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SAMEDI 13 AOÛT 2011
politique monde social économie société faitsdivers justice
Accalmiesurlesmarchés
CRISE. Paris, Bruxelles, Rome et Madrid emboîtent
le pas de la Grèce en interdisant la vente à découvert
des titres financiers. Les Bourses respirent.
Après la tempête boursière
qui a soufflé cette semaine,
l’Autorité des marchés financiers
(AMF) vient de
taper du poing sur la table.
Celle-ciainterdit,pourquinzejours,la
vente à découvert de onze valeurs
bancaires et de l’assurance (Axa, April
Group, BNP Paribas, CIC, CNP Assurances,
Crédit agricole, Euler Hermès,
Natixis, Paris Ré, Scor et Société générale).
Le « gendarme de la Bourse »
tente ainsi de mettre fin à la spéculation
qui a malmené ce secteur ces
derniers jours.
« On a voulu tester la résistance française,
a souligné le président de l’AMF,
Jean-Pierre Jouyet. Voilà notre réponse,
elle est comme toujours très
déterminée et elle le sera face à tous
ceux qui veulent nous tester. » Dans le
collimateur de l’Autorité : les spéculateurs
qui, pariant sur une baisse des
Bourses et notamment de ces valeurs
financières, les ont vendues à découvert.
Les fonds spéculatifs
s’en sont donné à cœur joie
Le mécanisme de vente à découvert
est relativement simple. Il permet de
vendre, par exemple à 10 €, des titres
que l’on ne possède pas, de les racheter
plus tard à un cours plus bas
(8 €) et d’empocher la différence de
prix, soit 2 € moins les frais. Ce type
CONJONCTURE
Lacroissancenullerebatlescartesdubudget2012
Après un net rebond en début
d’année, la croissance française
marque un coup d’arrêt. Attendue,
cette nouvelle reste problématique
car, avec une croissance nulle au
deuxième trimestre (contre 0,9 % au
premier trimestre), comme l’a révélé
hier l’Insee (Institut national de la statistiqueetdesétudeséconomiques),lapréparationdubudget2012seraacrobatique.
�Les ménages ne dépensent plus
assez. Moteur de l’économie, la
consommation des ménages flanche.
d’opération, très risquée, se pratique
sur des sommes colossales grâce à un
effet de levier. Selon la garantie que le
spéculateur peut offrir (mais aussi
selon les intermédiaires), il peut spéculer
sur des montants 2 à10 fois plus
importants que ses capacités financières
disponibles, matérialisées par
un dépôt de garantie. Mais gare à
l’erreur, s’il parie à la baisse et que les
cours montent, il perd… sa chemise.
Même chose dans le sens inverse, s’il
anticipe une hausse des cours et que
ceux-ci baissent.
Cette semaine, les fonds spéculatifs
(hedge funds, fonds de pension,
grands groupes d’investissement…)
s’en sont donné à cœur joie, avec des
volumes de transactions à découvert
représentant le double d’un jour ordinaire
de Bourse.
Mercredi, plus de 28 millions de titres
Société générale étaient ainsi
échangés, contre 15 millions la veille.
Faisant l’objet d’une rumeur de faillite
— formellement démentie depuis par
son PDG, Frédéric Oudéa — l’action
plongeait de près de 15 %. Ses
consœurs comme BNP Paribas, Natixis
ou Crédit agricole ont également
été attaquées sur fond d’autres rumeurs
alarmistes (dégradation possible
de la dette française, rallongement
d’échéance d’obligations grecques,
pénalisant les bancassureurs
détenant ces obligations…).
Ayant bien résisté jusqu’ici, celle-ci a
diminué de 0,7 % au deuxième trimestre.Encause,leseffetsdel’arrêtde
la prime à la casse, qui a cessé de soutenir
les ventes de voitures. Autre problème
: les entreprises ont légèrement
réduitleursinvestissementsproductifs
au deuxième trimestre (0,9 % après
1,2 %). Seule bonne surprise, les créationsd’emploissontrestéesélevéesau
d e u x i è m e t r i m e s t r e a v e c
68 300postessupplémentaires.
�Bercy appelé à réviser ses prévisions
à la baisse. Une croissance
Rappelons qu’une même interdiction
vient d’être décidée chez nos voisins
européens, comme l’Italie, l’Espagne
et la Belgique. Pendant la crise de
2008, cette même interdiction avait
permisdestabiliserlesmarchésfinan-
RUEMARBEUF(PARISVIII e ),LE10AOÛT.Cejour-làdansleslocauxdeMontségurFinance,surlesécrans
d’ordinateur,laBoursedeParisdévisseendirect.Conseildecesgestionnairesdeportefeuilles:«Ilnefaut
jamaisvendredanscesmoments-là.» (LP/PHILIPPELAVIEILLE.)
Laventeàdécouvert
1 Unspéculateuremprunte100 actions 2 Lejourdurèglement(jourB),le
d’uneentrepriseXà10 € aujourAcontre spéculateurrachètelesactions
ledépôtd’unecaution.Ils’engageàlesrestituer quiontbaisséetpaieles100 actions
aujourB.Illesvendimmédiatementetempoche aucoursdujour,soit700 €.Ilréalise
les1000 € delavente.
300 €debénéfice.
CoursdeBoursed'uneentrepriseX
10 €
9
8
7
6
1
100actions
venduesparle
spéculateur
aucours
de10 €:
1 000 €
égaleà0%…«c’estunpeudécevant »,
s’est borné à réagir François Baroin.
Mais le ministre de l’Economie n’en
démord pas : la croissance sera « en
ligne » avec l’objectif du gouvernement,
à savoir 2 %. Rien n’est moins
sûr… Il n’empêche, François Baroin a
rejeté hier, sur Europe 1, l’hypothèse
d’un relèvement de la TVA pour apporter
de nouvelles recettes au budget
2012.«Onnetouchepas à l’impôt sur
les sociétés, ni à l’impôt sur le revenu,
ni aux prélèvements sociaux et on ne
touche pas à la TVA », a-t-il martelé.
ciers. Hier soir, les Bourses européennes
ont terminé en hausse (à
Paris, le CAC 40 a clôturé à 4,02 %),
portées par les valeurs financières et
l’interdiction de la vente à découvert.
BRUNOMAZURIER
«Nousnesommespasdesspéculateursfous»
LUDOVICEYT-DESSUS �l’undesdeuxdirecteursdeMontségurFinance
cocaïnomanesetroulantenFerrari.
«Ici,iln’yapasdetraders
Nousnesommespasdesspéculateurs
fous,maisdesgérantsresponsablesdontle
travailestdefairefructifieràlongterme
l’épargnedenosclients…»Assezdesclichés
quicollentàlapeau!Enpleinedégringolade
boursière,LudovicEyt-Dessus,l’undesdeux
directeursgénérauxetgérantsdelasociété
MontségurFinance,tientàaffichersa
différenceetcelledesonéquipe.
D’autantplusquecejour-là(mercredidernier),
laspéculationbatsonplein.Surlesécrans
autourdelui,dansleslocauxparisiensdela
société,laBoursedévisseendirect.Elle
clôtureraenbaissede5,45%,emmenéeparla
chutedesbancairesetnotammentcelledela
Sociétégénérale(-15%).«Onestdans
l’irrationnelleplustotal,sedésespèrece
spécialiste.Carbeaucoupdetitresattaqués
sontdesentreprisessainesavecdes
valorisationsboursièresextrêmement
raisonnables.»
100actions
rachetéespar
lespéculateur
aucours
de7€:
700 €
JourA JourB
Néanmoins, le gouvernement devra
faire des choix et annoncer le 24 août
de nouvelles mesures pour contenir le
déficitbudgétaire.
�Le PS et le FN fustigent la politique
du gouvernement. « La prévision
de croissance de 2 % pour 2011
ne sera pas atteinte. Celle pour 2012
devient encore plus irréaliste », a taclé
pour sa part le Parti socialiste. En
charge de l’économie, Michel Sapin a
proposé des pistes pour réduire le déficit
: « Annulation de l’allégement de
l’impôt sur la fortune […], suppression
2
Bénéfice:
1000-
700=
300 €
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CRISE
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endirect
«Contrairementauxmarchésquin’ontpas
remplileurrôle,nousnevoulonspascéderau
ventdepanique.D’ailleurs,ilnefautjamais
vendredanscesmoments-là»,enchaîneson
homologueFrançoisChaulet.Lapreuve?Ces
derniersquinzejours,l’équipedeMontségur
Financeaprofitédelachutedescourspour
racheteràpetitesdosesquelquesvaleursqui
luisemblait«injustementmassacrées».
CommeCGGVeritas(parapétrolière),GLEvents
(logistique)ouDerichebourg(environnement).
«Nosdécisionsd’investissementsontprises
collectivementetdefaçonconsensuelle,insiste
Ludovic.Etnousenrendonscomptetrès
régulièrementànosclients.»
Leursclients?Plusde250particuliersdontles
portefeuillesboursiersvontde20000ۈ
plusieursmillions,«quinenousontpas
beaucoupappeléscettesemainecarilsnous
fontconfiance»,assure-t-il.N’empêche,pour
Ludovic,«cesdixséancesconsécutivesde
baisse,c’estquandmêmeunvraikrach
boursier»! B.M.
des exonérations sur les heures supplémentaires
et l’ensemble des cadeaux
fiscaux. » Du côté du Front national,
Marine Le Pen était cinglante.
«Cerésultatcatastrophiqueestunzéro
pointé pour Nicolas Sarkozy », a-t-elle
estimé, tandis que le syndicat CGT a
réclamé une politique de « hausse de
salaires » afin de soutenir la consommation
des ménages et la croissance.
Reste à savoir quelles options choisira
le gouvernement pour boucler son
prochainbudget.
SÉVERINECAZES