Poèmes de 17hrs
Poèmes écrits pendant le confinement de Mars en France. L'écriture comme un moyen d'évasion de la monotonie du quotidien.
Poèmes écrits pendant le confinement de Mars en France. L'écriture comme un moyen d'évasion de la monotonie du quotidien.
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Poèmes de 17hrs
Carina Leone
Graphisme : Carina Leone
Photographies prises à Carhaix.
En application des articles L. 122-10 à L. 122-12 du
Code de la propriété intellectuelle, toute photocopie à
usage collectif, intégrale ou partielle, du présent ouvrage
est interdite sans autorisation du Centre français
d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des
Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de
reproduction, intégrale ou partielle, est également interdite
sans autorisation de l’éditeur.
© Carina Leone, 2020.
Poèmes de 17hrs
(et pourquoi pas ?)
Sur ces clichés, le temps s'est figé.
Rien ne bouge. On questionne l'image,
on l'interroge du regard. On ferme les
yeux et la photographie prend vie. Les
couleurs sont là, le bruit de l'eau qui
coule, le chant des oiseaux, le vent qui
souffe et inconsciemment, on inspire
profondément comme si l'on essayait
de jouir de ce temps révolu. On rouvre
les yeux, on la contemple un instant,
puis on s'éloigne lentement d'elle,
laissant la place aux autres afin qu'ils
puissent eux aussi, jouir de ce havre de
paix immortalisé à tout jamais.
5
Le vent
Il est surprenant d'entendre tous les bruits qui nous entourent
et de s'éprendre, parfois, à leur donner une vie.
Un son représente tout un univers, et une multiplicité
de possibilités.
Ce qui a été, ce qui est, et ce qui sera. On s'évertue
parfois à le discréditer : un son peut éveiller des souvenirs
heureux, mais également il peut éveiller des
souvenirs moins heureux, plus terrifiant voire cauchemardesque.
Assise, je tends l'oreille... Le bruit que font
les chaussures ou les talons sur le sol, l'ascenseur qui
monte ou descend, des chuchotements indistincts au
loin, des pas, le tintement des verres et des couverts
dans la cuisine... Le vent aussi s'y mêle dans la foulée
des sonorités. Si l'on ferme les yeux et que l'on se
concentre sur le vent qui souffe, on entend un son aigu
et solitaire. Il cherche à se faire entendre, il cherche à
faire connaître sa puissance ne serait-ce que pour briser
son silence à tout jamais. Il danse, il virevolte, il
chante. Mais personne ne semble y prêter attention, et
dans son angoisse, il souffe plus fort. Des chapeaux
s'envolent, les feuilles et des brindilles s'envolent. Rien
ne semble apaiser le vent, qui crie au grand dam : Je
suis là, voyez-moi, écoutez-moi! J'ai horreur de cette
solitude, ne m'abandonnez pas.
6
1 -
Les oiseaux volent très haut dans le ciel. Ils
dansent paisiblement au son d'un rythme qui
nous est inconnu et dont le secret ne nous a pas
été dévoilé. Peut-être que nous l'avions perdu
avec le temps? Oh temps! Qu'avons-nous
fait pour mériter ce sort? Nous ici-bas, nous
rêvons de hauteur et de grandeur, mais fût-ce
là notre perdition? Notre ambition nous a rendu
aveugles. Nous avancions sans voir, nous marchons
sans avoir une destination fixe.
Les oiseaux quant à eux, ils sont libres de leur
mouvement. Ils volent, ils dansent, ils chantent.
En d'autres mots, ils sont heureux. Leur gaieté
enivre le ciel. À leurs yeux, nous devons être
tout petits, tout minuscules. Et nous, les yeux
tournés vers le ciel, nous contemplons ces
points virevoltants et pleins de grâce.
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2 -
Oiseau, dans les cieux tu virevoltes gaiement.
Lorsque tu prends ton envol
Nous, simples mortels, on te regarde d'un air envieux ;
Désireux ne serait-ce qu'une seconde d'être à ta place
et de voir le monde tout petit, tout lointain.
Avec le vent, tu danses,
De joie ou de triste,
C'est une danse muette que l'on assiste impuissant.
Le vent souffe, elle devient furie,
Tu lui tiens tête,
Un combat s'annonce.
Ô toi, créature magique.
Immobile, tu es dans l'air
Les lois de la gravité et de l'apesanteur ne s'appliquent
plus sur toi
Puis tu reprends ton élan, bien que tu sois affaibli
Tu as gagné
Le vent s'incline et abdique
Rentre chez toi, dieu des Cieux,
Le combat est terminé, tu peux te reposer
tranquillement ce soir.
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3 -
Le temps s’est obscurci, l’atmosphère est
lourde de représailles, le silence envahi
progressivement toutes les maisons.
Plus aucun son, plus un seul rire. Le sang
se glace dans nos veines.
Le cœur s’arrête de battre dans l’attente
improbable d’un salut – d’une main inconnue
qui briserait cette crainte insoutenable.
10
4 -
Sur le quai, on attend.
À l’instant, il est vide...
Il attend la cohue des passagers et des bagages,
Le cri des enfants, les « au revoir »,
La bise et les embrassements.
Le train n’est pas encore arrivé
Les premières silhouettes affuent
Chargées de valises, le cœur léger.
L’allégresse et la tristesse sont au rendez-vous
On ne connaît pas leurs histoires,
Leurs peines.
Ils attendent tout simplement.
Soudain une voix s’élève,
Éloignez-vous de la bordure du quai...
À l’horizon, le train avance lentement
Majestueusement.
Il arrive, puis il s’arrête à nos côtés,
Impassible.
Les portes s’ouvrent,
Le silence se rompt,
C’est le vacarme des adieux
Le vent s’arrête, il écoute silencieusement
Une voix s’élève à nouveau
Fermeture automatique des portes, attention au départ;
Puis c’est le silence.
Il est parti,
On attend.
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© La marche
5 -
Le temps change lentement ;
progressivement.
Le ciel redevient bleu,
Même si quelques nuages font irruption
Et la teintent de mille couleurs.
La fenêtre entrouverte
Laisse passer un petit courant d’air,
Frais ;
Le soleil, ami oublié,
S’y introduit
Et la vie reprend son cours.
Le regard se perd.
Puis s’arrête.
Sur les rayons lumineux,
Des particules de poussière
Dansent allégrement
Au rythme du vent.
Elles virevoltent de joie,
Jusqu’au moment fatidique
Ou tout s’arrête
Et frappées d’inertie et de torpeur
Elles retombent sur le sol
Là, où le mauvais sort les as condamnées à tout jamais.
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© Carina Leone
Publication numérique:
Mai 2020