM DE NOËL
PAR Jean Damiens
25/12/2020
39
Il est impossible d’y échapper.
Généralement, ils arrivent fin novembre pour enchanter
les écrans de télévision des foyers tout au long
du mois de décembre. En eux, une esthétique rouge,
voire verte, supplément neige. Qu’on le veuille ou non,
ils sont représentatifs d’une saison, ils marquent l’arrivée
des plaids, des chaussettes rembourrées et du
chocolat chaud. Les films de Noël ont pour la plupart,
une odeur, une saveur, quelque chose où l’on est sûr
à 100% que ce que nous allons voir va être sirupeux…
Ou presque. Pour cette partie-là, vous pouvez être sûr
qu’il suffira d’allumer votre tube cathodique, de vous
mettre en position latérale de sécurité, et d’attendre
que Morphée vous prenne dans ses bras.
Et alors qu’aujourd’hui les chaînes publiques et privées
se livrent une bataille sans merci pour le Pôle
Nord, avec Disney, Netflix, Prime Video et consorts,
posons-nous une question, celle qui devrait normalement
être posée devant une œuvre qui sent le vin
chaud et le sucre d’orge :
D’où ça vient, le film de Noël ?
40
LA NAISSANCE DU GENRE
Il n’aura pas fallu longtemps avant de voir naître le divin enfant et de chanter ses louanges au cinéma.
La première fois qu’une œuvre du genre fit son apparition, c’était dans un documentaire d’une
minute seize, baptisé Santa Claus, et distribué en 1898. Que dire si ce n’est que l’on peut y voir deux
enfants se faire border par la bonne, qu’elle leur montre la cheminée et que, par la magie liée à l’événement,
le barbu blanc glisse le long de ses parois pour y déposer quelques friandises, un baiser sur
le front des mouflets, et de repartir comme si de rien n’était. Un court-métrage, qui ne montre rien
de plus que ce que nous croyons tous enfants, lorsqu’avec nos parents nous déposions un verre de
lait, quelques biscuits et une carotte pour les rennes, avant de filer au lit, comme le criait le paternel.
Répertorié comme étant le vrai premier film de Noël, cela entraînera la production de plusieurs
œuvres qui sentiront bon la cannelle, le pain d’épice, et la dinde aux airelles, le tout accompagné d’un
Jingle Bells du plus bel effet, sur une enceinte stéréo plein pot.
Tout aussi onctueux que la bûche que vous aurez réalisé, les bons sentiments liés à ces œuvres feront
que de nouveaux films seront écrits, tournés, montés et distribués avec une discrétion telle, qu’il
faudra attendre La Vie Est Belle de Frank Capra, pour se rendre compte que nous nous sommes fait
avoir comme des lutins.
Œuvre qui respire la sincérité véritable, l’histoire est celle d’un ange devant venir en aide à un bonhomme
désespéré, et qui fera évidemment tout pour imposer la solidarité aux gens qui auront la
bonne volonté de se prêter à toute cette histoire. Nous sommes en 1946 à ce moment-là, énorme
carton, tapis rouge déployé au genre…
Vous l’aurez compris à travers l’ensemble des références liées à cette période de l’année, plus souvent
culinaire qu’autre chose, Noël au cinéma, c’est une sacrée histoire. C’est un sacré tout, même. C’est
quelque chose qui englobe plusieurs genres. Du drame à la comédie sentimentale, en passant par la
satire jusqu’au fantastique, sans oublier les dessins animés… Tout y passe. Et généralement, une fois
que vous avez compris qu’il est possible de le décliner sous toutes ses formes, vous le trouverez aussi
en trois catégories. Parce que oui… Noël n’attend pas, surtout quand il s’agit ici de parler au plus
grand nombre, et aux salles qui se rempliront ou non.
41
Les films qui le célèbrent ou qui en font son apologie
participent à nourrir toute sa mythologie…
E il y en a un paquet. Comment ne pas penser à
ces films comme Le Drôle de Noël de Scrooge,
réalisé par Robert Zemeckis, qui dépeint la vie
d’un homme froid, cynique et qui déteste Noël.
On le voit ainsi évoluer, prendre conscience qu’il
peut devenir meilleur alors qu’il se confronte aux
trois fantômes de Noël, lesquels lui proposeront
une petite introspection sur sa vie passée, sa vie
présente et sa vie future. Un voyage spirituel, une
quête initiatique, en fait, qui fera en sorte que
cette saleté de Jim Carrey en image de synthèse
soit agréable, généreux et compatissant avec les
gens qui l’entourent. Impossible également de
ne pas penser à Love Actually de Richard Curtis
qui, sous couvert d’une comédie franchement
niaise par moments, propose de vrais instants
festifs où Noël ne semble être qu’un argument
de plus pour proposer des séquences tendres et
généreuses à ceux qui croient en la magie du réveillon.
Enfin, impossible de ne pas songer au
Pôle Express, de Robert Zemeckis également,
où la quête d’un enfant ne voulant absolument
pas rater l’arrivée du gros monsieur en costume
rouge au Pôle Nord, vous fera retomber en enfance
à coup sûr… Mais à condition, encore une
fois, de ne pas tomber malade face à une 3D qui
vieillit définitivement mal.
Autre exemple maintenant. Si les ambiances
mielleuses ne sont pas tellement votre came,
prenez donc un shoot de testostérone avec ce
qu’il faut de répliques claquées et d’explosions,
pour vivre le moment. Et pour le coup, la liste ici
est longue comme celle que vous faisiez enfant.
Que ce soit Piège De Cristal par John McTiernan
,ou sa suite mise en boîte par Renny Harlin, ou
encore plus récemment Iron Man 3 de Shane
Black, les fêtes de fin d’année ne sont généralement
qu’un prétexte pour servir sur un plateau,
des scènes d’action, des explosions, des regards
caméras et autres joyeusetés du même genre.
Alors, même si les douilles de balles et les débris
volent autant que les boutons de pantalons après
un repas beaucoup trop bourratif, il ne serait pas
plus pertinent de se demander pourquoi est-ce si
populaire.
42
LA RECETTE PARFAITE POUR UN FONCTIONNEMENT MAXIMAL
Si on se base sur les écrits d’un certain S. Brent
Rodriguez Plate, professeur d’études religieuses,
de cinéma et de science des médias, tous les films
qui inspirent le combo parfait d’un chocolat
chaud option plaid et chat ronronnant, doivent
être perçus comme un « baromètre de la façon
dont nous voudrions vivre et de la façon dont
nous pourrions nous voir, et nous estimer ».
Oui, sauf que rien ne m’inspire plus la haine profonde
de l’humanité que deux personnes qui se
connaissent depuis 10 minutes et qui vont vivre
1 heure 30 d’aventure rocambolesque, supplément
amour coulant. Mais poussons la réflexion
un peu plus loin. Si ce genre à part entière permet
pour certains de s’échapper de leur quotidien,
il n’est plus question d’alternative. L’auteur de
l’étude parle de La Vie Est Belle, qui est à la base
de la base si l’on ne compte pas le court-métrage
institutionnel, mais cité pour exemple Esprit de
Famille de Thomas Bezucha, et avec Sarah Jessica
Parker. Comédie sans prétention aucune,
cela raconte comment une trader de Manhattan
va découvrir la notion de famille en se rendant
dans une petite ville de campagne.
Typiquement le genre de programme à regarder
après le repas, en famille ou entre amis. Un film
loin d’être extraordinaire, mais qui se laisse regarder,
avec un casting qui a bonne gueule. Une
histoire alléchante sur le papier mais classique
au possible… Clairement, ce schéma est le même
depuis pratiquement vingt ans voire plus si l’on
est tatillon… L’exemple parfait, c’est La Course
Aux Jouets, réalisé par Brian Levant. Rappelez-vous
d’Arnold Schwarzenegger qui remue
ciel et terre pour offrir un Turbo Man à Jamie,
son fils. La recette est la même. Une histoire à
priori attrayante, mais trop convenue… Encore
une fois, le genre de film à regarder lors d’un
repas familial ou lors d’une soirée bières-potes
et pizzas… Le pire, c’est que tout finit toujours
bien, même lorsque les personnages accumulent
les bourdes. Tout y est, n’en jetez plus, la coupe
est pleine !
43
Ces films-là créent un monde idéalisé. Un but rêvé. Une obsession permanente pour toutes les âmes
en peine, malheureusement bien seules le soir du réveillon… Et pour le coup, ce n’est plus notre
chercheur qui avance cette théorie, mais l’historienne Penne Restad, dans un ouvrage publié en 1995.
Les films de Noël seraient « une quintessence des vacances, celle d’un monde qui n’a pas de mauvais
côté… Un monde où l’on peut oublier la guerre ». Ça se tient.
Alors évidemment que la guerre en période de
Noël n’est pas forcément un thème vendeur,
surtout lorsqu’il s’agit de rameuter du public
dans les salles, et encore tout dépend de comment
la chose est amenée. Ces batailles, en tant
que telles, en revanche, sont réelles. Pour reprendre
La Course Aux Jouets, c’est une bataille
d’un père prêt à tous les sacrifices pour trouver
le jouet dont rêve son fils. Même chose avec Le
Grinch, sorti dans les années 2000 et 2018, respectivement
mis en scène par Ron Howard et
Scott Mosier & Yarrow Cheney. Le combat du
matérialisme ici est subtil, car on s’adresse aux
jeunes avant tout. L’idée que Noël pourrait être
gâché par un croque-mitaine vert, non merci. En
revanche, cela n’empêche pas de véhiculer l’idée
que le sens de Noël se trouve dans le don de soi,
plus que dans le consumérisme.
Depuis, l’espèce humaine a évolué, pour le meilleur
comme le pire. Ces films-là également. Ils
sont désormais là, dans les villes, sur les plateformes
de streaming... Du mois de novembre
à l’aube de janvier, la mise en scène reste la
même : des personnages, des scénarios qui ne
changent pas d’un métrage à l’autre… Oubliez
les productions mentionnées plus haut, même si
nous avons honteusement oublié d’aborder Maman,
J’ai raté l’avion !... Toutes ont été aspirées
dans une faille inter-dimensionnelle, frôlant
le malaise, parfois la gêne, et comme l’idée est
d’attirer un public neuf, un public qui regarde
et consomme sans jamais trop se poser de questions,
tournons-nous vers les téléviseurs, et ces
quelques 68 millions de visionnages en 2018.
44
CINÉMA, CANAPÉ, MÊME COMBAT
En 2018, un compte à rebours va attirer une armée
de fans, conditionnés aux téléfilms moelleux
depuis le début du millénaire. Tous n’attendent
qu’une chose : rencontrer leurs stars
préférées. Un événement créé à l’occasion d’une
convention, la ChristmasCon pour être précis.
21 interprètes, tous tournant principalement à
la télévision, d’Alicia Witt, à Chad Michael Murray,
en passant par Ryan Paevey, sont les visages
de votre rendez-vous de TF1/M6 préféré.
Les productions que nous regardons en fond, en
nous occupant d’autre chose, ne nous mentons
pas. Mais alors, pourquoi les petites productions
comme celles-là sont devenues la messe
de la sieste hivernale ?
Avant toute chose, c’est une question de business.
Les téléfilms de Noël, ça rapporte énormément
d’argent et surtout, ça permet d’entretenir
les acteurs sur une longue période, et de
les pérenniser sur ce genre-là. Une formule parfaite,
pour le public, si l’on en croit les financiers
derrière. C’est en tout cas ce qu’indique une de
nos consœurs journalistes cinéma & culture de
Vanity Fair : « Les spectateurs seront toujours
en quête d’un parfait « guilty pleasure » pour
occuper leurs soirées d’hiver. […] Personne ne
s’attend à gagner un Emmy Award, ce qui rend
l’expérience plus fun et décomplexée des deux
côtés ».
A Christmas Prince 1, 2 & 3, Noël À Snow Falls,
Un Safari Pour Noël, La Princesse de Chicago,
Flocon d’Amour… Tellement d’occasions de se
rappeler que l’appréciation que l’on porte à une
œuvre est personnelle. Les grands films sont les
nôtres, ils nous appartiennent et nous les portons
sur nos épaules comme de bons moments.
Pourtant, ce ne sont pas des chefs d’œuvre, et
personne ne le criera sur tous les toits.
45
Sur les déclarations d’Evelyne Dillenseger, psychanalyste
et experte en thérapie de couple, ce
qui fait que nous aimons ces productions, c’est
évidemment le lien avec la saison. « Il fait froid.
On a besoin de cocooning. On a envie de réconfort.
Nous sommes en congés, on a du temps à
perdre ».
Et il est vrai que le temps, en congés, on peut se
permettre de le dilapider à outrance. Il est également
vrai que rien ne nous empêche de nous replonger
pour la énième fois devant Le Père Noël
est une ordure ; Love Actually et autres. On les a
tous vu une tonne de fois, sans jamais s’en lasser,
et on en connaîtrait presque (voire carrément) les
dialogues sur le bout des doigts, à la virgule et au
souffle près. Aussi, ces films répondent à quelque
chose qui peut faire du bien, à vous, chers lecteurs,
chères lectrices : la nostalgie. De voir apparaître
entre deux encarts pub pour le dernier
jouet un film que vous n’aviez pas vu depuis un
an, c’est plaisant. L’euphorie que ça procure, de
se préparer une petite soirée avec deux bouts de
ficelles et une boisson chaude, il est vrai que ça a
du bon. Et parce que nous ne nous connaissons
pas encore, et parce que l’hypocrisie n’a jamais
fait de mal à personne, acceptez le fait que vous
reproduisez la même chose lors du 30 octobre en
allumant une citrouille.
C’est pour toutes ces choses que nous aimons ces productions. Que nous aimons la nostalgie. Que
nous aimons malgré nous, les repas de famille, les réunions où se mêlent discussions politiques, rires
et débats houleux. Que nous attendons avec impatience que Netflix propose 24 films sous forme de
calendrier de l’avent, pour nous faire patienter jusqu’au grand jour. Que nous rions devant Love
Actually, de la tendresse que dégage Thomas Sangster, des larmes lorsqu’on découvre que Henry
Golding n’est en fait qu’une projection, de l’effet soporifique de Père Noël Origines, et du doudou que
représente Gremlins… Ces productions nous procurent un plaisir coupable (ou non), peu importe
leur qualité.
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AVA GARDNER
T h e L o v e s o f P a n d o r a . . .
. . . i n F l a m i n g
M-G-M
Presents
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COLOR BY
TECHNICOLOR !
JAMES MASON
PANDORA
Submersion onirique
de l’amour fou.
PAR Teddy DEVISME
WITH
NIGEL PATRICK - SHEILA SIM
HAROLD WARRENDER - MARIO CABRE
WRITTEN AND DIRECTED BY ALBERT LEWIN
PRODUCED BY ALBERT LEWIN AND JOSEPH KAUFMAN
48
Le plus célèbre film du cinéaste Albert Lewin reviendra prochainement
sur grand écran, dans une version restaurée. Prévue
initialement dans les salles obscures pour décembre 2020,
le long-métrage sortira finalement courant 2021 (si les cinémas
sont ouverts). Une restauration immanquable, non seulement
de par la folle réputation de « film étrange » que possède celui-ci,
mais aussi de par les prestations incroyables d’Ava Gardner et
de James Mason, qui irradient l’écran.
L’histoire : À Esperanza, un village de la côte espagnole, Pandora, une jeune Américaine, est indifférente
aux riches prétendants qui la courtisent. Après avoir finalement accepté d’épouser un coureur
automobile, elle rencontre le propriétaire d’un yacht, Hendrick Van der Zee, qui n’est autre que
le Hollandais Volant de la légende, condamné à errer sur les mers et à ne redevenir humain que six
mois tous les sept ans. Or, sa malédiction ne sera levée que s’il rencontre une femme qui, par amour,
acceptera de mourir pour lui…
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Le frisson mélancolique des corps.
Des pêcheurs en pleine mer remontent un filet qui
semble avoir attrapé une grosse prise. Une fois le
filet remonté à bord, le cadrage de la caméra ne
montre pas le contenu (hors-champ) mais reste
sur les pêcheurs, soudainement extatiques face à
leur prise. Puis, au terme d’une ellipse, le cadre se
retrouve au-dessus d’un balcon. Un corps fixé derrière
une longue-vue, sur ce balcon donnant sur la
plage et sur la mer, regarde le retour des pêcheurs
et la création d’une foule autour de ceux-ci. Tels
sont les deux premiers plans. Il y a quelque chose
de mystérieux qui captive l’œil, immobilisant le
corps par la même manière. S’arrêter de bouger
pour laisser l’objet photographié (par les yeux)
se dévoiler. Les deux scènes se rejoignent ensuite
lorsque Harold Warrender et Sheila Sim
(incarnant Geoffrey et Janet) se rendent sur la
plage. Pas de larme, pas de cri, pas de corps qui
se déchaîne. Au contraire, Albert Lewin met
en scène des personnages qui, en reconnaissant
les corps sans dire un seul mot mais par
le simple biais du regard, acceptent la fatalité
– comme si cet événement glaçait leur corps
plutôt que de les animer d’une détresse.
Cette idée va se poursuivre après ce prologue, tout au long du film, mais non pas face à la mort : face
à l’absence d’amour. Dès notre première rencontre avec Pandora (incarnée par Ava Gardner), tout
est question de regard(s). Attablés, les corps ne bougent pas et balancent leurs regards entre le horschamp
et le champ, entre la performance musicale et les voisin-e-s de table. Sauf que tout se résume
à Pandora, comme l’énonce la voix-off. Si les personnes sont à cette table, c’est pour elle. Si bien
qu’elle amène avec elle jusqu’au piano, un prétendant (incarné par Marius Goring). Dès que Pandora
commence à jouer, celui-ci s’accoude contre le piano, posant son verre dessus, et fixant son corps
pour se délecter du visage de Pandora – et non pas de son jeu au piano. Au point que la demande
en mariage refoulée devienne un moment de pur silence, avant de devenir une forme de vacillement
du corps pour, enfin, se plonger dans l’obscurité extérieure. L’absence d’amour provoque ici une
mélancolie si forte, que le corps ne peut plus résister et s’écroule. C’est bien ici le goût du danger qui
règne, le goût de jouer avec le risque pour se sentir vivant. Face à la mélancolie, Pandora demande à
Stephen de l’emmener faire un tour dans sa voiture, qui ne comporte qu’une seule place. Une voiture
de course pour une virée « romantique », de la plage vers le haut des collines. Cheveux dans le vent,
virages pris à toute allure, musique emballée : tout est fait pour donner le frisson du moment entre
les deux personnages.
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Cette idée va se poursuivre après ce prologue,
tout au long du film, mais non pas face à la mort :
face à l’absence d’amour. Dès notre première rencontre
avec Pandora (incarnée par Ava Gardner),
tout est question de regard(s). Attablés, les corps
ne bougent pas et balancent leurs regards entre
le hors-champ et le champ, entre la performance
musicale et les voisin-e-s de table. Sauf que tout
se résume à Pandora, comme l’énonce la voixoff.
Si les personnes sont à cette table, c’est pour
elle. Si bien qu’elle amène avec elle jusqu’au piano,
un prétendant
(incarné par Marius
Goring). Dès que
Pandora commence
à jouer, celui-ci s’accoude
contre le piano,
posant son verre
dessus, et fixant son
corps pour se délecter
du visage de Pandora
– et non pas de
son jeu au piano. Au
point que la demande
en mariage refoulée
devienne un moment
de pur silence, avant de devenir une forme
de vacillement du corps pour, enfin, se plonger
dans l’obscurité extérieure. L’absence d’amour
provoque ici une mélancolie si forte, que le corps
ne peut plus résister et s’écroule. C’est bien ici le
goût du danger qui règne, le goût de jouer avec le
risque pour se sentir vivant. Face à la mélancolie,
Pandora demande à Stephen de l’emmener
faire un tour dans sa voiture,
qui ne comporte qu’une seule place.
Une voiture de course pour une virée « romantique
», de la plage vers le haut des collines.
Cheveux dans le vent, virages pris à toute allure,
musique emballée : tout est fait pour donner le
frisson du moment entre les deux personnages.
Albert Lewin met en scène des corps masculins
qui se livrent totalement au regard de Pandora,
comme si sa seule présence modifiait leur comportement
dans le seul but de l’impressionner
et de la conquérir. Loin de l’érotisme, ce sont
des corps masculins
qui sont pratiquement
dans l’asservissement
pour succomber à
l’amour. C’est dans
cette intention que les
personnages de Stephen
et Juanito vont
se mettre en danger
tout seuls : respectivement
par la fameuse
scène de vitesse automobile
sur la plage,
puis par une scène
de corrida. Les deux
scènes sont très similaires dans leur objectif.
Toutes deux dotées d’une foule qui les regarde
avec intérêt, elles existent surtout pour attiser
le regard de Pandora. Dans le frisson causé
par la mise en danger des personnages masculins,
l’amour naît de la fascination ambiguë
et troublante d’un regard pour un corps.
L’envoûtement onirique.
Cette fascination ne se traduit pas uniquement dans la mise en scène, même s’il est connu qu’Albert
Lewin est surtout un grand metteur en scène. Déjà dans The Moon and Sixpense, son premier
film, le cinéaste avait cette préoccupation du regard qui cherche la beauté en captant les corps qui
gravitent autour, grâce à son protagoniste peintre. Dans Le Portrait de Dorian Gray, Albert Lewin
fait une projection de la noirceur de l’âme humaine, où l’innocence a disparu pour laisser place
à la violence. Les tourments prennent le dessus, dans le cinéma de Lewin. Bien qu’ils soient intimes
et intérieurs, le cinéaste les extériorise et en crée le miroir esthétique. Les tourments des
personnages provoquent les frissons de leur corps, si bien que Pandora s’enfonce seule dans le crépuscule
bleu d’une nuit où elle est à l’origine du suicide de Reggie (incarné par Marius Goring).
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Il faut forcément rappeler que la photographie du
film est le travail de Jack Cardiff (directeur photo
principal des cinéastes Powell et Pressburger), génie
de l’utilisation du Technicolor, qui deviendra
lui-même réalisateur. Il n’est donc pas étonnant
de le voir aux manettes de la photographie de Pandora,
qui possède cette vision exubérante du désir
et des tourments. Avant d’arriver sur ce projet,
Jack Cardiff était déjà reconnu pour avoir réalisé
les cinématographies de Une question de vie ou de
mort, de Le Narcisse Noir, de Les chaussons rouges
(Powell & Pressburger), de Les Amants du Capricorne
(Hitchcock) et de La Rose Noire (Hathaway).
Autant dire qu’il savait très bien comment travailler
la projection de l’imaginaire, très présente dans
le film d’Albert Lewin. Très loin d’être un simple
mélodrame, le film s’appuie sur les désirs
et sur la beauté du paysage, pour
pénétrer au cœur de l’imaginaire. Le
but étant d’obtenir une ambiance très
onirique, où la fascination et l’amour
ne sont pas un état concret ou rationnel,
mais un état résultant d’une expérience
et d’un abandon de soi. C’est
donc l’imaginaire qui s’insinue au sein
même du réel, c’est la beauté qui s’intègre
aux schémas imperturbables du
réel. Il est donc tout autant fabuleux
de voir que Albert Lewin et Jack Cardiff
se soient inspirés des peintures
de Magritte et De Chirico. Seul l’imaginaire peut
être bousculé comme les désirs. Aux airs expressionnistes
et parfois surréalistes, cet imaginaire est
tout le temps en construction et en changement.
C’est pour cela que les corps peuvent frissonner
et devenir mélancoliques. Comme lorsque Pandora
découvre la présence du bateau de Hendrik
van der Zee, telle l’apparition d’un mirage dans
l’arrière-plan, telle une apparition intrigante et
somptueuse au milieu de cette nuit ordinaire. C’est
bien là toute la magie du film : l’imaginaire ne s’applique
pas qu’aux personnages qui gravitent autour
de Pandora, mais elle s’applique également à
la protagoniste elle-même. Elle se retrouve envoûtée
par ce bateau, au point de le rejoindre à la nage
en ayant retiré tous ses vêtements au préalable.
M-G-M
Presents
La photographie de Jack Cardiff consiste ici à
appuyer chaque sensation des personnages,
à appuyer leurs désirs, ainsi qu’à chercher le
romantisme dans un monde errant. Comme
lorsque Hendrik van der Zee arrive à la villa où
habite Pandora, le lendemain de leur rencontre.
Le montage montre la jeune femme jouer du
piano, fenêtre ouverte, entourée de nombreuses
couleurs flamboyantes, comme si elle annonçait
personnellement le ton de la scène. Puis, arrive
Hendrik, en bas des marches, qui ralentit
et s’arrête, s’asseyant sur un parterre de fleurs.
Envoûté par la musique, il reste dans le silence
et s’extasie du moment. Albert Lewin et Jack
Cardiff n’hésitent pas à utiliser du montage parallèle,
captant un nuage bien blanc dans le ciel
d’un bleu profond, comme pour suggérer que
Hendrik est transporté vers un
ailleurs, vers un imaginaire qui
s’ouvre à lui. Irradié par la musique,
il plonge volontiers et avec
délectation dans ce moment poétique
où les couleurs surgissent
de partout, où le soleil éclaire
absolument tout en laissant que
très peu de marques d’ombre.
Aussi peu mais bien présentes,
car il faut préserver cette part
de mystère. Dans l’imaginaire et
l’expressionnisme de Pandora,
l’esthétique est avant tout une
question de symboles et de romantisme. Il ne
faut jamais oublier, en regardant le film, qu’il
s’agit de la rencontre entre une légende et un
mythe. À l’image du décor flamboyant, les costumes
scintillent et s’accordent à cet effet hypnotique
de cette rencontre. À chaque scène avec
Ava Gardner et/ou James Mason, les deux protagonistes
sont vus comme des apparitions envoûtantes,
irréelles. Si la photographie emploie
complètement cet expressionnisme, c’est parce
que le romantisme provient de ces apparitions.
La mise en scène assez fixe d’Albert Lewin participe
à cette hypnose, permettant alors à toute
la symbolique de la cinématographie de se déployer.
Il s’agit de faire brûler les cœurs, de rechercher
leurs battements à chaque instant possible.
Bien loin de l’artifice esthétique, le film
propose le prolongement de l’illusion de l’amour,
entre décadence moderne et vision féerique.
52
Pour aller encore plus loin,
cette romance qui se construit
petit à petit n’est autre qu’un
voyage au cœur de l’imaginaire
/ des rêves. Un trait qui
se poursuit en même temps
que l’hypnose entre Pandora et
Hendrik. Alors que les images
sont à la recherche continue
du beau, dans des fulgurances
graphiques oniriques (à la
frontière du fantastique, parfois),
le prolongement n’est
autre qu’un moyen de laisser
la porte de plus en plus ouverte
aux émotions. Les sensations
se transforment petit à petit
en émotions, à mesure que
l’envoûtement devient total.
Il ne s’agit donc pas vraiment
de laisser l’imaginaire s’inviter
dans le réel, mais plutôt que
les personnages (et leur corps)
acceptent de passer du côté de
l’imaginaire, acceptent de se
laisser porter par l’apparition
du beau et par cette plage aussi
vaste que les corps frissonnent.
COLOR BY
TECHNICOLOR !
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L’emprisonnement dans l’amour fou.
Parce que toute attitude, toute pensée, toute fulgurance esthétique ramène vers la plage... Comme si
tout était contenu dans cet espace aussi vivant que mortel, aussi tendre que dangereux, aussi beau que
sombre. Même si tous les regards se dirigent constamment vers Pandora ou vers Hendrik, il y a toujours
une place (dans l’image ou suggérée dans le hors-champ) pour la plage. Cet espace où des statues sont
égarées, où des ruines apparaissent, où une fête peut se dérouler, où sensualité et querelles peuvent
surgir. Un espace qui semble complètement hors du temps, comme si l’amour qui se crée ne peut exister
que sur cette plage. C’est ici que s’exerce la frontière entre le réel et l’imaginaire. Dans les autres
espaces, ce ne serait qu’une sorte de débordement qui invite les corps mélancoliques à embarquer à
bord de l’envoûtement. Telle la séquence où Pandora découvre l’arrivée du bateau de Hendrik : alors
qu’elle monte des marches avec Geoffrey et Stephen, elle s’arrête et sort du cadre pendant que les deux
hommes continuent. Pandora se dirige vers la plage, comme magnétisée, et plonge dans l’imaginaire
de ce mystère. Un mouvement qui casse totalement la temporalité d’un récit pour en créer un nouveau.
Alors que le temps passe entre la demande en mariage et le jour de celui-ci, l’imaginaire prend
de plus en plus de place. Bien que silencieuse, la plage fonctionne comme une prison. Sauf qu’il
ne s’agit pas d’une souffrance ni d’une torture. Il s’agit du verrouillage du cœur pour un amour
inexplicable, sinon par la fulgurance expressionniste des images, tel un appel surréaliste entre
deux âmes qui se reconnectent parce qu’elles sont liées à travers le temps. Ne filmant que rarement
la plage dans son entièreté, Albert Lewin est en pleine quête de l’infini, comme si l’imaginaire
esthétique était un idéal superbe et destructeur à la fois, dans lequel il faut s’emprisonner.
Dans toute sa filmographie, le cinéaste a abordé le thème de la mort. Dans Pandora, elle apparaît
sous plusieurs formes : que ce soit avec le taureau, avec la tentative de meurtre, avec cette voiture
de course qui prend feu, avec le suicide au début du film, etc. Chaque homme qui courtise
Pandora fait l’expérience de la mort à un moment donné. C’est effectivement parce qu’ils sont
tous condamnés à la voir s’éloigner vers la plage, vers son horizon mystérieux, qu’ils perdent pied.
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La mort est alors l’aboutissement de l’amour fou, lorsque les corps se transportent du réel vers
l’imaginaire, passant de la mélancolie frissonnante vers le verrouillage envoûté. Lorsque Albert
Lewin tient à filmer Ava Gardner légèrement de profil, telle le mythe qui accompagne une
statue, c’est parce qu’il sait que sa protagoniste est dans l’attente de cet envoûtement. Dès
qu’elle commence à se laisser porter par l’imaginaire vers l’amour fou (vers le beau), Pandora
s’éloigne du symbole qu’elle était. Tel un éveil sentimental qui apparaît en même temps que
l’envoûtement et devient de plus en plus extravagant. Il est alors évident de voir que la profondeur
de champ finit par se réduire, tant les gros plans sur Ava Gardner sont de plus en plus
nombreux, que la plage est de plus en plus récurrente, et que Pandora montre petit à petit ses
failles en tant qu’être humain. Le verrouillage que représente la plage n’est en réalité que le symbole
de la liberté ultime : une fuite mystique, sans retour, vers l’envoûtement de l’amour fou.
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Prévu pour courant 2021 en version restaurée.
PANDORA
(Titre original : Pandora and the flying dutchman)
Réalisateur :
Albert Lewin
Année :
1951
Acteurs(rices) principaux :
Ava Gardner
James Mason
Nigel Patrick
Harold Warrender
Sheila Sim
Mario Cabré
Marius Goring
Durée :
2h04
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Les Films
de Noël :
Un Enjeu de
Santé Publique
Par Loïc MARIE (Capitaine Cinemaxx)
Noël : les décorations extérieures, les patinoires, les défilés de
mascottes en pleine rue, les achats, le sapin, les chaussettes sur le rebord
de la cheminée et son feu chaleureux, la perspective des fêtes en
famille et de l’ouverture des cadeaux... Autant d’éléments qui créent
en nous un sentiment de bonheur immense. Mais pas que... Les films de
Noël seraient aussi à l’origine d’une abondante source de joie.
Notre cerveau est le moteur de réactions
chimiques insoupçonnables. Les films de Noël,
notamment, provoqueraient des effets positifs
sur le cerveau humain. En effet, selon des études
menées par la psychothérapeute Joanna Gee, regarder
un « feel-good movie » - ce que sont les
films de Noël par définition -, libère dans notre
organisme, des toxines : de la dopamine et de
l’ocytocine, deux hormones du bonheur.
À quoi servent-elles ? Elles font baisser le stress
et la tension sanguine :
« Des études montrent que l’ocytocine, notre
hormone du câlin est déclenchée lorsque nous
regardons des films réconfortants. Cette augmentation
peut être mesurée dans le sang. […].
Ces hormones ne nous font pas seulement sentir
bien, mais peuvent également diminuer notre
stress, nous amenant à nous trouver en meilleure
santé et à renforcer notre système immunitaire
».
- Noël rime avec Santé -
Regarder Love Actually, Le Grinch ou Miracle sur la 34ème rue, est donc extrêmement bénéfique pour
le corps humain. Au même titre que le sport. Une bonne nouvelle pour celles et ceux qui ont le sport en
horreur.
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- Les liens du cœur -
En 2015, une étude danoise était parvenue au
même constat. Les chercheurs du centre hospitalier
universitaire Rigshospitalet à Copenhague,
avaient démontré que certaines zones
du cerveau s’activaient chez les personnes qui
cultivaient « l’esprit de Noël ».
Les films de Noël inciteraient également au
lien :
« La dopamine et l’ocytocine nous incitent
à nous connecter davantage aux autres. Les
films de Noël sont une occasion de se sociabiliser.
La plupart d’entre eux délivrent des
messages positifs de liens entre les protagonistes
et l’importance de prendre soin de ses
proches.[...].»
C’est ainsi que les spectateurs seraient poussés,
par la suite, à réaliser de bonnes actions :
« Se perdre dans la magie de Noël n’est pas
seulement bénéfique pour son humeur, cela
aide également les autres. » confie Joanna
Gee.
En cette période de crise sanitaire où ce Noël
est plus qu’incertain, nous vous rappelons
l’importance de prendre soin de vous et de vos
proches. Et si ce Noël en famille semble compromis,
n’oubliez pas d’appeler vos parents ou
vos grands-parents. Un geste anodin, à priori,
mais si précieux, dans le fond.
Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire ! Piochez dans notre sélection et enchaînez les films de
Noël. À l’heure du confinement, où la déprime et la morosité s’installent dans notre quotidien,
cela est plus qu’essentiel, c’est un enjeu de santé !
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LA NUÉE
Interview du réalisateur Just Philippot
et de l’actrice Suliane Brahim.
PAR Damien Cinematic Universe.
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Avec un scénario à la croisée des chemins entre un film
des Frères Dardenne et de David Cronenberg, « La Nuée »
sonne comme le renouveau du film de genre en France.
Pour son premier long-métrage, Just Philippot tape dans
le mille, aidé par un casting irréprochable.
Au cinéma le 13 Janvier 2021.
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Synopsis :
Difficile pour Virginie de concilier sa vie
d’agricultrice avec celle de mère célibataire.
Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance
à corps perdu dans le business des sauterelles
comestibles.
Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent
plus : Virginie semble développer un étrange
lien obsessionnel avec ses sauterelles...
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Le film de genre à la française n’a plus à rougir aujourd’hui, preuve en est avec la
maison de production et de distribution cinématographique The Jokers. Les sales
gosses du cinéma français, comme ils aiment se faire appeler, sont en train de mettre
un coup de pied dans la fourmilière. Pour 2021, « The Jokers » présentera « Teddy »
le film de Loup Garou des frères Boukherma et « Ogre » d’Arnaud Malherbe avec Ana
Girardot. Mais c’est « La Nuée », de Just Philippot qui va ouvrir le bal le 13 Janvier
2021 et ce, de manière fracassante.
Pour FOCUS, le réalisateur Just Philippot et l’actrice principale Suliane Brahim (de La
Comédie Française), nous parlent du travail qu’ils ont effectué sur « La Nuée ».
Just PHILIPPOT
Just, quelle a été votre première réaction
quand vous avez reçu le scénario ?
Quand j’ai découvert le scénario de Jérôme Genevray
et Franck Victor, tout de suite j’y ai vu
des plans précis qui m’interpelaient et qui me
donnaient très envie de les mettre en scène. Et
en même temps, j’y ai aussi vu des promesses
dans lesquelles j’allais pouvoir m’engouffrer
afin d’avoir quelque chose à dire. Car ce n’est
pas évident en tant que réalisateur, d’arriver
sur un film dont le scénario est déjà établi et
de se demander, comment intégrer de nouvelles
idées à l’histoire quand celle-ci est si bien
écrite. Je voulais aussi mettre un peu ma patte
dans l’histoire et pas que dans l’image.
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Quelle est, justement, la principale idée que
vous avez apporté à l’histoire ?
Je dirais qu’à la première lecture, j’ai tout de suite
eu envie de faire un pas de côté avec le monstre, en
l’occurrence les sauterelles. Je voulais garder l’essence
du danger provoqué par les insectes, mais
intégrer davantage le personnage de la mère dans
cette dangerosité. Une maman propre sur elle et
investie pour ses enfants, qui d’un coup, vrille pour
une raison mystérieuse.
En ce qui concerne les effets spéciaux
du film, ils ne sont pas que numériques.
Comment les avez-vous pensé en amont ?
Ça a été travaillé de plein de façons différentes.
Dès le début, on savait que l’on devait réussir
ce pont entre le réalisme et le fantastique. Le
scénario était très sérieux, donc il était aussi nécessaire
de rester très sérieux dans sa retranscription
« fantastique » à l’écran. Mais dans ce
réalisme que l’on voulait proche du scénario, il
y avait des choses plus difficiles que d’autres à
mettre en place. Exemple : quand le scénario
explique que Virginie élève des milliers de sauterelles,
on m’a demandé combien d’insectes je
voulais pour le tournage. J’ai répondu bêtement
que j’en voulais des milliers. Là, on m’a dit non,
des milliers à gérer, c’est impossible, ce sera
quatre ou cinq milles, pas plus… À partir de là, il
a fallu trouver des solutions pour montrer cette
abondance, cette nuée de sauterelles, avec seulement
cinq milles d’entre elles. Les plans avec
effets numériques étaient déjà ciblés, mais on
avait pas les moyens de recourir à ce procédé
sur tout le film. Nous avons alors travaillé avec
des effets mécaniques, basiques ou plus aboutis
parfois, sur les effets sonores et aussi sur la
suggestion. Entendre les sauterelles, les sentir
bouger dans ces nasses sans jamais les voir, ça
fait marcher l’imagination du spectateur.
Et pour la partie effets spéciaux numériques,
vous avez travaillé comment ?
Pour les effets numériques, on a travaillé avec
Antoine Moulineau. Il a fait quelques films
confidentiels comme Avatar ou les Batman de
Nolan (rires). Quand j’ai parlé du film à Antoine,
je lui ai expliqué que je voulais tourner le
film comme un documentaire, même les scènes
les plus fantastiques. Je voulais du mouvement
permanent, pouvoir filmer caméra à l’épaule
et surtout, ne pas être gêné par des fonds verts
dans le décor. La seule contrainte que j’ai imposé
aux techniciens des effets spéciaux, était que
ces effets ne devaient jamais ralentir l’action des
personnages. Mon but n’était pas de filmer des
effets spéciaux, c’était de filmer une histoire et
de se focaliser dessus en intégrant les effets derrière.
En résumé, mettre les effets au service de
l’histoire et pas l’inverse. Antoine a tout de suite
compris mes attentes.
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Suliane BRAHIM
Suliane, quelle a été votre réaction à vous,
à la lecture du scénario ? C’est votre premier
rôle principal au cinéma, quel historique
avez-vous donné à Virginie, votre
personnage ?
La première chose qui m’a touché dans le script,
c’est le huis clos de cette famille. Cette mère et
ses deux enfants, qui vivent dans cette ferme,
avec de temps en temps, des personnages. Des
hommes en l’occurrence; comme le voisin, les
acheteurs, etc, qui vont et viennent tout au long
du film, sans forcément s’apercevoir de ce que
traverse cette mère au quotidien.
Et pour le jeu, j’ai été touchée par ce personnage,
cette mère seule, cette femme seule, qui est très
secrète. Et c’est génial de jouer comme ça sur le
secret car ça permet de s’appuyer sur plein de
choses et de laisser son imagination d’actrice travailler.
Et je sentais qu’elle se devait de quelque
chose et de tenir bon, pour ses enfants et pour
son mari, qui lui, n’avait pas réussi.
Ensuite, j’ai rencontré Just. Il m’a expliqué son
regard sur le film, et je lui ai de suite fait confiance.
Vous avez travaillé avec Raphaël Romand
et Marie Narbonne, qui jouent vos enfants
dans le film. Il y a une vraie complicité qui
se ressent à l’écran...
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C’est vraiment une belle rencontre entre nous
trois. Nous avons eu la possibilité, avant le début
du tournage, de vivre quelques jours ensemble
dans la maison. C’était chouette, car cette maison
est vraiment un personnage à part entière dans le
film, on a pu se l’accaparer tous ensemble. Quant
à Raphaël, c’était son premier projet. Dès que
je l’ai vu, je l’ai aimé, il a un charme fou. Pareil
pour Marie, qui a naturellement eu un instinct de
grande sœur avec lui. Tout de suite, on s’est plu
tous les trois et le fait d’être dans cette maison,
à la campagne, dans un environnement calme,
y a joué beaucoup, je pense. Et puis, c’est beau
de voir ces jeunes, au talent encore brut, jouer
comme ça, avec un naturel incroyable et énormément
de générosité.
Est-ce que cela a été particulièrement
éprouvant de tourner avec autant de sauterelles
autour de vous ?
Avant le tournage, on avait fait des essais techniques
et des manipulations avec les sauterelles.
Ça m’a permis de m’y habituer et de me rendre
compte que je n’avais pas si peur que ça. Mais
pendant le tournage, à certains moments, ça devenait
un peu oppressant de les voir s’agiter autour
de moi. Pareil pour les équipes techniques
qui passaient beaucoup de temps dans les serres.
Mais globalement, ça s’est plutôt bien passé. On
a tourné que cinq ou six jours avec les sauterelles,
pour le reste du temps c’était les effets spéciaux
qui prenaient le relais.
L’avis de la rédaction
Le scénario de « La Nuée » mélange avec brio le film sociétal et le film fantastique. Confrontée à la
dureté de la vie paysanne, Virginie va tenter, par tous les moyens, de trouver une solution pour ne
pas mettre la clé sous la porte... Quitte à entretenir une relation étrange et malsaine avec ses sauterelles.
Just Philippot table beaucoup sur l’angoisse et la suggestion, plutôt que sur les effets spéciaux en
CGI (NDLR : effets numériques). Ce parti pris apporte à l’histoire beaucoup plus de réalisme et offre
directement aux spectateurs une plongée dans l’antre de la folie. D’ailleurs, la mise en scène de Philippot
est soignée, dynamique, et la caméra toujours en mouvement, permet d’avoir cette sensation
d’immersion totale au sein d’une famille sur le point de basculer.
Suliane Brahimt parvient à donner une puissante empathie à son personnage, même dans les moments
les plus terribles : Suliane passe alors d’une mère sensible et combattante, à une femme
complètement déconnectée et perdue dans une spirale sans fin.
Comme « Scanner » de Croenenberg ou « The Thing » de Carpenter à leur époque, « La Nuée »
renouvelle une fois de plus le genre fantastique. Une mise à jour moderne qui conserve malgré tout,
les codes fondamentaux du genre. Frissons garantis !
Fiche technique
La Nuée
Réalisateur
Just PHILIPPOT
Scénario
Jérôme GENEVRAY et Franck VICTOR
Avec
Suliane BRAHIM (de la Comédie Française)
Sofian KHAMMES, Marie NARBONNE et Raphaël ROMAND
Sortie le 13 Janvier 2021
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5ÈME SET :
LE TENNIS SELON QUENTIN REYNAUD
PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)
Présenté en avant-première à La Rochelle le lundi 19 octobre et en salles le 30 décembre,
le quatrième long-métrage de Quentin Reynaud, 5ème set, nous plonge au cœur du milieu
tennistique. Il met en scène le personnage de Thomas Edisson (Alex Lutz), ancien espoir,
qui va relever un dernier challenge : participer au tournoi de Roland Garros.
À cette occasion, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le réalisateur du film et
le comédien Alex Lutz. Une rencontre intime, passionnante.
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QUENTIN REYNAUD
Qu’est-ce qui a motivé le choix de réaliser un film sur le milieu du tennis et
de mettre en scène cet ancien espoir du tennis français, brisé par des blessures,
dont le désir est de sauver son honneur ?
J’étais joueur de tennis, et j’ai toujours pensé que les films qui parlaient réellement de la psychologie
et de la difficulté physique que les joueurs de tennis pouvaient affronter, étaient rares. Le tennis, en
tant que sport, nous l’avons vu dans différents films. On en parle assez souvent comme ce fut le cas
avec le récent Terre Battue, Match Point, The Battle of Sexes ou encore Borg McEnroe. Mais nous
sommes ici, soit dans un duel, soit dans un fait sociétal. Avec 5ème set, je voulais rentrer dans la tête
de mon personnage et, quoi de plus intéressant que de rentrer dans la tête d’un personnage qui a eu
de fortes désillusions, a été un grand espoir, n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû mais qui en fin de
parcours, ressent le goût du sang, commence à regagner quelques matchs et se reprojette 20 ans plus
tôt. Il se bat contre son passé. Pour progresser.
Et justement, cette idée de mettre en scène le
film de ce point de vue là, elle est née d’où ?
Elle s’est nourrit de la mythologie tennistique.
C’est un patchwork de tout un tas
d’histoires que j’ai entendues plus ou moins
proches de moi. C’est aussi un sujet assez
universel, ce sont les histoires les plus dramatiques,
ce genre de joueurs qui sont promis
à des avenirs flamboyants et qui, au final,
s’écrasent. Quelque part, c’est ce qu’il
y a de plus intéressant, d’un point de vue
cinématographique. Je pourrais citer des
joueurs mais ça ne serait pas très honnête
car je me nourris tout autant de Andre Agassi
que de Jimmy Connors, de Richard Gasquet
que de Paul-Henri Mathieu ou d’autres
joueurs plus récemment. C’est vraiment une
connaissance de la matière tennistique et,
quand j’en presse un peu le jus par rapport
aux drames que ça crée, c’est cette histoire
qui en ressort.
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Dans 5ème set, on ressent quelques
influences cinématographiques,
Black Swan ou même Rocky, cela a
été des inspirations à l’écriture ?
Oui et non. Les inspirations, elles sont multiples.
J’ai essayé de ne pas m’attacher. On parle
de Darren Aronofsky, ce n’est pas forcément à
Black Swan auquel je pense - même si Black
Swan en est une -. Évidemment, il y a toute la
mythologie du film de sport mais je pourrais
citer tout au temps Raging Bull - par rapport
à la manière dont je l’ai filmé - que The Wrestler
- dans la manière où j’étais proche de mon
personnage. Si j’avais une référence à donner :
The Lost City of Z de James Gray. Rien à voir,
certes, mais pour autant, c’est un peu ce genre
de personnages (Percy Fawcett) que je trouve
fascinant, qui va chercher une ville, une sorte
d’Eldorado. Le principe même de l’Eldorado,
c’est qu’il n’existe pas ou, s’il existe, on ne le sait
jamais. Et moi, ce que je vois dans le personnage
de Thomas Edisson, c’est qu’il va chercher cet
Eldorado, qui est toujours plus loin, un Eldorado
qu’il n’a pas su toucher lorsqu’il avait 17 ans.
Il est persuadé qu’il va y revenir, et il ne l’atteindra
sans doute jamais parce que la satisfaction
d’avoir assouvit son objectif n’est, pour ce type
de personnage, jamais atteinte.
« On partage une même appréhension
du doute. Permanente.
Et du manque de confiance de
l’objectif jamais assouvi. Ce
n’est pas pour rien qu’il y a ce
rôle que j’ai écrit et que lui l’interprète.
C’est quelque chose
que l’on partage et que l’on partagera
toujours. Quoi qu’il arrive,
Alex Lutz - et il ne le dira
jamais parce que je le connais
-, ne parle que de ses doutes
et de la peur de ne pas réussir
quelque chose, de ne pas être à
la hauteur. »
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ALEX LUTZ
Accepter d’incarner Thomas Edisson,
c’était aussi pour le challenge
physique qu’imposait le rôle, outre le
personnage qui est très puissant ?
C’est surtout pour la puissance du rôle. Après,
quand il y a le challenge physique en plus, c’est
super. Cela aurait été un simple challenge avec
un rôle compliqué, une structure du film pas
bonne, un scénario faible, ça ne servirait à rien.
C’était parce que le film et sa structure me plaisaient
beaucoup.
Est-ce que vous jouiez au tennis
avant de tourner 5ème set ?
Je ne jouais pas au tennis et je ne joue toujours
pas beaucoup mieux (rires). J’ai vraiment appris
pour le film. Ce n’était pas gênant, Quentin
était très clair avec ça. J’aurais été un excellent
joueur, ça n’aurait pas été suffisant pour
ce qu’on avait à faire. On parle d’un joueur qui
est 250ème mondial, c’est un joueur avec un
niveau de jeu inouï, mais il fallait qu’on voit des
failles dans son jeu.
Par contre, j’ai subi un vrai entraînement, un
travail physique avec 4-5h de sport par jour,
pendant plusieurs mois. J’ai adoré. On divisait
mes séances en sport normal et en chorégraphies.
Puis, soit j’imitais les choses de ma doublure,
soit je rentrais à la fin du plan ou l’amorçais,
soit j’étais au milieu. Je réalisais certaines
frappes dans la caméra et pleins de petites
choses telles que le rattrapage de balles. C’est
tout bête hein, rattraper une balle, prendre une
balle à son ramasseur de balle, néanmoins, il
fallait que dans la façon de la prendre, j’ai l’air
d’un vrai joueur qui a 30 ans de tennis derrière
lui. Il fallait que ça soit crédible jusque dans ces
petits détails. Et ça rentrait malgré tout dans
des périodes d’entraînement.
Est-ce qu’il y a une scène qui a été
particulièrement difficile à tourner ?
Il y a en eu plusieurs, qui ont toutes des particularités
différentes. Bizarrement, ce n’est
pas dans le travail de renforcement musculaire.
Moi, je me suis pété les genoux.
Ça me renvoyait dès lors à des choses qui n’ont
pas été des périodes faciles, où il fallait rester
en forme par rapport à la scène. J’avais des
échéances de scènes, avec un corps cassé, et ça
me renvoyait à des choses que je savais fortes
émotionnellement, mais dont je ne pensais pas
qu’elles remueraient de les toucher à nouveau.
Donc, ce n’est pas les scènes physiques
qui ont été les plus dures à tourner...
Paradoxalement, non. Même si j’avais peur
2-3 fois, j’ai pu en parler avec Quentin. Il savait
comment s’y prendre.
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C’est d’ailleurs votre second long-métrage
avec Quentin. C’est quel type de
réalisateur ?
J’ai même envie de dire que c’est le premier film
avec Quentin. Le premier film était une entité à
deux, c’est du coup très différent parce que j’avais
à faire à Arthur (le co-réalisateur) et à Quentin.
J’avais beaucoup aimé ses qualités de précision
et de vision artistique. Je trouvais que c’était un
super directeur d’acteurs, qui a une gourmandise
de l’acting. On se plaisait bien. Et c’est resté. Je
savais cette affaire de tennis dans sa tête depuis
longtemps, et quand nous nous sommes revus,
on parlait et les choses se sont doucement mises
en place pour que ce soit possible. Je le dis sans
flagornerie, je le suivrais au bout du monde sur
un projet. Ce n’est pas tout le temps. Parfois, vous
êtes très content : « J’ai tourné avec un tel, c’était
génial ». Là, c’était plus que génial…
Il y a une sorte d’alchimie entre vous…
Ouais, on se pige bien, on se fait confiance, y’a un
truc émotionnellement qui matche. Quand ça arrive,
c’est rare. C’est suffisamment remarquable
pour le soupeser et se dire « c’est classe ! ».
Et vous, Quentin, c’était une évidence
Alex pour le rôle de Thomas ?
On partage une même appréhension du doute.
Permanente. Et du manque de confiance de l’objectif
jamais assouvi. Ce n’est pas pour rien qu’il y
a ce rôle que j’ai écrit et que lui l’interprète. C’est
quelque chose que l’on partage et que l’on partagera
toujours. Quoi qu’il arrive, Alex Lutz - et
il ne le dira jamais parce que je le connais -, ne
parle que de ses doutes et de la peur de ne pas
réussir quelque chose, de ne pas être à la hauteur.
Moi aussi, c’est un truc qui me fait flipper, à un
point phénoménal. Qui me fait flipper mais qui
me rassure en même temps. Cela me fait peur,
car je me dit que peut-être, de mon vivant, je
n’arriverais jamais à faire ce dont j’ai envie... c’est
quoi l’objectif final ? Lorsqu’on me confie « C’est
extraordinaire, 5ème set est un chef d’œuvre »,
je suis encore plus mal. Je préfère qu’on me dise
que ce n’est qu’un début. J’aime bien me dire,
moi, que ce n’est qu’un début sur un parcours
que l’on construit tout au long de sa vie. Au final,
c’est quoi ? C’est peut-être essayer, à la fin
des fins, de réussir à se construire un visage, une
sorte d’image, avec des échecs, des balafres, une
gueule. C’est très bizarre ce que je vous ai dit,
mais voilà...
Alex : On partage ça, le goût du chemin... C’est
fatiguant. On tombe, on recommence, mais je
n’échangerais cette expérience contre pas beaucoup
d’autres. Si on me donnait la possibilité
d’être au top du top à seulement 21 ans, je la refuserai.
C’est formidable un chemin.
Interview à retrouver en intégralité sur le site internet :
capitainecinemaxx.fr
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5ÈME SET
AVIS DE LA RÉDACTION
Pour son quatrième long-métrage, Quentin Reynaud se « sépare » de son acolyte Arthur Delaire
pour réaliser, seul, 5ème set, un film sur le tennis en partie inspiré de sa propre expérience. On y
suit le personnage de Thomas Edisson, dont la carrière n’a jamais vraiment décollé. Pourtant, 17 ans
plus tôt, il était l’un des plus grands espoirs de ce sport en France. Mais une défaite en demi-finale l’a
fortement marqué, ainsi que des blessures. Il stagnera ensuite dans les profondeurs du classement.
Aujourd’hui professeur de tennis pour enfants, Thomas refuse pourtant d’abdiquer. Il se prépare
pour le tout dernier défi de sa carrière, participer au tournoi de Roland-Garros. Il est désormais
envahi par un désir de sauver son honneur et se lance à fond dans ce dernier challenge, malgré la désapprobation
de ses proches dont sa femme Ève et sa mère Judith. Thomas est d’autant plus motivé
qu’il voit s’entraîner Damien, 17 ans et lui aussi enfant prodige du tennis.
De prime abord, le sujet tennistique n’est pas le sujet cinématographique le plus emballant qu’il soit.
Pourtant, Quentin Reynaud parvient à transformer sa thématique en une véritable aventure humaine
et philosophique sur le désir, le courage, l’abnégation et la passion. Le tennis n’est que la toile
de fond d’une histoire intimement plus complexe où se côtoient l’envie et la jalousie avec une proximité
dont Edisson devra en déterminer les conséquences, en affrontant ses peurs les plus profondes.
5ème set, c’est un film qui appuie sur les émotions pures, met en exergue les difficultés financières,
familiales, amoureuses, et révèle l’aspect manichéen de la volonté, tantôt ambitieuse, tantôt nuisible.
Toutes ses qualités scénaristiques sont retranscrites dans une réalisation au plus proche de
ses héros. La caméra filme souvent les personnages en gros plan, afin d’accentuer les troubles, les
joies, les peines qui les habitent. Ainsi, le spectateur peut ressentir chaque sensation qui se niche au
sein des protagonistes, les comprendre, les analyser. C’est comme cela que Quentin Reynaud nous
touche émotionnellement, que son film nous ébranle pleinement.
Alex Lutz délivre, lui, une magnifique performance et, prouve (une fois encore) qu’il est un acteur
avec une réelle intensité dramatique.
Beaucoup d’humoristes ne parviennent jamais à transcender leurs figures comiques, lors d’interprétations
dramatiques. On attend la vanne. Elle se lit trop aisément sur leur visage. Chez Alex Lutz,
rien ne transparaît. Son visage se dessine selon le propos du film. Dans 5ème set, son visage est
grave, puissant, et le spectateur ne pense pas à l’humoriste. Il voit l’acteur. L’interprète de Guy sait
tout jouer, et 5ème set est une nouvelle pierre à l’édifice d’une grande carrière.
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Hommage à Sir. Sean Connery
PAR Jean Damiens
Mourir au Bahamas, dans son sommeil, il n’est
pas de meilleure façon que de savoir Sean
Connery s’en être allé. Au service de sa majesté
au début de sa carrière, c’est en revêtant son
élégant costume de James Bond que le Monsieur
s’est fait connaître. Ah, les années 60…
Ça avait son charme quand même. L’avènement
de cette franchise, le britannique sur les
plateaux télés pour afficher sa gueule d’ange.
Néanmoins, cataloguer l’acteur à ce rôle iconique
serait réducteur. Pas De Printemps
Pour Marnie, Le Crime De L’Orient Express,
L’Homme Qui Voulu Être Roi, Un Pont Trop
Loin… Ses rôles dans ces films là comptent aussi.
Oui, le Monsieur savait jouer. Et expérimenter
aussi. Impossible de ne pas penser à cette
rencontre avec Sydney Lumet et leur première
collaboration avec La
Colline des Hommes
Perdus. Inimaginable
de ne pas songer
à l’expérience de le
voir tourner dans un
film russe, La Tente
Rouge, mis en scène
par Mikhail Kalatozov,
où il donne la réplique
à Claudia Cardinale.
Et l’on oublie pas le
western Shalako, réalisé
par Edward Dmytryk, où il se bat contre des
indiens à la lance, en draguant Brigitte Bardot.
Puis vient le moment de se défaire de son image
trop sage et trop lisse, parfois. Comme avec Zardoz
de John Borman. Un deuxième Lumet, en
l’occurrence Le Dossier Anderson. Traitre Sur
Commande également, de Martin Ritt, basé sur
des faits réels... Tous ces rôles, éloignés de son
smoking et de son Aston Martin, ont aussi leur
importance. Une période creuse, mais pas forcément
inintéressante pour autant. Toujours chez
Lumet, avec The Offense, thriller noir, glaçant
et étouffant, où la scène d’ouverture longue de 5
minutes plante définitivement le décor : James
Bond… C’est terminé. Puis, quitte à casser son
image, autant y aller à franchement.
En Robin des Bois vieillissant dans Robin & Marianne,
ou en guerrier berbère dans le Le Lion &
Le Vent, Sean est convaincant. Toutefois, l’un de
ses plus beaux rôles sera obtenu dans L’Homme
Qui Voulu Être Roi. Prestation incroyable, décors
grandioses, scénario spectaculaire et mise
en scène impeccable, transforment alors l’acteur
en icône… En tout cas, pour un moment.
Les années 80 seront plus riches encore. Le
Nouvel Hollywood étant passé par là, et avec la
démocratisation des films à grand public, l’interprète
va renaître, encore une fois, que ce soit
dans Outland ; Cinq Jours Ce Printemps-Là ;
Bandits… Mais quand l’acteur devient mentor,
cela donne des films tels que Au Nom de la Rose,
Highlander, ou encore Les Incorruptibles. Puis
viennent les années 90, où on assiste au retour
de Lumet avec Family
Business ; À La Poursuite
D’Octobre Rouge ;
La Maison Russie, adapté
de John LeCarré… Et
puis, Indiana Jones et
La Dernière Croisade.
Et de façon non exhaustive,
le retour aux
films d’action avec The
Rock pour Michael Bay,
le retour de la posture
de mentor pour Haute
Voltige, du doublage aussi, avec Cœur de Dragon,
où il prête sa voix à l’acolyte de Dennis
Quaid… En somme, des œuvres qui sonneront
l’heure de tirer sa révérence dans un dernier
grand rôle, celui d’À La Rencontre de Forrester,
annonciateur d’une retraite anticipée.
À sa mort, il a été impossible de ne pas être marqué
par l’annonce. Le pincement au cœur pour
tout cinéphile était là, présent, violent même.
Le style, le charme, le charisme se sont envolés
comme l’ère qu’il a représenté, écrit Daniel Craig,
en hommage à l’acteur. Ce soir-là, Prime Video
illumine le salon pour un ultime adieu, Henry
Jones Senior donne comme conseil à son fils,
Indiana : Let It Go. Le moment est donc venu.
Adieu. Et merci.
74
DAvid
PRoWSE
1935
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2020
PAR
Jean Damiens
et
Loïc Marie
(Capitaine Cinémaxx)
75
Broyé par les éclairs de l’empereur pour sauver
son fils Luke d’une mort certaine, c’est ainsi que
nous avions laissé Dark Vador pour la dernière
fois sous l’ère David Prowse.
Depuis « La Guerre des Étoiles », l’acteur lui
prêtait ses mensurations gigantesques de culturiste,
puisque c’est ce que le bonhomme était. Un
grand gaillard d’un mètre quatre-vingt dix-huit.
Il aura su effrayer plus d’une personne en 1977,
avec la sortie du tout premier Star Wars, et devenir
l’inoubliable présence physique de Dark Vador
dans le coeur des fans.
Une première en tout point cette année-là. Première
fois que Prowse est enfin crédité au générique
dans un premier rôle marquant, pour une
première incarnation qui deviendra par la suite
iconique… Tout était réuni.
Mais lorsque le destin s’en mêle, tout s’effondre.
George Lucas sera le premier à mettre son grain
de sable dans les rouages de Prowse, en faisant
redoubler le comédien par James Earl Jones. Le
metteur en scène n’aurait pas apprécié la voix de
David Prowse ; ce qui causera un problème parmi
d’autres, qui, ensemble, désaxeront tous les
astres auparavant alignés pour Prowse.
En effet, pour conclure sa trilogie, Georges Lucas
choisit le comédien Sebastian Shaw pour prêter
les traits du visage d’Anakin Skywalker dans Le
Retour du Jedi, lorsque ce dernier retire son
casque pour une ultime rédemption poignante.
Toute une progression détruite alors que l’enchaînement
était parfait...
En souffrant de ne pas avoir pu incarner pleinement
son rôle, il sera finalement interdit de toutes
les conventions Star Wars. Plus de fan, plus de
photo, plus d’autographe. Ne priez plus pour les
dieux et ils cesseront d’exister, disait l’autre.
Difficile de ne pas faire le rapprochement entre
cette carrière et la vie du personnage qui enfilera
l’armure par la suite.
Néanmoins, résumer la carrière de David Prowse
à Dark Vador serait une hérésie. Au-delà de Star
Wars, l’acteur aura tourné dans plus de 80 films,
téléfilms et séries télévisées comprises.
De Orange Mécanique de Stanley Kubrick en passant
par son interprétation du Monstre de Frankenstein
dans les films d’horreur de la Hammer,
David Prowse a connu un parcours assez atypique
au sein d’Hollywood, tournant aussi bien
dans des chefs-d’oeuvre que dans des séries B.
Il aura même supervisé l’entraînement de Christopher
Reeves pour le film Superman de 1978,
avec un programme de culturisme intense afin de
permettre à Reeves de prendre 14kg de muscles
en seulement deux mois.
David Prowse pourrait se résumer parfaitement
en ces mots :
Lui qui avait le choix entre Chewbacca et Vador,
il justifiera sa décision en déclarant que «tout le
monde se souvient du méchant». Et le pire, c’est
qu’il avait raison.
Salut l’artiste.
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Idées Shopping
La rédaction de FOCUS vous propose quelques idées
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Pour célébrer le le 35 35 ème anniversaire de la la Trilogie
«« Retour vers le le futur », », Universal Pictures
Vidéo sort deux coffrets de de la la trilogie en version
4K, 4K, un un coffret Collector et et un autre Ultra-Collector.
- Le - Le coffret collector est composé de de 3 SteelBooks
(la (la trilogie en en 4k 4k + + BluRay + 11 BluRay Bonus) et et
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d’une réplique miniature d’un Hoverboard (qui
vole vraiment !). !).
129€99 (prix conseillé)
-Le -Le coffret Ultre-Collector se se présente dans une
boite représentant les les Circuits Temporels et et il il est
aussi composé des 33 SteelBooks. La partie Ultra-Collector
se se trouve dans d’un Boîtier Design
“Cassette VHS” contenant : : le le Script en français
du du 1er 1er film (60 pages), Un poster chronologie des
33 films, Gibson mediator, Carte Lenticulaire de
la la famille, Carte Lenticulaire de de la la tombe de DOC
&& CLINT, Carte postale inauguration de l’horloge,
Extraits de de journaux, Dolorean BluePrint,
Magnet BTTF 1, 1, L’Almanac.
199€99 (prix conseillé)
77
DOUBLE VINYLE + CD
« Kaamelott - Premier Volet ».
- Regular Production -
Kaamelott, pour la première fois en disque. La
bande originale de Kaamelott – Premier Volet,
le premier film de la trilogie cinématographique
de la saga créée par Alexandre Astier.
Composée et orchestrée par Alexandre Astier,
elle réunit 115 artistes : l’Orchestre national
de Lyon dirigé par Frank Strobel, le Chœur de
chambre Spirito, les solistes Cyril Dupuy (cymbalum),
Gabriel Rignol (théorbe) et Alexandre
Astier lui-même (piano, guembri, ghungroo,
cajón, dholak, hulusi). Format Double Vinyle
180g + CD.
26€99 (prix conseillé)
Coffret Collector Intégrale Blu-Ray
«K 2000».
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David Hasselhoff et sa voiture parlante K.I.T.T,
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RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC AVEC
LE LE COSTUME ILLUSTRATOR
DE DE LA LA SÉRIE SÉRIE
DAVID MASSON
PAR Loïc Marie
PAR Loïc Marie
(Capitaine Cinemaxx)
(Capitaine Cinemaxx)
Traduction
Traduction
Trystan Doré
Trystan Doré
80
Elle sera la toute première série des Studios Marvel de l’ère Disney +, WandaVision
sera disponible le 15 janvier prochain sur la plateforme de streaming.
À cette occasion et pour fêter cette grande première avec les fans de Marvel, nous avons
pu nous entretenir en exclusivité avec David Masson, costume illustrator.
Ensemble, nous allons décrypter l’élaboration des costumes de la série...
Vous avez récemment travaillé en tant
que costume illustrator sur la série Marvel
WandaVision, et vous êtes en ce moment-même
sur Thor : Love and Thunder.
Travailler pour Marvel, c’était un
rêve d’enfant ?
En vérité, je n’ai pas grandi en lisant les comics
Marvel. J’étais surtout entouré des Tintin, Asterix,
Lucky Luke et plein d’autres BD françaises
ou belges. J’ai découvert Marvel et leur Cinematic
Universe en regardant le premier Gardiens
de la Galaxie, que j’ai adoré et qui m’a fait accrocher.
Par la suite, j’ai commencé à travailler
dans l’industrie du cinéma et travailler sur un
film Marvel était alors un des buts que je voulais
absolument atteindre. Travailler sur la première
série Marvel Disney +, et à présent travailler sur
Thor : Love and Thunder avec une équipe exceptionnelle,
était un véritable honneur.
Quel a été précisément votre travail sur la
série WandaVision ?
J’étais l’un des Costume Illustrators de la série,
ce qui veut dire que je créais les illustrations et
les designs sous la supervision du Costume Designer
Mayes Rubeo. C’est un exceptionnel Costume
Designer qui a travaillé sur plein de grands
films : Apocalypto, Avatar, Thor Ragnarok, et
Jojo Rabbit. Je l’ai rencontré en travaillant sur
le film MouseGuard qui a malheureusement été
annulé, et je travaille actuellement avec elle sur
le prochain film Thor.
WandaVision a l’originalité de s’inspirer
des sitcoms américaines à l’ancienne.
Quelles ont été vos inspirations pour
créer ces vêtements et costumes ?
Nous nous sommes directement inspirés de certaines
émissions de cette époque et avons regardé
ce qui était à la mode à ce moment puisque la
série se déroule dans les années 60, 80, et ainsi
de suite. Nous avons fusionné des vêtements
originaux de ces périodes spécifiques tout en
incorporant les couleurs de chaque personnage,
par exemple du vert et du jaune pour Vision.
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La première partie de la série sera,
semble-t-il, diffusée en noir et blanc,
comme le suggère la bande-annonce. Estce
que vous faisiez quand même attention
aux couleurs lorsque vous illustriez les
costumes ?
Tout à fait ! La plupart des costumes de ces épisodes
étaient illustrés par Jonay Bacallado, un
grand illustrateur espagnol. Quand nous faisions
ces illustrations, nous utilisions comme
références des émissions datant de la même année
que celle où se dérouleront les épisodes de
la série. Les couleurs et les formes des costumes
ainsi que les couleurs utilisées sur les tournages
étaient méticuleusement choisies en fonction
des émissions des années 60 et nous avons utilisé
l’ingénierie inverse afin de voir comment ils
créaient leurs costumes et plateaux à l’époque
pour que cela rende bien en noir et blanc.
Dans la bande-annonce, on peut voir que Wanda et Vision portent les costumes des
anciennes BD. Le costume rouge pour Wanda et le costume jaune et vert fluo pour Vision.
Il y a un côté très cosplay dans leurs tenues. Comment ont-elles été imaginées et
conçues ?
C’est exactement ce que nous avons fait ! Nous avons commencé par regarder des cosplayeurs en
conventions, et avons trouvé un équilibre entre ce qui était cool mais aussi simple à fabriquer à la
main. Les tissus utilisés et la simplicité des silhouettes étaient très importantes, tout comme arriver
à créer un design donnant l’impression qu’ils auraient pu le créer eux-mêmes.
Sans spoiler, peut-on s’attendre à voir
Wanda et Vision dans d’autres costumes,
inspirés des comics ?
En effet, nous avons pu apercevoir un des costumes
qu’ils porteront dans la série, comme dit
précédemment : en hommage aux comics. Participer
au designing de ces costumes était très
amusant et il y aura d’autres costumes qui, je
pense, plairont au public.
82
Sans spoiler, peut-on s’attendre à voir Wanda et Vision dans d’autres costumes, inspirés
des comics ?
En effet, nous avons pu apercevoir un des costumes qu’ils porteront dans la série, comme dit précédemment
: en hommage aux comics. Participer au designing de ces costumes était très amusant et il
y aura d’autres costumes qui, je pense, plairont au public.
On peut également voir, dans cette même
bande-annonce, que Vision portera le
costume de super-héros qu’il avait dans
la saga Avengers. Avez-vous fait des retouches
visuelles sur ce costume ou serat-il
identique à celui des films ?
Je ne peux pas donner trop d’informations à ce
sujet, mais il s’agissait bien du costume que l’on
voit dans Avengers.
Lorsque vous êtes arrivé sur la série
WandaVision, aviez-vous la possibilité de
dessiner/créer tout ce que vous vouliez,
ou aviez-vous des indications précises à
suivre ?
Cela dépendait des costumes, sur certains
d’entre eux, Mayes me donnait des références
et une idée globale de ce qu’elle attendait, et sur
d’autres elle avait des idées très précises. Je ne
peux pas donner d’exemple pour le moment,
mais en ce qui concerne les costumes, j’étais
libre d’explorer. Une autre contribution créative
fut celle de l’Assistant Costume Designer Joseph
Feltus, qui apporta beaucoup de bonnes idées
sur de nombreux costumes.
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Lorsque vous dessinez des costumes pour
un film ou une série, est-ce que vous travaillez
en collaboration avec les costumiers(ères)
afin de savoir ce qu’il est possible
ou non de réaliser ?
Absolument, tout comme nous travaillons avec
d’autres départements qui travaillent aussi sur
les costumes en question. Quand nous abordons
un nouveau costume, nous faisons attention à
l’importance qu’aura ce costume ainsi que les
différentes parties qui le composent. Certaines
peuvent être imprimées en 3D, d’autres peuvent
impliquer des sculpteurs, ou même des accessoiristes
contribuant à certains éléments. Aussi,
nous avions des essayages avec les acteurs, ce
qui nous a permis de voir ce qui allait et ce qui
n’allait pas. À partir de là, nous prenons des photos
qui servent de base à mon travail et je peux
alors faire les changements ou ajustements nécessaires.
Par ailleurs, pour certains costumes, la mobilité
est très importante si l’acteur qui les porte doit
jouer une scène d’action. Je dois faire en sorte
que tout ce que j’illustre pourra fonctionner correctement
et être confortable pour l’acteur ou le
cascadeur.
En quoi cette série sera t-elle différente des autres séries Marvel ?
Je ne peux pas entrer dans les détails mais ce sera une série très spéciale, qui sortira du lot des autres
films Marvel en termes de style et d’approche. Je pense que les créateurs de la série ont pris un pari
risqué, celui de tourner dans le style des années 60/70 comme on peut voir dans la bande annonce,
mais les fans seront agréablement surpris de la manière dont la série va se dérouler.
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PLUS BELLE LA VIE
Dans les coulisses du prochain prime
PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)
Le 15 décembre prochain, France 3 et Plus Belle la Vie offriront un merveilleux cadeau de fin
d’année à leurs fans : un nouveau prime. Intitulé « Évasions », ce prime s’annonce survolté
puisqu’il verra Mila, Luna et Claire, tenter de faire évader Mouss de la prison des Baumettes.
Mais elles ne seront pas seules puisque Pavel sera également de retour pour leur venir en
aide.
À l’occasion de la diffusion prochaine d’« Évasions », nous avons pu rencontrer le comédien
Laurent Hennequin alias Andrès/Pavel, qui sera au cœur de cette nouvelle intrigue.
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Pavel est de retour dans Plus Belle la
Vie depuis le 26 novembre dernier,
pouvez-vous nous en dire davantage
sur les conditions de votre retour ?
Avez-vous eu des exigences particulières
pour ce retour ?
J’aurais eu des exigences, si je n’avais pas été
en confiance. Je le suis définitivement dans
cette série. J’avais des souhaits, et non pas
des exigences. Il y avait d’abord une envie de
récurrence pour mon personnage mais qui
ne me convenait pas. Toutefois, pour la première
fois de ma vie, je me suis posé la question.
Ce rôle est tellement intéressant que
si ce n’était pas Plus Belle la Vie à Marseille
mais à Paris, je pense que j’aurais accepté.
Outre cet aspect, mon seul souhait était de
rester en qualité, rester dans la même veine
de ce qui a été fait jusqu’à présent avec mon
personnage. J’avais besoin que Pavel reste un
protagoniste riche.
Votre retour s’est mêlé autour de l’intrigue Mazelle-Mouss. Vous avez pris ce dernier
sous votre aile et, vous vous êtes confronté à un autre méchant emblématique de Plus
Belle la Vie, le Docteur Livia, incarné par Philippe Granarolo. Comment s’est passée
votre rencontre avec Philippe ?
Merveilleusement bien. C’est un sublime comédien. Il est aussi attachant et gentil dans la vie qu’il
peut incarner un type totalement désaxé et fou. Je salue le talent de certains comédiens qui débarquent
sur PBLV parce qu’on ne se doute pas à quel point c’est compliqué. Livia est un méchant
tel que je les aime. Il y a dans le jeu de Philippe, à la fois du Anthony Hopkins et du Ben Kingsley. Il
n’a pas la carrure pour faire un méchant dur physiquement, alors il joue sur l’aspect désaxé, imprévisible
et flippant. Il le joue parfaitement. Dans la vie, c’est une personne adorable, bosseuse comme
je les adore. Pour l’instant, à l’heure où je vous parle, nous n’avons pas eu beaucoup de scènes ensemble,
mais pendant le prime et post-prime, j’ai des séquences incroyables avec lui.
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Vous serez au cœur du prochain prime, Évasions, que peut-on
attendre de ce prime ? Et qu’est-ce qui pourrait changer pour
votre personnage ?
Le titre du prime est à la fois très révélateur
mais aussi très flou.
Concernant Andrès/Pavel, nous allons aller
encore plus loin dans la personnalité d’Andrès
et de Pavel. Il y avait une certaine affection
pour Andrès de la part du public, notamment
parce que je lui avais donné une humanité au
regard de son passé, là, nous l’avons laissé
longtemps en prison. Ce type a eu deux respirations
dans sa vie : toute la première partie
de sa vie qu’on ne verra jamais, avant que sa
famille ne soit tuée, puis, la seconde, c’est sa
rencontre avec Luna. D’ailleurs, son histoire
avec elle était une tentative d’évasion. S’évader
de Pavel. Une tentative ratée.
Entre ces deux moments, il y a son passage
en prison, suite à l’assassinat de l’autre Pavel.
Il n’en est pas sorti indemne.
Les gens vont s’apercevoir qu’il est prisonnier
de ce personnage de Pavel. En prison,
on doit adhérer rapidement à des codes et,
plus on monte en hiérarchie, plus certaines
choses sont interdites : l’amour, l’amitié, l’attachement,
la famille. Ce qui a changé depuis
qu’on m’a laissé, c’est que personne ne
connaissait le visage de Pavel, désormais, on
sait qui il est.
On va alors découvrir un Pavel qui redevient
l’animal. Pour survivre.
On va voir la part sombre de Pavel, que luimême
ne soupçonnait pas. Il devient plus
manipulateur que jamais. Tous les curseurs
vont être montés à 100 : la violence, l’amour,
et tout ce qu’il est capable de faire, y compris
ce qu’il peut le perdre, tout ça va être poussé
au max !
Néanmoins, il va avoir la mauvaise idée de
renouer des liens avec Luna parce qu’il en est
fou. Et comme cet amour est très très fort, il
va repartir au quart de tour. Cela va le mettre
en danger. Pavel sera en dualité avec ce qu’il
doit être, un caïd qui impose le respect, et
l’humanité d’Andrès.
Le Prime est influencé par la série
Prison Break, doit-on s’attendre à la
préparation d’une évasion sur plusieurs
jours ?
Oui, bien sûr. Votre article sera publié le 10
décembre et les spectateurs auront déjà commencé
à voir le début d’un plan. Après, est-ce
que moi je vais m’évader ? Ce qui est prévu,
c’est l’évasion de Mouss. Mais pour reconquérir
Luna et me réhabiliter auprès d’elle,
j’accepte de les aider et de préparer cette évasion.
Me concernant, Pavel est un serpent,
donc... (suspense).
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Je repense à cette image à la fin de
la bande-annonce, où Pavel, Mouss,
Livia et l’ex petit-ami de Sabrina, se
retrouvent ensemble face à d’autres
personnages dont on ignore les identités
et je me demande comment tout
ce beau monde a pu se réunir pour
s’évader...
Quand on est en prison, et que l’on vous propose
une opportunité, il y a cinquante autres
prisonniers qui vont vouloir se ruer dessus.
Il faut être les premiers, ne pas se faire planter,
il faut savoir pourquoi c’est toi qui va
prendre ce cadeau et pas un autre, il va falloir
le défendre parce que, lorsque tu as un cadeau
pareil, tout le monde le veut. Cette évasion,
beaucoup de détenus vont vouloir en
profiter. […] Il y aura énormément de belles
surprises dans ce prime et, je peux vous dire
que la production est comme folle. Elle est
fière de ce prime !
Livia me fait penser au personnage de
T-Bag, celui dont on ne veut pas, qui
n’était pas prévu dans le plan et qui est
une épine dans le pied des héros, ça
sera aussi le cas pour Livia ?
Ce n’est pas tout à fait le cas. Ça va plus loin.
Il a un rôle important mais je ne peux vraiment
rien dire, pour ne pas spoiler. […] On
est tous en mouvement, et la position de
départ de tous les personnages, ne sera pas
celle à l’arrivée. Mais personne ne sortira indemne.
C’est comme si on refaisait connaissance
avec certains personnages, y compris
les personnages les plus emblématiques. Les
conséquences du prime dureront également
dans le temps. Il va regrouper des personnages
qui n’ont rien à voir avec le prime. Ce
prime va bousculer tous les personnages de
Plus Belle la Vie.
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Si vous, on vous proposait un spinoff
sur Pavel, sur sa vie d’avant en
Ukraine, vous accepteriez ?
Direct ! C’est de très loin le personnage le
plus intéressant que j’ai jamais joué. Maintenant
qu’il a toutes ces couleurs, qu’il a tous
ces passés, j’adorerais. Et c’est la première
fois que je dirais oui à une récurrence si on
me proposait ce projet parce que c’est définitivement
un personnage passionnant à interpréter.
Notre magazine est une spécial Noël, j’aimerais donc terminer avec une question
que nous posons à tous nos invités : Quel est votre plus beau souvenir de Noël ?
J’ai réfléchi en amont. J’en ai trois, et ça ne sera pas autrement (rires).
Le premier, j’avais six ans. Ce fût un Noël magique. Mes parents n’étaient pas très riches, mais j’avais
reçu une voiture à pédales, une voiture bleue avec le numéro 8 sur le côté. Et je pense que je n’ai
jamais autant aimé un cadeau du Père Noël que celui-là.
Mon deuxième merveilleux souvenir qui ne me concerne plus mais qui m’a rendu le plus heureux du
monde, c’est l’image de ma fille qui doit avoir 4-5 ans, déguisée en princesse, et qui se balade sous
l’immense sapin de Noël. Elle arrivait à passer en dessous. On avait l’impression qu’elle faisait partie
du sapin. C’était magnifique à voir.
Le dernier, c’était il y a trois ans. Mon fils attendait plein de choses mais il était fou de Spider-Man.
Il voulait absolument Le Bouffon Vert. Il avait mille cadeaux, parfois des plus gros, des plus chers, et
lorsqu’il eut fini d’ouvrir ses cadeaux, il a pris Le Bouffon Vert dans ses bras. J’ai cru qu’il avait reçu
le trésor ultime mais il avait enfin son méchant pour jouer avec son Spider-Man. Il est parti dans une
impro où il a remercié Le Père Noël pendant au moins 10 minutes. Un sublime moment, émouvant.
« Évasions » le 15 décembre sur France 3, à 21h05.
Réalisation : Claire de la Rochefoucauld.
Synopsis :
Mouss cumule les séjours en prison. Il est cloué sur sa chaise roulante, enfermé aux Baumettes. Il est
prisonnier d’une double-injustice. Afin de lui venir en aide, Mila, Luna et Claire ont décidé de s’allier
pour mettre en place un plan d’évasion des plus risqués. Mais, le jour « J », tout ne se passera pas comme
prévu.
Réussiront-elles à sauver Mouss des Baumettes pendant la représentation théâtrale des autres prisonniers
?
Jeanne est prisonnière de son propre corps. Cela fait des mois maintenant qu’elle est dans le coma. Pour
la sortir du coma, Vitreuil, Vincent, Estelle et Francesco tentent le tout pour le tout et la transportent au
cœur des Alpes. C’est là où elle a vécu quelques années auparavant, les plus beaux jours de son existence.
Mais que s’est-il passé pour Jeanne de si fabuleux et inoubliable pour elle ? Parviendront-ils à réveiller
les souvenirs de Jeanne, et se réveillera t-elle enfin ? Ou n’était-ce encore qu’une lubie de sa mère prête à
tout pour retrouver sa fille ?
Casting : Malika Alaoui, Stéphane Boucher, Anne Canovas, Sahra Daugreilh, Anne Décis, Serge Dupire,
Victor Durbec, Cyril Durel, Emanuele Giorgi, Marcel Gonzales, Philippe Granarolo, Annie Grégorio,
Daniel Hederich, Laurent Hennequin, Boubacar Kabo, Pierre Martot, Stéphanie Pareja, Matthieu Rodriguez,
Eléonore Sarrazin, Jean-Pierre Sanchez, Michel Scotto di Carlo,Jean-Baptiste Seckler, Thibaud
Vaneck, Élodie Varlet…
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ALFRED HITCHCOCK À LA TÉLÉVISION : L’INTÉGRALE EN DEUX COFFRETS DVD
“Donnez leur du plaisir.
Le même plaisir
de se réveiller après
un cauchemar.”
ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE :
LA SÉRIE ORIGINALE (1955-1962 )
INTÉGRALE 7 SAISONS 268 ÉPISODES
( 42 DVD + LIVRET COLLECTOR 144 PAGES )
Alfred Hitchcock
ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE :
LES INÉDITS - THE ALFRED
HITCHCOCK HOUR (1962-1965 )
INTÉGRALE 3 SAISONS : 93 ÉPISODES
( 30 DVD + LIVRET COLLECTOR 132 PAGES )
LAYOUT AND DESIGN © 2020 BY ELEPHANT FILMS.