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FRANCK LOZAC'H
Essais poétiques
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L'ACTE POÉTIQUE
2
CONSIDERATIONS GÉNÉRALES
Ce petit essai affirme la certitude de la sublimation poétique
et veut déterminer les différents mécanismes cérébraux permettant de
comprendre l'acte de création. Il ne prétend pas pour autant accéder à
une synthèse de vérité infaillible. Il envisage du moins les rapports
complexes de la mémoire, d'un certain subconscient et de la
conscience de l'esprit. Il espère mieux faire assimiler les différentes
étapes mécaniques et psychiques de la créativité poétique. Cet aspect
primordial de la conception littéraire a rarement suscité l'intérêt chez
l'analyste.
Ce refus tient le plus souvent à la certitude quasi
insignifiante et méprisable que l'on se fait de la poésie. L'objet de cet
essai est avant tout de prouver que critique et créativité sont phases
qui se succèdent simultanément dans la conscience du producteur,
qu'il est faux de limiter l'acte d'écriture à une sorte d'exploitation du
réservoir de la mémoire et que des connexions fort difficiles à
percevoir transmettent des informations de synthèses, condensées ou
dérivées par différents travaux de l'esprit.
La matière que nous exploitons n'est pas seulement un
ensemble d'images prêtes à l'emploi, mises en prescience pour un
exercice de l'intelligence. Par "image" nous supposons qu'il n'y a pas
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constamment représentation d'une forme donnée, mais qu'il peut y
avoir fabrication immédiate du matériel pour une exploitation utile
sur l'instant.
Cette détermination du matériel poétique est tout
simplement de la fabrication d'outils d'écriture. On étonnerait
l'homme de la rue en le soumettant à ces sortes de spéculations
insignifiantes et ridicules. On ne pourrait provoquer chez lui que le
rejet immédiat d'une telle constatation. Ce qui touche ou charme son
esprit est en réelle contradiction avec ce genre d'analyse. Mais,
d'autre part, nous pourrions susciter chez ce critique l'éveil d'une
certaine curiosité en lui prouvant que les différents arts utilisent des
mécanismes de la reconnaissance identiques, et que les arts et les
sciences exploitent eux aussi des directives communes pour accéder
à leur propre système de vérités.
Ce schéma commun qu'exploiteraient les sciences et les arts,
et les techniques appliquées découleront de la faculté propre à
l'espèce humaine qu'est l'acte de créativité par l'intelligence.
L'objet obtenu, tout aussi spécifique qu'il soit ne serait
qu'une variante appliquée de la capacité intellectuelle humaine.
Cela est précisément le sens où nous devons entendre le
mot "poésie", pour cesser de le rendre dérisoire ou de faible nature
auprès du public et même auprès d'une critique avertie. Nous
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essayons donc de nous situer dans un contexte qui ignorerait la
polémique élémentaire sur le bon goût et sur la capacité d'analyser la
valeur du produit. Cet essai tente de vouloir comprendre le
phénomène "image" en tant que perception de matière transformée,
mais il ne saurait déterminer la qualité de l'image créée. Il est certes
difficile de rejeter cette association de message obtenu et sens du
message, mais je demanderai toutefois au lecteur d'éviter cet
assemblage.
Il se peut également que des objections d'analyse éveillent sa
conscience et lui offrent des réflexions divergentes de ce qui est
proposé. Il est dans la nature de l'homme de penser autrement ce que
tel autre s'est évertué à prouver. C'est avec l'opposition et le doute
que la pensée évolue. Le progrès y gagne dans le débat.
Mais est-ce un tort que de vouloir comprendre comment
s'organise la matière poétique à l'intérieur de l'esprit et d'essayer de
s'en faire une idée plus précise ? Une chose simple acquise : il serait
vain de confondre sa nature avec l'étendue géométrique. Quoique... Il
paraît difficile d'ignorer le relationnel sensoriel, émotif avec la
perception de la nature. Le phénomène poétique, s'il est bien un
travail de l'esprit, puise sa vérité en tenant compte des informations
extérieures, qu'il reçoit. La mémoire de la nature devient alors
nécessaire pour déterminer l'origine poétique et pour lui constituer
un fondement solide. Sa volonté de transformer sa perception n'est
pas toujours comprise et son efficacité sur notre entendement ne
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porte pas à tout coup. Il s'agit ici d'un décalage de sensibilité entre
l'exécutant et le receveur. Le mariage semble parfait quand
l'exécutant et le receveur sont de même perception, ou cohabitent en
un seul individu. Nous avons essayé non pas de déterminer sa valeur
en nous basant sur une critique unitaire mais bien générale.
Nous n'aborderons le problème de cette poétique que dans
la mesure où elle essaie d'analyser l'épineuse difficulté de sa
sublimation et des origines de sa créativité. Il n'est pas question ici
d'aborder l'étude comparative de la valeur poétique, mais de
comprendre les mécanismes de sa sublimation.
Ces mécanismes de l'intelligence à travers les générations
littéraires ont été que très peu étudiés. Plusieurs raisons peuvent
justifier ce désintéressement. Son étude en elle-même qui nécessite
une bonne connaissance du fonctionnement subliminal. Son utilité
qui semble contestable auprès des professionnels de l'écriture. Les
poètes eux-mêmes, possédaient-ils suffisamment de capacité
analytique pour proposer une interprétation solide du phénomène ?
La compréhension de ce phénomène particulier, peut selon
diverses analyses déboucher sur des conclusions différentes. Que l'on
vienne à considérer la sublimation comme un simple transfert
d'énergie sexuelle, ou comme un état activé ou latent selon les
individus répondant à des capacités intellectuelles, nous devons
reconnaître que ces deux traductions de l'acte créatif ne sauraient en
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rien nous satisfaire. Dans un cas comme dans l'autre, la clé de la
compréhension passe par l'étude interne du cerveau. Il faudrait pour
cela que nous possédions un moyen pour assister au travail cérébral
de l'intelligence. Dans le domaine médical, les derniers outils
(scanner, résonance magnétique) sont de faibles utilités pour
véritablement comprendre ce qui se passe à l'état de conscience.
Encore faudrait-il prétendre que c'est seulement à l'état d'éveil que
doit se concevoir son étude et son interprétation. Le matériel utilisé
peut tout aussi bien s'accumuler durant la période de rêve, de
sommeil, ou de conscience dérivée ? Où puise-t-elle réellement son
origine ? D'où provient l'acte subliminal et pourquoi cette aptitude
plutôt qu'une autre ?
L'essence même de l'acte subliminal est une aptitude
difficilement cernable, - et c'est une vérité communément admise par
les psychologues aussi bien que par les savants. On pourrait toutefois
se demander si une analyse examinant les faits par l'exécutant luimême,
permettrait d'exprimer une autre hypothèse. Ce parti pris,
cette option de l'intérieur fausse le résultat observé mais prétend être
au cœur du problème.
Il y a donc une connexion puissante entre l'état de
conscience et l'intelligence créatrice. Cela se situe au niveau de la
capacité inventive. Il y a une solidarité incontestable entre le créateur
et l'œuvre obtenue. Il nous faut donc comprendre comment le travail
réalisé nous permettra d'interpréter les mécanismes sublimes de
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l'artiste. Le dessein et sa forme nous offriront-ils les moyens de
pressentir le déroulement de la tâche exécutée ? Si le fait
psychologique tire son origine d'un certain type de conscience
cérébrale, peut-on en exploitant une sorte de parallélisme entre le
comportement de l'exécutant et l'œuvre réalisée obtenir de ces séries
d'analyse une réponse à l'acte subliminal ?
Le psychologue cherche à s'appuyer sur des informations
biologiques précises pour comprendre le fait intellectuel et exploite
des données sur la science de l'esprit pour en extraire la capacité
subliminale. On exige donc des faits rapportés qu'ils donnent des
informations suffisamment précises pour exprimer des hypothèses ou
tirer des vérités. Nous allons montrer dans ce petit essai que le
résultat artistique exploite la valeur du souvenir et cherche à le
transformer. Nous nous situerons donc dans l'espace de la mémoire.
Et c'est encore l'utilisation d'une certaine matière par l'esprit que nous
nous efforcerons de démontrer. Sans nul doute, la mémoire des mots
ne suffit pas à elle seule à découvrir les mécanismes de l'acte créatif.
Il faudra étudier la capacité à symboliser que possède le poète, son
aptitude à condenser, à dériver, à mêler images, sons et situations.
C'est en parvenant à étudier de manière systématique les aspects
obscurs de ce problème que nous parviendrons à l'aborder plus
lucidement.
Nous essayerons de l'expliquer. D'une manière plus
générale, l'acte créatif nous semble aller bien au-delà de la
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conscience cérébrale. J'entends que les sensations perçues de
l'extérieur entrent pour une grande part dans la production poétique.
Une pensée complexe créée par le cerveau s'accompagne de
charges émotives, d'informations sensorielles qui tirent leur origine
de la conscience, elle-même, mais peuvent provenir de la perception
extérieure également.
C'est dire que différentes relations externes et internes
entrent en considération pour la production d'images mentales. Le
comportement accompli est loin d'être simple.
Il y a donc des perceptions nuancées dans cette vie mentale,
et notre analyse critique s'effectuera à différentes hauteurs, tout au
plus près de l'action - comme participant et agissant - tantôt de
manière assez éloignée, selon le degré et l'intensité de concentration.
Là est l'une des idées principales de l'analyse poétique : cet état
psychologique d'une assez grande complexité nécessite une
concentration extrême pour pouvoir déceler quelque chose. De
nombreux retours s'avèrent indispensables pour percevoir
convenablement le produit poétique obtenu.
À vrai dire, le lecteur ne paraît pas avoir tout à fait tort de
rejeter cette perception difficile de l'art. Sans conteste, elle nécessite
de grandes opérations de l'esprit, un effort toujours renouvelé, avec
une jouissance rarement atteinte comparable à celle que l'on peut
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éprouver dans les autres disciplines. Peut-on toutefois aider le lecteur
à résoudre cette difficulté ? Est-il possible de proposer autrement
l'exercice poétique ?
Nous n'avons jamais cru, au début de cette recherche, qu'il
pût y avoir une possible connexion entre la signification intérieure
proposée par le poète, et la perception de cette signification reçue par
le lecteur. Il nous semblait impossible de rendre réaliste ce que ce
poète s'était évertué à idéaliser. Cette connexion n'est jamais tout à
fait réalisable quand bien même elle s'effectuerait par un esprit
intime et d'une sensibilité proche de celle de l'auteur.
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L'ÉVOLUTION POÉTIQUE
Les anthologies de notre poésie, si incomplètes qu'elles
soient, nous laissent entrevoir le dessein de l'évolution créative à
travers une adaptation ininterrompue depuis des millénaires. Il est
trop tôt encore pour savoir si cette ligne se brisera, si elle monte
encore, si elle tend à se stabiliser, voire à décroître. Elles nous
montrent une étonnante sensibilité de la conscience du poète, à
l'invention souple ou complexe qui cherche à exprimer une émotion
en exploitant des mots chargés de signifiants. Cette volonté de créer
s'est constamment développée dans des environnements culturels ou
sociologiques précis. De là a certainement résulté cette conséquence
d'adaptation littéraire à une situation déterminée. Il sera peut-être
difficile de tenter de comprendre les apports des éléments extérieurs
dans l'acte créatif final. Nous essayerons toutefois d'analyser le
comportement de l'acte créatif dans sa logique avec les mots, les
sensations et les perceptions extérieures.
L'intelligence poétique baigne dans un espace de mots,
d'images et de syllabes. Elle s'élance et se laisse emporter de
découvertes en certitudes, d'expériences en nouvelles spéculations.
Elle progresse en exploitant la raison, sa logique et sa propre
détermination spatiale ou géométrique.
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Notre pensée est rarement apte à exploiter le champ poétique
de l'inspiré. Elle pénètre peu dans la vraie nature de l'autre, et ne
saisit que de manière insignifiante le message profond remis.
Conçue pour la nourriture de l'imaginaire, dans des
situations impalpables, créée pour agir sur du matériel délétère,
comment s'adapterait-elle à une perception quantifiable et aisément
déterminée ? Le plus souvent exclue, délaissée et marginalisée, par le
mouvement évolutif lui-même, révélera-t-elle le défi du troisième
millénaire ? Cela est peut-être faire preuve d'esprit chimérique que de
prétendre qu'elle sera apte à résoudre ce difficile problème.
Nous comprenons aisément que cet état d'esprit, cette
conception de la réalité qui entre dans le principe de notre pensée,
répond que fort peu aux aspirations et directions du plus grand
nombre.
S'adapte-t-elle réellement aux certitudes d'existence ? En a-
t-elle perçu le fondement et son avenir ? En vain, le poète cherche à
plaire, poussant l'autre dans son espace imaginatif, sans grand succès
le plus souvent. Le message est trop complexe, n'a pas d'impact
direct, mais est reçu après travail de l'intelligence, recomposition de
la faculté créatrice, c'est-à-dire avec des moyens que très peu
possèdent. Le poète ne doute pas de son propre raisonnement, il
avance rempli de confiance, assuré de sa bonne route. Il jure de ne
pas pousser autrui dans un labyrinthe fangeux, aux ténèbres
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obscures, pourtant nul ne veut le suivre ou se risquer à emprunter son
chemin.
L'expérience prouve qu'un décalage conséquent de
génération a rendu crédible la voie tracée par l'innovateur. Elle
démontre que sa méthode d'investigation, les supports imagés
exploités, la stylistique permettant l'assemblage de ces mots, ce
langage en quelque sorte différent et inconnu était le bon, et s'avéra
des plus utiles.
Pourtant la poésie contemporaine prétend avec aplomb
s'intégrer dans la réalité du quotidien, que cela soit par les poètes de
la résistance ou du spatialisme, de la nature ou de la modernité.
Elle avait montré autrefois, sachant se mettre au service des
grands pour glorifier leur règne, sa qualité d'esthétique dans la grâce
de son discours. Saura-t-elle s'adapter aujourd'hui à l'évolution de
notre société et éclairer les êtres vivants sur leurs comportements et
leurs actions ? Là voilà encore, agitant son immense phosphore,
manœuvrant sa lumière au fond des ténèbres obscures pour illuminer
la conscience du monde. Elle exploite la mémoire de son passé et
prétend par la force de sa pensée participer à la considération idéale
du comportement humain. Il est vrai qu'elle subit des blocages, des
interdits quand ce ne sont des mépris et des quolibets. Elle voit sa
logique imaginative rejetée au rang dernier. Etouffée, asphyxiée,
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confrontée à d'incroyables difficultés, elle renonce le plus souvent à
sa volonté première.
Elle n'a pas les moyens d'entrer dans la réalité matérielle.
Son espace est l'imagination. C'est avec des mots qu'elle recompose
une imitation du réel, en exploitant la symbolique et l'analogie. Elle
essaie de pénétrer dans l'essence de l'inconnu qui lui échappe, qui est
fluide à sa manière, elle veut en déterminer les relations et accéder à
sa nature. À la fois remplie d'orgueil et de génie, la voilà soumise à
une immense humilité. Sa forme intellectuelle est le plus souvent
inaccessible, à l'exploitation délicate. Elle ne peut pénétrer dans
certains corps jalousement protégés par une barrière matérielle. Son
champ d'action est bien l'irréel et l'impalpable. Elle spécule sur des
images en utilisant une rigueur mathématique et morphologique
indiscutable. S'il y a déformation de la réalité, interprétation autre du
réel quantifiable, c'est que le poète ou l'artiste en général prétend voir
autrement, avec un oeil différent. Vrai, il déforme, il transforme, il
crée. Mais cette création s'avère curieusement coller à la réalité
future. Le poète est bien celui qui anticipe.
Il est pourvu d'une intelligence qui tend vers l'action
intérieure, il veut analyser la réaction qui s'ensuit. Il produit un objet
chargé d'émotions, il en reçoit le message. Y a-t-il contradictions,
aberrations qui heurtent sa spéculation ? Quand bien même il ne
pourrait atteindre son but, sa volonté d'agir ne serait être méprisable.
Appliquer sa capacité intellectuelle à ce genre d'exercice révèle d'une
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audace de l'esprit. Le poète prend le risque d'être rejeté, méprisé,
incompris. Il n'a aucune finalité financière. Il va chercher le bâton et
peut se faire frapper. Telle est sa gloire !
Cette aberration vient du fait que le poète applique sa force
créatrice sur des objets rarement reconnus par le plus grand nombre.
La capacité imaginative de l'ensemble s'exerce sur des supports plus
grossiers, nécessitant moins de décomposition, moins de travail en
quelque sorte. Il n'est pas question de transmettre une valeur
artistique pour que l'autre en perçoive fidèlement le message. Non,
l'autre doit fabriquer par lui-même l'image à travers le matériel reçu.
Jamais le poète ne pourra prétendre transmettre avec exactitude
l'impression du produit. On comprend l'immense difficulté que peut
engendrer sur notre esprit la nécessité de transformer des objets pour
les rendre comestibles à notre intelligence. Il y a volonté d'animer de
la matière dite morte.
Faut-il cesser d'approfondir la possibilité poétique ? Faut-il
s'en tenir à une représentation lyrique de l'émotion qui emporte les
sens, exalte ou enivre et disparaît ? Nous verrons à travers les
différentes analyses qui ont été proposées dans ce petit essai que
nulle solution plausible n'a pu être envisagée. Une sorte de fatalité de
l'incompréhension semble régner. L'avenir ne laisse rien espérer.
L'hégémonie de l'image télévisuelle soumettra l'image à concevoir à
l'état de misérable mendiant. Mais l'activité de cette forme de vie
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sous-jacente, nombriliste, autarcique doit toutefois être menée
encore.
Il le faut, si l'on ne veut pas que la capacité intellectuelle
rejette tout ce qu'elle possède de rêve et d'imagination pour
uniquement se consacrer à former des esprits de rigueur et de
logique. La ligne de progrès qu'emprunte l'homme semble se
développer sur d'autres aspects de la conscience. Cela serait erreur de
mépriser tout un pan de notre activité humaine prétextant que
l'essentiel se situe ailleurs, car la poésie doit participer au
mouvement évolutif de notre civilisation. En se rapprochant des
nouvelles techniques et technologies, en fusionnant avec elles, la
poésie doit coexister et tendre vers le haut, poussée par ce progrès
vital.
Car il s'agit encore ici de développer une forme de
l'intelligence qui n'est pas uniquement évanouissante ou nébuleuse,
mais qui est une partie complémentaire des autres formes de pensées
logiques ou rationnelles. Là s'imposent des puissances de l'esprit et
de l'entendement dont le grand public n'a souvent qu'un aperçu
confus et superficiel, mais qui doit être éclairé pour accéder à
l'œuvre.
C'est dire si la connaissance artistique et le savoir
scientifique nous paraissent intimement mêlés l'un à l'autre. Un
principe d'existence terrestre qui rejetterait cette connaissance serait
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comparable à l'acte d'un homme qui se crèverait les yeux, prétendant
qu'il n'a pas besoin de voir. Le savoir scientifique doit lui aussi
admettre le bon fondement de l'art mis à sa disposition. Il ne peut
ignorer des faits prétextant qu'ils n'entrent pas dans son cadre
d'existence.
Ces deux formes d'intelligence pourront par une méthode
plus rapprochée, accéder aux grands problèmes que se pose
l'humanité. Mises au service de la philosophie, elles parviendront à
faire avancer la pensée. Elles réussiront aussi à nous instruire sur
l'origine de notre intelligence, sa genèse et son dessein initial. Par
une analyse fractionnée, ou un plan d'ensemble, elles nous
permettront de mieux comprendre la nature même de notre esprit.
Mais cette conception de l'entendement a peu de chances de
se crédibiliser immédiatement. Chaque système de pensées se
présente avec sa différence et sa spécificité. L'effort sera collectif et
interactif entre des hommes qui accepteront de se compléter, et de
dépendre les uns des autres. Il faudra définir ce que l'on cherche à
comprendre et la méthode que l'on désire employer.
Le mouvement de ce petit essai ne prétend pas résoudre de
telles difficultés. Il cherche à mieux comprendre le mécanisme
cérébral qui découle d'un acte créatif, et vise à valoriser une
discipline souvent méprisée et rejetée par le public.
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LE CHOIX DES IMAGES
Nous allons prétendre pour un instant que nous ignorons
tout des techniques poétiques et de la maîtrise des règles, que nous
ne possédons aucune certitude concernant le rythme et l'accent, le
compte et le chiffrage.
Nous voici donc en présence d'images, confrontés à des
sortes de formes vagues et délétères auxquelles nous essayons de
donner une contenance. Ces images semblent perceptibles peut-être
pas dans leur essence totale, mais toutefois leur nature est
transformable par le moyen des sens. L'ensemble de ces images peut
former une sorte de cohésion ou être lu de manière indépendante.
Elles agissent encore les unes sur les autres par une loi que l'on
appellera synergique. Leur actif émotif se mêle, s'engendre et se
fortifie au contact de leurs parties élémentaires, cela peut se
comparer au mélange des différentes couleurs qu'offre la palette du
peintre pour obtenir des tons nuancés.
Le poète utilisera donc son matériel de mots, qui formeront
immédiatement des images ou des possibilités d'images, et se fera
fort en exploitant la technique d'écriture, le sens de l'organisation et
sa sensibilité esthétique, d'obtenir un produit musical de qualité
certaine.
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L'avenir de ses images est déterminé par son degré de
critique. Il y a le j'accepte ou je refuse, le je prends ou je jette. On
veut supposer que cette perception de choix provient de son sens
esthétique raffiné, ou de son expérience dans l'étude des anciens.
Mais il y a encore une raison qui peut justifier cette sélection
d'images, c'est la volonté de produire des combinaisons ou d'accéder
à des solutions que nul avant lui n'avait osé mémoriser sur le papier.
Il s'agit ici de l'acte créatif, par excellence. Il est à remarquer que ce
n'est pas seulement la nouveauté de l'image qui justifie de
l'innovation, mais cela peut tout aussi bien découler du matériel
grammatical et de son agencement.
Je reçois donc des informations qui proviennent de l'extérieur
que je dois mêler, mélanger à des affections dont l'origine est interne.
J'examine plus ou moins, en fonction de mon degré de critique, le
pourcentage que je donnerai aux uns et aux autres, et ce dosage, ou
cet excès de dosage me permettra d'accéder à une combinaison écrite.
Ces perceptions externes et internes sont constamment critiquées,
acceptées ou refusées mais elles sont accompagnées d'un matériel de
langage qui correspondrait à du ciment pour la construction d'un
mur. Je balance ou je spécule entre des mouvements d'informations
perçues du dehors ou produits par le dedans. Je détermine mal
l'influence des uns et des autres, la résistance de la critique, ou
l'aberration de la solution pour la technique d'écriture. Ces différents
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paramètres jouent un rôle plus ou moins prépondérant en fonction de
la valeur du moment que je leur accorde.
Je passe en revue les diverses invitations à agir ou à ne pas
produire de coups, car la critique est parfois revêche et s'entête à
refuser toute offre de départ. J'écoute de très près, je veux dire : mon
attention est à son extrême, ma communication est parfaite. Que vaisje
faire ? J'observe des mouvements à peine perceptibles, des sortes
de propositions basées dont l'exécution est encore à déterminer. Je
puis avoir l'indication d'une solution à extraire, - son acceptation ou
son refus sera fonction de l'exigence du choix. J'invoque, j'évoque, je
plonge dans ma mémoire. Je dois encore en quelque sorte organiser
un monde, produire dans un espace. Mais je n'en connais ni ses
limites ni ses fondements. Je me dédouble et mon critique va
déambuler ou se mouvoir dans cet ensemble, jugeant de ses effets et
de ses propriétés.
J'interroge cette conscience sur ce qu'elle décide dans le
choix des solutions : elle me répond en tachant de proposer la
combinaison idéale. Elle hésite parfois, et offre plusieurs coups. Ses
solutions s'expriment sous forme de sentiments, d'émotions ou de
sensations. Je suis le critique, donc je prétends détenir l'initiative.
Mais la conscience est toujours présente - jamais ne s'enfuit, jamais
ne disparaît tout à fait - du moins pour demander des associations
nouvelles après mes refus.
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Tout se passe comme si critique et conscience se
juxtaposaient dans la simultanéité du temps pour prélever, combiner,
associer des groupements de mots puisés dans un immense réservoir.
Rien ne pourrait réellement se produire sans la capacité phénoménale
que détient la mémoire.
21
LE SENTIMENT DU BEAU
Il faut reconnaître que le sentiment du beau, que sa
détermination même soumis à une analyse rigoureuse ne peut pas
pour autant être décelé. Peut-être que la difficulté que l'on éprouve à
le déterminer vient surtout du fait que l'état du beau est défini d'après
un état antérieur reconnu dans l'Art. Les références des générations
passées sont alors les moyens qu'emploie le critique pour justifier de
l'essence du beau. On pourrait se demander si le critique ne saurait
pas aller au-delà de sa propre mémoire, de son propre système de
références culturelles - sauter le pas en quelque sorte - et tenter de
comprendre dans l'audacieux, dans la nouveauté et l'original. Et ce
n'est pas raisonner bien loin que de s'imposer une stricte méthode
d'analyse pour étudier le beau et son évolutionnisme dans les œuvres
produites. Par un effort de transitions possibles, de l'art à l'art, le
critique parviendrait du moins à comprendre le système d'évolution
transformelle.
L'on comprendrait peut-être un peu mieux comment les
générations d'artistes qui se sont succédé ont pu activer leur capacité
créatrice pour modifier de manière significative l'acquis imposé par
les anciens.
Dans les procédés couramment employés par les artistes, on
trouve l'aptitude de dériver le travail final de l'autre, - un peu comme
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s’il y avait cette volonté de perfectionner une invention ou une
découverte en y ajoutant des ingrédients inconnus. Il y aurait donc un
système de variables plus qui modifierait de manière significative le
contenu et la forme de l'autre.
Chez le poète, l'actif qui produit des images nouvelles
impose au lecteur la perception d'un sentiment émotionnel inconnu.
C'est le plus souvent la création d'images qui en perturbe
l'assimilation facile. C'est parfois la structure grammaticale
audacieuse ou carrément différente qui opère par la résistance un
effet négatif. Le rythme, l'accent ou la musique offrirait pourtant des
supports pour mieux favoriser la nouvelle reconnaissance.
Si des œuvres poétiques de la période antique expriment des
sentiments superficiels, des émotions lyriques qui caressent et
exaltent une âme prête à s'emporter, en opposition des exercices
symboliques et obscurs, des tentatives audacieuses d'associations
surréalistes donnent un sentiment d'hermétisme et de blocage.
L'émotion rendue à je ne sais quoi de désertique ou d'infranchissable
et la volonté du lecteur se perd dans cette résistance. On trouvera
dans la sculpture, dans la peinture ou la musique contemporaine
certains effets analogues perçus par le critique. L'asymétrie des
formes, l'association de matériaux indépendants, le déplacement du
centre font que notre capacité de percevoir hésite et refuse de
proposer à la conscience ces changements significatifs. C'est toute
notre personnalité qui en est perturbée. L'hésitation même légère
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concernant un trait, une courbe ou une couleur suffit à remplir en
nous cette idée de refus. Ainsi l'œuvre qui suggère en nous des
sentiments nouveaux à développer peut provoquer son effet
contraire : le refus définitif.
Le seul moyen efficace pour crédibiliser un exercice nouveau
serait de l'imposer avec insistance, à nombreuses reprises, dans l'esprit
du critique. Le poète est rarement compris à la première écoute, et c'est
le plus souvent une longue amitié auprès d'une communauté de
confrères qui tend à crédibiliser le produit poétique ainsi obtenu. Cette
communauté d'ailleurs, à son tour, peut exercer une influence heureuse
ou néfaste sur le poète, et l'induire en erreur. La capacité de percevoir
est alors perturbée de manière négative par le milieu.
Il résulte que cette analyse du beau est un sentiment spécial,
déterminé par la caractéristique que lui confère le critique. Il suggère
une valeur, mais ne peut en déterminer la raison. L'émotion paraît fixée
dans la mémoire sous l'effet de la culture assimilée dans le passé.
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UTILITÉ DU BEAU
L'acte créatif artistique s'avère-t-il réellement indispensable ? Estil
nécessaire qu'il y ait cet habillage de la matière, cette organisation
choisie et non pas aléatoire ? Cette question peut, en vérité, se poser si l'on
oppose l'art à la science. Il faudrait prétendre que l'utilité du beau est
seulement d'ordre admiratif et ne possède nulle fonction efficace entrant
dans un principe organisé. Il est une sorte de statue unique, se suffisant de
soi-même, que l'on contemple telle une image qui peut apparaître et
disparaître à tout instant, sans lien quelconque avec une action d'utilité
"dite" matérielle.
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L'ESTHÉTISME POÉTIQUE
Les structures esthétiques nous offrent des exemples assez
frappants de cette évolution progressive d'éléments nouveaux dans
l'émotion fondamentale qui, si elles ne semblent pas toujours en
accroître la grandeur, en modifient du moins de manière radicale la
nature. Veuillons considérer la plus controversée d'entre elles, je
veux dire la sensation poétique. Ce n'est d'abord qu'une perception
visible de quantité morphologique, puis c'est une volonté d'accomplir
un effort de lecture pour produire un état psychologique d'élévation,
de charme ou d'émotion. Il y a donc une quantification visuelle qui
permet d'identifier le produit à lire. Il peut y avoir blocage ou refus
devant l'exercice à accomplir. Une production importante peut
provoquer un rejet catégorique de la part du lecteur. C'est donc la
perception d'une certaine difficulté, d'une certaine résistance dans
l'exécution de l'effort. Et comme la recherche immédiate du
comportement consiste à préférer la facilité à l'attitude d'effort,
l'objet poétique peut engendrer une sorte d'exclusion.
L'amateur tendra vers l'aisance supérieure, et préférera à cet
exercice de résistance visuelle un accompagnement dans la ligne qui
peut produire le danseur, le sculpteur ou le peintre. Le premier
mouvement manque de grâce et impose un exercice saccadé de
lecture, de combinaisons et d'associations. La réceptivité de la
discipline est indirecte - il n'y a pas message immédiat d'une
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substance à recevoir, mais bel et bien une volonté de travail de la part
du lecteur. Il lui faut devenir actif pour comprendre et assimiler. Et
cet effort ne peut pas se fondre dans le plaisir. On voudrait toutefois
croire que le rythme et la musique qui accompagnent le vers en
faveur de l'amateur portent la grâce et le mouvement. Cela ne paraît
pas suffire. La décomposition saccadée du vers casse cette espèce de
communication entre le lecteur et le poète, qui ne veut plus suivre la
nouvelle proposition offerte.
Les structures esthétiques ont connu une évolution
considérable sur ce dernier siècle, et l'artiste a imposé à son public de
concevoir et de penser autrement l'objet reçu.
Il serait vain ici de vouloir analyser en quelques coups de
crayon le transformisme constant qu'a subi l'art sur ces dernières
décennies, mais pour en revenir à la coordination poétique, nous
devons remarquer que tous les efforts réalisés par les poètes n'ont pu
engendrer chez le lecteur un quelconque intérêt.
27
LA PERCEPTION DU LECTEUR
Toute la difficulté du problème qui travaille l'esprit du
lecteur vient de ce qu'il doit se représenter une perception pour
ensuite en tirer du plaisir. L'image ne lui est pas mâchée, décortiquée
pour être prête à consommer. Il lui faut la concrétiser. La perversité
de cet art vient de ce que le lecteur doit penser à la manière du poète.
S'il ne peut "coller" à son système de pensées ou de fabrication de
perception, l'effet est nul. La poésie devient une langue à part, une
sorte de langage compris par l'inventeur et quelques initiés. Il
faudrait supposer que le système de perception associé à l'activité
cérébrale offrent quelques possibilités d'émotion et d'élévation. Le
poème ne peut pas être compris à la première lecture. Le premier
passage ne permet que de faire un repérage grossier, une sorte de
détermination globale. C'est pourquoi de nombreux retours s'avèrent
nécessaires pour tenter d'attraper ou de communiquer avec la pensée
de l'auteur. Mais qui accepterait de s'imposer un effort de
l'intelligence pour capturer une substance qui donne qu'un intérêt de
second ordre ? Qui ?
L'élan refuse d'aller à l'action. Il rejette même le texte à lire,
prétextant qu'il ne pourra rien y déceler, que sa structure mentale ne
lui permet pas de l'intégrer. Et que faire ? Il faut donc rendre
accessible le produit poétique. Le seul moyen, c'est encore de le
simplifier, de le rendre abordable immédiatement.
28
MÉTHODE DE LECTURE
Quand je lis les vers d'un poète, je ne peux prétendre
posséder la capacité de pénétrer dans sa raison, d'intégrer les
différents états de sentiments qu'il a cherché à insérer, de recomposer
dans l'ordre du déroulement les moments très complexes qu'il a
désiré exprimer.
Je sais seulement qu'il a prétendu faire vivre des
impressions, et que le matériel utilisé est composé de mots, de sons,
de phrases et de structures. J'entre alors dans son inspiration,
essayant de ne pas trop me hâter de crainte d'analyser faussement
l'effet désiré par l'auteur. Je puis aisément couper le mouvement
continu du poème, car je prétends que l'inspiration est un acte - la
plupart du temps - divisé. Mais je dois le plus souvent rechercher cet
état de conscience vaporeuse ou relâcher quelque peu ma
concentration pour que l'exercice sonore du produit poétique
devienne bercement musical agréable à percevoir. J'en oublie alors le
sens des mots pour focaliser mon attention sur leur effet
instrumental.
Je préfère prononcer à voix basse le texte plutôt que de le
lire avec mes yeux ou de le déclamer fortement. L'effet poétique me
semble plus vrai, je deviens un prêtre dans une cathédrale conscient
29
de la propriété acoustique du lieu, j'essaie de me transformer en
ingénieur du son dans ma chambre d'échos.
Bien au centre du poème, les sons successifs prennent de
l'ampleur, l'intensité du travail musical atteint son point maximum.
L'analyse de l'écriture poétique est un tout autre exercice de
la pensée qui nécessite une décomposition grammaticale des mots,
des signifiants, et de leur complexe organisation. Que puis-je
observer ? Je vois un assemblage de lettres, et je dois savoir si le
poète s'y est pris de manière réfléchie ou si cet ensemble de signes
est fils du hasard. Il me suffit de compter la distribution
voyelles/consonnes pour savoir s'il y a travail du poète ou volonté de
liberté. Je puis poursuivre l'investigation des lois et apprécier le
degré de résistance de l'exercice en fonction du nombre d'ingrédients
invisibles intégrés dans la tentative. Je sais toutefois apprécier un
texte dit libre, il n'est pas nécessaire que le travail réponde à un
nombre de lois obligatoires pour que l'auteur suscite chez moi de
l'estime. Ma critique peut se concevoir au-delà de cette ligne de
démarcation. Et heureusement d'ailleurs !
30
LA RIGUEUR ET LE LAISSER-ALLER
Si l'on considère l'ordre admirable de certains sonnets,
l'agencement quasi-mathématique sur de nombreuses propositions
versifiées, les étonnantes correspondances de nombres et de figures
ainsi obtenues, on ne peut prétendre que seules les combinaisons
heureuses du hasard ont permis d'obtenir une telle fréquence de
gains. Il est certitude qu'un travail volontaire et non pas inconscient
du poète a permis de réaliser cette addition de coups satisfaisants. Je
ne prétends pas que tous les poètes agissent de cette sorte, loin s'en
faut, puisque beaucoup se laissent aller au courant de la plume,
guider par le simple loisir d'une Muse à suivre. Mais d'autres,
exigeants et responsables devant les vertus d'un art, s'essaient à la
maîtrise d'eux-mêmes, et tentent de contrôler avec plus ou moins de
réussite, leur capacité à produire.
Et c'est bien notre intelligence qui nous offre cette
conscience de perception. Nous ne prétendons pas que le tout est
musical, et satisfait à des lois acoustiques. Mais nous pouvons
décomposer le vers en groupes de tierces ou de couplages et
apprécier de manière mécanique la correspondance des voyelles et
leur modulation au sein du groupe. Une lecture hâtive ne permettrait
pas cette appréciation.
31
LES IMAGES D'AUTRUI
I
J'étudie maintenant des images différentes des miennes, je les
emprunte à autrui. Ces configurations particulières auxquelles mon
cerveau n'avait jamais songé, je vais les intégrer dans ma conscience
pour accomplir un travail de l'esprit. Je décide donc de mettre ces
images en rapport avec ma sensibilité afin de vérifier ce que je puis
éprouver. J'interroge l'amateur du poème et le producteur de vers sur
la valeur et l'ivresse à accorder au message reçu. Ils peuvent répondre
de manière courtoise ou agressive en fonction de leur disposition
d'esprit. Ils sont capables d'ignorer l'autre avec sa différence, avec sa
sensibilité nouvelle, ou avec sa technique inconnue.
Accepteront-ils s'ils sont excités par une autre raison,
accepteront-ils de délaisser l'endroit et d'y revenir un peu plus tard,
conscients de leur inaptitude du moment à bien juger ? Comment se
comporte le critique ? A quelles raisons glorifie-t-il l'endroit, ou le
méprise-t-il dans les rencards de l'indifférence ? Que faut-il en
penser ?
Je reçois des images, l'esprit est en images. Toutes les
informations qui circulent, qui se condensent ou se développent dans
mon cerveau sont perçues sous forme d'images encore. Ma capacité
s'adapte à ce produit matériel qu'est le poème. Je dois faire apparaître
32
à travers une représentation de mots, d'accidents ou de coïncidences
des figures, des comportements de figures portés par des sensations
ou chargés de sentiments.
Voici du matériel inanimé, amorphe, à l'état de lettres, qui
renferme certes un sens, mais qui doit subir une transformation
considérable pour devenir opérationnel. Cette modification ou cette
mise en vie du poème nécessite un travail intellectuel du lecteur.
Je dois tout d'abord comprendre, faire exister les premières
propositions de mots, donner vie en quelque sorte à des idées ou
bribes d'associations - l'on voit aisément toute la fatigue que peut
engendrer un tel travail, sans oublier l'aptitude ou non du lecteur à
accomplir correctement l'exercice imposé. L'intensité de cet effort
justifie le plus souvent le refus du lecteur d'assimiler tout nouveau
paragraphe. Cela explique aussi sa quantité homéopathique et son
refus d'ingurgiter des masses énormes d'alexandrins.
II
J'étudie un quatrain, et pour tenter de le mieux imprégner, je
lis lentement en articulant chaque syllabe, en mâchant le vin du
poème : je l'intègre, je bois (un certain nombre de fois) à petites
gorgées. À chaque nouvelle lecture, une perception lucide éclaire ma
cervelle. Je prétends mieux saisir. Les mots apparaissent alors à l'état
33
d'images, d'organisation de mouvements. Ils offrent des possibilités à
caractère cinématographique ; les solutions s'enchaînent. J'intègre
des formes de souvenirs qui parviennent à s'architecturer dans ma
mémoire. À toute nouvelle lecture, j'y ajoute des ornements, des
détails qui m'avaient échappé lors des assimilations précédentes.
Je désire maintenant comprendre comment ce procédé
d'intégration s'est opéré. J'essaie de me représenter les différentes
phases qui se sont succédé pour obtenir cette perception. La
compréhension des lectures successives ne sera pas suffisante. Mais
il me faut assimiler ce que le travail de l'esprit a pu accomplir. Je
considère le poème reçu avec les doutes, les conséquences, les
interrogations qui l'encadraient. Difficile de retrouver les différentes
phases, de les distinguer, - celles qui précèdent et celles qui se
suivent sont à présent mêlées dans un même temps ! Ces lectures
passent devant mes yeux, et cette réorganisation m'apparaît délicate.
La relecture du poème me semble correspondre à un principe
d'habitude. Par habitude, j'entends qu'il y a volonté d'accomplir un
même effort, avec passages sur certains endroits et reconsidération
de la perception fragmentée ou totale. L'exercice est réalisé dans une
sorte de mécanisme cérébral qui lisant et relisant produit des espèces
de comportements automatiques par la perception. Il est à supposer
que ce travail répétitif nécessite moins d'effort, et qu'une plus grande
partie de la quantité d'énergie est alors employée pour mieux
assimiler d'autres endroits du poème.
34
On conçoit tout l'intérêt que représente pour un amateur la
volonté de lire à plusieurs fois le passage proposé. Car la seconde et
la troisième lecture offrent des capacités de perceptions ignorées à la
première assimilation. Un poème y gagne à être revu. Sa charge trop
complexe ne saurait être intégrée à la première lecture. Il lui faut s'y
reprendre à plusieurs fois pour se prévaloir de pénétrer correctement
le texte. L'image ne peut être comprise du premier coup, les
correspondances toutes reconnues avec un léger survol. Les autres
passages favorisent la constitution de souvenirs qui rendent le poème
plus familier. Les nouvelles lectures ajoutent et font varier la
perception première.
Les perceptions successives développées après chaque
lecture pénètrent les unes dans les autres et sont comparables à
différents éléments d'un puzzle pour obtenir une figure générale. La
compréhension affinée résulte d'une superposition d'analyses et de
synthèses. Ainsi l'on voit que la lecture unique du poème ne saurait
se suffire à elle-même, il faut l'accompagner par d'autres
informations.
Le lecteur est confronté à une immense difficulté, - celle
d'imaginer pour percevoir. Sa mémoire ne lui permet pas d'exploiter
une situation connue. Il n'y a aucun acte de reconnaissance
l'autorisant à évoquer le passé pour se trouver face à une situation
déjà intégrée. Il n'y a pas exploitation d'actions-souvenirs. Tout se
passe dans le présent avec la nécessité d'accomplir des associations
35
d'idées pour évoquer ou recevoir, percevoir ou sentir. La mémoire ne
peut pas retenir du passé des actes ou des situations parfaitement
coordonnées qui en allégeraient l'effort à accomplir. Il lui faut
éprouver ou ressentir immédiatement une émotion qui n'aurait aucun
caractère avec le souvenir.
36
PERCEPTION DU POÈME PAR LE LECTEUR
I
Nous nous sommes jusqu'à présent efforcés d'exprimer des
états, des sentiments assez complexes que tentait de transmettre
l'artiste. Il serait bon de chercher à comprendre comment le produit
poétique est enfin reçu par le lecteur. Nous devons admettre que cette
réceptivité s'accomplit avec des résultats jugés très insatisfaisants.
Peut-on en déceler les causes, et chercher les origines et les raisons
d'un tel désaveu ?
La justification fondamentale expliquant le blocage où le
refus du public viendrait de l'étonnante difficulté de percevoir un
message complexe nourri d'images, de perceptions subtiles,
d'arrangements audacieux nécessitant un effort maximum de
l'intelligence. La transmission de sensations nous apparaît comme un
état complexe de la perception. L'intensité du sentiment exprimé peut
varier de manière significative et une puissance de poème est parfois
reçue avec une indifférence quasi totale.
Il faut préciser qu'un lent processus de sélection du poème
permet d'intégrer, tout en conservant la mémoire des lectures passées,
une quantité plus importante de sentiments, de sensations ou
d'images. Ce qui tend à prouver qu'un poète ne peut être admis ou
compris au premier passage, mais que des retours successifs s'avèrent
37
indispensables pour accéder à l'art poétique. Et l'on peut ainsi
prétendre qu'un effet maximum sera atteint à sa lecture, puis qu'un
comportement d'indifférence animera la conscience de l'amateur. Il
lui faudra alors cesser la lecture de cet artiste, l'esprit étant arrivé à
une phase dite de saturation.
Le lecteur doit recevoir un produit poétique composé
d'images et de sensations, les deux étant intimement mêlées. Il paraît
difficile de rendre divisibles ces états de conscience, l'image
participant à la sensation par sa représentation, et la sensation étant
supportée par un actif imagé.
Quand j'écris : le ciel bleu, ceci est une image et peut
susciter un schéma représentatif. Si j'ajoute se déchire, j'exploite une
possibilité émotive qui provoquera une sensation. Par cet exemple,
on voit bien que les deux éléments sont liés et paraissent
difficilement séparables. Un seul est peu, et l'autre est un actif sans
support - une sorte de verbe en attente.
II
On admet le plus souvent que les états de conscience
poétiques composés de sentiments, de perception, d'excitations à
l'âme sont peu susceptibles de provoquer chez l'amateur une
38
quelconque réceptivité. Il y a un mur, une sorte de limite
infranchissable, une muraille protégée et inviolée. Le poète désire
tant bien que mal, en usant de stratagèmes, de finesse ou
d'intelligence de pénétrer cette place forte du mépris populaire. Nous
devons reconnaître que nul n'est parvenu à crédibiliser son produit
poétique. Les collections regorgent de poètes exceptionnels, de
génies immortels qui donnent une image d'eux grandie mais dont la
portée universelle est quasi insignifiante. On suppose une valeur à
travers une personnalité littéraire, mais cette personnalité est rareté
étudiée, lue ou appréciée. Et c'est bien la transmission de l'émotion
poétique qui ne passe pas, qui n'est pas perçue ou qui engendre le
refus. Oui, les hommes du commun se prononcent sans hésitation sur
cette discipline : ils ne sauraient reconstituer à travers des mots
renfermant des concepts sensibles, des images de qualité. Ils
préfèrent, - et cela peut s'entendre, recevoir des images toute prêtes à
la compréhension avec un effort minimal d'acuité intellectuelle. La
poésie ne peut donc être accessible à la masse. Elle conservera son
aspect élitique, rare et difficile. Sa résistance l'exclut, sa profondeur
l'enterre.
Il faut ici puisque l'opportunité s'y prête, apprécier avec
quelle efficacité les chanteurs poètes du vingtième siècle sont
parvenus en usant de support musical et de la prononciation des
textes, à faire passer dans une large opinion publique des contenus
littéraires et poétiques d'une valeur indéniable.
39
On remarquera toutefois que la poésie pure, celle qui se
suffit à elle-même par son essence imagée a subi l'accompagnement
d'effet musical et d'une articulation exprimée. Le travail a donc été
quelque peu mâché, facilité pour permettre au plus grand nombre d'y
accéder. Cette observation ne saurait remettre en cause l'immense
gain réalisé par ces chanteurs poètes. Nous devons ici les en
remercier.
40
LES INTENTIONS DU CRÉATEUR
La volonté d'accomplir un effort démontre déjà chez le
lecteur, l'existence d'une faculté esthétique qui s'associe avec la
perception normale. L'intelligence reçoit des messages organisés les
uns avec les autres et exprimera un jugement sur la nature de son
beau. Je ne prétends pas que le lecteur qui s'accouple à un critique
décèle toutefois l'intention de l'artiste. De même l'artiste ne peut
déterminer exactement sa visée et parfois le but atteint n'est pas le
but escompté. D'autres fois encore, plusieurs pistes ou propositions
sont offertes au lecteur, il s'agit ici d'une conception
multiréférentielle de l'œuvre d'art : on dit d'un poème qu'il a plusieurs
sens, d'un tableau qu'il a plusieurs degrés de lecture. Cette intention
est le plus souvent voulue par l'artiste, et cette intuition du multiple
fait partie intégrante de sa capacité à exercer sa discipline. Mais il y a
le plus souvent une volonté bien orientée de lecture dite basée et la
flèche doit atteindre telle cible.
Il faut toutefois reconnaître qu'il y a décalage dans quatrevingt-dix
pour cent des cas entre le message envoyé et la perception
reçue. L'appréciation esthétique du lecteur est en réelle contradiction
avec le travail exécuté par l'artiste. On dirait qu'un apprentissage par
l'effet répétitif s'avère indispensable pour intégrer l'œuvre, pour
l'admettre comestible.
41
Car l'intelligence créative est parfois sans concession :
produire de nouvelles formes, concevoir des œuvres révolutionnaires
engendrent non pas un effet de surprise, mais une situation
d'incompréhension totale. Baudelaire et Van Goth ont été victimes de
leur génie, de leur avance temporelle - c'est encore le fameux
décalage. Mais que faire ? Faut-il délaisser son génie, et lui
substituer du talent pour plaire, ou faut-il, au-delà de la controverse
temporelle, accepter la non-crédibilité de l'œuvre en Alpha ? Le
risque est de se voir disparaître à tout jamais... Mais qu'importe ! Le
génie même incompris sera œuvre appréciée de Dieu.
42
ANALYSE DE LA VALEUR
C'est donc une conception négative réduisant l'acte poétique
à une valeur proche de zéro qui est perçue par l'ensemble des lecteurs
possibles. Cela consiste à prétendre que le travail poétique ne
débouche sur rien. C'est une sorte de zéro inutile qui s'accole à l'Idée
du poème connu un infiniment peu. La matière même du poème porte
une appréciation négative et non pas une valeur d'indifférence. Il y a
donc refus et exclusion du produit donné. Par le recueil, par le poète,
l'Idée d'un exercice poétique se transforme en certitude de rejet. Le
paradoxe du critique est dans la constance d'appréciation négative
que peut susciter la poésie à travers des générations indépendantes et
malgré un choix exceptionnel de textes majeurs. L'analyse devient
donc constante, il y a une forme d'immobilité de la critique, la
réflexion devient immuable. Les uns et les autres confrontés à
l'ensemble des poèmes à lire expriment le même dégoût. Pourquoi ?
Ne faut-il pas condamner la matière exploitée ?
Elle est l'argile qui se glissant entre deux Idées crée le
matériel sonore qui sera entendu par le lecteur. Or il refuse cette
musique. Cette agitation de mots collés provoque en lui un dégoût
visuel et acoustique. Sa démarche intellectuelle de fabrication
d'images se heurte à un refus.
43
LIRE ET RELIRE
Nous nous plaçons dans l'hypothèse poétique. Il est
nécessaire au lecteur de se représenter une association d'images sans
avoir pour autant intégrer le flot d'images en lui-même. Il a une
indication plus ou moins sommaire dans son acte pensé de ce qui lui
est représenté, et cette partie de la représentation du poème devra lui
suffire pour recevoir l'émotion recherchée. Il ne détiendra en quelque
sorte qu'une quantité réduite de l'objet proposé. Mais à travers cette
détermination, il lui faudra accéder au charme désiré. On voit
aisément qu'il lui manquera beaucoup d'informations pour apprécier
cet objet. Il peut ou il doit, s'il veut faire preuve d'honnêteté
intellectuelle, opérer à nouveau une lecture du passage pour mieux
comprendre. Sa réceptivité est donc fragmentaire. Il ne pourra
mémoriser qu'un nombre limité d'informations dans la perception
première. Lors de son opération de relecture une représentation du
souvenir immédiat surgira, s'associera à de nouvelles informations, et
imposera des modifications suffisamment significatives pour exciter
autrement la perception du poème.
La conscience peut se sentir nourrie par l'épargne poétique
passée et encore s'enrichira de nouvelles informations perçues. Des
excitations nouvelles viennent actualiser la représentation déjà
intégrée. L'endroit poétique apparaît toutefois actualisé. On ressent
44
fortement qu'il est plus présent encore. L'intelligence a toutefois
opéré un travail d'association de mémoire et d'excitations nouvelles.
On voit évidemment tout l'intérêt que peut représenter la
volonté pour un lecteur d'accepter de lire plusieurs fois le même
passage pour tenter de l'intégrer. On conçoit aisément qu'un tel
exercice pût susciter chez l'amateur de poèmes le désir de
comprendre, d'assimiler et non pas de rejeter immédiatement le texte
lu.
Il faut donc intégrer du temps, de l'espace et du blanc en
durée plus ou moins significative pour prétendre assimiler un produit
à caractère poétique. Les comités de lecture des maisons d'éditions
n'opèrent pourtant pas de cette manière. Ils cherchent ce qu'on
appelle "le coup de foudre", c'est-à-dire la satisfaction immédiate,
prétendant imiter le pseudo-lecteur qui a besoin d'une réceptivité
d'instant.
Ce qui engendre que des œuvres dites difficiles seront
irrémédiablement rejetées, méprisées et retournées comme un vilain
tissu rempli de crasses. On se souvient de la fameuse phrase
d'Anatole France condamnant le manuscrit de Stéphane Mallarmé,
L’après midi d'un faune en ces termes "On se moquerait de nous ?"
45
L'EFFORT DE SUBLIMATION
Il faudrait aborder cette fois le véritable problème de la
sublimation intellectuelle, qui est l'une des représentations les plus
élevées de l'effort de conscience. Peut-on réellement dire que la
volonté de créer avec l'emploi de l'imaginaire suppose la capacité de
résolution du problème ? Autrement écrit, que l'artiste avant d'avoir
entamé l'exécution de son acte a déjà prétendu qu'il était apte à le
résoudre ? Il y aurait capacité immédiate d'accéder à la réalisation du
travail définitif, et toute la volonté de l'artiste consisterait à confirmer
par la réalisation de l'exécution ce qu'il avait supposé ou prétendu
être capable d'obtenir.
L'aberration de cette hypothèse est dans le privilège que
posséderait l'exécuteur d'accéder à une finalité d'œuvre sans même
réellement connaître les moyens pour y parvenir, le temps nécessaire
à son obtention et la taille de l'objet. Cet effet de conscience ou de
principe synthétique ne peut s'exprimer que sous la forme d'une
perception d'image impalpable - cela semblerait plutôt découler d'une
impression. Nous parviendrons donc à admettre que la volonté de
créer s'offre à l'esprit comme une capacité d'action et que le travail de
l'exécutant consiste à transformer l'image perçue en réalité
quantifiable.
46
Le créateur qui veut accéder à une forme se représente le
travail à exécuter. La représentation concrète de ce qu'il avance
s'obtient au fur et à mesure que la tâche s'élabore par refus, doutes et
coups d'audace. À cet instant de sublimation, l'objet prend corps et
l'hypothèse retenue peut être alors vérifiée.
Il est à remarquer qu'à l'instant même de l'exécution d'autres
états de conscience s'offre à la raison de l'artiste, et le schéma initial
peut subir des variantes d'appréciation, de choix ou de goût. C'est
encore une projection de la réalisation qui s'exprime dans sa
conscience mais variant à un autre temps de l'élaboration.
Il lui faut d'ailleurs constamment intégrer ces variables
d'exécution pour en parfaire le dessin initial. Henri Bergson dans
l'effort d'invention (L'énergie spirituelle) rappelle comment M.
Paulhan a montré sur des exemples du plus haut intérêt comment
l'invention littéraire et poétique va ainsi "de l'abstrait au concret",
c'est-à-dire, en somme, du tout aux parties et du schéma à l'image.
Il a pourtant une objection concernant l'analyse finale de ce
procédé. Comme il arrive dans grand nombre de cas, le but à réaliser
par l'artiste n'a pu être atteint. Il y a, malgré sa volonté délibérée
d'accéder à sa forme finale, incapacité de l'exécutant à se satisfaire du
résultat obtenu. Et malgré de nombreuses tentatives pour en parfaire
la forme, l'objet est loin de répondre aux critères de la première
impulsion de l'image projetée. Cette conscience de perte peut
47
engendrer chez le créateur le désir d'en cesser là l'expérience. Il
cherchait et n'a pu. Généralement, il tente d'extraire de cet échec les
éléments gains qu'il pourra intégrer dans une nouvelle tentative
d'exécution.
48
LES MODÈLES DE SUBLIMATION
Lors d'un acte créatif, les images qui se proposent, les
structures grammaticales qui viennent à la conscience de l'écrivain se
succèdent par un fil invisible qui le relie. Le à quoi tu penses,
pourquoi te vient-il ceci résultent de connexions toute intérieures.
Leur ressemblance est le plus souvent inconnue du lecteur. Elle est
parfois ignorée même du créateur qui ne se soucie pas de la façon
dont le résultat a été obtenu, mais s'évertue plutôt à comprendre quel
charme peut opérer son poème sur sa personne ou sur celle d'autrui.
Cette recherche de signification correspond à une volonté
d'introspection qui suscite que très peu la curiosité des poètes. Ils
demandent souvent par une sorte de boutade de langage qu'on leur
explique ce qu'ils ont voulu dire, étant incapables de comprendre ce
qu'ils ont cherché à y mettre.
Mais il faut bien que l'image présentée à l'esprit résulte d'un
travail cérébral précis. Le souvenir obtenu doit avoir une origine
dans la mémoire du créateur, quand bien même cette image aurait
subi des modifications importantes lors du travail de sublimation.
Est-il possible d'écrire que l'image appelle l'image, que le
mot engendre le mot et que ces matériaux de l'esprit animés par une
force spirituelle élaborent la construction du poème ? Peut-on dire
49
que l'image produit une action en favorisant l'émergence d'une autre
image ? D'ailleurs, à quelles raisons cette nouvelle image est-elle
activée ?
On connaît bien les procédés littéraires qu'exploitent les
poètes pour produire de nouvelles solutions : ils travaillent par le
principe analogique, par la représentation symbolique. Ils exploitent
le raisonnement et son contraire, ils tirent de la condensation des
nouveautés de forme jusqu'ici jamais autorisées ou soupçonnées.
Le mot lui-même par son aimantation, par son frottement
produit un autre mot et conçoit des structures grammaticales. C'est
ici un procédé distinct de l'utilisation imagée bien qu'il puisse se
définir par rapport à sa représentation, formant les éléments même de
cette représentation : les voyelles et les consonnes produisent des
mots qui définissent des sens et conçoivent des images.
On observe donc une influence de l'image sur l'image, du
mot sur le mot. Mais faut-il ignorer pour autant l'influence des
images sur le schéma poétique en cours, le flot reçu dans sa quantité
pour engendrer chez le poète une perception générale du prochain
mouvement à décider ?
À côté de l'attraction ou de l'excitation exercée par l'image
sur l'image, par le mot sur le mot, il peut y avoir une globalisation
morphologique de l'avalanche d'images qui engendre un nouveau
50
dessein à suivre. Nous passons donc d'un esprit analytique
décortiquant voyelles et consonnes, travaillant en cherchant
l'emplacement et le bon agencement des lettres, à un état de
conscience imaginatif favorisant la création ou l'émergence de
souvenirs, puis à un comportement synthétique du poète
accomplissant une appréciation générale du résultat obtenu.
L'esprit agit sur trois axes du support mental. Le premier
mouvement est mouvement de translation sur la surface plane du
papier. L'intelligence va du point A au point B par le jeu des mots,
des syllabes, ou des images à écrire. Le second plan se situe dans
l'esprit du producteur, et le travail est en profondeur, l'effort mental
est dit vertical. Il consiste à puiser, à chercher au fond de soi les
solutions d'images à produire. La troisième activité dite de synthèse
enveloppe l'ensemble des informations perçues ou lues et décide de
la nouvelle marche à suivre.
Les forces qui travaillent dans les différents cas peuvent
varier en intensité. Si la direction semble opposée, c'est leur
complémentarité qui permet la construction du poème à obtenir.
51
Translation
vertical o
profondeur
linéaire.
Les 3 D
globalisation
Mais prétendre savoir de quelle façon travaillent les
différentes forces paraît étude assez délicate. Leur intensité est
modifiée par la valeur de l'instant que leur accorde l'exécutant. Si
celui-ci focalise son effort sur le travail vertical, la globalisation sera
inexistante et l'exercice sur les mots relégué au deuxième plan. S'il
est en phase d'analyse approfondie, de recherche musicale, de
comptes de signes, sa conscience de synthèse sera rejetée et sa
recherche d'inspiré minimisée.
Il peut toutefois sans qu'il y ait interférence entre les
différentes dimensions, passer de l'une à l'autre dans une fraction
temporelle relativement courte. L'impulsion, le rejet, la synthèse,
l'analyse quoique étant des activités indépendantes sont hautement
complémentaires, la cause finale étant d'obtenir un produit
satisfaisant.
52
LA SÉLECTION DES PROPOSITIONS
L'un des problèmes majeurs de la création poétique est de
savoir comment l'exécutant accomplit ses opérations de l'esprit pour
sélectionner et prélever telle solution plutôt que telle autre. Car cette
sélection s'opère dans un choix relativement étoffé de propositions
possibles. À moins qu'il faille y voir la capacité immédiate de doute
et d'hésitation entre seulement deux ou trois combinaisons. Du moins
pourquoi ces traces de mémoire, ces impressions de souvenirs
s'offrent-elles à la perception présente ?
Il semble difficile de parvenir à séparer bien nettement la
notion d'idées et d'images aléatoires quand bien même un schéma
directeur de situations permettrait d'expliquer le choix de telle
association au profit de telle autre. Si les souvenirs sont mémorisés
de manière relativement ordonnée, il faut bien que l'intelligence
créatrice passe par une opération de brassage, de transformation,
d'accouplement facultatif proposé par le hasard pour obtenir des
solutions de combinaisons.
C'est bien une classe de souvenirs sélectionnée par le
principe analogique qui s'offre à la raison de l'inspiré et lui permet de
puiser une solution dite acceptable. Car son jugement est personnel
et la critique d'autrui sait parfaitement remettre en cause son principe
choisi.
53
Une association proposée engendre immédiatement une autre
interrogation de choix - elle engendre une nouvelle volonté de
combinaisons à trouver, en fonction d'ailleurs d'une nouvelle classe
analogue.
Quand j'écris : la fleur bleue, que puis-je ensuite proposer ?
Qu'est-ce qui se passe dans ma raison ? À quelle obligation vais-je
proposer une nouvelle association ? Dans ce cas précis, la loi
grammaticale du verbe s'impose. Exemple : la fleur bleue est perchée
sur le toit. C'est bien la combinaison "est perchée", qui est rare,
étonnante, curieuse, etc... qui provoque un effet associatif avec la
première proposition la fleur bleue.
Ce qui permettrait d'aller de "la fleur bleue" à "est perchée",
pourrait s'appeler énergie mentale, un peu comme une source
électrique nourrit de pulsions un ordinateur et fait fonctionner la
machine.
Mais le travail analogique, cette symbolique de l'esprit, ou
cette capacité que possède l'esprit à purifier, à comparer, à supposer
"ressemblant" semble assez mystérieux. Il pourrait découler de la
volonté de l'intelligence à simplifier l'information à traiter, en la
mettant dans une classe d'équivalence : Le ventre d'une femme
enceinte est une mandore par représentation de la forme. Il y aurait
donc volonté de mémoriser par synthèse de l'image, aussi. J'ajoute
aussi, car il est évident que c'est là un des travaux de la mémoire -
54
très important pour l'explication de la raison créatrice - mais ce n'est
pas le seul travail de l'intelligence pour autant.
55
NATURE DE L'INSPIRATION
Le problème que nous souhaitons aborder ici est le problème
de la maîtrise de l'imagination, s'il n'est pas audacieux de vouloir
prétendre le résoudre. Quand nous allons chercher au plus profond de
nous-mêmes des éléments présents, quand nous désirons les
combiner, quand nous exploitons des lectures immédiates ou de
passé proche, quand nous imitons le mécanisme de la pensée d'autrui,
enfin quand des systèmes complexes de proposition d'images et de
mots s'offrent à notre personne et qu'elles nourrissent notre
intelligence, que se passe-t-il réellement en nous ? Est-il possible
d'analyser l'effort ou la tension nécessaire à cet exercice cérébral ?
Peut-on comprendre le jeu et l'enchaînement des mécanismes de
représentations ? Comment ces possibilités intellectuelles
s'organisent-elles les unes les autres pour entretenir des rapports ?
Ne serait-il pas raisonnable de bien vouloir différencier le
matériel employé - j'entends les mots, les images, les souvenirs, donc
matériel de travail, du travail lui-même c'est-à-dire l'effort de la
pensée qui se concentre et accomplit la tâche ?
Toutes ces questions que l'on cherche à se poser, se
réduisent en une seule : quelle est la nature de l'inspiration ?
56
Quelle que soit la méthode employée pour tenter de
répondre à cette délicate question, on laissera de côté le problème dit
du génie, qui en vérité semble impossible à comprendre. Il
correspondrait grosso modo à une aptitude supérieure satisfaisant
aux exigences d'admiration d'une population choisie. En effet, les
critiques se sont surtout préoccupés du besoin de satisfaire un goût
d'après un système de valeurs bien déterminé, sans se soucier de la
marginalisation du produit obtenu qui peut être un véritable
paramètre d'exclusion d'une œuvre d'art pourtant réelle. N'y a-t-il pas
de chefs-d'œuvre inconnus ? Des génies à tout jamais incompris et
exclus, qui n'ayant pu crédibiliser la qualité de leur discipline auprès
de leurs contemporains sont à tout jamais tombés dans les oubliettes
de la postérité ? La réponse semble affirmative.
57
RAISONS DE LA CRÉATION
Quant à la création proprement dite, qui est pourtant
l'essence même de la poésie, notre analyse prétendra qu'elle est en
grande partie issue de la mémoire d'autrui. Le créateur est celui qui
produit quelque chose de neuf, d'inexploré et d'utile. À savoir si son
degré d'invention correspond à ce que recherche une collectivité ou
une future société d'hommes... Le jaillissement est le propre du
génie. Tout inventeur, petit ou grand, connaîtra des phrases
d'exaltations, de découvertes ou de trouvailles. La connexion s'opère
entre ce que pense et produit l'inventif, et ce dont a besoin un
système d'hommes.
L'intelligence refuse donc de reproduire ce qui déjà a été
fait. Elle ressent le besoin d'évoluer dans un espace nouveau. Elle ne
peut se suffire de la proposition passée. Elle cherchera le plus
souvent à la faire varier, évoluer ou changer. Elle ne reconnaît que
l'imprévisible. C'est bien à une raison antécédente qu'elle se
détermine de cette façon. Il y a analyse de la situation passée et
volonté de la reconsidérer.
créatif nouveau.
C'est une synthèse de situations qui engendrera un acte
58
Quel est ce privilège dont bénéficie l'artiste qui peut, par son
esprit de synthèse, ou d'analyse d'une situation passée, proposer une
combinaison subliminale issue pourtant d'une mémoire active ?
Qu'est-ce qui lui permet de penser autrement, là où toute capacité
antérieure n'avait pu y déceler une nouvelle porte ou un nouvel
espace ? La sublimation serait donc facteur d'une variante, d'un
concepteur différent, d'une perception dite anormale qui peut
exploiter l'insolite ou le bizarre, le choquant, l'interdit ou l'audacieux.
Cette forme d'intelligence ne peut pas avoir un but
déterminé. Elle ne sait où elle va, imitant à merveille l'explorateur
d'une région inconnue qui dit à ses porteurs, "Continuons,
continuons". Il faut donc posséder une immense capacité d'étude de
soi pour prétendre être apte à poursuivre dans cette action. Le
créateur est celui qui s'est pesé, et qui ne s'est pas trouvé à défaut. Il
se sait capable d'atteindre un but. J'écris un but - car en vérité, il
ignore totalement la finalité de son acte.
D'où tire-t-il son invention ? Il construit sa mémoire avec le
matériel d'autrui. Mais il emmagasine peut-être avec sa propre
méthode les informations perçues de l'extérieur. Et c'est bien sa
conception différente, sa spécificité d'être humain, cette espèce de
variable de comportement et d'analyse qui lui permet dans son acte
créatif d'accéder à un produit nouveau. Il faudrait donc étudier
l'industrie elle-même, et non pas son jaillissement. Le jaillissement
59
peut se rapporter à l'énergie subliminale, mais elle ne permettrait pas
de comprendre le contenu du travail obtenu.
60
LES DIRECTIONS DU CRÉATEUR
Cette forme d'intelligence poétique qui pense à concevoir
autrement la matière des mots possède une aptitude qui lui permet de
remettre en cause le résultat obtenu. La solution n'est jamais finale,
elle ne s'arrête jamais à une situation définitive. Elle voudrait penser
à volonté, et toujours évoluer. Le poète évolue en cherchant
constamment de nouvelles formes d'inspiration, en remettant en
cause la finalité perçue. Il tire de son pseudo-échec une capacité à
reconsidérer sa matière extraite. Le peintre, le sculpteur, hommes qui
travaillent dans la transformation de la matière éprouvent un
sentiment similaire. Une œuvre, un tableau sont lus, reconnus,
analysés et subissent un feu de critique.
On peut toutefois observer que la capacité créatrice d'un être
humain imitant une courbe logarithmique connaîtra une rapide
aptitude de croissance, puis tendra vers une sorte de maximum pour
redescendre lentement. Telle est la loi inéluctable de la vie qui passe
par
différentes
phases de croissance, de développement, de maturité et de
dégénérescence.
capacité
61
créatrice
Maximum
O
temps
Il y a donc une activité qui se situe dans la production de
solutions, et une autre activité orientée sur l'analyse des rapports.
L'on peut appeler cette analyse de rapports, l'étude de la critique.
Ce que nous devons déterminer, c'est le point d'équilibre
entre ces deux connaissances, entre ces deux aspects de l'activité
créatrice. Il est à supposer que l'entente ou que la contradiction qui
tire l'un vers le refus et l'autre vers la production nouvelle doit tendre
vers un point d'équilibre. Ce conflit intérieur peut tourner à
l'avantage du producteur, et le critique bouche cousue, laissera
l'accumulation de coups s'accomplir. Le cas extrême semble l'écriture
automatique. Dans ce cas, le critique est inexistant. Seule
l'accumulation de combinaisons sans l'ombre d'un choix est opérée.
En pensée inverse, un poète peut décider d'être un chasseur
foudroyant, de refuser toutes les propositions qui se construisent
dans son intelligence, d'aller vers une forme de blocage, d'interdit et
62
d'en tirer cette sorte de stérilité qui a si longtemps accompagné la
poétique mallarméenne.
63
ANALYSE DE L'EFFORT D'INVENTION
Il serait bon d'examiner avec attention les différentes
catégories de travail de l'inspiration et de les bien séparer en allant du
plus facile d'accès au plus complexe d'invention. Le plus simple
semble le travail d'imitation et le plus complexe, le travail de
création. Il est vrai que le tout semble parfois intimement mêlé et
l'influence agit de manière synergique avec l'acte créatif.
Il faut dans un premier temps distinguer différentes
intensités de la réminiscence ou du souvenir. La mémoire pure peut
rapporter de manière lucide et claire une information stockée et prête
à l'emploi, sans modification aucune du contenu. Son utilité est
directe. Le souvenir est actualisé sans variante aucune. La
représentation est volontaire, et son exploitation totalement conforme
à sa mémorisation. Le cas rappelle assez sensiblement l'apprentissage
scolaire d'une fable ou d'une récitation. L'ensemble est fixé dans la
mémoire de façon satisfaisante et peut resurgir ou être donné à la
conscience sans modification aucune. Le travail du rappel n'est
d'aucun intérêt, l'indispensable étant de faire surgir l'information au
moment souhaité.
L'invention complexe ou acte créatif emploie des moyens
autrement sophistiqués pour accéder à son principe subliminal. Les
procédés exploités ne font plus appel à une mémoire répétitive mais
64
développent le principe d'une mémoire active, connectant et
combinant des informations auditives, visuelles, de lecture et de
perceptions sensitives. Son travail consiste à mélanger, reproduire,
dériver, varier l'ensemble de ces ingrédients, un peu comme un
peintre s'essaye par le jeu des couleurs à obtenir des solutions
nouvelles pour sa palette. Aussi quand l'inspiré exige de son
intelligence des propositions de rappel, celles-ci ne viennent pas
s'offrir à la conscience de manière automatique, mais elles subissent
des variables de travail qui en perturbent le sens. Mais il est très
difficile d'examiner avec exactitude le travail subliminal de l'artiste,
car il faudrait pour cela pouvoir pénétrer dans les souvenirs de sa
mémoire, et lui seul a la clé de son esprit. Il s'agit ici d'une opération
qui relève davantage de la détermination psychanalytique que d'un
acte hypothétique analysable par tous.
65
LA DIFFICULTÉ D'ANALYSE
La connaissance poétique ainsi analysée y gagne en crédit.
Les origines de sa sublimation l'élèvent quelque peu. L'on s'aperçoit
toutefois que l'explication relative à ses mécanismes de sublimation
est une entreprise extrêmement difficile, qui passe par la pénétration
dans la pure intelligence. Il ne suffit plus de déterminer une masse de
souvenirs de lecture, des sensations mémorisées ou des
condensations de mots pour déterminer avec raison les différentes
catégories de l'acte créatif. Il s'agit de pénétrer dans les mécanismes
mêmes de la conscience, de la préconscience ou de l'inconscient et
d'y intégrer la volonté de l'effort propre à l'esprit, sans laquelle nulle
œuvre ne pourrait exister. Cette détermination est travail
d'introspection difficilement réalisable par une autre personne que le
poète lui-même.
Voudra-t-il toutefois s'y essayer ? Sera-t-il assez motivé
pour tenter de comprendre les différentes étapes de son acte créatif ?
Quand bien même nous voudrions nous placer aussi haut que
possible dans la conscience d'autrui pour s'y laisser redescendre
doucement, étape par étape, degré par degré, il est à reconnaître que
jamais nous ne parviendrons à assimiler toutes les finesses et les
subtilités cachées ou inconscientes, mais intégrées dans l'œuvre de
l'artiste. Sentiments et souvenirs ne sauraient tous nous apparaître.
66
Certains ont essayé d'étudier le mécanisme intellectuel d'un
artiste, ce qui semble assez plaisant puisqu'une étude s'accomplit à
travers une œuvre divertissante pour l'esprit. En revanche, peu ont
tenté d'analyser le procédé cérébral d'un homme de science
permettant d'accéder à une découverte fondamentale. Elle est
reconsidérée, - cette découverte - dans une époque, dans un système
de pensées, mais son étude pour elle-même n'a jamais été envisagée.
Si notre capacité veut en esquisser le mouvement, nous
nous sentons comme bloqués devant la difficulté de la tâche. Elle ne
peut pas aller bien loin.
67
L'ORIGINE DE L'ÉLAN
Maintenant d'où vient l'élan ? À quelles raisons la volonté
subliminale s'opére-t-elle ? Il ne s'agit pas de l'assimilation
alimentaire dont je fais allusion, qui est toutefois nécessaire au
travail cérébral, car l'aliment est source d'énergie indispensable à la
bonne marche du cerveau. J'entends ce besoin, ce désir de produire
ou de créer. Peut-on le comparer à un don mis en sommeil, à une
source latente qui ne demande qu'à exister ?
Cette exigence de création est-elle absolument nécessaire
parce que l'esprit rencontre la matière ? Se trouve-t-il dans
l'indispensable besoin de transformer la matière par nécessité d'acte
de vie ? Pourquoi ne pourrait-il se suffire d'une spéculation cérébrale
plutôt que d'intégrer sa capacité intellectuelle dans de la matière
artistique ?
L'homme manuel dit : "En exploitant une grande quantité
de force musculaire, et une faible quantité d'énergie intellectuelle,
j'accomplis mon travail."
L'homme cérébral dit : "Je produis des actes utiles à la
collectivité. Mon travail satisfait des besoins sociaux."
68
L'homme subliminal dit : "Je conçois en utilisant ma
mémoire de nouvelles solutions auxquelles vous n'aviez jamais
pensées. Je crée des produits dont l'utilité est encore incertaine. Je
dois vous convaincre."
L'homme pensant dit : "Je ne veux pas intégrer dans la
matière de nouvelles formes de pensées. Je me refuse de vous les
transmettre. Je les conserve uniquement pour ma propre personne."
Et c'est acte de sagesse.
La perfection de l'être pensant serait de refuser l'existence
la considérant encore comme actions d'impuretés.
Nous sommes donc dans la situation de l'homme
subliminal. Il exploite de la matière et cherche à la transformer le
plus audacieusement possible. On pourrait prétendre qu'au
commencement sa fonction créatrice est encore latente ou de faible
envergure. Et c'est la reconnaissance de son gain, sa satisfaction à s'y
essayer qui engendre chez lui le désir de poursuivre l'exécution de sa
tâche.
Il y a donc appréciation du progrès. La capacité se
développera entre une considération de la mémoire obtenue et la
volonté de pénétrer dans de l'inexploité. L'aptitude ainsi se
développe. Le plaisir trouvé, peut-on dire, construit le mécanisme et
69
enclenche le besoin de produire de nouveaux actes. C'est bien le
progrès ou la croyance en une aptitude de progrès qui assure un
nouvel acte subliminal qui à son tour augmentera la précision, la
force ou l'efficacité dans la tentative.
70
LE TRAVAIL DE DÉRIVATION
Qu'est-ce que le travail de dérivation ? On peut mieux dire,
en quoi consiste son acte ? On parcourt quelques fois des textes ou
des poèmes, comme si lire et recevoir n'était qu'un travail de vague
reconnaissance, comme si l'effort de conscience réduit à un strict
minimum exploitait cette suffisance pour mettre en éveil un état de
perception utile pour l'imaginaire ou la sublimation. La conscience
prélève des mots lus ou entr'aperçus et se permet par un acte de
travail de leur juxtaposer d'autres mots, d'autres concepts, qui sont en
pré-attente dans la mémoire immédiate. On comprend par ce moyen
que l'emploi d'un substantif ou d'une réflexion, peut subir une
modification certaine. L'élément offert est transformé de toute autre
manière. Nous voyons que ce qui a été lu d'un terme ou d'une
expression par cet exercice de mutation réduit la signification
première à peu de chose. Parfois ce ne sont que quelques lettres ;
parfois c'est un effet sonore qui par la raison du poète engendre une
nouvelle combinaison. De toute évidence, il y a jeu de cache-cache,
volonté d'éveil, et emploi du matériel nouveau pour l'exercice dit
d'écriture.
71
LA RATURE
I
Je veux maintenant toucher à certaines images, en modifier
légèrement le sens, ou changer de manière significative la
proposition basée. J'observe ce groupe de mots, j'analyse sa pseudovaleur,
c'est-à-dire la valeur personnelle que je lui attribue. Que va-til
se passer ? À quelles raisons cette volonté de changement
s'opérera-t-elle ? Quelles variantes me faudra-t-il choisir ? Car le bon
déroulement du texte peut en pâtir, le sens du poème subira un
changement qui en modifiera de manière décisive la portée. Ma
perception est concernée avec une intensité maximale, je sais trop
l'importance de la transformation écrite. Essayons de comprendre ce
qui se produit. Voici donc des images qui ne sont proposées par un
état de conscience, ou obtenues grâce à la perception du monde
extérieur.
Il y aura volonté de rupture, décision d'interrompre le
message transmis et nécessité d'en substituer un autre. J'impose donc
à ma conscience l'interdiction de continuer de puiser, de caramboler
ou de condenser. Mais j'exige d'elle de rectifier. S'agit-il encore d'un
principe dérivé d'inspiration puisque la substitution d'une solution à
une autre engendrera un comportement cérébral quasi identique à
celui qu'exige l'inspiration ? Je puis dire que j'accomplis un acte
similaire. On en tire que la modification est une situation de
72
l'inspiration décidée par la volonté du critique, mais elle est travail de
sublimation toutefois.
Essayons de proposer autrement cette synthèse difficile. On
dira que la rature est le résultat d'une critique, mais que la nouvelle
solution proposée est comportement d'inspiration. Les deux états
pouvant cohabiter dans la même fraction temporelle, mais ces
données de la conscience quoique subtiles et proches sont pourtant
distinctes.
II
Je veux donc supprimer une chose pour lui en substituer une
autre, et j'appelle cet acte, acte de rature. Il y a bien destruction d'une
proposition par la pensée et volonté de lui en imposer une autre.
Passage d'une action ancienne à une action nouvelle. Il y a risque,
transformation audacieuse, car la forme est encore délétère et
indéterminée, à peine proposée et encore confuse, et j'ignore
réellement si cette solution conviendra ou non.
Pourtant ce travail qui consiste à extraire des coups est
sensiblement comparable au travail d'inspiration. Je substitue une
combinaison à une autre. Dans le premier cas, nulle représentation
ancienne n'était perçue par mon esprit, puisque la page était blanche
et nul texte n'y était encore inscrit. Le fragment en lui-même de
quelques syllabes ou de quelques mots a décidé de jaillir. Vient-il du
73
Néant ou du Rien ? Certainement pas. Il est extrait par imitation, par
aimantation. Cette analyse a déjà été proposée dans différents
fragments de ledit essai. On pourra prétendre que la représentation de
cette première image qui se produit dans l'espace créatif puise
toutefois son origine de l'évocation d'une autre image ou d'une
condensation de fragments d'images.
J'ai donc accompli une destruction d'une pensée passée, et la
rature en est sa preuve physique. La première offre a été abolie,
effacée. Elle s'en retourne à son inexistence. Cet endroit a agi dans
un temps précis, dans un espace déterminé, mais sa substitution le
fait disparaître pour être remplacé par un autre objet. Nous pouvons
toutefois par un effort de représentation, tenter de retrouver la trace
de cet endroit disparu. Parfois la rature elle-même est encore visible,
et l'on peut assez facilement recomposer l'endroit biffé.
Tout en accomplissant cet exercice, je récupère sur l'œuvre
de jeunesse des passages que j'appelle Primitifs. En vérité, je propose
un relevé de variantes de nombreux textes en prose et poésie libres
ou mesurées. La pensée d'autrefois n'est donc pas totalement oubliée,
elle est sous-jacente et peut à nouveau se proposer à la conscience.
Une analyse utile consisterait à différencier les deux choix,
les deux combinaisons, et d'en tirer le système de fonctionnement de
l'écrivain.
74
DISCONTINUITÉ DANS L'ACTE D'INSPIRATION
L'acte d'inspiration ne peut se concevoir sans discontinuité.
L'acte a besoin de bénéficier d'un ensemble de temps du moins pour
s'évaluer avec exactitude, se reconsidérer, donc se penser avec
lucidité. Les éléments de briques fabriquant le puzzle du poème sont
de même nature puisqu'ils sont formés de mots. Mais les concepts
sont le plus souvent indépendants les uns des autres comparables à
des strates, à des étages ou à des niveaux où pourrait se situer chaque
spécificité du vocabulaire. Tout en appartenant au même ensemble,
ils sont placés à des endroits différents, ils sont mémorisés dans des
niches indépendantes.
Le poète ou l'écrivain devra aller de l'un à l'autre, ouvrir une
porte, passer par un couloir... en vérité accomplir un travail de
déplacement. À moins qu'il trouve l'astuce ou la méthode pour
déplacer les objets de mots, les faire apparaître, exiger d'eux qu'ils
arrivent accompagnés de toute une charge analogique, symbolique
dans laquelle il pourra puiser de nouveaux messages.
Prenons un exemple.
Le Moi écrit. Il va se déplacer pour aller chercher en A
un ensemble d'éléments consacrés à la beauté des mots, ou une
charge de valeurs équivalentes. J'ai dans cette niche A : La
75
beauté d'Hélène, La mémoire de Porphyre, Initial BB. Voilà ce
que me propose la mémoire actuelle. Je veux lui associer la
notion de pureté. Je vais voir dans la niche B. Il y a : voilures
légères, cygne blanc, ailes pures, transparence inouïe, etc.
On a donc M (A + B) --) S (A + B)
M = le moi écrit
A = niche A
S = Sublimation
B = Niche B
J'en tire :
La beauté d'Hélène
De transparence inouïe etc.
et je puis attaquer mon poème.
Schéma
A
B
P1
P2
Moi
76
Ce qui semble utile de comprendre, ce sont ces
parcours P1 et P2 que l'intelligence a opéré pour accomplir son
travail d'exploitation et d'association. La discontinuité de l'acte
créatif se situe là aussi. Pourtant l'intelligence se prolonge et
accomplit un acte lui donnant prise sur une prochaine action.
La modification d'un objet, la remise en cause d'une
combinaison proposée engendreront de même une discordance
dans le principe actif de l'inspiration.
77
TRANSFORMER LA MATIÈRE
Ainsi toute la force poétique de l'intelligence cherche à
transformer la matière des mots inertes en capacité d'actions.
L'inspiré ne se limite pas uniquement à l'accumulation linéaire de
mots ou de signifiants. Il cherche encore à organiser, à emboîter, à
encastrer les différents objets les uns dans les autres afin de produire
des éléments de vie. Tel est le travail qu'elle s'impose. C'est pourquoi
l'analyse critique constamment intervient dans cette matière inerte
pour participer à sa transformation. Il faut choisir, décider, réfuter
afin d'obtenir la meilleure organisation possible. Il est peut-être
audacieux de le prétendre, mais la force poétique cherche à donner
vie à des objets inanimés. Elle désire organiser. Elle tend
constamment vers cette vérité : décider d'une direction en accumulant
de la matière de mots. Elle sait douter, refuser, revenir, mais sa
mobilité est réelle, il y a continuité dans son champ d'investigation.
Elle n'est pas uniquement dans une constance de continuité. Elle sait
rompre, couper, cesser et revenir un peu plus tard.
Son intelligence se prolonge toutefois en dehors de l'acte de
production. Constamment elle cherche à modifier son contenu pour
en parfaire le fond et la forme. Elle remet en cause la matière
exprimée et intègre du travail nouveau dans la solution proposée. Il y
a étude, spéculation, volonté d'accomplir des progrès. On a vu à
travers les différentes études la complexité de son activité à mesure
78
que l'on approfondit sa méthode de recherche. Plus on avance dans sa
pénétration, plus on comprend qu'elle juxtapose, qu'elle condense,
impose des variables de valeur aux éléments qu'elle associe les uns
aux autres.
Elle désire obtenir un objet acoustique de qualité certaine.
79
L'APTITUDE CRÉATRICE
L'aptitude créatrice pour engendrer, exploiter, développer,
douter est donc une activité hautement dynamique qui accompagne le
produit dans son élaboration. C'est une volonté continue de
substituer, de suggérer par des traces de mémoire des objets
immatériels pour les transformer en images concrètes. Le rendement
intellectuel et le sentiment de l'effort sont donc grandement
perceptibles lors de cette exécution. Il est plus difficile de déterminer
le seuil de satisfaction du produit obtenu. Il répondrait à une
appréciation personnelle qui peut s'avérer totalement erronée.
80
LES IMAGES
Le problème semble complexe et vouloir le résoudre, c'est
souvent aller à la difficulté. Voilà un monde d'images en attente, à
organiser, à composer ; d'autres sont souvenirs éteints, exploitation
d'hier. J'avance dans ce système intérieur, et je vais percevoir des
informations. Les unes au contact des autres vont subir des
modifications sensibles ou légères. D'autres encore subiront des
variations importantes liées à la présence de mon corps. Il n'y a pas
de centre. Il y a dédale sirupeux où jaillissent çà et là des torches de
lumière. Je dois accéder à des effets disproportionnés à leur capacité
explosive. Ce qui semble peu ou insignifiant par le principe
associatif ou synergique devra engendrer des gains formidables.
À quelle raison d'ailleurs, puis-je prétendre que le
carambolage d'accents, d'hexamètres, de vers blancs ou rimés
formera une solution dite gagnante ? On sait pertinemment que le
poète doté d'un critique commet le plus souvent des erreurs de
détermination concernant la valeur de sa production obtenue. Il lui
arrive même de mépriser ou de délaisser des endroits qui mériteraient
d'être travaillés.
D'autres passages constamment raturés, surchargés ne sont
pourtant que de vulgaires morceaux infâmes. Enfin, nous avons déjà,
abordé le problème de la visibilité d'une œuvre d'art et devons
81
reconnaître notre incapacité à proposer un jugement raisonnable sur
un résultat nouveau.
Les mots, les images sont bien des variables de valeur qui
constamment évoluent ou changent en fonction de l'humeur ou de
l'état d'esprit de l'écrivain. La mémoire elle-même dont le rôle est
fondamental, - et ce sujet a déjà été abordé dans cet essai - subissant
le facteur temps perçoit de manière totalement différente une
référence nouvelle ou une information éloignée.
L'image unique, par soi-même, possède une charge émotive,
une représentation quelconque. Associée à d'autres images, elle
participe à la construction du poème. Il est évident que la perception
de cette image peut à elle seule modifier le parcours du poème et
décider de la nouvelle voie à suivre. On conçoit l'importance de
l'image unique dans l'élaboration du travail réalisé.
Je vais ici prendre un exemple. J'écris :
Le ciel bleu déchire la voûte céleste ;
A1 + A2
Elle s'écrase dans les lueurs rouges.
A3 + A4
82
Le ciel bleu représente la première image ; déchire la voûte céleste
est la seconde image ; elle s'écrase, la troisième, et dans les lueurs
rouges, la quatrième.
Ce sont des exemples. Il n'est pas question ici d'analyser la
valeur insignifiante du contenu.
Le poète peut choisir la combinaison - le ciel bleu et en tirer
une autre proposition d'écriture. Mais il peut exploiter aussi
l'ensemble des images avoisinantes, toutes vont influer sur une seule
et accomplir une action possible sur la nouvelle association à venir.
Les mêmes images peuvent donc s'activer dans deux
systèmes différents, l'un où l'image va agir par elle-même et en
modifie la marche à suivre pour l'ensemble des images avoisinantes,
et l'autre système où l'ensemble des images obtenues va décider de la
poursuite à tenir pour l'élaboration du poème.
Quel choix faut-il faire ? Quelle décision ? D'après quel
critère la solution retenue sera un principe d'analyse ou une
perception de synthèse ?
83
PROPRIÉTÉ DE L'IMAGE
Voici l'image que je détermine comme étant objet matériel.
Je puis avancer cette hypothèse puisque j'en possède la
représentation. J'ai pu prouver qu'elle existait de manière
individuelle, mais qu'elle était toutefois solidaire des autres images
qui la précédaient et jouait un rôle actif dans la fabrication d'images à
venir. L'on conçoit aisément qu'il me suffit de raturer ce qui précède
et d'en faire disparaître son continu pour prouver son existence
autarcique.
Elle peut agir sur une partie, sur une détermination, ou
devenir une précision qui qualifiera les autres images.
84
LE CHOIX
Lors d'une opération de création artistique, l'intérêt est aussi
de savoir comment s'accomplit le choix entre un nombre relativement
élevé de propositions qui toutes possèdent des particularités
intéressantes et une seule qui satisfera aux exigences du poète, et
viendra éclairer sa conscience comme une réelle vérité. Car le poète
avait le choix entre différents mots, différentes solutions. Les images,
même à l'état insoupçonné, se sont proposées. Elles étaient sousjacentes,
ou évoluaient ici et là et cherchaient à se rapprocher, à
s'associer pour former de beaux accords ou des combinaisons
satisfaisantes.
Peut-on prétendre que seul le hasard a amené ces éléments à
s'influencer de manière attractive dans l'espace imaginaire du poète ?
L'erreur consisterait à prétendre que le poète a cherché avant tout à
exprimer une idée, alors que sa volonté aura certainement été
d'associer des éléments de mots pour accéder à des solutions
musicales. L'idée en poésie ne peut pas exister que pour elle-même.
Le mot s'identifie à d'autres propriétés acoustiques, étymologistes ou
buccales.
Il faut bien qu'il y ait un schème directeur pour organiser ces
images errantes, car elles évoluent dans une conscience active. La
volonté présente décide de leur carambolage ou de leur rencontre.
85
Ces différents états de conscience seront liés les uns aux
autres à des raisons précises. Le choix ne peut révéler du hasard.
Essayons de comprendre comment fonctionne ce mécanisme
d'association. Seule la ressemblance d'un objet à un autre objet ne
peut expliquer en totalité le procédé de création. Car il y a des refus,
des rejets, des arrêts d'inspiration, des changements considérables,
des sortes de hors-texte, hors sujet, "plus rien à voir", des "c'est autre
chose". L'ensemble est dissocié et ne répond plus à la loi analogique.
86
LE SPECTRE D'IDÉE
Dans l'image, la forme ne peut pas être considérée comme
simple prise de vue pour l'esprit, sa mission est une mission de
présent et de devenir. Elle sert de caution à la symbolique et
d'explication relative de ce qu'elle représente. Elle n'a pas qu'une
existence en soi, mais elle est moyen permettant de confirmer l'idée
exprimée. Son dessein précis ou impalpable sert d'explication ou de
suggestion. Sa valeur intrinsèque est relative, car seule elle ne peut
déterminer nettement ce que le poète s'évertue à faire sentir. Il lui
faut préciser, déterminer son contour, lui associer des éléments
grammaticaux ou suggestifs pour en parfaire le signifiant.
Mais son but est le plus souvent tout autre pour le travail
subliminal du poète. Cette image qui renferme une forme peut
signifier un ensemble étonnant de messages. Mais seul l'artiste peut
en déterminer les sens. En exploitant une signification, le tire aussi
bien une autre forme d'image, qu'un outil grammatical pour la rendre
plus exploitable.
Il faut donc que son spectre d'idée existe du moins pour
suggérer de nouvelles propositions dans l'esprit du poète. Et nul ne
peut s'y soustraire, s'il souhaite poursuivre l'exécution de son travail.
Vouloir refuser une proposition de forme, c'est du moins en chercher
une autre, ou en cesser là avec son écrit. On comprend que l'image
87
imprécise contient du moins une forme qui nécessitera une précision
visuelle. Cette précision s'opérera avec l'aide d'autres mots tels des
adjectifs, des substantifs ou des verbes. Ceux-ci permettront de
construire, d'éclairer cette forme indistincte qui est née de l'image
délétère.
Le spectre d'idée retenu dans une image par l'énergie
subliminale engendrera une autre image. Ainsi le mécanisme créatif
semble lancé.
S'il n'y avait pas le à quoi tu penses, d'où cela vient-il on
pourrait supposer qu'une machine tirant du hasard des mots se
plaisant à les accoler les uns aux autres, obtiendrait un ensemble
incohérent de signifiants.
88
LE MALAXAGE
Considérons le matériel utilisé, je veux dire l'image. Toute
image est antérieure à certaines images et postérieures à d'autres. Il faudra
donc connecter ces différents états de matière qui se proposent à des
moments différents. Remarquons que ce léger différentiel temporel est à
peine perceptible, puisque les informations se succèdent dans une sorte de
continuité et de simultanéité. Ce qui semble plus vrai, c'est cette sorte de
mélange à travers les temps et les époques dont ne se soucie guère l'acte
subliminal pour combiner différentes formes de traces. Des informations
venues des profondeurs peuvent côtoyer des propositions fraîchement
mémorisées. Le temps de mémorisation ne serait pas un paramètre
d'exploitation. Seule la préconscience de l'artiste et son contenu
détermineraient l'utilisation du matériel.
89
LE POÈTE ET LE NÉANT
L'image du poète n'est pas toujours formée par la pensée.
L'effort intellectuel exploité pour parvenir à extraire cette image peut
surgir d'un carambolage heureux de solutions. Même si le but
recherché consiste à suggérer une vision dans l'esprit d'autrui, le
moyen employé n'est pas toujours une image en soi-même. Encore
faudrait-il que le poète se fixant un lecteur éventuel, - alors qu'il peut
se suffire à soi-même, cherche à développer une transmission
d'image entre soi et l'autre, ce qui est loin d'être la finalité poétique.
Est-ce la volonté d'extraire du Néant ? Ce n'est pas un Néant
puisqu'il y a réservoir ou mémoire de soi et d'autrui. Si la
représentation du Néant intervient - représentation à combler par la
certitude de la feuille blanche - il est évident que ce Néant-là ne peut
s'opposer à la notion d'être, mais il serait plutôt un sous-ensemble de
Néant à combler par la production d'images. Cette détermination peut
d'ailleurs s'exprimer sous la forme d'images à créer, de sons à
fabriquer ou d'idées à appliquer. Le poète exploite à moult raisons sa
conscience du vide à remplir.
Le poète cherche désespérément à extraire ce qu'il avait
prétendu entrevoir dans l'idéal de sa sublimation. Il produit, il veut
obtenir et quand l'acte d'écriture est enfin achevé, il constate avec
amertume que ce qu'il avait désiré est éloigné de ce qu'il s'était
90
promis. Alors il tente une deuxième fois, une troisième fois de
réaliser ou d'atteindre son objectif. Son espoir le plus souvent est
déçu. Il poursuit inlassablement la tâche, imitant quelque peu le
potier qui désire accéder avec son argile à une perfection de forme.
91
L'EMPLOI D'AUTRUI
I
J'exploite un poème, et pour ce faire, je m'imprègne de la
substance d'autrui, je lis la ligne, les lignes, je l'observe dans son
morphisme, je laisse mes yeux vagabonder pour en caresser la
substance, je papillonne, je fais la moue, - est-il utile à mon principe
d'inspiration ? Il est des auteurs dont je ne saurais douter, parce qu'ils
sont mes maîtres, ils sont les tuteurs et je suis la jeune graine qui
croît.
Je relis le poème. À chaque nouvelle lecture, une
observation nouvelle se manifeste à ma raison. Parfois c'est l'étude
d'un point de phonétique, parfois c'est un équilibre grammatical, une
organisation de mots, ou l'agencement d'un pseudo-désordre qui
éveille en moi une curiosité. J'ai la sensation ou l'impression de
mieux posséder mon sujet, de mieux ouvrir ou fermer les tiroirs de
cette armoire, et d'en mieux connaître le contenu.
À cet instant de la conscience, peut s'opérer le travail de
substitution si la capacité créatrice est véritablement à l'état d'éveil.
Je crois tenir le fil, la variable d'inspiration qui me permettra
d'extraire les premiers fragments d'écriture. Je cherche maintenant à
travers le poème d'autrui le support de ma propre poétique. J'ai
92
besoin de la présence de l'autre comme un marcheur pied droit, pied
gauche a besoin d'un bâton pour s'accompagner durant son trajet.
À présente la mémoire va agir en proposant des variables de
lecture, comme si elle refusait de se souvenir des solutions lues ou
acquises, mais en accomplissant un exercice de transformation,
d'évolution, ou encore de création. La mémoire de lecture a été en
partie oubliée et subit une modification profonde. Les lectures
passées peuvent subir d'étonnants coups de gomme, la mémoire
s'efface, et ses blancs peuvent être remplacés par d'autres produits de
lecture, ou coups de la vie quotidienne, comme des situations, des
images mentales ou des souvenirs.
Ma production nouvelle est encore accompagnée, encadrée
plus ou moins nettement avec les circonstances d'autrui. Je ne veux
pas toujours m'en départir. Car l'exercice de l'autre peut être d'une
indiscutable utilité. Il y a encore emploi de la fonction de l'autre.
Mais mon travail peut se distinguer de manière totalement
éclatante, et l'emprunt passera quasi inaperçu. Bref, la lecture subit
un étonnant travail de condensation, de destruction, de
transformation, et le matériel restant n'est parfois plus
reconnaissable. Les modifications subies sont étonnantes et peuvent
laisser le créateur dubitatif. On ne peut plus dire que ces images
mentales nouvellement créées ont quelque origine dans la mémoire.
93
Mais s'agit-il réellement du même travail ? Où se situe la
ligne de démarcation entre l'emploi du souvenir et la pure création
issue de l'inconnu ? Faut-il prétendre que tout n'est que mémoire ou
que la substance subliminale trouve son origine ailleurs ?
II
Essayons de comprendre ce qui se passe dans cet état de
conscience. Demandons-lui ce qui se produit lorsque nous lisons le
travail d'autrui avec la volonté d'exploiter ses propositions offertes.
Notre capacité intellectuelle n'est pas à l'état passif de
nonchalance ou de rêverie, mais elle désire ardemment prélever des
éléments ou la quasi-totalité des éléments lus pour tenter de capter le
passage reçu. Nous nous plaçons donc dans une certaine disposition
d'attention pour recevoir l'information. Cette capacité de
compréhension est une variable qui peut aller de la possibilité à
mémoriser totalement le message jusqu'à un infiniment rien ou
seulement une trace de compréhension.
94
Mais la perception de la phrase peut aller au-delà d'une
reconnaissance intelligible - elle consisterait par exemple à ne
prélever qu'un nombre incohérent d'informations ou de mots, à les
mémoriser dans un ordre qui semblerait un désordre pour l'esprit et à
pouvoir les faire resurgir avec un travail de variable pour l'exercice
de sublimation. Il s'agit de l'emprunt, du dérivé, de l'exploitation de
la source d'autrui. Sans ce travail de variable, on peut dire que la
sublimation est quasi inexistante. Il faut prendre, tirer d'autrui un
savoir, des associations, des images, des constructions grammaticales
pour accomplir son propre exercice intellectuel. On voit ici toute
l'importance de la lecture dans le pseudo-travail de créativité. Peuton
dire pour autant que l'acte poétique ne soit qu'une mémoire
différée d'autrui ? Cela semblerait étonnant, puisqu'il y a activité
cérébrale unique par laquelle la perception de l'information
condensée, pulvérisée, mâchée, associée autrement offre un produit
artistique nouveau.
95
L'ORDRE POÉTIQUE
Certes, si l'on considère l'agencement parfait de certains
poèmes, l'organisation quasi-mathématique de leur structure
grammaticale, la logique permanente des chiffres utilisés, on est dans
l'obligation de reconsidérer la définition élémentaire que l'on accorde
au poète. Car ces propriétés bien visibles recèlent chez l'inventeur de
méthodes géométrique et arithmétique certaines.
Il est vrai que grand nombre de poètes, peu soucieux de
maîtriser leur technique d'écriture se laissent aller au courant de la
plume espérant, - je ne sais quel prodige qui leur permettra de
rééquilibrer leur syntaxe. L'on peut invoquer ici la qualité classique,
la patine dans le polissage du vers, et l'emplacement maîtrisé de la
correspondance des sons et des mots. Et ce sont des propriétés
visibles à l'oeil sensible du critique.
L'absence de toutes contraintes, la volonté délibérée de
passer outre quelconques règles de métrique révèlent avant tout d'un
esprit communiquant avec sa matière sublime brutale. La jetée de la
production surgit comme une éruption volcanique. L'esprit condamne
tout refus. Le système de négations est inexistant, les propriétés des
mots, des groupes de mots justifiant un choix sont comme absentes,
refusées systématiquement. On conçoit toute la difficulté que
pourrait éprouver un écrivain s'il devait reconsidérer son travail après
96
l'exécution de celui-ci. Il serait comparable à un architecte qui ayant
délaissé les canalisations d'eau, d'électricité ou de gaz se verrait dans
l'obligation de casser le béton, ou de faire sauter des briques pour
rendre la maison conforme à la réglementation. Dans grand nombre
de cas, l'absence de règles est pourtant vraie.
Notre capacité de discernement qui constate cet agencement
et sait l'apprécier accomplit un travail d'analyse, de critique et de
réceptivité d'une émotion transmise. Il y a balayage visuel,
considération décortiquée, et globalisation morphologique de l'objet.
L'observation précise du poème engendre une complication
d'analyse. Il faut déshabiller le mot, observer l'emplacement des
lettres, leur référence, leur correspondance, leur couplage ou leur
tierce. À présent, ce sont donc des lettres qui se distinguent les unes
des autres, ou qui s'accordent à une ou plusieurs raisons de lois
appliquées. Et l'on doit apprécier cet entrelacement qui défile sur la
feuille de papier.
C'est le plus souvent un assemblage d'une qualité élevée
qui est mis à la disposition de l'oeil du critique. Les éléments de base
sont couplés, insérés dans des syllabes, celles-ci forment des groupes
sonores au sein de mots qui participent à l'élaboration de la phrase.
Refuser de se laisser emporter par la rêverie vagabonde du poème,
c'est rechercher l'étude analytique du texte. Ainsi le produit littéraire
possède différents étages de lecture. Mais on peut passer de la
complication à l'enchantement, délaisser la beauté de l'ordre pour
97
s'envoler dans l'ivresse de l'image. Les deux états pouvant se
succéder dans un temps relativement limité. Ils expriment un choix
de pouvoir. Que la volonté de complication soit mise en exergue et
l'enchantement sera quelque peu endormi.
Tous les comportements de notre intelligence ne tendent pas
vers un ordre de logique ou de rigueur. Il peut y avoir, cela est vrai,
des opérations de valeur rationnelle et géométrique, mais la rêverie et
la nonchalance, le délassement de l'esprit appartiennent aussi au
travail de l'intelligence. Ces comportements n'aboutiront pas sur une
détermination de construction spatiale mais permettront à de la
matière imagée de se déplacer dans un ensemble fini ou délétère.
98
FONCTION ÉVIDENTE DE L'INTELLIGENCE
Il est nécessaire ici de tenter de pénétrer les mécanismes de
l'intelligence. Nous avons constaté que l'intelligence avait aussi pour
fonction de déterminer ou d'établir des principes relationnels.
Essayons de comprendre la nature de ces rapports actifs. Nous nous
plaçons dans la situation de la pure spéculation de l'esprit, et voulons
analyser les caractéristiques de cette faculté. Sa compréhension
s'avère indispensable. Il serait sot de vouloir se suffire d'une
constatation passive et bornée, prétendant que l'ensemble est
inexplicable et ne peut être décomposé.
L'ensemble fini est bien la résultante d'un travail élaboré, et
sa forme achevée a pour raison un nombre considérable de choix et
de solutions. Il faut donc redécomposer pour tenter de comprendre la
manière employée par le créateur. L'une des fonctions fondamentales
de l'intelligence est d'accomplir un travail d'assemblage, d'exploiter
son vaste réservoir composé de mots, de sensations, de souvenirs, et
d'élaborer une sorte de constructions de groupes pour obtenir ce
qu'elle s'était fixé. On doit comprendre l'importance primordiale du
réservoir d'informations qui correspondait à la connaissance ou à la
culture cristallisée.
Nous voilà donc confrontés à une intelligence de mémoire,
chargée d'une immense capacité de stockage consciente ou
99
inconsciente, plus ou moins organisée, dont le rangement est bien
ordonné ou peut s'avérer être un phénoménal capharnaüm. Le
créateur va donc déambuler dans ce hangar, se promener ou courir en
poussant son chariot et y faire ses emplettes. Il va y accumuler de la
matière à associer, et ceci est comparable au bricoleur qui passe dans
les rayonnages et cherche les éléments nécessaires à l'exécution de
son travail.
Il faudra déterminer son degré de motivation, la limite de sa
suffisance et sa volonté active. Trop de créateurs faisant preuve de
nonchalance et d'insouciance ont laissé s'envoler des œuvres
capitales, ou se sont suffis de fort peu, prétendant qu'il n'y avait
aucune utilité à aller au-delà.
Il faut donc poser la question de l'action, de l'élan vital, et de
la suffisance personnelle.
Je voudrais ici rappeler une anecdote concernant un poète
toulousain. Ce monsieur travaillant à l'éducation nationale,
professeur de lettres, occupé par sa charge, par la nécessité de suffire
aux besoins de sa famille, ne semblait posséder que fort peu de temps
à consacrer à son œuvre poétique. Je lui en fis la remarque, lui
demandant s'il n'avait été frustré par cette nécessité de corriger des
dissertations de 4ème plutôt que de produire en exploitant les œuvres
de S. J. Perse ou de Ch. Baudelaire. Il n'y avait dans ma remarque,
aucune connotation péjorative qui aurait consisté à mépriser son
100
activité et à surestimer l'écrivain à temps plein. Il me répliqua que
non, qu'il n'aurait de toute façon pas pu aller au-delà de ce qu'il
obtenait.
Je rappelle cet exemple pour accompagner ma réflexion cidessus
concernant la détermination de la suffisance personnelle.
L'une des facultés de l'intelligence créatrice est d'opérer une
action sur de la matière délétère. Elle ne conçoit pas en utilisant des
matériaux solides, quantifiables, délimités. Son espace de vie est
l'imaginaire où la trace du souvenir subit une constante évolution
comparable aux nuages dont les formes et les constructions
architecturales évoluent et changent par la perturbation des souffles
d'air. Appelons "Humeur de l'instant", c'est-à-dire état d'esprit ou
disposition cérébrale le déterminisme qui engendrera la situation
dans laquelle se placera l'artiste pour recevoir, décider, refuser, en
vérité agir et choisir ce que sera son mouvement poétique. L'on
conçoit de cette sorte l'importance capitale de la perception par les
sens, et sa conséquence sur le travail exécuté.
La rigueur arithmétique des opérations et des règles de
l'écriture ne serait qu'une mesure d'encadrement pour délimiter
l'espace de liberté du créateur. Il est vrai que l'application des règles
de ses techniques et de son savoir-faire peut engendrer dans
l'appréciation de l'exécution un soigné et une qualité de maîtrise
favorisant l'admiration.
101
Quelle est la caractéristique de cette matière délétère ? Elle
vagabonde, ne sait où aller, se fixe parfois sur des résidus ou sur des
souvenirs qui paraissent importants. Difficile d'ailleurs de déterminer
ce qui est essentiel de ce qui est dérisoire. L'inutile - son matériel -
pouvant s'avérer fort exploitable dans une activité artistique. Elle va
du moins subir une étrange manipulation de simplification, de
condensation, de symbolique, d'association et d'analogie.
Est-il souhaitable de décomposer cette matière afin de
pouvoir la mieux considérer ? Parviendrons-nous d'ailleurs tandis
que nous ne possédons que des informations imparfaites concernant
l'auteur, parviendrons-nous à comprendre l'origine de sa créativité ?
Ce qui restera mystère, c'est la quantité du don, le surplein
d'aptitudes naturelles déterminant le surdoué et l'opposant à la masse
moyenne. C'est un peu le mystère de la beauté, de l'ampleur d'un
gisement, ou la justification de l'exception.
102
L'INTUITION ET L'INTELLIGENCE
L'intuition et l'intelligence représentent deux directions de
travail complémentaires, agissant l'une sur l'autre de manière inégale.
L'intuition agit dans le sens du gain et du choix, mais sa
quantification, sa détermination et son impact sur l'intelligence
consciente semble difficile à déterminer. Pourtant, à quelle raison
peut-on prétendre que tel choix de direction a été préféré à tel autre ?
Quelle perception de la conscience a favorisé tel chemin à emprunter
plutôt que telle autre voie ?
Quand un artiste décide d'aller explorer un espace encore
inconnu, quand il poursuit irrésistiblement cette recherche sur une
longue période de son existence, quel indicateur le convainc de
poursuivre ? Il est à supposer que des traces de vérités apparaissent,
comparables au chercheur d'or qui décèle les premiers effets brillants
de la mine à venir, comparables encore à cette boue argileuse lors
d'un carottage qui laisse envisager une forte hypothèse
d'hydrocarbures.
Tout pourrait apparaître aussi comme étant un vaste
bricolage de l'intelligence, qui aidée par une pseudo-intuition
tenterait de se frayer un chemin dans telle ou telle direction sans
véritablement savoir si le but à atteindre débouche sur la finalité
intéressante. Il y aurait doutes, refus, embûches, volonté de s'y
103
prendre autrement, tentatives et risques - l'ensemble favorisant la
découverte ou la création.
Si l'on considère le nombre important d'humains travaillant
et cherchant dans tel ou tel secteur d'activité, le peu de résultats
obtenus, la faible immortalité octroyée à l'élite, l'on peut considérer
qu'il y a une immense part de déchets, d'erreurs et de refus.
Observez la poésie. Depuis ses origines, elle n'a engendré
que quarante à cinquante grands poètes français, ce qui semble
insignifiant, si l'on compare le chiffre aux trois cent mille poètes
vivants recensés. Ce qui veut dire que des millions et des millions de
personnes ont taquiné la Muse, ont produit des poèmes, ont fait
preuve d'invention et de nouveautés. Il ne nous reste qu'une poignée
d'hommes.
L'intelligence qui procède dans l'acte poétique se tourne
essentiellement vers la spéculation de l'esprit. Elle ne peut se suffire
de ce qui déjà a été produit, l'acte répétitif est quasiment existant
dans son principe de travail. Tout le matériel poétique mis à sa
disposition semble du provisoire, semble de la matière à transformer.
S'il utilise un ensemble de mots connus qui appartient au vocabulaire
- donc s'il exploite de la matière première accessible à tous - on peut
toutefois prétendre que le poète condamne les solutions finales
d'autrui, ou désire ardemment les voir évoluer. S'il fait quelque
104
emprunt, c'est encore pour reconsidérer le travail proposé et y ajouter
sa propre patine ou technique ou conception.
105
FONCTIONS DE L'INTELLIGENCE
L'une des fonctions essentielles de l'intelligence sera donc
de résoudre, dans ces circonstances créatives le problème qu'elle s'est
posé. Elle cherchera à utiliser l'énergie suffisante et nécessaire à la
réalisation de son interrogation. Elle peut rester dans le cadre imposé
ou décider de s'en éloigner. Tout dépendra de sa volonté ou de sa
capacité à résoudre cette résistance. Elle avance lentement ou prétend
pouvoir aller très vite, elle offre des solutions, en tire de nouvelles
questions, va d'ouverture en blocage, de portes à serrures en blindage
épais. Telle réponse engendrera de futures difficultés. Ainsi déciderat-elle.
La spécificité de son activité se focalise donc sur sa
capacité à fabriquer. Elle accomplit des actes de rapports associatifs,
elle construit de nouvelles formes, qui par la qualité de leur
propriété, s'apparentent ou sont des images.
La possibilité intuitive doit entrer en liaison avec la lucidité
intellectuelle pour qu'une solution offerte ne soit pas immédiatement
exploitée, mais pour qu'elle soit reconsidérée par la critique et puisse
subir de réelles transformations dans le sens du progrès. Il est
toutefois vrai que le doute ne peut constamment l'emporter, et qu'une
solution satisfaisante vient parfois à l'esprit immédiatement. Il serait
sot de douter devant une vérité qui saute aux yeux, ..quoique.
106
L'intelligence qui conçoit ou fabrique refuse, le plus
généralement, de s'arrêter à un état définitif. Il y a constamment à
refaire, à douter. Mais est-ce réellement l'objet qui est à reconsidérer
ou n'est-ce pas plutôt l'esprit qui cherche une nouvelle forme pour
déterminer l'étape nouvelle de sa conscience ?
107
INTELLIGENCE ET EFFORT
À présent, tachons de nous concentrer sur ce que nous avons
de plus pénétrant dans notre intelligence. Descendons au plus
profond de nous-mêmes pour en extraire le matériel indispensable à
l'acte créatif. Nous exploitons tout aussi bien une mémoire lointaine
composée de traces et de souvenirs, qu'une mémoire immédiate
activée de perceptions récentes. Nous devons tirer cette charge du
passé, la proposer à notre conscience et l'expulser hors de nousmêmes
par le ressort de la volonté. Il faut emmagasiner la matière et
la vouloir faire surgir à l'image d'une éjaculation sexuelle. Il s'agit ici
d'une micro-explosion de souvenirs, de mémoire et de matière.
L'intelligence aura pour mission de contrôler cette
explosion, d'en déterminer le contenu et ses effets, de lier les
différents éléments pour les rendre cohérents et animés d'une suite
logique.
Essayons maintenant de comprendre cette volonté de l'effort
qui fait surgir dans le présent et dans le mémorisable par l'écrit cette
quantité du passé.
Il est à signaler que si l'activité était passive, elle n'aurait
guère souci de faire accéder à la conscience cette volonté de travail.
108
Elle pourrait rester dans sa nonchalance de bien-être et refuser
d'accomplir l'effort.
S'il est un phénomène qui semble se présenter sous l'aspect
d'une quantité d'énergie quantifiable, c'est sans contexte la puissance
musculaire. Nous possédons des instruments efficaces pour
déterminer sa capacité. Il en va tout autrement de la force psychique.
Elle se situe dans la maison de l'esprit. Elle y demeure et semble
posséder cette espèce d'énergie pour maîtriser la quantité à sortir, le
produit à concevoir et à combiner. Nous sommes là dans une
véritable petite usine avec matière première, travail d'ouvrier et
produit fini ou à achever. Cette conception assez économique de la
capacité à concevoir même si elle paraît amusante n'en demeure pas
moins un exemple intéressant à suivre.
109
CONSCIENCE ET CRITIQUE
Essentielle est la critique à la bonne marche de l'inspiration.
Si nos analyses sont responsables, dotées de plus ou moins de
pertinence, c'est la production de mots qui en bénéficient pleinement.
Critique ou critique extrême, aiguisée - c'est bien elle qui décide de
la qualité de l'endroit travaillé. Critique encore est ce qui accepte ou
refuse à une ou plusieurs raisons la combinaison proposée. On peut
l'appeler conscience ou supra conscience de l'inspiré. Il est à
remarquer que la critique peut être pleine ou tendre vers le zéro.
Stéphane Mallarmé est un chasseur redoutable, mais le médium sous
l'emprise de l'écriture automatique refuse toute analyse ou doute.
La critique a le privilège de casser la combinaison offerte,
d'en conserver les débris, de les réorganiser avec quelques matières
nouvelles pour accéder à une autre proposition. Cette exigence qui se
manifeste à elle engendrera un nouvel ordre de création. La critique
décide parfois de s'endormir, de ne plus être le gardien de la
conscience. C'est alors que tout est possible, et rien n'est interdit.
D'étonnantes œuvres s'offrent parfois à l'oeil effrayé de l'amateur.
Les artistes ont toujours compris l'utilité des drogues et des alcools
annihilant tout refus objectif. Elle est pourtant constamment présente
et peut se mettre au garde à vous dès que l'intelligence suggère la
possibilité d'un choix. Il est à observer qu'elle varie de manière
considérable d'une conscience à l'autre. Sa capacité d'analyse subit
110
parfois d'étranges déformations. À quel degré de conscience faut-il la
déterminer ? Quelle est l'intensité relationnelle entre le critique et la
créativité ?
Nous essayerons d'étudier avec rigorisme ces deux points
que nous nous promettons pourtant d'approfondir dans d'autres
endroits de la présente étude. Tachons toutefois de rappeler quel
principe se rattacherait au degré de conscience. Il serait travail
associé à certains neurones du cerveau permettant d'accéder à une
intensité de lucidité. Le savant neurologue rirait avec discrétion de
cette définition. C'est pourtant une manière commode de la proposer,
quand bien même sa valeur biologique serait tout autre. Mais ce n'est
pas suffisant. Car un créatif possède en lui une usine active. Il peut
accomplir un nombre illimité d'actions. Son choix se portera sur sa
volonté d'actions possibles.
Cette quantité sera évidemment variable selon les individus
et les capacités de base cérébrale. Et c'est la potentialité du système
nerveux qui pourrait déterminer l'énergie créative ou critique dans
l'acte possible.
Je crains en poursuivant cette spéculation sur la critique de
me fourvoyer dans l'étude biologique du cerveau, et cela n'est pas
mon sujet. Pour résumer, j'écrirai donc que le degré de conscience du
créatif se porterait sur sa volonté d'actions possibles, et que l'intensité
relationnelle entre le critique et la créativité dépendrait de la
111
potentialité du système nerveux à maîtriser l'énergie active dans
l'acte possible.
À quel degré de conscience faut-il la déterminer ?
Réponse : son choix se portera sur sa volonté d'actions possibles.
Quelle est l'intensité relationnelle entre le critique et la
créativité ?
Réponse : C'est la potentialité du système nerveux qui paraît
déterminer l'énergie créatrice ou critique dans l'acte possible.
112
DÉTERMINATION DE LA VALEUR POÉTIQUE
La qualité d'une œuvre poétique n'est pas déterminable. Je
mets au défi quelconque critique de prétendre posséder la certitude
concernant la valeur intrinsèque d'un poète. A quelles raisons peuton
certifier que tel auteur possède une technique d'invisibles, un
degré d'inspiration ou encore un avenir d'écriture ? Qui se prévaut
d'une lucidité intellectuelle quand tout autour de soi n'est que
brouillards épais et incertitude ? Il n'y a pas de visibilité, de qualité
critique permettant d'assurer avec réelle conviction. La poésie est une
discipline aléatoire où le bon et le mauvais se mêlent, où la place et
la situation prévalent mieux encore que le talent.
Il nous semble, cela est vrai, possible de distinguer des
degrés de profondeur, de charme ou de complexion. Mais l'on voit
clairement que ces sentiments ou ces réflexions qu'une œuvre d'art
nous suggère sont présents dans une époque avec un système de
pensées bien définies.
L'on peut supposer qu'un grand artiste, un poète de qualité
exceptionnelle jamais ne parviendrait à pénétrer la crédibilité
d'autrui. Une œuvre riche, personnelle ou nouvelle pourrait tout aussi
bien provoquer un désintéressement général à travers de nombreuses
générations et des manuscrits jaunis et vieillissants disparaître à tout
jamais dans une benne d'ordures de la municipalité. Tout y est néant
113
et s'en retourne au néant. Cela n'est pas faire preuve d'un pessimisme
aberrant que de s'exprimer de cette sorte. C'est peut-être analyser
avec objectivité la valeur d'une discipline délaissée de tous. Ni le
temps ni l'espace n'auront eu raison de l'œuvre poétique. Reléguée,
refusée, rejetée comme simple détritus, - la voilà retournant dans son
secret inutile, à l'état d'indifférence totale.
114
LE SOLITAIRE
Nous avons tenté d'énumérer quelques traits déterminant
l'acte poétique. Nous avons pris le poète à l'état isolé, sans tenir
compte de la vie en société. En vérité, le poète est un homme qui vit
en solitaire. S'il est vrai que le poète exploite ou utilise pour produire
son travail l'expérience d'autrui, il n'est pas moins vrai que le résultat
de son travail ne sera connu que de lui-même. La finalité de son
action n'est donc pas partagée avec d'autres intelligences. Nous voici
donc dans une société composée d'un membre unique, qui exploite et
fabrique son propre langage. Ce langage n'a pas besoin d'être adapté
aux nécessités de la vie communautaire. Si le poète cherche toutefois
à séduire, il abaisse son art et n'écrit plus que pour autrui, c'est-à-dire
dans une langue commune de tous et perd de ce fait les propriétés
qu’il lui avait affublées. D'où cet étrange paradoxe : être pour soi,
c'est ne pas exister pour autrui ; être pour autrui, c'est ne pas exister
pour soi.
115
L'ILLUSION DE LA RECONNAISSANCE
L'illusion de la reconnaissance et de la non-reconnaissance
nous est bien connue. Tandis que l'on ouvre un livre, ou assiste à une
conversation, la conviction nous frappe l'esprit et nous assure
posséder la vérité concernant la valeur d'une œuvre ou le degré
hiérarchique d'un artiste. L'illusion est parfois si certaine, qu'il nous
semble possible de prédire ce que sera l'avenir littéraire d'untel.
Comment pourrait-on le savoir, puisque la quantité d'informations
mise à notre disposition est assez insignifiante ? Il n'est pas rare que
l'on perçoive l'autre ou l'œuvre de l'autre sous un aspect définitif et
inchangeable. On est en accord parfait avec soi-même, et la certitude
se fortifie dans notre esprit. Cet état d'illusion poussé à son extrême
engendre le plus souvent une interprétation de fausse reconnaissance.
Le paradoxe de cet état, c'est que l'illusion se présente sous
sa forme définitive. Esquisse ou graffiti inachevé, elle possède sa
détermination finale.
On possède à travers les époques ou les modes, des
témoignages de fausse reconnaissance. Ils imitent généralement les
mêmes critères d'appréciation. Il y a sublimation et enthousiasme
excessifs. Nous avons souvent tenu entre les mains des sortes de
billet tracé par un critique compétent encensant tel auteur ou tirant à
boules rouges sur tel autre. L'autorité de certains leur permet
116
d'imposer une vérité qu'ils sont souvent les seuls à éprouver. La
description se décompose en une douzaine de lignes : toutes se
retrouvent plus ou moins dans les critiques déjà publiées. L'auteur
semble dominer son sujet et assumer de son infaillibilité.
117
L'EXPLICATION DE LA RECONNAISSANCE
Où trouver l'explication de la reconnaissance ?
On peut prétendre que la perception du moment s'associe à
une perception antérieure qui lui ressemblerait véritablement par sa
forme, son apparence ou son contenu. Même si une nuance de choix,
de goût peut intervenir dans la variable acceptable.
Cette perception antérieure appartient donc à la mémoire,
vaste réservoir de sensations et d'images où se forment le goût et la
critique. Dans tous les cas, qu'il s'agisse de l'appréciation d'une chose
vue ou d'une perception sensorielle, il y aurait comparaison confuse
ou incomplète avec la trace d'un souvenir.
Cette explication peut se prévaloir d'être acceptable dans les
limites où il y aurait réservoir de souvenirs. Que se passe-t-il quand
aucune information, aucun savoir n'existe dans la mémoire d'autrui ?
D'après quels critères, le goût s'opérera-t-il ? Il s'opérera d'après une
détermination binaire comparable à celle du nourrisson : "J'aime, je
crains le froid, j'apprécie la protection ; je rejette le sel ; j'exprime
mon contentement avec le sucre."
118
Il peut y avoir plagiat, imitation de capacité à ressembler à, -
travail de faussaire en quelque sorte, et seul l'oeil aiguisé du critique
averti saurait y déceler l'intrus.
L'amateur recherche donc une situation analogique avec
celles qui s'entassent dans la conscience. Il désire que l'objet perçu
offre des traits communs avec les propositions mémorisées. C'est
bien ce phénomène qui est ainsi réalisé consciemment ou
inconsciemment par le lecteur.
C'est pourquoi il semble plus facile de convaincre un esprit
vierge de toute connaissance poétique plutôt qu'une vieille cervelle
nourrie de vérités et de pseudo-certitudes. Les poètes l'ont bien
compris à leurs dépens : ils se tournent vers la jeunesse et
parviennent parfois à se crédibiliser. L'exemple de Stéphane
Mallarmé, à cet égard est frappant. Il était dans l'incapacité de
convaincre Anatole France de son aptitude poétique et il avait à ses
Séances Du Mardi une assemblée de jeunes littérateurs dont Paul
Valéry, André Gide, et Paul Claudel !
119
LA CONNAISSANCE POÉTIQUE
Le poète n'est pas celui qui se suffit de sa personne. Il
n'encense pas son Moi au point de vivre dans une image déformée de son
identité subliminale. Il entretient sa capacité créatrice à travers l'exercice
d'écriture, et à travers la nourriture d'autrui - j'entends la lecture. Mais il
exploite aussi sa formidable machine comme cela lui plaît. Il le doit à
l'aptitude rarissime de son cerveau, qui fait de lui un être supérieur. Son
mécanisme cérébral va lui permettre de construire, d'inventer, de s'opposer
continuellement à la transmission de l'acquis des anciens, et de produire en
proposant des modèles d'aptitudes nouvelles. Sa technique consistera à
tenter de maîtriser son automatisme de langage et de le dominer afin
d'accéder à une obéissance totale.
Il veut comprendre son propre mécanisme de langage qui
offre à sa créativité des moyens extraordinaires de nouveautés. Il peut
puiser dans les échanges de la vie sociale, conserver, condenser et
interpréter les messages reçus pour les transmettre de manière différente.
Il est évident que cette conception élevée du poète ne peut
convenir à tout rimailleur ou poétereau de province. C'est dans l'élévation
hiérarchique que ces propositions d'expressions écrites s'entendent. Le
niveau Grand poète est indispensable pour répondre à ce qui a été produit
ci-dessus. Et l'on pense à Baudelaire, à Racine et aux meilleurs.
120
Le mécanisme intellectuel diffère de manière sensible entre
un joueur débutant et un maître échiquier. L'un tâtonne sans grande
mémoire, et l'autre hésite immédiatement entre deux ou trois solutions de
coups très favorables. Cet exemple illustre assez bien ce que je cherchais à
écrire.
121
RECHERCHE DE LA PERFECTION
Le poète cherche désespérément à extraire ce qu'il avait
prétendu entrevoir dans l'idéal de sa sublimation. Il produit, il veut
obtenir et quand l'acte d'écriture est enfin achevé, il constate avec
amertume que ce qu'il avait désiré est éloigné de ce qu'il s'était
promis. Alors il tente une deuxième fois, une troisième fois de
réaliser ou d'atteindre son objectif. Son espoir le plus souvent est
déçu. Il poursuit inlassablement la tâche, imitant quelque peu le
potier qui désire accéder avec son argile à une perfection de forme.
122
LE CRITIQUE ET L'INSPIRE
Il y aurait donc deux personnalités vivant et cohabitant avec
plus ou moins de bonheur dans l'espace du poète. L'une des
personnalités serait créatrice tandis que la seconde serait critique.
Les auras de chacune sont difficilement délimitables, l'une peut
suppléer à l'autre sans qu'il y ait pour autant une illusion
d'interférence. Le passage d'une personnalité à l'autre s'accomplissant
dans un espace fréquentiel de temps relativement court, de l'ordre du
centième de seconde, il faudra pour cela connaître avec certitude la
vitesse d'exécution d'un ordre transmis par le cerveau. Je crois me
souvenir que l'énergie électrique se déplace à cent mètres à la
seconde. Voici une vague réminiscence de biologie scolaire !
Le critique accompagne donc l'inspiré, et tous deux vont en
déambulant sur la feuille de papier tenter d'obtenir le meilleur
résultat possible. Paul Valéry dans ses Cahiers précise avec
insistance cette affirmation, il rappelle qu'il s'est constamment
observé produire le poème, il se voyait le faire et assistait à
l'exécution de son travail.
Le critique accomplit donc un acte de reconnaissance qui
n'est pas toujours l'analyse de l'évocation d'un souvenir passé. Car
l'image peut être nouvelle, novatrice et s'offrir pour la première fois à
l'étude du critique. Cette image ou cette combinaison de mots
123
proposés à sa conscience, comment seront-elles perçues ? Quelle
vérification s'imposera-t-il ? À quelles raisons, accordera-t-il du coup
une position de gain ou une position de perte ?
Comment s'opère le travail du critique ? N'y a-t-il pas conflit
avec le créatif ? Nous reviendrons plus loin sur cette analyse
intéressante.
124
DE LA RIGUEUR DANS L'ECRITURE
À travers les mots, les couples d'alexandrins, ou les quatrains
réalisés, on s'aperçoit que l'inspiration est loin d'être une fille légère qui
court sur le papier. Les éléments participant à l'élaboration du poème sont
pour la plupart mûrement choisis. La volonté d'exploiter tel ou tel
substantif relève d'un sens aigu de la critique. C'est à différentes raisons,
conditions ou paramètres d'écriture que le poète décidera de tel mot plutôt
que d'un autre. Il n'est pas toujours question d'écriture automatique ou de
liberté au courant de la plume.
Le poète recherchant l'unité de son texte, considérant les
forces et les contre forces, les antagonismes et les complémentarités
décidera des solutions à extraire pour résoudre le problème de son écrit. On
est bien loin de penser que le poète dépourvu de logique et de
raisonnement, à l'écriture fantoche, s'inspire en courant à travers la verte
prairie. Nous sommes là confrontés à une partie d'échecs où chaque coup
doit porter, où les pièces s'influencent les unes les autres, où la construction
doit permettre d'accéder à une victoire finale.
J'ai commencé par découvrir les lois invisibles en 1979. À
cette époque, j'avais pressenti à travers les écritures de Jean Cocteau et de
Paul Valéry que des chiffres, des rapports et des constructions
grammaticales étaient imposés dans les textes. Alors j'ai cherché et souvent
trouvé des équilibres qui ne pouvaient découler du hasard de l'arithmétique.
125
Mais c'est surtout Jean Racine qui m'a permis d'accomplir des progrès
foudroyants dans la découverte des lois. L'écriture classique, plus rigide
peut être soumise à des contraintes d'équilibres parfaits, offre des exemples
évidents de loi poétique.
Je ne prétends pas que tous les auteurs chiffrent leur texte.
Et certains, allant au courant de la plume, obtiennent toutefois des résultats
très intéressants.
Je pense que cette information est indispensable, du moins
pour situer le travail du littéraire et pour démystifier la prétendue
inspiration quasi mystique qui descendrait du ciel pour se substituer à
l'effort de l'intelligence.
126
RAPPEL
Le résultat poétique obtenu dans un système autarcique,
fermé, quasi-nombriliste peut apporter un immense contentement. Le
poète sait se prévaloir de ses coups obtenus - il se lit, se relit et
semble satisfait. Sa grande difficulté consiste à transmettre à autrui
sa notion de valeur Autrui d'ailleurs n'en a que faire, puisque les
collections sont remplies de génies, de grands poètes mâchés,
compris, et tamponnés avec la mention bon pour la postérité. À quoi
peut servir l'effort de reconnaissance ? À quelle utilité, cette
nécessité de caresses sur un vivant ? Il y a d'ailleurs un étrange
comportement du public qui se plaît à encenser ce qui est mort et à
mépriser ce qui est vivant. Il faudrait comprendre le mécanisme de
sublimation du mort, - mécanisme psychanalytique que je n'ai pas
étudié.
Le problème du résultat poétique obtenu dépend aussi de sa
valeur marchande. Or celle-ci est nulle, car le poète ne peut vendre sa
production. Ce qui engendre un désintéressement total de la part des
professionnels de l'écriture. Le poète ne peut espérer qu'un succès
d'estime.
Il en va tout autrement avec un produit pictural qui lui est
régi par des lois économiques d'offre et de demande, de placement à
court et long terme. Le profit à en tirer suscite bien des convoitises,
127
et peut justifier l'intérêt du découvreur. Qui n'a jamais souhaité au
fond de lui-même qu'une vieille croûte qui gît là dans le grenier de sa
grand-mère ne soit pas un Modigliani oublié ou un Van Goth
inconnu ? Mais qui se soucierait d'un manuscrit délaissé, à l'écriture
jaunie et illisible ? D'ailleurs le travail de récupération serait des plus
complexes et nécessiterait de nombreuses transformations de
dactylographie, d'impression, d'édition, etc... Le tableau, autre
produit de l'art, est immédiatement exploitable.
Mais le poète peut tout aussi bien surestimer sa valeur réelle,
et se prétendre sublimé, génial ou grand immortel. L'intoxication se
répand rapidement dans un cercle fermé. Une belle faconde, un
semblant d'autorité habillent joliment l'œuvre. Et tel directeur de
revue festonne et se prévaut de détenir quelque chose. Tel lecteur
d'un grand comité de lecture fait autorité et décide radicalement de
l'avenir d'un auteur.
Mais comment juger ? Comment savoir ? Car il est sot de
jurer de la mauvaise foi de chacun. Et c'est en toute honnêteté
intellectuelle que tel critique a pu fustiger une œuvre aujourd'hui
incontournable. C'est ce qu'on appelle la non-visibilité de l'œuvre
d'art et chacun en est atteint, à l'exception de Dieu peut-être. Mais un
produit littéraire peut échapper à son époque, être en deçà ou enavant
de son temps, alors, comment faire ? Attendre, attendre que les
horloges du temps coïncident avec le goût du public ou du lecteur.
128
Hélas ! L’œuvre peut disparaître et s'en retourner au néant.
129
DISCOURS FINAL
Je veux bien ici exprimer quelques mots concernant l'état
actuel de la poésie, et veux encore offrir des propositions pour la
sortir de la piètre situation où elle se trouve.
La poésie n'est jamais à l'honneur. L'écart semble s'accroître
entre les motivations et les recherches infructueuses du poète, et cette
société de culture sublimant la suprématie de l'image directe au
détriment de l'image à concevoir. Ce mépris non compris par le poète
peut justifier de son incapacité à relever le défi de l'écrit.
L'intelligence de l'homme de science aura avant tout
consisté à proposer une application efficace de sa recherche
expérimentale, d'en concevoir l'utilité pour le public et les
conséquences financières et matérielles pour son entreprise.
Car il n'est plus question ici d'honorer une pensée
désintéressée, et de ne voir dans l'acte poétique qu'une volonté autre
d'accéder à un principe d'investigation intellectuel.
Que l'on mesure le drame de l'insignifiance poétique, de
son rejet par les plus grandes maisons d'édition ; que l'on considère
les immenses qualités de certains humiliés et délaissés comme de
simples torchons de pacotille ; que l'on observe l'inaptitude de
130
certains confrères aveugles ou inaptes à comprendre, les yeux
remplis de sombres ténèbres, cherchant à détruire par manque de
critique des œuvres littéraires de qualité indéniable. Oui, faisons
preuve de lucidité et tachons du moins d'expliquer les raisons de la
décadence poétique et de son incapacité à plaire.
Au demeurant, tout esprit "pensant", spéculant ou cherchant
quelque possibilité d'innovation n'accomplit pas pour autant un acte
de pure imagination. Son intelligence peut, tout aussi bien se
focaliser sur une série de vérifications à accomplir. Sa démarche est
ainsi quantifiée, limitée à un champ d'expériences déjà clôturé. La
méthode d'investigation rationnelle et adaptée à de la recherche
programmée doit lui permettre d'accéder à un ensemble de
conclusions. De cette synthèse finale débouchera un nouveau
comportement conçu sur la rigueur.
Peut-on prétendre que le poète va plus loin que le savant ?
Qu'une sorte d'équivalence d'action s'opère dans des formes
insoupçonnées et spirituelles ? Que l'un équipé de l'outillage
scientifique, que l'autre pénétrant dans de fulgurantes traces de
l'intuition accomplissent des actions similaires ? Qui semble le mieux
armé pour accéder au mystère de la nature ?
Il est peut-être sot de parler d'une aventure poétique interne.
L'immense aptitude de la science moderne et de ses applications
techniques laisse pantois tout esprit délétère qui s'essaie à concevoir
131
en exploitant l'image. L'écart paraît s'accroître entre le vagabond de
l'âme et le piocheur de la raison. Il semble que la discipline poétique
recule quand la science fait des bonds prodigieux en envoyant des
hommes sur la lune. La poésie n'est plus reléguée qu’au rang de
l'insolite et du dérisoire. Elle engendre le mépris, ou pire encore
l'indifférence. Elle est devenue "l'imaginaire médiocre", inutile et
détestable. Son contenu est ennuyeux, le public la fuit.
Il n'est pas question de remettre en cause son mécanisme
cérébral sublimé ou de condamner sa méthode d'investigation
intellectuelle. Sa fine subtilité portée par la pensée analogique, par la
pureté du symbolique en fait une discipline fort louable et reconnue
de tous. Son système de correspondances, sa qualité musicale et
auditive, enfin la grâce de sa stylistique lui confère un charme, une
élégance et une élévation rarement égalée dans les autres disciplines
de l'art. Chez l'homme supérieur, cette étonnante dialectique
engendrera un plaisir des sens et de l'activité intérieure.
Ne faut-il toutefois pas s'inquiéter de la situation actuelle de
la poésie, et considérer avec quel mépris et quelle indifférence elle
est perçue par les nouvelles générations ? Le poète existant peu ou
prou dans les périodes lointaines et reculées, pourra-t-il exister et
relever le défi du troisième millénaire ?
Quand les techniques et les techniques appliquées
s'imposent dans leur effrayante suprématie, c'est la poésie qui
132
s'effondre, devient résidu insignifiant et semble disparaître.
L'imagination poétique n'est plus qu'un instrument dérisoire et
folklorique, dépassé, à oublier. Ce que recherche l'homme, c'est bien
un maximum de jouissance dans un minimum d'effort. La poésie ne
saurait le satisfaire.
Il y a pourtant fierté du poète en marche, cherchant la
grandeur de sa discipline, volonté de l'artiste d'ajouter sur la
compétence des anciens, en usant d'intelligence et de perspicacité, de
pénétration ou de profondeur. Car l'homme qui cherche veut avant
tout accéder au mystère de la divinité même si l'âge moderne
l'engage à satisfaire des plaisirs matériels.
La poésie ne saurait être l'art d'embaumer les restes, ou une
messe funèbre en l'honneur de gloires passées. Elle ne se résoudra
pas non plus à se suffire d'une qualité hautement esthétique. Elle ne
surcharge pas la beauté pour la dépareiller de son idéale de pureté. Si
elle associe l'art à la vie, elle veut intégrer l'émotion à la
connaissance mêlant l'intelligence du coeur à la conscience de
l'esprit. Elle est l'invention dans sa demeure. Elle ne saurait être
absente quand bien même on voudrait l'ignorer, on refuserait de la
voir.
Elle saura exploiter les avancées de son siècle, utiliser les
derniers moyens de reproduction pour offrir son contenu en intégrant
l'écran, l'énergie téléphonique ou la transmission par câble. Les
133
bibliothèques seront connectées aux universités. Le poète sera
accessible au grand public. De là à prétendre qu'il sera lu... enfin ! ...
Dans un même élan, elle embrasse le passé, le présent et
veut se projeter vers l'avenir. Elle existe au-delà des idéologies
politiques, des modes artistiques ou des systèmes de penser. Elle est
immense et vivante, chargée d'un message universel. La méprise-ton,
l'ignore-t-on ? L'accuse-t-on de nombrilisme et d'obscurité ? C'est
vrai elle descend au fond des ténèbres, accède à des escarpements
encore inconnus, ouvre des portes condamnées ou invisibles. C'est ce
qui fait son mystère, sa singularité, et sa terrible solitude. Elle extrait
de la matière, celle des mots, pour accéder à des nouveautés ou
défaire les secrets qui règnent dans l'être humain.
Le poète n'est pas exclu du système de valeurs. Il est la
liaison entre les informations venues de l'extérieur et celles qui se
conçoivent à l'intérieur de l'homme. Il opère une étrange unité de
l'être. Il scrute, cherche et veut obtenir une loi universelle
d'harmonie. Il essaie de reconstruire avec des mots la bouleversante
explosion de la matière répandue dans l'univers. Il veut accéder au
principe fondamental de l'état de nature. L'on peut souvent
condamner son exaltation, son manque de rigueur mathématique, sa
perception étrange qui lui interdisent de comprendre ou d'analyser
avec exactitude. Du moins, il s'y essaie en employant d'autres outils.
S'il spéculait sur la raison humaine ou exploitait les dernières
134
connaissances scientifiques mises à sa disposition, il serait accusé de
philosopher en vers. Poète est celui-là qui s'exalte par la nature.
Le poète se trouve intimement mêlé à l'événement futur. Il
produit que très rarement pour sa génération, le temps lui est un
facteur d'avenir. Il ne lui est pas étranger, il est intégré à son principe
d'existence comme une dimension au même titre que la longueur, la
largeur ou la profondeur. Il pense dans son présent en exploitant le
passé pur un objectif d'avenir. L'heure est pour plus tard.
Comprendrons-nous enfin qu'il n'y a pas d'honneur à attendre, que
seule la mort lui offre son cortège de fleurs ?
"Tu dois craindre", nous certifie la Pythie, craindre de ne
pouvoir plaire. Nourris-toi de doutes, car ce que tu chantes est vain,
inutile et détesté quelle que soit ta volonté de créer, d'innover ou
d'ajouter sur la compétence des anciens. Ecoute la certitude de la
science, ta Soeur travailleuse, nourrie de discernement qui cherche à
comprendre l'explication du monde. Si tu savais te nier, pourrais-tu
accéder au progrès ? Ta demeure et ta forme ne sauraient suffire.
Appelle l'Etre Suprême, ou Supérieur et implore-le de te souffler de
l'esprit ! L'écart s'accroît entre Toi et ta Soeur splendide, discrète et
efficace. Cesse de te satisfaire de tes médiocrités, apprends à douter
et travaille. De cette nouvelle considération, peut-être génération
après génération, transmission du savoir des pères pour la
compétence des fils, peut-être l'immense défi de la science et de sa
demi-sœur la science appliquée, sera relevé ! Mais que dis-je ? Est-ce
135
possible ? Sont-ce mes oracles ? ...". Et la Pythie se tait, et semble
pleurer...
C'est donc au poète de prouver sa capacité évolutive
d'adaptation à un monde nouveau où la chimère est dépassée, où
l'image est projetée sur écran. C'est encore à lui d'exploiter les
coquilles technologiques et d'y intégrer des programmes créatifs où
la capacité débordante se mettra au service de l'imagination
universelle, où la pensée collective circulera à travers une énergie
spirituelle... Le poète et les artistes y parviendront-ils ? Relèverontils
le défi ?
son temps ?
N'est-ce pas assez d'être la risée et le mépris des hommes de
136
L'ACTE POéTIQUE
Considérations générales
L'évolution poétique
Le choix des images
Le sentiment du beau
Utilité du beau
L'esthétique poétique
La perception du lecteur
Méthode de lecture
La rigueur et le laisser-aller
Les images d'autrui
Perception du poème par le lecteur
Les intentions du créateur
Analyse de la valeur
Lire et relire
L'effort de sublimation
Les modèles de sublimation
La sélection des propositions
Nature de l'inspiration
Raisons de la création
Les directions du créateur
Analyse de l'effort d'invention
La difficulté d'analyse
137
L'origine de l'élan
Le travail de dérivation
La rature
Discontinuité dans l'acte d'inspiration
Transformer la matière
L'aptitude créatrice
Les images
Propriété de l'image
Le choix
Le spectre d'idée
Le malaxage
Le poète et le néant
L'emploi d'autrui
L'ordre poétique
Fonction évidente de l'intelligence
L'intuition et l'intelligence
Fonctions de l'intelligence
Intelligence et effort
Conscience et critique
Détermination de la valeur poétique
Le solitaire
L'illusion de la reconnaissance
L'explication de la reconnaissance
La connaissance poétique
Recherche de la perception
Le critique et l'inspiré
138
De la rigueur dans l'écriture
Rappel
Discours final
139
CRITIQUE POéTIQUE
140
AVANT-PROPOS
Le présent ouvrage est une composition de morceaux tirés
ici et là du Journal de Franck Lozac’h consacré à la Critique
poétique. Ce qui explique le titre du volume. L’ensemble du
mouvement s’étale sur une période de vingt ans.
C’est encore un additionnel de fragments dont le schéma
conducteur est associé à l’analyse du produit imagé. Parfois l’endroit
peut paraître féroce, à la critique aiguisée ; en d’autres endroits,
l’admiration et le respect pour certains maîtres sont aisément
reconnaissables.
Le tout n’a pas été construit, mais a été constitué au fur et à
mesure que les passages s’offraient à la raison. C’est pourquoi, il
serait vain d’y chercher un principe quelconque architecturé. C’est
avant tout le fil des années qui a décidé du mouvement et de
l’ensemble.
Franck Lozac’h
141
Journal 78/79
Critique personnelle
Si je m'interroge sur certains de mes poèmes, je ne puis en
déceler le fond. Leur existence est indécise, leurs racines
insoupçonnées. J'ai beau m'enfermer dans ce moi intérieur à la
recherche de quelque réponse, rien.
J'avais espéré utilisant une psychanalyse adaptée, découvrir
les secrets de mon âme et ses profondeurs extrêmes. Malgré une
analyse substantielle, je n'ai pu arracher le moindre indice.
J'apprécie d'autant ce fameux "Je est un autre" que mon
expérience est identique, semblable aux perceptions que certains ont
reçues.
Il est vrai que ce non-moi est une source de réussites, de
bons poèmes ou de poèmes rares. Mais l'écriture est indéchiffrable. Il
faut souvent des jours ou des mois pour comprendre ce qui a été fait.
Les vers sont laissés au hasard dans quelque tiroir, et puis ils sont
relus et enfin compris.
142
Ne pas se comprendre soi-même, voilà la source d'une
voyance inconnue ! Cette voyance inquiétante car Hors du Moi
propose et soumet à l'esprit l'idée d'une puissance supérieure, d'une
manifestation extra naturelle. Une métaphysique en découle.
*
Si je m'interroge tout à coup sur ma véritable poétique, je ne
peux en déceler le sens, et parfois moins encore ses origines. Je pense
aux contorsions du mal, c'est l'acte créatif par excellence. Point de
correspondances, de rappels ou de transferts qui indiqueraient la trace
d'une voie suivie.
(Les contorsions du mal, recueil de cinquante poèmes en
prose écrit au mois de novembre 78 a été déchiré, hélas !)
*
Valéry à Gide : "Ces vers m'irritent car je ne comprends pas
comment j'ai pu les faire... Hier, j'ai fait brusquement une ode 10/8 de
70 vers, improvisés en un jour, ce qui ne m'est jamais arrivé.
(Cimetière marin)."
143
Attitudes de Valéry, réflexions concernant les récentes
découvertes freudiennes ?
*
Écrire un sonnet. Façonner un monument 4-4 3-3. Equilibre.
Bel édifice qui ne s'écroule pas. Synthèse des poètes penseurs, que
j'aime à te regarder ! Vibration de l'espace qui réjouit le noctambule
que je suis. Instant d'éternité, je le capte ! ... Là j'unis la saveur au
travail bien fait. Par ma bouche tes paroles confuses m'éclaircissent
tout à coup. Ame intime, respire sur mon cœur la force vitale d'un
sang nouveau. La raison t'appelle. Illumination et oxygène.
Resplendissons avec de paraboles dans les nuits obscures. Allons.
Evidence poétique
Justesse du mot. Accords parfaits et sonores. Musique
céleste. Excitation de l'âme.
Cantique de saint Jean
Le soleil que sa halte
Surnaturelle exalte
144
Aussitôt redescend
Incandescent.
Je sens comme aux vertèbres
S'éployer des ténèbres
Toutes dans un frisson
À l'unisson etc.
Stéphane Mallarmé.
Aurore
La confusion morose
Qui me servait de sommeil,
Se dissipe dès la rose
Apparence de son soleil.
Dans mon âme je m'avance,
Tout ailé de confiance,
C'est la première oraison !
A peine sorti des sables,
Je fais des pas admirables
Dans les pas de ma raison etc.
Paul Valéry.
145
*
de l'inutile.
Nécessité d'esprit de synthèse. Chaque mot est posé. Rejet
A l'oubli tendre défi d'ailes
Les instants qu'ils nous ont valu
Attardés, inquiets, fidèles
Voltigent autour des talus.
Tant que tarde la saison
De juger ce qu'on fait rance
Je voudrais à sa raison
Rendre cette conférence.
*
"Qu'est-ce qu'un classique ? Un vrai classique, comme
j'aimerais à l'entendre définir, c'est un auteur qui a enrichi l'esprit
humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un
pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque ou
ressaisi quelque passion éternelle dans ce cœur où tout semblait
connu et exploré ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son
146
invention, sous une forme n'importe laquelle, mais large et grande,
fine et sensée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à
lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style
nouveau, sans néologisme, nouveau et antique, aisément
contemporain de tous les âges."
Saint Beuve (Causeries du Lundi).
*
"Le prix de style coulant est donné indistinctement à tous les
écrivains connus, l'eau claire étant probablement le symbole le plus
clair de beauté pour les gens qui ne font pas profession de méditer."
Baudelaire "Théophile Gautier"
147
Angoisse de Stéphane Mallarmé (Résumé)
- Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps ô bête.
- Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songe.
- Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
Critique
poètes.
Quelques morceaux d'écriture et quelques critiques de
Reverdy :
Le grand poète et le grand artiste en tout genre, du reste -
c'est celui dont l'œuvre, apportant quelque chose de neuf, augmente
et modifie les dimensions du domaine de la pensée poétique - celui
après qui on ne peut plus à la fois penser les choses comme avant que
son œuvre apparût, ni écrire de la même façon - celui dont la
présence, pour un temps, présidera dans l'esprit de ses contemporains
ou des générations suivantes à l'acte de penser et d'écrire -, celui aussi
par qui les personnalités fortes seront influencées et qu'elles devront
148
le plus se garder d'imiter. Par-là, d'ailleurs, s'exerce sa meilleure
influence, celle qui obligera quelques autres à chercher pour leur
propre compte le moyen d'expression nouveau, le mieux adapté à leur
propre personnalité. L'œuvre du grand poète est celle dont l'influence
s'étend en ondes centrifuges à travers les œuvres qui lui succèdent à
l'infini" - Rimbaud - Baudelaire - Hugo - Lautréamont etc.
Hubert Juin dans la préface d'un recueil de Charles Gros
s'étonne : "... Verlaine, dans sa galerie des poètes maudits, ne lui
avait pas fait la place à laquelle il (Charles gros) pensait avoir droit.
C'était là le résultat d'une histoire complexe : il est vrai que Gros,
dans cette querelle de ménage, avait pris fait et cause pour la femme
du poète, et d'autant plus facilement - on peut le supposer - que ses
rapports avec Rimbaud ne lui avaient pas laissé le meilleur
"souvenir" - j'en viens - "C'est étrange, cette façon dont deux hommes
étroitement accordés par l'ambition poétique, si intimement se
désaccordèrent dans l'existence !" Fin de la citation ! De quel droit ce
préfacier ose-t-il comparer Rimbaud à Charles Gros. Remarques
stupides qui tombent sous le sens. Je ne répondrais pas à cette
question. Pourquoi un maître ne joue-t-il pas plus souvent aux échecs
avec un joueur classé en troisième catégorie ?
149
*
Paul Valéry : Tout poète vaudra enfin ce qu'il aura valu
comme critique (de soi). (Tel que).
Baudelaire : je ne suis donc pas partisan de la rature :
elle trouble le miroir de la pensée (L'art romantique).
Les jeunes écrivains qui, parlant d'un jeune confrère avec un
accent mêlé d'envie, disent : "C'est un beau début, il a eu fier bonheur !"
ne réfléchissent pas que tout début a toujours été précédé et qu'il est l'effet
de vingt autres débuts qu'ils n'ont pas connus.
Une nourriture très substantielle, mais régulière, est la seule
chose nécessaire, aux écrivains féconds. L'inspiration est décidément
la sœur du travail journalier.
romantique).
Pour écrire vite, il faut avoir beaucoup pensé. (L'art
150
*
Baudelaire : (L'art romantique) : "Sitôt que vous voulez me
donner l'idée du parfait artiste, mon esprit ne s'arrête pas à la
perfection dans un genre de sujets, mais il conçoit immédiatement la
nécessité de la perfection dans tous les genres. Il en est de même dans
la littérature en général et dans la poésie en particulier", et il ajoute
"celui qui n'est pas capable de tout perdre ..."
Freud : "Le don artistique et la capacité de travail étant
intimement liés à la sublimation, nous devons avouer que l'essence de
la fonction artistique nous reste aussi, psychanalytiquement,
inaccessible."
L'influence de Baudelaire sur la poésie contemporaine n'est
plus à démontrer. Valéry, Mallarmé pour prendre les illustres, ont
copié l'auteur des Fleurs du Mal. Baudelaire, par-delà le Mal qu'il a
travaillé toute sa vie, a inventé un nouveau rythme, un langage de la
Beauté. Et son vers est sonore, sa rime est magistrale.
Lire Baudelaire c'est l'aimer. Mais garde ! Le jeune poète
s'enchaîne à ce Maître de l'écriture et aura toutes les difficultés à
l'oublier.
151
Cocteau : "Comment expliquer que tant de jeunes
confondent l'organisme que doit être un poème avec une simple
allure poétique et ignorent l'ABC de la poésie, c'est à savoir qu'en
vertu de phénomènes auxquels j'ai fait allusion en prenant la parole,
l'invisibilité d'une discipline ne l'empêche pas d'être présente".
"Elle est une arme secrète. Une arme dangereuse, précise, au
tir rapide et qui parfois ne touche son but qu'à des distances
incalculables".
(Discours d'Oxford).
"D'où vient je le répète, que tant de jeunes se laissent
prendre à l'allure poétique et s'imaginent que la poésie consiste à
s'expirer en lignes inégales, alors qu'elle est un idiome, une langue à
part, que les peuples confondent avec une certaine manière cocasse
d'employer la leur ?"
(Discours d'Oxford).
152
Lautréamont : "Le plagiat est nécessaire. Le progrès
l'implique. Il serre de près la phrase d'un auteur, se sert de ses
expressions, efface une idée fausse, la remplace par l'idée
juste."(Poésies II).
Baudelaire : "Celui qui n'est pas capable de tout peindre, les
palais et les masures, les sentiments de tendresse et ceux de cruauté,
les affections limitées de la famille et la charité universelle, la grâce
du végétal et les miracles de l'architecture, tout ce qu'il y a de plus
doux et tout ce qui existe de plus horrible, le sens intime et la beauté
extérieure de chaque religion, la physionomie morale et physique de
chaque nation, tout enfin, depuis le visible jusqu'à l'invisible, depuis
le ciel jusqu'à l'enfer, celui-là dis-je, n'est vraiment pas poète dans
l'immense étendue du mot et selon le cœur de Dieu. (L'Art
Romantique, Hugo).
Vous dites de l'un c'est un poète intérieur, ou de famille ; de
l'autre, c'est un poète de la gloire. Mais de quel droit limitez-vous
ainsi la portée des talents de chacun ? Voulez-vous affirmer que celui
qui a chanté la gloire était, par cela même, inapte à célébrer l'amour ?
Vous infirmez aussi le sens universel du mot poésie. Si vous ne
voulez pas simplement faire entendre que ces circonstances, qui ne
viennent pas du poète, l'ont, jusqu'à présent, confirmé dans une
153
spécialité, je croirai toujours que vous parlez d'un pauvre poète, d'un
poète incomplet, si habile qu'il soit dans son genre."
*
J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or. (Baudelaire)
*
Débordements et lyrisme. Faire palpiter son cœur à chaque
instant du jour et de la nuit. S'angoisser avec délectation, trembler sur
le détail, se rire de l'exactitude. Transférer les états d'inquiétude sur
l’insignifiant. Poursuivre son analyse dans les vicissitudes, -
labyrinthes de la vie. Enfin se refuser toute clarté, issue de secours.
*
La poésie ? Une affaire de spécialistes.
*
Quand je pense à Stéphane Mallarmé, je me dis que notre
homme n'a pas de talent, pas une poussière de talent. Mallarmé n'a
154
écrit qu'avec du génie. Voilà un beau compliment qui révèle une
véritable admiration. Je suis toujours ébloui par la densité et par la
force de l'écrivain.
difficiles".
Il est un poète obscur, peut-être l'un des poètes "les plus
Il a cherché toute sa vie à garder au secret ses mystères
d'ecclésiastique et à ne les dévoiler à personne.
Igitur, Le coup de dés, Le fauve, La prose pour Des
Esseintes sont proposés à un public de connaisseurs, donc de
spécialistes.
Quand il fut vraiment à court d'argent, il se décida à écrire
dans quelques revues, ce qui nous valut des articles comme, La
dernière mode.
En fait, je lance ici deux, trois réflexions sur Mallarmé. Mais
je compte revenir plus profondément sur cet auteur qui sut unir sa vie
durant le génie et l'humilité.
155
Journal 80
Réflexions. Correspondance de raisonnements
entre le poète et le joueur d’échecs.
Chaque vocable possède une charge émotionnelle que
j’appelle grain de pensée.
Un poème est une somme de vocables. Le poète les choisit
pour leur propriété acoustique.
Pourtant l’analogie n’est plus un travail phonique. Mais
plutôt un travail de pensée incomplet.
Il rétablit son texte pour lui donner un sens. Le poète se fait
mineur puis équilibriste.
La poésie multi-référentielle (le poème a plusieurs
interprétations) doit trouver ses raisons par le vocable qui signifie
plusieurs choses à la fois.
poète !
Il y a une analogie certaine entre un joueur d’échecs et un
156
Je vais recopier une remarque - longue - trouvée dans un
guide de jeu d’échecs.
“ Méthodes de jeu : l’arsenal du maître. ”
“ Ce sont les méthodes de jeu, celles d’ordre tactique et
stratégique, qui engendrent la “ force des grands joueurs. Ceux-ci
possèdent une gamme de connaissances et de réminiscences “
structurées, dérivées de l’expérience et qui leur permettent de “ situer
” la position et le traitement “ qu’elle réclame, ainsi que d’établir des
rapports entre une situation neuve et celle qui leur est “ connue par
des expériences antérieures. ”
Et plus loin,
“ L’auteur se l’explique par le fait que le meilleur coup
n’était point plausible ! mais “ aussi parce que ceux qui possèdent la
maîtrise voient d’entrée l’essentiel. Leurs calculs ne sont pas “ plus
profonds que ceux des joueurs de première mais plus efficaces
précisément parce qu’ils “ entament l’analyse de la position à un
niveau plus élevé. ”
La dernière phrase est très importante.
157
Et encore,
*
“ La recherche d’un coup à partir d’une situation donnée se
réduit en quelque sorte à “ un examen empirique de la position. Le
joueur procède par divers essais qui sont autant de “ tentatives de
solution, mais aussi un moyen de reconnaissance du terrain afin de
s’orienter sur les “ possibilités qu’ils s’offrent. L’essai constitue en
outre une opération d’appoint dans la mesure où “ il justifie ou
contredit un espoir quantitatif ou qualitatif.
Il continue
“ Le joueur ne considère qu’un faible nombre de coups par
rapport à ceux qui “ réglementairement sont autorisés. Cette sélection
s’explique par le fait qu’il cherche une solution “ dans une direction
déterminée. Après avoir établi un jugement de valeur sur la position,
il part à la “ recherche des possibilités qui la justifient quand ce n’est
pas celles qui la dépassent qui auront sa “ préférence. Cette ambition
dérive d’un fait psychologique. A la valeur estimative de la position
le “ joueur ajoute inconsciemment une plus-value, dite d’espoir.
(Très important ce passage). Leur “ addition conduit à une valeur
anticipative maximum, ordre de grandeur trop optimiste par rapport “
158
à ce qu’on peu attendre de la position. Lorsque l’examen d’une
possibilité déçoit ses “ espoirs ”, “ le joueur l’écarte en faveur de la
recherche d’une autre, susceptible de satisfaire ses perspectives. “ À
force de réexaminer la position, le joueur tend à renforcer les
différents coups qu’il a examinés “ afin de parvenir à une preuve
objective ou subjective au sujet de la meilleure continuation. ”
Exact ! Le poète est un joueur et un chasseur foudroyant, et
ce n’est pas Valéry qui me contredirait.
Jean Cocteau. La difficulté d’être.
Quand, j’ai lu son livre, j’ai pensé à un pianiste virtuose car
son style possède les qualités d’un merveilleux musicien. Il déplace
ses mains sur les touches d’un piano comme un musicien de génie. Il
excelle dans son art, n’hésite pas à croiser les doigts, à changer de
gammes et avec son sens des tonalités retrouve la mélodie qu’il
s’était imposé au début du morceau. Il étonne, séduit, émerveille,
paraît inimitable.
Je ne crois pas qu’il faille dire de lui qu’il est un grand
moraliste qui rejoint la lignée de Pascal et de Chamfort quoique
certaines idées s’en rapprochent !
159
Son génie éclate, il est phosphorescent. Il serait nécessaire à
tout jeune écrivain de baver devant ce maître de stylistique !
Valéry
Valéry le magnifique, Valéry le majestueux. Des vers d’une
exceptionnelle splendeur. Racine le plus grand vêtu d’or et de
pierreries. Beauté royale, Toi.
Réflexions
me l’expliquât.
J’eusse aimé que ma poésie fût multi-référentielle et qu’on
(Le poème renferme plusieurs significations.)
Les poésies de Paul Valéry, d’Arthur Rimbaud.
Que m’importe de beaucoup souffrir, et de ne pas jouir - je
trouverai plus aisément la porte étroite !
Je ne suis pas un vil travailleur, un homme de lettres
piocheur et stupide, je ne suis pas un ignorant.
160
J’exploite la fortune poétique que Dieu m’a concédée.
Est-ce une tare que de choisir le rendement à la pauvreté ?
Je préfère exploiter une production de roses sur un hectare
de serres plutôt que de bichonner un rosier à la manière d’un jardinier
à la retraite !
Qui est le plus grand ?
Paul Valéry est peut-être le plus grand poète du siècle. La
majesté de ces poèmes en fait foi. Pourtant je pose cette question.
Racine trône au XVIIe, Victor Hugo est empereur au XIXe, Valéry
serait-il le poète choisi du XXe ? J’en doute car Valéry n’est qu’une
partie améliorée de Racine ou de Corneille. Pour être le plus grand du
siècle cela ne me semble pas suffisant. Les Partisans d’Aragon
crieront : “ C’est lui le plus grand ! ” Je leur ferais remarquer
qu’Aragon a bénéficié de la fécondité de Victor Hugo.
son nom.
Un poète différent, un génie supérieur qui s’impose. Trouver
161
Dans le domaine de la peinture, Pablo Picasso écrase tout le
monde. Je cherche un poète supérieur aux autres. Aidez-moi !
Avoir sans savoir
Le poète est celui qui cherche ; qui trouve ; qui ne sait pas
qu’il a trouvé.
Lui demander ce qu’il cherche ; ce qu’il a trouvé, est
stupide.
*
Choisissons.
La poésie est habillage quand la philosophie est profondeur.
Stéphane Mallarmé
Ses théories poétiques sont inaccessibles aux hommes de
bonne intelligence. Paul Valéry =, génie lui-même, a taché de
réinsérer les théories du Maître. Sans grand succès, je le crains.
La lignée est connue. Poe le Principe poétique, Baudelaire,
Mallarmé, Valéry et qui ?
162
Rimbaud
Je relis à haute voix sept ou huit poèmes des Illuminations.
Rimbaud est un génie à l’état brut. Mais il surcharge. Il manque de
souplesse. Son génie étonnant fatigue et devient très vite illisible.
Rimbaud est de l’opium qu’il faut fumer en petite quantité.
Et pourtant Dieu sait si je me suis enivré de ses poèmes, inspiré de sa
démence spirituelle !
Il est le diamant extrait de la mine de charbon, brillant de
mille feux au soleil exalté de la postérité !
*
Tu auras toujours à t’instruire dans les grands poètes.
Tu t’en retourneras toujours dans tes maîtres de la Pléiade.
163
*
En tout poëte il y a un critique. Je dis : il faut se détruire
pour obtenir de nouveaux résultats, de nouvelles inspirations qui en
vérité, ne sont que les suites de nous-mêmes.
Toujours vers l’avenir - le présent, le passé nous excèdent.
Le grand poète
La nécessité du grand poète est de se détester, de se refuser,
de se nier. Je ne conçois pas une œuvre géniale réussie et assumée
sans une critique implacable, terrible allant jusqu’au dégoût et au
refus de soi-même.
haïssent.
Les hommes forts, énormes, gigantesques sont ceux qui se
Déchirons tous nos poëmes. Brûlons tous travaux réussis.
164
En soi
J’ai toujours pensé : le grand poète aujourd’hui, en 1980 est
celui qui s’enferme dans une chambre, ne vit que pour soi-même sans
se soucier des goûts et des modes qui l’environnent.
Les jeunes ignares mais tout émoussés répètent le mythe de
Rimbaud. Ils se révoltent, et dégagent - tentent l’aventure à Paris -
Aucune aventure.
Je veux une maison bourgeoise, de l’argent, de la solitude, et
composer mon œuvre poétique en toute quiétude.
Si je suis aimé de Dieu, il m’écoutera - là est l’originalité.
Le chêne
Pousser la tradition poétique des anciens, c’est donner à
l’arbre centenaire - au chêne - une branche nouvelle. C’est fortifier sa
grandeur, l’embellir.
À considérer que les branches ne forment pas un arbre, mais
une génération de nouvelles pousses.
165
Valéry
Mallarmé Aragon
Claudel
Baudelaire
Racine Hugo
Mallarmé
Char
Rimbaud.
Les héritiers, qui sont-ils, aujourd’hui ? J’ignore tout de la
poésie contemporaine. Je ne me suis attaché qu’à m’instruire dans les
anciens.
Encore, encore
Les vers de saint Valéry, d’une admirable splendeur.
Richesse, beauté, merveille de l’Art. Majesté des alexandrins.
166
Précocité
Ces génies littéraires, ces prodiges, ces adolescences
sublimes, comme je ne voudrais pas leur ressembler. Ceux qui
partagent le terrible privilège d’être des phénomènes des lettres
françaises sont foudroyés par l’ange destructeur et s’engouffrent dans
le tombeau béant de la postérité.
Quels souvenirs laissent-ils ? Quatre années de génie
incessant et après rien.
Il faut vivre, travailler trente ans, quarante ans son Art. Il
faut être académicien.
La Muse
C’est une idole vulgaire. Tous les hommes se sont damnés
pour elle, chevauchant ses fesses, malaxant son énorme poitrine,
hurlant des râles dans sa fange grotesque. C’est une catin ou une
prostituée. Les poètes l’appellent la Muse.
167
La difficulté d’être
Dans la difficulté d’être, Jean Cocteau est d’une
éblouissante santé intellectuelle. Génie brillant, diamant aux mille
facettes, je lui donne le nom de Pépite lumineuse.
La difficulté d’être est un chef-d'œuvre. Mais je crains que
jouer trop avec l’effet génial soit le travail d’un poète retourné en
enfance - manquant de maturité d’esprit et de profondeur - et se
plaisant plus à jouer avec les mots qu’à en tirer une substance de
penseur. L’originalité est surprenante et ne peut que séduire le
lecteur. Le jeune littérateur stupéfié de sa vivacité et de sa poétesse
tachera d’imiter cette exception. Bien mal lui en prendra car ce
Cocteau est inimitable.
En vérité, trop habiller ses phrases leur confèrent un autre
sens. Cacher une pensée, c’est précisément ne pas penser. Il faut
tâcher de s’exprimer simplement comme le veut le moraliste.
168
Le bateau ivre, le cimetière marin
À propos de deux grands poèmes qui forment la structure
poétique éducative de note temps, je dirai que le bateau ivre n’est en
aucun point imparable au Cimetière marin de Paul Valéry. Composer
le bateau ivre à dix-sept ans est un fantastique exploit, mais ne
dénigrons pas certains autres poèmes exceptionnels : Michel et
Christine, Mémoire, jeune ménage, la rivière de Cassis, et dans les
Illuminations - Phrases, Aube, Génie, Après le déluge -
manifestations géniales à chaque ligne.
L’on me pardonnera ce choix restrictif, mais je n’ai pas le
volume des poésies complet sous les yeux.
Je reproche aux professeurs de Français d’initier leurs élèves
à l’étude poétique avec ces poèmes-ci : Voyelles, Le Dormeur du Val.
Enfin le but cherché n’est-il pas de donner l’envie de lire ?
169
Principes analogiques
Fantôme Pucelle sang troupeaux
Araignée fileuse.
1- Fantômes - blancheur - vêtus de blancs (blanc virginité)
(pureté)
2 - Pucelle - À déflorer ? Sang - règles ?
(Pucelle - sang)
3 - Sang - eaux : rapport ? Liquide.
douteuse)
4 - Eaux - troupeaux ? Les troupeaux paissent (analogie
5 - Troupeaux - fileuse ? La laine des moutons.
d’Ovide)
6 - Fileuse - Araignée vient d’Arachné (les métamorphoses
Toiles d’araignée - Fileuse - laine.
170
Principes d’inspiration poétique
Ne pas douter : jeter quelques mots et poursuivre ses
phrases. Chercher les pensées dans les vocables, ne pas orner les
vocables de pensées.
Je note cet avant-propos de Paludes de Gide qui me semble
des plus intéressants :
“ Avant d’expliquer aux autres mon livre, j’attends que
d’autres me l’expliquent. Vouloir l’expliquer d’abord c’est en
restreindre aussitôt le sens ; car si nous avons ce que nous voulions
dire, nous ne savons pas si nous ne disions que cela. On dit toujours
plus que CELA. Et ce qui surtout m’y intéresse, c’est ce que j’y ai
mis sans le savoir, cette part d’inconscient, que je voudrais appeler la
part de Dieu. Un livre est toujours une collaboration, et tant plus le
livre vaut-il, que plus la part du scribe est petite, que plus l’accueil de
Dieu sera grand. Attendons de partout la révélation des choses ; du
public, la révélation de nos œuvres ! ”
171
Radiguet
Que tout jeune littérateur lise avec admiration l’œuvre de
Raymond Radiguet.
Radiguet est au roman ce que Rimbaud est à la poésie.
L’ignorance des lecteurs est désespérante. Qu’on lui rende la
place qu’il mérite dans la Pléiade et dans la littérature du vingtième
siècle !
plan.
Il est inadmissible qu’il soit rejeté ou relégué au second
Radiguet est un génie prodigieux, un phénomène des lettres
françaises a écrit Jean Cocteau. Sera-t-il enfin compris ?
Quand tel qu’en lui-même enfin
L’éternité le changera ?
172
De la jeunesse
De la jeunesse. Seules les enfances exceptionnelles laissent
à la postérité des chefs-d'œuvre. A moins d’avoir du génie, à vingt
ans on ne sait pas écrire.
La formation du métier d’écrivain demande une dizaine
d’années passées à gribouiller des feuilles vierges.
Je porte une admiration sans limite aux deux enfances
géniales de Radiguet et de Rimbaud. Concevoir Le Diable au corps,
et le bal du Comte d’Orgel entre 16 et 20 ans, est un tour de force que
peu d’hommes de lettres de cinquante pourraient se vanter d’avoir
bouclé. Écrire avec une telle maturité relève de l’exceptionnel.
173
Littéraire, à l’intérieur
Je ne conçois pas d’œuvre littéraire composée dans
l’entourage d’autrui.
L’écrivain est celui qui a choisi de s’enfermer en soi-même
afin d’obtenir la lumière intérieure.
Tous les commérages, tous les bavardages l’éloignent de sa
mission première qui est de créer un monde nouveau.
Le phosphore jaillit de son âme, les ténèbres sont dehors.
S’expliquer, se justifier, se raconter le condamnent à
s’épuiser. Les autres se nourrissent de la substance qui vivait en luimême.
Cinquième ode - La Maison Fermée (Paul Claudel)
Argument :
On reproche au poëte le caractère fermé de son art et son
insouciance des hommes qui l’entourent. Et la femme du poëte
répond : je sais que la clôture lui est nécessaire ; il est temps que
174
toute sa vie soit ordonnée vers l’intérieur ; et par moi il a cet
intérieur. Et le poëte : ma miséricorde est d’être utile et fidèle à mon
devoir. Mon devoir premier est Dieu et cette tâche qu’il m’a donnée à
faire qui est de réunir tout en lui. (...)
Vibrations gidiennes
Le génie poétique de Gide éclate dans ses Nourritures
terrestres et dans quelques pages de Journal. Je note un paragraphe.
Il se fait poète face à la nature en éveil. Il emploie toujours les mêmes
termes, les mêmes idées. Toujours la même vibration poétique pour
exprimer ses sentiments d’homme exalté.
(1903) août, 4 heures du matin.
En wagon : avant Rouen ; bords de la Seine emplis de
brume. Allégresse matinale. Je me redis ces mots pleins de saveur :
allégresse matinale. Les meules des champs plates n’émergent
encore, que de la cime, d’une mer de brouillard bleu rosé ; l’air est
ineffablement pur ; l’azur du ciel trempe la terre. Mon regard,
fatigué par la nuit d’insomnie, se lave à la surface vaporeuse du
fleuve et boit au penchant laiteux des collines. Tout ce que la nature
a de végétal se lave et se baigne dans l’aube, avant la chaleur du
175
jour. La rosée ici se fait suc ; la plus brûlée des herbes reverdit.
J’aurais perdu tout ce qui m’est cher sur la terre, je ne m’en
sentirais pas moins heureux, ce matin je deviens herbe entre les
herbes et prends part à la communion du réveil.
Critique
Il est aisé de comparer les destinées de Rimbaud et de
Radiguet. Je rappellerai toutefois que le poète a cessé toute activité
littéraire de son propre gré. Quant au romancier, c’est la mort qui lui
a interdit de poursuivre son œuvre créatrice. Radiguet était sous
contrat. Il devait fournir à Grasset un roman par an pendant dix
années.
Sans guère me tromper, je pense que Claudel est le plus
grand homme de théâtre du vingtième siècle. Ses chefs d’œuvre en
font foi. Qui peut jurer dépasser en valeur théâtrale ce grand poète ?
J’inscris ici la hiérarchie des auteurs de France depuis trois
siècles : Molière, Racine, Corneille, Claudel.
176
*
Des classiques - La Fontaine, Racine, Corneille qui ont
bénéficié de support imaginatif - créatif des anciens. 50 % du travail
était déjà acquis. Disons 9/10 d’où la perfection de style - seul
véritable travail.
Merci Esope, Euripide, Sophocle etc.
Considérer l’emprunt.
Des grands créateurs
stupidités aussi.
Victor Hugo, De très belles choses, mais d’admirables
J’eusse aimé donner un bout de terre à Stéphane Mallarmé,
perfection de sa ville.
Dieu tâche à s’imposer par sa grandeur. Ce n’est pas
l’étendue de l’œuvre qui “ impose ” mais sa perfection.
Je préfère à cent diamants bruts un seul mais taillé.
177
(Qui a produit le diamant ?)
Le génie
Le génie est un homme privilégié. Les défauts du génie sont
le plus souvent sublimés en son œuvre. Ils lui sont nécessaires pour la
construction de son Immortalité.
VIII
Le chien et le flacon
“- Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou,
approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le
meilleur parfumeur de la ville. ”
Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois chez
ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire,
s’approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon
débouché puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre
moi, en manière de reproche.
178
“- Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet
d’excréments, vous l’auriez flairé avec délices et peut-être dévoré.
Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous
ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums
délicats qui l’exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. ”
Il faudrait longuement méditer sur ce petit poème en prose
de Charles Baudelaire. Mais adaptons la réflexion du poète au
critique littéraire, à l’éditeur et même aux membres de sa famille.
Claudel
Lui, Claudel, a composé Les cinq grandes Odes, le Soulier
de Satin. Des chefs d’œuvre très élevés.
La purification du poète.
Je lis moins le texte que sa nécessité (1).
179
Je
Je persiste à croire que Paul Valéry est le premier poète du
vingtième siècle comme le furent Victor Hugo et Racine, chacun à
leur époque.
Malgré l’admiration sans limite que je porte à Paul Valéry,
je dis : “ Hélas, c’est le premier ! ”
Je lui reproche de ne pas s’imposer, de ne pas écraser ses
contemporains comme le firent ses deux prédécesseurs.
Cette nuit, j’ai relu à voix haute La Jeune Parque. Toute la
connaissance de l’Art Poétique de Paul Valéry illumine la majesté de
son vers.
Je donne 30 ans à un poète. Jamais il ne sera capable de
composer la Jeune Parque.
L’on admirera avec quelle aigreur et méchanceté, ce petit
homme d’aspect si courtois s’en prend à Victor Hugo.
180
Cahiers
1096 Tome II).
Ici je recopie un passage inséré dans Les Cahiers. Pléiade (P
Sur les poèmes.
Grand poète est un titre qui se décerne assez aisément. On
dit : V(ictor) H(ugo) est un g(rand) poète.
Et cependant V(ictor) H(ugo) ne compte pas de composition
poétique véritable. C’est un grand faiseur de vers et de morceaux.
Détails. Sa composition est nulle. Et quand elle existe, elle n’est que
celle d’un récit.
Il existe en français extrêmement peu de poèmes composés -
c’est-à-dire composés de parties dont l’arrangement soit dû à des
considérations purement poétiques (1920-1921. M, VII, 760).
181
Démontrer que l’art déclamatoire est une utopie
Enregistrer sur disque Les Fleurs du Mal serait un échec.
Personne n’achèterait le produit. Le livre se vendrait mieux encore.
La poésie est envoûtement, effets magiques. Elle doit
ensorceler le lecteur comme un sujet obéit à son hypnotiseur.
Poètes d’hier - méfiez-vous ! La poésie de demain ne sera
certainement plus un Art déclamatoire. Elle se lira seulement avec les
yeux. Son but ne sera pas de charmer l’oreille, mais d’envahir l’esprit
comme une drogue ou de la fumée de nicotine.
Poésie sur échiquier
Le poète est un joueur d’échecs dont les pièces se déplacent
à volonté sur l’échiquier de l’infini langage.
Un poème est un puzzle dont les morceaux sont créés par le
poète. Ce dernier se doit d’obtenir une figure. Seule, intelligence
imaginative, surréaliste etc. Unique et inconnue.
182
Le génie du mot est de posséder une multitude de
connexions qui à son tour engendre une multitude d’idées. Chasser,
refuser, choisir la meilleure voie - travail arbitraire du poète.
Comment obtient-il le meilleur choix ? Pourquoi le grand maître aux
échecs hésite-t-il seulement entre trois ou quatre coups ?
*
Le grand poète sera celui qui découvrira un nouvel langage.
*
Quand jettera-t-on les premières lignes d’un Art Poétique ?
Les poètes peu enclins à la méthode synthétique se sont mis à causer
comme de vulgaires littérateurs. Aucun n’a été apte à fragmenter ses
connaissances pour les réduire à l’état de leçons et de cours.
Il faut en un premier temps enseigner les règles classiques
de la poésie, du vers et de la prose. Imposer des exercices, multiplier
les problèmes, dévoiler les solutions.
183
Cessons de comparer Rimbaud à Mallarmé. L’un occupe le
15e rang dans la Pléiade, l’autre le 40e. Rimbaud est un bon poète, un
génie ; Mallarmé un grand poète.
Jean Cocteau
Ai commandé chez Deloche Le Journal d’un inconnu de J.
Cocteau. 27 F pour 240 pages. Somme modique. Le secret
professionnel n’était pas recensé dans le catalogue des libraires.
Il faut lire Cocteau, et apprécier son génie. C’est un
personnage extraordinaire doué d’un style brillant, étincelant.
Cocteau fascine, Cocteau intrigue. On croit le saisir, il nous échappe.
Un poète aux cent mille changements, qui a saisi toutes les situations
inconnues. Savoir l’écouter c’est avancer à grands pas dans
l’investigation poétique. Jean Cocteau m’a révélé des évidences que
même Valéry dans ses cahiers ne m’avait dévoilé. L’un a l’utilité du
professeur - connaissances immédiates appliquées à un raisonnement
-, l’autre est un penseur plus difficile à comprendre, s’expliquant
avec des insinuations ou des images abstraites.
184
L’utilité de la poésie
Je ne crois pas en l’utilité de la poésie. Elle touche l’élite ?
Oui, mais nos dirigeants s’inspirent uniquement des principes
philosophiques - c’est-à-dire de la poésie purifiée et réduite à un
système d’idées et de réflexions. L’erreur du poète est de cacher la
vérité. Mal lui en prend. Personne ne l’écoute.
La poésie est allusive, impalpable, spirituelle. Elle est un jeu
d’images. Comment discerner le vrai du faux ? L’impossible du réel
? La poète se retranche derrière son génie, et assure aux autres qu’il
est un incompris. Que fait-on d’un homme qui échappe ? On l’évince,
on l’oublie, on l’ignore. Voilà pourquoi la poésie est une immense
solitude. La faute en incombe à l’acteur lui-même qui s’exprime dans
un charabia mensonger - les spectateurs désertent la salle, et lui
préfère le dialogue de la rue, celui du camelot.
Le miel poétique
La jeunesse attend trop de ses pères. Elle veut s’instruire. Il
est de son légitime droit d’être avide, et de souhaiter en savoir
davantage. Mais je pense qu’elle commet une erreur fondamentale,
185
car l’adulte n’a que faire de donner ses conseils. Être entouré par une
horde de mouches tourbillonnantes l’agacera. Il balancera un
couvercle de pot de miel sur la table et les mouches agglutinées
suceront avec leur trompe la fausse nourriture. Du miel, vous parlez
quel nectar ! C’est par le travail besogneux que l’abeille butinant de
fleur en fleur pendant toute une saison (qui représente toute une vie
de réflexions et d’applications poétiques) obtiendra enfin, le fruit de
son labeur, c’est-à-dire son propre miel.
Brèves notes
À quoi peut servir la Poésie ? Elle confère au grand poète
l’immortalité, les honneurs, etc.
Elle est vapeurs, oublis, et ivresses chez le lecteur.
Elle ne peut faire avancer les mœurs. (Contient-elle un ordre ?),
ni faire évoluer les âmes, le philosophe s’en charge.
Le génie poétique ne flatte que celui qui en est pourvu. Elle
est un principe d’admiration pour les autres.
186
Celui qui inspire a le privilège d’être utile.
façon.
Le fonctionnaire, le reproducteur, la femme sont utiles à leur
Elle est un signe de ralliement pour les autres nations : je
veux être toi la France. Ton pays est éclairé par de grandes lumières
(intelligence) (patrimoine culturel). L’influence (dans le concert) des
échanges commerciaux - intérêts économiques (étiquette Made in
France).
Gérard de Nerval
Le poète maudit est apprécié de ses confrères. On aime à
prendre en pitié le malheur, la souffrance, le deuil etc. des autres.
Nerval n’a jamais écrit de “ Grandes choses ”. Il a écrit de
belles choses, de bonnes choses. Il était aussi pourvu de génie.
On appréciera avec étonnement voire avec admiration sa
merveille prose si pure, si parfaite. Je songe Aux filles de Feu, Aux
Nuits d’octobre.
187
Rimbaud, Radiguet
Comment expliquer que pendant cette tranche difficile à
vivre, ils aient pu assimiler autant de connaissances en si peu de
temps ?
Comment expliquer que l’application de cette connaissance
ait abouti à quatre chefs-d'œuvre ?
Le génie obtient des résultats surprenants.
*
poète, je dirai :
Pour en revenir à la similitude entre un joueur d’échecs et un
à jouer.
Un jeune joueur qui “ pige ” tout verra de suite le bon coup
Ainsi le jeune poète de génie possédant l’évidence poétique
trouvera lui aussi l’une des meilleures combinaisons à écrire. Son
choix accompli, il élaborera un texte de qualité.
188
Rim, Ra
Je me suis penché longtemps sur les œuvres phénoménales
de Rimbaud et de Radiguet. J’ai pu observer un fait curieux.
Rimbaud est un mythe, Radiguet un inconnu.
Le dictionnaire encense l’un : génie d’une précocité
extraordinaire etc. et l’autre le laisse dans l’oubli.
En vérité, la seule raison expliquant ce sectarisme est
l’influence de l’œuvre à travers l’homme.
Rimbaud inspire, Radiguet non.
Le poète est celui qui inspire beaucoup plus qu’il n’est
inspiré. (Réf. Valéry - Variétés).
Deux génies, deux destinées littéraires identiques et deux
jeunes hommes d’égale valeur dans la hiérarchie littéraire. Chacun
dans une discipline déterminée. L’un dans la poésie, l’autre dans le
roman.
(Je n’échappe pas à la littérature comparée et j’ai tort.)
189
Chercher
Trouver une prose souple, style Chateaubriand, avec une
écriture réfléchie d’une grande intelligence - par exemple André
Gide.
Ou attendre avec patience. Je découvrirai le maître sans le
savoir. Ai besoin d’être aidé pour continuer mon travail de prosateur.
Le Vers m’a éclairé - Baudelaire, Mallarmé, Valéry,
Rimbaud, Hugo et Claudel.
Autres admirations : Apollinaire et Cocteau.
Je parle évidemment des poètes utiles à ma formation.
Poète et joueur d’échecs
Il faut savoir qu’il y a plus d’une analogie entre un joueur
d’échecs et un poète.
Valéry a écrit qu’un chef-d’œuvre est une partie d’échecs
gagnée échec et mat.
190
Comme il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance
approfondie des ouvertures, des milieux de parties, des finales etc ...
pour construire une bonne partie avec de très bons coups, il n’est pas
utile d’avoir pratiqué l’art d’écriture pendant un demi-siècle pour
élaborer un bon livre.
Un génie, un surdoué étonnera de vieux professionnels, et
qui sait peut-être sera-t-il supérieur à eux et en mesure de les battre.
Rimbaud et Radiguet ont tous deux partagé un étrange et en
certains points, un destin similaire. Tous deux n’ont donné qu’une
période tronquée de la vie à la littérature de quinze à vingt ans.
*
grain de l’ivraie.
Il y a beaucoup de déchets en poésie. L’Eternité sépare le
L’Impossible : résume-moi ce poème.
191
*
L’Art poétique - trop de mystificateurs, trop de poètes
amateurs stupides et gênants.
*
Quand cessera-t-on de considérer le poète incapable et
inutile ? Forçons-nous à lui donner un statut social ! Il est agaçant
qu’il soit la risée des pauvres âmes.
*
Poète ? Rêveur, fainéant, le sans le sou, l’idiot. Trois agents
sociaux qui par leur statut font mourir de rire les autres. L’homme
d’église (le curé), le soldat (l’engagé), et le poète.
Où est la vérité ?
L’art poétique est un art invisible. Seuls le maître et le poète
ont conscience de la valeur d’un poème. L’éditeur se trompe. Le
littérateur aussi. L’amateur de lettres est dans la déroute.
192
Celui qui est pourvu de génie ne l’ignore jamais. Mais il y a
des mystificateurs ou des gens de bonne foi qui prétendent en détenir.
René Char
Je feuillette la recherche de la base et du sommet de René
Char. Passages très intéressants sur Arthur Rimbaud. Je défriche le
livre, et n’ai pu encore l’embrasser dans son ensemble. Réflexions
poétiques, et poèmes en prose y sont mêlés. Quelques rares poèmes
en vers d’une facture assez médiocre. (1) Rien de comparable avec
Les Matinaux.
Je pense que René Char est le second poète contemporain
français derrière Aragon. Je puis me tromper. L’Éternité change tant
les poètes ! Après la mort, la hiérarchie est retrouvée. En toute chose,
le recul est nécessaire. La poésie n’échappe pas à cette observation.
13 juillet 1980
dimanche
(1) Je suis sévère. Et peut-être me tromperai-je ?
193
Hiérarchie
3 Racine
1 Victor Hugo
Villon Molière Lamartine
La Fontaine (4)
Vigny
Baudelaire (6) Musset
Nerval
Boileau
Chénier - Ronsard (5)
Du Bellay Aragon Eluard
Char
Prévert
2 Corneille Péguy Verlaine
Nerval
20 Mallarmé 35 Rimbaud
Malherbe
36 Lautréamont
Apollinaire
Cocteau
194
Tristan Corbière
St John Perse Charles Cros
A. D’Aubigné Claudel
Larbaud
Gide
195
Journal 81
Claudel
élevée.
Claudel enfante dix chefs d’œuvre. Grand génie - poésie très
Excepté Bréviaire poétique, peu lu de travail mystique
(éditions onéreuses, introuvables).
Claudel, Ionesco, Anouilh. Qui est le premier Homme de
théâtre du siècle ?
Claudel ? Le plus grand dramaturge français.
Non à La cantate à trois voix, Oui aux Cinq Grande Odes, à
Connaissance de l’Est Non, au Bréviaire.
*
J’en suis réduit à acheter du Guillevic ! Poète breton, sans
principe analogique. Actuellement les critiques le placent en
196
troisième position derrière René Char et Louis Aragon. Toute la
pauvreté de la poésie contemporaine des années 80 !
Tristan Corbière et Guillevic ! Merci Seigneur d’avoir
sublimer la Bretagne !
Henri Thomas
Je me suis procuré “ A quoi tu penses ” d’Henri Thomas,
recueil de poèmes assez faible et d’une facture simple.
d’écrire.
Je retiens toutefois deux jolis vers que j’aurais été flatté
Oublie la sève folle et les oiseaux qui plongent.
Vers ses fruits saignant
Un peu plus loin dans le même texte,
Ô sève de la chair si douce aux lèvres…
197
Poètes de chez Gallimard
Quatre-vingts pour cent des auteurs poètes de chez
Gallimard n’ont pas d’avenir. Pas un sur dix ne passera à la postérité.
Hélas ils sont publiés, choisis par le Lecteur. Leur génie est
inexistant. Accordons-leur seulement une application rationnelle des
règles de l’écriture.
*
tranquille !
De grâce, je vous en supplie : laissez enfin Rimbaud
Méthode différente
Je propose une anthologie de la Poésie française, en classant
les auteurs non pas par siècle ou par date de naissance, mais selon la
place hiérarchique qu’ils occupent dans la Pléiade.
Baudelaire/Hugo
Si Baudelaire était né au vingtième, il eût été le premier.
Mais Victor Hugo, empereur, l’a réduit à de la figuration poétique.
198
Victor Hugo écrase, Hugo domine. Tous se plient sous son joug, sous
sa puissance d’exilé.
Paul Valéry m’étonne. Je ne parviens pas à lui reconnaître
ses pièces. Lui-même s’inquiétait de son “ cimetière marin ”. Je me
trouve ébahi devant toute son œuvre.
Ni vu ni connu
Hasard ou génie ?
À peine venue
La tâche est finie !
La honte poétique
Il y a humiliation poétique à s’assumer avec cette profession
dans une société fondée sur la science. Honte de soi-même parmi les
autres. C’est l’inutilité artistique qui condamne le poète à ne
bénéficier que d’une place insignifiante dans la hiérarchie de la
valeur humaine.
199
S M
Mallarmé a eu le mérite de concevoir l’algèbre. Hélas son
niveau est seulement accessible à partir de la terminale.
P V
Tu réapparais toujours en moi, maître Valéry.
P V pour moi-même
“ Tout au plus une grosse loupe, et tant de défauts ! ”
“ Il en sait trop pour vivre. ”
Discutable
Aujourd’hui la poésie subit une profonde mutation dans son
principe d’inspiration. Le poète ne sera plus un récepteur sensitif ni
un capteur d’émotions, il sera un agent appliqué de la raison et de
l’intelligence.
200
Baudelaire, Mallarmé et Valéry sont les précurseurs de la
pensée réfléchie. Char a subi leurs influences mais travaille encore
par l’image.
Demain le poète sera un philosophe à l’état pur capable
d’éveiller la connaissance chez l’homme de science. Le divorce
millénaire de l’Art et de la Science sera rompu, chacun aidant l’autre,
étant utile à l’autre dans son système de pensées.
201
Journal 82
Pureté
Toujours nu, toujours vierge. Point d’habit ni d’apparat.
Chasser l’image de l’œil, et vibrer par le sentiment : le vers doit être
écrit pour l’âme et pour le cœur.
La beauté du vers très pur
Valéry, couturier, habille Racine.
Ha ! Mais demain, il y a Dieu !
Compose ce qui se propose le mieux à l’exécution - jamais !
*
Racine, le grand Racine. Sa postérité.
Baudelaire y ajoute volupté et sensualité.
Mallarmé surcharge son génie ; et diamantaire, ou alchimiste
transforme le charbon pur en facettes immortelles.
202
beauté.
Valéry habille la nudité de soie, et d’or précieux, voile la
Valéry
Valéry a écrit : “ Ce qui ne me coûte pas, n’a pas de
valeur .” Le travail est fonction ici de la conscience de l’artiste. Moi, je
dis : “ Ce que autrui peut faire à ma place, n’a pas de valeur. ”
L’activité est fonction de ma capacité à créer.
Géométrie et poésie
Exploiter la feuille blanche en temps que plan.
Oui, Mallarmé s’y essaya
Non, plus simple.
La construction architecturale (1)
Les morphismes.
invisibles.
(1) Armatures - correspondances - liens invisibles ;
Le téléphone permet de correspondre, mais les fils sont
203
Méthode
Il est impossible d’être reconnu a posteriori poète, si l’on ne
possède pas le génie.
Mais qu’est-ce que le génie ? Le principe de synthèse ne
saurait l’expliquer. Il s’agit ici de plusieurs composantes
complémentaires.
1°) L’inspiration : cette case ouverte dans la cervelle qui
permet d’expulser les coups.
2°) Le choix des coups : le grand poète ne refuse que
quelques fragments. Sa capacité inconsciente mémorise les
meilleures possibilités.
travail sérieux.
On naît poète, on ne le devient pas. Ensuite, tout n’est que
3°) L’emprunt d’autrui. C’est le : j’exploite l’autre. Je
m’évite à retrouver les choix meilleurs. Je les utilise.
204
4°) L’application des invisibles. Celui qui intelligent
appliquera vingt, vingt-cinq paramètres indispensables à l’écriture, à
l’âge de vingt ans.
Mais cela sera suffisant ? Que faut-il d’autre encore ?
Persévérer, travailler, y croire. Ne guère se soucier des
destructions médiocres. La critique est aisée. Pour faire un bon poète,
il faut compter dix, douze années de recherches intensives - l’édition
n’est prévue que pour plus tard ...
Je nie les jeunes têtes éphémères qui se sentent croître sur un
don. L’action poétique est interne, rien ne sert de montrer ses écrits.
Il faut partir du principe que tout ce qui sort hors de la
cervelle est médiocre - il faut être un critique terrible, inhumain avec
soi-même - se haïr, se détester - oserai-je dire se cracher au visage ?
Toujours déchirer, toujours détruire ?
*
Mallarmé, Valéry, Claudel, Char, Aragon, tous ont admiré
Rimbaud. Ils semblent ignorer qu’il ne fut que génial. Il n’a jamais
205
été un grand poète. Pourquoi ignorer Radiguet ? Parce qu’il n’inspire
pas ? Sa précocité est l’égale de celle de Rimbaud.
Je dis : le poète qui passera à la postérité s’inspirera
aujourd’hui de Virgile, Racine, Homère et de la Sainte Bible. Le reste
n’est qu’insignifiance (Conseils aux futurs grands immortels).
*
Plus je relis Racine, plus je le déshabille, plus puissants, plus
impressionnants m’animent les sentiments du génie et de la
perfection.
Moi.
Délires :
Celui qui s’aime plus que Moi-même n’est pas digne de
Celui qui tuera son Frère pour sauver sa vie ne peut être
digne d’une vie spirituelle.
cieux.
Je te donne une vie, toi qui engendres. Purifie-la vers mes
206
Hugo
Les 9/10 de la production hugolienne sont détestables.
Le 1/10 qui reste de sa création est géniale.
Je relis “ Les chants du crépuscule ” et je tombe sur : Qu’on
voit sans entendre encore les marteaux ?
Cette incapacité à composer, on la subit - être stérile ; et l’on
est soumis à l’impuissance, poète fébrile. Et l’on supplie sa Muse,
immense à nous proposer, à nous invoquer ...
Ce romantisme, endormissement pour enfants crédules. Ce
romantisme, anti-force, anti-puissance. Fleurs lavées et rosées
célestes. J’imagine Victor Hugo courant à travers collines et vallées,
et ramassant marguerites et roses pour la jeune fille en fleurs.
Détestable candeur, pâle pureté. Je sais Virgile ...
*
Le sentiment le plus noble sera l’indifférence.
Sans fortune, l’artiste en est réduit à être un fonctionnaire.
Mallarmé, Valéry, Kafka.
207
Il y a malédiction du XIXe que je déteste dans mon système.
Il y a un Baudelaire que j’entends gémir dans mes écrits.
Le poète menteur
Mes plus beaux vers ont été composés au bord d’une piscine
somptueuse, dans une villa paradisiaque. J’étais entouré de Naïades,
de filles superbes aux seins bronzés, aux fesses bondissantes. Je
travaillais par le contraire, je créais le mensonge. Je prétendais
habiter une pauvre mansarde lézardée, aux tuiles percées qui
laissaient passer l’eau. J’écrivais ma détresse, mes angoisses. Je ne
faisais que mentir.
*
On ne joue pas aux échecs avec les règles du jeu de dames.
On n’écrit pas de philosophie avec les lois de la poésie.
Le vers doit être accessible à tous, comme aux plus savants.
S’en référer à La Fontaine.
Ravale ce que tu viens de dire.
Génie stérile.
208
“ Tu enfanteras dans la douleur ”
Paroles immortelles pour l’âme du poète.
*
La poésie est un placement post mortem dont seuls les
héritiers touchent le capital et les intérêts.
*
Je n’ai aucun souci de rencontrer autre que moi-même.
Je me satisfais de cet intérieur des plus désuets.
Le cadet des soucis du poète est bien le mensonge.
Le génie croit en lui. Lui seul croit en lui.
Le talent est plus monnayable que le génie.
209
Arithmétique et poésie
À la fin, je suis las de m’en remettre à l’arithmétique
primaire. Je suis las d’en être réduit à compter sur mes doigts. Je ne
peux plus au temps de l’ordinateur et de la calculatrice me soumettre
à gagatiser jusqu’à dix.
Je ne veux plus faire souffrir mes affreuses méninges pour
obtenir un douze, pour refuser un hémistiche. Que s’en vienne le
temps que la machine comptera mes coups, et mémorisera mes
fragments ! Que s’en vienne le temps qui me fera libre de m’exprimer
de ma sorte, et non pas selon des règles vieilles de trois cents ans !
Quant au livre
Le livre de Mallarmé, une sorte de bible impossible à
réaliser, utopique dans sa création. La perfection de l’Art, le haut
degré poétique, quelconque chose à penser, irréelle à obtenir. Une
construction dans la cervelle, dont l’architecture s’écroule dans le
vrai. Recréer l’Univers divin. Réorganiser ces milliards d’étoiles.
210
J’ai une certaine idée de la poésie, comme de Gaule avait
une certaine idée de la France. La poésie est un placement à long
terme dont seuls les héritiers touchent le capital et les intérêts.
On peut éprouver une grande satisfaction à écrire des
poèmes. C’est certes un rarissime privilège à essayer de travailler les
vers. Hélas, la déconvenue et la déception sont immédiates.
L’impossibilité à publier est réelle.
Qui peut prétendre aujourd’hui vivre de ses écrits, qui peut
se flatter de nourrir sa famille en publiant des vers ? Seuls René Char
et Louis Aragon y parviennent. Mais ils sont reconnus dans le monde
entier. Je ne conseille à personne de s’engager dans cette voie, et
moins encore de poursuivre obstinément ce chemin impossible.
Comment me serait-il possible d’accréditer un fragment que
je considère stupide ? Pourquoi m’imposerai-je à travailler des
syllabes qui me paraissent ridicules ? Jamais je n’ai pu apprécier une
seule de mes pages, ou moindre ligne manuscrite, comme j’ai
toujours douté de ma capacité à obtenir des passages satisfaisants.
211
Je me déteste, je déteste tout ce que j’entreprends. Je ne
peux que rejeter ma feuille noircie et la cacher à tout jamais dans mes
manuscrits d’imbécile.
*
La poésie sert aussi à instruire les grands hommes. Elle a un
pouvoir subtil au second degré. Elle cultive, instruit l’intelligence
supérieure. Il en est d’ailleurs de toute discipline inaccessible à l’être
vulgaire, au commun insensible.
212
Journal 87
Descendance
Racine, mon arrière, arrière-grand-père de la troisième
génération décadente des Euripidiens.
Le chétif avorton d’une race maudite etc.
Recherche
Quelque chose entre Baudelaire et Valéry. Je vois du bleu, je
vois du vert. À la fois femme et intelligence. J’ai trouvé : Le cantique
des cantiques de Salomon.
L’utilisation du corps, la correspondance de l’esprit biblique
avec la maison d’Israël ! Il y a Dieu, il y a le territoire.
Le poids en feuillets
Toujours est-il, que Victor Hugo est inexplicable. On a beau
tourner, retourner, détruire, accuser, s’émerveiller, s’agenouiller, -
toujours inexplicable.
213
V. H.
Méthode. Il y a 6 ou 7 grands hommes dans Victor Hugo.
Pas 1, pas 2. Je dis 6 ou 7. C’est pourquoi il faut le couper. Il faut
avancer tout doucement et ne pas hésiter à consacrer des heures
entières à un fragment. Ne pas se dire : il a forcément été vite, donc je
l’étudierai vite. Ceci serait une erreur.
Que faire ?
Je ne pourrais jamais être étonné ni par le génie, ni par la
qualité, la quantité, ni par la technique. J’ai Victor Hugo, Racine,
Corneille, La Fontaine, Valéry, Baudelaire. Et j’ai toujours la
conscience de ma propre impuissance. Je suis Rien. Et je ne suis pas
indispensable.
Héritage trop riche ! Pays enfanté de splendides exceptions !
214
Qui fait un ?
- Est-ce Racine ? Est-ce Victor Hugo ?
- Victor Hugo.
Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là.
(Les Châtiments - Ultima Verba)
Certainement.
En résistance, il est le plus fort.
Baudelaire
On dit Baudelaire, la malédiction etc.
Mais si Baudelaire avait vécu jusqu’en 90, il n’aurait eu que
68 ans, j’ai à peu près la certitude qu’il aurait réussi avec sa
crédibilité. (Par Verlaine, Mallarmé, Valéry, Claudel, Gide etc.)
C’est difficile de demander à un poète de gagner à 50 ans.
215
Lamartine
Il est inconcevable de lire Lamartine dans son ensemble,
vers après vers, fatigue après fatigue. Il y a saturation.
Mais tirer quelques vers comme l’on pioche dans la bonne
terre. Car Lamartine est un grand poète.
Eco-poétique
La fonction de production basée sur la production
Faire du cerveau une entreprise de production
La poétique - la fonction productique
*
En cesser avec les fainéants.
*
en alexandrins.
Quand le poète dit : j’ai compris - c’est qu’il peut le réécrire
216
Je dissèque la formation de l’habile faiseur de vers. L’école
poétique du XVIIe, - Jean Racine, Pierre Corneille, Boileau, La
Fontaine. Tous des instruits dans les Anciens. Trois socles
fondamentaux de notre poésie française.
*
Il faut
drait savoir comment Victor Hugo a pu être Victor Hugo.
Je suis effrayé par Balzac, Voltaire, Corneille.
Ces quelques monstres ou phares.
217
Journal 88-89
Critique
Baudelaire ne savait pas qui était Baudelaire. Il ne se prenait
que pour un génie. Il n’a jamais dû savoir qu’il était grand poète, ce
qui est curieux pour un homme d’une telle qualité critique.
Sa dédicace est navrante comme elle enorgueillit Gautier,
qui est un poète très inférieur.
Rimbaud possède aussi le privilège d’étonner les génies.
*
Combien Victor Hugo a-t-il écrit d’alexandrins ?
Combien Lamartine, Corneille etc.
Je ne dis pas que Victor Hugo a fait cette constatation, mais
il aurait pu savoir qu’il avait écrit plus d’alexandrins que l’ensemble
des grands poètes de la Pléiade réunis.
218
(Je ne dois pas être loin du compte en tout cas).
VH 220 000 als
200 000 Po + 20 000 Th
Plus complexe
Et si l’harmonie n’était pas une correspondance de sons,
mais une organisation d’un ensemble phonétique de voyelles, de
consonnes, de rythmes etc.
Palatal : se dit des voyelles ou des consonnes dont le point
d’articulation est dans région du palais : “ e ”, “ i ” sont des voyelles
palatales ; “ ch ”, “ j ”, “ qu ” sont des consonnes palatales.
219
Hiérarchie poétique
Cor, Rac, Hugo, La Font, Molière, - Ordre ?
Baudelaire 6ème ?
Balz Flau Stendhal
Rons, Volt, Valé ?
Des, Pas
*
insertion sociale.
La poésie marginalise, appauvrit, fragilise, interdit toute
Apprentissage
Prendre un alexandrin de Racine, l’étudier, le poser en tant
que base et proposer des équivalences d’emplacement à la
grammaire.
220
Frédéric chercherait à me parler dans ce boudoir ? Frédéric
me demande et veut me dire pourquoi ? Isabelle, es-tu certaine ?
N’es-tu pas égarée ?
Acte II Scène première Phèdre Aracie
N.P.
Du style
Proposer des constructions siennes, de qualité qui ne
puissent appartenir à aucun autre.
Poser lentement les structures. Les penser longuement.
Découvrir un mouvement.
Et le Système
*
Et qui est le plus grand des poètes dans le royaume des cieux :
Virgile ? Dieu ? Salomon ?
221
*
Je crois en la poésie *. Je ne crois pas aux structures
d’accueil de la poésie.
Idée de critique
“ La Maison d’Édition devrait être pénalisée pour le
préjudice social qu’elle impose à l’écrivain de génie de ne l’avoir pas
reconnu.
Elle a un devoir - celui de reconnaître les talents. ”
(À passer par Baudelaire - Mon cœur)
*
À Paul Valéry
Jusqu’où faut-il aller dans la perfection de la forme ?
*
222
- Racine !
- Oui, mais Victor Hugo ?
- Racine, ça ne s’échange pas !
Les triplés
XVIIe siècle (Corneille, Racine, La Fontaine)
Romantisme (Musset, Vigny, Lamartine)
Surréalisme (Aragon, Prévert, Eluard)
Œuvres de jeunesse (Radiguet, Rimbaud ...)
.... Lautréamont.
VH
Tu coupes Victor Hugo en deux,
Il reste encore le 1er poète du siècle.
Tu coupes Baudelaire en deux,
Il n’est plus le second poète du siècle.
Victor Hugo assure avec 200 000 vers tandis que
Baudelaire n’en a écrit que 3 500 ...
Et oui ! ...
223
*
Imprègne-moi longtemps de tes rayons superbes !
Dressage
Il faut travailler, tout travailler, surtout ce qui paraît perte et
faiblesse.
Il faut savoir refaire, reconsidérer.
On tire une grande jouissance d’avoir mieux fait.
Du croquis, du poème, de trois lignes.
Ce n’est pas toujours aisé de récupérer les pertes, mais il
faut s’y astreindre du moins pour le dressage.
*
À quelle heure, tue-t-on Rimbaud et Baudelaire ?
Assez de mythe rimbaldien,
Du mythe baudelairien.
Il faut du neuf.
Chercher autrement.
La poésie est spatiale,
224
Je la ferai numérique, pour la coder correctement.
L’épopée du ver.
Au fond de la poussière inévitable, un être
Rampe et souffle un miasme ignoré qui pénètre
L’homme de toutes parts,
Qui noircit l’aube, éteint le feu, sèche la tige,
Et qui suffit pour faire avorter le prodige
Dans la nature éparse.
La puissance de V.H. dans La Légende des Siècles !
J’imagine Dieu lui donnant la possibilité d’écrire La Bible en
alexandrins ! On peut supposer l’immensité de son souffle au service
du poème épique ! Ce qu’il aurait pu en faire, Lui !
*
Je ne fais que chercher, disait le poète.
La poésie est un laboratoire de recherches.
La poésie est toujours en crise, toujours en mouvement.
225
Elle est en constante permutation, constante évolution. C’est
un bouillon de culture, avec l’œil du poète sur le microscope des
lettres. Comment sont-elles placées, comment s’arrangent-elles ? Etc.
C’est la révolution permanente.
Ou l’évolution constante.
P
Poésie commerciale Il faut la faire vivre
Poésie salon littéraire Disque
Poésie Gallimard vieille France
Poésie Écran Poésie chieuse
Poésie laboratoire
Poésie économique technicien
Math spatiale
Poésie utile
cercle, mystique appliquée
Poésie technique
Poète vivant de sa plume
226
Poésie peinture, musique, sculpture
Poésie + science Vois-tu quelque chose ?
Poésie + politique A quoi tu penses
+ homme politique
+ show bizz
+ résistance histoire
Je veux faire du poète un homme de son temps, inséré dans
le monde, et non pas un objet de curiosité.
*
Casser les images, les idées reçues
Un autre poète + racinien politique - affaires de l’Etat?
Il faut que le poète s’occupe de choses qui ne le regardent pas
Chansons
Il ne faut pas se dilapider. Éviter de rencontrer des inutiles.
Fais quelque chose de bien.
227
PV
Je disais de Paul Valéry, qu’il était parvenu à être le premier
poète du siècle avec 350 pages de poésie ! Ce qui est, en vérité, une
aberration.
Valéry a moins produit de poésie que Stéphane Mallarmé,
mais sa para-poésie, son intelligence, ses rencontres qui
confèrent une première place.
Place
Ce qui n’est pas supportable, c’est que Valéry arrive à être le
premier poète du siècle avec 350 pages de poésie.
(Plus !)
Franck, les fleurs du Mal ne représentent que 200 pages
dans la collection Garnier Flammarion, et Baudelaire est bien le
second derrière Hugo.
Oui.
228
Deguy ?
le problème.
Écrire autrement, comme personne n’a encore écrit. Là est
Problème d’intervention de style, de création.
sans Mallarmé.
Composer des phrases, inventer des phrases sans Rimbaud,
Produire autre chose. Oui, mais comment l’écrire ?
Un autre rythme Gaspard ! et Baudelaire !
R
Tu as maîtrisé ainsi ton énergie poétique.
Tu as fixé ces sujets d’inspiration,
Et tu en as tiré cette œuvre-là,
Sur l’espérance de vie qui t’était allouée, Racine.
229
Variantes
Le bernique est baisé, la tarte est hydraulique.
La critique est aisée mais l’art est difficile.
est au nombril.
- La critique est aisée ...
- ... Mais personne ne vous a demandé d’écrire !
GP
Comment faire de la grande poésie ?
(Faire beaucoup de bonne poésie et l’accumulation aidant...)
Formation poétique
Fabriquer des jeunes dès l’âge de huit, neuf ans. Qu’ils
puissent déjà écrire ; qu’ils s’essaient aux premières proses, aux tout
premiers poèmes. Les encourager dès l’école primaire.
Références, Sartre (Les mots), Rimbaud (Charles d’Orléans
à Louis XI).
230
Donner les règles de l’écriture. Chiffres, rythmes, accents,
équilibre littéraire, musique, lois invisibles dès l’âge de 15 ans, - au
sortir de la troisième, comme l’analyse grammaticale est d’après les
programmes assimilée par des BEPC.
Imaginons des jeunes avec des logiciels, des écrans
construisant des phrases codées respectant des règles, mais libres de
poésie, d’association, d’inventions.
*
Ces jeunes seraient peut-être à la poésie ce que les groupes
de musique moderne sont à la musique classique.
Il leur faut des instruments à ces jeunes. Ces instruments
sont le clavier et l’écran.
231
À Valéry
*
enthousiasmes.
Tu as inspiré l’admiration, tu n’as pas déclenché les
Une formule hugolienne : Tout à tous.
Les enfants ne t’aiment pas, ne te connaissent pas.
Jean de la Fontaine.
*
Poésie = émotion
*
Note
Voilà ce que je suis
Voilà ce que je fais
Et ainsi la personne montre son poème ...
232
Héritage surréaliste, Le Bœuf
Catastrophe.
*
L’art de faire des vers savants, Paul Valéry.
Conseils aux jeunes poètes
1) Faire de la mathématique - Bac + 3 IUT
BTS
2) Comprendre les tests d’intelligence. Donc travailler les
tests.
3) Travailler 8 heures par jour. 4 heures de lecture - 4 heures
d’écriture.
4) Ne s’en référer qu’à la Pléiade.
5) Beaucoup de livres techniques : collection points, traités
de versification, toujours des traités. Ne pas hésiter à rabâcher.
6) Exercices d’invisibles : chercher les chiffres, les
fréquences, les emplacements, les constructions invisibles, - c’est par
les livres techniques que l’on découvre les lois.
233
7) Avoir des amitiés complémentaires : électroniciens,
informaticiens. Leur demander leurs connaissances, et les instruire
dans la sienne.
8) Critique redoutable qui s’aiguisera dans les lectures de la
Pléiade.
9) Hygiène de vie : ne pas boire, ne pas se droguer. Se
fortifier par le sport qui équilibre une tendance trop émotive, trop
introvertie.
*
Loi de saturation - loi d’absorption
Mallar
VH
100 20 000 (X 200)
1 500 300 000 x 200
Fécondité doit être adaptée pour ne pas devenir ennuyeuse.
La répétitivité ?
234
Calcul/Rapport
Rimbaud/Hugo
On dit il faut 7 fois Rimbaud pour faire 1 Victor Hugo.
Mais il en faut plus !
J’en propose 11.
11 fois la quantité de Rimbaud, ça fait Victor Hugo ?
Ça paraît.
J’avais un autre calcul qui montrait qu’il fallait monter à 40.
Rimbaud a écrit pendant 5 ans.
Prenons le 1/5 de Rimbaud qui représente le travail sur une
année.
Et bien Victor Hugo fait quatre fois plus de travail que
Rimbaud sur une année.
Et c’est vrai pour toutes ses années de travail à Victor Hugo,
soient 50 années.
Ce qui devient 4 fois 50 années = 200
c’est 200 par rapport à 5 (de Rimbaud), donc il faut pour
faire 200 :
5 x (40) soient 40 Rimbaud.
235
Disons qu’il en faudrait quand même un peu moins
*
Société technologique ! POÉSIE
Poésie inutile
Pas de sécurité sociale
Pas d’emploi
Pas de salaire
Marginalisation
Travail inutile, jamais lu, jamais acheté
Impossibilité d’éditer.
Beaucoup d’inutiles : alcooliques, drogués, fainéants,
marginaux.
*
Vivre pour parler des arts, de la poésie !
Interdiction d’écrire, de produire, de travailler, de se former.
Interdiction de lire Dante, Corneille.
Pertes de 50 % sur l’œuvre de jeunesse !
Romans !
236
Journal 90/91/92
Hiérarchie ?
Bons poètes : Bosquet, Cocteau, Gautier, Guillevic, de
Heredia, Leconte de Lisle, Lautréamont, Péguy, Ponge, Rimbaud,
Scève.
Jammes, La Tour du Pin, Louise Labé, Reverdy, Soupault,
Thomas.
Assez bons poètes : Cendrars, Corbière, Cros, Jacob,
Laforgue, Larbaud, Michaux, Morand, Fargue, Nouveau, Breton,
Supervielle.
Caillois ? Queneau ? Rutebeuf ?
*
Ordre XXe
Ordre XIXe
1) Valéry 1) Hugo
2) Char 2) Baudelaire
3) Aragon 3) Lamartine
4) Claudel 4) Verlaine
5) Perse 5) Mallarmé
237
6) Eluard 6) Vigny - Musset
7) Apoll 7) Nerval
8) Prévert
9) Jouve Ordre XVIIe
1) Corneille
2) Racine
3) La Fontaine
4) Boileau
(Pas évident)
Ronsard
Du Bellay
Villon
Malherbe
Chénier (GP) ? Grand poète ?
Marot (GP)
D’Aubigné
238
*
l’insignifiant.
La poésie fait partie du domaine du dérisoire et de
Analyse vraie
Louis XIV 1990
Poé 1 000 (Racine) Poé 650 Valéry
Méd 200 Méd 200 x 25
= 5 000
Méd = médecine
“ Nous sommes les médecins de Molière
nous les poètes d’aujourd’hui. ”
*
Complexes de résonance dans La Jeune Parque de Valéry
Poésie expérimentale - codification
numérique - explication
239
*
Ce que j’aurais aimé produire.
Racine
Athalie
Phèdre
Andromaque
Britannicus
Esther
Corneille
Horace
Cinna
Pompée
Polyeucte
Cid
240
Valérie
Cimetière
La J.P.
La Pythie
Claudel Cinq grandes odes Théâtre
Rimbaud
Illuminations
Perse
Vents - Amer
Char
Un ouvrage.
*
Mallarmé
Un coup de dés
Igitur
Hérodiade / L’après-midi
Virgile
Enéide
Bucoliques
Géorgiques
Homère
Iliade
241
L’Odyssée
Dante
La divine
V.H.
Les Contemplations
Les Châtiments
La Légende des Siècles
Baudelaire
Les Fleurs du Mal
242
*
Claudel - Orgueil ; Corneille - Vieillir ; Valéry - Moi ;
Baudelaire - Beau ; Racine - Pur ; Voltaire - Raillerie ; Rimbaud -
Précocité ; Sade - Vice ;
Les poètes, les mots les déterminant.
*
Être un grand poète c’est moins intéressant que d’être un
bon scientifique au niveau du Je sais.
Ce que j’aurais aimé produire chez les autres
Rimbaud :
Char :
Mallarmé :
Perse :
Claudel :
La Fontaine :
Racine :
Illuminations
L’œuvre
L’œuvre
L’œuvre
Les Cinq Odes
Les Fables
L’œuvre
243
Corneille :
etc.
V H
Légende des Siècles
Dante :
Virgile :
Homère :
Valéry :
Lautréamont :
Baudelaire :
Médée, Horace, Polyeucte, Cinna, Cid,
Les Contempl, les Châtiments, la
Toute l’œuvre
Toute l’œuvre
L’œuvre
Poésies + cahiers
L’œuvre
L’œuvre
A, B, G P
Gotha mondial :
Euripide, Sophocle, Eschyle, Sénèque
A : Virgile, Homère, Shakespeare, Dante, Ovide, Pindare
Ronsard
B : Racine, Hugo, Baudelaire, Corneille, La Fontaine,
Grands poètes : Eluard, Musset, Vigny, Verlaine, Valéry,
Jouve, Perse, Claudel, Lamartine, Prévert etc.
244
Journal 93
Poème ? Valeur du poème ?
Intensité ? Perceptivité de l’intensité ?
Quelle est ma réaction face à un produit poétique que je
possède ?
*
Valéry Baudelaire Racine
Virgile
XXe XIXe XVIIe Antiquité
Décadence poétique !
Hugo exception, le plus grand poète français.
Système d’accumulation. Mais si cela marche, pourquoi pas !
245
*
Je ne comprends toujours pas ce que Paul a pu trouver
d’utile dans l’acte décrire le poème. “ Capter les différents états de
l’inspiration (1), voir JP ? ”
Pourquoi travailler avec des mots, avec du matériel variable,
quand la mathématique propose des entités fixes, dont la valeur et la
raison sont les mêmes pour tous ? Pourquoi ? Par faiblesse ?
(1) Comprendre la création ?
Ce que vaut le poème.
Le poème est détestable. Il n’a que la valeur de l’instant,
durée brève. Il est la preuve de mon échec, de mon incapacité à
obtenir ce que l’Esprit avait cru entrevoir. Il est rejeté, exclu, - il
disparaît dans les tiroirs et je prétendais chercher autrement ... Je
réutilise mon énergie, je la transpose sur un support - le sujet - je
cherche, je tire, j’obtiens puis le critique foudroyant, assassine le
texte obtenu : je meurs et tâche à renaître. Ad libitum.
246
*
- Que faites-vous ?
- Je produis de la pauvreté.
- Ce n’est pas possible ?
- Si, si, j’écris des poèmes.
Critique
- Il faudra apprendre à comprendre autrement, sans le beau.
- Pour quel intérêt ? Si cela ne me charme pas, vais-je me
forcer à trouver cela inutile ? Qu’est-ce qui peut exciter mon esprit ?
- L’originalité, la créativité etc. Même si cela est différent et
si cela dérange.
*
La poésie est un travail personnel, parfois lu par quelquesuns.
247
Hugo - Critique
Il a voulu philosopher lyriquement
tout en poétisant, ce qui donne :
Homme, tu es petit, l’univers est immense.
Ignorant que tu es, acclame sa puissance.
Reconnais le Seigneur qui a choisi les cieux,
Essaie de le trouver dans le ciel lumineux.
Etc.
*
Je ne comprends pas Racine
Corneille Technique Force style
Virgile Grandeur du poème
V H Puissance
Lafontaine ?
Ronsard ?
Baudelaire ?
248
Les poètes
Ils cherchent à crédibiliser leur propre immortalité, ils
veulent être reconnus de leur vivant. Toujours fous de gloire, de
caresses, d’admiration. Pourquoi ? Qui sont-ils ? Quel niveau ont-ils
atteint ? Ce n’est donc que cela ? Mais travaillez encore !
Ce n’est donc que cela ? L’œuvre était achevée
Et je cherchais encore !
Critique
Baudelaire, c’est un grand poète, c’est un grand critique,
c’est un grand écrivain, c’est un grand traducteur et c’est un grand
épistolier.
Évidemment il pèse, d’autant qu’il est mort à 45 ans.
Cela implique, sa sixième place poétique, derrière VH, Ra,
Cor, La F. et Ronsard.
Poésie
Environnement favorable
Inspiration des Dieux
Moi +Pléiade
249
+ temps + papier une œuvre
Je ne suis pas un “ poète ”
mais je fais une œuvre.
*
Virgile ?
Virgile Les Buco
Les Géo
L’Enéide
Virgile n° 1 de la poésie occidentale
Comment obtenir un résultat Virgile ?
Si Virgile = Ov ?
Comment Ox Ov
Mais OvH Ov
Prob !!
250
*
Si Racine avait écrit
80 000 à la manière de Racine
Oui /
R aurait été Virg
R = 20 000 alxs
Si R = 80 000 alxs Racine Virgile
SI R avait produit la Qté de Cor
R Virgile
*
La poésie est un travail personnel lu parfois par quelquesuns.
251
Poésie
Aberrante réalité terrestre, détestable condition, médiocrité
de l’existence, - la charge du ridicule, le poids de la bêtise (le poète,
de quel savoir peut-il se prétendre ?) et puis, et puis.
Il y a cette certitude d’immortalité, de gloire, de Panthéon,
de place élevée, etc. faire très grand poète.
Quand une poésie est perte, il faut la passer en prose, la
transformer quelque peu, lui donner une allure plus souple, plus
pratique pour la lecture.
La mauvaise poésie dégoûte ; la mauvaise prose n’exige pas
l’effort de lecture, elle n’est donc pas condamnée ou rejetée avec
virulence par l’esprit critique. Il la méprise, son sentiment se
rapproche du sentiment d’indifférence.
Un mauvais poète est exécuté, un mauvais prosateur est
méprisé.
252
Poésie
Le poète se dit : qu’importe que ce mot si musical ne signifie
pas ce qu’il faudrait ! Je le prends, je l’utilise et je place puisque c’est
un bon coup. D’ailleurs ne s’accorde-t-il pas admirablement avec cet
adjectif ?
Poésie - Musique
La prononciation française manque de frappantes éclatantes.
Le B, D, G est doux, et P T C n’explose pas. Or je dis que le poème
doit frapper, comme une batterie moderne. La langue française ne
met à notre disposition qu’une espèce de boîte à farine, et le son est
assourdi.
C’est peut-être l’une des raisons qui explique que la poésie
française est peu prisée : l’association des mots n’offre que très peu
d’objets sonores efficaces.
À considérer, la langue anglaise, l’hégémonie de la chanson
anglo-saxonne. Traduire les Beatles avec les Lionceaux est un
désastre. L’adaptation fait échec.
253
Note - Poésie
Tout est rebutant en poésie, à l’exception de la satisfaction
finale, celle d’être un grand poète. Il peut y avoir jouissance à être un
génie lors de l’exécution de la tâche, et plaisir à lire autrui parfois, -
plaisir et désespoir intimement mêlés (la perfection du maître).
Critique
Je contredis Valéry. Je considère que La légende des siècles
est un ouvrage très difficile à exécuter. Il nécessite énormément de
puissance, de moyens mis à sa disposition, de force et de génie. Je ne
suis pas amoureux de La légende, comme j’aime Phèdre,
Andromaque, Esther, Athalie, Cinna etc. mais la tâche me semble
correspondre à l’un des exercices les plus monstrueux de la poésie
française.
*
Pouvoir des poètes. Parfois en dire plus qu’ils ne voulaient
en dire. Références multiples.
254
Pouvoir des poètes. Capacité de synthèse inconsciente
enfouie sous un pur langage et qui se propose à la raison. (Tout à
coup, je m’illumine ; j’avais à peine saisi, et voilà que je le conçois !)
*
Piaf. Vulgarité des mœurs, mais cette voix ! Cette voix ! ...
*
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs nigauds. Valéry.
Et j’en sais de très grands qui ne sont que des sots ! Persifle,
Paul, et je pense à Racine. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur
nos têtes ? Persifle et dédaigne !
Génie - Orgueil - Poésie - Science
Un jour que j’interrogeais un poète de cette façon : “ Mais,
Monsieur, n’en avez pas assez d’être considéré comme étant de la
sous-m… intellectuelle ? Vous êtes battu à plate couture par le travail
des hommes de science. Votre art est décadent. Eux ne font que
progresser, et vous, vous obtenez des résultats poétiques ou littéraires
inférieurs à ceux des anciens.
255
Imaginez qu’un technicien en 93 vous fabrique un poste de
télévision digne des années 60, et qu’il vous demande 4 fois votre
salaire mensuel pour acquérir ce pseudo bien de consommation ? Que
penseriez-vous de l’édit technicien ? Vous le mépriserez. Vous en
seriez à ironiser sur sa soi-disant compétence.
Et bien Monsieur ce travailleur, c’est vous. Vous n’êtes pas
capable d’ajouter sur la compétence d’autrefois, et vous voudriez que
l’on achetât vos recueils de poésie ! Mais pourquoi ? ”
Mon interlocuteur était éberlué, il tournait ses yeux dans
tous les sens, sa bouche ne prononçait plus aucune parole ; certes je
venais d’abattre ce qu’il avait mis trente ans à construire, c’est-à-dire
sa propre personnalité poétique.
Enfin, il put dans une sorte de bégaiement difficile, parvenir
à sortir quelques bribes :
“ Mais comment faire ? Comment ajouter sur Racine ou
Hugo ? Comment ? Suis-je un surhomme ? ”
256
“ Monsieur lui répondis-je, ne croyez-vous pas qu’à
travailler à temps partiel, en fin de semaine, à vos heures libres vos
poésies, vous n’êtes qu’un pur amateur, tandis que la valeur du
travail de l’homme ne peut être accréditée que dans une constance de
formation. ”
“ Je n’ai pas le temps, j’ai une femme, des enfants à nourrir
et plus encore ... ”
“ Vous êtes à la poésie, ce que le joueur du jeu de paume est
au tennis moderne. Un amateur satisfait de ses résultats dans une
petite assemblée, tandis que la finale de Fushing Midow se joue en
mondio vision devant 800 millions de spectateurs ! ”
Ce que je crois, c’est que la formation poétique nécessite un
travail à temps plein, avec un bon système pédagogique, une bonne
transmission des invisibles, et des exercices quotidiens à appliquer.
Écrire, écrire, écrire, peindre, peindre, peindre, sculpter,
sculpter, sculpter, toujours et encore.
Le secret est dans le travail, et dans le travail de groupe, il se
peut ... ”.
Mon poète semblait fort désarmé et me répliqua que la
paresse, l’ivresse, la solitude sont des ingrédients indispensables pour
former un Baudelaire, un Verlaine ou un Chénier.
Je répondis qu’il avait mis le doigt sur la décadence comme
ces trois exemples du XVIIIe ou du XIXe siècle ont obtenu des
257
œuvres inférieures à mon triumvirat Racine, Corneille, La Fontaine,
qui eux-mêmes ont moins bien produit que des Virgile, Homère et
Dante ...
“ - Que saurai-je ajouter ? ” Me dit mon homme.
- “ Mais plus rien, Monsieur, hélas ! ”
258
Journal 94
Poésies - Progrès
Il faudrait proposer une méthode d’investigation poétique,
une méthode efficace qui donnerait la certitude d’obtenir des résultats
supérieurs à ceux obtenus par les anciens. Et de ce fait, on ne pourrait
pas remettre en cause la véracité du moyen.
Le problème est de savoir si travaillant à temps partiel dans
une civilisation culturelle basée sur l’image et les communications,
travaillant dis-je pendant les fins de semaine, à ses heures libres, sans
formation soutenue, sans principe pédagogique quelconque, si l’on
peut parvenir à des résultats poétiques de meilleure qualité que ceux
des anciens.
On pourrait poser la question autrement. Comment ajouter
sur le premier, tandis que la tendance est dans cette discipline
caractérisée par la décadence ?
259
Poésie
Comment, dis-je, comment concevoir l’obtention d’un produit
poétique satisfaisant sans loi, sans règle, sans hygiène de vie ?
Comment produire dans un environnement défavorable en
usant de la souffrance, de la fatuité et de la bêtise ?
composer !
Jamais le poète n’a eu autant besoin d’intelligence pour
L’on continue pourtant à pousser le mythe rimbaldien, allant
dans les cafés, dans les lieux de perdition, dans la drogue, dans les
pseudo voyages. Pour obtenir quoi ? De bien faibles résultats en
vérité. Hélas, nous refusons d’appliquer les méthodes de gains des
autres disciplines ascendantes telles que le sport et la science.
Critique : Les Bucoliques
Le choisi, le délicat, le précieux chez Paul pour traduire,
pour adapter son Virgile.
260
La finesse des traits, l’intelligence, l’ingéniosité des
solutions avec touches si légères !
souvent défaut.
Quel beau peintre quand bien même la traduction ferait
Bac ou Bac + 4 ?
Chez Apollinaire, chez Verlaine, la grande poésie est une
fin, un moyen d’être, une façon d’imposer sa personnalité.
Chez Valéry, elle est un moyen d’accéder à une compétence
autre, supérieure encore, plus fine. Elle est un instrument.
Exemple :
Devenir un grand poète, posséder cette science pour se faire
prophète ; alors la poésie est bien un moyen.
Papillon alcoolique et hoqueteux.
261
Des mots
Le “ Oui ” de Racine pour commencer une pièce avec
certitude d’un état développement etc.
Le “ Rien ” de Mallarmé, pure certitude du Néant.
Le “ Quoique ”, doute subtil, - que j’aime beaucoup. Même
la mathématique doit en être pourvue.
Je sais mais je doute.
Poésie - Place
Il n’est pas question d’accepter un compromis d’injustice en
fonction d’un classement, il faut obtenir ce qu’on mérite en fonction
de sa valeur réelle.
262
Aux poètes
Ces imaginatifs qui captent des instants, allons savoir
comment fonctionnent leurs cerveaux ...
M’éveillais-je ? Ainsi comme au plus pur moment de
m’entendre, je captais quelque fois des sonorités diverses que je
changeais en mots ... C’était au bord d’un songe.
Crédit poétique
On peut arriver à cette situation où un produit poétique peut
ne pas être crédible auprès de soi-même, auprès de l’éditeur, du
critique littéraire et pour finir du public quand bien même ce produit
aurait des vertus artistiques.
Produit poétique
( . soi-même
( . critique littéraire
( . éditeur
(. public
“ Il faut donner du temps au temps
263
Pour que Vincent ait du talent. ” (Barbelivien)
Mais maintenant Vincent
Tu vends... (Sardou)
Et Dieu, qu’en pense-t-il ?
*
Ce que je crois, c’est qu’il est peut-être possible d’ajouter
sur la compétence des anciens dans le secteur poétique, en travaillant
par le principe de quantité.
Jetons-nous dans le Moyen Âge ! La lecture y est peu
abondante. L’espérance de vie est courte. Le bagage culturel assez
bas.
Voyons Du Bellay (Poète que j’estime fort, j’en veux pour
preuve mes sonnets 84 qui ont été composés/construits avec ses
Regrets en référence), il meurt à 38 ans et laisse 200 pièces à 14. Sa
qualité est certaine. Il est grand poète.
264
Projetons-nous à présent dans le XIXe siècle. Ces décennies
produisent des Verlaine, des Lamartine *, des Nerval, des Musset et
des Vigny. Tous ces poètes, grossièrement ont produit un tome de
Pléiade en poésies, soit 40 000 vers. Ceci à comparer avec les
malheureux 3 000 vers de Du Bellay.
On ne va pas s’étendre pour tenter d’expliquer ce
multiplicateur par 13. Ceci peut être facile. On le constate, voilà tout.
* Lamartine - 72 000
Par extension de ce raisonnement, ne serait-il pas possible
de former des poètes pour qu’ils produisent 250 ou 300 000 vers ?
Soit un multiplicateur par 7 ou 8 comparé à la production obtenue par
les auteurs du XIXe ?
L’augmentation de l’espérance de vie nous permet d’écrire
fort tard sur une période plus longue.
L’excitation des lectures avec des collections relativement
complètes sont sources de nouvelles productions personnelles.
265
Je pense souvent à Jean Cocteau qui se flattait de produire
de la poésie de roman, de la poésie de théâtre, de la poésie critique,
peut-être aussi poésie et correspondance, qui est parfois de la poésie
mêlée vin et eau.
En appliquant son système et en le fortifiant, ne pourrait-on
pas obtenir une quantité poétique plus importante ?
Mais la fécondité a-t-elle le moyen de la crédibilité ?
L’œuvre de Cocteau est fragile. Elle est toile d’araignée. Il faut des
bases solides, des armatures et du bon béton pour que l’édifice ait
une durée.
Je sais, je vais agacer certains poètes, qui purs amateurs
considèrent que la poésie c’est tirer 400 lignes tous les quatre ans à
500 exemplaires, que la poésie est caviar, est délicate, est à
consommer avec modération, etc.
Mais enfin, j’exprime une idée.
On ne fait que relire les poètes. Pourquoi ? Parce qu’ils
n’ont que trop peu produit.
266
Poésie - Équivalence
Il faudra convertir l’intelligence poétique en intelligence
scientifique - convertir comme il est possible de convertir deux
monnaies.
Grande déception monnaie de singe, papier-poésie.
Le poète est faible depuis trois siècles - excepté VH.
Certitude de décadence depuis Racine.
Valéry Baudelaire Racine Dante Virgile
1er XXe 2e XIXe 1er XVIIe 1er poète du Moyen-âge
1er poète
267
Valéry = Perse ?
Cela glisse doucement vers une pente. La science est
ascendante. Mais comparons les méthodes employées.
La poésie est amateur, solitaire, repliée sur soi-même,
autodidacte, nombriliste.
Comment peut-on être un grand joueur de billard en
carambolant seulement 2 fois en fin de semaine ?
La science appliquée, les techniques appliquées - gros
investissements, matière grise - ordinateurs, puissance.
+ travail en collaboration.
Des chercheurs. Synergie de la recherche collective.
Ignorance, Ignorance, fléau
On peut se demander pourquoi les poètes du XVIIIe, du
XIXe et du XXe ont accepté comme le bétail va à l’abattoir, d’obtenir
des résultats inférieurs à ceux du XVIIe. Pourquoi n’y a-t-il pas eu
268
révolte, prise de conscience de son incapacité à faire mieux que les
anciens ?
Parallèlement les sciences et les sciences appliquées
faisaient gains, faisaient mieux quand les arts décevaient.
Un médecin du XXe en sait plus que son confrère du 18e.
Mais Baudelaire est moins bon que Racine.
Et il n’y a pas eu recherches de moyens pour faire mieux, la
recherche a consisté à produire autrement avec sa flopée d’écoles -
symbolisme, impressionnisme, surréalisme, spatialisme, l’invention
s’est faite dans le fond, mais la forme n’a pas pu suivre. Ainsi Eluard
produit des alexandrins inférieurs à ceux de Corneille, il est donc
moins bon, mais il fait quelque chose de différent.
Il se peut toutefois que quelqu’un ramasse toutes les mises,
et par fusion, par synthèse avec une mise en forme adaptée ajoute sur
ces inventions du XIXe et du XXe.
269
*
Poésie Matos de pacotilles.
Les petits oiseaux, les roses, les nuages etc.
Les poètes sont largués. Ils ne sont pas à niveau. Ils planent :
“ Le qui est-ce ? Où suis-je ? Ha ! Bon ! Je n’étais pas au courant de
la panne d’électricité etc. ”
*
- La poésie est à la science ce que la Traban est à la BMW.
- Je te ferai ingénieur chez Traban, j’ai décidé de faire de toi
un pur produit de l’élite communiste. Quoi ? Comment ? Tu te
révoltes ? Tu es vexé ? Je ne l’entends pas de cette sorte ! Allez
maudire ce sale petit breton, etc.
- Comment, trop conscient ...
270
*
Testez les valeurs
Convertissez les intelligences
K poétique comparer K domaine scientifique
domaine le + compétent
le - compétent
Valeur d’un poète
Prévert
Cocteau
Valéry
etc.
comparer avec homme de science
Critique
Les poètes disent : “ Nous sommes, mais autrement, et vous
ne le comprenez pas. ”
Ce qui est faux, - mais les poètes manquent de lucidité
intellectuelle, ils ont pour la poésie les yeux de Chimène et refusent
271
de voir avec objectivité la réalité poétique, la triste réalité d’une
discipline qui a été et qui est de moindre valeur de nos jours.
*
La discipline s’essouffle, n’a plus les ressources d’autrefois,
ni même l’environnement d’autrefois pour produire des poètes de
qualité supérieure que le dix-septième nous aura donnés, dont le dixneuvième
nous aura gratifiés aussi, mais dans une moindre mesure - à
l’exception d’Hugo toutefois.
*
J’ai toujours associé le mot poésie au mot peur. Peur de ne
rien détenir entre les mains, peur du ridicule, peur de l’exclusion.
J’ai beaucoup aimé la mathématique, qui elle m’assurait un
crédit, une force, une certitude.
La poésie est faiblesse, la mathématique est raison.
272
L’alcool est un mur liquide derrière lequel on se protège. En
vérité, c’est l’alcoolique qui tangue. Il se figure que ce sont les
autres, qui déambulent. Qui déambule véritablement ?
La poésie = alcool ?
*
Ma certitude n’est pas de crédibiliser mon produit poétique -
je ne le crois plus. Mon espoir est de me préparer à bien mourir,
c’est-à-dire à me faire immortel pour l’Au-delà. Mais je n’attends
rien ici-bas, ce n’est plus possible, cela ne fonctionnera pas.
*
Le crédit d’autrui n’est d’aucune utilité.
Il faut parvenir à exploiter, à potentialiser son moyen
poétique comme une machine, comme une palette, comme un sexe.
Extraire, produire, concevoir, puis aller au-delà de ce que l’on
appelle limite, car elle n’existe pas.
273
Mais les poètes se suffisent de peu, branche légère cassante,
satisfaits de leur amateurisme. Quand comprendrons-nous que le
génie, enfin ce qu’on appelle génie, car génie veut dire divinité, sans
le travail est strictement rien ? Quand le comprendrons-nous ?
De la visibilité
Il n’y a aucune visibilité en poésie. On ignore qui est qui, et
qui fait quoi. On suppute, on suppose sans réelle certitude, sans
principe exact d’appréciation.
L’amateurisme y règne. Les erreurs y sont nombreuses. Mais
n’est-ce pas délicat, voire impossible de prétendre détecter ceux qui
parviendront à remplir les fonds des collections ?
*
Il faut constamment changer le texte, éliminer, purifier,
proposer autrement les combinaisons que le cerveau avait offert il y a
déjà pas mal de lustres.
274
patine du temps.
Le poème se lit de façon différente, c’est ce qu’on appelle la
Fécondité - Génie
Ce qui est le plus exceptionnel dans Victor Hugo ce n’est
pas la qualité, la beauté, ou l’élévation du vers, ce qui étonne le plus,
c’est cette capacité à accumuler alexandrin après alexandrin, qui
ajouter les uns aux autres forment un poème d’une difficulté réelle.
Certains condamnent le matériel employé. Valéry critique
fortement V H. Évidemment il est aux antipodes du géant. Pourtant
l’accumulation nécessite une force et une résistance - des moyens
dont peu sont dotés.
Moi, j’aime V H, et je considère qu’il a eu raison d’être V H
avec ses accès, sa fécondité, son avidité sur l’insignifiant. On ne peut
comprendre l’homme que dans son ensemble, et non pas avec une
critique de détails qui est souvent méprisable et enfantine.
275
*
Être poète, quelle tristesse, et quel vœu d’impuissance ! Je
suis poète donc je ne suis pas économiste, je ne suis pas scientifique,
je n’ai pas l’intelligence des discernements etc. Je dois me suffire
d’images indistinctes, de pleurnicheries stupides, de malédictions
ridicules ...
Cela n’est pas une chose aisée que de transformer une
proposition en prose en segmentation d’alexandrin. Je m’évertue
depuis déjà pas mal d’années à transcrire des chefs-d’œuvre
classiques (Bible, Coran, l’Enéide, Phèdre, Andromaque, Iphigénie
etc.) en écriture de vers.
On prétendra que la substance n’est pas de ma personne, et
qu’en ce sens je ne fais que transposer un coup offert en
segmentation autre, ce qui est vrai. J’assume toutefois que l’exercice
nécessite un nombre impressionnant de choix, de combinaisons et de
refus. Ceci est une gymnastique intellectuelle, il n’est pas donné à
tout un chacun de parvenir à transformer aussi aisément des
propositions dites en prose en situation de 12.
276
Ma souffrance est perte. Elle absorbe trop d’énergie, trop de
coups, de spéculations, de solutions intéressantes que me propose
l’esprit. Je ne puis saisir car la douleur me fait lâcher les propositions
offertes.
*
La Société des poètes français. Ils jouent à la dînette et
prétendent faire un repas. Mais oui, Madame Untel, je vous assure
etc.
Jamais femme n’est parvenue en poésie française à atteindre
le niveau des Grands Poètes tels Racine, Corneille, Ronsard.
Où sont-ils les poètes ? Chez Gallimard, dans les revues,
dans leurs tiroirs. Il faut laisser le temps au temps, comme
d’habitude.
*
Si l’on pouvait apprendre aux jeunes poètes que seul le
travail permet d’obtenir des résultats, que seule la présence à sa table
277
environnée des plus grands génies favorisent l’acte créatif. Mais
comment leur expliquer ?
Il faudrait leur dire : travaillez, formez-vous, ne vous
satisfaisiez jamais de vos résultats obtenus. Tirez au maximum sur
votre potentiel intellectuel. Ne confondez pas une manière de vivre,
une façon d’être avec une réelle identité poétique. Non. Mais
travaillez, travaillez, travaillez encore.
C’est toujours la fable du laboureur.
Un jeune poète en première année de poésie doit s’imposer
un programme équivalent à un étudiant en première année de
médecine. Il lui faut donc étudier 16 heures par jour.
Poésie
Ma poésie. Il m’a toujours semblé que ce qui manquait le
plus au poète c’était le goût du travail, de la formation, de
l’apprentissage. Le parasitisme du poète m’a toujours paru détestable,
sa suffisance et son autosatisfaction idiotes et prétentieuses.
278
*
Mallarmé. Qui comprend Mallarmé ? Moi, Claudel Valéry et
quelques autres. Personne ne peut savoir l’effet splendide que nous
recevons de ces poèmes faits chair d’obscurité et complexions dans
leur sonorité.
Il y a merveille à lire, à prononcer doucement entre le
silence et le mot bas. Il y a mastication et plaisir buccal, et belle
prononciation sonore comme un objet de musique.
Nous passons outre l’obscurité quoique nous y voyions très
clair. La critique détestable d’Anatole France est une misère pour
l’analyse. Mais enfin, le produit poétique datait d’une fin de siècle,
les concepts d’appréciation étaient autre ... que penser de Van Goth
aujourd’hui, lui le 330 millions-de-francs-Les-Tournesols ?
*
Ce qui me paraît primordial dans le domaine de la poésie,
c’est de permettre à cette discipline de retrouver son lustre
d’autrefois. Ce que je puis haïr, c’est la situation actuelle dans
laquelle se trouve cette activité.
279
Je ne critique pas - entendons-nous bien - je ne critique pas
les poètes, car je veux supposer qu’ils travaillent et se comportent le
mieux possible, et tentent par leur habileté et leurs sens de la
découverte de donner à la poésie un cachet redoré.
Je prétends toutefois qu’une discipline travaillée à temps
partiel, aux heures de loisir, quand plus aucune tâche cérébrale
n’active la raison, je prétends qu’une telle discipline ne se peut
obtenir qu’à l’état d’amateur.
Or, nous vivons dans un monde où le travail que nous
consommons des autres a été obtenu après une formation de qualité et
un savoir-faire dit de professionnel. Comment la poésie pourrait-elle
se prévaloir, elle est pur état d’amateurisme délaissé, de concurrencer
des activités scientifiques ou technologiques qui elles s’épanouissent
dans des structures appropriées ?
*
Qui est riche ? Qui est pauvre ? Qu’en serait-il dans trente
ans quand l’heure aura sonné de s’en retourner vers le Père ?
Comment l’un sera jugé ? Et comment l’autre ?
280
*
En vérité, quelle est la certitude de mon avenir poétique. Je
l’ignore totalement. Toute cette quantité disparaîtra peut-être. Qui
pourrait s’en occuper ? Qui saurait la faire fructifier ? Moi qui ne
puis parvenir à me faire publier de mon vivant, comment espérer
durer au-delà de ma mort ?
Je sais ce que je fais, je sais à quoi cela correspond dans la
hiérarchie poétique. Pourtant quel humain le comprendra ? Quel
groupe d’hommes se penchera sur mon travail pour lui donner une
résistance au temps ?
*
Je suis allé, ce 29 novembre, chez Monsieur Demazet, poète
très aimable. J’ai rarement l’occasion de discuter avec des gens de
cette compagnie, et j’éprouve un certain plaisir à échanger quelques
propos concernant l’état de la poésie ou de ses faiseurs.
Il édite une petite revue qui en est à son vingtième numéro, -
ce qui n’est pas méprisable - le tirage tourne autour des deux cents
281
exemplaires. Voilà un apport certain pour une ville de 50 000
habitants !
Nous parlons de chose et d’autre. Je lui apporte Le Germe et
La Semence, L’Huile fraîche, les Euménides, livres qui viennent à
peine d’être dactylographiés sur ordinateur.
*
Si Mallarmé avait tenu un journal ... Ce cerveau, qu’aurait-il
proposé ? Cette cervelle qu’aurait-elle produit ? Difficile de
prétendre que le texte ainsi obtenu eut pu satisfaire à la curiosité de
certains lecteurs. Du moins il nous reste sa correspondance, qui est
un formidable vivier d’informations.
Poursuivre ou fusionner
Gide c’est un savoir écrire, c’est une manière satisfaisante et
précise, c’est une sorte de qualité soignée dans le détail. Mais ce n’est
pas du tout une invention, une créativité, une poursuite de la
stylistique déjà existante. Il rajoute un peu de sucre sur les gâteaux
faits maison, sur les galettes pilées aux amandes et aux noisettes
282
sauvages, il y a raffinement et subtilité de style. Qu’a-t-il inventé ?
Rien. Mais devait-il inventer ?
Il y a des Rimbaud, des Mallarmé, des Van Gogh, des
Picasso, des créateurs par la forme, et il y a ceux qui passent derrière,
qui raflent la mise, mais qui n’ont rien inventé du tout.
À un certain temps, il faut faire synthèse, il faut se calmer, et
reconsidérer dans son ensemble le surréalisme ; il ne faut plus créer :
certains jeunes font fusion, et c’est indispensable. Parfois il y a
brassage, mélange, et cela donne Art.
La valeur poétique
Savoir s’estimer à son juste prix.
L’orgueil des poètes.
Leur prétention.
Il serait utile de pouvoir convertir le résultat poétique en
résultat scientifique.
Que vaut un recueil de poésies comparé à une thèse ou un
doctorat de science ?
283
Que pèse ceci ? Que vaut cela ?
Que représente la charge intellectuelle d’un livre ? D’un
roman ? Peut-on convertir cela en nombre de points ? Un peu comme
il est possible d’hiérarchiser les diplômes, les baccalauréats, ou le
BEP ?
Que représente ce patrimoine intellectuel ? etc.
De la critique littéraire
Est-ce vraiment raisonnable de s’essayer au jeu divertissant
de l’écriture ? De s’amuser à construire des structures, associant des
substantifs à des adjectifs pour obtenir de beaux accords ? Sont-ils
beaux d’ailleurs, ces accords ? Qui pourrait juger de la qualité
stylistique ainsi obtenue ? Quel artiste, grand amateur de beau, quel
critique à la plume virulente, pourra se prévaloir de posséder la vérité
dans l’exercice de l’art ?
Pourtant chacun se prétend pourvu d’une quantité
appréciable de vérité dans l’analyse d’autrui. “ Cette certitude est le
fruit de l’expérience, disent certains. Voilà, déjà trente ans que je lis
284
de la poésie, de la prose ou du roman. Je sais donc ce qui est bon et
ce qui est mauvais. Je puis aisément séparer le grain de l’ivraie, et je
vous certifie, mon cher ami etc. ” Combien de gens de bonne foi ai-je
pu entendre s’exprimer de la sorte, et tous avaient la conviction
comme une croix autour du cou.
J’ai appris qu’il était impossible de savoir qu’untel était
doué et que tel autre était un triple nigaud. Que l’œuvre de celui-ci
passera à la postérité tandis que l’œuvre de celui-là sera jetée au plus
profond des oubliettes.
L’histoire de la littérature est composée d’incapables, de
rejetés, d’ignorés de leur temps présent, qui aujourd’hui instruisent et
nourrissent les enfants de l’éducation nationale.
285
Journal 95
De la gloire
Je me pose parfois cette question, sans réelle angoisse
toutefois, de savoir ce que seront sur cette terre mes écrits d’ici à cent
ans. Je ne puis comprendre, alors que nulle édition n’a été possible,
alors que nul éditeur n’a daigné accorder quelque intérêt à ma
production, comment tout ce travail aurait quelque chance de durer
au-delà de ma mort.
Le relationnel poétique
Les conversations poétiques ne débouchent sur rien. Tout y
est affaire de civilités, d’affabilité, de caresses mielleuses et
courtoises. Tout sonne faux, tout est faux. Ce sont des risettes pardevant
et des “ quel connard ! ” par derrière. Ha ! Que je déteste me
frotter aux uns et aux autres. Cela m’est fort pénible, cela me coûte
tant. Quels déchets et quelle pourriture de contacts !
On ne peut accéder à une réflexion utile qu’en se regardant
dans la glace, car l’on pense à son “ propre niveau ”, avec son
matériel intellectuel, avec ses raccourcis et ses certitudes. Il n’y a pas
286
cette résistance de langage, ou cette nécessité de se mettre “ sur le
même plan que ”. Il y a donc gain de temps.
Ce qu’instruit, ce sont les Pléiades et la collection Poésie
Gallimard *. Le reste me semble d’un intérêt dérisoire hélas !
* ou équivalent.
Le poids du Génie
Je pèse Victor Hugo par la Collection Bouquins qui a édité
son œuvre complète.
Victor Hugo pèse 650 000 lignes. Ses carnets, sa
correspondance, ses écrits intimes ? difficile de donner un nombre
exact... Je propose : 800 000.
Comment peut-on résoudre le problème hugolien ?
Comment faire plus qu’Hugo et mieux qu’Hugo ?
287
Utilité
Pour qui ? Pourquoi écrire toutes ces choses ? Qui les lira ?
Personne. Je le sais fortement. Nul lecteur ne voudrait se soucier de
ce que je pourrais bien produire. Et nul éditeur ne trouverait
quelconque intérêt à publier ce type d'âneries.
La théorie de la valeur
Que vaut un poète ? Que vaut le travail poétique ? Peut-on
le convertir en travail scientifi-
que ? Quand la science faut 100, la poésie est à 20 ?
Échanger la monnaie de singe du poète en dollar sonnant et
trébuchant du scientifi-
que ? Où est le poids ? Qui pèse quoi ? Qui est qui ? Que vaut untel ?
*
A mesure que l'intelligence s'éveille, croît et s'instruit, on
découvre plus de savoir dans la science, dans la science appliquée et
les hautes technologies et plus de faiblesse dans les arts et leurs
dérivés.
288
Les hommes les plus élevés chez les poètes s’émerveillent
de l'aptitude et du discernement nécessaires pour résoudre des
problèmes de plus en plus difficiles, et complexes.
Pourquoi s'étonner de ce que la science suscite de grands
espoirs dans l'humanité tandis que la poésie et les arts ne sont que de
la bouffonnerie et confrères de divertissements ?
*
Un poète de raison ou un mathématicien de l'imaginaire,
lequel des deux faut-il choisir pour être un homme de prospection et
de rigueur ? L'un et l’autre, me direz-vous - l’un avec l’autre, ou l'un
après l'autre ?
*
Il est nécessaire pour obtenir un résultat dans le secteur
poétique de travailler à 100 % de ses moyens. Il n'est pas question de
prétendre en usant de nonchalance et de dilettantisme d'accéder à une
œuvre de qualité.
289
On ne peut en agissant avec insignifiance et légèreté dans
quelconque domaine de la raison humaine - se prévaloir de faire
gains sans conscience ni sérieux.
Quand bien même un individu serait doté de dispositions
exceptionnelles, je prétends que son don laissé à l'état de nature ne lui
permettrait pas de rivaliser avec ceux qui se sont astreints à une
discipline et à un effort quotidiens.
*
En poésie, le vrai, le beau, ce qui plaît, etc... n’est pas
toujours le plus sûr. Il y a grand nombre de textes qui ne répondent à
aucune satisfaction du public, qui pourtant sont d'une indispensable
nécessité. Je ne pense pas spécialement à Mallarmé et confrères, à
l'effet de résistance. Je prends un exemple : à quoi peuvent servir
mes brouillons d'Alexandre ? Je les fais taper. Pour qui ? Pour vous ?
Vous ne lirez pas même la pièce. Que vous importent les
décompositions de ces différents actes ! Alors pour qui ? Peut-être
pour Moi et Dieu.
290
Le problème poétique
Je ne crois pas en la poésie, ni aux poètes, simplement parce
que la discipline vieille de milliers d'années n'a pas été capable de
progresser sensiblement, ou de se transformer. La mathématique a
connu de fortes évolutions, des concepts totalement nouveaux sont
venus proposer des ouvertures et des solutions inattendues. La poésie
conçue par des hommes indépendants les uns des autres, sans
synergie aucune, n'a fait que décroître. La technique et la technique
appliquée ont étouffé les dons. De jeunes auteurs ont délaissé l'art de
s'essayer au vers pour se plonger dans la science. Il y a eu transferts
de matière grise. Les jeunes ont fait S et ont délaissé A.
Il y a cette mentalité pourrie de médisance et de méchanceté,
de jalousie, de petite quantité de travail à temps partiel,
d'autosuffisance intellectuelle, de clans, de revues de genre etc. Tout
favorise le désenchantement, Le public en bout de chaîne dit “ non ”
Pas de cette poésie-là, de cette science-là, oui, de cette poésie-là,
non."
291
Les investissements en intelligence, en capital-travail sont
quasi-inexistants. Il faut supplier un éditeur pour se faire publier, et
encore ! veut-il accepter par profonde amitié de vous concéder le
droit à l'impression !
Nécessité et suffisance poétique
Sur 1 000 personnes, 750 ont écouté Brel, 50 ont lu
Baudelaire, une seule a ouvert Stéphane Mallarmé.
Les chanteurs poètes ont su transmettre le produit poétique
avec un support dit et chanté, d’une manière populaire peut-être, mais
remarquable en efficacité.
*
Je produis pour moi, et non pas pour les autres. Ce que
j'offre à autrui est au-delà du suffisant, je veux dire que le public, les
poètes etc... se saturent à partir de deux, trois bouquins. Je ne
travaille pas pour autrui, mais pour moi, pour Dieu.
292
Ego Scriptor - Valéry
Poète, me disent-ils - mais je ne comprends pas. (1925, 01,
Comme moi, X, 708).
Car Valéry décomposé, c’est - disons approximativement, et
cette méthode devra être affinée :
Poésie 17/20
Prose 14/20
Philo 14/20
Pensée 16/20
Etc.
*
Se former - se dresser.
Il faut être Rimbaud à vingt ans ;
Il faut écrire Andromaque à vingt-six ; Les Fleurs du Mal à
trente-six ; Phèdre à 37 ; les Châtiments à 39 ans ; etc.
Imiter le meilleur à son âge, et pouvoir le dépasser ...
293
J’en suis à 300 000 lignes ou vers. J'ai au minimum besoin
d’un 600 - 650 000 et encore... cela risque d'être peu.
Le nerf, la méthode, c’est l'emploi de Dieu et de son Saint. Il
faut travailler pour le Saint Esprit. Le reste est misère.
Disparais ou j’ t’éclate
Ce qui semble difficile en poésie, c’est de supporter cette
constance d’humiliation, de mépris, de désintérêt que peut susciter le
poète dans le public. Il y a rejet, sous-évaluation etc.
Mais ne peut-on pas condamner le poète incapable de
proposer à un public ouvert et intelligent un produit de culture et de
divertissement réunis ?
Ego
A quoi sert ma poésie ? Peu, très peu pour autrui, qui s’en
défait, qui s’en délaisse et la nie.
294
Cette éventualité de non-crédit, d’incapacité à séduire dans
un secteur fantoche et amateur était fortement probable.
Donc, pourquoi écrire ? Pour extraire de soi-même une mine
de solutions et pour construire un homme ?
La poésie est un moyen mauvais, délétère, usant trop de
l’inspiration et pas assez de la rigueur, et manquant de complexions
dans la pénétration du problème.
” qu’artiste.
Elle est trop forme et passez fond. Or je suis plus “ piocheur
*
“ J’habille la montagne d’herbe verte pour la rendre riante. ”
Voilà donc à quoi sert la poésie. C’est le rajout sur l’inutile,
la cerise sur le gâteau.
Ce qu’il faut, c’est connaître la composition géologique de
la montagne. Il faut donc de la science et non pas de la poésie. On
s’en retourne à la pénétration scientifique, à la volonté de savoir par
la raison.
295
Pourtant le doute, le supposé, cet impalpable d’intuition n’a
aucune légitimité dans la certitude mathématique. Ce sens subtil est
aiguisé par la sensibilité, par la variable d’appréciation inconnue.
Il y a le “ Je peux ”, le “ Je ne peux pas ”. Il y a aussi le “ Je
crois sentir ”, cet “ imperceptible presque ”, ce doute aérien et
délétère, ce souffle de coton qui glisse entre les doigts.
Et où se situe la raison avec cette spéculation intuitive ?
*
La poésie n’a été chez moi qu’un mauvais moyen de
transférer ma potentialité intellectuelle sur un objet. J’ai épousé la
poésie, mais elle n’est qu’une médiocre compagne, primaire dans sa
manière de faire l’amour. Elle m’a donné des mongoliens, des débiles
mentaux, des tarés de la cervelle, et elle prétend, cette imbécile, que
ses enfants sont beaux !
296
*
Orgueil de certains poètes à la recherche de quelque gloire,
de quelque distinction ... moi je puis les comprendre, car la
concupiscence et la bassesse sont richesses de l’homme.
*
C’est déjà chose extraordinaire que de posséder une identité
poétique crédible dans l’au-delà, quand bien même cette personnalité
connaîtrait moult difficultés à se justifier auprès de la critique
humaine. Cela certifie un avenir intellectuel certain. L’on voit trop
bien que nombre de zélés terrestres disparaissent à tout jamais avec
leur dernier souffle d’homme. Il est vrai toutefois que le bienséant
consiste à y gagner ici-bas et à assumer là-haut.
Littérature et poésie
Toujours chercher à plaire, à séduire, à être mielleux. Faire
œuvre de littéraire, ma plume est plus habile que la vôtre, appréciez
son caressé, n’est-ce point un délice ?
297
Et voilà en quoi consiste le travail de poète zélé !
Quémander des compliments !
Dieu sait trop bien que mon unique volonté s’est focalisée
sur le besoin de progresser et d’accéder à un niveau satisfaisant.
A l’instar des autres poètes, j’ai immédiatement compris que
l’instrument poétique était obsolète, dépassé et ridicule. Je n’avais
hélas pas le choix de désobéir à Dieu, et je devais me former par ce
moyen.
C’est une peur panique qui s’est emparée de ma personne.
Conscient ! trop conscient, peut-être de ce que “ valait ” la poésie, je
cherchais dans le travail une solution pour échapper à l’image
médiocre que cette discipline diffusait.
*
Chez moi, très tôt, je compris que la poésie n’offrait aucun
moyen réel d’élévation intellectuelle. Je considérai aussi le travail
d’autrui comme étant pure perte imaginative, risque insignifiant et
moyen dérisoire d’être ou de passer pour “ être ”.
298
Je l’appelais “ misérabilisme ” et quand j’osais la comparer à
la science, je n’y voyais que honte détournée, et pleurnicheries et
caquetteries de femmelettes en chaleur.
Je me répétais inlassablement : “ Mais pourquoi utiliser cet
instrument d’investigation quand tant d’autres, d’une efficacité et
d’une précision redoutable eussent pu être employées ? ” Et je
songeais à la mathématique ou à l’économie.
La certitude prétentieuse
Les poètes, dans leur ensemble, possèdent une suffisance et
une certitude prétentieuse, ils sont fats et remplis d’orgueil. Il y a
quelque chose au fond d’eux-mêmes qui pense : “ On me situe à tel
niveau, mais je sais très bien que je vaux plus. Pauvre critique
incapable etc. ”
Ils déterminent donc une vérité, leur vérité autarcique, qui
n’a nulle valeur universelle. Ils ont conçu un code hiérarchique dans
lequel ils se sont placés hautement ... mais sont étonnés de l’analyse
d’autrui qui ne les suit pas.
299
L’angoisse poétique
Je fus horrifié par la médiocrité de l’instrument que Dieu me
remettait ! Pourquoi utiliser un moyen obsolète et dépassé tandis que
la science m’ouvrait les bras ? J’ai donc obéi au Père à contre raison,
à contre conscience humaine. Et je continue à le regretter...
Et puis cette méthode d’investigation intellectuelle, ruineuse
en énergie, mangeuse de temps ! Quel environnement défavorable !
Quelle constance de présences invisibles, agressives, à la limite de la
mort, du décès, ou de la libération par le suicide !
De l’analogie
On voit très bien l’immense procédé utilisé par les poètes
pour avancer dans leur système d’écriture. Ils usent à merveille de
l’instrument analogique et parviennent ainsi à poursuivre un texte qui
ne trouverait pas de suite. André Gide dans son Journal, rappelle que
Francis James aime à employer ce principe et donne l’exemple du pré
rasé qu’il condamne d’ailleurs mollement. Stéphane Mallarmé
évoque le Démon de l’analogie dans Divagations. Ce grand poète
300
aime à comparer le ventre d’une femme à une mandore, ce qui
semble possible, en vérité.
L’analogie est un instrument de comparaisons, de
vraisemblances qu’il faut exploiter avec parcimonie. Son emploi
répétitif cause ennui et fait rater l’effet recherché. Il est vrai que la
poésie est avant tout un foisonnement d’images, d’accumulations
d’audaces visuelles, et le “ A quoi cela ressemble-t-il ? ”, “ A quoi tu
penses ? ” sont des questions sous-jacentes dans le principe de
lecture du poème.
Je regarde ce vase chinois qui est sur une étagère du petit
meuble. Il est décoré de motifs délicieux qui sont : barque légère,
montagne au loin, arbres feuillus, peints avec cette patine et ce goût
asiatique, et je songe tout à coup à l’Anthologie de la poésie chinoise,
puis vient à mon esprit “ Le don de vase rond ” de Paul Claudel, je
songe encore à Stéphane Mallarmé et à ses éventails, et ainsi
s’accomplit le travail de l’esprit qui court d’idée en idée, supporté par
des ressemblances, ou accompagné d’un ensemble suffisamment
important de déterminants pour en tirer une similitude.
On conçoit aisément par cet exemple que c’est bien l’ordre
de l’entendement et un ordre personnel susceptible de subir
301
d’étonnantes variables selon les individus, - à chacun ses images ! -
qui détermine le principe analogique.
Il y a donc raison mutante, dérivée, déplacée et propre à
chaque amateur qui peut justifier ce procédé d’inspiration.
Rejetés par autrui, effacés de l’utilité intellectuelle, les
amants de l’image produisent encore. Ils ne peuvent transmettre
quelque exercice crédible, mais ils insistent bêtement payant même la
sueur de leur travail !
Ils se suffisent de leur peu. Quand se révolteront-ils ? Quand
défileront-ils dans la rue pour exiger des autorités un statut valorisant ?
La poésie
Pourquoi utiliser un tel instrument ? Pourquoi écrire en
usant de cette manière ? Par faiblesse, peut-être.
*
Poète, sois poète, fais poète etc. me répète inlassablement
l’ange de la mort qui gît à mes côtés, et je réponds : “ Je ne suis pas
302
poète, je produis de la poésie. Je ne suis pas jardinier, je ne choie pas
mes roses avec délicatesse et attention. Je produis cent mille roses,
car je suis maraîcher, mais je puis vous faire un bouquet ... je ne
saurais avoir le comportement du jardinier avec tablier, chapeau de
paille, sécateur, panier à la main, et grand-père gâteau. Accordez-moi
le droit d’être autrement, si cela est possible,
et la réponse est : Non !
*
Les poètes sont des déchets. Ce sont des sous-hommes,
inutiles, parasites et totalement dépassés par le savoir scientifique. Ils
poursuivent leur bêtise et enquiquinent tout le monde avec leurs
écrits. Alors on les jette, on les méprise, on a pitié : “ Mais enfin.
C’est bien de leur faute. Ils n’ont qu’à faire autre chose ! ”
*
Grande peur de la poésie, de son identité, de sa valeur, de
son utilité. Cherche désespérément à mieux faire, à obtenir plus, et
autrement. Mais de quelle manière se comporter dans un secteur
désuet, de vieille naissance, quatre fois millésimé ?
303
*
Le problème poétique n’est pas de savoir ce que peut
l’esprit, ce que peut l’intelligence, mais ce que peuvent les synergies
d’intelligence, l’union des inspirations et des forces pensantes.
Les poètes travaillent de manière nombriliste, se critiquent et
se détruisent les uns les autres, chacun craignant de partager avec
autrui son bout de gloire.
*
H > C > R > L > R > B
1er sd 3e 4e 5e 6e
Hugo, Corneille, Racine, La Fontaine, Ronsard, Baudelaire.
Je ne vois pas comment l’on peut résoudre le problème
hugolien ; je ne prétends pas pour autant être capable de résoudre les
autres problèmes.
304
*
Quelle place me promet-on enfin en vingt, trente ou
quarante ans de poésie ? Peut-être dois-je me suffire de mon amour
propre et de mon obtention personnelle ? Car tout cela, c’est bien
essayer de plaire sans y parvenir, en y intégrant des douleurs
certaines !
*
Chez Demazet, tout y est lecture de première évidence. Il
n’y a nulle profondeur. Tout s’entend, se comprend à la première
prononciation. Moi qui ai tant aimé la résistance, la difficulté
d’autrui, la symbolique de Mallarmé, la multiréférentialité de Valéry,
l’incohérence harmonique de Rimbaud. Mais que faire ? Faut-il
critiquer et condamner ? Non, car ceci est autrement et doit
s’entendre avec les moyens dont chacun dispose.
305
Le lecteur dit :
*
Quoi ? La poésie ? Il me faudrait donc avoir de l’estime
pour quelque chose que je considère médiocre et inutile ? Mais c’est
à vous, Monsieur, de me convaincre de sa valeur. Moi, j’ai fait
l’effort de la comprendre, j’ai connu l’effet de résistance, de non-sens
ou de symbolique. Cela ne me convient pas. Tâchez de vous y
prendre autrement. Peut-être ferez-vous des émules dans votre cercle
nombriliste !
*
Apollinaire - mort trop tôt. Mieux placé qu’Eluard *.
* si le destin lui eût permis de continuer.
306
*
Esprit par instant assez primaire, assez simple. Eut-il pu
accéder aux tragédies de Racine ? Quel théâtre ? Couleur du temps ?
Mamelles de Tirésias ? Assez faible. Mais remarquable critique d’art.
*
Plusieurs paramètres s’avèrent indispensables pour obtenir
un œuvre de qualité. Il faut un environnement professionnel très
allégé. Il est même préférable qu’il soit inexistant. Les plus grands
poètes : Victor Hugo, Pierre Corneille, Jean Racine, Jean de La
Fontaine, n’étaient pas dans l’obligation d’exercer une activité
professionnelle.
Il y faut une bonne santé également. Grand nombre de
poètes exceptionnels n’ont pu donner tout ce que renfermait leur
esprit, n’ont pu accéder à leur maximum de capacité intellectuelle :
des Verlaine, des Du Bellay, des Apollinaire, des Baudelaire, nous
ont quittés trop tôt, soumis à la destruction de la mort.
Le temps et l’argent ; l’argent et le temps.
307
*
Cette notion de GP est phase finale dans le principe évolutif
du littéraire. Il y a trois phases : génie, bon poète, grand poète. Le
génie sur sa période d’apprentissage est impulsif, source à canaliser,
gains foudroyants et pertes grossières. Puis, avec entraînement, se
construit le bon poète, qui est règles, maîtrise de rythmes, mais dont
l’inspiration manque de hauteur. Puis il y a le grand poète, plus élevé,
plus sûr de soi, sachant assez précisément sa place, son degré
d’élévation.
Certains grands poètes sont plus prêts en valeur réelle de
bons poètes que de leurs confrères.
Apollinaire est plus près de Péguy que de Virgile et pourtant
Apollinaire est un grand poète, et Péguy un bon poète.
Il faudrait mettre des points aux auteurs. On pourrait ainsi
différencier, comparer et peser...
308
*
Celui qui travaille dans le secteur poétique se dit : Quelle
misère de n’avoir pas été un homme de science !
*
Le poète dit : que m’importe après tout que ce terme ne
signifie pas ce que je voudrais ! Je vais le tordre, l’associer avec un
certain adjectif, et de ce frottement jaillira une étincelle. Je vais
dériver le sens de ce terme, l’entendrez-vous ? Ne voyez-vous pas
que cet accord forme une bonne combinaison ?
*
Le plus souvent, je trouve des vers, puis je les fais, je les
reprends, les calcule, les peaufine, les musicalise. Certains se
suffisent de leur première façon, me dis-je. En vérité, les années
s’écoulant, je m’aperçois qu’il y a travail, transformation, évolution
de la pensée, c’est-à-dire de l’instrument- inspiration. Et le précieux
douze pieds s’adapte, se tord pour devenir un autre.
309
*
Lundi après-midi, vers 17 h 30, nécessité d’aller visiter J.
Jacques Hetzel, poète montalbanais. Il prépare un recueil que je fais
taper par Maïté. Je lui rends donc ce service. Il a trop de retard. Tout
est dans des boîtes de chaussures, poèmes écrits à la va-vite sur des
dos d’enveloppes, de lettres, sur des coins de papier etc. Nulle
chronologie n’est respectée. L’ensemble se même et se chevauche
allègrement.
“ Pas de temps, pas d’argent. ” Etc. On connaît la rengaine. ”
Du 67 côtoie du 81, avec : “ Ce poème-là, je l’ai écrit en
prison, car j’étais objecteur de conscience. Et celui-là... alors
j’écoute... on pourrait peut-être le mettre dans le recueil ? ”
Je vais lui suggérer pour son ensemble de textes le titre :
Marines ou Aquarelles. Qu’en fera-t-il ? Il décidera autrement à n’en
point douter.
310
*
Je viens de voir J.J. Hetzel. Évidemment il n’a rien préparé,
en vérité, il avait une douzaine de poèmes. Je me suis déplacé pour
rien, j’aurais dû le dessécher pour le rendre stérile, imitant le Fils
avec le figuier. Il s’impose un dilettantisme de confort, et prétend par
cette tournure d’esprit accéder à un bien-être. Il s’en ira au trou, sans
avoir fait quoique ce soit de construit. Il attend peut-être qu’autrui
travaille à sa place.
Pléiade
Qui est au-delà de 80 000 en poésie ?
Ronsard, Corneille, Hugo, Aragon, Eluard.
Lamartine 70 000 ?
Prévert 80 000 ?
Eluard : non
311
*
La détermination de l’identité poétique doit passer par la
convertibilité de sa valeur en valeur scientifique.
Que vaut un coquillage ? Que vaut un tableau ?
l’utilité.
Il y a loi d’offre et de demande en fonction de la rareté et de
N’y a-t-il pas en poésie, un niveau abaissé et peu
comparable avec la compétence technologique ou scientifique ?
Que vaut L’Albatros de Baudelaire ? 5 millions de francs
lourds, dix millions ?
Que vaut un satellite dont la technologie transmet des
informations en numérique ?
A comparer.
312
Analyse
Au commencement, je ne reproche rien à l’Art. Après tout, il
y a peut-être des moyens, des aptitudes, des génies, que sais-je ? Puis,
il y a recherche, volonté de pénétrer, de comprendre, nécessité
d’assimiler... et ça se gâte ! ... Je le prends, le pèse et le compare à la
Science, et son poids est à défaut, sa capacité ridicule, bien audessous
de ce que possèdent les hommes de science. Je m’interroge
puis méprise, conscient en vérité de la valeur des choses...
*
Valéry ne pense qu’à Valéry. Il y a développement de l’ego. Je
ne critique pas. Il y a le : “ Que peut un homme ? ” Je lui préférais :
“ Que peuvent les hommes, ensemble, les uns avec les autres ? ”
Quelle charge tire un cheval ?
Quelles charges tirent cent chevaux, ensemble ?
Hiérarchie
Grands premiers : V. H., Voltaire, Balzac, Corneille, Racine,
Dante, Zola, Goethe, La Fontaine, Molière, Montaigne.
313
Grands seconds : Baudelaire, Chateaubriand, Stendhal,
Flaubert, Montesquieu.
Lamartine.
Grands troisièmes : Valéry, Perse, Mauriac, Camus, Gide,
Grands écrivains, grands poètes : Verlaine, Eluard, Prévert,
Apollinaire, Agrippa d’Aubigné.
Ceci est une idée. Elle est à développer.
*
La poésie ne sert pratiquement à rien. Il n’est pas très utile
d’exploiter le principe d’inspiration pour développer la construction
et l’élaboration de son intelligence. Il est plus judicieux de se défaire
du langage impur - qui n’est qu’un dérivé de valeur - et de s’en
référer à la mathématique.
Poésie
En premier lieu, éviter l’humiliation et le ridicule associés à
cette discipline, fondés sur l’incompétence de la gent poétique. Donc
314
travailler, produire, se faire, devenir... et offrir l’exercice, le poème,
l’œuvre etc. et n’en rien attendre, car si l’incompétence du poète est
grande, l’indifférence est bien la première qualité du public.
315
Bachelard. La poétique de l’espace
- Comment cet événement éphémère qu’est l’apparition
d’une image poétique et singulière, peut-il réagir, sans aucune
préparation, sur d’autres âmes, dans d’autres cœurs, et cela, malgré
tous les barrages du sens commun, toutes les sages pensées,
heureuses de leur immobilité ?
- Il n’y a pas toujours image, mais fabrication d’un accident
de langage. Le poète n’est pas toujours celui qui voit, il est celui qui
associé, qui combine des solutions, qui propose des coups.
Quand j’écris - Le chien violet, il est certain que je n’ai
jamais vu de chien violet, mais exploitant deux solutions de langage
visibles, l’un animé, l’autre de couleurs, je sais par expérience que le
coup portera.
De moindre valeur
Ne peut-on pas espérer mieux faire, mieux produire ? N’y a-
t-il pas un moyen de rentabilité permettant d’optimiser la capacité
poétique ? Ou faut-il se résigner ou se suffire de nos médiocres
résultats ?
316
Pourquoi sommes-nous décadents ? Pourquoi Valéry est-il
inférieur à Baudelaire qui est inférieur à Racine, lui-même inférieur à
Dante, inférieur à Virgile ? Pourquoi la hiérarchie tend-elle vers le
moindre ?
*
Que seront les poètes dans cinq siècles ? Quel avenir pour
une discipline de moindre valeur ?
Et je n’ose pas le dire aux poètes qui ne veulent pas
comprendre, qui refusent d’ouvrir leur conscience et se prévalent
toutefois d’accéder à des résultats.
*
Travailler par l’instrument poétique a toujours été pour moi
un risque effrayant d’employer un mauvais outil de développement
intellectuel. Je craignais la poésie, sa pauvreté, sa faiblesse, je
craignais de me fragiliser, de me marginaliser. Mais ai-je eu vraiment
tort ?
317
*
Que peut un poète ? Que peuvent les poètes ? A quoi
servent-ils ? Quelle est leur utilité ? Divertir, instruire ?
- Là, Mademoiselle, goûtez la cerise sur le gâteau !
Hugo
Peut-on résoudre le problème hugolien ? Je veux dire
“ Œuvre ”. Est-il possible d’accéder au niveau d’Hugo et d’ajouter
sur sa compétence ?
Il est celui qui a transmis, celui qui offre. Hugo dit aussi :
“ Voilà ce que j’ai fait. Voilà le point exact où j’ai fixé la limite de la
poésie. Nul poète n’a été capable d’obtenir une œuvre française
supérieure à la mienne. Je suis plus fort que Racine, que Corneille,
que Ronsard, que Baudelaire. Qui pourrait se prévaloir d’ajouter sur
moi ? Je le sais, je suis le premier. ”
318
*
Supérieure, l’homme du raffinement veut la considérer.
Chez l’homme simple, dénué de finesse, dans la majeure partie de la
population, son utilité et son emploi sont quasi-inexistants. La
production poétique s’accumule dans des tiroirs, à l’abri de tous et
semble inconnue. Son mouvement vital est sous-jacent, confidentiel.
Elle vit sans la contrainte du critique. Elle est dans l’esprit du poète,
se mâche dans la bouche, accède à son oreille puis retourne dans un
classeur. Voilà donc son courant créateur. Le poète fait constamment
resurgir son passé pour accéder à un nouvel avenir afin d’exprimer le
sens de la vie.
Il est l’inventeur par excellence. Il veut intensifier son
action. Mais elle est capable aussi d’un immense élan de générosité à
l’égard des autres hommes. Son foyer de lumière peut éclairer.
Les grands hommes de savoir, ceux dont la qualité inventive
a permis d’accéder à des voies nouvelles sont friands de sa vérité
intellectuelle et de sa discussion métaphysique. Tout en étant au faîte
de l’évolution scientifique, ils sont très près de l’origine de la
connaissance et trouvent dans la perception immédiate de
l’inspiration poétique une similitude avec leur impulsive découverte.
319
Rendons-leur quelque éloge et éprouvons de la sympathie
pour l’intérêt qu’ils lui accordent. Car c’est bien un acte d’intuition
qu’ils essaient d’exciter. Pour comprendre le sens de la raison, il faut
parfois passer par l’image et la chimère.
*
En poésie, personne ne peut discerner personne. Quelles
ténèbres ce sont ! La critique ne permet pas de savoir.
*
En poésie, personne ne peut discerner personne. Quelles
ténèbres ce sont ! La critique ne permet pas de savoir.
I
L’inspiration apparaît aussi comme un immense réservoir de
mots qui s’associent, se combinent et se multiplient. Il y a donc
interférence, - indispensable nécessité d’union, de frottements, de
refus, d’accouplements. Voilà ! Il y a acte physique entre les mots qui
doivent former un bel accord, comme deux êtres forment un beau
couple.
320
L’impulsion, l’élan vital de l’inspiré est passé par-là. Il
fallait bien qu’il eût ce que l’on peut appeler “ Énergie ” pour
favoriser cet accouplement. C’est vrai, de nombreux obstacles, des
retards, des blocages ont constamment tenté de condamner ce droit à
l’orgasme littéraire. Le plus virulent est certainement l’interdit du
critique, qui est un gendarme redoutable, doutant de tout, et réglant la
circulation du flux sans réellement connaître les règles du
déplacement. La conscience du poète le pousse le plus souvent vers
une impasse : pourquoi produire cela ? Quel intérêt y a-t-il à
caramboler de cette sorte ? Le raisonnement de la critique virulente
provoque en lui une volonté de refus, je dirai - de stérilité.
II
La poésie nous introduit dans le monde de l’imaginaire. Elle
nous montre la relation de non-vie à vie entre un mot, masse inerte ou
objet instrumental et un autre mot, qui associés formeront un bel
accord, ou une combinaison criarde. Tout dépendra de l’analyse
auditive du poète ou de sa volonté à obtenir l’effet recherché. Il suffit
d’écouter sa conscience, et de décider d’après le choix arrêté. Parfois
c’est une liberté absolue qui dicte la marche à suivre. Le poète
devient joueur de jazz, à l’inspiration vagabonde au plan indéterminé.
C’est juste une question de Feeling. L’exercice de poésie dite libre
321
s’apparente assez sensiblement à ce type de travail. L’auteur subit, ou
voltige papillon hoqueteux, de fleur en fleur, ou pour reprendre
l’exemple du pianiste, d’accord en accord, de combinaisons en
combinaisons. Mais la comparaison cesse là. Car le poète, à sa table,
possède ce que l’on appelle des blancs. Ce sont des laps de temps
d’une durée indéterminée qui vont de quelques secondes à deux ou
trois heures.
Les moments de blancs sont remplis de façon diverse :
lecture, doute, refus, activités autres, dessin, que sais-je encore ! Je
veux dire par-là que le poète travaille sans continuité à l’instar du
musicien de bar ou du jazzman qui par le son engendre du son.
III
La poésie doit le plus souvent abandonner cette conscience
de critique si elle veut poursuivre le chemin de l’écriture. Un écrivain
foudroyant tue tous les mots qui passent devant son regard. Il devient
le destructeur du soi-même, et sa tendance le poussera à la stérilité.
Il y a en tout poète un étrange mélange d’intelligence,
d’intuition et de critique. Pourtant ne peut-on pas considérer qu’il y a
une sorte d’incompatibilité dans la gestion de ces différents
322
paramètres ? Un poète bien fait semble pouvoir maîtriser ces divers
états de l’activité consciente, et en exploiter pleinement leur synergie.
Il y a d’ailleurs des variables de densité entre ces différents
ingrédients qui réclament des dosages entre l’instinct et
l’intelligence. Là est une part du travail de sublimation dans la
structure mentale du poète. Une gymnastique de l’entraînement peut
produire un développement de telle fonction au détriment de telle
autre. Il est difficile de prétendre savoir quelle partie de soi-même est
le plus apte à exploiter ou à maîtriser. Il semble acquis que la seule
conscience du poète peut lui permettre de savoir. Est-ce une lumière
intérieure plus ou moins intense, faible ou éblouissante qui éclaire la
conscience de son manque de lucidité ? La critique a besoin de
beaucoup d’intelligence.
*
Les poètes de second ordre :
Ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne recueillent.
323
*
L’image poétique est du langage vécu.
Phénomène : perçu par les sens.
Le coup poétique
Comment la production du coup poétique doit faire se
cohabiter ces deux capacités, qui sont l’inspiration et la technique
d’écriture ? Il y a deux déterminants bien délimités : l’instinct de
l’inspiration et l’intelligence de la maîtrise. Faute d’une distinction
ou d’une capacité d’organiser les deux éléments, on obtiendra soit
une liberté absolue de production et une technique d’application
quasi-nulle, soit une rugueuse discipline soldatesque avec un quasiinterdit
d’audace et de risque. Dans les deux cas, le produit poétique
obtenu ne serait qu’un phrasé musical sans technique aucune, ou une
musique carrée et tambourinante pour chevaux de bois.
Si la raison s’accorde sur la matière poétique, et si l’intuition
s’unit avec l’intelligence pour animer un objet d’écriture, l’efficacité
de l’un sur l’autre s’exerçant, l’on peut espérer obtenir un résultat
satisfaisant.
324
La quintessence de l’objet est fonction éminente de la
technique de l’inspiré, car l’un sans l’autre ne pourrait rien donner.
La conscience doit donc posséder ces deux versants de
l’intuition et de l’intelligence, c’est-à-dire extraire de la matière dans
un ordre plus ou moins heureux, et canaliser cette extraction par un
procédé de technique élaborée. On assistera donc à un dédoublement
de l’activité cérébrale pour obtenir une forme dans le réel.
La conscience du poète doit chercher à travers le dédale de
mots proposés ou à réfuter, il pénètre dans sa propre substance
d’inspiré pour décider.
Septembre 95
Bornons-nous à reconnaître que le problème hugolien est
actuellement insoluble, qu’il n’est pas dans la capacité poétique
vivante d’accéder à une quelconque équivalence de valeur, ou pour
mieux dire, qu’il semble utopique de vouloir y ajouter. Ce qui
confère à Victor Hugo une première place indiscutable, et cela lui
permet de prétendre la conserver pour quelque temps encore ...
325
*
Comme il y a le Qu’en dira-t-on, il y a le qu’en m’a-t-on dit,
et cela est encore transmission de critique, avec “ mais, je vous assure
que ce Monsieur est un grand poète, croyez-en, je ne puis me tromper
”. Et cela engendre une réputation. Une fois que le pli est fait,
difficile de le reconsidérer, de l’imposer ailleurs.
Ainsi des êtres de qualité médiocre ont pu tenir le devant de
la scène avec beaucoup de zèle, de relations ou d’amitiés. Et tant
d’autres de qualités remarquables sont restées dans le pur anonymat.
Je prétends qu’il est quasi-impossible de détecter le poète,
de jurer savoir, de certifier, pour la simple et bonne raison que le
centre se déplace, ou que le poète déplace le centre.
La poésie
La poésie, qui a enrichi les âmes supérieures a contribué à
les instruire, et cette instruction a fortifié leur intelligence ; de là,
vient une vérité que ceux qui nous dominent et nous dirigent ont
intégré des valeurs élevées en science et en lettres.
326
C’est la poésie qui est le support incontournable de
l’imaginaire, et qui fait des poètes des hommes en décalage avec
leurs confrères. Ils ont le plus souvent une poétique possédant un
siècle d’avance sur les autres disciplines. La postérité s’est trop bien
rendre des comptes à ses illustres esprits et leur offre des hommages
et des carrières le plus souvent posthumes.
Comment se fait-il que des poètes obscurs et méprisés,
incompris de tous, à l’allure pataude, au gueuloir exorbitant
deviennent par leur puissance d’évocation, par la maîtrise de leur
langue et de leur technique, des références incontournables et
immortelles dont on s’inspire encore trois siècles après leur décès ?
Quand des écrivains-lecteurs de Grandes Maisons d’Éditions
Prix Nobel de littérature, ou futurs académiciens festonnaient en tête et se
prévalaient de mépriser des Stéphane Mallarmé, ou des Paul Verlaine,
quand des directeurs de revues ou de collections rejetaient avec dédain
des œuvres de Paul Claudel ou de Paul Valéry, ces derniers eurent recours
à leurs propres confrères qui comprirent aisément le degré de leur valeur.
Certains auraient pu dire : “ Maîtres, n’ayez crainte. Nous avons
considéré la valeur de vos œuvres. Nous serons faire fructifier vos images
immortelles, votre postérité déjà est assurée. ”
327
Tout cela peut rendre ridicule les structures littéraires
actuelles si l’on ose comparer le bouquet des écrivains de la postérité
avec les lamentables collections dont se prévalent et dont
s’enorgueillissent des présidents de groupes.
C’est pourquoi de très grands poètes ne dédaignent pas
travailler dans des revues que l’on ose parfois rejeter, considérant
avec dédain le faible tirage qu’elles engendrent.
Tandis que des André Gide et des Paul Valéry se formaient
pour accéder à la carrière que nous leur connaissons, ils n’hésitaient
pas à proposer leurs œuvres dans une revue aujourd’hui oubliée de
tous, - La jeune conque.
Et cette coutume est loin de passer, si l’on en juge par les
centaines de feuillets imprimés qui fleurissent ici et là dans nos
régions et départements. Pourtant à Paris, tout semble impossible, - la
plus infime édition nécessite mille ans d’amitiés auprès des uns et des
autres. Et encore, cela paraît faveur de vous donner le droit
d’imprimer quelques endroits de votre personne ...
Dans cette Capitale, rien qui n’engendre l’argent ne saurait
être utile. Il faut se hâter de proposer une biographie sur un chanteur
328
ou un ouvrage de politique, si l’on veut voir son nom figurer sur un
livre. Le littéraire entend parler de soi avec mépris, il est assez sot
pour cacher sa production poétique de crainte de subir des lazzis.
J’ignore pourtant lequel est le plus utile à la postérité. Ou un
torche-cul qui fera quelque dix mille francs de droits d’auteur, ou un
poète immortel qui saura instruire des générations de têtes blondes et
contribuera ainsi à l’éducation de notre pays.
*
Le poète n’écrit que pour soi - il ne saurait écrire pour un
éventuel lecteur, donc il ne peut donner. C’est encore une jouissance
personnelle qu’il tente de s’offrir. Il doit se plaire, s’exalter par ses
propres sens. Il doit comprendre ce que l’action de son poème opère
sur sa personne.
Cette personne remarque n’est pas une nouveauté. Ceci est
conscience poétique depuis des millénaires. Mais il y a effet caillou
dans l’eau : je produis pour mon ego puis j’offre mon poème à un ou
deux amateurs, et si cela semble convenir à un petit cercle, deux
cercles, vingt lecteurs, etc. le cercle veut s’élargir. Y parvient-il ?
329
VH
Cela sera difficile d’avoir plus et mieux. Hugo possède un
rapport qualité/puissance d’œuvre qui lui confère une première place
indiscutable.
J’ai pesé Hugo à 200 000 alexandrins. Corneille plafonne à
70 000 et Aragon à 85 000 lignes et vers poétiques mêlés. Ronsard,
premier poète du Moyen Age, paraît éloigné toutefois.
*
Lamartine ne peut pas juger de haut Victor Hugo et
Chateaubriand. Il leur est inférieur. Il est toutefois l’un des plus
grands poètes du XIXe siècle.
V H
On lit un vers de Victor Hugo, et l’on se dit : “ - Assez
facile, possible à faire, etc. ”, puis on lit le second vers, on dit : “ Oui,
la rime est bonne - c’est à peu près cela ”. Et l’esprit poursuit : il lit le
troisième, le quatrième, le cinquième et déjà cela semble assez
difficile. A dix, quinze, cinquante vers, cent vers, mille vers - plus
330
personne ne suit, plus personne n’est capable d’accéder à cette
résistance dans cette quantité.
Voilà encore une preuve qui confère à V H la première
place. Sa puissance écrase et soumet autrui.
Rimbaud
Quel gâchis, cette fuite ! Ce départ pour l’Abyssinie ! Si
seulement Rimbaud avait eu la capacité de résister, de tenir, de
comprendre autrement l’aventure de la vie ! S’il avait conservé
l’instrument poétique pour accomplir de l’introspection, s’il avait
compris que tout se situait à l’intérieur... Nous aurions eu un
immense poète majeur de la compétence de Ch. Baudelaire, mais
Rimbaud marchait avec ses pieds, et non pas dans sa tête.
*
- Tu veux franchir la montagne hugolienne ? Tu vas te
retrouver les quatre vers en l’air !
331
Enéide, Liv 10, 785
“ Je ne passerai point ici sous silence l’évènement d’une
dure mort, ton magnifique dévouement (si toutefois la postérité
lointaine veut ajouter foi à un si grand exploit) ni toi-même, jeune
homme digne de rester en mémoire. ”
332
Journal 96
Existe-t-il ou peut-on prétendre qu’il existe un système
d’investigation poétique ? Une sorte de méthode exploitant un
principe organisé permettant d’accéder à une poésie supérieure ou à
une œuvre de qualité élevée ?
Valéry - Cahiers.
Je me pose parfois la question de savoir si Valéry est esprit
de synthèse ou impuissance de développement. Tous ces bouts, tous
ces fragments accumulés pendant un demi-siècle, - pourquoi ?
Pourquoi le tout n’a-t-il pas été lié ? Car la pensée éjaculée sur dix,
vingt ou trente lignes n’a pas le moyen de se développer, d’exister et
de se fortifier dans la contradiction du débat. Le propos n’est pas
architecturé par le dialogue d’un grand livre, mais semble idée infuse
qui passe et que l’on capte,... puis l’on travaille à autre chose.
Le paradoxe de cette réflexion. Je suis persuadé à travers la
production de Variétés, de la méthode de Léonard écrite à vingt-trois
ans que Paul avait aisément les moyens intellectuels d’unir ou de
333
développer ses morceaux accolés. Alors pourquoi n’a-t-il pas
souhaité organiser l’ensemble ?
Avais-je véritablement le temps et les moyens de tenter de
crédibiliser mon identité poétique ? J’ai délaissé tout le pan du
relationnel, de l’activité consultante pour focaliser mon attention sur
l’aptitude de production. Ai-je eu raison ? Car je n’ai pas appris à
caresser, à faire le délicat, l’attentif à la critique d’autrui. J’avoue
n’avoir jamais cru en la capacité de l’autre pour juger. Tous m’ont
conseillé d’en cesser là, de faire chose différente, de ne pas
entreprendre la traduction de la Bible, de synthétiser mon travail,
d’abolir cette quantité etc. Si je les avais écoutés, jamais je n’aurais
écrit ou si peu... quelques plaquettes, tout au plus. Ils m’ont conseillé
de bifurquer, de travailler à temps partiel, d’exercer une profession
adjacente. Et j’ai dû batailler ferme pour accomplir tant bien que mal
cette œuvre.
Est-il possible de se prévaloir d’être un grand poète ou un
grand écrivain s’il n’y a pas constance à sa table de travail ? Ho !
Certes, quelques-uns, très doués, sont parvenus à obtenir des
résultats, tout en pratiquant une autre discipline par convention
personnelle ou par nécessité familiale. Mais que n’ont-ils pas perdu
334
en œuvre, en travail, en affirmation du Moi, préoccupés qu’ils étaient
à exercer des tâches répétitives !
J’ai décidé la construction du Livre des sonnets. C’est un
ouvrage composé de l’ensemble des sonnets à l’exception des inédits,
produits de 1978 à 1995. Je dois en posséder aux alentours de deux
cents, ce qui est peu et beaucoup à la fois.
J’ai toujours été fasciné par le sonnet, - son architecture 4 - 4
- 3 - 3, m’a constamment semblé être une construction solide et
raisonnable. J’ai toujours considéré que l’utilisation d’un 14 pour
exprimer une réflexion était une distance courte mais idéale. Et puis
il y a tout cet héritage du sonnet qui va de Pétrarque à Shakespeare,
se poursuit dans Ronsard, Du Bellay, puis atteint le XIXe siècle avec
Baudelaire, Mallarmé, de Heredia, Valéry.
“ Il faut faire des sonnets ” conseillait Valéry. Oui, c’est
étonnant ce que l’on peut apprendre en s’essayant à cet exercice.
Toujours effrayé par l’immense puissance de Victor Hugo.
Je le prends, le lis, le relis et ne sais comment en venir à bout. Je pèse
mon 55 000 et son 200 000, et je me dis : mais comment puis-je
accéder à sa quantité ? Où puis-je trouver la force ?
335
J’essaie de gérer la production poétique qu’il me reste à
nettoyer, rectifier, transformer, etc.
J’ai à faire :
1) P5 qui est composé de poésies 80
2) P6 (inédits de Louanges/Losanges/Collages)
3) JF 78 janvier - février 78
4) A. mai 78 avril - mai 78
5) Juillet - juin - août 78
6) Le Sac et La Cendre (7è recueil 78/79)
7) Les Interdits (4è recueil -poésies 80)
8) Sachet d’herbes (inédits 81)
9) Le Livre blanc (poésie 83-84) qui vient juste d’être
achevé ce 2 février 96
10) Les Sonnets/Les Lozes - poésies 84 et poésies 87
11) Grappillages - poésies d’ensemble 85 92
12) Souffles nouveaux I avec polissage
13) Souffles nouveaux II avec polissage Idem
14) M 3 Messages III (poésies O, N, D 95)
15) Primitif du Germe
16) Primitif du Moût
336
18) Primitif du Manuscrit
19) Primitif du Croît (si je parviens à le passer)
20) Primitif du Parfum d’apaisement (Est-ce possible ?)
21) Primitif du Sac (Possible ??)
22) Primitif Collages (???)
23) Primitif Losanges (???)
24) Le Livre des Sonnets, qui serait composé de l’ensemble
des sonnets produits de 78 à 95, ce qui représente à peu près 200
sonnets. Je ne puis y intégrer les inédits qui n’ont pas été corrigés.
25) Le Livre blanc (première version) [?]
26) M C P 1 : Morceaux choisis poésies I
27) M C P 2 : Morceaux choisis poésies II
28) M C P 3 : Morceaux choisis poésies III
29) M C P 4 : Morceaux choisis poésies IV.
Les quatre derniers livres ne sont pensés qu’à l’état de
projet. Ils constitueraient des morceaux choisis - chaque livre
comportant environ 4 000 lignes - retraçant les meilleurs endroits de
mon œuvre poétique. Seuls les recueils de poésies personnelles
seraient exploités.
L’on voit ainsi tout le travail qui m’attend en ce début
d’année. J’ignore si je pourrais résoudre ces problèmes.
337
Je n’aime pas les mots, je n’aime pas les poèmes ni la
poésie. Je produis par besoin. Je leur préfère les livres. La poésie me
semble faible, ridicule et dérisoire, incapable de rivaliser avec la
science ou la science appliquée. Elle signifie mépris, petitesse,
médiocrité. Bien sûr, il y a quelques poètes qui ont un niveau
intéressant, mais l’immense majorité est perte.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ce ne sont que des
amateurs, des poètes du dimanche, des instituteurs. Ceci n’est pas
péjoratif. Une discipline qui s’accomplit à temps partiel, qui est
autofinancée ne peut rivaliser avec des branches de la société qui
investissent des sommes colossales sur des individus à la formation
spécialisée et pointue.
Mais que faire ? Comment sortir de cette impasse ? Ne fautil
pas se résigner et accepter cette vérité si difficile soit-elle ?
On peut opérer un raisonnement inverse. Imaginons un
homme féru de médecine, habitant le XVIIe siècle. Supposons-le
cherchant, travaillant, s’instruisant, potassant des ouvrages et
possédant de la sorte 15 ou 30 années d’expérience dans cette
discipline qu’il n’a pu exercer en tant que professionnel, mais qu’il
possède relativement bien. A quel niveau de compétence peut-on
338
situer cet homme ? Est-il erroné de prétendre que cet homme a
l’expérience pour décrocher son diplôme de médecine générale ?
Serait-il recalé ?
Transposons cet exemple sur la situation poétique. Telle
personne a déjà produit dix, vingt, trente recueils ou plaquettes. Elle
s’essaie à la discipline depuis de nombreux lustres, et connaît du
mieux qu’il se peut les auteurs, les œuvres et les techniques de
versification à appliquer. Faut-il la mépriser, et rire d’elle comme son
travail est peu entendu ? Ne lui doit-on pas respect et considération
quand bien même son activité serait assimilée à du dérisoire et de
l’insignifiant ?
La proposition poétique est avant tout un assemblage de
mots dont la construction se développe de manière aléatoire sans
plan, réellement défini. Elle est conduite par le principe d’inspiration
de l’écrivain qui ignore ce que deviendra la suite de son mouvement.
A quelle certitude, le poète conçoit-il ? Que sait-il réellement ?
Je crois que je ne parviendrais jamais à obtenir une édition.
Pourtant je ne puis faire plus, je ne puis faire mieux. Toutes mes
tentations se sont transformées en échecs réels. Je viens encore
d’envoyer aux Editions Actes Sud des traductions d’Eschyle,
339
d’Euripide et de Sénèque. Je crains bien que nul texte ne sera retenu.
Tout s’en retournera dans mon néant d’écrivain, - je veux dire dans
son armoire où s’accumule déjà un nombre considérable de livres,
jamais publiés, hélas !
Question test : - Reconnaissez-vous ce monsieur avec un
bandeau sur le visage et une barbe ?
- Oui, c’est Guillaume Apollinaire.
- Vous connaissez son œuvre ? Pourriez-vous me citer
quelques un des ses ouvrages ? Les avez-vous lus ?
- Non, mais je sais que c’est un grand poète !
Et voilà en vérité en quoi peut se résumer la compétence du
public dans la supra culture poétique : je n’ai pas lu, on m’a dit et je
reconnais le dessin.
Il ne reste plus qu’à produire une personnalité de grand
poète par l’emphase, le relationnel extraverti, la figure en quelque
sorte. Mais le contenu lui-même, c’est-à-dire l’œuvre peut sembler
inaccessible, inadaptée à l’utilité du lecteur, des goûts et besoins du
public. C’est ainsi ! Il faut faire avec ! ou plutôt, sans : sans édition,
sans lecteur, sans parcours professionnel. L’on voit l’importance de
la construction interne pour l’écrivain lui-même !
340
Produire par moi-même, sans le concours d’autrui, en
utilisant uniquement ma propre capacité intellectuelle, est-ce
possible ? Pour qui ? Je désire obtenir quoi ? Je pense Hugo, son 200
000 par bouquins I, II, III, IV, par Chantiers, Océan, Théâtre I et II, et
je me dis : mais comment accéder à cette quantité-là ? Car il y a dans
ces tomes édités par Laffont la complète versifiée de Hugo.
*
Ai passé un coup de fil à Rougerie - l’éditeur pour lui
demander s’il avait reçu mes recueils - j’en ai envoyé 8 - L’HF, le
Moût, MES I, MES II, Prières, Flori, Sueurs, et un dernier.
Il me dit d’une voix chevrotante (je suppose que c’est un
vieux Monsieur) mais fort aimable : “ Il est dommage que vous ne
sachiez pas ce que nous éditions. Cela vous aurait évité de nous
envoyer tous ces kilos de poésie. ”
Je réplique : “ Vous pouvez toujours extraire des endroits
qui vous conviendront, je vous assure je ne me suis pas moqué de
vous etc. ”
341
Cela ne l’intéresse pas. Il me conseille de tenter ma chance
ailleurs et me rappelle le prix du port pour récupérer mes ouvrages ...
Que puis-je faire ? Comment travailler mieux ? Autrement ?
Me faut-il admettre l’idée que jamais, jamais je ne serai
édité, que jamais la moindre chance me sera offerte ? Que mon avenir
est au ciel, là-bas - derrière les nuages, seulement ?
*
Ecrire, écrire, mais quoi ? Voilà déjà vingt ans que je
m’essaie à ce type d’exercice. Pour obtenir quoi ? Rien. Du néant, de
la faiblesse certaine, de l’inutilité. Alors pourquoi poursuivre,
pourquoi continuer ce travail abrutissant ? Par besoin ? Par bêtise, je
crois bien.
Ils ont tous refusé la production la jugeant trop faible, en
dehors de la norme d’édition. Ils m’ont exclu, ont prétendu en mon
incapacité. Mais où trouver la force pour mener ce combat perdu,
perdu, pour toujours ? Où trouver ?
342
*
L’on prétend que j’écris beaucoup, en vérité je ne produis
que fort peu. Je n’obtiens pas 70 lignes en moyenne par jour, en
revanche je suis assis à ma table de travail, et j’espère, j’attends,
constamment.
convenir.
Je prétends obtenir l’inspiration satisfaisante qui saura me
Observez la morphologie de mes textes et poèmes, vous
vous apercevrez que l’inspiration ne coule pas, que la quantité par
segment est faible. Je n’ai certes pas l’aptitude d’un Proust ou d’un
Victor Hugo, qui lyriques et féconds, parvenaient à noircir des
montagnes de feuilles blanches. Je n’y intègre pas la qualité qui est
ridicule et méprisable chez moi.
*
Qu’est-ce que la réussite en poésie ? Parvenir à prendre un
siège à l’Académie Française ? Obtenir une œuvre éditée par la
Maison Gallimard ? En vérité, je l’ignore.
343
Faire Grand Poète est déjà une bonne chose avec sa liberté
d’homme, avec son aptitude d’actions. La vie impose de telles
contraintes, de telles obligations professionnelles et familiales que
réussir me semble l’appartenance au Gotha littéraire.
*
Toujours aux aguets, toujours prêt à bondir sur un poète
pour produire de l’écriture nouvelle. Je travaille par Roubaud,
Bernard Noël, ou Tardieu. Ces traductions de Bible, de Coran, et
d’œuvres grecques et latines ont puisé en moi-même une grande
partie de mon énergie. Je m’aperçois que de nombreuses années se
sont ainsi écoulées sans que je lise les poésies récentes qui sortaient
chez Gallimard. Aujourd’hui je découvre des auteurs de seconde
naissance et tache de m’en inspirer pour ne pas trop me laisser
décrocher par la locomotive moderne.
*
Depuis ses débuts, la poésie française doit posséder mille à
quinze cents poètes - grands, assez grands, utiles, différents,
originaux - que l’on peut donc déterminer avec une particularité, et le
paradoxe de cette vérité, c’est que seul un tout petit nombre est
344
parvenu à passer outre, et à s’assumer dans la postérité. Mais où sontils
? Comment les retrouver ? Quelle méthode employée pour activer
cette mémoire qui s’efface avec le temps ? Sans ignorer le coût d’une
telle recherche, et pour quelle réalité économique ou commerciale ?
*
Je m’aperçois qu’il n’y a nul espoir d’accéder à une
publication chez un grand éditeur ou dans une modeste maison de
province. J’en suis réduit à penser autrement l’œuvre poétique. Je
dois concevoir par la mémoire d’ordinateur, par le service connecté
entre différents centres. J’exploite donc le matériel moderne qui est
mis à ma disposition. Du moins, ai-je la satisfaction de travailler à
temps plein, en utilisant totalement ces heures ou ces années de vie
qui me sont offertes ! Voilà ! Je me forme, j’apprends à être, quand
bien même cette identité ne conviendrait à personne, n’intéresserait
nul lecteur ou éditeur, pourtant
Je dis qu’il est demain au plaisir de mon ange etc.
et je me cite, je prends un vers de 80, je crois.
*
345
Je dois donc produire pour accéder à 180 x 10 3 lignes en
poésie. J’en suis à 60 x 10 3 . Y parviendrai-je ? En suis-je réellement
capable ?
*
Demazet, voyant la décomposition de l’œuvre poétique de
jeunesse - le livre avec le manuscrit - ce qui représente 17 ou 19
volumes - je ne sais plus - sur la période 78/79 me dit : “ Mais c’est la
multiplication des livres ? ” En fait, j’ai un truc : la nuit, j’en mets un
sur l’autre, et le lendemain matin, il y a une plaquette en plus. Ils
coïtent et se reproduisent - voilà mon secret.
*
La poésie, c’est l’insignifiant de l’inutile.
*
Grosses difficultés à trouver de nouvelles sources
d’inspiration. Je viens tout juste d’achever Messages IV et je cherche
des auteurs différents dans lesquels je pourrais puiser des idées
nouvelles, des solutions opportunistes.
346
Je profite de cette période relativement maigre pour préparer
les primitifs du Croît et de la Portée, et ceux de Parfums
d’apaisement.
Mon avenir d’écriture semble passer par l’informatique. Cet
outil de mémorisation remarquable me permettra peut-être de
maîtriser avec plus de facilité la quantité importante que je détiens
dans mes malles et petits meubles.
Je fais taper sur ordinateur le quatrième volume des Poésies
80 - son titre : les Interdits. Certaines pièces sont hélas faibles et de
piètre qualité, mais elles participent à l’élaboration de l’ensemble de
l’exercice poétique 80. Je veux grosso modo tendre vers la complète,
et je dois accepter certains textes de second ou troisième ordre.
Ce qui m’amuse avec ces archives installées dans le grenier
de l’avenue Hamecher, c’est que cette quantité de livres est composée
de volumes tirés à un seul exemplaire. Ce qui représente sous cette
analyse une production importante et pléthorique.
Je suis encore bien loin des productions de Balzac ou de
Victor Hugo, si je n’ai pu faire preuve d’audace en osant se comparer
à ces monstres sacrés. J’en suis, je le pense, à 325 000 lignes
347
produites, et je ne compte pas les inédits - ce qui représente en sec, au
plus sec, 8 volumes de Pléiade en quantité.
*
En avant de l’en soi Char - Pléiade p 735.
*
Ai rendez-vous avec J. Jacques Hetzel pour 18 heures. Je
dois l’aider à produire un bouquin Arcanes du Vent. Ce livre attend
depuis des années dans les tiroirs de l’éditeur Castan, qui promet
toujours de l’imprimer et qui n’a pas les moyens de le faire. Il s’est
ruiné ou endetté fortement en publiant des poètes qui n’ont jamais pu
vendre et ne vendront jamais.
J. Jacques Hetzel un jour m’a dit : “ Je suis sûr de passer ... ”
- si cela était vrai et si je pouvais l’aider ... Il travaille sans
discontinuer semble-t-il, mais n’a pratiquement rien fait imprimer.
J’essaie de concevoir quelques exercices avec le support de
René Char - Le marteau sans maître, Dehors la nuit est gouvernée.
Les combinaisons algébriques proposées difficiles et surréalistes
348
offrent guère de marge d’exploitation. Le cerveau ne peut pas
travailler en utilisant le mouvement proposé par l’autre. Il y a doute,
hésitation, retenue, et la production se stérilise - l’esprit est en panne.
*
Je cherche à produire, mais quoi ? La pensée se situe entre le
bouquet d’yeux de Paz (Liberté sa parole) et les nouvelles
américaines ou anglaises d’Hemingway ou de Capote. Je songe
encore au procédé saynète, historiette, de 5 - 6 pages - quelque chose
de court intrigue, développement et chute - le tout est de savoir les
bien mener. Il y a les fameux poèmes en prose de Baudelaire qui sont
référentiels, dont le procédé est exploitable ... Donc c’est du souple,
car Stéphane est de trop complexe. Mais qui ? En suis-je réellement
capable ? Si je le pouvais, je ne l’écrirais pas - je le ferais ... Alors ? !
... J’attends car le poème en vers se fait rare. Ni Char, ni Noël et
moins encore Eluard dont j’ai les deux Pléiades par des prêts
bibliothèques ne me permettent de produire.
*
Jean Cocteau possédait de tels dons artistiques qu’il aurait
pu aisément s’il avait vécu de mes jours, créer des bandes dessinées
349
ou concevoir du design industriel. Ces deux branches de l’activité
créatrice, fortement développées aujourd’hui, n’existaient qu’à l’état
embryonnaire il y a quarante ans.
*
Le Livre des Sonnets a été sorti de l’ordinateur. Voilà donc
deux cents sonnets s’étalant sur une période 78-96. Les premiers sont
de facture personnelle ou subissent l’influence de Baudelaire,
Mallarmé, ou Valéry, Rimbaud etc. Les derniers ont été produits avec
le support de Roubaud. Cette modernité me choque et le travail
obtenu me semble de moins bonne composition que les textes de
jeunesse.
Vouloir faire moderne, n’est pas toujours faire bien.
Je retouche les productions de jeunesse, abruptes et
rugueuses, ne possédant nulle souplesse ou facilité de prononciation.
J’essaie de reprendre pour l’oreille ou pour l’œil, mais l’on sait la
difficulté à récupérer sans se tromper.
350
Poésie
Nécessite un travail de substitution, d’adaptation pour
comprendre, pénétrer, se sensibiliser à la poétique de l’autre.
Discipline se situant entre l’écriture et l’art, avec fond dérivé
par la technique de la forme.
Et comment s’adapter au principe de l’autre ? Comment varier sa
perception pour épouser son concept unique, sa particularité ?
Lire, lire et relire. OK, mais celui qui n’admet qu’une seule
lecture pour comprendre rejette le plus souvent l’objet offert, n’ayant
pu l’intégrer à sa situation de compréhension.
*
Dans Le glaneur des regards, il y a un Demazet nouveau,
épileptique, dyslexique, carambolant des relations risquées et
audacieuses, utilisant un vocabulaire très complexe, associé à un
choix traditionnel de solutions poétiques.
351
Le tout semble s’organiser pour frapper le lecteur, et
l’éveiller au problème de la technique et de la science appliquée dans
notre civilisation. L’outil est bigrement bien utilisé. A savoir si cela
sera compris, plaisant ou correspondra à ce que recherchent les
lecteurs ...
*
Il ne reste plus guère à l’amateur de poèmes qu’un seul
comportement à connaître : celui de l’immense solitude. Il doit
renoncer à la possibilité de plaire ou de séduire un hypothétique
lecteur. Il lui faut prévoir une structure unique d’existence dans
laquelle il pourra épanouir l’aptitude naturelle qu’il détient. En vérité
sa conscience le réduit à un état nombriliste de retour sur soi-même,
où la personnalité du Moi s’épanouit pleinement.
Poésie / Physique
Recherches.
“A titre indicatif, le dernier résultat mentionné a été établi
simultanément par quatre collaborations regroupant plus d’un millier
de physiciens. ”
352
p 14, Que sais-je, Les particules élémentaires.
constituants.
1989 LEP (CERN) il n’existe que trois générations de
Mille hommes tirent une charge. Un homme seul peut-il se
flatter du poids de la charge ?
Que vaut un physicien seul ?
Mais l’art est un travail d’hommes individualisés. Alors ?
L’artiste est-il un crétin ? ... Quand les artistes travaillent
ensemble ... allez au Musée !
Michel Deguy
L’inusable,
Le seul à seul
Ta réplique grise
Tendre la main dormante
Trêve intarissable
353
Le rangement
L’enfilade et l’empilement côte à côte
Le tri, le recel
Une à une confondue
Témoin de rien
Deguy poésies II
p 41 Gal
L’activité cérébrale de Michel Deguy est plus nourrie, plus
vivante que celle de Bernard Noël.
Deguy travaille avec des mots, mais semble parfois perdre le
contrôle de son mécanisme de production d’écriture. N’est-ce pas
simplement une apparence ?
*
Produire de la poésie me semble trop faible. J’ai beau
utiliser les uns et les autres pour tenter d’extraire des pensées
nouvelles. La proposition : poésie apparaît manquer de force et de
virilité. Elle est pleutre et insignifiante. Mais que faire ?
354
*
et ajouter.
Il faut aller outre, il faut utiliser le tremplin valérien, penser
*
J’ai de grandes difficultés à imaginer Saint John Perse
comme étant le plus grand poète du vingtième siècle. Je ne condamne
pas sa technique ou son élévation, mais je ne puis croire que cet
homme doté de 4 à 500 pages dans la collection La Pléiade surpasse
aisément par le fond ou par la forme, un Valéry ou René Char, un
Claudel ou un Louis Aragon.
Son mérite est d’être Nobel - ce qui est déjà difficile -
puisque seul à travers le monde et par an, un seul se flatte d’être ainsi
reconnu. Perse est un grand poète. A-t-il tout fait, tout compris ? J’en
doute.
Je ne voudrais pas que l’on crût en une quelconque aversion
de ma part par ce Nobel, mais je ne le vois pas numéro 1 du
vingtième siècle.
355
*
L’immense difficulté en poésie est de parvenir à se
renouveler, à proposer constamment quelque chose de différent, à
faire évoluer son fond et sa forme, à penser autrement. Le plus
souvent on reste soi, c’est-à-dire un produit identique à hier, qu’on le
veuille ou non.
(L’homme aux cent visages ... David Bowie)
enfin.
Il y a certes une évolution temporelle liée à l’âge ... mais
*
Pourquoi les poètes ne sont-ils pas à niveau ? Pourquoi se
suffisent-ils de leur potentialité intellectuelle de travailleur de fin de
semaine ? de tirage à 300 lignes ?
Quand un poète pourra-t-il rivaliser avec un polytechnicien ?
N’est-il pas réellement là le drame de l’indifférence et de mépris ?
C’est la conscience du lecteur ...
356
Non, ceci est un faux procès, car Corneille vaut plus qu’un
polytechnicien et Corneille est peu lu toutefois.
Rimbaud, Œuvre de jeunesse
Produis plus peut-être, mais quels résultats face à l’efficacité
magnétique de ses poèmes ?
*
Poésie : il y avait des problèmes énormes à résoudre. Ils
n’ont pas été résolus, ces problèmes.
Belin. Poésie 77
La matière littéraire des développements semble mal
organisée. La pensée est synthétique, la proposition est difficile
d’accès. Mais faut-il condamner cette manière d’écrire ? N’accusaiton
pas Mallarmé il y a cent ans ?
357
*
M’aurait-il été possible de reconnaître un Jules Laforgue, un
Supervielle, un Jules Renard, s’ils n’avaient pas été édités par autrui ?
Si j’avais été confronté à leurs manuscrits, à leurs œuvres,
comment aurais-je réellement réagi face à leurs talents de littéraires ?
Je les aurais certainement rejetés, incompris car pensant
autrement, ma tournure d’esprit les aurait méprisés, peut-être.
*
J’ai Goethe - Pléiade - Théâtre complet. Le théâtre de
Goethe est-il joué ?
*
Remarquable soirée poétique passée chez Madame
Boucheron, 343 avenue Alsace Lorraine. Son appartement est décoré
avec un goût, un délicat et subtil délicieux. C’est une infirmière dotée
d’une finesse remarquable. Nous étions onze ou douze à discuter, à
parler Poésie - Le couple Demazet, Hetzel, Mazas - Bordas, n’avait
358
pu venir ayant eu encore des problèmes cardiaques. J.F. Richard, Elie
Veiss, le couple Andrée Vacquier - et.., ?
Je me présente vers les 18 h 15 - déjà quelques personnes
attendent le commencement de la soirée. J’en profite pour expliquer
aux commensaux la nécessité d’informatiser Poésie Montauriol. Je
leur montre le portefeuille à 6 disquettes, et le CD ROM avec le
livret. Cela semble les intéresser. Je propose de passer sur disquettes
les numéros spéciaux consacrés aux auteurs de l’association.
Le président Demazet n’arrive toujours pas ... Quinze, vingt
minutes de retard, puis Demazet tonitruant accompagné de son
épouse. Nous sommes tous assis. Madame Boucheron me demande
de l’aider à ouvrir des bouteilles. Ce sont des Mercier Brut
champagne ... (Pourquoi ?)
Sert-on du champagne à 18 h 30 ? Enfin ... Puis les canapés,
les amuse-gueule. On lit quelques textes d’une édition à compte
d’auteur que la fille a consacré à sa mère disparue. Quelques photos
etc.
359
Demazet nous lit un texte long et assez ennuyeux d’un
garnement qui ne fait que des bêtises ... Cela amuse l’instituteur et
l’assemblée de bon aloi. Les coupes de champagne rendant plus
sympathiques les uns et les autres.
Puis il faut partir, car vingt heures trente sonnent.
Il se dégage rarement un principe philosophique des œuvres
des poètes. Tout y est confusion et rien ne permet d’y déceler telle ou
telle certitude d’importance capitale.
Victor Hugo écrit : je pense, mais à quoi ?
Humaniste, certitude de son génie et de l’immensité de Dieu,
voilà ce qui sort de son œuvre - mais ai-je tout lu ?
Paul Valéry semble le plus vrai, le plus possédant un
système d’investigation et d’utilité cérébrale.
*
Au commencement, Dieu créa Claudel.
360
Claudel : - Oui ... moi - Oui ...
René Char a écrit que Claudel était irresponsable. En vérité,
il tirait son immense prétentieux de sa certitude de Dieu.
Vous me direz que ce n’est pas une raison ...
est numéro 1.
Il reste à mes yeux, le plus grand dramaturge de France. Il
361
Éléments de réflexions
De l’invisible et de la rigueur
Je ne vis qu’avec des fantômes, des fantômes d’idées, des
sortes de spectres de l’impalpable et de l’invisible. Leurs formes
délétères se dérobent sous mes sens. Pourtant tel un apprenti médium,
je tente de les capturer, de les saisir pour les offrir à la conscience de
mon esprit. Je déteste ces brouillards vagues, ces fumées incomprises
manquant de rigueur et de rationalité. La réflexion est détestable
quand elle est constamment nourrie d’à peu près et de perceptions
insolites. Il est vrai que cet immense mélange de la vie nous brasse
une quantité considérable d’informations. Des évènements imprévus
à la raison humaine se combinent les uns aux autres pour organiser
ou troubler l’existence. Il ne s'agit pas ici de jeu pour l’esprit, non, -
nous subissons régulièrement des contraintes dans notre quotidien.
Ma volonté recherche la rigueur et déteste se laisser
emporter à la dérive avec ce matériel d’imprécisions si volubile. Cela
ne pourrait me satisfaire. Comment parviendrais-je à accéder à
quelque chose de profond et de singulier si je me laisse bercer par
l’enchantement du jeu, ou par le dérisoire et l’insignifiant ? Je dois
les exclure de mon mode d’emploi ou de ma méthode personnelle.
362
Certains riront de moi prétendant qu’il n’est pas de bon ton pour un
poète de donner des leçons de rigueur quasi-militaires. Je connais
trop bien ces moments d’ivresse et de nonchalance, quand la pensée
flotte pour tenter d’accéder à quelque chose d’inconnu. L’âme s’y
complaît, et s’y baigne avec aisance.
Au seul nom de poésie, déjà je m’enivre et je crains de
perdre ma capacité d’analyse et de synthèse. Je crains de vagabonder
par monts et par vaux, cherchant je ne sais quoi, allant vers
l’insouciance et le hasard. Cela ne saurait me charmer, quand bien
même j’avoue éprouver du plaisir à caresser cette femme volage et
éphémère, qui s’enfuyant sans cesse, constamment désire me
rejoindre pour un ballet nuptial.
363
Le spectre d’autrefois
Le spectre d’autrefois vint visiter l’apprenti poète, rempli
d’élan et d’actions, aux yeux tournés vers l’avenir. Le spectre
feuilletait un livre consacré à l’art grec, à ses colonnes et au temple
du Panthéon. Au cours de cette cérémonie médiumnique, on sentait
pleinement toute l’activité intellectuelle qui animait encore l’esprit
échaudé et excité par cette rencontre. Cette petite boule verte de
phosphore allait et venait, enfin elle se mit à parler : “ Nourris-toi de
moi-même. Apprends et instruis-toi. Je suis venu te dire ce que tu
dois faire, ce qu’il te faut obtenir. Là sera ta suffisance. Il n’est pas
ici question d’ambition, de prétention ou de toutes sortes de termes
péjoratifs. Non, là est ton but. Et ta raison est de l’atteindre. ”
L’apprenti poète savait toutefois que les artistes et les
écrivains étaient soumis à nombreuses critiques, qu’une poignée très
réduite parvenait à crédibiliser sa capacité littéraire. Et s’ils avaient
quelque avenir, c’était surtout la mort que leur offrait ce privilège.
“ Il suffit, dit le jeune. Voilà, tu t’es déplacé pour rien. Tout
ce que tu pouvais me dire, je le savais déjà en prescience de bons
sens et de vérités. Tel est le privilège des âmes bien nées, - elles
364
possèdent cet extraordinaire don de connaissance sans l’usage de
l’expérience.
C’est vrai, je suis de bonne race comme toi. Mais je doute de
pouvoir atteindre cette place si hautement convoitée. Tu sais comme
je puis apprécier ces challenges de l’esprit. Je m’y astreindrais par jeu
de l’intelligence. ”
Le don de plaire
Un jeune poète qui se prévalait de posséder du génie, mais
qui pour l’instant était le seul à le prétendre tenta vainement de
rencontrer des hommes de lettres de qualité lui permettant de débuter
ou du moins de faire ses premiers pas dans la République des Lettres.
Le jeune auteur fit preuve d’un zèle remarquable, courant à droite,
courant à gauche, d’une amabilité, d’une affabilité exceptionnelles.
Avec ses petites plaquettes sous le bras, il résolut de faire la tournée
des directeurs de revues et des Comités de lecture.
Les directeurs de revues semblaient s’intéresser à sa
production, du moins l’assuraient-ils, mais tous exigeaient que le
jeune homme prît un abonnement d’un an à la revue pour espérer
figurer dans la modeste parution.
365
Ne se décourageant pas, il proposa ses manuscrits à
différentes maisons d’édition. Les plus sérieuses lui retournèrent ses
exercices accompagnés d’une lettre circulaire, le remerciant de son
envoi mais prétendant que sa poésie n’entrait pas dans le cadre de
leurs collections.
Il voulut forcer la main du destin. “ Par Dieu, se dit-il, si tu
ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! ”
Il envoya ses livres à des maisons spécialisées dans le
compte d’auteur. Illico, celles-ci lui firent un contrat basé sur l’article
57 de la protection littéraire, ce qui voulait dire en d’autres termes
que l’édition était à sa charge. On lui fit un tirage à mille exemplaires
d’un recueil qui jamais ne fut distribué ou si mal qu’il ne put avoir un
seul lecteur.
Il en était tout dépité : “ Quelle injustice, que cette soi-disant
structure poétique d’accueil ! J’ai dépensé toute une petite fortune
pour engraisser le compte bancaire d’un éditeur véreux ! Me voilà
retourné à mon point de départ. Mais que puis-je faire pour
crédibiliser mon identité poétique auprès d’autrui ? ”
366
Il osa se remettre en cause, décidant de repartir à zéro,
achetant traité de versification sur traité de versification, y appliquant
toute sa sève et toute sa force. Le travail ajouté sur le don de nature
fit croître son aptitude poétique. Le jeune homme allait bon train,
enfin je veux dire l’homme jeune, car de nombreuses années déjà
s’étaient écoulées sans qu’il ne pût accéder à l’édition.
Il poursuivit toutefois son œuvre entreprise. Il pouvait se
flatter d’avoir obtenu une bonne vingtaine de plaquettes, quelques
unes éditées à compte d’auteur, d’autres fabriquées artisanalement
par ses propres soins ou par des amis.
Il frayait ici et là, se frottant à d’autres littéraires vus ou
entrevus à des Journées du Livre ou à des Fêtes de l’édition. Cela ne
permettait guère de percer dans le monde des lettres, mais du moins
cela correspondait à du zèle actif, et qui sait...
Le temps s’écoula, et toutes les tentatives entreprises
échouèrent. “ Quel sale destin ! pensa-t-il. Pas un éditeur, pas de
lecteur ! Quelques reconnaissances, quelques estimes, mais voilà qui
est fort peu. Je ne puis donc parvenir ? ”
367
Il se lamentait et poursuivait encore sa tâche animé par le
besoin d’écrire, sans grand succès toutefois !
Et voilà ce qui attend la quasi-totalité de ceux qui s’essaient
à l’art d’écrire. Car il ne suffit pas d’avoir du génie pour exister dans
cette discipline, non il faut quelque chose de bien plus important, et
cela s’appelle le don de plaire. L’on peut parfois l’assimiler à du
talent.
Il permet de pénétrer, de se crédibiliser immédiatement. Il
est l’énergie monnayable, achetable comme ces bons feuilletonistes
qui ont couvert des pages et des pages de journaux au grand bonheur
de leurs directeurs.
Qu’est donc devenu cet homme jeune, âgé aujourd’hui et sur
le point de passer à trépas ? Il a connu la destinée de dizaines de
milliers de littéraires. Plein de fougue et d’entrain, animé par l’idée
du génie, le voilà vieux, grommelant dans sa barbe blanche. Il finira
poète de famille. Quelques écrits seront transmis de fils à petit-fils
pour finir oublié sous le marbre du temps.
368
De l’œuvre
“ Jusqu’où Franck Lozac’h, irez-vous dans la recherche
désespérée de cette production pléthorique ? ” Ainsi s’étonnent la
plupart des personnes qui ont pu accéder à mon Œuvre. Ils n’y ont vu
qu’une immense quantité et n’ont pu y déceler une aptitude
quelconque d’écrivain. L’on prétend que je travaille grandement,
j’écrirai plus volontiers, que chaque jour qui passe me voit noircir
quelque vingt ou trente lignes. Et c’est l’accumulation de cette
fréquence qui engendre la détermination d’une quantité importante.
Je suis bien loin des œuvres immenses d’un Victor Hugo,
d’un Voltaire ou d’un Balzac. Et c’est encore manquer de modestie
que d’oser user de leurs noms pour se permettre une comparaison. Je
crois toutefois que le lecteur comprendra ce que je souhaitais
signifier.
“ Mon cher Franck Lozac’h, vous ressemblez à Mickey
Mouse dans l’apprenti sorcier, le dessin animé de Walt Disney sur
une musique de Paul Ducat. Vous accumulez, accumulez de la
quantité, et êtes débordé par votre propre abondance. Jusqu’où ira
votre folie ? ”
369
Tels sont à peu près les extraits des discours dont se glose la
compagnie de gens qui me critiquent. Leur analyse est parfois
judicieuse, mais elle semble ignorer que j’agis pour accomplir une
Œuvre - a Work - en quelque sorte. Je travaille pour ma propre
personne conscient que nul lecteur n’aura la capacité de lire tout ce
que j’ai pu produire ou concevoir sur ces quelques décennies.
Je ne suis aucun plan général, ne sachant réellement où je
vais, comparable à ce héron au long cou qui terminera son festin avec
un ridicule vermisseau, il se peut. Si je prétends posséder un semblant
d’organisation, c’est du moins pour produire et ranger mes ouvrages
par ordre de composition. Cette petite société paraît toutefois se
construire, et si je ne sais en concevoir la finalité, certains traits de
l’esquisse semblent apparaître çà et là.
Il me semble que cette société est en marche, qu’elle évolue,
se développe par besoin, par prospérité, et commerce. N’est-ce pas à
moi, en vérité, de la savoir bien gouvernée ? Je dois donc y mettre
des lois et des décrets.
Voilà très sommairement, sans poursuivre une analyse
précise, ce que je puis penser de ce travail et de cette quantité.
Parviendrai-je à obtenir un ensemble cohérent où chacun pourra s’y
370
déplacer avec aisance, allant où bon lui semble, y découvrant ce qui
l’intéresse ?
Plaise à Dieu - ou du moins à ma raison - que cet espoir se
réalise, et que j’obtienne ce que je m’étais promis - une
représentation de qualité de ma propre personne, voilà tout.
De l’association poétique
Il y a ici une petite assemblée composée de littéraires de
qualité, et de personnes fort savantes exerçant dans l’enseignement
qui appartiennent à une communauté poétique, mais qui ne sont point
du tout du même avis concernant la valeur à accorder aux uns et aux
autres.
Certains se prévalent de posséder un avenir littéraire quand
la plupart ne croit ni en leur talent ni en leur génie.
Je me souviens de quelques anecdotes et réflexions
disposées çà et là dans le feu de la conversation pour tenter de limiter
l’influence grandissante de l’un des adhérents. Cette société
comparable à une mutuelle veut niveler les valeurs en haussant les
plus défavorisés et en coupant les têtes de ceux qui sortent de
371
l’alignement. Après tout, cette conception sociale est fort égalitaire et
sa philosophie est défendable.
Du moins tous sont d’accord pour reconnaître l’immense
qualité du poète Arthur Rimbaud. Il est devenu un Dieu et chacun
s’extasie devant sa précocité et son œuvre exceptionnelles.
Cela semble toutefois aller très lentement dans cette
assemblée. Certains poètes zélés dont l’œuvre tient dans deux boîtes
de chaussures, n’ont édité qu’une mince plaquette de cinq cents vers.
D’autres n’ont pas même de quoi construire un recueil. Mais, enfin,
l’ensemble spécule, certifie et jure posséder la vérité. Car l’on parle
ici de l’expérience accumulée depuis trente années de poésie. Cela
serait une preuve irréfutable de sa compétence pour juger.
Il faut user de politesse et de courtoisie, car la conversation
ne doit employer de termes violents. L’on pourrait se fâcher et ces
messieurs étant d’une sensibilité extrême, les pots de porcelaine ne
sauraient résister.
Vous voyez quelle ambiance circule dans cette compagnie.
Tout y est courtoisie, amabilité et quantité insignifiante. La qualité
des auteurs ne pourrait pourtant être remise en cause. Il n’y a pas de
372
belles disputes ou de clans franchement séparés. Si ce n’est du mépris
qui détermine la valeur que l’on accorde à autrui, c’est du moins de
l’indifférence, qui est l’anti-sentiment par excellence.
Cette assemblée est encore trop petite pour jouir de la
renommée de certaines consœurs, mais elle l’obtiendra sans doute.
Les adhérents y sont au nombre de deux cents, ce qui est loin d’être
ridicule.
L’on commence à lire dans cette revue les meilleures plumes
du temps passé, et l’on se plaît à imaginer que l’immortalité de jadis
côtoie déjà de superbes avenirs.
Si Charles Baudelaire renaissait, l’on peut supposer qu’il
parviendrait à se faire imprimer dans cette revue, à la condition
toutefois qu’il n’oublie pas de payer sa cotisation comme tout un
chacun, grand poète ou pas.
De la critique poétique
Je sais assez bien lire les poètes. Je connais les
combinaisons, les analogies, les principes symboliques. Je puis
décomposer un poème par un système de technique analytique. Je les
373
ai compris en les lisant longtemps. J’avoue pourtant être assez
déconcerté par un auteur inconnu. Je dois m’appliquer à le découvrir,
à l’intégrer. Ne possédant que très peu de repères le concernant, je
dois spéculer, envisager et douter. Il faut que je me fasse pardonner
ma faible aptitude à savoir discerner. Je préfère le plus souvent
m’abstenir que de prendre le risque de mépriser une personne douée,
faute de visibilité intellectuelle. Certes, je puis m’enthousiasmer,
acclamer certains auteurs, me désespérer devant la perfection de
chefs-d’œuvre. Mais ce sont toujours des auteurs célèbres, dont la
renommée a passé des décennies ou des siècles. Quel mérite peut-on
avoir d’acclamer l’œuvre de Baudelaire ou de tomber des nues
devant la pureté de Racine ?
Ainsi il me faut tout découvrir. Ma sensibilité avec son
éventail d’émotions s’adapte que très difficilement à de nouvelles
propositions artistiques. Je dois recommencer et tenter de percevoir la
fréquence poétique de l’autre.
Ce que je veux détester c’est cette sorte de suffisance dont
s’habillent les littéraires, prétendant avec un pseudo esprit de
synthèse être parvenus en quelques secondes à détruire ou mépriser le
travail d’autrui. C’est le genre : “ Je sais que cela vaut peu. Allez voir
374
ailleurs, monsieur ! ” Il y a là un manque total d’honnêteté
intellectuelle.
Le poète se trouve donc dans l’obligation de caresser, de
faire le joli cœur, d’aller chercher la considération élégante ou polie
du critique. Il lui faut parfois des années d’insistance, de civilités
pour parvenir à crédibiliser son aptitude littéraire. Quelle galère ! Et
combien de difficultés pour s’entendre dire deux ou trois mots
flatteurs !
Comprendre les poètes
J’étudie souvent les recueils de poésie. Je les lis rarement
avec l’œil du lecteur ; non, je les lis avec l’œil de l’analyste. Je
décompose le vers, je compte les signes, je vérifie le rapport
voyelles/consonnes, j’observe la technique de l’harmonie musicale, et
je sais rapidement si je suis confronté à un écrivain au courant de la
plume, ou à un technicien de l’écriture.
Je puis toutefois aller outre, et me laisser emporter par
l’ivresse de l’image, ou de l’ensemble produit. Je me dis que très
rarement le texte, je préfère le murmurer, le prononcer à voix basse,
et accomplir un effort de mastication. Car il y a plaisir buccal à
375
prononcer un vers, et l’on peut en cela le comparer au plaisir de
mâcher du vin.
“ Le poème est fait pour être dit ”, répète-t-on. Je douterais
aisément de cette vérité, sachant pertinemment qu’une avalanche de
structures, d’images complexes, de retours sonores ne peut être
assimilée par une bonne intelligence. Trop d’éléments s’opposent ou
réagissent par interférence, et ne facilitent en rien la compréhension
de l’endroit.
Quel plaisir peut-on éprouver à écouter un orateur ? Que
demande la conscience pour être bien charmée ?
Elle désire bien entendre ce que la voix propose. Je prétends
que l’on reçoit une grande satisfaction à écouter des textes ou des
poèmes que l’on connaît déjà. L’intelligence s’arrête alors sur
d’autres considérations que la seule compréhension du texte. L’esprit
ne se limite pas à la transformation cérébrale pour intégrer des mots.
Non, il possède déjà le contenu du message. Alors l’oreille se fait
plus experte, elle apprécie le rythme, l’intonation, et la hauteur.
Il faut dire que l’une des caractéristiques du produit poétique
c’est d’être capable de répondre à grand nombre de considérations :
376
un poème est multiréférentiel. Comment alors qu’il possède cette
propriété, prétendre qu’un auditeur quelconque peut recevoir du
plaisir lors de son écoute ? L’encombrement des raisons brouille sa
lucidité intellectuelle.
Mais que faire ? Dire le texte sur enregistrement avec
musique et bruitage, dire le texte avec de grandes respirations et de
nombreux silences, et proposer à l’éventuel auditeur la possibilité de
suivre le poème avec un support écrit.
Poésie, rigueur et liberté
La poésie ne repose sur aucune connaissance systématique,
elle ne peut donc être assimilée à une sorte de science quand bien
même elle serait régie par des lois strictes de rythmiques, d’accents et
de chiffres. La poésie libre, celle qui est au courant de la plume a
décidé d’abolir les derniers diktats de l’harmonie musicale, du
compte de signes et de syllabes. Nous voilà donc confrontés à un
espace exceptionnel de liberté où tout peut être dit, où rien n’est
interdit.
377
La poésie épouse une forme qui pourrait s’apparenter à une
conception individuelle d’interpréter un contenu. Les écrits poétiques
n’embrassent que des secteurs isolés de son vaste éventail. De
nombreuses sensibilités cohabitent, sont parfois contradictoires, ou
en opposition farouche. Il y a donc sections, classes, écoles et s’il
n’est pas possible d’embrasser l’ensemble des techniques offertes, les
plus grands spécialistes ont une vaste palette d’émotions et de
sentiments mis à leur disposition. Aucun poète ne pourra renfermer
en lui-même l’ensemble des procédés ou des techniques qui
découlent des différentes écoles. Il est ridicule d’exiger d’un sprinter
de 100 mètres plat de concourir sur un Marathon ou sur une distance
de demi-fond. Il est ridicule de prétendre qu’un sonnettiste
parviendra à proposer des développements de plusieurs milliers
d’alexandrins. Charles Baudelaire en ce sens s’oppose de manière
significative à Victor Hugo. Quand l’un produit trois à quatre mille
vers sur toute sa carrière, l’autre impose plus de deux cent mille
alexandrins, et exploite à merveille des procédés de développement
où son génie abonde.
378
Le choix de la jeunesse
Il est peu de temps où des circonstances semblent favorables
au milieu desquelles la poésie peut espérer attirer la curiosité du
public et se voir estimer de la même estime que celle d’autrefois. Là
voilà encore retournée belle femme muette et silencieuse au mépris
que l’on éprouve la concernant. Les intérêts de notre temps, le
développement des sciences et des technologies, les obligations
mesquines de notre réalité ont absorbé tous les instants de puissance
que possédait l’esprit, toute l’énergie et les divertissements octroyés à
chaque humain. Ainsi la vie intérieure se nourrit d’une autre forme de
culture plus axée sur l’image à recevoir que sur l’image à fabriquer
avec des signes. L’esprit se contente d’une certaine forme de réalité,
et soutenue par le concours d’autrui l’intelligence n’a plus besoin de
jouir par elle-même pour éprouver de la satisfaction. Elle se contente
de gérer, de sélectionner le flot d’images que l’on met à sa
disposition. On est loin de penser que le temps est enfin arrivé où le
royaume de l’imaginaire instaurera à nouveau sa suprématie. Notre
jeunesse a déjà manifesté son choix, et semble irrésistiblement attirée
par l’image offerte. Mais son choix est peut-être plus judicieux qu’on
ne le pense, car si elle exploite un support imagé déjà proposé, il lui
faudra utiliser toute son intelligence et sa pensée pour remplir ces
coquilles de programmes vides.
379
Elle devra du moins faire preuve d’une forte vie spirituelle
qui est l’élément fondamental de son existence. Il lui faudra aussi
savoir lutter pour s’imposer une indépendance et une capacité libre
de penser. Elle ne doit pas se soumettre, mais bien dominer
l’effrayante puissance que peut représenter la machine. Tout
dépendra encore de sa capacité autonome d’esprit, de son énergie
intérieure mise au service de sa propre personnalité.
Quelle place accordera cette génération au produit
poétique ? Ne le méprisera-t-elle pas comme une vulgaire discipline
d’hier, dépassée, à oublier ? Le poète ne sera-t-il pas rangé au
patrimoine artistique comme le maréchal ferrant et le sabotier, le sont
au musée de l’artisanat ?
C’est pourtant dans ces immenses entreprises de l’esprit que
la pensée s’élève pour accéder à une dignité, qui l’éloigne du
vulgaire et de l’insignifiant pour s’emporter dans des espaces où
s’épanouit la grandeur de l’homme.
380
I
L’inspiration apparaît aussi comme un immense réservoir de
mots qui s’associent, se combinent et se multiplient. Il y a donc
interférence, - indispensable nécessité d’union, de frottements, de
refus, d’accouplements. Voilà ! Il y a acte physique entre les mots qui
doivent former un bel accord, comme deux êtres forment un beau
couple.
L’impulsion, l’élan vital de l’inspiré est passé par-là. Il
fallait bien qu’il eût ce que l’on peut appeler “ Énergie ” pour
favoriser cet accouplement. C’est vrai, de nombreux obstacles, des
retards, des blocages ont constamment tenté de condamner ce droit à
l’orgasme littéraire. Le plus virulent est certainement l’interdit du
critique, qui est un gendarme redoutable, doutant de tout, et réglant la
circulation du flux sans réellement connaître les règles du
déplacement. La conscience du poète le pousse le plus souvent vers
une impasse : pourquoi produire cela ? Quel intérêt y a-t-il à
caramboler de cette sorte ? Le raisonnement de la critique virulente
provoque en lui une volonté de refus, je dirai - de stérilité.
381
II
La poésie nous introduit dans le monde de l’imaginaire. Elle
nous montre la relation de non-vie entre un mot, masse inerte ou
objet instrumental et un autre mot, qui associés formeront un bel
accord, ou une combinaison criarde. Tout dépendra de l’analyse
auditive du poète ou de sa volonté à obtenir l’effet recherché. Il suffit
d’écouter sa conscience, et de décider d’après le choix arrêté. Parfois
c’est une liberté absolue qui dicte la marche à suivre. Le poète
devient joueur de jazz, à l’inspiration vagabonde au plan indéterminé.
C’est juste une question de feeling. L’exercice de poésie dite libre
s’apparente assez sensiblement à ce type de travail. L’auteur subit, ou
voltige papillon hoqueteux, de fleur en fleur, ou pour reprendre
l’exemple du pianiste, d’accords en accords, de combinaisons en
combinaisons. Mais la comparaison cesse là. Car le poète, à sa table,
possède ce que l’on appelle des blancs. Ce sont des laps de temps
d’une certaine durée qui vont de quelques secondes à deux ou trois
heures ...
Les moments de blancs sont remplis de façon diverse :
lecture, doute, refus, activités autres, dessin, que sais-je encore ! Je
veux dire par-là que le poète travaille sans continuité à l’instar du
musicien de bar ou du jazzman qui par le son engendre le son.
382
III
La poésie doit le plus souvent abandonner cette conscience
de critique si elle veut poursuivre le chemin de l’écriture. Un écrivain
foudroyant tue tous les mots qui passent devant son regard. Il devient
le destructeur du soi-même, et sa tendance le poussera à la stérilité.
Il y a en tout poète un étrange mélangeur d’intelligence,
d’intuition et de critique. Pourtant ne peut-on pas considérer qu’il y a
une sorte d’incompatibilité dans la gestion de ces différents
paramètres ? Un poète bien fait semble pouvoir maîtriser ces divers
états de l’activité consciente, et en exploiter pleinement leur synergie.
Il y a d’ailleurs des variables de densité entre ces différents
ingrédients qui réclament des dosages entre l’instinct et
l’intelligence. Là est une part du travail de sublimation dans la
structure mentale du poète. Une gymnastique de l’entraînement peut
produire un développement de telle fonction au détriment de telle
autre. Il est difficile de prétendre savoir quelle partie de soi-même est
la plus apte à exploiter ou à maîtriser. Il semble acquis que la seule
conscience du poète peut lui permettre de savoir. Est-ce une lumière
intérieure plus ou moins intense, faible ou éblouissante qui éclaire la
conscience de son manque de lucidité ? La critique a besoin de
beaucoup d’intelligence.
383
La poésie
La poésie, qui a enrichi les âmes supérieures a contribué à
les instruire, et cette instruction a fortifié leur intelligence ; de là,
vient une vérité que ceux qui nous dominent et nous dirigent ont
intégré des valeurs élevées en science et en lettres.
C’est la poésie qui est le support incontournable de
l’imaginaire, et qui fait des poètes des hommes en décalage avec
leurs confrères. Ils ont le plus souvent une poétique possédant un
siècle d’avance sur les autres disciplines. La postérité s’est trop bien
rendre des comptes à ses illustres esprits et leur offre des hommages
et des carrières le plus souvent posthumes.
Comment se fait-il que des poètes obscurs et méprisés
incompris de tous, à l’allure pataude, au gueuloir exorbitant
deviennent par leur puissance d’évocation, par la maîtrise de leur
langue et de leur technique, des références incontournables et
immortelles dont on s’inspire encore trois siècles après leur décès ?
384
Quand des écrivains-lecteurs de Grandes Maisons d’Éditions
Prix Nobel de littérature, ou futurs académiciens festonnaient en tête et
se prévalaient de mépriser des Stéphane Mallarmé ou des Paul Verlaine,
quand des directeurs de revues ou de collections rejetaient avec dédain
des œuvres de Paul Claudel ou de Paul Valéry, ces derniers eurent
recours à leurs propres confrères qui comprirent aisément le degré de
leur valeur. Certains auraient pu dire : “ Maîtres, n’ayez crainte. Nous
avons considéré la valeur de vos œuvres. Nous serons faire fructifier vos
images immortelles, votre postérité déjà est assurée. ”
Tout cela peut rendre ridicule les structures littéraires
actuelles si l’on ose comparer le bouquet des écrivains de la postérité
avec les lamentables collections dont se prévalent et dont
s’enorgueillissent des présidents de groupes.
C’est pourquoi de très grands poètes ne dédaignent pas de
travailler dans des revues que l’on ose parfois rejeter, considérant
avec dédain le faible tirage qu’elles engendrent.
Tandis que des André Gide et des Paul Valéry se formaient
pour accéder à la carrière que nous leur connaissons, ils n’hésitaient
pas à proposer leurs œuvres dans une revue aujourd’hui oubliée de
tous, - La jeune conque.
385
Et cette coutume est loin de passer, si l’on en juge par les
centaines de feuillets imprimés qui fleurissent ici et là dans nos
régions et départements. Pourtant à Paris, tout semble impossible, - la
plus infime édition nécessite mille ans d’amitiés auprès des uns et des
autres. Et encore, cela paraît faveur de vous donner le droit
d’imprimer quelques endroits de votre personne ...
Dans cette Capitale, rien qui n’engendre l’argent ne saurait
être utile. Il faut se hâter de proposer une biographie sous un chanteur
ou un ouvrage de politique, si l’on veut voir son nom figurer sur un
livre. Le littéraire entend parler de soi avec mépris, il est assez sot
pour cacher sa production poétique de crainte de subir des lazzis.
J’ignore pourtant lequel est le plus utile à la postérité. Ou un
torche-cul qui fera quelque dix mille francs de droits d’auteur, ou un
poète immortel qui saura instruire des générations de têtes blondes et
contribuera ainsi à l’éducation de notre pays.
386
Stylistique en prose et stylistique poétique
La stylistique en prose permet de recevoir l’objet à
transformer de manière réelle, sans nécessité aucune d’adaptabilité de
la capacité intellectuelle à la proposition offerte. L’entendement est
direct, et la cause suit l’effet. Il y a pourtant une substitution
d’éléments écrits en images à produire. Le roman en est une parfaite
illustration. D’ailleurs, s’il y avait une étude réelle du psychisme qui
transforme les caractères écrits, l’on observerait des différences et
des écarts considérables dans la mutation de l’expression écrite.
Pourtant les types d’individus qui lisent le roman parviennent à se
mettre d’accord sur l’extériorité du produit et sa finitude interne.
L’intelligence est collective, et reçoit grosso modo le même message.
La capacité particulière ne se différencie que très peu de la
conscience collective, le contenu étant unique quoique possédant des
ramifications et des détails spécifiques. Il y aura selon les individus
plus ou moins d’aptitude à tout recevoir ou à recevoir une grande
partie de la proposition écrite. L’ensemble des lecteurs peut donc se
prévaloir de s’être mis d’accord sur le message reçu.
Il faut bien que cette conscience soit ordinaire, satisfaisante
à l’ensemble, sinon elle ne pourrait pas être assimilée par la grande
387
majorité. Ce qui lui arrive a peu de chances d’être singulier ou de
s’habiller de solutions rares. Il n’y a pas résistance à l’entendement.
Qu’en est-il réellement de la stylistique poétique ? La
pensée poétique construit son système de valeur sans exploiter la
rationalité du langage et en faisant varier la signification des choses.
Elle devient alors inutilisable pour l’immense majorité des lecteurs
qui exigent de leur conscience une application de la réalité, du moins
d’une certaine réalité. Aussi la compréhension d’un univers construit
sur du délétère, aux lois variables, aux signifiants dénaturés de leur
réel contenu engendre un refus catégorique de la plupart des lecteurs.
Cette juxtaposition d’éléments indépendants fabriquent, il est vrai,
une vitalité créative et inventive, mais peut sembler totalement
inadaptée à un esprit authentique. Pour l’esprit à la pensée profonde,
la vie extérieure revêt une apparence d’intérêt moindre.
L’épanouissement de l’âme peut s’accomplir en employant l’imagerie
poétique.
Cet espace de variantes, d’associations délétères est le
royaume de l’aptitude spéculative qui combine, additionne de
l’invraisemblable pour obtenir du possible. Ce ne sont pas des
défauts de l’entendement qui engendrent cette aptitude à varier, à
déplacer le sens commun, - cela découle de la vitalité de
388
l’intelligence à concevoir autrement ce que l’ensemble ne voit que
d’une seule manière. Ceci est donc un privilège, ... inutile hélas, et le
plus souvent rejeté de l’ensemble. Il s’agit encore de capter la forme
de la réalité pour la transformer en principe idéalisé et supérieur. La
stylistique poétique veut donc élever l’entendement, mais elle ne peut
prétendre épouser la perception exacte de la vérité. Elle ne saurait
être une conciliation du vrai et de l’imaginaire, quoi que parfois son
assise se manifeste dans la réalité du quotidien.
389
De la critique de soi
Qui peut se prévaloir d’avoir obtenu un résultat digne de sa
compétence, qui peut ? On est rarement soi-même, on travaille en
dessous. Il y a une constance de déception, une vérité critique à
l’intérieur de soi qui murmure : “ Tu étais capable d’accéder à
quelque chose de bien meilleur. Regarde, observe où tu en es à
présent ! Le temps, ton ennemi, aura bien su te ronger et te détruire
lentement ”. Pourtant l’analyse se veut impartiale. Elle ne recherche
pas à distribuer des éloges, ou à rosser à coups de trique.
Quand on a la certitude d’avoir accompli correctement sa
tâche, l’on peut encore se dire : “ Oui, j’aurais pu toutefois ajouter
ceci, j’avais la potentialité pour trouver cela, hélas, le temps m’a
détruit. ” Il est pénible de se déplaire, mais il est détestable de faire
preuve d’une avidité maladive.
Certains hommes toutefois recherchent des caresses et des
flatteries. Les littéraires sont des gens de politesse et de courtoisie,
toujours enclins à obtenir quelque faveur. Mais tout est gratuité, et
cela ne coûte rien de s’entendre dire : “ Monsieur, vous êtes un grand
poète ”, ou encore “ Ce jeune artiste a un bel avenir. ” Certains
rétorqueront que la belle critique est agréable à l’oreille, et peut
390
engendrer un vif élan d’actions. Il est pourtant plus puissant de se
nourrir de soi-même et d’extirper de sa propre négation de l’énergie
et de la volonté de gains.
D’ailleurs l’outil de mesure qu’emploie autrui est rarement
le vôtre. Il détermine votre suffisance en fonction de sa propre
aptitude à agir. Ainsi des poètes peu féconds condamnent votre
opulence et votre générosité. Et ceci vous porte encore préjudice.
L’on appelle excès ce qui fait votre force, et votre abondance se
transforme en obésité.
Il faut parfois penser en égoïste car ce n’est pas toujours mal
penser. Faut-il être aux yeux d’autrui ? Faut-il que l’autre se pose en
tant que juge ? Je ne saurais condamner l’acuité critique, cette sorte
de lucidité qui fait souvent défaut à l’homme qui ne peut être et se
voir sous toutes ses dimensions. Je conseillerai toutefois de se fier à
son propre sérieux, qui est le plus souvent un superbe ange gardien.
Certains appellent cette sorte d’allégorie, la conscience, tout
simplement.
391
Fragment sur la poésie
Rester en soi, au plus profond de son aptitude, et ne jamais
faire sortir l’activité de son génie, même dans une société limitée à
quelques initiés, voilà l’une des caractéristiques de ce genre
particulier qu’est la poésie. Cette création libre, en dehors de toute
contrainte sociale ou de règles établies ne peut s’épanouir dans une
situation extérieure.
L’homme et le poète, deux personnes en une seule, capable
de se dédoubler, d’échapper à la préoccupation pratique peut donc
penser ou concevoir par l’observation du monde extérieur ou par
l’activité créatrice interne. Son aptitude directrice qui le pousse à
écrire lui offre un immense sentiment de liberté mêlée à une vérité
autarcique et personnelle. Il n’est donc pas affranchi de toute
nécessité matérielle, mais il lui faut trouver des espaces temporels de
liberté durant lesquels il pourra développer son aptitude inventive.
Difficile de prétendre connaître la courbe évolutive de
l’intelligence poétique, et certifier que telle période de l’existence est
plus favorable que telle autre pour obtenir une production de qualité.
La raison voudrait que la période de jeunesse associée à la maîtrise
de la bouillonnante activité offrît les meilleures conditions pour
392
l’écriture. Mais cette vérité peut être objectée par grand nombre
d’autres considérations. Si la vieillesse est dépourvue d’intuition et
d’énergie, elle possède du moins la maturité et l’expérience lui
permettant d’avancer à pas assurés dans l’élaboration de son œuvre.
Et l’on peut songer à l’admirable poème conçu par le vieil Homère,
ou relire des œuvres de Goethe obtenues à l’apogée de sa vie.
Blocage de la transmission poétique
La poésie a perdu son caractère initial qui est de fabriquer
des images. Elle ne peut plus rivaliser avec les nouvelles formes des
techniques modernes, qui elles sans difficulté aucune offrent à
l’intelligence la certitude d’une évasion à moindre effort.
L’association audacieuse, au-delà du réel, du possible ou de
l’imaginable pénalise et interdit à la capacité poétique de l’amateur
de pénétrer le plus souvent le monde créé par l’auteur. Il y a une sorte
de barrage, de blocage, et le texte donné reste hermétique, en quelque
sorte inaccessible. Il ne peut donc y avoir plaisir immédiat ni plaisir
retardé, car la dialectique proposée interdit toute communication
entre le poète et l’amateur. Elle n’a plus aucune vérité, pas même
onirique. Son essence abstraite ne saurait être transmise et comprise.
Elle a une apparence de fausseté, de mensonge et d’invraisemblance.
393
Le public lui préfère d’autres modes d’expression. Ce n’est pas
seulement au niveau de la lecture que s’opère le blocage. Il serait
identique dans le parlé, dans le transmis à l’oreille : l’intelligence ne
saurait convertir des solutions d’images en images émotives pour
l’esprit.
Morceau
Difficile de prétendre savoir quel est le but de la poésie.
Certains assurent que la poésie n’a pour but qu’elle-même, et ceci est
pensée de parnassien. D’autres qu’elle doit charmer, élever ou
instruire. Qui a raison ? Qui peut se prévaloir d’en tirer son essence
réelle ?
Il est plus délicat de lui conférer une existence pratique, utile
à l’ensemble. Elle nourrit l’élite, instruit l’esprit supérieur. L’homme,
au for de lui-même, cherche à purifier sa pensée, et l’expression
poétique lui offre un instrument parfait de sanctification.
L’association de vocables employée veut atteindre une hauteur et son
mode d’expression se distingue de tout autre.
394
Journal 97
Franck Lozac’h, c’est avant tout une méthode, un système
d’investigation, un principe d’apprentissage assez efficace, productif,
de rentabilité - économique, d’élans sportifs, d’imitation des
meilleurs.
Mais ce n’est plus de la poésie de salon ni de la littérature de
petits fours. Ceci est du folklore - du ridicule.
Il faut mettre la poésie au niveau de la science, de la
meilleure performance du sportif, de l’invention technique, de
l’efficacité économique.
Mais personne ne me croira.
Quantité
À l’exception de V.H., de Pierre Corneille, de Pierre
Ronsard et de Louis Aragon, tous les poètes de la Pléiade tiennent en
un seul volume leurs œuvres poétiques complètes.
395
Difficile de juger une personne sur un poème court, à
l’exception de Mallarmé qui est infiniment grand sur un produit
unique - (Baudelaire ? - L’albatros.)
Poésie
Pour moi, certitude de faiblesse et de médiocrité. La honte
s’en empare, le ridicule aussi.
la petite ...
Beaucoup se pavanent, se prennent et quoi ? ... Rien que de
AR
Rimbaud a été le premier à dire : “ Il est possible de produire
une œuvre de jeunesse. Vous prétendez que l’écriture est réservée à
l’âge adulte - cela est faux. Je peux vous le prouver. Je vous remets
Le Bateau ivre - et encore, voici ce qui suit : Poésies, Une saison, les
Illuminations, un style, une technique, un système d’investigations,
une construction de personnalité, un nouveau type d’artiste, de poète
etc... et tout ça en 4/5 ans. Alors - Voyez. Eh bien ! Je me jette. Je
poursuis mon audace, mon risque, ma vie, en vérité. ”
396
Et cela est très fort.
Quel héritage ! Quelle postérité !
Demazet
Ce que j’apprécie chez Demazet, c’est sa souplesse d’esprit
lui permettant de comprendre l’autre avec sa différence, avec sa
spécificité. Chez lui, nul mépris d’autrui mais volonté d’intégrer une
poétique risquée, audacieuse, classique, simplifiée, féminine, du
terroir etc.
Cocteau
Cocteau n’a jamais fait de photos ?
Il aurait pu avoir un œil en bandoulière.
*
Tu prends Mallarmé, Char, Perse, mais je trouve que la
Science va plus loin. Le problème est là. Comment convertir la
poésie en Science ! Roubaud a-t-il résolu le problème ? La poésie est
en dessous. Ça c’est une certitude, une évidence.
397
L’infiniment peu
Oui, j’espère tout en sachant avec certitude que l’ensemble
ira mourir dans les rencards de l’indifférence. Car personne ne lira. À
moins que... la civilisation étant exceptionnelle, d’une richesse
inouïe, la valeur d’un humain quel qu’il soit est infiniment peu.
Et cela, on le voit au décès des grandes célébrités - quelques
éloges funèbres, puis la fin, le regard, et l’oubli.
Mais que faire ! Ainsi passe l’immortalité de l’homme !
Il faut donc être très fort - il faut penser Hugo, Racine,
Goethe, etc... Car grand poète, cela ne sera pas suffisant, cela sera 1
parmi X - cela s’intégrera dans un ensemble littéraire dans le meilleur
des cas. Voilà tout.
*
La poésie, c’est de l’homosexualité cérébrale.
398
Critique
Le problème poétique n’est pas de se faire connaître, mais
de ne pas être humilié, rejeté et méprisé par la personne qui juge.
impossible.
Car l’indifférence engendre du mépris, et le crédit est
*
C’est donc le :
va te faire exclure
va te faire ridiculiser
et après par ricanement :
alors tu as raté ?
raté ! Ha ! Ha !
Et la boucle est bouclée.
Il faut que la réputation soit telle, et immédiatement pour
que la personne n’ait pas à prouver, à démontrer etc.
399
À l’image de Baudelaire face à un élève de première.
Car le temps usera l’élan de crédit.
Pindare
Pindare - complexité de l’écriture, maître es langage, inventeur,
technique condensée - proposition complexe et difficile à comprendre.
Beaucoup de noms propres, - et si l’on ignore l’origine ... (??) - le texte se
surcharge rapidement.
Apprendre à lire avec lenteur.
Immense vide
J’éprouve un immense sentiment de vide, d’impuissance,
d’impossibilité à crédibiliser mon produit poétique à travers le
support traditionnel (papier), ou le support nouveau (informatique).
Je ne vois plus aucune solution. Le seul espace que j’ai pu ouvrir,
c’est la médiathèque et là je dois reconnaître qu’un nombre
considérable de ces structures sur le territoire français offre des
possibilités de dons et de crédit.
400
L’œuvre avance, l’œuvre déjà représente une importante
quantité. Je persiste à croire que ces exercices sont dotés d’une
qualité certaine et désire poursuivre mon travail.
Fécondité
C’est vrai, le plus souvent, on a l’étrange impression que le
travail accompli, le travail obtenu ne sert strictement à rien. Nul ne
lira, nul ne saura s’intéresser à ce type d’exercice. C’est une vérité, -
la quantité ne pourra être absorbée par autrui.
Mais il est rare d’intégrer la complète d’auteurs féconds. Qui
a lu tout Simenon, tout Balzac, tout Voltaire, tout Hugo ? Alors on
prétend déterminer, savoir et peser en exploitant un échantillonnage
que l’on projette sur l’ensemble globalisé.
Si cette quantité n’existait pas, quelle valeur accorderonsnous
à Simenon ayant produit une quinzaine d’ouvrages ? À un
Victor Hugo ayant composé quelques milliers d’alexandrins ? L’un
serait oublié et l’autre n’aurait que trois lignes dans une anthologie
d’autrefois.
401
Il faut donc poursuivre son œuvre quand bien même cette
production-là n’aurait pas d’utilité immédiate.
*
La poésie, ce n’est pas le problème de X ou Y qui n’est pas
reconnu ou édité. C’est le problème de l’ensemble, avec des
structures littéraires incapables d’absorber une quantité de qualité.
Po
La poésie, c’est de la galère médiocre. C’est du trois fois peu
pour trois badauds. Ça rame, dur - dur. Difficile de se crédibiliser
dans ce secteur d’activité. Les gens, ça ne les intéresse pas. Ils ont
autre chose à faire, à penser. Il y a le travail, les gosses, le chômage,
la voiture, la télé, etc. Ils ont autre chose à faire.
pour les autres.
Les poètes écrivent en nombriliste. Chacun pour soi. Dieu
402
*
Être poète, quelle piètre chose ! Quelle faiblesse de l’esprit !
La consolation de Dieu serait de donner au poète un chapitre de
mathématique comme une semence que l’on n’aurait pu faire germer,
que l’on aurait pu toutefois transmettre à autrui. Et c’est apporter sa
contribution à l’édifice mathématique que de posséder cela !
Analyse
1°) Beauté poet Beaut géométrique, beauté médicale
2°) mais ; ? géo : axio, Thé etc.
Médi : guérison,
Beauté poétique ? Agrément
Siècle d’or, merveille de nos jours, fatale merveille etc.
Exemple : la femme :
Femme = modèle - là ?
avec éclats, petits miroirs, chaînes etc.
voilà de l’agrément
403
Imaginons cette femme équipée de la sorte allant dans un
village - on l’imagine reine avec cet attirail
C’est pourquoi nous donnons à certains sonnets qui ne sont
qu’habillage, attirail, environnement, bel attrait est ... le titre de
reines de village
Beauté poétique 33
Pascal Pensées
Il fallait donc que la poétique ne fût que cela, qu’un bel
attrait d’apparat, qu’une manière clinquante de plaire, nourrie peutêtre
d’artifice, de mensonge, de truquage, c’était du maquillage et
cela pouvait suffire ?
Non ! Car c’est ignorer tous nos Grecs et Latins à la pensée
épurée, à la vérité stoïque au dosage imagé parfait.
404
Puissance
Je ne vois vraiment pas l’utilité de s’appeler Virgile quand
on s’appelle Victor Hugo.
Hugo, c’est du 180 - 200 000 alexandrins, du théâtre, du
roman, de la critique, etc.
de la puissance, du génie
c’est une phénoménale capacité poétique
On lui reprochera son manque de finesse, de subtilité, le
poids de sa puissance en vérité.
pointes.
On ne peut pas demander à un hippopotame de faire des
Virgile c’est du trois - de l’Enéide dont j’ai proposé une
version en alexandrins - des Buco, et des Géorgiques - exceptionnels
évidemment, mais Hugo !
Plus on pense VH, ou Corneille ou Ronsard, et plus on
s’aperçoit de quelle puissance, de quelles ressources, de quelles
405
capacités et aptitudes à penser, à créer, il est nécessaire de posséder
pour accéder à ce type de résultats.
*
Paul n’a pas de spiritualité, il a tenté d’ouvrir des portes, il
avait des clés, elles ne fonctionnaient pas, il a proposé Thêta.
*
Paul, critique.
Ce n’est pas ça - Les Cahiers - il manque l’explosion du
chef-d’œuvre. Et pourtant toute la matière y est, semble vouloir
s’organiser.
Et il me dira : “ C’est ça, mon chef-d'œuvre ! Car la matière
y est, et je l’ai organisée autrement, tu n’as donc pas compris ? ”
Bergson est d’une dimension autre - D1 - D2. Pourtant Paul
fait des trucs que Bergson est incapable de faire, et s’il les avait faits,
il ne les renierait pas - exemple Le Cimetière - La jeune Parque - etc.
Sa stylistique en prose ?
406
Bergson contient Valéry avec ses Cahiers, il a plus - quand
bien même il n’aurait pas développé tous ses sujets.
Mais il doit se méfier, car la sensibilité de Paul, sa technique
d’écriture, son mécanisme cérébral appliqué à la poésie - et bien
d’autres choses encore, font de lui une tête rare, et de qualité
supérieure.
*
Actuellement, cela est certain, le problème Hugolien est
impossible à résoudre. Je ne vois personne ni dans hier, ni dans
aujourd’hui possédant les moyens pour accéder à une capitalisation
poétique supérieure à celle de Victor Hugo.
Les cahiers de Valéry
On ne peut, Paul, faire seulement un additionnel de bouts. Il
faut architecturer l’ensemble, lui donner une cohésion intellectuelle,
car cette façon de penser heurte la continuité, la certitude dans sa
démonstration totale sur le chapitre.
407
Et Il me répondra : “ Mais c’est un ensemble de vérités !
J’avais évidemment l’aptitude d’agir comme n’importe quel
philosophe - tu le sais bien. ”
Il ajoutera : “ J’ai même construit de cette façon. ”
Le sauvageon
Le relationnel poétique ne m’a jamais intéressé. Je préférais
lui substituer, la capacité de travail, d’apprentissage, de lecture,
d’imitation de l’œuvre.
Quand j’aurais épuisé tous les moyens - mailing, téléphone,
correspondance, éditeurs, etc. autres communications, je serais peutêtre
dans l’obligation de côtoyer X ou Y. Mais j’avoue que cela ne
suscite guère l’enthousiasme de ma personne.
Je me gaspille avec autrui,
tandis que j’amasse avec moi-même.
408
Je comprends toutefois fort bien que l’on puisse penser de
manière différente et que l’on tire un grand intérêt par frottement à
autrui, par l’œil extérieur qui travaille, par le besoin ou le paresse
baudelairienne.
Poésie
Petitesse de l’intelligence poétique - ne peut rivaliser avec la
science - semble très en dessous et ne peut faire plus - progrès de
faibles valeurs.
Emploie des aptitudes du professeur de français ou
d’instituteurs qu’elle fait travailler à temps partiel.
Moyens de compte d’auteurs, en quantité réduite, exercices
de fin de semaine, athlètes de week-end.
Sera-ce suffisant pour être, paraître, se prétendre l’égal de la
discipline scientifique ?
409
*
Je me suis parfois senti plus proche d’un Baudelaire, d’un
Mallarmé, d’un Rimbaud, etc. d’un poète mort depuis des décennies
ou des siècles que de la plupart des poètes vivants. Je pense que
grand nombre de littéraires perçoivent la vérité poétique de cette
sorte. Leur bureau est un musée vivant où pourraient surgir les
spectres d’autrefois.
Deguy
Je lis Deguy et je me dis : cet homme a une chance
extraordinaire. Comment peut-il avec cette forme d’originalité se
crédibiliser à ce point auprès des autorités littéraires ou des Comités
de Lecture ?
Que vaut-il réellement sur un sonnet ? sur une imitation
baudelairienne, racinienne ? Qu’est-il capable de produire en
comparaison avec Victor Hugo ?
Est-il mallarméen ? J’ai l’impression de détenir un ouvrage
d’un poète cubiste, audacieux, autrement, nouveau, très moderne en
410
vérité. Mais cette modernité-là a-t-elle quelque chance de posséder
une postérité ?
Entendez-moi - je ne suis pas contre Deguy - loin s’en faut,
puisque je l’utilise pour lire, écrire ou produire. Mais je m’interroge.
*
Quelles difficultés n’éprouve-t-on dans le milieu des Lettres !
Rien n’y semble possible ! C’est une montagne d’efforts pour déplacer un
petit pois. Une édition ? Quelle édition ? Le temps passe, l’homme vieillit,
et il doit se satisfaire de ses trois fois riens retenus.
Alain Bosquet
J’ai sous les yeux - je ne suis pas un poète d’eau douce
d’Alain Bosquet, poésies complètes (1945-1994) n r f, Gallimard - je
connaissais auparavant l’auteur avec Sonnets pour une fin de siècle
et, Poèmes.
411
Difficile en première lecture de prétendre posséder une
vérité concernant un auteur. Plus délicat encore d’oser se lancer dans
une critique stupide, voire audacieuse.
Je le crois au maximum - bon poète - je ne le vois pas -
grand poète. Commettrais-je une erreur ? Suis-je dans la vérité ?
*
Yeats coud avec une aiguille de dentellière, finesse et
subtilité, haute précision dans son langage. Subtile complexité de
combinaisons, de solutions élaborées.
Son style me rappelle celui de Gide parfois. Il y a un sens
tactile de délicat et de choisi que le Prix Nobel ne possède pas, - ou
s’il le possède, c’est d’une autre manière - moins pénétrante.
412
Encore !
On me prétendra lourd peut-être, mais je veux encore
insister. Cette question m’obsède, y répondre me serait d’un grand
soulagement.
Comment les poètes en travaillant à temps partiel, de
manière individuelle pourront rivaliser avec les réalisations obtenus
par des équipes dans le domaine scientifique ou de la technique
appliquée ?
Exemple :
Un poète seul en dix ans, c’est 3-4 recueils produits.
Une équipé de quarante scientifiques dotée de 100 millions
de $ fabrique un robot ressemblant à un humain et possédant des
propriétés ou des qualités remarquables.
*
... et pourtant - un pianiste soliste est bien un travailleur
indépendant, unique, il est un, reconnu et apprécié par un ensemble
de spectateurs qui viennent l’applaudir.
413
Comprendre Racine
L’intérêt est de comprendre comment Racine est parvenu à
devenir Racine, l’intérêt est de comprendre son mécanisme cérébral,
sa perception, sa capacité, ses moyens, cet ensemble est difficile à
saisir, à décomposer.
Il en est d’ailleurs pour tous les grands poètes, car la finalité
consiste à savoir utiliser autrui.
L’idéal est de pouvoir ajouter sur autrui, et c’est progrès de
société, de civilisation. Oui, c’est avancée toutefois.
*
Je n’ai jamais réellement été un poète artiste avec amitiés,
relations littéraires, échanges, appartenance à un groupe, à une
association, à un mouvement etc. J’ai plutôt été quelqu’un qui a
produit, qui a produit
de la poésie
du Théâtre
de la Bible
414
qui a fait des exercices
des traductions
du Journal etc.
Et cela s’est retourné contre moi, car l’on m’a reproché
d’être casanier, d’être sauvage, d’agir en égocrate - de ne penser qu’à
Moi.
Autrui m’agaçait très vite, ne m’apportait que peu, je n’ai
jamais su exploiter le relationnel, le plan humain pour avancer. En
vérité je travaillais, et je continue d’ailleurs à agir de la sorte, avec
des livres, mes chers livres - Pléiades et autres génies.
En revanche, le mépris de l’écrit n’existe pratiquement
jamais. Même une petite tentative, un quatrain, un fragment, un
brouillon peut m’apparaître utile.
Je déteste juger, je ne veux pas juger de crainte de
commettre une erreur, de me fourvoyer sur la qualité, car je ne
possède pas la vérité ni la perception de toutes les nuances de la
sensibilité artistique. Je m’en voudrais de commettre une grosse
bourde, et de rejeter quelqu’un possédant une quelconque valeur.
415
*
Je préfère le plus souvent être seul, l’autre me ralentit,
m’impose de l’attente. Mais j’aime le travail des autres, leurs livres,
leurs réalisations, leur expérience. L’expérience de l’autre, c’est un
gain de temps considérable pour soi. L’autre sait le chemin et me
permet de l’emprunter.
*
Il me semble qu’aucun poète ne pourra renfermer en son
œuvre toutes les possibilités, toutes les nuances, toutes les écoles et
leurs variations que possède la Poésie.
Mais l’on suppose que cela n’est pas une nécessité, l’on
prétend que telle école englobe telle école, qui n’est qu’une
ramification insignifiante de la première.
D’autres cherchent dans le premier la puissance quand les
plus subtils déterminent la valeur en analysant le parfait équilibre.
Ainsi Hugo s’oppose à Virgile.
416
*
Le problème de Péguy, c’est le problème de la répétitivité,
de l’insistance, - c’est cette foi catholique de perroquet dérivée avec
du + 1 ou du - 1 en fonction du vers, du distique ou du quatrain
précédent.
Péguy devint vite ennuyeux.
Cette constance dans le doublon parallélismique, une sorte
d’écho amplifié ou diminué, qu’en dire ?
Ce procédé quoique intéressant ne peut à mes yeux devenir
être un moyen fondamental dans la construction d’un écrit qui dure,
et moins encore dans une œuvre totale.
*
Je ne parviens pas à résoudre le problème de la poésie, je
veux dire celui de sa valeur, de sa convertibilité en résultats
scientifiques ou technologiques. La science me paraît bien complexe,
possédant beaucoup plus d’avenir et exploitant des intelligences en
417
synergie qui élaborent des problèmes financièrement viables et
débouchant sur des utilités sociales.
J’ai peut-être tort de raisonner de cette sorte. Cela pourrait
en choquer plus d’en. Et pourtant ! S’il s’avérait que ce que
j’avançais était exact. Cela expliquerait l’immense désert poétique, le
refus du lecteur de s’intéresser à quelque chose de bien médiocre. Le
comportement du public serait la justification, la preuve de ce que
j’ose écrire.
Rentabilité poétique
Que deviendrait la poésie, l’esprit poétique, si l’on y
intégrait des méthodes d’investigation, de rentabilité, de productivité
comme un vulgaire bien de consommation du vingtième siècle ? Si
l’on recherchait le zéro de perte, l’optimisation ? - tous ces concepts
un peu barbares qui rappellent le Talorisme, le Fordisme, le
Stakhanovisme ...
Peut-on imaginer une intelligence poétique refusant
l’insouciance, la rêverie, l’évasion, l’ivresse, mais cherchant par
avidité arriviste à se réaliser pour obtenir un résultat satisfaisant.
418
Supposons que cette méthode permette de faire 1 ou premier ?
Que penser de ce poète ? Ho ! La ! La ! Quelle horreur ! s’esclafferaient
certains. Pourtant les temps ont changé, et rien ne prouve que d’appliquer
des principes du XVIIe ou du XIXe permettent de se crédibiliser auprès
d’un public qui lui consomme des produits du XXe siècle, donc des
produits qui intègrent ces propriétés énumérées ci-dessus.
F. Jammes
Je rêve de ... Francis Jammes. Il me dit “ Je pensais faire 16
(16ème) dans la hiérarchie poétique française. Ma foi m’avait donné
des voix. J’avais la quasi-certitude, révélation mystique, d’être un
grand poète. Voilà d’où j’ai tiré ma prétention. La foi m’a en quelque
sorte grandi. ”
Je ne lui réponds pas. Je crois un peu en ce qu’il me dit. Je
me souviens des éloges de Mauriac, de Gide. Je pense Tarbes, la
statue sur la grande place, mais crains pour son premier degré. Sa
poétique de l’immédiat, sans complexité, sans profondeur, directe et
aisée à assimiler, ne peut longtemps résister à des analyses poussées.
419
Il se dit grand ... je le crois peut-être. Au réveil, je décide de
récupérer toutes les poésies concernant cet auteur. Je n’ai plus que Le
deuil des primevères, et encore au grenier de la rue Hamecher, que je
n’ai pas ouvert depuis quinze ans, certainement.
Le Nobel
Ces gens du Nobel ayant raté Valéry et Claudel, se sont
précipités sur Perse de crainte de commettre un nouvel “ oubli ”
irréparable.
Malraux balançait avec Beckett -, Beckett fut primé. Et
Malraux est aux Invalides, avec les plus grands hommes ...
Analyse de la poésie
Pour Valéry, la poésie est une application particulière des
puissances de l’esprit. Pour moi, elle n’est qu’un faible moyen
d’exploiter la potentialité intellectuelle de l’homme, qui peut
s’exprimer autrement, avec plus d’efficacité, de profondeur, de
raison, de ... conscience, par la philosophie, la mathématique ou la
science et science appliquée.
420
Le poète serait une sorte de handicapé intellectuel
n’exploitant guère qu’une restriction de l’aptitude de penser qui régit
l’esprit. De grandes vérités rationnelles, quantifiables, spatiales ou
physiques seraient totalement exclues du mécanisme cérébral du
poète.
En ce sens, sa vision, son outillage réduit, faux, trompeur, ne
lui permettrait pas d’accéder à la vérité, et moins encore de proposer
à autrui un angle vrai, différent, des choses de l’existence. J’emploie
volontairement ces termes car leur imprécision permet de généraliser
leur signifiant.
Poursuivant ce raisonnement, la certitude d’autrui
concernant le mauvais moyen poétique le convaincrait de rejeter cet
outil obsolète, dépassé, calculant mal, offrant des vérités trompeuses,
aléatoires et douteuses. Ce qui pourrait expliquer le refus, le non du
public face à la poésie.
Difficile d’en parler aux poètes eux-mêmes, qui rejettent
tout Mea Culpa, et se prétendent d’essence supérieure, incompris.
Le contenu serait non et la façon de le dire non.
421
Hiérarchie
Je vois Baudelaire en 6. J’ai VH, Cor, Raci, La Font et
Ronsard - très important Ronsard. Le plus grand poète du Moyen
Age, qualité, quantité, puissance et maîtrise, vraiment très fort.
Baudelaire, père de la poésie moderne, inspirant plus
qu’inspiré, avec 3 450 vers par Les fleurs (Léger ? Léger !) et 50
petits poëmes en prose.
*
Les nobellisables - les ratés - Malraux, Claudel, Valéry. Il
est vrai qu’un et un seul par an sur la planète sera primé, alors que
penser des autres hommes qui n’ont pu obtenir la suprême
considération ?
*
Comment la forme peut-elle avoir plus de valeur que le fond ?
Comment l’art qui est une mise en forme peut-il aujourd’hui
accéder à la complexité du fond scientifique ? Comment 500 tableaux
422
font-ils pour rivaliser avec la haute technologie que requiert une
centrale nucléaire ?
*
Le fond et la forme - la science et l’art
Dante s’est évertué à posséder les deux. La divine, Léonard,
Goethe, Valéry, le Grec.
Quand la technique scientifique se complique, l’art se met à
côté, mais ne peut pas intégrer ses nouvelles possibilités dans
l’application de son œuvre.
La science à l’exception de l’élégante démonstration
mathématique ne possède aucune façon.
*
Plutôt que de se mentir, plutôt que de prétendre ... en allant
chercher des arguments indéfendables, il faudrait mieux accepter de
comprendre, de voir avec objectivité la situation actuelle de la poésie
française.
423
Un chiffre significatif. La presse, toutes parutions
confondues propose 3 000 titres, journalière, hebdomadaire,
mensuelle, et dans cette surabondance de choix, il n’est pas possible
de trouver une seule revue traitant de la poésie.
Ceci plaide en faveur d’un immense désert poétique, d’une
indifférence totale de la part du public pour ce genre d’écriture.
Pourtant les poètes insistent, prétendent que leur discipline
existe, qu’elle s’exprime autrement à travers des conférences, des
revues d’initiatives privées, des associations locales ou régionales.
Que dire ? Que leur dire ? Savent-ils réellement ce que représente
cette part insignifiante dans le PIB de la France ? Veulent-ils analyser
avec exactitude son importance dans la culture d’aujourd’hui ?
Il n’y a pas de secret. Si la poésie présente est raillée,
méprisée, humiliée, c’est aussi parce qu’elle n’a pas su s’adapter à
l’évolution de notre société, avec ses nouvelles sciences et ses
techniques appliquées. Son résultat apparaît de qualité moindre aux
yeux du lecteur qui lui préfère les technologies avancées de l’image
et du son.
424
*
Francis Jammes - sa poésie non-évolutive, qui ignore
Rimbaud, Baudelaire, Racine.
confrères.
Francis Jammes, un néoromantique par Lamartine, V. H. et
Ne possède pas l’extrême sensibilité ni la subtile musique de
Verlaine. Combinaisons et solutions de nature. N’a jamais pensé
construire des structures grammaticales nouvelles, vit sur l’acquis
d’autrui, ne peut pas ajouter. Appartient à une nuance entre deux
couleurs basiques, basées.
Très proche de la nature, la comprend, l’épouse, baigne dans
du Manet, mais n’a pu réécrire l’impressionnisme. Prie Dieu avec la
ferveur du catholique. Ne sait pas repenser Dieu, ouvre un livre de
messe.
Ne peut rivaliser avec Metterlink.
425
L’échec
J’ai raté, échoué, n’ayant pu m’intégrer à la structure
littéraire d’accueil. Mais en vérité avais-je le souci d’y glisser même
le premier orteil ? N’ai-je pas feint de le faire, tout en sachant
pertinemment que le travail avait fort peu de chances de séduire ?
Je crois avant tout m’être consacré à l’œuvre, à la
transformation du manuscrit en dactylographié, du dactylographié en
maquette et de la maquette en pseudo livre. Ce qui a nécessité
énormément de travail, de récupération, de nettoyage. Les inédits
eux-mêmes qui me semblaient inexploitables ont engendré des livres
nouveaux.
Faut-il véritablement s’en offusquer de cet échec ? et
prétendre qu’une atroce malédiction avait plané sur mon crâne ? ... Il
faut accepter avec résignation et objectivité ce ratage, et prétendre
que d’autres avant moi, possédant des qualités littéraires infiniment
supérieures aux miennes ont connu des refus cinglants.
426
*
Je n’ai jamais été spécialement artiste ou littéraire, vivant
avec la nécessité de produire ou d’échanger avec autrui, faisant du
zèle à droite, à gauche pour rencontrer X ou Y. D’ailleurs, je dois
reconnaître qu’autrui s’est très peu soucié de moi. J’ai offert,
proposé, donné des plaquettes, des manuscrits, des dactylographiés,
des spécimens, jamais ô grand jamais, je n’ai vu chez l’interlocuteur
un quelconque intérêt pour ce que je lui soumettais. Les écrivains
doivent avant tout se soucier d’eux-mêmes, de leur gloire, de leur
génie, de leur immortalité - c’est le : moi, je sais ce que je vaux, mais
l’autre m’indiffère. Le contact assez difficile, mais courtois le plus
souvent, n’engendrait pas une volonté chez l’autre de me revoir, de
discuter encore, de relancer ou de lancer un début d’amitié. Je n’en ai
par souffert réellement, travaillant avec des Ombres, avec leur
grandeur, je veux dire Les Pléiades. Et j’avoue qu’un Rimbaud,
qu’un Baudelaire avec leurs écrits, avec leurs biographies, leur
contact quotidien de bureau ou de table me semblaient plus proches,
plus vrais qu’un grand nombre de littéraires dont j’avais pu serrer la
main.
427
Nobel
Valéry était un Nobel tout désigné. Son œuvre, sa
symbolique dégagée de toute considération financière méritait
quelque part l’intérêt du jury de Stockholm. Claudel, plus dirigé, à
l’influence religieuse certaine, était beaucoup plus discutable quoique
... ce qu’il a fait pour le théâtre sa puissance et son génie, aurait pu lui
conférer l’attribution royale. Et le jury ayant pris conscience, un peu
tard, de ses deux bévues n’aurait pas balancé longtemps en résignant
Perse de crainte de se tromper une nouvelle fois. Quant à Malraux,
balançant avec Beckett, le jury a préféré l’audace et le risque à la
sécurité qu’offrait notre grand écrivain.
Littérature comparée
Les comparaisons ne se font pas à travers les siècles, mais ce
font sur des époques identiques
Vir-Homè
Ra - Cor
Radi - Rim
Sten - Flau
Pas - Des
Euripide - Sophocle
428
ce qui veut dire ...
qu’à certaines périodes, il est possible de développer son
cerveau d’une certaine manière.
D’où l’importance de l’aspect extérieur, du contexte.
Confession
Il est vrai, je n’ai jamais été capable sur la période de
jeunesse, et sur la période adulte quelques années plus tard d’associer
l’acte d’écriture au comportement artistique voulu. Côtoyer autrui,
discuter, appartenir à des clubs ou à des associations, partager en
quelque sorte son quotidien avec l’ami, le confident ou le frère m’a
toujours semblé quelque chose de puéril et d’inconvenant. Je n’ai
jamais ressenti le besoin d’échanger, d’exprimer la réalité du moment
ou d’étudier le concept littéraire de l’autre. Car mon immense pâture
a toujours été la lecture des chefs-d’œuvre classiques. J’ai vécu en
quelque sorte avec des auteurs morts et me suis imprégné de leurs
œuvres, plus d’ailleurs que de leurs biographies qui me semblaient le
429
plus souvent incongrues de pénétrer. Je n’y voyais qu’un effet de
voyeurisme déplacé et refusais d’aller outre. En revanche, l’étude du
poète Arthur Rimbaud est difficile à séparer de son comportement de
vie. Mais j’avoue que le pinaillage dans le détail où des analyse
sordides sont possibles, me laissent assez indifférent.
Je suis donc resté assez sauvage, assez offside c’est-à-dire à
côté, sans véritablement m’engager auprès de personnes physiques.
J’ai vécu dans une sorte de cocon ou tour d’ivoire pour employer une
expression connue.
Inflation de G.P.
Demazet parle de Heurtebise* et lui décerne l’identité de
grand poète, idem avec Hetzel, Clairvaux, et Franck Lozac’h.
Ma liste semble plus restrictive, j’ignore même si des
littéraire arrivés comme Roubaud, Deguy, sont en vérité des G.P.
C’est le temps, c’est l’utilité, l’emploi d’autrui qui décidera
de cette pseudo certitude.
430
Il faut être grand poète devant l’Éternel. Est-ce suffisant
pour être édité par Gallimard ? ...
c’est plus sûr.
Deux Dieux valent mieux qu’un. Dieu et Le Saint Esprit ...
Ça risque d’être un peu court pour Gallimard ... toutefois.
* Vital.
431
*
Je n’ai jamais été spécialement distant, sauvage, refusant à
tout prix quelconque relationnel poétique ou artistique, mais je dois
reconnaître que je n’étais pas un homme de mon temps, intégré dans
un principe littéraire déterminé, désireux de participer à tel ou tel
mouvement de mon époque. J’ai essentiellement produit en
exploitant les auteurs de La Bibliothèque de la Pléiade, c’est-à-dire,
des ultras classiques, des gens tombés dans l’immortalité de
l’écriture. J’y ai ajouté tous les autres classiques exploitables ou
possibles à trouver dans les collections basiques bon marché. Cela
représentait déjà des centaines d’ouvrages, de chefs-d’œuvre à lire ou
à intégrer.
Vingt ans après se sont écoulés et je puis dire
qu’aujourd’hui je travaille avec des auteurs confirmés mais vivants,
tels Roubaud, Deguy et Bernard Noël. J’ai même téléphoné à
l’Académie française pour qu’ils m’envoient la liste des quinze
derniers lauréats du Grand prix de poésie.
Demain, parviendrai-je peut-être à écrire avec de jeunes
auteurs remplis de zèle et de vitesse, quand je ne serais plus qu’un
vieux monsieur gris et tremblant ?
432
La grande poésie
ou du moins ce que prétendent les critiques en analysant la
poésie moderne - la définition qu’ils en donnent n’a que peu
d’importance. Ils disent : Monsieur Untel est - grand poète, il produit
de la grande poésie.
Le problème réel est de savoir ce que vaut son travail -
exemple. Que vaut Guillevic face au Directeur du CERN, face à un
Nobel de Physique, - quelle est sa compétence, son aptitude, ses
limites, ses potentialités ? Qu’a-t-il réellement fait ? À quoi sert-il ?
Son utilité ? Sa convertibilité ou utilité sociale, en création de
richesse ?
Lui-même quand il pense, que vaut-il ? Le poids de son
esprit, de son âme pour employer un langage poétique ?
Moi, je le prétends, le poète est peu, est faible, se situe en
dessous, et jamais on pourra intégrer la complexité du haut technicien
ou de l’homme de science. Ce qu’il fait est quasiment inutile. Il
prétend, il croit, mais cela est de la prétention stupide. En vérité, il est
assez nul, et est jugé comme tel par le public, par les médias qui le
rejettent, et n’en ont que faire !
433
Il y a pourtant une solution, c’est le travail, c’est l’emploi de
lettrés à temps plein dans le secteur poétique.
valeurs.
C’est l’exploitation de leur intelligence en synergie de
Lisez un poème, où est la difficulté ? En quoi cela peut-il se
comparer avec un téléphone numérique ? C’est en dessous, n’est-ce
pas ? C’est Moyen Âge, c’est passé, c’est dépassé, c’est sabots ou
fer-à-cheval, c’était utile, comparable autrefois, mais aujourd'hui cela
n’est plus, fini, ne m’intéresse plus, etc.
Autrui
L’outil autrui ne m’est guère utile. Je n’ai pas besoin de
l’autre dans sa façon, dans son apparat, sa manière d’être ou de se
comporter. Je ne l’utilise qu’à des fins d’écriture, de production,
d’extractions. Cela est détestable de penser de la sorte, d’oser
l’inscrire ... et pourtant. Je ne parviens pas lors du contact de la
conversation, à comprendre, à m’imprégner de sa substance, il n’y a
que superficialité, qu’insignifiance, qu’apparat, que volonté de
statuer sur une pseudo personnalité. C’est le plus souvent une image
434
détestable et fausse. Ma préférence va au livre, et la capacité
personnelle pour tenter d’intégrer sa propre vérité.
Avec la parlote, il y a gaspillage ; avec l’écrit, il y a
l’instruction. Et je ne parviens pas à comprendre comment le
relationnel artistique s’avère si nécessaire pour la grande majorité de
mes contemporains.
Bis repetita
Ce que je puis détester, c’est cette mauvaise foi devant la
vérité, c’est l’accumulation évidente de preuves, de constructions
impeccables, responsables et certaines, et toujours le mensonge en
échange. Le non, non, discret et moqueur, “ il se trompe, cela n’est
pas ”, et pourtant c’est l’œuf et le bœuf, c’est gros, c’est énorme. Je le
répète, la poésie obtient des résultats inférieurs aux résultats
mathématiques. Elle si situe en dessous, ne peut comprendre, ne peut
suivre, n’offre pas les mêmes possibilités de développements
intellectuels.
Et les poètes festonnent, ricanent, ondulent, continuent à se
prendre, se surestiment dans leur prétention circulaire,
s’autoproclament, se gargarisent d’eux-mêmes, se lisent et se relisent.
435
Aucun ne peut envoyer un homme sur la lune quand toute la NASA
résoudrait le problème du sonnet.
Mais comment leur dire ? Comment oser penser froisser les
ailes de ces papillons ? Car ces messieurs sont ultrasensibles, se
vexeraient. Pourtant l’immense majorité des gens prétend qu’ils
écrivent des conneries, des fadaises et des insignifiances. Mais
taisez-vous. Il se pourrait qu’un inconnu se soit glissé dans votre
entourage, et vous en veule d’oser vous exprimer de la sorte ...
Note poétique
Eluard le grand poète, avait en lui une équivalence de grand
peintre surréaliste.
La pensée de René Char intègre une vérité, une analyse, une
nouvelle définition de la réalité, de sa réalité et en ce sens, le poète
égale le philosophe. Il perçoit une vérité, et il l’exprime dans un
nouveau langage.
Aragon était un intellectuel.
436
Je veux dire : le G. P. n’a pas constamment une personnalité
méprisable, et pourtant le public le rejette et l’ignore. Ce qui est
dommageable pour l’image de la discipline littéraire.
*
Se prévaloir d’obtenir un résultat extraverti dans le secteur
poétique découle d’une fable utopique.
En poésie, rien n’est possible. Nul ne veut éditer, nul ne veut
lire, cela n’intéresse personne. C’est le “ Allez voir ailleurs, cela ne
me convient pas ”, c’est le “ Je ne lis pas, j’ai autre chose à faire. ”
Courir, faire du zèle, avoir la bouche en cœur, faire le gentil,
le caressant, ses civilités, etc. Pourquoi ? Se transformer en un petit
télégraphiste zélé ! Pourquoi ?
Je dis : il faut considérer les structures réelles de la poésie,
n’en rien attendre, mais travailler pour soi avec l’espoir, l’espoir que
quelqu’un daigne un jour jeter un regard condescendant sur votre
travail. Et cela est bien suffisant.
437
Ce n’est pas raté : c’était impossible. C’est traverser un
désert de 500 km avec une cruche d’eau dans la main. C’est la mort
assurée, c’est l’échec de Baudelaire, de Mallarmé et confrères. Mais
leurs vraies réussites, c’est encore leur ouvre, leur postérité, leur
génie reconnu, utile, transmis, puits de pétrole, moyens
d’apprentissage et de pénétration.
*
C’est vrai, je n’ai jamais pu réellement être un artiste, un
poète vagabond, un être léger insouciant, rêveur, cherchant amitiés et
longues conversations pour débattre sur tel ou tel auteur.
J’ai travaillé avec des livres - rarement avec des biographies
de littéraires morts. Et le paradoxe de mon écriture, c’est que je n’ai
eu besoin d’accomplir des relations artistiques pour développer mon
aptitude. Le progrès s’obtenait par analyse comparative, par volonté
utopique d’imiter les meilleurs, pas cette constance de désir de
produire, de changer, - transformer, en vérité par le souhait incessant
de se construire.
J’ai donc délaissé tout le volet relationnel. Mais sur
Montauban, sur Toulouse, aurai-je réellement eu la possibilité de
438
côtoyer des littéraires utiles à ma formation ? Entendez-moi, je ne
critique pas leur potentialité, je ne sais pas la juger.
Mon système basé sur une maximisation de soi, sur un effort
soutenu et constant d’apprentissage, de productivité, de rentabilité,
un jargon détestable qui aurait fait se hisser les cheveux sur la tête de
plus d’un poète, ne répondait en rien aux critères, aux méthodes
d’autrui. Je l’ai très vite compris, et j’ai préféré appliquer mon
principe détestable peut-être égocentrique, mais que voulez-vous ! Il
me fallait agir. Et le temps, la vitesse de l’autre ne répondait en rien à
mes exigences.
J’étais un auteur d’abondance et non pas de relationnel, de
causeries, d’échanges. J’étais dans l’action de moi-même, accaparé
par mes propres problèmes de formation, de déshabillage de
structures, de compréhension de l’invisible. J’avais besoin de
découvrir, et je savais qu’aucun poète ne m’aurait aidé à pénétrer les
lois et les règles cachées. La plupart ignoraient totalement à quoi je
faisais allusion lorsque j’essayais de leur en parler.
439
Journal 98
La poésie n’y parviendra pas, elle n’en a pas les moyens.
Son écriture complexe, fermée, élitique, inaccessible, ne peut s’ouvrir
au plus offrant.
Elle est à côté, agréable divertissement, oui, oui, on sait,
essayez-vous à quelque chose, nous vous comprenons, et nulle vérité,
nulle utilité réelle. Vœux du baptême.
Je me sais impuissant, incapable, inapte. Même en
poursuivant les meilleurs, je ne puis. Et je comprends la
mathématique, et là, c’est atroce, horrible. L’écart est trop important
si je puis comparer les deux disciplines.
*
Ce qui m’angoisse ou me laisse perplexe, c’est encore cette
analyse détestable que je puis avoir de la poésie, la toisant fort en
dessous de ce que l’on peut faire aujourd’hui dans notre civilisation.
Il s’agit peut-être d’une gageure de ma part, d’une incapacité réelle à
discerner avec objectivité la réalité de la chose, mais j’insiste, et ne
440
vois dans la poésie aucune possibilité réelle à concurrencer les autres
secteurs de l’intelligence ou de la créativité humaine.
Comme l’on parle de “ vieille race ”, “ de décadence ”, je ne
puis voir dans la poésie de moyens d’aller outre. Je ne prétends pas
que la poésie n’avance pas, elle avance mais certainement pas à la
vitesse de la science ou de la technique appliquée. Sa croissance est
fort raisonnable, cela va doucement, cela s’essouffle et le progrès est
le plus souvent imperceptible.
*
L’art poétique se caractérise selon Valéry par une
“ Sensation d’univers [, par] une tendance à percevoir un monde ou
un système complet de rapports. ”
Le poème prétend aussi intérioriser le réel, et le transformer
à sa convenance, selon son ordre, sa vérité et son système - principes
dont on pourra douter qui ne reposeront sur aucune vérité rationnelle,
mais qui seront perçus par la confraternité sensitive.
“ Je perçois les mêmes choses que vous ”,
et ils sont peu les amateurs d’art à s’exprimer de la sorte.
441
*
Comment les poètes amateurs pourront-ils relever le défi des
scientifiques professionnels ! Quand le moment sera donné de
comparer les valeurs réelles, absolues, comment l’intelligence
poétique pourra prétendre accéder aux complexités de l’aptitude
scientifique ?
Les produits organisés, obtenus, de la technologie auront
atteint un degré tel que les plaquettes des artistiques seront des pets
de lapin, des résultats insignifiants, en comparaison.
*
L’aptitude poétique ne permet pas de pénétrer la complexité
scientifique, comment pourrait-elle ajouter sur la science ? Elle se
situe en dessous, hélas !
*
Le poète ne possède pas la complexité de la pensée propre
au philosophe. Discours plus simple qui passe par le sensible, le plus
souvent, proche des peintres, fabrique des images.
442
Le philosophe au langage plus difficile.
Le poète produit un fruit, esthétique, sucré, rempli de soleil,
avec une structure interne complexe. Le lecteur mange le fruit, en tire
de la saveur, et cette saveur déterminée est nourriture indirecte,
nourriture toutefois.
(CF les Grenades PV)
*
Le jeu d’épreuves des Fleurs du Mal annoté
substantiellement de la main de Baudelaire est monté à 3, 2 millions
de francs 98 à Drouot. L’État a prélevé.
Il y a quelques semaines sur une télévision française, l’on a
vu une machine capable de reproduire à 1 ou 2 exemplaires des
ouvrages rares et fragiles. Ces copies sont mises à la disposition des
chercheurs ou des universitaires.
443
Rajouts 99, 00 et 01
La poésie m’est toujours apparue :
Marginale, inutile et de faible portée.
Cet outil “ obligatoire ” m’a constamment apparu d’une faiblesse
sociale aberrante. Est-ce seulement un agréable divertissement pour
les beaux esprits ?
*
Rencontré Demazet que je n’avais pas vu depuis près d’une
année. N’a que fort peu changé, a un peu grisonné, du poids peutêtre.
J’essaie de lui montrer mon CD ROM 98, fait semblant de ne pas
le voir, se tourne vers son armoire et en sort des livres édités par
ROUGERIE, qui ne sont pas même massicotés. Cherche
véritablement à évincer les techniques nouvelles d’édition, et se
positionne sur la façon ancestrale d’imprimer des textes. Considère
444
toujours le livre comme étant un bel objet, mais ne semble pas se
soucier de savoir si le contenu vaut l’habillage :
Pourquoi mettre un petit pois dans un écrin de satin ?
Vient tout juste de sortir un nouveau bouquin à compte d’auteur
que j’ai entrevu dans son armoire, dont il n’a pas voulu me faire la
primeur. La fixation sur son nouvel objet doit expliquer le rejet qu’il
s’impose concernant un produit autre et différent.
“ Le mien est bien, le vôtre ne m’intéresse pas. ”
Difficile d’engager la conversation sur les grands poètes, me
parle de Patout et de Christine Mottey auxquels il consacrera un
numéro spécial Montauriol. La prétend “ grande ”.
Je l’interroge sur le problème des banlieues, des arabes, et lui
demande ce qu’il en pense. Se positionne sur la raison de
Chevènement et dit qu’il faut punir. N’envisage pas le retour, mais
parle d’une république en danger, toutefois.
L’heure tourne, arrivé à 18 h 15, j’en ressors à 19 h 10, lui jurant
de payer ma cotisation de 100 F pour la revue.
445
Jabès
L’œil de l’aiguille est crevé par un fil.
L’étang invente la volupté de dormir sur soi-même.
Rivés à elle, les forçats, en marchant, font tourner la terre. On
reconnaît le mort à l’arrêt qu’il provoque en tombant.
Une ombre dans le désert est synonyme de vie.
Et tant d’autres. Superbes idées ou remarquables aphorismes.
Production
Ce qui semble difficile avec la production poétique, c’est de
constamment parvenir à renouveler son système d’inspiration. Quoi
que l’on fasse, quoi que l’on essaie d’obtenir, on ne propose le plus
souvent que des variables ou des dérivées de soi-même. Les grands
thèmes de son écriture sont déjà exploités, et penser, repenser
autrement c’est toutefois travailler dans une même tendance, avec
une même couleur. Il faut donc éviter d’être ennuyeux, et cela est
quasiment impossible.
446
L’on prend véritablement conscience que le système
d’exploitation ou d’extraction de la pensée obéit à des règles et des
lois totalement différentes de celles employées pour l’écriture de
roman ou de la prose. Il y a principe de synthétisation de conglomérat
intérieur qui permet à la structure de sortir ou d’arriver quasi
nettoyée. C’est une sorte de miracle qui n’en est toutefois pas un,
mais doit obéir à des principes cachés encore inconnus.
Ce qui peut expliquer les faibles quantités proposées par les
poètes. J’étais sidéré d’entendre Philippe Sollers, prétendre que
Dante était le plus grand écrivain Italien, tandis que ce dernier ne
possède en quantité qu’un seul volume de Pléiade. L’on me
rétorquera que la quantité ne fait jamais bon poids, ce qui est parfois
vrai, l’on observe toutefois une inspiration exceptionnelle chez les
numéros 1 tels Balzac, Hugo, Picasso, Mozart, Einstein. Il y a à la
fois richesse et variété dans l’œuvre obtenue.
*
Comment eût été considéré Balzac s’il n’avait produit que 5
livres ? Et Victor Hugo si son œuvre poétique s’était limitée à 10 000
vers ?
447
Je vais vous le dire : on aurait comparé Balzac à l’auteur des
Diaboliques en prétendant que l’autre était plus pénétrant, plus subtil
dans son écriture. Et Victor Hugo à Leconte de Lisle, mais il n’aurait
pas été possible de prétendre VH à la première place de la poésie
Française.
Certains s’offusquent de l’abondance, mais l’abondance associée
à la diversité dénote un esprit puissant et riche, inspiré, solide et
travailleur. Il ne faut donc rejeter et mépriser comme un dandy du
XIXe ou comme un nobliau tuberculeux et fragile s’essayant à l’art
de l’escrime ou face à un pirate assoiffé de sang.
*
La suffisance d’autrui n’est pas ta nécessité. Ne t’en réfère pas à
la capacité de lecture, ou d’assimilation de l’autre pour déterminer ce
qui doit être ton travail, ta production ou ton Œuvre.
Car l’Autre prétendra toujours que tu as bien assez, s’en référant
essentiellement à sa capacité de mémorisation. Car pour l’Autre, ta
place dans son estime, c’est 1 parmi 100 000. Il ne t’accorderait que
quelques pages, ce qui, en vérité, est logique, si l’on considère ce
qu’il lui faut savoir, apprendre et utiliser.
448
Gide
Gide ?
A-t-on proposé une étude psychanalytique de la sexualité de
Espace du multiple, du dialogique, de l’ambivalence œuvre-vie.
Madeleine : passion exclusive qui passe par la dénégation de
toute relation sexuelle.
L’originalité du roman, qu’on retrouvera de manière presque
analogue dans La Porte étroite, c’est le pari par lequel le
renoncement du désir apparaît non point comme refoulement du
corps mais comme demande d’une relation d’autant plus absolue et
totale qu’elle évite la dimension sexuelle.
Autre événement radical : Madeleine brûlera toutes ses lettres
(ce qu’il avait de plus précieux au monde) en apprenant le départ de
son mari pour l’Angleterre en 1917 avec son amant, Marc Allegret.
Les Faux Monnayeurs : le livre se caractérise surtout par la
technique radicale de la “ mise en abysse ”, déjà expérimentée
précédemment : le roman dans le roman. La narration tourne
449
circulairement sur elle-même puisque son personnage principal,
Edouard, écrit une fiction, - Les Faux Monnayeurs - sans y parvenir.
Ce jeu de miroirs n’a rien de gratuit ; il a pour but d’introduire dans
l’univers romanesque ce que Gide appelle : “ indice de réfraction ”
qui permet à la fois de déjouer la linéarité de l’intègre et
d’introduire tout un jeu de distanciation dans la perception du
lecteur. Cette technique fait de Gide le véritable fondateur du roman
moderne, tout à l’opposé du roman psychologique ou naturaliste.
Elle sera reprise par le nouveau roman, qui en fera le moteur d’une
révolution esthétique.
L’écriture couchée revient à Eric Marty, chercheur au C.N.R.S.
Ce que les contemporains peuvent retrouver en lui, c’est, audelà
du moraliste et de l’immoraliste, une écriture totalement ouverte
à l’énigme du désir, au questionnement sur soi et à la mobilité
perpétuelle de l’être.
*
Deguy - un cérébral incohérent, mallarméen, philosophique.
Mécanisme cérébral totalement nouveau.
450
N’est pas capable de faire du beau.
N’en a pas besoin.
Construit de nouvelles phases, de nouveaux concepts.
Créer un centre d’études poétiques
Deguy
Mallarmé
Valéry
Rimbaud jeunesse, audace, risque
Le son, la grammaire, le plan P, l’espace d’écriture.
La convertibilité en d’autres arts,
en d’autres sciences,
etc.
Aller outre, ajouter
La poésie est :
marginale, obsolète et inadaptable.
*
passée et dépassée - has been
451
*
Plus producteur d’écriture que poète. Peu enclin au relationnel
artistique. Y perd son temps. Fadaises et niaiseries. Petits souliers et
politesse, courtoisie de salon.
Travaille avec le Livre, les livres, les livres d’autrui, leur
substance, pompe, dérive, prolonge, poursuit, construit, développe,
envisage, suppose, prétend, investit, vérifie, se déplace, se redéplace,
prétend concevoir, cherche ailleurs, en math, veut un principe
évolutif, pense rock, punk, grunch pour ajouter, déplacer, voudrait
transférer cela sur le principe poétique, admire Van Gogh et Sex
Pistols, eux au-delà, différents, sait Rimbaud, rêve d’un nouvel
espace en mathématique, quelque chose d’énorme comme les
probabilités de Pascal.
*
Je ne me suis jamais réellement senti poète à rencontrer des
artistes, à vivre d'une certaine manière etc. J'ai essentiellement
produit ou travaillé de l'écriture, et dans cette écriture il y avait
également de la poésie. C'est assez subtil, je crois qu’il est toutefois
aisé de comprendre ce que cela signifie.
452
J'aurais pu tout aussi bien travailler de l'économie, du roman ou
de la mathématique,- c'est acte d'intelligence, d'élan mental.
Egalement - Le contenu des poètes du vingtième siècle ne
m'était pas utile. J'étais plus enclin à étudier de l'Antiquité, de la
Bible, du Coran, du dix-septième ou du dix-neuvième... Alors ?
Pourquoi s'encombrer d'outils que l'on n'utilisera pas ? Ou dans la
suite peut-être, mais dans l'instant - non ! Alors pourquoi ?
*
Est-il réaliste d'espérer obtenir un résultat dans le domaine
artistique ? Ma poésie a-t-elle un avenir terrestre ? La réponse semble
"non", hélas ! Je m'en irai, en laissant peut-être sur le WEB ma complète
accessible à tous, en supposant que le Site ne sera pas évincé
rapidement. L'ensemble est à la Bibliothèque Nationale de France. Je
trouverai d'autres structures d'accueil, -des Médiathèques- certainement.
Mais que faire ? Subir ! Comme tant d'autres ! Qu'en sera-t-il de la
distribution et de la hiérarchie, là-haut, plus loin ? Une immense
révolution avec de monstrueux oublis, en espérant d'exceptionnelles
séances de rattrapage...
453
*
Que peuvent les poètes face aux hommes de science ?
Intelligence pure
Comment les hommes de science considèrent-ils le travail des poètes ?
*
La théorie des Oubliés
Existe-t-il un patrimoine littéraire, pictural, musical, scientifique qui
croupirait chez les particuliers dans des caves ou des greniers, et
n'aurait jamais pu être accessible à l'ensemble - refusé, rejeté par la
critique, oublié dans les aléas de l'existence ?
Pour les poètes, cela semble possible. Mais pour les mathématiciens ?
Pour les inventeurs, certainement. De grandes idées n'ont peut-être
pas connu les applications quelles méritaient.
Ô génies inconnus !
454
*
La puissance d'écriture est en contradiction avec le relationnel
poétique.
D'un côté, l'on déploie une force cérébrale imposante avec des
applications lourdes, de l'autre il ne s'agit que de civilités, de grâces
aimables et sourires courtois.
*
Des poètes. Chacun bat sa propre monnaie, et se prétend riche
comme un petit seigneur dans sa Cité. Mais nul ne veut de sa
monnaie, et elle n'est pas convertible en quoi que ce soit.
*
Je n'ai jamais spécialement dû apprécier le relationnel artistique - les
uns, les autres, les discussions insignifiantes, les paroles de salon, les
m'as-tu vu, les petites phrases, etc. J'y perds mon temps, je m'y
agace, - c'est du maniérisme de préciosité, de la fausse éducation avec
des " je vous présente "... Ha ! bonjour... enchanté etc.
455
Je travaille avec des auteurs - des livres - des Pléiades, des
Collections construites, je prends, j'exploite, j'applique, je dérive -
activité cérébrale -
*
Plus producteur d'écriture que poète. Ne ressens pas l'utilité du
relationnel.
Me gaspille avec autrui, me construis avec les Livres.
Côté littérature, battre des ailes ou faire le pan... Pas tellement mon
truc.
Cherche essentiellement à ajouter, extraire, dériver, condenser,
déplacer, reconsidérer, prétendre.
Avec du risque, de l'audace intellectuelle, du " autrement ", du" plus
loin ".
456
*
Quelle affreuse incompréhension ! Ce rejet éternel, cette incapacité à
offrir un travail poétique aux éditeurs qui puissent leur plaire. Je
n'aurais jamais cru que le domaine littéraire était si difficile à percer.
Je pensais qu'une sorte de logique basique de vérités et de bon sens
aurait suffit à crédibiliser son aptitude. Je n'ai jamais connu un si
grand décalage entre une vérité et une perception de vérité. C'est
Brigitte Bardot qui passe pour un laideron. Inexplicable !
Misère de l'être humain qui quémande le savoir et constate son
impuissance !
Nature de l'homme : - que puis-je ? et c'est la fin.
L'immense désarroi : cela et rien de plus.
Douleur, tristesse et conscience du rien, de l'insignifiance, du peu.
Grand Cri de désespoir.
457
*
- Que peut-on faire ?
- Il n'y a à rien à faire ! C'est passé, dépassé, cela n'intéresse plus
personne.
Vouloir s'activer, courir à droite, à gauche, - cela n'engendre rien.
C'est la poule qui bat des ailes et veut apprendre à voler ! Nulle
possibilité, nulle chance !
Ca ne marchera pas. C'est la galère inutile. C'est agir pour ne rien
obtenir. Il suffit de comprendre. C'est simple.
*
Relationnel poétique : maniérisme et courtisanat de salon. J'y perds
mon temps. De plus, ils n'ont aucun pouvoir. Cela ne débouche sur
rien de concret. Et le niveau de discussions est faible. Alors ?
Le problème est de parvenir à crédibiliser sa vérité poétique.
Comment mettre dans la cervelle l'Autre la perception vraie de
l'objet littéraire ? Comment peut-il se dire : " Bien sûr, cela est. Il n'y
458
a pas de doute. Je suis dans l'évidence. " Car il prétend le contraire, il
lit, analyse, réfute le texte proposé.
*
Tu veux te soustraire de l'obligation poétique, de
l'affreuse nécessité de rencontrer les uns et les autres, d'accumuler les
niaiseries et sourires de politesse, d'aller la bouche en fleur, gentil et
bien propret. Toi, ton principe, c'est de produire, de travailler par
frottements, d'exploiter l'autre, le génie - le grand frère, ou le maître
es lettres. Tu en as tiré des livres avec le concours indirect d'autrui.
Ce sont des béquilles ou c'est un chevalet !
Te voilà donc satisfait dans l'immense solitude de toimême,
jouissant uniquement de ce monologue de circonstance !
bravant tes interdits, te permettant d'aller outre sans être dans la
nécessité de devoir la moindre justification à quiconque ! Mais cet
isolement, ce principe autarcique dont tu te repais t’éloigne du monde
vaste et coloré de la littérature française ! tu perds des amis d'une
importance extrême, qui te conseillant, t'expliquant
tes défauts t'auraient permis de rectifier le sens de ton travail !...
459
Rien n'éveille en toi la soif de partager, de donner, de lire,
d'assister à des réunions, - de t'investir auprès d'autrui. C'est ça : tu es
un autocrate, un nombriliste satisfait d'un onanisme cérébral.
Tu devras payer. Le prix ? - L'immense oubli, le rejet, le
livre fermé, le cédérom dans son emballage, le" Je-ne-veux-pascliquer,
cela ne m'intéresse pas ", et toi sur ton rock de solitude,
tambourinant avec tes petits poings de poète, tu soupireras : " Je suis
un incompris ! je suis un incompris ! "
*
Me prétendre posséder des idées serait fort audacieux de ma
part ; je n'ose écrire que des lancées giclent ici et là, et m'imposent à
appliquer les faibles ressources dont la nature m'a doté. Je n'existe
que par mes incapacités : - incapacité à obtenir un bonne page
littéraire ; - incapacité à crédibiliser mon produit auprès d'autrui. Je
suis un détestable raté, nourri à la sève de l'égocentrisme,
constamment absent. Et voilà pour la malédiction ! et la damnation,
peut-être !
460
Je n'ai donc nul espoir, nulle possibilité de me mieux
faire - têtu et breton, je le resterai !
Pourtant combien d'années d'abstinence, de nuits dans
l'espoir utopique d'obtenir un quelconque résultat ! Et pour toute
réponse - le rejet, le refus, le mépris de l'autre ! Quel autre ? -
L'éditeur, évidemment !
Voilà un mal désespéré qui continue à se nourrir de sa
propre souffrance. Il n'a rien à écrire, disent-ils indirectement. Tout
cela n'est que foutaises et insignifiance ! Qu'il aille voir ailleurs !
Je me mets à côté, en marge, - j'avance à ma vitesse,
je ne pénètre pas la stuc ture littéraire d'accueil. Je vis dans mon
délire poétique, piétinant, prétendant, supposant je ne sais quelle
aptitude ou capacité dont nul n'a que faire. Je me gave de mes livres
pour finir par une indigestion de moi-même ! Encore de pures pertes,
et des attentes infinies !
L'indifférence de l'autre ?... Je parviens à m'y
habituer. Je détermine les faiblesses de mon pouvoir. Suis-je naïf ou
cynique ? N'ai-je pas uniquement décidé de m'en référer à ma propre
logique, sans l'autre, sans les autres, sans les critiques ?
461
*
Il est facile d'être un grand poète, il est difficile de
transmettre cette vérité à autrui.
Facilité d'être, difficulté d'apparaître.
Je n'étais pas artiste, relations de salons, contacts avec
les uns et les autres, potinière et concierges, - j'étais celui qui produit,
qui extrait hors de soi de la substance d'écriture.
Autrui existait évidemment mais par son Œuvre, par
son Génie, par son aptitude à m'offrir des références d'imitations et
d'apprentissage.
Je ne tirais aucune utilité du relationnel littéraire, seule
la Pléiade était moyen d'avancée personnelle. Je dis Pléiade, mais
j'entends également Gallimard, ou tout nom important de la littérature
française ou mondiale.
Je travaille avec - Paz, Celan, Zanzotto, Borges, Cluny
etc. avec des ouvrages, des recueils, mais les hommes m'indiffèrent.
462
La Muse du poète ne se soucie guère de la réalité. Le
poète moins encore. C'est essentiellement la partie imaginative,
audacieuse et risquée qu'il doit exploiter. La redite de la Nature,
l'observation du vrai et son application par l'écriture, même dotée
d'un style remarquable ne sont que des représentations d'imitation.
Cela est compris et entendu mais la matière ainsi redéfinie n'a guère
d'avenir de lecteurs.
Il faut supposer de nouveaux concepts, inventer, quitte à
passer pour un incompris. Ça casse ? - Tant pis ! Vers la tentative
intellectuelle. " La volonté d'ajouter et d'aller outre. " Personne ne
comprend, personne ne suit ? Qu'importe ! Sont ici les changements
et de l'évolution.
*
Mauriac écrivait que la vanité des poètes venait de leur
incapacité auprès d'autrui à se crédibiliser à leur juste valeur. C'était
effet de compensation - volonté de faire voir - se placer au-dessus
pour trouver sa place réelle.
Un environnement défavorable annihile une œuvre, la
réduit aux fruits de l'arbre torve, - maigreur du tronc, acidité des
463
fruits, produits ratatinés sur eux-mêmes. La grasse terre, le bon
jardinier c'est la certitude et la jouissance de l'abondance - c'est la
beauté de l'équilibre ! Le règne d'un Parfait. Bel arbre, je te
contemple !
Les bons écrivains font de bons livres
Les grands écrivains font des chefs-d'œuvre
Les génies n'écrivent pas toujours de bons livres,
pas toujours de chefs-d'œuvre, mais la patine de leurs
écrits se transmet aux générations futures qui s'instruisent,
s'aiguisent, ajoutent sur ce qui est.
*
Quel est le but de la fausse sympathie dans le relationnel
poétique ? Elle est un masque mensonger, et ceci est très loin de la
pureté de l'âme, du vrai littéraire, de la pensée la plus claire pour
accéder à l'idéal d'écrit.
Faut-il se complaire d'un jeu absurde, de faux semblants ?
Est-ce là la seule possibilité du relationnel de l'un à l'autre ?
464
Je rencontrais des auteurs, - je veux dire des livres. Mais
le contact poétique ne m'était d'aucune utilité.
Autre vitesse, autre quantité, autres objectifs.
*
Le poète, petit, chicane, se prévaut, persifle et méprise. Il
prétend à un rapport de force à l'idem du lutteur qui s'échauffe, se
gonfle, et veut par une impression s'imposer face à l'adversaire. Belle
intox ! qui ne dure guère, car la construction d'un combat ou d'une
œuvre nécessite de bien plus imposantes qualités.
L'isolement
S'isoler et prétendre savoir, prétendre savoir ce qu'est la vérité, ce
qu'est le réel système, la meilleure méthode d'investigation
intellectuelle ----) le prouver par l'application qui fait gain - voyez :
j'ai raison, - mais jusqu'à quand ? Car s'isoler, c'est ignorer ce qui se
passe à l'extérieur, c'est recevoir les informations autres de manière
ouateuse, édulcorée, aseptisée.
465
Quelle alarme intérieure peut prévenir pour signifier : " À présent,
c'est assez ! Retourne !
Va vers les autres. Au contact ! Côtoie. Frotte-toi ! Repense par
l'autre "
Car c'est remettre en cause le modèle fondamental que l'on s'était
construit, c'est bousculer une prétendue sagesse.
*
Faut-il côtoyer les poètes ? Les avoir pour amis ? Écouter leurs
dires ? Leurs méthodes de vie, de travail ? Leur façon de concevoir le
vrai ? -Quel vrai ? - Le leur !
Si certains accèdent au sublime du langage, l'immense majorité
patauge dans la médiocrité de l'écrit. Mais les pataugeurs se prévalent
d'être d'excellents nageurs. Et comme l'opacité entoure le critique, - il
ne peut apprécier le vrai et commet des erreurs de jugement.
Le temps sur le temps, critique après critique, analyse après
analyse - un certain dévoilement - mais est-ce certain ? - permet de
dégager une forme de vérité. Car des écrits d'une immense
importance demeurent, il se peut, cachés à tout jamais dans l'antre de
466
l'oubli. Et derrière ces écrits étaient les " vrais poètes ", je veux dire
ceux dont la postérité aurait dû être assurée.
Comment faire ? Que décider ? Il faut aimer. Aimer les rencontrer
au-delà de l'inutilité, du vrai - par amitié - pour le contact ? Mais le
public pense-t-il de cette sorte ? La désaffection pour la poésie
prouve le contraire.
*
Je peux écrire de la poésie mais j'ai de grosses difficultés à faire "
poète ", à vivre avec des artistes, à lire mes textes, à exister en public.
Je me sens " mal " avec les autres. Le contact poétique m'apparaît un
bassin rempli de couleuvres d'eau, où tout est donné à la fluidité, à la
fuite. Rien n'est rationnel, quantifiable, évident, clair. Tout est
interprétable, variable à l'infini, personne n'a réellement raison ou
réellement tord. Tout est possible dans la détermination du vrai, et le
vrai se déplace.
Ecrire de la poésie, produire une œuvre ne m'ont pas permis de me
fortifier en vérité. Je suis dans la crainte, dans le " mal " être, - je n'ai
absolument pas confiance en moi.
467
M'exprimer en public m'apparaît épreuve insurmontable. Ce qui
pose de réels problème puisque la poésie ne s'achète pas mais
s'écoute parfois dans des espaces clos. Je dois contourner le problème
en utilisant un diseur...
*
Je suis essentiellement un poète de chambre, un poète de bureau, et
je travaille avec les œuvres d'Autrui. Je lis Autrui, j'aime le toiser, le
quantifier avec sa complète, j'ai besoin de le tenir entre mes doigts
pour le comprendre. Toute sa substance créatrice est fixée là,
à l'intérieur. De nombreuses années ont été nécessaires pour obtenir
ce résultat, et j'essaie de l'accompagner dans sa démarche
intellectuelle et artistique.
Rencontrer un poète une heure, - dépenser 300-400 francs de
déplacement, aller sur Toulouse ou Bordeaux, accumuler de la
fatigue pour le plus souvent communiquer difficilement est de faible
intérêt.
J'espère peut-être par le NET et l’E-mail obtenir de nouveaux
contacts. Mais cela me semble peu. J'ai constamment eu devant mes
yeux la Pléiade ou la collection Bouquins, qui offraient des
468
possibilités étonnantes de quantification d'autrui. L'écrivain, le poète
ou le philosophe apparaissent avec leur vérité de vie, leur panorama
d'œuvre. On y trouve un ramassé, un condensé vrai qui propose le
meilleur de l'auteur. Le relationnel littéraire exprime l'indifférence, le
rejet ou le mépris. L'auteur vous ignore ne vous connaissant pas ou
étant dans le besoin de s'assumer soi-même n'accorde que peu
d'attrait à votre personnalité.
*
Je ne crois pas avoir été capable un jour d'écrire un bon livre. Ce
qu'on appelle " le bon livre ", bien vendable, conforme, construit, prêt
pour l'édition, et méritant un succès de librairie.
*
Je ne suis pas un poète de l'amitié, d'un mouvement artistique, d'une
association, - je suis essentiellement un poète d'œuvre, et j'aime les
œuvres d'autrui.
Rencontrer un poète, ce n'est pas comprendre un demi pour cent de
ce qu'il est, mais le lire, intégrer sa poétique, c'est le mieux pénétrer,
c'est aller dans sa sensibilité, dans son mécanisme cérébral d'action.
469
L'intelligence artistique est de second ordre. Ce qui importe, c'est
l'objet poétique - CAD le poème.
Il est vrai que le copinage, la présentation, la préférentialité ne
peuvent s'obtenir que dans le contexte du contact humain. Autrui
pense différemment, et intentionnellement ou pas essaie de vous
limiter à son propre système - le plus souvent attentisme et plaquette
de 200 vers tous les quatre ans.
J'évite le tortillard de la poésie pour prendre le TGV de l'efficacité.
J'aurais certainement tord quelque part, car je risque de rater des
relations importantes mais j'au un tel travail à accomplir... je suis
dans l'obligation de choisir, de décider et de sélectionner.
Il reste 80 000 lignes dactylographiées - en comptant petitement - à
numériser. Disons 24 à 30 mois de travail. Je possède encore des
centaines de feuilles manuscrites à transformer. Je souhaiterais
également produire de nouveaux concepts, agir avec des auteurs
inconnus, exploiter des sources intimes qui n'ont pas pu être captées.
Je poursuis l'évolution de l'œuvre, et je prépare mon Site WEB sue
lequel je vais proposer une quarantaine d'ouvrages.
Où trouver le temps de la causette ?
470
*
Faut-il vivre avec les poètes ? Appartenir à des associations ?
Accomplir de l'action littéraire ? Être, développer un mouvement ou
se construire soi-même ?
Faut-il faire Œuvre, ou appartenir à son temps ?
Dépendance ou indépendance - l'un et l'autre par alternance ? Estce
compatible ?
Les îlotiers, les nombrilistes, les masturbateurs cérébraux.
Toute grande œuvre se conçoit dans la solitude.
*
Faut-il converser avec les poètes ? Et avec lesquels d'ailleurs ?
Quand je songe à mon ignorance, à mon passé avec ses trous de
gruyère ...
471
L'esprit me dit : jette-toi vers l'avenir. Conçois avec des supports
nouveaux. Discute, vis, rencontre...
La pensée synthétique répond : Comment, avec qui et pourquoi ?
*
Un poète ne pourrait-il pas signer des lithos de poèmes à un nombre
limité ?
*
Wislawa Szymborska
- Aimable badinage - le plus souvent esprit prose - C'est
l'organisation du texte qui prétend vers*. Mais l'ordre des mots, le
contenu ne semblent pas poétiques. Esprit de travail de manchettes,
de " et toc ", - billet pour périodiques.
*Écrit en lignes inégales. De grammaire, de composition
littéraire, il n'en est point.
472
Je ne sais quelles gens, De la mort sans exagérer.
*
J'ignore véritablement ce qui resterait de mon travail, si je venais
à disparaître. La complète serait du moins accessible - enfin la
complète ou sa restriction. La poésie,
CAD le cœur vibrant de l'œuvre conviendrait peut-être. Mais nul
ne lit ce genre littéraire, alors ?
Je crois posséder actuellement 5400 poèmes :
J'entends tous recueils confondus : de L'huile fraîche à Suites/
Relances IV ~ 45 recueils
Période 1978-2000
+ Psaumes 1ère version 150
Psaumes Seconde version 150
Sourates 100
Divers 50
Poèmes de L'Ancien Testament 150
473
soit 600
Oui, une quantité religieuse importante existe également.
*
Conceptions de singularités
Qui possède le vrai ?
Le moi, le monde, les mots
C'est la manière dont est traitée la thématique qui détermine la
spécificité de l'auteur.
Cette accumulation de coups a-t-elle permis d'accéder à un niveau
dit de " Grand Poète " ?
Le poète lui-même généralement le prétend, la critique parfois.
474
- Le coup poétique
*
Une charge combinatoire synthétisée d'évocation et de sensibilité.
Le vrai sur du court ---)
Le oui-autrement.
Nécessite une grande part d'intuition et de travail de l'inconscient.
Action de l'esprit.
L'identité personnelle liée à l'introspection.
*
Les ratés prédestinés dont parlait Stéphane Mallarmé...Il est
quasiment impossible d'espérer en utilisant l'outil poétique de
parvenir à crédibiliser son œuvre auprès d'autrui. Par autrui, j'entends
le public, l'éditeur, la famille, les proches ou soi-même également.
En vérité consciemment ou à notre insu s'opère l'œuvre qui elle
prouve avec certitude et de manière irréfutable que les applications
littéraires ont fait gain.
475
La transmission du produit n'assure en aucun cas la crédibilité de
l'auteur. Mais que faire ? Faut-il se lamenter, se plaindre ou gémir ? Ou
puiser en soi une énergie toujours renouvelée qui offre une construction
durable et certaine du travail obtenu ?
Poésie : faible et peu.
*
Accélère et amplifie.
*
The poetry attitude. L'esprit de la poésie ! Quelle audace ! Quelle
outrecuidance ! Comment peut-on se prévaloir d'en pouvoir discourir ? La
poésie aux mille têtes, aux mille faces, d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
Au-delà des temps, des civilisations, des frontières - s'associant à la
peinture, à la philosophie, à tant d'autres disciplines encore, si libre et
mouvante, rigoriste ou lyrique. Qu'est-ce que la poésie ?
476
Il faut donc ouvrir les Pléiades, les Collections, écouter les
chanteurs, écrire soi-même des poèmes. Car la poésie est affaire
d'ensemble - elle est une immense mosaïque mondiale.
*
La poésie de la fin des années 70 n'était pas spécialement une poésie
de l'amitié ou du relationnel. Elle était une poésie de la formation, de
l'extraction et de l'apprentissage dans les Anciens.
Je fouille sur Internet, et je trouve un article d'Esteban consacré à la
poésie Française 50, 60,70. S'y débattent plus d'une centaine de
poètes publiés. Que seront-ils dans 30 ans ? Dans un siècle ?
Des milliers de personnes ont participé directement ou indirectement
à l'activité littéraire contemporaine en France. Elles prétendaient,
savaient, persiflaient, ironisaient, rejetaient les petits médiocres qui
honteux ou piteux leur offraient leurs recueils. Quelles traces
laisseront ces personnes ?
Puis une liste de 120 poètes plus solide composée de valeurs
certifiées : Bonnefoy, Bosquet, Butor, Césaire, Chédid, Deguy,
Esteban, Frénaud, Glissant, Guillevic, Jaccottet, Bernard Noël,
477
Pichette, Pleynet, Reda, Jean-Claude Renard, Claude Roy, Sabatier,
Stéphan, Tardieu, Thomas etc.
Qui seront les grands poètes ? Utiles, indispensables ? Qui ?
Et d'autres peut-être, rejetés, oubliés, seulement connus de l'Au-delà
possédant la certitude du futur...
*
Nul résultat poétique n'est possible sans assistance financière. Il est
vrai que certains poètes n'écrivent que fort peu, et sans difficulté
aucune peuvent exercer une activité autre.
*
Poète travaillant avec des livres - des Pléiades, des génies, de grands
auteurs, du phosphore concentré dans un volume, mais pas poète de
civilités, de causeries, de relations artistiques -
- poète de chambre, de tour d'ivoire, replié sur soi-même, à la pensée
réflective - Avec le temps, mon comportement changera-t-il ?
478
*
J’ai trouvé sur Internet l’esquisse d’un travail d’étudiant qui cherche
à classifier les différentes formes de l’imagination. Il s’appuie
également sur un ouvrage assez complexe : Les structures
anthropologiques de l’imaginaire chez Denod. Je reproduis ici
l’endroit référencé.
1992 Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Dunod, 11ème
édition, Paris, pp.480-491 La thèse de Durand est ambiguë : à la fois il
dit que le matériau qui porte les images, est inerte "le sémantique se
défait, ou se durcit en sémiologique" et aussi il dit que les figures de
style participent au dynamisme général. "La rhétorique est bien cette prélogique,
intermédiaire entre l'imagination et la raison" Voici quelques
citations donc, qui vont structurer mon travail :
"Il nous faut revenir maintenant sur ce trajet, dans lequel le
sémantique se défait, ou se durcit en sémiologique, dans lequel la
pensée se fige et se formalise. Nous avions déjà remarqué la place
qu'occupe le langage dans ce processus de formalisation, nous avons
vu que la syntaxe est au fond inséparable du sémantisme des mots.
Mais c'est maintenant que nous pouvons dégager la signification
479
d'un tel phénomène : le discours nous apparaît entre l'image pure et
le système de cohérence logico-philosophique qu'elle promeut,
comme un moyen terme constituant ce que nous pouvons appeler,
puisque nous avons adopté une terminologie Kantienne, un "
schématisme transcendantal ". Autrement dit, c'est la rhétorique qui
assure le passage entre le sémantisme des symboles et le formalisme
de la logique ou le sens propre des signes. Mais ce schématisme,
bien loin d'être selon la définition kantienne une " détermination a
priori du temps " est au contraire une détermination a priori de
l'anti-destin, de l'euphémisme qui va teinter, dans son ensemble,
toutes les démarches de formalisation de la pensée. La rhétorique est
bien cette prélogique, intermédiaire entre l'imagination et la raison.
Et ce rôle d'intermédiaire entre le luxe de l'imagination et la
sécheresse syntaxique et conceptuelle se manifeste par la richesse de
la rhétorique. […] Autrement dit, le mot n'est réel que parce que
vécu dans un contexte expressif, engagé dans un rôle métaphorique,
le sémiologique n'a de valeur que par référence au stylistique
d'abord, et finalement au sémantisme, non l'inverse. Et cette "
translation " élémentaire de toute rhétorique n'est rien d'autre que la
propriété euclidienne de translation, car la rhétorique comme la
logique s'exprime et se pense en termes d'espace. Comme c'est
l'espace qui est la forme de l'imaginaire, de l'anti-destin, c'est la
métaphore qui en est le processus d'expression, ce pouvoir qu'a
480
l'esprit, chaque fois qu'il pense, de rénover la terrminologie, de
l'arracher à son destin étymologique. Arrêtons-nous de nouveau à
l'antithèse et à son corollaire rhétorique l'hyperbole et son cortège
de pléonasmes. Nous avions déjà montré comment au sein des
structures schizomorphes s'esquisse cette rhétorique antithétique et
la logique diaïrétique de l'exclusive 1. Nous avions vu que l'exclusive
antithétique s'installe dans la représentation par grossissement,
hyperbolisation des symboles figuratifs des " Visages du temps ".
Cette exclusive issue d'un régime polémique de la représentation,
fondé sur la Spaltung, est l'âme de l'argumentation socratique,
platonicienne, aristotélicienne aussi bien que cartésienne 2, et hante
de son manichéisme implicite la majeure partie de la pensée de
l'Occident C'est pour cette raison de coutume et d'autorité que
Bleuler considère le style dualiste du " malgré que" comme normal
par rapport aux autres styles de pensée. Mais nous allons une fois de
plus montrer que le processus euphémisant par antithèse et
hyperbole n'est pas l'apanage de la saine raison. N'avions-nous pas
déjà constaté les penchants pathologiques du rationalisme 4? Nous
allons voir comment, en s'exprimant, le Régime Diurne de
l'imagination achemine l'expression vers une rhétorique dont les
figures classiques d'antithèse et d'hyperbole ne sont qu'une espèce de
condensé formel. […] La figure expressive, et spécialement la figure
de rhétorique, est la réduction à une simple syntaxe, de cette
481
inspiration fantastique profonde, dans laquelle le sémantisme se
dépouille peu à peu du contenu vécu qui l'anime pour se réduire
progressivement à un pur procédé sémiologique et à la limite forme
l: car un " dessin" est déjà sur les marches du signe et l'on sait
comment on glisse de l'expression pictographique à des moyens
d'expression de plus en plus formalisés. Quant aux structures
mystiques elles nous dévoilent le style de l'antiphrase, de
l'euphémisme proprement dit. Nous ne reviendrons pas sur la genèse
de l'antiphrase par le procédé de redoublement des images et la
syntaxe de double négation. Alors que le style de l'antithèse
découpait dans l'espace fantastique le schème du retournement, c'està-dire
de la symétrie simple par rapport à un axe, le style de
l'antiphrase et la syntaxe de double négation dessinent le schème de
la symétrie dans la similitude : L'on peut induire en effet toute une
géométrie du redoublement des figures à partir de l'imagination de
l'emboîtement des images. Mais le style de l'antiphrase garde la
trace sémantique du processus de double négation, il est le triomphe
stylistique de l'ambivalence, du double sens. C'est en même temps et
sous le même rapport que les épines de la rose deviennent
messagères du parfum. Il n'est pas besoin d'insister sur les esquisses
pathologiques d'un tel style que Bleuler admet d'emblée comme le
style pathologique par excellence.[…] Ainsi par la rhétorique et ses
figures nous voyons peu à peu se défaire le sémantisme du figuré.
482
Domaine intermédiaire, la rhétorique est elle aussi le lieu de toutes
les ambiguïtés. C'est peut-être la raison pour laquelle son étude a été
négligée au profit des épistémologies qui semblaient s'intéresser aux
processus formels dépositaires de l'exclusive, à la logique et aux
mathématiques. Et c'est au moment même où l'imagination tombait
en discrédit dans la pensée occidentale que le terme de rhéteur
devenait lui aussi péjoratif..." Gibert DURAND 1992 Les Structures
anthropologiques de l’imaginaire, Dunod, 11ème édition, Paris,
pp.480-491
*
Autant produire, travailler, écrire me semblaient fonctions utiles,
autant rencontrer, tournoyer autour des uns et des autres
m'apparaissaient actions superficielles ne débouchant jamais sur
quelque chose de concret.
*
Peu de littérature étrangère, peu d'antiquité, peu de XVIIe siècle dans
les Lettrines de Gracq.
483
*
Je suis avec les poètes, avec leurs œuvres, avec leurs génies mais je
ne suis pas avec leurs personnes. Ce qu'ils sont m'indiffèrent. Ce qui
m'importe, c'est ce qu'ils font.
L'état poétique se caractérise par une excitation de l'esprit nécessitant
des applications de langage - c'est un besoin d'applications.
Percevoir le monde par la sensation est un principe incomplet - ce
rapport entre les choses ne s'obtient pas dans la lucidité réelle mais
dans une approximation de vibrations.
Les choses telles qu'elles m'apparaissent.
En vérité, je fabrique de nouveaux rapports entre les choses - c'est
audace, risque, extrapolations. Je n'ai aucune certitude que ces
combinaisons de langage, d'accords nouveaux puissent plaire, -
répondent à un possible reconnu par Autrui.
- Ceci est tentative, du donner à voir. Je vous l'offre, cela vous
conviendra-t-il ?
484
Déterminer les limites de ses forces cérébrales.
L'outil poétique ne serait qu'un moyen d'applications et de
vérifications.
La nature ou le support étudié, un prétexte assez insignifiant. Le
contenu poétique serait de faible portée. L'intérêt résiderait dans la
valeur du résultat obtenu.
Actuellement la poésie m'apparaît comme étant affaire de langage -
c'est-à-dire de constructions grammaticales autres, elle n'est plus
analogie, correspondance, substitution d'un monde observé à un
monde idéal.
Ma pensée va aux algébristes - et je pense à Pindare, Rimbaud,
Mallarmé, Char, Celan, Zanzotto, Deguy et autres...
Je pense post-mallarméens.
De grands espaces de croissance m'apparaissent possibles.
485
Poésie serait la fabrication d'un monde possible, impossible, - serait
une extrapolation de l'imaginaire. Elle propose la vision d'un monde
reconstruit avec du langage humain.
Elle est une situation pensée par l'application humaine. Elle n'est en
rien une vérité - c'est un principe de subjectivité.
Elle est caresse, évasion, délire, extrapolation etc.
Elle se définit par le langage, par le rapport des mots aux autres mots
dans le champ limité du poème. Au-delà de ce champ, le vrai peut
être différent.
Le lecteur est celui qui dit : oui à cette vérité limitée.
Si le lecteur dit non, le poète peut toutefois avoir raison.
Elle serait l'expression de
---) L'Unité fondée sur l'analogie (?) Elle exploiterait le principe des
correspondances pour la déterminer et l'expliquer ? Cette théorie
romantique reprise par Baudelaire m'apparaît aujourd'hui avec les
486
progrès réalisés dans les découvertes de la physique totalement
obsolète.
Le langage complexe serait plus encore la représentation de l'activité
mentale des neurones et des synapses - c'est-à-dire du système
nerveux - langage parfois incohérent, difficile avec des sauts, des
illusions, des structures étonnantes encore à considérer.
Dédale verbeux : quels sont les mots qui peuvent s'associer les uns
aux autres ?
Travail de la mémoire avec incohérence pour prendre le risque
d'arranger après sélection différents éléments.
Le langage complexe serait une représentation de l'activité de l'esprit.
19 02 2001
*
Mort de Charles Trenet.
487
Essentiellement sa période 36 - 58, puis la créativité devient moins
crédible.
Le père de la chanson qui a été cherché le Swing, là-bas.
Immense poète populaire.
La mer : 4000 versions !
L'Académie française a refusé Charles Trenet !!! Quand je considère
l'amour qu'il a prodigué à la France, à ses villages, à son patrimoine,
à ses traditions, ce refus est misérable.
*
Le vrai des entités - des poètes de la Pléiade qui jamais ne m'ont
quitté. Les œuvres constamment devant mes yeux - à comprendre, à
reproduire, - s'inspirer de, dans -
*
Problème de jeunesse - 78 ----) Comment Rimbaud, Radiguet,
Lautréamont ? Comment ?
488
Produire, extraire, appliquer, imiter et survivre à la mort,
poursuivre au-delà. Comment ?
*
L'idée serait d'avoir à sa disposition les cinq cents plus grands
poètes du monde, les cinq cents plus grands écrivains, romanciers,
philosophes etc.
Un immense patchwork - œuvres principales ou complètes - et
de travailler avec ces outils exceptionnels - pour comprendre,
apprendre et appliquer.
*
Le talent est de l'habillage. Le génie doit être débarrassé de sa
gangrène pour être mieux utilisé par les générations futures.
Il faut transmettre du dépouillé nouveau, utile.
489
*
Écrire est essentiel, paraître poète ridicule. Paraître ? - Ce sont des
foutaises de représentations, des amabilités de civilités. En vérité,
ceux qui ne possèdent qu'une faible énergie mentale se divertissent
de l'habillage littéraire, mais de fond cérébral il n'en est point.
Cette réflexion est à nuancer car grand nombre de littéraires
parviennent dans le relationnel à extraire quantités d'informations
utiles à l'élaboration de leurs propres œuvres.
*
Bukowki, c'est un libérateur,
Tu te laisses aller
Tu ne t'occupes pas de savoir si ça te gène ou non,
si ça te bloque
Voilà tu écris - sans te soucier du refus,
de ta morale, de ton interdit - tu y vas
et justement parce que tu y vas, tu trouves
des choses différentes, nouvelles -
Bukowki, c'est Céline en plus -
490
C'est également la pensée brute de l'esprit
sans nettoyage, sans refonte, sans reconsidération.
Bukowki, une sorte de Villon des temps modernes -
un cousin d'Amérique de Gainsbourg.
*
Je n'étais pas un poète de l'amitié, du relationnel artistique, de la
fréquentation. Je ne vivais pas au milieu d'une cour d'artistes. Ma
poésie n'était pas contemporaine - c'était essentiellement une volonté
d'obtenir une œuvre ----) CAD la recherche d'une puissance
d'applications avec ses forces et ses faiblesses.
Mon royaume était la Pléiade, les génies, les grands poètes morts
et contemporains du monde entier. C'était une immense fresque
composée d'êtres exceptionnels.
On me taxera de sauvage, de casanier - j'ai aimé les poètes mais
autrement pour les résultats obtenus et non pas pour le copinage
poétique. Je ne parvenais pas dans la discussion
à trouver du matériel intellectuel intéressant, matériel que j'obtenais
aisément dans les ouvrages ou les recueils.
491
*
Écrire de la poésie quand les autres travaillent... Sentiment
d'inutilité, de culpabilité, de honte.
Encore... Comment transmettre son produit poétique à autrui ?
*
J'imagine une anthologie de la poésie mondiale qui comporterait -
disons - 500 grands poètes -
Latins, Espagnols, Français, Anglais etc. depuis le début des temps.
*
Le rapport à autrui.
La considération de l'autre dans le développement du Moi.
Moi sans l'Autre n'existe pas.
Recherche du Moi sur l'Autre.
" Assis sur les épaules des géants "
492
Les combinaisons, les synthétisassions, les exploitations des Autres
pour devenir Soi.
Prélever des parts d'Autrui, - les dériver, se les approprier.
Mais est-ce Autrui, ce mâché remâché reconsidéré ? N'est-ce point
travail de l'esprit
avec rejet, dérivabilité, symbolisation, simplification, rajout ?
----) La part de l'Autre !
*
Rien ne distingue un poète d'un autre poète. Qui est-il ? Que vaut-il ?
C'est l'expectative
la plus absolue, l'ignorance totale.
Certes il y a quelques plaquettes. Mais est-ce possible de juger de son
aptitude avec ces trois essais ? C'est donc l'amitié, le degré de
sympathie qui permettra de prétendre déterminer la capacité de
l'auteur.
Certains, séducteurs, se frottant avec beaucoup d'amabilité
parviennent à se crédibiliser auprès d'autrui. Combien de temps dure
493
la rosée ? car tout s'évapore aux premiers rayons de soleil, à la
lumière du temps.
*
Moi qui ai tant aimé les œuvres, je me demande encore pourquoi je
n'ai jamais su attacher de l'importance aux hommes ! Je veux dire aux
poètes, à leur personne, à leur contact, à leur 3D.
Baudelaire vivait parfois à mes côtés quand tel poète montalbanais
n'était qu'un quidam.
Des catalogues, des Pléiades, des collections mais de littéraires
jamais ! - Pourquoi ?
*
Que puis-je espérer ? Quelles sont les limites permises par ma
potentialité ? Ici-bas, qu'est-ce ?
En synergies d'intelligence avec sélection.
Le chemin, le choix, l'utile - malaxés dans une variabilité personnelle.
494
*
Poète de l'ombre, poète de l'œuvre, caché, en dehors de la structure
littéraire d'accueil - cherchant à construire - à se construire.
Poète ou écrivain travaillant avec des outils-Pléiades, des listings de
catalogues, essayant d'exploiter l'énergie d'autrui, se frottant - c'est ça :
agissant également par aimantation - synthétisant, dérivant, proposant
une condensation de la page relue.
Je crains le plus souvent de m'embourber dans des structures
littéraires où il faut se taire, se faire discret, attendre poliment, ne pas
être tireur de couverture, rester humble, modeste, - en rien se
prévaloir de sa personnalité, écraser en vérité.
Jamais sur ma première période, je n'ai souhaité rencontrer de jeunes
poètes ou de jeunes écrivains. Le tutoiement y est de rigueur. : " Tu
as tort. Tu es comme nous. Tu te prends, mais en vérité, il n'y a rien
dans ton travail. Reste modeste " etc.
J'avais besoin d'appliquer avec des auteurs exceptionnels - Rimbaud,
Radiguet, Lautréamont et d'obtenir à ma manière des résultats
littéraires. L'œuvre de jeunesse est faite :
495
Une vingtaine de recueils, un Journal, un roman, une pièce de théâtre,
des exercices techniques.
Sera-t-elle comprise ? Est-ce réellement l'essentiel ? Un autre travail
m'attend - c'est l'œuvre de l'adulte, et je m'y attelle sérieusement.
*
La crédibilité de la compétence passe par la reconnaissance de l'écrit.
*
En poésie, le talent n'a pas d'avenir. En revanche, le génie a de la
durée - une certaine durée.
*
Je viens d'apprendre la mort d'André du Bouchet par Internet. Aucun
média n'en avait ailleurs fait allusion. J'attache une grande
importance à sa disparition. Je travaille actuellement sur un recueil
dont le titre pourrait être Pensées sculptées influencé par son style et
son contenu : l'ajour.
496
Page d'accueil d'un site consacré à André du Bouchet :
D’entrée de jeu, quand on ouvre les livres de poésie d’André du
Bouchet, une certaine logique de l’objet imprimé surprend : le
format du livre, exceptionnellement vaste : le blanc des pages occupé
par le texte de façon lacunaire, une apparence de blanc inondant,
couvrant - entre les lignes, entre les mots, entre les lettres même - ;
l’absence d’indication de genre littéraire et de pagination... De cette
première vision procède le sentiment que, sur ces pages, ce sont des
restes du poème qui ont traversé on ne sait quels conflits. En même
temps, ces “ vestiges ” construisent l’espace de la page, ils lui
donnent sa monumentalité propre.
Cette impression court tout au long de l’œuvre : Dans la chaleur
vacante (1961), Ou le soleil (1968), Qui n’est pas tourné vers nous
(1972), Laisses (1979), L’Incohérence (1979), Rapides (1980), Ici en
deux (1986),...désaccordée comme par de la neige (1989), Axiales
(1992).
On sait d’André du Bouchet que son activité universitaire, qui s’est un
temps exercée aux États-Unis, n’a pas été possible sans le maniement
497
conceptuel de la langue anglaise. La langue française, en revanche, qui
est celle de sa poésie, serait celle du “ rapport sensible. ”
“ En français, dit-il dans un entretien, collant à ce que j’éprouve, je suis
sans maîtrise. ”
Il s’agit là d’une volonté de quitter le texte discursif et clos, pour
aller “ vers (son) risque ” selon le mot de René Char, et selon le
désir fréquemment exprimé par les auteurs contemporains. Citons un
morceau de Laisses qu’il est possible de reproduire sans trop de
trahison typographique : J’aime / la hauteur qu’en te parlant / j’ai
prise / sans avoir / pied.
La syntaxe, ici, n’est qu’à peine rompue par le découpage des vers.
Ailleurs, elle est, le plus souvent, mise à mal par la fragmentation,
par la fulgurance lacunaire qui peut être le propre d’un éclair de
langage ou bien l’effet d’un retranchement - écart, déchirure, éclat,
perte : J’écarte - pour l’éclat. / [...] / ... coupant dans le muet.
L’écriture d’André du Bouchet, comme le dit Pierre Chapuis, “ est
concentration et abandon, action tant menée que subie, présente et
non représentée, incontrôlée foncièrement, quelque désir qu’on en
ait, hâtive et exigeante, toujours en avant d’elle-même ”. Une
écriture aux antipodes de la spontanéité ou de l’automatisme, bien
qu’elle revendique l’absence de contrôle. Cette contradiction fait
498
tout le prix des textes d’André du Bouchet qui sont bien à l’image du
mode de lecture qu’ils exigent : moment d’affût, de marche et de
vacance, de retour, d’arrêt (au sens de la tension maximale du chien
de chasse, ou de celle de la main du dessinateur).
Mais c’est là surtout une poésie du concret, de la matière brute, des
éléments et de leur relation : la terre, l’air, la pierre sèche, la
lumière, l’eau. Le monde se fonde sur des constituants tenus pour
essentiels et qui incluent dans leur substance les mots qui les
nomment. Ces derniers sont traqués, dirait-on, jusqu’à ces instants
où ils cessent précisément d’être signes, pour incarner une recherche
prométhéenne de la poésie (songeons à Francis Ponge) qui n’est pas
sans dispenser quelque effroi : ... poème qui effraie comme l’air.
Cette avancée dans le vide propre à l’espace poétique est
constamment doublée par une méditation sur l’art (Giacometti dans
Qui n’est pas tourné vers nous, Tal Coat dans peinture, 1983) et par
une pratique de la traduction (le Joyce de Finnegans Wake , mais
surtout Hölderlin et Celan).
Une écriture aux antipodes de la spontanéité ou de l’automatisme...
499
...une poésie du concret, de la matière brute, des éléments et de leur
relation : la terre, l’air, la pierre sèche, la lumière, l’eau.
19 avril 2001, 21 h 17
La ministre de la Culture Catherine Tasca a salué jeudi en André du
Bouchet, décédé jeudi dans la Drôme à l'âge de 77 ans, ''l'un de nos
plus grands poètes'' et un ''admirable serviteur de la langue
française''.
''Il y a maintenant un demi-siècle, ce grand ami de Reverdy, de Tal Coat,
de Giacometti, s'était lancé à corps perdu dans l'aventure poétique'',
souligne la ministre. ''Depuis son premier recueil, il n'aura cessé
d'approfondir le mystère de la parole, et de l'éclairer pour nous dans
une œuvre dont l'exigence l'apparente bien souvent à Mallarmé. ''
Rappelant également son travail de traducteur, Mme Tasca observe
qu'André du Bouchet était ''un poète sans cesse à l'écoute de cette
voix unique qui, par-delà les siècles et les frontières, parle aux
poètes du monde entier.''
Né en 1924 à Paris, André du Bouchet, partageait son temps entre
Paris et la Drôme, délivrant une œuvre rigoureuse, mariant une
écriture opposée à la spontanéité à une poésie sensible.
500
En 1966, il avait également participé à la création de la revue
L'Ephémère qu’il dirigera jusqu’à son ultime numéro en compagnie,
d’abord, de Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, Louis-René des Forêts et
Gaétan Picon, que rejoindront Paul Celan et Michel Leiris.
Outre des écrits poétiques, notamment ''Dans la chaleur vacante''
(1962), il avait publié des traductions, allant de Shakespeare à
Joyce, en passant par Holderlin, et des méditations sur l'art
(Giacometti dans ''Qui n’est pas tourné vers nous'', Tal Coat dans
''Peinture'').
André du Bouchet, de la "poésie suspendue" au fracas des mots
PARIS, 19 avr (AFP) - Une parole tantôt suspendue, tantôt roulant
en éboulis jusqu'au fracassement, telle est la poésie abrupte,
émaciée, "montagnarde" d'André du Bouchet, Grand prix national
de la poésie (1983), mort jeudi à l'âge de 77 ans.
Auteur de quelque 25 recueils d'une rare exigence, assumant le
risque d'être incompris du plus grand nombre, André du Bouchet
était aussi un traducteur respecté de l'anglais (Shakespeare, Joyce),
de l'allemand (Holderlin, Celan) et du russe (Mandelstam).
Considéré par ses pairs comme le vrai continuateur de Mallarmé par
la signification de sa démarche qui faisait de la poésie "non le
501
poème, mais la tension même vers une parole", il évoquait le silence,
la tension sourde ou le fracas des éléments.
Dans sa vie, comme dans ses livres, le verbe était rare, précis.
Depuis la publication de son premier recueil, "Air", en 1951, André
du Bouchet était hanté par le souci de "peser de tout son poids sur le
mot le plus faible jusqu'à ce qu'il éclate et livre tout son ciel".
Ami du poète Reverdy, il était aussi l'intercesseur des peintres Bram
Van Velde, de Tal Coat et de Giacometti, avec la conscience aiguë
que l'évidement des formes, les blancs, les espaces, rendaient ces
formes plus percutantes encore.
D'où des recueils, non paginés, ponctués de blancs pour évoquer le
cheminement de mots, parfois isolés, qu'il lançait comme des flèches,
avant de les faire éclater, en constellations, ou en "éboulis".
De "L'Incohérence" à "Laissés", en passant par "Dans la chaleur
vacante" (Prix des critiques en 1961) ou ses "Carnets", les images
empruntent au mouvement et aux éléments leur "pouvoir
rudimentaire": l'eau, le glacier, la paille, les cailloux, l'air, la masse
terreuse.
Le mot, la langue ou plutôt les langues (apprises auprès de
gouvernantes allemandes, d'un grand-père paternel américain, d'une
grand-mère maternelle ne parlant que le russe et le yiddish) s'étaient
emparés dès l'enfance d'André du Bouchet, né à Paris le 7 mars
502
1924. En 1940, il fuit la Normandie pour Pau, emportant pour seule
lecture le dictionnaire de grec "le Bailly".
Puis, il s'installe aux Etats-Unis, devient bachelor, puis master of
arts à Harvard en 1948, rencontre Reverdy, dont l'influence marque
ses premiers pas en écriture. De retour en France, il participe, de
1966 à 1971, à la revue l'Ephémère dont le premier numéro est
consacré à Giacometti, un ami proche.
Au début du mois d'avril, alors qu'il était alité, sa femme, la poétesse
Anne de Staël, avait fait une lecture publique de son dernier poème,
un hommage à Louis-René Des Forêts, disparu en janvier.
"S'il happe le mot, s'il se prend ou s'il s'en prend au mot en
l'émaciant, disait-elle alors, ce n'est pas pour le garder pour lui,
mais pour le rendre, le tendre au lecteur. Et pour lui, le don n'a de
sens que s'il est reçu, pleinement reçu."
*
" La figure mythique de l'éditeur toutes antennes déployées vers un
balbutiement littéraire est un vestige " - Jean-Marc Roberts Pratique
et métiers de l'édition.
Si le nouveau est dans l'écrivant, comment fait-on pour le reconnaître ?
503
L'expérience ne permet pas de critiquer de nouvelles singularités.
Il y a des viviers de singularités où les esprits underground
convergent.
*
La poésie est également un extraordinaire laboratoire de langage où
le doute, le risque et l'interdit sont de mise. Le poète, dans sa liberté
absolue, associe, déplace et repense l'ordre de son vrai - vrai qu'il
sera le plus souvent le seul à comprendre. Génie parfois pour les
générations futures, ennemi de ses contemporains, il dirige son
propre orchestre de son idéal réinventé, chef d'orchestre sans public
aucun.
Le grand malade, le grand souffrant, l'éternel incompris etc...Mais
certains atteignent l'essence du langage et se placent dans la
hiérarchie des littéraires aux premières places, devant les romanciers
et les écrivains qui passent pour des baratineurs ou des accumulateurs
de lignes.
Pindare, Baudelaire, Mallarmé, Verlaine, Valéry, Perse - essence de
langage, lente macération pour accéder à un objet unique et sublime !
504
Et quel esprit de sélection, de choix, de refus - conscient ou
inconscient - de subtile application pour enfin obtenir dans quelques
occasions de leur vie le joyau hautement ciselé !
*
La crédibilité contemporaine est-elle gage de haute poésie ?
Paroles de sauvage
Ce n'est pas un problème de relationnel avec les poètes, c'est un
problème d'utilité du contenu.
La question se pose de cette façon : avec quels auteurs de qualité
puis-je travailler ? J'ai besoin de leur substance pour comprendre,
appliquer, dériver, exploiter. Quel langage me permettra de trouver
des solutions de progrès ou d'avancée poétique ? Puis-je prétendre
d'ailleurs en être capable ? Ne suis-je pas avant tout un piètre
applicateur de troisième catégorie ?
*
505
Faut-il se complaire d'un m'as-tu vu, d'un oui, je fais des ronds de
jambes, de sourires faussement naturels ?
Quand je considère la richesse inépuisable de la civilisation, -génies
de toutes sortes - grands scientifiques, grands artistes et grands
hommes - je m'inquiète de savoir ce que je puis tirer de
communications locales et de manifestations littéraires qui en
découlent.
Comment gérer cette immensité ? Cette richesse inouïe ? Tous ces
êtres remarquables qui mériteraient quelque attention, l'on ne peut
leur concéder que quelques instants de reconnaissance. Faut-il
espérer tout lire, tout comprendre, tout intégrer ? Quel chemin
personnel balisé par sa propre expérience semblerait le plus judicieux
à emprunter ?
Que représente la biographie dans l'œuvre d'un auteur ? Trois fois
rien. L'on ne s'inquiète pas de savoir si tel poète, dans l'obligation
d'exercer une activité professionnelle a pu en faire pâtir son œuvre.
Ne restent que les recueils.
*
506
Pourquoi préfère-t-on s'intéresser à un poète mort ? Tout simplement
parce qu'il est plus aisé de le toiser avec sa complète, avec ses forces
et ses faiblesses, avec sa finitude en réalité. De son vivant, l'on ignore
ses limites, ses aptitudes réelles.
*
Déstructurer, restructurer le langage autrement.
*
Les poètes se prétendent exclus, - ils ne le sont pas. Les éditeurs ont
fait des efforts surprenants pour mettre à la disposition du public des
œuvres exceptionnelles à prix modique. Mais le public ne lit que fort
peu, ou lit à sa suffisance. Quand ont été intégrés les grands poètes de
la Pléiade, écouté les poètes chanteurs, -quand les autres façons de
concevoir la poésie - cinéma, publicité, nature, revues etc.. ont été
exploitées, les amateurs de lecture saturés d'images n'ont plus guère
envie d'acheter encore de nouvelles structures grammaticales
compliquées et illisibles.
507
Avec 200/300 poètes, l'on parvient à construire sa suffisante
bibliothèque mentale. Quelle place reste-t-il pour les nouveaux
auteurs ?
*
" dans le calme écrasé des cavernes et des naufrages
phosphorescents, où fusent et lévitent des soleils captifs " (Georges
Duthuit)
Les livres m'ont considérablement instruit. Le contact des poètes ne
m'a été d'aucune utilité. Le génie, la richesse, l'essence optimisée se
trouvaient dans les recueils pour un prix modique.
*
Le critique dit à l'artiste : que votre pensée tende vers la mienne.
Frayer avec des poétereaux et des écrivaillons. Va te frotter à la
canaille littéraire !
508
Poulet-Malassis a trouvé Baudelaire, mais a refusé Lautréamont qui
souhaitait que ce dernier voulût se charger de la vente du Premier
chant en Belgique et en Suisse.
Sur les traces de Lautréamont, en Uruguay de Mai à Octobre 1867 - il
ne reste rien.
Satanisme, cruauté, vices, exhibitions délirantes et démoniaques, -
Maldoror, l'antihéros, pervers et démoniaque !
L'on pense parfois à Goya, à Sade, à Baudelaire, à Nietzsche, à
Bacon pour comprendre le personnage Lautréamont.
Existe-il une étude psychanalytique de Lautréamont ?
*
Faire poète : se fourvoyer dans l'inutile pour y chercher le mépris et
l'humiliation.
Agiter une paille dans un verre d'eau :
- Regarde, on dirait des vagues !
509
(Avec de l'eau gazifiée, le problème ne se pose pas.)
*
La supplique littéraire :
Va-t-il me reconnaître ? Ai-je ? Sera-ce suffisant ? Comment faut-il
faire ? Supplier, espérer ?
...Le zèle avec de la retenue.
Poésie
Bien malin qui pourra prétendre savoir ce qu'il en sera de la poésie,
de son avenir, de ses sujets, de ses techniques d'applications et mieux
encore des poètes qui la produiront.
Je crains que les structures poétiques lentes et incapables, écrasées
par l'opacité de la critique évincent des auteurs de haute qualité
quand certains esprits remplis de zèle littéraire mais dotés de faible
compétence parviendront à se glisser dans le gotha du moment.
510
Il va s'en dire que cette canaille littéraire, sobriquet dont les affublait
Baudelaire n'a la durée que de la rosée et disparaît au premier soleil
de la vérité.
Mais la place est prise, la parole acerbe, et celui qui n'est pas doté
d'un pourtour de langage ou qui préfère ne pas polémiquer se
retrouve exclus ou renvoyer aux rencards de l'indifférence.
*
Le milieu poétique ne m'attire pas du tout. La structure poétique
m'apparaît obsolète, remplie de maniérisme, se caractérisant par ses
insuffisances d'actions. Tout y est difficile, rien n'est possible.
Lenteurs, butées, blocage, système hiérarchique interdisant l'avancée
rapide, l'extension ou la croissance. Principe de préférencialité basée
sur le vieil âge etc.
Mon parcours solitaire se nourrit des plus grands génies de la
Pléiade, et non pas de cette solidité de sable contemporaine.
Il est vrai que quelques personnes vivantes demain seront
immortelles - il serait bon de les côtoyer - mais qu'importe ! Où sontelles
? Qui sont-elles ? Le travail de recherche risque de me coûter
511
fort en servitude zélée. Tant d'êtres supérieurs ayant produit hier ou
avant-hier m'attendent et sont prêts à m'offrir leurs œuvres pour
quelque francs !
Pourquoi irai-je m'enquérir de ces êtres vivants tandis que ma poésie
se nourrit exclusivement de poètes morts ?
Mais j'avance, et d'ici à peu les auteurs contemporains m'apporteront
certainement ce qu'aujourd'hui je trouve indispensable dans la
Pléiade ou dans ses éditions consœurs.
*
Notes pour Pensées Sculptées
Comment fonctionne l'imaginaire ?
le cerveau ?
Retour vers Neurosciences ---)
Comment perçoit-on son inspiration ?
Les applications poétiques sont-elles judicieuses ?
512
---) Meilleurs auteurs
---) Mécanisme cérébral optimisé ---) Peut-on changer son
mécanisme ?
Dupin ? Char ?
Mieux cerner les mécanismes de l'imaginaire.
Essayer d'approfondir. Eviter la superficialité.
Je propose également : comment j'organise la variabilité
d'applications.
Surgissements ~ lancées mentales - sorties hors du cerveau pour des
applications d'écriture.
Notions d'éjaculations mentales.
Mais Surgissements serait aussi la constatation d'ostensions de
résultats à l'insu du créatif lui-même.
Il recevrait un ordre envoyé par une partie de son cerveau, il serait
donc obéissant ---) ne ferait que constater la finalité obtenue.
*
513
Toutes ces poésies au mètre, au kilomètre, - les mêmes roses, les
mêmes structures grammaticales - je pense aux peintres du dimanche
- Mais que faire ? Comment déstructurer ou restructurer le langage ?
Comment proposer une nouvelle poétique ?
"... Les épées étincelantes constellent mon Aura. Le Moi s'impose ou
dort dans les méandres de la nuit. Jaillissent encore les feux
insoupçonnés de la Raison qui véhiculent çà et là de rougeoyantes
couleurs. Et moi dans le Néant de mon impureté, je jouis
cyniquement espérant encore quelques éclats d'humeur..."
Faut-il proposer de la Symbolique abstraite ?
*
À quoi peut bien servir de tenter de se crédibiliser auprès des
hommes ? Quel privilège réel puis-je espérer en tirer ? Je crains de
devoir tourner, tourbillonner, agir avec zèle pour trois pacotilles
insignifiantes.
Je focalise mon attention et je persévère avec cette volonté de
construire mon œuvre, d'en solidifier les parties faibles et d'en espérer
de nouvelles extensions.
514
Je vois les uns et les autres s'escrimant à plaire avec trois petites
plaquettes entre les pinces, souriant, essayant de séduire l'Autre -
CAD l'éditeur bourreau ou critique foudroyant - mais plus reconnu
par sa force extérieure que par son contenu en vérité.
Il est vrai que mon tout s'en retournera au rencard de l'indifférence,
dans les oubliettes du mépris. Mais que fallait-il faire ?
C'est avant tout un bilan d'œuvre que je puis justifier : 5 500 poèmes,
24 anthologies, une Bible de 100 000 alexandrins, un Coran, du
théâtre, un Journal important, des traductions latines, grecques et
religieuses.
*
Ce n'était pas une poésie de l'amitié, du relationnel ou de la
communication que je cherchais. Non, je travaillais avec des auteurs
décédés, disparus depuis fort longtemps, mais ô combien présents
dans mon âme. Il s'agissait pour moi d'apprendre, de comprendre, de
m'instruire, d'imiter, de déplacer, de repenser d'une nouvelle manière
ce qui avait déjà été accompli par d'autres.
515
Je n'étais point sauvage, coupable de marginalisation. Non, j'étais
préoccupé quotidiennement par mes exercices littéraires. Je n'habitais
pas le présent ni l'avant-garde. Je voulais embrasser l'ensemble de la
poésie qui commence mille ans avant Jésus-Christ et qui s'étale
jusqu'à aujourd'hui, au-delà de toute frontière et de toute civilisation.
- l'immense patchwork mondial !
Je cherchais à comprendre, à en tirer des forces, à en rejeter les
faiblesses.
*
En poésie, il n'y a pas de lecteurs, pas de spectateurs, pas d'auditeurs,
pas d'éditeurs - il n'y a que des poètes à peine imprimés, jamais lus -
et essentiellement des œuvres tombées dans le domaine public.
Les grands vainqueurs - ce sont les poètes chanteurs qui ont compris
ce qu'était la suffisance sentimentale perçue par tout un chacun.
*
516
Quand on entre dans le monde de la communication poétique, on se
trouve confronté à des problèmes de suffisance, de susceptibilité, de
préciosité, de mépris, de rejet, d'indifférence...
C'est un poison littéraire.
Les œuvres sont plus intéressantes que les auteurs. Elles sont
dépourvues de scories. Elles sont l'élixir, la synthèse, la purification,
l'optimisation de la potentialité intellectuelle du littéraire.
*
La dextérité du style de La Fontaine
*
Difficultés à extraire de nouvelles inspirations pour remplir
Résidences. Je m'appuie sur Paul Celan. Je prends l'habitude de ces
difficultés. L'esprit synthétise, dérive, rejette, refuse - et choisit
parfois des solutions fort déroutantes - faibles ou mièvres - mais cela
a été mâché, sélectionné par l'esprit ! - Je garde, mets de côté et
prétends que plus tard la critique personnelle comprendra ces choix.
517
*
Poésie d'œuvre mais non pas poésie d'amitiés, de rencontres ou de
relationnels ; poésie de livres, de génies.
Volonté de compréhension, de pénétration.
La méthode appliquée par l'Autre - par les Autres ?
*
Poésie personnelle. - Décoration de sa propre maison.
Comment faire un château digne d'être visité ?
*
Œuvre de jeunesse 78-79
Mon problème n'était pas de rencontrer des étudiants en première
année de Lettres ou de côtoyer n'importe quel écrivaillon sous
prétexte qu'il avait édité à compte d'auteur une plaquette poétique.
518
Non, mon problème était le suivant : comment Rimbaud, Radiguet et
Lautréamont s'y sont-ils pris pour obtenir un tel résultat en si peu de
temps ? Que puis-je espérer moi de ma jeunesse ?
Je devais donc imiter les meilleurs, tout en me souciant des résultats
obtenus par d'autres monstres de la littérature - Camus L'envers et
l'endroit, Gide avec ses débuts prometteurs, Valéry et Mallarmé avec
leurs poésies etc. J'étudiais les mécanismes de développements de ces
intelligences-là, tout en sachant qu'un coureur de fond n'a pas le
départ tonitruant d'un sprinter, que les courses et les rythmes sont
totalement différents.
Le système critique :
*
X pense X en regardant Y, et reproche à Y les paramètres manquant
en X.
*
Pas poète de public, pas poète de l'amitié. Poète admirant les œuvres
et le génie des autres, cherchant à imiter, à comprendre, à appliquer.
Poète de l'écriture avec les recueils-frères à mes côtés - références,
519
petits manuels d'imitation - sortes d'ouvrages de prières - bibles
restrictives...
J'avais tant à faire avec les génies et les grands poètes ! Il fallait
comprendre, intégrer, extrapoler, aller au-delà en mastiquant leurs
substances... mais de relationnels d'actualités, il n'en était point. Je
craignais trop de me fourvoyer avec de l'inutilité.
*
La toise du poète : le nuage qui passe.
*
Les pots valent plus que le potier. À quelles raisons faut-il rencontrer
les poètes et les écrivains ? Quels profits peut-on tirer de leur
relationnel ? Car tout est affaire de maniérisme, de suffisance et de
fabrication de personnage.
Je gerboie, tu gerboies, nous gerboyons...vouloir paraître, se donner
des façons et des apparences...Le livre est moins compliqué. Il est ce
qu'il est sans la poudre, sans l'habillage ou le zèle artistique.
Simple, épuré et droit...
520
*
Toutes ces manières superficielles qui cachent des fonds
insignifiants. L'apparat, le vernis, la prestance - la présence de la
prestance, - vouloir être là afin d'y être ! On ne sait jamais !
Quand donc comprendrez-vous qu'une œuvre bien pensée s'écrit dans
un bureau, dans une chambre fortifiée par une muraille de livres, loin
des regards incongrus ?
*
A la bibliothèque - ai pris deux ou trois exercices de Journal : Le lys
et la cendre de Bernard-Henri Lévy, Carnets en marge de Roland Du
billard et Avec le temps de Jean Daniel.
Ce qui différencie essentiellement les écrivains des poètes : les
premiers sont des expansionnistes, des conteurs, des hommes de style
à la plume qui coule ou court sur la feuille de papier. Tout est dans la
manière, le fond est le plus souvent anecdotique, et cela se lit
agréablement.
521
Les poètes compressent la pensée, la synthétisent, la contractent. Ils
sont donc plus difficiles à lire. Leur manière est plus rare, moins
facile d'accès. Ils veulent employer une grammaire nouvelle - l'ordre
des mots est appliqué autrement.
*
Comment peut-on réellement gérer l'immensité de la création
littéraire ? Cela semble impossible ! Des milliers et des milliers
d'auteurs ici et là produisent, éditent, appliquent des systèmes de
vérités d'écriture - On appelle l'ensemble - et cette désignation est
générique - La littérature contemporaine ! Cela est grandiose, audelà
des aptitudes de compréhension de stockage d’une âme
humaine.
*
Le temps passé à crédibiliser sa capacité poétique use l’aptitude
créatrice. L’intelligence consiste à comprendre l’inutilité de
l’impasse.
Aller, venir, rencontrer, papillonner autour des uns et des autres. Et
pour quelles finalités ? Que puis-je espérer d’autrui ?
522
*
Éditer des poètes, c’est imprimer du papier qui ne sera jamais ouvert.
Qui s’y essayerait ?
Il ne reste qu’à colporter une personnalité pour se prévaloir auprès
d’autrui d’être quelque chose ou quelqu’un.
L’habillage prévaut sur le contenu, et le fort en gueule s’esclaffe et se
prétend quand le discret ou le timoré pourvu de quelque valeur
s’éclipse et disparaît.
*
Le futur est-il post-mallarméen ? N’est-ce qu’une ramification du
futur ?
*
Le relationnel poétique m’est toujours apparu comme une sorte
d’emballage inutile, de pacotille de maniéré - de suffisance des uns et
des autres - de vernis de personnalité. Tout est donné à la façon mais
de fond il n’en est pas.
523
Celui-là se prévaut, se prétend, se croit grand et considère autrui avec
suffisance et mépris mijotant en lui-même : “ Je sais qui je suis. Celui
qui est à mes côtés est peu. Quelques brins de rejets, je juge avec
hauteur. ”
Tout est dans la parade et dans la façon. L’orgueil est affûté. Où cela
mène-t-il ? À des conflits superficiels de personnalité.
*
Ne pas être plutôt que d’être que cela - c’est-à-dire peu dans la
considération sociale. Alors le refus, le repliement, l’exclusion, le
choix du en dehors de. Et quoi ? Une immense activité intérieure.
Usines, ville, cité ou petite civilisation.
La volonté de progrès est plus difficile à atteindre que la volonté de
l’autrement. Le progrès en art, c’est ajouter sur le premier.
L’autrement c’est proposer une nuance variable dans un contexte
culturel. C’est un rajout de quantité mais de dépassement sur le
meilleur, il n’en est point.
S’estimer soi-même sans la considération d’autrui. - poètes, peintres,
artistes maudits et rejetés. Et constamment puiser au plus profond
524
l’énergie créatrice permettant de se surpasser, d’aller outre pour
accroître l’écart entre soi et la capacité de compréhension de l’autre.
*
Faut-il reproduire les caractéristiques de la poésie du XIXe siècle - le
grand malade, le maudit, l’exclus, l’incompris ?
Les poètes aujourd’hui sont certes marginalisés, mais ce sont des
îlotiers qui pensent. S’ils cherchent en eux-mêmes, les objectifs sont
publics : offrir une variable de sensibilité en exploitant un espace
personnalisé et unique.
A savoir si cette “ variable ” de perception convient aux autres, car
Autrui répond le plus souvent : Non à cette nuance poétique nouvelle.
525
TABLE DES MATIERES
Avant-propos
Extraits du journal 78-79
Extraits du Journal 80
Extraits du Journal 81
Extraits du Journal 82
Extraits du Journal 87
Extraits du Journal 88/89
Extraits du Journal 90/91/92
Extraits du Journal 93
526
Extraits du Journal 94
Extraits du Journal 95
Extraits du Journal 96
Éléments de réflexion
Extraits du Journal 97
Extraits du Journal 98
Rajouts 99, 00 et 01
527
LE POèTE INTERNE
528
Journal 2002
*
Étais-je absent ? Du moins j'étais présent et
accessible sur Internet.
... Peut-être des lointains incompris cherchant des
évanescences de l'être ~ des poètes désireux de capturer des
formes d'intemporel ou des substances rares émises par la
conscience...
*
Le refus, le rejet de l'autre, des autres avec
d'immenses pertes certainement ! - mais avec l'application
d'un principe, d'un système ou d'une méthode toute
personnelle qui fera gain ou se trouvera misérablement
oubliée dans les rencards du mépris. Mais que faire ?
S'entendre constamment dire : " Vous vous trompez.
Demandez conseil ailleurs. ", avec courtoisie certes mais cela
est dit. Ou poursuivre en soi-même l'aventure absurde ou
audacieuse. Cela passe, cela casse. Mais il fallait tenter et
529
aller à fond. Nul reproche à se faire du coup - oui, il fallait
tenter.
*
Proposer une Anthologie de la grande poésie
mondiale - disons 700 poètes avec un poème par auteur
accompagné d'une notice biographique succincte.
Également un Dictionnaire des poètes du monde
entier - 10 - 20 000 noms sans poème mais avec un résumé
de la personne et de son œuvre dont le volume serait
fonction de la place que l'on accorderait à l'auteur.
*
Paul Valéry est un grand poète, un excellent
écrivain et un fin penseur.
Charles Baudelaire est un grand poète, un excellent
traducteur, un grand critique, un remarquable épistolier et un
grand écrivain également.
530
*
Essaie de travailler avec Denis Roche. Difficile.
N'est pas algébriste. Possède une sorte d'incohérence mentale
avec sauts, humeurs et reprise du fil. Mais l'ensemble laisse
pantois. Pourtant on comprend qu'il a tenté d'aller outre, avec
de la folie et un risque logique. Je cherche à m'accorder à
son audace. Y parviendrai-je ?
*
Comment peut-on gérer cette immensité littéraire ?
Qui pourra se prévaloir d'avoir lu ce qu'il devait lire ?
Embrasser la vaste collection de la Pléiade, qui n'est en
vérité qu'une réduction élitiste guère représentative de l'offre
totale. Cela semble impossible.
Il faut donc baliser son propre chemin en
choisissant un nombre limité d'auteurs, de génies, de
philosophes ou de grands poètes. C'est déjà un principe de
spécialisation, d'évictions et de refus. Mais comment faire ?
Il est certains que des êtres exceptionnels seront perdus,
oubliés, jamais lus mais l'âme a ses limites. - L’intelligence
se sature et ne peut demander plus.
531
*
Ne vous satisfaisiez jamais de ce que vous
possédez. Vous avez les moyens et les possibilités d'aller
outre. Agissez.
Qui prétend se suffire, stagne. Et stagner c'est
régresser.
Quel monde ? Quel royaume puis-je espérer ?
Qu'en est-il de cet Au-delà ?
Tant de questions qui tambourinent aux portes de
mon âme, et seule la mort me permettra d'accéder à leurs
réponses !
*
Le génie, c'est de l'énergie supplémentaire sur de
l'intelligence de surdoué.
Il y a donc quelque chose d'exaltant en soi, de
vitesse phosphorescente, de jouissance supérieure.
*
532
Comment choisir les meilleurs outils exploitables ?
Avec qui puis-je travailler ? Est-ce le goût qui déterminera
mon choix ?
Avec quels auteurs ? Pourquoi ?
- Mieux activer la matrice cérébrale ?
Passer par les fondamentaux extraordinaires :
exemples : Rimbaud, Nietzsche, Baudelaire, Platon etc. Cela
implique un retour vers les Pléiades.
*
Certains poètes possèdent d'autres espaces.
Toi, tu en es au dé, à la cathédrale de papier, au
monologue, au tutoiement.
Mais c'est autre chose qui engendrera une
production nouvelle.
Cherche de nouveaux auteurs.
Régénère-toi.
*
533
Je viens de tirer le second tome du Livre des
Sonnets - j'espère sur toute ma vie littéraire atteindre le
nombre de 1000 sonnets - j'en suis actuellement à 840 - mais
cette quantité ne me choque pas. Il est vrai que le volume
semble important... Idem avec Mille poèmes en prose -
l'ouvrage comporte 885 pages 21 X 29, c'est un double pavé
mais pourquoi ? Car l'ensemble n'a pas d'harmonie de
construction. Cela forme une somme de structures
prosaïques certes sélectionnées mais je n'en vois pas
l'agencement total. Pourtant toutes mes forces, toutes mes
applications sont ici présentes et définies. Je suis cela : c'està-dire
petits fragments disparates - jetées nouvelles associées
à autrui, producteur influencé au quotidien. Le chef-d’œuvre
ou le travail majeur ne semble pas évident ici.
*
Il faut élever le degré de composition. Non ? Je
cherche de l'autrement un peu brut. Perse ou Roubaud ? -
Roubaud.
*
534
Toute grande œuvre se conçoit dans la solitude.
*
Denis Roche superpose les lignes d'inspiration -
obtient des lignes d'incohérences fragmentées en logique
possible. Le tout permet d'accéder à une sorte de sensibilité
évasive, des limbes, ~ être peut-être sans être, suivez-moi,
suis-je une filante ? (Éros énergumène)
*
Le problème est de savoir comment faire TGP c'està-dire
Très Grand Poète.
Il faut constamment penser Hugo, Virgile, Homère,
Dante, Sophocle, Euripide, Shakespeare etc.
Se construire dans du très grand ? Et combien
d'années de travail ? Et pour quel résultat ?
*
535
La créativité serait une revisualisation personnelle
issue d'un système sélectif.
- Importance du choix, du rejet et de la variabilité
unique de l'applicateur.
Chaque cerveau pense à sa façon et ce serait la
spécificité reconnue de la dérivabilité personnelle qui
déterminerait auprès d'autrui l'aptitude créatrice.
*
Le génie
Il y a bien un dérèglement du jugement pour penser
autrement, voir de cette façon, appliquer ailleurs et
s'entendre dire : c'est ma foi, vrai ! - Je vous distingue et
vous honore.
*
Système à penser et système à produire feront peutêtre
bons amis.
536
L'identité de "grand poète" impose-t-elle des
obligations d'applications de relationnels artistiques auprès
des autres littéraires ?
La réponse peut être : pas nécessairement.
*
Ce n'est pas un besoin de relations poétiques qui
m'anime - non - ce qui excite mon désir, c'est la possibilité
de découvrir de nouveaux auteurs, pères ou frères - ouvrages
d'appui - de références ou d'amitié.
Je cherche de nouveaux Zanzotto ou Celan - des
œuvres maîtresses pour produire en synergie d'applications.
À quoi peut bien servir la communication
superficielle avec Monsieur X ou Madame Y ? Je dois
laisser cela à ceux qui se suffisent d'insignifiance.
*
537
Pourrait-on appliquer le principe du plaisir dans
l'extraction des structures poétiques ? ~ sans se soucier de la
cohérence des propos ?
Processus de jouissance cérébrale en quelque sorte.
J'applique ce qui me plaît. Et quelle obtention ?
*
Comment peut-on résoudre le problème hugolien ?
Sa force, ses ressources, la puissance de ses applications, son
énergie constamment renouvelée et ce vaste édifice qu'est
son œuvre poétique ?
*
Le temps passe, je ne vois pas l'utilité de côtoyer des
poètes.
Je vieillis, la vérité des œuvres, des sensibilités, de
toutes les sensibilités m'apparaît essentielle.
Toutes ces sensibilités, ce sont des façons de penser
différentes, et ce sont des autrements qui sont vrais.
538
*
La communication poétique n'est que de l'aimable
babillage - tout est donné à la superficialité - il n'y a nulle
profondeur. Les uns et les autres essaient de se crédibiliser en
prenant des poses - ils se prévalent d'être avec des attitudes. Il y a
suffisance, certitude de soi, mépris de l'autre etc.
J'ai délaissé depuis fort longtemps l'utilité de ce type de
relations. Je travaille avec des livres - des amis - qui me parlent et
avec lesquels une communication profonde et affective
s'accomplit.
Le livre - le recueil est la quintessence de l'auteur. Y
est replié une vingtaine d'années d'applications poétiques. La
saisie des meilleurs instants, des plus intenses inspirations y est
conservée. Et le tout peut être redéployé selon le bon vouloir du
lecteur.
*
Le relationnel poétique est également de la
superficialité irritable. Rien n'est donné au fond. L'agacement
surgit rapidement. J'ai délaissé les rencontres poétiques. Je
539
cherche de nouveaux auteurs - de nouvelles sensibilités de
langage - des écritures différentes, autres.
Il me faudra certainement aller à Toulouse, place du
Capitole pour trouver des ouvrages satisfaisants.
*
Je dois avant tout obtenir un bon résultat dans le domaine
poétique.
Il y a si peu à espérer que l'extrovertisme n'est d'aucune
utilité.
Je vois tout pour l'intérieur : les livres, les œuvres, les
applications personnelles.
Il ne faut pas voir en moi uniquement un arriviste mais
également quelqu'un qui chercher à mieux faire, - à
produire mieux et autrement.
Je veux donner à Autrui sans contrepartie.
*
L’Absent : Etre qui je suis sans être là.
540
L’une des possibilités est peut-être de tenter d’ajouter
sur Char - de faire du Post-Char. Il est un poète dominant du
XXe siècle français. Pourtant mon cerveau globalise et je pense
Titien, Napoléon, Newton etc. En vérité des génies universels.
*
Rapide visite à la MJC de Rodez ce 18 mai 2002. 12 H
45 - 15 H 15. En tout, 12 exposants dont l’éditeur de La Tour de
Babel. Sur les étalages, des livres de poésie (S’en vend-il ?) Rien.
Peu. Aimables discussions.
Ma poésie ne se situe pas là. C’est avant tout un travail
d’applications, de recherches, de variabilités, de sensibilités. Ma
poésie, c’est de l’écriture. Mais ce n’est pas du relationnel
humain.
*
Faut-il se soucier d’être lu, d’être connu ou d’avoir un
quelconque crédit ? Car cela est efforts et usure. Il importe de se
faire, de se construire, et c’est déjà grand courage !
541
La structure poétique est un système paralysant,
bloquant et bridant. La dynamique littéraire se situe dans
l’individualisme actif.
*
Je ne rencontre guère de poètes. Je travaille avec leurs
livres. J’avoue n’avoir jamais trouvé quelconque utilité à côtoyer
des littéraires. Je ne tire rien de leur contact. Ceci est une triste
constatation mais c’est la vérité.
Je ne suis pas dans une phase de communication
poétique, je suis constamment dans la phase d'applications
d'écriture.
*
La vérité est dans le fondement des œuvres.
Je crains essentiellement de perdre mon temps et
d'accomplir des actions inutiles dans des secteurs totalement
dépassés. Je préfère m'abstenir plutôt que de rentrer dans cette
542
logique aberrante d'attentisme, de supputations et d'aumônes
poétiques ou littéraires.
Les écrits resteront
Paul Celan - L'écriture désarticulée -
Tony Harrison (poésie savante)
Je désire trouver de nouvelles sensibilités poétiques
susceptibles d'accompagner mon travail d'écriture. J'espère que
la littérature étrangère parviendra à satisfaire à toute cette
nécessité.
Ce qui m'intéresse : trouver des auteurs utiles.
Le poète est une sorte de masochiste qui se fait
humilier par la Société. La Société le dénigre, le rejette, le
méprise - refuse de reconnaître la valeur de son travail. Il tente
de séduire mais se rabaisse, il implore mais pour rien. Il souffre,
il se prétend - de cent façons il essaie encore de proposer ses
exercices. Il est constamment exclu, il insiste toutefois.
543
Le voilà réduit à l'état de prostitué qui paie des éditions
à compte d'auteur pour se faire reconnaître. Nenni ! Tous et
toutes le dénigrent - nul ne veut de sa substance créative. Il se
morfond, gémit, pleure - appelle la mort, se suicide. Ou se glose
de soi-même, se glorifie dans son petit État personnel - fait le
roitelet en quelque sorte.
*
Tolkien Birage Diop - joli !
Ivan Goll
Violeta Parra Chili Vinicius de Moraes Brésil
Nicola Guillén Cuba Marina Szymborska Pologne
Ana Blandiana Roumanie Diane Burns Amérique du
nord
Katherine Mansfield Nouvelle Zélande
Hafiz Perse
Sage Essenine Anna Akhmatova
Robert Graves - génie 130 livres La déesse blanche
Ezra Pound - le vers projectif Los Cantos
Marina Tsvetaieva
544
*
Y a-t-il un patrimoine poétique enfoui, - qui n'a pas été
mis à la disposition des lecteurs ? Refus des éditeurs,
surabondance offerte ou lassitude des poètes eux-mêmes ? Sontce
des auteurs de qualité ? Peut-on remédier à ses " oublis" ?
Internet propose-t-il une opportunité à saisir ?
Ces produits littéraires inconnus seraient peut-être des
outils utiles à la formation des auteurs majeurs de demain.
Comment gérer le génie des autres, comment travailler
en consubstance d'écriture, en synergie d'actions ? Quels auteurs
empruntés ? Que doit-on espérer obtenir ? Quelles seront les
limites de nos potentialités ?
*
L'insignifiance des structures poétiques d'accueil rend
inutile tout effort de communication.
Je prétends insister : les poètes sont des œuvres dans
lesquelles il faut s'instruire et se déplacer.
545
C'est certes une poésie de l'introvertisme et de l'unicité
qui ainsi se développera, mais c'est une réalité d'œuvre qui sera
obtenue.
Être pour soi par soi avec autrui - avec l'œuvre d'autrui
- je dis.
Certains s'indigneront : quelle tristesse que de fuir le
contact ! Et ils auront raison. Mais cela est poudre de
superficialité et de médiocrité.
- Lire, écrire et se faire connaître.
Je lui préfère : lire et écrire. La crédibilité poétique
auprès d'autrui m'apparaît saugrenue, inutile, stupide, lente et
impossible.
Je ne prétends pas que le produit fini - c’est-à-dire le
Cédérom offert ne parviendra pas à plaire mais le relationnel
semble de troisième ordre.
*
[---]
Mes cadeaux, mes chefs-d’œuvre comme promis à l'art
Virgile
Et toi le premier, sois généreux.
546
Devenir un classique ! Le si peu de la terre et la
civilisation du ciel !
L'extrapolation, la transposition, la surdimension
réinterprètent le sens des choses.
*
La présomption est une maladie poétique : Voilà qui je
suis mais vous l'ignorez. Ceci est ma grandeur intime.
*
- Maniérisme du relationnel - poudre de noblesse -
- Vernis poétique - aimable babillage - mais rien
n'est donné à la profondeur. L'expression orale ne s'y prête
pas. Vitesse - légèreté - bâtons rompus - brio.
Que puis-je tirer du paralittéraire ?
Acméisme. Prolongement.
Nul mouvement poétique n'a de limite.
547
L'espace poétique m'apparaît insuffisant. Nul ne
peut y pénétrer sans maniérisme détestable. Il faut donc
créer un nouvel espace souple. L'Internet me semble tout
indiqué.
Vouloir pénétrer les structures poétiques
d'accueil, c'est s'embourber dans un attentisme inutile.
*
Il est impossible de gérer le génie d'Autrui. L'on
prend un peu. L'on prétend connaître. L'on se suffit de cela.
Notre potentialité intellectuelle bridée, bloquée, interdite de
pénétrer avec véracité nous rend un produit aléatoire de
l'Autre.
Se limiter au Gotha mondial : Virgile, Homère,
Goethe, Dante, Horace, Euripide, Sophocle, Eschyle,
Corneille, Racine, Cervantès, Shakespeare etc.
Puisque l'on est confronté à une restriction
obligatoire, quel choix dans cette restriction ?
*
548
Ils ne veulent pas le parfum, ils ne veulent pas
l'essence, ils veulent une senteur - dans une fiole et pour
quelques instants - et que cela leur convienne ! Ta personne
peut faire l'affaire, dit le Ciel ! Qu'attends-tu ?
*
- Faites poète, Lozac'h !
- Oui, mon Général. Mon Général ? 6500 ---) 10
000 ? Cela est autrement important.
- Travaillez Lozac'h !
*
Pound - Browning - Swinburne
T.E. Hulme Harriet Monroe Wadsworth
Pound - 1913 : « Il se peut qu'on en vienne à croire que
ce qui est important en art, c'est une sorte d'énergie, quelque
chose qui serait plus ou moins comparable à l'électricité ou à la
radio - activité, une force de transfusion et d'unification... Une "
549
image" est ce qui présente instantanément une somme
intellectuelle et affective. »
Liste poétique
Valimir Khebnikov Joyce Ruben Dario Gerard
Manley Hopkins
Thomas Hardy Marcel Schwob W.B. Yeats F.T.
Marinetti
Henry James Kamiensky Bourliouk Gottfried Benn
William Carlos Williams Georg Trakl Georg Heym
TS Eliot
Harrier Monroe Gertrude Stein Dino Campana Charles
Reznikoff
Wyndham Lewis Gerad Manley Hopkins Vicente
Huidobro Karel Teige
Marianne Moore Paul Van Ostaijen E.E. Cummings
Mona Loy
Vicente Huidobro Basil Bunting Odilon-Jean Périer
Williams Zukofsky Olson Duncan Rotenberg
Ezra Pound - Los Cantos - du Post-Dante
550
Segments additionnels en prose, à lire
Etonnant mécanisme cérébral qui relit l'incohérence -
À couper, sectionner, décomposer
La lecture linéaire est difficile. De l'à-coup.
Contemporains
Denis Roche Michel Butor Dominique de Roux Paul
Louis Rossi
Marc Cholodenko Jude Stefan Claude Minière Yves
Di Manno
Auxeméry
*
Je dois en cesser avec ma pensée 2002. Ma poésie
n'évolue plus. J'extrapole sur Denis Roche - La poésie est
inadmissible, œuvre complète - sur Michel Deguy ---) 90-00,
poésie, sur Jacques Roubaud ---) Poésie américaine
contemporaine, sur Michel Deguy à nouveau ---) Anthologie
contemporaine
551
Je ne possède pas encore ces ouvrages. Pourtant je
les prétends indispensables à ma production future. Je me
positionne sur le travail 2003.
*
Vingt poètes américains
Deguy : se reconnaître dans l'être-autre.
*
Produire, construire, œuvrer, contrôler, élaborer,
canaliser, appliquer, nettoyer, rewriter, récupérer, associer,
penser, s'inspirer, aller outre, grandir, fuir, mourir, exister -
là-bas. Là-bas, peut-être...
de la vie.
El camino. Le chemin. Le parcours sur le temps
Ceux qui me sont utiles : Du Bouchet, Char,
Valéry, Paul Celan, Deguy, Roubaud, Racine etc.
552
Ceux qui possèdent des qualités littéraires
indéniables mais que je n'utiliserai pas : Dupin, Camus,
Morand, Audiberti, Larbaud, Michaux etc.
*
La crédibilité auprès de ses contemporains est de
second ordre. Ce qui importe c'est de savoir comment l'on
doit s'y prendre pour obtenir le résultat escompté.
Les références sont séculaires, bien au-delà des générations
vivantes et rencontrables.
*
Observations et conseils
En quoi la Poésie peut-elle rivaliser avec la
Science ? N'est-elle pas en dessus ?
Extractions maximisées et non pas états d'âmes
poétiques.
Ce qui implique : logique, rationalité, efficacité,
maîtrise, travail, applications, volonté, formation.
553
visiter les poètes.
Habite les œuvres des génies plutôt que de
Travaille et laisse tomber. Ne commence pas à
tenter de pénétrer des structures impossibles. Tu vas y laisser
ta sève créatrice. Tes résultats seront insignifiants. Produis,
transforme, applique, essaie d'offrir via un cédérom ou
l'Internet. Cela et rien de plus.
Veux-tu jacasser ? Te perdre en propos inutiles ?
Veux-tu gigoter de la gigue, gigoter du mollet, Va, tes
civilités poétiques t'appellent.
- Bonjour, j'm présente, j'm'appelle Ben Saïd et j'te
donne mon tapis.
- Va te faire foutre.
- J'te le vends pas, j'te donne !
- Va te faire foutre quand même.
Le repoussoir poétique - le rejet - le refus. Le "
Ne m'intéresse pas", " Allez voir ailleurs" - et l'on y va. Et
c'est encore la même réponse. L'on vous colporte de X en Y,
d'Y en Z, de Z en A. Et tel est votre parcours.
554
*
Deguy ---) un pro-poète
Un poète proche mais avec un langage à
caractère philosophique, d'analyste qui se déplace dans son
complexe, qui produit son complexe comme lumière pour
avancer. Mais rien n'est clair, tout y est biscornu. De fluidité,
de simplicité rien n'apparaît. Il n'y a pas de dégagement vrai
au sens logique ou mathématique du terme. Deguy se
complaît dans la complexité, il s'y répand, il s'y noie peut-être.
En ce sens, il épouse la pensée mallarméenne. Doit-on lui
faire confiance ? Évidemment ! Qu'il poursuive ainsi selon
son schéma d'œuvre. Voilà certainement un système qui là se
dégage et apparaît.
*
Un chemin du langage
- 1 - Sortir du Moyen âge
- 2 - Simplification Malherbe Du Bellay
- 3 - Purification Racine
- 4 - Nouveau langage Mallarmé Rimbaud
555
- 5 - Symbolisation
- 6 - Abstraction
- 7 - Destruction Celan
- 8 - Poésie contemporaine Deguy Roubaud
Zanzotto Du Bouchet
Je cherche un nouveau mode d'écriture ---)
une sorte de mon âme mise à nu - les applications de la pensée
- est-ce réellement intéressant ?
556
Journal 2003
Relationnel poétique - principe de restriction -
Une œuvre est un homme et un homme est une
heure :
Je le vois - je le méprise car je suis, Moi !
*
écossais.
Robert Burns (1759-1796) - le plus grand poète
Auld Lang Syne
*
Tu cherches de grands poètes français du XVIIIe,
mais va vers les poètes étrangers - tu feras de la
croissance.
*
Ekelöf Gunnar (1907-1968) - poète suédois -
entreprise mallarméenne - l'une des œuvres les plus
557
importantes de ce siècle ---) Diwan sur le prince
d'Emgion
*
Relationnel poétique
Comment savoir qui est qui ? Et pour quelle
utilité ? - Aucune. Bavasseries et jacasseries.
Abaissement de la capacité poétique et intellectuelle.
Suffisance du peu et du presque rien. Maniérisme de
façade. Amabilité etc... Cela n'est que faible intérêt.
Méfie-toi. Instruis-toi dans les poètes, applique et
travaille. Ne va pas te gaspiller auprès de
l'Incompétence.
*
Aimer la culture c'est se nourrir de chefsd’œuvre.
Il faut comprendre les chefs-d’œuvre.
Les œuvres ne sont que rébellion.
558
*
Ma logique est une logique d'écriture,
d'applications, de bureau, de livres, d'ordinateur, de
moi vers moi ~ mais de poésie extérieure il n'en est
point - ou fort peu.
Poésie anglaise
John Donne Milton Shakespeare T.S. Eliot
Thomas Gray Chatterton William Wordsworth
Samuel Taylor Coleridge Shelley Baron
Keats
Francis Thompson Alfred Tennyson
Swinburne
Robert Browing WH Pater GM Hopkins
James Joyce
WH Auden Dylan Thomas Stephen Spender
Day Lewis
559
Poésie contemporaine
Michael Hamburger T E Hulme Basil Bunting
Donald Davie Philip Larkin Spender Neice
Day Lewis Auden John Hayvard Zukofsky
Chistopher Middleton (26) Nathaniel Tarn (28)
Tom Raworth (40) Jeremy Prynne Kenneth
White
Hugh Mac Diarmid Sorley Mac Lean David
Jones
Robert Graves Tonny Harrison (poésie savante)
Littérature allemande
Hofmannsthal Trakl Musil Broch Stephan
Zweig
Hermann Hesse Ingeborg Bachmann Karl
Krolow
Nelly Sachs Hilde Domin Marie-Louise
Kaschnitz
Helmut Heissenbüttel Oswald Wierner
Graz H.C. Artmann Elfrieds Jelinek
560
Klopstock 1724
Kant Fichte Spinoza Kleist
Georg Herwegh (1817-1875) Henrich Heine (1797-
185 )
Büchner ouvre la voie du théâtre moderne
"La littérature de grande diffusion sans véritable ambition artistique
Theodor Fontane (1819-1898)
Conrad Ferdinand Meyer (1825-1898)
Norvégien Ibsen Suédois Strindberg
561
*
Je travaille essentiellement avec Andrea Zanzotto - La Beauté -
Les Pâques.
Je vais commander Météo et Sécheresse de St John Perse édité
par La Tour de Babel.
C'est constamment une poésie de l'application, de la dérivabilité et
de la condensation ;
C'est encore une recherche de sensibilité autre - mais comment
faire évoluer la plume ? Comment déplacer le vrai ?
*
L'opiniâtreté des grands solitaires.
Le problème n'est pas de rencontrer
constamment des poètes d'actualités - de
communiquer avec les uns et les autres pour
échanger des niaiseries et des insignifiances -
Non - il faut comprendre - comprendre les
Génies, les grands poètes - intégrer leur substance et
travailler en exploitant également leur énergie.
562
*
Je déroule une écriture de Journal à la plume
facile. Je préférerais intensifier ma concentration
pour produire ou déplacer Zanzotto et Denis Roche.
N'est-ce pas plutôt Denis Roche qu'il faille
amplifier ? Quel est le contenu de ses autres
ouvrages ? - La liste : " du même auteur", avec
perspectives poétiques ou encore : proses Zanzotto et
Denis Roche.
*
L'incohérence cérébrale ~ sorte de poème-lavabo
mais relié par un fil conducteur ~ fréquence
associative de la pensée.
*
Dans deux mille ans, la planète comptera 8 000
grands poètes supplémentaires ~ Asie, Afrique,
Amérique latine, etc.
563
- Que signifiera : Monsieur Untel est grand poète ?
- Cela correspondra à un sauteur en hauteur à 2
m c’est-à-dire rien du tout. Il faudra donc relever les
minima, et dire : sautez 2,28 et là vous m'intéressez.
Le problème est donc de faire très grand poète,
problème résolu par une vingtaine d'hommes depuis
le début de l'humanité :
Hugo, Shakespeare, Goethe, Virgile, Dante,
Cervantès etc.
Comment faire très grand poète ? Il faut tout
d'abord être grand poète, puis accumuler de la
matière poétique en abondance : trois fois grand
poète en soi correspondrait à très grand poète...
*
Y a-t-il de nouveaux espaces pour l'intelligence
? Faut-il poursuivre les voies déjà existantes ?
564
La poésie - chacun construit sa maison mais ne
visite guère celle de son voisin.
Est ce qui est en soi.
Etre de soi à soi.
*
Le problème n'est pas de rencontrer des poètes -
il est de travailler avec des œuvres - de comprendre,
d'interpréter, de synthétiser des produits littéraires
offerts - d'en tirer une sorte de suc que l'on mêle avec
sa propre substance pour espérer extraire quelque
chose de nouveau, de différent du moins. Il s'agit
d'appliquer. L'idéal serait de parvenir à trouver un
langage nouveau, une langue différente, une sorte de
style comparable à ceux de Rimbaud ou de
Mallarmé.
*
Comment eux ? Que puis-je moi ?
565
Le problème est de faire TGP.
*
Je vois deux mondes :
Celui des applications c’est-à-dire : Œuvre,
livres, lectures, catalogues, génies, grands poètes,
culture, Internet, bibliothèques, librairies,
transformations, imprimerie, cédéroms, informatique,
feuillets noircis.
En vérité, le monde de l'efficacité, de l'écriture.
Celui des relations CAD : éditeurs, lettres de
refus, paralittéraire, activités, ventes, auteurs
contemporains, salons, ateliers d'écriture.
Le QE et le QL : quotient d'écriture et quotient
littéraire.
Le QE permet d'œuvrer et le QL de se faire
connaître.
566
Il y a peut-être un savant dosage de l'un et de
l'autre - ou est-ce l'Un puis l'Autre ?
*
Je persiste à croire que la Poésie est une
collection d'individualités - le travail poétique étant
travail de solitaire. Se parachever c'est être dans une
liste de catalogue et pouvoir se spécifier dans une
catégorie : bon poète, singularité littéraire, grand
poète, génie etc...C'est faire partie de l'édifice mais le
relationnel est de faible portée.
*
Ne pas rencontrer, ne pas bavasser mais
travailler avec, avec les génies, les grands poètes et
les êtres exceptionnels. Le temps est trop court pour
se perdre dans l'inutile. Délaisser les contacts - la
suffisance, les prétentions intérieures.
567
Le réel problème est de savoir comment Racine
a écrit Esther ou Athalie, et ce que l'on peut espérer
en regard de ces chefs-d’œuvre.
J'écris Racine, mais je pense Pléiade, toute la
Pléiade - et je considère également les Pléiades
étrangères : Italie, Espagne, Royaume-Uni,
Allemagne, Etats-Unis d'Amérique, Japon etc.
Il y a un énorme travail à accomplir avec ses
applications, ses transformations et la sauvegarde de
son œuvre - le relationnel n'est pas d'actualité.
*
Quel espace ? Quel contenu ? Quelle manière
d'écrire ?
*
568
Nous devons convertir la peinture abstraite en
poésie abstraite - suivre l'ordre des peintres. Leur
champ visuel est certain. À nous de convertir.
Pauvreté de la poésie. Impossibilité de trouver
une revue poétique dans une Maison de la Presse.
3000 revues et journaux sont accessibles mais pas
une seule revue n'est vendue.
Le mois d'août s'achève - nous sommes le 21 - je
voudrais également finir de remplir le second recueil
de l'année. Titre provisoire : Les miroirs obliques.
*
Liste des livres achetés depuis le début de
l'année 2003
- Anthologie de la Poésie tchèque contemporaine
1995-2000 - Poésie Gallimard
- Anthologie de la Poésie russe - Poésie
Gallimard
569
- Yves Bonnefoy les planches courbes - Poésie
Gallimard
- Marguerite Yourcenar La Couronne et la Lyre
- Poésie Gallimard
- Jean-Paul Dadelsen Jonas - Poésie Gallimard
- Michel Deguy Aux heures d'affluences
Poèmes et proses Seuil
- Michel Deguy L'énergie du désespoir PUF
- Michel Deguy Poèmes en pensées
- Zanzotto Les Pâques
- Zanzotto La Beauté
- Zanzotto Météo
- Denis Roche La poésie est inadmissible
- Denis Roche Louve basse
- Denis Roche
- Po&sie Numéro 95
- Po&sie Numéro 101
- André du Bouchet Pourquoi si calmes
570
- André du Bouchet Aujourd'hui c'est
- Paul Celan Renverse du Souffle
- Bernard Noël Le Château de Cène
- Salomé Soumise
Je n'y intègre pas, évidemment ! tous les autres
ouvrages, prêts de la Bibliothèque. Je m'y rends
toutes les six semaines et choisis une dizaine de
bouquins - peinture, sculpture, philosophie,
littératures françaises et étrangères etc.
[Nouvelles acquisitions depuis août -
Paul Celan : La rose de personne - Contrainte de
lumière - Pavot et mémoire -
André du Bouchet : Airs suivi de Défets
Po&sie Numéro 96
Fantasmes de femmes]
Ma quête : trouver de nouveaux Zanzotto, Paul
Celan ou Denis Roche - Penser post-mallarméen,
571
essayer de faire avancer mon langage et parvenir à
exploiter des espaces d'écriture jusqu'à ce jour
inconnus.
Je suis dans l'obligation de passer par Internet
pour acheter des ouvrages épuisés par les voies
traditionnelles de commande.
*
La symbolique abstraite
L'extrapolation
*
Fus-je absent ? Du moins, j'étais avec les
Immortels.
*
Ce qui m'importe, ce n'est pas de réussir - car la
réussite poétique est dérisoire - ce qui m'importe c'est
d'œuvrer c'est-à-dire de travailler et d'appliquer -
572
d'exploiter le meilleur matériel littéraire mis à ma
disposition - recueils, poètes, revues etc. - et de créer
un environnement optimisé pour développer dans les
meilleures conditions possibles mon potentiel
d'écriture.
*
La structure poétique d'accueil étant quasi
inexistante, il est impératif de se faire en dehors de
toute tentative de crédibilité auprès d'un public
quelconque - éditeurs, lecteurs etc. C'est misérable
d'être dans l'obligation de penser ainsi, c'est pourtant
la raison et le bon sens qui m'imposent à analyser de
cette façon.
*
Petite avancée sur les Fichiers Word - Le Grand
Livre des Sonnets est passé et compte quelque mille
sonnets écrits depuis un quart de siècle.
573
J'ai commandé un du Bouchet et un Paul Celan
chez Deloche. Je cherche désespérément Le Galatée
aux bois de Zanzotto.
*
Certains Poètes-impasses - grosses difficultés
pour les intégrer : Audiberti, Queneau, Ponge,
Desnos, Leyris, Reverdy, Michaux dans une moindre
mesure.
Pourquoi ? Est-ce Surréalisme ?
Pourtant j'ai Aragon.
Ponge m'apparaît toutefois très intéressant.
*
l'autre.
Critique : L'autre n'est pas toi, et toi tu n'es pas
Le critique dit indirectement : Soyez qui je suis
ou qui je voudrais être.
574
Il ne s'agit pas de sauvagerie, de refus de
rencontrer l'autre, - il est question d'œuvres, de
génies, de grands auteurs. Ceci est en 2D et non pas
en 3D.
Je cherche à œuvrer c’est-à-dire à construire, à
déployer, à travailler. Je crains de me limiter à du
courtisanat d'opérette, à du déballage de bonni
menteur. Je ne suis pas le représentant du produit
Franck Lozac'h. Je n'ai pas non plus envie d'attendre
désespéramment quelconque lueur de
reconnaissance. Mon souhait est d'appliquer, de
découvrir, d'exploiter de nouvelles tendances - du
moins je le prétends - mais n'est-ce pas
présomptueux que de penser de la sorte ?
L'idée serait de considérer l'Internet comme étant
un support comparable au Salon des Indépendants du
XIXe siècle, lieu où nombre de refusés trouvait une
place de choix et de qualité auprès de futurs géants
de la peinture.
575
Sur le Net, publier est possible. Etre lu est
possible. Se faire référencer est possible. L'édition
traditionnelle nécessite un public payant et impose
une rentabilité que les lecteurs ne peuvent fournir.
L'on pourrait avoir :
Les Littéraires-papier
Les Chanteurs-microsillon
et les Ecrivains-Poètes numérisés.
Il faudrait donc envisager différents supports
pour véhiculer un savoir culturel.
Diverses étapes évolutives du signe écrit
1 Manuscrit 2 Photocopie du manuscrit 3 Le
rewriting du manuscrit
4 La dactylographie du manuscrit 5 Les
corrections sur la dactylographie 6 La numérisation
de la page dactylographiée 7 Disquette
8 Le Cédérom 9 L'Internet
576
Comment peut-on se priver de l'édition
électronique ? Ne sera-ce pas une formidable erreur
que d'avoir évincé tout un nouveau système de la
représentation de l'écrit sous prétexte que la
rentabilité immédiate n’est pas au rendez-vous ?
Imaginons les œuvres des géants : Simenon, San
Antonio, Victor Hugo, Balzac etc. Pourquoi ces
œuvres qui représentent des centaines d'ouvrages par
auteur ne sont-elles pas supportées par le CD Rom et
le DVD, - ce qui favoriserait leur stockage et la
réduction de leur coût ?
Et les Pléiades - à 500 francs - édition de luxe,
en fait ! - Pourquoi le support électronique n'a-t-il
pas été pensé pour ces auteurs classiques ?
Chaque année, une nouvelle version aurait
permis d'enrichir le contenu avec un apport
supplémentaire.
*
577
L'écriture antique
L'écriture moyenâgeuse
L'écriture classique XVIe-XVIIe- XVIIIe siècles
L'écriture moderne XIXe- XXe L'écriture
contemporaine 1950-2000 et + ?
L'écriture électronique SMS Internet PC
Mallarmé ne serait-il pas un précurseur de
l'écriture contemporaine ? - Celan, du Bouchet,
Deguy, Zanzotto, etc.
*
1 Samuel 23, 23
Parmi
Les trente, il se fit un nom, et plus que les trente
Il fut illustre, mais il ne parvint pas au rang
Des trois.
578
Peut-on hiérarchiser la poésie française, la
poésie planétaire ? Qui sont les trois premiers ? -
Hugo, Corneille et Racine ? Qui sont-ils ?
*
Je ne cherche pas à me focaliser sur le
carriérisme artistique - je désire appliquer,
comprendre, lire, exploiter et construire. - Les uns,
les autres, le maniérisme, mais oui, mais non,
Madame etc.
Je crains le temps - et la Cigale...
C'est de l'amabilité de façade pour un jugement
sur l'apparence. N'entre pas dans ce système. Laisse
tomber, c'est de l'insignifiance.
- Rencontre-les.
- Pervertir mon génie sur des faces d'abrutis !
(On dirait chanceler de noires loupes à vos yeux !) –
Je plaisante, évidemment.
*
579
L'écriture mallarméenne commence à être
exploitée un siècle après son invention. Qu'en sera-t-il
de la sensibilité de Valéry ? De ses Cahiers et de son
système à penser ? Pourra-t-on convertir son
mécanisme cérébral en dernières découvertes
neurologiques ? Y aura-t-il convertibilités d'actions
entre ses différents fragments et la logique active de
l'intelligence de demain ?
*
Yahoo US. Mettons une liste de 700 poètes avec
des manques évidents : Hugo, Claudel, Racine,
Corneille etc.
Pourquoi ? Comme gérer ces immensités ? Estce
possible d'ailleurs ?
Quel chemin ? Quels chemins ?
*
580
Critique de l'Internet
Exploiter la classification des répertoires fournis
par les moteurs de recherche.
Qu'entend-on par "Tout le savoir humain" ? Estce
réaliste ? N'est-ce pas plutôt pathétique car
l'intelligence humaine est incapable de tout
rassembler.
La méthode consistera donc à pouvoir cheminer
à travers cette foison de forêt amazonienne que
représente la mise-à-la-disposition de l'Internet.
Mais quoi ? Le savoir fragmenté, échantillonné
représentera-t-il le nécessaire à posséder ?
Esprit curieux qui surfe, qui va et revient pourrat-il
dégager un système à exploiter, à penser ? En
définitive, que fera-t-il de ces données ?
Ce que l'on croit connaître est faible chose. J'observe
une liste de poètes que propose un éditeur - 250 noms et
je n'en connais correctement qu'une petite dizaine.
Combien d'auteurs parmi ces inconnus me permettraient
en langage consubstantiel de produire, d'écrire ou de
composer ?
581
*
Combien de temps encore les éditeurs
ignoreront-ils l'édition électronique ? Ont-ils
d'ailleurs la compétence pour s'y intéresser ? N'est-ce
pas plutôt à la nouvelle génération de construire avec
ces auteurs inconnus ?
J'aime à comparer les écrivains-Internet avec le
Salon des Indépendants. D'un côté la sélection
officielle, de l'autre des Monet, des Manet etc.
*
Sur un air de Monsieur Jourdain
- À quoi est-on écrivain ?
- On est écrivain à la rature.
- On est écrivain à la rature ?
- Oui, Monsieur, à la rature.
- Si je dis à ma femme de ménage : Ninette,
inscrivez sur votre liste de commissions : deux kilos
582
de carottes, et si je me rétracte : non, raturez : trois
kilos de pomme de terre je suis écrivain ? !
- Oui, Monsieur : vous êtes écrivain.
- Quelle belle chose que de connaître les clés de
la littérature !
*
Petits et grands - canards et cygnes.
*
Pas de poésie militante, pas de poésie de
spectacle mais poésie d’œuvre, de génies, de grands
poètes - admiration mais guère de communication.
583
Journal 2004
*
Comment sera-t-il possible de gérer l'immensité de cette
richesse littéraire ? Quel parcours ? Quels auteurs ? Et quels
oublis ?
La gestion de la poésie mondiale est une utopie inaccessible à
la possibilité humaine. Un trop grand nombre d'œuvres et
d'auteurs est mis à la disposition du lecteur, qui n'ayant
qu'une paire d'yeux et qu'une seule capacité intellectuelle
ne peut maîtriser l'ensemble proposé.
Que reste-t-il à espérer ? Il faut trouver les auteurs-clé avec
lesquels l'œuvre personnelle parviendra à se déployer.
Chercher les utilitaires en quelque sorte.
Le problème ne sera peut-être pas de gérer la poésie
contemporaine dans sa totalité - car cela semble une utopie
- non, la difficulté sera de savoir quels auteurs, quelles
œuvres participeront de manière active et efficace à sa
propre formation et à ses applications.
584
Il ne s'agit pas de côtoyer des poètes pour du relationnel
superficiel et stupide - non, il s'agit de savoir quelles
œuvres seront indispensables pour se former et appliquer
de manière satisfaisante.
*
Poésie antique
moyen-âge
classique
romantique
moderne
symboliste
surréaliste
contemporaine
Romain, Grec
Du Bellay, Villon
Racine, Corneille
Hugo, Lamartine
Baudelaire, Rimbaud
Mallarmé, Apollinaire
Aragon, Eluard
Char, du Bouchet
La nouvelle poésie
*
Poétiques de l'ambivalence
Edmudson Northrop Frye Krysinski Eco Tiercelin C S
Pierce
585
Dellade Chauviré Larochelle E. Alliez Guattari Nicanor
Parra
José Lezama Lima Elvio Romero Ida Vitale Dario
Enrique Gonzalez Martinez
Lugonos Enrique Banchs Vicente Huidobro Juana di
Ibarbourou
Alfonso Reyes Auerbach
*
Je poursuis mon travail poétique avec Zanzotto. J'essaie de
repenser l'ordre, le désordre, les combinaisons, les
applications - je veux déplacer autrement. Mais je reste
désespérément dans une sorte de symbolisme d'autrefois.
L'extrapolation serait peut-être la solution. Je dois inventer
de nouveaux verbes - de nouvelles opérations de l'esprit.
Mais comment agir, comment procéder ?
J'ai cru un instant que Deguy pouvait être la solution. La
solution est en moi, il se peut.
*
586
Valéry aurait dû dégager de tous ses cahiers un Principe - un
système décrivant avec logique et rationalité les
mécanismes ou les applications de ses tentatives mentales -
une sorte de Méthode pour intellectuels ou universitaires
applicable à toute forme d'esprit.
Un modèle cérébral ?
*
Quand un texte est trop faible pour le vers, il faut le repasser
en prose avec quelques aménagements - cela permet
parfois de le sauver.
La lecture en vers est impitoyable - en prose, la critique
délaisse, se pose ailleurs et dit : non, merci.
*
Tout art nouveau semble une imposture.
Qui peut prétendre savoir ce qu'il en sera de la poésie ? Vers
quels lieux inconnus se dirigera-t-elle ? Quelles lignes de
587
force empruntera-t-elle ? Nul ne le sait et ne peut prétendre
ce que sera son avenir.
Critiquez ! Réfutez ! Méprisez ! Rejetez ! Non ! Cela est
absurde. Car de la connaissance à venir, nul n'en est
pourvu.
*
Faire commerce avec autrui ! mais c'est essayer de plaire, de
séduire, de s'amouracher en quelque sorte, - c'est effet de
comédien - et quelle pitié pour soi-même ! - tandis que
l'esprit profond cherchera toujours à se parfaire - mais de
superficialité, il n'en sera pas question.
*
Je me suis toujours demandé à quoi pouvait bien servir de
rencontrer des poètes - cela me semblait acte de second
ordre - pipelettage et conciergerie - vernis et superficialité.
De profondeur, il n'en est point et l'autre est jugé sur ses
apparences style : " J'lai vu, c'est le Monsieur... Ha ! Oui !
Et que fait-il dans la vie ? Etc."
588
Mais demander à ces mêmes personnes de vous lire, de
pénétrer votre recueil - il n'en est pas question - ils n'ont
pas le temps. Autres choses à faire sans doute !
Je dis - quitte à me répéter - l'essentiel - l'Essence est de
s'imprégner des œuvres, de les comprendre, de les intégrer
pour produire soi-même, - pour être par autrui, également.
*
La méga méthode. Soi en soi pour soi. Ecrire, produire,
appliquer, construire, élaborer, se développer.
D'autrui. Guère à attendre. Les œuvres essentiellement.
Certains exploitent les rencontres. D'autres se font des
amis.
Maximiser son potentiel. Offrir son œuvre, la préparer pour
l'immortalité. Cela peut sembler prétentieux, pourtant.
*
Qu'appelle-t-on se faire poète ?
589
Se faire poète consiste à développer le potentiel caché au fond
de soi, à l'optimiser, à l'épanouir. Faire le poète est une
manière extérieure d'apparaître pour se donner une certaine
consistance artistique d'avantage orientée sur la
superficialité du vernis que sur la profondeur de sa nature
littéraire.
C'est le toc, c'est l'effet qui est recherché - théâtre ou défense
de palais de justice. La forme habille le fond - le fond est
insignifiant mais l'assistance savoure les succulents
morceaux !
Construis-toi !
*
*
Le poète interne - celui qui travaille pour œuvrer - celui qui
ne cherche pas l'effet immédiat - la communication
insignifiante ou la parade littéraire - non - celui qui
produit, pense, construit, élabore, agit.
590
- Cela ne fait pas grand bruit - cela est pour l'intelligence, la
discrétion et l'efficacité - mais cela doit tendre vers la
profondeur - du moins il l'espère.
*
Poésie. Ingérable, trop immense ! Comment savoir qui est qui
et qui vaut quoi ?
N'accuse pas les autres de ne pouvoir te comprendre car tu ne
peux comprendre autrui.
*
Que serait la poésie abstraite ? Quels en seraient les leaders ?
Quels poètes pourraient se prévaloir de convertir leurs images
en applications d'écriture audacieuse ? Quels ?
Mais comment ! Comment produire des écrits évolutifs ?
Comment ! Comment gérer le génie d'autrui ?
Tant d'œuvres fécondes et exceptionnelles !
591
Le temps passe, le temps court - écrivait Michel Sardou dans
L'autre femme - cela est vrai.
Je tiens entre mes doigts Le Folio Catalogue général 2004 : -
Quelle nourriture ! Quelle richesse ! Et cette pauvreté
cérébrale qui jamais n'aura la capacité de gérer l'immensité
littéraire mise à notre disposition !
Le relationnel poétique :
*
- De la mascarade superficielle. Rien n'est donné au fond.
Totalement inutile. Perte de temps. Jugé sur les
apparences...
La seule chose à faire, c'est se faire c’est-à-dire travailler, lire,
produire, se former. Mais il n'y a rien à attendre de
l'extérieur.
*
592
Qu'est-ce que la poésie pour Franck Lozac'h ? Fade et stupide
question ! La réponse sera réactive, sans pensée profonde,
sans massage de la cervelle. Allez sur Yahoo qui essaie de
posséder l'ensemble des cas possibles...
Y a-t-il une poétique de Franck Lozac'h ? Question plus fine
et plus intéressante. J'essaie aujourd'hui de concevoir un
produit post-mallarméen, et pour ce faire j'exploite les
écrits de Paul Celan, d'Andrea Zanzotto, de du Bouchet, de
Denis Roche, de Deguy, de Roubaud et de Pound - ma
pensée est essentiellement algébrique.
*
Tenter de se crédibiliser est complexe, difficile et
contraignant. Il est peut-être préférable de se construire, de
travailler et d'aller en soi.
J'observe la liste Internet du CIPM. Des centaines de poètes et de
poétesses cohabitent. Quels sont ceux qui demain passeront à
la postérité ? Sont-ils sur cette liste d'ailleurs ?
Et voilà pour l'immensité littéraire face à cette petite goutte
d'eau poétique ! Mais comment faire ?
593
*
Substituts d'algèbre
Pindare, Mallarmé, Rimbaud, du Bouchet, Pound, Zanzotto,
Deguy, Roubaud, Denis Roche
----) algébristes
----) penser épurer - autre langage
----) mathématique
Mathématiques dérivées
Je suis essentiellement attiré par les Mathématiques mais étant
cul-de-jatte je fais poète par les poètes algébristes.
*
Robert Ducan George Oppen Jerôme Rothenberg (publie 60
recueils de poésie) Charles Reznikoff
La structure poétique : ça ne m'intéresse pas, ça n'avance pas
et ça ne sert à rien.
Je rejette, je m'exclus, je cherche autrement.
*
594
Les gens disent oui à Rimbaud et pourtant sa poésie date de
130 ans.
Comment peut-on supporter sa nature humaine ? Cela est peu
- cela est si peu !...
*
"Ils" de Cocteau. Dessins érotiques de jeunes hommes - que
j'aime sans aimer car je ne vois pas de la sorte le désir ou la
beauté masculine.
Je pense fists - éjacs - érotisme - non pas volume de l'appareil
sexuel.
Les sexes me paraissent surdimensionnés d'au moins 20 %.
Mais n'est-ce point le désir ?
Je considère "Ils" comme faisant partie de son œuvre - œuvre
totale et pleine.
*
Allez vers les poètes ! Allez vers les éditeurs ! Vous ne recevrez
que mépris et indifférence !
595
Il faut donc travailler en soi, pour soi sans se soucier de
l'autre, sans l'intégrer à son principe d'application - l'autre
doit être ignoré.
En revanche il faut travailler avec les œuvres des génies et
toujours s'en référer.
*
Ne faut-il pas penser post-mallarméen ? Écriture algébrique
ou projective (1) ou désarticulée (2) ? Comment
transformer la peinture abstraite en poésie ? Quels produits
serons-nous capables d'extraire ? Et d'autres encore :
Zanzotto, du Bouchet, Deguy, Roubaud, Denis Roche,
Dupin peut-être doivent participer à l'évolution de
l'application poétique.
La première troïka, celle qui nous tire : Baudelaire, Rimbaud,
Mallarmé.
La seconde est composée de : Celan, Zanzotto, du Bouchet.
(1) Le vers projectif de Ezdra Pound
596
(2) La technique de Paul Celan
*
Mercredi - retour à Ombres Blanches. Recherche d'écriture
nouvelle. (Vais-je pouvoir trouver quelque chose d'utile ?)
(1)
(1) Je cherche un auteur qui me permettra de produire en
langage consubstantiel. Qui est-il ? Réponse : Roberto
Juarroz.
*
Je suis allé à Ombres Blanches - librairie toulousaine très
intéressante. J'y ai trouvé Initiation à la méthode
philosophique de Karl Jaspers et Idées d'Alain que je crois
avoir déjà acheté dans les années 96... (Mais je ne m'en
souviens plus) Ai pris le numéro 107 de la collection
Po&sie de Deguy.
De grosses difficultés pour trouver un ouvrage qui me
permettrait d'écrire quelque chose. Du Borges, il se peut,
au prochain retour. Paz est dépassé dans ma cervelle et je
597
ne puis travailler avec. Jiménez également mais aucune
vibration poétique ne paraît possible pour produire le
moindre semblant insignifiant.
Je suis désolé et cherche un produit post-mallarméen : mais
qui ? Avec quel ouvrage puis-je espérer travailler ?
*
Comment faire avancer mon écriture ? Je ne peux toutefois
pas en rester là ! Et que produire ? Que proposer ? Avec
quels poètes, vais-je agir et progresser ?
*
Il va falloir revisiter le statut du poète - car pour le moment,
c'est pourri et détestable.
---) à chercher, de nouvelles structures. - Gros travail à accomplir -
*
598
La représentation La symbolisation L'abstraction
L'extrapolation
*
Rimbaud est étonnant. Quel génie !
Zèle poétique
*
- Faire des circonvolutions dans les arcanes de la littérature
pour ne rien obtenir.
- On t'aurait vu ! Tu aurais discuté !...
*
Quel espoir de pouvoir de son vivant crédibiliser son identité
poétique ? Tout est long, bloqué, impossible. Il faut donc
œuvrer pour soi, pour son avenir peut-être - oui, œuvrer
pour son Au-Delà.
Craindre ! Craindre le temps car tout va très vite. Savoir
choisir - rejeter certaines offres terrestres car il est
impossible de tout faire et de tout maîtriser. Oui, refuser -
se limiter à quelques choix.
599
*
Ne pas attendre quoi que ce soit dans le domaine poétique.
Mais être pour soi, pour l'Au-delà, et cela est certitude et
raison.
*
Je dois aller outre - aller au-delà de Zanzotto. Comment y
parviendrai-je ? Avec quels auteurs ? Avec quels outils ?
Toujours chercher. Et pour obtenir quels résultats ?
*
Exceptés Corneille et Racine, quels sont les autres
dramaturges français du XVIIe ?
*
Sans une once de talent, le génie ne saurait être visible de
l'extérieur.
600
Faut-il s'abaisser à avoir du talent quand on a du génie ? Car
le talent, c'est l'habillage du moment, c'est la sauce qui
accompagne la viande - mais ce talent se démode quand le
génie se cristallise dans le diamant.
Ainsi de nombreux auteurs qui ont eu leur récompense - prix,
félicitations, rémunérations financières - sont tombés
aujourd'hui au plus profond des oubliettes.
Ce qui importe, c'est de se faire mais plaire est peu de chose.
Il n'y a rien à espérer en poésie - cela est peu, insignifiant,
ridicule en vérité. Il s'agit ensuite d'une réputation
colportée avec acquiescements d'autrui.
*
Le recueil. X préfère tels poèmes, Y tels autres et Z pense
encore différemment.
Le privilège de la complète. C'est un choix, une sélection
visuelle : j'aime, j'aime pas - je gomme, je jette, je prends.
601
Le lecteur dans un rayonnage de supermarché. Va vers l'objet
convoité. D'autres cherchent de nouvelles saveurs.
*
Critique. Poésies 2004 Essences et apparences : un foyer de
conjonctures.
Essences et apparences, et quelles
Fuyant la vague morne profondément en soi
L’être, balançant en non-être et déviances sans questionner
son infini
Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies dans la
mesure du déroulement tout en glissant
Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté par ce vent
qui vivifie tandis qu’une plainte maladive semble encore supplier
602
Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement
Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de son ombre,
en poussières de lumière, en déchets entassés
Et les présences émerveillées qui trament et trament encore
dans le sein de l’éther
Combien encore de marches inutiles, de conquêtes limpides
dans le foyer boréal du Moi !
Endormi sous le charme mensonger de quelque vaine idole et
contemplant les astres parfaitement posés
Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je léger
d’hypnoses neigeuses, m’élevant encore, là et là-bas dans
l’errance où je diverge immensément ~ elles, sont des féeries
dansantes
603
L’impensable dans la sphère pure
vois
: je me désespère
mille éclats éclairés de lune affaiblie
s'émerveillant sur le diamant
activant son souffle
en abondance de rêves
là s'y essayant encore
pour le comble du désir
qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de spasmes
suffocants, fuyant de pâles divagations inconnues
et encore : pour quelles perspectives ?
Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme
sublimes oublis espérant malgré tout...
604
*
Quelle nouvelle écriture ? Quoi et pourquoi ? Quels auteurs ?
Quelles applications non définies avec nécessités de
construire sur de l'inexistant ?
La poésie - planétairement ingérable - trop d'auteurs, de
génies, de langues etc.
*
Larbaud, Ponge, Audiberti, Queneau, Breton et de nombreux
encore m'ont échappé. Je n'ai pas su les intégrer pour
produire et travailler. Je les sais avec leur autrement mais
ne puis les utiliser pour appliquer mes différents principes.
Il me faut trouver une solution d'écriture - je dois produire
autrement - penser différemment. Mais quoi et avec qui ?
*
Je travaille avec Roberto Juarroz et essaie de trouver une
poésie autre.
605
*
Nous sommes le 16 juillet. J'écris sur la table de la salle à
manger de Marie. Elle s'est endormie et je noircis ces
quelques lignes en lisant l'œuvre de Roberto Juarroz. Avec
quel livre, quel auteur vais-je pouvoir poursuivre mon
œuvre ?
*
C'est avant tout un mécanisme cérébral d'écriture. Est-ce
action poétique ? - J'en doute fort. Le principe est là. La
substance, un prétexte.
Poétiser n'est pas jouir de la Nature et de son dehors - Écrire
c'est appliquer, combiner, penser autrement, découvrir de
nouvelles solutions - déplacer. Ce sont donc des verbes
nouveaux que j'essaie d'instaurer dans ma cervelle, et c'est
grand effort !
Savoure-t-il le sens de son mystère ? Que comprend-il de
l'intérieur ?
606
Tout chemin est vérité.
" Je voyage ! Je voyage ! " - Mais comment posséder le vrai ?
Aller ! Aller outre et pénétrer l'être au plus profond.
*
Poésie - Qui sème l'indifférence, récolte le mépris.
*
Je travaille en principe consubstantiel - je suis avec le produit
de l'autre. Je l'entends, le conçois, le dérive, le reprends -
en extrais certains germes, y associe ma singularité, et
j'essaie d'obtenir un objet différent, nouveau que l'autre
CAD le lecteur devra intégrer.
*
Je crains de perdre des œuvres essentielles, des auteurs
remarquables avec lesquels j'aurais pu produire des choses
nouvelles, des produits littéraires ou poétiques différents - mais
607
que faire ? Constamment renifler à droite, à gauche comme un
chien en manque ?
*
Vous m'avez pris pour un artiste - un être de zèle prêt à courir
à droite, à gauche à la moindre obéissance. Non ! Je
courrais dans mon âme et c'était déjà grande distance à
parcourir.
*
Ma crainte : de n'avoir pu développer efficacement le potentiel
proposé.
Autres craintes : avoir perdu des auteurs exceptionnels à la
Mallarmé ou à la Rimbaud qui m'auraient permis d'ouvrir
des espaces nouveaux intérieurs.
Le paralittéraire
*
Instituteur Professeur de Lettres Agrégé de Lettres
Journaliste Critique littéraire Professionnel de l'édition
Libraire Bibliothécaire Universitaire
608
*
L'homme presque n'existe pas.
Mais il peut collaborer avec son absence.
Roberto Juarroz
Poésie verticale
*
Il faut symboliser, faire des allégories et extrapoler.
*
La crainte du maniérisme, de l'habillage au détriment du fond
- de la prise de conscience extérieure maximisée, flouée
par l'autre avec son apparat - sa présentation.
*
Il ne peut en être autrement - sachez que je n'y suis pour rien.
La fatalité du négativisme poétique m'interdisant quelconque
possibilité de réussite littéraire - tout effort est vain.
609
L'action s'en retournant à son échec - les volontés de
crédibilité étant automatiquement vouées aux échecs les
plus cuisants, j'avais beau me dépêtrer pour obtenir le
moindre souffle de valeur - c'était nenni - nenni. Allez voir
ailleurs. Alors j'y allais. Et j'entendais encore la même
rengaine : Non ! Ne m'intéresse pas.
*
Pourquoi les bonnes manières dans les activités artistiques ? -
Car l'on essaie d'approcher l'autre tout en tachant de
respecter sa personne et sa sensibilité. Il faut donc s'y
prendre avec du maniérisme, et c'est susceptibilité difficile
que d'oser agir de la sorte.
*
Je ne me soucie pas de savoir si je plais ou non, si ce travail
convient ou non - je vais outre - j'agis, j'accomplis - je fais
fructifier mon potentiel - l'autre, Autrui m'indiffère -
j'essaie avant tout d'obtenir un résultat.
610
*
Roberto Juarroz est difficile à saisir car il est image et
profondeur - pourtant l'intelligence croit le comprendre ou
pénétrer cette double face sud-américaine qui échappe
parfois à la raison française cartésienne.
Il est là et à côté - parfois ces deux lieux s'organisent, se
fondent et créent un espace où le vrai se déploie.
*
Parlons franchement
La poésie - Soit : ça marche et c'est OK. Exemple : tu te fais
éditer par Gallimard. Soit tu fais : chapeau pointu turlututu
en gigotant de la gigue dans les arcanes des labyrinthes
littéraires avec circonvolutions de zélé : Très bien…la
Poézie, c'est très zoli !
En vérité, cela n'avance pas.
611
Ou encore. Jette tout ça, et tu te construis. Car le temps est
ennemi. Et si ton travail est valable, autrui le reconnaîtra.
*
Etre en poésie auprès d'autrui est une immense politique de
communication. Il faut transporter son 3D est toujours le crédibiliser. Le
marché est inexistant - le produit
n'étant d'aucune utilité est automatiquement rejeté.
*
Comment concevoir une pensée créatrice contemporaine ? Les
poètes et les écrivains qui se sont succédé ne pouvaient guère concevoir
leur degré de parenté. Il faut encore être doté d'une puissance inventive
interne et opéré par la transmutation un nouvel exercice d'un langage
déjà institué. C'est un jeu d'applications à travers un art et un principe
encore contenus qui ne saurait se concilier avec une expression moderne
déjà intégrée. La finalité étant de concilier avec la conscience moderne
conçue un nouveau mode contemporain incompris ou à peine aperçu.
Car toute ébauche vaine exige un nouveau déploiement intérieur.
Le portrait contemporain est la seule manière de voir le nouvel homme. Il
612
faudra toutefois aller outre. Seule la non-représentation commune
m'apparaît l'unique possibilité de crédibilité visuelle.
*
Rimbaud : configuration mentale exceptionnellement rare. Par
quelles opérations cérébrales a-t-il pu accomplir une telle compression de
la structure et de la phrase ?
Le cerveau dit oui à cette algèbre littéraire.
*
Comment vais-je faire pour trouver ou inventer quelque chose
dans le domaine poétique ? Que puis-je espérer dans l'espace
philosophie ?
Est-ce la construction de l'œuvre qui contient en elle-même son
originalité ?
*
Quand on remontera au Ciel et quand on verra l'indice poétique
de Dieu, l'on s'apercevra que cela n'a rien à voir avec le catalogue
Gallimard.
613
Il y a certainement des surestimations et des sous-estimations
terrestres. Quant à certains poètes - grands peut-être - ils n'ont jamais été
édités et sont tombés dans les oubliettes.
*
La critique c'est : ce que je crois, ce n'est pas ce qui est.
La transcendance poétique
*
*
Le critique doit dire : moi, je n'existe plus. Je me réduis. En
revanche je vous intègre.
- C'est la seule manière pour admettre l'auteur avec sa différence et son
autrement.
*
Il y a les cygnes (CAD les grands poètes) et les vilains petits
canards barbotant dans la mare (Ce sont les poètes d'aujourd'hui se
prévalant d'être quelque chose).
614
Les cygnes et les canards
Les canards font : « Coin ! Coin ! » et discutent entre eux. Les
grands poètes passent à côté de ces oiseaux inférieurs, les méprisent et
poursuivent leur avancée sur le lac.
*
Faut-il s'évertuer à côtoyer des poètes qui délaissent absolument
votre présence quand la formation exige l'obéissance et l'admiration des
plus grands d'autrefois qui ne sont plus ?
nouveau !
Prends pitié de ma pauvre intelligence et veuille la sublimer à
*
Et pourquoi devrais-je me suffire de niaiseries inutiles, de
paroles d'à-propos, de circonvolutions littéraires pour ne plaire à
personne en vérité ! Quel jeu m'imposez-vous à jouer ? Quelle bêtise
primaire ne forcez-vous à faire transparaître ? Tout cela est ridicule. Plus
personne ne vous suit. Plus personne n'exige cela. Ces propositions font
partie des aberrations d'autrefois.
615
Aujourd'hui, il faut travailler, appliquer, penser et croître. Oui,
se développer et obtenir des résultats poétiques - mais de tafiolages
d'opérettes, il n'en est plus question. Délaissez toutes vos fantaisies
d'approche. Vos ordres insensés sont totalement dépassés.
*
Y a-t-il un vecteur oublié qui se situerait entre la philosophie et
la poésie ? - Ce ne sera pas une réflexion bigarrée d'images extraites ici
et là - ce serait un véritable vecteur - certain qui ne permettrait pas de
faire avancer la pensée mais... Qui aurait l'audace d'aller au-delà en se
défaisant de la raison par la spéculation imaginative.
Avec les poètes
*
Il faut se suffire de leur peu - se prévaloir de leur suffisance - se
prétendre en deçà. Ils vous reconnaîtront - vous réduiront à leur état.
Acceptez ! Acceptez ! Cela vient d'eux. Ce seront des circonstances
autres, extérieures qui vous grandiront ou vous rapetisseront.
Faut-il longtemps courir après l'éditeur pour obtenir une
pacotille de réussite ? Ne faut-il pas en cesser et tenter de se former dans
616
sa parfaite indépendance ? Et qui sait ? L'Internet semble un possible -
un moyen d'offrir son travail à une masse exceptionnelle de lecteurs à
l'échelle planétaire pour un coût totalement insignifiant.
La poésie
Renoncer un droit quand cela était aumône et basse richesse,
quand cela était soumission et humiliation vaine pour presque rien. Que
pouvais-je espérer ?
*
Le héron : " Oui. Moi. Solitaire et tel ! Indépendant, ne
recherchant nulle nourriture auprès d'autrui. C'est ainsi. Je fais le tour du
lac, je côtoie l'ancienne rivière, et je me suffis de mon rien. Je n'ai que
faire de vos pacotilles de tanches, de gardons ou de vermisseaux - j'irai
vers de nouveaux festins là-bas de l'autre côté, car j'ai trouvé un
poissonnier et la prestation de ma présence semble hautement l'amuser.
Encore, je suis aimé auprès des hommes. Ils me nourrissent grassement.
Qu'ai-je donc à regretter ?"
*
617
Il faut donc apprendre à mourir - il faut se former, se
développer, s'épurer - implorer, supplier, prier - croire, espérer, invoquer
- se débarrasser, s'alléger, évincer ses scories - et glisser hors de son
corps pour enfin accéder à la lumière là-haut.
*
N'est-il pas utopique d'escompter proposer un produit poétique
capable de satisfaire à l'ensemble du public, d'offrir un texte écrit
apprécié et reconnu méritant quelque louange financière ?
Il me faudra donc faire des pieds et des mains auprès d'autrui
pour obtenir une reconnaissance insignifiante ? Vous exigez du zèle de
prêtraille pour convaincre la Structure
de s'intéresser quelque peu à ma personne ?
N'avez-vous pas songé aux nombreuses heures perdues pour
subir des refus et des crachats, et se voir bassement humilié par des êtres
méprisants ?
*
618
Je suis bien au-delà de ce que prétend autrui. Mais a-t-il été
capable de me juger réellement ? Dois-je me suffire de sa critique ? Cette
analyse semble-t-elle justifiée ?
Combien se trompent certains hommes qui prétendent savoir
avec leurs compétences mais qui sont si loin de la Vérité. Et de
poursuivre encore pour leur Néant, hélas !
Le poète ne pense pas - il gobe des images et se prévaut d'être
savant. Penser est au-delà de cette puérile compétence, elle confère le
droit à la philosophie.
*
Je suis allé chez Demazet ce soir de 18 heures à 19 h 30 - lundi
15 novembre - Sa compagne, très gracieuse, m'explique que deux
personnes de l'Association se sont épousées à Bordeaux.
Puis Demazet - qui essaie de se crédibiliser via l'édition -
s'investit très intelligemment - côtoie, rencontre, transmet son capitallivres
- en a assez de Poésie-Montauriol, la trouve trop pesante - poursuit
encore...
619
A raté le virage informatique - n'a pas l'ordinateur ni le Web -
ne voit pas le problème, évidemment ! - craint de ne pas savoir utiliser le
PC - ce qui est stupide !
Voit Ferrer grand poète quand je le vois petit ou local ou
insignifiant. Sa notion de grand est plus généreuse que la mienne.
etc.
Moi, grand : c'est Baudelaire, Char, Racine etc.
Lui, grand : c'est également Ferrer, Hetzel, Hélène de Miras -
Je ne comprends pas - qu'importe !
*
Les animations de la poésie d'aujourd'hui, qu'est-ce que cela a à
voir avec l'immortalité des grands poètes ? Faut-il passer par là ?
Poètes, le combat est pour des broutilles, le zèle pour des
insignifiances - mais l'avenir est au Ciel. Ici-bas, tout est ridicule - tant de
mièvreries, de foutaises, d'insistances auprès d'autrui pour peu, pour rien,
en vérité. Non, le vrai futur est là-haut avec les ombres, avec les spectres
et les réalités littéraires célestes.
620
L'Au-delà sait déjà pertinemment notre degré de compétence.
Tout s'en retourne au vrai et l'ordre est respecté.
Sur cette basse Terre, c'est la foire d'empoigne - les coups dans
les pattes - le mépris, le rejet. Attendons de mourir et enfin nous serons !
Tel qu'en lui-même enfin !
*
Je ne lis pas - je transforme - je transforme les propos - J'en tire
quelques-uns. J'extrais des pensées que je re-pense, malaxe et déplace.
C'est un travail de transfert.
*
Les hérons
Poésie : il y a les grands et les petits. Les petits sont fort
nombreux. Ils excellent et se multiplient aisément. Les grands sont rares,
cachés, repliés en eux-mêmes - le plus souvent rejetés, ignorés, méprisés
- ils conçoivent en silence. Leurs produits ne sont guère intégrés.
621
Dans la mare à la jactance : s'y côtoient les canards et les
cygnes. Les canards sont bavards et se prévalent d'être des grands poètes.
Les cygnes sont des poètes reconnus, - ils méprisent ces outrepassants. Et
d'autres encore sont à l'orée de la mare - ce sont les hérons qui n'ont pas
même un chétif morceau à quémander. Ce sont des incompris, des
inconnus, des rejetés mais leur panse est sublime - elle intègre l'ensemble
de l'inconnu qui gît au plus profond dans la mare.
Puis d'autres petits oiseaux s'étonnent, battent des ailes et restent
au bord de la mare pour se nourrir des rots et propos incompris de ces
hérons - ce sont ceux-là qui passent à la postérité, sont enfin compris et
servent à produire quelque chose de neuf.
*
Suis allé ce soir jeudi 25 novembre à la Bibliothèque de
Montauban à 18 h 45. Siméon et une amie de la DRAC présentaient la
maison d'édition Ducheyne. J'ignore si les auteurs du catalogue auront
quelque avenir.
Il reste aujourd'hui 50 poètes de la Pléiade française de
Gallimard. Siméon ignore la composition, les chiffres et l'équilibre
grammatical.
622
Je pense qu'il est sot de s'intéresser à ces êtres-là. L'avenir est
dans les différentes Pléiades européennes ou mondiales. Si l'on parvenait
à connaître les 50 plus grands poètes espagnols, italiens, allemands,
anglais, américains - etc. 9du monde entier - cela représenterait une
richesse inouïe incapable d'être assouvie, et l'on aurait que faire de ces
broutilles ou de ces tentatives de percées locales. Mais cet homme sera
peut-être quelqu'un. C'est du moins ce que je lui souhaite.
A-t-on le temps de s'occuper de cela quand on a du travail ? Ne
doit-on pas se préoccuper de ses propres applications plutôt que d'essayer
d'être auprès d'autrui ?
J'ai 46 ans. Il me reste 25 ans à vivre dans le meilleur des cas -
puis tout sera décadent et décevant - perdu - en lignes faibles. Que doisje
donc faire pour obtenir le meilleur potentiel, les meilleures
applications auprès de cette immense richesse que représente la
civilisation ?
Que faut-il lire ? Quels auteurs ? Quels livres ? Et quels sucs
tirer de ces substances pour moi-même parvenir à écrire quelque produit
utile ou intéressant ?
623
Je plonge fortuitement dans l'âme des philosophes et espère
retirer des substances intellectuelles utiles à mes applications.
L'instinct est d'aimer les Mathématiques, la raison, le savoir, les
philosophes, les poètes, les saints - ceci n'est pas dans l'ordre - les
prophètes, les Dieux, les saintes, les pèlerinages, les livres sacrés etc.
*
quel ? - Lequel ?
Il faut ajouter sur l'Abstrait - faire du post-contemporain - mais
Penser, agir, fusionner avec matériel informatique - Yahoo,
Google etc. Sélectionner dans la liste puis appliquer.
Ne plus se soucier de l'éditeur - cela est caduc
(- Essentiellement pour les poètes) mais travailler avec les listes
littéraires et en tirer des ouvrages à exploiter (Italiens, Allemands,
Anglais, Espagnols etc.)
*
624
Samedi soir. Chez Deloche. Une heure de six à sept. Assez
grosse effervescence. Recherche de nouveaux auteurs. Je visite Cheyne -
certains bons poèmes de Siméon en prose. Puis d'autres éditeurs. J'essaie
d'ouvrir une cinquantaine de recueils - difficile d'en exploiter un d'utile.
Puis je tombe sur Deluy – Potlatch[es] son anthologie à 25 €. La
présentation des textes m'apparaît satisfaisante et je parviendrai
certainement à extraire quelque chose de ces applications.
*
Il faut créer un langage novateur - parvenir à produire des
structures grammaticales jamais conçues par autrui - inventer un nouvel
ordre avec des concepts inconnus. Comme tout cela semble difficile !
*
Inventer de nouveaux espaces. Mais quels ?
Rôle mineur du relationnel - rôle majeur des lecteurs et auteurs.
Peu pour la communication - tout pour les applications - écritures
essentiellement.
Et aujourd'hui Yahoo,Google... au mot littérature.
625
autres.
Il faut constamment chercher et déplacer les substances des
Quel rapport le génie a-t-il avec l'art ? Il voit - il comprend - il
pénètre - il prend et se nourrit.
Quand l'âme atteindra l'au-delà, la science ne sera qu'une
illusion.
Le réconfort de la médecine n'est que provisoire quand l'avenir
est dans l'immortalité.
Poésie des limites et des expériences - du plus loin créatif, de
l'en deçà - en laboratoire d'écriture. Zanzotto est remarquable. Et d'autres
encore - inconnus - jamais édités, hélas ! Qui sont les nouveaux
Mallarmé ? Car ce sont les fondateurs des nouvelles applications avec
variabilités audacieuses et inventives. Qui sont-ils - je répète ?
Il faut donc trouver de nouvelles limites poétiques et
philosophiques, et les exploiter en tant que potentiels sûrs.
2004
Quelle est donc cette écriture contemporaine ? - 6 décembre
626
Je ne vais toutefois pas en rester là avec cette pensée médiocre.
*
La chose la plus difficile en poésie, c'est de parvenir à relancer
son inspiration interne, c'est de trouver le moyen de produire quelque
chose de nouveau et de différent. Après des milliers et des milliers de
pages, tout semble bloqué et répétitif. On a impression que ce que l'on
écrit a été maintes fois proposé et l'on ne sait plus comment s'y prendre
autrement.
*
Il n'y a pas de solitude infinie de la pensée - il y a un espace
poétique qui se déploie - il y a un espace philosophique qui est là, qui
entend et comprend. Les pensées sont des signes mais ne sauraient
mourir, folies de mon esprit. Tout est rationnel et logique. Je cherche
donc des images vraies - des pensées possibles et construites - j'avance
dans la vérité en espérant que tout cela pourra s'avérer exact demain.
Je répète : il ne s'agit pas d'images fantomatiques qui animent
ma cervelle mais des audaces susceptibles d'être vraies.
627
J'émets des sons, des pauvretés, des absurdités - je prends des
risques - je suis un miroir déformé du monde. Je dois trouver des
combinaisons nouvelles. Je sais que j'y parviendrai. Croyez-en moi.
Croyez.
*
Poésie
Éviter le compte d'auteur qui est cher et ne débouche sur rien.
Aller sur le Web - s'y référencer, y offrir ses produits gratuitement.
Se former, s'instruire dans les Anciens et travailler avec les
nouveaux auteurs - produire, penser, appliquer.
*
La solution est peut-être de trouver des revues adaptées à ton
principe d'écriture - des revues très contemporaines. Quelles seraientelles
?
Je me demande parfois ce que je puis trouver avec ma piètre
cervelle. Mon intelligence me semble de qualité inférieure. Je cherche -
cherche et ne puis découvrir.
*
628
La poésie de contact, de discussion, de communication peut-elle
réellement déboucher sur quelque chose d'utile ? Que doit-on espérer
attendre de ce type de contact ? Effectivement cela est très sympathique,
très courtois - mais, en vérité cela permet-il de faire avancer son propre
potentiel ou encore sa carrière littéraire ?
*
Jusqu'où ira cette nullité ? Jusqu'où faudra-t-il plonger au plus
profond de soi pour en remonter le suc libérateur de la poésie crédible ?
*
Est-ce une erreur ? Je ne m'inquiète que fort peu de l'édition, de
ma crédibilité auprès d'autrui. Je produis, je travaille mais je ne tente
guère les contacts - les discussions - ou les palabres. J'ai tellement à gérer
par moi-même...
*
Ce que je crains : - c'est de perdre des poètes exceptionnels
avec lesquels j'aurais pour produire des textes utiles ou intéressants et qui
hélas ne m'apparaîtront jamais. J'ai eu le privilège d'exploiter un Paul
Celan, un du Bouchet, un Zanzotto (D'autres noms sont encore dans ma
629
mémoire), mais de véritables réalités poétiques me semblent perdues
hélas.
Je parle également de Poètes-Outils capables de faire évoluer
mes applications d'écriture.
*
Il se prétend poète mais il n'est rien. Il est peu, il est inutile. Il
méprise, - il joue un rôle local ou national - appartient à une Maison - sa
disparition est certaine. En vérité, tout se passera au Ciel, et le vrai sera
enfin dégagé.
*
Qu'est-ce qu'un poète ?
- Est-ce celui qui associe applications poétiques et
comportements externes ? Celui qui se prévaut d'être sur une petite
estrade et a été édité à 400 exemplaires par une maison régionale ?
- Tout cela ne saurait durer. Ceci est de la poésie d'aujourd'hui.
Mais où est Baudelaire ? Rimbaud ou Lautréamont ?
630
Et le public qui se prévaut d'être averti écoute, encense, se
nourrit de balivernes et d'inutilités !
Ceci est plaire à une intelligence simple d'instituteurs, de
professeurs de lettres ou d'amateurs encore.
Mais le génie - je dis - le vrai génie, où est-il ? Se frotte-t-il à ces
miasmes ? Non, il cherche, conçoit, applique en dehors de ces présences
sommaires.
*
Le poète ne m'intéresse guère - seule l'œuvre m'apparaît utile.
Je délaisse les rencontres préférant me concentrer sur les
applications d'écriture.
En revanche, je travaille là en langage consubstantiel - CAD
que j'exploite des fragments, des éléments d'autrui pour produire mes
propres écrits.
*
Qu'est-ce qu'un poète ? Qui est le poète ? Tout cela est
impossible. Trop de génies, trop de réalités indépendantes pour former
l'ensemble dit Univers poétique.
631
Algébristes
*
Miscellanées
Mallarmé Rimbaud
Pound Paul Celan Zanzotto
Denis Roche Deguy Roubaud
? Juarroz du Bouchet Pasolini
Autres algébristes
Poètes projectionnistes - Zukofsky - Charles Olson - Pound - Robert
Creeley - Bunting
Chaucer - Oppen - Reznikoff
*
Louis-René Desforêts - Pringent
L'observatoire de poésie contemporaine
*
632
Grand poète : ----) distinction dans l'élaboration mentale
----) conception et spécificité rares
particularisme supérieur qui offre une distinction de qualité
Grands poètes principaux : inspireraient - œuvre fondatrice ou
fondamentale - créer un mouvement etc.
Verbalités : problèmes du langage poétique.
633
JOURNAL 2005
Considérer le rapport entre la poésie et la philosophie - rendre clairs les
points de cobordisme et d'équations d'applications - c'est encore s'essayer
à de la spéculation audacieuse mentale. Il est vrai que la philosophie peut
avoir besoin de la poésie en exploitant ses qualités propres pour penser et
avancer. Comme la poésie ne saurait s'interdire l'accès à la philosophie
pour construire et progresser dans ses résultats mouvants.
*
Pourquoi le laboratoire ? - Car le laboratoire est en avance sur son temps.
Il spécule, il prétend, essaie avec l'audace. Il veut offrir le futur, il assure
de le posséder.
*
En poésie - ce qui plaît n'est pas toujours ce qui est bon. Mon jugement
et ma critique ne sont pas des biens fondés de certitude. J'interprète, je
prétends - mais de vérité indiscutable, il n'en est point.
634
Cet Autrement n'est pas toujours compris. Difficile parfois d'imposer sa
propre personnalité. Faut-il d'ailleurs se soucier de se crédibiliser auprès
d'autrui ? Etre Soi pour Soi, - n'est-ce pas suffisant ?
*
Quelle est la finalité objective utile d'un relationnel avec un poète ?
Si je rencontre des gens, je vais rencontrer qui, et cela va m'apporter
quoi ?
Le plaisir du contact ---) très sympthatique.
*
Toi, mon rare
Toi, mon rare, mon avare mais d'eux-mêmes à éviter
Pour le non-utile - le facile acquiescement de
Dire oui. Le beau de la politesse ! Quel sympatique !
Quelle mesquinerie ! Encore de s'attrouper autour !
" Ecrivez-vous le soir ? Le bleu est subsonique ! Je
M'entremêle dans mes délires fangeux. La beauté est
Croissance de chair. Finissons-en ".
635
En discrétion
Enracinée, de poète à l'écart travaillant dans, -
Travaillant avec - avec génies et sur-génies pour
La recherche impossible, inouïe, au-delà, pour.
Oui, délaisse mais forme-toi avec lumières, éternités,
Fluidités équivoques dans lesquelles est ton bien - Re-
Viens, retourne.
De jamais éprouvées, en évoquées,
En confusion, j'enfle dans mon mystère et reste moi.
*
Voici le temps de l'inspiration, sublime moment où le génie se déploie.
*
L'Autre - est l'ami, le frère, le père, l'Alter ego dans lequel on se
régénère, on s'instruit, on apprend, on applique.
Il autorise ce langage consubstantiel ou fusionnel CAD une sorte de
Moi-par-Lui, Moi-avec-Lui, Moi-sans-lui-je-ne-suis-rien.
636
Il s'appelle : Rimbaud, Racine, Baudelaire, Valéry, Mallarmé, Deguy, du
Bouchet, Zanzotto, Celan, Pound etc.
À la fin de mon existence, des centaines d'hommes, - poètes, peintres,
philosophes, scientifiques etc. auront participé à ma formation ou à la
production de mon œuvre.
La poétique de l'espace
*
L'analyse du post-Bachelard - c'est-à-dire : un nouvel espace inconnu et
pourtant exploitable où la pensée poétique se construit
ou encore
L'écriture post-Celan - Pound ou Zanzotto - mélange de tous - car
d'autres existent évidemment.
Mais le subtil serait de combiner les deux - intelligences de forme et de
fond.
Et quel produit le cerveau serait-il capable d'extraire ? Car il faut
concevoir un objet cérébral nouveau.
*
637
L'intelligence poétique doit également trouver de nouveaux espaces (Audelà
de l'analyse de Bachelard) où elle pourra déployer de nouveaux
vrais sensés ou insensés - qu'importe ! - mais des vrais possibles ou
inconnus. Rester là en soi, en prétendant poursuivre Autrui est certes
louable mais n'est guère progressiste.
Denis Roche ---) 2003
Zanzotto ---) 2004
Pound ---) 2005
*
CAD
Moi-même + audace de l'autre - de son écriture. Ou repartir avec Roche
et Zanzotto.
*
Je me demande réellement quelle compagne aurait pu me suffire, car
l'autre à mes côtés m'apparaît idéale perdue. À moins que tout cela ne
soit qu'une chimère impossible, que folie de réalité et invraisemblance.
Produire et produire pour son temps. Sorte d'utilité de journaliste. Avoir
sa récompense avec son salaire. Mais comment durer ? Un peintre dure
638
cinq siècles. Un musicien trois. Mais un écrivain, si grand soit-il se
démode assez rapidement.
Il doit accepter d'être et de n'être plus. Il passe, est immortel. Mais son
œuvre n'est plus d'aucune utilité. Ce grand poète Clément Marot disparaît
petit à petit. Mais Virgile et Homère semblent graver dans les stèles des
millénaires. Alors ?
Je crains l'autre, les autres, Autrui - les circonvolutions, les tentations de
séduction, le paralittéraire.
Je cherche les applications, les résultats, les optimisations, les nouveaux
espaces.
*
Nous sommes samedi soir, et je travaille sur la table de la salle à manger
de Marie. Nul livre n'est mis à ma disposition. Je produis sans, sans ce
déclencheur d'énergie, sans ce petit fragment qui opère hors de la
cervelle la sortie du produit intellectuel. Je m'aperçois - mais je le savais
pertinemment que l'Autre est indispensable à mes applications. J'appelle
l'Autre, le livre - le philosophe - le poète - le penseur - l'Internet ou
l'Encyclopédie.
639
Pourvu que cela passe ! Pourvu que ce produit cérébral puisse se
crédibiliser auprès des autorités compétentes ! Je crains l'espace littéraire
humain avec ses rejets, ses refus, ses abnégations.
*
Ce que je crains, c'est d’être dans l'obligation de rencontrer des gens de
toutes sortes pour des petitesses et des insignifiances - d'agir - d'aller à
droite et à gauche pour ne rien obtenir.
Ce que je cherche - l'efficacité poétique - le relationnel-gain -
Rencontrer, offrir et se crédibiliser.
*
Il ne s'agit pas de lire - il s'agit de s'instruire - de prendre, de se nourrir,
d'extrapoler, d'aller outre - d'ajouter sur la pensée des Anciens et c'est
acte de progrès.
640
*
Le parrainage poétique - méfions-nous des uns et des autres qui
cherchent à s'associer par frottement, par gentillesse de comportement.
Le génie est unique - est un et ne saurait nécessiter la présence d'autrui
pour exister.
Je veux dire : à quoi peut bien servir de se coller ? Tout ce zèle littéraire,
pourquoi ? N'est-ce point du temps perdu pour des peccadilles
insignifiantes.
*
Je crains l'autre, les autres, Autrui - les circonvolutions - les tentatives de
séduction - le paralittéraire.
Je cherche les applications, les résultats, les optimisations, les nouveaux
espaces.
*
Marie qui est à Paris est parvenue à obtenir Le Galaté aux bois d'Andrea
Zanzotto. Cet ouvrage - majeur - fait considérablement évoluer la
verbalité et le langage.
641
J'espère qu'il me sera utile pour produire. Du moins, je tenterai de le
scanner.
*
Rencontres. Qui voir ? Qui rencontrer ? Avec qui discuter ? Et pour quel
contenu ? Cela permet-il de faire avancer les choses ou n'est-ce que de
l'aimable communication d'opérette ?
*
Il n'est certes pas possible de maîtriser l'ensemble de la production
poétique offerte à notre intelligence, - nous devons nous résigner à
travailler ou à produire avec seulement quelques auteurs offerts ici et là
au hasard des rencontres ou des errances d'écriture.
Évidemment la logique d'applications - une exploitation systématique de
produit d'autrui nous paraîtrait plus raisonnable - mais la réalité semble
tout autre, et une grande part de chance et d'heureuses conjonctures
semble prévaloir dans notre mécanisme littéraire.
*
642
O Œuvre
Il y a tant à lire ! Cela n'est plus possible ! Il faut donc rechercher un
niveau - une valeur - une correspondance comprise par Autrui qui dira :
"Moi, je ne vous ai pas lu, mais je sais que vous valez tant. Vous vous
situez là."
D'autres, plus subtils, prétendront : "Nous vous analysons avec tels
ouvrages, tels poèmes, tels extraits. Il est vrai, votre production va audelà
de nos capacités synthétiques. En cela, nous laissons aux
générations futures le soin de vous comprendre autrement. Nous ne
prélèverons qu'une infime quantité de votre œuvre géante."
Et que dire ? Et que dire, pourquoi s'indigner ? Est-il possible de tout
gérer - de tout comprendre ? Cela n'est-il pas suffisant, en vérité ?
*
J'ai achevé le scann du Galaté aux bois de Zanzotto. J'attaque Vingt
Poètes américains. Je dois rendre l'ouvrage pour le 12 ou le 13 février
2005. Le retour se fera à la Bibliothèque Vaugirard à Paris.
Marie est parvenue à trouver les rares bouquins...Elle s'est inscrite et a pu
m'apporter les précieux ouvrages avec lesquels je puis produire
actuellement.
643
*
Vingt poètes américains Zukofsky page 57
Ce sont des applications remarquables !
Objectivistes
*
Pound WCW Gertrude Stein
Zukofsky Carl Rakosi
Basil Bunting Lorine Niedecker
*
La production des années 30 a-t-elle été un levier pour l'écriture poétique
contemporaine ? On sait l'influence de la troïka Baudelaire, Rimbaud,
Mallarmé sur la poésie de du Bouchet ou de Paul Celan. Qu'en est-il des
années 30 ?
*
La poésie française contemporaine : il serait préférable de parvenir à
dégager ceux qui des génies ou des grands poètes. Le reste étant peu de
644
chose. Ce sont les génies et les grands poètes qui inspireront les auteurs
d'aujourd'hui et de demain.
*
Est-il véritablement agréable de s'entendre dire : " Non ! Non !
Monsieur ! Allez voir ailleurs. De tout ce magasin, je n'en ai que faire !
Cela ne saurait me convenir. Comment avez-vous eu l'audace de me
présenter cette quantité innommable ?"
- Que faire ? Que faut-il répondre ? - Cela sert-il à quelque chose
d'enflammer la polémique ?
L'on se retire et l'on produit pour soi. Pour sa propre postérité ou
immortalité...
*
Déjà 300 000 poètes français édités en ce jour, à compte d'éditeur. Peutêtre
d'avantage ! Combien, en vérité, en restera-t-il ? Seront-ils d'ailleurs
là les poètes qui passeront à la postérité ? Ne sont-ils que les poètes
d'aujourd'hui ? Faut-il appartenir à cet espace ?
*
645
Étonnant site trouvé sur Internet permettant d'accéder à la poésie
planétaire contemporaine. Cela permet l'édition de 28 feuilles au format
21 X 29. Un nombre considérable d'auteurs inconnus apparaît. Espérons
que certains parviendront à faire évoluer ma verbalité et l'espace dans
lequel je tente de me déployer.
---) Vidéos-lectures
---) Ecritures électroniques
*
François Lunven/ Olivier Debré
Robert Davreu - membre de Po&sie
*
La poésie : ce n'est pas côtoyer X ou Y - discuter quelques instants pour
des facéties insignifiantes - non ! Le poète est celui qui écrit, applique et
obtient un résultat nouveau, inconnu d'autrui et utile à la Communauté.
*
De tous ces gens d'aujourd'hui qui animent La Poésie française ~ dans un
siècle, combien en restera-t-il ?
646
Ni Mallarmé ni Rimbaud ni Baudelaire ni Verlaine n'étaient édités.
Cependant ce sont eux qui ont fait la
poésie du XIXe siècle !
Ils sont nombreux à prétendre savoir...
*
Tout poète authentique est un fondement nouveau.
Seront-ce de nouveaux espaces ? Des associations de langage inconnues
? Comment peut-on déterminer la poésie nouvelle utile ?
*
Je crains essentiellement de parvenir de ne pas trouver.
Mes applications poétiques parviendront-elles à se situer dans un
autrement utile ? Vais-je pouvoir obtenir une nouvelle verbalité
comprise, débouchant sue quelque finalité objective ?
*
Les poètes n'ont guère intérêt à se côtoyer car ils pensent, songent,
appliquent des produits totalement différents et peu compatibles.
647
Quand on rencontre son contemporain, il pense inconsciemment : " Qu'il
soit Moi ! Qu'il fasse ce que j'ai produit car j'ai la certitude que ce que je
fais est bon, grand voire génial. Moi, je suis un grand poète. Ce qu'il
produit n'est pas ce que je fais. Donc je le méprise. Je puis le rejeter ou le
juger d'en haut. J'ai expérience, j'ai compétence."
Or il en est de la poésie comme il en est de la musique. Des milliers de
ramifications se croisent et s'entrecroisent, mais une tendance musicale
ne saurait posséder le vrai.
*
Quelle est la probabilité en France de trouver un grand poète avec qui
l'on puisse communiquer ?
Faut-il courir comme un malade pour se forcer à en trouver un ? Dans
quel but ? Pour causer cinq minutes avec lui ? Ou le supplier de nous
dédicacer un ouvrage payable 20 euros ?
Tout cela est ridicule ! L'on s'aperçoit aisément que c'est chacun pour soi.
Mais de relationnel, il n'en est point !
648
Je dis : il faut produire et travailler - se construire et œuvrer, et non point
se soucier d'autrui.
*
Plaire, exister, s'assumer auprès d'autrui ! Quelle fatigue ! Quelle usure !
Un bon patronyme fait gagner vingt ans, assurait Pascal.
*
Concevoir de nouvelles formes - penser d'autres contenus.
Plus le temps passe, moins je me sens capable d'obtenir quoi que ce soit.
*
La poésie est un outil d'applications de forces mentales. C'est un support
pour extraire, extirper, plonger là au plus profond et tenter d'y remonter
des vérités nouvelles, autres, différentes - audacieuses.
*
- Pourquoi écrivez-vous ?
649
- Certains peignent, d'autres font des mathématiques, d'autres encore du
crochet ou des muretins de pierre. Pourquoi ne pas écrire ? Il y a des
millions de personnes qui en France écrivent leur journal. Ceci n'est pas
acte de rareté.
Écrire serait un langage, supérieur à du langage parlé qui mériterait une
retenue sur du papier.
- Pourquoi écrivez-vous ?
- Je suis incapable de produire de la mathématique, de la physique ou de
l'économie à un niveau supérieur. Je dois me suffire d'images vaines, de
pensées chimériques, d'audaces aléatoires bariolées de langage obscur ou
de propositions absurdes et folles.
- Pourquoi écrivez-vous ?
- J'obéis à Dieu. Dieu me l'a imposé et infligé. Le résultat ne me semble
guère crédible chez les humains... Le tout est refusé et méprisé
allégrement. Il se peut que le travail convienne là-bas, là-haut - au ciel !
- Pourquoi écrivez-vous ?
- J'essaie d'extraire de ma cervelle des concepts, des propositions
nouvelles issues d'un travail intellectuel. Je prétends que le tout forme un
poème utile ou exploitable pour mon œuvre déjà obtenue.
650
Cela est vrai - vous posez une bonne question. Pourquoi écrire ? Il s'agit
certainement d'un surplus cérébral canalisable par l'expression appliquée.
*
Que puis-je trouver ? Que puis-je comprendre, exploiter, découvrir,
inventer ? Quel monde invisible s'offrira à ma science, à ma
connaissance interdite ?
Je plonge dans l'infiniment-rien espérant y extraire un suc d'intelligence
nouveau - je plonge dans les méandres de mon intime car un pur savoir
semble y exister.
Malgré cela, c'est le rien qui m'habite tout à coup. Qu'était-ce ? Que
prétends-tu avoir obtenu ? Tu es encore dans le Néant de toi-même
incapable et inutile - malfaisant et stupide.
Tente. Tente encore d'obtenir un autre produit. Cela du moins te sera
profitable. Mais de vérité nouvelle crédible, il n'en est point.
*
651
Ce qui importe avant tout, c'est de posséder un nouveau langage, un
nouvel espace d'écriture, de produire des images autres avec des
contenus vrais et crédibles.
Il faut ajouter sur le vrai des Anciens, et c'est belle avancée !
*
Il faut ajouter sur la compétence de ses pères. En ce sens, la science
progresse et propose des applications supérieures.
En revanche, le poète propose un autrement vrai. Mais cet autrement vrai
permet-il d'ajouter sur la compétence des Anciens ?
Le vrai poète est celui qui ajoute et obtient un résultat supérieur.
Ma verbalité n'évolue pas.
*
*
Certains lisent peu : la quantité rimbaldienne ou baudelairienne leur
suffise.
652
*
Il a tant inspiré moi qui n'ai servi à rien !
Il avait 130 ans d'avance sur moi !
Rimbaud
*
Constamment chercher de nouveaux auteurs pour relancer sa machine
interne et travailler pour obtenir des résultats satisfaisants.
*
Ces milliers et ces milliers de poètes, aujourd'hui ! Puis l'écrémage sur la
première génération. La plupart disparaissent - un, deux, trois semblent
résister toutefois. Pourquoi ? Est-ce une politique des maisons d'édition
qui privilégie tels plutôt que tels autres ? Le choix est-il fondé sur des
qualités intrinsèquement reconnues ?
Il s'agit donc d'une immense roue de la fortune ou de l'infortune où des
trésors poétiques sont à tout jamais enfouis ou détruits quand des œuvres
cahotantes parviennent toutefois à faire leur chemin vers la lumière ou la
postérité.
653
*
Les poètes caquettent et le génie produit. Choisissons.
*
L'écart qui sépare un blog de poésie avec un recueil de poèmes, c'est
l'écart qui sépare des brèves de comptoir avec un discours politique...
Il n'y a rien là-dedans - que du primaire insignifiant. Bas - bas - bassecour.
C'est un outil permettant aux gens de délirer, de déconner mais en rien de
construire. Enfin, attendons que le temps passe ou fasse son affaire.
*
Je disais : il y a le QE et le QL. Le QE, c'est le quotient d'écriture - CAD
l'application, le crayon, le papier, l'ordinateur, l'obtention d'une œuvre.
C'est le poète ou l'écrivain seul à sa table pour produire et penser,
extraire de son cerveau et obtenir, obtenir un produit satisfaisant.
654
Il y a le QL - CAD le Quotient littéraire, la capacité à parler, à rencontrer,
à discuter, à appartenir à des groupes, à faire preuve de subtilité,
d'intelligence, paraître en fait auprès d'autrui.
J'ai à ce jour produit plus de 200 livres, mais je n'ai pas rencontré 10
poètes dans ma vie. Mon QE est très élevé quand mon QL touche les basfonds
du Néant...
*
Il semblerait judicieux d'utiliser Gleize ou Philippe Beck ou La
collection Al Dante pour aller outre la poésie d'aujourd'hui, dans
l'extrême contemporain.
Il faut donc lors de la prochaine visite acheter ces auteurs et travailler en
consubstance.
En revanche le Numéro 110 de Po&sie me semble inutile - idem des
numéros du Nouveau recueil.
La revue Nioques également.
Ai vérifié Azul de Ruben Dario qui ne m'apparaît pas évolutif ou
exploitable.
655
Ai caressé une belle anthologie de Bénezet - complète retraçant plusieurs
décennies de poésie - assez, oui, évidemment - n'ai pas acheté.
Ai pris Nietzsche Le crépuscule des idoles (je crois l'avoir déjà acheté),
Seconde considération intempestive, Henri Bergson de Jankélévitch et
Trois leçons de ténèbres de José Angel Valente.
Ombres blanches 26 avril 2005
*
Le poète n'a pas à plaire, à satisfaire à un éditeur, à vivre de sa plume. Le
poète pense : je ne dois rien à personne. Je puis produire ce qui me
convient. Mon acte créatif est total. Que m'importe qu'ils comprennent,
qu'ils aiment ou qu'ils m'approuvent ! J'agis selon ma volonté, et cela est
grande liberté.
L'architecte obéit, se réduit, se limite, offre un objet acceptable. Le poète
n'a que faire de cette obligation. Il est souverain et peut écrire ce que bon
lui semble. N'ayant nulle obéissance financière, il est souverain et se veut
émancipé.
656
Cette liberté engendre une exceptionnelle audace cérébrale qui a pour
finalité d'obtenir un produit littéraire d'une créativité extrême -
considérablement en avance sur son époque - guère comprise (il va de
soi) mais évolutive et reconnue par les générations futures.
*
Les poètes ont été de véritables référentiels avec l'immense respect que
l'on doit rendre à ces êtres de l'Au-delà qui m'ont tant appris. Puis grand
nombre ont été des pères, des aides, des inspirateurs, des déclencheurs
d'énergie ou d'applications.
*
Comment m'aurait-il été possible d'être la somme de 6 500 poèmes ?
Tout n'était que mensonges, qu'invention verbale. Il pouvait y avoir ici
ou là quelques éléments biographiques - mais terriblement dilués. Non,
c'était affaire de mots et de langage, mais guère de références
personnelles.
*
657
Comment ? Tu cherches ! Mais n'as-tu pas déjà trouvé ? Et qui peut
prétendre que tu n'as pas trouvé puisque personne ne t'a lu ! Tu détiens
des trésors de créativités et d'inventions inouïs - enfouis à tout jamais
peut-être...
*
More genuis, my God !
*
Craindre d'être en décalage avec son contemporain. D'être en deçà.
Ailleurs.
Où se situe le vrai d'aujourd'hui ? Qui peut prétendre posséder la vérité ?
Y a-t-il stimulation intellectuelle locale permettant de fabriquer un
nouveau vrai ? Ce nouveau vrai de synthèse est-il une restriction du
schème conducteur ?
*
Qui prétendra obtenir la solution s'il considère son résultat et celui
obtenu par Hugo ?
658
*
Que je puisse accéder au vrai contemporain !
La question est également de savoir si l'on a mis à sa disposition les
meilleurs ouvrages permettant de former son intelligence et d'obtenir des
applications satisfaisantes. Car certains travailleront médiocrement avec
Baudelaire quand d'autres se sublimeront avec des auteurs mineurs.
Comment savoir ? Que faut-il lire ? Quelle méthode pour s'instruire ?
Car tout cela est encore affaire personnelle.
Il faut lister les catalogues des éditeurs poètes : 50 - 80 - 100 - 150
ouvrages, et déterminer ceux qui permettent réellement de progresser en
écriture. Systématiquement chercher.
*
La sympathie est une stupide aumône - des facéties de langage et de
manière - mais cette courtoisie sociale s'avère indispensable pour réagir
les rapports entre les humains.
*
659
- Ses parents ont-ils suffisamment d'argent pour en faire un fainéant ?
- Non pas ! Mais lui est suffisamment fou pour être poète !
*
Éditeurs de poésie contemporaine
POL Théâtre typographique Éditions de l'Attente
Le bleu du ciel Al Dante Seuil
*
Tant de poèmes produits ! Seule une poignée passe à la postérité !
*
À nouveau à Ombres blanches.
17 mai 2005
De grosses difficultés pour trouver des auteurs avec lesquels je vais
pouvoir produire des objets différents. Je cherche dans l'Extrême
contemporain français.
660
J'interroge les employés de la librairie - ils me proposent : Théâtre
typographique, Éditions de l'Attente, POL et Le Seuil.
Je connaissais : Le bleu du ciel et Al Dante.
POL et Corti ne sont pas toujours évidents.
En revanche Verdier édite Marion Luzi.
J'ai acheté la revue Grèges n° 9 Printemps 2004, Mario Luzi, A l'image
de l'homme et Georg C Lichtenberg, Pensées.
*
L'exploitation d'autrui pour produire
Il y a certes le support avec lequel on écrit - et l'on peut supposer que
sans ce support le produit d'écriture serait moindre ou de faible qualité.
Mais il y a également la capacité cérébrale du poète qui rejette, combine,
associe, exploite sa mémoire pour obtenir le meilleur objet possible.
*
661
" Me remplir d'autrui, c'est me vider de ma personne" : Olivier Demazet
Trop lire autrui lui interdit de développer son propre potentiel - annihile
sa créativité.
*
Très peu consacré de temps, de persistance à l'éditeur, au milieu vivant
des Lettres, à la crédibilité auprès d'autrui et des lecteurs. Ai focalisé
essentiellement mon potentiel cérébral sur les applications d'écriture en
exploitant systématiquement les œuvres d'autrui.
Raccourcis remarquables - recherches du fond ou de l'œuvre, mais
habillages ridicules, inexistants. La plupart des écrivains naviguent avec
bâbord et tribord - moi, j'avançais droit devant !
*
Je ne parviens toujours pas à comprendre l'utilité du relationnel poétique.
Permet-il d'avancer dans la Société des Lettres ? Sont-ce des facéties de
mondanité ? Ou offre-t-il la possibilité d'accéder à de nouvelles
connaissances littéraires ?
*
662
Semaine passée en Espagne à Port de Selva. Assez agréable. Beau temps.
Plage. Travail. Lecture. Sans mes 400 chaînes et sans Internet, le niveau
baisse...La stimulation mentale est sacrifiée. Il faut s'en retourner au
vieux mécanisme d'autrefois avec quelques livres et cent feuilles de
papier à noircir.
Je crois abandonner Zanzotto et Juarroz. Je travaille depuis le début du
mois avec L'Extrême contemporain français. Le livre de Philippe Beck
Aux recensions m'apparaît d'aucune utilité. J'exploite Grèges N° 9 revue,
Modèle habitacle de Pierre Parlant Au bleu du ciel et L'épreuve du
Prussien de David Lespiau.
L'environnement optimisé
*
Ce que je crains, c'est de ne pas mettre à ma disposition tout le matériel
nécessaire à mes applications.
*
Je ne serai jamais parvenu à entrer dans ma tête l'utilité du relationnel
poétique.
663
*
Il faut travailler Mario Luzi sur deux pages - un seul poème semble trop
court.
*
Il taquine la Muse - puis prétend que cela doit suffire pour un compte
d'auteur.
*
Quand seras-tu ? Sera-ce suffisant ?
B, M, R feront autorité au moins pour deux siècles - ce qui paraît déjà
considérable. Comment une société se prévalant d'évoluer peut-elle
instruire ses bacheliers dans cette troïka ?
*
Rimbaud, Mallarmé - des configurations cérébrales extraordinaires.
664
*
Il faut se faire, et pour cela l'intelligence d'autrui est indispensable. Mais
se faire n'est pas se coller à l'autre ! Se faire, - c'est se former, se
construire, comprendre, exploiter, déduire, développer, ajouter, proposer,
- appliquer également et offrir enfin ! le contenu de ses expériences.
*
À nouveau à Ombres Blanches - 3 ouvrages de philosophie : Histoire de
mes pensées de Russel, Profils philosophiques et politiques de Habermas
et Dialectique négative d'Adorno. Un Dominique Fourcade chez POL.
Il faut avant tout relancer la matrice interne, parvenir à concevoir des
nouveaux possibles, déplacer l'application de l'Autre, extraire,
synthétiser, être-là, ailleurs et posséder un Vrai exact, compris,
incompris, qu'importe ! - un Vrai toutefois !
*
Comment prétendre savoir avec quels auteurs l'on va pouvoir obtenir de
nouveaux objets poétiques ? Quels seront les déclencheurs du la
favorisant une symphonie d'écriture contemporaine ?
665
*
Il faut essentiellement parvenir à découvrir de nouveaux espaces où
l'intelligence parviendra à extraire des sucs inconnus. Il s'agit d'exploiter,
de pénétrer des structures invisibles encore à la capacité cérébrale.
La grande difficulté est de tirer de l'environnement proposé la substance
ou l'unification des substances avec choix et rejets apte à produire l'objet
à créer.
Tu dors ? Réveille-toi. Conçois quelque substance nouvelle qui se
placera dans le paysage existant.
Si tu te satisfais de ce que tu as obtenu, c'est que tu étais incapable d'aller
au-delà de ce que tu as créé.
Maudis-toi. Déteste-toi ! Va au-delà de ton potentiel développé. Tu en es
capable. Ton génie sublimé te remerciera de l'effort accompli.
Toi, oui. Toi, certainement. Mais sans autrui, qui serais-tu ? Un miasme
rampant, un moins que rien soumis à l'ignorance.
Glorifie l'Autre, remercie-Le. Il est le catalyseur, l'énergie sachante.
666
Gérer - comprendre certains auteurs, en rejeter d'autres - travailler en
synergie d'intelligence avec l'extrême contemporain, chercher et
appliquer.
Mais comment l'intelligence doit-elle penser pour obtenir des objets
nouveaux ? Comment choisir, décider, rejeter et posséder le nouveau vrai
? Oui, comment posséder le nouveau vrai ?
Faut-il synthétiser les différentes formes de sciences artistiques mises à
sa disposition ? Qui vont de la danse jusqu'à la philosophie ? Extraire,
mépriser, rejeter, condenser ou agir autrement encore ?
Car il s'agit peut-être de configuration personnelle qui offre des produits
cérébraux uniques, rares, utiles pour autrui...
Mais comment déterminer cette configuration personnelle ?
Si je ne trouve pas, je suis un Néant - un inutile - un incapable à rejeter.
J'ai besoin d'une personnalité vraie, reconnue d'Autrui - que ce soit dans
ce monde ou dans l'autre.
Il faut être. Mais comment faire ? Qu'obtenir et pourquoi ?
667
*
Je pensais : la poésie est une immense frustration ! Elle ne permet pas
d'accéder à la Science, à la Connaissance ou à la Mathématique. Son
langage est certes subtil et créatif, mais l'intelligence poétique offre-t-elle
la possibilité d'accéder à la compétence des Sciences ?
L'aptitude cérébrale semble inférieure. Comment redorer la réalité
poétique pour lui conférer une vérité inattaquable ?
*
Ça redevient de la qualité (avec Marion Luzi) mais ce n'est pas du Hard
créatif...
*
C'est la volonté commerciale qui interdit à l'éditeur de considérer le
travail électronique. Il veut vendre du papier. Ceci est peut-être une
erreur. Il doit être un bon support publicitaire et proposer également des
messages à intégrer.
*
668
Quel est l'avenir de ma poésie ? Puis-je espérer être chez les hommes ?
Serai-je là-haut ? L'échec terrestre sera-t-il condamné par le Ciel ?
J'en suis à 33 anthologies et 49 recueils - rien ne s'édite. L'espoir est dans
la numérisation des écrits. Mais les éditeurs ne semblent guère intéressés
ou craignent que l'ère informatique ne réduise leur chiffre d'affaires à une
peau de chagrin.
*
Poésie : Le plus grand des Seigneurs peut passer pour le dernier des
manants, et le dernier des manants peut passer pour le plus grand des
Seigneurs.
*
Relationnel : est-ce comprendre d'après l'apparence pour mieux pénétrer
les fondements du contenu ? Si c'est cela, la psychologie littéraire est une
belle affaire !
*
La symbolique abstraite ---) le tableau
669
L'extrapolation
---) La nouvelle Bible
La poésie du non-sens ---) Poésies 78
Le symbolisme ---) Mallarmé etc.
L'écriture désarticulée ---) Paul Celan
Le Post-Mallarméen ---) du Bouchet
L'hermétisme ---) Mario Luzi et Co
La verbalité ---) Zanzotto
Ungaretti Montale Penna Caproni
Sabarbaro Onofri Quasimodo Camprana
Mallarmé Eloits Yeats
Joyce Cummings Pound
Betocchi Alfonso Gatto Piero Bigongiari
Elio Fillipo Accrocca Rocco Scotellaro
Quatre poètes majeurs : Sandro Penna Bertolucci Caproni Sereni
*
Et moi, moi ! - Le cerveau, la capacité créatrice. L'aptitude à concevoir, à
extraire, à combiner, à produire des objets récents.
670
Il faut penser "intelligence propre", et non pas uniquement attendre
d'autrui les applications à obtenir. Certes le langage consubstantiel, mais
également la capacité à créer par soi-même des écrits inédits. Il y a un
temps de malaxage, d'actions internes, de réflexions vers soi pour ensuite
projeter hors de soi l'objet mental nouveau.
*
Comment optimiser sa potentialité poétique ? Quelle méthode
individuelle doit favoriser l'obtention d'un maximum cérébral ? Quel
principe d'investigation personnel permettra un déploiement personnel
littéraire utile à la collectivité ?
*
La poésie n'a jamais été chez moi une poésie d'amitiés, de
communications, de petits spectacles, de fraternités, de "Je-vais-vousprésenter",
- non - là - elle ne m'intéressait pas. Ce n'était pas une poésie
de contacts mais une poésie d'œuvre, de génies, de grands poètes,
d'applications, de Maisons d'Edition, de catalogues, de librairies, de
bibliothèques également.
*
671
Comment choisir le meilleur chemin ? Produire, travailler, penser - certes -
mais avec qui ? Quels auteurs ? Quelles applications ? Quelle méthode
cérébrale ? Comment peut-on exiger du cerveau qu'il propose les
meilleures applications possibles ?
Les poètes sont satisfaits de leurs résultats ? - C'est leur affaire ! La
vérité est autre. Il faut faire preuve d'intelligence aiguë et choisir la
solution optimisée.
11 août
Déplacement à Agen. Trois librairies. Martin Delberg, Majuscule et une
troisième, Place des Laitiers. faiblement achalandées en poésie - qui ne se lit
pas, ne s'achète pas, et ne sort pas même des bibliothèques !
Il me reste à faire Bordeaux, La Bibliothèque de Toulouse Le Mirail et
Des Jeux Floraux.
L'idéal serait d'aller à Paris deux/trois jours, d'entrer dans un grand
nombre de librairies spécialisées et d'en tirer les ouvrages utiles à mes
applications.
672
*
Mario Luzi - plus images que langage
Andrea Zanzotto - plus langage qu'images
La voie poétique est catastrophique
*
Je ne tairai point ici ton nom ni ta mort
Prématurée ni ton dévouement admirable
Si toutefois la lointaine postérité
Peut croire à un aussi bel exploit, ô jeune homme
Digne de rester en mémoire.
Virgile L'Enéide Chapitre X
*
Comment vais-je pouvoir résoudre le problème des applications
d'écriture ? Tout semble vain et inutile ! Le cerveau cherche et ne peut
trouver. (Je dois retourner à Toulouse cette semaine pour acheter de
nouveaux auteurs)
673
Il s'agit de travailler par aimantation, par synthèse, par principe dérivé. Je
dois progresser.
*
Les faisceaux de convergence
Associer, intégrer, tendre vers un centre, synthétiser avec du vrai pour
tirer une réelle conséquence
*
Il y a un gros réservoir d'ouvrages refusés par les Maisons d'édition qui
pourrait atterrir dans le gratuit d'Internet...
*
Je n'ai jamais trouvé intérêt dans le relationnel - seules, les applications
paraissaient cruciales et indispensables.
Il fallait lire essentiellement et découvrir des auteurs à exploiter.
*
674
Le relationnel est vain. Le vecteur de croissance poétique, c'est le
catalogue, les applications de l'Autre - les écrits à intégrer.
La richesse poétique est dans l'application que chacun possède à écrire -
c'est une sorte de maximisation de sa potentialité créatrice. Et cette
potentialité demande à sortir (Les poètes cherchent à être édités)
Il faut donc lire - lire et appliquer - appliquer avec la référence de l'Autre
pour intégrer des variabilités nouvelles d'écriture, pour comprendre des
principes ou des concepts littéraires inédits -
et Soi avec Autrui produiront des objets littéraires rares, utiles,
intéressants et exploitables.
Ainsi la croissance pourra s'opérer.
L'on pourrait procéder pour l'Internet. Chacun offrirait X poèmes de sa
création. Cette création serait accessible à tous via le WEB. Les poètes
exploiteraient les références mises à leur disposition pour comprendre,
intégrer, appliquer et obtenir des objets nouveaux à travers leur
créativité :
" Prendre, comprendre, exploiter, appliquer, rendre et donner"
675
Ajouter, synthétiser, pousser.
Cela s'appelle quelque peu le sens de la vie avec les générations qui se
succèdent, et la génétique qui tente d'offrir le meilleur de soi à la
génération future tout en disparaissant après le court instant d'existence
vécue.
*
Saisir des moments et se positionner sur des vitesses - vitesses
cérébrales, essentiellement.
*
La rareté de ma personnalité rend difficile toute complémentarité.
La mémoire défaillait parfois
Les rêves ardents trépassaient en nuages
Ni mémoire ni songe ni possible
Hors de toute existence
676
Au plus profond du sommeil, - l'opacité mentale !
*
Roberto Juarroz : une méthode, un espace, un raisonnement
Antonio Ramos Rosa : de l'image envolée, endiablée
Zanzotto : verbalité, contenus, de l'audace, du risque
*
Je masse lentement l'offre - je veux dire les mille ou deux mille recueils
de littérature mis à ma disposition. J'en maîtrise deux cents, trois cents -
une assez grande quantité peut-être, - je dois trouver le ou les auteurs qui
participeront à ma progression poétique. La finalité étant de trouver une
variabilité de langage validée par autrui.
Tu seras loin, au-delà du regret.
*
Mario Luzi
677
*
L'Absence ?! Mais qui ? Qui voir, qui rencontrer ? - Pourquoi ?
Tout était dans les Œuvres - dans les Génies - dans les Grands - poètes,
écrivains, romanciers, philosophes, peintres, et sculpteurs !
Mais que pouvais-je accorder au relationnel ? L'offre était si riche, la
potentialité humaine si faible !
Le mépris - incapable de discernement - répandait sa substance sur toute
vérité.
- Fais poète !
- Aiguiser ma sagacité auprès d'autrui !
*
Élaborer un contenu dans du supérieur. Conceptions du langage haut,
complexe, inaccessible/difficile. L'ensemble des éléments.
Les fondements. L'organisation des objets - la mise en vie de ces
différents objets.
678
*
Homologuer son vrai auprès d'autorités non compétentes qui
disparaîtront dans leur génération, pourquoi faire ?
CCP et compagnie
*
Le "branché" de la poésie, l'Underground poétique n'est pas forcément le
lieu du savoir, du vrai futur - là ne sont pas Stones ou Les Beatles
d'aujourd'hui.
- C'est un lieu, c'est un risque - ce n'est pas la certitude toutefois.
Il faut se souvenir que seuls deux ou trois poètes par génération passent à
la postérité. Le reste est balayé, jeté dans les oubliettes du déchet
éternel...
*
Il ne s'agit pas de rencontrer des poètes - il s'agit d'obtenir une œuvre. Le
relationnel est insignifiant quand l'œuvre est essentielle.
Penser - produire - appliquer.
Batifoler- converser - rencontrer.
679
Choisissons.
*
Comment prétendre que le résultat poétique sera suffisant ? Que les
applications obtenues seront validées par la critique d'autrui ?
Faut-il supposer une poésie de l'Internet ?
*
Que puis-je espérer obtenir ? Quelles finalités de comportement exigerat-on
de ma personne ?
Rencontres - communications - transmissions du souhait, du désir, de
l'envie.
Communications dans la ville. Comment ?
*
La poésie est inadmissible a titré Denis Roche ? - Je dis et prétends :
l'espace poétique est en expansion - l'exercice poétique est personnel,
libre, inconnu, risqué et novateur.
L'invention, le génie, la créativité n'ont nul besoin de se déployer dans
les structures littéraires d'accueil.
680
Il se pourrait tout aussi bien que dans les prochaines décennies, une
certaine poésie sur le WEB voit le jour, se développe et connaisse un
franc succès au-delà d'une ligne éditoriale imposée par des rédacteurs
soucieux de tirer profit d'applications nouvelles.
Le "tout gratuit", CAD l'Internet serait un merveilleux espace de
nouveautés, d'audace et de créativité. Il n'imposerait nulle raison
financière et offrirait à tout un chacun la possibilité d'exprimer son talent
artistique.
Souvenons-nous du Salon des Indépendants au XIXe siècle, composé de
peintres refusés par la critique officielle qui sont devenus les phares du
Louvre d'aujourd'hui.
*
En littérature, n'étant que fort peu loquace je n'avais pas d'amis. En
revanche, mon admiration était sans limite, et des maîtres exceptionnels
ont gravité autour de mon âme pendant des décennies.
*
681
La finalité du travail était de déplacer le langage, de proposer de
nouvelles images et de concevoir des espaces d'écriture, des applications
jusqu'à ce jour impensées, créer un autre vrai validé par la critique
d'autrui, hautement situé.
*
Accumulation de poèmes n'est pas élaboration de langage.
*
Le concentré Pléiade avec ses génies, ses grands poètes - le Gotha
international. Puis des cercles autour qui vont en se diluant jusqu'aux
poètes insignifiants, vivants, d'aujourd'hui et qui disparaîtront bien vite.
Disons 1 500 poètes à l'échelle planétaire depuis le début des temps, et
seulement 3 - 400 seront utiles à la formation et aux applications
d'écriture.
Le reste sera : " Oui, oui, j'ai lu mais je ne puis en tirer profit. Cela est
mais non pas pour ma personne.
*
682
Vendredi 30 septembre - à Ombres Blanches. Ouvert une quarantaine
d'ouvrages de poésie - ai trouvé Le sillon des sens Jacques Clauzel et
Bernard Noël et Ce que je raconte aux chaises de Miro de Angelis.
Ai délaissé les revues poétiques - Po&sie 112-113 consacré à Blanchot,
Le CCP, - en vérité, la quasi-totalité des revues mises à ma disposition.
J'essaie tant bien que mal de gérer l'offre poétique d'Ombres blanches - 1
000 ou 1 5000 ouvrages - espaces français et étranger. Petit à petit,
l'esprit conçoit et cherche à maîtriser.
Léger retour vers le Théâtre - mais quels contenus ? Le Théâtre de
l'absurde ne me paraît pas être la solution.
*
Jeunesse : génie - jaillissement - spontanéité
Maturité : raison - élaboration - conception - profondeur - difficultés -
pensé et repensé - opérations mentales autres.
Évolution ou maîtrise de l'activité cérébrale.
*
683
Le livre - est essence de contenus - synthétisations approfondies - a
nettoyé ses impuretés - certifie la qualité du langage.
Qu'appelle-t-on "grand écrivain" ? Qu'entend-on désigner sous cette
appellation ?
- J'appelle grand écrivain celui qui a été apte à produire plusieurs chefsd’œuvre
en prose. A différencier du prosateur qui produit une bonne
vente et disparaît sous 24 mois.
*
Le génie est celui qui également a la capacité d'ouvrir un nouvel espace
inconnu, inédit, jamais pensé par Autrui. C'est une École, un principe, un
système d'investigation, c'est une synthèse, une audace de culture. Il doit
posséder une configuration mentale propre, are, unique, reconnue
toutefois par Autrui comme étant gain et vérité.
Le nouveau vrai doit être validé par la critique d'Autrui.
*
684
Rencontrer. La gente littéraire me fait perdre mon temps. J'agis, pense
au-dessous. Je sais et connais déjà. Cela est fort aimable, sympathique.
Mais quelle en est la finalité objective ?
*
La logique ?... L'Alogique : admettre les incompatibles.
*
Que sera la nouvelle poésie ? Quel sera le rapport du média Internet dans
la formation de la nouvelle intelligence ? Cette mise à la disposition
immédiate, sublime encyclopédie, engendrera-t-elle des objets appliqués
évolués ? La réponse est oui.
*
Ce qui étonne, c'est que Cocteau ne soit pas parvenu à faire "grand
poète" - il a fait bon poète. Le contenu de son œuvre ne peut lui
permettre d'accéder à l'identité de GP.
Le génie de sa diversification en est-il le coupable ?
685
*
En panne de production. Pas le moindre vers poétique, pas la plus infime
ligne de journal. Ni Jaccottet ni Luzi ne me permettent d'extraire quoi
que ce soit.
Tout est affaire de logique et de compléments de fichiers. Je poursuis
Pièces courtes, j'attaque Quatrains, Quatre lignes et je tape la chemise
Août-Septembre du Journal 2005.
Je viens d'acheter un DVD double épaisseur (12 euros) et j'y ai mis une
assez grande quantité d'œuvre numérique. Tout l'ancien CD avec en
plus : le grand scanne (70 000 feuillets ~ 5 gigas) - des poèmes
enregistrés et quelques vidéos médiocres obtenus avec l'appareil photo...
J'attends Noël pour acheter le caméscope (300-400 euros) et j'espère
obtenir des vidéos de qualité pour compléter avec de l'image animée le
prochain DVD 2006.
L'on peut considérer les progrès accomplis depuis août 2000. Mon
dossier Word comportait 172 références et pesait 55 mo. Le même
dossier aujourd'hui contient 250 références et pèse 85 mo. Ce qui veut
686
dire que 85 livres nouveaux ont été numérisés et que le poids total de
l'œuvre a augmenté de 60% en cinq ans.
Faut-il retourner à Ombres blanches pour essayer de trouver des auteurs
susceptibles de m'inspirer ? J'ai le sentiment que quelque chose se trame
à mon insu dans certaines parties du cerveau, et qu'une nouvelle donne
d'écriture va bientôt apparaître pour m'offrir des concepts inconnus.
*
Côtoyer des personnes, ce n'est pas rencontrer des œuvres importantes.
*
Je délaisse les poètes, plus soucieux de leurs œuvres que de leurs
apparats.
La conversation poétique, même avec les plus grands, peut-elle
déboucher sur des applications utiles ?
- Non ! Mais il y a le plaisir de la rencontre, n'est-ce pas ?
*
Je ne lis pas, j'utilise - j'exploite, j'applique, je transforme.
687
Lire est une fonction cérébrale aisée.
Exploiter, extraire, penser nécessitent d'autres qualités.
*
Ce soir, lundi 6 novembre 2005. Chez Demazet - 2 heures. Me présente
ses différentes toiles. A acquis deux tableaux à Collioure d'une femme
peintre montalbanaise. A quatre Dautry. Une sculpture de son propre
buste également par Dautry.
Madame Demazet, fort aimable, me propose un thé que je décline...
Lui, semble bloqué à Char que je n'utilise plus depuis 83...Ne connaît pas
même Ombres Blanches. Il est né en 30 et a 75 ans. Semble dépassé par
la poésie contemporaine. Comprend à peine Boulez... Je lui parle de
Philippe Beck - connaît pas - de Chambaz, de Bénezet - connaît pas etc.
Craint l'oubli. Sa fille ne s'intéresse absolument pas à ce qu'il fait.
Comment durer ? Rêve d'un livre culte - d'une anthologie...Je voudrais
l'aider via Internet. N'a pas d'ordinateur.
688
*
Trouver les moyens de progresser.
" Je suis cela et cela me suffit. Voyez : je me présente. Reconnaissezmoi."
Telle est la satisfaction de l'apprenti-poète.
*
De plus en plus de difficultés pour obtenir un poème de trois fois rien.
*
Ce n'est plus la mise à la disposition qui fait défaut, c'est le manque
d'énergie interne qui interdit l'obtention de l'application.
Try to excite my mind !
*
*
Les Maisons d'édition ont craint la numérisation des œuvres et la
reproduction de ces dernières d'un simple clic. C'était ignorer que les
689
plus grosses fortunes proviennent de l'informatique. Bill Gates en est une
réussite incontestable.
C'est certain - il y a un grand nombre de copies illégales - mais il y a
vente, utilisations pratiques pour une majorité de clients qui n'hésitent
pas à certifier honnêtement leur achat.
Prenons une Pléiade de Pascal qui se vend tant bien que mal à 5 000
exemplaires par an. Une version DVD de l'ouvrage avec rajouts et
contenus variés aurait très facilement atteint les 15 000 copies.
Particuliers, Universités, Facultés, Bibliothèques, Lycées eurent été
fortement intéressés par ce nouveau produit. Le chiffre d'affaires aurait
bondi, et la Maison se serait enrichie.
*
En poésie, ce sont essentiellement les compresseurs qui tiennent et non
pas les narratifs. Pourquoi ? Car les narratifs exploitent un style qui
correspond à une époque. Or, il faut une synthèse. Et le style se démode.
La synthèse est substance épurée avec contenu et non pas manière.
Rencontrer n'est pas connaître.
*
690
Nous avons des générations de poètes - il ne restera que quelques poètes.
Seront-ils français, de nationalité étrangère ? Peu seront.
Faut-il lire les poètes de la génération ? La réponse est non. Il faut
exploiter les poètes qui passeront. Qui seront-ils ?
*
Il ne connaît pas les hommes - mais il connaît les génies, les êtres
exceptionnels, les Dieux, les Saints et les Prophètes. Et vous voudriez le
plaindre parce qu'il ne s'est pas plongé dans la vile bassesse humaine ?
*
Faire un journal poétique, c'est une bonne idée. J'ai : La seconde
semaison de Philippe Jaccottet. Mais on tombe facilement dans la
recherche de l'émotion avec la lecture de l'Autre. Et si l'on recherche
l'analyse pertinente, on se retrouve dans la volonté de l'essai - ce qui est
autre chose.
Il y a encore la préface au recueil avec pénétration subtile et
démonstration prouvée d'un certain vrai.
Faut-il tourner autour ? Proposer du para ? - Parapoétique, paralittéraire
etc. ?
691
Je persiste à croire qu'il est essentiel d'appliquer CAD de trouver des
poèmes nouveaux avec une sensibilité inconnue.
*
Si j'en reste à la représentation des choses par les choses, je n'aurai
jamais de contenus.
Peut-on transposer et déterminer un contenu vrai ?
Faut-il rester dans l'extrapolation qui permet une autre interprétation ou
offre une supériorité de valeurs ou de vérités ?
*
L'esprit refuse le ça pour ça - mais j'ignore quelle opération poétique le
cerveau prépare à mon insu ?
Poétique
*
Conduite du mouvement avec de l'incompatible qui soit "vrai",
acceptable pour le lecteur.
*
692
Toujours chercher pour appliquer. Il faut obtenir des productions
cérébrales poétiques nouvelles.
*
Poète-fourmi mais pas poète-cigale, poète de chambre, de l'ombre, de
tour d'ivoire accumulant des applications, cherchant de nouveau espaces,
poète maudit de l'Au-Delà - incompris - tant pis !
*
Coup de fil passé Au bleu du ciel, maison d'édition sur Bordeaux. Je lui
propose Prismes de Sonnets. "Pourquoi pas ! me dit-il, nous recevons
huit cents manuscrits par an et n'en éditons qu'une dizaine. Soyez patient.
Six mois parfois sont nécessaires pour une réponse. Certaines maisons
exigent deux ans..."
J'envoie également Évanescences et L'Infini-en à Flammarion et Au
Mercure de France. Certainement des frais de colis inutiles et
dispendieux...
693
Je n'étais qu'un poète de l'application et non pas un poète de la
communication.
Je persiste à croire que l'essentiel - que la finalité du créatif est de
trouver. Les discours, les structures artistiques, les relations etc. tout cela,
ce sont des feuilles de salade assaisonnées de patati et de patata.
Il faut travailler avec des Œuvres - des génies - des grands poètes -
penser, extraire, ajouter, comprendre, appliquer.
*
Combien de grands poètes nous ignorent !
Et combien de grands poètes nous ignorons !
Être pour soi, être pour Dieu mais être pour Autrui, c'est perdre vingt ans
dans des pérégrinations littéraires, dans des arcanes et des labyrinthes
impossibles.
Ou alors c'est chercher le plaisir dans le vernis - la suffisance dans le
superficiel. Être auprès d'autrui, c'est se chauffer à la flamme de Jean
pendant une heure. Car de contenus, il n'en est point.
694
Moi qui ai tant craint le temps, la maladie, la sénilité, la bêtise, la vitesse
de l'existence, peu me chaut le contact des littéraires pour se complaire
de tocs : "Je sais cela ! - Je vous le donne !"
*
Je ne crois pas en l'utilité du relationnel poétique. Pourquoi ? Grand
nombre se targuent de savoir, de posséder, de connaître le vrai littéraire.
Ils ont pouvoir et critique - leur suffisance ne saurait faire défaut - ils
président donc ils sont ! En réalité, des êtres bouffis, gonflés ou repus de
vérités apprises et redites. De perspicacité propre, il n'en est point. Et
l'esprit fait le reste - je veux dire l'habillage par la parole. Pourtant être
loquace n'est pas posséder le vrai. Mais qu'importe ! Ils sont - ne les
dérange pas. D'ici à une décennie, leur tombe ne sera même plus fleurie.
*
Le poète n'est pas celui qui existe auprès d'autrui. Il est celui qui est pour
soi.
Chercher crédit auprès d'autrui est faible chose. Il faut être pour soi.
695
Celui qui dira : oui, j'ai - oui, je suis - sera réellement très grand. Il
méritera tous les honneurs.
Mais qui en s'élevant pourra se flatter d'orgueil. Le progrès élève la
conscience mais réduit l'homme a sa plus simple réalité.
Critique poétique
*
J'ai proposé une sorte de déplacement - une sorte de ça pour ça - de ça
avec ça en produisant de manière consubstantielle avec les applications
d'autrui. Il est vrai que l'emploi d'autrui semble de second ordre - une
espèce de fil conducteur à peine décelable. Il s'agit encore de productions
finalisées personnelles. (Substances et Distances - Variances)
Il faut trouver un vrai validé par Autrui -
un vrai utile pour Autrui ?
*
Dans la hiérarchie de l'Intelligence, Valéry a développé un principe vrai
inférieur. Inférieur à qui ? - Inférieur à Husserl, à Heidegger, Bergson,
Nietzsche etc.
696
- On le savait ! On s'en serait douté !
- Valéry est-il exploitable ?
*
Travail de soi à soi pour construire une personnalité qui répondra à une
certaine valeur auprès d'Autrui. Puis l'Autre exploite un principe de
synthèse - sorte de : je sais, je situe sans avoir lu, je détermine l'individu.
Enfin : tendresse, affection, je vous aime, soyez des nôtres etc. T'es mon
frère...
*
697
Journal 2006
Combien de sensibilités nous sont offertes ! Tant d'auteurs ! De
variabilités d'applications ! Où sont-ils ? Qui sont-ils ?
Il faut faire chefs-d'œuvre et très grand poète pour se distinguer d'autrui,
et être au-dessus de la surabondance proposée.
*
La Dogama Jacottet D'autres astres, plus loin, épars
André ADY Giuseppe UNGARETTI Vladimir HOLAN Sandro
PENNA
Kathleen RAINE Vittorio SERENI Piero BIGONGIARI Christine
LAVANT
Jan SKACEL Zliguiev HERBERT Ingeborg BACHMANN
Giovanni RABONI
Constellation
Jean de BOSCHERE Charles-Ferdinand RAMUZ Pierre-Louis
MATTHEY
Edmond-Henri CRISINEL Jean-Michel FRANCK Pierre-Albert
JOURDAN
698
Nicolas BOUVIER Christian G GUEZ-RICORD Bernard SIMEONE
*
Beck Gleuze Seithé Stéphan FL ?
Il faut peut-être attendre d'intégrer de nouvelles sensibilités (Gleize,
Beck) - donc revenir un peu plus tard et produire en sachant les exploiter.
*
Grand poète - définition : un cliquant superficiel de nomination qui ne
répond à aucune utilité concrète.
- C'est votre présence, votre bel esprit qui nous incombe, dira la haute
noblesse.
*
Aller régulièrement à OB pour y apprécier les variabilités, les sensibilités
et les modulations de langage.
Char et Malherbe, âpreté, amertume. La tige, la racine bien accrochées au
sol sablonneux - forte résistance.
699
Janvier 2006 1-15
*
Finalisation de Variances
Finalisation du Journal 2005
Gravure de Panorama numérique 4,7 gigas + 8,7 gigas
Extractions de Journal 2002-2005 pour composer Le poète interne
Ombres blanches : Martra Petrou Poèmes sans vergogne
Alain
Propos sur la nature
Deloche : Dominique Fourcade Sans lasso et sans flash
Quelques scannes de différents fichiers 2005 et 2006 ~ 200 scannes
Applications poétiques avec Malek Alloula - L'accès au corps
*
Il ne s'agit pas de comportements, il s'agit d'applications poétiques.
Ce qui importe, c'est de toujours s'en retourner vers Racine. C'est de
comprendre Esther et Athalie.
700
L' nce critique doit penser de la sorte : Comment puis-je écrire Athalie ?
Est-ce possible ? Quel est mon niveau réel ?Que suis-je moi si je me
compare à Racine ou à Corneille ?
- Valéry avec La jeune Parque, Claudel avec Cinq grands odes, Perse
avec Oiseaux sont de dignes successeurs.
*
Lire et relire, réfuter et choisir
*
Comment peut-on se complaire de superficialités et d'insignifiances ?
Tout doit être donné aux applications et à l'obtention de résultats
poétiques.
Les actions biographiques sont vaines quand les produits s'immortalisent
dans la durée.
Pour autant les actions biographiques permettent de se faire connaître, et
parfois cette reconnaissance peut déboucher sur un crédit artistique.
701
*
Poète à la bonne franquette comme Norge :
-T'as fait combien de rimes ce week-end ?
- 100 !
- Moi 200 !
- Ho !
Pas poète de l'amitié ni du frottement.
- Vas'y - commence - discute !
- Poète d'œuvre, d'applications, de chefs-d’œuvre etc.
*
Le tafiolage poétique. Les uns, les autres, discuter etc. ça n'en finit pas,
ça ne débouche pas sur des vérités objectives. Tout est affaire de
maniérisme - rien n'est donné à l'efficacité. Tourner, tourner, tourner ! Et
quels résultats ?
- On t'aurait vu ! T'aurais discuté !
- Et pour quelle finalité objective ?
702
Plus je cherche, moins je trouve. Immense est mon désespoir.
Lectures - Henri de Régnier - Les Cahiers Inédits 1887-1936
*
Poète, hâte-toi.
Le temps poursuit tes pas.
*
*
Travaille, applique, produis, élabore pense.
Délaisse, conçois, construis.
*
Le critique dit : "Soyez qui je suis" et Jean Cocteau dit : "Quel est cet
autrement ?"
Toutes les fois que tu écris, impose un coup. Fabrique, invente, déplace,
pense autrement.
*
703
*
Comment vais-je pouvoir faire ? Comment trouver ? Sera-ce trouver
d'ailleurs ?
Et quels contenus ? Quelle forme ? Avec quels auteurs ?
*
Comment ? Avec qui ?
Le avec qui engendrera le oui et le pourquoi.
Création : le Avec qui et le Moi engendreront le oui.
Il faut mettre à ma disposition une bibliothèque ; c'est le avec qui.
Où est cette bibliothèque ?
Avec qui CAD des auteurs, des livres, des œuvres. Et je dois exploiter
ces êtres-là avec mon potentiel d'applications.
Donc lire ! Quels auteurs ? Où les trouver ? Dans Le Contemporain. Estce
Ombres Blanches ? Il faut chercher là-bas.
Exact.
*
704
Soigné supérieur que l'on trouve chez Maulpoix, Conort ----)
Universitaire et Poésie
*
Basho Matsmo Munefusa Benjamin Walter Thomas Bernard
Andréï Biély, ami de Blok Robert Browing (1855)
Lord Byron - Don Juan, chef-d’œuvre (1788-1824)
Catulle (82-52) Coleridge (Samuel Taylor) (1722-1834)
Ruben Dario - chercher autre chose qu'Azul
Robert Desnos John Donne (1572-1631)
Carlos Drummond de Audrade T S Eliot Nobel 47
Théodor Fontane (1819-1898) Edouard Glissant
Henri Heine (1797-1856) Hésiode Théogonie
Volpone (1572-1637)
Kawabata (1899-1972) Prix Nobel 68 ~ Érotisme
Penthésilée ---) Kleist Léopardi (1798-1837)
Mikhaïl Lourevitch Lermoutov (1814-1841)
Gotthold Ephraïm Lessing (1729-1781)
705
De la nature Lucrèce
J'en suis à : Mahtuz Encyclopédie Universalis
Les manquants qui sont des fondamentaux.
Morphème ou morène
allomorphe // polysémie
Poésie : si tu mets des protéines dans les pâtes, c'est pas de la viande tout
de même !
*
*
*
Quand on lit Les Princesses de de Banville, on a l'impression d'être dans
une sorte de pré de Heredia avec cette façon somptueuse de verser le
décor. Tout cela se prête à la peinture, au descriptif, à la scène
mythologique. C'est vrai, il manque parfois cette combinaison supérieure
qui donne au poème un ton sacré que l'on trouve dans Les trophées. Mais
la base essentielle est présente et l'on songe au tableau rempli de
sensualité Les Chérifats de Benjamin Constant.
*
706
Faire de la recherche poétique, c'est penser ou produire en dehors de
toute réalité d'applications ou d'utilité professionnelle - c'est investir dans
l'aléatoire encore inconnu - c'est exploiter l'instinct ou l'intuition et
prétendre avancer.
Et combien d'échecs et d'erreurs à subir !
*
Ma poésie n'est pas une poésie de communications, d'édition à compte
d'auteur - c'est une poésie d'applications, d'écritures, d'œuvre, d'auteurs,
de génies, d'imitation - de synthétisation - voilà : je me situe au carrefour
- à un certain carrefour et j'essaie de prélever des substances nouvelles
que je digère, que j'assimile. Je prétends obtenir un objet nouveau.
*
Ressources WEB - Editions électroniques
L'éditeur-papier craint le tout gratuit de l'Internet et y voit un concurrent
déloyal. Mais il utilise cette vitrine pour tenter de vendre ses produits -
ses produits papier - fort chers (15 à 20 euros le livre) quand le
fournisseur d'accès offre pour 30 euros Le WEB 24/24 heures, la
téléphonie gratuite locale et nationale à durée indéterminée et 100
707
chaînes de télévision... Comment lutter ? Le prix du papier est élevé et
l'éditeur n'a pas informatisé ses produits. Que va-t-il se passer ?
Que se passe-t-il actuellement au Japon et aux USA (Nous sommes le 14
mars 2006) ? Le tout semble tenir et grand nombre achète encore du
papier...
Mais notre jeunesse - ces jeunes qui lisent - que lisent-ils? Achètent-ils la
biographie de Rimbaud quand elle est gratuite sur le WEB ?Ils utilisent
le WEB pour le scolaire et le culturel mais achètent des bandes dessinées
inaccessibles sur le Net.
Tant que l'éditeur anticipera de nouveaux contenus, des variables nonpensées
par le Webmaster, il offrira un désir que certains chercheront à
satisfaire.
S'il informatise ses produits, ces derniers seront immédiatement copiés,
et c'en sera fini de l'éditeur.
A moins qu'il impose sur ses sites des présences publicitaires à l'instar
des Journaux et que ces dernières payent des sommes importantes pour
être visibles sur les pages.
*
708
Philippe Beck : déplace-t-il le vrai ? Le possède-t-il ?
Beck a un élément mais il n'a pas tous les éléments.
*
Mon cerveau 2006 ne pense plus comme mon cerveau 78, cela n'a plus
rien à voir. Le système d'écriture, d'explosion, d'application diffère
totalement. Qui a raison ? Est-ce évolution ?
- Interroge-toi sur ta capacité à produire des structures construites sur
toute grammaire cartésienne.
*
- Oui, mais j'ai besoin du risque, du doute et de l'ivresse pour que ma
raison avance.
*
Philosopher en poésie, c'est encore utiliser des pièces du jeu d'échecs et
se déplacer en respectant les règles du jeu de dames.
La poésie est en deçà quand bien même elle ose là où la logique
philosophique ne veut s'y risquer.
709
Avec des vertiges poétiques desséchés, l'on peut supposer de nouvelles
racines philosophiques.
*
Ici ce sont des phrases qui sont consignées, mais rien n'est donné à la
construction cérébrale. Des fragments disparates jetés ici et là dans l'éveil
de la raison - de cela que pourrait-il jaillir ?
Il n'y a nulle perspective d'avenir dans mes propos exprimés. Ceci ne
saurait durer. La faiblesse constamment m'accapare - je reste coït.
Je crains essentiellement de n'être pas capable d'aller outre - de concevoir
ou de percevoir de nouveaux contenus. Ma faiblesse d'intelligence sature
trop rapidement et ne déploie nulle aptitude supérieure.
*
Un principe d'actions peut régenter tout un système de vie. Si ce principe
s'accompagne de faits validés par sa propre conscience ou par
l'intelligence d'Autrui le nouveau vrai est acclamé.
*
710
Exister auprès d'Autrui, c'est user ses forces - c'est fatiguer son aptitude
et c'est ne rien obtenir. L'objectif étant de produire, de travailler et
d'appliquer assidûment.
*
L'éditeur ne s'inquiète guère de la rareté, de l'intelligence ou du génie.
Cela est relégué au comptoir des inutiles. Il cherche l'appât ou la
rentabilité immédiate. Qu'importe la construction, l'élaboration de
l'œuvre - je suis un marchand !
*
Je n'ai jamais su en quoi pouvait m'être utile le contact poétique, la
communication artistique ou les manifestations de rencontres.
Je focalise essentiellement sur le parcours de mon Œuvre, de mes
applications, de mes espoirs.
Pourras-tu accéder à mon Vrai ? - Mon Vrai te sera-t-il accessible ?
*
*
711
Aller en poésie, c'est aller vers le rejet, le mépris, l'incompréhension.
Un poète est moins utile qu'un rempailleur de chaise.
Et les poètes se détestent entre eux.
*
Le génie Le talent Le commercial Le plaisir immédiat - différents
degrés pour approcher une œuvre artistique
*
Il faut se faire - CAD produire, penser, appliquer, construire. Être auprès
d'Autrui est de second ordre. Il faut se préparer à la Mort, au Ciel et
pouvoir figurer parmi les Immortels. Là est le seul avenir.
*
Bilan révélateur : de qui étais-je l'esclave ? Qui était mon Maître. Ma
pensée courrait et se dispersait dans les méandres de mon âme.
Il connaît trop les hommes pour s'en faire des amis. Il aime trop les
Œuvres et les désire pour maîtresses.
712
*
Comment peut-on gérer la pensée poétique planétaire ?
Vanité des poètes à se retenir pour prétendre n'être pas tout en espérant
être auprès d'autrui. Je suis, je le sais, moi etc.
Avez-vous expérimenté ? Qu'avez-vous tenté d'obtenir ? Pouvez-vous
vous satisfaire de votre résultat ?
Il faut aller là-bas, plus loin, outre, dans le risque, l'interdit, la folie
maîtrisée.
*
Je ne lis pas - j'écris.
*
La gloire du médiocre - être et n'être pas - se suffire de son peu.
Travailler, produire, être pour soi - qu'importe autrui !
*
713
Je regardais la possibilité de proposer le P7 en primitif CAD La première
version de La Racine et La Source - mais cela me semble trop difficile à
obtenir. La lecture est impossible. Que faire ? Attendre. D'autres sauront
peut-être passer après moi.
*
Editer ! Editer ! Editer quoi et pour qui ?
Je pensais proposer sur un nouveau site :
Le Grand Livre des Sonnets
Mille Poèmes en prose
Pièces courtes
Femmes de papier
~ 1 000 pièces
~ 1000 pièces
~ 600 pièces
~ 500 pièces
Ce qui offrirait une quantité assez considérable avec le référencement
Liste Yahoo en contrepartie.
Pourquoi pas. A voir.
*
714
J'aurais souhaité également que l'Internet pût recevoir sur ses sites de
nombreux écrivains, romanciers, poètes, essayistes ou philosophes
refusés systématiquement par le principe d'édition traditionnel.
Tant d'ouvrages rejetés, méprisés, oubliés par les spécialistes de la
langue française ! Je crois que ces manuscrits méritent autre chose que de
terminer leur vie dans les tiroirs de l'indifférence. L'Internet serait une
sorte de résurrection pour tous ces livres enterrés injustement, produits
par des personnes fort savantes et compétentes.
Il est vrai que dans un premier temps ces ouvrages ne recevraient aucune
récompense financière. Mais qu'importe ! L'essentiel étant d'être lu et
reconnu avec ses applications. Le nombre de visiteurs permettant
d'apprécier son crédit auprès d'autrui.
*
Je pense la poésie à deux vitesses.
La réalité terrestre où rien n'est possible, où tout est difficile et
La vérité céleste où le vrai apparaît dans toute sa splendeur.
Ce qui veut dire :
715
Le temps humain sert à appliquer, produire, obtenir, transmettre.
Le temps céleste sert aux civilités, au relationnel. La reconnaissance
étant déjà admise.
*
Combien peu est la communication poétique ! Comme de s'entendre dire
des insignifiances de mondanités de basse femelle ! Et il faut se
complaire de cela ou se suffire de niaiseries et de stupides civilités ! Mais
c'est littérature, n'est-ce pas ? Alors que faire ! Observons les usages.
Être si mal placé pour prétendre savoir et commettre des erreurs
effrayantes après analyses erronées et injustifiées !
Pourquoi être auprès d'Autrui quand l'essence de la raison est d'ajouter
sur Soi !
*
Critique - L'autre n'est pas Moi, et je l'accuse. Mais qui est Moi ? Moi,
c'est une variable, une variante, une couleur parmi des millions d'offres
possibles. Je ne saurais déterminer le Vrai. C'est justement l'ensemble de
la Communauté qui possède le Vrai avec son offre totale.
716
Il faut comprendre l'Autre avec son Autrement.
*
Poésie - Je me demandais même ce que j'avais à faire dans ce milieu.
C'était pas moi, c'était pas là, c'était ailleurs et jamais de cette sorte !
La solution, c'est d'offrir gratuitement son œuvre complète sur le NET
*
- Surtout, essaie d'exister auprès d'autrui.
- Autrui, je n'en fais cas. Être pour moi, être par Dieu. Délaisse la basse
réalité terrestre et prétends là-bas, plus haut.
- Et si Dieu condamne tes faits, t'accusant de m'avoir pas assumé chez
l'homme ?...
- ...Je ne puis être au four et au moulin, ici-bas et là-haut - il faut choisir.
*
Les repas littéraires. Pourquoi ne pas fréquenter Autrui ? L'Autre n'offre
qu'une mise de second ordre; que des relents faciles sans contenu aucun.
717
Tout y est affaire de civilités et d'habillage, de subtilités cachées. Mais de
savoirs et d'apprentissage, il n'en est point.
*
Poésie. Le milieu est tellement bloqué-bloquant qu'il faut retrouver son
indépendance pour être.
Il ne faut pas essayer d'être auprès d'autrui. Il faut être pour soi. En
espérant que le résultat sera toutefois crédible dans l'esprit de certains
lecteurs.
De trouver de nouvelles sources d'exploitation - de penser et d'appliquer.
*
Aurai-je le temps de produire mon Œuvre ? Aurai-je la capacité de
déployer le potentiel intellectuel mis à ma disposition ?
Tant de livres inédits - de constructions nouvelles à déployer ! Et le
Temps est revêche, ennemi terrible !
718
*
Capable essentiellement de n'avoir pas été capable d'aller très loin dans
son aptitude poétique et intellectuelle. Avait le potentiel pour aller audelà
et plus loin, mais n'a jamais trouvé le principe pour ajouter sur sa
base existante. S'est noyé dans sa pauvreté cérébrale, tristement.
Je m'inquiète à savoir si je parviendrai à venir à bout de mon Œuvre -
tant de livres restent à faire ! Tant d'inédits ou d'ouvrages en construction
espèrent misérablement de voir le jour !
Le livre engendre le livre ! De nouvelles idées naissent - mais il faut
parvenir à les appliquer, à les transformer CAD à en faire des formes
littéraires vivantes !
*
Qu'importe d'être compris ! Seule l'approbation divine est à requérir !
La profession poétique doit s'accorder une forte marge
d'incompréhension - le langage étant chose fort délicate à intégrer.
*
719
Certains accordent un grand intérêt au relationnel artistique quand
d'autres considèrent que les applications d'écriture sont les seules
possibilités d'obtenir un bon résultat.
*
J'ai vu Guy Goffette à Albi au moins d'avril 2006 - qui est certainement
bon poète. Mais je songe tout à coup à l'immense réservoir poétique que
m'offre la librairie Ombres blanches et surgit en mon esprit cette
évidence littéraire : mais pourquoi ? Pourquoi s'inquiéter de ce
personnage quand de grands génies du monde entier mettent leur
production à ma disposition pour une somme insignifiante ?
- C'est vrai il y a plaisir. Plaisir à voir l'homme parler, s'exprimer, séduire
ou amuser. Mais n'est-ce que cela la poésie ? Ou cet aspect de l'approche
littéraire sera-t-il indispensable voire considérable ?
Je crains - je crains le temps. J'ai peur de Dieu. J'ai peur qu'Il me rappelle
rapidement là-haut. Et quoi ? Quelle sera ma compétence ? Mon bilan
d'humain. N'aurai-je que cette médiocrité terrestre à lui remettre ?
Je dis ou du moins je crois : il faut travailler, appliquer, obtenir les
meilleurs résultats poétiques possibles. Et demain, là-haut de nouveaux
rapports seront promis. Oui, des applications supérieures se réaliseront.
*
720
Le livre. Les livres.
Et je songe à tous ces génies à l'échelle planétaire. Chacun ayant été
capable de produire un nombre assez imposant de chefs-d’œuvre.
Comment gérer ? Comment maîtriser cette immense connaissance, cette
impressionnante potentialité ?
Il faut donc faire un chemin - le chemin - choisir, balancer, exploiter et
travailler avec certains auteurs quand la critique (sa critique !...) doit en
refuser d'autres.
Cette immensité est effrayante - l'esprit délaisse des êtres exceptionnels
et peut se suffire de productions de second ordre.
*
Plaire, c'est être avec l'Autre. Le génie est unique donc solitaire.
Le critique, le public peuvent-ils reconnaître le génie ? Oui, si celui-ci
possède suffisamment de talent pour habiller son exceptionnalité.
721
*
Parfois l'esprit est saturé - offert aux nombreuses stimulations de lecture,
il ne saurait produire quelconque fragment.
En d'autres moments, l'intelligence prompte et apte, exploite quelqu'une
raison pour extraire de soi des capacités littéraires créatrices.
Il s'agit ici de fatigue cérébrale, et la conscience ne peut déterminer la
situation réelle de la potentialité.
*
Produire, c'est également "se construire soi", - cela n'a pas toujours
l'utilité de la masse.
Etre pour soi, en soi avec l'espoir d'un avenir meilleur car la récompense
peut être individualisée.
Certains sont faits pour être connus ou lus. D'autres produisent pour se
construire. Dieu appliquera la répartition des livres utiles et des livres
inutiles.
*
Les livres - 30 000 - 50 000 livres utiles à notre formation. Et encore !
Cela serait si peu. Comment gérer, maîtriser l'ensemble ?
722
Faut-il s'en référer à la critique, et choisir parmi ?...
Quelle méthode d'investigation ? Faut-il aller vite ? Et pourquoi ?
*
Aurai-je le temps de maîtriser l'ensemble de ma production ? Je dois
posséder actuellement 17 000 feuillets inédits. J'essaie d'extraire ce qui
m'apparaît essentiel ou aisé à reconsidérer.
J'ignore même si tous ces inédits sont sur mon disque dur, car les
feuillets sont entassés les uns sur les autres dans le garage arrière de la
maison familiale - et le tout cohabite tant bien que mal, et se juxtapose
dans des dizaines de boîtes en plastique.
Ai-je oublié des dossiers, des fragments, des extraits ? Nous devons
construire prochainement deux nouveaux garages. Ma quantité totale y
sera entreposée.
Je tenterai de vérifier très sérieusement l'ensemble. Enfin, une grande
partie de mes manuscrits 78-05 a été scannée sur mon PC et en DVD
double couche ( ~ 100 000 feuillets).
*
723
La grande révolution de l'édition électronique permettra une mise à la
disposition quasi immédiate. Une bibliothèque sur un disque dur ou en
ligne ! Les maisons traditionnelles sont réticentes. Il semblerait que
Google a déjà numérisé 15 millions d'ouvrages. Le temps des procès s'en
vient, puis des accords commerciaux se signeront.
Les maisons ne prennent pas conscience qu'éditer, c'est produire un objet
le livre quand la saisie du texte est largement suffisante. Le livre est
encombrant, se dégrade rapidement, cher à produire et coûteux à l'achat.
Les maisons pourraient sur un site avoir une ligne éditoriale plus
conséquente.
*
Catalogue, librairie, espace culturel, musée, ligne éditoriale, j'appelle
cela l'endroit-où-il-y-a-quelque-chose c'est-à-dire un principe de choix,
de sélection.
*
Ai-je obtenu le résultat escompté ? Ma méthode d'investigation
intellectuelle a-t-elle réellement été efficace ? Ma méthode a-t-elle
724
réellement été efficace ? N'ai-je pas commis des erreurs inadmissibles ?
Que pouvais-je espérer de meilleur ?
*
Le relationnel poétique - la recherche du public - tous ces effets, toutes
ces actions qui sont, ma foi, fort louables, ne se font-elles pas au
détriment des applications pures ? - Je veux dire L'Ecriture ? Il est beau
de parler, de tergiverser - cela semble belle chose pour le lecteur. Mais
fondamentalement, le contact permet-il d'extraire de nouveaux contenus
essentiels qui permettront d'accéder à l'évolution ?
*
Lire. Que faut-il lire ? Il faut lire ce qui est utile à ses applications. Il faut
lire pour l'utilité. L'endroit de l'Autre doit servir à produire, à s'instruire,
à évoluer.
*
Bernard Noël sera à Rodez en Juin pour des soirées poétiques. Je tacherai
d'y être.
725
*
Comment dynamiser l'écriture pour lui offrir des applications nouvelles ?
*
Pourquoi ai-je si peu rencontré de poètes ? Tout se situait dans les
applications. Il fallait obtenir des résultats poétiques ou littéraires. Le
reste semblait peu de chose. Les poètes, c'était discuter, parler, palabrer
CAD des comportements inutiles quand l'Œuvre devait se développer.
Oui, je devais choisir. Hélas ! Je devais choisir de cette sorte.
*
J'écris de moins en moins. Mon cerveau ne peut plus combiner des
solutions satisfaisantes. J'extrais seulement deux ou trois poèmes
intéressants par mois.
Je cherche à me stimuler avec de nouvelles lectures et des contenus
différents. Mais que puis-je ? Tout cela me paraît insuffisant. Je dois
aller outre et découvrir encore.
726
*
Du confort intellectuel de façade auprès d'autrui.
Vas'y. Commence. Fais poète. Discute.
*
Et quand vieillissant nous irons vers la décadence, que restera-t-il pour la
cervelle ?
Les Inédits, n'est-ce pas ? Qu'un secrétaire zélé acceptera de comprendre
et de décoder - et de proposer en livres ou en recueils à notre place.
Il y aura le Catalogue avec tous les projets, les offres nouvelles, les
audaces. Espérons qu'Autrui comprendra ce qu'on aura désiré faire.
*
Je me demande parfois ce que j'avais à faire dans ces milieux littéraires -
quelle était ma place réelle - ce que je pouvais en espérer ?
Et la peur - la peur du temps. Produire, obtenir, appliquer.
*
727
Try to find.
Do what you want but do your best
Do your best
*
La politique dynamique d'une librairie - ses parutions, ses présentations.
Sorte de vie de nouveau-nés. Mais combien d'enfants, de génies, de
futurs immortels ?
Quand on ouvre un recueil, peut-on réellement savoir que le livre sera un
chef-d’œuvre utile à la postérité ?
*
Ne faut-il pas s'en retourner à Goethe, Shakespeare, Hugo, Eschyle
etc...pour repenser la poésie à un autre niveau CAD "très grand poète"
car on ne lit que des GP. Cela est constant mais ne semble pas suffisant.
*
728
Eussé-je pu, une seule fois, soupçonner l'identité poétique qui allait
m'échoir ? Cette aptitude à produire et extraire hors de ma cervelle cette
quantité littéraire importante ? Non, Jamais. J'imaginais plus aisément
une capacité économique ou mathématique - cela semblait aller dans le
bon sens de mes études secondaires.
J'ai su appliquer - c'est-à-dire produire des objets littéraires qui ajoutés
les uns aux autres ont formé ce qu'on appelle des livres. Mais je n'ai
jamais su posséder l'aptitude artistique - le besoin de rencontrer et de
communiquer.
Je n'en ai pas ressenti un quelconque désarroi. Cela semblait indépendant
de mon œuvre à construire. Les poètes étaient des entités à admirer, à
imiter. Tant bien que mal, il va de soi - mais côtoyer X ou Y vivant
m'apparaissait peine stupide.
*
Produire avec Autrui me permet d'obtenir des objets que je n'aurais
jamais supposé être capable d'extraire.
729
*
Je dois me coucher, repu et fatigué, espérant qu'une inspiration plus
claire vienne chatouiller mes capacités productives. Certes, je deviens
vieux mais j'espère qu'une giclée me permettra d'extraire des possibilités
poétiques évolutives.
*
Pourra-t-on résoudre le problème hugolien ? Qui le résoudra ? Qui
parviendra à produire plus et à obtenir un résultat supérieur ? Qui ?
*
- Votre livre ne saurait me plaire.
- Je l'ai écrit pour ma personne.
- Oui, mais son contenu ne me convient pas toutefois.
- J'aspire au progrès - ceci est une marche pour avancer encore.
Il faudrait de l'invention. Mais comment la trouver ?
*
730
*
Je crains, en vieillissant, le manque de créativité. Je crains de devenir un
être stupide à la parole répétitive, à la capacité stérile.
Je considère mes Inédits. ~ 17 000 feuillets m'attendent ! En vérité, tout
cela m'apparaît fadasse ou faible production.
J'ai calculé que 80 fichiers Word inédits pourraient être convertis en
livres si je venais à les transformer. Mais cela est loin, très loin,
impossible peut-être.
*
En vieillissant, on y perd en applications pures - on y gagne en aptitude
de récupérations - et tout ce qui semblait perdu à jamais peut être
ressuscité par l'aptitude de réécriture.
*
Quel intérêt peut-on trouver à faire 150 kms pour voir un poète invité à
des Journées de la poésie quand un ouvrage à 30 euros nourrira toute une
potentialité cérébrale pendant un mois ?
731
Il y a certes le plaisir de la rencontre. Mais cela est-il suffisant ? Cela
répondra-t-il à ce que l'on recherche ?
*
Un tel se prend pour un grand poète. Chacun a le droit de s'atttribuer
l'ascendance qui lui convient, prétend Cioran.
*
Je suis très pessimiste - je n'ai aucun espoir. Tout va échouer
lamentablement chez les hommes. Et l'Au-delà prétend que je devais
m'animer, agir, aller, rencontrer tandis que l'ensemble ne pouvait qu'être
rejeté avec médiocrité.
*
Sera-t-il possible en poésie de déterminer le Vrai ? Faudra-t-il accepter
l'aberrante contradiction de l'incompréhension ? Tant de poètes sont
ignorés quand d'autres de qualité inférieure sont adulés et reconnus.
Mais comment faire ? Comment rendre compatible le Vrai avec la réalité
humaine ?
732
Les lecteurs, les éditeurs jettent et rejettent des produits d'intelligence
supérieure et apprécient des êtres de qualité seconde.
Faut-il attendre le repêchage céleste, seule sortie acceptable après sa
mort ?
*
Certains poètes se côtoient, se rencontrent, discutent - cela est leur
affaire. Que tirent-ils de ces communications physiques ?
Je dis : l'essentiel est d'appliquer, de trouver de nouvelles solutions
d'écriture. Le reste étant chimère littéraire, pacotilles de bavardages
inutiles. Non. - Il faut appliquer.
*
Pousser sur la cervelle, sur la capacité cérébrale - aller outre - plus loin,
plus fort.
733
La jeunesse est la période propice. Il en sortira de nouvelles
intelligences. Agissez. Au-delà. Vous en êtes capables.
Liste importante de poètes
Vladimir Holan André Ady Sandro Penna Kathleen Raine
Vittorio Sereni Piero Bigongiari Christine Lavant Jan Skacel
Zbigniev Herbert Ingeborg Bachmannn Giovanni Raboni
Jean de Boschère Charles-Ferdinand Ramuz Edmond-Henri Crisinel
Armen Lubin Jean-Michel Franck Pierre-Albert Jourdan
Nicolas bouvier Christian Guez-Ricord Bernard Simeone
Floétrie - Floésie -
*
La gloire de l'illimité
*
Il faut constamment dériver sa pensée, dériver la pensée de l'autre pour
obtenir son propre objet.
Autrui est une source régénératrice de concepts, d'applications d'écriture
poétique, sapientiale ou philosophique.
Sans l'Autre, l'Intelligence ne peut découvrir de nouvelles potentialités.
734
*
Ishitawa Takuboku
Journal intime - Une poignée de sable - Jouets tristes - Editions Arfuyen
Le Rimbaud japonais, mort à 26 ans de la tuberculose.
*
Poésie : comment peut-on se tromper à ce point ? Comment peut-on
commettre de telles absurdités ? L'on encense certains crétins et l'on
méprise de grands génies. La compétence est vaine. Le vrai constamment
se déplace et jamais l'on ne sait, jamais l'on ne peut prétendre.
Il faut donc attendre la Mort où le Vrai se déploie avec exactitude.
On dit Baudelaire, Lautréamont ou Verlaine. Soit ! Mais combien de
poètes sont oubliés à tout jamais ? Combien croupissent dans le Néant de
l'inexistence pour l'Eternité. Et pourtant ils possédaient des aptitudes et
des capacités certaines.
Alors que dire ? Que faire ? Faut-il tenter d'être de son vivant pour ne
pas disparaître à tout jamais dans l'oubli de la littérature contemporaine ?
735
Poésie - Critique -
*
"Je suis poète. Je sais lire. Je sais ce qui est vrai. Ton produit ne saurait
me plaire. Va t'en. Je te considère comme étant un incapable."
*
J'ajoute. Je pense. Je progresse. J'obtiens sur moi-même. Mais en vérité -
qu'est-ce que cela ? Peu et insignifiant.
*
Une transposition des fonctions du cerveau dans le langage poétique.
L'espace serait en soi et la volonté serait d'obtenir un poème de qualité.
*
Se faire et se construire. Enorme travail de poète et d'écrivain. Extraire,
expulser hors de soi toute la substance créative. Et pour quels résultats ?
Quels accessits ? L'indifférence, le mépris le plus souvent. Mais
736
qu'importe ! L'aventure était interne, et l'œuvre obtenue est preuve
indéniable du produit escompté.
*
J'ignore qui sera quoi - quel sera l'avenir réel de certains écrivains quand
d'autres, sublimes inconnus, réussiront ou disparaîtront à tout jamais.
Parfois je m'interroge : la donne poétique terrestre, est-ce la bonne ? N'y
a-t-il pas de profonds oublis ? De grandes œuvres, n'ont-elles pas été
perdues pour l'éternité ? Existe-t-il des Baudelaire, des Rimbaud, des
Hugo - que sais-je - dans l'antre du Néant - peut-être seulement
ressuscités au Ciel, là-haut ?
Le système hiérarchique poétique terrestre est-il objectif ? Alors un
immense doute envahit ma personne, et je prétends avec certitude que
des erreurs monumentales ont été commises, que des œuvres
considérables sont durablement évincées comme des trésors introuvables
ou des chefs-d’œuvre picturaux brûlés, en cendres dispersés.
Nous devons faire preuve d'humilité et reconnaître humblement que
notre capacité d'analyse ne nous permet pas de juger avec véracité la
valeur d'une œuvre proposée. Cinq, dix, quinze éditeurs ne
737
parviendraient pas à déterminer avec objectivité l'aptitude réelle de
certains poètes ou écrivains.
Cela ressemble fort à l'élection des Miss : toutes sont plus jolies les unes
que les autres, mais le choix se fait sur une et une seule quand toutes plus
ou moins mériteraient d'être couronnées.
Alors que faire des beautés rejetées et proposées au rebut ? Les mépriser
et les bannir avec dédain ? Ou leur conférer une autre voie avec nouvelle
chance dans un autre lieu ? Cette dernière proposition semble la plus
souhaitable.
Quand je songe aux œuvres poétiques ou littéraires, l'Internet m'apparaît
être un lieu extraordinaire où la seconde chance peut être offerte aux
ratés de l'édition traditionnelle.
*
Le rêve poétique : être jugé à sa juste valeur.
*
738
Je ne recherche pas les littéraires, la foule ou les hommes. Je cherche à
être auprès de ma personne. Je crains de perdre mon temps dans des
pérégrinations inutiles pour des résultats futiles ou insignifiants.
Je dois trouver...et pour cela, le produit poétique de l'Autre s'avère
indispensable.
Qu'est-ce que je prétends chercher ? - Des espaces, des structures, du
langage, des images, une sensibilité, une Ecole, un principe, un vecteur
directeur, une vérité pour le futur, une méthode, un système, des
variabilités, des applications, des présentations etc.
- C'est encore un poète nouveau que je souhaite faire apparaître.
En vieillissant le cerveau se fait d'avantage paralittéraire que littéraire
créatif pur.
*
*
C'est encore un principe, un système de formation cérébrale qu'il est ici
utile d'exprimer.
739
- L'autre ! - Côtoyer l'autre, certes cela peut paraître utile, mais il faut que
le contenu prévale sur la forme. Il ne faut pas que l'apparence , que le
jugement de l'apparence néglige le fond et l'enveloppe même.
*
Conseil patriarcal
En vieillissant l'on s'aperçoit que pour accomplir certaines actions (
Voyages, rencontres etc.) l'argent est nécessaire.
En revanche, pour œuvrer et produire cela n'est pas le cas.
Voilà pour rassurer les âmes jeunes et pures !...Vous pouvez obtenir de
superbes résultats sans le contact, sans L'autre.
Si vous cherchez à agir, tachez de fusionner CAD d'être au confluent de
plusieurs tendances, d'intégrer ces tendances et d'ajouter sur elles.
A moins que vous ayez la possibilité de proposer par vous-mêmes un
nouveau principe, une nouvelle certitude à l'image des Punks à la fin des
années 70. Mais cela est fort difficile, quasiment impossible - du moins
essayez.
*
740
Faire grand poète ! Mais jamais ils n'acceptent ! C'est seulement une fois
mort qu'ils reconnaissent l'identité comme telle.
*
Échafauder de nouvelles façons de penser.
*
Je suis fou du génie claudélien.
*
Jack Spicer - Le Rimbaud américain
Nakahara Chûya - le rimbaud japonais
Takuboku - autre rimbaud japonais.
*
J'écoute Nirvana et je pense Rimbaud - mais chez Kurt Curbain, il y a
destruction puis suicide. Chez Rimbaud, il y a fuite, départ, autres terres,
autres lieux, autres hommes - l'esprit aventurier du XIXe siècle.
*
741
Combien peu d'écrivains se sont nourris de philosophes pour écrire leur
journal !
Le poète se déplace, s'esclaffe, butine, conçoit autrement et ne travaille
que très rarement avec des œuvres philosophiques.
*
C'est un principe de formation, d'applications, d'obtentions de résultats
poétiques ou littéraires.
Il s'agit également de travailler avec, par, en exploitant l'Autre, Autrui, le
grand frère, le Maître, le génie ou l'être exceptionnel.
C'est donc un langage consubstantiel - je suis car tu es - tu m'apportes, tu
m'instruis et je t'aime.
Poursuivons ensemble ce travail.
*
Il faut constamment pousser sur sa cervelle pour aller outre, pour trouver
des solutions nouvelles - il faut ajouter avec Autrui et prétendre obtenir
l'objet rare et inconnu - l'objet idyllique en quelque sorte.
*
742
Toujours cette conscience de mon impuissance - je suis peu - je ne suis
rien. Le "que puis-je avec cette cervelle ?" et "Comment faire mieux ?"
ont constamment animé ma piètre possibilité.
*
Je suis plus producteur de poèmes que poètes. Poète signifie : contacts,
amitiés, relations, dictions, petite estrade, Madame Untel, Mademoiselle
Autre, Professeur de Lettres, instituteur etc.
- Tout cela m'était fort agaçant.
Je pensais : Pléiade, Internet, Collection, poésie planétaire, Génies,
Grands poètes de Virgile à Beck avec les applications - les Peintres, les
Musiciens, les Sculpteurs etc.
C'était deux mondes totalement opposés - Je cherchais à œuvrer, à
travailler, en vérité.
*
743
La poésie pour moi est volonté de chercher, d'appliquer, de trouver des
substances nouvelles, d'obtenir des objets d'écriture autres. C'est un
espace de création et d'invention. L'imaginaire y règne avec grandeur.
*
La poésie planétaire est ingérable - trop d'ouvrages, trop d'auteurs ! Il
faut donc faire sa route, se faire un chemin dans cette immensité offerte.
*
La poésie pour moi est volonté de chercher, d'appliquer, de trouver des
substances nouvelles, d'obtenir des objets d'écriture autres. C'est un
espace de création et d'invention. L'imaginaire y règne avec grandeur.
*
La poésie planétaire est ingérable - trop d'ouvrages, trop d'auteurs ! Il
faut donc faire sa route, se faire un chemin dans cette immensité offerte.
744
*
Pour moi – du moins en cet instant car la pensée se déplace constamment
- la poésie est un moyen d'extraire hors de soi un principe créatif.
Mais cela est une fonction, et cette réduction ne saurait suffire ?
Car la Poésie possède d'autres et de nombreuses qualités et propriétés qui
se déplacent avec le temps et l'humeur de l'analyste.
*
Le relationnel poétique est peu ou rien. On ne saurait comprendre ou
saisir l'intelligence de l'autre sur de la communication à bâtons rompus.
Nulle fiche n'est préparée et l'on s'attend à tout. L'on se base sur cette
expérience insignifiante pour prétendre à un certain vrai littéraire - alors
la critique y va de son droit - et que j'attaque, que je méprise ou rejette -
mais n'étais-je pas le même aux yeux des autres d'une certaine manière ?
*
La meilleure synthétisation externe,
la meilleure exploitation interne
745
et le meilleur produit possible.
Franck Lozac'h a inventé la productique poétique !
*
Combien de génies poétiques inconnus ! La nouvelle donne de l'Au-delà
risque de nous apparaître étonnante !
*
Va te faire cracher à la gueule ! Comment ? Il ne sait pas fait cracher à la
gueule ? Il n'a pas été chercher le mépris et l'humiliation ? - Il n'a donc
pas voulu faire le poète ? Va en Enfer ! Cela t'apprendra à ne pas obéir à
mon ordre !
*
Je persiste à croire que le relationnel poétique est de peu de chose - que
seule l'application d'écriture semble utile. Voir l'Autre, le côtoyer, lui
parler quelque temps est certes action facile, agréable parfois - mais cela
ne débouche que très rarement sur des résultats tangibles. Tout est affaire
apparat et de maniérisme. Mais de finalité objective, il n'en est point
question. Parler, bavasser - voilà le plaisir ! Mais construire, aller outre,
746
penser au-delà, cela ne serait ! Alors l'Intelligence se rétracte, reconsidère
la proposition offerte, doute et préfère se réduire à elle-même, souhaite se
replier dans son alcôve pour tirer ou déduire de nouvelles choses, utiles à
son œuvre future !
*
Pourquoi Rimbaud a-t-il cessé d'écrire ?
Quand Rimbaud cesse d'écrire, il sait pertinemment qu'il n'est pas Hugo,
qu'il n'est pas Racine, qu'il n'est pas Corneille, qu'il n'est pas Virgile -
alors ! Pourquoi ?
Est-ce un génie, un surdoué qui n'a pas les moyens d'aller outre - d'aller
au-delà CAD d'ajouter sur soi pour poursuivre l'aventure de
l'investigation interne ?
*
Le poète est un chercheur - mais dans le domaine du langage.
Il cherche, il élabore des concepts nouveaux - incompris - inconnus peutêtre
- du moins il cherche.
747
*
J'aurais apparemment trouvé sur le net Poets.org, site américain consacré
aux poètes, à leur école - je découvre Misty poets, école rebelle chinoise
et New York School.
*
J'ai besoin de penser, d'appliquer, d'exploser, de gémir, d'écrire. Mon
triomphe est dans l'anéantissement de moi-même.
*
Mis à l'écart, je crains essentiellement de perdre des mouvements
fondateurs qui participent à l'élaboration de mon œuvre.
Faut-il chercher à durer dans le temps humain ? Ne faut-il pas être pour
le ciel ?
*
748
Écritures contemporaines
Comment avec du retard synthétiser dans le vrai ? Comment tandis que
je ne suis pas à la pointe, pouvoir ajouter sans crainte d'erreur ?
Etre à la croisée de toutes les interactions - nouveaux objets à concevoir,
à développer -
Avoir raison et ne point se tromper -
*
On ne pourra jamais tout comprendre, tout intégrer, tout lire - il s'agit de
faire un chemin, son chemin.
*
Les grands poètes :
Fais ce que je fais et tu seras qui je suis.
*
749
La grosse difficulté est de relancer sa matrice interne - de constamment
renouveler sa capacité d'écriture. Il faut obtenir de nouveaux objets
poétiques. Mais quels objets ?
*
Du relationnel artistique, poétique etc.
Se rencontrer ne sert à rien. On ne peut donner à l'Autre par l'entremise
de la discussion le moyen de comprendre le moi littéraire interne. Ceci
est affaire de lecture et non pas de relation.
Il serait d'ailleurs stupide de dire :je l'ai vu, je le connais, rejetez-le. C'est
un pédant. Il est comme ci, il est comme ça.
Je le répète inlassablement. Il faut juger l'écrivain, le poète, le
philosophe, le romancier d'après ses applications. L'homme de la rue
n'existe pas.
*
- Pourquoi écrivez-vous ?
- Pour mieux vivre. Saint-John Perse
750
*
Critique analytique objective
Il est très difficile de savoir séparer les bonnes des mauvaises choses - ce
qui paraît satisfaisant à l'esprit de l'écrivain sera médiocrement rejeté par
l'analyse du critique, - et chose inverse - ce qui semble ridicule à la
raison de l'écrivain sera adulé ou apprécié par l'intelligence du critique.
Alors qui croire ?
L'éditeur n'est pas le censeur sacré et sa compétence peur être le plus
souvent remise en cause. Il croit, prétend, veut publier et se plante. Il ne
dépasse pas six cents exemplaires, et encore après avoir claironné
l'ouvrage sur tous les tons !
*
Il ne s'agit pas d'avoir du goût. Il s'agit de comprendre la claire créativité
qui régira le vrai de demain.
Le génie créateur n'est pas affaire de goût. Ce terme cache un concept
totalement dépassé.
Il ne faut plus être étonné, il faut choquer ou provoquer le dégoût.
751
L'on s'habitue à ce qui au départ répugne ou scandalise - voire les Punks
ou les Rappeurs.
*
Il te faut aller plus loin, au-delà de ce qui te paraissait possible, là est la
seule solution cérébrale, - ajouter, découvrir, déplacer, concevoir,
prétendre et faire valider par Autrui.
*
Il faut être prudent en poésie. Toute offre nouvelle est médiocrement
rejetée. Tout effort de crédibilité est relégué avec un mépris dédaigneux.
Tenter d'exister déclenche de terribles foudres. L'on ne vous connaît pas
mais on vous rejette impitoyablement.
Dans cette discipline, rien n'est possible. Il faut être l'ami de l'ami de
l'ami... - et encore ! Sera-ce suffisant ?
Vous pouvez en dépenser des sommes pour tenter de vous faire éditer
dans une revue. Cela est très lent et ne sert à rien. Insistez, quémandez,
implorez et vous n'aurez que peu de chose.
752
Toutes les façons pour être dans ce secteur se transforment en échec
lamentable et vous vous retrouvez horriblement débité.
Alors comment tenter sa fortune ailleurs ? Comment essayer d'être audelà
de ce système abject ? Il faut se suffire de soi, produire pour sa
propre estime et délaisser les structures qui sont des ponctionneurs
financiers.
Mais que craindre ? Si véritablement la capacité littéraire peut se
développer, elle se développera - si l'aptitude poétique doit se dévoiler,
elle se dévoilera fort bien. Certes petit à petit, lentement, elle se dévoilera
toutefois.
Délaissez tous ces voleurs, tous ces séducteurs qui n'ont qu'un seul souci
- vous prendre votre argent.
*
Shakespeare est exceptionnel avec ses drames - mais les jouer les habille
d'un vêtement somptueux.
*
753
Poètes rock H-F Thiéfaine - Lou Reed - Capdevielle - Jim Morrison -
Poètes chanteurs Francis Cabrel - Francis Lalanne
Poétesse - Barbara - Patty Smith
*
On affuble aisément de gratifications poétiques et l'on dit : Monsieur
Untel est un grand poète - alors qu'il n'a jamais prouvé auprès des
Autorités littéraires.
On ne se permet pas de dire d'un inconnu : c'est un grand philosophe,
c'est un grand écrivain, c'est un grand romancier essentiellement s'il n'a
jamais publié la moindre ligne à compte d'éditeur.
*
Comment dans la surabondance de l'offre parvenir à trouver ses objets ?
Langage
1
754
Hier, il fallait ordre, organisations, système d'applications, aptitude à
chiffrer, à composer, à inventer, à déplacer - cela permettait d'être auprès
de la gente capable de comprendre votre autrement. Aujourd'hui les
règles, l'ensemble des règles a disparu. Écrire n'est plus un métier - écrire
consiste à offrir une nouveauté crédible auprès d'un éditeur mais
rarement auprès d'un lecteur.
Mais est-ce une faute ? Est-ce déplacé que de penser ainsi ? L'opération
faussement littéraire ou nouvellement littéraire débouche sur un autre
vrai. Et un certain public peut accréditer l'objet différemment présenté.
2
Faire se caramboler des audaces incompatibles, des solutions de mots
totalement absurdes, aller dans l'inexpérience pour imposer un nouveau
vrai, et s'entendre dire : c'est ma foi certitude - et je puis comprendre
ainsi. Oui, cela est belle affaire et suffit à me satisfaire.
3
Il faut s'en retourner à une pensée brute, violente, vulgaire, agressive, à
une jetée de phrases certes par sa critique qui condamne l'audace
755
excessive mais qui tire de son expulsion les structures nouvelles de ses
applications.
4
La société paralyse l'évolution.
En un est le phénomène mental, en deux est le langage qui n'est qu'une
sorte de réception conceptualisée d'une émission mentale perçue.
Il faut déplacer le vrai.
5
J'ai désiré l'audace, le risque, l'impossible - j'ai tenté d'aller au-delà. Je
n'avais besoin d'Autrui que pour m'aider à expérimenter ces nouvelles
applications d'écriture.
Certains avant moi m'ont paru exceptionnels : Rimbaud, Mallarmé, Char,
Celan, Pound, Roche, Zanzotto, Deguy, Roubaud. Mais qu'étais-je moi
auprès de ces précurseurs ?
756
Et combien de poètes étrangers n'ai-je perdu ? Qu'aurais-je pu obtenir si
j'avais pu travailler avec leurs ouvrages ?!
6
Déplace le langage, repense-le autrement, offre de nouvelles applications
- fortifie-toi dans l'audace.
Change le fond, la forme et la présentation. Offre-leur ces contenus, ces
révolutions pensées - peut-être finiront-ils par te comprendre !
7
Je n'ai pas besoin du langage pour tenter de percevoir l'Autre.
La perception. Que puis-je en tirer. Dois-je me baser sur cette référence
pour chercher à juger l'Autre ?
8
757
Les mots fournis traitent de séquences impropres. On patauge dans l'idéal
ou dans l'absurde. On essaie de construire une suite possible, aberrante,
totalement audacieuse mais qui sera comprise demain.
Il y a la notion de risque, de folie, ...il faut aller de l'avant. Qu'importe le
manquant qui s'associe au passé. La créativité doit tendre vers le futur.
9
Grosses difficultés pour avancer sur "Apparences" - le relire et le
numériser est difficile. Je ne comprends toujours pas la pertinence du
contenu et je dois lui subsister une autre solution. Et tant de redites, de
retours sur moi-même. Parfois je prétends : "Petit à petit, tu avances -
l'évolution de ton écriture se détermine sur plusieurs mois - il s'agit
encore d'une synthèse complète. Tu comprendras plus tard.
10
De ce langage ! - Mais permettez-moi : il n'y a plus de chiffres, plus de
composition, plus d'harmonie musicale ou d'ordre organisé, et je devrais
prétendre que cet ensemble engendrera un nouvel édifice ! Mais c'est une
folle anarchie que vous m'infligez là !
758
11
Il s'agit de délire, de risque, d'audace, d'interdits à expliquer,
d'aberrations appliquées sur la feuille de papier. L'on doit produire des
monstres d'écriture et prétendre que ces fragments seront vérités futures.
Mais qui accepterait de le croire ?
12
Ce mot, cette construction sont fous - mais je dois passer outre. Que
m'importent cette audace et ce risque ! - Délibérément, j'ai à extraire des
applications nouvelles, - je dois plonger dans l'impossible, dans cette
invraisemblance chaotique. Il faut trouver.
13
Nous n'avons plus besoin de comprendre le texte - il doit suffire avec sa
vibration, son incohérence, son impossible - l'intelligence doit aller audelà.
Il y a abstraction du langage, écrivait Paul Valéry dans Cahiers I,
p 450.
C'est évidemment une nouvelle association, un principe d'applications
inoui. Après ? ...Après, c'est l'organisation de l'ensemble avec son
déplacement, sa destruction qui convaincra le lecteur.
759
Quand dix, cent, mille diront : "Cela est ma fois vrai", alors le contenu
détiendra sa légitimité et pourra se présenter comme Vérité abstraite
reconnue.
*
Systématiquement le principe s'opère de la sorte : de cette foule de poètes
se prétendant, se prévalant, sachant avec certitude, la postérité délibère et
n'en garde que deux par génération.
Le XIXe - l'immense XIXe ! - n'a enfanté qu'une quinzaine de grands
poètes français. Qu'est-ce à dire ? Il faut également comprendre ainsi :
beaucoup s'activent, se déploient, agissent et tentent de convaincre.
Certains sont édités, d'autres reçoivent des Prix. C'est ce qu'on appelle La
poésie d'aujourd'hui - et puis un, deux sont acceptés et idéalisés.
Et l'on dit à la génération future : les voilà vos maîtres ! - Ce sont eux qui
doivent vous inspirer. Nous avons sélectionné et prétendu connaître les
Immortels à glorifier.
*
760
Que représente le premier jet ? La jetée, la base ! Des fragments sans
chiffres, le vomi
sans la composition !
Il faut repasser 3,4,5,7 fois dessus pour enfin trouver une application
satisfaisante.
*
Je ne crois pas avoir aimé le contact poétique ou littéraire - voir,
rencontrer, discuter m'apparaissaient chimères inutiles, qu'insignifiances
de comportements de second ordre.
L'essentiel était de comprendre, d'intégrer et d'appliquer.
*
Plus rien - plus rien pour me relancer. Tout est amorphe et tout semble
perdu.
*
Je n'écris plus - je ne saurais produire plus. L'esprit semble saturé. Il y a
une sorte de blocage de l'intelligence qui ne peut aller outre. Vais-je
761
exploiter le temps restant pour refaire les morceaux existants ? Ou encore
nettoyer des fragments délaissés qui toutefois ont quelque teneur ?
Ceci est un grand enjeu car 20 000 feuillets inédits attendent que je les
récupère pour participer à l'élaboration d'ouvrages nouveaux.
*
Je n'ai aucune ambition littéraire. Je cherche à me faire, à obtenir. Être
auprès d'Autrui m'apparaît artifice stupide, voire inconvenant. J'ai tant à
apprendre, à découvrir –
L
*
Nous cherchons la folie, la loi illégitime, l'audace perverse pour accéder
à un principe d'écriture inconnue.
*
Il y a peut-être d'autres solutions qui tournent autour de l'identité
littéraire.
Il y a également un paralittéraire à développer. Mais quel paralittéraire ?
762
*
Je suis allé à Ombres blanches. J'y ai ouvert un grand nombre de recueils
- suis reparti avec Kiril Kadieski - Nouveaux sonnets - et une traduction
récente de RM Rilke (Elégies de Duino). Ai pris également Structures du
langage poétique de J. Cohen chez Flammarion - Collection Champs.
Je rêve des Fragments posthumes de Nietzsche chez Gallimard ? Je les
prendrai sûrement.
*
Ceci est dans la synthèse - c'est décidé, c'est entre nous. Il faut aller audelà
et percevoir de nouveaux intimes.
*
Il fuit - il fuit les hommes mais il court après leurs œuvres. Le génie se
situe dans les livres immortels. Qu'importe les présences !
*
Faire poète - communiquer avec Autrui pour ne rien obtenir !
763
Il y a tant à trouver dans les ouvrages ! Pourquoi s'inquiéter de telles
gageures ?
Journal 2007
Il fuit - il fuit les hommes mais il court après leurs œuvres. Le génie se
situe dans les livres immortels. Qu'importe les présences !
*
Faire poète - communiquer avec Autrui pour ne rien obtenir !
Il y a tant à trouver dans les ouvrages ! Pourquoi s'inquiéter de telles
gageures ?
*
Chez Demazet, il y a une dizaine d'années.
Le premier : - Moi, j'en ai écrit 11 cette année.
Le second : - Moi, deux !
Le troisième : - C'est pas la quantité qui compte.
764
Etc.
*
Je dois constamment insister, et c'est en insistant constamment que
j'obtiendrai ce qui m'est chu.
*
"Comment puis-je trouver ? Comment puis-je ajouter sur ma
personne ?" Voilà l'unique question que doit se poser l'intelligence - je
veux dire le réel cerveau - la véritable conscience - et de cela l'on tirera
la belle avancée cérébrale, sociale, encyclopédique, universelle - ... en
bénéficiera la Civilisation.
*
Je t'offre un contenu - il représente une certaine vérité à un certain
moment. Je prétendais posséder le vrai. Mais le vrai se déplace - la chose
évolue - que conserveras-tu de mon vrai pour ajouter sur ta vérité ?
Quelle infime part conserveras-tu ?
*
765
J'essaie de construire ma composition numérique - chaque icône de DVD
correspond à une phase représentative de ma production, de mon écriture
ou de ma personnalité. Je crains essentiellement d'oublier des dossiers
importants - l'informatique va vite, très vite et rejette des choses
considérables. Il est impossible de s'en souvenir. Il faut revenir
doucement dossier après dossier, lentement pour retrouver le contenu tel
quel.
*
Le paradoxe du relationnel
- Vous pouvez vous méprendre stupidement et encenser des êtres
médiocres tandis que des génies exceptionnels vivants à vos côtés sont
misérablement rejetés.
- Oui, mais c'est dans la manière, l'élan, la faconde extrême qui priment
en ces instants. Nous ne savons discerner, et la façon suffit pour nous
séduire. Nous jugeons d'après l'apparence - le fond étant chose de second
ordre.
766
*
Être pour Autrui est impossible
*
L'apparence - On se côtoie par politesse - on ne se comprend pas - on se
méprise, se sous-estime - l'on prétend l'autre médiocre.
Le jugement est effectué sur l'apparence, sur la manière, sur l'apparat, sur
le sentiment hiérarchique ou social.
C'est ainsi que le système poétique opère - sur le rien, sur le peu, sur
l'insignifiant. Et la pauvre cloche de Verlaine passe pour un imbécile ou
le dernier des manants quand tel autre, usant de façons peut intéresser la
galerie et se prévaloir d'être quelque chose.
*
Toujours pousser vers l'avant pour y trouver une vérité certaine.
*
767
De la certitude. La Poésie n'est Rien, - est Néant, inexistante, invendable
~ nul ne s'y intéresse. Certains diront : nous sommes là dans l'ombre -
mais nous sommes ! Or il n'y a nul marché - les ventes sont
insignifiantes, les lecteurs peu nombreux.
Ce n'est pas faire offense à la discipline que de dénoncer cette vérité. En
revanche, la poésie est inventive, créative, audacieuse. Elle se déploie
mais son développement est souterrain.
*
Qu'avez-vous à attendre ? - Vous n'avez rien à attendre. Travaillez,
produisez, délaissez la structure d'accueil. Jamais vous ne serez reçu.
*
Ils veulent des poètes posthumes, des poètes de l'Au-delà. Pourquoi ? Ils
refusent de faire l'effort de les comprendre de leur vivant. Ils sont en
décalage de compréhension - et lisent avec 20 ou 40 ans de retard.
768
Ce ne sont que des lecteurs et non des poètes. Le décalage leur suffit,
leur convient. Ils suivent loin derrière. Ceci est souvent pour du
posthume.
Et ils admirent, se glosent, sont satisfaits de la chose...Mais que dire ?
Laissons-les. Le vrai poète - celui qui travaille, pense, exploite doit agir
différemment. Il lui faut prendre, extraire et ajouter.
*
J'en suis à chercher de nouvelles thématiques qui pourraient se dégager
de l'oeuvre principale pour produire des espaces littéraires à exploiter.
Actuellement, l'ensemble n'est pas clair mais je dois trouver.
*
Je suis reparti hier encore en exploitant un texte de Zanzotto - Idiome -
recueil depuis longtemps intégré. Je plonge à nouveau.
Maulpoix - Critique - La recherche du parallélisme chez cet auteur ne se
fait-elle pas au détriment du contenu et de l'efficacité de la structure ?
769
Faut-il constamment rechercher "la phrase", "le compte des mots" pour
être certain... de quoi ? D'être un littéraire ?
*
Enregistrements sons poésies pour un site Internet
Il faut y ajouter des images, de la musique, un texte sous-titré puis le
poème entier 4433 qui se désintègre à la fin du sonnet...
*
Obtenir le résultat de Zanzotto ! Comment l'obtenir ?
Toujours chercher la pointe d'aujourd'hui.
*
1
Affaire Molière/Corneille Quand on compare le Psyché de Molière au
Psyché de Corneille, l'on s'aperçoit que Molière est plus souple, moins
rigoriste, plus comédien en quelque sorte.
770
Je me souviens également de La suivante, - et de ses comédies de
jeunesse et je ne puis y trouver le ton enlevé, facile, agréable qui s'adapte
à l'effet théâtral de mise en scène que l'on rencontre chez Molière. C'est
pourquoi avec cette première étude, je doute que Molière ne soit pas le
père de son œuvre littéraire. Je ne vois pas en Corneille l'ombre d'un
nègre inconnu.
2
Je viens de tester Don Garcia de Navarre et j'avoue n'y rien y déceler qui
put en quelque point ressembler à la technique d'écriture ou de
composition de Corneille.
Les invisibles n'y sont pas présents de la même manière, et leur
fréquence est moindre. Je puis croire en cela que Molière a produit ses
propres pièces et que Corneille n'y est pour rien.
Je veux toutefois poursuivre mes investigations avant de tirer une
conclusion définitive car l'affaire semble inquiétante et pourrait faire
vaciller un pan entier de notre littérature et de notre histoire.
3
771
Les vers de Corneille sont frappés par une métrique courte, serrée,
rigoriste. Je vois en Molière un comédien plus souple, plus libre avec les
règles du XVIIe - c'est pourquoi je doute que Corneille soit intervenu
dans l'œuvre de Molière.
4
Ce qui étonne, c'est cette prose sans contrainte, libre en quelque sorte -
non soumise à des lois - et en ce sens, je prétendrais que le travail revient
à Molière sans hésiter.
Puis il y a un grand nombre de pièces en vers qui sont organisés, qui
répondent à des lois techniques et à des contraintes d'ordre supérieur - et
je ne parviens pas à comprendre comment les deux systèmes ont pu
cohabiter.
Mais je n'en suis qu'à mes premières investigations. je dois décomposer,
analyser, décortiquer les ensembles pour enfin expliquer ce que mes sens
entendent.
Du relationnel poétique
*
772
Certes ! de l'éducation, de la critique mais des applications utiles, il n'en
est point !
Côtoyer ces gens une heure, deux heures, deux fois, x fois, qu'apprenezvous
? Des bonnes manières, des principes distingués mais de la poésie
pure, vous n'en trouverez pas. Que pouvez-vous espérer ?
*
Allez-vous rester à désirer sans jamais posséder ? Hâtez-vous ! Le temps
est court, le temps fuit.
*
La poésie est difficile, compliquée et impossible.
Elle n'est pas un système de relationnel de A vers B - de B vers C - de
discussions, d'éducation et de politesse.
Elle m'apparaît comme étant une nécessité de production interne, de soi
vers soi, - un principe d'applications cérébrales.
773
Vouloir être auprès d'Autrui m'apparaît stupidité insignifiante. Il faut être
pour soi et ne pas se soucier de l'Autre - je veux dire le lecteur, le poète
ou l'éditeur. Car c'est usure de temps, action inintelligente, perte de vie.
*
Se baigner dans la Pléiade pour se nourrir de tous ses sublimes génies.
Implorer, lire, apprendre et quémander le droit à la formation.
Qui comprendre ce que tu as souhaité faire ?
*
Toujours au plus profond chercher en soi pour trouver, pour découvrir,
exploiter un nouveau vrai - là est la certitude de l'avenir.
Celui qui dit : je me satisfais de cela, je ne saurais aller outre, je tire
grand plaisir de ma situation actuelle, celui-là refuse le progrès,
l'avancée, l'élévation. Son erreur est extrême : l'intelligence de l'homme
doit tendre vers le progrès.
*
774
Les émissions littéraires proposées à la télévision (Campus, Vol de nuit)
cherchent à exciter l'actualité présente. Elles se situent fort loin de la
réalité poétique, artistique ou créative - ceci est pour le décalage.
*
Pourquoi ces purgatoires pour Sully Prud'homme et de Pompignan ? Que
leur reproche-t-on réellement ? L'un d'avoir obtenu le premier prix Nobel
de littérature du XXe siècle, l'autre d'avoir obtenu un siège extraordinaire
à l'Académie française ?
Je les ai relus avec attention et puis prétendre que les distinctions ne sont
en rien usurpées. Leur aptitude ne fait aucun doute.
*
Le relationnel littéraire
Les visites sont certes courtoises, de bon aloi - aimables mais elles
donnent une apparence trompeuse de la personnalité. Elles ne permettent
en rien de pénétrer ou de mêler deux substances pour en extraire une
775
troisième. Les coups inutiles sont perdus quand le maniérisme semble
l'unique gagnant.
*
Trouve. Cherche. Lance-toi dans le Néant. Impose-toi une nouvelle
certitude.
Ceci est la seule solution pour extraire une substance pure. Ton
intelligence te permet d'extraire. Car tu conçois sous des angles
inconnus.
Viens, viens et exprime-toi. J'ai besoin de ta différence, de ton
autrement. Tu te dois de l'exprimer.
Me faut-il proclamer à Autrui ma poésie, mon identité poétique ? Autrui
ne saurait comprendre - ceci serait perte de temps et action inutile. Non !
Je dois exister par moi-même, au-delà des convenances et de la
crédibilité.
*
776
Je ne crois pas en une poésie générationnelle - je ne crois pas que les
contacts soient possibles - et s'ils deviennent possibles, les échanges sont
insignifiants et ne débouchent sur aucune utilité littéraire.
Ceci est une belle affaire de présences, mais de contenus il n'en est point.
Je leur préfère la question de l'ensemble - c'est-à-dire la compréhension
poétique planétaire, la maîtrise des différentes pléiades européennes et la
synthèse pour le progrès.
*
Plus loin ! Plus grand ! Là-bas vers les hauteurs !
*
Le problème est de trouver de nouveaux espaces de croissance - la
psychologie, l'intelligence etc. Mais quels espaces ?
*
- À quoi sert la réputation ?
- À se gloser de soi-même, à se suffire de sa petitesse, à exceller auprès
d'autrui pour des broutilles insignifiantes, pour des jouissances de second
ordre ? Que nenni !
777
*
Char : énergie, chaleur et douleur.
*
Coincé. Incapable de produire quoi que ce soit d'intéressant. Je suis
décomposé en moi-même cherchant stupidement des solutions nouvelles
d'applications.
Le cerveau ne peut aller outre - il se déploie avec pertes et inutilités.
*
Travaille médiocrement. Essaie constamment de relancer la matrice
cérébrale sans résultat réel
*
Ne pas hésiter à extraire des bouts, des fragments pour construire un
nouveau livre. Ne pas craindre la fragmentation. Car lire aujourd'hui,
c'est se suffire de quelques lignes.
778
Offrir des fragments incohérents - ils seront reliés par un système de
pensées précis. La raison de l'écrivain l'imposera.
*
Peu rencontré de poètes mais pénétré, compris, intégré un
nombre considérable d'auteurs, d'écrivains, de philosophes qui ont
participé de manières significatives à l'élaboration de mon Œuvre.
Alors que dire ? Le relationnel physique a certes été rare
mais la communication intellectuelle s'est déployée avec magnificence.
*
Lecture. En vérité, tu t'aperçois que c'est toi qui écris. Autrui est le la, le
déclencheur d'applications.
*
Je persiste à croire qu'un poète est un applicateur et non pas un
communicateur. C'est à Autrui de transformer l'Œuvre en perception pour
l'ensemble des Auditeurs.
779
Je travaille faiblement. Plus aucune inspiration poétique ne vient animer
cette cervelle, et c'est avec grande difficulté que je parviens à extraire ces
quelques lignes pour noircir cette page. Je dois lundi aller à Ombres
blanches pour y trouver des auteurs qui me permettront de produire de
futures pages d'écriture.
*
Vais-je dire le vrai ? Cela sera peut-être une trace inutile.
Pouvoir travailler dans de bonnes conditions, quel rêve !
Je lis mais très peu. J'essaie d'exploiter, de transformer le produit intégré.
Je vais de A vers B. Ou de A vers A'. Ou encore A est un déclencheur de
pensées et de réflexions.
12 mars 2007
*
De retour - après une visite à la librairie Ombres blanches. Je vois un
gars en faction un peu avant la Rue du Périgord - on est dans la rue du
Taur - qui propose quatre recueils de poésie sur un petit tréteau. Mais il
780
est fou ! Qu'espère-t-il ? Qu'attend-il ? Que veut-il ? Veut-il vendre ? À
qui ?
Il attend accroupi que quelqu'un s’intéresse à sa prestation. N'est-ce pas
utopique, délirant ou triste encore ?
Je poursuis ma route sans me soucier de son cas. Il sera peut-être un futur
grand poète, qui sait ! C'est tout le mal que je lui souhaite.
Le sérieux est toutefois de travailler chez soi et d'avoir une activité
lucrative autre ailleurs. Cela est le plus raisonnable.
*
Effectivement dans ces générations qui cohabitent 20-80 ans, certains
poètes doivent posséder génie ou talent ! Mais l'échange ou la rencontre
n'offrent rien d'utile. Alors que faire ? Insister et insister ? - Pour rien,
pour du faible et de l'insignifiant ?
Être poète, c'est vivre dans un double décalage temporel. D'une main,
l'on admire ses anciens qui ne sont plus. De l'autre la réalité de l'Au-delà
déterminera de nouvelles vérités considérées comme évidentes. Entre les
781
deux, le temps humain, période de rejet et d'incompréhension, de mépris
et d'impuissance.
Il faut donc attendre : l'Intelligence consiste à se former avec le Passé et
le Présent pour être dans le Futur.
*
Ni la composition poétique ni la composition picturale ni la composition
musicale ne sont affaires de femme.
Dali a dit : les femmes ne savent pas peindre, elles savent faire des
enfants.
*
La difficulté va en augmentant et le produit se conçoit au-delà du sens. Je
dois appliquer avec l'A-logique, espérant que cette conscience obtiendra
des fruits certains d'écriture.
*
782
Le relationnel poétique- ce ne sont que des simagrées et de la courtoisie
d'opérette.
L'essentiel réside dans les applications.
*
Ce n'est plus une poésie de relationnel, c'est une poésie d'applications.
*
Etre "Un", c'est appliquer, trouver des solutions d'écriture. C'est
également ne rien espérer d'Autrui. C'est être Soi pour Soi par Soi.
En revanche, il faut savoir beaucoup donner à Autrui. Soi sans l'Autre
n'existe pas. Se prétendre être Soi, c'est n'être rien.
*
Génies inconnus - Blog 1 - Premier billet
Je suis sur Youtube et je regarde Dance To The Bop - ce qui semble
ridicule. Je suis avec Vince Taylor. Et tout à coup je pense à Ozzy
783
Ozbourne - Paranoïd - qui est une révélation - l'un des pères fondateurs
du Hard Rock. L'un 58 et l'autre 69 - seulement onze années les séparent.
Quelle évolution ! Quelle révolution ! Black Sabbath déterminera
également ce qui sera la nouvelle face du Rock And Roll, c'est-à-dire le
Hard, le Hard Rock.
Pour en revenir à la poésie, je me demande qui sont les nouveaux
Rimbaud, Baudelaire ou Mallarmé. Sont-ils édités d'ailleurs ? Sont-ils
accessibles sur le Marché ? Généralement les grandes figures de la
Poésie sont rejetées et méprisées - réduites à l'état de déchets.
Qu'en est-il réellement ? Qui croit en qui ? Qui croit en quoi ? Je serai
très intéressé d'entendre des personnes m'offrir des propositions de
génies inconnus ou de grands poètes utiles, rejetés par le principe
littéraire d'aujourd'hui.
*
Utilité du système littéraire - Blog 2 - Second billet
Parfois je me demande quelle peut être l'utilité du relationnel poétique.
L'on s'y croise, l'on s'y côtoie pour y échanger des insignifiances ou des
insuffisances. Mais cela ne débouche guère sur quelconque utilité
d'applications.
784
Tout y est affaire d'amabilité et d'artifice. Là est la belle courtoisie
d'aujourd'hui avec éducation et correction. Mais les réels problèmes de
l'écriture - je veux dire : L'Évolution de la langue, L'Application,
L'Édition, la crédibilité auprès du lecteur, cela ne serait être des sujets
ou des pôles d'intérêt.
Le pauvre chercheur s'en retourne à sa morne solitude, dépité et déçu
s'inquiétant de la manière dont il doit s'y prendre pour faire avancer son
principe stylistique littéraire.
Avez-vous perçu parfois cet immense vide ou cette incompréhension où
vous plongeait la sinistre réalité littéraire ou poétique ?
Merci de bien vouloir me répondre.
*
Sources d'inspiration - Blog 3 - Troisième billet
Voilà donc un nouveau billet pour écrire quoi et sur qui ? Il faut susciter
la volonté de communication, de discussion - il faut trouver dans l'Autre
son intelligence, sa pertinence, sa capacité à concevoir de nouvelles
réflexions, à déplacer le vrai quand on le considère ailleurs.
785
J'ai tant aimé l'Autre - son génie, sa capacité à m'aider pour travailler ou
produire - et je pense à Valéry, à Baudelaire ou à Rimbaud. (D'autres
noms plus récents m'ont également permis de progresser ou de me
former.) Mais je m'interroge et je souhaiterais que vous puissiez me dire
qui vous inspire, vous aide et vous permet de trouver de nouvelles
solutions d'écriture. Quelles sont vos sources ou vos substances
littéraires ?
*
Phillipe Beck - système assez séquentiel - l'à-coup - l'avancée ne
s'accomplit pas uniquement avec le principe analogique. Le
raisonnement littéraire 'La reproduction par le contraire après un léger
blanc) n'est pas non plus le principe imposé.
29 Solidarité - Chants populaires - Cela a-t-il un sens ?
Mallarmé : j'ai trouvé avec cent ans d'avance !
*
*
786
Etre auprès des humains - pour quelle gloire, quel espoir, quelle finalité ?
Toujours poursuivre, toujours chercher, toujours appliquer.
Et si Dieu le veut, le produit aura un avenir certain. Mais là n'est pas
l'essentiel. Ce qui importe, c'est la validation du Ciel puis de se cacher
dans la masse pour ne pas chercher à être.
La pensée se veut humble.
*
- À quoi est-on écrivain ?
- Il faut écrire des ouvrages pour se prétendre écrivain. Se prévaloir d'être
écrivain à la rature, cela ne saurait suffire. Composer des ouvrages
impose la rature, la remise en cause, le doute, le refus, et cela englobe la
première fonctionnalité de la rature.
*
Produire - extraire - penser - appliquer - Exploiter Autrui - son
intelligence, son aptitude, ses applications.
Le cerveau. Que faire avec ce cerveau ? Est-ce une centrale ? Une
capacité d'applications ?
787
Que faut-il donner à Autrui ? Autrui sera-t-il comprendre ?
*
Le système littéraire - Vous êtes grand poète et le Système vous utilise,
vous exploite à des fins de jouissances ou de curiosités. L'on veut vous
voir, vous rencontrer, discuter avec vous pour des fadaises ou de
insignifiances. Mais cela ne permet pas de vendre. Cela ne vous permet
en rien de progresser.
*
Rencontrer, communiquer avec Autrui qui vous ignore, qui ne vous
connaît pas est inutile. Autrui vous rejette, vous méprise - les contenus
échangés sont insignifiants. Pourquoi ? À quoi bon ?
*
Le problème est d'optimiser sa potentialité intellectuelle. Pour se faire, le
cerveau nécessite l'aide d'autrui. Qui est Autrui ?
Quel fond ? Quelle écriture ? Tant de points d'interrogation et si peu de
réponses !
*
788
Po : Beck est-il la solution ? Ou est-ce un savant mélange de X, Y, Z
dérivés par la pensée lozachienne ?
*
Le premier : Laissons-les se chamailler ! Ils sont entre eux !
*
Il faut constamment ajouter sur soi. Là est l'unique raison. Se satisfaire
de son état, de sa personne est peu de chose. La recherche du progrès est
l'un des moteurs de l'évolution de l'homme.
*
Que peut-on espérer d'autrui ? Quelle est réellement la qualité de sa
critique ? Faut-il réellement se bercer de douces folies ou comprendre
sciemment que l'Autre est objet de refus ?
789
Je dis : de son vivant, rien n'est possible. Mort, le Ciel peut reconnaître
l'œuvre mais peut condamner l'esprit de n'avoir pas agi avec tout le zèle
voulu.
*
On ne peut pas non plus passer sa vie à tenter de se crédibiliser auprès
d'autrui - l'on doit essayer d'agir, de produire ou d'appliquer - l'Autre
n'étant pas la finalité essentielle.
Dire : j'abandonne tout et je veux être, c'est perdre sa fonctionnalité
créative. Le compromis n'est certes pas la solution. Le compromis
balance entre les deux et ne permet pas de poursuivre l'objectif à
atteindre.
Il faut être grand poète pour soi, - puis Autrui comprendra. Cela est peu
de chose. Mais faire GP, signifie : obtenir des poèmes dignes de haute
poésie, et nécessite travail, application, présence, efficacité, génie,
intelligence, créativité etc. d'imposantes qualités, en vérité.
*
790
C'est avant tout un système de formation, de production, d'application. Il
s'agit d'obtenir un résultant en exploitant sa propre expérience associée à
l'intelligence d'Autrui. En revanche, cela ne permet en rien de savoir si
les contenus obtenus sont validés. Car il peut y avoir erreurs, faussetés
ou insuffisances. Ou refus systématique de la critique interrogée.
Le temps est l'ennemi redoutable. Il faut aller vite, très vite et surtout ne
pas se tromper.
*
*
Je délaisse la crédibilité poétique ou littéraire auprès de mes confrères. Je
focalise sur mon aptitude à produire, à obtenir, à appliquer.
Je sais pertinemment que ce que j'obtiens ne sera jamais compris ou
intégré, - je poursuis toutefois sans me soucier de la critique ou de la
pseudo analyse - l'essentiel étant de posséder le résultat.
*
Le Je poétique est un je qui cherche, qui prétend trouver de nouveaux
espaces, contenus ou manières. C'est un Je qui seul n'existe pas, - il doit
791
s'associer avec Autrui - Autrui, c'est le frère, l'ami, le moyen d'avancer et
d'appliquer.
Il n'y a ni frontière ni âge ni civilisation - le passé, le présent, le lieu
autre sont des moyens indispensables pour trouver.
Qui seront les futurs Denis Roche, Paul Celan, André du Bouchet,
Andrea Zanzotto ou Roberto Juarroz de mon écriture ?
*
Sera-ce Philippe Beck ?
- Je ne vous aime pas !
*
- Mais il faut s'y reprendre cinq ou six fois pour commencer à intégrer !
Vous êtes confronté également à ce décalage générationnel. Si l'on vous
avait dit : "Il est - comprends-le.", votre intelligence obéissante se serait
adaptée à ce nouveau vrai obligatoire !
*
792
La paralittérature, est-ce de la littérature ? Certes pas ! Mais la critique
qui est de la paralittérature essayée par les meilleurs, permet de faire
avancer la littérature elle-même. Et je pense à Baudelaire, à Valéry ou à
Sartre.
*
Tu te prétends en abondance. Mais cette abondance est veule, stupide,
inutile. Il faut trouver de nouvelles symphonies d'écriture, de sublimes
vérités poétiques - ceci fait partie de l'impossible... Rêve encore.
*
Sauras-tu ajouter sur l'Autre, sur ton frère ? Pourras-tu synthétiser son
principe ? Lis-le. Que comprendras-tu de cette lecture ? Qu'exploiteras-tu
de cette application ? Tu te sens stupide et inerte, désireux d'objets
littéraires inédits. Mais les mérites-tu ?
*
Ecrire est un besoin stupide ! Ecrire, c'est ajouter sur Soi et sur ses Pères.
Le génie créatif offre des fonds et des formes inconnues.
793
Et puis des millions, des centaines de millions de lignes reconnues par
des éditeurs qui disent oui à de la lecture immédiate, qui désirent
vendre...pour faire de l'argent... et cela, le plus souvent, ne fonctionne
pas.
Différentes éditions
*
Il m'arrive parfois de lire dans différentes éditions l'ouvrage d'un même
auteur. J'en ignore la raison - est-ce la pagination, la présentation, mon
visuel il se peut ? - Mais le contenu du livre m'apparaît bien singulier.
Certains endroits sont en pleine lumière quand d'autres sont plongés dans
l'ombre.
Je pense à Tel que de Paul Valéry Points/Livre de poche contre Pléiade, à
Écartèlement de Cioran qui est une synthèse de plusieurs ouvrages, à
Mauvaises pensées de Nietzsche qui est également une réduction de ses
réflexions ou encore à Blaise Pascal quand ses Pensées sont
systématiquement numérotées.
Je relis un ouvrage et semble le découvrir à nouveau. J'en tire un grand
profit : exploitant des contenus inédits à ma personne, je puis
794
accompagner mon inspiration avec des produits d'écriture innovants - du
moins, je le prétends... Qu'en est-il réellement ?
*
Tant de ramifications, de courants littéraires ou poétiques qui se croisent
et s'entrecroisent ! Comment sera-t-il possible de déterminer le nouveau
vrai artistique ?
Que se passe-t-il en fait ? Le temps faisant son affaire et l'utilité étant
réductrice, seuls deux ou trois poètes par génération sont exploités par
l'héritage à suivre.
Les Éditeurs que l'on critique et condamne proposent des centaines
d'auteurs nouveaux - proposent certes une restriction poétique mais
offrent un nombre considérable d'écrivains que l'intelligence ne serait
apte à lire ou à intégrer.
Alors que dire ? Et comment s'y prendre ? C'est encore le chemin - LE
CHEMIN - c'est-à-dire la capacité à naviguer cérébralement entre toutes
ces possibilités pour obtenir le choix poétique le plus judicieux.
*
795
Le problème n'est pas d'œuvrer - je possède l'œuvre - le problème est de
crédibiliser son identité - il est de parvenir à injecter dans l'Autre mon
vrai poétique, et c'est grande besogne !
*
Sinistre constatation. Seulement 8 000 ouvrages sont édités en moyenne
en France sur 40 000 manuscrits achevés. Ce qui semble peu en vérité.
Pourtant les libraires croulent sous la quantité de livres proposés.
Quelques-uns parviennent à faire une petite carrière, se vendent tant bien
que mal, et permettent à l'éditeur de récupérer les sommes investies.
Que deviendront les 32 000 manuscrits refusés ? Car certains sont de très
bonne facture mais ne connaîtront jamais de carrière éditoriale. Ils gisent
au fond des tiroirs comme des trésors superbement protégés par des
auteurs qui prétendent détenir des chefs-d’œuvre.
Pourquoi ne pas en faire profiter le lectorat d'Internet qui certes ne
payera pas l'ouvrage mais pourra exprimer son opinion ou sa critique
concernant l'écrit offert ? Et qui sait ! Un bon lecteur d'une collection
parisienne intéressé par la qualité de l'ouvrage n’a pas la stylistique de
l'écrivain tentera peut-être de repêcher le manuscrit stupidement oublié.
796
*
Quelle est la part du comportement poétique dans l'œuvre d'un poète ?
Est-elle essentielle à son principe de crédibilité ? Est-elle de second
ordre, qu'un piètre moyen accompagnant le génie réel de l'individu ?
Faut-il cautionner le relationnel, lui accorder une part primordiale ou
prétendre qu'elle n'est qu'un pourboire d'amitié ?
On voit l'immense richesse que pouvait représenter la communauté
surréaliste. Cette mouvance artistique frottant des intelligences
exceptionnelles a certainement dû faire se caramboler des idées, des
concepts ou des notions qui jamais n'auraient pu s'associer sans la
présence des uns à côté des autres. Très délicat donc de prétendre savoir
quelle est la bonne démarche à suivre.
*
Le contact. Quel contact ? Et pour quelle utilité ? La mort qui est à mes
côtés me glisse à l'oreille : "T'as pas une heure ?" - Une heure, certes !
Sera-ce suffisant ? Que faire de cet instant ? Quelle valeur lui accorder ?
Quels contenus pourrons-nous échanger ?
797
*
L'essentiel étant de produire des concepts nouveaux.
*
Comme rien n'est établi, personne n'a réellement tord mais nul ne
possède par là même la vérité.
*
Je crains essentiellement de ne pas parvenir à récupérer l'ensemble de
mon œuvre et de laisser des Inédits que nul n'aura le courage de
récupérer prétextant que cela est suffisant, que cela n'est d'aucune utilité.
*
L'entretien est un moyen remarquable de mise en communication avec
Autrui. L'Ecrit est terne, froid, quasiment glacial. Il ne permet en rien de
connaître l'auteur. Il y a contact nouveau, discussion directe, presque
fraternelle.
*
798
Rimbaud et Brel
Brel, c'est derrière. Brel, c'est Frida - une belle fille rustique ; Brel, ce
sont des bourgeois, des notaires, des caricatures - c'est du XIXe.
Bruxelles, l'avant-guerre, ce sont des images typiques d'autrefois - Les
Flamandes.
Rimbaud, ce sont Les Assis, - des chaisières, des grenouilles de bénitier,
c'est une charge, une satire, c'est un square à musique, c'est un jardin où
tout est correct.
Rimbaud et Brel, c'est acerbe, c'est une critique de la société du XIXe. En
ce sens, je les rassemble, je les assemble. Je souhaite que beaucoup me
comprennent.
*
Production - productivité - optimisation de sa potentialité cérébrale.
Obtenir le résultat ? Pouvoir se satisfaire d'avoir plus, d'être au-delà.
Telles sont les clés de la réussite.
Se plaire, se complaire de son peu est stagnant donc déficient.
799
*
En vérité, la Littérature a toujours été et sera toujours à plusieurs
vitesses. Quelques auteurs de leur vivant parviennent à vendre, à vivre de
leur plume et à s'immortaliser. D'autres vendent et sont vite oubliés.
D'autres n'ont jamais publié mais sont repêchés in extremis. D 'autres
encore seront au ciel et systématiquement rejetés sur Terre.
*
Récupérer le million de manuscrits refusés par les Éditeurs, les proposer
en diffusion gratuite, mettre de la publicité sur le site et rémunérer
l'auteur d'après le nombre d'internautes-lecteurs.
*
Il aurait pu se comporter différemment : voir, rencontrer, exister,
construire avec Autrui. Mais il a préféré produire, penser, agir avec soimême
pour accéder à l'épanouissement total - interne. Cela n'était-il pas
folie
*
800
La matrice a donné. Donnera-t-elle encore ? Ce temps fut vaste autrefois.
*
L'affaire Corneille/Molière
- Pourquoi nulle personne n'a ébruité la vérité dans l'entourage de ce
XVIIe que Molière n'était pas le père de son théâtre ?
- Pourquoi nulle autorité après la mort de Molière n'a dénoncé son
imposture d'auteur ?
- Pourquoi dans leurs testaments ou dans leurs écrits - notes,
correspondance etc. - les frères Corneille n'en font point allusion ?
- Pourquoi les auteurs nécessiteux qui auraient écrit pour Molière n'ontils
pas revendiqué la paternité de leurs pièces ? (Boursault, Dassoucy,
Donneau de Visé etc.)
Pour une pièce, le secret peut être gardé mais pour 33, cela semble
difficile.
801
On n'a jamais non plus trouvé de manuscrits signés de la main de
Corneille prouvant qu'il était l'auteur des pièces de Molière.
*
Synthèse : l'un de mes termes préférés.
*
Oeuvre de jeunesse - Poésie du non-sens. Mais les termes ont des valeurs
symboliques, allégoriques ou psychanalytiques, c'est le ça pour ça qui
prédomine et l'intelligence poétique qui applique se comprend
parfaitement.
*
Florian - Parny -
Jeunesse - Période d'expectatives où je ne sais ce que je dois écrire.
*
De la diction
*
802
Il va sans dire que la façon dont j'interprète ma poésie est absolument
arbitraire. Je n'ai aucune compétence de comédien ou de tragédien.
J'ignore même s'il faut entendre le texte dit de cette sorte. Je propose
l'objet tel quel sans l'avoir lu ou relu .Ceci n'est pas mon affaire. Je ne
crois pas le poète apte à dire ses prestations. (Molière peut-être s'il est
vraiment l'auteur de son théâtre - c'est un problème récurrent depuis
Louÿs - cessons de faire de l'esprit)
*
450 poètes se sont déclarés au CIPM - ce qui ma fois paraît un grand
nombre. Combien parmi ces gens- là agissant passeront à la postérité ?
8 ou 10 peut-être. Et ceci serait belle chance ! Alors que faire ? Qui
rencontrer, qui côtoyer ? Est-ce chemin individuel avec vicissitudes,
difficultés et autre joie ?
*
L'impossible communication poétique - l'Autre incapable de comprendre
ce qui est offert. N'y attache guère d'importance. L'objet n'est pas utile
803
*
Amphitryon et Agésilas - ces deux pièces semblent se confondre en un
seul auteur selon Louÿs.
La poésie : travaille avec les Anciens - produis, pense, applique. Délaisse
l'habillage. Conçois, évolue, ajoute.
*
Interroge-toi : comment Hugo a-t-il fait pour être Hugo ? Idem de Racine
et des autres. Le reste est méprisable. Ne rentre pas dans ce manège. Ne
te fais pas embarquer stupidement.
*
En vérité, il faut tenter de maîtriser la Pléiade et ses consœurs italienne,
espagnole, allemande, anglaise etc. pousser vers le Contemporain et
l'Extrême contemporain français et planétaire. Appliquer, obtenir, ajouter
et transmettre. Puis disparaître...pour réapparaître là-haut. Et c'est déjà
grande affaire !
Samedi 16 juin 2007
804
A la Librairie TSCHANN - c'est vrai : grand choix de poésie. Rangé par
ordre alphabétique sans se soucier du siècle ou de la période antique ou
moyenâgeuse - ce qui rend difficile l'effort de recherche : Arendt côtoie
Aristote.
*
ABU ATHENA GALLICA WIKISOURCES quatre moyens
d'accéder au domaine public.
*
Zanzotto Deguy Celan du Bouchet Beck Denis Roche Pound
Mario Luzi Roberto Juarroz et....mystère !
*
L'incohérence, est-ce une nouvelle possibilité ?
*
805
Je ne me soucie plus d'Autrui pour tenter d'être moi-même. J'agis selon
ma volonté et veux obtenir un résultat digne de mes espérances.
Qu'importe qu'il soit détesté ou aimé !
Je me demande si un jour les chiffres, les volontés d'équilibre et de
composition ne seront pas des pitreries refusées mêmes par l'oreille du
lecteur. Ne recherchera-t-il pas l'efficacité de la compréhension au
détriment de ces rondondades usées et dépassées ?
*
Le milieu n'est pas assez efficace. On piétine. On attend. Tout
y est affaire de courtoisie. Taisons-nous et travaillons. J'ai tant à fournir.
*
Je ne m'accuse pas d'avoir 49 ans. je voudrais y gagner en maturité pour
écrire des œuvres plus profondes, plus riches, plus fortes en vérité.
Vieillir ne m'inquiète pas, vieillir est naturel. Cela fait partie du
mouvement du temps.
Je crains de perdre des espaces cérébraux indispensables à mes
applications d'écriture.
806
*
Ai-je fait preuve de profondeur ? J'ai certes possédé la fécondité, mais la
création, l'invention, la pure intelligence - tout cela m'était interdit.
Fécondité, certes. Inspiration, évidemment. Religion également.
Je dois donc passer de 6 500 à 10 000 poèmes, et un certain objectif sera
atteint.
*
Il faut parvenir à rendre possible l'incohérence.
*
TGP ---)
Faut-il posséder tout Hugo, Shakespeare, Goethe, Dante, Pétrarque,
Cervantès, Pouchkine* etc. afin d'avoir des références, des certitudes ?
Car là est le but, la finitude.
807
*Et Racine, et Corneille ! Corneille essentiellement - mal maîtrisé.
*
Il ne s'agit pas de savoir comment il faut s'y prendre pour faire TGP, il
s'agit de prétendre avoir le potentiel pour y parvenir ?
Il est nécessaire de développer des inspirations puissantes et profondes.
*
Quel principe Philippe Beck exploite-t-il pour parvenir à avancer avec sa
logique d'écriture ?
Une femme est négative.
C'est la fée inverse.
Fille Suivante et morale.
Mère suivante a une fille première.
Entière et négative.
etc.
Ce sont des centaines et des centaines d'avancées logiques proposées de
cette sorte. Je n'ai jamais connu d'applications progressives offrant ce
principe de production.
808
*
Du style. Pourquoi la composition ? Pourquoi cette volonté systématique
de maîtriser, de régulariser le paragraphe, la phrase ou la page encore ?
Si j'ai besoin de A et de B, pourquoi m'imposerais-je A' et B' pour
équilibrer mes structures ? La mise en forme, est-ce un principe littéraire
indispensable ou n'est-ce pas un mécanisme obsolète m'imposant à
doubler tout en dérivant ma logique d'applications ?
*
Poète ne signifie pas côtoyer des poètes.
Poète signifie chez moi : produire, penser, appliquer, exploiter les
Oeuvres d'Autrui, synthétiser leurs compréhension et ajouter sur leurs
compétences.
Il s'agit de comprendre et de sommer des fragments d'intelligence autres -
mais la présence, le contact ne s'avèrent d'aucune utilité.
*
809
Poésie - du moins accomplir les actions utiles - non pas toutes les actions
- les actions"exploitables", qui ont un sens, une finalité objective.
*
Zanzotto - quelles sont les structures absolument, réellement évolutives ?
Zanzotto - et l'ensemble lu - la poème dans la page, dans les deux pages -
l'ensemble : n'est-ce pas cela "l'objet nouveau " ?
Lui : logique d'avancée structurelle - grammaticale. compose peu -
compose toutefois. Légèrement. Conserve des restes.
*
Il faudrait interroger les mathématiciens algébristes et leur demander s'ils
sont aptes à comprendre :
Mallarmé, Rimbaud, Zanzotto, Celan, du Boucher et Deguy dans une
moindre mesure.
*
810
Je crois de moins en moins en la capacité de communication poétique.
Mais l'aptitude d'applications m'apparaît essentielle.
Après les poèmes de Paul Celan, sortes de simplifications articulées
remplies d'amertume.
*
Olivier Cadiot Pierre Alféri Vincent Tholomé Christian Prigent
*
C'est à la fois une structure médiocrissime et un refus systématique de
l'Autre. Pourquoi tendre vers ces deux espaces bloquant et refusant ?
L'idea ~ la finalité de la pensée est d'aboutir à l'épanouissement de soi
après développement intérieur. Ce qui n'interdit pas d'offrir l'objet obtenu
si l'Autre souhaite le recevoir.
*
Lundi 23 juillet à OB. Ville assez clairsemée - vacances.
811
Ouvert 200 ouvrages. Assez éreintant. Premières percées vers la prose
contemporaine - qui n'est pas poétique.
Ai pris : Lionel Ray L'invention des bibliothèques
Etienne Faur Légèrement frôlée
et Propos sur la nature d'Alain
Impressionné par une nouvelle édition de 8 à 10 volumes consacrés aux
oeuvres d'Husserl (toujours aussi difficile à suivre)
*
Liste d'auteurs de littérature expérimentale
Sorrentino Mulligan Gass Le tunnel Cadiot Sophie Maurer
Frédéric Léal Selva
Jean-Charles Massera United Emmerdements Of New Orde
Takios Anachronisme Raymond Federman Quitte ou double
Pynchon Gaddis Flammm O'Brien Laurence Sterne
Don Delillo Philip Roth Cormac Mc Carthy
812
Journées mondiales de la Poésie 20/03/07 UNESCO Salle XI
*
A Molière
Ôte-moi d'un doute ? Es-tu vraiment qui tu es ?
*
Il ne reste qu'un papier biffé avec faute d'orthographe - est-ce du grand
Molière ? Est-ce ?
D'un autre côté : les manuscrits - où sont les manuscrits prouvant que tu
n'es pas ?
Pierre Louÿs a-t-il mis le doigt sur ? S'est-il trompé ? A-t-il commis des
erreurs ?
Les outils-statistiques d'aujourd'hui sont-ils fiables ?
*
813
La poésie, c'est du bluff de poker. L'on ignore qui est qui et qui vaut
quoi. C'est celui qui a la plus grande gueule qui est quelqu'un. Le discret
ou l'effacé n'existent pas.
*
L'on veut que je fasse du relationnel poétique, que je rencontre les uns et
les autres, que je m'essaye à des efforts pour séduire et plaire, pour
convaincre Autrui de ma bienséance littéraire ou artistique ?
Mais que puis-je tirer de tous ces rapports, de tous ces efforts et
tentatives diverses ?
Le peu, le rien, l'inutile.
Je dis : constamment s'en retourner dans ses applications, imiter les
maîtres et tenter de créer quelque chose de rare, de subtile et de supérieur
~ là me semble la seule vérité.
*
Il y a risque. Il faut penser différemment. En cesseras-tu avec ce principe
qui ne consiste à voir les choses que de cette manière ?
814
*
On peut être Prix Nobel de Littérature et ne pas savoir qu'une phrase se
chiffre...
De la littérature
*
Savez-vous que certains auteurs comptent leurs syllabes, leurs signes,
équilibrent leur rapport voyelle/consonne ? N'avez-vous jamais compté
le nombre de mots chez Hugo, chez Cocteau ou chez Valéry ? Ne vous a-
t-on jamais dit que cela se faisait ?
Voilà trente ans que vous vous prévalez d'être un critique littéraire, et
votre intelligence n'a jamais compris qu'il y avait des chiffres en
littérature ? Qu'il y avait des invisibles, des structures, de la composition
et d'autres choses encore ? Et bien ! Cherchez : vous trouverez !
Editeurs,
Vous éditez qui vous voulez et moi je suis qui je suis.
*
815
*
Concernant les manuscrits de jeunesse - L'Huile, Le Moût etc. Peut-on
exploiter ces contenus pour trouver de nouvelles solutions - ou cela n'estil
pas un combat d'arrière-garde avec matière obsolète ? Faut-il réécrire
les textes déjà offerts pour les repenser sous un autre angle ?
*
J'ai été pensé pour écrire mais je ne suis pas fait pour exister auprès
d'autrui en tant qu'écrivain.
Je possède des capacités d'applications mais non pas des aptitudes de
communications.
*
Créativité - la matrice doit offrir un produit poétique nouveau.
*
L'écrivain est celui qui aide. Il dit indirectement : "Exploite-moi, nourristoi
de ma substance, essaie de prendre, dérive-moi. Que mon peu puisse
t'être utile !
Voilà ! Je t'offre ! Ce que je possède est à toi. Montre-toi digne de ma
compétence. Je suis ton maître, tu es mon élève."
816
*
Je ne lis que fort peu - deux, trois pages par jour. Le reste est mélange,
aptitude cérébrale. Elans intérieurs et aptitudes de combinaisons. Le
cerveau pense : "Que vais-je obtenir ?"
*
Le relationnel générationnel n'est d'aucun intérêt.
*
Beaucoup se font plaisir en écrivant mais peu son utiles.
Un joueur de football de quatrième division a un meilleur statut social
qu'un grand poète.
Écrire, c'est expérimenter.
Que représente le livre aujourd'hui ? N'est-ce pas un simple petit
fragment, une parcelle infime ? Oui, qu'est-il comparé à l'immensité de la
Civilisation ?
Prétendre écrire : je publie mon premier jet, c'est indirectement ignoré les
lois, les chiffres, les invisibles - en vérité, les principes d'applications.
*
817
Comment ajouter sur soi-même, sur sa propre aptitude ? Certes il y a
l'apport d'autrui, mais comment optimiser son potentiel d'applications
cérébrales ?
Ecrire est une logique quotidienne.
*
Par le moyen des prêts inter-bibliothèques, je suis parvenu à obtenir La
veillée d'Andrea Zanzotto, ouvrage qui m'apparaît de faible utilité
d'exploitation.
En revanche, je n'ai pu obtenir Vers, dans le paysage, exemplaire unique
en France et référencé à Châlons-sur-Saône.
*
Je crains essentiellement de n'avoir pu aller au fond de mes pensées - de
n'avoir que fort peu exploité mes possibilités cérébrales - d'avoir évincé
des principes et des théories indispensables - de n'avoir été que moimême,
en vérité ! Comment pouvais-je faire mieux ?
*
Nous sommes fin 2007. L'Internet, outil remarquable, intègre
l'imprimerie, la radio, la télévision et offre de nouvelles possibilités
extraordinaires. Devra proposer demain les ouvrages inconnus des uns et
818
des autres. Tout le refusé des éditeurs devra être accessible librement et
gratuitement sur la toile.
Tant de chefs-d’œuvre et de bons livres rejetés pourront enfin avoir une
seconde vie ! Il est vrai que ces ouvrages ne créeront aucune richesse
financière auprès des auteurs. Mais quelle offre exceptionnelle pour les
lecteurs en ligne ! Et qui sait ! Des espaces publicitaires se
positionneront, derechef !
*
Je ne crois pas en un dressage de l'esprit avec Principe, École, - Système
d'application et d'orientation. Je crois en une liberté individuelle avec
audace et folie, risques dans l'écriture.
Nous sommes dans une sorte de nébuleuse où nul encore ne peut
prétendre posséder le vrai, où la certitude se déplace ici et là, où la
tentative d'écriture peut se prévaloir d'être possible. Alors qui croire ?
Qui suivre ? Et que supposer ?
C'est donc un espace de liberté absolue, et l'Intelligence se déploie
faculté parfaite.
*
819
Je crois en moi mais non pas en ma capacité de me crédibiliser auprès
d'Autrui.
*
Toute personne régulièrement refusée par les Editeurs devrait proposer
son ouvrage gracieusement sur Internet. Qu'aurait-elle à perdre ? - Rien !
Il va de soi ! L'édition électronique lui permettrait de relancer sa chance
ou sa crédibilité.
*
Je voudrais :
Récupérer tous les manuscrits rejetés par les Maisons d'Édition et les
proposer sur l'Internet gratuitement. Ainsi je pourrais concurrencer le
payant 15/20 euros l'ouvrage. L'offre serait exceptionnelle et
phénoménale.
Dans un second mouvement, la publicité étant présente sur le Site
payerait au prorata des clics les auteurs les plus visités.
Dans un troisième état, quelques éditeurs conscients de la crédibilité et
de la valeur accordées à certains auteurs désireraient toutefois publiés ces
derniers, les sachant aptes à vendre puisque aptes à être lus.
*
820
Tant de génies, d'œuvres perdues à tout jamais ! Il nous reste Rimbaud,
Lautréamont et Mallarmé. Mais n'existe-t-il pas des génies du XIXe
inconnus, ignorés ?
Ces êtres-là nous auraient certainement permis de penser autrement notre
écriture, d'orienter différemment notre aptitude à appliquer !
Qui sont-ils ? Où sont-ils ? Jamais personne peut-être ne le saura.
Nous prétendons : voilà la vérité - c'est X, Y et Z. Mais est-ce certitude ?
est-ce la certitude ?
*
Quel mouvement au-delà de la contemporanéité ?
*
Comment peut-on trouver et inventer ? Il faut penser : Postcontemporanéité.
Mais en vérité, la Contemporanéité dans la quelle je
suis depuis la fin de La Seconde Guerre mondiale -t-elle cessé de
proposer des choses nouvelles ? Tous ces courants créatifs ou inventifs,
tout ce foisonnement artistique doit-il en cesser là ? Y a-t-il un autre
mouvement capable de supplanter ce qui est proposé aujourd'hui ?
821
*
Il faudrait gérer Ombres blanches CAD les 1 600-2 000 recueils
nouvellement remis dans l'ordre alphabétique puis Le Théâtre - puis
Gallimard en NRF et l'ensemble poche. Également pour ma personne
l'espace philosophique et pictural. Soit en vérité 7 000 à 8 000 ouvrages.
Je ne dis pas à lire, je dis à gérer, à vérifier, à connaître, à refuser ou à
aimer.
*
L'affaire Corneille/Molière - la distance intertextuelle doit être > 0,2
sinon, l'outil statistique prétend que les deux ouvrages sont du même
auteur.
Certains voient également dans le nom de Molière un dérivé du nom de
Corneille avec un déplacement de lettres dans un système élémentaire
alphanumérique à +1.
Jean-Baptiste Molière soit JBM avec J changé en L, B changé en C et M
changé en N. On obtient donc : LC NOLIERE qui deviendrait
CORNEILLE.
Les deux protagonistes appartenaient à une famille de bons vivants qui
s'intéressaient à l'alchimie et aux écritures secrètes...Je ne parviens plus à
822
me souvenir du nom de cette confrérie. J'essayerai de la préciser dans un
autre moment.
Autres petits titillements - jamais Molière n'a souhaité donné
l'explication de l'origine de son nom. Il a habité pendant six mois près de
la maison de Corneille... Sont-ce des débuts de faisceaux convergents ?...
*
-Parle ! Parle !
- Mais les paroles ne contiennent nul contenu. Le tout est affaire de
façade, et le cœur s'envole stupidement.
*
Rimbaud est devant, Rimbaud est en avance - et cela va durer 100ans.
En 1873 avec Illuminations, nul grand ne peut prétendre l'approcher. Ni
Hugo, ni X ou Y ne sauront ajouter sur sa compétence.
En 1874, Il a vingt ans - il est devant, et c'est son génie ~ fécond
universel qui sera exploité par l'ensemble de la Communauté littéraire sur
de nombreuses générations.
*
Ma poésie ne consiste pas à rencontrer des littéraires, à discuter, à voir, à
être vu, - non ! Ma poésie consiste à trouver, à chercher, à appliquer, à
823
comprendre. Ce sont des actions de soi vers soi ~ mais de relationnel, il
n'en est point.
*
Page parlant de l'écrivain : "L'autarcie autistique".
*
Poésie : réorganiser autrement le langage et que cette organisation soit
vraie.
Exploiter son cerveau pour intégrer les variabilités d'Autrui et y ajouter
sa spécificité personnelle.
*
On se demande parfois à quoi peut bien servir d'aller dans ces milieux
littéraires. Que peut-on y gagner ? - Cela semble tellement lamentable.
On y condamne des formes car l'on ne peut y juger des fonds.
*
Travailler, obtenir un résultat sans se soucier d'autrui.
Les uns, les autres ! La critique ! Les histoires ! Qu'en est-il réellement
des contenus ?
824
Le sportif juge sur le résultat, sur le chrono. Le littéraire juge sur la
manière, sur l'apparence. Il ne peut comprendre le fond.
Ou encore il l'interprète maladroitement. Et que dire ? Que faire ?
Rentrer dans le système pour se justifier ? Déplorable médiocrité !
*
Je ne lis pas, j'exploite ! J'utilise, je prends, j'applique.
*
Certes la prose contemporaine. Mais elle ne doit pas être un déversoir de
rejets ou d'écritures absurdes.
Je n'interdis pas. Je dis : il faut réfléchir un peu avant d'appliquer. Oui,
réfléchir un peu.
Je ne crains l'audace, le risque, la folie, l'ivresse, la drogue - mais il faut
penser - trouver des applications vraies, réelles auxquelles on puisse
dire : oui.
*
Ombres blanches - Toulouse - Librairie -
En supposant que l'on y parvienne, cela ne représenterait qu'un quart de
la maîtrise... Il faut comprendre "le 1 600 recueils offert". Il faut posséder
825
l'offre. Il est vrai que cette fameuse quantité proposée par ordre
alphabétique est arbitrairement agencée. Ni les éditeurs, ni les genres ni
les contenus ni le domaine étranger ne sont intégrés.
*
La hiérarchie. Mais que pourront prouver les Maisons d'Éditions ? Que
parviendront-elles à démontrer réellement ? Qu'elles avaient choisi des
auteurs qui leur semblaient gain. Et si cette analyse s'avérait totalement
absurde, que resterait-il ?
Alors que penser ? - C'était de cette sorte et il n'y avait rien à y ajouter,
rien à critiquer. Cela était ainsi ! La belle chose ! Et que dire des refusés
qui avaient peut-être des capacités remarquables ?
- Non ! Non ! Ils devaient aller voir ailleurs !...Moi, je ne les avais pas
compris. Il leur fallait se crédibiliser plus loin...
*
Le milieu littéraire ne m'attire pas du tout. j'ai l'impression d'y perdre
mon temps, d'agir pour ne rien obtenir. On patine, on patine. A droite, à
gauche pour des insignifiances. Voilà : on court dans le vent.
*
826
Ne m'accusez pas. N'oubliez jamais qu'aucun lecteur, qu'aucun éditeur
n'a souhaité reconnaître mes écrits. C'était : "Ne m'intéresse pas. Allez
tenter votre chance ailleurs."
Que fallait-il faire ? Courir désespérément en tout sens pour être
critiquer, rejeter, mépriser ?
J'ai choisi d'appliquer, de produire, penser, écrire. Étais-je dans l'erreur ?
N'était-ce pas raisonnable ?
*
Mieux vaut tenter de gérer l'immense offre planétaire qui se développe
sur trois millénaires que de côtoyer chichement un fragment
méconnaissable de sa génération.
Le milieu littéraire ne m'attire pas du tout. J'ai l'impression d'y perdre
mon temps, d'agir pour ne rien obtenir. On patine, on patine à droite, à
gauche pour des insignifiances. Voilà : on court dans le vent.
*
La hiérarchie.
Mais que pourront prouver les Maisons Édition ? Que pourront-elles
démontrer réellement ? Qu'elles ont choisi des auteurs qui leur
827
semblaient gain. Et si cette analyse s'avère totalement absurde ? - Que
reste-t-il ?
Alors que penser ? - C'était de la sorte - et il n'y avait rien à y ajouter -
rien à critiquer. Cela était ainsi ! La belle chose !
Et que dire des refusés qui avaient certainement des capacités
remarquables ?
- Non ! Non ! Ils devaient aller voir ailleurs !...Moi, je ne les avais pas
compris. Il leur fallait se crédibiliser plus loin...
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Tractacus Philosophico-Poeticus
829
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. À la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
À moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et
J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
830
Le chemin de l’âme
L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience
D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité
Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -
La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.
La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?
Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,
Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !
La modification proposée pour le Christ, le dessein,
La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.
Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,
De perceptions, les rapports, les constructions etc.
Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?
831
La mémoire de l’histoire
L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la
Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?
Mes mutations, mes essences progressives de vérité,
Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...
Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma
Volonté d’histoire, elle-même liée à une
Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais
Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai
Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,
Un monde historial. Je conçois l’histoire
Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me
Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux
États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :
J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.
832
L’homme et son double
L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,
Transcendé, qui condamné la chair, la repense - s’élève,
Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités
De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait
Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans
Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,
D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation
Étrange, détestable, de dominant-dominé, de
Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,
Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand
L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,
J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,
La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle
D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.
833
L’errance
L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà
De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -
Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -
L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :
La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.
Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.
Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.
J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence
Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,
Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait
Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.
Destin avec Destins. Alors “la liberté-le sacrifice”
Ou “le malheur-la réflexion” Pour quelle détresse ? Quel homme ?
834
La pauvreté
La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,
De blocage - de privation, avec certitude
De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La
Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,
Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique
Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,
Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?
Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,
De l’homme, de l’athée ? Jusqu’où iront les hommes ?
L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;
À quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi
De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?
La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec
Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,
Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?
835
L’homo lozachus
Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme
Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,
La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires
Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,
Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -
Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.
Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.
Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,
Se préparant, se construisant - mystique-actif -
Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -
Le pré-sachant - Existant sans les organes, toutefois.
Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -
Se formant pour accéder au grand principe de compréhension
Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?
836
L’être subissant
Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.
Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,
Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche
Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre
Accéder à un état purifié pour changer mes relations
Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.
Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,
La logique, le sensible, le saut etc. les outils -
Rationalité, expérience, futur - le matériel, et
D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation
Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.
Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.
Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.
Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?
837
Le temps et la mort
La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?
Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,
Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.
La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?
Le temps peut-être qui condamne mon projet.
L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.
L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.
Il devance son objectif.
La rupture - le changement
D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?
Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.
L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,
Mais quelle conscience pour l’élu ?
Qui dans son espace
D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.
Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.
838
Reste l’absence
Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.
Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.
Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.
Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.
Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,
La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.
Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?
Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas
En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,
Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?
Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation
Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.
Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-
Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.
839
L’homo spacialus
Une planète qui se rétrécit. Le travail uni-
Versel. The Global Village, la mondialisation.
La sacro-sainte évolution technologique, le partage,
Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays
En voie de développement, les nations riches, l’ONU.
C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -
Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.
Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.
Le Big Brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,
C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.
C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,
De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.
C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.
Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !
840
La stratégie
La stratégie - le but - l’objectif - le désir.
Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.
C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce
Les deux, il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.
Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la
Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,
À un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette
Pensée-là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.
Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.
Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter
Hors de nous-mêmes.
La finitude est dans l’être toutefois.
Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,
Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.
Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.
841
Le dépouillement
Le dépouillement - la destruction des valeurs,
Le renoncement à la chair - l’abolition financière,
La remise en cause de l’acquis. À poil ou
Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,
Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.
J’offre un nouveau destin - changez ! L’essence de la
Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la
Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.
Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.
Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer
L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance
Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat
De soi - autre logique - autre certitude, autre
Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?
842
Le calcul
Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,
La méthode de l’arriviste. La constance de
Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.
Rationalité et paranormal. Science et au-delà.
Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,
De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.
Est-ce audace, risque ?
Une vérité unique,
Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle
Volonté de rechercher avec l’objectivité.
Le doute. - La fiabilité de ses sens. - Les résultats.
Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?
L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.
Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort
Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?
843
Les conditions du possible
Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite
Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;
Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;
L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant
Vrai participant à l’élaboration du projet, second
Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.
Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace
Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-
Teindre ce que je désire ? La condition du possible
Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;
L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?
Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?
Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C
D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?
844
La détresse
La détresse. La conscience du faible, du peu,
De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.
Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,
Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.
Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi
Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,
D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,
Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la
Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.
Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe
Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,
Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.
C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,
Quelque chose de pur et de surnaturel...
845
Le schéma intérieur
L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.
La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.
La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -
Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.
Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,
Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !
L’œil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?
La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.
Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero
Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?
Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer
Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.
Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?
Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.
846
Topologies
Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,
Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer
Sur son propre chemin. Croisements, lieux et
Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,
De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.
Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.
Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,
Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.
Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,
Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder
À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,
Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,
Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
847
Les vêpres de la pensée
Sorte de religiosité interne. “Les Vêpres de
La pensée” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence
Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.
Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.
Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui
Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.
Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.
Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.
Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les
Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore
De Moi aux Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent
De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?
Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?
848
Le temps
Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,
Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;
Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en t 1 , t n ;
Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.
La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;
L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller
Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir...
J’habite un présent ; perception unique du temps.
Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence
Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;
Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles
De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.
Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.
L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.
849
Les moyens/l’action
Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-
Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,
Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en
Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.
L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.
Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.
Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice
De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants
Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude
Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle
Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !
Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si
Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec
Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.
850
La stratégie pensante
La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.
La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.
La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas
À la manière de Nietzsche, débouchant sur un
National-social - SS et Shoa, mais Soi
Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient
La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence
Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître
Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être
Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,
- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.
S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !
Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !
Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.
851
Poème/Lecteur
Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport
Au langage, le moment dit évocateur. Le
Panorama d’images, l’avalanche, la composition,
L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,
La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.
Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-
Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.
Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.
Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,
L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour
L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.
Nourris-toi de mon idée ! Y a-t-il quelque chose réellement ?
L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,
Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.
852
La clé
La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.
Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée
De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant
Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.
Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?
Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?
La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-
Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,
Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la
Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.
Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les
Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?
Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?
Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.
853
La transcendance du médiocre
La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.
La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.
La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.
Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.
Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,
Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.
Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.
La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,
La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?
Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.
L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.
Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position
Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?
854
Le Destin
La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition
Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage
De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais
Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !
La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-
Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent
Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours
De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils
Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,
Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,
Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-
Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi
Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,
Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?
855
La part du mystique
La part du mystique, les éléments sacrés, le destin
Religieux, la Quête du Sacré. La provenance
De l’être et sa finalité. L’acte de purification.
Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante
Insignifiance de l’être. La conscience, les limites
De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les
Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.
Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec
Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai
Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,
Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.
L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit
Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur
Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.
856
Le métier
Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,
L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément
Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,
L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;
Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-
Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des
Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.
À partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage
Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel
Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-
Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;
L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;
L’auto-affirmation, la certitude unitaire.
La vérité ?
857
Différents temps
L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.
L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La
Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe
En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.
Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons
Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.
Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est
Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-
Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-
Primer par le langage ”. Les mots sont l’extérieur de l’âme.
Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace
La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans
Un autre espace-présent.
Le fantôme d’écrivain
Obsédé par la conscience du temps et qui prie...
858
Le saut
Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.
C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la
Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce
Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.
Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?
Audace ? Impossible ? Trop loin - les limites réelles ?
Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan
De l’être.
La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-
Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter
Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre
Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.
Du moins, une de ses composantes.
S'il y a échec ? L’intelligence
S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.
Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.
859
La vocation de la pensée
La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le
Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré
D’énergie. La valeur de la Relation épurée.
Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.
De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise
À l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,
De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la
Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.
L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.
Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède
Une pseudo-liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,
Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique
Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-
Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?
860
Le futur
L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,
La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-
Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-
Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je
Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !
Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?
Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le
Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?
L’élan, le passé, le présent, le futur donnent
Naissance à l’action que le Destin saisit
Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le
Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-
Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.
Homme-esclave soumis à la dimension suprême.
861
La pauvreté
La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.
Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne
Pas posséder. Faible langage, faible propriété,
Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la
Volonté de croissance. Le possible et son maximum.
L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et
Se mettre en position pour apprendre, comprendre et
Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,
Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité
Divine, - à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tous seuls !
Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.
La potentialité, la substance, les échanges affectifs.
La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation
Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.
862
La raison du questionnement
Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?
À demander, l’inaptitude à répondre. “L’homme a
Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en
A pas suffisamment pour y répondre.” Implorer,
Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la
Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.
Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et
Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !
L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin
Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans
Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.
La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le
Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.
L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?
863
La question en suspens
La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.
Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le
Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer
Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :
Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté
La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.
Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.
Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La
Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux
Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le
À plusieurs.
La question sans le langage, qui est seulement
Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.
Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire
De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.
864
Du singe à l’ange
Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.
Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.
La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la
Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;
Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.
Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?
Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,
De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !
La vérité de son essence ! Vers l’ange ! Avec perceptions
Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend
La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà
Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.
Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?
Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !
865
Le questionnement de l’Être
Le penser n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.
La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,
Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.
- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.
La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée
Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à
L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.
Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.
L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend
Ou cherche à comprendre.
“En attente du savoir”, “Je
Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,
Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire
Pour rendre possible l’action de compréhension.
866
Des vérités
I
La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.
Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.
Une vérité économique est une vérité locale avec du
Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.
Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la
Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité
Serait associée à Dieu, à la Shekina. L’action avec
Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,
De nature biologique, par exemple.
Elle
Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai
Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,
Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “être”
867
Le non-vrai
Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est
Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel
Mis à la disposition, par analyse du moment.
II
La validité de la vérité, exploitable, utilisable
Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans
Son fondement. Possède son contraire, - le faux.
La mathématique offre l’indécidable.
La contradiction
Dans l’analyse et le raisonnement annule la
Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un
Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir
Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de
La vérité.
Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver
Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le
Plus précis, - remettre en cause son évidence.
868
La vérité
Religieuse... scientifique ... psychologique, l’évolution
Du savoir, le déplacement de la vérité, le “Autrement ”
Le jugement, le “ne sais pas”, le “j’agis” toutefois.
III
La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose
Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé
Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.
Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des
Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?
D’après la définition que l’on donne aux choses.
La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.
Si l’on change la vérité, cela devient du faux.
Autre remarque.
La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise
Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance
Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions
869
Avec la pure essence. La pseudo-vérité offre une solution
Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a
De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.
IV
Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité
Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant
Du vrai. “La loi de la gravitation” était dans l’air du
Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;
L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité
Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;
“Les voies de Dieu sont impénétrables.” Il faudra penser,
Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.
Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,
Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;
La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux
En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du
Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.
Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.
870
V
Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé
Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.
Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure
D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur
Les définitions données au sens et aux termes employés.
Le verbe, son action rendant possible la convertibilité
De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,
Le donne, le cela équivaut à. Rend possible
La conformité. Le jugement transmet son résultat.
C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en
Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.
Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut
S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?
Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?
871
Vérité et liberté
La planification de la recherche hors de toute liberté.
Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir
Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?
La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,
Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité
En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois
Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant
L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.
Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.
Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de
L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.
Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,
Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le
Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.
872
Le blocage
Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,
Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais
Il y a incapacité à se représenter autrement ledit-donné.
La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?
Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de
Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,
Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure
La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire
De l’étant.
Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,
Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -
Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.
Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être
Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,
Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !
873
Subsistance
La conscience de son incapacité à aller outre. Les
Déterminations de ses propres limites observables reçues,
Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.
“Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela.”
Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “Mal né”,
“N’est pas au bon endroit”, les obligations - engendrent
De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même
L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,
Indécisions, dissimilations. La curiosité
N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà
Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.
Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture
Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce
Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?
874
L’errance
L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.
L’homme médium coule son fluide sur les objets
De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,
Tente de les saisir. Il va par sa substance
Unificatrice associer des idées, des comportements, des
Objets indépendants les uns des autres, fusionner,
Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,
Sélectionner et d’autres verbes encore !
Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,
Mais l’errance
Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?
Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,
Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec
Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,
Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?
875
Langage (fragment)
Le langage pour la transmission de la vérité, outil
Sophistiqué. Avant le langage, la gestuelle, l’arti-
Culation sonore pour l’étant de l’autre. De moi
Au clan, m’entendez-vous ? De moi à toi, nous deux.
Mais avant le langage, la fabrication du concept,
Le doute, le choix, les combinaisons, l’expulsion,
Le râle du singe-homme.
De la pensée de l’Être.
Langage, libération
876
I - Nature de la substance
La nature de la substance que l’on possède, l’être.
Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux
Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants...
Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance
De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.
L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,
Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo
ÂME = ÊTRE.
Il faut repenser la substance de l’Être,
Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat
Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus
Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.
Si l’Être
N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition
De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité
Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.
877
II - L’étant conduit à l’Etre
L’étant conduit à l’Être. Il représente
Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?
Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif
Serait une accumulation de vérités basiques de survie,
D’instincts, de subsistance et de développements de la raison
Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.
L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou
Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.
(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La
Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.
Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.
Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations
Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles
Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?
878
III - Activités de l’Etre
Existence et Être en dehors des capacités de notre
Entendement des vérités inconnues mais vraies, de
Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut
L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?
De la perception ultra. Parviendra-t-il à une
Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est
L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui
Permettraient l’accession aux vérités échappées.
C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet
À l’Être, utilité économique, philosophique ou
Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,
Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés
Pour le rendre existant. La définition de son caractère
Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?
879
*
“Être” comme présence se dévoilant ? Être définir
Par : ce qui est vivant ; et se dévoilant correspond
À l’évolution de l’être, c’est action du progrès, d’ou-
Verture de conscience. L’Être et ses modalités sont à
Définir à partir de leur rapport à l’entendement d’après
Kant.
880
I - La mort
L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?
Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder
Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,
L’être vers la mort. L’attente du bon croyant...
Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.
Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-
Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou
N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude
Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement
L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? À quelles
Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur
Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.
Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?
Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?
881
II
La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.
La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,
La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?
La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une
Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je
Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?
La mort :
Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la- mort
Est la médiation indispensable pour passer de la
Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions
Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi
En tant que projet.
Ouverture de soi vers ailleurs,
En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?
Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?
Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?
882
I - L’A-près
La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.
L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou
Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.
Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?
Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,
Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?
Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,
Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?
La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on
Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !
Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car
Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “Moi”
Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil
De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.
883
II - En soi
Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,
Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,
Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.
Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,
De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures
De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.
Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de
Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont
Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.
Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique
D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant
La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,
Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.
Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?
884
La question même
La transcendance philosophique : à la recherche de la
Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans
L’édification de la connaissance. Moult disciplines :
Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,
Etc... La certitude fondamentale avec sujet analysant,
Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.
Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.
Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains
Totalement.
Quelle est la question même ? C’est la recherche
De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments
Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant...
Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.
L’outil que l’homme met à sa disposition pour comprendre,
Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?
885
III
Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme
Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,
Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement
Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester
A demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas
Uniquement un problème de langage mais d’outillage
Cérébral.
Le troubadour de l’artifice, l’employé
Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement
S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto
Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa
Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais
L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.
Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,
Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes...
886
Procédé mental
Suppose et décide. Perçois autrement. Avance
Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche
Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.
A l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit
S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en
Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers
L’inconnu. La consistance de ton Être ?
Penser c’est
Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.
Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?
Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?
L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique
Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-
Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?
887
Approches du temps
L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.
Définissable par une qualité, le lieu. Etre et là
“Je suis” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite
D’instants ou de positions apparaissent ou
Disparaissent des suites à construire ou élaborées de
Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il
Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de
Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en
Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.
Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie
Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il
Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?
C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions
Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “temps”
888
I - Le destin de l’Essence
Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,
S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension
Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil
De la conscience qui s’apparente au doute. “Si
Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé”,
Dit le Fils. “Y a-t-il quelque chose ?” Si oui,
Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,
Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.
Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation
Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.
Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir
Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires
De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles
Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?
889
II - Acte de foi
Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La
Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.
Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode
D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?
A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?
La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai
Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?
Quel était l’essentiel ?
Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre
En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il
Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?
Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui
Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien
La disgrâce auprès du Meilleur.
The key-solution était
La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur acte de foi.
890
La recherche philosophique
Compréhension du monde, de la conscience et du
Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité
De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?
Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie
Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle
Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.
Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.
Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un
Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le ! Trouve-le !
L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme
Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine... certainement ;
Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.
Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.
Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?
891
La pensée :
Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,
N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre
Pensée. Alvéolé avec un autre alvéole. Nécessité
De groupement, d’association. N’a nulle fondation.
Éveil et disponibilité dans une direction incertaine
Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller
Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de
L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,
Autrui-dedans, autrui-dehors.
Elles s’organisent pour
Former une configuration. Leurs charges indiquent les
Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,
Etc.
Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,
Avec machines, puis société, civilisations, - évolution
Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.
892
Le vrai philosophique
Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,
Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans
Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,
De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou
Axiome, ou indécidable.
La philosophie comme
Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,
D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD
Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.
C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.
Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel
Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?
Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il
Lui donner des règles, des carcans ?
Le vrai serait
Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !
893
L’audace spéculative
L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître
Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-
Met l’embrouillis, le manquant, le saut, le risque.
Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit
D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !
Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa
Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis
Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller
Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.
S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.
Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.
C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une
Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret
Et du réel pour un dessein de futur accompli.
894
Une sorte d’intuition
Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,
Avec points de suspension. Semble sortir. Perception
Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.
Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà
Audace et prétention que de parler de la sorte. Je
Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout
Instant.
Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-
T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de
Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?
L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté
De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,
De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de
Défaire du noué.
Étude biochimique du cerveau ? L’intuition
S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.
895
Le retrait de la présence
Le retrait de la présence. Conscience de la
Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse
Du degré d’utilité, détermination de la valeur.
Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.
C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non
Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.
Pourquoi ?
La représentation extérieure est ordinaire,
Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.
896
La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins
Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière
Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.
Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine
Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.
Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.
Valeur du principe
Valeur du principe. Trouvez mieux : je prends. Cherchez !
Détermination avec science et raison humaine. C’est son
Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.
Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,
Hors de toute incertitude.
897
L’un et l’un
Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”.
La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.
Introspection psychologique, désir absolu de comprendre
Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,
Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment
Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut
Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,
“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là
Est enclos, en sorte que dans la parole il est” écrit Heidegger.
Le langage permet d’articuler les combinaisons,
Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps
Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
898
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
899
La négativité
La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?
Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !
Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,
Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre
Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est
Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.
Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.
C’est l’intégration du temps avec chemin caché,
pour prendre
Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères,
Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense
Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.
900
Le Moi astral
Une sorte de Moi astral supérieur dans son essence
A l’être, qui perçoit et accomplit des pensées, qui capte
Par la sensibilité, dont les propriétés de précognition
Ne sont pas exclues. Sa volonté serait de tendre vers
La purification.
Subissant l’être, le sachant de
Valeur moindre. C’est une sorte d’élévation sur l’être,
Sur la pensée, sur l’homme.
901
Acte supérieur
Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.
Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le-dedans ?
Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.
A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’Ecole etc.
Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image
Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?
Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on
Vous dira ce que l’on en pense …
Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,
Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,
Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?
Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant
Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,
Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !
Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !
Ha ! L’ingratitude
902
La nouvelle inspiratrice
Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-
Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette
Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique
Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.
Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,
En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,
Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,
Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !
Ou noire, pourquoi pas !
Être-autre-chose de fort, de grand,
De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.
Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et
De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le
Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs
Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !
903
Conscience et analyse
C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-
Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que
Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !
Trois pets et trois pleurnicheries. “Tirez-vous, jetez-vous,
Allez voir ailleurs !” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.
Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,
Prétendant encore posséder du génie !
Que faire ? Que faire ?
Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer
Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler
À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur
Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la
NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement
D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,
Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !
904
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
905
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
906
L’impossible ailleurs
Être sans attachement pour apprendre à s’élever,
À sortir hors de sa chair, silhouette impalpable
D’esprit errant.
L’ombre dans le futur exil pour
L’autrement, le différend avec mémoire terrestre toutefois.
Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?
Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe
Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale
À la vitesse du rêve.
J’offre encore cette poésie
Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.
Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.
Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,
Égérie immortelle, etc.
907
Qui sait le lieu, le lieu ?
Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci
De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?
908
Ce qu’il faut élaborer
Le autrement avec soi-même, ce qu’il faut élaborer.
Est-il nécessaire de comprendre ? N’y a-t-il pas une sorte
D’abord incompatible, impossible à percevoir ? L’être
Conçoit une possibilité risquée. Doit-il décider
Pour rendre cohérent sa recherche d’une harmonie
Compréhensible ?
Aptitude à assembler, à dériver, à
Organiser de la mémoire proche et lointaine sur un support
Sensible - énergie mentale qui agit. Est-ce là
L’un des fondements de la détermination de l’être ?
Faut-il de la clarté ? Et quelles formes d’intuition ? Pourquoi
Faut-il rendre manifeste ? Pourquoi montrer ? C’est la force
De la pulsion ou du désir qui impose à montrer.
Efforts pour conquérir, pour construire dans son Etant, savoir
Ce que l’on peut faire, les variables temporelles
Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.
909
La luminosité prospective
La luminosité prospective, - moment de chercher,
De découvrir - éveillée par la curiosité - aller
Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette
Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide t-il
De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre
Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?
910
Husserl, Heidegger
Les impasses, les blocages, les culs-de-sac d’Husserl,
Les volontés de passer outre avec des difficultés extrêmes
D’analyse, de démonstrations vraies.
Les gains en biochimie
Du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes
D’invention, de création, de pseudo-transcendance ;
Pour mieux savoir, mieux penser l’homme, faut-il la science
Ou la philosophie ? Ou la psychologie ?
Les remarquables
Définitions de Heidegger : Ici tout se retourne, ou encore
Temps : clairière du se retirer de la présence.
Les transformations arbitraires de la pensée - les volontés d’approches.
Le besoin de justifier un sens exact, est-ce encore possible ?
Mutation de la détermination par rapport à l’ancienne,
Nécessité d’une pluri-référence variable d’une situation.
911
L’action totale
L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité
Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.
Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps
De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul
Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits
Qui engendre le progrès ;
Elle seule - possède du manquant ;
Parts de vérités ; elle et
Être implique :
Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …
Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.
Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;
Le Savoir se prétend en soi-même ;
À quel degré de valeur
Peut-on considérer “la Vérité absolue” qui agit là en soi ?
912
Conflits, balancements
Il y faut du litige, de la discorde, une sorte
D’élan interne avec de la contrainte et de la passion.
Il faut étudier le cas. Voilà une possibilité offerte
À la pensée. C’est l’une de ses affaires. C’est une faible
Manière d’aborder le problème de l’investigation
Pour le Savoir.
Comment la pensée survient, est avant tout
Un problème biochimique. Les spéculations de Kant
Ou d’Hegel sont légitimes, mais elles sont de siècles
Passés avec faible science et ignorance totale du
Mécanisme cérébral.
913
Philosophie et …
Philosophie et environnement et degré de civilisation
Convient mieux que : Philosophie et Histoire. Histoire,
C’est : faits historiques tels que guerres, sacres royaux, etc.
Le philosophe face à l’Extérieur, propose toutefois un
Dialogue interne. Doit analyser la situation é-
Galement. Rapport d’extériorité. Essaie de
Déterminer le déroulement avec objectivité.
La Pensée
Se nourrit de faits extérieurs, les ingurgite, les recrache
Et tire son suc ;
la pensée active qui prend, sélectionne
Est apte à concevoir certains produits à certaines époques,
Elle exploite son expérience acquise, et connaît constamment
Un processus évolutif ou changeant d’après l’humeur, l’aptitude
Et l’environnement du moment.
914
Sublimations de l’étant
L’étant se dirige vers l’Etre par la pensée ;
Si l’étant accède à la Pensée Totale, il est dans l’Etre ;
Il a changé d’essence. Il a atteint le Concept absolu.
L’Etre atteint l’idéal métaphysique. La nature de
L’Etre est transcendé et peut s’apparenter à la divinité
Extatique ou pure dans son identité.
C’est un principe
Associatif de matériel fixé dans la mémoire qui permet
De passer du non-pensé au pensé. Se fait et se défait
Comme un nombre illimité de combinaisons avec des jeux de cartes.
Degré de luminosité intérieure, possibilité du Sachant ?
Ce qui apparaît de plus en plus clairement, est-ce du vrai ?
Pourquoi pas, si la certitude se déploie par la Science.
915
La vérité par la Science, par l’Art, par la Religion
Non renouvelable peut permettre d’accéder à la transcendance
Immédiate, et offre à l’étant le changement d’essence
Pour accéder à son propre Etre en contemplant l’Etre parfait.
(Cf. Les visions des futurs saints.)
916
L’Absolu
L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?
Peut-il se dépasser pour l’atteindre ? S’apparente-t-il
À Dieu ?
Il serait une sorte de porche final ouvrant
Sur le néant éternel et infini. Cet Absolu est
Relatif à nos capacités maximisées.
L’Absolu de
La fourmi sur une étendue d’eau. L’Absolu de l’homme
Voyageant dans le cosmos. L’Absolu de Dieu. In-
Déterminé - Indéterminable - Incomposé - Informe.
L’Etre - le Temps et l’Espace
Dans mon esprit, ne
S’apparente pas à un Dieu inaccessible.
917
Rassembler en soi
Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,
Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.
Non pas mettre à sa disposition la totalité du
Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour
L’action. Car il y aurait charge, usure et poids
Inutiles de l’intelligence.
Le péril de l’intelligence
Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre
À la disposition de la conscience les outils nécessaires
À l’élaboration de l’action.
L’étude doit définir
Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-
Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :
La maximisation d’un volume de chaîne HI-FI ; la potentialité
D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?
918
Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il
Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure
De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.
Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -
Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.
919
Husserl
Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description
Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?
S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?
A-t-il considéré par une représentation de points-source
Des images offertes à la conscience ? A-t-il été
Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement
Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?
Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique
Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique
De l’imagerie des messages ?
C’est vouloir trouver l’origine,
L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela
Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.
Comme se définissent les actes vécus ? Etc.
920
Partenariat
Le mettre-avec, le avance-avec, ou encore
Structures invisibles se déployant par-dessus. Espèces
D’armures métalliques avec câbles souples permettant
De solidifier l’architecture de l’homme. Est-ce
La rigueur du poète, de l’artiste ?
Propre de gains ?
Sera-ce une certitude
L’industrie cinématographique est un
Mariage réussi entre la rigueur économique et l’audace
Artistique.
Devons-nous diriger notre pensée avec rigueur,
Liberté, audace maîtrisée ? Est-ce un savant cocktail
Selon l’adaptation à la situation du moment ?
Sur le
Chemin, en copropriété, du Moi-libre avec le Moi-pensant ?
921
Cérébralement différent
I
Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une
Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer
Un système d’extraction ou de production autre.
Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,
Mais de reconsidérer l’appareil productif interne
De l’homme. Prétendre différemment les possibilités
De l’action humaine. Appréhender l’étant avec
Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.
Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,
L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux
Canaliser.
L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle
Un homme historique nouveau ?
922
II
Être ou la dérision de soi. L’un prétend au
Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.
Méditons sur l’Etre, sur ce sujet insignifiant…
Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?
Faut-il s’en offusquer ? Quel éclairage, quelles vérités
Nouvelles les hommes réellement pourront-ils apporter ? Et pourtant !
C’est nécessité absolue pour l’humanité que de penser !
Apprendre, écouter, appliquer, tirer.
Optimiser la potentialité propre à chacun.
Ou mieux encore :
923
Progrès pour l’esprit
À la racine de la pensée. Les chemins du questionnement,
Avec plusieurs réponses plausibles ; l’obtention d’objets
Nouveaux engendrait de nouveaux questionnements ;
La solution vers une autre interrogation ; c’est la
Maximisation de nous-mêmes qui engendre le progrès.
Je prétends à des solutions - exemple : création d’un
Concept car, puis la voiture achevée, soi-disant
Parfaite, correspondant à un segment, à un besoin etc …
N’est pas si parfaite que je le prétendais - je repense,
Je transforme, je fais évoluer encore, - ainsi j’avance,
Et c’est progrès pour l’esprit.
924
Du primitif à l’ange
L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.
L’évolution lente et progressive de la raison ou
De la conscience offrirait un devenir à l’étant
Qui essaierait de tendre vers l’Etre.
L’étant est dans l’ombre noire quand l’Etre est dans
La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne
Quand l’Etre accède à la perfection de pureté.
Comment passe-t-on de l’Etant à l’Etre ?
L’Etre tire l’étant, veut le faire évoluer,
Progresser.
Du primitif à l’ange.
Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec
Glissades, rappels, régressions.
Les possibilités subliminales ou transcendantales
Ne seraient accessibles qu’à une forme
D’élite intellectuelle.
925
*
Se destiner. À se promouvoir. Evolution des
Modes de l’être. Transformation lente mais
Continue. Avance en soi, accumule, construit.
Le déroulement d’événements présupposés, conçus dans
La logique du probable. Ce qui doit avoir lieu.
Prévoir du futur, s’y intégrer pour le : voilà-donc.
Si l’histoire a lieu par la volonté du destin personnel,
C’est que l’homme est libre. L’être se destine-t-il lui-même ?
C’est encore le problème de Dieu et de la Grâce.
926
Le Grand Être
Surmonter son Néant, sortir la tête hors du gouffre.
La douleur de l’homme, c’est sa conscience infiniment faible ;
Son espoir, c’est d’ajouter et de transmettre. Car son
Faible est également un faible temporel.
Son destin est
Intimement lié aux autres, en raison de l’insignifiance de
Sa nature, à l’image de fourmis ou d’abeilles - le Social.
Comment la personnalité peut-elle se construire pour faire
Un Grand Etre ? Le développement, le déploiement intérieurs ?
De Gaule.
“Ceux qui ne sont pas d’un grand être (wesen)
N’aboutissent à rien quoiqu’ils œuvrent.”, Maître Eckhart.
927
Langage outre
Penser sans le langage en compressant le message,
À l’intérieur. La volonté de penser par la vitesse,
L’imperceptible, le fugace, sans le langage pour
Aller plus vite, pour se décharger du poids des mots.
Sur les fibres, dans les neurones, mettre des 1 et des 0,
Code digital. Parvenir toutefois à s’orienter, à
Œuvrer par la certitude vraie dans l’intuition ou la
Prescience. Essayer d’évincer cette sublime
Dimension intérieure qui est la langue, et communiquer
Outre.
928
Être, pourquoi ?
Etre, pourquoi ? Le but ? La finalité ?
L’être, le temps et le résultat obtenu
Etre avec quoi, par qui ? Grâce à qui ? Le
Rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,
À l’invisible.
Être en présence d’être, et se
Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,
Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en
Son propre état - encore-le-même.
Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-
Cage ? Le encore-le-même engendre de la
Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.
Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui
Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le
Laisser-la présence est une régression dans un environnement
En constance de changement, d’évolution et de gains.
929
La négativité
La négativité - ou la conscience du vrai - du réel.
La logique du conscient au-delà de l’enthousiasme,
Est-ce certitude absolue ? Où est l’audace, le risque ?
Cette part de rêve nécessaire à toute entreprise ?
La réflexion d’éveil pour penser, décider, balancer ?
C’est supposer rendre exact la détermination du
Contenu futur - c’est donc une projection - c’est
Analyse de projet. L’économique essaie d’annihiler
Le hasard dans ses actes. Le système bancaire y
Parvient-il ? Et l’homme dans ses choix d’actions ?
L’homme maîtrise-t-il ou pourra-t-il maîtriser son
Avenir ? Le lieu de l’avenir est-il en lui-même
S’il peut décider de son Destin ? Est-il lui-même
Face à l’Absolu ? - L’événement se trouve révélé.
Ce qui veut dire : que le pouvoir de l’homme est
Relatif - il est plus victime de son destin qu’il n’est
Apte à maîtriser ses actions quand bien même il se
Prévaudrait de son libre arbitrage pour décider et agir.
930
*
Le sens de la vie est-il d’accomplir des actions
Imprévues par l’homme, ou serait-il également
D’accomplir des actions programmées à son insu ?
- Je savais ce que tu allais devenir - peut
Prétendre l’Etre Suprême.
931
La discipline
La discipline peut s’interdire d’avancer dans l’erreur.
Le déplacement de la vérité. Le déplacement de la
Discipline. L’interdit d’hier, l’imposé d’aujourd’hui.
L’interdit d’interdire. Les espaces imaginaires de l’homme.
Son matériel créatif pour y parvenir. Le mélange,
L’exploitation d’autrui. La liberté de l’esprit.
L’utilité négative de la mathématique. Ne pas
Aller outre. Rester dans sa certitude - platitude ?
La censure et la critique de Kant. La poésie est
Un système d’illusion utile.
À pas certains, avec précaution, avec pure authenticité,
Sans sophismes, ni apparence trompeuse.
L’imaginaire faux peut induire sur du vrai.
932
L’inutile
C’était un inutile - une sorte de poète.
Disons un poète - qui reconstitue à sa
Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,
Une faible Essence de pensée, sans rigueur,
Qui travaillait avec de simples signes
Cherchant à se comprendre, à se méprendre.
Images stupides de perpétuelle médiocrité !
Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …
Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-
Clusion d’autrui - le moins-que-rien,
En vérité. Conscient que nul trésor
N’abondait en son âme, certain de l’échec
De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,
Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.
933
L’Être/L’étant
L’Etre, ou la sublimation de l’étant ; l’étant
Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de
L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire
De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter
Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant
Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-
Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint
La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-
L’Etre veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc
Le bien et le mal, l’Etre et l’étant. L’homme primaire,
Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,
Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.
L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,
L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.
934
FRAGMENTS POéTIQUES
935
Récupération d'ensemble
Je serais 5 fois plus grand que Virgile ou qu'Homère, je supplierais à
genoux le Christ pour qu'il ajoute une once de savoir sur ma propre
compétence.
Je sais qu'éternellement je ne serai rien.
La poésie scaldique
*
Marcel Béalu - Marcelin Pleynet - William Cliff
Emmanuel Hocquard - Marc Cholodenko -
Yves Di Manno - Patrick Laupin -
Philippe Delaveau - Dominique Preschez -
*
Mandelstam considéré comme étant le plus grand poète russe du XXe
Anna Akhmatova - poétesse russe importante
Goumiliov
936
L'opiniâtreté des grands solitaires...
*
La pensée contemporaine
Badiou
Apoète poésophe philopoète
Blanchot
Vanité et ridicule -----------Poètes !
Vide d'une pensée de langage
Comment produire de la poésie abstraite ?
contemporaine ?
Jean-Claude Pinson Habiter en poète - essai
Delaveau Beck Janet
Althusser
Le Sycophante, accusateur professionnel, sachant qu'il ne serait jamais
Périclès accusait Périclès.
Christian Pringent - Claude Royet-Journaud - Dominique Fourcade -
*
937
Grand poète, prophète et saint.
*
Les meilleurs choisissent la gloire immortelle ; la plupart d'entre nous se
gave comme des bêtes.
*
Apollonios de Rhodes Les Argonotes
*
Milieux poétiques : Quand j'y suis, je m'y sens mal et il me tarde de
disparaître.
Le cerveau génère des envies d'abondance et non pas de relationnels.
*
Ezdra Pound Michel Deguy Jacques Roubaud Denis Roche Jude
Stéphan
938
*
Le meilleur matériel contemporain possible via
Deguy Anthologie de la poésie contemporaine
Roubaud Vingt poètes américains
Ce qui a été produit après 1950 - ce qui signifie : 150 auteurs utiles à tes
applications -
*
Test Franck Lozac'h - chasser l'intrus :
Poète, Danseur, Coiffeur, Haltérophile, Chasseur de papillons -
*
Marina Tsvetaeva Mandelstam Pringent Alvaro Mutis
Frénaud Elskamp Dadelsen Vladimir Holan Sylvia Plath
Pentis Holappa Seféris Gaspara Stampa Torreilles
Velter José Angel Valente
Bernard Grégory 1919-1977
939
Jude Stephan Laures
*
Brodsky Auster Zanzotto Paz Pasolini Borges
Roche Roubaud Deguy
*
Le scriptorium - lieu qui détient les manuscrits
*
Poésie officielle : Claude Roy, Jean-François Maulpoix
Poésie de groupe : Le Club des Poètes
Poésie revue : Action poétique, Po&sie
Poésie régionale : Demazet, Heurtébise
Poésie associative : Société des Poètes, CIPM
Poésie Internet : Sites personnels, Biographie auteurs célèbres etc.
*
Vicente Aleixandre Prix Nobel 77
940
Rafaël Alberti - considéré comme étant le plus grand et le plus fécond
des poètes espagnols vivants.
*
Diane Burns Violetta Parra Vicinius de Moraes
Katherine Mansfield Vadim Cherchinievich
Ana Blandina Omar Khayyâm Hafiz
André Dhôtel Larand Gaspa Jourdan Juliet Siméon
Riffaterre Ben Jalloum
Dominique Fourcade Robert Marteau
Rozewiez Lacoue-Labarthe, philosophe
*
Grands poètes - Hésiode - Orphée -
*
Antonio Gonçalves Dias 1823-1864 Brésil GP
Mahaïlovki Grand poète russe
William Wordsworth GP anglais
941
Burns le plus grand poète écossais
Leopardi le plus grand poète après Dante
Amir Hamzah 1937
Maragall Espagne
John Ashbery Grand poète américain
Vidyapati ---) GP indou - André Calvos ---) Grand poète grec
Mag Diarnid ---) Grand poète écossais du XXe
Mir Tagi Mir GP indou - Ménandre -
Nezval Grand poète XXe
Atterbom Grand poète suédois - Nur le plus grand poète vivant -
Weores Le plus grand poète hongrois moderne -
*
Nathalie Quintane 64
Christophe Tarkos 64
Aferno - John Donne - Anfré Ajens -
La revue Quaderno ---) Fondateur Beck
*
Dans le délire sans obtenir quoi que ce soit
De rejets en dépits, brûlant des feux encore
942
*
Sully Prud'homme et de Pompignan - mais pourquoi ces deux auteurs
sont-ils au purgatoire ?
*
943
Entretiens imaginaires
- Comment pourriez-vous concevoir la nouvelle poésie, la poésie
post-moderne, la poésie contemporaine ?
- Il est très difficile de prétendre savoir ce qu'il en sera de la
poésie future. Elle sera certainement autre, différente - elle pénétrera des
espaces, des contenus et des formes encore inexplorées. Je crois
sincèrement que la rime, que le vers fixe n'appartiendront plus aux
applications nouvelles. Le vers libre décidera, et quand je dis vers libre
je pense aux fragments non chiffrés et posés tels quels sur la feuille de
papier.
- Qu'appelle-t-on écrire ?
- Voilà une exceptionnelle et immense question ! "Qu'appelle-t-on
écrire ? " Qu'est-ce que la beauté ? Qu'est-ce que l'intelligence ? Il y a dix
mille façons d'être belle, il y a dix mille façons d'être intelligent....
Concernant l'écriture - l'expérience d'écriture, je ne puis parler que pour
ma personne et cette réflexion sera hélas ! incomplète, mensongère ou
restrictive.
944
En premier lieu, vous êtes confrontés à différents fonds : le
Roman, le Poème, la Nouvelle, le Théâtre et d'autres encore. Chaque
principe impose des comportements
indépendants. Mais au sein de ces départements, les façons de s'y prendre
divergent considérablement.
Des lustres seraient nécessaires pour exprimer les principes et
logiques utilisés par les uns et les autres.
Pour simplifier, pour schématiser aujourd'hui au 20 avril 2007, je
lis Claire caisse d'Antoine Emaz - je le pense, je l'exploite, le déplace et
j'en tire certains poèmes. Je travaille également avec des philosophes, et
je pense à Cioran, à Nietzsche et confrères.
- Avez-vous déjà été déçu par la Littérature ?
- Vous posez là une question très intéressante parce que je ne suis
jamais parvenu à trouver un éditeur, un vrai avec lequel j'aurais pu
travailler sérieusement. Tous m'ont refusé, rejeté prétendant que ce que je
proposais ne répondaient pas à ce qu'ils recherchaient pour leur ligne
éditoriale selon la formule éternelle et lapidaire.
Je n'ai que fort peu insisté, cherchant de nouvelles possibilités pour
945
exister ou pour être. En revanche, j'ai pu trouver un espace, d'une
richesse inouïe que l'on appelle Internet. Et l'espoir pour ce nouveau
média a été extraordinaire. J'ai pu offrir, lire, recevoir du courrier,
connaître des auteurs ignorés. Ce Média a été fantastique et m'apparaît
sans nul doute le premier outil de communication de la fin du XX e
siècle.
- Quels ont été les poètes qui vous ont inspirés ?
- Difficile à brûle-pourpoint de déterminer les poètes qui ont participé
à ma formation ou à mes applications. Ils sont certainement une grosse
centaine ayant offert leurs écrits pour me permettre d'avancer. Si je
devais offrir des noms, La Pléiade entière serait référentielle. La
Collection NRF Gallimard a été essentielle dans ma formation poétique.
Aujourd'hui la collection Le Bleu du Ciel et Poésie Flammarion
m'apparaissent indispensables. Mais je ne puis réduire encore à cela mon
apprentissage littéraire. D'autres poètes dans d'autres collections m'ont
été indispensables.
- Quelle question aimeriez-vous que l'on vous pose ?
946
- Demandez-moi : Que pensez-vous de la poésie ?
- Que pensez-vous de la poésie ?
- La poésie m'apparaît être d'une richesse extraordinaire de fonds, de
formes, de présentations, d'expériences scéniques ou d'applications. Elle
s'adapte à tous les âges, toutes les périodes ou mouvements de l'histoire.
Elle est certes peu appréciée car difficile d'aspect. Ses contenus sont
élitiques voire expérimentaux, et donc peu crédibles auprès de la masse.
La poésie nourrit, instruit, élève l'esprit, lui confère une certitude
première, s'avère être une grâce des Dieux.
Et quel langage ! Quelles évolutions dans les contenus ! C'est certes
un extraordinaire laboratoire d'expression orale !
- Revenons à des considérations plus matérielles, si j'ose dire, plus
terrestres en tout cas et parlons de votre fécondité. Comment pouvezvous
justifier d'une telle quantité d'ouvrages ?
- Tout d'abord autant que cela puisse paraître étrange, je ne me suis
947
jamais considéré comme étant un auteur fécond. Je puis me considérer
comme un auteur présent à sa table, exploitant le peu que sa cervelle lui
concède.
Je n'ai jamais écrit plus de cinq ou six feuillets par jour - mais il est
vrai que j'écris tous les jours. Ma présence à ma table ne me permet
certes pas d'écrire une grande quantité. J'ai la certitude de n'être pas
capable d'aller au-delà de 60-70 lignes en moyenne sur une période bien
précise. Est-ce cela la fécondité ? À vous de le prétendre.
- Qu'en est-il de vos relations poétiques ?
- Cela vous paraîtra certainement étrange mais le contact poétique me
semble le plus souvent délicat. Ho ! Certes ! Il est possible d'échanger
des propos, des sortes d'insignifiances d'apparences ou de superficialités.
Mais de réels contenus, riches, intéressants et nourris - il n'en est point.
Je ne pense pas que l'expression orale favorise la communication
pointue, affinée ou subtile.
Il peut y avoir plaisir de l'Autre, de sa présence de ses paroles
prononcées. Mais cela ne saurait rivaliser avec un essai, un recueil ou
948
une biographie.
- Comment pourriez-vous définir votre Œuvre ?
- Je possède en premier lieu de la Poésie. De 1978 à 2006, j'ai pu
extraire 52 recueils. Tous ne sont pas de valeur égale. Je regrette
essentiellement les 4,5,6 recueils de la période 80.
J'ai écrit également un Journal, un peu de Théâtre, j'ai fait des
Traductions grecques et latines, j'ai de la Religion.
Il y a quelques essais, si l'on peut oser employer ce terme. J'ai un grand
nombre de Copier/Coller qui sont des livres de synthèse obtenus avec des
ouvrages de base. Voilà le tout représente au 27 avril 2007 267 fichiers
Word - ce qui est beaucoup, toutefois.
Je détiens encore 20 000 feuillets inédits, et lentement, au fur et à
mesure que ma configuration cérébrale me le permet, je tente de
récupérer ce travail mais la route est longue !
Je poursuis ma production. Régulièrement je vais à Ombres Blanches,
librairie toulousaine pour y trouver des ouvrages utiles à mes
949
applications. J'exploite ainsi de nouvelles synergies d'écriture.
Mais il y a Internet qui est une source quasi-inépuisable - j'essaie de
l'utiliser de mon mieux.
- Que lisez-vous actuellement ?
- Dernièrement, je suis allé à Ombres blanches - j'y ai trouvé Méditations
érotiques, un essai sur Emmanuel Levinas de Marc Alain Ouakmin, puis
Écrits logiques et philosophiques de Frege, Caisse claire d'Antoine
Emaz m'a également intéressé. Je l'ai acheté.
Vous voyez que Poésie et Philosophie se mêlent subtilement. Il ne faut
non plus oublier l'importance de l'Internet qui est une source
exceptionnelle d'informations. Cela au quotidien, à raison de plusieurs
heures par jour.
Je ne lis pas - j'intègre - je comprends - j'exploite - je déplace - je
prélève. Je comprends autrement. Il y a une vérité - un principe
d'écriture. Mon cerveau le conçoit, le repense, le reconsidère. C'est Toi et
Moi - Je Suis avec Toi. Tu es mon déplacé, mon repensé. Un fragment de
ta personne se repensera avec moi. J'appelle cela : écrire.
950
Sans l'Autre, sans l'écrivain, je ne suis Rien. Il me donne le La, il est
mon aide. Jeune, c'était une sorte de tuteur. Aujourd'hui, c'est un frère, un
complice.
- Votre œuvre religieuse est importante : vous avez traduit La Bible, Le
Coran, Qumrân et d'autres encore ! L'on peut dire qu'un certain
mysticisme vous anime. En ce sens, êtes-vous dans l'héritage de
Claudel ou de Péguy ...
- ... Je vous coupe immédiatement. Certes je m'associe à ces fervents
auteurs catholiques que je respecte profondément. Paul Claudel est un
génie exceptionnel, il est peut-être le plus grand dramaturge français - et
Péguy est certes un bon poète, un véritable intellectuel qui n'a pas pu
déployer sa capacité littéraire étant parti trop tôt. Un bel avenir, hélas !
lui était promis.
Je me considère d'avantage dans la lignée post-symbolique de Mallarmé
accompagné de l'algèbre rimbaldien ou encore de la modernité
baudelairienne avec une touche cérébrale valéryenne, si l'on veut.
951
- Que faîtes-vous actuellement Franck Lozac'h ?
- J'accumule des poèmes 2007 pour produire un nouveau recueil. Nous
ne sommes qu'en avril. J’écris également un Journal que je vais
m'empresser de transformer en écriture numérique.
Je planche sur un texte qui ne comporte que peu de lignes : Certitudes,
une sorte d'essai philosophique écrit de novembre à décembre 2006,
assez bref - 500 lignes. J'espère le fortifier avec des écrits antérieurs
concernant La Logique, Le Vrai, L'Évidence etc. d'autres concepts
développés quelques années auparavant.
- Pourquoi communiquez-vous si mal ? Etes-vous misanthrope ?
- La communication poétique ou littéraire m'apparaît certes délicate. Le
relationnel est difficile, et chacun semble replié sur sa ligne de défense.
Quand X s'exprime, Y ne le comprend pas, le rejette ou le méprise...
Voilà pourquoi j'ai décidé d'être sans être - j'ai crée depuis longtemps
deux sites sur Internet et j'offre à tout venant la possibilité de me
connaître et de communiquer avec moi. Et le succès de cette entreprise
ne s'est pas fait attendre. Des centaines et des milliers d'Internautes sont
venus se connecter sur mes sites. Les statistiques de fréquences en sont
952
des preuves indéniables.
Je suis une vitrine où j'offre des ouvrages, du son, des vidéos et des
photos. Chacun y trouve son compte. C’est certes une relation aseptisée
entre moi et le lecteur, mais cela me semble quelque part exceptionnel.
- Vous ne rencontrez que fort peu les poètes ?
- Vous savez : il est très difficile de rencontrer des poètes. Ils sont
fuyants, obsédés par d'autres raisons; - ils sont certains de leurs aptitudes
et de la valeur de leur personnalité. C’est un peu le : moi, je sais qui je
suis - mais vous, vous n'êtes rien. Ils ne parviennent pas à intégrer un
langage autre que le leur. Il y a mépris, indifférence ou encore critique
farouche. Les échanges proposés sont de faible valeur. Non. Pour moi,
un poète c'est un recueil - et le comprendre, c'est désirer intégrer son
œuvre. Je ne dois pas le juger sur des propos prononcés ici et là, et moins
encore sur une apparence extérieure.
- Comment voudriez-vous que l'on vous définisse ?
- Cela est une question curieuse et la réponse semble difficile. C'est à
953
chacun en lisant, en intégrant mes contenus de définir ma personnalité ou
du moins un fragment de moi-même. Mais cela est de faible importance.
Je préférerais que l'on lise ou choisisse un recueil : Florilège, Femmes de
papier, Mille poèmes en prose ou Le Grand Livre des Sonnets pour
parvenir à me déterminer. Oui, lire un ouvrage accessible sur le Net et
mis gracieusement à la disposition de n'importe quel internaute.
- La Littérature s'immortalise-t-elle au-delà du présent ?
- La Littérature ne saurait être une création sur un temps déterminé. La
Littérature ne saurait non plus se prévaloir d'un éternel intemporel.
Pourquoi ? Tout simplement parce que ce qui est vieillit : les mœurs, les
pensées, les comportements se déplacent - et la référence d'autrefois n'a
plus aucun fondement dans le vrai d'aujourd'hui.
En revanche, une certaine mémoire admirable, honorifique agite encore
ici et là les nostalgiques du temps passé. Je ne prétends pas qu'Hier soit
désuet et ridicule car l'on doit s'asseoir sur le passé pour concevoir le
futur. Mais Hier n'est plus. Seuls le Présent et l'Avenir sont référencés,
évidemment. Ce jugement peut être nuancé et sujet à débat.
954
- La Littérature a-t-elle un fondement éternel ? Voire immortel ?
- Plusieurs systèmes de littérature cohabitent les uns à côté des autres. Il
peut y avoir une littérature d'actualités comme il existe des chefsd’œuvre
immortels. Certains ouvrages ne connaitront que le Présent
quand d'autres exerceront une fascination sur plusieurs siècles. Notre
littérature plonge ses racines dans trois mille ans d'Histoire.
20 avril 2007
955
Journal 2008
Comment radicaliser la poésie ?
*
Oui. Pousser. Pousser à l'extrême de soi-même en y ajoutant sa
sensibilité, sa capacité créative. Se situer au faîte du vrai, y
proposer sa substance novatrice si cela est possible.
*
L'éditeur refuse un génie et se défausse sur son collègue : "Allez
voir ailleurs. Ceci n'est point pour moi."
Mais cet éditeur-là n'est-il pas quelque part responsable de son
erreur irrécupérable ? Cela doit-il se limiter à la perte de quelques
exemplaires ? N'est-ce pas trop facile : ce qui est est méprisé -
c'est son métier pourtant !
*
L'écrivain ne saurait être philosophe ni le poète d'ailleurs. Tout au
956
plus se permet-il de penser ! Le philosophe est celui qui ajoute sur
la certitude, sur le vrai connu.
L'écrivain n'est qu'un papillonneur futile.
*
Que l'art du discernement poétique est chose difficile !
*
Les conceptuels - Boulatov -
*
Encore à produire ces petites vidéos pour Internet et pour mes
archives personnelles. J'ignore si cela donnera quelque chose. Un
exercice consacré à Valéry, Claudel, Perse et Char ?
J'utilise essentiellement cette période de l'année 2008 pour
replacer les fichiers défectueux, fortifier les livres existants ou
encore proposer des prolongements à mes copier/coller.
*
957
Le poète s'accouple avec sa muse - L'Epouse insoupçonnée - il
espère obtenir un orgasme : le poème.
*
Existe-t-il des philosophes, des peintres, des poètes etc. qui n'ont
pu percer et qui pourtant étaient des êtres importants ?
Je réponds par l'affirmative.
Une Intelligence sous-jacente, ignorée, refusée, supérieure peutêtre,
possédant des moyens extraordinaires ou des aptitudes
extrêmes a été certainement barrée ou bannie.
Détenait-elle quelque chose qui s'apparente au mot génie ? - Je
certifie à nouveau. Aurait-elle pu inspirer ? - Oui, évidemment.
Est-il possible de retrouver ces êtres compétents ? Où sont-ils
aujourd'hui ? Ils sont oubliés à l'image des grottes préhistoriques
détentrices encore de chefs-d’œuvre d'autrefois.
C'est pourquoi l'offre numérique qui se situerait en marge de
l'édition papier permettrait à tous ces êtres ignorés,
systématiquement rejetés d'exister quelque part. Et qui sait si leur
autrement, leur distinction ne parviendrait pas à séduire certaines
958
personnes et à charmer un nouveau public.
*
L'édition numérique serait la fin d'une certaine édition papier.
Mais dans un sens, pourquoi payer et payer pour du papier qui
jaunit, va en vieillissant, et encombrant et ne sert plus à rien ?
En revanche, l'édition électronique permettrait à tous d'être
immédiatement accessibles, proposables, vendables directement -
un génie ne perdrait pas son temps à se crédibiliser auprès des uns
et des autres - auprès de pseudo spécialistes - il donnerait, il
offrirait, proposerait ses applications.
L'édition reconnue.
*
Je prétends qu'il y a d'avantage de poètes inconnus que de poètes
connus. Pourquoi ? Car le système de sélection est drastique et de
grands poètes n'ont jamais été édités quand des écrivains de
second ordre avec un médiocre talent ont pu modestement se
crédibiliser.
*
959
Musique
Edgar Varèse - Ionisation (Merci Zappa !)
Xenakis - Varèse - Le Corbusier - Poème électronique
Xenakis - Metastasis
Michelle Grangaud - Jacques-Henri Michot - Jacques Sivan -
Thibault Baldacci - Jean-Jacques Viton - Julien Blaine -
Est-ce agitation générationnelle ? Qu'en est-il de l'immortalité ? ~
De la Pléiade céleste ?
*
- Quand il dit : génie ! qu'engendre l'appel ?
- Médiocrissime imbécile se prétendant être, retourne dans ton
Néant !
*
Ils me prétendent médiocre, stupide, inutile. Ils ne voient en moi
qu'un poète à rejeter, à mépriser. Ils se demandent même comment
j'ai pu oser leur envoyé mon manuscrit. Je suis un incapable
960
inexistant…
Le temps fera son affaire - du moins là-bas car ici je n'ai aucune
certitude de ma destinée.
*
Philippe Beck - est-il en train de construire un nouveau grand
poète ? N'est-ce qu'une intelligence audacieuse capable
d'inventer ?
*
Christian Gabriel/le 48-88 - Guez Ricord - qui est réellement ce
poète ?
*
Faut-il être présenté quand on est grand poète inconnu ? À quoi cela
sert-il ? Et quelle en est la portée ?
La communication se réduit à de l'insignifiance, à une sorte de
parodie d'apparat - mais d'applications réelles, il n'en est point.
961
*
Poésie, sorte de stupide arithmétique avec ses fragments
incertains...
*
Il faut trouver de nouveaux livres et de futurs auteurs car le tout
s'épuise humblement.
Pénétrer de nouvelles substances est difficile.
Je cherche : Sexe - École poétique - Écriture -
Mais comment progresser ? Et que peut-on ajouter ?
*
Pourquoi ne trouve-t-on pas chez les écrivains des brouillons
remplis de chiffres ? Car ces opérations ne peuvent s'accomplir de
tête !
Claudel, Valéry, Hugo, Baudelaire, Cocteau etc.
Aujourd'hui Maulpoix, Andrée Chédid, Robert Sabatier et d'autres
962
*
Anna de Noailles L'offrande lyrique - poème avec quelques
retouches personnelles
Il fera longtemps clair je crois, les jours allongent,
La rumeur du soleil se disperse et s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le grand vent et songent...
Là-bas, les marronniers, pleins d'or et de splendeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;
On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.
De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière, qu'un peu de brise soulevait,
Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons très souvent l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie,
963
Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir.
*
Il faut avant tout parvenir à obtenir le résultat poétique au-delà de
la critique, au-delà de l'autre avec la certitude de son vrai.
*
L'Autre ? - N'est-ce pas se gaspiller en parapoésie ?
*
Écrivains, poètes ou philosophes qui ne m'ont été d'aucun secours mais
qui étaient d'une importance certaine : Barthes, Bataille, Onfray,
Audiberti, Ponge, Guillevic.
Les auteurs humoristiques également n'ont pu avec leurs substances
s'associer à la mienne.
*
Il faudra inventer le post contemporain. Mais de quoi sera-t-il fait ? Et
quel en sera le contenu ?
*
Salons littéraires - Dames de compagnie - cherchent à jouir de la
964
présence d'un génie contre quatre petits fours et un verre de porto.
Désirent gratter le vernis de l'écrivain quand la pénétration doit scruter
l'œuvre.
Affaire de risettes et de courtoisie. Milieu pensant mal, jugeant sur
l'apparence. Mais cela est mitaines de femelles ! Quelle erreur
stratégique !
-Chez moi, il y a un bonus : c'est mon trou du c..!
-... Dans ce cas !
*
Je n'ai pas trouvé la solution poétique.
*
Mallarmé. Stérile, qu'ils disent ! Il est plus difficile d'écrire un vers
mallarméen que quarante à la manière de n'importe qui !
*
Système d'extraction de poésie - Méthode :
Esprit algébrique CAD Mallarmé, Rimbaud, Zanzotto etc.
+ Esprit logique ---) Wittgenstein
+ Esprit de finesse ---) Merleau-Ponty, Teilhard de Chardin
965
Ce qui veut dire :
Poésie expérimentale contemporaine
+ Mais... Journal de Teilhard de Chardin à vérifier et certains
autres écrits également
Il y a toutefois toute la Mathématique, toute l'Astrophysique...
---) donc en Philo - les Logiciens
Mais Langage- audace - alors ?
-----------------------------------------
A B C D
Quelle logique ? À quelles raisons ?
Quelles opérations mentales exiger de son cerveau pour valider la suite
offerte ?
*
Philosophie ---) ?
Mathématique ---) Cercle-étalon
Religion ---) D et SE
966
Poésie ---) Evolution du langage - contenus -
Eros ---) + autrement
*
- Fais poète !
- Évitons-nous la honte !
*
20 juin 2008
Préparation de la vidéo Arthur Rimbaud. J'y ai mis Le rêve de Bismarck,
inédit 2008 et une variante de "Mémoire" retrouvée en 2004 appartenant
à la famille du côté de la femme de Verlaine. Y ai proposé également un
fragment du Journal d'André Gide qui offre un portrait peu flatteur du
Rimbaud d'Afrique.
J'ignore si la bande me permettra de construire un enregistrement
satisfaisant.
*
Quant à ceux qu'il est convenu d'appeler les "génies inconnus", ils sont
fort suspects. le plus souvent ce sont des incapables à la recherche d'une
apaisante explication d'eux-mêmes, prétend C G Jung dans "L'âme et la
vie".
967
C'est ignorer, hélas ! que de considérables gisements miniers sont
systématiquement ignorés par des spécialistes de la science géologique !
tandis que des raisons financières en justifieraient sans conteste leur
découverte et leur exploitation.
*
Y être, en avoir la certitude et pouvoir progresser.
À la pointe de l'épée.
*
Je lisais La princesse lointaine de Rostand. Je ne comprends pas Rostand.
Le vers m'apparaît si faible - Ho ! Certes exploitable, audible par
quelconque public, mais quelle valeur réelle poétique ?
C'est enlevé, léger, facile, divertissant, amusant - n'est-ce donc que cela ?
Je souhaiterais consulter ses pages manuscrites. Je le soupçonne
d'appliquer ses premières jetées et de les conserver.
Je l'entends un peu de la sorte :
-Vous l'aimez, dîtes-vous ? Aimez-la d'avantage
Car cela n'est pas faire à sa beauté d'outrage.
968
- Pourtant elle me dédaigne et ses yeux furibonds
Sont ceux de la gazelle qui s'éloigne à grands bonds.
ou encore :
Habiles et trop subtiles à pratiquer leur art
Ils mêlent au mensonge remèdes du hasard,
Potions excentriques capables de donner
De sinistres coliques à tout chocolatier !
*
Guère de choses intéressantes. L'esprit ne semble plus avancer.
*
Poésie X - cette dénomination tient-elle ?
*
Po 2008 - Errances -
50% des coups sont refaits - ce qui veut dire que le manuscrit comportera
un nombre élevé de variantes - cela signifie également que les
969
propositions basées ne m'apparaissent guère satisfaisantes.
*
- T'es poète !
- J'arrive. J'y cours. J'en suis.
*
Faire poète, être un enfant dans une cour de récréation.
Le premier de la classe s'inquiète de ce qui se passe au CES. Il recherche
le progrès.
*
Chez moi n'existent pas :
- Le Spectacle poétique - La revue ---) très peu : Po&sie 5-6 numéros
- L'Anthologie ---) très peu (mais cela a tendance à changer)
- La Rencontre physique - les Poètes eux-mêmes -
- France-Culture - Le Magazine littéraire - l'Actualité -
Chez moi sont :
- Les Œuvres - Les Bibliothèques - Les Musées - L'Internet -
- L'Informatique - Le développement personnel - Les Librairies -
970
*
New Sessions comporte aujourd'hui
17 poèmes produits avec L'Huile fraîche et 3 produits avec Le Moût et
Le Froment
*
Ô Fortune ! Ô Génie attaché à mes pas !
Iphigénie à Aulis - Euripide
*
Poésie pour le néophyte signifie : bienséance auprès d'autrui.
Le vrai poète pense : de quoi sera fait mon nouveau contenu ?
*
Poète ---) Etre auprès d'Autrui
Poète ---) Augmenter pour soi
Personnalité poétique extravertie ---) 0
Action intravertie poétique ---) 100
FL : (0,100)
*
971
Poésie
L'associatif audacieux y est - la nouvelle grammaire n'y est pas.
Il faut déplacer la grammaire, concevoir des structures inédites.
Comment construire ou dé-construire un nouveau langage ?
Faut-il penser à l'A-grammaire ? À moins qu'il faille revenir vers
Mallarmé.
*
Titre pour le recueil 2008 : ERRANCES
*
Différentes étapes chaotiques littéraires
Tout d'abord le travail en chambre
puis les exercices transformés
encore le travail refusé
et le vieillissement
dans la lente reconnaissance...
En fin de parcours, le poète officiel !- Invité - les repas - le temps
consacré aux autres !
"Autres et Soi" nécessitent 40 heures par jour pour satisfaire aux
972
exigences...
En avant vers la tombe.
*
La Beauce et le Désert
La Beauce c'est en soi, c'est 302, c'est agir pour produire, pour construire,
pour œuvrer.
Le Désert, c'est Autrui, c'est le refus, le rejet, le mépris.
Planter dans le désert, c'est une graine brûlée par le soleil, c'est un
rendement inutile. C'est Néant. Pertes de temps inutiles et problèmes.
Jalousies, indifférences etc.
En soi, c'est un possible de progrès, d'ajouts - de je peux plus, je veux
mieux.
*
Avec l'Autre, je ne trouve pas. Je trouve dans l'Œuvre, dans le Livre mais
jamais "en compagnie de".
*
Car tel est ton triomphe : cela et rien de plus !
973
*
Poésie d'apparat : roucoulades et lissages de plumage.
*
Être grand poète reconnu doit engendrer plus d'obligations que de réels
avantages.
Les uns, les autres, les présentations, les oui-oui, les risettes, les oui-
Madames, le temps perdu, l'action superficielle au détriment des
applications, de la recherche pure et de la production.
Puis le temps s'écoule - les plaisantins qui ont tiré sur les ficelles du
génie se sont volatilisés. Un réel goût d'amertume envahit la bouche,
l'Autre part en râlant : "Ha ! Si j'avais su. Le grain, l'ivraie, les fadaises !
Mais l'homme est devenu vieux, le cerveau est en liquification,
l'intelligence est ruinée.
Parfois Dieu pousse un soupir : "Te voilà enfin, l'homme !", et ce dernier
tendant une main tremblante fait briller une lueur dans ses yeux...
*
Ne faut-il pas s'en retourner vers les Grands poètes ? - Pourquoi ? Car ils
ont géré un impressionnant système de nettoyage et de purification dans
le langage, le principe associatif et les applications.
Là où les autres font de "tout bois du feu», eux choisissent, réfutent,
974
sélectionnent, évincent à l'image des grands maîtres aux échecs n'optant
que pour quelques coups d'exception.
*
Je voudrais parvenir à récupérer tous les manuscrits inédits et les mettre
en ligne. J'ai la certitude que grand nombre non seulement rivaliserait
avec l'édition courante, mais beaucoup d'amateurs dits éclairés
proposeraient des ouvrages et des contenus de qualité supérieure à ce qui
est proposé par le diktat des professionnels.
Le coût de fabrication du livre est trop élevé. La chaîne est longue, lente,
complexe et coûteuse. Il faut réduire les intermédiaires - de l'écrivain au
lecteur en consultation directe via le Net.
Autre contradiction. Pourquoi avec un chiffre d'affaires dépassant les 4
milliards d'euros, le secteur ne reconnaît que deux écrivains
professionnels ?
*
Ai-je échoué ? Quand ai-je compris que cela ne pouvait pas fonctionner ?
- Je l'ai intégré très vite ? J'ai opté pour les applications, le travail
intérieur, la construction cérébrale avec en point de mire la finalité
humaine CAD l'acceptation et la réception céleste de l'Au-delà.
975
*
Le problème du vieillissement : l'unité de stockage est limitée - il est plus
aisé de retrouver du passé que d'intégrer de la vérité ou de l'information
nouvelle.
*
Il faut ajouter sur Hugo. C'est une certitude. Il faut ajouter sur Rimbaud.
C'est également une certitude.
Mais il faut amasser, assembler, récupérer tous ceux qui ont produit
quelque chose d'important, d'autrement, de différent dans le secteur
poétique - et c'est la somme de ces singularités mineures et majeures qui
participera de manière active à la construction de l'édifice littéraire.
De la première sépulture datant de 80 000 à 100 000 ans avant notre ère à
la plus haute tour située à Singapour.
Des premières fondations des villages de pierre en Mésopotamie aux
projets virtuels d'habitat permanent sur la planète Mars.
*
Je cherche à proposer sur un site Internet tous les manuscrits refusés,
oubliés, rejetés et pourtant de qualité certaine - ce qui offrirait une
concurrence stimulante aux éditeurs papier et leur imposerait à trouver de
nouvelles solutions.
976
I Meridiani = Pléiade
Bigongiari ---) hermétique
Sereni ---) ?
Brault - Reznikoff - R. Frost - André Salmon - Marc Chénetier -
Jean-Yves Masson - Venus Khoury-Ghata - Jean-Pierre Lemaire -
*
Le Clézio, Prix Nobel 2008. Je suis content pour lui.
*
Chez moi, le problème n'est pas un problème de relationnel poétique
mais d'applications d'écriture - de trouvailles et de découvertes.
*
Poésie contemporaine - On édite la page telle quelle avec ses sauts, ses
rejets et ses ratures.
*
Le bateau ivre - écrit à 17 ans.
Rimbaud - configuration cérébrale unique qui produit un objet
exceptionnel.
*
977
Le problème poétique est de trouver de nouveaux espaces d'écriture, de
nouvelles audaces d'applications. Qu'écrire et pourquoi ?
*
Dit autrement : que peut-on proposer en postsymbolisme ?
*
Paul Valéry - Poète, épistémologue -
Nombres plus subtils, Robinson ---) Projets de livres
Penseur éminent du constructionisme
Les principes d'anarchie pure et appliquée (1984)
Les Cahiers - totalité --) Centre Georges Pompidou
Catherine Pozzi ?
Gustave Fourment Correspondance - et combien d'autres !
UQAC ---) Université - Textes téléchargeables -
*
Mieux vaut savoir chiffrer que raturer.
*
La théorie de Manhattan
978
Théorie des gratte-ciel ---) un nombre important de grands poètes les uns
à côté des autres rangés dans La Bibliothèque de la Pléiade. Certains
immeubles plus haut, d'autres plus anciens, d'autres encore médiocrement
agencés et certains possédant la climatisation. Le tout cohabite dans un
espace réduit. La diversité y est abondante.
*
Je n'ai jamais rien pu tirer de la communication poétique qui vaille. Tout
y était affaire de façons, de degrés de culture, de subtilités. De fonds
évolutifs, il n'y en avait point. Je préférais m'en retourner à mes chers
livres y décelant des contenus meilleurs.
Mais le système condamne ce type de comportements. L'on vous taxe de
sauvage et l'on maudit allégrement.
*
Critique poétique : Je ne suis Rien à vos yeux, mais j'existe pour le
Seigneur ! Vous, vous n'êtes que des grains de sable quand Dieu a rempli
l'Univers.
*
Paul Valéry - 67 ans - Jean Voilier (Jeanne) - Corona et Coronilla -
Editions de Fallois -
Hervé Guibert - Articles intrépides -
979
*
Fusionner l'irréel
Y a-t-il un nombre suffisant de poèmes pour expliquer les fonctionnalités
du Moi cherchant, du Moi créatif ? Etc.
Conscience et impuissance
*
Le cerveau de Baudelaire doit produire des opérations synthétiques - ce
qui peut expliquer ses coups foudroyants. (La beauté qui fascine et le
plaisir qui tue)
Obtenait-il ces solutions par travail cérébral conscient ou n'était-ce que la
conséquence de son génie intuitif ?
*
Centre d'Etudes Poétiques - ENS - LSH
Ecole normale supérieure des Lettres et des Sciences humaines
*
Transcriptions CAD la page manuscrite reproduite à l’identique en
caractères imprimés -
voir le travail accompli sur les feuillets mallarméens dans la collection de
La Bibliothèque de la Pléiade, est-ce possible ou cela sera-t-il possible
980
avec mes nombreux manuscrits inédits ?
Journal 2009
De se dire en soi-même qu'il n'est pas impossible...
*
Les Éditions Tristam. Communication téléphonique. M'a conseillé de
télécharger son catalogue en PDF. Serait intéressé par mes manuscrits.
M'a demandé de lui en envoyer. Littérature générale. Grand nombre
d'auteurs étrangers.
*
Poésie : de soi en soi pour soi
*
Poésie : Il ne faut pas anticiper sur une valeur qui n'est pas validée.
Il faut attendre son heure, comme on dit.
981
Avant ce sont les quolibets. Pendant c'est la reconnaissance. Après ce
sont les hommages et la gloire.
*
Les simagrées littéraires et les risettes obséquieuses.
*
- Le fruit est-il mûr pour la consommation ?
- Nul ne voudra consommer le fruit.
*
Aux poètes : Faites une bonne œuvre...pour vous-mêmes !
*
Je ne connais pas de chef-d’œuvre de vieillesse. La poésie s'octroie dans
la jeunesse. Le principe associatif de haut langage nécessite un cerveau
frais, vif, alerte.
Le grand Corneille sur sa période finissante construisait avec des coups
complexes à la portée moindre et à l'efficacité douteuse.
Mais avoir 60 ans au XVIIe siècle, c'est avoir 85 ans aujourd'hui.
982
Il est à reconnaître également que l'espérance de vie des poètes a toujours
été très courte (Suicide, alcoolisme etc.) - il est donc difficile de juger un
auteur sur ses derniers écrits.
Valéry appréciait L'Art d'être grand-père de Victor Hugo. Moi, je n'y
voyais que douceurs de Papy gâteau. Enfin, c'est à relire.
*
Le titre Pierre tombale peut servir pour une œuvre posthume qui rappelle
quelque peu Tas de pierres de Victor Hugo.
*
Baudelaire - génie de la synthèse qui foudroie
D'autres : Voltaire, Balzac raturent sur ratures - reviennent, nettoient,
purifient, trouvent, déplacent, repensent - sont dans le vrai également.
*
Il vaut mieux être clair si l'on veut chiffrer.
*
Il faut donc trouver une nouvelle logique dans un système associatif.
*
Je suis allé à Ombres Blanches il y a quelques jours. J'y ai vu Les
psaumes de Claudel, des poésies de jeunesse de Valéry ~ autour de 84 -
983
la correspondance Cela/Sachs - qui est très importante et significative
pour Celan. J'y ai dégoté également deux Bleu du ciel (inutiles pour ma
personne mais la présentation y est évolutive) - le Jacques Reda :
Physique amusante qui peut rappeler quelque part mon recueil : Poèmes
de l'A-science. Là s'arrête la comparaison. Margeries de Tardieu.
Quelques Serge Pey, un Antoine Emaz - un Franck Venaille Au Seuil et
Clancier chez NRF Je n'ai rien acheté.
La poésie semble s'en retourner vers de l'élémentaire ou vers une écriture
simple, non hermétique, moins expérimentale. Puis au premier étage,
Waterhouse et Lippi - peintures.
*
On ne peut pas tout avoir :
Du commercial, du talent, du génie et de l'immortalité.
Baudelaire avait du génie, de l'immortalité et de la postérité mais aucun
crédit de son vivant.
*
Poésie - Je poursuis quelques textes avec Huguette Champroux. Je me
dois d'aller à Toulouse pour y découvrir de nouveaux auteurs.
984
*
Tu sais comment on fait Led Zep en poésie ?
*
Un poète, un prophète, un messie, un génie.
*
Sur les flots azurés, illustres de censure,
Dans des barques incertaines où vogue l'A-raison
Un esprit délibère, questionne et demande
Et s'adjuge le droit de statut éternel.
*
GLANES - titre pour un ensemble de bribes
*
On s'intéresse aux poèmes recopiés de Mallarmé pour apprécier son
système cérébral évolutif, poétique - de formation.
*
Journées du patrimoine à Montauban. 20 septembre 2009.
985
Serge Pey - dit des poèmes. Personnage révolté contre la nature, l'homme
etc. en écrasant des tomates. Assez lourdingue. Peu d'esprit de finesse.
Du moins crache, fait passer grossièrement le message. Fatiguant. Casse
des vitres sur lesquelles sont écrits ses poèmes à la fin de la performance.
Qu'en penser ? Oui. Oui-non. Pourquoi pas !
Cherche à défendre une cause humano-écologique avec virulence et
fracas pour interpeller. Le message est-il reçu ?
Tout un chacun sait pertinemment qu'il existe des structures politiques
aptes à recevoir ce type d'individus pour défendre ce type de causes.
Alors pourquoi passer par la poésie ? Pour le dire ? Pour s'exalter ?
*
Je puis certes apprécier les charmes de la conversation mais je n'en vois
guère l'utilité profonde. C'est une sorte de va-et-vient, de l'un à l'autre
avec des contenus que l'on soupçonne, qui proviennent d'une
personnalité mais ne sont jamais synthèse parfaite de l'objet étudié - c'est
cela : l'on tourne autour en s'appropriant quelques éclats de vérité.
Mais cela est fort aimable et anime délicieusement les âmes
superficielles. Les contenus lus dans les livres sont toutefois d'une autre
teneur...
986
*
En vérité, Théodore de Banville, Théophile Gauthier et Leconte de Lisle
étaient de bons poètes et de bons professionnels. Mais ils ont été balayés
par Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé.
De Heredia a plutôt mieux survécu grâce à l'extrême qualité de ses
sonnets antiques.
*
Le plus lucide : Mallarmé !
Le plus vrai avec 100 ans d'avance !
*
Je suis incapable de créer du langage, je ne puis que déplacer les images.
Tel est mon triste sort !
*
Élaborer un nouveau langage.
Algébrique
D'associatifs interdits
De grammaire
De fond de forme
987
Le syncopé
Le vrai-faux
Combiner l'inventif d'Autrui par une lente mutation de l'esprit // de
l'intelligence //
Synthétiser le créatif d'Autrui en y ajoutant sa propre substance;
Somme de petits acquis - les poèmes - aller en avançant - 7 200 ---) 7
2001 ---) 7002 etc.
Et quoi ? Sera-ce entendu, lu, compris ?
Qu'importe !
*
Le système poétique consiste à dire : " Non ! Vous n'existez pas.
D'ailleurs, je ne veux pas même m'abaisser à vous lire."
*
Le système poétique consiste à dire : "Non ! Vous n'existez pas. Je ne
vous reconnais pas. D'ailleurs, je ne veux pas même m'abaisser à vous
lire."
Pensant ainsi, comment est-il possible d'être d'Autrui ?
Mais cette mauvaise critique, cette stupide intelligence n'a pas les
moyens de comprendre.
988
Sauter 2,30 en hauteur est une preuve. Frapper de volée une balle à 35 m
pour la glisser dans un but est une certitude, mais en poésie qu'en est-il ?
- La quantité n'est pas suffisante.
- La qualité ? - Quelle qualité ? Votre langage ne saurait me
correspondre ! Non ! Allez voir ailleurs. De cela, je n'en ai que faire !
Il faut donc petit à petit expliquer, expliciter X ou Y de votre valeur et
cela coûte en temps et en heures d'ignorance.
*
Dante Rime Banquet De l'éloge de la langue vulgaire
Monarchie Épîtres Églogues Querelle de l'eau et de la terre
*
Trouver si possible des solutions pour placer sa bio et quelques ouvrages
sur Wikipedia. A la recherche également d'un logiciel style Calaméo me
permettant de visualiser mes fichiers Word dans un autre format, - format
catalogue.
*
Mallarmé : c'est compresser 4 en 1! Voilà pour la stérilité.
989
*
Pour être le premier.
*
- Pourquoi ne faites-vous pas poète ?
- Poésie ou l’art de tourner une cuiller dans une tasse de thé.
*
Langage : ajouter sur Mallarmé.
*
Comment ajouter sur Mallarmé ?
*
Le recueil Illuminations est fascinant. J’adore également Divagations.
Comment peut-on inventer un langage nouveau ?
*
Synthèse finissante.
990
Journal 2010-11
Je cherche à mettre 7 à 800 000 ouvrages refusés par les Éditeurs,
croupissant dans des tiroirs en accès libre sur Internet.
Je veux dans un premier temps concurrencer l'édition papier puis devenir
un partenaire complémentaire à l'image de la télévision qui avec la radio
forment aujourd'hui un couple audiovisuel inséparable.
*
Le Cicep, créé depuis 1992, agréé par le ministère de la Recherche,
fédère le 'Master Poétique et Esthétique de Paris VIII'. Il regroupe une
cinquantaine de chercheurs (universitaires, artistes, scientifiques,
créateurs) autour de la poésie en tant qu'elle est un art participant au
même titre que les autres arts et sciences à la formation de la pensée, à
l'enrichissement du champ de la sensibilité, de la connaissance humaine
et à l'éveil des potentialités créatrices. Tous les ans, autour des
programmes de recherche, se constituent des équipes mobiles travaillant
à la réalisation de créations originales expérimentales et à la
communication de recherches dans des espaces originaux : Lieux
publics et de circulations, galeries, théâtres, salles de concerts, cryptes,
temples, espaces de déambulation, etc. Les programmes se poursuivent à
travers trois espaces :
991
1) Espace théorique et de réflexion dont le compte-rendu constitue la
revue du Centre intitulée 'Cahier de poétique'.
2) Espace pédagogique : ateliers de création poétique et recherche en
milieux universitaire, secondaire, carcéral, psychiatrique, sociaux de
réinsertion.
3) Espace de pratique créatrice : lectures et créations expérimentales
entre la poésie et les autres arts (Danse, chant, peinture, photographie,
théâtre, arts du virtuel) en partenariat avec des villes, des régions, leurs
théâtres, galeries, centres culturels.
Ces différentes activités (rencontres, manifestations, performances,
créations) sont menées entre poètes chercheurs universitaires et
créateurs artistes, elles sont stimulées par les thématiques définies au
sein du projet global de recherches. Elles font l'objet d'enregistrements,
de dossiers spécifiques et de publications originales. Les trois espaces
nommés sont en interaction permanente. Les doctorants et postdoctorants
sont accueillis dans chacun des espaces de la recherche et
sont intéressés à l'élaboration des différents projets de réalisation.
Certains travaux de doctorants se consacrent déjà à la mémoire de la
recherche du centre.
*
Poésie :
Applications de champs mentaux
992
Force cérébrale
Extraction maximisée
Le service d'Autrui. L'Accompagnement
*
Au mot "chair", il semblerait qu'il y eût un nombre considérable de
possibilités pour construire de nouveaux recueils ou d'anthologies.
*
Quelques problèmes concernant la paternité des œuvres.
- Homère avec l'Iliade et l'Odyssée
- Molière avec l'Affaire Molière/Corneille
-Shakespeare avec grand nombre de pièces
- Dumas et Maquet
Concernant Maquet. Comment cet homme aurait-il osé inscrire sur sa
pierre tombale : Ci-gît celui qui a écrit Les trois mousquetaires, Le
Comte de Monte-Cristo etc.
Sans oublier La Biche et Feydeau
Quant à Paulo Sulitzer...
993
- Il ne faut pas dire du mal de Monsieur de Molière, m'a soufflé Louis
XIV. Accordons-lui alors la paternité de son ensemble et faisons amende
honorable.
*
Du moins le talent permet de se faire éditer...
Le Génie jamais.
A moins de trouver un éditeur précurseur, anticipateur, à moins...
15 mars 2010. Maison de retraite protestante. Maurice Petit dit des textes
d'Andrée Chédid. 4 à 6 textes et poèmes. Assez bien dit, ma foi. Public
de personnes âgées. Des femmes essentiellement. Parfois à mobilité
réduite. L'établissement est de bonne qualité, et le personnel jeune
attentif.
C'est incroyable comme ces romanciers savent exploiter le détail pour le
faire fructifier ! Le poète et le philosophe synthétisent quand le
romancier ou le nouvelliste déploie par l'art de la plume une stylistique
explicative de l'insignifiant.
*
Alerte cavalier, va et poursuis ta route !
994
*
Rimbaud dit indirectement :
N'essaie pas d'ajouter sur toi mais consolide sur ta personne.
Tu as déjà tout le matériel pour faire Un.
Il y a une forme de déception chez Rimbaud.
Tu es Un, assume.
Je lui réponds : Non ! J'ajoute. Car je ne puis être crédible.
En vérité, je ne cherche nulle grandeur extrovertie.
Un bon peu ...
*
Sophocle Eschyle Sénèque Virgile Euripide Plaute Térence
Shakespeare
Dante Ovide Pindare Goethe Pouchkine Crevantes Lope de Vega
Aristophane
Hérodote Thucydide Polybe La Fontaine Rousseau Voltaire
Tolstoï
995
*
Mars-Avril 79, période durant laquelle je n'ai pu écrire - période de
quarante jours - je voulais produire un héros entre Le Cid de Corneille et
Maldoror de Lautréamont.
Je cherchais une jeunesse impétueuse, fougueuse, pleine d'éclats et de
prouesses, - une sorte d'Alexandre vainqueur. Oui, une allégorie glorifiée
du Printemps.
*
- Pourquoi recherchez-vous constamment la représentation du Moi
poétique auprès d'Autrui tandis qu'Autrui refuse de valider la vérité de
l'évidence ?
Je vous propose de pénétrer, d'intégrer, d'ajouter, de comprendre, d'aller
outre et d'obtenir enfin le produit majeur que l'intelligence avait espéré
entrevoir.
*
La bonne question : "Arthur ! Comment écrit-on Illuminations en 2010?"
*
La poésie ou l'Art de serrer le sphincter pour éviter de se faire empaler
996
par une allumette...
La poézie, c'est très zoli !
*
Elaborer du langage nouveau.
*
Comment puis-je avoir 130 d'avance sur 2010 ?
Rimbaud - Illuminations +
*
Hey ! Winner !
*
Ce que l'on peut reprocher à Saint-John Perse - mais ceci est affaire
personnelle et ne sera accepté que par peu de lecteurs - ce que l'on peut
lui reprocher, disais-je, c'est sa faiblesse de genres abordés durant sa
longue carrière d'écrivain. Il n'exploite que la strophe. L'alexandrin lui
est totalement inconnu. Il n'existe pas un seul sonnet de Perse. Le
Théâtre est absent. Le Roman également. La réflexion philosophique ne
sera jamais abordée. Quant au Journal... sait-il du moins ce qui se cache
sous ce terme ?
Il est vrai que sa strophe a atteint un sommet de la littérature mondiale.
997
Sa stylistique admirable est un chef-d’œuvre abouti. Alors lui était-il
nécessaire d'aborder d'autres genres d'écriture ?
*
La critique littéraire ne sert qu'à déterminer une certaine vérité de
l'immédiat - vérité qui se déplace avec le temps.
*
Kid Douglas ~ : Je bondis hors du lit, je cours dans le parc et je vais
secouer les arbres pour réveiller les oiseaux.
*
Œuvre de Jeunesse
78-79 ----) Rimbaud
80 ----) Radiguet
81-82 ----) Lautréamont
La passe de 3 ! Rêve !
20-24
67 ---) 80 ---) 100 ---) 120
? ?
998
*
Ne pas entrer dans ces simagrées d'opérette qui ne sont que pertes de
temps, qu'hypocrisie d'éducation. Ne faut-il pas Œuvrer ? CAD appliquer
fortement sans se soucier d'Autrui. Oui, Agir cérébralement et obtenir.
*
Faut-il s'occuper des poètes ou de sa spiritualité ?
*
Il est impossible d'étonner Mallarmé.
*
Ce qui caractérise également le comportement du littéraire c'est sa
volonté consciente ou inconsciente d'exploiter certains auteurs et d'en
refuser d'autres.
Dans ma sphère mentale circulent des Mallarmé, des Baudelaire, Racine,
Claudel, Hugo, Valéry quand ni Sabatier ni Andrée Chédid ou Jacques
Attali ne m'ont été d'aucune utilité. Et pourtant Dieu le sait fort bien : je
respecte cérémonieusement ces différents écrivains.
*
Rimbaud - les Sœurs/Demoiselles Gindre -
Stefan Zweig possédait le recueil de Douai de 14 jusqu'à 42 - c'est-à-dire
999
jusqu'à la date de sa mort.
Pétition Arthur Rimbaud conservée au musée à Charleville-Mézières
adressée au maire de Douai.
Mariam, compagne abyssine d'Arthur Rimbaud.
Lettre de protestation,
20 septembre 1870
Autographe.
Musée-Bibliothèque Arthur Rimbaud de Charleville.
Ce projet de pétition qui, si l'on en croit Jean-Jacques Lefrère (Arthur
Rimbaud, Fayard, p.167-168), n'a pas été diffusé, a été rédigé par
Rimbaud à l'issue d'une réunion de la Garde nationale de Douai. Il
aurait été ensuite soumis à Izambard qui aurait décidé de ne pas
l'exploiter pour une raison que l'on ignore, mais l'aurait conservé dans
ses archives rimbaldiennes. Selon Lefrère, le signataire virtuel "F.Petit"
serait sans doute un garde national ; selon Louis Forestier, un
pseudonyme habituellement employé par Izambard lui-même dans son
journal Le Libéral du Nord (LF, 523).
1000
LETTRE DE PROTESTATION
Douai, 20 septembre 1870.
Nous soussignés, membres de la Légion de la Garde nationale
sédentaire de Douai, protestons contre la lettre de monsieur Maurice,
maire de Douai, portée à l'ordre du jour du 18 septembre 1870.
Pour répondre aux nombreuses réclamations des gardes nationaux non
armés, Monsieur le Maire nous renvoie aux consignes données par le
ministre de la Guerre ; dans cette lettre insinuante, il semble accuser de
mauvaise volonté ou d'imprévoyance le ministre de la Guerre et celui de
l'Intérieur. Sans nous ériger en défenseurs d'une cause gagnée, nous
avons le droit de remarquer que l'insuffisance des armes en ce moment
doit être imputée seulement à l'imprévoyance et à la mauvaise volonté du
gouvernement déchu, dont nous subissons encore les conséquences.
Nous devons tous comprendre les motifs qui déterminent le
Gouvernement de la Défense nationale à réserver les armes qui lui
restent encore aux soldats de l'armée active, ainsi qu'aux gardes
mobiles : ceux-là, évidemment, doivent être armés avant nous par le
Gouvernement. Est-ce à dire que l'on ne pourra pas donner des armes
aux trois-quarts des gardes nationaux, pourtant bien décidés à se
défendre en cas d'attaque ? Non pas : ils ne veulent pas rester inutiles :
il faut à tout prix qu'on leur trouve des armes. C'est aux Conseils
municipaux, élus par eux, qu'il appartient de leur en procurer. Le maire,
1001
en pareil cas, doit prendre l'initiative et, comme on l'a fait déjà dans
mainte commune de France, il doit spontanément mettre en œuvre tous
les moyens dont il dispose, pour l'achat et la distribution les armes dans
sa
commune.
Nous aurons à voter dimanche prochain pour les élections municipales,
et nous ne voulons accorder nos voix qu'à ceux qui, dans leurs paroles et
dans leurs actes, se seront montrés dévoués à nos intérêts. Or, selon
nous, la lettre du maire de Douai, lue publiquement, dimanche dernier,
après la revue, tendait, volontairement ou non, à jeter le discrédit sur le
Gouvernement de la Défense nationale, à semer le découragement dans
nos rangs, comme s'il ne restait plus rien à faire à l'initiative municipale
: c'est pourquoi nous avons cru devoir protester contre les intentions
apparentes de cette lettre.
F. Petit.
*
Je ne vois aucun intérêt dans la communication.
Tout me semble application.
*
- Tu ne veux pas occuper le terrain ?
- Le bourbier, la vase, les sables mouvants ! Je ne risque pas d'en avoir
1002
jusque-là.
*
Poésie
- Il est impossible de transmettre. Pourquoi aller vers Autrui ?
- Il y a des formules de politesse. Cela semble très intéressant.
*
Les mondanités, ne sont-ce pas quelque par les vanités des hommes qui
ont réussi ?
*
La réalité du fait n'est pas déterminable en poésie.
L'analyse de la valeur réelle de l'Autre est inexacte.
La détermination du vrai n'a pas de fondement objectif.
La communication s'opère de manière incorrecte.
La relation A-B s'en trouve considérablement faussée.
Le mépris et le rejet sont engendrés par ces faits mêmes.
*
Pourquoi devrais-je me modéliser sur vous ? Considérez mon travail, et
1003
non pas les éléments soi-disant manquants !
Ecrivez mes mille poèmes en prose, mes mille sonnets !
Faites une traduction de la Bible en alexandrins blancs !
Essayez-vous à la Prophétie ! Ceci n'est pas un genre mineur.
A chacun son époque. Si vous êtes en décalage, lisez l'Ancien. Je n'y suis
pour rien.
*
Peut-on prétendre que Françoise Sagan a produit une œuvre de jeunesse
au même titre que Raymond Radiguet ou qu'Arthur Rimbaud ?
Il faudrait vérifier la chronologie et le travail accompli durant la période
17-25 ans.
*
Françoise Sagan est née en 1935
Bonjour tristesse 54
Un certain sourire 56
Dans un mois, dans un an 57
Agée de 22 ans, elle a déjà édité trois ouvrages.
Aimez-vous Brahms ? 24 ans (1959)
1004
Les merveilleux nuages 26 ans (1961)
Est-ce du génie de jeunesse ? - Bienvenue au club !
Valéry Valère ? Cyril Collard ? Florian Zeller ?
*
4
4
3
~~~~~~~~~~~~~~ centre 20
3
4
4
Claudel : L'orgueil de Dieu
*
*
Toute gloire ! de n'être pas auprès d'Autrui. Toute gloire !
1005
- Fais poète.
- Impatients désirs jamais inassouvis.
J'y cours, j'y vole, j'en suis.
-
- On t'avait dit de faire poète.
Le plaquettiste : avec zèle et empressement.
-
- Ça ne marchera pas.
*
- Moi, je sexe. S Freud
- Moi, je sais. M Curie
- Moi, j'applique. F Lozac'h
L'on ne peut plaire. Il faut appliquer. Là est la seule solution.
*
Dans mon for intérieur, Georges Brassens eut été un grand poète. Mais il
a abaissé son Art pour le rendre accessible à tous.
1006
Il a sacrifié ses Ecrits et a transmis par la Voix.
*
Françoise Sagan - en 65 son 6ème livre et sa 4ème pièce de Théâtre
TSR Archives audiovisuelles
Toxique ---) Journal de sa désintoxication
25 ans Un Château en Suède
26 ans Les violons parfois
28 ans La robe mauve de Valentine
29 ans Bonheur, impair et passe
Nouvelles - Autobiographie - Chansons -
BT 19
Un certain sourire 21
Dans un mois 22
Aimez-vous Brahms ? 24
Les merveilleux nuages 26
La chamade 30
Le rendez-vous manqué en 58 à 23 ans
1007
*
Critique : Ignore-le. Il n'existe pas.
*
Revenir sur les auteurs du XVIIe qui sont dans la Pléiade - les chercher
sur Wikisource
Racan - Théophile de Viau - Regnard - Mairet - Montfleury - Rotrou -
Tristan L'Hermite -
Scudéry - Scarron - Cyrano de Bergerac - Thomas Corneille - Antoinette
Deshoulières -
*
De grands joueurs de football, on en cherche. De grands poètes, on en a.
*
Séduire les courtisans - La gente ailée - Le dessus du panier -
Les ragots -
*
Œuvre de Jeunesse
-1- Le Primitif
-2- The Naked Version
1008
-3- Rewriting 88
- 4- Corrections sur Livre blanc
*
Poésie : langage épuré pour des êtres spirituels - langage des anges -
Substance aérienne -
*
Ce n'est donc que cela ? - L'œuvre était achevée
Et j'attendais encore
*
Le caravanier jette des épices et poursuit sa route.
*
Poésie : La Demande est nulle, la Visibilité inexistante.
*
- Sans Toi, qui serai-je ? AR
*
Boutade
Au commencement, j'étais Rimbaud. Sur ma fin, je serai Hugo.
1009
*
Les trois couleurs : gris, tanné, noir ~ Clément Marot
*
Poésie - Pourquoi n'es-tu pas premier ?
- Le Ciel a l'Anticipation.
- La Terre a la Négation.
- Le Futur a la Postérité.
*
- Qu'appelle-t-on être premier ?
- C'est peut-être trouver une méthode permettant d'ajouter sur Hugo de
son vivant.
*
9 000 ! 9001 ?
*
Une femme de ménage vaut 10 euros de l'heure.
Un texte de chanson peut valoir 10, 20 ou 30 000 euros.
Un poème d'un grand poète vivant ne vaut rien - pas un centime.
1010
*
Comment peut-on faire son travail correctement sans être dans
l'obligation d'accomplir ces simagrées de civilité ?
*
Les gosses - créez, inventez, ajoutez - Toujours plus. Allez à fond.
N'hésitez pas.
*
Je veux en découdre avec Virgile et Dante essentiellement concernant la
finesse du point.
*
---) Poésie Vers et Prose
---) Essais
---) Exercices techniques
---) Traductions grecques et latines
---) Traductions Bible, Coran, Qumran, ET3
---) Prophéties
---) Théâtre
78-95 ---) 37 ans
1011
*
Rimbaud - L'Aventurier - 1875-79 et après ...
On a l'impression que c'est un touche-à-tout inapte à décider de ce qu'il
veut réellement.
Idem sur le plan géographique. Va de ville en ville, de pays en pays -
revient.
Apprend tant de langues.
Sont-ce des transpositions de vagabondages cérébraux ? Des transpositions
de l'aptitude littéraire ?
Analyse psychanalytique de ces comportements erratiques ?
Pourquoi Rimbaud se comporte-t-il de la sorte?
Ernest Delahaye (1853-1930) - tampon entre Rimbaud et Verlaine.
*
Anthologie contemporaine - Maulpoix et Compagnie
Ivan Alechine - Patrick Amstutz - Jacques Ancet - Françoise Asso -
Jacques Borel - Miguel Casado - Judth Chavanne - Thierry Clermont -
Coscuelluela - Hélène Dorion - Anthony Dufraise - Paul Fournel -
Nils Frank - Bénédicte Gorillot - Pierre Grouix - Marc Le Bot -
1012
Yves Leclair - Claude Louis-Combet -
*
Non : Essais - Biographies - Revues - Festivals - Réunions - Rencontres -
Oui : Production - Transformation - Œuvrer - Auteurs - Collections -
Listes - Encyclopédie -
Oui : Internet - Informatique - Musées - Librairies - Bibliothèques -
Expositions -
*
Perroquets et flamands décorent les riches tables.
*
Mon intelligence ne me permet pas de maîtriser les contours de ma
discipline.
*
Correspondance Mallarmé-Morisot
*
Le poème musical - un poème dit avec fond musical par un comédien
professionnel.
*
1013
Ils s'imaginent qu'être grand poète, c'est discuter les uns avec les autres ;
que c'est d'être présenté à Madame X ou à Monsieur Y.
Tous n'y voient que des manières d'apparaître, que des simagrées de
politesse.
Quand ? - Quand parviendrai-je à leur faire comprendre que la poésie - la
réelle poésie - la vraie poésie est un travail interne - que le problème est
d'écrire Athalie, Esther, ou La jeune Parque ?
Mais tous m'ignorent et feignent à des salutations. Tous me méprisent.
Pourtant j'ai la certitude de posséder la raison.
Qu'en sera-t-il de ces fragments dans trois siècles ?
*
Mardi à Ombres blanches.
Peu de clients dans la librairie. Philippe de Chez Deloche m'avait parlé
d'une chute vertigineuse des ventes d'ouvrages. Nul ne sait comment
enrayer ce phénomène. On le constate impuissant à agir ou à réagir.
Danielle Deloche me faisait cette confidence : "J'ignore si ma fille
exercera la même profession que moi..."
Actuellement, en France, seuls 30 écrivains gagnent leur vie - très
confortablement - plusieurs millions d'euros encaissés ; mais le reste - le
troupeau bêlant - ne gagne rien.
1014
Le Bleu du Ciel et Flammarion semblent avoir une actualité très légère.
Peu de parutions récentes. Je trouve trois ouvrages. Je prends Trakl de
Gallimard en NRF.
*
En 78-79, j'aurais certainement aimé produire entre Trakl et Rimbaud.
A l'époque, je ne le connaissais pas et il n'était pas sorti en petite
collection.
25 juin 2011
*
Racine - Les pièces les plus difficiles - a l'intrigue obscure - Mithridate
et Bajazet -
Les plus sublimes - Esther et Athalie -
La plus facile - Iphigénie -
La trilogie - Andromaque, Iphigénie et Phèdre -
*
Déplacement symbolique avec Trakl
*
Nouvelle ramification de l'arbre poétique : la chanson française
Brassens - Brel - Léo Ferré - Jean Ferrat - Charles Trenet - Barbara - et
1015
d'autres...
Cabrel - Francis Lalanne -
"Elle a cette assurance inaccessible
De ceux qu'on de la chance de naissance"
=
Haute, distinguée, sûre d'elle-même
*
Quatrain sibyllin
C'est pourtant vrai qu'ici il ne faut point paraître,
Mais vouloir exister au-delà du meilleur ;
De sembler à chacun un merveilleux veilleur,
De seulement du ciel vouloir se faire connaître.
*
Vous allez m'infliger des simagrées et des jérémiades auprès d'Autrui.
Non ! Cela ne saurait aller !
Travaillons. La chose semble plus sûre.
1016
*
Pas-poète ---) poésie d'accompagnement
Ce n'est pas de la poésie créatrice - c'est de la présence de politesse
auprès d'Autrui.
*
78-79
Poésie-raison - Poésie-rattrapage - Poésie-production - Poésie-écriture -
Poésie-apprentissage -
pas : Poésie-passion - Poésie-relationnel - Poésie-amitiés -
Le Ciel a maudit !
*
Faire poète, c'est faire le zigoto auprès d'Autrui - c'est aller-et-venir -
faire des simagrées et des révérences - faire de la pédérastie cérébrale -
c'est détestable, en vérité !
Comment pouvez-vous persécuter un humain pour cela ? Essayez par
vous-même d'accomplir la chose, vous entendrez mieux par cela ma
défense.
5 H 36 8 juillet 2011
1017
*
Maria Esperanza - Biancini Betania -
Liste de poètes italiens
Attilio Bertolucci - Santagata - Di Giacono - Gozzano -
Antonio Machado - Marino Moretti - Giovanni Pascoli -
*
La première facture est adaptée au lectorat. Ce qui suit est plus délicat.
*
- Poète !
- N'était-ce donc que cela ? - Le voile était tombé et j'attendais encore.
*
- T'es poète.
- J'y cours. Je vole. J'en suis.
*
Isabelle Rimbaud
*
The Naked Version = 78 1 Rewrités
1018
*
Brassens a chanté Paul Fort, Villon, Hugo, Corneille et Léo Ferré
Rimbaud et Baudelaire.
*
Les mondains exploitent ceux qui ont obtenu des résultats pour se
divertir de leur présence. Ils vous jugent sur la façon. Eux n'ont que la
façon. Ils n'ont pas de fond. La volaille dans la cour.
"Tu n'as pas voulu faire poète"
Pour vous, Poésie = Divertissement mondain
Pour moi, Poésie = Pléiade = Œuvre
*
Asselineau - Baudelaire -
*
- Tu le regretteras en Littérature parce que tu n'as pas commencé.
1019
Les 8 fonctionnalités de la poésie. Je n'en exploite que 3.
Poésie : Lire, Dire, Appliquer, Ecouter, Rencontrer, Vivre-voyager,
Associer, Conserver.
Je lis, j'applique et je conserve. Il doit pourtant exister d'autres
fonctionnalités.
*
Trakl ---) agressif ---) proche de Van Goth
Bien après Rimbaud
Trakl ---) Œuvre complète ?
*
Jean Voilier - Jeanne Lovaton s'est tapé Valéry, Perse, Giraudoux et Paul
Morand. Elle brode dans la dentelle. Le point est fin, ma foi !
*
Trois livres de Brassens : Poèmes - La tour des miracles - Les chemins
qui ne mènent pas à Rome - Les trois 12 euros -
1020
*
Baudelaire... 136 poèmes ! dans Les Fleurs.
Baudelaire n'a pas écrit 200 poèmes dans sa vie en y intégrant Le
Spleen...
[Il y a très peu de relevés de variantes, également]
*
2010-2011 Auteurs importants
Rimbaud, Trakl, Cummings, Pessoa et Marilyn.
*
Bouillane de Lacoste - Georges Izambart - Paterne Berrichon -
*
Mallarmé, c'est un joaillier, c'est un tailleur de diamants. Il conçoit des
objets parfaitement ciselés, - ces poèmes.
*
Le Mallarméisme sorte d'Hermétisme algébrique.
*
1021
L'Art éphémère
Mardi soir ai vu Vénus Khoury-Ghata accompagné de Jean-Baptiste Para
qui a travaillé pendant dix ans sur France Inter. On dit des poèmes qui
entrent par une oreille et qui ressortent par l'autre.
Je ne suis absolument pas poète de la rencontre, de la présentation ou des
festivités.
En revanche, Philippe et Dany étaient présents et offraient sur leur stand
des ouvrages de poésies - deux ont attiré m'ont attention : Les Poètes de
la Méditerranée et un florilège de poétesses planétaires.
*
J'ai immédiatement 150 auteurs à découvrir. Je suis donc dans une poésie
de lecture et non pas dans une poésie de rencontre.
Le cerveau doit faire CAD appliquer et obtenir.
Le relationnel, c'est de l'emballage - du superficiel.
Le grand risque du relationnel : l'on ne côtoie que certains éléments de sa
génération à raison d'une heure ou deux. Qu'en est-il de La Vérité ? Et
l'on prétend que La Chose se situe là.
1022
*
Difficultés
- Obtenir le résultat
- Transmettre le résultat
- Violence des Dieux
- Violence des morts
- Gérer son niveau
La contrition
- La relance poétique
- La Gestion de l'œuvre
*
Corti : Essais critiques Zanzotto
2001 Souimpressioni
2009 Conglomerati
*
Rencontrer des poètes n'entrait pas dans mon schéma mental.
1023
*
Faire Poète, c'est une heure - être poète, c'est pour l'Eternité.
*
Poésie : 4 + 4 + 3 + 3 = 14
Octosyllabe + Hexamètre
ou 6 + 8
ou 7 + 7
*
Je m'inquiète pour Demazet - c'est vraiment de la déchéance - il faut
l'aider - son épouse également -
*
Chez vous : Poésie = présence auprès d'Autrui - aimable conversation
Chez moi : Poésie = Œuvrer
J'ai préféré faire mon travail.
1024
*
Ne confondez pas le Poétique et le Para-poétique : il est un temps pour le
divertissement mais il est un temps pour le travail.
*
Jules Mary - Arthur Rimbaud -
*
C'est à vous, jeunes d'aujourd'hui d'apporter du neuf.
*
Fallait-il aller chercher la souillure poétique ?
Fallait-il s'entendre dire : Monsieur, vous n'êtes rien.
*
Florence Pazottu Flammarion Idée d'achat
*
1025
Série - enregistrer des auteurs contemporains - Zanzotto - Beck - Isabelle
Garron -
*
Musée Pierre Corneille à R
ouen - Le conservateur certifie que Corneille serait intervenu dans 15
pièces attribuées à Molière. Une université (Je ne sais plus laquelle) le
prétend également. Le malade imaginaire et Les femmes savantes
seraient de Corneille. Je doute fortement...
*
Note de lecture - Phosphènes en page 111 semble exploitable pour écrire
un poème.
A chaque vers, il faut inventer un coup.
Projet 3ème site à 12 livres donnés et 3 vidéos accessibles.
Femmes de papier - Florilège - Mille poèmes en prose - Le Grand livre
des sonnets -
Femmes de la Bible - Résonances - Souffles nouveaux - Messages -
Suites et Relances - Poèmes de l'Ancien Testament - Eléments de
réflexion -
1026
*
La Poésie, ce n'est pas vivre avec l'Autre. La Poésie est Solitude.
Je vois cinq catégories de littéraires :
*
Les Singularités tel Fromentin - ils écrivent une ou deux bonnes choses
- passent à la postérité - cela et rien de plus.
Les assez bons poètes tel Charles Cros - ils possèdent une certaine
compétence, obtiennent des résultats jugés convenables - ils ne font
guère évoluer La chose mais peuvent se targuer d'avoir participer à
l'évolution du contenu même faiblement.
Les bons poètes tels Leconte de l'Isle ou De Heredia - ce sont des
auteurs de bonne qualité mais leur don est insuffisant pour leur permettre
de se prévaloir d'appartenir à l'élite poétique - ils se situent légèrement en
deçà. Leur travail est toutefois très intéressant à lire ou à étudier -
Les grands poètes - leur nombre ne cesse de croître pour plusieurs
raisons - c'est l'effet mécanique de l'accroissement de la population - c'est
également lié à l'évolution de l'éducation - moins d'analphabètes
1027
engendre in fine plus de grands écrivains ou de grands poètes. Je pense à
Guillaume Apollinaire, à Paul Verlaine et à tant d'autres.
Les très grands poètes - ce sont généralement les premiers de leur pays
- c'est l'élite, la crème, l'inaccessible - leur don est fabuleux - ce sont de
grands génies - et je pense à Hugo, à Dante, à Goethe, à Virgile, à
Euripide, à Sophocle etc.
*
Nombre de pages obtenues dans la catégorie Poésies au format PDF
L'Huile fraîche 223 - Le Germe et la Semence 228 - Le Manuscrit
inachevé 255 -
Le Moût et le Froment 367 - Le Croît et La Portée 186 - Parfums
d'apaisement 171 -
La Racine et La Source 180 - Le Sac et La Cendre 134 - Le Buis et Le
Houx 152 -
Le Grain et Le regain 151 - Le Lin et La Laine 97 - La Manne et La
Rosée 63 -
Collages 258 - Losanges 227 - Louanges du Feu 171 - Les Interdits
196 -
Les Oubliés 127 - Les rejetés 78 - Poïétique 72 - Prières/Phrases/Exil
1028
103 -
Ombres bleues 112 - Sachets d'herbes 134 - Douleurs extrêmes 189 -
Sueurs sacrées 91 - Le Livre blanc 156 - Sonnets 84 106 - Grappillages
189 -
Souffles nouveaux 374 - Messages 936 - Résonances 763 - Suites et
Relances 378 -
Pensées sculptées 162 - Endormies sur le feu 150 - Les Roses
ensevelies 217 -
Substances et Distances 247 - Variances 227 - Apparences 213 -
Approches mutantes 189 - New Sessions 71 - Errances 139 -
Dissipations 100 -
Ads And More 32 - Diaphanes 84 - Cotangentes 116 -
On a donc 8 814 pages de poésies personnelles au format PDF
*
Relire Trakl - essentiellement les poèmes en prose -
*
Misérable poète! Vois ce que l'on t'afflige !
*
Autrui t'appauvrit. Seul, tu progresses.
1029
*
En poésie, il y a des cycles et des fins de cycles.
Il est peut-être urgent de retourner à Ombres blanches pour y chercher de
nouveaux auteurs.
*
J'ai préféré œuvrer plutôt que de communiquer.
Il faut penser prolongements via Internet. Mais quoi ?
*
Deux poétesses
Catherine d'Amboise 1481-1549 - Chant royal de la plus belle qui jamais
fut au monde -
Antoinette Deshoulières - Femme académicienne -
*
Rimbaud
Quand on a atteint les limites de ce que l'on pouvait espérer, que reste-t-il
à concevoir ?
*
Ils disent constamment :"- Rencontre ! Rencontre !"
1030
Il faut toutefois que la rencontre débouche sur quelque chose d'utile ou
porte encore à intérêt.
*
Alacrement = avec vivacité
Il faut peut-être repasser par Rimbaud.
*
Chez Demazet. Bronchite. Assez malade. Difficultés dans le genou droit.
Reconnait l'incompétence de Florence Delbart-Faure. Regrette de lui
avoir remis Poésie-Montauriol. Comprend que cela sera fini dans deux
trois ans. De 1990 à 2010, 80 recueils avaient été publiés par sa
personne.
*
Ai-je à présent l'envie d'écrire des poèmes ? - Je ne le crois pas.
Le Journal, certainement. Le Religieux, oui encore. Mais le Poétique
semble plus faible.
Il y a au fil des décennies des fréquences, des choix, des rejets ~ le
mécanisme d'inspiration semble plus complexe.
*
Le caravanier jette quelques épices et poursuit son chemin. Quelques
1031
chiens aboient.
Difficultés poétiques : dégager le vrai
*
Journal 2012
Projets - Dire avec un appareil numérique l'une des Cinq grandes odes de
Claudel - Puis par extension, La vision de Victor Hugo concernant
l'introduction de La légende des Siècles -
S'intéresser à Racine et à Corneille - Esther et Cinna, Horace peut-être.
*
Coventry Patmore a été traduit par Paul Claudel - ses poèmes sont
accessibles dans l'œuvre complète de la collection de la Bibliothèque de
la Pléiade.
*
Le poème en prose rimé proposant des sonorités de reprises à l'intérieur
1032
du texte favoriserait peut-être une meilleure lecture de l'objet ...
*
Repérages pour enregistrer quelques poèmes de Paul Valéry
L'enfance aux cygnes - Chanson à part - Palme - Le rameur - Intérieur
(L'esclave) -
Hélène - Episode - Narcisse parle -
*
- Grand poète.
- Ritournelles ! Le beau parleur épate l'assemblée. Quel hâbleur !
*
Appolonie Sabatier - magnifique marbre d'Auguste Clésinger - Ô Muse
de Baudelaire -
*
Festival international de la poésie à Paris
www.poetsaparis.fr 0614321836
1033
*
Œuvre
Enregistrer Claudel - une ou deux grandes odes - J'aime énormément La
maison fermée - du moins en partie car un enregistrement total serait trop
long. Puis Hugo - Peut-être La vision d'où est sorti ce livre -
L'introduction de La légende des Siècles - Et Corneille Horace ou Cinna
- Sans oublier Racine Esther ou Athalie - Phèdre ? - Plus facile de le dire
car le sentiment y est exalté ?
*
L’affaire Corneille/Molière
Corneille : Le malade imaginaire, Les femmes savantes et d'autres pièces
encore … auraient été écrites de sa main …
Nulle pièce, nulle comédie n'égale le style de Molière. Corneille n'avait
pas ce brio.
Accordons à Molière la paternité de son œuvre.
*
De se dire toutefois qu'il n'est pas impossible ...
1034
*
Le talent est peu. Je ne vis qu'avec des Génies.
On me répète inlassablement : - Fais poète.
*
Deux voies s'offrent à moi :
Celle du pantin articulé orienté vers l'extrovertisme ou celle du cérébral
cherchant à obtenir le meilleur résultat possible.
Je crois avoir déjà choisi.
*
Poèmes dits par Luchini - Léotard - Gérard Philippe - Reggiani - Et quels
sont les autres comédiens à s'être essayé à ce délicat exercice ?
*
Le para-poétique consiste à gérer les entretiens, les communications, les
présentations, les invitations, les spectacles, les réunions etc.
1035
Est-il raisonnable de vouloir tout entreprendre ? Ne risque-t-on pas d'y
perdre un temps considérable qui aurait pu tout aussi bien servir
l'Œuvre ?
*
Ecrire 9 000 poèmes pendant 30 ans CAD 300 poèmes chaque année ...
Charles Baudelaire a composé 8 poèmes par an pendant 25 ans. Soient
200 poèmes pour simplifier ...
Ni la quantité ni le temps nécessaire à son exécution ne sont des
paramètres dans le domaine poétique.
*
Rosa, la femme abyssine de Rimbaud. Il la rencontre en 80 ou 82 puis
s'embarque à bord d'un boutre en 85-86 pour rejoindre la région du Chao.
Françoise Grisard, dans une lettre à Berrichon laisse quelques
informations :" Elle était très douce, mais elle parlait si peu le français
que nous ne pouvions guère causer. Elle était grande et très mince ; une
assez jolie figure, des traits assez réguliers ; pas trop noire (...) elle était
catholique (...) elle aimait fumer la cigarette." Tout ce passage a été
trouvé sur Internet.
1036
*
Moi qui me suis dit : Mage ou ange.
Moi, je suis intact, et ça m'est égal.
AR
*
La Structure poétique d'accueil ne m'intéresse pas. Je lui préfère le travail
éditorialiste des Maisons d'édition. L'énergie poétique se situe dans la
politique éditoriale qui est multiple, riche, indépendante et offre des
écrivains de tout horizon, aux contenus variés.
*
Ne faut-il pas trouver ? N'est-ce pas la seule chose à entreprendre ? Le
reste s'en ira dans le tonneau de l'oubli. Tant de livres, tant de recueils
jamais réédités et seulement une poignée de chef-d’œuvre qui passe à la
postérité.
- Ecrire ou sauver son âme ?
- Sauver son âme ...
*
1037
Zweiss ; Pirandello ; Braque ;
Que de noms célèbres ! Que d'hommes ayant accompli une œuvre
importante dans des domaines si éloignés les uns des autres ! Et nous,
pauvres de nous avec ces quelque 30 000 jours donnés en gage de vie il
nous faut connaître, savoir, aimer, comprendre, se cultiver et plus encore
se préparer à l'Au-delà avec un implacable jugement à la clef ...
*
- Tu n'es pas poète ?
- Non. Ma poésie si situe en dessous de ma Conscience. Elle est un sousélément.
Ce n'est pas une vérité essentielle et quotidienne. Pourtant je
m'efforce de la rendre indispensable.
Il faut reconnaître que La Poésie est un langage complexe comme un
alcool fort - l'on ne peut en boire toute la journée. La Prose est plus
divertissante. C'est une eau qui court ou vagabonde ...
*
Le grand XIXe siècle n'a laissé qu'une quinzaine de poètes essentiels ou
immortels à la postérité de Gallimard. Le XXe en voit ou en prétend une
bonne quarantaine indispensables à la compréhension des Lettres de ce
siècle. Qui sera qui ? Qui aura fait quoi ? - C'est un mystère, et nul ne
1038
peut prétendre posséder la liste des élus ...
Quelle est la probabilité de rencontrer un auteur digne de cette liste ?
Quelle serait la valeur des contenus échangés ?
De la piètre présence avec jugement sur l'apparence de l'Autre ...
S'abstenir de rencontrer pour ne pas juger faussement est peut-être
sagesse de poète ...
*
Une centaine de poèmes sont d'influence rimbaldienne.
*
Soligo, poète italien dans l'ère de Zanzotto.
*
Louise Collet, poétesse. Maîtresse de Gustave Flaubert.
Revenir sur ses livres et sur sa biographie.
*
L'on ne s'invente pas grand poète - cela n'est pas digne d'un tour de
magicien : " - Hé quoi ! Il n'y a rien dans le chapeau ? Ho ! Le beau lapin
1039
que voilà !"
Il s'agit encore d'un long parcours cérébral de coups positifs, de lectures,
de rejets. Le hasard n'y est pour rien. C'est avant tout un don qui se
travaille.
Poésie
*
Certains environnements négatifs ont dû détruire des dons. Des
personnes farouchement critiquées ont dû abandonner du coup leur
travail.
*
Œuvres de Jeunesse
Rimbaud : a décidé de cesser toute activité littéraire
Radiguet : a été emporté par la fièvre typhoïde
Sagan : a pu œuvrer selon ses humeurs
Sainte Thérèse de Lisieux : est Docteur de L'Eglise
*
1040
Journal de Séféris - Nobel 63
*
Cinq librairies : Mollat, Ombres blanches, Sauramps, Le Furet, Le
Bleuet.
*
Les tables tournantes - Victor Hugo note le procès-verbal mais ne
participe en rien aux séances de spiritisme.
On ne peut lui imputer ni les vers scandés ni une quelconque tricherie.
*
En poésie, avec Autrui c'est un sentiment de figuration superficielle et de
présence de l'inutile.
Assis à sa table de travail, l'esprit est prêt à agir, à lire, à chercher, à
écrire. Le poète opérationnel.
A l'extérieur sont des choses : Musées, Expositions, Bibliothèques,
Librairies - mais la communication y est faible toutefois.
*
J'ai l'impression qu'un nouveau langage est en train de s'élaborer quelque
1041
peu - le langage poétique, j'entends.
Je n'ai que fort peu produis cette année. Seuls trois ou quatre poèmes
traînent dans mes piètres chemises.
Je prends conscience qu’il sera extrêmement difficile d'atteindre le
nombre de 10 000 poèmes obtenus.
*
Penser Virgile ou Euripide CAD une éternité de 2 000 ans. Être là dans
la dimension humaine.
*
- J'fais des points à l'écrit. J'délaisse l'oral.
Franck Lozac'h à l'oral ? - Vous plaisantez sans doute !
*
Le poétique pur est volonté d'applications - La communication est du
ressort du para poétique. Elle se situe fort en-dessous et n'a que peu
d'impact sur l'évolution de l'œuvre accomplie. Elle pourrait ralentir ou
stopper le mécanisme cérébral et intellectuel nécessaire pour obtenir un
1042
résultat de tout premier ordre.
8 000 ---) 8 001 ----) 8 002 etc.
*
Autres grosses librairies françaises : Mollat - Le Furet du Nord - Le
Bleuet (7ème en taille, possédant 110 000 titres) - La FNAC des Ternes -
*
Ce n'est pas une poésie de participation. C'est une poésie d'application.
*
Les poètes sont médisants les uns envers les autres.
Poésie de contact : fumisteries et fourberies.
Le relationnel poétique sert à quoi ?
*
Ecrire - Appliquer - Chercher - Donner - Construire - Editer -
Sauvegarder -
1043
Œuvres - Listes - Lignées éditoriales -
La rencontre physique, peu ou pas - La rencontre cérébrale, oui.
*
Je pense que la poésie est essentiellement de l'écriture et de la lecture
interne.
Les poètes ne savent ni se juger, se comprendre ou s'accorder." - C'est un
peu le chacun pour soi", disait Demazet.
*
Anthologies 59 - Poésies 59 - Poésies religieuses, Premières version 46 -
X : - Pas poète !
Franck : - Choisissez !
Les Trois corbeilles
*
Michel Collot est un littéraire très averti. Son travail mérite une attention
soutenue.
1044
Je ne suis pas trop Supervielle ni trop Reverdy.
*
Dans le cerveau, au moment de l'écriture :
P .... M ... Pas possible. Cette combinaison est inacceptable.
Ouais, ce coup est correct. Il manque un pied. J'ai pas l'équilibre
grammatical.
La phrase n'a pas d'analogie. Ce terme est trop faible. On le changera
plus tard.
Cherche encore.
Des langues de feu. Mais tout le monde connaît ça. Change. Trouve autre
chose. Avance.
Des fuites cérébrales. Si tu veux. Féminin pluriel. Ajoute. Fais gaffe.
Cérébrales fait trois pieds. Il faudra que tu le couvres avec un adjectif
composé de signes équivalent. Pas facile. Mais Fuites cérébrales est
bien.
Composées de lancées boréales. Trop tôt. Ce second adjectif, c'est une
rime interne immédiatement. Et puis c'est A avec A' au niveau du
concept exprimé. Tu réécris la même chose par l'image et le mouvement.
Non ! Cela ne va pas.
1045
Des fuites cérébrales composées de lancées boréales ...
Le laisser-aller - Ecrire au courant de la plume sans trop se soucier du
rythme, de l'accent, des reprises, des structures, des équilibres, de la
grammaire etc. pourquoi pas !
4-7 Maisons d'Edition en France totalement convaincues que l'écriture
expérimentale a un avenir ...
Il y a tout un contexte de traductions à éditer. Mais les chefs le feront-ils ?
Quelle est la demande du lectorat ?
Encore La Verbalité ! Trouver de nouvelles syntaxes.
Quel est le rapport M/P CAD Manuscrits achevés et Manuscrits édités ?
*
L'Epouse insoupçonnée - Le rapport à la Muse puis à une femme
imaginaire avec laquelle on expérimente de nouvelles solutions
poétiques a permis de déplacer d'une façon significative le sens que l'on
veut bien donner au mot : Inspiratrice.
1046
*
Le rapport à L'Autre
La relance poétique
La gestion des Inédits
Grand nombre d'actions sont d'ordre intérieur quand d'autres nécessitent
la présence d'une tierce personne.
*
Les sollicitations
- Vous êtes premier.
- Je n'ai envie de faire de la représentation de moi-même pour un apéritif
ou un repas.
*
Pour la plupart des gens la poésie est pure à 5%, le 95% restant étant du
bavardage, de la conversation, des festivités ...
Chez moi, si mon cerveau a atteint son 100, il cherche le 101, le 102, le
103 etc.
Il n'est jamais satisfait de son résultat obtenu. Il veut aller outre. Il y va.
1047
*
Ma poésie s'étale sur une période qui va des Psaumes de David à
l'Extrême contemporain d'aujourd'hui.
C'est une poésie d'écriture mais le relationnel littéraire n'est guère
présent.
En revanche les lieux culturels sont très importants : Musées,
Bibliothèques, Librairies etc.
Internet est capital - toutes les fois que je décide d'écrire sur tel ou tel
sujet, une vérification systématique s'impose.
AR
*
Mariam aurait été la compagne de Rimbaud de 82 à 86. Cela est attesté
par Jeanne Bardey, Horino Rosa, et par Bardey lui-même.
*
Poésies sur paroles - Joyce Mansour -
1048
*
Comparaison
Une Pléiade possède de la profondeur, des écrits, des annotations - elle
est une somme d'érudits qui se prétendent à la pointe de la compétence.
Une conversation littéraire est une joute polie de traits d'esprit. Il y faut
de la vitesse cérébrale, de la contrepartie. Elle exploite la mémoire vive
du cerveau. Elle juge la forme de l'autre, son apparence etc.
Que choisir ? Quel exercice préférez-vous ?
*
On pourrait proposer une forme nouvelle qui consisterait à écrire deux
quatrains puis deux tercets suivis à nouveau de deux quatrains.
4 4 33 44 Ce serait une sorte de sonnet amplifié - l'on partirait d'un
sonnet basé et l'on y ajouterait deux quatrains.
*
- Fais poète.
- Il n'y a pas de personnage. Il n'y a que de l'écrit.
1049
*
Quelle sera la place du poète dans une société qui prône le téléphone
mobile ?
Je n'en sais rien.
Ridicule, je crois.
L'Internet n'a jamais remis en cause La Poésie. L'Internet a permis à la
poésie d'y être amplifiée, d'exister.
Le trafic est très faible - peu de personnes se connectent sur ce genre de
sites.
*
Extase de satin
J'ignore si c'est effet de saturation mais je ne parviens que très
difficilement à extraire de nouveaux poèmes.
Il s'agit parfois de cycles de création d'écriture. Le Vocabulaire, à mon
insu, n'est pas encore fixé dans le cerveau, et seules des combinaisons
anciennes s'offrent à la conscience.
*
Le grand poète élabore dans du supérieur.
J'organise du langage avec mes fonctionnalités mentales. C'est un
principe associatif unique et vrai.
1050
Il faut extraire hors de soi de nouveaux contenus. Poésie, c'est acte de
faire.
*
Exploitation du génie
Utilisation de son potentiel maximal
Ne peut exercer d'autres activités
Doit se libérer du joug humain
Faire son œuvre - La conserver - La transmettre - Lui donner une durée -
*
Rimbaud meurt à 37 ans ... S'il avait atteint l'âge de 46 ans, il eût été un
XXe ...
Il n'aurait eu que 65 ans en 1919 ... Il est vraiment parti très tôt.
*
Je pense essentiellement Lectures et Applications.
La poésie est composée d'un grand nombre de départements que je vais
1051
énumérés ici mais dont je ne me soucie guère.
Conversations - Festivités - Récitals - Présentations - Revues -
Spectacles - Amitiés - Voyages - Préfaces pour autrui - Articles de
journaux -
J'ai : Œuvrer, Conserver et Transmettre.
*
Poètes vus : Khoury-Ghata - Siméon - Goffette - Cluny - Serge Pey -
Cela ne m'a strictement servi à rien ...
*
Recherche d'un modèle poétique.
Le Copier/Coller est un véritable outil dans l'élaboration de mon œuvre.
L'Info et l'Internet seraient de puissants soutiens également.
*
Poésie : Charmer, purifier, élever.
1052
*
Corneille est né en 1606 et meut en 1684 quand Racine nait en 1639 et
meurt en 1699.
L'un évolue sous Louis XIII, l'autre sous Louis XIV.
Petit à petit le public a délaissé les œuvres lourdes de Corneille au profit
d'une stylistique et d'une l'intrigue épurée et novatrice.
Les piliers fondamentaux de ma poésie classique française sont :
Ronsard, Jean de la Fontaine, Corneille et Racine.
D'autres évidemment restent des tenants de très haute valeur. Je ne puis
ici en faire une liste exhaustive.
*
Rimbaud n'a pas eu même la nostalgie de la plume.
*
Exister auprès d'Autrui me semble peu.
Ce qui m'importe, c'est d'œuvrer.
1053
*
Un génie d'autrefois se souvient que c'est lui - Mallarmé -
*
Relationnel poétique
L'amabilité de façade et le front solide.
Je cherche le front solide.
*
Rimbaud : un touche-à-tout qui change tout le temps.
*
L'on pourrait développer cette nouvelle forme de poème fixe.
Le vers comporterait 14 pieds - pourraient alterner un 6+8 et un 8+6.
La structure du poème commencerait par un quatrain puis un second
quatrain puis un troisième quatrain suivis d'un premier ensemble de 6
vers puis d'un second ensemble de 6 vers. La pièce s'achèverait par deux
quatrains. Le nombre total de vers de 14 pieds serait de 30.
1054
A la réflexion cela m'apparaît être une pièce fort longue ...
1055
Années 2012 2016
Poète non pas pour la génération présente mais poète pour la génération
future. Il y a donc décalage - ce qui explique L'Incompréhension.
*
Chez Valéry, il y a CEM c'est-à-dire Corps Esprit et Monde.
Chez moi, le Corps appartient au Monde et serait la prison de l'Ame.
Nous serions donc prisonniers dans notre propre chair.
*
Logique poétique - Plutôt que de chercher de nouveaux auteurs, on s'en
retourne vers les Anciens.
On reprend les coups d'autrefois, on les transforme, les repense
autrement
.
*
J'ignore s'il me sera possible d'écrire 10 000 poèmes. Actuellement je
n'en suis qu'à 8 000.
*
1056
Œuvre
Faut-il faire le prolongement de Bleuités qui a été stoppé en Variances ?
Cela représente 40 fragments supplémentaires.
Azurs s'arrête à Substances et Distances, soient 23 fragments inédits.
Chevelures claires, non plus.
*
La poésie ... Chacun dans son bocal.
*
The Naked Version - recueil de poèmes 78 -
A cette époque, je ne pouvais aller au-delà. J'étais un peu au maximum
de ce qu'il m'était possible de faire.
C'est pourquoi votre analyse est désynchronisée. La comparaison est
absurde.
Ce qui n'était pas ne pouvait être.
*
Maurice Nadeau - Une biographie - Quel investissement dans La
Littérature !
1057
*
Le bateau ivre : Arthur, un miracle !
*
Denis Boissier
« Aucun comédien de l’époque n’a été l’auteur de ses farces ou de ses
satyres. »
« Comme il en est aujourd’hui - Les comédiens sont comédiens et les
auteurs sont auteurs. »
78 signatures de Molière toutes très changeantes.
Pas de correspondance. Or à cette époque, le genre existe pleinement.
*
Le Bourgeois et Don Juan sont des pièces en prose. Or Corneille n’a
jamais écrit de théâtre en prose. Seul son Discours sur les trois unités …
*
Créer un alexandrin avec un adverbe comportant 7 syllabes
3 2 7
1058
*
Pierre-Jean Jouve Journal En miroir
Eros : - Les beaux masques - Obscénité -
*
Le Moi interne correspondrait à La Conscience poétique.
Il y aurait également L’Application d’écriture et l’Ecran d’ordinateur
L’Espace externe aurait engendré le recueil Azurs CAD un espace bleu
et vierge où se projetterait
La Pensée.
L’Inconscient est un Moi qui fermente et qui participe de manière très significative
à l’obtention de l’objet.
*
20 juillet 73, le bras en écharpe, Rimbaud, le retour.
*
« Rimbaud a renié son pays, sa langue, sa poésie. » Yoam Lemoine
1059
*
Maulpoix
Lozac’h
1950 : Habiter
1960 : Figurer
1970 : Décanter
1980 : Articuler
1990 : Aggraver
2000 : Aveugler
2010 : Prétendre
Pères fondateurs de la Poésie contemporaine ?
Les poètes américains des années 30 ?
Divers couples
*
Le poète et l’exécutant
Le poète et son lectorat
Le poète et lecteur de soi-même
Analyse de l’exécution
Critique du résultat
*
Je pense être capable d’écrire de nouveaux sonnets. Seront-ils créatifs ? -
1060
Je l’ignore.
*
Le Grand Ouvoir : Baudelaire, Verlaine etc.
La somme des personnalités signifiantes.
*
Paramètres ici-bas : Le Temps, Le Travail, La Terre, Le Résultat, La
Production.
Eviter : Le Sympathique, La Discussion.
Nous en sommes à 8 000 poèmes. Atteignons le 10 000.
*
Le successeur - Les dix secondes flottantes durant lesquelles il y a eu
transmission du pouvoir -
VH dès août 78 l’avait annoncé.
Les Gros Travaux
*
1978-1987 Accumulation de manuscrits
1987 Photocopie à deux exemplaires de toute l’œuvre manuscrite
1061
1987-1993 Les dactylogrammes - 22 000 feuillets
1987- 1996 - Les Traductions - 190 000 alexandrins blancs
Depuis 1993 - La numérisation de l’œuvre - 200 000 feuillets
2007-2008 -Les corrections sur livres blancs
2011-2013 - La mise au format PDF - 350 livres
1978-2013 - Les Inédits - 40 000 feuillets
*
Le quatrième site, sera-ce un site consacrée à la poésie traduite en
anglais, en espagnol, en cantonnais et en indou ? Plus tourné vers
l’International ?
*
Créations et Récréations : Travailler, œuvrer ou rencontrer, être présenté
à.
La rencontre est de faible portée.
*
Poésie de territoire - Chacun possède son propre espace limité sans
chercher vraiment à communiquer avec l’Autre.
*
L’animation littéraire ne m’intéresse pas.
Je suis un poète de l’écrit et non pas de l’oral.
*
L’écriture n’est qu’une lente progression.
*
1062
Paul Valéry
Le son m’enfante et la flèche me tue.
Zénon d’Elée
Explications de PV dans ses Cahiers.
*
Molière
- Vous parlez d’un cancre : commencer à écrire sa première pièce de
théâtre à 46 ans !
Et Sacha Guitry encore en 6 ème à 19 ans …
Et Cocteau n’a pas eu son Bac …
On va lui inventer un Bac : Le Bac des Arts plastiques.
*
Apollonios de Rhodes Les Argonautes
Qu’en est-il de la cinquième épopée ?
*
Nous en sommes à 8 000 poèmes. Pour atteindre le total de 10 000
poèmes, il me faudra produire jusqu’en 2024.
*
Poésie : Douze pies sur un petit pois.
*
VH a régné pendant 150 ans …
*
1063
Richepin, Théodore de Banville, Verlaine, Les Philistins, le Verger du
roi, Colombine.
*
Tentative pour monter une nouvelle boutique avec un informaticien
montalbanais. J’en suis au code barre des bouquins. L’AFNIL m’a
envoyé les 50 premiers codes.
Si je dois intégrer le code sur 390 fichiers Word … j’ai du travail …
De plus toute édition récente doit être accompagnée d’un nouveau code
barre.
*
8 000 ---) 10 000 poèmes
77 000 ---) 100 000 pages au format PDF
390 ---) 500 livres ou fichiers Word
*
Le Grand Livre des Sonnets 1185 Morceaux choisis 1596 Femmes de
papier 721
Mille poèmes en prose 1682 Messages 936 Résonances 736
Avec ces six livres, j’obtiens 6 856 pages … Ce qui représente un bon
peu de mon Œuvre poétique.
*
BEQ Athéna ABU Wikisources Bibliothèque de Lisieux
Plates-formes françaises et américaines
1064
Européana Project Gutemberg
*
Le problème poétique, c’est de ne pas enquiquiner les gens. Ils vous
considèrent comme inexistants. Quand bien même vous seriez premier.
Laissez-les tomber et poursuivez votre Œuvre.
*
C’est toutefois curieux … Voltaire écrit 56 pièces. Aucune ne passe à la
postérité.
Le théâtre de Voltaire en quantité est plus important que celui de
Corneille … qui a malgré cela produit 39 pièces …
*
A vingt ans, Rimbaud n’a plus d’inspiration. La source est tarie.
A 17 ans et 9 mois, en mai 1872, il écrit ses derniers vers. Puis Une
saison, Illuminations. Rien que de la prose.
*
The K-Solution Poetry ?
---) Appliquer Ecrire
1065
---) Lire Ombres blanches
---) Transmettre Internet
---) Demeurer Numériser
Communiquer. Etre compris ? … Difficile …
*
La Poésie : Douze pies sur une madeleine. Il y a des plumes qui volent
…
*
Je vois dans Trakl l’un des pères du Symbolisme et de la première
psychanalyse.
Révélation et Anéantissement. Le Père, la Mère, la Sœur …
*
AR Seconde fugue avec une fille ? Henri Guillemin
*
Racine me sidère. Cette accumulation de coups exceptionnels !
*
1066
Montant du prix national des Lettres ? Du grand prix de la Poésie de la
ville de Paris, s’il existe encore ?
*
Valéry premier poète du XXe siècle ? - Pourquoi pas !
*
Rencontrer des gens, c’est faire le beau-parleur.
Ce n’est rien d’autre. Ce n’est pas utile. Ce n’est pas intéressant.
Il faut travailler l’écriture. Allez dans ces milieux-là, non !
*
Lignée de style épuré
Malherbe ---) Jean Racine ---) Voltaire ---) Anatole France ---) Bergson
Lignée de fécondité d’écriture chantée
Vincent Scotto ---) Delanoë ---) Barbelivien
*
Iconographie - Trombinoscope - Transcription -
1067
Autres plates-formes
Traducteurs en diverses langues
*
Poésie : - Tu fais partie des cinq.
*
Essais Biographie Festivals Journée du Livre Librairies
Bibliothèques
Numérisation Livres blancs Archives La Vie après La vie Rafraîchir
les sites
*
Homo poeticus numerus
*
J’écoutais une anecdote sur Youtube concernant Arthur Rimbaud … qui
permet de se faire une idée de son côté prodigieux.
Tous les élèves étaient convoqués à huit heures pour composer une
dissertation. Rimbaud arrive à 9 heures et prétend avoir faim. On lui
1068
trouve un morceau de pain. Il fait son devoir et le rend avec une heure
d’avance.
Il se dirige vers le pion et lui donne une première feuille vierge puis une
seconde feuille vierge.
Le type est interloqué. Rimbaud d’insister : - Je crois en avoir une
autre ! Et il lui remet une dissertation non pas en Français mais écrite en
Latin.
Il raflera le premier prix devant tous les lycéens …
*
Arthur Rimbaud et Paul Verlaine rencontrent des Communards en exil à
Londres.
*
Il n’est pas toujours nécessaire d’accumuler, d’accumuler de nouveaux
poètes. Parfois les compléments philosophie et peinture offrent des
perceptives de croissance autrement bien utiles.
*
Charles Trenet
Rachel, dans ta maison Samedi rangé Le revenant L’oiseau de
vacances
1069
Ne cherchez pas dans les pianos Les chiens loups Les oiseaux me
donnent envie de chanter
La dame au piano Le gros Bill
*
162 QI Rimbaud soufllé par le SE
*
Quelques auteurs inconnus trouvés dans les anthologies de Philippe
Jaccotet
Kathleen Kaïne Jan Skacel Giavanni Raboni Mac Holan
Angel Valente Ramuz Edmond-Henri Crismel Jean-Michel Ran
Ouvier Des Forêts Christiane G Cuez-Ricord
*
Il n'est pas même possible de trouver en Collection Poésie Gallimard un
recueil de Sully Prud’homme ... Je trouve cela navrant qu'un Prix Nobel
de Littérature soit systématiquement évincé de La Poésie française. Il est
toutefois un digne représentant de cette discipline avec une sensibilité et
une stylistique que l'on ne peut mépriser.
1070
*
Rimbaud a-t-il eu des petits béguins sur sa période 10-16 ans ?
Personne ne pourra répondre à cette question ...
*
Ce n'était pas une poésie de tissage avec Autrui. C'était le Vol de
l'Albatros.
*
L'Académie des refusés serait plus intéressante que l'Académie
française :
Voltaire, Baudelaire, Eluard, Aragon, Mallarmé, Diderot etc.
J'ai toujours considéré que l'Académie interdisait l'expérimentation qui
est inhérente à l'évolution poétique. Elle conserve en, elle demeure telle
et n'offre aucune solution progressive.
*
Fuyez d'ici, hordes célestes ! où ci-git la volonté implacable de n'être pas.
1071
*
Paul Valéry, écrivain malgré lui
Hors-série Magazine littéraire
*
Félix Devers - le sonnet le plus célèbre du XIXe siècle
« Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas ;
À l'austère devoir pieusement fidèle,
1072
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas. »
Fond musical Lettre à Elise Beethoven
Certains prétendent que la fameuse épouse serait Madame Hugo
elle-même.
Etait-elle dans l'entourage de Félix Devers ?
*
Recueils de Victor Hugo - Ordre d'appréciation -
-1- La Légende des Siècles
-2- Les Contemplations
-3- Les Châtiments
-4- Les Orientales
-5- Les voix intérieures
-6- Les Chants du Crépuscule
-7-Les Feuilles d'Automne
-8- Les Chansons des Rues et des Bois
-9- Odes et Ballades
1073
Valéry considérait le recueil L'art d'être grand-père. Moi, je n'y
voyais que des écrits de papi-gâteau avec chapeau de paille, panier
en osier, sécateur, tablier et quelques roses ramassées dans le
jardin ...
*
L'évolution des comportements poétiques
XIXe et XXe siècles : Recueils, amitiés, salons, conversations,
voyages.
XXIe siècle : Numérique, PC, mailing, modélisation financière,
sauvegarde, Facebook, AFNIL, Wikipedia, plates-formes, Youtube
etc.
*
Victor Hugo vivement affecté par la mort à 22 ans de Claire
Pradier, fille de Juliette Drouet. (1846)
Claire Pradier est une sorte de réplique de la mort de Léopoldine
(1843) pour qui Victor Hugo avait beaucoup d'affection.
1074
*
Poésie : élaborer dans un langage encore inconnu.
*
Ô triomphe éphémère !
A AR
*
- Que penses-tu de la place que tu occupes à l'échelle française et
mondiale ?
- Tu trouves que c'est justifié ?
*
Œuvre de jeunesse
FL : - La passe de 3 CAD 78-82 : R,R, L ... Etait-ce possible ?
*
JB
LC
CORNEILLE
MOLIERE
1075
NPMJ
La douceur azurée avec piano - Chopin
*
*
J'ai envoyé Morceaux choisis de I à XI à Maurice Petit. Il a bien reçu le
message mais n'a pas répondu. Il est submergé par le travail.
*
Hérodiade. Stéphane Mallarmé. 64-67
Mallarmé alors âgé de 24 ans était déjà un grand poète. Première version.
*
Œuvre
Tu n'as donné aucune vidéo, consacrée au Théâtre ni aux Essais
d'ailleurs. Uniquement Poésie et Religion.
*
Aller au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de
1076
France.
Ramuz
*
*
Comment fait-on pour obtenir une œuvre d'exception ?
Génie Travail Inspiration Durée Environnement favorable
Cinq conditions
*
Le Prix Nobel de Littérature pourrait être sous-diviser en cinq sessions :
Philosophie, Poésie, Roman, Théâtre, Littérature générale.
Il faudrait passer de 1 à 5 millions de dollars.
Chaque année connaitrait son élu dans sa spécialité ...
*
Idées d'enregistrements sonores : - Corneille, Racine, Molière.
*
Poésie : - Purifier, charmer, élever.
1077
Le poème A1 permet de produire le poème A2 qui permet de produire le
poème A3. Ainsi de suite. Il y a une sorte de chaîne logique qui participe
à l'avancée cérébrale.
*
Comment Rimbaud a-t-il pu écrire Le bateau ivre à 17 ans ?
C'est incroyable !
*
Paterne Berrichon La vie de Jean-Arthur Rimbaud
Maison de la Poésie à Montpellier
*
Les chanteurs-poètes ont été les seuls à trouver des auditeurs potentiels.
Ils ont apporté une esthétique, une élégance, une profondeur, une
interprétation remarquables.
Ils ont popularisé cette discipline qui s'encroûtait dans son verbiage
incompréhensible.
Charles Trenet est sans doute le père de la chanson poétique.
1078
Les chanteurs-poètes ont développé une nouvelle ramification sur l'arbre
millénaire de la poésie traditionnelle.
*
Trakl, Lautréamont, Baudelaire, Rimbaud ---) Poètes du Mal
*
The American poetry review
Wikipédia : liste ! poétesse française
*
Maurice Nadeau, un grand ami de la Poésie ...
*
Quelques poétesses françaises contemporaines appréciées :
Anne-Marie Albiach Salah Stétié Martine Broda Ariane Dreyfus
Marie-Claire Branquart
1079
*
Gaston Couté, je vois en lui un père refondateur de la chanson populaire
- arrivé bien avant les Cabarets où les premières prestations scéniques
auront lieu.
*
Matthieu Bénazet Flammarion, le dernier - Anne Camos -
Je suis présent sur cinq plateformes numériques, j'ai une boutique, un site
poétique, Facebook, un blog également.
Ma composition comporte 250 gigas. Comment pourrais-je l'exporter sur
Le Web demain ?
*
Chansonniers - Jacques Debronkart - Maurice Fanon - L'écharpe 1964
*
Je lis Anne-Marie Albiach. Je la considère. Mais c'est Mallarmé le plus
fort. Oui.
1080
*
L'Art ne consiste pas à opposer deux peintres ou deux poètes. Non, l'Art
consiste à intégrer la somme des différences et de savoir s'en réjouir.
*
Le relationnel poétique a été pour moi médiocre, lamentable et inutile. Je
continue à le prétendre.
Personne ne sait qui est qui.
C'est le rejet. L'insulte.
Il faut donc travailler, soi.
Œuvre
*
Une anthologie de poèmes liés au langage ... Oui, cela serait intéressant.
*
Kant et Bach ---) La rencontre
Boulez et Deguy ---) Travailler ensemble
1081
La fin du règne papier
*
Les éditeurs conventionnels craignaient que l'édition à compte d'auteur
ne leur fasse ombrage ... Ils ont convaincu les libraires de retirer de leurs
rayonnages les ouvrages délinquants.
Depuis le milieu des années 2000, fleurissent sur la toile des plates-formes
numériques qui offrent des millions de titres dont la grande majorité est
accessible et téléchargeable gratuitement : Scribd, Issuu, BEQ, Youscribe
pour les plus connues.
Va-t-on assister à un combat de géants entre l'Edition traditionnelle et les
nouveaux vecteurs de l'information ? Cette lutte acharnée enverra-t-elle à
la mort l'un ou l'autre de ces adversaires ?
"Je ne crois pas que ma fille exercera la même profession que moi", me
souffla tristement une libraire de ma ville ... Aura-t-elle raison ? Je le
crains avec certitude.
Du moins en sortira gagnant le lecteur qui disposera de plates-formes
digitalisées 24/7 à des prix défiants toute concurrence car libres de droit
et accessibles gracieusement.
*
Poésie contemporaine.
1082
Après La Seconde guerre mondiale, il était possible de créer une
nouvelle poésie en utilisant les poètes américains des années 30 et
Stéphane Mallarmé. Cela engendrait une écriture déstructurée autre.
Mais ces poètes n'étaient pas traduits, alors ... Se tourner vers l'Espagne,
L'Italie, Le Royaume-Uni ... Ch'ais pas.
*
4 4 3 3 4 4 Les tercets représentants des centres et le premier 10 devant
être recouvert par le second 10.
C'est une sorte de sonnet à rallonge.
On passe de 14 à 20.
*
Je vois une lignée épurée dans la littérature française :
Malherbe Racine Voltaire Anatone France Bergson
*
L'importance de l'œuvre d'Anne-Marie Albiach.
Flammarion prépare son œuvre complète ...
*
1083
La Déconvenue.
C'est un peu comme si Robert Manuel apprenait que Molière n'était pas
l'auteur de ses pièces ...
Je plains les religieux. Les civils, bon ... Mais les religieux, ça doit être
difficile ...
*
Nulle trace du moindre manuscrit signé de la main de Corneille ne vient
étayer la mise en doute de la présence de Corneille derrière Molière.
Pourquoi les langues ne se sont-elles pas déliées après le décès de
Poquelin pour enfin faire jaillir la vérité ?
Poésie et Mathématiques ...
Pelletier Dumans -Stendhal - Paul Valéry - Queneau - Roubaud -
Franck Lozac'h -
Hugo, accessit de Physique au Concours général -
Charles Cros, inventeur.
Giacomo Casanova Démonstration géométrique de la duplication du
cube
1084
*
Jacques Delille. L'Histoire a défait son homme que l'on glorifiait comme
étant le Virgile français ...
Depuis les choses ont bien changé. Il est une incontestable erreur.
L'estimation du moment ...
*
Rimbaud est un mythe génial. Mais les grands poètes ne sont pas des
mythes. Ce qui fait que Rimbaud peut être considéré comme un grand
poète. Ses poèmes sont très originaux - à ce titre , on peut prétendre qu'il
est un grand poète.
*
XIXe siècle Melle Bistouri Le Spleen de Paris
XXI e siècle Hard Nurse Histoires érotiques Franck Lozac'h.
Choisissons.
Hugo n'a pas de textes ou de poèmes érotiques. Il était pourtant un grand
amant et avait des besoins sexuels importants.
Nulle trace de transfert ou de sublimation vers l'écrit. Etonnant.
1085
Car c'est une tradition dans la Littérature de composer au moins un texte
érotique. A la même enseigne, tout peintre a au moins peint un nu dans
sa carrière à l'exception de Van Gogh.
*
Ma poésie c'est Ombres blanches, L'Internet, La numérisation, Le
sérieux, les applications.
Mais la poésie de soirées, de rencontres, de conversations, je ne parviens
pas pour l'instant à en trouver l'utilité.
*
D'autres plateformes ; Les traductions ; Le rafraîchissement des sites ;
Les inédits 40 000 feuillets ; La traduction automatique ;
Poeticus numerus
*
Jean-Claude Pinson CIPM Philosophie et poésie - A télécharger –
*
1086
Jean-Marc Tennberg, jamais remplacé ...
*
La Couronne et Le Laurier, autre titre pour un recueil de jeunesse ...
*
Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France
*
Avec Mallarmé et Rimbaud et Les Poètes américains des années 30, il
était possible de trouver un nouveau langage poétique qui se serait
apparenté à la poésie contemporaine d'après-guerre.
*
Brel disait avoir été dans l'obligation d'écrire cent chansons avant de
savoir en composer une. Ce qui est vrai. René Char avait rencontré le
même problème de formation. Son œuvre démarre avec Les Matinaux.
Les premiers poèmes de Rimbaud sont des poèmes de réglages. Puis le
génie ... etc.
1087
*
Gallimard est passé à côté de La Poésie contemporaine. Ils se sont
trompés grave. (...)
*
9287 poèmes répertoriés.
+ Po 2013 = 50
+ Po 2014 = 50
+ La Manne = 20
+ Anatoles 50-80 ?
+ Bécaud 16 ~ 9 500 ...
*
Dire des poèmes de Verlaine - Une grande dame - Green - etc.
Œuvre
*
Vais-je enregistrer des poèmes d'Anne-Marie Albiach ?
1088
*
Ecrire - nouvelle définition - se hâter lentement - dandysme cérébral -
plaire au lecteur qui avance doucement –
*
Arthur Rimbaud, était-il grand poète à 17 ans ?
Daniel était-il grand prophète à 14,5 ans ?
Jerry Lee Lewis New Orleans Boogie 17 ans.
Et Jésus parmi les Docteurs prophète de lui-même …
*
La poésie expérimentale ne cesse de croître. Sa volonté de génie est sa
constance de progression au-delà de l’interdit, au-delà de l’utile. Elle ne
veut qu’avancer. Elle doit parvenir à trouver des concepts nouveaux et
des situations de langages inédites.
*
Hugo était un grand amoureux pourtant jamais dans ses poésies il ne
parle de la femme - très rarement. Dans ses romans, il n’y a pas de scènes
1089
érotiques tandis que Flaubert et Stendhal ont dépeint les passions
sentimentales.
*
2 février 2015
A Ombres blanches. Ai acheté Bénazet. Articuler.
La Poésie contemporaine-extrême existera encore dans dix ans. Il
s’agit de pénétrations, d’évolutions de langage.
Certains avancent dans le dédale souterrain.
Ils avancent sachant que la lumière fera défaut, les réserves en
nourritures également. Ils avancent alors que leurs forcent s’épuisent.
Ils vont vers la mort et implorent d’être sauvés.
*
Paul Valéry n’a que fort peu analysé Le Divertissement.
Cette thématique ne l’intéressait peut-être pas …
*
Juifs :
Grands poètes ? Grands musiciens ? Grands philosophes ? Grands
peintres ?
1090
*
Cocteau - Chapelle Saint-Blaise des Simples - Milly la Forêt
Décoration …
*
Ce qui caractérise également la poésie contemporaine, c’est son manque
de beauté. La qualité du langage y est absente. Seules demeurent des
combinaisons de techniques audacieuses.
Si la poésie post-surréaliste avait utilisé les poètes américains des années
30 et Stéphane Mallarmé, le langage eut été semblablement le même,
mais orné de la technique du Parnasse il eut été plus agréable à lire et à
comprendre.
*
Baudelaire n’est pas entré dans des manufactures. Verhaeren, si. Dans
des usines. Qu’en aurait-il fait ?
Baudelaire écrit des poèmes remarquables sans brouillons ni ratures.
C’est peut-être la marque du génie.
1091
*
Ce qui caractérise la poésie de l’après-guerre, c’est son athéisme. Seuls
Cocteau, Marie Noël, Pierre Jean-Jouve et Claudel croient.
Le reste pensant ne croit pas …
*
1828 La légende la none
VH Grand poète à 26 ans ?
*
Jean-Claude Renard - Andrée Chédid - leurs renommées s’éloignent
petit à petit comme des cercles concentriques sur l’eau. L’éloignement
représentant le Temps.
A Arthur
FL : - Regrettes-tu tes déplacements ?
*
1092
*
La poésie, c’est élaborer du langage qui sera vrai dans 150 ans.
*
Maison de la poésie à Paris, Rennes, Annecy, Nantes.
*
AR
Force créatrice pure, virginale, insolente.
A mis de l’acide phosphorique dans le verre de Forain.
Guy Charles Cros : « Mon père a logé Rimbaud dans son laboratoire, et
Rimbaud a cassé toutes les fioles des produits chimiques.
Mon oncle Antoine Cros l’a logé chez lui. Il avait des médailles en terre
cuite - de belles choses. Rimbaud écrivait le mot de Cambronne sur tous
les médaillons au dos, au crayon.
Il a été accueilli par Théodore de Banville. Il était couvert de poux. Il
s’est amusé à mettre des poux dans le lit de Madame de Banville. »
Il a poursuivi Cajarc avec un couteau à l’âge de 16 ans parce que celui-ci
faisait de mauvais vers.
Delahaye, ami d’enfance.
1093
Les veilleurs (125 hexamètres) La chasse spirituelle poèmes nonaccrédités
par Rimbaud.
*
Un savoir évident se montra à lui sans brouillard.
nu perdu
*
René Char Le
Après 72, il aurait été corrigé par Verlaine.
AR
*
AR
Paterne Berrichon épouse Isabelle Rimbaud.
Rimbaud demande que l’on lui envoie des ouvrages techniques de
charpentier, de maçonnerie etc. Ce sont 70 ouvrages qui lui seront
expédiés. Le musée de Charleville a reconstitué en se basant sur sa
correspondance les ouvrages reçus.
Il a également demandé qu’on lui fasse parvenir tout un ensemble lui
permettant de réaliser et de développer des photos. L’affaire ne sera
guère fameuse.
1094
*
Lautréamont - Chef-d’œuvre du Romantisme noir
A-t-il été analysé par Freud ?
Percée géniale du subconscient, sadisme primitif de l’enfance,
cauchemars, rêves, obsession, ressentiments.
Lucidité
Œuvre déconcertante, originale, neuve.
Ces quelques remarques ont été saisies dans une émission animée par
Julien Gracq sur France culture.
*
Je ne suis après tout qu’un Homo poeticus numerus
*
Prix mondial Cino Del Duca
*
Valade parlant de Rimbaud : « - C’est un môme qui vous fascine et qui
vous terrifie, plein de puissance et de corruption. »
1095
Racine
*
Comment faire Esther ou Athalie ? Le reste ne compte vraiment pas.
*
Humour
- Et toi, Franck, tu préfères La Médaille Fields ou Le Prix Nobel de
Littérature ?
- Les Deux ! Galois et Rimbaud sur l’œuvre de jeunesse …
*
… Stratégie poétique - ne pas se tromper, ne pas naviguer dans l’erreur.
*
Je vois trois groupes importants concernant l’activité littéraire
-1- Lire, écrire, construire, se former, transmettre
-2- Bibliothèques, Expositions, librairies
-3- Rencontres, amitiés, salons, éditeurs
Le troisième cercle ne m’a que fort peu intéressé. J’avais tant de travail à
accomplir !
1096
*
Florilège Le Grand Livre des Sonnets Mille poèmes en prose La pute
La Genèse L’Exode Les Psaumes Eléments de réflexion Eléments
biographiques Marie de Magdala sont présents sur la toile en livre entier.
Arthur Adanov
*
*
Le problème n’est pas d’ajouter sur Rimbaud, il est d’ajouter sur Led
Zeppelin.
Lettre de suicide de Baudelaire
*
*
La Bibliothèque africaine de Rimbaud reconstituée au Musée à
Charleville.
Paul Valéry
*
1097
Faussaire de lui-même. Besoins financiers. Refait ses poèmes. Vend de
faux manuscrits de lui-même. Côtoyait des gens au-dessus de son niveau.
*
Catherine Pozzi Paul Valéry, leur liaison durera 8 ans.
*
L’édition numérique permet de supprimer l’éditeur, le diffuseur,
l’imprimeur, le libraire.
Le relationnel, les salons et les lectures commencent à être dépassés.
En revanche, le développement des réseaux tel Facebook ou Twitter
s’avère aujourd’hui considérable.
*
Léonie Biard, maîtresse de Victor Hugo.
*
Que pourrait bien penser Rimbaud de l’œuvre de Lautréamont ? De
Galois ?
1098
*
Esther Tellermann
Est-ce qu’un maniérisme littéraire ne consiste pas à cacher un fond
poétique ?
N’est-ce pas de la fausse noblesse de littérature ?
(Je ne vois pas pourquoi j’ai pu écrire cela la concernant)
*
Version Papier
Editeur sécateur
Diffuseur
Libraire
Imprimeur
Durée de l’ouvrage
Un ou deux ans
Nulle modification
n’est possible
Version Internet
Aucune censure
Aucun coût
Aucun coût
Aucun coût
Temps illimité
Edition très souple, modifiable à souhait
Coût : entre 300 et 2 000 euros
Aucun coût
On apprécie l’immense écart qui sépare l’édition papier et l’édition
électronique.
1099
*
Boutade
- Quoi la poésie ? C’est très joli !
- Surtout qu’entre le trouvère et le troubadour, il y a le trou du cul.
(A dire avec l’accent d’Audiard)
*
La Poésie, ce sont les semences. La Philosophie, c’est la charrue.
Pour quelles récoltes ? Quelle abondance ?
*
Robert Musil a un journal
Canetti ---) Romancier
Georges Steiner Blanchot Barthes
Lyothard ---) Philosophe américain
Héraclite
« La marche pour René Char, c’est le mouvement même de la
pensée. »
« Poésie et Philosophie deviennent synonymes. »
Musique : Art des fiançailles perpétuelles.
168 philosophes cités par Borgès.
1100
*
La collection italienne I Meridiani serait un peu l’équivalent de
la prestigieuse Bibliothèque de La Pléiade.
La Maison d’édition allemande Shirkamp correspondrait quant à
elle à Gallimard.
*
C’est vrai : tout peut s’en retourner au Néant. Le résultat
poétique peut ne jamais être validé. Mais que faire ? Comment expliquer
à Autrui son potentiel, son niveau ou encore la qualité de son œuvre ?
Est-ce le prix de la vie ? - L’offre immense et la faible
reconnaissance ?
Denis Roche est mort. Qui s’en souvient ?
Andrée Chédid, également. Qui ?
Michel Tournier ! Yves Bonnefoy !
Ils étaient. Ils ne sont plus.
*
1101
C’est une sacrée chance de parvenir à passer à la Postérité. Il ne
s’agit pas d’œuvre ni de résultats littéraires. Non. Il faut y intégrer Le
don de plaire posthume.
C’est un peu le spermatozoïde qui frappe contre la paroi de
l’ouvrage qui enfin s’ouvre et le laisse passer. Et la danse sexuelle des
autres spermatozoïdes se réduit à Néant.
Tant de livres ! Tant d’auteurs ! Et qui sera ? Qui ?
*
Snacke 1847
Apollonie Sabatier by Auguste Clésinger as woman, bitten by a
*
Nous ne sommes jamais assez poètes - Esther Tellermann
C’est un recueil ou un essai sur la poésie. Je lui aurais préféré ces
autres titres.
Poetry Attitude
L’esprit de La Poésie
La Poésie : toujours et encore
La révolte des poètes
1102
*
Ce que l’on peut craindre en poésie, c’est de côtoyer des poètes
mineurs quand La Pléiade vous est entièrement ouverte.
Et le temps littéraire est court, comme la vie d’ailleurs. Et se
coiffer d’une collection d’auteurs insignifiants n’a que peu de sens.
Comment agir ? Comment posséder la certitude de ne pas se
tromper ?
Il faut agir en soi, et se nourrir de l’excellence d’Autrui.
*
Date de naissances
Buchner 1813 Lautréamont 1846 Rimbaud 1854 Sainte-
Thérèse 1873
Trackl 1887 Radiguet 1903 Sagan 1935 Lozac’h 1958
Floran Zeller, le Radiguet d’aujourd’hui
*
Eros
Gamiani Alfred de Musset - à lire ou à relire
Orgies soldatesques Renée Vivien Poèmes 1901-1910
1103
*
Je me suis réjouis que Le Prix Nobel de Littérature ait été décerné à Bob
Dylan. C’est également reconnaître l’importance de la poésie chantée
dans la culture populaire. C’est comprendre le poids énorme de la pensée
véhiculée par les supports de l’interprétation et de la musique.
Car les chanteurs écrivent en octosyllabes ou en alexandrins. Certains
codent leurs textes. Tous sont dans l’obligation d’offrir au vers une rime.
Le XXe siècle a connu un essor considérable de l’Industrie musicale, et
cela dans le monde entier. Des inventions - le microsillon, le micro, la
radio, la chaîne HI FI, la télévision, la presse spécialisée - ont participé
de façon active au développement de ce genre musical nouveau.
*
Peut-on réellement convertir un Poète en Philosophe ?
Un poète en musicien, certes.
Un poète en peintre, oui.
Mais un poète en philosophe, est-ce possible ?
*
1104
Goethe : « C’est vrai que j’ai fait aussi l’amour avec des garçons, mais je
leur préférais les filles, car quand elles me lassaient en tant que filles, je
pouvais encore m’en servir en tant que garçons. »
Christine Vulpins
*
Salle des mariages de Menton, décoration Jean Cocteau.
*
A OB lundi 14 novembre 2016.
Je n’ai pas pu trouver le moindre auteur pour me faire avancer dans ma
Poétique. Suis-je las d’écrire ? Ne puis-je inventer de nouvelles
solutions ?
Il faut peut-être s’en retourner vers les auteurs d’autrefois - Zanzotto, du
Bouchet, Mario Luzi, Octavio Paz ? !
J’en suis à 9 350 poèmes, et ma cervelle se fatigue… se fatigue …Je
crois toutefois à une sorte d’essoufflement dans L’Extrême
contemporain. Les solutions offertes semblent plus faibles et de moindre
efficacité.
Mes ouvrages(Quelques-uns), mes échantillons sont proposés sur des
plateformes numériques. Je crois comme un insensé que l’avenir sera
également numérique. Je crois encore …
1105
J’éprouve encore de très grandes difficultés à côtoyer les auteurs de ma
génération. Ces jours-ci, à Montauban, se déroule un festival littéraire.
J’ai beau consulter et consulter encore le catalogue des Animations, - je
ne puis trouver quelconque activité susceptible de m’intéresser.
Deux cents ou trois cents mille poètes cohabitent aujourd’hui en France
sur le territoire. Seuls deux ou trois parviendront à passer à la postérité.
Comment les déterminer ? Comment les reconnaître ? Et le tout s’en
retournera à son sinistre néant.
Je viens d’achever le premier recueil Les soupirs de la chair - c’est
encore une anthologie poétique Un second tome est en préparation.
J’ignore si je parviendrai à aller jusqu’à son point final. Les contenus me
semblent en réel décalage avec le tome premier.
Je lis l’œuvre érotique de Pierre Louÿs. Le tout est surprenant et bien
entrain. C’est très XIXe siècle moins l’intelligence de Sacher Masoch
avec La Vénus à la fourrure ou Les batteuses d’hommes.
Nul n’a pu trouver une nouvelle sexualité depuis de Sade et Sacher
Masoch. Quoique le BDSM pourrait être une solution évolutive.
Nous avons tous été étonnés par l’élection de Donald Tromp à la
présidence américaine. Nous pensions que la candidate démocrate allait
passer sans la moindre difficulté. Nous ignorons tout de sa capacité à agir
et à gouverner. Moins encore de son aptitude à proposer une politique
étrangère cohérente.
1106
*
Lettre de Paul Valéry à Jean Voilier
Je déborde. Tu ne peux pas imaginer tout ce qui m’étouffe de tendresse
dans ces retours. Rien n’est déchirant comme le passage de la lourde
machine devant la petite bergerie jaunisse. Il fait si doucement beau, et
s’en aller…
Aujourd’hui, très spécialement ému je me suis senti d’une absurde
jeunesse. Ne ris, ne souris pas… Je te le défends?
Mais quel avantage que de ne pas se voir, et qui permet de ne plus savoir
que l’on est ce que l’on est…
Je me demande avec inquiétude si je deviens idiot. Mais tant pis, tant
mieux. AMOR est un élixir extraordinaire. Je te bois, ma beauté.
Et je t’attrape de l’autre côté. Tous les côtés sont bons, mon doux
cochon de lait…
*
La Pléiade peut se targuer de posséder une soixantaine de grands poètes
français. A l’International, le nombre serait multiplié par 20. Soient 1200
grands poètes.
1107
Ce qui signifie que la discipline est incontrôlable. Mais ouvrir 1 200
poètes, c’est toutefois possible. J’ai essentiellement craint de perdre un
Mario Luigi ou un Paul Celan CAD des littéraires indispensables à ma
formation et à mes applications d’écriture.
*
Les années 78-79 ont été des années de défi intellectuel. La question qui
sans cesse agitait mon esprit était la suivante : « Comment sont-ils
parvenus à obtenir ce résultat ? » Et je pensais à Rimbaud, à Radiguet et
à Lautréamont. Une seconde question corolaire à la première se posait
également : « Que puis-je espérer obtenir face à ces génies de la
littérature française ? »
Le challenge était ambitieux. Mais à ce jour 76 ouvrages ont été écrits
sur la période 20-24 ans.
*
Le relationnel poétique m’a toujours paru de faible visée.
Je lui préférais les lectures et les applications d’écriture.
Voir Autrui ne me semblait d’aucun intérêt quelconque.
1108
*
Autres contemporains
Vadim Kosovoz Jean-Pierre Lemaire Christian Pringent Dupin -
Gravir
Jean-Faye Juan Dave
*
SM
Qu’entendait Stéphane concernant « Le livre » ? - Une sorte d’idéal de
perfection impossible à atteindre ? Que voulait-il y mettre ? Quels
contenus ?
*
Comment avec un cerveau de 58 ans peut-on trouver des solutions
poétiques nouvelles ?
Que puis-je aujourd’hui espérer inventer ?
*
Rimbaud remporte le premier prix de Latin du Concours général à 15 ans
en 1869.
Baudelaire également.
1109
*
Y a-t-il des littéraires qui se soient intéressés à la Mathématique ?
Roubaud, Valéry, Queneau. Dans son journal Choses vues, Victor Hugo
note toutes les découvertes ou progrès scientifiques. Il a obtenu un
accessit de Physique au Concours général.
*
Racine, orphelin. Se brouille avec Corneille.
*
Bob Perelman - Isodore Isou -
Zanzotto Surimpressiosns - Vocatif
Benoite Groult
Roger Gilbert-Leconte
*
Les Géorgiques de Delille, - plus un travail d’adaptation qu’une
traduction scrupuleuse.
La rime interdisait une traduction exacte.
1110
C’est toutefois un tour de force difficile mais très éloigné du texte initial.
*
J’ouvre Les ombres errantes de Pascal Quignard. J’estime que c’est un
ouvrage qui peut être remarqué mais il ne mérite en rien Le Goncourt ni
par sa forme ni par son fond.
L’ouvrage s’est vendu à 80 000 exemplaires. (Généralement le prix
attient 350 000 ventes). Mais le public essentiellement constitué de
personnes lisant le roman a été déstabilisé par le choix du jury.
*
Primitifs 5192
HF 1009 - GS 1347 - Moût 704 - Manus 989 - Croît 571 - Parf 478 -
Nombre de variantes dans mes six premiers recueils de poésie.
*
Pour produire une nouvelle poésie, j’aurai pu exploiter Mallarmé et les
Objectivistes américains. Ou encore Les illuminations de Rimbaud
couplé à l’Apocalypse de Jean. C’eût pu créer des images folles et
nouvelles.
1111
J’avais envisagé en 79 de produire un personnage représentant l’allégorie
du printemps tout en utilisant Le cid de Corneille et les Chants de
Maldoror de Lautréamont.
J’ai trouvé la poésie du non-sens qui permettait de combiner des images
totalement inconnues. Le moteur de la phrase, sa grammaire, permettant
de faire passer ces solutions audacieuses.
*
1112
Journal 2017 - 2020
La Poésie n’est pas si intéressante que cela à l’oral. En revanche, l’Ecrit
est exceptionnel.
Il n’existe aucun chef-d’œuvre de conversations quand l’Ecrit possède
tant de merveilles.
Voyez Baudelaire. C’est un artiste qui a beaucoup rencontré. Il ne fait
nulle part dans ses journaux de récit d’entretiens.
Voyez les salons. Personne n’a fait mention des contenus échangés. Ils
devaient être de faible intérêt …
*
*
J’ai essentiellement vu la lecture, l’écriture, les applications, la
formation, la transformation, l’Internet.
De rencontres poétiques, il n’en était que fort peu. Il s’agissait, le plus
souvent, de situations fortuites et jamais désirées.
*
J’ai essentiellement vu la lecture, l’écriture, les applications, la
formation, la transformation, l’Internet.
1113
De rencontres poétiques, il n’en était que fort peu. Il s’agissait, le plus
souvent, de situations fortuites et jamais désirées. quand les rencontres
semblaient futiles et dérisoires, de très faible efficacité.
*
J’ignorais qu’il fallait rencontrer des poètes. Cela m’a passé au-dessus de
la tête. Je pensais qu’il fallait uniquement les lire et les étudier.
L’écrit a une durée. L’oral s’envole en piplettages.
*
Toujours cette volonté de relancer sa matrice cérébrale sans guère de
possibilité, je le crains.
Chez moi, nulle théorie de langage. De nombreux courants cohabitent
sans se contredire pour autant.
Qui parviendra un jour à dépasser La Divine comédie de Dante ? Nul
poète, je le crains.
A 34 ans, j’avais achevé la traduction de la Bible en alexandrins blancs
commencée à 29 ans.
« Cinq, six ans, tout au plus » avait prophétisé Jésus dans Le Nouveau
Testament.
1114
Il faut toujours les craindre, les admirer, les aduler, ces Maîtres de
l’Univers que sont Dieu, Jésus et Le Saint-Esprit.
*
Oreste Macri, Bigou Giari, Mario Lugi, les hermétiques florentins.
Illuminations 2015 ?
*
Imitation Rimbaud
Saint Jean L’Apocalypse
Led Zeppelin
Sex Pistols
Poèmes en prose avec AM Albiach
*
Ne lire, n’écouter que les plus grands : Virgile, Mozart, Rembrandt etc.
Décompte Poésie directe et indirecte
*
1115
Ecrits intertestamentaires 15 000 alexandrins
La Bible
103 000 alexandrins
Le Coran
19 000 alexandrins
L’Enéide
11 200 alexandrins
Théâtre
7 800 alexandrins
Qumrâan
7-10 000 alexandrins
Œuvre prophétique 30 000 vers
Premières versions Bible 9 000 alexandrins
Œuvre poétique personnelle 120 000 alexandrins
Alexandre
1 600 alexandrins
Irène et Mélandre 200
Portraits 1 000
Elans cassés 1 300
Dominique Ingres 100
Relevés Variantes Bible 800
Daniel Première version 1 700
Isaïe 2 500
Jérémie 2 500
Ezéchiel 2 500
La Genèse 2 000
Les 12 petits prophètes 1 500
--------------
330 000 vers
1116
J’ai également quatre essais traitements de problèmes liés à la poésie
L’acte poétique 1 600
Critique poétique 6 400
Fragments poétiques 1 200
Le poète interne 2 400
-----------
11 600 équivalents alexandrins
*
Tableau
Phèdre à genoux, la joue collée contre le sexe d’Hippolyte.
Hippolyte sortant de son fourreau un glaive pour trancher la gorge de
Phèdre.
*
Ne lire, n’écouter que les plus grands : Virgile, Mozart, Rembrandt etc.
*
Dupin
Nudité de la langue
Celan. Du Bouchet.
Faire autre chose que de la poésie de la résistance et du surréalisme
1117
Poésie du refus
Poésie contre poésie ---) langue erronée
Déconstruction
*
J’ai l’œuvre poétique de Francis Jammes. L’on peut dire de lui que
c’est un bon poète, mais il ignore les réalités de son temps présent.
En 1935, il propose une poésie qui aurait pu être écrite en 1835.
Rien n’est donné à l’invention. Il semble ignorer toute évolution
littéraire et se complaît dans une première moitié du XIXe
totalement dépassée.
*
Baudelaire connaissait La Presse, L’Edition, Le Cheval
Rimbaud connaissait La Presse, L’Edition, Le Cheval, Le Chemin
de Fer
Valéry connaissait La Presse, L’Edition, Le Cinéma, L’Aviation,
La Radio, L’Automobile, Le Téléphone
Je connais tout ce connaissait Valéry. J’y ajoute L’Informatique,
L’Internet, Le Spacial, Le Laser, La Télévision.
L’environnement dans lequel on évolue modifie totalement sa
façon de penser et d’écrire.
1118
*
Encore 500 pièces à écrire et j’attendrai le nombre de 10 000 poèmes !
(En vérité, je me suis aperçu que j’avais déjà dépassé le nombre souhaité.
On peut estimer à 400 la quantité de poèmes dans l’œuvre prophétique et
à 350 le nombre de textes dans les primitifs des six premiers recueils.
Depuis le début de l’année, j’ai dû écrire 40 poèmes et le P13 (Treizième
recueil des années78-79) a dans sa chemise une vingtaine de pièces.
Récapitulons.
9 485 + 400 + 350 + 20 = 10 295 poèmes.)
*
Je vois quatre éléments pour composer l’œuvre d’Arthur Rimbaud.
1 Sa poésie 69-72
2 Une Saison en Enfer
3 Illuminations
4 Sa correspondance 70-91
1119
Quelques billets
I
Baudelaire, détesté, haï, incompris, toi le père de La Poésie
moderne ; toi, génie exceptionnel avec tes Fleurs, avec ton Spleen ;
toi, notre père, comment nous jugerais-tu aujourd’hui avec nos
poèmes et nos applications d’écriture ?
Qui sommes-nous face à toi, face à ta grandeur ? Qui sommesnous
?
II
Hugo, le plus génial, le plus puissant. Au-delà de a capacité à
comprendre.
Hugo, là. Notre père à tous.
Cette force intuitive concevant l’Européen. Avec son humanisme
social.
Ha ! Très grand poète et romancier incommensurable.
Toi, une des grandeurs de la France. Mais qui pourrait t’égaler ?
III
J‘admire terriblement Stéphane Mallarmé. Sa logique. Son système.
Son analyse. Sa façon de concevoir de nouvelles structures
1120
grammaticales. Et son Art. Cet Art futur composé de nuances et de
subtiles singularités.
Mallarmé incompris, aberrant, absurde a des situations insolites,
inimaginables. Mais Mallarmé, le vrai vainqueur, le plus fort, le
plus inventif – Mallarmé avec sa durée, avec son éternité ? - Oui,
Mallarmé pour toujours !
IV
Racine. Le plus pur. Avec sa certitude. Avec sa vérité. Nul ne
pourra l’atteindre. Nul ne pourra le toucher.
Phèdre. Esther. Athalie. Des monstres, des chef-d’ œuvres. Et
personne derrière à l’exception de Corneille, toutefois.
Constamment, nuit et jour, je pense à lui.
V
Claudel avec son génie. Son génie et ses excès. Son génie et sa
religion. J’adore Claudel. Dans l’infini de son intelligence, de sa
puissance, de sa folie.
Oui, lui le plus grand dramaturge français. Avec son immensité.
Claudel !
1121
VI
Péguy.
Ce que je reproche à Péguy, c’est son écriture parallélismique. Le
phrasé est trop répétitif, trop gênant parfois.
Mais Péguy est un intellectuel. Mort trop vite. Et je pense qu’il
avait quelque chose à dire et à écrire. Il pouvait apporter quelque
chose à la Nation. Oui, parti trop vite. Une intelligence vivante, je
crois.
VII
PV. Je pense que Paul Valéry est véritablement une intelligence
supérieure, une sorte de pur intellect qui n’a pas su rassembler
l’ensemble de ses Cahiers pour en faire un texte cohérent.
Il se situe entre le Penseur et le Philosophe, plus près du Penseur.
Il est véritablement un grand poète. L’un des plus grands du XXe
siècle.
J’admire Le cimetière marin et La jeune Parque.
*
Ils te disent constamment : « Plante, plante, plante dans ce désert. »
1122
Mais ceci est peu de chose. La Terre, c’est La Beauce et la récolte
sera merveilleuse.
*
Jeanne Loiseau Sonnets philosophiques Dédicasse.
Très beau sonnet. Rappelle Green de Verlaine.
A Cocteau. Dessinez un jeu d’échecs.
.
Dessinez un service de table
*
*
L’Amasie de Racine, première pièce refusée par le directeur du théâtre
du Marais. Il ne nous reste rien de cette tentative du dramaturge.
La même année, il écrivit sa première pièce de théâtre, une Amasie, dont
on ne sait rien, sinon qu'elle a été refusée par le directeur du Théâtre du
Marais auquel elle avait été soumise. Quelques mois plus tard, au
printemps 1661, il se lança dans un nouvel essai théâtral, consacré à
Ovide et à la « seconde Julie » (la petite-fille de l'empereur Auguste); le
projet est bien accueilli par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne; mais
tombé gravement malade d'une fièvre qui sévit dans tout le nord de la
1123
France, il ne peut l'achever, et il est envoyé passer sa convalescence à
Uzès.(Wikipédia)
Voix vives, 21 au 29 juillet 2017
Le Marathon des Mots, 22 au 25 juin 2017
*
*
Rimbaud ne s’est-il pas trompé ? A-t-il choisi les bonnes
destinations ? L’Afrique, chaude et brûlante, n’était-ce quelle part
une sorte de cul-de-sac sans solution aucune ?
Ne fallait-il pas essayer de faire fortune dans la Nouvelle
Amérique ? Puis de visiter d’autres pays tels Le Brésil,
L’Argentine, Le Chili sur ce grand continent ?
*
Je regarde certains auteurs. Ils sont morts en 2012, 2013, 2014.
Depuis plus rien. Personne n’édite leurs inédits. Ni leur éditeur ni
leur famille.
Petit à petit, ils disparaissent dans l’ère du temps.
1124
Cela est vrai pour Jean-Claude Renard, Denis Roche, Andrée
Chédid.
*
Longue est la route pour obtenir la première place de la poésie
mondiale.
It’s a long way.
*
La Poésie, ça marche - ça ne marche pas. Il ne faut pas se
formaliser. Il faut poursuivre sa tâche sans trop se soucier des uns et des
autres. Et puis, en définitive, vous serez ce qu’Autrui aura décidé. Soit
quelqu’un d’apprécié et d’adulé, soit quelqu’un d’ignoré et d’oublié.
C’est un peu le prix de l’Ecriture. Vous n’êtes pas seul. Grand
nombre ont été rejetés par La Critique, par l’Editeur, par Le Lectorat.
C’est un peu la vie …
*
La Poésie, ça marche - ça ne marche pas. Il ne faut pas se
formaliser. Il faut poursuivre sa tâche sans trop se soucier des uns et des
autres. Et puis, en définitive, vous serez ce qu’Autrui aura décidé. Soit
quelqu’un d’apprécié et d’adulé, soit quelqu’un d’ignoré et d’oublié.
1125
C’est un peu le prix de l’Ecriture. Vous n’êtes pas seul. Grand
nombre ont été rejetés par La Critique, par l’Editeur, par Le Lectorat.
C’est un peu la vie …
*
Rencontres poétiques : Cerisy - Lodève - Vives voix - Le
Marché de la Poésie - Lettres d’Automne - Les Pavés de Paris - Raon
l’Etape –
*
Rencontres poétiques : Cerisy - Lodève - Vives voix - Le
Marché de la Poésie - Lettres d’Automne - Les Pavés de Paris - Raon
l’Etape -
*
Grand corps malade ne prétendait ne connaître que deux poètes : Renaud
et Brassens.
Je reconnais grandement Renaud, poète populaire héritier de Gaston
Couté.
1126
*
J’ai focalisé uniquement sur les lectures et sur les applications d’écriture.
Je n’ai en rien cherché à rencontrer et à être présenté.
L’obsession, - mon obsession était dans l’obtention d’un résultat
poétique. Les bavasseries et les stupides bavardages ne m’étaient hélas !
d’aucun secours.
*
Très intéressé par les politiques éditoriales des maisons d’édition.
Pléiade; Gal Poésie; Bleu du Ciel; Corti; Mille et une pages; Bouquins;
Quarto; P.O.L;
*
Deux poètes à vérifier : René Daumal, René Cravel
*
Traducteurs automatiques
Poètes du monde entier traduits avec des outils robotiques.
Reconnaissance de langue.
On gagne 50 ans.
Roubaud en 81 avait traduit des poètes américains des années trente.
1127
*
Fugue de mort
Paul Celan Grand poème
Lait noir du petit jour nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or
Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler
ses chiens
il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or
Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs
1128
on y couche à son aise
Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et
jouez
il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus
creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore
qu’on y danse
Bucarest, 1945.
Traduction Olivier Favier.
*
Delbourg JP Siméon André Welter
Hubert Haddad Guy Goffette
*
Et nous t’interrogeons, désir
qui es au cœur du monde, sous
les paupières, et dans le souffle retenu
du dieu absent
Lionel Ray
Illisible visage
GLM p237
Poétesses :
*
1129
Shu Ting Ming Di Wang Xiaoni Nazik al-Malaïka Fedwa
Tongan
Marianne Moore Denise Levertor Sonia Sanchez
Adrienne Rich Hélène Cioux
*
On ne sait pas si Lautréamont a connu des femmes.
Racine - Trois ouvrages perdus
L’Amasie Pièce de théâtre
Julie Pièce de théâtre
Et un travail biographique sur Louis XIV, manuscrit parti en fumée dans
un incendie en 1728.
*
Envoi via Facebook à Maulpoix 12 mars 2018
« Concernant Mallarmé. Valéry rapportait qu’il avait été sidéré quand ce
dernier lui présenta pour la première fois Le coup de dés.
En fait, l’ouvrage s’étirait comme un accordéon, et le poème se lisait
donc en longueur, et non pas page après page. De plus, Mallarmé avait
utilisé tous les caractères disponibles de l’imprimerie de l’époque.
1130
JM Maulpoix : « Je vous remercie. Intéressant aussi le commentaire de
Valéry sur la lecture à haute voix que Mallarmé lui fit du coup de dés.
Bien à vous. »
*
Je lis Les cent mots en poésie de JM Maulpoix. Il s’assoie sur des
phrases sorties ici et là par les plus grands pour étayer ses dires.
Ce livre est toutefois une très bonne idée. Il est vivant, agréable et facile
à lire.
Voltaire aurait écrit 250 000 vers.
Avec 250 000 vers, est-on grand poète ou non ?
C’est une question que l’on peut se poser.
J’ai acheté le Que sais-je ? (Les 100 mots en poésie)
Bonne continuation.
Poètes chanteurs
Trenet Brassens Léo Ferré Jean Ferrat Francis Cabrel Renaud
Jacques Brel
*
*
Nougaro Barbara Jacques Higelin H-F Thiéfaine Bernard Lavilliers
Boris Vian Guy Béart Maxime Le Forestier Jacques Prévert
1131
Autre catégorie avec nuancier
C Jérome Et tu danses avec lui
J.M Jarre Les mots bleus Daisy
Hervé Villard Nous
*
Facebook Envoi à JM Maulpoix 12 08 18
Bonjour !
Concernant l’affaire Corneille/Molière, quelle est votre opinion ? Est-ce
une supercherie littéraire ? Molière est-il un imposteur ? Car c’est tout un
pan de la littérature française qui serait prêt à s’écrouler … Bien à vous.
FL.
Facebook A Pierre parlant 15 04 18
Bonjour !
J’aurais voulu vous poser une question.
J’espère que vous accepterez d’y répondre même en quelques mots.
Êtes-vous un poète ilotier ou avez-vous beaucoup d’amis en Littérature ?
Bien à vous.
FL
*
Marie de Quatrebarbes
---) Marché de la poésie de Bordeaux Hall de Chartrons
1132
---) Escale du livre
*
A Marie de Quatrebarbes Facebook
Bonsoir ! J’ai acheté il y a quelques semaines Gommage de tête à
Ombres blanches - Toulouse. Pouvez-vous en quelques mots définir
votre démarche intellectuelle poétique ?
Bien à vous. FL.
*
Explications du poème Voyelles de Rimbaud trouvées sur La Toile
Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
1133
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Voici le poème le plus célèbre de Rimbaud qui a suscité de nombreuses
interprétations sans qu’aucune ne soit réellement satisfaisante. Il en
donnera l'autographe à E. Blemont, futur directeur de "la Renaissance
littéraire et artistique" qui le laissera à la Maison de la Poésie. Il existe
une copie faite par Verlaine, avec quelques variantes et le titre : Les
voyelles (Bibliothèque Nationale, ancienne collection Barthou).
Première publication dans Lutèce, 5 octobre 1883.
Ici, le poète joue avec les mots, les lettres, les couleurs et les sons
(bombinent, rire, colère, vibrements, strideurs) en un tableau très coloré
déjà précurseur des Illuminations. Les voyelles deviennent des objets
avec lesquels on peut s'amuser et qui portent en elles leurs propres
réalités, sens et couleurs (naissances latentes). Les couleurs ont une
1134
valeur symbolique. Pour le noir, la cruauté, la nuit (puanteur cruelle,
golfes d'ombre) ; pour le blanc, la fierté, la pureté, la légèreté ; pour le
rouge, le sang, les lèvres, la colère, les excès ; pour le vert, la sérénité et
la paix ; pour le bleu, évocation religieuse des cieux (suprême clairon,
anges). Et il passe au violet pour l'évocation des yeux de La Femme.
Peut-être une allusion à la jeune personne qui l'aurait accompagné à
Paris en février 1871, d'après ses amis.
Un point de départ à l'idée du poème, un abécédaire qu'il a du avoir
entre les mains, comme tout enfant, quand il apprenait à lire. A chaque
lettre correspondait une couleur et un certain nombre de mots : A noire,
pour Abeille, Araignée, Astre, Arc-en-Ciel. E était jaune pour Emir,
Etendard, Esclave, Enclume. I rouge pour Indienne, Injure, Inquisition,
Institut. O azur pour Oliphant, Onagre, Ordonnance, Ours. U vert pour
Ure, Uniforme, Urne, Uranie et Y orange pour Yeux, Yole, Yeuse,
Yatagan.
Delahaye rapporte dans ses souvenirs cette déclaration de Rimbaud
:"J'ai cru voir, parfois j'ai cru sentir de cette façon, et je le dis, je le
raconte, parce que je trouve cela aussi intéressant qu'autre chose". Et
Verlaine dit : "Moi qui ait connu Rimbaud, je sais qu'il se foutait pas mal
si A était rouge ou vert. Il le voyait comme ça, mais c'est tout." (Propos
rapportés par Pierre Louÿs). Source : Classiques Garnier, édition 1971
Suzanne Bernard et André Guyaux.
1135
Une autre interprétation, tirée de la biographie de Rimbaud par Pierre
Petitfils, et certainement la plus vraisemblable :
Le sonnet est le reflet de l'enseignement musical d'Ernest Cabaner : le
chromatisme musical ou audition colorée. Il apprenait le piano à
Rimbaud, à l'hôtel des Etrangers, lieu de réunion du Cercle Zutique.
Cabaner était le barman et Rimbaud a été son assistant au club pendant
quelques mois, ce qui lui permettait de dormir sur place. Musicien
bohème arrivé à Paris en 1850, Cabaner fréquentait de nombreux
peintres dont Cézanne. Il coloriait les notes et leur attribuait le son d'une
voyelle. La méthode avait déjà été imaginée pour les débutants par le
Père Castel, au XVIIème siècle. Elle ne pouvait qu'intéresser Arthur, à la
recherche d'une langue complète et universelle, résumant tout, "parfums,
sons, couleurs", telle que décrite dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai
1871.
Cabaner a d'ailleurs dédié son Sonnet des Sept Nombres à son élève
"Rimbald" :
Nombres des gammes, points rayonnants de l'anneau
Hiérarchique, - 1 2, 3 4 5, 6 7 -
Sons, voyelles, couleurs vous répondent car c'est
Vous qui les ordonnez pour les fêtes du Beau.
1136
La OU cinabre, Si EU orangé, DO, O
Jaune, Ré A vert, Mi E bleu, Fa I violet,
Sol U carmin - Ainsi mystérieux effet
De la nature, vous répond un triple écho,
Nombres des gammes ! Et la chair, faible, en des drames
De rires et de pleurs se délecte. - O L'Enfer,
L'Aurore ! La Clarté, La Verdure, L'Ether !
La Résignation du deuil, repos des âmes,
Et La Passion, monstre aux étreintes de fer,
Qui nous reprend ! - Tout est par vous, Nombres des gammes !
*
Richepin a entretenu ensuite une correspondance avec Rimbaud
qu'il a malheureusement perdue, ainsi qu'un « cahier d'expression » qu'il
lui avait donné : « Par la suite, je fus en correspondance avec Rimbaud ;
mais ses lettres, si curieuses et dont plusieurs étaient illustrées
d'amusants dessins à la plume, – comme celles de Verlaine et de
Nouveau, – ses lettres ont disparu de mes papiers ; de même un « cahier
d'expressions » où il notait les mots rares, des fusées de rimes, des
schémas d'idées et qu'il m'avait donné. »
1137
*
Charles Pierre Baudelaire : « Allons au placard. »
Vendait des livres aux bouquinistes
Charles Asselineau
Le salut public deux numéros
1 531 poèmes écrits en prose
*
*
Yves Bonnefoy, athée :
Dieu qui n’es pas, pose ta main sur notre épaule,
Ébauche notre corps du poids de ton retour,
Achève de mêler à nos âmes ces astres,
Ces bois, ces cris d’oiseaux, ces ombres et ces jours.
Renonce-toi en nous comme un fruit se déchire,
Efface-toi en nous. Découvre-nous
Le sens mystérieux de ce qui n’est que simple
Et fût tombé sans feu dans des mots sans amour
1138
*
La forêt est profonde. La jeune fille ramasse des herbes rares pour
préparer ses plats. Elle ignore que d’autres herbes poussent également
plus profondément. Mais elle n’en a que faire et prétend posséder ce
qu’il lui suffit.
*
Rimbaud et Van Gogh, rencontre.
*
Cocteau décorera le salon Alexandre Hommes, rue Marbœuf
Le logo d’Alexandre dessiné par Cocteau
La Poésie est peu prisée. Nul ne s’y intéresse. Nul ne veut l’acheter.
Seul, le chanteur-poète a quelque succès. Que faire ?
*
AR
*
1139
Ce qui me dérange avec le poème Le rêve de Bismarck, c’est qu’il est
écrit en prose.
Or Rimbaud n’a commencé à écrire des pièces en prose qu’à partir d’Une
Saison en Enfer.
Ce poème est daté de 1870.
*
Jean Cocteau
BD
Une collection d’assiettes, de couverts etc.
Une collection de meubles
Une collection HC
*
Comment résoudre le problème de Dante et de Virgile ?
*
Les bains de Venus 1661 inachevé à cause d’une épidémie de fièvre
Jean Racine
*
En 1894, Mallarmé donne des conférences à Cambridge et Oxford.
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Musique_et_les_Lettres
*
Abel Lefranc
1140
Sous le masque de William Shakespeare, William Stanley, Vie conte de
Daby.
*
Pascoli Giovanni
Poétesses :
Shu Ting Ming Di
Wang Xiaoni
Nazik al-Malaika
Fedwa Tougan
Marianne Moore
Denise Levertor Sonia Sanchez
Adrienne Rich Hélène Cioux
*
Quand Racine a composé Esther et Athalie, La Sévigné a écrit : « Il a
aimé Dieu presque autant que ses maîtresses. »
*
L’Académie des Indépendants : Baudelaire, Valéry, Mallarmé, Radiguet,
Rimbaud, FL etc.
Mallarmé, Président.
*
1141
Grand Hôtel de l’Univers à Aden que Rimbaud fréquente
Grand hôtel des Etrangers à Paris
7 place Pigalle, le rat mort - Rimbaud blesse Verlaine à la cuisse
*
Ephraïm Mikhaël meurt à 23 ans et dix mois. Poète toulousain.
*
Ecrire en poésie, c’est organiser le langage de telle sorte que le fond, la
forme, l’harmonie, la musique interrogent le lecteur.
*
Six poèmes inédits de Virgile :
Le moustique - Imprécations - L’aigrette - Epigrammes - La fille
d’auberge - Priapées -
*
C/M
Aucune preuve de la collaboration.
Aucune preuve d’une somme versée par Molière pour Corneille.
Il n’y a pas de manuscrits de Corneille peignant l’œuvre de Molière.
« Le privilège »
99,97%
Les cinq auteurs Richelieu
*
Poésie
1142
Je n’ai pas trouvé la solution pour transmettre mon vrai.
« Non. Vous ne savez pas écrire. Vous êtes un imbécile. Etc. »
C’est ce que j’entendais constamment.
J’ai laissé tomber et j’ai fait mon travail. Point.
En 2005, mon travail comportait 250 livres et 15 000 inédits.
J’ai actuellement 474 livres et 43 000 inédits.
*
*
Six poèmes inédits de Virgile :
Le moustique - Imprécations - L’aigrette - Epigrammes - La fille
d’auberge - Priapées -
*
C/M
Aucune preuve de la collaboration.
Aucune preuve d’une somme versée par Molière pour Corneille.
Il n’y a pas de manuscrits de Corneille peignant l’œuvre de Molière.
« Le privilège »
99,97%
Les cinq auteurs Richelieu
*
1143
Poésie
Je n’ai pas trouvé la solution pour transmettre mon vrai.
« Non. Vous ne savez pas écrire. Vous êtes un imbécile. Etc. »
C’est ce que j’entendais constamment.
J’ai laissé tomber et j’ai fait mon travail. Point
*
En 2005, mon travail comportait 250 livres et 15 000 inédits.
J’ai actuellement 474 livres et 43 000 inédits.
*
Hésiode Le Tasse L’Arioste Boccace Hérodote
*
Sur quoi Rimbaud s’est-il assis pour écrire Illuminations ? Il n’avait pas
de références antérieures.
*
La Pléiade poétique
Apollonios de Rhodes Aratos de Solos Philiscos de Corcyre
Homère le jeune Lycophon Nicandre de Coleepe
Les Idylles de Théocrite.
Ouvrage traduit par Leconte de Lisle.
*
1144
Ont considérablement influencé Les Bucoliques de Virgile.
*
Apollonios de Rhodes Valerius Flacus Virgile Homère ont
développé le genre poétique de l’épopée.
On peut toutefois prétendre que La Légende des Siècles est une vaste
épopé
*
Sur quoi Rimbaud s’est-il assis pour écrire Illuminations ? Il n’avait pas
de références antérieures.
*
La Pléiade poétique
Apollonios de Rhodes Aratos de Solos Philiscos de Corcyre
Homère le jeune Lycophon Nicandre de Colophon
*
Les Idylles de Théocrite.
Ouvrage traduit par Leconte de Lisle.
Ont considérablement influencé Les Bucoliques de Virgile.
*
Apollonios de Rhodes Valerius Flacus Virgile Homère ont
développé le genre poétique de l’épopée
1145
On peut toutefois prétendre que La Légende des Siècles est une vaste
épopé
*
Le bateau ivre ---) Fanny Ardant, Philippe Léotard Interprétations
Giovanni Pascoli (55-12)
*
*
Certains poètes ont développé leurs système (J-C Renard, Denis Roche)
- ils ont bouclé leur boucle et semblent petit à petit être oubliés comme
des cercles dans l’eau qui s’éloignent irrémédiablement.
*
Baudelaire sur son lit de mort avait été visité par Verlaine et Mallarmé.
Il existe un tableau de Picasso, peint à 17 ans - La Science et La Charité.
L’on pourrait transposer ce tableau sur la représentation baudelairienne.
*
Cahier de Douai Les sœurs Gindre
*
Rencontras poétiques = ragots de concierge
Nullités - Inutilités
*
« Le temps vient, tu le sais, déjà l’orage gronde
1146
Où bruleront la Croix, l’Etoile et le Croissant
Au même feu du Mal qui dévaste le monde. »
Vital Heurtebize
*
Que peut-on poétiquement espérer auprès d’autrui ?
*
Œuvre de jeunesse - Il était possible de repousser les limites -
*
Anne-Marie Albiach, la nièce de Stéphane Mallarmé.
*
Molière, peu de personnages féminins importants tandis que Racine
et Corneille développent Chimène, Médée, Andromaque, Phèdre. - et
plus encore.
Racine n’est pas un homme de comédies - il exploitera l’Antiquité
pour Les Plaideurs.
Corneille sur sa période 20-29 ans n’écrit que des comédies - Puis
Médée et Le Cid.
*
- Qu’est-ce que La Poésie ?
- Ecrire les vers de Dante ou de Virgile et d’ajouter sur leur
compétence.
1147
*
Proposer ses livres sur la toile, c’est supprimer l’Editeur, l’Imprimeur,
le Diffuseur, le Libraire et la taxe ajoutée.
Ce sont des ouvrages à un coût nul qui peuvent rester à disposition du
public pendant plusieurs années.
L’ouvrage ne vieillit pas tandis que le Libraire renouvelle rapidement
son stock de livres.
*
Décembre 2018
Sur ma droite, Jean.
Sur ma gauche, Rimbaud.
Au centre, Franck écrit quelque chose entre L’Apocalypse et
Illuminations.
En écoutant Led Zeppelin …
*
Les atouts de l’Edition électronique
Lectorat et indépendance totale
Contance de diffusion
Nombre de pages illimité
1148
Choix de sa vitesse éditoriale
Coût d’édition nul
*
Si Rimbaud n’avait pas existé sur l’œuvre de Jeunesse, j’aurais pris
Lautréamont pour produire.
*
Je relis mes inédits 78-79 Poésies. Je pense qu’il me sera très difficile de
récupérer ces différents textes de jeunesse.
Il reste toujours un tas inutilisable. Mais bon ! Depuis des années, je
parviens à sortir des écrits inconnus. Pourquoi ne pas en retrouver
encore ? Je parviens à extirper un livre par an.
*
Les Orientales de Victor Hugo et les tableaux peints par Eugène
Delacroix.
*
1149
Jean-Pierre Siméon alors qu’il travaillait au Comité de lecture des
Editions du Chêne assurait recevoir 1 000 manuscrits par an. Seuls 12
d’entre eux étaient retenus.
Que deviennent les manuscrits refusés ? Retournent-ils dans les tiroirs
des écrivains pour y être à jamais oubliés ?
*
La poésie est une chose difficile à transmettre ; mais elle est également
une chose difficile à percevoir.
Autrui se trompe sur votre cas et vous commettez une erreur semblable.
Les premières estimations sont erronées. Il en est de l’éditeur comme du
poète amateur ou avisé.
*
Le langage poétique se doit d’être en avance sur le temps littéraire.
S’il cède à la réalité de sa génération, il se démode rapidement et son
contenu devient obsolète.
Cela explique pourquoi le poète est un inconnu car il est au-delà de la
logique temporelle – il est devant.
1150
*
Denis Roche publie ses œuvres complètes au Seuil. Ce sont 500 pages
qui tiendront 30 ans.
Il est dans la collection Poésies/Gallimard avec Eros énergumène. Ce
sont 70 pages qui tiendront 70 ans.
Sa Photographie a déjà disparu.
Andrée Chédid dans la Collection Mille et une pages chez Flammarion a
édité 1 200 pages et résistera 30 ans.
Elle est également dans la collection Poésie/Gallimard avec un petit
exercice composé à 80 ans.
Son roman se porte bien.
Que seront ces auteurs à la fin du siècle ?
N’est-ce pas le lot réservé à tout écrivain ou poète ?
Le temps passe, le temps les efface et d’autres s’en viennent.
*
Le livre papier tient deux ans dans une librairie.
Le livre électronique tient vingt ans sur une plateforme Internet.
1151
*
Post-rimbaldien - Prophétie poétique - Symbolique abstraite -
*
Houellebecq prétendait que Jacques Prévert était un con. Je ne le pense
pas.
Il a signé de très belles paroles de chansons dont Les feuilles mortes, qui
la troisième chanson
la plus adaptée derrière La mer et Comme d’habitude. Cette chanson a
connu 650
interprétations différentes.
Il est également l’auteur de dialogues de films pour ne citer que : Les
enfants du paradis,
Quai des brumes, Le jour se lève, Les Visiteurs du soir, Le roi et
l’oiseau.
Son œuvre poétique est éditée dans la prestigieuse Collection de la
Bibliothèque de la Pléiade.
Elle compte deux tomes. Non ! Jacques Prévert est un grand poète
populaire dans le bon sens
1152
du terme.
Trouvé sur l’encyclopédie livre Wikipédia
Michel Houellebecq se montre à son tour particulièrement hermétique à
la poésie de Jacques Prévert mais la conclusion de l'article où il attaque
l'auteur de Paroles — qui fait encore polémique — montre à l'évidence
que c'est le « libertaire » qui est visé :
« Jacques Prévert est quelqu’un dont on apprend des poèmes à l’école.
Il en ressort qu’il aimait les fleurs, les oiseaux, les quartiers du vieux
Paris, etc. L’amour lui paraissait s’épanouir dans une ambiance de
liberté ; plus généralement, il était plutôt pour la liberté, portait une
casquette et fumait des Gauloises […]. À l’époque on écoutait Vian,
Brassens… Amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, baby-boom,
construction massive de HLM pour loger tout ce monde-là. Beaucoup
d’optimisme, de foi en l’avenir, et un peu de connerie. […] Le « travail
du texte », chez Prévert, reste embryonnaire : il écrit avec limpidité et un
vrai naturel, parfois même avec émotion ; il ne s’intéresse ni à l’écriture,
ni à l’impossibilité d’écrire ; sa grande source d’inspiration, ce serait
plutôt la vie. Il a donc, pour l’essentiel, échappé aux thèses de troisième
cycle. Aujourd’hui cependant il entre à la Pléiade, ce qui constitue une
seconde mort. Son œuvre est là, complète et figée. C’est une excellente
1153
occasion de s’interroger pourquoi la poésie de Jacques Prévert est-elle
si médiocre, à tel point qu’on éprouve parfois une sorte de honte à la
lire ? L’explication classique (parce que son écriture « manque de
rigueur ») est tout à fait fausse ; à travers ses jeux de mots, son rythme
léger et limpide, Prévert exprime en réalité parfaitement sa conception
du monde. La forme est cohérente avec le fond, ce qui est bien le
maximum qu’on puisse exiger d’une forme. Dalleurs quand un poète
s’immerge à ce point dans la vie, dans la vie réelle de son époque, ce
serait lui faire injure que de le juger suivant des critères purement
stylistiques. Si Prévert écrit, c’est qu’il a quelque chose à dire ; c’est tout
à son honneur. Malheureusement, ce qu’il a à dire est dune stupidité
sans bornes ; on en a parfois la nausée. Il y a de jolies filles nues, des
bourgeois qui saignent comme des cochons quand on les égorge. Les
enfants sont d’une immoralité sympathique, les voyous sont séduisants et
virils, les jolies filles nues donnent leur corps aux voyous ; les bourgeois
sont vieux, obèses, impuissants, décorés de la Légion d’honneur et leurs
femmes sont frigides ; les curés sont de répugnantes vieilles chenilles qui
ont inventé le péché pour nous empêcher de vivre. On connaît tout cela ;
on peut préférer Baudelaire. […] L’intelligence n’aide en rien à écrire
de bons poèmes ; elle peut cependant éviter d’en écrire de mauvais. Si
Jacques Prévert est un mauvais poète c’est avant tout parce que sa
vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de
son temps ; aujourd’hui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que
1154
l’œuvre entière semble le développement d’un gigantesque cliché. Sur le
plan philosophique et politique, Jacques Prévert est avant tout un
libertaire ; c’est-à-dire, fondamentalement, un imbécile. »
*
Poètes dans ma cité Demazet
Poètes régionaux Heurtébize
Poètes nationaux Serge Pey
Je suis : Pléiade, Gallimard, Bleu du Ciel, Ombres blanches, Corti, Wiki
sources.
*
Fouquet : - Un défi de magnificence comme si c’était lui le roi - ce qui ne
fallait pas faire.
Corneille - 2 000 livres - plus grand poète du monde.
Molière, grand poète comique - 1 000 livres.
Un jardin à la Française : « Il n’y a pas d’ombre. On se brûle les pieds. »
*
1155
Nicanor Parra, mort à 104 ans. Considéré comme étant le plus grand
poète d’Amérique du Sud.
*
Rencontrer des poètes
Fixer le samedi une heure pour discuter devant le présentoir de la poésie.
Ou librairie ou médiathèque.
*
Les poètes. Se rencontrer.
Comme il existait les mardis de Mallarmé, on pourrait imaginer les
Samedis de Franck Lozac’h.
Il suffirait de savoir qu’une rencontre est possible à 17 H devant les étals
de poésie dans les librairies.
La conversation s’engagerait.
Et ceci dans toutes les librairies de France et de Navarre.
Exporter le concept dans les autres pays du monde en l’adoptant à la
couleur locale.
*
Faire poète : optimiser l’extraction de sa potentialité intellectuelle.
1156
*
Alda Merini, plus grande poétesse du XXe siècle italien.
Franco Fortini, poète.
*
- Pourquoi t’as pas rencontré de poètes ?
- Pour éviter de me faire cracher à la gueule.
*
Le bla bla de merdouillette - Rencontrer des poètes
*
La poésie de tiroir
Ils écrivent. Ils envoient. On les refuse.
Le manuscrit retourne dans le tiroir du bureau.
Il agonise à tout jamais.
*
Les Demoiselles de Saint-Cyr devant leur succès : - La vanité
naissante des pures colombes …
Racine - Esther
1157
*
Baudelaire.
Son père, peintre. Prêtre défroqué.
*
Molière Grand poète comique
Pièces en vers
Sganarelle L’école des maris Le Fâcheux L’étourdi ou le
contretemps Le dépit amoureux L’amour médecin L’école des
femmes Le misanthrope Pastorale comique Amphitryon Tartuffe
Psyché Les femmes savantes Le malade imaginaire Dom Garcia de
Navarre Mélicerte
Pièces en prose
Les précieuses ridicules La critique de l’école des femmes Le
médecin malgré lui Lesicilien ou l’amour peintre Le mariage forcé
Georges Dandin L’avare Monsieur de Pourceaugnac Le bourgeois
gentilhomme Les fourberies de Scapin L’impromptu de Versailles
1158
Dom Juan Les amants magnifiques La comtesse d’Escabagne La
jalousie de Barbouillé Le médecin volant
Vers et prose
La princesse d’Elide Le ballet des Muses
*
Poésie : l’épouvantable structure d’accueil …
*
Age de poètes au moment de leur décès.
Baudelaire 45 ans Rimbaud 37 ans Mallarmé 56 ans Verlaine 51
ans Hugo 82 ans Lamartine 79 ans Musset 47 ans Vigny 66 ans
Nerval 46 ans Poe 40 ans
*
Poésie : #00000000000000000000000000000000pointé sur toute la
ligne.
*
Jean-Louis Chrétien 66
Lorand Gaspar 94
Antoine Emaz 64
1159
Poètes décédés en 2019
*
Ils appellent poésie, la rencontre de conversations.
L’éditeur préférant un petit poète à un grand poète fécond :
Une baleine ! Une baleine !
Je n’en ai que faire !
Je préfère mes sardines.
*
Di Manno Un nouveau monde Mille et une pages Flammarion
Trouver 110 poètes sur 50 ans, est-ce possible ?
Ne sont-ce pas des singularités poétiques de second ordre avec toutefois
quelques vraies valeurs ?
*
Cycle de vie - Cycle de mort
Claude Vigée a 99 ans. Il a été lauréat des plus belles récompenses de la
littérature française - Grand Prix de Poésie de l’Académie et Grand Prix
national de la Poésie. Sa vie s’achève. Il ne sera jamais réédité.
1160
Seul l’Internet permettrait de le ressusciter avec des sites comme Poética
ou Wikipoèmes qui proposent une centaine de textes d’auteurs d’hier et
d’aujourd’hui.
Les gens passent, les gens se meurent. Qui s’en souvient ? Quelle trace
laissée dans la poussière du Temps ?
*
J’ai considéré l’impossibilité de se crédibiliser sur le plan poétique et
l’immense refus de tous les acteurs littéraires : - éditeurs, poètes,
écrivains, bibliothécaires, critiques, amateurs.
J’ai décidé d’aller outre et de proposer mes ouvrages en accès libre sur la
toile.
Cela m’a permis de mettre sur Internet 5 000 poèmes et 18 000 pages
écrites, ce qui représente 90 ouvrages de 200 pages chacun.
Je continue à chercher.
*
Poésie
On se fait insulter, cracher au visage, rejeter, ridiculiser – mais comment
exister sur le plan poétique ? Cela est impossible.
Alors on travaille chez soi et l’on obtient un résultat. On travaille.
1161
Poètes de La Résistance
*
Aragon Char Cadou Cassou Cohen Eluard Seghers
*
Rimbaud.
Qu’eût-il choisi l’Amérique du Sud - Le Brésil - L’Argentine pour
une remontée vers l’Amérique - La Floride ou des états adjacents.
Il aurait pu s’enrichir et éviter ces atroces maladies que l’on attrape
dans ces pays-là.
*
Kafka 37 Lorca 38 Apollinaire 38
Lorca peintre, pianiste
*
Les poésies en prose de Goethe. Très frais, très agréable.
*
1162
On a tendance à penser à Baudelaire concernant ses traductions
d’Edgar Poe.
Il faudrait également penser à Nerval concernant ses traductions
allemandes de très haute qualité.
Une statue de Rimbaud ?
*
*
Henri Durand, meurt à 24 ans, Suisse. (1848 - 1862)
*
Charles Dovelle meurt à 22 ans après un duel …
Rimbaud invente une nouvelle adolescence.
*
*
Srecko Kosovel meurt à 22 ans. Il nous laisse plus de mille poèmes.
*
Le livre blanc ---) Livre homosexuel de Jean Cocteau
1163
*
Marivaux, œuvre de jeunesse Not !
Vigny, Journal d’un poète (1867)
Musset (1810) a une œuvre de jeunesse écrite avant 30 ans.
La quantité représente 80 % de sa production totale.
*
Apollinaire Petit garçon très pieux.
18-19 ans, ça bascule …
Le bateau-lavoir
Trente ateliers. Un seul point d’eau.
Journal intime. G Apo
Liaison avec Marie Laurent Saint
*
Fabula, revue très intéressante
1164
Littérature Portes ouvertes
Poezibao
Le Matricule des Anges
Sitaudis
Florence Trocné Le Flotoir
*
Que pense PV d’Anne-Marie Albiach ?
Que pense PV de La Poésie contemporaine ?
Est-ce du Post-mallarméen ?
*
Ils veulent des contacts poétiques ? - Pour se faire dénigrer et
rejeter. A quoi cela sert-ils ?
J’vais t’apprendre à faire le poète.
Mais comment faire ? Comment agir ? Courir dans le vent ?
Vas-y. Commence. Discute.
Où sont-ils ? Où aller ?
1165
*
- Fais poète.
- Divertir la galerie, quoi ?
*
Les fourberies de Scapin et Cyrano de Bergerac ont été adaptés au
cinéma avec succès.
Ne peut-on pas envisager de jouer sur le grand écran la Phèdre de
Racine et Le Cid de Corneille ?
*
La Poésie, c’est une insulte à la Vérité.
Le Vrai est bafoué. Le Nul est adulé.
Nous sommes dans l’anarchie totale.
C’est ainsi.
Mais c’est inadmissible.
*
Quand j’étais jeune, je bénéficiais de trois ouvrages majeurs de
Virgile. Je veux dire – L’Enéide, Les Géorgiques et Les
Bucoliques..
1166
Cela me semblait en 77/78 une belle somme poétique et je m’en
contentais.
Depuis j’ai appris que six poèmes attribués à Virgile sont
accessibles dans La Pléiade puis sur Wikisources. Ce sont des
poèmes conséquents de 600 à 800 vers chacun.
Je les lis et me régale. L’Antiquité est une période considérable.
*
La Poésie, c’est une insulte à la Vérité.
Le Vrai est bafoué. Le Nul est adulé.
Nous sommes dans l’anarchie totale.
C’est ainsi.
Mais c’est inadmissible.
*
Quand j’étais jeune, je bénéficiais de trois ouvrages majeurs de
Virgile. Je veux dire – L’Enéide, Les Géorgiques et Les
Bucoliques..
Cela me semblait en 77/78 une belle somme poétique et je m’en
contentais.
1167
Depuis j’ai appris que six poèmes attribués à Virgile sont
accessibles dans La Pléiade puis sur Wikisources. Ce sont des
poèmes conséquents de 600 à 800 vers chacun.
Je les lis et me régale. L’Antiquité est une période considérable.
CIPM
*
Poésies.net
Poetica
Wikipoèmes
Poésies Web.net
Poèmes.net
Seghers
Belfond
Cherche Midi
Sitaudis
Poezibao
Recours au poème
Le Nouveau recueil
Remue.net
*
1168
Les grands poètes de la Littérature chilienne :
Gabriela Mistral
Vicente Huidobro
Pablo Neruda
Pablo de Rokha
Nicanor Parra
Journal de Vigny
*
Bonaparte, c’est l’homme ; Napoléon, c’est le rôle. Le premier a
une redingote et un chapeau ; le second, une couronne de lauriers
et une toge.
Le cœur a la forme d’une urne. C’est un vase sacré tout rempli de
secrets.
*
La Poésie est une évaluation irrationnelle.
*
Rimbaud - Van Goth - Sex Pistols
1169
même combat
Sex Pistols - Avancée majeure dans une sonorité nouvelle
*
A faire une anthologie de la Poésie des iles
---) Réunion
---) Les Antilles
---) Ile Maurice
---) Madagascar etc.
*
Les correcteurs
Père Bouhours ---) Racine
Vaugelas ---) Corneille
*
François Abgrall meurt à 23 ans. Breton.
*
1170
AR
De l’argent pour les acheter (les livres), il s’en procurait, non à
voler sa mère comme on l’a dit cruellement, mais à bâcler des
devoirs pour le compte de cancres riches … ce que je lui ai
pardonné.
Georges Izambard
*
PV a eu pour maitresse Emilie Noulet
*
Poésie de l’incompréhension
Poésie de l’incommunicabilité
Poésie du rejet, poésie du refus
Non. Vous n’avez aucune valeur.
Parler avec autrui et lui remettre sa carte
*
1171
Je n’ai jamais cherché à fréquenter les gens en Littérature. J’ai aimé
les catalogues, les politiques des Maisons d’Edition et les
applications d’écritures.
*
L’Urbain, nouveau genre poétique
La ville de Baudelaire mais aujourd’hui
*
Alain Souchon a inventé un langage
*
Les cycles de vie - Les cycles de mort
Andrée Chédid, Antoine Emaz, Claude-Michel Cluny, Salah Stétié
etc.
Ce sont peut-être des littéraires générationnels amenés à disparaitre
après leur mort.
1172
De leur vivant, les écrits sont validés par l’éditeur et la critique
spécialisée. Puis nulle œuvre posthume n’est imprimée. Ils
déclinent pour finir oubliés.
*
L’œuvre poétique (ou une partie) d’Andrée Chédid a été publiée
chez Garnier-Flammarion dans la collection Mille et une pages. Cet
ouvrage aura disparu dans une trentaine d’années, hélas !
En revanche, Gallimard a édité Textes pour un poème et Poèmes
pour un texte qui lui permettra de perdurer pour au moins 50 ans…
Le même schéma d’avenir se dessine pour Denis Roche. Son œuvre
complète éditée aux Editions du Seuil représentait quelque quatre
cents pages réduites illico à cent quarante aux éditions Gallimard.
Tels sont les destins d’œuvres pourtant renommées.
*
----) Antiquité
----) La Pléiade
----) La Poésie française
----) L’Extrême contemporain
1173
----) La Poésie internationale
----) Jeunes qui montent ou les poètes d’aujourd’hui
*
Le XVIIe, le XVIIe n’ont pas généré de génies de jeunesse. (A
l’exception de Pascal, peut-être)
Il faut attendre Rimbaud puis Lautréamont pour qu’éclate le
triomphe de l’intelligence naissante.
Sans oublier Sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l’Eglise à 24
ans.
Il y a également Emile Nelligan qui a écrit son œuvre avant son
internement à l’âge de de 20 ans.
Le XXe a généré Raymond Radiguet et Françoise Sagan.
*
La Poésie nourrit les âmes supérieures.
*
1174
Rimbaud vu par Mallarmé
15 août 2016Littérature, Littérature française, Poésie
Dans The Chap Book en 1896 puis dans Divagations l’année suivante,
Stéphane Mallarmé livre un portrait de cet autre grand poète qu’est
Arthur Rimbaud. Comment le poète parisien considérait-il Ardennais ?
Florilège…
Son apparence physique
« Je ne l’ai pas connu, mais je l’ai vu, une fois, dans un des repas
littéraires, en hâte, groupés à l’issue de la Guerre — le Dîner des Vilains
Bonshommes, certes, par antiphrase, en raison du portrait, qu’au convive
dédie Verlaine. “L’homme était grand, bien bâti, presque athlétique.
Un visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtainclair
mal en ordre et des yeux d’un bleu pâle inquiétant.” Avec je ne sais
quoi fièrement poussé, ou mauvaisement, de fille du peuple, j’ajoute, de
son état blanchisseuse, à cause de vastes mains, par les transitions du
chaud au froid rougies d’engelures. Lesquelles eussent indiqué des
métiers plus terribles, appartenant à un garçon. J’appris qu’elles avaient
autographié de beaux vers, non publiés : la bouche, au pli boudeur et
narquois n’en récita aucun. »
1175
Les tribulations de l’adolescent, éternel piéton
« […] c’était, à 17 ans son quatrième voyage, en 1872, effectué, ici,
comme les précédents, à pied : non, le premier ayant eu lieu, de l’endroit
natal, Charleville dans les Ardennes, vers Paris, fastueusement, par la
vente de tous les prix de la classe, celle de rhétorique, à cet effet, par le
collégien. Rappels de là-bas, or hésitation entre la famille, une mère
d’origine campagnarde, dont était séparé le père, officier en retraite, et
des camarades les frères Cros, Forain futur, le caricaturiste Gill, d’abord
et toujours et irrésistiblement Verlaine. Un va-et-vient résultait ; au
risque de coucher, en partant sur les bateaux à charbon du canal ; en
revenant, de tomber dans un avant-poste de fédérés ou combattants de la
Commune. Le grand gars, adroitement, se fit passer pour un franc-tireur
du parti, en détresse et inspira le bon mouvement d’une collecte à son
bénéfice. »
Rimbaud, « ravagé violemment par la littérature »
C’est un terme très fort qu’emploie Mallarmé en disant de Rimbaud qu’il
était « ravagé violemment par la littérature ». Si les deux poètes sont
différents, l’admiration du premier pour celui-ci est évidente :
« Menus-faits, quelconques et, du reste, propres à un ravagé violemment
par la littérature, le pire désarroi, après les lentes heures studieuses aux
bibliothèques, aux bancs, cette fois maître d’une expression certaine
1176
prématurée, intense, l’excitant à des sujets inouïs, — en quête aussitôt de
“sensations neuves” insistait-il “pas connues” et il se flattait de les
rencontrer en le bazar d’illusion des cités, vite vulgaire ; mais, qui livre
au démon adolescent, un soir, comme éclair nuptial, quelque vision
grandiose et fictive continuée, en suite, par la seule ivrognerie. »
Et Mallarmé ne se prive pas de citer plusieurs strophes du « Bateau
ivre », l’un des plus célèbres poèmes versifiés de Rimbaud.
Comment Mallarmé explique le silence de Rimbaud
On le sait, Arthur Rimbaud abandonna la littérature et la poésie de façon
aussi fulgurante qu’il s’en empara quelques années plus tôt. Après avoir
raconté l’épisode de l’altercation avec Verlaine, qui tira un coup de
pistolet sur le jeune homme, Mallarmé livre sa propre explication de cet
abandon :
« Voici la date mystérieuse, pourtant naturelle, Si l’on convient que
celui, qui rejette des rêves, par sa faute ou la leur, et s’opère, vivant, de la
poésie, ultérieurement, ne sait trouver que loin, très loin, un état nouveau.
L’oubli comprend l’espace du désert ou de la mer. Ainsi les fuites
tropicales moins, peut-être, quant au merveilleux et au décor : puisque
c’est en soldat racolé, 1876, sur le marché Hollandais, pour Sumatra,
déserteur dès quelques semaines, rembarqué au coût de sa prime, par un
vaisseau anglais, avant de se faire, audacieusement, marchand
1177
d’hommes, à son tour, y amassant un pécule perdu en Danemark et en
Suède, d’où rapatriement ; — en chef des Carrières de Marbre, dans l’île
de Chypre, 1879, après une pointe vers l’Égypte, à Alexandrie et — on
verra, le reste des jours, en traitant. L’adieu total à l’Europe, aux climat
et usages insupportables, également est ce voyage au Arar, près de
l’Abyssinie (théâtre d’événements militaires actuels) où, comme les
sables, s’étend le silence relativement à tout geste extérieur de l’exilé. Il
trafiqua, sur la côte et l’autre bord, à Aden, le rencontra-on toutefois à ce
point extrême ! féeriquement d’objets précieux encore, comme quelqu’un
dont les mains ont caressé jadis les pages ; ivoire, poudre d’or, ou
encens. Sensible à la qualité rare de sa pacotille, peut-être pas, comme
entachée d’orientalisme Mille et Une Nuits ou de couleur locale : mais
aux paysages bus avec la soif de vastitude et d’indépendance ! et si,
l’instinct des vers par quelqu’un renoncé, tout devient inférieur en s’en
passant, même vivre, au moins que ce soit brutalement, sauvagement, la
civilisation ne survivant, chez l’individu, à un signe suprême. »
Quand Mallarmé rêve à des inédits de Rimbaud
Mallarmé se laisse rêver à l’éventualité de découvrir un jour des inédits
de Rimbaud, tout en n’y croyant pas vraiment.
« L’imagination de plusieurs, dans la presse participant au sens, habituel
chez la foule, des trésors à l’abandon ou fabuleux, s’enflamma de la
merveille que des poèmes restassent, inédits, peut-être, composés là-bas.
1178
Leur largeur d’inspiration et l’accent vierge ! on y songe comme à
quelque chose qui eût pu être ; avec raison, parce qu’il ne faut jamais
négliger, en idée, aucune des possibilités qui volent autour d’une figure,
elles appartiennent à l’original, même contre la vraisemblance, y plaçant
un fond légendaire momentané, avant que cela se dissipe tout-à-fait.
J’estime, néanmoins, que prolonger l’espoir d’une œuvre de maturité
nuit, ici, à l’interprétation exacte d’une aventure unique dans l’histoire de
l’esprit. Celle d’un enfant trop précocement touché et impétueusement
par l’aile littéraire, qui avant le temps presque d’exister, épuisa
d’orageuses et magistrales fatalités : sans recours à du futur. »
Le mythe rimbaldien
On le voit, quelque temps à peine après sa mort, Arthur Rimbaud est déjà
devenu une sorte de légende. Le mythe n’a pas fini de proliférer. Ce n’est
pas un hasard si c’est Rimbaud, et non un autre poète parisien, dont la
silhouette sera choisie pour être placardée un peu partout dans la
capitale. Il n’est plus seulement un poète, mais cette légende d’un
adolescent rebelle et génial, un peu fou comme le sont tous les génies,
capable des plus incroyables fulgurances poétiques comme d’un sublime
rejet de toute littérature.
1179
Remarque : toutes les citations proviennent de l’édition en ligne
Wikisource, dont j’ai corrigé l’orthographe. L’image d’en-tête provient
de Wikipédia (Jodelet, Wikimedia Commons, CC).
FL : - Tout cet endroit concernant Rimbaud et Mallarmé a été
prélevé sur un site internet
*
Journal 2021 (Premier trimestre)
« J’ai cessé de me désirer ailleurs »
*
André Breton évoquant Saint-Cir-Lapopie
Les poètes à 100 livres : Serge Pey, Salah Stétié, Michel Deguy, Bernard
Noël, Jean-Michel Maulpoix.
*
*
1180
Jules Renard : « Mallarmé est intraduisible même en français. »
*
Ma façon de penser était la suivante : je voyais 60 grands poètes français
dignes de La Pléiade. Projeté sur l’ensemble de la planète depuis le début
des temps, cela donnait 1 200 poètes. Il y avait également 1 200 peintres,
1 200 sculpteurs, 1 200 photographes, 1 200 grands écrivains etc.
Evidemment, je raisonnais avec une grosse louche. Le tout était à affiner.
J’aimais NRF Gallimard, Les Pléiades, L’Extrême contemporain, Le
Contemporain, La Poésie du monde entier. Je potassais les catalogues en
ligne sur la toile. J’étais très attiré par la poésie italienne, espagnole,
portugaise, grecque, latine et d’Amérique du Sud.
*
Il existe six poèmes inédits de Virgile qui ont été édités dans la
fameuse collection de la Bibliothèque de la Pléiade. Ce sont des
textes assez longs qui peuvent atteindre 4 ou 5 cents vers
mesurés.
Le moustique, Imprécations, L’aigrette, Epigrammes, La fille
d’auberge, Priapées.
1181
Monsieur Rat, latiniste zélé dont je me rejouissais de ses traductions
ajouta dès 1935 Le cachot, L’Etna et Elégies pour Mécenne.
Si ces rajouts s’avéraient être exacts, cela augmenterait d’une façon
significative l’œuvre de notre plus grand poète.
*
En poésie, les gens s’octroient aisément des distinctions du genre :
- Je suis un grand poète - J’ai du génie – Je suis certain de passer.
On ne trouve pas ces affirmations en Philosophie, dans la Roman
ou sur le Théâtre.
Ces littéraires semblent beaucoup plus modestes …
La Science est un lieu où l’orgueil n’est pas.
Dominique Giraudet Facebook
*
En 1938, Frida Kahlo est venue à Paris. Voici comment elle parla de
Breton et des surréalistes dans une lettre à son amant le photographe
Nikolas Murray :
1182
« Tu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent
envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits «intellectuels» de
mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préférerais
m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt
que de devoir m’associer à ces putains d’«artistes» parisiens. Ils passent
des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des «cafés»,
parlent sans discontinuité de la «culture», de l’ «art», de la «révolution»
et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de
choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère
avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.
Le lendemain matin, ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un
seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites, aux
crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le
«génie» de ces «artistes». De la merde, rien que de la merde, voilà ce
qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vu, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps
en commérages idiots et en discussions «intellectuelles» ; voilà pourquoi
vous êtes des hommes, des vrais, et pas des «artistes» à la noix. Bordel !
Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en
train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens — ces bons à rien sont la
cause de tous les Hitler et les Mussolini. Je te parie que je vais haïr cet
endroit et ses habitants pendant le restant de mes jours. Il y a quelque
chose de tellement faux et irréel chez eux que ça me rend dingue.»
*
1183
Poésie = Exercice mathématique
= Mots croisés
= Partir d’échecs
*
J’ai pensé à faire mon travail mais je n’ai pas pensé à fréquenter
des poètes.
Ma poésie était une poésie de lectures et non pas de conversations.
Je suis désolé, je n’y ai pas songé.
J’ai essentiellement songé à comprendre les mécanismes de
création pure – Illuminations, Les fleurs du mal, Phèdre, Athalie,
Esther, L’Apocalypse, La Jeune Parque, Le cimetière marin etc.
Mais les discussions avec X ou avec Y me sont passées au-dessus
de la tête. Je n’y voyais aucune utilité et n’éprouvais aucun plaisir à
être en compagnie de littéraires locaux.
*
Poètes sachant dessiner quelque peu
Valéry - Cocteau - Hugo - Rimbaud - Baudelaire et ?
1184
*
Oui, usons, s’il se peut, d’un don supérieur.
*
Œuvres de jeunesse
L’âge de craie Pieyre de Mandriargues
La quête de joie Patrice de La Tour du pin
(Je cherche également le journal d’un barcelonais écrit à 20 ans.)
Faut-il enregistrer Les enfants de septembre ?
*
-1 - Œuvre poétique de jeunesse
-1- Le nombre de sonnets écrits
-1- Le nombre de poèmes en prose
-1- L’œuvre érotique d’un poète
-1- L’œuvre prophétique d’un occidental
-1- Premier poète français
*
Le poème Ouvriers de Rimbaud est un écho à La Commune.
1185
*
Poésie
---) Certains chefs-d’œuvre ne seront jamais édités
---) Certains chefs-d’œuvre ne seront jamais réédités
---) Les poètes voyant que le travail n’est pas validé, lèveront le pied.
Cela créera une certaine tendance à la baisse. Le niveau risque de
s’affaiblir.
*
Po
En poésie, il y a une surestimation de soi et une sous-estimation de
l’Autre.
Les analyses sont erronées. Il est préférable de rester à l’écart.
Il n’y a nulle visibilité. La Critique est faussée.
Po
Siméon et Doucey se sont défoncés le cul … pour des clopinettes.
*
Asksinia Mihylova, poétesse bulgare.
Clément Marot, Epitres.
Racine. Alexandre, c’est Louis XIV.
*
1186
Décès de Philippe Jaccottet à l’âge de 95 ans.
SE : - Ciel.
Aucune intervention dans les médias pour signaler sa
disparition …
*
Alcheringer Deux revues
Supérieur inconnu Surréalistes
*
Facebook avec Philippe Beck
Bonjour Philipe Beck !
Date d’envoi de votre message : 2 mars 2018
A la Cerisy, vous aviez avec votre stylo essayé d'expliquer à un
intervenant votre système de renvois et de correspondance concernant
votre principe de composition, et lui vous avait répondu : tresse,
chevelure, n'y comprenant rien. N'est-il pas vrai ? Bonne inspiration et
bonne continuité. Franck Lozac'h
23/08/2019 20:04
Date d’envoi de votre message : 23 août 2019
Dans de la nature - le titre est énigmatique. Viendrait-il de Dave Brubeck
- Take the A Train ?
Hier, à 21:37
mar 21:37
Date d’envoi de votre message : Hier, à 21:37
1187
Je pense à Stéphane Hessel, à André Markowicz, à Henry Bauchau
pensez-vous que ces poètes qui se prévalent d'être des grands poètes le
sont réellement ?
Date d’envoi de votre message : Hier, à 21:37
Philippe, date d’envoi : Hier, à 21:39
Trois noms très différents! Seul Bauchau est reconnu comme poète, je
crois. Mais l'ambition d'être poète est la chose du monde la mieux
partagée. Je n'ironise pas là-dessus, car c'est un problème grave, plus
important que celle du talent.
Vous pouvez maintenant vous appeler et voir les informations
concernant le statut En ligne et la lecture des messages.
Date d’envoi de votre message : Hier, à 21:44
Je vous remrecie de votre réponse, Philippe Beck. Je continue à vous
suivre.
Philippe, date d’envoi : Hier, à 21:46
C'est très gentil à vous. A propos de Dans de la nature, et avec bien du
retard (pardon!). Il faut prendre la nature comme une matière. Donc, nous
sommes moins "dans la nature" comme dans un ensemble indéterminé
que "dans telle ou telle moment ou partie matérielle de la nature" : c'est
une affaire concrète.
Aa
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Indochine Go Rimbaud Go
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