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FOCUS #1

Premier numéro de votre nouveau magazine cinéma. Au programme : . Films de Noël . Dossiers . Interviews . Actus ciné / série

Premier numéro de votre nouveau magazine cinéma.
Au programme :
. Films de Noël
. Dossiers
. Interviews
. Actus ciné / série

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#1

SPÉCIAL

FILMS DE NOËL

- Sélection, Analyses & Anecdotes -

WANDAVISION

Interview exclusive

de David Masson

le costume illustrator

de la série

5ème SET

Entretien avec Alex Lutz

et Quentin Reynaud

LA NUÉE

Rencontre avec Just Philippot

et Suliane Brahim

LES CINQ LÉGENDES

Rencontre avec la voix du Père Noël

Miglen Mirtchev

PLUS BELLE

LA VIE

Dans les coulisses

du prochain prime


Edito

Le 10 Décembre 2020

Nous y voilà !

C’est avec beaucoup d’appréhension mais surtout énormément

de joie que nous vous présentons ce premier numéro de FOCUS,

votre nouveau magazine cinéma. Une version web, avant de grandir

et de vous proposer un jour, nous l’espérons, un format physique.

Pour l’heure, merci à ceux qui lisent ces lignes et qui vont

découvrir ce numéro spécial Noël.

En ces temps difficiles, il nous paraissait essentiel de vous livrer un

contenu joyeux, en vous soumettant un voyage au cœur des films

de Noël. De Maman j’ai raté l’avion à Family Man, en passant par

Piège de Cristal ou Iron Man 3, nous vous invitons à replonger dans

nos coups de cœur des productions de Noël, à vous remémorer

vos souvenirs les plus intimes, les plus nostalgiques et, pourquoi

pas, vous donner l’envie de revoir certains de ces longs-métrages

cultes.

À l’instant où je vous écris ces mots, j’ignore comment les fêtes de

fin d’année se dérouleront.

J’ignore si vous pourrez être en famille, avec vos proches, avec vos

amis, si vous pourrez aller danser, chanter et vous embrasser après

un décompte endiablé.

Ce que je sais, en revanche, c’est qu’en cette période, il n’y a rien de

plus beau que de passer un moment devant un film de Noël.

Enlacé(e) sous un plaid en compagnie de votre petit(e) ami(e) devant

une comédie sentimentale, accompagné(e) de vos enfants devant

un film d’animation, ou avec vos amis les plus fidèles devant

un bon gros film d’action, ce sont des moments rares, uniques, intenses.

Ne l’oubliez jamais !

Alors, je vous invite (après lecture de ce magazine !) à préparer vos

meilleurs films de Noël et à passer le plus beau Noël cinématographique.

Nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année !

Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)


SOMMAIRE

WANDAVISION

Interview de David Masson

(costume illustrator)

SPÉCIAL

FILMS DE NOËL

- Sélection, Analyses & Anecdotes -

FOCUS, magazine consacré

au cinéma.

FOCUS N°1 Décembre

2020

focuslemag@gmail.com

Directeur de publication

/ Rédacteur en chef :

Loïc Marie

Rédaction :

Jean Damiens

Jules Basile

Damien Della Signora

Lionel Bremond

Teddy Devisme

Graphisme :

Maud Lemoine

Alyssa Vautier

Correction :

Alyssa Vautier

Traduction :

Trystan Doré

#1

5ème SET

Interview d’Alex Lutz

et Quentin Reynaud

LA NUÉE

PLUS BELLE

Interview de Just Philippot

LA VIE

et Suliane Brahim

Dans les coulisses

du prochain prime

LES CINQ LÉGENDES

Rencontre avec la voix du Père Noël

Miglen Mirtchev

Crédits illustrations et

intérieurs :

Tous les personnages et situations

contenus dans ce

magazine sont la propriété

pleine et entière de leurs éditeurs

respectifs. Tous droits

réservés.

01. Les Films de Noël : Sélection, Analyses & Anecdotes

33. Les Immanquables

35. La voix de...

. Les Cinq Légendes : Rencontre avec la voix du Père Noël, Miglen Mirtchev

39. Dossier Spécial #1

. Aux Origines du film de Noël

47. Coup de cœur !

. Pandora d’Albert Lewin

57. Dossier Spécial #2

. Les Films de Noël : Un enjeu de santé publique ?

59. Coup de projo’ !

. Interview Just Philippot et Suliane Brahim

67. L’interview star

. 5ème set : Rencontre avec Alex Lutz et le réalisateur Quentin Reynaud

74. Hommages

. Nos adieux à Sir. Sean Connery

77. Idées shopping

79. WandaVision

Entretien avec le costume illustrator, Damien Masson

85. Plus Belle la Vie : Évasions

Dans les coulisses du prochain prime

Bonnes fêtes à tous !


G R E M L I N S

PAR Lionel Bremond

À l’ombre horrifique de nos Noëls de

naguère

Et si on se replongeait, avec délectation, dans

les réminiscences de nos Noëls passés ? Il y a

de cela 36 ans, sortait dans les salles obscures,

un film dont le succès ne se dément toujours

pas. Après presque quatre décennies d’exploitation,

il continue de ravir de nouvelles

générations, pour qui Noël rime avec effroi et

burlesque. Gremlins, au départ, aurait dû être

un film « purement horrifique », c’est ainsi que

Chris Columbus en avait écrit le scénario. En

effet, la mère de Billy aurait dû mourir décapitée,

son chien dévoré… On était encore loin

de ce qui allait devenir ce pur plaisir, mêlant

ironie mordante et terreur.

C’est sous l’égide et les recommandations du

producteur Spielberg et de la Warner Bros,

que le film se dirige vers une tonalité plus

humoristique. Mais, Dante restant le maître

d’œuvre, le film n’est jamais phagocyté par ces

velléités et son ton sarcastique reste prégnant

sur la pellicule. C’est comme si, seule la rencontre

de ces deux univers avait pu accoucher

de cette œuvre. Le parfait compromis entre le

« merveilleux » du papa d’ET et le « subversif

» du maître d’œuvre de Hurlement. Mais

rendons à Spielberg ses qualités de producteur.

La Warner, désappointée par la seconde

partie du film, aurait voulu couper court dans

cette avalanche de Gremlins, mais Steven a su

mettre en avant leur nécessité.

La famille, c’est plus ce que c’était

Dante prend un malin plaisir à nous plonger

dans son enfer. Il pervertit l’iconographie

américaine, en désosse les fondements, en extrait

la tumeur qui la ronge, et l’enrobe d’un

terrible ton sardonique. Dans cette période si

particulière, sous la présidence Reagan, où il

était coutûmier de vanter le fameux rêve américain,

le metteur en scène en dévoie les fondations.

En faisant de ce père de famille, un

inventeur raté qui cherche, à chaque instant, à

vendre le vivant constat de son échec, il brise

l’illusion de la sûreté du foyer. L’homme de

famille n’est plus le roc sur lequel s’appuyer,

mais un exemple à éviter.

1


Si sa bonhommie et l’amour qu’il porte à sa famille

atténue ce constat d’échec, il reste celui

par qui l’horreur va pénétrer dans cette petite

bourgade et mettre en danger les siens. C’est

ce désir constant de réussite qui va l’éloigner

de ses proches quand ils auront le plus besoin

de lui. Le père n’est plus le garant de rien, et

dans ce sens, le film s’inscrit dans cette mouvance

amorcée par Spielberg, celle d’une nouvelle

génération qui doit se prendre en main

en se libérant du joug tyrannique de la représentation

inconsciente de ce que doit être la

famille.

Ce passé qui n’est pas le nôtre

En démarrant son film à Chinatown, Dante

agrandit son propos. Il oppose le modernisme

au séculaire. Il montre une Amérique lancée

dans une fuite en avant, incapable de ne faire

autre chose qu’avancer, quitte à se perdre. Elle

n’a pas d’Histoire et pille celle des autres. En

s’accaparant ainsi les choses, elle en oublie

le poids des responsabilités. Le neveu est le

vivant symbole de l’assimilation par le capitalisme

: c’est finalement le désir, le besoin

d’argent, qui sera le facteur déclencheur de la

catastrophe à venir.

En venant récupérer son bien, le grand-père

leur rappelle qu’ils ne sont pas prêts. Pas prêts

à recevoir ce don qui fait office de révélateur.

Et pour cause, les Gremlins ne sont que la représentation

viciée de la communauté qui les

entoure et d’un certain mode de vie. Ils sont le

portrait que Dorian Gray ne pouvait supporter

de contempler. Il n’est pas surprenant que

la lumière puisse les tuer car elle fait office de

révélateur de l’inacceptable. Du racisme du

voisin à la pingrerie de Ruby Deagle, de cette

mère célibataire que l’on ignore à l’inaction de

tous ses habitants, cette ville cache sous ses

décors de Noël, une décrépitude qui va être

dévoilée.

Du conte au burlesque en passant

par l’horreur

La structure en trois actes du récit,

très classique en soi, est brillamment

utilisée. Une introduction empreinte

de mystère, une histoire qui démarre

comme un conte mais où s’infusent

par petite touche, des tâches sombres

qui viennent ternir le tableau. Une violence

sociale, un racisme atavique qui

noyaute la population... Si l’on perçoit

le récit à travers les yeux de cette petite

famille qui pourrait sortir d’un film de Capra,

on sent derrière le sourire, une affliction

que seul un espoir sans faille semble pouvoir

encore dissiper.

À la 49 ème minute, le fondu au noir précipite

le récit dans l’horreur. Là, Dante va user avec

talent, de tous les artifices de mise en scène

possibles pour attiser celle-ci. Un gros travail

sur le hors-champ, les ombres portées,

le travelling arrière pour espacer le cadre et

faire apparaître la menace, les contre-plongées

inquiétantes, suscitant l’éventuelle

atrocité qui nous attend plus haut… La scène

avec le professeur est un modèle de montée

en tension.

2


Le jeu de la vidéo diffusée pendant son cours, où les battements de cœur vont se conjuguer au

bruit fait par le carton, suggérant ainsi la montée du danger, est d’une indéniable efficacité.

C’est après la scène de la multiplication des monstres dans la piscine que la narration bascule

dans un grotesque réjouissant. Un grand final où les pécheurs vont subir le courroux de leur

doppelganger maléfique. Des scènes qui se jouent de notre propre morale, en rendant amusante

la violence qui s’empare de cette ville. En nous faisant apprécier donc, le jugement que subissent

ces habitants, elles nous font complices tacites des bourreaux et nous renvoient à nos propres

démons.

Le final dans la salle de projection semble renvoyer une génération face à un divertissement abrutissant,

un cinéma qui annihile l’esprit et qui, finalement, aidera à provoquer la fin de la horde.

Tout l’inverse des diverses scènes de film vues au préalable, qui nourriront le récit et feront même

évoluer ses protagonistes, Gizmo devenant le sauveur en imitant Clark Gable dans To Please a

Lady. Joe Dante démontre ici toute sa cinéphilie et l’amour du cinéma qui l’a fait grandir.

En somme, c’est là un film qui restera toujours un indispensable à voir en cette période de fêtes.

Un film toujours aussi enthousiasmant que réjouissant et qui, malgré tout, sait apporter une brève

touche de rêverie et de merveilleux face à nos tourments déchaînés.

CASTING

Rand Peltzer

Billy Peltzer

Lynn Peltzer

Kate Beringer

Hoyt Axton

Zach Galligan

Frances Lee McCain

Phœbe Cates

PRODUCTION

Producteur

Producteur délégué

Producteur délégué

Producteur délégué

Michael Finnell

Kathleen Kennedy

Steven Spielberg

Frank Marshall

3


LE PÔLE EXPRESS :

DU LIVRE À L’ÉCRAN, L’HISTOIRE

D ‘UNE ADAPTATION CULTE !

PAR Damien Cinematic Universe

4


L’un des plus beaux contes de Noël a réussi son pari de passer sur grand

écran, sans perdre son âme d’enfant. Le Pôle Express est aujourd’hui ce

que l’on appelle un classique, mais vous allez comprendre que pour le réalisateur

Robert Zemeckis et l’acteur Tom Hanks, tout n’a pas été si facile.

Nous sommes en 1985 aux États-Unis, dans

l’état de Rhode Island, bien des années avant

la sortie du Pôle Express au cinéma.

Dans la ville de Providence, vit Chris Van

Allsburg, 36 ans, professeur à l’école de design

de Rhode Island et auteur-illustrateur de

livres pour enfants. L’écrivain s’apprête à sortir

son nouveau livre : Boréal-Express. À cette

époque, on doit déjà à Chris Van Allsburg pas

moins de six livres, dont le célèbre Jumanji,

sorti en 1981. Roman à succès qui sera, lui

aussi, adapté au cinéma, avec Robin Williams

dans le rôle titre, en 1996.

Le livre Boréal-Express va être un immense

succès durant les fêtes de fin d’année de 1985.

Au fil du temps, il va même devenir une institution

de Noël !

Quelque part aux États-Unis, deux papas qui

ne se connaissent pas encore, ont sans le savoir,

le même rituel tous les ans au moment

de Noël : lire le « Boréal-Express » à leurs enfants.

Ces deux papas-poules se nomment Robert

Zemeckis et Tom Hanks.

Les deux hommes vont se rencontrer quelques

années plus tard, en 1995, sur le film Forrest

Gump. De cette rencontre, va naître une

grande amitié.

À la fin des années 90, alors qu’ils déjeunent

ensemble pour préparer le tournage de leur

prochain film, « Seul au monde », Robert Zemeckis

explique à son acteur et ami qu’il aimerait

réaliser un film pour enfants autour de

Noël. Ni une, ni deux, Tom Hanks lui parle du

livre « Le Boréal Express » ! Les deux hommes

s’aperçoivent qu’ils entretiennent les mêmes

liens d’attachement à l’ouvrage de Chris Van

Allsburg. C’est décidé, leur prochaine collaboration

(après « Seul au Monde »), sera l’adaptation

du livre pour enfants : Boréal-Express !

Zemeckis acheta les droits du livre dans la

foulée, sans même savoir encore, comment il

allait s’y prendre pour adapter le roman.

5


Un livre difficile à filmer

Tout le problème était là, réussir à retranscrire

le texte au mieux et trouver un moyen

de donner vie aux magnifiques illustrations

de Chris Van Allsburg, qui agrémentaient son

livre. Comme J.R.R Tolkien, Van Allsburg apportait

un soin particulier aux détails et aux

lumières des illustrations. Pour lui, c’était un

élément essentiel, pour emmener le lecteur

dans le monde qu’il avait imaginé.

Après des essais en animation traditionnelle

et en prises de vue réelles, Zemeckis n’est

pas satisfait du rendu. L’idée d’abandonner

le projet devenait une option de plus en plus

plausible…

Le salut arriva de Ken Ralston, spécialiste des

effets spéciaux, avec qui le réalisateur avait

déjà travaillé sur la trilogie de « Retour vers

le Futur ». Ken Ralston lui proposa d’améliorer

la technique de la « motion-capture

». Ce procédé consiste à filmer des acteurs

réels en tenue moulante et recouverte de petites

boules, afin qu’un ordinateur convertisse

leurs mouvements pour animer des personnages

virtuels. Ceci dit, il fallait aller plus loin

dans cette technique, pour permettre aux acteurs de donner vie aux expressions du visage des

personnages. C’est ainsi qu’est née la « performance-capture » ! Cette fois-ci, en plus des combinaisons

moulantes pleines de capteurs, les comédiens avaient le visage recouvert de petits

points, afin de permettre à l’ordinateur de retranscrire toutes les expressions faciales. Plus aucune

limite ne pouvait se mettre sur le chemin de l’imagination du réalisateur. Les somptueux

décors, les lumières, les situations incroyables, tout ce qu’avait créé Chris Van Allsburg pouvait

enfin prendre vie sur grand écran. Le Pôle Express était lancé !

6


Tom Hanks l’homme multitâche

Comment faire économiser de l’argent à une

production, quand un acteur surdoué comme

Tom Hanks, travaille pour vous ? Simple, en le

faisant jouer plusieurs personnages en même

temps ! C’est justement l’opportunité qu’offrit

la « performance- capture » à l’acteur sur ce

film. Il donnera vie à pas moins de six personnages

: le père du petit garçon, le contrôleur

du train, le SDF qui vit sur le toit du wagon,

à Scrooge et au Père Noël. Chose plus surprenante

encore, pour donner vie au jeune garçon,

ce sont les mouvements et mimiques de

Hanks et de l’acteur Josh Hutcherson (Peeta

dans Hunger Games) qui seront mixés. Sur

le fait de jouer le rôle du petit garçon grâce

à la technologie, Tom Hanks expliqua : « Le

fait que je joue un petit garçon est le meilleur

exemple de ce que cette technologie permet.

Vous n’êtes pas limité à un rôle en particulier,

en fonction de votre taille, de votre poids ou

de votre couleur de peau. Tant que vous avez,

artistiquement, ce que veut le réalisateur pour

le rôle, vous pouvez interpréter n’importe quel

personnage. Meryl Streep pourrait ainsi faire

le même rôle que moi ! Ceci ouvre beaucoup

d’opportunités. »

Pour la voix du héros, c’est l’acteur Daryl Sabara

(Spy Games) qui s’y collera.

Un film rempli de clins d’œil

Les deux décors centraux du film,

qui sont le train Pôle Express et la

ville du Pôle-Nord, sont inspirés

des illustrations de l’auteur du livre

Chris Van Allsburg, mais pas que…

Pour la locomotive à vapeur, Robert

Zemeckis a voulu rendre hommage

à l’auteur du livre. Le réalisateur

s’est inspiré de la locomotive

« Père-Marquette 1225 » qui a été

restaurée et qui se trouve exposée à

la « Michigan State University », là

où Chris Van Allsburg a fait ses études. D’ailleurs sur les billets dorés qu’ont les enfants, il y

est inscrit le numéro : 0001225. Ces chiffres sont une double-référence, 12 - 25, pour le 25

décembre, mais aussi pour le numéro qui est inscrit à la tête du Pôle Express en hommage à la

« Père-Marquette 1225 ».

En ce qui concerne la création de la ville du Pôle-Nord, où habite le Père-Noël et ses lutins,

elle a été inspirée par la ville de Chicago. Plus précisément par le quartier Pullman, du nom

de l’industriel George Pullman, constructeur de wagons de train. C’est lui qui a entièrement

bâti ce quartier. Que ce soit l’architecture des bâtiments de l’usine en elle-même, dont la tour

principale a été l’inspiratrice de la tour de l’horloge d’où sort le Père-Noël dans le film, ou les

différents immeubles et bâtiments qui ornaient le quartier, tous sont représentés dans le film.

Au-delà des décors, Robert Zemeckis n’a pas pu s’empêcher de faire référence à sa trilogie de

« Retour vers le futur » ! Dans la scène où les deux conducteurs du train perdent une goupille,

on peut voir qu’un convecteur temporel fait partie du système de pilotage de la locomotive.

7


Idem quand le petit garçon tire sur la corde pour faire siffler le train, c’est aussi une référence

à la trilogie. Dans cette scène, l’enfant dit fièrement : « J’ai rêvé de faire ça toute ma vie ! »,

laquelle est la réplique exacte de Doc Brown dans « Retour vers le futur 3 », quand ce dernier

effectue le même geste. Enfin, dans les dernières minutes du film, quand le traîneau du Père-

Noël part à pleine vitesse dans le ciel, cela laisse une traînée, telle que le faisait la Dolorean.

Autre référence, cette fois-ci au mentor de Robert Zemeckis : Steven Spielberg. Quoi de mieux

que de rendre hommage à ce dernier dans un film de Noël ! La scène où les lutins passent au

crible, grâce à une machine dédiée, les enfants qui ont été sages ou non. Le chef des lutins

parle d’un certain Steven qui s’amusait à faire peur à ses sœurs.

Anecdote véridique, que Steven Spielberg himself, adore raconter !

Une pure B.O. de Noël, avec un invité étonnant

Comme pour la quasi-totalité de ses longs-métrages,

Robert Zemeckis a fait appel au duo

Alan Silvestri et Harry Gregson-Williams pour

signer le score du film. Mais qui dit film de

Noël, dit chanson de Noël. Et c’est Glen Ballard

(auteur/compositeur pour Michael Jackson

ou Alanis Morissette), avec l’aide d’Alan

Silvestri, qui va signer des titres comme « The

Polar Express » et « Hot Chocolate », toutes

deux interprétées par Tom Hanks.

Plus surprenant, la chanson « Rockin’On Top

of the World », interprétée par Steven Tyler,

leader du groupe de Hard-Rock : Aerosmith !

Sortie en parallèle du film, la bande originale

deviendra un succès commercial et sera même

certifiée disque d’or dans plusieurs pays.

Un succès devenu un classique de Noël !

Le Pôle-Express arriva dans les salles obscures

à Noël 2004. Cette troisième collaboration

entre Robert Zemeckis et Tom Hanks fut

à nouveau un succès. Tout d’abord commercial,

le film rapporta 306 845 028 $ de recette

mondiale. Mais au-delà de l’aspect financier,

la critique du film fut dithyrambique. Une

pluie d’éloges et une unanimité très rare pour

un blockbuster avec autant d’effets spéciaux.

De plus, Le Pôle-Express obtint des nominations

pour ses chansons et son montage sonore

dans les plus prestigieuses cérémonies

du 7ème art, dont les Oscars et les Golden

Globes.

Plus de 15 ans après sa sortie, le Pôle-Express

est toujours l’un des films de Noël les plus vus

lors des fêtes de fin d’année. Le génie du duo

Zemeckis-Hanks, sa beauté visuelle, son histoire

pleine d’aventures et de bienveillance,

font de ce film un bijou du cinéma que l’on

adore partager en famille. Il est certain que

le Pôle-express n’est pas prêt de s’arrêter de

rouler, oh oh oh !

8


FAMILY MAN :

NOËL, SYNONYME DE CHANGEMENT

PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)

Certains films mériteraient une classification bien à eux. Je parle de ces longs-métrages

de « seconde chance » où le héros, souvent malhonnête, arrogant et ambitieux, se retrouve,

suite à un événement surnaturel, confronté à un nouvel environnement ou à côtoyer

des êtres venus de l’au-delà ayant pour rôle de leur montrer qu’une autre voie est

possible. Parfois, ils ne sont rien de tout cela, néanmoins, ils peuvent aussi être confrontés

à une autre réalité, leur ouvrant les yeux sur un futur qui n’est pas forcément meilleur,

comme c’est le cas dans Monsieur Destinée de James Orr (1990).

Parmi les plus célèbres de ces « redemption movies » (appelons-les ainsi), notons Fantômes

en Fête de Richard (1988), Un jour sans fin de Harold Ramis, Le Drôle de Noël

de Scrooge de Robert Zemmeckis (2009) et celui qui nous intéresse aujourd’hui : Family

Man de Brett Ratner, sorti en décembre 2000.

Si tous abordent ce thème de la rédemption, ils ont également un autre point commun :

Noël. Comme si cette période était la plus propice au changement... Mais nous y reviendrons

plus tard.

9


Family Man : un rendez-vous manqué avec l’amour

Tous les ingrédients sont donc réunis

: une histoire d’amour ratée, un

personnage carriériste et mégalo, un

réveillon de Noël en solitaire et, un

« Ange Gardien » survenu de nulle

part, qui propulse le héros dans une

réalité alternative. Ainsi débute Family

Man, par une introduction en

chaîne. On nous présente sous forme

d’interlude, les enjeux du film : ici, ce

rendez-vous manqué avec l’amour.

Puis, on enchaîne des plans sur le

personnage principal.

Brett Ratner procède par étape, ce qui lui

offre la possibilité d’une vraie progression

scénaristique. Il met donc en scène l’égoïsme,

l’opulence, et la fourberie dans laquelle se

conforte Jack depuis tant d’années, au travers

d’images successives : sa relation avec

les femmes, son appartement (dressing immense),

sa voiture de luxe, et son travail, où

il règne presque en tyran. Mais il dévoile aussi

une autre facette de Jack, sa gentillesse (cf. le

gardien d’immeuble), son courage (cf. le supermarché),

l’empathie (cf. proposer de l’aide

à Cash) et l’extrême solitude enfouie au fond

de lui. Des contradictions qui permettent une

attache émotionnelle. En effet, le spectateur

est, dès lors, attaché à cet homme dont le malheur

est d’être profondément seul, sans amour,

sans famille avec laquelle passer les fêtes de

Noël.Vint alors l’instant magique, où tout bascule.

Un réveil brutal dans un autre monde. Le

cinéaste plonge son héros dans une inconnue,

l’expose à ce que serait sa vie s’il était resté aux

États-Unis avec Kate. Une quête vers la rédemption,

mais pas seulement.

Il s’agit aussi pour Jack de comprendre où se

trouve la véritable richesse de l’Homme et, elle

ne réside ni dans son dressing, ni dans sa voiture

de luxe, ni dans un travail qui rapporte

des millions.

Là aussi, Brett Ratner reprend plan par plan ce

changement : vêtements bas de gamme, voiture

familiale d’occasion, travail peu enrichissant

(selon lui). Il le confrontera ensuite à ce

qu’il a perdu : vêtements de luxe, dîner dans

des grands restaurants, anciens collègues,

appartement en plein cœur de New-York. Un

chemin parsemé de tentations. Ce n’est que

lorsqu’il retrouvera tout ceci, dans cette nouvelle

réalité, puis la sienne (réelle), qu’il concevra

que tout ceci n’est que couche superficielle

à la vie qu’il menait. Qu’il prendra finalement

conscience que seul l’amour compte ! Que

seule la famille est la clé d’une véritable réussite

!

10


> Comment Brett Ratner filme cette autre dimension ?

La caméra est intime. Elle caresse les personnages

avec des plans rapprochés sur leurs visages.

Cela permet à Brett Ratner de mieux

saisir les émotions qui habitent ou hantent

ses protagonistes : leurs peurs, leurs doutes,

leurs regrets, leurs sentiments sur l’instant

T - et, par conséquent, d’autoriser le spectateur

à rentrer dans les enjeux sentimentaux

de Jack, d’en comprendre pleinement les origines

et le défi auquel il devra faire face. La

caméra capte également, en douceur, sans

être un fardeau pour les acteurs, sans être intrusive,

la pureté des déclarations d’amour,

la sensualité des scènes d’amour, la sincérité

des engueulades entre Jack et Kate ou le comique

des situations (cf. les séquences entre

Jack et ses enfants). En somme, elle s’infiltre

dans le quotidien de cette famille pour en extraire

l’authentique essence.

A contrario, elle peut s’éloigner. Prendre du

recul afin de laisser les protagonistes exister

sans nous, spectateurs (cf. le dernier plan de

la scène finale dans l’aéroport). L’espace se

réduit alors entre nous et les héros du film.

Ils sont projetés au-delà de l’intime, dans une

sorte de confidentialité amoureuse, à laquelle

on s’exclut, on s’efface volontiers, pour libérer

un environnement personnel qui sera le leur

à tout jamais...

11


Noël et les valeurs traditionnelles

Si tous ces films se déroulent à Noël, ce n’est

pas anodin.

Noël, c’est quoi ? Au-delà de l’aspect religieux

de cette fête, Noël est avant tout une fête familiale

où l’on se réunit autour d’un dîner et

de l’ouverture des cadeaux. C’est un moment

de partage, de fraternité, d’amour. La famille

est une des valeurs traditionnelles les plus importantes

aux États-Unis. Avoir une famille,

c’est réussir. Le couple Jack/Kate représente

tout ce dont rêve l’américain type : un foyer,

des enfants, des amis... D’ailleurs Kate le souligne

lorsque Jack lui propose de venir vivre

dans cet appartement luxueux New-Yorkais

pour impressionner ses voisins : « Ils nous

envient déjà tous... ». Et pour cause, même

s’ils ne roulent pas sur l’or, Jack et Kate ont

tout : une belle et grande maison, des enfants

formidables et des amis qui les apprécient.

Au départ, Jack considère ces détails

comme la construction d’une vie de « beauf »

: faire attention au moindre centime, les sorties

avec les enfants pour acheter des chaussures

notamment, les soirées entre amis, le

bowling, les potes gênants... Toutefois, la

somme de ces éléments constitue la VRAIE

vie. Et il l’apprend. Il apprend à l’aimer. Finit

par l’apprécier et la vouloir plus que tout

au monde (cf. la seconde scène entre Jack et

Cash dans la supérette). Lorsqu’un cinéaste

choisit un personnage tel que Jack, et le catapulte

à cette période de l’année, c’est pour

mettre en lumière l’extrême solitude dont il

souffre. Jack souffre de ce manque d’affection,

d’amour, surtout dans ces moments-là,

ces moments de fêtes annuelles. Secrètement,

il rêve de fêter Noël en compagnie de femmes

et enfants. Son ange gardien ne lui montre finalement

que ce qu’il savait déjà : que la famille

est la véritable clé du bonheur !

Un Noël Romantique

Au-delà de sa morale, Family Man est un chefd’œuvre

de Noël. Tendre, émouvant, romantique,

c’est une authentique histoire d’amour

qui nous est contée là. Séduisant dans sa mise

en scène, fascinant dans son propos, grandiose

dans son orchestration musicale et scénaristique,

Family Man est un petit bonbon

à savourer sans modération pour les fêtes de

fin d’année. Et un espoir, peut-être, pour certains.

Oh ! Et il s’agit peut-être du meilleur

film de Nicolas Cage. Sa performance dramatique

dans Family Man est indéniablement la

plus belle de toute sa carrière (avec Lord of

War !).

12


IRON MAN 3

S

Y

N

O

P

S

I

S

Le super-héros de Noël

PAR Lionel Bremond

Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi

qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se

lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage

va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions,

son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans

la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis

si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ?

13


Quand l’espoir naissait encore en nous

Nous voilà, à l’approche des fêtes de Noël, à devoir replonger

dans le passé, un passé proche mais qui semble

si lointain, tant la franchise dans lequel s’inscrit le filmci

est devenu une masse protéiforme qui subit les gémonies

d’une partie du public et les louanges dispendieuses

d’une autre. Ceci dit, plonger dans les méandres

filandreux de jadis, implique une contextualisation. En

effet, en 2013, Marvel n’en est qu’à ses balbutiements et,

si l’infâme démiurge est sur le point de finaliser sa forme

et de régner sans partage sur le box-office mondial, pour

l’instant, il ne fait que surfer sur le succès considérable et

un brin inattendu d’Avengers.

Les clés du film qui allaient ouvrir la phase 2 de ce que

l’on appelle désormais plus communément le « MCU »,

échurent à Shane Black. Sortant de deux échecs monumentaux

qui le plongèrent à nouveau dans les affres de

la dépression, c’est grâce au soutien de Robert Downey

Jr, véritable porte-drapeau du renouveau de Marvel au

cinéma, que Shane Black se vit confier les rênes de la

troisième occurrence de la saga Iron Man. Un énorme

budget pour l’enfant terrible d’Hollywood aux scénarios

jadis payés des millions, avant d’en devenir le pestiféré.

D’immenses moyens déployés donc, qui confirment la

confiance réciproque qu’ont Robert Downey Jr et Shane

Black l’un pour l’autre.

Un film marqué par son auteur

C’est le dernier film dont la production

a débuté avant le succès

monstre des Avengers et, si une

certaine formule pouvait sembler

se dessiner, c’est une époque où l’on

pouvait encore sentir la patte des

auteurs qui ont contribué à faire du

MCU, ce rouleau compresseur populaire.

En prenant la suite directe

du film précédent, Black prolonge

ses propres obsessions en nous présentant

un Tony Stark souffrant de

syndrome post-traumatique.

Ainsi, il rentre dans la droite lignée

des Martin Riggs, Joe Hallenbeck,

ou encore Samantha Caine…, de

tous ces anti-héros prisonniers

d’un passé qui les hante et les rend

asociaux. Ils sont chacun dans

l’incapacité de vivre des relations

amoureuses stables et ce n’est qu’en

se jetant à corps perdu dans une

quête, où sera mise en œuvre toute

leur expertise dans le domaine qui

leur est propre, qu’ils pourront

vaincre leurs démons.

14


Quand on compare le traitement de Thor et ses propres

souffrances à celles de Stark, on voit qu’en 7 ans, le paradigme

a totalement changé et que l’once de personnalité

qui pouvait encore poindre a fini sacrifiée sur l’autel

du grand divertissement inconséquent. Il n’est un secret

pour personne que Shane Black maîtrise les codes du

buddy movie, étant donné qu’il en imprègne chacun de

ses films. C’est alors sans surprise que celui-ci ne fait pas

exception à la règle. Toute la rythmique narrative repose

sur la dualité, l’impossible attraction entre deux forces

qui s’opposent et la nécessité de parvenir à concilier

celles-ci pour se construire ou se reconstruire.

Que ce soit Happy, Pepper, Rhodes, Killian, Keener,

Hansen avec Stark en point central, toute la progression

narrative se joue avec cet effet miroir, avec ces archétypes

qui l’entourent, représentant les différentes étapes

qui l’amèneront à devenir l’homme qu’il peut devenir.

Celui qui pourra accepter ce monde qui a changé autour

de lui, et dont il n’est plus le soleil, finira par accepter

d’accorder l’attention que son cercle intime mérite et se

libérer de ce besoin de considération permanent. Car,

comment réussir encore à flatter son égo quand des

dieux, des légendes de la Seconde Guerre, des extraterrestres,

vous ramènent à votre simple humanité ? Il

s’agit probablement, toute proportion gardée, du film le

plus intimiste de la saga MCU. Si les scènes explosives et

grandiloquentes parsèment le métrage, elles n’en sont,

malgré tout, jamais le cœur.

L’un des grands gimmicks de Black que l’on peut retrouver dans ce film, est

celui de l’enfance face à l’adulte. L’enfant, chez Black, possède une forme

de pureté, de compréhension intuitive du monde, qui l’amène à devenir la

conscience du héros. C’est en cherchant à correspondre à cette image idéalisée

de son possible futur, que le héros peut évoluer vers la meilleure version

de lui-même. C’est en reprenant conscience de ce qui l’entoure, sans un

regard perverti par des vicissitudes induites par sa condition d’adulte, que le

héros peut trouver sa voie, faisant enfin avancer sa quête.

Si le canevas de l’histoire reste extrêmement classique, un passé que l’on

cherche à oublier mais dont les erreurs reviennent nous exploser à la figure

-explosion conduite par une Némésis qui représente ce que le héros aurait

pu devenir sans remise en question-, c’est en développant ces petits détails

exposés ci-dessus et en jouant sur la dualité entre Stark et Iron Man, que le

film gagne en profondeur. Une scène marquante expose ce concept : quand

Stark est dans son lit, en plein cauchemar, et que Pepper cherche à le réconforter.

Son armure, mue alors par son inconscient, cherchant à attaquer

Pepper qu’il prend pour une ennemie. Ici, toute la solitude de la personne

dépressive, malgré la proximité de ses intimes, rejaillit. Lorsqu’il se réveille

et qu’il cherche à protéger Pepper, son armure se brise en morceaux, morceaux

qui semblent être les vestiges épars de sa psyché.

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Une mise en oeuvre loin d’être parfaite

Malgré tout, de nombreux problèmes parcourent le film. Une mise en scène parfois assez impersonnelle,

des mouvements illisibles et des cadrages davantage dus à des techniciens rigoureux voulant

créer du dynamisme, qu’à une réelle volonté de raconter une histoire par l’image. Le montage des

scènes d’action est plutôt catastrophique (cf. la scène dans le bar, contre la fausse agente du FBI).

Un exemple symptomatique de l’impossibilité du cinéma post-Bourne à créer le dynamisme par le

mouvement de la caméra : les plans se succèdent par dizaines pour illustrer un simple coup de poing.

Ce découpage ne parvient pas à rendre compréhensibles les déplacements des protagonistes dans

le cadre. Cet amoncellement de plans finit par nous perdre, c’est une montagne russe qui oublierait

de redescendre, qui privilégie la vitesse à la sensation. On peut notamment remarquer certaines incrustations

numériques parfois très visibles, ou encore des photographies qui semblent trop souvent

juste illustratives et, si de ci de là, on peut sentir de vraies intentions de mise en scène. Le tout semble

néanmoins s’effacer quelque peu au profit d’une certaine industrialisation de la mise en image.

Il faut dire qu’entre les souhaits des producteurs, les réécritures imposées par Downey Junior et la

pression inhérente à des projets de cette envergure, il ne doit pas être toujours évident d’imposer sa

vision dans son ensemble. L’un des autres problèmes, quand on connaît la filmographie de Shane

Black, c’est ce sentiment persistant de voir un brouillon inachevé de ce que peut donner son style, le

sentiment de ne pas avoir pu vivre pleinement l’histoire qu’il aurait voulu nous raconter...

Un héros pour Noël

Pourtant, ce film est l’un des derniers films du MCU que l’ont peut revoir sans réel déplaisir.

Un film qui échappe quand-même à son auteur mais, venant d’une époque où celui-ci

pouvait encore, malgré tout, y laisser un peu de lui-même. C’est ce soupçon de personnalité,

cette pointe d’audace, qui manque désespérément à leurs dernières productions.

Comme bien souvent chez Shane Black, l’action du film se situe pendant les fêtes de Noël. Et, en

parfait artisan du décalage, c’est dans des paysages ensoleillés qu’il fait vivre son récit. En outre, si la

forme semble dénuée de tout esprit festif, le fond, qui voit se jouer la rédemption et l’acceptation de

soi, reste ancré dans la symbolique historique des plus grands films de Noël.

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LE DRÔLE DE NOËL

DE SCROOGE

Un conte enchanteur, l’empathie

signée Zemeckis

PAR Lionel Bremond

C’est l’histoire d’un conte...

Il est difficile de faire plus représentatif de l’esprit

de Noël, que l’histoire d’Ebenezer Scrooge.

En publiant son cantique de Noël en 1843,

Dickens allait condenser en une centaine de

pages, ce qui allait alimenter l’imaginaire collectif

de millions de personnes à travers ses

différentes adaptations cinématographiques.

Perdurant à travers le temps, cette histoire de

rédemption pendant les fêtes de Noël, allait

syncrétiser l’illusion parfaite de ce que devrait

être le 25 décembre : un bref instant vertueux

où les différences s’effacent et où les colères

s’atténuent, au profit d’un amour désintéressé.

En parachevant sa trilogie tournée en performance-capture

avec ce récit culte, Zemeckis

va laisser voguer son imaginaire, tout en collant

au plus près du texte. Il faut dire que

cette histoire de voyage dans le temps, basculant

du drame à l’horreur en passant par

une fantasmagorie des plus colorées, correspond

vraiment aux obsessions du réalisateur.

Poussant la technologie dans ses derniers retranchements,

c’est libéré de toute forme de

contingences physiques, que le metteur en

scène va pouvoir laisser libre cours à sa créativité.

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La magie d’un Londres enneigé

Une fois de plus, Zemeckis prouve avec quel

brio il met sa science de la mise en scène au

profit de sa narration. Une capacité impressionnante

à utiliser le mouvement pour faire

avancer son récit et impacter émotionnellement

le spectateur. Dès son introduction, le

film oscille entre imagerie festive et sensation

plus lugubre. Scrooge semble happer la lumière

et être encore plus funèbre que la mort

elle-même. Les choix de cadre appuient les

peurs d’Ebenezer, des contre-plongées saisissantes,

partant de la source d’effroi, qui emplit

le côté gauche du cadre.

Des peurs qui, par ce positionnement de la

caméra, semblent induire une provenance du

passé. En positionnant le regard du spectateur

au niveau des frayeurs de Scrooge, le réalisateur

pose une distance entre lui et nous. Cette

quête est alors tout autant la sienne que la

nôtre. Ebenezer doit apprendre de ses choix et

comprendre qu’ils ne le définissent pas et qu’il

peut encore changer. Il nous faut accepter,

également, de voir au-delà des apparences, et

comprendre qu’un jugement hâtif peut nous

fourvoyer. La cruauté apparente peut cacher

une douleur bien plus profonde...

Le générique se fera en un plan séquence,

où la caméra va quitter Scrooge, planer dans

les cieux au-dessus Londres, avant de le retrouver

quelques minutes plus tard, arrivant

à son bureau. Ce plan est le parfait compromis

entre l’univers de Dickens et la maestria

de Zemeckis. En faisant fi de toute forme de

gravité, la caméra virevolte entre les fumées

des usines d’un Londres en pleine révolution

industrielle. Elle survole les rues enneigées

d’une ville se préparant à la fête, plane au-dessus

de la préparation d’un banquet, pour enchaîner,

d’un même mouvement, sur des enfants

quémandant un morceau de viande à la

fenêtre d’une cuisine.

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Tout un Londres cosmopolite, qui, sous ce manteau

neigeux, semble parvenir à réunir furtivement

toutes les classes sociales. Un plan qui

aura débuté par la fuite d’un chien d’aveugle et

qui se finira par la fuite de deux enfants face à ce

même Ebenezer Scrooge. La fuite qui semble si

représentative du parcours de Scrooge, qui lors

de cette longue nuit, va devoir plonger dans son

passé, survoler son présent puis fuir son avenir.

Tout au long de cette évolution, la caméra va renforcer

la proximité et nous lier à cette quête en se

rapprochant au plus près de Scrooge. De simples

spectateurs externes, nous devenons actifs, l’empathie

nous gagne. Ses peurs, son désarroi, sa

tristesse vont devenir nôtres.

En faisant de sa vision d’avenir un conte funeste,

funèbre, où il se retrouve pourchassé, cherchant

à échapper à une réalité qui l’attend et au désespoir

qu’il aura répandu autour de lui, le réalisateur

donne à penser que son destin est inéluctable.

Peut-être est-il trop tard, la solitude se fait

plus pesante, le décor autour de Scrooge subit

un fondu au noir et l’isole totalement, la vie s’en

échappe... Face à cette catastrophe imminente,

la chute symbolique vers son cercueil, le désespoir

semble s’imposer comme une évidence.

Un homme nouveau

Mais toute cette évolution n’est là que pour asseoir

le changement radical du protagoniste

principal. Un vieil homme devant affronter toute

sa vie, ses choix, et qui par cette introspection,

va se réaccaparer des notions basiques que sont

le partage et l’empathie. La scène précédant le

générique devient le miroir de celle de fin, les

deux ne pouvant exister l’une sans l’autre, et

pour cause : le parcours identique d’un homme

qui a totalement changé.

Joyeux noël…

Une histoire d’un modernisme confondant, qui

nie la nécessité d’un capitalisme forcené, poussant

les gens à n’exister qu’à travers l’addition

de leurs possessions. Un film profondément humain,

dont la naïveté du propos est compensée

par l’énergie débordante du montage et de la

mise en scène. Le film qui caractérise au mieux

une fête devenue galvaudée, et comme dirait

Tim, juché sur l’épaule d’un Scrooge revigoré,

« Merry Christmas everyone ».

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Maman j’ai raté

l’avion

MAMAN J’AI RATÉ L’AVION : DÉCOLLAGE VERS UN NOËL TUMULTUEUX

Avec un scénario écrit par John Hughes et un Chris Colombus à la réalisation, Maman, j’ai raté

l’avion ! avait de bonnes chances de devenir un incontournable du cinéma. Cela fait désormais des

décennies que celui-ci est mondialement reconnu comme étant LE film de Noël.

PAR Jules Basile

De grands noms pour un film à petit

budget

Quand John Hughes écrit le scénario, il a déjà

en tête la frimousse de son héros, celle de Macaulay

Culkin. Un visage familier, puisqu’il

était apparu dans sa précédente réalisation :

Uncle Buck. Pour la convenance, Columbus

auditionne malgré tout plus d’une centaine

de jeunes acteurs. Lorsqu’il rencontre Macaulay

Culkin, c’est une évidence : cette petite

tête blonde est parfaite pour le rôle !

Catherine O’Hara, qui incarne la mère de

Kevin, fut, quant à elle, notamment choisie

pour sa performance remarquable dans

Beetlejuice de Tim Burton en 1988.

Joe Pesci, lui, accepte le rôle pour plusieurs

raisons : diversifier sa filmographie - et poursuivre

dans le registre de la comédie -, mais

aussi pour jouer dans un film destiné à un public

plus jeune et plus familial.

Si le succès et le statut de film culte attribué

aujourd’hui à Maman, j’ai raté l’avion ! n’est

plus à discuter, difficile de croire, en revanche,

que le long-métrage fut tourné avec peu de

moyens et que le chemin pour arriver à cette

stature cultissime fut semé d’embûches. Effectivement,

peu de gens savent que ce film a failli

ne jamais voir le jour. Au départ, ce devait

être produit par la Warner Bros, avant qu’elle

ne se rétracte.

Le studio n’accepta malheureusement pas le

budget final du film (14,5 millions de dollars

contre un budget initial de 10 millions) et le

projet tomba à l’eau. Malin, John Hughes avait

secrètement contacté la 20th Century Fox, et

c’est donc ce major qui financera le film avec

un budget de 18 millions. Malgré la critique

peu élogieuse de Roger Ebert, qui trouva l’intrigue

autour des cambrioleurs peu plausible,

Maman, j’ai raté l’avion ! sera un véritable

succès. Le film remportera 17 millions de dollars

pour son seul week-end d’ouverture aux

USA et finira par en rapporter 476 millions au

box-office mondial. Encore en 2020, cela reste

une des comédies les plus rentables de l’histoire

du cinéma.

Une comédie «slapstick» de Noël

Bien que considéré comme étant LE film de

Noël, Maman, j’ai raté l’avion ! est pourtant

loin de l’œuvre traditionnelle de Noël. Exit

l’aspect magique et féerique de cette célébration,

John Hughes reprend ici les codes du

slapstick, un genre d’humour impliquant de la

violence physique, où celle-ci est volontairement

exagérée. Le comique (de situation) réside

alors dans la disposition des pièges de Kevin,

pour lesquels Marv et Harry subiront de

nombreuses blessures sérieuses et assez brutales,

qui n’étaient d’ailleurs pas drôles à voir

pendant le tournage selon Chris Columbus.

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Aux yeux des spectateurs, elles sont pourtant

incroyablement hilarantes. Entre toutes

ces séquences tordantes, le long-métrage

s’accorde des moments plus tendres et plus

émouvants. La scène où Kevin discute avec

son voisin dans l’église, dont il avait encore

peur peu de temps auparavant, dégage une

certaine quiétude dans cette comédie.

La musique de John Williams, qui oscille

entre des mélodies rythmées et joyeuses ainsi

que des mélodies plus douces et émouvantes,

fait d’elle un énorme atout émotionnel pour le

film.

Maman, j’ai raté l’avion ! contient également

une multitude de dialogues et scènes iconiques,

dont certaines ont été entièrement

improvisées. Il est de connaissance commune

que les dialogues de John Candy dans l’aéroport

furent une complète improvisation de sa

part. Cependant, il y a une scène en particulier

qui n’a pas eu le rendu final anticipé. La

scène du cri n’aurait pas dû se dérouler telle

que nous la voyons dans le film, puisque dans

le script, Kevin devait se mettre de l’après-rasage,

enlever ses mains de son visage et crier.

Mais Culkin oublia de les enlever de son visage.

Comme quoi, une simple erreur peut

créer une scène emblématique et celle-ci reste

une des scènes les plus cultes des 103 minutes.

Une merveilleuse comédie

John Hughes savait dépeindre l’adolescence

comme personne. Avec Maman, j’ai raté l’avion

!, on retrouve l’évolution qu’il offrait à ses personnages

dans ses précédents teen-movies.

D’un gamin capricieux, Kevin finit par gagner

en courage et en maturité, en se confrontant

à une certaine forme de violence et en affrontant

l’Adulte.

Ce film - en plus d’être un incontournable pour

les festivités de Noël - reste donc un symbole

fort et intemporel de notre enfance. Et bien

que de nombreux films de Noël aient été réalisés

depuis, Maman, j’ai raté l’avion ! n’a jamais

été surpassé. Il reste à ce jour, 30 ans après

sa sortie, un des plaisirs que l’on aime voir et

revoir pour les fêtes de fin d’année.

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Love Actually

L’amour est une fête !

PAR Loïc Marie

(Capitaine Cinemaxx)

Richard Curtis est sûrement le scénariste et le réalisateur le plus doué de sa génération lorsqu’il s’agit

d’évoquer les sentiments amoureux avec humour et tendresse. Avec Love Actually, le cinéaste va redoubler

d’ingéniosité et offrir une comédie romantique indémodable et intemporelle, mettant en scène une

palette d’acteurs trans-générationnels où, chaque spectateur trouvera une place qui lui correspond.

La recette Richard Curtis

La force de Love Actually est sans conteste

sa galerie unique de personnages, où vont

se succéder pas moins d’une vingtaine

d’hommes et de femmes, d’horizons différents,

de classes sociales différentes, et autant

de problèmes sentimentaux à résoudre.

Les comédies romantiques et particulièrement

celles de Noël, ont la fâcheuse habitude

de se concentrer sur une seule rencontre,

une seule relation, un seul couple, dans une

avalanche de clichés aussi subtils que les

fans du MCU sur Twitter. Ici, Richard Curtis

ne va pas se contenter de mettre en scène

une seule situation amoureuse, mais une

multitude de scènettes romancées dans un

melting-pot cinématographique ultra-référencé,

le tout en imposant son propre style,

23

quitte à casser les codes. Que ce soit la figure

du politicien ou celle du musicien, le cinéaste

tord ces clichés et offre des versions décalées

et terriblement drôles de l’homme politique

- habituellement coincé - ou du musicien,

trop politiquement correct. Ainsi, le personnage

du Premier Ministre de Grande-Bretagne

devient un homme simple, tendre

et sincère, tandis que celui de Bill Mack,

un musicien vulgaire, sans langue de bois.


La figure du politicien

Généralement, la figure de l’homme politique

est assez peu présente dans les comédies

romantiques. La première trace du politicien

dans un film du genre remonte à 1909,

Amour & Politique, de D. W. Griffith, dans lequel

un politique tombe amoureux d’une caricaturiste.

Il faudra ensuite attendre 1995 et

le long-métrage de Rob Reiner, Le Président

et Miss Wade, pour que le politicien soit de

nouveau le héros d’une comédie romantique.

Ici, le réalisateur de Quatre Mariages et un Enterrement

remet le héros issu du monde politique

sur le devant de la scène, au goût du jour,

dans une version décalée et terriblement drôle.

Incarné par Hugh Grant, Le Premier Ministre

de Grande-Bretagne va s’éprendre

de sa jeune secrétaire, Natalie (Martine

McCutcheon), elle-même caricature

de la jeune pimbêche attachante.

La figure du musicien

Même principe, Richard Curtis va, une

nouvelle fois, s’amuser à prendre la figure

romantique de l’artiste pour y insuffler sa

propre patte. Ainsi, nous ferons la connaissance

de Billy Mack (Bill Nighy), chanteur

ayant connu la gloire et dont l’arrivée des

boys bands le fera tomber peu à peu dans

l’oubli. Désabusé par la musique et les périodes

de fêtes mais motivé à reprendre

sa place de numéro 1 dans les charts, face

à des jeunes produits marketings, Billy

prendra un choix radical : être sincère, en

toutes circonstances, au grand dam de son

manager, Joe (Gregor Fisher). Et si Love

Actually est une comédie romantique, Richard

Curtis en profitera néanmoins ici

pour faire la critique de l’industrie musicale

et de son hypocrisie, où toute la communication

n’est basée que sur l’image propre

et sans saveur de « merdeux arrogants ».

Parallèlement à cette critique, le réalisateur

fera l’éloge de l’amitié. Alors qu’il

fête Noël chez Elton John, Billy prendra

conscience qu’il est préférable de passer

les fêtes avec les personnes qu’il aime. En

l’occurence, avec Joe, son manager. Une

remise en question forte - due au temps

qui passe et aux priorités qu’on souhaite

accorder aux gens en vieillissant -, une

parmi tant d’autres dans Love Actually.

Bien sûr, Richard Curtis utilise parfois lui

aussi, les clichés très codifiés du genre. Le

Premier Ministre qui tombe amoureux de sa

secrétaire un poil grossière, issue de la classe

moyenne britannique, en est un. Mais il absorbe

ces clichés pour délivrer quelque chose

d’authentique, de profondément sincère, sans

le pathos grassouillet des vieilles comédies

romantiques. Chez lui, on appuie sur les émotions

pures plutôt que sur les situations dramatiques,

dont découlent les sentiments de pitié.

De plus, Curtis sait capter l’instant présent,

capturer chez ses acteurs la partie romantique

qui les anime - délivrant des séquences

d’un romantisme inégalable - mais également

la partie comique. Ce qui empêche donc

à Love Actually, comme nous le disions à

l’instant, de tomber dans le pathétique. Certains

personnages ne passeront alors pas par

quatre chemins pour dire ce qu’ils pensent,

notamment la sœur de Daniel, qui lui balancera

après la mort de sa femme : « Personne

n’aura envie de baiser avec toi si tu passes ton

temps à pleurer. ». Un parfait exemple d’une

irrévérencieuse comédie romantique, non ?

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Mais si cette comédie traverse les décennies

au point de devenir une comédie incontournable

de Noël, c’est en partie parce

que le public peut s’identifier à tous les

personnages ou à une situation exposée

dans le film. L’enfance, le deuil, la solitude,

l’adultère, les amours secrets, la dépression

causée par le vieillissement du corps,

le temps qui passe et ses remises en question,

sont autant de thèmes auxquels le

spectateur a déjà été confronté dans sa vie.

Des scènes cultes

Un film culte ne serait rien sans des scènes marquantes et, Love Actually en regorge. Que

ce soit la danse du premier Ministre Britannique sur Jump des Pointer Sisters, son allocution

face au Président Américain et la presse, la déclaration d’amour de Mark ou les

caméos de l’ex Mister Bean, Love Actually se dessine à travers toutes ces scènes, inoubliables.

Elles ont indéniablement contribué à rendre le film de Richard Curtis, culte !

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L’amour avant les morts-vivants

Love Actually : Aimez !

Avant de fracasser les zombies de The

Walking Dead, Andrew Lincoln n’était que

le petit gars sympa du coin, chétif et pas

très intimidant de Love Actually. Cependant,

il nous livre sans conteste une des

déclarations romantiques les plus belles

et originales de ces 20 dernières années.

Si cette séquence est aussi marquante, c’est

parce qu’elle possède un caractère universel,

qui touche au cœur n’importe quel être humain

doué de sentiments. Nous avons tous déjà

aimé une personne pour laquelle notre timidité

ou notre sens de l’honneur, nous ont empêché

de franchir le pas. Et comment le franchir

? En parler ? Aborder la personne aimée ? La

manière dont va le faire Mark, avec ce système

de pancartes, est si drôle et si tendre,

qu’elle nous rappelle à quel point il est important

de dire aux gens qu’on les aime. Ceci

dit, ce qui rend cette scène particulièrement

lumineuse, c’est sa finalité. Cette séquence se

termine en effet, par un baiser de Juliet (Keira

Knightley) mais surtout par cette phrase : « ça

suffit maintenant ». Cette réplique déchirante

pour certains est cependant révélatrice d’une

des principales valeurs morales de Mark :

l’amitié. Jamais il ne va chercher à briser son

amitié avec Peter, ni son mariage avec Juliet.

Simplement, avec toute la gentillesse qui le caractérise,

il va, une fois encore, évincer ses sentiments,

au détriment de sa relation amicale.

À Noël, Love Actually est un réchauffe-cœur.

Love Actually, c’est la magie du moment présent, un instant suspendu dans le temps, où l’on se permet

de croire, de rêver que, nous aussi, nous accèderons à ce bonheur amoureux.

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Quand on parle de films de Noël, Die Hard n’est pas forcément

le premier long-métrage qui nous vient à l’esprit.

Pourtant, celui qui a renouvelé l’Action-Movies à la fin

des années 80 est pour beaucoup, LE film de Noël à ne pas

louper à chaque fin d’année. Mais connaissez-vous vraiment

ses secrets ?

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PAR Damien Cinematic Universe


S

Y

N

OPSIS

John McClane, flic New-Yorkais, se rend en Californie pour passer les fêtes de fin d’année

avec sa femme Holly, récemment promue à un poste important à Los Angeles.

En arrivant à la tour Nakatomi Plaza, siège social où travaille sa femme, John essaie de participer

tant bien que mal à la fête de Noël organisée par le patron d’Holly. Mais une bande

de braqueurs va venir gâcher les festivités et prendre en otage tous les employés.

Et sans le vouloir, John McClane va devenir le dernier espoir de survie pour Holly et ses

collègues...

Quand on parle de films de Noël, on ne pense pas forcément aux films d’action. Néanmoins,

et comme vous avez pu le lire précédemment, Iron Man 3 comme Die Hard

respectent pourtant une charte précise des longs-métrages de fin d’année : la période,

les thèmes de la rédemption et du pardon ainsi que la morale : toujours croire en soi !

Pour éviter une redite, nous vous proposons une plongée au sein de la genèse

du meilleur film d’action de Noël : Die Hard, Piège de Cristal.

Allez, montez dans l’ascenseur et en route pour le 30ème étage du Nakatomi Plaza !

Die Hard est une suite !

Vous n’avez pas louché en lisant l’intertitre, DIE HARD est bien la suite d’un film, enfin presque…

Pour comprendre comment ce film est arrivé au cinéma en 1988, il faut d’abord remonter 20 ans

en arrière. En 1968 sort au cinéma « Le Détective », film réalisé par Gordon Douglas, avec Franck

Sinatra dans le rôle principal. Ce long-métrage est un polar traditionnel, adapté du best-seller « The

Detective », écrit par Roderick Thorp en 1966. L’histoire d’un flic prêt à tout pour trouver le meurtrier

d’un jeune homosexuel.

Le film est un succès et Sinatra, âgé de 54 ans à l’époque, demande à l’écrivain d’écrire une suite à

son roman. L’acteur veut absolument donner une suite aux aventures de son personnage, sur grand

écran. Thorp accepte et se lance dans l’écriture, mais cette fois-ci, fini le polar… L’écrivain veut se

lancer dans l’écriture d’un roman d’action, avec un type qui sauterait d’un toit accroché à une lance

à incendie. Le problème, c’est que Roderick Thorp va mettre 10 ans à écrire ce deuxième roman.

Quand le livre « Nothing Lasts Forever » sort enfin à la fin des années 70, Sinatra, âgé de 64 ans,

refuse de faire la suite. Il ne se sent plus capable d’être crédible dans la peau du héros.

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Joel Silver rime avec sauveur... Ou

détonnateur

Le projet va rester plus de 8 ans dans les placards

de la 20th Century Fox, jusqu’à l’arrivée

du producteur en vogue de l’époque,

Joel Silver. On peut dire que le Monsieur s’y

connaît un peu, en films d’action, on lui doit

notamment : Commando, L’arme Fatale et

Predator.

C’est en trois étapes que Silver va relancer le

projet, mais à sa sauce…

De colère, il décide de repartir et d’aller

faire un tour en voiture pour se calmer. Sur

la route, il comprend rapidement que dans

cette dispute idiote, sa femme avait raison

sur toute la ligne. En voulant faire demi-tour

pour rentrer chez lui, il frôle l’accident de

voiture. Heureusement, plus de peur que de

mal. Jeb se dit alors que c’est une deuxième

chance qui s’offre à lui pour s’excuser.

Voilà comment est né Die Hard. Au revoir le

sexagénaire qui tue sa fille par accident, et

bonjour le héros de 30 ans qui aurait dû dire

pardon à sa femme pour ce qu’il s’est passé

entre eux.

- Première étape, le scénario. Silver va tout

d’abord modifier le titre. En effet, « Nothing

Lasts Forever » (rien ne dure éternellement)

sonne trop James Bond pour le producteur.

Il choisira alors d’appeler le film : Die Hard.

Beaucoup plus accrocheur. En revanche,

la scène du saut accroché à une lance à incendie

va être conservée. Avec toutefois une

nuance, faire exploser le toit au moment de la

chute du héros. Puis, conclure le film par une

énorme explosion qui détruirait une bonne

partie de l’immeuble.

Ce sont les scénaristes Jeb Stuart (Haute Voltige,

48H de plus, Le Fugitif) et Steven E.de

Souza (Commando, Hudson Hawk, Judge

Dread) qui vont être engagés pour mettre sur

papier la vision explosive de Silver.

À la fin de la lecture du roman « Nothing

Lasts Forever », Jeb Stuart n’avait aucune

idée de la manière dont il allait l’adapter...

Le livre est plutôt sombre puisque dans le roman,

le héros tue sa fille accidentellement en

la lâchant du toit d’un building.

La révélation pour le scénariste est venue

d’une dispute avec sa femme. Un soir, Jeb

rentre du travail. À peine arrivé chez lui, il se

dispute avec sa douce.

29


John McTiernan, l’homme de la

situation

Deuxième étape, trouver le réalisateur ! Pour

Silver il n’y a aucun doute, c’est Paul Verhoeven

qu’il lui faut. Le cinéaste Néerlandais a

cartonné l’année passée avec Robocop, mais

ce dernier refuse l’offre, trop occupé à préparer

Total Recall. Le producteur se tourne

donc vers John McTiernan, qui vient de réaliser

pour lui : Predator. Contre toutes attentes,

McTiernan refuse lui aussi…

En producteur acharné qu’il est, Joel Silver

va littéralement harceler son réalisateur pour

le faire flancher. McTiernan finit par céder,

mais à deux conditions : ajouter de l’humour

à l’histoire et transformer les terroristes en

simples braqueurs.

Bruce Willis, l’outsider qui valait 5

millions de dollars

Au bout de quelques temps, le script et sa

mauvaise réputation arrivent sur le bureau

de l’agent de stars : Arnold Rifkin. Pour lui,

le rôle de John McClane, c’est pour son poulain

: Bruce Willis ! L’acteur fonctionne bien

à la télévision dans la série Claire de Lune,

mais il aimerait surtout relancer sa carrière

sur grand écran après les échecs consécutifs

de ses deux premiers films (Boire et Déboires

et Meurtre à Hollywood).

L’agent sent que le script de Die Hard a du

potentiel et que Willis accepterait sans problème

de jouer le personnage de McClane tel

qu’il était décrit dans le scénario. De plus Arnold

Rifkin sait que Joel Silver et John Mc-

Tiernan sont au pied du mur et qu’ils n’ont

pas d’autre choix que d’engager Willis. Malin,

l’agent profite également de la situation

pour négocier un cachet de 5 millions de dollars

pour son acteur. Bruce Willis passe dès

lors de l’acteur de séries TV pour ménagères,

à l’acteur le mieux payé d’Hollywood !

Étape trois, trouver les acteurs pour donner

vie à John McClane, Holly, Al Powell,

Hans Gruber et tous les autres… Pour cause

d’obligation contractuelle, la Fox et Silver se

voient dans l’obligation de proposer le premier

rôle à Franck Sinatra, en espérant secrètement

que ce dernier décline… Heureusement

pour eux, c’est le cas. Il explique être

« trop vieux et riche » pour accepter le rôle !

Débute alors un jeu de chaises musicales

pour trouver le visage de John McClane.

Clint Eastwood, Stallone, Schwarzenegger,

Richard Gere, Al Paccino et même Burt Reynolds,

tous vont se voir proposer le rôle et

tous vont rejeter l’invitation pour à peu près

les mêmes raisons : un humour trop présent

et un héros pas assez viril…

30


Un casting à la hauteur du

Nakatomi Plaza !

Pour le rôle d’Holly, Bruce Willis a décliné

l’intégralité des bimbos sexy qui avait été

choisies par Joel Silver. Et pour cause, le

comédien ne connaissait pas meilleure actrice

que Bonnie Bedelia, pour interpréter sa

femme à l’écran.

Un héros se doit également d’avoir un bon

compagnon de route, et c’est l’agent Al

Powell, joué par Reginald VelJohnson, qui

s’y colle. C’est même grâce à un acteur célèbre,

que Reginald va décrocher le rôle !

Lors du casting, Reginald était dans la salle

d’attente en train d’écouter Wesley Snipes

passer son audition. Il le trouvait formidable.

Quand son tour arriva, il décida au dernier

moment de faire l’exact opposé de ce qu’avait

proposé Snipes, afin de se démarquer. Reginald

décrocha son premier rôle au cinéma !

Pour qu’un Action-Movie fonctionne, il lui

faut également un méchant à la hauteur du

héros ! La directrice de casting Jackie Burch

le savait parfaitement, sans un bon Hans

Grubber, le film ne tiendrait pas la route. Elle

propose un choix surprenant : Alan Rickman.

À cette époque, feu Alan Rickman n’est pas

la star internationale d’aujourd’hui. Il joue

dans de petites pièces de théâtre à Broadway

et commence à avoir une petite réputation

dans ce milieu. Rickman ne connaît donc

rien aux rouages du cinéma et n’a jamais

mis les pieds sur un plateau de tournage. Le

plus étonnant, c’est qu’il n’a jamais tenu une

arme à feu de sa vie, pas très crédible pour

jouer un grand méchant comme Hans Grubber.

Toutefois, la classe, le charisme et les

talents d’acteur d’Alan Rickman vont mettre

tout le monde d’accord lors de ses essais.

31


Die Hard au Panthéon !

Malgré les prévisions, le film va être un carton au box-office américain, ainsi que dans le

monde entier. Bruce Willis devient une star internationale et Die Hard va renouveler le

genre du film d’action : un gars normal, livré à lui-même, en huis clos, piégé avec une horde

de méchants.

Dès lors, terminé les films d’action avec des héros aux biceps surdimensionnés qui n’ont

besoin de personne pour abattre 50 gars avec un seul chargeur. Maintenant, le héros, c’est

monsieur tout le monde !

Comme d’habitude à Hollywood, dès qu’une recette fonctionne, on la décline jusqu’à l’indigestion.

Des ersatz de Die Hard vont donc voir le jour dans des avions, des trains, des

bateaux et même dans un stade de hockey… Pour preuve, ces longs-métrages sont tous

sortis après la première aventure de John McClane : Mort Subite, Passager 57, Les Ailes de

l’Enfer, Air Force One, Piège en Haute-Mer et la liste est encore longue…

Mais ces films, malgré leurs qualités et leur succès, ont tous le même problème… Ils ne seront

jamais Die Hard !

32


BONUS !

Les immanquables

PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)

LES CINQ LÉGENDES

« Libérée, délivrée... »

oups, désolé.

Œuvre sur l’importance des rêves, de l’imaginaire

et de l’espoir, Les Cinq Légendes est plus

qu’un film d’animation.

C’est une véritable ode à l’enfance !

Armé d’une poésie rare, d’une mise en scène

énergique et flamboyante ainsi que d’un soustexte

fort, le long-métrage de Peter Ramsey est

un incontournable de Noël. À ne pas manquer !

Disponible sur Netflix.

LA REINE DES NEIGES

NOS AVIS EN

EXCLUSIVITÉ !

Les parents la détestent (rires), les enfants

l’adulent, La Reine des Neiges est devenue LA

figure emblématique de Disney en l’espace de

quelques années. Forte, indépendante, elle est

l’image de la Princesse moderne, un porte-étendard

pour toutes les jeunes filles d’aujourd’hui.

Animation soignée, photographie alléchante,

musique entraînante, La Reine des Neiges est

un must pour passer un réveillon de folie !

Dans la foulée, enchaînez avec le 2 !

33


BONUS !

Les immanquables

NOS AVIS EN

EXCLUSIVITÉ !

LE PÈRE NOËL EST UNE ORDURE

KLAUS

Conte sur les origines de Noël, Klaus est une

véritable œuvre de Noël : charmante, drôle et

authentique.

Les prouesses techniques et la narration exemplaire

de Klaus en font le film familial par excellence,

qui émerveillera autant les petits que

les grands.

Disponible sur Netflix.

Comédie culte de Jean-Marie Poiré, Le Père

Noël est une ordure est un indispensable de

Noël, notamment si vous avez un énorme

coup de blues. Avec ses dialogues/répliques

piquantes, cinglantes, virulentes, le film vous

entraînera dans un tourbillon de fous rires impossibles

à contrôler. De quoi vous faire oublier

tous vos soucis !

«Téléphone Thérèse,

téléphone.»

«Nous devons montrer aux gens qu’une action vraiment

désintéressée en appelle toujours une autre.»

34


MIGLEN MIRTCHEV :

ENTRETIEN AVEC UN VRAI PÈRE NOËL

PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)

Si vous ne l’avez jamais vu au cinéma ou à la télévision, peut-être connaissez-vous sa voix.

Depuis quelques années, le comédien Miglen Mirtchev parcourt le monde merveilleux du doublage

et, est rapidement devenu une référence pour incarner les personnages (ou « monstres ») forts ou

d’origines slaves. De Madagascar à Le Hobbit : La Désolation de Smaug, en passant par The Amazing

Spider-Man : Le Destin d’un Héros et le magnifique Green Book, Miglen Mirtchev séduit par son

indéniable charisme vocal, ses intonations chantantes, ainsi que par sa tonalité parfois « bourrine

» qu’impose les rôles tels que le Rhino. Méchants ou gentils, il donne également de la voix pour la

télévision et participe à des séries qui, pour certaines, sont aujourd’hui cultes : Banshee (Olek), The

Americans (Olek Burov), Iron Fist (Radovan Bernivig), mais aussi Watchmen, la série (Peur Rouge).

Avec sa voix atypique et l’accent prononcé des pays de l’Est qu’il peut prendre à sa guise, le tout combiné

à sa bonhomie et sa joie de vivre, il était le candidat idéal pour prêter sa voix au Père Noël dans

le film de Peter Ramsey : Les Cinq Légendes.

Rencontre avec une Légende, Nord, Le Père Noël.

35


Comment se retrouve-t-on à prêter sa voix

au Père Noël ? En somme, comment êtesvous

arrivé sur ce projet ?

C’est assez simple. Comme je suis d’origine de

l’Est (de Bulgarie), que je parle aussi le Russe, et

que je jouais au cinéma ou à la télévision beaucoup

de personnages de l’Est, on a pensé à moi.

J’ai évidemment passé un casting, car ça ne rigole

pas avec les boîtes américaines. Pour ce projet,

nous étions en duplex par Skype depuis Londres

avec la responsable de Paramount : nous avons

fait des essais et j’ai eu le rôle. Alec Baldwin, qui

est la voix américaine, avait pris un accent russe

pour doubler Le Père Noël. Et comme j’avais une

voix assez grave et cet accent russe...

C’est donc votre voix et cette tonalité grave,

en plus de votre accent, qui a joué en votre

faveur ?

Comment se prépare t-on à devenir le Père

Noël, comment avez-vous travaillé votre

voix pour lui donner ce timbre ?

Ça se fait sur place. Pendant le casting, ils avaient

des exigences très particulières et très précises.

Que ce soit sur le timbre, sur l’accent, tout cela

se mettait en place durant le casting. Ensuite, sur

l’enregistrement, nous étions tout le temps supervisés

par une personne en conférence Skype, toujours

depuis Londres.

Ce sont des anglo-saxons alors, après chaque prise,

ils vous disent : « Ah c’est formidable ! Quelle présence

! Mais, il y a une toute petite chose... ». Et

on commence dès lors à préciser, à rentrer dans le

détail. Voilà comment ça se déroule. Néanmoins,

c’était très agréable ! Stressant, mais agréable.

Oui, je pense que c’est ce qu’ils recherchaient. Il

fut un moment où les accents étaient prohibés en

France, surtout dans le doublage. Là, ce sont les

américains qui ont insisté pour avoir un bel accent

russe. Alors, je ne suis pas le seul sur le marché,

mais suite au casting, j’ai eu le rôle.

36


Je ne savais pas qu’ils surveillaient à

ce point le doublage...

C’est la seule fois où ça m’est arrivé. Me semblet-il.

J’avais pourtant doublé pour un autre film

d’animation, Madagascar, mais pour Les Cinq

Légendes, c’était en duplex. Tout le temps. Ils

discutaient entre eux, m’indiquaient les ajustements

à faire, etc.

Vous savez pourquoi il y avait ce protocole

si exigeant sur Les Cinq Légendes

?

Ils travaillent ainsi. Et veulent que ça corresponde

au maximum aux intentions qui sont

données par les acteurs qui ont créé les rôles.

Donc, il faut absolument que ce soit le plus

conforme possible à la version originale. Ils

supervisent ça de manière très détaillée. Toutefois,

je ne sais pas s’ils font ça avec les autres

pays...

C’était un rêve de gosse de devenir,

l’espace d’un instant, le père Noël ?

(rires) Un rêve de gosse, non. J’ai une photo,

comme beaucoup d’enfants, où je suis en pleurs

à côté du Père Noël, en revanche, j’avais déjà

fait le Père Noël pour mes petits enfants lors

de fêtes familiales. Ce qui est agréable et passionnant

dans le doublage de films d’animation

c’est que, malgré ce que je viens d’évoquer, cette

surveillance accrue, on est plus libre que dans

le doublage d’acteurs (réels). Là, il faut rentrer

dans l’œil de l’acteur.

Les Cinq Légendes a eu un énorme succès

lors de sa sortie en 2012, selon vous,

qu’est-ce qui séduit autant les jeunes et

les moins jeunes ?

Le film dégage de la poésie. Ça parle de thèmes

universels, des rêves qu’ont les enfants, et met

en scène des personnages atypiques. Il y a cette

bataille pour garder la part de rêve des enfants,

mais aussi des adultes, et c’est pour cela que ça

fonctionne.

Les Cinq Légendes a si bien marché que des

amis, lorsqu’ils ont appris que je doublais le

Père Noël, m’ont demandé de laisser des petits

messages vocaux à leurs enfants (rires). J’ai

passé pas mal de temps à laisser des messages

à droite à gauche. C’était amusant ! Encore aujourd’hui,

cette aventure me poursuit un peu.

37


Une question que nous poserons à tous nos invités :

quel est votre plus beau souvenir de Noël ?

J’ai grandi dans un pays communiste, et nous fêtions Noël le jour de l’An. Tout était pareil, sauf

le côté religion. Pour mon plus beau souvenir de Noël, je ne sais pas... Ça serait plutôt des bribes

de souvenirs. J’ai perdu mon papa à l’âge de 16 ans, j’ai des souvenirs des derniers réveillons que

nous avions passés avec lui. Une fois, mes parents avaient réservé dans un hôtel où il y avait une

piscine que nous n’avions pas le droit d’utiliser, car c’était pour les sportifs. Je trouvais ça impressionnant.

Sinon, petit, ce sont les cadeaux. Nous avions toujours des oranges pour Noël, […]

et c’était quelque chose d’extraordinaire, et des bonbons, bien sûr. Cependant, pour vous dire

franchement, je n’ai aucun souvenir des cadeaux que j’ai reçu petit. Je me souviens que, quand

j’avais 7-8 ans, mon père aimait bien fabriquer des arcs, lancer le couteau, et, mes cadeaux à

partir de cet âge-là furent des couteaux de chasse. Je les déglinguais au bout d’un mois ou deux

à force de les lancer contre les arbres (rires). Même maintenant, je continue mais avec des vrais

couteaux de lancer. Et j’apprends ça à mon petit fils. On est un peu des sauvages (rires). Toute

mon enfance, je me suis pris pour un indien.

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AUX ORIGINES

DU FILM DE NOËL

PAR Jean Damiens

25/12/2020

39


Il est impossible d’y échapper.

Généralement, ils arrivent fin novembre pour enchanter

les écrans de télévision des foyers tout au long

du mois de décembre. En eux, une esthétique rouge,

voire verte, supplément neige. Qu’on le veuille ou non,

ils sont représentatifs d’une saison, ils marquent l’arrivée

des plaids, des chaussettes rembourrées et du

chocolat chaud. Les films de Noël ont pour la plupart,

une odeur, une saveur, quelque chose où l’on est sûr

à 100% que ce que nous allons voir va être sirupeux…

Ou presque. Pour cette partie-là, vous pouvez être sûr

qu’il suffira d’allumer votre tube cathodique, de vous

mettre en position latérale de sécurité, et d’attendre

que Morphée vous prenne dans ses bras.

Et alors qu’aujourd’hui les chaînes publiques et privées

se livrent une bataille sans merci pour le Pôle

Nord, avec Disney, Netflix, Prime Video et consorts,

posons-nous une question, celle qui devrait normalement

être posée devant une œuvre qui sent le vin

chaud et le sucre d’orge :

D’où ça vient, le film de Noël ?

40


LA NAISSANCE DU GENRE

Il n’aura pas fallu longtemps avant de voir naître le divin enfant et de chanter ses louanges au cinéma.

La première fois qu’une œuvre du genre fit son apparition, c’était dans un documentaire d’une

minute seize, baptisé Santa Claus, et distribué en 1898. Que dire si ce n’est que l’on peut y voir deux

enfants se faire border par la bonne, qu’elle leur montre la cheminée et que, par la magie liée à l’événement,

le barbu blanc glisse le long de ses parois pour y déposer quelques friandises, un baiser sur

le front des mouflets, et de repartir comme si de rien n’était. Un court-métrage, qui ne montre rien

de plus que ce que nous croyons tous enfants, lorsqu’avec nos parents nous déposions un verre de

lait, quelques biscuits et une carotte pour les rennes, avant de filer au lit, comme le criait le paternel.

Répertorié comme étant le vrai premier film de Noël, cela entraînera la production de plusieurs

œuvres qui sentiront bon la cannelle, le pain d’épice, et la dinde aux airelles, le tout accompagné d’un

Jingle Bells du plus bel effet, sur une enceinte stéréo plein pot.

Tout aussi onctueux que la bûche que vous aurez réalisé, les bons sentiments liés à ces œuvres feront

que de nouveaux films seront écrits, tournés, montés et distribués avec une discrétion telle, qu’il

faudra attendre La Vie Est Belle de Frank Capra, pour se rendre compte que nous nous sommes fait

avoir comme des lutins.

Œuvre qui respire la sincérité véritable, l’histoire est celle d’un ange devant venir en aide à un bonhomme

désespéré, et qui fera évidemment tout pour imposer la solidarité aux gens qui auront la

bonne volonté de se prêter à toute cette histoire. Nous sommes en 1946 à ce moment-là, énorme

carton, tapis rouge déployé au genre…

Vous l’aurez compris à travers l’ensemble des références liées à cette période de l’année, plus souvent

culinaire qu’autre chose, Noël au cinéma, c’est une sacrée histoire. C’est un sacré tout, même. C’est

quelque chose qui englobe plusieurs genres. Du drame à la comédie sentimentale, en passant par la

satire jusqu’au fantastique, sans oublier les dessins animés… Tout y passe. Et généralement, une fois

que vous avez compris qu’il est possible de le décliner sous toutes ses formes, vous le trouverez aussi

en trois catégories. Parce que oui… Noël n’attend pas, surtout quand il s’agit ici de parler au plus

grand nombre, et aux salles qui se rempliront ou non.

41


Les films qui le célèbrent ou qui en font son apologie

participent à nourrir toute sa mythologie…

E il y en a un paquet. Comment ne pas penser à

ces films comme Le Drôle de Noël de Scrooge,

réalisé par Robert Zemeckis, qui dépeint la vie

d’un homme froid, cynique et qui déteste Noël.

On le voit ainsi évoluer, prendre conscience qu’il

peut devenir meilleur alors qu’il se confronte aux

trois fantômes de Noël, lesquels lui proposeront

une petite introspection sur sa vie passée, sa vie

présente et sa vie future. Un voyage spirituel, une

quête initiatique, en fait, qui fera en sorte que

cette saleté de Jim Carrey en image de synthèse

soit agréable, généreux et compatissant avec les

gens qui l’entourent. Impossible également de

ne pas penser à Love Actually de Richard Curtis

qui, sous couvert d’une comédie franchement

niaise par moments, propose de vrais instants

festifs où Noël ne semble être qu’un argument

de plus pour proposer des séquences tendres et

généreuses à ceux qui croient en la magie du réveillon.

Enfin, impossible de ne pas songer au

Pôle Express, de Robert Zemeckis également,

où la quête d’un enfant ne voulant absolument

pas rater l’arrivée du gros monsieur en costume

rouge au Pôle Nord, vous fera retomber en enfance

à coup sûr… Mais à condition, encore une

fois, de ne pas tomber malade face à une 3D qui

vieillit définitivement mal.

Autre exemple maintenant. Si les ambiances

mielleuses ne sont pas tellement votre came,

prenez donc un shoot de testostérone avec ce

qu’il faut de répliques claquées et d’explosions,

pour vivre le moment. Et pour le coup, la liste ici

est longue comme celle que vous faisiez enfant.

Que ce soit Piège De Cristal par John McTiernan

,ou sa suite mise en boîte par Renny Harlin, ou

encore plus récemment Iron Man 3 de Shane

Black, les fêtes de fin d’année ne sont généralement

qu’un prétexte pour servir sur un plateau,

des scènes d’action, des explosions, des regards

caméras et autres joyeusetés du même genre.

Alors, même si les douilles de balles et les débris

volent autant que les boutons de pantalons après

un repas beaucoup trop bourratif, il ne serait pas

plus pertinent de se demander pourquoi est-ce si

populaire.

42


LA RECETTE PARFAITE POUR UN FONCTIONNEMENT MAXIMAL

Si on se base sur les écrits d’un certain S. Brent

Rodriguez Plate, professeur d’études religieuses,

de cinéma et de science des médias, tous les films

qui inspirent le combo parfait d’un chocolat

chaud option plaid et chat ronronnant, doivent

être perçus comme un « baromètre de la façon

dont nous voudrions vivre et de la façon dont

nous pourrions nous voir, et nous estimer ».

Oui, sauf que rien ne m’inspire plus la haine profonde

de l’humanité que deux personnes qui se

connaissent depuis 10 minutes et qui vont vivre

1 heure 30 d’aventure rocambolesque, supplément

amour coulant. Mais poussons la réflexion

un peu plus loin. Si ce genre à part entière permet

pour certains de s’échapper de leur quotidien,

il n’est plus question d’alternative. L’auteur de

l’étude parle de La Vie Est Belle, qui est à la base

de la base si l’on ne compte pas le court-métrage

institutionnel, mais cité pour exemple Esprit de

Famille de Thomas Bezucha, et avec Sarah Jessica

Parker. Comédie sans prétention aucune,

cela raconte comment une trader de Manhattan

va découvrir la notion de famille en se rendant

dans une petite ville de campagne.

Typiquement le genre de programme à regarder

après le repas, en famille ou entre amis. Un film

loin d’être extraordinaire, mais qui se laisse regarder,

avec un casting qui a bonne gueule. Une

histoire alléchante sur le papier mais classique

au possible… Clairement, ce schéma est le même

depuis pratiquement vingt ans voire plus si l’on

est tatillon… L’exemple parfait, c’est La Course

Aux Jouets, réalisé par Brian Levant. Rappelez-vous

d’Arnold Schwarzenegger qui remue

ciel et terre pour offrir un Turbo Man à Jamie,

son fils. La recette est la même. Une histoire à

priori attrayante, mais trop convenue… Encore

une fois, le genre de film à regarder lors d’un

repas familial ou lors d’une soirée bières-potes

et pizzas… Le pire, c’est que tout finit toujours

bien, même lorsque les personnages accumulent

les bourdes. Tout y est, n’en jetez plus, la coupe

est pleine !

43


Ces films-là créent un monde idéalisé. Un but rêvé. Une obsession permanente pour toutes les âmes

en peine, malheureusement bien seules le soir du réveillon… Et pour le coup, ce n’est plus notre

chercheur qui avance cette théorie, mais l’historienne Penne Restad, dans un ouvrage publié en 1995.

Les films de Noël seraient « une quintessence des vacances, celle d’un monde qui n’a pas de mauvais

côté… Un monde où l’on peut oublier la guerre ». Ça se tient.

Alors évidemment que la guerre en période de

Noël n’est pas forcément un thème vendeur,

surtout lorsqu’il s’agit de rameuter du public

dans les salles, et encore tout dépend de comment

la chose est amenée. Ces batailles, en tant

que telles, en revanche, sont réelles. Pour reprendre

La Course Aux Jouets, c’est une bataille

d’un père prêt à tous les sacrifices pour trouver

le jouet dont rêve son fils. Même chose avec Le

Grinch, sorti dans les années 2000 et 2018, respectivement

mis en scène par Ron Howard et

Scott Mosier & Yarrow Cheney. Le combat du

matérialisme ici est subtil, car on s’adresse aux

jeunes avant tout. L’idée que Noël pourrait être

gâché par un croque-mitaine vert, non merci. En

revanche, cela n’empêche pas de véhiculer l’idée

que le sens de Noël se trouve dans le don de soi,

plus que dans le consumérisme.

Depuis, l’espèce humaine a évolué, pour le meilleur

comme le pire. Ces films-là également. Ils

sont désormais là, dans les villes, sur les plateformes

de streaming... Du mois de novembre

à l’aube de janvier, la mise en scène reste la

même : des personnages, des scénarios qui ne

changent pas d’un métrage à l’autre… Oubliez

les productions mentionnées plus haut, même si

nous avons honteusement oublié d’aborder Maman,

J’ai raté l’avion !... Toutes ont été aspirées

dans une faille inter-dimensionnelle, frôlant

le malaise, parfois la gêne, et comme l’idée est

d’attirer un public neuf, un public qui regarde

et consomme sans jamais trop se poser de questions,

tournons-nous vers les téléviseurs, et ces

quelques 68 millions de visionnages en 2018.

44


CINÉMA, CANAPÉ, MÊME COMBAT

En 2018, un compte à rebours va attirer une armée

de fans, conditionnés aux téléfilms moelleux

depuis le début du millénaire. Tous n’attendent

qu’une chose : rencontrer leurs stars

préférées. Un événement créé à l’occasion d’une

convention, la ChristmasCon pour être précis.

21 interprètes, tous tournant principalement à

la télévision, d’Alicia Witt, à Chad Michael Murray,

en passant par Ryan Paevey, sont les visages

de votre rendez-vous de TF1/M6 préféré.

Les productions que nous regardons en fond, en

nous occupant d’autre chose, ne nous mentons

pas. Mais alors, pourquoi les petites productions

comme celles-là sont devenues la messe

de la sieste hivernale ?

Avant toute chose, c’est une question de business.

Les téléfilms de Noël, ça rapporte énormément

d’argent et surtout, ça permet d’entretenir

les acteurs sur une longue période, et de

les pérenniser sur ce genre-là. Une formule parfaite,

pour le public, si l’on en croit les financiers

derrière. C’est en tout cas ce qu’indique une de

nos consœurs journalistes cinéma & culture de

Vanity Fair : « Les spectateurs seront toujours

en quête d’un parfait « guilty pleasure » pour

occuper leurs soirées d’hiver. […] Personne ne

s’attend à gagner un Emmy Award, ce qui rend

l’expérience plus fun et décomplexée des deux

côtés ».

A Christmas Prince 1, 2 & 3, Noël À Snow Falls,

Un Safari Pour Noël, La Princesse de Chicago,

Flocon d’Amour… Tellement d’occasions de se

rappeler que l’appréciation que l’on porte à une

œuvre est personnelle. Les grands films sont les

nôtres, ils nous appartiennent et nous les portons

sur nos épaules comme de bons moments.

Pourtant, ce ne sont pas des chefs d’œuvre, et

personne ne le criera sur tous les toits.

45


Sur les déclarations d’Evelyne Dillenseger, psychanalyste

et experte en thérapie de couple, ce

qui fait que nous aimons ces productions, c’est

évidemment le lien avec la saison. « Il fait froid.

On a besoin de cocooning. On a envie de réconfort.

Nous sommes en congés, on a du temps à

perdre ».

Et il est vrai que le temps, en congés, on peut se

permettre de le dilapider à outrance. Il est également

vrai que rien ne nous empêche de nous replonger

pour la énième fois devant Le Père Noël

est une ordure ; Love Actually et autres. On les a

tous vu une tonne de fois, sans jamais s’en lasser,

et on en connaîtrait presque (voire carrément) les

dialogues sur le bout des doigts, à la virgule et au

souffle près. Aussi, ces films répondent à quelque

chose qui peut faire du bien, à vous, chers lecteurs,

chères lectrices : la nostalgie. De voir apparaître

entre deux encarts pub pour le dernier

jouet un film que vous n’aviez pas vu depuis un

an, c’est plaisant. L’euphorie que ça procure, de

se préparer une petite soirée avec deux bouts de

ficelles et une boisson chaude, il est vrai que ça a

du bon. Et parce que nous ne nous connaissons

pas encore, et parce que l’hypocrisie n’a jamais

fait de mal à personne, acceptez le fait que vous

reproduisez la même chose lors du 30 octobre en

allumant une citrouille.

C’est pour toutes ces choses que nous aimons ces productions. Que nous aimons la nostalgie. Que

nous aimons malgré nous, les repas de famille, les réunions où se mêlent discussions politiques, rires

et débats houleux. Que nous attendons avec impatience que Netflix propose 24 films sous forme de

calendrier de l’avent, pour nous faire patienter jusqu’au grand jour. Que nous rions devant Love

Actually, de la tendresse que dégage Thomas Sangster, des larmes lorsqu’on découvre que Henry

Golding n’est en fait qu’une projection, de l’effet soporifique de Père Noël Origines, et du doudou que

représente Gremlins… Ces productions nous procurent un plaisir coupable (ou non), peu importe

leur qualité.

46


AVA GARDNER

T h e L o v e s o f P a n d o r a . . .

. . . i n F l a m i n g

M-G-M

Presents

47


COLOR BY

TECHNICOLOR !

JAMES MASON

PANDORA

Submersion onirique

de l’amour fou.

PAR Teddy DEVISME

WITH

NIGEL PATRICK - SHEILA SIM

HAROLD WARRENDER - MARIO CABRE

WRITTEN AND DIRECTED BY ALBERT LEWIN

PRODUCED BY ALBERT LEWIN AND JOSEPH KAUFMAN

48


Le plus célèbre film du cinéaste Albert Lewin reviendra prochainement

sur grand écran, dans une version restaurée. Prévue

initialement dans les salles obscures pour décembre 2020,

le long-métrage sortira finalement courant 2021 (si les cinémas

sont ouverts). Une restauration immanquable, non seulement

de par la folle réputation de « film étrange » que possède celui-ci,

mais aussi de par les prestations incroyables d’Ava Gardner et

de James Mason, qui irradient l’écran.

L’histoire : À Esperanza, un village de la côte espagnole, Pandora, une jeune Américaine, est indifférente

aux riches prétendants qui la courtisent. Après avoir finalement accepté d’épouser un coureur

automobile, elle rencontre le propriétaire d’un yacht, Hendrick Van der Zee, qui n’est autre que

le Hollandais Volant de la légende, condamné à errer sur les mers et à ne redevenir humain que six

mois tous les sept ans. Or, sa malédiction ne sera levée que s’il rencontre une femme qui, par amour,

acceptera de mourir pour lui…

49


Le frisson mélancolique des corps.

Des pêcheurs en pleine mer remontent un filet qui

semble avoir attrapé une grosse prise. Une fois le

filet remonté à bord, le cadrage de la caméra ne

montre pas le contenu (hors-champ) mais reste

sur les pêcheurs, soudainement extatiques face à

leur prise. Puis, au terme d’une ellipse, le cadre se

retrouve au-dessus d’un balcon. Un corps fixé derrière

une longue-vue, sur ce balcon donnant sur la

plage et sur la mer, regarde le retour des pêcheurs

et la création d’une foule autour de ceux-ci. Tels

sont les deux premiers plans. Il y a quelque chose

de mystérieux qui captive l’œil, immobilisant le

corps par la même manière. S’arrêter de bouger

pour laisser l’objet photographié (par les yeux)

se dévoiler. Les deux scènes se rejoignent ensuite

lorsque Harold Warrender et Sheila Sim

(incarnant Geoffrey et Janet) se rendent sur la

plage. Pas de larme, pas de cri, pas de corps qui

se déchaîne. Au contraire, Albert Lewin met

en scène des personnages qui, en reconnaissant

les corps sans dire un seul mot mais par

le simple biais du regard, acceptent la fatalité

– comme si cet événement glaçait leur corps

plutôt que de les animer d’une détresse.

Cette idée va se poursuivre après ce prologue, tout au long du film, mais non pas face à la mort : face

à l’absence d’amour. Dès notre première rencontre avec Pandora (incarnée par Ava Gardner), tout

est question de regard(s). Attablés, les corps ne bougent pas et balancent leurs regards entre le horschamp

et le champ, entre la performance musicale et les voisin-e-s de table. Sauf que tout se résume

à Pandora, comme l’énonce la voix-off. Si les personnes sont à cette table, c’est pour elle. Si bien

qu’elle amène avec elle jusqu’au piano, un prétendant (incarné par Marius Goring). Dès que Pandora

commence à jouer, celui-ci s’accoude contre le piano, posant son verre dessus, et fixant son corps

pour se délecter du visage de Pandora – et non pas de son jeu au piano. Au point que la demande

en mariage refoulée devienne un moment de pur silence, avant de devenir une forme de vacillement

du corps pour, enfin, se plonger dans l’obscurité extérieure. L’absence d’amour provoque ici une

mélancolie si forte, que le corps ne peut plus résister et s’écroule. C’est bien ici le goût du danger qui

règne, le goût de jouer avec le risque pour se sentir vivant. Face à la mélancolie, Pandora demande à

Stephen de l’emmener faire un tour dans sa voiture, qui ne comporte qu’une seule place. Une voiture

de course pour une virée « romantique », de la plage vers le haut des collines. Cheveux dans le vent,

virages pris à toute allure, musique emballée : tout est fait pour donner le frisson du moment entre

les deux personnages.

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Cette idée va se poursuivre après ce prologue,

tout au long du film, mais non pas face à la mort :

face à l’absence d’amour. Dès notre première rencontre

avec Pandora (incarnée par Ava Gardner),

tout est question de regard(s). Attablés, les corps

ne bougent pas et balancent leurs regards entre

le hors-champ et le champ, entre la performance

musicale et les voisin-e-s de table. Sauf que tout

se résume à Pandora, comme l’énonce la voixoff.

Si les personnes sont à cette table, c’est pour

elle. Si bien qu’elle amène avec elle jusqu’au piano,

un prétendant

(incarné par Marius

Goring). Dès que

Pandora commence

à jouer, celui-ci s’accoude

contre le piano,

posant son verre

dessus, et fixant son

corps pour se délecter

du visage de Pandora

– et non pas de

son jeu au piano. Au

point que la demande

en mariage refoulée

devienne un moment

de pur silence, avant de devenir une forme

de vacillement du corps pour, enfin, se plonger

dans l’obscurité extérieure. L’absence d’amour

provoque ici une mélancolie si forte, que le corps

ne peut plus résister et s’écroule. C’est bien ici le

goût du danger qui règne, le goût de jouer avec le

risque pour se sentir vivant. Face à la mélancolie,

Pandora demande à Stephen de l’emmener

faire un tour dans sa voiture,

qui ne comporte qu’une seule place.

Une voiture de course pour une virée « romantique

», de la plage vers le haut des collines.

Cheveux dans le vent, virages pris à toute allure,

musique emballée : tout est fait pour donner le

frisson du moment entre les deux personnages.

Albert Lewin met en scène des corps masculins

qui se livrent totalement au regard de Pandora,

comme si sa seule présence modifiait leur comportement

dans le seul but de l’impressionner

et de la conquérir. Loin de l’érotisme, ce sont

des corps masculins

qui sont pratiquement

dans l’asservissement

pour succomber à

l’amour. C’est dans

cette intention que les

personnages de Stephen

et Juanito vont

se mettre en danger

tout seuls : respectivement

par la fameuse

scène de vitesse automobile

sur la plage,

puis par une scène

de corrida. Les deux

scènes sont très similaires dans leur objectif.

Toutes deux dotées d’une foule qui les regarde

avec intérêt, elles existent surtout pour attiser

le regard de Pandora. Dans le frisson causé

par la mise en danger des personnages masculins,

l’amour naît de la fascination ambiguë

et troublante d’un regard pour un corps.

L’envoûtement onirique.

Cette fascination ne se traduit pas uniquement dans la mise en scène, même s’il est connu qu’Albert

Lewin est surtout un grand metteur en scène. Déjà dans The Moon and Sixpense, son premier

film, le cinéaste avait cette préoccupation du regard qui cherche la beauté en captant les corps qui

gravitent autour, grâce à son protagoniste peintre. Dans Le Portrait de Dorian Gray, Albert Lewin

fait une projection de la noirceur de l’âme humaine, où l’innocence a disparu pour laisser place

à la violence. Les tourments prennent le dessus, dans le cinéma de Lewin. Bien qu’ils soient intimes

et intérieurs, le cinéaste les extériorise et en crée le miroir esthétique. Les tourments des

personnages provoquent les frissons de leur corps, si bien que Pandora s’enfonce seule dans le crépuscule

bleu d’une nuit où elle est à l’origine du suicide de Reggie (incarné par Marius Goring).

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Il faut forcément rappeler que la photographie du

film est le travail de Jack Cardiff (directeur photo

principal des cinéastes Powell et Pressburger), génie

de l’utilisation du Technicolor, qui deviendra

lui-même réalisateur. Il n’est donc pas étonnant

de le voir aux manettes de la photographie de Pandora,

qui possède cette vision exubérante du désir

et des tourments. Avant d’arriver sur ce projet,

Jack Cardiff était déjà reconnu pour avoir réalisé

les cinématographies de Une question de vie ou de

mort, de Le Narcisse Noir, de Les chaussons rouges

(Powell & Pressburger), de Les Amants du Capricorne

(Hitchcock) et de La Rose Noire (Hathaway).

Autant dire qu’il savait très bien comment travailler

la projection de l’imaginaire, très présente dans

le film d’Albert Lewin. Très loin d’être un simple

mélodrame, le film s’appuie sur les désirs

et sur la beauté du paysage, pour

pénétrer au cœur de l’imaginaire. Le

but étant d’obtenir une ambiance très

onirique, où la fascination et l’amour

ne sont pas un état concret ou rationnel,

mais un état résultant d’une expérience

et d’un abandon de soi. C’est

donc l’imaginaire qui s’insinue au sein

même du réel, c’est la beauté qui s’intègre

aux schémas imperturbables du

réel. Il est donc tout autant fabuleux

de voir que Albert Lewin et Jack Cardiff

se soient inspirés des peintures

de Magritte et De Chirico. Seul l’imaginaire peut

être bousculé comme les désirs. Aux airs expressionnistes

et parfois surréalistes, cet imaginaire est

tout le temps en construction et en changement.

C’est pour cela que les corps peuvent frissonner

et devenir mélancoliques. Comme lorsque Pandora

découvre la présence du bateau de Hendrik

van der Zee, telle l’apparition d’un mirage dans

l’arrière-plan, telle une apparition intrigante et

somptueuse au milieu de cette nuit ordinaire. C’est

bien là toute la magie du film : l’imaginaire ne s’applique

pas qu’aux personnages qui gravitent autour

de Pandora, mais elle s’applique également à

la protagoniste elle-même. Elle se retrouve envoûtée

par ce bateau, au point de le rejoindre à la nage

en ayant retiré tous ses vêtements au préalable.

M-G-M

Presents

La photographie de Jack Cardiff consiste ici à

appuyer chaque sensation des personnages,

à appuyer leurs désirs, ainsi qu’à chercher le

romantisme dans un monde errant. Comme

lorsque Hendrik van der Zee arrive à la villa où

habite Pandora, le lendemain de leur rencontre.

Le montage montre la jeune femme jouer du

piano, fenêtre ouverte, entourée de nombreuses

couleurs flamboyantes, comme si elle annonçait

personnellement le ton de la scène. Puis, arrive

Hendrik, en bas des marches, qui ralentit

et s’arrête, s’asseyant sur un parterre de fleurs.

Envoûté par la musique, il reste dans le silence

et s’extasie du moment. Albert Lewin et Jack

Cardiff n’hésitent pas à utiliser du montage parallèle,

captant un nuage bien blanc dans le ciel

d’un bleu profond, comme pour suggérer que

Hendrik est transporté vers un

ailleurs, vers un imaginaire qui

s’ouvre à lui. Irradié par la musique,

il plonge volontiers et avec

délectation dans ce moment poétique

où les couleurs surgissent

de partout, où le soleil éclaire

absolument tout en laissant que

très peu de marques d’ombre.

Aussi peu mais bien présentes,

car il faut préserver cette part

de mystère. Dans l’imaginaire et

l’expressionnisme de Pandora,

l’esthétique est avant tout une

question de symboles et de romantisme. Il ne

faut jamais oublier, en regardant le film, qu’il

s’agit de la rencontre entre une légende et un

mythe. À l’image du décor flamboyant, les costumes

scintillent et s’accordent à cet effet hypnotique

de cette rencontre. À chaque scène avec

Ava Gardner et/ou James Mason, les deux protagonistes

sont vus comme des apparitions envoûtantes,

irréelles. Si la photographie emploie

complètement cet expressionnisme, c’est parce

que le romantisme provient de ces apparitions.

La mise en scène assez fixe d’Albert Lewin participe

à cette hypnose, permettant alors à toute

la symbolique de la cinématographie de se déployer.

Il s’agit de faire brûler les cœurs, de rechercher

leurs battements à chaque instant possible.

Bien loin de l’artifice esthétique, le film

propose le prolongement de l’illusion de l’amour,

entre décadence moderne et vision féerique.

52


Pour aller encore plus loin,

cette romance qui se construit

petit à petit n’est autre qu’un

voyage au cœur de l’imaginaire

/ des rêves. Un trait qui

se poursuit en même temps

que l’hypnose entre Pandora et

Hendrik. Alors que les images

sont à la recherche continue

du beau, dans des fulgurances

graphiques oniriques (à la

frontière du fantastique, parfois),

le prolongement n’est

autre qu’un moyen de laisser

la porte de plus en plus ouverte

aux émotions. Les sensations

se transforment petit à petit

en émotions, à mesure que

l’envoûtement devient total.

Il ne s’agit donc pas vraiment

de laisser l’imaginaire s’inviter

dans le réel, mais plutôt que

les personnages (et leur corps)

acceptent de passer du côté de

l’imaginaire, acceptent de se

laisser porter par l’apparition

du beau et par cette plage aussi

vaste que les corps frissonnent.

COLOR BY

TECHNICOLOR !

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L’emprisonnement dans l’amour fou.

Parce que toute attitude, toute pensée, toute fulgurance esthétique ramène vers la plage... Comme si

tout était contenu dans cet espace aussi vivant que mortel, aussi tendre que dangereux, aussi beau que

sombre. Même si tous les regards se dirigent constamment vers Pandora ou vers Hendrik, il y a toujours

une place (dans l’image ou suggérée dans le hors-champ) pour la plage. Cet espace où des statues sont

égarées, où des ruines apparaissent, où une fête peut se dérouler, où sensualité et querelles peuvent

surgir. Un espace qui semble complètement hors du temps, comme si l’amour qui se crée ne peut exister

que sur cette plage. C’est ici que s’exerce la frontière entre le réel et l’imaginaire. Dans les autres

espaces, ce ne serait qu’une sorte de débordement qui invite les corps mélancoliques à embarquer à

bord de l’envoûtement. Telle la séquence où Pandora découvre l’arrivée du bateau de Hendrik : alors

qu’elle monte des marches avec Geoffrey et Stephen, elle s’arrête et sort du cadre pendant que les deux

hommes continuent. Pandora se dirige vers la plage, comme magnétisée, et plonge dans l’imaginaire

de ce mystère. Un mouvement qui casse totalement la temporalité d’un récit pour en créer un nouveau.

Alors que le temps passe entre la demande en mariage et le jour de celui-ci, l’imaginaire prend

de plus en plus de place. Bien que silencieuse, la plage fonctionne comme une prison. Sauf qu’il

ne s’agit pas d’une souffrance ni d’une torture. Il s’agit du verrouillage du cœur pour un amour

inexplicable, sinon par la fulgurance expressionniste des images, tel un appel surréaliste entre

deux âmes qui se reconnectent parce qu’elles sont liées à travers le temps. Ne filmant que rarement

la plage dans son entièreté, Albert Lewin est en pleine quête de l’infini, comme si l’imaginaire

esthétique était un idéal superbe et destructeur à la fois, dans lequel il faut s’emprisonner.

Dans toute sa filmographie, le cinéaste a abordé le thème de la mort. Dans Pandora, elle apparaît

sous plusieurs formes : que ce soit avec le taureau, avec la tentative de meurtre, avec cette voiture

de course qui prend feu, avec le suicide au début du film, etc. Chaque homme qui courtise

Pandora fait l’expérience de la mort à un moment donné. C’est effectivement parce qu’ils sont

tous condamnés à la voir s’éloigner vers la plage, vers son horizon mystérieux, qu’ils perdent pied.

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La mort est alors l’aboutissement de l’amour fou, lorsque les corps se transportent du réel vers

l’imaginaire, passant de la mélancolie frissonnante vers le verrouillage envoûté. Lorsque Albert

Lewin tient à filmer Ava Gardner légèrement de profil, telle le mythe qui accompagne une

statue, c’est parce qu’il sait que sa protagoniste est dans l’attente de cet envoûtement. Dès

qu’elle commence à se laisser porter par l’imaginaire vers l’amour fou (vers le beau), Pandora

s’éloigne du symbole qu’elle était. Tel un éveil sentimental qui apparaît en même temps que

l’envoûtement et devient de plus en plus extravagant. Il est alors évident de voir que la profondeur

de champ finit par se réduire, tant les gros plans sur Ava Gardner sont de plus en plus

nombreux, que la plage est de plus en plus récurrente, et que Pandora montre petit à petit ses

failles en tant qu’être humain. Le verrouillage que représente la plage n’est en réalité que le symbole

de la liberté ultime : une fuite mystique, sans retour, vers l’envoûtement de l’amour fou.

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Prévu pour courant 2021 en version restaurée.

PANDORA

(Titre original : Pandora and the flying dutchman)

Réalisateur :

Albert Lewin

Année :

1951

Acteurs(rices) principaux :

Ava Gardner

James Mason

Nigel Patrick

Harold Warrender

Sheila Sim

Mario Cabré

Marius Goring

Durée :

2h04

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Les Films

de Noël :

Un Enjeu de

Santé Publique

Par Loïc MARIE (Capitaine Cinemaxx)

Noël : les décorations extérieures, les patinoires, les défilés de

mascottes en pleine rue, les achats, le sapin, les chaussettes sur le rebord

de la cheminée et son feu chaleureux, la perspective des fêtes en

famille et de l’ouverture des cadeaux... Autant d’éléments qui créent

en nous un sentiment de bonheur immense. Mais pas que... Les films de

Noël seraient aussi à l’origine d’une abondante source de joie.

Notre cerveau est le moteur de réactions

chimiques insoupçonnables. Les films de Noël,

notamment, provoqueraient des effets positifs

sur le cerveau humain. En effet, selon des études

menées par la psychothérapeute Joanna Gee, regarder

un « feel-good movie » - ce que sont les

films de Noël par définition -, libère dans notre

organisme, des toxines : de la dopamine et de

l’ocytocine, deux hormones du bonheur.

À quoi servent-elles ? Elles font baisser le stress

et la tension sanguine :

« Des études montrent que l’ocytocine, notre

hormone du câlin est déclenchée lorsque nous

regardons des films réconfortants. Cette augmentation

peut être mesurée dans le sang. […].

Ces hormones ne nous font pas seulement sentir

bien, mais peuvent également diminuer notre

stress, nous amenant à nous trouver en meilleure

santé et à renforcer notre système immunitaire

».

- Noël rime avec Santé -

Regarder Love Actually, Le Grinch ou Miracle sur la 34ème rue, est donc extrêmement bénéfique pour

le corps humain. Au même titre que le sport. Une bonne nouvelle pour celles et ceux qui ont le sport en

horreur.

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- Les liens du cœur -

En 2015, une étude danoise était parvenue au

même constat. Les chercheurs du centre hospitalier

universitaire Rigshospitalet à Copenhague,

avaient démontré que certaines zones

du cerveau s’activaient chez les personnes qui

cultivaient « l’esprit de Noël ».

Les films de Noël inciteraient également au

lien :

« La dopamine et l’ocytocine nous incitent

à nous connecter davantage aux autres. Les

films de Noël sont une occasion de se sociabiliser.

La plupart d’entre eux délivrent des

messages positifs de liens entre les protagonistes

et l’importance de prendre soin de ses

proches.[...].»

C’est ainsi que les spectateurs seraient poussés,

par la suite, à réaliser de bonnes actions :

« Se perdre dans la magie de Noël n’est pas

seulement bénéfique pour son humeur, cela

aide également les autres. » confie Joanna

Gee.

En cette période de crise sanitaire où ce Noël

est plus qu’incertain, nous vous rappelons

l’importance de prendre soin de vous et de vos

proches. Et si ce Noël en famille semble compromis,

n’oubliez pas d’appeler vos parents ou

vos grands-parents. Un geste anodin, à priori,

mais si précieux, dans le fond.

Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire ! Piochez dans notre sélection et enchaînez les films de

Noël. À l’heure du confinement, où la déprime et la morosité s’installent dans notre quotidien,

cela est plus qu’essentiel, c’est un enjeu de santé !

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LA NUÉE

Interview du réalisateur Just Philippot

et de l’actrice Suliane Brahim.

PAR Damien Cinematic Universe.

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Avec un scénario à la croisée des chemins entre un film

des Frères Dardenne et de David Cronenberg, « La Nuée »

sonne comme le renouveau du film de genre en France.

Pour son premier long-métrage, Just Philippot tape dans

le mille, aidé par un casting irréprochable.

Au cinéma le 13 Janvier 2021.

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61


Synopsis :

Difficile pour Virginie de concilier sa vie

d’agricultrice avec celle de mère célibataire.

Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance

à corps perdu dans le business des sauterelles

comestibles.

Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent

plus : Virginie semble développer un étrange

lien obsessionnel avec ses sauterelles...

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Le film de genre à la française n’a plus à rougir aujourd’hui, preuve en est avec la

maison de production et de distribution cinématographique The Jokers. Les sales

gosses du cinéma français, comme ils aiment se faire appeler, sont en train de mettre

un coup de pied dans la fourmilière. Pour 2021, « The Jokers » présentera « Teddy »

le film de Loup Garou des frères Boukherma et « Ogre » d’Arnaud Malherbe avec Ana

Girardot. Mais c’est « La Nuée », de Just Philippot qui va ouvrir le bal le 13 Janvier

2021 et ce, de manière fracassante.

Pour FOCUS, le réalisateur Just Philippot et l’actrice principale Suliane Brahim (de La

Comédie Française), nous parlent du travail qu’ils ont effectué sur « La Nuée ».

Just PHILIPPOT

Just, quelle a été votre première réaction

quand vous avez reçu le scénario ?

Quand j’ai découvert le scénario de Jérôme Genevray

et Franck Victor, tout de suite j’y ai vu

des plans précis qui m’interpelaient et qui me

donnaient très envie de les mettre en scène. Et

en même temps, j’y ai aussi vu des promesses

dans lesquelles j’allais pouvoir m’engouffrer

afin d’avoir quelque chose à dire. Car ce n’est

pas évident en tant que réalisateur, d’arriver

sur un film dont le scénario est déjà établi et

de se demander, comment intégrer de nouvelles

idées à l’histoire quand celle-ci est si bien

écrite. Je voulais aussi mettre un peu ma patte

dans l’histoire et pas que dans l’image.

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Quelle est, justement, la principale idée que

vous avez apporté à l’histoire ?

Je dirais qu’à la première lecture, j’ai tout de suite

eu envie de faire un pas de côté avec le monstre, en

l’occurrence les sauterelles. Je voulais garder l’essence

du danger provoqué par les insectes, mais

intégrer davantage le personnage de la mère dans

cette dangerosité. Une maman propre sur elle et

investie pour ses enfants, qui d’un coup, vrille pour

une raison mystérieuse.


En ce qui concerne les effets spéciaux

du film, ils ne sont pas que numériques.

Comment les avez-vous pensé en amont ?

Ça a été travaillé de plein de façons différentes.

Dès le début, on savait que l’on devait réussir

ce pont entre le réalisme et le fantastique. Le

scénario était très sérieux, donc il était aussi nécessaire

de rester très sérieux dans sa retranscription

« fantastique » à l’écran. Mais dans ce

réalisme que l’on voulait proche du scénario, il

y avait des choses plus difficiles que d’autres à

mettre en place. Exemple : quand le scénario

explique que Virginie élève des milliers de sauterelles,

on m’a demandé combien d’insectes je

voulais pour le tournage. J’ai répondu bêtement

que j’en voulais des milliers. Là, on m’a dit non,

des milliers à gérer, c’est impossible, ce sera

quatre ou cinq milles, pas plus… À partir de là, il

a fallu trouver des solutions pour montrer cette

abondance, cette nuée de sauterelles, avec seulement

cinq milles d’entre elles. Les plans avec

effets numériques étaient déjà ciblés, mais on

avait pas les moyens de recourir à ce procédé

sur tout le film. Nous avons alors travaillé avec

des effets mécaniques, basiques ou plus aboutis

parfois, sur les effets sonores et aussi sur la

suggestion. Entendre les sauterelles, les sentir

bouger dans ces nasses sans jamais les voir, ça

fait marcher l’imagination du spectateur.

Et pour la partie effets spéciaux numériques,

vous avez travaillé comment ?

Pour les effets numériques, on a travaillé avec

Antoine Moulineau. Il a fait quelques films

confidentiels comme Avatar ou les Batman de

Nolan (rires). Quand j’ai parlé du film à Antoine,

je lui ai expliqué que je voulais tourner le

film comme un documentaire, même les scènes

les plus fantastiques. Je voulais du mouvement

permanent, pouvoir filmer caméra à l’épaule

et surtout, ne pas être gêné par des fonds verts

dans le décor. La seule contrainte que j’ai imposé

aux techniciens des effets spéciaux, était que

ces effets ne devaient jamais ralentir l’action des

personnages. Mon but n’était pas de filmer des

effets spéciaux, c’était de filmer une histoire et

de se focaliser dessus en intégrant les effets derrière.

En résumé, mettre les effets au service de

l’histoire et pas l’inverse. Antoine a tout de suite

compris mes attentes.

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Suliane BRAHIM

Suliane, quelle a été votre réaction à vous,

à la lecture du scénario ? C’est votre premier

rôle principal au cinéma, quel historique

avez-vous donné à Virginie, votre

personnage ?

La première chose qui m’a touché dans le script,

c’est le huis clos de cette famille. Cette mère et

ses deux enfants, qui vivent dans cette ferme,

avec de temps en temps, des personnages. Des

hommes en l’occurrence; comme le voisin, les

acheteurs, etc, qui vont et viennent tout au long

du film, sans forcément s’apercevoir de ce que

traverse cette mère au quotidien.

Et pour le jeu, j’ai été touchée par ce personnage,

cette mère seule, cette femme seule, qui est très

secrète. Et c’est génial de jouer comme ça sur le

secret car ça permet de s’appuyer sur plein de

choses et de laisser son imagination d’actrice travailler.

Et je sentais qu’elle se devait de quelque

chose et de tenir bon, pour ses enfants et pour

son mari, qui lui, n’avait pas réussi.

Ensuite, j’ai rencontré Just. Il m’a expliqué son

regard sur le film, et je lui ai de suite fait confiance.

Vous avez travaillé avec Raphaël Romand

et Marie Narbonne, qui jouent vos enfants

dans le film. Il y a une vraie complicité qui

se ressent à l’écran...

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C’est vraiment une belle rencontre entre nous

trois. Nous avons eu la possibilité, avant le début

du tournage, de vivre quelques jours ensemble

dans la maison. C’était chouette, car cette maison

est vraiment un personnage à part entière dans le

film, on a pu se l’accaparer tous ensemble. Quant

à Raphaël, c’était son premier projet. Dès que

je l’ai vu, je l’ai aimé, il a un charme fou. Pareil

pour Marie, qui a naturellement eu un instinct de

grande sœur avec lui. Tout de suite, on s’est plu

tous les trois et le fait d’être dans cette maison,

à la campagne, dans un environnement calme,

y a joué beaucoup, je pense. Et puis, c’est beau

de voir ces jeunes, au talent encore brut, jouer

comme ça, avec un naturel incroyable et énormément

de générosité.


Est-ce que cela a été particulièrement

éprouvant de tourner avec autant de sauterelles

autour de vous ?

Avant le tournage, on avait fait des essais techniques

et des manipulations avec les sauterelles.

Ça m’a permis de m’y habituer et de me rendre

compte que je n’avais pas si peur que ça. Mais

pendant le tournage, à certains moments, ça devenait

un peu oppressant de les voir s’agiter autour

de moi. Pareil pour les équipes techniques

qui passaient beaucoup de temps dans les serres.

Mais globalement, ça s’est plutôt bien passé. On

a tourné que cinq ou six jours avec les sauterelles,

pour le reste du temps c’était les effets spéciaux

qui prenaient le relais.

L’avis de la rédaction

Le scénario de « La Nuée » mélange avec brio le film sociétal et le film fantastique. Confrontée à la

dureté de la vie paysanne, Virginie va tenter, par tous les moyens, de trouver une solution pour ne

pas mettre la clé sous la porte... Quitte à entretenir une relation étrange et malsaine avec ses sauterelles.

Just Philippot table beaucoup sur l’angoisse et la suggestion, plutôt que sur les effets spéciaux en

CGI (NDLR : effets numériques). Ce parti pris apporte à l’histoire beaucoup plus de réalisme et offre

directement aux spectateurs une plongée dans l’antre de la folie. D’ailleurs, la mise en scène de Philippot

est soignée, dynamique, et la caméra toujours en mouvement, permet d’avoir cette sensation

d’immersion totale au sein d’une famille sur le point de basculer.

Suliane Brahimt parvient à donner une puissante empathie à son personnage, même dans les moments

les plus terribles : Suliane passe alors d’une mère sensible et combattante, à une femme

complètement déconnectée et perdue dans une spirale sans fin.

Comme « Scanner » de Croenenberg ou « The Thing » de Carpenter à leur époque, « La Nuée »

renouvelle une fois de plus le genre fantastique. Une mise à jour moderne qui conserve malgré tout,

les codes fondamentaux du genre. Frissons garantis !

Fiche technique

La Nuée

Réalisateur

Just PHILIPPOT

Scénario

Jérôme GENEVRAY et Franck VICTOR

Avec

Suliane BRAHIM (de la Comédie Française)

Sofian KHAMMES, Marie NARBONNE et Raphaël ROMAND

Sortie le 13 Janvier 2021

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5ÈME SET :

LE TENNIS SELON QUENTIN REYNAUD

PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)

Présenté en avant-première à La Rochelle le lundi 19 octobre et en salles le 30 décembre,

le quatrième long-métrage de Quentin Reynaud, 5ème set, nous plonge au cœur du milieu

tennistique. Il met en scène le personnage de Thomas Edisson (Alex Lutz), ancien espoir,

qui va relever un dernier challenge : participer au tournoi de Roland Garros.

À cette occasion, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le réalisateur du film et

le comédien Alex Lutz. Une rencontre intime, passionnante.

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QUENTIN REYNAUD

Qu’est-ce qui a motivé le choix de réaliser un film sur le milieu du tennis et

de mettre en scène cet ancien espoir du tennis français, brisé par des blessures,

dont le désir est de sauver son honneur ?

J’étais joueur de tennis, et j’ai toujours pensé que les films qui parlaient réellement de la psychologie

et de la difficulté physique que les joueurs de tennis pouvaient affronter, étaient rares. Le tennis, en

tant que sport, nous l’avons vu dans différents films. On en parle assez souvent comme ce fut le cas

avec le récent Terre Battue, Match Point, The Battle of Sexes ou encore Borg McEnroe. Mais nous

sommes ici, soit dans un duel, soit dans un fait sociétal. Avec 5ème set, je voulais rentrer dans la tête

de mon personnage et, quoi de plus intéressant que de rentrer dans la tête d’un personnage qui a eu

de fortes désillusions, a été un grand espoir, n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû mais qui en fin de

parcours, ressent le goût du sang, commence à regagner quelques matchs et se reprojette 20 ans plus

tôt. Il se bat contre son passé. Pour progresser.

Et justement, cette idée de mettre en scène le

film de ce point de vue là, elle est née d’où ?

Elle s’est nourrit de la mythologie tennistique.

C’est un patchwork de tout un tas

d’histoires que j’ai entendues plus ou moins

proches de moi. C’est aussi un sujet assez

universel, ce sont les histoires les plus dramatiques,

ce genre de joueurs qui sont promis

à des avenirs flamboyants et qui, au final,

s’écrasent. Quelque part, c’est ce qu’il

y a de plus intéressant, d’un point de vue

cinématographique. Je pourrais citer des

joueurs mais ça ne serait pas très honnête

car je me nourris tout autant de Andre Agassi

que de Jimmy Connors, de Richard Gasquet

que de Paul-Henri Mathieu ou d’autres

joueurs plus récemment. C’est vraiment une

connaissance de la matière tennistique et,

quand j’en presse un peu le jus par rapport

aux drames que ça crée, c’est cette histoire

qui en ressort.

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Dans 5ème set, on ressent quelques

influences cinématographiques,

Black Swan ou même Rocky, cela a

été des inspirations à l’écriture ?

Oui et non. Les inspirations, elles sont multiples.

J’ai essayé de ne pas m’attacher. On parle

de Darren Aronofsky, ce n’est pas forcément à

Black Swan auquel je pense - même si Black

Swan en est une -. Évidemment, il y a toute la

mythologie du film de sport mais je pourrais

citer tout au temps Raging Bull - par rapport

à la manière dont je l’ai filmé - que The Wrestler

- dans la manière où j’étais proche de mon

personnage. Si j’avais une référence à donner :

The Lost City of Z de James Gray. Rien à voir,

certes, mais pour autant, c’est un peu ce genre

de personnages (Percy Fawcett) que je trouve

fascinant, qui va chercher une ville, une sorte

d’Eldorado. Le principe même de l’Eldorado,

c’est qu’il n’existe pas ou, s’il existe, on ne le sait

jamais. Et moi, ce que je vois dans le personnage

de Thomas Edisson, c’est qu’il va chercher cet

Eldorado, qui est toujours plus loin, un Eldorado

qu’il n’a pas su toucher lorsqu’il avait 17 ans.

Il est persuadé qu’il va y revenir, et il ne l’atteindra

sans doute jamais parce que la satisfaction

d’avoir assouvit son objectif n’est, pour ce type

de personnage, jamais atteinte.

« On partage une même appréhension

du doute. Permanente.

Et du manque de confiance de

l’objectif jamais assouvi. Ce

n’est pas pour rien qu’il y a ce

rôle que j’ai écrit et que lui l’interprète.

C’est quelque chose

que l’on partage et que l’on partagera

toujours. Quoi qu’il arrive,

Alex Lutz - et il ne le dira

jamais parce que je le connais

-, ne parle que de ses doutes

et de la peur de ne pas réussir

quelque chose, de ne pas être à

la hauteur. »

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ALEX LUTZ

Accepter d’incarner Thomas Edisson,

c’était aussi pour le challenge

physique qu’imposait le rôle, outre le

personnage qui est très puissant ?

C’est surtout pour la puissance du rôle. Après,

quand il y a le challenge physique en plus, c’est

super. Cela aurait été un simple challenge avec

un rôle compliqué, une structure du film pas

bonne, un scénario faible, ça ne servirait à rien.

C’était parce que le film et sa structure me plaisaient

beaucoup.

Est-ce que vous jouiez au tennis

avant de tourner 5ème set ?

Je ne jouais pas au tennis et je ne joue toujours

pas beaucoup mieux (rires). J’ai vraiment appris

pour le film. Ce n’était pas gênant, Quentin

était très clair avec ça. J’aurais été un excellent

joueur, ça n’aurait pas été suffisant pour

ce qu’on avait à faire. On parle d’un joueur qui

est 250ème mondial, c’est un joueur avec un

niveau de jeu inouï, mais il fallait qu’on voit des

failles dans son jeu.

Par contre, j’ai subi un vrai entraînement, un

travail physique avec 4-5h de sport par jour,

pendant plusieurs mois. J’ai adoré. On divisait

mes séances en sport normal et en chorégraphies.

Puis, soit j’imitais les choses de ma doublure,

soit je rentrais à la fin du plan ou l’amorçais,

soit j’étais au milieu. Je réalisais certaines

frappes dans la caméra et pleins de petites

choses telles que le rattrapage de balles. C’est

tout bête hein, rattraper une balle, prendre une

balle à son ramasseur de balle, néanmoins, il

fallait que dans la façon de la prendre, j’ai l’air

d’un vrai joueur qui a 30 ans de tennis derrière

lui. Il fallait que ça soit crédible jusque dans ces

petits détails. Et ça rentrait malgré tout dans

des périodes d’entraînement.

Est-ce qu’il y a une scène qui a été

particulièrement difficile à tourner ?

Il y a en eu plusieurs, qui ont toutes des particularités

différentes. Bizarrement, ce n’est

pas dans le travail de renforcement musculaire.

Moi, je me suis pété les genoux.

Ça me renvoyait dès lors à des choses qui n’ont

pas été des périodes faciles, où il fallait rester

en forme par rapport à la scène. J’avais des

échéances de scènes, avec un corps cassé, et ça

me renvoyait à des choses que je savais fortes

émotionnellement, mais dont je ne pensais pas

qu’elles remueraient de les toucher à nouveau.

Donc, ce n’est pas les scènes physiques

qui ont été les plus dures à tourner...

Paradoxalement, non. Même si j’avais peur

2-3 fois, j’ai pu en parler avec Quentin. Il savait

comment s’y prendre.

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C’est d’ailleurs votre second long-métrage

avec Quentin. C’est quel type de

réalisateur ?

J’ai même envie de dire que c’est le premier film

avec Quentin. Le premier film était une entité à

deux, c’est du coup très différent parce que j’avais

à faire à Arthur (le co-réalisateur) et à Quentin.

J’avais beaucoup aimé ses qualités de précision

et de vision artistique. Je trouvais que c’était un

super directeur d’acteurs, qui a une gourmandise

de l’acting. On se plaisait bien. Et c’est resté. Je

savais cette affaire de tennis dans sa tête depuis

longtemps, et quand nous nous sommes revus,

on parlait et les choses se sont doucement mises

en place pour que ce soit possible. Je le dis sans

flagornerie, je le suivrais au bout du monde sur

un projet. Ce n’est pas tout le temps. Parfois, vous

êtes très content : « J’ai tourné avec un tel, c’était

génial ». Là, c’était plus que génial…

Il y a une sorte d’alchimie entre vous…

Ouais, on se pige bien, on se fait confiance, y’a un

truc émotionnellement qui matche. Quand ça arrive,

c’est rare. C’est suffisamment remarquable

pour le soupeser et se dire « c’est classe ! ».

Et vous, Quentin, c’était une évidence

Alex pour le rôle de Thomas ?

On partage une même appréhension du doute.

Permanente. Et du manque de confiance de l’objectif

jamais assouvi. Ce n’est pas pour rien qu’il y

a ce rôle que j’ai écrit et que lui l’interprète. C’est

quelque chose que l’on partage et que l’on partagera

toujours. Quoi qu’il arrive, Alex Lutz - et

il ne le dira jamais parce que je le connais -, ne

parle que de ses doutes et de la peur de ne pas

réussir quelque chose, de ne pas être à la hauteur.

Moi aussi, c’est un truc qui me fait flipper, à un

point phénoménal. Qui me fait flipper mais qui

me rassure en même temps. Cela me fait peur,

car je me dit que peut-être, de mon vivant, je

n’arriverais jamais à faire ce dont j’ai envie... c’est

quoi l’objectif final ? Lorsqu’on me confie « C’est

extraordinaire, 5ème set est un chef d’œuvre »,

je suis encore plus mal. Je préfère qu’on me dise

que ce n’est qu’un début. J’aime bien me dire,

moi, que ce n’est qu’un début sur un parcours

que l’on construit tout au long de sa vie. Au final,

c’est quoi ? C’est peut-être essayer, à la fin

des fins, de réussir à se construire un visage, une

sorte d’image, avec des échecs, des balafres, une

gueule. C’est très bizarre ce que je vous ai dit,

mais voilà...

Alex : On partage ça, le goût du chemin... C’est

fatiguant. On tombe, on recommence, mais je

n’échangerais cette expérience contre pas beaucoup

d’autres. Si on me donnait la possibilité

d’être au top du top à seulement 21 ans, je la refuserai.

C’est formidable un chemin.

Interview à retrouver en intégralité sur le site internet :

capitainecinemaxx.fr

71


5ÈME SET

AVIS DE LA RÉDACTION

Pour son quatrième long-métrage, Quentin Reynaud se « sépare » de son acolyte Arthur Delaire

pour réaliser, seul, 5ème set, un film sur le tennis en partie inspiré de sa propre expérience. On y

suit le personnage de Thomas Edisson, dont la carrière n’a jamais vraiment décollé. Pourtant, 17 ans

plus tôt, il était l’un des plus grands espoirs de ce sport en France. Mais une défaite en demi-finale l’a

fortement marqué, ainsi que des blessures. Il stagnera ensuite dans les profondeurs du classement.

Aujourd’hui professeur de tennis pour enfants, Thomas refuse pourtant d’abdiquer. Il se prépare

pour le tout dernier défi de sa carrière, participer au tournoi de Roland-Garros. Il est désormais

envahi par un désir de sauver son honneur et se lance à fond dans ce dernier challenge, malgré la désapprobation

de ses proches dont sa femme Ève et sa mère Judith. Thomas est d’autant plus motivé

qu’il voit s’entraîner Damien, 17 ans et lui aussi enfant prodige du tennis.

De prime abord, le sujet tennistique n’est pas le sujet cinématographique le plus emballant qu’il soit.

Pourtant, Quentin Reynaud parvient à transformer sa thématique en une véritable aventure humaine

et philosophique sur le désir, le courage, l’abnégation et la passion. Le tennis n’est que la toile

de fond d’une histoire intimement plus complexe où se côtoient l’envie et la jalousie avec une proximité

dont Edisson devra en déterminer les conséquences, en affrontant ses peurs les plus profondes.

5ème set, c’est un film qui appuie sur les émotions pures, met en exergue les difficultés financières,

familiales, amoureuses, et révèle l’aspect manichéen de la volonté, tantôt ambitieuse, tantôt nuisible.

Toutes ses qualités scénaristiques sont retranscrites dans une réalisation au plus proche de

ses héros. La caméra filme souvent les personnages en gros plan, afin d’accentuer les troubles, les

joies, les peines qui les habitent. Ainsi, le spectateur peut ressentir chaque sensation qui se niche au

sein des protagonistes, les comprendre, les analyser. C’est comme cela que Quentin Reynaud nous

touche émotionnellement, que son film nous ébranle pleinement.

Alex Lutz délivre, lui, une magnifique performance et, prouve (une fois encore) qu’il est un acteur

avec une réelle intensité dramatique.

Beaucoup d’humoristes ne parviennent jamais à transcender leurs figures comiques, lors d’interprétations

dramatiques. On attend la vanne. Elle se lit trop aisément sur leur visage. Chez Alex Lutz,

rien ne transparaît. Son visage se dessine selon le propos du film. Dans 5ème set, son visage est

grave, puissant, et le spectateur ne pense pas à l’humoriste. Il voit l’acteur. L’interprète de Guy sait

tout jouer, et 5ème set est une nouvelle pierre à l’édifice d’une grande carrière.

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Hommage à Sir. Sean Connery

PAR Jean Damiens

Mourir au Bahamas, dans son sommeil, il n’est

pas de meilleure façon que de savoir Sean

Connery s’en être allé. Au service de sa majesté

au début de sa carrière, c’est en revêtant son

élégant costume de James Bond que le Monsieur

s’est fait connaître. Ah, les années 60…

Ça avait son charme quand même. L’avènement

de cette franchise, le britannique sur les

plateaux télés pour afficher sa gueule d’ange.

Néanmoins, cataloguer l’acteur à ce rôle iconique

serait réducteur. Pas De Printemps

Pour Marnie, Le Crime De L’Orient Express,

L’Homme Qui Voulu Être Roi, Un Pont Trop

Loin… Ses rôles dans ces films là comptent aussi.

Oui, le Monsieur savait jouer. Et expérimenter

aussi. Impossible de ne pas penser à cette

rencontre avec Sydney Lumet et leur première

collaboration avec La

Colline des Hommes

Perdus. Inimaginable

de ne pas songer

à l’expérience de le

voir tourner dans un

film russe, La Tente

Rouge, mis en scène

par Mikhail Kalatozov,

où il donne la réplique

à Claudia Cardinale.

Et l’on oublie pas le

western Shalako, réalisé

par Edward Dmytryk, où il se bat contre des

indiens à la lance, en draguant Brigitte Bardot.

Puis vient le moment de se défaire de son image

trop sage et trop lisse, parfois. Comme avec Zardoz

de John Borman. Un deuxième Lumet, en

l’occurrence Le Dossier Anderson. Traitre Sur

Commande également, de Martin Ritt, basé sur

des faits réels... Tous ces rôles, éloignés de son

smoking et de son Aston Martin, ont aussi leur

importance. Une période creuse, mais pas forcément

inintéressante pour autant. Toujours chez

Lumet, avec The Offense, thriller noir, glaçant

et étouffant, où la scène d’ouverture longue de 5

minutes plante définitivement le décor : James

Bond… C’est terminé. Puis, quitte à casser son

image, autant y aller à franchement.

En Robin des Bois vieillissant dans Robin & Marianne,

ou en guerrier berbère dans le Le Lion &

Le Vent, Sean est convaincant. Toutefois, l’un de

ses plus beaux rôles sera obtenu dans L’Homme

Qui Voulu Être Roi. Prestation incroyable, décors

grandioses, scénario spectaculaire et mise

en scène impeccable, transforment alors l’acteur

en icône… En tout cas, pour un moment.

Les années 80 seront plus riches encore. Le

Nouvel Hollywood étant passé par là, et avec la

démocratisation des films à grand public, l’interprète

va renaître, encore une fois, que ce soit

dans Outland ; Cinq Jours Ce Printemps-Là ;

Bandits… Mais quand l’acteur devient mentor,

cela donne des films tels que Au Nom de la Rose,

Highlander, ou encore Les Incorruptibles. Puis

viennent les années 90, où on assiste au retour

de Lumet avec Family

Business ; À La Poursuite

D’Octobre Rouge ;

La Maison Russie, adapté

de John LeCarré… Et

puis, Indiana Jones et

La Dernière Croisade.

Et de façon non exhaustive,

le retour aux

films d’action avec The

Rock pour Michael Bay,

le retour de la posture

de mentor pour Haute

Voltige, du doublage aussi, avec Cœur de Dragon,

où il prête sa voix à l’acolyte de Dennis

Quaid… En somme, des œuvres qui sonneront

l’heure de tirer sa révérence dans un dernier

grand rôle, celui d’À La Rencontre de Forrester,

annonciateur d’une retraite anticipée.

À sa mort, il a été impossible de ne pas être marqué

par l’annonce. Le pincement au cœur pour

tout cinéphile était là, présent, violent même.

Le style, le charme, le charisme se sont envolés

comme l’ère qu’il a représenté, écrit Daniel Craig,

en hommage à l’acteur. Ce soir-là, Prime Video

illumine le salon pour un ultime adieu, Henry

Jones Senior donne comme conseil à son fils,

Indiana : Let It Go. Le moment est donc venu.

Adieu. Et merci.

74


DAvid

PRoWSE

1935

-----

2020

PAR

Jean Damiens

et

Loïc Marie

(Capitaine Cinémaxx)

75


Broyé par les éclairs de l’empereur pour sauver

son fils Luke d’une mort certaine, c’est ainsi que

nous avions laissé Dark Vador pour la dernière

fois sous l’ère David Prowse.

Depuis « La Guerre des Étoiles », l’acteur lui

prêtait ses mensurations gigantesques de culturiste,

puisque c’est ce que le bonhomme était. Un

grand gaillard d’un mètre quatre-vingt dix-huit.

Il aura su effrayer plus d’une personne en 1977,

avec la sortie du tout premier Star Wars, et devenir

l’inoubliable présence physique de Dark Vador

dans le coeur des fans.

Une première en tout point cette année-là. Première

fois que Prowse est enfin crédité au générique

dans un premier rôle marquant, pour une

première incarnation qui deviendra par la suite

iconique… Tout était réuni.

Mais lorsque le destin s’en mêle, tout s’effondre.

George Lucas sera le premier à mettre son grain

de sable dans les rouages de Prowse, en faisant

redoubler le comédien par James Earl Jones. Le

metteur en scène n’aurait pas apprécié la voix de

David Prowse ; ce qui causera un problème parmi

d’autres, qui, ensemble, désaxeront tous les

astres auparavant alignés pour Prowse.

En effet, pour conclure sa trilogie, Georges Lucas

choisit le comédien Sebastian Shaw pour prêter

les traits du visage d’Anakin Skywalker dans Le

Retour du Jedi, lorsque ce dernier retire son

casque pour une ultime rédemption poignante.

Toute une progression détruite alors que l’enchaînement

était parfait...

En souffrant de ne pas avoir pu incarner pleinement

son rôle, il sera finalement interdit de toutes

les conventions Star Wars. Plus de fan, plus de

photo, plus d’autographe. Ne priez plus pour les

dieux et ils cesseront d’exister, disait l’autre.

Difficile de ne pas faire le rapprochement entre

cette carrière et la vie du personnage qui enfilera

l’armure par la suite.

Néanmoins, résumer la carrière de David Prowse

à Dark Vador serait une hérésie. Au-delà de Star

Wars, l’acteur aura tourné dans plus de 80 films,

téléfilms et séries télévisées comprises.

De Orange Mécanique de Stanley Kubrick en passant

par son interprétation du Monstre de Frankenstein

dans les films d’horreur de la Hammer,

David Prowse a connu un parcours assez atypique

au sein d’Hollywood, tournant aussi bien

dans des chefs-d’oeuvre que dans des séries B.

Il aura même supervisé l’entraînement de Christopher

Reeves pour le film Superman de 1978,

avec un programme de culturisme intense afin de

permettre à Reeves de prendre 14kg de muscles

en seulement deux mois.

David Prowse pourrait se résumer parfaitement

en ces mots :

Lui qui avait le choix entre Chewbacca et Vador,

il justifiera sa décision en déclarant que «tout le

monde se souvient du méchant». Et le pire, c’est

qu’il avait raison.

Salut l’artiste.

76


Idées Shopping

La rédaction de FOCUS vous propose quelques idées

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Vidéo sort deux coffrets de de la la trilogie en version

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(la (la trilogie en en 4k 4k + + BluRay + 11 BluRay Bonus) et et

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vole vraiment !). !).

129€99 (prix conseillé)

-Le -Le coffret Ultre-Collector se se présente dans une

boite représentant les les Circuits Temporels et et il il est

aussi composé des 33 SteelBooks. La partie Ultra-Collector

se se trouve dans d’un Boîtier Design

“Cassette VHS” contenant : : le le Script en français

du du 1er 1er film (60 pages), Un poster chronologie des

33 films, Gibson mediator, Carte Lenticulaire de

la la famille, Carte Lenticulaire de de la la tombe de DOC

&& CLINT, Carte postale inauguration de l’horloge,

Extraits de de journaux, Dolorean BluePrint,

Magnet BTTF 1, 1, L’Almanac.

199€99 (prix conseillé)

77


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bande originale de Kaamelott – Premier Volet,

le premier film de la trilogie cinématographique

de la saga créée par Alexandre Astier.

Composée et orchestrée par Alexandre Astier,

elle réunit 115 artistes : l’Orchestre national

de Lyon dirigé par Frank Strobel, le Chœur de

chambre Spirito, les solistes Cyril Dupuy (cymbalum),

Gabriel Rignol (théorbe) et Alexandre

Astier lui-même (piano, guembri, ghungroo,

cajón, dholak, hulusi). Format Double Vinyle

180g + CD.

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68 78


79


RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC AVEC

LE LE COSTUME ILLUSTRATOR

DE DE LA LA SÉRIE SÉRIE

DAVID MASSON

PAR Loïc Marie

PAR Loïc Marie

(Capitaine Cinemaxx)

(Capitaine Cinemaxx)

Traduction

Traduction

Trystan Doré

Trystan Doré

80


Elle sera la toute première série des Studios Marvel de l’ère Disney +, WandaVision

sera disponible le 15 janvier prochain sur la plateforme de streaming.

À cette occasion et pour fêter cette grande première avec les fans de Marvel, nous avons

pu nous entretenir en exclusivité avec David Masson, costume illustrator.

Ensemble, nous allons décrypter l’élaboration des costumes de la série...

Vous avez récemment travaillé en tant

que costume illustrator sur la série Marvel

WandaVision, et vous êtes en ce moment-même

sur Thor : Love and Thunder.

Travailler pour Marvel, c’était un

rêve d’enfant ?

En vérité, je n’ai pas grandi en lisant les comics

Marvel. J’étais surtout entouré des Tintin, Asterix,

Lucky Luke et plein d’autres BD françaises

ou belges. J’ai découvert Marvel et leur Cinematic

Universe en regardant le premier Gardiens

de la Galaxie, que j’ai adoré et qui m’a fait accrocher.

Par la suite, j’ai commencé à travailler

dans l’industrie du cinéma et travailler sur un

film Marvel était alors un des buts que je voulais

absolument atteindre. Travailler sur la première

série Marvel Disney +, et à présent travailler sur

Thor : Love and Thunder avec une équipe exceptionnelle,

était un véritable honneur.

Quel a été précisément votre travail sur la

série WandaVision ?

J’étais l’un des Costume Illustrators de la série,

ce qui veut dire que je créais les illustrations et

les designs sous la supervision du Costume Designer

Mayes Rubeo. C’est un exceptionnel Costume

Designer qui a travaillé sur plein de grands

films : Apocalypto, Avatar, Thor Ragnarok, et

Jojo Rabbit. Je l’ai rencontré en travaillant sur

le film MouseGuard qui a malheureusement été

annulé, et je travaille actuellement avec elle sur

le prochain film Thor.

WandaVision a l’originalité de s’inspirer

des sitcoms américaines à l’ancienne.

Quelles ont été vos inspirations pour

créer ces vêtements et costumes ?

Nous nous sommes directement inspirés de certaines

émissions de cette époque et avons regardé

ce qui était à la mode à ce moment puisque la

série se déroule dans les années 60, 80, et ainsi

de suite. Nous avons fusionné des vêtements

originaux de ces périodes spécifiques tout en

incorporant les couleurs de chaque personnage,

par exemple du vert et du jaune pour Vision.

81


La première partie de la série sera,

semble-t-il, diffusée en noir et blanc,

comme le suggère la bande-annonce. Estce

que vous faisiez quand même attention

aux couleurs lorsque vous illustriez les

costumes ?

Tout à fait ! La plupart des costumes de ces épisodes

étaient illustrés par Jonay Bacallado, un

grand illustrateur espagnol. Quand nous faisions

ces illustrations, nous utilisions comme

références des émissions datant de la même année

que celle où se dérouleront les épisodes de

la série. Les couleurs et les formes des costumes

ainsi que les couleurs utilisées sur les tournages

étaient méticuleusement choisies en fonction

des émissions des années 60 et nous avons utilisé

l’ingénierie inverse afin de voir comment ils

créaient leurs costumes et plateaux à l’époque

pour que cela rende bien en noir et blanc.

Dans la bande-annonce, on peut voir que Wanda et Vision portent les costumes des

anciennes BD. Le costume rouge pour Wanda et le costume jaune et vert fluo pour Vision.

Il y a un côté très cosplay dans leurs tenues. Comment ont-elles été imaginées et

conçues ?

C’est exactement ce que nous avons fait ! Nous avons commencé par regarder des cosplayeurs en

conventions, et avons trouvé un équilibre entre ce qui était cool mais aussi simple à fabriquer à la

main. Les tissus utilisés et la simplicité des silhouettes étaient très importantes, tout comme arriver

à créer un design donnant l’impression qu’ils auraient pu le créer eux-mêmes.

Sans spoiler, peut-on s’attendre à voir

Wanda et Vision dans d’autres costumes,

inspirés des comics ?

En effet, nous avons pu apercevoir un des costumes

qu’ils porteront dans la série, comme dit

précédemment : en hommage aux comics. Participer

au designing de ces costumes était très

amusant et il y aura d’autres costumes qui, je

pense, plairont au public.

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Sans spoiler, peut-on s’attendre à voir Wanda et Vision dans d’autres costumes, inspirés

des comics ?

En effet, nous avons pu apercevoir un des costumes qu’ils porteront dans la série, comme dit précédemment

: en hommage aux comics. Participer au designing de ces costumes était très amusant et il

y aura d’autres costumes qui, je pense, plairont au public.

On peut également voir, dans cette même

bande-annonce, que Vision portera le

costume de super-héros qu’il avait dans

la saga Avengers. Avez-vous fait des retouches

visuelles sur ce costume ou serat-il

identique à celui des films ?

Je ne peux pas donner trop d’informations à ce

sujet, mais il s’agissait bien du costume que l’on

voit dans Avengers.

Lorsque vous êtes arrivé sur la série

WandaVision, aviez-vous la possibilité de

dessiner/créer tout ce que vous vouliez,

ou aviez-vous des indications précises à

suivre ?

Cela dépendait des costumes, sur certains

d’entre eux, Mayes me donnait des références

et une idée globale de ce qu’elle attendait, et sur

d’autres elle avait des idées très précises. Je ne

peux pas donner d’exemple pour le moment,

mais en ce qui concerne les costumes, j’étais

libre d’explorer. Une autre contribution créative

fut celle de l’Assistant Costume Designer Joseph

Feltus, qui apporta beaucoup de bonnes idées

sur de nombreux costumes.

83


Lorsque vous dessinez des costumes pour

un film ou une série, est-ce que vous travaillez

en collaboration avec les costumiers(ères)

afin de savoir ce qu’il est possible

ou non de réaliser ?

Absolument, tout comme nous travaillons avec

d’autres départements qui travaillent aussi sur

les costumes en question. Quand nous abordons

un nouveau costume, nous faisons attention à

l’importance qu’aura ce costume ainsi que les

différentes parties qui le composent. Certaines

peuvent être imprimées en 3D, d’autres peuvent

impliquer des sculpteurs, ou même des accessoiristes

contribuant à certains éléments. Aussi,

nous avions des essayages avec les acteurs, ce

qui nous a permis de voir ce qui allait et ce qui

n’allait pas. À partir de là, nous prenons des photos

qui servent de base à mon travail et je peux

alors faire les changements ou ajustements nécessaires.

Par ailleurs, pour certains costumes, la mobilité

est très importante si l’acteur qui les porte doit

jouer une scène d’action. Je dois faire en sorte

que tout ce que j’illustre pourra fonctionner correctement

et être confortable pour l’acteur ou le

cascadeur.

En quoi cette série sera t-elle différente des autres séries Marvel ?

Je ne peux pas entrer dans les détails mais ce sera une série très spéciale, qui sortira du lot des autres

films Marvel en termes de style et d’approche. Je pense que les créateurs de la série ont pris un pari

risqué, celui de tourner dans le style des années 60/70 comme on peut voir dans la bande annonce,

mais les fans seront agréablement surpris de la manière dont la série va se dérouler.

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PLUS BELLE LA VIE

Dans les coulisses du prochain prime

PAR Loïc Marie (Capitaine Cinemaxx)

Le 15 décembre prochain, France 3 et Plus Belle la Vie offriront un merveilleux cadeau de fin

d’année à leurs fans : un nouveau prime. Intitulé « Évasions », ce prime s’annonce survolté

puisqu’il verra Mila, Luna et Claire, tenter de faire évader Mouss de la prison des Baumettes.

Mais elles ne seront pas seules puisque Pavel sera également de retour pour leur venir en

aide.

À l’occasion de la diffusion prochaine d’« Évasions », nous avons pu rencontrer le comédien

Laurent Hennequin alias Andrès/Pavel, qui sera au cœur de cette nouvelle intrigue.

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Pavel est de retour dans Plus Belle la

Vie depuis le 26 novembre dernier,

pouvez-vous nous en dire davantage

sur les conditions de votre retour ?

Avez-vous eu des exigences particulières

pour ce retour ?

J’aurais eu des exigences, si je n’avais pas été

en confiance. Je le suis définitivement dans

cette série. J’avais des souhaits, et non pas

des exigences. Il y avait d’abord une envie de

récurrence pour mon personnage mais qui

ne me convenait pas. Toutefois, pour la première

fois de ma vie, je me suis posé la question.

Ce rôle est tellement intéressant que

si ce n’était pas Plus Belle la Vie à Marseille

mais à Paris, je pense que j’aurais accepté.

Outre cet aspect, mon seul souhait était de

rester en qualité, rester dans la même veine

de ce qui a été fait jusqu’à présent avec mon

personnage. J’avais besoin que Pavel reste un

protagoniste riche.

Votre retour s’est mêlé autour de l’intrigue Mazelle-Mouss. Vous avez pris ce dernier

sous votre aile et, vous vous êtes confronté à un autre méchant emblématique de Plus

Belle la Vie, le Docteur Livia, incarné par Philippe Granarolo. Comment s’est passée

votre rencontre avec Philippe ?

Merveilleusement bien. C’est un sublime comédien. Il est aussi attachant et gentil dans la vie qu’il

peut incarner un type totalement désaxé et fou. Je salue le talent de certains comédiens qui débarquent

sur PBLV parce qu’on ne se doute pas à quel point c’est compliqué. Livia est un méchant

tel que je les aime. Il y a dans le jeu de Philippe, à la fois du Anthony Hopkins et du Ben Kingsley. Il

n’a pas la carrure pour faire un méchant dur physiquement, alors il joue sur l’aspect désaxé, imprévisible

et flippant. Il le joue parfaitement. Dans la vie, c’est une personne adorable, bosseuse comme

je les adore. Pour l’instant, à l’heure où je vous parle, nous n’avons pas eu beaucoup de scènes ensemble,

mais pendant le prime et post-prime, j’ai des séquences incroyables avec lui.

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Vous serez au cœur du prochain prime, Évasions, que peut-on

attendre de ce prime ? Et qu’est-ce qui pourrait changer pour

votre personnage ?

Le titre du prime est à la fois très révélateur

mais aussi très flou.

Concernant Andrès/Pavel, nous allons aller

encore plus loin dans la personnalité d’Andrès

et de Pavel. Il y avait une certaine affection

pour Andrès de la part du public, notamment

parce que je lui avais donné une humanité au

regard de son passé, là, nous l’avons laissé

longtemps en prison. Ce type a eu deux respirations

dans sa vie : toute la première partie

de sa vie qu’on ne verra jamais, avant que sa

famille ne soit tuée, puis, la seconde, c’est sa

rencontre avec Luna. D’ailleurs, son histoire

avec elle était une tentative d’évasion. S’évader

de Pavel. Une tentative ratée.

Entre ces deux moments, il y a son passage

en prison, suite à l’assassinat de l’autre Pavel.

Il n’en est pas sorti indemne.

Les gens vont s’apercevoir qu’il est prisonnier

de ce personnage de Pavel. En prison,

on doit adhérer rapidement à des codes et,

plus on monte en hiérarchie, plus certaines

choses sont interdites : l’amour, l’amitié, l’attachement,

la famille. Ce qui a changé depuis

qu’on m’a laissé, c’est que personne ne

connaissait le visage de Pavel, désormais, on

sait qui il est.

On va alors découvrir un Pavel qui redevient

l’animal. Pour survivre.

On va voir la part sombre de Pavel, que luimême

ne soupçonnait pas. Il devient plus

manipulateur que jamais. Tous les curseurs

vont être montés à 100 : la violence, l’amour,

et tout ce qu’il est capable de faire, y compris

ce qu’il peut le perdre, tout ça va être poussé

au max !

Néanmoins, il va avoir la mauvaise idée de

renouer des liens avec Luna parce qu’il en est

fou. Et comme cet amour est très très fort, il

va repartir au quart de tour. Cela va le mettre

en danger. Pavel sera en dualité avec ce qu’il

doit être, un caïd qui impose le respect, et

l’humanité d’Andrès.

Le Prime est influencé par la série

Prison Break, doit-on s’attendre à la

préparation d’une évasion sur plusieurs

jours ?

Oui, bien sûr. Votre article sera publié le 10

décembre et les spectateurs auront déjà commencé

à voir le début d’un plan. Après, est-ce

que moi je vais m’évader ? Ce qui est prévu,

c’est l’évasion de Mouss. Mais pour reconquérir

Luna et me réhabiliter auprès d’elle,

j’accepte de les aider et de préparer cette évasion.

Me concernant, Pavel est un serpent,

donc... (suspense).

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Je repense à cette image à la fin de

la bande-annonce, où Pavel, Mouss,

Livia et l’ex petit-ami de Sabrina, se

retrouvent ensemble face à d’autres

personnages dont on ignore les identités

et je me demande comment tout

ce beau monde a pu se réunir pour

s’évader...

Quand on est en prison, et que l’on vous propose

une opportunité, il y a cinquante autres

prisonniers qui vont vouloir se ruer dessus.

Il faut être les premiers, ne pas se faire planter,

il faut savoir pourquoi c’est toi qui va

prendre ce cadeau et pas un autre, il va falloir

le défendre parce que, lorsque tu as un cadeau

pareil, tout le monde le veut. Cette évasion,

beaucoup de détenus vont vouloir en

profiter. […] Il y aura énormément de belles

surprises dans ce prime et, je peux vous dire

que la production est comme folle. Elle est

fière de ce prime !

Livia me fait penser au personnage de

T-Bag, celui dont on ne veut pas, qui

n’était pas prévu dans le plan et qui est

une épine dans le pied des héros, ça

sera aussi le cas pour Livia ?

Ce n’est pas tout à fait le cas. Ça va plus loin.

Il a un rôle important mais je ne peux vraiment

rien dire, pour ne pas spoiler. […] On

est tous en mouvement, et la position de

départ de tous les personnages, ne sera pas

celle à l’arrivée. Mais personne ne sortira indemne.

C’est comme si on refaisait connaissance

avec certains personnages, y compris

les personnages les plus emblématiques. Les

conséquences du prime dureront également

dans le temps. Il va regrouper des personnages

qui n’ont rien à voir avec le prime. Ce

prime va bousculer tous les personnages de

Plus Belle la Vie.

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Si vous, on vous proposait un spinoff

sur Pavel, sur sa vie d’avant en

Ukraine, vous accepteriez ?

Direct ! C’est de très loin le personnage le

plus intéressant que j’ai jamais joué. Maintenant

qu’il a toutes ces couleurs, qu’il a tous

ces passés, j’adorerais. Et c’est la première

fois que je dirais oui à une récurrence si on

me proposait ce projet parce que c’est définitivement

un personnage passionnant à interpréter.

Notre magazine est une spécial Noël, j’aimerais donc terminer avec une question

que nous posons à tous nos invités : Quel est votre plus beau souvenir de Noël ?

J’ai réfléchi en amont. J’en ai trois, et ça ne sera pas autrement (rires).

Le premier, j’avais six ans. Ce fût un Noël magique. Mes parents n’étaient pas très riches, mais j’avais

reçu une voiture à pédales, une voiture bleue avec le numéro 8 sur le côté. Et je pense que je n’ai

jamais autant aimé un cadeau du Père Noël que celui-là.

Mon deuxième merveilleux souvenir qui ne me concerne plus mais qui m’a rendu le plus heureux du

monde, c’est l’image de ma fille qui doit avoir 4-5 ans, déguisée en princesse, et qui se balade sous

l’immense sapin de Noël. Elle arrivait à passer en dessous. On avait l’impression qu’elle faisait partie

du sapin. C’était magnifique à voir.

Le dernier, c’était il y a trois ans. Mon fils attendait plein de choses mais il était fou de Spider-Man.

Il voulait absolument Le Bouffon Vert. Il avait mille cadeaux, parfois des plus gros, des plus chers, et

lorsqu’il eut fini d’ouvrir ses cadeaux, il a pris Le Bouffon Vert dans ses bras. J’ai cru qu’il avait reçu

le trésor ultime mais il avait enfin son méchant pour jouer avec son Spider-Man. Il est parti dans une

impro où il a remercié Le Père Noël pendant au moins 10 minutes. Un sublime moment, émouvant.

« Évasions » le 15 décembre sur France 3, à 21h05.

Réalisation : Claire de la Rochefoucauld.

Synopsis :

Mouss cumule les séjours en prison. Il est cloué sur sa chaise roulante, enfermé aux Baumettes. Il est

prisonnier d’une double-injustice. Afin de lui venir en aide, Mila, Luna et Claire ont décidé de s’allier

pour mettre en place un plan d’évasion des plus risqués. Mais, le jour « J », tout ne se passera pas comme

prévu.

Réussiront-elles à sauver Mouss des Baumettes pendant la représentation théâtrale des autres prisonniers

?

Jeanne est prisonnière de son propre corps. Cela fait des mois maintenant qu’elle est dans le coma. Pour

la sortir du coma, Vitreuil, Vincent, Estelle et Francesco tentent le tout pour le tout et la transportent au

cœur des Alpes. C’est là où elle a vécu quelques années auparavant, les plus beaux jours de son existence.

Mais que s’est-il passé pour Jeanne de si fabuleux et inoubliable pour elle ? Parviendront-ils à réveiller

les souvenirs de Jeanne, et se réveillera t-elle enfin ? Ou n’était-ce encore qu’une lubie de sa mère prête à

tout pour retrouver sa fille ?

Casting : Malika Alaoui, Stéphane Boucher, Anne Canovas, Sahra Daugreilh, Anne Décis, Serge Dupire,

Victor Durbec, Cyril Durel, Emanuele Giorgi, Marcel Gonzales, Philippe Granarolo, Annie Grégorio,

Daniel Hederich, Laurent Hennequin, Boubacar Kabo, Pierre Martot, Stéphanie Pareja, Matthieu Rodriguez,

Eléonore Sarrazin, Jean-Pierre Sanchez, Michel Scotto di Carlo,Jean-Baptiste Seckler, Thibaud

Vaneck, Élodie Varlet…

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ALFRED HITCHCOCK À LA TÉLÉVISION : L’INTÉGRALE EN DEUX COFFRETS DVD

“Donnez leur du plaisir.

Le même plaisir

de se réveiller après

un cauchemar.”

ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE :

LA SÉRIE ORIGINALE (1955-1962 )

INTÉGRALE 7 SAISONS 268 ÉPISODES

( 42 DVD + LIVRET COLLECTOR 144 PAGES )

Alfred Hitchcock

ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE :

LES INÉDITS - THE ALFRED

HITCHCOCK HOUR (1962-1965 )

INTÉGRALE 3 SAISONS : 93 ÉPISODES

( 30 DVD + LIVRET COLLECTOR 132 PAGES )

LAYOUT AND DESIGN © 2020 BY ELEPHANT FILMS.

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