Haiti Liberte 3 Fevrier 2021
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Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
LA CNT C’EST QUOI ?<br />
Federasyon Bawo<br />
yo deklare: 7 fevriye<br />
<strong>2021</strong> se fen manda<br />
Jovenel Moïse!<br />
Page 6<br />
President Vows to Cling to<br />
Power as <strong>Haiti</strong> is<br />
“On the Verge of Explosion”<br />
Page 9<br />
7 février <strong>2021</strong> : Que<br />
la volonté du peuple<br />
haïtien soit faite!<br />
Page 7<br />
Voir page 3<br />
C’est la Commission nationale pour la mise en place de la transition (CNT) qui désignera comme Président<br />
ou Présidente provisoire un juge de la Cour de Cassation<br />
LA GRÈVE CONTRE L'INSÉCURITÉ<br />
RESPECTÉE !<br />
En Inde, des centaines<br />
de milliers de paysans<br />
révoltés cernent New<br />
Delhi<br />
Page 10<br />
Voir page 3<br />
La capitale a été paralysée, les rues ont été en majorité vides, les écoles fermées, le transport<br />
collectif n'a pas non plus fonctionné<br />
Soudan : Après<br />
la chute de la<br />
dictature, la<br />
longue marche<br />
des travailleurs<br />
!<br />
Page 17
Partira, partira pas?<br />
Par Berthony Dupont<br />
Editorial<br />
venel Moise se défend bec et ongles pour se<br />
Jomaintenir à la présidence du pays, malgré la date<br />
d’échéance de son mandat constitutionnel qui arrive à<br />
terme. Il n’a plus que quelques jours devant lui pour<br />
achever sa grande braderie, mais rien n’indique qu’il va<br />
se laisser faire.<br />
Il y a un réel consensus majoritaire dans le pays<br />
pour que le dimanche 7 février <strong>2021</strong>, l’actuel président<br />
tire sa révérence. En face de lui, il y a non seulement<br />
une coalition d’organisations et de partis politiques qui<br />
disent vouloir à tout prix l’empêcher de faire une entorse<br />
à la constitution ; mais aussi le plus important, il y a les<br />
masses populaires qui en ont marre des conditions dans<br />
lesquelles elles vivent.<br />
Les dirigeants de la dite Opposition sont enfin parvenus<br />
à un accord pour se substituer à la place de Jovenel<br />
mais sont-ils effectivement les représentants légitimes<br />
de l’expression de la volonté et de la confiance<br />
populaires ? Leur comportement dans le passé n’a-t-il<br />
pas toujours traduit la trahison et l’infidélité à l’endroit<br />
de la lutte des masses défavorisées ?<br />
Certes, ce régime vomi par les masses doit être remplacé<br />
qu’il le veuille ou non. Ce qui est fondamental,<br />
aujourd’hui, il ne s’agit pas de changer de chauffeur,<br />
comme l’indique l’Accord Politique de l’Opposition sur<br />
la Gouvernance de la Transition de Rupture mais de<br />
route et de voiture. Changer de route signifie : de rompre<br />
complètement avec la soumission aux exigences des<br />
puissances capitalistes.<br />
La réalité est à notre avis toute autre. Bien que nous<br />
partagions pleinement l’idée de forcer le PHTK à quitter le<br />
pouvoir, mais pour l’essentiel est-ce dans la perspective<br />
de préparer les conditions pour que le pouvoir change<br />
d’un président à un autre comme on avait remplacé<br />
Michel Martelly par Jocelerme Privert ? Manifestement,<br />
cela n’a abouti qu’aux mêmes résultats : les puissances<br />
impérialistes ont imposé leurs quatre volontés.<br />
Une telle transition comme l’annoncent les ténors du<br />
document de transition ont choisi d’exclure nettement<br />
toutes les énergies créatrices des organisations populaires<br />
qui resteront manifestement sur la touche, dans<br />
l’expectative ; ce qui au départ n’est pas par accident. Ce<br />
rendez-vous équivaut à une catastrophe annoncée. Une<br />
mission de sauvegarde des intérêts d’une classe bien déterminée<br />
au détriment d’une autre. Cette complicité ne<br />
peut-être plus grave, plus ignoble. Ce partage de gâteau<br />
entre les dirigeants d’une certaine opposition ne peut<br />
être plus criminel.<br />
Où est la rupture avec le passé dans la feuille de<br />
route que le gouvernement de transition aura à gérer?<br />
Derrière ce paravent pour la continuité, il est clair que les<br />
chefs de parti, de surcroit candidats à la présidence, ne<br />
sont pas prêts à laisser leurs privilèges et leurs pouvoirs<br />
au profit des aspirations populaires.<br />
Il est temps que la majorité des travailleurs de la<br />
classe laborieuse et paysanne sur tout le territoire national<br />
mette enfin hors de jeu cette minorité de politiciens de<br />
tout acabit qui ont un seul métier, celui d’être des agents<br />
cyniques de la classe des exploiteurs internationaux.<br />
Le pays est tenu en haleine. Partira, partira pas ?<br />
Ce n’est que spéculation, vraisemblablement pour continuer<br />
à bafouer la population dans sa dignité de façon<br />
à réhabiliter ce qui ne saurait être ou ne devrait être<br />
réhabilité.<br />
Nul ne sait quand ou comment on procèdera à cette<br />
transition de rupture. Comment alors avancer si l’on ne<br />
sait pas clairement vers quoi l’on se dirige, si ce n’est<br />
pas une stratégie qui tend à assurer vers un certain<br />
contrôle de Washington ? Que l’on nous dise, une fois<br />
pour toutes, quand et comment cette transition entre ces<br />
frères et sœurs de classe aura lieu.<br />
Il ne faut jamais perdre de vue cette classe politique<br />
opportuniste dont leur formation idéologique les prédispose<br />
à préférer les forces capitalistes de vie à la vie socialiste<br />
soudant le peuple à son pays dans toutes les<br />
épreuves de l’existence, bannissant toute exploitation<br />
de l’homme par l’homme.<br />
Le changement dont rêve le peuple haïtien ne doit<br />
pas être une épreuve de vitesse mais une course de fond<br />
pour la transformation réelle de la société. Il doit être<br />
l’expression de tout un peuple organisé, prêt à combattre<br />
et abattre toutes les barrières placées sur son chemin<br />
pour l’empêcher d’aller vers un devenir qu’il a construit<br />
de ses propres forces; mais non l’apanage des mêmes<br />
clientèles des forces réactionnaires.<br />
Que Jovenel Moise parte ou qu’il ne parte pas, il est<br />
un fait certain: cette classe politique haïtienne ne pourra<br />
pas être réformée ; elle ne peut même pas être réformiste,<br />
voire révolutionnée. Elle restera un instrument<br />
docile et servile aux services des puissances capitalistes<br />
dominantes.<br />
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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
La CNT c’est quoi ?<br />
Quatre personnalités qui ont participé à la signature de<br />
l’Accord Politique de l’Opposition sur la Gouvernance de la<br />
Transition de Rupture.<br />
La proposition de Fanmi Lavalas s’intitule : « chavire chodyè<br />
a» (renverser le chaudron).<br />
Par Isabelle L.Papillon<br />
opposition traditionnelle<br />
L’ qui depuis plusieurs années<br />
n’avait jamais cessé de<br />
parler d’une quelconque transition<br />
de rupture pour mettre<br />
un terme au système politique<br />
corrompu, délabré dans le<br />
pays. Dans certains milieux,<br />
on leur avait donné le bénéfice<br />
du doute, malgré qu’on sût<br />
nommément que ces messieurs<br />
et dames ne pouvaient guère<br />
accoucher d’une politique qui<br />
ne fût de leur accointance au<br />
système capitaliste.<br />
Tout ce qu’ils racontaient<br />
à certains moments, ce<br />
n’était que pour faire couler le<br />
temps. Jovenel Moise arrive<br />
maintenant à la fin du mandat<br />
constitutionnel. Comme ils aimeraient<br />
prendre la relève, ils<br />
doivent, pour se faire accepter,<br />
proposer au chef de file de<br />
l’impérialisme international,<br />
les Etats-Unis, un programme<br />
qui ne lèsera en aucune façon<br />
leurs intérêts. C’est ainsi qu’il<br />
a été présenté sur les fonts<br />
PAR CES MOTIFS<br />
baptismaux, le dimanche 31<br />
janvier <strong>2021</strong>, un Accord Politique<br />
de l’Opposition sur la<br />
Gouvernance de la Transition<br />
de Rupture.<br />
La lecture de présentation<br />
a été faite par l’homme du<br />
Collectif Non pour le boycottage<br />
du Bicentenaire de notre<br />
Indépendance l'écrivain Lionel<br />
Trouillot, l'ancien député Hugues<br />
Célestin et le porte-parole<br />
de l'OPL, Dario Syriack.<br />
Puis, différents membres<br />
de partis politiques ont<br />
signé ce document une sorte<br />
de manifeste né selon eux<br />
après plusieurs mois de discussions<br />
politiques. De cet<br />
accord, sortira la Commission<br />
nationale pour la mise en place<br />
de la transition (CNT). Les plus<br />
connus des participants qui<br />
ont signé sont Pitit Desalin, la<br />
Direction politique de l’opposition<br />
démocratique (Dirpod),<br />
‘’Operasyon tèt ansanm’’ et le<br />
Comité de suivi de la Déclaration<br />
du 21 aout 2020.<br />
La CNT c’est cette nouvelle<br />
structure de 15 membres,<br />
dont 8 membres des partis,<br />
Le Tribunal après examen sur les conclusions conformes du Ministère public<br />
maintient le défaut octroyé contre Marie Helette Jean Noël à l'audience précitée:<br />
pour le profit, déclare fondée la dite action ; Admet en conséquence, le divorce<br />
de Gary Joseph d'avec Marie Helette Jean Noël ,pour incompatibilité de<br />
caractère, aux torts de l'époux; prononce en conséquence la dissolution des<br />
liens matrimoniaux ayant existé entre les dits époux; Ordonne à l'officier de<br />
l'état civil de Liancourt Commune des Verrettes transcrire sur les registres à ce<br />
destiné, le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l'un<br />
des quotidiens s'éditant à la Capitale, sous peine de dommages intérêts envers<br />
les tiers ,s'il y échet Compense les dépens<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Gabnel FRANÇOIS, Av, juge en audience civile<br />
ordinaire et publique en date du jeudi Quinze mars deux mille dix neuf en<br />
présence de Me Grand Pierre Estimé Av. Substitut du commissaire du gouvernement<br />
de ce ressort avec l'assistance du sieur greffier pascal Toussaint<br />
Il est ordonné. ....etc..... En foi de quoi.... etc ....<br />
Jeannot Luzincourt Officier de l'état civil<br />
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
groupements et regroupements<br />
politiques de l’opposition et 7<br />
membres de la société civile<br />
dont un membre du Comité de<br />
suivi de la Déclaration du 21<br />
aout 2020, est qualifié d’office.<br />
Une majorité de chefs de<br />
partis ou d’organisations politiques<br />
à l’exception de Fanmi<br />
Lavalas se sont finalement<br />
entendus sur cette proposition<br />
commune de sortie de crise. Il<br />
faut signaler que l’unique différence<br />
entre Fanmi Lavalas<br />
et cette structure ne tient pas<br />
au contenu du texte mais du<br />
fait justement que la Commission<br />
Nationale pour la mise en<br />
place de la Transition (CNT)<br />
désignera comme Président ou<br />
Présidente un juge de la Cour<br />
de Cassation, alors que Lavalas<br />
aurait préféré un gouvernement<br />
de Salut public (Bonnet<br />
Blanc/Blanc Bonnet).<br />
La CNT aura également<br />
le privilège de désigner également<br />
le Premier ministre de<br />
l’après Jovenel Moise, le choix<br />
d’un cabinet ministériel et enfin<br />
la mise en place de l’Organe<br />
de Contrôle de la Transition<br />
(OCT).<br />
Qui va faire partie de<br />
cette commission ? C’est une<br />
question à laquelle seuls les<br />
acteurs au sein de l’opposition<br />
traditionnelle peuvent répondre.<br />
Les noms des membres<br />
ne sont pas encore connus et<br />
ils ont la tâche ultime de désigner<br />
avant le 7 février le<br />
président provisoire qui ne<br />
sera autre qu’un juge de la<br />
Cour de Cassation: un moins<br />
corrompu parmi tous les autres<br />
corrompus !<br />
Le nouveau pouvoir de<br />
facto aura pour feuille de route<br />
37 points qui ont été définis<br />
pour la gouvernance de la<br />
transition de rupture, qu’on<br />
devrait avec honnêteté baptiser<br />
de transition pour la continuation.<br />
A ce point, nous pouvons<br />
dire que les masses populaires<br />
seraient plus proches<br />
de la proposition de Fanmi Lavalas<br />
qui s’intitule « chavire<br />
chodyè a» (renverser le chaudron).<br />
Selon ce parti « Aucune<br />
solution cosmétique n’apportera<br />
une solution efficace et<br />
durable à la crise dans laquelle<br />
nous sommes plongés. Ce système<br />
a suivi son cours. Il ne<br />
peut pas être réparé. Cela doit<br />
être changé, affirme cette organisation<br />
».<br />
La grève générale contre l'insécurité<br />
respectée !<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
PAR CES MOTIFS<br />
s deux journées de<br />
Legrève des syndicats<br />
Confédération des Travailleurs<br />
haïtiens (CTH) et la<br />
Confédération des travailleurs.euses<br />
des Secteurs<br />
publics et privé (CTSP) et<br />
Collectif des Syndicats haïtiens<br />
pour le Respect de<br />
la Constitution de 1987<br />
(COSHARCO) les lundi 1er<br />
et mardi 2 février <strong>2021</strong>,<br />
en réponse au climat<br />
d’insécurité, d’instabilité<br />
et d’appauvrissement qui<br />
gangrène le pays ont été<br />
totalement respectées à travers<br />
le territoire national.<br />
En effet, la capitale a<br />
été paralysée puisque les<br />
rues ont été en majorité<br />
vides, les écoles fermées,<br />
le transport collectif n'a pas<br />
Le Tribunal après examen, sur les conclusions du Ministère public ; maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l'audience précitée, pour le profit déclare<br />
fondée la dite action; Admet en conséquence le divorce du sieur Louis Jean<br />
Bernard AUGUSTE d'avec son épouse née Ketly JEAN LOUIS, pour injures graves et<br />
publiques, aux torts de l'épouse. Prononce la dissolution des liens matrimoniaux<br />
ayant existé entre les dits époux; Ordonne à l'officier de l'état civil de la Section<br />
Sud de Port au Prince, de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du<br />
présent jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à<br />
la Capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers s'il y échet commet<br />
l'huissier Canal Gabriel pour la signification de ce jugement; Compense les dépens<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Annie FIGNOLÉ, juge en audience civile et<br />
publique en date du quatorze janvier deux mille vingt, en présence de Me .Jean<br />
Rolex MEROVE, substitut du gouvernement de ce ressort et avec l'assistance de<br />
monsieur Mozart TASSY ,greffier du siège<br />
Il est ordonné .... etc... En foi de quoi ....etc ...<br />
Me Ingrid karline WOOLLEY officier de l’etat civil<br />
Une rue désertée le lundi 1er Février <strong>2021</strong><br />
Point de presse du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN)<br />
fonctionné non plus et les<br />
commerçants informels ont<br />
considérablement diminué,<br />
sauf quelques entreprises<br />
avaient ouverts leurs<br />
portes et certaines motos,<br />
ainsi que de rares véhicules<br />
privés, ont bravé les rues.<br />
Signalons que même<br />
les employés de l’administration<br />
de l’Etat n’ont pas<br />
été à leur service. Au parc<br />
industriel de la Sonapi, la<br />
majorité des travailleurs ne<br />
se sont pas présentés.<br />
Les stations d’autobus<br />
reliant la Capitale aux autres<br />
villes de province ont<br />
été vides de gens.<br />
Plusieurs villes de<br />
province ont également<br />
suivi le mot d’ordre de<br />
grève. Cette initiative pour<br />
le respect de la Constitution<br />
avait bénéficié du soutien<br />
de plusieurs autres secteurs<br />
PAR CES MOTIFS<br />
de la vie nationale particulièrement<br />
les acteurs de<br />
l’opposition politique qui<br />
maintiennent la pression à<br />
ce que le président parte le<br />
dimanche 7 février <strong>2021</strong>.<br />
Quelques rares détaillants<br />
ont été vus pour la<br />
deuxième journée. En somme,<br />
les deux journées de<br />
grève générale contre l’insécurité<br />
furent une réussite<br />
politique totale.<br />
Dans l’après-midi du<br />
mardi 2 février, le Conseil<br />
Supérieur de la Police Nationale<br />
(CSPN) dans un<br />
point de presse, le Premier<br />
ministre Joseph Jouthe a<br />
fait savoir que « le gouvernement<br />
prend acte des<br />
deux journées de grève<br />
générale réussies contre<br />
l'insécurité et le kidnapping<br />
lancées par des syndicats.<br />
Le Tribunal après en avoir délibéré au vœu de la loi et sur les conclusions<br />
conformes du Ministère public accueille l'action du demandeur, le sieur Wilson<br />
BARTHELEMY en la forme ; Maintient le défaut faute de comparaître à<br />
l'audience du vendredi six Novembre deux mille vingt contre la dame née<br />
Nerline DOLCINE. Admet le divorce du sieur Wilson BARTHELEMY contre la dame<br />
née Nerline DOLCINE pour injures graves et publiques. Faits prévus à l'article<br />
217 du code civil haïtien ; Prononce la dissolution des liens matrimoniaux ayant<br />
existé entre eux aux torts exclusifs de lʼépouse. Ordonne à l'officier de l'état civil<br />
de Port au Prince Section Sud de transcrire sur les registres à ce destinés le<br />
dispositif du présent jugement dont un extrait sera publié dans l'un des quotidiens<br />
s'éditant à la Capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers;<br />
Compense les dépens vu la qualité des parties Commet l'huissier Clerbrun FAURE<br />
de ce siège pour la signification du présent jugement<br />
Rendu de nous Bredy FABIEN, juge au Tribunal de première instance du ressort<br />
de Port au Prince en audience civile publique et ordinaire du vendredi six<br />
Novembre deux mille vingt en présence du substitut commissaire du gouvernement.<br />
Me Enide LEGERME faisant office du Ministère public et avec<br />
l'assistance de Me Jean Serge DUVERT, greffier du siège.<br />
Il est ordonné. .....etc...... En foi de quoi..... etc......<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
3
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
7 février <strong>2021</strong>: Haïti dans l’œil d’un “dechoukaj” socio-politique<br />
Par Esau Jean-Baptiste<br />
puis l’été 2018, la population<br />
Dehaïtienne, dont les problèmes<br />
quotidiens ne font qu’empirer, manifeste<br />
dans presque tout le pays pour réclamer<br />
le départ du président Tèt kale II.<br />
Plus que les jours passent, plus que<br />
la situation socio-politique s’amplifie<br />
et devient plus corsée. Quant<br />
à l’opposition politique, tout en profitant<br />
de l’incapacité du pouvoir dans la<br />
gestion de la crise socio-politique, elle<br />
se renforçe et se positionne davantage.<br />
Avec leur cahier de charge muni d’une<br />
proposition de sortie de crise, renforcé<br />
par les manifestations de plus en plus<br />
fréquentes, clairement, l’opposition ne<br />
rate pas l’occasion pour réclamer le<br />
départ du président Jovenel pas plus<br />
tard que le 7 février <strong>2021</strong>, pour faciliter<br />
la mise en place d’un gouvernement de<br />
transition.<br />
Avec cette situation qui se<br />
détériore chaque jour sous les yeux<br />
des autorités qui se montrent impuissantes,<br />
Haïti vit une situation de tension<br />
généralisée qui fait peur. Quand<br />
ce n’est pas à Grand Ravine, Ti Bwa,<br />
Village de Dieu ou au Bicentenaire dans<br />
l’air métropolitaine, ce sont dans presque<br />
toutes les grandes villes du pays<br />
que les armes automatiques se font<br />
entendre. N’en parlons même pas de<br />
la tuerie organisée contre les pauvres<br />
gens de Carrefour-feuilles, La Saline,<br />
Bel-Air, Pont-Rouge aussi bien du kidnapping<br />
au quotidien. « Les kidnappings<br />
se multiplient depuis plusieurs<br />
mois. Les criminels, bien organisés,<br />
utilisent des véhicules ressemblant à<br />
ceux des forces de sécurité. Ils utilisent<br />
des plaques immatriculées Service<br />
de l’État (SE), portent des uniformes<br />
d’unités de la PNH, sont lourdement<br />
armés. Ils séquestrent leurs victimes<br />
dans des lieux connus des forces de<br />
l’ordre. Sur les réseaux sociaux, des<br />
noms, des visages défilent. A la radio,<br />
les témoignages de victimes, de<br />
parents de victimes de kidnappings<br />
glacent le sang. Des « pitit manman<br />
mari », des protestants, des pasteurs,<br />
des prêtres, des vodouisants, des<br />
francs-maçons, l’athée, l’étudiante, le<br />
musicien, la marchande de saucisse, le<br />
commerçant, les fils…personne n’est<br />
épargné. » (1)<br />
La crise est multidimensionnelle<br />
et a atteint un niveau global. Face<br />
à cette situation, on a l’impression<br />
que toutes les institutions sont impuissantes<br />
à ce qui se passe au pays.<br />
Cependant, c’est dans cette Haïti fragilisée,<br />
qui peut exploser à n’importe<br />
quel moment, qu’un président incompétent<br />
veut rester au pouvoir au delà<br />
du 7 février <strong>2021</strong>. « Rester pour faire<br />
quoi », se demandent plus d’un? Mais,<br />
mis à part les critiques de mauvaises<br />
gestions faites à l’encontre du chef de<br />
l’État, constitutionnellement, comment<br />
peut-on expliquer ou comprendre la fin<br />
de son mandat le 7 février <strong>2021</strong>?<br />
Comment est défini le mandat<br />
des élus ? Est-il défini par la Constitution,<br />
les lois électorales ou par les élus<br />
eux-mêmes? Que dit l’article 134-2 de<br />
la constitution haïtienne ?<br />
Argumentations constitutionnelles<br />
expliquant la fin du mandat du<br />
chef de l’État le 7 février <strong>2021</strong><br />
L’élection présidentielle a lieu<br />
le dernier dimanche d’octobre de la<br />
cinquième année du mandat présidentiel.<br />
Le président élu entre en fonction<br />
le 7 février suivant la date de son élection.<br />
Au cas où le scrutin ne peut avoir<br />
lieu avant le 7 février, le président<br />
élu entre en fonction immédiatement<br />
après la validation du scrutin et son<br />
mandat est censé avoir commencé le<br />
7 février de l’année de l’élection.(Art<br />
134-2 de la constitution amendée)<br />
Quant aux leaders de l’opposition.<br />
« Le président qui manifeste la<br />
volonté de rester au pouvoir jusqu’au 7<br />
février 2022 a commis des crimes politiques<br />
selon l’agronome Jean- André<br />
Victor. L’un de ces crimes est le parjure,<br />
suivi par le non-respect de la constitution.<br />
« Cette situation de parjure<br />
est due au fait que le président n’as<br />
pas honoré son serment de respecter<br />
la Constitution et de la faire respecter<br />
le met dans une position où il n’inspire<br />
plus confiance », a-t-il avancé. « C’est<br />
le plus gros crime qu’un chef d’État<br />
puisse commettre : renier la Constitution<br />
sur laquelle il a prêté serment »<br />
(2), a-t-il poursuivi.<br />
Frantz Duval du Quotidien le<br />
Nouvelliste, dans son texte: De la fragilité<br />
des mandats, écrit: « En déclarant<br />
le 13 janvier 2020, à minuit, sans<br />
aucune négociation préalable avec<br />
aucun secteur, que le mandat de deux<br />
tiers des sénateurs était arrivé à expiration,<br />
le président Jovenel Moïse a<br />
fragilisé tous les mandats, y compris<br />
le sien. »<br />
Mais de tous les questionnements,<br />
quelle est donc la position de la<br />
communauté internationale qui a toujours<br />
supporté le président?<br />
Même si la communauté internationale<br />
a sa part de responsabilité dans<br />
la déstabilisation d’Haïti, actuellement<br />
son engagement à trouver une solution<br />
pacifique pour après le départ du Président<br />
est au cœur de ses préoccupations.<br />
Constatant que le président a perdu le<br />
contrôle du pays, c’est avec désenchantement<br />
que chaque jour les diplomates<br />
se soucient de cette administration.<br />
Ainsi, certains diplomates, déçus<br />
des performances du pouvoir, surtout<br />
en ce qui concerne la sécurité, l’organisation<br />
des élections et le renforcement<br />
des institutions étatiques, sont mobilisés<br />
dans l’optique de trouver une issue<br />
positive pouvant éviter le chaos.<br />
Face à toutes ces dérives, comme<br />
l’administration fait preuve d’incapacité<br />
à diriger, certaines missions<br />
diplomatiques ont initié des pourparlers<br />
avec certaines forces vives et institutionnelles<br />
du pays, dans l’intention de<br />
monter une nouvelle équipe capable<br />
d’obtenir rapidement, non seulement<br />
des résultats tangibles sur le plan social<br />
et sécuritaire, mais encore capable de<br />
calmer les esprits.<br />
Certains représentants diplomatiques<br />
sur le terrain ne voient pas<br />
comment, politiquement et même avec<br />
l’appui d’une frange de la communauté<br />
internationale, le président va remonter<br />
la pente. Un diplomate de l’Amérique<br />
Latine, supporteur du pouvoir Tèt Kale<br />
aux dernières élections est cette foisci<br />
très amer au sujet de l’incapacité de<br />
diriger du chef de l’État. Ce diplomate<br />
qui vit depuis sa retraite dans la capitale<br />
américaine, veut lui aussi le départ du<br />
président.<br />
Mis à part l’instabilité politique<br />
AVIS DE DIVORCE<br />
PAR CES MOTIFS, le Tribunal après en avoir délibéré selon le vœu de la loi et sur les conclusions<br />
conformes du ministère public, accueille lʼaction du demandeur, le sieur Roland Jean Julien en<br />
la forme, maintient le défaut faute de comparaitre, octroyé à lʼaudience du vendredi huit mai<br />
deux mille quinze contre la dame née Béatrice Bonheur; admet le divorce des époux Roland<br />
Jean Julien, la femme née Béatrice Bonheur pour injures graves et publiques, faits prévus à<br />
lʼarticle 217 du code civil haïtien; prononce la dissolution des liens matrimoniaux ayant existé<br />
entre eux, aux torts exclusifs de lʼépouse; ordonne à lʼOfficier de la commune de<br />
Port-Au-Prince, section sud de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent<br />
jugement dont un extrait sera publié dans lʼun des quotidiens sʼéditant à la capitale, sous peine<br />
de dommages-intérêts envers les tiers ; compense les dépens vu la qualité des parties; commet<br />
lʼhuissier Clerbrun Faure pour la signification du présent jugement.<br />
Rendu de Nous Gerty Léon Alexis, juge au tribunal de Première instance du ressort de<br />
Port-Au-Prince, en audience civile publique et ordinaire du vendredi dix juillet deux mille<br />
quinze en présence du substitut du commissaire du gouvernement, Me Sheila Monsanto Bazile<br />
faisant office du ministère public et avec lʼassistance de Jean Serge Duvert, greffier du siège.<br />
Il est ordonnéà tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux<br />
Officiers du ministère public près les tribunaux civils dʼy tenir la main ; à tous commandants et<br />
autres Officiers de la force publique dʼy prêter main forte lorsquʼils en seront légalement<br />
requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du greffier susdit.<br />
Ainsi signés: Gerty Léon Alexis et Jean Duvert.<br />
Me Jean Julien Daniel, Av.<br />
Déraciner le pouvoir de Jovenel<br />
Moise est un devoir civique<br />
qui bouleverse le pays pendant ces<br />
dernières semaines, deux ambassadeurs<br />
de la CARICOM ne pardonnent<br />
pas le président pour le vote d’Haïti à<br />
l’OEA contre le Vénézuela. Eux aussi<br />
veulent le départ du chef de l’État.<br />
Qu’en est-il de l’administration<br />
américaine ?<br />
Les officiels de Washington sont<br />
très préoccupés par la crise politique<br />
qui se développe en Haïti. Certains<br />
démocrates s’accordent sur le départ<br />
du chef de l’État… décision qui pourrait<br />
apaiser les tensions politiques en Haïti.<br />
D’une source de la capitale américaine<br />
digne de confiance, la crise haïtienne<br />
est déjà sur la table des discussions<br />
entre démocrates et républicains.<br />
Comme certains membres de<br />
l’opposition refusent le choix d’un<br />
cadre de la Cour de Cassation pour le<br />
remplacement du président, donc l’international<br />
et les forces vives de la société<br />
sont indécis à ce propos. Ajouter à<br />
tout cela, une autre préoccupation pour<br />
l’international est de trouver une terre<br />
d’asile pour le président et sa famille.<br />
Par contre, quant au futur chef de<br />
gouvernement, pour ne pas répéter les<br />
mêmes erreurs de 2004, Washington<br />
est pour un « Premier ministre local ».<br />
Donc, on commence à citer des noms.<br />
Parmi ceux-ci, on trouve un ancien<br />
chef de la Primature, un ex-parlementaire,<br />
un homme d’affaires très influent<br />
de la société civile, un ancien candidat<br />
à la présidence et un ancien technicien<br />
dans le monde universitaire, mais qui a<br />
étudié aux États-Unis.<br />
Selon cette même source, le future<br />
Premier ministre devrait être un<br />
rassembleur capable de monter une<br />
équipe très restreinte avec des cadres<br />
compétents du pays et de la diaspora,<br />
mais surtout avec une feuille de route<br />
capable de tacler les grands problèmes<br />
sociaux, politiques et économiques du<br />
pays. Puisqu’il n’aura pas à se présenter<br />
par devant le parlement, qui est officieusement<br />
considéré comme une<br />
institution inopérante, donc ce chef de<br />
gouvernement doit être quelqu’un qui<br />
inspire confiance.<br />
Bref, les préoccupations concernant<br />
le président entêté de rester au<br />
pouvoir au-delà du 7 février, affecte le<br />
pays et le core international qui aurait<br />
aimé éviter un autre 7 février 1986.<br />
Puisque, avec des manifestations et des<br />
jours de grèves dans tous les départements,<br />
spécialement les grandes villes<br />
du pays, les prochains jours s’annoncent<br />
sombres. Pour comprendre les<br />
préoccupations des uns et des autres<br />
sur le spectre d’un possible ‘’dechoukaj’<br />
et ses conséquences nationales sur<br />
la vie et les biens des citoyens après 7<br />
février <strong>2021</strong>, il faut se référer au livre<br />
de Laennec Hurbon, Comprendre <strong>Haiti</strong>,<br />
Essai sur l’Etat, la nation, la culture<br />
(Editions Karthala, 1987, p.11).<br />
Dans ce livre, l’auteur écrit que :<br />
« Au matin du 7 février, une immense<br />
crie de joie était entendu aux quatre<br />
coins du pays. A Port-au-Prince,<br />
500,000 personnes environs, toutes<br />
couches sociales confondues, hommes<br />
et femmes, ont pris place autour<br />
du palais présidentiel. La presse<br />
étrangère surprise par la rage avec<br />
laquelle le peuple traquait les macoutes.<br />
Certains sont lapidés, d’autres<br />
brulés vifs. Leurs maisons sont pillées<br />
et incendiées. La rapidité avec laquelle<br />
des macoutes sont répérés démontre<br />
jusqu’á quel point la colère populaire<br />
se contenait auparavant. » (4)<br />
Comme pour protéger des vies<br />
et sécuriser des biens, l’armée et la police<br />
d’alors ne pouvaient pas intervenir<br />
dans tous les coins du pays. Ainsi on a<br />
eu des dérapages. Le bilan était lourd<br />
en termes de pertes de vies humaines,<br />
biens et immeubles des membres du régime<br />
déchu. Toutes les maisons, aussi<br />
bien que des magasins soupçonnés<br />
d’appartenir á des macoutes et barons<br />
du régime, furent saccagés et pillés.<br />
Plusieurs auteurs et journalistes qui<br />
commentaient sur les évènements qui<br />
ont eu lieu ce vendredi 7 février 1986<br />
étaient unanimes á reconnaître que la<br />
journée était d’une part pleine de réjouissance<br />
et d’autre part de violences<br />
accrues, de chasse et de pillages.<br />
A ce sujet, les auteurs Daniel<br />
Roussière, Jenane Rocher, Gilles<br />
Danroc dans leur livre : Les élections<br />
du 29 novembre, la démocratie ou la<br />
mort, écrivent ce qui suit : « Une extraordinaire<br />
explosion de joie, une<br />
véritable liesse populaire que personne<br />
ne pouvait décrire, transforme Portau-Prince<br />
en une ville carnavale….;<br />
des tontons macoutes sont dépouillés<br />
de leurs uniformes, battus…. Au Bel<br />
air, au Centre-ville, á Laboule, Delmas,<br />
Thomassin, Carrefour, des scènes de<br />
AVIS DE DIVORCE<br />
pillage sont enregistrées malgré l’intervention<br />
de la police et de l’armée.<br />
» (5)<br />
Est-ce cela que veut le pouvoir,<br />
l’opposition ou la communauté internationale<br />
? Frantz Duval, dans son éditorial<br />
du 25 janvier <strong>2021</strong> écrit dans le<br />
Quotidien du Nouvelliste que : « Dans<br />
tout pays normal, la crise sans nom<br />
que le pays vit depuis des mois aurait<br />
provoqué deux réactions : la recherche<br />
d’un compromis ou un soulèvement.<br />
Un secteur de la société civile suffisamment<br />
concerné ou suffisamment<br />
fort aurait invité les deux camps –<br />
pouvoir et oppositions – à s’asseoir<br />
jusqu’à ce qu’une entente soit trouvée<br />
pour permettre au pays de vivre normalement<br />
sans l’hypothèque des arrêts<br />
récurrents qui pénalisent le plus grand<br />
nombre et chaque initiative. » (6)<br />
Si les protagonistes arrivent à<br />
faire le grand dépassement et trouver<br />
une solution pour opter pour la première<br />
proposition de l’éditorialiste du Nouvelliste,<br />
ce sera pour le bien du pays. Mais<br />
si toutefois dans les jours qui viennent,<br />
les acteurs politiques conduisent<br />
le pays vers l’option du soulèvement,<br />
ce sera définitivement pour le malheur<br />
d’Haïti…puisque, ce sera une deuxième<br />
version du 7 février 1986.<br />
Prof. Esau Jean-Baptiste<br />
Notes<br />
1-Roberson Alphonse.<br />
Haïti pris au piège des kidnapings.<br />
Le Nouvelliste.<br />
25/1/<strong>2021</strong><br />
2-Germina Pierre Louis. Le<br />
MOPOD plaide pour le départ de<br />
Jovenel Moïse le 7 février <strong>2021</strong>.<br />
Le Nouvelliste 13/01/<strong>2021</strong><br />
3-Robert Duval. De la fragilité<br />
des mandats. Le Nouvelliste-<br />
02/02/2020<br />
4-Laennec Hurbon. Comprendre<br />
<strong>Haiti</strong>, Essai sur l’Etat,<br />
la nation, la culture. Editions<br />
Karthala, 1987, p.11.<br />
5-Daniel Roussiere,<br />
Jenane Rocher, Gilles Danroc.<br />
Les Elections du 29 novembre<br />
1987. La démocratie ou la<br />
mort. Bibliothèque Nationale<br />
d’<strong>Haiti</strong>, p.15<br />
6-Robert Duval. Haïti,<br />
l’anesthésie générale. Le Nouvelliste-<br />
25/1/<strong>2021</strong><br />
PAR CES MOTIFS, le Tribunal, après examen sur les conclusions du ministère public,<br />
maintient le défaut octroyé contre la défenderesse et pour le profit déclare à ladite<br />
action, admet le divorce du sieur Jean David Debrosse d’avec son épouse née Danielle<br />
Martine Baptiste, ce pour injures graves et publiques aux torts de l’épouse; prononce<br />
la dissolution des liens matrimoniaux existant entre lesdits époux; ordonne à l’Officier<br />
de l’Etat civil de Limbe d’inscrire dans les registres à ce destinés le dispositif du présent<br />
jugement dont un extrait sera inséré dans des journaux s’éditant à la capitale sous<br />
peine de dommages intérêts envers les tiers s’il y échet, commet l’huissier Fleurimond<br />
A. Paul de ce tribunal pour la signification du présent jugement, compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par Nous Alix Fucien, Av, juge en audience civile en date du dix<br />
juillet deux mille quinze en présence de Me Hervé C. Hyppolite, substitut commissaire<br />
du gouvernement de ce ressort avec l’assistance du greffier Luc Laurent.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution,<br />
aux officiers du ministère public près les tribunaux civils d’y tenir la main, à tous<br />
commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter la main forte lorsqu’ils<br />
en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier susdits.<br />
Ainsi signé: Alix Fucien et Luc Laurent.<br />
Pour expédition conforme collationnée, le greffier.<br />
4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
TANZANTAN<br />
Question de point<br />
Par Lemèm Latulipe<br />
vocabulaire politique en Haïti<br />
Le semble en voie de changement.<br />
Les politiciens ont-ils fait un grand<br />
pas ? Je ne saurais toutefois dire s’il<br />
s’agit d’« un pas en avant » résolu,<br />
djanm, ou d’un pas qui sera suivi de<br />
« deux pas en arrière », twoukoutoup<br />
twoukoutap. J’ai eu beau appeler l’ami<br />
Vladimir à mon secours, il ne m’est arrivé<br />
qu’un hiéroglyphe mal griffonné.<br />
Jean François Champollion lui-même<br />
n’y verrait que faucille et marteau. Je<br />
n’ose pas non plus parler de bond, ne<br />
sachant si c’est un « grand bond en<br />
avant » ou un « grand bond » en arrière.<br />
Toujours est-il qu’on ne parle plus<br />
de « proposition de sortie de crise ». Ces<br />
jours-ci, le nec plus ultra c’est « faire<br />
le point ». On affirme qu’« on fait le<br />
point ».<br />
Certains politiciens pensent en<br />
longueur, d’autres en largeur, un très<br />
petit nombre en profondeur, quelquesuns<br />
en épaisseur et l’immense majorité,<br />
point du tout. Un point, c’est tout. On<br />
n’a qu’à observer leur évolution au<br />
cours de l’année écoulée : une absence<br />
abyssale de vision, une impossibilité<br />
décevante de se mettre d’accord sur<br />
une stratégie constructive pour arriver<br />
à leur but commun. Aussi, les foules<br />
ne sont plus au rendez-vous. Les types<br />
se trouvent coincés dans la diagonale<br />
de leur nullité au point où lorsqu’ils<br />
parlent de faire le point on en arrive à<br />
se poser un gros point d’interrogation :<br />
qu’est-ce qu’ils racontent encore ces<br />
fainéants ?<br />
À court d’idées stimulantes, innovantes,<br />
créatrices – et c’est là son<br />
point faible – le politicien vous laisse<br />
sur votre faim. Par exemple, il commence<br />
un discours avec une phrase<br />
dont la subordonnée est tellement<br />
longue et insignifiante que vous avez<br />
le temps de faire un ti kabicha. Quand<br />
vous vous réveillez, aucune principale<br />
ne point encore à l’horizon. Finalement,<br />
reprenant son souffle, il<br />
prend une pause et s’attend à des<br />
applaudissements qui… ne viennent<br />
pas. Vous concluez que sa pensée est<br />
tombée dans le vide de son ignorance,<br />
qu’il n’avait rien à dire de convaincant.<br />
N’empêche, à ses yeux, il a ‘‘fait le<br />
point’’, à vous de comprendre.<br />
Le mec se fait un point d’honneur<br />
de vous dire qu’il maîtrise mieux<br />
que n’importe quel adversaire la dynamique<br />
de la situation en cours. Point<br />
par point, il vous raconte comment<br />
« depuis ces trente dernières années le<br />
pays est au point mort ». Son blablabla<br />
n’en finit pas et vous pouvez être certain<br />
qu’il va finir par vous débiter une<br />
tirade de son cru réclamant au moins<br />
deux points d’exclamation : ô mon<br />
pays ! Toi qui vas titubant, vacillant,<br />
trébuchant, languissant sous le poids<br />
de dirigeants incapables et irresponsables,<br />
lève-toi et marche ! Qui d’autre<br />
que lui peut avoir un point de vue aussi<br />
percutant ? Point du tout.<br />
Au pays, le vide politique est<br />
palpable sauf lorsque par moments, Jovenel<br />
fait le point sur les avancées des<br />
élections à venir en… <strong>2021</strong> et de sa<br />
Constitution dont personne ne sait de<br />
quelle potion à base de feuilles sezisman<br />
il nous prépare, ni comment il<br />
va s’y prendre pour organiser son<br />
referendum qui sera approuvé par la<br />
nation avec 99.9% de oui selon les<br />
pratiques démocratiques des Caucescu,<br />
Kim Jong-un et autres despotes de<br />
même pointure. Jovenel aura alors atteint<br />
l’apogée, le point culminant d’un<br />
parcours, selon lui, ‘‘sans faute’’. Point<br />
barre.<br />
Tous les partis politiques mis<br />
devant le fait accompli jovenellien<br />
d’une Constitution wè pa wè, lantèman<br />
pou katrè, incapables de faire un faisceau<br />
unitaire pour fese Jovenel par<br />
terre s’agitent comme diables dans un<br />
bénitier. Ils ne se lassent pas de rencontres<br />
à n’en plus finir, à Léogâne, à<br />
Une percée dont seul un fils de Dessalines eût été capable au point qu’il<br />
voulût changer de drapeau et faire flotter du rouge et du noir à la barbe<br />
des crétins de l’opposition qui se mirent à crier haro sur le baudet. Pòv<br />
Pitit !<br />
la Croix-des-Bouquets, à Bourdon, à<br />
Pétion-Ville, à la nonciature et ailleurs<br />
à la recherche d’un point commun<br />
pour renverser Jovenel, mais d’idées<br />
constructives, visionnaires ils n’en ont<br />
point. Lors de ces rencontres bidonnes,<br />
ça commence toujours bien par la lecture<br />
enthousiaste des points à discuter.<br />
Mais à peine les discussions<br />
entamées, il se trouve toujours un<br />
hurluberlu (un pavillon masqué de<br />
Jovenel ?) pour se lever et faire le coquin<br />
; il n’est pas d’accord avec tel ou<br />
tel autre point. Quand on lui demande<br />
de s’expliquer, il préfère s’engager dans<br />
d’interminables coquinades, détournades,<br />
pointades, contresens, contradictions<br />
à brouiller toutes les pistes. Dès<br />
lors, c’est lekòl lage : tumulte, verbes<br />
hauts, basses menaces verbales à<br />
peine voilées, bref, c’est la pagaille. Les<br />
délégués représentants de différents<br />
partis quittent sur la pointe des pieds,<br />
graine par graine ; personne n’a réussi<br />
à faire le point, celui qu’on pensait être<br />
‘‘le plus important’’ du moment.<br />
Alors que le monde politicien<br />
en était au point mort, à court d’idées,<br />
de propositions, de suggestions, de<br />
recommandations, alors qu’on s’y attendait<br />
le moins, un fils du Nord, du<br />
grand Nord, Pitit de son sobriquet<br />
politique, resté loin des convulsions<br />
propositionnelles de sorties de crise fit,<br />
le 26 janvier écoulé, une percée dont<br />
seul un fils de Dessalines eût été capable<br />
et dont la fulgurance déchira le<br />
voile du temple des crétins de l’opposition.<br />
‘‘Point n’est besoin d’un gros appât<br />
pour attraper une grosse bête’’ eût<br />
dit Amadou Koumba. En l’occurrence<br />
il suffisait d’une déclaration perçante<br />
pour que Pitit trouât la cuirasse du<br />
système.<br />
On devait s’y attendre car depuis<br />
quelques années déjà notre homme<br />
jouait un rôle d’annonceur, de déclarateur,<br />
de proclamateur, de propulseur,<br />
d’avertisseur, de déclanncheur de mobilisation<br />
populaire. Avec lui, il y a toujours<br />
eu du Vertières, de la butte Charrier,<br />
des kout kannon dans l’air, mais…<br />
Disons en passant qu’il avait cru bon<br />
de signaler que « la mobilisation n’est<br />
pas financée par la bourgeoisie ». Pourquoi<br />
cette précision, ce pléonasme ? Un<br />
Pitit ne peut n’être et naître que de la<br />
matrice du ti peuple. C’est un point existentiel<br />
incontournable. Alors ?<br />
Ainsi, au mois de mars en 2016,<br />
l’avertisseur klaxonnait qu’il reprenait<br />
la mobilisation au Cap-Haïtien, promettant<br />
de « bloquer » le pays et demandait<br />
aux autres départements de « nous<br />
attendre afin de renverser le régime en<br />
place ». Ce fut une mobilisation à nulle<br />
autre pareille. En effet, le proclamateur<br />
avait déclaré : « Demain, la mobilisation<br />
prendra une autre forme. Chacun<br />
se mobilisera chez soi ». Une forme<br />
rare, sans aucun doute. En principe on<br />
se mobilise sur le macadam, dans les<br />
rues, pancartes dehors toutes. Le faire<br />
chez soi, c’est tout à fait contradictoire.<br />
Quid du point à faire ? Pour employer<br />
un terme à la mode depuis COVID-19,<br />
ce fut une mobilisation zoom.<br />
Au mois de février 2018, à la<br />
suite d’un incendie qui s’était déclaré<br />
en milieu de journée au marché du<br />
Port, communément appelé “ Guérite”,<br />
au centre-ville de Port-au-Prince,<br />
moins d’une semaine après celui qui<br />
avait ravagé une partie du Marché en<br />
fer, Pitit s’était vraiment fâché. Revenant<br />
revigoré d’un voyage médical à<br />
Cuba, il s’était dit prêt, physiquement,<br />
à reprendre la mobilisation ; sans doute<br />
mentalement, psychologiquement<br />
aussi. Il avait assurément un point à<br />
faire.<br />
Il accorda alors, à partir du lundi<br />
26 février, une semaine au gouvernement<br />
pour satisfaire les besoins<br />
des victimes des marchés récemment<br />
incendiés dans la capitale. C’était sa<br />
façon diktate à lui de faire le point, à<br />
l’arraché, à l’emporte-pièce. Le chef de<br />
l’État ému (jusqu’aux larmes) eut immédiatement<br />
un entretien avec le Premier<br />
ministre le Dr Jack Guy Lafontant,<br />
kaptenn dèyèpòt, afin d’apporter la<br />
compassion nécessaire (sic), le réconfort<br />
(chrétien) et l’assistance ‘‘rapide’’<br />
du Gouvernement aux sinistrés (resic).<br />
Ces deux nigauds (dans un<br />
manoir hanté) invitèrent la population<br />
à garder son calme face à ‘‘cette<br />
épreuve à la fois douloureuse et inacceptable’’.<br />
Un point d’humanité de la<br />
part du gouvernement. Une commission<br />
inter ministérielle fut mise sur<br />
pied avec mission de prendre des mesures<br />
appropriées pour faire la lumière<br />
sur ce drame et rendre également le<br />
marché en fer à nouveau opérationnel<br />
dans les meilleurs délais. Tu entends<br />
bœuf…<br />
Les mauvaises langues rap-<br />
portent que depuis, plusieurs marchand-e-s<br />
font des cauchemars au cours<br />
desquels ils-elles voient des ombres<br />
apparaître avec des liasses de wachin-<br />
tonn en main, mais au moment de<br />
saisir ces cadeaux tombés de… l’Enfer,<br />
ils-elles voient la main disparaître dans<br />
un violent tourbillon de feu…<br />
Les pires mauvaises langues<br />
disent même que les distributeurs de<br />
wachintonn avaient pour instruction<br />
de tenir une conférence de presse annonçant<br />
‘‘que la lumière soit’’ (quoique<br />
la lumière ‘‘ne fut’’ jamais), ensuite de<br />
retourner au palais national avec les<br />
valises de billets verts et de les remettre<br />
à qui de droit pour faire le point sur le<br />
nombre de bénéficiaires de la bonté<br />
présidentielle…<br />
Joel H. Poliard<br />
M.D., M.P.H.<br />
Family and Community<br />
Medicine<br />
Public health and Pediatrics<br />
5000 N.E. Second Ave,<br />
Miami FL, 33137<br />
tel. (305) 751-1105<br />
Nul ne saurait accuser Pitit de<br />
manquer de la suite dans les idées. En<br />
effet, au mois d’août 2019, le mateur-déclanncheur annonça la re-<br />
proclaprise<br />
des manifestations anti-Jovenel à<br />
partir du 14 août, une date loin d’être<br />
anodine dans la mémoire collective<br />
haïtienne. Vint le 14, rien n’arriva.<br />
Les mauvaises langues se délièrent à<br />
nouveau. Il semble que le secrétaire de<br />
Pitit avait mal interprété les directives<br />
de son patron. Il avait emmené avec<br />
lui un cochon grimèl. Boukman fit une<br />
cochonne colère, une noire colère, et<br />
disparut dans un violent tourbillon de<br />
feu en chantant : mwen pa t fè Bwa<br />
Kayiman pou sèvi kochon etranje…<br />
Pitit annonce, en décembre<br />
de l’année dernière, une mobilisation<br />
populaire si la cherté de la vie perdure.<br />
D’une pierre proclamatrice, il fait<br />
quatre coups. Koulangit ! Il donne de<br />
mauvais points aux banques commerciales<br />
qu’il accuse d’être impliquées<br />
dans des spéculations qui provoquent<br />
une hausse du taux de change de la<br />
gourde par rapport au dollar ; il montre<br />
d’un doigt accusateur les importateurs<br />
d’avoir conservé les prix élevés<br />
en dépit de la forte baisse du taux de<br />
change.<br />
Enfin, il dénonce une complicité<br />
entre le secteur de la finance et des<br />
leaders de l’opposition pour l’empêcher<br />
de passer ses points de vue et défendre<br />
les intérêts de la population. Cerise sur<br />
le gâteau, il prévient que ‘‘la mobilisation<br />
populaire sera plus virulente que<br />
lors de la chute de Jean Claude Duvalier<br />
le 7 février 1986’’. Comme sa mère ! Et<br />
comme ma mère ! Woah ! C’est trop de<br />
coups pour un seul fistibal.<br />
Depuis, beaucoup d’eau a<br />
coulé sous les ponts. L’opposition,<br />
toutes tendances confondues, n’ayant<br />
jamais pu, ou voulu, saisir les perches<br />
annonceuses, propulseuses, avertisseuses,<br />
déclaratrices, proclamatrices<br />
de Pitit continua à jouer de ses<br />
pinces ambitionnelles comme crabes<br />
en panier. Ils ne firent absolument rien<br />
pour faire le point toutes les fois que<br />
l’occasion se présentait, d’autant que<br />
l’ambition ne vieillit point et que les<br />
politiciens misent sur le point de départ<br />
et le point d’arrivée, en négligeant le<br />
chemin qui passe entre les deux.<br />
Aussi, agacé au plus haut<br />
point par l’obsession constitutionnelle<br />
de Jovenel, sa prétention affichée de<br />
garder le pouvoir jusqu’au 7 février<br />
2022, et l’immobilisme de l’ensemble<br />
de l’opposition, Pitit s’est emporté. Il<br />
a décidé de faire le point : il a annoncé<br />
une série de mobilisations à partir du<br />
31 janvier jusqu’au 7 février, en vue de<br />
contraindre le président de la République<br />
à quitter le Palais national, le 7<br />
février au pipirit chantant. « Le mot<br />
d’ordre est la mobilisation populaire<br />
jusqu’au 7 février. Dans les dix départements<br />
du pays, nous allons lancer<br />
les mobilisations pour rappeler à Jovenel<br />
Moïse que son mandat arrivera<br />
à terme le 7 février <strong>2021</strong> », vle pa vle.<br />
On a l’impression que Pitit<br />
voyant le 7 février <strong>2021</strong> avancer à<br />
toute bouline a voulu mettre des bottes<br />
de cent lieues. Il devrait se rappeler<br />
que « rien ne sert de courir, il faut partir<br />
à point » et que je vèt, parti depuis<br />
longtemps, sait comment marquer<br />
les points. Le vrai point pour un dessalinien<br />
c’est de marcher drèt avec les<br />
masses en prenant tous les risques,<br />
comme tout vrai leader conséquent. Un<br />
point c’est tout. Simple comme tout.<br />
1 er février <strong>2021</strong><br />
Director: Florence Comeau<br />
Interlink Translation<br />
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Tel: 718-363-1585<br />
899 Franklin Avenue,<br />
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Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
5
Kwonik Kreyòl<br />
Federasyon Bawo yo deklare: 7 fevriye <strong>2021</strong><br />
se fen manda Jovenel Moïse!<br />
Anthony Barbier ak Serge<br />
Gilles mouri<br />
Mèt Jacques LETANG, Batonye<br />
Okoto, Prezidan Federasyon Bawo<br />
Ayisyen an<br />
derasyon Bawo Ayisyen yo,<br />
Feki reyini tout bawo peyi a,<br />
pwononse yo ofisyèlman sou kriz<br />
enstitisyonèl peyi a ap travèse ak<br />
sou fen manda prezidansyèl la. Yo<br />
endike: manda Prezidan Jovenel<br />
Moïse dwe fini 7 fevriye <strong>2021</strong>, oswa<br />
senk lane, apre dat eleksyon yo".<br />
Nan yon rezolisyon ki te pibliye<br />
30 janvye <strong>2021</strong>, Federasyon<br />
Bawo Ayisyen yo, ki site anpil atik<br />
nan Konstitisyon an e ki konsidere<br />
plizyè reyalite, ki deside fen manda<br />
konstitisyonèl Jovenel Moïse la ap<br />
fini nan mwens pase yon semèn.<br />
Rezolisyon sa a inisyalize pa<br />
plis pase ven Bâtonniers ki te tire<br />
konklizyon yo nan konsiltasyon<br />
nan 17 atik nan Konstitisyon an,<br />
ki gen ladan yon sèl la toujou mansyone<br />
pa opozisyon an, Atik 134-<br />
2. Epitou, yo te souliye ke yo te<br />
sipèvize lwa Federasyon Bar Ayiti<br />
yo ansanm ak rezolisyon 2020-05<br />
ak 2020-06 yo te adopte pa Konsèy<br />
Administrasyon Federasyon Bar<br />
Ayiti an 2020. Aprè anpil konsiderasyon,<br />
yo te vin jwenn yon konklizyon<br />
twa pwen.<br />
Federasyon an konsidere dire<br />
manda prezidan an dwe konprann<br />
nan limyè entèpretasyon restriksyon<br />
ki te fini manda palmantè yo 13 janvye<br />
2020. Lè sa a, rezolisyon sa a<br />
note donk manda Prezidan Jovenel<br />
Moïse dwe fini 7 fevriye <strong>2021</strong>, sètadi<br />
"senk lane, ... apre dat eleksyon<br />
li".<br />
Konsèy Elektoral Pwovizwa<br />
(KEP), prezidan an te inilateralman<br />
nonmen an pa dwe jwi okenn lejitimite<br />
pou òganize pwochen eleksyon<br />
yo.<br />
Alatraka<br />
Peyi a<br />
Andegraba<br />
Devandèyè<br />
Peyi a kanpe<br />
Tankou yon mont<br />
Ki pa gen pil<br />
Peyi a kanpe<br />
Tankou yon mont<br />
Ki pa gen chenn<br />
Twòta<br />
San lè bare<br />
Ayiti nan fènwa<br />
Twòta<br />
San lè bare<br />
Ayiti nan lari.<br />
Peyi a<br />
Anreta<br />
Peyi a<br />
Alatraka<br />
Alamizè<br />
Alamò<br />
Pòtre yon revèy<br />
San zegwi<br />
nan lannuit 29 janvye a<br />
Se Anthony Barbier kite sa li<br />
te gen 74 lane. Serge Gilles limenm<br />
mouri nan lannuit 1fevriye<br />
nan Lopital Kanapevè. Li te gen<br />
85 lane.<br />
Legliz Katolik raple Jovenel Moïse "se<br />
yon sèl lwa pou tout moun"<br />
pil lòt vwa kontinye ap<br />
Anleve pou mande Prezidan<br />
Repiblik la retounen kle palè a souple.<br />
Konferans Episkopal Ayiti a<br />
konseye Prezidan Jovenel Moïse<br />
pou l demisyone 7 fevriye <strong>2021</strong>.<br />
Konferans lan fè chèf leta a re-<br />
PAR CES MOTIFS<br />
PAR CES MOTIFS<br />
make "se yon sèl grenn lwa pou<br />
tout moun", Sa vle di menm lwa<br />
li te pran pou deklare kont senatè<br />
yo nan dezyèm lendi mwa janvye<br />
2020 la, manda yo bout la, se<br />
menm lwa sa a tou ki di manda pa<br />
l rive nan bout li.<br />
Le Tribunal, après examen sur les conclusions du Ministère public<br />
maintient le défaut octroyé contre Franztcise MARQUIS ,à l'audience<br />
précitée, pour le profit déclare fondée la dite action ;Admet en<br />
conséquence le divorce de Trouillot COPHY d'avec Frantzcise<br />
MARQUIS, pour incompatibilité de caractères, prononce la dissolution<br />
des liens matrimoniaux ayant existé entre les dits époux, Ordonne à<br />
l'officier de l'état civil de Liancourt Commune des Verrettes de<br />
transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent<br />
jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens<br />
s'éditant à la Capitale, sous peine de dommages intérêts envers les<br />
tiers, s'il y échet compense les dépens,<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Gabnel FRANÇOIS , juge en<br />
audience civile, ordinaire et publiques en date du treize Mars deux<br />
mille dix neuf en présence de Me Grand Pierre Estimé substitut du<br />
commissaire du gouvernement de ce ressort avec l'assistance du<br />
greffier pascal Toussaint<br />
Il est ordonné. ....etc...... En foi de quoi.... etc .....<br />
Le tribunal après examen. Le Ministère public entendu, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l'audience précitée, pour le profit<br />
déclare fondée la dite action. Admet en conséquence le divorce du sieur<br />
Jean HORACE, d'avec son épouse née Rachelle MENELAS pour injures<br />
graves et publiques aux torts de l'épouse. Prononce la dissolution des<br />
liens matrimoniaux existant entre les dits époux; Ordonne à l'officier de<br />
l'état civil de la Section Est de Port au Prince à transcrire sur les registres<br />
à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré<br />
dans l'un des quotidiens s'éditant à la Capitale sous peine de dommages<br />
intérêts envers les tiers s'il y échet. Commet l'huissier Johnny JEAN pour<br />
la signification de ce jugement, compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Guy AUGUSTIN, juge en audience civile<br />
ordinaire et publique du mercredi onze Novembre deux mille vingt en<br />
présence de Me Paul WESLEY, Substitut du commissaire de ce ressort et<br />
avec l'assistance du sieur Junior Sauvens THELEMAQUE, Greffier du siège.<br />
Il est ordonné ....etc..... En foi de quoi......etc ......<br />
Berthony Dupont<br />
6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
Perspectives<br />
7 février <strong>2021</strong> : Que la volonté du peuple haïtien soit faite!<br />
Par Robert Lodimus<br />
« Dans une révolution, on doit triompher<br />
ou mourir. »<br />
(Ernesto Che Guevara)<br />
7<br />
février 1986. Les États-Unis embarquent<br />
Jean-Claude Duvalier et<br />
sa famille dans un avion qui atterrit en<br />
France. Mettant ainsi fin à 29 ans d’exercice,<br />
de pratique de pouvoir dictatorial,<br />
qui a assassiné des milliers de citoyens.<br />
Certains diront 35 000. Et sans<br />
exagération. Durant toutes ces années<br />
de terreur, de répression et d’horreur indescriptibles,<br />
la porte de l’existence des<br />
Haïtiens restait ouverte sur le vide du<br />
mutisme, le résignationnisme morbide,<br />
les prisons carnivores de Fort Dimanche<br />
ou des Casernes Dessalines, la dénonciation<br />
traîtresse, la torture physique,<br />
la détresse psychologique, la mort violente...et<br />
l’exil.<br />
Le soleil paraissait se lever timidement<br />
sur un pays moribond, impotent,<br />
qui commençait à gazouiller le mot<br />
« LIBERTÉ ». François Duvalier avait<br />
enlevé à la Nation tous ses droits citoyens.<br />
Il a rédigé et appliqué lui-même<br />
une constitution, – comme veut le faire<br />
l’inculte Jovenel Moïse –, qui bannissait<br />
le mécanisme de l’alternance de la présidence.<br />
La constitution de 1964 qu’il<br />
imposait à la population craintive faisait<br />
de lui le nouvel empereur d’Haïti avec<br />
le droit de nommer son successeur. Lorsque<br />
le dictateur miné par la maladie est<br />
décédé en 1971, c’était pour ainsi dire:<br />
« Le roi est mort...Vive le roi! »<br />
Jean-Claude Duvalier, à l’âge de<br />
19 ans, s’est retrouvé sans expérience<br />
politique, à moitié débile, à la tête du<br />
pays. Aidé de certains criminels (Luc<br />
Désir, Albert Pierre alias Ti Boule, le<br />
Dracula Luckner Cambronne…) qui<br />
étaient déjà à la solde de son père, il a<br />
dirigé les Haïtiens lui aussi d’une main<br />
de fer. L’assassinat crapuleux des trois<br />
élèves, Jean Robert Cius, Mackenson<br />
Michel, Gabriel Ismaël, le 28 novembre<br />
1985 dans la ville des Gonaïves a déclenché<br />
les hostilités qui ont conduit au<br />
renversement du Bokassa de la Caraïbe<br />
le 7 février 1986. Les États-Unis ont<br />
résolu de confier le pouvoir à une junte<br />
civilo-militaire dirigée par le général<br />
« soûlard » et « bambochard » Henri<br />
Namphy. Dès le lendemain du départ de<br />
la famille Duvalier pour l’exil, la fièvre<br />
de retour s’est emparée de la diaspora<br />
haïtienne. Les exilés affluaient de toutes<br />
parts. Sur les murs de la capitale, on y<br />
observait une prolifération de caricatures<br />
colorées, surplombées de slogans<br />
pimentés :<br />
« Haïti Libérée... »<br />
« Américains, allez-vous en de<br />
mon pays...! »<br />
« La queue du macaque est<br />
coupée... »<br />
Les persécutés d’hier étaient subitement<br />
devenus les nouveaux acteurs<br />
– il faut le reconnaître – de ces instants<br />
d’horreur et d’atrocité incontrôlables.<br />
Les persécuteurs, les bourreaux de 29<br />
ans de cruauté politique, comme dans<br />
un conte de feu, étaient forcés d’endosser<br />
les manteaux de la souffrance et de<br />
la frayeur pour être conduits ensuite au<br />
bûcher ou à l’échafaud de l’expiation<br />
et de la vengeance. La peur changeait<br />
de camps. Les foules grisées dans la<br />
macération de frustration et de liesse<br />
détruisaient tout sur leur passage. Cette<br />
chasse aux sorcières, pareille aux dix<br />
plaies d’Égypte, a semé la terreur du défoulement<br />
exubérant et vindicatif dans<br />
tous les départements géographiques<br />
du pays*. Une odeur de chair humaine<br />
brûlée se mélangeait à l’air déjà insalubre<br />
des villes, des bourgs et des villages.<br />
C’était l’époque trépidante du «<br />
rache manyòk ou, bay tè a blanch... »<br />
(...arrachez votre manioc..., débarrassez<br />
nos terres et foutez le camp...à tout<br />
jamais...!) Rome brûlait. Les Haïtiens<br />
contemplaient les ruines du château de<br />
César en jouant de la cithare. Le revers<br />
de l’histoire,... quoi! Comme l’a si bien<br />
À la veille du 7 février <strong>2021</strong>, nous invoquons les esprits des héros de 1804<br />
pour qu’ils continuent d’accompagner les masses populaires haïtiennes<br />
sur le chemin difficile de la lutte pour l’aboutissement de la Révolution<br />
dessalinienne!<br />
dit le curé, dans le film de Roman Polanski,<br />
Tess d’Uberville: « De très Haut<br />
les puissants tombent! »<br />
Les États-Unis, la France, le Canada<br />
et les autres pays qui supportaient<br />
le gouvernement de Jean-Claude Duvalier<br />
étaient eux aussi dépassés par l’ampleur<br />
du mouvement. Inquiétés même.<br />
Le caractère explosif de la situation était<br />
préoccupant à leurs yeux. Ce petit pays<br />
révolté, dégoûté, grisé par la rébellion,<br />
voulait coûte que coûte découvrir la voie<br />
politique et idéologique qui puisse conduire<br />
véritablement à l’incarnation des<br />
valeurs d’égalité, d’équité et de justice<br />
sociale à l’échelle planétaire, entre les<br />
individus. Au lendemain de l’effondrement<br />
de la présidence, les revendications<br />
des masses s’apparentaient – et<br />
elles étaient interprétées comme tel<br />
– à un désir de « Révolution ». Pour<br />
court-circuiter l’insurrection, le gouvernement<br />
américain est allé repêcher<br />
une vieille stratégie politique qu’il a<br />
appliquée dans d’autres pays, mais qui<br />
a échoué piteusement au Nicaragua en<br />
1979. Voyant Anastasio Somoza et ses<br />
troupes sur le point d’être anéantis par<br />
les sandinistes, il a demandé à ce dernier<br />
d’abandonner le pouvoir et de confier<br />
la direction du pays à son vice-président.<br />
Le gouvernement américain pensait<br />
que des changements physiques<br />
opérés dans le système pouvaient éviter<br />
qu’il soit ébranlé. C’était comme si les<br />
nicaraguayens n’avaient des problèmes<br />
qu’avec le clan des Somoza. Il a donc<br />
tenté de maintenir en place tout l’appareil<br />
structurel de la dictature, naturellement,<br />
en prenant soin d’éjecter du circuit<br />
le prédateur principal et sa famille<br />
immédiate. Le chef des sandinistes,<br />
Daniel Ortega, a compris le stratagème.<br />
Il a menacé de refaire entendre la crépitation<br />
des mitraillettes, si l’imposteur<br />
désigné et mis en place par Washington<br />
refusait encore dans les heures qui suivaient<br />
de faire ses valises et de s’en aller.<br />
La CIA a obtempéré. Elle n’avait pas<br />
d’autres choix. En Haïti, le coup a réussi.<br />
Les États-Unis, la France, le Canada,<br />
et les autres puissances internationales<br />
alliées sont parvenus à prévenir l’éclatement<br />
du système politique duvaliérien<br />
en faisant partir Jean-Claude et en confiant<br />
le pouvoir à un Conseil National de<br />
Gouvernement (CNG), une junte civilo-militaire,<br />
composée de personnalités<br />
qui partagent la même idéologie « macoutique<br />
», à l’exception, peut-être, de<br />
feu Me Gérard Gourgue qui a démissionné<br />
peu de temps après sa nomination.<br />
Autres facteurs importants à<br />
considérer dans cet épisode historique,<br />
c’est cette lutte farouche interindividuelle<br />
ou interclanique pour l’accession au<br />
trône... qui a ouvert des brèches de faiblesse<br />
dans les remparts de la lutte. Les<br />
groupes politiques ont poussé comme<br />
de la mauvaise herbe. Par la suite, les<br />
observateurs dénombreront au moins<br />
86 candidats à la présidence pour les<br />
élections de novembre 1987 avortées<br />
dans le massacre des votants à la ruelle<br />
Vaillant. En voulant exercer leur<br />
droit de vote après plus de trente ans, de<br />
simples citoyens ont pris rendez-vous<br />
avec la mort sans le savoir. Un drame<br />
inconcevable, une tragédie inimaginable,<br />
un cocktail de monstruosité, de<br />
cynisme et d’épouvante à la Corneille, à<br />
la Racine, qui dépassait l’entendement<br />
et l’imagination... Comme Benjamin<br />
Constant: « Nous avons vu se graver<br />
sur ces figures nobles et expressives<br />
les signes avant-coureurs de la mort...<br />
» C’est qu’à la veille des élections, des<br />
duvaliéristes frustrés laissaient clairement<br />
entendre qu’il y aurait du grabuge<br />
la journée du déroulement du scrutin.<br />
Ils ont proféré des menaces à l’encontre<br />
du Conseil Électoral Provisoire (CEP)<br />
qui a établi l’invalidité de leur droit de<br />
candidature en fonction de l’article 295<br />
de la nouvelle constitution haïtienne.<br />
C’est un Jean Robert Sabalat bouleversé<br />
qui est venu exprimer ses inquiétudes à<br />
la télévision nationale quelques heures<br />
avant l’ouverture des bureaux de vote.<br />
Effectivement, le Conseil Électoral Provisoire<br />
a dû interrompre le processus<br />
pour arrêter le carnage. Les massacreurs<br />
macoutes n’ont pas été inquiétés, voire<br />
poursuivis, arrêtés et punis !<br />
Il faut rappeler aussi le côté cocasse<br />
de l’affaire: chacun des candidats<br />
à ces élections était assuré par la Maison<br />
Blanche, comme le Samuel de l’ancien<br />
Testament, d’être couronné à la tête de<br />
la République. Répondant aux exigences<br />
de la communauté internationale, ils<br />
sillonnaient le pays pour expliquer aux<br />
manifestants encore présents dans les<br />
rues que le général Henry Namphy était<br />
animé de « bonnes intentions ». « Il faut<br />
lui laisser le temps de réorganiser le<br />
pays », répétaient-ils avec insistance. «<br />
Rentrez chez vous, et faites confiance<br />
au général...! » Le travail de déracinement<br />
du système politique de 1957 entrepris<br />
fiévreusement par l’ensemble de<br />
la population n’a donc pas été achevé.<br />
Le système idéologique de<br />
François Duvalier a nettement inféodé le<br />
corps sociétal haïtien. Les événements<br />
du 7 février 1986 n’en sont pas venus à<br />
bout. C’est pour cela que 7 février <strong>2021</strong><br />
ne doit pas être une occasion ratée! Il<br />
faut que tous ensemble nous arrivions<br />
à déraciner l’arbre de la misère, de la<br />
répression, du kidnapping, de l’assassinat,<br />
de la médiocratie, du néocolonialisme,<br />
de l’hégémonisme, du viol…<br />
Que de vies sacrifiées!<br />
La nation haïtienne est née par césarienne.<br />
Personnellement, je me découvre<br />
devant tant de courage, de bravoure,<br />
de dignité, de conviction, de détermination…<br />
Des femmes, des hommes arrachés<br />
sauvagement à leurs terres nourricières<br />
ont triomphé des humiliations et<br />
des injustices du colonialisme pervers et<br />
rébarbatif. Nos ancêtres sont les Spartacus<br />
de l’Amérique. Ils furent les premiers<br />
individus à dérégler le mécanisme<br />
de la surexploitation humaine pour déclencher<br />
le processus de destruction, de<br />
l’anéantissement de « l’ordre cannibale<br />
du monde1 », imposé par l’impérialisme<br />
colonial. Les sacrifices consentis par les<br />
esclaves devraient conduire en tout état<br />
de cause à la création glorieuse d’une<br />
patrie souveraine et libre : quoique la<br />
sagesse des grands penseurs de la sociopolitologie<br />
nous ait appris que la<br />
liberté et la souveraineté n’existent pas<br />
au sens absolu. Aucune société n’est<br />
autarcique. Ce postulat compromettrait<br />
donc au départ l’espérance pour tous<br />
les peuples de l’univers d’atteindre le<br />
sommet du « nirvana » de l’existence<br />
terrestre. La nature est déchirée entre<br />
le « bien » et le « mal ». Héraclite l’exprime<br />
clairement : « La contradiction est<br />
le principe même du monde. » Si tout<br />
ne saurait exister que par son contraire,<br />
ne faudrait-il donc pas continuer de<br />
creuser davantage les questions liées à<br />
la « fonction de complémentarité » des<br />
espèces pour tenter de renverser les<br />
conceptions stéréotypées qui forment<br />
les murailles des souffrances et des<br />
désespérances humaines, ce qui nous<br />
conduirait allègrement à la thèse soutenue<br />
par l’illustre Anténor Firmin sur<br />
le principe sacré de « l’égalité des races<br />
humaines ». Hélas! l’individu n’est sorti<br />
de son état de nature que pour se retrouver<br />
dans un système de société fondé<br />
sur l’asservissement, l’exploitation outrancière,<br />
la discrimination raciale, l’oppression<br />
et la répression. L’Afrique noire<br />
et l’Amérique des Indiens n’ont pas<br />
échappé à l’observation plautéenne qui<br />
voit en chaque individu un loup pour<br />
ses semblables.<br />
Le problème fondamental de<br />
l’État haïtien, depuis le 1er janvier 1804,<br />
date de sa création historique, se pose en<br />
termes de survie dans une jungle politique<br />
et économique entretenue par les<br />
appétits féroces des sociétés cannibales<br />
occidentales, néocoloniales, impérialistes<br />
qui ne sont jamais revenues de<br />
leur humiliante défaite à Vertières, celle<br />
qui a ouvert l’exemple et les portes de la<br />
LIBERTÉ à l’humanité sous les fers de<br />
l’exploitation. L’Amérique latine en particulier<br />
s’en souvient. Certes, les « forts »<br />
n’ont pas arrêté de manger les « faibles<br />
». Mais il y a eu des fins heureuses comme<br />
au Venezuela de Chávez, comme à<br />
Cuba de Fidel et du Che. Le courage,<br />
la persévérance et la détermination du<br />
Mouvement vers le socialisme (MAS) et<br />
des masses boliviennes organisées qui<br />
récemment ont reconquis leur pouvoir<br />
nous permettent de penser que la volonté<br />
ferme et la ténacité des hommes<br />
et des femmes de la République d’Haïti,<br />
finiront par leur permettre d’accéder à<br />
leur part d’humanité.<br />
Jean Ziegler écrit dans L’Empire<br />
de la honte : « De la connaissance, naît<br />
le combat, du combat la liberté et les<br />
conditions matérielles de la recherche<br />
du bonheur. »<br />
… Et Gracchus Babeuf (souligné<br />
dans l’ouvrage de Ziegler) : « Que le<br />
peuple renverse toutes les institutions<br />
barbares… Tous les maux sont à leur<br />
comble, ils ne peuvent plus empirer.<br />
Ils ne peuvent se réparer que par un<br />
bouleversement total. » Il ne faut pas<br />
avoir peur de le révéler au grand jour<br />
et ce n’est même pas sorcier de le faire<br />
: le bouleversement total dont parle<br />
Babeuf évoque le concept tant redouté<br />
par les tenants du système politique et<br />
économique mondial : « la Révolution<br />
». Sous quelle forme? Dans une pareille<br />
circonstance, le pouvoir discrétionnaire<br />
appartient totalement au déterminisme<br />
historique. La conjoncture politique d’où<br />
essaiment les besoins et les impératifs<br />
de la lutte y pourvoira. Comme pour<br />
l’agneau du sacrifice d’Abraham! Il<br />
importe sérieusement aujourd’hui de<br />
comprendre et d’admettre que la révolte<br />
des esclaves de Saint-Domingue<br />
s’est arrêtée bien avant d’atteindre «<br />
la perfection du bonheur » de Jacques<br />
Roux. Elle s’est estompée, peut-être,<br />
avec l’assassinat de l’Empereur Jean-<br />
Jacques Dessalines qui comprenait la<br />
nécessité de poser correctement l’équation<br />
du mouvement insurrectionnel,<br />
au lendemain de sa matérialisation :<br />
Égalité+Fraternité=Liberté. Cela n’a pas<br />
été fait! Le drame de Pont-Rouge, malheureusement,<br />
a fissuré la fondation de<br />
la solidarité nationale. Jusqu’à présent,<br />
Haïti – au grand bénéfice de la communauté<br />
internationale – est une terre de<br />
division, de haine, de cruauté, d’injustice,<br />
d’inégalité, d’impunité, de discrimination,<br />
de mulâtrisme, de noirisme,<br />
d’assassinat, de traitrise, de déloyauté,<br />
d’illégalité, d’inconstitutionnalité, de<br />
pauvreté, de misère, de prostitution,<br />
de proxénétisme, de maladie, de souffrance,<br />
d’humiliation, d’immoralité, de<br />
vol, de corruption, de viol…<br />
Je suis convaincu, comme Blaise<br />
Pascal, que « la justice sans la force est<br />
impuissante » et qu’il faut combiner les<br />
deux entités de sorte qu’elles puissent<br />
mener à l’élaboration d’un contrat social<br />
qui respecte effectivement les idéaux<br />
démocratiques des citoyennes et des<br />
citoyens à l’échelle de l’univers. C’est<br />
seulement ainsi – je le crois – que « la<br />
justice sera forte » et que « la force deviendra<br />
juste. »<br />
Le peuple haïtien a toujours<br />
été maintenu dans une situation de «<br />
soumission forcée » qui s’apparente à la<br />
dictature et au totalitarisme. Parvenu à<br />
ce stade de misérabilisme, seule la cruauté<br />
des bras répressifs du système politique<br />
mis en place en 1915 par les occupants<br />
nord-américains (les Yankees)<br />
explique l’obéissance de la population<br />
à des gouvernements illégitimes, insouciants,<br />
irresponsables… Cependant,<br />
la menace de « la liberté de choix », en<br />
se référant aux études du psychologue<br />
américain Jack Brehm, finit toujours par<br />
entraîner des conséquences graves pour<br />
la sécurité publique et même pour la<br />
paix mondiale. Les droits humains sont<br />
naturels. Pas historiques. Dites-vous<br />
bien, les situations des libertés compromises<br />
peuvent finalement engendrer les<br />
conditions objectives d’une forme quelconque<br />
de « révolution »! Quelqu’un a<br />
dit à Lawrence d’Arabie1: « Vous voulez<br />
de la démocratie dans votre pays? »<br />
Celui-ci a répondu : « Je vous le dirai<br />
quand mon pays existera. » En d’autres<br />
mots, il faut construire la maison, avant<br />
d’acheter les meubles.<br />
L’implantation de la démocratie,<br />
si l’on se réfère « au siècle de Périclès<br />
» – il ne s’agit pas d’une démocratie «<br />
trompe-l’œil », uniquement sur le papier<br />
– correspond à la volonté de défricher<br />
le terrain politique oppressif pour<br />
aménager un espace collectif de justice<br />
sociale. Les sociétés comme celle de la<br />
République d’Haïti où la pauvreté extrême<br />
est couvée depuis longtemps dans<br />
les bidonvilles boueux, dans les bourgs<br />
et villages pestiférés finiront tôt ou<br />
suite à la page(16)<br />
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Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
7
2<br />
La Tribune de Catherine Charlemagne (153)<br />
Quand Jovenel Moïse veut redessiner les institutions d’Haïti ! (2 e partie)<br />
Après les critiques, somme toute,<br />
fondées de l’opposition plurielle<br />
qui croyait que le Président Jovenel<br />
Moïse allait plus ou moins ralentir sa<br />
course au pas de charge vers un pouvoir<br />
personnel, elle constate qu’elle avait tout<br />
faux. Quelques jours après la formation<br />
du Conseil Electoral Provisoire (CEP)<br />
du 22 septembre, en effet, elle apprend<br />
qu’un Comité Consultatif Indépendant<br />
(CCI) formé à la discrétion du Président<br />
de la République a été monté dans le but<br />
de lui apporter sur un plateau un texte<br />
constitutionnel qui devrait régir la vie<br />
des Haïtiens sans qu’aucune autre entité<br />
du pays n’ait son mot à dire sur les<br />
personnes qui ont été nommées. Pour<br />
l’opposition, la coupe est pleine. Définitivement,<br />
Jovenel Moïse s’est démasqué.<br />
Il est devenu le dictateur dont elle a<br />
longtemps annoncé la venue et dont elle<br />
avait mis en garde la population. Les<br />
chefs de l’opposition plurielle ne parlent<br />
plus que du Président-dictateur qui est<br />
au Palais national.<br />
L’opposition redouble d’intensité<br />
dans ses actions et surtout cherche à remobiliser<br />
la population contre l’apprenti<br />
dictateur qui est au Palais national avant<br />
qu’il ne soit trop tard. Sauf que, divisée<br />
comme jamais, l’opposition plurielle ne<br />
trouve plus de ressources pour mobiliser<br />
la population sur une cause commune.<br />
Ou du moins, chaque chef, chaque chapelle<br />
mobilise ses fidèles dans son coin<br />
ou dans un quartier de la capitale ou<br />
d’une ville de province. Résultat, l’effet<br />
escompté est moindre. Toute la presse<br />
constate avec émoi le manque de maturité<br />
des leaders de l’opposition qui, en<br />
réalité, jouent tous le jeu du « dictateur »<br />
qu’ils ont eux-mêmes contribué à fabriquer<br />
à force de jouer à la politique du pire<br />
et du jusqu’au-boutisme. Entretemps, le<br />
Ministère de la Justice et de la Sécurité<br />
Publique, sous l’impulsion du Président<br />
Jovenel Moïse, sort son nouveau Code<br />
d’instruction criminelle dans lequel<br />
l’Administration Jovenel Moïse/Joseph<br />
Jouthe revoie la quasi-totalité des articles<br />
existant en élargissant les actes criminels<br />
tout en durcissant les peines.<br />
Le « dictateur » au pouvoir ne<br />
s’arrête point en si bon chemin devant<br />
le vide politique constaté. Il enfonce le<br />
clou en publiant le jeudi 26 novembre<br />
2020 un décret présidentiel portant sur le<br />
« Renforcement de la sécurité publique ».<br />
Ce décret définit ce que sont les actes<br />
terroristes et les peines encourues. Un<br />
chef-d’œuvre de la puissance publique.<br />
Le problème est que les actes sont tellement<br />
étendus, les amendes et les peines<br />
si élargies, qu’il y a fort à parier que ce<br />
décret ne vise pas seulement les actes de<br />
terrorisme proprement dits, mais toutes<br />
les activités politiques des opposants et<br />
même les manifestations publiques contre<br />
le pouvoir établi. Mais le pire était à<br />
venir. Car l’opposition n’est pas au bout<br />
de ses surprises. Dans le même numéro<br />
spécial du journal officiel de la République,<br />
Le Moniteur, dans lequel a été<br />
publié l’arrêté sur le « Renforcement de<br />
la sécurité publique », le 26 novembre<br />
2020, comme tous les citoyens du pays,<br />
elle apprend, stupéfaite, que le Président<br />
de la République crée par décret<br />
l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI),<br />
un service de renseignement et de contre-renseignement<br />
(espion) dont la mission<br />
est la mise en œuvre de la politique<br />
du gouvernement en matière de sécurité<br />
nationale.<br />
Cette Agence, à en croire les 73<br />
articles constituant sa mise en œuvre a<br />
un pouvoir quasi illimité sur l’ensemble<br />
du territoire national. Si l’on prend le<br />
seul article 5 de ce fameux décret qui<br />
définit la création, l’organisation et le<br />
fonctionnement de l’Agence Nationale<br />
d’Intelligence, l’on comprend vite que<br />
le Président Jovenel Moïse ne fait pas<br />
dans la dentelle. L’article 5 stipule que<br />
l’attribution de l’ANI est de « Collecter<br />
et traiter les informations intéressant la<br />
sécurité nationale et la protection des<br />
intérêts fondamentaux de la nation ; collecter,<br />
traiter et gérer l›information et les<br />
renseignements visant le renforcement<br />
de la sécurité intérieure et extérieure,<br />
la sauvegarde de l›intégrité du territoire<br />
de la République ; assurer la prévention<br />
et concourir à la répression de toute<br />
forme d›ingérence extérieure de nature à<br />
mettre en péril l›indépendance nationale,<br />
l›intégrité du territoire et l›ordre républicain;<br />
Concourir à la prévention et à la<br />
répression des actes de terrorisme et<br />
dérives sectaires ou portant atteinte à la<br />
sûreté de l›État, à l›intégrité du territoire<br />
ou à la permanence des institutions de<br />
la République. » Les auteurs de ce décret<br />
veulent doter la République d’une<br />
Centrale de renseignement à la hauteur<br />
d’une puissance publique forte et motivée.<br />
Ainsi, ils chargent au maximum<br />
cet article 5 qui porte en lui l’essentiel des<br />
attributions de l’Agence Nationale d’Intelligence.<br />
Puisqu’elle doit aussi « Participer<br />
à la surveillance des individus et<br />
des groupes susceptibles de recourir à la<br />
violence et de porter atteinte à la sécurité<br />
nationale et la paix sociale ; concourir à<br />
la prévention et à la répression des actes<br />
portant atteinte au secret de la défense<br />
nationale ou à ceux portant atteinte au<br />
potentiel économique, financier, industriel<br />
ou scientifique du pays ; concourir à la<br />
prévention et à la répression des activités<br />
liées à l›acquisition, à la fabrication ou à<br />
la commercialisation d›armes en dehors<br />
du cadre légal ; concourir à la prévention<br />
et à la répression de la criminalité<br />
liée aux technologies de l›information<br />
et de la communication ; contrecarrer<br />
et réprimer les actes et les menaces de<br />
Le Président Jovenel Moise crée par décret l’Agence Nationale d’Intelligence<br />
(ANI), un service de renseignement et de contre-renseignement (espion)<br />
dont la mission est la mise en œuvre de la politique du gouvernement en<br />
matière de sécurité nationale.<br />
déstabilisation globale ; travailler de concert<br />
avec le Conseil National de Sécurité<br />
et de Défense (CNSD), en vue de coordonner<br />
l’action des services spécialisés<br />
de renseignements et de s’assurer de leur<br />
bonne coopération ; recevoir et exécuter<br />
le mandat d›enquêter pour la justice, appréhender<br />
les personnes recherchées par<br />
l›autorité judiciaire et les déférer devant<br />
les instances compétentes. »<br />
En fait, l’ANI est à l’image, tout au<br />
moins, est une copie de l’Agence Fédérale<br />
d’Investigation (FBI) américaine tant<br />
son champ d’action est vaste en qualité<br />
de recherche, de renseignement et de la<br />
sécurité intérieure. A l’image du FBI, les<br />
agents de l’ANI ne seront pas connus du<br />
grand public et de la population sauf son<br />
Directeur général de l’enseignement et<br />
l’inspecteur général de l’Agence. Mieux,<br />
non seulement les membres de l’Agence<br />
travailleront dans l’anonymat le plus<br />
complet, ils sont placés pratiquement audessus<br />
des lois de la République puisque<br />
seul le Président de la République peut<br />
autoriser qu’ils soient mis à la disposition<br />
de la justice après avis préalable de<br />
l’inspection générale de renseignement<br />
(art. 49). Sauf que non seulement ces<br />
dispositifs sont contestés par l’opposition<br />
plurielle mais c’est l’ensemble du décret<br />
du 26 novembre 2020 créant l’ANI qui<br />
est mis en cause par l’opposition. Pour<br />
l’ancien sénateur de la République,<br />
Steven Benoît, ce n’est rien de moins<br />
qu’une « folie de dictateur ». Intervenant<br />
sur Télé 20, l’ex-parlementaire estime<br />
que le chef de l’Etat se trompe d’époque.<br />
« Jovenel Moïse se croit en 1957, quand<br />
François Duvalier avait créé à coté des<br />
Volontaires de la Sécurité Nationale<br />
(VSN) le SD (Service de Détective) qui<br />
faisait un travail d’espionnage et de<br />
répression. Jovenel Moïse a une folie de<br />
dictateur. Il ne se rend pas compte que<br />
nous ne sommes plus en 1957. »<br />
D’autres personnalités de la<br />
Société civile ne cachent pas leur<br />
inquiétude devant ces décrets mettant<br />
d’après eux périls la liberté politique,<br />
individuelle des citoyens haïtiens. A<br />
l’image du cinéaste, Arnold Antonin qui,<br />
s’exprimant sur radio Magik 9 le lundi<br />
7 décembre 2020 eut à déclarer qu’il<br />
ne comprend pas où le Président a été<br />
chercher ces idées dépassées. « Je ne<br />
sais pas dans quelle poubelle ils sont<br />
allés chercher ce décret. Ce décret est<br />
pire en comparaison de celui adopté<br />
en 1969 sous Duvalier pour réprimer<br />
le communisme » dit cet ancien exilé<br />
au Venezuela dans les années 60.<br />
D’autre part, Me Patrick Laurent qui<br />
s’est intéressé particulièrement aux<br />
articles 67 et 68 du décret portant sur la<br />
création, organisation et fonctionnement<br />
de l’Agence. L’avocat constate que<br />
les Agents de l’Agence Nationale<br />
d’Intelligence ont plus de pouvoir que le<br />
chef de l’Etat qui, lui-même est passible<br />
devant les Tribunaux spéciaux. « Ils ont<br />
en ce sens plus de pouvoir que même le<br />
Président de la République qui, lui, est<br />
passible devant la haute cour de justice<br />
pour les crimes commis dans l’exercice<br />
de ses fonctions » estime-t-il.<br />
Enfin, le Secteur Démocratique<br />
et Populaire (SDP) s’exprimé sur ces<br />
fameux décrets présidentiels à travers<br />
l’un de ses membres Fernando Duclair.<br />
Celui-ci reprend à son compte le même<br />
vocabulaire de Steven Benoît pour<br />
dire que : « Jovenel Moïse a une folie de<br />
dictateur. Il veut avoir le contrôle du pays<br />
à la manière des Duvalier. » Les critiquent<br />
vont au-delà du champ de l’opposition et<br />
de la Société civile. Même le Core Group<br />
a pris ses distances avec le Président<br />
sur ces deux décrets liberticides. Cet<br />
organisme diplomatique en Haïti a pris<br />
le contrepied du décret sur la création<br />
de l’ANI mais aussi sur celui partant sur<br />
le Renforcement de la Sécurité Publique.<br />
Les diplomates du Core Group composé<br />
des Ambassadeurs d’Allemagne, du<br />
Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-<br />
Unis d’Amérique, de France, de l’Union<br />
Européenne, du Représentant spécial de<br />
l’Organisation des États Américains et de<br />
la Représentante spéciale du Secrétaire<br />
général des Nations Unies croient que<br />
ce décret donne trop de possibilité à des<br />
abus de pouvoir : « Ces deux décrets<br />
présidentiels, pris dans des domaines<br />
qui relèvent de la compétence d’un<br />
Parlement, ne semblent pas conformes<br />
à certains principes fondamentaux de<br />
la démocratie, de l’Etat de droit, et des<br />
droits civils et politiques des citoyens »<br />
ont déclaré les membres du Core Group.<br />
Avec la création de l’Agence Nationale<br />
de l’Intelligence (ANI), le Président<br />
Jovenel Moïse détient pour de bon le<br />
pourvoir d’un monarque.<br />
L’opposition qui espérait que le<br />
chef de l’Etat fasse machine arrière dans<br />
son approche du pouvoir absolu avant<br />
de lâcher les rênes du pouvoir en Février<br />
<strong>2021</strong>, n’a pas fini de se ronger les ongles.<br />
Tout au début de l’année dernière, les<br />
leaders de l’opposition ne savaient si<br />
bien dire quand ils disaient : Jovenel<br />
Moïse avance vers un pouvoir dictatorial<br />
et personnel en gouvernant par décret.<br />
Méthodique, minutieux et sans faire de<br />
bruit, le Président Jovenel Moïse s’est<br />
donné tous les moyens politiques et<br />
institutionnels pour rester au pouvoir au<br />
moins jusqu’en février 2022 bien avant<br />
de disposer de « l’arme absolue » qu’est<br />
sa nouvelle Constitution qui l’autorisera,<br />
certainement, à se représenter à<br />
l’élection présidentielle que son Conseil<br />
Electoral Provisoire aura à organiser au<br />
cours de cette année après le referendum<br />
populaire sur la Constitution qui aura lieu<br />
le 25 avril prochain.<br />
Dans ces conditions, quelle est la<br />
seule vraie réponse qu’on peut apporter<br />
à la question : Jovenel Moïse est-il un<br />
Président réformateur ou un Président<br />
apprenti-dictateur ? Pour le moment, il<br />
n’est ni l’un ni l’autre. Jovenel Moïse est<br />
seulement un joueur d’échec calculateur<br />
et très futé profitant de la faiblesse de<br />
ses adversaires politiques pour pousser<br />
ses pions dans la direction qu’il souhaite<br />
en attendant de marquer le coup fatal :<br />
échec et mat. Mais, il n’a pas encore<br />
gagné, ses adversaires peuvent encore le<br />
contraindre à renoncer et à abandonner<br />
la partie. Cela dépendra de la maturité<br />
politique et la capacité des leaders de<br />
l’opposition à anticiper les coups de<br />
leur adversaire qui est encore au Palais<br />
national. Jusqu’à quand…? (Fin)<br />
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8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
This week in <strong>Haiti</strong><br />
General Strike Demanding<br />
President Step Down is a<br />
Complete Success, but He<br />
Vows to Cling to Power<br />
The usually thronged streets of Port-au-Prince were eerily empty during<br />
the anti-Moïse general strike of Feb. 1 and 2.<br />
by Kim Ives<br />
e usually clogged and bustling<br />
Thstreets were empty in <strong>Haiti</strong>’s<br />
capital, Port-au-Prince, as well as other<br />
cities like Cap Haïtien in the North and<br />
Les Cayes in the South, as a general<br />
strike called by <strong>Haiti</strong>’s unions and supported<br />
by the opposition brought industry,<br />
transportation, and commerce to a<br />
nationwide standstill on Feb. 1 and 2.<br />
It was a replay of the extended<br />
“peyi lòk” (locked up country) demonstrations<br />
which almost drove President<br />
On Feb. 1, trying to blunt the<br />
movement demanding he step<br />
down, President Jovenel Moïse<br />
spoke for over an hour in a video<br />
address.<br />
Photo:<br />
Dieu Nalio Chery/AP<br />
Jovenel Moïse from power in late 2019.<br />
The difference this time is that, according<br />
to <strong>Haiti</strong>’s 1987 Constitution, Moïse<br />
must step down on Feb. 7.<br />
While Moïse and the opposition<br />
have argued since the start of his term<br />
about whether that should be the Feb.<br />
7 of <strong>2021</strong> or 2022, <strong>Haiti</strong>’s Bar Association<br />
(FBH) seems to have finally put<br />
the matter to rest. In a six-page Jan.<br />
30 resolution, the body concluded that<br />
what’s good for the goose is also good<br />
for the gander.<br />
In legal terms, President Moïse<br />
is subject to the same “restrictive interpretation<br />
[of the Constitution] imposed<br />
on parliamentarians on Jan. 13, 2020,”<br />
when Moïse forced all of the Deputies<br />
and two-thirds of the Senate to resign<br />
and began ruling by decree, the body<br />
wrote.<br />
As a result, “the mandate of<br />
President Jovenel Moïse must end on<br />
Feb. 7, <strong>2021</strong>, i.e. ‘five years ... following<br />
the date of the elections’” and<br />
“the Provisional Electoral Council unilaterally<br />
appointed by President Jovenel<br />
Moïse has no legitimacy to organize the<br />
next electoral calendar.”<br />
The next day, the two principal<br />
wings of <strong>Haiti</strong>’s constantly fracturing<br />
and uniting opposition – the Political<br />
Direction of the Democratic Opposition<br />
(DIRPOD) and the Dessalines Children<br />
Platform (PPD) of former Sen.<br />
Moïse Jean-Charles – along with a<br />
smaller, newer coalition known as the<br />
National Front for Democracy (FND),<br />
announced the Terrace Garden Final<br />
Accord, which created the “National<br />
Commission for the Establishment of<br />
the Transition (CNT) composed of 15<br />
members as follows: Seven members<br />
of civil society... [and] eight members<br />
from the political parties, groups, and<br />
groupings of the opposition.”<br />
The CNT is tasked with appointing<br />
before Feb. 7 “as President a<br />
Supreme Court [Court de Cassation]<br />
judge, regularly appointed, deemed to<br />
be honest, deemed capable of respecting<br />
the [transition’s] roadmap, and<br />
against whom no charges of action<br />
contrary to the rule of law have been<br />
levied.” If it fails to find a suitable judge,<br />
the CNT “will choose from among one<br />
of the powers that the Commission has<br />
deemed duly established or any other<br />
suitable institutional solution. This procedure<br />
will be adopted and applied by<br />
the Commission by consensus or by a<br />
2/3 majority vote.”<br />
For the Prime Minister (<strong>Haiti</strong>’s<br />
most powerful executive post), all the<br />
opposition groups who signed the Terrace<br />
Garden Final Accord will present<br />
the CNT with a list of candidates. The<br />
CNT’s supposedly separate civil society<br />
and political wings then chooses seven<br />
of the candidates, votes for one of<br />
them, and then submits their choice for<br />
approval to the president they have just<br />
chosen.<br />
As the Terrace Garden Final Accord<br />
was unveiled, anti-government<br />
demonstrations were taking place not<br />
only in the capital but in rural towns<br />
around <strong>Haiti</strong> including Mirebalais, Verretes,<br />
Cap Haïtien, Saint-Marc, and Pétionville.<br />
In the face of these developments,<br />
on Feb. 1, Jovenel Moïse again<br />
took to the airwaves as he did exactly<br />
one week earlier, to make a one hour<br />
19 minute rambling and at times incoherent<br />
video address to the nation,<br />
trying to blunt the growing movement<br />
against him. He vowed that he would<br />
remain in office to respect the “will of<br />
the <strong>Haiti</strong>an people.”<br />
“Jovenel Moïse doesn’t have<br />
power,” he said. “That master is not<br />
the big shot who sits plotting or writing<br />
a nice declaration so that he can<br />
seize power. Power has only one master.<br />
That master is called: the <strong>Haiti</strong>an<br />
people. That means the 12 million who<br />
live in <strong>Haiti</strong> and the four million living<br />
in the diaspora.”<br />
Concerning his dismantling of<br />
<strong>Haiti</strong>an state institutions and rewriting<br />
the Constitution, he said:<br />
suite à la page(16)<br />
Some Myths about <strong>Haiti</strong> are as Dangerous<br />
and Hard to Stamp Out as COVID-19<br />
Canadian press reports have suggested that arriving <strong>Haiti</strong>an air-travelers<br />
are COVID-19 carriers when the coronavirus infection rate is far higher in<br />
Montréal than in <strong>Haiti</strong>.<br />
Many who would deny prejudice<br />
or racism continue to apply<br />
centuries-old stereotypes to <strong>Haiti</strong>ans<br />
with seeming impunity or even<br />
self-awareness<br />
hird flight from <strong>Haiti</strong> lands with<br />
“Tmany COVID-infected passengers”<br />
shrieked a Jan. 21 Toronto Sun<br />
headline.<br />
“COVID-infected flights from<br />
<strong>Haiti</strong> under scrutiny” cried a title the<br />
day before.<br />
Yet another Sun story reported,<br />
“questions are still swirling about<br />
two flights from <strong>Haiti</strong> that landed in<br />
Montréal last week, apparently with<br />
so many COVID-19 infected passengers<br />
that Health Canada said all rows<br />
were potentially impacted.” A few<br />
days earlier Le Journal de Montréal<br />
bellowed: “Deux vols en provenance<br />
d’Haïti bourrés de cas de COVID”<br />
(Two flights from <strong>Haiti</strong> full of COVID<br />
cases) while CTV declared “Many<br />
COVID-infected passengers aboard<br />
three <strong>Haiti</strong>-to-Montreal flights, federal<br />
data shows.”<br />
But the COVID-19 rate is far<br />
higher in Montréal than Port-au-<br />
Prince, so from a macro public health<br />
standpoint, it makes little sense to be<br />
particularly worried about <strong>Haiti</strong>ans<br />
infecting Canadians. In fact, <strong>Haiti</strong>ans<br />
should be concerned about Canadians<br />
traveling there. Ostensibly, the<br />
Sun and other media are focused on<br />
<strong>Haiti</strong> because Ottawa delayed by 15<br />
days (Jan 6 to Jan 21) implementing<br />
a requirement for inbound travelers<br />
to show a negative COVID-19 test.<br />
While it’s difficult to parse out<br />
legitimate public health concerns<br />
from deeply entrenched anti-<strong>Haiti</strong>anism,<br />
historically it is clear that <strong>Haiti</strong>ans<br />
have repeatedly been stigmatized<br />
as diseased. Most infamously,<br />
<strong>Haiti</strong>ans were labeled as the carriers<br />
of the AIDS virus (HIV) in the U.S.<br />
in the early 1980s. As a result, the<br />
country’s significant tourism industry<br />
basically collapsed overnight.<br />
Some <strong>Haiti</strong>an exports were even<br />
blocked from entering the U.S.!<br />
The Centers for Disease Control<br />
(CDC) labeled <strong>Haiti</strong>ans a high-risk<br />
group, concocting the infamous “4-<br />
H’s” designation of dangerous categories<br />
(Homosexuals, Hemophiliacs,<br />
Heroin addicts, and <strong>Haiti</strong>ans), unscientifically<br />
lumping a nationality<br />
in with medical classifications that<br />
had conditions or practices that made<br />
them vulnerable to AIDS. At the time,<br />
the Canadian Red Cross also publicly<br />
identified <strong>Haiti</strong>ans as a “high-risk”<br />
group for AIDS, the only nationality<br />
singled out. In 1983, they called<br />
on homosexuals and bisexuals with<br />
multiple partners, intravenous drug<br />
users, hemophiliacs, and recent immigrants<br />
from <strong>Haiti</strong> to voluntarily<br />
stop giving blood, another version of<br />
the “4-H’s.” But, again, the incidence<br />
of AIDS in New York or San Francisco<br />
was far greater than in <strong>Haiti</strong> in the<br />
early 1980s. By 1987, it was lower<br />
in <strong>Haiti</strong> than in the U.S. and other<br />
Caribbean nations.<br />
Decades later the stigmatization<br />
remains. In 2017, U.S. President<br />
Donald Trump reportedly said <strong>Haiti</strong>an<br />
immigrants “all have AIDS,” and<br />
in 2016, former MP André Arthur<br />
claimed “<strong>Haiti</strong> is the country where<br />
AIDS started.” The Quebec City radio<br />
host added that the “hopeless,” “sexually<br />
deviant,” nation should be taken<br />
over by France as in the “heyday<br />
of colonial <strong>Haiti</strong>” (“belle époque de<br />
l’Haïti colonial”).<br />
In another example of stigmatizing<br />
<strong>Haiti</strong>ans over disease, CDC incident<br />
manager for the <strong>Haiti</strong> cholera<br />
response Jordan W. Tappero blamed<br />
<strong>Haiti</strong>an cultural norms for the 2010<br />
cholera outbreak in that country. He<br />
told Associated Press journalist Jonathan<br />
Katz that <strong>Haiti</strong>ans don’t experience<br />
the “shame associated with<br />
open defecation.” This absurd fallacy<br />
was quickly exploded. Within weeks,<br />
it was revealed that Nepalese UN<br />
troops had introduced cholera into<br />
<strong>Haiti</strong> by following poor sanitation<br />
practices, dumping their feces into a<br />
river which people used for drinking,<br />
washing, and irrigation. More than<br />
10,000 <strong>Haiti</strong>ans died, and hundreds<br />
of thousands were made ill as a result<br />
of the waterborne disease.<br />
Impoverishment and weakness<br />
are part of what makes it possible to<br />
blame and stigmatize <strong>Haiti</strong>ans. But<br />
there is also a broader, deeply entrenched,<br />
anti-<strong>Haiti</strong>an discourse.<br />
Vodou, for instance, has been<br />
demonized for two centuries. In 1986<br />
a CBC Journal reporter casually noted,<br />
“large numbers of <strong>Haiti</strong>ans are driven<br />
by wild stories and voodoo rituals<br />
and myths” while a 1994 Montreal<br />
Gazette article calling for “trusteeship”<br />
of <strong>Haiti</strong> claimed: “The true religion<br />
of the people is voodoo, with its<br />
fearful profusion of capricious spirits,<br />
the ‘loa,’ who always threaten<br />
to punish human beings who fail to<br />
placate them by sacrifices. <strong>Haiti</strong> is a<br />
society with little solidarity.”<br />
But Vodou helped win <strong>Haiti</strong>an<br />
independence, offering spiritual/ideological<br />
strength to those who rose<br />
up against their slave masters. At a<br />
Vodou ceremony at Bois Caïman on<br />
Aug. 24, 1791, the slaves planned<br />
the revolt that swept the northern<br />
plain a week later and became the<br />
<strong>Haiti</strong>an Revolution.<br />
Some two centuries later evangelical<br />
Christians openly denigrated<br />
the Bois Caïman ceremony as demonic.<br />
After the deadly 2010 earthquake,<br />
influential U.S. pastor Pat<br />
Robertson claimed it was punishment<br />
for a “deal made with Satan” at Bois<br />
Caïman. He told his TV viewers that<br />
<strong>Haiti</strong>ans “were under the heel of the<br />
French. You know, Napoleon III and<br />
Photo:<br />
Richard Elkins/AP<br />
<strong>Haiti</strong>ans protest their classification as an HIV vector at the Federal<br />
Building in New York on Apr. 20, 1990.<br />
whatever … And they got together<br />
and swore a pact to the devil. They<br />
said, ‘We will serve you if you will<br />
get us free from the French.’ True<br />
story. And so, the devil said, ‘OK,<br />
it’s a deal.’” Robertson added, “you<br />
know, the <strong>Haiti</strong>ans revolted and got<br />
themselves free. But ever since, they<br />
Television evangelist Pat Robertson<br />
claimed that <strong>Haiti</strong>’s 2010<br />
earthquake was punishment for a<br />
"deal made with Satan" in 1791.<br />
have been cursed by one thing after<br />
the other.”<br />
The 1791 – 1804 <strong>Haiti</strong>an revolution<br />
dealt a crushing blow to slavery,<br />
colonialism, and white supremacy<br />
globally. “Arguably”, notes Peter<br />
Hallward in Damning the Flood: <strong>Haiti</strong><br />
and the Politics of Containment,<br />
“there is no single event in the whole<br />
of modern history whose implications<br />
were more threatening to the<br />
dominant global order of things.”<br />
In the aftermath of the <strong>Haiti</strong>an<br />
Revolution, thousands of illustrations,<br />
articles, and books denigrated<br />
<strong>Haiti</strong>, depicting the slaves as barbaric<br />
despite the fact that 350,000<br />
Africans were killed, versus 75,000<br />
Europeans, over 13 years. The reason<br />
was the fear of successful revolt<br />
instilled in the “white” slave-owning<br />
world.<br />
There is a connection between<br />
the reaction to the <strong>Haiti</strong>an Revolution<br />
and COVID-19 headlines in Canadian<br />
newspapers today. Anti-<strong>Haiti</strong>an<br />
sentiment runs deep.<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
9
EN INDE, DES CENTAINES DE MILLIERS DE<br />
PAYSANS RÉVOLTÉS CERNENT NEW DELHI<br />
Par Côme Bastin<br />
Des centaines de milliers d’agriculteurs manifestent dans les<br />
rues de New Delhi<br />
Les agriculteurs au Fort Rouge continuent de protester contre les lois<br />
agricoles à New Delhi<br />
Après deux mois de manifestation<br />
contre la libéralisation du secteur agricole,<br />
les paysans ont obtenu son gel<br />
par la Cour suprême Indienne. Insuffisant<br />
pour les fermiers, qui exigent le<br />
retrait pur et simple de trois lois concernées.<br />
Massés autour de la capitale<br />
avec une logistique impressionnante,<br />
les manifestants n’entendent pas faire<br />
machine arrière.<br />
s réformes sont mises en pause<br />
Lemais le mouvement, lui, ne connaît<br />
pas la trêve. Après deux mois à<br />
manifester aux portes de Delhi contre<br />
la libéralisation du secteur agricole,<br />
les agriculteurs ont obtenu une mince<br />
victoire. La Cour suprême a ordonné<br />
mardi 12 janvier la suspension des<br />
trois lois agricoles, appelées Farm Bills,<br />
à l’origine de la crise. Auparavant, de<br />
nombreux rounds de négociation entre<br />
les fermiers et le gouvernement avaient<br />
échoué, au point que la plus haute institution<br />
du pays a été forcée d’intervenir.<br />
Car la demande des agriculteurs<br />
s’écrit en trois mots : « retrait des lois<br />
», ce à quoi le gouvernement de Narendra<br />
Modi se refuse. Pour cette raison, ils<br />
sont désormais des centaines de milliers<br />
à camper le long des autoroutes qui mènent<br />
à la capitale, dont l’accès est bloqué.<br />
Et la décision de la Cour suprême<br />
a peu de chances de calmer l’afflux aux<br />
portes de New Delhi. « Nous nous félicitons<br />
de la suspension des lois, mais ce<br />
que nous voulons, c’est une abrogation<br />
complète », dit un manifestant.<br />
Les organisations paysannes<br />
flairent le piège : faire mine de reculer<br />
pour mieux passer. « Cela va permettre<br />
de dénoncer nos manifestations, a<br />
ainsi réagi le compte twitter du mouvement,<br />
baptisé Kisan Ekta Morcha.<br />
Les porte-paroles du BJP vont pouvoir<br />
demander “pourquoi les agriculteurs<br />
protestent-ils alors que les lois ont été<br />
suspendues ?” » Le comité de quatre<br />
membres, désigné par la Cour suprême<br />
pour faciliter le dialogue, prend<br />
d’ailleurs déjà l’eau. Icône de la lutte<br />
paysanne, Bhupinder Singh Mann en<br />
a démissionné jeudi 14 janvier, invoquant<br />
« les appréhensions des syndicats<br />
agricoles et du public en général ».<br />
Plus qu’à une manifestation, c’est<br />
désormais à une Zad titanesque que le<br />
mouvement ressemble. À ceci près qu’il<br />
ne s’agit pas de défendre des terres contre<br />
le béton, mais la survie des petits<br />
paysans à travers les prix minimums<br />
d’achat des denrées menacés par ces<br />
réformes, notamment le blé et le riz.<br />
Une fois passés les barrages de police<br />
lourdement armés, c’est dans une ambiance<br />
de festival que l’on est plongé à<br />
la frontière de Singhu, qui sépare New<br />
Delhi de l’Haryana. Reconnaissables à<br />
leur longue barbe et à leurs turbans, les<br />
paysans sikhs de cet État ainsi que du<br />
Pendjab mènent joyeusement la contestation.<br />
En remontant l’autoroute, on<br />
réalise que les agriculteurs ont mis en<br />
place un véritable siège. Partout, on<br />
distribue gratuitement de la nourriture.<br />
« Chaque fermier arrive avec des<br />
réserves de plusieurs mois, explique un<br />
cuistot volontaire. D’autres envoient<br />
des céréales depuis leurs exploitations.<br />
» La pratique s’ancre dans la tradition<br />
sikhe des « langar » : des cuisines communautaires,<br />
gratuites et ouvertes à<br />
toutes les religions. On tombe sur des<br />
scènes de meeting, des dortoirs, des<br />
dispensaires médicaux, des laveries et<br />
même des librairies ou ateliers de peinture.<br />
Des hébergements solidaires<br />
contre le froid<br />
Des manifestants brandissent des pancartes en langue Punjabi<br />
En cet hiver, les températures approchent<br />
de zéro autour de la capitale. Des<br />
dizaines de fermiers sont déjà morts de<br />
froid. Dans un centre commercial abandonné,<br />
une équipe a installé des tentes<br />
à perte de vue. « Nous hébergeons en<br />
priorité les femmes et les personnes<br />
âgées », explique un responsable.<br />
Surender Kumar, pharmacien à Delhi,<br />
a rejoint le mouvement par solidarité :<br />
« Si le monde agricole est livré au secteur<br />
privé, les prix vont augmenter. Ces<br />
gens se battent donc pour tous les Indiens.<br />
Nous distribuons du paracétamol<br />
ou de l’amoxicilline gratuitement à<br />
partir de nos stocks. » Un manifestant<br />
est même venu de Londres pour<br />
suite à la page(18)<br />
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10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
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Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
11
Perspectives<br />
Solidarité avec Dimitris Koufodinas, en grève de la faim dans sa<br />
prison grecque !<br />
mitris Koufodinas purge 11 peines<br />
Dide prison à vie plus 25 ans après<br />
avoir été condamné comme membre<br />
de l’Organisation révolutionnaire 17<br />
novembre (17N). Le 17N était actif en<br />
Grèce de 1975 à 2002, date à laquelle<br />
il a été démantelé par les autorités<br />
grecques en collaboration avec des policiers<br />
usaméricains et britanniques. Il a<br />
été l'une des organisations qui ont vu<br />
le jour pendant la dictature grecque et<br />
après son effondrement. Il est notoire<br />
que cette dictature a été soutenue par<br />
l'ambassade usaméricaine. La première<br />
apparition du 17N a eu lieu en 1975,<br />
avec l'assassinat du chef de la CIA pour<br />
l'Europe du Sud-Est. Depuis lors, la<br />
dissolution du 17N a été une exigence<br />
fondamentale des USA, qui ont exercé<br />
de grandes pressions sur tous les gouvernements<br />
grecs. En 1989, un homme<br />
politique et journaliste grec, Pavlos<br />
Bakogiannis, a été victime de l'organisation.<br />
Il était le beau-frère de l'actuel<br />
Premier ministre, mari de sa sœur, Dora<br />
Bakogianni, ex-ministre des affaires<br />
étrangères, et le père de l'actuel maire<br />
d'Athènes.<br />
Dimitris Koufodinas s'est rendu<br />
en 2002, lors des opérations policières<br />
pour le démantèlement du 17N. Il a déclaré<br />
qu'il était membre de l'organisation<br />
et qu'il assumait la responsabilité<br />
politique de ses actions. Il ne s'est pas<br />
défendu et n'a témoigné contre aucun<br />
de ses coaccusés. Mais lors des audiences<br />
du tribunal, il a évoqué les motivations<br />
des actions du 17N et c'est pour<br />
cette raison qu'il a été condamné pour<br />
la plupart d'entre elles. Cette position a<br />
été appréciée par une partie importante<br />
de la société grecque, même si elle était<br />
très hostile à l'activité meurtrière de<br />
l'organisation.<br />
Depuis 2002, Dimitris Koufodinas<br />
était détenu en permanence dans<br />
une aile souterraine spéciale de la prison<br />
de Korydallos (à Athènes), construite<br />
après le démantèlement, spécialement<br />
pour les membres du 17N.<br />
Selon la loi, les prisonniers, après<br />
leur condamnation, ont droit à des<br />
droits et à un traitement égal, qui ne<br />
peut être dépendant du type de crime<br />
pour lequel ils ont été condamnés.<br />
Mais D. Koufodinas n'a pas été<br />
autorisé à bénéficier d'une égalité de<br />
traitement, même si, pendant les 18<br />
années où il a purgé sa peine, il a été<br />
un prisonnier modèle, respectant les<br />
règles de la prison, et il a été respecté<br />
par les autres détenus, le personnel et<br />
l'administration de la prison, où qu'il ait<br />
été détenu. Il a passé son temps en prison<br />
à lire, étudier, écrire des articles, il<br />
a également écrit deux livres et traduit<br />
des livres politiques sur les mouvements<br />
d'Amérique latine et d’ailleurs.<br />
En 2014, le gouvernement de<br />
la Nouvelle Démocratie, a transformé<br />
les prisons de Domokos, dans une petite<br />
ville de montagne au centre de la<br />
Grèce, en prisons de haute sécurité pour<br />
la détention de criminels considérés<br />
comme dangereux. La loi qui a instauré<br />
ce type de prison avait été critiquée<br />
par toute la communauté juridique.<br />
Quelques jours avant les élections qui<br />
ont amené le parti de gauche Syriza au<br />
pouvoir, D. Koufodinas a été transféré<br />
dans ces prisons sans aucune motivation,<br />
car il n'avait jamais troublé la vie<br />
de la prison pendant toute la durée de<br />
son incarcération. Le nouveau gouvernement<br />
(Tsipras) a annulé la loi et D.<br />
Koufodinas est retourné à la prison de<br />
Korydallos.<br />
Bien qu'il ait eu droit à des permissions<br />
de sortie temporaire de prison<br />
depuis 2010, il n’a obtenu la première<br />
qu’en 2017 et par la suite, il a obtenu<br />
cinq autres permissions. Et il est intéressant<br />
de mentionner que même la<br />
Fédération des personnels pénitentiaires<br />
a publié deux fois des communiqués<br />
de presse soutenant ces mesures.<br />
Mais un nombre important d'intellectuels<br />
ont également soutenu son droit<br />
à une permission de sortie. Parmi eux,<br />
le héros de la résistance à l'occupation<br />
allemande, Manolis Glezos et le président<br />
de l'Union grecque des juges et des<br />
procureurs, X. Sevastidis.<br />
En 2018, après 16 ans passés<br />
dans l'aile spéciale de Korydallos, il a<br />
été transféré au centre de détention rural<br />
de Volos, prévu par la loi, pour les<br />
prisonniers qui ont respecté les règles<br />
de la prison et où les conditions de<br />
détention sont notablement meilleures.<br />
Cependant, l'octroi d'une permission<br />
de sortie de prison temporaire<br />
à D. Koufodinas a été intensément et<br />
systématiquement combattu par une<br />
partie des médias, mais aussi par des<br />
politiciens qui se sont exprimés et sont<br />
intervenus contre ces décisions, par<br />
des déclarations et des interventions<br />
publiques, et ont demandé de mettre<br />
fin à l'octroi de permissions de sortie.<br />
Parmi eux se trouvaient l'actuel Premier<br />
ministre et les membres de sa famille.<br />
L'ambassade usaméricaine est également<br />
intervenue bruyamment contre<br />
lui.<br />
En raison de cette polémique,<br />
depuis le printemps 2019, les permissions<br />
de sortie ont été refusées pour des<br />
raisons liées aux convictions politiques<br />
de Koufodinas et à son refus d'exprimer<br />
son repentir - ce qui n'est pas requis<br />
pour la jouissance des droits du condamné<br />
en vertu de la loi grecque. La<br />
question de l'autorisation de sortie de<br />
Koufodinas est parvenue à la Cour suprême<br />
(Areios Pagos), qui a jugé que le<br />
rejet de ses demandes pertinentes était<br />
infondé et non motivé juridiquement,<br />
et a renvoyé l'affaire devant le tribunal<br />
local pour qu'il statue. Cependant,<br />
le tribunal de Volos, chargé d'accorder<br />
l'autorisation de sortie de prison temporaire<br />
n'a pas changé d'avis et a définitivement<br />
refusé de reconnaître son<br />
droit à sortir temporairement de prison.<br />
Quelques jours plus tard, Kyriakos Mitsotakis<br />
et son parti ont gagné les élections,<br />
comme on s’y attendait.<br />
Le président du parti de la Nouvelle<br />
Démocratie, Kyriakos Mitsotakis,<br />
avait publiquement promis que, lorsqu'il<br />
arriverait au pouvoir, il exclurait<br />
ce prisonnier particulier de l'autorisation<br />
de sortie et des prisons rurales.<br />
En effet, en décembre 2020, la loi<br />
4760/2020 a été votée et promulguée<br />
à la hâte par la majorité parlementaire<br />
de N.D., dans laquelle une disposition<br />
spéciale prévoit que les condamnés<br />
pour crimes « terroristes » sont exclus<br />
des permissions de sortie et des prisons<br />
rurales, en application de la promesse<br />
antérieure du Premier ministre.<br />
A l'époque (et jusqu'à aujourd'hui),<br />
le seul condamné de cette<br />
catégorie, qui se trouvait dans une prison<br />
rurale, était D. Koufodinas. Lors du<br />
débat législatif au Parlement, D. Koufodinas<br />
a été personnellement désigné<br />
comme le destinataire de cette loi.<br />
Le 23 décembre 2020, D. Koufodinas<br />
a été soudainement transféré<br />
de l’établissement rural à la prison de<br />
Domokos, à la manière d'un enlèvement.<br />
Des photos de son lieu de détention<br />
rural, prises illégalement, ont été<br />
données aux médias, afin de soutenir<br />
le discours contre ses soi-disant « privilèges<br />
» (un lieu commun à propos des<br />
prisons rurales).<br />
À Domokos, il est enfermé avec<br />
deux autres prisonniers dans une petite<br />
cellule étouffante, 15 heures par jour,<br />
sans avoir l'espace ni le temps de mener<br />
aucune de ses activités précédentes,<br />
et en supportant le tabagisme et les autres<br />
besoins de ses codétenus.<br />
Dimitris Koufodinas, aujourd'hui<br />
âgé de 63 ans, connaît une détérioration<br />
dramatique de ses conditions de<br />
détention, avec des conséquences catastrophiques<br />
pour sa personnalité, sa<br />
santé mentale et physique.<br />
Mais le transfert à Domokos était<br />
complètement illégal car il violait même<br />
les dispositions de la loi récente, ayant<br />
été promulguée spécialement pour lui,<br />
car selon ces dispositions, il aurait dû<br />
être renvoyé à Korydallos, la prison<br />
où il avait été détenu pendant les 16<br />
années précédentes, plus proche de sa<br />
famille, même si elle était pire que les<br />
autres.<br />
En conséquence, une guerre a été<br />
lancée contre D. Koufodinas<br />
Le secrétaire général du ministère<br />
responsable de la protection des citoyens,<br />
répondant à la demande des avocats,<br />
a refusé de donner la copie des<br />
décisions concernées, nécessaire pour<br />
remettre en question la légitimité de la<br />
procédure et ses motivations.<br />
Il a également déclaré dans une<br />
réponse officielle que la loi avait été<br />
pleinement appliquée et que le prisonnier<br />
avait été transféré à Korydallos<br />
d'abord et ensuite à la prison de<br />
Domokos. C'était un mensonge. Le<br />
secrétaire général du ministère a menti<br />
dans des documents officiels.<br />
Il a également déclaré publiquement<br />
que Koufodinas ne peut avoir aucun<br />
espoir de sortir de prison. Mais selon<br />
la loi, il a le droit de demander une<br />
assignation à résidence à ce stade (une<br />
possibilité qu'il ne voulait pas utiliser)<br />
et une libération conditionnelle après<br />
10 mois. Selon la loi, une telle demande<br />
ne peut être rejetée par le tribunal, mais<br />
uniquement en raison de son comportement<br />
pendant son incarcération, qui a<br />
toujours été un comportement modèle.<br />
Le secrétaire général a également<br />
donné différents motifs pour ce<br />
transfert à Domokos, tous infondés et<br />
faux : la lutte contre le terrorisme au<br />
début, l'ordre public ensuite, les mesures<br />
COVID-19, et enfin le ministère a<br />
produit une poursuite pénale - non existante<br />
avant - (concernant une signature<br />
de intéressé d’un texte commun de<br />
solidarité des prisonniers, il y a 3 ans)<br />
comme raison du transfert.<br />
Tout cela a donné lieu à une intervention<br />
du médiateur grec, qui a<br />
posé des questions au ministère, auxquelles<br />
il n'a pas été répondu jusqu'à<br />
présent.<br />
Le contexte général suggère que<br />
le transfert de D. Koufodinas a été effectué<br />
par vengeance et sous la pression<br />
de l'ambassade des USA. Les membres<br />
de l'administration actuelle avaient<br />
précédemment annoncé et se sont engagés<br />
à aggraver les conditions de ce<br />
prisonnier particulier. Les violations de<br />
la loi, même de celle qui n'a été adoptée<br />
que pour aggraver les conditions d'exécution<br />
de la peine de Koufodinas,<br />
constituent un cas sans précédent d'ingérence<br />
arbitraire dans le système judiciaire<br />
pour des raisons de vengeance<br />
personnelle, d'une ingérence arbitraire<br />
requise par une famille politiquement<br />
puissante.<br />
De plus, d'après les déclarations<br />
de personnalités ayant de hautes<br />
fonctions publiques, il semble que la famille<br />
du Premier ministre ait l'intention<br />
d'intervenir même dans le domaine de<br />
la justice, afin d'exclure D. Koufodinas<br />
des droits qui sont accordés à tout autre<br />
prisonnier.<br />
Après la confirmation délibérément<br />
inexacte du ministère, Dimitris<br />
Koufodinas a décidé de protester contre<br />
toutes ces méthodes de conspiration à<br />
son encontre et il a annoncé une grève<br />
de la faim pour appuyer sa demande<br />
d'être transféré à Korydallos, comme le<br />
prévoit la dernière loi, promulguée spécialement<br />
pour lui. Il a commencé le 8<br />
janvier <strong>2021</strong> et il continue, ne buvant<br />
que de l'eau, sans rien d'autre. Il a été<br />
transféré 3 fois à l'hôpital et en est revenu<br />
après avoir refusé toute aide ou intervention<br />
médicale. Maintenant, il est<br />
dans une cellule de prisonnier à l'hôpital<br />
de Lamia, ne buvant que de l'eau et<br />
refusant toute autre chose.<br />
La demande actuelle est que<br />
Dimitris Koufodinas soit transféré à la<br />
prison de Korydallos et que cessent les<br />
interventions arbitraires - légales et factuelles<br />
- à son encontre, ainsi que son<br />
traitement systématiquement discriminatoire.<br />
Le ministère ne veut pas se<br />
rétracter. Le gréviste de la faim non<br />
plus. Les médias, en particulier les<br />
chaînes de télévision, dont la plupart<br />
sont très proches du gouvernement,<br />
sont engagés dans une guerre de discrédit<br />
moral contre le prisonnier. D'autre<br />
part, de nombreuses signatures ont<br />
été apportées en soutien à l'homme, par<br />
des intellectuels, des avocats, des juristes,<br />
des professeurs d'université, des<br />
organisations et des partis soutenant la<br />
demande et demandant que la loi soit<br />
appliquée pour lui. Beaucoup d'entre<br />
eux ont été moralement attaqués et<br />
menacés pour leur signature.<br />
Il n'existe pas encore d'ordonnance<br />
du procureur pour une alimentation<br />
forcée, et il est certain que personne<br />
n'ose pour l'instant faire une telle<br />
chose, car cela est considéré comme<br />
une torture. Une intervention médicale<br />
ne peut avoir lieu que dans le moment<br />
où il se trouve dans une situation de<br />
perte de sens. Mais à ce moment-là, de<br />
graves lésions cérébrales se produiront.<br />
Solidarité avec le prisonnier révolutionnaire grec Dimitris Koufodinas<br />
Et dans ce cas, il n'aura pas la volonté<br />
de survivre.<br />
Il n'est pas incongru de croire<br />
qu'un tel développement inacceptable<br />
serait bien accepté par ceux qui mènent<br />
la guerre contre lui.<br />
Dimitris Koufodinas risque d’être<br />
la première victime d’une grève de la<br />
faim en Europe au 21ème siècle.<br />
Athènes, le 30 janvier <strong>2021</strong><br />
Premières signatures<br />
América Latina<br />
PLENARIA MEMORIA Y JUSTI-<br />
CIA, Uruguay<br />
Jorge Zabalza, Uruguay – jubilado,<br />
ex preso político del MLN (Tupamaros)<br />
Irma Leites, Uruguay – integrante<br />
de Plenaria Memoria y Justicia y ex<br />
presa política del MLN (Tupamaros)<br />
Manuel Marx Menéndez<br />
suite à la page(16)<br />
12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
Notre Mémoire se Souvient!<br />
La mémoire au service des luttes : Paul Robeson<br />
Par FUIQP et Alain Saint-Victor<br />
y a 45 ans, le 23 janvier 1976, l’acteur,<br />
chanteur, athlète et écrivain<br />
Il<br />
Paul Robeson décédait.<br />
Né à Princeton au New- Jersey,<br />
le 9 avril 1898, il est le fils d’un père<br />
esclave, William Drew Robeson, enfui,<br />
à l’âge de 15 ans, d’une plantation de<br />
Caroline du Nord et d’une mère métisse,<br />
Maria Louisa Bustill, descendante<br />
d’une famille quaker abolitionniste.<br />
William Drew entreprit des études universitaires<br />
et devient pasteur de l’Église<br />
presbytérienne de Princeton de 1880 à<br />
1901. Il est décédé en 1918, alors que<br />
le jeune Paul n’a que vingt ans.<br />
Ne pouvant pas entrer à l’université<br />
Princeton, à cause de sa couleur,<br />
Paul Robson intégra l’université<br />
Rutgers où il fit de brillantes études.<br />
Il fut admis, par la suite, à l’université<br />
Columbia où il décrocha un diplôme en<br />
droit en 1923. Il fréquenta également<br />
l’École des études orientales et africaines<br />
de Londres.<br />
À l’époque du Jim Crow (période<br />
de plus de 100 ans au cours de laquelle<br />
les Afro-Américains furent victimes<br />
systématiquement de violence raciste),<br />
il était très difficile à un Noir d’exercer<br />
le métier d’avocat. Malgré qu’il fût<br />
l’un des meilleurs de sa classe, Robson<br />
dut abandonner sa carrière en droit et<br />
joignit le Provincetown Players, un<br />
groupe de théâtre de New York qui<br />
compte en son sein le dramaturge Eugene<br />
O’Neill (1888-1953).<br />
En 1924, Robson fait partie des<br />
acteurs de la pièce d’O’Neill, All God’s<br />
Chillun Got Wings (inspirée du Negro<br />
spiritual). Au cours de la même année<br />
et en 1925, il devient célèbre à New<br />
York et à Londres en interprétant le<br />
premier rôle de la pièce du même auteur,<br />
Emperor Jones (perçue, par certains,<br />
comme une critique de l’occupation<br />
étatsunienne d’Haïti, 1915-1934).<br />
En plus de ses talents d’acteur,<br />
Robson avait une superbe voix baryton-basse.<br />
En 1925, il donna son<br />
premier récital d’art vocal au Greenwich<br />
Village (New York). Il atteint une<br />
réputation internationale sous le nom<br />
de Joe dans la comédie musicale Show<br />
Boat.<br />
La célébrité de Robson est à<br />
son apogée lors de son interprétation<br />
magistrale d’ Othelo en 1930, qui bat<br />
tous les records des pièces shakespeariennes<br />
jouées à Broadway, à l’époque.<br />
Robson devient célèbre non<br />
seulement en Europe et aux États-Unis<br />
mais également en Afrique, faisant ainsi<br />
craindre son influence sur les peuples<br />
colonisés d’Afrique subsaharienne.<br />
Parmi ses plus grands succès<br />
figure le célèbre Song of Freedom.<br />
Paul Robeson devient, au cours de ses<br />
voyages dans le monde entier, un ambassadeur<br />
du mouvement des droits<br />
civiques et un dénonciateur des conditions<br />
de vie des Afro-Américains aux<br />
États-Unis, en particulier dans les États<br />
du Sud ségrégationnistes. Il utilise sa<br />
notoriété pour mobiliser l’opinion contre<br />
les lynchages qui, à l’époque, se<br />
multiplient.<br />
Au cours des années 1950,<br />
alors que le Maccarthysme devient<br />
l’idéologie dominante aux États-Unis<br />
(prêchant un anticommunisme primaire<br />
et violent), Paul Robson est victime<br />
d’un véritable boycott organisé<br />
contre ses films et enregistrements. On<br />
lui retire également son passeport de<br />
1950 à 1958.<br />
Après le décès de son épouse,<br />
Eslanda, en 1966, Robson, de plus en<br />
plus isolé et marginalisé, connut une<br />
période de déchéance. Après deux infarctus,<br />
il meurt dans la pauvreté d’un<br />
arrêt cardiaque en 1976, à l’âge de 77<br />
ans.<br />
De Paul Robson, l’historien Afro-Américain<br />
Gerald Horne écrit: « Il<br />
a été un précurseur pour des hommes<br />
comme Malcom X et Dr. Martin Luther<br />
King. En fait, on ne peut comprendre<br />
la vie et le parcours de ces deux hommes<br />
sans tenir compte de Paul Robeson.<br />
»<br />
Pour illustrer son engagement,<br />
Robson écrit: « L’artiste doit choisir<br />
de lutter pour la liberté ou pour l’esclavage.<br />
J’ai fait mon choix. Je n’avais<br />
pas d’alternative ». Ce qui résume<br />
bien toute la trajectoire de son existence.<br />
C’est ce type d’artistes dont<br />
nous avons besoin.<br />
Repose en paix frère et camarade.<br />
Texte: FUIQP et Alain Saint-Victor<br />
C’était ce jour-là<br />
Par Frantz Latour<br />
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Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
Statue du général Dumas détruite<br />
par l’occupant nazi durant la<br />
deuxième Guerre mondiale<br />
était le 4 février 1794, lorsque<br />
C’ la Convention nationale, régime<br />
politique français qui gouverna la<br />
France du 21 septembre 1792 au 26<br />
octobre 1795 lors de la Révolution<br />
française, vota le décret d’abolition de<br />
l’esclavage.<br />
De fait, prenant acte de la révolte<br />
des esclaves dans la province<br />
du Nord de la possession française<br />
de Saint-Domingue, le 23 août 1793,<br />
le commissaire de la République<br />
Léger-Félicité Sonthonax y abolissait<br />
l'esclavage, étendant l’abolition aux<br />
autres colonies françaises. La convention<br />
nationale abolissait l'esclavage<br />
et reconnaissait la citoyenneté à tous<br />
les habitants des colonies françaises,<br />
sans distinction de couleur. Aucune<br />
indemnité n'avait été accordée aux esclavagistes.<br />
En mai 1802, Napoléon rétablissait<br />
l'esclavage, qui ne devait être définitivement<br />
aboli qu'en 1848 : décret<br />
d'abolition de l'esclavage du 27 avril<br />
1848 en France et dans les colonies<br />
françaises d'outre-mer (Guadeloupe,<br />
Martinique, Réunion, Guyane, Sénégal)<br />
mais aussi dans les nouvelles<br />
colonies africaines ou la France abolit<br />
l'esclavage arabo-berbère et interafricain<br />
en Algérie et au Sénégal.<br />
Pour le philosophe, écrivain et<br />
PAR CES MOTIFS<br />
réalisateur français Claude Ribbe, auteur<br />
de Le crime de Napoléon, président<br />
de l'association des Amis du<br />
général Dumas, même si l'abolition<br />
de 1794 a été imposée par la révolte<br />
des esclaves, il s'agit d'un acte qui fait<br />
honneur à la République et fixe ses<br />
principes fondateurs.<br />
L'abolition de l'esclavage fut l'un<br />
des acquis les plus significatifs de la<br />
Révolution et figure de ce fait au nombre<br />
des valeurs les plus sacrées de la<br />
République française.<br />
Cet événement fondamental, qui<br />
universalisait la déclaration des droits<br />
de l'homme et du citoyen est célébré<br />
depuis le 4 février 2014 par l’association<br />
des Amis du général Dumas, place<br />
du général-Catroux, Paris 17e, pour<br />
qu'il ne soit pas effacé de la mémoire<br />
nationale. Il renoue avec une tradition<br />
qui en fait remonte à 1795, et qui a<br />
été officialisée dès 1798. Certes, cette<br />
commémoration n'est pas inscrite dans<br />
le calendrier officiel, mais l'honneur, la<br />
dignité, l'équité et le bon sens l’imposent.<br />
Cette année, ce sera aussi l’occasion<br />
de prendre acte de la volonté<br />
des élus parisiens de remettre en place<br />
la statue du général Dumas détruit<br />
Le Tribunal, après en avoir délibéré au vœu de la loi, statuant publiquement et à<br />
charge d'appel, accueille l'action du sieur Pierre Raphaël David pour être fondée<br />
tant en la forme qu'au fond ; Dit que le sieur Pierre Raphaël David est en<br />
personne légale de la propriété dépendant de l'habitation de Saint Georges.<br />
Maintient le défaut octroyé à l'audience du jeudi vingt février deux mille vingt<br />
contre le sieur Marc Fortunat ; Déclare infondée l'opposition faite par le défendeur<br />
à l'opération d'arpentage ; Accorde main levée de la dite opposition; ordonne<br />
la continuation de l'opération d'arpentage ; défend formellement le sieur Marc<br />
Fortunat de ne plus troubler à l'avenir la possession du requérant. Condamne le<br />
défendeur à payer au demandeur la somme de Dix mille gourdes (10,000) Gdes<br />
à titre de dommages et intérêts en réparation des préjudices causés au demandeur;<br />
condamne enfin le demandeur aux frais et dépens de l'instance<br />
Donné de nous, Jacson Flerisma, suppléant juge de paix de la Commune de Saint<br />
Louis du Sud en audience civile et publique du jeudi vingt février deux mille vingt<br />
An 217ème de l'indépendance avec l'assistance du sieur Mathéau Coulange, notre<br />
greffier<br />
Il est ordonné. ....etc..... En foi de quoi ......etc ....<br />
Décret de la Convention Nationale. Abolissant l’esclavage dans les<br />
colonies françaises<br />
par les collaborateurs en 1943. Vœu<br />
présenté à l'ensemble du conseil de<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Paris du 18 janvier <strong>2021</strong> et ratifié le 2<br />
février <strong>2021</strong>.<br />
Le tribunal après examen. Le Ministère public entendu, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l'audience précitée, pour le profit<br />
déclare fondée la dite action .Admet en conséquence le divorce du sieur<br />
Michaël AUGUSTIN ,d'avec son épouse née, Shalouse PIERRE , pour incompatibilité<br />
de caractères aux torts exclusifs l'épouse Prononce la dissolution<br />
des liens matrimoniaux existant entre les dits époux; Ordonne à l'officier<br />
de l'état civil de la Section Est de Port au Prince à transcrire sur les<br />
registres à ce destinés, le dispositif du présent jugement dont un extrait<br />
sera inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la Capitale sous peine de<br />
dommages intérêts envers les tiers s'il y échet . Commet l'huissier Johnny<br />
JEAN pour la signification de ce jugement ;Compense les dépens<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Guy AUGUSTIN juge, en audience civile,<br />
ordinaire et publiques du mercredi vingt sept janvier deux mille vingt et<br />
un en présence de Me Paul WESLEY Substitut du commissaire de ce ressort<br />
et avec l'assistance du sieur Junior Sauvens THELEMAQUE. Greffier du<br />
siège. Il est ordonné ......etc...... En foi de quoi .....etc ......<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
13
Perspectives<br />
Biden nomme des va-t-en-guerre<br />
Par Sara Flounders<br />
Anthony Blinken<br />
Les auditions de confirmation au<br />
Sénat des membres du cabinet Biden<br />
- qui ont débuté la semaine du 18<br />
janvier - devraient servir d’avertissement<br />
sur la poursuite de la dangereuse<br />
politique de guerre des USA.<br />
s médias capitalistes se sont<br />
Leconcentrés sur la promesse de<br />
Biden de renverser de nombreux volets<br />
de la politique de l’ancien président<br />
Trump. Mais tout au long de sa<br />
campagne, Biden s’est engagé à ne<br />
faire « aucun changement substantiel<br />
» - et ses nominations aux postes<br />
de politique étrangère montrent qu’il<br />
pensait vraiment ce qu’il disait. Malgré<br />
les flonflons médiatiques sur la<br />
Victoria Nuland<br />
COPA<br />
VIP Transportation<br />
• Weddings<br />
• Birthday Parties<br />
• Graduations<br />
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justice, la nouvelle politique et la diversité,<br />
en coulisses, les mêmes vieilles<br />
politiques militaristes usaméricaines<br />
sont renforcées par les choix de<br />
membres du cabinet de Biden et leurs<br />
liens directs avec les fabriques d’idées<br />
financées par l’industrie et les entreprises<br />
de sous-traitance militaires.<br />
Les nominations au cabinet de<br />
Biden suivent les politiques impérialistes<br />
ratées des administrations<br />
Trump, Obama, Bush junior, Clinton<br />
et Bush senior de ces trois dernières<br />
décennies. Ces choix sont de mauvais<br />
augure pour les travailleurs usaméricains<br />
et pour les peuples du monde<br />
entier qui suffoquent sous le joug de<br />
l’impérialisme US.<br />
La nomination et le témoignage<br />
du faucon de guerre Anthony<br />
Blinken, nommé au poste de<br />
secrétaire d’État, est l’un des nombreux<br />
exemples éclatants de la position<br />
militariste de Biden.<br />
Dans son témoignage de confirmation<br />
du 19 janvier, Blinken a<br />
clairement indiqué qu’il soutenait<br />
l’expansion de la guerre impérialiste<br />
en Syrie, en déclarant « Les États-<br />
Unis n’en font pas assez. » Il est pour<br />
« une pression constante sur la Corée<br />
du Nord [la République populaire<br />
démocratique de Corée] » afin de lui<br />
« couper tous les vivres » Il est pour<br />
un déploiement accru de missiles afin<br />
d’encercler et de faire pression sur<br />
la Chine. Il est favorable à de nouvelles<br />
exigences et au maintien des<br />
sanctions contre l’Iran. Il soutient<br />
les efforts continus pour renverser le<br />
gouvernement élu du Venezuela. (Le<br />
témoignage complet de Blinken est disponible<br />
sur tinyurl.com/yyr7k58w).<br />
Blinken a également témoigné<br />
: « Notre engagement pour la sécurité<br />
d’Israël est sacro-saint, et c’est<br />
quelque chose que le président élu<br />
ressent très fortement. » Il a salué<br />
à plusieurs reprises la politique de<br />
Trump sur la normalisation des relations<br />
entre l’Israël de l’apartheid et<br />
les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le<br />
Maroc et le Soudan, en soulignant :<br />
« Il y a un certain nombre de choses<br />
de mon point de vue que l’administration<br />
Trump a faites au-delà de nos<br />
frontières que j’applaudirais ». Le<br />
sénateur raciste de droite de Caroline<br />
du Sud, Lindsey Graham, a qualifié<br />
Blinken de « choix exceptionnel ».<br />
(Washington Post, 19 janvier)<br />
Les initiés de l’industrie militaire<br />
Blinken, ancien secrétaire<br />
d’État adjoint sous Obama, est bien<br />
connu pour avoir profité de ses anciens<br />
postes gouvernementaux pour<br />
obtenir des emplois lucratifs de consultant<br />
auprès d’entrepreneurs militaires.<br />
Blinken a cofondé WestExec<br />
Advisors, une société de conseil pratiquant<br />
le secret pour les industries<br />
militaires comme Boeing et pour les<br />
grandes banques et sociétés d’investissement<br />
comme Bank of America et<br />
Blackstone.<br />
WestExec a en fait été qualifiée<br />
de « gouvernement en attente » pour<br />
les anciens fonctionnaires de l’administration<br />
Obama liés à la politique militaire<br />
US. (politico.com, 23 novembre<br />
JOBS<br />
Avril Haines<br />
2020) Elle se vante sur son site web<br />
que son nom “est dérivé de “West Executive<br />
Avenue”, la rue fermée qui va<br />
de l’aile ouest de la Maison Blanche<br />
au bâtiment du bureau exécutif Eisenhower.<br />
C’est, littéralement, le chemin<br />
qui mène à la Salle de crise ».<br />
Les partenaires de WestExec<br />
sont d’anciens fonctionnaires du<br />
gouvernement, des officiers militaires<br />
et des diplomates. En se définissant<br />
comme « consultants stratégiques »,<br />
ils peuvent éviter d’être enregistrés<br />
comme lobbyistes ou agents étrangers<br />
et peuvent ainsi entrer ou revenir<br />
au service du gouvernement sans<br />
l’attente d’un an exigée des lobbyistes<br />
rémunérés. Les clients qui consultent<br />
WestExec sont tenus secrets.<br />
Le général Lloyd Austin, récemment<br />
nommé au cabinet Biden,<br />
a été affilié à WestExec Advisors et<br />
a siégé au conseil d’administration<br />
de l’un des plus grands fabricants<br />
d’armes usaméricains, Raytheon.<br />
Austin a précédemment servi comme<br />
commandant des forces US en Irak<br />
et des forces spéciales en Syrie. Sa<br />
nomination nécessitait une dérogation<br />
spéciale car, selon la loi US, le<br />
secrétaire à la Défense doit être un<br />
civil.<br />
Avril Haines, récemment confirmée<br />
au poste de Directrice du renseignement<br />
national, a également été<br />
affiliée à WestExec. En tant qu’ancienne<br />
directrice adjointe de la CIA,<br />
Haines a dirigé son programme<br />
de drones et a contribué à créer<br />
la justification légale des assassinats<br />
ciblés comme une action normalisée<br />
dans le cadre de la politique<br />
étrangère usaméricaine. En plus des<br />
assassinats par drones, elle a soutenu<br />
les sanctions économiques usaméricaines<br />
qui s’attaquent à la nutrition et<br />
à la santé des populations civiles de<br />
pays entiers.<br />
Selon Politico News, WestExec<br />
est plein d’autres anciens hauts responsables<br />
démocrates de la sécurité<br />
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nationale et de la politique étrangère<br />
qui ont collecté des fonds pour la campagne<br />
Biden, ont rejoint son équipe<br />
de transition ou ont servi de conseillers<br />
non officiels. De nombreux autres<br />
consultants devraient être nommés<br />
par Biden. (tinyurl.com/y2hydkdm)<br />
Va-t-en-guerre fabricants d’idées<br />
Il existe toute une série d’autres<br />
fabriques d’idées et de sociétés de<br />
conseil stratégique qui proposent des<br />
postes extrêmement bien financés<br />
aux fonctionnaires du gouvernement<br />
- tant républicains que démocrates<br />
- entre deux nominations gouvernementales.<br />
Le rôle de ces fabriques<br />
d’idées est de développer un personnel<br />
expérimenté et avisé qui est au<br />
service du pouvoir des entreprises,<br />
tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du<br />
gouvernement.<br />
Selon un rapport du Center for<br />
International Policy publié en 2020,<br />
les entreprises de défense, ainsi que<br />
les agences de sécurité nationale et de<br />
défense du gouvernement usaméricain,<br />
ont contribué à hauteur de plus<br />
d’un milliard de dollars à 50 des fabriques<br />
d’idées les plus influeents au<br />
cours des cinq dernières années. (tinyurl.com/y45jkd52)<br />
Parmi les autres personnes<br />
récemment nommées par Biden et<br />
provenant d’une fabrique d’idées, on<br />
peut citer Kathleen Hicks au poste<br />
de secrétaire adjointe à la Défense.<br />
Elle a été vice-présidente du CSIS<br />
(Center for Strategic and International<br />
Studies), le groupe de réflexion<br />
le plus belliciste de Washington. Le<br />
CSIS est financé par des industries<br />
militaires géantes telles que BAE Systems,<br />
Lockheed Martin et Northrop<br />
Grumman et agit en tant que « centre<br />
d’influence » pour celles-ci. Hicks<br />
s’oppose au retrait des troupes usaméricaines<br />
de Corée du Sud, d’Afghanistan<br />
et de Syrie.<br />
Kurt Campbell - président de<br />
The Asia Group, un « groupe de conseil<br />
en stratégie et en capital » - a été<br />
nommé au poste nouvellement créé<br />
de coordinateur du Conseil national<br />
de sécurité pour l’Indo-Pacifique.<br />
Campbell, en tant qu’ancien soussecrétaire<br />
d’État adjoint aux affaires<br />
de l’Asie de l’Est et du Pacifique,<br />
était considéré comme l’architecte<br />
du « Pivot vers l’Asie » d’Obama. Il<br />
s’agissait d’une politique provocatrice<br />
de repositionnement des batteries de<br />
missiles, des troupes et des porte-avions<br />
pour encercler la Chine et menacer<br />
la RPDC. Son nouveau rôle de «<br />
tsar de l’Asie » de Biden est d’intégrer<br />
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la stratégie anti-Chine et de renforcer<br />
les alliances des USA dans la région.<br />
La nomination de Victoria<br />
Nuland au poste de sous-secrétaire<br />
d’État est particulièrement révélatrice<br />
de la politique militariste de Biden.<br />
Nuland a été PDG du CNAS (Center<br />
for New American Security), un autre<br />
groupe de réflexion militaire bien<br />
financé. Elle a également fait partie<br />
du groupe Albright Stonebridge, un<br />
groupe de réflexion mis en place par<br />
l’ancienne secrétaire d’État Madeleine<br />
Albright. Nuland a servi dans<br />
l’administration Bush-Cheney et dans<br />
l’administration Obama-Biden.<br />
Sous cette dernière administration,<br />
en tant que secrétaire d’État<br />
adjointe aux affaires européennes<br />
et eurasiennes, Mme Nuland s’est<br />
vantée d’avoir contribué à l’organisation<br />
du coup d’État fasciste<br />
de 2014 qui a renversé le gouvernement<br />
élu de l’Ukraine, grâce<br />
à un financement de 5 milliards de<br />
dollars de la National Endowment for<br />
Democracy.<br />
Toutes ces nominations ont favorisé<br />
les guerres usaméricaines en<br />
Afghanistan, en Irak, en Syrie, en<br />
Libye, les sanctions de famine contre<br />
le Venezuela, la Corée et l’Iran, ainsi<br />
Kathleen Hicks<br />
que les plans US visant à renforcer<br />
l’OTAN contre la Russie, à encercler<br />
la RPDC et à menacer en particulier la<br />
Chine militairement et économiquement.<br />
Ces nominations contredisent<br />
les forces libérales et social-démocrates<br />
qui affirmaient que<br />
Biden pourrait être poussé vers des<br />
politiques progressistes par une pression<br />
de gauche.<br />
Workers World 26 Janvier <strong>2021</strong><br />
Traduit par Fausto Giudice<br />
Tlaxcala 1er Février <strong>2021</strong><br />
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14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
Le devoir de mettre fin à l’apartheid<br />
Par Gideon Levy<br />
Haïti : le kidnapping<br />
comme politique d’État<br />
Cette semaine, j’ai tenté d’expliquer<br />
ici que la poursuite de l’occupation<br />
et sa transformation d’une situation<br />
soi-disant temporaire en une<br />
situation permanente, avec l’effacement<br />
de la ligne verte (pour les<br />
Juifs), a créé une nouvelle situation<br />
: il n’est à présent plus possible de<br />
parler d’ « apartheid dans les territoires<br />
».<br />
sort de plus de 6 millions<br />
Le de Palestiniens – arabes israéliens,<br />
résidents de Jérusalem<br />
Est, de Cisjordanie et de Gaza – est<br />
décidé par le gouvernement juif à<br />
Jérusalem et l’état-major général juif<br />
de l’armée à Tel-Aviv.<br />
Le système auquel les Palestiniens<br />
sont soumis est sans conteste<br />
un système de discrimination,<br />
d’oppression, de dépossession et de<br />
séparation sur la base de la nationalité,<br />
et constitue donc un système<br />
d’apartheid.<br />
La démocratie pour les seuls<br />
juifs est bien sûr une plaisanterie<br />
de la démocratie. Par conséquent, si<br />
Israël est tyrannique dans une partie<br />
de son territoire à l’égard de certains<br />
de ses sujets, alors tout Israël<br />
est tyrannique. Si l’apartheid existe<br />
sur une portion de son territoire pour<br />
certains de ses résidents, alors c’est<br />
un État d’apartheid.<br />
Aucune démocratie ne peut<br />
contenir une tyrannie régionale<br />
ou un apartheid régional. Lorsque<br />
j’étais dans le village de Ras Kurkar<br />
cette semaine, entouré de toutes<br />
parts par des colonies, il était impossible<br />
de ne pas penser à l’apartheid.<br />
Depuis le balcon de la maison que<br />
j’ai visitée, par temps clair, on peut<br />
voir la mer. Mais seuls les Juifs peuvent<br />
y aller.<br />
Les prochaines élections à la<br />
Knesset, qui affecteront également<br />
le sort de ce village, sont réservées<br />
aux Juifs.<br />
Une communauté est vaccinée,<br />
et celle d’à côté ne l’est pas,<br />
sur la base de la nationalité… N’estce<br />
pas l’apartheid ? Le développement,<br />
la construction, l’eau et la<br />
terre – tout cela fonctionne sur la<br />
base de la suprématie juive.<br />
Le système judiciaire est différent<br />
et les lois sont différentes,<br />
la sanction est différente pour les<br />
mêmes actions, pour les Juifs et les<br />
Arabes. Qu’est-ce que c’est sinon de<br />
l’apartheid ?<br />
Cet apartheid est façonné<br />
par les Israéliens juifs. Ils sont les<br />
seuls à l’avoir décidé, de façon non<br />
démocratique, bien sûr. C’est pourquoi<br />
leur État, notre État, est un État<br />
Bethléem, Cisjordanie occupée, 14 avril 2019 - Des travailleurs palestiniens<br />
traversent le point de contrôle de Bethléem, géré par des Israéliens,<br />
pour se rendre à leur travail dans les villes israéliennes. Le point de<br />
contrôle a été rénové début avril avec de nouvelles voies, des tourniquets<br />
supplémentaires et des "barrières rapides" électroniques qui s'ouvrent en<br />
glissant une carte magnétique pré-approuvée que les Palestiniens doivent<br />
solliciter. Dès les premières heures du matin, des milliers de Palestiniens<br />
du sud de la Cisjordanie arrivent au point de contrôle de Bethléem,<br />
attendant son ouverture pour passer le plus rapidement possible - Photo :<br />
Anne Paq/ActiveStills<br />
d’apartheid, même si Zvi Bar’el*<br />
n’est pas d’accord.<br />
Ce n’est pas un simple jeu de<br />
mots. Cette définition sévère donne<br />
lieu à des conclusions pratiques qui<br />
sont tout aussi sévères et douloureuses.<br />
Si c’est un État d’apartheid,<br />
alors la communauté internationale<br />
est obligée de le traiter comme son<br />
prédécesseur.<br />
Israël, qui se plaint souvent<br />
d’être soumis à un traitement discriminatoire,<br />
d’être jugé à l’aune de<br />
deux poids deux mesures, sans parler<br />
de l’antisémitisme, est apparemment<br />
le pays le plus gâté du monde.<br />
Aucun autre État n’a reçu autant de<br />
ressources et de soutien depuis des<br />
décennies, tout en jouissant d’une<br />
tolérance incroyable.<br />
Cet État d’apartheid est comme<br />
le chouchou de l’Occident, son<br />
enfant gâté, à qui on ne demande jamais<br />
d’assumer la véritable responsabilité<br />
de ses actes et de payer pour<br />
ses crimes.<br />
Sa nouvelle définition d’un<br />
État d’apartheid pourrait forcer le<br />
monde à changer d’attitude. Pour<br />
qu’il cesse d’être aussi indulgent et<br />
qu’il cesse de fermer les yeux. Il ne<br />
peut pas continuer à croire que l’occupation<br />
est transitoire, qu’il y a un<br />
« processus de paix » qui est juste «<br />
gelé » en ce moment, attendant un<br />
« partenaire » palestinien, et qu’une<br />
solution est en attente au coin de la<br />
rue.<br />
Cela n’arrivera jamais. Les Israéliens<br />
ne se réveilleront jamais un<br />
matin en reconnaissant que l’occupation<br />
n’est pas bonne et pas juste<br />
et qu’il faut y mettre fin. Cela n’arrivera<br />
tout simplement pas.<br />
Cela ne s’est pas produit<br />
depuis 53 ans et il n’y a aucune<br />
raison que cela se produise soudainement<br />
maintenant. La raison<br />
ne peut survenir que par le biais de<br />
la communauté internationale – si<br />
celle-ci exige qu’Israël reconnaisse<br />
sa responsabilité et soit soumis à<br />
des mesures punitives. C’est le droit<br />
et le devoir de la communauté internationale.<br />
Ce devoir est d’autant plus<br />
impérieux qu’il ne s’agit plus de<br />
violations temporaires du droit international,<br />
de crimes de guerre<br />
éphémères ou d’une occupation<br />
militaire comme les autres. Lorsque<br />
l’occupation devient un apartheid et<br />
détermine l’identité de l’État, une<br />
action internationale est nécessaire<br />
– oui, comme cela s’est produit avec<br />
l’Afrique du Sud.<br />
Ce qui a fonctionné là-bas<br />
pourrait fonctionner ici aussi. Voyons<br />
ce qui se passera quand les Israéliens<br />
commenceront à payer pour<br />
les graves fautes de leur État. Un<br />
vrai patriote devrait espérer ce jour.<br />
C’est pourquoi la discussion sur Israël<br />
en tant qu’État d’apartheid est<br />
si importante.<br />
Ndlr.<br />
*Zvi Bar’el. Homme politique<br />
israélien et actuel maire de<br />
la ville israélienne de Ramat Gan.<br />
Ancien commandant du bataillon<br />
de parachutistes 202 au cours de<br />
la guerre des Six Jours ; plus tard,<br />
il a commandé l'école de formation<br />
des officiers des Forces de défense<br />
israéliennes. Il est ensuite devenu le<br />
commandant de la police des frontières<br />
d'Israël.<br />
Haaretz Haaretz 20 janvier <strong>2021</strong><br />
Traduction : Chronique de<br />
Palestine 24 janvier <strong>2021</strong><br />
Par REHMONCO*<br />
usieurs personnes sont kid-<br />
contre rançon au<br />
Plnappées<br />
quotidien dans les principales villes<br />
du pays, dont Port-au-Prince. Le<br />
21 janvier <strong>2021</strong>, plusieurs centaines<br />
d’élèves ont manifesté dans<br />
la banlieue sud de la capitale pour<br />
exiger la libération sans condition<br />
d’une camarade enlevée.<br />
Au lieu de poursuivre les<br />
bandits, les forces spécialisées de<br />
la police nationale ont réprimés<br />
à coups de matraque, de balles<br />
en caoutchouc et de gaz lacrymogènes<br />
les écoliers et écolières<br />
qui manifestaient leur solidarité à<br />
l’égard de leur camarade kidnappée.<br />
Dans l’opinion publique, les<br />
forces de l’ordre sont perçues comme<br />
un allié de premier ordre des<br />
gangs criminels et les associations<br />
de kidnappeurs à travers le pays.<br />
C’est en ce sens qu’après<br />
l’enlèvement du docteur Télémaque,<br />
le 28 novembre 2020, la<br />
police a sauvagement réprimé la<br />
manifestation de médecins résidents<br />
de l’Hôpital de l’Université<br />
d’État d’Haïti (HUEH). L’un d’entre<br />
eux, un interne, y est grièvement<br />
blessé après avoir reçu en<br />
plein visage une bonbonne de gaz<br />
lacrymogène lancée par les policiers.<br />
Il devient de plus en plus<br />
évident que la campagne de répression<br />
policière s’en prend ouvertement<br />
à toute forme de mouvements<br />
revendicatifs contre les<br />
inégalités, la misère, l’insécurité<br />
et la corruption endémique dans<br />
le pays.<br />
Le 20 janvier <strong>2021</strong> plusieurs<br />
milliers de personnes ont manifesté<br />
pour dénoncer l’instauration<br />
ouverte d’une autocratie et la<br />
volonté du régime au pouvoir de<br />
réécrire unilatéralement la constitution<br />
du pays afin de garder le<br />
pouvoir au-delà de l’échéance constitutionnelle<br />
du 7 février <strong>2021</strong>.<br />
Sachant pertinemment qu’il<br />
aura la caution des puissances<br />
impérialistes, le régime a mobilisé<br />
les principales unités de la police<br />
pour réprimer les manifestantes<br />
et manifestants. L’intervention<br />
policière s’est soldée par plusieurs<br />
dizaines de personnes blessées par<br />
balles dont de nombreux journalistes.<br />
Une vingtaine d’arrestations<br />
arbitraires ont également été effectuées.<br />
Alors que le pouvoir s’investit<br />
à fond dans l’oppression et<br />
la répression de tout mouvement<br />
de protestation dans le pays, les<br />
chefs des gangs jouissent de la<br />
complicité des autorités dans les<br />
différents échelons du gouvernement.<br />
Ils bénéficient régulièrement<br />
de l’appui logistique de certaines<br />
unités de la police, dont la<br />
brigade d’opération et d’intervention<br />
départementale (BOID). Cet<br />
appui rend encore plus efficace<br />
leurs forfaits criminels contre la<br />
population. C’est le cas par exemple<br />
des différents massacres<br />
perpétrés dans les quartiers populaires<br />
de Port-au-Prince et des<br />
villes de province.<br />
Les principaux chefs ont<br />
défilé librement et sans aucune<br />
crainte dans plusieurs rues et<br />
quartiers de Port-au-Prince le vendredi<br />
22 janvier <strong>2021</strong> et ils y ont<br />
contraint les résidents de les accompagner.<br />
Alors qu’ils sont soidisant<br />
recherchés par la justice<br />
pour des crimes commis contre<br />
la population, dont le carnage de<br />
La Saline, ils demeurent l’unique<br />
groupe autorisé à manifester par le<br />
pouvoir.<br />
Il est clair maintenant que<br />
les gangs se transforment en<br />
une véritable force paramilitaire<br />
au service du pouvoir. À l’instar<br />
des milices de Duvalier, ils terrorisent<br />
les quartiers populaires,<br />
s’enrichissent au détriment de la<br />
population et occupent de plus<br />
en plus de place dans la société<br />
civile. Dans les faits, ces gangs<br />
qui se sont fédérés constituent la<br />
principale force de répression de<br />
l’équipe gouvernementale. Comme<br />
l’a clairement souligné Odma,<br />
l’un des principaux chefs de gangs<br />
opérant dans le département de<br />
l’Artibonite, « les gangs travaillent<br />
à la solde du gouvernement, des<br />
bandits ordinaires ne sauraient<br />
mener à bien une entreprise aussi<br />
lucrative que le kidnapping sans<br />
l’encadrement des autorités au<br />
sommet de l’État.»<br />
Par ailleurs, plusieurs enquêtes<br />
menées par des organismes<br />
des droits humains sur le kidnapping<br />
auraient prouvé que des<br />
membres du gouvernement ainsi<br />
que des parlementaires seraient<br />
impliqués dans cette activité criminelle.<br />
Les cas du sénateurs Gracia<br />
Delva, membre du bureau du<br />
sénat et du sénateur Kedlaire Augustin,<br />
ancien conseiller du président,<br />
ne sont que des exemples<br />
parmi d’autres.<br />
Ce n’est pas une simple<br />
coïncidence que les tenants du<br />
suite à la page(18)<br />
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Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
15
Suite de la page (7)<br />
tard par provoquer la surchauffe des<br />
réacteurs de régulation des tensions<br />
politiques locales, régionales et mondiales.<br />
Pour protéger ses intérêts,<br />
l’impérialisme a inventé des «<br />
démocraties » auxquelles se rattachent<br />
tous les qualificatifs (représentative,<br />
participative...) dont se nourrit le « parlementarisme<br />
bourgeois ». Je me contenterai<br />
ici de citer Roger Garaudy : «<br />
Le Parlement n’est plus depuis longtemps<br />
le centre vivant de la politique.<br />
D’abord, dès que les partis ouvriers y<br />
ont pris une place importante, il importait,<br />
pour maintenir la règle du jeu, de<br />
dépouiller le Parlement de ses pouvoirs<br />
fondamentaux : pour le passé, le contrôle<br />
du budget; pour l’avenir, l’élaboration<br />
du Plan. Avoir le gouvernement ne<br />
signifie pas avoir le pouvoir : il existe<br />
des forces économiques (nationales ou<br />
internationales), capables de bloquer<br />
toute initiative gouvernementale de<br />
rénovation, et il existe des forces militaires<br />
intérieures mais éventuellement<br />
épaulées de l’extérieur), pour interdire<br />
toute mutation économique, sociale et<br />
politique véritable… »<br />
Tous les systèmes politiques<br />
impérialistes ont des liens de parenté<br />
avec le « sommet » que représente l’oligarchie.<br />
Et ils n’ont rien à voir avec le<br />
bien-être du respect de la base. Dans<br />
certains cas, le loup se déguise ridiculement<br />
en grand-mère pour manger<br />
« le petit chaperon rouge ». La<br />
démocratie est une et indivisible. Elle<br />
reste et demeure les lieux sacrés de<br />
la matérialisation de l’idéal humain:<br />
santé, nourriture, emploi, logement,<br />
éducation, loisir, libre circulation, liberté<br />
d’opinions… Sans la moindre tentation,<br />
d’un côté ou de l’autre, d’agiter<br />
le drapeau aux couleurs du nihilisme et<br />
de l’exclusion. Là où une seule famille<br />
manque d’eau potable et de pain, – je<br />
ne dis pas est privée – il n’y a pas de<br />
« démocratie ». Existe-il un pays au<br />
monde où tous les foyers sont exempts<br />
des conditions avilissantes de sévères<br />
privations économiques ? Seulement,<br />
il faut l’admettre, il existe des sociétés<br />
– nous citons seulement Cuba, Venezuela,<br />
Bolivie… – où les efforts des gouvernements<br />
en matière de respect fondamental<br />
des droits de la personne sont<br />
encourageants et louables. Élection,<br />
alternance politique ne caricaturent<br />
pas fidèlement ces soi-disant sociétés<br />
démocratiques qui font partie des États<br />
mondiaux dominants. Grâce à Donald<br />
Trump, nous a découverts les cadavres<br />
dissimulés dans les placards politiques<br />
de la Maison Blanche, du Département<br />
d’État et du Pentagone. Les pays qui<br />
subissent l’hégémonie des États-Unis<br />
seront éternellement reconnaissants<br />
à ce personnage mystérieux, bizarre,<br />
venu d’une planète inconnue.<br />
Haïti finira par exploser<br />
Parler du monde d’aujourd’hui nous<br />
entraîne, comme Paul Éluard, à évoquer<br />
regrettablement « un temps sans<br />
joie et sans auréole ». Haïti occupe une<br />
position peu enviable sur l’échelle des<br />
catastrophes sociales et économiques.<br />
Elle est devenue une bombe à retardement,<br />
exactement comme l’a été le «<br />
Dimanche rouge [1] » de Saint-Pétersbourg<br />
qui allait faire basculer la Russie<br />
dans une escalade de violences qui emporta<br />
le Tsar Alexandre II.<br />
La grande machine de répression<br />
ne parviendra pas à retarder infiniment<br />
l’instant décisif. La montée de la misère<br />
trouvera toujours sur sa route un père<br />
Hidalgo, un brave insurgé qui lancera<br />
au visage de son bourreau, comme ce<br />
chef rebelle bolivien sur le point d’être<br />
exécuté vers 1811: « Je meurs; mais la<br />
torche que j’ai allumée, personne ne<br />
pourra l’éteindre. » Nous l’avons assez<br />
vu : lorsque les poussées des mécontentements<br />
populaires franchissent<br />
les limites irréversibles, les tranchées<br />
des promesses en matière de réformes<br />
sociales creusées à la dernière minute<br />
n’arrivent pas à abriter l’État. Les régions<br />
occidentales utilisent la locution<br />
substantive « pays de contraste » pour<br />
désigner la République d’Haïti.<br />
La richesse opulente, arrogante<br />
et la pauvreté enlaidissante, humiliante<br />
se partagent sans gêne une population<br />
de 11 millions d’habitants environ installée<br />
sur un petit territoire de 27 750<br />
kilomètres carrés. Le salut de la nation<br />
naîtra d’une réflexion politique élaborée<br />
pour la mise en place d’une société alternative<br />
qui sera l’incarnation du «<br />
rêve haïtien. »<br />
À la veille du 7 février <strong>2021</strong>,<br />
nous invoquons les esprits des héros<br />
de 1804 pour qu’ils continuent d’accompagner<br />
les masses populaires haïtiennes<br />
sur le chemin difficile de la lutte<br />
pour l’aboutissement de la Révolution<br />
dessalinienne!<br />
Notes<br />
[1] Janvier 1905. Dimanche.<br />
Deux cent mille Russes manifestent à<br />
Saint-Pétersbourg contre le chômage,<br />
la pauvreté et la faim. Le Tsar Alexandre<br />
II intime l’ordre à ses officiers de<br />
les massacrer. Bilan : des centaines de<br />
morts parmi la foule composée d’hommes,<br />
de femmes et d’enfants…<br />
Robert Lodimus<br />
Suite de la page (12)<br />
(Marxito) – herrero y soldador jubilado,<br />
ex preso político del MLN (Tupamaros)<br />
Veronika Engler, Uruguay – trabajadora<br />
social<br />
Carlos Casares, Uruguay – jubilado<br />
gráfico, integrante del colectivo Comunicación<br />
participativa desde el Cono<br />
sur – COMCOSUR<br />
Cecilia Duffau, Uruguay – editora, imprentera<br />
Andrea Tommasino, Uruguay – magister<br />
en Ciencias Ambientales<br />
Ramón Hernández, Uruguay – docente<br />
jubilado y militante por los Derechos<br />
Humanos<br />
Sirio López Velasco, Brasil – filósofo y<br />
profesor universitario jubilado<br />
Homar Garcés, Venezuela – escritor,<br />
analista y militante sempiterno de la<br />
Utopía Revolucionaria<br />
Carlos Gabetta, Argentina – ex director<br />
de Le Monde Diplomatique en español,<br />
Edición Cono Sur<br />
Ismael Jalil, Argentina - abogado de<br />
Organismos de DDHH en el Encuentro<br />
Memoria Verdad y Justicia<br />
Matías Cremonte, Argentina - vicepresidente<br />
de la Asociación Latinoamericana<br />
de Abogados Laboralistas<br />
(ALAL)<br />
Daniel De Santis, Argentina – escritor<br />
y periodista<br />
Luis Brunetto, Argentina - historiador<br />
y periodista, Portal Estación Finlandia<br />
Manuel Justo Gaggero, Argentina –<br />
abogado y periodista<br />
Jorge Luis Ubertalli Ombrelli, Argentina<br />
– periodista y escritor<br />
Edgardo Gonzalez, Argentina – abogado<br />
Olegario Natividad Chamorro, Argentina<br />
– trabajador metalúrgico (jubilado),<br />
Pte. Movimiento de trabajadores<br />
desocupados 19 de Diciembre<br />
Luis E. Sabini Fernández, uruguayo en<br />
Argentina – docente y periodista (ahora<br />
pensionado)<br />
Abel Bohoslavsky, Argentina – médico,<br />
escritor<br />
Carlos Bayona, Argentina – médico<br />
Emilio Alberto Grass, Argentina – arquitecto<br />
Mensaje de solidaridad del VENCER-<br />
EMOS-Partido de Trabajador@s,<br />
Argentina http://venceremos-arg.<br />
org/<strong>2021</strong>/01/21/solidaridad-con-dimitris-koufodinas-preso-politico-en-huelga-de-hambre/<br />
Europe<br />
Christine Poupin, France –porte-parole<br />
du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste<br />
Catherine Samary, France – économiste,<br />
http://csamary.fr<br />
Léon Crémieux, France – Syndicaliste<br />
Solidaires Sud Aérien, Membre du<br />
Conseil National du NPA<br />
Pierre Rousset, France – Europe solidaire<br />
sans frontières (ESSF)<br />
Eric Toussaint, Belgique – CADTM<br />
Thomas Weyts, Belgium – SAP - Antikapitalisten<br />
/ Gauche anticapitaliste<br />
Daniel Tanuro, Belgique – Écosocialiste,<br />
Gauche anticapitaliste / SAP - Antikapitalisten<br />
Stefanie Prezioso, Switzerland – Conseillère<br />
nationale (Membre of National<br />
Parlament-Switzerland), Ensemble à<br />
Gauche<br />
Juan Tortosa, Switzerland – SolidaritéS<br />
,<br />
Dr. Joost. Kircz, Netherlands, active<br />
socialist, board and staff member of<br />
the International Instutute for Research<br />
and Education http://www.<br />
kra.nl/Website/benik.htm<br />
Dr. Manuel Kellner, Germany – member<br />
of Metal workers union IG Metall<br />
and of the ISO-German section of IVth<br />
International<br />
Henning Kleeblatt, Germany – Taunus,<br />
Hesse<br />
Jakob Schäfer, Germany – member of<br />
the ISO-German section of IVth International<br />
Christoph Assheuer, Germany – Psychologist,<br />
writer, Berlin<br />
Margrit Schiller, Germany – former political<br />
prisoner<br />
Habibe Sentürk, Germany – student<br />
Mayarí Cantoni, Suecia – participante<br />
de “Espika FM”, Malmö<br />
Stein Lillevolden, Denmark – Sosialarbeider<br />
i København<br />
Ian Parker, UK – Anti-Capitalist Resistance,<br />
Manchester<br />
USA<br />
Jeff Mackler, National Secretary, Socialist<br />
Action/USA and past Vice President,<br />
American Federation of Teachers,<br />
Hayward Local 1424, California<br />
Tlaxcala 31 janvier <strong>2021</strong><br />
Suite de la page (9)<br />
“When I speak, I want you to understand<br />
that this system which I found here,<br />
which I said I would destroy, it’s not me<br />
who is destroying it, it’s you, the <strong>Haiti</strong>an<br />
people, since you put me here to destroy<br />
it.”<br />
He also claimed that “the way I<br />
see things going, by the end of February,<br />
if not mid-February, we will be completely<br />
out of this coronavirus thing.” <strong>Haiti</strong><br />
has not yet received any vaccines and<br />
has seen a spike in Covid-19 cases over<br />
the past month, registering 187 cases on<br />
Jan. 26, according to the John Hopkins<br />
Coronavirus Research Center.<br />
Most importantly, Moïse’s new<br />
chief of police Léon Charles has been<br />
very aggressive against demonstrators,<br />
just as he was against anti-coup anti-occupation<br />
uprisings in 2005, which is the<br />
reason he’s been reactivated.<br />
Human rights lawyer Mario Joseph,<br />
who heads the International Lawyers<br />
Office (BAI), spoke out against the<br />
police repression in a Jan. 27 press conference.<br />
“The BAI is extremely concerned<br />
that the corrupt PHTK [<strong>Haiti</strong>an Bald<br />
Headed Party] government has weaponized<br />
the PNH [<strong>Haiti</strong>an National Police] to<br />
use bullets, teargas, physical aggression,<br />
arbitrary arrests, and imprisonment to<br />
crush popular protests,” Joseph said.<br />
On Feb. 2, Jovenel Moïse lost an<br />
ally whose defection almost always is a<br />
harbinger of a regime’s fall: the Catholic<br />
Church. “It seems to us that everyone<br />
agrees that no one is above the law and<br />
the constitution in the country,” wrote<br />
<strong>Haiti</strong>’s 10 bishops in an open letter,<br />
noting, like the Bar Association, that<br />
through his actions in January 2020,<br />
the president had “affirmed the unity of<br />
the law for all elected officials, including Demonstrations demanding that Jovenel Moïse step down have taken<br />
himself.”<br />
place in towns across <strong>Haiti</strong><br />
“The country is on the verge of<br />
explosion,” the bishops continued. “The daily life of the people is death, assas- sinations, impunity, insecurity. Discontent<br />
is everywhere, in almost all areas.<br />
Many enraging topics, such as: how to<br />
establish a Provisional Electoral Council,<br />
how to write another constitution, etc. So<br />
it is not only the ravages of kidnapping<br />
that make the country totally unlivable.<br />
Should we accept or tolerate this?”<br />
In 1986, it was the Catholic<br />
Church’s open divorce from Jean-Claude<br />
“Baby Doc” Duvalier’s dictatorship which<br />
quickly brought about his flight from the<br />
country on Feb. 7 of that year, thereby<br />
establishing the start date of a repeatedly<br />
betrayed democracy which Jovenel<br />
Moïse is now being called on to respect.<br />
One week before Baby Doc fled the<br />
country, he declared on television that he<br />
would hold onto power “as strong as a<br />
monkey’s tail.” Today, <strong>Haiti</strong>ans everywhere<br />
are now waiting to see if Feb. 7<br />
this year will look anything like that of<br />
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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
A Travers le monde<br />
Les Brésiliens célèbrent l’arrivée<br />
depuis le Venezuela de milliers<br />
de litres d’oxygène à Manaus !<br />
Soudan : Après la chute de la dictature, la<br />
longue marche des travailleurs !<br />
La révolution au Soudan a éliminé le<br />
dictateur Omar El Bashir, mais les travailleurs<br />
se battent toujours pour les<br />
droits fondamentaux de s’organiser.<br />
Les militants du Soudan Labour Bulletin<br />
sont en première ligne pour mobiliser<br />
la solidarité dans leurs luttes<br />
pour la dignité. Cet entretien avec les<br />
animateurs du Sudan Labour Bulletin<br />
a été réalisé par Anne Alexander.<br />
Merci Venezuela ! Votre oxygène sauve des vies au Brésil<br />
Le 19 janvier, le Mouvement des Travailleurs Sans Terre, le parti des<br />
Travailleurs et d’autres devant l’ambassade du Venezuela au Brésil pour<br />
remercier la révolution bolivarienne<br />
rès l’effondrement du système<br />
Apde santé de l’état brésilien<br />
d’Amazonas, le Venezuela a envoyé<br />
130.000 litres d’oxygène et une brigade<br />
de 107 médecins pour aider à<br />
combattre la pandémie.<br />
Des camions transportant des<br />
bouteilles d’oxygène depuis le Venezuela<br />
sont arrivés dans la nuit du<br />
10 janvier à la ville de Manaus, dans<br />
l’état brésilien d’Amazonas. Le Venezuela<br />
avait annoncé le 14 janvier que<br />
vu la crise humanitaire provoquée<br />
par une forte augmentation de cas de<br />
Covid 19 en Amazonas, il allait envoyer<br />
130.000 litres d’oxygène pour<br />
soutenir le système de santé en difficulté.<br />
L’arrivée des bouteilles d’oxygène<br />
au Brésil était célébrée par les<br />
autorités et par les habitants d’Amazonas,<br />
ainsi que par le peuple à travers<br />
tout le Brésil.<br />
Marcellus Campêlo, Secrétaire<br />
de Santé pour l’état d’Amazonas, a<br />
dit à Telesur que « l’arrivée de cet oxygène<br />
à Manaus depuis le Venezuela<br />
est très importante pour stabiliser<br />
l’approvisionnement en oxygène dans<br />
le système public d’Amazonas. Nous<br />
traversons des moments très difficiles<br />
en ce qui concerne notre approvisionnement,<br />
donc toute aide et toute<br />
donation que nous recevons sont les<br />
bienvenues, surtout cette grande cargaison<br />
qui vient du Venezuela ».<br />
Il a ajouté que le peuple d’Amazonas<br />
« remercie le peuple vénézuélien<br />
pour leur soutien à la ville de Manaus<br />
et à l’état d’Amazonas. Nous transmettons<br />
nos remerciements chaleureux<br />
pour le soutien qu’il nous offre<br />
ici ».<br />
En plus des bouteilles d’oxygène,<br />
le gouvernement bolivarien<br />
a aussi formé une brigade de 107<br />
médecins brésiliens et vénézuéliens,<br />
diplômés de l’Ecole latino-américaine<br />
Salvador Allende de Caracas, pour<br />
aider à combattre la pandémie. Le<br />
ministre des Affaires étrangères, Jorge<br />
Arreaza a dit que la brigade nouvellement<br />
formée s’appellera la brigade<br />
Simon Bolivar.<br />
« Nous apportons la paix, nous<br />
apportons de la joie, mettant en œuvre<br />
notre diplomatie de paix ici avec<br />
nos frères et nos sœurs du peuple<br />
brésilien qui ont besoin de nous » a dit<br />
Patricia Silva, Consul de la République<br />
Bolivarienne du Venezuela, à Telesur.<br />
Elle a ajouté « en tant que gouvernement<br />
bolivarien, nous défendons<br />
notre principe de coopération et de solidarité.<br />
La solidarité entre les peuples<br />
nous sauvera, surtout en plein milieu<br />
de cette pandémie terrible. C’est pour<br />
cela que nous sommes venus, pour<br />
tendre la main à ces gens qui nous ont<br />
offert tellement d’amour ».<br />
Plus tôt dans la journée, plusieurs<br />
mouvements sociaux et des partis<br />
de gauche y compris le Mouvement<br />
des Travailleurs Sans Terre, le parti<br />
des Travailleurs de Brésil et d’autres,<br />
se sont rassemblé le 19 janvier dernier<br />
devant l’ambassade vénézuélienne à<br />
Brasilia, capital du Brésil, pour remercier<br />
la nation pour son magnifique<br />
geste de solidarité.<br />
Source originale: People Dispatch<br />
20 Janvier <strong>2021</strong><br />
Traduit de l’anglais par A.K pour<br />
Investig’Action 29 Janvier <strong>2021</strong><br />
Anne Alexander : Comment le<br />
mouvement ouvrier au Soudan a-t-il<br />
commencé?<br />
Sudan Labour Bulletin (SLB) :<br />
Le mouvement ouvrier a vu le jour au<br />
Soudan comme une conséquence naturelle<br />
des projets coloniaux dans la<br />
région. La première grève au Soudan<br />
a été organisée par les travailleurs du<br />
secteur forestier en 1908. Elle a été<br />
suivie d’autres grèves de moindre importance.<br />
Finalement, la «conscience de<br />
soi» de la classe ouvrière, numériquement<br />
réduite, a trouvé son expression<br />
dans les clubs ouvriers omniprésents<br />
qui ont émergé au milieu des années<br />
1930.<br />
La plus grande grève jamais enregistrée<br />
à cette époque a été organisée<br />
en mars 1948 par la toute jeune Railway<br />
Workers’ Affairs Association. Elle<br />
est inscrite dans les annales du mouvement<br />
ouvrier sous le nom de «La grève<br />
des 33 jours», indiquant ainsi sa durée<br />
héroïque.<br />
La grève était la réponse des<br />
cheminots au refus initial des autorités<br />
coloniales britanniques de reconnaître<br />
leur association, sans doute le premier<br />
syndicat du Soudan [l’indépendance<br />
intervient en 1956; sans que les provinces<br />
du sud soient incluses dans l’Etat<br />
fédéral, ce qui déboucha sur un conflit<br />
militaire fort long].<br />
Cette durée de grève record n’a<br />
été dépassée que récemment par la<br />
grève des travailleurs de l’usine sucrière<br />
Kenana [à Khartoum] en 2020.<br />
La première loi sur les syndicats<br />
a été adoptée plus tard, en 1948. La<br />
Fédération générale des syndicats a été<br />
créée en 1950. Les syndicats qui ont<br />
joué un rôle important dans l’histoire<br />
du Soudan sont le Syndicat des cheminots,<br />
celui des travailleurs portuaires,<br />
des travailleurs du textile, ainsi que les<br />
syndicats des médecins et des enseignants.<br />
Anne Alexander : Les travailleurs<br />
sont-ils majoritaires dans la société<br />
soudanaise?<br />
SLB : Cette question fait l’objet<br />
d’un débat considérable et, par la suite,<br />
d’une scission au sein du mouvement<br />
communiste soudanais. En effet, on<br />
peut affirmer que le travail salarié en<br />
tant que tel ne constitue pas une majorité<br />
de la main-d’œuvre. La majorité<br />
des populations soudanaises continuent<br />
de vivre de la terre, en tant que<br />
paysans ou pasteurs [la population en<br />
2018 s’élevait à quelque 41 millions<br />
d’habitants].<br />
Toutefois, la pénétration de la<br />
commercialisation et du travail salarié<br />
se poursuit sans relâche. Selon des modalités<br />
et des formes qui ne créent pas<br />
une main-d’œuvre «industrielle» majoritaire,<br />
mais qui donnent naissance<br />
néanmoins à une masse croissante de<br />
personnes qui gagnent leur vie en vendant<br />
leur force de travail.<br />
L’expression «travail informel»<br />
et ses ramifications sont mal adaptées<br />
pour décrire cette vaste catégorie de<br />
personnes, sans doute hétérogène, en<br />
termes d’intégration dans un «marché<br />
du travail» fragmenté. Leur expérience<br />
du travail salarié est souvent saisonnière.<br />
En général, elle se fait selon des<br />
modalités coercitives et marquées par<br />
des privations.<br />
Toutefois, l’emploi, même s’il<br />
est temporaire, est un bienfait dans<br />
de telles conditions. En effet, les êtres<br />
humains sont superflus pour le capitalisme.<br />
La vie de ceux qui meurent dans<br />
les conflits militaires qui se déroulent<br />
dans les périphéries ne trouve pas une<br />
résonnance centrale dans le discours<br />
public qui est bien sûr contrôlé par la<br />
classe dirigeante.<br />
Un élément important et central<br />
du système de travail salarié est<br />
le régime de travail agricole saisonnier<br />
et son articulation avec les guerres<br />
périphériques du Soudan. C’est un aspect<br />
peu exploré de l’évolution du travail<br />
salarié au Soudan et un point aveugle<br />
majeur dans la théorisation et le<br />
débat sur la classe ouvrière soudanaise.<br />
Anne Alexander : Quels étaient<br />
les principaux défis auxquels étaient<br />
confrontés les militants syndicaux pendant<br />
la dictature d’Omar al-Bachir [de<br />
1989-1993 à 2019]?<br />
SLB : Après le coup d’État de<br />
1989 qui a porté Al-Bachir au pouvoir,<br />
un comité a été créé pour licencier de<br />
leur travail les opposants politiques au<br />
régime. Le comité a publié ce qu’il a<br />
appelé «la loi sur le bien public» pour<br />
justifier ses actions.<br />
Les premiers organismes de travailleurs<br />
qui ont souffert de cette loi ont<br />
été le syndicat des chemins de fer, le<br />
syndicat des transports routiers et celui<br />
des transports fluviaux. Dans un épisode<br />
d’extrême brutalité, le nouveau<br />
régime a assassiné le docteur Ali Fadul<br />
[le 21 avril 1990], qui était à la tête<br />
d’une grève des médecins. D’autres<br />
militants syndicaux et politiques ont<br />
été arbitrairement arrêtés et licenciés<br />
dans le cadre de ce qui était une purge<br />
faite par la bureaucratie de l’État des<br />
opposants politiques ou des opposants<br />
probables. Les syndicalistes licenciés<br />
ont été remplacés par des partisans du<br />
régime.<br />
Le régime a rapidement lancé<br />
ses propres syndicats d’entreprise et sa<br />
fédération syndicale tout en adoptant<br />
une nouvelle loi qui criminalisait les<br />
grèves. Dans ces conditions répressives,<br />
les grèves ont fait un retour surprenant.<br />
Les syndicats d’entreprise du régime<br />
ont subi de fortes pressions suite<br />
aux grèves sauvages des employé·e·s<br />
Des travailleurs soudanais en grève<br />
des échelons inférieurs de l’État: les enseignants,<br />
les infirmières et les travailleurs<br />
des installations publiques d’eau<br />
et d’électricité. Ainsi, la loi est devenue<br />
une lettre morte et une autre relique du<br />
musée de l’oppression. Le mouvement<br />
ouvrier, pourtant fragmenté et dépourvu<br />
d’une structure syndicale, a mis à<br />
mal le modèle des syndicats d’entreprise.<br />
Au-delà des mesures répressives,<br />
le plus grand défi auquel le mouvement<br />
syndical était confronté résidait<br />
dans les changements sectoriels et<br />
démographiques au sein de la classe<br />
laborieuse. Cette évolution est principalement<br />
la conséquence de la vente<br />
des entreprises d’État à des privés et<br />
du fort démantèlement du secteur public,<br />
étant donné que l’État était et reste<br />
l’employeur dominant sur le marché du<br />
travail dit formel.<br />
Dès lors, a été perdue la force<br />
principale de certains secteurs – à<br />
savoir la concentration géographique<br />
de contingents stratégiques des travailleurs<br />
– comme celui des syndicats<br />
des cheminots. La fragmentation de la<br />
main-d’œuvre dans les petites unités<br />
de fabrication et de services est sans<br />
doute un défi majeur pour l’organisation<br />
des travailleurs.<br />
Les grèves des travailleurs de la<br />
santé et des enseignants, ainsi que les<br />
autres grèves mentionnées ci-dessus,<br />
ont donné aux professionnels confiance<br />
dans leur capacité à s’organiser. Elles<br />
ont également ouvert de nouveaux espaces<br />
pour s’opposer au régime totalitaire.<br />
À plus grande échelle, ces luttes<br />
ont rappelé à tous les secteurs de la<br />
population que les thèmes et les revendications<br />
soulevées par les différentes<br />
organisations sont liés. Et, dès lors, ces<br />
exigences ne pouvaient être satisfaites<br />
que par le renversement du régime.<br />
Anne Alexander : Quel rôle les<br />
travailleurs organisés ont-ils joué dans<br />
la révolution contre Al-Bachir?<br />
SLB : Les travailleurs ont participé<br />
à la révolution contre Al-Bachir<br />
en tant que citoyens ordinaires et<br />
parfois en tant que membres de petits<br />
suite à la page(19)<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
17
Art et Culture<br />
Pleins Feux Sur : Joël Théodore ( ? – NY, 1994)<br />
« La voix d’une filiation »<br />
Par Ed Rainer Sainvill<br />
deuxième moitié des années<br />
1970 reste une époque<br />
La<br />
charnière de la musique ambiante<br />
du terroir natal. La génération des<br />
mini-jazz étant à sa fin de cycle,<br />
quelques aspirants baladins<br />
se montrent le nez dans le but de<br />
contribuer artistiquement à leur<br />
temps. C’est ainsi qu’est apparu<br />
Joël Théodore, jeune vocaliste friand<br />
de sérénades parmi d’autres<br />
qui tient mordicus à se faire une<br />
place sous les projecteurs du music-hall<br />
local. Dans un environnement<br />
sonore, surtout marqué par<br />
les variétés françaises. Avec notamment<br />
: Johnny, Cloclo, Sardou,<br />
Mike Brant, Lenorman, Fréderic<br />
François, Joe Dassin et autres<br />
comme modèles, alors que Ansy<br />
Dérose et Léon Dimanche et Roger<br />
Colas à un degré moindre, constituent<br />
au pays les seuls remparts<br />
d’une chanson autochtone.<br />
Pendant que le très raffiné<br />
Gilbert Fombrun, présentateur de<br />
l’émission prisée :’’Aux trapèzes<br />
des étoiles’’ sur Radio Métropole,<br />
ainsi que Lyonel Benjamin, animateur<br />
fringant de ‘tam-Tam<br />
129’’, sur les mêmes ondes,<br />
revendiquent aussi leur statut de<br />
chansonnier. C’est dans ce flux et<br />
reflux que va émerger une lignée<br />
d’amateurs ‘’crooners’’ comme :<br />
Romel qui a déjà un tube à son<br />
actif, doté du refrain :’’je dois retourner<br />
dans mon cher pays/car<br />
vraiment ma vie n’est pas ailleurs…’’.Et<br />
aussi Gérard Pierre<br />
avec quelques prestations convaincantes,<br />
un certain ‘’teen<br />
idole’’ du nom de Ed Sainvill dans<br />
des performances à l’auditorium<br />
de Saint-Louis de Gonzague, et<br />
entre autres : Frantz Kam, Duval<br />
Destin(d.cd récemment) ; sans<br />
oublier la légion de Carrefour/Fontamara<br />
avec : le diminutif Daddy,<br />
Marco Jeanty avant qu’il ne s’allie<br />
à Manno Charlemagne.<br />
Et dans le même sérail, le trio<br />
André Dubuisson, Erick Mazarin<br />
et Joël Théodore qui a fait un tabac<br />
au ‘’Boulo Show’’ de Boulo<br />
Valcourt sur Télé Haïti. Evidemment,<br />
c’est le déclic pour Joël qui<br />
commence à savourer sa position<br />
de vedette en herbe. Avec son timbre<br />
haut-perché et clairsemé qui<br />
se distingue bien de par sa musicalité<br />
envahissante. C’est l’époque<br />
des récitals d’étudiants au Collège<br />
Grégoire Eugene à l’avenue Christophe<br />
au Bas-Peu-de-Chose, chez<br />
Gérard Gourgue au Haut-Peu-de-<br />
Chose à Pacot et chez Frank Etienne<br />
à Bel Air. Ces établissements<br />
scolaires qui consistaient le ‘’Golf<br />
Drouot’’ (1), Haïtien, pour ces<br />
artistes émergents. Lesquels voulaient<br />
se positionner en dehors de<br />
la musique de danse dite commerciale.<br />
Mais, c’est aussi la continuité<br />
de l’exode des cerveaux au<br />
cœur d’un pays ‘’Pèlen Tèt’’ pour<br />
la génération subséquente ; qui<br />
n’avait qu’un projet après l’école<br />
ou l’université : partir, sans laisser<br />
de traces, avec un dégout d’apatride.<br />
Néanmoins, Joël Théodore<br />
lui est resté au pays, malgré vents<br />
et marées. Décidé à faire un impact<br />
considérable et s’imposer<br />
comme la voix de sa filiation. Pari<br />
réussi pour ce ménestrel à la verve<br />
déclamatoire qui a su faire valoir<br />
sa marque sentimentale avec la<br />
sortie de son premier album en<br />
solo :’’Ti Pitite’’, comprenant : je<br />
ne comprends pas, Haïti, Diana,<br />
sosyete, et je t’aime tellement,<br />
encore un mois, qui le<br />
campe en interprète des variétés.<br />
Et en même temps comme l’idole<br />
de la gent féminine qui est tombé<br />
à la renverse pour ce romantique<br />
à la folie. A la même période, il est<br />
sollicité par le « Bossa Combo »<br />
dont une partie du groupe avait<br />
décidé de ne pas retourner au<br />
pays des tontons- macoutes, lors<br />
d’une tournée à NY. Dont le chanteur<br />
Charly Dorsainvil qu’il devait<br />
remplacer pour s’installer en duo<br />
avec le vétéran Raymond Cajuste.<br />
Pour faire figure de gamin au sein<br />
d’un groupe composé de vieux<br />
routiers, auquel il avait apporté du<br />
sang neuf, une audience féminine<br />
et de nouvelles perspectives, après<br />
l’éclatement de NY.<br />
Contribuant en ce sens à la<br />
renaissance du « Bossa Combo »<br />
devenu ‘’Big band Bossa’’. Fort de<br />
sa fraicheur, son exubérance et sa<br />
voix éloquente qui a gratifié des<br />
tubes comme : à la plage, gare<br />
du nord, la patronne, arivis,<br />
fanm alakokèt etc. Tout en<br />
maintenant de front sa carrière<br />
‘’solo’’ dans l’octroi d’un nouveau<br />
disque avec les morceaux : je<br />
t’aime, nou pa gen dwa kite,<br />
yon mòso manman, se pou’n<br />
lite, kite m viv, nowèl. Une ascension<br />
tentaculaire pour Joël qui<br />
est alors convié à tant d’initiatives.<br />
Comme d’être le timbre approprié<br />
de la dernière collaboration entre<br />
le chef d’orchestre ‘’master brain’’<br />
Nemours J. Baptiste et le ‘’maestro<br />
difficile’’ Webert Sicot dans l’album<br />
:’’L’union’’. Dans la perpétuation<br />
du binôme konpa-kadans,<br />
durant la première moitié des années<br />
1980, juste avant la mort<br />
de ces derniers.il a aussi pris part<br />
à l’œuvre ‘’Lakòl’’ de Claude<br />
Marcelin qui fut un prélude à la<br />
nouvelle génération musicale.<br />
Subséquemment, et face à la<br />
détérioration continue des structures<br />
morales et matérielles de son<br />
pays, Joël a eu fini par prendre<br />
part au ‘’sauve qui peut’’ général,<br />
en allant s’établir à Brooklyn, NY<br />
avec sa famille. Où il continué de<br />
faire les délices de ses fans dans<br />
les atmosphères des bistrots. Nous<br />
donnant l’occasion de nous retrouver<br />
en maintes fois dans les<br />
bals privés ; tout en me donnant<br />
des attentions et respect dus à un<br />
alter-ego. Et s’étonnant encore<br />
que je n’aie pas fait suite à ma<br />
passion musicale. Pour ma part,<br />
je lui fus gré d’avoir tenu le cap<br />
et représenter une filière artistique<br />
dont il a demeuré l’extension. Par<br />
la suite, on s’est revus plusieurs<br />
fois sur l’artère de Flatbush Avenue<br />
à Brooklyn, alors qu’il était<br />
la proie d’une terrible maladie.<br />
Le voyant déambuler dans les<br />
rues, démuni de ses forces n’était<br />
pas facile. Et jamais il n’a semblé<br />
perdre de sa jovialité et de ses<br />
bonnes manières. Trouvant même<br />
le temps de me prodiguer des conseils<br />
salutaires. Et sa mort imminente<br />
au cours d’un printemps<br />
morose fut pleurée par tous les<br />
amants de la musique.<br />
Notes<br />
1. Le Golf Drout fut un ancien<br />
terrain de golf transformé en<br />
espace de spectacles qui a servi au<br />
lancement de la carrière musicale<br />
des artistes de la génération yé-yé<br />
française tels : Johnny Halliday,<br />
Claude François, Michel Polnareff,<br />
Eddy Mitchell, Richard Anthony,<br />
Jacques Dutronc, Françoise Hardy<br />
parmi tant d’autres.<br />
Suite de la page (15)<br />
régime s’auto-définissent « bandits<br />
légaux ». Ce régime dépend désormais<br />
du fonctionnement des associations<br />
criminelles et mafieuses que<br />
contrôle un cercle restreint d’escrocs<br />
et de brasseurs d’affaires. Ce qui explique<br />
pourquoi les infrastructures de<br />
télécommunications sont régulièrement<br />
utilisées pour faciliter la négociation<br />
des rançons au vu et su de<br />
tous. Il en est de même des équipements<br />
publics, dont des véhicules<br />
immatriculés « service de l’État » et<br />
des uniformes de la police mis au<br />
service des gangs fédérés pour leur<br />
opération de kidnapping.<br />
Tout ce drame social montre<br />
clairement que les individus au pouvoir<br />
ne se contentent plus de dilapider<br />
les fonds publics, ils s’associent, de<br />
surcroit, à des organisations criminelles<br />
pour extorquer la population.<br />
Des travailleurs et travailleuses déjà<br />
largement éprouvés par l’exploitation<br />
abjecte de l’oligarchie et des<br />
firmes multinationales se trouvent au<br />
quotidien dans l’obligation de verser<br />
des rançons pour la libération d’un<br />
proche à des gangs criminels à la solde<br />
du pouvoir.<br />
À part l’extorsion fort lucrative<br />
que procure le kidnapping, il<br />
y a également le climat de terreur<br />
qu’entretiennent ces activités criminelles.<br />
Les personnes enlevées sont<br />
parfois soumises aux tortures les plus<br />
sauvages avant d’être laissées pour<br />
mortes sur des montagnes d’immondices.<br />
Les femmes et les adolescentes<br />
sont souvent l’objet de viols<br />
collectifs à répétition avant d’être<br />
exécutés.<br />
Soulignons pour finir que cette<br />
terreur n’a rien d’accidentel, elle fait<br />
partie intégrante de l’essence du régime<br />
au pouvoir et de l’attente de<br />
l’oligarchie haïtienne qui veut conserver<br />
le statu quo par tous les moyens.<br />
C’est pratiquement leur mode<br />
opératoire pour tenir en respect les<br />
travailleurs et travailleuses et les autres<br />
groupes opprimés de la société.<br />
C’est la meilleure façon de garantir<br />
les intérêts de cette oligarchie et des<br />
firmes multinationales dans le pays.<br />
Les puissances occidentales<br />
qui sont directement intervenues<br />
pour imposer ce régime, suite au<br />
cataclysme du 12 janvier 2010, continuent<br />
ouvertement à l’appuyer en<br />
dépit de la forte mobilisation des millions<br />
d’haïtiens et d’haïtiennes qui<br />
continuent de lutter contre à la fois<br />
ce régime et l’ordre social capitaliste<br />
néocolonial dans le pays.<br />
Pour authentification.<br />
Renel Exentus<br />
Ricardo Gustave<br />
Montréal, le premier<br />
février <strong>2021</strong><br />
*Le Regroupement des Haïtiens<br />
de Montréal Contre<br />
l’Occupation d’Haïti<br />
Contact : rehmoncohaiti1915@<br />
gmail.com<br />
Suite de la page (10)<br />
camper avec sa communauté Sikh.<br />
Dans les États voisins, voilà cinq<br />
mois que les manifestations ont commencé.<br />
Au Pendjab, un fermier de soixante-cinq<br />
ans s’est récemment donné<br />
la mort. Dans l’Haryana, la police a fait<br />
usage du canon à eau pour repousser des<br />
manifestants du Parti du Congrès, principal<br />
parti d’opposition à Narendra Modi.<br />
En dépit de la décision de la Cour Suprême,<br />
Rahul Gandhi, la figure du Parti<br />
du Congrès, a d’ailleurs manifesté dans<br />
la capitale vendredi 15. « Le Congrès ne<br />
cédera pas tant que ces lois ne seront pas<br />
abrogées. Ces lois ne visent pas à aider<br />
les agriculteurs, mais à les achever. »<br />
D’autres États comme le Rajasthan,<br />
l’Uttar Pradesh ou le Maharashtra<br />
ont récemment rejoint la lutte. Dans les<br />
quasi-villes autonomes qui poussent<br />
aux frontières de Delhi, les participants,<br />
toujours plus nombreux, sont résolus<br />
à tenir des mois, voire jusqu’à la mort.<br />
Alité dans un dortoir, l’un d’eux témoigne.<br />
« Mon grand-père est mort après<br />
soixante-quatorze jours de grève de la<br />
faim. Aujourd’hui, le gouvernement de<br />
Narendra Modi veut nous enterrer. Alors<br />
depuis dix jours, j’ai moi aussi cessé de<br />
m’alimenter et de boire. »<br />
Prochaine étape : le 26 janvier,<br />
jour de la fête nationale, dite Republic<br />
Day. À 83 ans, le célèbre activiste Anna<br />
Hazare a annoncé qu’il y entamerait lui<br />
aussi « sa dernière grève de la faim ». Certains<br />
manifestants ont menacé de marcher<br />
sur la capitale. Des intentions que les<br />
syndicats agricoles se sont empressés de<br />
réfuter. Certains craignent en effet que<br />
d’éventuelles violences puissent profiter<br />
au BJP, le parti de Narendra Modi, qui<br />
affirme que les fermiers sont manipulés<br />
par l’opposition et qu’ils sont violents.<br />
À quelques jours de la grande parade, la<br />
tension est à son comble.<br />
NDLR: Le 26 janvier, les paysans<br />
ont été autorisés à manifester à New<br />
Delhi, mais des confrontations ont rapidement<br />
éclaté avec les forces de l’ordre.<br />
La mobilisation ne faiblit pas. S’appuyant<br />
sur un large soutien populaire, les<br />
paysans réclament toujours le retrait des<br />
Farm Bills. (IGA)<br />
Source: Reporterre<br />
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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong>
Suite de la page (17)<br />
groupes «fermés». Cela était dû à la<br />
nature répressive du régime. Toutefois,<br />
quelques moments exceptionnels sont<br />
à signaler, par exemple les travailleurs<br />
du Port terrestre (le principal terminus<br />
de bus pour Khartoum et sa banlieue<br />
– un ensemble d’environ un million<br />
d’habitants) ont organisé une grève<br />
au cours de laquelle ils ont bloqué le<br />
réseau de bus de la capitale.<br />
Par ailleurs, les nombreuses<br />
manifestations des travailleurs et des<br />
professionnels de différents secteurs<br />
tels que l’électricité, les télécommunications<br />
et les soins de santé ont porté<br />
des coups fatals au régime et ont conduit<br />
à sa chute en avril 2019.<br />
Anne Alexander : Pouvez-vous<br />
nous en dire plus sur la<br />
façon dont les grèves générales ont été<br />
organisées pendant la révolution?<br />
SLB : En 2019, les révolutionnaires<br />
ont lancé des slogans et des<br />
revendications qui ont uni différents<br />
secteurs politiques et professionnels.<br />
L’Association des professionnels soudanais<br />
(SPA), qui regroupe différents<br />
corps professionnels (médecins, avocats<br />
et journalistes), a adopté ces<br />
revendications et a soutenu les révolutionnaires<br />
dans la rue. C’est pourquoi,<br />
lorsque la SPA a appelé à des grèves<br />
générales, les masses ont réagi rapidement.<br />
Tous les corps professionnels<br />
et ouvriers ont mené des grèves<br />
générales qui ont forcé les généraux du<br />
Conseil militaire de transition (CMT) à<br />
ouvrir des négociations avec la coalition<br />
politique d’opposition, les Forces<br />
de la liberté et du changement (FFC).<br />
L’atmosphère politique générale<br />
a également contribué à l’unité des<br />
masses après le massacre du 3 juin<br />
2019, au cours duquel le CMT a<br />
fait assassiner des révolutionnaires<br />
qui manifestaient devant le quartier<br />
général militaire de Khartoum.<br />
Anne Alexander : Que s’est-il<br />
passé depuis l’arrivée au pouvoir du<br />
gouvernement de transition?<br />
SLB : Malgré la formation d’un<br />
gouvernement de transition, les conditions<br />
des travailleurs sont les mêmes.<br />
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Les conditions de vie se détériorent de<br />
jour en jour et les salaires ne peuvent<br />
pas suivre l’augmentation des prix. De<br />
plus, les mêmes lois du travail sont<br />
toujours en vigueur. De nombreux<br />
travailleurs ont été arbitrairement licenciés<br />
depuis la création de ce gouvernement<br />
pour avoir revendiqué leurs<br />
droits fondamentaux.<br />
Les grèves se poursuivent, la<br />
dernière en date étant celle des médecins<br />
en formation. Ils réclament une<br />
échelle de carrière, des salaires (la<br />
plupart d’entre eux travaillent pendant<br />
des années sans aucun salaire) et une<br />
assurance maladie.<br />
Anne Alexander : Quelles sont<br />
les évolutions juridiques en matière de<br />
droit d’organisation des travailleurs et<br />
travailleuses?<br />
SLB : En ce qui concerne le droit<br />
d’organisation, les conditions des travailleurs<br />
sont les mêmes que pendant<br />
l’ère Al-Bachir. Jusqu’à présent, le<br />
gouvernement de transition a nommé<br />
des comités directeurs de travailleurs<br />
au lieu de laisser les travailleurs élire<br />
démocratiquement leurs représentants.<br />
La plupart de ces nominations<br />
ont été purement politiques. En outre,<br />
la loi sur les syndicats n’a toujours pas<br />
été adoptée, car les autorités tentent<br />
d’imposer une loi qui limitera les libertés<br />
syndicales.<br />
L’Association des professionnels<br />
soudanais et le Parti communiste soudanais<br />
soutiennent également cette<br />
loi. Le Parti communiste est enclin à<br />
davantage de restrictions et à une plus<br />
grande intervention de l’État dans<br />
les organisations de travailleurs. La<br />
cause de cette orientation nécessite<br />
une compréhension de la stratégie<br />
d’ensemble du parti. Il s’est coupé de<br />
la classe ouvrière et est convaincu que<br />
l’alliance avec la bourgeoisie est le<br />
seul outil pour transformer la société,<br />
même si certaines tensions peuvent<br />
être transcendées. Cela signifie qu’il<br />
faut considérer les syndicats comme<br />
une monnaie d’échange politique dans<br />
les négociations avec les autres pouvoirs<br />
politiques plutôt que comme des<br />
«écoles de lutte».<br />
En bref, les intérêts des travailleurs<br />
ont été ignorés lors de la rédaction<br />
du projet de loi, et les options<br />
étatistes dominent. Cette proposition<br />
de loi a été rédigée et décrétée d’en<br />
haut et les travailleurs n’ont jamais<br />
été consultés à ce sujet. Et bien que<br />
le Soudan ait signé la Convention n°<br />
87 de l’OIT, qui garantit le droit des<br />
travailleurs à s’organiser, dans la réalité<br />
celle-ci n’a pas été mise en œuvre.<br />
Tout discours sur les libertés syndicales<br />
n’est que pure propagande de la<br />
part du gouvernement.<br />
Anne Alexander : Les partis<br />
politiques jouent-ils un rôle important<br />
dans le mouvement syndical?<br />
SLB : Les partis politiques actuels<br />
jouent un rôle négatif dans le<br />
mouvement ouvrier: premièrement, en<br />
faisant partie de la coalition au pouvoir,<br />
les partis politiques répriment activement<br />
le mouvement ouvrier pour les<br />
raisons mentionnées précédemment<br />
et, deuxièmement, en insistant sur un<br />
acte autoritaire qui viole les principes<br />
de base de la construction d’un mouvement<br />
ouvrier démocratique<br />
Anne Alexander : Quels sont<br />
les défis auxquels s’affronte aujourd’hui<br />
le mouvement syndical soudanais?<br />
SLB : Les principales revendications<br />
des travailleurs portent sur<br />
l’amélioration des conditions de travail,<br />
l’augmentation des salaires, la<br />
liberté d’organisation sans harcèlement<br />
de la part des employeurs. Les<br />
défis à relever sont les suivants: la<br />
création d’organisations de base qui<br />
représentent véritablement les intérêts<br />
des travailleurs et la modification des<br />
lois qui paralysent le mouvement ouvrier,<br />
en particulier le code du travail<br />
de 1997 au moyen duquel des centaines<br />
de travailleurs ont été arbitrairement<br />
licenciés depuis que ce gouvernement<br />
de transition est au pouvoir,<br />
en septembre 2019.<br />
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