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Les Essais poétiques 1190 pages

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FRANCK LOZAC'H

Essais poétiques

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L'ACTE POÉTIQUE

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CONSIDERATIONS GÉNÉRALES

Ce petit essai affirme la certitude de la sublimation poétique

et veut déterminer les différents mécanismes cérébraux permettant de

comprendre l'acte de création. Il ne prétend pas pour autant accéder à

une synthèse de vérité infaillible. Il envisage du moins les rapports

complexes de la mémoire, d'un certain subconscient et de la

conscience de l'esprit. Il espère mieux faire assimiler les différentes

étapes mécaniques et psychiques de la créativité poétique. Cet aspect

primordial de la conception littéraire a rarement suscité l'intérêt chez

l'analyste.

Ce refus tient le plus souvent à la certitude quasi

insignifiante et méprisable que l'on se fait de la poésie. L'objet de cet

essai est avant tout de prouver que critique et créativité sont phases

qui se succèdent simultanément dans la conscience du producteur,

qu'il est faux de limiter l'acte d'écriture à une sorte d'exploitation du

réservoir de la mémoire et que des connexions fort difficiles à

percevoir transmettent des informations de synthèses, condensées ou

dérivées par différents travaux de l'esprit.

La matière que nous exploitons n'est pas seulement un

ensemble d'images prêtes à l'emploi, mises en prescience pour un

exercice de l'intelligence. Par "image" nous supposons qu'il n'y a pas

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constamment représentation d'une forme donnée, mais qu'il peut y

avoir fabrication immédiate du matériel pour une exploitation utile

sur l'instant.

Cette détermination du matériel poétique est tout

simplement de la fabrication d'outils d'écriture. On étonnerait

l'homme de la rue en le soumettant à ces sortes de spéculations

insignifiantes et ridicules. On ne pourrait provoquer chez lui que le

rejet immédiat d'une telle constatation. Ce qui touche ou charme son

esprit est en réelle contradiction avec ce genre d'analyse. Mais,

d'autre part, nous pourrions susciter chez ce critique l'éveil d'une

certaine curiosité en lui prouvant que les différents arts utilisent des

mécanismes de la reconnaissance identiques, et que les arts et les

sciences exploitent eux aussi des directives communes pour accéder

à leur propre système de vérités.

Ce schéma commun qu'exploiteraient les sciences et les arts,

et les techniques appliquées découleront de la faculté propre à

l'espèce humaine qu'est l'acte de créativité par l'intelligence.

L'objet obtenu, tout aussi spécifique qu'il soit ne serait

qu'une variante appliquée de la capacité intellectuelle humaine.

Cela est précisément le sens où nous devons entendre le

mot "poésie", pour cesser de le rendre dérisoire ou de faible nature

auprès du public et même auprès d'une critique avertie. Nous

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essayons donc de nous situer dans un contexte qui ignorerait la

polémique élémentaire sur le bon goût et sur la capacité d'analyser la

valeur du produit. Cet essai tente de vouloir comprendre le

phénomène "image" en tant que perception de matière transformée,

mais il ne saurait déterminer la qualité de l'image créée. Il est certes

difficile de rejeter cette association de message obtenu et sens du

message, mais je demanderai toutefois au lecteur d'éviter cet

assemblage.

Il se peut également que des objections d'analyse éveillent sa

conscience et lui offrent des réflexions divergentes de ce qui est

proposé. Il est dans la nature de l'homme de penser autrement ce que

tel autre s'est évertué à prouver. C'est avec l'opposition et le doute

que la pensée évolue. Le progrès y gagne dans le débat.

Mais est-ce un tort que de vouloir comprendre comment

s'organise la matière poétique à l'intérieur de l'esprit et d'essayer de

s'en faire une idée plus précise ? Une chose simple acquise : il serait

vain de confondre sa nature avec l'étendue géométrique. Quoique... Il

paraît difficile d'ignorer le relationnel sensoriel, émotif avec la

perception de la nature. Le phénomène poétique, s'il est bien un

travail de l'esprit, puise sa vérité en tenant compte des informations

extérieures, qu'il reçoit. La mémoire de la nature devient alors

nécessaire pour déterminer l'origine poétique et pour lui constituer

un fondement solide. Sa volonté de transformer sa perception n'est

pas toujours comprise et son efficacité sur notre entendement ne

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porte pas à tout coup. Il s'agit ici d'un décalage de sensibilité entre

l'exécutant et le receveur. Le mariage semble parfait quand

l'exécutant et le receveur sont de même perception, ou cohabitent en

un seul individu. Nous avons essayé non pas de déterminer sa valeur

en nous basant sur une critique unitaire mais bien générale.

Nous n'aborderons le problème de cette poétique que dans

la mesure où elle essaie d'analyser l'épineuse difficulté de sa

sublimation et des origines de sa créativité. Il n'est pas question ici

d'aborder l'étude comparative de la valeur poétique, mais de

comprendre les mécanismes de sa sublimation.

Ces mécanismes de l'intelligence à travers les générations

littéraires ont été que très peu étudiés. Plusieurs raisons peuvent

justifier ce désintéressement. Son étude en elle-même qui nécessite

une bonne connaissance du fonctionnement subliminal. Son utilité

qui semble contestable auprès des professionnels de l'écriture. Les

poètes eux-mêmes, possédaient-ils suffisamment de capacité

analytique pour proposer une interprétation solide du phénomène ?

La compréhension de ce phénomène particulier, peut selon

diverses analyses déboucher sur des conclusions différentes. Que l'on

vienne à considérer la sublimation comme un simple transfert

d'énergie sexuelle, ou comme un état activé ou latent selon les

individus répondant à des capacités intellectuelles, nous devons

reconnaître que ces deux traductions de l'acte créatif ne sauraient en

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rien nous satisfaire. Dans un cas comme dans l'autre, la clé de la

compréhension passe par l'étude interne du cerveau. Il faudrait pour

cela que nous possédions un moyen pour assister au travail cérébral

de l'intelligence. Dans le domaine médical, les derniers outils

(scanner, résonance magnétique) sont de faibles utilités pour

véritablement comprendre ce qui se passe à l'état de conscience.

Encore faudrait-il prétendre que c'est seulement à l'état d'éveil que

doit se concevoir son étude et son interprétation. Le matériel utilisé

peut tout aussi bien s'accumuler durant la période de rêve, de

sommeil, ou de conscience dérivée ? Où puise-t-elle réellement son

origine ? D'où provient l'acte subliminal et pourquoi cette aptitude

plutôt qu'une autre ?

L'essence même de l'acte subliminal est une aptitude

difficilement cernable, - et c'est une vérité communément admise par

les psychologues aussi bien que par les savants. On pourrait toutefois

se demander si une analyse examinant les faits par l'exécutant luimême,

permettrait d'exprimer une autre hypothèse. Ce parti pris,

cette option de l'intérieur fausse le résultat observé mais prétend être

au cœur du problème.

Il y a donc une connexion puissante entre l'état de

conscience et l'intelligence créatrice. Cela se situe au niveau de la

capacité inventive. Il y a une solidarité incontestable entre le créateur

et l'œuvre obtenue. Il nous faut donc comprendre comment le travail

réalisé nous permettra d'interpréter les mécanismes sublimes de

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l'artiste. Le dessein et sa forme nous offriront-ils les moyens de

pressentir le déroulement de la tâche exécutée ? Si le fait

psychologique tire son origine d'un certain type de conscience

cérébrale, peut-on en exploitant une sorte de parallélisme entre le

comportement de l'exécutant et l'œuvre réalisée obtenir de ces séries

d'analyse une réponse à l'acte subliminal ?

Le psychologue cherche à s'appuyer sur des informations

biologiques précises pour comprendre le fait intellectuel et exploite

des données sur la science de l'esprit pour en extraire la capacité

subliminale. On exige donc des faits rapportés qu'ils donnent des

informations suffisamment précises pour exprimer des hypothèses ou

tirer des vérités. Nous allons montrer dans ce petit essai que le

résultat artistique exploite la valeur du souvenir et cherche à le

transformer. Nous nous situerons donc dans l'espace de la mémoire.

Et c'est encore l'utilisation d'une certaine matière par l'esprit que nous

nous efforcerons de démontrer. Sans nul doute, la mémoire des mots

ne suffit pas à elle seule à découvrir les mécanismes de l'acte créatif.

Il faudra étudier la capacité à symboliser que possède le poète, son

aptitude à condenser, à dériver, à mêler images, sons et situations.

C'est en parvenant à étudier de manière systématique les aspects

obscurs de ce problème que nous parviendrons à l'aborder plus

lucidement.

Nous essayerons de l'expliquer. D'une manière plus

générale, l'acte créatif nous semble aller bien au-delà de la

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conscience cérébrale. J'entends que les sensations perçues de

l'extérieur entrent pour une grande part dans la production poétique.

Une pensée complexe créée par le cerveau s'accompagne de

charges émotives, d'informations sensorielles qui tirent leur origine

de la conscience, elle-même, mais peuvent provenir de la perception

extérieure également.

C'est dire que différentes relations externes et internes

entrent en considération pour la production d'images mentales. Le

comportement accompli est loin d'être simple.

Il y a donc des perceptions nuancées dans cette vie mentale,

et notre analyse critique s'effectuera à différentes hauteurs, tout au

plus près de l'action - comme participant et agissant - tantôt de

manière assez éloignée, selon le degré et l'intensité de concentration.

Là est l'une des idées principales de l'analyse poétique : cet état

psychologique d'une assez grande complexité nécessite une

concentration extrême pour pouvoir déceler quelque chose. De

nombreux retours s'avèrent indispensables pour percevoir

convenablement le produit poétique obtenu.

À vrai dire, le lecteur ne paraît pas avoir tout à fait tort de

rejeter cette perception difficile de l'art. Sans conteste, elle nécessite

de grandes opérations de l'esprit, un effort toujours renouvelé, avec

une jouissance rarement atteinte comparable à celle que l'on peut

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éprouver dans les autres disciplines. Peut-on toutefois aider le lecteur

à résoudre cette difficulté ? Est-il possible de proposer autrement

l'exercice poétique ?

Nous n'avons jamais cru, au début de cette recherche, qu'il

pût y avoir une possible connexion entre la signification intérieure

proposée par le poète, et la perception de cette signification reçue par

le lecteur. Il nous semblait impossible de rendre réaliste ce que ce

poète s'était évertué à idéaliser. Cette connexion n'est jamais tout à

fait réalisable quand bien même elle s'effectuerait par un esprit

intime et d'une sensibilité proche de celle de l'auteur.

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L'ÉVOLUTION POÉTIQUE

Les anthologies de notre poésie, si incomplètes qu'elles

soient, nous laissent entrevoir le dessein de l'évolution créative à

travers une adaptation ininterrompue depuis des millénaires. Il est

trop tôt encore pour savoir si cette ligne se brisera, si elle monte

encore, si elle tend à se stabiliser, voire à décroître. Elles nous

montrent une étonnante sensibilité de la conscience du poète, à

l'invention souple ou complexe qui cherche à exprimer une émotion

en exploitant des mots chargés de signifiants. Cette volonté de créer

s'est constamment développée dans des environnements culturels ou

sociologiques précis. De là a certainement résulté cette conséquence

d'adaptation littéraire à une situation déterminée. Il sera peut-être

difficile de tenter de comprendre les apports des éléments extérieurs

dans l'acte créatif final. Nous essayerons toutefois d'analyser le

comportement de l'acte créatif dans sa logique avec les mots, les

sensations et les perceptions extérieures.

L'intelligence poétique baigne dans un espace de mots,

d'images et de syllabes. Elle s'élance et se laisse emporter de

découvertes en certitudes, d'expériences en nouvelles spéculations.

Elle progresse en exploitant la raison, sa logique et sa propre

détermination spatiale ou géométrique.

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Notre pensée est rarement apte à exploiter le champ poétique

de l'inspiré. Elle pénètre peu dans la vraie nature de l'autre, et ne

saisit que de manière insignifiante le message profond remis.

Conçue pour la nourriture de l'imaginaire, dans des

situations impalpables, créée pour agir sur du matériel délétère,

comment s'adapterait-elle à une perception quantifiable et aisément

déterminée ? Le plus souvent exclue, délaissée et marginalisée, par le

mouvement évolutif lui-même, révélera-t-elle le défi du troisième

millénaire ? Cela est peut-être faire preuve d'esprit chimérique que de

prétendre qu'elle sera apte à résoudre ce difficile problème.

Nous comprenons aisément que cet état d'esprit, cette

conception de la réalité qui entre dans le principe de notre pensée,

répond que fort peu aux aspirations et directions du plus grand

nombre.

S'adapte-t-elle réellement aux certitudes d'existence ? En a-

t-elle perçu le fondement et son avenir ? En vain, le poète cherche à

plaire, poussant l'autre dans son espace imaginatif, sans grand succès

le plus souvent. Le message est trop complexe, n'a pas d'impact

direct, mais est reçu après travail de l'intelligence, recomposition de

la faculté créatrice, c'est-à-dire avec des moyens que très peu

possèdent. Le poète ne doute pas de son propre raisonnement, il

avance rempli de confiance, assuré de sa bonne route. Il jure de ne

pas pousser autrui dans un labyrinthe fangeux, aux ténèbres

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obscures, pourtant nul ne veut le suivre ou se risquer à emprunter son

chemin.

L'expérience prouve qu'un décalage conséquent de

génération a rendu crédible la voie tracée par l'innovateur. Elle

démontre que sa méthode d'investigation, les supports imagés

exploités, la stylistique permettant l'assemblage de ces mots, ce

langage en quelque sorte différent et inconnu était le bon, et s'avéra

des plus utiles.

Pourtant la poésie contemporaine prétend avec aplomb

s'intégrer dans la réalité du quotidien, que cela soit par les poètes de

la résistance ou du spatialisme, de la nature ou de la modernité.

Elle avait montré autrefois, sachant se mettre au service des

grands pour glorifier leur règne, sa qualité d'esthétique dans la grâce

de son discours. Saura-t-elle s'adapter aujourd'hui à l'évolution de

notre société et éclairer les êtres vivants sur leurs comportements et

leurs actions ? Là voilà encore, agitant son immense phosphore,

manœuvrant sa lumière au fond des ténèbres obscures pour illuminer

la conscience du monde. Elle exploite la mémoire de son passé et

prétend par la force de sa pensée participer à la considération idéale

du comportement humain. Il est vrai qu'elle subit des blocages, des

interdits quand ce ne sont des mépris et des quolibets. Elle voit sa

logique imaginative rejetée au rang dernier. Etouffée, asphyxiée,

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confrontée à d'incroyables difficultés, elle renonce le plus souvent à

sa volonté première.

Elle n'a pas les moyens d'entrer dans la réalité matérielle.

Son espace est l'imagination. C'est avec des mots qu'elle recompose

une imitation du réel, en exploitant la symbolique et l'analogie. Elle

essaie de pénétrer dans l'essence de l'inconnu qui lui échappe, qui est

fluide à sa manière, elle veut en déterminer les relations et accéder à

sa nature. À la fois remplie d'orgueil et de génie, la voilà soumise à

une immense humilité. Sa forme intellectuelle est le plus souvent

inaccessible, à l'exploitation délicate. Elle ne peut pénétrer dans

certains corps jalousement protégés par une barrière matérielle. Son

champ d'action est bien l'irréel et l'impalpable. Elle spécule sur des

images en utilisant une rigueur mathématique et morphologique

indiscutable. S'il y a déformation de la réalité, interprétation autre du

réel quantifiable, c'est que le poète ou l'artiste en général prétend voir

autrement, avec un oeil différent. Vrai, il déforme, il transforme, il

crée. Mais cette création s'avère curieusement coller à la réalité

future. Le poète est bien celui qui anticipe.

Il est pourvu d'une intelligence qui tend vers l'action

intérieure, il veut analyser la réaction qui s'ensuit. Il produit un objet

chargé d'émotions, il en reçoit le message. Y a-t-il contradictions,

aberrations qui heurtent sa spéculation ? Quand bien même il ne

pourrait atteindre son but, sa volonté d'agir ne serait être méprisable.

Appliquer sa capacité intellectuelle à ce genre d'exercice révèle d'une

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audace de l'esprit. Le poète prend le risque d'être rejeté, méprisé,

incompris. Il n'a aucune finalité financière. Il va chercher le bâton et

peut se faire frapper. Telle est sa gloire !

Cette aberration vient du fait que le poète applique sa force

créatrice sur des objets rarement reconnus par le plus grand nombre.

La capacité imaginative de l'ensemble s'exerce sur des supports plus

grossiers, nécessitant moins de décomposition, moins de travail en

quelque sorte. Il n'est pas question de transmettre une valeur

artistique pour que l'autre en perçoive fidèlement le message. Non,

l'autre doit fabriquer par lui-même l'image à travers le matériel reçu.

Jamais le poète ne pourra prétendre transmettre avec exactitude

l'impression du produit. On comprend l'immense difficulté que peut

engendrer sur notre esprit la nécessité de transformer des objets pour

les rendre comestibles à notre intelligence. Il y a volonté d'animer de

la matière dite morte.

Faut-il cesser d'approfondir la possibilité poétique ? Faut-il

s'en tenir à une représentation lyrique de l'émotion qui emporte les

sens, exalte ou enivre et disparaît ? Nous verrons à travers les

différentes analyses qui ont été proposées dans ce petit essai que

nulle solution plausible n'a pu être envisagée. Une sorte de fatalité de

l'incompréhension semble régner. L'avenir ne laisse rien espérer.

L'hégémonie de l'image télévisuelle soumettra l'image à concevoir à

l'état de misérable mendiant. Mais l'activité de cette forme de vie

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sous-jacente, nombriliste, autarcique doit toutefois être menée

encore.

Il le faut, si l'on ne veut pas que la capacité intellectuelle

rejette tout ce qu'elle possède de rêve et d'imagination pour

uniquement se consacrer à former des esprits de rigueur et de

logique. La ligne de progrès qu'emprunte l'homme semble se

développer sur d'autres aspects de la conscience. Cela serait erreur de

mépriser tout un pan de notre activité humaine prétextant que

l'essentiel se situe ailleurs, car la poésie doit participer au

mouvement évolutif de notre civilisation. En se rapprochant des

nouvelles techniques et technologies, en fusionnant avec elles, la

poésie doit coexister et tendre vers le haut, poussée par ce progrès

vital.

Car il s'agit encore ici de développer une forme de

l'intelligence qui n'est pas uniquement évanouissante ou nébuleuse,

mais qui est une partie complémentaire des autres formes de pensées

logiques ou rationnelles. Là s'imposent des puissances de l'esprit et

de l'entendement dont le grand public n'a souvent qu'un aperçu

confus et superficiel, mais qui doit être éclairé pour accéder à

l'œuvre.

C'est dire si la connaissance artistique et le savoir

scientifique nous paraissent intimement mêlés l'un à l'autre. Un

principe d'existence terrestre qui rejetterait cette connaissance serait

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comparable à l'acte d'un homme qui se crèverait les yeux, prétendant

qu'il n'a pas besoin de voir. Le savoir scientifique doit lui aussi

admettre le bon fondement de l'art mis à sa disposition. Il ne peut

ignorer des faits prétextant qu'ils n'entrent pas dans son cadre

d'existence.

Ces deux formes d'intelligence pourront par une méthode

plus rapprochée, accéder aux grands problèmes que se pose

l'humanité. Mises au service de la philosophie, elles parviendront à

faire avancer la pensée. Elles réussiront aussi à nous instruire sur

l'origine de notre intelligence, sa genèse et son dessein initial. Par

une analyse fractionnée, ou un plan d'ensemble, elles nous

permettront de mieux comprendre la nature même de notre esprit.

Mais cette conception de l'entendement a peu de chances de

se crédibiliser immédiatement. Chaque système de pensées se

présente avec sa différence et sa spécificité. L'effort sera collectif et

interactif entre des hommes qui accepteront de se compléter, et de

dépendre les uns des autres. Il faudra définir ce que l'on cherche à

comprendre et la méthode que l'on désire employer.

Le mouvement de ce petit essai ne prétend pas résoudre de

telles difficultés. Il cherche à mieux comprendre le mécanisme

cérébral qui découle d'un acte créatif, et vise à valoriser une

discipline souvent méprisée et rejetée par le public.

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LE CHOIX DES IMAGES

Nous allons prétendre pour un instant que nous ignorons

tout des techniques poétiques et de la maîtrise des règles, que nous

ne possédons aucune certitude concernant le rythme et l'accent, le

compte et le chiffrage.

Nous voici donc en présence d'images, confrontés à des

sortes de formes vagues et délétères auxquelles nous essayons de

donner une contenance. Ces images semblent perceptibles peut-être

pas dans leur essence totale, mais toutefois leur nature est

transformable par le moyen des sens. L'ensemble de ces images peut

former une sorte de cohésion ou être lu de manière indépendante.

Elles agissent encore les unes sur les autres par une loi que l'on

appellera synergique. Leur actif émotif se mêle, s'engendre et se

fortifie au contact de leurs parties élémentaires, cela peut se

comparer au mélange des différentes couleurs qu'offre la palette du

peintre pour obtenir des tons nuancés.

Le poète utilisera donc son matériel de mots, qui formeront

immédiatement des images ou des possibilités d'images, et se fera

fort en exploitant la technique d'écriture, le sens de l'organisation et

sa sensibilité esthétique, d'obtenir un produit musical de qualité

certaine.

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L'avenir de ses images est déterminé par son degré de

critique. Il y a le j'accepte ou je refuse, le je prends ou je jette. On

veut supposer que cette perception de choix provient de son sens

esthétique raffiné, ou de son expérience dans l'étude des anciens.

Mais il y a encore une raison qui peut justifier cette sélection

d'images, c'est la volonté de produire des combinaisons ou d'accéder

à des solutions que nul avant lui n'avait osé mémoriser sur le papier.

Il s'agit ici de l'acte créatif, par excellence. Il est à remarquer que ce

n'est pas seulement la nouveauté de l'image qui justifie de

l'innovation, mais cela peut tout aussi bien découler du matériel

grammatical et de son agencement.

Je reçois donc des informations qui proviennent de l'extérieur

que je dois mêler, mélanger à des affections dont l'origine est interne.

J'examine plus ou moins, en fonction de mon degré de critique, le

pourcentage que je donnerai aux uns et aux autres, et ce dosage, ou

cet excès de dosage me permettra d'accéder à une combinaison écrite.

Ces perceptions externes et internes sont constamment critiquées,

acceptées ou refusées mais elles sont accompagnées d'un matériel de

langage qui correspondrait à du ciment pour la construction d'un

mur. Je balance ou je spécule entre des mouvements d'informations

perçues du dehors ou produits par le dedans. Je détermine mal

l'influence des uns et des autres, la résistance de la critique, ou

l'aberration de la solution pour la technique d'écriture. Ces différents

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paramètres jouent un rôle plus ou moins prépondérant en fonction de

la valeur du moment que je leur accorde.

Je passe en revue les diverses invitations à agir ou à ne pas

produire de coups, car la critique est parfois revêche et s'entête à

refuser toute offre de départ. J'écoute de très près, je veux dire : mon

attention est à son extrême, ma communication est parfaite. Que vaisje

faire ? J'observe des mouvements à peine perceptibles, des sortes

de propositions basées dont l'exécution est encore à déterminer. Je

puis avoir l'indication d'une solution à extraire, - son acceptation ou

son refus sera fonction de l'exigence du choix. J'invoque, j'évoque, je

plonge dans ma mémoire. Je dois encore en quelque sorte organiser

un monde, produire dans un espace. Mais je n'en connais ni ses

limites ni ses fondements. Je me dédouble et mon critique va

déambuler ou se mouvoir dans cet ensemble, jugeant de ses effets et

de ses propriétés.

J'interroge cette conscience sur ce qu'elle décide dans le

choix des solutions : elle me répond en tachant de proposer la

combinaison idéale. Elle hésite parfois, et offre plusieurs coups. Ses

solutions s'expriment sous forme de sentiments, d'émotions ou de

sensations. Je suis le critique, donc je prétends détenir l'initiative.

Mais la conscience est toujours présente - jamais ne s'enfuit, jamais

ne disparaît tout à fait - du moins pour demander des associations

nouvelles après mes refus.

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Tout se passe comme si critique et conscience se

juxtaposaient dans la simultanéité du temps pour prélever, combiner,

associer des groupements de mots puisés dans un immense réservoir.

Rien ne pourrait réellement se produire sans la capacité phénoménale

que détient la mémoire.

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LE SENTIMENT DU BEAU

Il faut reconnaître que le sentiment du beau, que sa

détermination même soumis à une analyse rigoureuse ne peut pas

pour autant être décelé. Peut-être que la difficulté que l'on éprouve à

le déterminer vient surtout du fait que l'état du beau est défini d'après

un état antérieur reconnu dans l'Art. Les références des générations

passées sont alors les moyens qu'emploie le critique pour justifier de

l'essence du beau. On pourrait se demander si le critique ne saurait

pas aller au-delà de sa propre mémoire, de son propre système de

références culturelles - sauter le pas en quelque sorte - et tenter de

comprendre dans l'audacieux, dans la nouveauté et l'original. Et ce

n'est pas raisonner bien loin que de s'imposer une stricte méthode

d'analyse pour étudier le beau et son évolutionnisme dans les œuvres

produites. Par un effort de transitions possibles, de l'art à l'art, le

critique parviendrait du moins à comprendre le système d'évolution

transformelle.

L'on comprendrait peut-être un peu mieux comment les

générations d'artistes qui se sont succédé ont pu activer leur capacité

créatrice pour modifier de manière significative l'acquis imposé par

les anciens.

Dans les procédés couramment employés par les artistes, on

trouve l'aptitude de dériver le travail final de l'autre, - un peu comme

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s’il y avait cette volonté de perfectionner une invention ou une

découverte en y ajoutant des ingrédients inconnus. Il y aurait donc un

système de variables plus qui modifierait de manière significative le

contenu et la forme de l'autre.

Chez le poète, l'actif qui produit des images nouvelles

impose au lecteur la perception d'un sentiment émotionnel inconnu.

C'est le plus souvent la création d'images qui en perturbe

l'assimilation facile. C'est parfois la structure grammaticale

audacieuse ou carrément différente qui opère par la résistance un

effet négatif. Le rythme, l'accent ou la musique offrirait pourtant des

supports pour mieux favoriser la nouvelle reconnaissance.

Si des œuvres poétiques de la période antique expriment des

sentiments superficiels, des émotions lyriques qui caressent et

exaltent une âme prête à s'emporter, en opposition des exercices

symboliques et obscurs, des tentatives audacieuses d'associations

surréalistes donnent un sentiment d'hermétisme et de blocage.

L'émotion rendue à je ne sais quoi de désertique ou d'infranchissable

et la volonté du lecteur se perd dans cette résistance. On trouvera

dans la sculpture, dans la peinture ou la musique contemporaine

certains effets analogues perçus par le critique. L'asymétrie des

formes, l'association de matériaux indépendants, le déplacement du

centre font que notre capacité de percevoir hésite et refuse de

proposer à la conscience ces changements significatifs. C'est toute

notre personnalité qui en est perturbée. L'hésitation même légère

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concernant un trait, une courbe ou une couleur suffit à remplir en

nous cette idée de refus. Ainsi l'œuvre qui suggère en nous des

sentiments nouveaux à développer peut provoquer son effet

contraire : le refus définitif.

Le seul moyen efficace pour crédibiliser un exercice nouveau

serait de l'imposer avec insistance, à nombreuses reprises, dans l'esprit

du critique. Le poète est rarement compris à la première écoute, et c'est

le plus souvent une longue amitié auprès d'une communauté de

confrères qui tend à crédibiliser le produit poétique ainsi obtenu. Cette

communauté d'ailleurs, à son tour, peut exercer une influence heureuse

ou néfaste sur le poète, et l'induire en erreur. La capacité de percevoir

est alors perturbée de manière négative par le milieu.

Il résulte que cette analyse du beau est un sentiment spécial,

déterminé par la caractéristique que lui confère le critique. Il suggère

une valeur, mais ne peut en déterminer la raison. L'émotion paraît fixée

dans la mémoire sous l'effet de la culture assimilée dans le passé.

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UTILITÉ DU BEAU

L'acte créatif artistique s'avère-t-il réellement indispensable ? Estil

nécessaire qu'il y ait cet habillage de la matière, cette organisation

choisie et non pas aléatoire ? Cette question peut, en vérité, se poser si l'on

oppose l'art à la science. Il faudrait prétendre que l'utilité du beau est

seulement d'ordre admiratif et ne possède nulle fonction efficace entrant

dans un principe organisé. Il est une sorte de statue unique, se suffisant de

soi-même, que l'on contemple telle une image qui peut apparaître et

disparaître à tout instant, sans lien quelconque avec une action d'utilité

"dite" matérielle.

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L'ESTHÉTISME POÉTIQUE

Les structures esthétiques nous offrent des exemples assez

frappants de cette évolution progressive d'éléments nouveaux dans

l'émotion fondamentale qui, si elles ne semblent pas toujours en

accroître la grandeur, en modifient du moins de manière radicale la

nature. Veuillons considérer la plus controversée d'entre elles, je

veux dire la sensation poétique. Ce n'est d'abord qu'une perception

visible de quantité morphologique, puis c'est une volonté d'accomplir

un effort de lecture pour produire un état psychologique d'élévation,

de charme ou d'émotion. Il y a donc une quantification visuelle qui

permet d'identifier le produit à lire. Il peut y avoir blocage ou refus

devant l'exercice à accomplir. Une production importante peut

provoquer un rejet catégorique de la part du lecteur. C'est donc la

perception d'une certaine difficulté, d'une certaine résistance dans

l'exécution de l'effort. Et comme la recherche immédiate du

comportement consiste à préférer la facilité à l'attitude d'effort,

l'objet poétique peut engendrer une sorte d'exclusion.

L'amateur tendra vers l'aisance supérieure, et préférera à cet

exercice de résistance visuelle un accompagnement dans la ligne qui

peut produire le danseur, le sculpteur ou le peintre. Le premier

mouvement manque de grâce et impose un exercice saccadé de

lecture, de combinaisons et d'associations. La réceptivité de la

discipline est indirecte - il n'y a pas message immédiat d'une

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substance à recevoir, mais bel et bien une volonté de travail de la part

du lecteur. Il lui faut devenir actif pour comprendre et assimiler. Et

cet effort ne peut pas se fondre dans le plaisir. On voudrait toutefois

croire que le rythme et la musique qui accompagnent le vers en

faveur de l'amateur portent la grâce et le mouvement. Cela ne paraît

pas suffire. La décomposition saccadée du vers casse cette espèce de

communication entre le lecteur et le poète, qui ne veut plus suivre la

nouvelle proposition offerte.

Les structures esthétiques ont connu une évolution

considérable sur ce dernier siècle, et l'artiste a imposé à son public de

concevoir et de penser autrement l'objet reçu.

Il serait vain ici de vouloir analyser en quelques coups de

crayon le transformisme constant qu'a subi l'art sur ces dernières

décennies, mais pour en revenir à la coordination poétique, nous

devons remarquer que tous les efforts réalisés par les poètes n'ont pu

engendrer chez le lecteur un quelconque intérêt.

27


LA PERCEPTION DU LECTEUR

Toute la difficulté du problème qui travaille l'esprit du

lecteur vient de ce qu'il doit se représenter une perception pour

ensuite en tirer du plaisir. L'image ne lui est pas mâchée, décortiquée

pour être prête à consommer. Il lui faut la concrétiser. La perversité

de cet art vient de ce que le lecteur doit penser à la manière du poète.

S'il ne peut "coller" à son système de pensées ou de fabrication de

perception, l'effet est nul. La poésie devient une langue à part, une

sorte de langage compris par l'inventeur et quelques initiés. Il

faudrait supposer que le système de perception associé à l'activité

cérébrale offrent quelques possibilités d'émotion et d'élévation. Le

poème ne peut pas être compris à la première lecture. Le premier

passage ne permet que de faire un repérage grossier, une sorte de

détermination globale. C'est pourquoi de nombreux retours s'avèrent

nécessaires pour tenter d'attraper ou de communiquer avec la pensée

de l'auteur. Mais qui accepterait de s'imposer un effort de

l'intelligence pour capturer une substance qui donne qu'un intérêt de

second ordre ? Qui ?

L'élan refuse d'aller à l'action. Il rejette même le texte à lire,

prétextant qu'il ne pourra rien y déceler, que sa structure mentale ne

lui permet pas de l'intégrer. Et que faire ? Il faut donc rendre

accessible le produit poétique. Le seul moyen, c'est encore de le

simplifier, de le rendre abordable immédiatement.

28


MÉTHODE DE LECTURE

Quand je lis les vers d'un poète, je ne peux prétendre

posséder la capacité de pénétrer dans sa raison, d'intégrer les

différents états de sentiments qu'il a cherché à insérer, de recomposer

dans l'ordre du déroulement les moments très complexes qu'il a

désiré exprimer.

Je sais seulement qu'il a prétendu faire vivre des

impressions, et que le matériel utilisé est composé de mots, de sons,

de phrases et de structures. J'entre alors dans son inspiration,

essayant de ne pas trop me hâter de crainte d'analyser faussement

l'effet désiré par l'auteur. Je puis aisément couper le mouvement

continu du poème, car je prétends que l'inspiration est un acte - la

plupart du temps - divisé. Mais je dois le plus souvent rechercher cet

état de conscience vaporeuse ou relâcher quelque peu ma

concentration pour que l'exercice sonore du produit poétique

devienne bercement musical agréable à percevoir. J'en oublie alors le

sens des mots pour focaliser mon attention sur leur effet

instrumental.

Je préfère prononcer à voix basse le texte plutôt que de le

lire avec mes yeux ou de le déclamer fortement. L'effet poétique me

semble plus vrai, je deviens un prêtre dans une cathédrale conscient

29


de la propriété acoustique du lieu, j'essaie de me transformer en

ingénieur du son dans ma chambre d'échos.

Bien au centre du poème, les sons successifs prennent de

l'ampleur, l'intensité du travail musical atteint son point maximum.

L'analyse de l'écriture poétique est un tout autre exercice de

la pensée qui nécessite une décomposition grammaticale des mots,

des signifiants, et de leur complexe organisation. Que puis-je

observer ? Je vois un assemblage de lettres, et je dois savoir si le

poète s'y est pris de manière réfléchie ou si cet ensemble de signes

est fils du hasard. Il me suffit de compter la distribution

voyelles/consonnes pour savoir s'il y a travail du poète ou volonté de

liberté. Je puis poursuivre l'investigation des lois et apprécier le

degré de résistance de l'exercice en fonction du nombre d'ingrédients

invisibles intégrés dans la tentative. Je sais toutefois apprécier un

texte dit libre, il n'est pas nécessaire que le travail réponde à un

nombre de lois obligatoires pour que l'auteur suscite chez moi de

l'estime. Ma critique peut se concevoir au-delà de cette ligne de

démarcation. Et heureusement d'ailleurs !

30


LA RIGUEUR ET LE LAISSER-ALLER

Si l'on considère l'ordre admirable de certains sonnets,

l'agencement quasi-mathématique sur de nombreuses propositions

versifiées, les étonnantes correspondances de nombres et de figures

ainsi obtenues, on ne peut prétendre que seules les combinaisons

heureuses du hasard ont permis d'obtenir une telle fréquence de

gains. Il est certitude qu'un travail volontaire et non pas inconscient

du poète a permis de réaliser cette addition de coups satisfaisants. Je

ne prétends pas que tous les poètes agissent de cette sorte, loin s'en

faut, puisque beaucoup se laissent aller au courant de la plume,

guider par le simple loisir d'une Muse à suivre. Mais d'autres,

exigeants et responsables devant les vertus d'un art, s'essaient à la

maîtrise d'eux-mêmes, et tentent de contrôler avec plus ou moins de

réussite, leur capacité à produire.

Et c'est bien notre intelligence qui nous offre cette

conscience de perception. Nous ne prétendons pas que le tout est

musical, et satisfait à des lois acoustiques. Mais nous pouvons

décomposer le vers en groupes de tierces ou de couplages et

apprécier de manière mécanique la correspondance des voyelles et

leur modulation au sein du groupe. Une lecture hâtive ne permettrait

pas cette appréciation.

31


LES IMAGES D'AUTRUI

I

J'étudie maintenant des images différentes des miennes, je les

emprunte à autrui. Ces configurations particulières auxquelles mon

cerveau n'avait jamais songé, je vais les intégrer dans ma conscience

pour accomplir un travail de l'esprit. Je décide donc de mettre ces

images en rapport avec ma sensibilité afin de vérifier ce que je puis

éprouver. J'interroge l'amateur du poème et le producteur de vers sur

la valeur et l'ivresse à accorder au message reçu. Ils peuvent répondre

de manière courtoise ou agressive en fonction de leur disposition

d'esprit. Ils sont capables d'ignorer l'autre avec sa différence, avec sa

sensibilité nouvelle, ou avec sa technique inconnue.

Accepteront-ils s'ils sont excités par une autre raison,

accepteront-ils de délaisser l'endroit et d'y revenir un peu plus tard,

conscients de leur inaptitude du moment à bien juger ? Comment se

comporte le critique ? A quelles raisons glorifie-t-il l'endroit, ou le

méprise-t-il dans les rencards de l'indifférence ? Que faut-il en

penser ?

Je reçois des images, l'esprit est en images. Toutes les

informations qui circulent, qui se condensent ou se développent dans

mon cerveau sont perçues sous forme d'images encore. Ma capacité

s'adapte à ce produit matériel qu'est le poème. Je dois faire apparaître

32


à travers une représentation de mots, d'accidents ou de coïncidences

des figures, des comportements de figures portés par des sensations

ou chargés de sentiments.

Voici du matériel inanimé, amorphe, à l'état de lettres, qui

renferme certes un sens, mais qui doit subir une transformation

considérable pour devenir opérationnel. Cette modification ou cette

mise en vie du poème nécessite un travail intellectuel du lecteur.

Je dois tout d'abord comprendre, faire exister les premières

propositions de mots, donner vie en quelque sorte à des idées ou

bribes d'associations - l'on voit aisément toute la fatigue que peut

engendrer un tel travail, sans oublier l'aptitude ou non du lecteur à

accomplir correctement l'exercice imposé. L'intensité de cet effort

justifie le plus souvent le refus du lecteur d'assimiler tout nouveau

paragraphe. Cela explique aussi sa quantité homéopathique et son

refus d'ingurgiter des masses énormes d'alexandrins.

II

J'étudie un quatrain, et pour tenter de le mieux imprégner, je

lis lentement en articulant chaque syllabe, en mâchant le vin du

poème : je l'intègre, je bois (un certain nombre de fois) à petites

gorgées. À chaque nouvelle lecture, une perception lucide éclaire ma

cervelle. Je prétends mieux saisir. Les mots apparaissent alors à l'état

33


d'images, d'organisation de mouvements. Ils offrent des possibilités à

caractère cinématographique ; les solutions s'enchaînent. J'intègre

des formes de souvenirs qui parviennent à s'architecturer dans ma

mémoire. À toute nouvelle lecture, j'y ajoute des ornements, des

détails qui m'avaient échappé lors des assimilations précédentes.

Je désire maintenant comprendre comment ce procédé

d'intégration s'est opéré. J'essaie de me représenter les différentes

phases qui se sont succédé pour obtenir cette perception. La

compréhension des lectures successives ne sera pas suffisante. Mais

il me faut assimiler ce que le travail de l'esprit a pu accomplir. Je

considère le poème reçu avec les doutes, les conséquences, les

interrogations qui l'encadraient. Difficile de retrouver les différentes

phases, de les distinguer, - celles qui précèdent et celles qui se

suivent sont à présent mêlées dans un même temps ! Ces lectures

passent devant mes yeux, et cette réorganisation m'apparaît délicate.

La relecture du poème me semble correspondre à un principe

d'habitude. Par habitude, j'entends qu'il y a volonté d'accomplir un

même effort, avec passages sur certains endroits et reconsidération

de la perception fragmentée ou totale. L'exercice est réalisé dans une

sorte de mécanisme cérébral qui lisant et relisant produit des espèces

de comportements automatiques par la perception. Il est à supposer

que ce travail répétitif nécessite moins d'effort, et qu'une plus grande

partie de la quantité d'énergie est alors employée pour mieux

assimiler d'autres endroits du poème.

34


On conçoit tout l'intérêt que représente pour un amateur la

volonté de lire à plusieurs fois le passage proposé. Car la seconde et

la troisième lecture offrent des capacités de perceptions ignorées à la

première assimilation. Un poème y gagne à être revu. Sa charge trop

complexe ne saurait être intégrée à la première lecture. Il lui faut s'y

reprendre à plusieurs fois pour se prévaloir de pénétrer correctement

le texte. L'image ne peut être comprise du premier coup, les

correspondances toutes reconnues avec un léger survol. Les autres

passages favorisent la constitution de souvenirs qui rendent le poème

plus familier. Les nouvelles lectures ajoutent et font varier la

perception première.

Les perceptions successives développées après chaque

lecture pénètrent les unes dans les autres et sont comparables à

différents éléments d'un puzzle pour obtenir une figure générale. La

compréhension affinée résulte d'une superposition d'analyses et de

synthèses. Ainsi l'on voit que la lecture unique du poème ne saurait

se suffire à elle-même, il faut l'accompagner par d'autres

informations.

Le lecteur est confronté à une immense difficulté, - celle

d'imaginer pour percevoir. Sa mémoire ne lui permet pas d'exploiter

une situation connue. Il n'y a aucun acte de reconnaissance

l'autorisant à évoquer le passé pour se trouver face à une situation

déjà intégrée. Il n'y a pas exploitation d'actions-souvenirs. Tout se

passe dans le présent avec la nécessité d'accomplir des associations

35


d'idées pour évoquer ou recevoir, percevoir ou sentir. La mémoire ne

peut pas retenir du passé des actes ou des situations parfaitement

coordonnées qui en allégeraient l'effort à accomplir. Il lui faut

éprouver ou ressentir immédiatement une émotion qui n'aurait aucun

caractère avec le souvenir.

36


PERCEPTION DU POÈME PAR LE LECTEUR

I

Nous nous sommes jusqu'à présent efforcés d'exprimer des

états, des sentiments assez complexes que tentait de transmettre

l'artiste. Il serait bon de chercher à comprendre comment le produit

poétique est enfin reçu par le lecteur. Nous devons admettre que cette

réceptivité s'accomplit avec des résultats jugés très insatisfaisants.

Peut-on en déceler les causes, et chercher les origines et les raisons

d'un tel désaveu ?

La justification fondamentale expliquant le blocage où le

refus du public viendrait de l'étonnante difficulté de percevoir un

message complexe nourri d'images, de perceptions subtiles,

d'arrangements audacieux nécessitant un effort maximum de

l'intelligence. La transmission de sensations nous apparaît comme un

état complexe de la perception. L'intensité du sentiment exprimé peut

varier de manière significative et une puissance de poème est parfois

reçue avec une indifférence quasi totale.

Il faut préciser qu'un lent processus de sélection du poème

permet d'intégrer, tout en conservant la mémoire des lectures passées,

une quantité plus importante de sentiments, de sensations ou

d'images. Ce qui tend à prouver qu'un poète ne peut être admis ou

compris au premier passage, mais que des retours successifs s'avèrent

37


indispensables pour accéder à l'art poétique. Et l'on peut ainsi

prétendre qu'un effet maximum sera atteint à sa lecture, puis qu'un

comportement d'indifférence animera la conscience de l'amateur. Il

lui faudra alors cesser la lecture de cet artiste, l'esprit étant arrivé à

une phase dite de saturation.

Le lecteur doit recevoir un produit poétique composé

d'images et de sensations, les deux étant intimement mêlées. Il paraît

difficile de rendre divisibles ces états de conscience, l'image

participant à la sensation par sa représentation, et la sensation étant

supportée par un actif imagé.

Quand j'écris : le ciel bleu, ceci est une image et peut

susciter un schéma représentatif. Si j'ajoute se déchire, j'exploite une

possibilité émotive qui provoquera une sensation. Par cet exemple,

on voit bien que les deux éléments sont liés et paraissent

difficilement séparables. Un seul est peu, et l'autre est un actif sans

support - une sorte de verbe en attente.

II

On admet le plus souvent que les états de conscience

poétiques composés de sentiments, de perception, d'excitations à

l'âme sont peu susceptibles de provoquer chez l'amateur une

38


quelconque réceptivité. Il y a un mur, une sorte de limite

infranchissable, une muraille protégée et inviolée. Le poète désire

tant bien que mal, en usant de stratagèmes, de finesse ou

d'intelligence de pénétrer cette place forte du mépris populaire. Nous

devons reconnaître que nul n'est parvenu à crédibiliser son produit

poétique. Les collections regorgent de poètes exceptionnels, de

génies immortels qui donnent une image d'eux grandie mais dont la

portée universelle est quasi insignifiante. On suppose une valeur à

travers une personnalité littéraire, mais cette personnalité est rareté

étudiée, lue ou appréciée. Et c'est bien la transmission de l'émotion

poétique qui ne passe pas, qui n'est pas perçue ou qui engendre le

refus. Oui, les hommes du commun se prononcent sans hésitation sur

cette discipline : ils ne sauraient reconstituer à travers des mots

renfermant des concepts sensibles, des images de qualité. Ils

préfèrent, - et cela peut s'entendre, recevoir des images toute prêtes à

la compréhension avec un effort minimal d'acuité intellectuelle. La

poésie ne peut donc être accessible à la masse. Elle conservera son

aspect élitique, rare et difficile. Sa résistance l'exclut, sa profondeur

l'enterre.

Il faut ici puisque l'opportunité s'y prête, apprécier avec

quelle efficacité les chanteurs poètes du vingtième siècle sont

parvenus en usant de support musical et de la prononciation des

textes, à faire passer dans une large opinion publique des contenus

littéraires et poétiques d'une valeur indéniable.

39


On remarquera toutefois que la poésie pure, celle qui se

suffit à elle-même par son essence imagée a subi l'accompagnement

d'effet musical et d'une articulation exprimée. Le travail a donc été

quelque peu mâché, facilité pour permettre au plus grand nombre d'y

accéder. Cette observation ne saurait remettre en cause l'immense

gain réalisé par ces chanteurs poètes. Nous devons ici les en

remercier.

40


LES INTENTIONS DU CRÉATEUR

La volonté d'accomplir un effort démontre déjà chez le

lecteur, l'existence d'une faculté esthétique qui s'associe avec la

perception normale. L'intelligence reçoit des messages organisés les

uns avec les autres et exprimera un jugement sur la nature de son

beau. Je ne prétends pas que le lecteur qui s'accouple à un critique

décèle toutefois l'intention de l'artiste. De même l'artiste ne peut

déterminer exactement sa visée et parfois le but atteint n'est pas le

but escompté. D'autres fois encore, plusieurs pistes ou propositions

sont offertes au lecteur, il s'agit ici d'une conception

multiréférentielle de l'œuvre d'art : on dit d'un poème qu'il a plusieurs

sens, d'un tableau qu'il a plusieurs degrés de lecture. Cette intention

est le plus souvent voulue par l'artiste, et cette intuition du multiple

fait partie intégrante de sa capacité à exercer sa discipline. Mais il y a

le plus souvent une volonté bien orientée de lecture dite basée et la

flèche doit atteindre telle cible.

Il faut toutefois reconnaître qu'il y a décalage dans quatrevingt-dix

pour cent des cas entre le message envoyé et la perception

reçue. L'appréciation esthétique du lecteur est en réelle contradiction

avec le travail exécuté par l'artiste. On dirait qu'un apprentissage par

l'effet répétitif s'avère indispensable pour intégrer l'œuvre, pour

l'admettre comestible.

41


Car l'intelligence créative est parfois sans concession :

produire de nouvelles formes, concevoir des œuvres révolutionnaires

engendrent non pas un effet de surprise, mais une situation

d'incompréhension totale. Baudelaire et Van Goth ont été victimes de

leur génie, de leur avance temporelle - c'est encore le fameux

décalage. Mais que faire ? Faut-il délaisser son génie, et lui

substituer du talent pour plaire, ou faut-il, au-delà de la controverse

temporelle, accepter la non-crédibilité de l'œuvre en Alpha ? Le

risque est de se voir disparaître à tout jamais... Mais qu'importe ! Le

génie même incompris sera œuvre appréciée de Dieu.

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ANALYSE DE LA VALEUR

C'est donc une conception négative réduisant l'acte poétique

à une valeur proche de zéro qui est perçue par l'ensemble des lecteurs

possibles. Cela consiste à prétendre que le travail poétique ne

débouche sur rien. C'est une sorte de zéro inutile qui s'accole à l'Idée

du poème connu un infiniment peu. La matière même du poème porte

une appréciation négative et non pas une valeur d'indifférence. Il y a

donc refus et exclusion du produit donné. Par le recueil, par le poète,

l'Idée d'un exercice poétique se transforme en certitude de rejet. Le

paradoxe du critique est dans la constance d'appréciation négative

que peut susciter la poésie à travers des générations indépendantes et

malgré un choix exceptionnel de textes majeurs. L'analyse devient

donc constante, il y a une forme d'immobilité de la critique, la

réflexion devient immuable. Les uns et les autres confrontés à

l'ensemble des poèmes à lire expriment le même dégoût. Pourquoi ?

Ne faut-il pas condamner la matière exploitée ?

Elle est l'argile qui se glissant entre deux Idées crée le

matériel sonore qui sera entendu par le lecteur. Or il refuse cette

musique. Cette agitation de mots collés provoque en lui un dégoût

visuel et acoustique. Sa démarche intellectuelle de fabrication

d'images se heurte à un refus.

43


LIRE ET RELIRE

Nous nous plaçons dans l'hypothèse poétique. Il est

nécessaire au lecteur de se représenter une association d'images sans

avoir pour autant intégrer le flot d'images en lui-même. Il a une

indication plus ou moins sommaire dans son acte pensé de ce qui lui

est représenté, et cette partie de la représentation du poème devra lui

suffire pour recevoir l'émotion recherchée. Il ne détiendra en quelque

sorte qu'une quantité réduite de l'objet proposé. Mais à travers cette

détermination, il lui faudra accéder au charme désiré. On voit

aisément qu'il lui manquera beaucoup d'informations pour apprécier

cet objet. Il peut ou il doit, s'il veut faire preuve d'honnêteté

intellectuelle, opérer à nouveau une lecture du passage pour mieux

comprendre. Sa réceptivité est donc fragmentaire. Il ne pourra

mémoriser qu'un nombre limité d'informations dans la perception

première. Lors de son opération de relecture une représentation du

souvenir immédiat surgira, s'associera à de nouvelles informations, et

imposera des modifications suffisamment significatives pour exciter

autrement la perception du poème.

La conscience peut se sentir nourrie par l'épargne poétique

passée et encore s'enrichira de nouvelles informations perçues. Des

excitations nouvelles viennent actualiser la représentation déjà

intégrée. L'endroit poétique apparaît toutefois actualisé. On ressent

44


fortement qu'il est plus présent encore. L'intelligence a toutefois

opéré un travail d'association de mémoire et d'excitations nouvelles.

On voit évidemment tout l'intérêt que peut représenter la

volonté pour un lecteur d'accepter de lire plusieurs fois le même

passage pour tenter de l'intégrer. On conçoit aisément qu'un tel

exercice pût susciter chez l'amateur de poèmes le désir de

comprendre, d'assimiler et non pas de rejeter immédiatement le texte

lu.

Il faut donc intégrer du temps, de l'espace et du blanc en

durée plus ou moins significative pour prétendre assimiler un produit

à caractère poétique. Les comités de lecture des maisons d'éditions

n'opèrent pourtant pas de cette manière. Ils cherchent ce qu'on

appelle "le coup de foudre", c'est-à-dire la satisfaction immédiate,

prétendant imiter le pseudo-lecteur qui a besoin d'une réceptivité

d'instant.

Ce qui engendre que des œuvres dites difficiles seront

irrémédiablement rejetées, méprisées et retournées comme un vilain

tissu rempli de crasses. On se souvient de la fameuse phrase

d'Anatole France condamnant le manuscrit de Stéphane Mallarmé,

L’après midi d'un faune en ces termes "On se moquerait de nous ?"

45


L'EFFORT DE SUBLIMATION

Il faudrait aborder cette fois le véritable problème de la

sublimation intellectuelle, qui est l'une des représentations les plus

élevées de l'effort de conscience. Peut-on réellement dire que la

volonté de créer avec l'emploi de l'imaginaire suppose la capacité de

résolution du problème ? Autrement écrit, que l'artiste avant d'avoir

entamé l'exécution de son acte a déjà prétendu qu'il était apte à le

résoudre ? Il y aurait capacité immédiate d'accéder à la réalisation du

travail définitif, et toute la volonté de l'artiste consisterait à confirmer

par la réalisation de l'exécution ce qu'il avait supposé ou prétendu

être capable d'obtenir.

L'aberration de cette hypothèse est dans le privilège que

posséderait l'exécuteur d'accéder à une finalité d'œuvre sans même

réellement connaître les moyens pour y parvenir, le temps nécessaire

à son obtention et la taille de l'objet. Cet effet de conscience ou de

principe synthétique ne peut s'exprimer que sous la forme d'une

perception d'image impalpable - cela semblerait plutôt découler d'une

impression. Nous parviendrons donc à admettre que la volonté de

créer s'offre à l'esprit comme une capacité d'action et que le travail de

l'exécutant consiste à transformer l'image perçue en réalité

quantifiable.

46


Le créateur qui veut accéder à une forme se représente le

travail à exécuter. La représentation concrète de ce qu'il avance

s'obtient au fur et à mesure que la tâche s'élabore par refus, doutes et

coups d'audace. À cet instant de sublimation, l'objet prend corps et

l'hypothèse retenue peut être alors vérifiée.

Il est à remarquer qu'à l'instant même de l'exécution d'autres

états de conscience s'offre à la raison de l'artiste, et le schéma initial

peut subir des variantes d'appréciation, de choix ou de goût. C'est

encore une projection de la réalisation qui s'exprime dans sa

conscience mais variant à un autre temps de l'élaboration.

Il lui faut d'ailleurs constamment intégrer ces variables

d'exécution pour en parfaire le dessin initial. Henri Bergson dans

l'effort d'invention (L'énergie spirituelle) rappelle comment M.

Paulhan a montré sur des exemples du plus haut intérêt comment

l'invention littéraire et poétique va ainsi "de l'abstrait au concret",

c'est-à-dire, en somme, du tout aux parties et du schéma à l'image.

Il a pourtant une objection concernant l'analyse finale de ce

procédé. Comme il arrive dans grand nombre de cas, le but à réaliser

par l'artiste n'a pu être atteint. Il y a, malgré sa volonté délibérée

d'accéder à sa forme finale, incapacité de l'exécutant à se satisfaire du

résultat obtenu. Et malgré de nombreuses tentatives pour en parfaire

la forme, l'objet est loin de répondre aux critères de la première

impulsion de l'image projetée. Cette conscience de perte peut

47


engendrer chez le créateur le désir d'en cesser là l'expérience. Il

cherchait et n'a pu. Généralement, il tente d'extraire de cet échec les

éléments gains qu'il pourra intégrer dans une nouvelle tentative

d'exécution.

48


LES MODÈLES DE SUBLIMATION

Lors d'un acte créatif, les images qui se proposent, les

structures grammaticales qui viennent à la conscience de l'écrivain se

succèdent par un fil invisible qui le relie. Le à quoi tu penses,

pourquoi te vient-il ceci résultent de connexions toute intérieures.

Leur ressemblance est le plus souvent inconnue du lecteur. Elle est

parfois ignorée même du créateur qui ne se soucie pas de la façon

dont le résultat a été obtenu, mais s'évertue plutôt à comprendre quel

charme peut opérer son poème sur sa personne ou sur celle d'autrui.

Cette recherche de signification correspond à une volonté

d'introspection qui suscite que très peu la curiosité des poètes. Ils

demandent souvent par une sorte de boutade de langage qu'on leur

explique ce qu'ils ont voulu dire, étant incapables de comprendre ce

qu'ils ont cherché à y mettre.

Mais il faut bien que l'image présentée à l'esprit résulte d'un

travail cérébral précis. Le souvenir obtenu doit avoir une origine

dans la mémoire du créateur, quand bien même cette image aurait

subi des modifications importantes lors du travail de sublimation.

Est-il possible d'écrire que l'image appelle l'image, que le

mot engendre le mot et que ces matériaux de l'esprit animés par une

force spirituelle élaborent la construction du poème ? Peut-on dire

49


que l'image produit une action en favorisant l'émergence d'une autre

image ? D'ailleurs, à quelles raisons cette nouvelle image est-elle

activée ?

On connaît bien les procédés littéraires qu'exploitent les

poètes pour produire de nouvelles solutions : ils travaillent par le

principe analogique, par la représentation symbolique. Ils exploitent

le raisonnement et son contraire, ils tirent de la condensation des

nouveautés de forme jusqu'ici jamais autorisées ou soupçonnées.

Le mot lui-même par son aimantation, par son frottement

produit un autre mot et conçoit des structures grammaticales. C'est

ici un procédé distinct de l'utilisation imagée bien qu'il puisse se

définir par rapport à sa représentation, formant les éléments même de

cette représentation : les voyelles et les consonnes produisent des

mots qui définissent des sens et conçoivent des images.

On observe donc une influence de l'image sur l'image, du

mot sur le mot. Mais faut-il ignorer pour autant l'influence des

images sur le schéma poétique en cours, le flot reçu dans sa quantité

pour engendrer chez le poète une perception générale du prochain

mouvement à décider ?

À côté de l'attraction ou de l'excitation exercée par l'image

sur l'image, par le mot sur le mot, il peut y avoir une globalisation

morphologique de l'avalanche d'images qui engendre un nouveau

50


dessein à suivre. Nous passons donc d'un esprit analytique

décortiquant voyelles et consonnes, travaillant en cherchant

l'emplacement et le bon agencement des lettres, à un état de

conscience imaginatif favorisant la création ou l'émergence de

souvenirs, puis à un comportement synthétique du poète

accomplissant une appréciation générale du résultat obtenu.

L'esprit agit sur trois axes du support mental. Le premier

mouvement est mouvement de translation sur la surface plane du

papier. L'intelligence va du point A au point B par le jeu des mots,

des syllabes, ou des images à écrire. Le second plan se situe dans

l'esprit du producteur, et le travail est en profondeur, l'effort mental

est dit vertical. Il consiste à puiser, à chercher au fond de soi les

solutions d'images à produire. La troisième activité dite de synthèse

enveloppe l'ensemble des informations perçues ou lues et décide de

la nouvelle marche à suivre.

Les forces qui travaillent dans les différents cas peuvent

varier en intensité. Si la direction semble opposée, c'est leur

complémentarité qui permet la construction du poème à obtenir.

51


Translation

vertical o

profondeur

linéaire.

Les 3 D

globalisation

Mais prétendre savoir de quelle façon travaillent les

différentes forces paraît étude assez délicate. Leur intensité est

modifiée par la valeur de l'instant que leur accorde l'exécutant. Si

celui-ci focalise son effort sur le travail vertical, la globalisation sera

inexistante et l'exercice sur les mots relégué au deuxième plan. S'il

est en phase d'analyse approfondie, de recherche musicale, de

comptes de signes, sa conscience de synthèse sera rejetée et sa

recherche d'inspiré minimisée.

Il peut toutefois sans qu'il y ait interférence entre les

différentes dimensions, passer de l'une à l'autre dans une fraction

temporelle relativement courte. L'impulsion, le rejet, la synthèse,

l'analyse quoique étant des activités indépendantes sont hautement

complémentaires, la cause finale étant d'obtenir un produit

satisfaisant.

52


LA SÉLECTION DES PROPOSITIONS

L'un des problèmes majeurs de la création poétique est de

savoir comment l'exécutant accomplit ses opérations de l'esprit pour

sélectionner et prélever telle solution plutôt que telle autre. Car cette

sélection s'opère dans un choix relativement étoffé de propositions

possibles. À moins qu'il faille y voir la capacité immédiate de doute

et d'hésitation entre seulement deux ou trois combinaisons. Du moins

pourquoi ces traces de mémoire, ces impressions de souvenirs

s'offrent-elles à la perception présente ?

Il semble difficile de parvenir à séparer bien nettement la

notion d'idées et d'images aléatoires quand bien même un schéma

directeur de situations permettrait d'expliquer le choix de telle

association au profit de telle autre. Si les souvenirs sont mémorisés

de manière relativement ordonnée, il faut bien que l'intelligence

créatrice passe par une opération de brassage, de transformation,

d'accouplement facultatif proposé par le hasard pour obtenir des

solutions de combinaisons.

C'est bien une classe de souvenirs sélectionnée par le

principe analogique qui s'offre à la raison de l'inspiré et lui permet de

puiser une solution dite acceptable. Car son jugement est personnel

et la critique d'autrui sait parfaitement remettre en cause son principe

choisi.

53


Une association proposée engendre immédiatement une autre

interrogation de choix - elle engendre une nouvelle volonté de

combinaisons à trouver, en fonction d'ailleurs d'une nouvelle classe

analogue.

Quand j'écris : la fleur bleue, que puis-je ensuite proposer ?

Qu'est-ce qui se passe dans ma raison ? À quelle obligation vais-je

proposer une nouvelle association ? Dans ce cas précis, la loi

grammaticale du verbe s'impose. Exemple : la fleur bleue est perchée

sur le toit. C'est bien la combinaison "est perchée", qui est rare,

étonnante, curieuse, etc... qui provoque un effet associatif avec la

première proposition la fleur bleue.

Ce qui permettrait d'aller de "la fleur bleue" à "est perchée",

pourrait s'appeler énergie mentale, un peu comme une source

électrique nourrit de pulsions un ordinateur et fait fonctionner la

machine.

Mais le travail analogique, cette symbolique de l'esprit, ou

cette capacité que possède l'esprit à purifier, à comparer, à supposer

"ressemblant" semble assez mystérieux. Il pourrait découler de la

volonté de l'intelligence à simplifier l'information à traiter, en la

mettant dans une classe d'équivalence : Le ventre d'une femme

enceinte est une mandore par représentation de la forme. Il y aurait

donc volonté de mémoriser par synthèse de l'image, aussi. J'ajoute

aussi, car il est évident que c'est là un des travaux de la mémoire -

54


très important pour l'explication de la raison créatrice - mais ce n'est

pas le seul travail de l'intelligence pour autant.

55


NATURE DE L'INSPIRATION

Le problème que nous souhaitons aborder ici est le problème

de la maîtrise de l'imagination, s'il n'est pas audacieux de vouloir

prétendre le résoudre. Quand nous allons chercher au plus profond de

nous-mêmes des éléments présents, quand nous désirons les

combiner, quand nous exploitons des lectures immédiates ou de

passé proche, quand nous imitons le mécanisme de la pensée d'autrui,

enfin quand des systèmes complexes de proposition d'images et de

mots s'offrent à notre personne et qu'elles nourrissent notre

intelligence, que se passe-t-il réellement en nous ? Est-il possible

d'analyser l'effort ou la tension nécessaire à cet exercice cérébral ?

Peut-on comprendre le jeu et l'enchaînement des mécanismes de

représentations ? Comment ces possibilités intellectuelles

s'organisent-elles les unes les autres pour entretenir des rapports ?

Ne serait-il pas raisonnable de bien vouloir différencier le

matériel employé - j'entends les mots, les images, les souvenirs, donc

matériel de travail, du travail lui-même c'est-à-dire l'effort de la

pensée qui se concentre et accomplit la tâche ?

Toutes ces questions que l'on cherche à se poser, se

réduisent en une seule : quelle est la nature de l'inspiration ?

56


Quelle que soit la méthode employée pour tenter de

répondre à cette délicate question, on laissera de côté le problème dit

du génie, qui en vérité semble impossible à comprendre. Il

correspondrait grosso modo à une aptitude supérieure satisfaisant

aux exigences d'admiration d'une population choisie. En effet, les

critiques se sont surtout préoccupés du besoin de satisfaire un goût

d'après un système de valeurs bien déterminé, sans se soucier de la

marginalisation du produit obtenu qui peut être un véritable

paramètre d'exclusion d'une œuvre d'art pourtant réelle. N'y a-t-il pas

de chefs-d'œuvre inconnus ? Des génies à tout jamais incompris et

exclus, qui n'ayant pu crédibiliser la qualité de leur discipline auprès

de leurs contemporains sont à tout jamais tombés dans les oubliettes

de la postérité ? La réponse semble affirmative.

57


RAISONS DE LA CRÉATION

Quant à la création proprement dite, qui est pourtant

l'essence même de la poésie, notre analyse prétendra qu'elle est en

grande partie issue de la mémoire d'autrui. Le créateur est celui qui

produit quelque chose de neuf, d'inexploré et d'utile. À savoir si son

degré d'invention correspond à ce que recherche une collectivité ou

une future société d'hommes... Le jaillissement est le propre du

génie. Tout inventeur, petit ou grand, connaîtra des phrases

d'exaltations, de découvertes ou de trouvailles. La connexion s'opère

entre ce que pense et produit l'inventif, et ce dont a besoin un

système d'hommes.

L'intelligence refuse donc de reproduire ce qui déjà a été

fait. Elle ressent le besoin d'évoluer dans un espace nouveau. Elle ne

peut se suffire de la proposition passée. Elle cherchera le plus

souvent à la faire varier, évoluer ou changer. Elle ne reconnaît que

l'imprévisible. C'est bien à une raison antécédente qu'elle se

détermine de cette façon. Il y a analyse de la situation passée et

volonté de la reconsidérer.

créatif nouveau.

C'est une synthèse de situations qui engendrera un acte

58


Quel est ce privilège dont bénéficie l'artiste qui peut, par son

esprit de synthèse, ou d'analyse d'une situation passée, proposer une

combinaison subliminale issue pourtant d'une mémoire active ?

Qu'est-ce qui lui permet de penser autrement, là où toute capacité

antérieure n'avait pu y déceler une nouvelle porte ou un nouvel

espace ? La sublimation serait donc facteur d'une variante, d'un

concepteur différent, d'une perception dite anormale qui peut

exploiter l'insolite ou le bizarre, le choquant, l'interdit ou l'audacieux.

Cette forme d'intelligence ne peut pas avoir un but

déterminé. Elle ne sait où elle va, imitant à merveille l'explorateur

d'une région inconnue qui dit à ses porteurs, "Continuons,

continuons". Il faut donc posséder une immense capacité d'étude de

soi pour prétendre être apte à poursuivre dans cette action. Le

créateur est celui qui s'est pesé, et qui ne s'est pas trouvé à défaut. Il

se sait capable d'atteindre un but. J'écris un but - car en vérité, il

ignore totalement la finalité de son acte.

D'où tire-t-il son invention ? Il construit sa mémoire avec le

matériel d'autrui. Mais il emmagasine peut-être avec sa propre

méthode les informations perçues de l'extérieur. Et c'est bien sa

conception différente, sa spécificité d'être humain, cette espèce de

variable de comportement et d'analyse qui lui permet dans son acte

créatif d'accéder à un produit nouveau. Il faudrait donc étudier

l'industrie elle-même, et non pas son jaillissement. Le jaillissement

59


peut se rapporter à l'énergie subliminale, mais elle ne permettrait pas

de comprendre le contenu du travail obtenu.

60


LES DIRECTIONS DU CRÉATEUR

Cette forme d'intelligence poétique qui pense à concevoir

autrement la matière des mots possède une aptitude qui lui permet de

remettre en cause le résultat obtenu. La solution n'est jamais finale,

elle ne s'arrête jamais à une situation définitive. Elle voudrait penser

à volonté, et toujours évoluer. Le poète évolue en cherchant

constamment de nouvelles formes d'inspiration, en remettant en

cause la finalité perçue. Il tire de son pseudo-échec une capacité à

reconsidérer sa matière extraite. Le peintre, le sculpteur, hommes qui

travaillent dans la transformation de la matière éprouvent un

sentiment similaire. Une œuvre, un tableau sont lus, reconnus,

analysés et subissent un feu de critique.

On peut toutefois observer que la capacité créatrice d'un être

humain imitant une courbe logarithmique connaîtra une rapide

aptitude de croissance, puis tendra vers une sorte de maximum pour

redescendre lentement. Telle est la loi inéluctable de la vie qui passe

par

différentes

phases de croissance, de développement, de maturité et de

dégénérescence.

capacité

61


créatrice

Maximum

O

temps

Il y a donc une activité qui se situe dans la production de

solutions, et une autre activité orientée sur l'analyse des rapports.

L'on peut appeler cette analyse de rapports, l'étude de la critique.

Ce que nous devons déterminer, c'est le point d'équilibre

entre ces deux connaissances, entre ces deux aspects de l'activité

créatrice. Il est à supposer que l'entente ou que la contradiction qui

tire l'un vers le refus et l'autre vers la production nouvelle doit tendre

vers un point d'équilibre. Ce conflit intérieur peut tourner à

l'avantage du producteur, et le critique bouche cousue, laissera

l'accumulation de coups s'accomplir. Le cas extrême semble l'écriture

automatique. Dans ce cas, le critique est inexistant. Seule

l'accumulation de combinaisons sans l'ombre d'un choix est opérée.

En pensée inverse, un poète peut décider d'être un chasseur

foudroyant, de refuser toutes les propositions qui se construisent

dans son intelligence, d'aller vers une forme de blocage, d'interdit et

62


d'en tirer cette sorte de stérilité qui a si longtemps accompagné la

poétique mallarméenne.

63


ANALYSE DE L'EFFORT D'INVENTION

Il serait bon d'examiner avec attention les différentes

catégories de travail de l'inspiration et de les bien séparer en allant du

plus facile d'accès au plus complexe d'invention. Le plus simple

semble le travail d'imitation et le plus complexe, le travail de

création. Il est vrai que le tout semble parfois intimement mêlé et

l'influence agit de manière synergique avec l'acte créatif.

Il faut dans un premier temps distinguer différentes

intensités de la réminiscence ou du souvenir. La mémoire pure peut

rapporter de manière lucide et claire une information stockée et prête

à l'emploi, sans modification aucune du contenu. Son utilité est

directe. Le souvenir est actualisé sans variante aucune. La

représentation est volontaire, et son exploitation totalement conforme

à sa mémorisation. Le cas rappelle assez sensiblement l'apprentissage

scolaire d'une fable ou d'une récitation. L'ensemble est fixé dans la

mémoire de façon satisfaisante et peut resurgir ou être donné à la

conscience sans modification aucune. Le travail du rappel n'est

d'aucun intérêt, l'indispensable étant de faire surgir l'information au

moment souhaité.

L'invention complexe ou acte créatif emploie des moyens

autrement sophistiqués pour accéder à son principe subliminal. Les

procédés exploités ne font plus appel à une mémoire répétitive mais

64


développent le principe d'une mémoire active, connectant et

combinant des informations auditives, visuelles, de lecture et de

perceptions sensitives. Son travail consiste à mélanger, reproduire,

dériver, varier l'ensemble de ces ingrédients, un peu comme un

peintre s'essaye par le jeu des couleurs à obtenir des solutions

nouvelles pour sa palette. Aussi quand l'inspiré exige de son

intelligence des propositions de rappel, celles-ci ne viennent pas

s'offrir à la conscience de manière automatique, mais elles subissent

des variables de travail qui en perturbent le sens. Mais il est très

difficile d'examiner avec exactitude le travail subliminal de l'artiste,

car il faudrait pour cela pouvoir pénétrer dans les souvenirs de sa

mémoire, et lui seul a la clé de son esprit. Il s'agit ici d'une opération

qui relève davantage de la détermination psychanalytique que d'un

acte hypothétique analysable par tous.

65


LA DIFFICULTÉ D'ANALYSE

La connaissance poétique ainsi analysée y gagne en crédit.

Les origines de sa sublimation l'élèvent quelque peu. L'on s'aperçoit

toutefois que l'explication relative à ses mécanismes de sublimation

est une entreprise extrêmement difficile, qui passe par la pénétration

dans la pure intelligence. Il ne suffit plus de déterminer une masse de

souvenirs de lecture, des sensations mémorisées ou des

condensations de mots pour déterminer avec raison les différentes

catégories de l'acte créatif. Il s'agit de pénétrer dans les mécanismes

mêmes de la conscience, de la préconscience ou de l'inconscient et

d'y intégrer la volonté de l'effort propre à l'esprit, sans laquelle nulle

œuvre ne pourrait exister. Cette détermination est travail

d'introspection difficilement réalisable par une autre personne que le

poète lui-même.

Voudra-t-il toutefois s'y essayer ? Sera-t-il assez motivé

pour tenter de comprendre les différentes étapes de son acte créatif ?

Quand bien même nous voudrions nous placer aussi haut que

possible dans la conscience d'autrui pour s'y laisser redescendre

doucement, étape par étape, degré par degré, il est à reconnaître que

jamais nous ne parviendrons à assimiler toutes les finesses et les

subtilités cachées ou inconscientes, mais intégrées dans l'œuvre de

l'artiste. Sentiments et souvenirs ne sauraient tous nous apparaître.

66


Certains ont essayé d'étudier le mécanisme intellectuel d'un

artiste, ce qui semble assez plaisant puisqu'une étude s'accomplit à

travers une œuvre divertissante pour l'esprit. En revanche, peu ont

tenté d'analyser le procédé cérébral d'un homme de science

permettant d'accéder à une découverte fondamentale. Elle est

reconsidérée, - cette découverte - dans une époque, dans un système

de pensées, mais son étude pour elle-même n'a jamais été envisagée.

Si notre capacité veut en esquisser le mouvement, nous

nous sentons comme bloqués devant la difficulté de la tâche. Elle ne

peut pas aller bien loin.

67


L'ORIGINE DE L'ÉLAN

Maintenant d'où vient l'élan ? À quelles raisons la volonté

subliminale s'opére-t-elle ? Il ne s'agit pas de l'assimilation

alimentaire dont je fais allusion, qui est toutefois nécessaire au

travail cérébral, car l'aliment est source d'énergie indispensable à la

bonne marche du cerveau. J'entends ce besoin, ce désir de produire

ou de créer. Peut-on le comparer à un don mis en sommeil, à une

source latente qui ne demande qu'à exister ?

Cette exigence de création est-elle absolument nécessaire

parce que l'esprit rencontre la matière ? Se trouve-t-il dans

l'indispensable besoin de transformer la matière par nécessité d'acte

de vie ? Pourquoi ne pourrait-il se suffire d'une spéculation cérébrale

plutôt que d'intégrer sa capacité intellectuelle dans de la matière

artistique ?

L'homme manuel dit : "En exploitant une grande quantité

de force musculaire, et une faible quantité d'énergie intellectuelle,

j'accomplis mon travail."

L'homme cérébral dit : "Je produis des actes utiles à la

collectivité. Mon travail satisfait des besoins sociaux."

68


L'homme subliminal dit : "Je conçois en utilisant ma

mémoire de nouvelles solutions auxquelles vous n'aviez jamais

pensées. Je crée des produits dont l'utilité est encore incertaine. Je

dois vous convaincre."

L'homme pensant dit : "Je ne veux pas intégrer dans la

matière de nouvelles formes de pensées. Je me refuse de vous les

transmettre. Je les conserve uniquement pour ma propre personne."

Et c'est acte de sagesse.

La perfection de l'être pensant serait de refuser l'existence

la considérant encore comme actions d'impuretés.

Nous sommes donc dans la situation de l'homme

subliminal. Il exploite de la matière et cherche à la transformer le

plus audacieusement possible. On pourrait prétendre qu'au

commencement sa fonction créatrice est encore latente ou de faible

envergure. Et c'est la reconnaissance de son gain, sa satisfaction à s'y

essayer qui engendre chez lui le désir de poursuivre l'exécution de sa

tâche.

Il y a donc appréciation du progrès. La capacité se

développera entre une considération de la mémoire obtenue et la

volonté de pénétrer dans de l'inexploité. L'aptitude ainsi se

développe. Le plaisir trouvé, peut-on dire, construit le mécanisme et

69


enclenche le besoin de produire de nouveaux actes. C'est bien le

progrès ou la croyance en une aptitude de progrès qui assure un

nouvel acte subliminal qui à son tour augmentera la précision, la

force ou l'efficacité dans la tentative.

70


LE TRAVAIL DE DÉRIVATION

Qu'est-ce que le travail de dérivation ? On peut mieux dire,

en quoi consiste son acte ? On parcourt quelques fois des textes ou

des poèmes, comme si lire et recevoir n'était qu'un travail de vague

reconnaissance, comme si l'effort de conscience réduit à un strict

minimum exploitait cette suffisance pour mettre en éveil un état de

perception utile pour l'imaginaire ou la sublimation. La conscience

prélève des mots lus ou entr'aperçus et se permet par un acte de

travail de leur juxtaposer d'autres mots, d'autres concepts, qui sont en

pré-attente dans la mémoire immédiate. On comprend par ce moyen

que l'emploi d'un substantif ou d'une réflexion, peut subir une

modification certaine. L'élément offert est transformé de toute autre

manière. Nous voyons que ce qui a été lu d'un terme ou d'une

expression par cet exercice de mutation réduit la signification

première à peu de chose. Parfois ce ne sont que quelques lettres ;

parfois c'est un effet sonore qui par la raison du poète engendre une

nouvelle combinaison. De toute évidence, il y a jeu de cache-cache,

volonté d'éveil, et emploi du matériel nouveau pour l'exercice dit

d'écriture.

71


LA RATURE

I

Je veux maintenant toucher à certaines images, en modifier

légèrement le sens, ou changer de manière significative la

proposition basée. J'observe ce groupe de mots, j'analyse sa pseudovaleur,

c'est-à-dire la valeur personnelle que je lui attribue. Que va-til

se passer ? À quelles raisons cette volonté de changement

s'opérera-t-elle ? Quelles variantes me faudra-t-il choisir ? Car le bon

déroulement du texte peut en pâtir, le sens du poème subira un

changement qui en modifiera de manière décisive la portée. Ma

perception est concernée avec une intensité maximale, je sais trop

l'importance de la transformation écrite. Essayons de comprendre ce

qui se produit. Voici donc des images qui ne sont proposées par un

état de conscience, ou obtenues grâce à la perception du monde

extérieur.

Il y aura volonté de rupture, décision d'interrompre le

message transmis et nécessité d'en substituer un autre. J'impose donc

à ma conscience l'interdiction de continuer de puiser, de caramboler

ou de condenser. Mais j'exige d'elle de rectifier. S'agit-il encore d'un

principe dérivé d'inspiration puisque la substitution d'une solution à

une autre engendrera un comportement cérébral quasi identique à

celui qu'exige l'inspiration ? Je puis dire que j'accomplis un acte

similaire. On en tire que la modification est une situation de

72


l'inspiration décidée par la volonté du critique, mais elle est travail de

sublimation toutefois.

Essayons de proposer autrement cette synthèse difficile. On

dira que la rature est le résultat d'une critique, mais que la nouvelle

solution proposée est comportement d'inspiration. Les deux états

pouvant cohabiter dans la même fraction temporelle, mais ces

données de la conscience quoique subtiles et proches sont pourtant

distinctes.

II

Je veux donc supprimer une chose pour lui en substituer une

autre, et j'appelle cet acte, acte de rature. Il y a bien destruction d'une

proposition par la pensée et volonté de lui en imposer une autre.

Passage d'une action ancienne à une action nouvelle. Il y a risque,

transformation audacieuse, car la forme est encore délétère et

indéterminée, à peine proposée et encore confuse, et j'ignore

réellement si cette solution conviendra ou non.

Pourtant ce travail qui consiste à extraire des coups est

sensiblement comparable au travail d'inspiration. Je substitue une

combinaison à une autre. Dans le premier cas, nulle représentation

ancienne n'était perçue par mon esprit, puisque la page était blanche

et nul texte n'y était encore inscrit. Le fragment en lui-même de

quelques syllabes ou de quelques mots a décidé de jaillir. Vient-il du

73


Néant ou du Rien ? Certainement pas. Il est extrait par imitation, par

aimantation. Cette analyse a déjà été proposée dans différents

fragments de ledit essai. On pourra prétendre que la représentation de

cette première image qui se produit dans l'espace créatif puise

toutefois son origine de l'évocation d'une autre image ou d'une

condensation de fragments d'images.

J'ai donc accompli une destruction d'une pensée passée, et la

rature en est sa preuve physique. La première offre a été abolie,

effacée. Elle s'en retourne à son inexistence. Cet endroit a agi dans

un temps précis, dans un espace déterminé, mais sa substitution le

fait disparaître pour être remplacé par un autre objet. Nous pouvons

toutefois par un effort de représentation, tenter de retrouver la trace

de cet endroit disparu. Parfois la rature elle-même est encore visible,

et l'on peut assez facilement recomposer l'endroit biffé.

Tout en accomplissant cet exercice, je récupère sur l'œuvre

de jeunesse des passages que j'appelle Primitifs. En vérité, je propose

un relevé de variantes de nombreux textes en prose et poésie libres

ou mesurées. La pensée d'autrefois n'est donc pas totalement oubliée,

elle est sous-jacente et peut à nouveau se proposer à la conscience.

Une analyse utile consisterait à différencier les deux choix,

les deux combinaisons, et d'en tirer le système de fonctionnement de

l'écrivain.

74


DISCONTINUITÉ DANS L'ACTE D'INSPIRATION

L'acte d'inspiration ne peut se concevoir sans discontinuité.

L'acte a besoin de bénéficier d'un ensemble de temps du moins pour

s'évaluer avec exactitude, se reconsidérer, donc se penser avec

lucidité. Les éléments de briques fabriquant le puzzle du poème sont

de même nature puisqu'ils sont formés de mots. Mais les concepts

sont le plus souvent indépendants les uns des autres comparables à

des strates, à des étages ou à des niveaux où pourrait se situer chaque

spécificité du vocabulaire. Tout en appartenant au même ensemble,

ils sont placés à des endroits différents, ils sont mémorisés dans des

niches indépendantes.

Le poète ou l'écrivain devra aller de l'un à l'autre, ouvrir une

porte, passer par un couloir... en vérité accomplir un travail de

déplacement. À moins qu'il trouve l'astuce ou la méthode pour

déplacer les objets de mots, les faire apparaître, exiger d'eux qu'ils

arrivent accompagnés de toute une charge analogique, symbolique

dans laquelle il pourra puiser de nouveaux messages.

Prenons un exemple.

Le Moi écrit. Il va se déplacer pour aller chercher en A

un ensemble d'éléments consacrés à la beauté des mots, ou une

charge de valeurs équivalentes. J'ai dans cette niche A : La

75


beauté d'Hélène, La mémoire de Porphyre, Initial BB. Voilà ce

que me propose la mémoire actuelle. Je veux lui associer la

notion de pureté. Je vais voir dans la niche B. Il y a : voilures

légères, cygne blanc, ailes pures, transparence inouïe, etc.

On a donc M (A + B) --) S (A + B)

M = le moi écrit

A = niche A

S = Sublimation

B = Niche B

J'en tire :

La beauté d'Hélène

De transparence inouïe etc.

et je puis attaquer mon poème.

Schéma

A

B

P1

P2

Moi

76


Ce qui semble utile de comprendre, ce sont ces

parcours P1 et P2 que l'intelligence a opéré pour accomplir son

travail d'exploitation et d'association. La discontinuité de l'acte

créatif se situe là aussi. Pourtant l'intelligence se prolonge et

accomplit un acte lui donnant prise sur une prochaine action.

La modification d'un objet, la remise en cause d'une

combinaison proposée engendreront de même une discordance

dans le principe actif de l'inspiration.

77


TRANSFORMER LA MATIÈRE

Ainsi toute la force poétique de l'intelligence cherche à

transformer la matière des mots inertes en capacité d'actions.

L'inspiré ne se limite pas uniquement à l'accumulation linéaire de

mots ou de signifiants. Il cherche encore à organiser, à emboîter, à

encastrer les différents objets les uns dans les autres afin de produire

des éléments de vie. Tel est le travail qu'elle s'impose. C'est pourquoi

l'analyse critique constamment intervient dans cette matière inerte

pour participer à sa transformation. Il faut choisir, décider, réfuter

afin d'obtenir la meilleure organisation possible. Il est peut-être

audacieux de le prétendre, mais la force poétique cherche à donner

vie à des objets inanimés. Elle désire organiser. Elle tend

constamment vers cette vérité : décider d'une direction en accumulant

de la matière de mots. Elle sait douter, refuser, revenir, mais sa

mobilité est réelle, il y a continuité dans son champ d'investigation.

Elle n'est pas uniquement dans une constance de continuité. Elle sait

rompre, couper, cesser et revenir un peu plus tard.

Son intelligence se prolonge toutefois en dehors de l'acte de

production. Constamment elle cherche à modifier son contenu pour

en parfaire le fond et la forme. Elle remet en cause la matière

exprimée et intègre du travail nouveau dans la solution proposée. Il y

a étude, spéculation, volonté d'accomplir des progrès. On a vu à

travers les différentes études la complexité de son activité à mesure

78


que l'on approfondit sa méthode de recherche. Plus on avance dans sa

pénétration, plus on comprend qu'elle juxtapose, qu'elle condense,

impose des variables de valeur aux éléments qu'elle associe les uns

aux autres.

Elle désire obtenir un objet acoustique de qualité certaine.

79


L'APTITUDE CRÉATRICE

L'aptitude créatrice pour engendrer, exploiter, développer,

douter est donc une activité hautement dynamique qui accompagne le

produit dans son élaboration. C'est une volonté continue de

substituer, de suggérer par des traces de mémoire des objets

immatériels pour les transformer en images concrètes. Le rendement

intellectuel et le sentiment de l'effort sont donc grandement

perceptibles lors de cette exécution. Il est plus difficile de déterminer

le seuil de satisfaction du produit obtenu. Il répondrait à une

appréciation personnelle qui peut s'avérer totalement erronée.

80


LES IMAGES

Le problème semble complexe et vouloir le résoudre, c'est

souvent aller à la difficulté. Voilà un monde d'images en attente, à

organiser, à composer ; d'autres sont souvenirs éteints, exploitation

d'hier. J'avance dans ce système intérieur, et je vais percevoir des

informations. Les unes au contact des autres vont subir des

modifications sensibles ou légères. D'autres encore subiront des

variations importantes liées à la présence de mon corps. Il n'y a pas

de centre. Il y a dédale sirupeux où jaillissent çà et là des torches de

lumière. Je dois accéder à des effets disproportionnés à leur capacité

explosive. Ce qui semble peu ou insignifiant par le principe

associatif ou synergique devra engendrer des gains formidables.

À quelle raison d'ailleurs, puis-je prétendre que le

carambolage d'accents, d'hexamètres, de vers blancs ou rimés

formera une solution dite gagnante ? On sait pertinemment que le

poète doté d'un critique commet le plus souvent des erreurs de

détermination concernant la valeur de sa production obtenue. Il lui

arrive même de mépriser ou de délaisser des endroits qui mériteraient

d'être travaillés.

D'autres passages constamment raturés, surchargés ne sont

pourtant que de vulgaires morceaux infâmes. Enfin, nous avons déjà,

abordé le problème de la visibilité d'une œuvre d'art et devons

81


reconnaître notre incapacité à proposer un jugement raisonnable sur

un résultat nouveau.

Les mots, les images sont bien des variables de valeur qui

constamment évoluent ou changent en fonction de l'humeur ou de

l'état d'esprit de l'écrivain. La mémoire elle-même dont le rôle est

fondamental, - et ce sujet a déjà été abordé dans cet essai - subissant

le facteur temps perçoit de manière totalement différente une

référence nouvelle ou une information éloignée.

L'image unique, par soi-même, possède une charge émotive,

une représentation quelconque. Associée à d'autres images, elle

participe à la construction du poème. Il est évident que la perception

de cette image peut à elle seule modifier le parcours du poème et

décider de la nouvelle voie à suivre. On conçoit l'importance de

l'image unique dans l'élaboration du travail réalisé.

Je vais ici prendre un exemple. J'écris :

Le ciel bleu déchire la voûte céleste ;

A1 + A2

Elle s'écrase dans les lueurs rouges.

A3 + A4

82


Le ciel bleu représente la première image ; déchire la voûte céleste

est la seconde image ; elle s'écrase, la troisième, et dans les lueurs

rouges, la quatrième.

Ce sont des exemples. Il n'est pas question ici d'analyser la

valeur insignifiante du contenu.

Le poète peut choisir la combinaison - le ciel bleu et en tirer

une autre proposition d'écriture. Mais il peut exploiter aussi

l'ensemble des images avoisinantes, toutes vont influer sur une seule

et accomplir une action possible sur la nouvelle association à venir.

Les mêmes images peuvent donc s'activer dans deux

systèmes différents, l'un où l'image va agir par elle-même et en

modifie la marche à suivre pour l'ensemble des images avoisinantes,

et l'autre système où l'ensemble des images obtenues va décider de la

poursuite à tenir pour l'élaboration du poème.

Quel choix faut-il faire ? Quelle décision ? D'après quel

critère la solution retenue sera un principe d'analyse ou une

perception de synthèse ?

83


PROPRIÉTÉ DE L'IMAGE

Voici l'image que je détermine comme étant objet matériel.

Je puis avancer cette hypothèse puisque j'en possède la

représentation. J'ai pu prouver qu'elle existait de manière

individuelle, mais qu'elle était toutefois solidaire des autres images

qui la précédaient et jouait un rôle actif dans la fabrication d'images à

venir. L'on conçoit aisément qu'il me suffit de raturer ce qui précède

et d'en faire disparaître son continu pour prouver son existence

autarcique.

Elle peut agir sur une partie, sur une détermination, ou

devenir une précision qui qualifiera les autres images.

84


LE CHOIX

Lors d'une opération de création artistique, l'intérêt est aussi

de savoir comment s'accomplit le choix entre un nombre relativement

élevé de propositions qui toutes possèdent des particularités

intéressantes et une seule qui satisfera aux exigences du poète, et

viendra éclairer sa conscience comme une réelle vérité. Car le poète

avait le choix entre différents mots, différentes solutions. Les images,

même à l'état insoupçonné, se sont proposées. Elles étaient sousjacentes,

ou évoluaient ici et là et cherchaient à se rapprocher, à

s'associer pour former de beaux accords ou des combinaisons

satisfaisantes.

Peut-on prétendre que seul le hasard a amené ces éléments à

s'influencer de manière attractive dans l'espace imaginaire du poète ?

L'erreur consisterait à prétendre que le poète a cherché avant tout à

exprimer une idée, alors que sa volonté aura certainement été

d'associer des éléments de mots pour accéder à des solutions

musicales. L'idée en poésie ne peut pas exister que pour elle-même.

Le mot s'identifie à d'autres propriétés acoustiques, étymologistes ou

buccales.

Il faut bien qu'il y ait un schème directeur pour organiser ces

images errantes, car elles évoluent dans une conscience active. La

volonté présente décide de leur carambolage ou de leur rencontre.

85


Ces différents états de conscience seront liés les uns aux

autres à des raisons précises. Le choix ne peut révéler du hasard.

Essayons de comprendre comment fonctionne ce mécanisme

d'association. Seule la ressemblance d'un objet à un autre objet ne

peut expliquer en totalité le procédé de création. Car il y a des refus,

des rejets, des arrêts d'inspiration, des changements considérables,

des sortes de hors-texte, hors sujet, "plus rien à voir", des "c'est autre

chose". L'ensemble est dissocié et ne répond plus à la loi analogique.

86


LE SPECTRE D'IDÉE

Dans l'image, la forme ne peut pas être considérée comme

simple prise de vue pour l'esprit, sa mission est une mission de

présent et de devenir. Elle sert de caution à la symbolique et

d'explication relative de ce qu'elle représente. Elle n'a pas qu'une

existence en soi, mais elle est moyen permettant de confirmer l'idée

exprimée. Son dessein précis ou impalpable sert d'explication ou de

suggestion. Sa valeur intrinsèque est relative, car seule elle ne peut

déterminer nettement ce que le poète s'évertue à faire sentir. Il lui

faut préciser, déterminer son contour, lui associer des éléments

grammaticaux ou suggestifs pour en parfaire le signifiant.

Mais son but est le plus souvent tout autre pour le travail

subliminal du poète. Cette image qui renferme une forme peut

signifier un ensemble étonnant de messages. Mais seul l'artiste peut

en déterminer les sens. En exploitant une signification, le tire aussi

bien une autre forme d'image, qu'un outil grammatical pour la rendre

plus exploitable.

Il faut donc que son spectre d'idée existe du moins pour

suggérer de nouvelles propositions dans l'esprit du poète. Et nul ne

peut s'y soustraire, s'il souhaite poursuivre l'exécution de son travail.

Vouloir refuser une proposition de forme, c'est du moins en chercher

une autre, ou en cesser là avec son écrit. On comprend que l'image

87


imprécise contient du moins une forme qui nécessitera une précision

visuelle. Cette précision s'opérera avec l'aide d'autres mots tels des

adjectifs, des substantifs ou des verbes. Ceux-ci permettront de

construire, d'éclairer cette forme indistincte qui est née de l'image

délétère.

Le spectre d'idée retenu dans une image par l'énergie

subliminale engendrera une autre image. Ainsi le mécanisme créatif

semble lancé.

S'il n'y avait pas le à quoi tu penses, d'où cela vient-il on

pourrait supposer qu'une machine tirant du hasard des mots se

plaisant à les accoler les uns aux autres, obtiendrait un ensemble

incohérent de signifiants.

88


LE MALAXAGE

Considérons le matériel utilisé, je veux dire l'image. Toute

image est antérieure à certaines images et postérieures à d'autres. Il faudra

donc connecter ces différents états de matière qui se proposent à des

moments différents. Remarquons que ce léger différentiel temporel est à

peine perceptible, puisque les informations se succèdent dans une sorte de

continuité et de simultanéité. Ce qui semble plus vrai, c'est cette sorte de

mélange à travers les temps et les époques dont ne se soucie guère l'acte

subliminal pour combiner différentes formes de traces. Des informations

venues des profondeurs peuvent côtoyer des propositions fraîchement

mémorisées. Le temps de mémorisation ne serait pas un paramètre

d'exploitation. Seule la préconscience de l'artiste et son contenu

détermineraient l'utilisation du matériel.

89


LE POÈTE ET LE NÉANT

L'image du poète n'est pas toujours formée par la pensée.

L'effort intellectuel exploité pour parvenir à extraire cette image peut

surgir d'un carambolage heureux de solutions. Même si le but

recherché consiste à suggérer une vision dans l'esprit d'autrui, le

moyen employé n'est pas toujours une image en soi-même. Encore

faudrait-il que le poète se fixant un lecteur éventuel, - alors qu'il peut

se suffire à soi-même, cherche à développer une transmission

d'image entre soi et l'autre, ce qui est loin d'être la finalité poétique.

Est-ce la volonté d'extraire du Néant ? Ce n'est pas un Néant

puisqu'il y a réservoir ou mémoire de soi et d'autrui. Si la

représentation du Néant intervient - représentation à combler par la

certitude de la feuille blanche - il est évident que ce Néant-là ne peut

s'opposer à la notion d'être, mais il serait plutôt un sous-ensemble de

Néant à combler par la production d'images. Cette détermination peut

d'ailleurs s'exprimer sous la forme d'images à créer, de sons à

fabriquer ou d'idées à appliquer. Le poète exploite à moult raisons sa

conscience du vide à remplir.

Le poète cherche désespérément à extraire ce qu'il avait

prétendu entrevoir dans l'idéal de sa sublimation. Il produit, il veut

obtenir et quand l'acte d'écriture est enfin achevé, il constate avec

amertume que ce qu'il avait désiré est éloigné de ce qu'il s'était

90


promis. Alors il tente une deuxième fois, une troisième fois de

réaliser ou d'atteindre son objectif. Son espoir le plus souvent est

déçu. Il poursuit inlassablement la tâche, imitant quelque peu le

potier qui désire accéder avec son argile à une perfection de forme.

91


L'EMPLOI D'AUTRUI

I

J'exploite un poème, et pour ce faire, je m'imprègne de la

substance d'autrui, je lis la ligne, les lignes, je l'observe dans son

morphisme, je laisse mes yeux vagabonder pour en caresser la

substance, je papillonne, je fais la moue, - est-il utile à mon principe

d'inspiration ? Il est des auteurs dont je ne saurais douter, parce qu'ils

sont mes maîtres, ils sont les tuteurs et je suis la jeune graine qui

croît.

Je relis le poème. À chaque nouvelle lecture, une

observation nouvelle se manifeste à ma raison. Parfois c'est l'étude

d'un point de phonétique, parfois c'est un équilibre grammatical, une

organisation de mots, ou l'agencement d'un pseudo-désordre qui

éveille en moi une curiosité. J'ai la sensation ou l'impression de

mieux posséder mon sujet, de mieux ouvrir ou fermer les tiroirs de

cette armoire, et d'en mieux connaître le contenu.

À cet instant de la conscience, peut s'opérer le travail de

substitution si la capacité créatrice est véritablement à l'état d'éveil.

Je crois tenir le fil, la variable d'inspiration qui me permettra

d'extraire les premiers fragments d'écriture. Je cherche maintenant à

travers le poème d'autrui le support de ma propre poétique. J'ai

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besoin de la présence de l'autre comme un marcheur pied droit, pied

gauche a besoin d'un bâton pour s'accompagner durant son trajet.

À présente la mémoire va agir en proposant des variables de

lecture, comme si elle refusait de se souvenir des solutions lues ou

acquises, mais en accomplissant un exercice de transformation,

d'évolution, ou encore de création. La mémoire de lecture a été en

partie oubliée et subit une modification profonde. Les lectures

passées peuvent subir d'étonnants coups de gomme, la mémoire

s'efface, et ses blancs peuvent être remplacés par d'autres produits de

lecture, ou coups de la vie quotidienne, comme des situations, des

images mentales ou des souvenirs.

Ma production nouvelle est encore accompagnée, encadrée

plus ou moins nettement avec les circonstances d'autrui. Je ne veux

pas toujours m'en départir. Car l'exercice de l'autre peut être d'une

indiscutable utilité. Il y a encore emploi de la fonction de l'autre.

Mais mon travail peut se distinguer de manière totalement

éclatante, et l'emprunt passera quasi inaperçu. Bref, la lecture subit

un étonnant travail de condensation, de destruction, de

transformation, et le matériel restant n'est parfois plus

reconnaissable. Les modifications subies sont étonnantes et peuvent

laisser le créateur dubitatif. On ne peut plus dire que ces images

mentales nouvellement créées ont quelque origine dans la mémoire.

93


Mais s'agit-il réellement du même travail ? Où se situe la

ligne de démarcation entre l'emploi du souvenir et la pure création

issue de l'inconnu ? Faut-il prétendre que tout n'est que mémoire ou

que la substance subliminale trouve son origine ailleurs ?

II

Essayons de comprendre ce qui se passe dans cet état de

conscience. Demandons-lui ce qui se produit lorsque nous lisons le

travail d'autrui avec la volonté d'exploiter ses propositions offertes.

Notre capacité intellectuelle n'est pas à l'état passif de

nonchalance ou de rêverie, mais elle désire ardemment prélever des

éléments ou la quasi-totalité des éléments lus pour tenter de capter le

passage reçu. Nous nous plaçons donc dans une certaine disposition

d'attention pour recevoir l'information. Cette capacité de

compréhension est une variable qui peut aller de la possibilité à

mémoriser totalement le message jusqu'à un infiniment rien ou

seulement une trace de compréhension.

94


Mais la perception de la phrase peut aller au-delà d'une

reconnaissance intelligible - elle consisterait par exemple à ne

prélever qu'un nombre incohérent d'informations ou de mots, à les

mémoriser dans un ordre qui semblerait un désordre pour l'esprit et à

pouvoir les faire resurgir avec un travail de variable pour l'exercice

de sublimation. Il s'agit de l'emprunt, du dérivé, de l'exploitation de

la source d'autrui. Sans ce travail de variable, on peut dire que la

sublimation est quasi inexistante. Il faut prendre, tirer d'autrui un

savoir, des associations, des images, des constructions grammaticales

pour accomplir son propre exercice intellectuel. On voit ici toute

l'importance de la lecture dans le pseudo-travail de créativité. Peuton

dire pour autant que l'acte poétique ne soit qu'une mémoire

différée d'autrui ? Cela semblerait étonnant, puisqu'il y a activité

cérébrale unique par laquelle la perception de l'information

condensée, pulvérisée, mâchée, associée autrement offre un produit

artistique nouveau.

95


L'ORDRE POÉTIQUE

Certes, si l'on considère l'agencement parfait de certains

poèmes, l'organisation quasi-mathématique de leur structure

grammaticale, la logique permanente des chiffres utilisés, on est dans

l'obligation de reconsidérer la définition élémentaire que l'on accorde

au poète. Car ces propriétés bien visibles recèlent chez l'inventeur de

méthodes géométrique et arithmétique certaines.

Il est vrai que grand nombre de poètes, peu soucieux de

maîtriser leur technique d'écriture se laissent aller au courant de la

plume espérant, - je ne sais quel prodige qui leur permettra de

rééquilibrer leur syntaxe. L'on peut invoquer ici la qualité classique,

la patine dans le polissage du vers, et l'emplacement maîtrisé de la

correspondance des sons et des mots. Et ce sont des propriétés

visibles à l'oeil sensible du critique.

L'absence de toutes contraintes, la volonté délibérée de

passer outre quelconques règles de métrique révèlent avant tout d'un

esprit communiquant avec sa matière sublime brutale. La jetée de la

production surgit comme une éruption volcanique. L'esprit condamne

tout refus. Le système de négations est inexistant, les propriétés des

mots, des groupes de mots justifiant un choix sont comme absentes,

refusées systématiquement. On conçoit toute la difficulté que

pourrait éprouver un écrivain s'il devait reconsidérer son travail après

96


l'exécution de celui-ci. Il serait comparable à un architecte qui ayant

délaissé les canalisations d'eau, d'électricité ou de gaz se verrait dans

l'obligation de casser le béton, ou de faire sauter des briques pour

rendre la maison conforme à la réglementation. Dans grand nombre

de cas, l'absence de règles est pourtant vraie.

Notre capacité de discernement qui constate cet agencement

et sait l'apprécier accomplit un travail d'analyse, de critique et de

réceptivité d'une émotion transmise. Il y a balayage visuel,

considération décortiquée, et globalisation morphologique de l'objet.

L'observation précise du poème engendre une complication

d'analyse. Il faut déshabiller le mot, observer l'emplacement des

lettres, leur référence, leur correspondance, leur couplage ou leur

tierce. À présent, ce sont donc des lettres qui se distinguent les unes

des autres, ou qui s'accordent à une ou plusieurs raisons de lois

appliquées. Et l'on doit apprécier cet entrelacement qui défile sur la

feuille de papier.

C'est le plus souvent un assemblage d'une qualité élevée

qui est mis à la disposition de l'oeil du critique. Les éléments de base

sont couplés, insérés dans des syllabes, celles-ci forment des groupes

sonores au sein de mots qui participent à l'élaboration de la phrase.

Refuser de se laisser emporter par la rêverie vagabonde du poème,

c'est rechercher l'étude analytique du texte. Ainsi le produit littéraire

possède différents étages de lecture. Mais on peut passer de la

complication à l'enchantement, délaisser la beauté de l'ordre pour

97


s'envoler dans l'ivresse de l'image. Les deux états pouvant se

succéder dans un temps relativement limité. Ils expriment un choix

de pouvoir. Que la volonté de complication soit mise en exergue et

l'enchantement sera quelque peu endormi.

Tous les comportements de notre intelligence ne tendent pas

vers un ordre de logique ou de rigueur. Il peut y avoir, cela est vrai,

des opérations de valeur rationnelle et géométrique, mais la rêverie et

la nonchalance, le délassement de l'esprit appartiennent aussi au

travail de l'intelligence. Ces comportements n'aboutiront pas sur une

détermination de construction spatiale mais permettront à de la

matière imagée de se déplacer dans un ensemble fini ou délétère.

98


FONCTION ÉVIDENTE DE L'INTELLIGENCE

Il est nécessaire ici de tenter de pénétrer les mécanismes de

l'intelligence. Nous avons constaté que l'intelligence avait aussi pour

fonction de déterminer ou d'établir des principes relationnels.

Essayons de comprendre la nature de ces rapports actifs. Nous nous

plaçons dans la situation de la pure spéculation de l'esprit, et voulons

analyser les caractéristiques de cette faculté. Sa compréhension

s'avère indispensable. Il serait sot de vouloir se suffire d'une

constatation passive et bornée, prétendant que l'ensemble est

inexplicable et ne peut être décomposé.

L'ensemble fini est bien la résultante d'un travail élaboré, et

sa forme achevée a pour raison un nombre considérable de choix et

de solutions. Il faut donc redécomposer pour tenter de comprendre la

manière employée par le créateur. L'une des fonctions fondamentales

de l'intelligence est d'accomplir un travail d'assemblage, d'exploiter

son vaste réservoir composé de mots, de sensations, de souvenirs, et

d'élaborer une sorte de constructions de groupes pour obtenir ce

qu'elle s'était fixé. On doit comprendre l'importance primordiale du

réservoir d'informations qui correspondait à la connaissance ou à la

culture cristallisée.

Nous voilà donc confrontés à une intelligence de mémoire,

chargée d'une immense capacité de stockage consciente ou

99


inconsciente, plus ou moins organisée, dont le rangement est bien

ordonné ou peut s'avérer être un phénoménal capharnaüm. Le

créateur va donc déambuler dans ce hangar, se promener ou courir en

poussant son chariot et y faire ses emplettes. Il va y accumuler de la

matière à associer, et ceci est comparable au bricoleur qui passe dans

les rayonnages et cherche les éléments nécessaires à l'exécution de

son travail.

Il faudra déterminer son degré de motivation, la limite de sa

suffisance et sa volonté active. Trop de créateurs faisant preuve de

nonchalance et d'insouciance ont laissé s'envoler des œuvres

capitales, ou se sont suffis de fort peu, prétendant qu'il n'y avait

aucune utilité à aller au-delà.

Il faut donc poser la question de l'action, de l'élan vital, et de

la suffisance personnelle.

Je voudrais ici rappeler une anecdote concernant un poète

toulousain. Ce monsieur travaillant à l'éducation nationale,

professeur de lettres, occupé par sa charge, par la nécessité de suffire

aux besoins de sa famille, ne semblait posséder que fort peu de temps

à consacrer à son œuvre poétique. Je lui en fis la remarque, lui

demandant s'il n'avait été frustré par cette nécessité de corriger des

dissertations de 4ème plutôt que de produire en exploitant les œuvres

de S. J. Perse ou de Ch. Baudelaire. Il n'y avait dans ma remarque,

aucune connotation péjorative qui aurait consisté à mépriser son

100


activité et à surestimer l'écrivain à temps plein. Il me répliqua que

non, qu'il n'aurait de toute façon pas pu aller au-delà de ce qu'il

obtenait.

Je rappelle cet exemple pour accompagner ma réflexion cidessus

concernant la détermination de la suffisance personnelle.

L'une des facultés de l'intelligence créatrice est d'opérer une

action sur de la matière délétère. Elle ne conçoit pas en utilisant des

matériaux solides, quantifiables, délimités. Son espace de vie est

l'imaginaire où la trace du souvenir subit une constante évolution

comparable aux nuages dont les formes et les constructions

architecturales évoluent et changent par la perturbation des souffles

d'air. Appelons "Humeur de l'instant", c'est-à-dire état d'esprit ou

disposition cérébrale le déterminisme qui engendrera la situation

dans laquelle se placera l'artiste pour recevoir, décider, refuser, en

vérité agir et choisir ce que sera son mouvement poétique. L'on

conçoit de cette sorte l'importance capitale de la perception par les

sens, et sa conséquence sur le travail exécuté.

La rigueur arithmétique des opérations et des règles de

l'écriture ne serait qu'une mesure d'encadrement pour délimiter

l'espace de liberté du créateur. Il est vrai que l'application des règles

de ses techniques et de son savoir-faire peut engendrer dans

l'appréciation de l'exécution un soigné et une qualité de maîtrise

favorisant l'admiration.

101


Quelle est la caractéristique de cette matière délétère ? Elle

vagabonde, ne sait où aller, se fixe parfois sur des résidus ou sur des

souvenirs qui paraissent importants. Difficile d'ailleurs de déterminer

ce qui est essentiel de ce qui est dérisoire. L'inutile - son matériel -

pouvant s'avérer fort exploitable dans une activité artistique. Elle va

du moins subir une étrange manipulation de simplification, de

condensation, de symbolique, d'association et d'analogie.

Est-il souhaitable de décomposer cette matière afin de

pouvoir la mieux considérer ? Parviendrons-nous d'ailleurs tandis

que nous ne possédons que des informations imparfaites concernant

l'auteur, parviendrons-nous à comprendre l'origine de sa créativité ?

Ce qui restera mystère, c'est la quantité du don, le surplein

d'aptitudes naturelles déterminant le surdoué et l'opposant à la masse

moyenne. C'est un peu le mystère de la beauté, de l'ampleur d'un

gisement, ou la justification de l'exception.

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L'INTUITION ET L'INTELLIGENCE

L'intuition et l'intelligence représentent deux directions de

travail complémentaires, agissant l'une sur l'autre de manière inégale.

L'intuition agit dans le sens du gain et du choix, mais sa

quantification, sa détermination et son impact sur l'intelligence

consciente semble difficile à déterminer. Pourtant, à quelle raison

peut-on prétendre que tel choix de direction a été préféré à tel autre ?

Quelle perception de la conscience a favorisé tel chemin à emprunter

plutôt que telle autre voie ?

Quand un artiste décide d'aller explorer un espace encore

inconnu, quand il poursuit irrésistiblement cette recherche sur une

longue période de son existence, quel indicateur le convainc de

poursuivre ? Il est à supposer que des traces de vérités apparaissent,

comparables au chercheur d'or qui décèle les premiers effets brillants

de la mine à venir, comparables encore à cette boue argileuse lors

d'un carottage qui laisse envisager une forte hypothèse

d'hydrocarbures.

Tout pourrait apparaître aussi comme étant un vaste

bricolage de l'intelligence, qui aidée par une pseudo-intuition

tenterait de se frayer un chemin dans telle ou telle direction sans

véritablement savoir si le but à atteindre débouche sur la finalité

intéressante. Il y aurait doutes, refus, embûches, volonté de s'y

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prendre autrement, tentatives et risques - l'ensemble favorisant la

découverte ou la création.

Si l'on considère le nombre important d'humains travaillant

et cherchant dans tel ou tel secteur d'activité, le peu de résultats

obtenus, la faible immortalité octroyée à l'élite, l'on peut considérer

qu'il y a une immense part de déchets, d'erreurs et de refus.

Observez la poésie. Depuis ses origines, elle n'a engendré

que quarante à cinquante grands poètes français, ce qui semble

insignifiant, si l'on compare le chiffre aux trois cent mille poètes

vivants recensés. Ce qui veut dire que des millions et des millions de

personnes ont taquiné la Muse, ont produit des poèmes, ont fait

preuve d'invention et de nouveautés. Il ne nous reste qu'une poignée

d'hommes.

L'intelligence qui procède dans l'acte poétique se tourne

essentiellement vers la spéculation de l'esprit. Elle ne peut se suffire

de ce qui déjà a été produit, l'acte répétitif est quasiment existant

dans son principe de travail. Tout le matériel poétique mis à sa

disposition semble du provisoire, semble de la matière à transformer.

S'il utilise un ensemble de mots connus qui appartient au vocabulaire

- donc s'il exploite de la matière première accessible à tous - on peut

toutefois prétendre que le poète condamne les solutions finales

d'autrui, ou désire ardemment les voir évoluer. S'il fait quelque

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emprunt, c'est encore pour reconsidérer le travail proposé et y ajouter

sa propre patine ou technique ou conception.

105


FONCTIONS DE L'INTELLIGENCE

L'une des fonctions essentielles de l'intelligence sera donc

de résoudre, dans ces circonstances créatives le problème qu'elle s'est

posé. Elle cherchera à utiliser l'énergie suffisante et nécessaire à la

réalisation de son interrogation. Elle peut rester dans le cadre imposé

ou décider de s'en éloigner. Tout dépendra de sa volonté ou de sa

capacité à résoudre cette résistance. Elle avance lentement ou prétend

pouvoir aller très vite, elle offre des solutions, en tire de nouvelles

questions, va d'ouverture en blocage, de portes à serrures en blindage

épais. Telle réponse engendrera de futures difficultés. Ainsi déciderat-elle.

La spécificité de son activité se focalise donc sur sa

capacité à fabriquer. Elle accomplit des actes de rapports associatifs,

elle construit de nouvelles formes, qui par la qualité de leur

propriété, s'apparentent ou sont des images.

La possibilité intuitive doit entrer en liaison avec la lucidité

intellectuelle pour qu'une solution offerte ne soit pas immédiatement

exploitée, mais pour qu'elle soit reconsidérée par la critique et puisse

subir de réelles transformations dans le sens du progrès. Il est

toutefois vrai que le doute ne peut constamment l'emporter, et qu'une

solution satisfaisante vient parfois à l'esprit immédiatement. Il serait

sot de douter devant une vérité qui saute aux yeux, ..quoique.

106


L'intelligence qui conçoit ou fabrique refuse, le plus

généralement, de s'arrêter à un état définitif. Il y a constamment à

refaire, à douter. Mais est-ce réellement l'objet qui est à reconsidérer

ou n'est-ce pas plutôt l'esprit qui cherche une nouvelle forme pour

déterminer l'étape nouvelle de sa conscience ?

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INTELLIGENCE ET EFFORT

À présent, tachons de nous concentrer sur ce que nous avons

de plus pénétrant dans notre intelligence. Descendons au plus

profond de nous-mêmes pour en extraire le matériel indispensable à

l'acte créatif. Nous exploitons tout aussi bien une mémoire lointaine

composée de traces et de souvenirs, qu'une mémoire immédiate

activée de perceptions récentes. Nous devons tirer cette charge du

passé, la proposer à notre conscience et l'expulser hors de nousmêmes

par le ressort de la volonté. Il faut emmagasiner la matière et

la vouloir faire surgir à l'image d'une éjaculation sexuelle. Il s'agit ici

d'une micro-explosion de souvenirs, de mémoire et de matière.

L'intelligence aura pour mission de contrôler cette

explosion, d'en déterminer le contenu et ses effets, de lier les

différents éléments pour les rendre cohérents et animés d'une suite

logique.

Essayons maintenant de comprendre cette volonté de l'effort

qui fait surgir dans le présent et dans le mémorisable par l'écrit cette

quantité du passé.

Il est à signaler que si l'activité était passive, elle n'aurait

guère souci de faire accéder à la conscience cette volonté de travail.

108


Elle pourrait rester dans sa nonchalance de bien-être et refuser

d'accomplir l'effort.

S'il est un phénomène qui semble se présenter sous l'aspect

d'une quantité d'énergie quantifiable, c'est sans contexte la puissance

musculaire. Nous possédons des instruments efficaces pour

déterminer sa capacité. Il en va tout autrement de la force psychique.

Elle se situe dans la maison de l'esprit. Elle y demeure et semble

posséder cette espèce d'énergie pour maîtriser la quantité à sortir, le

produit à concevoir et à combiner. Nous sommes là dans une

véritable petite usine avec matière première, travail d'ouvrier et

produit fini ou à achever. Cette conception assez économique de la

capacité à concevoir même si elle paraît amusante n'en demeure pas

moins un exemple intéressant à suivre.

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CONSCIENCE ET CRITIQUE

Essentielle est la critique à la bonne marche de l'inspiration.

Si nos analyses sont responsables, dotées de plus ou moins de

pertinence, c'est la production de mots qui en bénéficient pleinement.

Critique ou critique extrême, aiguisée - c'est bien elle qui décide de

la qualité de l'endroit travaillé. Critique encore est ce qui accepte ou

refuse à une ou plusieurs raisons la combinaison proposée. On peut

l'appeler conscience ou supra conscience de l'inspiré. Il est à

remarquer que la critique peut être pleine ou tendre vers le zéro.

Stéphane Mallarmé est un chasseur redoutable, mais le médium sous

l'emprise de l'écriture automatique refuse toute analyse ou doute.

La critique a le privilège de casser la combinaison offerte,

d'en conserver les débris, de les réorganiser avec quelques matières

nouvelles pour accéder à une autre proposition. Cette exigence qui se

manifeste à elle engendrera un nouvel ordre de création. La critique

décide parfois de s'endormir, de ne plus être le gardien de la

conscience. C'est alors que tout est possible, et rien n'est interdit.

D'étonnantes œuvres s'offrent parfois à l'oeil effrayé de l'amateur.

Les artistes ont toujours compris l'utilité des drogues et des alcools

annihilant tout refus objectif. Elle est pourtant constamment présente

et peut se mettre au garde à vous dès que l'intelligence suggère la

possibilité d'un choix. Il est à observer qu'elle varie de manière

considérable d'une conscience à l'autre. Sa capacité d'analyse subit

110


parfois d'étranges déformations. À quel degré de conscience faut-il la

déterminer ? Quelle est l'intensité relationnelle entre le critique et la

créativité ?

Nous essayerons d'étudier avec rigorisme ces deux points

que nous nous promettons pourtant d'approfondir dans d'autres

endroits de la présente étude. Tachons toutefois de rappeler quel

principe se rattacherait au degré de conscience. Il serait travail

associé à certains neurones du cerveau permettant d'accéder à une

intensité de lucidité. Le savant neurologue rirait avec discrétion de

cette définition. C'est pourtant une manière commode de la proposer,

quand bien même sa valeur biologique serait tout autre. Mais ce n'est

pas suffisant. Car un créatif possède en lui une usine active. Il peut

accomplir un nombre illimité d'actions. Son choix se portera sur sa

volonté d'actions possibles.

Cette quantité sera évidemment variable selon les individus

et les capacités de base cérébrale. Et c'est la potentialité du système

nerveux qui pourrait déterminer l'énergie créative ou critique dans

l'acte possible.

Je crains en poursuivant cette spéculation sur la critique de

me fourvoyer dans l'étude biologique du cerveau, et cela n'est pas

mon sujet. Pour résumer, j'écrirai donc que le degré de conscience du

créatif se porterait sur sa volonté d'actions possibles, et que l'intensité

relationnelle entre le critique et la créativité dépendrait de la

111


potentialité du système nerveux à maîtriser l'énergie active dans

l'acte possible.

À quel degré de conscience faut-il la déterminer ?

Réponse : son choix se portera sur sa volonté d'actions possibles.

Quelle est l'intensité relationnelle entre le critique et la

créativité ?

Réponse : C'est la potentialité du système nerveux qui paraît

déterminer l'énergie créatrice ou critique dans l'acte possible.

112


DÉTERMINATION DE LA VALEUR POÉTIQUE

La qualité d'une œuvre poétique n'est pas déterminable. Je

mets au défi quelconque critique de prétendre posséder la certitude

concernant la valeur intrinsèque d'un poète. A quelles raisons peuton

certifier que tel auteur possède une technique d'invisibles, un

degré d'inspiration ou encore un avenir d'écriture ? Qui se prévaut

d'une lucidité intellectuelle quand tout autour de soi n'est que

brouillards épais et incertitude ? Il n'y a pas de visibilité, de qualité

critique permettant d'assurer avec réelle conviction. La poésie est une

discipline aléatoire où le bon et le mauvais se mêlent, où la place et

la situation prévalent mieux encore que le talent.

Il nous semble, cela est vrai, possible de distinguer des

degrés de profondeur, de charme ou de complexion. Mais l'on voit

clairement que ces sentiments ou ces réflexions qu'une œuvre d'art

nous suggère sont présents dans une époque avec un système de

pensées bien définies.

L'on peut supposer qu'un grand artiste, un poète de qualité

exceptionnelle jamais ne parviendrait à pénétrer la crédibilité

d'autrui. Une œuvre riche, personnelle ou nouvelle pourrait tout aussi

bien provoquer un désintéressement général à travers de nombreuses

générations et des manuscrits jaunis et vieillissants disparaître à tout

jamais dans une benne d'ordures de la municipalité. Tout y est néant

113


et s'en retourne au néant. Cela n'est pas faire preuve d'un pessimisme

aberrant que de s'exprimer de cette sorte. C'est peut-être analyser

avec objectivité la valeur d'une discipline délaissée de tous. Ni le

temps ni l'espace n'auront eu raison de l'œuvre poétique. Reléguée,

refusée, rejetée comme simple détritus, - la voilà retournant dans son

secret inutile, à l'état d'indifférence totale.

114


LE SOLITAIRE

Nous avons tenté d'énumérer quelques traits déterminant

l'acte poétique. Nous avons pris le poète à l'état isolé, sans tenir

compte de la vie en société. En vérité, le poète est un homme qui vit

en solitaire. S'il est vrai que le poète exploite ou utilise pour produire

son travail l'expérience d'autrui, il n'est pas moins vrai que le résultat

de son travail ne sera connu que de lui-même. La finalité de son

action n'est donc pas partagée avec d'autres intelligences. Nous voici

donc dans une société composée d'un membre unique, qui exploite et

fabrique son propre langage. Ce langage n'a pas besoin d'être adapté

aux nécessités de la vie communautaire. Si le poète cherche toutefois

à séduire, il abaisse son art et n'écrit plus que pour autrui, c'est-à-dire

dans une langue commune de tous et perd de ce fait les propriétés

qu’il lui avait affublées. D'où cet étrange paradoxe : être pour soi,

c'est ne pas exister pour autrui ; être pour autrui, c'est ne pas exister

pour soi.

115


L'ILLUSION DE LA RECONNAISSANCE

L'illusion de la reconnaissance et de la non-reconnaissance

nous est bien connue. Tandis que l'on ouvre un livre, ou assiste à une

conversation, la conviction nous frappe l'esprit et nous assure

posséder la vérité concernant la valeur d'une œuvre ou le degré

hiérarchique d'un artiste. L'illusion est parfois si certaine, qu'il nous

semble possible de prédire ce que sera l'avenir littéraire d'untel.

Comment pourrait-on le savoir, puisque la quantité d'informations

mise à notre disposition est assez insignifiante ? Il n'est pas rare que

l'on perçoive l'autre ou l'œuvre de l'autre sous un aspect définitif et

inchangeable. On est en accord parfait avec soi-même, et la certitude

se fortifie dans notre esprit. Cet état d'illusion poussé à son extrême

engendre le plus souvent une interprétation de fausse reconnaissance.

Le paradoxe de cet état, c'est que l'illusion se présente sous

sa forme définitive. Esquisse ou graffiti inachevé, elle possède sa

détermination finale.

On possède à travers les époques ou les modes, des

témoignages de fausse reconnaissance. Ils imitent généralement les

mêmes critères d'appréciation. Il y a sublimation et enthousiasme

excessifs. Nous avons souvent tenu entre les mains des sortes de

billet tracé par un critique compétent encensant tel auteur ou tirant à

boules rouges sur tel autre. L'autorité de certains leur permet

116


d'imposer une vérité qu'ils sont souvent les seuls à éprouver. La

description se décompose en une douzaine de lignes : toutes se

retrouvent plus ou moins dans les critiques déjà publiées. L'auteur

semble dominer son sujet et assumer de son infaillibilité.

117


L'EXPLICATION DE LA RECONNAISSANCE

Où trouver l'explication de la reconnaissance ?

On peut prétendre que la perception du moment s'associe à

une perception antérieure qui lui ressemblerait véritablement par sa

forme, son apparence ou son contenu. Même si une nuance de choix,

de goût peut intervenir dans la variable acceptable.

Cette perception antérieure appartient donc à la mémoire,

vaste réservoir de sensations et d'images où se forment le goût et la

critique. Dans tous les cas, qu'il s'agisse de l'appréciation d'une chose

vue ou d'une perception sensorielle, il y aurait comparaison confuse

ou incomplète avec la trace d'un souvenir.

Cette explication peut se prévaloir d'être acceptable dans les

limites où il y aurait réservoir de souvenirs. Que se passe-t-il quand

aucune information, aucun savoir n'existe dans la mémoire d'autrui ?

D'après quels critères, le goût s'opérera-t-il ? Il s'opérera d'après une

détermination binaire comparable à celle du nourrisson : "J'aime, je

crains le froid, j'apprécie la protection ; je rejette le sel ; j'exprime

mon contentement avec le sucre."

118


Il peut y avoir plagiat, imitation de capacité à ressembler à, -

travail de faussaire en quelque sorte, et seul l'oeil aiguisé du critique

averti saurait y déceler l'intrus.

L'amateur recherche donc une situation analogique avec

celles qui s'entassent dans la conscience. Il désire que l'objet perçu

offre des traits communs avec les propositions mémorisées. C'est

bien ce phénomène qui est ainsi réalisé consciemment ou

inconsciemment par le lecteur.

C'est pourquoi il semble plus facile de convaincre un esprit

vierge de toute connaissance poétique plutôt qu'une vieille cervelle

nourrie de vérités et de pseudo-certitudes. Les poètes l'ont bien

compris à leurs dépens : ils se tournent vers la jeunesse et

parviennent parfois à se crédibiliser. L'exemple de Stéphane

Mallarmé, à cet égard est frappant. Il était dans l'incapacité de

convaincre Anatole France de son aptitude poétique et il avait à ses

Séances Du Mardi une assemblée de jeunes littérateurs dont Paul

Valéry, André Gide, et Paul Claudel !

119


LA CONNAISSANCE POÉTIQUE

Le poète n'est pas celui qui se suffit de sa personne. Il

n'encense pas son Moi au point de vivre dans une image déformée de son

identité subliminale. Il entretient sa capacité créatrice à travers l'exercice

d'écriture, et à travers la nourriture d'autrui - j'entends la lecture. Mais il

exploite aussi sa formidable machine comme cela lui plaît. Il le doit à

l'aptitude rarissime de son cerveau, qui fait de lui un être supérieur. Son

mécanisme cérébral va lui permettre de construire, d'inventer, de s'opposer

continuellement à la transmission de l'acquis des anciens, et de produire en

proposant des modèles d'aptitudes nouvelles. Sa technique consistera à

tenter de maîtriser son automatisme de langage et de le dominer afin

d'accéder à une obéissance totale.

Il veut comprendre son propre mécanisme de langage qui

offre à sa créativité des moyens extraordinaires de nouveautés. Il peut

puiser dans les échanges de la vie sociale, conserver, condenser et

interpréter les messages reçus pour les transmettre de manière différente.

Il est évident que cette conception élevée du poète ne peut

convenir à tout rimailleur ou poétereau de province. C'est dans l'élévation

hiérarchique que ces propositions d'expressions écrites s'entendent. Le

niveau Grand poète est indispensable pour répondre à ce qui a été produit

ci-dessus. Et l'on pense à Baudelaire, à Racine et aux meilleurs.

120


Le mécanisme intellectuel diffère de manière sensible entre

un joueur débutant et un maître échiquier. L'un tâtonne sans grande

mémoire, et l'autre hésite immédiatement entre deux ou trois solutions de

coups très favorables. Cet exemple illustre assez bien ce que je cherchais à

écrire.

121


RECHERCHE DE LA PERFECTION

Le poète cherche désespérément à extraire ce qu'il avait

prétendu entrevoir dans l'idéal de sa sublimation. Il produit, il veut

obtenir et quand l'acte d'écriture est enfin achevé, il constate avec

amertume que ce qu'il avait désiré est éloigné de ce qu'il s'était

promis. Alors il tente une deuxième fois, une troisième fois de

réaliser ou d'atteindre son objectif. Son espoir le plus souvent est

déçu. Il poursuit inlassablement la tâche, imitant quelque peu le

potier qui désire accéder avec son argile à une perfection de forme.

122


LE CRITIQUE ET L'INSPIRE

Il y aurait donc deux personnalités vivant et cohabitant avec

plus ou moins de bonheur dans l'espace du poète. L'une des

personnalités serait créatrice tandis que la seconde serait critique.

Les auras de chacune sont difficilement délimitables, l'une peut

suppléer à l'autre sans qu'il y ait pour autant une illusion

d'interférence. Le passage d'une personnalité à l'autre s'accomplissant

dans un espace fréquentiel de temps relativement court, de l'ordre du

centième de seconde, il faudra pour cela connaître avec certitude la

vitesse d'exécution d'un ordre transmis par le cerveau. Je crois me

souvenir que l'énergie électrique se déplace à cent mètres à la

seconde. Voici une vague réminiscence de biologie scolaire !

Le critique accompagne donc l'inspiré, et tous deux vont en

déambulant sur la feuille de papier tenter d'obtenir le meilleur

résultat possible. Paul Valéry dans ses Cahiers précise avec

insistance cette affirmation, il rappelle qu'il s'est constamment

observé produire le poème, il se voyait le faire et assistait à

l'exécution de son travail.

Le critique accomplit donc un acte de reconnaissance qui

n'est pas toujours l'analyse de l'évocation d'un souvenir passé. Car

l'image peut être nouvelle, novatrice et s'offrir pour la première fois à

l'étude du critique. Cette image ou cette combinaison de mots

123


proposés à sa conscience, comment seront-elles perçues ? Quelle

vérification s'imposera-t-il ? À quelles raisons, accordera-t-il du coup

une position de gain ou une position de perte ?

Comment s'opère le travail du critique ? N'y a-t-il pas conflit

avec le créatif ? Nous reviendrons plus loin sur cette analyse

intéressante.

124


DE LA RIGUEUR DANS L'ECRITURE

À travers les mots, les couples d'alexandrins, ou les quatrains

réalisés, on s'aperçoit que l'inspiration est loin d'être une fille légère qui

court sur le papier. Les éléments participant à l'élaboration du poème sont

pour la plupart mûrement choisis. La volonté d'exploiter tel ou tel

substantif relève d'un sens aigu de la critique. C'est à différentes raisons,

conditions ou paramètres d'écriture que le poète décidera de tel mot plutôt

que d'un autre. Il n'est pas toujours question d'écriture automatique ou de

liberté au courant de la plume.

Le poète recherchant l'unité de son texte, considérant les

forces et les contre forces, les antagonismes et les complémentarités

décidera des solutions à extraire pour résoudre le problème de son écrit. On

est bien loin de penser que le poète dépourvu de logique et de

raisonnement, à l'écriture fantoche, s'inspire en courant à travers la verte

prairie. Nous sommes là confrontés à une partie d'échecs où chaque coup

doit porter, où les pièces s'influencent les unes les autres, où la construction

doit permettre d'accéder à une victoire finale.

J'ai commencé par découvrir les lois invisibles en 1979. À

cette époque, j'avais pressenti à travers les écritures de Jean Cocteau et de

Paul Valéry que des chiffres, des rapports et des constructions

grammaticales étaient imposés dans les textes. Alors j'ai cherché et souvent

trouvé des équilibres qui ne pouvaient découler du hasard de l'arithmétique.

125


Mais c'est surtout Jean Racine qui m'a permis d'accomplir des progrès

foudroyants dans la découverte des lois. L'écriture classique, plus rigide

peut être soumise à des contraintes d'équilibres parfaits, offre des exemples

évidents de loi poétique.

Je ne prétends pas que tous les auteurs chiffrent leur texte.

Et certains, allant au courant de la plume, obtiennent toutefois des résultats

très intéressants.

Je pense que cette information est indispensable, du moins

pour situer le travail du littéraire et pour démystifier la prétendue

inspiration quasi mystique qui descendrait du ciel pour se substituer à

l'effort de l'intelligence.

126


RAPPEL

Le résultat poétique obtenu dans un système autarcique,

fermé, quasi-nombriliste peut apporter un immense contentement. Le

poète sait se prévaloir de ses coups obtenus - il se lit, se relit et

semble satisfait. Sa grande difficulté consiste à transmettre à autrui

sa notion de valeur Autrui d'ailleurs n'en a que faire, puisque les

collections sont remplies de génies, de grands poètes mâchés,

compris, et tamponnés avec la mention bon pour la postérité. À quoi

peut servir l'effort de reconnaissance ? À quelle utilité, cette

nécessité de caresses sur un vivant ? Il y a d'ailleurs un étrange

comportement du public qui se plaît à encenser ce qui est mort et à

mépriser ce qui est vivant. Il faudrait comprendre le mécanisme de

sublimation du mort, - mécanisme psychanalytique que je n'ai pas

étudié.

Le problème du résultat poétique obtenu dépend aussi de sa

valeur marchande. Or celle-ci est nulle, car le poète ne peut vendre sa

production. Ce qui engendre un désintéressement total de la part des

professionnels de l'écriture. Le poète ne peut espérer qu'un succès

d'estime.

Il en va tout autrement avec un produit pictural qui lui est

régi par des lois économiques d'offre et de demande, de placement à

court et long terme. Le profit à en tirer suscite bien des convoitises,

127


et peut justifier l'intérêt du découvreur. Qui n'a jamais souhaité au

fond de lui-même qu'une vieille croûte qui gît là dans le grenier de sa

grand-mère ne soit pas un Modigliani oublié ou un Van Goth

inconnu ? Mais qui se soucierait d'un manuscrit délaissé, à l'écriture

jaunie et illisible ? D'ailleurs le travail de récupération serait des plus

complexes et nécessiterait de nombreuses transformations de

dactylographie, d'impression, d'édition, etc... Le tableau, autre

produit de l'art, est immédiatement exploitable.

Mais le poète peut tout aussi bien surestimer sa valeur réelle,

et se prétendre sublimé, génial ou grand immortel. L'intoxication se

répand rapidement dans un cercle fermé. Une belle faconde, un

semblant d'autorité habillent joliment l'œuvre. Et tel directeur de

revue festonne et se prévaut de détenir quelque chose. Tel lecteur

d'un grand comité de lecture fait autorité et décide radicalement de

l'avenir d'un auteur.

Mais comment juger ? Comment savoir ? Car il est sot de

jurer de la mauvaise foi de chacun. Et c'est en toute honnêteté

intellectuelle que tel critique a pu fustiger une œuvre aujourd'hui

incontournable. C'est ce qu'on appelle la non-visibilité de l'œuvre

d'art et chacun en est atteint, à l'exception de Dieu peut-être. Mais un

produit littéraire peut échapper à son époque, être en deçà ou enavant

de son temps, alors, comment faire ? Attendre, attendre que les

horloges du temps coïncident avec le goût du public ou du lecteur.

128


Hélas ! L’œuvre peut disparaître et s'en retourner au néant.

129


DISCOURS FINAL

Je veux bien ici exprimer quelques mots concernant l'état

actuel de la poésie, et veux encore offrir des propositions pour la

sortir de la piètre situation où elle se trouve.

La poésie n'est jamais à l'honneur. L'écart semble s'accroître

entre les motivations et les recherches infructueuses du poète, et cette

société de culture sublimant la suprématie de l'image directe au

détriment de l'image à concevoir. Ce mépris non compris par le poète

peut justifier de son incapacité à relever le défi de l'écrit.

L'intelligence de l'homme de science aura avant tout

consisté à proposer une application efficace de sa recherche

expérimentale, d'en concevoir l'utilité pour le public et les

conséquences financières et matérielles pour son entreprise.

Car il n'est plus question ici d'honorer une pensée

désintéressée, et de ne voir dans l'acte poétique qu'une volonté autre

d'accéder à un principe d'investigation intellectuel.

Que l'on mesure le drame de l'insignifiance poétique, de

son rejet par les plus grandes maisons d'édition ; que l'on considère

les immenses qualités de certains humiliés et délaissés comme de

simples torchons de pacotille ; que l'on observe l'inaptitude de

130


certains confrères aveugles ou inaptes à comprendre, les yeux

remplis de sombres ténèbres, cherchant à détruire par manque de

critique des œuvres littéraires de qualité indéniable. Oui, faisons

preuve de lucidité et tachons du moins d'expliquer les raisons de la

décadence poétique et de son incapacité à plaire.

Au demeurant, tout esprit "pensant", spéculant ou cherchant

quelque possibilité d'innovation n'accomplit pas pour autant un acte

de pure imagination. Son intelligence peut, tout aussi bien se

focaliser sur une série de vérifications à accomplir. Sa démarche est

ainsi quantifiée, limitée à un champ d'expériences déjà clôturé. La

méthode d'investigation rationnelle et adaptée à de la recherche

programmée doit lui permettre d'accéder à un ensemble de

conclusions. De cette synthèse finale débouchera un nouveau

comportement conçu sur la rigueur.

Peut-on prétendre que le poète va plus loin que le savant ?

Qu'une sorte d'équivalence d'action s'opère dans des formes

insoupçonnées et spirituelles ? Que l'un équipé de l'outillage

scientifique, que l'autre pénétrant dans de fulgurantes traces de

l'intuition accomplissent des actions similaires ? Qui semble le mieux

armé pour accéder au mystère de la nature ?

Il est peut-être sot de parler d'une aventure poétique interne.

L'immense aptitude de la science moderne et de ses applications

techniques laisse pantois tout esprit délétère qui s'essaie à concevoir

131


en exploitant l'image. L'écart paraît s'accroître entre le vagabond de

l'âme et le piocheur de la raison. Il semble que la discipline poétique

recule quand la science fait des bonds prodigieux en envoyant des

hommes sur la lune. La poésie n'est plus reléguée qu’au rang de

l'insolite et du dérisoire. Elle engendre le mépris, ou pire encore

l'indifférence. Elle est devenue "l'imaginaire médiocre", inutile et

détestable. Son contenu est ennuyeux, le public la fuit.

Il n'est pas question de remettre en cause son mécanisme

cérébral sublimé ou de condamner sa méthode d'investigation

intellectuelle. Sa fine subtilité portée par la pensée analogique, par la

pureté du symbolique en fait une discipline fort louable et reconnue

de tous. Son système de correspondances, sa qualité musicale et

auditive, enfin la grâce de sa stylistique lui confère un charme, une

élégance et une élévation rarement égalée dans les autres disciplines

de l'art. Chez l'homme supérieur, cette étonnante dialectique

engendrera un plaisir des sens et de l'activité intérieure.

Ne faut-il toutefois pas s'inquiéter de la situation actuelle de

la poésie, et considérer avec quel mépris et quelle indifférence elle

est perçue par les nouvelles générations ? Le poète existant peu ou

prou dans les périodes lointaines et reculées, pourra-t-il exister et

relever le défi du troisième millénaire ?

Quand les techniques et les techniques appliquées

s'imposent dans leur effrayante suprématie, c'est la poésie qui

132


s'effondre, devient résidu insignifiant et semble disparaître.

L'imagination poétique n'est plus qu'un instrument dérisoire et

folklorique, dépassé, à oublier. Ce que recherche l'homme, c'est bien

un maximum de jouissance dans un minimum d'effort. La poésie ne

saurait le satisfaire.

Il y a pourtant fierté du poète en marche, cherchant la

grandeur de sa discipline, volonté de l'artiste d'ajouter sur la

compétence des anciens, en usant d'intelligence et de perspicacité, de

pénétration ou de profondeur. Car l'homme qui cherche veut avant

tout accéder au mystère de la divinité même si l'âge moderne

l'engage à satisfaire des plaisirs matériels.

La poésie ne saurait être l'art d'embaumer les restes, ou une

messe funèbre en l'honneur de gloires passées. Elle ne se résoudra

pas non plus à se suffire d'une qualité hautement esthétique. Elle ne

surcharge pas la beauté pour la dépareiller de son idéale de pureté. Si

elle associe l'art à la vie, elle veut intégrer l'émotion à la

connaissance mêlant l'intelligence du coeur à la conscience de

l'esprit. Elle est l'invention dans sa demeure. Elle ne saurait être

absente quand bien même on voudrait l'ignorer, on refuserait de la

voir.

Elle saura exploiter les avancées de son siècle, utiliser les

derniers moyens de reproduction pour offrir son contenu en intégrant

l'écran, l'énergie téléphonique ou la transmission par câble. Les

133


bibliothèques seront connectées aux universités. Le poète sera

accessible au grand public. De là à prétendre qu'il sera lu... enfin ! ...

Dans un même élan, elle embrasse le passé, le présent et

veut se projeter vers l'avenir. Elle existe au-delà des idéologies

politiques, des modes artistiques ou des systèmes de penser. Elle est

immense et vivante, chargée d'un message universel. La méprise-ton,

l'ignore-t-on ? L'accuse-t-on de nombrilisme et d'obscurité ? C'est

vrai elle descend au fond des ténèbres, accède à des escarpements

encore inconnus, ouvre des portes condamnées ou invisibles. C'est ce

qui fait son mystère, sa singularité, et sa terrible solitude. Elle extrait

de la matière, celle des mots, pour accéder à des nouveautés ou

défaire les secrets qui règnent dans l'être humain.

Le poète n'est pas exclu du système de valeurs. Il est la

liaison entre les informations venues de l'extérieur et celles qui se

conçoivent à l'intérieur de l'homme. Il opère une étrange unité de

l'être. Il scrute, cherche et veut obtenir une loi universelle

d'harmonie. Il essaie de reconstruire avec des mots la bouleversante

explosion de la matière répandue dans l'univers. Il veut accéder au

principe fondamental de l'état de nature. L'on peut souvent

condamner son exaltation, son manque de rigueur mathématique, sa

perception étrange qui lui interdisent de comprendre ou d'analyser

avec exactitude. Du moins, il s'y essaie en employant d'autres outils.

S'il spéculait sur la raison humaine ou exploitait les dernières

134


connaissances scientifiques mises à sa disposition, il serait accusé de

philosopher en vers. Poète est celui-là qui s'exalte par la nature.

Le poète se trouve intimement mêlé à l'événement futur. Il

produit que très rarement pour sa génération, le temps lui est un

facteur d'avenir. Il ne lui est pas étranger, il est intégré à son principe

d'existence comme une dimension au même titre que la longueur, la

largeur ou la profondeur. Il pense dans son présent en exploitant le

passé pur un objectif d'avenir. L'heure est pour plus tard.

Comprendrons-nous enfin qu'il n'y a pas d'honneur à attendre, que

seule la mort lui offre son cortège de fleurs ?

"Tu dois craindre", nous certifie la Pythie, craindre de ne

pouvoir plaire. Nourris-toi de doutes, car ce que tu chantes est vain,

inutile et détesté quelle que soit ta volonté de créer, d'innover ou

d'ajouter sur la compétence des anciens. Ecoute la certitude de la

science, ta Soeur travailleuse, nourrie de discernement qui cherche à

comprendre l'explication du monde. Si tu savais te nier, pourrais-tu

accéder au progrès ? Ta demeure et ta forme ne sauraient suffire.

Appelle l'Etre Suprême, ou Supérieur et implore-le de te souffler de

l'esprit ! L'écart s'accroît entre Toi et ta Soeur splendide, discrète et

efficace. Cesse de te satisfaire de tes médiocrités, apprends à douter

et travaille. De cette nouvelle considération, peut-être génération

après génération, transmission du savoir des pères pour la

compétence des fils, peut-être l'immense défi de la science et de sa

demi-sœur la science appliquée, sera relevé ! Mais que dis-je ? Est-ce

135


possible ? Sont-ce mes oracles ? ...". Et la Pythie se tait, et semble

pleurer...

C'est donc au poète de prouver sa capacité évolutive

d'adaptation à un monde nouveau où la chimère est dépassée, où

l'image est projetée sur écran. C'est encore à lui d'exploiter les

coquilles technologiques et d'y intégrer des programmes créatifs où

la capacité débordante se mettra au service de l'imagination

universelle, où la pensée collective circulera à travers une énergie

spirituelle... Le poète et les artistes y parviendront-ils ? Relèverontils

le défi ?

son temps ?

N'est-ce pas assez d'être la risée et le mépris des hommes de

136


L'ACTE POéTIQUE

Considérations générales

L'évolution poétique

Le choix des images

Le sentiment du beau

Utilité du beau

L'esthétique poétique

La perception du lecteur

Méthode de lecture

La rigueur et le laisser-aller

Les images d'autrui

Perception du poème par le lecteur

Les intentions du créateur

Analyse de la valeur

Lire et relire

L'effort de sublimation

Les modèles de sublimation

La sélection des propositions

Nature de l'inspiration

Raisons de la création

Les directions du créateur

Analyse de l'effort d'invention

La difficulté d'analyse

137


L'origine de l'élan

Le travail de dérivation

La rature

Discontinuité dans l'acte d'inspiration

Transformer la matière

L'aptitude créatrice

Les images

Propriété de l'image

Le choix

Le spectre d'idée

Le malaxage

Le poète et le néant

L'emploi d'autrui

L'ordre poétique

Fonction évidente de l'intelligence

L'intuition et l'intelligence

Fonctions de l'intelligence

Intelligence et effort

Conscience et critique

Détermination de la valeur poétique

Le solitaire

L'illusion de la reconnaissance

L'explication de la reconnaissance

La connaissance poétique

Recherche de la perception

Le critique et l'inspiré

138


De la rigueur dans l'écriture

Rappel

Discours final

139


CRITIQUE POéTIQUE

140


AVANT-PROPOS

Le présent ouvrage est une composition de morceaux tirés

ici et là du Journal de Franck Lozac’h consacré à la Critique

poétique. Ce qui explique le titre du volume. L’ensemble du

mouvement s’étale sur une période de vingt ans.

C’est encore un additionnel de fragments dont le schéma

conducteur est associé à l’analyse du produit imagé. Parfois l’endroit

peut paraître féroce, à la critique aiguisée ; en d’autres endroits,

l’admiration et le respect pour certains maîtres sont aisément

reconnaissables.

Le tout n’a pas été construit, mais a été constitué au fur et à

mesure que les passages s’offraient à la raison. C’est pourquoi, il

serait vain d’y chercher un principe quelconque architecturé. C’est

avant tout le fil des années qui a décidé du mouvement et de

l’ensemble.

Franck Lozac’h

141


Journal 78/79

Critique personnelle

Si je m'interroge sur certains de mes poèmes, je ne puis en

déceler le fond. Leur existence est indécise, leurs racines

insoupçonnées. J'ai beau m'enfermer dans ce moi intérieur à la

recherche de quelque réponse, rien.

J'avais espéré utilisant une psychanalyse adaptée, découvrir

les secrets de mon âme et ses profondeurs extrêmes. Malgré une

analyse substantielle, je n'ai pu arracher le moindre indice.

J'apprécie d'autant ce fameux "Je est un autre" que mon

expérience est identique, semblable aux perceptions que certains ont

reçues.

Il est vrai que ce non-moi est une source de réussites, de

bons poèmes ou de poèmes rares. Mais l'écriture est indéchiffrable. Il

faut souvent des jours ou des mois pour comprendre ce qui a été fait.

Les vers sont laissés au hasard dans quelque tiroir, et puis ils sont

relus et enfin compris.

142


Ne pas se comprendre soi-même, voilà la source d'une

voyance inconnue ! Cette voyance inquiétante car Hors du Moi

propose et soumet à l'esprit l'idée d'une puissance supérieure, d'une

manifestation extra naturelle. Une métaphysique en découle.

*

Si je m'interroge tout à coup sur ma véritable poétique, je ne

peux en déceler le sens, et parfois moins encore ses origines. Je pense

aux contorsions du mal, c'est l'acte créatif par excellence. Point de

correspondances, de rappels ou de transferts qui indiqueraient la trace

d'une voie suivie.

(Les contorsions du mal, recueil de cinquante poèmes en

prose écrit au mois de novembre 78 a été déchiré, hélas !)

*

Valéry à Gide : "Ces vers m'irritent car je ne comprends pas

comment j'ai pu les faire... Hier, j'ai fait brusquement une ode 10/8 de

70 vers, improvisés en un jour, ce qui ne m'est jamais arrivé.

(Cimetière marin)."

143


Attitudes de Valéry, réflexions concernant les récentes

découvertes freudiennes ?

*

Écrire un sonnet. Façonner un monument 4-4 3-3. Equilibre.

Bel édifice qui ne s'écroule pas. Synthèse des poètes penseurs, que

j'aime à te regarder ! Vibration de l'espace qui réjouit le noctambule

que je suis. Instant d'éternité, je le capte ! ... Là j'unis la saveur au

travail bien fait. Par ma bouche tes paroles confuses m'éclaircissent

tout à coup. Ame intime, respire sur mon cœur la force vitale d'un

sang nouveau. La raison t'appelle. Illumination et oxygène.

Resplendissons avec de paraboles dans les nuits obscures. Allons.

Evidence poétique

Justesse du mot. Accords parfaits et sonores. Musique

céleste. Excitation de l'âme.

Cantique de saint Jean

Le soleil que sa halte

Surnaturelle exalte

144


Aussitôt redescend

Incandescent.

Je sens comme aux vertèbres

S'éployer des ténèbres

Toutes dans un frisson

À l'unisson etc.

Stéphane Mallarmé.

Aurore

La confusion morose

Qui me servait de sommeil,

Se dissipe dès la rose

Apparence de son soleil.

Dans mon âme je m'avance,

Tout ailé de confiance,

C'est la première oraison !

A peine sorti des sables,

Je fais des pas admirables

Dans les pas de ma raison etc.

Paul Valéry.

145


*

de l'inutile.

Nécessité d'esprit de synthèse. Chaque mot est posé. Rejet

A l'oubli tendre défi d'ailes

Les instants qu'ils nous ont valu

Attardés, inquiets, fidèles

Voltigent autour des talus.

Tant que tarde la saison

De juger ce qu'on fait rance

Je voudrais à sa raison

Rendre cette conférence.

*

"Qu'est-ce qu'un classique ? Un vrai classique, comme

j'aimerais à l'entendre définir, c'est un auteur qui a enrichi l'esprit

humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un

pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque ou

ressaisi quelque passion éternelle dans ce cœur où tout semblait

connu et exploré ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son

146


invention, sous une forme n'importe laquelle, mais large et grande,

fine et sensée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à

lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style

nouveau, sans néologisme, nouveau et antique, aisément

contemporain de tous les âges."

Saint Beuve (Causeries du Lundi).

*

"Le prix de style coulant est donné indistinctement à tous les

écrivains connus, l'eau claire étant probablement le symbole le plus

clair de beauté pour les gens qui ne font pas profession de méditer."

Baudelaire "Théophile Gautier"

147


Angoisse de Stéphane Mallarmé (Résumé)

- Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps ô bête.

- Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songe.

- Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

Critique

poètes.

Quelques morceaux d'écriture et quelques critiques de

Reverdy :

Le grand poète et le grand artiste en tout genre, du reste -

c'est celui dont l'œuvre, apportant quelque chose de neuf, augmente

et modifie les dimensions du domaine de la pensée poétique - celui

après qui on ne peut plus à la fois penser les choses comme avant que

son œuvre apparût, ni écrire de la même façon - celui dont la

présence, pour un temps, présidera dans l'esprit de ses contemporains

ou des générations suivantes à l'acte de penser et d'écrire -, celui aussi

par qui les personnalités fortes seront influencées et qu'elles devront

148


le plus se garder d'imiter. Par-là, d'ailleurs, s'exerce sa meilleure

influence, celle qui obligera quelques autres à chercher pour leur

propre compte le moyen d'expression nouveau, le mieux adapté à leur

propre personnalité. L'œuvre du grand poète est celle dont l'influence

s'étend en ondes centrifuges à travers les œuvres qui lui succèdent à

l'infini" - Rimbaud - Baudelaire - Hugo - Lautréamont etc.

Hubert Juin dans la préface d'un recueil de Charles Gros

s'étonne : "... Verlaine, dans sa galerie des poètes maudits, ne lui

avait pas fait la place à laquelle il (Charles gros) pensait avoir droit.

C'était là le résultat d'une histoire complexe : il est vrai que Gros,

dans cette querelle de ménage, avait pris fait et cause pour la femme

du poète, et d'autant plus facilement - on peut le supposer - que ses

rapports avec Rimbaud ne lui avaient pas laissé le meilleur

"souvenir" - j'en viens - "C'est étrange, cette façon dont deux hommes

étroitement accordés par l'ambition poétique, si intimement se

désaccordèrent dans l'existence !" Fin de la citation ! De quel droit ce

préfacier ose-t-il comparer Rimbaud à Charles Gros. Remarques

stupides qui tombent sous le sens. Je ne répondrais pas à cette

question. Pourquoi un maître ne joue-t-il pas plus souvent aux échecs

avec un joueur classé en troisième catégorie ?

149


*

Paul Valéry : Tout poète vaudra enfin ce qu'il aura valu

comme critique (de soi). (Tel que).

Baudelaire : je ne suis donc pas partisan de la rature :

elle trouble le miroir de la pensée (L'art romantique).

Les jeunes écrivains qui, parlant d'un jeune confrère avec un

accent mêlé d'envie, disent : "C'est un beau début, il a eu fier bonheur !"

ne réfléchissent pas que tout début a toujours été précédé et qu'il est l'effet

de vingt autres débuts qu'ils n'ont pas connus.

Une nourriture très substantielle, mais régulière, est la seule

chose nécessaire, aux écrivains féconds. L'inspiration est décidément

la sœur du travail journalier.

romantique).

Pour écrire vite, il faut avoir beaucoup pensé. (L'art

150


*

Baudelaire : (L'art romantique) : "Sitôt que vous voulez me

donner l'idée du parfait artiste, mon esprit ne s'arrête pas à la

perfection dans un genre de sujets, mais il conçoit immédiatement la

nécessité de la perfection dans tous les genres. Il en est de même dans

la littérature en général et dans la poésie en particulier", et il ajoute

"celui qui n'est pas capable de tout perdre ..."

Freud : "Le don artistique et la capacité de travail étant

intimement liés à la sublimation, nous devons avouer que l'essence de

la fonction artistique nous reste aussi, psychanalytiquement,

inaccessible."

L'influence de Baudelaire sur la poésie contemporaine n'est

plus à démontrer. Valéry, Mallarmé pour prendre les illustres, ont

copié l'auteur des Fleurs du Mal. Baudelaire, par-delà le Mal qu'il a

travaillé toute sa vie, a inventé un nouveau rythme, un langage de la

Beauté. Et son vers est sonore, sa rime est magistrale.

Lire Baudelaire c'est l'aimer. Mais garde ! Le jeune poète

s'enchaîne à ce Maître de l'écriture et aura toutes les difficultés à

l'oublier.

151


Cocteau : "Comment expliquer que tant de jeunes

confondent l'organisme que doit être un poème avec une simple

allure poétique et ignorent l'ABC de la poésie, c'est à savoir qu'en

vertu de phénomènes auxquels j'ai fait allusion en prenant la parole,

l'invisibilité d'une discipline ne l'empêche pas d'être présente".

"Elle est une arme secrète. Une arme dangereuse, précise, au

tir rapide et qui parfois ne touche son but qu'à des distances

incalculables".

(Discours d'Oxford).

"D'où vient je le répète, que tant de jeunes se laissent

prendre à l'allure poétique et s'imaginent que la poésie consiste à

s'expirer en lignes inégales, alors qu'elle est un idiome, une langue à

part, que les peuples confondent avec une certaine manière cocasse

d'employer la leur ?"

(Discours d'Oxford).

152


Lautréamont : "Le plagiat est nécessaire. Le progrès

l'implique. Il serre de près la phrase d'un auteur, se sert de ses

expressions, efface une idée fausse, la remplace par l'idée

juste."(Poésies II).

Baudelaire : "Celui qui n'est pas capable de tout peindre, les

palais et les masures, les sentiments de tendresse et ceux de cruauté,

les affections limitées de la famille et la charité universelle, la grâce

du végétal et les miracles de l'architecture, tout ce qu'il y a de plus

doux et tout ce qui existe de plus horrible, le sens intime et la beauté

extérieure de chaque religion, la physionomie morale et physique de

chaque nation, tout enfin, depuis le visible jusqu'à l'invisible, depuis

le ciel jusqu'à l'enfer, celui-là dis-je, n'est vraiment pas poète dans

l'immense étendue du mot et selon le cœur de Dieu. (L'Art

Romantique, Hugo).

Vous dites de l'un c'est un poète intérieur, ou de famille ; de

l'autre, c'est un poète de la gloire. Mais de quel droit limitez-vous

ainsi la portée des talents de chacun ? Voulez-vous affirmer que celui

qui a chanté la gloire était, par cela même, inapte à célébrer l'amour ?

Vous infirmez aussi le sens universel du mot poésie. Si vous ne

voulez pas simplement faire entendre que ces circonstances, qui ne

viennent pas du poète, l'ont, jusqu'à présent, confirmé dans une

153


spécialité, je croirai toujours que vous parlez d'un pauvre poète, d'un

poète incomplet, si habile qu'il soit dans son genre."

*

J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or. (Baudelaire)

*

Débordements et lyrisme. Faire palpiter son cœur à chaque

instant du jour et de la nuit. S'angoisser avec délectation, trembler sur

le détail, se rire de l'exactitude. Transférer les états d'inquiétude sur

l’insignifiant. Poursuivre son analyse dans les vicissitudes, -

labyrinthes de la vie. Enfin se refuser toute clarté, issue de secours.

*

La poésie ? Une affaire de spécialistes.

*

Quand je pense à Stéphane Mallarmé, je me dis que notre

homme n'a pas de talent, pas une poussière de talent. Mallarmé n'a

154


écrit qu'avec du génie. Voilà un beau compliment qui révèle une

véritable admiration. Je suis toujours ébloui par la densité et par la

force de l'écrivain.

difficiles".

Il est un poète obscur, peut-être l'un des poètes "les plus

Il a cherché toute sa vie à garder au secret ses mystères

d'ecclésiastique et à ne les dévoiler à personne.

Igitur, Le coup de dés, Le fauve, La prose pour Des

Esseintes sont proposés à un public de connaisseurs, donc de

spécialistes.

Quand il fut vraiment à court d'argent, il se décida à écrire

dans quelques revues, ce qui nous valut des articles comme, La

dernière mode.

En fait, je lance ici deux, trois réflexions sur Mallarmé. Mais

je compte revenir plus profondément sur cet auteur qui sut unir sa vie

durant le génie et l'humilité.

155


Journal 80

Réflexions. Correspondance de raisonnements

entre le poète et le joueur d’échecs.

Chaque vocable possède une charge émotionnelle que

j’appelle grain de pensée.

Un poème est une somme de vocables. Le poète les choisit

pour leur propriété acoustique.

Pourtant l’analogie n’est plus un travail phonique. Mais

plutôt un travail de pensée incomplet.

Il rétablit son texte pour lui donner un sens. Le poète se fait

mineur puis équilibriste.

La poésie multi-référentielle (le poème a plusieurs

interprétations) doit trouver ses raisons par le vocable qui signifie

plusieurs choses à la fois.

poète !

Il y a une analogie certaine entre un joueur d’échecs et un

156


Je vais recopier une remarque - longue - trouvée dans un

guide de jeu d’échecs.

“ Méthodes de jeu : l’arsenal du maître. ”

“ Ce sont les méthodes de jeu, celles d’ordre tactique et

stratégique, qui engendrent la “ force des grands joueurs. Ceux-ci

possèdent une gamme de connaissances et de réminiscences “

structurées, dérivées de l’expérience et qui leur permettent de “ situer

” la position et le traitement “ qu’elle réclame, ainsi que d’établir des

rapports entre une situation neuve et celle qui leur est “ connue par

des expériences antérieures. ”

Et plus loin,

“ L’auteur se l’explique par le fait que le meilleur coup

n’était point plausible ! mais “ aussi parce que ceux qui possèdent la

maîtrise voient d’entrée l’essentiel. Leurs calculs ne sont pas “ plus

profonds que ceux des joueurs de première mais plus efficaces

précisément parce qu’ils “ entament l’analyse de la position à un

niveau plus élevé. ”

La dernière phrase est très importante.

157


Et encore,

*

“ La recherche d’un coup à partir d’une situation donnée se

réduit en quelque sorte à “ un examen empirique de la position. Le

joueur procède par divers essais qui sont autant de “ tentatives de

solution, mais aussi un moyen de reconnaissance du terrain afin de

s’orienter sur les “ possibilités qu’ils s’offrent. L’essai constitue en

outre une opération d’appoint dans la mesure où “ il justifie ou

contredit un espoir quantitatif ou qualitatif.

Il continue

“ Le joueur ne considère qu’un faible nombre de coups par

rapport à ceux qui “ réglementairement sont autorisés. Cette sélection

s’explique par le fait qu’il cherche une solution “ dans une direction

déterminée. Après avoir établi un jugement de valeur sur la position,

il part à la “ recherche des possibilités qui la justifient quand ce n’est

pas celles qui la dépassent qui auront sa “ préférence. Cette ambition

dérive d’un fait psychologique. A la valeur estimative de la position

le “ joueur ajoute inconsciemment une plus-value, dite d’espoir.

(Très important ce passage). Leur “ addition conduit à une valeur

anticipative maximum, ordre de grandeur trop optimiste par rapport “

158


à ce qu’on peu attendre de la position. Lorsque l’examen d’une

possibilité déçoit ses “ espoirs ”, “ le joueur l’écarte en faveur de la

recherche d’une autre, susceptible de satisfaire ses perspectives. “ À

force de réexaminer la position, le joueur tend à renforcer les

différents coups qu’il a examinés “ afin de parvenir à une preuve

objective ou subjective au sujet de la meilleure continuation. ”

Exact ! Le poète est un joueur et un chasseur foudroyant, et

ce n’est pas Valéry qui me contredirait.

Jean Cocteau. La difficulté d’être.

Quand, j’ai lu son livre, j’ai pensé à un pianiste virtuose car

son style possède les qualités d’un merveilleux musicien. Il déplace

ses mains sur les touches d’un piano comme un musicien de génie. Il

excelle dans son art, n’hésite pas à croiser les doigts, à changer de

gammes et avec son sens des tonalités retrouve la mélodie qu’il

s’était imposé au début du morceau. Il étonne, séduit, émerveille,

paraît inimitable.

Je ne crois pas qu’il faille dire de lui qu’il est un grand

moraliste qui rejoint la lignée de Pascal et de Chamfort quoique

certaines idées s’en rapprochent !

159


Son génie éclate, il est phosphorescent. Il serait nécessaire à

tout jeune écrivain de baver devant ce maître de stylistique !

Valéry

Valéry le magnifique, Valéry le majestueux. Des vers d’une

exceptionnelle splendeur. Racine le plus grand vêtu d’or et de

pierreries. Beauté royale, Toi.

Réflexions

me l’expliquât.

J’eusse aimé que ma poésie fût multi-référentielle et qu’on

(Le poème renferme plusieurs significations.)

Les poésies de Paul Valéry, d’Arthur Rimbaud.

Que m’importe de beaucoup souffrir, et de ne pas jouir - je

trouverai plus aisément la porte étroite !

Je ne suis pas un vil travailleur, un homme de lettres

piocheur et stupide, je ne suis pas un ignorant.

160


J’exploite la fortune poétique que Dieu m’a concédée.

Est-ce une tare que de choisir le rendement à la pauvreté ?

Je préfère exploiter une production de roses sur un hectare

de serres plutôt que de bichonner un rosier à la manière d’un jardinier

à la retraite !

Qui est le plus grand ?

Paul Valéry est peut-être le plus grand poète du siècle. La

majesté de ces poèmes en fait foi. Pourtant je pose cette question.

Racine trône au XVIIe, Victor Hugo est empereur au XIXe, Valéry

serait-il le poète choisi du XXe ? J’en doute car Valéry n’est qu’une

partie améliorée de Racine ou de Corneille. Pour être le plus grand du

siècle cela ne me semble pas suffisant. Les Partisans d’Aragon

crieront : “ C’est lui le plus grand ! ” Je leur ferais remarquer

qu’Aragon a bénéficié de la fécondité de Victor Hugo.

son nom.

Un poète différent, un génie supérieur qui s’impose. Trouver

161


Dans le domaine de la peinture, Pablo Picasso écrase tout le

monde. Je cherche un poète supérieur aux autres. Aidez-moi !

Avoir sans savoir

Le poète est celui qui cherche ; qui trouve ; qui ne sait pas

qu’il a trouvé.

Lui demander ce qu’il cherche ; ce qu’il a trouvé, est

stupide.

*

Choisissons.

La poésie est habillage quand la philosophie est profondeur.

Stéphane Mallarmé

Ses théories poétiques sont inaccessibles aux hommes de

bonne intelligence. Paul Valéry =, génie lui-même, a taché de

réinsérer les théories du Maître. Sans grand succès, je le crains.

La lignée est connue. Poe le Principe poétique, Baudelaire,

Mallarmé, Valéry et qui ?

162


Rimbaud

Je relis à haute voix sept ou huit poèmes des Illuminations.

Rimbaud est un génie à l’état brut. Mais il surcharge. Il manque de

souplesse. Son génie étonnant fatigue et devient très vite illisible.

Rimbaud est de l’opium qu’il faut fumer en petite quantité.

Et pourtant Dieu sait si je me suis enivré de ses poèmes, inspiré de sa

démence spirituelle !

Il est le diamant extrait de la mine de charbon, brillant de

mille feux au soleil exalté de la postérité !

*

Tu auras toujours à t’instruire dans les grands poètes.

Tu t’en retourneras toujours dans tes maîtres de la Pléiade.

163


*

En tout poëte il y a un critique. Je dis : il faut se détruire

pour obtenir de nouveaux résultats, de nouvelles inspirations qui en

vérité, ne sont que les suites de nous-mêmes.

Toujours vers l’avenir - le présent, le passé nous excèdent.

Le grand poète

La nécessité du grand poète est de se détester, de se refuser,

de se nier. Je ne conçois pas une œuvre géniale réussie et assumée

sans une critique implacable, terrible allant jusqu’au dégoût et au

refus de soi-même.

haïssent.

Les hommes forts, énormes, gigantesques sont ceux qui se

Déchirons tous nos poëmes. Brûlons tous travaux réussis.

164


En soi

J’ai toujours pensé : le grand poète aujourd’hui, en 1980 est

celui qui s’enferme dans une chambre, ne vit que pour soi-même sans

se soucier des goûts et des modes qui l’environnent.

Les jeunes ignares mais tout émoussés répètent le mythe de

Rimbaud. Ils se révoltent, et dégagent - tentent l’aventure à Paris -

Aucune aventure.

Je veux une maison bourgeoise, de l’argent, de la solitude, et

composer mon œuvre poétique en toute quiétude.

Si je suis aimé de Dieu, il m’écoutera - là est l’originalité.

Le chêne

Pousser la tradition poétique des anciens, c’est donner à

l’arbre centenaire - au chêne - une branche nouvelle. C’est fortifier sa

grandeur, l’embellir.

À considérer que les branches ne forment pas un arbre, mais

une génération de nouvelles pousses.

165


Valéry

Mallarmé Aragon

Claudel

Baudelaire

Racine Hugo

Mallarmé

Char

Rimbaud.

Les héritiers, qui sont-ils, aujourd’hui ? J’ignore tout de la

poésie contemporaine. Je ne me suis attaché qu’à m’instruire dans les

anciens.

Encore, encore

Les vers de saint Valéry, d’une admirable splendeur.

Richesse, beauté, merveille de l’Art. Majesté des alexandrins.

166


Précocité

Ces génies littéraires, ces prodiges, ces adolescences

sublimes, comme je ne voudrais pas leur ressembler. Ceux qui

partagent le terrible privilège d’être des phénomènes des lettres

françaises sont foudroyés par l’ange destructeur et s’engouffrent dans

le tombeau béant de la postérité.

Quels souvenirs laissent-ils ? Quatre années de génie

incessant et après rien.

Il faut vivre, travailler trente ans, quarante ans son Art. Il

faut être académicien.

La Muse

C’est une idole vulgaire. Tous les hommes se sont damnés

pour elle, chevauchant ses fesses, malaxant son énorme poitrine,

hurlant des râles dans sa fange grotesque. C’est une catin ou une

prostituée. Les poètes l’appellent la Muse.

167


La difficulté d’être

Dans la difficulté d’être, Jean Cocteau est d’une

éblouissante santé intellectuelle. Génie brillant, diamant aux mille

facettes, je lui donne le nom de Pépite lumineuse.

La difficulté d’être est un chef-d'œuvre. Mais je crains que

jouer trop avec l’effet génial soit le travail d’un poète retourné en

enfance - manquant de maturité d’esprit et de profondeur - et se

plaisant plus à jouer avec les mots qu’à en tirer une substance de

penseur. L’originalité est surprenante et ne peut que séduire le

lecteur. Le jeune littérateur stupéfié de sa vivacité et de sa poétesse

tachera d’imiter cette exception. Bien mal lui en prendra car ce

Cocteau est inimitable.

En vérité, trop habiller ses phrases leur confèrent un autre

sens. Cacher une pensée, c’est précisément ne pas penser. Il faut

tâcher de s’exprimer simplement comme le veut le moraliste.

168


Le bateau ivre, le cimetière marin

À propos de deux grands poèmes qui forment la structure

poétique éducative de note temps, je dirai que le bateau ivre n’est en

aucun point imparable au Cimetière marin de Paul Valéry. Composer

le bateau ivre à dix-sept ans est un fantastique exploit, mais ne

dénigrons pas certains autres poèmes exceptionnels : Michel et

Christine, Mémoire, jeune ménage, la rivière de Cassis, et dans les

Illuminations - Phrases, Aube, Génie, Après le déluge -

manifestations géniales à chaque ligne.

L’on me pardonnera ce choix restrictif, mais je n’ai pas le

volume des poésies complet sous les yeux.

Je reproche aux professeurs de Français d’initier leurs élèves

à l’étude poétique avec ces poèmes-ci : Voyelles, Le Dormeur du Val.

Enfin le but cherché n’est-il pas de donner l’envie de lire ?

169


Principes analogiques

Fantôme Pucelle sang troupeaux

Araignée fileuse.

1- Fantômes - blancheur - vêtus de blancs (blanc virginité)

(pureté)

2 - Pucelle - À déflorer ? Sang - règles ?

(Pucelle - sang)

3 - Sang - eaux : rapport ? Liquide.

douteuse)

4 - Eaux - troupeaux ? Les troupeaux paissent (analogie

5 - Troupeaux - fileuse ? La laine des moutons.

d’Ovide)

6 - Fileuse - Araignée vient d’Arachné (les métamorphoses

Toiles d’araignée - Fileuse - laine.

170


Principes d’inspiration poétique

Ne pas douter : jeter quelques mots et poursuivre ses

phrases. Chercher les pensées dans les vocables, ne pas orner les

vocables de pensées.

Je note cet avant-propos de Paludes de Gide qui me semble

des plus intéressants :

“ Avant d’expliquer aux autres mon livre, j’attends que

d’autres me l’expliquent. Vouloir l’expliquer d’abord c’est en

restreindre aussitôt le sens ; car si nous avons ce que nous voulions

dire, nous ne savons pas si nous ne disions que cela. On dit toujours

plus que CELA. Et ce qui surtout m’y intéresse, c’est ce que j’y ai

mis sans le savoir, cette part d’inconscient, que je voudrais appeler la

part de Dieu. Un livre est toujours une collaboration, et tant plus le

livre vaut-il, que plus la part du scribe est petite, que plus l’accueil de

Dieu sera grand. Attendons de partout la révélation des choses ; du

public, la révélation de nos œuvres ! ”

171


Radiguet

Que tout jeune littérateur lise avec admiration l’œuvre de

Raymond Radiguet.

Radiguet est au roman ce que Rimbaud est à la poésie.

L’ignorance des lecteurs est désespérante. Qu’on lui rende la

place qu’il mérite dans la Pléiade et dans la littérature du vingtième

siècle !

plan.

Il est inadmissible qu’il soit rejeté ou relégué au second

Radiguet est un génie prodigieux, un phénomène des lettres

françaises a écrit Jean Cocteau. Sera-t-il enfin compris ?

Quand tel qu’en lui-même enfin

L’éternité le changera ?

172


De la jeunesse

De la jeunesse. Seules les enfances exceptionnelles laissent

à la postérité des chefs-d'œuvre. A moins d’avoir du génie, à vingt

ans on ne sait pas écrire.

La formation du métier d’écrivain demande une dizaine

d’années passées à gribouiller des feuilles vierges.

Je porte une admiration sans limite aux deux enfances

géniales de Radiguet et de Rimbaud. Concevoir Le Diable au corps,

et le bal du Comte d’Orgel entre 16 et 20 ans, est un tour de force que

peu d’hommes de lettres de cinquante pourraient se vanter d’avoir

bouclé. Écrire avec une telle maturité relève de l’exceptionnel.

173


Littéraire, à l’intérieur

Je ne conçois pas d’œuvre littéraire composée dans

l’entourage d’autrui.

L’écrivain est celui qui a choisi de s’enfermer en soi-même

afin d’obtenir la lumière intérieure.

Tous les commérages, tous les bavardages l’éloignent de sa

mission première qui est de créer un monde nouveau.

Le phosphore jaillit de son âme, les ténèbres sont dehors.

S’expliquer, se justifier, se raconter le condamnent à

s’épuiser. Les autres se nourrissent de la substance qui vivait en luimême.

Cinquième ode - La Maison Fermée (Paul Claudel)

Argument :

On reproche au poëte le caractère fermé de son art et son

insouciance des hommes qui l’entourent. Et la femme du poëte

répond : je sais que la clôture lui est nécessaire ; il est temps que

174


toute sa vie soit ordonnée vers l’intérieur ; et par moi il a cet

intérieur. Et le poëte : ma miséricorde est d’être utile et fidèle à mon

devoir. Mon devoir premier est Dieu et cette tâche qu’il m’a donnée à

faire qui est de réunir tout en lui. (...)

Vibrations gidiennes

Le génie poétique de Gide éclate dans ses Nourritures

terrestres et dans quelques pages de Journal. Je note un paragraphe.

Il se fait poète face à la nature en éveil. Il emploie toujours les mêmes

termes, les mêmes idées. Toujours la même vibration poétique pour

exprimer ses sentiments d’homme exalté.

(1903) août, 4 heures du matin.

En wagon : avant Rouen ; bords de la Seine emplis de

brume. Allégresse matinale. Je me redis ces mots pleins de saveur :

allégresse matinale. Les meules des champs plates n’émergent

encore, que de la cime, d’une mer de brouillard bleu rosé ; l’air est

ineffablement pur ; l’azur du ciel trempe la terre. Mon regard,

fatigué par la nuit d’insomnie, se lave à la surface vaporeuse du

fleuve et boit au penchant laiteux des collines. Tout ce que la nature

a de végétal se lave et se baigne dans l’aube, avant la chaleur du

175


jour. La rosée ici se fait suc ; la plus brûlée des herbes reverdit.

J’aurais perdu tout ce qui m’est cher sur la terre, je ne m’en

sentirais pas moins heureux, ce matin je deviens herbe entre les

herbes et prends part à la communion du réveil.

Critique

Il est aisé de comparer les destinées de Rimbaud et de

Radiguet. Je rappellerai toutefois que le poète a cessé toute activité

littéraire de son propre gré. Quant au romancier, c’est la mort qui lui

a interdit de poursuivre son œuvre créatrice. Radiguet était sous

contrat. Il devait fournir à Grasset un roman par an pendant dix

années.

Sans guère me tromper, je pense que Claudel est le plus

grand homme de théâtre du vingtième siècle. Ses chefs d’œuvre en

font foi. Qui peut jurer dépasser en valeur théâtrale ce grand poète ?

J’inscris ici la hiérarchie des auteurs de France depuis trois

siècles : Molière, Racine, Corneille, Claudel.

176


*

Des classiques - La Fontaine, Racine, Corneille qui ont

bénéficié de support imaginatif - créatif des anciens. 50 % du travail

était déjà acquis. Disons 9/10 d’où la perfection de style - seul

véritable travail.

Merci Esope, Euripide, Sophocle etc.

Considérer l’emprunt.

Des grands créateurs

stupidités aussi.

Victor Hugo, De très belles choses, mais d’admirables

J’eusse aimé donner un bout de terre à Stéphane Mallarmé,

perfection de sa ville.

Dieu tâche à s’imposer par sa grandeur. Ce n’est pas

l’étendue de l’œuvre qui “ impose ” mais sa perfection.

Je préfère à cent diamants bruts un seul mais taillé.

177


(Qui a produit le diamant ?)

Le génie

Le génie est un homme privilégié. Les défauts du génie sont

le plus souvent sublimés en son œuvre. Ils lui sont nécessaires pour la

construction de son Immortalité.

VIII

Le chien et le flacon

“- Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou,

approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le

meilleur parfumeur de la ville. ”

Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois chez

ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire,

s’approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon

débouché puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre

moi, en manière de reproche.

178


“- Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet

d’excréments, vous l’auriez flairé avec délices et peut-être dévoré.

Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous

ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums

délicats qui l’exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. ”

Il faudrait longuement méditer sur ce petit poème en prose

de Charles Baudelaire. Mais adaptons la réflexion du poète au

critique littéraire, à l’éditeur et même aux membres de sa famille.

Claudel

Lui, Claudel, a composé Les cinq grandes Odes, le Soulier

de Satin. Des chefs d’œuvre très élevés.

La purification du poète.

Je lis moins le texte que sa nécessité (1).

179


Je

Je persiste à croire que Paul Valéry est le premier poète du

vingtième siècle comme le furent Victor Hugo et Racine, chacun à

leur époque.

Malgré l’admiration sans limite que je porte à Paul Valéry,

je dis : “ Hélas, c’est le premier ! ”

Je lui reproche de ne pas s’imposer, de ne pas écraser ses

contemporains comme le firent ses deux prédécesseurs.

Cette nuit, j’ai relu à voix haute La Jeune Parque. Toute la

connaissance de l’Art Poétique de Paul Valéry illumine la majesté de

son vers.

Je donne 30 ans à un poète. Jamais il ne sera capable de

composer la Jeune Parque.

L’on admirera avec quelle aigreur et méchanceté, ce petit

homme d’aspect si courtois s’en prend à Victor Hugo.

180


Cahiers

1096 Tome II).

Ici je recopie un passage inséré dans Les Cahiers. Pléiade (P

Sur les poèmes.

Grand poète est un titre qui se décerne assez aisément. On

dit : V(ictor) H(ugo) est un g(rand) poète.

Et cependant V(ictor) H(ugo) ne compte pas de composition

poétique véritable. C’est un grand faiseur de vers et de morceaux.

Détails. Sa composition est nulle. Et quand elle existe, elle n’est que

celle d’un récit.

Il existe en français extrêmement peu de poèmes composés -

c’est-à-dire composés de parties dont l’arrangement soit dû à des

considérations purement poétiques (1920-1921. M, VII, 760).

181


Démontrer que l’art déclamatoire est une utopie

Enregistrer sur disque Les Fleurs du Mal serait un échec.

Personne n’achèterait le produit. Le livre se vendrait mieux encore.

La poésie est envoûtement, effets magiques. Elle doit

ensorceler le lecteur comme un sujet obéit à son hypnotiseur.

Poètes d’hier - méfiez-vous ! La poésie de demain ne sera

certainement plus un Art déclamatoire. Elle se lira seulement avec les

yeux. Son but ne sera pas de charmer l’oreille, mais d’envahir l’esprit

comme une drogue ou de la fumée de nicotine.

Poésie sur échiquier

Le poète est un joueur d’échecs dont les pièces se déplacent

à volonté sur l’échiquier de l’infini langage.

Un poème est un puzzle dont les morceaux sont créés par le

poète. Ce dernier se doit d’obtenir une figure. Seule, intelligence

imaginative, surréaliste etc. Unique et inconnue.

182


Le génie du mot est de posséder une multitude de

connexions qui à son tour engendre une multitude d’idées. Chasser,

refuser, choisir la meilleure voie - travail arbitraire du poète.

Comment obtient-il le meilleur choix ? Pourquoi le grand maître aux

échecs hésite-t-il seulement entre trois ou quatre coups ?

*

Le grand poète sera celui qui découvrira un nouvel langage.

*

Quand jettera-t-on les premières lignes d’un Art Poétique ?

Les poètes peu enclins à la méthode synthétique se sont mis à causer

comme de vulgaires littérateurs. Aucun n’a été apte à fragmenter ses

connaissances pour les réduire à l’état de leçons et de cours.

Il faut en un premier temps enseigner les règles classiques

de la poésie, du vers et de la prose. Imposer des exercices, multiplier

les problèmes, dévoiler les solutions.

183


Cessons de comparer Rimbaud à Mallarmé. L’un occupe le

15e rang dans la Pléiade, l’autre le 40e. Rimbaud est un bon poète, un

génie ; Mallarmé un grand poète.

Jean Cocteau

Ai commandé chez Deloche Le Journal d’un inconnu de J.

Cocteau. 27 F pour 240 pages. Somme modique. Le secret

professionnel n’était pas recensé dans le catalogue des libraires.

Il faut lire Cocteau, et apprécier son génie. C’est un

personnage extraordinaire doué d’un style brillant, étincelant.

Cocteau fascine, Cocteau intrigue. On croit le saisir, il nous échappe.

Un poète aux cent mille changements, qui a saisi toutes les situations

inconnues. Savoir l’écouter c’est avancer à grands pas dans

l’investigation poétique. Jean Cocteau m’a révélé des évidences que

même Valéry dans ses cahiers ne m’avait dévoilé. L’un a l’utilité du

professeur - connaissances immédiates appliquées à un raisonnement

-, l’autre est un penseur plus difficile à comprendre, s’expliquant

avec des insinuations ou des images abstraites.

184


L’utilité de la poésie

Je ne crois pas en l’utilité de la poésie. Elle touche l’élite ?

Oui, mais nos dirigeants s’inspirent uniquement des principes

philosophiques - c’est-à-dire de la poésie purifiée et réduite à un

système d’idées et de réflexions. L’erreur du poète est de cacher la

vérité. Mal lui en prend. Personne ne l’écoute.

La poésie est allusive, impalpable, spirituelle. Elle est un jeu

d’images. Comment discerner le vrai du faux ? L’impossible du réel

? La poète se retranche derrière son génie, et assure aux autres qu’il

est un incompris. Que fait-on d’un homme qui échappe ? On l’évince,

on l’oublie, on l’ignore. Voilà pourquoi la poésie est une immense

solitude. La faute en incombe à l’acteur lui-même qui s’exprime dans

un charabia mensonger - les spectateurs désertent la salle, et lui

préfère le dialogue de la rue, celui du camelot.

Le miel poétique

La jeunesse attend trop de ses pères. Elle veut s’instruire. Il

est de son légitime droit d’être avide, et de souhaiter en savoir

davantage. Mais je pense qu’elle commet une erreur fondamentale,

185


car l’adulte n’a que faire de donner ses conseils. Être entouré par une

horde de mouches tourbillonnantes l’agacera. Il balancera un

couvercle de pot de miel sur la table et les mouches agglutinées

suceront avec leur trompe la fausse nourriture. Du miel, vous parlez

quel nectar ! C’est par le travail besogneux que l’abeille butinant de

fleur en fleur pendant toute une saison (qui représente toute une vie

de réflexions et d’applications poétiques) obtiendra enfin, le fruit de

son labeur, c’est-à-dire son propre miel.

Brèves notes

À quoi peut servir la Poésie ? Elle confère au grand poète

l’immortalité, les honneurs, etc.

Elle est vapeurs, oublis, et ivresses chez le lecteur.

Elle ne peut faire avancer les mœurs. (Contient-elle un ordre ?),

ni faire évoluer les âmes, le philosophe s’en charge.

Le génie poétique ne flatte que celui qui en est pourvu. Elle

est un principe d’admiration pour les autres.

186


Celui qui inspire a le privilège d’être utile.

façon.

Le fonctionnaire, le reproducteur, la femme sont utiles à leur

Elle est un signe de ralliement pour les autres nations : je

veux être toi la France. Ton pays est éclairé par de grandes lumières

(intelligence) (patrimoine culturel). L’influence (dans le concert) des

échanges commerciaux - intérêts économiques (étiquette Made in

France).

Gérard de Nerval

Le poète maudit est apprécié de ses confrères. On aime à

prendre en pitié le malheur, la souffrance, le deuil etc. des autres.

Nerval n’a jamais écrit de “ Grandes choses ”. Il a écrit de

belles choses, de bonnes choses. Il était aussi pourvu de génie.

On appréciera avec étonnement voire avec admiration sa

merveille prose si pure, si parfaite. Je songe Aux filles de Feu, Aux

Nuits d’octobre.

187


Rimbaud, Radiguet

Comment expliquer que pendant cette tranche difficile à

vivre, ils aient pu assimiler autant de connaissances en si peu de

temps ?

Comment expliquer que l’application de cette connaissance

ait abouti à quatre chefs-d'œuvre ?

Le génie obtient des résultats surprenants.

*

poète, je dirai :

Pour en revenir à la similitude entre un joueur d’échecs et un

à jouer.

Un jeune joueur qui “ pige ” tout verra de suite le bon coup

Ainsi le jeune poète de génie possédant l’évidence poétique

trouvera lui aussi l’une des meilleures combinaisons à écrire. Son

choix accompli, il élaborera un texte de qualité.

188


Rim, Ra

Je me suis penché longtemps sur les œuvres phénoménales

de Rimbaud et de Radiguet. J’ai pu observer un fait curieux.

Rimbaud est un mythe, Radiguet un inconnu.

Le dictionnaire encense l’un : génie d’une précocité

extraordinaire etc. et l’autre le laisse dans l’oubli.

En vérité, la seule raison expliquant ce sectarisme est

l’influence de l’œuvre à travers l’homme.

Rimbaud inspire, Radiguet non.

Le poète est celui qui inspire beaucoup plus qu’il n’est

inspiré. (Réf. Valéry - Variétés).

Deux génies, deux destinées littéraires identiques et deux

jeunes hommes d’égale valeur dans la hiérarchie littéraire. Chacun

dans une discipline déterminée. L’un dans la poésie, l’autre dans le

roman.

(Je n’échappe pas à la littérature comparée et j’ai tort.)

189


Chercher

Trouver une prose souple, style Chateaubriand, avec une

écriture réfléchie d’une grande intelligence - par exemple André

Gide.

Ou attendre avec patience. Je découvrirai le maître sans le

savoir. Ai besoin d’être aidé pour continuer mon travail de prosateur.

Le Vers m’a éclairé - Baudelaire, Mallarmé, Valéry,

Rimbaud, Hugo et Claudel.

Autres admirations : Apollinaire et Cocteau.

Je parle évidemment des poètes utiles à ma formation.

Poète et joueur d’échecs

Il faut savoir qu’il y a plus d’une analogie entre un joueur

d’échecs et un poète.

Valéry a écrit qu’un chef-d’œuvre est une partie d’échecs

gagnée échec et mat.

190


Comme il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance

approfondie des ouvertures, des milieux de parties, des finales etc ...

pour construire une bonne partie avec de très bons coups, il n’est pas

utile d’avoir pratiqué l’art d’écriture pendant un demi-siècle pour

élaborer un bon livre.

Un génie, un surdoué étonnera de vieux professionnels, et

qui sait peut-être sera-t-il supérieur à eux et en mesure de les battre.

Rimbaud et Radiguet ont tous deux partagé un étrange et en

certains points, un destin similaire. Tous deux n’ont donné qu’une

période tronquée de la vie à la littérature de quinze à vingt ans.

*

grain de l’ivraie.

Il y a beaucoup de déchets en poésie. L’Eternité sépare le

L’Impossible : résume-moi ce poème.

191


*

L’Art poétique - trop de mystificateurs, trop de poètes

amateurs stupides et gênants.

*

Quand cessera-t-on de considérer le poète incapable et

inutile ? Forçons-nous à lui donner un statut social ! Il est agaçant

qu’il soit la risée des pauvres âmes.

*

Poète ? Rêveur, fainéant, le sans le sou, l’idiot. Trois agents

sociaux qui par leur statut font mourir de rire les autres. L’homme

d’église (le curé), le soldat (l’engagé), et le poète.

Où est la vérité ?

L’art poétique est un art invisible. Seuls le maître et le poète

ont conscience de la valeur d’un poème. L’éditeur se trompe. Le

littérateur aussi. L’amateur de lettres est dans la déroute.

192


Celui qui est pourvu de génie ne l’ignore jamais. Mais il y a

des mystificateurs ou des gens de bonne foi qui prétendent en détenir.

René Char

Je feuillette la recherche de la base et du sommet de René

Char. Passages très intéressants sur Arthur Rimbaud. Je défriche le

livre, et n’ai pu encore l’embrasser dans son ensemble. Réflexions

poétiques, et poèmes en prose y sont mêlés. Quelques rares poèmes

en vers d’une facture assez médiocre. (1) Rien de comparable avec

Les Matinaux.

Je pense que René Char est le second poète contemporain

français derrière Aragon. Je puis me tromper. L’Éternité change tant

les poètes ! Après la mort, la hiérarchie est retrouvée. En toute chose,

le recul est nécessaire. La poésie n’échappe pas à cette observation.

13 juillet 1980

dimanche

(1) Je suis sévère. Et peut-être me tromperai-je ?

193


Hiérarchie

3 Racine

1 Victor Hugo

Villon Molière Lamartine

La Fontaine (4)

Vigny

Baudelaire (6) Musset

Nerval

Boileau

Chénier - Ronsard (5)

Du Bellay Aragon Eluard

Char

Prévert

2 Corneille Péguy Verlaine

Nerval

20 Mallarmé 35 Rimbaud

Malherbe

36 Lautréamont

Apollinaire

Cocteau

194


Tristan Corbière

St John Perse Charles Cros

A. D’Aubigné Claudel

Larbaud

Gide

195


Journal 81

Claudel

élevée.

Claudel enfante dix chefs d’œuvre. Grand génie - poésie très

Excepté Bréviaire poétique, peu lu de travail mystique

(éditions onéreuses, introuvables).

Claudel, Ionesco, Anouilh. Qui est le premier Homme de

théâtre du siècle ?

Claudel ? Le plus grand dramaturge français.

Non à La cantate à trois voix, Oui aux Cinq Grande Odes, à

Connaissance de l’Est Non, au Bréviaire.

*

J’en suis réduit à acheter du Guillevic ! Poète breton, sans

principe analogique. Actuellement les critiques le placent en

196


troisième position derrière René Char et Louis Aragon. Toute la

pauvreté de la poésie contemporaine des années 80 !

Tristan Corbière et Guillevic ! Merci Seigneur d’avoir

sublimer la Bretagne !

Henri Thomas

Je me suis procuré “ A quoi tu penses ” d’Henri Thomas,

recueil de poèmes assez faible et d’une facture simple.

d’écrire.

Je retiens toutefois deux jolis vers que j’aurais été flatté

Oublie la sève folle et les oiseaux qui plongent.

Vers ses fruits saignant

Un peu plus loin dans le même texte,

Ô sève de la chair si douce aux lèvres…

197


Poètes de chez Gallimard

Quatre-vingts pour cent des auteurs poètes de chez

Gallimard n’ont pas d’avenir. Pas un sur dix ne passera à la postérité.

Hélas ils sont publiés, choisis par le Lecteur. Leur génie est

inexistant. Accordons-leur seulement une application rationnelle des

règles de l’écriture.

*

tranquille !

De grâce, je vous en supplie : laissez enfin Rimbaud

Méthode différente

Je propose une anthologie de la Poésie française, en classant

les auteurs non pas par siècle ou par date de naissance, mais selon la

place hiérarchique qu’ils occupent dans la Pléiade.

Baudelaire/Hugo

Si Baudelaire était né au vingtième, il eût été le premier.

Mais Victor Hugo, empereur, l’a réduit à de la figuration poétique.

198


Victor Hugo écrase, Hugo domine. Tous se plient sous son joug, sous

sa puissance d’exilé.

Paul Valéry m’étonne. Je ne parviens pas à lui reconnaître

ses pièces. Lui-même s’inquiétait de son “ cimetière marin ”. Je me

trouve ébahi devant toute son œuvre.

Ni vu ni connu

Hasard ou génie ?

À peine venue

La tâche est finie !

La honte poétique

Il y a humiliation poétique à s’assumer avec cette profession

dans une société fondée sur la science. Honte de soi-même parmi les

autres. C’est l’inutilité artistique qui condamne le poète à ne

bénéficier que d’une place insignifiante dans la hiérarchie de la

valeur humaine.

199


S M

Mallarmé a eu le mérite de concevoir l’algèbre. Hélas son

niveau est seulement accessible à partir de la terminale.

P V

Tu réapparais toujours en moi, maître Valéry.

P V pour moi-même

“ Tout au plus une grosse loupe, et tant de défauts ! ”

“ Il en sait trop pour vivre. ”

Discutable

Aujourd’hui la poésie subit une profonde mutation dans son

principe d’inspiration. Le poète ne sera plus un récepteur sensitif ni

un capteur d’émotions, il sera un agent appliqué de la raison et de

l’intelligence.

200


Baudelaire, Mallarmé et Valéry sont les précurseurs de la

pensée réfléchie. Char a subi leurs influences mais travaille encore

par l’image.

Demain le poète sera un philosophe à l’état pur capable

d’éveiller la connaissance chez l’homme de science. Le divorce

millénaire de l’Art et de la Science sera rompu, chacun aidant l’autre,

étant utile à l’autre dans son système de pensées.

201


Journal 82

Pureté

Toujours nu, toujours vierge. Point d’habit ni d’apparat.

Chasser l’image de l’œil, et vibrer par le sentiment : le vers doit être

écrit pour l’âme et pour le cœur.

La beauté du vers très pur

Valéry, couturier, habille Racine.

Ha ! Mais demain, il y a Dieu !

Compose ce qui se propose le mieux à l’exécution - jamais !

*

Racine, le grand Racine. Sa postérité.

Baudelaire y ajoute volupté et sensualité.

Mallarmé surcharge son génie ; et diamantaire, ou alchimiste

transforme le charbon pur en facettes immortelles.

202


beauté.

Valéry habille la nudité de soie, et d’or précieux, voile la

Valéry

Valéry a écrit : “ Ce qui ne me coûte pas, n’a pas de

valeur .” Le travail est fonction ici de la conscience de l’artiste. Moi, je

dis : “ Ce que autrui peut faire à ma place, n’a pas de valeur. ”

L’activité est fonction de ma capacité à créer.

Géométrie et poésie

Exploiter la feuille blanche en temps que plan.

Oui, Mallarmé s’y essaya

Non, plus simple.

La construction architecturale (1)

Les morphismes.

invisibles.

(1) Armatures - correspondances - liens invisibles ;

Le téléphone permet de correspondre, mais les fils sont

203


Méthode

Il est impossible d’être reconnu a posteriori poète, si l’on ne

possède pas le génie.

Mais qu’est-ce que le génie ? Le principe de synthèse ne

saurait l’expliquer. Il s’agit ici de plusieurs composantes

complémentaires.

1°) L’inspiration : cette case ouverte dans la cervelle qui

permet d’expulser les coups.

2°) Le choix des coups : le grand poète ne refuse que

quelques fragments. Sa capacité inconsciente mémorise les

meilleures possibilités.

travail sérieux.

On naît poète, on ne le devient pas. Ensuite, tout n’est que

3°) L’emprunt d’autrui. C’est le : j’exploite l’autre. Je

m’évite à retrouver les choix meilleurs. Je les utilise.

204


4°) L’application des invisibles. Celui qui intelligent

appliquera vingt, vingt-cinq paramètres indispensables à l’écriture, à

l’âge de vingt ans.

Mais cela sera suffisant ? Que faut-il d’autre encore ?

Persévérer, travailler, y croire. Ne guère se soucier des

destructions médiocres. La critique est aisée. Pour faire un bon poète,

il faut compter dix, douze années de recherches intensives - l’édition

n’est prévue que pour plus tard ...

Je nie les jeunes têtes éphémères qui se sentent croître sur un

don. L’action poétique est interne, rien ne sert de montrer ses écrits.

Il faut partir du principe que tout ce qui sort hors de la

cervelle est médiocre - il faut être un critique terrible, inhumain avec

soi-même - se haïr, se détester - oserai-je dire se cracher au visage ?

Toujours déchirer, toujours détruire ?

*

Mallarmé, Valéry, Claudel, Char, Aragon, tous ont admiré

Rimbaud. Ils semblent ignorer qu’il ne fut que génial. Il n’a jamais

205


été un grand poète. Pourquoi ignorer Radiguet ? Parce qu’il n’inspire

pas ? Sa précocité est l’égale de celle de Rimbaud.

Je dis : le poète qui passera à la postérité s’inspirera

aujourd’hui de Virgile, Racine, Homère et de la Sainte Bible. Le reste

n’est qu’insignifiance (Conseils aux futurs grands immortels).

*

Plus je relis Racine, plus je le déshabille, plus puissants, plus

impressionnants m’animent les sentiments du génie et de la

perfection.

Moi.

Délires :

Celui qui s’aime plus que Moi-même n’est pas digne de

Celui qui tuera son Frère pour sauver sa vie ne peut être

digne d’une vie spirituelle.

cieux.

Je te donne une vie, toi qui engendres. Purifie-la vers mes

206


Hugo

Les 9/10 de la production hugolienne sont détestables.

Le 1/10 qui reste de sa création est géniale.

Je relis “ Les chants du crépuscule ” et je tombe sur : Qu’on

voit sans entendre encore les marteaux ?

Cette incapacité à composer, on la subit - être stérile ; et l’on

est soumis à l’impuissance, poète fébrile. Et l’on supplie sa Muse,

immense à nous proposer, à nous invoquer ...

Ce romantisme, endormissement pour enfants crédules. Ce

romantisme, anti-force, anti-puissance. Fleurs lavées et rosées

célestes. J’imagine Victor Hugo courant à travers collines et vallées,

et ramassant marguerites et roses pour la jeune fille en fleurs.

Détestable candeur, pâle pureté. Je sais Virgile ...

*

Le sentiment le plus noble sera l’indifférence.

Sans fortune, l’artiste en est réduit à être un fonctionnaire.

Mallarmé, Valéry, Kafka.

207


Il y a malédiction du XIXe que je déteste dans mon système.

Il y a un Baudelaire que j’entends gémir dans mes écrits.

Le poète menteur

Mes plus beaux vers ont été composés au bord d’une piscine

somptueuse, dans une villa paradisiaque. J’étais entouré de Naïades,

de filles superbes aux seins bronzés, aux fesses bondissantes. Je

travaillais par le contraire, je créais le mensonge. Je prétendais

habiter une pauvre mansarde lézardée, aux tuiles percées qui

laissaient passer l’eau. J’écrivais ma détresse, mes angoisses. Je ne

faisais que mentir.

*

On ne joue pas aux échecs avec les règles du jeu de dames.

On n’écrit pas de philosophie avec les lois de la poésie.

Le vers doit être accessible à tous, comme aux plus savants.

S’en référer à La Fontaine.

Ravale ce que tu viens de dire.

Génie stérile.

208


“ Tu enfanteras dans la douleur ”

Paroles immortelles pour l’âme du poète.

*

La poésie est un placement post mortem dont seuls les

héritiers touchent le capital et les intérêts.

*

Je n’ai aucun souci de rencontrer autre que moi-même.

Je me satisfais de cet intérieur des plus désuets.

Le cadet des soucis du poète est bien le mensonge.

Le génie croit en lui. Lui seul croit en lui.

Le talent est plus monnayable que le génie.

209


Arithmétique et poésie

À la fin, je suis las de m’en remettre à l’arithmétique

primaire. Je suis las d’en être réduit à compter sur mes doigts. Je ne

peux plus au temps de l’ordinateur et de la calculatrice me soumettre

à gagatiser jusqu’à dix.

Je ne veux plus faire souffrir mes affreuses méninges pour

obtenir un douze, pour refuser un hémistiche. Que s’en vienne le

temps que la machine comptera mes coups, et mémorisera mes

fragments ! Que s’en vienne le temps qui me fera libre de m’exprimer

de ma sorte, et non pas selon des règles vieilles de trois cents ans !

Quant au livre

Le livre de Mallarmé, une sorte de bible impossible à

réaliser, utopique dans sa création. La perfection de l’Art, le haut

degré poétique, quelconque chose à penser, irréelle à obtenir. Une

construction dans la cervelle, dont l’architecture s’écroule dans le

vrai. Recréer l’Univers divin. Réorganiser ces milliards d’étoiles.

210


J’ai une certaine idée de la poésie, comme de Gaule avait

une certaine idée de la France. La poésie est un placement à long

terme dont seuls les héritiers touchent le capital et les intérêts.

On peut éprouver une grande satisfaction à écrire des

poèmes. C’est certes un rarissime privilège à essayer de travailler les

vers. Hélas, la déconvenue et la déception sont immédiates.

L’impossibilité à publier est réelle.

Qui peut prétendre aujourd’hui vivre de ses écrits, qui peut

se flatter de nourrir sa famille en publiant des vers ? Seuls René Char

et Louis Aragon y parviennent. Mais ils sont reconnus dans le monde

entier. Je ne conseille à personne de s’engager dans cette voie, et

moins encore de poursuivre obstinément ce chemin impossible.

Comment me serait-il possible d’accréditer un fragment que

je considère stupide ? Pourquoi m’imposerai-je à travailler des

syllabes qui me paraissent ridicules ? Jamais je n’ai pu apprécier une

seule de mes pages, ou moindre ligne manuscrite, comme j’ai

toujours douté de ma capacité à obtenir des passages satisfaisants.

211


Je me déteste, je déteste tout ce que j’entreprends. Je ne

peux que rejeter ma feuille noircie et la cacher à tout jamais dans mes

manuscrits d’imbécile.

*

La poésie sert aussi à instruire les grands hommes. Elle a un

pouvoir subtil au second degré. Elle cultive, instruit l’intelligence

supérieure. Il en est d’ailleurs de toute discipline inaccessible à l’être

vulgaire, au commun insensible.

212


Journal 87

Descendance

Racine, mon arrière, arrière-grand-père de la troisième

génération décadente des Euripidiens.

Le chétif avorton d’une race maudite etc.

Recherche

Quelque chose entre Baudelaire et Valéry. Je vois du bleu, je

vois du vert. À la fois femme et intelligence. J’ai trouvé : Le cantique

des cantiques de Salomon.

L’utilisation du corps, la correspondance de l’esprit biblique

avec la maison d’Israël ! Il y a Dieu, il y a le territoire.

Le poids en feuillets

Toujours est-il, que Victor Hugo est inexplicable. On a beau

tourner, retourner, détruire, accuser, s’émerveiller, s’agenouiller, -

toujours inexplicable.

213


V. H.

Méthode. Il y a 6 ou 7 grands hommes dans Victor Hugo.

Pas 1, pas 2. Je dis 6 ou 7. C’est pourquoi il faut le couper. Il faut

avancer tout doucement et ne pas hésiter à consacrer des heures

entières à un fragment. Ne pas se dire : il a forcément été vite, donc je

l’étudierai vite. Ceci serait une erreur.

Que faire ?

Je ne pourrais jamais être étonné ni par le génie, ni par la

qualité, la quantité, ni par la technique. J’ai Victor Hugo, Racine,

Corneille, La Fontaine, Valéry, Baudelaire. Et j’ai toujours la

conscience de ma propre impuissance. Je suis Rien. Et je ne suis pas

indispensable.

Héritage trop riche ! Pays enfanté de splendides exceptions !

214


Qui fait un ?

- Est-ce Racine ? Est-ce Victor Hugo ?

- Victor Hugo.

Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là.

(Les Châtiments - Ultima Verba)

Certainement.

En résistance, il est le plus fort.

Baudelaire

On dit Baudelaire, la malédiction etc.

Mais si Baudelaire avait vécu jusqu’en 90, il n’aurait eu que

68 ans, j’ai à peu près la certitude qu’il aurait réussi avec sa

crédibilité. (Par Verlaine, Mallarmé, Valéry, Claudel, Gide etc.)

C’est difficile de demander à un poète de gagner à 50 ans.

215


Lamartine

Il est inconcevable de lire Lamartine dans son ensemble,

vers après vers, fatigue après fatigue. Il y a saturation.

Mais tirer quelques vers comme l’on pioche dans la bonne

terre. Car Lamartine est un grand poète.

Eco-poétique

La fonction de production basée sur la production

Faire du cerveau une entreprise de production

La poétique - la fonction productique

*

En cesser avec les fainéants.

*

en alexandrins.

Quand le poète dit : j’ai compris - c’est qu’il peut le réécrire

216


Je dissèque la formation de l’habile faiseur de vers. L’école

poétique du XVIIe, - Jean Racine, Pierre Corneille, Boileau, La

Fontaine. Tous des instruits dans les Anciens. Trois socles

fondamentaux de notre poésie française.

*

Il faut

drait savoir comment Victor Hugo a pu être Victor Hugo.

Je suis effrayé par Balzac, Voltaire, Corneille.

Ces quelques monstres ou phares.

217


Journal 88-89

Critique

Baudelaire ne savait pas qui était Baudelaire. Il ne se prenait

que pour un génie. Il n’a jamais dû savoir qu’il était grand poète, ce

qui est curieux pour un homme d’une telle qualité critique.

Sa dédicace est navrante comme elle enorgueillit Gautier,

qui est un poète très inférieur.

Rimbaud possède aussi le privilège d’étonner les génies.

*

Combien Victor Hugo a-t-il écrit d’alexandrins ?

Combien Lamartine, Corneille etc.

Je ne dis pas que Victor Hugo a fait cette constatation, mais

il aurait pu savoir qu’il avait écrit plus d’alexandrins que l’ensemble

des grands poètes de la Pléiade réunis.

218


(Je ne dois pas être loin du compte en tout cas).

VH 220 000 als

200 000 Po + 20 000 Th

Plus complexe

Et si l’harmonie n’était pas une correspondance de sons,

mais une organisation d’un ensemble phonétique de voyelles, de

consonnes, de rythmes etc.

Palatal : se dit des voyelles ou des consonnes dont le point

d’articulation est dans région du palais : “ e ”, “ i ” sont des voyelles

palatales ; “ ch ”, “ j ”, “ qu ” sont des consonnes palatales.

219


Hiérarchie poétique

Cor, Rac, Hugo, La Font, Molière, - Ordre ?

Baudelaire 6ème ?

Balz Flau Stendhal

Rons, Volt, Valé ?

Des, Pas

*

insertion sociale.

La poésie marginalise, appauvrit, fragilise, interdit toute

Apprentissage

Prendre un alexandrin de Racine, l’étudier, le poser en tant

que base et proposer des équivalences d’emplacement à la

grammaire.

220


Frédéric chercherait à me parler dans ce boudoir ? Frédéric

me demande et veut me dire pourquoi ? Isabelle, es-tu certaine ?

N’es-tu pas égarée ?

Acte II Scène première Phèdre Aracie

N.P.

Du style

Proposer des constructions siennes, de qualité qui ne

puissent appartenir à aucun autre.

Poser lentement les structures. Les penser longuement.

Découvrir un mouvement.

Et le Système

*

Et qui est le plus grand des poètes dans le royaume des cieux :

Virgile ? Dieu ? Salomon ?

221


*

Je crois en la poésie *. Je ne crois pas aux structures

d’accueil de la poésie.

Idée de critique

“ La Maison d’Édition devrait être pénalisée pour le

préjudice social qu’elle impose à l’écrivain de génie de ne l’avoir pas

reconnu.

Elle a un devoir - celui de reconnaître les talents. ”

(À passer par Baudelaire - Mon cœur)

*

À Paul Valéry

Jusqu’où faut-il aller dans la perfection de la forme ?

*

222


- Racine !

- Oui, mais Victor Hugo ?

- Racine, ça ne s’échange pas !

Les triplés

XVIIe siècle (Corneille, Racine, La Fontaine)

Romantisme (Musset, Vigny, Lamartine)

Surréalisme (Aragon, Prévert, Eluard)

Œuvres de jeunesse (Radiguet, Rimbaud ...)

.... Lautréamont.

VH

Tu coupes Victor Hugo en deux,

Il reste encore le 1er poète du siècle.

Tu coupes Baudelaire en deux,

Il n’est plus le second poète du siècle.

Victor Hugo assure avec 200 000 vers tandis que

Baudelaire n’en a écrit que 3 500 ...

Et oui ! ...

223


*

Imprègne-moi longtemps de tes rayons superbes !

Dressage

Il faut travailler, tout travailler, surtout ce qui paraît perte et

faiblesse.

Il faut savoir refaire, reconsidérer.

On tire une grande jouissance d’avoir mieux fait.

Du croquis, du poème, de trois lignes.

Ce n’est pas toujours aisé de récupérer les pertes, mais il

faut s’y astreindre du moins pour le dressage.

*

À quelle heure, tue-t-on Rimbaud et Baudelaire ?

Assez de mythe rimbaldien,

Du mythe baudelairien.

Il faut du neuf.

Chercher autrement.

La poésie est spatiale,

224


Je la ferai numérique, pour la coder correctement.

L’épopée du ver.

Au fond de la poussière inévitable, un être

Rampe et souffle un miasme ignoré qui pénètre

L’homme de toutes parts,

Qui noircit l’aube, éteint le feu, sèche la tige,

Et qui suffit pour faire avorter le prodige

Dans la nature éparse.

La puissance de V.H. dans La Légende des Siècles !

J’imagine Dieu lui donnant la possibilité d’écrire La Bible en

alexandrins ! On peut supposer l’immensité de son souffle au service

du poème épique ! Ce qu’il aurait pu en faire, Lui !

*

Je ne fais que chercher, disait le poète.

La poésie est un laboratoire de recherches.

La poésie est toujours en crise, toujours en mouvement.

225


Elle est en constante permutation, constante évolution. C’est

un bouillon de culture, avec l’œil du poète sur le microscope des

lettres. Comment sont-elles placées, comment s’arrangent-elles ? Etc.

C’est la révolution permanente.

Ou l’évolution constante.

P

Poésie commerciale Il faut la faire vivre

Poésie salon littéraire Disque

Poésie Gallimard vieille France

Poésie Écran Poésie chieuse

Poésie laboratoire

Poésie économique technicien

Math spatiale

Poésie utile

cercle, mystique appliquée

Poésie technique

Poète vivant de sa plume

226


Poésie peinture, musique, sculpture

Poésie + science Vois-tu quelque chose ?

Poésie + politique A quoi tu penses

+ homme politique

+ show bizz

+ résistance histoire

Je veux faire du poète un homme de son temps, inséré dans

le monde, et non pas un objet de curiosité.

*

Casser les images, les idées reçues

Un autre poète + racinien politique - affaires de l’Etat?

Il faut que le poète s’occupe de choses qui ne le regardent pas

Chansons

Il ne faut pas se dilapider. Éviter de rencontrer des inutiles.

Fais quelque chose de bien.

227


PV

Je disais de Paul Valéry, qu’il était parvenu à être le premier

poète du siècle avec 350 pages de poésie ! Ce qui est, en vérité, une

aberration.

Valéry a moins produit de poésie que Stéphane Mallarmé,

mais sa para-poésie, son intelligence, ses rencontres qui

confèrent une première place.

Place

Ce qui n’est pas supportable, c’est que Valéry arrive à être le

premier poète du siècle avec 350 pages de poésie.

(Plus !)

Franck, les fleurs du Mal ne représentent que 200 pages

dans la collection Garnier Flammarion, et Baudelaire est bien le

second derrière Hugo.

Oui.

228


Deguy ?

le problème.

Écrire autrement, comme personne n’a encore écrit. Là est

Problème d’intervention de style, de création.

sans Mallarmé.

Composer des phrases, inventer des phrases sans Rimbaud,

Produire autre chose. Oui, mais comment l’écrire ?

Un autre rythme Gaspard ! et Baudelaire !

R

Tu as maîtrisé ainsi ton énergie poétique.

Tu as fixé ces sujets d’inspiration,

Et tu en as tiré cette œuvre-là,

Sur l’espérance de vie qui t’était allouée, Racine.

229


Variantes

Le bernique est baisé, la tarte est hydraulique.

La critique est aisée mais l’art est difficile.

est au nombril.

- La critique est aisée ...

- ... Mais personne ne vous a demandé d’écrire !

GP

Comment faire de la grande poésie ?

(Faire beaucoup de bonne poésie et l’accumulation aidant...)

Formation poétique

Fabriquer des jeunes dès l’âge de huit, neuf ans. Qu’ils

puissent déjà écrire ; qu’ils s’essaient aux premières proses, aux tout

premiers poèmes. Les encourager dès l’école primaire.

Références, Sartre (Les mots), Rimbaud (Charles d’Orléans

à Louis XI).

230


Donner les règles de l’écriture. Chiffres, rythmes, accents,

équilibre littéraire, musique, lois invisibles dès l’âge de 15 ans, - au

sortir de la troisième, comme l’analyse grammaticale est d’après les

programmes assimilée par des BEPC.

Imaginons des jeunes avec des logiciels, des écrans

construisant des phrases codées respectant des règles, mais libres de

poésie, d’association, d’inventions.

*

Ces jeunes seraient peut-être à la poésie ce que les groupes

de musique moderne sont à la musique classique.

Il leur faut des instruments à ces jeunes. Ces instruments

sont le clavier et l’écran.

231


À Valéry

*

enthousiasmes.

Tu as inspiré l’admiration, tu n’as pas déclenché les

Une formule hugolienne : Tout à tous.

Les enfants ne t’aiment pas, ne te connaissent pas.

Jean de la Fontaine.

*

Poésie = émotion

*

Note

Voilà ce que je suis

Voilà ce que je fais

Et ainsi la personne montre son poème ...

232


Héritage surréaliste, Le Bœuf

Catastrophe.

*

L’art de faire des vers savants, Paul Valéry.

Conseils aux jeunes poètes

1) Faire de la mathématique - Bac + 3 IUT

BTS

2) Comprendre les tests d’intelligence. Donc travailler les

tests.

3) Travailler 8 heures par jour. 4 heures de lecture - 4 heures

d’écriture.

4) Ne s’en référer qu’à la Pléiade.

5) Beaucoup de livres techniques : collection points, traités

de versification, toujours des traités. Ne pas hésiter à rabâcher.

6) Exercices d’invisibles : chercher les chiffres, les

fréquences, les emplacements, les constructions invisibles, - c’est par

les livres techniques que l’on découvre les lois.

233


7) Avoir des amitiés complémentaires : électroniciens,

informaticiens. Leur demander leurs connaissances, et les instruire

dans la sienne.

8) Critique redoutable qui s’aiguisera dans les lectures de la

Pléiade.

9) Hygiène de vie : ne pas boire, ne pas se droguer. Se

fortifier par le sport qui équilibre une tendance trop émotive, trop

introvertie.

*

Loi de saturation - loi d’absorption

Mallar

VH

100 20 000 (X 200)

1 500 300 000 x 200

Fécondité doit être adaptée pour ne pas devenir ennuyeuse.

La répétitivité ?

234


Calcul/Rapport

Rimbaud/Hugo

On dit il faut 7 fois Rimbaud pour faire 1 Victor Hugo.

Mais il en faut plus !

J’en propose 11.

11 fois la quantité de Rimbaud, ça fait Victor Hugo ?

Ça paraît.

J’avais un autre calcul qui montrait qu’il fallait monter à 40.

Rimbaud a écrit pendant 5 ans.

Prenons le 1/5 de Rimbaud qui représente le travail sur une

année.

Et bien Victor Hugo fait quatre fois plus de travail que

Rimbaud sur une année.

Et c’est vrai pour toutes ses années de travail à Victor Hugo,

soient 50 années.

Ce qui devient 4 fois 50 années = 200

c’est 200 par rapport à 5 (de Rimbaud), donc il faut pour

faire 200 :

5 x (40) soient 40 Rimbaud.

235


Disons qu’il en faudrait quand même un peu moins

*

Société technologique ! POÉSIE

Poésie inutile

Pas de sécurité sociale

Pas d’emploi

Pas de salaire

Marginalisation

Travail inutile, jamais lu, jamais acheté

Impossibilité d’éditer.

Beaucoup d’inutiles : alcooliques, drogués, fainéants,

marginaux.

*

Vivre pour parler des arts, de la poésie !

Interdiction d’écrire, de produire, de travailler, de se former.

Interdiction de lire Dante, Corneille.

Pertes de 50 % sur l’œuvre de jeunesse !

Romans !

236


Journal 90/91/92

Hiérarchie ?

Bons poètes : Bosquet, Cocteau, Gautier, Guillevic, de

Heredia, Leconte de Lisle, Lautréamont, Péguy, Ponge, Rimbaud,

Scève.

Jammes, La Tour du Pin, Louise Labé, Reverdy, Soupault,

Thomas.

Assez bons poètes : Cendrars, Corbière, Cros, Jacob,

Laforgue, Larbaud, Michaux, Morand, Fargue, Nouveau, Breton,

Supervielle.

Caillois ? Queneau ? Rutebeuf ?

*

Ordre XXe

Ordre XIXe

1) Valéry 1) Hugo

2) Char 2) Baudelaire

3) Aragon 3) Lamartine

4) Claudel 4) Verlaine

5) Perse 5) Mallarmé

237


6) Eluard 6) Vigny - Musset

7) Apoll 7) Nerval

8) Prévert

9) Jouve Ordre XVIIe

1) Corneille

2) Racine

3) La Fontaine

4) Boileau

(Pas évident)

Ronsard

Du Bellay

Villon

Malherbe

Chénier (GP) ? Grand poète ?

Marot (GP)

D’Aubigné

238


*

l’insignifiant.

La poésie fait partie du domaine du dérisoire et de

Analyse vraie

Louis XIV 1990

Poé 1 000 (Racine) Poé 650 Valéry

Méd 200 Méd 200 x 25

= 5 000

Méd = médecine

“ Nous sommes les médecins de Molière

nous les poètes d’aujourd’hui. ”

*

Complexes de résonance dans La Jeune Parque de Valéry

Poésie expérimentale - codification

numérique - explication

239


*

Ce que j’aurais aimé produire.

Racine

Athalie

Phèdre

Andromaque

Britannicus

Esther

Corneille

Horace

Cinna

Pompée

Polyeucte

Cid

240


Valérie

Cimetière

La J.P.

La Pythie

Claudel Cinq grandes odes Théâtre

Rimbaud

Illuminations

Perse

Vents - Amer

Char

Un ouvrage.

*

Mallarmé

Un coup de dés

Igitur

Hérodiade / L’après-midi

Virgile

Enéide

Bucoliques

Géorgiques

Homère

Iliade

241


L’Odyssée

Dante

La divine

V.H.

Les Contemplations

Les Châtiments

La Légende des Siècles

Baudelaire

Les Fleurs du Mal

242


*

Claudel - Orgueil ; Corneille - Vieillir ; Valéry - Moi ;

Baudelaire - Beau ; Racine - Pur ; Voltaire - Raillerie ; Rimbaud -

Précocité ; Sade - Vice ;

Les poètes, les mots les déterminant.

*

Être un grand poète c’est moins intéressant que d’être un

bon scientifique au niveau du Je sais.

Ce que j’aurais aimé produire chez les autres

Rimbaud :

Char :

Mallarmé :

Perse :

Claudel :

La Fontaine :

Racine :

Illuminations

L’œuvre

L’œuvre

L’œuvre

Les Cinq Odes

Les Fables

L’œuvre

243


Corneille :

etc.

V H

Légende des Siècles

Dante :

Virgile :

Homère :

Valéry :

Lautréamont :

Baudelaire :

Médée, Horace, Polyeucte, Cinna, Cid,

Les Contempl, les Châtiments, la

Toute l’œuvre

Toute l’œuvre

L’œuvre

Poésies + cahiers

L’œuvre

L’œuvre

A, B, G P

Gotha mondial :

Euripide, Sophocle, Eschyle, Sénèque

A : Virgile, Homère, Shakespeare, Dante, Ovide, Pindare

Ronsard

B : Racine, Hugo, Baudelaire, Corneille, La Fontaine,

Grands poètes : Eluard, Musset, Vigny, Verlaine, Valéry,

Jouve, Perse, Claudel, Lamartine, Prévert etc.

244


Journal 93

Poème ? Valeur du poème ?

Intensité ? Perceptivité de l’intensité ?

Quelle est ma réaction face à un produit poétique que je

possède ?

*

Valéry Baudelaire Racine

Virgile

XXe XIXe XVIIe Antiquité

Décadence poétique !

Hugo exception, le plus grand poète français.

Système d’accumulation. Mais si cela marche, pourquoi pas !

245


*

Je ne comprends toujours pas ce que Paul a pu trouver

d’utile dans l’acte décrire le poème. “ Capter les différents états de

l’inspiration (1), voir JP ? ”

Pourquoi travailler avec des mots, avec du matériel variable,

quand la mathématique propose des entités fixes, dont la valeur et la

raison sont les mêmes pour tous ? Pourquoi ? Par faiblesse ?

(1) Comprendre la création ?

Ce que vaut le poème.

Le poème est détestable. Il n’a que la valeur de l’instant,

durée brève. Il est la preuve de mon échec, de mon incapacité à

obtenir ce que l’Esprit avait cru entrevoir. Il est rejeté, exclu, - il

disparaît dans les tiroirs et je prétendais chercher autrement ... Je

réutilise mon énergie, je la transpose sur un support - le sujet - je

cherche, je tire, j’obtiens puis le critique foudroyant, assassine le

texte obtenu : je meurs et tâche à renaître. Ad libitum.

246


*

- Que faites-vous ?

- Je produis de la pauvreté.

- Ce n’est pas possible ?

- Si, si, j’écris des poèmes.

Critique

- Il faudra apprendre à comprendre autrement, sans le beau.

- Pour quel intérêt ? Si cela ne me charme pas, vais-je me

forcer à trouver cela inutile ? Qu’est-ce qui peut exciter mon esprit ?

- L’originalité, la créativité etc. Même si cela est différent et

si cela dérange.

*

La poésie est un travail personnel, parfois lu par quelquesuns.

247


Hugo - Critique

Il a voulu philosopher lyriquement

tout en poétisant, ce qui donne :

Homme, tu es petit, l’univers est immense.

Ignorant que tu es, acclame sa puissance.

Reconnais le Seigneur qui a choisi les cieux,

Essaie de le trouver dans le ciel lumineux.

Etc.

*

Je ne comprends pas Racine

Corneille Technique Force style

Virgile Grandeur du poème

V H Puissance

Lafontaine ?

Ronsard ?

Baudelaire ?

248


Les poètes

Ils cherchent à crédibiliser leur propre immortalité, ils

veulent être reconnus de leur vivant. Toujours fous de gloire, de

caresses, d’admiration. Pourquoi ? Qui sont-ils ? Quel niveau ont-ils

atteint ? Ce n’est donc que cela ? Mais travaillez encore !

Ce n’est donc que cela ? L’œuvre était achevée

Et je cherchais encore !

Critique

Baudelaire, c’est un grand poète, c’est un grand critique,

c’est un grand écrivain, c’est un grand traducteur et c’est un grand

épistolier.

Évidemment il pèse, d’autant qu’il est mort à 45 ans.

Cela implique, sa sixième place poétique, derrière VH, Ra,

Cor, La F. et Ronsard.

Poésie

Environnement favorable

Inspiration des Dieux

Moi +Pléiade

249


+ temps + papier une œuvre

Je ne suis pas un “ poète ”

mais je fais une œuvre.

*

Virgile ?

Virgile Les Buco

Les Géo

L’Enéide

Virgile n° 1 de la poésie occidentale

Comment obtenir un résultat Virgile ?

Si Virgile = Ov ?

Comment Ox Ov

Mais OvH Ov

Prob !!

250


*

Si Racine avait écrit

80 000 à la manière de Racine

Oui /

R aurait été Virg

R = 20 000 alxs

Si R = 80 000 alxs Racine Virgile

SI R avait produit la Qté de Cor

R Virgile

*

La poésie est un travail personnel lu parfois par quelquesuns.

251


Poésie

Aberrante réalité terrestre, détestable condition, médiocrité

de l’existence, - la charge du ridicule, le poids de la bêtise (le poète,

de quel savoir peut-il se prétendre ?) et puis, et puis.

Il y a cette certitude d’immortalité, de gloire, de Panthéon,

de place élevée, etc. faire très grand poète.

Quand une poésie est perte, il faut la passer en prose, la

transformer quelque peu, lui donner une allure plus souple, plus

pratique pour la lecture.

La mauvaise poésie dégoûte ; la mauvaise prose n’exige pas

l’effort de lecture, elle n’est donc pas condamnée ou rejetée avec

virulence par l’esprit critique. Il la méprise, son sentiment se

rapproche du sentiment d’indifférence.

Un mauvais poète est exécuté, un mauvais prosateur est

méprisé.

252


Poésie

Le poète se dit : qu’importe que ce mot si musical ne signifie

pas ce qu’il faudrait ! Je le prends, je l’utilise et je place puisque c’est

un bon coup. D’ailleurs ne s’accorde-t-il pas admirablement avec cet

adjectif ?

Poésie - Musique

La prononciation française manque de frappantes éclatantes.

Le B, D, G est doux, et P T C n’explose pas. Or je dis que le poème

doit frapper, comme une batterie moderne. La langue française ne

met à notre disposition qu’une espèce de boîte à farine, et le son est

assourdi.

C’est peut-être l’une des raisons qui explique que la poésie

française est peu prisée : l’association des mots n’offre que très peu

d’objets sonores efficaces.

À considérer, la langue anglaise, l’hégémonie de la chanson

anglo-saxonne. Traduire les Beatles avec les Lionceaux est un

désastre. L’adaptation fait échec.

253


Note - Poésie

Tout est rebutant en poésie, à l’exception de la satisfaction

finale, celle d’être un grand poète. Il peut y avoir jouissance à être un

génie lors de l’exécution de la tâche, et plaisir à lire autrui parfois, -

plaisir et désespoir intimement mêlés (la perfection du maître).

Critique

Je contredis Valéry. Je considère que La légende des siècles

est un ouvrage très difficile à exécuter. Il nécessite énormément de

puissance, de moyens mis à sa disposition, de force et de génie. Je ne

suis pas amoureux de La légende, comme j’aime Phèdre,

Andromaque, Esther, Athalie, Cinna etc. mais la tâche me semble

correspondre à l’un des exercices les plus monstrueux de la poésie

française.

*

Pouvoir des poètes. Parfois en dire plus qu’ils ne voulaient

en dire. Références multiples.

254


Pouvoir des poètes. Capacité de synthèse inconsciente

enfouie sous un pur langage et qui se propose à la raison. (Tout à

coup, je m’illumine ; j’avais à peine saisi, et voilà que je le conçois !)

*

Piaf. Vulgarité des mœurs, mais cette voix ! Cette voix ! ...

*

Et j’en sais d’immortels qui sont de purs nigauds. Valéry.

Et j’en sais de très grands qui ne sont que des sots ! Persifle,

Paul, et je pense à Racine. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur

nos têtes ? Persifle et dédaigne !

Génie - Orgueil - Poésie - Science

Un jour que j’interrogeais un poète de cette façon : “ Mais,

Monsieur, n’en avez pas assez d’être considéré comme étant de la

sous-m… intellectuelle ? Vous êtes battu à plate couture par le travail

des hommes de science. Votre art est décadent. Eux ne font que

progresser, et vous, vous obtenez des résultats poétiques ou littéraires

inférieurs à ceux des anciens.

255


Imaginez qu’un technicien en 93 vous fabrique un poste de

télévision digne des années 60, et qu’il vous demande 4 fois votre

salaire mensuel pour acquérir ce pseudo bien de consommation ? Que

penseriez-vous de l’édit technicien ? Vous le mépriserez. Vous en

seriez à ironiser sur sa soi-disant compétence.

Et bien Monsieur ce travailleur, c’est vous. Vous n’êtes pas

capable d’ajouter sur la compétence d’autrefois, et vous voudriez que

l’on achetât vos recueils de poésie ! Mais pourquoi ? ”

Mon interlocuteur était éberlué, il tournait ses yeux dans

tous les sens, sa bouche ne prononçait plus aucune parole ; certes je

venais d’abattre ce qu’il avait mis trente ans à construire, c’est-à-dire

sa propre personnalité poétique.

Enfin, il put dans une sorte de bégaiement difficile, parvenir

à sortir quelques bribes :

“ Mais comment faire ? Comment ajouter sur Racine ou

Hugo ? Comment ? Suis-je un surhomme ? ”

256


“ Monsieur lui répondis-je, ne croyez-vous pas qu’à

travailler à temps partiel, en fin de semaine, à vos heures libres vos

poésies, vous n’êtes qu’un pur amateur, tandis que la valeur du

travail de l’homme ne peut être accréditée que dans une constance de

formation. ”

“ Je n’ai pas le temps, j’ai une femme, des enfants à nourrir

et plus encore ... ”

“ Vous êtes à la poésie, ce que le joueur du jeu de paume est

au tennis moderne. Un amateur satisfait de ses résultats dans une

petite assemblée, tandis que la finale de Fushing Midow se joue en

mondio vision devant 800 millions de spectateurs ! ”

Ce que je crois, c’est que la formation poétique nécessite un

travail à temps plein, avec un bon système pédagogique, une bonne

transmission des invisibles, et des exercices quotidiens à appliquer.

Écrire, écrire, écrire, peindre, peindre, peindre, sculpter,

sculpter, sculpter, toujours et encore.

Le secret est dans le travail, et dans le travail de groupe, il se

peut ... ”.

Mon poète semblait fort désarmé et me répliqua que la

paresse, l’ivresse, la solitude sont des ingrédients indispensables pour

former un Baudelaire, un Verlaine ou un Chénier.

Je répondis qu’il avait mis le doigt sur la décadence comme

ces trois exemples du XVIIIe ou du XIXe siècle ont obtenu des

257


œuvres inférieures à mon triumvirat Racine, Corneille, La Fontaine,

qui eux-mêmes ont moins bien produit que des Virgile, Homère et

Dante ...

“ - Que saurai-je ajouter ? ” Me dit mon homme.

- “ Mais plus rien, Monsieur, hélas ! ”

258


Journal 94

Poésies - Progrès

Il faudrait proposer une méthode d’investigation poétique,

une méthode efficace qui donnerait la certitude d’obtenir des résultats

supérieurs à ceux obtenus par les anciens. Et de ce fait, on ne pourrait

pas remettre en cause la véracité du moyen.

Le problème est de savoir si travaillant à temps partiel dans

une civilisation culturelle basée sur l’image et les communications,

travaillant dis-je pendant les fins de semaine, à ses heures libres, sans

formation soutenue, sans principe pédagogique quelconque, si l’on

peut parvenir à des résultats poétiques de meilleure qualité que ceux

des anciens.

On pourrait poser la question autrement. Comment ajouter

sur le premier, tandis que la tendance est dans cette discipline

caractérisée par la décadence ?

259


Poésie

Comment, dis-je, comment concevoir l’obtention d’un produit

poétique satisfaisant sans loi, sans règle, sans hygiène de vie ?

Comment produire dans un environnement défavorable en

usant de la souffrance, de la fatuité et de la bêtise ?

composer !

Jamais le poète n’a eu autant besoin d’intelligence pour

L’on continue pourtant à pousser le mythe rimbaldien, allant

dans les cafés, dans les lieux de perdition, dans la drogue, dans les

pseudo voyages. Pour obtenir quoi ? De bien faibles résultats en

vérité. Hélas, nous refusons d’appliquer les méthodes de gains des

autres disciplines ascendantes telles que le sport et la science.

Critique : Les Bucoliques

Le choisi, le délicat, le précieux chez Paul pour traduire,

pour adapter son Virgile.

260


La finesse des traits, l’intelligence, l’ingéniosité des

solutions avec touches si légères !

souvent défaut.

Quel beau peintre quand bien même la traduction ferait

Bac ou Bac + 4 ?

Chez Apollinaire, chez Verlaine, la grande poésie est une

fin, un moyen d’être, une façon d’imposer sa personnalité.

Chez Valéry, elle est un moyen d’accéder à une compétence

autre, supérieure encore, plus fine. Elle est un instrument.

Exemple :

Devenir un grand poète, posséder cette science pour se faire

prophète ; alors la poésie est bien un moyen.

Papillon alcoolique et hoqueteux.

261


Des mots

Le “ Oui ” de Racine pour commencer une pièce avec

certitude d’un état développement etc.

Le “ Rien ” de Mallarmé, pure certitude du Néant.

Le “ Quoique ”, doute subtil, - que j’aime beaucoup. Même

la mathématique doit en être pourvue.

Je sais mais je doute.

Poésie - Place

Il n’est pas question d’accepter un compromis d’injustice en

fonction d’un classement, il faut obtenir ce qu’on mérite en fonction

de sa valeur réelle.

262


Aux poètes

Ces imaginatifs qui captent des instants, allons savoir

comment fonctionnent leurs cerveaux ...

M’éveillais-je ? Ainsi comme au plus pur moment de

m’entendre, je captais quelque fois des sonorités diverses que je

changeais en mots ... C’était au bord d’un songe.

Crédit poétique

On peut arriver à cette situation où un produit poétique peut

ne pas être crédible auprès de soi-même, auprès de l’éditeur, du

critique littéraire et pour finir du public quand bien même ce produit

aurait des vertus artistiques.

Produit poétique

( . soi-même

( . critique littéraire

( . éditeur

(. public

“ Il faut donner du temps au temps

263


Pour que Vincent ait du talent. ” (Barbelivien)

Mais maintenant Vincent

Tu vends... (Sardou)

Et Dieu, qu’en pense-t-il ?

*

Ce que je crois, c’est qu’il est peut-être possible d’ajouter

sur la compétence des anciens dans le secteur poétique, en travaillant

par le principe de quantité.

Jetons-nous dans le Moyen Âge ! La lecture y est peu

abondante. L’espérance de vie est courte. Le bagage culturel assez

bas.

Voyons Du Bellay (Poète que j’estime fort, j’en veux pour

preuve mes sonnets 84 qui ont été composés/construits avec ses

Regrets en référence), il meurt à 38 ans et laisse 200 pièces à 14. Sa

qualité est certaine. Il est grand poète.

264


Projetons-nous à présent dans le XIXe siècle. Ces décennies

produisent des Verlaine, des Lamartine *, des Nerval, des Musset et

des Vigny. Tous ces poètes, grossièrement ont produit un tome de

Pléiade en poésies, soit 40 000 vers. Ceci à comparer avec les

malheureux 3 000 vers de Du Bellay.

On ne va pas s’étendre pour tenter d’expliquer ce

multiplicateur par 13. Ceci peut être facile. On le constate, voilà tout.

* Lamartine - 72 000

Par extension de ce raisonnement, ne serait-il pas possible

de former des poètes pour qu’ils produisent 250 ou 300 000 vers ?

Soit un multiplicateur par 7 ou 8 comparé à la production obtenue par

les auteurs du XIXe ?

L’augmentation de l’espérance de vie nous permet d’écrire

fort tard sur une période plus longue.

L’excitation des lectures avec des collections relativement

complètes sont sources de nouvelles productions personnelles.

265


Je pense souvent à Jean Cocteau qui se flattait de produire

de la poésie de roman, de la poésie de théâtre, de la poésie critique,

peut-être aussi poésie et correspondance, qui est parfois de la poésie

mêlée vin et eau.

En appliquant son système et en le fortifiant, ne pourrait-on

pas obtenir une quantité poétique plus importante ?

Mais la fécondité a-t-elle le moyen de la crédibilité ?

L’œuvre de Cocteau est fragile. Elle est toile d’araignée. Il faut des

bases solides, des armatures et du bon béton pour que l’édifice ait

une durée.

Je sais, je vais agacer certains poètes, qui purs amateurs

considèrent que la poésie c’est tirer 400 lignes tous les quatre ans à

500 exemplaires, que la poésie est caviar, est délicate, est à

consommer avec modération, etc.

Mais enfin, j’exprime une idée.

On ne fait que relire les poètes. Pourquoi ? Parce qu’ils

n’ont que trop peu produit.

266


Poésie - Équivalence

Il faudra convertir l’intelligence poétique en intelligence

scientifique - convertir comme il est possible de convertir deux

monnaies.

Grande déception monnaie de singe, papier-poésie.

Le poète est faible depuis trois siècles - excepté VH.

Certitude de décadence depuis Racine.

Valéry Baudelaire Racine Dante Virgile

1er XXe 2e XIXe 1er XVIIe 1er poète du Moyen-âge

1er poète

267


Valéry = Perse ?

Cela glisse doucement vers une pente. La science est

ascendante. Mais comparons les méthodes employées.

La poésie est amateur, solitaire, repliée sur soi-même,

autodidacte, nombriliste.

Comment peut-on être un grand joueur de billard en

carambolant seulement 2 fois en fin de semaine ?

La science appliquée, les techniques appliquées - gros

investissements, matière grise - ordinateurs, puissance.

+ travail en collaboration.

Des chercheurs. Synergie de la recherche collective.

Ignorance, Ignorance, fléau

On peut se demander pourquoi les poètes du XVIIIe, du

XIXe et du XXe ont accepté comme le bétail va à l’abattoir, d’obtenir

des résultats inférieurs à ceux du XVIIe. Pourquoi n’y a-t-il pas eu

268


révolte, prise de conscience de son incapacité à faire mieux que les

anciens ?

Parallèlement les sciences et les sciences appliquées

faisaient gains, faisaient mieux quand les arts décevaient.

Un médecin du XXe en sait plus que son confrère du 18e.

Mais Baudelaire est moins bon que Racine.

Et il n’y a pas eu recherches de moyens pour faire mieux, la

recherche a consisté à produire autrement avec sa flopée d’écoles -

symbolisme, impressionnisme, surréalisme, spatialisme, l’invention

s’est faite dans le fond, mais la forme n’a pas pu suivre. Ainsi Eluard

produit des alexandrins inférieurs à ceux de Corneille, il est donc

moins bon, mais il fait quelque chose de différent.

Il se peut toutefois que quelqu’un ramasse toutes les mises,

et par fusion, par synthèse avec une mise en forme adaptée ajoute sur

ces inventions du XIXe et du XXe.

269


*

Poésie Matos de pacotilles.

Les petits oiseaux, les roses, les nuages etc.

Les poètes sont largués. Ils ne sont pas à niveau. Ils planent :

“ Le qui est-ce ? Où suis-je ? Ha ! Bon ! Je n’étais pas au courant de

la panne d’électricité etc. ”

*

- La poésie est à la science ce que la Traban est à la BMW.

- Je te ferai ingénieur chez Traban, j’ai décidé de faire de toi

un pur produit de l’élite communiste. Quoi ? Comment ? Tu te

révoltes ? Tu es vexé ? Je ne l’entends pas de cette sorte ! Allez

maudire ce sale petit breton, etc.

- Comment, trop conscient ...

270


*

Testez les valeurs

Convertissez les intelligences

K poétique comparer K domaine scientifique

domaine le + compétent

le - compétent

Valeur d’un poète

Prévert

Cocteau

Valéry

etc.

comparer avec homme de science

Critique

Les poètes disent : “ Nous sommes, mais autrement, et vous

ne le comprenez pas. ”

Ce qui est faux, - mais les poètes manquent de lucidité

intellectuelle, ils ont pour la poésie les yeux de Chimène et refusent

271


de voir avec objectivité la réalité poétique, la triste réalité d’une

discipline qui a été et qui est de moindre valeur de nos jours.

*

La discipline s’essouffle, n’a plus les ressources d’autrefois,

ni même l’environnement d’autrefois pour produire des poètes de

qualité supérieure que le dix-septième nous aura donnés, dont le dixneuvième

nous aura gratifiés aussi, mais dans une moindre mesure - à

l’exception d’Hugo toutefois.

*

J’ai toujours associé le mot poésie au mot peur. Peur de ne

rien détenir entre les mains, peur du ridicule, peur de l’exclusion.

J’ai beaucoup aimé la mathématique, qui elle m’assurait un

crédit, une force, une certitude.

La poésie est faiblesse, la mathématique est raison.

272


L’alcool est un mur liquide derrière lequel on se protège. En

vérité, c’est l’alcoolique qui tangue. Il se figure que ce sont les

autres, qui déambulent. Qui déambule véritablement ?

La poésie = alcool ?

*

Ma certitude n’est pas de crédibiliser mon produit poétique -

je ne le crois plus. Mon espoir est de me préparer à bien mourir,

c’est-à-dire à me faire immortel pour l’Au-delà. Mais je n’attends

rien ici-bas, ce n’est plus possible, cela ne fonctionnera pas.

*

Le crédit d’autrui n’est d’aucune utilité.

Il faut parvenir à exploiter, à potentialiser son moyen

poétique comme une machine, comme une palette, comme un sexe.

Extraire, produire, concevoir, puis aller au-delà de ce que l’on

appelle limite, car elle n’existe pas.

273


Mais les poètes se suffisent de peu, branche légère cassante,

satisfaits de leur amateurisme. Quand comprendrons-nous que le

génie, enfin ce qu’on appelle génie, car génie veut dire divinité, sans

le travail est strictement rien ? Quand le comprendrons-nous ?

De la visibilité

Il n’y a aucune visibilité en poésie. On ignore qui est qui, et

qui fait quoi. On suppute, on suppose sans réelle certitude, sans

principe exact d’appréciation.

L’amateurisme y règne. Les erreurs y sont nombreuses. Mais

n’est-ce pas délicat, voire impossible de prétendre détecter ceux qui

parviendront à remplir les fonds des collections ?

*

Il faut constamment changer le texte, éliminer, purifier,

proposer autrement les combinaisons que le cerveau avait offert il y a

déjà pas mal de lustres.

274


patine du temps.

Le poème se lit de façon différente, c’est ce qu’on appelle la

Fécondité - Génie

Ce qui est le plus exceptionnel dans Victor Hugo ce n’est

pas la qualité, la beauté, ou l’élévation du vers, ce qui étonne le plus,

c’est cette capacité à accumuler alexandrin après alexandrin, qui

ajouter les uns aux autres forment un poème d’une difficulté réelle.

Certains condamnent le matériel employé. Valéry critique

fortement V H. Évidemment il est aux antipodes du géant. Pourtant

l’accumulation nécessite une force et une résistance - des moyens

dont peu sont dotés.

Moi, j’aime V H, et je considère qu’il a eu raison d’être V H

avec ses accès, sa fécondité, son avidité sur l’insignifiant. On ne peut

comprendre l’homme que dans son ensemble, et non pas avec une

critique de détails qui est souvent méprisable et enfantine.

275


*

Être poète, quelle tristesse, et quel vœu d’impuissance ! Je

suis poète donc je ne suis pas économiste, je ne suis pas scientifique,

je n’ai pas l’intelligence des discernements etc. Je dois me suffire

d’images indistinctes, de pleurnicheries stupides, de malédictions

ridicules ...

Cela n’est pas une chose aisée que de transformer une

proposition en prose en segmentation d’alexandrin. Je m’évertue

depuis déjà pas mal d’années à transcrire des chefs-d’œuvre

classiques (Bible, Coran, l’Enéide, Phèdre, Andromaque, Iphigénie

etc.) en écriture de vers.

On prétendra que la substance n’est pas de ma personne, et

qu’en ce sens je ne fais que transposer un coup offert en

segmentation autre, ce qui est vrai. J’assume toutefois que l’exercice

nécessite un nombre impressionnant de choix, de combinaisons et de

refus. Ceci est une gymnastique intellectuelle, il n’est pas donné à

tout un chacun de parvenir à transformer aussi aisément des

propositions dites en prose en situation de 12.

276


Ma souffrance est perte. Elle absorbe trop d’énergie, trop de

coups, de spéculations, de solutions intéressantes que me propose

l’esprit. Je ne puis saisir car la douleur me fait lâcher les propositions

offertes.

*

La Société des poètes français. Ils jouent à la dînette et

prétendent faire un repas. Mais oui, Madame Untel, je vous assure

etc.

Jamais femme n’est parvenue en poésie française à atteindre

le niveau des Grands Poètes tels Racine, Corneille, Ronsard.

Où sont-ils les poètes ? Chez Gallimard, dans les revues,

dans leurs tiroirs. Il faut laisser le temps au temps, comme

d’habitude.

*

Si l’on pouvait apprendre aux jeunes poètes que seul le

travail permet d’obtenir des résultats, que seule la présence à sa table

277


environnée des plus grands génies favorisent l’acte créatif. Mais

comment leur expliquer ?

Il faudrait leur dire : travaillez, formez-vous, ne vous

satisfaisiez jamais de vos résultats obtenus. Tirez au maximum sur

votre potentiel intellectuel. Ne confondez pas une manière de vivre,

une façon d’être avec une réelle identité poétique. Non. Mais

travaillez, travaillez, travaillez encore.

C’est toujours la fable du laboureur.

Un jeune poète en première année de poésie doit s’imposer

un programme équivalent à un étudiant en première année de

médecine. Il lui faut donc étudier 16 heures par jour.

Poésie

Ma poésie. Il m’a toujours semblé que ce qui manquait le

plus au poète c’était le goût du travail, de la formation, de

l’apprentissage. Le parasitisme du poète m’a toujours paru détestable,

sa suffisance et son autosatisfaction idiotes et prétentieuses.

278


*

Mallarmé. Qui comprend Mallarmé ? Moi, Claudel Valéry et

quelques autres. Personne ne peut savoir l’effet splendide que nous

recevons de ces poèmes faits chair d’obscurité et complexions dans

leur sonorité.

Il y a merveille à lire, à prononcer doucement entre le

silence et le mot bas. Il y a mastication et plaisir buccal, et belle

prononciation sonore comme un objet de musique.

Nous passons outre l’obscurité quoique nous y voyions très

clair. La critique détestable d’Anatole France est une misère pour

l’analyse. Mais enfin, le produit poétique datait d’une fin de siècle,

les concepts d’appréciation étaient autre ... que penser de Van Goth

aujourd’hui, lui le 330 millions-de-francs-Les-Tournesols ?

*

Ce qui me paraît primordial dans le domaine de la poésie,

c’est de permettre à cette discipline de retrouver son lustre

d’autrefois. Ce que je puis haïr, c’est la situation actuelle dans

laquelle se trouve cette activité.

279


Je ne critique pas - entendons-nous bien - je ne critique pas

les poètes, car je veux supposer qu’ils travaillent et se comportent le

mieux possible, et tentent par leur habileté et leurs sens de la

découverte de donner à la poésie un cachet redoré.

Je prétends toutefois qu’une discipline travaillée à temps

partiel, aux heures de loisir, quand plus aucune tâche cérébrale

n’active la raison, je prétends qu’une telle discipline ne se peut

obtenir qu’à l’état d’amateur.

Or, nous vivons dans un monde où le travail que nous

consommons des autres a été obtenu après une formation de qualité et

un savoir-faire dit de professionnel. Comment la poésie pourrait-elle

se prévaloir, elle est pur état d’amateurisme délaissé, de concurrencer

des activités scientifiques ou technologiques qui elles s’épanouissent

dans des structures appropriées ?

*

Qui est riche ? Qui est pauvre ? Qu’en serait-il dans trente

ans quand l’heure aura sonné de s’en retourner vers le Père ?

Comment l’un sera jugé ? Et comment l’autre ?

280


*

En vérité, quelle est la certitude de mon avenir poétique. Je

l’ignore totalement. Toute cette quantité disparaîtra peut-être. Qui

pourrait s’en occuper ? Qui saurait la faire fructifier ? Moi qui ne

puis parvenir à me faire publier de mon vivant, comment espérer

durer au-delà de ma mort ?

Je sais ce que je fais, je sais à quoi cela correspond dans la

hiérarchie poétique. Pourtant quel humain le comprendra ? Quel

groupe d’hommes se penchera sur mon travail pour lui donner une

résistance au temps ?

*

Je suis allé, ce 29 novembre, chez Monsieur Demazet, poète

très aimable. J’ai rarement l’occasion de discuter avec des gens de

cette compagnie, et j’éprouve un certain plaisir à échanger quelques

propos concernant l’état de la poésie ou de ses faiseurs.

Il édite une petite revue qui en est à son vingtième numéro, -

ce qui n’est pas méprisable - le tirage tourne autour des deux cents

281


exemplaires. Voilà un apport certain pour une ville de 50 000

habitants !

Nous parlons de chose et d’autre. Je lui apporte Le Germe et

La Semence, L’Huile fraîche, les Euménides, livres qui viennent à

peine d’être dactylographiés sur ordinateur.

*

Si Mallarmé avait tenu un journal ... Ce cerveau, qu’aurait-il

proposé ? Cette cervelle qu’aurait-elle produit ? Difficile de

prétendre que le texte ainsi obtenu eut pu satisfaire à la curiosité de

certains lecteurs. Du moins il nous reste sa correspondance, qui est

un formidable vivier d’informations.

Poursuivre ou fusionner

Gide c’est un savoir écrire, c’est une manière satisfaisante et

précise, c’est une sorte de qualité soignée dans le détail. Mais ce n’est

pas du tout une invention, une créativité, une poursuite de la

stylistique déjà existante. Il rajoute un peu de sucre sur les gâteaux

faits maison, sur les galettes pilées aux amandes et aux noisettes

282


sauvages, il y a raffinement et subtilité de style. Qu’a-t-il inventé ?

Rien. Mais devait-il inventer ?

Il y a des Rimbaud, des Mallarmé, des Van Gogh, des

Picasso, des créateurs par la forme, et il y a ceux qui passent derrière,

qui raflent la mise, mais qui n’ont rien inventé du tout.

À un certain temps, il faut faire synthèse, il faut se calmer, et

reconsidérer dans son ensemble le surréalisme ; il ne faut plus créer :

certains jeunes font fusion, et c’est indispensable. Parfois il y a

brassage, mélange, et cela donne Art.

La valeur poétique

Savoir s’estimer à son juste prix.

L’orgueil des poètes.

Leur prétention.

Il serait utile de pouvoir convertir le résultat poétique en

résultat scientifique.

Que vaut un recueil de poésies comparé à une thèse ou un

doctorat de science ?

283


Que pèse ceci ? Que vaut cela ?

Que représente la charge intellectuelle d’un livre ? D’un

roman ? Peut-on convertir cela en nombre de points ? Un peu comme

il est possible d’hiérarchiser les diplômes, les baccalauréats, ou le

BEP ?

Que représente ce patrimoine intellectuel ? etc.

De la critique littéraire

Est-ce vraiment raisonnable de s’essayer au jeu divertissant

de l’écriture ? De s’amuser à construire des structures, associant des

substantifs à des adjectifs pour obtenir de beaux accords ? Sont-ils

beaux d’ailleurs, ces accords ? Qui pourrait juger de la qualité

stylistique ainsi obtenue ? Quel artiste, grand amateur de beau, quel

critique à la plume virulente, pourra se prévaloir de posséder la vérité

dans l’exercice de l’art ?

Pourtant chacun se prétend pourvu d’une quantité

appréciable de vérité dans l’analyse d’autrui. “ Cette certitude est le

fruit de l’expérience, disent certains. Voilà, déjà trente ans que je lis

284


de la poésie, de la prose ou du roman. Je sais donc ce qui est bon et

ce qui est mauvais. Je puis aisément séparer le grain de l’ivraie, et je

vous certifie, mon cher ami etc. ” Combien de gens de bonne foi ai-je

pu entendre s’exprimer de la sorte, et tous avaient la conviction

comme une croix autour du cou.

J’ai appris qu’il était impossible de savoir qu’untel était

doué et que tel autre était un triple nigaud. Que l’œuvre de celui-ci

passera à la postérité tandis que l’œuvre de celui-là sera jetée au plus

profond des oubliettes.

L’histoire de la littérature est composée d’incapables, de

rejetés, d’ignorés de leur temps présent, qui aujourd’hui instruisent et

nourrissent les enfants de l’éducation nationale.

285


Journal 95

De la gloire

Je me pose parfois cette question, sans réelle angoisse

toutefois, de savoir ce que seront sur cette terre mes écrits d’ici à cent

ans. Je ne puis comprendre, alors que nulle édition n’a été possible,

alors que nul éditeur n’a daigné accorder quelque intérêt à ma

production, comment tout ce travail aurait quelque chance de durer

au-delà de ma mort.

Le relationnel poétique

Les conversations poétiques ne débouchent sur rien. Tout y

est affaire de civilités, d’affabilité, de caresses mielleuses et

courtoises. Tout sonne faux, tout est faux. Ce sont des risettes pardevant

et des “ quel connard ! ” par derrière. Ha ! Que je déteste me

frotter aux uns et aux autres. Cela m’est fort pénible, cela me coûte

tant. Quels déchets et quelle pourriture de contacts !

On ne peut accéder à une réflexion utile qu’en se regardant

dans la glace, car l’on pense à son “ propre niveau ”, avec son

matériel intellectuel, avec ses raccourcis et ses certitudes. Il n’y a pas

286


cette résistance de langage, ou cette nécessité de se mettre “ sur le

même plan que ”. Il y a donc gain de temps.

Ce qu’instruit, ce sont les Pléiades et la collection Poésie

Gallimard *. Le reste me semble d’un intérêt dérisoire hélas !

* ou équivalent.

Le poids du Génie

Je pèse Victor Hugo par la Collection Bouquins qui a édité

son œuvre complète.

Victor Hugo pèse 650 000 lignes. Ses carnets, sa

correspondance, ses écrits intimes ? difficile de donner un nombre

exact... Je propose : 800 000.

Comment peut-on résoudre le problème hugolien ?

Comment faire plus qu’Hugo et mieux qu’Hugo ?

287


Utilité

Pour qui ? Pourquoi écrire toutes ces choses ? Qui les lira ?

Personne. Je le sais fortement. Nul lecteur ne voudrait se soucier de

ce que je pourrais bien produire. Et nul éditeur ne trouverait

quelconque intérêt à publier ce type d'âneries.

La théorie de la valeur

Que vaut un poète ? Que vaut le travail poétique ? Peut-on

le convertir en travail scientifi-

que ? Quand la science faut 100, la poésie est à 20 ?

Échanger la monnaie de singe du poète en dollar sonnant et

trébuchant du scientifi-

que ? Où est le poids ? Qui pèse quoi ? Qui est qui ? Que vaut untel ?

*

A mesure que l'intelligence s'éveille, croît et s'instruit, on

découvre plus de savoir dans la science, dans la science appliquée et

les hautes technologies et plus de faiblesse dans les arts et leurs

dérivés.

288


Les hommes les plus élevés chez les poètes s’émerveillent

de l'aptitude et du discernement nécessaires pour résoudre des

problèmes de plus en plus difficiles, et complexes.

Pourquoi s'étonner de ce que la science suscite de grands

espoirs dans l'humanité tandis que la poésie et les arts ne sont que de

la bouffonnerie et confrères de divertissements ?

*

Un poète de raison ou un mathématicien de l'imaginaire,

lequel des deux faut-il choisir pour être un homme de prospection et

de rigueur ? L'un et l’autre, me direz-vous - l’un avec l’autre, ou l'un

après l'autre ?

*

Il est nécessaire pour obtenir un résultat dans le secteur

poétique de travailler à 100 % de ses moyens. Il n'est pas question de

prétendre en usant de nonchalance et de dilettantisme d'accéder à une

œuvre de qualité.

289


On ne peut en agissant avec insignifiance et légèreté dans

quelconque domaine de la raison humaine - se prévaloir de faire

gains sans conscience ni sérieux.

Quand bien même un individu serait doté de dispositions

exceptionnelles, je prétends que son don laissé à l'état de nature ne lui

permettrait pas de rivaliser avec ceux qui se sont astreints à une

discipline et à un effort quotidiens.

*

En poésie, le vrai, le beau, ce qui plaît, etc... n’est pas

toujours le plus sûr. Il y a grand nombre de textes qui ne répondent à

aucune satisfaction du public, qui pourtant sont d'une indispensable

nécessité. Je ne pense pas spécialement à Mallarmé et confrères, à

l'effet de résistance. Je prends un exemple : à quoi peuvent servir

mes brouillons d'Alexandre ? Je les fais taper. Pour qui ? Pour vous ?

Vous ne lirez pas même la pièce. Que vous importent les

décompositions de ces différents actes ! Alors pour qui ? Peut-être

pour Moi et Dieu.

290


Le problème poétique

Je ne crois pas en la poésie, ni aux poètes, simplement parce

que la discipline vieille de milliers d'années n'a pas été capable de

progresser sensiblement, ou de se transformer. La mathématique a

connu de fortes évolutions, des concepts totalement nouveaux sont

venus proposer des ouvertures et des solutions inattendues. La poésie

conçue par des hommes indépendants les uns des autres, sans

synergie aucune, n'a fait que décroître. La technique et la technique

appliquée ont étouffé les dons. De jeunes auteurs ont délaissé l'art de

s'essayer au vers pour se plonger dans la science. Il y a eu transferts

de matière grise. Les jeunes ont fait S et ont délaissé A.

Il y a cette mentalité pourrie de médisance et de méchanceté,

de jalousie, de petite quantité de travail à temps partiel,

d'autosuffisance intellectuelle, de clans, de revues de genre etc. Tout

favorise le désenchantement, Le public en bout de chaîne dit “ non ”

Pas de cette poésie-là, de cette science-là, oui, de cette poésie-là,

non."

291


Les investissements en intelligence, en capital-travail sont

quasi-inexistants. Il faut supplier un éditeur pour se faire publier, et

encore ! veut-il accepter par profonde amitié de vous concéder le

droit à l'impression !

Nécessité et suffisance poétique

Sur 1 000 personnes, 750 ont écouté Brel, 50 ont lu

Baudelaire, une seule a ouvert Stéphane Mallarmé.

Les chanteurs poètes ont su transmettre le produit poétique

avec un support dit et chanté, d’une manière populaire peut-être, mais

remarquable en efficacité.

*

Je produis pour moi, et non pas pour les autres. Ce que

j'offre à autrui est au-delà du suffisant, je veux dire que le public, les

poètes etc... se saturent à partir de deux, trois bouquins. Je ne

travaille pas pour autrui, mais pour moi, pour Dieu.

292


Ego Scriptor - Valéry

Poète, me disent-ils - mais je ne comprends pas. (1925, 01,

Comme moi, X, 708).

Car Valéry décomposé, c’est - disons approximativement, et

cette méthode devra être affinée :

Poésie 17/20

Prose 14/20

Philo 14/20

Pensée 16/20

Etc.

*

Se former - se dresser.

Il faut être Rimbaud à vingt ans ;

Il faut écrire Andromaque à vingt-six ; Les Fleurs du Mal à

trente-six ; Phèdre à 37 ; les Châtiments à 39 ans ; etc.

Imiter le meilleur à son âge, et pouvoir le dépasser ...

293


J’en suis à 300 000 lignes ou vers. J'ai au minimum besoin

d’un 600 - 650 000 et encore... cela risque d'être peu.

Le nerf, la méthode, c’est l'emploi de Dieu et de son Saint. Il

faut travailler pour le Saint Esprit. Le reste est misère.

Disparais ou j’ t’éclate

Ce qui semble difficile en poésie, c’est de supporter cette

constance d’humiliation, de mépris, de désintérêt que peut susciter le

poète dans le public. Il y a rejet, sous-évaluation etc.

Mais ne peut-on pas condamner le poète incapable de

proposer à un public ouvert et intelligent un produit de culture et de

divertissement réunis ?

Ego

A quoi sert ma poésie ? Peu, très peu pour autrui, qui s’en

défait, qui s’en délaisse et la nie.

294


Cette éventualité de non-crédit, d’incapacité à séduire dans

un secteur fantoche et amateur était fortement probable.

Donc, pourquoi écrire ? Pour extraire de soi-même une mine

de solutions et pour construire un homme ?

La poésie est un moyen mauvais, délétère, usant trop de

l’inspiration et pas assez de la rigueur, et manquant de complexions

dans la pénétration du problème.

” qu’artiste.

Elle est trop forme et passez fond. Or je suis plus “ piocheur

*

“ J’habille la montagne d’herbe verte pour la rendre riante. ”

Voilà donc à quoi sert la poésie. C’est le rajout sur l’inutile,

la cerise sur le gâteau.

Ce qu’il faut, c’est connaître la composition géologique de

la montagne. Il faut donc de la science et non pas de la poésie. On

s’en retourne à la pénétration scientifique, à la volonté de savoir par

la raison.

295


Pourtant le doute, le supposé, cet impalpable d’intuition n’a

aucune légitimité dans la certitude mathématique. Ce sens subtil est

aiguisé par la sensibilité, par la variable d’appréciation inconnue.

Il y a le “ Je peux ”, le “ Je ne peux pas ”. Il y a aussi le “ Je

crois sentir ”, cet “ imperceptible presque ”, ce doute aérien et

délétère, ce souffle de coton qui glisse entre les doigts.

Et où se situe la raison avec cette spéculation intuitive ?

*

La poésie n’a été chez moi qu’un mauvais moyen de

transférer ma potentialité intellectuelle sur un objet. J’ai épousé la

poésie, mais elle n’est qu’une médiocre compagne, primaire dans sa

manière de faire l’amour. Elle m’a donné des mongoliens, des débiles

mentaux, des tarés de la cervelle, et elle prétend, cette imbécile, que

ses enfants sont beaux !

296


*

Orgueil de certains poètes à la recherche de quelque gloire,

de quelque distinction ... moi je puis les comprendre, car la

concupiscence et la bassesse sont richesses de l’homme.

*

C’est déjà chose extraordinaire que de posséder une identité

poétique crédible dans l’au-delà, quand bien même cette personnalité

connaîtrait moult difficultés à se justifier auprès de la critique

humaine. Cela certifie un avenir intellectuel certain. L’on voit trop

bien que nombre de zélés terrestres disparaissent à tout jamais avec

leur dernier souffle d’homme. Il est vrai toutefois que le bienséant

consiste à y gagner ici-bas et à assumer là-haut.

Littérature et poésie

Toujours chercher à plaire, à séduire, à être mielleux. Faire

œuvre de littéraire, ma plume est plus habile que la vôtre, appréciez

son caressé, n’est-ce point un délice ?

297


Et voilà en quoi consiste le travail de poète zélé !

Quémander des compliments !

Dieu sait trop bien que mon unique volonté s’est focalisée

sur le besoin de progresser et d’accéder à un niveau satisfaisant.

A l’instar des autres poètes, j’ai immédiatement compris que

l’instrument poétique était obsolète, dépassé et ridicule. Je n’avais

hélas pas le choix de désobéir à Dieu, et je devais me former par ce

moyen.

C’est une peur panique qui s’est emparée de ma personne.

Conscient ! trop conscient, peut-être de ce que “ valait ” la poésie, je

cherchais dans le travail une solution pour échapper à l’image

médiocre que cette discipline diffusait.

*

Chez moi, très tôt, je compris que la poésie n’offrait aucun

moyen réel d’élévation intellectuelle. Je considérai aussi le travail

d’autrui comme étant pure perte imaginative, risque insignifiant et

moyen dérisoire d’être ou de passer pour “ être ”.

298


Je l’appelais “ misérabilisme ” et quand j’osais la comparer à

la science, je n’y voyais que honte détournée, et pleurnicheries et

caquetteries de femmelettes en chaleur.

Je me répétais inlassablement : “ Mais pourquoi utiliser cet

instrument d’investigation quand tant d’autres, d’une efficacité et

d’une précision redoutable eussent pu être employées ? ” Et je

songeais à la mathématique ou à l’économie.

La certitude prétentieuse

Les poètes, dans leur ensemble, possèdent une suffisance et

une certitude prétentieuse, ils sont fats et remplis d’orgueil. Il y a

quelque chose au fond d’eux-mêmes qui pense : “ On me situe à tel

niveau, mais je sais très bien que je vaux plus. Pauvre critique

incapable etc. ”

Ils déterminent donc une vérité, leur vérité autarcique, qui

n’a nulle valeur universelle. Ils ont conçu un code hiérarchique dans

lequel ils se sont placés hautement ... mais sont étonnés de l’analyse

d’autrui qui ne les suit pas.

299


L’angoisse poétique

Je fus horrifié par la médiocrité de l’instrument que Dieu me

remettait ! Pourquoi utiliser un moyen obsolète et dépassé tandis que

la science m’ouvrait les bras ? J’ai donc obéi au Père à contre raison,

à contre conscience humaine. Et je continue à le regretter...

Et puis cette méthode d’investigation intellectuelle, ruineuse

en énergie, mangeuse de temps ! Quel environnement défavorable !

Quelle constance de présences invisibles, agressives, à la limite de la

mort, du décès, ou de la libération par le suicide !

De l’analogie

On voit très bien l’immense procédé utilisé par les poètes

pour avancer dans leur système d’écriture. Ils usent à merveille de

l’instrument analogique et parviennent ainsi à poursuivre un texte qui

ne trouverait pas de suite. André Gide dans son Journal, rappelle que

Francis James aime à employer ce principe et donne l’exemple du pré

rasé qu’il condamne d’ailleurs mollement. Stéphane Mallarmé

évoque le Démon de l’analogie dans Divagations. Ce grand poète

300


aime à comparer le ventre d’une femme à une mandore, ce qui

semble possible, en vérité.

L’analogie est un instrument de comparaisons, de

vraisemblances qu’il faut exploiter avec parcimonie. Son emploi

répétitif cause ennui et fait rater l’effet recherché. Il est vrai que la

poésie est avant tout un foisonnement d’images, d’accumulations

d’audaces visuelles, et le “ A quoi cela ressemble-t-il ? ”, “ A quoi tu

penses ? ” sont des questions sous-jacentes dans le principe de

lecture du poème.

Je regarde ce vase chinois qui est sur une étagère du petit

meuble. Il est décoré de motifs délicieux qui sont : barque légère,

montagne au loin, arbres feuillus, peints avec cette patine et ce goût

asiatique, et je songe tout à coup à l’Anthologie de la poésie chinoise,

puis vient à mon esprit “ Le don de vase rond ” de Paul Claudel, je

songe encore à Stéphane Mallarmé et à ses éventails, et ainsi

s’accomplit le travail de l’esprit qui court d’idée en idée, supporté par

des ressemblances, ou accompagné d’un ensemble suffisamment

important de déterminants pour en tirer une similitude.

On conçoit aisément par cet exemple que c’est bien l’ordre

de l’entendement et un ordre personnel susceptible de subir

301


d’étonnantes variables selon les individus, - à chacun ses images ! -

qui détermine le principe analogique.

Il y a donc raison mutante, dérivée, déplacée et propre à

chaque amateur qui peut justifier ce procédé d’inspiration.

Rejetés par autrui, effacés de l’utilité intellectuelle, les

amants de l’image produisent encore. Ils ne peuvent transmettre

quelque exercice crédible, mais ils insistent bêtement payant même la

sueur de leur travail !

Ils se suffisent de leur peu. Quand se révolteront-ils ? Quand

défileront-ils dans la rue pour exiger des autorités un statut valorisant ?

La poésie

Pourquoi utiliser un tel instrument ? Pourquoi écrire en

usant de cette manière ? Par faiblesse, peut-être.

*

Poète, sois poète, fais poète etc. me répète inlassablement

l’ange de la mort qui gît à mes côtés, et je réponds : “ Je ne suis pas

302


poète, je produis de la poésie. Je ne suis pas jardinier, je ne choie pas

mes roses avec délicatesse et attention. Je produis cent mille roses,

car je suis maraîcher, mais je puis vous faire un bouquet ... je ne

saurais avoir le comportement du jardinier avec tablier, chapeau de

paille, sécateur, panier à la main, et grand-père gâteau. Accordez-moi

le droit d’être autrement, si cela est possible,

et la réponse est : Non !

*

Les poètes sont des déchets. Ce sont des sous-hommes,

inutiles, parasites et totalement dépassés par le savoir scientifique. Ils

poursuivent leur bêtise et enquiquinent tout le monde avec leurs

écrits. Alors on les jette, on les méprise, on a pitié : “ Mais enfin.

C’est bien de leur faute. Ils n’ont qu’à faire autre chose ! ”

*

Grande peur de la poésie, de son identité, de sa valeur, de

son utilité. Cherche désespérément à mieux faire, à obtenir plus, et

autrement. Mais de quelle manière se comporter dans un secteur

désuet, de vieille naissance, quatre fois millésimé ?

303


*

Le problème poétique n’est pas de savoir ce que peut

l’esprit, ce que peut l’intelligence, mais ce que peuvent les synergies

d’intelligence, l’union des inspirations et des forces pensantes.

Les poètes travaillent de manière nombriliste, se critiquent et

se détruisent les uns les autres, chacun craignant de partager avec

autrui son bout de gloire.

*

H > C > R > L > R > B

1er sd 3e 4e 5e 6e

Hugo, Corneille, Racine, La Fontaine, Ronsard, Baudelaire.

Je ne vois pas comment l’on peut résoudre le problème

hugolien ; je ne prétends pas pour autant être capable de résoudre les

autres problèmes.

304


*

Quelle place me promet-on enfin en vingt, trente ou

quarante ans de poésie ? Peut-être dois-je me suffire de mon amour

propre et de mon obtention personnelle ? Car tout cela, c’est bien

essayer de plaire sans y parvenir, en y intégrant des douleurs

certaines !

*

Chez Demazet, tout y est lecture de première évidence. Il

n’y a nulle profondeur. Tout s’entend, se comprend à la première

prononciation. Moi qui ai tant aimé la résistance, la difficulté

d’autrui, la symbolique de Mallarmé, la multiréférentialité de Valéry,

l’incohérence harmonique de Rimbaud. Mais que faire ? Faut-il

critiquer et condamner ? Non, car ceci est autrement et doit

s’entendre avec les moyens dont chacun dispose.

305


Le lecteur dit :

*

Quoi ? La poésie ? Il me faudrait donc avoir de l’estime

pour quelque chose que je considère médiocre et inutile ? Mais c’est

à vous, Monsieur, de me convaincre de sa valeur. Moi, j’ai fait

l’effort de la comprendre, j’ai connu l’effet de résistance, de non-sens

ou de symbolique. Cela ne me convient pas. Tâchez de vous y

prendre autrement. Peut-être ferez-vous des émules dans votre cercle

nombriliste !

*

Apollinaire - mort trop tôt. Mieux placé qu’Eluard *.

* si le destin lui eût permis de continuer.

306


*

Esprit par instant assez primaire, assez simple. Eut-il pu

accéder aux tragédies de Racine ? Quel théâtre ? Couleur du temps ?

Mamelles de Tirésias ? Assez faible. Mais remarquable critique d’art.

*

Plusieurs paramètres s’avèrent indispensables pour obtenir

un œuvre de qualité. Il faut un environnement professionnel très

allégé. Il est même préférable qu’il soit inexistant. Les plus grands

poètes : Victor Hugo, Pierre Corneille, Jean Racine, Jean de La

Fontaine, n’étaient pas dans l’obligation d’exercer une activité

professionnelle.

Il y faut une bonne santé également. Grand nombre de

poètes exceptionnels n’ont pu donner tout ce que renfermait leur

esprit, n’ont pu accéder à leur maximum de capacité intellectuelle :

des Verlaine, des Du Bellay, des Apollinaire, des Baudelaire, nous

ont quittés trop tôt, soumis à la destruction de la mort.

Le temps et l’argent ; l’argent et le temps.

307


*

Cette notion de GP est phase finale dans le principe évolutif

du littéraire. Il y a trois phases : génie, bon poète, grand poète. Le

génie sur sa période d’apprentissage est impulsif, source à canaliser,

gains foudroyants et pertes grossières. Puis, avec entraînement, se

construit le bon poète, qui est règles, maîtrise de rythmes, mais dont

l’inspiration manque de hauteur. Puis il y a le grand poète, plus élevé,

plus sûr de soi, sachant assez précisément sa place, son degré

d’élévation.

Certains grands poètes sont plus prêts en valeur réelle de

bons poètes que de leurs confrères.

Apollinaire est plus près de Péguy que de Virgile et pourtant

Apollinaire est un grand poète, et Péguy un bon poète.

Il faudrait mettre des points aux auteurs. On pourrait ainsi

différencier, comparer et peser...

308


*

Celui qui travaille dans le secteur poétique se dit : Quelle

misère de n’avoir pas été un homme de science !

*

Le poète dit : que m’importe après tout que ce terme ne

signifie pas ce que je voudrais ! Je vais le tordre, l’associer avec un

certain adjectif, et de ce frottement jaillira une étincelle. Je vais

dériver le sens de ce terme, l’entendrez-vous ? Ne voyez-vous pas

que cet accord forme une bonne combinaison ?

*

Le plus souvent, je trouve des vers, puis je les fais, je les

reprends, les calcule, les peaufine, les musicalise. Certains se

suffisent de leur première façon, me dis-je. En vérité, les années

s’écoulant, je m’aperçois qu’il y a travail, transformation, évolution

de la pensée, c’est-à-dire de l’instrument- inspiration. Et le précieux

douze pieds s’adapte, se tord pour devenir un autre.

309


*

Lundi après-midi, vers 17 h 30, nécessité d’aller visiter J.

Jacques Hetzel, poète montalbanais. Il prépare un recueil que je fais

taper par Maïté. Je lui rends donc ce service. Il a trop de retard. Tout

est dans des boîtes de chaussures, poèmes écrits à la va-vite sur des

dos d’enveloppes, de lettres, sur des coins de papier etc. Nulle

chronologie n’est respectée. L’ensemble se même et se chevauche

allègrement.

“ Pas de temps, pas d’argent. ” Etc. On connaît la rengaine. ”

Du 67 côtoie du 81, avec : “ Ce poème-là, je l’ai écrit en

prison, car j’étais objecteur de conscience. Et celui-là... alors

j’écoute... on pourrait peut-être le mettre dans le recueil ? ”

Je vais lui suggérer pour son ensemble de textes le titre :

Marines ou Aquarelles. Qu’en fera-t-il ? Il décidera autrement à n’en

point douter.

310


*

Je viens de voir J.J. Hetzel. Évidemment il n’a rien préparé,

en vérité, il avait une douzaine de poèmes. Je me suis déplacé pour

rien, j’aurais dû le dessécher pour le rendre stérile, imitant le Fils

avec le figuier. Il s’impose un dilettantisme de confort, et prétend par

cette tournure d’esprit accéder à un bien-être. Il s’en ira au trou, sans

avoir fait quoique ce soit de construit. Il attend peut-être qu’autrui

travaille à sa place.

Pléiade

Qui est au-delà de 80 000 en poésie ?

Ronsard, Corneille, Hugo, Aragon, Eluard.

Lamartine 70 000 ?

Prévert 80 000 ?

Eluard : non

311


*

La détermination de l’identité poétique doit passer par la

convertibilité de sa valeur en valeur scientifique.

Que vaut un coquillage ? Que vaut un tableau ?

l’utilité.

Il y a loi d’offre et de demande en fonction de la rareté et de

N’y a-t-il pas en poésie, un niveau abaissé et peu

comparable avec la compétence technologique ou scientifique ?

Que vaut L’Albatros de Baudelaire ? 5 millions de francs

lourds, dix millions ?

Que vaut un satellite dont la technologie transmet des

informations en numérique ?

A comparer.

312


Analyse

Au commencement, je ne reproche rien à l’Art. Après tout, il

y a peut-être des moyens, des aptitudes, des génies, que sais-je ? Puis,

il y a recherche, volonté de pénétrer, de comprendre, nécessité

d’assimiler... et ça se gâte ! ... Je le prends, le pèse et le compare à la

Science, et son poids est à défaut, sa capacité ridicule, bien audessous

de ce que possèdent les hommes de science. Je m’interroge

puis méprise, conscient en vérité de la valeur des choses...

*

Valéry ne pense qu’à Valéry. Il y a développement de l’ego. Je

ne critique pas. Il y a le : “ Que peut un homme ? ” Je lui préférais :

“ Que peuvent les hommes, ensemble, les uns avec les autres ? ”

Quelle charge tire un cheval ?

Quelles charges tirent cent chevaux, ensemble ?

Hiérarchie

Grands premiers : V. H., Voltaire, Balzac, Corneille, Racine,

Dante, Zola, Goethe, La Fontaine, Molière, Montaigne.

313


Grands seconds : Baudelaire, Chateaubriand, Stendhal,

Flaubert, Montesquieu.

Lamartine.

Grands troisièmes : Valéry, Perse, Mauriac, Camus, Gide,

Grands écrivains, grands poètes : Verlaine, Eluard, Prévert,

Apollinaire, Agrippa d’Aubigné.

Ceci est une idée. Elle est à développer.

*

La poésie ne sert pratiquement à rien. Il n’est pas très utile

d’exploiter le principe d’inspiration pour développer la construction

et l’élaboration de son intelligence. Il est plus judicieux de se défaire

du langage impur - qui n’est qu’un dérivé de valeur - et de s’en

référer à la mathématique.

Poésie

En premier lieu, éviter l’humiliation et le ridicule associés à

cette discipline, fondés sur l’incompétence de la gent poétique. Donc

314


travailler, produire, se faire, devenir... et offrir l’exercice, le poème,

l’œuvre etc. et n’en rien attendre, car si l’incompétence du poète est

grande, l’indifférence est bien la première qualité du public.

315


Bachelard. La poétique de l’espace

- Comment cet événement éphémère qu’est l’apparition

d’une image poétique et singulière, peut-il réagir, sans aucune

préparation, sur d’autres âmes, dans d’autres cœurs, et cela, malgré

tous les barrages du sens commun, toutes les sages pensées,

heureuses de leur immobilité ?

- Il n’y a pas toujours image, mais fabrication d’un accident

de langage. Le poète n’est pas toujours celui qui voit, il est celui qui

associé, qui combine des solutions, qui propose des coups.

Quand j’écris - Le chien violet, il est certain que je n’ai

jamais vu de chien violet, mais exploitant deux solutions de langage

visibles, l’un animé, l’autre de couleurs, je sais par expérience que le

coup portera.

De moindre valeur

Ne peut-on pas espérer mieux faire, mieux produire ? N’y a-

t-il pas un moyen de rentabilité permettant d’optimiser la capacité

poétique ? Ou faut-il se résigner ou se suffire de nos médiocres

résultats ?

316


Pourquoi sommes-nous décadents ? Pourquoi Valéry est-il

inférieur à Baudelaire qui est inférieur à Racine, lui-même inférieur à

Dante, inférieur à Virgile ? Pourquoi la hiérarchie tend-elle vers le

moindre ?

*

Que seront les poètes dans cinq siècles ? Quel avenir pour

une discipline de moindre valeur ?

Et je n’ose pas le dire aux poètes qui ne veulent pas

comprendre, qui refusent d’ouvrir leur conscience et se prévalent

toutefois d’accéder à des résultats.

*

Travailler par l’instrument poétique a toujours été pour moi

un risque effrayant d’employer un mauvais outil de développement

intellectuel. Je craignais la poésie, sa pauvreté, sa faiblesse, je

craignais de me fragiliser, de me marginaliser. Mais ai-je eu vraiment

tort ?

317


*

Que peut un poète ? Que peuvent les poètes ? A quoi

servent-ils ? Quelle est leur utilité ? Divertir, instruire ?

- Là, Mademoiselle, goûtez la cerise sur le gâteau !

Hugo

Peut-on résoudre le problème hugolien ? Je veux dire

“ Œuvre ”. Est-il possible d’accéder au niveau d’Hugo et d’ajouter

sur sa compétence ?

Il est celui qui a transmis, celui qui offre. Hugo dit aussi :

“ Voilà ce que j’ai fait. Voilà le point exact où j’ai fixé la limite de la

poésie. Nul poète n’a été capable d’obtenir une œuvre française

supérieure à la mienne. Je suis plus fort que Racine, que Corneille,

que Ronsard, que Baudelaire. Qui pourrait se prévaloir d’ajouter sur

moi ? Je le sais, je suis le premier. ”

318


*

Supérieure, l’homme du raffinement veut la considérer.

Chez l’homme simple, dénué de finesse, dans la majeure partie de la

population, son utilité et son emploi sont quasi-inexistants. La

production poétique s’accumule dans des tiroirs, à l’abri de tous et

semble inconnue. Son mouvement vital est sous-jacent, confidentiel.

Elle vit sans la contrainte du critique. Elle est dans l’esprit du poète,

se mâche dans la bouche, accède à son oreille puis retourne dans un

classeur. Voilà donc son courant créateur. Le poète fait constamment

resurgir son passé pour accéder à un nouvel avenir afin d’exprimer le

sens de la vie.

Il est l’inventeur par excellence. Il veut intensifier son

action. Mais elle est capable aussi d’un immense élan de générosité à

l’égard des autres hommes. Son foyer de lumière peut éclairer.

Les grands hommes de savoir, ceux dont la qualité inventive

a permis d’accéder à des voies nouvelles sont friands de sa vérité

intellectuelle et de sa discussion métaphysique. Tout en étant au faîte

de l’évolution scientifique, ils sont très près de l’origine de la

connaissance et trouvent dans la perception immédiate de

l’inspiration poétique une similitude avec leur impulsive découverte.

319


Rendons-leur quelque éloge et éprouvons de la sympathie

pour l’intérêt qu’ils lui accordent. Car c’est bien un acte d’intuition

qu’ils essaient d’exciter. Pour comprendre le sens de la raison, il faut

parfois passer par l’image et la chimère.

*

En poésie, personne ne peut discerner personne. Quelles

ténèbres ce sont ! La critique ne permet pas de savoir.

*

En poésie, personne ne peut discerner personne. Quelles

ténèbres ce sont ! La critique ne permet pas de savoir.

I

L’inspiration apparaît aussi comme un immense réservoir de

mots qui s’associent, se combinent et se multiplient. Il y a donc

interférence, - indispensable nécessité d’union, de frottements, de

refus, d’accouplements. Voilà ! Il y a acte physique entre les mots qui

doivent former un bel accord, comme deux êtres forment un beau

couple.

320


L’impulsion, l’élan vital de l’inspiré est passé par-là. Il

fallait bien qu’il eût ce que l’on peut appeler “ Énergie ” pour

favoriser cet accouplement. C’est vrai, de nombreux obstacles, des

retards, des blocages ont constamment tenté de condamner ce droit à

l’orgasme littéraire. Le plus virulent est certainement l’interdit du

critique, qui est un gendarme redoutable, doutant de tout, et réglant la

circulation du flux sans réellement connaître les règles du

déplacement. La conscience du poète le pousse le plus souvent vers

une impasse : pourquoi produire cela ? Quel intérêt y a-t-il à

caramboler de cette sorte ? Le raisonnement de la critique virulente

provoque en lui une volonté de refus, je dirai - de stérilité.

II

La poésie nous introduit dans le monde de l’imaginaire. Elle

nous montre la relation de non-vie à vie entre un mot, masse inerte ou

objet instrumental et un autre mot, qui associés formeront un bel

accord, ou une combinaison criarde. Tout dépendra de l’analyse

auditive du poète ou de sa volonté à obtenir l’effet recherché. Il suffit

d’écouter sa conscience, et de décider d’après le choix arrêté. Parfois

c’est une liberté absolue qui dicte la marche à suivre. Le poète

devient joueur de jazz, à l’inspiration vagabonde au plan indéterminé.

C’est juste une question de Feeling. L’exercice de poésie dite libre

321


s’apparente assez sensiblement à ce type de travail. L’auteur subit, ou

voltige papillon hoqueteux, de fleur en fleur, ou pour reprendre

l’exemple du pianiste, d’accord en accord, de combinaisons en

combinaisons. Mais la comparaison cesse là. Car le poète, à sa table,

possède ce que l’on appelle des blancs. Ce sont des laps de temps

d’une durée indéterminée qui vont de quelques secondes à deux ou

trois heures.

Les moments de blancs sont remplis de façon diverse :

lecture, doute, refus, activités autres, dessin, que sais-je encore ! Je

veux dire par-là que le poète travaille sans continuité à l’instar du

musicien de bar ou du jazzman qui par le son engendre du son.

III

La poésie doit le plus souvent abandonner cette conscience

de critique si elle veut poursuivre le chemin de l’écriture. Un écrivain

foudroyant tue tous les mots qui passent devant son regard. Il devient

le destructeur du soi-même, et sa tendance le poussera à la stérilité.

Il y a en tout poète un étrange mélange d’intelligence,

d’intuition et de critique. Pourtant ne peut-on pas considérer qu’il y a

une sorte d’incompatibilité dans la gestion de ces différents

322


paramètres ? Un poète bien fait semble pouvoir maîtriser ces divers

états de l’activité consciente, et en exploiter pleinement leur synergie.

Il y a d’ailleurs des variables de densité entre ces différents

ingrédients qui réclament des dosages entre l’instinct et

l’intelligence. Là est une part du travail de sublimation dans la

structure mentale du poète. Une gymnastique de l’entraînement peut

produire un développement de telle fonction au détriment de telle

autre. Il est difficile de prétendre savoir quelle partie de soi-même est

le plus apte à exploiter ou à maîtriser. Il semble acquis que la seule

conscience du poète peut lui permettre de savoir. Est-ce une lumière

intérieure plus ou moins intense, faible ou éblouissante qui éclaire la

conscience de son manque de lucidité ? La critique a besoin de

beaucoup d’intelligence.

*

Les poètes de second ordre :

Ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni ne recueillent.

323


*

L’image poétique est du langage vécu.

Phénomène : perçu par les sens.

Le coup poétique

Comment la production du coup poétique doit faire se

cohabiter ces deux capacités, qui sont l’inspiration et la technique

d’écriture ? Il y a deux déterminants bien délimités : l’instinct de

l’inspiration et l’intelligence de la maîtrise. Faute d’une distinction

ou d’une capacité d’organiser les deux éléments, on obtiendra soit

une liberté absolue de production et une technique d’application

quasi-nulle, soit une rugueuse discipline soldatesque avec un quasiinterdit

d’audace et de risque. Dans les deux cas, le produit poétique

obtenu ne serait qu’un phrasé musical sans technique aucune, ou une

musique carrée et tambourinante pour chevaux de bois.

Si la raison s’accorde sur la matière poétique, et si l’intuition

s’unit avec l’intelligence pour animer un objet d’écriture, l’efficacité

de l’un sur l’autre s’exerçant, l’on peut espérer obtenir un résultat

satisfaisant.

324


La quintessence de l’objet est fonction éminente de la

technique de l’inspiré, car l’un sans l’autre ne pourrait rien donner.

La conscience doit donc posséder ces deux versants de

l’intuition et de l’intelligence, c’est-à-dire extraire de la matière dans

un ordre plus ou moins heureux, et canaliser cette extraction par un

procédé de technique élaborée. On assistera donc à un dédoublement

de l’activité cérébrale pour obtenir une forme dans le réel.

La conscience du poète doit chercher à travers le dédale de

mots proposés ou à réfuter, il pénètre dans sa propre substance

d’inspiré pour décider.

Septembre 95

Bornons-nous à reconnaître que le problème hugolien est

actuellement insoluble, qu’il n’est pas dans la capacité poétique

vivante d’accéder à une quelconque équivalence de valeur, ou pour

mieux dire, qu’il semble utopique de vouloir y ajouter. Ce qui

confère à Victor Hugo une première place indiscutable, et cela lui

permet de prétendre la conserver pour quelque temps encore ...

325


*

Comme il y a le Qu’en dira-t-on, il y a le qu’en m’a-t-on dit,

et cela est encore transmission de critique, avec “ mais, je vous assure

que ce Monsieur est un grand poète, croyez-en, je ne puis me tromper

”. Et cela engendre une réputation. Une fois que le pli est fait,

difficile de le reconsidérer, de l’imposer ailleurs.

Ainsi des êtres de qualité médiocre ont pu tenir le devant de

la scène avec beaucoup de zèle, de relations ou d’amitiés. Et tant

d’autres de qualités remarquables sont restées dans le pur anonymat.

Je prétends qu’il est quasi-impossible de détecter le poète,

de jurer savoir, de certifier, pour la simple et bonne raison que le

centre se déplace, ou que le poète déplace le centre.

La poésie

La poésie, qui a enrichi les âmes supérieures a contribué à

les instruire, et cette instruction a fortifié leur intelligence ; de là,

vient une vérité que ceux qui nous dominent et nous dirigent ont

intégré des valeurs élevées en science et en lettres.

326


C’est la poésie qui est le support incontournable de

l’imaginaire, et qui fait des poètes des hommes en décalage avec

leurs confrères. Ils ont le plus souvent une poétique possédant un

siècle d’avance sur les autres disciplines. La postérité s’est trop bien

rendre des comptes à ses illustres esprits et leur offre des hommages

et des carrières le plus souvent posthumes.

Comment se fait-il que des poètes obscurs et méprisés,

incompris de tous, à l’allure pataude, au gueuloir exorbitant

deviennent par leur puissance d’évocation, par la maîtrise de leur

langue et de leur technique, des références incontournables et

immortelles dont on s’inspire encore trois siècles après leur décès ?

Quand des écrivains-lecteurs de Grandes Maisons d’Éditions

Prix Nobel de littérature, ou futurs académiciens festonnaient en tête et se

prévalaient de mépriser des Stéphane Mallarmé, ou des Paul Verlaine,

quand des directeurs de revues ou de collections rejetaient avec dédain

des œuvres de Paul Claudel ou de Paul Valéry, ces derniers eurent recours

à leurs propres confrères qui comprirent aisément le degré de leur valeur.

Certains auraient pu dire : “ Maîtres, n’ayez crainte. Nous avons

considéré la valeur de vos œuvres. Nous serons faire fructifier vos images

immortelles, votre postérité déjà est assurée. ”

327


Tout cela peut rendre ridicule les structures littéraires

actuelles si l’on ose comparer le bouquet des écrivains de la postérité

avec les lamentables collections dont se prévalent et dont

s’enorgueillissent des présidents de groupes.

C’est pourquoi de très grands poètes ne dédaignent pas

travailler dans des revues que l’on ose parfois rejeter, considérant

avec dédain le faible tirage qu’elles engendrent.

Tandis que des André Gide et des Paul Valéry se formaient

pour accéder à la carrière que nous leur connaissons, ils n’hésitaient

pas à proposer leurs œuvres dans une revue aujourd’hui oubliée de

tous, - La jeune conque.

Et cette coutume est loin de passer, si l’on en juge par les

centaines de feuillets imprimés qui fleurissent ici et là dans nos

régions et départements. Pourtant à Paris, tout semble impossible, - la

plus infime édition nécessite mille ans d’amitiés auprès des uns et des

autres. Et encore, cela paraît faveur de vous donner le droit

d’imprimer quelques endroits de votre personne ...

Dans cette Capitale, rien qui n’engendre l’argent ne saurait

être utile. Il faut se hâter de proposer une biographie sur un chanteur

328


ou un ouvrage de politique, si l’on veut voir son nom figurer sur un

livre. Le littéraire entend parler de soi avec mépris, il est assez sot

pour cacher sa production poétique de crainte de subir des lazzis.

J’ignore pourtant lequel est le plus utile à la postérité. Ou un

torche-cul qui fera quelque dix mille francs de droits d’auteur, ou un

poète immortel qui saura instruire des générations de têtes blondes et

contribuera ainsi à l’éducation de notre pays.

*

Le poète n’écrit que pour soi - il ne saurait écrire pour un

éventuel lecteur, donc il ne peut donner. C’est encore une jouissance

personnelle qu’il tente de s’offrir. Il doit se plaire, s’exalter par ses

propres sens. Il doit comprendre ce que l’action de son poème opère

sur sa personne.

Cette personne remarque n’est pas une nouveauté. Ceci est

conscience poétique depuis des millénaires. Mais il y a effet caillou

dans l’eau : je produis pour mon ego puis j’offre mon poème à un ou

deux amateurs, et si cela semble convenir à un petit cercle, deux

cercles, vingt lecteurs, etc. le cercle veut s’élargir. Y parvient-il ?

329


VH

Cela sera difficile d’avoir plus et mieux. Hugo possède un

rapport qualité/puissance d’œuvre qui lui confère une première place

indiscutable.

J’ai pesé Hugo à 200 000 alexandrins. Corneille plafonne à

70 000 et Aragon à 85 000 lignes et vers poétiques mêlés. Ronsard,

premier poète du Moyen Age, paraît éloigné toutefois.

*

Lamartine ne peut pas juger de haut Victor Hugo et

Chateaubriand. Il leur est inférieur. Il est toutefois l’un des plus

grands poètes du XIXe siècle.

V H

On lit un vers de Victor Hugo, et l’on se dit : “ - Assez

facile, possible à faire, etc. ”, puis on lit le second vers, on dit : “ Oui,

la rime est bonne - c’est à peu près cela ”. Et l’esprit poursuit : il lit le

troisième, le quatrième, le cinquième et déjà cela semble assez

difficile. A dix, quinze, cinquante vers, cent vers, mille vers - plus

330


personne ne suit, plus personne n’est capable d’accéder à cette

résistance dans cette quantité.

Voilà encore une preuve qui confère à V H la première

place. Sa puissance écrase et soumet autrui.

Rimbaud

Quel gâchis, cette fuite ! Ce départ pour l’Abyssinie ! Si

seulement Rimbaud avait eu la capacité de résister, de tenir, de

comprendre autrement l’aventure de la vie ! S’il avait conservé

l’instrument poétique pour accomplir de l’introspection, s’il avait

compris que tout se situait à l’intérieur... Nous aurions eu un

immense poète majeur de la compétence de Ch. Baudelaire, mais

Rimbaud marchait avec ses pieds, et non pas dans sa tête.

*

- Tu veux franchir la montagne hugolienne ? Tu vas te

retrouver les quatre vers en l’air !

331


Enéide, Liv 10, 785

“ Je ne passerai point ici sous silence l’évènement d’une

dure mort, ton magnifique dévouement (si toutefois la postérité

lointaine veut ajouter foi à un si grand exploit) ni toi-même, jeune

homme digne de rester en mémoire. ”

332


Journal 96

Existe-t-il ou peut-on prétendre qu’il existe un système

d’investigation poétique ? Une sorte de méthode exploitant un

principe organisé permettant d’accéder à une poésie supérieure ou à

une œuvre de qualité élevée ?

Valéry - Cahiers.

Je me pose parfois la question de savoir si Valéry est esprit

de synthèse ou impuissance de développement. Tous ces bouts, tous

ces fragments accumulés pendant un demi-siècle, - pourquoi ?

Pourquoi le tout n’a-t-il pas été lié ? Car la pensée éjaculée sur dix,

vingt ou trente lignes n’a pas le moyen de se développer, d’exister et

de se fortifier dans la contradiction du débat. Le propos n’est pas

architecturé par le dialogue d’un grand livre, mais semble idée infuse

qui passe et que l’on capte,... puis l’on travaille à autre chose.

Le paradoxe de cette réflexion. Je suis persuadé à travers la

production de Variétés, de la méthode de Léonard écrite à vingt-trois

ans que Paul avait aisément les moyens intellectuels d’unir ou de

333


développer ses morceaux accolés. Alors pourquoi n’a-t-il pas

souhaité organiser l’ensemble ?

Avais-je véritablement le temps et les moyens de tenter de

crédibiliser mon identité poétique ? J’ai délaissé tout le pan du

relationnel, de l’activité consultante pour focaliser mon attention sur

l’aptitude de production. Ai-je eu raison ? Car je n’ai pas appris à

caresser, à faire le délicat, l’attentif à la critique d’autrui. J’avoue

n’avoir jamais cru en la capacité de l’autre pour juger. Tous m’ont

conseillé d’en cesser là, de faire chose différente, de ne pas

entreprendre la traduction de la Bible, de synthétiser mon travail,

d’abolir cette quantité etc. Si je les avais écoutés, jamais je n’aurais

écrit ou si peu... quelques plaquettes, tout au plus. Ils m’ont conseillé

de bifurquer, de travailler à temps partiel, d’exercer une profession

adjacente. Et j’ai dû batailler ferme pour accomplir tant bien que mal

cette œuvre.

Est-il possible de se prévaloir d’être un grand poète ou un

grand écrivain s’il n’y a pas constance à sa table de travail ? Ho !

Certes, quelques-uns, très doués, sont parvenus à obtenir des

résultats, tout en pratiquant une autre discipline par convention

personnelle ou par nécessité familiale. Mais que n’ont-ils pas perdu

334


en œuvre, en travail, en affirmation du Moi, préoccupés qu’ils étaient

à exercer des tâches répétitives !

J’ai décidé la construction du Livre des sonnets. C’est un

ouvrage composé de l’ensemble des sonnets à l’exception des inédits,

produits de 1978 à 1995. Je dois en posséder aux alentours de deux

cents, ce qui est peu et beaucoup à la fois.

J’ai toujours été fasciné par le sonnet, - son architecture 4 - 4

- 3 - 3, m’a constamment semblé être une construction solide et

raisonnable. J’ai toujours considéré que l’utilisation d’un 14 pour

exprimer une réflexion était une distance courte mais idéale. Et puis

il y a tout cet héritage du sonnet qui va de Pétrarque à Shakespeare,

se poursuit dans Ronsard, Du Bellay, puis atteint le XIXe siècle avec

Baudelaire, Mallarmé, de Heredia, Valéry.

“ Il faut faire des sonnets ” conseillait Valéry. Oui, c’est

étonnant ce que l’on peut apprendre en s’essayant à cet exercice.

Toujours effrayé par l’immense puissance de Victor Hugo.

Je le prends, le lis, le relis et ne sais comment en venir à bout. Je pèse

mon 55 000 et son 200 000, et je me dis : mais comment puis-je

accéder à sa quantité ? Où puis-je trouver la force ?

335


J’essaie de gérer la production poétique qu’il me reste à

nettoyer, rectifier, transformer, etc.

J’ai à faire :

1) P5 qui est composé de poésies 80

2) P6 (inédits de Louanges/Losanges/Collages)

3) JF 78 janvier - février 78

4) A. mai 78 avril - mai 78

5) Juillet - juin - août 78

6) Le Sac et La Cendre (7è recueil 78/79)

7) Les Interdits (4è recueil -poésies 80)

8) Sachet d’herbes (inédits 81)

9) Le Livre blanc (poésie 83-84) qui vient juste d’être

achevé ce 2 février 96

10) Les Sonnets/Les Lozes - poésies 84 et poésies 87

11) Grappillages - poésies d’ensemble 85 92

12) Souffles nouveaux I avec polissage

13) Souffles nouveaux II avec polissage Idem

14) M 3 Messages III (poésies O, N, D 95)

15) Primitif du Germe

16) Primitif du Moût

336


18) Primitif du Manuscrit

19) Primitif du Croît (si je parviens à le passer)

20) Primitif du Parfum d’apaisement (Est-ce possible ?)

21) Primitif du Sac (Possible ??)

22) Primitif Collages (???)

23) Primitif Losanges (???)

24) Le Livre des Sonnets, qui serait composé de l’ensemble

des sonnets produits de 78 à 95, ce qui représente à peu près 200

sonnets. Je ne puis y intégrer les inédits qui n’ont pas été corrigés.

25) Le Livre blanc (première version) [?]

26) M C P 1 : Morceaux choisis poésies I

27) M C P 2 : Morceaux choisis poésies II

28) M C P 3 : Morceaux choisis poésies III

29) M C P 4 : Morceaux choisis poésies IV.

Les quatre derniers livres ne sont pensés qu’à l’état de

projet. Ils constitueraient des morceaux choisis - chaque livre

comportant environ 4 000 lignes - retraçant les meilleurs endroits de

mon œuvre poétique. Seuls les recueils de poésies personnelles

seraient exploités.

L’on voit ainsi tout le travail qui m’attend en ce début

d’année. J’ignore si je pourrais résoudre ces problèmes.

337


Je n’aime pas les mots, je n’aime pas les poèmes ni la

poésie. Je produis par besoin. Je leur préfère les livres. La poésie me

semble faible, ridicule et dérisoire, incapable de rivaliser avec la

science ou la science appliquée. Elle signifie mépris, petitesse,

médiocrité. Bien sûr, il y a quelques poètes qui ont un niveau

intéressant, mais l’immense majorité est perte.

Comment pourrait-il en être autrement ? Ce ne sont que des

amateurs, des poètes du dimanche, des instituteurs. Ceci n’est pas

péjoratif. Une discipline qui s’accomplit à temps partiel, qui est

autofinancée ne peut rivaliser avec des branches de la société qui

investissent des sommes colossales sur des individus à la formation

spécialisée et pointue.

Mais que faire ? Comment sortir de cette impasse ? Ne fautil

pas se résigner et accepter cette vérité si difficile soit-elle ?

On peut opérer un raisonnement inverse. Imaginons un

homme féru de médecine, habitant le XVIIe siècle. Supposons-le

cherchant, travaillant, s’instruisant, potassant des ouvrages et

possédant de la sorte 15 ou 30 années d’expérience dans cette

discipline qu’il n’a pu exercer en tant que professionnel, mais qu’il

possède relativement bien. A quel niveau de compétence peut-on

338


situer cet homme ? Est-il erroné de prétendre que cet homme a

l’expérience pour décrocher son diplôme de médecine générale ?

Serait-il recalé ?

Transposons cet exemple sur la situation poétique. Telle

personne a déjà produit dix, vingt, trente recueils ou plaquettes. Elle

s’essaie à la discipline depuis de nombreux lustres, et connaît du

mieux qu’il se peut les auteurs, les œuvres et les techniques de

versification à appliquer. Faut-il la mépriser, et rire d’elle comme son

travail est peu entendu ? Ne lui doit-on pas respect et considération

quand bien même son activité serait assimilée à du dérisoire et de

l’insignifiant ?

La proposition poétique est avant tout un assemblage de

mots dont la construction se développe de manière aléatoire sans

plan, réellement défini. Elle est conduite par le principe d’inspiration

de l’écrivain qui ignore ce que deviendra la suite de son mouvement.

A quelle certitude, le poète conçoit-il ? Que sait-il réellement ?

Je crois que je ne parviendrais jamais à obtenir une édition.

Pourtant je ne puis faire plus, je ne puis faire mieux. Toutes mes

tentations se sont transformées en échecs réels. Je viens encore

d’envoyer aux Editions Actes Sud des traductions d’Eschyle,

339


d’Euripide et de Sénèque. Je crains bien que nul texte ne sera retenu.

Tout s’en retournera dans mon néant d’écrivain, - je veux dire dans

son armoire où s’accumule déjà un nombre considérable de livres,

jamais publiés, hélas !

Question test : - Reconnaissez-vous ce monsieur avec un

bandeau sur le visage et une barbe ?

- Oui, c’est Guillaume Apollinaire.

- Vous connaissez son œuvre ? Pourriez-vous me citer

quelques un des ses ouvrages ? Les avez-vous lus ?

- Non, mais je sais que c’est un grand poète !

Et voilà en vérité en quoi peut se résumer la compétence du

public dans la supra culture poétique : je n’ai pas lu, on m’a dit et je

reconnais le dessin.

Il ne reste plus qu’à produire une personnalité de grand

poète par l’emphase, le relationnel extraverti, la figure en quelque

sorte. Mais le contenu lui-même, c’est-à-dire l’œuvre peut sembler

inaccessible, inadaptée à l’utilité du lecteur, des goûts et besoins du

public. C’est ainsi ! Il faut faire avec ! ou plutôt, sans : sans édition,

sans lecteur, sans parcours professionnel. L’on voit l’importance de

la construction interne pour l’écrivain lui-même !

340


Produire par moi-même, sans le concours d’autrui, en

utilisant uniquement ma propre capacité intellectuelle, est-ce

possible ? Pour qui ? Je désire obtenir quoi ? Je pense Hugo, son 200

000 par bouquins I, II, III, IV, par Chantiers, Océan, Théâtre I et II, et

je me dis : mais comment accéder à cette quantité-là ? Car il y a dans

ces tomes édités par Laffont la complète versifiée de Hugo.

*

Ai passé un coup de fil à Rougerie - l’éditeur pour lui

demander s’il avait reçu mes recueils - j’en ai envoyé 8 - L’HF, le

Moût, MES I, MES II, Prières, Flori, Sueurs, et un dernier.

Il me dit d’une voix chevrotante (je suppose que c’est un

vieux Monsieur) mais fort aimable : “ Il est dommage que vous ne

sachiez pas ce que nous éditions. Cela vous aurait évité de nous

envoyer tous ces kilos de poésie. ”

Je réplique : “ Vous pouvez toujours extraire des endroits

qui vous conviendront, je vous assure je ne me suis pas moqué de

vous etc. ”

341


Cela ne l’intéresse pas. Il me conseille de tenter ma chance

ailleurs et me rappelle le prix du port pour récupérer mes ouvrages ...

Que puis-je faire ? Comment travailler mieux ? Autrement ?

Me faut-il admettre l’idée que jamais, jamais je ne serai

édité, que jamais la moindre chance me sera offerte ? Que mon avenir

est au ciel, là-bas - derrière les nuages, seulement ?

*

Ecrire, écrire, mais quoi ? Voilà déjà vingt ans que je

m’essaie à ce type d’exercice. Pour obtenir quoi ? Rien. Du néant, de

la faiblesse certaine, de l’inutilité. Alors pourquoi poursuivre,

pourquoi continuer ce travail abrutissant ? Par besoin ? Par bêtise, je

crois bien.

Ils ont tous refusé la production la jugeant trop faible, en

dehors de la norme d’édition. Ils m’ont exclu, ont prétendu en mon

incapacité. Mais où trouver la force pour mener ce combat perdu,

perdu, pour toujours ? Où trouver ?

342


*

L’on prétend que j’écris beaucoup, en vérité je ne produis

que fort peu. Je n’obtiens pas 70 lignes en moyenne par jour, en

revanche je suis assis à ma table de travail, et j’espère, j’attends,

constamment.

convenir.

Je prétends obtenir l’inspiration satisfaisante qui saura me

Observez la morphologie de mes textes et poèmes, vous

vous apercevrez que l’inspiration ne coule pas, que la quantité par

segment est faible. Je n’ai certes pas l’aptitude d’un Proust ou d’un

Victor Hugo, qui lyriques et féconds, parvenaient à noircir des

montagnes de feuilles blanches. Je n’y intègre pas la qualité qui est

ridicule et méprisable chez moi.

*

Qu’est-ce que la réussite en poésie ? Parvenir à prendre un

siège à l’Académie Française ? Obtenir une œuvre éditée par la

Maison Gallimard ? En vérité, je l’ignore.

343


Faire Grand Poète est déjà une bonne chose avec sa liberté

d’homme, avec son aptitude d’actions. La vie impose de telles

contraintes, de telles obligations professionnelles et familiales que

réussir me semble l’appartenance au Gotha littéraire.

*

Toujours aux aguets, toujours prêt à bondir sur un poète

pour produire de l’écriture nouvelle. Je travaille par Roubaud,

Bernard Noël, ou Tardieu. Ces traductions de Bible, de Coran, et

d’œuvres grecques et latines ont puisé en moi-même une grande

partie de mon énergie. Je m’aperçois que de nombreuses années se

sont ainsi écoulées sans que je lise les poésies récentes qui sortaient

chez Gallimard. Aujourd’hui je découvre des auteurs de seconde

naissance et tache de m’en inspirer pour ne pas trop me laisser

décrocher par la locomotive moderne.

*

Depuis ses débuts, la poésie française doit posséder mille à

quinze cents poètes - grands, assez grands, utiles, différents,

originaux - que l’on peut donc déterminer avec une particularité, et le

paradoxe de cette vérité, c’est que seul un tout petit nombre est

344


parvenu à passer outre, et à s’assumer dans la postérité. Mais où sontils

? Comment les retrouver ? Quelle méthode employée pour activer

cette mémoire qui s’efface avec le temps ? Sans ignorer le coût d’une

telle recherche, et pour quelle réalité économique ou commerciale ?

*

Je m’aperçois qu’il n’y a nul espoir d’accéder à une

publication chez un grand éditeur ou dans une modeste maison de

province. J’en suis réduit à penser autrement l’œuvre poétique. Je

dois concevoir par la mémoire d’ordinateur, par le service connecté

entre différents centres. J’exploite donc le matériel moderne qui est

mis à ma disposition. Du moins, ai-je la satisfaction de travailler à

temps plein, en utilisant totalement ces heures ou ces années de vie

qui me sont offertes ! Voilà ! Je me forme, j’apprends à être, quand

bien même cette identité ne conviendrait à personne, n’intéresserait

nul lecteur ou éditeur, pourtant

Je dis qu’il est demain au plaisir de mon ange etc.

et je me cite, je prends un vers de 80, je crois.

*

345


Je dois donc produire pour accéder à 180 x 10 3 lignes en

poésie. J’en suis à 60 x 10 3 . Y parviendrai-je ? En suis-je réellement

capable ?

*

Demazet, voyant la décomposition de l’œuvre poétique de

jeunesse - le livre avec le manuscrit - ce qui représente 17 ou 19

volumes - je ne sais plus - sur la période 78/79 me dit : “ Mais c’est la

multiplication des livres ? ” En fait, j’ai un truc : la nuit, j’en mets un

sur l’autre, et le lendemain matin, il y a une plaquette en plus. Ils

coïtent et se reproduisent - voilà mon secret.

*

La poésie, c’est l’insignifiant de l’inutile.

*

Grosses difficultés à trouver de nouvelles sources

d’inspiration. Je viens tout juste d’achever Messages IV et je cherche

des auteurs différents dans lesquels je pourrais puiser des idées

nouvelles, des solutions opportunistes.

346


Je profite de cette période relativement maigre pour préparer

les primitifs du Croît et de la Portée, et ceux de Parfums

d’apaisement.

Mon avenir d’écriture semble passer par l’informatique. Cet

outil de mémorisation remarquable me permettra peut-être de

maîtriser avec plus de facilité la quantité importante que je détiens

dans mes malles et petits meubles.

Je fais taper sur ordinateur le quatrième volume des Poésies

80 - son titre : les Interdits. Certaines pièces sont hélas faibles et de

piètre qualité, mais elles participent à l’élaboration de l’ensemble de

l’exercice poétique 80. Je veux grosso modo tendre vers la complète,

et je dois accepter certains textes de second ou troisième ordre.

Ce qui m’amuse avec ces archives installées dans le grenier

de l’avenue Hamecher, c’est que cette quantité de livres est composée

de volumes tirés à un seul exemplaire. Ce qui représente sous cette

analyse une production importante et pléthorique.

Je suis encore bien loin des productions de Balzac ou de

Victor Hugo, si je n’ai pu faire preuve d’audace en osant se comparer

à ces monstres sacrés. J’en suis, je le pense, à 325 000 lignes

347


produites, et je ne compte pas les inédits - ce qui représente en sec, au

plus sec, 8 volumes de Pléiade en quantité.

*

En avant de l’en soi Char - Pléiade p 735.

*

Ai rendez-vous avec J. Jacques Hetzel pour 18 heures. Je

dois l’aider à produire un bouquin Arcanes du Vent. Ce livre attend

depuis des années dans les tiroirs de l’éditeur Castan, qui promet

toujours de l’imprimer et qui n’a pas les moyens de le faire. Il s’est

ruiné ou endetté fortement en publiant des poètes qui n’ont jamais pu

vendre et ne vendront jamais.

J. Jacques Hetzel un jour m’a dit : “ Je suis sûr de passer ... ”

- si cela était vrai et si je pouvais l’aider ... Il travaille sans

discontinuer semble-t-il, mais n’a pratiquement rien fait imprimer.

J’essaie de concevoir quelques exercices avec le support de

René Char - Le marteau sans maître, Dehors la nuit est gouvernée.

Les combinaisons algébriques proposées difficiles et surréalistes

348


offrent guère de marge d’exploitation. Le cerveau ne peut pas

travailler en utilisant le mouvement proposé par l’autre. Il y a doute,

hésitation, retenue, et la production se stérilise - l’esprit est en panne.

*

Je cherche à produire, mais quoi ? La pensée se situe entre le

bouquet d’yeux de Paz (Liberté sa parole) et les nouvelles

américaines ou anglaises d’Hemingway ou de Capote. Je songe

encore au procédé saynète, historiette, de 5 - 6 pages - quelque chose

de court intrigue, développement et chute - le tout est de savoir les

bien mener. Il y a les fameux poèmes en prose de Baudelaire qui sont

référentiels, dont le procédé est exploitable ... Donc c’est du souple,

car Stéphane est de trop complexe. Mais qui ? En suis-je réellement

capable ? Si je le pouvais, je ne l’écrirais pas - je le ferais ... Alors ? !

... J’attends car le poème en vers se fait rare. Ni Char, ni Noël et

moins encore Eluard dont j’ai les deux Pléiades par des prêts

bibliothèques ne me permettent de produire.

*

Jean Cocteau possédait de tels dons artistiques qu’il aurait

pu aisément s’il avait vécu de mes jours, créer des bandes dessinées

349


ou concevoir du design industriel. Ces deux branches de l’activité

créatrice, fortement développées aujourd’hui, n’existaient qu’à l’état

embryonnaire il y a quarante ans.

*

Le Livre des Sonnets a été sorti de l’ordinateur. Voilà donc

deux cents sonnets s’étalant sur une période 78-96. Les premiers sont

de facture personnelle ou subissent l’influence de Baudelaire,

Mallarmé, ou Valéry, Rimbaud etc. Les derniers ont été produits avec

le support de Roubaud. Cette modernité me choque et le travail

obtenu me semble de moins bonne composition que les textes de

jeunesse.

Vouloir faire moderne, n’est pas toujours faire bien.

Je retouche les productions de jeunesse, abruptes et

rugueuses, ne possédant nulle souplesse ou facilité de prononciation.

J’essaie de reprendre pour l’oreille ou pour l’œil, mais l’on sait la

difficulté à récupérer sans se tromper.

350


Poésie

Nécessite un travail de substitution, d’adaptation pour

comprendre, pénétrer, se sensibiliser à la poétique de l’autre.

Discipline se situant entre l’écriture et l’art, avec fond dérivé

par la technique de la forme.

Et comment s’adapter au principe de l’autre ? Comment varier sa

perception pour épouser son concept unique, sa particularité ?

Lire, lire et relire. OK, mais celui qui n’admet qu’une seule

lecture pour comprendre rejette le plus souvent l’objet offert, n’ayant

pu l’intégrer à sa situation de compréhension.

*

Dans Le glaneur des regards, il y a un Demazet nouveau,

épileptique, dyslexique, carambolant des relations risquées et

audacieuses, utilisant un vocabulaire très complexe, associé à un

choix traditionnel de solutions poétiques.

351


Le tout semble s’organiser pour frapper le lecteur, et

l’éveiller au problème de la technique et de la science appliquée dans

notre civilisation. L’outil est bigrement bien utilisé. A savoir si cela

sera compris, plaisant ou correspondra à ce que recherchent les

lecteurs ...

*

Il ne reste plus guère à l’amateur de poèmes qu’un seul

comportement à connaître : celui de l’immense solitude. Il doit

renoncer à la possibilité de plaire ou de séduire un hypothétique

lecteur. Il lui faut prévoir une structure unique d’existence dans

laquelle il pourra épanouir l’aptitude naturelle qu’il détient. En vérité

sa conscience le réduit à un état nombriliste de retour sur soi-même,

où la personnalité du Moi s’épanouit pleinement.

Poésie / Physique

Recherches.

“A titre indicatif, le dernier résultat mentionné a été établi

simultanément par quatre collaborations regroupant plus d’un millier

de physiciens. ”

352


p 14, Que sais-je, Les particules élémentaires.

constituants.

1989 LEP (CERN) il n’existe que trois générations de

Mille hommes tirent une charge. Un homme seul peut-il se

flatter du poids de la charge ?

Que vaut un physicien seul ?

Mais l’art est un travail d’hommes individualisés. Alors ?

L’artiste est-il un crétin ? ... Quand les artistes travaillent

ensemble ... allez au Musée !

Michel Deguy

L’inusable,

Le seul à seul

Ta réplique grise

Tendre la main dormante

Trêve intarissable

353


Le rangement

L’enfilade et l’empilement côte à côte

Le tri, le recel

Une à une confondue

Témoin de rien

Deguy poésies II

p 41 Gal

L’activité cérébrale de Michel Deguy est plus nourrie, plus

vivante que celle de Bernard Noël.

Deguy travaille avec des mots, mais semble parfois perdre le

contrôle de son mécanisme de production d’écriture. N’est-ce pas

simplement une apparence ?

*

Produire de la poésie me semble trop faible. J’ai beau

utiliser les uns et les autres pour tenter d’extraire des pensées

nouvelles. La proposition : poésie apparaît manquer de force et de

virilité. Elle est pleutre et insignifiante. Mais que faire ?

354


*

et ajouter.

Il faut aller outre, il faut utiliser le tremplin valérien, penser

*

J’ai de grandes difficultés à imaginer Saint John Perse

comme étant le plus grand poète du vingtième siècle. Je ne condamne

pas sa technique ou son élévation, mais je ne puis croire que cet

homme doté de 4 à 500 pages dans la collection La Pléiade surpasse

aisément par le fond ou par la forme, un Valéry ou René Char, un

Claudel ou un Louis Aragon.

Son mérite est d’être Nobel - ce qui est déjà difficile -

puisque seul à travers le monde et par an, un seul se flatte d’être ainsi

reconnu. Perse est un grand poète. A-t-il tout fait, tout compris ? J’en

doute.

Je ne voudrais pas que l’on crût en une quelconque aversion

de ma part par ce Nobel, mais je ne le vois pas numéro 1 du

vingtième siècle.

355


*

L’immense difficulté en poésie est de parvenir à se

renouveler, à proposer constamment quelque chose de différent, à

faire évoluer son fond et sa forme, à penser autrement. Le plus

souvent on reste soi, c’est-à-dire un produit identique à hier, qu’on le

veuille ou non.

(L’homme aux cent visages ... David Bowie)

enfin.

Il y a certes une évolution temporelle liée à l’âge ... mais

*

Pourquoi les poètes ne sont-ils pas à niveau ? Pourquoi se

suffisent-ils de leur potentialité intellectuelle de travailleur de fin de

semaine ? de tirage à 300 lignes ?

Quand un poète pourra-t-il rivaliser avec un polytechnicien ?

N’est-il pas réellement là le drame de l’indifférence et de mépris ?

C’est la conscience du lecteur ...

356


Non, ceci est un faux procès, car Corneille vaut plus qu’un

polytechnicien et Corneille est peu lu toutefois.

Rimbaud, Œuvre de jeunesse

Produis plus peut-être, mais quels résultats face à l’efficacité

magnétique de ses poèmes ?

*

Poésie : il y avait des problèmes énormes à résoudre. Ils

n’ont pas été résolus, ces problèmes.

Belin. Poésie 77

La matière littéraire des développements semble mal

organisée. La pensée est synthétique, la proposition est difficile

d’accès. Mais faut-il condamner cette manière d’écrire ? N’accusaiton

pas Mallarmé il y a cent ans ?

357


*

M’aurait-il été possible de reconnaître un Jules Laforgue, un

Supervielle, un Jules Renard, s’ils n’avaient pas été édités par autrui ?

Si j’avais été confronté à leurs manuscrits, à leurs œuvres,

comment aurais-je réellement réagi face à leurs talents de littéraires ?

Je les aurais certainement rejetés, incompris car pensant

autrement, ma tournure d’esprit les aurait méprisés, peut-être.

*

J’ai Goethe - Pléiade - Théâtre complet. Le théâtre de

Goethe est-il joué ?

*

Remarquable soirée poétique passée chez Madame

Boucheron, 343 avenue Alsace Lorraine. Son appartement est décoré

avec un goût, un délicat et subtil délicieux. C’est une infirmière dotée

d’une finesse remarquable. Nous étions onze ou douze à discuter, à

parler Poésie - Le couple Demazet, Hetzel, Mazas - Bordas, n’avait

358


pu venir ayant eu encore des problèmes cardiaques. J.F. Richard, Elie

Veiss, le couple Andrée Vacquier - et.., ?

Je me présente vers les 18 h 15 - déjà quelques personnes

attendent le commencement de la soirée. J’en profite pour expliquer

aux commensaux la nécessité d’informatiser Poésie Montauriol. Je

leur montre le portefeuille à 6 disquettes, et le CD ROM avec le

livret. Cela semble les intéresser. Je propose de passer sur disquettes

les numéros spéciaux consacrés aux auteurs de l’association.

Le président Demazet n’arrive toujours pas ... Quinze, vingt

minutes de retard, puis Demazet tonitruant accompagné de son

épouse. Nous sommes tous assis. Madame Boucheron me demande

de l’aider à ouvrir des bouteilles. Ce sont des Mercier Brut

champagne ... (Pourquoi ?)

Sert-on du champagne à 18 h 30 ? Enfin ... Puis les canapés,

les amuse-gueule. On lit quelques textes d’une édition à compte

d’auteur que la fille a consacré à sa mère disparue. Quelques photos

etc.

359


Demazet nous lit un texte long et assez ennuyeux d’un

garnement qui ne fait que des bêtises ... Cela amuse l’instituteur et

l’assemblée de bon aloi. Les coupes de champagne rendant plus

sympathiques les uns et les autres.

Puis il faut partir, car vingt heures trente sonnent.

Il se dégage rarement un principe philosophique des œuvres

des poètes. Tout y est confusion et rien ne permet d’y déceler telle ou

telle certitude d’importance capitale.

Victor Hugo écrit : je pense, mais à quoi ?

Humaniste, certitude de son génie et de l’immensité de Dieu,

voilà ce qui sort de son œuvre - mais ai-je tout lu ?

Paul Valéry semble le plus vrai, le plus possédant un

système d’investigation et d’utilité cérébrale.

*

Au commencement, Dieu créa Claudel.

360


Claudel : - Oui ... moi - Oui ...

René Char a écrit que Claudel était irresponsable. En vérité,

il tirait son immense prétentieux de sa certitude de Dieu.

Vous me direz que ce n’est pas une raison ...

est numéro 1.

Il reste à mes yeux, le plus grand dramaturge de France. Il

361


Éléments de réflexions

De l’invisible et de la rigueur

Je ne vis qu’avec des fantômes, des fantômes d’idées, des

sortes de spectres de l’impalpable et de l’invisible. Leurs formes

délétères se dérobent sous mes sens. Pourtant tel un apprenti médium,

je tente de les capturer, de les saisir pour les offrir à la conscience de

mon esprit. Je déteste ces brouillards vagues, ces fumées incomprises

manquant de rigueur et de rationalité. La réflexion est détestable

quand elle est constamment nourrie d’à peu près et de perceptions

insolites. Il est vrai que cet immense mélange de la vie nous brasse

une quantité considérable d’informations. Des évènements imprévus

à la raison humaine se combinent les uns aux autres pour organiser

ou troubler l’existence. Il ne s'agit pas ici de jeu pour l’esprit, non, -

nous subissons régulièrement des contraintes dans notre quotidien.

Ma volonté recherche la rigueur et déteste se laisser

emporter à la dérive avec ce matériel d’imprécisions si volubile. Cela

ne pourrait me satisfaire. Comment parviendrais-je à accéder à

quelque chose de profond et de singulier si je me laisse bercer par

l’enchantement du jeu, ou par le dérisoire et l’insignifiant ? Je dois

les exclure de mon mode d’emploi ou de ma méthode personnelle.

362


Certains riront de moi prétendant qu’il n’est pas de bon ton pour un

poète de donner des leçons de rigueur quasi-militaires. Je connais

trop bien ces moments d’ivresse et de nonchalance, quand la pensée

flotte pour tenter d’accéder à quelque chose d’inconnu. L’âme s’y

complaît, et s’y baigne avec aisance.

Au seul nom de poésie, déjà je m’enivre et je crains de

perdre ma capacité d’analyse et de synthèse. Je crains de vagabonder

par monts et par vaux, cherchant je ne sais quoi, allant vers

l’insouciance et le hasard. Cela ne saurait me charmer, quand bien

même j’avoue éprouver du plaisir à caresser cette femme volage et

éphémère, qui s’enfuyant sans cesse, constamment désire me

rejoindre pour un ballet nuptial.

363


Le spectre d’autrefois

Le spectre d’autrefois vint visiter l’apprenti poète, rempli

d’élan et d’actions, aux yeux tournés vers l’avenir. Le spectre

feuilletait un livre consacré à l’art grec, à ses colonnes et au temple

du Panthéon. Au cours de cette cérémonie médiumnique, on sentait

pleinement toute l’activité intellectuelle qui animait encore l’esprit

échaudé et excité par cette rencontre. Cette petite boule verte de

phosphore allait et venait, enfin elle se mit à parler : “ Nourris-toi de

moi-même. Apprends et instruis-toi. Je suis venu te dire ce que tu

dois faire, ce qu’il te faut obtenir. Là sera ta suffisance. Il n’est pas

ici question d’ambition, de prétention ou de toutes sortes de termes

péjoratifs. Non, là est ton but. Et ta raison est de l’atteindre. ”

L’apprenti poète savait toutefois que les artistes et les

écrivains étaient soumis à nombreuses critiques, qu’une poignée très

réduite parvenait à crédibiliser sa capacité littéraire. Et s’ils avaient

quelque avenir, c’était surtout la mort que leur offrait ce privilège.

“ Il suffit, dit le jeune. Voilà, tu t’es déplacé pour rien. Tout

ce que tu pouvais me dire, je le savais déjà en prescience de bons

sens et de vérités. Tel est le privilège des âmes bien nées, - elles

364


possèdent cet extraordinaire don de connaissance sans l’usage de

l’expérience.

C’est vrai, je suis de bonne race comme toi. Mais je doute de

pouvoir atteindre cette place si hautement convoitée. Tu sais comme

je puis apprécier ces challenges de l’esprit. Je m’y astreindrais par jeu

de l’intelligence. ”

Le don de plaire

Un jeune poète qui se prévalait de posséder du génie, mais

qui pour l’instant était le seul à le prétendre tenta vainement de

rencontrer des hommes de lettres de qualité lui permettant de débuter

ou du moins de faire ses premiers pas dans la République des Lettres.

Le jeune auteur fit preuve d’un zèle remarquable, courant à droite,

courant à gauche, d’une amabilité, d’une affabilité exceptionnelles.

Avec ses petites plaquettes sous le bras, il résolut de faire la tournée

des directeurs de revues et des Comités de lecture.

Les directeurs de revues semblaient s’intéresser à sa

production, du moins l’assuraient-ils, mais tous exigeaient que le

jeune homme prît un abonnement d’un an à la revue pour espérer

figurer dans la modeste parution.

365


Ne se décourageant pas, il proposa ses manuscrits à

différentes maisons d’édition. Les plus sérieuses lui retournèrent ses

exercices accompagnés d’une lettre circulaire, le remerciant de son

envoi mais prétendant que sa poésie n’entrait pas dans le cadre de

leurs collections.

Il voulut forcer la main du destin. “ Par Dieu, se dit-il, si tu

ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! ”

Il envoya ses livres à des maisons spécialisées dans le

compte d’auteur. Illico, celles-ci lui firent un contrat basé sur l’article

57 de la protection littéraire, ce qui voulait dire en d’autres termes

que l’édition était à sa charge. On lui fit un tirage à mille exemplaires

d’un recueil qui jamais ne fut distribué ou si mal qu’il ne put avoir un

seul lecteur.

Il en était tout dépité : “ Quelle injustice, que cette soi-disant

structure poétique d’accueil ! J’ai dépensé toute une petite fortune

pour engraisser le compte bancaire d’un éditeur véreux ! Me voilà

retourné à mon point de départ. Mais que puis-je faire pour

crédibiliser mon identité poétique auprès d’autrui ? ”

366


Il osa se remettre en cause, décidant de repartir à zéro,

achetant traité de versification sur traité de versification, y appliquant

toute sa sève et toute sa force. Le travail ajouté sur le don de nature

fit croître son aptitude poétique. Le jeune homme allait bon train,

enfin je veux dire l’homme jeune, car de nombreuses années déjà

s’étaient écoulées sans qu’il ne pût accéder à l’édition.

Il poursuivit toutefois son œuvre entreprise. Il pouvait se

flatter d’avoir obtenu une bonne vingtaine de plaquettes, quelques

unes éditées à compte d’auteur, d’autres fabriquées artisanalement

par ses propres soins ou par des amis.

Il frayait ici et là, se frottant à d’autres littéraires vus ou

entrevus à des Journées du Livre ou à des Fêtes de l’édition. Cela ne

permettait guère de percer dans le monde des lettres, mais du moins

cela correspondait à du zèle actif, et qui sait...

Le temps s’écoula, et toutes les tentatives entreprises

échouèrent. “ Quel sale destin ! pensa-t-il. Pas un éditeur, pas de

lecteur ! Quelques reconnaissances, quelques estimes, mais voilà qui

est fort peu. Je ne puis donc parvenir ? ”

367


Il se lamentait et poursuivait encore sa tâche animé par le

besoin d’écrire, sans grand succès toutefois !

Et voilà ce qui attend la quasi-totalité de ceux qui s’essaient

à l’art d’écrire. Car il ne suffit pas d’avoir du génie pour exister dans

cette discipline, non il faut quelque chose de bien plus important, et

cela s’appelle le don de plaire. L’on peut parfois l’assimiler à du

talent.

Il permet de pénétrer, de se crédibiliser immédiatement. Il

est l’énergie monnayable, achetable comme ces bons feuilletonistes

qui ont couvert des pages et des pages de journaux au grand bonheur

de leurs directeurs.

Qu’est donc devenu cet homme jeune, âgé aujourd’hui et sur

le point de passer à trépas ? Il a connu la destinée de dizaines de

milliers de littéraires. Plein de fougue et d’entrain, animé par l’idée

du génie, le voilà vieux, grommelant dans sa barbe blanche. Il finira

poète de famille. Quelques écrits seront transmis de fils à petit-fils

pour finir oublié sous le marbre du temps.

368


De l’œuvre

“ Jusqu’où Franck Lozac’h, irez-vous dans la recherche

désespérée de cette production pléthorique ? ” Ainsi s’étonnent la

plupart des personnes qui ont pu accéder à mon Œuvre. Ils n’y ont vu

qu’une immense quantité et n’ont pu y déceler une aptitude

quelconque d’écrivain. L’on prétend que je travaille grandement,

j’écrirai plus volontiers, que chaque jour qui passe me voit noircir

quelque vingt ou trente lignes. Et c’est l’accumulation de cette

fréquence qui engendre la détermination d’une quantité importante.

Je suis bien loin des œuvres immenses d’un Victor Hugo,

d’un Voltaire ou d’un Balzac. Et c’est encore manquer de modestie

que d’oser user de leurs noms pour se permettre une comparaison. Je

crois toutefois que le lecteur comprendra ce que je souhaitais

signifier.

“ Mon cher Franck Lozac’h, vous ressemblez à Mickey

Mouse dans l’apprenti sorcier, le dessin animé de Walt Disney sur

une musique de Paul Ducat. Vous accumulez, accumulez de la

quantité, et êtes débordé par votre propre abondance. Jusqu’où ira

votre folie ? ”

369


Tels sont à peu près les extraits des discours dont se glose la

compagnie de gens qui me critiquent. Leur analyse est parfois

judicieuse, mais elle semble ignorer que j’agis pour accomplir une

Œuvre - a Work - en quelque sorte. Je travaille pour ma propre

personne conscient que nul lecteur n’aura la capacité de lire tout ce

que j’ai pu produire ou concevoir sur ces quelques décennies.

Je ne suis aucun plan général, ne sachant réellement où je

vais, comparable à ce héron au long cou qui terminera son festin avec

un ridicule vermisseau, il se peut. Si je prétends posséder un semblant

d’organisation, c’est du moins pour produire et ranger mes ouvrages

par ordre de composition. Cette petite société paraît toutefois se

construire, et si je ne sais en concevoir la finalité, certains traits de

l’esquisse semblent apparaître çà et là.

Il me semble que cette société est en marche, qu’elle évolue,

se développe par besoin, par prospérité, et commerce. N’est-ce pas à

moi, en vérité, de la savoir bien gouvernée ? Je dois donc y mettre

des lois et des décrets.

Voilà très sommairement, sans poursuivre une analyse

précise, ce que je puis penser de ce travail et de cette quantité.

Parviendrai-je à obtenir un ensemble cohérent où chacun pourra s’y

370


déplacer avec aisance, allant où bon lui semble, y découvrant ce qui

l’intéresse ?

Plaise à Dieu - ou du moins à ma raison - que cet espoir se

réalise, et que j’obtienne ce que je m’étais promis - une

représentation de qualité de ma propre personne, voilà tout.

De l’association poétique

Il y a ici une petite assemblée composée de littéraires de

qualité, et de personnes fort savantes exerçant dans l’enseignement

qui appartiennent à une communauté poétique, mais qui ne sont point

du tout du même avis concernant la valeur à accorder aux uns et aux

autres.

Certains se prévalent de posséder un avenir littéraire quand

la plupart ne croit ni en leur talent ni en leur génie.

Je me souviens de quelques anecdotes et réflexions

disposées çà et là dans le feu de la conversation pour tenter de limiter

l’influence grandissante de l’un des adhérents. Cette société

comparable à une mutuelle veut niveler les valeurs en haussant les

plus défavorisés et en coupant les têtes de ceux qui sortent de

371


l’alignement. Après tout, cette conception sociale est fort égalitaire et

sa philosophie est défendable.

Du moins tous sont d’accord pour reconnaître l’immense

qualité du poète Arthur Rimbaud. Il est devenu un Dieu et chacun

s’extasie devant sa précocité et son œuvre exceptionnelles.

Cela semble toutefois aller très lentement dans cette

assemblée. Certains poètes zélés dont l’œuvre tient dans deux boîtes

de chaussures, n’ont édité qu’une mince plaquette de cinq cents vers.

D’autres n’ont pas même de quoi construire un recueil. Mais, enfin,

l’ensemble spécule, certifie et jure posséder la vérité. Car l’on parle

ici de l’expérience accumulée depuis trente années de poésie. Cela

serait une preuve irréfutable de sa compétence pour juger.

Il faut user de politesse et de courtoisie, car la conversation

ne doit employer de termes violents. L’on pourrait se fâcher et ces

messieurs étant d’une sensibilité extrême, les pots de porcelaine ne

sauraient résister.

Vous voyez quelle ambiance circule dans cette compagnie.

Tout y est courtoisie, amabilité et quantité insignifiante. La qualité

des auteurs ne pourrait pourtant être remise en cause. Il n’y a pas de

372


belles disputes ou de clans franchement séparés. Si ce n’est du mépris

qui détermine la valeur que l’on accorde à autrui, c’est du moins de

l’indifférence, qui est l’anti-sentiment par excellence.

Cette assemblée est encore trop petite pour jouir de la

renommée de certaines consœurs, mais elle l’obtiendra sans doute.

Les adhérents y sont au nombre de deux cents, ce qui est loin d’être

ridicule.

L’on commence à lire dans cette revue les meilleures plumes

du temps passé, et l’on se plaît à imaginer que l’immortalité de jadis

côtoie déjà de superbes avenirs.

Si Charles Baudelaire renaissait, l’on peut supposer qu’il

parviendrait à se faire imprimer dans cette revue, à la condition

toutefois qu’il n’oublie pas de payer sa cotisation comme tout un

chacun, grand poète ou pas.

De la critique poétique

Je sais assez bien lire les poètes. Je connais les

combinaisons, les analogies, les principes symboliques. Je puis

décomposer un poème par un système de technique analytique. Je les

373


ai compris en les lisant longtemps. J’avoue pourtant être assez

déconcerté par un auteur inconnu. Je dois m’appliquer à le découvrir,

à l’intégrer. Ne possédant que très peu de repères le concernant, je

dois spéculer, envisager et douter. Il faut que je me fasse pardonner

ma faible aptitude à savoir discerner. Je préfère le plus souvent

m’abstenir que de prendre le risque de mépriser une personne douée,

faute de visibilité intellectuelle. Certes, je puis m’enthousiasmer,

acclamer certains auteurs, me désespérer devant la perfection de

chefs-d’œuvre. Mais ce sont toujours des auteurs célèbres, dont la

renommée a passé des décennies ou des siècles. Quel mérite peut-on

avoir d’acclamer l’œuvre de Baudelaire ou de tomber des nues

devant la pureté de Racine ?

Ainsi il me faut tout découvrir. Ma sensibilité avec son

éventail d’émotions s’adapte que très difficilement à de nouvelles

propositions artistiques. Je dois recommencer et tenter de percevoir la

fréquence poétique de l’autre.

Ce que je veux détester c’est cette sorte de suffisance dont

s’habillent les littéraires, prétendant avec un pseudo esprit de

synthèse être parvenus en quelques secondes à détruire ou mépriser le

travail d’autrui. C’est le genre : “ Je sais que cela vaut peu. Allez voir

374


ailleurs, monsieur ! ” Il y a là un manque total d’honnêteté

intellectuelle.

Le poète se trouve donc dans l’obligation de caresser, de

faire le joli cœur, d’aller chercher la considération élégante ou polie

du critique. Il lui faut parfois des années d’insistance, de civilités

pour parvenir à crédibiliser son aptitude littéraire. Quelle galère ! Et

combien de difficultés pour s’entendre dire deux ou trois mots

flatteurs !

Comprendre les poètes

J’étudie souvent les recueils de poésie. Je les lis rarement

avec l’œil du lecteur ; non, je les lis avec l’œil de l’analyste. Je

décompose le vers, je compte les signes, je vérifie le rapport

voyelles/consonnes, j’observe la technique de l’harmonie musicale, et

je sais rapidement si je suis confronté à un écrivain au courant de la

plume, ou à un technicien de l’écriture.

Je puis toutefois aller outre, et me laisser emporter par

l’ivresse de l’image, ou de l’ensemble produit. Je me dis que très

rarement le texte, je préfère le murmurer, le prononcer à voix basse,

et accomplir un effort de mastication. Car il y a plaisir buccal à

375


prononcer un vers, et l’on peut en cela le comparer au plaisir de

mâcher du vin.

“ Le poème est fait pour être dit ”, répète-t-on. Je douterais

aisément de cette vérité, sachant pertinemment qu’une avalanche de

structures, d’images complexes, de retours sonores ne peut être

assimilée par une bonne intelligence. Trop d’éléments s’opposent ou

réagissent par interférence, et ne facilitent en rien la compréhension

de l’endroit.

Quel plaisir peut-on éprouver à écouter un orateur ? Que

demande la conscience pour être bien charmée ?

Elle désire bien entendre ce que la voix propose. Je prétends

que l’on reçoit une grande satisfaction à écouter des textes ou des

poèmes que l’on connaît déjà. L’intelligence s’arrête alors sur

d’autres considérations que la seule compréhension du texte. L’esprit

ne se limite pas à la transformation cérébrale pour intégrer des mots.

Non, il possède déjà le contenu du message. Alors l’oreille se fait

plus experte, elle apprécie le rythme, l’intonation, et la hauteur.

Il faut dire que l’une des caractéristiques du produit poétique

c’est d’être capable de répondre à grand nombre de considérations :

376


un poème est multiréférentiel. Comment alors qu’il possède cette

propriété, prétendre qu’un auditeur quelconque peut recevoir du

plaisir lors de son écoute ? L’encombrement des raisons brouille sa

lucidité intellectuelle.

Mais que faire ? Dire le texte sur enregistrement avec

musique et bruitage, dire le texte avec de grandes respirations et de

nombreux silences, et proposer à l’éventuel auditeur la possibilité de

suivre le poème avec un support écrit.

Poésie, rigueur et liberté

La poésie ne repose sur aucune connaissance systématique,

elle ne peut donc être assimilée à une sorte de science quand bien

même elle serait régie par des lois strictes de rythmiques, d’accents et

de chiffres. La poésie libre, celle qui est au courant de la plume a

décidé d’abolir les derniers diktats de l’harmonie musicale, du

compte de signes et de syllabes. Nous voilà donc confrontés à un

espace exceptionnel de liberté où tout peut être dit, où rien n’est

interdit.

377


La poésie épouse une forme qui pourrait s’apparenter à une

conception individuelle d’interpréter un contenu. Les écrits poétiques

n’embrassent que des secteurs isolés de son vaste éventail. De

nombreuses sensibilités cohabitent, sont parfois contradictoires, ou

en opposition farouche. Il y a donc sections, classes, écoles et s’il

n’est pas possible d’embrasser l’ensemble des techniques offertes, les

plus grands spécialistes ont une vaste palette d’émotions et de

sentiments mis à leur disposition. Aucun poète ne pourra renfermer

en lui-même l’ensemble des procédés ou des techniques qui

découlent des différentes écoles. Il est ridicule d’exiger d’un sprinter

de 100 mètres plat de concourir sur un Marathon ou sur une distance

de demi-fond. Il est ridicule de prétendre qu’un sonnettiste

parviendra à proposer des développements de plusieurs milliers

d’alexandrins. Charles Baudelaire en ce sens s’oppose de manière

significative à Victor Hugo. Quand l’un produit trois à quatre mille

vers sur toute sa carrière, l’autre impose plus de deux cent mille

alexandrins, et exploite à merveille des procédés de développement

où son génie abonde.

378


Le choix de la jeunesse

Il est peu de temps où des circonstances semblent favorables

au milieu desquelles la poésie peut espérer attirer la curiosité du

public et se voir estimer de la même estime que celle d’autrefois. Là

voilà encore retournée belle femme muette et silencieuse au mépris

que l’on éprouve la concernant. Les intérêts de notre temps, le

développement des sciences et des technologies, les obligations

mesquines de notre réalité ont absorbé tous les instants de puissance

que possédait l’esprit, toute l’énergie et les divertissements octroyés à

chaque humain. Ainsi la vie intérieure se nourrit d’une autre forme de

culture plus axée sur l’image à recevoir que sur l’image à fabriquer

avec des signes. L’esprit se contente d’une certaine forme de réalité,

et soutenue par le concours d’autrui l’intelligence n’a plus besoin de

jouir par elle-même pour éprouver de la satisfaction. Elle se contente

de gérer, de sélectionner le flot d’images que l’on met à sa

disposition. On est loin de penser que le temps est enfin arrivé où le

royaume de l’imaginaire instaurera à nouveau sa suprématie. Notre

jeunesse a déjà manifesté son choix, et semble irrésistiblement attirée

par l’image offerte. Mais son choix est peut-être plus judicieux qu’on

ne le pense, car si elle exploite un support imagé déjà proposé, il lui

faudra utiliser toute son intelligence et sa pensée pour remplir ces

coquilles de programmes vides.

379


Elle devra du moins faire preuve d’une forte vie spirituelle

qui est l’élément fondamental de son existence. Il lui faudra aussi

savoir lutter pour s’imposer une indépendance et une capacité libre

de penser. Elle ne doit pas se soumettre, mais bien dominer

l’effrayante puissance que peut représenter la machine. Tout

dépendra encore de sa capacité autonome d’esprit, de son énergie

intérieure mise au service de sa propre personnalité.

Quelle place accordera cette génération au produit

poétique ? Ne le méprisera-t-elle pas comme une vulgaire discipline

d’hier, dépassée, à oublier ? Le poète ne sera-t-il pas rangé au

patrimoine artistique comme le maréchal ferrant et le sabotier, le sont

au musée de l’artisanat ?

C’est pourtant dans ces immenses entreprises de l’esprit que

la pensée s’élève pour accéder à une dignité, qui l’éloigne du

vulgaire et de l’insignifiant pour s’emporter dans des espaces où

s’épanouit la grandeur de l’homme.

380


I

L’inspiration apparaît aussi comme un immense réservoir de

mots qui s’associent, se combinent et se multiplient. Il y a donc

interférence, - indispensable nécessité d’union, de frottements, de

refus, d’accouplements. Voilà ! Il y a acte physique entre les mots qui

doivent former un bel accord, comme deux êtres forment un beau

couple.

L’impulsion, l’élan vital de l’inspiré est passé par-là. Il

fallait bien qu’il eût ce que l’on peut appeler “ Énergie ” pour

favoriser cet accouplement. C’est vrai, de nombreux obstacles, des

retards, des blocages ont constamment tenté de condamner ce droit à

l’orgasme littéraire. Le plus virulent est certainement l’interdit du

critique, qui est un gendarme redoutable, doutant de tout, et réglant la

circulation du flux sans réellement connaître les règles du

déplacement. La conscience du poète le pousse le plus souvent vers

une impasse : pourquoi produire cela ? Quel intérêt y a-t-il à

caramboler de cette sorte ? Le raisonnement de la critique virulente

provoque en lui une volonté de refus, je dirai - de stérilité.

381


II

La poésie nous introduit dans le monde de l’imaginaire. Elle

nous montre la relation de non-vie entre un mot, masse inerte ou

objet instrumental et un autre mot, qui associés formeront un bel

accord, ou une combinaison criarde. Tout dépendra de l’analyse

auditive du poète ou de sa volonté à obtenir l’effet recherché. Il suffit

d’écouter sa conscience, et de décider d’après le choix arrêté. Parfois

c’est une liberté absolue qui dicte la marche à suivre. Le poète

devient joueur de jazz, à l’inspiration vagabonde au plan indéterminé.

C’est juste une question de feeling. L’exercice de poésie dite libre

s’apparente assez sensiblement à ce type de travail. L’auteur subit, ou

voltige papillon hoqueteux, de fleur en fleur, ou pour reprendre

l’exemple du pianiste, d’accords en accords, de combinaisons en

combinaisons. Mais la comparaison cesse là. Car le poète, à sa table,

possède ce que l’on appelle des blancs. Ce sont des laps de temps

d’une certaine durée qui vont de quelques secondes à deux ou trois

heures ...

Les moments de blancs sont remplis de façon diverse :

lecture, doute, refus, activités autres, dessin, que sais-je encore ! Je

veux dire par-là que le poète travaille sans continuité à l’instar du

musicien de bar ou du jazzman qui par le son engendre le son.

382


III

La poésie doit le plus souvent abandonner cette conscience

de critique si elle veut poursuivre le chemin de l’écriture. Un écrivain

foudroyant tue tous les mots qui passent devant son regard. Il devient

le destructeur du soi-même, et sa tendance le poussera à la stérilité.

Il y a en tout poète un étrange mélangeur d’intelligence,

d’intuition et de critique. Pourtant ne peut-on pas considérer qu’il y a

une sorte d’incompatibilité dans la gestion de ces différents

paramètres ? Un poète bien fait semble pouvoir maîtriser ces divers

états de l’activité consciente, et en exploiter pleinement leur synergie.

Il y a d’ailleurs des variables de densité entre ces différents

ingrédients qui réclament des dosages entre l’instinct et

l’intelligence. Là est une part du travail de sublimation dans la

structure mentale du poète. Une gymnastique de l’entraînement peut

produire un développement de telle fonction au détriment de telle

autre. Il est difficile de prétendre savoir quelle partie de soi-même est

la plus apte à exploiter ou à maîtriser. Il semble acquis que la seule

conscience du poète peut lui permettre de savoir. Est-ce une lumière

intérieure plus ou moins intense, faible ou éblouissante qui éclaire la

conscience de son manque de lucidité ? La critique a besoin de

beaucoup d’intelligence.

383


La poésie

La poésie, qui a enrichi les âmes supérieures a contribué à

les instruire, et cette instruction a fortifié leur intelligence ; de là,

vient une vérité que ceux qui nous dominent et nous dirigent ont

intégré des valeurs élevées en science et en lettres.

C’est la poésie qui est le support incontournable de

l’imaginaire, et qui fait des poètes des hommes en décalage avec

leurs confrères. Ils ont le plus souvent une poétique possédant un

siècle d’avance sur les autres disciplines. La postérité s’est trop bien

rendre des comptes à ses illustres esprits et leur offre des hommages

et des carrières le plus souvent posthumes.

Comment se fait-il que des poètes obscurs et méprisés

incompris de tous, à l’allure pataude, au gueuloir exorbitant

deviennent par leur puissance d’évocation, par la maîtrise de leur

langue et de leur technique, des références incontournables et

immortelles dont on s’inspire encore trois siècles après leur décès ?

384


Quand des écrivains-lecteurs de Grandes Maisons d’Éditions

Prix Nobel de littérature, ou futurs académiciens festonnaient en tête et

se prévalaient de mépriser des Stéphane Mallarmé ou des Paul Verlaine,

quand des directeurs de revues ou de collections rejetaient avec dédain

des œuvres de Paul Claudel ou de Paul Valéry, ces derniers eurent

recours à leurs propres confrères qui comprirent aisément le degré de

leur valeur. Certains auraient pu dire : “ Maîtres, n’ayez crainte. Nous

avons considéré la valeur de vos œuvres. Nous serons faire fructifier vos

images immortelles, votre postérité déjà est assurée. ”

Tout cela peut rendre ridicule les structures littéraires

actuelles si l’on ose comparer le bouquet des écrivains de la postérité

avec les lamentables collections dont se prévalent et dont

s’enorgueillissent des présidents de groupes.

C’est pourquoi de très grands poètes ne dédaignent pas de

travailler dans des revues que l’on ose parfois rejeter, considérant

avec dédain le faible tirage qu’elles engendrent.

Tandis que des André Gide et des Paul Valéry se formaient

pour accéder à la carrière que nous leur connaissons, ils n’hésitaient

pas à proposer leurs œuvres dans une revue aujourd’hui oubliée de

tous, - La jeune conque.

385


Et cette coutume est loin de passer, si l’on en juge par les

centaines de feuillets imprimés qui fleurissent ici et là dans nos

régions et départements. Pourtant à Paris, tout semble impossible, - la

plus infime édition nécessite mille ans d’amitiés auprès des uns et des

autres. Et encore, cela paraît faveur de vous donner le droit

d’imprimer quelques endroits de votre personne ...

Dans cette Capitale, rien qui n’engendre l’argent ne saurait

être utile. Il faut se hâter de proposer une biographie sous un chanteur

ou un ouvrage de politique, si l’on veut voir son nom figurer sur un

livre. Le littéraire entend parler de soi avec mépris, il est assez sot

pour cacher sa production poétique de crainte de subir des lazzis.

J’ignore pourtant lequel est le plus utile à la postérité. Ou un

torche-cul qui fera quelque dix mille francs de droits d’auteur, ou un

poète immortel qui saura instruire des générations de têtes blondes et

contribuera ainsi à l’éducation de notre pays.

386


Stylistique en prose et stylistique poétique

La stylistique en prose permet de recevoir l’objet à

transformer de manière réelle, sans nécessité aucune d’adaptabilité de

la capacité intellectuelle à la proposition offerte. L’entendement est

direct, et la cause suit l’effet. Il y a pourtant une substitution

d’éléments écrits en images à produire. Le roman en est une parfaite

illustration. D’ailleurs, s’il y avait une étude réelle du psychisme qui

transforme les caractères écrits, l’on observerait des différences et

des écarts considérables dans la mutation de l’expression écrite.

Pourtant les types d’individus qui lisent le roman parviennent à se

mettre d’accord sur l’extériorité du produit et sa finitude interne.

L’intelligence est collective, et reçoit grosso modo le même message.

La capacité particulière ne se différencie que très peu de la

conscience collective, le contenu étant unique quoique possédant des

ramifications et des détails spécifiques. Il y aura selon les individus

plus ou moins d’aptitude à tout recevoir ou à recevoir une grande

partie de la proposition écrite. L’ensemble des lecteurs peut donc se

prévaloir de s’être mis d’accord sur le message reçu.

Il faut bien que cette conscience soit ordinaire, satisfaisante

à l’ensemble, sinon elle ne pourrait pas être assimilée par la grande

387


majorité. Ce qui lui arrive a peu de chances d’être singulier ou de

s’habiller de solutions rares. Il n’y a pas résistance à l’entendement.

Qu’en est-il réellement de la stylistique poétique ? La

pensée poétique construit son système de valeur sans exploiter la

rationalité du langage et en faisant varier la signification des choses.

Elle devient alors inutilisable pour l’immense majorité des lecteurs

qui exigent de leur conscience une application de la réalité, du moins

d’une certaine réalité. Aussi la compréhension d’un univers construit

sur du délétère, aux lois variables, aux signifiants dénaturés de leur

réel contenu engendre un refus catégorique de la plupart des lecteurs.

Cette juxtaposition d’éléments indépendants fabriquent, il est vrai,

une vitalité créative et inventive, mais peut sembler totalement

inadaptée à un esprit authentique. Pour l’esprit à la pensée profonde,

la vie extérieure revêt une apparence d’intérêt moindre.

L’épanouissement de l’âme peut s’accomplir en employant l’imagerie

poétique.

Cet espace de variantes, d’associations délétères est le

royaume de l’aptitude spéculative qui combine, additionne de

l’invraisemblable pour obtenir du possible. Ce ne sont pas des

défauts de l’entendement qui engendrent cette aptitude à varier, à

déplacer le sens commun, - cela découle de la vitalité de

388


l’intelligence à concevoir autrement ce que l’ensemble ne voit que

d’une seule manière. Ceci est donc un privilège, ... inutile hélas, et le

plus souvent rejeté de l’ensemble. Il s’agit encore de capter la forme

de la réalité pour la transformer en principe idéalisé et supérieur. La

stylistique poétique veut donc élever l’entendement, mais elle ne peut

prétendre épouser la perception exacte de la vérité. Elle ne saurait

être une conciliation du vrai et de l’imaginaire, quoi que parfois son

assise se manifeste dans la réalité du quotidien.

389


De la critique de soi

Qui peut se prévaloir d’avoir obtenu un résultat digne de sa

compétence, qui peut ? On est rarement soi-même, on travaille en

dessous. Il y a une constance de déception, une vérité critique à

l’intérieur de soi qui murmure : “ Tu étais capable d’accéder à

quelque chose de bien meilleur. Regarde, observe où tu en es à

présent ! Le temps, ton ennemi, aura bien su te ronger et te détruire

lentement ”. Pourtant l’analyse se veut impartiale. Elle ne recherche

pas à distribuer des éloges, ou à rosser à coups de trique.

Quand on a la certitude d’avoir accompli correctement sa

tâche, l’on peut encore se dire : “ Oui, j’aurais pu toutefois ajouter

ceci, j’avais la potentialité pour trouver cela, hélas, le temps m’a

détruit. ” Il est pénible de se déplaire, mais il est détestable de faire

preuve d’une avidité maladive.

Certains hommes toutefois recherchent des caresses et des

flatteries. Les littéraires sont des gens de politesse et de courtoisie,

toujours enclins à obtenir quelque faveur. Mais tout est gratuité, et

cela ne coûte rien de s’entendre dire : “ Monsieur, vous êtes un grand

poète ”, ou encore “ Ce jeune artiste a un bel avenir. ” Certains

rétorqueront que la belle critique est agréable à l’oreille, et peut

390


engendrer un vif élan d’actions. Il est pourtant plus puissant de se

nourrir de soi-même et d’extirper de sa propre négation de l’énergie

et de la volonté de gains.

D’ailleurs l’outil de mesure qu’emploie autrui est rarement

le vôtre. Il détermine votre suffisance en fonction de sa propre

aptitude à agir. Ainsi des poètes peu féconds condamnent votre

opulence et votre générosité. Et ceci vous porte encore préjudice.

L’on appelle excès ce qui fait votre force, et votre abondance se

transforme en obésité.

Il faut parfois penser en égoïste car ce n’est pas toujours mal

penser. Faut-il être aux yeux d’autrui ? Faut-il que l’autre se pose en

tant que juge ? Je ne saurais condamner l’acuité critique, cette sorte

de lucidité qui fait souvent défaut à l’homme qui ne peut être et se

voir sous toutes ses dimensions. Je conseillerai toutefois de se fier à

son propre sérieux, qui est le plus souvent un superbe ange gardien.

Certains appellent cette sorte d’allégorie, la conscience, tout

simplement.

391


Fragment sur la poésie

Rester en soi, au plus profond de son aptitude, et ne jamais

faire sortir l’activité de son génie, même dans une société limitée à

quelques initiés, voilà l’une des caractéristiques de ce genre

particulier qu’est la poésie. Cette création libre, en dehors de toute

contrainte sociale ou de règles établies ne peut s’épanouir dans une

situation extérieure.

L’homme et le poète, deux personnes en une seule, capable

de se dédoubler, d’échapper à la préoccupation pratique peut donc

penser ou concevoir par l’observation du monde extérieur ou par

l’activité créatrice interne. Son aptitude directrice qui le pousse à

écrire lui offre un immense sentiment de liberté mêlée à une vérité

autarcique et personnelle. Il n’est donc pas affranchi de toute

nécessité matérielle, mais il lui faut trouver des espaces temporels de

liberté durant lesquels il pourra développer son aptitude inventive.

Difficile de prétendre connaître la courbe évolutive de

l’intelligence poétique, et certifier que telle période de l’existence est

plus favorable que telle autre pour obtenir une production de qualité.

La raison voudrait que la période de jeunesse associée à la maîtrise

de la bouillonnante activité offrît les meilleures conditions pour

392


l’écriture. Mais cette vérité peut être objectée par grand nombre

d’autres considérations. Si la vieillesse est dépourvue d’intuition et

d’énergie, elle possède du moins la maturité et l’expérience lui

permettant d’avancer à pas assurés dans l’élaboration de son œuvre.

Et l’on peut songer à l’admirable poème conçu par le vieil Homère,

ou relire des œuvres de Goethe obtenues à l’apogée de sa vie.

Blocage de la transmission poétique

La poésie a perdu son caractère initial qui est de fabriquer

des images. Elle ne peut plus rivaliser avec les nouvelles formes des

techniques modernes, qui elles sans difficulté aucune offrent à

l’intelligence la certitude d’une évasion à moindre effort.

L’association audacieuse, au-delà du réel, du possible ou de

l’imaginable pénalise et interdit à la capacité poétique de l’amateur

de pénétrer le plus souvent le monde créé par l’auteur. Il y a une sorte

de barrage, de blocage, et le texte donné reste hermétique, en quelque

sorte inaccessible. Il ne peut donc y avoir plaisir immédiat ni plaisir

retardé, car la dialectique proposée interdit toute communication

entre le poète et l’amateur. Elle n’a plus aucune vérité, pas même

onirique. Son essence abstraite ne saurait être transmise et comprise.

Elle a une apparence de fausseté, de mensonge et d’invraisemblance.

393


Le public lui préfère d’autres modes d’expression. Ce n’est pas

seulement au niveau de la lecture que s’opère le blocage. Il serait

identique dans le parlé, dans le transmis à l’oreille : l’intelligence ne

saurait convertir des solutions d’images en images émotives pour

l’esprit.

Morceau

Difficile de prétendre savoir quel est le but de la poésie.

Certains assurent que la poésie n’a pour but qu’elle-même, et ceci est

pensée de parnassien. D’autres qu’elle doit charmer, élever ou

instruire. Qui a raison ? Qui peut se prévaloir d’en tirer son essence

réelle ?

Il est plus délicat de lui conférer une existence pratique, utile

à l’ensemble. Elle nourrit l’élite, instruit l’esprit supérieur. L’homme,

au for de lui-même, cherche à purifier sa pensée, et l’expression

poétique lui offre un instrument parfait de sanctification.

L’association de vocables employée veut atteindre une hauteur et son

mode d’expression se distingue de tout autre.

394


Journal 97

Franck Lozac’h, c’est avant tout une méthode, un système

d’investigation, un principe d’apprentissage assez efficace, productif,

de rentabilité - économique, d’élans sportifs, d’imitation des

meilleurs.

Mais ce n’est plus de la poésie de salon ni de la littérature de

petits fours. Ceci est du folklore - du ridicule.

Il faut mettre la poésie au niveau de la science, de la

meilleure performance du sportif, de l’invention technique, de

l’efficacité économique.

Mais personne ne me croira.

Quantité

À l’exception de V.H., de Pierre Corneille, de Pierre

Ronsard et de Louis Aragon, tous les poètes de la Pléiade tiennent en

un seul volume leurs œuvres poétiques complètes.

395


Difficile de juger une personne sur un poème court, à

l’exception de Mallarmé qui est infiniment grand sur un produit

unique - (Baudelaire ? - L’albatros.)

Poésie

Pour moi, certitude de faiblesse et de médiocrité. La honte

s’en empare, le ridicule aussi.

la petite ...

Beaucoup se pavanent, se prennent et quoi ? ... Rien que de

AR

Rimbaud a été le premier à dire : “ Il est possible de produire

une œuvre de jeunesse. Vous prétendez que l’écriture est réservée à

l’âge adulte - cela est faux. Je peux vous le prouver. Je vous remets

Le Bateau ivre - et encore, voici ce qui suit : Poésies, Une saison, les

Illuminations, un style, une technique, un système d’investigations,

une construction de personnalité, un nouveau type d’artiste, de poète

etc... et tout ça en 4/5 ans. Alors - Voyez. Eh bien ! Je me jette. Je

poursuis mon audace, mon risque, ma vie, en vérité. ”

396


Et cela est très fort.

Quel héritage ! Quelle postérité !

Demazet

Ce que j’apprécie chez Demazet, c’est sa souplesse d’esprit

lui permettant de comprendre l’autre avec sa différence, avec sa

spécificité. Chez lui, nul mépris d’autrui mais volonté d’intégrer une

poétique risquée, audacieuse, classique, simplifiée, féminine, du

terroir etc.

Cocteau

Cocteau n’a jamais fait de photos ?

Il aurait pu avoir un œil en bandoulière.

*

Tu prends Mallarmé, Char, Perse, mais je trouve que la

Science va plus loin. Le problème est là. Comment convertir la

poésie en Science ! Roubaud a-t-il résolu le problème ? La poésie est

en dessous. Ça c’est une certitude, une évidence.

397


L’infiniment peu

Oui, j’espère tout en sachant avec certitude que l’ensemble

ira mourir dans les rencards de l’indifférence. Car personne ne lira. À

moins que... la civilisation étant exceptionnelle, d’une richesse

inouïe, la valeur d’un humain quel qu’il soit est infiniment peu.

Et cela, on le voit au décès des grandes célébrités - quelques

éloges funèbres, puis la fin, le regard, et l’oubli.

Mais que faire ! Ainsi passe l’immortalité de l’homme !

Il faut donc être très fort - il faut penser Hugo, Racine,

Goethe, etc... Car grand poète, cela ne sera pas suffisant, cela sera 1

parmi X - cela s’intégrera dans un ensemble littéraire dans le meilleur

des cas. Voilà tout.

*

La poésie, c’est de l’homosexualité cérébrale.

398


Critique

Le problème poétique n’est pas de se faire connaître, mais

de ne pas être humilié, rejeté et méprisé par la personne qui juge.

impossible.

Car l’indifférence engendre du mépris, et le crédit est

*

C’est donc le :

va te faire exclure

va te faire ridiculiser

et après par ricanement :

alors tu as raté ?

raté ! Ha ! Ha !

Et la boucle est bouclée.

Il faut que la réputation soit telle, et immédiatement pour

que la personne n’ait pas à prouver, à démontrer etc.

399


À l’image de Baudelaire face à un élève de première.

Car le temps usera l’élan de crédit.

Pindare

Pindare - complexité de l’écriture, maître es langage, inventeur,

technique condensée - proposition complexe et difficile à comprendre.

Beaucoup de noms propres, - et si l’on ignore l’origine ... (??) - le texte se

surcharge rapidement.

Apprendre à lire avec lenteur.

Immense vide

J’éprouve un immense sentiment de vide, d’impuissance,

d’impossibilité à crédibiliser mon produit poétique à travers le

support traditionnel (papier), ou le support nouveau (informatique).

Je ne vois plus aucune solution. Le seul espace que j’ai pu ouvrir,

c’est la médiathèque et là je dois reconnaître qu’un nombre

considérable de ces structures sur le territoire français offre des

possibilités de dons et de crédit.

400


L’œuvre avance, l’œuvre déjà représente une importante

quantité. Je persiste à croire que ces exercices sont dotés d’une

qualité certaine et désire poursuivre mon travail.

Fécondité

C’est vrai, le plus souvent, on a l’étrange impression que le

travail accompli, le travail obtenu ne sert strictement à rien. Nul ne

lira, nul ne saura s’intéresser à ce type d’exercice. C’est une vérité, -

la quantité ne pourra être absorbée par autrui.

Mais il est rare d’intégrer la complète d’auteurs féconds. Qui

a lu tout Simenon, tout Balzac, tout Voltaire, tout Hugo ? Alors on

prétend déterminer, savoir et peser en exploitant un échantillonnage

que l’on projette sur l’ensemble globalisé.

Si cette quantité n’existait pas, quelle valeur accorderonsnous

à Simenon ayant produit une quinzaine d’ouvrages ? À un

Victor Hugo ayant composé quelques milliers d’alexandrins ? L’un

serait oublié et l’autre n’aurait que trois lignes dans une anthologie

d’autrefois.

401


Il faut donc poursuivre son œuvre quand bien même cette

production-là n’aurait pas d’utilité immédiate.

*

La poésie, ce n’est pas le problème de X ou Y qui n’est pas

reconnu ou édité. C’est le problème de l’ensemble, avec des

structures littéraires incapables d’absorber une quantité de qualité.

Po

La poésie, c’est de la galère médiocre. C’est du trois fois peu

pour trois badauds. Ça rame, dur - dur. Difficile de se crédibiliser

dans ce secteur d’activité. Les gens, ça ne les intéresse pas. Ils ont

autre chose à faire, à penser. Il y a le travail, les gosses, le chômage,

la voiture, la télé, etc. Ils ont autre chose à faire.

pour les autres.

Les poètes écrivent en nombriliste. Chacun pour soi. Dieu

402


*

Être poète, quelle piètre chose ! Quelle faiblesse de l’esprit !

La consolation de Dieu serait de donner au poète un chapitre de

mathématique comme une semence que l’on n’aurait pu faire germer,

que l’on aurait pu toutefois transmettre à autrui. Et c’est apporter sa

contribution à l’édifice mathématique que de posséder cela !

Analyse

1°) Beauté poet Beaut géométrique, beauté médicale

2°) mais ; ? géo : axio, Thé etc.

Médi : guérison,

Beauté poétique ? Agrément

Siècle d’or, merveille de nos jours, fatale merveille etc.

Exemple : la femme :

Femme = modèle - là ?

avec éclats, petits miroirs, chaînes etc.

voilà de l’agrément

403


Imaginons cette femme équipée de la sorte allant dans un

village - on l’imagine reine avec cet attirail

C’est pourquoi nous donnons à certains sonnets qui ne sont

qu’habillage, attirail, environnement, bel attrait est ... le titre de

reines de village

Beauté poétique 33

Pascal Pensées

Il fallait donc que la poétique ne fût que cela, qu’un bel

attrait d’apparat, qu’une manière clinquante de plaire, nourrie peutêtre

d’artifice, de mensonge, de truquage, c’était du maquillage et

cela pouvait suffire ?

Non ! Car c’est ignorer tous nos Grecs et Latins à la pensée

épurée, à la vérité stoïque au dosage imagé parfait.

404


Puissance

Je ne vois vraiment pas l’utilité de s’appeler Virgile quand

on s’appelle Victor Hugo.

Hugo, c’est du 180 - 200 000 alexandrins, du théâtre, du

roman, de la critique, etc.

de la puissance, du génie

c’est une phénoménale capacité poétique

On lui reprochera son manque de finesse, de subtilité, le

poids de sa puissance en vérité.

pointes.

On ne peut pas demander à un hippopotame de faire des

Virgile c’est du trois - de l’Enéide dont j’ai proposé une

version en alexandrins - des Buco, et des Géorgiques - exceptionnels

évidemment, mais Hugo !

Plus on pense VH, ou Corneille ou Ronsard, et plus on

s’aperçoit de quelle puissance, de quelles ressources, de quelles

405


capacités et aptitudes à penser, à créer, il est nécessaire de posséder

pour accéder à ce type de résultats.

*

Paul n’a pas de spiritualité, il a tenté d’ouvrir des portes, il

avait des clés, elles ne fonctionnaient pas, il a proposé Thêta.

*

Paul, critique.

Ce n’est pas ça - Les Cahiers - il manque l’explosion du

chef-d’œuvre. Et pourtant toute la matière y est, semble vouloir

s’organiser.

Et il me dira : “ C’est ça, mon chef-d'œuvre ! Car la matière

y est, et je l’ai organisée autrement, tu n’as donc pas compris ? ”

Bergson est d’une dimension autre - D1 - D2. Pourtant Paul

fait des trucs que Bergson est incapable de faire, et s’il les avait faits,

il ne les renierait pas - exemple Le Cimetière - La jeune Parque - etc.

Sa stylistique en prose ?

406


Bergson contient Valéry avec ses Cahiers, il a plus - quand

bien même il n’aurait pas développé tous ses sujets.

Mais il doit se méfier, car la sensibilité de Paul, sa technique

d’écriture, son mécanisme cérébral appliqué à la poésie - et bien

d’autres choses encore, font de lui une tête rare, et de qualité

supérieure.

*

Actuellement, cela est certain, le problème Hugolien est

impossible à résoudre. Je ne vois personne ni dans hier, ni dans

aujourd’hui possédant les moyens pour accéder à une capitalisation

poétique supérieure à celle de Victor Hugo.

Les cahiers de Valéry

On ne peut, Paul, faire seulement un additionnel de bouts. Il

faut architecturer l’ensemble, lui donner une cohésion intellectuelle,

car cette façon de penser heurte la continuité, la certitude dans sa

démonstration totale sur le chapitre.

407


Et Il me répondra : “ Mais c’est un ensemble de vérités !

J’avais évidemment l’aptitude d’agir comme n’importe quel

philosophe - tu le sais bien. ”

Il ajoutera : “ J’ai même construit de cette façon. ”

Le sauvageon

Le relationnel poétique ne m’a jamais intéressé. Je préférais

lui substituer, la capacité de travail, d’apprentissage, de lecture,

d’imitation de l’œuvre.

Quand j’aurais épuisé tous les moyens - mailing, téléphone,

correspondance, éditeurs, etc. autres communications, je serais peutêtre

dans l’obligation de côtoyer X ou Y. Mais j’avoue que cela ne

suscite guère l’enthousiasme de ma personne.

Je me gaspille avec autrui,

tandis que j’amasse avec moi-même.

408


Je comprends toutefois fort bien que l’on puisse penser de

manière différente et que l’on tire un grand intérêt par frottement à

autrui, par l’œil extérieur qui travaille, par le besoin ou le paresse

baudelairienne.

Poésie

Petitesse de l’intelligence poétique - ne peut rivaliser avec la

science - semble très en dessous et ne peut faire plus - progrès de

faibles valeurs.

Emploie des aptitudes du professeur de français ou

d’instituteurs qu’elle fait travailler à temps partiel.

Moyens de compte d’auteurs, en quantité réduite, exercices

de fin de semaine, athlètes de week-end.

Sera-ce suffisant pour être, paraître, se prétendre l’égal de la

discipline scientifique ?

409


*

Je me suis parfois senti plus proche d’un Baudelaire, d’un

Mallarmé, d’un Rimbaud, etc. d’un poète mort depuis des décennies

ou des siècles que de la plupart des poètes vivants. Je pense que

grand nombre de littéraires perçoivent la vérité poétique de cette

sorte. Leur bureau est un musée vivant où pourraient surgir les

spectres d’autrefois.

Deguy

Je lis Deguy et je me dis : cet homme a une chance

extraordinaire. Comment peut-il avec cette forme d’originalité se

crédibiliser à ce point auprès des autorités littéraires ou des Comités

de Lecture ?

Que vaut-il réellement sur un sonnet ? sur une imitation

baudelairienne, racinienne ? Qu’est-il capable de produire en

comparaison avec Victor Hugo ?

Est-il mallarméen ? J’ai l’impression de détenir un ouvrage

d’un poète cubiste, audacieux, autrement, nouveau, très moderne en

410


vérité. Mais cette modernité-là a-t-elle quelque chance de posséder

une postérité ?

Entendez-moi - je ne suis pas contre Deguy - loin s’en faut,

puisque je l’utilise pour lire, écrire ou produire. Mais je m’interroge.

*

Quelles difficultés n’éprouve-t-on dans le milieu des Lettres !

Rien n’y semble possible ! C’est une montagne d’efforts pour déplacer un

petit pois. Une édition ? Quelle édition ? Le temps passe, l’homme vieillit,

et il doit se satisfaire de ses trois fois riens retenus.

Alain Bosquet

J’ai sous les yeux - je ne suis pas un poète d’eau douce

d’Alain Bosquet, poésies complètes (1945-1994) n r f, Gallimard - je

connaissais auparavant l’auteur avec Sonnets pour une fin de siècle

et, Poèmes.

411


Difficile en première lecture de prétendre posséder une

vérité concernant un auteur. Plus délicat encore d’oser se lancer dans

une critique stupide, voire audacieuse.

Je le crois au maximum - bon poète - je ne le vois pas -

grand poète. Commettrais-je une erreur ? Suis-je dans la vérité ?

*

Yeats coud avec une aiguille de dentellière, finesse et

subtilité, haute précision dans son langage. Subtile complexité de

combinaisons, de solutions élaborées.

Son style me rappelle celui de Gide parfois. Il y a un sens

tactile de délicat et de choisi que le Prix Nobel ne possède pas, - ou

s’il le possède, c’est d’une autre manière - moins pénétrante.

412


Encore !

On me prétendra lourd peut-être, mais je veux encore

insister. Cette question m’obsède, y répondre me serait d’un grand

soulagement.

Comment les poètes en travaillant à temps partiel, de

manière individuelle pourront rivaliser avec les réalisations obtenus

par des équipes dans le domaine scientifique ou de la technique

appliquée ?

Exemple :

Un poète seul en dix ans, c’est 3-4 recueils produits.

Une équipé de quarante scientifiques dotée de 100 millions

de $ fabrique un robot ressemblant à un humain et possédant des

propriétés ou des qualités remarquables.

*

... et pourtant - un pianiste soliste est bien un travailleur

indépendant, unique, il est un, reconnu et apprécié par un ensemble

de spectateurs qui viennent l’applaudir.

413


Comprendre Racine

L’intérêt est de comprendre comment Racine est parvenu à

devenir Racine, l’intérêt est de comprendre son mécanisme cérébral,

sa perception, sa capacité, ses moyens, cet ensemble est difficile à

saisir, à décomposer.

Il en est d’ailleurs pour tous les grands poètes, car la finalité

consiste à savoir utiliser autrui.

L’idéal est de pouvoir ajouter sur autrui, et c’est progrès de

société, de civilisation. Oui, c’est avancée toutefois.

*

Je n’ai jamais réellement été un poète artiste avec amitiés,

relations littéraires, échanges, appartenance à un groupe, à une

association, à un mouvement etc. J’ai plutôt été quelqu’un qui a

produit, qui a produit

de la poésie

du Théâtre

de la Bible

414


qui a fait des exercices

des traductions

du Journal etc.

Et cela s’est retourné contre moi, car l’on m’a reproché

d’être casanier, d’être sauvage, d’agir en égocrate - de ne penser qu’à

Moi.

Autrui m’agaçait très vite, ne m’apportait que peu, je n’ai

jamais su exploiter le relationnel, le plan humain pour avancer. En

vérité je travaillais, et je continue d’ailleurs à agir de la sorte, avec

des livres, mes chers livres - Pléiades et autres génies.

En revanche, le mépris de l’écrit n’existe pratiquement

jamais. Même une petite tentative, un quatrain, un fragment, un

brouillon peut m’apparaître utile.

Je déteste juger, je ne veux pas juger de crainte de

commettre une erreur, de me fourvoyer sur la qualité, car je ne

possède pas la vérité ni la perception de toutes les nuances de la

sensibilité artistique. Je m’en voudrais de commettre une grosse

bourde, et de rejeter quelqu’un possédant une quelconque valeur.

415


*

Je préfère le plus souvent être seul, l’autre me ralentit,

m’impose de l’attente. Mais j’aime le travail des autres, leurs livres,

leurs réalisations, leur expérience. L’expérience de l’autre, c’est un

gain de temps considérable pour soi. L’autre sait le chemin et me

permet de l’emprunter.

*

Il me semble qu’aucun poète ne pourra renfermer en son

œuvre toutes les possibilités, toutes les nuances, toutes les écoles et

leurs variations que possède la Poésie.

Mais l’on suppose que cela n’est pas une nécessité, l’on

prétend que telle école englobe telle école, qui n’est qu’une

ramification insignifiante de la première.

D’autres cherchent dans le premier la puissance quand les

plus subtils déterminent la valeur en analysant le parfait équilibre.

Ainsi Hugo s’oppose à Virgile.

416


*

Le problème de Péguy, c’est le problème de la répétitivité,

de l’insistance, - c’est cette foi catholique de perroquet dérivée avec

du + 1 ou du - 1 en fonction du vers, du distique ou du quatrain

précédent.

Péguy devint vite ennuyeux.

Cette constance dans le doublon parallélismique, une sorte

d’écho amplifié ou diminué, qu’en dire ?

Ce procédé quoique intéressant ne peut à mes yeux devenir

être un moyen fondamental dans la construction d’un écrit qui dure,

et moins encore dans une œuvre totale.

*

Je ne parviens pas à résoudre le problème de la poésie, je

veux dire celui de sa valeur, de sa convertibilité en résultats

scientifiques ou technologiques. La science me paraît bien complexe,

possédant beaucoup plus d’avenir et exploitant des intelligences en

417


synergie qui élaborent des problèmes financièrement viables et

débouchant sur des utilités sociales.

J’ai peut-être tort de raisonner de cette sorte. Cela pourrait

en choquer plus d’en. Et pourtant ! S’il s’avérait que ce que

j’avançais était exact. Cela expliquerait l’immense désert poétique, le

refus du lecteur de s’intéresser à quelque chose de bien médiocre. Le

comportement du public serait la justification, la preuve de ce que

j’ose écrire.

Rentabilité poétique

Que deviendrait la poésie, l’esprit poétique, si l’on y

intégrait des méthodes d’investigation, de rentabilité, de productivité

comme un vulgaire bien de consommation du vingtième siècle ? Si

l’on recherchait le zéro de perte, l’optimisation ? - tous ces concepts

un peu barbares qui rappellent le Talorisme, le Fordisme, le

Stakhanovisme ...

Peut-on imaginer une intelligence poétique refusant

l’insouciance, la rêverie, l’évasion, l’ivresse, mais cherchant par

avidité arriviste à se réaliser pour obtenir un résultat satisfaisant.

418


Supposons que cette méthode permette de faire 1 ou premier ?

Que penser de ce poète ? Ho ! La ! La ! Quelle horreur ! s’esclafferaient

certains. Pourtant les temps ont changé, et rien ne prouve que d’appliquer

des principes du XVIIe ou du XIXe permettent de se crédibiliser auprès

d’un public qui lui consomme des produits du XXe siècle, donc des

produits qui intègrent ces propriétés énumérées ci-dessus.

F. Jammes

Je rêve de ... Francis Jammes. Il me dit “ Je pensais faire 16

(16ème) dans la hiérarchie poétique française. Ma foi m’avait donné

des voix. J’avais la quasi-certitude, révélation mystique, d’être un

grand poète. Voilà d’où j’ai tiré ma prétention. La foi m’a en quelque

sorte grandi. ”

Je ne lui réponds pas. Je crois un peu en ce qu’il me dit. Je

me souviens des éloges de Mauriac, de Gide. Je pense Tarbes, la

statue sur la grande place, mais crains pour son premier degré. Sa

poétique de l’immédiat, sans complexité, sans profondeur, directe et

aisée à assimiler, ne peut longtemps résister à des analyses poussées.

419


Il se dit grand ... je le crois peut-être. Au réveil, je décide de

récupérer toutes les poésies concernant cet auteur. Je n’ai plus que Le

deuil des primevères, et encore au grenier de la rue Hamecher, que je

n’ai pas ouvert depuis quinze ans, certainement.

Le Nobel

Ces gens du Nobel ayant raté Valéry et Claudel, se sont

précipités sur Perse de crainte de commettre un nouvel “ oubli ”

irréparable.

Malraux balançait avec Beckett -, Beckett fut primé. Et

Malraux est aux Invalides, avec les plus grands hommes ...

Analyse de la poésie

Pour Valéry, la poésie est une application particulière des

puissances de l’esprit. Pour moi, elle n’est qu’un faible moyen

d’exploiter la potentialité intellectuelle de l’homme, qui peut

s’exprimer autrement, avec plus d’efficacité, de profondeur, de

raison, de ... conscience, par la philosophie, la mathématique ou la

science et science appliquée.

420


Le poète serait une sorte de handicapé intellectuel

n’exploitant guère qu’une restriction de l’aptitude de penser qui régit

l’esprit. De grandes vérités rationnelles, quantifiables, spatiales ou

physiques seraient totalement exclues du mécanisme cérébral du

poète.

En ce sens, sa vision, son outillage réduit, faux, trompeur, ne

lui permettrait pas d’accéder à la vérité, et moins encore de proposer

à autrui un angle vrai, différent, des choses de l’existence. J’emploie

volontairement ces termes car leur imprécision permet de généraliser

leur signifiant.

Poursuivant ce raisonnement, la certitude d’autrui

concernant le mauvais moyen poétique le convaincrait de rejeter cet

outil obsolète, dépassé, calculant mal, offrant des vérités trompeuses,

aléatoires et douteuses. Ce qui pourrait expliquer le refus, le non du

public face à la poésie.

Difficile d’en parler aux poètes eux-mêmes, qui rejettent

tout Mea Culpa, et se prétendent d’essence supérieure, incompris.

Le contenu serait non et la façon de le dire non.

421


Hiérarchie

Je vois Baudelaire en 6. J’ai VH, Cor, Raci, La Font et

Ronsard - très important Ronsard. Le plus grand poète du Moyen

Age, qualité, quantité, puissance et maîtrise, vraiment très fort.

Baudelaire, père de la poésie moderne, inspirant plus

qu’inspiré, avec 3 450 vers par Les fleurs (Léger ? Léger !) et 50

petits poëmes en prose.

*

Les nobellisables - les ratés - Malraux, Claudel, Valéry. Il

est vrai qu’un et un seul par an sur la planète sera primé, alors que

penser des autres hommes qui n’ont pu obtenir la suprême

considération ?

*

Comment la forme peut-elle avoir plus de valeur que le fond ?

Comment l’art qui est une mise en forme peut-il aujourd’hui

accéder à la complexité du fond scientifique ? Comment 500 tableaux

422


font-ils pour rivaliser avec la haute technologie que requiert une

centrale nucléaire ?

*

Le fond et la forme - la science et l’art

Dante s’est évertué à posséder les deux. La divine, Léonard,

Goethe, Valéry, le Grec.

Quand la technique scientifique se complique, l’art se met à

côté, mais ne peut pas intégrer ses nouvelles possibilités dans

l’application de son œuvre.

La science à l’exception de l’élégante démonstration

mathématique ne possède aucune façon.

*

Plutôt que de se mentir, plutôt que de prétendre ... en allant

chercher des arguments indéfendables, il faudrait mieux accepter de

comprendre, de voir avec objectivité la situation actuelle de la poésie

française.

423


Un chiffre significatif. La presse, toutes parutions

confondues propose 3 000 titres, journalière, hebdomadaire,

mensuelle, et dans cette surabondance de choix, il n’est pas possible

de trouver une seule revue traitant de la poésie.

Ceci plaide en faveur d’un immense désert poétique, d’une

indifférence totale de la part du public pour ce genre d’écriture.

Pourtant les poètes insistent, prétendent que leur discipline

existe, qu’elle s’exprime autrement à travers des conférences, des

revues d’initiatives privées, des associations locales ou régionales.

Que dire ? Que leur dire ? Savent-ils réellement ce que représente

cette part insignifiante dans le PIB de la France ? Veulent-ils analyser

avec exactitude son importance dans la culture d’aujourd’hui ?

Il n’y a pas de secret. Si la poésie présente est raillée,

méprisée, humiliée, c’est aussi parce qu’elle n’a pas su s’adapter à

l’évolution de notre société, avec ses nouvelles sciences et ses

techniques appliquées. Son résultat apparaît de qualité moindre aux

yeux du lecteur qui lui préfère les technologies avancées de l’image

et du son.

424


*

Francis Jammes - sa poésie non-évolutive, qui ignore

Rimbaud, Baudelaire, Racine.

confrères.

Francis Jammes, un néoromantique par Lamartine, V. H. et

Ne possède pas l’extrême sensibilité ni la subtile musique de

Verlaine. Combinaisons et solutions de nature. N’a jamais pensé

construire des structures grammaticales nouvelles, vit sur l’acquis

d’autrui, ne peut pas ajouter. Appartient à une nuance entre deux

couleurs basiques, basées.

Très proche de la nature, la comprend, l’épouse, baigne dans

du Manet, mais n’a pu réécrire l’impressionnisme. Prie Dieu avec la

ferveur du catholique. Ne sait pas repenser Dieu, ouvre un livre de

messe.

Ne peut rivaliser avec Metterlink.

425


L’échec

J’ai raté, échoué, n’ayant pu m’intégrer à la structure

littéraire d’accueil. Mais en vérité avais-je le souci d’y glisser même

le premier orteil ? N’ai-je pas feint de le faire, tout en sachant

pertinemment que le travail avait fort peu de chances de séduire ?

Je crois avant tout m’être consacré à l’œuvre, à la

transformation du manuscrit en dactylographié, du dactylographié en

maquette et de la maquette en pseudo livre. Ce qui a nécessité

énormément de travail, de récupération, de nettoyage. Les inédits

eux-mêmes qui me semblaient inexploitables ont engendré des livres

nouveaux.

Faut-il véritablement s’en offusquer de cet échec ? et

prétendre qu’une atroce malédiction avait plané sur mon crâne ? ... Il

faut accepter avec résignation et objectivité ce ratage, et prétendre

que d’autres avant moi, possédant des qualités littéraires infiniment

supérieures aux miennes ont connu des refus cinglants.

426


*

Je n’ai jamais été spécialement artiste ou littéraire, vivant

avec la nécessité de produire ou d’échanger avec autrui, faisant du

zèle à droite, à gauche pour rencontrer X ou Y. D’ailleurs, je dois

reconnaître qu’autrui s’est très peu soucié de moi. J’ai offert,

proposé, donné des plaquettes, des manuscrits, des dactylographiés,

des spécimens, jamais ô grand jamais, je n’ai vu chez l’interlocuteur

un quelconque intérêt pour ce que je lui soumettais. Les écrivains

doivent avant tout se soucier d’eux-mêmes, de leur gloire, de leur

génie, de leur immortalité - c’est le : moi, je sais ce que je vaux, mais

l’autre m’indiffère. Le contact assez difficile, mais courtois le plus

souvent, n’engendrait pas une volonté chez l’autre de me revoir, de

discuter encore, de relancer ou de lancer un début d’amitié. Je n’en ai

par souffert réellement, travaillant avec des Ombres, avec leur

grandeur, je veux dire Les Pléiades. Et j’avoue qu’un Rimbaud,

qu’un Baudelaire avec leurs écrits, avec leurs biographies, leur

contact quotidien de bureau ou de table me semblaient plus proches,

plus vrais qu’un grand nombre de littéraires dont j’avais pu serrer la

main.

427


Nobel

Valéry était un Nobel tout désigné. Son œuvre, sa

symbolique dégagée de toute considération financière méritait

quelque part l’intérêt du jury de Stockholm. Claudel, plus dirigé, à

l’influence religieuse certaine, était beaucoup plus discutable quoique

... ce qu’il a fait pour le théâtre sa puissance et son génie, aurait pu lui

conférer l’attribution royale. Et le jury ayant pris conscience, un peu

tard, de ses deux bévues n’aurait pas balancé longtemps en résignant

Perse de crainte de se tromper une nouvelle fois. Quant à Malraux,

balançant avec Beckett, le jury a préféré l’audace et le risque à la

sécurité qu’offrait notre grand écrivain.

Littérature comparée

Les comparaisons ne se font pas à travers les siècles, mais ce

font sur des époques identiques

Vir-Homè

Ra - Cor

Radi - Rim

Sten - Flau

Pas - Des

Euripide - Sophocle

428


ce qui veut dire ...

qu’à certaines périodes, il est possible de développer son

cerveau d’une certaine manière.

D’où l’importance de l’aspect extérieur, du contexte.

Confession

Il est vrai, je n’ai jamais été capable sur la période de

jeunesse, et sur la période adulte quelques années plus tard d’associer

l’acte d’écriture au comportement artistique voulu. Côtoyer autrui,

discuter, appartenir à des clubs ou à des associations, partager en

quelque sorte son quotidien avec l’ami, le confident ou le frère m’a

toujours semblé quelque chose de puéril et d’inconvenant. Je n’ai

jamais ressenti le besoin d’échanger, d’exprimer la réalité du moment

ou d’étudier le concept littéraire de l’autre. Car mon immense pâture

a toujours été la lecture des chefs-d’œuvre classiques. J’ai vécu en

quelque sorte avec des auteurs morts et me suis imprégné de leurs

œuvres, plus d’ailleurs que de leurs biographies qui me semblaient le

429


plus souvent incongrues de pénétrer. Je n’y voyais qu’un effet de

voyeurisme déplacé et refusais d’aller outre. En revanche, l’étude du

poète Arthur Rimbaud est difficile à séparer de son comportement de

vie. Mais j’avoue que le pinaillage dans le détail où des analyse

sordides sont possibles, me laissent assez indifférent.

Je suis donc resté assez sauvage, assez offside c’est-à-dire à

côté, sans véritablement m’engager auprès de personnes physiques.

J’ai vécu dans une sorte de cocon ou tour d’ivoire pour employer une

expression connue.

Inflation de G.P.

Demazet parle de Heurtebise* et lui décerne l’identité de

grand poète, idem avec Hetzel, Clairvaux, et Franck Lozac’h.

Ma liste semble plus restrictive, j’ignore même si des

littéraire arrivés comme Roubaud, Deguy, sont en vérité des G.P.

C’est le temps, c’est l’utilité, l’emploi d’autrui qui décidera

de cette pseudo certitude.

430


Il faut être grand poète devant l’Éternel. Est-ce suffisant

pour être édité par Gallimard ? ...

c’est plus sûr.

Deux Dieux valent mieux qu’un. Dieu et Le Saint Esprit ...

Ça risque d’être un peu court pour Gallimard ... toutefois.

* Vital.

431


*

Je n’ai jamais été spécialement distant, sauvage, refusant à

tout prix quelconque relationnel poétique ou artistique, mais je dois

reconnaître que je n’étais pas un homme de mon temps, intégré dans

un principe littéraire déterminé, désireux de participer à tel ou tel

mouvement de mon époque. J’ai essentiellement produit en

exploitant les auteurs de La Bibliothèque de la Pléiade, c’est-à-dire,

des ultras classiques, des gens tombés dans l’immortalité de

l’écriture. J’y ai ajouté tous les autres classiques exploitables ou

possibles à trouver dans les collections basiques bon marché. Cela

représentait déjà des centaines d’ouvrages, de chefs-d’œuvre à lire ou

à intégrer.

Vingt ans après se sont écoulés et je puis dire

qu’aujourd’hui je travaille avec des auteurs confirmés mais vivants,

tels Roubaud, Deguy et Bernard Noël. J’ai même téléphoné à

l’Académie française pour qu’ils m’envoient la liste des quinze

derniers lauréats du Grand prix de poésie.

Demain, parviendrai-je peut-être à écrire avec de jeunes

auteurs remplis de zèle et de vitesse, quand je ne serais plus qu’un

vieux monsieur gris et tremblant ?

432


La grande poésie

ou du moins ce que prétendent les critiques en analysant la

poésie moderne - la définition qu’ils en donnent n’a que peu

d’importance. Ils disent : Monsieur Untel est - grand poète, il produit

de la grande poésie.

Le problème réel est de savoir ce que vaut son travail -

exemple. Que vaut Guillevic face au Directeur du CERN, face à un

Nobel de Physique, - quelle est sa compétence, son aptitude, ses

limites, ses potentialités ? Qu’a-t-il réellement fait ? À quoi sert-il ?

Son utilité ? Sa convertibilité ou utilité sociale, en création de

richesse ?

Lui-même quand il pense, que vaut-il ? Le poids de son

esprit, de son âme pour employer un langage poétique ?

Moi, je le prétends, le poète est peu, est faible, se situe en

dessous, et jamais on pourra intégrer la complexité du haut technicien

ou de l’homme de science. Ce qu’il fait est quasiment inutile. Il

prétend, il croit, mais cela est de la prétention stupide. En vérité, il est

assez nul, et est jugé comme tel par le public, par les médias qui le

rejettent, et n’en ont que faire !

433


Il y a pourtant une solution, c’est le travail, c’est l’emploi de

lettrés à temps plein dans le secteur poétique.

valeurs.

C’est l’exploitation de leur intelligence en synergie de

Lisez un poème, où est la difficulté ? En quoi cela peut-il se

comparer avec un téléphone numérique ? C’est en dessous, n’est-ce

pas ? C’est Moyen Âge, c’est passé, c’est dépassé, c’est sabots ou

fer-à-cheval, c’était utile, comparable autrefois, mais aujourd'hui cela

n’est plus, fini, ne m’intéresse plus, etc.

Autrui

L’outil autrui ne m’est guère utile. Je n’ai pas besoin de

l’autre dans sa façon, dans son apparat, sa manière d’être ou de se

comporter. Je ne l’utilise qu’à des fins d’écriture, de production,

d’extractions. Cela est détestable de penser de la sorte, d’oser

l’inscrire ... et pourtant. Je ne parviens pas lors du contact de la

conversation, à comprendre, à m’imprégner de sa substance, il n’y a

que superficialité, qu’insignifiance, qu’apparat, que volonté de

statuer sur une pseudo personnalité. C’est le plus souvent une image

434


détestable et fausse. Ma préférence va au livre, et la capacité

personnelle pour tenter d’intégrer sa propre vérité.

Avec la parlote, il y a gaspillage ; avec l’écrit, il y a

l’instruction. Et je ne parviens pas à comprendre comment le

relationnel artistique s’avère si nécessaire pour la grande majorité de

mes contemporains.

Bis repetita

Ce que je puis détester, c’est cette mauvaise foi devant la

vérité, c’est l’accumulation évidente de preuves, de constructions

impeccables, responsables et certaines, et toujours le mensonge en

échange. Le non, non, discret et moqueur, “ il se trompe, cela n’est

pas ”, et pourtant c’est l’œuf et le bœuf, c’est gros, c’est énorme. Je le

répète, la poésie obtient des résultats inférieurs aux résultats

mathématiques. Elle si situe en dessous, ne peut comprendre, ne peut

suivre, n’offre pas les mêmes possibilités de développements

intellectuels.

Et les poètes festonnent, ricanent, ondulent, continuent à se

prendre, se surestiment dans leur prétention circulaire,

s’autoproclament, se gargarisent d’eux-mêmes, se lisent et se relisent.

435


Aucun ne peut envoyer un homme sur la lune quand toute la NASA

résoudrait le problème du sonnet.

Mais comment leur dire ? Comment oser penser froisser les

ailes de ces papillons ? Car ces messieurs sont ultrasensibles, se

vexeraient. Pourtant l’immense majorité des gens prétend qu’ils

écrivent des conneries, des fadaises et des insignifiances. Mais

taisez-vous. Il se pourrait qu’un inconnu se soit glissé dans votre

entourage, et vous en veule d’oser vous exprimer de la sorte ...

Note poétique

Eluard le grand poète, avait en lui une équivalence de grand

peintre surréaliste.

La pensée de René Char intègre une vérité, une analyse, une

nouvelle définition de la réalité, de sa réalité et en ce sens, le poète

égale le philosophe. Il perçoit une vérité, et il l’exprime dans un

nouveau langage.

Aragon était un intellectuel.

436


Je veux dire : le G. P. n’a pas constamment une personnalité

méprisable, et pourtant le public le rejette et l’ignore. Ce qui est

dommageable pour l’image de la discipline littéraire.

*

Se prévaloir d’obtenir un résultat extraverti dans le secteur

poétique découle d’une fable utopique.

En poésie, rien n’est possible. Nul ne veut éditer, nul ne veut

lire, cela n’intéresse personne. C’est le “ Allez voir ailleurs, cela ne

me convient pas ”, c’est le “ Je ne lis pas, j’ai autre chose à faire. ”

Courir, faire du zèle, avoir la bouche en cœur, faire le gentil,

le caressant, ses civilités, etc. Pourquoi ? Se transformer en un petit

télégraphiste zélé ! Pourquoi ?

Je dis : il faut considérer les structures réelles de la poésie,

n’en rien attendre, mais travailler pour soi avec l’espoir, l’espoir que

quelqu’un daigne un jour jeter un regard condescendant sur votre

travail. Et cela est bien suffisant.

437


Ce n’est pas raté : c’était impossible. C’est traverser un

désert de 500 km avec une cruche d’eau dans la main. C’est la mort

assurée, c’est l’échec de Baudelaire, de Mallarmé et confrères. Mais

leurs vraies réussites, c’est encore leur ouvre, leur postérité, leur

génie reconnu, utile, transmis, puits de pétrole, moyens

d’apprentissage et de pénétration.

*

C’est vrai, je n’ai jamais pu réellement être un artiste, un

poète vagabond, un être léger insouciant, rêveur, cherchant amitiés et

longues conversations pour débattre sur tel ou tel auteur.

J’ai travaillé avec des livres - rarement avec des biographies

de littéraires morts. Et le paradoxe de mon écriture, c’est que je n’ai

eu besoin d’accomplir des relations artistiques pour développer mon

aptitude. Le progrès s’obtenait par analyse comparative, par volonté

utopique d’imiter les meilleurs, pas cette constance de désir de

produire, de changer, - transformer, en vérité par le souhait incessant

de se construire.

J’ai donc délaissé tout le volet relationnel. Mais sur

Montauban, sur Toulouse, aurai-je réellement eu la possibilité de

438


côtoyer des littéraires utiles à ma formation ? Entendez-moi, je ne

critique pas leur potentialité, je ne sais pas la juger.

Mon système basé sur une maximisation de soi, sur un effort

soutenu et constant d’apprentissage, de productivité, de rentabilité,

un jargon détestable qui aurait fait se hisser les cheveux sur la tête de

plus d’un poète, ne répondait en rien aux critères, aux méthodes

d’autrui. Je l’ai très vite compris, et j’ai préféré appliquer mon

principe détestable peut-être égocentrique, mais que voulez-vous ! Il

me fallait agir. Et le temps, la vitesse de l’autre ne répondait en rien à

mes exigences.

J’étais un auteur d’abondance et non pas de relationnel, de

causeries, d’échanges. J’étais dans l’action de moi-même, accaparé

par mes propres problèmes de formation, de déshabillage de

structures, de compréhension de l’invisible. J’avais besoin de

découvrir, et je savais qu’aucun poète ne m’aurait aidé à pénétrer les

lois et les règles cachées. La plupart ignoraient totalement à quoi je

faisais allusion lorsque j’essayais de leur en parler.

439


Journal 98

La poésie n’y parviendra pas, elle n’en a pas les moyens.

Son écriture complexe, fermée, élitique, inaccessible, ne peut s’ouvrir

au plus offrant.

Elle est à côté, agréable divertissement, oui, oui, on sait,

essayez-vous à quelque chose, nous vous comprenons, et nulle vérité,

nulle utilité réelle. Vœux du baptême.

Je me sais impuissant, incapable, inapte. Même en

poursuivant les meilleurs, je ne puis. Et je comprends la

mathématique, et là, c’est atroce, horrible. L’écart est trop important

si je puis comparer les deux disciplines.

*

Ce qui m’angoisse ou me laisse perplexe, c’est encore cette

analyse détestable que je puis avoir de la poésie, la toisant fort en

dessous de ce que l’on peut faire aujourd’hui dans notre civilisation.

Il s’agit peut-être d’une gageure de ma part, d’une incapacité réelle à

discerner avec objectivité la réalité de la chose, mais j’insiste, et ne

440


vois dans la poésie aucune possibilité réelle à concurrencer les autres

secteurs de l’intelligence ou de la créativité humaine.

Comme l’on parle de “ vieille race ”, “ de décadence ”, je ne

puis voir dans la poésie de moyens d’aller outre. Je ne prétends pas

que la poésie n’avance pas, elle avance mais certainement pas à la

vitesse de la science ou de la technique appliquée. Sa croissance est

fort raisonnable, cela va doucement, cela s’essouffle et le progrès est

le plus souvent imperceptible.

*

L’art poétique se caractérise selon Valéry par une

“ Sensation d’univers [, par] une tendance à percevoir un monde ou

un système complet de rapports. ”

Le poème prétend aussi intérioriser le réel, et le transformer

à sa convenance, selon son ordre, sa vérité et son système - principes

dont on pourra douter qui ne reposeront sur aucune vérité rationnelle,

mais qui seront perçus par la confraternité sensitive.

“ Je perçois les mêmes choses que vous ”,

et ils sont peu les amateurs d’art à s’exprimer de la sorte.

441


*

Comment les poètes amateurs pourront-ils relever le défi des

scientifiques professionnels ! Quand le moment sera donné de

comparer les valeurs réelles, absolues, comment l’intelligence

poétique pourra prétendre accéder aux complexités de l’aptitude

scientifique ?

Les produits organisés, obtenus, de la technologie auront

atteint un degré tel que les plaquettes des artistiques seront des pets

de lapin, des résultats insignifiants, en comparaison.

*

L’aptitude poétique ne permet pas de pénétrer la complexité

scientifique, comment pourrait-elle ajouter sur la science ? Elle se

situe en dessous, hélas !

*

Le poète ne possède pas la complexité de la pensée propre

au philosophe. Discours plus simple qui passe par le sensible, le plus

souvent, proche des peintres, fabrique des images.

442


Le philosophe au langage plus difficile.

Le poète produit un fruit, esthétique, sucré, rempli de soleil,

avec une structure interne complexe. Le lecteur mange le fruit, en tire

de la saveur, et cette saveur déterminée est nourriture indirecte,

nourriture toutefois.

(CF les Grenades PV)

*

Le jeu d’épreuves des Fleurs du Mal annoté

substantiellement de la main de Baudelaire est monté à 3, 2 millions

de francs 98 à Drouot. L’État a prélevé.

Il y a quelques semaines sur une télévision française, l’on a

vu une machine capable de reproduire à 1 ou 2 exemplaires des

ouvrages rares et fragiles. Ces copies sont mises à la disposition des

chercheurs ou des universitaires.

443


Rajouts 99, 00 et 01

La poésie m’est toujours apparue :

Marginale, inutile et de faible portée.

Cet outil “ obligatoire ” m’a constamment apparu d’une faiblesse

sociale aberrante. Est-ce seulement un agréable divertissement pour

les beaux esprits ?

*

Rencontré Demazet que je n’avais pas vu depuis près d’une

année. N’a que fort peu changé, a un peu grisonné, du poids peutêtre.

J’essaie de lui montrer mon CD ROM 98, fait semblant de ne pas

le voir, se tourne vers son armoire et en sort des livres édités par

ROUGERIE, qui ne sont pas même massicotés. Cherche

véritablement à évincer les techniques nouvelles d’édition, et se

positionne sur la façon ancestrale d’imprimer des textes. Considère

444


toujours le livre comme étant un bel objet, mais ne semble pas se

soucier de savoir si le contenu vaut l’habillage :

Pourquoi mettre un petit pois dans un écrin de satin ?

Vient tout juste de sortir un nouveau bouquin à compte d’auteur

que j’ai entrevu dans son armoire, dont il n’a pas voulu me faire la

primeur. La fixation sur son nouvel objet doit expliquer le rejet qu’il

s’impose concernant un produit autre et différent.

“ Le mien est bien, le vôtre ne m’intéresse pas. ”

Difficile d’engager la conversation sur les grands poètes, me

parle de Patout et de Christine Mottey auxquels il consacrera un

numéro spécial Montauriol. La prétend “ grande ”.

Je l’interroge sur le problème des banlieues, des arabes, et lui

demande ce qu’il en pense. Se positionne sur la raison de

Chevènement et dit qu’il faut punir. N’envisage pas le retour, mais

parle d’une république en danger, toutefois.

L’heure tourne, arrivé à 18 h 15, j’en ressors à 19 h 10, lui jurant

de payer ma cotisation de 100 F pour la revue.

445


Jabès

L’œil de l’aiguille est crevé par un fil.

L’étang invente la volupté de dormir sur soi-même.

Rivés à elle, les forçats, en marchant, font tourner la terre. On

reconnaît le mort à l’arrêt qu’il provoque en tombant.

Une ombre dans le désert est synonyme de vie.

Et tant d’autres. Superbes idées ou remarquables aphorismes.

Production

Ce qui semble difficile avec la production poétique, c’est de

constamment parvenir à renouveler son système d’inspiration. Quoi

que l’on fasse, quoi que l’on essaie d’obtenir, on ne propose le plus

souvent que des variables ou des dérivées de soi-même. Les grands

thèmes de son écriture sont déjà exploités, et penser, repenser

autrement c’est toutefois travailler dans une même tendance, avec

une même couleur. Il faut donc éviter d’être ennuyeux, et cela est

quasiment impossible.

446


L’on prend véritablement conscience que le système

d’exploitation ou d’extraction de la pensée obéit à des règles et des

lois totalement différentes de celles employées pour l’écriture de

roman ou de la prose. Il y a principe de synthétisation de conglomérat

intérieur qui permet à la structure de sortir ou d’arriver quasi

nettoyée. C’est une sorte de miracle qui n’en est toutefois pas un,

mais doit obéir à des principes cachés encore inconnus.

Ce qui peut expliquer les faibles quantités proposées par les

poètes. J’étais sidéré d’entendre Philippe Sollers, prétendre que

Dante était le plus grand écrivain Italien, tandis que ce dernier ne

possède en quantité qu’un seul volume de Pléiade. L’on me

rétorquera que la quantité ne fait jamais bon poids, ce qui est parfois

vrai, l’on observe toutefois une inspiration exceptionnelle chez les

numéros 1 tels Balzac, Hugo, Picasso, Mozart, Einstein. Il y a à la

fois richesse et variété dans l’œuvre obtenue.

*

Comment eût été considéré Balzac s’il n’avait produit que 5

livres ? Et Victor Hugo si son œuvre poétique s’était limitée à 10 000

vers ?

447


Je vais vous le dire : on aurait comparé Balzac à l’auteur des

Diaboliques en prétendant que l’autre était plus pénétrant, plus subtil

dans son écriture. Et Victor Hugo à Leconte de Lisle, mais il n’aurait

pas été possible de prétendre VH à la première place de la poésie

Française.

Certains s’offusquent de l’abondance, mais l’abondance associée

à la diversité dénote un esprit puissant et riche, inspiré, solide et

travailleur. Il ne faut donc rejeter et mépriser comme un dandy du

XIXe ou comme un nobliau tuberculeux et fragile s’essayant à l’art

de l’escrime ou face à un pirate assoiffé de sang.

*

La suffisance d’autrui n’est pas ta nécessité. Ne t’en réfère pas à

la capacité de lecture, ou d’assimilation de l’autre pour déterminer ce

qui doit être ton travail, ta production ou ton Œuvre.

Car l’Autre prétendra toujours que tu as bien assez, s’en référant

essentiellement à sa capacité de mémorisation. Car pour l’Autre, ta

place dans son estime, c’est 1 parmi 100 000. Il ne t’accorderait que

quelques pages, ce qui, en vérité, est logique, si l’on considère ce

qu’il lui faut savoir, apprendre et utiliser.

448


Gide

Gide ?

A-t-on proposé une étude psychanalytique de la sexualité de

Espace du multiple, du dialogique, de l’ambivalence œuvre-vie.

Madeleine : passion exclusive qui passe par la dénégation de

toute relation sexuelle.

L’originalité du roman, qu’on retrouvera de manière presque

analogue dans La Porte étroite, c’est le pari par lequel le

renoncement du désir apparaît non point comme refoulement du

corps mais comme demande d’une relation d’autant plus absolue et

totale qu’elle évite la dimension sexuelle.

Autre événement radical : Madeleine brûlera toutes ses lettres

(ce qu’il avait de plus précieux au monde) en apprenant le départ de

son mari pour l’Angleterre en 1917 avec son amant, Marc Allegret.

Les Faux Monnayeurs : le livre se caractérise surtout par la

technique radicale de la “ mise en abysse ”, déjà expérimentée

précédemment : le roman dans le roman. La narration tourne

449


circulairement sur elle-même puisque son personnage principal,

Edouard, écrit une fiction, - Les Faux Monnayeurs - sans y parvenir.

Ce jeu de miroirs n’a rien de gratuit ; il a pour but d’introduire dans

l’univers romanesque ce que Gide appelle : “ indice de réfraction ”

qui permet à la fois de déjouer la linéarité de l’intègre et

d’introduire tout un jeu de distanciation dans la perception du

lecteur. Cette technique fait de Gide le véritable fondateur du roman

moderne, tout à l’opposé du roman psychologique ou naturaliste.

Elle sera reprise par le nouveau roman, qui en fera le moteur d’une

révolution esthétique.

L’écriture couchée revient à Eric Marty, chercheur au C.N.R.S.

Ce que les contemporains peuvent retrouver en lui, c’est, audelà

du moraliste et de l’immoraliste, une écriture totalement ouverte

à l’énigme du désir, au questionnement sur soi et à la mobilité

perpétuelle de l’être.

*

Deguy - un cérébral incohérent, mallarméen, philosophique.

Mécanisme cérébral totalement nouveau.

450


N’est pas capable de faire du beau.

N’en a pas besoin.

Construit de nouvelles phases, de nouveaux concepts.

Créer un centre d’études poétiques

Deguy

Mallarmé

Valéry

Rimbaud jeunesse, audace, risque

Le son, la grammaire, le plan P, l’espace d’écriture.

La convertibilité en d’autres arts,

en d’autres sciences,

etc.

Aller outre, ajouter

La poésie est :

marginale, obsolète et inadaptable.

*

passée et dépassée - has been

451


*

Plus producteur d’écriture que poète. Peu enclin au relationnel

artistique. Y perd son temps. Fadaises et niaiseries. Petits souliers et

politesse, courtoisie de salon.

Travaille avec le Livre, les livres, les livres d’autrui, leur

substance, pompe, dérive, prolonge, poursuit, construit, développe,

envisage, suppose, prétend, investit, vérifie, se déplace, se redéplace,

prétend concevoir, cherche ailleurs, en math, veut un principe

évolutif, pense rock, punk, grunch pour ajouter, déplacer, voudrait

transférer cela sur le principe poétique, admire Van Gogh et Sex

Pistols, eux au-delà, différents, sait Rimbaud, rêve d’un nouvel

espace en mathématique, quelque chose d’énorme comme les

probabilités de Pascal.

*

Je ne me suis jamais réellement senti poète à rencontrer des

artistes, à vivre d'une certaine manière etc. J'ai essentiellement

produit ou travaillé de l'écriture, et dans cette écriture il y avait

également de la poésie. C'est assez subtil, je crois qu’il est toutefois

aisé de comprendre ce que cela signifie.

452


J'aurais pu tout aussi bien travailler de l'économie, du roman ou

de la mathématique,- c'est acte d'intelligence, d'élan mental.

Egalement - Le contenu des poètes du vingtième siècle ne

m'était pas utile. J'étais plus enclin à étudier de l'Antiquité, de la

Bible, du Coran, du dix-septième ou du dix-neuvième... Alors ?

Pourquoi s'encombrer d'outils que l'on n'utilisera pas ? Ou dans la

suite peut-être, mais dans l'instant - non ! Alors pourquoi ?

*

Est-il réaliste d'espérer obtenir un résultat dans le domaine

artistique ? Ma poésie a-t-elle un avenir terrestre ? La réponse semble

"non", hélas ! Je m'en irai, en laissant peut-être sur le WEB ma complète

accessible à tous, en supposant que le Site ne sera pas évincé

rapidement. L'ensemble est à la Bibliothèque Nationale de France. Je

trouverai d'autres structures d'accueil, -des Médiathèques- certainement.

Mais que faire ? Subir ! Comme tant d'autres ! Qu'en sera-t-il de la

distribution et de la hiérarchie, là-haut, plus loin ? Une immense

révolution avec de monstrueux oublis, en espérant d'exceptionnelles

séances de rattrapage...

453


*

Que peuvent les poètes face aux hommes de science ?

Intelligence pure

Comment les hommes de science considèrent-ils le travail des poètes ?

*

La théorie des Oubliés

Existe-t-il un patrimoine littéraire, pictural, musical, scientifique qui

croupirait chez les particuliers dans des caves ou des greniers, et

n'aurait jamais pu être accessible à l'ensemble - refusé, rejeté par la

critique, oublié dans les aléas de l'existence ?

Pour les poètes, cela semble possible. Mais pour les mathématiciens ?

Pour les inventeurs, certainement. De grandes idées n'ont peut-être

pas connu les applications quelles méritaient.

Ô génies inconnus !

454


*

La puissance d'écriture est en contradiction avec le relationnel

poétique.

D'un côté, l'on déploie une force cérébrale imposante avec des

applications lourdes, de l'autre il ne s'agit que de civilités, de grâces

aimables et sourires courtois.

*

Des poètes. Chacun bat sa propre monnaie, et se prétend riche

comme un petit seigneur dans sa Cité. Mais nul ne veut de sa

monnaie, et elle n'est pas convertible en quoi que ce soit.

*

Je n'ai jamais spécialement dû apprécier le relationnel artistique - les

uns, les autres, les discussions insignifiantes, les paroles de salon, les

m'as-tu vu, les petites phrases, etc. J'y perds mon temps, je m'y

agace, - c'est du maniérisme de préciosité, de la fausse éducation avec

des " je vous présente "... Ha ! bonjour... enchanté etc.

455


Je travaille avec des auteurs - des livres - des Pléiades, des

Collections construites, je prends, j'exploite, j'applique, je dérive -

activité cérébrale -

*

Plus producteur d'écriture que poète. Ne ressens pas l'utilité du

relationnel.

Me gaspille avec autrui, me construis avec les Livres.

Côté littérature, battre des ailes ou faire le pan... Pas tellement mon

truc.

Cherche essentiellement à ajouter, extraire, dériver, condenser,

déplacer, reconsidérer, prétendre.

Avec du risque, de l'audace intellectuelle, du " autrement ", du" plus

loin ".

456


*

Quelle affreuse incompréhension ! Ce rejet éternel, cette incapacité à

offrir un travail poétique aux éditeurs qui puissent leur plaire. Je

n'aurais jamais cru que le domaine littéraire était si difficile à percer.

Je pensais qu'une sorte de logique basique de vérités et de bon sens

aurait suffit à crédibiliser son aptitude. Je n'ai jamais connu un si

grand décalage entre une vérité et une perception de vérité. C'est

Brigitte Bardot qui passe pour un laideron. Inexplicable !

Misère de l'être humain qui quémande le savoir et constate son

impuissance !

Nature de l'homme : - que puis-je ? et c'est la fin.

L'immense désarroi : cela et rien de plus.

Douleur, tristesse et conscience du rien, de l'insignifiance, du peu.

Grand Cri de désespoir.

457


*

- Que peut-on faire ?

- Il n'y a à rien à faire ! C'est passé, dépassé, cela n'intéresse plus

personne.

Vouloir s'activer, courir à droite, à gauche, - cela n'engendre rien.

C'est la poule qui bat des ailes et veut apprendre à voler ! Nulle

possibilité, nulle chance !

Ca ne marchera pas. C'est la galère inutile. C'est agir pour ne rien

obtenir. Il suffit de comprendre. C'est simple.

*

Relationnel poétique : maniérisme et courtisanat de salon. J'y perds

mon temps. De plus, ils n'ont aucun pouvoir. Cela ne débouche sur

rien de concret. Et le niveau de discussions est faible. Alors ?

Le problème est de parvenir à crédibiliser sa vérité poétique.

Comment mettre dans la cervelle l'Autre la perception vraie de

l'objet littéraire ? Comment peut-il se dire : " Bien sûr, cela est. Il n'y

458


a pas de doute. Je suis dans l'évidence. " Car il prétend le contraire, il

lit, analyse, réfute le texte proposé.

*

Tu veux te soustraire de l'obligation poétique, de

l'affreuse nécessité de rencontrer les uns et les autres, d'accumuler les

niaiseries et sourires de politesse, d'aller la bouche en fleur, gentil et

bien propret. Toi, ton principe, c'est de produire, de travailler par

frottements, d'exploiter l'autre, le génie - le grand frère, ou le maître

es lettres. Tu en as tiré des livres avec le concours indirect d'autrui.

Ce sont des béquilles ou c'est un chevalet !

Te voilà donc satisfait dans l'immense solitude de toimême,

jouissant uniquement de ce monologue de circonstance !

bravant tes interdits, te permettant d'aller outre sans être dans la

nécessité de devoir la moindre justification à quiconque ! Mais cet

isolement, ce principe autarcique dont tu te repais t’éloigne du monde

vaste et coloré de la littérature française ! tu perds des amis d'une

importance extrême, qui te conseillant, t'expliquant

tes défauts t'auraient permis de rectifier le sens de ton travail !...

459


Rien n'éveille en toi la soif de partager, de donner, de lire,

d'assister à des réunions, - de t'investir auprès d'autrui. C'est ça : tu es

un autocrate, un nombriliste satisfait d'un onanisme cérébral.

Tu devras payer. Le prix ? - L'immense oubli, le rejet, le

livre fermé, le cédérom dans son emballage, le" Je-ne-veux-pascliquer,

cela ne m'intéresse pas ", et toi sur ton rock de solitude,

tambourinant avec tes petits poings de poète, tu soupireras : " Je suis

un incompris ! je suis un incompris ! "

*

Me prétendre posséder des idées serait fort audacieux de ma

part ; je n'ose écrire que des lancées giclent ici et là, et m'imposent à

appliquer les faibles ressources dont la nature m'a doté. Je n'existe

que par mes incapacités : - incapacité à obtenir un bonne page

littéraire ; - incapacité à crédibiliser mon produit auprès d'autrui. Je

suis un détestable raté, nourri à la sève de l'égocentrisme,

constamment absent. Et voilà pour la malédiction ! et la damnation,

peut-être !

460


Je n'ai donc nul espoir, nulle possibilité de me mieux

faire - têtu et breton, je le resterai !

Pourtant combien d'années d'abstinence, de nuits dans

l'espoir utopique d'obtenir un quelconque résultat ! Et pour toute

réponse - le rejet, le refus, le mépris de l'autre ! Quel autre ? -

L'éditeur, évidemment !

Voilà un mal désespéré qui continue à se nourrir de sa

propre souffrance. Il n'a rien à écrire, disent-ils indirectement. Tout

cela n'est que foutaises et insignifiance ! Qu'il aille voir ailleurs !

Je me mets à côté, en marge, - j'avance à ma vitesse,

je ne pénètre pas la stuc ture littéraire d'accueil. Je vis dans mon

délire poétique, piétinant, prétendant, supposant je ne sais quelle

aptitude ou capacité dont nul n'a que faire. Je me gave de mes livres

pour finir par une indigestion de moi-même ! Encore de pures pertes,

et des attentes infinies !

L'indifférence de l'autre ?... Je parviens à m'y

habituer. Je détermine les faiblesses de mon pouvoir. Suis-je naïf ou

cynique ? N'ai-je pas uniquement décidé de m'en référer à ma propre

logique, sans l'autre, sans les autres, sans les critiques ?

461


*

Il est facile d'être un grand poète, il est difficile de

transmettre cette vérité à autrui.

Facilité d'être, difficulté d'apparaître.

Je n'étais pas artiste, relations de salons, contacts avec

les uns et les autres, potinière et concierges, - j'étais celui qui produit,

qui extrait hors de soi de la substance d'écriture.

Autrui existait évidemment mais par son Œuvre, par

son Génie, par son aptitude à m'offrir des références d'imitations et

d'apprentissage.

Je ne tirais aucune utilité du relationnel littéraire, seule

la Pléiade était moyen d'avancée personnelle. Je dis Pléiade, mais

j'entends également Gallimard, ou tout nom important de la littérature

française ou mondiale.

Je travaille avec - Paz, Celan, Zanzotto, Borges, Cluny

etc. avec des ouvrages, des recueils, mais les hommes m'indiffèrent.

462


La Muse du poète ne se soucie guère de la réalité. Le

poète moins encore. C'est essentiellement la partie imaginative,

audacieuse et risquée qu'il doit exploiter. La redite de la Nature,

l'observation du vrai et son application par l'écriture, même dotée

d'un style remarquable ne sont que des représentations d'imitation.

Cela est compris et entendu mais la matière ainsi redéfinie n'a guère

d'avenir de lecteurs.

Il faut supposer de nouveaux concepts, inventer, quitte à

passer pour un incompris. Ça casse ? - Tant pis ! Vers la tentative

intellectuelle. " La volonté d'ajouter et d'aller outre. " Personne ne

comprend, personne ne suit ? Qu'importe ! Sont ici les changements

et de l'évolution.

*

Mauriac écrivait que la vanité des poètes venait de leur

incapacité auprès d'autrui à se crédibiliser à leur juste valeur. C'était

effet de compensation - volonté de faire voir - se placer au-dessus

pour trouver sa place réelle.

Un environnement défavorable annihile une œuvre, la

réduit aux fruits de l'arbre torve, - maigreur du tronc, acidité des

463


fruits, produits ratatinés sur eux-mêmes. La grasse terre, le bon

jardinier c'est la certitude et la jouissance de l'abondance - c'est la

beauté de l'équilibre ! Le règne d'un Parfait. Bel arbre, je te

contemple !

Les bons écrivains font de bons livres

Les grands écrivains font des chefs-d'œuvre

Les génies n'écrivent pas toujours de bons livres,

pas toujours de chefs-d'œuvre, mais la patine de leurs

écrits se transmet aux générations futures qui s'instruisent,

s'aiguisent, ajoutent sur ce qui est.

*

Quel est le but de la fausse sympathie dans le relationnel

poétique ? Elle est un masque mensonger, et ceci est très loin de la

pureté de l'âme, du vrai littéraire, de la pensée la plus claire pour

accéder à l'idéal d'écrit.

Faut-il se complaire d'un jeu absurde, de faux semblants ?

Est-ce là la seule possibilité du relationnel de l'un à l'autre ?

464


Je rencontrais des auteurs, - je veux dire des livres. Mais

le contact poétique ne m'était d'aucune utilité.

Autre vitesse, autre quantité, autres objectifs.

*

Le poète, petit, chicane, se prévaut, persifle et méprise. Il

prétend à un rapport de force à l'idem du lutteur qui s'échauffe, se

gonfle, et veut par une impression s'imposer face à l'adversaire. Belle

intox ! qui ne dure guère, car la construction d'un combat ou d'une

œuvre nécessite de bien plus imposantes qualités.

L'isolement

S'isoler et prétendre savoir, prétendre savoir ce qu'est la vérité, ce

qu'est le réel système, la meilleure méthode d'investigation

intellectuelle ----) le prouver par l'application qui fait gain - voyez :

j'ai raison, - mais jusqu'à quand ? Car s'isoler, c'est ignorer ce qui se

passe à l'extérieur, c'est recevoir les informations autres de manière

ouateuse, édulcorée, aseptisée.

465


Quelle alarme intérieure peut prévenir pour signifier : " À présent,

c'est assez ! Retourne !

Va vers les autres. Au contact ! Côtoie. Frotte-toi ! Repense par

l'autre "

Car c'est remettre en cause le modèle fondamental que l'on s'était

construit, c'est bousculer une prétendue sagesse.

*

Faut-il côtoyer les poètes ? Les avoir pour amis ? Écouter leurs

dires ? Leurs méthodes de vie, de travail ? Leur façon de concevoir le

vrai ? -Quel vrai ? - Le leur !

Si certains accèdent au sublime du langage, l'immense majorité

patauge dans la médiocrité de l'écrit. Mais les pataugeurs se prévalent

d'être d'excellents nageurs. Et comme l'opacité entoure le critique, - il

ne peut apprécier le vrai et commet des erreurs de jugement.

Le temps sur le temps, critique après critique, analyse après

analyse - un certain dévoilement - mais est-ce certain ? - permet de

dégager une forme de vérité. Car des écrits d'une immense

importance demeurent, il se peut, cachés à tout jamais dans l'antre de

466


l'oubli. Et derrière ces écrits étaient les " vrais poètes ", je veux dire

ceux dont la postérité aurait dû être assurée.

Comment faire ? Que décider ? Il faut aimer. Aimer les rencontrer

au-delà de l'inutilité, du vrai - par amitié - pour le contact ? Mais le

public pense-t-il de cette sorte ? La désaffection pour la poésie

prouve le contraire.

*

Je peux écrire de la poésie mais j'ai de grosses difficultés à faire "

poète ", à vivre avec des artistes, à lire mes textes, à exister en public.

Je me sens " mal " avec les autres. Le contact poétique m'apparaît un

bassin rempli de couleuvres d'eau, où tout est donné à la fluidité, à la

fuite. Rien n'est rationnel, quantifiable, évident, clair. Tout est

interprétable, variable à l'infini, personne n'a réellement raison ou

réellement tord. Tout est possible dans la détermination du vrai, et le

vrai se déplace.

Ecrire de la poésie, produire une œuvre ne m'ont pas permis de me

fortifier en vérité. Je suis dans la crainte, dans le " mal " être, - je n'ai

absolument pas confiance en moi.

467


M'exprimer en public m'apparaît épreuve insurmontable. Ce qui

pose de réels problème puisque la poésie ne s'achète pas mais

s'écoute parfois dans des espaces clos. Je dois contourner le problème

en utilisant un diseur...

*

Je suis essentiellement un poète de chambre, un poète de bureau, et

je travaille avec les œuvres d'Autrui. Je lis Autrui, j'aime le toiser, le

quantifier avec sa complète, j'ai besoin de le tenir entre mes doigts

pour le comprendre. Toute sa substance créatrice est fixée là,

à l'intérieur. De nombreuses années ont été nécessaires pour obtenir

ce résultat, et j'essaie de l'accompagner dans sa démarche

intellectuelle et artistique.

Rencontrer un poète une heure, - dépenser 300-400 francs de

déplacement, aller sur Toulouse ou Bordeaux, accumuler de la

fatigue pour le plus souvent communiquer difficilement est de faible

intérêt.

J'espère peut-être par le NET et l’E-mail obtenir de nouveaux

contacts. Mais cela me semble peu. J'ai constamment eu devant mes

yeux la Pléiade ou la collection Bouquins, qui offraient des

468


possibilités étonnantes de quantification d'autrui. L'écrivain, le poète

ou le philosophe apparaissent avec leur vérité de vie, leur panorama

d'œuvre. On y trouve un ramassé, un condensé vrai qui propose le

meilleur de l'auteur. Le relationnel littéraire exprime l'indifférence, le

rejet ou le mépris. L'auteur vous ignore ne vous connaissant pas ou

étant dans le besoin de s'assumer soi-même n'accorde que peu

d'attrait à votre personnalité.

*

Je ne crois pas avoir été capable un jour d'écrire un bon livre. Ce

qu'on appelle " le bon livre ", bien vendable, conforme, construit, prêt

pour l'édition, et méritant un succès de librairie.

*

Je ne suis pas un poète de l'amitié, d'un mouvement artistique, d'une

association, - je suis essentiellement un poète d'œuvre, et j'aime les

œuvres d'autrui.

Rencontrer un poète, ce n'est pas comprendre un demi pour cent de

ce qu'il est, mais le lire, intégrer sa poétique, c'est le mieux pénétrer,

c'est aller dans sa sensibilité, dans son mécanisme cérébral d'action.

469


L'intelligence artistique est de second ordre. Ce qui importe, c'est

l'objet poétique - CAD le poème.

Il est vrai que le copinage, la présentation, la préférentialité ne

peuvent s'obtenir que dans le contexte du contact humain. Autrui

pense différemment, et intentionnellement ou pas essaie de vous

limiter à son propre système - le plus souvent attentisme et plaquette

de 200 vers tous les quatre ans.

J'évite le tortillard de la poésie pour prendre le TGV de l'efficacité.

J'aurais certainement tord quelque part, car je risque de rater des

relations importantes mais j'au un tel travail à accomplir... je suis

dans l'obligation de choisir, de décider et de sélectionner.

Il reste 80 000 lignes dactylographiées - en comptant petitement - à

numériser. Disons 24 à 30 mois de travail. Je possède encore des

centaines de feuilles manuscrites à transformer. Je souhaiterais

également produire de nouveaux concepts, agir avec des auteurs

inconnus, exploiter des sources intimes qui n'ont pas pu être captées.

Je poursuis l'évolution de l'œuvre, et je prépare mon Site WEB sue

lequel je vais proposer une quarantaine d'ouvrages.

Où trouver le temps de la causette ?

470


*

Faut-il vivre avec les poètes ? Appartenir à des associations ?

Accomplir de l'action littéraire ? Être, développer un mouvement ou

se construire soi-même ?

Faut-il faire Œuvre, ou appartenir à son temps ?

Dépendance ou indépendance - l'un et l'autre par alternance ? Estce

compatible ?

Les îlotiers, les nombrilistes, les masturbateurs cérébraux.

Toute grande œuvre se conçoit dans la solitude.

*

Faut-il converser avec les poètes ? Et avec lesquels d'ailleurs ?

Quand je songe à mon ignorance, à mon passé avec ses trous de

gruyère ...

471


L'esprit me dit : jette-toi vers l'avenir. Conçois avec des supports

nouveaux. Discute, vis, rencontre...

La pensée synthétique répond : Comment, avec qui et pourquoi ?

*

Un poète ne pourrait-il pas signer des lithos de poèmes à un nombre

limité ?

*

Wislawa Szymborska

- Aimable badinage - le plus souvent esprit prose - C'est

l'organisation du texte qui prétend vers*. Mais l'ordre des mots, le

contenu ne semblent pas poétiques. Esprit de travail de manchettes,

de " et toc ", - billet pour périodiques.

*Écrit en lignes inégales. De grammaire, de composition

littéraire, il n'en est point.

472


Je ne sais quelles gens, De la mort sans exagérer.

*

J'ignore véritablement ce qui resterait de mon travail, si je venais

à disparaître. La complète serait du moins accessible - enfin la

complète ou sa restriction. La poésie,

CAD le cœur vibrant de l'œuvre conviendrait peut-être. Mais nul

ne lit ce genre littéraire, alors ?

Je crois posséder actuellement 5400 poèmes :

J'entends tous recueils confondus : de L'huile fraîche à Suites/

Relances IV ~ 45 recueils

Période 1978-2000

+ Psaumes 1ère version 150

Psaumes Seconde version 150

Sourates 100

Divers 50

Poèmes de L'Ancien Testament 150

473


soit 600

Oui, une quantité religieuse importante existe également.

*

Conceptions de singularités

Qui possède le vrai ?

Le moi, le monde, les mots

C'est la manière dont est traitée la thématique qui détermine la

spécificité de l'auteur.

Cette accumulation de coups a-t-elle permis d'accéder à un niveau

dit de " Grand Poète " ?

Le poète lui-même généralement le prétend, la critique parfois.

474


- Le coup poétique

*

Une charge combinatoire synthétisée d'évocation et de sensibilité.

Le vrai sur du court ---)

Le oui-autrement.

Nécessite une grande part d'intuition et de travail de l'inconscient.

Action de l'esprit.

L'identité personnelle liée à l'introspection.

*

Les ratés prédestinés dont parlait Stéphane Mallarmé...Il est

quasiment impossible d'espérer en utilisant l'outil poétique de

parvenir à crédibiliser son œuvre auprès d'autrui. Par autrui, j'entends

le public, l'éditeur, la famille, les proches ou soi-même également.

En vérité consciemment ou à notre insu s'opère l'œuvre qui elle

prouve avec certitude et de manière irréfutable que les applications

littéraires ont fait gain.

475


La transmission du produit n'assure en aucun cas la crédibilité de

l'auteur. Mais que faire ? Faut-il se lamenter, se plaindre ou gémir ? Ou

puiser en soi une énergie toujours renouvelée qui offre une construction

durable et certaine du travail obtenu ?

Poésie : faible et peu.

*

Accélère et amplifie.

*

The poetry attitude. L'esprit de la poésie ! Quelle audace ! Quelle

outrecuidance ! Comment peut-on se prévaloir d'en pouvoir discourir ? La

poésie aux mille têtes, aux mille faces, d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

Au-delà des temps, des civilisations, des frontières - s'associant à la

peinture, à la philosophie, à tant d'autres disciplines encore, si libre et

mouvante, rigoriste ou lyrique. Qu'est-ce que la poésie ?

476


Il faut donc ouvrir les Pléiades, les Collections, écouter les

chanteurs, écrire soi-même des poèmes. Car la poésie est affaire

d'ensemble - elle est une immense mosaïque mondiale.

*

La poésie de la fin des années 70 n'était pas spécialement une poésie

de l'amitié ou du relationnel. Elle était une poésie de la formation, de

l'extraction et de l'apprentissage dans les Anciens.

Je fouille sur Internet, et je trouve un article d'Esteban consacré à la

poésie Française 50, 60,70. S'y débattent plus d'une centaine de

poètes publiés. Que seront-ils dans 30 ans ? Dans un siècle ?

Des milliers de personnes ont participé directement ou indirectement

à l'activité littéraire contemporaine en France. Elles prétendaient,

savaient, persiflaient, ironisaient, rejetaient les petits médiocres qui

honteux ou piteux leur offraient leurs recueils. Quelles traces

laisseront ces personnes ?

Puis une liste de 120 poètes plus solide composée de valeurs

certifiées : Bonnefoy, Bosquet, Butor, Césaire, Chédid, Deguy,

Esteban, Frénaud, Glissant, Guillevic, Jaccottet, Bernard Noël,

477


Pichette, Pleynet, Reda, Jean-Claude Renard, Claude Roy, Sabatier,

Stéphan, Tardieu, Thomas etc.

Qui seront les grands poètes ? Utiles, indispensables ? Qui ?

Et d'autres peut-être, rejetés, oubliés, seulement connus de l'Au-delà

possédant la certitude du futur...

*

Nul résultat poétique n'est possible sans assistance financière. Il est

vrai que certains poètes n'écrivent que fort peu, et sans difficulté

aucune peuvent exercer une activité autre.

*

Poète travaillant avec des livres - des Pléiades, des génies, de grands

auteurs, du phosphore concentré dans un volume, mais pas poète de

civilités, de causeries, de relations artistiques -

- poète de chambre, de tour d'ivoire, replié sur soi-même, à la pensée

réflective - Avec le temps, mon comportement changera-t-il ?

478


*

J’ai trouvé sur Internet l’esquisse d’un travail d’étudiant qui cherche

à classifier les différentes formes de l’imagination. Il s’appuie

également sur un ouvrage assez complexe : Les structures

anthropologiques de l’imaginaire chez Denod. Je reproduis ici

l’endroit référencé.

1992 Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Dunod, 11ème

édition, Paris, pp.480-491 La thèse de Durand est ambiguë : à la fois il

dit que le matériau qui porte les images, est inerte "le sémantique se

défait, ou se durcit en sémiologique" et aussi il dit que les figures de

style participent au dynamisme général. "La rhétorique est bien cette prélogique,

intermédiaire entre l'imagination et la raison" Voici quelques

citations donc, qui vont structurer mon travail :

"Il nous faut revenir maintenant sur ce trajet, dans lequel le

sémantique se défait, ou se durcit en sémiologique, dans lequel la

pensée se fige et se formalise. Nous avions déjà remarqué la place

qu'occupe le langage dans ce processus de formalisation, nous avons

vu que la syntaxe est au fond inséparable du sémantisme des mots.

Mais c'est maintenant que nous pouvons dégager la signification

479


d'un tel phénomène : le discours nous apparaît entre l'image pure et

le système de cohérence logico-philosophique qu'elle promeut,

comme un moyen terme constituant ce que nous pouvons appeler,

puisque nous avons adopté une terminologie Kantienne, un "

schématisme transcendantal ". Autrement dit, c'est la rhétorique qui

assure le passage entre le sémantisme des symboles et le formalisme

de la logique ou le sens propre des signes. Mais ce schématisme,

bien loin d'être selon la définition kantienne une " détermination a

priori du temps " est au contraire une détermination a priori de

l'anti-destin, de l'euphémisme qui va teinter, dans son ensemble,

toutes les démarches de formalisation de la pensée. La rhétorique est

bien cette prélogique, intermédiaire entre l'imagination et la raison.

Et ce rôle d'intermédiaire entre le luxe de l'imagination et la

sécheresse syntaxique et conceptuelle se manifeste par la richesse de

la rhétorique. […] Autrement dit, le mot n'est réel que parce que

vécu dans un contexte expressif, engagé dans un rôle métaphorique,

le sémiologique n'a de valeur que par référence au stylistique

d'abord, et finalement au sémantisme, non l'inverse. Et cette "

translation " élémentaire de toute rhétorique n'est rien d'autre que la

propriété euclidienne de translation, car la rhétorique comme la

logique s'exprime et se pense en termes d'espace. Comme c'est

l'espace qui est la forme de l'imaginaire, de l'anti-destin, c'est la

métaphore qui en est le processus d'expression, ce pouvoir qu'a

480


l'esprit, chaque fois qu'il pense, de rénover la terrminologie, de

l'arracher à son destin étymologique. Arrêtons-nous de nouveau à

l'antithèse et à son corollaire rhétorique l'hyperbole et son cortège

de pléonasmes. Nous avions déjà montré comment au sein des

structures schizomorphes s'esquisse cette rhétorique antithétique et

la logique diaïrétique de l'exclusive 1. Nous avions vu que l'exclusive

antithétique s'installe dans la représentation par grossissement,

hyperbolisation des symboles figuratifs des " Visages du temps ".

Cette exclusive issue d'un régime polémique de la représentation,

fondé sur la Spaltung, est l'âme de l'argumentation socratique,

platonicienne, aristotélicienne aussi bien que cartésienne 2, et hante

de son manichéisme implicite la majeure partie de la pensée de

l'Occident C'est pour cette raison de coutume et d'autorité que

Bleuler considère le style dualiste du " malgré que" comme normal

par rapport aux autres styles de pensée. Mais nous allons une fois de

plus montrer que le processus euphémisant par antithèse et

hyperbole n'est pas l'apanage de la saine raison. N'avions-nous pas

déjà constaté les penchants pathologiques du rationalisme 4? Nous

allons voir comment, en s'exprimant, le Régime Diurne de

l'imagination achemine l'expression vers une rhétorique dont les

figures classiques d'antithèse et d'hyperbole ne sont qu'une espèce de

condensé formel. […] La figure expressive, et spécialement la figure

de rhétorique, est la réduction à une simple syntaxe, de cette

481


inspiration fantastique profonde, dans laquelle le sémantisme se

dépouille peu à peu du contenu vécu qui l'anime pour se réduire

progressivement à un pur procédé sémiologique et à la limite forme

l: car un " dessin" est déjà sur les marches du signe et l'on sait

comment on glisse de l'expression pictographique à des moyens

d'expression de plus en plus formalisés. Quant aux structures

mystiques elles nous dévoilent le style de l'antiphrase, de

l'euphémisme proprement dit. Nous ne reviendrons pas sur la genèse

de l'antiphrase par le procédé de redoublement des images et la

syntaxe de double négation. Alors que le style de l'antithèse

découpait dans l'espace fantastique le schème du retournement, c'està-dire

de la symétrie simple par rapport à un axe, le style de

l'antiphrase et la syntaxe de double négation dessinent le schème de

la symétrie dans la similitude : L'on peut induire en effet toute une

géométrie du redoublement des figures à partir de l'imagination de

l'emboîtement des images. Mais le style de l'antiphrase garde la

trace sémantique du processus de double négation, il est le triomphe

stylistique de l'ambivalence, du double sens. C'est en même temps et

sous le même rapport que les épines de la rose deviennent

messagères du parfum. Il n'est pas besoin d'insister sur les esquisses

pathologiques d'un tel style que Bleuler admet d'emblée comme le

style pathologique par excellence.[…] Ainsi par la rhétorique et ses

figures nous voyons peu à peu se défaire le sémantisme du figuré.

482


Domaine intermédiaire, la rhétorique est elle aussi le lieu de toutes

les ambiguïtés. C'est peut-être la raison pour laquelle son étude a été

négligée au profit des épistémologies qui semblaient s'intéresser aux

processus formels dépositaires de l'exclusive, à la logique et aux

mathématiques. Et c'est au moment même où l'imagination tombait

en discrédit dans la pensée occidentale que le terme de rhéteur

devenait lui aussi péjoratif..." Gibert DURAND 1992 Les Structures

anthropologiques de l’imaginaire, Dunod, 11ème édition, Paris,

pp.480-491

*

Autant produire, travailler, écrire me semblaient fonctions utiles,

autant rencontrer, tournoyer autour des uns et des autres

m'apparaissaient actions superficielles ne débouchant jamais sur

quelque chose de concret.

*

Peu de littérature étrangère, peu d'antiquité, peu de XVIIe siècle dans

les Lettrines de Gracq.

483


*

Je suis avec les poètes, avec leurs œuvres, avec leurs génies mais je

ne suis pas avec leurs personnes. Ce qu'ils sont m'indiffèrent. Ce qui

m'importe, c'est ce qu'ils font.

L'état poétique se caractérise par une excitation de l'esprit nécessitant

des applications de langage - c'est un besoin d'applications.

Percevoir le monde par la sensation est un principe incomplet - ce

rapport entre les choses ne s'obtient pas dans la lucidité réelle mais

dans une approximation de vibrations.

Les choses telles qu'elles m'apparaissent.

En vérité, je fabrique de nouveaux rapports entre les choses - c'est

audace, risque, extrapolations. Je n'ai aucune certitude que ces

combinaisons de langage, d'accords nouveaux puissent plaire, -

répondent à un possible reconnu par Autrui.

- Ceci est tentative, du donner à voir. Je vous l'offre, cela vous

conviendra-t-il ?

484


Déterminer les limites de ses forces cérébrales.

L'outil poétique ne serait qu'un moyen d'applications et de

vérifications.

La nature ou le support étudié, un prétexte assez insignifiant. Le

contenu poétique serait de faible portée. L'intérêt résiderait dans la

valeur du résultat obtenu.

Actuellement la poésie m'apparaît comme étant affaire de langage -

c'est-à-dire de constructions grammaticales autres, elle n'est plus

analogie, correspondance, substitution d'un monde observé à un

monde idéal.

Ma pensée va aux algébristes - et je pense à Pindare, Rimbaud,

Mallarmé, Char, Celan, Zanzotto, Deguy et autres...

Je pense post-mallarméens.

De grands espaces de croissance m'apparaissent possibles.

485


Poésie serait la fabrication d'un monde possible, impossible, - serait

une extrapolation de l'imaginaire. Elle propose la vision d'un monde

reconstruit avec du langage humain.

Elle est une situation pensée par l'application humaine. Elle n'est en

rien une vérité - c'est un principe de subjectivité.

Elle est caresse, évasion, délire, extrapolation etc.

Elle se définit par le langage, par le rapport des mots aux autres mots

dans le champ limité du poème. Au-delà de ce champ, le vrai peut

être différent.

Le lecteur est celui qui dit : oui à cette vérité limitée.

Si le lecteur dit non, le poète peut toutefois avoir raison.

Elle serait l'expression de

---) L'Unité fondée sur l'analogie (?) Elle exploiterait le principe des

correspondances pour la déterminer et l'expliquer ? Cette théorie

romantique reprise par Baudelaire m'apparaît aujourd'hui avec les

486


progrès réalisés dans les découvertes de la physique totalement

obsolète.

Le langage complexe serait plus encore la représentation de l'activité

mentale des neurones et des synapses - c'est-à-dire du système

nerveux - langage parfois incohérent, difficile avec des sauts, des

illusions, des structures étonnantes encore à considérer.

Dédale verbeux : quels sont les mots qui peuvent s'associer les uns

aux autres ?

Travail de la mémoire avec incohérence pour prendre le risque

d'arranger après sélection différents éléments.

Le langage complexe serait une représentation de l'activité de l'esprit.

19 02 2001

*

Mort de Charles Trenet.

487


Essentiellement sa période 36 - 58, puis la créativité devient moins

crédible.

Le père de la chanson qui a été cherché le Swing, là-bas.

Immense poète populaire.

La mer : 4000 versions !

L'Académie française a refusé Charles Trenet !!! Quand je considère

l'amour qu'il a prodigué à la France, à ses villages, à son patrimoine,

à ses traditions, ce refus est misérable.

*

Le vrai des entités - des poètes de la Pléiade qui jamais ne m'ont

quitté. Les œuvres constamment devant mes yeux - à comprendre, à

reproduire, - s'inspirer de, dans -

*

Problème de jeunesse - 78 ----) Comment Rimbaud, Radiguet,

Lautréamont ? Comment ?

488


Produire, extraire, appliquer, imiter et survivre à la mort,

poursuivre au-delà. Comment ?

*

L'idée serait d'avoir à sa disposition les cinq cents plus grands

poètes du monde, les cinq cents plus grands écrivains, romanciers,

philosophes etc.

Un immense patchwork - œuvres principales ou complètes - et

de travailler avec ces outils exceptionnels - pour comprendre,

apprendre et appliquer.

*

Le talent est de l'habillage. Le génie doit être débarrassé de sa

gangrène pour être mieux utilisé par les générations futures.

Il faut transmettre du dépouillé nouveau, utile.

489


*

Écrire est essentiel, paraître poète ridicule. Paraître ? - Ce sont des

foutaises de représentations, des amabilités de civilités. En vérité,

ceux qui ne possèdent qu'une faible énergie mentale se divertissent

de l'habillage littéraire, mais de fond cérébral il n'en est point.

Cette réflexion est à nuancer car grand nombre de littéraires

parviennent dans le relationnel à extraire quantités d'informations

utiles à l'élaboration de leurs propres œuvres.

*

Bukowki, c'est un libérateur,

Tu te laisses aller

Tu ne t'occupes pas de savoir si ça te gène ou non,

si ça te bloque

Voilà tu écris - sans te soucier du refus,

de ta morale, de ton interdit - tu y vas

et justement parce que tu y vas, tu trouves

des choses différentes, nouvelles -

Bukowki, c'est Céline en plus -

490


C'est également la pensée brute de l'esprit

sans nettoyage, sans refonte, sans reconsidération.

Bukowki, une sorte de Villon des temps modernes -

un cousin d'Amérique de Gainsbourg.

*

Je n'étais pas un poète de l'amitié, du relationnel artistique, de la

fréquentation. Je ne vivais pas au milieu d'une cour d'artistes. Ma

poésie n'était pas contemporaine - c'était essentiellement une volonté

d'obtenir une œuvre ----) CAD la recherche d'une puissance

d'applications avec ses forces et ses faiblesses.

Mon royaume était la Pléiade, les génies, les grands poètes morts

et contemporains du monde entier. C'était une immense fresque

composée d'êtres exceptionnels.

On me taxera de sauvage, de casanier - j'ai aimé les poètes mais

autrement pour les résultats obtenus et non pas pour le copinage

poétique. Je ne parvenais pas dans la discussion

à trouver du matériel intellectuel intéressant, matériel que j'obtenais

aisément dans les ouvrages ou les recueils.

491


*

Écrire de la poésie quand les autres travaillent... Sentiment

d'inutilité, de culpabilité, de honte.

Encore... Comment transmettre son produit poétique à autrui ?

*

J'imagine une anthologie de la poésie mondiale qui comporterait -

disons - 500 grands poètes -

Latins, Espagnols, Français, Anglais etc. depuis le début des temps.

*

Le rapport à autrui.

La considération de l'autre dans le développement du Moi.

Moi sans l'Autre n'existe pas.

Recherche du Moi sur l'Autre.

" Assis sur les épaules des géants "

492


Les combinaisons, les synthétisassions, les exploitations des Autres

pour devenir Soi.

Prélever des parts d'Autrui, - les dériver, se les approprier.

Mais est-ce Autrui, ce mâché remâché reconsidéré ? N'est-ce point

travail de l'esprit

avec rejet, dérivabilité, symbolisation, simplification, rajout ?

----) La part de l'Autre !

*

Rien ne distingue un poète d'un autre poète. Qui est-il ? Que vaut-il ?

C'est l'expectative

la plus absolue, l'ignorance totale.

Certes il y a quelques plaquettes. Mais est-ce possible de juger de son

aptitude avec ces trois essais ? C'est donc l'amitié, le degré de

sympathie qui permettra de prétendre déterminer la capacité de

l'auteur.

Certains, séducteurs, se frottant avec beaucoup d'amabilité

parviennent à se crédibiliser auprès d'autrui. Combien de temps dure

493


la rosée ? car tout s'évapore aux premiers rayons de soleil, à la

lumière du temps.

*

Moi qui ai tant aimé les œuvres, je me demande encore pourquoi je

n'ai jamais su attacher de l'importance aux hommes ! Je veux dire aux

poètes, à leur personne, à leur contact, à leur 3D.

Baudelaire vivait parfois à mes côtés quand tel poète montalbanais

n'était qu'un quidam.

Des catalogues, des Pléiades, des collections mais de littéraires

jamais ! - Pourquoi ?

*

Que puis-je espérer ? Quelles sont les limites permises par ma

potentialité ? Ici-bas, qu'est-ce ?

En synergies d'intelligence avec sélection.

Le chemin, le choix, l'utile - malaxés dans une variabilité personnelle.

494


*

Poète de l'ombre, poète de l'œuvre, caché, en dehors de la structure

littéraire d'accueil - cherchant à construire - à se construire.

Poète ou écrivain travaillant avec des outils-Pléiades, des listings de

catalogues, essayant d'exploiter l'énergie d'autrui, se frottant - c'est ça :

agissant également par aimantation - synthétisant, dérivant, proposant

une condensation de la page relue.

Je crains le plus souvent de m'embourber dans des structures

littéraires où il faut se taire, se faire discret, attendre poliment, ne pas

être tireur de couverture, rester humble, modeste, - en rien se

prévaloir de sa personnalité, écraser en vérité.

Jamais sur ma première période, je n'ai souhaité rencontrer de jeunes

poètes ou de jeunes écrivains. Le tutoiement y est de rigueur. : " Tu

as tort. Tu es comme nous. Tu te prends, mais en vérité, il n'y a rien

dans ton travail. Reste modeste " etc.

J'avais besoin d'appliquer avec des auteurs exceptionnels - Rimbaud,

Radiguet, Lautréamont et d'obtenir à ma manière des résultats

littéraires. L'œuvre de jeunesse est faite :

495


Une vingtaine de recueils, un Journal, un roman, une pièce de théâtre,

des exercices techniques.

Sera-t-elle comprise ? Est-ce réellement l'essentiel ? Un autre travail

m'attend - c'est l'œuvre de l'adulte, et je m'y attelle sérieusement.

*

La crédibilité de la compétence passe par la reconnaissance de l'écrit.

*

En poésie, le talent n'a pas d'avenir. En revanche, le génie a de la

durée - une certaine durée.

*

Je viens d'apprendre la mort d'André du Bouchet par Internet. Aucun

média n'en avait ailleurs fait allusion. J'attache une grande

importance à sa disparition. Je travaille actuellement sur un recueil

dont le titre pourrait être Pensées sculptées influencé par son style et

son contenu : l'ajour.

496


Page d'accueil d'un site consacré à André du Bouchet :

D’entrée de jeu, quand on ouvre les livres de poésie d’André du

Bouchet, une certaine logique de l’objet imprimé surprend : le

format du livre, exceptionnellement vaste : le blanc des pages occupé

par le texte de façon lacunaire, une apparence de blanc inondant,

couvrant - entre les lignes, entre les mots, entre les lettres même - ;

l’absence d’indication de genre littéraire et de pagination... De cette

première vision procède le sentiment que, sur ces pages, ce sont des

restes du poème qui ont traversé on ne sait quels conflits. En même

temps, ces “ vestiges ” construisent l’espace de la page, ils lui

donnent sa monumentalité propre.

Cette impression court tout au long de l’œuvre : Dans la chaleur

vacante (1961), Ou le soleil (1968), Qui n’est pas tourné vers nous

(1972), Laisses (1979), L’Incohérence (1979), Rapides (1980), Ici en

deux (1986),...désaccordée comme par de la neige (1989), Axiales

(1992).

On sait d’André du Bouchet que son activité universitaire, qui s’est un

temps exercée aux États-Unis, n’a pas été possible sans le maniement

497


conceptuel de la langue anglaise. La langue française, en revanche, qui

est celle de sa poésie, serait celle du “ rapport sensible. ”

“ En français, dit-il dans un entretien, collant à ce que j’éprouve, je suis

sans maîtrise. ”

Il s’agit là d’une volonté de quitter le texte discursif et clos, pour

aller “ vers (son) risque ” selon le mot de René Char, et selon le

désir fréquemment exprimé par les auteurs contemporains. Citons un

morceau de Laisses qu’il est possible de reproduire sans trop de

trahison typographique : J’aime / la hauteur qu’en te parlant / j’ai

prise / sans avoir / pied.

La syntaxe, ici, n’est qu’à peine rompue par le découpage des vers.

Ailleurs, elle est, le plus souvent, mise à mal par la fragmentation,

par la fulgurance lacunaire qui peut être le propre d’un éclair de

langage ou bien l’effet d’un retranchement - écart, déchirure, éclat,

perte : J’écarte - pour l’éclat. / [...] / ... coupant dans le muet.

L’écriture d’André du Bouchet, comme le dit Pierre Chapuis, “ est

concentration et abandon, action tant menée que subie, présente et

non représentée, incontrôlée foncièrement, quelque désir qu’on en

ait, hâtive et exigeante, toujours en avant d’elle-même ”. Une

écriture aux antipodes de la spontanéité ou de l’automatisme, bien

qu’elle revendique l’absence de contrôle. Cette contradiction fait

498


tout le prix des textes d’André du Bouchet qui sont bien à l’image du

mode de lecture qu’ils exigent : moment d’affût, de marche et de

vacance, de retour, d’arrêt (au sens de la tension maximale du chien

de chasse, ou de celle de la main du dessinateur).

Mais c’est là surtout une poésie du concret, de la matière brute, des

éléments et de leur relation : la terre, l’air, la pierre sèche, la

lumière, l’eau. Le monde se fonde sur des constituants tenus pour

essentiels et qui incluent dans leur substance les mots qui les

nomment. Ces derniers sont traqués, dirait-on, jusqu’à ces instants

où ils cessent précisément d’être signes, pour incarner une recherche

prométhéenne de la poésie (songeons à Francis Ponge) qui n’est pas

sans dispenser quelque effroi : ... poème qui effraie comme l’air.

Cette avancée dans le vide propre à l’espace poétique est

constamment doublée par une méditation sur l’art (Giacometti dans

Qui n’est pas tourné vers nous, Tal Coat dans peinture, 1983) et par

une pratique de la traduction (le Joyce de Finnegans Wake , mais

surtout Hölderlin et Celan).

Une écriture aux antipodes de la spontanéité ou de l’automatisme...

499


...une poésie du concret, de la matière brute, des éléments et de leur

relation : la terre, l’air, la pierre sèche, la lumière, l’eau.

19 avril 2001, 21 h 17

La ministre de la Culture Catherine Tasca a salué jeudi en André du

Bouchet, décédé jeudi dans la Drôme à l'âge de 77 ans, ''l'un de nos

plus grands poètes'' et un ''admirable serviteur de la langue

française''.

''Il y a maintenant un demi-siècle, ce grand ami de Reverdy, de Tal Coat,

de Giacometti, s'était lancé à corps perdu dans l'aventure poétique'',

souligne la ministre. ''Depuis son premier recueil, il n'aura cessé

d'approfondir le mystère de la parole, et de l'éclairer pour nous dans

une œuvre dont l'exigence l'apparente bien souvent à Mallarmé. ''

Rappelant également son travail de traducteur, Mme Tasca observe

qu'André du Bouchet était ''un poète sans cesse à l'écoute de cette

voix unique qui, par-delà les siècles et les frontières, parle aux

poètes du monde entier.''

Né en 1924 à Paris, André du Bouchet, partageait son temps entre

Paris et la Drôme, délivrant une œuvre rigoureuse, mariant une

écriture opposée à la spontanéité à une poésie sensible.

500


En 1966, il avait également participé à la création de la revue

L'Ephémère qu’il dirigera jusqu’à son ultime numéro en compagnie,

d’abord, de Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, Louis-René des Forêts et

Gaétan Picon, que rejoindront Paul Celan et Michel Leiris.

Outre des écrits poétiques, notamment ''Dans la chaleur vacante''

(1962), il avait publié des traductions, allant de Shakespeare à

Joyce, en passant par Holderlin, et des méditations sur l'art

(Giacometti dans ''Qui n’est pas tourné vers nous'', Tal Coat dans

''Peinture'').

André du Bouchet, de la "poésie suspendue" au fracas des mots

PARIS, 19 avr (AFP) - Une parole tantôt suspendue, tantôt roulant

en éboulis jusqu'au fracassement, telle est la poésie abrupte,

émaciée, "montagnarde" d'André du Bouchet, Grand prix national

de la poésie (1983), mort jeudi à l'âge de 77 ans.

Auteur de quelque 25 recueils d'une rare exigence, assumant le

risque d'être incompris du plus grand nombre, André du Bouchet

était aussi un traducteur respecté de l'anglais (Shakespeare, Joyce),

de l'allemand (Holderlin, Celan) et du russe (Mandelstam).

Considéré par ses pairs comme le vrai continuateur de Mallarmé par

la signification de sa démarche qui faisait de la poésie "non le

501


poème, mais la tension même vers une parole", il évoquait le silence,

la tension sourde ou le fracas des éléments.

Dans sa vie, comme dans ses livres, le verbe était rare, précis.

Depuis la publication de son premier recueil, "Air", en 1951, André

du Bouchet était hanté par le souci de "peser de tout son poids sur le

mot le plus faible jusqu'à ce qu'il éclate et livre tout son ciel".

Ami du poète Reverdy, il était aussi l'intercesseur des peintres Bram

Van Velde, de Tal Coat et de Giacometti, avec la conscience aiguë

que l'évidement des formes, les blancs, les espaces, rendaient ces

formes plus percutantes encore.

D'où des recueils, non paginés, ponctués de blancs pour évoquer le

cheminement de mots, parfois isolés, qu'il lançait comme des flèches,

avant de les faire éclater, en constellations, ou en "éboulis".

De "L'Incohérence" à "Laissés", en passant par "Dans la chaleur

vacante" (Prix des critiques en 1961) ou ses "Carnets", les images

empruntent au mouvement et aux éléments leur "pouvoir

rudimentaire": l'eau, le glacier, la paille, les cailloux, l'air, la masse

terreuse.

Le mot, la langue ou plutôt les langues (apprises auprès de

gouvernantes allemandes, d'un grand-père paternel américain, d'une

grand-mère maternelle ne parlant que le russe et le yiddish) s'étaient

emparés dès l'enfance d'André du Bouchet, né à Paris le 7 mars

502


1924. En 1940, il fuit la Normandie pour Pau, emportant pour seule

lecture le dictionnaire de grec "le Bailly".

Puis, il s'installe aux Etats-Unis, devient bachelor, puis master of

arts à Harvard en 1948, rencontre Reverdy, dont l'influence marque

ses premiers pas en écriture. De retour en France, il participe, de

1966 à 1971, à la revue l'Ephémère dont le premier numéro est

consacré à Giacometti, un ami proche.

Au début du mois d'avril, alors qu'il était alité, sa femme, la poétesse

Anne de Staël, avait fait une lecture publique de son dernier poème,

un hommage à Louis-René Des Forêts, disparu en janvier.

"S'il happe le mot, s'il se prend ou s'il s'en prend au mot en

l'émaciant, disait-elle alors, ce n'est pas pour le garder pour lui,

mais pour le rendre, le tendre au lecteur. Et pour lui, le don n'a de

sens que s'il est reçu, pleinement reçu."

*

" La figure mythique de l'éditeur toutes antennes déployées vers un

balbutiement littéraire est un vestige " - Jean-Marc Roberts Pratique

et métiers de l'édition.

Si le nouveau est dans l'écrivant, comment fait-on pour le reconnaître ?

503


L'expérience ne permet pas de critiquer de nouvelles singularités.

Il y a des viviers de singularités où les esprits underground

convergent.

*

La poésie est également un extraordinaire laboratoire de langage où

le doute, le risque et l'interdit sont de mise. Le poète, dans sa liberté

absolue, associe, déplace et repense l'ordre de son vrai - vrai qu'il

sera le plus souvent le seul à comprendre. Génie parfois pour les

générations futures, ennemi de ses contemporains, il dirige son

propre orchestre de son idéal réinventé, chef d'orchestre sans public

aucun.

Le grand malade, le grand souffrant, l'éternel incompris etc...Mais

certains atteignent l'essence du langage et se placent dans la

hiérarchie des littéraires aux premières places, devant les romanciers

et les écrivains qui passent pour des baratineurs ou des accumulateurs

de lignes.

Pindare, Baudelaire, Mallarmé, Verlaine, Valéry, Perse - essence de

langage, lente macération pour accéder à un objet unique et sublime !

504


Et quel esprit de sélection, de choix, de refus - conscient ou

inconscient - de subtile application pour enfin obtenir dans quelques

occasions de leur vie le joyau hautement ciselé !

*

La crédibilité contemporaine est-elle gage de haute poésie ?

Paroles de sauvage

Ce n'est pas un problème de relationnel avec les poètes, c'est un

problème d'utilité du contenu.

La question se pose de cette façon : avec quels auteurs de qualité

puis-je travailler ? J'ai besoin de leur substance pour comprendre,

appliquer, dériver, exploiter. Quel langage me permettra de trouver

des solutions de progrès ou d'avancée poétique ? Puis-je prétendre

d'ailleurs en être capable ? Ne suis-je pas avant tout un piètre

applicateur de troisième catégorie ?

*

505


Faut-il se complaire d'un m'as-tu vu, d'un oui, je fais des ronds de

jambes, de sourires faussement naturels ?

Quand je considère la richesse inépuisable de la civilisation, -génies

de toutes sortes - grands scientifiques, grands artistes et grands

hommes - je m'inquiète de savoir ce que je puis tirer de

communications locales et de manifestations littéraires qui en

découlent.

Comment gérer cette immensité ? Cette richesse inouïe ? Tous ces

êtres remarquables qui mériteraient quelque attention, l'on ne peut

leur concéder que quelques instants de reconnaissance. Faut-il

espérer tout lire, tout comprendre, tout intégrer ? Quel chemin

personnel balisé par sa propre expérience semblerait le plus judicieux

à emprunter ?

Que représente la biographie dans l'œuvre d'un auteur ? Trois fois

rien. L'on ne s'inquiète pas de savoir si tel poète, dans l'obligation

d'exercer une activité professionnelle a pu en faire pâtir son œuvre.

Ne restent que les recueils.

*

506


Pourquoi préfère-t-on s'intéresser à un poète mort ? Tout simplement

parce qu'il est plus aisé de le toiser avec sa complète, avec ses forces

et ses faiblesses, avec sa finitude en réalité. De son vivant, l'on ignore

ses limites, ses aptitudes réelles.

*

Déstructurer, restructurer le langage autrement.

*

Les poètes se prétendent exclus, - ils ne le sont pas. Les éditeurs ont

fait des efforts surprenants pour mettre à la disposition du public des

œuvres exceptionnelles à prix modique. Mais le public ne lit que fort

peu, ou lit à sa suffisance. Quand ont été intégrés les grands poètes de

la Pléiade, écouté les poètes chanteurs, -quand les autres façons de

concevoir la poésie - cinéma, publicité, nature, revues etc.. ont été

exploitées, les amateurs de lecture saturés d'images n'ont plus guère

envie d'acheter encore de nouvelles structures grammaticales

compliquées et illisibles.

507


Avec 200/300 poètes, l'on parvient à construire sa suffisante

bibliothèque mentale. Quelle place reste-t-il pour les nouveaux

auteurs ?

*

" dans le calme écrasé des cavernes et des naufrages

phosphorescents, où fusent et lévitent des soleils captifs " (Georges

Duthuit)

Les livres m'ont considérablement instruit. Le contact des poètes ne

m'a été d'aucune utilité. Le génie, la richesse, l'essence optimisée se

trouvaient dans les recueils pour un prix modique.

*

Le critique dit à l'artiste : que votre pensée tende vers la mienne.

Frayer avec des poétereaux et des écrivaillons. Va te frotter à la

canaille littéraire !

508


Poulet-Malassis a trouvé Baudelaire, mais a refusé Lautréamont qui

souhaitait que ce dernier voulût se charger de la vente du Premier

chant en Belgique et en Suisse.

Sur les traces de Lautréamont, en Uruguay de Mai à Octobre 1867 - il

ne reste rien.

Satanisme, cruauté, vices, exhibitions délirantes et démoniaques, -

Maldoror, l'antihéros, pervers et démoniaque !

L'on pense parfois à Goya, à Sade, à Baudelaire, à Nietzsche, à

Bacon pour comprendre le personnage Lautréamont.

Existe-il une étude psychanalytique de Lautréamont ?

*

Faire poète : se fourvoyer dans l'inutile pour y chercher le mépris et

l'humiliation.

Agiter une paille dans un verre d'eau :

- Regarde, on dirait des vagues !

509


(Avec de l'eau gazifiée, le problème ne se pose pas.)

*

La supplique littéraire :

Va-t-il me reconnaître ? Ai-je ? Sera-ce suffisant ? Comment faut-il

faire ? Supplier, espérer ?

...Le zèle avec de la retenue.

Poésie

Bien malin qui pourra prétendre savoir ce qu'il en sera de la poésie,

de son avenir, de ses sujets, de ses techniques d'applications et mieux

encore des poètes qui la produiront.

Je crains que les structures poétiques lentes et incapables, écrasées

par l'opacité de la critique évincent des auteurs de haute qualité

quand certains esprits remplis de zèle littéraire mais dotés de faible

compétence parviendront à se glisser dans le gotha du moment.

510


Il va s'en dire que cette canaille littéraire, sobriquet dont les affublait

Baudelaire n'a la durée que de la rosée et disparaît au premier soleil

de la vérité.

Mais la place est prise, la parole acerbe, et celui qui n'est pas doté

d'un pourtour de langage ou qui préfère ne pas polémiquer se

retrouve exclus ou renvoyer aux rencards de l'indifférence.

*

Le milieu poétique ne m'attire pas du tout. La structure poétique

m'apparaît obsolète, remplie de maniérisme, se caractérisant par ses

insuffisances d'actions. Tout y est difficile, rien n'est possible.

Lenteurs, butées, blocage, système hiérarchique interdisant l'avancée

rapide, l'extension ou la croissance. Principe de préférencialité basée

sur le vieil âge etc.

Mon parcours solitaire se nourrit des plus grands génies de la

Pléiade, et non pas de cette solidité de sable contemporaine.

Il est vrai que quelques personnes vivantes demain seront

immortelles - il serait bon de les côtoyer - mais qu'importe ! Où sontelles

? Qui sont-elles ? Le travail de recherche risque de me coûter

511


fort en servitude zélée. Tant d'êtres supérieurs ayant produit hier ou

avant-hier m'attendent et sont prêts à m'offrir leurs œuvres pour

quelque francs !

Pourquoi irai-je m'enquérir de ces êtres vivants tandis que ma poésie

se nourrit exclusivement de poètes morts ?

Mais j'avance, et d'ici à peu les auteurs contemporains m'apporteront

certainement ce qu'aujourd'hui je trouve indispensable dans la

Pléiade ou dans ses éditions consœurs.

*

Notes pour Pensées Sculptées

Comment fonctionne l'imaginaire ?

le cerveau ?

Retour vers Neurosciences ---)

Comment perçoit-on son inspiration ?

Les applications poétiques sont-elles judicieuses ?

512


---) Meilleurs auteurs

---) Mécanisme cérébral optimisé ---) Peut-on changer son

mécanisme ?

Dupin ? Char ?

Mieux cerner les mécanismes de l'imaginaire.

Essayer d'approfondir. Eviter la superficialité.

Je propose également : comment j'organise la variabilité

d'applications.

Surgissements ~ lancées mentales - sorties hors du cerveau pour des

applications d'écriture.

Notions d'éjaculations mentales.

Mais Surgissements serait aussi la constatation d'ostensions de

résultats à l'insu du créatif lui-même.

Il recevrait un ordre envoyé par une partie de son cerveau, il serait

donc obéissant ---) ne ferait que constater la finalité obtenue.

*

513


Toutes ces poésies au mètre, au kilomètre, - les mêmes roses, les

mêmes structures grammaticales - je pense aux peintres du dimanche

- Mais que faire ? Comment déstructurer ou restructurer le langage ?

Comment proposer une nouvelle poétique ?

"... Les épées étincelantes constellent mon Aura. Le Moi s'impose ou

dort dans les méandres de la nuit. Jaillissent encore les feux

insoupçonnés de la Raison qui véhiculent çà et là de rougeoyantes

couleurs. Et moi dans le Néant de mon impureté, je jouis

cyniquement espérant encore quelques éclats d'humeur..."

Faut-il proposer de la Symbolique abstraite ?

*

À quoi peut bien servir de tenter de se crédibiliser auprès des

hommes ? Quel privilège réel puis-je espérer en tirer ? Je crains de

devoir tourner, tourbillonner, agir avec zèle pour trois pacotilles

insignifiantes.

Je focalise mon attention et je persévère avec cette volonté de

construire mon œuvre, d'en solidifier les parties faibles et d'en espérer

de nouvelles extensions.

514


Je vois les uns et les autres s'escrimant à plaire avec trois petites

plaquettes entre les pinces, souriant, essayant de séduire l'Autre -

CAD l'éditeur bourreau ou critique foudroyant - mais plus reconnu

par sa force extérieure que par son contenu en vérité.

Il est vrai que mon tout s'en retournera au rencard de l'indifférence,

dans les oubliettes du mépris. Mais que fallait-il faire ?

C'est avant tout un bilan d'œuvre que je puis justifier : 5 500 poèmes,

24 anthologies, une Bible de 100 000 alexandrins, un Coran, du

théâtre, un Journal important, des traductions latines, grecques et

religieuses.

*

Ce n'était pas une poésie de l'amitié, du relationnel ou de la

communication que je cherchais. Non, je travaillais avec des auteurs

décédés, disparus depuis fort longtemps, mais ô combien présents

dans mon âme. Il s'agissait pour moi d'apprendre, de comprendre, de

m'instruire, d'imiter, de déplacer, de repenser d'une nouvelle manière

ce qui avait déjà été accompli par d'autres.

515


Je n'étais point sauvage, coupable de marginalisation. Non, j'étais

préoccupé quotidiennement par mes exercices littéraires. Je n'habitais

pas le présent ni l'avant-garde. Je voulais embrasser l'ensemble de la

poésie qui commence mille ans avant Jésus-Christ et qui s'étale

jusqu'à aujourd'hui, au-delà de toute frontière et de toute civilisation.

- l'immense patchwork mondial !

Je cherchais à comprendre, à en tirer des forces, à en rejeter les

faiblesses.

*

En poésie, il n'y a pas de lecteurs, pas de spectateurs, pas d'auditeurs,

pas d'éditeurs - il n'y a que des poètes à peine imprimés, jamais lus -

et essentiellement des œuvres tombées dans le domaine public.

Les grands vainqueurs - ce sont les poètes chanteurs qui ont compris

ce qu'était la suffisance sentimentale perçue par tout un chacun.

*

516


Quand on entre dans le monde de la communication poétique, on se

trouve confronté à des problèmes de suffisance, de susceptibilité, de

préciosité, de mépris, de rejet, d'indifférence...

C'est un poison littéraire.

Les œuvres sont plus intéressantes que les auteurs. Elles sont

dépourvues de scories. Elles sont l'élixir, la synthèse, la purification,

l'optimisation de la potentialité intellectuelle du littéraire.

*

La dextérité du style de La Fontaine

*

Difficultés à extraire de nouvelles inspirations pour remplir

Résidences. Je m'appuie sur Paul Celan. Je prends l'habitude de ces

difficultés. L'esprit synthétise, dérive, rejette, refuse - et choisit

parfois des solutions fort déroutantes - faibles ou mièvres - mais cela

a été mâché, sélectionné par l'esprit ! - Je garde, mets de côté et

prétends que plus tard la critique personnelle comprendra ces choix.

517


*

Poésie d'œuvre mais non pas poésie d'amitiés, de rencontres ou de

relationnels ; poésie de livres, de génies.

Volonté de compréhension, de pénétration.

La méthode appliquée par l'Autre - par les Autres ?

*

Poésie personnelle. - Décoration de sa propre maison.

Comment faire un château digne d'être visité ?

*

Œuvre de jeunesse 78-79

Mon problème n'était pas de rencontrer des étudiants en première

année de Lettres ou de côtoyer n'importe quel écrivaillon sous

prétexte qu'il avait édité à compte d'auteur une plaquette poétique.

518


Non, mon problème était le suivant : comment Rimbaud, Radiguet et

Lautréamont s'y sont-ils pris pour obtenir un tel résultat en si peu de

temps ? Que puis-je espérer moi de ma jeunesse ?

Je devais donc imiter les meilleurs, tout en me souciant des résultats

obtenus par d'autres monstres de la littérature - Camus L'envers et

l'endroit, Gide avec ses débuts prometteurs, Valéry et Mallarmé avec

leurs poésies etc. J'étudiais les mécanismes de développements de ces

intelligences-là, tout en sachant qu'un coureur de fond n'a pas le

départ tonitruant d'un sprinter, que les courses et les rythmes sont

totalement différents.

Le système critique :

*

X pense X en regardant Y, et reproche à Y les paramètres manquant

en X.

*

Pas poète de public, pas poète de l'amitié. Poète admirant les œuvres

et le génie des autres, cherchant à imiter, à comprendre, à appliquer.

Poète de l'écriture avec les recueils-frères à mes côtés - références,

519


petits manuels d'imitation - sortes d'ouvrages de prières - bibles

restrictives...

J'avais tant à faire avec les génies et les grands poètes ! Il fallait

comprendre, intégrer, extrapoler, aller au-delà en mastiquant leurs

substances... mais de relationnels d'actualités, il n'en était point. Je

craignais trop de me fourvoyer avec de l'inutilité.

*

La toise du poète : le nuage qui passe.

*

Les pots valent plus que le potier. À quelles raisons faut-il rencontrer

les poètes et les écrivains ? Quels profits peut-on tirer de leur

relationnel ? Car tout est affaire de maniérisme, de suffisance et de

fabrication de personnage.

Je gerboie, tu gerboies, nous gerboyons...vouloir paraître, se donner

des façons et des apparences...Le livre est moins compliqué. Il est ce

qu'il est sans la poudre, sans l'habillage ou le zèle artistique.

Simple, épuré et droit...

520


*

Toutes ces manières superficielles qui cachent des fonds

insignifiants. L'apparat, le vernis, la prestance - la présence de la

prestance, - vouloir être là afin d'y être ! On ne sait jamais !

Quand donc comprendrez-vous qu'une œuvre bien pensée s'écrit dans

un bureau, dans une chambre fortifiée par une muraille de livres, loin

des regards incongrus ?

*

A la bibliothèque - ai pris deux ou trois exercices de Journal : Le lys

et la cendre de Bernard-Henri Lévy, Carnets en marge de Roland Du

billard et Avec le temps de Jean Daniel.

Ce qui différencie essentiellement les écrivains des poètes : les

premiers sont des expansionnistes, des conteurs, des hommes de style

à la plume qui coule ou court sur la feuille de papier. Tout est dans la

manière, le fond est le plus souvent anecdotique, et cela se lit

agréablement.

521


Les poètes compressent la pensée, la synthétisent, la contractent. Ils

sont donc plus difficiles à lire. Leur manière est plus rare, moins

facile d'accès. Ils veulent employer une grammaire nouvelle - l'ordre

des mots est appliqué autrement.

*

Comment peut-on réellement gérer l'immensité de la création

littéraire ? Cela semble impossible ! Des milliers et des milliers

d'auteurs ici et là produisent, éditent, appliquent des systèmes de

vérités d'écriture - On appelle l'ensemble - et cette désignation est

générique - La littérature contemporaine ! Cela est grandiose, audelà

des aptitudes de compréhension de stockage d’une âme

humaine.

*

Le temps passé à crédibiliser sa capacité poétique use l’aptitude

créatrice. L’intelligence consiste à comprendre l’inutilité de

l’impasse.

Aller, venir, rencontrer, papillonner autour des uns et des autres. Et

pour quelles finalités ? Que puis-je espérer d’autrui ?

522


*

Éditer des poètes, c’est imprimer du papier qui ne sera jamais ouvert.

Qui s’y essayerait ?

Il ne reste qu’à colporter une personnalité pour se prévaloir auprès

d’autrui d’être quelque chose ou quelqu’un.

L’habillage prévaut sur le contenu, et le fort en gueule s’esclaffe et se

prétend quand le discret ou le timoré pourvu de quelque valeur

s’éclipse et disparaît.

*

Le futur est-il post-mallarméen ? N’est-ce qu’une ramification du

futur ?

*

Le relationnel poétique m’est toujours apparu comme une sorte

d’emballage inutile, de pacotille de maniéré - de suffisance des uns et

des autres - de vernis de personnalité. Tout est donné à la façon mais

de fond il n’en est pas.

523


Celui-là se prévaut, se prétend, se croit grand et considère autrui avec

suffisance et mépris mijotant en lui-même : “ Je sais qui je suis. Celui

qui est à mes côtés est peu. Quelques brins de rejets, je juge avec

hauteur. ”

Tout est dans la parade et dans la façon. L’orgueil est affûté. Où cela

mène-t-il ? À des conflits superficiels de personnalité.

*

Ne pas être plutôt que d’être que cela - c’est-à-dire peu dans la

considération sociale. Alors le refus, le repliement, l’exclusion, le

choix du en dehors de. Et quoi ? Une immense activité intérieure.

Usines, ville, cité ou petite civilisation.

La volonté de progrès est plus difficile à atteindre que la volonté de

l’autrement. Le progrès en art, c’est ajouter sur le premier.

L’autrement c’est proposer une nuance variable dans un contexte

culturel. C’est un rajout de quantité mais de dépassement sur le

meilleur, il n’en est point.

S’estimer soi-même sans la considération d’autrui. - poètes, peintres,

artistes maudits et rejetés. Et constamment puiser au plus profond

524


l’énergie créatrice permettant de se surpasser, d’aller outre pour

accroître l’écart entre soi et la capacité de compréhension de l’autre.

*

Faut-il reproduire les caractéristiques de la poésie du XIXe siècle - le

grand malade, le maudit, l’exclus, l’incompris ?

Les poètes aujourd’hui sont certes marginalisés, mais ce sont des

îlotiers qui pensent. S’ils cherchent en eux-mêmes, les objectifs sont

publics : offrir une variable de sensibilité en exploitant un espace

personnalisé et unique.

A savoir si cette “ variable ” de perception convient aux autres, car

Autrui répond le plus souvent : Non à cette nuance poétique nouvelle.

525


TABLE DES MATIERES

Avant-propos

Extraits du journal 78-79

Extraits du Journal 80

Extraits du Journal 81

Extraits du Journal 82

Extraits du Journal 87

Extraits du Journal 88/89

Extraits du Journal 90/91/92

Extraits du Journal 93

526


Extraits du Journal 94

Extraits du Journal 95

Extraits du Journal 96

Éléments de réflexion

Extraits du Journal 97

Extraits du Journal 98

Rajouts 99, 00 et 01

527


LE POèTE INTERNE

528


Journal 2002

*

Étais-je absent ? Du moins j'étais présent et

accessible sur Internet.

... Peut-être des lointains incompris cherchant des

évanescences de l'être ~ des poètes désireux de capturer des

formes d'intemporel ou des substances rares émises par la

conscience...

*

Le refus, le rejet de l'autre, des autres avec

d'immenses pertes certainement ! - mais avec l'application

d'un principe, d'un système ou d'une méthode toute

personnelle qui fera gain ou se trouvera misérablement

oubliée dans les rencards du mépris. Mais que faire ?

S'entendre constamment dire : " Vous vous trompez.

Demandez conseil ailleurs. ", avec courtoisie certes mais cela

est dit. Ou poursuivre en soi-même l'aventure absurde ou

audacieuse. Cela passe, cela casse. Mais il fallait tenter et

529


aller à fond. Nul reproche à se faire du coup - oui, il fallait

tenter.

*

Proposer une Anthologie de la grande poésie

mondiale - disons 700 poètes avec un poème par auteur

accompagné d'une notice biographique succincte.

Également un Dictionnaire des poètes du monde

entier - 10 - 20 000 noms sans poème mais avec un résumé

de la personne et de son œuvre dont le volume serait

fonction de la place que l'on accorderait à l'auteur.

*

Paul Valéry est un grand poète, un excellent

écrivain et un fin penseur.

Charles Baudelaire est un grand poète, un excellent

traducteur, un grand critique, un remarquable épistolier et un

grand écrivain également.

530


*

Essaie de travailler avec Denis Roche. Difficile.

N'est pas algébriste. Possède une sorte d'incohérence mentale

avec sauts, humeurs et reprise du fil. Mais l'ensemble laisse

pantois. Pourtant on comprend qu'il a tenté d'aller outre, avec

de la folie et un risque logique. Je cherche à m'accorder à

son audace. Y parviendrai-je ?

*

Comment peut-on gérer cette immensité littéraire ?

Qui pourra se prévaloir d'avoir lu ce qu'il devait lire ?

Embrasser la vaste collection de la Pléiade, qui n'est en

vérité qu'une réduction élitiste guère représentative de l'offre

totale. Cela semble impossible.

Il faut donc baliser son propre chemin en

choisissant un nombre limité d'auteurs, de génies, de

philosophes ou de grands poètes. C'est déjà un principe de

spécialisation, d'évictions et de refus. Mais comment faire ?

Il est certains que des êtres exceptionnels seront perdus,

oubliés, jamais lus mais l'âme a ses limites. - L’intelligence

se sature et ne peut demander plus.

531


*

Ne vous satisfaisiez jamais de ce que vous

possédez. Vous avez les moyens et les possibilités d'aller

outre. Agissez.

Qui prétend se suffire, stagne. Et stagner c'est

régresser.

Quel monde ? Quel royaume puis-je espérer ?

Qu'en est-il de cet Au-delà ?

Tant de questions qui tambourinent aux portes de

mon âme, et seule la mort me permettra d'accéder à leurs

réponses !

*

Le génie, c'est de l'énergie supplémentaire sur de

l'intelligence de surdoué.

Il y a donc quelque chose d'exaltant en soi, de

vitesse phosphorescente, de jouissance supérieure.

*

532


Comment choisir les meilleurs outils exploitables ?

Avec qui puis-je travailler ? Est-ce le goût qui déterminera

mon choix ?

Avec quels auteurs ? Pourquoi ?

- Mieux activer la matrice cérébrale ?

Passer par les fondamentaux extraordinaires :

exemples : Rimbaud, Nietzsche, Baudelaire, Platon etc. Cela

implique un retour vers les Pléiades.

*

Certains poètes possèdent d'autres espaces.

Toi, tu en es au dé, à la cathédrale de papier, au

monologue, au tutoiement.

Mais c'est autre chose qui engendrera une

production nouvelle.

Cherche de nouveaux auteurs.

Régénère-toi.

*

533


Je viens de tirer le second tome du Livre des

Sonnets - j'espère sur toute ma vie littéraire atteindre le

nombre de 1000 sonnets - j'en suis actuellement à 840 - mais

cette quantité ne me choque pas. Il est vrai que le volume

semble important... Idem avec Mille poèmes en prose -

l'ouvrage comporte 885 pages 21 X 29, c'est un double pavé

mais pourquoi ? Car l'ensemble n'a pas d'harmonie de

construction. Cela forme une somme de structures

prosaïques certes sélectionnées mais je n'en vois pas

l'agencement total. Pourtant toutes mes forces, toutes mes

applications sont ici présentes et définies. Je suis cela : c'està-dire

petits fragments disparates - jetées nouvelles associées

à autrui, producteur influencé au quotidien. Le chef-d’œuvre

ou le travail majeur ne semble pas évident ici.

*

Il faut élever le degré de composition. Non ? Je

cherche de l'autrement un peu brut. Perse ou Roubaud ? -

Roubaud.

*

534


Toute grande œuvre se conçoit dans la solitude.

*

Denis Roche superpose les lignes d'inspiration -

obtient des lignes d'incohérences fragmentées en logique

possible. Le tout permet d'accéder à une sorte de sensibilité

évasive, des limbes, ~ être peut-être sans être, suivez-moi,

suis-je une filante ? (Éros énergumène)

*

Le problème est de savoir comment faire TGP c'està-dire

Très Grand Poète.

Il faut constamment penser Hugo, Virgile, Homère,

Dante, Sophocle, Euripide, Shakespeare etc.

Se construire dans du très grand ? Et combien

d'années de travail ? Et pour quel résultat ?

*

535


La créativité serait une revisualisation personnelle

issue d'un système sélectif.

- Importance du choix, du rejet et de la variabilité

unique de l'applicateur.

Chaque cerveau pense à sa façon et ce serait la

spécificité reconnue de la dérivabilité personnelle qui

déterminerait auprès d'autrui l'aptitude créatrice.

*

Le génie

Il y a bien un dérèglement du jugement pour penser

autrement, voir de cette façon, appliquer ailleurs et

s'entendre dire : c'est ma foi, vrai ! - Je vous distingue et

vous honore.

*

Système à penser et système à produire feront peutêtre

bons amis.

536


L'identité de "grand poète" impose-t-elle des

obligations d'applications de relationnels artistiques auprès

des autres littéraires ?

La réponse peut être : pas nécessairement.

*

Ce n'est pas un besoin de relations poétiques qui

m'anime - non - ce qui excite mon désir, c'est la possibilité

de découvrir de nouveaux auteurs, pères ou frères - ouvrages

d'appui - de références ou d'amitié.

Je cherche de nouveaux Zanzotto ou Celan - des

œuvres maîtresses pour produire en synergie d'applications.

À quoi peut bien servir la communication

superficielle avec Monsieur X ou Madame Y ? Je dois

laisser cela à ceux qui se suffisent d'insignifiance.

*

537


Pourrait-on appliquer le principe du plaisir dans

l'extraction des structures poétiques ? ~ sans se soucier de la

cohérence des propos ?

Processus de jouissance cérébrale en quelque sorte.

J'applique ce qui me plaît. Et quelle obtention ?

*

Comment peut-on résoudre le problème hugolien ?

Sa force, ses ressources, la puissance de ses applications, son

énergie constamment renouvelée et ce vaste édifice qu'est

son œuvre poétique ?

*

Le temps passe, je ne vois pas l'utilité de côtoyer des

poètes.

Je vieillis, la vérité des œuvres, des sensibilités, de

toutes les sensibilités m'apparaît essentielle.

Toutes ces sensibilités, ce sont des façons de penser

différentes, et ce sont des autrements qui sont vrais.

538


*

La communication poétique n'est que de l'aimable

babillage - tout est donné à la superficialité - il n'y a nulle

profondeur. Les uns et les autres essaient de se crédibiliser en

prenant des poses - ils se prévalent d'être avec des attitudes. Il y a

suffisance, certitude de soi, mépris de l'autre etc.

J'ai délaissé depuis fort longtemps l'utilité de ce type de

relations. Je travaille avec des livres - des amis - qui me parlent et

avec lesquels une communication profonde et affective

s'accomplit.

Le livre - le recueil est la quintessence de l'auteur. Y

est replié une vingtaine d'années d'applications poétiques. La

saisie des meilleurs instants, des plus intenses inspirations y est

conservée. Et le tout peut être redéployé selon le bon vouloir du

lecteur.

*

Le relationnel poétique est également de la

superficialité irritable. Rien n'est donné au fond. L'agacement

surgit rapidement. J'ai délaissé les rencontres poétiques. Je

539


cherche de nouveaux auteurs - de nouvelles sensibilités de

langage - des écritures différentes, autres.

Il me faudra certainement aller à Toulouse, place du

Capitole pour trouver des ouvrages satisfaisants.

*

Je dois avant tout obtenir un bon résultat dans le domaine

poétique.

Il y a si peu à espérer que l'extrovertisme n'est d'aucune

utilité.

Je vois tout pour l'intérieur : les livres, les œuvres, les

applications personnelles.

Il ne faut pas voir en moi uniquement un arriviste mais

également quelqu'un qui chercher à mieux faire, - à

produire mieux et autrement.

Je veux donner à Autrui sans contrepartie.

*

L’Absent : Etre qui je suis sans être là.

540


L’une des possibilités est peut-être de tenter d’ajouter

sur Char - de faire du Post-Char. Il est un poète dominant du

XXe siècle français. Pourtant mon cerveau globalise et je pense

Titien, Napoléon, Newton etc. En vérité des génies universels.

*

Rapide visite à la MJC de Rodez ce 18 mai 2002. 12 H

45 - 15 H 15. En tout, 12 exposants dont l’éditeur de La Tour de

Babel. Sur les étalages, des livres de poésie (S’en vend-il ?) Rien.

Peu. Aimables discussions.

Ma poésie ne se situe pas là. C’est avant tout un travail

d’applications, de recherches, de variabilités, de sensibilités. Ma

poésie, c’est de l’écriture. Mais ce n’est pas du relationnel

humain.

*

Faut-il se soucier d’être lu, d’être connu ou d’avoir un

quelconque crédit ? Car cela est efforts et usure. Il importe de se

faire, de se construire, et c’est déjà grand courage !

541


La structure poétique est un système paralysant,

bloquant et bridant. La dynamique littéraire se situe dans

l’individualisme actif.

*

Je ne rencontre guère de poètes. Je travaille avec leurs

livres. J’avoue n’avoir jamais trouvé quelconque utilité à côtoyer

des littéraires. Je ne tire rien de leur contact. Ceci est une triste

constatation mais c’est la vérité.

Je ne suis pas dans une phase de communication

poétique, je suis constamment dans la phase d'applications

d'écriture.

*

La vérité est dans le fondement des œuvres.

Je crains essentiellement de perdre mon temps et

d'accomplir des actions inutiles dans des secteurs totalement

dépassés. Je préfère m'abstenir plutôt que de rentrer dans cette

542


logique aberrante d'attentisme, de supputations et d'aumônes

poétiques ou littéraires.

Les écrits resteront

Paul Celan - L'écriture désarticulée -

Tony Harrison (poésie savante)

Je désire trouver de nouvelles sensibilités poétiques

susceptibles d'accompagner mon travail d'écriture. J'espère que

la littérature étrangère parviendra à satisfaire à toute cette

nécessité.

Ce qui m'intéresse : trouver des auteurs utiles.

Le poète est une sorte de masochiste qui se fait

humilier par la Société. La Société le dénigre, le rejette, le

méprise - refuse de reconnaître la valeur de son travail. Il tente

de séduire mais se rabaisse, il implore mais pour rien. Il souffre,

il se prétend - de cent façons il essaie encore de proposer ses

exercices. Il est constamment exclu, il insiste toutefois.

543


Le voilà réduit à l'état de prostitué qui paie des éditions

à compte d'auteur pour se faire reconnaître. Nenni ! Tous et

toutes le dénigrent - nul ne veut de sa substance créative. Il se

morfond, gémit, pleure - appelle la mort, se suicide. Ou se glose

de soi-même, se glorifie dans son petit État personnel - fait le

roitelet en quelque sorte.

*

Tolkien Birage Diop - joli !

Ivan Goll

Violeta Parra Chili Vinicius de Moraes Brésil

Nicola Guillén Cuba Marina Szymborska Pologne

Ana Blandiana Roumanie Diane Burns Amérique du

nord

Katherine Mansfield Nouvelle Zélande

Hafiz Perse

Sage Essenine Anna Akhmatova

Robert Graves - génie 130 livres La déesse blanche

Ezra Pound - le vers projectif Los Cantos

Marina Tsvetaieva

544


*

Y a-t-il un patrimoine poétique enfoui, - qui n'a pas été

mis à la disposition des lecteurs ? Refus des éditeurs,

surabondance offerte ou lassitude des poètes eux-mêmes ? Sontce

des auteurs de qualité ? Peut-on remédier à ses " oublis" ?

Internet propose-t-il une opportunité à saisir ?

Ces produits littéraires inconnus seraient peut-être des

outils utiles à la formation des auteurs majeurs de demain.

Comment gérer le génie des autres, comment travailler

en consubstance d'écriture, en synergie d'actions ? Quels auteurs

empruntés ? Que doit-on espérer obtenir ? Quelles seront les

limites de nos potentialités ?

*

L'insignifiance des structures poétiques d'accueil rend

inutile tout effort de communication.

Je prétends insister : les poètes sont des œuvres dans

lesquelles il faut s'instruire et se déplacer.

545


C'est certes une poésie de l'introvertisme et de l'unicité

qui ainsi se développera, mais c'est une réalité d'œuvre qui sera

obtenue.

Être pour soi par soi avec autrui - avec l'œuvre d'autrui

- je dis.

Certains s'indigneront : quelle tristesse que de fuir le

contact ! Et ils auront raison. Mais cela est poudre de

superficialité et de médiocrité.

- Lire, écrire et se faire connaître.

Je lui préfère : lire et écrire. La crédibilité poétique

auprès d'autrui m'apparaît saugrenue, inutile, stupide, lente et

impossible.

Je ne prétends pas que le produit fini - c’est-à-dire le

Cédérom offert ne parviendra pas à plaire mais le relationnel

semble de troisième ordre.

*

[---]

Mes cadeaux, mes chefs-d’œuvre comme promis à l'art

Virgile

Et toi le premier, sois généreux.

546


Devenir un classique ! Le si peu de la terre et la

civilisation du ciel !

L'extrapolation, la transposition, la surdimension

réinterprètent le sens des choses.

*

La présomption est une maladie poétique : Voilà qui je

suis mais vous l'ignorez. Ceci est ma grandeur intime.

*

- Maniérisme du relationnel - poudre de noblesse -

- Vernis poétique - aimable babillage - mais rien

n'est donné à la profondeur. L'expression orale ne s'y prête

pas. Vitesse - légèreté - bâtons rompus - brio.

Que puis-je tirer du paralittéraire ?

Acméisme. Prolongement.

Nul mouvement poétique n'a de limite.

547


L'espace poétique m'apparaît insuffisant. Nul ne

peut y pénétrer sans maniérisme détestable. Il faut donc

créer un nouvel espace souple. L'Internet me semble tout

indiqué.

Vouloir pénétrer les structures poétiques

d'accueil, c'est s'embourber dans un attentisme inutile.

*

Il est impossible de gérer le génie d'Autrui. L'on

prend un peu. L'on prétend connaître. L'on se suffit de cela.

Notre potentialité intellectuelle bridée, bloquée, interdite de

pénétrer avec véracité nous rend un produit aléatoire de

l'Autre.

Se limiter au Gotha mondial : Virgile, Homère,

Goethe, Dante, Horace, Euripide, Sophocle, Eschyle,

Corneille, Racine, Cervantès, Shakespeare etc.

Puisque l'on est confronté à une restriction

obligatoire, quel choix dans cette restriction ?

*

548


Ils ne veulent pas le parfum, ils ne veulent pas

l'essence, ils veulent une senteur - dans une fiole et pour

quelques instants - et que cela leur convienne ! Ta personne

peut faire l'affaire, dit le Ciel ! Qu'attends-tu ?

*

- Faites poète, Lozac'h !

- Oui, mon Général. Mon Général ? 6500 ---) 10

000 ? Cela est autrement important.

- Travaillez Lozac'h !

*

Pound - Browning - Swinburne

T.E. Hulme Harriet Monroe Wadsworth

Pound - 1913 : « Il se peut qu'on en vienne à croire que

ce qui est important en art, c'est une sorte d'énergie, quelque

chose qui serait plus ou moins comparable à l'électricité ou à la

radio - activité, une force de transfusion et d'unification... Une "

549


image" est ce qui présente instantanément une somme

intellectuelle et affective. »

Liste poétique

Valimir Khebnikov Joyce Ruben Dario Gerard

Manley Hopkins

Thomas Hardy Marcel Schwob W.B. Yeats F.T.

Marinetti

Henry James Kamiensky Bourliouk Gottfried Benn

William Carlos Williams Georg Trakl Georg Heym

TS Eliot

Harrier Monroe Gertrude Stein Dino Campana Charles

Reznikoff

Wyndham Lewis Gerad Manley Hopkins Vicente

Huidobro Karel Teige

Marianne Moore Paul Van Ostaijen E.E. Cummings

Mona Loy

Vicente Huidobro Basil Bunting Odilon-Jean Périer

Williams Zukofsky Olson Duncan Rotenberg

Ezra Pound - Los Cantos - du Post-Dante

550


Segments additionnels en prose, à lire

Etonnant mécanisme cérébral qui relit l'incohérence -

À couper, sectionner, décomposer

La lecture linéaire est difficile. De l'à-coup.

Contemporains

Denis Roche Michel Butor Dominique de Roux Paul

Louis Rossi

Marc Cholodenko Jude Stefan Claude Minière Yves

Di Manno

Auxeméry

*

Je dois en cesser avec ma pensée 2002. Ma poésie

n'évolue plus. J'extrapole sur Denis Roche - La poésie est

inadmissible, œuvre complète - sur Michel Deguy ---) 90-00,

poésie, sur Jacques Roubaud ---) Poésie américaine

contemporaine, sur Michel Deguy à nouveau ---) Anthologie

contemporaine

551


Je ne possède pas encore ces ouvrages. Pourtant je

les prétends indispensables à ma production future. Je me

positionne sur le travail 2003.

*

Vingt poètes américains

Deguy : se reconnaître dans l'être-autre.

*

Produire, construire, œuvrer, contrôler, élaborer,

canaliser, appliquer, nettoyer, rewriter, récupérer, associer,

penser, s'inspirer, aller outre, grandir, fuir, mourir, exister -

là-bas. Là-bas, peut-être...

de la vie.

El camino. Le chemin. Le parcours sur le temps

Ceux qui me sont utiles : Du Bouchet, Char,

Valéry, Paul Celan, Deguy, Roubaud, Racine etc.

552


Ceux qui possèdent des qualités littéraires

indéniables mais que je n'utiliserai pas : Dupin, Camus,

Morand, Audiberti, Larbaud, Michaux etc.

*

La crédibilité auprès de ses contemporains est de

second ordre. Ce qui importe c'est de savoir comment l'on

doit s'y prendre pour obtenir le résultat escompté.

Les références sont séculaires, bien au-delà des générations

vivantes et rencontrables.

*

Observations et conseils

En quoi la Poésie peut-elle rivaliser avec la

Science ? N'est-elle pas en dessus ?

Extractions maximisées et non pas états d'âmes

poétiques.

Ce qui implique : logique, rationalité, efficacité,

maîtrise, travail, applications, volonté, formation.

553


visiter les poètes.

Habite les œuvres des génies plutôt que de

Travaille et laisse tomber. Ne commence pas à

tenter de pénétrer des structures impossibles. Tu vas y laisser

ta sève créatrice. Tes résultats seront insignifiants. Produis,

transforme, applique, essaie d'offrir via un cédérom ou

l'Internet. Cela et rien de plus.

Veux-tu jacasser ? Te perdre en propos inutiles ?

Veux-tu gigoter de la gigue, gigoter du mollet, Va, tes

civilités poétiques t'appellent.

- Bonjour, j'm présente, j'm'appelle Ben Saïd et j'te

donne mon tapis.

- Va te faire foutre.

- J'te le vends pas, j'te donne !

- Va te faire foutre quand même.

Le repoussoir poétique - le rejet - le refus. Le "

Ne m'intéresse pas", " Allez voir ailleurs" - et l'on y va. Et

c'est encore la même réponse. L'on vous colporte de X en Y,

d'Y en Z, de Z en A. Et tel est votre parcours.

554


*

Deguy ---) un pro-poète

Un poète proche mais avec un langage à

caractère philosophique, d'analyste qui se déplace dans son

complexe, qui produit son complexe comme lumière pour

avancer. Mais rien n'est clair, tout y est biscornu. De fluidité,

de simplicité rien n'apparaît. Il n'y a pas de dégagement vrai

au sens logique ou mathématique du terme. Deguy se

complaît dans la complexité, il s'y répand, il s'y noie peut-être.

En ce sens, il épouse la pensée mallarméenne. Doit-on lui

faire confiance ? Évidemment ! Qu'il poursuive ainsi selon

son schéma d'œuvre. Voilà certainement un système qui là se

dégage et apparaît.

*

Un chemin du langage

- 1 - Sortir du Moyen âge

- 2 - Simplification Malherbe Du Bellay

- 3 - Purification Racine

- 4 - Nouveau langage Mallarmé Rimbaud

555


- 5 - Symbolisation

- 6 - Abstraction

- 7 - Destruction Celan

- 8 - Poésie contemporaine Deguy Roubaud

Zanzotto Du Bouchet

Je cherche un nouveau mode d'écriture ---)

une sorte de mon âme mise à nu - les applications de la pensée

- est-ce réellement intéressant ?

556


Journal 2003

Relationnel poétique - principe de restriction -

Une œuvre est un homme et un homme est une

heure :

Je le vois - je le méprise car je suis, Moi !

*

écossais.

Robert Burns (1759-1796) - le plus grand poète

Auld Lang Syne

*

Tu cherches de grands poètes français du XVIIIe,

mais va vers les poètes étrangers - tu feras de la

croissance.

*

Ekelöf Gunnar (1907-1968) - poète suédois -

entreprise mallarméenne - l'une des œuvres les plus

557


importantes de ce siècle ---) Diwan sur le prince

d'Emgion

*

Relationnel poétique

Comment savoir qui est qui ? Et pour quelle

utilité ? - Aucune. Bavasseries et jacasseries.

Abaissement de la capacité poétique et intellectuelle.

Suffisance du peu et du presque rien. Maniérisme de

façade. Amabilité etc... Cela n'est que faible intérêt.

Méfie-toi. Instruis-toi dans les poètes, applique et

travaille. Ne va pas te gaspiller auprès de

l'Incompétence.

*

Aimer la culture c'est se nourrir de chefsd’œuvre.

Il faut comprendre les chefs-d’œuvre.

Les œuvres ne sont que rébellion.

558


*

Ma logique est une logique d'écriture,

d'applications, de bureau, de livres, d'ordinateur, de

moi vers moi ~ mais de poésie extérieure il n'en est

point - ou fort peu.

Poésie anglaise

John Donne Milton Shakespeare T.S. Eliot

Thomas Gray Chatterton William Wordsworth

Samuel Taylor Coleridge Shelley Baron

Keats

Francis Thompson Alfred Tennyson

Swinburne

Robert Browing WH Pater GM Hopkins

James Joyce

WH Auden Dylan Thomas Stephen Spender

Day Lewis

559


Poésie contemporaine

Michael Hamburger T E Hulme Basil Bunting

Donald Davie Philip Larkin Spender Neice

Day Lewis Auden John Hayvard Zukofsky

Chistopher Middleton (26) Nathaniel Tarn (28)

Tom Raworth (40) Jeremy Prynne Kenneth

White

Hugh Mac Diarmid Sorley Mac Lean David

Jones

Robert Graves Tonny Harrison (poésie savante)

Littérature allemande

Hofmannsthal Trakl Musil Broch Stephan

Zweig

Hermann Hesse Ingeborg Bachmann Karl

Krolow

Nelly Sachs Hilde Domin Marie-Louise

Kaschnitz

Helmut Heissenbüttel Oswald Wierner

Graz H.C. Artmann Elfrieds Jelinek

560


Klopstock 1724

Kant Fichte Spinoza Kleist

Georg Herwegh (1817-1875) Henrich Heine (1797-

185 )

Büchner ouvre la voie du théâtre moderne

"La littérature de grande diffusion sans véritable ambition artistique

Theodor Fontane (1819-1898)

Conrad Ferdinand Meyer (1825-1898)

Norvégien Ibsen Suédois Strindberg

561


*

Je travaille essentiellement avec Andrea Zanzotto - La Beauté -

Les Pâques.

Je vais commander Météo et Sécheresse de St John Perse édité

par La Tour de Babel.

C'est constamment une poésie de l'application, de la dérivabilité et

de la condensation ;

C'est encore une recherche de sensibilité autre - mais comment

faire évoluer la plume ? Comment déplacer le vrai ?

*

L'opiniâtreté des grands solitaires.

Le problème n'est pas de rencontrer

constamment des poètes d'actualités - de

communiquer avec les uns et les autres pour

échanger des niaiseries et des insignifiances -

Non - il faut comprendre - comprendre les

Génies, les grands poètes - intégrer leur substance et

travailler en exploitant également leur énergie.

562


*

Je déroule une écriture de Journal à la plume

facile. Je préférerais intensifier ma concentration

pour produire ou déplacer Zanzotto et Denis Roche.

N'est-ce pas plutôt Denis Roche qu'il faille

amplifier ? Quel est le contenu de ses autres

ouvrages ? - La liste : " du même auteur", avec

perspectives poétiques ou encore : proses Zanzotto et

Denis Roche.

*

L'incohérence cérébrale ~ sorte de poème-lavabo

mais relié par un fil conducteur ~ fréquence

associative de la pensée.

*

Dans deux mille ans, la planète comptera 8 000

grands poètes supplémentaires ~ Asie, Afrique,

Amérique latine, etc.

563


- Que signifiera : Monsieur Untel est grand poète ?

- Cela correspondra à un sauteur en hauteur à 2

m c’est-à-dire rien du tout. Il faudra donc relever les

minima, et dire : sautez 2,28 et là vous m'intéressez.

Le problème est donc de faire très grand poète,

problème résolu par une vingtaine d'hommes depuis

le début de l'humanité :

Hugo, Shakespeare, Goethe, Virgile, Dante,

Cervantès etc.

Comment faire très grand poète ? Il faut tout

d'abord être grand poète, puis accumuler de la

matière poétique en abondance : trois fois grand

poète en soi correspondrait à très grand poète...

*

Y a-t-il de nouveaux espaces pour l'intelligence

? Faut-il poursuivre les voies déjà existantes ?

564


La poésie - chacun construit sa maison mais ne

visite guère celle de son voisin.

Est ce qui est en soi.

Etre de soi à soi.

*

Le problème n'est pas de rencontrer des poètes -

il est de travailler avec des œuvres - de comprendre,

d'interpréter, de synthétiser des produits littéraires

offerts - d'en tirer une sorte de suc que l'on mêle avec

sa propre substance pour espérer extraire quelque

chose de nouveau, de différent du moins. Il s'agit

d'appliquer. L'idéal serait de parvenir à trouver un

langage nouveau, une langue différente, une sorte de

style comparable à ceux de Rimbaud ou de

Mallarmé.

*

Comment eux ? Que puis-je moi ?

565


Le problème est de faire TGP.

*

Je vois deux mondes :

Celui des applications c’est-à-dire : Œuvre,

livres, lectures, catalogues, génies, grands poètes,

culture, Internet, bibliothèques, librairies,

transformations, imprimerie, cédéroms, informatique,

feuillets noircis.

En vérité, le monde de l'efficacité, de l'écriture.

Celui des relations CAD : éditeurs, lettres de

refus, paralittéraire, activités, ventes, auteurs

contemporains, salons, ateliers d'écriture.

Le QE et le QL : quotient d'écriture et quotient

littéraire.

Le QE permet d'œuvrer et le QL de se faire

connaître.

566


Il y a peut-être un savant dosage de l'un et de

l'autre - ou est-ce l'Un puis l'Autre ?

*

Je persiste à croire que la Poésie est une

collection d'individualités - le travail poétique étant

travail de solitaire. Se parachever c'est être dans une

liste de catalogue et pouvoir se spécifier dans une

catégorie : bon poète, singularité littéraire, grand

poète, génie etc...C'est faire partie de l'édifice mais le

relationnel est de faible portée.

*

Ne pas rencontrer, ne pas bavasser mais

travailler avec, avec les génies, les grands poètes et

les êtres exceptionnels. Le temps est trop court pour

se perdre dans l'inutile. Délaisser les contacts - la

suffisance, les prétentions intérieures.

567


Le réel problème est de savoir comment Racine

a écrit Esther ou Athalie, et ce que l'on peut espérer

en regard de ces chefs-d’œuvre.

J'écris Racine, mais je pense Pléiade, toute la

Pléiade - et je considère également les Pléiades

étrangères : Italie, Espagne, Royaume-Uni,

Allemagne, Etats-Unis d'Amérique, Japon etc.

Il y a un énorme travail à accomplir avec ses

applications, ses transformations et la sauvegarde de

son œuvre - le relationnel n'est pas d'actualité.

*

Quel espace ? Quel contenu ? Quelle manière

d'écrire ?

*

568


Nous devons convertir la peinture abstraite en

poésie abstraite - suivre l'ordre des peintres. Leur

champ visuel est certain. À nous de convertir.

Pauvreté de la poésie. Impossibilité de trouver

une revue poétique dans une Maison de la Presse.

3000 revues et journaux sont accessibles mais pas

une seule revue n'est vendue.

Le mois d'août s'achève - nous sommes le 21 - je

voudrais également finir de remplir le second recueil

de l'année. Titre provisoire : Les miroirs obliques.

*

Liste des livres achetés depuis le début de

l'année 2003

- Anthologie de la Poésie tchèque contemporaine

1995-2000 - Poésie Gallimard

- Anthologie de la Poésie russe - Poésie

Gallimard

569


- Yves Bonnefoy les planches courbes - Poésie

Gallimard

- Marguerite Yourcenar La Couronne et la Lyre

- Poésie Gallimard

- Jean-Paul Dadelsen Jonas - Poésie Gallimard

- Michel Deguy Aux heures d'affluences

Poèmes et proses Seuil

- Michel Deguy L'énergie du désespoir PUF

- Michel Deguy Poèmes en pensées

- Zanzotto Les Pâques

- Zanzotto La Beauté

- Zanzotto Météo

- Denis Roche La poésie est inadmissible

- Denis Roche Louve basse

- Denis Roche

- Po&sie Numéro 95

- Po&sie Numéro 101

- André du Bouchet Pourquoi si calmes

570


- André du Bouchet Aujourd'hui c'est

- Paul Celan Renverse du Souffle

- Bernard Noël Le Château de Cène

- Salomé Soumise

Je n'y intègre pas, évidemment ! tous les autres

ouvrages, prêts de la Bibliothèque. Je m'y rends

toutes les six semaines et choisis une dizaine de

bouquins - peinture, sculpture, philosophie,

littératures françaises et étrangères etc.

[Nouvelles acquisitions depuis août -

Paul Celan : La rose de personne - Contrainte de

lumière - Pavot et mémoire -

André du Bouchet : Airs suivi de Défets

Po&sie Numéro 96

Fantasmes de femmes]

Ma quête : trouver de nouveaux Zanzotto, Paul

Celan ou Denis Roche - Penser post-mallarméen,

571


essayer de faire avancer mon langage et parvenir à

exploiter des espaces d'écriture jusqu'à ce jour

inconnus.

Je suis dans l'obligation de passer par Internet

pour acheter des ouvrages épuisés par les voies

traditionnelles de commande.

*

La symbolique abstraite

L'extrapolation

*

Fus-je absent ? Du moins, j'étais avec les

Immortels.

*

Ce qui m'importe, ce n'est pas de réussir - car la

réussite poétique est dérisoire - ce qui m'importe c'est

d'œuvrer c'est-à-dire de travailler et d'appliquer -

572


d'exploiter le meilleur matériel littéraire mis à ma

disposition - recueils, poètes, revues etc. - et de créer

un environnement optimisé pour développer dans les

meilleures conditions possibles mon potentiel

d'écriture.

*

La structure poétique d'accueil étant quasi

inexistante, il est impératif de se faire en dehors de

toute tentative de crédibilité auprès d'un public

quelconque - éditeurs, lecteurs etc. C'est misérable

d'être dans l'obligation de penser ainsi, c'est pourtant

la raison et le bon sens qui m'imposent à analyser de

cette façon.

*

Petite avancée sur les Fichiers Word - Le Grand

Livre des Sonnets est passé et compte quelque mille

sonnets écrits depuis un quart de siècle.

573


J'ai commandé un du Bouchet et un Paul Celan

chez Deloche. Je cherche désespérément Le Galatée

aux bois de Zanzotto.

*

Certains Poètes-impasses - grosses difficultés

pour les intégrer : Audiberti, Queneau, Ponge,

Desnos, Leyris, Reverdy, Michaux dans une moindre

mesure.

Pourquoi ? Est-ce Surréalisme ?

Pourtant j'ai Aragon.

Ponge m'apparaît toutefois très intéressant.

*

l'autre.

Critique : L'autre n'est pas toi, et toi tu n'es pas

Le critique dit indirectement : Soyez qui je suis

ou qui je voudrais être.

574


Il ne s'agit pas de sauvagerie, de refus de

rencontrer l'autre, - il est question d'œuvres, de

génies, de grands auteurs. Ceci est en 2D et non pas

en 3D.

Je cherche à œuvrer c’est-à-dire à construire, à

déployer, à travailler. Je crains de me limiter à du

courtisanat d'opérette, à du déballage de bonni

menteur. Je ne suis pas le représentant du produit

Franck Lozac'h. Je n'ai pas non plus envie d'attendre

désespéramment quelconque lueur de

reconnaissance. Mon souhait est d'appliquer, de

découvrir, d'exploiter de nouvelles tendances - du

moins je le prétends - mais n'est-ce pas

présomptueux que de penser de la sorte ?

L'idée serait de considérer l'Internet comme étant

un support comparable au Salon des Indépendants du

XIXe siècle, lieu où nombre de refusés trouvait une

place de choix et de qualité auprès de futurs géants

de la peinture.

575


Sur le Net, publier est possible. Etre lu est

possible. Se faire référencer est possible. L'édition

traditionnelle nécessite un public payant et impose

une rentabilité que les lecteurs ne peuvent fournir.

L'on pourrait avoir :

Les Littéraires-papier

Les Chanteurs-microsillon

et les Ecrivains-Poètes numérisés.

Il faudrait donc envisager différents supports

pour véhiculer un savoir culturel.

Diverses étapes évolutives du signe écrit

1 Manuscrit 2 Photocopie du manuscrit 3 Le

rewriting du manuscrit

4 La dactylographie du manuscrit 5 Les

corrections sur la dactylographie 6 La numérisation

de la page dactylographiée 7 Disquette

8 Le Cédérom 9 L'Internet

576


Comment peut-on se priver de l'édition

électronique ? Ne sera-ce pas une formidable erreur

que d'avoir évincé tout un nouveau système de la

représentation de l'écrit sous prétexte que la

rentabilité immédiate n’est pas au rendez-vous ?

Imaginons les œuvres des géants : Simenon, San

Antonio, Victor Hugo, Balzac etc. Pourquoi ces

œuvres qui représentent des centaines d'ouvrages par

auteur ne sont-elles pas supportées par le CD Rom et

le DVD, - ce qui favoriserait leur stockage et la

réduction de leur coût ?

Et les Pléiades - à 500 francs - édition de luxe,

en fait ! - Pourquoi le support électronique n'a-t-il

pas été pensé pour ces auteurs classiques ?

Chaque année, une nouvelle version aurait

permis d'enrichir le contenu avec un apport

supplémentaire.

*

577


L'écriture antique

L'écriture moyenâgeuse

L'écriture classique XVIe-XVIIe- XVIIIe siècles

L'écriture moderne XIXe- XXe L'écriture

contemporaine 1950-2000 et + ?

L'écriture électronique SMS Internet PC

Mallarmé ne serait-il pas un précurseur de

l'écriture contemporaine ? - Celan, du Bouchet,

Deguy, Zanzotto, etc.

*

1 Samuel 23, 23

Parmi

Les trente, il se fit un nom, et plus que les trente

Il fut illustre, mais il ne parvint pas au rang

Des trois.

578


Peut-on hiérarchiser la poésie française, la

poésie planétaire ? Qui sont les trois premiers ? -

Hugo, Corneille et Racine ? Qui sont-ils ?

*

Je ne cherche pas à me focaliser sur le

carriérisme artistique - je désire appliquer,

comprendre, lire, exploiter et construire. - Les uns,

les autres, le maniérisme, mais oui, mais non,

Madame etc.

Je crains le temps - et la Cigale...

C'est de l'amabilité de façade pour un jugement

sur l'apparence. N'entre pas dans ce système. Laisse

tomber, c'est de l'insignifiance.

- Rencontre-les.

- Pervertir mon génie sur des faces d'abrutis !

(On dirait chanceler de noires loupes à vos yeux !) –

Je plaisante, évidemment.

*

579


L'écriture mallarméenne commence à être

exploitée un siècle après son invention. Qu'en sera-t-il

de la sensibilité de Valéry ? De ses Cahiers et de son

système à penser ? Pourra-t-on convertir son

mécanisme cérébral en dernières découvertes

neurologiques ? Y aura-t-il convertibilités d'actions

entre ses différents fragments et la logique active de

l'intelligence de demain ?

*

Yahoo US. Mettons une liste de 700 poètes avec

des manques évidents : Hugo, Claudel, Racine,

Corneille etc.

Pourquoi ? Comme gérer ces immensités ? Estce

possible d'ailleurs ?

Quel chemin ? Quels chemins ?

*

580


Critique de l'Internet

Exploiter la classification des répertoires fournis

par les moteurs de recherche.

Qu'entend-on par "Tout le savoir humain" ? Estce

réaliste ? N'est-ce pas plutôt pathétique car

l'intelligence humaine est incapable de tout

rassembler.

La méthode consistera donc à pouvoir cheminer

à travers cette foison de forêt amazonienne que

représente la mise-à-la-disposition de l'Internet.

Mais quoi ? Le savoir fragmenté, échantillonné

représentera-t-il le nécessaire à posséder ?

Esprit curieux qui surfe, qui va et revient pourrat-il

dégager un système à exploiter, à penser ? En

définitive, que fera-t-il de ces données ?

Ce que l'on croit connaître est faible chose. J'observe

une liste de poètes que propose un éditeur - 250 noms et

je n'en connais correctement qu'une petite dizaine.

Combien d'auteurs parmi ces inconnus me permettraient

en langage consubstantiel de produire, d'écrire ou de

composer ?

581


*

Combien de temps encore les éditeurs

ignoreront-ils l'édition électronique ? Ont-ils

d'ailleurs la compétence pour s'y intéresser ? N'est-ce

pas plutôt à la nouvelle génération de construire avec

ces auteurs inconnus ?

J'aime à comparer les écrivains-Internet avec le

Salon des Indépendants. D'un côté la sélection

officielle, de l'autre des Monet, des Manet etc.

*

Sur un air de Monsieur Jourdain

- À quoi est-on écrivain ?

- On est écrivain à la rature.

- On est écrivain à la rature ?

- Oui, Monsieur, à la rature.

- Si je dis à ma femme de ménage : Ninette,

inscrivez sur votre liste de commissions : deux kilos

582


de carottes, et si je me rétracte : non, raturez : trois

kilos de pomme de terre je suis écrivain ? !

- Oui, Monsieur : vous êtes écrivain.

- Quelle belle chose que de connaître les clés de

la littérature !

*

Petits et grands - canards et cygnes.

*

Pas de poésie militante, pas de poésie de

spectacle mais poésie d’œuvre, de génies, de grands

poètes - admiration mais guère de communication.

583


Journal 2004

*

Comment sera-t-il possible de gérer l'immensité de cette

richesse littéraire ? Quel parcours ? Quels auteurs ? Et quels

oublis ?

La gestion de la poésie mondiale est une utopie inaccessible à

la possibilité humaine. Un trop grand nombre d'œuvres et

d'auteurs est mis à la disposition du lecteur, qui n'ayant

qu'une paire d'yeux et qu'une seule capacité intellectuelle

ne peut maîtriser l'ensemble proposé.

Que reste-t-il à espérer ? Il faut trouver les auteurs-clé avec

lesquels l'œuvre personnelle parviendra à se déployer.

Chercher les utilitaires en quelque sorte.

Le problème ne sera peut-être pas de gérer la poésie

contemporaine dans sa totalité - car cela semble une utopie

- non, la difficulté sera de savoir quels auteurs, quelles

œuvres participeront de manière active et efficace à sa

propre formation et à ses applications.

584


Il ne s'agit pas de côtoyer des poètes pour du relationnel

superficiel et stupide - non, il s'agit de savoir quelles

œuvres seront indispensables pour se former et appliquer

de manière satisfaisante.

*

Poésie antique

moyen-âge

classique

romantique

moderne

symboliste

surréaliste

contemporaine

Romain, Grec

Du Bellay, Villon

Racine, Corneille

Hugo, Lamartine

Baudelaire, Rimbaud

Mallarmé, Apollinaire

Aragon, Eluard

Char, du Bouchet

La nouvelle poésie

*

Poétiques de l'ambivalence

Edmudson Northrop Frye Krysinski Eco Tiercelin C S

Pierce

585


Dellade Chauviré Larochelle E. Alliez Guattari Nicanor

Parra

José Lezama Lima Elvio Romero Ida Vitale Dario

Enrique Gonzalez Martinez

Lugonos Enrique Banchs Vicente Huidobro Juana di

Ibarbourou

Alfonso Reyes Auerbach

*

Je poursuis mon travail poétique avec Zanzotto. J'essaie de

repenser l'ordre, le désordre, les combinaisons, les

applications - je veux déplacer autrement. Mais je reste

désespérément dans une sorte de symbolisme d'autrefois.

L'extrapolation serait peut-être la solution. Je dois inventer

de nouveaux verbes - de nouvelles opérations de l'esprit.

Mais comment agir, comment procéder ?

J'ai cru un instant que Deguy pouvait être la solution. La

solution est en moi, il se peut.

*

586


Valéry aurait dû dégager de tous ses cahiers un Principe - un

système décrivant avec logique et rationalité les

mécanismes ou les applications de ses tentatives mentales -

une sorte de Méthode pour intellectuels ou universitaires

applicable à toute forme d'esprit.

Un modèle cérébral ?

*

Quand un texte est trop faible pour le vers, il faut le repasser

en prose avec quelques aménagements - cela permet

parfois de le sauver.

La lecture en vers est impitoyable - en prose, la critique

délaisse, se pose ailleurs et dit : non, merci.

*

Tout art nouveau semble une imposture.

Qui peut prétendre savoir ce qu'il en sera de la poésie ? Vers

quels lieux inconnus se dirigera-t-elle ? Quelles lignes de

587


force empruntera-t-elle ? Nul ne le sait et ne peut prétendre

ce que sera son avenir.

Critiquez ! Réfutez ! Méprisez ! Rejetez ! Non ! Cela est

absurde. Car de la connaissance à venir, nul n'en est

pourvu.

*

Faire commerce avec autrui ! mais c'est essayer de plaire, de

séduire, de s'amouracher en quelque sorte, - c'est effet de

comédien - et quelle pitié pour soi-même ! - tandis que

l'esprit profond cherchera toujours à se parfaire - mais de

superficialité, il n'en sera pas question.

*

Je me suis toujours demandé à quoi pouvait bien servir de

rencontrer des poètes - cela me semblait acte de second

ordre - pipelettage et conciergerie - vernis et superficialité.

De profondeur, il n'en est point et l'autre est jugé sur ses

apparences style : " J'lai vu, c'est le Monsieur... Ha ! Oui !

Et que fait-il dans la vie ? Etc."

588


Mais demander à ces mêmes personnes de vous lire, de

pénétrer votre recueil - il n'en est pas question - ils n'ont

pas le temps. Autres choses à faire sans doute !

Je dis - quitte à me répéter - l'essentiel - l'Essence est de

s'imprégner des œuvres, de les comprendre, de les intégrer

pour produire soi-même, - pour être par autrui, également.

*

La méga méthode. Soi en soi pour soi. Ecrire, produire,

appliquer, construire, élaborer, se développer.

D'autrui. Guère à attendre. Les œuvres essentiellement.

Certains exploitent les rencontres. D'autres se font des

amis.

Maximiser son potentiel. Offrir son œuvre, la préparer pour

l'immortalité. Cela peut sembler prétentieux, pourtant.

*

Qu'appelle-t-on se faire poète ?

589


Se faire poète consiste à développer le potentiel caché au fond

de soi, à l'optimiser, à l'épanouir. Faire le poète est une

manière extérieure d'apparaître pour se donner une certaine

consistance artistique d'avantage orientée sur la

superficialité du vernis que sur la profondeur de sa nature

littéraire.

C'est le toc, c'est l'effet qui est recherché - théâtre ou défense

de palais de justice. La forme habille le fond - le fond est

insignifiant mais l'assistance savoure les succulents

morceaux !

Construis-toi !

*

*

Le poète interne - celui qui travaille pour œuvrer - celui qui

ne cherche pas l'effet immédiat - la communication

insignifiante ou la parade littéraire - non - celui qui

produit, pense, construit, élabore, agit.

590


- Cela ne fait pas grand bruit - cela est pour l'intelligence, la

discrétion et l'efficacité - mais cela doit tendre vers la

profondeur - du moins il l'espère.

*

Poésie. Ingérable, trop immense ! Comment savoir qui est qui

et qui vaut quoi ?

N'accuse pas les autres de ne pouvoir te comprendre car tu ne

peux comprendre autrui.

*

Que serait la poésie abstraite ? Quels en seraient les leaders ?

Quels poètes pourraient se prévaloir de convertir leurs images

en applications d'écriture audacieuse ? Quels ?

Mais comment ! Comment produire des écrits évolutifs ?

Comment ! Comment gérer le génie d'autrui ?

Tant d'œuvres fécondes et exceptionnelles !

591


Le temps passe, le temps court - écrivait Michel Sardou dans

L'autre femme - cela est vrai.

Je tiens entre mes doigts Le Folio Catalogue général 2004 : -

Quelle nourriture ! Quelle richesse ! Et cette pauvreté

cérébrale qui jamais n'aura la capacité de gérer l'immensité

littéraire mise à notre disposition !

Le relationnel poétique :

*

- De la mascarade superficielle. Rien n'est donné au fond.

Totalement inutile. Perte de temps. Jugé sur les

apparences...

La seule chose à faire, c'est se faire c’est-à-dire travailler, lire,

produire, se former. Mais il n'y a rien à attendre de

l'extérieur.

*

592


Qu'est-ce que la poésie pour Franck Lozac'h ? Fade et stupide

question ! La réponse sera réactive, sans pensée profonde,

sans massage de la cervelle. Allez sur Yahoo qui essaie de

posséder l'ensemble des cas possibles...

Y a-t-il une poétique de Franck Lozac'h ? Question plus fine

et plus intéressante. J'essaie aujourd'hui de concevoir un

produit post-mallarméen, et pour ce faire j'exploite les

écrits de Paul Celan, d'Andrea Zanzotto, de du Bouchet, de

Denis Roche, de Deguy, de Roubaud et de Pound - ma

pensée est essentiellement algébrique.

*

Tenter de se crédibiliser est complexe, difficile et

contraignant. Il est peut-être préférable de se construire, de

travailler et d'aller en soi.

J'observe la liste Internet du CIPM. Des centaines de poètes et de

poétesses cohabitent. Quels sont ceux qui demain passeront à

la postérité ? Sont-ils sur cette liste d'ailleurs ?

Et voilà pour l'immensité littéraire face à cette petite goutte

d'eau poétique ! Mais comment faire ?

593


*

Substituts d'algèbre

Pindare, Mallarmé, Rimbaud, du Bouchet, Pound, Zanzotto,

Deguy, Roubaud, Denis Roche

----) algébristes

----) penser épurer - autre langage

----) mathématique

Mathématiques dérivées

Je suis essentiellement attiré par les Mathématiques mais étant

cul-de-jatte je fais poète par les poètes algébristes.

*

Robert Ducan George Oppen Jerôme Rothenberg (publie 60

recueils de poésie) Charles Reznikoff

La structure poétique : ça ne m'intéresse pas, ça n'avance pas

et ça ne sert à rien.

Je rejette, je m'exclus, je cherche autrement.

*

594


Les gens disent oui à Rimbaud et pourtant sa poésie date de

130 ans.

Comment peut-on supporter sa nature humaine ? Cela est peu

- cela est si peu !...

*

"Ils" de Cocteau. Dessins érotiques de jeunes hommes - que

j'aime sans aimer car je ne vois pas de la sorte le désir ou la

beauté masculine.

Je pense fists - éjacs - érotisme - non pas volume de l'appareil

sexuel.

Les sexes me paraissent surdimensionnés d'au moins 20 %.

Mais n'est-ce point le désir ?

Je considère "Ils" comme faisant partie de son œuvre - œuvre

totale et pleine.

*

Allez vers les poètes ! Allez vers les éditeurs ! Vous ne recevrez

que mépris et indifférence !

595


Il faut donc travailler en soi, pour soi sans se soucier de

l'autre, sans l'intégrer à son principe d'application - l'autre

doit être ignoré.

En revanche il faut travailler avec les œuvres des génies et

toujours s'en référer.

*

Ne faut-il pas penser post-mallarméen ? Écriture algébrique

ou projective (1) ou désarticulée (2) ? Comment

transformer la peinture abstraite en poésie ? Quels produits

serons-nous capables d'extraire ? Et d'autres encore :

Zanzotto, du Bouchet, Deguy, Roubaud, Denis Roche,

Dupin peut-être doivent participer à l'évolution de

l'application poétique.

La première troïka, celle qui nous tire : Baudelaire, Rimbaud,

Mallarmé.

La seconde est composée de : Celan, Zanzotto, du Bouchet.

(1) Le vers projectif de Ezdra Pound

596


(2) La technique de Paul Celan

*

Mercredi - retour à Ombres Blanches. Recherche d'écriture

nouvelle. (Vais-je pouvoir trouver quelque chose d'utile ?)

(1)

(1) Je cherche un auteur qui me permettra de produire en

langage consubstantiel. Qui est-il ? Réponse : Roberto

Juarroz.

*

Je suis allé à Ombres Blanches - librairie toulousaine très

intéressante. J'y ai trouvé Initiation à la méthode

philosophique de Karl Jaspers et Idées d'Alain que je crois

avoir déjà acheté dans les années 96... (Mais je ne m'en

souviens plus) Ai pris le numéro 107 de la collection

Po&sie de Deguy.

De grosses difficultés pour trouver un ouvrage qui me

permettrait d'écrire quelque chose. Du Borges, il se peut,

au prochain retour. Paz est dépassé dans ma cervelle et je

597


ne puis travailler avec. Jiménez également mais aucune

vibration poétique ne paraît possible pour produire le

moindre semblant insignifiant.

Je suis désolé et cherche un produit post-mallarméen : mais

qui ? Avec quel ouvrage puis-je espérer travailler ?

*

Comment faire avancer mon écriture ? Je ne peux toutefois

pas en rester là ! Et que produire ? Que proposer ? Avec

quels poètes, vais-je agir et progresser ?

*

Il va falloir revisiter le statut du poète - car pour le moment,

c'est pourri et détestable.

---) à chercher, de nouvelles structures. - Gros travail à accomplir -

*

598


La représentation La symbolisation L'abstraction

L'extrapolation

*

Rimbaud est étonnant. Quel génie !

Zèle poétique

*

- Faire des circonvolutions dans les arcanes de la littérature

pour ne rien obtenir.

- On t'aurait vu ! Tu aurais discuté !...

*

Quel espoir de pouvoir de son vivant crédibiliser son identité

poétique ? Tout est long, bloqué, impossible. Il faut donc

œuvrer pour soi, pour son avenir peut-être - oui, œuvrer

pour son Au-Delà.

Craindre ! Craindre le temps car tout va très vite. Savoir

choisir - rejeter certaines offres terrestres car il est

impossible de tout faire et de tout maîtriser. Oui, refuser -

se limiter à quelques choix.

599


*

Ne pas attendre quoi que ce soit dans le domaine poétique.

Mais être pour soi, pour l'Au-delà, et cela est certitude et

raison.

*

Je dois aller outre - aller au-delà de Zanzotto. Comment y

parviendrai-je ? Avec quels auteurs ? Avec quels outils ?

Toujours chercher. Et pour obtenir quels résultats ?

*

Exceptés Corneille et Racine, quels sont les autres

dramaturges français du XVIIe ?

*

Sans une once de talent, le génie ne saurait être visible de

l'extérieur.

600


Faut-il s'abaisser à avoir du talent quand on a du génie ? Car

le talent, c'est l'habillage du moment, c'est la sauce qui

accompagne la viande - mais ce talent se démode quand le

génie se cristallise dans le diamant.

Ainsi de nombreux auteurs qui ont eu leur récompense - prix,

félicitations, rémunérations financières - sont tombés

aujourd'hui au plus profond des oubliettes.

Ce qui importe, c'est de se faire mais plaire est peu de chose.

Il n'y a rien à espérer en poésie - cela est peu, insignifiant,

ridicule en vérité. Il s'agit ensuite d'une réputation

colportée avec acquiescements d'autrui.

*

Le recueil. X préfère tels poèmes, Y tels autres et Z pense

encore différemment.

Le privilège de la complète. C'est un choix, une sélection

visuelle : j'aime, j'aime pas - je gomme, je jette, je prends.

601


Le lecteur dans un rayonnage de supermarché. Va vers l'objet

convoité. D'autres cherchent de nouvelles saveurs.

*

Critique. Poésies 2004 Essences et apparences : un foyer de

conjonctures.

Essences et apparences, et quelles

Fuyant la vague morne profondément en soi

L’être, balançant en non-être et déviances sans questionner

son infini

Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies dans la

mesure du déroulement tout en glissant

Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté par ce vent

qui vivifie tandis qu’une plainte maladive semble encore supplier

602


Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement

Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de son ombre,

en poussières de lumière, en déchets entassés

Et les présences émerveillées qui trament et trament encore

dans le sein de l’éther

Combien encore de marches inutiles, de conquêtes limpides

dans le foyer boréal du Moi !

Endormi sous le charme mensonger de quelque vaine idole et

contemplant les astres parfaitement posés

Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je léger

d’hypnoses neigeuses, m’élevant encore, là et là-bas dans

l’errance où je diverge immensément ~ elles, sont des féeries

dansantes

603


L’impensable dans la sphère pure

vois

: je me désespère

mille éclats éclairés de lune affaiblie

s'émerveillant sur le diamant

activant son souffle

en abondance de rêves

là s'y essayant encore

pour le comble du désir

qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de spasmes

suffocants, fuyant de pâles divagations inconnues

et encore : pour quelles perspectives ?

Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme

sublimes oublis espérant malgré tout...

604


*

Quelle nouvelle écriture ? Quoi et pourquoi ? Quels auteurs ?

Quelles applications non définies avec nécessités de

construire sur de l'inexistant ?

La poésie - planétairement ingérable - trop d'auteurs, de

génies, de langues etc.

*

Larbaud, Ponge, Audiberti, Queneau, Breton et de nombreux

encore m'ont échappé. Je n'ai pas su les intégrer pour

produire et travailler. Je les sais avec leur autrement mais

ne puis les utiliser pour appliquer mes différents principes.

Il me faut trouver une solution d'écriture - je dois produire

autrement - penser différemment. Mais quoi et avec qui ?

*

Je travaille avec Roberto Juarroz et essaie de trouver une

poésie autre.

605


*

Nous sommes le 16 juillet. J'écris sur la table de la salle à

manger de Marie. Elle s'est endormie et je noircis ces

quelques lignes en lisant l'œuvre de Roberto Juarroz. Avec

quel livre, quel auteur vais-je pouvoir poursuivre mon

œuvre ?

*

C'est avant tout un mécanisme cérébral d'écriture. Est-ce

action poétique ? - J'en doute fort. Le principe est là. La

substance, un prétexte.

Poétiser n'est pas jouir de la Nature et de son dehors - Écrire

c'est appliquer, combiner, penser autrement, découvrir de

nouvelles solutions - déplacer. Ce sont donc des verbes

nouveaux que j'essaie d'instaurer dans ma cervelle, et c'est

grand effort !

Savoure-t-il le sens de son mystère ? Que comprend-il de

l'intérieur ?

606


Tout chemin est vérité.

" Je voyage ! Je voyage ! " - Mais comment posséder le vrai ?

Aller ! Aller outre et pénétrer l'être au plus profond.

*

Poésie - Qui sème l'indifférence, récolte le mépris.

*

Je travaille en principe consubstantiel - je suis avec le produit

de l'autre. Je l'entends, le conçois, le dérive, le reprends -

en extrais certains germes, y associe ma singularité, et

j'essaie d'obtenir un objet différent, nouveau que l'autre

CAD le lecteur devra intégrer.

*

Je crains de perdre des œuvres essentielles, des auteurs

remarquables avec lesquels j'aurais pu produire des choses

nouvelles, des produits littéraires ou poétiques différents - mais

607


que faire ? Constamment renifler à droite, à gauche comme un

chien en manque ?

*

Vous m'avez pris pour un artiste - un être de zèle prêt à courir

à droite, à gauche à la moindre obéissance. Non ! Je

courrais dans mon âme et c'était déjà grande distance à

parcourir.

*

Ma crainte : de n'avoir pu développer efficacement le potentiel

proposé.

Autres craintes : avoir perdu des auteurs exceptionnels à la

Mallarmé ou à la Rimbaud qui m'auraient permis d'ouvrir

des espaces nouveaux intérieurs.

Le paralittéraire

*

Instituteur Professeur de Lettres Agrégé de Lettres

Journaliste Critique littéraire Professionnel de l'édition

Libraire Bibliothécaire Universitaire

608


*

L'homme presque n'existe pas.

Mais il peut collaborer avec son absence.

Roberto Juarroz

Poésie verticale

*

Il faut symboliser, faire des allégories et extrapoler.

*

La crainte du maniérisme, de l'habillage au détriment du fond

- de la prise de conscience extérieure maximisée, flouée

par l'autre avec son apparat - sa présentation.

*

Il ne peut en être autrement - sachez que je n'y suis pour rien.

La fatalité du négativisme poétique m'interdisant quelconque

possibilité de réussite littéraire - tout effort est vain.

609


L'action s'en retournant à son échec - les volontés de

crédibilité étant automatiquement vouées aux échecs les

plus cuisants, j'avais beau me dépêtrer pour obtenir le

moindre souffle de valeur - c'était nenni - nenni. Allez voir

ailleurs. Alors j'y allais. Et j'entendais encore la même

rengaine : Non ! Ne m'intéresse pas.

*

Pourquoi les bonnes manières dans les activités artistiques ? -

Car l'on essaie d'approcher l'autre tout en tachant de

respecter sa personne et sa sensibilité. Il faut donc s'y

prendre avec du maniérisme, et c'est susceptibilité difficile

que d'oser agir de la sorte.

*

Je ne me soucie pas de savoir si je plais ou non, si ce travail

convient ou non - je vais outre - j'agis, j'accomplis - je fais

fructifier mon potentiel - l'autre, Autrui m'indiffère -

j'essaie avant tout d'obtenir un résultat.

610


*

Roberto Juarroz est difficile à saisir car il est image et

profondeur - pourtant l'intelligence croit le comprendre ou

pénétrer cette double face sud-américaine qui échappe

parfois à la raison française cartésienne.

Il est là et à côté - parfois ces deux lieux s'organisent, se

fondent et créent un espace où le vrai se déploie.

*

Parlons franchement

La poésie - Soit : ça marche et c'est OK. Exemple : tu te fais

éditer par Gallimard. Soit tu fais : chapeau pointu turlututu

en gigotant de la gigue dans les arcanes des labyrinthes

littéraires avec circonvolutions de zélé : Très bien…la

Poézie, c'est très zoli !

En vérité, cela n'avance pas.

611


Ou encore. Jette tout ça, et tu te construis. Car le temps est

ennemi. Et si ton travail est valable, autrui le reconnaîtra.

*

Etre en poésie auprès d'autrui est une immense politique de

communication. Il faut transporter son 3D est toujours le crédibiliser. Le

marché est inexistant - le produit

n'étant d'aucune utilité est automatiquement rejeté.

*

Comment concevoir une pensée créatrice contemporaine ? Les

poètes et les écrivains qui se sont succédé ne pouvaient guère concevoir

leur degré de parenté. Il faut encore être doté d'une puissance inventive

interne et opéré par la transmutation un nouvel exercice d'un langage

déjà institué. C'est un jeu d'applications à travers un art et un principe

encore contenus qui ne saurait se concilier avec une expression moderne

déjà intégrée. La finalité étant de concilier avec la conscience moderne

conçue un nouveau mode contemporain incompris ou à peine aperçu.

Car toute ébauche vaine exige un nouveau déploiement intérieur.

Le portrait contemporain est la seule manière de voir le nouvel homme. Il

612


faudra toutefois aller outre. Seule la non-représentation commune

m'apparaît l'unique possibilité de crédibilité visuelle.

*

Rimbaud : configuration mentale exceptionnellement rare. Par

quelles opérations cérébrales a-t-il pu accomplir une telle compression de

la structure et de la phrase ?

Le cerveau dit oui à cette algèbre littéraire.

*

Comment vais-je faire pour trouver ou inventer quelque chose

dans le domaine poétique ? Que puis-je espérer dans l'espace

philosophie ?

Est-ce la construction de l'œuvre qui contient en elle-même son

originalité ?

*

Quand on remontera au Ciel et quand on verra l'indice poétique

de Dieu, l'on s'apercevra que cela n'a rien à voir avec le catalogue

Gallimard.

613


Il y a certainement des surestimations et des sous-estimations

terrestres. Quant à certains poètes - grands peut-être - ils n'ont jamais été

édités et sont tombés dans les oubliettes.

*

La critique c'est : ce que je crois, ce n'est pas ce qui est.

La transcendance poétique

*

*

Le critique doit dire : moi, je n'existe plus. Je me réduis. En

revanche je vous intègre.

- C'est la seule manière pour admettre l'auteur avec sa différence et son

autrement.

*

Il y a les cygnes (CAD les grands poètes) et les vilains petits

canards barbotant dans la mare (Ce sont les poètes d'aujourd'hui se

prévalant d'être quelque chose).

614


Les cygnes et les canards

Les canards font : « Coin ! Coin ! » et discutent entre eux. Les

grands poètes passent à côté de ces oiseaux inférieurs, les méprisent et

poursuivent leur avancée sur le lac.

*

Faut-il s'évertuer à côtoyer des poètes qui délaissent absolument

votre présence quand la formation exige l'obéissance et l'admiration des

plus grands d'autrefois qui ne sont plus ?

nouveau !

Prends pitié de ma pauvre intelligence et veuille la sublimer à

*

Et pourquoi devrais-je me suffire de niaiseries inutiles, de

paroles d'à-propos, de circonvolutions littéraires pour ne plaire à

personne en vérité ! Quel jeu m'imposez-vous à jouer ? Quelle bêtise

primaire ne forcez-vous à faire transparaître ? Tout cela est ridicule. Plus

personne ne vous suit. Plus personne n'exige cela. Ces propositions font

partie des aberrations d'autrefois.

615


Aujourd'hui, il faut travailler, appliquer, penser et croître. Oui,

se développer et obtenir des résultats poétiques - mais de tafiolages

d'opérettes, il n'en est plus question. Délaissez toutes vos fantaisies

d'approche. Vos ordres insensés sont totalement dépassés.

*

Y a-t-il un vecteur oublié qui se situerait entre la philosophie et

la poésie ? - Ce ne sera pas une réflexion bigarrée d'images extraites ici

et là - ce serait un véritable vecteur - certain qui ne permettrait pas de

faire avancer la pensée mais... Qui aurait l'audace d'aller au-delà en se

défaisant de la raison par la spéculation imaginative.

Avec les poètes

*

Il faut se suffire de leur peu - se prévaloir de leur suffisance - se

prétendre en deçà. Ils vous reconnaîtront - vous réduiront à leur état.

Acceptez ! Acceptez ! Cela vient d'eux. Ce seront des circonstances

autres, extérieures qui vous grandiront ou vous rapetisseront.

Faut-il longtemps courir après l'éditeur pour obtenir une

pacotille de réussite ? Ne faut-il pas en cesser et tenter de se former dans

616


sa parfaite indépendance ? Et qui sait ? L'Internet semble un possible -

un moyen d'offrir son travail à une masse exceptionnelle de lecteurs à

l'échelle planétaire pour un coût totalement insignifiant.

La poésie

Renoncer un droit quand cela était aumône et basse richesse,

quand cela était soumission et humiliation vaine pour presque rien. Que

pouvais-je espérer ?

*

Le héron : " Oui. Moi. Solitaire et tel ! Indépendant, ne

recherchant nulle nourriture auprès d'autrui. C'est ainsi. Je fais le tour du

lac, je côtoie l'ancienne rivière, et je me suffis de mon rien. Je n'ai que

faire de vos pacotilles de tanches, de gardons ou de vermisseaux - j'irai

vers de nouveaux festins là-bas de l'autre côté, car j'ai trouvé un

poissonnier et la prestation de ma présence semble hautement l'amuser.

Encore, je suis aimé auprès des hommes. Ils me nourrissent grassement.

Qu'ai-je donc à regretter ?"

*

617


Il faut donc apprendre à mourir - il faut se former, se

développer, s'épurer - implorer, supplier, prier - croire, espérer, invoquer

- se débarrasser, s'alléger, évincer ses scories - et glisser hors de son

corps pour enfin accéder à la lumière là-haut.

*

N'est-il pas utopique d'escompter proposer un produit poétique

capable de satisfaire à l'ensemble du public, d'offrir un texte écrit

apprécié et reconnu méritant quelque louange financière ?

Il me faudra donc faire des pieds et des mains auprès d'autrui

pour obtenir une reconnaissance insignifiante ? Vous exigez du zèle de

prêtraille pour convaincre la Structure

de s'intéresser quelque peu à ma personne ?

N'avez-vous pas songé aux nombreuses heures perdues pour

subir des refus et des crachats, et se voir bassement humilié par des êtres

méprisants ?

*

618


Je suis bien au-delà de ce que prétend autrui. Mais a-t-il été

capable de me juger réellement ? Dois-je me suffire de sa critique ? Cette

analyse semble-t-elle justifiée ?

Combien se trompent certains hommes qui prétendent savoir

avec leurs compétences mais qui sont si loin de la Vérité. Et de

poursuivre encore pour leur Néant, hélas !

Le poète ne pense pas - il gobe des images et se prévaut d'être

savant. Penser est au-delà de cette puérile compétence, elle confère le

droit à la philosophie.

*

Je suis allé chez Demazet ce soir de 18 heures à 19 h 30 - lundi

15 novembre - Sa compagne, très gracieuse, m'explique que deux

personnes de l'Association se sont épousées à Bordeaux.

Puis Demazet - qui essaie de se crédibiliser via l'édition -

s'investit très intelligemment - côtoie, rencontre, transmet son capitallivres

- en a assez de Poésie-Montauriol, la trouve trop pesante - poursuit

encore...

619


A raté le virage informatique - n'a pas l'ordinateur ni le Web -

ne voit pas le problème, évidemment ! - craint de ne pas savoir utiliser le

PC - ce qui est stupide !

Voit Ferrer grand poète quand je le vois petit ou local ou

insignifiant. Sa notion de grand est plus généreuse que la mienne.

etc.

Moi, grand : c'est Baudelaire, Char, Racine etc.

Lui, grand : c'est également Ferrer, Hetzel, Hélène de Miras -

Je ne comprends pas - qu'importe !

*

Les animations de la poésie d'aujourd'hui, qu'est-ce que cela a à

voir avec l'immortalité des grands poètes ? Faut-il passer par là ?

Poètes, le combat est pour des broutilles, le zèle pour des

insignifiances - mais l'avenir est au Ciel. Ici-bas, tout est ridicule - tant de

mièvreries, de foutaises, d'insistances auprès d'autrui pour peu, pour rien,

en vérité. Non, le vrai futur est là-haut avec les ombres, avec les spectres

et les réalités littéraires célestes.

620


L'Au-delà sait déjà pertinemment notre degré de compétence.

Tout s'en retourne au vrai et l'ordre est respecté.

Sur cette basse Terre, c'est la foire d'empoigne - les coups dans

les pattes - le mépris, le rejet. Attendons de mourir et enfin nous serons !

Tel qu'en lui-même enfin !

*

Je ne lis pas - je transforme - je transforme les propos - J'en tire

quelques-uns. J'extrais des pensées que je re-pense, malaxe et déplace.

C'est un travail de transfert.

*

Les hérons

Poésie : il y a les grands et les petits. Les petits sont fort

nombreux. Ils excellent et se multiplient aisément. Les grands sont rares,

cachés, repliés en eux-mêmes - le plus souvent rejetés, ignorés, méprisés

- ils conçoivent en silence. Leurs produits ne sont guère intégrés.

621


Dans la mare à la jactance : s'y côtoient les canards et les

cygnes. Les canards sont bavards et se prévalent d'être des grands poètes.

Les cygnes sont des poètes reconnus, - ils méprisent ces outrepassants. Et

d'autres encore sont à l'orée de la mare - ce sont les hérons qui n'ont pas

même un chétif morceau à quémander. Ce sont des incompris, des

inconnus, des rejetés mais leur panse est sublime - elle intègre l'ensemble

de l'inconnu qui gît au plus profond dans la mare.

Puis d'autres petits oiseaux s'étonnent, battent des ailes et restent

au bord de la mare pour se nourrir des rots et propos incompris de ces

hérons - ce sont ceux-là qui passent à la postérité, sont enfin compris et

servent à produire quelque chose de neuf.

*

Suis allé ce soir jeudi 25 novembre à la Bibliothèque de

Montauban à 18 h 45. Siméon et une amie de la DRAC présentaient la

maison d'édition Ducheyne. J'ignore si les auteurs du catalogue auront

quelque avenir.

Il reste aujourd'hui 50 poètes de la Pléiade française de

Gallimard. Siméon ignore la composition, les chiffres et l'équilibre

grammatical.

622


Je pense qu'il est sot de s'intéresser à ces êtres-là. L'avenir est

dans les différentes Pléiades européennes ou mondiales. Si l'on parvenait

à connaître les 50 plus grands poètes espagnols, italiens, allemands,

anglais, américains - etc. 9du monde entier - cela représenterait une

richesse inouïe incapable d'être assouvie, et l'on aurait que faire de ces

broutilles ou de ces tentatives de percées locales. Mais cet homme sera

peut-être quelqu'un. C'est du moins ce que je lui souhaite.

A-t-on le temps de s'occuper de cela quand on a du travail ? Ne

doit-on pas se préoccuper de ses propres applications plutôt que d'essayer

d'être auprès d'autrui ?

J'ai 46 ans. Il me reste 25 ans à vivre dans le meilleur des cas -

puis tout sera décadent et décevant - perdu - en lignes faibles. Que doisje

donc faire pour obtenir le meilleur potentiel, les meilleures

applications auprès de cette immense richesse que représente la

civilisation ?

Que faut-il lire ? Quels auteurs ? Quels livres ? Et quels sucs

tirer de ces substances pour moi-même parvenir à écrire quelque produit

utile ou intéressant ?

623


Je plonge fortuitement dans l'âme des philosophes et espère

retirer des substances intellectuelles utiles à mes applications.

L'instinct est d'aimer les Mathématiques, la raison, le savoir, les

philosophes, les poètes, les saints - ceci n'est pas dans l'ordre - les

prophètes, les Dieux, les saintes, les pèlerinages, les livres sacrés etc.

*

quel ? - Lequel ?

Il faut ajouter sur l'Abstrait - faire du post-contemporain - mais

Penser, agir, fusionner avec matériel informatique - Yahoo,

Google etc. Sélectionner dans la liste puis appliquer.

Ne plus se soucier de l'éditeur - cela est caduc

(- Essentiellement pour les poètes) mais travailler avec les listes

littéraires et en tirer des ouvrages à exploiter (Italiens, Allemands,

Anglais, Espagnols etc.)

*

624


Samedi soir. Chez Deloche. Une heure de six à sept. Assez

grosse effervescence. Recherche de nouveaux auteurs. Je visite Cheyne -

certains bons poèmes de Siméon en prose. Puis d'autres éditeurs. J'essaie

d'ouvrir une cinquantaine de recueils - difficile d'en exploiter un d'utile.

Puis je tombe sur Deluy – Potlatch[es] son anthologie à 25 €. La

présentation des textes m'apparaît satisfaisante et je parviendrai

certainement à extraire quelque chose de ces applications.

*

Il faut créer un langage novateur - parvenir à produire des

structures grammaticales jamais conçues par autrui - inventer un nouvel

ordre avec des concepts inconnus. Comme tout cela semble difficile !

*

Inventer de nouveaux espaces. Mais quels ?

Rôle mineur du relationnel - rôle majeur des lecteurs et auteurs.

Peu pour la communication - tout pour les applications - écritures

essentiellement.

Et aujourd'hui Yahoo,Google... au mot littérature.

625


autres.

Il faut constamment chercher et déplacer les substances des

Quel rapport le génie a-t-il avec l'art ? Il voit - il comprend - il

pénètre - il prend et se nourrit.

Quand l'âme atteindra l'au-delà, la science ne sera qu'une

illusion.

Le réconfort de la médecine n'est que provisoire quand l'avenir

est dans l'immortalité.

Poésie des limites et des expériences - du plus loin créatif, de

l'en deçà - en laboratoire d'écriture. Zanzotto est remarquable. Et d'autres

encore - inconnus - jamais édités, hélas ! Qui sont les nouveaux

Mallarmé ? Car ce sont les fondateurs des nouvelles applications avec

variabilités audacieuses et inventives. Qui sont-ils - je répète ?

Il faut donc trouver de nouvelles limites poétiques et

philosophiques, et les exploiter en tant que potentiels sûrs.

2004

Quelle est donc cette écriture contemporaine ? - 6 décembre

626


Je ne vais toutefois pas en rester là avec cette pensée médiocre.

*

La chose la plus difficile en poésie, c'est de parvenir à relancer

son inspiration interne, c'est de trouver le moyen de produire quelque

chose de nouveau et de différent. Après des milliers et des milliers de

pages, tout semble bloqué et répétitif. On a impression que ce que l'on

écrit a été maintes fois proposé et l'on ne sait plus comment s'y prendre

autrement.

*

Il n'y a pas de solitude infinie de la pensée - il y a un espace

poétique qui se déploie - il y a un espace philosophique qui est là, qui

entend et comprend. Les pensées sont des signes mais ne sauraient

mourir, folies de mon esprit. Tout est rationnel et logique. Je cherche

donc des images vraies - des pensées possibles et construites - j'avance

dans la vérité en espérant que tout cela pourra s'avérer exact demain.

Je répète : il ne s'agit pas d'images fantomatiques qui animent

ma cervelle mais des audaces susceptibles d'être vraies.

627


J'émets des sons, des pauvretés, des absurdités - je prends des

risques - je suis un miroir déformé du monde. Je dois trouver des

combinaisons nouvelles. Je sais que j'y parviendrai. Croyez-en moi.

Croyez.

*

Poésie

Éviter le compte d'auteur qui est cher et ne débouche sur rien.

Aller sur le Web - s'y référencer, y offrir ses produits gratuitement.

Se former, s'instruire dans les Anciens et travailler avec les

nouveaux auteurs - produire, penser, appliquer.

*

La solution est peut-être de trouver des revues adaptées à ton

principe d'écriture - des revues très contemporaines. Quelles seraientelles

?

Je me demande parfois ce que je puis trouver avec ma piètre

cervelle. Mon intelligence me semble de qualité inférieure. Je cherche -

cherche et ne puis découvrir.

*

628


La poésie de contact, de discussion, de communication peut-elle

réellement déboucher sur quelque chose d'utile ? Que doit-on espérer

attendre de ce type de contact ? Effectivement cela est très sympathique,

très courtois - mais, en vérité cela permet-il de faire avancer son propre

potentiel ou encore sa carrière littéraire ?

*

Jusqu'où ira cette nullité ? Jusqu'où faudra-t-il plonger au plus

profond de soi pour en remonter le suc libérateur de la poésie crédible ?

*

Est-ce une erreur ? Je ne m'inquiète que fort peu de l'édition, de

ma crédibilité auprès d'autrui. Je produis, je travaille mais je ne tente

guère les contacts - les discussions - ou les palabres. J'ai tellement à gérer

par moi-même...

*

Ce que je crains : - c'est de perdre des poètes exceptionnels

avec lesquels j'aurais pour produire des textes utiles ou intéressants et qui

hélas ne m'apparaîtront jamais. J'ai eu le privilège d'exploiter un Paul

Celan, un du Bouchet, un Zanzotto (D'autres noms sont encore dans ma

629


mémoire), mais de véritables réalités poétiques me semblent perdues

hélas.

Je parle également de Poètes-Outils capables de faire évoluer

mes applications d'écriture.

*

Il se prétend poète mais il n'est rien. Il est peu, il est inutile. Il

méprise, - il joue un rôle local ou national - appartient à une Maison - sa

disparition est certaine. En vérité, tout se passera au Ciel, et le vrai sera

enfin dégagé.

*

Qu'est-ce qu'un poète ?

- Est-ce celui qui associe applications poétiques et

comportements externes ? Celui qui se prévaut d'être sur une petite

estrade et a été édité à 400 exemplaires par une maison régionale ?

- Tout cela ne saurait durer. Ceci est de la poésie d'aujourd'hui.

Mais où est Baudelaire ? Rimbaud ou Lautréamont ?

630


Et le public qui se prévaut d'être averti écoute, encense, se

nourrit de balivernes et d'inutilités !

Ceci est plaire à une intelligence simple d'instituteurs, de

professeurs de lettres ou d'amateurs encore.

Mais le génie - je dis - le vrai génie, où est-il ? Se frotte-t-il à ces

miasmes ? Non, il cherche, conçoit, applique en dehors de ces présences

sommaires.

*

Le poète ne m'intéresse guère - seule l'œuvre m'apparaît utile.

Je délaisse les rencontres préférant me concentrer sur les

applications d'écriture.

En revanche, je travaille là en langage consubstantiel - CAD

que j'exploite des fragments, des éléments d'autrui pour produire mes

propres écrits.

*

Qu'est-ce qu'un poète ? Qui est le poète ? Tout cela est

impossible. Trop de génies, trop de réalités indépendantes pour former

l'ensemble dit Univers poétique.

631


Algébristes

*

Miscellanées

Mallarmé Rimbaud

Pound Paul Celan Zanzotto

Denis Roche Deguy Roubaud

? Juarroz du Bouchet Pasolini

Autres algébristes

Poètes projectionnistes - Zukofsky - Charles Olson - Pound - Robert

Creeley - Bunting

Chaucer - Oppen - Reznikoff

*

Louis-René Desforêts - Pringent

L'observatoire de poésie contemporaine

*

632


Grand poète : ----) distinction dans l'élaboration mentale

----) conception et spécificité rares

particularisme supérieur qui offre une distinction de qualité

Grands poètes principaux : inspireraient - œuvre fondatrice ou

fondamentale - créer un mouvement etc.

Verbalités : problèmes du langage poétique.

633


JOURNAL 2005

Considérer le rapport entre la poésie et la philosophie - rendre clairs les

points de cobordisme et d'équations d'applications - c'est encore s'essayer

à de la spéculation audacieuse mentale. Il est vrai que la philosophie peut

avoir besoin de la poésie en exploitant ses qualités propres pour penser et

avancer. Comme la poésie ne saurait s'interdire l'accès à la philosophie

pour construire et progresser dans ses résultats mouvants.

*

Pourquoi le laboratoire ? - Car le laboratoire est en avance sur son temps.

Il spécule, il prétend, essaie avec l'audace. Il veut offrir le futur, il assure

de le posséder.

*

En poésie - ce qui plaît n'est pas toujours ce qui est bon. Mon jugement

et ma critique ne sont pas des biens fondés de certitude. J'interprète, je

prétends - mais de vérité indiscutable, il n'en est point.

634


Cet Autrement n'est pas toujours compris. Difficile parfois d'imposer sa

propre personnalité. Faut-il d'ailleurs se soucier de se crédibiliser auprès

d'autrui ? Etre Soi pour Soi, - n'est-ce pas suffisant ?

*

Quelle est la finalité objective utile d'un relationnel avec un poète ?

Si je rencontre des gens, je vais rencontrer qui, et cela va m'apporter

quoi ?

Le plaisir du contact ---) très sympthatique.

*

Toi, mon rare

Toi, mon rare, mon avare mais d'eux-mêmes à éviter

Pour le non-utile - le facile acquiescement de

Dire oui. Le beau de la politesse ! Quel sympatique !

Quelle mesquinerie ! Encore de s'attrouper autour !

" Ecrivez-vous le soir ? Le bleu est subsonique ! Je

M'entremêle dans mes délires fangeux. La beauté est

Croissance de chair. Finissons-en ".

635


En discrétion

Enracinée, de poète à l'écart travaillant dans, -

Travaillant avec - avec génies et sur-génies pour

La recherche impossible, inouïe, au-delà, pour.

Oui, délaisse mais forme-toi avec lumières, éternités,

Fluidités équivoques dans lesquelles est ton bien - Re-

Viens, retourne.

De jamais éprouvées, en évoquées,

En confusion, j'enfle dans mon mystère et reste moi.

*

Voici le temps de l'inspiration, sublime moment où le génie se déploie.

*

L'Autre - est l'ami, le frère, le père, l'Alter ego dans lequel on se

régénère, on s'instruit, on apprend, on applique.

Il autorise ce langage consubstantiel ou fusionnel CAD une sorte de

Moi-par-Lui, Moi-avec-Lui, Moi-sans-lui-je-ne-suis-rien.

636


Il s'appelle : Rimbaud, Racine, Baudelaire, Valéry, Mallarmé, Deguy, du

Bouchet, Zanzotto, Celan, Pound etc.

À la fin de mon existence, des centaines d'hommes, - poètes, peintres,

philosophes, scientifiques etc. auront participé à ma formation ou à la

production de mon œuvre.

La poétique de l'espace

*

L'analyse du post-Bachelard - c'est-à-dire : un nouvel espace inconnu et

pourtant exploitable où la pensée poétique se construit

ou encore

L'écriture post-Celan - Pound ou Zanzotto - mélange de tous - car

d'autres existent évidemment.

Mais le subtil serait de combiner les deux - intelligences de forme et de

fond.

Et quel produit le cerveau serait-il capable d'extraire ? Car il faut

concevoir un objet cérébral nouveau.

*

637


L'intelligence poétique doit également trouver de nouveaux espaces (Audelà

de l'analyse de Bachelard) où elle pourra déployer de nouveaux

vrais sensés ou insensés - qu'importe ! - mais des vrais possibles ou

inconnus. Rester là en soi, en prétendant poursuivre Autrui est certes

louable mais n'est guère progressiste.

Denis Roche ---) 2003

Zanzotto ---) 2004

Pound ---) 2005

*

CAD

Moi-même + audace de l'autre - de son écriture. Ou repartir avec Roche

et Zanzotto.

*

Je me demande réellement quelle compagne aurait pu me suffire, car

l'autre à mes côtés m'apparaît idéale perdue. À moins que tout cela ne

soit qu'une chimère impossible, que folie de réalité et invraisemblance.

Produire et produire pour son temps. Sorte d'utilité de journaliste. Avoir

sa récompense avec son salaire. Mais comment durer ? Un peintre dure

638


cinq siècles. Un musicien trois. Mais un écrivain, si grand soit-il se

démode assez rapidement.

Il doit accepter d'être et de n'être plus. Il passe, est immortel. Mais son

œuvre n'est plus d'aucune utilité. Ce grand poète Clément Marot disparaît

petit à petit. Mais Virgile et Homère semblent graver dans les stèles des

millénaires. Alors ?

Je crains l'autre, les autres, Autrui - les circonvolutions, les tentations de

séduction, le paralittéraire.

Je cherche les applications, les résultats, les optimisations, les nouveaux

espaces.

*

Nous sommes samedi soir, et je travaille sur la table de la salle à manger

de Marie. Nul livre n'est mis à ma disposition. Je produis sans, sans ce

déclencheur d'énergie, sans ce petit fragment qui opère hors de la

cervelle la sortie du produit intellectuel. Je m'aperçois - mais je le savais

pertinemment que l'Autre est indispensable à mes applications. J'appelle

l'Autre, le livre - le philosophe - le poète - le penseur - l'Internet ou

l'Encyclopédie.

639


Pourvu que cela passe ! Pourvu que ce produit cérébral puisse se

crédibiliser auprès des autorités compétentes ! Je crains l'espace littéraire

humain avec ses rejets, ses refus, ses abnégations.

*

Ce que je crains, c'est d’être dans l'obligation de rencontrer des gens de

toutes sortes pour des petitesses et des insignifiances - d'agir - d'aller à

droite et à gauche pour ne rien obtenir.

Ce que je cherche - l'efficacité poétique - le relationnel-gain -

Rencontrer, offrir et se crédibiliser.

*

Il ne s'agit pas de lire - il s'agit de s'instruire - de prendre, de se nourrir,

d'extrapoler, d'aller outre - d'ajouter sur la pensée des Anciens et c'est

acte de progrès.

640


*

Le parrainage poétique - méfions-nous des uns et des autres qui

cherchent à s'associer par frottement, par gentillesse de comportement.

Le génie est unique - est un et ne saurait nécessiter la présence d'autrui

pour exister.

Je veux dire : à quoi peut bien servir de se coller ? Tout ce zèle littéraire,

pourquoi ? N'est-ce point du temps perdu pour des peccadilles

insignifiantes.

*

Je crains l'autre, les autres, Autrui - les circonvolutions - les tentatives de

séduction - le paralittéraire.

Je cherche les applications, les résultats, les optimisations, les nouveaux

espaces.

*

Marie qui est à Paris est parvenue à obtenir Le Galaté aux bois d'Andrea

Zanzotto. Cet ouvrage - majeur - fait considérablement évoluer la

verbalité et le langage.

641


J'espère qu'il me sera utile pour produire. Du moins, je tenterai de le

scanner.

*

Rencontres. Qui voir ? Qui rencontrer ? Avec qui discuter ? Et pour quel

contenu ? Cela permet-il de faire avancer les choses ou n'est-ce que de

l'aimable communication d'opérette ?

*

Il n'est certes pas possible de maîtriser l'ensemble de la production

poétique offerte à notre intelligence, - nous devons nous résigner à

travailler ou à produire avec seulement quelques auteurs offerts ici et là

au hasard des rencontres ou des errances d'écriture.

Évidemment la logique d'applications - une exploitation systématique de

produit d'autrui nous paraîtrait plus raisonnable - mais la réalité semble

tout autre, et une grande part de chance et d'heureuses conjonctures

semble prévaloir dans notre mécanisme littéraire.

*

642


O Œuvre

Il y a tant à lire ! Cela n'est plus possible ! Il faut donc rechercher un

niveau - une valeur - une correspondance comprise par Autrui qui dira :

"Moi, je ne vous ai pas lu, mais je sais que vous valez tant. Vous vous

situez là."

D'autres, plus subtils, prétendront : "Nous vous analysons avec tels

ouvrages, tels poèmes, tels extraits. Il est vrai, votre production va audelà

de nos capacités synthétiques. En cela, nous laissons aux

générations futures le soin de vous comprendre autrement. Nous ne

prélèverons qu'une infime quantité de votre œuvre géante."

Et que dire ? Et que dire, pourquoi s'indigner ? Est-il possible de tout

gérer - de tout comprendre ? Cela n'est-il pas suffisant, en vérité ?

*

J'ai achevé le scann du Galaté aux bois de Zanzotto. J'attaque Vingt

Poètes américains. Je dois rendre l'ouvrage pour le 12 ou le 13 février

2005. Le retour se fera à la Bibliothèque Vaugirard à Paris.

Marie est parvenue à trouver les rares bouquins...Elle s'est inscrite et a pu

m'apporter les précieux ouvrages avec lesquels je puis produire

actuellement.

643


*

Vingt poètes américains Zukofsky page 57

Ce sont des applications remarquables !

Objectivistes

*

Pound WCW Gertrude Stein

Zukofsky Carl Rakosi

Basil Bunting Lorine Niedecker

*

La production des années 30 a-t-elle été un levier pour l'écriture poétique

contemporaine ? On sait l'influence de la troïka Baudelaire, Rimbaud,

Mallarmé sur la poésie de du Bouchet ou de Paul Celan. Qu'en est-il des

années 30 ?

*

La poésie française contemporaine : il serait préférable de parvenir à

dégager ceux qui des génies ou des grands poètes. Le reste étant peu de

644


chose. Ce sont les génies et les grands poètes qui inspireront les auteurs

d'aujourd'hui et de demain.

*

Est-il véritablement agréable de s'entendre dire : " Non ! Non !

Monsieur ! Allez voir ailleurs. De tout ce magasin, je n'en ai que faire !

Cela ne saurait me convenir. Comment avez-vous eu l'audace de me

présenter cette quantité innommable ?"

- Que faire ? Que faut-il répondre ? - Cela sert-il à quelque chose

d'enflammer la polémique ?

L'on se retire et l'on produit pour soi. Pour sa propre postérité ou

immortalité...

*

Déjà 300 000 poètes français édités en ce jour, à compte d'éditeur. Peutêtre

d'avantage ! Combien, en vérité, en restera-t-il ? Seront-ils d'ailleurs

là les poètes qui passeront à la postérité ? Ne sont-ils que les poètes

d'aujourd'hui ? Faut-il appartenir à cet espace ?

*

645


Étonnant site trouvé sur Internet permettant d'accéder à la poésie

planétaire contemporaine. Cela permet l'édition de 28 feuilles au format

21 X 29. Un nombre considérable d'auteurs inconnus apparaît. Espérons

que certains parviendront à faire évoluer ma verbalité et l'espace dans

lequel je tente de me déployer.

---) Vidéos-lectures

---) Ecritures électroniques

*

François Lunven/ Olivier Debré

Robert Davreu - membre de Po&sie

*

La poésie : ce n'est pas côtoyer X ou Y - discuter quelques instants pour

des facéties insignifiantes - non ! Le poète est celui qui écrit, applique et

obtient un résultat nouveau, inconnu d'autrui et utile à la Communauté.

*

De tous ces gens d'aujourd'hui qui animent La Poésie française ~ dans un

siècle, combien en restera-t-il ?

646


Ni Mallarmé ni Rimbaud ni Baudelaire ni Verlaine n'étaient édités.

Cependant ce sont eux qui ont fait la

poésie du XIXe siècle !

Ils sont nombreux à prétendre savoir...

*

Tout poète authentique est un fondement nouveau.

Seront-ce de nouveaux espaces ? Des associations de langage inconnues

? Comment peut-on déterminer la poésie nouvelle utile ?

*

Je crains essentiellement de parvenir de ne pas trouver.

Mes applications poétiques parviendront-elles à se situer dans un

autrement utile ? Vais-je pouvoir obtenir une nouvelle verbalité

comprise, débouchant sue quelque finalité objective ?

*

Les poètes n'ont guère intérêt à se côtoyer car ils pensent, songent,

appliquent des produits totalement différents et peu compatibles.

647


Quand on rencontre son contemporain, il pense inconsciemment : " Qu'il

soit Moi ! Qu'il fasse ce que j'ai produit car j'ai la certitude que ce que je

fais est bon, grand voire génial. Moi, je suis un grand poète. Ce qu'il

produit n'est pas ce que je fais. Donc je le méprise. Je puis le rejeter ou le

juger d'en haut. J'ai expérience, j'ai compétence."

Or il en est de la poésie comme il en est de la musique. Des milliers de

ramifications se croisent et s'entrecroisent, mais une tendance musicale

ne saurait posséder le vrai.

*

Quelle est la probabilité en France de trouver un grand poète avec qui

l'on puisse communiquer ?

Faut-il courir comme un malade pour se forcer à en trouver un ? Dans

quel but ? Pour causer cinq minutes avec lui ? Ou le supplier de nous

dédicacer un ouvrage payable 20 euros ?

Tout cela est ridicule ! L'on s'aperçoit aisément que c'est chacun pour soi.

Mais de relationnel, il n'en est point !

648


Je dis : il faut produire et travailler - se construire et œuvrer, et non point

se soucier d'autrui.

*

Plaire, exister, s'assumer auprès d'autrui ! Quelle fatigue ! Quelle usure !

Un bon patronyme fait gagner vingt ans, assurait Pascal.

*

Concevoir de nouvelles formes - penser d'autres contenus.

Plus le temps passe, moins je me sens capable d'obtenir quoi que ce soit.

*

La poésie est un outil d'applications de forces mentales. C'est un support

pour extraire, extirper, plonger là au plus profond et tenter d'y remonter

des vérités nouvelles, autres, différentes - audacieuses.

*

- Pourquoi écrivez-vous ?

649


- Certains peignent, d'autres font des mathématiques, d'autres encore du

crochet ou des muretins de pierre. Pourquoi ne pas écrire ? Il y a des

millions de personnes qui en France écrivent leur journal. Ceci n'est pas

acte de rareté.

Écrire serait un langage, supérieur à du langage parlé qui mériterait une

retenue sur du papier.

- Pourquoi écrivez-vous ?

- Je suis incapable de produire de la mathématique, de la physique ou de

l'économie à un niveau supérieur. Je dois me suffire d'images vaines, de

pensées chimériques, d'audaces aléatoires bariolées de langage obscur ou

de propositions absurdes et folles.

- Pourquoi écrivez-vous ?

- J'obéis à Dieu. Dieu me l'a imposé et infligé. Le résultat ne me semble

guère crédible chez les humains... Le tout est refusé et méprisé

allégrement. Il se peut que le travail convienne là-bas, là-haut - au ciel !

- Pourquoi écrivez-vous ?

- J'essaie d'extraire de ma cervelle des concepts, des propositions

nouvelles issues d'un travail intellectuel. Je prétends que le tout forme un

poème utile ou exploitable pour mon œuvre déjà obtenue.

650


Cela est vrai - vous posez une bonne question. Pourquoi écrire ? Il s'agit

certainement d'un surplus cérébral canalisable par l'expression appliquée.

*

Que puis-je trouver ? Que puis-je comprendre, exploiter, découvrir,

inventer ? Quel monde invisible s'offrira à ma science, à ma

connaissance interdite ?

Je plonge dans l'infiniment-rien espérant y extraire un suc d'intelligence

nouveau - je plonge dans les méandres de mon intime car un pur savoir

semble y exister.

Malgré cela, c'est le rien qui m'habite tout à coup. Qu'était-ce ? Que

prétends-tu avoir obtenu ? Tu es encore dans le Néant de toi-même

incapable et inutile - malfaisant et stupide.

Tente. Tente encore d'obtenir un autre produit. Cela du moins te sera

profitable. Mais de vérité nouvelle crédible, il n'en est point.

*

651


Ce qui importe avant tout, c'est de posséder un nouveau langage, un

nouvel espace d'écriture, de produire des images autres avec des

contenus vrais et crédibles.

Il faut ajouter sur le vrai des Anciens, et c'est belle avancée !

*

Il faut ajouter sur la compétence de ses pères. En ce sens, la science

progresse et propose des applications supérieures.

En revanche, le poète propose un autrement vrai. Mais cet autrement vrai

permet-il d'ajouter sur la compétence des Anciens ?

Le vrai poète est celui qui ajoute et obtient un résultat supérieur.

Ma verbalité n'évolue pas.

*

*

Certains lisent peu : la quantité rimbaldienne ou baudelairienne leur

suffise.

652


*

Il a tant inspiré moi qui n'ai servi à rien !

Il avait 130 ans d'avance sur moi !

Rimbaud

*

Constamment chercher de nouveaux auteurs pour relancer sa machine

interne et travailler pour obtenir des résultats satisfaisants.

*

Ces milliers et ces milliers de poètes, aujourd'hui ! Puis l'écrémage sur la

première génération. La plupart disparaissent - un, deux, trois semblent

résister toutefois. Pourquoi ? Est-ce une politique des maisons d'édition

qui privilégie tels plutôt que tels autres ? Le choix est-il fondé sur des

qualités intrinsèquement reconnues ?

Il s'agit donc d'une immense roue de la fortune ou de l'infortune où des

trésors poétiques sont à tout jamais enfouis ou détruits quand des œuvres

cahotantes parviennent toutefois à faire leur chemin vers la lumière ou la

postérité.

653


*

Les poètes caquettent et le génie produit. Choisissons.

*

L'écart qui sépare un blog de poésie avec un recueil de poèmes, c'est

l'écart qui sépare des brèves de comptoir avec un discours politique...

Il n'y a rien là-dedans - que du primaire insignifiant. Bas - bas - bassecour.

C'est un outil permettant aux gens de délirer, de déconner mais en rien de

construire. Enfin, attendons que le temps passe ou fasse son affaire.

*

Je disais : il y a le QE et le QL. Le QE, c'est le quotient d'écriture - CAD

l'application, le crayon, le papier, l'ordinateur, l'obtention d'une œuvre.

C'est le poète ou l'écrivain seul à sa table pour produire et penser,

extraire de son cerveau et obtenir, obtenir un produit satisfaisant.

654


Il y a le QL - CAD le Quotient littéraire, la capacité à parler, à rencontrer,

à discuter, à appartenir à des groupes, à faire preuve de subtilité,

d'intelligence, paraître en fait auprès d'autrui.

J'ai à ce jour produit plus de 200 livres, mais je n'ai pas rencontré 10

poètes dans ma vie. Mon QE est très élevé quand mon QL touche les basfonds

du Néant...

*

Il semblerait judicieux d'utiliser Gleize ou Philippe Beck ou La

collection Al Dante pour aller outre la poésie d'aujourd'hui, dans

l'extrême contemporain.

Il faut donc lors de la prochaine visite acheter ces auteurs et travailler en

consubstance.

En revanche le Numéro 110 de Po&sie me semble inutile - idem des

numéros du Nouveau recueil.

La revue Nioques également.

Ai vérifié Azul de Ruben Dario qui ne m'apparaît pas évolutif ou

exploitable.

655


Ai caressé une belle anthologie de Bénezet - complète retraçant plusieurs

décennies de poésie - assez, oui, évidemment - n'ai pas acheté.

Ai pris Nietzsche Le crépuscule des idoles (je crois l'avoir déjà acheté),

Seconde considération intempestive, Henri Bergson de Jankélévitch et

Trois leçons de ténèbres de José Angel Valente.

Ombres blanches 26 avril 2005

*

Le poète n'a pas à plaire, à satisfaire à un éditeur, à vivre de sa plume. Le

poète pense : je ne dois rien à personne. Je puis produire ce qui me

convient. Mon acte créatif est total. Que m'importe qu'ils comprennent,

qu'ils aiment ou qu'ils m'approuvent ! J'agis selon ma volonté, et cela est

grande liberté.

L'architecte obéit, se réduit, se limite, offre un objet acceptable. Le poète

n'a que faire de cette obligation. Il est souverain et peut écrire ce que bon

lui semble. N'ayant nulle obéissance financière, il est souverain et se veut

émancipé.

656


Cette liberté engendre une exceptionnelle audace cérébrale qui a pour

finalité d'obtenir un produit littéraire d'une créativité extrême -

considérablement en avance sur son époque - guère comprise (il va de

soi) mais évolutive et reconnue par les générations futures.

*

Les poètes ont été de véritables référentiels avec l'immense respect que

l'on doit rendre à ces êtres de l'Au-delà qui m'ont tant appris. Puis grand

nombre ont été des pères, des aides, des inspirateurs, des déclencheurs

d'énergie ou d'applications.

*

Comment m'aurait-il été possible d'être la somme de 6 500 poèmes ?

Tout n'était que mensonges, qu'invention verbale. Il pouvait y avoir ici

ou là quelques éléments biographiques - mais terriblement dilués. Non,

c'était affaire de mots et de langage, mais guère de références

personnelles.

*

657


Comment ? Tu cherches ! Mais n'as-tu pas déjà trouvé ? Et qui peut

prétendre que tu n'as pas trouvé puisque personne ne t'a lu ! Tu détiens

des trésors de créativités et d'inventions inouïs - enfouis à tout jamais

peut-être...

*

More genuis, my God !

*

Craindre d'être en décalage avec son contemporain. D'être en deçà.

Ailleurs.

Où se situe le vrai d'aujourd'hui ? Qui peut prétendre posséder la vérité ?

Y a-t-il stimulation intellectuelle locale permettant de fabriquer un

nouveau vrai ? Ce nouveau vrai de synthèse est-il une restriction du

schème conducteur ?

*

Qui prétendra obtenir la solution s'il considère son résultat et celui

obtenu par Hugo ?

658


*

Que je puisse accéder au vrai contemporain !

La question est également de savoir si l'on a mis à sa disposition les

meilleurs ouvrages permettant de former son intelligence et d'obtenir des

applications satisfaisantes. Car certains travailleront médiocrement avec

Baudelaire quand d'autres se sublimeront avec des auteurs mineurs.

Comment savoir ? Que faut-il lire ? Quelle méthode pour s'instruire ?

Car tout cela est encore affaire personnelle.

Il faut lister les catalogues des éditeurs poètes : 50 - 80 - 100 - 150

ouvrages, et déterminer ceux qui permettent réellement de progresser en

écriture. Systématiquement chercher.

*

La sympathie est une stupide aumône - des facéties de langage et de

manière - mais cette courtoisie sociale s'avère indispensable pour réagir

les rapports entre les humains.

*

659


- Ses parents ont-ils suffisamment d'argent pour en faire un fainéant ?

- Non pas ! Mais lui est suffisamment fou pour être poète !

*

Éditeurs de poésie contemporaine

POL Théâtre typographique Éditions de l'Attente

Le bleu du ciel Al Dante Seuil

*

Tant de poèmes produits ! Seule une poignée passe à la postérité !

*

À nouveau à Ombres blanches.

17 mai 2005

De grosses difficultés pour trouver des auteurs avec lesquels je vais

pouvoir produire des objets différents. Je cherche dans l'Extrême

contemporain français.

660


J'interroge les employés de la librairie - ils me proposent : Théâtre

typographique, Éditions de l'Attente, POL et Le Seuil.

Je connaissais : Le bleu du ciel et Al Dante.

POL et Corti ne sont pas toujours évidents.

En revanche Verdier édite Marion Luzi.

J'ai acheté la revue Grèges n° 9 Printemps 2004, Mario Luzi, A l'image

de l'homme et Georg C Lichtenberg, Pensées.

*

L'exploitation d'autrui pour produire

Il y a certes le support avec lequel on écrit - et l'on peut supposer que

sans ce support le produit d'écriture serait moindre ou de faible qualité.

Mais il y a également la capacité cérébrale du poète qui rejette, combine,

associe, exploite sa mémoire pour obtenir le meilleur objet possible.

*

661


" Me remplir d'autrui, c'est me vider de ma personne" : Olivier Demazet

Trop lire autrui lui interdit de développer son propre potentiel - annihile

sa créativité.

*

Très peu consacré de temps, de persistance à l'éditeur, au milieu vivant

des Lettres, à la crédibilité auprès d'autrui et des lecteurs. Ai focalisé

essentiellement mon potentiel cérébral sur les applications d'écriture en

exploitant systématiquement les œuvres d'autrui.

Raccourcis remarquables - recherches du fond ou de l'œuvre, mais

habillages ridicules, inexistants. La plupart des écrivains naviguent avec

bâbord et tribord - moi, j'avançais droit devant !

*

Je ne parviens toujours pas à comprendre l'utilité du relationnel poétique.

Permet-il d'avancer dans la Société des Lettres ? Sont-ce des facéties de

mondanité ? Ou offre-t-il la possibilité d'accéder à de nouvelles

connaissances littéraires ?

*

662


Semaine passée en Espagne à Port de Selva. Assez agréable. Beau temps.

Plage. Travail. Lecture. Sans mes 400 chaînes et sans Internet, le niveau

baisse...La stimulation mentale est sacrifiée. Il faut s'en retourner au

vieux mécanisme d'autrefois avec quelques livres et cent feuilles de

papier à noircir.

Je crois abandonner Zanzotto et Juarroz. Je travaille depuis le début du

mois avec L'Extrême contemporain français. Le livre de Philippe Beck

Aux recensions m'apparaît d'aucune utilité. J'exploite Grèges N° 9 revue,

Modèle habitacle de Pierre Parlant Au bleu du ciel et L'épreuve du

Prussien de David Lespiau.

L'environnement optimisé

*

Ce que je crains, c'est de ne pas mettre à ma disposition tout le matériel

nécessaire à mes applications.

*

Je ne serai jamais parvenu à entrer dans ma tête l'utilité du relationnel

poétique.

663


*

Il faut travailler Mario Luzi sur deux pages - un seul poème semble trop

court.

*

Il taquine la Muse - puis prétend que cela doit suffire pour un compte

d'auteur.

*

Quand seras-tu ? Sera-ce suffisant ?

B, M, R feront autorité au moins pour deux siècles - ce qui paraît déjà

considérable. Comment une société se prévalant d'évoluer peut-elle

instruire ses bacheliers dans cette troïka ?

*

Rimbaud, Mallarmé - des configurations cérébrales extraordinaires.

664


*

Il faut se faire, et pour cela l'intelligence d'autrui est indispensable. Mais

se faire n'est pas se coller à l'autre ! Se faire, - c'est se former, se

construire, comprendre, exploiter, déduire, développer, ajouter, proposer,

- appliquer également et offrir enfin ! le contenu de ses expériences.

*

À nouveau à Ombres Blanches - 3 ouvrages de philosophie : Histoire de

mes pensées de Russel, Profils philosophiques et politiques de Habermas

et Dialectique négative d'Adorno. Un Dominique Fourcade chez POL.

Il faut avant tout relancer la matrice interne, parvenir à concevoir des

nouveaux possibles, déplacer l'application de l'Autre, extraire,

synthétiser, être-là, ailleurs et posséder un Vrai exact, compris,

incompris, qu'importe ! - un Vrai toutefois !

*

Comment prétendre savoir avec quels auteurs l'on va pouvoir obtenir de

nouveaux objets poétiques ? Quels seront les déclencheurs du la

favorisant une symphonie d'écriture contemporaine ?

665


*

Il faut essentiellement parvenir à découvrir de nouveaux espaces où

l'intelligence parviendra à extraire des sucs inconnus. Il s'agit d'exploiter,

de pénétrer des structures invisibles encore à la capacité cérébrale.

La grande difficulté est de tirer de l'environnement proposé la substance

ou l'unification des substances avec choix et rejets apte à produire l'objet

à créer.

Tu dors ? Réveille-toi. Conçois quelque substance nouvelle qui se

placera dans le paysage existant.

Si tu te satisfais de ce que tu as obtenu, c'est que tu étais incapable d'aller

au-delà de ce que tu as créé.

Maudis-toi. Déteste-toi ! Va au-delà de ton potentiel développé. Tu en es

capable. Ton génie sublimé te remerciera de l'effort accompli.

Toi, oui. Toi, certainement. Mais sans autrui, qui serais-tu ? Un miasme

rampant, un moins que rien soumis à l'ignorance.

Glorifie l'Autre, remercie-Le. Il est le catalyseur, l'énergie sachante.

666


Gérer - comprendre certains auteurs, en rejeter d'autres - travailler en

synergie d'intelligence avec l'extrême contemporain, chercher et

appliquer.

Mais comment l'intelligence doit-elle penser pour obtenir des objets

nouveaux ? Comment choisir, décider, rejeter et posséder le nouveau vrai

? Oui, comment posséder le nouveau vrai ?

Faut-il synthétiser les différentes formes de sciences artistiques mises à

sa disposition ? Qui vont de la danse jusqu'à la philosophie ? Extraire,

mépriser, rejeter, condenser ou agir autrement encore ?

Car il s'agit peut-être de configuration personnelle qui offre des produits

cérébraux uniques, rares, utiles pour autrui...

Mais comment déterminer cette configuration personnelle ?

Si je ne trouve pas, je suis un Néant - un inutile - un incapable à rejeter.

J'ai besoin d'une personnalité vraie, reconnue d'Autrui - que ce soit dans

ce monde ou dans l'autre.

Il faut être. Mais comment faire ? Qu'obtenir et pourquoi ?

667


*

Je pensais : la poésie est une immense frustration ! Elle ne permet pas

d'accéder à la Science, à la Connaissance ou à la Mathématique. Son

langage est certes subtil et créatif, mais l'intelligence poétique offre-t-elle

la possibilité d'accéder à la compétence des Sciences ?

L'aptitude cérébrale semble inférieure. Comment redorer la réalité

poétique pour lui conférer une vérité inattaquable ?

*

Ça redevient de la qualité (avec Marion Luzi) mais ce n'est pas du Hard

créatif...

*

C'est la volonté commerciale qui interdit à l'éditeur de considérer le

travail électronique. Il veut vendre du papier. Ceci est peut-être une

erreur. Il doit être un bon support publicitaire et proposer également des

messages à intégrer.

*

668


Quel est l'avenir de ma poésie ? Puis-je espérer être chez les hommes ?

Serai-je là-haut ? L'échec terrestre sera-t-il condamné par le Ciel ?

J'en suis à 33 anthologies et 49 recueils - rien ne s'édite. L'espoir est dans

la numérisation des écrits. Mais les éditeurs ne semblent guère intéressés

ou craignent que l'ère informatique ne réduise leur chiffre d'affaires à une

peau de chagrin.

*

Poésie : Le plus grand des Seigneurs peut passer pour le dernier des

manants, et le dernier des manants peut passer pour le plus grand des

Seigneurs.

*

Relationnel : est-ce comprendre d'après l'apparence pour mieux pénétrer

les fondements du contenu ? Si c'est cela, la psychologie littéraire est une

belle affaire !

*

La symbolique abstraite ---) le tableau

669


L'extrapolation

---) La nouvelle Bible

La poésie du non-sens ---) Poésies 78

Le symbolisme ---) Mallarmé etc.

L'écriture désarticulée ---) Paul Celan

Le Post-Mallarméen ---) du Bouchet

L'hermétisme ---) Mario Luzi et Co

La verbalité ---) Zanzotto

Ungaretti Montale Penna Caproni

Sabarbaro Onofri Quasimodo Camprana

Mallarmé Eloits Yeats

Joyce Cummings Pound

Betocchi Alfonso Gatto Piero Bigongiari

Elio Fillipo Accrocca Rocco Scotellaro

Quatre poètes majeurs : Sandro Penna Bertolucci Caproni Sereni

*

Et moi, moi ! - Le cerveau, la capacité créatrice. L'aptitude à concevoir, à

extraire, à combiner, à produire des objets récents.

670


Il faut penser "intelligence propre", et non pas uniquement attendre

d'autrui les applications à obtenir. Certes le langage consubstantiel, mais

également la capacité à créer par soi-même des écrits inédits. Il y a un

temps de malaxage, d'actions internes, de réflexions vers soi pour ensuite

projeter hors de soi l'objet mental nouveau.

*

Comment optimiser sa potentialité poétique ? Quelle méthode

individuelle doit favoriser l'obtention d'un maximum cérébral ? Quel

principe d'investigation personnel permettra un déploiement personnel

littéraire utile à la collectivité ?

*

La poésie n'a jamais été chez moi une poésie d'amitiés, de

communications, de petits spectacles, de fraternités, de "Je-vais-vousprésenter",

- non - là - elle ne m'intéressait pas. Ce n'était pas une poésie

de contacts mais une poésie d'œuvre, de génies, de grands poètes,

d'applications, de Maisons d'Edition, de catalogues, de librairies, de

bibliothèques également.

*

671


Comment choisir le meilleur chemin ? Produire, travailler, penser - certes -

mais avec qui ? Quels auteurs ? Quelles applications ? Quelle méthode

cérébrale ? Comment peut-on exiger du cerveau qu'il propose les

meilleures applications possibles ?

Les poètes sont satisfaits de leurs résultats ? - C'est leur affaire ! La

vérité est autre. Il faut faire preuve d'intelligence aiguë et choisir la

solution optimisée.

11 août

Déplacement à Agen. Trois librairies. Martin Delberg, Majuscule et une

troisième, Place des Laitiers. faiblement achalandées en poésie - qui ne se lit

pas, ne s'achète pas, et ne sort pas même des bibliothèques !

Il me reste à faire Bordeaux, La Bibliothèque de Toulouse Le Mirail et

Des Jeux Floraux.

L'idéal serait d'aller à Paris deux/trois jours, d'entrer dans un grand

nombre de librairies spécialisées et d'en tirer les ouvrages utiles à mes

applications.

672


*

Mario Luzi - plus images que langage

Andrea Zanzotto - plus langage qu'images

La voie poétique est catastrophique

*

Je ne tairai point ici ton nom ni ta mort

Prématurée ni ton dévouement admirable

Si toutefois la lointaine postérité

Peut croire à un aussi bel exploit, ô jeune homme

Digne de rester en mémoire.

Virgile L'Enéide Chapitre X

*

Comment vais-je pouvoir résoudre le problème des applications

d'écriture ? Tout semble vain et inutile ! Le cerveau cherche et ne peut

trouver. (Je dois retourner à Toulouse cette semaine pour acheter de

nouveaux auteurs)

673


Il s'agit de travailler par aimantation, par synthèse, par principe dérivé. Je

dois progresser.

*

Les faisceaux de convergence

Associer, intégrer, tendre vers un centre, synthétiser avec du vrai pour

tirer une réelle conséquence

*

Il y a un gros réservoir d'ouvrages refusés par les Maisons d'édition qui

pourrait atterrir dans le gratuit d'Internet...

*

Je n'ai jamais trouvé intérêt dans le relationnel - seules, les applications

paraissaient cruciales et indispensables.

Il fallait lire essentiellement et découvrir des auteurs à exploiter.

*

674


Le relationnel est vain. Le vecteur de croissance poétique, c'est le

catalogue, les applications de l'Autre - les écrits à intégrer.

La richesse poétique est dans l'application que chacun possède à écrire -

c'est une sorte de maximisation de sa potentialité créatrice. Et cette

potentialité demande à sortir (Les poètes cherchent à être édités)

Il faut donc lire - lire et appliquer - appliquer avec la référence de l'Autre

pour intégrer des variabilités nouvelles d'écriture, pour comprendre des

principes ou des concepts littéraires inédits -

et Soi avec Autrui produiront des objets littéraires rares, utiles,

intéressants et exploitables.

Ainsi la croissance pourra s'opérer.

L'on pourrait procéder pour l'Internet. Chacun offrirait X poèmes de sa

création. Cette création serait accessible à tous via le WEB. Les poètes

exploiteraient les références mises à leur disposition pour comprendre,

intégrer, appliquer et obtenir des objets nouveaux à travers leur

créativité :

" Prendre, comprendre, exploiter, appliquer, rendre et donner"

675


Ajouter, synthétiser, pousser.

Cela s'appelle quelque peu le sens de la vie avec les générations qui se

succèdent, et la génétique qui tente d'offrir le meilleur de soi à la

génération future tout en disparaissant après le court instant d'existence

vécue.

*

Saisir des moments et se positionner sur des vitesses - vitesses

cérébrales, essentiellement.

*

La rareté de ma personnalité rend difficile toute complémentarité.

La mémoire défaillait parfois

Les rêves ardents trépassaient en nuages

Ni mémoire ni songe ni possible

Hors de toute existence

676


Au plus profond du sommeil, - l'opacité mentale !

*

Roberto Juarroz : une méthode, un espace, un raisonnement

Antonio Ramos Rosa : de l'image envolée, endiablée

Zanzotto : verbalité, contenus, de l'audace, du risque

*

Je masse lentement l'offre - je veux dire les mille ou deux mille recueils

de littérature mis à ma disposition. J'en maîtrise deux cents, trois cents -

une assez grande quantité peut-être, - je dois trouver le ou les auteurs qui

participeront à ma progression poétique. La finalité étant de trouver une

variabilité de langage validée par autrui.

Tu seras loin, au-delà du regret.

*

Mario Luzi

677


*

L'Absence ?! Mais qui ? Qui voir, qui rencontrer ? - Pourquoi ?

Tout était dans les Œuvres - dans les Génies - dans les Grands - poètes,

écrivains, romanciers, philosophes, peintres, et sculpteurs !

Mais que pouvais-je accorder au relationnel ? L'offre était si riche, la

potentialité humaine si faible !

Le mépris - incapable de discernement - répandait sa substance sur toute

vérité.

- Fais poète !

- Aiguiser ma sagacité auprès d'autrui !

*

Élaborer un contenu dans du supérieur. Conceptions du langage haut,

complexe, inaccessible/difficile. L'ensemble des éléments.

Les fondements. L'organisation des objets - la mise en vie de ces

différents objets.

678


*

Homologuer son vrai auprès d'autorités non compétentes qui

disparaîtront dans leur génération, pourquoi faire ?

CCP et compagnie

*

Le "branché" de la poésie, l'Underground poétique n'est pas forcément le

lieu du savoir, du vrai futur - là ne sont pas Stones ou Les Beatles

d'aujourd'hui.

- C'est un lieu, c'est un risque - ce n'est pas la certitude toutefois.

Il faut se souvenir que seuls deux ou trois poètes par génération passent à

la postérité. Le reste est balayé, jeté dans les oubliettes du déchet

éternel...

*

Il ne s'agit pas de rencontrer des poètes - il s'agit d'obtenir une œuvre. Le

relationnel est insignifiant quand l'œuvre est essentielle.

Penser - produire - appliquer.

Batifoler- converser - rencontrer.

679


Choisissons.

*

Comment prétendre que le résultat poétique sera suffisant ? Que les

applications obtenues seront validées par la critique d'autrui ?

Faut-il supposer une poésie de l'Internet ?

*

Que puis-je espérer obtenir ? Quelles finalités de comportement exigerat-on

de ma personne ?

Rencontres - communications - transmissions du souhait, du désir, de

l'envie.

Communications dans la ville. Comment ?

*

La poésie est inadmissible a titré Denis Roche ? - Je dis et prétends :

l'espace poétique est en expansion - l'exercice poétique est personnel,

libre, inconnu, risqué et novateur.

L'invention, le génie, la créativité n'ont nul besoin de se déployer dans

les structures littéraires d'accueil.

680


Il se pourrait tout aussi bien que dans les prochaines décennies, une

certaine poésie sur le WEB voit le jour, se développe et connaisse un

franc succès au-delà d'une ligne éditoriale imposée par des rédacteurs

soucieux de tirer profit d'applications nouvelles.

Le "tout gratuit", CAD l'Internet serait un merveilleux espace de

nouveautés, d'audace et de créativité. Il n'imposerait nulle raison

financière et offrirait à tout un chacun la possibilité d'exprimer son talent

artistique.

Souvenons-nous du Salon des Indépendants au XIXe siècle, composé de

peintres refusés par la critique officielle qui sont devenus les phares du

Louvre d'aujourd'hui.

*

En littérature, n'étant que fort peu loquace je n'avais pas d'amis. En

revanche, mon admiration était sans limite, et des maîtres exceptionnels

ont gravité autour de mon âme pendant des décennies.

*

681


La finalité du travail était de déplacer le langage, de proposer de

nouvelles images et de concevoir des espaces d'écriture, des applications

jusqu'à ce jour impensées, créer un autre vrai validé par la critique

d'autrui, hautement situé.

*

Accumulation de poèmes n'est pas élaboration de langage.

*

Le concentré Pléiade avec ses génies, ses grands poètes - le Gotha

international. Puis des cercles autour qui vont en se diluant jusqu'aux

poètes insignifiants, vivants, d'aujourd'hui et qui disparaîtront bien vite.

Disons 1 500 poètes à l'échelle planétaire depuis le début des temps, et

seulement 3 - 400 seront utiles à la formation et aux applications

d'écriture.

Le reste sera : " Oui, oui, j'ai lu mais je ne puis en tirer profit. Cela est

mais non pas pour ma personne.

*

682


Vendredi 30 septembre - à Ombres Blanches. Ouvert une quarantaine

d'ouvrages de poésie - ai trouvé Le sillon des sens Jacques Clauzel et

Bernard Noël et Ce que je raconte aux chaises de Miro de Angelis.

Ai délaissé les revues poétiques - Po&sie 112-113 consacré à Blanchot,

Le CCP, - en vérité, la quasi-totalité des revues mises à ma disposition.

J'essaie tant bien que mal de gérer l'offre poétique d'Ombres blanches - 1

000 ou 1 5000 ouvrages - espaces français et étranger. Petit à petit,

l'esprit conçoit et cherche à maîtriser.

Léger retour vers le Théâtre - mais quels contenus ? Le Théâtre de

l'absurde ne me paraît pas être la solution.

*

Jeunesse : génie - jaillissement - spontanéité

Maturité : raison - élaboration - conception - profondeur - difficultés -

pensé et repensé - opérations mentales autres.

Évolution ou maîtrise de l'activité cérébrale.

*

683


Le livre - est essence de contenus - synthétisations approfondies - a

nettoyé ses impuretés - certifie la qualité du langage.

Qu'appelle-t-on "grand écrivain" ? Qu'entend-on désigner sous cette

appellation ?

- J'appelle grand écrivain celui qui a été apte à produire plusieurs chefsd’œuvre

en prose. A différencier du prosateur qui produit une bonne

vente et disparaît sous 24 mois.

*

Le génie est celui qui également a la capacité d'ouvrir un nouvel espace

inconnu, inédit, jamais pensé par Autrui. C'est une École, un principe, un

système d'investigation, c'est une synthèse, une audace de culture. Il doit

posséder une configuration mentale propre, are, unique, reconnue

toutefois par Autrui comme étant gain et vérité.

Le nouveau vrai doit être validé par la critique d'Autrui.

*

684


Rencontrer. La gente littéraire me fait perdre mon temps. J'agis, pense

au-dessous. Je sais et connais déjà. Cela est fort aimable, sympathique.

Mais quelle en est la finalité objective ?

*

La logique ?... L'Alogique : admettre les incompatibles.

*

Que sera la nouvelle poésie ? Quel sera le rapport du média Internet dans

la formation de la nouvelle intelligence ? Cette mise à la disposition

immédiate, sublime encyclopédie, engendrera-t-elle des objets appliqués

évolués ? La réponse est oui.

*

Ce qui étonne, c'est que Cocteau ne soit pas parvenu à faire "grand

poète" - il a fait bon poète. Le contenu de son œuvre ne peut lui

permettre d'accéder à l'identité de GP.

Le génie de sa diversification en est-il le coupable ?

685


*

En panne de production. Pas le moindre vers poétique, pas la plus infime

ligne de journal. Ni Jaccottet ni Luzi ne me permettent d'extraire quoi

que ce soit.

Tout est affaire de logique et de compléments de fichiers. Je poursuis

Pièces courtes, j'attaque Quatrains, Quatre lignes et je tape la chemise

Août-Septembre du Journal 2005.

Je viens d'acheter un DVD double épaisseur (12 euros) et j'y ai mis une

assez grande quantité d'œuvre numérique. Tout l'ancien CD avec en

plus : le grand scanne (70 000 feuillets ~ 5 gigas) - des poèmes

enregistrés et quelques vidéos médiocres obtenus avec l'appareil photo...

J'attends Noël pour acheter le caméscope (300-400 euros) et j'espère

obtenir des vidéos de qualité pour compléter avec de l'image animée le

prochain DVD 2006.

L'on peut considérer les progrès accomplis depuis août 2000. Mon

dossier Word comportait 172 références et pesait 55 mo. Le même

dossier aujourd'hui contient 250 références et pèse 85 mo. Ce qui veut

686


dire que 85 livres nouveaux ont été numérisés et que le poids total de

l'œuvre a augmenté de 60% en cinq ans.

Faut-il retourner à Ombres blanches pour essayer de trouver des auteurs

susceptibles de m'inspirer ? J'ai le sentiment que quelque chose se trame

à mon insu dans certaines parties du cerveau, et qu'une nouvelle donne

d'écriture va bientôt apparaître pour m'offrir des concepts inconnus.

*

Côtoyer des personnes, ce n'est pas rencontrer des œuvres importantes.

*

Je délaisse les poètes, plus soucieux de leurs œuvres que de leurs

apparats.

La conversation poétique, même avec les plus grands, peut-elle

déboucher sur des applications utiles ?

- Non ! Mais il y a le plaisir de la rencontre, n'est-ce pas ?

*

Je ne lis pas, j'utilise - j'exploite, j'applique, je transforme.

687


Lire est une fonction cérébrale aisée.

Exploiter, extraire, penser nécessitent d'autres qualités.

*

Ce soir, lundi 6 novembre 2005. Chez Demazet - 2 heures. Me présente

ses différentes toiles. A acquis deux tableaux à Collioure d'une femme

peintre montalbanaise. A quatre Dautry. Une sculpture de son propre

buste également par Dautry.

Madame Demazet, fort aimable, me propose un thé que je décline...

Lui, semble bloqué à Char que je n'utilise plus depuis 83...Ne connaît pas

même Ombres Blanches. Il est né en 30 et a 75 ans. Semble dépassé par

la poésie contemporaine. Comprend à peine Boulez... Je lui parle de

Philippe Beck - connaît pas - de Chambaz, de Bénezet - connaît pas etc.

Craint l'oubli. Sa fille ne s'intéresse absolument pas à ce qu'il fait.

Comment durer ? Rêve d'un livre culte - d'une anthologie...Je voudrais

l'aider via Internet. N'a pas d'ordinateur.

688


*

Trouver les moyens de progresser.

" Je suis cela et cela me suffit. Voyez : je me présente. Reconnaissezmoi."

Telle est la satisfaction de l'apprenti-poète.

*

De plus en plus de difficultés pour obtenir un poème de trois fois rien.

*

Ce n'est plus la mise à la disposition qui fait défaut, c'est le manque

d'énergie interne qui interdit l'obtention de l'application.

Try to excite my mind !

*

*

Les Maisons d'édition ont craint la numérisation des œuvres et la

reproduction de ces dernières d'un simple clic. C'était ignorer que les

689


plus grosses fortunes proviennent de l'informatique. Bill Gates en est une

réussite incontestable.

C'est certain - il y a un grand nombre de copies illégales - mais il y a

vente, utilisations pratiques pour une majorité de clients qui n'hésitent

pas à certifier honnêtement leur achat.

Prenons une Pléiade de Pascal qui se vend tant bien que mal à 5 000

exemplaires par an. Une version DVD de l'ouvrage avec rajouts et

contenus variés aurait très facilement atteint les 15 000 copies.

Particuliers, Universités, Facultés, Bibliothèques, Lycées eurent été

fortement intéressés par ce nouveau produit. Le chiffre d'affaires aurait

bondi, et la Maison se serait enrichie.

*

En poésie, ce sont essentiellement les compresseurs qui tiennent et non

pas les narratifs. Pourquoi ? Car les narratifs exploitent un style qui

correspond à une époque. Or, il faut une synthèse. Et le style se démode.

La synthèse est substance épurée avec contenu et non pas manière.

Rencontrer n'est pas connaître.

*

690


Nous avons des générations de poètes - il ne restera que quelques poètes.

Seront-ils français, de nationalité étrangère ? Peu seront.

Faut-il lire les poètes de la génération ? La réponse est non. Il faut

exploiter les poètes qui passeront. Qui seront-ils ?

*

Il ne connaît pas les hommes - mais il connaît les génies, les êtres

exceptionnels, les Dieux, les Saints et les Prophètes. Et vous voudriez le

plaindre parce qu'il ne s'est pas plongé dans la vile bassesse humaine ?

*

Faire un journal poétique, c'est une bonne idée. J'ai : La seconde

semaison de Philippe Jaccottet. Mais on tombe facilement dans la

recherche de l'émotion avec la lecture de l'Autre. Et si l'on recherche

l'analyse pertinente, on se retrouve dans la volonté de l'essai - ce qui est

autre chose.

Il y a encore la préface au recueil avec pénétration subtile et

démonstration prouvée d'un certain vrai.

Faut-il tourner autour ? Proposer du para ? - Parapoétique, paralittéraire

etc. ?

691


Je persiste à croire qu'il est essentiel d'appliquer CAD de trouver des

poèmes nouveaux avec une sensibilité inconnue.

*

Si j'en reste à la représentation des choses par les choses, je n'aurai

jamais de contenus.

Peut-on transposer et déterminer un contenu vrai ?

Faut-il rester dans l'extrapolation qui permet une autre interprétation ou

offre une supériorité de valeurs ou de vérités ?

*

L'esprit refuse le ça pour ça - mais j'ignore quelle opération poétique le

cerveau prépare à mon insu ?

Poétique

*

Conduite du mouvement avec de l'incompatible qui soit "vrai",

acceptable pour le lecteur.

*

692


Toujours chercher pour appliquer. Il faut obtenir des productions

cérébrales poétiques nouvelles.

*

Poète-fourmi mais pas poète-cigale, poète de chambre, de l'ombre, de

tour d'ivoire accumulant des applications, cherchant de nouveau espaces,

poète maudit de l'Au-Delà - incompris - tant pis !

*

Coup de fil passé Au bleu du ciel, maison d'édition sur Bordeaux. Je lui

propose Prismes de Sonnets. "Pourquoi pas ! me dit-il, nous recevons

huit cents manuscrits par an et n'en éditons qu'une dizaine. Soyez patient.

Six mois parfois sont nécessaires pour une réponse. Certaines maisons

exigent deux ans..."

J'envoie également Évanescences et L'Infini-en à Flammarion et Au

Mercure de France. Certainement des frais de colis inutiles et

dispendieux...

693


Je n'étais qu'un poète de l'application et non pas un poète de la

communication.

Je persiste à croire que l'essentiel - que la finalité du créatif est de

trouver. Les discours, les structures artistiques, les relations etc. tout cela,

ce sont des feuilles de salade assaisonnées de patati et de patata.

Il faut travailler avec des Œuvres - des génies - des grands poètes -

penser, extraire, ajouter, comprendre, appliquer.

*

Combien de grands poètes nous ignorent !

Et combien de grands poètes nous ignorons !

Être pour soi, être pour Dieu mais être pour Autrui, c'est perdre vingt ans

dans des pérégrinations littéraires, dans des arcanes et des labyrinthes

impossibles.

Ou alors c'est chercher le plaisir dans le vernis - la suffisance dans le

superficiel. Être auprès d'autrui, c'est se chauffer à la flamme de Jean

pendant une heure. Car de contenus, il n'en est point.

694


Moi qui ai tant craint le temps, la maladie, la sénilité, la bêtise, la vitesse

de l'existence, peu me chaut le contact des littéraires pour se complaire

de tocs : "Je sais cela ! - Je vous le donne !"

*

Je ne crois pas en l'utilité du relationnel poétique. Pourquoi ? Grand

nombre se targuent de savoir, de posséder, de connaître le vrai littéraire.

Ils ont pouvoir et critique - leur suffisance ne saurait faire défaut - ils

président donc ils sont ! En réalité, des êtres bouffis, gonflés ou repus de

vérités apprises et redites. De perspicacité propre, il n'en est point. Et

l'esprit fait le reste - je veux dire l'habillage par la parole. Pourtant être

loquace n'est pas posséder le vrai. Mais qu'importe ! Ils sont - ne les

dérange pas. D'ici à une décennie, leur tombe ne sera même plus fleurie.

*

Le poète n'est pas celui qui existe auprès d'autrui. Il est celui qui est pour

soi.

Chercher crédit auprès d'autrui est faible chose. Il faut être pour soi.

695


Celui qui dira : oui, j'ai - oui, je suis - sera réellement très grand. Il

méritera tous les honneurs.

Mais qui en s'élevant pourra se flatter d'orgueil. Le progrès élève la

conscience mais réduit l'homme a sa plus simple réalité.

Critique poétique

*

J'ai proposé une sorte de déplacement - une sorte de ça pour ça - de ça

avec ça en produisant de manière consubstantielle avec les applications

d'autrui. Il est vrai que l'emploi d'autrui semble de second ordre - une

espèce de fil conducteur à peine décelable. Il s'agit encore de productions

finalisées personnelles. (Substances et Distances - Variances)

Il faut trouver un vrai validé par Autrui -

un vrai utile pour Autrui ?

*

Dans la hiérarchie de l'Intelligence, Valéry a développé un principe vrai

inférieur. Inférieur à qui ? - Inférieur à Husserl, à Heidegger, Bergson,

Nietzsche etc.

696


- On le savait ! On s'en serait douté !

- Valéry est-il exploitable ?

*

Travail de soi à soi pour construire une personnalité qui répondra à une

certaine valeur auprès d'Autrui. Puis l'Autre exploite un principe de

synthèse - sorte de : je sais, je situe sans avoir lu, je détermine l'individu.

Enfin : tendresse, affection, je vous aime, soyez des nôtres etc. T'es mon

frère...

*

697


Journal 2006

Combien de sensibilités nous sont offertes ! Tant d'auteurs ! De

variabilités d'applications ! Où sont-ils ? Qui sont-ils ?

Il faut faire chefs-d'œuvre et très grand poète pour se distinguer d'autrui,

et être au-dessus de la surabondance proposée.

*

La Dogama Jacottet D'autres astres, plus loin, épars

André ADY Giuseppe UNGARETTI Vladimir HOLAN Sandro

PENNA

Kathleen RAINE Vittorio SERENI Piero BIGONGIARI Christine

LAVANT

Jan SKACEL Zliguiev HERBERT Ingeborg BACHMANN

Giovanni RABONI

Constellation

Jean de BOSCHERE Charles-Ferdinand RAMUZ Pierre-Louis

MATTHEY

Edmond-Henri CRISINEL Jean-Michel FRANCK Pierre-Albert

JOURDAN

698


Nicolas BOUVIER Christian G GUEZ-RICORD Bernard SIMEONE

*

Beck Gleuze Seithé Stéphan FL ?

Il faut peut-être attendre d'intégrer de nouvelles sensibilités (Gleize,

Beck) - donc revenir un peu plus tard et produire en sachant les exploiter.

*

Grand poète - définition : un cliquant superficiel de nomination qui ne

répond à aucune utilité concrète.

- C'est votre présence, votre bel esprit qui nous incombe, dira la haute

noblesse.

*

Aller régulièrement à OB pour y apprécier les variabilités, les sensibilités

et les modulations de langage.

Char et Malherbe, âpreté, amertume. La tige, la racine bien accrochées au

sol sablonneux - forte résistance.

699


Janvier 2006 1-15

*

Finalisation de Variances

Finalisation du Journal 2005

Gravure de Panorama numérique 4,7 gigas + 8,7 gigas

Extractions de Journal 2002-2005 pour composer Le poète interne

Ombres blanches : Martra Petrou Poèmes sans vergogne

Alain

Propos sur la nature

Deloche : Dominique Fourcade Sans lasso et sans flash

Quelques scannes de différents fichiers 2005 et 2006 ~ 200 scannes

Applications poétiques avec Malek Alloula - L'accès au corps

*

Il ne s'agit pas de comportements, il s'agit d'applications poétiques.

Ce qui importe, c'est de toujours s'en retourner vers Racine. C'est de

comprendre Esther et Athalie.

700


L' nce critique doit penser de la sorte : Comment puis-je écrire Athalie ?

Est-ce possible ? Quel est mon niveau réel ?Que suis-je moi si je me

compare à Racine ou à Corneille ?

- Valéry avec La jeune Parque, Claudel avec Cinq grands odes, Perse

avec Oiseaux sont de dignes successeurs.

*

Lire et relire, réfuter et choisir

*

Comment peut-on se complaire de superficialités et d'insignifiances ?

Tout doit être donné aux applications et à l'obtention de résultats

poétiques.

Les actions biographiques sont vaines quand les produits s'immortalisent

dans la durée.

Pour autant les actions biographiques permettent de se faire connaître, et

parfois cette reconnaissance peut déboucher sur un crédit artistique.

701


*

Poète à la bonne franquette comme Norge :

-T'as fait combien de rimes ce week-end ?

- 100 !

- Moi 200 !

- Ho !

Pas poète de l'amitié ni du frottement.

- Vas'y - commence - discute !

- Poète d'œuvre, d'applications, de chefs-d’œuvre etc.

*

Le tafiolage poétique. Les uns, les autres, discuter etc. ça n'en finit pas,

ça ne débouche pas sur des vérités objectives. Tout est affaire de

maniérisme - rien n'est donné à l'efficacité. Tourner, tourner, tourner ! Et

quels résultats ?

- On t'aurait vu ! T'aurais discuté !

- Et pour quelle finalité objective ?

702


Plus je cherche, moins je trouve. Immense est mon désespoir.

Lectures - Henri de Régnier - Les Cahiers Inédits 1887-1936

*

Poète, hâte-toi.

Le temps poursuit tes pas.

*

*

Travaille, applique, produis, élabore pense.

Délaisse, conçois, construis.

*

Le critique dit : "Soyez qui je suis" et Jean Cocteau dit : "Quel est cet

autrement ?"

Toutes les fois que tu écris, impose un coup. Fabrique, invente, déplace,

pense autrement.

*

703

*


Comment vais-je pouvoir faire ? Comment trouver ? Sera-ce trouver

d'ailleurs ?

Et quels contenus ? Quelle forme ? Avec quels auteurs ?

*

Comment ? Avec qui ?

Le avec qui engendrera le oui et le pourquoi.

Création : le Avec qui et le Moi engendreront le oui.

Il faut mettre à ma disposition une bibliothèque ; c'est le avec qui.

Où est cette bibliothèque ?

Avec qui CAD des auteurs, des livres, des œuvres. Et je dois exploiter

ces êtres-là avec mon potentiel d'applications.

Donc lire ! Quels auteurs ? Où les trouver ? Dans Le Contemporain. Estce

Ombres Blanches ? Il faut chercher là-bas.

Exact.

*

704


Soigné supérieur que l'on trouve chez Maulpoix, Conort ----)

Universitaire et Poésie

*

Basho Matsmo Munefusa Benjamin Walter Thomas Bernard

Andréï Biély, ami de Blok Robert Browing (1855)

Lord Byron - Don Juan, chef-d’œuvre (1788-1824)

Catulle (82-52) Coleridge (Samuel Taylor) (1722-1834)

Ruben Dario - chercher autre chose qu'Azul

Robert Desnos John Donne (1572-1631)

Carlos Drummond de Audrade T S Eliot Nobel 47

Théodor Fontane (1819-1898) Edouard Glissant

Henri Heine (1797-1856) Hésiode Théogonie

Volpone (1572-1637)

Kawabata (1899-1972) Prix Nobel 68 ~ Érotisme

Penthésilée ---) Kleist Léopardi (1798-1837)

Mikhaïl Lourevitch Lermoutov (1814-1841)

Gotthold Ephraïm Lessing (1729-1781)

705


De la nature Lucrèce

J'en suis à : Mahtuz Encyclopédie Universalis

Les manquants qui sont des fondamentaux.

Morphème ou morène

allomorphe // polysémie

Poésie : si tu mets des protéines dans les pâtes, c'est pas de la viande tout

de même !

*

*

*

Quand on lit Les Princesses de de Banville, on a l'impression d'être dans

une sorte de pré de Heredia avec cette façon somptueuse de verser le

décor. Tout cela se prête à la peinture, au descriptif, à la scène

mythologique. C'est vrai, il manque parfois cette combinaison supérieure

qui donne au poème un ton sacré que l'on trouve dans Les trophées. Mais

la base essentielle est présente et l'on songe au tableau rempli de

sensualité Les Chérifats de Benjamin Constant.

*

706


Faire de la recherche poétique, c'est penser ou produire en dehors de

toute réalité d'applications ou d'utilité professionnelle - c'est investir dans

l'aléatoire encore inconnu - c'est exploiter l'instinct ou l'intuition et

prétendre avancer.

Et combien d'échecs et d'erreurs à subir !

*

Ma poésie n'est pas une poésie de communications, d'édition à compte

d'auteur - c'est une poésie d'applications, d'écritures, d'œuvre, d'auteurs,

de génies, d'imitation - de synthétisation - voilà : je me situe au carrefour

- à un certain carrefour et j'essaie de prélever des substances nouvelles

que je digère, que j'assimile. Je prétends obtenir un objet nouveau.

*

Ressources WEB - Editions électroniques

L'éditeur-papier craint le tout gratuit de l'Internet et y voit un concurrent

déloyal. Mais il utilise cette vitrine pour tenter de vendre ses produits -

ses produits papier - fort chers (15 à 20 euros le livre) quand le

fournisseur d'accès offre pour 30 euros Le WEB 24/24 heures, la

téléphonie gratuite locale et nationale à durée indéterminée et 100

707


chaînes de télévision... Comment lutter ? Le prix du papier est élevé et

l'éditeur n'a pas informatisé ses produits. Que va-t-il se passer ?

Que se passe-t-il actuellement au Japon et aux USA (Nous sommes le 14

mars 2006) ? Le tout semble tenir et grand nombre achète encore du

papier...

Mais notre jeunesse - ces jeunes qui lisent - que lisent-ils? Achètent-ils la

biographie de Rimbaud quand elle est gratuite sur le WEB ?Ils utilisent

le WEB pour le scolaire et le culturel mais achètent des bandes dessinées

inaccessibles sur le Net.

Tant que l'éditeur anticipera de nouveaux contenus, des variables nonpensées

par le Webmaster, il offrira un désir que certains chercheront à

satisfaire.

S'il informatise ses produits, ces derniers seront immédiatement copiés,

et c'en sera fini de l'éditeur.

A moins qu'il impose sur ses sites des présences publicitaires à l'instar

des Journaux et que ces dernières payent des sommes importantes pour

être visibles sur les pages.

*

708


Philippe Beck : déplace-t-il le vrai ? Le possède-t-il ?

Beck a un élément mais il n'a pas tous les éléments.

*

Mon cerveau 2006 ne pense plus comme mon cerveau 78, cela n'a plus

rien à voir. Le système d'écriture, d'explosion, d'application diffère

totalement. Qui a raison ? Est-ce évolution ?

- Interroge-toi sur ta capacité à produire des structures construites sur

toute grammaire cartésienne.

*

- Oui, mais j'ai besoin du risque, du doute et de l'ivresse pour que ma

raison avance.

*

Philosopher en poésie, c'est encore utiliser des pièces du jeu d'échecs et

se déplacer en respectant les règles du jeu de dames.

La poésie est en deçà quand bien même elle ose là où la logique

philosophique ne veut s'y risquer.

709


Avec des vertiges poétiques desséchés, l'on peut supposer de nouvelles

racines philosophiques.

*

Ici ce sont des phrases qui sont consignées, mais rien n'est donné à la

construction cérébrale. Des fragments disparates jetés ici et là dans l'éveil

de la raison - de cela que pourrait-il jaillir ?

Il n'y a nulle perspective d'avenir dans mes propos exprimés. Ceci ne

saurait durer. La faiblesse constamment m'accapare - je reste coït.

Je crains essentiellement de n'être pas capable d'aller outre - de concevoir

ou de percevoir de nouveaux contenus. Ma faiblesse d'intelligence sature

trop rapidement et ne déploie nulle aptitude supérieure.

*

Un principe d'actions peut régenter tout un système de vie. Si ce principe

s'accompagne de faits validés par sa propre conscience ou par

l'intelligence d'Autrui le nouveau vrai est acclamé.

*

710


Exister auprès d'Autrui, c'est user ses forces - c'est fatiguer son aptitude

et c'est ne rien obtenir. L'objectif étant de produire, de travailler et

d'appliquer assidûment.

*

L'éditeur ne s'inquiète guère de la rareté, de l'intelligence ou du génie.

Cela est relégué au comptoir des inutiles. Il cherche l'appât ou la

rentabilité immédiate. Qu'importe la construction, l'élaboration de

l'œuvre - je suis un marchand !

*

Je n'ai jamais su en quoi pouvait m'être utile le contact poétique, la

communication artistique ou les manifestations de rencontres.

Je focalise essentiellement sur le parcours de mon Œuvre, de mes

applications, de mes espoirs.

Pourras-tu accéder à mon Vrai ? - Mon Vrai te sera-t-il accessible ?

*

*

711


Aller en poésie, c'est aller vers le rejet, le mépris, l'incompréhension.

Un poète est moins utile qu'un rempailleur de chaise.

Et les poètes se détestent entre eux.

*

Le génie Le talent Le commercial Le plaisir immédiat - différents

degrés pour approcher une œuvre artistique

*

Il faut se faire - CAD produire, penser, appliquer, construire. Être auprès

d'Autrui est de second ordre. Il faut se préparer à la Mort, au Ciel et

pouvoir figurer parmi les Immortels. Là est le seul avenir.

*

Bilan révélateur : de qui étais-je l'esclave ? Qui était mon Maître. Ma

pensée courrait et se dispersait dans les méandres de mon âme.

Il connaît trop les hommes pour s'en faire des amis. Il aime trop les

Œuvres et les désire pour maîtresses.

712


*

Comment peut-on gérer la pensée poétique planétaire ?

Vanité des poètes à se retenir pour prétendre n'être pas tout en espérant

être auprès d'autrui. Je suis, je le sais, moi etc.

Avez-vous expérimenté ? Qu'avez-vous tenté d'obtenir ? Pouvez-vous

vous satisfaire de votre résultat ?

Il faut aller là-bas, plus loin, outre, dans le risque, l'interdit, la folie

maîtrisée.

*

Je ne lis pas - j'écris.

*

La gloire du médiocre - être et n'être pas - se suffire de son peu.

Travailler, produire, être pour soi - qu'importe autrui !

*

713


Je regardais la possibilité de proposer le P7 en primitif CAD La première

version de La Racine et La Source - mais cela me semble trop difficile à

obtenir. La lecture est impossible. Que faire ? Attendre. D'autres sauront

peut-être passer après moi.

*

Editer ! Editer ! Editer quoi et pour qui ?

Je pensais proposer sur un nouveau site :

Le Grand Livre des Sonnets

Mille Poèmes en prose

Pièces courtes

Femmes de papier

~ 1 000 pièces

~ 1000 pièces

~ 600 pièces

~ 500 pièces

Ce qui offrirait une quantité assez considérable avec le référencement

Liste Yahoo en contrepartie.

Pourquoi pas. A voir.

*

714


J'aurais souhaité également que l'Internet pût recevoir sur ses sites de

nombreux écrivains, romanciers, poètes, essayistes ou philosophes

refusés systématiquement par le principe d'édition traditionnel.

Tant d'ouvrages rejetés, méprisés, oubliés par les spécialistes de la

langue française ! Je crois que ces manuscrits méritent autre chose que de

terminer leur vie dans les tiroirs de l'indifférence. L'Internet serait une

sorte de résurrection pour tous ces livres enterrés injustement, produits

par des personnes fort savantes et compétentes.

Il est vrai que dans un premier temps ces ouvrages ne recevraient aucune

récompense financière. Mais qu'importe ! L'essentiel étant d'être lu et

reconnu avec ses applications. Le nombre de visiteurs permettant

d'apprécier son crédit auprès d'autrui.

*

Je pense la poésie à deux vitesses.

La réalité terrestre où rien n'est possible, où tout est difficile et

La vérité céleste où le vrai apparaît dans toute sa splendeur.

Ce qui veut dire :

715


Le temps humain sert à appliquer, produire, obtenir, transmettre.

Le temps céleste sert aux civilités, au relationnel. La reconnaissance

étant déjà admise.

*

Combien peu est la communication poétique ! Comme de s'entendre dire

des insignifiances de mondanités de basse femelle ! Et il faut se

complaire de cela ou se suffire de niaiseries et de stupides civilités ! Mais

c'est littérature, n'est-ce pas ? Alors que faire ! Observons les usages.

Être si mal placé pour prétendre savoir et commettre des erreurs

effrayantes après analyses erronées et injustifiées !

Pourquoi être auprès d'Autrui quand l'essence de la raison est d'ajouter

sur Soi !

*

Critique - L'autre n'est pas Moi, et je l'accuse. Mais qui est Moi ? Moi,

c'est une variable, une variante, une couleur parmi des millions d'offres

possibles. Je ne saurais déterminer le Vrai. C'est justement l'ensemble de

la Communauté qui possède le Vrai avec son offre totale.

716


Il faut comprendre l'Autre avec son Autrement.

*

Poésie - Je me demandais même ce que j'avais à faire dans ce milieu.

C'était pas moi, c'était pas là, c'était ailleurs et jamais de cette sorte !

La solution, c'est d'offrir gratuitement son œuvre complète sur le NET

*

- Surtout, essaie d'exister auprès d'autrui.

- Autrui, je n'en fais cas. Être pour moi, être par Dieu. Délaisse la basse

réalité terrestre et prétends là-bas, plus haut.

- Et si Dieu condamne tes faits, t'accusant de m'avoir pas assumé chez

l'homme ?...

- ...Je ne puis être au four et au moulin, ici-bas et là-haut - il faut choisir.

*

Les repas littéraires. Pourquoi ne pas fréquenter Autrui ? L'Autre n'offre

qu'une mise de second ordre; que des relents faciles sans contenu aucun.

717


Tout y est affaire de civilités et d'habillage, de subtilités cachées. Mais de

savoirs et d'apprentissage, il n'en est point.

*

Poésie. Le milieu est tellement bloqué-bloquant qu'il faut retrouver son

indépendance pour être.

Il ne faut pas essayer d'être auprès d'autrui. Il faut être pour soi. En

espérant que le résultat sera toutefois crédible dans l'esprit de certains

lecteurs.

De trouver de nouvelles sources d'exploitation - de penser et d'appliquer.

*

Aurai-je le temps de produire mon Œuvre ? Aurai-je la capacité de

déployer le potentiel intellectuel mis à ma disposition ?

Tant de livres inédits - de constructions nouvelles à déployer ! Et le

Temps est revêche, ennemi terrible !

718


*

Capable essentiellement de n'avoir pas été capable d'aller très loin dans

son aptitude poétique et intellectuelle. Avait le potentiel pour aller audelà

et plus loin, mais n'a jamais trouvé le principe pour ajouter sur sa

base existante. S'est noyé dans sa pauvreté cérébrale, tristement.

Je m'inquiète à savoir si je parviendrai à venir à bout de mon Œuvre -

tant de livres restent à faire ! Tant d'inédits ou d'ouvrages en construction

espèrent misérablement de voir le jour !

Le livre engendre le livre ! De nouvelles idées naissent - mais il faut

parvenir à les appliquer, à les transformer CAD à en faire des formes

littéraires vivantes !

*

Qu'importe d'être compris ! Seule l'approbation divine est à requérir !

La profession poétique doit s'accorder une forte marge

d'incompréhension - le langage étant chose fort délicate à intégrer.

*

719


Certains accordent un grand intérêt au relationnel artistique quand

d'autres considèrent que les applications d'écriture sont les seules

possibilités d'obtenir un bon résultat.

*

J'ai vu Guy Goffette à Albi au moins d'avril 2006 - qui est certainement

bon poète. Mais je songe tout à coup à l'immense réservoir poétique que

m'offre la librairie Ombres blanches et surgit en mon esprit cette

évidence littéraire : mais pourquoi ? Pourquoi s'inquiéter de ce

personnage quand de grands génies du monde entier mettent leur

production à ma disposition pour une somme insignifiante ?

- C'est vrai il y a plaisir. Plaisir à voir l'homme parler, s'exprimer, séduire

ou amuser. Mais n'est-ce que cela la poésie ? Ou cet aspect de l'approche

littéraire sera-t-il indispensable voire considérable ?

Je crains - je crains le temps. J'ai peur de Dieu. J'ai peur qu'Il me rappelle

rapidement là-haut. Et quoi ? Quelle sera ma compétence ? Mon bilan

d'humain. N'aurai-je que cette médiocrité terrestre à lui remettre ?

Je dis ou du moins je crois : il faut travailler, appliquer, obtenir les

meilleurs résultats poétiques possibles. Et demain, là-haut de nouveaux

rapports seront promis. Oui, des applications supérieures se réaliseront.

*

720


Le livre. Les livres.

Et je songe à tous ces génies à l'échelle planétaire. Chacun ayant été

capable de produire un nombre assez imposant de chefs-d’œuvre.

Comment gérer ? Comment maîtriser cette immense connaissance, cette

impressionnante potentialité ?

Il faut donc faire un chemin - le chemin - choisir, balancer, exploiter et

travailler avec certains auteurs quand la critique (sa critique !...) doit en

refuser d'autres.

Cette immensité est effrayante - l'esprit délaisse des êtres exceptionnels

et peut se suffire de productions de second ordre.

*

Plaire, c'est être avec l'Autre. Le génie est unique donc solitaire.

Le critique, le public peuvent-ils reconnaître le génie ? Oui, si celui-ci

possède suffisamment de talent pour habiller son exceptionnalité.

721


*

Parfois l'esprit est saturé - offert aux nombreuses stimulations de lecture,

il ne saurait produire quelconque fragment.

En d'autres moments, l'intelligence prompte et apte, exploite quelqu'une

raison pour extraire de soi des capacités littéraires créatrices.

Il s'agit ici de fatigue cérébrale, et la conscience ne peut déterminer la

situation réelle de la potentialité.

*

Produire, c'est également "se construire soi", - cela n'a pas toujours

l'utilité de la masse.

Etre pour soi, en soi avec l'espoir d'un avenir meilleur car la récompense

peut être individualisée.

Certains sont faits pour être connus ou lus. D'autres produisent pour se

construire. Dieu appliquera la répartition des livres utiles et des livres

inutiles.

*

Les livres - 30 000 - 50 000 livres utiles à notre formation. Et encore !

Cela serait si peu. Comment gérer, maîtriser l'ensemble ?

722


Faut-il s'en référer à la critique, et choisir parmi ?...

Quelle méthode d'investigation ? Faut-il aller vite ? Et pourquoi ?

*

Aurai-je le temps de maîtriser l'ensemble de ma production ? Je dois

posséder actuellement 17 000 feuillets inédits. J'essaie d'extraire ce qui

m'apparaît essentiel ou aisé à reconsidérer.

J'ignore même si tous ces inédits sont sur mon disque dur, car les

feuillets sont entassés les uns sur les autres dans le garage arrière de la

maison familiale - et le tout cohabite tant bien que mal, et se juxtapose

dans des dizaines de boîtes en plastique.

Ai-je oublié des dossiers, des fragments, des extraits ? Nous devons

construire prochainement deux nouveaux garages. Ma quantité totale y

sera entreposée.

Je tenterai de vérifier très sérieusement l'ensemble. Enfin, une grande

partie de mes manuscrits 78-05 a été scannée sur mon PC et en DVD

double couche ( ~ 100 000 feuillets).

*

723


La grande révolution de l'édition électronique permettra une mise à la

disposition quasi immédiate. Une bibliothèque sur un disque dur ou en

ligne ! Les maisons traditionnelles sont réticentes. Il semblerait que

Google a déjà numérisé 15 millions d'ouvrages. Le temps des procès s'en

vient, puis des accords commerciaux se signeront.

Les maisons ne prennent pas conscience qu'éditer, c'est produire un objet

le livre quand la saisie du texte est largement suffisante. Le livre est

encombrant, se dégrade rapidement, cher à produire et coûteux à l'achat.

Les maisons pourraient sur un site avoir une ligne éditoriale plus

conséquente.

*

Catalogue, librairie, espace culturel, musée, ligne éditoriale, j'appelle

cela l'endroit-où-il-y-a-quelque-chose c'est-à-dire un principe de choix,

de sélection.

*

Ai-je obtenu le résultat escompté ? Ma méthode d'investigation

intellectuelle a-t-elle réellement été efficace ? Ma méthode a-t-elle

724


réellement été efficace ? N'ai-je pas commis des erreurs inadmissibles ?

Que pouvais-je espérer de meilleur ?

*

Le relationnel poétique - la recherche du public - tous ces effets, toutes

ces actions qui sont, ma foi, fort louables, ne se font-elles pas au

détriment des applications pures ? - Je veux dire L'Ecriture ? Il est beau

de parler, de tergiverser - cela semble belle chose pour le lecteur. Mais

fondamentalement, le contact permet-il d'extraire de nouveaux contenus

essentiels qui permettront d'accéder à l'évolution ?

*

Lire. Que faut-il lire ? Il faut lire ce qui est utile à ses applications. Il faut

lire pour l'utilité. L'endroit de l'Autre doit servir à produire, à s'instruire,

à évoluer.

*

Bernard Noël sera à Rodez en Juin pour des soirées poétiques. Je tacherai

d'y être.

725


*

Comment dynamiser l'écriture pour lui offrir des applications nouvelles ?

*

Pourquoi ai-je si peu rencontré de poètes ? Tout se situait dans les

applications. Il fallait obtenir des résultats poétiques ou littéraires. Le

reste semblait peu de chose. Les poètes, c'était discuter, parler, palabrer

CAD des comportements inutiles quand l'Œuvre devait se développer.

Oui, je devais choisir. Hélas ! Je devais choisir de cette sorte.

*

J'écris de moins en moins. Mon cerveau ne peut plus combiner des

solutions satisfaisantes. J'extrais seulement deux ou trois poèmes

intéressants par mois.

Je cherche à me stimuler avec de nouvelles lectures et des contenus

différents. Mais que puis-je ? Tout cela me paraît insuffisant. Je dois

aller outre et découvrir encore.

726


*

Du confort intellectuel de façade auprès d'autrui.

Vas'y. Commence. Fais poète. Discute.

*

Et quand vieillissant nous irons vers la décadence, que restera-t-il pour la

cervelle ?

Les Inédits, n'est-ce pas ? Qu'un secrétaire zélé acceptera de comprendre

et de décoder - et de proposer en livres ou en recueils à notre place.

Il y aura le Catalogue avec tous les projets, les offres nouvelles, les

audaces. Espérons qu'Autrui comprendra ce qu'on aura désiré faire.

*

Je me demande parfois ce que j'avais à faire dans ces milieux littéraires -

quelle était ma place réelle - ce que je pouvais en espérer ?

Et la peur - la peur du temps. Produire, obtenir, appliquer.

*

727


Try to find.

Do what you want but do your best

Do your best

*

La politique dynamique d'une librairie - ses parutions, ses présentations.

Sorte de vie de nouveau-nés. Mais combien d'enfants, de génies, de

futurs immortels ?

Quand on ouvre un recueil, peut-on réellement savoir que le livre sera un

chef-d’œuvre utile à la postérité ?

*

Ne faut-il pas s'en retourner à Goethe, Shakespeare, Hugo, Eschyle

etc...pour repenser la poésie à un autre niveau CAD "très grand poète"

car on ne lit que des GP. Cela est constant mais ne semble pas suffisant.

*

728


Eussé-je pu, une seule fois, soupçonner l'identité poétique qui allait

m'échoir ? Cette aptitude à produire et extraire hors de ma cervelle cette

quantité littéraire importante ? Non, Jamais. J'imaginais plus aisément

une capacité économique ou mathématique - cela semblait aller dans le

bon sens de mes études secondaires.

J'ai su appliquer - c'est-à-dire produire des objets littéraires qui ajoutés

les uns aux autres ont formé ce qu'on appelle des livres. Mais je n'ai

jamais su posséder l'aptitude artistique - le besoin de rencontrer et de

communiquer.

Je n'en ai pas ressenti un quelconque désarroi. Cela semblait indépendant

de mon œuvre à construire. Les poètes étaient des entités à admirer, à

imiter. Tant bien que mal, il va de soi - mais côtoyer X ou Y vivant

m'apparaissait peine stupide.

*

Produire avec Autrui me permet d'obtenir des objets que je n'aurais

jamais supposé être capable d'extraire.

729


*

Je dois me coucher, repu et fatigué, espérant qu'une inspiration plus

claire vienne chatouiller mes capacités productives. Certes, je deviens

vieux mais j'espère qu'une giclée me permettra d'extraire des possibilités

poétiques évolutives.

*

Pourra-t-on résoudre le problème hugolien ? Qui le résoudra ? Qui

parviendra à produire plus et à obtenir un résultat supérieur ? Qui ?

*

- Votre livre ne saurait me plaire.

- Je l'ai écrit pour ma personne.

- Oui, mais son contenu ne me convient pas toutefois.

- J'aspire au progrès - ceci est une marche pour avancer encore.

Il faudrait de l'invention. Mais comment la trouver ?

*

730


*

Je crains, en vieillissant, le manque de créativité. Je crains de devenir un

être stupide à la parole répétitive, à la capacité stérile.

Je considère mes Inédits. ~ 17 000 feuillets m'attendent ! En vérité, tout

cela m'apparaît fadasse ou faible production.

J'ai calculé que 80 fichiers Word inédits pourraient être convertis en

livres si je venais à les transformer. Mais cela est loin, très loin,

impossible peut-être.

*

En vieillissant, on y perd en applications pures - on y gagne en aptitude

de récupérations - et tout ce qui semblait perdu à jamais peut être

ressuscité par l'aptitude de réécriture.

*

Quel intérêt peut-on trouver à faire 150 kms pour voir un poète invité à

des Journées de la poésie quand un ouvrage à 30 euros nourrira toute une

potentialité cérébrale pendant un mois ?

731


Il y a certes le plaisir de la rencontre. Mais cela est-il suffisant ? Cela

répondra-t-il à ce que l'on recherche ?

*

Un tel se prend pour un grand poète. Chacun a le droit de s'atttribuer

l'ascendance qui lui convient, prétend Cioran.

*

Je suis très pessimiste - je n'ai aucun espoir. Tout va échouer

lamentablement chez les hommes. Et l'Au-delà prétend que je devais

m'animer, agir, aller, rencontrer tandis que l'ensemble ne pouvait qu'être

rejeté avec médiocrité.

*

Sera-t-il possible en poésie de déterminer le Vrai ? Faudra-t-il accepter

l'aberrante contradiction de l'incompréhension ? Tant de poètes sont

ignorés quand d'autres de qualité inférieure sont adulés et reconnus.

Mais comment faire ? Comment rendre compatible le Vrai avec la réalité

humaine ?

732


Les lecteurs, les éditeurs jettent et rejettent des produits d'intelligence

supérieure et apprécient des êtres de qualité seconde.

Faut-il attendre le repêchage céleste, seule sortie acceptable après sa

mort ?

*

Certains poètes se côtoient, se rencontrent, discutent - cela est leur

affaire. Que tirent-ils de ces communications physiques ?

Je dis : l'essentiel est d'appliquer, de trouver de nouvelles solutions

d'écriture. Le reste étant chimère littéraire, pacotilles de bavardages

inutiles. Non. - Il faut appliquer.

*

Pousser sur la cervelle, sur la capacité cérébrale - aller outre - plus loin,

plus fort.

733


La jeunesse est la période propice. Il en sortira de nouvelles

intelligences. Agissez. Au-delà. Vous en êtes capables.

Liste importante de poètes

Vladimir Holan André Ady Sandro Penna Kathleen Raine

Vittorio Sereni Piero Bigongiari Christine Lavant Jan Skacel

Zbigniev Herbert Ingeborg Bachmannn Giovanni Raboni

Jean de Boschère Charles-Ferdinand Ramuz Edmond-Henri Crisinel

Armen Lubin Jean-Michel Franck Pierre-Albert Jourdan

Nicolas bouvier Christian Guez-Ricord Bernard Simeone

Floétrie - Floésie -

*

La gloire de l'illimité

*

Il faut constamment dériver sa pensée, dériver la pensée de l'autre pour

obtenir son propre objet.

Autrui est une source régénératrice de concepts, d'applications d'écriture

poétique, sapientiale ou philosophique.

Sans l'Autre, l'Intelligence ne peut découvrir de nouvelles potentialités.

734


*

Ishitawa Takuboku

Journal intime - Une poignée de sable - Jouets tristes - Editions Arfuyen

Le Rimbaud japonais, mort à 26 ans de la tuberculose.

*

Poésie : comment peut-on se tromper à ce point ? Comment peut-on

commettre de telles absurdités ? L'on encense certains crétins et l'on

méprise de grands génies. La compétence est vaine. Le vrai constamment

se déplace et jamais l'on ne sait, jamais l'on ne peut prétendre.

Il faut donc attendre la Mort où le Vrai se déploie avec exactitude.

On dit Baudelaire, Lautréamont ou Verlaine. Soit ! Mais combien de

poètes sont oubliés à tout jamais ? Combien croupissent dans le Néant de

l'inexistence pour l'Eternité. Et pourtant ils possédaient des aptitudes et

des capacités certaines.

Alors que dire ? Que faire ? Faut-il tenter d'être de son vivant pour ne

pas disparaître à tout jamais dans l'oubli de la littérature contemporaine ?

735


Poésie - Critique -

*

"Je suis poète. Je sais lire. Je sais ce qui est vrai. Ton produit ne saurait

me plaire. Va t'en. Je te considère comme étant un incapable."

*

J'ajoute. Je pense. Je progresse. J'obtiens sur moi-même. Mais en vérité -

qu'est-ce que cela ? Peu et insignifiant.

*

Une transposition des fonctions du cerveau dans le langage poétique.

L'espace serait en soi et la volonté serait d'obtenir un poème de qualité.

*

Se faire et se construire. Enorme travail de poète et d'écrivain. Extraire,

expulser hors de soi toute la substance créative. Et pour quels résultats ?

Quels accessits ? L'indifférence, le mépris le plus souvent. Mais

736


qu'importe ! L'aventure était interne, et l'œuvre obtenue est preuve

indéniable du produit escompté.

*

J'ignore qui sera quoi - quel sera l'avenir réel de certains écrivains quand

d'autres, sublimes inconnus, réussiront ou disparaîtront à tout jamais.

Parfois je m'interroge : la donne poétique terrestre, est-ce la bonne ? N'y

a-t-il pas de profonds oublis ? De grandes œuvres, n'ont-elles pas été

perdues pour l'éternité ? Existe-t-il des Baudelaire, des Rimbaud, des

Hugo - que sais-je - dans l'antre du Néant - peut-être seulement

ressuscités au Ciel, là-haut ?

Le système hiérarchique poétique terrestre est-il objectif ? Alors un

immense doute envahit ma personne, et je prétends avec certitude que

des erreurs monumentales ont été commises, que des œuvres

considérables sont durablement évincées comme des trésors introuvables

ou des chefs-d’œuvre picturaux brûlés, en cendres dispersés.

Nous devons faire preuve d'humilité et reconnaître humblement que

notre capacité d'analyse ne nous permet pas de juger avec véracité la

valeur d'une œuvre proposée. Cinq, dix, quinze éditeurs ne

737


parviendraient pas à déterminer avec objectivité l'aptitude réelle de

certains poètes ou écrivains.

Cela ressemble fort à l'élection des Miss : toutes sont plus jolies les unes

que les autres, mais le choix se fait sur une et une seule quand toutes plus

ou moins mériteraient d'être couronnées.

Alors que faire des beautés rejetées et proposées au rebut ? Les mépriser

et les bannir avec dédain ? Ou leur conférer une autre voie avec nouvelle

chance dans un autre lieu ? Cette dernière proposition semble la plus

souhaitable.

Quand je songe aux œuvres poétiques ou littéraires, l'Internet m'apparaît

être un lieu extraordinaire où la seconde chance peut être offerte aux

ratés de l'édition traditionnelle.

*

Le rêve poétique : être jugé à sa juste valeur.

*

738


Je ne recherche pas les littéraires, la foule ou les hommes. Je cherche à

être auprès de ma personne. Je crains de perdre mon temps dans des

pérégrinations inutiles pour des résultats futiles ou insignifiants.

Je dois trouver...et pour cela, le produit poétique de l'Autre s'avère

indispensable.

Qu'est-ce que je prétends chercher ? - Des espaces, des structures, du

langage, des images, une sensibilité, une Ecole, un principe, un vecteur

directeur, une vérité pour le futur, une méthode, un système, des

variabilités, des applications, des présentations etc.

- C'est encore un poète nouveau que je souhaite faire apparaître.

En vieillissant le cerveau se fait d'avantage paralittéraire que littéraire

créatif pur.

*

*

C'est encore un principe, un système de formation cérébrale qu'il est ici

utile d'exprimer.

739


- L'autre ! - Côtoyer l'autre, certes cela peut paraître utile, mais il faut que

le contenu prévale sur la forme. Il ne faut pas que l'apparence , que le

jugement de l'apparence néglige le fond et l'enveloppe même.

*

Conseil patriarcal

En vieillissant l'on s'aperçoit que pour accomplir certaines actions (

Voyages, rencontres etc.) l'argent est nécessaire.

En revanche, pour œuvrer et produire cela n'est pas le cas.

Voilà pour rassurer les âmes jeunes et pures !...Vous pouvez obtenir de

superbes résultats sans le contact, sans L'autre.

Si vous cherchez à agir, tachez de fusionner CAD d'être au confluent de

plusieurs tendances, d'intégrer ces tendances et d'ajouter sur elles.

A moins que vous ayez la possibilité de proposer par vous-mêmes un

nouveau principe, une nouvelle certitude à l'image des Punks à la fin des

années 70. Mais cela est fort difficile, quasiment impossible - du moins

essayez.

*

740


Faire grand poète ! Mais jamais ils n'acceptent ! C'est seulement une fois

mort qu'ils reconnaissent l'identité comme telle.

*

Échafauder de nouvelles façons de penser.

*

Je suis fou du génie claudélien.

*

Jack Spicer - Le Rimbaud américain

Nakahara Chûya - le rimbaud japonais

Takuboku - autre rimbaud japonais.

*

J'écoute Nirvana et je pense Rimbaud - mais chez Kurt Curbain, il y a

destruction puis suicide. Chez Rimbaud, il y a fuite, départ, autres terres,

autres lieux, autres hommes - l'esprit aventurier du XIXe siècle.

*

741


Combien peu d'écrivains se sont nourris de philosophes pour écrire leur

journal !

Le poète se déplace, s'esclaffe, butine, conçoit autrement et ne travaille

que très rarement avec des œuvres philosophiques.

*

C'est un principe de formation, d'applications, d'obtentions de résultats

poétiques ou littéraires.

Il s'agit également de travailler avec, par, en exploitant l'Autre, Autrui, le

grand frère, le Maître, le génie ou l'être exceptionnel.

C'est donc un langage consubstantiel - je suis car tu es - tu m'apportes, tu

m'instruis et je t'aime.

Poursuivons ensemble ce travail.

*

Il faut constamment pousser sur sa cervelle pour aller outre, pour trouver

des solutions nouvelles - il faut ajouter avec Autrui et prétendre obtenir

l'objet rare et inconnu - l'objet idyllique en quelque sorte.

*

742


Toujours cette conscience de mon impuissance - je suis peu - je ne suis

rien. Le "que puis-je avec cette cervelle ?" et "Comment faire mieux ?"

ont constamment animé ma piètre possibilité.

*

Je suis plus producteur de poèmes que poètes. Poète signifie : contacts,

amitiés, relations, dictions, petite estrade, Madame Untel, Mademoiselle

Autre, Professeur de Lettres, instituteur etc.

- Tout cela m'était fort agaçant.

Je pensais : Pléiade, Internet, Collection, poésie planétaire, Génies,

Grands poètes de Virgile à Beck avec les applications - les Peintres, les

Musiciens, les Sculpteurs etc.

C'était deux mondes totalement opposés - Je cherchais à œuvrer, à

travailler, en vérité.

*

743


La poésie pour moi est volonté de chercher, d'appliquer, de trouver des

substances nouvelles, d'obtenir des objets d'écriture autres. C'est un

espace de création et d'invention. L'imaginaire y règne avec grandeur.

*

La poésie planétaire est ingérable - trop d'ouvrages, trop d'auteurs ! Il

faut donc faire sa route, se faire un chemin dans cette immensité offerte.

*

La poésie pour moi est volonté de chercher, d'appliquer, de trouver des

substances nouvelles, d'obtenir des objets d'écriture autres. C'est un

espace de création et d'invention. L'imaginaire y règne avec grandeur.

*

La poésie planétaire est ingérable - trop d'ouvrages, trop d'auteurs ! Il

faut donc faire sa route, se faire un chemin dans cette immensité offerte.

744


*

Pour moi – du moins en cet instant car la pensée se déplace constamment

- la poésie est un moyen d'extraire hors de soi un principe créatif.

Mais cela est une fonction, et cette réduction ne saurait suffire ?

Car la Poésie possède d'autres et de nombreuses qualités et propriétés qui

se déplacent avec le temps et l'humeur de l'analyste.

*

Le relationnel poétique est peu ou rien. On ne saurait comprendre ou

saisir l'intelligence de l'autre sur de la communication à bâtons rompus.

Nulle fiche n'est préparée et l'on s'attend à tout. L'on se base sur cette

expérience insignifiante pour prétendre à un certain vrai littéraire - alors

la critique y va de son droit - et que j'attaque, que je méprise ou rejette -

mais n'étais-je pas le même aux yeux des autres d'une certaine manière ?

*

La meilleure synthétisation externe,

la meilleure exploitation interne

745


et le meilleur produit possible.

Franck Lozac'h a inventé la productique poétique !

*

Combien de génies poétiques inconnus ! La nouvelle donne de l'Au-delà

risque de nous apparaître étonnante !

*

Va te faire cracher à la gueule ! Comment ? Il ne sait pas fait cracher à la

gueule ? Il n'a pas été chercher le mépris et l'humiliation ? - Il n'a donc

pas voulu faire le poète ? Va en Enfer ! Cela t'apprendra à ne pas obéir à

mon ordre !

*

Je persiste à croire que le relationnel poétique est de peu de chose - que

seule l'application d'écriture semble utile. Voir l'Autre, le côtoyer, lui

parler quelque temps est certes action facile, agréable parfois - mais cela

ne débouche que très rarement sur des résultats tangibles. Tout est affaire

apparat et de maniérisme. Mais de finalité objective, il n'en est point

question. Parler, bavasser - voilà le plaisir ! Mais construire, aller outre,

746


penser au-delà, cela ne serait ! Alors l'Intelligence se rétracte, reconsidère

la proposition offerte, doute et préfère se réduire à elle-même, souhaite se

replier dans son alcôve pour tirer ou déduire de nouvelles choses, utiles à

son œuvre future !

*

Pourquoi Rimbaud a-t-il cessé d'écrire ?

Quand Rimbaud cesse d'écrire, il sait pertinemment qu'il n'est pas Hugo,

qu'il n'est pas Racine, qu'il n'est pas Corneille, qu'il n'est pas Virgile -

alors ! Pourquoi ?

Est-ce un génie, un surdoué qui n'a pas les moyens d'aller outre - d'aller

au-delà CAD d'ajouter sur soi pour poursuivre l'aventure de

l'investigation interne ?

*

Le poète est un chercheur - mais dans le domaine du langage.

Il cherche, il élabore des concepts nouveaux - incompris - inconnus peutêtre

- du moins il cherche.

747


*

J'aurais apparemment trouvé sur le net Poets.org, site américain consacré

aux poètes, à leur école - je découvre Misty poets, école rebelle chinoise

et New York School.

*

J'ai besoin de penser, d'appliquer, d'exploser, de gémir, d'écrire. Mon

triomphe est dans l'anéantissement de moi-même.

*

Mis à l'écart, je crains essentiellement de perdre des mouvements

fondateurs qui participent à l'élaboration de mon œuvre.

Faut-il chercher à durer dans le temps humain ? Ne faut-il pas être pour

le ciel ?

*

748


Écritures contemporaines

Comment avec du retard synthétiser dans le vrai ? Comment tandis que

je ne suis pas à la pointe, pouvoir ajouter sans crainte d'erreur ?

Etre à la croisée de toutes les interactions - nouveaux objets à concevoir,

à développer -

Avoir raison et ne point se tromper -

*

On ne pourra jamais tout comprendre, tout intégrer, tout lire - il s'agit de

faire un chemin, son chemin.

*

Les grands poètes :

Fais ce que je fais et tu seras qui je suis.

*

749


La grosse difficulté est de relancer sa matrice interne - de constamment

renouveler sa capacité d'écriture. Il faut obtenir de nouveaux objets

poétiques. Mais quels objets ?

*

Du relationnel artistique, poétique etc.

Se rencontrer ne sert à rien. On ne peut donner à l'Autre par l'entremise

de la discussion le moyen de comprendre le moi littéraire interne. Ceci

est affaire de lecture et non pas de relation.

Il serait d'ailleurs stupide de dire :je l'ai vu, je le connais, rejetez-le. C'est

un pédant. Il est comme ci, il est comme ça.

Je le répète inlassablement. Il faut juger l'écrivain, le poète, le

philosophe, le romancier d'après ses applications. L'homme de la rue

n'existe pas.

*

- Pourquoi écrivez-vous ?

- Pour mieux vivre. Saint-John Perse

750


*

Critique analytique objective

Il est très difficile de savoir séparer les bonnes des mauvaises choses - ce

qui paraît satisfaisant à l'esprit de l'écrivain sera médiocrement rejeté par

l'analyse du critique, - et chose inverse - ce qui semble ridicule à la

raison de l'écrivain sera adulé ou apprécié par l'intelligence du critique.

Alors qui croire ?

L'éditeur n'est pas le censeur sacré et sa compétence peur être le plus

souvent remise en cause. Il croit, prétend, veut publier et se plante. Il ne

dépasse pas six cents exemplaires, et encore après avoir claironné

l'ouvrage sur tous les tons !

*

Il ne s'agit pas d'avoir du goût. Il s'agit de comprendre la claire créativité

qui régira le vrai de demain.

Le génie créateur n'est pas affaire de goût. Ce terme cache un concept

totalement dépassé.

Il ne faut plus être étonné, il faut choquer ou provoquer le dégoût.

751


L'on s'habitue à ce qui au départ répugne ou scandalise - voire les Punks

ou les Rappeurs.

*

Il te faut aller plus loin, au-delà de ce qui te paraissait possible, là est la

seule solution cérébrale, - ajouter, découvrir, déplacer, concevoir,

prétendre et faire valider par Autrui.

*

Il faut être prudent en poésie. Toute offre nouvelle est médiocrement

rejetée. Tout effort de crédibilité est relégué avec un mépris dédaigneux.

Tenter d'exister déclenche de terribles foudres. L'on ne vous connaît pas

mais on vous rejette impitoyablement.

Dans cette discipline, rien n'est possible. Il faut être l'ami de l'ami de

l'ami... - et encore ! Sera-ce suffisant ?

Vous pouvez en dépenser des sommes pour tenter de vous faire éditer

dans une revue. Cela est très lent et ne sert à rien. Insistez, quémandez,

implorez et vous n'aurez que peu de chose.

752


Toutes les façons pour être dans ce secteur se transforment en échec

lamentable et vous vous retrouvez horriblement débité.

Alors comment tenter sa fortune ailleurs ? Comment essayer d'être audelà

de ce système abject ? Il faut se suffire de soi, produire pour sa

propre estime et délaisser les structures qui sont des ponctionneurs

financiers.

Mais que craindre ? Si véritablement la capacité littéraire peut se

développer, elle se développera - si l'aptitude poétique doit se dévoiler,

elle se dévoilera fort bien. Certes petit à petit, lentement, elle se dévoilera

toutefois.

Délaissez tous ces voleurs, tous ces séducteurs qui n'ont qu'un seul souci

- vous prendre votre argent.

*

Shakespeare est exceptionnel avec ses drames - mais les jouer les habille

d'un vêtement somptueux.

*

753


Poètes rock H-F Thiéfaine - Lou Reed - Capdevielle - Jim Morrison -

Poètes chanteurs Francis Cabrel - Francis Lalanne

Poétesse - Barbara - Patty Smith

*

On affuble aisément de gratifications poétiques et l'on dit : Monsieur

Untel est un grand poète - alors qu'il n'a jamais prouvé auprès des

Autorités littéraires.

On ne se permet pas de dire d'un inconnu : c'est un grand philosophe,

c'est un grand écrivain, c'est un grand romancier essentiellement s'il n'a

jamais publié la moindre ligne à compte d'éditeur.

*

Comment dans la surabondance de l'offre parvenir à trouver ses objets ?

Langage

1

754


Hier, il fallait ordre, organisations, système d'applications, aptitude à

chiffrer, à composer, à inventer, à déplacer - cela permettait d'être auprès

de la gente capable de comprendre votre autrement. Aujourd'hui les

règles, l'ensemble des règles a disparu. Écrire n'est plus un métier - écrire

consiste à offrir une nouveauté crédible auprès d'un éditeur mais

rarement auprès d'un lecteur.

Mais est-ce une faute ? Est-ce déplacé que de penser ainsi ? L'opération

faussement littéraire ou nouvellement littéraire débouche sur un autre

vrai. Et un certain public peut accréditer l'objet différemment présenté.

2

Faire se caramboler des audaces incompatibles, des solutions de mots

totalement absurdes, aller dans l'inexpérience pour imposer un nouveau

vrai, et s'entendre dire : c'est ma foi certitude - et je puis comprendre

ainsi. Oui, cela est belle affaire et suffit à me satisfaire.

3

Il faut s'en retourner à une pensée brute, violente, vulgaire, agressive, à

une jetée de phrases certes par sa critique qui condamne l'audace

755


excessive mais qui tire de son expulsion les structures nouvelles de ses

applications.

4

La société paralyse l'évolution.

En un est le phénomène mental, en deux est le langage qui n'est qu'une

sorte de réception conceptualisée d'une émission mentale perçue.

Il faut déplacer le vrai.

5

J'ai désiré l'audace, le risque, l'impossible - j'ai tenté d'aller au-delà. Je

n'avais besoin d'Autrui que pour m'aider à expérimenter ces nouvelles

applications d'écriture.

Certains avant moi m'ont paru exceptionnels : Rimbaud, Mallarmé, Char,

Celan, Pound, Roche, Zanzotto, Deguy, Roubaud. Mais qu'étais-je moi

auprès de ces précurseurs ?

756


Et combien de poètes étrangers n'ai-je perdu ? Qu'aurais-je pu obtenir si

j'avais pu travailler avec leurs ouvrages ?!

6

Déplace le langage, repense-le autrement, offre de nouvelles applications

- fortifie-toi dans l'audace.

Change le fond, la forme et la présentation. Offre-leur ces contenus, ces

révolutions pensées - peut-être finiront-ils par te comprendre !

7

Je n'ai pas besoin du langage pour tenter de percevoir l'Autre.

La perception. Que puis-je en tirer. Dois-je me baser sur cette référence

pour chercher à juger l'Autre ?

8

757


Les mots fournis traitent de séquences impropres. On patauge dans l'idéal

ou dans l'absurde. On essaie de construire une suite possible, aberrante,

totalement audacieuse mais qui sera comprise demain.

Il y a la notion de risque, de folie, ...il faut aller de l'avant. Qu'importe le

manquant qui s'associe au passé. La créativité doit tendre vers le futur.

9

Grosses difficultés pour avancer sur "Apparences" - le relire et le

numériser est difficile. Je ne comprends toujours pas la pertinence du

contenu et je dois lui subsister une autre solution. Et tant de redites, de

retours sur moi-même. Parfois je prétends : "Petit à petit, tu avances -

l'évolution de ton écriture se détermine sur plusieurs mois - il s'agit

encore d'une synthèse complète. Tu comprendras plus tard.

10

De ce langage ! - Mais permettez-moi : il n'y a plus de chiffres, plus de

composition, plus d'harmonie musicale ou d'ordre organisé, et je devrais

prétendre que cet ensemble engendrera un nouvel édifice ! Mais c'est une

folle anarchie que vous m'infligez là !

758


11

Il s'agit de délire, de risque, d'audace, d'interdits à expliquer,

d'aberrations appliquées sur la feuille de papier. L'on doit produire des

monstres d'écriture et prétendre que ces fragments seront vérités futures.

Mais qui accepterait de le croire ?

12

Ce mot, cette construction sont fous - mais je dois passer outre. Que

m'importent cette audace et ce risque ! - Délibérément, j'ai à extraire des

applications nouvelles, - je dois plonger dans l'impossible, dans cette

invraisemblance chaotique. Il faut trouver.

13

Nous n'avons plus besoin de comprendre le texte - il doit suffire avec sa

vibration, son incohérence, son impossible - l'intelligence doit aller audelà.

Il y a abstraction du langage, écrivait Paul Valéry dans Cahiers I,

p 450.

C'est évidemment une nouvelle association, un principe d'applications

inoui. Après ? ...Après, c'est l'organisation de l'ensemble avec son

déplacement, sa destruction qui convaincra le lecteur.

759


Quand dix, cent, mille diront : "Cela est ma fois vrai", alors le contenu

détiendra sa légitimité et pourra se présenter comme Vérité abstraite

reconnue.

*

Systématiquement le principe s'opère de la sorte : de cette foule de poètes

se prétendant, se prévalant, sachant avec certitude, la postérité délibère et

n'en garde que deux par génération.

Le XIXe - l'immense XIXe ! - n'a enfanté qu'une quinzaine de grands

poètes français. Qu'est-ce à dire ? Il faut également comprendre ainsi :

beaucoup s'activent, se déploient, agissent et tentent de convaincre.

Certains sont édités, d'autres reçoivent des Prix. C'est ce qu'on appelle La

poésie d'aujourd'hui - et puis un, deux sont acceptés et idéalisés.

Et l'on dit à la génération future : les voilà vos maîtres ! - Ce sont eux qui

doivent vous inspirer. Nous avons sélectionné et prétendu connaître les

Immortels à glorifier.

*

760


Que représente le premier jet ? La jetée, la base ! Des fragments sans

chiffres, le vomi

sans la composition !

Il faut repasser 3,4,5,7 fois dessus pour enfin trouver une application

satisfaisante.

*

Je ne crois pas avoir aimé le contact poétique ou littéraire - voir,

rencontrer, discuter m'apparaissaient chimères inutiles, qu'insignifiances

de comportements de second ordre.

L'essentiel était de comprendre, d'intégrer et d'appliquer.

*

Plus rien - plus rien pour me relancer. Tout est amorphe et tout semble

perdu.

*

Je n'écris plus - je ne saurais produire plus. L'esprit semble saturé. Il y a

une sorte de blocage de l'intelligence qui ne peut aller outre. Vais-je

761


exploiter le temps restant pour refaire les morceaux existants ? Ou encore

nettoyer des fragments délaissés qui toutefois ont quelque teneur ?

Ceci est un grand enjeu car 20 000 feuillets inédits attendent que je les

récupère pour participer à l'élaboration d'ouvrages nouveaux.

*

Je n'ai aucune ambition littéraire. Je cherche à me faire, à obtenir. Être

auprès d'Autrui m'apparaît artifice stupide, voire inconvenant. J'ai tant à

apprendre, à découvrir –

L

*

Nous cherchons la folie, la loi illégitime, l'audace perverse pour accéder

à un principe d'écriture inconnue.

*

Il y a peut-être d'autres solutions qui tournent autour de l'identité

littéraire.

Il y a également un paralittéraire à développer. Mais quel paralittéraire ?

762


*

Je suis allé à Ombres blanches. J'y ai ouvert un grand nombre de recueils

- suis reparti avec Kiril Kadieski - Nouveaux sonnets - et une traduction

récente de RM Rilke (Elégies de Duino). Ai pris également Structures du

langage poétique de J. Cohen chez Flammarion - Collection Champs.

Je rêve des Fragments posthumes de Nietzsche chez Gallimard ? Je les

prendrai sûrement.

*

Ceci est dans la synthèse - c'est décidé, c'est entre nous. Il faut aller audelà

et percevoir de nouveaux intimes.

*

Il fuit - il fuit les hommes mais il court après leurs œuvres. Le génie se

situe dans les livres immortels. Qu'importe les présences !

*

Faire poète - communiquer avec Autrui pour ne rien obtenir !

763


Il y a tant à trouver dans les ouvrages ! Pourquoi s'inquiéter de telles

gageures ?

Journal 2007

Il fuit - il fuit les hommes mais il court après leurs œuvres. Le génie se

situe dans les livres immortels. Qu'importe les présences !

*

Faire poète - communiquer avec Autrui pour ne rien obtenir !

Il y a tant à trouver dans les ouvrages ! Pourquoi s'inquiéter de telles

gageures ?

*

Chez Demazet, il y a une dizaine d'années.

Le premier : - Moi, j'en ai écrit 11 cette année.

Le second : - Moi, deux !

Le troisième : - C'est pas la quantité qui compte.

764


Etc.

*

Je dois constamment insister, et c'est en insistant constamment que

j'obtiendrai ce qui m'est chu.

*

"Comment puis-je trouver ? Comment puis-je ajouter sur ma

personne ?" Voilà l'unique question que doit se poser l'intelligence - je

veux dire le réel cerveau - la véritable conscience - et de cela l'on tirera

la belle avancée cérébrale, sociale, encyclopédique, universelle - ... en

bénéficiera la Civilisation.

*

Je t'offre un contenu - il représente une certaine vérité à un certain

moment. Je prétendais posséder le vrai. Mais le vrai se déplace - la chose

évolue - que conserveras-tu de mon vrai pour ajouter sur ta vérité ?

Quelle infime part conserveras-tu ?

*

765


J'essaie de construire ma composition numérique - chaque icône de DVD

correspond à une phase représentative de ma production, de mon écriture

ou de ma personnalité. Je crains essentiellement d'oublier des dossiers

importants - l'informatique va vite, très vite et rejette des choses

considérables. Il est impossible de s'en souvenir. Il faut revenir

doucement dossier après dossier, lentement pour retrouver le contenu tel

quel.

*

Le paradoxe du relationnel

- Vous pouvez vous méprendre stupidement et encenser des êtres

médiocres tandis que des génies exceptionnels vivants à vos côtés sont

misérablement rejetés.

- Oui, mais c'est dans la manière, l'élan, la faconde extrême qui priment

en ces instants. Nous ne savons discerner, et la façon suffit pour nous

séduire. Nous jugeons d'après l'apparence - le fond étant chose de second

ordre.

766


*

Être pour Autrui est impossible

*

L'apparence - On se côtoie par politesse - on ne se comprend pas - on se

méprise, se sous-estime - l'on prétend l'autre médiocre.

Le jugement est effectué sur l'apparence, sur la manière, sur l'apparat, sur

le sentiment hiérarchique ou social.

C'est ainsi que le système poétique opère - sur le rien, sur le peu, sur

l'insignifiant. Et la pauvre cloche de Verlaine passe pour un imbécile ou

le dernier des manants quand tel autre, usant de façons peut intéresser la

galerie et se prévaloir d'être quelque chose.

*

Toujours pousser vers l'avant pour y trouver une vérité certaine.

*

767


De la certitude. La Poésie n'est Rien, - est Néant, inexistante, invendable

~ nul ne s'y intéresse. Certains diront : nous sommes là dans l'ombre -

mais nous sommes ! Or il n'y a nul marché - les ventes sont

insignifiantes, les lecteurs peu nombreux.

Ce n'est pas faire offense à la discipline que de dénoncer cette vérité. En

revanche, la poésie est inventive, créative, audacieuse. Elle se déploie

mais son développement est souterrain.

*

Qu'avez-vous à attendre ? - Vous n'avez rien à attendre. Travaillez,

produisez, délaissez la structure d'accueil. Jamais vous ne serez reçu.

*

Ils veulent des poètes posthumes, des poètes de l'Au-delà. Pourquoi ? Ils

refusent de faire l'effort de les comprendre de leur vivant. Ils sont en

décalage de compréhension - et lisent avec 20 ou 40 ans de retard.

768


Ce ne sont que des lecteurs et non des poètes. Le décalage leur suffit,

leur convient. Ils suivent loin derrière. Ceci est souvent pour du

posthume.

Et ils admirent, se glosent, sont satisfaits de la chose...Mais que dire ?

Laissons-les. Le vrai poète - celui qui travaille, pense, exploite doit agir

différemment. Il lui faut prendre, extraire et ajouter.

*

J'en suis à chercher de nouvelles thématiques qui pourraient se dégager

de l'oeuvre principale pour produire des espaces littéraires à exploiter.

Actuellement, l'ensemble n'est pas clair mais je dois trouver.

*

Je suis reparti hier encore en exploitant un texte de Zanzotto - Idiome -

recueil depuis longtemps intégré. Je plonge à nouveau.

Maulpoix - Critique - La recherche du parallélisme chez cet auteur ne se

fait-elle pas au détriment du contenu et de l'efficacité de la structure ?

769


Faut-il constamment rechercher "la phrase", "le compte des mots" pour

être certain... de quoi ? D'être un littéraire ?

*

Enregistrements sons poésies pour un site Internet

Il faut y ajouter des images, de la musique, un texte sous-titré puis le

poème entier 4433 qui se désintègre à la fin du sonnet...

*

Obtenir le résultat de Zanzotto ! Comment l'obtenir ?

Toujours chercher la pointe d'aujourd'hui.

*

1

Affaire Molière/Corneille Quand on compare le Psyché de Molière au

Psyché de Corneille, l'on s'aperçoit que Molière est plus souple, moins

rigoriste, plus comédien en quelque sorte.

770


Je me souviens également de La suivante, - et de ses comédies de

jeunesse et je ne puis y trouver le ton enlevé, facile, agréable qui s'adapte

à l'effet théâtral de mise en scène que l'on rencontre chez Molière. C'est

pourquoi avec cette première étude, je doute que Molière ne soit pas le

père de son œuvre littéraire. Je ne vois pas en Corneille l'ombre d'un

nègre inconnu.

2

Je viens de tester Don Garcia de Navarre et j'avoue n'y rien y déceler qui

put en quelque point ressembler à la technique d'écriture ou de

composition de Corneille.

Les invisibles n'y sont pas présents de la même manière, et leur

fréquence est moindre. Je puis croire en cela que Molière a produit ses

propres pièces et que Corneille n'y est pour rien.

Je veux toutefois poursuivre mes investigations avant de tirer une

conclusion définitive car l'affaire semble inquiétante et pourrait faire

vaciller un pan entier de notre littérature et de notre histoire.

3

771


Les vers de Corneille sont frappés par une métrique courte, serrée,

rigoriste. Je vois en Molière un comédien plus souple, plus libre avec les

règles du XVIIe - c'est pourquoi je doute que Corneille soit intervenu

dans l'œuvre de Molière.

4

Ce qui étonne, c'est cette prose sans contrainte, libre en quelque sorte -

non soumise à des lois - et en ce sens, je prétendrais que le travail revient

à Molière sans hésiter.

Puis il y a un grand nombre de pièces en vers qui sont organisés, qui

répondent à des lois techniques et à des contraintes d'ordre supérieur - et

je ne parviens pas à comprendre comment les deux systèmes ont pu

cohabiter.

Mais je n'en suis qu'à mes premières investigations. je dois décomposer,

analyser, décortiquer les ensembles pour enfin expliquer ce que mes sens

entendent.

Du relationnel poétique

*

772


Certes ! de l'éducation, de la critique mais des applications utiles, il n'en

est point !

Côtoyer ces gens une heure, deux heures, deux fois, x fois, qu'apprenezvous

? Des bonnes manières, des principes distingués mais de la poésie

pure, vous n'en trouverez pas. Que pouvez-vous espérer ?

*

Allez-vous rester à désirer sans jamais posséder ? Hâtez-vous ! Le temps

est court, le temps fuit.

*

La poésie est difficile, compliquée et impossible.

Elle n'est pas un système de relationnel de A vers B - de B vers C - de

discussions, d'éducation et de politesse.

Elle m'apparaît comme étant une nécessité de production interne, de soi

vers soi, - un principe d'applications cérébrales.

773


Vouloir être auprès d'Autrui m'apparaît stupidité insignifiante. Il faut être

pour soi et ne pas se soucier de l'Autre - je veux dire le lecteur, le poète

ou l'éditeur. Car c'est usure de temps, action inintelligente, perte de vie.

*

Se baigner dans la Pléiade pour se nourrir de tous ses sublimes génies.

Implorer, lire, apprendre et quémander le droit à la formation.

Qui comprendre ce que tu as souhaité faire ?

*

Toujours au plus profond chercher en soi pour trouver, pour découvrir,

exploiter un nouveau vrai - là est la certitude de l'avenir.

Celui qui dit : je me satisfais de cela, je ne saurais aller outre, je tire

grand plaisir de ma situation actuelle, celui-là refuse le progrès,

l'avancée, l'élévation. Son erreur est extrême : l'intelligence de l'homme

doit tendre vers le progrès.

*

774


Les émissions littéraires proposées à la télévision (Campus, Vol de nuit)

cherchent à exciter l'actualité présente. Elles se situent fort loin de la

réalité poétique, artistique ou créative - ceci est pour le décalage.

*

Pourquoi ces purgatoires pour Sully Prud'homme et de Pompignan ? Que

leur reproche-t-on réellement ? L'un d'avoir obtenu le premier prix Nobel

de littérature du XXe siècle, l'autre d'avoir obtenu un siège extraordinaire

à l'Académie française ?

Je les ai relus avec attention et puis prétendre que les distinctions ne sont

en rien usurpées. Leur aptitude ne fait aucun doute.

*

Le relationnel littéraire

Les visites sont certes courtoises, de bon aloi - aimables mais elles

donnent une apparence trompeuse de la personnalité. Elles ne permettent

en rien de pénétrer ou de mêler deux substances pour en extraire une

775


troisième. Les coups inutiles sont perdus quand le maniérisme semble

l'unique gagnant.

*

Trouve. Cherche. Lance-toi dans le Néant. Impose-toi une nouvelle

certitude.

Ceci est la seule solution pour extraire une substance pure. Ton

intelligence te permet d'extraire. Car tu conçois sous des angles

inconnus.

Viens, viens et exprime-toi. J'ai besoin de ta différence, de ton

autrement. Tu te dois de l'exprimer.

Me faut-il proclamer à Autrui ma poésie, mon identité poétique ? Autrui

ne saurait comprendre - ceci serait perte de temps et action inutile. Non !

Je dois exister par moi-même, au-delà des convenances et de la

crédibilité.

*

776


Je ne crois pas en une poésie générationnelle - je ne crois pas que les

contacts soient possibles - et s'ils deviennent possibles, les échanges sont

insignifiants et ne débouchent sur aucune utilité littéraire.

Ceci est une belle affaire de présences, mais de contenus il n'en est point.

Je leur préfère la question de l'ensemble - c'est-à-dire la compréhension

poétique planétaire, la maîtrise des différentes pléiades européennes et la

synthèse pour le progrès.

*

Plus loin ! Plus grand ! Là-bas vers les hauteurs !

*

Le problème est de trouver de nouveaux espaces de croissance - la

psychologie, l'intelligence etc. Mais quels espaces ?

*

- À quoi sert la réputation ?

- À se gloser de soi-même, à se suffire de sa petitesse, à exceller auprès

d'autrui pour des broutilles insignifiantes, pour des jouissances de second

ordre ? Que nenni !

777


*

Char : énergie, chaleur et douleur.

*

Coincé. Incapable de produire quoi que ce soit d'intéressant. Je suis

décomposé en moi-même cherchant stupidement des solutions nouvelles

d'applications.

Le cerveau ne peut aller outre - il se déploie avec pertes et inutilités.

*

Travaille médiocrement. Essaie constamment de relancer la matrice

cérébrale sans résultat réel

*

Ne pas hésiter à extraire des bouts, des fragments pour construire un

nouveau livre. Ne pas craindre la fragmentation. Car lire aujourd'hui,

c'est se suffire de quelques lignes.

778


Offrir des fragments incohérents - ils seront reliés par un système de

pensées précis. La raison de l'écrivain l'imposera.

*

Peu rencontré de poètes mais pénétré, compris, intégré un

nombre considérable d'auteurs, d'écrivains, de philosophes qui ont

participé de manières significatives à l'élaboration de mon Œuvre.

Alors que dire ? Le relationnel physique a certes été rare

mais la communication intellectuelle s'est déployée avec magnificence.

*

Lecture. En vérité, tu t'aperçois que c'est toi qui écris. Autrui est le la, le

déclencheur d'applications.

*

Je persiste à croire qu'un poète est un applicateur et non pas un

communicateur. C'est à Autrui de transformer l'Œuvre en perception pour

l'ensemble des Auditeurs.

779


Je travaille faiblement. Plus aucune inspiration poétique ne vient animer

cette cervelle, et c'est avec grande difficulté que je parviens à extraire ces

quelques lignes pour noircir cette page. Je dois lundi aller à Ombres

blanches pour y trouver des auteurs qui me permettront de produire de

futures pages d'écriture.

*

Vais-je dire le vrai ? Cela sera peut-être une trace inutile.

Pouvoir travailler dans de bonnes conditions, quel rêve !

Je lis mais très peu. J'essaie d'exploiter, de transformer le produit intégré.

Je vais de A vers B. Ou de A vers A'. Ou encore A est un déclencheur de

pensées et de réflexions.

12 mars 2007

*

De retour - après une visite à la librairie Ombres blanches. Je vois un

gars en faction un peu avant la Rue du Périgord - on est dans la rue du

Taur - qui propose quatre recueils de poésie sur un petit tréteau. Mais il

780


est fou ! Qu'espère-t-il ? Qu'attend-il ? Que veut-il ? Veut-il vendre ? À

qui ?

Il attend accroupi que quelqu'un s’intéresse à sa prestation. N'est-ce pas

utopique, délirant ou triste encore ?

Je poursuis ma route sans me soucier de son cas. Il sera peut-être un futur

grand poète, qui sait ! C'est tout le mal que je lui souhaite.

Le sérieux est toutefois de travailler chez soi et d'avoir une activité

lucrative autre ailleurs. Cela est le plus raisonnable.

*

Effectivement dans ces générations qui cohabitent 20-80 ans, certains

poètes doivent posséder génie ou talent ! Mais l'échange ou la rencontre

n'offrent rien d'utile. Alors que faire ? Insister et insister ? - Pour rien,

pour du faible et de l'insignifiant ?

Être poète, c'est vivre dans un double décalage temporel. D'une main,

l'on admire ses anciens qui ne sont plus. De l'autre la réalité de l'Au-delà

déterminera de nouvelles vérités considérées comme évidentes. Entre les

781


deux, le temps humain, période de rejet et d'incompréhension, de mépris

et d'impuissance.

Il faut donc attendre : l'Intelligence consiste à se former avec le Passé et

le Présent pour être dans le Futur.

*

Ni la composition poétique ni la composition picturale ni la composition

musicale ne sont affaires de femme.

Dali a dit : les femmes ne savent pas peindre, elles savent faire des

enfants.

*

La difficulté va en augmentant et le produit se conçoit au-delà du sens. Je

dois appliquer avec l'A-logique, espérant que cette conscience obtiendra

des fruits certains d'écriture.

*

782


Le relationnel poétique- ce ne sont que des simagrées et de la courtoisie

d'opérette.

L'essentiel réside dans les applications.

*

Ce n'est plus une poésie de relationnel, c'est une poésie d'applications.

*

Etre "Un", c'est appliquer, trouver des solutions d'écriture. C'est

également ne rien espérer d'Autrui. C'est être Soi pour Soi par Soi.

En revanche, il faut savoir beaucoup donner à Autrui. Soi sans l'Autre

n'existe pas. Se prétendre être Soi, c'est n'être rien.

*

Génies inconnus - Blog 1 - Premier billet

Je suis sur Youtube et je regarde Dance To The Bop - ce qui semble

ridicule. Je suis avec Vince Taylor. Et tout à coup je pense à Ozzy

783


Ozbourne - Paranoïd - qui est une révélation - l'un des pères fondateurs

du Hard Rock. L'un 58 et l'autre 69 - seulement onze années les séparent.

Quelle évolution ! Quelle révolution ! Black Sabbath déterminera

également ce qui sera la nouvelle face du Rock And Roll, c'est-à-dire le

Hard, le Hard Rock.

Pour en revenir à la poésie, je me demande qui sont les nouveaux

Rimbaud, Baudelaire ou Mallarmé. Sont-ils édités d'ailleurs ? Sont-ils

accessibles sur le Marché ? Généralement les grandes figures de la

Poésie sont rejetées et méprisées - réduites à l'état de déchets.

Qu'en est-il réellement ? Qui croit en qui ? Qui croit en quoi ? Je serai

très intéressé d'entendre des personnes m'offrir des propositions de

génies inconnus ou de grands poètes utiles, rejetés par le principe

littéraire d'aujourd'hui.

*

Utilité du système littéraire - Blog 2 - Second billet

Parfois je me demande quelle peut être l'utilité du relationnel poétique.

L'on s'y croise, l'on s'y côtoie pour y échanger des insignifiances ou des

insuffisances. Mais cela ne débouche guère sur quelconque utilité

d'applications.

784


Tout y est affaire d'amabilité et d'artifice. Là est la belle courtoisie

d'aujourd'hui avec éducation et correction. Mais les réels problèmes de

l'écriture - je veux dire : L'Évolution de la langue, L'Application,

L'Édition, la crédibilité auprès du lecteur, cela ne serait être des sujets

ou des pôles d'intérêt.

Le pauvre chercheur s'en retourne à sa morne solitude, dépité et déçu

s'inquiétant de la manière dont il doit s'y prendre pour faire avancer son

principe stylistique littéraire.

Avez-vous perçu parfois cet immense vide ou cette incompréhension où

vous plongeait la sinistre réalité littéraire ou poétique ?

Merci de bien vouloir me répondre.

*

Sources d'inspiration - Blog 3 - Troisième billet

Voilà donc un nouveau billet pour écrire quoi et sur qui ? Il faut susciter

la volonté de communication, de discussion - il faut trouver dans l'Autre

son intelligence, sa pertinence, sa capacité à concevoir de nouvelles

réflexions, à déplacer le vrai quand on le considère ailleurs.

785


J'ai tant aimé l'Autre - son génie, sa capacité à m'aider pour travailler ou

produire - et je pense à Valéry, à Baudelaire ou à Rimbaud. (D'autres

noms plus récents m'ont également permis de progresser ou de me

former.) Mais je m'interroge et je souhaiterais que vous puissiez me dire

qui vous inspire, vous aide et vous permet de trouver de nouvelles

solutions d'écriture. Quelles sont vos sources ou vos substances

littéraires ?

*

Phillipe Beck - système assez séquentiel - l'à-coup - l'avancée ne

s'accomplit pas uniquement avec le principe analogique. Le

raisonnement littéraire 'La reproduction par le contraire après un léger

blanc) n'est pas non plus le principe imposé.

29 Solidarité - Chants populaires - Cela a-t-il un sens ?

Mallarmé : j'ai trouvé avec cent ans d'avance !

*

*

786


Etre auprès des humains - pour quelle gloire, quel espoir, quelle finalité ?

Toujours poursuivre, toujours chercher, toujours appliquer.

Et si Dieu le veut, le produit aura un avenir certain. Mais là n'est pas

l'essentiel. Ce qui importe, c'est la validation du Ciel puis de se cacher

dans la masse pour ne pas chercher à être.

La pensée se veut humble.

*

- À quoi est-on écrivain ?

- Il faut écrire des ouvrages pour se prétendre écrivain. Se prévaloir d'être

écrivain à la rature, cela ne saurait suffire. Composer des ouvrages

impose la rature, la remise en cause, le doute, le refus, et cela englobe la

première fonctionnalité de la rature.

*

Produire - extraire - penser - appliquer - Exploiter Autrui - son

intelligence, son aptitude, ses applications.

Le cerveau. Que faire avec ce cerveau ? Est-ce une centrale ? Une

capacité d'applications ?

787


Que faut-il donner à Autrui ? Autrui sera-t-il comprendre ?

*

Le système littéraire - Vous êtes grand poète et le Système vous utilise,

vous exploite à des fins de jouissances ou de curiosités. L'on veut vous

voir, vous rencontrer, discuter avec vous pour des fadaises ou de

insignifiances. Mais cela ne permet pas de vendre. Cela ne vous permet

en rien de progresser.

*

Rencontrer, communiquer avec Autrui qui vous ignore, qui ne vous

connaît pas est inutile. Autrui vous rejette, vous méprise - les contenus

échangés sont insignifiants. Pourquoi ? À quoi bon ?

*

Le problème est d'optimiser sa potentialité intellectuelle. Pour se faire, le

cerveau nécessite l'aide d'autrui. Qui est Autrui ?

Quel fond ? Quelle écriture ? Tant de points d'interrogation et si peu de

réponses !

*

788


Po : Beck est-il la solution ? Ou est-ce un savant mélange de X, Y, Z

dérivés par la pensée lozachienne ?

*

Le premier : Laissons-les se chamailler ! Ils sont entre eux !

*

Il faut constamment ajouter sur soi. Là est l'unique raison. Se satisfaire

de son état, de sa personne est peu de chose. La recherche du progrès est

l'un des moteurs de l'évolution de l'homme.

*

Que peut-on espérer d'autrui ? Quelle est réellement la qualité de sa

critique ? Faut-il réellement se bercer de douces folies ou comprendre

sciemment que l'Autre est objet de refus ?

789


Je dis : de son vivant, rien n'est possible. Mort, le Ciel peut reconnaître

l'œuvre mais peut condamner l'esprit de n'avoir pas agi avec tout le zèle

voulu.

*

On ne peut pas non plus passer sa vie à tenter de se crédibiliser auprès

d'autrui - l'on doit essayer d'agir, de produire ou d'appliquer - l'Autre

n'étant pas la finalité essentielle.

Dire : j'abandonne tout et je veux être, c'est perdre sa fonctionnalité

créative. Le compromis n'est certes pas la solution. Le compromis

balance entre les deux et ne permet pas de poursuivre l'objectif à

atteindre.

Il faut être grand poète pour soi, - puis Autrui comprendra. Cela est peu

de chose. Mais faire GP, signifie : obtenir des poèmes dignes de haute

poésie, et nécessite travail, application, présence, efficacité, génie,

intelligence, créativité etc. d'imposantes qualités, en vérité.

*

790


C'est avant tout un système de formation, de production, d'application. Il

s'agit d'obtenir un résultant en exploitant sa propre expérience associée à

l'intelligence d'Autrui. En revanche, cela ne permet en rien de savoir si

les contenus obtenus sont validés. Car il peut y avoir erreurs, faussetés

ou insuffisances. Ou refus systématique de la critique interrogée.

Le temps est l'ennemi redoutable. Il faut aller vite, très vite et surtout ne

pas se tromper.

*

*

Je délaisse la crédibilité poétique ou littéraire auprès de mes confrères. Je

focalise sur mon aptitude à produire, à obtenir, à appliquer.

Je sais pertinemment que ce que j'obtiens ne sera jamais compris ou

intégré, - je poursuis toutefois sans me soucier de la critique ou de la

pseudo analyse - l'essentiel étant de posséder le résultat.

*

Le Je poétique est un je qui cherche, qui prétend trouver de nouveaux

espaces, contenus ou manières. C'est un Je qui seul n'existe pas, - il doit

791


s'associer avec Autrui - Autrui, c'est le frère, l'ami, le moyen d'avancer et

d'appliquer.

Il n'y a ni frontière ni âge ni civilisation - le passé, le présent, le lieu

autre sont des moyens indispensables pour trouver.

Qui seront les futurs Denis Roche, Paul Celan, André du Bouchet,

Andrea Zanzotto ou Roberto Juarroz de mon écriture ?

*

Sera-ce Philippe Beck ?

- Je ne vous aime pas !

*

- Mais il faut s'y reprendre cinq ou six fois pour commencer à intégrer !

Vous êtes confronté également à ce décalage générationnel. Si l'on vous

avait dit : "Il est - comprends-le.", votre intelligence obéissante se serait

adaptée à ce nouveau vrai obligatoire !

*

792


La paralittérature, est-ce de la littérature ? Certes pas ! Mais la critique

qui est de la paralittérature essayée par les meilleurs, permet de faire

avancer la littérature elle-même. Et je pense à Baudelaire, à Valéry ou à

Sartre.

*

Tu te prétends en abondance. Mais cette abondance est veule, stupide,

inutile. Il faut trouver de nouvelles symphonies d'écriture, de sublimes

vérités poétiques - ceci fait partie de l'impossible... Rêve encore.

*

Sauras-tu ajouter sur l'Autre, sur ton frère ? Pourras-tu synthétiser son

principe ? Lis-le. Que comprendras-tu de cette lecture ? Qu'exploiteras-tu

de cette application ? Tu te sens stupide et inerte, désireux d'objets

littéraires inédits. Mais les mérites-tu ?

*

Ecrire est un besoin stupide ! Ecrire, c'est ajouter sur Soi et sur ses Pères.

Le génie créatif offre des fonds et des formes inconnues.

793


Et puis des millions, des centaines de millions de lignes reconnues par

des éditeurs qui disent oui à de la lecture immédiate, qui désirent

vendre...pour faire de l'argent... et cela, le plus souvent, ne fonctionne

pas.

Différentes éditions

*

Il m'arrive parfois de lire dans différentes éditions l'ouvrage d'un même

auteur. J'en ignore la raison - est-ce la pagination, la présentation, mon

visuel il se peut ? - Mais le contenu du livre m'apparaît bien singulier.

Certains endroits sont en pleine lumière quand d'autres sont plongés dans

l'ombre.

Je pense à Tel que de Paul Valéry Points/Livre de poche contre Pléiade, à

Écartèlement de Cioran qui est une synthèse de plusieurs ouvrages, à

Mauvaises pensées de Nietzsche qui est également une réduction de ses

réflexions ou encore à Blaise Pascal quand ses Pensées sont

systématiquement numérotées.

Je relis un ouvrage et semble le découvrir à nouveau. J'en tire un grand

profit : exploitant des contenus inédits à ma personne, je puis

794


accompagner mon inspiration avec des produits d'écriture innovants - du

moins, je le prétends... Qu'en est-il réellement ?

*

Tant de ramifications, de courants littéraires ou poétiques qui se croisent

et s'entrecroisent ! Comment sera-t-il possible de déterminer le nouveau

vrai artistique ?

Que se passe-t-il en fait ? Le temps faisant son affaire et l'utilité étant

réductrice, seuls deux ou trois poètes par génération sont exploités par

l'héritage à suivre.

Les Éditeurs que l'on critique et condamne proposent des centaines

d'auteurs nouveaux - proposent certes une restriction poétique mais

offrent un nombre considérable d'écrivains que l'intelligence ne serait

apte à lire ou à intégrer.

Alors que dire ? Et comment s'y prendre ? C'est encore le chemin - LE

CHEMIN - c'est-à-dire la capacité à naviguer cérébralement entre toutes

ces possibilités pour obtenir le choix poétique le plus judicieux.

*

795


Le problème n'est pas d'œuvrer - je possède l'œuvre - le problème est de

crédibiliser son identité - il est de parvenir à injecter dans l'Autre mon

vrai poétique, et c'est grande besogne !

*

Sinistre constatation. Seulement 8 000 ouvrages sont édités en moyenne

en France sur 40 000 manuscrits achevés. Ce qui semble peu en vérité.

Pourtant les libraires croulent sous la quantité de livres proposés.

Quelques-uns parviennent à faire une petite carrière, se vendent tant bien

que mal, et permettent à l'éditeur de récupérer les sommes investies.

Que deviendront les 32 000 manuscrits refusés ? Car certains sont de très

bonne facture mais ne connaîtront jamais de carrière éditoriale. Ils gisent

au fond des tiroirs comme des trésors superbement protégés par des

auteurs qui prétendent détenir des chefs-d’œuvre.

Pourquoi ne pas en faire profiter le lectorat d'Internet qui certes ne

payera pas l'ouvrage mais pourra exprimer son opinion ou sa critique

concernant l'écrit offert ? Et qui sait ! Un bon lecteur d'une collection

parisienne intéressé par la qualité de l'ouvrage n’a pas la stylistique de

l'écrivain tentera peut-être de repêcher le manuscrit stupidement oublié.

796


*

Quelle est la part du comportement poétique dans l'œuvre d'un poète ?

Est-elle essentielle à son principe de crédibilité ? Est-elle de second

ordre, qu'un piètre moyen accompagnant le génie réel de l'individu ?

Faut-il cautionner le relationnel, lui accorder une part primordiale ou

prétendre qu'elle n'est qu'un pourboire d'amitié ?

On voit l'immense richesse que pouvait représenter la communauté

surréaliste. Cette mouvance artistique frottant des intelligences

exceptionnelles a certainement dû faire se caramboler des idées, des

concepts ou des notions qui jamais n'auraient pu s'associer sans la

présence des uns à côté des autres. Très délicat donc de prétendre savoir

quelle est la bonne démarche à suivre.

*

Le contact. Quel contact ? Et pour quelle utilité ? La mort qui est à mes

côtés me glisse à l'oreille : "T'as pas une heure ?" - Une heure, certes !

Sera-ce suffisant ? Que faire de cet instant ? Quelle valeur lui accorder ?

Quels contenus pourrons-nous échanger ?

797


*

L'essentiel étant de produire des concepts nouveaux.

*

Comme rien n'est établi, personne n'a réellement tord mais nul ne

possède par là même la vérité.

*

Je crains essentiellement de ne pas parvenir à récupérer l'ensemble de

mon œuvre et de laisser des Inédits que nul n'aura le courage de

récupérer prétextant que cela est suffisant, que cela n'est d'aucune utilité.

*

L'entretien est un moyen remarquable de mise en communication avec

Autrui. L'Ecrit est terne, froid, quasiment glacial. Il ne permet en rien de

connaître l'auteur. Il y a contact nouveau, discussion directe, presque

fraternelle.

*

798


Rimbaud et Brel

Brel, c'est derrière. Brel, c'est Frida - une belle fille rustique ; Brel, ce

sont des bourgeois, des notaires, des caricatures - c'est du XIXe.

Bruxelles, l'avant-guerre, ce sont des images typiques d'autrefois - Les

Flamandes.

Rimbaud, ce sont Les Assis, - des chaisières, des grenouilles de bénitier,

c'est une charge, une satire, c'est un square à musique, c'est un jardin où

tout est correct.

Rimbaud et Brel, c'est acerbe, c'est une critique de la société du XIXe. En

ce sens, je les rassemble, je les assemble. Je souhaite que beaucoup me

comprennent.

*

Production - productivité - optimisation de sa potentialité cérébrale.

Obtenir le résultat ? Pouvoir se satisfaire d'avoir plus, d'être au-delà.

Telles sont les clés de la réussite.

Se plaire, se complaire de son peu est stagnant donc déficient.

799


*

En vérité, la Littérature a toujours été et sera toujours à plusieurs

vitesses. Quelques auteurs de leur vivant parviennent à vendre, à vivre de

leur plume et à s'immortaliser. D'autres vendent et sont vite oubliés.

D'autres n'ont jamais publié mais sont repêchés in extremis. D 'autres

encore seront au ciel et systématiquement rejetés sur Terre.

*

Récupérer le million de manuscrits refusés par les Éditeurs, les proposer

en diffusion gratuite, mettre de la publicité sur le site et rémunérer

l'auteur d'après le nombre d'internautes-lecteurs.

*

Il aurait pu se comporter différemment : voir, rencontrer, exister,

construire avec Autrui. Mais il a préféré produire, penser, agir avec soimême

pour accéder à l'épanouissement total - interne. Cela n'était-il pas

folie

*

800


La matrice a donné. Donnera-t-elle encore ? Ce temps fut vaste autrefois.

*

L'affaire Corneille/Molière

- Pourquoi nulle personne n'a ébruité la vérité dans l'entourage de ce

XVIIe que Molière n'était pas le père de son théâtre ?

- Pourquoi nulle autorité après la mort de Molière n'a dénoncé son

imposture d'auteur ?

- Pourquoi dans leurs testaments ou dans leurs écrits - notes,

correspondance etc. - les frères Corneille n'en font point allusion ?

- Pourquoi les auteurs nécessiteux qui auraient écrit pour Molière n'ontils

pas revendiqué la paternité de leurs pièces ? (Boursault, Dassoucy,

Donneau de Visé etc.)

Pour une pièce, le secret peut être gardé mais pour 33, cela semble

difficile.

801


On n'a jamais non plus trouvé de manuscrits signés de la main de

Corneille prouvant qu'il était l'auteur des pièces de Molière.

*

Synthèse : l'un de mes termes préférés.

*

Oeuvre de jeunesse - Poésie du non-sens. Mais les termes ont des valeurs

symboliques, allégoriques ou psychanalytiques, c'est le ça pour ça qui

prédomine et l'intelligence poétique qui applique se comprend

parfaitement.

*

Florian - Parny -

Jeunesse - Période d'expectatives où je ne sais ce que je dois écrire.

*

De la diction

*

802


Il va sans dire que la façon dont j'interprète ma poésie est absolument

arbitraire. Je n'ai aucune compétence de comédien ou de tragédien.

J'ignore même s'il faut entendre le texte dit de cette sorte. Je propose

l'objet tel quel sans l'avoir lu ou relu .Ceci n'est pas mon affaire. Je ne

crois pas le poète apte à dire ses prestations. (Molière peut-être s'il est

vraiment l'auteur de son théâtre - c'est un problème récurrent depuis

Louÿs - cessons de faire de l'esprit)

*

450 poètes se sont déclarés au CIPM - ce qui ma fois paraît un grand

nombre. Combien parmi ces gens- là agissant passeront à la postérité ?

8 ou 10 peut-être. Et ceci serait belle chance ! Alors que faire ? Qui

rencontrer, qui côtoyer ? Est-ce chemin individuel avec vicissitudes,

difficultés et autre joie ?

*

L'impossible communication poétique - l'Autre incapable de comprendre

ce qui est offert. N'y attache guère d'importance. L'objet n'est pas utile

803


*

Amphitryon et Agésilas - ces deux pièces semblent se confondre en un

seul auteur selon Louÿs.

La poésie : travaille avec les Anciens - produis, pense, applique. Délaisse

l'habillage. Conçois, évolue, ajoute.

*

Interroge-toi : comment Hugo a-t-il fait pour être Hugo ? Idem de Racine

et des autres. Le reste est méprisable. Ne rentre pas dans ce manège. Ne

te fais pas embarquer stupidement.

*

En vérité, il faut tenter de maîtriser la Pléiade et ses consœurs italienne,

espagnole, allemande, anglaise etc. pousser vers le Contemporain et

l'Extrême contemporain français et planétaire. Appliquer, obtenir, ajouter

et transmettre. Puis disparaître...pour réapparaître là-haut. Et c'est déjà

grande affaire !

Samedi 16 juin 2007

804


A la Librairie TSCHANN - c'est vrai : grand choix de poésie. Rangé par

ordre alphabétique sans se soucier du siècle ou de la période antique ou

moyenâgeuse - ce qui rend difficile l'effort de recherche : Arendt côtoie

Aristote.

*

ABU ATHENA GALLICA WIKISOURCES quatre moyens

d'accéder au domaine public.

*

Zanzotto Deguy Celan du Bouchet Beck Denis Roche Pound

Mario Luzi Roberto Juarroz et....mystère !

*

L'incohérence, est-ce une nouvelle possibilité ?

*

805


Je ne me soucie plus d'Autrui pour tenter d'être moi-même. J'agis selon

ma volonté et veux obtenir un résultat digne de mes espérances.

Qu'importe qu'il soit détesté ou aimé !

Je me demande si un jour les chiffres, les volontés d'équilibre et de

composition ne seront pas des pitreries refusées mêmes par l'oreille du

lecteur. Ne recherchera-t-il pas l'efficacité de la compréhension au

détriment de ces rondondades usées et dépassées ?

*

Le milieu n'est pas assez efficace. On piétine. On attend. Tout

y est affaire de courtoisie. Taisons-nous et travaillons. J'ai tant à fournir.

*

Je ne m'accuse pas d'avoir 49 ans. je voudrais y gagner en maturité pour

écrire des œuvres plus profondes, plus riches, plus fortes en vérité.

Vieillir ne m'inquiète pas, vieillir est naturel. Cela fait partie du

mouvement du temps.

Je crains de perdre des espaces cérébraux indispensables à mes

applications d'écriture.

806


*

Ai-je fait preuve de profondeur ? J'ai certes possédé la fécondité, mais la

création, l'invention, la pure intelligence - tout cela m'était interdit.

Fécondité, certes. Inspiration, évidemment. Religion également.

Je dois donc passer de 6 500 à 10 000 poèmes, et un certain objectif sera

atteint.

*

Il faut parvenir à rendre possible l'incohérence.

*

TGP ---)

Faut-il posséder tout Hugo, Shakespeare, Goethe, Dante, Pétrarque,

Cervantès, Pouchkine* etc. afin d'avoir des références, des certitudes ?

Car là est le but, la finitude.

807


*Et Racine, et Corneille ! Corneille essentiellement - mal maîtrisé.

*

Il ne s'agit pas de savoir comment il faut s'y prendre pour faire TGP, il

s'agit de prétendre avoir le potentiel pour y parvenir ?

Il est nécessaire de développer des inspirations puissantes et profondes.

*

Quel principe Philippe Beck exploite-t-il pour parvenir à avancer avec sa

logique d'écriture ?

Une femme est négative.

C'est la fée inverse.

Fille Suivante et morale.

Mère suivante a une fille première.

Entière et négative.

etc.

Ce sont des centaines et des centaines d'avancées logiques proposées de

cette sorte. Je n'ai jamais connu d'applications progressives offrant ce

principe de production.

808


*

Du style. Pourquoi la composition ? Pourquoi cette volonté systématique

de maîtriser, de régulariser le paragraphe, la phrase ou la page encore ?

Si j'ai besoin de A et de B, pourquoi m'imposerais-je A' et B' pour

équilibrer mes structures ? La mise en forme, est-ce un principe littéraire

indispensable ou n'est-ce pas un mécanisme obsolète m'imposant à

doubler tout en dérivant ma logique d'applications ?

*

Poète ne signifie pas côtoyer des poètes.

Poète signifie chez moi : produire, penser, appliquer, exploiter les

Oeuvres d'Autrui, synthétiser leurs compréhension et ajouter sur leurs

compétences.

Il s'agit de comprendre et de sommer des fragments d'intelligence autres -

mais la présence, le contact ne s'avèrent d'aucune utilité.

*

809


Poésie - du moins accomplir les actions utiles - non pas toutes les actions

- les actions"exploitables", qui ont un sens, une finalité objective.

*

Zanzotto - quelles sont les structures absolument, réellement évolutives ?

Zanzotto - et l'ensemble lu - la poème dans la page, dans les deux pages -

l'ensemble : n'est-ce pas cela "l'objet nouveau " ?

Lui : logique d'avancée structurelle - grammaticale. compose peu -

compose toutefois. Légèrement. Conserve des restes.

*

Il faudrait interroger les mathématiciens algébristes et leur demander s'ils

sont aptes à comprendre :

Mallarmé, Rimbaud, Zanzotto, Celan, du Boucher et Deguy dans une

moindre mesure.

*

810


Je crois de moins en moins en la capacité de communication poétique.

Mais l'aptitude d'applications m'apparaît essentielle.

Après les poèmes de Paul Celan, sortes de simplifications articulées

remplies d'amertume.

*

Olivier Cadiot Pierre Alféri Vincent Tholomé Christian Prigent

*

C'est à la fois une structure médiocrissime et un refus systématique de

l'Autre. Pourquoi tendre vers ces deux espaces bloquant et refusant ?

L'idea ~ la finalité de la pensée est d'aboutir à l'épanouissement de soi

après développement intérieur. Ce qui n'interdit pas d'offrir l'objet obtenu

si l'Autre souhaite le recevoir.

*

Lundi 23 juillet à OB. Ville assez clairsemée - vacances.

811


Ouvert 200 ouvrages. Assez éreintant. Premières percées vers la prose

contemporaine - qui n'est pas poétique.

Ai pris : Lionel Ray L'invention des bibliothèques

Etienne Faur Légèrement frôlée

et Propos sur la nature d'Alain

Impressionné par une nouvelle édition de 8 à 10 volumes consacrés aux

oeuvres d'Husserl (toujours aussi difficile à suivre)

*

Liste d'auteurs de littérature expérimentale

Sorrentino Mulligan Gass Le tunnel Cadiot Sophie Maurer

Frédéric Léal Selva

Jean-Charles Massera United Emmerdements Of New Orde

Takios Anachronisme Raymond Federman Quitte ou double

Pynchon Gaddis Flammm O'Brien Laurence Sterne

Don Delillo Philip Roth Cormac Mc Carthy

812


Journées mondiales de la Poésie 20/03/07 UNESCO Salle XI

*

A Molière

Ôte-moi d'un doute ? Es-tu vraiment qui tu es ?

*

Il ne reste qu'un papier biffé avec faute d'orthographe - est-ce du grand

Molière ? Est-ce ?

D'un autre côté : les manuscrits - où sont les manuscrits prouvant que tu

n'es pas ?

Pierre Louÿs a-t-il mis le doigt sur ? S'est-il trompé ? A-t-il commis des

erreurs ?

Les outils-statistiques d'aujourd'hui sont-ils fiables ?

*

813


La poésie, c'est du bluff de poker. L'on ignore qui est qui et qui vaut

quoi. C'est celui qui a la plus grande gueule qui est quelqu'un. Le discret

ou l'effacé n'existent pas.

*

L'on veut que je fasse du relationnel poétique, que je rencontre les uns et

les autres, que je m'essaye à des efforts pour séduire et plaire, pour

convaincre Autrui de ma bienséance littéraire ou artistique ?

Mais que puis-je tirer de tous ces rapports, de tous ces efforts et

tentatives diverses ?

Le peu, le rien, l'inutile.

Je dis : constamment s'en retourner dans ses applications, imiter les

maîtres et tenter de créer quelque chose de rare, de subtile et de supérieur

~ là me semble la seule vérité.

*

Il y a risque. Il faut penser différemment. En cesseras-tu avec ce principe

qui ne consiste à voir les choses que de cette manière ?

814


*

On peut être Prix Nobel de Littérature et ne pas savoir qu'une phrase se

chiffre...

De la littérature

*

Savez-vous que certains auteurs comptent leurs syllabes, leurs signes,

équilibrent leur rapport voyelle/consonne ? N'avez-vous jamais compté

le nombre de mots chez Hugo, chez Cocteau ou chez Valéry ? Ne vous a-

t-on jamais dit que cela se faisait ?

Voilà trente ans que vous vous prévalez d'être un critique littéraire, et

votre intelligence n'a jamais compris qu'il y avait des chiffres en

littérature ? Qu'il y avait des invisibles, des structures, de la composition

et d'autres choses encore ? Et bien ! Cherchez : vous trouverez !

Editeurs,

Vous éditez qui vous voulez et moi je suis qui je suis.

*

815


*

Concernant les manuscrits de jeunesse - L'Huile, Le Moût etc. Peut-on

exploiter ces contenus pour trouver de nouvelles solutions - ou cela n'estil

pas un combat d'arrière-garde avec matière obsolète ? Faut-il réécrire

les textes déjà offerts pour les repenser sous un autre angle ?

*

J'ai été pensé pour écrire mais je ne suis pas fait pour exister auprès

d'autrui en tant qu'écrivain.

Je possède des capacités d'applications mais non pas des aptitudes de

communications.

*

Créativité - la matrice doit offrir un produit poétique nouveau.

*

L'écrivain est celui qui aide. Il dit indirectement : "Exploite-moi, nourristoi

de ma substance, essaie de prendre, dérive-moi. Que mon peu puisse

t'être utile !

Voilà ! Je t'offre ! Ce que je possède est à toi. Montre-toi digne de ma

compétence. Je suis ton maître, tu es mon élève."

816


*

Je ne lis que fort peu - deux, trois pages par jour. Le reste est mélange,

aptitude cérébrale. Elans intérieurs et aptitudes de combinaisons. Le

cerveau pense : "Que vais-je obtenir ?"

*

Le relationnel générationnel n'est d'aucun intérêt.

*

Beaucoup se font plaisir en écrivant mais peu son utiles.

Un joueur de football de quatrième division a un meilleur statut social

qu'un grand poète.

Écrire, c'est expérimenter.

Que représente le livre aujourd'hui ? N'est-ce pas un simple petit

fragment, une parcelle infime ? Oui, qu'est-il comparé à l'immensité de la

Civilisation ?

Prétendre écrire : je publie mon premier jet, c'est indirectement ignoré les

lois, les chiffres, les invisibles - en vérité, les principes d'applications.

*

817


Comment ajouter sur soi-même, sur sa propre aptitude ? Certes il y a

l'apport d'autrui, mais comment optimiser son potentiel d'applications

cérébrales ?

Ecrire est une logique quotidienne.

*

Par le moyen des prêts inter-bibliothèques, je suis parvenu à obtenir La

veillée d'Andrea Zanzotto, ouvrage qui m'apparaît de faible utilité

d'exploitation.

En revanche, je n'ai pu obtenir Vers, dans le paysage, exemplaire unique

en France et référencé à Châlons-sur-Saône.

*

Je crains essentiellement de n'avoir pu aller au fond de mes pensées - de

n'avoir que fort peu exploité mes possibilités cérébrales - d'avoir évincé

des principes et des théories indispensables - de n'avoir été que moimême,

en vérité ! Comment pouvais-je faire mieux ?

*

Nous sommes fin 2007. L'Internet, outil remarquable, intègre

l'imprimerie, la radio, la télévision et offre de nouvelles possibilités

extraordinaires. Devra proposer demain les ouvrages inconnus des uns et

818


des autres. Tout le refusé des éditeurs devra être accessible librement et

gratuitement sur la toile.

Tant de chefs-d’œuvre et de bons livres rejetés pourront enfin avoir une

seconde vie ! Il est vrai que ces ouvrages ne créeront aucune richesse

financière auprès des auteurs. Mais quelle offre exceptionnelle pour les

lecteurs en ligne ! Et qui sait ! Des espaces publicitaires se

positionneront, derechef !

*

Je ne crois pas en un dressage de l'esprit avec Principe, École, - Système

d'application et d'orientation. Je crois en une liberté individuelle avec

audace et folie, risques dans l'écriture.

Nous sommes dans une sorte de nébuleuse où nul encore ne peut

prétendre posséder le vrai, où la certitude se déplace ici et là, où la

tentative d'écriture peut se prévaloir d'être possible. Alors qui croire ?

Qui suivre ? Et que supposer ?

C'est donc un espace de liberté absolue, et l'Intelligence se déploie

faculté parfaite.

*

819


Je crois en moi mais non pas en ma capacité de me crédibiliser auprès

d'Autrui.

*

Toute personne régulièrement refusée par les Editeurs devrait proposer

son ouvrage gracieusement sur Internet. Qu'aurait-elle à perdre ? - Rien !

Il va de soi ! L'édition électronique lui permettrait de relancer sa chance

ou sa crédibilité.

*

Je voudrais :

Récupérer tous les manuscrits rejetés par les Maisons d'Édition et les

proposer sur l'Internet gratuitement. Ainsi je pourrais concurrencer le

payant 15/20 euros l'ouvrage. L'offre serait exceptionnelle et

phénoménale.

Dans un second mouvement, la publicité étant présente sur le Site

payerait au prorata des clics les auteurs les plus visités.

Dans un troisième état, quelques éditeurs conscients de la crédibilité et

de la valeur accordées à certains auteurs désireraient toutefois publiés ces

derniers, les sachant aptes à vendre puisque aptes à être lus.

*

820


Tant de génies, d'œuvres perdues à tout jamais ! Il nous reste Rimbaud,

Lautréamont et Mallarmé. Mais n'existe-t-il pas des génies du XIXe

inconnus, ignorés ?

Ces êtres-là nous auraient certainement permis de penser autrement notre

écriture, d'orienter différemment notre aptitude à appliquer !

Qui sont-ils ? Où sont-ils ? Jamais personne peut-être ne le saura.

Nous prétendons : voilà la vérité - c'est X, Y et Z. Mais est-ce certitude ?

est-ce la certitude ?

*

Quel mouvement au-delà de la contemporanéité ?

*

Comment peut-on trouver et inventer ? Il faut penser : Postcontemporanéité.

Mais en vérité, la Contemporanéité dans la quelle je

suis depuis la fin de La Seconde Guerre mondiale -t-elle cessé de

proposer des choses nouvelles ? Tous ces courants créatifs ou inventifs,

tout ce foisonnement artistique doit-il en cesser là ? Y a-t-il un autre

mouvement capable de supplanter ce qui est proposé aujourd'hui ?

821


*

Il faudrait gérer Ombres blanches CAD les 1 600-2 000 recueils

nouvellement remis dans l'ordre alphabétique puis Le Théâtre - puis

Gallimard en NRF et l'ensemble poche. Également pour ma personne

l'espace philosophique et pictural. Soit en vérité 7 000 à 8 000 ouvrages.

Je ne dis pas à lire, je dis à gérer, à vérifier, à connaître, à refuser ou à

aimer.

*

L'affaire Corneille/Molière - la distance intertextuelle doit être > 0,2

sinon, l'outil statistique prétend que les deux ouvrages sont du même

auteur.

Certains voient également dans le nom de Molière un dérivé du nom de

Corneille avec un déplacement de lettres dans un système élémentaire

alphanumérique à +1.

Jean-Baptiste Molière soit JBM avec J changé en L, B changé en C et M

changé en N. On obtient donc : LC NOLIERE qui deviendrait

CORNEILLE.

Les deux protagonistes appartenaient à une famille de bons vivants qui

s'intéressaient à l'alchimie et aux écritures secrètes...Je ne parviens plus à

822


me souvenir du nom de cette confrérie. J'essayerai de la préciser dans un

autre moment.

Autres petits titillements - jamais Molière n'a souhaité donné

l'explication de l'origine de son nom. Il a habité pendant six mois près de

la maison de Corneille... Sont-ce des débuts de faisceaux convergents ?...

*

-Parle ! Parle !

- Mais les paroles ne contiennent nul contenu. Le tout est affaire de

façade, et le cœur s'envole stupidement.

*

Rimbaud est devant, Rimbaud est en avance - et cela va durer 100ans.

En 1873 avec Illuminations, nul grand ne peut prétendre l'approcher. Ni

Hugo, ni X ou Y ne sauront ajouter sur sa compétence.

En 1874, Il a vingt ans - il est devant, et c'est son génie ~ fécond

universel qui sera exploité par l'ensemble de la Communauté littéraire sur

de nombreuses générations.

*

Ma poésie ne consiste pas à rencontrer des littéraires, à discuter, à voir, à

être vu, - non ! Ma poésie consiste à trouver, à chercher, à appliquer, à

823


comprendre. Ce sont des actions de soi vers soi ~ mais de relationnel, il

n'en est point.

*

Page parlant de l'écrivain : "L'autarcie autistique".

*

Poésie : réorganiser autrement le langage et que cette organisation soit

vraie.

Exploiter son cerveau pour intégrer les variabilités d'Autrui et y ajouter

sa spécificité personnelle.

*

On se demande parfois à quoi peut bien servir d'aller dans ces milieux

littéraires. Que peut-on y gagner ? - Cela semble tellement lamentable.

On y condamne des formes car l'on ne peut y juger des fonds.

*

Travailler, obtenir un résultat sans se soucier d'autrui.

Les uns, les autres ! La critique ! Les histoires ! Qu'en est-il réellement

des contenus ?

824


Le sportif juge sur le résultat, sur le chrono. Le littéraire juge sur la

manière, sur l'apparence. Il ne peut comprendre le fond.

Ou encore il l'interprète maladroitement. Et que dire ? Que faire ?

Rentrer dans le système pour se justifier ? Déplorable médiocrité !

*

Je ne lis pas, j'exploite ! J'utilise, je prends, j'applique.

*

Certes la prose contemporaine. Mais elle ne doit pas être un déversoir de

rejets ou d'écritures absurdes.

Je n'interdis pas. Je dis : il faut réfléchir un peu avant d'appliquer. Oui,

réfléchir un peu.

Je ne crains l'audace, le risque, la folie, l'ivresse, la drogue - mais il faut

penser - trouver des applications vraies, réelles auxquelles on puisse

dire : oui.

*

Ombres blanches - Toulouse - Librairie -

En supposant que l'on y parvienne, cela ne représenterait qu'un quart de

la maîtrise... Il faut comprendre "le 1 600 recueils offert". Il faut posséder

825


l'offre. Il est vrai que cette fameuse quantité proposée par ordre

alphabétique est arbitrairement agencée. Ni les éditeurs, ni les genres ni

les contenus ni le domaine étranger ne sont intégrés.

*

La hiérarchie. Mais que pourront prouver les Maisons d'Éditions ? Que

parviendront-elles à démontrer réellement ? Qu'elles avaient choisi des

auteurs qui leur semblaient gain. Et si cette analyse s'avérait totalement

absurde, que resterait-il ?

Alors que penser ? - C'était de cette sorte et il n'y avait rien à y ajouter,

rien à critiquer. Cela était ainsi ! La belle chose ! Et que dire des refusés

qui avaient peut-être des capacités remarquables ?

- Non ! Non ! Ils devaient aller voir ailleurs !...Moi, je ne les avais pas

compris. Il leur fallait se crédibiliser plus loin...

*

Le milieu littéraire ne m'attire pas du tout. j'ai l'impression d'y perdre

mon temps, d'agir pour ne rien obtenir. On patine, on patine. A droite, à

gauche pour des insignifiances. Voilà : on court dans le vent.

*

826


Ne m'accusez pas. N'oubliez jamais qu'aucun lecteur, qu'aucun éditeur

n'a souhaité reconnaître mes écrits. C'était : "Ne m'intéresse pas. Allez

tenter votre chance ailleurs."

Que fallait-il faire ? Courir désespérément en tout sens pour être

critiquer, rejeter, mépriser ?

J'ai choisi d'appliquer, de produire, penser, écrire. Étais-je dans l'erreur ?

N'était-ce pas raisonnable ?

*

Mieux vaut tenter de gérer l'immense offre planétaire qui se développe

sur trois millénaires que de côtoyer chichement un fragment

méconnaissable de sa génération.

Le milieu littéraire ne m'attire pas du tout. J'ai l'impression d'y perdre

mon temps, d'agir pour ne rien obtenir. On patine, on patine à droite, à

gauche pour des insignifiances. Voilà : on court dans le vent.

*

La hiérarchie.

Mais que pourront prouver les Maisons Édition ? Que pourront-elles

démontrer réellement ? Qu'elles ont choisi des auteurs qui leur

827


semblaient gain. Et si cette analyse s'avère totalement absurde ? - Que

reste-t-il ?

Alors que penser ? - C'était de la sorte - et il n'y avait rien à y ajouter -

rien à critiquer. Cela était ainsi ! La belle chose !

Et que dire des refusés qui avaient certainement des capacités

remarquables ?

- Non ! Non ! Ils devaient aller voir ailleurs !...Moi, je ne les avais pas

compris. Il leur fallait se crédibiliser plus loin...

828


Tractacus Philosophico-Poeticus

829


Le parcours de la conscience

De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. À la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,

De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant

Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

À moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et

J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

830


Le chemin de l’âme

L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience

D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité

Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -

La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.

La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?

Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,

Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !

La modification proposée pour le Christ, le dessein,

La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.

Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?

La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,

De perceptions, les rapports, les constructions etc.

Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?

831


La mémoire de l’histoire

L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la

Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?

Mes mutations, mes essences progressives de vérité,

Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...

Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma

Volonté d’histoire, elle-même liée à une

Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais

Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai

Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,

Un monde historial. Je conçois l’histoire

Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me

Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux

États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :

J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.

832


L’homme et son double

L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,

Transcendé, qui condamné la chair, la repense - s’élève,

Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités

De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait

Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans

Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,

D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation

Étrange, détestable, de dominant-dominé, de

Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,

Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand

L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,

J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,

La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle

D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.

833


L’errance

L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà

De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -

Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -

L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :

La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.

Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.

Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.

J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence

Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,

Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait

Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.

Destin avec Destins. Alors “la liberté-le sacrifice”

Ou “le malheur-la réflexion” Pour quelle détresse ? Quel homme ?

834


La pauvreté

La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,

De blocage - de privation, avec certitude

De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La

Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,

Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique

Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,

Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?

Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,

De l’homme, de l’athée ? Jusqu’où iront les hommes ?

L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;

À quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi

De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?

La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec

Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,

Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?

835


L’homo lozachus

Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme

Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,

La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires

Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,

Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -

Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.

Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.

Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,

Se préparant, se construisant - mystique-actif -

Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -

Le pré-sachant - Existant sans les organes, toutefois.

Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -

Se formant pour accéder au grand principe de compréhension

Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?

836


L’être subissant

Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.

Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,

Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche

Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre

Accéder à un état purifié pour changer mes relations

Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.

Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,

La logique, le sensible, le saut etc. les outils -

Rationalité, expérience, futur - le matériel, et

D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation

Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.

Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.

Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.

Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?

837


Le temps et la mort

La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?

Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,

Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.

La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?

Le temps peut-être qui condamne mon projet.

L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.

L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.

Il devance son objectif.

La rupture - le changement

D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?

Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.

L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,

Mais quelle conscience pour l’élu ?

Qui dans son espace

D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.

Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.

838


Reste l’absence

Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.

Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.

Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.

Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.

Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,

La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.

Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?

Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas

En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,

Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?

Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation

Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.

Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-

Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.

839


L’homo spacialus

Une planète qui se rétrécit. Le travail uni-

Versel. The Global Village, la mondialisation.

La sacro-sainte évolution technologique, le partage,

Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays

En voie de développement, les nations riches, l’ONU.

C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -

Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.

Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.

Le Big Brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,

C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.

C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,

De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.

C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.

Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !

840


La stratégie

La stratégie - le but - l’objectif - le désir.

Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.

C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce

Les deux, il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.

Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la

Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,

À un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette

Pensée-là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.

Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.

Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter

Hors de nous-mêmes.

La finitude est dans l’être toutefois.

Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,

Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.

Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.

841


Le dépouillement

Le dépouillement - la destruction des valeurs,

Le renoncement à la chair - l’abolition financière,

La remise en cause de l’acquis. À poil ou

Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,

Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.

J’offre un nouveau destin - changez ! L’essence de la

Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la

Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.

Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.

Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer

L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance

Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat

De soi - autre logique - autre certitude, autre

Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?

842


Le calcul

Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,

La méthode de l’arriviste. La constance de

Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.

Rationalité et paranormal. Science et au-delà.

Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,

De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.

Est-ce audace, risque ?

Une vérité unique,

Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle

Volonté de rechercher avec l’objectivité.

Le doute. - La fiabilité de ses sens. - Les résultats.

Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?

L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.

Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort

Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?

843


Les conditions du possible

Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite

Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;

Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;

L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant

Vrai participant à l’élaboration du projet, second

Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.

Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace

Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-

Teindre ce que je désire ? La condition du possible

Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;

L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?

Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?

Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C

D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?

844


La détresse

La détresse. La conscience du faible, du peu,

De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.

Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,

Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.

Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi

Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,

D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,

Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la

Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.

Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe

Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,

Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.

C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,

Quelque chose de pur et de surnaturel...

845


Le schéma intérieur

L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.

La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.

La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -

Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.

Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,

Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !

L’œil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?

La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.

Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero

Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?

Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer

Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.

Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?

Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.

846


Topologies

Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,

Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer

Sur son propre chemin. Croisements, lieux et

Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,

De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.

Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.

Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,

Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.

De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.

Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,

Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder

À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,

Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,

Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.

847


Les vêpres de la pensée

Sorte de religiosité interne. “Les Vêpres de

La pensée” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence

Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.

Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.

Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui

Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.

Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.

Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.

Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les

Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore

De Moi aux Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent

De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?

Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?

848


Le temps

Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,

Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;

Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en t 1 , t n ;

Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.

La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;

L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller

Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir...

J’habite un présent ; perception unique du temps.

Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence

Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;

Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles

De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.

Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.

L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.

849


Les moyens/l’action

Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-

Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,

Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en

Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.

L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.

Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.

Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice

De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants

Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude

Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle

Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !

Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si

Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec

Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.

850


La stratégie pensante

La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.

La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.

La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas

À la manière de Nietzsche, débouchant sur un

National-social - SS et Shoa, mais Soi

Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient

La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence

Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître

Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être

Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,

- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.

S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !

Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !

Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.

851


Poème/Lecteur

Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport

Au langage, le moment dit évocateur. Le

Panorama d’images, l’avalanche, la composition,

L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,

La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.

Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-

Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.

Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.

Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,

L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour

L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.

Nourris-toi de mon idée ! Y a-t-il quelque chose réellement ?

L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,

Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.

852


La clé

La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.

Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée

De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant

Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.

Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?

Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?

La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-

Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,

Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la

Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.

Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les

Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?

Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?

Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.

853


La transcendance du médiocre

La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.

La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.

La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.

Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.

Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,

Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.

Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.

La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,

La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?

Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.

L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.

Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position

Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?

854


Le Destin

La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition

Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage

De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais

Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !

La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-

Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent

Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours

De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils

Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,

Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,

Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-

Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi

Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,

Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?

855


La part du mystique

La part du mystique, les éléments sacrés, le destin

Religieux, la Quête du Sacré. La provenance

De l’être et sa finalité. L’acte de purification.

Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante

Insignifiance de l’être. La conscience, les limites

De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les

Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.

Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec

Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai

Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,

Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.

L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit

Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur

Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.

856


Le métier

Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,

L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément

Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,

L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;

Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-

Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des

Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.

À partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage

Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel

Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-

Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;

L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;

L’auto-affirmation, la certitude unitaire.

La vérité ?

857


Différents temps

L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.

L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La

Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe

En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.

Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons

Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.

Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est

Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-

Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-

Primer par le langage ”. Les mots sont l’extérieur de l’âme.

Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace

La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans

Un autre espace-présent.

Le fantôme d’écrivain

Obsédé par la conscience du temps et qui prie...

858


Le saut

Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.

C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la

Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce

Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.

Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?

Audace ? Impossible ? Trop loin - les limites réelles ?

Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan

De l’être.

La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-

Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter

Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre

Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.

Du moins, une de ses composantes.

S'il y a échec ? L’intelligence

S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.

Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.

859


La vocation de la pensée

La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le

Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré

D’énergie. La valeur de la Relation épurée.

Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.

De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise

À l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,

De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la

Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.

L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.

Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède

Une pseudo-liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,

Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique

Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-

Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?

860


Le futur

L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,

La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-

Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-

Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je

Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !

Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?

Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le

Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?

L’élan, le passé, le présent, le futur donnent

Naissance à l’action que le Destin saisit

Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le

Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-

Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.

Homme-esclave soumis à la dimension suprême.

861


La pauvreté

La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.

Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne

Pas posséder. Faible langage, faible propriété,

Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la

Volonté de croissance. Le possible et son maximum.

L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et

Se mettre en position pour apprendre, comprendre et

Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,

Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité

Divine, - à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tous seuls !

Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.

La potentialité, la substance, les échanges affectifs.

La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation

Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.

862


La raison du questionnement

Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?

À demander, l’inaptitude à répondre. “L’homme a

Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en

A pas suffisamment pour y répondre.” Implorer,

Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la

Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.

Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et

Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !

L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin

Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans

Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.

La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le

Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.

L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?

863


La question en suspens

La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.

Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le

Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer

Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :

Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté

La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.

Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.

Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La

Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux

Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le

À plusieurs.

La question sans le langage, qui est seulement

Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.

Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire

De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.

864


Du singe à l’ange

Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.

Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.

La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la

Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;

Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.

Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?

Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,

De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !

La vérité de son essence ! Vers l’ange ! Avec perceptions

Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend

La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà

Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.

Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?

Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !

865


Le questionnement de l’Être

Le penser n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.

La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,

Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.

- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.

La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée

Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à

L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.

Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.

L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend

Ou cherche à comprendre.

“En attente du savoir”, “Je

Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,

Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire

Pour rendre possible l’action de compréhension.

866


Des vérités

I

La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.

Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.

Une vérité économique est une vérité locale avec du

Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.

Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la

Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité

Serait associée à Dieu, à la Shekina. L’action avec

Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,

De nature biologique, par exemple.

Elle

Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai

Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,

Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “être”

867


Le non-vrai

Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est

Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel

Mis à la disposition, par analyse du moment.

II

La validité de la vérité, exploitable, utilisable

Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans

Son fondement. Possède son contraire, - le faux.

La mathématique offre l’indécidable.

La contradiction

Dans l’analyse et le raisonnement annule la

Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un

Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir

Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de

La vérité.

Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver

Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le

Plus précis, - remettre en cause son évidence.

868


La vérité

Religieuse... scientifique ... psychologique, l’évolution

Du savoir, le déplacement de la vérité, le “Autrement ”

Le jugement, le “ne sais pas”, le “j’agis” toutefois.

III

La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose

Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé

Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.

Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des

Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?

D’après la définition que l’on donne aux choses.

La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.

Si l’on change la vérité, cela devient du faux.

Autre remarque.

La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise

Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance

Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions

869


Avec la pure essence. La pseudo-vérité offre une solution

Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a

De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.

IV

Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité

Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant

Du vrai. “La loi de la gravitation” était dans l’air du

Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;

L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité

Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;

“Les voies de Dieu sont impénétrables.” Il faudra penser,

Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.

Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,

Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;

La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux

En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du

Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.

Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.

870


V

Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé

Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.

Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure

D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur

Les définitions données au sens et aux termes employés.

Le verbe, son action rendant possible la convertibilité

De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,

Le donne, le cela équivaut à. Rend possible

La conformité. Le jugement transmet son résultat.

C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en

Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.

Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut

S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?

Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?

871


Vérité et liberté

La planification de la recherche hors de toute liberté.

Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir

Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?

La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,

Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité

En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois

Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant

L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.

Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.

Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de

L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.

Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,

Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le

Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.

872


Le blocage

Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,

Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais

Il y a incapacité à se représenter autrement ledit-donné.

La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?

Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de

Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,

Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure

La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire

De l’étant.

Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,

Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -

Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.

Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être

Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,

Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !

873


Subsistance

La conscience de son incapacité à aller outre. Les

Déterminations de ses propres limites observables reçues,

Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.

“Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela.”

Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “Mal né”,

“N’est pas au bon endroit”, les obligations - engendrent

De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même

L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,

Indécisions, dissimilations. La curiosité

N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà

Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.

Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture

Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce

Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?

874


L’errance

L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.

L’homme médium coule son fluide sur les objets

De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,

Tente de les saisir. Il va par sa substance

Unificatrice associer des idées, des comportements, des

Objets indépendants les uns des autres, fusionner,

Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,

Sélectionner et d’autres verbes encore !

Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,

Mais l’errance

Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?

Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,

Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec

Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,

Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?

875


Langage (fragment)

Le langage pour la transmission de la vérité, outil

Sophistiqué. Avant le langage, la gestuelle, l’arti-

Culation sonore pour l’étant de l’autre. De moi

Au clan, m’entendez-vous ? De moi à toi, nous deux.

Mais avant le langage, la fabrication du concept,

Le doute, le choix, les combinaisons, l’expulsion,

Le râle du singe-homme.

De la pensée de l’Être.

Langage, libération

876


I - Nature de la substance

La nature de la substance que l’on possède, l’être.

Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux

Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants...

Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance

De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.

L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,

Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo

ÂME = ÊTRE.

Il faut repenser la substance de l’Être,

Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat

Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus

Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.

Si l’Être

N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition

De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité

Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.

877


II - L’étant conduit à l’Etre

L’étant conduit à l’Être. Il représente

Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?

Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif

Serait une accumulation de vérités basiques de survie,

D’instincts, de subsistance et de développements de la raison

Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.

L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou

Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.

(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La

Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.

Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.

Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations

Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles

Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?

878


III - Activités de l’Etre

Existence et Être en dehors des capacités de notre

Entendement des vérités inconnues mais vraies, de

Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut

L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?

De la perception ultra. Parviendra-t-il à une

Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est

L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui

Permettraient l’accession aux vérités échappées.

C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet

À l’Être, utilité économique, philosophique ou

Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,

Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés

Pour le rendre existant. La définition de son caractère

Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?

879


*

“Être” comme présence se dévoilant ? Être définir

Par : ce qui est vivant ; et se dévoilant correspond

À l’évolution de l’être, c’est action du progrès, d’ou-

Verture de conscience. L’Être et ses modalités sont à

Définir à partir de leur rapport à l’entendement d’après

Kant.

880


I - La mort

L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?

Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder

Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,

L’être vers la mort. L’attente du bon croyant...

Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.

Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-

Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou

N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude

Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement

L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? À quelles

Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur

Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.

Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?

Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?

881


II

La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.

La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,

La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?

La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une

Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je

Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?

La mort :

Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la- mort

Est la médiation indispensable pour passer de la

Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions

Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi

En tant que projet.

Ouverture de soi vers ailleurs,

En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?

Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?

Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?

882


I - L’A-près

La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.

L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou

Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.

Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?

Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,

Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?

Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,

Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?

La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on

Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !

Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car

Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “Moi”

Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil

De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.

883


II - En soi

Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,

Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,

Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.

Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,

De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures

De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.

Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de

Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont

Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.

Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique

D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant

La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,

Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.

Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?

884


La question même

La transcendance philosophique : à la recherche de la

Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans

L’édification de la connaissance. Moult disciplines :

Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,

Etc... La certitude fondamentale avec sujet analysant,

Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.

Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.

Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains

Totalement.

Quelle est la question même ? C’est la recherche

De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments

Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant...

Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.

L’outil que l’homme met à sa disposition pour comprendre,

Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?

885


III

Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme

Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,

Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement

Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester

A demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas

Uniquement un problème de langage mais d’outillage

Cérébral.

Le troubadour de l’artifice, l’employé

Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement

S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto

Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa

Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais

L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.

Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,

Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes...

886


Procédé mental

Suppose et décide. Perçois autrement. Avance

Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche

Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.

A l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit

S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en

Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers

L’inconnu. La consistance de ton Être ?

Penser c’est

Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.

Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?

Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?

L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique

Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-

Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?

887


Approches du temps

L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.

Définissable par une qualité, le lieu. Etre et là

“Je suis” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite

D’instants ou de positions apparaissent ou

Disparaissent des suites à construire ou élaborées de

Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il

Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de

Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en

Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.

Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie

Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il

Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?

C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions

Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “temps”

888


I - Le destin de l’Essence

Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,

S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension

Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil

De la conscience qui s’apparente au doute. “Si

Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé”,

Dit le Fils. “Y a-t-il quelque chose ?” Si oui,

Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,

Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.

Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation

Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.

Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir

Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires

De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles

Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?

889


II - Acte de foi

Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La

Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.

Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode

D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?

A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?

La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai

Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?

Quel était l’essentiel ?

Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre

En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il

Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?

Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui

Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien

La disgrâce auprès du Meilleur.

The key-solution était

La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur acte de foi.

890


La recherche philosophique

Compréhension du monde, de la conscience et du

Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité

De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?

Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie

Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle

Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.

Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.

Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un

Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le ! Trouve-le !

L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme

Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine... certainement ;

Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.

Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.

Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?

891


La pensée :

Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,

N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre

Pensée. Alvéolé avec un autre alvéole. Nécessité

De groupement, d’association. N’a nulle fondation.

Éveil et disponibilité dans une direction incertaine

Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller

Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de

L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,

Autrui-dedans, autrui-dehors.

Elles s’organisent pour

Former une configuration. Leurs charges indiquent les

Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,

Etc.

Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,

Avec machines, puis société, civilisations, - évolution

Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.

892


Le vrai philosophique

Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,

Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans

Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,

De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou

Axiome, ou indécidable.

La philosophie comme

Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,

D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD

Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.

C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.

Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel

Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?

Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il

Lui donner des règles, des carcans ?

Le vrai serait

Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !

893


L’audace spéculative

L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître

Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-

Met l’embrouillis, le manquant, le saut, le risque.

Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit

D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !

Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa

Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis

Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller

Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.

S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.

Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.

C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une

Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret

Et du réel pour un dessein de futur accompli.

894


Une sorte d’intuition

Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,

Avec points de suspension. Semble sortir. Perception

Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.

Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà

Audace et prétention que de parler de la sorte. Je

Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout

Instant.

Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-

T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de

Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?

L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté

De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,

De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de

Défaire du noué.

Étude biochimique du cerveau ? L’intuition

S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.

895


Le retrait de la présence

Le retrait de la présence. Conscience de la

Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse

Du degré d’utilité, détermination de la valeur.

Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.

C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non

Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.

Pourquoi ?

La représentation extérieure est ordinaire,

Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.

896


La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins

Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière

Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.

Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine

Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.

Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.

Valeur du principe

Valeur du principe. Trouvez mieux : je prends. Cherchez !

Détermination avec science et raison humaine. C’est son

Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.

Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,

Hors de toute incertitude.

897


L’un et l’un

Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”.

La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.

Introspection psychologique, désir absolu de comprendre

Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,

Avec son langage, son espace, ses structures.

Comment

Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut

Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,

“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là

Est enclos, en sorte que dans la parole il est” écrit Heidegger.

Le langage permet d’articuler les combinaisons,

Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.

Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.

À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps

Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?

898


Insister, c’est espérance pour l’esprit

Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?

Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.

J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

899


La négativité

La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?

Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !

Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,

Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre

Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est

Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.

Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.

C’est l’intégration du temps avec chemin caché,

pour prendre

Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères,

Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense

Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.

900


Le Moi astral

Une sorte de Moi astral supérieur dans son essence

A l’être, qui perçoit et accomplit des pensées, qui capte

Par la sensibilité, dont les propriétés de précognition

Ne sont pas exclues. Sa volonté serait de tendre vers

La purification.

Subissant l’être, le sachant de

Valeur moindre. C’est une sorte d’élévation sur l’être,

Sur la pensée, sur l’homme.

901


Acte supérieur

Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.

Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le-dedans ?

Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.

A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’Ecole etc.

Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image

Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?

Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on

Vous dira ce que l’on en pense …

Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,

Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,

Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?

Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant

Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,

Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !

Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !

Ha ! L’ingratitude

902


La nouvelle inspiratrice

Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-

Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette

Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique

Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.

Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,

En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,

Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,

Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !

Ou noire, pourquoi pas !

Être-autre-chose de fort, de grand,

De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.

Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et

De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le

Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs

Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !

903


Conscience et analyse

C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-

Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que

Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !

Trois pets et trois pleurnicheries. “Tirez-vous, jetez-vous,

Allez voir ailleurs !” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.

Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,

Prétendant encore posséder du génie !

Que faire ? Que faire ?

Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer

Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler

À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur

Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la

NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement

D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,

Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !

904


Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

905


Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

906


L’impossible ailleurs

Être sans attachement pour apprendre à s’élever,

À sortir hors de sa chair, silhouette impalpable

D’esprit errant.

L’ombre dans le futur exil pour

L’autrement, le différend avec mémoire terrestre toutefois.

Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?

Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe

Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale

À la vitesse du rêve.

J’offre encore cette poésie

Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.

Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.

Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,

Égérie immortelle, etc.

907


Qui sait le lieu, le lieu ?

Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci

De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?

908


Ce qu’il faut élaborer

Le autrement avec soi-même, ce qu’il faut élaborer.

Est-il nécessaire de comprendre ? N’y a-t-il pas une sorte

D’abord incompatible, impossible à percevoir ? L’être

Conçoit une possibilité risquée. Doit-il décider

Pour rendre cohérent sa recherche d’une harmonie

Compréhensible ?

Aptitude à assembler, à dériver, à

Organiser de la mémoire proche et lointaine sur un support

Sensible - énergie mentale qui agit. Est-ce là

L’un des fondements de la détermination de l’être ?

Faut-il de la clarté ? Et quelles formes d’intuition ? Pourquoi

Faut-il rendre manifeste ? Pourquoi montrer ? C’est la force

De la pulsion ou du désir qui impose à montrer.

Efforts pour conquérir, pour construire dans son Etant, savoir

Ce que l’on peut faire, les variables temporelles

Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.

909


La luminosité prospective

La luminosité prospective, - moment de chercher,

De découvrir - éveillée par la curiosité - aller

Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette

Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide t-il

De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre

Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?

910


Husserl, Heidegger

Les impasses, les blocages, les culs-de-sac d’Husserl,

Les volontés de passer outre avec des difficultés extrêmes

D’analyse, de démonstrations vraies.

Les gains en biochimie

Du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes

D’invention, de création, de pseudo-transcendance ;

Pour mieux savoir, mieux penser l’homme, faut-il la science

Ou la philosophie ? Ou la psychologie ?

Les remarquables

Définitions de Heidegger : Ici tout se retourne, ou encore

Temps : clairière du se retirer de la présence.

Les transformations arbitraires de la pensée - les volontés d’approches.

Le besoin de justifier un sens exact, est-ce encore possible ?

Mutation de la détermination par rapport à l’ancienne,

Nécessité d’une pluri-référence variable d’une situation.

911


L’action totale

L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité

Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.

Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps

De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul

Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits

Qui engendre le progrès ;

Elle seule - possède du manquant ;

Parts de vérités ; elle et

Être implique :

Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …

Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.

Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;

Le Savoir se prétend en soi-même ;

À quel degré de valeur

Peut-on considérer “la Vérité absolue” qui agit là en soi ?

912


Conflits, balancements

Il y faut du litige, de la discorde, une sorte

D’élan interne avec de la contrainte et de la passion.

Il faut étudier le cas. Voilà une possibilité offerte

À la pensée. C’est l’une de ses affaires. C’est une faible

Manière d’aborder le problème de l’investigation

Pour le Savoir.

Comment la pensée survient, est avant tout

Un problème biochimique. Les spéculations de Kant

Ou d’Hegel sont légitimes, mais elles sont de siècles

Passés avec faible science et ignorance totale du

Mécanisme cérébral.

913


Philosophie et …

Philosophie et environnement et degré de civilisation

Convient mieux que : Philosophie et Histoire. Histoire,

C’est : faits historiques tels que guerres, sacres royaux, etc.

Le philosophe face à l’Extérieur, propose toutefois un

Dialogue interne. Doit analyser la situation é-

Galement. Rapport d’extériorité. Essaie de

Déterminer le déroulement avec objectivité.

La Pensée

Se nourrit de faits extérieurs, les ingurgite, les recrache

Et tire son suc ;

la pensée active qui prend, sélectionne

Est apte à concevoir certains produits à certaines époques,

Elle exploite son expérience acquise, et connaît constamment

Un processus évolutif ou changeant d’après l’humeur, l’aptitude

Et l’environnement du moment.

914


Sublimations de l’étant

L’étant se dirige vers l’Etre par la pensée ;

Si l’étant accède à la Pensée Totale, il est dans l’Etre ;

Il a changé d’essence. Il a atteint le Concept absolu.

L’Etre atteint l’idéal métaphysique. La nature de

L’Etre est transcendé et peut s’apparenter à la divinité

Extatique ou pure dans son identité.

C’est un principe

Associatif de matériel fixé dans la mémoire qui permet

De passer du non-pensé au pensé. Se fait et se défait

Comme un nombre illimité de combinaisons avec des jeux de cartes.

Degré de luminosité intérieure, possibilité du Sachant ?

Ce qui apparaît de plus en plus clairement, est-ce du vrai ?

Pourquoi pas, si la certitude se déploie par la Science.

915


La vérité par la Science, par l’Art, par la Religion

Non renouvelable peut permettre d’accéder à la transcendance

Immédiate, et offre à l’étant le changement d’essence

Pour accéder à son propre Etre en contemplant l’Etre parfait.

(Cf. Les visions des futurs saints.)

916


L’Absolu

L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?

Peut-il se dépasser pour l’atteindre ? S’apparente-t-il

À Dieu ?

Il serait une sorte de porche final ouvrant

Sur le néant éternel et infini. Cet Absolu est

Relatif à nos capacités maximisées.

L’Absolu de

La fourmi sur une étendue d’eau. L’Absolu de l’homme

Voyageant dans le cosmos. L’Absolu de Dieu. In-

Déterminé - Indéterminable - Incomposé - Informe.

L’Etre - le Temps et l’Espace

Dans mon esprit, ne

S’apparente pas à un Dieu inaccessible.

917


Rassembler en soi

Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,

Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.

Non pas mettre à sa disposition la totalité du

Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour

L’action. Car il y aurait charge, usure et poids

Inutiles de l’intelligence.

Le péril de l’intelligence

Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre

À la disposition de la conscience les outils nécessaires

À l’élaboration de l’action.

L’étude doit définir

Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-

Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :

La maximisation d’un volume de chaîne HI-FI ; la potentialité

D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?

918


Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il

Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure

De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.

Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -

Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.

919


Husserl

Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description

Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?

S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?

A-t-il considéré par une représentation de points-source

Des images offertes à la conscience ? A-t-il été

Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement

Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?

Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique

Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique

De l’imagerie des messages ?

C’est vouloir trouver l’origine,

L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela

Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.

Comme se définissent les actes vécus ? Etc.

920


Partenariat

Le mettre-avec, le avance-avec, ou encore

Structures invisibles se déployant par-dessus. Espèces

D’armures métalliques avec câbles souples permettant

De solidifier l’architecture de l’homme. Est-ce

La rigueur du poète, de l’artiste ?

Propre de gains ?

Sera-ce une certitude

L’industrie cinématographique est un

Mariage réussi entre la rigueur économique et l’audace

Artistique.

Devons-nous diriger notre pensée avec rigueur,

Liberté, audace maîtrisée ? Est-ce un savant cocktail

Selon l’adaptation à la situation du moment ?

Sur le

Chemin, en copropriété, du Moi-libre avec le Moi-pensant ?

921


Cérébralement différent

I

Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une

Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer

Un système d’extraction ou de production autre.

Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,

Mais de reconsidérer l’appareil productif interne

De l’homme. Prétendre différemment les possibilités

De l’action humaine. Appréhender l’étant avec

Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.

Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,

L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux

Canaliser.

L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle

Un homme historique nouveau ?

922


II

Être ou la dérision de soi. L’un prétend au

Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.

Méditons sur l’Etre, sur ce sujet insignifiant…

Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?

Faut-il s’en offusquer ? Quel éclairage, quelles vérités

Nouvelles les hommes réellement pourront-ils apporter ? Et pourtant !

C’est nécessité absolue pour l’humanité que de penser !

Apprendre, écouter, appliquer, tirer.

Optimiser la potentialité propre à chacun.

Ou mieux encore :

923


Progrès pour l’esprit

À la racine de la pensée. Les chemins du questionnement,

Avec plusieurs réponses plausibles ; l’obtention d’objets

Nouveaux engendrait de nouveaux questionnements ;

La solution vers une autre interrogation ; c’est la

Maximisation de nous-mêmes qui engendre le progrès.

Je prétends à des solutions - exemple : création d’un

Concept car, puis la voiture achevée, soi-disant

Parfaite, correspondant à un segment, à un besoin etc …

N’est pas si parfaite que je le prétendais - je repense,

Je transforme, je fais évoluer encore, - ainsi j’avance,

Et c’est progrès pour l’esprit.

924


Du primitif à l’ange

L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.

L’évolution lente et progressive de la raison ou

De la conscience offrirait un devenir à l’étant

Qui essaierait de tendre vers l’Etre.

L’étant est dans l’ombre noire quand l’Etre est dans

La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne

Quand l’Etre accède à la perfection de pureté.

Comment passe-t-on de l’Etant à l’Etre ?

L’Etre tire l’étant, veut le faire évoluer,

Progresser.

Du primitif à l’ange.

Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec

Glissades, rappels, régressions.

Les possibilités subliminales ou transcendantales

Ne seraient accessibles qu’à une forme

D’élite intellectuelle.

925


*

Se destiner. À se promouvoir. Evolution des

Modes de l’être. Transformation lente mais

Continue. Avance en soi, accumule, construit.

Le déroulement d’événements présupposés, conçus dans

La logique du probable. Ce qui doit avoir lieu.

Prévoir du futur, s’y intégrer pour le : voilà-donc.

Si l’histoire a lieu par la volonté du destin personnel,

C’est que l’homme est libre. L’être se destine-t-il lui-même ?

C’est encore le problème de Dieu et de la Grâce.

926


Le Grand Être

Surmonter son Néant, sortir la tête hors du gouffre.

La douleur de l’homme, c’est sa conscience infiniment faible ;

Son espoir, c’est d’ajouter et de transmettre. Car son

Faible est également un faible temporel.

Son destin est

Intimement lié aux autres, en raison de l’insignifiance de

Sa nature, à l’image de fourmis ou d’abeilles - le Social.

Comment la personnalité peut-elle se construire pour faire

Un Grand Etre ? Le développement, le déploiement intérieurs ?

De Gaule.

“Ceux qui ne sont pas d’un grand être (wesen)

N’aboutissent à rien quoiqu’ils œuvrent.”, Maître Eckhart.

927


Langage outre

Penser sans le langage en compressant le message,

À l’intérieur. La volonté de penser par la vitesse,

L’imperceptible, le fugace, sans le langage pour

Aller plus vite, pour se décharger du poids des mots.

Sur les fibres, dans les neurones, mettre des 1 et des 0,

Code digital. Parvenir toutefois à s’orienter, à

Œuvrer par la certitude vraie dans l’intuition ou la

Prescience. Essayer d’évincer cette sublime

Dimension intérieure qui est la langue, et communiquer

Outre.

928


Être, pourquoi ?

Etre, pourquoi ? Le but ? La finalité ?

L’être, le temps et le résultat obtenu

Etre avec quoi, par qui ? Grâce à qui ? Le

Rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,

À l’invisible.

Être en présence d’être, et se

Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,

Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en

Son propre état - encore-le-même.

Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-

Cage ? Le encore-le-même engendre de la

Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.

Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui

Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le

Laisser-la présence est une régression dans un environnement

En constance de changement, d’évolution et de gains.

929


La négativité

La négativité - ou la conscience du vrai - du réel.

La logique du conscient au-delà de l’enthousiasme,

Est-ce certitude absolue ? Où est l’audace, le risque ?

Cette part de rêve nécessaire à toute entreprise ?

La réflexion d’éveil pour penser, décider, balancer ?

C’est supposer rendre exact la détermination du

Contenu futur - c’est donc une projection - c’est

Analyse de projet. L’économique essaie d’annihiler

Le hasard dans ses actes. Le système bancaire y

Parvient-il ? Et l’homme dans ses choix d’actions ?

L’homme maîtrise-t-il ou pourra-t-il maîtriser son

Avenir ? Le lieu de l’avenir est-il en lui-même

S’il peut décider de son Destin ? Est-il lui-même

Face à l’Absolu ? - L’événement se trouve révélé.

Ce qui veut dire : que le pouvoir de l’homme est

Relatif - il est plus victime de son destin qu’il n’est

Apte à maîtriser ses actions quand bien même il se

Prévaudrait de son libre arbitrage pour décider et agir.

930


*

Le sens de la vie est-il d’accomplir des actions

Imprévues par l’homme, ou serait-il également

D’accomplir des actions programmées à son insu ?

- Je savais ce que tu allais devenir - peut

Prétendre l’Etre Suprême.

931


La discipline

La discipline peut s’interdire d’avancer dans l’erreur.

Le déplacement de la vérité. Le déplacement de la

Discipline. L’interdit d’hier, l’imposé d’aujourd’hui.

L’interdit d’interdire. Les espaces imaginaires de l’homme.

Son matériel créatif pour y parvenir. Le mélange,

L’exploitation d’autrui. La liberté de l’esprit.

L’utilité négative de la mathématique. Ne pas

Aller outre. Rester dans sa certitude - platitude ?

La censure et la critique de Kant. La poésie est

Un système d’illusion utile.

À pas certains, avec précaution, avec pure authenticité,

Sans sophismes, ni apparence trompeuse.

L’imaginaire faux peut induire sur du vrai.

932


L’inutile

C’était un inutile - une sorte de poète.

Disons un poète - qui reconstitue à sa

Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,

Une faible Essence de pensée, sans rigueur,

Qui travaillait avec de simples signes

Cherchant à se comprendre, à se méprendre.

Images stupides de perpétuelle médiocrité !

Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …

Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-

Clusion d’autrui - le moins-que-rien,

En vérité. Conscient que nul trésor

N’abondait en son âme, certain de l’échec

De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,

Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.

933


L’Être/L’étant

L’Etre, ou la sublimation de l’étant ; l’étant

Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de

L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire

De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter

Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant

Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-

Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint

La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-

L’Etre veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc

Le bien et le mal, l’Etre et l’étant. L’homme primaire,

Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,

Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.

L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,

L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.

934


FRAGMENTS POéTIQUES

935


Récupération d'ensemble

Je serais 5 fois plus grand que Virgile ou qu'Homère, je supplierais à

genoux le Christ pour qu'il ajoute une once de savoir sur ma propre

compétence.

Je sais qu'éternellement je ne serai rien.

La poésie scaldique

*

Marcel Béalu - Marcelin Pleynet - William Cliff

Emmanuel Hocquard - Marc Cholodenko -

Yves Di Manno - Patrick Laupin -

Philippe Delaveau - Dominique Preschez -

*

Mandelstam considéré comme étant le plus grand poète russe du XXe

Anna Akhmatova - poétesse russe importante

Goumiliov

936


L'opiniâtreté des grands solitaires...

*

La pensée contemporaine

Badiou

Apoète poésophe philopoète

Blanchot

Vanité et ridicule -----------Poètes !

Vide d'une pensée de langage

Comment produire de la poésie abstraite ?

contemporaine ?

Jean-Claude Pinson Habiter en poète - essai

Delaveau Beck Janet

Althusser

Le Sycophante, accusateur professionnel, sachant qu'il ne serait jamais

Périclès accusait Périclès.

Christian Pringent - Claude Royet-Journaud - Dominique Fourcade -

*

937


Grand poète, prophète et saint.

*

Les meilleurs choisissent la gloire immortelle ; la plupart d'entre nous se

gave comme des bêtes.

*

Apollonios de Rhodes Les Argonotes

*

Milieux poétiques : Quand j'y suis, je m'y sens mal et il me tarde de

disparaître.

Le cerveau génère des envies d'abondance et non pas de relationnels.

*

Ezdra Pound Michel Deguy Jacques Roubaud Denis Roche Jude

Stéphan

938


*

Le meilleur matériel contemporain possible via

Deguy Anthologie de la poésie contemporaine

Roubaud Vingt poètes américains

Ce qui a été produit après 1950 - ce qui signifie : 150 auteurs utiles à tes

applications -

*

Test Franck Lozac'h - chasser l'intrus :

Poète, Danseur, Coiffeur, Haltérophile, Chasseur de papillons -

*

Marina Tsvetaeva Mandelstam Pringent Alvaro Mutis

Frénaud Elskamp Dadelsen Vladimir Holan Sylvia Plath

Pentis Holappa Seféris Gaspara Stampa Torreilles

Velter José Angel Valente

Bernard Grégory 1919-1977

939


Jude Stephan Laures

*

Brodsky Auster Zanzotto Paz Pasolini Borges

Roche Roubaud Deguy

*

Le scriptorium - lieu qui détient les manuscrits

*

Poésie officielle : Claude Roy, Jean-François Maulpoix

Poésie de groupe : Le Club des Poètes

Poésie revue : Action poétique, Po&sie

Poésie régionale : Demazet, Heurtébise

Poésie associative : Société des Poètes, CIPM

Poésie Internet : Sites personnels, Biographie auteurs célèbres etc.

*

Vicente Aleixandre Prix Nobel 77

940


Rafaël Alberti - considéré comme étant le plus grand et le plus fécond

des poètes espagnols vivants.

*

Diane Burns Violetta Parra Vicinius de Moraes

Katherine Mansfield Vadim Cherchinievich

Ana Blandina Omar Khayyâm Hafiz

André Dhôtel Larand Gaspa Jourdan Juliet Siméon

Riffaterre Ben Jalloum

Dominique Fourcade Robert Marteau

Rozewiez Lacoue-Labarthe, philosophe

*

Grands poètes - Hésiode - Orphée -

*

Antonio Gonçalves Dias 1823-1864 Brésil GP

Mahaïlovki Grand poète russe

William Wordsworth GP anglais

941


Burns le plus grand poète écossais

Leopardi le plus grand poète après Dante

Amir Hamzah 1937

Maragall Espagne

John Ashbery Grand poète américain

Vidyapati ---) GP indou - André Calvos ---) Grand poète grec

Mag Diarnid ---) Grand poète écossais du XXe

Mir Tagi Mir GP indou - Ménandre -

Nezval Grand poète XXe

Atterbom Grand poète suédois - Nur le plus grand poète vivant -

Weores Le plus grand poète hongrois moderne -

*

Nathalie Quintane 64

Christophe Tarkos 64

Aferno - John Donne - Anfré Ajens -

La revue Quaderno ---) Fondateur Beck

*

Dans le délire sans obtenir quoi que ce soit

De rejets en dépits, brûlant des feux encore

942


*

Sully Prud'homme et de Pompignan - mais pourquoi ces deux auteurs

sont-ils au purgatoire ?

*

943


Entretiens imaginaires

- Comment pourriez-vous concevoir la nouvelle poésie, la poésie

post-moderne, la poésie contemporaine ?

- Il est très difficile de prétendre savoir ce qu'il en sera de la

poésie future. Elle sera certainement autre, différente - elle pénétrera des

espaces, des contenus et des formes encore inexplorées. Je crois

sincèrement que la rime, que le vers fixe n'appartiendront plus aux

applications nouvelles. Le vers libre décidera, et quand je dis vers libre

je pense aux fragments non chiffrés et posés tels quels sur la feuille de

papier.

- Qu'appelle-t-on écrire ?

- Voilà une exceptionnelle et immense question ! "Qu'appelle-t-on

écrire ? " Qu'est-ce que la beauté ? Qu'est-ce que l'intelligence ? Il y a dix

mille façons d'être belle, il y a dix mille façons d'être intelligent....

Concernant l'écriture - l'expérience d'écriture, je ne puis parler que pour

ma personne et cette réflexion sera hélas ! incomplète, mensongère ou

restrictive.

944


En premier lieu, vous êtes confrontés à différents fonds : le

Roman, le Poème, la Nouvelle, le Théâtre et d'autres encore. Chaque

principe impose des comportements

indépendants. Mais au sein de ces départements, les façons de s'y prendre

divergent considérablement.

Des lustres seraient nécessaires pour exprimer les principes et

logiques utilisés par les uns et les autres.

Pour simplifier, pour schématiser aujourd'hui au 20 avril 2007, je

lis Claire caisse d'Antoine Emaz - je le pense, je l'exploite, le déplace et

j'en tire certains poèmes. Je travaille également avec des philosophes, et

je pense à Cioran, à Nietzsche et confrères.

- Avez-vous déjà été déçu par la Littérature ?

- Vous posez là une question très intéressante parce que je ne suis

jamais parvenu à trouver un éditeur, un vrai avec lequel j'aurais pu

travailler sérieusement. Tous m'ont refusé, rejeté prétendant que ce que je

proposais ne répondaient pas à ce qu'ils recherchaient pour leur ligne

éditoriale selon la formule éternelle et lapidaire.

Je n'ai que fort peu insisté, cherchant de nouvelles possibilités pour

945


exister ou pour être. En revanche, j'ai pu trouver un espace, d'une

richesse inouïe que l'on appelle Internet. Et l'espoir pour ce nouveau

média a été extraordinaire. J'ai pu offrir, lire, recevoir du courrier,

connaître des auteurs ignorés. Ce Média a été fantastique et m'apparaît

sans nul doute le premier outil de communication de la fin du XX e

siècle.

- Quels ont été les poètes qui vous ont inspirés ?

- Difficile à brûle-pourpoint de déterminer les poètes qui ont participé

à ma formation ou à mes applications. Ils sont certainement une grosse

centaine ayant offert leurs écrits pour me permettre d'avancer. Si je

devais offrir des noms, La Pléiade entière serait référentielle. La

Collection NRF Gallimard a été essentielle dans ma formation poétique.

Aujourd'hui la collection Le Bleu du Ciel et Poésie Flammarion

m'apparaissent indispensables. Mais je ne puis réduire encore à cela mon

apprentissage littéraire. D'autres poètes dans d'autres collections m'ont

été indispensables.

- Quelle question aimeriez-vous que l'on vous pose ?

946


- Demandez-moi : Que pensez-vous de la poésie ?

- Que pensez-vous de la poésie ?

- La poésie m'apparaît être d'une richesse extraordinaire de fonds, de

formes, de présentations, d'expériences scéniques ou d'applications. Elle

s'adapte à tous les âges, toutes les périodes ou mouvements de l'histoire.

Elle est certes peu appréciée car difficile d'aspect. Ses contenus sont

élitiques voire expérimentaux, et donc peu crédibles auprès de la masse.

La poésie nourrit, instruit, élève l'esprit, lui confère une certitude

première, s'avère être une grâce des Dieux.

Et quel langage ! Quelles évolutions dans les contenus ! C'est certes

un extraordinaire laboratoire d'expression orale !

- Revenons à des considérations plus matérielles, si j'ose dire, plus

terrestres en tout cas et parlons de votre fécondité. Comment pouvezvous

justifier d'une telle quantité d'ouvrages ?

- Tout d'abord autant que cela puisse paraître étrange, je ne me suis

947


jamais considéré comme étant un auteur fécond. Je puis me considérer

comme un auteur présent à sa table, exploitant le peu que sa cervelle lui

concède.

Je n'ai jamais écrit plus de cinq ou six feuillets par jour - mais il est

vrai que j'écris tous les jours. Ma présence à ma table ne me permet

certes pas d'écrire une grande quantité. J'ai la certitude de n'être pas

capable d'aller au-delà de 60-70 lignes en moyenne sur une période bien

précise. Est-ce cela la fécondité ? À vous de le prétendre.

- Qu'en est-il de vos relations poétiques ?

- Cela vous paraîtra certainement étrange mais le contact poétique me

semble le plus souvent délicat. Ho ! Certes ! Il est possible d'échanger

des propos, des sortes d'insignifiances d'apparences ou de superficialités.

Mais de réels contenus, riches, intéressants et nourris - il n'en est point.

Je ne pense pas que l'expression orale favorise la communication

pointue, affinée ou subtile.

Il peut y avoir plaisir de l'Autre, de sa présence de ses paroles

prononcées. Mais cela ne saurait rivaliser avec un essai, un recueil ou

948


une biographie.

- Comment pourriez-vous définir votre Œuvre ?

- Je possède en premier lieu de la Poésie. De 1978 à 2006, j'ai pu

extraire 52 recueils. Tous ne sont pas de valeur égale. Je regrette

essentiellement les 4,5,6 recueils de la période 80.

J'ai écrit également un Journal, un peu de Théâtre, j'ai fait des

Traductions grecques et latines, j'ai de la Religion.

Il y a quelques essais, si l'on peut oser employer ce terme. J'ai un grand

nombre de Copier/Coller qui sont des livres de synthèse obtenus avec des

ouvrages de base. Voilà le tout représente au 27 avril 2007 267 fichiers

Word - ce qui est beaucoup, toutefois.

Je détiens encore 20 000 feuillets inédits, et lentement, au fur et à

mesure que ma configuration cérébrale me le permet, je tente de

récupérer ce travail mais la route est longue !

Je poursuis ma production. Régulièrement je vais à Ombres Blanches,

librairie toulousaine pour y trouver des ouvrages utiles à mes

949


applications. J'exploite ainsi de nouvelles synergies d'écriture.

Mais il y a Internet qui est une source quasi-inépuisable - j'essaie de

l'utiliser de mon mieux.

- Que lisez-vous actuellement ?

- Dernièrement, je suis allé à Ombres blanches - j'y ai trouvé Méditations

érotiques, un essai sur Emmanuel Levinas de Marc Alain Ouakmin, puis

Écrits logiques et philosophiques de Frege, Caisse claire d'Antoine

Emaz m'a également intéressé. Je l'ai acheté.

Vous voyez que Poésie et Philosophie se mêlent subtilement. Il ne faut

non plus oublier l'importance de l'Internet qui est une source

exceptionnelle d'informations. Cela au quotidien, à raison de plusieurs

heures par jour.

Je ne lis pas - j'intègre - je comprends - j'exploite - je déplace - je

prélève. Je comprends autrement. Il y a une vérité - un principe

d'écriture. Mon cerveau le conçoit, le repense, le reconsidère. C'est Toi et

Moi - Je Suis avec Toi. Tu es mon déplacé, mon repensé. Un fragment de

ta personne se repensera avec moi. J'appelle cela : écrire.

950


Sans l'Autre, sans l'écrivain, je ne suis Rien. Il me donne le La, il est

mon aide. Jeune, c'était une sorte de tuteur. Aujourd'hui, c'est un frère, un

complice.

- Votre œuvre religieuse est importante : vous avez traduit La Bible, Le

Coran, Qumrân et d'autres encore ! L'on peut dire qu'un certain

mysticisme vous anime. En ce sens, êtes-vous dans l'héritage de

Claudel ou de Péguy ...

- ... Je vous coupe immédiatement. Certes je m'associe à ces fervents

auteurs catholiques que je respecte profondément. Paul Claudel est un

génie exceptionnel, il est peut-être le plus grand dramaturge français - et

Péguy est certes un bon poète, un véritable intellectuel qui n'a pas pu

déployer sa capacité littéraire étant parti trop tôt. Un bel avenir, hélas !

lui était promis.

Je me considère d'avantage dans la lignée post-symbolique de Mallarmé

accompagné de l'algèbre rimbaldien ou encore de la modernité

baudelairienne avec une touche cérébrale valéryenne, si l'on veut.

951


- Que faîtes-vous actuellement Franck Lozac'h ?

- J'accumule des poèmes 2007 pour produire un nouveau recueil. Nous

ne sommes qu'en avril. J’écris également un Journal que je vais

m'empresser de transformer en écriture numérique.

Je planche sur un texte qui ne comporte que peu de lignes : Certitudes,

une sorte d'essai philosophique écrit de novembre à décembre 2006,

assez bref - 500 lignes. J'espère le fortifier avec des écrits antérieurs

concernant La Logique, Le Vrai, L'Évidence etc. d'autres concepts

développés quelques années auparavant.

- Pourquoi communiquez-vous si mal ? Etes-vous misanthrope ?

- La communication poétique ou littéraire m'apparaît certes délicate. Le

relationnel est difficile, et chacun semble replié sur sa ligne de défense.

Quand X s'exprime, Y ne le comprend pas, le rejette ou le méprise...

Voilà pourquoi j'ai décidé d'être sans être - j'ai crée depuis longtemps

deux sites sur Internet et j'offre à tout venant la possibilité de me

connaître et de communiquer avec moi. Et le succès de cette entreprise

ne s'est pas fait attendre. Des centaines et des milliers d'Internautes sont

venus se connecter sur mes sites. Les statistiques de fréquences en sont

952


des preuves indéniables.

Je suis une vitrine où j'offre des ouvrages, du son, des vidéos et des

photos. Chacun y trouve son compte. C’est certes une relation aseptisée

entre moi et le lecteur, mais cela me semble quelque part exceptionnel.

- Vous ne rencontrez que fort peu les poètes ?

- Vous savez : il est très difficile de rencontrer des poètes. Ils sont

fuyants, obsédés par d'autres raisons; - ils sont certains de leurs aptitudes

et de la valeur de leur personnalité. C’est un peu le : moi, je sais qui je

suis - mais vous, vous n'êtes rien. Ils ne parviennent pas à intégrer un

langage autre que le leur. Il y a mépris, indifférence ou encore critique

farouche. Les échanges proposés sont de faible valeur. Non. Pour moi,

un poète c'est un recueil - et le comprendre, c'est désirer intégrer son

œuvre. Je ne dois pas le juger sur des propos prononcés ici et là, et moins

encore sur une apparence extérieure.

- Comment voudriez-vous que l'on vous définisse ?

- Cela est une question curieuse et la réponse semble difficile. C'est à

953


chacun en lisant, en intégrant mes contenus de définir ma personnalité ou

du moins un fragment de moi-même. Mais cela est de faible importance.

Je préférerais que l'on lise ou choisisse un recueil : Florilège, Femmes de

papier, Mille poèmes en prose ou Le Grand Livre des Sonnets pour

parvenir à me déterminer. Oui, lire un ouvrage accessible sur le Net et

mis gracieusement à la disposition de n'importe quel internaute.

- La Littérature s'immortalise-t-elle au-delà du présent ?

- La Littérature ne saurait être une création sur un temps déterminé. La

Littérature ne saurait non plus se prévaloir d'un éternel intemporel.

Pourquoi ? Tout simplement parce que ce qui est vieillit : les mœurs, les

pensées, les comportements se déplacent - et la référence d'autrefois n'a

plus aucun fondement dans le vrai d'aujourd'hui.

En revanche, une certaine mémoire admirable, honorifique agite encore

ici et là les nostalgiques du temps passé. Je ne prétends pas qu'Hier soit

désuet et ridicule car l'on doit s'asseoir sur le passé pour concevoir le

futur. Mais Hier n'est plus. Seuls le Présent et l'Avenir sont référencés,

évidemment. Ce jugement peut être nuancé et sujet à débat.

954


- La Littérature a-t-elle un fondement éternel ? Voire immortel ?

- Plusieurs systèmes de littérature cohabitent les uns à côté des autres. Il

peut y avoir une littérature d'actualités comme il existe des chefsd’œuvre

immortels. Certains ouvrages ne connaitront que le Présent

quand d'autres exerceront une fascination sur plusieurs siècles. Notre

littérature plonge ses racines dans trois mille ans d'Histoire.

20 avril 2007

955


Journal 2008

Comment radicaliser la poésie ?

*

Oui. Pousser. Pousser à l'extrême de soi-même en y ajoutant sa

sensibilité, sa capacité créative. Se situer au faîte du vrai, y

proposer sa substance novatrice si cela est possible.

*

L'éditeur refuse un génie et se défausse sur son collègue : "Allez

voir ailleurs. Ceci n'est point pour moi."

Mais cet éditeur-là n'est-il pas quelque part responsable de son

erreur irrécupérable ? Cela doit-il se limiter à la perte de quelques

exemplaires ? N'est-ce pas trop facile : ce qui est est méprisé -

c'est son métier pourtant !

*

L'écrivain ne saurait être philosophe ni le poète d'ailleurs. Tout au

956


plus se permet-il de penser ! Le philosophe est celui qui ajoute sur

la certitude, sur le vrai connu.

L'écrivain n'est qu'un papillonneur futile.

*

Que l'art du discernement poétique est chose difficile !

*

Les conceptuels - Boulatov -

*

Encore à produire ces petites vidéos pour Internet et pour mes

archives personnelles. J'ignore si cela donnera quelque chose. Un

exercice consacré à Valéry, Claudel, Perse et Char ?

J'utilise essentiellement cette période de l'année 2008 pour

replacer les fichiers défectueux, fortifier les livres existants ou

encore proposer des prolongements à mes copier/coller.

*

957


Le poète s'accouple avec sa muse - L'Epouse insoupçonnée - il

espère obtenir un orgasme : le poème.

*

Existe-t-il des philosophes, des peintres, des poètes etc. qui n'ont

pu percer et qui pourtant étaient des êtres importants ?

Je réponds par l'affirmative.

Une Intelligence sous-jacente, ignorée, refusée, supérieure peutêtre,

possédant des moyens extraordinaires ou des aptitudes

extrêmes a été certainement barrée ou bannie.

Détenait-elle quelque chose qui s'apparente au mot génie ? - Je

certifie à nouveau. Aurait-elle pu inspirer ? - Oui, évidemment.

Est-il possible de retrouver ces êtres compétents ? Où sont-ils

aujourd'hui ? Ils sont oubliés à l'image des grottes préhistoriques

détentrices encore de chefs-d’œuvre d'autrefois.

C'est pourquoi l'offre numérique qui se situerait en marge de

l'édition papier permettrait à tous ces êtres ignorés,

systématiquement rejetés d'exister quelque part. Et qui sait si leur

autrement, leur distinction ne parviendrait pas à séduire certaines

958


personnes et à charmer un nouveau public.

*

L'édition numérique serait la fin d'une certaine édition papier.

Mais dans un sens, pourquoi payer et payer pour du papier qui

jaunit, va en vieillissant, et encombrant et ne sert plus à rien ?

En revanche, l'édition électronique permettrait à tous d'être

immédiatement accessibles, proposables, vendables directement -

un génie ne perdrait pas son temps à se crédibiliser auprès des uns

et des autres - auprès de pseudo spécialistes - il donnerait, il

offrirait, proposerait ses applications.

L'édition reconnue.

*

Je prétends qu'il y a d'avantage de poètes inconnus que de poètes

connus. Pourquoi ? Car le système de sélection est drastique et de

grands poètes n'ont jamais été édités quand des écrivains de

second ordre avec un médiocre talent ont pu modestement se

crédibiliser.

*

959


Musique

Edgar Varèse - Ionisation (Merci Zappa !)

Xenakis - Varèse - Le Corbusier - Poème électronique

Xenakis - Metastasis

Michelle Grangaud - Jacques-Henri Michot - Jacques Sivan -

Thibault Baldacci - Jean-Jacques Viton - Julien Blaine -

Est-ce agitation générationnelle ? Qu'en est-il de l'immortalité ? ~

De la Pléiade céleste ?

*

- Quand il dit : génie ! qu'engendre l'appel ?

- Médiocrissime imbécile se prétendant être, retourne dans ton

Néant !

*

Ils me prétendent médiocre, stupide, inutile. Ils ne voient en moi

qu'un poète à rejeter, à mépriser. Ils se demandent même comment

j'ai pu oser leur envoyé mon manuscrit. Je suis un incapable

960


inexistant…

Le temps fera son affaire - du moins là-bas car ici je n'ai aucune

certitude de ma destinée.

*

Philippe Beck - est-il en train de construire un nouveau grand

poète ? N'est-ce qu'une intelligence audacieuse capable

d'inventer ?

*

Christian Gabriel/le 48-88 - Guez Ricord - qui est réellement ce

poète ?

*

Faut-il être présenté quand on est grand poète inconnu ? À quoi cela

sert-il ? Et quelle en est la portée ?

La communication se réduit à de l'insignifiance, à une sorte de

parodie d'apparat - mais d'applications réelles, il n'en est point.

961


*

Poésie, sorte de stupide arithmétique avec ses fragments

incertains...

*

Il faut trouver de nouveaux livres et de futurs auteurs car le tout

s'épuise humblement.

Pénétrer de nouvelles substances est difficile.

Je cherche : Sexe - École poétique - Écriture -

Mais comment progresser ? Et que peut-on ajouter ?

*

Pourquoi ne trouve-t-on pas chez les écrivains des brouillons

remplis de chiffres ? Car ces opérations ne peuvent s'accomplir de

tête !

Claudel, Valéry, Hugo, Baudelaire, Cocteau etc.

Aujourd'hui Maulpoix, Andrée Chédid, Robert Sabatier et d'autres

962


*

Anna de Noailles L'offrande lyrique - poème avec quelques

retouches personnelles

Il fera longtemps clair je crois, les jours allongent,

La rumeur du soleil se disperse et s'enfuit,

Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,

Demeurent éveillés dans le grand vent et songent...

Là-bas, les marronniers, pleins d'or et de splendeur,

Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;

On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre

De peur de déranger le sommeil des odeurs.

De lointains roulements arrivent de la ville...

La poussière, qu'un peu de brise soulevait,

Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt,

Redescend doucement sur les chemins tranquilles.

Nous avons très souvent l'habitude de voir

Cette route si simple et si souvent suivie,

Et pourtant quelque chose est changé dans la vie,

963


Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir.

*

Il faut avant tout parvenir à obtenir le résultat poétique au-delà de

la critique, au-delà de l'autre avec la certitude de son vrai.

*

L'Autre ? - N'est-ce pas se gaspiller en parapoésie ?

*

Écrivains, poètes ou philosophes qui ne m'ont été d'aucun secours mais

qui étaient d'une importance certaine : Barthes, Bataille, Onfray,

Audiberti, Ponge, Guillevic.

Les auteurs humoristiques également n'ont pu avec leurs substances

s'associer à la mienne.

*

Il faudra inventer le post contemporain. Mais de quoi sera-t-il fait ? Et

quel en sera le contenu ?

*

Salons littéraires - Dames de compagnie - cherchent à jouir de la

964


présence d'un génie contre quatre petits fours et un verre de porto.

Désirent gratter le vernis de l'écrivain quand la pénétration doit scruter

l'œuvre.

Affaire de risettes et de courtoisie. Milieu pensant mal, jugeant sur

l'apparence. Mais cela est mitaines de femelles ! Quelle erreur

stratégique !

-Chez moi, il y a un bonus : c'est mon trou du c..!

-... Dans ce cas !

*

Je n'ai pas trouvé la solution poétique.

*

Mallarmé. Stérile, qu'ils disent ! Il est plus difficile d'écrire un vers

mallarméen que quarante à la manière de n'importe qui !

*

Système d'extraction de poésie - Méthode :

Esprit algébrique CAD Mallarmé, Rimbaud, Zanzotto etc.

+ Esprit logique ---) Wittgenstein

+ Esprit de finesse ---) Merleau-Ponty, Teilhard de Chardin

965


Ce qui veut dire :

Poésie expérimentale contemporaine

+ Mais... Journal de Teilhard de Chardin à vérifier et certains

autres écrits également

Il y a toutefois toute la Mathématique, toute l'Astrophysique...

---) donc en Philo - les Logiciens

Mais Langage- audace - alors ?

-----------------------------------------

A B C D

Quelle logique ? À quelles raisons ?

Quelles opérations mentales exiger de son cerveau pour valider la suite

offerte ?

*

Philosophie ---) ?

Mathématique ---) Cercle-étalon

Religion ---) D et SE

966


Poésie ---) Evolution du langage - contenus -

Eros ---) + autrement

*

- Fais poète !

- Évitons-nous la honte !

*

20 juin 2008

Préparation de la vidéo Arthur Rimbaud. J'y ai mis Le rêve de Bismarck,

inédit 2008 et une variante de "Mémoire" retrouvée en 2004 appartenant

à la famille du côté de la femme de Verlaine. Y ai proposé également un

fragment du Journal d'André Gide qui offre un portrait peu flatteur du

Rimbaud d'Afrique.

J'ignore si la bande me permettra de construire un enregistrement

satisfaisant.

*

Quant à ceux qu'il est convenu d'appeler les "génies inconnus", ils sont

fort suspects. le plus souvent ce sont des incapables à la recherche d'une

apaisante explication d'eux-mêmes, prétend C G Jung dans "L'âme et la

vie".

967


C'est ignorer, hélas ! que de considérables gisements miniers sont

systématiquement ignorés par des spécialistes de la science géologique !

tandis que des raisons financières en justifieraient sans conteste leur

découverte et leur exploitation.

*

Y être, en avoir la certitude et pouvoir progresser.

À la pointe de l'épée.

*

Je lisais La princesse lointaine de Rostand. Je ne comprends pas Rostand.

Le vers m'apparaît si faible - Ho ! Certes exploitable, audible par

quelconque public, mais quelle valeur réelle poétique ?

C'est enlevé, léger, facile, divertissant, amusant - n'est-ce donc que cela ?

Je souhaiterais consulter ses pages manuscrites. Je le soupçonne

d'appliquer ses premières jetées et de les conserver.

Je l'entends un peu de la sorte :

-Vous l'aimez, dîtes-vous ? Aimez-la d'avantage

Car cela n'est pas faire à sa beauté d'outrage.

968


- Pourtant elle me dédaigne et ses yeux furibonds

Sont ceux de la gazelle qui s'éloigne à grands bonds.

ou encore :

Habiles et trop subtiles à pratiquer leur art

Ils mêlent au mensonge remèdes du hasard,

Potions excentriques capables de donner

De sinistres coliques à tout chocolatier !

*

Guère de choses intéressantes. L'esprit ne semble plus avancer.

*

Poésie X - cette dénomination tient-elle ?

*

Po 2008 - Errances -

50% des coups sont refaits - ce qui veut dire que le manuscrit comportera

un nombre élevé de variantes - cela signifie également que les

969


propositions basées ne m'apparaissent guère satisfaisantes.

*

- T'es poète !

- J'arrive. J'y cours. J'en suis.

*

Faire poète, être un enfant dans une cour de récréation.

Le premier de la classe s'inquiète de ce qui se passe au CES. Il recherche

le progrès.

*

Chez moi n'existent pas :

- Le Spectacle poétique - La revue ---) très peu : Po&sie 5-6 numéros

- L'Anthologie ---) très peu (mais cela a tendance à changer)

- La Rencontre physique - les Poètes eux-mêmes -

- France-Culture - Le Magazine littéraire - l'Actualité -

Chez moi sont :

- Les Œuvres - Les Bibliothèques - Les Musées - L'Internet -

- L'Informatique - Le développement personnel - Les Librairies -

970


*

New Sessions comporte aujourd'hui

17 poèmes produits avec L'Huile fraîche et 3 produits avec Le Moût et

Le Froment

*

Ô Fortune ! Ô Génie attaché à mes pas !

Iphigénie à Aulis - Euripide

*

Poésie pour le néophyte signifie : bienséance auprès d'autrui.

Le vrai poète pense : de quoi sera fait mon nouveau contenu ?

*

Poète ---) Etre auprès d'Autrui

Poète ---) Augmenter pour soi

Personnalité poétique extravertie ---) 0

Action intravertie poétique ---) 100

FL : (0,100)

*

971


Poésie

L'associatif audacieux y est - la nouvelle grammaire n'y est pas.

Il faut déplacer la grammaire, concevoir des structures inédites.

Comment construire ou dé-construire un nouveau langage ?

Faut-il penser à l'A-grammaire ? À moins qu'il faille revenir vers

Mallarmé.

*

Titre pour le recueil 2008 : ERRANCES

*

Différentes étapes chaotiques littéraires

Tout d'abord le travail en chambre

puis les exercices transformés

encore le travail refusé

et le vieillissement

dans la lente reconnaissance...

En fin de parcours, le poète officiel !- Invité - les repas - le temps

consacré aux autres !

"Autres et Soi" nécessitent 40 heures par jour pour satisfaire aux

972


exigences...

En avant vers la tombe.

*

La Beauce et le Désert

La Beauce c'est en soi, c'est 302, c'est agir pour produire, pour construire,

pour œuvrer.

Le Désert, c'est Autrui, c'est le refus, le rejet, le mépris.

Planter dans le désert, c'est une graine brûlée par le soleil, c'est un

rendement inutile. C'est Néant. Pertes de temps inutiles et problèmes.

Jalousies, indifférences etc.

En soi, c'est un possible de progrès, d'ajouts - de je peux plus, je veux

mieux.

*

Avec l'Autre, je ne trouve pas. Je trouve dans l'Œuvre, dans le Livre mais

jamais "en compagnie de".

*

Car tel est ton triomphe : cela et rien de plus !

973


*

Poésie d'apparat : roucoulades et lissages de plumage.

*

Être grand poète reconnu doit engendrer plus d'obligations que de réels

avantages.

Les uns, les autres, les présentations, les oui-oui, les risettes, les oui-

Madames, le temps perdu, l'action superficielle au détriment des

applications, de la recherche pure et de la production.

Puis le temps s'écoule - les plaisantins qui ont tiré sur les ficelles du

génie se sont volatilisés. Un réel goût d'amertume envahit la bouche,

l'Autre part en râlant : "Ha ! Si j'avais su. Le grain, l'ivraie, les fadaises !

Mais l'homme est devenu vieux, le cerveau est en liquification,

l'intelligence est ruinée.

Parfois Dieu pousse un soupir : "Te voilà enfin, l'homme !", et ce dernier

tendant une main tremblante fait briller une lueur dans ses yeux...

*

Ne faut-il pas s'en retourner vers les Grands poètes ? - Pourquoi ? Car ils

ont géré un impressionnant système de nettoyage et de purification dans

le langage, le principe associatif et les applications.

Là où les autres font de "tout bois du feu», eux choisissent, réfutent,

974


sélectionnent, évincent à l'image des grands maîtres aux échecs n'optant

que pour quelques coups d'exception.

*

Je voudrais parvenir à récupérer tous les manuscrits inédits et les mettre

en ligne. J'ai la certitude que grand nombre non seulement rivaliserait

avec l'édition courante, mais beaucoup d'amateurs dits éclairés

proposeraient des ouvrages et des contenus de qualité supérieure à ce qui

est proposé par le diktat des professionnels.

Le coût de fabrication du livre est trop élevé. La chaîne est longue, lente,

complexe et coûteuse. Il faut réduire les intermédiaires - de l'écrivain au

lecteur en consultation directe via le Net.

Autre contradiction. Pourquoi avec un chiffre d'affaires dépassant les 4

milliards d'euros, le secteur ne reconnaît que deux écrivains

professionnels ?

*

Ai-je échoué ? Quand ai-je compris que cela ne pouvait pas fonctionner ?

- Je l'ai intégré très vite ? J'ai opté pour les applications, le travail

intérieur, la construction cérébrale avec en point de mire la finalité

humaine CAD l'acceptation et la réception céleste de l'Au-delà.

975


*

Le problème du vieillissement : l'unité de stockage est limitée - il est plus

aisé de retrouver du passé que d'intégrer de la vérité ou de l'information

nouvelle.

*

Il faut ajouter sur Hugo. C'est une certitude. Il faut ajouter sur Rimbaud.

C'est également une certitude.

Mais il faut amasser, assembler, récupérer tous ceux qui ont produit

quelque chose d'important, d'autrement, de différent dans le secteur

poétique - et c'est la somme de ces singularités mineures et majeures qui

participera de manière active à la construction de l'édifice littéraire.

De la première sépulture datant de 80 000 à 100 000 ans avant notre ère à

la plus haute tour située à Singapour.

Des premières fondations des villages de pierre en Mésopotamie aux

projets virtuels d'habitat permanent sur la planète Mars.

*

Je cherche à proposer sur un site Internet tous les manuscrits refusés,

oubliés, rejetés et pourtant de qualité certaine - ce qui offrirait une

concurrence stimulante aux éditeurs papier et leur imposerait à trouver de

nouvelles solutions.

976


I Meridiani = Pléiade

Bigongiari ---) hermétique

Sereni ---) ?

Brault - Reznikoff - R. Frost - André Salmon - Marc Chénetier -

Jean-Yves Masson - Venus Khoury-Ghata - Jean-Pierre Lemaire -

*

Le Clézio, Prix Nobel 2008. Je suis content pour lui.

*

Chez moi, le problème n'est pas un problème de relationnel poétique

mais d'applications d'écriture - de trouvailles et de découvertes.

*

Poésie contemporaine - On édite la page telle quelle avec ses sauts, ses

rejets et ses ratures.

*

Le bateau ivre - écrit à 17 ans.

Rimbaud - configuration cérébrale unique qui produit un objet

exceptionnel.

*

977


Le problème poétique est de trouver de nouveaux espaces d'écriture, de

nouvelles audaces d'applications. Qu'écrire et pourquoi ?

*

Dit autrement : que peut-on proposer en postsymbolisme ?

*

Paul Valéry - Poète, épistémologue -

Nombres plus subtils, Robinson ---) Projets de livres

Penseur éminent du constructionisme

Les principes d'anarchie pure et appliquée (1984)

Les Cahiers - totalité --) Centre Georges Pompidou

Catherine Pozzi ?

Gustave Fourment Correspondance - et combien d'autres !

UQAC ---) Université - Textes téléchargeables -

*

Mieux vaut savoir chiffrer que raturer.

*

La théorie de Manhattan

978


Théorie des gratte-ciel ---) un nombre important de grands poètes les uns

à côté des autres rangés dans La Bibliothèque de la Pléiade. Certains

immeubles plus haut, d'autres plus anciens, d'autres encore médiocrement

agencés et certains possédant la climatisation. Le tout cohabite dans un

espace réduit. La diversité y est abondante.

*

Je n'ai jamais rien pu tirer de la communication poétique qui vaille. Tout

y était affaire de façons, de degrés de culture, de subtilités. De fonds

évolutifs, il n'y en avait point. Je préférais m'en retourner à mes chers

livres y décelant des contenus meilleurs.

Mais le système condamne ce type de comportements. L'on vous taxe de

sauvage et l'on maudit allégrement.

*

Critique poétique : Je ne suis Rien à vos yeux, mais j'existe pour le

Seigneur ! Vous, vous n'êtes que des grains de sable quand Dieu a rempli

l'Univers.

*

Paul Valéry - 67 ans - Jean Voilier (Jeanne) - Corona et Coronilla -

Editions de Fallois -

Hervé Guibert - Articles intrépides -

979


*

Fusionner l'irréel

Y a-t-il un nombre suffisant de poèmes pour expliquer les fonctionnalités

du Moi cherchant, du Moi créatif ? Etc.

Conscience et impuissance

*

Le cerveau de Baudelaire doit produire des opérations synthétiques - ce

qui peut expliquer ses coups foudroyants. (La beauté qui fascine et le

plaisir qui tue)

Obtenait-il ces solutions par travail cérébral conscient ou n'était-ce que la

conséquence de son génie intuitif ?

*

Centre d'Etudes Poétiques - ENS - LSH

Ecole normale supérieure des Lettres et des Sciences humaines

*

Transcriptions CAD la page manuscrite reproduite à l’identique en

caractères imprimés -

voir le travail accompli sur les feuillets mallarméens dans la collection de

La Bibliothèque de la Pléiade, est-ce possible ou cela sera-t-il possible

980


avec mes nombreux manuscrits inédits ?

Journal 2009

De se dire en soi-même qu'il n'est pas impossible...

*

Les Éditions Tristam. Communication téléphonique. M'a conseillé de

télécharger son catalogue en PDF. Serait intéressé par mes manuscrits.

M'a demandé de lui en envoyer. Littérature générale. Grand nombre

d'auteurs étrangers.

*

Poésie : de soi en soi pour soi

*

Poésie : Il ne faut pas anticiper sur une valeur qui n'est pas validée.

Il faut attendre son heure, comme on dit.

981


Avant ce sont les quolibets. Pendant c'est la reconnaissance. Après ce

sont les hommages et la gloire.

*

Les simagrées littéraires et les risettes obséquieuses.

*

- Le fruit est-il mûr pour la consommation ?

- Nul ne voudra consommer le fruit.

*

Aux poètes : Faites une bonne œuvre...pour vous-mêmes !

*

Je ne connais pas de chef-d’œuvre de vieillesse. La poésie s'octroie dans

la jeunesse. Le principe associatif de haut langage nécessite un cerveau

frais, vif, alerte.

Le grand Corneille sur sa période finissante construisait avec des coups

complexes à la portée moindre et à l'efficacité douteuse.

Mais avoir 60 ans au XVIIe siècle, c'est avoir 85 ans aujourd'hui.

982


Il est à reconnaître également que l'espérance de vie des poètes a toujours

été très courte (Suicide, alcoolisme etc.) - il est donc difficile de juger un

auteur sur ses derniers écrits.

Valéry appréciait L'Art d'être grand-père de Victor Hugo. Moi, je n'y

voyais que douceurs de Papy gâteau. Enfin, c'est à relire.

*

Le titre Pierre tombale peut servir pour une œuvre posthume qui rappelle

quelque peu Tas de pierres de Victor Hugo.

*

Baudelaire - génie de la synthèse qui foudroie

D'autres : Voltaire, Balzac raturent sur ratures - reviennent, nettoient,

purifient, trouvent, déplacent, repensent - sont dans le vrai également.

*

Il vaut mieux être clair si l'on veut chiffrer.

*

Il faut donc trouver une nouvelle logique dans un système associatif.

*

Je suis allé à Ombres Blanches il y a quelques jours. J'y ai vu Les

psaumes de Claudel, des poésies de jeunesse de Valéry ~ autour de 84 -

983


la correspondance Cela/Sachs - qui est très importante et significative

pour Celan. J'y ai dégoté également deux Bleu du ciel (inutiles pour ma

personne mais la présentation y est évolutive) - le Jacques Reda :

Physique amusante qui peut rappeler quelque part mon recueil : Poèmes

de l'A-science. Là s'arrête la comparaison. Margeries de Tardieu.

Quelques Serge Pey, un Antoine Emaz - un Franck Venaille Au Seuil et

Clancier chez NRF Je n'ai rien acheté.

La poésie semble s'en retourner vers de l'élémentaire ou vers une écriture

simple, non hermétique, moins expérimentale. Puis au premier étage,

Waterhouse et Lippi - peintures.

*

On ne peut pas tout avoir :

Du commercial, du talent, du génie et de l'immortalité.

Baudelaire avait du génie, de l'immortalité et de la postérité mais aucun

crédit de son vivant.

*

Poésie - Je poursuis quelques textes avec Huguette Champroux. Je me

dois d'aller à Toulouse pour y découvrir de nouveaux auteurs.

984


*

Tu sais comment on fait Led Zep en poésie ?

*

Un poète, un prophète, un messie, un génie.

*

Sur les flots azurés, illustres de censure,

Dans des barques incertaines où vogue l'A-raison

Un esprit délibère, questionne et demande

Et s'adjuge le droit de statut éternel.

*

GLANES - titre pour un ensemble de bribes

*

On s'intéresse aux poèmes recopiés de Mallarmé pour apprécier son

système cérébral évolutif, poétique - de formation.

*

Journées du patrimoine à Montauban. 20 septembre 2009.

985


Serge Pey - dit des poèmes. Personnage révolté contre la nature, l'homme

etc. en écrasant des tomates. Assez lourdingue. Peu d'esprit de finesse.

Du moins crache, fait passer grossièrement le message. Fatiguant. Casse

des vitres sur lesquelles sont écrits ses poèmes à la fin de la performance.

Qu'en penser ? Oui. Oui-non. Pourquoi pas !

Cherche à défendre une cause humano-écologique avec virulence et

fracas pour interpeller. Le message est-il reçu ?

Tout un chacun sait pertinemment qu'il existe des structures politiques

aptes à recevoir ce type d'individus pour défendre ce type de causes.

Alors pourquoi passer par la poésie ? Pour le dire ? Pour s'exalter ?

*

Je puis certes apprécier les charmes de la conversation mais je n'en vois

guère l'utilité profonde. C'est une sorte de va-et-vient, de l'un à l'autre

avec des contenus que l'on soupçonne, qui proviennent d'une

personnalité mais ne sont jamais synthèse parfaite de l'objet étudié - c'est

cela : l'on tourne autour en s'appropriant quelques éclats de vérité.

Mais cela est fort aimable et anime délicieusement les âmes

superficielles. Les contenus lus dans les livres sont toutefois d'une autre

teneur...

986


*

En vérité, Théodore de Banville, Théophile Gauthier et Leconte de Lisle

étaient de bons poètes et de bons professionnels. Mais ils ont été balayés

par Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé.

De Heredia a plutôt mieux survécu grâce à l'extrême qualité de ses

sonnets antiques.

*

Le plus lucide : Mallarmé !

Le plus vrai avec 100 ans d'avance !

*

Je suis incapable de créer du langage, je ne puis que déplacer les images.

Tel est mon triste sort !

*

Élaborer un nouveau langage.

Algébrique

D'associatifs interdits

De grammaire

De fond de forme

987


Le syncopé

Le vrai-faux

Combiner l'inventif d'Autrui par une lente mutation de l'esprit // de

l'intelligence //

Synthétiser le créatif d'Autrui en y ajoutant sa propre substance;

Somme de petits acquis - les poèmes - aller en avançant - 7 200 ---) 7

2001 ---) 7002 etc.

Et quoi ? Sera-ce entendu, lu, compris ?

Qu'importe !

*

Le système poétique consiste à dire : " Non ! Vous n'existez pas.

D'ailleurs, je ne veux pas même m'abaisser à vous lire."

*

Le système poétique consiste à dire : "Non ! Vous n'existez pas. Je ne

vous reconnais pas. D'ailleurs, je ne veux pas même m'abaisser à vous

lire."

Pensant ainsi, comment est-il possible d'être d'Autrui ?

Mais cette mauvaise critique, cette stupide intelligence n'a pas les

moyens de comprendre.

988


Sauter 2,30 en hauteur est une preuve. Frapper de volée une balle à 35 m

pour la glisser dans un but est une certitude, mais en poésie qu'en est-il ?

- La quantité n'est pas suffisante.

- La qualité ? - Quelle qualité ? Votre langage ne saurait me

correspondre ! Non ! Allez voir ailleurs. De cela, je n'en ai que faire !

Il faut donc petit à petit expliquer, expliciter X ou Y de votre valeur et

cela coûte en temps et en heures d'ignorance.

*

Dante Rime Banquet De l'éloge de la langue vulgaire

Monarchie Épîtres Églogues Querelle de l'eau et de la terre

*

Trouver si possible des solutions pour placer sa bio et quelques ouvrages

sur Wikipedia. A la recherche également d'un logiciel style Calaméo me

permettant de visualiser mes fichiers Word dans un autre format, - format

catalogue.

*

Mallarmé : c'est compresser 4 en 1! Voilà pour la stérilité.

989


*

Pour être le premier.

*

- Pourquoi ne faites-vous pas poète ?

- Poésie ou l’art de tourner une cuiller dans une tasse de thé.

*

Langage : ajouter sur Mallarmé.

*

Comment ajouter sur Mallarmé ?

*

Le recueil Illuminations est fascinant. J’adore également Divagations.

Comment peut-on inventer un langage nouveau ?

*

Synthèse finissante.

990


Journal 2010-11

Je cherche à mettre 7 à 800 000 ouvrages refusés par les Éditeurs,

croupissant dans des tiroirs en accès libre sur Internet.

Je veux dans un premier temps concurrencer l'édition papier puis devenir

un partenaire complémentaire à l'image de la télévision qui avec la radio

forment aujourd'hui un couple audiovisuel inséparable.

*

Le Cicep, créé depuis 1992, agréé par le ministère de la Recherche,

fédère le 'Master Poétique et Esthétique de Paris VIII'. Il regroupe une

cinquantaine de chercheurs (universitaires, artistes, scientifiques,

créateurs) autour de la poésie en tant qu'elle est un art participant au

même titre que les autres arts et sciences à la formation de la pensée, à

l'enrichissement du champ de la sensibilité, de la connaissance humaine

et à l'éveil des potentialités créatrices. Tous les ans, autour des

programmes de recherche, se constituent des équipes mobiles travaillant

à la réalisation de créations originales expérimentales et à la

communication de recherches dans des espaces originaux : Lieux

publics et de circulations, galeries, théâtres, salles de concerts, cryptes,

temples, espaces de déambulation, etc. Les programmes se poursuivent à

travers trois espaces :

991


1) Espace théorique et de réflexion dont le compte-rendu constitue la

revue du Centre intitulée 'Cahier de poétique'.

2) Espace pédagogique : ateliers de création poétique et recherche en

milieux universitaire, secondaire, carcéral, psychiatrique, sociaux de

réinsertion.

3) Espace de pratique créatrice : lectures et créations expérimentales

entre la poésie et les autres arts (Danse, chant, peinture, photographie,

théâtre, arts du virtuel) en partenariat avec des villes, des régions, leurs

théâtres, galeries, centres culturels.

Ces différentes activités (rencontres, manifestations, performances,

créations) sont menées entre poètes chercheurs universitaires et

créateurs artistes, elles sont stimulées par les thématiques définies au

sein du projet global de recherches. Elles font l'objet d'enregistrements,

de dossiers spécifiques et de publications originales. Les trois espaces

nommés sont en interaction permanente. Les doctorants et postdoctorants

sont accueillis dans chacun des espaces de la recherche et

sont intéressés à l'élaboration des différents projets de réalisation.

Certains travaux de doctorants se consacrent déjà à la mémoire de la

recherche du centre.

*

Poésie :

Applications de champs mentaux

992


Force cérébrale

Extraction maximisée

Le service d'Autrui. L'Accompagnement

*

Au mot "chair", il semblerait qu'il y eût un nombre considérable de

possibilités pour construire de nouveaux recueils ou d'anthologies.

*

Quelques problèmes concernant la paternité des œuvres.

- Homère avec l'Iliade et l'Odyssée

- Molière avec l'Affaire Molière/Corneille

-Shakespeare avec grand nombre de pièces

- Dumas et Maquet

Concernant Maquet. Comment cet homme aurait-il osé inscrire sur sa

pierre tombale : Ci-gît celui qui a écrit Les trois mousquetaires, Le

Comte de Monte-Cristo etc.

Sans oublier La Biche et Feydeau

Quant à Paulo Sulitzer...

993


- Il ne faut pas dire du mal de Monsieur de Molière, m'a soufflé Louis

XIV. Accordons-lui alors la paternité de son ensemble et faisons amende

honorable.

*

Du moins le talent permet de se faire éditer...

Le Génie jamais.

A moins de trouver un éditeur précurseur, anticipateur, à moins...

15 mars 2010. Maison de retraite protestante. Maurice Petit dit des textes

d'Andrée Chédid. 4 à 6 textes et poèmes. Assez bien dit, ma foi. Public

de personnes âgées. Des femmes essentiellement. Parfois à mobilité

réduite. L'établissement est de bonne qualité, et le personnel jeune

attentif.

C'est incroyable comme ces romanciers savent exploiter le détail pour le

faire fructifier ! Le poète et le philosophe synthétisent quand le

romancier ou le nouvelliste déploie par l'art de la plume une stylistique

explicative de l'insignifiant.

*

Alerte cavalier, va et poursuis ta route !

994


*

Rimbaud dit indirectement :

N'essaie pas d'ajouter sur toi mais consolide sur ta personne.

Tu as déjà tout le matériel pour faire Un.

Il y a une forme de déception chez Rimbaud.

Tu es Un, assume.

Je lui réponds : Non ! J'ajoute. Car je ne puis être crédible.

En vérité, je ne cherche nulle grandeur extrovertie.

Un bon peu ...

*

Sophocle Eschyle Sénèque Virgile Euripide Plaute Térence

Shakespeare

Dante Ovide Pindare Goethe Pouchkine Crevantes Lope de Vega

Aristophane

Hérodote Thucydide Polybe La Fontaine Rousseau Voltaire

Tolstoï

995


*

Mars-Avril 79, période durant laquelle je n'ai pu écrire - période de

quarante jours - je voulais produire un héros entre Le Cid de Corneille et

Maldoror de Lautréamont.

Je cherchais une jeunesse impétueuse, fougueuse, pleine d'éclats et de

prouesses, - une sorte d'Alexandre vainqueur. Oui, une allégorie glorifiée

du Printemps.

*

- Pourquoi recherchez-vous constamment la représentation du Moi

poétique auprès d'Autrui tandis qu'Autrui refuse de valider la vérité de

l'évidence ?

Je vous propose de pénétrer, d'intégrer, d'ajouter, de comprendre, d'aller

outre et d'obtenir enfin le produit majeur que l'intelligence avait espéré

entrevoir.

*

La bonne question : "Arthur ! Comment écrit-on Illuminations en 2010?"

*

La poésie ou l'Art de serrer le sphincter pour éviter de se faire empaler

996


par une allumette...

La poézie, c'est très zoli !

*

Elaborer du langage nouveau.

*

Comment puis-je avoir 130 d'avance sur 2010 ?

Rimbaud - Illuminations +

*

Hey ! Winner !

*

Ce que l'on peut reprocher à Saint-John Perse - mais ceci est affaire

personnelle et ne sera accepté que par peu de lecteurs - ce que l'on peut

lui reprocher, disais-je, c'est sa faiblesse de genres abordés durant sa

longue carrière d'écrivain. Il n'exploite que la strophe. L'alexandrin lui

est totalement inconnu. Il n'existe pas un seul sonnet de Perse. Le

Théâtre est absent. Le Roman également. La réflexion philosophique ne

sera jamais abordée. Quant au Journal... sait-il du moins ce qui se cache

sous ce terme ?

Il est vrai que sa strophe a atteint un sommet de la littérature mondiale.

997


Sa stylistique admirable est un chef-d’œuvre abouti. Alors lui était-il

nécessaire d'aborder d'autres genres d'écriture ?

*

La critique littéraire ne sert qu'à déterminer une certaine vérité de

l'immédiat - vérité qui se déplace avec le temps.

*

Kid Douglas ~ : Je bondis hors du lit, je cours dans le parc et je vais

secouer les arbres pour réveiller les oiseaux.

*

Œuvre de Jeunesse

78-79 ----) Rimbaud

80 ----) Radiguet

81-82 ----) Lautréamont

La passe de 3 ! Rêve !

20-24

67 ---) 80 ---) 100 ---) 120

? ?

998


*

Ne pas entrer dans ces simagrées d'opérette qui ne sont que pertes de

temps, qu'hypocrisie d'éducation. Ne faut-il pas Œuvrer ? CAD appliquer

fortement sans se soucier d'Autrui. Oui, Agir cérébralement et obtenir.

*

Faut-il s'occuper des poètes ou de sa spiritualité ?

*

Il est impossible d'étonner Mallarmé.

*

Ce qui caractérise également le comportement du littéraire c'est sa

volonté consciente ou inconsciente d'exploiter certains auteurs et d'en

refuser d'autres.

Dans ma sphère mentale circulent des Mallarmé, des Baudelaire, Racine,

Claudel, Hugo, Valéry quand ni Sabatier ni Andrée Chédid ou Jacques

Attali ne m'ont été d'aucune utilité. Et pourtant Dieu le sait fort bien : je

respecte cérémonieusement ces différents écrivains.

*

Rimbaud - les Sœurs/Demoiselles Gindre -

Stefan Zweig possédait le recueil de Douai de 14 jusqu'à 42 - c'est-à-dire

999


jusqu'à la date de sa mort.

Pétition Arthur Rimbaud conservée au musée à Charleville-Mézières

adressée au maire de Douai.

Mariam, compagne abyssine d'Arthur Rimbaud.

Lettre de protestation,

20 septembre 1870

Autographe.

Musée-Bibliothèque Arthur Rimbaud de Charleville.

Ce projet de pétition qui, si l'on en croit Jean-Jacques Lefrère (Arthur

Rimbaud, Fayard, p.167-168), n'a pas été diffusé, a été rédigé par

Rimbaud à l'issue d'une réunion de la Garde nationale de Douai. Il

aurait été ensuite soumis à Izambard qui aurait décidé de ne pas

l'exploiter pour une raison que l'on ignore, mais l'aurait conservé dans

ses archives rimbaldiennes. Selon Lefrère, le signataire virtuel "F.Petit"

serait sans doute un garde national ; selon Louis Forestier, un

pseudonyme habituellement employé par Izambard lui-même dans son

journal Le Libéral du Nord (LF, 523).

1000


LETTRE DE PROTESTATION

Douai, 20 septembre 1870.

Nous soussignés, membres de la Légion de la Garde nationale

sédentaire de Douai, protestons contre la lettre de monsieur Maurice,

maire de Douai, portée à l'ordre du jour du 18 septembre 1870.

Pour répondre aux nombreuses réclamations des gardes nationaux non

armés, Monsieur le Maire nous renvoie aux consignes données par le

ministre de la Guerre ; dans cette lettre insinuante, il semble accuser de

mauvaise volonté ou d'imprévoyance le ministre de la Guerre et celui de

l'Intérieur. Sans nous ériger en défenseurs d'une cause gagnée, nous

avons le droit de remarquer que l'insuffisance des armes en ce moment

doit être imputée seulement à l'imprévoyance et à la mauvaise volonté du

gouvernement déchu, dont nous subissons encore les conséquences.

Nous devons tous comprendre les motifs qui déterminent le

Gouvernement de la Défense nationale à réserver les armes qui lui

restent encore aux soldats de l'armée active, ainsi qu'aux gardes

mobiles : ceux-là, évidemment, doivent être armés avant nous par le

Gouvernement. Est-ce à dire que l'on ne pourra pas donner des armes

aux trois-quarts des gardes nationaux, pourtant bien décidés à se

défendre en cas d'attaque ? Non pas : ils ne veulent pas rester inutiles :

il faut à tout prix qu'on leur trouve des armes. C'est aux Conseils

municipaux, élus par eux, qu'il appartient de leur en procurer. Le maire,

1001


en pareil cas, doit prendre l'initiative et, comme on l'a fait déjà dans

mainte commune de France, il doit spontanément mettre en œuvre tous

les moyens dont il dispose, pour l'achat et la distribution les armes dans

sa

commune.

Nous aurons à voter dimanche prochain pour les élections municipales,

et nous ne voulons accorder nos voix qu'à ceux qui, dans leurs paroles et

dans leurs actes, se seront montrés dévoués à nos intérêts. Or, selon

nous, la lettre du maire de Douai, lue publiquement, dimanche dernier,

après la revue, tendait, volontairement ou non, à jeter le discrédit sur le

Gouvernement de la Défense nationale, à semer le découragement dans

nos rangs, comme s'il ne restait plus rien à faire à l'initiative municipale

: c'est pourquoi nous avons cru devoir protester contre les intentions

apparentes de cette lettre.

F. Petit.

*

Je ne vois aucun intérêt dans la communication.

Tout me semble application.

*

- Tu ne veux pas occuper le terrain ?

- Le bourbier, la vase, les sables mouvants ! Je ne risque pas d'en avoir

1002


jusque-là.

*

Poésie

- Il est impossible de transmettre. Pourquoi aller vers Autrui ?

- Il y a des formules de politesse. Cela semble très intéressant.

*

Les mondanités, ne sont-ce pas quelque par les vanités des hommes qui

ont réussi ?

*

La réalité du fait n'est pas déterminable en poésie.

L'analyse de la valeur réelle de l'Autre est inexacte.

La détermination du vrai n'a pas de fondement objectif.

La communication s'opère de manière incorrecte.

La relation A-B s'en trouve considérablement faussée.

Le mépris et le rejet sont engendrés par ces faits mêmes.

*

Pourquoi devrais-je me modéliser sur vous ? Considérez mon travail, et

1003


non pas les éléments soi-disant manquants !

Ecrivez mes mille poèmes en prose, mes mille sonnets !

Faites une traduction de la Bible en alexandrins blancs !

Essayez-vous à la Prophétie ! Ceci n'est pas un genre mineur.

A chacun son époque. Si vous êtes en décalage, lisez l'Ancien. Je n'y suis

pour rien.

*

Peut-on prétendre que Françoise Sagan a produit une œuvre de jeunesse

au même titre que Raymond Radiguet ou qu'Arthur Rimbaud ?

Il faudrait vérifier la chronologie et le travail accompli durant la période

17-25 ans.

*

Françoise Sagan est née en 1935

Bonjour tristesse 54

Un certain sourire 56

Dans un mois, dans un an 57

Agée de 22 ans, elle a déjà édité trois ouvrages.

Aimez-vous Brahms ? 24 ans (1959)

1004


Les merveilleux nuages 26 ans (1961)

Est-ce du génie de jeunesse ? - Bienvenue au club !

Valéry Valère ? Cyril Collard ? Florian Zeller ?

*

4

4

3

~~~~~~~~~~~~~~ centre 20

3

4

4

Claudel : L'orgueil de Dieu

*

*

Toute gloire ! de n'être pas auprès d'Autrui. Toute gloire !

1005


- Fais poète.

- Impatients désirs jamais inassouvis.

J'y cours, j'y vole, j'en suis.

-

- On t'avait dit de faire poète.

Le plaquettiste : avec zèle et empressement.

-

- Ça ne marchera pas.

*

- Moi, je sexe. S Freud

- Moi, je sais. M Curie

- Moi, j'applique. F Lozac'h

L'on ne peut plaire. Il faut appliquer. Là est la seule solution.

*

Dans mon for intérieur, Georges Brassens eut été un grand poète. Mais il

a abaissé son Art pour le rendre accessible à tous.

1006


Il a sacrifié ses Ecrits et a transmis par la Voix.

*

Françoise Sagan - en 65 son 6ème livre et sa 4ème pièce de Théâtre

TSR Archives audiovisuelles

Toxique ---) Journal de sa désintoxication

25 ans Un Château en Suède

26 ans Les violons parfois

28 ans La robe mauve de Valentine

29 ans Bonheur, impair et passe

Nouvelles - Autobiographie - Chansons -

BT 19

Un certain sourire 21

Dans un mois 22

Aimez-vous Brahms ? 24

Les merveilleux nuages 26

La chamade 30

Le rendez-vous manqué en 58 à 23 ans

1007


*

Critique : Ignore-le. Il n'existe pas.

*

Revenir sur les auteurs du XVIIe qui sont dans la Pléiade - les chercher

sur Wikisource

Racan - Théophile de Viau - Regnard - Mairet - Montfleury - Rotrou -

Tristan L'Hermite -

Scudéry - Scarron - Cyrano de Bergerac - Thomas Corneille - Antoinette

Deshoulières -

*

De grands joueurs de football, on en cherche. De grands poètes, on en a.

*

Séduire les courtisans - La gente ailée - Le dessus du panier -

Les ragots -

*

Œuvre de Jeunesse

-1- Le Primitif

-2- The Naked Version

1008


-3- Rewriting 88

- 4- Corrections sur Livre blanc

*

Poésie : langage épuré pour des êtres spirituels - langage des anges -

Substance aérienne -

*

Ce n'est donc que cela ? - L'œuvre était achevée

Et j'attendais encore

*

Le caravanier jette des épices et poursuit sa route.

*

Poésie : La Demande est nulle, la Visibilité inexistante.

*

- Sans Toi, qui serai-je ? AR

*

Boutade

Au commencement, j'étais Rimbaud. Sur ma fin, je serai Hugo.

1009


*

Les trois couleurs : gris, tanné, noir ~ Clément Marot

*

Poésie - Pourquoi n'es-tu pas premier ?

- Le Ciel a l'Anticipation.

- La Terre a la Négation.

- Le Futur a la Postérité.

*

- Qu'appelle-t-on être premier ?

- C'est peut-être trouver une méthode permettant d'ajouter sur Hugo de

son vivant.

*

9 000 ! 9001 ?

*

Une femme de ménage vaut 10 euros de l'heure.

Un texte de chanson peut valoir 10, 20 ou 30 000 euros.

Un poème d'un grand poète vivant ne vaut rien - pas un centime.

1010


*

Comment peut-on faire son travail correctement sans être dans

l'obligation d'accomplir ces simagrées de civilité ?

*

Les gosses - créez, inventez, ajoutez - Toujours plus. Allez à fond.

N'hésitez pas.

*

Je veux en découdre avec Virgile et Dante essentiellement concernant la

finesse du point.

*

---) Poésie Vers et Prose

---) Essais

---) Exercices techniques

---) Traductions grecques et latines

---) Traductions Bible, Coran, Qumran, ET3

---) Prophéties

---) Théâtre

78-95 ---) 37 ans

1011


*

Rimbaud - L'Aventurier - 1875-79 et après ...

On a l'impression que c'est un touche-à-tout inapte à décider de ce qu'il

veut réellement.

Idem sur le plan géographique. Va de ville en ville, de pays en pays -

revient.

Apprend tant de langues.

Sont-ce des transpositions de vagabondages cérébraux ? Des transpositions

de l'aptitude littéraire ?

Analyse psychanalytique de ces comportements erratiques ?

Pourquoi Rimbaud se comporte-t-il de la sorte?

Ernest Delahaye (1853-1930) - tampon entre Rimbaud et Verlaine.

*

Anthologie contemporaine - Maulpoix et Compagnie

Ivan Alechine - Patrick Amstutz - Jacques Ancet - Françoise Asso -

Jacques Borel - Miguel Casado - Judth Chavanne - Thierry Clermont -

Coscuelluela - Hélène Dorion - Anthony Dufraise - Paul Fournel -

Nils Frank - Bénédicte Gorillot - Pierre Grouix - Marc Le Bot -

1012


Yves Leclair - Claude Louis-Combet -

*

Non : Essais - Biographies - Revues - Festivals - Réunions - Rencontres -

Oui : Production - Transformation - Œuvrer - Auteurs - Collections -

Listes - Encyclopédie -

Oui : Internet - Informatique - Musées - Librairies - Bibliothèques -

Expositions -

*

Perroquets et flamands décorent les riches tables.

*

Mon intelligence ne me permet pas de maîtriser les contours de ma

discipline.

*

Correspondance Mallarmé-Morisot

*

Le poème musical - un poème dit avec fond musical par un comédien

professionnel.

*

1013


Ils s'imaginent qu'être grand poète, c'est discuter les uns avec les autres ;

que c'est d'être présenté à Madame X ou à Monsieur Y.

Tous n'y voient que des manières d'apparaître, que des simagrées de

politesse.

Quand ? - Quand parviendrai-je à leur faire comprendre que la poésie - la

réelle poésie - la vraie poésie est un travail interne - que le problème est

d'écrire Athalie, Esther, ou La jeune Parque ?

Mais tous m'ignorent et feignent à des salutations. Tous me méprisent.

Pourtant j'ai la certitude de posséder la raison.

Qu'en sera-t-il de ces fragments dans trois siècles ?

*

Mardi à Ombres blanches.

Peu de clients dans la librairie. Philippe de Chez Deloche m'avait parlé

d'une chute vertigineuse des ventes d'ouvrages. Nul ne sait comment

enrayer ce phénomène. On le constate impuissant à agir ou à réagir.

Danielle Deloche me faisait cette confidence : "J'ignore si ma fille

exercera la même profession que moi..."

Actuellement, en France, seuls 30 écrivains gagnent leur vie - très

confortablement - plusieurs millions d'euros encaissés ; mais le reste - le

troupeau bêlant - ne gagne rien.

1014


Le Bleu du Ciel et Flammarion semblent avoir une actualité très légère.

Peu de parutions récentes. Je trouve trois ouvrages. Je prends Trakl de

Gallimard en NRF.

*

En 78-79, j'aurais certainement aimé produire entre Trakl et Rimbaud.

A l'époque, je ne le connaissais pas et il n'était pas sorti en petite

collection.

25 juin 2011

*

Racine - Les pièces les plus difficiles - a l'intrigue obscure - Mithridate

et Bajazet -

Les plus sublimes - Esther et Athalie -

La plus facile - Iphigénie -

La trilogie - Andromaque, Iphigénie et Phèdre -

*

Déplacement symbolique avec Trakl

*

Nouvelle ramification de l'arbre poétique : la chanson française

Brassens - Brel - Léo Ferré - Jean Ferrat - Charles Trenet - Barbara - et

1015


d'autres...

Cabrel - Francis Lalanne -

"Elle a cette assurance inaccessible

De ceux qu'on de la chance de naissance"

=

Haute, distinguée, sûre d'elle-même

*

Quatrain sibyllin

C'est pourtant vrai qu'ici il ne faut point paraître,

Mais vouloir exister au-delà du meilleur ;

De sembler à chacun un merveilleux veilleur,

De seulement du ciel vouloir se faire connaître.

*

Vous allez m'infliger des simagrées et des jérémiades auprès d'Autrui.

Non ! Cela ne saurait aller !

Travaillons. La chose semble plus sûre.

1016


*

Pas-poète ---) poésie d'accompagnement

Ce n'est pas de la poésie créatrice - c'est de la présence de politesse

auprès d'Autrui.

*

78-79

Poésie-raison - Poésie-rattrapage - Poésie-production - Poésie-écriture -

Poésie-apprentissage -

pas : Poésie-passion - Poésie-relationnel - Poésie-amitiés -

Le Ciel a maudit !

*

Faire poète, c'est faire le zigoto auprès d'Autrui - c'est aller-et-venir -

faire des simagrées et des révérences - faire de la pédérastie cérébrale -

c'est détestable, en vérité !

Comment pouvez-vous persécuter un humain pour cela ? Essayez par

vous-même d'accomplir la chose, vous entendrez mieux par cela ma

défense.

5 H 36 8 juillet 2011

1017


*

Maria Esperanza - Biancini Betania -

Liste de poètes italiens

Attilio Bertolucci - Santagata - Di Giacono - Gozzano -

Antonio Machado - Marino Moretti - Giovanni Pascoli -

*

La première facture est adaptée au lectorat. Ce qui suit est plus délicat.

*

- Poète !

- N'était-ce donc que cela ? - Le voile était tombé et j'attendais encore.

*

- T'es poète.

- J'y cours. Je vole. J'en suis.

*

Isabelle Rimbaud

*

The Naked Version = 78 1 Rewrités

1018


*

Brassens a chanté Paul Fort, Villon, Hugo, Corneille et Léo Ferré

Rimbaud et Baudelaire.

*

Les mondains exploitent ceux qui ont obtenu des résultats pour se

divertir de leur présence. Ils vous jugent sur la façon. Eux n'ont que la

façon. Ils n'ont pas de fond. La volaille dans la cour.

"Tu n'as pas voulu faire poète"

Pour vous, Poésie = Divertissement mondain

Pour moi, Poésie = Pléiade = Œuvre

*

Asselineau - Baudelaire -

*

- Tu le regretteras en Littérature parce que tu n'as pas commencé.

1019


Les 8 fonctionnalités de la poésie. Je n'en exploite que 3.

Poésie : Lire, Dire, Appliquer, Ecouter, Rencontrer, Vivre-voyager,

Associer, Conserver.

Je lis, j'applique et je conserve. Il doit pourtant exister d'autres

fonctionnalités.

*

Trakl ---) agressif ---) proche de Van Goth

Bien après Rimbaud

Trakl ---) Œuvre complète ?

*

Jean Voilier - Jeanne Lovaton s'est tapé Valéry, Perse, Giraudoux et Paul

Morand. Elle brode dans la dentelle. Le point est fin, ma foi !

*

Trois livres de Brassens : Poèmes - La tour des miracles - Les chemins

qui ne mènent pas à Rome - Les trois 12 euros -

1020


*

Baudelaire... 136 poèmes ! dans Les Fleurs.

Baudelaire n'a pas écrit 200 poèmes dans sa vie en y intégrant Le

Spleen...

[Il y a très peu de relevés de variantes, également]

*

2010-2011 Auteurs importants

Rimbaud, Trakl, Cummings, Pessoa et Marilyn.

*

Bouillane de Lacoste - Georges Izambart - Paterne Berrichon -

*

Mallarmé, c'est un joaillier, c'est un tailleur de diamants. Il conçoit des

objets parfaitement ciselés, - ces poèmes.

*

Le Mallarméisme sorte d'Hermétisme algébrique.

*

1021


L'Art éphémère

Mardi soir ai vu Vénus Khoury-Ghata accompagné de Jean-Baptiste Para

qui a travaillé pendant dix ans sur France Inter. On dit des poèmes qui

entrent par une oreille et qui ressortent par l'autre.

Je ne suis absolument pas poète de la rencontre, de la présentation ou des

festivités.

En revanche, Philippe et Dany étaient présents et offraient sur leur stand

des ouvrages de poésies - deux ont attiré m'ont attention : Les Poètes de

la Méditerranée et un florilège de poétesses planétaires.

*

J'ai immédiatement 150 auteurs à découvrir. Je suis donc dans une poésie

de lecture et non pas dans une poésie de rencontre.

Le cerveau doit faire CAD appliquer et obtenir.

Le relationnel, c'est de l'emballage - du superficiel.

Le grand risque du relationnel : l'on ne côtoie que certains éléments de sa

génération à raison d'une heure ou deux. Qu'en est-il de La Vérité ? Et

l'on prétend que La Chose se situe là.

1022


*

Difficultés

- Obtenir le résultat

- Transmettre le résultat

- Violence des Dieux

- Violence des morts

- Gérer son niveau

La contrition

- La relance poétique

- La Gestion de l'œuvre

*

Corti : Essais critiques Zanzotto

2001 Souimpressioni

2009 Conglomerati

*

Rencontrer des poètes n'entrait pas dans mon schéma mental.

1023


*

Faire Poète, c'est une heure - être poète, c'est pour l'Eternité.

*

Poésie : 4 + 4 + 3 + 3 = 14

Octosyllabe + Hexamètre

ou 6 + 8

ou 7 + 7

*

Je m'inquiète pour Demazet - c'est vraiment de la déchéance - il faut

l'aider - son épouse également -

*

Chez vous : Poésie = présence auprès d'Autrui - aimable conversation

Chez moi : Poésie = Œuvrer

J'ai préféré faire mon travail.

1024


*

Ne confondez pas le Poétique et le Para-poétique : il est un temps pour le

divertissement mais il est un temps pour le travail.

*

Jules Mary - Arthur Rimbaud -

*

C'est à vous, jeunes d'aujourd'hui d'apporter du neuf.

*

Fallait-il aller chercher la souillure poétique ?

Fallait-il s'entendre dire : Monsieur, vous n'êtes rien.

*

Florence Pazottu Flammarion Idée d'achat

*

1025


Série - enregistrer des auteurs contemporains - Zanzotto - Beck - Isabelle

Garron -

*

Musée Pierre Corneille à R

ouen - Le conservateur certifie que Corneille serait intervenu dans 15

pièces attribuées à Molière. Une université (Je ne sais plus laquelle) le

prétend également. Le malade imaginaire et Les femmes savantes

seraient de Corneille. Je doute fortement...

*

Note de lecture - Phosphènes en page 111 semble exploitable pour écrire

un poème.

A chaque vers, il faut inventer un coup.

Projet 3ème site à 12 livres donnés et 3 vidéos accessibles.

Femmes de papier - Florilège - Mille poèmes en prose - Le Grand livre

des sonnets -

Femmes de la Bible - Résonances - Souffles nouveaux - Messages -

Suites et Relances - Poèmes de l'Ancien Testament - Eléments de

réflexion -

1026


*

La Poésie, ce n'est pas vivre avec l'Autre. La Poésie est Solitude.

Je vois cinq catégories de littéraires :

*

Les Singularités tel Fromentin - ils écrivent une ou deux bonnes choses

- passent à la postérité - cela et rien de plus.

Les assez bons poètes tel Charles Cros - ils possèdent une certaine

compétence, obtiennent des résultats jugés convenables - ils ne font

guère évoluer La chose mais peuvent se targuer d'avoir participer à

l'évolution du contenu même faiblement.

Les bons poètes tels Leconte de l'Isle ou De Heredia - ce sont des

auteurs de bonne qualité mais leur don est insuffisant pour leur permettre

de se prévaloir d'appartenir à l'élite poétique - ils se situent légèrement en

deçà. Leur travail est toutefois très intéressant à lire ou à étudier -

Les grands poètes - leur nombre ne cesse de croître pour plusieurs

raisons - c'est l'effet mécanique de l'accroissement de la population - c'est

également lié à l'évolution de l'éducation - moins d'analphabètes

1027


engendre in fine plus de grands écrivains ou de grands poètes. Je pense à

Guillaume Apollinaire, à Paul Verlaine et à tant d'autres.

Les très grands poètes - ce sont généralement les premiers de leur pays

- c'est l'élite, la crème, l'inaccessible - leur don est fabuleux - ce sont de

grands génies - et je pense à Hugo, à Dante, à Goethe, à Virgile, à

Euripide, à Sophocle etc.

*

Nombre de pages obtenues dans la catégorie Poésies au format PDF

L'Huile fraîche 223 - Le Germe et la Semence 228 - Le Manuscrit

inachevé 255 -

Le Moût et le Froment 367 - Le Croît et La Portée 186 - Parfums

d'apaisement 171 -

La Racine et La Source 180 - Le Sac et La Cendre 134 - Le Buis et Le

Houx 152 -

Le Grain et Le regain 151 - Le Lin et La Laine 97 - La Manne et La

Rosée 63 -

Collages 258 - Losanges 227 - Louanges du Feu 171 - Les Interdits

196 -

Les Oubliés 127 - Les rejetés 78 - Poïétique 72 - Prières/Phrases/Exil

1028


103 -

Ombres bleues 112 - Sachets d'herbes 134 - Douleurs extrêmes 189 -

Sueurs sacrées 91 - Le Livre blanc 156 - Sonnets 84 106 - Grappillages

189 -

Souffles nouveaux 374 - Messages 936 - Résonances 763 - Suites et

Relances 378 -

Pensées sculptées 162 - Endormies sur le feu 150 - Les Roses

ensevelies 217 -

Substances et Distances 247 - Variances 227 - Apparences 213 -

Approches mutantes 189 - New Sessions 71 - Errances 139 -

Dissipations 100 -

Ads And More 32 - Diaphanes 84 - Cotangentes 116 -

On a donc 8 814 pages de poésies personnelles au format PDF

*

Relire Trakl - essentiellement les poèmes en prose -

*

Misérable poète! Vois ce que l'on t'afflige !

*

Autrui t'appauvrit. Seul, tu progresses.

1029


*

En poésie, il y a des cycles et des fins de cycles.

Il est peut-être urgent de retourner à Ombres blanches pour y chercher de

nouveaux auteurs.

*

J'ai préféré œuvrer plutôt que de communiquer.

Il faut penser prolongements via Internet. Mais quoi ?

*

Deux poétesses

Catherine d'Amboise 1481-1549 - Chant royal de la plus belle qui jamais

fut au monde -

Antoinette Deshoulières - Femme académicienne -

*

Rimbaud

Quand on a atteint les limites de ce que l'on pouvait espérer, que reste-t-il

à concevoir ?

*

Ils disent constamment :"- Rencontre ! Rencontre !"

1030


Il faut toutefois que la rencontre débouche sur quelque chose d'utile ou

porte encore à intérêt.

*

Alacrement = avec vivacité

Il faut peut-être repasser par Rimbaud.

*

Chez Demazet. Bronchite. Assez malade. Difficultés dans le genou droit.

Reconnait l'incompétence de Florence Delbart-Faure. Regrette de lui

avoir remis Poésie-Montauriol. Comprend que cela sera fini dans deux

trois ans. De 1990 à 2010, 80 recueils avaient été publiés par sa

personne.

*

Ai-je à présent l'envie d'écrire des poèmes ? - Je ne le crois pas.

Le Journal, certainement. Le Religieux, oui encore. Mais le Poétique

semble plus faible.

Il y a au fil des décennies des fréquences, des choix, des rejets ~ le

mécanisme d'inspiration semble plus complexe.

*

Le caravanier jette quelques épices et poursuit son chemin. Quelques

1031


chiens aboient.

Difficultés poétiques : dégager le vrai

*

Journal 2012

Projets - Dire avec un appareil numérique l'une des Cinq grandes odes de

Claudel - Puis par extension, La vision de Victor Hugo concernant

l'introduction de La légende des Siècles -

S'intéresser à Racine et à Corneille - Esther et Cinna, Horace peut-être.

*

Coventry Patmore a été traduit par Paul Claudel - ses poèmes sont

accessibles dans l'œuvre complète de la collection de la Bibliothèque de

la Pléiade.

*

Le poème en prose rimé proposant des sonorités de reprises à l'intérieur

1032


du texte favoriserait peut-être une meilleure lecture de l'objet ...

*

Repérages pour enregistrer quelques poèmes de Paul Valéry

L'enfance aux cygnes - Chanson à part - Palme - Le rameur - Intérieur

(L'esclave) -

Hélène - Episode - Narcisse parle -

*

- Grand poète.

- Ritournelles ! Le beau parleur épate l'assemblée. Quel hâbleur !

*

Appolonie Sabatier - magnifique marbre d'Auguste Clésinger - Ô Muse

de Baudelaire -

*

Festival international de la poésie à Paris

www.poetsaparis.fr 0614321836

1033


*

Œuvre

Enregistrer Claudel - une ou deux grandes odes - J'aime énormément La

maison fermée - du moins en partie car un enregistrement total serait trop

long. Puis Hugo - Peut-être La vision d'où est sorti ce livre -

L'introduction de La légende des Siècles - Et Corneille Horace ou Cinna

- Sans oublier Racine Esther ou Athalie - Phèdre ? - Plus facile de le dire

car le sentiment y est exalté ?

*

L’affaire Corneille/Molière

Corneille : Le malade imaginaire, Les femmes savantes et d'autres pièces

encore … auraient été écrites de sa main …

Nulle pièce, nulle comédie n'égale le style de Molière. Corneille n'avait

pas ce brio.

Accordons à Molière la paternité de son œuvre.

*

De se dire toutefois qu'il n'est pas impossible ...

1034


*

Le talent est peu. Je ne vis qu'avec des Génies.

On me répète inlassablement : - Fais poète.

*

Deux voies s'offrent à moi :

Celle du pantin articulé orienté vers l'extrovertisme ou celle du cérébral

cherchant à obtenir le meilleur résultat possible.

Je crois avoir déjà choisi.

*

Poèmes dits par Luchini - Léotard - Gérard Philippe - Reggiani - Et quels

sont les autres comédiens à s'être essayé à ce délicat exercice ?

*

Le para-poétique consiste à gérer les entretiens, les communications, les

présentations, les invitations, les spectacles, les réunions etc.

1035


Est-il raisonnable de vouloir tout entreprendre ? Ne risque-t-on pas d'y

perdre un temps considérable qui aurait pu tout aussi bien servir

l'Œuvre ?

*

Ecrire 9 000 poèmes pendant 30 ans CAD 300 poèmes chaque année ...

Charles Baudelaire a composé 8 poèmes par an pendant 25 ans. Soient

200 poèmes pour simplifier ...

Ni la quantité ni le temps nécessaire à son exécution ne sont des

paramètres dans le domaine poétique.

*

Rosa, la femme abyssine de Rimbaud. Il la rencontre en 80 ou 82 puis

s'embarque à bord d'un boutre en 85-86 pour rejoindre la région du Chao.

Françoise Grisard, dans une lettre à Berrichon laisse quelques

informations :" Elle était très douce, mais elle parlait si peu le français

que nous ne pouvions guère causer. Elle était grande et très mince ; une

assez jolie figure, des traits assez réguliers ; pas trop noire (...) elle était

catholique (...) elle aimait fumer la cigarette." Tout ce passage a été

trouvé sur Internet.

1036


*

Moi qui me suis dit : Mage ou ange.

Moi, je suis intact, et ça m'est égal.

AR

*

La Structure poétique d'accueil ne m'intéresse pas. Je lui préfère le travail

éditorialiste des Maisons d'édition. L'énergie poétique se situe dans la

politique éditoriale qui est multiple, riche, indépendante et offre des

écrivains de tout horizon, aux contenus variés.

*

Ne faut-il pas trouver ? N'est-ce pas la seule chose à entreprendre ? Le

reste s'en ira dans le tonneau de l'oubli. Tant de livres, tant de recueils

jamais réédités et seulement une poignée de chef-d’œuvre qui passe à la

postérité.

- Ecrire ou sauver son âme ?

- Sauver son âme ...

*

1037


Zweiss ; Pirandello ; Braque ;

Que de noms célèbres ! Que d'hommes ayant accompli une œuvre

importante dans des domaines si éloignés les uns des autres ! Et nous,

pauvres de nous avec ces quelque 30 000 jours donnés en gage de vie il

nous faut connaître, savoir, aimer, comprendre, se cultiver et plus encore

se préparer à l'Au-delà avec un implacable jugement à la clef ...

*

- Tu n'es pas poète ?

- Non. Ma poésie si situe en dessous de ma Conscience. Elle est un sousélément.

Ce n'est pas une vérité essentielle et quotidienne. Pourtant je

m'efforce de la rendre indispensable.

Il faut reconnaître que La Poésie est un langage complexe comme un

alcool fort - l'on ne peut en boire toute la journée. La Prose est plus

divertissante. C'est une eau qui court ou vagabonde ...

*

Le grand XIXe siècle n'a laissé qu'une quinzaine de poètes essentiels ou

immortels à la postérité de Gallimard. Le XXe en voit ou en prétend une

bonne quarantaine indispensables à la compréhension des Lettres de ce

siècle. Qui sera qui ? Qui aura fait quoi ? - C'est un mystère, et nul ne

1038


peut prétendre posséder la liste des élus ...

Quelle est la probabilité de rencontrer un auteur digne de cette liste ?

Quelle serait la valeur des contenus échangés ?

De la piètre présence avec jugement sur l'apparence de l'Autre ...

S'abstenir de rencontrer pour ne pas juger faussement est peut-être

sagesse de poète ...

*

Une centaine de poèmes sont d'influence rimbaldienne.

*

Soligo, poète italien dans l'ère de Zanzotto.

*

Louise Collet, poétesse. Maîtresse de Gustave Flaubert.

Revenir sur ses livres et sur sa biographie.

*

L'on ne s'invente pas grand poète - cela n'est pas digne d'un tour de

magicien : " - Hé quoi ! Il n'y a rien dans le chapeau ? Ho ! Le beau lapin

1039


que voilà !"

Il s'agit encore d'un long parcours cérébral de coups positifs, de lectures,

de rejets. Le hasard n'y est pour rien. C'est avant tout un don qui se

travaille.

Poésie

*

Certains environnements négatifs ont dû détruire des dons. Des

personnes farouchement critiquées ont dû abandonner du coup leur

travail.

*

Œuvres de Jeunesse

Rimbaud : a décidé de cesser toute activité littéraire

Radiguet : a été emporté par la fièvre typhoïde

Sagan : a pu œuvrer selon ses humeurs

Sainte Thérèse de Lisieux : est Docteur de L'Eglise

*

1040


Journal de Séféris - Nobel 63

*

Cinq librairies : Mollat, Ombres blanches, Sauramps, Le Furet, Le

Bleuet.

*

Les tables tournantes - Victor Hugo note le procès-verbal mais ne

participe en rien aux séances de spiritisme.

On ne peut lui imputer ni les vers scandés ni une quelconque tricherie.

*

En poésie, avec Autrui c'est un sentiment de figuration superficielle et de

présence de l'inutile.

Assis à sa table de travail, l'esprit est prêt à agir, à lire, à chercher, à

écrire. Le poète opérationnel.

A l'extérieur sont des choses : Musées, Expositions, Bibliothèques,

Librairies - mais la communication y est faible toutefois.

*

J'ai l'impression qu'un nouveau langage est en train de s'élaborer quelque

1041


peu - le langage poétique, j'entends.

Je n'ai que fort peu produis cette année. Seuls trois ou quatre poèmes

traînent dans mes piètres chemises.

Je prends conscience qu’il sera extrêmement difficile d'atteindre le

nombre de 10 000 poèmes obtenus.

*

Penser Virgile ou Euripide CAD une éternité de 2 000 ans. Être là dans

la dimension humaine.

*

- J'fais des points à l'écrit. J'délaisse l'oral.

Franck Lozac'h à l'oral ? - Vous plaisantez sans doute !

*

Le poétique pur est volonté d'applications - La communication est du

ressort du para poétique. Elle se situe fort en-dessous et n'a que peu

d'impact sur l'évolution de l'œuvre accomplie. Elle pourrait ralentir ou

stopper le mécanisme cérébral et intellectuel nécessaire pour obtenir un

1042


résultat de tout premier ordre.

8 000 ---) 8 001 ----) 8 002 etc.

*

Autres grosses librairies françaises : Mollat - Le Furet du Nord - Le

Bleuet (7ème en taille, possédant 110 000 titres) - La FNAC des Ternes -

*

Ce n'est pas une poésie de participation. C'est une poésie d'application.

*

Les poètes sont médisants les uns envers les autres.

Poésie de contact : fumisteries et fourberies.

Le relationnel poétique sert à quoi ?

*

Ecrire - Appliquer - Chercher - Donner - Construire - Editer -

Sauvegarder -

1043


Œuvres - Listes - Lignées éditoriales -

La rencontre physique, peu ou pas - La rencontre cérébrale, oui.

*

Je pense que la poésie est essentiellement de l'écriture et de la lecture

interne.

Les poètes ne savent ni se juger, se comprendre ou s'accorder." - C'est un

peu le chacun pour soi", disait Demazet.

*

Anthologies 59 - Poésies 59 - Poésies religieuses, Premières version 46 -

X : - Pas poète !

Franck : - Choisissez !

Les Trois corbeilles

*

Michel Collot est un littéraire très averti. Son travail mérite une attention

soutenue.

1044


Je ne suis pas trop Supervielle ni trop Reverdy.

*

Dans le cerveau, au moment de l'écriture :

P .... M ... Pas possible. Cette combinaison est inacceptable.

Ouais, ce coup est correct. Il manque un pied. J'ai pas l'équilibre

grammatical.

La phrase n'a pas d'analogie. Ce terme est trop faible. On le changera

plus tard.

Cherche encore.

Des langues de feu. Mais tout le monde connaît ça. Change. Trouve autre

chose. Avance.

Des fuites cérébrales. Si tu veux. Féminin pluriel. Ajoute. Fais gaffe.

Cérébrales fait trois pieds. Il faudra que tu le couvres avec un adjectif

composé de signes équivalent. Pas facile. Mais Fuites cérébrales est

bien.

Composées de lancées boréales. Trop tôt. Ce second adjectif, c'est une

rime interne immédiatement. Et puis c'est A avec A' au niveau du

concept exprimé. Tu réécris la même chose par l'image et le mouvement.

Non ! Cela ne va pas.

1045


Des fuites cérébrales composées de lancées boréales ...

Le laisser-aller - Ecrire au courant de la plume sans trop se soucier du

rythme, de l'accent, des reprises, des structures, des équilibres, de la

grammaire etc. pourquoi pas !

4-7 Maisons d'Edition en France totalement convaincues que l'écriture

expérimentale a un avenir ...

Il y a tout un contexte de traductions à éditer. Mais les chefs le feront-ils ?

Quelle est la demande du lectorat ?

Encore La Verbalité ! Trouver de nouvelles syntaxes.

Quel est le rapport M/P CAD Manuscrits achevés et Manuscrits édités ?

*

L'Epouse insoupçonnée - Le rapport à la Muse puis à une femme

imaginaire avec laquelle on expérimente de nouvelles solutions

poétiques a permis de déplacer d'une façon significative le sens que l'on

veut bien donner au mot : Inspiratrice.

1046


*

Le rapport à L'Autre

La relance poétique

La gestion des Inédits

Grand nombre d'actions sont d'ordre intérieur quand d'autres nécessitent

la présence d'une tierce personne.

*

Les sollicitations

- Vous êtes premier.

- Je n'ai envie de faire de la représentation de moi-même pour un apéritif

ou un repas.

*

Pour la plupart des gens la poésie est pure à 5%, le 95% restant étant du

bavardage, de la conversation, des festivités ...

Chez moi, si mon cerveau a atteint son 100, il cherche le 101, le 102, le

103 etc.

Il n'est jamais satisfait de son résultat obtenu. Il veut aller outre. Il y va.

1047


*

Ma poésie s'étale sur une période qui va des Psaumes de David à

l'Extrême contemporain d'aujourd'hui.

C'est une poésie d'écriture mais le relationnel littéraire n'est guère

présent.

En revanche les lieux culturels sont très importants : Musées,

Bibliothèques, Librairies etc.

Internet est capital - toutes les fois que je décide d'écrire sur tel ou tel

sujet, une vérification systématique s'impose.

AR

*

Mariam aurait été la compagne de Rimbaud de 82 à 86. Cela est attesté

par Jeanne Bardey, Horino Rosa, et par Bardey lui-même.

*

Poésies sur paroles - Joyce Mansour -

1048


*

Comparaison

Une Pléiade possède de la profondeur, des écrits, des annotations - elle

est une somme d'érudits qui se prétendent à la pointe de la compétence.

Une conversation littéraire est une joute polie de traits d'esprit. Il y faut

de la vitesse cérébrale, de la contrepartie. Elle exploite la mémoire vive

du cerveau. Elle juge la forme de l'autre, son apparence etc.

Que choisir ? Quel exercice préférez-vous ?

*

On pourrait proposer une forme nouvelle qui consisterait à écrire deux

quatrains puis deux tercets suivis à nouveau de deux quatrains.

4 4 33 44 Ce serait une sorte de sonnet amplifié - l'on partirait d'un

sonnet basé et l'on y ajouterait deux quatrains.

*

- Fais poète.

- Il n'y a pas de personnage. Il n'y a que de l'écrit.

1049


*

Quelle sera la place du poète dans une société qui prône le téléphone

mobile ?

Je n'en sais rien.

Ridicule, je crois.

L'Internet n'a jamais remis en cause La Poésie. L'Internet a permis à la

poésie d'y être amplifiée, d'exister.

Le trafic est très faible - peu de personnes se connectent sur ce genre de

sites.

*

Extase de satin

J'ignore si c'est effet de saturation mais je ne parviens que très

difficilement à extraire de nouveaux poèmes.

Il s'agit parfois de cycles de création d'écriture. Le Vocabulaire, à mon

insu, n'est pas encore fixé dans le cerveau, et seules des combinaisons

anciennes s'offrent à la conscience.

*

Le grand poète élabore dans du supérieur.

J'organise du langage avec mes fonctionnalités mentales. C'est un

principe associatif unique et vrai.

1050


Il faut extraire hors de soi de nouveaux contenus. Poésie, c'est acte de

faire.

*

Exploitation du génie

Utilisation de son potentiel maximal

Ne peut exercer d'autres activités

Doit se libérer du joug humain

Faire son œuvre - La conserver - La transmettre - Lui donner une durée -

*

Rimbaud meurt à 37 ans ... S'il avait atteint l'âge de 46 ans, il eût été un

XXe ...

Il n'aurait eu que 65 ans en 1919 ... Il est vraiment parti très tôt.

*

Je pense essentiellement Lectures et Applications.

La poésie est composée d'un grand nombre de départements que je vais

1051


énumérés ici mais dont je ne me soucie guère.

Conversations - Festivités - Récitals - Présentations - Revues -

Spectacles - Amitiés - Voyages - Préfaces pour autrui - Articles de

journaux -

J'ai : Œuvrer, Conserver et Transmettre.

*

Poètes vus : Khoury-Ghata - Siméon - Goffette - Cluny - Serge Pey -

Cela ne m'a strictement servi à rien ...

*

Recherche d'un modèle poétique.

Le Copier/Coller est un véritable outil dans l'élaboration de mon œuvre.

L'Info et l'Internet seraient de puissants soutiens également.

*

Poésie : Charmer, purifier, élever.

1052


*

Corneille est né en 1606 et meut en 1684 quand Racine nait en 1639 et

meurt en 1699.

L'un évolue sous Louis XIII, l'autre sous Louis XIV.

Petit à petit le public a délaissé les œuvres lourdes de Corneille au profit

d'une stylistique et d'une l'intrigue épurée et novatrice.

Les piliers fondamentaux de ma poésie classique française sont :

Ronsard, Jean de la Fontaine, Corneille et Racine.

D'autres évidemment restent des tenants de très haute valeur. Je ne puis

ici en faire une liste exhaustive.

*

Rimbaud n'a pas eu même la nostalgie de la plume.

*

Exister auprès d'Autrui me semble peu.

Ce qui m'importe, c'est d'œuvrer.

1053


*

Un génie d'autrefois se souvient que c'est lui - Mallarmé -

*

Relationnel poétique

L'amabilité de façade et le front solide.

Je cherche le front solide.

*

Rimbaud : un touche-à-tout qui change tout le temps.

*

L'on pourrait développer cette nouvelle forme de poème fixe.

Le vers comporterait 14 pieds - pourraient alterner un 6+8 et un 8+6.

La structure du poème commencerait par un quatrain puis un second

quatrain puis un troisième quatrain suivis d'un premier ensemble de 6

vers puis d'un second ensemble de 6 vers. La pièce s'achèverait par deux

quatrains. Le nombre total de vers de 14 pieds serait de 30.

1054


A la réflexion cela m'apparaît être une pièce fort longue ...

1055


Années 2012 2016

Poète non pas pour la génération présente mais poète pour la génération

future. Il y a donc décalage - ce qui explique L'Incompréhension.

*

Chez Valéry, il y a CEM c'est-à-dire Corps Esprit et Monde.

Chez moi, le Corps appartient au Monde et serait la prison de l'Ame.

Nous serions donc prisonniers dans notre propre chair.

*

Logique poétique - Plutôt que de chercher de nouveaux auteurs, on s'en

retourne vers les Anciens.

On reprend les coups d'autrefois, on les transforme, les repense

autrement

.

*

J'ignore s'il me sera possible d'écrire 10 000 poèmes. Actuellement je

n'en suis qu'à 8 000.

*

1056


Œuvre

Faut-il faire le prolongement de Bleuités qui a été stoppé en Variances ?

Cela représente 40 fragments supplémentaires.

Azurs s'arrête à Substances et Distances, soient 23 fragments inédits.

Chevelures claires, non plus.

*

La poésie ... Chacun dans son bocal.

*

The Naked Version - recueil de poèmes 78 -

A cette époque, je ne pouvais aller au-delà. J'étais un peu au maximum

de ce qu'il m'était possible de faire.

C'est pourquoi votre analyse est désynchronisée. La comparaison est

absurde.

Ce qui n'était pas ne pouvait être.

*

Maurice Nadeau - Une biographie - Quel investissement dans La

Littérature !

1057


*

Le bateau ivre : Arthur, un miracle !

*

Denis Boissier

« Aucun comédien de l’époque n’a été l’auteur de ses farces ou de ses

satyres. »

« Comme il en est aujourd’hui - Les comédiens sont comédiens et les

auteurs sont auteurs. »

78 signatures de Molière toutes très changeantes.

Pas de correspondance. Or à cette époque, le genre existe pleinement.

*

Le Bourgeois et Don Juan sont des pièces en prose. Or Corneille n’a

jamais écrit de théâtre en prose. Seul son Discours sur les trois unités …

*

Créer un alexandrin avec un adverbe comportant 7 syllabes

3 2 7

1058


*

Pierre-Jean Jouve Journal En miroir

Eros : - Les beaux masques - Obscénité -

*

Le Moi interne correspondrait à La Conscience poétique.

Il y aurait également L’Application d’écriture et l’Ecran d’ordinateur

L’Espace externe aurait engendré le recueil Azurs CAD un espace bleu

et vierge où se projetterait

La Pensée.

L’Inconscient est un Moi qui fermente et qui participe de manière très significative

à l’obtention de l’objet.

*

20 juillet 73, le bras en écharpe, Rimbaud, le retour.

*

« Rimbaud a renié son pays, sa langue, sa poésie. » Yoam Lemoine

1059


*

Maulpoix

Lozac’h

1950 : Habiter

1960 : Figurer

1970 : Décanter

1980 : Articuler

1990 : Aggraver

2000 : Aveugler

2010 : Prétendre

Pères fondateurs de la Poésie contemporaine ?

Les poètes américains des années 30 ?

Divers couples

*

Le poète et l’exécutant

Le poète et son lectorat

Le poète et lecteur de soi-même

Analyse de l’exécution

Critique du résultat

*

Je pense être capable d’écrire de nouveaux sonnets. Seront-ils créatifs ? -

1060


Je l’ignore.

*

Le Grand Ouvoir : Baudelaire, Verlaine etc.

La somme des personnalités signifiantes.

*

Paramètres ici-bas : Le Temps, Le Travail, La Terre, Le Résultat, La

Production.

Eviter : Le Sympathique, La Discussion.

Nous en sommes à 8 000 poèmes. Atteignons le 10 000.

*

Le successeur - Les dix secondes flottantes durant lesquelles il y a eu

transmission du pouvoir -

VH dès août 78 l’avait annoncé.

Les Gros Travaux

*

1978-1987 Accumulation de manuscrits

1987 Photocopie à deux exemplaires de toute l’œuvre manuscrite

1061


1987-1993 Les dactylogrammes - 22 000 feuillets

1987- 1996 - Les Traductions - 190 000 alexandrins blancs

Depuis 1993 - La numérisation de l’œuvre - 200 000 feuillets

2007-2008 -Les corrections sur livres blancs

2011-2013 - La mise au format PDF - 350 livres

1978-2013 - Les Inédits - 40 000 feuillets

*

Le quatrième site, sera-ce un site consacrée à la poésie traduite en

anglais, en espagnol, en cantonnais et en indou ? Plus tourné vers

l’International ?

*

Créations et Récréations : Travailler, œuvrer ou rencontrer, être présenté

à.

La rencontre est de faible portée.

*

Poésie de territoire - Chacun possède son propre espace limité sans

chercher vraiment à communiquer avec l’Autre.

*

L’animation littéraire ne m’intéresse pas.

Je suis un poète de l’écrit et non pas de l’oral.

*

L’écriture n’est qu’une lente progression.

*

1062


Paul Valéry

Le son m’enfante et la flèche me tue.

Zénon d’Elée

Explications de PV dans ses Cahiers.

*

Molière

- Vous parlez d’un cancre : commencer à écrire sa première pièce de

théâtre à 46 ans !

Et Sacha Guitry encore en 6 ème à 19 ans …

Et Cocteau n’a pas eu son Bac …

On va lui inventer un Bac : Le Bac des Arts plastiques.

*

Apollonios de Rhodes Les Argonautes

Qu’en est-il de la cinquième épopée ?

*

Nous en sommes à 8 000 poèmes. Pour atteindre le total de 10 000

poèmes, il me faudra produire jusqu’en 2024.

*

Poésie : Douze pies sur un petit pois.

*

VH a régné pendant 150 ans …

*

1063


Richepin, Théodore de Banville, Verlaine, Les Philistins, le Verger du

roi, Colombine.

*

Tentative pour monter une nouvelle boutique avec un informaticien

montalbanais. J’en suis au code barre des bouquins. L’AFNIL m’a

envoyé les 50 premiers codes.

Si je dois intégrer le code sur 390 fichiers Word … j’ai du travail …

De plus toute édition récente doit être accompagnée d’un nouveau code

barre.

*

8 000 ---) 10 000 poèmes

77 000 ---) 100 000 pages au format PDF

390 ---) 500 livres ou fichiers Word

*

Le Grand Livre des Sonnets 1185 Morceaux choisis 1596 Femmes de

papier 721

Mille poèmes en prose 1682 Messages 936 Résonances 736

Avec ces six livres, j’obtiens 6 856 pages … Ce qui représente un bon

peu de mon Œuvre poétique.

*

BEQ Athéna ABU Wikisources Bibliothèque de Lisieux

Plates-formes françaises et américaines

1064


Européana Project Gutemberg

*

Le problème poétique, c’est de ne pas enquiquiner les gens. Ils vous

considèrent comme inexistants. Quand bien même vous seriez premier.

Laissez-les tomber et poursuivez votre Œuvre.

*

C’est toutefois curieux … Voltaire écrit 56 pièces. Aucune ne passe à la

postérité.

Le théâtre de Voltaire en quantité est plus important que celui de

Corneille … qui a malgré cela produit 39 pièces …

*

A vingt ans, Rimbaud n’a plus d’inspiration. La source est tarie.

A 17 ans et 9 mois, en mai 1872, il écrit ses derniers vers. Puis Une

saison, Illuminations. Rien que de la prose.

*

The K-Solution Poetry ?

---) Appliquer Ecrire

1065


---) Lire Ombres blanches

---) Transmettre Internet

---) Demeurer Numériser

Communiquer. Etre compris ? … Difficile …

*

La Poésie : Douze pies sur une madeleine. Il y a des plumes qui volent

*

Je vois dans Trakl l’un des pères du Symbolisme et de la première

psychanalyse.

Révélation et Anéantissement. Le Père, la Mère, la Sœur …

*

AR Seconde fugue avec une fille ? Henri Guillemin

*

Racine me sidère. Cette accumulation de coups exceptionnels !

*

1066


Montant du prix national des Lettres ? Du grand prix de la Poésie de la

ville de Paris, s’il existe encore ?

*

Valéry premier poète du XXe siècle ? - Pourquoi pas !

*

Rencontrer des gens, c’est faire le beau-parleur.

Ce n’est rien d’autre. Ce n’est pas utile. Ce n’est pas intéressant.

Il faut travailler l’écriture. Allez dans ces milieux-là, non !

*

Lignée de style épuré

Malherbe ---) Jean Racine ---) Voltaire ---) Anatole France ---) Bergson

Lignée de fécondité d’écriture chantée

Vincent Scotto ---) Delanoë ---) Barbelivien

*

Iconographie - Trombinoscope - Transcription -

1067


Autres plates-formes

Traducteurs en diverses langues

*

Poésie : - Tu fais partie des cinq.

*

Essais Biographie Festivals Journée du Livre Librairies

Bibliothèques

Numérisation Livres blancs Archives La Vie après La vie Rafraîchir

les sites

*

Homo poeticus numerus

*

J’écoutais une anecdote sur Youtube concernant Arthur Rimbaud … qui

permet de se faire une idée de son côté prodigieux.

Tous les élèves étaient convoqués à huit heures pour composer une

dissertation. Rimbaud arrive à 9 heures et prétend avoir faim. On lui

1068


trouve un morceau de pain. Il fait son devoir et le rend avec une heure

d’avance.

Il se dirige vers le pion et lui donne une première feuille vierge puis une

seconde feuille vierge.

Le type est interloqué. Rimbaud d’insister : - Je crois en avoir une

autre ! Et il lui remet une dissertation non pas en Français mais écrite en

Latin.

Il raflera le premier prix devant tous les lycéens …

*

Arthur Rimbaud et Paul Verlaine rencontrent des Communards en exil à

Londres.

*

Il n’est pas toujours nécessaire d’accumuler, d’accumuler de nouveaux

poètes. Parfois les compléments philosophie et peinture offrent des

perceptives de croissance autrement bien utiles.

*

Charles Trenet

Rachel, dans ta maison Samedi rangé Le revenant L’oiseau de

vacances

1069


Ne cherchez pas dans les pianos Les chiens loups Les oiseaux me

donnent envie de chanter

La dame au piano Le gros Bill

*

162 QI Rimbaud soufllé par le SE

*

Quelques auteurs inconnus trouvés dans les anthologies de Philippe

Jaccotet

Kathleen Kaïne Jan Skacel Giavanni Raboni Mac Holan

Angel Valente Ramuz Edmond-Henri Crismel Jean-Michel Ran

Ouvier Des Forêts Christiane G Cuez-Ricord

*

Il n'est pas même possible de trouver en Collection Poésie Gallimard un

recueil de Sully Prud’homme ... Je trouve cela navrant qu'un Prix Nobel

de Littérature soit systématiquement évincé de La Poésie française. Il est

toutefois un digne représentant de cette discipline avec une sensibilité et

une stylistique que l'on ne peut mépriser.

1070


*

Rimbaud a-t-il eu des petits béguins sur sa période 10-16 ans ?

Personne ne pourra répondre à cette question ...

*

Ce n'était pas une poésie de tissage avec Autrui. C'était le Vol de

l'Albatros.

*

L'Académie des refusés serait plus intéressante que l'Académie

française :

Voltaire, Baudelaire, Eluard, Aragon, Mallarmé, Diderot etc.

J'ai toujours considéré que l'Académie interdisait l'expérimentation qui

est inhérente à l'évolution poétique. Elle conserve en, elle demeure telle

et n'offre aucune solution progressive.

*

Fuyez d'ici, hordes célestes ! où ci-git la volonté implacable de n'être pas.

1071


*

Paul Valéry, écrivain malgré lui

Hors-série Magazine littéraire

*

Félix Devers - le sonnet le plus célèbre du XIXe siècle

« Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :

Un amour éternel en un moment conçu.

Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,

Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,

Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,

Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,

N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,

Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre

Ce murmure d'amour élevé sur ses pas ;

À l'austère devoir pieusement fidèle,

1072


Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :

« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas. »

Fond musical Lettre à Elise Beethoven

Certains prétendent que la fameuse épouse serait Madame Hugo

elle-même.

Etait-elle dans l'entourage de Félix Devers ?

*

Recueils de Victor Hugo - Ordre d'appréciation -

-1- La Légende des Siècles

-2- Les Contemplations

-3- Les Châtiments

-4- Les Orientales

-5- Les voix intérieures

-6- Les Chants du Crépuscule

-7-Les Feuilles d'Automne

-8- Les Chansons des Rues et des Bois

-9- Odes et Ballades

1073


Valéry considérait le recueil L'art d'être grand-père. Moi, je n'y

voyais que des écrits de papi-gâteau avec chapeau de paille, panier

en osier, sécateur, tablier et quelques roses ramassées dans le

jardin ...

*

L'évolution des comportements poétiques

XIXe et XXe siècles : Recueils, amitiés, salons, conversations,

voyages.

XXIe siècle : Numérique, PC, mailing, modélisation financière,

sauvegarde, Facebook, AFNIL, Wikipedia, plates-formes, Youtube

etc.

*

Victor Hugo vivement affecté par la mort à 22 ans de Claire

Pradier, fille de Juliette Drouet. (1846)

Claire Pradier est une sorte de réplique de la mort de Léopoldine

(1843) pour qui Victor Hugo avait beaucoup d'affection.

1074


*

Poésie : élaborer dans un langage encore inconnu.

*

Ô triomphe éphémère !

A AR

*

- Que penses-tu de la place que tu occupes à l'échelle française et

mondiale ?

- Tu trouves que c'est justifié ?

*

Œuvre de jeunesse

FL : - La passe de 3 CAD 78-82 : R,R, L ... Etait-ce possible ?

*

JB

LC

CORNEILLE

MOLIERE

1075


NPMJ

La douceur azurée avec piano - Chopin

*

*

J'ai envoyé Morceaux choisis de I à XI à Maurice Petit. Il a bien reçu le

message mais n'a pas répondu. Il est submergé par le travail.

*

Hérodiade. Stéphane Mallarmé. 64-67

Mallarmé alors âgé de 24 ans était déjà un grand poète. Première version.

*

Œuvre

Tu n'as donné aucune vidéo, consacrée au Théâtre ni aux Essais

d'ailleurs. Uniquement Poésie et Religion.

*

Aller au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de

1076


France.

Ramuz

*

*

Comment fait-on pour obtenir une œuvre d'exception ?

Génie Travail Inspiration Durée Environnement favorable

Cinq conditions

*

Le Prix Nobel de Littérature pourrait être sous-diviser en cinq sessions :

Philosophie, Poésie, Roman, Théâtre, Littérature générale.

Il faudrait passer de 1 à 5 millions de dollars.

Chaque année connaitrait son élu dans sa spécialité ...

*

Idées d'enregistrements sonores : - Corneille, Racine, Molière.

*

Poésie : - Purifier, charmer, élever.

1077


Le poème A1 permet de produire le poème A2 qui permet de produire le

poème A3. Ainsi de suite. Il y a une sorte de chaîne logique qui participe

à l'avancée cérébrale.

*

Comment Rimbaud a-t-il pu écrire Le bateau ivre à 17 ans ?

C'est incroyable !

*

Paterne Berrichon La vie de Jean-Arthur Rimbaud

Maison de la Poésie à Montpellier

*

Les chanteurs-poètes ont été les seuls à trouver des auditeurs potentiels.

Ils ont apporté une esthétique, une élégance, une profondeur, une

interprétation remarquables.

Ils ont popularisé cette discipline qui s'encroûtait dans son verbiage

incompréhensible.

Charles Trenet est sans doute le père de la chanson poétique.

1078


Les chanteurs-poètes ont développé une nouvelle ramification sur l'arbre

millénaire de la poésie traditionnelle.

*

Trakl, Lautréamont, Baudelaire, Rimbaud ---) Poètes du Mal

*

The American poetry review

Wikipédia : liste ! poétesse française

*

Maurice Nadeau, un grand ami de la Poésie ...

*

Quelques poétesses françaises contemporaines appréciées :

Anne-Marie Albiach Salah Stétié Martine Broda Ariane Dreyfus

Marie-Claire Branquart

1079


*

Gaston Couté, je vois en lui un père refondateur de la chanson populaire

- arrivé bien avant les Cabarets où les premières prestations scéniques

auront lieu.

*

Matthieu Bénazet Flammarion, le dernier - Anne Camos -

Je suis présent sur cinq plateformes numériques, j'ai une boutique, un site

poétique, Facebook, un blog également.

Ma composition comporte 250 gigas. Comment pourrais-je l'exporter sur

Le Web demain ?

*

Chansonniers - Jacques Debronkart - Maurice Fanon - L'écharpe 1964

*

Je lis Anne-Marie Albiach. Je la considère. Mais c'est Mallarmé le plus

fort. Oui.

1080


*

L'Art ne consiste pas à opposer deux peintres ou deux poètes. Non, l'Art

consiste à intégrer la somme des différences et de savoir s'en réjouir.

*

Le relationnel poétique a été pour moi médiocre, lamentable et inutile. Je

continue à le prétendre.

Personne ne sait qui est qui.

C'est le rejet. L'insulte.

Il faut donc travailler, soi.

Œuvre

*

Une anthologie de poèmes liés au langage ... Oui, cela serait intéressant.

*

Kant et Bach ---) La rencontre

Boulez et Deguy ---) Travailler ensemble

1081


La fin du règne papier

*

Les éditeurs conventionnels craignaient que l'édition à compte d'auteur

ne leur fasse ombrage ... Ils ont convaincu les libraires de retirer de leurs

rayonnages les ouvrages délinquants.

Depuis le milieu des années 2000, fleurissent sur la toile des plates-formes

numériques qui offrent des millions de titres dont la grande majorité est

accessible et téléchargeable gratuitement : Scribd, Issuu, BEQ, Youscribe

pour les plus connues.

Va-t-on assister à un combat de géants entre l'Edition traditionnelle et les

nouveaux vecteurs de l'information ? Cette lutte acharnée enverra-t-elle à

la mort l'un ou l'autre de ces adversaires ?

"Je ne crois pas que ma fille exercera la même profession que moi", me

souffla tristement une libraire de ma ville ... Aura-t-elle raison ? Je le

crains avec certitude.

Du moins en sortira gagnant le lecteur qui disposera de plates-formes

digitalisées 24/7 à des prix défiants toute concurrence car libres de droit

et accessibles gracieusement.

*

Poésie contemporaine.

1082


Après La Seconde guerre mondiale, il était possible de créer une

nouvelle poésie en utilisant les poètes américains des années 30 et

Stéphane Mallarmé. Cela engendrait une écriture déstructurée autre.

Mais ces poètes n'étaient pas traduits, alors ... Se tourner vers l'Espagne,

L'Italie, Le Royaume-Uni ... Ch'ais pas.

*

4 4 3 3 4 4 Les tercets représentants des centres et le premier 10 devant

être recouvert par le second 10.

C'est une sorte de sonnet à rallonge.

On passe de 14 à 20.

*

Je vois une lignée épurée dans la littérature française :

Malherbe Racine Voltaire Anatone France Bergson

*

L'importance de l'œuvre d'Anne-Marie Albiach.

Flammarion prépare son œuvre complète ...

*

1083


La Déconvenue.

C'est un peu comme si Robert Manuel apprenait que Molière n'était pas

l'auteur de ses pièces ...

Je plains les religieux. Les civils, bon ... Mais les religieux, ça doit être

difficile ...

*

Nulle trace du moindre manuscrit signé de la main de Corneille ne vient

étayer la mise en doute de la présence de Corneille derrière Molière.

Pourquoi les langues ne se sont-elles pas déliées après le décès de

Poquelin pour enfin faire jaillir la vérité ?

Poésie et Mathématiques ...

Pelletier Dumans -Stendhal - Paul Valéry - Queneau - Roubaud -

Franck Lozac'h -

Hugo, accessit de Physique au Concours général -

Charles Cros, inventeur.

Giacomo Casanova Démonstration géométrique de la duplication du

cube

1084


*

Jacques Delille. L'Histoire a défait son homme que l'on glorifiait comme

étant le Virgile français ...

Depuis les choses ont bien changé. Il est une incontestable erreur.

L'estimation du moment ...

*

Rimbaud est un mythe génial. Mais les grands poètes ne sont pas des

mythes. Ce qui fait que Rimbaud peut être considéré comme un grand

poète. Ses poèmes sont très originaux - à ce titre , on peut prétendre qu'il

est un grand poète.

*

XIXe siècle Melle Bistouri Le Spleen de Paris

XXI e siècle Hard Nurse Histoires érotiques Franck Lozac'h.

Choisissons.

Hugo n'a pas de textes ou de poèmes érotiques. Il était pourtant un grand

amant et avait des besoins sexuels importants.

Nulle trace de transfert ou de sublimation vers l'écrit. Etonnant.

1085


Car c'est une tradition dans la Littérature de composer au moins un texte

érotique. A la même enseigne, tout peintre a au moins peint un nu dans

sa carrière à l'exception de Van Gogh.

*

Ma poésie c'est Ombres blanches, L'Internet, La numérisation, Le

sérieux, les applications.

Mais la poésie de soirées, de rencontres, de conversations, je ne parviens

pas pour l'instant à en trouver l'utilité.

*

D'autres plateformes ; Les traductions ; Le rafraîchissement des sites ;

Les inédits 40 000 feuillets ; La traduction automatique ;

Poeticus numerus

*

Jean-Claude Pinson CIPM Philosophie et poésie - A télécharger –

*

1086


Jean-Marc Tennberg, jamais remplacé ...

*

La Couronne et Le Laurier, autre titre pour un recueil de jeunesse ...

*

Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France

*

Avec Mallarmé et Rimbaud et Les Poètes américains des années 30, il

était possible de trouver un nouveau langage poétique qui se serait

apparenté à la poésie contemporaine d'après-guerre.

*

Brel disait avoir été dans l'obligation d'écrire cent chansons avant de

savoir en composer une. Ce qui est vrai. René Char avait rencontré le

même problème de formation. Son œuvre démarre avec Les Matinaux.

Les premiers poèmes de Rimbaud sont des poèmes de réglages. Puis le

génie ... etc.

1087


*

Gallimard est passé à côté de La Poésie contemporaine. Ils se sont

trompés grave. (...)

*

9287 poèmes répertoriés.

+ Po 2013 = 50

+ Po 2014 = 50

+ La Manne = 20

+ Anatoles 50-80 ?

+ Bécaud 16 ~ 9 500 ...

*

Dire des poèmes de Verlaine - Une grande dame - Green - etc.

Œuvre

*

Vais-je enregistrer des poèmes d'Anne-Marie Albiach ?

1088


*

Ecrire - nouvelle définition - se hâter lentement - dandysme cérébral -

plaire au lecteur qui avance doucement –

*

Arthur Rimbaud, était-il grand poète à 17 ans ?

Daniel était-il grand prophète à 14,5 ans ?

Jerry Lee Lewis New Orleans Boogie 17 ans.

Et Jésus parmi les Docteurs prophète de lui-même …

*

La poésie expérimentale ne cesse de croître. Sa volonté de génie est sa

constance de progression au-delà de l’interdit, au-delà de l’utile. Elle ne

veut qu’avancer. Elle doit parvenir à trouver des concepts nouveaux et

des situations de langages inédites.

*

Hugo était un grand amoureux pourtant jamais dans ses poésies il ne

parle de la femme - très rarement. Dans ses romans, il n’y a pas de scènes

1089


érotiques tandis que Flaubert et Stendhal ont dépeint les passions

sentimentales.

*

2 février 2015

A Ombres blanches. Ai acheté Bénazet. Articuler.

La Poésie contemporaine-extrême existera encore dans dix ans. Il

s’agit de pénétrations, d’évolutions de langage.

Certains avancent dans le dédale souterrain.

Ils avancent sachant que la lumière fera défaut, les réserves en

nourritures également. Ils avancent alors que leurs forcent s’épuisent.

Ils vont vers la mort et implorent d’être sauvés.

*

Paul Valéry n’a que fort peu analysé Le Divertissement.

Cette thématique ne l’intéressait peut-être pas …

*

Juifs :

Grands poètes ? Grands musiciens ? Grands philosophes ? Grands

peintres ?

1090


*

Cocteau - Chapelle Saint-Blaise des Simples - Milly la Forêt

Décoration …

*

Ce qui caractérise également la poésie contemporaine, c’est son manque

de beauté. La qualité du langage y est absente. Seules demeurent des

combinaisons de techniques audacieuses.

Si la poésie post-surréaliste avait utilisé les poètes américains des années

30 et Stéphane Mallarmé, le langage eut été semblablement le même,

mais orné de la technique du Parnasse il eut été plus agréable à lire et à

comprendre.

*

Baudelaire n’est pas entré dans des manufactures. Verhaeren, si. Dans

des usines. Qu’en aurait-il fait ?

Baudelaire écrit des poèmes remarquables sans brouillons ni ratures.

C’est peut-être la marque du génie.

1091


*

Ce qui caractérise la poésie de l’après-guerre, c’est son athéisme. Seuls

Cocteau, Marie Noël, Pierre Jean-Jouve et Claudel croient.

Le reste pensant ne croit pas …

*

1828 La légende la none

VH Grand poète à 26 ans ?

*

Jean-Claude Renard - Andrée Chédid - leurs renommées s’éloignent

petit à petit comme des cercles concentriques sur l’eau. L’éloignement

représentant le Temps.

A Arthur

FL : - Regrettes-tu tes déplacements ?

*

1092


*

La poésie, c’est élaborer du langage qui sera vrai dans 150 ans.

*

Maison de la poésie à Paris, Rennes, Annecy, Nantes.

*

AR

Force créatrice pure, virginale, insolente.

A mis de l’acide phosphorique dans le verre de Forain.

Guy Charles Cros : « Mon père a logé Rimbaud dans son laboratoire, et

Rimbaud a cassé toutes les fioles des produits chimiques.

Mon oncle Antoine Cros l’a logé chez lui. Il avait des médailles en terre

cuite - de belles choses. Rimbaud écrivait le mot de Cambronne sur tous

les médaillons au dos, au crayon.

Il a été accueilli par Théodore de Banville. Il était couvert de poux. Il

s’est amusé à mettre des poux dans le lit de Madame de Banville. »

Il a poursuivi Cajarc avec un couteau à l’âge de 16 ans parce que celui-ci

faisait de mauvais vers.

Delahaye, ami d’enfance.

1093


Les veilleurs (125 hexamètres) La chasse spirituelle poèmes nonaccrédités

par Rimbaud.

*

Un savoir évident se montra à lui sans brouillard.

nu perdu

*

René Char Le

Après 72, il aurait été corrigé par Verlaine.

AR

*

AR

Paterne Berrichon épouse Isabelle Rimbaud.

Rimbaud demande que l’on lui envoie des ouvrages techniques de

charpentier, de maçonnerie etc. Ce sont 70 ouvrages qui lui seront

expédiés. Le musée de Charleville a reconstitué en se basant sur sa

correspondance les ouvrages reçus.

Il a également demandé qu’on lui fasse parvenir tout un ensemble lui

permettant de réaliser et de développer des photos. L’affaire ne sera

guère fameuse.

1094


*

Lautréamont - Chef-d’œuvre du Romantisme noir

A-t-il été analysé par Freud ?

Percée géniale du subconscient, sadisme primitif de l’enfance,

cauchemars, rêves, obsession, ressentiments.

Lucidité

Œuvre déconcertante, originale, neuve.

Ces quelques remarques ont été saisies dans une émission animée par

Julien Gracq sur France culture.

*

Je ne suis après tout qu’un Homo poeticus numerus

*

Prix mondial Cino Del Duca

*

Valade parlant de Rimbaud : « - C’est un môme qui vous fascine et qui

vous terrifie, plein de puissance et de corruption. »

1095


Racine

*

Comment faire Esther ou Athalie ? Le reste ne compte vraiment pas.

*

Humour

- Et toi, Franck, tu préfères La Médaille Fields ou Le Prix Nobel de

Littérature ?

- Les Deux ! Galois et Rimbaud sur l’œuvre de jeunesse …

*

… Stratégie poétique - ne pas se tromper, ne pas naviguer dans l’erreur.

*

Je vois trois groupes importants concernant l’activité littéraire

-1- Lire, écrire, construire, se former, transmettre

-2- Bibliothèques, Expositions, librairies

-3- Rencontres, amitiés, salons, éditeurs

Le troisième cercle ne m’a que fort peu intéressé. J’avais tant de travail à

accomplir !

1096


*

Florilège Le Grand Livre des Sonnets Mille poèmes en prose La pute

La Genèse L’Exode Les Psaumes Eléments de réflexion Eléments

biographiques Marie de Magdala sont présents sur la toile en livre entier.

Arthur Adanov

*

*

Le problème n’est pas d’ajouter sur Rimbaud, il est d’ajouter sur Led

Zeppelin.

Lettre de suicide de Baudelaire

*

*

La Bibliothèque africaine de Rimbaud reconstituée au Musée à

Charleville.

Paul Valéry

*

1097


Faussaire de lui-même. Besoins financiers. Refait ses poèmes. Vend de

faux manuscrits de lui-même. Côtoyait des gens au-dessus de son niveau.

*

Catherine Pozzi Paul Valéry, leur liaison durera 8 ans.

*

L’édition numérique permet de supprimer l’éditeur, le diffuseur,

l’imprimeur, le libraire.

Le relationnel, les salons et les lectures commencent à être dépassés.

En revanche, le développement des réseaux tel Facebook ou Twitter

s’avère aujourd’hui considérable.

*

Léonie Biard, maîtresse de Victor Hugo.

*

Que pourrait bien penser Rimbaud de l’œuvre de Lautréamont ? De

Galois ?

1098


*

Esther Tellermann

Est-ce qu’un maniérisme littéraire ne consiste pas à cacher un fond

poétique ?

N’est-ce pas de la fausse noblesse de littérature ?

(Je ne vois pas pourquoi j’ai pu écrire cela la concernant)

*

Version Papier

Editeur sécateur

Diffuseur

Libraire

Imprimeur

Durée de l’ouvrage

Un ou deux ans

Nulle modification

n’est possible

Version Internet

Aucune censure

Aucun coût

Aucun coût

Aucun coût

Temps illimité

Edition très souple, modifiable à souhait

Coût : entre 300 et 2 000 euros

Aucun coût

On apprécie l’immense écart qui sépare l’édition papier et l’édition

électronique.

1099


*

Boutade

- Quoi la poésie ? C’est très joli !

- Surtout qu’entre le trouvère et le troubadour, il y a le trou du cul.

(A dire avec l’accent d’Audiard)

*

La Poésie, ce sont les semences. La Philosophie, c’est la charrue.

Pour quelles récoltes ? Quelle abondance ?

*

Robert Musil a un journal

Canetti ---) Romancier

Georges Steiner Blanchot Barthes

Lyothard ---) Philosophe américain

Héraclite

« La marche pour René Char, c’est le mouvement même de la

pensée. »

« Poésie et Philosophie deviennent synonymes. »

Musique : Art des fiançailles perpétuelles.

168 philosophes cités par Borgès.

1100


*

La collection italienne I Meridiani serait un peu l’équivalent de

la prestigieuse Bibliothèque de La Pléiade.

La Maison d’édition allemande Shirkamp correspondrait quant à

elle à Gallimard.

*

C’est vrai : tout peut s’en retourner au Néant. Le résultat

poétique peut ne jamais être validé. Mais que faire ? Comment expliquer

à Autrui son potentiel, son niveau ou encore la qualité de son œuvre ?

Est-ce le prix de la vie ? - L’offre immense et la faible

reconnaissance ?

Denis Roche est mort. Qui s’en souvient ?

Andrée Chédid, également. Qui ?

Michel Tournier ! Yves Bonnefoy !

Ils étaient. Ils ne sont plus.

*

1101


C’est une sacrée chance de parvenir à passer à la Postérité. Il ne

s’agit pas d’œuvre ni de résultats littéraires. Non. Il faut y intégrer Le

don de plaire posthume.

C’est un peu le spermatozoïde qui frappe contre la paroi de

l’ouvrage qui enfin s’ouvre et le laisse passer. Et la danse sexuelle des

autres spermatozoïdes se réduit à Néant.

Tant de livres ! Tant d’auteurs ! Et qui sera ? Qui ?

*

Snacke 1847

Apollonie Sabatier by Auguste Clésinger as woman, bitten by a

*

Nous ne sommes jamais assez poètes - Esther Tellermann

C’est un recueil ou un essai sur la poésie. Je lui aurais préféré ces

autres titres.

Poetry Attitude

L’esprit de La Poésie

La Poésie : toujours et encore

La révolte des poètes

1102


*

Ce que l’on peut craindre en poésie, c’est de côtoyer des poètes

mineurs quand La Pléiade vous est entièrement ouverte.

Et le temps littéraire est court, comme la vie d’ailleurs. Et se

coiffer d’une collection d’auteurs insignifiants n’a que peu de sens.

Comment agir ? Comment posséder la certitude de ne pas se

tromper ?

Il faut agir en soi, et se nourrir de l’excellence d’Autrui.

*

Date de naissances

Buchner 1813 Lautréamont 1846 Rimbaud 1854 Sainte-

Thérèse 1873

Trackl 1887 Radiguet 1903 Sagan 1935 Lozac’h 1958

Floran Zeller, le Radiguet d’aujourd’hui

*

Eros

Gamiani Alfred de Musset - à lire ou à relire

Orgies soldatesques Renée Vivien Poèmes 1901-1910

1103


*

Je me suis réjouis que Le Prix Nobel de Littérature ait été décerné à Bob

Dylan. C’est également reconnaître l’importance de la poésie chantée

dans la culture populaire. C’est comprendre le poids énorme de la pensée

véhiculée par les supports de l’interprétation et de la musique.

Car les chanteurs écrivent en octosyllabes ou en alexandrins. Certains

codent leurs textes. Tous sont dans l’obligation d’offrir au vers une rime.

Le XXe siècle a connu un essor considérable de l’Industrie musicale, et

cela dans le monde entier. Des inventions - le microsillon, le micro, la

radio, la chaîne HI FI, la télévision, la presse spécialisée - ont participé

de façon active au développement de ce genre musical nouveau.

*

Peut-on réellement convertir un Poète en Philosophe ?

Un poète en musicien, certes.

Un poète en peintre, oui.

Mais un poète en philosophe, est-ce possible ?

*

1104


Goethe : « C’est vrai que j’ai fait aussi l’amour avec des garçons, mais je

leur préférais les filles, car quand elles me lassaient en tant que filles, je

pouvais encore m’en servir en tant que garçons. »

Christine Vulpins

*

Salle des mariages de Menton, décoration Jean Cocteau.

*

A OB lundi 14 novembre 2016.

Je n’ai pas pu trouver le moindre auteur pour me faire avancer dans ma

Poétique. Suis-je las d’écrire ? Ne puis-je inventer de nouvelles

solutions ?

Il faut peut-être s’en retourner vers les auteurs d’autrefois - Zanzotto, du

Bouchet, Mario Luzi, Octavio Paz ? !

J’en suis à 9 350 poèmes, et ma cervelle se fatigue… se fatigue …Je

crois toutefois à une sorte d’essoufflement dans L’Extrême

contemporain. Les solutions offertes semblent plus faibles et de moindre

efficacité.

Mes ouvrages(Quelques-uns), mes échantillons sont proposés sur des

plateformes numériques. Je crois comme un insensé que l’avenir sera

également numérique. Je crois encore …

1105


J’éprouve encore de très grandes difficultés à côtoyer les auteurs de ma

génération. Ces jours-ci, à Montauban, se déroule un festival littéraire.

J’ai beau consulter et consulter encore le catalogue des Animations, - je

ne puis trouver quelconque activité susceptible de m’intéresser.

Deux cents ou trois cents mille poètes cohabitent aujourd’hui en France

sur le territoire. Seuls deux ou trois parviendront à passer à la postérité.

Comment les déterminer ? Comment les reconnaître ? Et le tout s’en

retournera à son sinistre néant.

Je viens d’achever le premier recueil Les soupirs de la chair - c’est

encore une anthologie poétique Un second tome est en préparation.

J’ignore si je parviendrai à aller jusqu’à son point final. Les contenus me

semblent en réel décalage avec le tome premier.

Je lis l’œuvre érotique de Pierre Louÿs. Le tout est surprenant et bien

entrain. C’est très XIXe siècle moins l’intelligence de Sacher Masoch

avec La Vénus à la fourrure ou Les batteuses d’hommes.

Nul n’a pu trouver une nouvelle sexualité depuis de Sade et Sacher

Masoch. Quoique le BDSM pourrait être une solution évolutive.

Nous avons tous été étonnés par l’élection de Donald Tromp à la

présidence américaine. Nous pensions que la candidate démocrate allait

passer sans la moindre difficulté. Nous ignorons tout de sa capacité à agir

et à gouverner. Moins encore de son aptitude à proposer une politique

étrangère cohérente.

1106


*

Lettre de Paul Valéry à Jean Voilier

Je déborde. Tu ne peux pas imaginer tout ce qui m’étouffe de tendresse

dans ces retours. Rien n’est déchirant comme le passage de la lourde

machine devant la petite bergerie jaunisse. Il fait si doucement beau, et

s’en aller…

Aujourd’hui, très spécialement ému je me suis senti d’une absurde

jeunesse. Ne ris, ne souris pas… Je te le défends?

Mais quel avantage que de ne pas se voir, et qui permet de ne plus savoir

que l’on est ce que l’on est…

Je me demande avec inquiétude si je deviens idiot. Mais tant pis, tant

mieux. AMOR est un élixir extraordinaire. Je te bois, ma beauté.

Et je t’attrape de l’autre côté. Tous les côtés sont bons, mon doux

cochon de lait…

*

La Pléiade peut se targuer de posséder une soixantaine de grands poètes

français. A l’International, le nombre serait multiplié par 20. Soient 1200

grands poètes.

1107


Ce qui signifie que la discipline est incontrôlable. Mais ouvrir 1 200

poètes, c’est toutefois possible. J’ai essentiellement craint de perdre un

Mario Luigi ou un Paul Celan CAD des littéraires indispensables à ma

formation et à mes applications d’écriture.

*

Les années 78-79 ont été des années de défi intellectuel. La question qui

sans cesse agitait mon esprit était la suivante : « Comment sont-ils

parvenus à obtenir ce résultat ? » Et je pensais à Rimbaud, à Radiguet et

à Lautréamont. Une seconde question corolaire à la première se posait

également : « Que puis-je espérer obtenir face à ces génies de la

littérature française ? »

Le challenge était ambitieux. Mais à ce jour 76 ouvrages ont été écrits

sur la période 20-24 ans.

*

Le relationnel poétique m’a toujours paru de faible visée.

Je lui préférais les lectures et les applications d’écriture.

Voir Autrui ne me semblait d’aucun intérêt quelconque.

1108


*

Autres contemporains

Vadim Kosovoz Jean-Pierre Lemaire Christian Pringent Dupin -

Gravir

Jean-Faye Juan Dave

*

SM

Qu’entendait Stéphane concernant « Le livre » ? - Une sorte d’idéal de

perfection impossible à atteindre ? Que voulait-il y mettre ? Quels

contenus ?

*

Comment avec un cerveau de 58 ans peut-on trouver des solutions

poétiques nouvelles ?

Que puis-je aujourd’hui espérer inventer ?

*

Rimbaud remporte le premier prix de Latin du Concours général à 15 ans

en 1869.

Baudelaire également.

1109


*

Y a-t-il des littéraires qui se soient intéressés à la Mathématique ?

Roubaud, Valéry, Queneau. Dans son journal Choses vues, Victor Hugo

note toutes les découvertes ou progrès scientifiques. Il a obtenu un

accessit de Physique au Concours général.

*

Racine, orphelin. Se brouille avec Corneille.

*

Bob Perelman - Isodore Isou -

Zanzotto Surimpressiosns - Vocatif

Benoite Groult

Roger Gilbert-Leconte

*

Les Géorgiques de Delille, - plus un travail d’adaptation qu’une

traduction scrupuleuse.

La rime interdisait une traduction exacte.

1110


C’est toutefois un tour de force difficile mais très éloigné du texte initial.

*

J’ouvre Les ombres errantes de Pascal Quignard. J’estime que c’est un

ouvrage qui peut être remarqué mais il ne mérite en rien Le Goncourt ni

par sa forme ni par son fond.

L’ouvrage s’est vendu à 80 000 exemplaires. (Généralement le prix

attient 350 000 ventes). Mais le public essentiellement constitué de

personnes lisant le roman a été déstabilisé par le choix du jury.

*

Primitifs 5192

HF 1009 - GS 1347 - Moût 704 - Manus 989 - Croît 571 - Parf 478 -

Nombre de variantes dans mes six premiers recueils de poésie.

*

Pour produire une nouvelle poésie, j’aurai pu exploiter Mallarmé et les

Objectivistes américains. Ou encore Les illuminations de Rimbaud

couplé à l’Apocalypse de Jean. C’eût pu créer des images folles et

nouvelles.

1111


J’avais envisagé en 79 de produire un personnage représentant l’allégorie

du printemps tout en utilisant Le cid de Corneille et les Chants de

Maldoror de Lautréamont.

J’ai trouvé la poésie du non-sens qui permettait de combiner des images

totalement inconnues. Le moteur de la phrase, sa grammaire, permettant

de faire passer ces solutions audacieuses.

*

1112


Journal 2017 - 2020

La Poésie n’est pas si intéressante que cela à l’oral. En revanche, l’Ecrit

est exceptionnel.

Il n’existe aucun chef-d’œuvre de conversations quand l’Ecrit possède

tant de merveilles.

Voyez Baudelaire. C’est un artiste qui a beaucoup rencontré. Il ne fait

nulle part dans ses journaux de récit d’entretiens.

Voyez les salons. Personne n’a fait mention des contenus échangés. Ils

devaient être de faible intérêt …

*

*

J’ai essentiellement vu la lecture, l’écriture, les applications, la

formation, la transformation, l’Internet.

De rencontres poétiques, il n’en était que fort peu. Il s’agissait, le plus

souvent, de situations fortuites et jamais désirées.

*

J’ai essentiellement vu la lecture, l’écriture, les applications, la

formation, la transformation, l’Internet.

1113


De rencontres poétiques, il n’en était que fort peu. Il s’agissait, le plus

souvent, de situations fortuites et jamais désirées. quand les rencontres

semblaient futiles et dérisoires, de très faible efficacité.

*

J’ignorais qu’il fallait rencontrer des poètes. Cela m’a passé au-dessus de

la tête. Je pensais qu’il fallait uniquement les lire et les étudier.

L’écrit a une durée. L’oral s’envole en piplettages.

*

Toujours cette volonté de relancer sa matrice cérébrale sans guère de

possibilité, je le crains.

Chez moi, nulle théorie de langage. De nombreux courants cohabitent

sans se contredire pour autant.

Qui parviendra un jour à dépasser La Divine comédie de Dante ? Nul

poète, je le crains.

A 34 ans, j’avais achevé la traduction de la Bible en alexandrins blancs

commencée à 29 ans.

« Cinq, six ans, tout au plus » avait prophétisé Jésus dans Le Nouveau

Testament.

1114


Il faut toujours les craindre, les admirer, les aduler, ces Maîtres de

l’Univers que sont Dieu, Jésus et Le Saint-Esprit.

*

Oreste Macri, Bigou Giari, Mario Lugi, les hermétiques florentins.

Illuminations 2015 ?

*

Imitation Rimbaud

Saint Jean L’Apocalypse

Led Zeppelin

Sex Pistols

Poèmes en prose avec AM Albiach

*

Ne lire, n’écouter que les plus grands : Virgile, Mozart, Rembrandt etc.

Décompte Poésie directe et indirecte

*

1115


Ecrits intertestamentaires 15 000 alexandrins

La Bible

103 000 alexandrins

Le Coran

19 000 alexandrins

L’Enéide

11 200 alexandrins

Théâtre

7 800 alexandrins

Qumrâan

7-10 000 alexandrins

Œuvre prophétique 30 000 vers

Premières versions Bible 9 000 alexandrins

Œuvre poétique personnelle 120 000 alexandrins

Alexandre

1 600 alexandrins

Irène et Mélandre 200

Portraits 1 000

Elans cassés 1 300

Dominique Ingres 100

Relevés Variantes Bible 800

Daniel Première version 1 700

Isaïe 2 500

Jérémie 2 500

Ezéchiel 2 500

La Genèse 2 000

Les 12 petits prophètes 1 500

--------------

330 000 vers

1116


J’ai également quatre essais traitements de problèmes liés à la poésie

L’acte poétique 1 600

Critique poétique 6 400

Fragments poétiques 1 200

Le poète interne 2 400

-----------

11 600 équivalents alexandrins

*

Tableau

Phèdre à genoux, la joue collée contre le sexe d’Hippolyte.

Hippolyte sortant de son fourreau un glaive pour trancher la gorge de

Phèdre.

*

Ne lire, n’écouter que les plus grands : Virgile, Mozart, Rembrandt etc.

*

Dupin

Nudité de la langue

Celan. Du Bouchet.

Faire autre chose que de la poésie de la résistance et du surréalisme

1117


Poésie du refus

Poésie contre poésie ---) langue erronée

Déconstruction

*

J’ai l’œuvre poétique de Francis Jammes. L’on peut dire de lui que

c’est un bon poète, mais il ignore les réalités de son temps présent.

En 1935, il propose une poésie qui aurait pu être écrite en 1835.

Rien n’est donné à l’invention. Il semble ignorer toute évolution

littéraire et se complaît dans une première moitié du XIXe

totalement dépassée.

*

Baudelaire connaissait La Presse, L’Edition, Le Cheval

Rimbaud connaissait La Presse, L’Edition, Le Cheval, Le Chemin

de Fer

Valéry connaissait La Presse, L’Edition, Le Cinéma, L’Aviation,

La Radio, L’Automobile, Le Téléphone

Je connais tout ce connaissait Valéry. J’y ajoute L’Informatique,

L’Internet, Le Spacial, Le Laser, La Télévision.

L’environnement dans lequel on évolue modifie totalement sa

façon de penser et d’écrire.

1118


*

Encore 500 pièces à écrire et j’attendrai le nombre de 10 000 poèmes !

(En vérité, je me suis aperçu que j’avais déjà dépassé le nombre souhaité.

On peut estimer à 400 la quantité de poèmes dans l’œuvre prophétique et

à 350 le nombre de textes dans les primitifs des six premiers recueils.

Depuis le début de l’année, j’ai dû écrire 40 poèmes et le P13 (Treizième

recueil des années78-79) a dans sa chemise une vingtaine de pièces.

Récapitulons.

9 485 + 400 + 350 + 20 = 10 295 poèmes.)

*

Je vois quatre éléments pour composer l’œuvre d’Arthur Rimbaud.

1 Sa poésie 69-72

2 Une Saison en Enfer

3 Illuminations

4 Sa correspondance 70-91

1119


Quelques billets

I

Baudelaire, détesté, haï, incompris, toi le père de La Poésie

moderne ; toi, génie exceptionnel avec tes Fleurs, avec ton Spleen ;

toi, notre père, comment nous jugerais-tu aujourd’hui avec nos

poèmes et nos applications d’écriture ?

Qui sommes-nous face à toi, face à ta grandeur ? Qui sommesnous

?

II

Hugo, le plus génial, le plus puissant. Au-delà de a capacité à

comprendre.

Hugo, là. Notre père à tous.

Cette force intuitive concevant l’Européen. Avec son humanisme

social.

Ha ! Très grand poète et romancier incommensurable.

Toi, une des grandeurs de la France. Mais qui pourrait t’égaler ?

III

J‘admire terriblement Stéphane Mallarmé. Sa logique. Son système.

Son analyse. Sa façon de concevoir de nouvelles structures

1120


grammaticales. Et son Art. Cet Art futur composé de nuances et de

subtiles singularités.

Mallarmé incompris, aberrant, absurde a des situations insolites,

inimaginables. Mais Mallarmé, le vrai vainqueur, le plus fort, le

plus inventif – Mallarmé avec sa durée, avec son éternité ? - Oui,

Mallarmé pour toujours !

IV

Racine. Le plus pur. Avec sa certitude. Avec sa vérité. Nul ne

pourra l’atteindre. Nul ne pourra le toucher.

Phèdre. Esther. Athalie. Des monstres, des chef-d’ œuvres. Et

personne derrière à l’exception de Corneille, toutefois.

Constamment, nuit et jour, je pense à lui.

V

Claudel avec son génie. Son génie et ses excès. Son génie et sa

religion. J’adore Claudel. Dans l’infini de son intelligence, de sa

puissance, de sa folie.

Oui, lui le plus grand dramaturge français. Avec son immensité.

Claudel !

1121


VI

Péguy.

Ce que je reproche à Péguy, c’est son écriture parallélismique. Le

phrasé est trop répétitif, trop gênant parfois.

Mais Péguy est un intellectuel. Mort trop vite. Et je pense qu’il

avait quelque chose à dire et à écrire. Il pouvait apporter quelque

chose à la Nation. Oui, parti trop vite. Une intelligence vivante, je

crois.

VII

PV. Je pense que Paul Valéry est véritablement une intelligence

supérieure, une sorte de pur intellect qui n’a pas su rassembler

l’ensemble de ses Cahiers pour en faire un texte cohérent.

Il se situe entre le Penseur et le Philosophe, plus près du Penseur.

Il est véritablement un grand poète. L’un des plus grands du XXe

siècle.

J’admire Le cimetière marin et La jeune Parque.

*

Ils te disent constamment : « Plante, plante, plante dans ce désert. »

1122


Mais ceci est peu de chose. La Terre, c’est La Beauce et la récolte

sera merveilleuse.

*

Jeanne Loiseau Sonnets philosophiques Dédicasse.

Très beau sonnet. Rappelle Green de Verlaine.

A Cocteau. Dessinez un jeu d’échecs.

.

Dessinez un service de table

*

*

L’Amasie de Racine, première pièce refusée par le directeur du théâtre

du Marais. Il ne nous reste rien de cette tentative du dramaturge.

La même année, il écrivit sa première pièce de théâtre, une Amasie, dont

on ne sait rien, sinon qu'elle a été refusée par le directeur du Théâtre du

Marais auquel elle avait été soumise. Quelques mois plus tard, au

printemps 1661, il se lança dans un nouvel essai théâtral, consacré à

Ovide et à la « seconde Julie » (la petite-fille de l'empereur Auguste); le

projet est bien accueilli par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne; mais

tombé gravement malade d'une fièvre qui sévit dans tout le nord de la

1123


France, il ne peut l'achever, et il est envoyé passer sa convalescence à

Uzès.(Wikipédia)

Voix vives, 21 au 29 juillet 2017

Le Marathon des Mots, 22 au 25 juin 2017

*

*

Rimbaud ne s’est-il pas trompé ? A-t-il choisi les bonnes

destinations ? L’Afrique, chaude et brûlante, n’était-ce quelle part

une sorte de cul-de-sac sans solution aucune ?

Ne fallait-il pas essayer de faire fortune dans la Nouvelle

Amérique ? Puis de visiter d’autres pays tels Le Brésil,

L’Argentine, Le Chili sur ce grand continent ?

*

Je regarde certains auteurs. Ils sont morts en 2012, 2013, 2014.

Depuis plus rien. Personne n’édite leurs inédits. Ni leur éditeur ni

leur famille.

Petit à petit, ils disparaissent dans l’ère du temps.

1124


Cela est vrai pour Jean-Claude Renard, Denis Roche, Andrée

Chédid.

*

Longue est la route pour obtenir la première place de la poésie

mondiale.

It’s a long way.

*

La Poésie, ça marche - ça ne marche pas. Il ne faut pas se

formaliser. Il faut poursuivre sa tâche sans trop se soucier des uns et des

autres. Et puis, en définitive, vous serez ce qu’Autrui aura décidé. Soit

quelqu’un d’apprécié et d’adulé, soit quelqu’un d’ignoré et d’oublié.

C’est un peu le prix de l’Ecriture. Vous n’êtes pas seul. Grand

nombre ont été rejetés par La Critique, par l’Editeur, par Le Lectorat.

C’est un peu la vie …

*

La Poésie, ça marche - ça ne marche pas. Il ne faut pas se

formaliser. Il faut poursuivre sa tâche sans trop se soucier des uns et des

autres. Et puis, en définitive, vous serez ce qu’Autrui aura décidé. Soit

quelqu’un d’apprécié et d’adulé, soit quelqu’un d’ignoré et d’oublié.

1125


C’est un peu le prix de l’Ecriture. Vous n’êtes pas seul. Grand

nombre ont été rejetés par La Critique, par l’Editeur, par Le Lectorat.

C’est un peu la vie …

*

Rencontres poétiques : Cerisy - Lodève - Vives voix - Le

Marché de la Poésie - Lettres d’Automne - Les Pavés de Paris - Raon

l’Etape –

*

Rencontres poétiques : Cerisy - Lodève - Vives voix - Le

Marché de la Poésie - Lettres d’Automne - Les Pavés de Paris - Raon

l’Etape -

*

Grand corps malade ne prétendait ne connaître que deux poètes : Renaud

et Brassens.

Je reconnais grandement Renaud, poète populaire héritier de Gaston

Couté.

1126


*

J’ai focalisé uniquement sur les lectures et sur les applications d’écriture.

Je n’ai en rien cherché à rencontrer et à être présenté.

L’obsession, - mon obsession était dans l’obtention d’un résultat

poétique. Les bavasseries et les stupides bavardages ne m’étaient hélas !

d’aucun secours.

*

Très intéressé par les politiques éditoriales des maisons d’édition.

Pléiade; Gal Poésie; Bleu du Ciel; Corti; Mille et une pages; Bouquins;

Quarto; P.O.L;

*

Deux poètes à vérifier : René Daumal, René Cravel

*

Traducteurs automatiques

Poètes du monde entier traduits avec des outils robotiques.

Reconnaissance de langue.

On gagne 50 ans.

Roubaud en 81 avait traduit des poètes américains des années trente.

1127


*

Fugue de mort

Paul Celan Grand poème

Lait noir du petit jour nous le buvons le soir

nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit

nous buvons et buvons

nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise

Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit

qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or

Margarete

il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler

ses chiens

il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre

il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse

Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit

nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir

nous buvons et buvons

Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit

qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or

Margarete

Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs

1128


on y couche à son aise

Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et

jouez

il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus

creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore

qu’on y danse

Bucarest, 1945.

Traduction Olivier Favier.

*

Delbourg JP Siméon André Welter

Hubert Haddad Guy Goffette

*

Et nous t’interrogeons, désir

qui es au cœur du monde, sous

les paupières, et dans le souffle retenu

du dieu absent

Lionel Ray

Illisible visage

GLM p237

Poétesses :

*

1129


Shu Ting Ming Di Wang Xiaoni Nazik al-Malaïka Fedwa

Tongan

Marianne Moore Denise Levertor Sonia Sanchez

Adrienne Rich Hélène Cioux

*

On ne sait pas si Lautréamont a connu des femmes.

Racine - Trois ouvrages perdus

L’Amasie Pièce de théâtre

Julie Pièce de théâtre

Et un travail biographique sur Louis XIV, manuscrit parti en fumée dans

un incendie en 1728.

*

Envoi via Facebook à Maulpoix 12 mars 2018

« Concernant Mallarmé. Valéry rapportait qu’il avait été sidéré quand ce

dernier lui présenta pour la première fois Le coup de dés.

En fait, l’ouvrage s’étirait comme un accordéon, et le poème se lisait

donc en longueur, et non pas page après page. De plus, Mallarmé avait

utilisé tous les caractères disponibles de l’imprimerie de l’époque.

1130


JM Maulpoix : « Je vous remercie. Intéressant aussi le commentaire de

Valéry sur la lecture à haute voix que Mallarmé lui fit du coup de dés.

Bien à vous. »

*

Je lis Les cent mots en poésie de JM Maulpoix. Il s’assoie sur des

phrases sorties ici et là par les plus grands pour étayer ses dires.

Ce livre est toutefois une très bonne idée. Il est vivant, agréable et facile

à lire.

Facebook

Voltaire aurait écrit 250 000 vers.

Avec 250 000 vers, est-on grand poète ou non ?

C’est une question que l’on peut se poser.

J’ai acheté le Que sais-je ? (Les 100 mots en poésie)

Bonne continuation.

Poètes chanteurs

Trenet Brassens Léo Ferré Jean Ferrat Francis Cabrel Renaud

Jacques Brel

*

*

Nougaro Barbara Jacques Higelin H-F Thiéfaine Bernard Lavilliers

Boris Vian Guy Béart Maxime Le Forestier Jacques Prévert

1131


Autre catégorie avec nuancier

C Jérome Et tu danses avec lui

J.M Jarre Les mots bleus Daisy

Hervé Villard Nous

*

Facebook Envoi à JM Maulpoix 12 08 18

Bonjour !

Concernant l’affaire Corneille/Molière, quelle est votre opinion ? Est-ce

une supercherie littéraire ? Molière est-il un imposteur ? Car c’est tout un

pan de la littérature française qui serait prêt à s’écrouler … Bien à vous.

FL.

Facebook A Pierre parlant 15 04 18

Bonjour !

J’aurais voulu vous poser une question.

J’espère que vous accepterez d’y répondre même en quelques mots.

Êtes-vous un poète ilotier ou avez-vous beaucoup d’amis en Littérature ?

Bien à vous.

FL

*

Marie de Quatrebarbes

---) Marché de la poésie de Bordeaux Hall de Chartrons

1132


---) Escale du livre

*

A Marie de Quatrebarbes Facebook

Bonsoir ! J’ai acheté il y a quelques semaines Gommage de tête à

Ombres blanches - Toulouse. Pouvez-vous en quelques mots définir

votre démarche intellectuelle poétique ?

Bien à vous. FL.

*

Explications du poème Voyelles de Rimbaud trouvées sur La Toile

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,

Je dirai quelque jour vos naissances latentes :

A, noir corset velu des mouches éclatantes

Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,

Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;

I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles

1133


Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,

Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides

Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,

Silences traversés des Mondes et des Anges ;

- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Voici le poème le plus célèbre de Rimbaud qui a suscité de nombreuses

interprétations sans qu’aucune ne soit réellement satisfaisante. Il en

donnera l'autographe à E. Blemont, futur directeur de "la Renaissance

littéraire et artistique" qui le laissera à la Maison de la Poésie. Il existe

une copie faite par Verlaine, avec quelques variantes et le titre : Les

voyelles (Bibliothèque Nationale, ancienne collection Barthou).

Première publication dans Lutèce, 5 octobre 1883.

Ici, le poète joue avec les mots, les lettres, les couleurs et les sons

(bombinent, rire, colère, vibrements, strideurs) en un tableau très coloré

déjà précurseur des Illuminations. Les voyelles deviennent des objets

avec lesquels on peut s'amuser et qui portent en elles leurs propres

réalités, sens et couleurs (naissances latentes). Les couleurs ont une

1134


valeur symbolique. Pour le noir, la cruauté, la nuit (puanteur cruelle,

golfes d'ombre) ; pour le blanc, la fierté, la pureté, la légèreté ; pour le

rouge, le sang, les lèvres, la colère, les excès ; pour le vert, la sérénité et

la paix ; pour le bleu, évocation religieuse des cieux (suprême clairon,

anges). Et il passe au violet pour l'évocation des yeux de La Femme.

Peut-être une allusion à la jeune personne qui l'aurait accompagné à

Paris en février 1871, d'après ses amis.

Un point de départ à l'idée du poème, un abécédaire qu'il a du avoir

entre les mains, comme tout enfant, quand il apprenait à lire. A chaque

lettre correspondait une couleur et un certain nombre de mots : A noire,

pour Abeille, Araignée, Astre, Arc-en-Ciel. E était jaune pour Emir,

Etendard, Esclave, Enclume. I rouge pour Indienne, Injure, Inquisition,

Institut. O azur pour Oliphant, Onagre, Ordonnance, Ours. U vert pour

Ure, Uniforme, Urne, Uranie et Y orange pour Yeux, Yole, Yeuse,

Yatagan.

Delahaye rapporte dans ses souvenirs cette déclaration de Rimbaud

:"J'ai cru voir, parfois j'ai cru sentir de cette façon, et je le dis, je le

raconte, parce que je trouve cela aussi intéressant qu'autre chose". Et

Verlaine dit : "Moi qui ait connu Rimbaud, je sais qu'il se foutait pas mal

si A était rouge ou vert. Il le voyait comme ça, mais c'est tout." (Propos

rapportés par Pierre Louÿs). Source : Classiques Garnier, édition 1971

Suzanne Bernard et André Guyaux.

1135


Une autre interprétation, tirée de la biographie de Rimbaud par Pierre

Petitfils, et certainement la plus vraisemblable :

Le sonnet est le reflet de l'enseignement musical d'Ernest Cabaner : le

chromatisme musical ou audition colorée. Il apprenait le piano à

Rimbaud, à l'hôtel des Etrangers, lieu de réunion du Cercle Zutique.

Cabaner était le barman et Rimbaud a été son assistant au club pendant

quelques mois, ce qui lui permettait de dormir sur place. Musicien

bohème arrivé à Paris en 1850, Cabaner fréquentait de nombreux

peintres dont Cézanne. Il coloriait les notes et leur attribuait le son d'une

voyelle. La méthode avait déjà été imaginée pour les débutants par le

Père Castel, au XVIIème siècle. Elle ne pouvait qu'intéresser Arthur, à la

recherche d'une langue complète et universelle, résumant tout, "parfums,

sons, couleurs", telle que décrite dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai

1871.

Cabaner a d'ailleurs dédié son Sonnet des Sept Nombres à son élève

"Rimbald" :

Nombres des gammes, points rayonnants de l'anneau

Hiérarchique, - 1 2, 3 4 5, 6 7 -

Sons, voyelles, couleurs vous répondent car c'est

Vous qui les ordonnez pour les fêtes du Beau.

1136


La OU cinabre, Si EU orangé, DO, O

Jaune, Ré A vert, Mi E bleu, Fa I violet,

Sol U carmin - Ainsi mystérieux effet

De la nature, vous répond un triple écho,

Nombres des gammes ! Et la chair, faible, en des drames

De rires et de pleurs se délecte. - O L'Enfer,

L'Aurore ! La Clarté, La Verdure, L'Ether !

La Résignation du deuil, repos des âmes,

Et La Passion, monstre aux étreintes de fer,

Qui nous reprend ! - Tout est par vous, Nombres des gammes !

*

Richepin a entretenu ensuite une correspondance avec Rimbaud

qu'il a malheureusement perdue, ainsi qu'un « cahier d'expression » qu'il

lui avait donné : « Par la suite, je fus en correspondance avec Rimbaud ;

mais ses lettres, si curieuses et dont plusieurs étaient illustrées

d'amusants dessins à la plume, – comme celles de Verlaine et de

Nouveau, – ses lettres ont disparu de mes papiers ; de même un « cahier

d'expressions » où il notait les mots rares, des fusées de rimes, des

schémas d'idées et qu'il m'avait donné. »

1137


*

Charles Pierre Baudelaire : « Allons au placard. »

Vendait des livres aux bouquinistes

Charles Asselineau

Le salut public deux numéros

1 531 poèmes écrits en prose

*

*

Yves Bonnefoy, athée :

Dieu qui n’es pas, pose ta main sur notre épaule,

Ébauche notre corps du poids de ton retour,

Achève de mêler à nos âmes ces astres,

Ces bois, ces cris d’oiseaux, ces ombres et ces jours.

Renonce-toi en nous comme un fruit se déchire,

Efface-toi en nous. Découvre-nous

Le sens mystérieux de ce qui n’est que simple

Et fût tombé sans feu dans des mots sans amour

1138


*

La forêt est profonde. La jeune fille ramasse des herbes rares pour

préparer ses plats. Elle ignore que d’autres herbes poussent également

plus profondément. Mais elle n’en a que faire et prétend posséder ce

qu’il lui suffit.

*

Rimbaud et Van Gogh, rencontre.

*

Cocteau décorera le salon Alexandre Hommes, rue Marbœuf

Le logo d’Alexandre dessiné par Cocteau

La Poésie est peu prisée. Nul ne s’y intéresse. Nul ne veut l’acheter.

Seul, le chanteur-poète a quelque succès. Que faire ?

*

AR

*

1139


Ce qui me dérange avec le poème Le rêve de Bismarck, c’est qu’il est

écrit en prose.

Or Rimbaud n’a commencé à écrire des pièces en prose qu’à partir d’Une

Saison en Enfer.

Ce poème est daté de 1870.

*

Jean Cocteau

BD

Une collection d’assiettes, de couverts etc.

Une collection de meubles

Une collection HC

*

Comment résoudre le problème de Dante et de Virgile ?

*

Les bains de Venus 1661 inachevé à cause d’une épidémie de fièvre

Jean Racine

*

En 1894, Mallarmé donne des conférences à Cambridge et Oxford.

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Musique_et_les_Lettres

*

Abel Lefranc

1140


Sous le masque de William Shakespeare, William Stanley, Vie conte de

Daby.

*

Pascoli Giovanni

Poétesses :

Shu Ting Ming Di

Wang Xiaoni

Nazik al-Malaika

Fedwa Tougan

Marianne Moore

Denise Levertor Sonia Sanchez

Adrienne Rich Hélène Cioux

*

Quand Racine a composé Esther et Athalie, La Sévigné a écrit : « Il a

aimé Dieu presque autant que ses maîtresses. »

*

L’Académie des Indépendants : Baudelaire, Valéry, Mallarmé, Radiguet,

Rimbaud, FL etc.

Mallarmé, Président.

*

1141


Grand Hôtel de l’Univers à Aden que Rimbaud fréquente

Grand hôtel des Etrangers à Paris

7 place Pigalle, le rat mort - Rimbaud blesse Verlaine à la cuisse

*

Ephraïm Mikhaël meurt à 23 ans et dix mois. Poète toulousain.

*

Ecrire en poésie, c’est organiser le langage de telle sorte que le fond, la

forme, l’harmonie, la musique interrogent le lecteur.

*

Six poèmes inédits de Virgile :

Le moustique - Imprécations - L’aigrette - Epigrammes - La fille

d’auberge - Priapées -

*

C/M

Aucune preuve de la collaboration.

Aucune preuve d’une somme versée par Molière pour Corneille.

Il n’y a pas de manuscrits de Corneille peignant l’œuvre de Molière.

« Le privilège »

99,97%

Les cinq auteurs Richelieu

*

Poésie

1142


Je n’ai pas trouvé la solution pour transmettre mon vrai.

« Non. Vous ne savez pas écrire. Vous êtes un imbécile. Etc. »

C’est ce que j’entendais constamment.

J’ai laissé tomber et j’ai fait mon travail. Point.

En 2005, mon travail comportait 250 livres et 15 000 inédits.

J’ai actuellement 474 livres et 43 000 inédits.

*

*

Six poèmes inédits de Virgile :

Le moustique - Imprécations - L’aigrette - Epigrammes - La fille

d’auberge - Priapées -

*

C/M

Aucune preuve de la collaboration.

Aucune preuve d’une somme versée par Molière pour Corneille.

Il n’y a pas de manuscrits de Corneille peignant l’œuvre de Molière.

« Le privilège »

99,97%

Les cinq auteurs Richelieu

*

1143


Poésie

Je n’ai pas trouvé la solution pour transmettre mon vrai.

« Non. Vous ne savez pas écrire. Vous êtes un imbécile. Etc. »

C’est ce que j’entendais constamment.

J’ai laissé tomber et j’ai fait mon travail. Point

*

En 2005, mon travail comportait 250 livres et 15 000 inédits.

J’ai actuellement 474 livres et 43 000 inédits.

*

Hésiode Le Tasse L’Arioste Boccace Hérodote

*

Sur quoi Rimbaud s’est-il assis pour écrire Illuminations ? Il n’avait pas

de références antérieures.

*

La Pléiade poétique

Apollonios de Rhodes Aratos de Solos Philiscos de Corcyre

Homère le jeune Lycophon Nicandre de Coleepe

Les Idylles de Théocrite.

Ouvrage traduit par Leconte de Lisle.

*

1144


Ont considérablement influencé Les Bucoliques de Virgile.

*

Apollonios de Rhodes Valerius Flacus Virgile Homère ont

développé le genre poétique de l’épopée.

On peut toutefois prétendre que La Légende des Siècles est une vaste

épopé

*

Sur quoi Rimbaud s’est-il assis pour écrire Illuminations ? Il n’avait pas

de références antérieures.

*

La Pléiade poétique

Apollonios de Rhodes Aratos de Solos Philiscos de Corcyre

Homère le jeune Lycophon Nicandre de Colophon

*

Les Idylles de Théocrite.

Ouvrage traduit par Leconte de Lisle.

Ont considérablement influencé Les Bucoliques de Virgile.

*

Apollonios de Rhodes Valerius Flacus Virgile Homère ont

développé le genre poétique de l’épopée

1145


On peut toutefois prétendre que La Légende des Siècles est une vaste

épopé

*

Le bateau ivre ---) Fanny Ardant, Philippe Léotard Interprétations

Giovanni Pascoli (55-12)

*

*

Certains poètes ont développé leurs système (J-C Renard, Denis Roche)

- ils ont bouclé leur boucle et semblent petit à petit être oubliés comme

des cercles dans l’eau qui s’éloignent irrémédiablement.

*

Baudelaire sur son lit de mort avait été visité par Verlaine et Mallarmé.

Il existe un tableau de Picasso, peint à 17 ans - La Science et La Charité.

L’on pourrait transposer ce tableau sur la représentation baudelairienne.

*

Cahier de Douai Les sœurs Gindre

*

Rencontras poétiques = ragots de concierge

Nullités - Inutilités

*

« Le temps vient, tu le sais, déjà l’orage gronde

1146


Où bruleront la Croix, l’Etoile et le Croissant

Au même feu du Mal qui dévaste le monde. »

Vital Heurtebize

*

Que peut-on poétiquement espérer auprès d’autrui ?

*

Œuvre de jeunesse - Il était possible de repousser les limites -

*

Anne-Marie Albiach, la nièce de Stéphane Mallarmé.

*

Molière, peu de personnages féminins importants tandis que Racine

et Corneille développent Chimène, Médée, Andromaque, Phèdre. - et

plus encore.

Racine n’est pas un homme de comédies - il exploitera l’Antiquité

pour Les Plaideurs.

Corneille sur sa période 20-29 ans n’écrit que des comédies - Puis

Médée et Le Cid.

*

- Qu’est-ce que La Poésie ?

- Ecrire les vers de Dante ou de Virgile et d’ajouter sur leur

compétence.

1147


*

Proposer ses livres sur la toile, c’est supprimer l’Editeur, l’Imprimeur,

le Diffuseur, le Libraire et la taxe ajoutée.

Ce sont des ouvrages à un coût nul qui peuvent rester à disposition du

public pendant plusieurs années.

L’ouvrage ne vieillit pas tandis que le Libraire renouvelle rapidement

son stock de livres.

*

Décembre 2018

Sur ma droite, Jean.

Sur ma gauche, Rimbaud.

Au centre, Franck écrit quelque chose entre L’Apocalypse et

Illuminations.

En écoutant Led Zeppelin …

*

Les atouts de l’Edition électronique

Lectorat et indépendance totale

Contance de diffusion

Nombre de pages illimité

1148


Choix de sa vitesse éditoriale

Coût d’édition nul

*

Si Rimbaud n’avait pas existé sur l’œuvre de Jeunesse, j’aurais pris

Lautréamont pour produire.

*

Je relis mes inédits 78-79 Poésies. Je pense qu’il me sera très difficile de

récupérer ces différents textes de jeunesse.

Il reste toujours un tas inutilisable. Mais bon ! Depuis des années, je

parviens à sortir des écrits inconnus. Pourquoi ne pas en retrouver

encore ? Je parviens à extirper un livre par an.

*

Les Orientales de Victor Hugo et les tableaux peints par Eugène

Delacroix.

*

1149


Jean-Pierre Siméon alors qu’il travaillait au Comité de lecture des

Editions du Chêne assurait recevoir 1 000 manuscrits par an. Seuls 12

d’entre eux étaient retenus.

Que deviennent les manuscrits refusés ? Retournent-ils dans les tiroirs

des écrivains pour y être à jamais oubliés ?

*

La poésie est une chose difficile à transmettre ; mais elle est également

une chose difficile à percevoir.

Autrui se trompe sur votre cas et vous commettez une erreur semblable.

Les premières estimations sont erronées. Il en est de l’éditeur comme du

poète amateur ou avisé.

*

Le langage poétique se doit d’être en avance sur le temps littéraire.

S’il cède à la réalité de sa génération, il se démode rapidement et son

contenu devient obsolète.

Cela explique pourquoi le poète est un inconnu car il est au-delà de la

logique temporelle – il est devant.

1150


*

Denis Roche publie ses œuvres complètes au Seuil. Ce sont 500 pages

qui tiendront 30 ans.

Il est dans la collection Poésies/Gallimard avec Eros énergumène. Ce

sont 70 pages qui tiendront 70 ans.

Sa Photographie a déjà disparu.

Andrée Chédid dans la Collection Mille et une pages chez Flammarion a

édité 1 200 pages et résistera 30 ans.

Elle est également dans la collection Poésie/Gallimard avec un petit

exercice composé à 80 ans.

Son roman se porte bien.

Que seront ces auteurs à la fin du siècle ?

N’est-ce pas le lot réservé à tout écrivain ou poète ?

Le temps passe, le temps les efface et d’autres s’en viennent.

*

Le livre papier tient deux ans dans une librairie.

Le livre électronique tient vingt ans sur une plateforme Internet.

1151


*

Post-rimbaldien - Prophétie poétique - Symbolique abstraite -

*

Houellebecq prétendait que Jacques Prévert était un con. Je ne le pense

pas.

Il a signé de très belles paroles de chansons dont Les feuilles mortes, qui

la troisième chanson

la plus adaptée derrière La mer et Comme d’habitude. Cette chanson a

connu 650

interprétations différentes.

Il est également l’auteur de dialogues de films pour ne citer que : Les

enfants du paradis,

Quai des brumes, Le jour se lève, Les Visiteurs du soir, Le roi et

l’oiseau.

Son œuvre poétique est éditée dans la prestigieuse Collection de la

Bibliothèque de la Pléiade.

Elle compte deux tomes. Non ! Jacques Prévert est un grand poète

populaire dans le bon sens

1152


du terme.

Trouvé sur l’encyclopédie livre Wikipédia

Michel Houellebecq se montre à son tour particulièrement hermétique à

la poésie de Jacques Prévert mais la conclusion de l'article où il attaque

l'auteur de Paroles — qui fait encore polémique — montre à l'évidence

que c'est le « libertaire » qui est visé :

« Jacques Prévert est quelqu’un dont on apprend des poèmes à l’école.

Il en ressort qu’il aimait les fleurs, les oiseaux, les quartiers du vieux

Paris, etc. L’amour lui paraissait s’épanouir dans une ambiance de

liberté ; plus généralement, il était plutôt pour la liberté, portait une

casquette et fumait des Gauloises […]. À l’époque on écoutait Vian,

Brassens… Amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, baby-boom,

construction massive de HLM pour loger tout ce monde-là. Beaucoup

d’optimisme, de foi en l’avenir, et un peu de connerie. […] Le « travail

du texte », chez Prévert, reste embryonnaire : il écrit avec limpidité et un

vrai naturel, parfois même avec émotion ; il ne s’intéresse ni à l’écriture,

ni à l’impossibilité d’écrire ; sa grande source d’inspiration, ce serait

plutôt la vie. Il a donc, pour l’essentiel, échappé aux thèses de troisième

cycle. Aujourd’hui cependant il entre à la Pléiade, ce qui constitue une

seconde mort. Son œuvre est là, complète et figée. C’est une excellente

1153


occasion de s’interroger pourquoi la poésie de Jacques Prévert est-elle

si médiocre, à tel point qu’on éprouve parfois une sorte de honte à la

lire ? L’explication classique (parce que son écriture « manque de

rigueur ») est tout à fait fausse ; à travers ses jeux de mots, son rythme

léger et limpide, Prévert exprime en réalité parfaitement sa conception

du monde. La forme est cohérente avec le fond, ce qui est bien le

maximum qu’on puisse exiger d’une forme. Dalleurs quand un poète

s’immerge à ce point dans la vie, dans la vie réelle de son époque, ce

serait lui faire injure que de le juger suivant des critères purement

stylistiques. Si Prévert écrit, c’est qu’il a quelque chose à dire ; c’est tout

à son honneur. Malheureusement, ce qu’il a à dire est dune stupidité

sans bornes ; on en a parfois la nausée. Il y a de jolies filles nues, des

bourgeois qui saignent comme des cochons quand on les égorge. Les

enfants sont d’une immoralité sympathique, les voyous sont séduisants et

virils, les jolies filles nues donnent leur corps aux voyous ; les bourgeois

sont vieux, obèses, impuissants, décorés de la Légion d’honneur et leurs

femmes sont frigides ; les curés sont de répugnantes vieilles chenilles qui

ont inventé le péché pour nous empêcher de vivre. On connaît tout cela ;

on peut préférer Baudelaire. […] L’intelligence n’aide en rien à écrire

de bons poèmes ; elle peut cependant éviter d’en écrire de mauvais. Si

Jacques Prévert est un mauvais poète c’est avant tout parce que sa

vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de

son temps ; aujourd’hui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que

1154


l’œuvre entière semble le développement d’un gigantesque cliché. Sur le

plan philosophique et politique, Jacques Prévert est avant tout un

libertaire ; c’est-à-dire, fondamentalement, un imbécile. »

*

Poètes dans ma cité Demazet

Poètes régionaux Heurtébize

Poètes nationaux Serge Pey

Je suis : Pléiade, Gallimard, Bleu du Ciel, Ombres blanches, Corti, Wiki

sources.

*

Fouquet : - Un défi de magnificence comme si c’était lui le roi - ce qui ne

fallait pas faire.

Corneille - 2 000 livres - plus grand poète du monde.

Molière, grand poète comique - 1 000 livres.

Un jardin à la Française : « Il n’y a pas d’ombre. On se brûle les pieds. »

*

1155


Nicanor Parra, mort à 104 ans. Considéré comme étant le plus grand

poète d’Amérique du Sud.

*

Rencontrer des poètes

Fixer le samedi une heure pour discuter devant le présentoir de la poésie.

Ou librairie ou médiathèque.

*

Les poètes. Se rencontrer.

Comme il existait les mardis de Mallarmé, on pourrait imaginer les

Samedis de Franck Lozac’h.

Il suffirait de savoir qu’une rencontre est possible à 17 H devant les étals

de poésie dans les librairies.

La conversation s’engagerait.

Et ceci dans toutes les librairies de France et de Navarre.

Exporter le concept dans les autres pays du monde en l’adoptant à la

couleur locale.

*

Faire poète : optimiser l’extraction de sa potentialité intellectuelle.

1156


*

Alda Merini, plus grande poétesse du XXe siècle italien.

Franco Fortini, poète.

*

- Pourquoi t’as pas rencontré de poètes ?

- Pour éviter de me faire cracher à la gueule.

*

Le bla bla de merdouillette - Rencontrer des poètes

*

La poésie de tiroir

Ils écrivent. Ils envoient. On les refuse.

Le manuscrit retourne dans le tiroir du bureau.

Il agonise à tout jamais.

*

Les Demoiselles de Saint-Cyr devant leur succès : - La vanité

naissante des pures colombes …

Racine - Esther

1157


*

Baudelaire.

Son père, peintre. Prêtre défroqué.

*

Molière Grand poète comique

Pièces en vers

Sganarelle L’école des maris Le Fâcheux L’étourdi ou le

contretemps Le dépit amoureux L’amour médecin L’école des

femmes Le misanthrope Pastorale comique Amphitryon Tartuffe

Psyché Les femmes savantes Le malade imaginaire Dom Garcia de

Navarre Mélicerte

Pièces en prose

Les précieuses ridicules La critique de l’école des femmes Le

médecin malgré lui Lesicilien ou l’amour peintre Le mariage forcé

Georges Dandin L’avare Monsieur de Pourceaugnac Le bourgeois

gentilhomme Les fourberies de Scapin L’impromptu de Versailles

1158


Dom Juan Les amants magnifiques La comtesse d’Escabagne La

jalousie de Barbouillé Le médecin volant

Vers et prose

La princesse d’Elide Le ballet des Muses

*

Poésie : l’épouvantable structure d’accueil …

*

Age de poètes au moment de leur décès.

Baudelaire 45 ans Rimbaud 37 ans Mallarmé 56 ans Verlaine 51

ans Hugo 82 ans Lamartine 79 ans Musset 47 ans Vigny 66 ans

Nerval 46 ans Poe 40 ans

*

Poésie : #00000000000000000000000000000000pointé sur toute la

ligne.

*

Jean-Louis Chrétien 66

Lorand Gaspar 94

Antoine Emaz 64

1159


Poètes décédés en 2019

*

Ils appellent poésie, la rencontre de conversations.

L’éditeur préférant un petit poète à un grand poète fécond :

Une baleine ! Une baleine !

Je n’en ai que faire !

Je préfère mes sardines.

*

Di Manno Un nouveau monde Mille et une pages Flammarion

Trouver 110 poètes sur 50 ans, est-ce possible ?

Ne sont-ce pas des singularités poétiques de second ordre avec toutefois

quelques vraies valeurs ?

*

Cycle de vie - Cycle de mort

Claude Vigée a 99 ans. Il a été lauréat des plus belles récompenses de la

littérature française - Grand Prix de Poésie de l’Académie et Grand Prix

national de la Poésie. Sa vie s’achève. Il ne sera jamais réédité.

1160


Seul l’Internet permettrait de le ressusciter avec des sites comme Poética

ou Wikipoèmes qui proposent une centaine de textes d’auteurs d’hier et

d’aujourd’hui.

Les gens passent, les gens se meurent. Qui s’en souvient ? Quelle trace

laissée dans la poussière du Temps ?

*

J’ai considéré l’impossibilité de se crédibiliser sur le plan poétique et

l’immense refus de tous les acteurs littéraires : - éditeurs, poètes,

écrivains, bibliothécaires, critiques, amateurs.

J’ai décidé d’aller outre et de proposer mes ouvrages en accès libre sur la

toile.

Cela m’a permis de mettre sur Internet 5 000 poèmes et 18 000 pages

écrites, ce qui représente 90 ouvrages de 200 pages chacun.

Je continue à chercher.

*

Poésie

On se fait insulter, cracher au visage, rejeter, ridiculiser – mais comment

exister sur le plan poétique ? Cela est impossible.

Alors on travaille chez soi et l’on obtient un résultat. On travaille.

1161


Poètes de La Résistance

*

Aragon Char Cadou Cassou Cohen Eluard Seghers

*

Rimbaud.

Qu’eût-il choisi l’Amérique du Sud - Le Brésil - L’Argentine pour

une remontée vers l’Amérique - La Floride ou des états adjacents.

Il aurait pu s’enrichir et éviter ces atroces maladies que l’on attrape

dans ces pays-là.

*

Kafka 37 Lorca 38 Apollinaire 38

Lorca peintre, pianiste

*

Les poésies en prose de Goethe. Très frais, très agréable.

*

1162


On a tendance à penser à Baudelaire concernant ses traductions

d’Edgar Poe.

Il faudrait également penser à Nerval concernant ses traductions

allemandes de très haute qualité.

Une statue de Rimbaud ?

*

*

Henri Durand, meurt à 24 ans, Suisse. (1848 - 1862)

*

Charles Dovelle meurt à 22 ans après un duel …

Rimbaud invente une nouvelle adolescence.

*

*

Srecko Kosovel meurt à 22 ans. Il nous laisse plus de mille poèmes.

*

Le livre blanc ---) Livre homosexuel de Jean Cocteau

1163


*

Marivaux, œuvre de jeunesse Not !

Vigny, Journal d’un poète (1867)

Musset (1810) a une œuvre de jeunesse écrite avant 30 ans.

La quantité représente 80 % de sa production totale.

*

Apollinaire Petit garçon très pieux.

18-19 ans, ça bascule …

Le bateau-lavoir

Trente ateliers. Un seul point d’eau.

Journal intime. G Apo

Liaison avec Marie Laurent Saint

*

Fabula, revue très intéressante

1164


Littérature Portes ouvertes

Poezibao

Le Matricule des Anges

Sitaudis

Florence Trocné Le Flotoir

*

Que pense PV d’Anne-Marie Albiach ?

Que pense PV de La Poésie contemporaine ?

Est-ce du Post-mallarméen ?

*

Ils veulent des contacts poétiques ? - Pour se faire dénigrer et

rejeter. A quoi cela sert-ils ?

J’vais t’apprendre à faire le poète.

Mais comment faire ? Comment agir ? Courir dans le vent ?

Vas-y. Commence. Discute.

Où sont-ils ? Où aller ?

1165


*

- Fais poète.

- Divertir la galerie, quoi ?

*

Les fourberies de Scapin et Cyrano de Bergerac ont été adaptés au

cinéma avec succès.

Ne peut-on pas envisager de jouer sur le grand écran la Phèdre de

Racine et Le Cid de Corneille ?

*

La Poésie, c’est une insulte à la Vérité.

Le Vrai est bafoué. Le Nul est adulé.

Nous sommes dans l’anarchie totale.

C’est ainsi.

Mais c’est inadmissible.

*

Quand j’étais jeune, je bénéficiais de trois ouvrages majeurs de

Virgile. Je veux dire – L’Enéide, Les Géorgiques et Les

Bucoliques..

1166


Cela me semblait en 77/78 une belle somme poétique et je m’en

contentais.

Depuis j’ai appris que six poèmes attribués à Virgile sont

accessibles dans La Pléiade puis sur Wikisources. Ce sont des

poèmes conséquents de 600 à 800 vers chacun.

Je les lis et me régale. L’Antiquité est une période considérable.

*

La Poésie, c’est une insulte à la Vérité.

Le Vrai est bafoué. Le Nul est adulé.

Nous sommes dans l’anarchie totale.

C’est ainsi.

Mais c’est inadmissible.

*

Quand j’étais jeune, je bénéficiais de trois ouvrages majeurs de

Virgile. Je veux dire – L’Enéide, Les Géorgiques et Les

Bucoliques..

Cela me semblait en 77/78 une belle somme poétique et je m’en

contentais.

1167


Depuis j’ai appris que six poèmes attribués à Virgile sont

accessibles dans La Pléiade puis sur Wikisources. Ce sont des

poèmes conséquents de 600 à 800 vers chacun.

Je les lis et me régale. L’Antiquité est une période considérable.

CIPM

*

Poésies.net

Poetica

Wikipoèmes

Poésies Web.net

Poèmes.net

Seghers

Belfond

Cherche Midi

Sitaudis

Poezibao

Recours au poème

Le Nouveau recueil

Remue.net

*

1168


Les grands poètes de la Littérature chilienne :

Gabriela Mistral

Vicente Huidobro

Pablo Neruda

Pablo de Rokha

Nicanor Parra

Journal de Vigny

*

Bonaparte, c’est l’homme ; Napoléon, c’est le rôle. Le premier a

une redingote et un chapeau ; le second, une couronne de lauriers

et une toge.

Le cœur a la forme d’une urne. C’est un vase sacré tout rempli de

secrets.

*

La Poésie est une évaluation irrationnelle.

*

Rimbaud - Van Goth - Sex Pistols

1169


même combat

Sex Pistols - Avancée majeure dans une sonorité nouvelle

*

A faire une anthologie de la Poésie des iles

---) Réunion

---) Les Antilles

---) Ile Maurice

---) Madagascar etc.

*

Les correcteurs

Père Bouhours ---) Racine

Vaugelas ---) Corneille

*

François Abgrall meurt à 23 ans. Breton.

*

1170


AR

De l’argent pour les acheter (les livres), il s’en procurait, non à

voler sa mère comme on l’a dit cruellement, mais à bâcler des

devoirs pour le compte de cancres riches … ce que je lui ai

pardonné.

Georges Izambard

*

PV a eu pour maitresse Emilie Noulet

*

Poésie de l’incompréhension

Poésie de l’incommunicabilité

Poésie du rejet, poésie du refus

Non. Vous n’avez aucune valeur.

Parler avec autrui et lui remettre sa carte

*

1171


Je n’ai jamais cherché à fréquenter les gens en Littérature. J’ai aimé

les catalogues, les politiques des Maisons d’Edition et les

applications d’écritures.

*

L’Urbain, nouveau genre poétique

La ville de Baudelaire mais aujourd’hui

*

Alain Souchon a inventé un langage

*

Les cycles de vie - Les cycles de mort

Andrée Chédid, Antoine Emaz, Claude-Michel Cluny, Salah Stétié

etc.

Ce sont peut-être des littéraires générationnels amenés à disparaitre

après leur mort.

1172


De leur vivant, les écrits sont validés par l’éditeur et la critique

spécialisée. Puis nulle œuvre posthume n’est imprimée. Ils

déclinent pour finir oubliés.

*

L’œuvre poétique (ou une partie) d’Andrée Chédid a été publiée

chez Garnier-Flammarion dans la collection Mille et une pages. Cet

ouvrage aura disparu dans une trentaine d’années, hélas !

En revanche, Gallimard a édité Textes pour un poème et Poèmes

pour un texte qui lui permettra de perdurer pour au moins 50 ans…

Le même schéma d’avenir se dessine pour Denis Roche. Son œuvre

complète éditée aux Editions du Seuil représentait quelque quatre

cents pages réduites illico à cent quarante aux éditions Gallimard.

Tels sont les destins d’œuvres pourtant renommées.

*

----) Antiquité

----) La Pléiade

----) La Poésie française

----) L’Extrême contemporain

1173


----) La Poésie internationale

----) Jeunes qui montent ou les poètes d’aujourd’hui

*

Le XVIIe, le XVIIe n’ont pas généré de génies de jeunesse. (A

l’exception de Pascal, peut-être)

Il faut attendre Rimbaud puis Lautréamont pour qu’éclate le

triomphe de l’intelligence naissante.

Sans oublier Sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l’Eglise à 24

ans.

Il y a également Emile Nelligan qui a écrit son œuvre avant son

internement à l’âge de de 20 ans.

Le XXe a généré Raymond Radiguet et Françoise Sagan.

*

La Poésie nourrit les âmes supérieures.

*

1174


Rimbaud vu par Mallarmé

15 août 2016Littérature, Littérature française, Poésie

Dans The Chap Book en 1896 puis dans Divagations l’année suivante,

Stéphane Mallarmé livre un portrait de cet autre grand poète qu’est

Arthur Rimbaud. Comment le poète parisien considérait-il Ardennais ?

Florilège…

Son apparence physique

« Je ne l’ai pas connu, mais je l’ai vu, une fois, dans un des repas

littéraires, en hâte, groupés à l’issue de la Guerre — le Dîner des Vilains

Bonshommes, certes, par antiphrase, en raison du portrait, qu’au convive

dédie Verlaine. “L’homme était grand, bien bâti, presque athlétique.

Un visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtainclair

mal en ordre et des yeux d’un bleu pâle inquiétant.” Avec je ne sais

quoi fièrement poussé, ou mauvaisement, de fille du peuple, j’ajoute, de

son état blanchisseuse, à cause de vastes mains, par les transitions du

chaud au froid rougies d’engelures. Lesquelles eussent indiqué des

métiers plus terribles, appartenant à un garçon. J’appris qu’elles avaient

autographié de beaux vers, non publiés : la bouche, au pli boudeur et

narquois n’en récita aucun. »

1175


Les tribulations de l’adolescent, éternel piéton

« […] c’était, à 17 ans son quatrième voyage, en 1872, effectué, ici,

comme les précédents, à pied : non, le premier ayant eu lieu, de l’endroit

natal, Charleville dans les Ardennes, vers Paris, fastueusement, par la

vente de tous les prix de la classe, celle de rhétorique, à cet effet, par le

collégien. Rappels de là-bas, or hésitation entre la famille, une mère

d’origine campagnarde, dont était séparé le père, officier en retraite, et

des camarades les frères Cros, Forain futur, le caricaturiste Gill, d’abord

et toujours et irrésistiblement Verlaine. Un va-et-vient résultait ; au

risque de coucher, en partant sur les bateaux à charbon du canal ; en

revenant, de tomber dans un avant-poste de fédérés ou combattants de la

Commune. Le grand gars, adroitement, se fit passer pour un franc-tireur

du parti, en détresse et inspira le bon mouvement d’une collecte à son

bénéfice. »

Rimbaud, « ravagé violemment par la littérature »

C’est un terme très fort qu’emploie Mallarmé en disant de Rimbaud qu’il

était « ravagé violemment par la littérature ». Si les deux poètes sont

différents, l’admiration du premier pour celui-ci est évidente :

« Menus-faits, quelconques et, du reste, propres à un ravagé violemment

par la littérature, le pire désarroi, après les lentes heures studieuses aux

bibliothèques, aux bancs, cette fois maître d’une expression certaine

1176


prématurée, intense, l’excitant à des sujets inouïs, — en quête aussitôt de

“sensations neuves” insistait-il “pas connues” et il se flattait de les

rencontrer en le bazar d’illusion des cités, vite vulgaire ; mais, qui livre

au démon adolescent, un soir, comme éclair nuptial, quelque vision

grandiose et fictive continuée, en suite, par la seule ivrognerie. »

Et Mallarmé ne se prive pas de citer plusieurs strophes du « Bateau

ivre », l’un des plus célèbres poèmes versifiés de Rimbaud.

Comment Mallarmé explique le silence de Rimbaud

On le sait, Arthur Rimbaud abandonna la littérature et la poésie de façon

aussi fulgurante qu’il s’en empara quelques années plus tôt. Après avoir

raconté l’épisode de l’altercation avec Verlaine, qui tira un coup de

pistolet sur le jeune homme, Mallarmé livre sa propre explication de cet

abandon :

« Voici la date mystérieuse, pourtant naturelle, Si l’on convient que

celui, qui rejette des rêves, par sa faute ou la leur, et s’opère, vivant, de la

poésie, ultérieurement, ne sait trouver que loin, très loin, un état nouveau.

L’oubli comprend l’espace du désert ou de la mer. Ainsi les fuites

tropicales moins, peut-être, quant au merveilleux et au décor : puisque

c’est en soldat racolé, 1876, sur le marché Hollandais, pour Sumatra,

déserteur dès quelques semaines, rembarqué au coût de sa prime, par un

vaisseau anglais, avant de se faire, audacieusement, marchand

1177


d’hommes, à son tour, y amassant un pécule perdu en Danemark et en

Suède, d’où rapatriement ; — en chef des Carrières de Marbre, dans l’île

de Chypre, 1879, après une pointe vers l’Égypte, à Alexandrie et — on

verra, le reste des jours, en traitant. L’adieu total à l’Europe, aux climat

et usages insupportables, également est ce voyage au Arar, près de

l’Abyssinie (théâtre d’événements militaires actuels) où, comme les

sables, s’étend le silence relativement à tout geste extérieur de l’exilé. Il

trafiqua, sur la côte et l’autre bord, à Aden, le rencontra-on toutefois à ce

point extrême ! féeriquement d’objets précieux encore, comme quelqu’un

dont les mains ont caressé jadis les pages ; ivoire, poudre d’or, ou

encens. Sensible à la qualité rare de sa pacotille, peut-être pas, comme

entachée d’orientalisme Mille et Une Nuits ou de couleur locale : mais

aux paysages bus avec la soif de vastitude et d’indépendance ! et si,

l’instinct des vers par quelqu’un renoncé, tout devient inférieur en s’en

passant, même vivre, au moins que ce soit brutalement, sauvagement, la

civilisation ne survivant, chez l’individu, à un signe suprême. »

Quand Mallarmé rêve à des inédits de Rimbaud

Mallarmé se laisse rêver à l’éventualité de découvrir un jour des inédits

de Rimbaud, tout en n’y croyant pas vraiment.

« L’imagination de plusieurs, dans la presse participant au sens, habituel

chez la foule, des trésors à l’abandon ou fabuleux, s’enflamma de la

merveille que des poèmes restassent, inédits, peut-être, composés là-bas.

1178


Leur largeur d’inspiration et l’accent vierge ! on y songe comme à

quelque chose qui eût pu être ; avec raison, parce qu’il ne faut jamais

négliger, en idée, aucune des possibilités qui volent autour d’une figure,

elles appartiennent à l’original, même contre la vraisemblance, y plaçant

un fond légendaire momentané, avant que cela se dissipe tout-à-fait.

J’estime, néanmoins, que prolonger l’espoir d’une œuvre de maturité

nuit, ici, à l’interprétation exacte d’une aventure unique dans l’histoire de

l’esprit. Celle d’un enfant trop précocement touché et impétueusement

par l’aile littéraire, qui avant le temps presque d’exister, épuisa

d’orageuses et magistrales fatalités : sans recours à du futur. »

Le mythe rimbaldien

On le voit, quelque temps à peine après sa mort, Arthur Rimbaud est déjà

devenu une sorte de légende. Le mythe n’a pas fini de proliférer. Ce n’est

pas un hasard si c’est Rimbaud, et non un autre poète parisien, dont la

silhouette sera choisie pour être placardée un peu partout dans la

capitale. Il n’est plus seulement un poète, mais cette légende d’un

adolescent rebelle et génial, un peu fou comme le sont tous les génies,

capable des plus incroyables fulgurances poétiques comme d’un sublime

rejet de toute littérature.

1179


Remarque : toutes les citations proviennent de l’édition en ligne

Wikisource, dont j’ai corrigé l’orthographe. L’image d’en-tête provient

de Wikipédia (Jodelet, Wikimedia Commons, CC).

FL : - Tout cet endroit concernant Rimbaud et Mallarmé a été

prélevé sur un site internet

*

Journal 2021 (Premier trimestre)

« J’ai cessé de me désirer ailleurs »

*

André Breton évoquant Saint-Cir-Lapopie

Les poètes à 100 livres : Serge Pey, Salah Stétié, Michel Deguy, Bernard

Noël, Jean-Michel Maulpoix.

*

*

1180


Jules Renard : « Mallarmé est intraduisible même en français. »

*

Ma façon de penser était la suivante : je voyais 60 grands poètes français

dignes de La Pléiade. Projeté sur l’ensemble de la planète depuis le début

des temps, cela donnait 1 200 poètes. Il y avait également 1 200 peintres,

1 200 sculpteurs, 1 200 photographes, 1 200 grands écrivains etc.

Evidemment, je raisonnais avec une grosse louche. Le tout était à affiner.

J’aimais NRF Gallimard, Les Pléiades, L’Extrême contemporain, Le

Contemporain, La Poésie du monde entier. Je potassais les catalogues en

ligne sur la toile. J’étais très attiré par la poésie italienne, espagnole,

portugaise, grecque, latine et d’Amérique du Sud.

*

Il existe six poèmes inédits de Virgile qui ont été édités dans la

fameuse collection de la Bibliothèque de la Pléiade. Ce sont des

textes assez longs qui peuvent atteindre 4 ou 5 cents vers

mesurés.

Le moustique, Imprécations, L’aigrette, Epigrammes, La fille

d’auberge, Priapées.

1181


Monsieur Rat, latiniste zélé dont je me rejouissais de ses traductions

ajouta dès 1935 Le cachot, L’Etna et Elégies pour Mécenne.

Si ces rajouts s’avéraient être exacts, cela augmenterait d’une façon

significative l’œuvre de notre plus grand poète.

*

En poésie, les gens s’octroient aisément des distinctions du genre :

- Je suis un grand poète - J’ai du génie – Je suis certain de passer.

On ne trouve pas ces affirmations en Philosophie, dans la Roman

ou sur le Théâtre.

Ces littéraires semblent beaucoup plus modestes …

La Science est un lieu où l’orgueil n’est pas.

Dominique Giraudet Facebook

*

En 1938, Frida Kahlo est venue à Paris. Voici comment elle parla de

Breton et des surréalistes dans une lettre à son amant le photographe

Nikolas Murray :

1182


« Tu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent

envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits «intellectuels» de

mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préférerais

m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt

que de devoir m’associer à ces putains d’«artistes» parisiens. Ils passent

des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des «cafés»,

parlent sans discontinuité de la «culture», de l’ «art», de la «révolution»

et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de

choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère

avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.

Le lendemain matin, ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un

seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites, aux

crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le

«génie» de ces «artistes». De la merde, rien que de la merde, voilà ce

qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vu, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps

en commérages idiots et en discussions «intellectuelles» ; voilà pourquoi

vous êtes des hommes, des vrais, et pas des «artistes» à la noix. Bordel !

Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en

train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens — ces bons à rien sont la

cause de tous les Hitler et les Mussolini. Je te parie que je vais haïr cet

endroit et ses habitants pendant le restant de mes jours. Il y a quelque

chose de tellement faux et irréel chez eux que ça me rend dingue.»

*

1183


Poésie = Exercice mathématique

= Mots croisés

= Partir d’échecs

*

J’ai pensé à faire mon travail mais je n’ai pas pensé à fréquenter

des poètes.

Ma poésie était une poésie de lectures et non pas de conversations.

Je suis désolé, je n’y ai pas songé.

J’ai essentiellement songé à comprendre les mécanismes de

création pure – Illuminations, Les fleurs du mal, Phèdre, Athalie,

Esther, L’Apocalypse, La Jeune Parque, Le cimetière marin etc.

Mais les discussions avec X ou avec Y me sont passées au-dessus

de la tête. Je n’y voyais aucune utilité et n’éprouvais aucun plaisir à

être en compagnie de littéraires locaux.

*

Poètes sachant dessiner quelque peu

Valéry - Cocteau - Hugo - Rimbaud - Baudelaire et ?

1184


*

Oui, usons, s’il se peut, d’un don supérieur.

*

Œuvres de jeunesse

L’âge de craie Pieyre de Mandriargues

La quête de joie Patrice de La Tour du pin

(Je cherche également le journal d’un barcelonais écrit à 20 ans.)

Faut-il enregistrer Les enfants de septembre ?

*

-1 - Œuvre poétique de jeunesse

-1- Le nombre de sonnets écrits

-1- Le nombre de poèmes en prose

-1- L’œuvre érotique d’un poète

-1- L’œuvre prophétique d’un occidental

-1- Premier poète français

*

Le poème Ouvriers de Rimbaud est un écho à La Commune.

1185


*

Poésie

---) Certains chefs-d’œuvre ne seront jamais édités

---) Certains chefs-d’œuvre ne seront jamais réédités

---) Les poètes voyant que le travail n’est pas validé, lèveront le pied.

Cela créera une certaine tendance à la baisse. Le niveau risque de

s’affaiblir.

*

Po

En poésie, il y a une surestimation de soi et une sous-estimation de

l’Autre.

Les analyses sont erronées. Il est préférable de rester à l’écart.

Il n’y a nulle visibilité. La Critique est faussée.

Po

Siméon et Doucey se sont défoncés le cul … pour des clopinettes.

*

Asksinia Mihylova, poétesse bulgare.

Clément Marot, Epitres.

Racine. Alexandre, c’est Louis XIV.

*

1186


Décès de Philippe Jaccottet à l’âge de 95 ans.

SE : - Ciel.

Aucune intervention dans les médias pour signaler sa

disparition …

*

Alcheringer Deux revues

Supérieur inconnu Surréalistes

*

Facebook avec Philippe Beck

Bonjour Philipe Beck !

Date d’envoi de votre message : 2 mars 2018

A la Cerisy, vous aviez avec votre stylo essayé d'expliquer à un

intervenant votre système de renvois et de correspondance concernant

votre principe de composition, et lui vous avait répondu : tresse,

chevelure, n'y comprenant rien. N'est-il pas vrai ? Bonne inspiration et

bonne continuité. Franck Lozac'h

23/08/2019 20:04

Date d’envoi de votre message : 23 août 2019

Dans de la nature - le titre est énigmatique. Viendrait-il de Dave Brubeck

- Take the A Train ?

Hier, à 21:37

mar 21:37

Date d’envoi de votre message : Hier, à 21:37

1187


Je pense à Stéphane Hessel, à André Markowicz, à Henry Bauchau

pensez-vous que ces poètes qui se prévalent d'être des grands poètes le

sont réellement ?

Date d’envoi de votre message : Hier, à 21:37

Philippe, date d’envoi : Hier, à 21:39

Trois noms très différents! Seul Bauchau est reconnu comme poète, je

crois. Mais l'ambition d'être poète est la chose du monde la mieux

partagée. Je n'ironise pas là-dessus, car c'est un problème grave, plus

important que celle du talent.

Vous pouvez maintenant vous appeler et voir les informations

concernant le statut En ligne et la lecture des messages.

Date d’envoi de votre message : Hier, à 21:44

Je vous remrecie de votre réponse, Philippe Beck. Je continue à vous

suivre.

Philippe, date d’envoi : Hier, à 21:46

C'est très gentil à vous. A propos de Dans de la nature, et avec bien du

retard (pardon!). Il faut prendre la nature comme une matière. Donc, nous

sommes moins "dans la nature" comme dans un ensemble indéterminé

que "dans telle ou telle moment ou partie matérielle de la nature" : c'est

une affaire concrète.

Aa

*

1188


Indochine Go Rimbaud Go

1189


1190

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