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FRANCK LOZAC'H
FONctions mentales
Seconde partie
FRANCK LOZAC'H
LA CITé INTéRIEURE
2
PREFACE
La Cité intérieure est un ouvrage de synthèse formé de tous les recueils
de Messages qui s’étalent sur une période de deux ans - 95 et 96, et formé
également de tous les recueils de Résonances s’étalant sur la période 97-98.
Douze recueils ont donc été exploités, synthétisés, prélevés pour obtenir
cette étrange mosaïque de réflexion imagée concernant l’activité intime du
poète.
Dans son introduction à La poétique de l’espace Gaston Bachelard pose
la pertinente question sur l’origine phénoménologique des images.
On nous demandera peut-être, pourquoi, modifiant notre point de vue
antérieur, nous cherchons maintenant une détermination phénoménologique
des images. Dans nos travaux précédents sur l’imagination, nous avions en
effet estimé préférable de nous situer, aussi objectivement que possible, devant
les images des quatre éléments de la matière, des quatre principes des
cosmogonies intuitives. Fidèles à nos habitudes de philosophe des sciences,
nous avions essayé de considérer les images en dehors de toute tentative
d’interprétation personnelle. Peu à peu, cette méthode, qui a pour elle la
prudence scientifique, m’a paru insuffisante pour fonder une métaphysique de
l’imagination. À elle seule, l’attitude “ prudente ” n’est-elle pas un refus
d’obéir à la dynamique immédiate de l’image ? Nous avons d’ailleurs mesuré
combien il est difficile de décrocher de cette “ prudence ”. Dire qu’on
3
abandonne des habitudes intellectuelles est une déclaration facile, mais
comment l’accomplir ? Il y a là, pour un rationaliste, un petit drame
journalier, une sorte de dédoublement de la pensée qui, pour partiel qu’en soit
l’objet - une simple image -, n’en a pas moins un grand retentissement
psychique. Mais ce petit drame de culture, ce drame au simple niveau d’une
image nouvelle, contient tout le paradoxe d’une phénoménologie de
l’imagination : comment une image parfois très singulière peut-elle apparaître
comme une concentration de tout le psychisme ? Comment aussi cet événement
singulier et éphémère qu’est l’apparition d’une image poétique singulière,
peut-il réagir - sans aucune préparation - sur d’autres âmes, dans d’autres
cœurs, et cela, malgré tous les barrages du sens commun, toutes les sages
pensées, heureuses de leur immobilité ?
Au chapitre VIII de la poétique de l’espace, il esquisse admirablement
le problème de l’immensité intime :
L’immensité est, pourrait-on dire, une catégorie philosophique de la
rêverie. Sans doute, la rêverie se nourrit de spectacles variés, mais par une
sorte d’inclination native, elle contemple la grandeur. Et la contemplation de
la grandeur détermine une attitude si spéciale, un état d’âme si particulier que
la rêverie met le rêveur en dehors du monde prochain, devant un monde qui
porte le signe d’un infini.
Par le simple souvenir, loin des immensités de la mer et de la plaine,
nous pouvons, dans la méditation, renouveler en nous-mêmes les résonances de
cette contemplation de la grandeur. Mais s’agit-il vraiment alors d’un souvenir
? L’imagination, à elle seule, ne peut-elle pas grandir sans limite les images de
4
l’immensité ? L’imagination n’est-elle pas déjà active dès la première
contemplation ? En fait, la rêverie est un état entièrement constitué dès
l’instant initial. On ne la voit guère commencer et cependant elle commence
toujours de la même manière. Elle fuit l’objet proche et tout de suite elle est
loin, ailleurs, dans l’espace de l’ailleurs (1).
Quand cet ailleurs est naturel, quand il ne se loge pas dans les maisons
du passé, il est immense. Et la rêverie est, pourrait-on dire, contemplation
première.
Si nous pouvions analyser les impressions d’immensité, les images de
l’immensité ou ce que l’immensité apporte à une image, nous entrerions bientôt
dans une région de la phénoménologie de la plus pure - une phénoménologie
sans phénomènes ou, pour parler moins paradoxalement, une phénoménologie
qui n’a pas à attendre que les phénomènes de l’imagination se constituent et se
stabilisent en des images achevées pour connaître le flux de production des
images. Autrement dit, comme l’immense n’est pas un objet, une
phénoménologie de l’immense nous renverrait sans circuit à notre conscience
imaginante. Dans l’analyse des images d’immensité nous réaliserions en nous
l’être pur de l’imagination pure. Il apparaîtrait alors clairement que les
œuvres d’art sont les sous-produits de cet existentialisme de l’être imaginant.
Dans cette voie de la rêverie d’immensité, le véritable produit, c’est la
conscience d’agrandissement. Nous nous sentons promus à la dignité de l’être
admirant.
5
Dès lors, dans cette méditation, nous ne sommes pas “ jetés dans le
monde ” puisque nous ouvrons en quelque sorte le monde dans un dépassement
du monde vu tel qu’il est, tel qu’il était avant que nous rêvions. Même si nous
sommes conscients de notre être chétif - par l’action même d’une brutale
dialectique - nous prenons conscience de la grandeur. Nous sommes alors
rendus à une activité naturelle de notre être immensifiant.
L’immensité est en nous. Elle est attachée à une sorte d’expansion
d’être que la vie réfrène, que la prudence arrête, mais qui reprend dans la
solitude. Dès que nous sommes immobiles, nous sommes ailleurs ; nous rêvons
dans un monde immense. L’immensité est le mouvement de l’homme immobile.
L’immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille.
(1) Cf. SUPERVIELLE, L’escalier, p. 124. “La distance m’entraîne en
son mouvant exil.”
6
Pourtant il ne s’agit pas ici uniquement d’images consacrées à l’espace
intérieur. Il s’agit également de considérations conflictuelles entre un Moi
pensant, évoluant et un Moi critique condamnant la situation analysée. De cette
violence est sorti un nombre considérable de poèmes et de textes que l’on
pourra découvrir au fil des pages.
Les derniers endroits de l’ouvrage recèlent des fragments à caractère
philosophique où l’influence de Martin Heidegger ne saurait être minimisée.
Franck Lozac’h
7
STUCTURES DEMISES
8
Messages I
Labyrinthe
J'étais dans une de ces recherches où l'espoir n'a pas les moyens
d'exister, ou seuls l'impossible et le néant pénètrent. Mon investigation
poétique était nulle, et je n'obtenais aucun résultat. J'abandonnais ce terrain et
laissais à d'autres ces étranges servitudes. L'avenir de trouver m'était retiré.
Pourtant quelque fois, une brise illuminée venait caresser mon visage comme
pour me dire : Ne te désespère pas. Investis encore. Investis.
Je m'imposais à découvrir avec une force renouvelée, avec une
véhémence nouvelle. Je tentais encore de pénétrer des secrets dont l'essentiel
tenait dans de l'impalpable et de l'inexpliqué.
Peu s'essaient à comprendre, à violer. Ils préfèrent conquérir sans la
peine. C'est parfois à la jeunesse de tenter dans sa source d'accéder au delta.
Qu'ai-je réellement compris ! Peu de chose, mais je cherche encore.
9
Pénètre-la
Pénètre-la au plus profond de la chair ! Impose-toi à creuser ! Peut-être
y trouveras-tu la substance de l'esprit subtilement cachée ?
L'homme s'exhale
L'homme s'exhale inexorablement.
L'homme dont la recherche interne est de comprendre. Il se nourrit
d'autrui, s'instruit de l'inconnu et tente par l'alchimique effort de réduire,
d'étendre, d'élever.
L'homme qui use de prémonitions, d'avenirs proches, se plonge dans le
passé, et se construit de l'intérieur.
Aux uns, l'insignifiance de la poésie. Aux autres la sublimation du
verbe.
Offrir cette création, orienter la lumière, pour qui ?
Nous tentons stupidement de plaire, mais la clé de la métaphore est
seulement accessible à l'élite.
Nous superposons des dimensions et des espaces les uns sur les autres,
nous franchissons des portes au-delà de l'audace et pénétrons dans l'invisible.
Mais qui pour nous suivre ?
10
Je pris ta divine lampe
Je pris ta divine lampe et enfermé en moi-même, je pensai : "Heureux,
fils, heureux, je connais la voie."
Le ciel était plus pur quand je partis empruntant la route éclatante de
lumière, je parlais en ma chair et disais : "Inspire-moi, ô sublime puissance,
mon feu intérieur s'éteint et va mourir".
La pensée intérieure
La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet d'idées
remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce vaste dôme :
Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui jaillissent
comme des boules multicolores,
Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères,
Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et
incompris,
Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables,
Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade,
Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,
Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se draper
de signes lumineux :
11
Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes qui
respirent les parfums aériens,
Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de mouvances
là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.
Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en vint.
Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible d'ombre, de
néant.
Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ? J'entendis une
rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de l'esprit.
Parle-moi, ô fille ! Est-ce toi ? Fille de l'agonie ? Tu n'as pas de voix ?
Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les ronces, des
habits déchirés,
Il y a ta chevelure d'or.
N'y a-t-il pas de bouleversantes femmes qui tourbillonnent sur l'herbe
sacrée, dans l'essaim vert et les feuilles d'or ?
Je crois entendre des cris là-bas de femmes claires qui circulent vers
l'aube chantante.
Non, il n'y a pas de mort, il y a la vie au bord de cette source aveuglée
pourtant.
La beauté est difficile à voir. Je la cherche près de la source, loin des
ruelles. Elle brillera peut-être dans la nuit immortelle.
12
Me voilà à présent assis sous l'arbre de tourmaline, quémandant
quelques explications, tandis que de superbes vierges s'offrent voilées de
mousseline.
Mais quelle importance ? Pour quelle utilité ? En moi-même se construit
cette géométrie interdite de poète, cette volonté mathématique de chiffres et
d'invisibles structures. Hélas, Hélas ! Ce n'est qu'un mirage.
Voici la nuit saignante avec ses tessons de vers, ses corps de poignards
dans la rose écartelée, voici la nuit avec cette fille de fleur qui hurle, et son sang
gicle et se répand sur sa robe blanche.
Voici la nuit avec ses lumières de laser coupantes, avec son silex
moderne et ses invisibles douleurs,
Voici la nuit qui arrache, qui écorche,
Le poète souffre, hurle, plonge dans la poussière et supplie.
Faut-il ramper ? Faut-il gémir ?
Quelles possibilités nouvelles pour que l'esprit inventif s'élève plus pur
encore, pour que flammes et incendies irradient l'intérieur du crâne, pour que source
et images viennent féconder l'univers spéculatif ?
13
Un esprit de génie
Un esprit de génie qui conçoit prend des risques. Ses rumeurs et ses
chocs l'éloignent du commun des mortels. Il est un incompris. On le fuit, on
l'évite, mais parfois l'on peut être ébloui.
L'homme pense, évalue, transforme. Et cette tête pleine est immense et
difforme. Il s'abaisse parfois et cause avec les plus humbles de la pluie. Mais
c'est un souffle puissant qui mugit en son crâne.
14
Perçus dans l'esprit
Perçus dans l'esprit
Des sons curieux, incompatibles,
Bruits plutôt que phrasés, parlés
Et assourdissant la pensée,
Échos perturbateurs et monotones
Que la conscience offre puis cache,
Et enfin détruit, efface.
Sans s'associer, ils se répondent.
Les uns accrochés mollement aux autres,
Ils sont syllabes cacophoniques,
Expressions indistinctes.
Là, au fond de la cervelle
Les sons résonnent
Et veulent voir le jour,
Puis hésitent, se refusent pour disparaître.
Le poète chemine, attrape et tente
De saisir l'instant.
À peine se sont-ils offerts
Subrepticement, qu'il marche
Dans son âme, précipice, miroirs
Et sources renouvelés de mots inconnus.
15
Je fuis
Je fuis ce moi-même,
Je m'envole loin de cette phrase décadente,
Concept et proposition d'autrefois.
Les mots s'assemblent mal,
S'intègrent mal les uns dans les autres.
Et le réservoir de sonorités, de syllabes
Où je plonge mon esprit
Est lavé de coups douteux,
De solutions discutables.
Je voudrais creuser
Aller au plus profond de la terre, de ce moi
Aux racines des synapses
Dans l'inconnu du langage.
Devant mon frontispice, il y a les volets
De la conscience, toujours en éveil
Constamment en attente,
Possédant une patience de prisonnier.
Il y a l'intérieur,
La pensée associée à la vitesse.
Qu'espèrent-elles ? Que peuvent-elles ?
16
Le langage désire,
Le langage parie et refuse.
Je rentre encore en moi-même,
J'apparais là tout au fond.
Je suis spectre, hallucinations,
Gaze inconnue et
Volonté délétère.
Là encore est le vide
Avec ces doutes, son écriture fantoche,
Ses incertitudes,
Ses images ridicules et détestables,
Ses risques.
Je nage dans les images
Et l'oeil retourné veut puiser dans la mémoire,
Puis des cloches, des sons,
Cela semble une rumeur et des crissements,
Cela semble vouloir parler,
Est-ce prodige ? Est-ce gain ?
Oui, je suis dedans, je vis à l'intérieur
Est-ce l'oeil de la conscience ?
Puis le silence, le vrai silence
Silen rien.
17
Le lac de mots
Ma mémoire ? Une réserve,
Un réservoir sans fond, ni dimension
Aux contours indéterminés, vagues et abstraits.
L'oeil est à l'intérieur, il observe,
Tente de comprendre cette masse lourde et épaisse
Où nagent parfois des résidus de mots.
J'apprends à me débattre, je devrais faire Christ
Et marcher sur moi-même.
Donc je dois aller du point A au point B
Sur ce lac stupide de mots
Sans couler, sans me noyer.
J'observe ces syllabes confuses qui grouillent
Comme des vers sur une plaie sanglante.
Ce lac est ébullitions épais et flasque.
Des sons comme des bulles d'ombres ou ocres
Sautent ici et bas, et se gonflent pour éclater.
Je vais puiser dans cet amas indescriptible
Pour en extraire des signes.
Je vais m'en gargariser.
Non, l'eau de ce lac ne se boit pas.
18
Alors qu'en faire de tous ces mots ?
Les quérir avec une épuisette
Et les assembler pour obtenir un poème ?
19
Femme bleue
Femme bleue dans les airs
Seule, idéalisée, impossible
battements.
La pensée cherche
Le coeur espère
Brûlante d'immobilité
D'extase bouillonnante tourbillonnante
Elle s'élève sans pleurer
Parmi les hautes fleurs de fille.
Elle est
Éclatante dans la lumière du jour
Vaste espace que sillonnent des mots clairs
Elle s'épanouit devant mes yeux,
Bondit sublime d'irréel
Je conçois mon éternelle,
La vois très nettement
J'évolue dans mon imaginaire.
20
Espace
Espace
Espace mien
Qui voltige, tourbillonne
Se pense, s'engendre et jamais ne cesse
Au plus profond de ma chair,
Est-ce un monde
Qui conçoit, qui écrit ?
Qu'est-ce ?
21
La jeune fille
La jeune fille sublime et inconnue traverse la raison, se perd dans mon
esprit, et confuse, alerte ou libertine cherche un endroit pour se cacher.
Pourquoi désire-t-elle couvrir sa nudité quand nul, à l'exception de mon
oeil interne, ne peut l'observer. Subrepticement elle s'empare de mon silence, et
tente de s'en vêtir comme d'un pagne.
Je la vois, je ris de sa gène et je lui offre quelques légers brouillards
confus de la raison dont elle s'habille rapidement. La voilà qui sourit, qui
s'esclaffe et offre un premier chant à mes oreilles caressées.
Elle évolue dans une attitude d'un pas de deux, sensible et légère. Mais
il est des actions, des gestes et des comportements que je ne puis comprendre.
L'ensemble parfois me semble incohérent, saugrenu et irresponsable. Je m'en
amuse pourtant...
Elle circule à présent dans les méandres de l'interdit, se glisse, semble
fuir et disparaître pour revenir nourrie de fantasmes nouveaux, de possibilités
audacieuses... Voilà donc sa culture ! Voilà ce qu'elle reçoit et ingurgite sur le
chemin du risque...
Mais oui ! Tout à coup, je comprends : elle quitte mon âme, jaillit par
mes yeux, bondit sur le sol et se dimensionne, comme par un effet magique, en
quelques instants, à l'échelle de la femme - là devant mon regard ! Sa nature
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humaine m'étonne, mais je m'engaillardis, la saisis par la hanche et la fait
tourbillonner sur elle-même afin que le personnage puisse renaître et se
comporter comme ma raison l'avait imaginée.
23
Dans la pensée obscure
Dans la pensée obscure de ma raison défaite, il m'oublie, il se cache
comme un serpent de verre qui apparaît, qui disparaît.
Enfoui en moi - je connais pourtant son nom - il est là timoré, fourbe,
vicieux et parfois sexuel - il attend pour sortir que la nuit commence (il faut
déterminer par quels moyens l'inspiration poétique, sa soeur, conception
absurde etc. se manifeste).
Eh oui, enfoui en moi, soupirant, noir comme le charbon dans ma
cervelle stupide, la tête toute fécondée d'espoirs nouveaux, j'attends, l'éveil du
souffle de vie...
Qui est-il ? Où est-il ? Pourtant je sais qu'il se terre. J'entends même les
premiers suintements de syllabes prononcées. (Quand tu es absent, je me crois
libre. Le suis-je réellement ?)
J'attends comme l'enfant. Je m'angoisse de cet instant. Je déteste ce
moment construit sur l'éphémère et sur l'insignifiant.
Puis sonal, sonnerie en quelque lieu de délice, du cœur de ma cité (-
vérité d'image comprise ou refusée par le lecteur ?) l'obsession Baudelairienne
travaille les âmes poétiques... Tu vois, je ne dormais pas, j'espérais, j'attendais
seulement.
24
Je prends donc ce support de poésie en forme de rose de Pasolini, pour
tenter de produire, mais que puis-je ?
Agacé, dans la pensée sombre, j'emprunte quelques mots, quelques
idées. Je ne les couche pas en italique. Puis comme une muse qui s'épanouit :
"Est-il satisfait de ce que tu obtiens ? Poursuis... continue...".
Concept ridicule par le travail d'autrui
Médiocre moi-même qui cherche toutefois
Concept rêvé par la pure intelligence
Que je ne possède pas, que jamais
Je ne posséderai.
Forêts de lettres, masses touffues d'images,
Comme je cherche pour ne rien découvrir !
Je n'ai que cela ? Hélas ! Hélas ! Toutes ces pertes que je subis comme
je voudrais les récupérer et travailler sérieusement. Être comblé de bons
résultats, et non pas de cette abjecte stupidité ! Quelle idée de suffisance ! En
qui puis-je espérer ?
Mes recherches poétiques ? A quelles raisons ? Vers quel avenir ? C'est
encore un prétexte de faiblesse, de ridicule et d'insignifiance.
Peu et très mal, - très faible. Rien, rien et rien.
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Tout en soi-même
Tout en soi-même, il a cherché
Souhaitant extraire,
Ou pénétrer au plus profond,
Désirant se délecter
De sa propre substance
Il pensait s'endormir
Dans l'ombre immense de sa chair
Reposer dans un lieu de bien-être et de quiétude
Le temps disparaissait
Inutile d'angoisse et de crainte
Son être s'épuisait
En secondes lourdes de jouissance
Son être était apaisé
L'âme était dans le corps
Le corps était dans l'âme
L'esprit voulait-il revivre ?
La raison se dresser, penser
Et encore exploser
Beauté transparente d'idéale ?
26
Dans l'inconnu où naît l'impalpable
Où commence l'insignifiant,
Le grain de sens s'écoulait
Pour aller se baigner dans sa source claire.
27
Mots
Mots, impossibilités d'associations, de combinaisons défuntes, tirés de
la cervelle féconde, tentatives difficiles du langage, entre les bons coups et les
risques insolites, solutions accumulées sur la page stérile, qui veulent
s'enchaîner les uns aux autres.
On cherche, on s'épuise, on croit découvrir et cela semble peu, cela
semble ridicule. Mais comment penser autrement ? Trouver d'autres exigences.
Insistance de cette raison où éclatent des offres poétiques. Cervelle
nourrie de laitance d'autrui après avoir malaxé ce vrac de syllabes.
Puis cette armée de substantifs, pronoms, verbes dans ordre et désordre,
petits soldats obéissants ou cavaliers solitaires.
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Mots extraits
Mots extraits, tirés de quelque néant, là tout proche, qui semble éloigné
pourtant. Combinaisons audacieuses ou insolites qui se croisent ou s'encastrent
en une phrase parfois. Les solutions s'enchaînent, semblent former une ronde
organisée par la main du poète. Ainsi se conçoit l'acte sublimé dans sa
petitesse, dans sa grandeur aussi.
interne.
C'est geste solitaire d'une plume habile qui prétend animer un dialogue
Tu organises un songe et tu veux y régner.
Accède à l'impossible.
Nourris-toi de la chair sublime du poème !
29
Messages II
Parler avec soi-même
Par la fente on observe
L'instantané passer
Comme des particules en suspension
Dans un rai de lumière.
Il y a l'imperceptible presque,
L'inaudible, l'improbable et le doute
Qui s'entrecroisent, se juxtaposent
Et tentent de cohabiter.
Au-dedans, il y a des sortes de tentacules
Légères, invisibles et silencieuses.
Elles préfèrent délicatement les propositions offertes.
À l'extrémité de leurs doigts sont des yeux
D'une acuité visuelle extrême,
Ils touchent, voient et palpent,
Refusent ou prennent.
À quelles raisons, décident-ils ces doigts ?
Qui ponctionne, qui retire ou exploite ?
À l'extérieur, on peut supposer
Qu'il y a un front, sorte de muraille,
D'épaisse Carcassonne. Mais dedans ?
30
Là des idées changent de formes
Sont acheminées, transmises
Par un dialogue intérieur,
Par une activité électrique encore inconnue.
D'autres d'espèce chimique
S'évaporent, disparaissent pour s'associer ailleurs.
C'est donc échos, lumière déversée,
Brassages d'images, fluidité de désirs,
Maîtrise temporelle, échappée de seconde
Segments, fragments de bouts, de propositions,
Associations contrôlées, libérées.
L'esprit extrait des mots, des groupements.
Qui fusionne, qui combine ?
Les ressemblances épousent l'analogie
Et le contraire se juxtapose rapidement.
Le mensonge tire son origine de la vérité,
La vérité tend vers la sagesse poétique.
Parler longtemps avec soi mène à quelque chose.
31
Nuit
Nuit
Comme un front rempli de torpeurs
De lumières sombres, d'accidents éblouissants.
S'éloignent, s'entrecroisent les feux
Et les phosphores dans les miroirs de la raison.
Encore la sainteté avec pureté d'ailes blanches,
Avec écrasement et douleurs infinies.
Le ciel ouvre les murs
Et apparaissent les Dieux, Beauté et Beauté.
Retours au travail, en soi, par autrui,
Par Eux, par la blancheur spirituelle.
32
Je suis sans être
Je suis sans être, épanouissement de mon néant,
plénitude de mon vide.
Puis je plonge dans ce lac de pensées
Où grouillent confusément les perceptions du langage,
Où les grondements entendus
Par l'alchimique opération
Se transforment en cristal de musique.
Apparaissent les vagues successives d'analogie,
Images dérisoires ou sublimes symboliques.
Les concepts et leurs contraires participent
À la construction du raisonnement.
Les symétries, les parallèles
S'entrecroisent et s'imposent.
Jusqu'à l'effacement final
Pour la mort du poème.
33
L'écho
Je suis infiniment rien,
Je plonge dans le néant.
Au-dedans de moi-même,
Je perçois un lac de mensonges.
Le vertige porte mes pas.
J'écoute une parole conçue et pensée
Par l'imaginaire, par la raison, par la folie.
Les mots pensent pour moi,
Je suis l'écho qui projette une rumeur.
34
La cité intérieure
Environné d'espoirs
Souffle immense de rumeurs
Grandes silhouettes impalpables
Alors je pense, j'entends
Je conçois
Les perceptions sont irréelles
Inaudibles - tout se fait et se défait
Autour de moi.
Donc j'avance dans mon centre
Dans ma pensée circulaire.
Oui, j'avance
Au milieu des graines illuminées
de phosphore, de néant
de certitude et d'imbécillité
J'avance de manière sereine.
J'entends un murmure plaintif
Y a-t-il bourdonnements d'images ?
À présent je produis quelque peu
Je tire des signes
Un espoir est planté dans la cervelle
35
comme un drapeau noir sur blanc
comme des signes sur une feuille de papier.
Le poème s'élabore.
Voilà,
Dans ma ville poétique,
Je réveille les néons,
Quelques lampes s'éclairent
Je prends en moi, je vole à autrui
Je déambule sur les traces de mes idées
bric à bric d'étincelles
Maintenant je marche
à droite, à gauche, je décris ce que je vois.
Façade belle de femme,
serrure de sexes
odeur de salpêtre
Oui, comme une statue de marbre
puis portique, comme intérieure
Va-et-vient du passant
balance, oscillations
et toujours ces silhouettes
formes impalpables, inexplicables
mais présentes
Je cherche dans cette rue l'extase
Mes yeux chavirent, brillent,
36
miroirs captivants.
L'avenir toujours est interne,
occulte, sous un flot de transparences
sous des folies de merveilles
Il brille de femmes, de feu, d'orgasmes
Tout se mêle, se dissipe, se recrée
dans la grandeur du Temple
On entend des voix monter, supplier,
quémander,
On entend des gémissements
l'âme se plaint, interroge et veut jouir
comme une fille en rut dans l'épanouissement.
Les souffles lentement s'éloignent.
Me voilà à nouveau titubant
cherchant
un principe absolu qui m'échappe
qui m'égare.
Au milieu des réverbères,
je tiens ma lanterne
allumée de certitude
certitude ?
A rire
Me voilà couvert de la cendre des étoiles !
37
Je cherche un nouveau quartier
un lieu où l'être comprendrait
sa durée, son génie, son invention.
Une porte pour l'être ?
Non ! une voie sans issue
je cherche encore
donc j'écris.
Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,
va puiser dans la mémoire quelques possibilités
la ténacité persiste
elle ressasse et veut exploiter.
Au centre de la place,
il y a un jet d'eau,
un arbre fluorescent,
est-ce pensée suprême
est-ce coeur de la ville ?
J'avance à grands pas
dans la cité solitaire
Les immeubles couvrent de leurs ombres
le seul passant hagard que je suis.
Je cours mais je me crois immobile
je suis comme soufflé, aidé par mes pensées
pourtant je n'ai pas même l'impression
38
d'avoir marché.
Je crois être resté moi-même,
au même endroit...
Le temps semble le même,
et instable à la fois.
Oui, j'écrivais donc
à la lumière de ma cité
dans le dédale de ma raison
en absolu de croyance
en certitude d'éternité
et de prétention.
Ainsi j'achève l'acte,
le mouvement de mon propos
avec conscience de perte
et de faiblesse
avec l'espoir de chasser l'infamie.
Je me parle encore, mais l'autre dort.
Entends-tu ? Non je dors.
J'avance dans le noir, seul.
39
Inspiration
À peine éveillée, encore endormi, j'écoute cette masse inerte de
conscience qui balbutie des sonorités, qui propose des images douteuses.
Ma pensée est ankylosée, elle se meurt lentement comme un ivrogne
rempli de mauvais vins. Mais elle se plaît de cette fatigue, de cette langueur de
reptile allongé au soleil. Ou mieux, elle flotte dans les relents du langage.
J'entends un mot qui me parle comme un écho. Puis j'entends un autre
mot différent. Je tente de les associer les uns aux autres dans ce dédale de
vocabulaire, dans ce vacarme de nuit bleue. Oui, j'essaie.
m'arrête là.
Pourtant je me crois dans un désert d'images, l'immensité de ma stérilité
40
Question
Pensée
Pensée
qui se conçoit sans cesse
qui se nie et s'engendre
qui s'associe et se perd
dans l'espace de ma nuit
mot qui cherche mot
qui circule dans l'imaginaire
je veux mêler, faire fusionner,
engendre, croiser
de nulle part doit venir l'espoir
de gain de conquête
de résultat positif
Est-ce poésie que de supposer ainsi ?
Qu'est-ce alors ?
41
Sound and music
J'entends passer des sons
du brouhaha confus
qu'il faut purifier,
Je les vois parfois ces volumes d'intensité,
ils sont sphériques
et renferment des idées
Je suis l'intermédiaire,
une sorte de mauvais médium
J'entre, je suis dedans
Je peux m'entendre,
les sons viennent-ils de moi ?
Je carambole comme un joueur de dés
Il y a cascade d'aigus, de clairs
architecture d'éclatantes de graves
La belle harmonie consiste à placer
aux bons endroits,
à organiser - toujours organiser
en couplage, en tierce.
Je cherche le silence
42
il ne s'invente pas
Je veux construire
dans cet espace, le mien
Tout se situe dans l'esprit
Il faut trouver encore
un principe d'harmonie.
43
Sphère de mots
Tu évolues dans une sphère de mots. La fille aux lèvres belles toutes les
nuits, s'exhibe nue et lancinante à ton bureau. Quand ta bouche parle, elle
commence une transe sexuelle, retirant de manière vicieuse ses habits. Elle ne
garde que ses cuissardes noires. À tes pieds, elle supplie. Elle apporte des
lances, des sagaies, des armes, t'implore de la tuer.
Toi, tu ne sais que faire. Elle est belle, brune aux lèvres rouges. Elle
ressemble à la femme de Putiphar et tu te prends pour Joseph.
Il y a autour de toi, il y a... Non, il n'y a personne. Tu l'entraînes dans
ton lit. Des ombres te fixent. Tu feins de les ignorer. Tu la prends, la tords. Tu
exploites tous les chemins qui mènent à la jouissance, dessous, dessus, dedans.
Tu bois la coupe de feu. Elle n'est pas innocente, elle est chair et aime. Tu te
reprends dans ses viscosités, dans ses méandres luxueux, de poils d'odeurs
entremêlés.
Sur ton sommier, elle est araignée vicieuse, géniale, tu te répands, tu
jouis, tu expulses, tu dictes ce que tu veux écrire. Tu te sers de l'image. Tu
évolues dans une sphère de mots.
44
Couloirs, couloirs
Couloirs, couloirs désespérés de la raison
Où l'on court pour fuir sa folie
Portes ouvertes, portes à défoncer
Obligations, interdictions.
Il y a des chambres, des bibliothèques,
Des lieux de plaisirs, de prières
Chaque ouverture débouche sur une mémoire
De soi, d'autrui, de social.
Dans la chambre poétique
On ne joue plus aux cartes
Mais des bijoux de femmes se pavanent sur des sofas
Il y a chairs de chevelures
tumultueuses et ébouriffées
d'araignées blondes.
A la sortie du rêve
après avoir franchi la limite du front
l'oeil extérieur m'éclaire
me propose d'autres images
De lumière, de sang, d'orage.
Je prends, j'exploite,
j'écris entouré d'ombres
45
il n'y a nulle chair vivante
je marche là autour du bureau
j'écrase les idées, je les piétine
comme un raisin moyenâgeux
pour en extraire du vin.
Il est transfiguré, il est sacré
Sa chambre se situe au centre du monde
La pensée s'y nourrit avec joie
L'esprit s'éveille la nuit
L'esprit l'embrasse
La beauté lumineuse est
transparente de vérité
la certitude dit : oui.
Les scorpions, les rats, les barbelés,
Les épines dans la chair, les piquants
Les feuilles d'exorcisme, les crucifix
L'architecte, l'espoir du penseur
Le fils inconnu de l'église
L’oint civil
le voyant lave ses yeux
Les murs transpirent d'invisibles
de morts
46
Les souffles pourris des ombres
de vice et de honte
circulent dans les airs.
L'intelligence veut instruire l'homme
le temps est ennemi
Il entrevoit, désire obtenir
la gloire de n'être pas
Il hait cette stupide nécessité
de vivre.
Aimer est Dieu
comme deux amants qui se supposent
qui se savent, qui se sont vu
Le désir élève vers l'au-delà
la raison voltige
tourbillonne et s'envole
L'homme subit l'esclave du mal
Il ne peut s'en défaire
La cruauté est l'immense dominateur.
Le réel n'est pas tangible
Qui croirait ?
Qui accepterait de croire ?
47
Rien, nul fantôme.
Tout est mensonge
et fausseté,
évidemment !
Il y a masse de violence blanche
non, ceci est imagination.
48
Je suis dans l'invisible
Je suis dans l'invisible, je suis dans l'impalpable. Pourtant je croise une
ombre qui épouse une Personne et je la vois flotter là en face de moi comme un
songe monstrueux composé d'un univers de morts. Puis un oeil me fixe,
faiblement éclairé par une lumière interne.
49
Tombeau caché
Toujours vers moi
jusqu'à déplacer ma main
pour produire
L'instant qui court
m'échappe
quels que soient les chemins
que j'exploite.
Je leur préfère ma sérénité cachée
Tu peux me faire disparaître
Mon avenir est en moi-même
au plus profond de mon esprit
J'accède au point ultime
La lumière est bien à l'intérieur !
Ma parfaite négation
saura me détruire
pour me faire oublier
de tous.
50
Le marcheur solitaire
Je n'étais cette nuit-là qu'un esprit qui pense
Aussi la concentration était sereine
Au centre de la raison
Je me mis à poursuivre l'image qui fuyait
Fade coureur, je chutais sur moi-même
Je m'étalais toujours plus en avant.
Venues d'un toit invisible, des bulles de mots
Poussées par le vent
Plongent soudainement dans ma pure certitude
Des roses noires porteuses de pensées
Les accompagnent
Elles désirent convaincre ma volonté. De quoi ?
Me faut-il deviner ? Je dois savoir.
La chute légère d'une bulle caresse l'eau,
Enivre ma raison de questions insensées.
Je m'éveille au milieu de sensations douteuses
Et je poursuis mon investigation
Cherchant vers l'avenir.
Le sentier de l'audace est là, un peu plus loin
Vais-je l'emprunter ?
Audace ! Comme je préférerais le survoler !
51
Je réfléchis, j'hésite, que faire ?
J'entendis s'éloigner une ombre peureuse,
Était-ce l'image qui fuyait ?
Je décidai de m'en retourner,
Je regagnais le centre de la raison
pour enfin dormir.
52
Lumière
Tout s'éclaire :
La pensée est à l'intérieur
Légèreté vivante
J'existe dans mon espace,
là est ma demeure
L'ombre des morts
est remplie de vide
est perte funeste.
Dans le ciel de ma raison
je délimitais mon cercle clair
nourri constamment par mes dieux
espérant une consolation.
Que seront les livres ?
Quel avenir sous mon soleil ?
53
L'éclair de sel
Dans l'éclair d'une pensée obscure
Une solution évidente
Fracasse la voûte de ma raison.
Je protège ma tête
Entre ces vastes mains qui écrivent.
Sans aucun doute une sonorité
Venue du préconscient...
Utile pour quel poème ?
Fallait-il qu'elle me réveillât
Sur la portée de l'inspiré
Au terme d'une image
De fausseté, de dérisoire ?
Ne pas critiquer est acte de sagesse...
Prends ta cervelle, écoute-la
Poète à la réflexion ridicule !
Ce signal zébré dans ton ciel
Mille fois recommencé
N'est pas un espoir tari
Mais une étincelle nourrie de sel
À l'avenir certain.
54
Messages III
L’insomnie
impétueux.
L’insomnie de la nuit circule dans ma cervelle comme un long fleuve
La pensée reste constamment en éveil, semble se plaindre et demande à
se poser à une raison sur un support viable.
Ou ce sont encore des vagues successives cherchant à regagner un
rivage qui se dessine avec difficulté.
Il y a un gardien du songe prêt à exploiter sa mémoire pour accommoder
des mots ou des solutions d’écriture. Il est là ce vigile de minuit zélé, capable
de bondir.
Des possibilités auditives ou vocables cherchent à monter assourdies ou
cristallines, et cela se compare aux accords d’un orchestre avant le premier
mouvement.
Je n’entends pas de voyelles, mais je perçois des mots, des sonorités,
des claires, des aiguës associées à des consonnes pour former des coups
musicaux.
55
L’alphabet est déjà constitué. Des productions se conçoivent sous le
front, et la bouche articule et mastique ses aliments.
Elle pense, elle espère
Elle pense, elle espère, s’élève, se foudroie, se détruit et renaît. La voilà
sur la pointe des pieds, fille sautillante, légère et vagabonde. Je l’appelle Idée, -
belle dans sa nudité, recouverte d’un voile.
Elle pénètre l’esprit, elle va vers l’intérieur, atteint cette espèce de
masse noirâtre qui bouche l’horizon. Mais elle plonge pourtant dans cet amas
visqueux et glaireux là où l’intelligence refuse de s’aventurer. Parfois des jets
lumineux semblent bondir de cet étonnant réservoir où le retour de l’homme
paraît impossible. L’obscurité y règne. Parfois encore des souffles mugissent
comme pour venir y chercher une respiration, puis ils replongent pour
disparaître dans les profondeurs.
Pourtant cette fille s’éloigne et atteint les premiers rocs rougeoyants.
L’oeil fasciné du poète la regarde aller toujours plus loin, vers l’intérieur.
56
Je marche
Je marche sur de la matière endormie, point de formes, à peine quelque
masse supposée ici ou là. J’avance pied droit, pied gauche. Alors jaillit à quatre
pas de moi, une sorte de geyser vert et jaune. Étonné, je recule. Dans ce jet,
apparaît une femme d’abord lumineuse et fluorescente. Lentement la couleur
change et devient bleue. Cette femme, qui bizarrement correspond à mon idéal
de beauté, s’étonne, s’observe et commence à se déplacer, à tenter de vivre. Là
voilà à présent tourbillonnant sur elle-même, et riant de ses belles dents toute
nacrées. Elle danse ou se plaît à bouger. J’observe sa plastique puisqu’elle est
mienne. Sa nudité l’amuse. De temps à autre, elle me regarde et semble dire :
“Voilà, je t’aime. Je suis Elle, l’as-tu compris ? Me veux-tu ? Je te dis que c’est
moi.” Elle se balance, cherche l’équilibre entre le désir et la retenue. Ce n’est
point une représentation audacieuse que me joue la raison, car elle est femme et
existe vraiment. Du moins je veux le supposer. La raison du poète est souvent
mensongère.
C’est la parfaite idée que je puis avoir de ma moitié, - oui, femme
perpétuelle dans la mémoire d’un songe, qui naît de l’intelligence et se met au
service de la sublimation poétique. Oui, belle et vivante, pensée de l’intérieur,
flamme de feu et de sang.
Toute composition idéale est naissance encore renouvelée.
57
L’imagination
Il m’était difficile de soupçonner mon imagination capable de n’offrir
quelque chose d’utile ou d’efficace. J’étais à l’entrée de mon âme et prétendais
l’aptitude créatrice creuse sans possibilité d’élévation. Cela paraissait faible,
relativement ridicule là devant mes yeux, sans le moindre soupçon d’image ou
d’idée. Je décidai de faire demi-tour.
Alors apparue l’irascible femelle, souveraine de mes misères et de mes
splendeurs, femme fatale au collier noir, cruelle et dominatrice, comme
suppliante et implorant je ne sais quoi. Pourtant je refusais de lui demander de
se justifier.
Cette frénétique salope, ce bourreau sexuel était là à quémander selon le
raffinement de sa sensualité supérieure. Elle se voulait domestiquée, soumise à
mes superbes connaissances et désirait mon esprit de vouloir l’instruire.
Dans la mémoire d’hier, vacillaient encore des fantasmes de bulles
claires, de filles-serpents, de femmes-loups. Elles étaient ligotées à ma potence
de chair érectée.
Alors je me suis vu grandir, bondir hors de ma raison et regagner le pur
lac de mon enfance où j’ai commencé à vivre.
58
Pas assez creusé
Pas assez creusé, pas assez cherché, encore, au plus profond, en soi. Je
ne suis qu’une ronde pénétrante, qu’un homme de l’ombre qui descend,
descend, qui remonte et n’extirpe rien d’utile. Je poursuis ma folle plongée.
Etc.
Dis-moi, stérilité
Dis-moi, stérilité, pensée façonnée par le temps, ne veux-tu pas
descendre au plus profond pour y extraire de la lumière, une étincelle de vie, un
brouhaha de paroles pour qu’enfin jaillissent des grandes feuillées dans le
vagabondage de la raison ?
Ne jamais dormir, constamment réfléchir les yeux ouverts vers
l’intérieur pour rêver de femmes dansantes, de soleils éclatants, de souffles
exaltées. Etc.
59
Messages IV
I
J’ouvre l’oeil intérieur
Apparaît la femme
errante et nue
bondissante et dansante
Elle lutte avec le tigre
s’éprend du taureau
supplie le serpent
Des agneaux s’enfuient là-bas dans la brume.
II
Le ciel condamne la bestiale.
Une sainte approche vêtue de pureté,
c’est une pluie de soie dans le miroir invisible
Mille éclats explosent
Hurle la pécheresse
qui se tord dans le feu
et retourne à la poussière.
60
III
Emmuré en soi-même
pour accéder à l’éblouissement
Je conçois de l’intérieur
Je produis des pensées
Je capte des couleurs
Des sonorités aiguës ou violentes
s’accrochent aux parois des oreilles
Les signes d’abord amorphes et volatiles
se cristallisent
dans la réserve de mots
Bouche d’intelligence
qui ne malaxe que du mensonge
Luminosité qui éclaire les caractères
de l’inutilité.
Oui, l’ensemble se combine
pour éclater en splendeur
de pacotille
de ridicule
de poésie
Je fuis mon ombre
j’avance dans la certitude
61
au milieu de forêts fantomatiques
évitant les constructions invisibles du souffle
D’autres éléments défilent
Je les embrasse en tâtonnant
Sont-ce des vérités ?
Sont-ce des images ?
Dans cet espace personnel,
je ne fais que penser.
62
Pensées souveraines
Pensées souveraines
Déployées sur mon front
Par des certitudes poétiques
Se construit l’écriture
Les doigts agrippent le calame
Obéissant encore
Obéissant et disciplinés
Le mot poursuit le mot
L’accompagne, le devance,
L’entrecroise
La main questionne l’oeil :
Produire ou attendre ?
Des spectres d’images
Commencent à apparaître
Par la féerie créatrice
La feuille lourde exige une soeur pure
La page remplace la page
63
L’œil intérieur contrôle
Phare toujours ouvert
Cherche en toi,
La nuit s’illumine de mystères !
Pensées souveraines
Déployées sur mon front
64
La phrase
j’en cherche une autre
Je fuis cette phrase insipide
Les mots apparaissent çà et là
dans des clignements d’yeux
Ils essayent de briller
pour que je les capture,
les saisisse papillons de fortune
Puis ce sont des flux et reflux de syllabes
accompagnés de sonorités bizarres,
aiguës, agressives
Tout se situe dans le front
la pensée s’y répand
elle essaie constamment d’accorder
le signe d’encre avec l’idée
l’imperceptible se mêle au perçu
le pressenti à l’insoupçonné
le langage balbutie,
L’écriture se conçoit
hésite,
65
et propose d’étonnants babillages
Je cherche à converser avec moi-même
Je navigue bêtement baigné de doutes
La vérité n’existe pas
L’image, l’inspiration, les chiffres :
Tout est trompeur
Jusqu’à ce bruit sourd,
sorti d’une sorte de chaos
qui bourdonne dans ma cervelle
J’espère encore
observateur à l’oeil inversé
obtenir une autre phrase
de qualité cette fois
66
Les pensées, ces fleurs
Je pénètre dans l’âme
Sur le jardin poétique
qui ouvre
Les pensées semées
ici et là
s’élèvent et tournoient sur des tiges invisibles
Elles se balancent à droite, à gauche
tombent et se meurent
Elles essaient de tenir sur cette page
pour produire quelque arôme
parfumé de charme, enivré de liberté
de délicat et de subtil
Elles ondulent en mouvement imprégné
de grâce et de douceur,
se ploient et se déploient lentement
tourbillons légers
ballets de fleurs
Elles sont le poème
que nous ne parviendrons jamais à écrire
67
Les paroles parfaites qui échappent à l’inspiré
Elles sont cet autre chose
imperceptible et irréel
Elles sont ce que la plume nous conseille de dire
ce délétère, ce soupçon évadé
à jamais enfui.
68
Éblouissements de nuit
Éblouissements de nuit
nous voyons sous l’invisible
des traces de vérités phosphorescentes
nous y montons, y descendons
Tout se situe à l’intérieur
cherchons encore
La pensée coupante tel le diamant
pourfend la chair,
la déteste,
détruit le corps
Le temps, éclair ou éternité
s’immobilise dans l’âme du poète
qui est violence, qui est colère
foudre jaillissant des yeux
Idole se détruisant,
admirant son génie
contemplé de personne
méprisé de tous,
69
Toi qui te vois et t’observes
priant ton propre soleil
lion et force rugissante,
es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ?
as-tu rencontré d’autres soleils ?
Certitudes de minuit
nous prions ensemble
dans l’ardeur et le feu du savoir
L’esprit nourrit sa pensée
de gerbes fluorescentes
La lumière embrasse des présences
pour disparaître oubliée
dans une forêt de syllabes et de phrases
70
Une existence d’effacement
Être sans être
dans un parfait silence
dans l’épanouissement du néant
au-delà du principe temporel
dans l’éternelle immobilité de la seconde
où se développent, vivent,
naissent et disparaissent
des bulles de syllabes,
sublimes confusions de langage
C’est encore la construction d’images
pour le vide intérieur
où la symétrie côtoie le déséquilibre
où la mémoire bondit constamment
C’est le soleil noir sans aurore
sans éclipse ni clarté
ni crépuscule
C’est exister dans un monde d’effacement
71
La cité intérieure
A la lumière de ma certitude,
la nuit pénètre dans ma demeure
sa forme blanchâtre caresse
les constructions invisibles
Je descends au plus profond du silence
essayant dans l’opacité de l’avenir
d’accéder à quelque délire
L’ensemble des signes souhaite
élaborer un poème
Des architectures sont en mouvement
sur les structures de la pensée
La puissance de l’esprit
échafaude leur montage
Un refus de la conscience les atomise
en un laps de temps insignifiant
Des briques sur des briques
flottent, se posent, s’installent
72
Un ciment vulgaire grossier de et de ou
par ses propriétés grammaticales
cherche à solidifier l’ensemble
compressant les images
J’erre donc sur un liquide épais
pour en extraire une essence
Je pénètre l’âme des poètes,
j’en tire leur génie
je m’applique à les imiter
avec plus ou moins d’aptitude
Je flotte sur leur catafalque de gloire
ma richesse est délétère
faite de vibrations émotives
Rien ne résiste,
tout s’envole, s’enfuit,
Nuages... nuages
Constamment, incessamment,
se croisent et s’entrecroisent
dans le miroir de l’invention
des figures inouïes
73
à l’édification de l’œuvre
L’ensemble participe
Est-ce œuvre ? Monticule de livres ?
Cela se situe dans le front
c’est un hymne de syllabes
qui mugit sa puissance ou son délire infini
Vapeurs, tourbillons, nuées, chevauchées et fuites,
voilà ce qui se passe
dans la cité intérieure
74
Il n’y a pas d’issue
Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec
l’aura de mes pensées.
Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je
me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ?
Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.
Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre
du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau.
La nourriture de la mémoire s’y est déversée.
Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! que
personne ne lira, que Dieu connaît.
La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soimême
comme une toupie qui cherche.
Où suis-je ? Où en étais-je ?
J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va
disparaître. Je le sais bien.
75
Il n’y a pas d’issue
Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec
l’aura de mes pensées.
Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je
me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ?
Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.
Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre
du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau.
La nourriture de la mémoire s’y est déversée.
Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! que
personne ne lira, que Dieu connaît.
La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soimême
comme une toupie qui cherche.
Où suis-je ? Où en étais-je ?
J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va
disparaître. Je le sais bien.
76
Vaste labyrinthe
L’âme est un vaste labyrinthe où des pieds sonores courent et circulent.
Je les écoute caché dans l’ombre. Je les espère comme des talons aiguilles de
femme, et ne vient : qui est-elle ? Est-ce ?
C’est bien dans l’âme une étrange confusion de sons, d’ivresse,
d’espoirs et d’imagination fantasmatique.
77
Messages V
A personne
Je ne lègue à personne
Ma part de poèmes, de rythmes
Qui s’élaborent dans mon désert
Enfermé en moi-même
Au plus profond de l’exil
Nourri d’imaginaire
Sans contradiction, mais sachant
Évidence immuable
L’organisation de l’homme est facile
Collectionneur d’images, de sons, d’invisible
Proposant des fréquences,
Je fomente dans mon âme fertile.
78
*
Voilà, voilà encore cette impossible recherche, désespérée,
désespérante, au plus profond du moi scrutant et intérieur, désireuse d’obtenir
un splendide résultat. A-t-elle quelques moyens ? Pourra-t-elle se prévaloir de
pénétrer l’immense conscience que le poète suppose posséder ?
L’esprit attend cette formidable décharge de la cervelle, cet élan de vie
intellectuelle permettant d’accéder au Poème.
Et quel est son futur, à ce poème ? Quel avenir, lui déjà à jeter dans les
tiroirs de l’oubli, dans la satisfaction personnelle mais stupide ? Car le poète est
imbu de son Moi, il se gargarise de sa propre substance. Il possède la certitude
de sa capacité... Il ne saurait en démordre.
79
*
Quelque chose d’infiniment ridicule qui doit s’ajouter sur une
perception presque blanche, inconnue ou livide.
L’œil se balade, spécule, cherche, l’œil au fond de lui-même.
Négligemment attendant, espérant un Je suis dérisoire.
Et c’est ce rien qui se propose, à la vue de mon visible - intérieur
Cette pensée, et voilà - n’est-ce donc que cela ?
80
Non pas un monde, mais des mondes
Non pas un monde, mais des mondes
inclus, s’ignorant dans des espaces
où le temps varie
où le temps décide de l’existence
avec un catalyseur
un instrument de passage
de convertibilité
pourtant incapables de communiquer les uns les autres,
interdits d’accéder à du franchissable
Passer d’un monde à l’autre
Là-bas, j’étais mort je suis redevenu vivant
Là-bas, c’est la connaissance du futur
donc un autre monde
Là-bas, je serai ici, je n’existe pas
Être ici est impossible
mourir ce n’est pas être
mais c’est s’en retourner à son néant
Je sais ma survie
Je ne recherchai ni consolation
ni espoir d’avenir pourtant
c’est mourir
81
Un autre monde
Un autre monde, certainement
où l’œil est perçant
avec des perceptions plus pures, plus vraies
Un monde parfait d’avenir, de passé,
de conscience exacte
de certitude
Un monde supérieur, éternel
régénéré
nourri de sa propre substance
où le temps est aboli,
ou intégré, du moins compris
Voilà pour l’hypothèse
est-ce possible ?
Monde pensé par des Verbes
d’éblouissements internes
Je dis : est-ce possible ?
82
I
Par la fenêtre, nulle ouverture
mais de l’intérieur
il faut donc passer par le mur
Fenêtre ouverte, fenêtre non
Le soir toujours le soir avec soi
Le grand agitateur de l’esprit
pour la lumière
l’emportement dans l’immense brouillard noir
alors du fond
du fond de soi
extirpe, tire, exploite, prélève
impose à la cervelle d’obtenir mieux, plus
Voilà l’image, la voix, les mots
les premières formes
une sorte de lumière
c’est ça : travaille
83
En toi
Ce qui est au plus profond de toi
est inconnu
caché en soi ?
Le souffle dort-il
84
I
Du clair penser
Extrait de substance mienne.
Au sortir de l’esprit,
L’élan de la mémoire,
Son parcours avec le temps.
La matière :
Les lettres, ses fils - les signes.
À la recherche du possible,
De l’audace, du risque.
Plus loin, toujours en soi.
S’éblouir dans l’orgasme
Du poème qui croît
Se questionner avec
Gerbes ou pétales
Moi, encore
Nourri de silence
85
Sur le bord du rêve, tombant
Ressuscitant
Avec front soucieux
À nul, lisible
Pour la fabuleuse compréhension
Intérieure.
II
Toi, donc, quelles évidences ?
Toujours refus, rejet toujours
L’esprit, le coeur, la raison,
Où se situe le siège ?
Le Conseiller Secret,
Un moi-même inconnu,
Caché là, avec sa femme,
La Conscience
L’oubli éternel, dit-il
La ténèbre à vide
Est-ce ?
86
Messages VI
Enfouies les racines
Enfouies les racines
A l’intérieur. Sur le bord des lèvres,
Le murmuré, le poussé,
Exil au plus profond :
L’esprit cherche ce qu’il y a,
ce qu’il croît.
Plongée qui n’en finit pas.
Oui, la mienne, encore,
Dans l’errance maîtrisée
Sur l’aile de l’Esprit.
Il faut produire de la parole.
L’inspi, l’inspi offre, espère,
Une fuite par le haut.
A tisser, à construire
Perception fragile,
C’est encore de la plainte inaudible,
Pour une ligne de sillage sur le papier.
87
Obscurcir ? Quoi ?
dans l’oubli du néant, on y songe
on y songe
Pensées brisées, basculées, tordues
et bondissantes
dans l’orgueil de l’espace intime
Donc c’est l’appel du souffle
il faut mémoriser,
inscrire cette perception
avec souffrance - il faut
Mes yeux, orifices de l’écriture
Gavés d’ombres lisent ce fini
et le méprisent.
88
Recherches de distances
Recherches de distances,
ce sont les mémoires d’une même oscillation
d’un imperceptible à définir
sans connaître exactement l’origine
ce sont des tentatives
des volontés de savoir
des pénétrations très à l’intérieur
Des miroirs de plus en plus petits
pour une sorte de calcul infinitésimal
de décomposition de substantifs
de prélèvements de verbes
pour y extraire, - quoi ?
Il faut aboutir dans le profond du Moi
89
1
D’éclats percuté, d’éclats éblouissants
pour une vision obstruée de l’extérieur
mais vivante en
D’images bariolées, d’images voltigeantes
compressées, agglomérées
indiscernables, à décanter
Les yeux plongent
au plus profond du Moi
2
Il y a montée, jaillissement
immense exaltation puis inquiétude
volonté de maîtriser l’action,
de contenir le verbe
L’esprit peut-il ? Du moins, il s’y essaie.
S’imposer d’ignobles coexistences
de combinaisons audacieuses et grotesques,
de solutions fantaisistes ou absurdes
Mais comment faire ? Comment
90
Mémoire
amas d’êtres, réels et d’images infinies
où s’intensifie le sentiment
Mémoire : vaste splendeur intérieure
J’oublie parfois la souffrance
Le souvenir se cache, revient,
se transforme, gomme ses apparences,
se nourrit de vérités erronées,
- ce qui l’arrange
Je ne puis décider de mes souvenirs.
Le temps éloigne la certitude
mêle du pur à de l’impur
Le temps construit sur du délétère
égrène, efface
fabrique du mensonge
qui jure dire l’exactitude
Mémoire
91
Obsession consiste
Déchirure intérieure
mais perçue, suc,
de douleurs inconnues
au plus profond du non-Moi,
cachée peut-être
par la sensibilité
par la vibration émotionnelle
du poète qui pense
Plus loin dans les dédales de l’âme
à jamais invisibles
des images échappées,
fuyantes, effrayées
L’obsession du producteur
consiste à faire remonter le fugace,
l’imperceptible, l’oublié
dans la nuit noire et marécageuse,
l’obsession consiste...
92
I
Plongeant en toi-même
Au plus profond du Sahara
De stérilité, d’aridité
Fuyant pourtant ton ombre de médiocrité
fantasque et insignifiante
Ce que tu peux penser te concernant
Est bien la vérité cruelle
Ce n’est pas un modèle unique
de critique détestable
Il y a la lumière du dedans brillante et blanche
qui sait hélas
93
II
Lumière intérieure de vérités
de certitudes
préceptes lointains d’où la pensée tire
quelque essence
Oui, tout là-bas
dans la cavité interdite
avec miroir et torche
pour y remonter de subtiles indices poétiques
raréfiés par un air inexistant
Enfin Moi qui tente et espère
94
L’esprit avance
L’esprit avance. Le jour est presque clair. Où en suis-je, où puis-je aller
? Je dois me supporter ou tenter de spéculer avec du matériel délétère. La
confusion est dans cette tête. La lumière qui la définit, est parfois ténébreuse,
occulte, délimitant l’extrême à atteindre. Je ne vois que du vide, et bien sûr, il
me faut le remplir. Je me reconnais, - oui, c’est moi, dans cet espace virtuel de
possibles, d’inexistants et de probables.
Je m’épanouis accompagné de cette curieuse lumière et j’organise le
déplacement des objets. Je désire maîtriser mes mouvements. Je m’y essaie
plutôt mal : tout semble s’activer si vite, et la pensée s’enfuit. Rien ne me sera
donné. Je m’étais pourtant promis quelque triomphe obscur d’inconnu à
satisfaire.
La nuit est tombée. Tu ne plongeras pas dans ce précipice où le vertige
excite ton possible. Tu en prends du plaisir à déplacer l’effroi et la crainte du
Néant. Tu avais autrefois glissé là tout au fond, tu y avais remonté ton absence,
une souffrance inconnue, une certitude de faiblesse. Tu sais à présent ce que tu
as fait.
95
La lumière insistait
La lumière insistait et cherchait éternelle et superbe à éclairer mes
pauvres yeux gisant dans l’ombre. Je voulais échapper à la pensée grise et terne
qui constamment pénétrait mon esprit. Je croyais voir des possibilités suprêmes
d’intelligence autre. Je n’étais qu’un pantin articulé courant désespérément
dans cette chair intime.
Tout mon mal résidait dans les limites de mon aptitude. Je n’avais en
moi qu’une médiocrité détestable bloquant toute recherche de progrès. Je
voulais changer cette durée qui rongeait mon avenir.
96
La nuit, je pénètre
La nuit, je pénètre l’épaisse broussaille où s’endort mon sommeil. Du
charbon plein les yeux, j’avance en tâtonnant pour atteindre une sorte de
labyrinthe où s’irriguent constamment les sources de la douleur et du Mal
réunis. Je me calfeutre dans cette espèce de buissons d’épines pour essayer d’y
prendre quelque repos. Des torches flamboyantes illuminent parfois cet univers
marécageux où je vois d’autres poètes qui y croupissent avec leurs âmes.
Certains implorent et me supplient de les délivrer de ce lieu impossible.
Quelques fois, il semble que le jour veut poindre dans leurs yeux de misère.
Ho ! Lieu sordide, nuit de l’extrême, s’engouffrer dans ton vertige pour
y disparaître à tout jamais, pour fuir dans l’infini de l’oubli, et aller de peu à
peu, et de peu à plus rien comme un mouvement qui s’arrête ! L’espérance est
dans la mort qui annule la vérité de la naissance.
97
Au plus profond du Moi
Au plus profond du Moi ainsi je m’enfonce seul, seul, sans
personne pour m’accompagner
Nulle beauté bleue
le soleil est de l’intérieur
si soleil, il y a
Tout se cache dans le front
Si je trouve, j’accède au triomphe
nul ne le saura
tant pis dit-il et tant mieux
La justice soufflera-t-elle comme une tempête d’honnêteté ?
Je me plante dans des sables blancs, d’une finesse absolue et parfaite
je puis m’extraire quand bon me semble
Où est ma force ? Je ne suis que faiblesse
Si du moins je pouvais construire un chemin invisible sur une sorte
d’immense jeu d’échecs
car demain c’est ma mort, c’est ma fin
98
En moi toujours cette pensée répétitive :
la splendide trace où quelques oiseaux hagards viennent se poser
Constante est cette certitude dans son esprit.
99
À la recherche du Non-signifiant
C’est dans cette boîte de cervelle
qu’il te faut puiser et extraire
il y a d’éblouissantes semences
regarde bien à l’intérieur
des jaillissements de germes
des champs d’expectative à explorer
des terres et des terres favorisées par la pluie
jamais encore piétinées ou caressées
sublimations hypothétiques dans l’obscur de ta conscience
fuite, élévations, puits qui jaillit
Je veux prendre le silence pour y planter quelques possibilités de son,
de langage pour y jeter des graines d’avenir.
j’ai besoin du syllabaire secret d’odyssées Elytis
“Brave, écrit-il, maintenant tu sais me lire.”
Je dois donc travailler, puiser, plonger pour y capter le Non-signifiant.
100
Le Temple
Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel, un
espace dans lequel reposerait mon âme.
Ô Temple de moi-même, éternel édifice
Rare construction plongeant au précipice
D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi
J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.
volage.
La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée
Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe,
dans un idéal chimérique.
immense.
La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette pièce
Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour un
idéal d’écriture,
génies fortunés que j’invoquais et suppliais.
Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme
serein et puissant.
101
Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais au
vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral
quand la perfection esthétique atteint son paroxysme.
Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse, elle,
presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les dalles
de mon Temple.
Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire.
En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa
puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de son entrecuisse.
Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de
l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.
102
Le puits
Ainsi je me courbai pour pénétrer en moi
Un immense puits pour y chercher quelque substance
J’en ignorai la profondeur
103
Résonances I
Je te devance
Je te devance, tu me crois meilleur, m’espère Propose pour toi - de toi à
toi. Un nouvel être mieux formé, plus précis. Une fièvre intérieure, d’aventure.
Avançons, disais-tu. Je t’aide, t’aide ; il faut du encore, du mieux. Corrections,
neurones, cerveau, ce mécanisme associatif. Cette volonté d’ajouter. Protègetoi,
évolue, monte. Recueille des produits nouveaux.
On saisit le fulgurant, au bord de son tremplin, de vide, de rien. Qu’estce
que la pré-inspiration divine ? Cet impalpable de substance créatrice ?
Oui, dans l’insécurité de l’invention où l’on cherche du valoir.
104
Marché en soi-même
Comment marcher en soi-même ?
Comment aller vers sa propre écoute ?
Comment s’élever ?
Je ne suis qu’une onde infiniment rien
qui pénètre, sillonne, s’enfuit
désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison
prétendant y découvrir un soleil
un flux constant de désirs
C’est un rêve de chaleur poétique
qui nourrit ma nuit
J’enveloppe ma chair intérieure,
je la dénude
et la pousse aux soupirs comme avec une femme
épuisé, serein, exténué, je m’endors
repu parfois
Qui me soutiendrait ?
J’ai dans la tête
des glaces évocatrices
des miroirs courts, menteurs, faussés
105
sous des braises exhalées
Non, je veux m’étendre
chaudes et phosphorescentes
Peut-être y trouverai-je
l’or que j’y cherche ?
106
Où es-tu
qui m’entend ?
Où es-tu pour m’ignorer ? Suis-je insignifiant ? D’ailleurs,
Ainsi, dans cet espace, étranger près de la porte édifiée, - par-là je
monte et espère.
Qui sait réellement quoi ?
Je traverse, transpose, prétends
107
Vide créateur
L’âme plonge
dans le vide créateur
La pensée foudroyée
est morte, est vivante
du moins sa lumière
est phosphorescente
Au plus profond,
Penser est un vice
La fille s’étire
avide qui se dévide
est un infime
tout élan
commencement de l’intelligence
dans le peu, dans le mièvre
il y cherche des preuves
Il construit dans le rien,
L’univers en soi
Étire sa toute puissance
108
Le miroir
J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à cette
unicité de l’être humain
où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir quelques images
fugaces
des variables de différences en halos, halos qui s’enfuient
ver toi
Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour toujours revenir
Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “ d’autrement vrai ”
Ma pensée est une interrogation qui tente une possibilité de probables et
désire comprendre ce que le hasard a entrevu
Il fait gratifier la lucidité du mensonge
Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ?
Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle.
Tu insistes seulement compris de ton image
Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle n’intéresse
personne.
Quelle aube ? Quelle connaissance ?
Les actions s’effacent par la purification de l’esprit
109
Il faut passer par l’ombre
Pour accéder à ta lumière
Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable
Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc...
Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même
Espère le contraire.
110
Je parle seul
Je parle seul, j’espère.
Je suis peut-être dans un état de recherches, d’attente, d’espoirs.
Il y a un vacarme intérieur, inconnu pour une grande oreille plaintive.
111
Homme puissant
Homme puissant, caché, invisible
au-dedans
homme incertain
blessé, de sang bleu
il parle dans son silence
à sa femme homme poète
Syntaxes
Syntaxes justesse de mon être
qui plonge en soi et remonte
quelque chose d’aléatoire et de risqué
ego renvoyé
Le sang, le phosphore, l’énergie mentale
Syntaxes de modernité
d’avenir ?
Que sais-je ?
112
Remonte
Remonte au-delà de l’utopie
reviens produire encore
Le je sais le je-ne-sais-pas
balance contrebalancée dans l’illusoire
de l’oscillation
double raison d’ambiguïté
de bi-certitude
encore Moi
Fantôme désirant désiré
en prise en prisme
sous le voile d’un christ
La cité désertique
Parole sur parole
Conçois ta cité désertique
Passe devant les seuils,
les grandeurs, les temples, les statues
113
*
On voit en soi l’autre Soi
Dérivé, varié, autre
Une infinité de tons
D’humeur, de feelings
De sentiments - palette
De peintre mêlant ses couleurs
Pensant, changeant, concevant
On ne sait jamais, on espère
Que fais-tu ? Qu’as-tu voulu faire ?
Est-ce là ta pensée
Intégrée dans la matière ?
Tu es fragile, existant à peine,
Pouvant t’effacer, te nier,
Trompeur, trompé - qui le saura ?
114
Je m’exile
Au plus profond du Moi, je m’exile ou me cache
Je ne veux pas me gaver de mémoire
Comme un vieillard sans avenir
Dans l’inutilité de son histoire
Ma vie n’est qu’un long silence
Sans éditeur, sans lecteur, sans métier
Enveloppé dans la mort
Je tremble face à cette femme ridée et vieille
Oui, c’est moi qui frémis de crainte, de certitude
Et de futur perdu
115
Je m’enfonçais
Je m’enfonçais,
Dans la certitude
certitude d’être un incompris
Que me fallait-il faire pour que cela plaise ?
Années d’agonie
d’agonie en moi-même
Reste en toi,
Ici ma vérité
en toi,
vérité poétique !
116
Résonances II
Des mots
Des mots secrets et interdits
cachés au plus profond de l’être
Guérissons-nous de nos souffrances ?
Dans les plis de la certitude
l’union s’impose
nous espérons sans réel avenir
Par où
Mots,
Par où la pensée pleure :
l’homme - le reflet - la nudité
la surprise - je veux, je cherche, origine
le propice, le souhaitable, le médiocre,
le Moi, encore - écrire.
117
Une aptitude
Une aptitude
ne pas ne pas cela seulement
à plusieurs que faisons-nous ?
architecture.
volumes, reliefs, Tri-D dans
la mémoire avec constructions de mots, de solides, ainsi une
J’ignore le rayonnement
Je vais à ma fenêtre dans la conscience
mon ombre, ce soir
D’autres exigent un théâtre, une scène,
une vitrine, de l’extérieur
118
Par l’œil
Par l’œil pour l’intérieur
l’esprit
le mental, l’action
la production, la méthode, le principe, le système, la programmation
Et quel but ?
quelle satisfaction doit-il atteindre ?
Y parviendra-t-il réellement ?
Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...
119
Sa transparence
Quand il revient, il voit sa transparence,
il l’habite
il conçoit à nouveau la pureté intime,
intérieure,
de saint
il revient en lui-même, conscient
de sa perfection
de son idéal d’être
Il embrasse d’autres saints,
d’autres saintes
tout s’éclaire blanc, éblouissant
de lucidité
Victoire du torturé
sur la souffrance
sur l’excrément de la violence
du Mal
120
Ce matin-là
Les premières senteurs matinales
l’ivresse d’un réveil
l’effacement du rêve,
la conscience m’appelle au présent
Je rentre dans mon histoire journalière avec
ses obligations, ses déceptions, ses répétitivités
Je m’attelle au présent
mais je cherche un autre temps
peuplé de mémoire, où le souvenir côtoie l’oubli
dans sa profusion d’erreurs,
de mélanges, de dérives
Si ce matin-là pouvait satisfaire mes désirs !
121
Soir pensé
Soir pensé de sueurs productrices,
soir stupide ou génial
enrichi de pensées déployées en gerbes
soir dans l’intimité d’une richesse unique
Le poète
Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se
faire et se défaire du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour
avancer rationnellement. Il croyait parfois accéder à quelque chose de délicat,
de difficile. Il ignorait que la résistance était en science et en science appliquée.
Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée
de sa propre gloire, - enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.
122
Pour soi-même, uniquement
1
Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même
L’univers curieux du poème
L’aventure interne, vers le génie d’autrui
vers la spiritualité
Fougueuses passions de la femme qui inspire
l’homme qui juge, refuse, rejette
perplexes, complexes sinusoïdaux,
courbes extrêmes
La pensée experte dans ses hésitations
jamais n’entra l’autre
Tissage d’une forme présente et invisible
pour qui ?
pour soi, uniquement.
123
2
À l’intérieur, un bruit sourd à exploiter, à extraire. Jean-Luc Steinmetz
écrit : Le soleil, chevelure du géant peinte et tressée.
Donc, je descends, j’avance. Il ajoute : Une feuille bouge, s’enflamme.
Les grains éclatent en formant des jardins. L’ovale de ma bouche me conseille
d’écouter ce qui sort, ce qui se propose. Pourtant je n’ai pas entendu, - je dois
croire encore.
L’inaudible, l’indiscernable, le moi-manquant - certains paramètres
poétiques, en vérité.
3
Je veux donner aux structures quelques assises. Les groupes de pensées,
de mots croissent et se développent de manière anarchique.
Alors tu prétends intervenir pour juguler l’ensemble, le maîtriser et lui
donner un mouvement d’actions cohérent.
Ainsi tu interviens, faiblement, avec une censure de vieillard timoré et
tu laisses aller le tout où bon lui semble, avec liberté. Certains prétendent que
cela s’appelle de la poésie. Enfin, - verra bien !
124
4
Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.
Je relis sans patience, sans méthode, sans principe mallarméen, sans
alchimique effort.
Quelques explosions sporadiques !
Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !
ce qui vibre, s’exulte, s’expulse
dans le souffle de l’écriture
s’obtient faiblement
Mais que faire ?
125
Il espère être
A
Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de
grenades, de constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec
mémoire, avec mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.
Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il
échoue, le sait. Il ne doit pas perdre son oeuvre, il la conservera pour lui seul.
L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il
faut donc assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc.
Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes et, cae, tera
et je prétends pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de
vie peut-être.
Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.
126
B
maison intérieure avec calculs,
je voudrais tant. Par toi. Mais toi ?
la pensée s’élève, l’âme veut la contourner
je, - et quoi ?
127
1
Oui, un développement de la pensée
en exploitant le poème de l’autre
C’est donc un système de variantes
de dérivées
[Mathieu Bénézet écrit toie avec un e - pas mal !]
On pousse, pousse doucement
pour obtenir quelle finalité ?
2
l’imaginaire. corrections. pensées.
en moi.
pour explorer, développer
comprendre
cette ténèbre vers une certitude de phosphore
Une tête de poèmes
128
3
Encore dans mon désordre,
quelques vérités floues
dans mon errance cherchant
Extrêmement noble, actif
dans ma région cérébrale
Je puise des vérités refusées
qu’importe !
mon temps est pour plus tard.
4
Pourquoi tenter de s’élever
quand le bonheur est en soi-même ?
A la recherche des formes fluides scintillantes,
rayonnements, éclats, poèmes etc...
Être ensemble au fond du Moi,
Est-ce sagesse ?
129
5
La pensée détruite : certitude de rien
pour toujours
D’un bond à l’autre de la raison
balancement, tangage
et fuite vers la nullité
130
Le fils du néant
Le fils du néant dans son pseudo-savoir
avec pensées irréelles sur une certitude qui frémit
De l’abstrait palpable, du concert invisible
Va s’éclairer de lumière noire
Éternel à renaître
Du possible, de l’indécidable, de l’extrêmement faux,
du poème, en vérité
Le poète avec son propre risque, ses méthodes,
ses principes de pénétration
plonge dans son mystère
à la recherche d’un commencement d’éternité
131
Pensée
Pensée
Qui cherche la certitude
De sa profondeur
Supérieure
Par élévation, par onction
D’un dieu fait de lumière
Espérant
telle beauté d’écriture
De poésie impossible
Espérant
De ce souffle
Assurant sa production
132
Cette même pensée
Cette même pensée
hier tu l’exploitais autrement
elle gît là au fond du Moi
sifflements et murmures
Tu la sens, elle t’apparaît perte
Tu soupires, veux t’exalter
Tu cherches à faire vibrer l’émotion
pour percevoir, - quoi ?
L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus,
tu subis la vérité aléatoire
C’est une angoisse sous cette carapace cervicale
dans ce cortex spongieux
région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu
Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe,
la fluidité d’une image
Je te laisse à ta confusion
133
Dans mon front
Dans mon front, et ce qui pense
le pronom je est clair
il n’y a que du vide à remplir
la certitude en moi, le vouloir
le conglomérat - l’éblouissement
l’association
Encore
Les mots exploités - je les veux synergiques,
alchimiques, évocateurs
nourris de sève spirituelle
Je réemploie le dérisoire, le faible
J’interprète (mal) le matériel
Il y faut de l’élan, une forme,
de la lumière intérieure
Et l’ensemble est déception
on espère autrement, avec nouveauté
On reprend d’autres mots
134
pour d’autres poèmes etc.
135
Résonances III
L’aventure interne
Surgit le cygne sublime et blanc
Qui est symbole encore
Comme l’âme a plongé au fond de soi-même
Pour y chercher science et a-science
Il y faut de la vitesse, des battements d’aile
Impétueux, de l’extase, quelques vérités,
Du vin et de l’ivresse
Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort
De ma condition, ces pensées s’agitent encore
Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,
De m’éloigner de ce vil environnement
J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit
Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens
C’est encore une immense aventure interne.
136
Les limbes
Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais
Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon
Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la
Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.
Voici que la valeur converge vers la lucidité.
Je délaisse l’amoncellement d’images floues,
J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.
Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,
Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne
Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.
Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule
Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie
Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin
D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.
137
Le miroir entr’ouvert
Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,
La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.
Je me crois entouré d’un éclatant soleil
Qui offre à ma raison des substances vermeilles.
Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse
Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.
Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes
Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.
Je suis toujours pressé et je veux aller voir,
Je subis le Néant de ma propre misère.
Et les années s’écoulent pour cette délivrance,
Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.
L’avalanche de mots me rappelle en moi-même
La médiocrité de ma raison réelle.
138
Intermède
Sont entassées les images de la nuit,
Restées pensées mortes dans la conscience obscure.
Cette volonté d’imiter, d’exploiter, de faire varier
La proposition de l’autre, ces résonances.
Donc connexion, associations.
Miroitements
Faibles miroitements
incisés dans le temps
que j’essaie de capter,
qui m’échappent
Le visage dans l’éparpillement du Moi
l’homme par fragments de vers éclatés
essaie de reconstruire le monde
139
Visible à soi
L’homme visible à soi
invisible aux autres
Descend, plonge
l’homme demi-dieu, sauvage
construit un langage réel
incompris, inconnu,
libre, réglé
et finit absorbé dans sa propre lumière
140
L’effort
Caché, enfoui,
Subissant sa propre dérision
Essayant de s’en défaire
La raison pour certitude
Le sens exact jamais trompé,
Toujours vrai,
Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,
À bondir,... enfin...
Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,
Combiner, exploiter, utiliser autrui,
Sa substance, son génie, le dériver,
Le compresser, le condenser,
En vérité,
Travailler avec l’intelligence.
J’ai besoin d’une force
Pour que la Nuit fructifie
Pour que le Mystère s’éclaire
Je m’exalte d’une immense joie
141
1
SU :
pensée inerte - mélange, pieds, lourdeur,
accumulation de fausses vérités
de certitudes douteuses
au plus loin dans cette chose
combinant toujours
avec explications
on ne sait pourquoi
puis ton visage de beauté blême
et j’en cesse avec ma tâche
2
Les erratiques sauts d’humeur
compressant la pensée
lui infligeant d’exploser
qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ?
(Etonnante cage de résonance
où le Moi tremble pour l’Autre)
puis le retour stable
142
3
Ceci n’est pas obscur
c’est du côté de la glace
probable - sûr - en pensées poursuivies
esquissant le lointain
établissant des faisceaux de grâce
à suivre - la ligne modulée
avec effets de danseuse en fuite de mouvements
décide ce qui doit être
4
Impossibilité d’accéder
à une sensibilité extrême
Je pénètre dans des espaces sombres
et je ne puis m’orienter
Quel espoir de revenir en arrière ?
Y a-t-il une issue réelle ?
143
5
Pénétrer sa propre absurdité
c’est la nécessité d’aller au-dedans
avec contradictions, luttes, fluctuations,
rejeter son pire, aller vers son meilleur
- Quoique... le pire est parfois exploitable
de New York à Londres,
de Paris à Tokyo
et vivre, voyager, extirper, prendre,
toujours en soi, le moi-je
Oui, oscillations, giclées et petites trouées
ci
ti
os la ons
donc des actions avec sels et amertumes,
vieillissements et rides, mais que faire ?
144
6
Avec ses Ups avec ses Dows
avec ses Rises et ses espoirs
ne serait-ce qu’une réplique ?
n’y a-t-il pas progression ?
Répé titi vité répé
pourquoi pas, plus ? mieux, autrement ?
- car vous n’en êtes pas capable, me dit-on, prétend-on !
145
I
Agite-toi, poète,
Fais valser ces pensantes d’idées
ces possibilités douteuses ou insignifiantes qui doivent
par la magie de l’écriture produire un texte.
Exploite ces souffles chauds venus de l’intérieur,
ces nouvelles qui semblent flotter dans l’espace de l’imaginaire
II
Reposent
insensées
encensées
dans les stances de la mémoire
se nourrissent du silence
Et quelles, elles ?
oubliées dans le puits du Moi
Agitées dans l’ombre
qui feront quelques particules dorées
146
à rapprocher de tes yeux
comme larme sèche
irisée de mots et d’effets
III
L’impubliable
de toi à moi
tourbillonne mon front
constellé de sueurs
Tout est pour l’intérieur
nul est lecteur, qu’importe !
147
L’insignifiance du don
Tu te déplaces à travers ta propre vérité.
Prétends posséder une réelle certitude. Ton but
Est de parvenir à comprendre un peu mieux
Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.
Un flamboiement confus délire dans le soir.
Mais bientôt au levant surgit et se dilate
Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate,
Écrit Borges à la mémoire de Quevedo.
Tu regardes ta vie dans ton triste miroir.
Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel
Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.
Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant
Encore quelques possibilités d’écriture poétique,
Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.
148
Le vrai sens
Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier
S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front
Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir
Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.
Je perds pieds, chancelle et tombe enfin.
C’est bien un marais fangeux, livide et infecté
De noires créatures qui tout à coup surgissent
M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :
Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, - la mort
Les insultes, les rejets et la honte. Je suis
Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances,
La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu
Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu
Accéder au suprême intérieur jamais conquis.
149
1
L’insoupçonné, la variation sensitive
Le Moi tenant à Lui
La fragilité décomposée
en substances aléatoires
comme un cristal qui se crispe, qui cède
à l’élan
au souffle d’air
quand s’agite l’âme
quand vibre sa certitude
le front en sueurs invisible
2
Nul effet ici
pénétrer pour l’intérieur
à l’ombre des yeux
accéder au vide parfait
enfouie par l’unité du langage
la lettre cherche à se déployer
dans des fonds bizarres, hétéroclites,
non c’est du rien
150
s’y accumulent des ruines
le magma nécessaire à tout acte créatif,
puis, l’explosion !
3
Substances
inouïes la feuille délétère,
légère
puis la trace d’encre
le silence du poète,
aller percer l’invisible,
l’indiscernable,
et peu quels satisfecit ?
encore enfouies dans le néant de l’écriture
l’imperceptible battement d’aile, ....effacé
la couleur fascinante du mot,
le sens, l’envie
le déplacement
151
4
Au profond clair. Descendre encore
accroché à une chevelure de femme. Y frotter
des fragments d’étoiles. Filer le long de
la tresse pour y chercher un idéal, un interdit,
un autrement. Se saisir de signes, figurer l’image,
la soupçonner.
L’impossible est à déplacer
L’inconcevable ne peut plus même être pensé,
par le concept de l’imaginaire.
152
Je m’abolis en toi
Les premières ténèbres de la vie - la certitude
Dans la conscience - le drame associé au tragique,
Je comprends - lucidité exceptionnelle de vé-
Rités - je m’attends au pire, sachant. Il faut
M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques
Éternelles de retour - me dicte la raison, ...
Quoi ? Réellement ? L’histoire quotidienne du peu
Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon
Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire
Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli.
C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce
Possible ? - Je dois abolir cette vérité, a !
Ma chair, mon corps, mon visage et la charité
Effaçant le geste - je m’abolis en toi.
153
Le voile discret et la pudeur
Le clair fini dans l’imperceptible silence,
Le rêve élevé, inaccessible à l’âme.
Je perçois avec Toi dans cette permanence intime,
Je capte l’instant usuel espérant obtenir quelque écriture nouvelle.
pudeur.
Il est une pénombre pour que cet entretien épouse le voile discret de la
délétère
La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum
pour capter un souvenir bleu, insignifiant,
symbole effacé, mystérieux paysage invisible
de désir poétique.
154
L’insatisfait
La pensée extraite, extirpée de la raison, que
Vaut-elle réellement ? Est-ce de la piètre
Poussière cérébrale inapte à rivaliser avec la
Substance philosophique, ne contenant aucune
Proposition utile ou intéressante ?
L’insupportable réalité poétique du médiocre, de
L’insignifiant. - Oui, ses regards interrogatifs
Tournés vers l’intérieur essaient de savoir,
De prétendre ! ...
Il cherche, il renvoie dans sa nuit.
Que renferment ces possibles ? Quelles méthodes,
Systèmes, mécanismes mentaux ?
Dans le lointain, la mutation, le dérivé
Des formations, l’acte prime, la consolidation,
La condensation, que sais-je ? Que puis-je ?
Et lui avec ses défauts, ses craintes, ses objectifs
Qui n’a pu s’assouvir, se satisfaire.
155
Les espaces d’écriture
Remplir le vide, noircir le blanc
Pour la pression interne
Assouvir sa force, exciter sa raison
Quand il suscite de l’action
Il pénètre des espaces d’écriture
On le prétend rassasié,
Il se nourrit encore
Dans la dimension de l’homme
Avec son temporel, que
Représente sa forme délétère ?
Fixant sa pensée avec la cendre
De ses idées, il pénètre l’inconnu
Au lointain de l’être, en soi
Par la saveur du poème à naître
156
La pensée
Elle s’élargit enfin
Dans l’espace intérieur
Elle déplace la frontière
Elle prétend savoir
Elle pousse l’inconscient
Se fortifie sur l’intuition
Active l’imperceptible
Elle est dans la durée,
Dans l’espace-temps donné à tous
Elle arrange des éléments
Préexistants, elle les modifie
A volonté et produit autre chose
Pour la spiritualité
L’intelligence, la création, etc.
Est-ce travail habituel de la pensée ?
157
Pénétrer encore
Il y a une sorte de fond
Que l’on essaie de pénétrer encore,
Plus loin, plus loin comme une extase
Sexuelle, - il faut pousser
Dans la raison, l’audace et le risque
Il y faut du travail, du travail d’homme
L’on croit apercevoir un espace autre
Le pénétrer n’est pas s’en satisfaire
Il y a toujours déception, volonté
Autre, décision nouvelle, soi
En vérité
158
La zébrée
Fulgurante et docile,
Obéissante et douce,
Dans les tremblements de l’imperceptible,
Dans les bruissements aléatoires de la raison.
Je te donne vie, avec obscurité, avec
Sensibilité - avec conscience et vérité.
Toi, stérile devenue femme par mon vouloir,
Je te mêle et t’emmêle dans le mystère
Et le silence. Je t’imprègne de sueurs,
Tu accèdes à mon espace qui n’est point créatif.
dans le Moi.
Vitesse, accélération et je t’emporte, toi l’inconnue
La presque rien, l’inexistante, je produis de l’élan, je te conçois
Immense, les pieds sonores, contemple
les splendeurs
D’autrefois, dans ma voûte, tu me suis,
Légère et fugace avec effleurement.
Tu es, tu n’es pas, je te fais disparaître,
T’efface, j’efface tes traces,
159
Je mémorise tes rumeurs, - toi
Pour quelle utilité à présent ? - Rien
Donc te revoilà :
Fulgurante et docile,
Obéissante et douce,
Dans les tremblements de l’imperceptible,
Dans les bruissements aléatoires de la raison.
Je referme les portes de ma conscience,
Plus personne ne peut y entrer.
160
D’après J.P. Sartre
Une idée fondamentale de la phénoménologie
de Husserl : l’intentionnalité
L’Esprit-Araignée attire les choses dans sa toile,
Les mastique, les couvre de sa bave blanche,
Lentement les déglutit et les réduit à sa propre
Substance.
Il y a l’aliment avalé, les choses perçues
De loin, l’état de ma conscience, mon
Aptitude de perceptions.
Oui, nutrition, alimentation, assimilation,
J’agis, - je vais des choses aux idées
Des idées aux idées, - de l’idée à l’esprit.
Les résistances sont rongées, ainsi tout est
Assimilé, unifié, identifié, - la matière
Est pensée. Tout ce qui n’est pas esprit
Devient brouillard, ouate, filament.
En vérité, peut-on dissoudre toutes les choses
Dans la conscience ? Cet arbre-là
161
N’est pas de même nature que ma conscience,
Il ne peut entrer dans ma conscience
D’après Husserl.
La conscience et le monde sont donnés d’un seul coup.
Si je veux connaître, je m’éclate vers,
Je m’arrache, je file, j’atteins l’arbre,
Lui et moi, moi et lui, séparés toutefois.
Maintenant j’imagine une suite d’éclatements,
Je vais vers l’extérieur, dans la poussière
Sèche du monde, sur la rude terre,
Parmi les choses, monde indifférent, hostile,
Rétif.
“Toute conscience est conscience de quelque chose”,
D’après Husserl.
“Être, c’est être-dans-le-monde”
D’après Heidegger.
Exister comme conscience autre que soi, c’est
L’intentionnalité.
162
A la représentation de l’objet, j’y ajoute
Le sentiment.
Irai-je au Traité des passions ?
163
Contre-ut
Je ne sais que trembler,
trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,
de l’impalpable, du cristal,
Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.
Je ne fais que vibrer
Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe
intellectuel. Je suis devenu une vibration
Impossible, irréelle, délétère.
J’accède à une forme
de conscience épurée, translucide, je rejette
la confusion. Je reconstruis le monde avec
des concepts autres, nouveaux, interdits.
Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.
Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation
De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,
Je sais pertinemment que rien ne restera.
164
Des vérités bleues
Ainsi pendant la nuit,
Je conçois à travers le prisme des lumières,
Et je prétends posséder. Quel pouvoir ?
Des vérités bleues, claires apparaissent,
Semblent s’étendre.
Toujours très à l’intérieur.
Descendre vite ou très lentement ?
Je refuse le silence, j’agite des idées.
Encore l’éveil, l’esprit, la conscience.
Pourquoi dormir, pourquoi ?
Je crois observer d’infimes particules
Brillent devant mes yeux.
165
Résonances IV
1
Au-delà de cette mémoire, de cette parabole de certitude, - oui, par le
triomphe, pour la gloire aujourd’hui proposés dans quelque grimoire moderne
numérique encore,
je m’installe en moi-même, espérant malgré ce manque de science
réelle, accéder à l’Oeuvre. Resserré en deux piliers, de bouquins spirituels et
d’herbiers poétiques, - le moi s’achemine et avance.
Si je me compare à Toi, ô Grand Frère, je ne puis que ricaner bêtement,
trop conscient de ma pâle réalité.
2
Oui, doubler, tripler la pensée, pour la rendre profonde, inconsciente,
au-delà. Oui, s’approfondir dans son pur midi.
Soit - immense et inconnu, nourri de vues et de visions - “ si nous le
visitons... ” veut se parer d’une lucidité belle, sans jardins de fleurs exhalées.
Aller par l’élan, supporter par l’Idée, accompagné de l’Antique beauté
grecque ou latine ; oui, surgir - tel d’un bond - recommencé - et grandir dans
l’orgueil de sa raison - si orgueil se doit...
166
Avec miroitements insensibles
sur la fragilité de l’épiderme
variations et décalages
visage en vibrations
à l’image dérivée
S’envolent des effets d’ombres
dans le pur néant de ma vision interne
167
a
Sur la hanche de la femme
pigmentation de chair les fourmis s’activent
toi Mygale perverse t’accaparant
de la substance de l’homme
b
Le corps fuyant
le corps s’enroule dans le vent du désir
le corps éclaté éblouissant d’orgasmes
il explose en idéal impossible
Lui - l’autre Christ - pendu - maudit
au gibet
et moi cherchant le vertical - le temps
dimensionnant mon espace malgré l’apesanteur
désireux de me parfaire, d’ajouter
de pénétrer plus encore l’amère difficulté poétique
volonté de se fortifier
168
c
Dans ton espace - dis-tu
espace et imaginaire
ou créer des Nords libres de toute contingence,
est-ce possible ?
L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé....
Faut-il la délivrer de la raison ?
lui offrir de l’audace
du libre accès ?
Toi toujours dans la fuite, dans l’envol
avec volonté de construire une base
déplacer la sécurité
l’exigence
la solidarité
ainsi redéfinir la rigueur
169
Accéder à
Accéder à l’épuisement sublime
éternellement seul en plénitude du Moi
Prétendre s’élever encore,
exploitant à merveille l’énergie mentale
déployée en son extrême
puis en apothéose d’agonie mourir enfin !
Sur l’ordre de sa voix produire encore
dans cet espace-risque où la pensée
se nourrit d’imaginaire
Concevoir de l’inconnu,
.... et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase
accidents et faits mentaux dérivés,
combinés, extrapolés
Tu redoutes de rencontrer
tu préfères fuir sur du délétère
Tu erres sur des traînes infinies
qui n’ont nulle plénitude d’avenir -
la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre,
qu’une variable de combinaison douteuse
170
L’œil se remplit pour l’intérieur
tu inventes la réponse - nulle question n’était posée
la vérité se déploie comme un arc-en-ciel
La route est certainement mensongère, mais que faire ?
En cesser là ? Poursuivre toutefois ?
Déplace les distances - et insiste encore.
Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer !
Est-ce aventure de poète ?
Va, rampe, progresse, - jamais renoncer -
pénètre
Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain !
Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix
oui, là, là-bas, à l’affût
Peut-être découvriras-tu ce que
tu t’étais évertué à fuir ?
Oui - toujours s’obstiner
avec aptitude et force intellectuelle mêlées
171
1
C’est encore une question de limite -
d’aptitude à aller outre.
Est-il possible d’ajouter sur soi ? N’est-ce pas
un besoin d’homme de toujours vouloir faire plus,
faire mieux ?
J’ai grande pitié de moi,
Le mensonge se complique.
2
Entends
encore l’élan irrationnel qui s’évertue à
s’implanter en toi
est-ce possible ?
toujours dans ton attente d’illuminée
l’idée reviendra plus tard
Qui se souviendra de toi ?
assourdi en ses pensées funèbres
172
espaces arides où la certitude prétend circuler
Librement - librement !
3
Au commencement c’est une intention,
un fragment de perception
à associer
Le poète dit : j’invoque dans le silence
la vibration émotive...
......... peut-être
Combinaison phonétique mal agencée avec
un matériel de mots
Certains offrent avec limpidité, lucidité
d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner
des élans incompatibles
De la variation infinie
Le poème résonne
173
Définition de la pensée
Au-delà de la conscience personnelle du temps,
j’ai besoin de recherches logiques,
j’ai besoin de comprendre l’association pure
de l’élément simplifié.
Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace dans lequel
l’élément s’impose - est un espace conscient où le travail de l’esprit s’assume.
L’élément s’associe à l’élément. C’est un point-source, une énergie
d’atome, une lumière d’étoile dans mon ciel constellé de vie. Je dois connecter.
Je dois aussi comprendre son origine - ses parties - ses caractères.
Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de mémoire, apte à
s’associer, objet scintillant, vérité en soi-même, - il contient du pur, du vécu.
S’il s’associe - il se déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau
caractère avec l’élément qu’il a conquis.
C’est une sorte de fait mental - une charge dans une niche de neurones.
Oui, je veux encore étudier son caractère.
De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux, qui s’associent,
s’éloignent, se connectent et s’engendrent, je sais qu’il y a la pensée.
174
De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma conscience, ma réalité
d’homme existant en vérité.
175
1
Espacer - compresser
combiner - rattacher
un espace pour l’imaginaire
puis raisonner dans l’audace
il n’y a ni fuite ni envol
il y a donne nouvelle du matériel connu
il faut menacer la sécurité
défaire les solidarités matérielles
et logiques
aller autre
Redéfinir le rôle de la rigueur
2
La création pour l’impossible
pour l’interdit
en Absurdie - c’est conscience
pour fabriquer de l’image
Volume, élans, actions, souffles
176
Quels sont mes pouvoirs ? Où sont mes facultés ?
l’acte d’imagination - ce qu’il produit vient
de la mémoire activée
3
C’est ignorer le beau, l’offre poétique,
la volonté grecque et latine
est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ?
Faut-il rendre absent le monde ?
est-ce possible, d’ailleurs ?
Je gère ma fuite, ou construis ma maison
Je doute au fond du puits
Si je constate l’intelligence de l’autre,
je la veux en alliance
C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir
177
4
Le choix sensible
la perception vibratoire
j’interroge l’espace-mémoire
espérant y concevoir des connexions de qualité
178
Recherche
Réfléchissons : il doit bien y avoir
une perception émotive plus fine, plus subtile
comme un fragment d’onde sensibilisée
possédant un spectre compressé de propriétés inconnues,
mêlées, mélangées peut-être
difficiles à dissocier
mais réelles toutefois
N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes
que le poète doit composer, connecter, redéfinir,
extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir
Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,
symboliser, fusionner.
179
Mémoire et Temps
1
La conscience compressée du temps trompeuse,
mensongère, excavée, avec choix,
avec rejets, avec refus, avec mensonge
de faiblesse - cette étrange constitution de l’esprit !
Une corbeille, une armoire à tiroirs
avec papier jauni, clés oubliées, rangement certain,
etc ...
Ou j’imagine un horizon jalonné d’années,
afin de restituer, de recomposer ce qui a été compressé,
je vois, j’entrevois, je retrouve.
C’est un passé déterminé, non pas conçu de vides,
mais possédant de la mémoire douteuse peut-être mais
de la mémoire toutefois
2
passé.
Il y a un entonnoir gigantesque dans lequel le présent plonge dans le
Ceci est une chute sans fin, libre, infinie, constante, fuyante.
180
L’homme a conscience de sa fuite, de son absorption par le Néant, et
c’est acte de non-croyance.
181
1
La perception, je la veux songeuse
au bord du désespoir
pour extraire l’impossible
Les mains tremblantes pour la grande respiration
l’élan, le retour,
le calme et les battements du sang
le cri dans les veines
l’écho dans les tempes
Mais soudain le blocage,
Pourtant j’accomplissais un parcours dans la mémoire
2
C’est un lieu d’avenir
une structure vide à remplir
fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter
avec conscience du néant
où tout pourrait disparaître
.....être et disparaître
peut-être
182
3
Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles
éblouissantes révélations
de points pigmentés dans l’aube de soi-même
Etaient-ce des pensées à saisir
dans le déchirement de l’esprit ?
Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces
concevoir dans le désir de vibration
4
J’activais ces points-réponses,
mes yeux au centre
j’esquivais une réponse vraie, fausse,
qu’importe !
Je passais sur du délétère
c’est ça : je captais
croyant à ma force
Elle ondoyait sur des feutres crissants
Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message
Je plongeais dans des vagues océanes,
183
coulais, remontais quelques poissons d’argent,
- c’étaient mes points-réponses.
5
Ces perceptions grossières,
je veux les affiner - comprendre le point
son origine, sa vérité, son association.
Je me fuis pour me retrouver
ce n’est plus la clé pour le silence,
ce n’est pas un code à composer,
c’est la puce à intégrer,
le plus petit
de l’oeil à la loupe
de la loupe au microscope
pour définir le caractère de l’apparition.
La conscience de l’image, sa pigmentation
ses points composés pour fabriquer la trace
l’origine de cette organisation
non pas la fonction d’apparition
mais la vérité sur le point
184
6
Il ne s’agit pas ici d’être spectateur
mais d’analyser les mécanismes conscients et inconscients
du Moi
Il faut donc être actif pour l’intérieur
Ne pas réduire, mais comprendre les attractivités,
les inclusions d’espaces dans les espaces
185
a
Je l’ai pensé insignifiante,
Je la faisais ondoyer au milieu dans mes cieux
la perdais désireux de trouver la réponse
l’associais, la dérivais,
la faisais bondir
je plongeais frémissant
j’aillais outre
b
Atteindre la vérité sublime
tu avançais dans la simplicité de ta raison
tu observais le puits, le chemin,
tu te déplaçais encore dans un espace
Le repère était la certitude logique
tu exploitais cette énergie
l’avancée pas à pas se voulait souveraine
Obéissant à la voix inconnue
était-ce un toi-même enfoui dans l’ombre,
était-ce un Dieu sublime imposant sa décision,
tu t’es risqué à l’écriture poétique
186
c
Tu ne sais que produire
Peux-tu prétendre que ton résultat est satisfaisant
Pour quel but véritable ? Quelle verticale ?
Bondir sur la distance Tu cherches l’extase
inconnu
Oui, pénétration et prétendre à la fabrication artificielle d’un espace
187
1
Le tu avec le moi
Pensée qui se dédouble
A l’intérieur puis le monde
Le corps cette armure
La bouche instrument de transmission
Toujours du vécu pour de l’avenir
La chair féminine,
Quelques gouttes de sperme
2
La lutte interne
Définir du complexe,
Le pénétrer,
Savoir en produire,
L’offrir et se crédibiliser
3
Bondissait la fumée
D’un avenir à transformer,
A faire apparaître
188
Dans l’ombre se concevait
Le feu. Tu offrais tes yeux
A ta conscience
Le geste intérieur
Décrivait des courbes
L’élan était pensé
Il désirait se mieux concevoir
4
Dehors, pour le dedans
Tu empiles de la mémoire
En strates infinies
Faiblesses, néant, inutilités
Nuages, bulles ou
Segments, droites, axiomes
Par la mathématique imaginaire
Exaltation du Moi
Toujours en egocratie
Pour rien peut-être
189
La fixité et l’attention
Pour la perception interne
Le sourire de l’ange
Pourtant tu n’es jamais satisfait
6
Le Moi en lamelles
Le je suis relié par le cordon d’argent
Les dés pipés du destin
La vérité en prescience
Le présent à réaliser.
La grâce, où est la grâce, si ? Etc.
Tes yeux palpent
Il faut lécher, sucer la peau de l’autre
La femme en idéale de sainte
Un concept contrit en trois dimensions
Là face à Moi splendide et vrai.
Oui, je te contemple
L’avancée constante en soi
Le tremplin, le mur, le tremplin, le mur
190
La matière-vitesse à expliquer
La certitude qui stagne
Et ne peut se déplacer
L’alphabet éclaté
Le désir qui nous harcèle
7
Construisant, vidant
La corbeille de tête
Des bulles de vérités
A douter, à éclater.
D’autres bulles
L’attention des yeux
La fixité échappe,
La finalité est douteuse
Comment élaborer,
Architecture avec de l’illusion ?
L’esprit face à l’âme
la raison et le spirituel
Le savoir explose
En gerbes de confettis
191
- Reconstruire le puzzle
8
L’hallucination verbale
Le sacrifice du poète
Au fond du miroir
Soi face à Soi,
Face à l’autre
Dans la pensée équivoque
Narcissisme - ego, plato
L’écriture, la fureur
L’oeil renversé
La chair qui pend en moi
L’immense ouverture - la plongée
9
Le savoir la pensée les yeux
L’élan galvanisé pour produire
Ses gerbes d’ombre
Absorbe ta substance
192
Le fluo, pense
Limpidité, élégance du choix
De la pureté pour accéder
Au cristal.
10
Suis-je moi, ne suis-je pas constamment
en train de déplacer la vérité ?
Est-ce une proposition qui désigne la
certitude du moment ?
Car cette substance fuit, échappe, s’éloigne
encore quand je prétends la contrôler
La pensée m’écrase, m’inflige son joug
despotique. Elle déteste ce que j’aimerais lui
faire exécuter.
J’entends mon doute s’esclaffer, s’indigner,
m’accompagnant toutefois dans ce labyrinthe
insupportable
193
Je devrais être un autre.
Bornes
Bornes, - bloquées - bornes à déplacer.
Vers est la volonté de tendre, de pousser
Je marche avec l’attente
les portes que je pousse,
les marches que je monte
les pas qui descendent
Je vis ou survis sans m’arrêter
Quelle hauteur génitrice ?
Quel au-delà supérieur ?
Je fais valdinguer les quatre dimensions connues,
moi le sage - ma frontière ?
Nulle patience
Dans la nuit, avec ta marche
ou courir pour atteindre les extrémités
Cet espoir dans le lointain
constellé de galaxies, de points infiniment peu,
infiniment grand,
194
toi, dans ta quête éternelle, impossible, folle
exploitant l’émotion douloureuse,
perverse ou ambiguë
dans ton volume de rêves
195
*
Ainsi d’une méthode.
Me pénétrer.
Ce principe d’investigation cérébral.
Combinaisons brutes à purifier.
Au-dedans, plus loin, encore.
A l’envers, à l’endroit. En moi.
Au-delà de l’absurde, chercher, trouver.
Démence et rage d’écrire.
Toujours. Sans jouissance.
Pour quelle extase intellectuelle ?
196
*
Tant de nuits se ressemblent.
Je commence par marcher, marcher pour ne plus m’arrêter, ne plus
m’arrêter pour aller en Toi.
Oui, encore.
Je suis l’amant d’un poète. Continuellement, je t’obéis.
Tu penses, j’écris. Je te relis.
Attention. Évitons de commettre des erreurs. Travaillons.
Il tressaille, j’écoute.
Je vis avec son ombre.
197
*
Les consciences se superposent
en strates, les unes sur les autres
Une cervelle à étages
à degrés
Des voûtes, des voûtes, bleus, noires, claires
Passer de la certitude princière
à l’élévation la plus élaborée
à une perception supérieure et limpide
Accéder à la lumière suprême
Mêlez, mélangez, embrouillez-vous !
Tu es : l’Action pensive, l’esprit intensif sans invention.
198
*
Cette fois encore c’est de l’énergie pour ma misère
Profondément mon apparat qui donc es-tu ?
Que représentes-tu ?
Je t’ai su, vautour
Avec mon âme perdue dans ses gaspillages
Je me suis exilé dans des souffles
D’applaudissements
La quantité obtenue, la mort désirée,
L’écrit achevé
La complicité de l’un avec l’autre
Inquiet, insomniaque, attendant - quoi ?
Sonné, sonnant, bouche auréolée
D’orgasmes poétiques chanteurs
Ho ! Suavité enchanteresse, qu’il dit !
A lire ....... à entendre, en vérité.
Légèreté de style, d’audace
199
Poursuis encore
*
Nul ne sait qui je suis.
J’habite une bulle métaphysique
J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,
Je palpe du silence.
Je broie de la Lumière, je l’accouple
avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,
se développe, s’impose.
Qui prétend accéder à mes limites ?
Je dénonce les distances, je les déplace,
je pousse les bornes.
Suis-je seul, de Moi à Moi,
Quelle avancée ? Jusqu’où ?
Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,
allez plus loin.
200
1
La semence
L’intérieur
La durée avec de l’énergie mentale
dans l’actif - le cerveau
produire - penser - produire - essayer
ce langage.
Construire avec la confusion d’images
dans l’ombre de soi
réalités trompeuses, mensongères
en vérité - matériel de poète.
Vue et envoyée sur le papier
entrecroisements de voyelles et de consonnes
sensations magiques - esprit magnétique
il s’autorise - il risque - il prend
2
Battements énergie en soi
situation de combinaisons à caramboler
Dans les synapses - la poussée
201
pousser du langage
pour le dehors
Nulle patience pourtant - le coup à espérer
à prendre
le coup
Hiéro - le sacre de soi-même
la certitude de la valeur
Les siècles des autres poètes - des littéraires
Mon langage expiatoire - qui ? quoi ?
Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -
Tu assassines des mots - pourquoi ?
202
*
Descends dans l’ombre
au plus profond
escalier plus bas encore encore descends
Creuser dis-tu dans ce dédale
avec confusion, espaces réduits,
interdits,
bouchés
Nulle clarté - j’amasse de l’ombre
carbone sans cristal.
Ne rien voir, ne rien entendre
puis des lettres, des signes là-bas au fond
Le rouge de ton coeur,
la femme-passion - la flamme braises claires
le fleuve sang de l’amour
203
*
Bornes détestables - limites haïssables
d’interdits de blocage de liberté concise
ennemis qui me brident,
que l’on m’empêche de déplacer
Mes bases, mes sommets, mes étendues
Ces bulles religieuses de belle atmosphère,
suffis-t’en ! suffis-t’en !
Les pas, la vitesse sur le cercle-limite
toujours tourner - toujours !
Hauteur intérieure qui espère faire exploser
ce couvercle bloquant
Je parlerai plus tard de la dimension temporelle,
principe à intégrer dans l’espace poétique mien.
204
*
Une conscience de difficultés
de solitude
d’exclusion
libre mais seul
de soi à soi
à l’intérieur
la voûte
Toujours plus
il faut concevoir
Épurer la raison,
éclairer la certitude
Travail intensif
Volonté interne - désir de s’élancer
C’est donc de l’énergie mentale mise au service
de la poésie. Pour quel résultat réel ?
205
*
Douleur plaisir trois filles
âme légère le pied libre le corps voltigeant
Devant mes yeux dans le front
l’espace du mensonge
La bouche intérieure
Grâces ou Muses, qu’importe !
La parole un seul auditeur moi-même
la connaissance pour mon éternité cérébrale
J’efface les filles. Que reste-t-il devant mes yeux ?
L’intemporel, l’immuable, l’inusable
206
*
Au-delà des limites
pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir,
pour la construction interne et invisible,
Voilà la vérité !
Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas !
De bons souffles d’oxygène. La bouche
y est meilleure. Elle y produit de doux vocables.
Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit
la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines
que l’on appelle âmes !
207
Dans ces rues…
Dans ces rues, des flux de pensées circulent.
Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité.
Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se ...
Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant
L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner !
Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace
Essayant de rendre cohérents des semblants
Délétères d’entités.
Écrit autrement : sur la page
Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et
Figures. Tes flammèches d’idées. Plans
D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini.
La plume se mêle à la nuit noire. La main
Prétend conserver la matière. La boue coule
Sur le papier. Que la lie soit féconde !
208
*
Bornes qui explosent, qui se déplacent,
Bornes fragmentées.
Ma reconsidération, ma certitude, mon espoir
d’actions. Avec bases, verticales et sommets.
Poussées et montées dans le petit, l’insignifiant.
209
Résonances V
C’est une série
C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix
Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir
Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées,
Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant.
Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ;
L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs
Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter.
L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;
Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente.
Mon double s’épongeant, tremblant, cachant
Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre
Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ?
Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain.
L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.
210
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. A la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
A moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et
J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
211
Doubles consciences
Doubles consciences communicantes
Claires, saines et séparées
Il y a transfert d’idées, d’énergie
Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?
Élans, volontés - actions - combinaisons
Oui, toujours.
Vérités simultanées de certitudes gémellaires,
La trace - le fantôme sont derrière
Comme l’ombre et la silhouette
Mais l’ombre se dégageant de la silhouette
Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.
212
Doubles consciences
Doubles consciences communicantes
Claires, saines et séparées
Il y a transfert d’idées, d’énergie
Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?
Élans, volontés - actions - combinaisons
Oui, toujours.
Vérités simultanées de certitudes gémellaires,
La trace - le fantôme sont derrière
Comme l’ombre et la silhouette
Mais l’ombre se dégageant de la silhouette
Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.
213
Le schéma intérieur
L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.
La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.
La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -
Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.
Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,
Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !
L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?
La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.
Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiéro
Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?
Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer
Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.
Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?
Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.
214
Topologies
Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,
Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer
Sur son propre chemin. Croisements, lieux et
Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,
De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.
Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.
Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,
Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.
Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,
Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder
À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,
Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,
Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
215
La clé
La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.
Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée
De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant
Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.
Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?
Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?
La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-
Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,
Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la
Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.
Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les
Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?
Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?
Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.
216
La raison du questionnement
Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?
À demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a
Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en
À pas suffisamment pour y répondre ”. Implorer,
Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la
Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.
Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et
Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !
L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin
Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans
Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.
La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le
Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.
L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?
217
Le questionnement de l’Être
La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.
La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,
Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.
- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.
La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée
Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à
L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.
Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.
L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend
Ou cherche à comprendre.
“En attente du savoir”, “Je
Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,
Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire
Pour rendre possible l’action de compréhension.
218
En soi
Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,
Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,
Être-pour-soi. Être-par-le-monde toutefois.
Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,
De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures
De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.
Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de
Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont
Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.
Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique
D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant
La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,
Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.
Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?
219
Procédé mental
Suppose et décide. Perçois autrement. Avance
Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche
Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.
À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit
S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en
Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers
L’inconnu. La consistance de ton Être ?
Penser c’est
Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.
Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?
Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?
L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique
Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-
Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?
220
La pensée :
Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,
N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre
Pensée. Alvéolée avec une autre alvéole. Nécessité
De groupement, d’association. N’a nulle fondation.
Éveil et disponibilité dans une direction incertaine
Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller
Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de
L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,
Autrui dedans, autrui-dehors.
Elles s’organisent pour
Former une configuration. Leurs charges indiquent les
Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,
etc.
Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,
Avec machines, puis société, civilisations, - évolution
Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.
221
L’audace spéculative
L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître
Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-
Met l’embrouillamini, le marquant, le saut, le risque.
Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit
D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !
Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa
Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis
Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller
Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.
S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.
Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.
C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une
Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret
Et du réel pour un dessein de futur accompli.
222
Une sorte d’intuition
Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,
Avec points de suspension. Semble sortir. Perception
Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.
Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà
Audace et prétention que de parler de la sorte. Je
Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout
Instant.
Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-
T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de
Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante
L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté
De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,
De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de
Défaire du noué.
Étude biochimique du cerveau ? L’intuition
S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.
223
Le retrait de la présence
Le retrait de la présence. Conscience de la
Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse
Du degré d’utilité, détermination de la valeur.
Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.
C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non
Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.
Pourquoi ?
La représentation extérieure est ordinaire,
Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.
La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins
Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière
Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.
Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine
Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.
Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.
224
L’un et l’un
Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”.
La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.
Introspection psychologique, désir absolu de comprendre
Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,
Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment
Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut
Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,
“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là
Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger.
Le langage permet d’articuler les combinaisons,
Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
A quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps
Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
225
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
226
La négativité
La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?
Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !
Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,
Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre
Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est
Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.
Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.
C’est l’intégration du temps avec chemin caché,
pour prendre
Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères,
Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense
Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.
227
Résonances VI
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
228
Détermination de la valeur
Se jette stupidement sur le carré blanc, pollue
Le purifié ;
Crainte de la valeur, de la détermination,
Ne sait convertir la lettre ne chiffre.
Ce qui semble connu,
Certain - son dérisoire - sa crainte ; l’homme caché, replié,
Honteux, homme de la peur ;
Faible, - peu - progresse - élève-toi.
Le murmure éternel lui dit :
Qu’est-ce qu’un poète ?
Peut-on déterminer son utilité ? Il modifie encore l’ordre
De sa mémoire, espérant quelque situation favorable
D’associations alphabétiques. Son immense silence dans
La nuit étoilée !
Veut crier dans le dédale de soi-même,
Invoque les Dieux ; nulle réponse. Habitude, habitude !
229
Toujours, miroir en soi, hors soi
qui se double et se dédouble
Puis l’exercice scientifique de pénétration
de profondeur
de connaissance
La feuille grecque avec spéculation
refusant le mauvais hasard
Est-ce toi, toujours toi
qui cherches à te reconsidérer
à te modifier à volonté ?
dans l’éclatante volte-face
par mille effets conjugués
pour un dérisoire, détestable :
“Ce n’était que cela ?”
L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.
230
Encore insaisissable, encore - pour comprendre,
Supposer, et prétendre
élans efféminés de l’intérieur
amant proche de la séduction,
de la séparation des mots et des signes
qui évoque sa musique dans le miroir de l’âme,
et cherche désespérément la promiscuité de l’extase
231
I
A l’intérieur pour l’ermite
toujours là - enfermé - obscurité et lumière
en plénitude idéale du Moi
ne jamais sortir
La balance s’agite et suppose ton poids
prétend avec erreurs.
II
Pour quelle clarté ? La lumière se dérobe,
inquiète, effarouchée, fille savante
si troublée dans sa vérité,
angoissée déjà !
Difficile de jouir de ces grâces éblouissantes !
La conscience se ferme,
le visage vieillit.
232
Une pensée d’étoile
Une pensée d’étoile obscurcie,
une pépite de trésor enfouie
un et un seul pour essayer de découvrir
Une jeune fille qui gicle dans l’Etre
pour élaborer une forme
et qui devient une femme
reconstruit notre espace
233
La luminosité prospective
La luminosité prospective, - moment de chercher,
De découvrir - éveillée par la curiosité - aller
Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette
Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide-t-il
De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre
Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?
234
Cérébralement différent
Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une
Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer
Un système d’extraction ou de production autre.
Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,
Mais de reconsidérer l’appareil productif interne
De l’homme. Prétendre différemment les possibilités
De l’action humaine. Appréhender l’étant avec
Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.
Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,
L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux
Canaliser.
L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle
Un homme historique nouveau ?
235
Les structures métalliques
Des yeux scrutant à l’intérieur,
Repensant de nouveaux espaces,
Le vide, le désert, la construction,
La Nuit - moins la Nuit - le plus clair.
L’Eternel Néant - la volonté d’échafauder,
Structures métalliques invisibles à perte de vue.
Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes,
Je regardais ma face sur ces structures
Qui renvoyaient son image - je glissai
Le long des structures.
Éternellement je recommençais,
Les structures réapparaissaient.
Je repensais le tout avec déformations scientifiques
Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.
236
Les gerbes d’or
L’esprit, chercher encore cette solennité poétique
y descendre par l’échelle créatrice
pour y trouver un être ou l’Etre
Le prodige de sentir le soleil sous soi
mais plus solennelles encore les gerbes d’or de
la moisson ressuscitées au clair de ma conscience
offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire
désireuse de se nourrir d’Essence
237
Les intensités suprêmes
Les intensités suprêmes de la pensée
avec l’immense lassitude de l’esprit
Nul hommage intérieur
une conscience de honte et de médiocrité
La rare apparition, - la fille sublime
telle une intuition géniale
mais l’Éternité révèle l’insignifiance de l’homme
Son espoir est dans une possible esquisse d’immortalité
entourée de quelques élus sublimes
seulement
238
La douleur absolue
La douleur absolue
L’exil au plus profond du Moi
La transe, la mémoire pour produire
pour ne pas oublier
La substance pour se mouvoir
L’œil ouvert pour l’intérieur,
L’impossibilité d’en cesser avec la violence
et la chute éternelle dans les tempes
239
La plongée et la crainte
Entendus seul de moi à moi
des mots inutiles pour couvrir une ombre
La pensée comme un écho lointain
se baigne dans l’inutile
Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer
trouver autre chose
Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?
Sous la braise - les mots - le soleil - la braise
Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement
L’ouverture pour le front
Surplomber son immense paroi cérébrale,
craindre de s’y jeter,
de se faire foudroyer par l’éclair
La plongée et la crainte
240
Transfert
Ils se pénètrent, s’approfondissent ;
un Moi inconnu
envoie une pensée profonde par l’image
que je dois défaire pour reconstruire
un espace invisible, caché, dedans
Eclipses, interdits à comprendre.
Soumis à interpréter.
Je dois expliquer.
Une mémoire
Une mémoire stupide qui carambole encore
ici s’achève un commencement
J’ai voulu fuir mon corps
J’ai marché dans ma raison
241
La perception insignifiante
Le besoin d’extraire pour fuir mon néant
Une envolée d’extase une esquisse fébrile
Un faible filament
et cette perception insignifiante
saura-t-elle porter l’écrit nouveau ?
Je m’essaie en toi,
je risque, j’expérimente si le terme est juste
j’attends l’instant satisfaisant
j’associe liberté et force
pour l’exaltation du poème
Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs
Nulle élégance, nul rythme, mais une violence
qui m’obsède pour une verticale
impossible à atteindre - ta verticale !
242
La piètre maison
Là où supplie l’intelligence un progrès quelconque
demeure une certitude de médiocrité
et d’insignifiance
La nuit des Dieux est sourde
et refuse d’entendre la supplique
Je construis l’intérieur de ma piètre maison
Nul commencement nouveau,
Le corps veut se détruire
Le domaine est à l’esprit
Il n’y a nul chaos invisible
mais chaque élément, chaque brique
se place et s’entrepose
La langue parle simplement, logiquement
avec raison - dialogue de construction
L’esprit offre à la bouche
et la bouche à la
main qui noircit la feuille
243
Quels résultats ?
Ténacité de l’écrivain
Écrire c’est prétendre découvrir autre chose,
c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace,
c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer
une sorte de ballet nuptial - le plus souvent
détestable, perdu en vérité.
C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain
désire ardemment obtenir une page ou un poème rares.
Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ”
il invoque “ La jeune Parque ”, mais il se sacre
de dérisoire - de son dérisoire.
Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans
son impossible pari. Il échoue, se meurt et renaît.
Enfin il y croit. Et pourtant ! Que de déchets ! Et
combien de maigres espoirs anéantis à tout jamais !
Enfin il insiste.
244
Épilogue
Chercher sans réellement découvrir
dans la rumeur de soi
avec tangage de langage, - chercher
Quand la gestuelle pensante est monotone
sait pertinemment que demain sera comme hier
une vaste déception cérébrale
d’élans cassés
d’avancées perdues,
de futurs inutiles
Alors pourquoi cet étonnant labyrinthe en soi-même,
cette vaste cité intérieure ?
est-ce volonté de comprendre,
de développer une capacité interne ?
Est-ce aventure personnelle ?
Fuite en soi ?
Nulle réponse simple n’offrira de réelle vérité.
Est-ce travail d’homme ? De pseudo-penseur ? De poète ?
Que répondra le lecteur ?
245
PERIMERTRES ET FLUIDITES
246
Suites/Relances I
J’observais au fond du Moi
Ce vocabulaire amorphe
Inapte à s’associer
Pour obtenir des coups heureux
Jamais je ne parviendrai
A l’optimiser
Cette matière douteuse
Détestable et stupide
La faute m’en incombe
D’autres, autrement
Avec leurs réels moyens
Sont parvenus à purifier,
Elever, simplifier, charmer
Et je pense à Jiménez.
247
Éloignée
Éloignée, en soi-même
Au moment de la toucher
A l’infini vers moi,
Pourtant tu disparais
Ma bouche cherche un songe
Afin d’y fixer l’oubli ;
Les ombres que tu vois
Chancellent librement dans mon âme.
Je t’offre l’incendie
Nourri de braises claires,
D’idéal purifié
Seuls ou encore à deux
Soleil et lune sexuels,
L’énergie harmonieuse.
248
Autres limbes
J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,
Où la confusion cotonneuse rend informe
Tous les objets de la veille. Je glissais
Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie
Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte
De transe imaginative offerte à la raison
Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là,
Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.
C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit
Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent
Par recomposition et mémoire activée des souvenirs
D’autrefois.
Puis j’entendis douloureusement la voix
Suave du Christ qui m’invitait à le suivre
Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
249
Incolore
Incolore, bleu pâle dans l’âme
Avec élans jaillissant clairs,
La voûte cérébrale s’illuminait parfois
Ce soir, c’est un Néant intérieur.
Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles,
J’avance chancelant sur des houles imaginaires,
Je perçois le crissement d’un cristal parfait,
Choses étonnantes difficiles à saisir,
A rendre par l’image en si peu de temps.
Il n’est pas question de se souvenir,
Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté,
La création étant trop pompeuse. Ainsi il
S’élève logiquement pour des strates indéfinies
Construisant encore contre cette voûte cérébrale.
250
L’invasion de mots
Une invasion de mots
Comme des cavaliers blancs
Recouvrant l’espace
Inondant la voûte poétique :
La cervelle est encerclée
De syllabes, de chocs de mots
De paroles, de conflits de syntaxes.
Pour écraser le silence
Dans des batailles tumultueuses
Des hordes pénètrent en lui.
De cette violence aberrante
De résistance et de furies
Explose en gerbes multicolores
Le poème inconnu qui vient de naître.
251
Être
Être
c’est prétendre vivre à l’intérieur du Moi
Que peut l’Autre pour Moi ?
dans mon étendue cérébrale ?
pour ma construction interne ?
Les murs. Grand nombre de portes,
Ouvrir pour l’infini inutile,
Elaborer sur des assises incertaines.
252
Construction architecturée
Construction architecturée sur un socle structuré
Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse
Je t’observe au parfait du Midi !
Ta pensée est mûre, tes tours édifiées.
Ô monument d’éternité,
Quelle beauté de rigueur tu formes !
Elaborée par des siècles d’apprentissage,
Et d’imitation, ta façon
Semble régner dans la quiétude.
Hautaine et debout, crains gloire
De briques, fragile géant, crains
Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur
Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil
Et te réduise à un tas d’immondes poussières.
253
Des espaces, des lieux
Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,
Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles
À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches
Ce qui les sépare - ce qui les convertit.
Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.
Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement
Des moments de l’activité humaine ?
L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant
Et relevant les images floues, s’octroyant
Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.
Le propriétaire de Soi.
Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,
Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,
Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?
254
L’homo desertus
(L’homme du désert)
Waldlichtung, la clairière en forêt ; je
Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace
Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible.
C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel
Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres
Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.
Les horizons du temps et la taille de l’espace,
Ces dimensions universelles y sont également représentées.
L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité
De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer
Du vrai en marchant. Degré de subjectivité
De la conscience ?
Pensée intuitive, pensée
Spéculative - réside déjà la possibilité
De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.
255
Suites/Relances II
Evanescence et périmètre
De si loin
pensées au plus profond
transmissions concevables
sans doute agitées par ma mémoire
lancées, montées, explosées
Là enfin
poussés par le souffle
Quelques mouvements dans nos rêves
des mots offerts
De moi-même, évanescence
incandescence
pour l'élaboration de l'œuvre
J'observe fixement l'exaltante envolée
des feuilles voltigeant
pensées englouties irréelles
surgissantes déplacées
J'y perçois quelque lumière...
256
Des groupes de mots, des familles, des appartenances
avec l'analogie, la symbolique etc...
Un mécanisme bien huilé, en vérité.
Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.
257
Syntaxes amoindries
Insufflées poussées
extases d'écrivain
Le non-probable, la certitude de l'échec
Associe tes coups mélange
avec ta substance amoindrie
pour tes quantités multiples
Il est nécessaire d'aller longtemps
puiser au fond de soi-même
258
J'ai dé-pensé
J'ai dé-pensé me déplaçant
perforant ce mur d'incertitudes
cherchant le monde naissant derrière,
ou à côté
Une pénétration sans expérience
par ressemblance prolongée
exploitant, refusant l'autrefois
Oui, rendre possible un avenir inconnu
Comment rendre un autrement vraisemblable ?
259
Le mot cherche
Le mot cherche se détermine
d'après autour de lui
Il flotte ici un parfum d'images
irréelles déplacées agressées par le temps
Le mouvement clair enflamme
s'étire emporté par le soleil
intérieur tout en fixant le vide
Je confonds le ciel cérébral
de mon espace imaginaire
avec une possibilité d'invention poétique
260
L’image et le mot
L' image et le mot l'un avec l'autre
tout dépend de l'hémisphère cérébral !
Les yeux voient ce que l'esprit écrit
La pensée rôde, esquisse en mouvements le poème
Comment fixer le silence
dans le vertical de son vide invisible ?
261
La nuit noire, mauve
La nuit noire, mauve et bleue, le regard
Cherche en lui quelque quiétude aérienne.
L'invasion des nuages déplace la pensée,
La vitesse des traits et des images emporte
Les mots hors du champ de conscience, la lancée
Des possibilités poétiques chargées de musc,
De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes
Multicolores.
Il faut apaiser l'ardeur, calmer
L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,
Certifier l'espace de sa transcendance interne,
Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.
Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie
Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant
Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.
262
L'immense réservoir humain
Ne parlons pas d'Art - Ceci serait prétentieux,
Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel
Se situe l'auteur est plus modeste...
S'installer, lancer
De l'énergie, combiner une sélection de mots d'a-
Près des critères de ?...(Trop long à expliquer
Sur un sonnet)
L'espace mental, l'action visuelle -
Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser
Le geste de composer ? Informatique et Biologie
Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possibilité
de sublimation humaine! Le sixième continent,
Comprendre L'intelligence avec son intelligence,
Le cerveau avec son cerveau.
Temps, Moyens,
Travail en commun, synergie de la compréhension
Pour accéder à l'immense réservoir humain.
263
L’air éclate
L'air éclate comme une séquence impossible, je
Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts
Au magma. Des effets lumineux très pervers.
Un souffle crache de la poussière mentale. Le
Long de ma paroi interne suinte de la vérité à
Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et
Cherche à sortir. La fille se retire, la fille
S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.
Le jeu de la tête à représenter. La démonstration
Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du
Manquant et de l'inspiration.
Où allons-nous tous deux ?
L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de
Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le
Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?
264
Au zénith
Au zénith, la nuit obscure dans la tête. La volonté
de comprendre, d'aller outrer. Sous le poids de l'ignorance.
Méninges, rapiécer avec techniques, espère-t-il les éléments.
L'œil plonge dans son espace, la main récolte les caractères
et syllabes.
Demi-tour, à l'intérieur ! La pensée prétend
triompher et ressuscite. Je dirai d'une voix basse : "Tel est
ton triomphe, - cela et rien de plus. Le poème est écrit."
265
Au fond du Moi
Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant.
Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors
d'atteinte l'autre
contemple la Cité et cette logique de mots, de
constructions de langage et d'assemblage forme
irréelle ou fantomatique structure délétère.
266
Suites/Relances III
Son but
Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe
De son âme était pour lui un jeu intellectuel,
L'univers du poème un espace curieux à
Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, par-
Fois. Etait-ce une passion, un vice, une dose
D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de
Déterminer sa propre limite, reconsidérer son
Complexe, élargir les moyens de comprendre.
Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations
Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte,
Il prétendait... Mais ce n'était que chimères,
Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi,
Que folie permise par un idéal poétique rêvé :
La probabilité réelle de sa réussite était nulle.
267
Des labyrinthes fangeux
Des labyrinthes fangeux, des structures internes
Complexes et déplorables, un néant à combler
Par le travail, par la studieuse constance pour
Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,
Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans
L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.
Seul, toujours seul.
Qu'importe d'être compris, d'être
Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !
N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?
Comment achever cette vie inutile faite de rejets,
De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas
Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?
Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question;
Des labyrinthes fangeux, des structures internes.
268
Entre dans toute joie
Entre dans toute joie :
(Mise à la disposition du vers pilé)
d'une clairière uniquement chancelante.
Cépages. Arbrisseaux. Ecobuages.
Donc le balancement des idées.
Les sublimes soupirs à ébaucher - le tintamarre
plus que parfait.
En toute gratuité, pour nul connaisseur
L'entrelacement des triangles :
D'autres triangles.
Pensées-applications-lecteurs,
Je reviens à ton a-forêt, pipeaux sylvestres
tes gradins d'écriture,
base et élévation - monte
Mais l'a-forêt ?
Toi dans le lieu, nulle âme autre
La tienne seulement
269
la goutte perle, se distille.
Nulle célébration du lieu,
mais la goutte -----) qui est signe.
Cela s'accumule, n'est-ce pas ?
Parc, sentiers, squares corrects -----) je
te dis que l'oeuvre avance, que le tout
s'organise. Tu ne sais pas lire ?
Tout est construit - qui voudrait s'y promener ?
270
Suites/Relances IV
Mouvements de pensées
Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés
Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements
De la tête de jeune éléphant qui active
Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et
Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.
Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons
À larges jets diffusent quelques élans clairs.
Des vents légers et aériens ; le ciel se charge
De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,
Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence
De l'écriture, et des applications pour la feuille
De papier. De ce magma, que restera-t-il
Réellement d'utile ?
Des manières poétiques,
Des élans stupides que tous rejèteront, en vérité.
271
Ce qui s’échappe
Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe
Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme
Puis ta houle intérieure, inventive
Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit
en dehors de ton temps
La pensée suppose, implose
Pour s'éjecter sur le rectangle blanc
L'oeil qui étudie
Le choix dans l'éclair
272
J’ai cherché
J'ai cherché, c'était hier, un monde
un songe ou une vapeur d'idée
J'avançais avec une pensée monotone et
monocorde
J'avançais
Je percevais leurs souffles, je pénétrais
leurs labyrinthes subtils ou insensés
prétendant retrouver leur centre
Je rêvais de leurs formes, de leur méthode,
de leur formule - les poètes m'étaient
indispensables -
273
Écho
Mais à l'intérieur ?
Echo faisant place écho
Sans les mots pour l'écrire
Qui prétend
Qui prétend penser, agir, avancer ;
et cependant il parle, ou construit, extrapole, etc.
Poussières encore ! Mais toute cette accumulation
de fragments construit la stèle - les pensées
associées, pulvérisées, agglomérées offrent
la structure..
Primitif d'un tout !
Déformer la réduction, imposer un surcroît
- plus encore...
Cela scintille et c'est soudure.
274
Les espaces obstrués
Encore les espaces obstrués
Le vide à soi, le vide
Une faille peut-être
Espérant une nouvelle matière
Il suppose en creusant
L'espace décomposé en soi
Traduire l'infinité
Te rencontrer encore après bien des années perdu
dans ces labyrinthes d'écriture
pour ces impossibilités littéraires à atteindre
La structure démantelée est à refondre
De nouveau, il explose
Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint
Le sens du continu
275
Inventé par soi-même
Pour un nouvel espace inventé par soi-même
Bleu ou blanc cosmique épuré ou vrai
Mais comment concevoir autrement ?
L'air cent fois transformé
276
Et là indistinct
Dans mon front, et là indistinct
la substance cohabite avec l'inutile
l'effort est vain
Sage, et toi dans le bleu ~ je te convie à la lumière
pour l'immortelle semence d'être et d'être encore !
Sacrée - en demeure sacrée
où les flots sirupeux et les excréments se déversent
Sacrée, ô demeure de moi-même
dans l'attente d'un meilleur
Pour l'espace aisément
difficilement
pour l'espace
Mon temple refaçonné, purifié
je me rejoins dans l'innocence d'un saint,
j'accède, j'atteins
Exigences de certitudes, de vérités
Déchirures qui renaissent
277
qui relancent la haine
Ici à repenser
et décider une nouvelle définition
Compressé, condensé, déplacé, ailleurs, autrement - l'ordre !
L'ordre et la construction des mots pour une architecture nouvelle.
Mais quoi ? Et avec qui ?
278
De rechercher en
De rechercher en
de nouveaux domaines
de claires résidences
non pas des labyrinthes ou des cloisonnements
mais l'espace intérieur inconnu
à découvrir
C'est encore soi, mais un soi ignoré
de sa propre conscience
C'est une sorte d'aventure de l'esprit
- ce qui est caché - invisible encore
qui doit apparaître toutefois
De-ci de-là très à l'intérieur
cherchant et balançant
lumière claire, fluides de phosphore
Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées
Mais avec quelles matières cérébrales,
quelles traces à appliquer ?
Un monde
toutes les nuits
279
qui échappe, s'enfuit
Infini et Un,
qui se construit et délivre un message poétique
Quel message ?
280
Yeux en moi
Yeux en moi aveugles
Yeux du dedans je dois mourir
Lancées et miroirs intérieurs
Par le souffle, en contre bas, j'explose
Sangs jetés dans le corps, mourir
L'un et l'autre - les deux
La chute, la faille, tombés
Cris pensés après cris repensés
Cristal de haine, aux abois
Je verse dans le délire
Tu vois, je souffre encore
Chair et nuit se tenant
Dans l'angoisse et l'horreur
La fuite la mort ton Néant
281
Déplacé - repensé
Déplacé - repensé ailleurs et autrement
Le territoire de la repense !
Ecriture noyée, focalisée, hérétique,
agressive et violente - Ecritures !
Sans être lu mais se lire
plié, à l'intérieur
Ecrasé par ses rayons monstrueux,
roule en toi-même ou grimpe du moins agis
Dans ce champ mental, aie soucis de toi
Non, point souci des autres
mais soucis des poètes morts - avec leur substance, ma co-substance !
Voir à travers eux !
ou fluidifier d'autres mots
Une sorte de réplique
revisitée, intemporelle - une sorte de réplique !
Et pour viser à quoi ?
282
Structures sensibles
Structures sensibles ici,
structures poétiques
Le grand ouvert bouche bée pour comprendre
et apprendre
Invisiblement repensé, restructuré, ailleurs
Nuits bleues d'humeur volatiles
Parties de poésie jouées avec soi-même
Ombres et vols - mais repensé
avec âme délétère
Serrures, sensibles, - grand ouvert
c'est encore vous !
Paroles, et cette soif jamais assouvie
Paroles et pensées pour s'octroyer quelques fragments supplémentaires
Un instant, l'écrit, le trait mais rejeter l'agglomérat
Des routes, des réseaux, des sorties - longues avancées en soi
283
Traces de plus en plus visibles - traces -
Surfaces parallèles - en décalage - surfaces
Tombées, retombées dans tes versants
L'emporte comme s'étale
Surcroît, s'efface et cherche
Défalquer dans la transparence, le reprendre avec soi pour saisir cette trace
dans cette opacité mienne
S'y perdre en plongeant
Limites perpétuelles franchies - limites
Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle
284
Endormies sur le feu
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis
vont se dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour
infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère
quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du
supposé possible à la rumeur absurde ?
sporadiques ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je
veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.
Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de
l'écriture, ces génies de la syntaxe ?
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.
285
Pénétrant, et cette fièvre
l'élan
Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la haine, dans
mais pénétrant encore
de soi à soi
Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées incolores
Oui, mais en dedans
Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre j'avance
songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude
Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te guidant - et tu
réponds par le regard en avançant
D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le repos
l'ombre de mon corps
Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles légères - dans
fuyantes et ronces
Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches entortillées et
Moi ayant toujours cherché et visitant
286
Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore
La belle obscure
De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement
Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres
Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la
Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements
De synapses dans l'immense luxuriance du don !
Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis
Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-
Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades
De courbes, en fuites éperdues, en élans in-
Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !
Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et
Figurative, ou plonge encore dans l'immanence
Insouciante de la raison, dans la vasque remplie
De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.
287
Figures pensantes
Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent
De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense
Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élaborent de
Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel
Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.
Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée
S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse
D'autres espaces clairs ou invisibles !
Un futur se propose…
288
Dans le vide
Figures disposées dans le vide
Figures pensantes et articulées
Dans les sinuosités angulaires escarpées
Et tranchantes qui se renvoient
Avec leur logique désordonnées des fragments
D'images bariolées
En approche de l'esprit, les constructions
Se désintègrent de couleurs en lumière,
Lambeaux de toiles mortes,
Vieilles souvenances oubliées
Figures déployées sur l'écran de la mémoire
Là le mensonge éblouit
Pour la renaissance des châteaux
En élaborations incomprises
289
Pour que surgissent
Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent
De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense
Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élancent
Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel
Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.
Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée
S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse
D'autres espaces clairs ou invisibles !
Un futur se propose…
290
Absence sinistre
Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage se
dresse d'un coup. Quelles sont les limites possibles ?
Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.
poindre.
Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble
J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme. Le
silence écrase l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.
291
Un mot cherche un mot
Un mot cherche un mot qui refuse de lui
Répondre Ici commence la guirlande accrochée
Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose
Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux
Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent
Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi
Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon
Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de
Sang jaillissent ici et là dans l’armature
Du Néant. J’attends mon auréole et je demande
Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers
La Coupole.
Des cercles et d’autres cercles évasifs
Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur
De haine circule dans la ville. J’écris encore.
292
Pour,
Pour, dès qu’elle survivra à l’orée des tempêtes enrubannée d’orgasmes
pensée et recomposée dans l’essence aérienne
d’espoirs
Et tel un glissement qui rebondit dans l’éveil enchanteur pour déborder
Ici et là et à côté ~ la localité se précise dans un centre - focalisation
Ce fluide, je l’entrevois comme un plasma frivole
293
Une parole déchirée
Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son paroxysme pour
éclater en mille fragments de syllabes.
Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment considérer l’Au-delà.
Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà.
Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné de la logique, dans
du vrai pourtant.
-
Silence. Et substance émanée par le songe
-
Paroles menteuses mais créatrices cherchant une nouvelle essence de
l’être.
Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un sublime agencement
poétique !
Hauteur des mots.
En soi démesurément
-
Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques traces de
profondeur
294
Je te sais : constamment absent
Ici une volonté autre - est-ce dépassement ?
-
Le support, l’élan
Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes d’applications
-
Espace très à l’intérieur
Espace et toi sur le versant
T’essayant à quelques délires
Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant , je te dis avec
combinaisons et luxes d’audaces
Sur la matière, tu n’es plus
-
Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est faussée
Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là - évidemment !
Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais comment ?
-
Décalant ton orgasme - en toi, profusément
La pensée s’enflamme et cherche à te détruire immensément
295
Futur comme toi
Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé,
Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~
Dans la fraction du temps ~ intervalle qui sem-
Ble ne pas suffire ~ et appliquer toutefois.
L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères
Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupe-
Ments, les anticipations, les interdits organisés
A la demande, pour l’imparable extase.
Le trait redescend mat et impuissant, la pensée
Contingentée dans des délires douteux - optique de
Reproches et d’incertitudes.
Puis l’omission, le rejet,
Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute
Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvel-
Lement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?
296
Déplacé dans l’impossible
Déplacé dans l’impossible menteur à la
Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle
Part. Au travers, se supposait au travers.
Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons
De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,
Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.
Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,
~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.
Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,
Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.
Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle
Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit
Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique
Le sceau sacral, et je prétends produire !
Promptitude, attention souhaitées
297
Promptitude, attention souhaitées
Accumulation de points, de signes - ils ont été numérisés
pour passer de paroles ennuyeuses à des applications abstraites
Convertibilité d'images au moyen de rapports
Recherches encore pour la symbiose ou la symbolique déplacée
Créant une structure vide et inutile pour un seul exploitant
Moi toi, tu es là : ta pensée s'ouvre, toi suspendue dans l'espace que tu
conçois déplaçant les stations successives du temps et de la création
Les distances et les limites forment des cobordismes douteux
298
Reconstituer la Vérité
Je reste constamment enfermé en moi-même comme si cet espace
insignifiant allait me permettre de reconstituer la Vérité.
Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le soleil fond comme une
éclipse. Des labyrinthes épais ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche
pourtant. Je veux fixer l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela est
mensonge.
J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri. Encore, encore je
suis immobile. J'impose à mon esprit de mieux penser. Halluciner est un
moyen. Les Temples s'ouvrent devant mes yeux.
Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es enfoui dans l'intimité
du Moi. La nuit est claire. Elle te nourrit de subtils savoirs.
J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant, titubant, avançant
toutefois, quand une jetée de cendres me recouvre entièrement pour me plonger
dans mon Néant.
299
TABLE DES MATIERES
Préface
Structures démises
Messages I
Messages II
Messages III
Messages IV
Messages V
Messages VI
Résonances I
Résonances II
Résonances III
Résonances IV
300
Résonances V
Résonances VI
Périmètres et fluidités
Suites/relances I
Suites/relances II
Suites/Relances III
Suites/ Relances IV
Endormies sur le feu
301
FRANCK LOZAC'H
L'INFINI-EN
302
Pensées sculptées
L'opacité absolue
fondre dans
Cela, par effets, l'opacité absolue et nulle lueur -
l'aurore et plonger
Encore la plongée fuyante, en soi,
Sorte de spirale infinie de rien - nulle possibilité de
dégagement, l'éternelle glissade sur les bords du vide
Le temps succédera au temps
pureté
Sont-ce des possibilités printanières, d'exil, de
transparente - qu'est-ce cet autrement ?
La remontée
303
Je tiens le mot pour
Espacé de silence, - espacé - figuratif et muet
formation,
La parole dessaisie murmurant pour cette image en
en attente tendue, - l'inachevé est à disparaître...
C'est cela : à disparaître.
À la recherche de ce vide
obscurément en
et de trace, de substance même ?
hautement ressoudées en soi par le magique effet
des consubstances
Solutions et réponses pénétrées là
304
Mais à cet endroit
vide
Mais à cet endroit
Pensant quitter, tournoyer ou filer -
déterminant ma pesanteur, ma légèreté, pensant
fuites encore sur mes passerelles, et courses
sur les tuyaux - hauteur et charpente - fuyant
encore - fixant le faux vertige - coulées
claires de pensées et brusquement à petits pas,
De là jusqu'à ce sol - avec ce dehors de nuit noire
Mais nul rêve, - facteurs vrais du vide, de son
Et tentant d'avancer toutefois.
Et ce, au plus profond
éclatées
Et ce, au plus profond avec centre et spirales
305
nouvelle
Froissé, décomposé, suppliant, espérant cette
aube, puis le jour s'éteint
---
Ici et le prétendre encore
fuyant la diagonale
plongeant sur l'oblique
s'évaporant dans l'espace
---
De la pensée volatile dans l'éveil
sur l'a-conscience qui se figure bourdonner
au milieu de l'endormie
Lourde encore supposant quelques scintillements
clairs qui sera et s'échappe pour rien...
Mais à l'intérieur ?
306
Echo faisant place écho
Sans les mots pour l'écrire
---
Seul, dans le silence de l'écriture, seul
À l'instant d'espérer, et toujours espérant
Certitude de cet insignifiant, qui rend sourd
mon futur
Paroles soustraites de la phrase, paroles et
quelques bribes obscures ou prophétiques, paroles
essentiellement pour ma personne.
souffle
À saisir, encore le délétère et le subtil pour
éclairer quelque mensonge et joindre ce que son
lui dit d'écrire.
307
Qui prétend penser
Qui prétend penser, agir, avancer ;
et cependant il parle, ou construit, extrapole, etc...
accumulation
Poussières encore ! Mais toute cette
de fragments construit la stèle - les pensées
associées, pulvérisées, agglomérées offrent
la structure..
Primitif d'un tout !
Déformer la réduction, imposer un surcroît
- plus encore...
Cela scintille et c'est soudure.
Demeuré, en soi, plus haut, ~ parole qui porte
à l'intérieur.
La figure tout à coup :
308
impuissants
éclatent
Eclairer l'ombre même, le noir inoffensif
Des rais foncées et rouges : l'orgueil des
Suffis-toi de ces lignes, elles circulent, elles
Lance tes blancs, tes crèmes invente des spirales
Poudroie un sacrement qu'il explose à leurs yeux
Condense l'énergie va dans les fuites claires
C'est encore un spectacle que tu veux inventer
Cette création saura bien les surprendre
Tous ces gestes magiques éclairent nos esprits
Fuites, vitesses, vitesses vitesses encore dans ce
Gerboiement de pensées éclatantes, avec ces flux
Multicolores qui interpellent et nous imposent
À considérer l'activité mentale, cérébrale
Ou d'autres fuites ~ suites imaginatives
expirantes
Demeurée qui éclate figurines explosées
Danse sur le soleil au proche des catacombes
309
Pour la lune éblouie et là-bas l'extase
Dans l'or de la voyance pour l'orgasme sexuel
Finitude de plaisir corrompre mes destinées
C'est étrange, cet infiniment et fuir à tout jamais
Regarde, croise le sommet interdit l'élégance
Ce ne sont que des Empires encore la corruption
On te dit d'éclairer l'ombre des sémaphores
Un éveil de phosphores la fille désenchantée
Croître pour ta portée indigne et méconnaître
Avec ce savant mélange qui ruisselle dans la nuit
La folie médusée la haine entrouverte la peur
Qui te dit au lointain que tu conçois encore ?
Me pulvérise
Les limites, les lignes, les fuites,
la pensée se déplace
dans une configuration autre
Je reconstruis ma frontière, explose
dans l'espace, me pulvérise infiniment
310
Incompris, illisible, à rejeter, à vomir.
Soudées
!...Dans
Soudées comme des particules de rien, soudées
poussières invisibles, imperceptibles, soudées
la vitesse du temps pour s'immobiliser en statues
pensantes, en constructions poétiques élaborées
l'association,
Elaborées en leurs centres où culmine
une face de conglomérat pendante, telle est ma
résignation.
311
Surgissements
Les espaces obstrués
Encore les espaces obstrués
Le vide à soi, le vide
Une faille peut-être
Espérant une nouvelle matière
Il suppose en creusant
L'espace décomposé en soi
Traduire l'infinité
Te rencontrer encore après bien des années perdu
dans ces labyrinthes d'écriture
pour ces impossibilités littéraires à atteindre
La structure démantelée est à refondre
De nouveau, il explose
312
Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint
Le sens du continu
Au-delà du sens
matière,
Au-delà du sens, à la recherche d'autrement, cassant la
restructurant la syntaxe, déplaçant le vrai,
Et pour quels surgissements ?
Au-delà du sens, ce que peut le non-signifiant
ce qu'il prétend trouver
autrement
Encroûté, insistant, piétinant encore
Contre le sens, le faisant exploser
ou disparaître
313
Et d'avancer pour aller plus loin
là-bas j'y suis
Prolonger, rajouter, soi sur soi,
sans cohérence, sans organisation réelle
En poussière inutile
En poussière inutile, en saisissement volatil,
scintillement qui échappe dans l'interstice de ma pensée
Imperceptible qui se fait et se défait, disparaît puis rien
314
Ici en deux
De toi à moi
que faire
Ici en deux
que je place
et déplace
À repenser
Encore sur ta hauteur
moi-même à élever
Suspendu dans l'esprit de la réplique
reprenant ton souffle
avec la grâce de l'application
unissant les choses libres et différentes
Ma nuit et ton jour par frottements
pour fluidifier nos différences
et nos contrastes
315
Ou plonger encore pour la très grande estime,
descendu là dans le profond
Cela sera-t-il proche ?
... Mais la substance qui coule en moi ?
Essaie encore dans les extases
pour les lointains
L'autre dans les lointains
L'écho de sa personne l'écho
La pensée dédoublée, recomposée
dérivée
Encore avec soi
Refondre ce qui est séparé
316
Surgissements d'extase
Dans l'espace incliné, j'espère une demeure
Arraché, pivotant, fuyant toute solidité
je passe
A repenser en soi
pour un autrement
S'il dit : Surgissements d'extase,
l'éblouissement est interne
Obscurément, en
Et ce vide, obscurément, en
mais de revenir en.
à la recherche dans l'allégé, et clair si possible
Sitôt suspendu à la pensée fière - quelque chose
317
d'aérien
et d'évaporée - toujours en.
Pour le faire revenir là, en.
Sortir, bondir, fuir, réapparaître - là.
318
Résidences
De rechercher en
de nouveaux domaines
de claires résidences
non pas des labyrinthes ou des cloisonnements
mais l'espace intérieur inconnu
à découvrir
C'est encore soi, mais un soi ignoré
de sa propre conscience
C'est une sorte d'aventure de l'esprit
- ce qui est caché - invisible encore
mais qui doit apparaître toutefois
De-ci de-là très à l'intérieur
cherchant et balançant
lumière claire, fluides de phosphore
Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées
Mais avec quelles matières cérébrales,
319
quelles traces à appliquer ?
Un monde
toutes les nuits
qui échappe, s'enfuit
Infini et Un,
qui se construit et délivre un message poétique
Quel message ?
320
Yeux
I
Yeux en moi aveugles
Yeux du dedans je dois mourir
Lancées et miroirs intérieurs
Par le souffle, en contre bas, j'explose
Sangs jetés dans le corps, mourir
L'un et l'autre - les deux
La chute, la faille, tombés
Cris pensés après cris repensés
Cristal de haine, aux abois
Je verse dans le délire
Tu vois, je souffre encore
Chair et nuit se tenant
Dans l'angoisse et l'horreur
321
La fuite la mort ton Néant
II
Tes yeux, aveugles dans ton mouroir
- le déclin - en moi - le déclin
ici j'arrive
Miroir de moi-même. Lune changeante ou soleil
menteur. Sang resplendissant d'aise dans la douleur
ou la jouissance
Solutions claires ou en attente de purification
Ame se dissipant en formation nuageuse, une fois
encore proche de la configuration nette, prétend Paul
Celan.
Les yeux plongeant encore dans le cyclone du
temps je tombe et j'agonise
Et tombant je suis, j'existe - réel - reconnu !
322
Fragmentés en soi
Fragmentés en soi
en fines lamelles puis explosantes
l'âme
Flèches filantes
pulvérisées en confettis dans le trou béant de
Sphères, hautes sphères pensées et décevantes
pour s'éloigner et disparaître
Passez, dis-je, passez !
Puis l'éclatement intérieur inondé d'orgasmes
poétiques, d'immenses cascades de sens et de nonsens.
323
Même indice
Même indice, même schème, même application
ici encore cherchant pour rien
ou si peu
enfin cherchant encore
Qui va tirant et se rencontre
allègre en soi qui va
souffre et de se suffire
tandis qu'écoute pensante ma tradition
fluidifie, s'étire, remonte et se reconstitue
De nulle part, très à l'intérieur
et quelle faiblesse !
Suspendu à d'autres souffles
évoquant le vertige
Puis nouvel indice
poussière, grain, interstice
scintiller - cela vrai - et respirer doucement
324
Sous mes yeux
dans mon regard, toi à l'œil !
Tu m'as dit quel mica
sur ma fin de vivre
Et l'autre rive là-bas...là-bas l'autre rive
Le front
Ici le clair le front en moi
Pensées séparées ressoudées ailleurs pour que
la raison s'épuise encore jusqu'à l'agonie
Songe pour l'exploit d'autres mystères
Le bleu encore en toi
idées
La nuit sur le jour la nuit
puis la blancheur de l'emportement souffle sur les
Dehors d'autres souffles, - airs nouveaux mais
325
nulle tempête en ces lieux - si peu - faibles brises -
Le non-sens
Le non-sens, la profondeur à contre-pense
plongeante
En dessous de la surface une cervelle
Les options, les calculs, la volonté de pénétrer
Supposer, fluidifier, - toujours -
Seule alternative positive
L'errance me transporte dans mes sens, l'énergie
dispersée répand quelques traces
Le réel ? Le désir !
Et quel résultat ?
326
Paroles, et
Paroles, et cette soif jamais assouvie
Paroles et pensées pour s'octroyer quelques
fragments supplémentaires
Un instant, l'écrit, le trait mais rejeter
l'agglomérat
Des routes, des réseaux, des sorties - longues
avancées en soi
Traces de plus en plus visibles - traces -
Surfaces parallèles - en décalage - surfaces
Tombées, retombées dans tes versants
L'emporte comme s'étale
Surcroît, s'efface et cherche
Défalquer dans la transparence, le reprendre avec
327
soi pour saisir cette trace dans cette opacité mienne
S'y perdre en plongeant
Limites perpétuelles franchies - limites
Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle
Le vide en soi
Je re-bifurque je replonge
à nouveau le vide en soi
Saisis ta verticale, allonge-toi
Aveuglément en, retrouve tes sens pour accéder
aux confins du rien
La lumière infinie l'éclaire
par moments il conçoit une autre vitesse
Comme en suspens, la lutte et lui
gangue
Cette volonté qui rétrécie cachée là dans la
328
Endormies sur le feu
Parce que
Parce que. Des forces nouvelles s'appliquent là.
Transformer petit à petit la réalité des choses
Dans laquelle nous étions englués. Champs
Inventés, innovant. C'est un autre langage.
Domaines, corridors, labyrinthes. Toujours
En soi.
Inapte et incapable - écervelée,
Ensevelie. Dans le gouffre de l'odieuse
Inutilité, assurent certains.
A l'assaut et
De l'audace ! Brûler, enflammer.
329
Dans la lumière pure
Cherchant dans la lumière pure
Je m'efforce d'obtenir ma propre résurrection
Exilé en moi-même fuyant l'espace inouï, je plonge dans
l'impossible à atteindre
Quel impossible ?
Une sorte de logique absurde
Il faudrait avancer, parvenir à aller outre
Qui m'entraîne en ce lieu avec de la pâleur, de la fluidité
autre fuyant vers nos orgasmes ?
330
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon
poétique puis vont se dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour
l'amour infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie
dans le lointain espère quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce
des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur
absurde ?
sursauts sporadiques ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de
l'esprit - je veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un
bégaiement aléatoire.
Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces
intercesseurs de l'écriture, ces génies de la syntaxe ?
dépens.
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes
331
Pénétrant, et cette fièvre
la haine, dans l'élan
Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans
mais pénétrant encore
incolores de soi à soi
Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées
Oui, mais en dedans
Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre
j'avance songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de
décrépitude
Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te
guidant - et tu réponds par le regard en avançant
repos
D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le
Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles
légères - dans l'ombre de mon corps
332
Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches
entortillées et fuyantes et ronces
Moi ayant toujours cherché et visitant
Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore
333
La belle obscure
De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement
Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres
Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la
Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements
De synapses dans l'immense luxuriance du don !
Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis
Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-
Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades
De courbes, en fuites éperdues, en élans in-
Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !
Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et
Figurative, ou plonge encore dans l'immanence
Insouciante de la raison, dans la vasque remplie
De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.
334
Pour les sels futurs
Oh ! Si peu pour un lien de subtils fusionnements
Là dans la vague éternelle une pensée s'émeut
Subtile grise, grise enfouie espérant
Quelque saveur extrême émanée par le songe
Qui se disperse et va s'effilant, il est apaisant
De s'arrêter ici - après un temps lumineux
De furtifs essais. Egarés, ébahis encore
Dans l'émergence du présent, il paraît juste
De supposer
Puis pulsions indomptées, effusions,
Essences, évanescences, fluidités limpides, - qui
Se dit à soi-même : est-ce moi dans l'enchevêtre-
Ment des mots et des folies d'accords, est-ce moi ?
Fuyant encore paraboles et disgrâces pour agencer
La plume et répandre en sa chair les sels futurs.
335
Pour que surgissent
Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent
De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense
Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élancent
Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel
Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.
Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée
S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse
D'autres espaces clairs ou invisibles !
Un futur se propose…
Absence sinistre
Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage
se dresse d'un coup. Quelles sont les limites possibles ?
Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.
Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble
336
poindre.
J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme. Le silence écrase
l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.
Futur comme toi
Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé,
Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~
Dans la fraction du temps ~ intervalle qui sem-
Ble ne pas suffire ~ et appliquer toutefois.
L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères
Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupe-
Ments, les anticipations, les interdits organisés
À la demande, pour l’imparable extase.
Le trait redescend mat et impuissant, la pensée
Contingentée dans des délires douteux - optique de
Reproches et d’incertitudes.
Puis l’omission, le rejet,
Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute
337
Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvel-
Lement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?
Une parole déchirée
Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son
paroxysme pour éclater en mille fragments de syllabes.
Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment
considérer l’Au-delà.
Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà.
Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné
de la logique, dans du vrai pourtant.
-
Silence. Et substance émanée par le songe
-
Paroles menteuses mais créatrices cherchant une
nouvelle essence de l’être.
338
Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un
sublime agencement poétique !
Hauteur des mots.
En soi démesurément
-
Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques
traces de profondeur
Je te sais : constamment absent
Ici une volonté autre - est-ce dépassement ?
-
Le support, l’élan
Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes
d’applications
-
Espace très à l’intérieur
Espace et toi sur le versant
T’essayant à quelques délires
339
Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant,
je te dis avec combinaisons et luxes d’audaces
Sur la matière, tu n’es plus
-
Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est
faussée
Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là
- évidemment !
Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais
comment ?
-
Décalant ton orgasme - en toi, profusément
La pensée s’enflamme et cherche à te détruire
immensément
340
Là dans l’immobile
Là dans l’immobile, concentrée sur soi
Fausse vélocité d’une ardeur à transmettre
Emportée ici pour disparaître dans la fuite
Oui, emportée…
Avec quel support et quel savoir ?
Féminité pour n’être pas
Main sur le papier, vide de sens, cherchant la plénitude
Qui ne saurait me convenir
Etre sur soi pour qui s’emporte
Comme de se dire ici et là
et en cadence
La blancheur amortie dans l’air qui se dégage
Futur repensé déplacé à nouveau
Futur revisité et de prétendre :
cela sera cela
341
Pour le bel inconnu qui toujours se suffit
L’espace est en soi-même l’univers à construire
Eventré là
Eventré là dans l’œil du cyclone
Restant après s’y être essayé
C’est passé à travers ~ rayonnant et invisible
Eclaté encore éclaté en soi
Obscurci par la nuit caverneuse
Tu donnes une romance qui explose en rumeurs
Lisez vous dis-je, c’est à n’y rien comprendre
La lèpre est décollée et surnage le délire
Le ‘qui est à l’intérieur ?’ engendre nulle réponse
La boucle infiniment en soi
Et achever dans la stupide contemplation inutile
342
Déplacé dans l’impossible
Déplacé dans l’impossible menteur à la
Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle
Part. Au travers, se supposait au travers.
Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons
De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,
Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.
Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,
~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.
Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,
Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.
Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle
Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit
Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique
Le sceau sacral, et je prétends produire !
343
Reconstituer la Vérité
Je reste constamment enfermé en moi-même comme si
cet espace insignifiant allait me permettre de reconstituer la
Vérité.
Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le
soleil fond comme une éclipse. Des labyrinthes épais
ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche pourtant.
Je veux fixer l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela
est mensonge.
J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri.
Encore, encore je suis immobile. J'impose à mon esprit de
mieux penser. Halluciner est un moyen. Les Temples
s'ouvrent devant mes yeux.
Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es
enfoui dans l'intimité du Moi. La nuit est claire. Elle te
nourrit de subtils savoirs.
J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant,
titubant, avançant toutefois, quand une jetée de cendres me
recouvre entièrement pour me plonger dans mon Néant.
344
Les roses ensevelies
Se déplacer vers
Se déplacer vers. Avec de l'ordre. Se faire violence pour
extraire. Le cercle. Nous bâtissons misérablement. Hors du
cercle. Les structures chancellent. Se promouvoir au-delà.
La ligne de la mort. L'Incompris. Convergeant, conversant -
pour se dire quoi ?
Il vivait dans sa seule parole.
Il espère le qui. Où es-tu ?
agissant.
En ordre avec soi-même. En arrière délaissé. Délaissé
345
Sur-inventer
Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le
délire optique
Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en
préexistences phénoménologiques, en fluides étirés, en
sèves bouillonnantes, en
Sperme-écoulements de ton vrai
Azur co-substantiel azur contre azur vous que j'ai
déchirés d'un bruissement d'aile pour confluer vers mon
Néant
En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de
verso pour aplanir la plume qui glisse
Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez
mes envies appliquées dans l'aléa de l'écriture pour venir
féconder de sublimes connaissances !
Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec
346
cette fille sale et répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma
chienne soumise et aboyante ~ tu vois, nous cherchons
encore
347
Les miroirs obliques
Ego cherche
Et par quels procédés, quelles fixations, quelles convergences
~ d'intellectualisation pure ~ pour quelles essences de soi à soi, en
donnant à Autrui ? Quelles fluidités claires ou orageuses à
expliquer ?
Mais encore ? Avec du vent stellaire, le tout-possible des aïeux ~ où ?
Quelles dimensions extensives, en quelles rafales de souffles inédits
Ordonnées, désordonnées, d'Alpha jusqu'à Oméga pour exploser en
synthèses inconnues ?
Sublimes véhémences en plénitudes d'acquis avec des
poudroiements différenciés dans des extases lyriques, ~ là encore,
encore pour un déluge inconnu à inventer.
Ego cherche, ego vainement en attente insensée pour une
aberrante potentialité universelle que jamais il ne parviendra à
espérer.
348
Fusionner l'irréel
Absent et incompris - reconnu, méconnu
Et de ressusciter en soi - je suis dans mon espace
Suspendu un instant - le temps me fait défaut.
Encore, et de-là même envisageant ma propre
Eclaircie - je sais me surprendre - le trait,
Le blanc, l'obscurité, - dégageant la profon-
Deur. Du volume pour happer l'air. Altitude.
L'évanoui, l'insaisissable - qui peut se prononcer
Pour moi ? Plus loin, redoublant, se dissipe,
Une fraction de temps, - la pensée incorporée en moi.
Un intervalle pour transformer le sens - toujours
En suspens - recoupant, qui m'emporte. Mais
J'avise, j'hésite, je me renverse, mon appui
Dans mes yeux, sur la main pour fusionner l'irréel.
349
Surgies
Flamboiement - rougeoiement - possibilités en
Tout à coup, et surgies dans l'éveil du jour -
Il explose en vérités hallucinantes sans
Ordre logique - accidents dans la
Nuit survenue - accidents de synthèse gerboyant
Pour le dehors.
Où cela apparaît-il ? Devant
L'oeil du poète. Sa feuille est une toile. J'aboutis
À l'obscurcissement de la clarté - je découvre des
Fils-miens à tisser et à repenser. Encore des écla-
Boussures de lumière montante. Et ces taches
Soudain dans mon vaste ciel !
Dévoilant, en soi, clair,
Puis une durée tournante qui s'interrompt. Le
Mouvement doit être explicité, en gerbes tombantes
Car l'opaque à l'esprit appelle une éclaircie.
350
Suinte une source pourtant
Hauteur en soi, de substances répandues, de
Pensées jamais atteintes, laissant la vérité
Pénétrée le mensonge, de là quelque chose
Comme un être nouvellement conçu.
L'échappée
À mesure que la rencontre se suppose là encore.
Ainsi plus claire, de se dire : passe et obtiens
Ce mélange dégagé de toute intrusion (mais
Est-ce possible ? )
Chose qui avance à la mesure de
Soi, noyant le vertige ou de sillonner vertica-
Lement - la nouvelle présence apparaît, matière
Porteuse de concepts autres médiocrement élaborés.
Sans avenir, la foudre-acier déchire l'espace-mien
Portant l'accompli dans les rencards du Néant.
Dans le noir de l'asphalte suinte une source pourtant... (a)
(a) Dernier vers de André du Bouchet
351
La saisie de substance
Tel ou tel en soi, de se rejoindre en un
Avec une parole déployée qui toujours en
Lui-même se replie pour déborder avec
L'un et l'autre - avec personne, avec autrui.
Et de recommencer dans ses plus purs excès
Afin de découvrir des accidents de langage,
Pour concevoir de nouveaux sens élaborés dans
Une éclaircie.
Se découvre en se pénétrant.
Tu t'interromps et dévoiles la pensée opaque
Qui a l'esprit jaillit ~ source sur d'autres
Mots. Parlant de rien. C’est une saisie de
Substance se déplaçant dans l'orée du Moi.
Pour ta fraîcheur de ciel, la pensée bigarrée
Ondule, bifurque et déplace l'illogisme du vrai.
352
Appellation - poème
Plénitude avec pensée qui l'emporte, porté
Sur sa limite y délaissant quelque sève
Au moment de tracer ~ saisissant le peu
D'une main déjà ivre, ~ le crois-tu, il se
Retrouve en toi un objet qui s'éteint.
La paume se remplie de vérités à l'instant de
Mourir. Incertitudes miennes qui déploient leurs
Corolles claires, vagabondes ou nuancées.
A-t-il atteint le presque d'une prise subtile
Abandonnée là comme parole de langage rompu ?
L'espace entrecoupé de chocs se clarifie d'ondes
Légères - le mot après le mot tarde dans son
Tracé et s'écrase sur la feuille de papier.
L'appellation offerte s'apparente au mot poème.
353
Penseras-tu ?
Toujours en suspens dans l'éternel et l'intervalle
Emporté ici et là aspirant une saveur de source
Escarpée - projetant le futur - se regroupant
Dans une blancheur pour conquérir la solitude.
Elle est à reprendre quand il s'interrompt
Incessamment jaillie en fraction de temps, là
Renversée, hésitante, chercheuse de pro-
Fondeur, penseras-tu avec l'absence,
Avec l'abstrait, en circonvolution de soupirs ?
Elle s'ouvrira
Dans ses prolongements à l'infini, suspendu
Mais en leurre, elle se contient, explose, se
Retranche ~ elle va s'édifiant. Ce qui
Eblouit en gain de conscience sur l'instant
Apparaît, ce qui m'emporte et qui s'enfuit hors
De ma portée...
354
Conçois ce vide avec du vent,
Engendre cet espace, élabore en glissant.
De là-haut, ouvre à plat.
Ceci est une amertume
D'écriture, une matière proposée. Tu dois trembler
En offrant une vaste éclaircie.
C'est le temps
De descente qui régit l'improbable. Par ton souffle,
Exalte tes saveurs, ressoude là où elle
S'est interrompue, précipite-toi dans cette
Descente.
Devant toi, enfin elle s'ouvrira.
Insistances
Ici encore de dire pour plonger en profondeur
D'esprit qui poudroie sa substance, poussière
Egalement Ici demeure sur la fraction du
Temps d'une parole à l'infini avec fragments
355
Scintillements avec
Ici fractionné cherchant une
Clarté, suspendu en soi momentané de vol,
Parole fuyante, parole placée au plus juste
De sa pensée, en tous points perceptible, et
Froissée, recomposée
Ici phrase tournée avec relief
Plus haut, pénétrant son centre, indice de saveur,
Murmure de souffle pour accéder au paroxysme
Et d'insister toujours
Ici, certes avec médiocrité
D'applications, avec déceptions, avec espoirs
D'aller outre pour ajouter toutefois
356
Au plus profond
Cela, au plus profond, en, grande certitude
Opaque de se poursuivre par éclatements d'aveugle
Silence sur son reposoir soufflé de vains
Murmures, la parole s'épaissit, et la main
Exécute
La nuit invente et brille par instants
De poussières pulvérisées ressoudées pour former
L'image
Il se parachève dans l'autre
357
1
Nuanciers de filaments, raretés en balance, qui déploient leurs subtils
scintillements dans l'opacité du jour - attends, attends : la folie veut être
là pour propager son doute et dormir sous ses éclats.
Vaporeuse est ta nuit. Tu l'espères sensuelle pour parfaire tes desseins.
Embrigade-toi et va de doux aboiements en crissements impossibles.
2
Petites rafales venimeuses entrecroisées avec éboulements et sources
liquéfiées. Aléas incertains agrémentés de fiels et d'applications
obscures. Et toutes ces paroles entendues, sous-entendues, pour qui ? Tu
prêches à merveille dans l'oraison volatile pour qu'apparaisse enfin l'Idea
pure, éblouissement dans ton silence solennel.
3
Vampe tes chimères, dévale tes audaces. Pour l'énergie appelée, certifie
ton vrai. Oui, prouve-le.
358
Les substitutions : des machines mentales accordées à ton principe.
A
Fais-moi rêver de quelque idiome rare, exploité dans l'absurde, pour nul
vent mensonger, de fluidité exquise émanée du hasard pour nourrir ton
écrit. Car là tu es à espérer ballottant la folie dans ta mer intérieure. De
tirets en tirets, tu pousses des mots, amorçant quelque espoir vaguement
impossible.
B
Déplacer l'engouement pour des secteurs intérieurs. Apparences qui
enflent à l'abri des acquis. Oui, ces bribes infinies produiront un ouvrage
nouveau. Instabilités-miennes frémissant sur mes lèvres, quel poème se
laissera concevoir ? Toujours l'obscur, mais quels scintillements ?
C
Avançant d'impossibles hypothèses, subissant tout cercle lumineux -
gouttes, scintillements - c'est obscur - à inventer, pour plaire, à qui ?
Changeant l'être, quelle cible visée ?
359
D
Tes chimies, tes facéties - toutes ces audaces verbales, et ta chair
palpitant des oraisons grasses ? Pour qui ? Toi l'instable exploitant de
stupides candeurs, implose, implose - défenestre-toi, projette-toi dans le
vide - tu trouveras.
360
Mouvements
A l'ombre ouvert et là-haut
Clairvoyance déborde et répands-toi
Usées d'avoir été pensées mais saisissant encore
L'éclair à transpercer
Sorte de fumée à flot et mouvance à confondre
Sur les bords, vers l'extrême, dit-on la profondeur ?
Enfouie sur les éternelles, les sempiternelles impossibilités
Puits de honte sage combat le bel échec
Les soulèvements et les masses au combat à penser
La mémoire renverse le souffle et le souffle s'enflamme
Filaments et cristaux déferlent et s'entrecroisent
L'éclair transpercé par des fluides multicolores
Cinglant, agressif, enfouis sous des cercles,
De nouveaux impacts purulents défleurissent là
361
Le non-moi
Le non-moi éblouissant d'absence,
La lumière noire opaque d'ombre et de morts
Clarté frémissante et troublée
L'or et la soie frissonnant entre mes doigts
Nous marchons sur une étendue purifiée
Implorant le silence de nous mieux inspirer
L'espace infini se replie en soi-même
Creuse pour moi une nouvelle profondeur
Les mots refusent d'apparaître là dans leur clarté
Ici-bas le Néant est la seule vérité
Le Temps nourrit mon absence : est et sera
Tout à fait dans le rien
Quel espoir me fera naître et grandir
Dans mon attente vaine, je pleure amèrement
362
I
Substances et Distances
Routes à poursuivre si en toi de là-bas où tu es
seul, chacun revient
Fais converger les parages - de grandes lignes
fluidifiées - tu es le centre
Ton seras-pas, de toi-en-loupé, de raté-raté (ironisons, -
ceci est faiblesse de critique toutefois ), de KO down, p'tit
gars
II
Rentre dedans, glisse-toi - toutes ces anfractuosités, ces
passages possibles-interdits de pénétrer en ouvrent sur de
nouveaux espaces
Je te prétends dans l'ombre et creuse pour y trouver la
lumière morte
363
La fuite impossible
En finitudes plus bas là pénétrant
dans l'inconnu de l'inconnu
avec nuit et effets miroitants
avec soleil et clartés éblouies
des brunes épaisses s'entassent parfois
des flammes immenses y resplendissent
Là où s'égrène le temps
courant après la stupide seconde
fuyant les arcanes, évitant les labyrinthes
tu es en nage, tu t'asphyxies
et quémandes une impossible échappatoire
I
À l'aise, au plus profond. Non. Dans l'ombre. Je
me déchire en espérant, en m'imprégnant. Là, suspendu
et perdu. Quelques fils, quelques lumières brunes.
Pourtant repensé. Et déjà parcourue. Avancer, avancer.
Et ces couches superposées et prometteuses. Fixant le
364
mort.
Ne pas se répugner. Le dégoût est ailleurs. Pense et
repense. Au comble de sa bouche, un filet clair de sang
coule lentement. Quelle arrogance : la peau avec l'esprit
et les reins.
II
Pour ondoyer avec oscillation dans ce panorama
préparé à la mission. En cadence, avec l'absurde des
traces toujours revisitées. Deux couches : la tienne et la
mienne qui se superposent et s’imbriquent. Qui est le
plus avenant ?
III
La saveur - fine avec désinvolture, à la bouche
manipulant les charmes. Pas vrai ?! Tout le long du
halo, j'entends avec sphères, lunes etc…un peu en
365
arrière. Quelles fluctuations de l'esprit ! Plisse-moi,
immobilisée.
IV
Oh ! Tellement évidé en nous ! Tellement de
labyrinthes en déviances, en avec ces infinis et ces
singularités si claires. Et quel message devons-nous
supporter ?
A
Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces
naufragés de l'esprit.
Je quémande pour m'élever quelque peu avec images
inconnues et bégaiements et rires.
Elles viennent et apparaissent, folles ces images de
l'intelligence - le vrai succède au possible.
Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.
B
J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme
366
plaie mentale dans le jamais et le jamais.
Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur,
je subsistais, au plus profond, empoisonné.
Ainsi, de la sorte, démons ventripotents, consumant les
fruits exquis de mon sublime imaginaire.
C
Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. À demidémon,
à demi-vices - pour ma plainte
Effréné, sous quelle
I
Jamais plus effréné, jamais plus - sous quelle échelle,
sous quelle
Dieu, de me séparer, de me ravir encore
Toi, beauté que je distingue haletante aux soirs
Parfois un chant suave avec crépuscule et filles ouvertes
367
Le vrai de ton regard me revient parfois
Suffocante, tu jailliras de dessous les orgasmes et
supplieras vers l'azur clair
Mûre est cette saveur et j'embrasse mes extases dans les
senteurs des feuilles mouillées
Vers de nouvelles saveurs pour des couronnes de gloire
mais Dieu le souhaite-t-il ?
II
Dans le feu de l'azur et l'impossible tremble. Qui le
tourmente - qui avec neige de soifs et de s'aventurer ici ? Se
déploie tel un gémissement avec source acide, tu es.
Tu es car cette tombe vacille. Un midi clairsemé évoque
de nombreuses attitudes - statues, pensées équestres - délires
en somme. Je consume mon anxiété dans l'impossible veule
et j'attends.
368
D'autres danses après ces dévorantes infirmités
d'automne. L'amour est encore informulé - j'attends et
désespère, et désespère.
Il se peut qu'un souffle en fille d'hier et d'aujourd'hui
s'épanouisse en pures apothéoses - attendons, espérons. Oui,
quémandons encore.
III
Cérébralement déconcerté dans mes pensées - je vais, je
vais et ne vois. Hébété, ahuri comme certitude entière. Se
dérobe ici dans un avant l'éternel impossible du temps qui se
déploie.
Le soir et le vent s'abolissent ici. Le génie m'échappe.
Quel soleil va
mourir avant moi ?
IV
Pensées effrayées sous l'éclat de l'attente, où déchiré
369
j'invoque un duel
Près de ma mordante et dramatique condamnation, je
tremble et je pleure
Je sais : mon souffle est impétueux, - la détresse est
immense.
Oui, se désespère - oui, vacillent des tourbillons
d'orgasmes impossibles dans les flux noirs de l'enfer
Affaiblie ma lumière mais le vent est à naître et je puis
supposer
V
Et je sais toutes choses nouvelles exister - le vent
déploie sa corolle d'extase - tel mon langage princier
inaccessible et profond - voilà mes erreurs et mes
délinquances ! Je vous promets à genoux mes superbes
paresses.
Je t'ai pensée sublime et corrompue, chevelure et sexe,
et sécheresse prête à implorer - qui s'insinue dans le dernier
regard de l'équivoque. Avide, vaine lumière suppliant un
défunt, tu espérais encore.
370
VI
Toute idée de trêve et de triomphe, de sommeil et de
gloire - toute idée de trêve en profonde paresse - et te voilà
formé en halos successifs - en
Tu es prête avec tes gémissements et doutes - toujours
convaincue en toi, principe vrai que la pensée déploie.
Jargon
De si près pénétrées et pour dire quoi ? Dans le délire de
la transparence avec débris et logiques irréelles - en
véritables variables du lieu. Vois, je délaisse les lumières.
Pénétrées et encore.
Ou puissants. Gémissants. Jouissants peut-être. Le
figuré pourrait s'y plaire. En léger. En petits indices de
plaisirs inassouvis.
Oui, c'est cela : sacrifiées. Tu défalques et c'est jargon.
Des plus légers. Les choses pour s'y mettre en jargonne.
Déjargonne. Sois enfin toi, à demi.
371
Je ne prétends pas trouver.
Dérives et tourments avec folies intuitives. En véritable
approche. Avec pensées outrancières - sont-ce trésors pour
le lointain ?
Je détruis l'impossible et je meurs sans jamais
rencontrer.
Le figuré
I
S'obstine le figuré. Mets fin à ses engagements en
suspicion. Dégrince et liquéfie, oui pour toute pensée plus
fine.
Le cristal s'évade là en halos dégradés - il s'évade
toutefois ;
Tu évoques de lointains mystères en dérives et
tourments.
372
II
Tu te penches sur ces lignes impossibles avec légères
audaces de vent. L'esprit rempli de pénombres et de
poussées, je m'afflige. La tête fléchit, réfléchit. Suis-je à
demeure de mieux comprendre ?
Et me prévaux de subtiles poussées et espace et espace
mon Compagnon-Moi. Dans la brillance mais contreversé -
pour quelle limite ?
Je m'afflige sur des structures dressées. Tête pense
encore - tête...
Plongez en moi
Plongez en moi pour nuits très fines
Par de-là le temps, le souffle est désespéré
Mais toi, tu es privé de rêves, d'espoirs idéalisés
Tu me secours mon bel infidèle
373
Avec pensées flottantes et marbres libérés
Déjà je tiens tes larmes
Solidement avec pluies douces
Comme prières gémissantes
Oui, des pensées en rythme me viennent en aide
Je me reconstruis là où la vérité s'enterre
Pénètre la substance
Pénètre la substance, essaie par ta pensée d'atteindre la
limite extrême. Accomplis le saut, abandonne-toi.
Pense à des choses, convertis-les en me. De ton sublime
mélange, naîtra une nouvelle déité.
La lumière interne perdue dans la pensée. La plus
brillante recule et nourrit l'inconscient. Essaie d'expulser en
savoirs nouveaux - essaie -
La pensée intérieure nourrie au bord de l'autre puis cette
soif progressive. Veuille recueillir la forme nouvelle si elle
t’effleure du moins de l'autre côté
374
Le délétère s'évapore
Au plus profond du Moi surgit ma transparence, idéal et
désir de pureté - un Christ et une Vierge sont aspirés vers
l'Au-Delà.
J'attends dans l’ombre du miroir.
Libérez-moi de tous mes sangs et excréments de ma
dégénérescence sauvage !
La main délaisse les limites de cette feuille car l'esprit
s'échappe. Derrière les ombres dévore l'alignement obscur
des signes.
Faut-il se conformer à ces actes ou penser autrement que
ces signes à produire ? Le geste est-il étroit ? - La pensée
peut-elle aller outre ?
Plonger là dans le vide au plus profond - je dois renverser
la chute vers le léger.
Dénué de toute forme, le délétère s’évapore et s'élève vers
375
le baiser de l’être avant de retomber.
Alors pour retourner la chute, que faut-il inventer ? Ce
sont des espaces de pureté inouïe inclus les uns dans les
autres. Même forme pour l’ouvert à intégrer.
Enveloppée en moi devient une substance. Au versant je
dégage l'opprobre, je fuis les excréments. Que puis-je encore ?
Dans la substance même
Des pensées dans la substance même – immobilisées
cherchant la transparence. Mais il n’y a plus personne.
L'espoir en fusion sécrète quelques possibles incomplets.
J'essaie - je veux mais ne peux au plus loin dans ce
labyrinthe fuyant.
Échos, échos d'autrefois et origines savantes de ces temps
sacralisés.
Que puis-je moi avec mon insignifiance de poète civilisé ?
376
Toute ma médiocrité s'exprime dans la forme. Je le sais :
mon nom est rien.
L'obscurité et la lumière - la séquence fugitive de l'instant.
La pensée avec sa transparence - le cristal du vrai qui
deviendra Néant à son tour. Pense-moi. Sois. Deviens une
autre lumière en suspension de l'instant car le vrai se
déplace.
Structure interne
Resterai-je fixé sur une vérité y songeant encore,
Pénétrant ma structure interne, pénétrant ?
Non ! D'autres limites ! D'autres chemins !
L'intérieur de l'être possède de nouveaux infinis.
Je suis avec mon absence. Je m’obscurcis d'une
substance.
La pensée est un stratagème qui m’obsède. La
lumière m’assiège. Je ne
puis résister. Mon espace intérieur constellé de nouvelles
interrogations quémande le silence pour toute vérité.
377
Le choix du stratagème : le vide pour plonger au
profond des extrêmes. Et quels retours ? Quelles résurrections de
pensées ? Un autre silence pour comprendre les émulsions de rêves,
les folies d'ombres fugaces, les voix inhérentes à l’inspiré.
Donc là, au tréfonds de ce qui n'existe pas.
Du plus profond
Et là du plus profond s’élève une voix comme pour
sonner l’humeur d'une cloche fêlée au doux tintement. Que nul
n'agite son entendement, que nul n'adresse un chant clair dépourvu
de vérités !
Dans le mouvement naturel de son audace, son air
est inconnu et personne ne l'agite.
Ô Seigneur, baigne-le d’idéal incertain, de certitudes
épurées ! Conçois quelque peu sa folie informe. Aide-le, aime-le !
378
Le nuage homogène
Ma pensée ne crée pas une autre forme pour concevoir
différemment avec zèle sur l'existant déjà notoire.
Puis-je inventer des ombres fugaces noyé dans
mon ciel ténébreux où nul aléa subtil ne se côtoie ?
Dans ma croissante effervescence, je touche de
nouveaux lys qui n'existent pas. J'embrasse des fumées aléatoires
dépourvues d'ivresse.
Le nuage homogène s’obtient dans un désordre
somptueux où l'intelligence décousue gémit et soupire
d'aise.
Pensée qui culmines
même,
Pensée qui culmines à l'apogée de sa substance
quelle posture et dois-je me plier ?
379
Ma certitude reste en suspens…
Je ne suis qu'un amas d'extrapolations complexes
dans cet espace simulé qui est mien.
Et la fusion du vrai et du délétère s'épanouit vers
cette plénitude comme une immanence d'apothéoses au-delà
du Moi.
Le geste, et qu'importe ! Dans cette complexité de
formes et au-delà ! Je cherche, geins et gémis en mille fils
épars et toujours ne suis !
Vers quels lieux de haut murmure, vais-je combler
ma belle solitude repue de bien-être supérieur ?
Pensée fugitive
Plus dense que forme qui contiendrait son tout.
L'obscur m’affaiblit quand l'orgasme est une clarté.
Que cessent les alternances et les variances ! Que le
380
vrai, réel, beau et pur resplendisse enfin, à tout jamais !
Tu es une menace absolue. Je t’aime dans ton
dérisoire et te contemple dans ton interdit. Quand seras-tu
princesse de l'Irréel ?
Tu évinces l'obscurité et te répands dans la lumière
~ toi pensée fugitive, innocente, pure ou séquentielle.
Transparente, cristal et fuite, à jamais fermée vers
l'œil intérieur ~ ô l'incompatible, comment pourras-tu
nourrir mon âme de tes rayons ?
Plonger jusqu'à l'extrême
Par une nuit avec l'inexistant, je fus perdu dans le
vide
Je plongeais infiniment et poursuivais ma chute
sans tomber
L'ultime but de toucher l'effondrement et sa
381
hauteur ~ un moi-même dans sa catastrophe de deuil qui
tombe dans son espace de nuit ~ au plus profond, ô sinistre
pensée ! - Mais qu'importe ! C'est l'écoulement et sa fin -
c'est ! Soudain glisse ! Et j'atteins le néant ~ je touche le
zéro.
Infiltre-toi dans la substance la plus subtile de
l'être - conçois sur la lumière et fais jaillir la vérité.
Distances
I
C'est cette distance de Moi à Moi dans le tréfonds,
et je dessine les traits qui me séparent de ma pensée.
L'espace absurde est une piètre épreuve qui éloigne
mes deux flux intimement mêlés.
Imagine et fais croître une substance quelconque
qui unifie l'écoulement de l'autre vérité.
382
- L'existence distincte et la mienne.
II
Cette forme intérieure qui commence aux bords de
moi-même - dans un espace inconnu - j'y recueille ma propre
source introvertie et je souris d'extase.
La clarté dans mon enclos pour penser proche avec
la capacité de s'obscurcir ou de s'éclairer - avec des yeux
comme des miroirs révélateurs.
Oui, toi avec pureté tangible qui pénètres l'ombre.
L'opacité à travers toi me prend encore - je me déverse
nuitamment.
III
Il s'agit d'une évidence - la pensée contre le cerveau
- qui coule ses nuées d'extase.
Je déploie toute une archéologie d'âcres résonances,
383
de brouillards matinaux - je m'allège des légendes
d'autrefois. Ô brèves lancées
dans le carquois de l'impossible.
IV
Ô pensées éclaboussées dans l'épanouissement de
leur substance même, c'est une immense saillie qui se
répand... Et dans la qualité transparente des systèmes
incomplets prétendent à la plénitude de cet espace - toute
cette fusion n'est qu'un leurre inutile !
Gisant
Gisant, amoindri, dans l'ombre de soi-même, il
compose avec ses ruines et atteint l'extase de sa nécropole.
La nuit toujours le reconnaît - il va avec haleine
suffocante retrouver les débris de son inutilité.
Cela est pour demain - pour personne en vérité.
384
L'ombre plonge
L'ombre plonge dans le Néant, Néant que je suis seul à
percevoir.
La lumière s'appuie contre le Néant et essaie d'éclairer un
nouvel espace.
Ô miroir, miroir posé contre la nuit, seras-tu par tes
reflets conseiller mon âme ?
Fuis tes propres mouvements et perds ton équilibre -
toute rigidité s'égare au plus profond, dans la raison
inconnue.
Ces noires traversées
Et ces noires traversées dans l'absolu - abandons à
coloniser où les choses s'entremêlent pour apprendre à n'être
pas.
Ô vide, vide aimé, tu vois ! Je m'épanouis - je souille
l'excrément de l'interdit et je m'autorise des folies tapageuses
là dans ma purulence.
L'impossible de : vers ---) se pousse jusqu'au bout. Et de
385
la cassure, plus grand. On se retire, on se.
Après les noirs échecs, qui gémit et geint ? Avec
tremblements, qui déplace la confiance ?
Méfions-nous du soleil ! Cela est parfois quand les anges
ne sont plus. Abandonné dans le chaos, mon âme dernière
exulte.
Poursuivre... - Ceci est peu. Insister n'a plus aucun sens, la
raison s'évapore dans les ultimes faiblesses du temps.
Sont-ils semblables ? Désespèrent-ils ? La parole est de
perdre, elle s'accroche effrayée à l'un et à l'autre. Il faut
poursuivre et laisser cette porte ouverte.
Mais ces horizons flottants où toute chose s'entremêle ?
Qu'Il puisse à l'intérieur apprendre à ne pas être. Faire le noir
déployé resplendissant d'orgasmes vides !Les fatigues
implorent la transparence, les chutes sont comme du cristal
sous l'ombre.
- C'est la fin des gestes asphyxiants et la durée déploie son
zèle. Vois - je me meurs en extase et en divinité impossible -
je quémande quelques astres interdits - j'invite - si ! J'invite
386
car je désire découvrir de nouvelles ténèbres - luxes et
beautés aux abois.
Vous êtes mes favorites dans le désert de mes pensées - je
consens à vous multiplier, délaissant l'ombre de vos
intemporels. - Qui polira le cristal ? Qui s'envolera au-delà
du sépulcre ?
Encore je vous aime et vous conçois. Laissant se
transformer un mince diamant d'inquiétude entre les choses
et n'être pas. Encore, on polira. Multiplier les airs absurdes
ou négliger les filles favorites. La main est furtive - elle
extrapole en distractions.
Du moins il couvre ses ténèbres - il va de salle en salle.
Les fatigues sont comme des comètes ~ mais lui mugira
dans son opprobre.
Il se peut qu'elle fonde ou pas.
387
La forme intérieure
Oui, encore construire une forme intérieure
Qui se déplacera où elle le souhaitera ;
Repenser doucement les lignes d'une image,
Maîtriser lentement les dérives qui se déploient.
J'aime cette nouvelle transparence
Epanouie en un jet d'eau
Car l'eau est la seule transparence
Où l'intelligence pure se conçoit.
Les choses claires deviennent des formes,
Les formes échappent à la matière.
Comprendront-elles cette nouvelle matière ?
Le temps ainsi pensé fonde un monde autre
Où l'ensemble des images se développe
À sa manière. Ce monde nouveau est-il compris ?
388
Le regard
S'éveiller profondément dans le gouffre,
C'est encore fuir le triste monde.
Le regard caché pour toutes choses
Célèbre la grandeur intime que nous possédons.
Oui, encore est l'immense désordre
Qu'on appelle liberté - nul n'interdit
La folie qui s'y pense. L'opacité d’autrui
Ne peut réduire l'activité interne qui se répand.
La fracture entre moi et l’autre est programmée.
Toute attention se concentre sur la possibilité
Poétique que la nuit littéraire déploie.
L'intelligence tourne son oeil vers l'intérieur,
Appelle de nouvelles fonctions cérébrales inconnues
Pour répandre le miel par les orbites coulant des yeux.
389
L'avertissement de la foi
Quand s'éveillent de nouvelles possibilités internes,
L'intelligence croît et croît.
Des cercles concentriques et corollaires
Se juxtaposent - des espaces inconnus
Se développent et s'offrent.
Des prémices de compréhension paraissent
Plus évidentes, et la volonté pénètre
Plus profondément encore les portes
Qui sont enjeu et challenge
D'un moi sublimé.
Mais une sonnerie parfois éveille l'attention.
La loi religieuse réduit ou séquestre
Ces séquences cérébrales intempestives pour
Rendre gloire à l'immortalité du Tout-Puissant.
390
Moments
Au plus profond la transparence te penser nue
dans la soie et l'ivresse
te penser
Pourtant je suis chez moi tu m'apparais à quelques pas
bien à son aise un cerveau conçoit nouvelle
substitution à l'horizon
Je suinte mes imitations vaines je produis autrement
je tends vers l'intérieur mon souffle suffoque pourtant je
suis
La bouche arrache de nouvelles vérités au plus
profond, à la verticale dans l'âme je ne fais que de résister
en insoumis
Toujours mes précipitations vaines dans mon lyrisme
défaillant les doigts sont tremblants et cette défaillance
avec cet épuisement ultime
le c'est-certain-conçois ou encore-applique
391
La dérive
Où suivre notre dérive vers le délétère ?
La poussière se répand sur tant d'ombres !
Le soleil éclaire une flétrissure
Et se prolonge sur trop de décombres !
Est-ce ici une agonie ou la futilité de l'homme ?
Mais tout s'enfuit comme un flux furtif,
La pensée-mère se perd au plus profond
Et semble se suffire d'un désert d'amertume.
Nos contradictions consenties multiplient les ombres
Et les crépuscules - nous voyageons en-dedans
Pour une perception indécise.
Quémande-la
Cette transparence pour que grandisse le silence,
Pour que toute chose trop proche fende les ténè-
Bres - implore dans l'âme et prie - oui, suffoque.
392
Les possibilités mutantes
Disparaît cette transparence en forme désuète
De silence - sans ruptures ni chutes,
Face au cristal qui s'est fait ombre, prétend
Roberto Juarroz. L'asphyxie est moins
Surprenante. La beauté claire se mêle au
Ténèbres.
L'éveil bouleverse toute ombre,
Il se peut que nul ne fende l'Inconnu à percevoir.
Des courants sont comme des fluides qui se répandent
Nuitamment.
L'Etre toujours en contraire d'idées
Subit des signes arrogants dans sa vision pensante.
C'est le poids d'une rose qui mugit au fond
De lui.
Il n'y a plus de vérité, - tout plonge
Dans le vide. Là, les filigranes flottant
Qui se mélangent aux choses sont des possibilités
mutantes.
393
La permanence suspendue
Des lumières et des pénombres vacillent là en séquences
La solitude même pensée en espaces infinis s'octroie
quelque silence
L'activité illimitée s'essouffle et quémande un miroir
pour reposer son homme
L'éphémère et le translucide disparaissent un instant
Je plie dans le vide, ma nuit à temps et me montre son
visage. Nulle vitesse, nul sens, nulle lenteur non plus - tout
semble stagner dans l'intemporel
Les choses intérieures ne sont plus, la permanence
suspendue se cache au fond du Moi. J'attends des nouvelles
lueurs.
394
Inexorablement
Inexorablement lui-même dans le décor de non-retour
avec avalanches somptueuses
Etre et non-être dans le bel univers de soi-même
quémandant quelque luxe d'orgasme spirituel
Dès mon impossibilité, il n'y a nulle différence - le vrai
et le mensonge - l'obscur et l'irréel se cotoient
indifféremment.
Je m'approche de l'ombre - j'espère en tirer quelques
élixirs de substance autre.
Je m'éloigne de la connaissance sans avoir été - qu'une
misère dans le temps.
395
La lumière et le vent
Nous préférons ne pas avoir été dans la lumière - nous
préférons être dans le vent.
Les contrastes se rapprochent - nous allumons des
ombres - ceci est le chemin principal.
Mais nul orage ne s'y oppose - l'ombre est à saisir et
peut se prévaloir d'exister.
Vivre - mourir - jouir - souffrir - ceci est de trop. Moi, je
conçois dans un cauchemar, et mes folies sont des
manoeuvres de plaisir. Ainsi j'admets ma vie.
Mais dans les labyrinthes de l'interdit, parviendronsnous
à trouver quelque message de la marque du temps ? -
Les signes sont vides et se déploient dans l'espace.
Nulle sortie, hélas. Il se peut que chacun ait sa réponse.
A moins de plonger dans le noir abîme - de l'interface à
l'Univers - j'y suis Ceci est folie et fantasme ! Qu'ai-je dans
mon Néant ?
396
Ombres ? - Avec variabilités incomprises - avec chaos
cérébral de l'infini compris-de-rien, ou mouvements de
l'intelligence qui se déploient et sèment des pensers
nouveaux ?
J'invoque l'ombre et supplie la lumière. Mais caché dans
l'infini sans fin, que vais-je espérer ?
397
L'immense muet de l'Inconscient
La transparence disparaît et laisse place au silence -
belle chute de cristal clair pour de nouveaux yeux bleus.
Tu seras peut-être plus prêt des choses comprenant les
signes et la transposition, les courants et les subtilités croisés
intelligemment.
L'Etre est toujours le contraire de ses idées - la
configuration nouvelle le détruit. Futurs fragments, fleurs
qui flétrissent, pure façon de raisonner.
Il y a cette plongée dans le noir céleste - la pensée s'y
répand effrayamment - absolus, grands absolus, choses
mêlées avec filaments dérivés et flottants, abandons
dépouillés - qui peut savoir ? L'âme est poussée vers le
désespoir, vers l'ombre inconnue. Le vide est à aimer.
Poursuivre. Poursuivre. Continuer. Les paroles
s'épuisent. Oui, poursuivre et se taire. La porte du néant est
fermée.
398
Mais à l'intérieur, il y a autre chose à vivre. Dans les
élans successifs, vivre est une nouvelle alternative. C'est
encore la beauté et la transparence qui explosent ici !
Enfin tout se pense dans l'immense muet de
l'Inconscient...
Dans l'infini-en
Je plonge là devant moi dans le non-sens - ou je me
retourne, cervelle renversée - à l'agonie et finissant,
plongeant toutefois. Commence par te craindre. Apprends à
te méconnaître. Absence de toi comme si tu étais l'Autre.
Visite-toi dans la nuit pour de nouvelles perceptions !
Ce que je cherche : le vent ou l'idée - à poursuivre -
délibérément - ou tomber dans l'illusion nouvelle pour
trouver quelque chose. D'autres formes apparaissent dans ta
nuit claire. Je me nourris de ton absence. J'élude le vrai où
s'achèvent tes pas. As-tu vu entre tes mains s'éveiller le
regard ?
La pensée se déplace et accède aux espaces célestes -
399
ces fous démantèlent la raison. Il faut émettre de nouveaux
sons dans l'univers fantomatique de l'aberrant. C'est un autre
miroir où le temps et la logique se déploient différemment.
Le bel éphémère accompagné de l'abyssale impossibilité
~ toute nouvelle vérité doit être supposée auparavant.
Poursuis cette idée en exil de vent comme une pensée
incertaine dans l'illusion ou l'expectative. Le non-vrai se
déploie désespérément pour donner raison à une bouture de
vérité. Laisse - laisse croître encore l'idée de l'être, l'exil de
la connaissance s'apaise là - en toute ignorance de réalité
future.
Effacé-tracé
S'éloigner entre deux complexes dont nous ignorons le
sens ~ effacé-tracé dans l'absence de mots furtifs inconnus.
Les choses se superposent dans ce que nous pensons,
exigeant un espace pour exister quelque peu.
Parfois s'éveille une lueur - le sens sort de son
labyrinthe pour nous indiquer de nouveaux signaux.
400
Il se peut que chaque réponse attende l'autre, suppose
Roberto Juarroz.
Toute tentative de volonté associative désordonnée
l'audace pensée.
Va vers la lumière, vers le plus valable voyage enfin,
dégage un chiffre - l'écriture se veut aléatoire mais tu
pourras la maîtriser.
Le lieu, au plus profond
Dans le vide
Les miroirs plongeaient dans le vide - ils ne reflétaient que le Néant de mon
impossible.
Reste le silence - le silence pour tout questionnement.
401
Ruptures et chutes
La fatigue disparaîtra dans la transparence. A sa place, ce seront ruptures et
chutes, axes transmis sur le seuil des yeux ouverts. S'élèvera inlassablement le
silence accompagné de choses asphyxiantes. Du moins un cristal acéré fendra de
nouvelles ténèbres.
Oui, mais se formera lentement comme dans des contradictions consenties le
génie furtif, prolongeant dans ses mains des formes étroites. Qui faudra-t-il
invoquer ? Les invisibles actifs - les retraits de ses mains ? L'intelligence qui
bouleverse l'ensemble saura répondre à la question.
Le lieu autre
Plonger là oui devant soi pour exploiter un nouvel espace, pour fondre dans un
clair absolu et remplir un autre vide.
Il faut construire ce lieu dépouillé, y exercer une réelle liberté jamais connue.
Ce n'est pas un abîme, c'est un territoire vierge à construire.
402
Poursuivre et s'enfoncer où cela n'a plus de sens. Aller encore toutefois.
L'être disparaît mais que peut-il trouver ? Il y a descente dans le vide, sorte de
saut retenu par les pensées qui ralentissent la chute.
Il finit par aimer le vide car cette attraction est certitude de lieu autre - lieu
nouveau où l'intelligence pourra se déployer.
Le vol pour plonger dans la transparence, en témoigne cette lumière évidente
obtenue par la vitesse et la fuite. L'on parvient à illuminer l'abîme.
Abîme ! Bel abîme ! Quels seront tes secrets ?
Je persévère dans l'extrémité la plus lente sans parvenir à achever ma chute.
J'ai parfois rêvé de me dresser à la verticale pour accéder aux extases célestes.
Mais cela était luxe impossible, que salut inventif, que folle expectative...
403
I
Là devant il y a un espace
Il y a le vide également
La pensée s'y projette. Mais la pensée
Ne saurait représenter l'avenir de ce
Néant. Il y faut des couleurs, de la vie,
Des ombres savantes qui marchent ou d'autres choses
Encore. Mais quoi ?
Au plus profond, il y a un refuge
Avec des cavités pour que des choses existent
Ceci n'est pas le Néant ni l'Enfer
Mais une autre existence où des densités
Et des diversités sauraient s'y côtoyer.
Quelles sont les conditions pour que ces formes de
Fantômes offrent plénitude de vie à ce vide ?
404
II
Ceci n'est pas une illusion ni un non-sens - c'est
Un lieu possible pour que quelque chose soit.
C'est là devant soi, et cet infini étonnant
Attend qu'on le remplisse. Engendré et créé
Et espérant.
Je plonge, je pénètre dans des grottes
- Des pensées s'ouvrent, des réalités s'offrent.
J'avance vers d'autres ouvertures mais tout me semble
Vierge - un autre vrai est à inventer, des
Prémisses corollaires pourraient s'y associer.
L'homme cherche à les atteindre pour accéder
A des audaces nouvelles. Il n'y a nulle
Limite. La destruction est destruction du passé,
Du réel d'autrefois. Une vérité transparente
Apparaît là. Mon âme saura s'y baigner.
405
Je m’engage
Je m'engage - je plonge dans l'or -
Je me défais de l'inutile - je conçois avec l'autrement.
Que sont-ce que ces pulsions poétiques ?
Que ces ivresses d'invraisemblances ?
Vois ! Je cherche l'horizon autre - le plus
Subtil - celui qui permet d'accéder au chef-d’œuvre.
Rien de ce qui se fait ou se défait en au-
Trement - de l'écrire ou de le dire - le penser inti-
Mement.
406
Déterminations de profondeur
Déterminations de profondeur et de pénétration pour parvenir à trouver un
nouvel espace.
Supposons que nous possédions cet espace - où se situe-t-il ? Que contient-il ?
N'est-ce pas un autre actif - je veux dire un langage différent avec du matériel de
mots associé dans un ordre déplacé ? Et quel langage ? Car il s'agit de choix, de
prélèvements, de distinctions.
Mais il se peut que l'espace détermine un autre fondement verbal de mots - que
l'ensemble offre un inconnu totalement vierge de toute spéculation cérébrale - et
c'est acte de créativité à l'état pur !
Ou encore une rare vérité d'images - d'extrapolations mentales ou de
symbolisations autres
– que sais-je !
Alors ! Comment déterminer ce nouveau vrai ? - Il faut qu'il soit suffisamment
crédible pour se personnaliser dans l'espace poétique connu. Il faut que la
critique - et quelle critique , - prétende que cet autrement est vrai pour l'intégrer
407
à sa vérité poétique.
Certes - je suis naïf - mais je crois en la jeunesse - car elle saute les étapes, passe
outre, ignore le passé, compresse, condense dans son présent. Oui, elle ignore
l'expérience mais on peut lui donner la possibilité d'affiner ou de purifier son
application offerte.
Le gouffre-néant
Ce gouffre-néant planté là devant soi gémissant dans le silence espérant
quelques vérités de vie...
Obscur ! Obscur au bord du rien qui pourtant implore l'ultime d'une éclaircie, je
te sais supplier d'extase.
Dans l'entrevoir, je sens les mots se déplacer pour combler ce vide, pour le
nourrir d'ombres légères, de douces fluidités, de sens étranges et d'audaces
inouïes.
Les fumées m'échappent - les larmes antiques de : " N'entre pas car ceci ferait
violence à ta poétique", m'imposent à me comporter autrement.
408
Déjà je vocifère dans ce rien - j'espère et exploite une cendre nouvelle - déjà...
Pourquoi ? Pour : demeurer en sans découverte aucune, sans espoir de substance
supérieure.
O luxe de rien - me laisseras-tu gémir éternellement pour ce faible feu, pour ce
Néant insignifiant ?
Des larmes chaudes se répandent sur le marbre noir car La Conscience sait
pertinemment qu'elle ne peut obtenir quelconque objet inédit.
L’espace précipité
Dans quel espace précipité - ô grand suppliant de mémoire ! - pour quelle
intelligence de gloire et là découvrir un autre vrai. Ce n'est pas un instant
entrevu, ce n'est pas un vertige invoqué par l'effroi.
C'est : au plus profond des ombres - des ombres de substance qui ont survécu au
silence.
Au-delà de ces vols désordonnés qui tendent vers le précipice, je veux y voir des
bruissements d'aile d'extase - de compréhension et de savoirs nouveaux.
409
La pensée claire
La pensée claire - enfin en soi-même - sorte de clarté lumineuse ou sereine
Sur le bord de son vide qui attend là
Qui attend la certitude d'un vrai - éphémère - possible ou impossible
C'est certes un inachevé à apparaître dans la substance du Moi
Quel espace à inventer ? Quel contenu à déterminer ? A l'intérieur, que puisje
espérer trouver ?
Tout me semble trouble et fantasque - impossible.
Tréfonds
Pensée comme nuit au tréfonds qui s'est suffit dans l'ombre de se mouvoir à
tout jamais
410
La nouvelle courbure
Dans quel espace - précipité - le mien
Sinon en quelle folie d'outre-songe
De peu - en ta mémoire - l'incarnat léger se déploie en pollen
Larmes de douleurs pour penser autrement
Ceci est dans ma nouvelle courbure - je dois me rejoindre facilement. Ce
sont les grands survols d'hier. Penser. Penser autrement.
Il paraît. Mais quels buts à atteindre ? Dans quel espoir désordonné ? Le
vertige est invoqué. Je le savais déjà.
Ton gouffre m'appelle à l'Océan. Infini en moi-même, je désespère pourtant.
J'espère accéder à un espace - inconnu - autre - différent. Là devant moi, que
puis-je créer ?
a
Ce monde se fond en lambeaux impossibles - avec formes et rotations et
lumières reflétées ~ quelles naissances à attendre
411
Au fil de l'ombre, mon pas n'est pas assuré.
Suis-je assoiffé dans ce superbe obscur ? Libère-moi de ce lieu où je me brûle.
Je suis aveugle et sans mémoire et je me brûle encore.
b
Ce n'est pas une éclipse d'homme. Demeure encore cette présence humaine.
Traces suivies d'espoirs. Traces toujours. Et au plus profond, sont-ce
dissolutions du vrai et de l'existence ?
c
La mémoire offre des couloirs et des traverses lumineuses. Le royaume de la
ténèbre s'y déploie aisément.
Que peut-on entendre sur une écoute infinie ? Au centre, il y a cette obscure,
cette aveuglante lumière qui se manifeste.
Je suis descendu au plus profond, désireux d'y extraire mon extase mentale. Ceci
n'était que chimère cérébrale, que folie artistique - une explosion d'obscur
n'engendre que de l'obscur.
412
Fuites
La poussière un moment, mais je sais où je vais - la poussière, et je plonge dans
mon absence peut-être là où jamais tu ne seras.
La hauteur ? Que m'importe ! Tu vois, je plonge. Je suis dans l'effondrement
cérébral intérieur.
Et quelle est cette traînée qui s'enfuit dans l'écoulement du vrai ?
Tombé là, tombé là sur elle-même en fissures et sillons ~ il s'élançait parcourant,
parcourant des surfaces jusqu'à mourir - jusqu'à se croire mort. Encore, il allait
dans son profond.
413
L'orgueil du renouveau
Semences sombres aux cris de la paroi de se
Dire : tant d'échos et d'écarts dans l'esprit
Toujours clair qui parfois gémit. Plongeant dans
La chair sur des axes interdits que des identités
Confondent avec des ombres ou des songes.
Là
Sourde et terrible qu'un souffle hors de soi réduit
Au deuil le plus noir, sans espoir d'un quelconque
Soleil - je puis souffrir désespérément.
Ici,
Tout succombe dans le vide - qui remonte ou
Redescend vers un échec de lumière, qui ? Toi
Amasse des poignées de poussières pour faire se
Dresser l'orgueil du renouveau ! Déploie hors
De ce vide intérieur des lignes convergentes vers
Un lieu d'équilibre. Du plus profond, échappe-toi.
414
Le fluant
Le fluant se désintègre encore se figer
ou pas est simple chose à prétendre tout se
faufile dans l'air à voir disant cela, je
désespère encore
La trouée
Me soumettant au vide, à la faveur d'une inattention, ~ le
contre balancement
est bas - ma contradiction est certaine.
Déferlement, fuites, visages rapprochés. Tout est
déséquilibré dans la candeur.
Les fluidités et les variations de lumière sont un champ de
contre forces tout à coup.
Des variantes, des anomalies dans un champ vibrant.
Puis l'oeil saturé de mensonges se déploie toutefois. Oui, la
trouée est pure
415
Les spirales inversées
Défais-toi jusqu'à l'aspect de la pure conscience.
Ce ne sont que des repaires à repenser. Dépasse-toi, sors du
monde jusqu'à
la finalité exacte de l'impossible à atteindre.
Projetés hors, devant, ils sont des fantômes de grâce à
observer.
En légère hallucination, je ralentis les mots - j'essaie de
faire transparaître
le mouvement.
Encore la beauté consciente. Croisées, décroisées,
repensées, allant
jusqu'à la remontée, ce sont des spirales inversées qui croissent
et décroissent.
416
Décalages
Contemplant cette surface, à ne plus, à ne pas. C'est vrai -
dans cet espace polychrome
décalant les valeurs à ne plus, ne plus savoir.
Flottant au-dessus des interdits, concevant dans l'ombremême,
fugitif déplacement -
toute disparition hors du soleil est une audace à vénérer !
Dans le jeu de l'absence, avec persistance, dans le rêve, -
espérant, s'acharnant pour
une présence double, je te sais avec intuition.
Voilà l'horreur et la charnière ! Toute l'invention sera à
éluder pour concevoir l'impossible.
Je le vois énorme, éclatant, tremblant et implorant.
Ce sont de petits corps sveltes quémandant une pure fiction,
au-delà des avalanches impossibles.
Fais attention - la vérité flottante est une équation à inventer.
417
Epilogue
Jets and sprits
Jets et sprits dans l'espace-mien. Toujours
En soi. Si cela est penser, je fluidifie mes
Mouvances, j'éclaircis mon Temple. Mais pourquoi ?
Est-ce matrice cérébrale à produire ? Lancées
De l'intelligence ? Il faut dans l'épaisseur, par
Le travers disparaître et aller. Le profond avec
Insistance, dans le temps, calculable, réfléchi.
Encore la nuit. Ce qui importe. Les souffles précédant
L'étendue à survoler. Le Moi veut disparaître
Pour un autre moi : là-quel-monde-à-remplir ? Pour
Encore se rejoindre. Une nouvelle errance et la raison
Perdue. La relation avec la conscience. Ta cendre et
Ta poussière. L'inutile à découvrir peut-être. Les
Froids tirant sur le rien qui d'un trait se refusent.
418
Une parole déchirée
Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son
paroxysme pour éclater en mille fragments de syllabes.
Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment
considérer l’Au-delà.
Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà.
Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné
de la logique, dans du vrai pourtant.
-
Silence. Et substance émanée par le songe
-
Paroles menteuses mais créatrices cherchant une
nouvelle essence de l’être.
Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un
sublime agencement poétique !
Hauteur des mots.
419
En soi démesurément
-
Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques
traces de profondeur
Je te sais : constamment absent
Ici une volonté autre - est-ce dépassement ?
-
Le support, l’élan
Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes
d’applications
-
Espace très à l’intérieur
Espace et toi sur le versant
T’essayant à quelques délires
Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant,
je te dis avec combinaisons et luxes d’audaces
420
Sur la matière, tu n’es plus
-
Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est
faussée
Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là
- évidemment !
Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais comment ?
Décalant ton orgasme - en toi, profusément
-
La pensée s’enflamme et cherche à te détruire
immensément
I
Combien en toi d’essence de semence,
Combien profondément !
Les longues déviances dans la crépuscularitémienne
:
Il était le chemin
421
Les plaintes maladives pour mystifier l’avenir,
Et ces assauts d’ailes répétés en ta demeure ?
Le vent assèche ton potentiel
Nulle compréhension répandue
II
Ce qu’il croyait toujours
Plus ou moins d’ombre dans la pensée obscure
Fils logiques-miens, émerveillés, tramez !
Combien, combien sans plénitudes symboliques
Sans
Dans la conquête limpide dans
Pour l’épanouissement de l’esprit ?
Quelle folie d’audace, et l’errance et l’écriture !
Féeries qui divergez et convergez ensemble ! pour
422
l’épanouissement spirituel venez en moi.
III
Voilà ce qui convient en soi, à la lune apocryphe
s’essayant à d’indéchiffrables invisibles inconnus
Lui s’émerveille de mercantiles poèmes abstraits,
chimies de diamants possibles
Invitant sa stimulation à multiplier des microévénements
poétiques
Murmure, engloutis, expulse
Alors engloutissements avivés de salive en formes
bigarrées
- Et les mystiques recommandations dans le rêve du
rêve – pour qui ? Qu’en fera-t-il ?
neige colorée…
En fatigues de divagations absurdes sous la
423
Quelle perspective ? Quelle ?
que pourras-tu
Déficiences d’écriture, d’applications pertes,
espérer ?
Essences et apparences, et quelles
Fuyant la vague morne profondément en soi
L’être, balançant en non-être et déviances sans
questionner son infini
Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies
dans la mesure du déroulement tout en glissant
Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté
par ce vent qui vivifie tandis qu’une plainte maladive
semble encore supplier
424
Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement
Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de
son ombre, en poussières de lumière, en déchets
entassés
Et les présences émerveillées qui trament et
retrament dans le sein de l’éther
Combien encore de marches inutiles, de conquêtes
limpides dans le foyer boréal du Moi !
Endormi sous le charme mensonger de quelque
vaine idole et contemplant les astres parfaitement posés
Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je
léger d’hypnoses neigeuses, m’élevant encore, là et làbas
dans l’errance où je diverge immensément ~ elles,
sont des féeries dansantes
425
L’impensable dans la sphère pure
vois : je me désespère
mille éclats éclairés de lune affaiblie
s'émerveillant sur le diamant
activant son souffle
en abondance de rêves
là s'y essayant encore
pour le comble du désir
qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de
spasmes suffocants, fuyant de pâles divagations
inconnues
et encore : pour quelles perspectives ?
Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme
sublimes oublis espérant malgré tout..
426
I
Ô habiter dans l’indécis
Penchées en équilibre, vous m’élevez vers
l’abandon
Songe et ne puis
Halos halos de fuites évanouies en évanescences
d’astres,
ici point le clos mais lové en soi
renais et reviens en fumées déliées
et là encore, oui là abandonné
II
Fragment joint au disjoint
L’éclat des poussières devient phosphore devant mon
front salvateur
427
Le rayonné m’éclaire tout à coup
La turgescence de l’être
Et cette finalité insignifiante qui noie ma brûlure
dans le chagrin de la douleur
C’est une fin subtile avec essence : me voici dans
l’ombre
Fébrilement troublé, léger sur ce fragment d’azur
Ô yeux tournés vers l’intérieur, phares de la raison,
que voyez-vous ? Quelles perceptions internes pouvezvous
décrire ?
Conçois le songe qui se propose en toi, vasque qui
se dilate et ondoie sous l’effet de la pensée
428
Franck Lozac’h
L’Infini-en
429
FRANCK LOZAC’H
LES TURBULENCES DU GéNIE
430
L'Huile fraîche
J'ai volé
J'ai volé à l'arbre frêle une mince couche de miséricorde, j'ai
enflammé un coeur déjà perdu à la cause première, j'ai délaissé des promesses
impossibles, des vœux d'amour, j'ai joué avec la connaissance usurpant çà et là
des fruits de stupides saveurs.
Sur une couche, j'ai réinventé l'acte suprême fort d'une imagination
débordante. J'ai transformé des images pieuses en symboles multicolores me
réservant le droit divin de retoucher comme un peintre l'empreinte de son
tableau, les vicissitudes de mes rêves transparents.
Plus loin encore, alchimiste de génie, prêt à découvrir le secret
ancestral, j'ai brûlé dans des flammes vives la page blanche d'un poème jamais
ébauché.
Vaste mutation proche de la réalisation, hésitantes exactitudes vouées
à un échec constant, quelles merveilleuses farandoles qu'une rêverie obscure
dispensait dans les ténèbres de mes nuits !
431
Magicien doué d'une sagesse constante, séraphin démoniaque ou
démon divin ? Qu'importe ! Tous ces noms gravés comme des dalles de
marbres dans mon crâne fatigué, qu'importe !
Dans des cavernes fantastiques, je me suis promis les couleurs du
printemps, - des pastels, des mauves, et des argents rouges comme le vin et
blancs comme l'écume. Ô l'arc-en-ciel transporté dans les bas-fonds de la
terre !
Moi, homme de nuit respirant les fleurs disposées en corolles, humant
les senteurs de mon propre univers, Moi enfant qui trébuche et succombe dans
les dédales, Moi et la pluie, et le soleil et les étoiles, et Moi encore !
Quel vain et âcre mélange dont les fruits bouleversent les sueurs
extrêmes des envolées ! Quels affreux cauchemars qui conspirent
complaisamment pour jouir de mes souffrances sanglantes ! Oh ! Le jeu de la
mort ! Aucun vivant ne peut se défendre ! La mort tentaculaire qui possède
corps et âme, se vautre dans des rires immondes retentissant encore dans les
globes de mes oreilles ! Oh ! La faux brillante persécute l'œil torve imbibé
d'alcool ! Oh ! Les scènes de pillage ! Oh ! ...
432
Pour l'ombre de toi-même
Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges
Dans le pur infini de ton morne délice.
Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes
Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...
Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,
Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !
Sous le déchirement de l'éternel carnage
Un mage déployé venait et fécondait !
Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,
Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.
Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,
Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,
Du pur consentement toi tu vas et regagnes,
Les mâtures inventées, les vagues et les drames !
433
À ma dormeuse
Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,
Respirer en ton corps le doux parfum des songes,
Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,
Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.
J'espère sur cette bouche inventer un amour
Puissant et immortel que tu composeras,
Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour
Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !
Qu'importe, les espoirs de nos mains en détresse,
Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !
Je demande plus fort que houle et que tendresse,
Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.
Car de son pur cristal où le génie descend
Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.
434
Le Germe et La Semence
Prolongement
Avec ce pâle essai, le sourire enfantin
Propose d'une plume un clair regard éteint,
Mais son âme obscurcie par de sombres ténèbres
Achève noires ses stances dans sa chambre funèbre.
Ce jeu tel un sépulcre baigné par ses lumières,
Amas de morts qui tremble d'une main cavalière,
Prolonge dans mes veines le pur-sang des apôtres...
Sont-ce pensées déçues où le génie se vautre ?
Mais j'entends supplier maint rêve bestial
Déployé sous un joug ombrageux !
Ignoble frère, au jet d'écume et d'ombre
Qu'il dérive
Que d'un regard malsain lèche la croix des autres !
435
Air petit
Qu'est-ce donc le génie
Quand, par l'inconnu,
Je vois chaque nuit
Les mots qui se tuent ?
Pour l'absurde grandeur
De l'Etre tant aimé
Un usurpateur
Me dit de chanter !
Et à peine assouvis
Les mots s'entrelacent
Comme à l'infini ! ...
J'invoque une douceur
Légère et fugace
Pour changer ma face,
436
Mais ne veut répondre
En ce lieu maudit,
Ne veut correspondre
Pour l'admirable écrit !
Qu'est-ce donc le génie
Quand, par l'inconnu,
Je vois chaque nuit
Les mots qui se tuent ?
437
Le beau langui
Le beau langui sur des espaces de miel. Qui frappe en cette heure
lugubre ? Mais vrai, l'oraison des beautés dans un geste d'éclore pétille d'union
pure.
On cesse là l'ébat. La lutte est condamnée jusqu'au soir, et des toux
hideuses rappellent le génie.
Oh ! Race ! Que m'importe le pacifisme de l'acte ? Oserai-je espérer des
tourbillons d'esclavages ?
Accoupler c'est détruire. Les firmaments déjà. J'entends les pas saccadés
dans sa nuit. On se meurt dans les tourments. Le défunt, l'hôte pâle ! Le défunt
s'enfuit.
438
Alors tu te réveilles
Alors tu te réveilles, ô beau corps de déesse !
Tu cherches mes désirs comblés par les tourments.
La pointe de ton sein sevré de sang se dresse,
Mon admirable amie et mon sublime amant !
Si mon ventre s'éteint, j'appelle tes lueurs.
Je jouis de l'incomparable volupté
De rester en moi-même et d'être un autre ailleurs,
De créer un génie aux plaisirs insensés !
Je verrouille ta chair, la place du bonheur.
Je dors paisiblement dans le coeur des Aimées.
J'invoque ta richesse, ta sublime saveur,
Ta substance promise, et ton nectar sacré !
439
La faible survivance
La faible survivance respirée en nos cœurs
Comme un mal infini a possédé nos âmes.
Ce ne sont que sévices imprégnés de saveurs,
Et des lutins stériles en usurpent et se pâment.
Interdits d'amour propre, diffusant de leurs mains
Les stigmates enfoncés jusqu'au creux de la chair,
Ils cambrent la faiblesse de mon ministre Saint
Moi génie torturé, redescendu sur terre.
440
De son génie pourvu
De son génie pourvu, il subit la nuisance,
La haine d'un Dieu, puissance qui le détruit.
Il sait le maladroit langage, et l'indistinct
Désordre avec ses flèches, l'autre peau qui l'attend.
De partout la grandeur sublime le devance.
Rayonnements divins ! Mais lui oint, et de palmes...
Il ne saurait humer la douceâtre embellie.
Car son germe volé imprégné par l'amour
A trop fait de souffrir au terrestre sommeil
Et sa bouche meurtrie a roulé trop de glaires.
L'écho recomposé n'est qu'un désert sordide
Et le vagabond épouse de beaux tourments !
Sa fougue est maîtrisée. Il est un demi-dieu,
Il jette les impurs, les éléments malsains.
Et sa joie, chère amie, n'est pas même un calice.
Le calice du sein, l'amertume des cieux...
Son nom est espérance, son nom est déjà vieux...
441
Et son cœur est pareil aux cœurs qui se sont tus
Il conserve en sa chair l'exil qui est trop loin
...
442
Le Manuscrit inachevé
Quel équilibre ?
Quel équilibre ? Ces lignes dénotent ta nature. Tu as voulu un monde
à ta mesure. Tu n'étais qu'un enfant.
Les conversations pendant les longues promenades n'existaient que
dans ta tête. Ta vie, ta jeune carrière sont-elles à résumer ? Dois-tu ajouter
quelque chose ? Tu as vendu tes fantasmes. Que reste-t-il à écrire ?
ris pas.
Ce style précieux, étonnant, te donne-t-il le droit au bonheur ? Ne
Y eut-il des tentatives intimes qui purent me satisfaire quelque
journée ? Ce métier, était-il accessible à l'adolescence ?
Devons-nous grandir parmi les hommes de lettres, parrainés des plus
hauts génies, et chaque soir nous endormir désespérés ? Nous faut-il vivre avec
l'horreur de les toucher ?
443
Mais pourquoi rester enfermé seul des nuits entières dans cette
chambre putride ? Ta solitude, je commençais à m'y habituer, moi qui travaille
fort tard la nuit.
444
Le poète
Le poète : Honte, frissons d'orgueil
Car dépasser les maîtres, y penser...
Retourne dans le livre du savant.
Te documenter, de vrais génies, eux !
Perte de sens, mascarade !
D'idées, de fonctions, de syntaxe !
Livre embrouillé, - manuscrit
Ou archives ? Vieilleries à restaurer !
Engagement et heures de pénitence.
445
Les contrôles
Les contrôles constituent les premiers pas vers une certaine maîtrise.
Apprendre consciemment. Dure école ! La grande œuvre du génie est
désespérante. Rare la satisfaction. Toujours recommencer, et penser très haut.
Je n'en suis qu'à la rhétorique. Des fragments à inventer. Ajouter
d'autres lignes et savoir chiffrer ! Tout chiffrer ! ... Écrivain. Se compromettre,
mentir. Inspiration !
Se dégoûter, changer de méthode. Se faire sauvage. Quels avantages à
en tirer ? Ne plus savoir comment finir son paragraphe, voilà le travail de ma
vie !
Des pages bâclées. Il faudra les polir. Je suis pourtant courageux, mais
comment écrire de bons livres ? Je n'ai pas de méthode, je n'ai aucune
technique.
Qui voudrait m'apprendre ? Je travaille seul. Je n'obtiens que de maigres
résultats. Quelqu'un pour me guider, qu'il puisse me diriger !
Quelle cuisine insolite, pas même originale !
446
Et puis assez de ramasser les miettes, d'écrire des pauvretés et des
bouts de phrases sans style et sans idées !
Mes brouillons resurgissent. J'atteins un point de sensibilité rare, une
tension intérieure effroyable. Je suis pauvre ! Toujours à m'inquiéter, à
m'importuner avec des engagements grotesques qui servent de nourritures à
mes morceaux pourris.
447
Vie d'artiste
Vie d'artiste. Lettré tenant dans la main droite un casse-croûte, dans
l'autre main une stupide revue. Pas d'éclosion de jeunes talents ou de génies.
Des bohémiens opportunistes attendant leur tour.
La confrérie. Ils sont au moins quatre.
Ils chuchotent des paroles.
Un mot pour mon travail,
Et je déclenche les harmonies.
Faire de l'intelligence pour éclairer
Ceux qui m'estiment.
Très juste, mais qui sont-ils ?
448
À présent
À présent toutes tes semences sont trompeuses. Le goût fécondé t'a
quitté. Ne reste qu'une quantité insignifiante de dépravations et de pleurs et de
bagnes. La progression était trop rapide, dangereuse. Tout est ruiné en toi.
Pourquoi avoir voulu s'aventurer dans une telle duperie ? L'innocence ! Les
échecs !
Des courses à perdre haleine. Ho ! Le bon sens ne m'a jamais habité.
Diplômé de l'inconscient tu seras le maître d'oeuvre des docteurs, des pages
analysées au microscope. Les génies sont tous de grands malades, même ceux
qui ouvrent les portes de leur néant. Démarche d'un imbécile, et bravos !
449
À ses pieds
À ses pieds ! Et des idées neuves ! Tu lui dois une bonne
reconnaissance ! Que serais-tu s'il n'avait existé ? Quelle fraîcheur aurais-tu
cueilli ? Le grand sentiment pour le père et le génie. L'espoir, l'aide pour les
espaces neufs.
Je veux la grâce pour les insinuations, les échos et les sonorités
débiles. Il faut me pardonner. J'ai l'esprit de la bêtise. Quelle importance
puisque ce n'est pas important.
J'ai gâché mes jeunes années avec des compagnons imbéciles, des
sourires niais, des gamineries studieuses.
J'ai relevé le défi. Le retard était immense. J'ai flambé les étapes ! J'ai
vidé le sens de l'alexandrin et cassé la musique !
A ses pieds. Ses rythmes, ses formes, ses génies et tous les hommes
bavent là-dessus. Pas besoin d'être consolé puisque c'est une autre vie. Il est si
beau, unique, lui.
La conscience : poursuis ton travail.
450
D'ailleurs, qui sait si l'amour n'est pas le plus important. Le travail ne
mène peut-être à rien.
Tu voudrais changer la rime du discours. Tu ne sauras jamais chanter.
Tu es le plus mauvais. La faute, l'erreur incombent à la jeunesse. Enfin, c'est
mon sentiment.
Je me connais très bien. Il y a en moi un grand mystique. Je regagne
d'autres formes, mais je n'ai plus le droit de renaître. Près de Dieu, je fus le
cœur purifié.
Lui seul est le maître de l'homme nouveau. L'Ange aux yeux bleus.
L'enfant né, le poète prêt à toutes les expériences, ce Satan désargenté croyant
à l'élixir de vie. Le phénomène à imaginer. La foudre. Ai-je une seule fois su
flatter quelqu'un ?
451
Assez de l'analogie
Assez de l'analogie et de son génie. Les heurts de mots absolument
incompatibles feront de moi un être reconnu.
Assez du compte et de l'accentuation, j'écrirai sans cela. Ma terre,
mon inspiration suffiront. Que m'importe le texte écrit ! Pourquoi se soumettre
à des règles vieilles de trois siècles ? Ne peut-on plaire sans cela ?
Laissez-moi l'accord des mots, je serai qu'en faire. Ne dites pas de moi
que je suis un faible parce que je ne suis pas un chasseur foudroyant, parce que
ma jeunesse m'interdit tout travail sérieux sur la page blanche !
Laissez-moi faire, je vous dis que cela vous plaira. Je ne prônerai pas
l'anarchie. Je donne à la mémoire toute liberté. Je crois en elle.
Lisez tous ces piètres inconnus qui s'efforcent d'associer quelques
techniques à leur faible savoir. Regardez-vous aussi, vous qui ne vendez rien,
qui n'intéressez aucun public.
452
Le Moût et Le Froment
À part l'explication cosmique
À part l'explication cosmique, son poète reste un incompris. Sa plume
enchante les symphonies. L'effort de minuit entreprend de faire le point sur le
Beau. Il repart sans musique en vrai poète. Il se replie dans son corps vers
d'autres noctambules.
Vibrant de ses cordes vocales mais écouté dans ses solitudes. Bras
tendu aux portes des caves. À toucher de la main les sources de la jeunesse.
Sonde-t-il les dégagements des eaux baignées dans la tourmente ? Le
vol des airs suspendus à l'aile noire ? Terre plate recouverte de laves refroidies.
Des flammes semblaient descendre... Volcan !
Ce temps n'a de durée que pour le jeune homme. Fini son amalgame
de chances, il rentre dans son Néant. Fleurs odorantes, pétales chagrinés où
vont les feuilles qui volent ? Dans l'espace soulevé et tendu de son génie. Mais
à choisir qu'il m'aurait plu de boire la mare sous les vents endiablés ! Couché
sur les terres, de manger de cette boue comme un soleil, d'y lire les vols pour
tout un mois, puis de chanter les rêves, sueurs des lits, baignés aux cris des fois
anciennes.
453
Des espoirs vagabonds ruisselaient dans des libertés. Un vin de
couleur remplaçait les jeux. Animalier, ce tour de force me prit aux poignets.
Grâce aux vieux on prêche pour se bagarrer à la surprise des sales découvertes.
Et le cœur lutte contre les yeux, contre les sons qui roulent leurs
pupilles et corps dans leur immensité chaotique. Il faut équilibrer les
battements du bonheur. Si un vent soufflant vient à mourir entre deux focs,
comment son bonheur sera-t-il certain ?
Un dernier regard vers les astres aimés. Quelle réponse me témoignera
plaisirs ou danses ? Hélas, mon nom est piqué sur la page blanche.
454
Œuvre raisonnable
Œuvre raisonnable aux penchants mystiques qui brille d'une lueur
spéciale, j'écrirai artificielle. L'homme a voulu conquérir son âme. Recherches,
méandres, labyrinthes : l'œuvre est incompréhensible, inaccessible au critique
pauvre que je suis. L'auteur espérait qu'on lui dirait ce qu'il avait voulu dire.
Comme son œuvre est insensée, indéfinissable, personne n'y a rien entendu. Il
est des hommes qui s'enorgueillissent de posséder le génie, celui-ci n'est qu'un
vulgaire mystificateur.
Je déconseillerai au lecteur d'acheter ce livre. Il regretterait la centaine
de francs du volume. Certains livres sont à oublier. Ils ne méritent même pas la
publicité accordée.
À notre époque, il n'est rien de plus facile que d'être publié. Hélas,
c'est encore le public qui achète les pourritures cachées dans les fruits.
L'ignorant ne se fie qu'à l'emballage.
455
Voici mes tragédies
Voici mes tragédies et puis voici mon rire
Ne laissez pas tomber en si piteuses mains
Le savoir d'un géant perdu dans son empire
Ne laissez pas la mort s'emparer du malin.
Que la plus belle voix, sœur et mère des apôtres
Acclame tristement l'hymne et le chant du maître
Et chante d'un air vainqueur les bienfaits du grand prêtre
Chante à l'enterrement suivi par tous les autres.
Car je veux qu'en ce jour l'immortel apprenti
Regagne ses grands cieux escorté de ses anges
Triomphe de son génie acclamé de louanges
Et encore s'en retourne où certains sont partis.
456
Il y a le Néant
Il y a le Néant et l'Espoir et la Vie,
La Mort qui me poursuit, déchirures et démons,
Le Passé qui n'est plus, le Futur qui se vit,
Il y a le coup du sort, dansons et pleurons.
Le Génie du destin a frappé mes soleils,
L'amour a traversé mes rayons impudiques,
Des ébats ténébreux ont glacé mes sommeils,
J'étais ivre de chair et d'actes fatidiques.
Le fruit n'était pas vert, le suc était limpide.
Concessions et jouissances insipides,
Que le corps fut amer ! Je recherchais l'amour.
Abruti et servile, je ne me connais pas.
La femme est un besoin enlacé de contours.
Sans âme et sans pensée, je n'y reviendrai pas.
457
Éloigné des douleurs
Eloigné des douleurs que le repos apaise,
Plusieurs fois dans la nuit, je me dois de vieillir
Avec de vagues tâches qui jamais ne me plaisent,
Tant l'Art est difficile, que pourrais-je cueillir ?
Je m'y astreins pourtant moi, artisan en chambre.
Si le travail m'est cher, je tombe dans le doute.
Personne non jamais ne sait ce qu'il en coûte
A l'esprit fatigué des vers qui se démembrent !
Je me flatte pourtant d'y risquer ma jeunesse.
Perdu et sans rigueur que reste-t-il à faire ?
Attendre patiemment que le génie se dresse,
Ou pleurer sur son sort que le Néant éclaire ?
458
Le Croît et La Portée
Dans les noires profondeurs
Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,
Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,
Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit
Qui lentement regarde, majestueux et droit.
Il regarde les heures s’égrener peu à peu,
Cadavre bicéphale implanté dans mon âme
Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,
Et mon piteux savoir est toujours miséreux.
Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.
Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :
Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.
Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire
Et prétend posséder la beauté immortelle
Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.
459
La Racine et La Source
La douceur des sanglots
La douceur des sanglots, des longs cris et des râles
Tapissent le cerveau sacré de son génie.
Je hais ceux qui proclament : l’amour est jeu banal
Et déforme l’échelle subtile de l’esprit.
Dans l’extase troublante des corps à moitié chauds,
Bienheureux il dérive, vacillant et craintif.
Pour extraire du sublime ce qu’il fait de plus beau,
Les grandes émotions animent le pensif.
Quand le radeau dérive sur l’onde tourmentée,
Le nectar onctueux s’extirpe dans la nuit,
Et la plume scabreuse s’éprend de volupté
De bienfaits et de grâce en ses sombres écrits.
460
Le Buis et Le Houx
Ô génie
Son cœur fourbe et vieux des anciens compagnons
A détruit le carcan étriqué des Indiens,
Et son âme a poussé comme une floraison
Dans la douceur folâtre et dans l’esprit chrétien.
Triste vie que d’atteindre toi le paralysé
Les affreux monticules et les coins de verdure,
Et là de mourir sans avoir imaginé
Les vastes diamants de ta noble parure.
Quel avenir superbe et quelle adolescence !
Ton génie a instruit l'âme subliminale ;
Les hurlements et les dégoûts en moi relancent
Les débris, les déchets de cette vie fatale !
Ô nuits ! Ô châteaux, les désespoirs de l’humain !
Dans les caves se dresse cette puissante armature.
Je rêve et meurs ! Ils t’ont tué, ils t’ont banni !
461
Ce siècle court à sa perte. Pourtant que font-ils ?
Ils préfèrent admirer leurs stupides profils
Que l’immense jeunesse et ton puissant génie !
462
Confirmation
Quand la mort sale et noire, par des forces
Suprêmes, fut décrétée en ces temps étranges,
L’auteur se noua des vermines atroces
Comme pour oublier la boue et la fange.
Le vin et la poésie coulèrent dans son cœur,
Et les fruits et le vent n’eurent aucun pareil.
Les vastes écrits propagèrent son malheur
Dans le bois dur, sous quelque couche vermeille.
Alors le Néant, l’Absolu, l’Infini,
Décrirent des cercles comme à la surface de l’eau
Et son regard plus perçant que certaines pluies
Chargea la tremblante main en merveilleux mots.
Ô poètes, sang éclatant de la haute noblesse
Les tares des uns fertilisent le génie des autres.
Ô volupté des agonies ! Ô caresses !
Dans la mixture des Dieux, déjà on se vautre ! ...
463
Le Lin et La Laine
Vous avez dans le port poussé ma voile errante.
Ma tige a fleuri de sève et de verdeur.
Seigneur, je vous bénis ! De ma lampe mourante
Votre souffle vivant rallume la splendeur.
Victor Hugo
À Virgile
Dans mes tendres vallées encore aujourd'hui vertes
Serpentent des rivières au doux chuchotement,
Et des voix d'Inconnues propagent au firmament
La chair de mes pensées et de mon cœur céleste.
C'est là que l'exilé entend le pas fiévreux
D'un berger nonchalant qui pousse son troupeau
Au loin sur la montagne, tout là-haut ! Tout là-haut
Avec l'esprit d'un jeune et fébrile amoureux.
464
C'est là que la nuit noire fera place au grand jour,
C'est là que titubant dans de sombres sentiers,
L'auteur de ce poème verra le monde entier
Admirer son image sous le ciel bas et lourd.
La pureté des mots qui résonnent en son être
Est mixture des Dieux et des Anges divins
Et le sinistre cœur qui palpite en son sein
Fait d'un affreux gribouillis les plus belles lettres.
Son esprit vagabond fécondé de génies
Parcourt l'immensité troublante.
Au milieu des brebis et sans même le voir,
Il côtoie, l'inconscient, le plus grand des Messies !
465
Prophétie d'une mère
Oui, sa gloire immortelle mugira sous mon ventre.
Ni la vaste folie dans les bras de l'enfer
Ni l'immonde déluge ni la sinistre trempe
Ne sauront dévaster les relents de ma chair.
Et le peuple à genoux pour prier le génie
Optera pour son choix l'angoisse et le malheur,
Et les terribles flots des puissantes furies
Emporteront la mort qui brûlera son cœur.
J'annonce le malade qui s'étend sur son front,
La sinistre insomnie et la froide blessure,
J'annonce la bataille et le terrible affront
Qui brûle sous le masque de sa grande parure.
466
Collages
Mon âme entière
Mon âme entière choisit cette Pléiade s'écrie
Le poète exalté. Ombres vaines, cessez
Le martyre du génie ! Que d'amours prodiguées
Il sache si bien plaire ! Sa souffrance est secrète !
Don cruel ! Don cruel ! Souffle divin en moi,
Je tombe et m'abandonne à cette Mort vicieuse
Qui mesure et raisonne les sentiments profonds
Et humains quelque fois.
Elle calcule, elle se vante
Elle attaque et détruit les nobles dispositions
En versant ses brimades. Elle est ordre et justice,
Et consternation !
Je m'enivre de sèves
Qui sont bues sur les Arbres, et leur ombrage heureux
Est un puissant délire. Les notes de ma lyre
Bercent les vents d'automne au plus loin, dans le calme.
467
Pourtant je m'interdis les mornes explications.
Je préfère me cacher dans les noires bruyères.
Ma race suprême se perd dans son étonnement.
Je crèverai tout seul, nourri de ma misère.
Ho ! Belle impertinence ! m'écriais-je à la Mort,
Que ne peux-tu goûter à tous ces nobles fruits !
L'aigreur n'est point donnée à cette blanche page.
Enivre-toi de la grenade, mais incomprise
Toujours te sera sa structure !
Je choisirai
Savant, mes rayons purs et mon esprit sera
La tombe où le soleil viendra s'y recueillir.
Ma solitude aimée, paix des intelligences,
Ma folie commettra des péchés infinis
Par rêves d'insouciances.
468
Le bel hiver
Le bel hiver éblouissant de givre avorte tristement comme une âme
stérile les péchés pardonnables de l'enfance défunte.
Le sceau enchanteur du maître divin, martyrisera-t-il sans haine
farouche l'avorton aux membres rabougris qui, dans le ventre bombé, attend
qu'on le touche d'un doigt mystérieux ou d'un sourire serein ?
Sa face teigneuse mérite qu'on l'observe, parents prématurés d'un
génie en délire. Recroquevillé dans son néant, il tétera avide le sein palpitant.
Je tenterai la bouffée d'air pur. Je m'évacuerai de tes entrailles
pendantes, et mes déchets iront pourrir sur tes fanges putrides, femme
écœurante.
469
Finie la saison charnelle
Finie la saison charnelle, fini l'acte carnassier de l'amant qui se vautre
dans les draps et les laines. Ce ne sera plus la caresse mécanique des mains
vicieuses et sensuelles, mais l'acte lucratif de la cervelle du génie.
Je ne veux plus de cette bouche qui sourit d'aise comme son vagin est
pris, ni de ces gémissements de bête métamorphosée par ses supplices. Je ne te
donnerai plus la souffrance et le plaisir mêlés dans tes râles obscurs d'animal.
Vieille gloire, femme ancienne aux jeunes amants trompés, tu peux
partir et je ne te retiendrai pas.
J'en ai assez de me dilapider et de me perdre dans tes soupirs stériles.
Moi, je retourne à mon travail et à ma poésie toute pure.
470
Je vais secouer toutes ces vieilleries
Je vais secouer toutes ces vieilleries, y dénicher la poussière et balayer
les toiles d'araignées.
Faut-il brûler toute la littérature, tous les maîtres, poètes et génies ?
Assez de ces ombres funestes qui circulent dans ma chambre !
Déguerpissez, fuyez, fantômes vains de savoir et d'intelligence !
céleste !
J'instituerai la religion de soi-même, l'égoïsme dans son pur éclat
Vivre en Moi, pour Moi avec l'ambition d'accomplir l'œuvre !
Que naissent les enfants du Génie ! Je veux qu'ils tètent à ta poitrine !
Jette ton sang en feu sur les pages blanches !
471
La belle agite
La belle agite ses roses bleues, - fruits des pastorales dans l'air salin.
Encore des mots divaguant en mémoire.
Je plonge sous les sataniques virgules, un non-sens, rapport
d'ensemble. A séparer lisiblement. Impossible à comprendre.
Ô vapeurs douces comme je vous parle ! Réponses agressives de l'audelà
burlesque.
À mes marques. Je frôle, haleine chaude, les robes claires, - pucelles
respirées, jambes blanches. Les ébats des corps dans les bois tendres. Bouches,
langues fines sans paroles. Taisons les odeurs cachées dans les sexes.
Je me vois perdu sous le miroir des âmes. Images, cognez au carreau !
Je transpose mes cloches avec mes délires. Un Jean ? Non - des gens - des
invisibles. Et mes poètes connus ? Tous des génies !
Ma faiblesse d'apercevoir... Si ridicule ! Flotte ou nage, tas de nerfs
ambulants, excitation démoniaque.
472
Elégante ta démarche. Quelle efficacité ? Roulis de corps dans la
bourgeoisie modeste. Ça ne veut rien dire... Il me l'a dit.
Sorties insoupçonnées, le tunnel des anges. Retours à d'anciennes
époques. Je renais. Ouf ! Le stupide est à décrire. C'est du Jésus et de la Marie,
hélas ! Pas de neuf.
Lettre aux imbéciles. Et alors ? Rien. Nébuleuses rarissimes, géniales
perversions. Mes glaciales pensées, comme je vous aime. Mais si...
Encore le silence. La lente agonie ? Atteindrai-je mon Dieu, mes
desseins ? Toujours ce corps qui se sépare. Vers le coït à deux.
473
Mille chômages, mille pages !
Mille chômages, mille pages ! Je vous laisserai ma jeunesse. Mais que
de patience pour ces fruits rabougris !
Me voilà soucieux. C'est vrai que deux hommes se contemplent et se
contredisent en mon âme. Le réel et l'impossible se côtoient ! Le miroir aux
reflets déformés ! Le poète et le lecteur ! Aucun génie. Je me satisfais de mes
débilités d'hier. Pourtant je m'étais juré d'aller de l'avant, et de foncer vers de
nouvelles plages !
Je n'entends que le bruit sonore des rives alourdies par le soleil
fatiguant de l'été. Femmes, rapaces ou vierges je me jette sur vos corps. Je me
délecte de vos sources de rêves.
Mais je saute ! Mes idées se bousculent et tout cela n'a aucun sens ! Je
vis dans l'intolérable naïveté. Je sais que je ne serai jamais compris. Telle est
ma destinée. Certains hommes forment des phrases qui s'accordent, d'autres
(ou moi-même car je suis peut-être unique ! ..) racontent des histoires à faire
crever de rire le dernier des critiques de Province.
474
Qu'elle sorte ! Qu'elle se place dans l'ordre hiérarchique cette maudite
phrase que je suis incapable de contenir ! Qu'elle m'obéisse la démente
perverse, accumulation de sons, de syllabes et de sens indistincts !
Ha ! Je suis l'esclave de mon infortune ! Je me damne pour elle, et en
échange je ne reçois que l'exil ! C'est la raillerie, la moquerie ! Mais quand me
prendra-t-on au sérieux ? Quand cessera-t-on de dénigrer le poète !
Je sais. Je suis ridicule en voulant encastrer tous ces mots les uns
derrière les autres. J'amuse les hommes en faisant sortir de ma petite tête des
accidents qui n'existent pas. L'on me raille, l'on se rit en écoutant mes bêtises.
J'insisterai car je crois en moi, je crois en l'avenir de ma prose.
475
La nuit est dans mon âme
La nuit est dans mon âme. La poésie accourt. Ho ! Je lance trois mots
et la lumière m'inspire. C'est bien de l'inconnu que sortent mes textes ! Jamais
je ne serai apte à prévoir.
Quelles intuitions ? Surtout ne pas douter.
J'admire tout le génie du Hasard.
Pauvre toi-même qui n'es que l'intermédiaire entre le Néant et
l'Absolu. Tu captes l'Intemporel avec tes antennes de poète ! Comme les ondes
frappent les cases étroites de ma cervelle ! J'eusse pu mourir d'une superbe
décharge, d'une extraordinaire secousse ! Qu'elles glissent sur mes tempes !
Sont-ce des milliers de poèmes, ou un seul est-il prévu ? Je nais du
Hasard, ou Dieu m'a imaginé ? J'invente ou je refais l'histoire.
476
Magnifique mais qui
Magnifique mais qui sans l'espoir de leur plaire
Je peux signifier que l'exil est présent.
Pour la tiédeur amère de ma faible cervelle,
Le bruit sourd et confus se lève lentement.
Accroché à l'ennui par le Néant superbe,
Le souvenir s'observe oublié de nos sangs.
Radieux mais sans gloire, il n'a pas su leur plaire.
Quand l'heure sonna de fuir inexorablement.
Hélas, je me souviens que je ne savais faire
Par ce poème absurde un pastiche évident.
Mais ma force est si belle que le génie déterre
Les fruits mûrs et pensés du Nouveau Testament.
Dans la tombe s'exhale nulle odeur de péché,
Nulle chair putride qui encore se décompose.
Je voudrais bien séduire sous cette terre fraîche
De pelles encombrées l'éclat pur qui se glose.
477
Losanges
Le médium
Je suis un médium qui touche à toutes les ombres, un saint placé sur
terre pour souffrir, un poète conversant avec les plus grands génies de la
Pléiade. J'ai rencontré Dieu et je me fis monstre d'horreur et honte sexuelle !
J'appris petit à petit à purifier mon âme. Aujourd'hui je pourrai regagner le ciel
sans couper le cordon d'argent qui me retient au corps.
Intelligence d'or
Intelligence d'or enchaînée à la perception de l'ignorance. Maudite
soit l'âpre bêtise assoiffée de mes dons seigneuriaux ! Qu'après un déluge
d'injures resplendisse le tout-puissant soleil de génie !
Action pensante, fulgurante et stérile, après la tentation de la belle
lettre, je sais me purifier et je t'obtiens par un délire étrange.
478
Louanges
Étude sinistre ou vile
Etude sinistre ou vile de ton maître en délire,
Ne sais-tu pas, folie, quelles heures d'élévation
Attendent patiemment l'ange ailé de soupirs
Dans les méandres infimes de ton obstination ?
Je sais l'homme têtu parfois m'appartenir
Gâchant tout son génie pour un vœu humiliant,
La conquête de soi pour enfin en finir
Et gagner le combat au destin éreintant.
Moi je perds des années à jouer de la lyre.
Le poème est médiocre, achevons la bêtise !
Parfois je pleure de honte, parfois je fais sourire,
Mais je poursuis l'écrit que la pensée attise !
479
Les splendeurs nées
Toutes les splendeurs nées d'un triomphe futur
Enorgueillies à la flamme de ses victoires
Brillant dans le berceau de l'absolu génie
Elevé dans l'antre de parents dérisoires.
Quelles tentations pour une âme si pure
Vaincront les noirs délires des incessants mirages
Quand les titans étincelants dans leurs armures
Allaient tuer sous l'arme blanche le coeur sans rage ?
Ma gorge a libéré des sanglots de bravoure
L'âme s'est dévouée pour l'exil le plus beau.
Sur l'Ile sans passion j'offre les vomissures
Roulant fleuve intrépide sur mes lamentations.
480
Le génie
sublimes.
Le génie impressionne, étonne, s'étale dans la saveur de ses actes
481
Les Interdits
À une maîtresse
Que renaissent les inviolables effets
La nature a mis tant d’années
A détruire le génie qui perçait,
Finissons-en s’il te plaît.
Ou qu’une dent blessant ma bouche
Me tire le cri du baiser affreux
Allongeons-nous unis sur ta couche
Vampire assoiffé au sourire vicieux.
Métamorphosé en bête carnassière
Peut-être en toi serai-je une vipère
Gluante dans ta fange épaisse.
Mais maudissons le sort de l’horrible espèce.
482
Ignare
Poïétique
Ignare, moins qu'une moyenne évaluant le désespoir vide de l'artiste,
la norme exacte écarte tout génie. Nous obtenons, chère âme, le point de
nullité.
Tel acte, en exemple, se néglige : il n'est que lecture, confort aisé du
travail dit créateur.
Mais, en sa faveur, il reconnaît sa terre certes vierge, mais à cultiver.
Ni roses ni blé ni trèfles d'argent, seulement le fumier d'autrui (Cela est un
compliment).
***
Je crains justement que l'exploration ordonnée soit inexistante.
Il s'engage dans la grave crise des désespérances.
travaux.
L'unité de l'Oeuvre naîtra après sa mort, à la finition du dernier des
483
l'auteur.
Se prévaloir d'être antérieurement à l'acte : - pure perte irréfléchie de
hauteur.
Il gravit aisément quelques places comme le génie propulse vers la
Je ne conseillerai pas le jeu de la femme. Celle-ci viole les heures de
recueillement intensif. Certes, j'emploie le terme de sacrifice dispensé dans la
solitude.
***
Appelons Triomphe le retour dans le classeur du livre refusé.
L'arme lustrée, étincelante ; ainsi le miroir renversé. Il se réfléchit
avant le réel suicide.
A supprimer la classique prière dont usèrent tant d'athées. Avouons-le
: je confesse le droit de croire en le surhomme - (avec la moquerie ou l'oeil
malicieux en ces termes).
484
Le jugement grotesque des obscurités : son génie est timide, a été
répété indéfiniment J'ai rétorqué : pourquoi ton Dieu se cache-t-il ? Le silence
pour toute réponse.
***
Les nuits sportives dans l'oeil imberbe des muses.
Les plaies récalcitrantes s'activent à se jouer de la douleur, et
condamne le pauvre malheureux aux supplices sans fin.
Mutisme à la faveur du coup. Solide essai gâché, puis pour le futur si
loin ; peut-être l'exacte réussite.
A ce suicide de se taire, en soi, il suppose l'attente ; l'accumulation
condensée décharge en violences du génie.
***
Ses propres obscurités le dérangent.
De la tentation à pasticher ces génies, par faiblesse de création.
485
De ne rien posséder sinon ce goût à n'être pas..
Les ravages du Néant déterminent l'homme à revivre.
Issue, j'attends de ce tunnel qu'il me propulse ailleurs.
Ici, l'injonction des lieux toujours vers le futur.
L'ordre serait de composer le présent avec les sensations poétiques de
l'au-delà. Le travail médiumnique est de rigueur.
***
De la clarté en toute chose - journalisme.
rapidement.
Le génie élève l'occupant de son âme vers les hautes places, très
Un vent me souffla en vain.
A la parole rompue, le dialogue se tait quoique des relents
cacophoniques d'émissions inconnues circulent encore dans les oreilles
perceptives.
486
Le poète à ces mots agit en pensées continues.
La nonchalance. Fonctionnement caché. Celui qui parle, est entendu.
Le penseur est silencieux.
Il peut ainsi se célébrer dans la salle applaudie de son vide. Dix
locataires perpétuels d'invisibilité de gaze plus constants que mille frères de
mauvais sang.
***
puis originale.
Le gribouillis infâme s'exécute au détriment de l'œuvre méticuleuse
La science du mot et son algèbre incantatoire. Or le chant est léger -
quelques notes évaporées - je le déplore.
rigueur.
Certainement qu'il eût pu par l'absence d'incertitude se fortifier dans la
La structure analytique conçoit l'enfant de génie.
487
***
Quelle est l'ombre qui a osé me toucher ?
La préciosité de l'humble ecclésiastique nommé Stéphane.
Par la honte et la souillure, la purification est naturellement divine.
Où en suis-je ? Jusqu'où pousserai-je ?
mœurs.
Ni lui, sans le cas des forces de parade. À déplorer la vulgarité des
Hors la gloire du génie enfermé, rien qui me vaille. Allégrement la
plume forme des arabesques et des cercles sur l'inerte matière toujours blanche.
À trois ans d'âge, le casanier sauvage pareil à Robinson amasse les
trésors sans l'ombre de faux.
Je suggère plus au mot, qualité de couleur, de vibration émotive, qu'à
la répétition d'un spectacle. Je le déclame : il n'y aura jamais de faiseur de
roman à cette table.
488
L'œuvre s'accumule avec le journalier labeur - le miracle est mort.
***
Il dit : Génie ! Qu'engendre l'appel ?
Par l'absolue incompréhension, ce silence est nécessaire. Or point de
mode, ni de vente directe à l'éditeur. Je conseillerai jusqu'au bout à s'entêter à
ne pas tirer.
Quant à l'ami spirituel - un identique dédoublé - je néglige la part
heureuse du Hasard qui le place sur l'épineuse route.
Solitaire - éternellement.
La femme ne peut être le stimulus ardent. Je la sais ronger l'heure
immédiatement présente avant l'exécution.
La générosité. Perdre à cent coups réguliers et vaincre une fois l'an.
l'Autre.
La satisfaction éphémère hors l'admirable naïveté pour le Livre de
489
La muse absente, la magique opération cérébrale s'active à la
remplacer. L'objet suspect romantique regagne sa tombe. Démystification.
490
Ombres bleues
Son génie étant inaccessible
Son génie étant inaccessible à mon petit caractère, je me trouvai
néanmoins en crétin mystique s'essayant à des génuflexions sur les carreaux de
sa Maison et saignant des genoux sur les dalles de son église.
Je fus, aux bords des confessions chuchotant ses vices pardonnés et
ses chefs-d’œuvre lubriques, un maigre poète aux battements rougeâtres, et au
sexe tendu vers des filles, les yeux au porno et à l'argent démuni.
Tout se fit sombre et delirium absurde. Au lupanar, taureau sanglant,
et brandissant ses ..., je me tendis jusqu'à ce que les lapines de ma banlieue
vinrent se jeter sur mon futal.
491
Forme d'obéissance
Forme d'obéissance,
Je revêts le pudique habit
De l'esclave,
Et je me soumets
A ta substance blanche
Comme le mendiant démuni.
Comme soumis
A ton injuste puissance,
Vois je te supplie
Et j'implore
La raison de ma délivrance,
Ton esprit de génie.
492
Filles éclairs épanouies
Filles éclairs épanouies
Sous l'espace voltigeur.
Gamines sublimes
Illuminant l'âme
Du génie géniteur
Je vous invoque croquant
Les parties les meilleures.
493
L'ignominie, ... vicieuse !
L'ignominie, ... vicieuse !
De quelques géants
Génies, méchants
Ricanant.
Des fourmis travailleuses ...
Leurs hauteurs monstrueuses !
Ô Dieux, montagnards, invisibles !
N'accusez point !
Ne mirez point, la cible ...
... Des âmes insoucieuses.
494
Soumets-toi à ma foi
Soumets-toi à ma foi,
Observe-moi médiocre,
Ma faste lumière d'ocre
T'impose le génie d'un roi !
Tu rampes crépuscule sans éclair.
Aube miraculeuse, je t'éveille.
Je te chasse de l'ignorant sommeil,
Où ton âme se repaissait toutefois.
Bondis en paraboles étranges
Et saisis la connaissance vermeille.
Dans la course infinie des anges,
Tu toucheras à mon feu éternel.
495
Sachet d'herbes
Violence
Je ne suis qu’un pantin articulé
Esclave d’un génie du Néant
Qu’un pion sur l’échiquier du temps
Subissant des coups prédestinés
Je viole la femme infidèle
Je ne souris qu’en jouissant
Je souffre en la prenant quand même
Je fais l’amour en saignant.
496
Révolte
Absence de mépris :
J’ignorais la loi des nombres
Quand vos cervelles fécondes
Comptaient les chiffres inscrits.
Je suis libre, et je vis !
Je regrette l’arithmétique soumise
Que tout poète subit.
J’observe de purs minables
Qui par l’ingrédient appliqué
Prétendent être éditables
Génies à admirer.
497
Douleurs extrêmes
Consacrant mon génie
Consacrant mon génie au sublime délire,
J’exprime par le vice les horreurs du Néant.
J’expulse par le sexe l’atrocité d’écrire
D’une plume juteuse les ébats d’un Géant.
Au fantasme érecté prenant un cent de vierges,
La jouissance infinie, invisible péché,
Sciemment le convulse à la lueur des cierges
Dans l’église bénie où vint le débauché.
Mais Dieu par sa justice rendant grâce au plus pur
Envoya aux enfers le maudit horrifié,
Le maître des lieux refuse que l’on injure
La face virginale de son fils crucifié.
498
Abeilles et papillons
Hermétiques ouvriers
Ouvriers constructeurs
De boîtes vides
Vous enfermez l’inconnu
Dans l’impalpable et l’inconscient.
Poètes et génies
Sublimes grands et fols
Vous proposez l’invisible
À la masse qui rigole.
499
Par moi
Par moi, l’une de mes nuits sordides, - la terreur de la solitude, l’amitié
de mon néant. Je purifiais mes haleines, faibles vocables exprimés en ces mots.
Je lavais mes esprits dans les horreurs de ce cri.
J’ai noirci un monde en délire, j’ai élevé la page sale comme un linge
parfumé. Non plus rien dans le savoir ; par des pensées nouvelles. Jamais plus
par l’image le génie illuminé - jamais.
500
Prières phrases Exil
Ici, rien au prodige
Ici, rien au prodige. Le génie est inexistant. Il est mort dans un tas
d'ombres molles, l'oeil fixé sur le cimetière. Sa fin valait une belle tombe,
ornementée de lourds bouquets qui s'étalent sur le marbre froid, qui
l'encombrent de parfums enivrants.
Là-haut, ils chantent qu'Il ressuscitera. Mais qui ressuscitera et pour
quelle raison ? Les esprits disent n'importe quoi, à propos de tout et de rien.
Les voies du ciel sont inconnues.
Remarquez, il y a la pucelle qui a tout pigé, tout entendu. La fille,
vous parlez d'une sacrée mystique celle-là ! La coquine, elle gloussait avec ses
moutons blancs, purs, vierges comme elle ! Cotte de mailles, remparts, hymen
inviolable, intouchable en somme !
La Sainte a retrouvé le Père, le Fils et l'Esprit, après avoir été brûlée
non par d'amour, non pas sous la passion mais à cause de la haine des Anglais,
J'allais écrire : grâce aux Anglais ...
501
Magiciens de la rime
Magiciens de la rime,
J'ai profité de vous, je l'avoue.
Tous vos chiffres cachés, invisibles,
Je les ai imités.
Mauvais copieur,
A l'école des génies :
Pour l'enfance imbécile,
L'étude est revêche !
Innocence s'oppose à connaissance,
Et naïveté à savoir.
J'ai compté comme Le Petit Poucet
Vos syllabes
Sur les cinq doigts de la main.
502
Les stigmates profonds
Les stigmates profonds ensorcelèrent mes plaies. Le sang violet et l'or
blond coulèrent dans mon cœur et dans mon âme comme des flots de
substances alchimiques. Je me suis nourri dans l'ombre des secrets, illuminé à
la flamme intérieure. Et le génie phosphorescent éclairait parfois mes regards.
503
Mystères et humiliations
Mystères et humiliations,
Qu'il s'éclaire à la lampe du génie !
Prodige phosphorescent
Dans les pâles clartés nocturnes
Qu'il s'assombrisse
De luxe et de richesse !
Tel un
Tel un mystique en lévitation, son aura rouge et or projette ses vastes
rayons massifs autour de son génie phosphorescent et parfois blanchâtre.
504
Sueurs sacrées
Et l'ombre transperçait
Et l'ombre transperçait sa noire coulée de larmes. Un éclair lumineux
surgissait par instant. Les cieux plus sombres encore se berçaient de ténèbres,
et j'allais moi passant dans les lueurs macabres. J'allais, moi l'inconnu évadé de
mon songe, par le chemin qui mène aux Elysées, sans savoir que le Mal qui
poursuivait mon ombre avait dans son génie les desseins les plus vils.
505
À noircir le poème
À noircir le poème tu prétends à l'intelligence, incapable que tu es à te
comprendre et à savoir les autres.
Cache-toi derrière l'hermétisme, complexité du géomètre. Si tu me
vends, tu pourras accuser ton génie.
À la limite, mieux vaut être apprécié par la fille d'or que par l'éditeur
d'argent. J'en tire plus de bénéfices, plus de gloire même crétins.
Imitez, jeunes poètes, X Y, qui ne sont rien, qui jamais n'existeront
par leurs écrits, ainsi vous serez publiés.
Initiez-vous à la poésie, à la composition jeunes hommes, forces
vaines de mon demain. Qui de vous ou de moi sera ?
506
Je souffre
Je souffre par mon Baudelaire, extase de son génie et déchirements
éternels ; à la première force de Valéry, je deviens sensé et je pense pareil à
Monsieur Teste, erreur freudienne d'un esprit qui se voulait sublime. Je tue
Rimbaud, sa vie, son œuvre. Je refuse son anarchie vulgaire. Il se meurt trop
tôt d'avoir brûlé le feu de ses entrailles et de son sang. Je calque Mallarmé,
petite force sublime, capable de dire non à ce Dieu qui existe. Je rejette
Claudel, puissance d'orgueil par sa croyance en Christ.
Je m'agenouille devant Racine. Grand et pur ! Fat et présomptueux,
mais si conscient de son immortalité. Hugo me dérange : il unit la prostitution
à l'ange. Sa grandeur à sa bêtise. Je lui octroie pourtant d'être le premier.
J'apprends de Kafka l'absurde et le non-sens. J'en tire un certain
malaise. Nietzsche me rend puissant, jusqu'au danger de la gloire Hitlérienne.
Sade caresse, frappe mon corps jusqu'à l'obtention d'une jouissance terrestre.
Freud ne m'a enseigné que sa psychopathologie.
507
Tu es femme
Tu es femme avec tes pluies jaunes, tes extases sanglantes, tes odeurs
que je possède avide. Tu te détruis par les symboles sacrés de tes jambes fines,
de tes fesses rondes. À toujours t'imaginer je finis par te tuer.
La femme faite image par ton génie n'est point femme. Elle noie ses
couleurs dans l'extase de touches fines.
Je conseillerai à l'artiste peintre de posséder son ange, et non pas de le
reproduire par le trait accompli.
508
Demande à ton Dieu
Demande à ton Dieu de te tuer, car ton âme est immortelle.
Extirpe le génie de la création, et retourne à ton Néant.
Ton plus grand mal est d'exister.
Que t'importe un sauveur puisque tu es innocent.
L'homme réduit à l'état de chien, se reproduit.
509
Tu animes
Tu animes ton corps fille longue aux jambes infinies, qui propose le
rythme sacré du serpent, de la cadence sublime dans le temps. Et tu disparais,
beauté de grâce, génie de femme qu'endort la nuit dans mes espoirs interdits,
pour mes fantasmes et mes folies.
510
À une loi
A une loi, tu es poète. A sa raison, tu le deviens. Mécanique de
chiffres, de primaire arithmétique, il ne reste rien.
Tu vends l'image, ami du nuage.
Sublime ton esprit d'espoir, d'envie de trahir ton âme. Illumine ce
néant de vie pour aimer la mort.
La grâce venue, nous purifions les âmes. Par le génie de l'intelligence,
nous élevons la masse. La poésie est au sublime ce que la médecine est à la
chair.
avancera.
Que les dix premiers hommes du Monde me lisent et la civilisation
Qu'importe d'être compris, il faut être lu.
511
Spasmes, suffocations hideux
Spasmes, suffocations hideux dans la bouche qui délire, pourquoi aije
joui sous l'orgasme que je hais ?
Toujours, si tu détruis que ce soit avec l'instrument de la Bible.
Nous lancerons au serpent le couteau pour que son venin se mêle au
sang de nos plaies.
Quand on a mission d'éveiller, on commence par bailler. Le premier
souffle putride est pour soi.
Génie du Mal qui compose !
512
Souhaite toujours
Souhaite toujours torturer le génie du moins pour prétendre le
sublimer.
Ne te moque pas du masturbateur toi qui depuis des siècles es réduit à
l'impuissance.
La mort me pénètre en tout lieu. Elle gît dans la haine pour toujours.
Déchire de tes dents
Déchire de tes dents les nœuds vicieux de la poésie. Par ta jeunesse,
par tes génies.
À la dernière chute, il y a l'esprit qui torture le néant.
Publie toujours dans ton âme, pas pour les méchants.
513
Le Livre blanc
L’irréductible
Après avoir jeté mes sueurs de poète,
Un ténébreux silence s’installe dans ma tête.
Il me revient l’envie, ô ma très chère amante,
De partager en toi les délices charmantes.
Je plonge dans ton cœur mon génie incompris,
Et j’éprouve l’extase comme l’enfant surpris
De posséder ta chair, de soumettre son corps,
Ô ma belle immortelle caressant mes remords !
Alors dans le Néant, je trouve ma conscience :
Je chasse les noirceurs qui corrompent ma science
Mais j’éloigne hors de moi tes baisers infinis !
Il n’est rien dans ta chair qui gagne mes extases
Et jamais sur ta couche je ne serais soumis
De supplier ton cœur pour un sublime orgasme.
514
La conscience de l’amante
Je pourrais pour te plaire prodiguer sur ton corps
Les caresses insensées qui chassent les remords
Et donner, mon amour, sur ta chair déjà lasse
Les plus profonds baisers que ton désir embrasse.
Je pourrais t’infliger les sublimes détresses
Que ton âme envoûtée supplie dans ses ivresses,
Et frapper sur ton cœur les fantasmes sanglants
Que ton esprit vicieux implore en gémissant.
Mais je sais qu’éloigné de la passion charnelle
Éclairé du génie par la flamme éternelle,
Tu vis dans ton Néant que je ne connais pas.
Jamais je ne saurais en mes superbes poses
Proposer de mes charmes les folles métamorphoses
Et offrir au poète la beauté des appâts.
515
La chute vers Satan
Ce monstre sans pudeur sait torturer les âmes
Et peut par sa terreur les plonger dans l’infâme ;
Il aime unir au goût de la lubricité
Le plaisir de souffrir dans son atrocité.
Son génie prend le charme de la métamorphose
Et offre sa beauté dans de sublimes poses ;
Il crée le désir noir de la vile tentation
Aux esprits inspirés de basse prostitution.
Ce démon, par son vice, veut jouir de toute chair ;
Il inflige au croyant la joie du possédé,
Ce besoin de subir le rythme saccadé.
Son alchimie du corps fait oublier l’éclair.
Et plus fort que l’ivresse de la femme et du vin,
Il purifie par l’homme le baiser du Divin !
516
Sanctification
Vous pouvez torturer le corps le plus sublime,
Infliger à son sort les horreurs de l’infirme,
Vous pouvez arracher les cris de la souffrance
Et faire hurler son âme jusqu’à la délivrance.
Il est que son génie sait subir de son Dieu
Les terribles douleurs d’un au-delà odieux ;
Il peut à l’agonie supplier cette Mort,
Et convoquer l’Amour d’implorer son remords.
517
Éternelle étincelle
Éternelle étincelle
Qui toujours jaillit de son cœur
Étincelle magique,
Braises, ô volcan de son génie.
Immortel cri du ciel
Qui jamais ne dérange
Le Dieu et ses anges
Pour ses pleurs de maudit.
518
Le sage et l’insensé
Le sage et l’insensé unis dans leurs délires
Sauront par leurs propos accuser mon jeune âge,
Et du génie poltron pleureront leurs soupirs
Ou mieux se fâcheront de violente rage.
“Ainsi, se diront-ils, du savoir de Pascal,
De quel droit ose-t-il imiter les Pensées ?
Végéter au désert comme le noir chacal,
Ou pareil à l’ermite dans son âme rester ?”
Si telle la beauté je dois offrir mon corps
Au premier courtisan qui voudrait l’admirer,
Quel serait mon mérite dans l’ombre de l’effort ?
Si tel un bon esprit doué à tout venant
Pour quelques belles-lettres l’on veut m’apprécier
Ne serais-je précieux ou du moins un pédant ?
519
Il me faudrait, se veut
Il me faudrait, se veut, me montrer sans la crainte
Et par tous mes amis me gloser de complainte,
Gémir tel un génie mes sublimes pensées,
Et faire l’indifférent de lauriers dispensés.
Il me faudrait encore mi-pudeur et mi-gloire
Sans gonfler mon cerveau de superbe mémoire
Parmi les bonnes gens faire le demi-dieu
Et rougir du travail accompli de mon mieux.
Je ne possède point le jeu de la traîtrise
Et je ne prétends pas posséder la maîtrise
Faisant par mon esprit un humble vaniteux.
Aussi je me suffis en ma tendre jeunesse,
Dans ma pauvre demeure de ma folle sagesse
Et prétends par cela être un jeune homme heureux
520
Si je ne puis sourire
Si je ne puis sourire, c’est qu’étant malheureux
Le plaisir de l’amour m’est toujours défendu ;
Si je sais soupirer, c’est que génie affreux
Des tristesses du vers je me sens confondu.
Il n’est douce bergère écoutant de mes chants
Les belles mélodies pleurées de mes souffrances.
Dans les verts pâturages et dans l'herbe des champs
Mes douceâtres chimères ne sont point délivrance...
Mais pourrais-je espérer, en cette solitude
Éloigné du bonheur et de la multitude
Que l’esprit se plaira de son savoir ardent ?
Me faut-il invoquer d’une Muse morose
Déchirant sur son sein une sublime rose
Les terribles douleurs de mon esprit sanglant ?
521
Il te faut parvenir
Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée
Malgré le désespoir du vers incontrôlé
En ton âme pensante extirper le savoir
Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.
Il te faudra longtemps extraire une substance
De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,
Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur
Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.
Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître
Encenser de leur gloire le génie des poètes
Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.
Par-delà les sueurs qu’inflige le sublime,
Je pourrais conseiller à ton coeur se mourant
D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.
522
Culpabilité
Ce que je reproche au vent c’est de jeter son dernier souffle de soupir, ce
que je reproche à la neige c’est de laisser fondre son cristal à la première
lumière du printemps. La nature est condamnable parce qu’elle veut ignorer la
raison poétique que son génie immortalise.
523
Ô l’inutile
Que fais-tu ? Ne sais.
Que vaux-tu. Mais rien.
Puissance et essais,
Espoirs et dégoûts.
Que veux-tu ? Mais rien,
D’hier à demain,
Jamais ne serai.
Qui es-tu ? Génie.
Que dois-tu ? Pouvoir,
Savoir et prévoir
Ce que Dieu m’a dit.
Que sais-tu ? Souffrir
Implorer, gémir
Mon âme à devenir.
Que veux-tu ? Dormir
Bercer doucement,
Lentement languir etc.
524
L’artiste
L’artiste est souvent remarquable. Il doute de son activité, mais croit
fortement en son génie. Son abnégation, sa volonté de réussite font de lui un
être de puissance uni à un homme désintéressé des choses terrestres. Une belle
opposition que de douter et que de s’assumer. Un beau couplage du Réel et du
Néant, du Moi et du Rien.
525
Pastiche de Nietzsche
I
Pour en venir à mon génie, je puis prétendre avoir atteint le “Sublime”
avec mon oeuvre “Der her mater”. Ce n’est pas une oeuvre philosophique
parmi tant d’autres. Je veux dire mièvre et stupide - qui n’apporte rien au genre
humain. Celle-ci prétend faire progresser la race basse et médiocre des
intellectuels qui n’en sont point. Mais il faudrait pour cela que ces dits
intelligents puissent me comprendre, ou m’assimiler. Et de cela, j’en doute
fort. Je l’expliquerai plus bas dans un autre paragraphe.
526
Hymne au Divin
Les Sonnets 84
Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,
Toi qui du noir obscur engendres la lumière,
Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,
Et du génie sublime éclaire tes sueurs,
Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,
Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,
Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,
Qui implore et supplie son impossible espoir ?
Car tu peux abolir les lois et son futur,
Et te faire obéir du vil et du plus pur,
Imposant dans les Cieux le puissant repentir.
Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,
Qui d’Essence promise défais tant de remords,
Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?
527
De la critique
Certains le prétendront que tenter ces écrits,
C’est vouloir outrager l’Ancien et le Futur ;
Certains démontreront par leurs génies d’esprit,
Que c’est se prévaloir des hontes et de l’impur ;
Certains, des plus subtils, connaissant la satire
Comprendront de ce jeu l’audace et son injure,
Mais point n’accuseront la folie du délire,
Ne jugeront jamais la loi et son parjure.
Certains s’indigneront que d’oser la grandeur,
C’est vouloir outrancier les Muses immortelles,
Et c’est se couronner de fleurs et de dentelles ;
Mais d’autres, des plus fins, appréciant l’odeur,
Non point rejetteront le parfum du recueil,
Et s’en amuseront de ce vilain orgueil.
528
En la noire Capitale
Si je me dois de grimper en la Capitale,
Un de ces mois lointains, afin d’aller quérir
Le droit d’être connu, ou mieux de la chérir,
Et donner à chacun la face que j’étale ;
Si je dois du sourire toujours faire bel honneur,
Et feindre à leurs regards tous mes semblants d’aubades,
Et flatter les plus sots de leur basse teneur,
J’emporterais ma fuite en lieu de dérobades.
Croiser le médiocre pour sortir un trois cents,
Encenser l’ignorant pour ses faibles écrits,
Admirer l’irréel fabriquant ses non-sens :
Voilà ce que la Muse m’impose comme esprits.
Il me faudra pourtant ces vilains que j’accuse,
Implorer leurs génies qu’à jamais je récuse.
529
Celui qui pureté
Celui qui pureté atteindra l’Immortel
Passant de porte obscure à la claire Déité,
Celui-là obtiendra par sa félicité
Le bonheur qui confère le plaisir éternel.
Celui-là gagnera l’aile pure qui respire
Voltigeant, inconscient dans le sublime azur,
Et nageur fait d’espoir par la gloire du futur,
Construira de ses cendres la beauté d’un empire.
Les superbes princesses, les reines à genoux,
Seront saintes ou esclaves admirant sa grandeur,
Soumises à son génie, promises à sa hauteur.
Ou que ses frères d’esprit, haineux et en courroux,
Se fassent chiens et loups, par le Mal qui honore
Et de leurs crocs sanglants lui infligent la Mort !
530
Si je suis en silence
Si je suis en silence et ne veux exister
Dans la sorte stupide qui se dit poésie,
C’est que mon bel esprit jamais ne s’extasie
De la gloire décadente que je dois exalter.
Ainsi il me faudrait par ces rimes stériles
Par ces vers libérés leurs génies admirer !
Et il me faudrait encore devoir soupirer
De ces écrits noircis, leurs factures puériles !
Si je reste en mon lieu et choisis de languir
C’est qu’une âme inspirée déteste de s’offrir
À la basse ignorance qui se croit inspirée.
Encore s’il me fallait de vos clameurs soumises
Vous savoir apprécier mes valeurs incomprises,
Je vous concéderai ma présence espérée !
531
Sais-tu de quelle liqueur
Sais-tu de quelle liqueur je veux gaver mon corps,
En extraire l’élixir et sans aucun effort,
Obtenir de ma plume qui voltige et s’enlève,
Un esprit sublimé d’un rêve qui se lève ?
Peux-tu, mon Buridan, éclairer ta cervelle
Atteindre mon génie qui toujours t’émerveille ?
Et comprendre, insensé, la finesse des mots
Que ta bouche putride accompagne de rôts ?
J’unis à ta bêtise ma pensée immortelle ;
Par-delà ma raison ma gloire se constelle,
Et plane aux cieux divins au-delà de la mort.
Je laisse à ce sonnet qui lentement s’achève
Le plaisir de jouir, et sans aucun remords,
Te concède le droit du médiocre qui rêve.
532
Vois-tu, mon Buridan
Vois-tu, mon Buridan, je sais sur cette terre
Ne me plaindre jamais des malheurs les plus bas ;
De ne gémir jamais des gloires que je n’ai pas,
De ne râler en rien du génie qu’on enterre.
Vois-tu, je puis tenir, et noircir dans mon ombre
De mon vers, le précieux, le bien qu’on n’aime pas.
Je peux ternir l’amour qui m’est chair et appât,
Et dormir dans la Mort que je veux pierre sombre.
Je dis qu’il est demain aux plaisirs de mon ange
De croire en un Toujours, en des désirs plus beaux
De couler par mes pores maints sanglots de mes eaux ;
Je sais qu’on ne peut pas aimer de mon étrange
Par ce sonnet sensé tous ces mots à graver,
Et qu’il faut la folie pour oser les braver !
533
Souvent nous haïssons
Souvent nous haïssons ne sachant composer
Nos stupides écrits pour leur tour à mieux faire ;
Souvent par trahison nous voulons contrefaire
Du génie des anciens leur gloire à imposer.
Le travail est navrant ; notre pauvre infortune
Nous inflige à punir ce qui est notre esprit.
Le labeur exaltant décidé par l’écrit
Nous oblige à penser la tâche inopportune.
Parfois nous prétendons les voulant espérer
Des textes à noircir leur prose à épurer,
Et parfois de faiblesse nous ne pouvons finir.
L’avenir paraît vain, et ce désir posthume
Nous soumet à nier l’ancien et sa coutume,
Et nous impose à voir ce qui est à bannir.
534
Mais je le sais trop bien
Mais je le sais trop bien que jamais vos esprits
Gavés des plus stupides et des plus illettrés
Reconnaîtront un jour les génies illustrés
De leurs sublimes proses gravées par leurs écrits.
Je ne saurais douter que pensées plus faciles
Consistent à apprécier ce qui est préféré ;
Qu’importe ! si pour se faire, on s’en est référé
A ces auteurs connus pour leurs livres débiles.
Je ne pourrais jamais tirant un bon cent mille
Posséder le savoir de mes maîtres présents.
Je suis jeune, il est vrai, j’avoue : je m’en repens !
Ma bêtise est certaine : je le vois, j’assimile
Par vos œuvres sacrées l’élixir du savoir !
Je n’oserais, Divins, vous donner mon devoir !
535
Grappillages
Le génie poétique
Le génie poétique est un devoir facile
Donné comme eau qui coule au sublime imbécile
Qui se plaisant d’écrire des vers à étaler
Se réjouit de soi le regard étoilé.
Et la muse admirant ses nobles révérences
Voulant d’un pas rythmé lui jouer les cadences
S’amuse à tournoyer dans des dédales impurs
Entraînant l’inconscient dans les voies du Futur !
536
Violence stupide
Quand tu m’interdis par ta violence, par ta haine stupide et primaire de
tirer le mouvement unique qui se propose à mon âme, tu ignores peut-être que
ces amas d’insolence, que ces risques d’accidents et de carambolages sont
l’esquisse future d’un imperceptible poème de génie. Et ainsi de cent, de mille
essais, tous avortés dans leur semence subliminale ! Et tu oses me chuchoter
que ces monstres d’alexandrins sont à vomir comme des gargouilles
moyenâgeuses prêtes à rire de leurs rictus affreux !
537
Il est dit qu’il sera
Il est dit qu’il sera le génie poétique,
Le grand ordinateur du nombre théorique.
Il sera le premier de la race nouvelle,
L’héritier de ses pères qu’à ses fils il révèle.
Il possède la Loi, et l’ordre et le futur.
Ne le trahissez pas par vos segments impurs ;
Il détient le secret remis par le divin.
Ne troublez pas vos cœurs de nuée et de vin ;
Cherchez donc en lui-même son pur surnaturel
Provenant de céleste et du souffle éternel !
Bénissez et croyez et comprenez encore,
Son esprit purifié, crucifié par la mort !
538
Extase
D’un futur décadent
Espérant l’élixir
Du génie transformant
L’impuissant en soupir.
D’un noyau éclatant
Son phosphore incompris
Dans le creux de mes ors
De mes flaches insoumis.
Toi de ma pure épreuve
Toi mon sexe sur ta bouche
Que je dresse que je couche.
Quand le jet spasme encore
Mêlant ses mille efforts
A la chair de mon corps
Te suppliant ma mort.
539
Quand de ta transe extrême
Tu implores mon suprême
Deux momies s’abandonnent
La vision
La vision du prophète et l’image du poète.
Des visions prophétiques, des règnes désastreux.
Des génies poétiques, alcooliques et heureux.
540
Hurles-tu, comme moi
Hurles-tu, comme moi, de torture odieuse ?
Entends-tu quelques voix dire : poète purifié,
L’Au-delà te connaît, et ton âme radieuse
Ira dormir en paix dans notre aire sanctifiée ?
Assoiffée d’illusoire, dans ma douleur rêveuse,
Ma raison s’épuisait, se voulant déifiée ;
Et ma chair crucifiée se prétendait heureuse
Espérant de l’horreur être enfin édifiée.
J’étais le seul génie gémissant son miracle,
Suppliant l’Au-delà, implorant son oracle ...
Le Divin m’écoutait, enfin me libéra.
J’étais baigné d’amour, et la sublime mort
Me bénissait. Hélas ! N’était-ce que cela ?
Je quémandais toujours, et je souffrais encore !
541
Mon esprit
Mon esprit tu te plais au-delà des tourments
De ta noire destinée à recueillir le fruit
De ses purs aliments dont te gavent les dieux.
Seras-tu te nourrir à la lumière divine ?
T’abreuvant des rayons qui règnent dans les cieux ?
Par ce saint breuvage jouiras-tu du nectar
Qui coule dans leur panse pareil au nard mielleux ?
Ta substance est sublime, elle purifie ton cœur
Où siège le savoir des génies et des oints.
Et tel un vrai Messie engendré par les Cieux
Tu pourras accomplir ton superbe destin.
542
Ô Victor
Génie supérieur que je ne puis atteindre,
Que je crains ta puissance Toi qui as su tout peindre !
Toi qui as su écrire ce qu’enferme le vent,
L’immense tourbillon arraché au néant,
La formidable course des étoiles filantes
Venues de l’infini en gerbes éblouissantes.
Toi qui as su transcrire le souffle du divin !
Ce n’est pas le hasard, et ce n’est pas en vain
Si Dieu t’a désigné pour être le premier
Sur la douzième marche du superbe escalier
Ô Victor, etc.
543
Souffles nouveaux I
Je constate avec résignation
Je constate avec résignation l’impuissance du Moi poétique. Quelle
est ma marge de progression ? Jusqu’où puis-je espérer aller ? Et ce sinistre
désespoir, et cette absolue conscience devant les œuvres des autres, - des
Génies. Difficile ! ... Faut-il abandonner ? Pourquoi écrire, si l’on n’est pas
capable de faire mieux ?
Je glisse, tu glisses, il glisse. L’on produit plus qu’autrefois, l’on
produit moins bien qu’autrefois. Le latin et le grec nous échappent. Nous les
remplaçons par l’anglais et l’allemand. Nous sommes devenus des agents
d’entreprise et non pas des artisans d’art. Alors nous tombons des nues devant
la façon parfaite dont Baudelaire composait ses sonnets. Lui-même n’était-il
pas désespéré de la manière dont Racine écrivait Athalie ? Racine de
s’indigner devant Dante, et Dante de se maudire en lisant Virgile ?
Ce que je veux, c’est inverser cette tendance, mais j’ignore la manière
de m’y prendre. L’on peut y gagner avec la quantité. Je serai donc ce gros
commerçant quincaillier qui méprisera l’habile manière de son collègue
bijoutier, comme celui-ci a un chiffre d’affaires inférieur au sien.
544
Vers quel avenir ? Quelle est ma certitude ? Si du moins j’en tirais des
résultats probants. Je ferai peut-être plus...
Nous n’éprouvons nulle jouissance à nous sublimer. Nous n’obtenons
que des effets minimes. Vous qui êtes lecteurs, vous prenez autrement l’image,
le son et sa vibration.
545
Elle et moi
Elle et moi pensons là, qui espérons, comme des
personnages antiques. (N’est-ce pas pour transformer l’acidité veule en
excréments du soir, pour poursuivre l’incohérence de l’acte avec effets
sublimes à attendre dans ma tête messianique ?)
Me voilà, crétin expliquant à l’autre, à toi, idéale de femme-fille,
-- vus dans le lointain,
qui t’accouple par l’encre de ce sperme à ma superbe figure. Et -
Sur l’aisance de mes dires, sur le contrefort glacial de cette création
feue, pour savoir si ton coït de sommeil engendre quelques traces de génialité,
sur cette ombre écumante...
Silence de la désespérée --- pourtant elle m’aide, monstrueuse salope
auréolée de gloire, jusqu’à l’expulsion énorme.
... enfin, son visqueux trou du cul gluant, viens que je te défonce, et te
fasse sublimer des orgasmes audacieux.
Silence de la désespérée : “A l’aide ! Je reconnais qu’il m’aime ---
nous parviendrons à produire ce punk de merde pour l’écriturenouvelle.”
546
Au profond de moi-même
Au profond de moi-même, dans cette obscurité,
Où tout est impalpable, où tout est inouï,
Je ne comprenais plus et je n’étais plus moi.
Je plongeais dans l’absurde, dans l’ombre du mystère,
Je voulais y trouver le spectre d’un génie,
Autrefois oublié mais ô combien vivant.
La forme de moi-même me pèse et me dérange.
Je suis brume d’errance cherchant à l’infini
Les pures combinaisons de mon intelligence,
Espérant quelques fois ce que l’ange m’a dit.
547
Je veux perpétuer
Je veux perpétuer par la race suprême
Le don de figurer dans le tombeau, extrême
D’une mort qui ne fait que languir, et encore
Poser le délicat avec l’éclat de l’or.
Nonchalamment éteint, ou plus vrai, éternel,
A présent éloigné du rut bas et charnel,
J’offre le vrai poëme aux dieux meilleurs élu,
Ayant la suffisance d’être à deux au moins lu.
Comme toi, cher Stéphane, au pur miroir fugace
Une ombre de toi-même apparaît et s’efface
Et nie en cet instant le réel du lecteur.
A moins que retournant dans le passé permis,
Je vienne visiter pour témoin le génie
Qui ne m’accuse point d’un effet de menteur.
548
Into himself resolved by Death’s great change
Il vient à abolir la légende éternelle
Par le temps maîtrisé en sa verve féconde ;
L’éphémère absolue gît livide, immortelle
Crucifiée en son sein par sa haute faconde.
Ho ! Ris si en toi-même tu n’as pu concevoir
Sous le sceau du génie la superbe splendeur !
Ta critique aiguisée sait-elle se décevoir
Reconnaissant l’acquis triomphant de grandeur ?
Mais il se peut encore que t’essayant au jeu
Tu sois, frère, parvenu à gravir l’idéal
Encombrant de bouquets l’art du poème feu ?
Avec sérénité, sur toi tu les déposes
Et tu veux te gloser d’être le pur féal
Pour le couronnement des invisibles roses.
549
Souffles nouveaux II
Soi et autrui
Inventifs, en disgrâce, au plus profond de nous rebelles à détester,
nous voyons l’avenir. Symboles, analogies, faits de témérité, nous concevons
toujours par le risque et l’audace.
Nous n’échappons jamais à la piètre critique qui par son analyse sait
bien nous fusiller. Mortels nous renaissons comme un soleil d’éclairs. Nous
nous fortifions dans l’armature de chair.
Mais pourquoi espérer ? Que nous faut-il attendre ? - Quelque
reconnaissance d’un public averti ? Le poète inconnu est un génie pour soi.
Cela nous suffit-il ? Car l’imbécillité est bien de supplier, de
quémander le droit à être connu par la lecture d’autrui.
550
Quand nous sommes jeunes
Quand nous sommes jeunes, nous produisons par effet de synthèse,
nous concevons par le génie des créatifs, notre énergie est fusion, nous
travaillons avec le poème de l’autre, des autres - il y a un moyen employé qui
s’appelle condensation.
Et cette intelligence plaît - elle est ramification, rajout de brindilles, de
branche légère sur le noble tronc de l’arbre poétique.
Puis nous vieillissons, hélas ou heureusement. Mais notre action plus
personnelle est peu apte à être comprise - elle est en décalage avec la capacité
de critique que possède le lecteur (Difficile de lui faire comprendre, plus
difficile serait de lui demander d’ajouter sur notre compétence, - je plaisante -)
et l’on s’aperçoit que ce qui enchante, ce qui charme, ce qui séduit, c’est
justement cette spontanéité de jeunesse que nous possédions autrefois.
De quelle manière devons-nous nous y prendre ? Il nous faudrait à la
fois l’insouciance, la légèreté de l’âge nubile associée à la raison, à la rigueur
de l’âge adulte. Mais est-ce réellement compatible ? N’y a-t-il pas dans cette
absolue recherche quelconque utopie à satisfaire une loi impossible ?
551
Supérieure encore
Supérieure encore, je m'exalte au-delà ;
Je peux me concevoir, oui, sphère sublime, et là,
... Eternelle éphémère de naître et n'être pas...
Une pensée s'éclaire de lumière et d'aurore
Qui se nourrit de l'ombre et revit et se dore,
Puisant toujours en soi quelque énergie de vivre.
O mon oint au travail, veux-tu que je délivre ?
Ma durée est certaine ; je te donne mon bras.
A quelque fin superbe, hisserai-je le droit
De ne point m'indigner du génie qu'on foudroie ?
Déjà dans mon espace le dessein est d'écrire.
Accompagne le vœu, permets-lui de transcrire,
Qui produit et reçoit, s'exalte et s'élabore
Pour une oeuvre inconnue sublimée par nos ors.
552
Le noir obscur divulgue
Le noir obscur divulgue quelques pensées premières
Par la bouche inconnue d'un poète funèbre ;
Si ce n'est du génie dans le futur célèbre,
Qui vomit son écrit ? Sont-ce pures lumières ?
Est-ce vrai simulacre tiré d'un pur néant
Qui jaillit d'un délire comme flammes juteuses,
Ou lâches tentatives avortées et piteuses
Pour un sexe qui pense et conçoit en puant ?
Blanche conception d'un Christ en son soupir,
Etoile bariolée dont la flamme conspire
Son élan interdit, et à mourir navrant ?
Il se peut qu'imprégné de diverses raisons
Clair ou sombre, et encore de blondes oraisons
Fassent de ce discours un poème enivrant.
553
Misérable poète
Misérable poète incapable d’écrire,
Trois fois stupide es-tu t’essayant à ton vers.
Tu ne pourras jamais atteindre le génie
Des illustres ancêtres qui avant toi étaient,
Etaient par leur manière, leur technique superbe,
Etaient par la façon de concevoir l’écrit,
De traiter les sujets lyriques ou romantiques,
Sujets mythologiques, religieux aussi.
Et toi tu perds ton temps à produire de la sorte,
Tu combines des coups qui ne plairont jamais.
Où trouves-tu la force de poursuivre ta tâche ?
Comprendras-tu enfin que ton poème est perte ?
Avec ton j’emboutisme, tu en as jusque-là,
Mais tu avances encore dans le marais boueux !
554
Messages I
Apprenti malhabile
Apprenti malhabile dans mes premiers écrits,
Le bon génie d'autrui me fut souvent une aide.
Sachant bien ma faiblesse et mon souffle débile
Je n'osais espérer quelques charmants lauriers.
Me voilà à présent encombré de mémoire.
J'atteins mes quarante ans, je poétise encore.
Je n'ai pu accéder à une renommée,
Et le travail offert est toujours méprisé...
Le poète est amer : il n'est pas reconnu.
Il lisse des brocards dans le ciel nuageux,
Sa manière est un art ignoré de la masse...
Sur la terre les talents ne sont pas à manquer.
Le génie est plus rare, qui peut le percevoir.
Moi, je m'en vais mourir sans regret sans rancœur.
555
Le nombril du poète
Le nombril du poète. Pourquoi tant se soucier d'autrui ?
Quel intérêt à cultiver l'amour des autres ?
Faut-il caresser la croupe du cheval pour recevoir un coup de sabot de
l'étalon ?
Moi, j'offre la voie. Voici mes livres. Ils sont à vous. Je vous les
donne. Vos fils les aimeront peut-être.
On dit de Baudelaire, de Verlaine, de Tristan Corbière, qu'ils ont été
des poètes maudits. Mais enfin leurs noms et leurs œuvres sont venus jusqu'à
nous, dégageant cette aura spéciale qui confère l'immortalité. Qu'ils aient été
des poètes incompris de leur vivant, cela est certitude, mais leur génie est
connu de nous tous maintenant.
556
Le critique
- Dis-leur, toi ! Fais-leur comprendre ! Ils ne veulent rien entendre. Ils
prétendent se suffire de ce qu'ils possèdent. Ils appellent richesse la médiocrité
ridicule qu'ils détiennent entre leurs mains. Pourtant, comme cela paraît peu !
Comme cela semble insignifiant !
Deux bonnes années ont été nécessaires pour obtenir ce résultat. Te
rends-tu compte ! Et il faut lire ce pauvre petit recueil qui tient entre mon index
et mon pouce ? Je le regarde avec dédain, ne sachant ce qu'il renferme, me
doutant déjà que cela doit correspondre à faible chose. Enfin ouvrons, et
faisons la critique aiguë ?
- Oui ! Est-ce du vers libre ? Vous prétendez compter jusqu'à douze !
Ha ! La ! La ! Mais non, Monsieur, ce n'est pas de la musique que cela ! ... Peu
de poètes en connaissent la signification.
Vous semblez jouer du tambour ou de la grosse caisse. Ah !
Baudelaire et Verlaine ! Des musiciens, eux ! guère compris en leur temps,
mais des génies, eux ! tandis que vous... Oui, je ris. Un rire profond s'échappe
de ma gorge. Non ! N'y voyez pas une moquerie, j'use seulement de ma
compétence certaine. Comprenez-moi, je possède trente années d'expérience, et
j'en ai vu défiler des recueils entre mes doigts. Non ! À tout vous dire, arrêtez,
557
cessez toute activité de poète. Cela n'a pas de sens, toutes vos phrases sont
désordonnées, et puis ce style ! Quel style ! Non ! Des erreurs grossières à
chaque structure.
Vous n'avez jamais songé à vous essayer à la mathématique, aux
sciences physiques, statistiques, aéronautique... Non ? Pourtant vous eussiez
pu, certainement obtenir quelques bons résultats. Tandis que la poésie... La
poésie, c'est spécial. Il faut beaucoup de doigté, enfin il faut compter ses pieds,
il faut de la finesse, de la subtilité... pas facile...
558
Un esprit de génie
Un esprit de génie qui conçoit prend des risques. Ses rumeurs et ses
chocs l'éloignent du commun des mortels. Il est un incompris. On le fuit, on
l'évite, mais parfois l'on peut être ébloui.
L'homme pense, évalue, transforme. Et cette tête pleine est immense
et difforme. Il s'abaisse parfois et cause avec les plus humbles de la pluie. Mais
c'est un souffle puissant qui mugit en son crâne.
559
Dans l'entonnoir du vertige
Dans l'entonnoir du vertige, nous nous sentons absorbés par le Néant.
Nous sommes éblouis par la beauté des formes sphériques, fruits explosés
dans leur sublime maturité. Jaillissent des volumes, des rondeurs divines
commandées par le génie de la nature.
Nous engendrerons d'autres prétendants. Nous finirons pourriture de
vers, n'ayant pu nous immortaliser.
560
Messages II
Gain économique
Produire
Produire
constamment et sans cesse
Produire et mieux
A coups bas, à coût réduit
dans la transparence du génie
Toujours ajouter sur le savoir
sur la compétence
sur la certitude
sur la vérité.
561
Hélas ! Hélas !
"Hélas ! Hélas ! Notre cri est un cri de détresse ! Qui donc servironsnous
? Quel sera notre Maître ? Nous visitons de chambre en chambre, avec la
lampe vacillante le lieu parfait où resplendira le savoir, et nous cherchons
encore.
Pour quel maître de pensée, pour quel esprit à l'intelligence nouvelle
possédant l'art de l'image ? Où est Celui ? ... nous ne pouvons attendre. Nous
sommes suppliantes, murmurantes et désirons obéir.
Perception différente à la consonance libérée, qu'il nous saisisse et
nous touche un peu partout, nous domine et nous aime ! Qu'il fusionne tout le
savoir du siècle et veuille y ajouter !
Ha ! Cette attente est vaine par le souffle de l'esprit, par le génie
pensant au loin sur le calme des eaux !
S'offre nul espoir pour les Livres de vie. Nous avons trop cru pouvoir
le trouver, nous filles d'extase, servantes de l'intellect ! Nous implorerons
encore les bras couronnés vers l'Azur.
Nous chercherons grandeur d'homme, nous chercherons".
562
Messages III
Répétition
Tu me redis, génie
Ce que je sais déjà,
Génie, exalté, immortel
De pensers purs, d’élan, d’espoirs
Tu es ma référence
Et mon admiration.
Constamment près de toi,
Je suis à apprendre
Tu es mon instructeur,
Je suis ton apprenti
Le livre que nous faisons
Dans la nuit exaltée
Se conçoit aisément
Par ta sève enivrante
563
Résidons en nous-mêmes,
La boule d’énergie
Saura nous éclairer
J’exploite tes ressources
J’obéis à tes ordres
Je suis le nourrissant
Et tu es l’instructeur
Cherchons-nous autrement
Pour aller au meilleur ?
La clarté nous dirige
Par ta torche superbe
Sous mes doigts animés
564
Profondément vers toi
Profondément vers toi
je me déplace.
Mes dieux se dédoublent,
pourtant je me sens seul.
Chair soumise à la souffrance,
chair pénétrée d’aiguilles invisibles,
embrassant l’étendue impossible
de l’immense génie
et sa beauté féconde.
Puis s’efface à regret
ma pensée sur le souffle de vie
jusqu’à l’ultime éclat venu
de l’inconnu,
de moi,
de rien
vers le néant.
565
Messages IV
Analyse
Produire : pour certains, niaiserie pseudo-romantique où s’expriment
des pleurnicheries, des jérémiades, des fausses douleurs. Toute la cuvée des
revues littéraires y baigne. Les femmes sont gagnantes. Quelle faiblesse !
Pour nous : capacité intellectuelle, instrument évolutif, support des
génies, où la potentialité supérieure impose sa suprématie.
566
Éblouissements de nuit
Éblouissements de nuit
nous voyons sous l’invisible
des traces de vérités phosphorescentes
Tout se situe à l’intérieur
nous y montons, y descendons
cherchons encore
La pensée coupante tel le diamant
pourfend la chair,
la déteste,
détruit le corps
Le temps, éclair ou éternité
s’immobilise dans l’âme du poète
qui est violence, qui est colère
foudre jaillissant des yeux
567
Idole se détruisant,
admirant son génie
contemplé de personne
méprisé de tous,
Toi qui te vois et t’observes
priant ton propre soleil
lion et force rugissante,
es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ?
as-tu rencontré d’autres soleils ?
Certitudes de minuit
nous prions ensemble
dans l’ardeur et le feu du savoir
L’esprit nourrit sa pensée
de gerbes fluorescentes
La lumière embrasse des présences
pour disparaître oubliée
dans une forêt de syllabes et de phrases
568
Quel sublime triomphe
Quel sublime triomphe, quel superbe trophée,
Glorifiant l’esprit nourri de l’intérieur !
Un échec ? Quel échec ? Cet ensemble est splendide.
Il n’est pas dérisoire, il construit la raison.
Vous ressemblez aux hommes qui cherchent les honneurs
Et de belles caresses pour flatter leur orgueil.
Ainsi vous jugez l’autre d’après une apparence.
Vous prétendez savoir ce qu’il faut encenser,
Ce qu’il faut mépriser, et votre certitude
Est une référence. Je vous laisse penser
Vous concédant le droit de critiquer ainsi.
Oui, je le sais trop bien que toujours inconnu
Que jamais édité, je ne peux espérer
Un jour rivaliser avec votre génie.
569
De ta mort, on se rit
De ta mort on se rit
C’est moi qui ai construit ta vie de rien, de merde
Toujours plus près de toi - je suis à produire
Ton regard m’observe - apprends à lire
Tes livres par accumulation de certitude
De vérités, d’ignorance, de mensonges
Superbe est la survie, là-bas, plus loin
Le sais-tu ? Tu le sais.
Patience de un sur un, de signe avec signe,
Avec, encore, pour plus de
Génie que l’on nie
Sous la menace effrayante de la critique
Qui efface, jette, brûle sans explication
Par sa conviction fausse molle sans avenir
570
La licorne
Et chacun se déçoit dans sa tour impossible
Observant son nectar s’évanouir au ciel
Accusant sa licorne de pouvoir pénétrer
Un peu mieux cette chair offerte à son orgasme
On se plaint à genoux, on implore le supplice
Du blanc buttoir sexuel qui pénètre le corps
Lui apprenant à jouir par le bel orifice
Qui procure à l’esprit le bonheur de la mort
Puis s’éloigne la muse dans la grande nuit bleue
Qui nous laisse pantois malheureux comme Orphée
Songeant à quelque espoir, à quelque rêve vieux.
Nu dans la transparence d’un exil inconnu
On espère le retour des filles libertines
Assoiffées de soleil, de génie et de feu.
571
Sous ce fragment
Sous ce fragment de ciel, est suspendue une fille accrochée par
ces mamelles éclatantes de douleurs la marée baveuse,
laiteuse remonte vers elle irrésistiblement.
[Je sais
ainsi je poursuis
étrange composition sans symbolique analytique]
C’était donc le monde, le mien
refusé
monde unitaire où je courais, marchais, dormais (etc.)
construisant avec des accidents de langage,
des débris éclatants sans génie, sans lumière,
travail de rien - disaient-ils, disaient-ils
et s’ils avaient raison ?
Je me jette, j’insiste, j’espère
de nouveaux espaces de liberté
Je déverse ma rage accumulant, accumulant encore
Pour qui ?
572
Traces de mémoire
Ces constantes et fluorescentes traces de mémoire sont des lumières
de reconnaissance, des phares intermittents du passé, de l’autrefois. Nous
captons, par moments les messages, nous lisons dans les yeux de notre spectre
des pensées, mais prétendons comprendre l’avenir.
La poésie est une immense humilité dans un triomphe de solitaire,
avec désespoir, avec non-être. Elle est impérissable par son génie immortel ;
elle est ridicule par son incapacité à plaire. C’est une Beauté, Beauté
inaccessible, méprisée, adulée, incomprise. Elle offre son luxe dérisoire. Elle
veut avertir, peu possèdent des yeux pour voir.
573
Messages VI
Vie
reçu
Ainsi je travaille pour un rien impalpable dont je n’ai que très peu
fussent quelques graines de lumière
En vérité j’ai produit.
A l’ombre d’autrui obsédé par le Temps
J’ai tâché de progresser
Enveloppé dans les livres des Anciens
Cherchant à imiter
L’adolescence avec
des Juillets qui croulaient à coups de triques
Célébrant encore le Génie de la Pléiade
Avec apprentissage, volonté, désir, puissance
Des rouges, des jaunes sur des vapeurs d’aquarelles, etc.
En attendant le fatal instant de Dieu
Sous ce soleil noir avec prisons de barreaux et de vers
Et au loin là-bas comme un rêve de femme impossible
574
Le Temple
Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel,
un espace dans lequel reposerait mon âme.
Ô temple de moi-même, éternel édifice
Rare construction plongeant au précipice
D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi
J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.
volage.
La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée
Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe,
dans un idéal chimérique.
pièce immense.
La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette
Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour
un idéal d’écriture,
génies fortunés que j’invoquais et suppliais.
575
Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme
serein et puissant.
Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais
au vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral
quand la perfection esthétique atteint son paroxysme.
Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse,
elle, presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les
dalles de mon Temple.
Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire.
En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa
puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de son entrecuisses.
Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de
l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.
576
Il pense, je l’aide
Certains soirs il pense et je l’aide à produire ce qui lui est parvenu
Cette production de lui à moi est brève
En tous lieux, est-ce une forme d’amour ?
Tout doit remonter vers la pensée
Je le sais, du moins je le crois
l’inspiration plonge au plus profond
la semence des génies est sublime espérance
Dieu peut-il nous diriger dans cette diversité ?
577
Sa vie
Résonances I
Le poète de biais,
Le poète, son étendue, son profil,
Qui trace des lignes de signes
Saluant les seuils d’autrui, au passage
Il avance
Il se nourrit des génies
vit dans l’indifférence - qu’importe !
Il construit un songe où la beauté bleue
est une constellation sublime
sublime aux reflets parfaits
Veut-il inventer une forme nouvelle
qui n’intéressera personne ?
Il cherche, prétend trouver, échoue
Quand il offre son produit, le plus souvent
c’est l’incompréhension
le rejet
578
le non - pas moi,
le aller - voir - ailleurs,
Était-ce un filou ? Alors ?
Guère de crédit hospitalier ...
Sa vie est riche - sa vie !
579
Le poète, encore
Tu produis des images. Tu es l’image même
Détestée, rejetée, ta présence est haïe.
Fuis ! Va-t’en ! Dégage, ... sur tes puissants zéphyrs
Où nul individu ne veut t’accompagner.
Tu répands sur la terre l’invisible semence
Composée de nectar, de sucs et de doux miels.
Tu veux nourrir les hommes et offrir à autrui
Les bonnes nourritures qui ravissent l’esprit.
Tu divagues en pensées sur d’étonnantes traces,
Tu construis du Néant ravagé par le temps,
Tu contemples les Dieux étant toi-même un Dieu
Que nul n’admirera ... Apaise-toi, grandeur
Ô génie éternel composant dans ta sphère.
Repais-toi de ta gloire sur ton immensité !
580
Résonances II
Se poursuivre
Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même
L’univers curieux du poème
L’aventure interne, vers le génie d’autrui
vers la spiritualité
Fougueuses passions de la femme qui inspire
l’homme qui juge, refuse, rejette
perplexes, complexes sinuosidaux,
courbes extrêmes
La pensée experte dans ses hésitations
jamais n’entra l’autre
581
Tissage d’une forme présente et invisible
pour qui ?
pour soi, uniquement.
582
La bonne mixture
Jamais ils me comprirent, jamais ils ne voulurent
Comprendre ou penser autrement la chose lue.
Mais pourquoi condamner ? Je prétends, je le dis
Que la faute en incombe au poète lui-même.
Il n’est pas de faveur qui vienne du destin.
La cause des échecs doit trouver sa raison
Dans le produit inadapté à la culture,
À cette forme de culture si dérisoire...
Il reste le sourire un peu désabusé
Du poète perdant n’ayant pu réussir
Et prétendant toujours posséder du génie ...
“ Pourtant, je vous assure, pourtant je vous assure ... ”
Cela ne suffit pas : car il faut ajouter
À un génie intense un talent généreux.
583
L’idéal menteur
Résonances II
Paroles sur paroles, tentatives sur échecs
Imagine la possibilité de pureté des flots bleus
conçois des statues de grâce dont la chair
est plus douce que la soie des femmes
Que l’azur devienne miroir polissant ses idées d’idéal menteur
Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,
réinvente un génie impossible, pascalien
et toi écrasé de soleil, roulant-boulant
sur des airs agressifs, propose ce colosse aux pieds d’argile, cette construction
remplie de vides, qu’ils disent !
Emeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs, portés par des phares musicaux
Syntaxes cinglantes comme des lames d’acier
Ce qui agresse, ce qui violente
ce qui semble faire souffrir
584
n’est qu’un additionnel de syllabes
évocatrices, trompeuses, mensongères
exploitées pour produire de l’émotion
Et vous tous savez que le mensonge, l’excès,
l’ignoble tromperie sont des outils poétiques
indispensables pour concevoir un texte de qualité.
585
L’effort
Caché, enfoui,
Subissant sa propre dérision
Essayant de s’en défaire
La raison pour certitude
Le sens exact jamais trompé,
Toujours vrai,
Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,
A bondir, ... enfin ...
Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,
Combiner, exploiter, utiliser autrui,
Sa substance, son génie, le dériver,
Le compresser, le condenser,
En vérité,
Travailler avec l’intelligence.
J’ai besoin d’une force
Pour que la Nuit fructifie
Pour que le Mystère s’éclaire
Je m’exalte d’une immense joie
586
Sagesse
Produisez autant de poèmes que vous pourrez
Ayez soin de votre ambition, tourmentez-vous
Accélérez le mécanisme de votre crédit
Soyez zélés pour autrui
Tous les poètes sont fous
Considérant leur propre valeur
Préparez-vous à votre sort funèbre
Dès la vingtième année de votre génie
Démontrez l’effort de votre intelligence,
Prouvez, argumentez,
Et vous irez bienheureux
Dans la tombe de votre misère
Quelle oeuvre sublime pensée par vos mains !
On vous nommera, vous passerez - cela est certain
Les têtes blondes s’instruiront dans vos textes
L’éducation matinale vous fera une place de choix
Et cette statue sur la grande place,
C’est vous peut-être !
587
A moins que craignant votre Seigneur
Et vous sachant fourmi parmi les fourmis
Vous quémandiez le pardon et la miséricorde
Trop heureux de sauver votre vie ! ...
588
Résonances IV
Jamais, la solitude
Jamais, la solitude
À deux évidemment,
Cygne bleu et plumes d’or,
D’une gloire inconnue
Et s’admirant soi-même,
Jamais, drapeau déchiré
Linge doré consacrant
Sa gloriole pour autrui
Fugace inutilité de
Poète stupide, il reste
Toi, jubilation de chair
D’orgasmes, - je plaide
Le nom de génie, tu le crois
N’est-ce pas, douce Irène ?
589
L'âme enfin exilée
L’âme enfin exilée
Si nous l’expirons
Fuit, écume envolée
Délétère et sans ronds.
J’atteste l’élévation
De la pensée égarée
Dans quelque future Sion
D’espace clair épuré.
Et bondir hors le vil
Spectacle bas de la chair
Frottant le corps en terre à terre
Par la semence du viril,
Vers le retour des génies aïeux
Y discourir en termes heureux.
590
Idole de toi-même
Idole de toi-même - ahuri - voici la victoire stupide et primaire de
l’affreux radoteur de vers.
Fragments et gloire, génie d’écumes, or, sang, tempête - c’est cela -
repais-toi - dors dans ce royal tombeau que nul ne vient visiter.
Oui, attarde-toi aux relents de ta propre fête. Offre une avalanche de
souffles clairs sur ton casque et prétends y secouer une cascade de fleurs de
vigne et de figuier !
591
Splendide et solitaire
Splendide et solitaire, je l’imagine tel
Apte à se sublimer lui génie en démence
Accédant au fatal triomphe de maint poète
Offrant sa coupe vide d’élixirs envolés.
Car il sait se suffire de sa superbe estime
Prétendant en soi-même connaître un incompris.
Il construit pour sa gloire les portes d’un tombeau
Et triomphe en absent s’accordant nulle fête.
Il méprise l’orgueil exhalé par les hommes.
Le rite est de produire par l’immense puissance
Décidée par les Dieux, - il est humble et honteux.
Conscient de la Force qui anime l’espace
De l’étendue sans fin qu’Il a su conquérir,
Il veut le supplier et toujours le chérir.
592
Oui, l'Ombre
Oui, l’Ombre est menaçante et impose sa loi
Et veut me faire périr dans la honte funèbre
Pour n’avoir pas voulu me flatter d’un orgueil
Poétique et stupide, moi roi de la misère.
Vain luxe d’écriture, je prétends n’être pas.
Je démens tout orgueil et ne crois aux ténèbres.
Je le sais que jamais quelques valeurs célèbres
N’éblouiront mes yeux en adulant ma foi.
Le néant, le lointain dans cette nuit, la mienne
Obscurcissent toujours, ma noire réalité,
Je plonge au plus profond d’un sinistre mystère,
Et je meurs oublié dans mon éternité
Cet espace inconnu où triomphe l’oubli
Est un masque macabre que nul génie n’envie.
593
Humilié, honteux
Humilié, honteux dans l’ombre même, vainqueur
Inconnu des foules et, se glorifiant soi ;
Pour n’avoir pas joui d’une grandeur fugace
Dans l’assemblée des hommes ; exclus, au plus profond ;
Sans sursaut, sans tombeau et suppliant les Pères
D’honorer quelque peu l’éblouissant soleil,
Mélange de lumière et de tristes ténèbres ;
N’a pas su le génie, ô sinistre désastre
Transmettre son crédit de présent, d’avenir
Et subit le Blasphème de la Maudicité,
Vieil espoir de poète qui s’orne du Néant,
Vain triomphe futur, plongeant dans son silence ;
Ne veux-tu, ô Seigneur, couronner ton prophète
Et oindre à tout jamais ton éternelle voix ?
594
La solitude s'abolit
La solitude s’abolit
Par l’existence du Suprême
Qui octroie comme un pur
Diadème l’onction d’un maudit,
Et ce sinistre noir conflit
D’un génie luttant en Enfer
Contre ses fantômes supplie
Au Saint un plus plaisant mystère.
Au mur opaque, viens-t’y mirer
Encore je saurai l’admirer
Cet autre Dieu comme toi-même.
Selon moi, éloigne la Mort
Et chasse le sinistre sort
Tel un pitoyable blasphème.
595
Esprit, oui
Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême
D’accéder plus encore à l’Idéal posthume
Prétendant au-delà de l’éclat diamanté
Jouir de son génie incompris de la masse.
Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête
Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique
Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.
Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir
Pénalise et maudit le poète terrestre
Dont l’unique souci dans son rêve illusoire
Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?
Comme après le combat, un immortel repos
Capturant ses images lui le superbe héros
Paresseux et sublime sur le lit agonisant
596
Tu me reprends
Tu me reprends la place
Par ta maudicité,
Et le petit Damné
Ne dit point de bêtises ...
L’affreux vers de terre avorté
S’éprend de ce noir commentaire
Et finira pour l’éternité
Dans le Néant ou dans l’éther.
Le papier blanc que je caresse
Crie à l’immortalité
Quand la Mort tortionnaire
S’acharne, attaque et agresse
Pour la douleur incendiaire
D’un génie à crucifier.
597
Le maître admiratif
Le Maître admiratif est descendu pour voir,
De soi-même et d’un autre, les premiers sacrements
De l’apprenti poète gavé sur maint savoir
De chair trop délétère et de baume enivrant.
De mystère, nenni. L’avenir se décide
Dans l’au-delà pensé qu’un présent recolore.
L’on conçoit aisément que l’écrivain avide
Reproduit le connu qui toujours s’élabore.
Agitez-vous encore, ô spectres immortels !
De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant
A moins qu’un désaveu, sur le sinistre autel
Sacrifie son génie au diable sous-jacent
Et que l’âme élevée en un lieu dérisoire
Se meurt à tout jamais pour ce rêve illusoire.
598
Le Tombeau de l’Immortel
Malgré son noir silence, le poète endeuillé
Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,
Et veut glorifier le pur génie célèbre
Que la masse d’humains avait trop oublié.
Pourtant ne voit-il pas disons que le triomphe
Amicalement a grandi dans sa croissance,
Que la sublime estime tutrice de sa naissance
Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?
N’éclate nul orgueil sous cette vraie démence
De grandeurs et de fleurs et d’orchidées aussi.
L’esprit dans l’au-delà se conçoit et se pense,
Irradiant soi-même le sacre avec ses frères.
Dans cette certitude enfin il réussit
Et offre à tout venant la clé de son mystère.
599
Le sac
Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,
O sinistre lecteur qui jamais ne voulut
Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !
Extrais la pure substance qui nourrit le génie
L’éveille et le grandit sur le sein poétique.
De nard et de lait gras, encore le fortifie !
Mais ne crois surtout pas que ces sucs printaniers
Mêlés d’ivresse rare dans une bouche pleine
Abêtissent l’esprit à le rendre impuissant.
Ne va pas lacérer au couteau le satin
Qui coule en avalanches sur des nymphes et des voiles.
Voilà pour l’affamé reliefs et festins,
Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles ...
Et voit en ce trésor emballage de toiles.
600
L’antre de l’horreur
C’est dans nos vrais bouquins qu’il faut les admirer
Ces partisans de gloire, ces héros de la rime
Qui s’escriment encore à parfaire leur génie.
La gloire de n’être pas au profond de la terre
Les rejette à jamais dans l’ombre du mystère
Et toujours refusés, éternels incompris,
Ils agonisent là détestés et maudits.
Se peut-il que Là-haut quelque tison d’espoir
Anime et flambe un peu les restes d’un poète ?
Qu’un Esprit élevé puisse prendre en piété
L’avenir pitoyable d’un sinistre inutile ?
Mais plus bas, oui plus bas dans l’antre de l’horreur
Où croupit la crapule accouplée à maint faune
Est l’ignoble inconnu dictant ses quelques vers.
601
Dans l'immortel
Dans l’immortel de n’être pas
Fut le poète inconnu
Satisfait de son échec,
Se prétend ... ivre de soi,
De ses parfums, de ses substances, de son génie.
Qu’importe : je le sais, moi ! Piètres incapables,
inaptes d’apercevoir - oui, plus tard,
pour les générations autres, pour l’intelligence nouvelle
... Puis la mort
Quoi ? Nul éclat ? Nul trésor supérieur
d’Esprit ? C’est donc le vide, le néant ? Mais alors ?
Absence, tombe, Mallarmé, Le vierge, Ses purs ongles
Un cygne, la croisée, l’ombre, cela me va,
Éléments qui cognent dans le crâne, puis l’immense
silence avec la conscience à son paroxysme de
lucidité pour le mot tridimensionné : RIEN
602
Mégalomane
Saint en prière, génie en lévitation, purifié accédant aux Merveilles,
prophète recevant des Dieux le message. Une vérité bien ordinaire quand on
est un Christ.
Toujours à apprendre et ne sachant rien, entouré d’une muraille de
livres, cherchant en soi-même les pulsions de ses délires littéraires !
Que l’on m’enterre enfin dans ce sépulcre, au plus profond de l’être,
dans l’épaisse tiédeur du bien-être, à tout jamais.
Je conçois et produis malingrement. Je compte me refaire. Y
parviendrai-je ?
603
Pitoyable génie !
Pitoyable génie ! Toutes ces atroces veillées funèbres à supputer l’espoir
d’un exil poétique ! Cette volonté désespérée d’accéder à quelque chose de
supérieur, d’impossible à toucher ! Enfin il le croyait. Et moi, bêtement je
l’aidais, écrivais à sa place, prenais de grands airs d’inspiration aléatoire.
Il disait : “ Encore, encore, tu es mon double et ma passion ”. J’étais
esclave de sa médiocrité, j’obéissais toutefois. Je supportais ses bizarreries, ses
audaces sexuelles, ses divertissements cyniques, - il ricanait ou passait par des
excès très sérieux.
Après ces conversations poussées fort tard dans la nuit, vaguement
stupides, j’allais me coucher, repus de poèmes et de syllabes honteuses, -
prétendant encore pouvoir obtenir quelque chose de nouveau, du moins de
différent.
En toute sincérité, j’insistais, - pensais, poussais sur ce hasard
d’impulsions, de combinaisons, espérant encore découvrir une méthode, un
système de production, un principe.
604
Quel poète ?
Quel poète prétentieux, certain de son aptitude, de son élévation, jure
de posséder une œuvre illustre, capable de passer à la postérité ? Tous, en
vérité se nourrissent de leur propre idéal, s’enchantent à leur propre sève et
s’exaltent dans un concert d’éloges.
Qui recule, s’étonne, se répand en basses caresses honteuses, jure du
contraire, change du tout au tout ?
- les mêmes quand enfin la vérité céleste les atteint pleinement.
Riez, esclaffez-vous, poursuivez votre ronde cynique,
- je vous condamnerai.
605
La vocation
Je me dois aux vers. Telle est ma nature. Que je le veuille ou non,
l’ordre est d’obéir. Cette écriture n’est pour personne. Je la conserverai
uniquement pour moi, comme bien céleste remis par le Seigneur.
Je me dois au Christ. Telle est ma nature. N’ai-je pas transformé et
transcrit le livre sacré ? On me pardonnera mes erreurs. J’ai gagné la Porte, non
? Donnez-moi mon dû. Laissez-moi entrer.
Là-haut ce ne sont que des âmes silencieuses. Il faut se taire. Telle est la
Loi. Je ne dévoilerai aucun mystère. Tout sera caché au fond du Moi comme
un trésor splendide, interdit, et inaccessible.
Toi tu avais du talent. Ce que tu transmettais se comprenait aisément. Il
y a quelque chose de magique dans ton système. Ta méthode est foudroyante.
L’on me déteste, me méprise, m’ignore. Qu’importe ! Tu vois, j’ai la ténacité
atavique de ta descendance et j’insiste encore.
Je veux accumuler, produire, tirer de mon vide quelques substances
heureuses ! C’est ma passion, mon travail en vérité.
606
Phrase
Une matinée lourde d’excréments et d’horreurs nocturnes, un goût
détestable de ta chair repue près de la mienne. Quel saccage ! Quel gâchis de
temps et de génie !
607
Résonances V
Avec de grands poètes
Avec de grands poètes, l’instruction dans les anciens,
La pénétration et la recherche des invisibles. Faire et
Défaire, décomposer, analyser, étudier les fréquences
Et trouver. Problèmes de pensées. Imiter, comprendre,
Et appliquer. Que de maladresses ! Que de prétentions !
N’est-ce pas le jeu ? L’amusement cérébral ?
Les premiers
Choix. Les génies, le XVIIe, le XIXe, attentif, pénétrant,
Réfléchi, vouloir comprendre et appliquer.
Le temps :
Déjà, l’ennemi. Comment Lui, Rimbaud, comment Radiguet,
Et Lautréamont ? Comment faire une œuvre de jeunesse qui
608
Soit de qualité ? Nul rêve, mais travail et rationalité.
Oui, croître : passer de l’obscurité à la réelle lumière,
Accéder à une forme de maturité poétique ou littéraire
Sous la protection des âmes voltigeantes de la Pléiade ...
609
Résonances VI
Conscience et analyse
C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-
Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que
Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !
Trois pets et trois pleurnicheries. “ Tirez-vous, jetez-vous,
Allez voir ailleurs ! ” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.
Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,
Prétendant encore posséder du génie !
Que faire ? Que faire ?
Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer
Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler
À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur
Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la
NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement
D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,
Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !
610
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
611
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
612
Le temps
Le temps - Les bornes - Se former - Tombe la mort.
Rien - peu - Hélas ! Et que faire ? Nature d’homme !
La masse. L’élite. Les génies. Voir un peu, au-delà.
Les Dieux. Les perspectives d’avenir. Nulle nostalgie
De la vie.
Et toi, qu’as-tu compris, vu, su ?
613
L’emploi de l’autre
Je suis où je puis
dans la mécanique et le labyrinthe cérébral
constructions interdites avec élans neufs
Je regarde Paz, - j’ai :
sculpture qui devient matière intellectuelle,
magma
étincelle lumière / génie
soleil énergie intense
rituels mémoire du passé - connaissance des anciens
Le corps et ses langages : nul intérêt
L’idée fixe ?
Par Paul - pas maintenant
Lui propose : des : plantes grimpantes de l’air
sous des arbres de vent
des : manteau de flammes inventé
et dévoré par la flamme
En vérité, j’ignore comment exploiter l’autre,
614
Je voudrais mais ne puis.
Ainsi j’offre des solutions banales et
insignifiantes
Autrement, demain.
615
Le réel parcours poétique
Il faudrait ici une force immense
Sur la cendre ou le génie de l’autre
Ou se purifier encore
Jusqu’à l’obtention du blanc spirituel.
Où trouver ? Comment extraire l’énergie ?
La production d’étoiles de poussières,
Pour l’infiniment rien …
Atteindre sa portée et finir dans le désastre
Et dans les ruines de soi-même …
Accéder au faite de la montagne
Pour s’écraser sinistre et inconnu
Dans l’ignominieuse indifférence des hommes.
Tel est peut-être le réel parcours poétique
Du peu à l’envol, de l’envol à l’extase,
De l’extase à l’écrasement
Dans la médiocrité du vide et du désert littéraire.
616
Pur désir mécanique
Pur désir mécanique esclave de l’insomnie
entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique
avec du rien dans son désert
cher inutile cultivant ta médiocrité !
L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire
Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -
Exact !
Des mots en synergie d’actions - du moins le croire
Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.
Ils pénètrent des vulves et je m’essaie
à des jouissances spirituelles quelle rigolade !
C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment
élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !
Et surtout les cacher,
ces poèmes de l’ombre !
617
Suites/relances I
Tout est écrit
Tout est écrit
Comment ça ? Comment ça ?
Il faut encore produire ?
La rime usée,
Les combinaisons-pertes à oublier.
Il reste un poète passable,
Inconnu, à enterrer.
Prends cette feuille de papier
Trouve un cadre
Et glose-toi de ton génie
Quand, en passant,
Tu admireras ton œuvre !
618
Élève-toi
Elève-toi, mon âme et essaie de comprendre. Tant de choses t’échappent !
Tu n’es qu’une toute petite cervelle nécessitant l’apprentissage et le savoir !
Orgueilleuse la poésie ! qui siffle et persifle devant sa sœur studieuse la
science. Arpèges légers qui s’évadent et s’envolent. Formes brumeuses qui
prétendent solidifier le poème. Cascades de fantômes phonétiques accentués
aux rythmes de toutes les langues ! Et pour qui ces danses voltigeantes, ces
profonds torrents d’amertume et de rires ? Nul écho dans le lointain.
Tumultueux poèmes qui prétendez dompter l’alphabet infini avec vos génies et
vos géants, moi terré dans ma chambre, j’idéalise encore vos possibilités de
rêve.
619
Suites/relances II
Je n’envisage plus
Je n'envisage plus- je n'extrapole plus- je subis
J'élabore, je suppute, je suppose, j'espère qu'une
Nouvelle syntaxe viendra là se déployer sous mes yeux.
Alors je travaille, j'agite cette piètre cervelle et
J'espère obtenir un exercice pour l'esprit. Car je suis bien
Las de ces résultats - des tendances inutiles,
Sans reflets. Ce vocabulaire combiné, transformé,
Déplacé, fusionné n'offre que de faibles solutions
Pour le critique foudroyant que je suis.
Arrêt. Départ.
Arrêt. Re-tentative- re-écrire, et puis quoi ? Non et non !
La rumeur intérieure, les regrets, l'absence de génie. Les
Remords. Et nulle consolation. L'analyse de l'autre :
Ses vagues successives d'écriture fluide. Je m'obstine
Amèrement.
Dénué de sens et de mouvement, sans merveille,
Sans sel. Pas la moindre possibilité d'explosion
620
Immortelle. Une sorte d'espace de néants
Internes. Quelles flammes tressailliraient en moi ?
Spectrale, éclatée, insignifiante. Toujours le
Prétexte lui impose à jaillir. Comprendre
Cette brune délétère, cette substance claire
Dans l'espace de la mémoire. Horizon lointain, inconnu
À percevoir.
621
L'art et le trois fois insignifiant
L'art déplace le temps, l'immortalise
Reconsidère la mort. Il fixe le travail
De l'homme, il ressuscite ce qui a disparu,
Ce qui semble détruit peut resurgir du Néant,
Cela est vrai pour tout vestige.
Cette ruine
Figure l'impérissable pour la raison qu'elle n'a plus
A périr - elle est ressuscitée de ses propres cendres,
Ecrit Bernard Noël dans le poème Pompéi.
Il est le génie de l'homme comme le nid est
L'architecture de l'oiseau, le barrage la cons-
Truction du castor, la fourmilière la ville de
L'insecte.
Qu'est-ce que cela à comparer à l'orga-
Nisation de la nature Divine, de l'immensité
Infinie de la création ? Le trois fois rien insignifiant.
622
L'image-mensonge et l'écran cinématographique
Des flammèches de mots lancées dans l'espace
Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;
Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;
Des vocables en projection explosant ou
S'accouplant pour une portée incomprise ; le son
Se charge de sens et embrasse le poème
Réactif.
L'espace se remplit et se vide d'un
Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.
Le front est un monde et la porte est ouverte
Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-
Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.
Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran
Magique sublime le génie cinématographique ?
Qu'exige aujourd'hui réellement le public ?
623
Majestur
Avant que sa raison atteignit la maturité, sa conscience
était constellée d'angoisse et de frayeur. Il ne pouvait évincer
cette vérité-là qui constamment giclait dans sa cervelle sourde.
Pouvait-il se soutenir, supporter cette atroce charge intérieure ?
Le suicide eut été une bonne chose. Il résout aisément les problèmes
impossibles. On coupe une tête et le tout est fini, mais Majestur
curieux de sa personne, à l'écoute de son propre génie, décida
d'aller outre et d'accompagner cet horrible fardeau toute sa vie
durant.
624
Suites / Relances IV
Va au-delà de ton ombre,
Au-delà de toi-même.
Délaisse les hasards médiocres
De la femme et des poètes.
Puise au fond de ta chair
Les ressources de ton immortalité.
Active ton génie, nourris-le
A la sève de la sublimation.
Ce à quoi tu penses, jamais
Ne sera suffisant. Elève-toi.
De néant et de splendeur, gave
Ta nuit éclairée. Arrache-toi.
625
*
Ce fut le geste de penser. Ho ! Certes d'une manière
médiocre, insuffisante, bien en deçà de ce qu'autrui était
capable d'appliquer, mais ce fut le geste.
Les zéniths, les excès, les génies étaient faiblement
à mon médiocre caractère. Les chutes étaient détestables,
les plongées infinies. Je remontais toutefois depuis le fond
de moi-même, considérant quelques rares lumières, opale
claire ou bleue, qui m'indiquaient la voie à suivre.
626
Suites/ Relances V
- L'absence, ton absence. Quelle explication donneras-tu ? Qu'invoqueras-tu
pour justifier ce refus, ce refus de l'Autre, des Autres, d'Autrui ?
J'ai aimé l'Autre - l'Autre, c'était le Livre, leurs Livres, leurs chefs-d’œuvre,
leurs génies, leurs aptitudes, poèmes et applications exceptionnels. Le
relationnel m'apparaissait pertes de temps et niaiseries détestables.
627
Endormies sur le feu
La main tendue
La main tendue inutile de l'approche ~ Mon
Texte est hilarant, mon texte ! ~ De me
Servir. Toi accablé dans l'or de tes insuffisances
Et tu danses ! (C’est une farce, ce délire) ~ Le tumulte
Mal maîtrisé. Et ces applications autres dans une fade
Sensibilité mienne. Ta poésie est chronique,
Répétitive, évolutive ~ faiblement ~ mais
Chronique.
Alors quoi ? Surgi du bouillonnement
D'inspiration nouvelle (- Que tu dis - A te lire !...)
A mille beautés d'un génie d'autrefois, s'y
Essayant encore - de mes lèvres, des mots pour des
Fleurs.
Ou l'erreur de l'inutile, de ta médiocrité
Constante.
628
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis
vont se dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour
infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère
quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du
supposé possible à la rumeur absurde ?
sporadiques ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je
veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.
Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de
l'écriture, ces génies de la syntaxe ?
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.
629
Suspendue dans le feu
Suspendue dans le feu, cette fièvre rougeoyante
Avec flux de pensées, toi ta danse scabreuse
J'avance en songeant, je guide ton génie
Du moins je le prétends. Ta beauté corporelle
De femme lascive soumise et quémandante...
Je te reprends encore
Ta chair, le puits profond,
Corps défait, lié, ma fuite dans ton amertume
Gémis, craintive, gémis avec gène adécoïte
Mon regard désireux espère quelques suppliques
Je m'évanouis en toi, j'arpente tes méandres
Au profond, dans tes labyrinthes, tes issues
Interdites, impossibles, parcourant, parcourant encore
Ainsi je cherche en toi d'impensables secrets,
D'inimaginables délires - l'absolu du poète !
630
Les Roses ensevelies
Contre tous
Contre tous ~ entravé, en soi-même
Comme un souffle obscène et obèse qui se répand encore
Tu te vois titubant dans les rues, à la recherche de quelque acolyte
littéraire inconnu
Je te fais obstacle dans toutes les directions
La règle c'est le livre, le génie d'autrui, l'œuvre
Va chercher les crachats des critiques
Ne te ménage pas
631
Les miroirs obliques
I
Quels éclairs de souffles, de génie, de structures affaissées
audacieuses, autres !
Là-bas, à l’écoute, en sentinelle, à l’affût, encore, espérant
médiocrement,
mais un peu plus ! Plus de soi pour soi.
N’est-ce que cela ?
II
Encore cet interdit, ce manque expulsé de salive aigre,
jamais de lassitude, de toujours désiré - légers farfouillis en
chairs de femmes - miel et poussière d’orgasmes.
Lieux de chasteté à entrouvrir.
632
III
Beautés de puretés claires en délices d’extases, enivrées de
soleil, exaltées aux solstices, moi sylphe aérien je languis de ne
point vous appartenir.
633
Ils inspiraient
Ils inspiraient, un à un, jamais ensemble - à la suite - non pas les rues, non
pas les rencontres - les catalogues - ils inspiraient !
Pour mon évolution, et j'espérais - dévot admiratif, je travaillais. Sur toute
chose, dans les applications ! - Leurs génies : mon royaume.
Quand d'autres erraient - à chacun sa méthode, à chacun son système. Ma
pauvre personne tentait d'obtenir des résultats !
Dégueule, et les langues ? Dégrade-toi, cherche et trouve. Avec défaillances
ici. Contre tes hoquets, des feux de joie. A jouir dans l'invisibilité. Echanges
pondérables de soi à soi. Encore dans l'ivresse de l'inconnu.
Et pour te figurer il pleuvait des roses. Avec d'étranges coups de poing.
Echangés en. Je fustigeais mes poses et j'allais dans l'Inconscient.
Fallait-il laisser courir dans la folie les potentialités pensées ? A force de
Narcisses décomposés en moi-même, les propositions s'élaboraient -
médiocrement, maladroitement - je l'accorde, mais elles s'élaboraient.
634
2,8 x 5
Qui fluidifie, s'élève et s'abaisse, de te
Le dire nuitamment en hypnose d'attaque en
Gestes dévolus en finitudes d'obtentions.
Sur
Les artifices de la poésie modernité - quand j'y songe,
Elle me tue. Etiez-vous marxiste ? Ferez-vous
Des profits avec l'économie numérique ?
La grande
Ambiguïté de demain : avec qui écrirez-vous ?
Qui seront les Immortels ? Le hasard des plumes
Sèches. La beauté des morceaux classiques.
Les bases
De la contemporanéité. Avec quels cloportes ? Les
Traductions immédiates ? Chaque pays a ses Pléiades.
Les énergies collectives, les initiatives individuelles.
Et toi toujours sublime et pure, nourrissant les génies,
Laissant le temps accomplir son oeuvre posthume !
635
L'éclat de sa beauté
Elle, et l'éclat de sa beauté, déjà basse
Et encore entrouverte, à l'instant de jouir
Avec soleil, champ visuel amoureux que nulle
Pudeur défend...
Le plaisir demeure dans une plénitude
Que je dénude. Je recompose ma pensée sous
Cette architecture de femme, façade et
Corps de bâtiment avec le même souffle qu'autrefois.
Son étendue endormie - le fond du jour l'embrasse,
Parvenu à ses pieds l'air frais la caresse, et moi
J'interprète ces courbes et ces formes, je spécule
Sur la mémoire sensuelle laissée après les débats,
Je réorganise l'appel de sa chair, je conçois
La raison de cette chevelure floue, j'attends le miracle
Du génie sexuel féminin qui s'illumine tout à coup.
636
Déviances
Demeurée au plus haut
Demeurée au plus haut par l'esprit qui inspire
Paroles se justifiant dans l'âme supérieure
Elevée, endormie, conçue par le génie
Sous le silence la fraîcheur de l'exil
...Pour un nouveau poème
Ensorcelée, traversée,
Elle est à naître ~ blancheur qui se défend
D'accéder à sa source ~ poussières d'or dansant
Sur le feu du désir
Le vise est à retenir, il se
Prétend à l'intérieur. Que reste-t-il à
Trouver qui scintille toutefois ? Une paroi
Poudreuse suintant quelques transpirations
Incomprises
637
Respire dans l'entrevue, imite le
Vertige, nourris-toi de candeurs dans l'absolu du ciel.
La ligne inanimée invente un avenir à poursuivre
638
Les philtres amers
A moitié-mort, nourri au sein de la vie,
Gisaient autour de moi les images de cendres.
J'entrecroisais mon âme à celle des génies
Et je buvais le sang dans des philtres amers.
Les lits étaient froids. Je grandissais encore
Jusqu'aux aurores. Mon ombre épurée s'évadait
Jusqu' à toi. La tour était obscène, j'y inventais
L'orgasme défendu, impossible, - j'inventais
Toutefois. Je traversais mon existence délaissant
Le sablier. Je croyais naïvement aux songes chimé-
Riques et je flottais dans mes extases. Adepte du
Feu, de l'or et du sperme, je transmutais mes
Délires en jouissances pervers : j'y soumettais
Mes femmes - elles étaient nues, fouettées et heureuses.
639
1
De plus en plus, entrecroisements d'âmes. La moitié
De mort avec les Morts pour cendrifier l'image.
J'ai bu comme un extravagant à la poupe des génies.
Je grandissais à travers l'Autre. Quel patrimoine !
Quelle richesse fabuleuse mise à la disposition
De l'esprit !
Qu'à moi ? Qui ?
Qui descendait l'escalier invisible jus-
2
Tous les raccourcis-miens, enlacé et glissant
Dans luxe inintelligible de la rareté
Accumulant l'ennui
640
Sphère sublime et bleue
Génie avec très tendre vocalité, pensé là
En cristal endormi, émergeant peut-être
Sous éclats de rayons - du moins gaze léger
Oiseau-plume de senteurs évaporées, brodé
D'attentions délicieuses en souffles aériens,
En traces fines et claires.
Sonne, sonne, sonne
Le cristal qui te met en demeure d'exister. Ou
Sors évanoui en lambeaux poétiques de rien.
Les flux de lumière sont posés à tes pieds, les
Degrés de la pureté t'appellent à la lente
Remontée.
La fixité de la neige, les blondeurs
Irréelles qui dansent sur des images - encore
Evanouies mais espérant un envol inconnu,
Seras-tu sphère sublime, bleue et transparente à la fois ?
641
Substances et Distances
Les mots
Troublés en toute signification par la variabilité du terme-choix
Ne répondant pas aux appels de l’expression traditionnelle
Sur la page répartis, jetés par le hasard
Se font additionnels d’additionnels enrubannés dans des délices de
sonorités
Ou encore, explosent ici et là étincelles projetées dans l’espace retombant
Ils, les mots, en lumière d’ombre, troublés et frissonnants se posent pour
construire ou organiser l’élan de la phrase
Ici mais oui et encore en fragments d’assemblages inutiles - en parfait petit
débraillé sans génie inventif
L’incompétence de l’inutile - la gloire du ridicule !
Les flocons de neige tressaillent ou tremblent (Ceci pour des effets
642
poétiques !), les orages de poche éclaboussent sur des miroirs ensorcelés
Quels gâchis dans le scintillement de gouttes vierges !
Et là-haut, que dit-on ?
Les azurs sont toujours verts et déploient leurs ailes !
643
Combien !
Combien vous m'appreniez de savoirs en filiations, de poète-apprenti
en maîtres adulés, combien !
Subtil et fragile, éclaté au cristal des génies, dans mes nocturnes
formations littéraires, - quelle grâce, quel équilibre d'abandon et de directives
sourdes à déployer !
644
Variances
Ruptures et chutes
La fatigue disparaîtra dans la transparence. A sa place, ce seront ruptures et
chutes, axes transmis sur le seuil des yeux ouverts. S'élèvera inlassablement le
silence accompagné de choses asphyxiantes. Du moins un cristal acéré fendra
de nouvelles ténèbres.
Oui, mais se formera lentement comme dans des contradictions consenties le
génie furtif, prolongeant dans ses mains des formes étroites. Qui faudra-t-il
invoquer ? Les invisibles actifs - les retraits de ses mains ? L'intelligence qui
bouleverse l'ensemble saura répondre à la question.
645
Toi, mon rare
Toi, mon rare, mon avare mais d'eux-mêmes à éviter
Pour le non-utile - le facile acquiescement de
Dire oui. Le beau de la politesse ! Quel sympathique !
Quelle mesquinerie ! Encore de s'attrouper autour !
" Ecrivez-vous le soir ? Le bleu est subsonique ! Je
M'entremêle dans mes délires fangeux. La beauté est
Croissance de chair. Finissons-en. "
En discrétion
Enracinée, de poète à l'écart travaillant dans, -
Travaillant avec - avec génies et sur-génies pour
La recherche impossible, inouïe, au-delà, pour.
Oui, délaisse mais forme-toi avec lumières, éternités,
Fluidités équivoques dans lesquelles est ton bien - Re-
Viens, retourne.
De jamais éprouvées, en évoquées,
En confusion, j'enfle dans mon mystère et reste moi.
646
La chair des filles-fauves
De ce rien et de ne point supposer
Dans l'espoir qui se joue dans son génie génitif
Ainsi pour contrebalancer le tableau ludique et fier
Je sais, je sais - je t'abaisse en entre-rôles.
Dérivées de pensées dans la masse incertaine, dérivées
Que prétends-tu dans cet ourlet indécis - la bride ?
C'est un sexe imprimé qui implore son extase
C'est la joue bafouée, emmurée contre le passage.
Pour un clair sévice honorant la torture,
Le vice du plaisir ou de la chair se déploie,
Se déploie dans la nuit.
Pourquoi dans l'astre clair
A la hussarde, confondant les couleurs infusées
Là où nulle ronde ne surgit, invoquer l'orgasme
Belliqueux planté contre des chairs de filles-fauves ?
647
D'azur
D'azur, de transparence, d'orgie et de lumière.
Grande raison ample. Il explose au fond
de son génie obscur. Avivant des espaces. Lui,
pensant dans sa finalité extrême. Cherchant
l'exil ou la sublime évolution. Embourbé
dans son magma.
648
Les pensées indistinctes
Les pensées indistinctes se font et se défont dans cette humeur
changeante,
se recomposent...
Ceint de solitude, l'esprit conçoit - il prétend au génie. En
possède-t-il réellement ?
Haut sur sa verticale, à demi lumineux, lui porté par sa puissance
s'exalte nuitamment.
Plus loin encore, peut-il ?...
Il est là dans son essence, espérant quelques vents porteurs.
649
Le jamais clair
Le jamais clair
Le remonté du fond des entrailles
Narguant son accomplissement, et se créant
Pourfendant ses acides, dans son aléatoire vain
Valves et souffleries entourées de magma
La voici, elle ! remontant encore
Elle dévale, l'intrépide et se perd !
Elle embrume sa face étoilée cherchant
dans son Néant l'élixir inconnu
Se targue-t-elle d'objets insolites, de dérisoires
délétères, d'origines infuses ?
Ô puissance du Moi dans sa vaine descendance,
indéfinissable savoir en quête de surnaturel, prétendant
la distance faible entre l'acquis et l'inédit,
650
Oui, étrange tumulte offrant l'idéal modèle obtenu
et incompris - je te sais parfois naître et renaître dans les folies
de la passion.
Déjà la forme exulte sous le soleil de sa propre lumière
et conçoit l'objet même imperceptible, inconnu, décevant,
unique objet toutefois.
Elle se meurt perpétuellement pour renaître d'une double
abondance - elle rivalise de désirs et de génie entre l'offense
et l'épousée -
Intelligente, elle transmet.
Qui plonge dans son pur Néant ou fuit désespéré, méprisé
de tous ?
Qui renvoie à la fièvre ?
651
La beauté promet
La beauté promet. Elle s'inflige à tout âge.
Moi, c'est la gloire du limité. Avec pensées
abstraites. Il doit déglutir sous ses diverses ambiances.
Le pouvoir du bizarre est illimité.
La femme détient un pouvoir despotique.
En désaccord avec le frottement.
Ton énergie est inspirée. Génie des corps
dans cette perversité sexuelle. Parachève ton plaisir
sous ses souffrances SM. Pour ton lit conuptial.
Régularise les nécessités premières. Pour les jouissances du Métal.
652
a
Nuits rafraîchies pour l'évolution des
Silhouettes rares (Pourquoi s'époumoner
A produire encore ?)
b
Foudroyante jeunesse qui expulse son génie !
c
Tu crachais tes énigmes à n'en plus finir
Et combien choses futiles fécondaient ta cervelle stérile !
d
Suspendue à l'entrave - par le plaisir même -
L'appel de la croupe est grandiose.
e
Debout sur l'aube, s'essayant à l'extase
653
f
D'autres, fuyant vers la perfection - à l'idéal -
de se dire dans leur chair
h
Se gonflent parfois, s'enflent ou s'apaisent
les nuages soufflés dans l'impossible éther
654
Le spéculateur
Qu'en est-il du génie ?
Qui seras-tu toi qui te prévaux ?
Le génie est un bouquet d'affaires
Où le Néant répand son âme
Répands son évidence dans les aléas
de l'impossible
C'est un joyau pour la tête
qui manipule les incertitudes
Seul le cerveau commande l'exécutoire
puis lentement se meurt
655
Approches mutantes
Le trou du cul de Nina
Le trou du cul de Nina, superbe et immortel ~ qu'en firent-ils ?
- Nous savons avec certitude que ceci prévaut à l'immortalité
de sa beauté.
Et sa touffe extraordinaire, et sa vérité cerclée - et ses tempêtes
de neige ici pour se pourfendre dans le sang, l'excrément
et son lait d'écume !
A fouiner avec technique superbe !
Elle-même reçoit dans cours - je la pourfends en ondulation -
image qui dérange dans ses miroirs sexuels.
Léchant, suçant, titillant mon génie,
Je la conçois à l'aube de mes prophéties nouvelles.
656
*
Miroirs sur incidences
Miroirs tels - tels quels
En fluidifiant la pensée, le retour est irréel
Je suis dans un champ novateur,
irradié de superbes mélisses.
A la cantonade, c'est une slave libératrice
ou libertaire.
Toutes les aubes sont propices au génie
Je suis là dans l'exacte moiteur de l'indicible,
de l'interdit, de l'impossible.
Mes royales prophéties sont des nuées d'orgasmes
~ je m'éloigne dans le plus fou, dans le plus flou.
657
Génie est soi au masculin
Le génie dont je fus témoin
Et sa débilité est l'insoumis
S'esclaffant de mille saveurs
Encore est le désir d'un nocturne
Pourras-tu dans le plus informe
Avec mouillé de filles frêles ?
L'argument revient sans cesse
De pouvoir et de ne pas dans l'irrigué
Au plus profond sont les joutes constantes
Est-ce acte de puissance ou
Vais-je te secouer en marmonnant de la tête ?
La beauté est née
Elle s'octroie des baisers
Elle fait de toutes petites sérénades
pour convaincre quelque peu
658
Le génie à nouveau :
C'est l'extrapolation pure
La capacité à inventer, à créer,
produire pour ne jamais plaire
Mais être devant - devant avec
L'ouverture de n'être pas - avec la certitude
de se faire cracher au visage - qu'importe !
...Il faut poursuivre
Génie, c'est ajouter
Génie est soi au masculin
659
*
C'est grande atmosphère
Le génie s'y déploie sexuellement -
sexuellement ou pervertissement
Non. Il faut penser aux actes sensibles.
En primitif ou en mouillé. Ou sursauter dans l'aberrance.
Seras-tu mélodie ou doigté suer du plus léger ?
660
L'hyper-génialité
Son hyper-génialité
L'intelligence de sa cervelle
Sa capacité outre lui permettant de penser au-delà
Il pense, pense et repense
Sa limite semble imprécise
Il ne possède pas la possibilité scientifique
Il est en de ça
Voilà un bouquet d'osmoses où il conçoit
par extrapolation ~ l'idéal inutile rêvé
Il certifie un con ou un sur incompris
dans la vérité de son présent. Sera-t-il intégré
par le futur, par l'au-delà ?
A bon entendeur : incompris ~ telle est l'humeur
du temps présent.
Sera-t-il un artiste savant, une capacité cérébrale
Associant les deux lobes unifiés ? Une sorte de Kim Peek
661
de l'écriture ou de la poésie ?
Son intelligence est une chance. Il poursuit
assidûment sa tache poétique.
Dans la moiteur de l'estime, je le prétends mieux.
A partir de la tête, l'autre vrai est un possible acceptable.
Il n'y a pas d'amour ni d'intelligence ~
il n'y a qu'un vrai scientifique, mathématique
qui prétend prouver la vérité.
Le génie n'est pas entendu - le génie ne s'entend pas.
S'il cherche à se crédibiliser, sa personne est refusée.
Lui faut-il tenter de plaire ? doit-il être auprès d'autrui ?
d'être ?
N'est-ce pas comédie de la vie que cette volonté gracile
662
Liste des recueils ayant participé
à la réalisation de l'ouvrage Les turbulences du génie
L'Huile Fraîche
Le Germe et La Semence
Le Manuscrit Inachevé
Le Moût et Le Froment
Le Croît et La Portée
Parfums d’apaisement
Le Sac et La Cendre
La racine et La source
Le Buis et Le Houx
Le Grain et Le Regain
Le Lin et La Laine
Collages
Losanges
Louanges du Feu
Les Interdits
Poïétique
Prières Phrases Exil
Ombres bleues
Sachet d’herbes
663
Douleurs extrêmes
Le Livre blanc
Les Sonnets 84 Les Lozes
Grappillages
Souffles nouveaux I
Souffles nouveaux II
Messages I-VI
Résonances I -VI
Suites/ Relances I-V
Endormies sur le feu
Les Roses ensevelies
Les miroirs obliques
Déviances
Substances et Distances
Variances
Approches mutantes
664
FRANCK LOZAC'H
FLUIDES D'INTELLIGENCE
665
Le Germe et La Semence
Après avoir dépassé les frontières
Après avoir dépassé les frontières de la logique élémentaire, que trop de gargarismes
intellectuels laissaient espérer comme source féconde d'une exactitude indéniable, le héros de
ce poème vint à douter des systèmes mathématiques de la pensée humaine.
Cette somme d'algèbre et d'arithmétique n'était peut-être que le fruit d'une imagination
aiguë ? En vérité, il s'inquiétait de la surface du cercle. Comment se fait-il qu'une surface
déterminée ne puisse avoir une mesure déterminée ?
personne...
Ce point sensible se transforma en conflit grandissant, stérile et nuisible pour sa
666
Qui use de son intelligence
Qui use de son intelligence, qui déploie toute vigueur et dispose de l'inconnu ? Qui ?
monstre ?
Quel monstre, fort de la loi de nature, engendre des monstres forts de la loi ? Quel
Quelle puissance désireuse de s'épanouir est soumise aux ressources impures de
l'homme ? Quelle puissance ?
Mais, d'un lieu temporel, d'une destinée avancée, toutes les recherches explosent. Il
nous faut diriger la pensée, seul espoir de survivre.
667
Le Manuscrit inachevé
Peu d'âmes
Peu d'âmes pour converser ! Je sens mon dialogue s'éteindre, mourir et renaître, -
dialogue de mon choix.
Je me suis consolé, libre et serein. Essais difficiles. L'intelligence rampait dans la
fange. J'ai nié ma culture.
Pensées brutes
J'échappais donc à l'ordre,
Je rentrais dans le rang de la musique.
Aucune phrase ne m'a plu, n'a été retenue.
Je reçois la lumière. L'intervention est divine.
Les volumes à expliquer.
La divinité à démontrer dans le Grand Livre.
Et sans quitter sa chambre, en sauvage d'exception.
Ô le rêve d'ivoire !
Ô sommeil, sois mon guide !
668
Tu me serviras. Se reposer.
Des rythmes nouveaux, des doses d'intelligence,
D'insouciance.
L'ivresse, l'inexpérience, la bêtise.
Je poursuivais des traces.
L'immense reconnaissance.
Maniaque de la pureté,
Je déchiffrais les roses particulières.
Transformer les méthodes, savoir se dominer,
Besoin de changer de cours.
669
Du moins, ma pensée est claire
Du moins, ma pensée est claire. Elle est correctement exprimée. Ce n'est pas comme
ces affreux poèmes en prose qui n'avaient aucun sens. Des essais, mais je ne savais pas écrire.
Je ne composais pas. Travail d'artiste incontrôlé ! C'était le printemps. J'espère avoir changé.
C'était un casse-tête où l'on ne pouvait rien y démêler, car cela n'avait aucun sens. Je
ne crois pas avoir écrit un poème sensé depuis longtemps.
cessât.
Je me savais incapable d'écrire des lignes intelligentes. Il était temps que tout cela
670
Nous maudissons à quatre
Nous maudissons à quatre tout ce qui nous vient des autres. Les silences sont nos
puretés. Il nous faut longtemps puiser en nous-mêmes pour rejeter les cas d'imbécillités
présentées.
Étrange métier que celui d'écrivain. Il se peut que gagner ne soit pas vaincre. Nous
agissons avec illogisme, en trop peu de temps. Ce sont des œuvres ridicules, sans intérêt.
Bouleversement dans la littérature. Détection des jeunes génies. Travail intense.
Aides, Maîtres. Rentabiliser les cerveaux. À quel prix ? Écoles spécialisées. Évolution,
largesse intellectuelle des enseignants. Multiplication des œuvres d'art à un degré élevé.
Avantage pour la communauté. École de poétique ?
671
Encore faudrait-il
Encore faudrait-il que tous vos fantasmes se fissent en plein jour, que vos grandeurs
d'âme rassemblassent nos espoirs ou nos évidences !
Tout nous classe, nous dirige à progresser, à aller de l'avant. Des fainéants regardant
le troupeau brouter. Les théâtres nous interrogent. Nous voulons la chair, nous délirons par le
coeur. Appelle-t-on cela le vice ?
Tant d'enseignements, tant d'esprits féconds que nous n'utilisons que bêtement ! Les
fortes intelligences guident nos pas. Qui les embrasserait ?
Nous jugeons et détruisons nos ancêtres, et baignés dans un siècle bouleversé, nous
espérons tout transformer. Piteuse jeunesse qui se pâme de déchets radioactifs, de mois de mai
et de camps concentrationnaires. Ils hurlent ceux qui n'ont plus de quoi faire des livres sur les
guerres de l'Orient !
Des gueulards, des incapables, des sans sujets ! Quelle connaissance détiennent-ils
du passé ? Ils se pavanent parce qu'ils ont lu quelques grands poètes. Ils jureraient de donner
des conférences ! Des je-parle-de-tout et des je-ne-sais-rien.
672
Le Moût et Le Froment
Les lignes d'or respirées
Les lignes d'or respirées
Lentement dans les vallons de l'aurore ;
Les philtres qui s'accordent
Flambent les noirs coteaux de l'hiver.
Ce sont des races et des bonds étranges.
Si j'ai grand souci de l'estime ?
Libre, je déploie les passives douceurs
Aux sons ailés des villages voisins.
L'accord des pâtres pour des chansons,
Les mauves poursuivent l'air humé,
Et les courses se plantent entre deux eaux.
Ai-je le goût de l'atroce silence ?
Veulent-ils l'aurore des points cardinaux ?
Pour les vents du déchet, l'empreinte
Et le danger sur des pierres coupantes.
Ai-je grand souci de l'estime
Quand le soir les rentrées nonchalantes
Poussent l'ennui dans les mares et les boues ?
673
Nature, guette les travaux des champs.
Il te faut atteindre l'espace lointain.
Bonheur dans l'évident silence,
Ton esprit est encore tué ! Rencontres et reflets
Des taches dorées sur les mousses exigeantes !
Je rendrai l'intelligence pourprée.
Et dans les semailles d'un autre hier,
Je tremperai ses lichens aimés.
L'herbe violette sentira bon
Par-dessus le val tout glacé de plaisir.
Quoi ! L'ensemble est réparti dans les terres ?
Il baise l'air frais, et plus loin la rosée.
Canton, aurai-je encore mainte estime ?
Feu des prés, voleur des disgrâces,
La folie est consternée dans l'envol prochain.
Mais puis-je maudire ainsi déchus
Ces philtres, ces lignes, ces accords,
La permission d'un renouveau ?
Les oisifs pleins de tourments écoutent,
Gardent le mot qui se devine.
Même l'hôte peint la saison chargée.
674
L'air pur se voudrait être digne dans l'orgueil ;
Les brumes fléchissent peu à peu ;
Des bonheurs sous les couches perdues ?
Des soleils d'automne qui se tannent la peau ?
Quand tu pleures tes mensonges,
Quels instincts pour la possession des Natures ?
D'une voix qui épuise les chœurs étrangers,
Les vertes couleurs muent inlassablement,
Mais les superbes brises souffrent-elles ?
Ha ! Comprendre cette infortune ! ...
Pourquoi ces crachats rentables ?
Serait-ce l'ordre bleu des pensées d'argent ?
La soif sèche les fenaisons détestées.
Lignes cent fois maudites, philtres et accords !
Mais sur des fragments resplendira le soleil !
Tu joues le miracle de l'espérance humée.
Des fous se pâment bien pour quelque or.
Tu te lies avec la précocité urbaine.
Et dans les spasmes de l'effroi, de l'angoisse,
Des monstres attaquent, tu es seul !
675
La ville détruit la noble fonction,
Et conspire contre l'audacieuse foi.
Ligue ancestrale et fatidique !
Ce cri achève les paroles rêvées
Puis crache sa démence dans les bruits de l'action.
Gigantesques souterrains, et arbres de fer,
Combat des formes dans l'artère jaunâtre !
Val mousseux sous les buissons du silence ?
Teintes sublimes transférées par l'invention ?
La chair du poète arrachée par des loups.
Ho ! Du tombeau de la gloire s'enfuit le rubis !
Poisse et crasse et vieilleries, et dégoût encore !
676
Un champ visuel
Un champ visuel limité que des murs blancs barricadent, et le poète assoiffé de
mystères attend impassible et résigné sa mort. Il pensait à une intelligence supérieure digne de
sa forte condition. IL n'eut que rires et ricanements, et murmures aussi. Neuf mois se
déroulèrent ainsi dans la bêtise et dans des brouillards de bruits.
Etroitement invisibles ces forces ne sont que le jouet de ma propre imagination, - à
mes dépens. Je ne faisais pas courir la page sous des abords douteux, je ne faisais pas voler des
ailes frottées à l'air de la nuit.
Des brumes lourdes et des ténèbres de pus noyaient des femmes et des êtres
ensanglantés. A peine éclatés, à peine démis ces tares, ces déchets humains venaient se frotter
sur ma personne.
Putréfactions horribles, débris de chair ! Là des visages teigneux prétendaient
s'imbiber de gloire. Marche sur ton corps car il est pourriture encore !
Et de tes os, le cliquetis infernal résonnera jusqu'à mes oreilles - j'en jouirai
cyniquement. Des traces de feu par des chaleurs terribles venaient sous ta peau se greffer.
Danse et tourbillons d'horreur et vices pour tes soirées impures !
Ho ! Les yeux arrachés jetés dans des fioles d'acides ! Multiplication vaine des
chimériques ampleurs. Ho ! Le mal grandi à la malédiction hasardeuse !
677
Plaies, plaies de l'occultisme orageux qu'un seul vent venait ravager ! Les exploits
douteux et les minces lignes des douleurs. Carnages de l'estime puissamment offerts aux vents
des sulfures.
Eternel affamé des calamités grises, tu vas crever dans des syllabes de pus, et ta
crasse se colle encore à toi.
Je me suis perforé les intestins à parler ainsi, mais j'ai réussi à haïr tout ce qui était
en toi, à rejeter toutes les impuretés que contenait ton âme. Maintenant enfin je revis. Car la
folie perverse qui habitait l'homme pieux s'est volatilisée comme un rêve hors de moi.
Abominablement, des tombeaux, des catafalques où gisent des squelettes détraqués -
et des caveaux ouverts à la puanteur et aux vices des humains. Alors un grand trou où je
glisserai mes derniers feuillets en guise de Testament d'horreur.
678
Les extravagances de l'esprit
Les extravagances de l'esprit, les grands maux de l'âme tourmentent la vie de
l'écrivain : il se nie. Il n'existe pas. La profusion des douleurs, l'éternel, le bruit constant : Il
n'existe pas. Les jours brûlent, il inscrit leurs dates. Hier est déjà oublié, car aujourd'hui est
plus présent encore. J'obtiens le Néant sous le soleil de l'avenir. Les morts ont tué ma jeunesse.
Les mois disparaissent : il n'existe pas. Les conditions de vie sont inhumaines. Un refus
constant à la culture, à l'écriture, à la lecture. Une gêne perpétuelle - des coups certains. Je n'ai
pas de défense. C'est la soumission. Je subis les forces. Je suis contraint à subir leur présence.
L'espoir, c'est leur départ. Ou, non - c'est la cohabitation féconde et intelligente. La fin d'un
bagne ou d'une prison. Les oreilles libérées, cette putain de vie redeviendrait humaine.
679
J'ai rêvé d’intelligences
J'ai rêvé d’intelligences dignes de mes douleurs et de mes capacités. Point
d'intelligence. Rien que des hommes gris, maîtres de l'absolu, indisponibles à toute cause
suprême. J'ai élevé des autels aux mémorables survivants. Ma poésie est faite de morts.
Dans une grande ville où je passais pour oublier mes haines et mes révoltes, j'ai
rencontré des tourbillons d'aigreurs, et je me suis jeté à leurs pieds. J'ai banni mes puissances.
Je me suis faisandé dans la persécution. Les novices m'ont joué un bon tour. Je retournerai
dans cette ville par souci de préserver mes silences.
680
Chair et gloire immortelles
Chair et gloire immortelles !
L'éblouissement vivant qui rayonne
Au centre de ma nuit !
Allégorique moi, inquiétant et soudain
Sève de mon âme, ferveur de l'oubli,
Chaste paix en toi-même !
Quand tu grondes, c'est l'océan tuméfié
Qui rejette ses cadavres et ses coques crevées !
Quand la brise légère se perd dans mes souffrances
C'est le calme repu et l'orgasme enchanteur !
Ô les baies et les savantes escales et les odeurs des ports, les femmes à la poitrine
nue et les mariniers suants !
Ô les mâts défaits, et les voiles lourdes bombées comme le ventre de l'indigène,
comme les seins gonflés de lait et de pur aliment !
montagnes !
Ô l'intelligence heureuse et la paix retrouvée ! Le vent est allé mourir dans les
Déjà le lieu n'est plus une cachette, c'est un autel saint où les âmes se purifient.
681
Et l'enfant donne des petits coups de pied dans le coeur qui l'a conçu !
Le piège a agrippé sa proie immense entre ses bras !
682
Le Croît et La Portée
L'intelligence dort
L'intelligence dort et l'ombre est effrayée.
La nuit poreuse accourt et propose en ma bouche
Un pur étonnement, ô sublime Psyché !
D'une paresse extrême la profondeur des mots
Cherche par l'admirable mensonge sa voix.
Soumise à la résonance de son écho,
Elle respire nonchalante la naissance du Soi !
La douceur la plus claire déjà va et s'achève
Par des ruissellements déployés vers ton sein
Sous la tombée obscure sans remords et sans trêve ...
Plonge folle au plus sublime de mon orgueil !
Viens et consume en cette vérité charmeuse
Les profondes ténèbres de mon superbe ciel,
Puisque je vis en toi, détestable amoureuse !
683
Le Grain et Le Regain
Ils comblent mes silences
Ils comblent mes silences. Désormais chaque tentative pour essayer d’échapper à leur
contrôle se transforme en échec. Cuisante humiliation, puisque je ne me sens plus libre de
conserver avec moi-même.
Qu’en est-il à l’intérieur de l’homme ? Qui jugerait que le Démon du mal ne peut vivre
caché en soi sous des formes diverses ? De la plus primitive à la plus sophistiquée ? Sachant
utiliser avec intelligence les qualités et les défauts ? Qui a le droit de s’écrier : cet homme est
un mystificateur, j’en veux pour preuve, le bon sens que chacun doit posséder ?
684
*
À tous, la raison d’être. Au mal, la raison d’espérer ! Et qui se sent une âme folle enfouie
au fond de sa chair ne me suive dans mes pérégrinations !
En vérité, ceci n’est pas digne d’un écrivain. Que l’on me pardonne, je ne suis qu’un
pauvre homme. Non, je le répète - ceci n’est pas digne d’un homme qui désire être engagé et
publié. Que l’on me pardonne encore ces fautes commises ! Que ces tares disparaissent aux
yeux du lecteur !
685
Collages
Mon âme entière
Mon âme entière choisit cette Pléiade s'écrie
Le poète exalté. Ombres vaines, cessez
Le martyre du génie ! Que d'amours prodiguées
Il sache si bien plaire ! Sa souffrance est secrète !
Don cruel ! Don cruel ! Souffle divin en moi,
Je tombe et m'abandonne à cette Mort vicieuse
Qui mesure et raisonne les sentiments profonds
Et humains quelque fois.
Elle calcule, elle se vante
Elle attaque et détruit les nobles dispositions
En versant ses brimades. Elle est ordre et justice,
Et consternation !
Je m'enivre de sèves
Qui sont bues sur les Arbres, et leur ombrage heureux
Est un puissant délire. Les notes de ma lyre
Bercent les vents d'automne au plus loin, dans le calme.
686
Pourtant je m'interdis les mornes explications.
Je préfère me cacher dans les noires bruyères.
Ma race suprême se perd dans son étonnement.
Je crèverai tout seul, nourri de ma misère.
Ho ! Belle impertinence ! M'écriai-je à la Mort,
Que ne peux-tu goûter à tous ces nobles fruits !
L'aigreur n'est point donnée à cette blanche page.
Enivre-toi de la grenade, mais incomprise
Toujours te sera sa structure !
Je choisirai
Savant, mes rayons purs et mon esprit sera
La tombe où le soleil viendra s'y recueillir.
Ma solitude aimée, paix des intelligences,
Ma folie commettra des péchés infinis
Par rêves d'insouciances.
687
Comme je pense
Comme je pense, je pense et cette faculté intelligente multiplie les opérations
savantes de l'esprit, contacte toutes les ramifications subtiles de l'âme avec tout l'art actif de la
jeunesse excitée.
C'est un Dieu doué d'une force vive et expéditive qui se nourrit, avale, ingurgite et
recrache toutes les informations qu'on lui présente. Il est capable de concevoir, de croire,
d'exploiter toutes les finesses du genre humain sans même les réfléchir distinctement.
La chance ou ses hasards précipités fondent sur le marbre de l'Absolue Vérité
comme la loi de Justice est éternellement.
688
Je vais secouer toutes ces vieilleries
d'araignées.
Je vais secouer toutes ces vieilleries, y dénicher la poussière et balayer les toiles
Faut-il brûler toute la littérature, tous les maîtres, poètes et génies ?
Assez de ces ombres funestes qui circulent dans ma chambre ! Déguerpissez, fuyez,
fantômes vains de savoir et d'intelligence !
J'instituerai la religion de soi-même, l'égoïsme dans son pur éclat céleste !
Vivre en Moi, pour Moi avec l'ambition d'accomplir l'oeuvre !
Que naissent les enfants du Génie ! Je veux qu'ils tètent à ta poitrine ! Jette ton sang
en feu sur les pages blanches !
689
Je devins fantastiquement pervers
Je devins fantastiquement pervers. J'embrassais toutes les ombres et je me roulais
dans leurs vapeurs jusqu'aux premiers signes de l'aurore.
Je transformais ma chambre en théâtre du rire. Tous vinrent et apprécièrent les
exclamations du pitre. On me dit intéressant, mais on me traita d'idiot. Je me pensais sérieux.
Je conservais dans les profondeurs de mon inconscient toute ma jeunesse vécue. Je
croyais avoir affaire à des initiés. C'étaient des imbéciles incapables de saisir le moindre effet.
Je me retranchais en moi-même. Les nuits vivantes s'écourtaient grâce à mon savoir.
Je vieillissais sans la conscience du temps, trop accaparé par mes discours.
Mes énigmes attristaient. Je me fis hiéroglyphes indéchiffrables. Je garderai le
secret. On me passa le feu. Je l'alimente de phosphore. C'est mon don. Je bouscule les heures,
les temps et les saisons. Je suis un mystificateur. Ma faute fut de déchirer un chef-d’œuvre. On
me taxa d'amateurisme. La preuve : je ne gagne rien. Qu'ai-je à faire de ces confessions ? Un
feu immense d'où jaillira un autre souffle.
Ha ! La malsaine confusion nous induit dans les bouffonneries les plus saugrenues !
Ha ! Les tares de la jeunesse. Mais ces élans de joie, ces grands sentiments, comme tout cela
est beau !
690
Je divague. L'ancêtre est en moi. Je suis immortel. La sagesse me rappelle au bon
sens, au calme. Je dois vivre trois minutes en une. Je veux cracher sur les prodiges. Ha !
Maturité, intelligence, savoir !
Mais pense-le, imbécile, et tais-toi ! Ces points d'exclamation sont la preuve
évidente d'une âme révoltée, en pleine ébullition. Compte, tache d'accentuer, retiens-toi. Fais
l'amour à ta page blanche. Qu'elle jouisse lentement, ta salope ! Qu'elle soupire et qu'elle hurle
de désirs. Puis laisse-la reposer dans ses extases molles !
691
Losanges
Mon âme encombrée de vapeurs
Mon âme encombrée de vapeurs s'essaye à sortir quelques phrases stupides. Pourtant
ce ne sont pas ces deux exercices qui fatiguent mon esprit, et rendent incapable de la plus
insignifiante invention. À quoi faut-il donc penser ce soir, mon cerveau lourd de ses paroles
endormies ? Je n'aspire qu'au silence, qu'à la sublime relaxation du corps.
On ne t'engagera pas avec ces lignes crétines qui flottent sur tes feuillets de papier.
Certes tes idées s'éloignent les unes des autres, et aucun accord ne pourrait les unir
intelligemment.
L'équation
L'équation était biscornue. Plus il s'enfonçait dans le raisonnement, moins il y
comprenait quelque chose. Après nombreux tâtonnements, il résolut de ne pas pousser ses
opérations plus profondément.
Le poète et le mathématicien s'épousent avec intelligence : l'homme de règle étant
imaginatif, le rêveur pourvu d'algèbre invisible....
692
L'Empire
L'Empire naît d'une multitude d'incertitudes inconnues encore de l'homme. Il se tâte,
s'observe, mâte ses yeux louches dans une glace, calque son double. Il ignore qu'il recopie des
gestes imposés par Dieu depuis des siècles. Le royaume du primate est de douter qu'il habite
un palais. Mais le doute est un artifice, la mèche se consume. Un feu intérieur l'habite. Les
braises sont de l'or rougi. Enfin l'alchimiste du temps va savoir, il est sur le point de découvrir.
Je cherche l'aventure interne s'écrit la sagesse ... posément, très drôle le contraste !
Il s'appelle "Sérénité" et s'enfonce avec avidité dans sa connaissance interne. Quelle
soif de savoir pour un sage homme ! Il va trop loin, ce docteur des tempêtes de la pensée, des
flux et des reflux de l'intelligence ! Il ne condamne pas, il constate. L'urine comme le sperme
ou le sang, il les laisse dégouliner hors de son corps. Mais ce coeur qui cogne, où est-il ? Les
sentiments bêtes du sexe qui chatouille le gland, d'où proviennent-ils ? La triple question
stupide ne l'effleure pas.
Il en a joui durant sa jeunesse. Le qui suis-je, où vais-je, que fais-je, provoquent en
lui des ricanements grotesques. La concentration est de rigueur. La mathématique l'impose. Le
champ d'investigation découle de raisonnements sérieux.
Homme d'intelligence mûre, je semble fantaisiste, drôle ou comique. Pardonne-moi
de crouler sous mes larmes ... Je suis poète. J'interdis à quiconque de franchir les barrières de
l'impossible, de l'irréel. Seuls atteignent le but ceux qui sont marqués de la croix.
693
Il ne sera pas fait de chair et de sang
Il ne sera pas fait de chair et de sang, mais il sera conçu par l'Intelligence et par l'âme
de l'Intelligence, c'est-à-dire par Dieu soi-même.
Et son corps contiendra la pureté comme des Morts le mettront à l'épreuve ! Et son
sexe ne servira qu'à uriner et son sexe ne sera pas l'instrument du pécheur ! Et ses testicules ne
contiendront pas de sperme gluant, et le blanc liquide ne s'expulsera pas !
résistera.
L'homme sera tenté, humilié et il souffrira comme un saint mais il est écrit qu'il
694
À moi les écrits divins
du poète !
À moi les écrits divins et les pensées célestes ! À moi l'intelligence et la sublimation
chéri de la poésie !
Que toutes les femmes se couchent à mes pieds, car le voilà, il est arrivé l'enfant
mort !
À moi les violences et les indignations, les horreurs du destin et les débilités de la
À moi le poète glorifié dans sa sève exaltante !
Il faut le reconnaître et il faut l'adorer, le jeune homme oint.
Mords, arrache, brûle, lacère ce coeur gonflé de sang ! Travaille, détruis cette tête
remplie de démons !
L'heure sonne. Les poumons crachent les dernières bouffées de saveur. Tout est prêt
pour la lecture passionnée.
Casse la cervelle des entités burlesques, chauffe l'esprit de la bêtise universelle,
venge-toi car ta plume est ton épée !
695
Intelligence d'or
Intelligence d'or enchaînée à la perception de l'ignorance. Maudite soit l'âpre bêtise
assoiffée de mes dons seigneuriaux ! Qu'après un déluge d'injures resplendisse le tout-puissant
soleil de génie !
Action pensante, fulgurante et stérile, après la tentation de la belle lettre, je sais me
purifier et je t'obtiens par un délire étrange.
696
Poïétique
Objet indistinct ; noirceurs éphémères de l'intellect. Ô la puissance totale de soi ! Et
ces visions brouillées - compensations tardives d'un rêve en oubli ? Et ces jeux et ces règles
indivisibles, accouplés dans le plus abstrait des desseins ?
La dynastie des très riches - l'effort violent du défavorisé. Ô race, race d'hommes
accomplis ! Nous chercherons encore !
***
Mémoire. Diphtongues et syllabes dans ma cervelle. Accumulations d'idées fixes.
Penchants, renversements, attentes. Espoirs d'un temps infini. Etrange conquête de l'indécise
échappée. Valeurs intuitives comme repères du temps et de l'espace.
Modulations des termes employés. Architecture indépendante de ma volonté.
Saturation vers le son aigu qui crisse ses avant-dernières syllabes. Puis ce silence qui résiste...
qui résiste.
Explosions. Rumeurs de multiples voix coordonnées en une seule - la mienne.
***
Pour que, subtilité sonore, le vers soit intense jusqu'à son exquise vibration finale.
Quelque explosion buccale par la lèvre diffuse, haute note dans l'oreille amoureuse.
697
Certains crissements entendus en mélodies ! - Amateurs barbares.
vocales.
La libération du son comme une retenue qui s'écoute, joue au rythme des cordes
***
À la merci de se contredire.
Un Non-Moi se pense. Actions insoupçonnées du frère invisible. Il est né, se cache.
Support de l'intelligence.
La loi de l'original subit un conflit de démantèlement.
L'insondable est accusé par l'élite dormant autour des manuscrits - le renvoi fait ici
acte de justice. Ceux qui cassent le droit à publier sont de vils ignares appréciés une faction de
temps. Qu'est-ce pour l'Eternité ?
Maintenant qu'il m'a dicté, je me comprends.
698
Prières/Phrases/Exil
Quand la folie
Quand la folie serre la cervelle de l'intelligence, celle-ci se compresse si violemment
qu'il en sort une substance qu'on appelle Art.
699
Ombres bleues
La loi des contraires
Ma terre, substance liquide imprimée sur le papier avec ses taches d'encre comme du
sang craquelé ; ma blancheur stérile contre quelques gouttes de savoir. Ici, c'est de
l'intelligence primitive qu'il faut parler, du poète sauvage parmi les systèmes des hommes. Je
nie ma liberté d'unité dans les ensembles structurés.
L'oiseau ne vole pas, mais plonge dans les eaux de glace. Le hibou voit sous le soleil
vert. La taupe construit ses labyrinthes, etc.
700
Il était une fois
Il était une fois un joueur d'échecs formidable, à la cervelle parfaitement construite.
À l'âge de seize ans aucun homme vivant sur terre n'avait pu prétendre le battre.
Les intelligences Américaine et Russe s'associèrent et programmèrent sur un
ordinateur toutes les combinaisons possibles et imaginables qu'aucun humain n'eût pu
assimiler.
Ce génie aux ressources exceptionnelles, en quinze coups, fit mat à l'ordinateur. Sept
parties furent proposées. Il vainquit sept fois de suite avec une facilité humiliante.
"Je possède en moi un don céleste" criait le génie. "Oserais-tu te confronter à mon
âme ?" suppliait de rage et de passion l'imbattable les yeux fixés sur les étoiles ?
Dieu, habitant immuable d'un autre espace-temps, rempli de fiels et de haine, se
manifesta à l'immortel terrestre.
- J'ai créé l'Univers et je connais la rotation du soleil et des astres. Toi qui as osé me
défier, je me présente à toi.
La partie s'engagea dans une chambre austère. La Force de Dieu illuminait de sa
présence sublime l'intérieur glacial où demeurait le génie.
701
Il dit au Maître de l'Univers : "Ô toi, tourbillons circulaires de pureté, jamais tu ne
pourras me vaincre sur mon terrain, sur ces 64 cases blanches et noires. Tu as dominé Satan,
que feras-tu de mon âme ?"
Dieu se taisait et pensait. Concentré dans sa lumière interne, il composait
l'impossible. Le combat dura trois jours et trois nuits.
L'homme épuisé, les yeux crachant du sang, s'exprima : "La partie est nulle, nos rois
disposés sur la même traverse, se font face : aucun ne gagnera."
Il était toujours un Dieu qui jamais ne pût s'écrier : "Je connais mon maître."
702
Sachet d'herbes
Diogène le cynique
Hélas s’en est venu à la male impuissance
Diogène le cynique
Philosophe et lubrique
Qui prétendait
Par un branlage actif
Oublier la laideur
D’un monde sans espérance
Caché dans un tonneau,
Demeure de l’ivrogne
Il chassa loin des yeux
César maître et roi
Qui sachant sa pure intelligence
Lui ordonna de dire
Ce qu’il souhaitait là.
Ôte-toi de mon soleil
Lui répond le cynique
Je goûte à mes rayons vermeils
Qu’hors de toi
J’en jouisse en lubrique !
703
Sueurs sacrées
Je souffre
Je souffre de la bêtise spirituelle inapte à assimiler la croyance de l'homme.
Je pousse la gloire intellectuelle à essayer de voir dans la chair.
À une loi
À une loi, tu es poète. À sa raison, tu le deviens. Mécanique de chiffres, de primaire
arithmétique, il ne reste rien.
Tu vends l'image, ami du nuage.
aimer la mort.
Sublime ton esprit d'espoir, d'envie de trahir ton âme. Illumine ce néant de vie pour
La grâce venue, nous purifions les âmes. Par le génie de l'intelligence, nous élevons
la masse. La poésie est au sublime ce que la médecine est à la chair.
Que les dix premiers hommes du Monde me lisent et la civilisation avancera.
Qu'importe d'être compris, il faut être lu.
704
Le Livre blanc
Suicide
Laissez-moi violer mon âme, Hommes de Rien ! Laissez-moi punir cette intelligence qui
s’essaie à penser ! Je veux la réduire au Néant. Elle m’appartient. Elle est mienne. Je puis
décider de son sort.
705
Pastiche de Nietzsche
I
Pour en venir à mon génie, je puis prétendre avoir atteint le “Sublime” avec mon
oeuvre “Der her mater”. Ce n’est pas une oeuvre philosophique parmi tant d’autres. Je veux
dire mièvre et stupide - qui n’apporte rien au genre humain. Celle-ci prétend faire progresser la
race basse et médiocre des intellectuels qui n’en sont point. Mais il faudrait pour cela que ces
dits intelligents puissent me comprendre, ou m’assimiler. Et de cela, j’en doute fort. Je
l’expliquerai plus bas dans un autre paragraphe.
II
À la lecture de ce livre, de mon livre, je me suis senti grandir irrésistiblement,
irrémédiablement. Sa puissance envahissait mon esprit. Mais aucune jouissance ne satisfaisait
mon âme. Je m’explique sans me contredire. L’âme est supérieure à l’esprit. L’esprit est très
biblique donc vulgaire. En vérité, accessible à tous. Mais l’âme est purifiée. L’âme sait haïr la
gloire, le divin, et l’orgueil. Elle est au-dessus. Elle est donc splendide. Elle est une façon autre
de concevoir l’intelligence. Mon livre, cet amas de paragraphes, ce tas de propos discordant
formait un tout, fabriquait une sorte d’édifice.
706
Grappillages
Couleurs des poètes
Racine, esprit superbe,
Tu t’élèves, intelligente finesse, subtile
Touche légère et cible atteinte.
Racine pastel, couleur clair.
Corneille grenat rouge,
Valéry est vert académicien, jaune l’olivier.
Mallarmé automne, impressionniste, symboliste
Feuilles se mourant, rousses mêlées.
Baudelaire, bleu noir métallique.
Déplacement
Je suis venu pour t’instruire dans l’intelligence.
707
Souffles nouveaux I
Jette dans le noir désir
Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à enorgueillir tes nuits. Plonge
sous la clarté macabre les derniers délires de tes folies.
Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je joue par l’analogie, par
l’avalanche de mots de la même famille. Mais quand comprendrais-je que je ne suis plus apte à
exciter ma critique avec de telles solutions ?
Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité me permettant d’agir. Mon
“Je” est détestable.
Je cherche à transmettre le produit dans des conditions extrêmes de gains. Je veux
pouvoir dire : je prends et j’ajoute.
Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides de fumée, ce sont des
protections ridicules et dérisoires. La chair adressée ... les cicatrices invisibles. L’horreur de la
souffrance et pour quelle Force d’espoir ?
Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et non pas un amas
cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir splendide, épuré pour y baigner son âme
assoiffée. Qui implores-tu ? Lui abonde, lui est repu !
Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui contrôlées. Un esprit vif se hâte
jusqu’à n’obtenir que le néant de soi-même.
708
papier.
La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair traçant qui signe la feuille de
De ces déchirements, de ces violences internes, de ces conflits invisibles, qu’en
tirera l’intelligence ?
709
Bilan
Une étonnante capacité d’actions, de mémorisation et d’effet de synthèse. Mais sans
cela, est-ce poésie ? Plus forte est la jeunesse qui a produit son oeuvre, qui a conçu sans avoir
eu le temps d’assimiler et de comprendre. N’est-ce pas de l’intelligence ?
Le privilège d’avoir compris que le temps était dimension, était ingrédient à intégrer
dans son principe d’existence, de survivance. Mais jeunesse est folle, ou est studieuse par
l’apprentissage dans les anciens. Elle ignore, on n’a pas l’aptitude pour concevoir l’acte
créateur.
Nous n’étions pas cinq à avoir pu comprendre. Tous sont morts très jeunes. Lui a fui.
Moi, je suis resté enfermé, caché pour éviter le nucléaire social. Et j’ai continué à produire,
harcelé, détruit par le Mal qui m’entourait. Sortir eût été pire. Il fallait résister et accomplir
l’œuvre.
Qui gouverne là-dessus ? Quel Dieu, ou quelle force stupide décide du poème ou de
l’élixir ? Parfois lutte violente ou consentement du vice et de pureté, association de la mariée
avec la mort.
Mes lutteuses conscientes, je ne suis qu’arbitre. Je reproduis ce que vous pensez, je
vous écoute. Délicieux vertige de vous fixer sur la feuille blanche !
N’invente pas le mirage pour te plaire dans des délires nouveaux. Laisse le jeu
agonisant de la chair poétique à de jeunes confrères. Toi, te voilà raisonné, instruit dans le
710
Livre, recopiant les versets. N’as-tu pas découvert la Sagesse, l’obéissance belle dans la Loi du
purifié ?
Pourquoi se divertir encore dans ces audaces impossibles s’essayant à
l’accumulation d’effets boiteux, de structures nulles et de concepts dépassés ? Car tu ne crées
rien, tout s’en retourne à des propositions surannées, obsolètes, à oublier.
poésie autre aussi.
Je te conseille de te condamner, de fuir l’art désuet, d’aller vers la belle qui est
Hier le produit se concevait autrement, avec plus de folie, d’insouciance et de
jeunesse dans l’ivresse de l’écrit. La plume vagabondait, courait jamais heurtée par la raison.
Quelle était la conscience, quel était l’interdit ? Tout s’accomplissait sous le regard des maîtres
qui autorisaient ou brimaient l’audace.
C’étaient synthèses de syntaxes par l’écrit d’autrui. J’ignore aujourd’hui comment je
conçois. Je dirais peut-être : avec une sérénité limitée
Je n’ai la certitude que de mon impuissance, de mon inaptitude à produire juste, à
penser mieux. Je ne suis qu’un déchet du passé. Je meurs lentement, bouche ouverte, admirant
les chefs-d’œuvre qui fusillent ma critique.
711
Puissance d'effusion
Puissance d’effusion sous la voûte sacrée de l’intelligence reine.
Soupirs et murmures qui supplient en moi.
diction.
Mouvement de l’esprit qui expulse ses premières syllabes et qui recherche sa
Vierge pensée à peine née, avance à pas raisonnés dans le labyrinthe de ma réalité !
Le soir descend doucement, il voyage des fumées épaisses et lourdes. Des souvenirs
confus s’amoncellent ou s’entassent lugubrement.
Ô souffle, mon souffle tant désiré, irradie-moi de ta nourriture céleste, laisse-moi
puiser en toi toute la substance enchanteresse et subliminale.
712
Que pouvais-je espérer ?
Que pouvais-je espérer dans le silence solennel de l’éternelle complicité des Dieux ?
Je ne suis qu’un instrument qui produit du vers, mécanique intellectuelle de chiffres et
d’inconnus.
713
Je tue la Muse
Qu’écrirai-je ?
Je tue la Muse, j’appelle l’Esprit, celui qui inspire, je me fais esclave, j’obéis.
Je sais où me portent mes insuffisances, nullités, de moi-même à écrire de la sorte.
J’abolis l’image impure, fausse et truquée. Je travaille en vision à présent. Je pense par
l’Esprit. Je suis un moyen.
Ô les nouveaux exploits de celui qui croit en sa potentialité plus forte !
Il faut apprendre à extraire au-delà de ce qui est possible ; il faut tirer de la cervelle
crétine les figures folles, - en vérité ce qui est interdit.
Tout ce qui est interdit, est essentiel.
l’intelligence.
Il faut inventer en détestant le mal. Il faut concevoir en exploitant les outils de
Je ne veux plus souffrir avec le rictus Baudelairien, avec le vice du marquis ;
j’espère par l’Intelligence belle de l’Esprit tirer de pures vérités autrement élevées et purifiées.
Qu’ai-je à faire du présent ? Je dois me projeter dans l’avenir pour savoir et
comprendre. Je parle de ma durée.
714
créer.
Je dois conjuguer avec le Verbe, celui qui est près de Dieu, penser par l’Esprit et
Il n’y a pas travail ; il y a écoute et application de l’écoute.
C’est la recherche de la science sublime, de la pensée excellente. Le puis-je ?
715
Comment produire
Comment produire sans la recherche intérieure, sans tirer de soi la ressource
invisible ? Il faut concevoir un espace différent, un support nouveau où germera, où
s’extasiera la pousse de fleur de Muse.
Pourtant je ne me prétends pas apte à extraire cette richesse encore inconnue. Ai-je
l’éveil de l’inventeur ? Il me faut une mécanique ondulatoire : sera-ce la forme qui engendrera
le poème ? Sera-ce le fond ? Je n’y crois guère ?
l’invisible né.
Que lis-tu dans ma cervelle stérile ? L’interdit de trouver une forme pure émise par
Que dois-tu extirper après ce lustre de léthargie ? Le concept émotionnel qui répand
ses ondes subliminales.
Je prétends à la pensée folle, voltigeant au-delà de ses repaires, je crois vaguement
embrasser des possibilités claires offertes à l’intelligence blanche.
716
Qui donc en Toi toujours s’éclaire
I
Qui donc en Toi toujours s’éclaire, sans le jour ? Oui, ta demeure, je puis la
retrouver ! Tu t’en es retourné dans l’espace autre, avec ton compagnon, avec ton frère de
lumière. Qui donc est très près de Toi ? Quelle puissance nouvelle m’as-tu caché que je ne
puisse avec l’oeil pur atteindre ? ”
Toujours par toi, je me suis vu grandir, comme sentinelle dans la certitude de
l’avenir. Par toi, que sais-je ? Qu’ai-je su ? L’esprit prophétique pénétrera-t-il l’intelligence
humaine ?
Qui donc est-il, Frère nouveau ? Esprit soit-il où j’ai quelque part ? Sur le bord du
savoir, comme enfant à nourrir (et cesse de dire : je ne suis qu’un enfant !) sur la chair
onctueuse de vrai Livre, vois je me nourris.
Comment aimer, d’esprit aimer, ceux pour qui le pur est peu ? D’amour aimer avec
chair d’homme, avec sexe et sueurs d’homme ?
717
II
Substance qui conçoit, qui reçoit l’éphémère parole de toute vérité certifiée. Oui !
Au plus profond de l’être, se pense une âme qui change.
Extase d’être dans ta chair, en moi-même repu, au délice de m’entendre. L’élan du
murmure me dicte tout à coup de produire par ce battement de cil, par ce soupçon
d’insignifiance... et j’émets des sonorités diverses, des pulsions d’écrit. Tant de choses qui sur
l’instant s’obtiennent... Ai-je l’étonnement ?
Et moi que suis-je au fond du corps dans la certitude du Fils avec souffle vrai de son
Père, avec voyance d’intelligence des Frères, les Dieux ?
La main qui pince le calame, qui se berce de paroles faciles, qui produit et accumule
par le poème, n’est-ce donc que cela ?
Comme il advint à celui qui très longtemps, sentinelle de son ombre, attendait en
vain l’explication du message...
Pour moi, dans la confiance des Dieux, je deviens le serviteur. Ne me dessaisissez
pas, ô belles clartés. Mais que suis-je dans l’immense sérénité, dans cette certitude éternelle,
effrayante !
Femme, haute de tes délires, belle tentatrice, tu proposes à mon âme ces desseins
insoupçonnés, ces esquisses d’audaces, vois, je te prends tout tremblant, soumis, toi, armée de
lanières, je viens lécher le ruissellement de tes sécrétions...
718
Ah ! Concept ridicule ! Moi, je puise à la source de l’Esprit...
Se lève la violence avec picotements aigres sur les cuisses, avec agressions latentes
de ce mal invisible. Et que vais-je obtenir, moi dans ce tohu-bohu ridicule, dans cette grande
messe de la bêtise ?
De penser ainsi le savais-tu ? Me vient parfois cet idéal de vivre, avec bercements
insoupçonnés d’états latents, avec espoirs vains et instants disparus, gris là-bas peut-être dans
des lieux que je ne puis atteindre, ô mes sources interdites.
III
Autrefois, l’Esprit plus beau encore s’imprégnait dans la chair divine, et la divinité
ainsi armée assiégeait l’âme des vivants.
Divinité par le Père et l’Esprit, par la pureté du souffle ! Divinité par la Lumière et le
Sel, et la belle certitude du messianisme.
Ce moment fut hautement favorable. Vois, je te consacre mon calame. (Puisse la
Force me permettre d’extraire le suc sans la noire offense).
Pur moment de la condition d’Oint. (Le scribe insignifiant trouve courage malgré la
violence).
Oui, pur moment pour toi, Fils resplendissant, dégoulinant de sucs nourriciers,
d’invisible semence et nourriture d’intelligence.
719
Ô vous qui soufflez sur le Fils...
Souffle et certitude de souffle ...
J’accède aux espaces clairs, j’observe, j’écoute et je vois le Vent venir.
Oui, toi aspergé de substance vraie, par le Père idéal !
Et qui donc hors le Fils, pouvait accéder au sublime de la vision ? Penser, Penser,
Concevoir l’interdit, oser la virtuelle image !...
(J’ai eu trop peu de temps pour naître par des Dieux).
IV
Oui, ce furent de longs espoirs d’attente et d’incertitude, la mort m’observait, épiait
toutes propositions nouvelles de l’écrit.
Et l’écœurement s’empara de ma personne parmi les feuilles éparses et les livres
ouverts. Derrière moi, s’épanouissait toute l’œuvre adulée !
Oui, j’ai bu à la bouche divine, à la bouche circulaire le don fécond et inépuisable.
Et sevré de mensonges, de fausses vérités, enfin je décidai de produire, de concevoir par
l’Esprit.
L’idéal espéré peu à peu s’intégrait dans l’intelligence de l’élu.
Le Pur Sel m’instruira-t-il parmi les hauts de l’estime, sur les monts admirés ? Non
par le code, non par le mètre ? Et pour satisfaire encore aux charges imposées ? Mais est-ce
travail ? Je suis calame uniquement.
720
Toujours il y eut cette insensée violence, cette foule ténébreuse non pas conçue par
le songe, foule vivante d’ombres accablant l’infortuné, hélas !
Et je sais maintenant ce qui détruit l’écrit dans le conseil du Mal ...
Architectures délétères, travaux invisibles pour nul effort, comme je vous prie, ô
vous mes dieux sublimes ! Qu’est-ce à penser de ces recherches, de ces gracieuses servitudes ?
721
À l’horizon poétique
À l’horizon poétique est l’incertitude.
Quelles propositions nouvelles, l’intelligence saura-t-elle produire ? Incapables que
nous sommes de faire évoluer la forme, nous devons concevoir un fond toujours différent.
Qui dit différent, ne dit pas spécialement meilleur.
Je crois en l’intelligence collective. Elle existe déjà dans les secteurs de la science
expérimentale et des techniques appliquées.
Mais les poètes sont des femmes, ils se chamaillent stupidement et ne savent pas
travailler ensemble. Ils travaillent les uns contre les autres, se méprisent et sous-évaluent leurs
exercices.
vrai.
Ce sont des égocentriques. Le vieil adage : l’union fait la force n’a jamais été aussi
Toujours refusés, toujours niés par autrui nous produisons encore autrement pour
changer la manière, pour obtenir un nouveau fond. Nous courons après l’originalité. Nous en
sommes à nous faire ingénieux en utilisant les symboles et les analogies d’autrefois. Nous
allons vers l’avenir à reculons.
Est-ce révolution permanente dans nos piètres cervelles ? Méfions-nous ! L’avonsnous
parfois embrassée dans son concept initial ? Cherchons encore.
722
Souffles nouveaux II
Dieux de beauté
Dieux de beauté, blondes merveilles de l’intellect, vient à s’épanouir la grandeur du
Vent, et l’avidité de l’âme est plus forte encore,
et contre les sollicitations de la chair, les excitations de la pensée m’exilent pour des
orgasmes meilleurs.
Le souffle d’aile est en moi.
Oui, accéder au comble et jouir de cette plénitude, et j’exulterai pour la
reconnaissance de mes sublimes divinités.
723
Quand nous sommes jeunes
Quand nous sommes jeunes, nous produisons par effet de synthèse, nous concevons
par le génie des créatifs, notre énergie est fusion, nous travaillons avec le poème de l’autre, des
autres - il y a un moyen employé qui s’appelle condensation.
Et cette intelligence plaît - elle est ramification, rajout de brindilles, de branche
légère sur le noble tronc de l’arbre poétique.
Puis nous vieillissons, hélas ou heureusement. Mais notre action plus personnelle est
peu apte à être comprise - elle est en décalage avec la capacité de critique que possède le
lecteur (Difficile de lui faire comprendre, plus difficile serait de lui demander d’ajouter sur
notre compétence, - je plaisante -) et l’on s’aperçoit que ce qui enchante, ce qui charme, ce
qui séduit, c’est justement cette spontanéité de jeunesse que nous possédions autrefois.
De quelle manière devons-nous nous y prendre ? Il nous faudrait à la fois
l’insouciance, la légèreté de l’âge nubile associée à la raison, à la rigueur de l’âge adulte. Mais
est-ce réellement compatible ? N’y a-t-il pas dans cette absolue recherche quelconque utopie à
satisfaire une loi impossible ?
724
Ce n’était que cela ?
Ce n’était que cela ? Considère ton peu,
Pèse l’intelligence qu’il te faut pour produire
Des écrits ainsi faits. Puisque cela suppose
De mélanger en vrac le contenu d’autrui,
D’y ajouter des mots incohérents entre eux,
De faire une salade avec de gros légumes
Et de se prévaloir d’en posséder le sens !
Tu puises dans les autres, tu pompes le génie
Qui ne t’appartient pas. Veuille du moins comprendre
Que l’instrument du vers ne te permet en rien
D’accéder au sublime. Tu es un tout petit,
Souviens-toi de cela, je te le redirai,
Et je répéterai à ta piètre cervelle
Le peu de nouveauté qu’elle ose faire jaillir !
725
Messages I
La conscience
Quand je considérais toute cette substance produite, au centre de cette quantité, je
me sentais ridicule et insignifiant, vidé de toute capacité intellectuelle.
Je voulais à nouveau me nourrir de ma propre poétique. Je recherchais peut-être une
jeunesse éternelle, une sorte de phénix de l'esprit - enfin je prétendais me comprendre.
A présent, je ne suis plus en moi-même? Je suis un évadé. Je parcours des espaces
vierges sans pouvoir retenir le temps.
Devant mes impossibles obtentions
Devant mes impossibles obtentions de résultats poétiques satisfaisants, prouvées par
l'expérience, je vous supplie encore, Forces sublimes et divines, immensités de puissance et de
savoir, et je m'interroge : "Comment puis-je mieux, au-delà du vice et de la souffrance ?"
La galaxie explose ses cent milliards d'étoiles. Milliers de soleils et nuits immenses
parcourent et remplissent l'espace. L'intelligence de l'homme est un infime résidu d'imbécillité.
Ma connaissance n'engendre que des larmes, et je tends vers la mort, certitude d'avenir.
726
N'as-tu donc pas compris ?
N'as-tu donc pas compris ? Tout jaillit de l'esprit. Il vient, vient à jamais.
Quand sur moi est sa joie, l'intelligence croît.
Un autre espoir
Un autre espoir.
Fixez-moi la certitude,
Offrez-moi la clé.
L'oeil interne scrute
Dans la luminosité de son rêve.
Donnez-moi le savoir,
Les délices de l'intelligence,
Alors que ma réalité
Est de m'enfuir dans le Néant.
Un nouvel avenir.
Vendez-moi la fortune,
La connaissance élevée.
Eloignez-moi de la honte,
De la médiocrité, de la bêtise
Afin que j'accède à l'Esprit
À la substance infinie.
Je plongerai dans le silence
727
Pour aimer le commencement
Et me nourrir de son mouvement.
Une autre compréhension
Dans la nourriture du Saint
Pour la splendeur de l'Alpha
Et la beauté de l'Oméga.
Moi et les Dieux
Et rien d'autre.
J'irai au-delà du seuil,
J'atteindrai le réel
Au-delà du permis
Dans l'éther sublime, oui.
Moi.
728
L'ennemi, nous détruisant
L'ennemi, nous détruisant, amoindrissait nos forces, nos aptitudes. Il inventait la
douleur, lui donnait une couleur, et la servait de manière constante. Conséquences : pertes de
produits, d'énergies intellectuelles, dont la décision venait de l'autre espace, là-bas.
Rebelle à la poésie d'autrui, à la démarche relationnelle, quelle puissance de la
providence serait venue me secourir ? Ô espoirs de jeunesse implorés jusque dans la vieillesse,
et jamais satisfaits !
729
Messages II
Les deux maîtresses
La nonchalance d'esprit s'évade mollement. Sa libre indépendance évasive et nue
s'élève par ronds successifs pour atteindre une mémoire de souvenirs, de confusions, quand
tout à coup la rigueur intellectuelle décide d'une obéissance, d'un principe de loi, d'une
obligation de raisons.
Vers laquelle de ces deux femmes, vais-je tendre ma lucidité ?
730
Les prêtresses sont venues...
"Hélas ! Hélas ! Notre cri est un cri de détresse ! Qui donc servirons-nous ? Quel
sera notre Maître ? Nous visitons de chambre en chambre, avec la lampe vacillante le lieu
parfait où resplendira le savoir, et nous cherchons encore.
Pour quel maître de pensée, pour quel esprit à l'intelligence nouvelle possédant l'art
de l'image ? Où est Celui ? ... nous ne pouvons attendre. Nous sommes suppliantes,
murmurantes et désirons obéir.
Perception différente à la consonance libérée, qu'il nous saisisse et nous touche un
peu partout, nous domine et nous aime ! Qu'il fusionne tout le savoir du siècle et veuille y
ajouter !
Ha ! Cette attente est vaine par le souffle de l'esprit, par
le génie pensant au loin sur le calme des eaux !
S'offre nul espoir pour les Livres de vie. Nous avons trop cru pouvoir le trouver,
nous filles d'extase, servantes de l'intellect ! Nous implorerons encore les bras couronnés vers
l'Azur.
Nous chercherons grandeur d'homme, nous chercherons."
731
S'éveiller
S'éveiller par le poème, fuir la raison, connaître la mort, nous octroie un bel avenir,
l'intelligence est meurtrie, mais elle subsiste encore.
Ne comprenez pas, refusez d'éclairer votre certitude, suffisez-vous de votre
mensonge - il n'est pas, il n'existe pas, il est rien.
732
Acte d'écriture
Je prends ici la plume
sans réelle intention
sans idée préconçue
J'ouvre deux ou trois tombeaux
quelques fleurs et souvenirs
en hommage d'un saint poète
Je crois voir des images
Ai-je rencontré la certitude,
fille à la démarche assurée
indiquant le chemin ?
J'avançais dans l'aube
accompagnée d'une rumeur
C'étaient de doux murmures
soufflés dans la plaine,
brumes et légèretés
oubliées, retrouvées
par jeu de l'intelligence
sombres clartés,
portées par l'élégance
par le doute
du savoir et de l'ignorance
Telles sont mes pensées !
733
Dans mes visions encore
des visages s'effacent
L'esprit m'offre des solutions.
Qui est le saint poète ?
tambourine à ma porte
la raison insensée ?
Au profond d'une tombe
Je dors repu, sans gloire
dans ma chair élevée
J'ai fui la coupole verte
mon écriture est trompeuse,
qui aurait pu la comprendre ?
L'extase était interne
à présent je suis bien mort.
S'est évanouie la métaphore
dans l'exil d'un soleil espéré.
Ai-je eu quelques visions ?
Nulle forme n'apparut
en clarté d'existence.
734
Je me nourris de la Plénitude
de mon acte
scrutant le diamant impossible
dans l'oeil excité de l'attention.
Enfin je me repose
et j'appelle cet instant,
inspiration perdue.
735
Les images
Elles bondissent,
Masse voltigeante et aérée
sous une protubérance qui s'amplifie
La violence de l'averse
galope vers l'infini
Là-bas, une source jaillit
dans une grotte en feu
Eclair de lumière
sur éclair de lumière,
quantité de photos, immense,
spectaculaire,
strate de miroirs obliques
où la pensée ne peut voir l'espoir.
J'avance irréfléchi
je me contemple, ridicule
J'essaie d'entretenir ces esquisses
souterraines
ces travaux fabuleux
J'observe, scrutant
une conception supérieure
736
J'admire la construction de ma déchéance
Puis-je espérer un commencement ?
Attendrai-je une Force ?
Ô folie de l'avenir
Ô deuil peint de vert
Dans le bleu des pyramides
dans le sang des roses
pour l'or rougi.
La chaleur était dans ma cervelle immense
J'entendais souffler les racines
de mon éducation
Ma culture transpirait
se dilatait confinée dans son espace
elle désirait autre chose,
mais quoi ?
La raison s'associait à la patience
perchée, pesante, oscillante
comme une balance
La bulle d'eau
la goutte de rosée
décidaient du poids,
737
j'écoutais l'instant.
Qu'ai-je appris produisant ces images ?
Qu'il fallait se nier pour croître
et qu'écrire était mourir éternellement.
738
Messages III
Grand esprit, me voici !
Grand esprit, me voici ! Chemin de certitude de braises chaudes ! L’intelligence
ardente et la conscience extrême, vers quelle délivrance courons-nous ? La vitesse et le temps
useront-ils mon estime ? Nous avons espoir dans le sublime et le superbe. La volonté divine,
permettra-t-elle d’y accéder ?
Grand esprit, ai-je menti ? Me voici sur le chemin inconnu. Tourbillons de feuilles
légères m’accompagnant. Recherche d’une possibilité sur la hauteur. Et ce beau souffle d’ici et
d’ailleurs qui nourrit l’homme, viendra-t-il ? ... Il est venu.
Je vous suivrai, emporté par le soir. Chavirement de l’oeil exalté dans les opales
de flammes ! L’homme est porté par son immense dessein, l’homme de rigueur et d’images -
parviendra-t-il à marcher dans sa nuit ? Il faut donc accéder aux divins.
Ô détestable mort comme une maîtresse noire et lugubre, tu m’accompagnes
constamment. Il a quatre laquais.
739
Elle pense, elle espère
Elle pense, elle espère, s’élève, se foudroie, se détruit et renaît. La voilà sur la pointe
des pieds, fille sautillante, légère et vagabonde. Je l’appelle Idée, - belle dans sa nudité,
recouverte d’un voile.
Elle pénètre l’esprit, elle va vers l’intérieur, atteint cette espèce de masse noirâtre qui
bouche l’horizon. Elle plonge pourtant dans cet amas visqueux et glaireux là où l’intelligence
refuse de s’aventurer. Parfois des jets lumineux semblent bondir de cet étonnant réservoir où le
retour de l’homme paraît impossible. L’obscurité y règne. Parfois encore des souffles
mugissent comme pour venir y chercher une respiration, puis ils replongent pour disparaître
dans les profondeurs.
Pourtant cette fille s’éloigne et atteint les premiers rocs rougeoyants. L’oeil fasciné
du poète la regarde aller toujours plus loin, vers l’intérieur.
740
Le mépris
Nul soleil dans l’intelligence. La lumière déçoit, vacille, répandant mollement
quelques rais ténébreux.
La fille-lune à la hanche féconde quémande un orgasme, convoite une chair que je
ne puis lui offrir. J’aime son sein, mais seulement deux ou trois heures.
recherches.
Elle me voit composer avec du bleu, avec du feu intérieur, et se rit de mes
Nulle intelligence
Nous ne possédons aucune intelligence, nous voyageons de jeunesse poétique en
immature littéraire. La vérité du temps nous réduit lentement à l’état de rien. C’est pourquoi
nous supplions, nous jurons posséder un savoir et cherchons à le transmettre... pour personne.
741
Les deux voies
Il n’y a que la beauté et l’intelligence, que l’intelligence et la beauté. De ces deux
formes d’idéal découlent la pureté, la lumière, la luminosité, le chemin vers Dieu.
L'échec
Le poète s’en retourne constamment dans le néant de son incompréhension. Toute
tentative pour essayer de plaire est jetée vers l’échec.
Souvenez-vous de lui, vous ces belles pleureuses, s’il vous semble qu’une aile
d’espoir voltige par ici ou par-là !
Celui qui sait ne souffre plus. Dans son ciel rougeoyant, il n’est plus de douleurs.
de la délivrance !
Ha ! Pensée de l’idéal, intelligence de la vérité, que vous soyez présentes à l’heure
742
Midi, supérieur et pur
Midi, supérieur et pur.
Le vent se lève, le temps compte,
l’intelligence écrit.
Les grandes pensées se penchent sur le front
et désirent inspirer.
La lumière jaillit ici et là,
Des sources dormantes semblent chuchoter.
Les colonnes, les hauteurs calculent exactement
La mesure de la gloire
l’oeil offert au soleil se nourrit
Cette immense architecture, je sais
Qui l’a construite
Elle désire s’envoler,
rompre ses attaches terrestres
et devenir temple immortel dans les airs.
Ses constructions de pierre où coule la lumière
atteignent les nuages et resplendissent, superbes.
743
Je ne sais
mon songe ?
Je ne sais où je dois aller. Vers quelle forme d’intelligence poétique, épuiserai-je
Pourquoi chercher si loin ce que l’on a en soi ?
Combien sont à mépriser
Combien sont à mépriser ce que je propose, d’une humeur dédaigneuse, proche d’un
sentiment d’indifférence !
Ils répondent : “Mais quelle place croyez-vous que nous accordons à la poésie avec
son cortège de pleurnicheries, de bêtise et d’inutilités ? Voyez l’existence : nous n’avons guère
le temps de nous y pencher. Elle est bien ailleurs la sensation de l’intelligence qui apparaît et
disparaît sur les écrans nouveaux.”
744
Envolées
Battements supérieurs de l’intelligence
Lentes pulsations de l’énergie qui vit
L’esprit attend la part qui lui est due
Il y a balancement de la raison houleuse
Là-haut une phrase, aliment suprême
Est nourrie de lumière et de triomphes
Le guetteur cherche à capter
Le signe éphémère qui constamment revient
Les ailes de la pensée battent
Et cherchent à s’envoler.
Et la caresse aérienne vient se poser
Sur le temple du savoir
745
Messages IV
La pensée épanouie
La pensée épanouie s’écrase, énorme goutte
d’eau, de raisin chargée
de senteurs lourdes et mûres
La tête vacille à droite, à gauche
et la main accélère pour exécuter les ordres.
comètes, oiseaux, soleils
Il y a semences, richesses, moissons
Dans la paume du poète
l’intelligence brille un instant
puis s’endort sous le poids de son ombre
comme un corps épuisé
cherchant à se nourrir d’une autre lumière.
746
Écriture
Un souffle, une respiration
Fuite de syllabes
Dans le silence de l’intelligence
La pensée bondit et se fracasse contre le front
Une puissance de langage ...
Recherche de maîtrise,
recherche encore
Ce fleuve d’impuretés
où se mêlent l’ordure et le sublime
Ce fleuve roule et charrie
des ondes tumultueuses
ce fleuve espère
Les signes, les syllabes,
eau et sang
se diluent dans l’immense courant
de la pensée
Oui, moi, je navigue
radeau sur des boues
à la recherche de la source
emporté vers l’océan
747
toujours en partance
loin des rêves du temps
Psy
L’intelligence ! Quelle intelligence ?
Puiser au fond de la mémoire
où baigne une mare de mots
Les mots fabriquent des personnages, des situations,
produisent du fictif
Extirper au plus loin des solutions à supposer,
à prétendre etc.
748
C’étaient des années ...
C’étaient des années de production intensive
L’avenir était certitude par le don prophétique
Constamment la capacité intellectuelle concevait
C’étaient des années inconnues, pourtant gonflées d’espoir
Qui filaient lentement dans l’infini du sablier
Les mois de puissance cérébrale,
de jeunesse active
s’accumulaient les uns derrière les autres
Eux, dans leur opacité et leur brouillard de rêves
Ne voyaient pas, ne voyaient rien
Ils méprisaient l’effort
Ils ne comprenaient pas,
Ou voulaient ne pas comprendre
Le temps vieillissait entre tes doigts
749
Vie d’écrivain
Les yeux la mort l’horreur la nuit
Silence médiocrité fatigue douleurs
Oeuvre Dieux certitude tout est clair
Faiblesse des sens ignominie de l’orgasme
Déchets de la passion avenir de la pensée
Le bureau, la chambre, les couteaux, le lit
La vitesse du temps, l’intelligence des yeux,
Le retour vers l’esprit, la pureté
Les lumières silencieuses, les lumières
La constance de présence violente, agressive
La perfection du savoir, le savoir supérieur
La volonté élevée, vers quel sinistre ?
Vers quelle incompréhension ? Qui comprendrait ?
Ici-bas suis-je faiblesse, bêtise, honte ?
Personne aujourd’hui, nul dans demain, nul
Perception sublime, intéressée pour l’au-delà
Encore pour demain, pour demain encore.
750
L’âme se nourrit
L’âme se nourrit de sources claires, d’envolées délicieuses. Cet azur est
remarquable. Ce lourd soleil est bon pour moissonner toute récolte renouvelée, tout avenir de
certitude poétique. Il annonce un espoir de gains, de cuivres, de feuilles, d’honneurs. Il monte
sublime et incandescent chassant la nuit honteuse.
Il dissipe l’épaisse charge brumeuse. Il chasse les stupides jugements des humains et
participe à la production d’actions mentales ...
Que de vérités apparaissent aussitôt ! Quel infini langage s’ébat, se développe et
s’élève ! Les procédés employés par l’intelligence sont éclairés de lumineux éclairs pensants !
751
Messages V
Monde élevé
Monde élevé, lumières claires, tendances hautes
La pensée tournoie dans sa circulaire certitude
J’enferme l’œil à l’intérieur
Je détermine l’évidence, la réalité mienne
avec la durée, par l’Esprit
dans l’énergie de l’intelligence
Monde ailleurs opaque
Mais de transparence vraie
Indifférent, voire inutile
Obscur, sale et noir
La dimension du Moi
Exalte la vérité
J’accomplis l’image
Ainsi j’écris
752
Morceaux de vie
Les livres
les écrits
l’Œuvre
la pureté du Moi cherchant l’idéal Divin
la conception du Parfait
Les productions à obtenir
la préparation pour un ailleurs
le Mal
la lampe intérieure
l’intelligence
l’Esprit
Les aiguilles dans la chair
la douleur
La place, la hiérarchie
le petit Christ
la couronne d’épines,
le langage
Quelques filles exactement
soleil - sexe - plage - soleil
753
La pensée vieillit
D’intelligence en intelligence
D’esprit nouveau en certitude d’avenir
De génération en génération
Tu espérais obtenir plus,
Mieux, autrement
Tu espérais
A présent, c’est la fin.
As-tu compris que l’ennemi
Était le temps ?
L’appétit d’écrire
Amuse les Dieux
Aller de la vie à la mort
De la mort à la mort
Pour finir ce que jamais
L’on aurait dû commencer
Être rien, infiniment,
Éternellement rien
754
Qu’est-ce que la vérité
Quand tout est changeable,
Quand rien n’est fixé ?
755
C'était une faible possibilité
C’était une faible possibilité, imperceptible, à peine réelle, presque insignifiante à
tirer d’un rien, d’un Néant. L’Esprit injectait en soi-même de la pénétration, allait sans trop
savoir, en prétendant qu’il y avait ... quoi ? Ce bruissement, ce battement de papillon d’aile. En
vérité, c’était une force élémentaire d’intuition. Il fallait toutefois que cette perception reposât
sur quelque chose de concret pour que l’intelligence prétende y déceler un soupçon.
Rien de plus étonnant
Rien de plus étonnant que cette durée. Toi tu désires produire encore, tu voudrais
canaliser. Tout semble bourdonner dans cette citadelle de l’intellect. Te voilà composé de
bruits, d’accords indistincts, de sonorités douteuses. Tu espères organiser cette étonnante
contradiction. Tu es à l’écoute de l’instant.
756
Messages VI
Les armes d’Oint
Les armes d’Oint, - le chrême, la lumière, l’Esprit, le double Esprit, etc.
sa nature,
Les faiblesses d’Oint, - la présence du Mal, les aiguilles, l’intelligence, l’ignorance,
splendide.
Sa vraie potentialité est dans la certitude du Fils éternelle, constante, céleste, forte et
La lumière insistait
La lumière insistait et cherchait éternelle et superbe à éclairer mes pauvres yeux
gisant dans l’ombre. Je voulais échapper à la pensée grise et terne qui constamment pénétrait
mon esprit. Je croyais voir des possibilités suprêmes d’intelligence autre. Je n’étais qu’un
pantin articulé courant désespérément dans cette chair intime.
Tout mon mal résidait dans les limites de mon aptitude. Je n’avais en moi qu’une
médiocrité détestable bloquant toute recherche de progrès. Je voulais changer cette durée qui
rongeait mon avenir.
757
Nul ne fut plus hanté
Nul ne fut plus hanté ni obstiné - cherchant désespérément les traces de son Idéal,
ayant mis toute sa capacité cérébrale au service de cette éphémère interdite, impossible à saisir
; exploitant à merveille les flux d’activités intellectuelles pour mieux posséder ses instants ; il
était homme à femmes, homme affamé de vérités énergiques et de certitudes universelles.
Il fallait pénétrer, chercher, contourner l’obstacle, déterminer le silence, repousser
les limites où buttent les âmes des poètes, où viennent se fracasser les aptitudes incapables de
produire au-delà, incapables d’atteindre une sorte de finalité sublimée et divine.
Lui, donc, force bafouée, reniée, détruite, méprisée, lui aux confins de soi-même,
désireux de renaître de sa propre énergie, sachant l’invisible, prêt à l’affronter et le
comprendre, détestant la violence, entre le précipice et la bourrasque, l’avalanche et la
profondeur, veut accéder à son immortalité.
758
Au cœur de soi-même
Aux jeunes poètes
Au cœur de soi-même, nuit claire, claire encore et la nuée, voltigeant par mégarde ici
et là pour la source du poème, dans la pensée béante et superbe.
La puissance du vent, la bise allègre, les vallées et les monts, les risques et les
audaces, la certitude défaille dans la vérité du printemps.
son combat.
Rapidement, lestement, il veut, il cherche, jeune homme de haute stature, il accède à
Les forces bouillonnent en lui, il suppute, oscille, il déplace les bornes du savoir,
rejette les limites de la vérité.
Sans Bacchus, sans fumées délétères, à la recherche d’une croissance infinie,
l’intelligence se développe dans un ordre logique espérant comprendre autrement, mieux peutêtre
! ...
essayant.
Le temps est sur sa droite, il va œuvrer - développant ses dons, - du moins s’y
759
Soir d’ignorance
ambulante
Soir d’ignorance
quelle médiocrité autour de moi, d’imbécillités et de bêtise
J’ai l’intensité d’une force inconnue invisible et pourtant puissante comme
autrefois époque où je marchais en moi-même avide d’intelligence pénétrant les
espaces inexplorés de ma première jeunesse remplis d’espoirs lugubres constellé de
lumières fluorescentes la pensée gravitait autour de moi
Dieux, mes Dieux
léger embraser un Moi puissant
et quelle certitude où j’espère Allégrement comme un esprit
Ils étaient tapis dans l’ombre obscure avec présences de violences occultes
accédant à la chair, l’humiliant, l’abêtissant
aiguilles affûtées
Puis une graine de semence comme une parcelle d’avenir malgré le fardeau du mal
et je voulais aller au fond
la violence m’a pétrifié, frustré, interdit
la profondeur
Le Vouloir était fort
les choses associées à l’actif agité et fécond plongeaient dans
Les femmes n’étaient que rêves de chair insoupçonnées et inutiles c’est pourtant
ces femmes qui ponctionnent le temps et transforment le travail en plaisir délétère, éphémère,
enfui ;.
760
A présent je gémis conscient de mon impuissance crispant les poings cherchant à
imaginer l’écrit d’exception
de perfection inaccessible
J’ai récolté des soupirs au milieu de sources
d’oublis, d’espoirs avec résonances faibles
faibles
s’y exhale parfois un écho lointain
Y surnagent des possibilités poétiques semblant s’aimer
serments avec discours
Ô baiser aériens avec
Puis j’accède à cette extraordinaire beauté qui règne dans la plénitude absolue
avec été resplendissant d’orgasmes
Dieux, mes Dieux
léger embrasser un Moi puissant
et quelle certitude où j’espère Allégrement comme un esprit
Cette inspiration offerte d’en haut qui illumine ma solitude intérieure, qui déplace
les bornes de mes rêves et me permet
Oui, friction d’idées de têtes pleines, doublement élaborées, avec poussées de
volonté de savoir pour le livre nouveau !
761
D/Dd
Divergence / distance intellect
c’étaient des résidus possibles
des espoirs, des attentes
dans une brassée d’inspiration
C’était une tentative vaine baignée de tourments
accouplement de mots
qui n’engendrait que des pertes
Ombre et critique d’ombre
pour
RIEN
762
Une immense fatigue
Une immense fatigue, un besoin de repos dans un vide qui plonge indéfiniment pour
aller y puiser quelque substance d’intelligence
de nouveauté
Concevant encore un paysage de mots par
la magie de l’extraction
- sorte de puzzle, en vérité
763
Résonances I
L’âme plonge
dans le vide créateur
La pensée foudroyée
est morte, est vivante
du moins sa lumière
est phosphorescente
Au plus profond,
Penser est un vice
La fille s’étire
avide qui se dévide
est un infime
tout élan
commencement de l’intelligence
dans le peu, dans le mièvre
il y cherche des preuves
Il construit dans le rien,
L’univers en soi
Étire sa toute puissance
764
L’écrit/le risque/le cul
L’écriture / la production/ La fille belle, invisible, ima
L’espoir / la volonté ginée, d’impossible perfection /
Intellectuelle / l’avenir Le sexe / le sexe / l’érection /
Mon manque / ma certitude L’éjac / l’éjac cul / la tion
De faiblesse, d’inutilité /
Le fouet / les menottes / les pieds,
La formation / Dieu comprendra La jouissance / dominant / dominé /
Le Saint aidera / - je m’en Encu / Enculé au quotidien
Sortirai / Ils ont des consciences / Par les banques le pouvoir /
Ils peuvent juger / le temps implac le travail / le profit etc. :
cable qui file, fuit, dis / Tranche de vie - quoi ! -
Paraît.
La crainte, constante / l’avertissement /
La détermination / le risque /
La bêtise, le ridicule / le vouloir
Le progrès, le savant / Pourquoi
Cette peur ? N’est-il pas là ? Pas là ?
765
Alors ?
Toujours le jour de brume
nulle éclaircie
l’énergie fantastique de création intense,
qu’en firent-ils ? En avaient-ils réellement ?
dans les rues nerveuses de l’intelligence
la virtuosité du mouvement voulait capter
quelques messages
alors ?
766
Absence de femme
Absence de femme
Je me libère de la soumission
Je jette les pieds, les odeurs, le triangle
Je fixe mon temps, je m’appartiens
Et ce silence devient fertile d’écriture,
De pulsions intellectuelles,
D’infinis, de recherches,
Absence de femme,
J’exploite mon énergie
Je pense ma matière
Je déifie la beauté,
Je transforme, déplace, prétends.
Ces petits outils que sont les signes,
M’appartiennent, m’obéissent, exécutent
Je conçois la chair autrement,
Avec vice, avec pureté
767
Cet instant de mort me semble peu
Je veux y ajouter - mais quoi ?
Autre forme, autre matière
768
Résonances II
Le poète
Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se faire et se défaire
du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour avancer rationnellement. Il croyait
parfois accéder à quelque chose de délicat, de difficile. Il ignorait que la résistance était en
science et en science appliquée.
Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée de sa propre gloire,
- enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.
Il reste
Il reste. Humiliation, médiocrité, honte, faiblesse, certitude du peu, de l’insignifiant.
Il y a. La science, l’intelligence, les hommes ensemble, travaillant pour resplendir, pour
aller vers l’avenir.
Le poète lui se renferme sur ses livres dérisoires qu’il contemple comme des archives.
Les mots éclatés
Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.
769
Je relis sans patience, sans méthode, sans principe Mallarméen, sans alchimique effort.
Quelques explosions sporadiques !
Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !
ce qui vibre, s’exulte, s’expulse
dans le souffle de l’écriture
s’obtient faiblement
Mais que faire ?
770
Séquence interne
Séquence interne qui palpe
qui s’exprime,
qui attend
Le vide dis-tu remplit ta solitude
Tu recharges ton âme
Tu repenses avec autrui
Tu dérives, exploites
l’intelligence des écrivains et poètes
sur le bord de ton cercle, tu te penches
tu agites le miroir
771
La nymphe
Conçois cet instant où elle se fige
elle s’assoie, se lève, revient, pense
la fille aux jambes hautes
les doigts sur tes doigts
te permettant d’écrire
Nous sommes sur l’axe de la pensée
Prononce-t-elle quelques mots ?
S’extirpe-t-il un rire
des syllabes mouillées de salive ?
Plonger dans sa bouche,
y extraire des fruits d’extase
Ses seins, ses pieds, cercles de femme
cette nymphe commune envahit l’intelligence
772
Méditation
Je médite sur l’aptitude scientifique
Sur l’essor formidable des techniques appliquées
Je pense à la pauvreté littéraire,
À ces hommes travaillant cachés entourés
D’un mur de livres et s’essayant à écrire
Chacun pour soi, sans synergie d’intelligences
Il y a pourtant de grandes œuvres,
Le poète peut-il se comparer au savant ?
Je m’éloigne - le public lui depuis longtemps
A opté pour la science, et méprise aisément
Le faiseur de vers. Plus encore demain l’écart
Grandira, et le poète ne sera plus qu’un bouffon
Méprisable et ridicule. Il s’en retournera
Avec ses rêves, ses utopies, ses médiocrités
Qu’il sera le seul à apprécier ! Le seul !
Y a-t-il pourtant bonheur de l’intellect ?
Satisfaction à composer, à extraire, à produire ?
Est-ce le bonheur de l’aquarelliste,
De la brodeuse de napperons ? Qui parle
De grandeur, d’élixirs, de gloire ?
Il veut triompher de l’éternité, et toujours être.
Être ! Avec quoi ? Avec ses piètres poèmes ?
773
Ô savant que penses-tu du poète ?
Te fait-il aimablement sourire ? Et quoi,
Quand tout aura disparu, quand la trace
Insignifiante de l’humain sera effacée ?
Quoi ? L’espoir est là-bas peut-être.
Y aura-t-il repos et bien-être
Où la mémoire active sera honorée ?
774
Les songe-creux
Accumulez autant de poèmes que vous pourrez
Épanouissez-vous, considérez la hauteur
De vos ambitions, libérez-vous, engendrez
Du soleil sous la grisaille de vos écrits.
Oui, travaillez et travaillez encore. La chair
De la femme n’est que faiblesse. N’oubliez jamais
Cette vérité. Les femmes aiment l’argent, elles
Détestent l’insouciance du rêveur. Tous les
Songe-creux doivent mourir ou disparaître.
L’effort de l’intellect doit s’accompagner d’abondance
Financière, d’or entassé - L’effort : cette oeuvre
Produite par votre raison, qu’elle ne s’envole pas
Dans les gaspillages de l’infortune ! Allez rieurs
Dans la sinistre tombe pour ne rien regretter.
775
L’effort
Résonances III
Caché, enfoui,
Subissant sa propre dérision
Essayant de s’en défaire
La raison pour certitude
Le sens exact jamais trompé,
Toujours vrai,
Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,
À bondir,... enfin ...
Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,
Combiner, exploiter, utiliser autrui,
Sa substance, son génie, le dériver,
Le compresser, le condenser,
En vérité,
Travailler avec l’intelligence.
J’ai besoin d’une force
Pour que la Nuit fructifie
Pour que le Mystère s’éclaire
Je m’exalte d’une immense joie
776
L’a-vérité
J’obtiens une a-vérité qui est à côté,
Qui se conçoit dans l’âme, que l’on prend, jette,
Qu’il faut étudier. Elle peut servir, être
Une sorte de catalyseur d’intelligence, elle peut
... Si l’on veut s’en servir.
Elle ne sert pas à détruire l’autre,
Elle cherche à s’unir, à s’associer.
Grande est sa difficulté à exister, elle évolue
Dans le rêve. Elle est la reine des pensées.
L’Aveugle s’en défend, s’en glose,
Dénigre, méprise,
Le Critique poétique l’exclut
De son mécanisme cérébral,
Le lecteur ? ... Il n’y a pas de Lecteur.
777
L’image
L’image n’est jamais achevée,
Elle s’adapte à toute forme d’intelligence
Chacun la reçoit, l’interprète à sa guise
Son origine n’est pas dans la pureté de l’esprit
Elle n’est qu’un principe associatif, combinatoire
Niche en A avec Niche en B,
Variables d’éléments de A avec
Variables d’éléments de B
Éléments de A dérivés
Éléments de B dérivés
778
Sagesse
Produisez autant de poèmes que vous pourrez
Ayez soin de votre ambition, tourmentez-vous
Accélérez le mécanisme de votre crédit
Soyez zélés pour autrui
Tous les poètes sont fous
Considérant leur propre valeur
Préparez-vous à votre sort funèbre
Dès la vingtième année de votre génie
Démontrez l’effort de votre intelligence,
Prouvez, argumentez,
Et vous irez bienheureux
Dans la tombe de votre misère
Quelle œuvre sublime pensée par vos mains !
On vous nommera, vous passerez - cela est certain
Les têtes blondes s’instruiront dans vos textes
L’éducation nationale vous fera une place de choix
Et cette statue sur la grande place,
C’est vous peut-être !
779
À moins que craignant votre Seigneur
Et vous sachant fourmi parmi les fourmis
Vous quémandiez le pardon et la miséricorde
Trop heureux de sauver votre vie ! ...
780
Qu’est-ce écrire ?
Le poème insiste, s’arrache, veut s’extirper de ce dédale verbeux et sirupeux, il s’active et
prétend s’extraire de ce labyrinthe de l’intelligence où la créativité loin d’être une fille
splendide de l’esprit, n’est qu’une marâtre détestable et méchante inapte à offrir les fruits
sacrés du sublime ...
On pénètre au-dedans pour aller au dehors. Par quel chemin ? Quelle voie ? Qui a bien pu
laisser quelques traces à suivre ? Sont-ce des encombrements, des surcharges de l’aptitude de
l’autre, de vulgaires réminiscences ...
Ces désirs verbeux, ces blancs insipides entre les fragments disparates, ces silences de
ponctuation participent à l’élaboration d’un discours final ! Il y a donc intensité, vivacité,
éléments de nerfs.
S’assurer un passage, avancer ça et là, jalonner des endroits qui ont été sélectionnés par
l’intéressé. Avancer dans du rien plutôt que dans un espace, est-ce cela écrire ?
781
Ta Phèdre
Avec colère, avec violence, avec volonté
D’aller outre, de gagner, de l’emporter,
D’extraire des potentialités intellectuelles ou
Artistiques - à chacun sa mamelle ! - Toi,
Tu meurs soulevant encore des apothéoses inconnues,
Nues de gloire dans ce désert tragique d’oublis !
Tu te perds dans des tourbillons d’amertumes, de sucs acides
Ou gras de certitudes comme un bourgeois à la panse
Écarlate ; tu comprends l’ultime décennie que
Tu n’as pas su perpétuer le miracle d’autrefois,
Tu agonises dans le néant de ta propre merde
Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant
La suppliant encore, ta Phèdre en porte-jarretelles
Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.
782
*
Elle s’élargit enfin
Dans l’espace intérieur
Elle déplace la frontière
Elle prétend savoir
Elle pousse l’inconscient
Se fortifie sur l’intuition
Active l’imperceptible
Elle est dans la durée,
Dans l’espace-temps donné à tous
Elle arrange des éléments
Préexistants, elle les modifie
À volonté et produit autre chose
Pour la spiritualité
L’intelligence, la création, etc ...
Est-ce travail habituel de la pensée ?
783
Contre-ut
Je ne sais que trembler,
trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,
de l’impalpable, du cristal,
Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.
Je ne fais que vibrer
Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe
intellectuel. Je suis devenu une vibration
Impossible, irréelle, délétère.
J’accède à une forme
de conscience épurée, translucide, je rejette
la confusion. Je reconstruis le monde avec
des concepts autres, nouveaux, interdits.
Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.
Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation
De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,
Je sais pertinemment que rien ne restera.
784
J'avance dans la pureté
J’avance dans la pureté, l’œil ouvert
Je perçois quelque peu la lumière
L’intelligence est en éveil - conscience ...
Je vois des mots, je commets une erreur.
Je les prends, les arrache, les fait tourbillonner
La phrase se déchire, nulle pensée ne s’élève.
La pureté.
Ces lettres qui s’accumulent, s’engendrent
Que l’on déplie sur un long film
Et cette encre qui a nourri la pensée,
Pour lui faire pénétrer la matière
C’est un enchevêtrement de signes à l’infini.
On lit, on trouve cela faible,
On comprend mal comment la mémoire
Peut engendrer de telles possibilités.
Cela paraît insuffisant.
Un tas épais de feuilles pour mourir en hiver,
Pour oublier l’absence poétique
Dont ils n’avaient que faire.
785
L’effort
Caché, enfoui,
Subissant sa propre dérision
Essayant de s’en défaire
La raison pour certitude
Le sens exact jamais trompé,
Toujours vrai,
Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,
A bondir, ... enfin ...
Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,
Combiner, exploiter, utiliser autrui,
Sa substance, son génie, le dériver,
Le compresser, le condenser,
En vérité,
Travailler avec l’intelligence.
J’ai besoin d’une force
Pour que la Nuit fructifie
Pour que le Mystère s’éclaire
Je m’exalte d’une immense joie
786
Résonances IV
La conscience se meurt
La conscience se meurt
Dans la certitude du jeu
Intellectuel de l’écriture,
... C’est blasphème de honte,
C’est coffret de lettres
Agencées maladroite-
Ment pour un résultat de
Faiblesse ridicule !
Et rêve tristement à
Quelque espoir égaré
Dans un futur scientifique
Interdit, inaccessible
De beauté pure, d’idéales,
De formules parfaites ...
787
Accéder à
Accéder à l’épuisement sublime
éternellement seul en plénitude du Moi
Prétendre s’élever encore,
exploitant à merveille l’énergie mentale
déployée en son extrême
puis en apothéose d’agonie mourir enfin !
Sur l’ordre de sa voix produire encore
dans cet espace-risque où la pensée
se nourrit d’imaginaire
Concevoir de l’inconnu,
....et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase
accidents et faits mentaux dérivés,
combinés, extrapolé
Tu redoutes de rencontrer
tu préfères fuir sur du délétère
788
Tu erres sur des traînes infinies
qui n’ont nulle plénitude d’avenir -
la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre,
qu’une variable de combinaison douteuse
L’oeil se remplit pour l’intérieur
tu inventes la réponse - nulle question n’était posée
la vérité se déploie comme un arc-en-ciel
La route est certainement mensongère, mais que faire ?
En cesser-là ? Poursuivre toutefois ?
Déplace les distances - et insiste encore.
Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer !
Est-ce aventure de poète ?
Va, rampe, progresse, - jamais renoncer -
pénètre
Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain !
Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix
oui, là, là-bas, à l’affût
Peut-être découvriras-tu ce que
tu t’étais évertué à fuir ?
789
Oui - toujours s’obstiner
avec aptitude et force intellectuelle mêlées
790
C'est ignorer le beau
C’est ignorer le beau, l’offre poétique,
la volonté grecque et latine
est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ?
Faut-il rendre absent le monde ?
est-ce possible, d’ailleurs ?
Je gère ma fuite, ou construis ma maison
Je doute au fond du puits
Si je constate l’intelligence de l’autre,
je la veux en alliance
C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir
791
Résonances V
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonnée comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. A la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
A moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et
J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
792
Le chemin de l’âme
L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience
D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité
Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -
La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.
La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?
Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,
Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !
La modification proposée pour le Christ, le dessein,
La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.
Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour ... ?
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,
De perceptions, les rapports, les constructions etc.
Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?
793
L’être subissant
Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.
Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,
Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche
Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre
Accéder à un état purifié pour changer mes relations
Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.
Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,
La logique, le sensible, le saut etc ... les outils -
Rationalité, expérience, futur - le matériel, et
D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation
Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.
Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.
Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.
Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?
794
La détresse
La détresse. La conscience du faible, du peu,
De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.
Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,
Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.
Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi
Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,
D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,
Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la
Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.
Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe
Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,
Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.
C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,
Quelque chose de pur et de surnaturel ...
795
La stratégie pensante
La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.
La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.
La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas
A la manière de Nietzsche, débouchant sur un
National-social - SS et Shoa, mais Soi
Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient
La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence
Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître
Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être
Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,
- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.
S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !
Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !
Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.
796
Circuit artistique
L’art nouveau venu du précédent ; la science évolutive.
De l’opacité à la lumière par étapes et strates successives ;
Enfermons-nous pour comprendre à plusieurs, pour trouver ;
Le Moi associé à Autrui, pour aller ... vers le sens de l’Histoire !
(C’est dans l’ordre des choses ! C’est le sens de l’histoire !
Détestable fatalité et acceptation de l’homme. Est-ce
L’ombre de Dieu qui rappelle à l’homme sa nature ?)
Lui dans son for intérieur s’ouvre, il offre son Oeuvre
A l’Autre. De la théorie poétique, le désespoir !
Plus rien, trop faible, passé dépassé. Mais travail,
Actes intellectuels. Acceptation et attente. Devenir ?
La mort ? La belle mort resplendissante de roses, de lauriers,
Quelle valeur ? Le langage, les signes, la poésie, - quel futur ?
797
La part du mystique
La part du mystique, les éléments sacrés, le destin
Religieux, la Quête du Sacré. La provenance
De l’être et sa finalité. L’acte de purification.
Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante
Insignifiance de l’être. La conscience, les limites
De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les
Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.
Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec
Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai
Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,
Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.
L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit
Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur
Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.
798
Vecteurs et tracés
Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité
Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant
Du vrai. “ La loi de la gravitation ” était dans l’air du
Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;
L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité
Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;
“Les voies de Dieu sont impénétrables. ” Il faudra penser,
Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.
Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,
Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;
La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux
En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du
Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.
Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.
799
Subsistance
La conscience de son incapacité à aller outre. Les
Déterminations de ses propres limites observables reçues,
Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.
“ Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela ”.
Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “ Mal né ”,
“ N’est pas au bon endroit ”, les obligations - engendrent
De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même
L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,
Indécisions, dissimilations. La curiosité
N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà
Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.
Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture
Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce
Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?
800
Activités de l’Etre
I
Existence et Être en dehors des capacités de notre
Entendement des vérités inconnues mais vraies, de
Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut
L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?
De la perception ultra. Parviendra-t-il à une
Détermination suffisante de leurs essences et contenus ?
C’est l’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui
Permettrait l’accession aux vérités échappées.
C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet
A l’Être, utilité économique, philosophique ou
Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,
Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés
Pour le rendre existant. La définition de son caractère
Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?
801
II
Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme
Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,
Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement
Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester
A demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas
Uniquement un problème de langage mais d’outillage
Cérébral.
Le troubadour de l’artifice, l’employé
Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement
S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto
Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa
Raison. Non pas entraver l’oeuvre ou le travail, mais
L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.
Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,
Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes ...
802
Le vrai philosophique
Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,
Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans
Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,
De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou
Axiome, ou indécidable.
La philosophie comme
Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,
D’où son matériel, son aléatoire, ses autrement. CAD
Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.
C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.
Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel
Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?
Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il
Lui donner des règles, des carcans ?
Le vrai serait
Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !
803
L’audace spéculative
L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître
Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-
Met l’embrouille, le manquant, le saut, le risque.
Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit
D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !
Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa
Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis
Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller
Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.
S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.
Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.
C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une
Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret
Et du réel pour un dessein de futur accompli.
804
L’un et l’un
Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “ l’être ”.
La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.
Introspection psychologique, désir absolu de comprendre
Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,
Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment
Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut
Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,
“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par-là
Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger.
Le langage permet d’articuler les combinaisons,
Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps
Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
805
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
806
Résonances VI
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
807
L’action totale
L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité
Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.
Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps
De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul
Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits
Qui engendre le progrès ;
Elle seule - possède du manquant ;
parts de vérités ; elle et
être implique :
Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …
Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.
Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;
Le Savoir se prétend en soi-même ;
à quel degré de valeur
Peut-on considérer “ la Vérité absolue ” qui agit là en soi ?
808
Rassembler en soi
Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,
Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.
Non pas mettre à sa disposition la totalité du
Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour
L’action. Car il y aurait charge, usure et poids
Inutiles de l’intelligence.
Le péril de l’intelligence
Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre
À la disposition de la conscience les outils nécessaires
À l’élaboration de l’action.
L’étude doit définir
Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-
Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :
La maximisation d’un volume de chaîne HIFI ; la potentialité
D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?
Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il
Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure
De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.
809
Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -
Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.
810
L’emploi de l’autre
Je suis où je puis
dans la mécanique et le labyrinthe cérébral
constructions interdites avec élans neufs
Je regarde Paz, - j’ai :
sculpture qui devient matière intellectuelle,
magma
étincelle lumière / génie
soleil énergie intense
rituels mémoire du passé - connaissance des anciens
Le corps et ses langages : nul intérêt
L’idée fixe ?
Par Paul - pas maintenant
Lui propose : des : plantes grimpantes de l’air
sous des arbres de vent
des : manteau de flammes inventé
et dévoré par la flamme
En vérité, j’ignore comment exploiter l’autre,
Je voudrais mais ne puis.
811
Ainsi j’offre des solutions banales et
insignifiantes
Autrement, demain.
812
La constellation irréelle
Est-ce toi, toi dans ta virtuelle réalité
de mensonges, de doutes et d’audaces d’écriture ?
Tu te conduis avec raison
pour élaborer un édifice.
au quotidien
Ne sont-ce pas de vaines constructions délétères,
infinies et inutiles ?
Est-ce élan ? Aptitude cérébrale qui offre
et organisme des produits de l’intelligence ?
N’est-ce pas faire preuve de prétention que d’oser
employer un tel terme : intelligence ?
Tout est pour l’intérieur. Autrui te détruit, te persifle,
te ponctionne, te méprise. Cela ne les intéresse pas.
Ils ont autre chose à faire. L’autre, oui - vous, non,
répètent constamment les éditeurs
Tu n’es pas réel - tu es un souffle transparent
qui disparaîtra avec sa mort. Tu es le manque, o mon absent,
mon silence, mon caché, c’est encore un en-toi.
813
S’il y a clameur, elle est interne - étouffée -
sachant à jamais confondue.
Pourtant tu le hurles sur cette feuille de papier.
Quelle force t’impose à l’écriture,
à le dire, à le proclamer ?
Ton désir est bien de construire
sous la constellation irréelle des étoiles poétiques
qui passent et disparaissent.
814
I
Pur désir mécanique esclave de l’insomnie
entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique
avec du rien dans son désert
cher inutile cultivant ta médiocrité !
L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire
Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -
Exact !
Des mots en synergie d’actions - du moins le croire
Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.
Ils pénètrent des vulves et je m’essaie
à des jouissances spirituelles quelle rigolade !
C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment
élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !
Et surtout les cacher,
ces poèmes de l’ombre !
815
Suites / Relances I
Soleils annonciateurs
Soleils annonciateurs d’idées nouvelles
Que l’on griffonne sur les vieux murs de sa raison
Inspiration qui souhaite repartir fortifiée à nouveau
Dans le long chemin intérieur
Avec l’intelligence à ses côtés
Grand matin d’espoir avec conscience éveillée
Dans le silence, l’attente et le désir
Avec les morts aimés, les grands révélateurs
De la poésie d’hier - essayons de produire
Etendues reflétées sur le miroir littéraire
Avec vagues, flous et audaces d’avancées
Nouveaux espaces balayés par l’or des feux
D’autrefois, avec beautés et ordres premiers
L’élan créatif se veut agencements réguliers,
Constructions claires sur le zéphyr inventif
816
Amours poétiques sur l’aube éclairée de senteurs
Nocturnes, désireux de chercher un soleil de grâce
Que puis-je, moi avec tous ces éléments, ces images
Audacieuses produire d’utile et d’enchanteur ?
Tout s’en retournera, peut-être, à jamais dans le
Dérisoire et le stupide du sommeil éternel
817
Des espaces, des lieux
Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,
Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles
À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches
Ce qui les sépare - ce qui les convertit.
Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.
Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement
Des moments de l’activité humaine ?
L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant
Et relevant les images floues, s’octroyant
Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.
Le propriétaire de Soi.
Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,
Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,
Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?
818
Dans le ciel cloué
Suites / Relances II
Dans le ciel cloué le noir d'un nuage
La violence marquée au plus haut
Je vole sur l'aquarelle haineuse
J'invente un fantôme chargé de mensonges
Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas
Fort, accablant toute pensée.
J'associe avec
Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot
D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous
Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau
Lumineuse ou phosphorescente.
Mes paupières
Des lancées claires sur un brouillard sombre.
Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme
D'activité intellectuelle qui façonne ou organise
Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.
819
Sur l'écrit à paraître
Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà
Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle
De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume
De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.
La façon de se plonger dans l'obscur - une substance
Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées
De fluides, des magmas de sens - syllabe qui se
Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,
Se fortifie, offre la vibration - l'incident en
Quelque sorte !
La mémoire valse, la tête s'obstine
A sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-
Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste
Et personnelle. Encore un horizon inachevé,
Un regard dédaigneux sur l'écrit à paraître.
820
*
Les poèmes sont des torches vivantes
Qui n'éclairent qu'eux-mêmes
Pour quelques instants.
Le soleil de l'intelligence
Dont la lumière est vitale
Gerboie d'autres feux,
D'autres substances et nourritures.
Dans le Néant de la chimère
L'âme, reine orgueilleuse,
A la cour d'elle-même,
Egoïste et persiflante
Se prévaut de sa grandeur.
La sagesse de la raison
Est de craindre l'immense créateur.
821
*
L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,
décomposant en cent mille paillettes les infimes parties
du Moi, ici et là cliquetis de phosphores
désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,
ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté
parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,
de la sublimation et du créatif.
Pénétré ces formes curieuses dans l'ardu et le sensoriel,
le subtil et l'évaporé, avec le mécanisme cérébral propre à
chacun ; déchiré ce labyrinthe de papier ou l'emprunter avec
un système de déduction et de compréhension,
voilà ce que peu de personnes s'essaie à faire, préférant
l'image facile de l'écran qui passe et disparaît au détriment
de l'image de mots plus difficile certes à concevoir, mais
dont la substance rare tel un parfum éternel embaume
l'âme de l'amateur.
822
Suites / Relances III
Son but
Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe
De son âme était pour lui un jeu intellectuel,
L'univers du poème un espace curieux à
Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, par-
Fois. Etait-ce une passion, un vice, une dose
D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de
Déterminer sa propre limite, reconsidérer son
Complexe, élargir les moyens de comprendre.
Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations
Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte,
Il prétendait... Mais ce n'était que chimères,
Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi,
Que folie permise par un idéal poétique rêvé :
La probabilité réelle de sa réussite était nulle.
823
Les miroirs J. L Borges
Je me demande encore, après maint jour et mainte
Nuit perplexe sous la variété des cieux,
Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux
Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.
Miroirs, cieux, surfaces, espaces
Fragile et éphémère, poète tremblant dans le
Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets
Infinis avec l'impossible qui côtoie
L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,
Et de pulsions émotives ;
mais encore, - azur qui
Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans
Un ciel irréel ; lac, surface lisse où
La pureté d'un cygne vient troubler le
Repos du dormeur.
Variétés, formes du hasard
Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de
Tisser les lis avec subtilité !
824
Miroirs, cieux,
Surfaces, espaces pensés et regardés comme un
Hasard modulable, lieu du questionnement où
L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.
825
Il faut donc s'enfoncer
Il faut donc s'enfoncer dans l'au-delà et le mystère,
Pénétrer un espace nouveau où les lois, les principes,
Les systèmes de valeurs sont différents avec la crainte,
L'angoisse, la condamnation, l'incompréhension d'autrui,
Avec le droit à la haine, à la souffrance, à la
Cruauté. La juste malédiction ! Le rejet !
Ou
Encore l'amour, l'amitié, la fraternité, l'intelligence,
Etc.
826
*
Soudain de bifurquer en soi ailleurs
(Ce que coûte de sueurs cet obtus pensé ! Que puis-je en tirer de cette exploitation
minuscule ?)
L'édification incomprise ! L'émancipation stupide ! Une ivresse stabilisée, un vent de
sable en mouvance, un projet avorté dans une immense médiocrité.
La reprise des mots pour une profondeur nulle, la volonté d'absence, le choix du langage
à sa table, l'application inintelligible.
De la nausée dans ses courants.
827
Suites Relances IV
Toute chose...
Toute chose comme de produire n'importe quoi avec du
matériel insignifiant, d'associer des sons et des idées, de
symboliser l'abstraction, de dériver le centre, de rapprocher
les traits, - toute chose avec la toile à plat pour déterminer
l'équation exacte à déplacer. Et de produire, encore !
Ecrire, écrire !
Frappée de saveurs, elle n'est pourtant qu'un essai
prémonitoire dans l'éphémère du temps. Elle purifie le
symbole, reconsidère le signe, synthétise l'idée claire ou
extrait des substances inconnues. Elle s'approprie un espace
pour l'approbation de la suprême application.
Elle veut concevoir l'Unité, le vrai associé sur sa dimension
de papier. A l'intérieur de l'intelligence elle a décidé de
rapprocher les distances, de lancer des liens, de rendre
compatible l'ambiance interne. C'est toutefois un espace de
raison où l'imaginaire assure sa continuité.
*
828
Amas inutiles d'œuvre, ô médiocrité, ô tristesse alanguie
et là-bas ce sont des propos inintelligibles. Le poète plonge
dans ces vasques d'or à la recherche de quelque anneau.
*
Celui qui pense-là,
Avec le poison dans sa bouche ;
Je lance la trace,
J’expulse l’éclair.
La profondeur pour l’incertitude,
L’errance sans l’intelligence.
Tu bondis avec le doute,
Les applications sont vides de sens.
Et tu prétends que la lumière
Etait venue comme un appel de Vérité
Déployant son ombre,
Déterminant une marche à suivre.
Ombre-lumière : la bouche expulsait
Ses sublimations sanguinolentes.
829
Suites Relances V
Qui pénètre par la croisée
Se veut voleur de savoirs
Je lui ouvre la porte
Et lui conseille
De ne point passer
Par la cheminée
Je lui donne mes dictionnaires
Mes almanachs et ma connexion
Au réseau
L'intelligence pure va outre
Accomplit de surprenants sauts
Refuse l'apprentissage
Et prétend ajouter
Sur les Anciens
830
Pensées sculptées
Les murs transpercés, l'haleine lourde, la pensée offusquée, les rires
détestables, l'élan cassé, l'intelligence paresseuse, l'orgueil aux abois,
et cette détestable volonté tentaculaire d'aller au-delà, de vouloir mieux.
En deçà, la lumière bleue parfois vacillante - la mienne,
intermittente qui se love contre l'esprit
Est-ce folie
831
*
Dans la forêt de l'intelligence se répand
une femme douce et généreuse
Pour restituer le chemin à suivre, la lente avancée
avec le doute et ses extrêmes
Bien sûr ! jamais ne pars, je fonds dans sa trace
pour l'écriture hachurée
Elle s'obscurcit puis s'éclaire par la flèche évocatrice
et s'effondre dans les buissons épineux
Paroles, paroles appliquées comme une gerbe
phosphorescente - c'est une fuite vers l'avenir
Mais quel espoir pour être ?
832
*
Sous mes yeux, pensant.
La tenir un instant en soi,
puis souffler sur cette respiration
Fuyant, indécis encore à disparaître
- là contre l'humeur - j'applique
La pensée pénétrante,
douloureuse comme le venin
Puis la transparence de la couleur,
pour la pureté extrême
- descendant aux aurores, m'agrippant
toujours à quelque chose d'inconnu
- extrapolant - ô l'air vivifié ! - l'air
Là où l'intelligence prétend creuser
833
*
Sachant et quémandant
Un savoir autrement
Esprit de petites choses
Qui supplie la métamorphose
De ses bases connues
Toute science suppliant !
Aimer et comprendre
Se purifier, apprendre
Et voler maintenant
Pour atteindre l'Eternel
Transporté et ravi
Dans l'ère du Paradis,
Conscience et sans ailes !
Espérer un esprit
Doté d'entendement
Lumineux et qui prie
Et implore nuitamment
Toute science suppliant !
834
Dans la nuit ténébreuse
Transportée, éclairée
L'âme radieuse
S'envole exaltée
La haute intelligence
Et le sublime savoir
Font vœu d'impuissance
Jurent leur dérisoire
Et quémandent au divin
Toute science suppliant !
Pouvoir se vaincre et se convaincre
De s'en retourner à l'innocence
Et toujours se nourrir
Des fruits de la souffrance !
Que l'amour de la Sainte-Trinité
Nous délivre de nos péchés
La transcendance et la clémence
Soufflées par la Divine Essence !
Et Jésus Christ saignant
Toute science suppliant !
835
Endormies sur le feu
Plus profond en toi
Plus profond, en toi en moi pour l'haleine du plaisir
En avalanches de chair - cette saillie est faible
Est-ce orgasmes et les nus désespérés souffrant
Quémandant des lueurs exaltées - quémandant
L'enchevêtrement des corps pour des ruades archaïques
Quelle évolution ? Est-ce intelligence sexuelle ?
*
Pour toute beauté
La croix du Christ
Pour toute intelligence
La science de L'Esprit
Pour toute puissance
La Force de Dieu
836
Les Roses ensevelies
Elle, pensée
Elle, pensée, de ne pas
Non accessible à l'intelligence qui la conçoit
En vérité idéale demain
Sacrée, pulvérisée, avançant
Qui estime mon absence ? Qui ?
837
L'usure des chairs
C'est s'enfermer dans des muqueuses et de s'y plaire en résigné
Les intérieurs - l'ultime est de se comprendre
L'usure du corps, la destruction de l'intelligence, la concupiscence pour d'autres chairs
Les souffles rapprochés, l'enlacement sinueux des droites et des courbes, les muscles
affaiblis puis le tendu viril
La volonté les buttées les gémissements le doux languir qui perpétue l'élixir et la grâce
Comment de cette distance à toi, comment, et encore s'imposer ce pseudo paradis en ce
consumant sur nos veilles ~ brûlant, s'évanouissant puis renaissant ? Comment ?
838
I
Appliquer avec l'incohérence cérébrale cette nuée claire d'espoirs et d'exils, ces fluides
ballants - ces giclées impossibles - Délaisser l'analyse perverse et critique, rendre intelligible
l'improbable - ceci est une simple esquisse à grands traits de l'acte d'écriture.
II
C'est certes une volonté de calculs avec des modèles, des syntaxes, des principes de
dérivabilités, d'extractions, d'exploitations.
839
L'autre cité
L'autre cité tu t'aventures encore à
L'affût de quelque spectre rare diapré en
Couleurs irisées recherches de brumes éclatées
D'évanescences obscures d'incendies rougeoyants
Recherches
Les néons le mouvement caché la rumeur des
Ruelles il n'est pas de lumière dans l'univers
Clos à droite, estrades, putes asphyxiées
Mais celles-là mêmes : friandises rapides bois
Cieux sereins
encore avance et titube
Dans le crépuscule don intérieur aux heures
Incroyables Là-bas Académies, Aréopages :
A éviter
Oui, la fluide lumière, généreuse
Et productrice, avivant la pure application de
L'esprit du moins l'intelligence le prétend encore !
840
En chairs si douces
Des tenues claires en Eve d'apparat avec de
L'or entre les jambes. A l'infini, puisant et
Remontant. Bel amant présomptueux en subtiles
Tentatives rectales imaginant l'interdit. Pous-
Sières d'orgasmes en jaillissements multicolores.
Bienheureuses après ruts tendres et désirs recom-
Mencés.
Derrières elles, ou sur le flanc, rampant,
Léchant - succulentes goulées nocturnes - ou
Giclées en gelées exquises. A vous de prendre, à
Vous. Quémandez, suppliez et implorez
Encore !
Rendant heureuse l'intime prestation noc-
Turne de vos délires corporels, ensevelissant
L'intelligence ou la réduisant à un état de vas-
Salité féminine, il est bon de mourir en chairs si douces !
841
Ego cherche
Et par quels procédés, quelles fixations, quelles convergences
~ d'intellectualisation pure ~ pour quelles essences de soi à soi, en
donnant à Autrui ? Quelles fluidités claires ou orageuses à expliquer ?
Mais encore ? Avec du vent stellaire, le tout-possible des aïeux ~ où ?
Quelles dimensions extensives, en quelles rafales de souffles inédits
Ordonnées, désordonnées, d'Alpha jusqu'à Oméga pour exploser en synthèses inconnues ?
Sublimes véhémences en plénitudes d'acquis avec des poudroiements différenciés dans
des extases lyriques, ~ là encore, encore pour un déluge inconnu à inventer.
Ego cherche, ego vainement en attente insensée pour une aberrante potentialité
universelle que jamais il ne parviendra à espérer.
842
Les deux sources du désir
Hors de ces tourbillons d'orgasmes et de jouissances,
De ces micro-suicides de chair - éloigné de ces
Appâts aux formes parfaites - à cent
Mille lieues de corps désirables aux beautés a-
Languies.
Vais-je percevoir l'idéal spirituel
Ou converger vers la sanctification du bon
Croyant ? Les deux sources du désir ne s'opposent-elles
Pas ?
L'époux dit : tes seins sont deux faons
Rebondis et succulents. Le sang et le miel, le
Miel du bon lait et le lait se compare au vin.
O boissons, aliments, ambroisie et nectar,
Désirs avides et abondances miraculeuses !
L'amour
Est une affection de chair et d'esprit, Christ et Vénus
Un bas-d'élévation, des soupirs d'intelligence.
843
Toute image rejetée
Exilé au futur par la pensée tracé
Au travers de l'apparence avec résignation
Rien cherchant à s'en saisir rien encore
Figurant l'immédiat déliant son attache
Soi-même dans son silence fixé à l'apogée
Inaccessible à l'âme
toujours il veut jaillir
Dans ce vide composé l'espace par éclats
Figure l'inaccessible la présence supplie
L'intelligence implore
Ce qu'il ne pourra jamais
Atteindre sur son assise le support
Revisité à la mémoire étirant ses vertiges
Affranchi dans l'oeil mais l'âme s'égare
Toute image rejetée par le poète aveugle
Qui se nie constamment mais qui toujours espère
844
L'éruption
L'éruption spécifique qui doit remplir l'espace-mien ;
L'art de l'éclair que j'impose au silence, l'état
Présupposé de l'esprit en demeure, et les premières
Syllabes prononcées en soi.
Ce qui s'établit
Au moment de songer, qui reprend la parole mais
Ne produira pas, ou posément de dire : voilà
Ce que j'obtiens.
L'intelligence insiste, râle,
Ne peut s'élaborer dans quelque supérieur, et
Se meurt ridicule de sens ou de résultat.
845
Jets and sprits
Jets et sprits dans l'espace-mien. Toujours
En soi. Si cela est penser, je fluidifie mes
Mouvances, j'éclaircis mon Temple. Mais pourquoi ?
Est-ce matrice cérébrale à produire ? Lancées
De l'intelligence ? Il faut dans l'épaisseur, par
Le travers disparaître et aller. Le profond avec
Insistance, dans le temps, calculable, réfléchi.
Encore la nuit. Ce qui importe. Les souffles précédant
L'étendue à survoler. Le Moi veut disparaître
Pour un autre moi : là-quel-monde-à-remplir ? Pour
Encore se rejoindre. Une nouvelle errance et la raison
Perdue. La relation avec la conscience. Ta cendre et
Ta poussière. L'inutile à découvrir peut-être. Les
Froids tirant sur le rien qui d'un trait se refusent.
846
1
De plus en plus, entrecroisements d'âmes. La moitié
De mort avec les Morts pour cendrifier l'image.
J'ai bu comme un extravagant à la poupe des génies.
Je grandissais à travers l'Autre. Quel patrimoine !
Quelle richesse fabuleuse mise à la disposition
De l'esprit !
Qu'à moi ? Qui ?
Qui descendait l'escalier invisible jus-
2
Tous les raccourcis-miens, enlacé et glissant
Dans luxe inintelligible de la rareté
Accumulant l'ennui
847
L'éclat de sa beauté
Elle, l'éclat de sa beauté, la tête impériale
sertie de diadèmes
Cette pensée qui s'ouvre, intelligence caressée
par la brise
La route fuyante, déjà basse s'approfondit
toutefois là-bas
Le mur inventé explose en lambris - ce qui
me sépare de l'autre mur
Le soleil de poussière et ses soupirs piétinés
et froids - moi-même dans l'anéantissement
de la nuit qui roule
La lumière respirée en un souffle jusqu'à la
somnolence de nos âmes
J'ai couru, tu avais disparu - et l'avancée encore
qui m'assaillit jusqu'en mon désespoir
848
Sans m'atteindre, sur le sol haineux, une foulée
douce encore à l'imprévu
Les chemins de silex habités par la solitude qui se tarit
849
Substances et Distances
I
L'air donc découpé en lamelles fines de strates supérieures (coupe d'abri préhistorique)
Eternel intervalle de temps comptés et redimensionnés
Je passe d'un espace à l'autre
Montées-descentes-renvois
L'inconnu est mieux défini
L'azur-poète s'égale dans le renvoi à soi
C'est l'égarement qui freine
Ici et là s'enflamment les espoirs envolés
Je sème une onde auditive et tactile, un sens exact d'essence-mienne
Fuyez, fuyez, beaux nuages
Je croissais dans le temps où vous ne fûtes jamais
Jadis sera demain en gloire posthume d'avancées à reculons ~ j'y suis !
Bien rêvés en intimes, doux poèmes faits de miel, penses-tu ce grand nom ?
850
II
Insultes sanguinolentes de douleurs invisibles - mais si ! Mais si ! - C'était en moi
Je vous secours après passage : j'y comptais bien
Ô beaux silences de myrrhe et d'encens et de purs oiseaux blancs
Hélas ! Ma jeunesse harcelée, dévorée par tant de haine - couteaux insensés enfoncés
dans la chair
Raretés, propos intelligents ---) poursuivons
Les conseils des génies prodigués en cavalcades d'avalanches pour ma sombre demeure -
nourris-toi
Ce sont de luxuriantes d'heures rarissimes
III
Routes à poursuivre si en toi de là-bas où tu es seul, chacun revient
Fais converger les parages - de grandes lignes fluidifiées - tu es le centre
Ton seras-pas, de toi-en-loupé, de raté-raté (ironisons, - ceci est faiblesse de critique
toutefois), de KO down, p'tit gars
851
IV
Rentre dedans, glisse-toi - toutes ces anfractuosités, ces passages possibles-interdits de
pénétrer en ouvrent sur de nouveaux espaces
Je te prétends dans l'ombre et creuse pour y trouver la lumière morte
V
Vers d'autres paysages - le devenir
852
A
Ta verbalité - l'as-tu donc ?
Je veux me débarrasser de ce fragment
Séquestré en personne la découpure de soi
La turgescence cérébrale
la poussée hors
Mauvais azur où s'enflamment des soies noires
Caprice de l'intelligence ou réelle construction autre ?
Je pénètre et ne suis là où flamboient les chers matins d'hier
B
Faut-il déplacer le sens exact ? Casser, recasser, détruire pour reconstruire ?
Nuages, vous m'apparaissez tout fébriles en...Croisez-vous et fuyez !
Ce qui les freine
C
853
À chacun son arbre ou son ombre
Ce qui m'égare sous les lumières tamisées
Perdu ! Perdu en comparaison magnifique
D’être peu ou rien ---) de retour vers mon Néant
Mais que faire ? Qu’écrire ? Quelle inspiration ?
Ce qui m’égare ? ---) Non ! Les faibles mécanismes d’extraction - Les découvertes ? -
A rire ou à pleurer. Là est la vérité.
D
En torses, torsades - croisez, croisez, jeunes flûtes avec nuages apparents
Pour les yeux qui sanglotent, quel espoir à naître ?
854
Variances
Ruptures et chutes
La fatigue disparaîtra dans la transparence. A sa place, ce seront ruptures et chutes, axes
transmis sur le seuil des yeux ouverts. S'élèvera inlassablement le silence accompagné de
choses asphyxiantes. Du moins un cristal acéré fendra de nouvelles ténèbres.
Oui, mais se formera lentement comme dans des contradictions consenties le génie furtif,
prolongeant dans ses mains des formes étroites. Qui faudra-t-il invoquer ? Les invisibles actifs
- les retraits de ses mains ? L'intelligence qui bouleverse l'ensemble saura répondre à la
question.
855
Subtile supériorité
Subtile supériorité en herbes de ramures qui
Serpente à l'orée du bois, qui s'oriente
Vers l'énigme interdite, pourtant chargée de
Ronces. Ho ! Serpents dans l'ombre de l'effroi !
Ici tout est empreint au murmure qui s'anéantit
Dans le vide et gémit ou semble vivre.
Ô toi mon esprit en permanence de recherches,
Plonge au gouffre, accède aux limites et
Pourfends-les !
Il est de vains traquenards et
De pures énigmes, des risques aberrants dans les
Substances claires de l'Intelligence accompagnés
De vomissements et de sales déchets honteux et puants !
Mais toi va, au-delà de ces précipices fangeux
Et tente d'accéder à un espace divin illimité.
856
La nouvelle pureté
En toi, tout cristal de neige, en hypothé-
Tique subtil de lumières et de pointes. Au-delà
Du gel, ta beauté matinale m'apparaît telle
Quelle !
Sont-ce des clartés intermittentes de non-
Vie, de non-mort, de : importantes fièvres
Aveuglantes ? Tu sais le moindre ! Je me déplace
En très doux.
J'accumule tes repentirs pour te puri-
Fier ~ changements d'être constellés de fièvres
Humides pour satisfaire un orgasme impossible !
En, je dois inventer la fille qui suffoque et
Moi,
Semble compromise en jouissance et échos interdits.
Il me faut crée une pureté nouvelle - un lavement
Cérébral d'intelligence corporel à désexuer.
- Oui, contre mon vide idéal, ta perte sera sauvée.
857
Le lieu autre
Plonger là oui devant soi pour exploiter un nouvel espace, pour fondre dans un clair absolu et
remplir un autre vide.
Il faut construire ce lieu dépouillé, y exercer une réelle liberté jamais connue.
Ce n'est pas un abîme, c'est un territoire vierge à construire.
Poursuivre et s'enfoncer où cela n'a plus de sens. Aller encore toutefois.
L'être disparaît mais que peut-il trouver ? Il y a descente dans le vide, sorte de saut retenu par
les pensées qui ralentissent la chute.
Il finit par aimer le vide car cette attraction est certitude de lieu autre - lieu nouveau où
l'intelligence pourra se déployer.
Le vol pour plonger dans la transparence, en témoigne cette lumière évidente obtenue par la
vitesse et la fuite. L'on parvient à illuminer l'abîme.
Abîme ! Bel abîme ! Quels seront tes secrets ?
Je persévère dans l'extrémité la plus lente sans parvenir à achever ma chute.
858
J'ai parfois rêver de me dresser à la verticale pour accéder aux extases célestes. Mais cela était
luxe impossible, que salut inventif, que folle expectative...
859
L’espace précipité
Dans quel espace précipité - ô grand suppliant de mémoire ! - pour quelle intelligence de
gloire et là découvrir un autre vrai. Ce n'est pas un instant entrevu, ce n'est pas un vertige
invoqué par l'effroi.
C'est : au plus profond des ombres - des ombres de substance qui ont survécu au silence.
Au-delà de ces vols désordonnés qui tendent vers le précipice, je veux y voir des bruissements
d'aile d'extase - de compréhension et de savoirs nouveaux.
860
Pech-Merle
Il y a des sons au plus profond du silence - des sons et des ombres qui s'associent à la lumière.
J'essaie de comprendre le pourquoi mais je ne puis comprendre.
Cet infini m'échappe. Je plonge. Plonge avec ma piètre intelligence et le sens m'échappe.
Tout cela a été caché pour le futur. Furtivement la pensée rampe et tente d'accéder au vrai.
Mais l'imaginaire du passé semble à tout jamais perdu.
La lumière en moi tourbillonne, le temps d'autrefois est obstrué. Cet anti-jour est un autre vrai
qui appartient à la Civilisation.
Qui éclaircira ce vrai ? Qui offrira l'œil à la fente ? Tant de questions constellent l'intelligence
de l'homme et nul ne peut y répondre !
861
Le dur labeur
Mais portée ce dur labeur de nue pensée
L'intelligence frustrée collée à l'extrême
Les solutions nouvelles, et toutes - à la dérive !
Ceci est mon extase ! Mon renouvellement, ma certitude exquise - je te dis que je dois être
avec cet autrement - me comprendras-tu enfin ?
Ce poids est trop pesant sur ma poitrine, quand ces milliers de salopes se donnent dans des
positions perverses - A la croupe, en cinglant.
Et l'autre - éventré qui se décompose en pulsions homosexuelles ridicules - à l'emporte de
son trou du cul inutile.
Contrairement, épousant les muqueuses - tu vois, j'organise mes distances - je sais
l'interdit à franchir.
Tout cela pour un sourire. Je me sens libre - j'invoque à nouveau.
862
Nuit
I
Nuit, enfin. Nuit pour ouvrir ? Si long en si peu. Toi, avance.
Se dresse l'abîme au plus profond des ruines, enfoui
dans la mémoire du temps.
Quel avenir pour l'âme ? La certitude s'efface. Dans l'invisible,
il ne reste rien.
Tu prétends au murmuré - d'élan soufflé en volatile insignifiant.
Tu respires une forme qui se meurt sans substance ni matière,
pour une intelligence immobile fuyant la clarté des choses.
Tu vois, je suis indivisible certain que la durée disparaît
dans ce mensonge de création qui n'est pas.
Scintille ici et là dans tes sinistres clairières. Dévore en mon
sein tes futures offenses. Moi, je m'octroie la sublime lumière
qui avive en ma chair la limpide fluivialité - loin des eaux
dégoulinantes de sang et d'excréments.
Tel est l'orgueil du purifié !
863
II
Le matin clair. Eté fondu dans cette idéale de transparence - je sais,
jamais n'explosa en lancées, en éclairs immortels, éternels - oui,
avec poursuites de ne pas, ne pas.
Quel parfait négatif ! Entre en toute joie de rien, de peu, d'autrement.
Mais qui comprendra ?
III
Cependant épurées, en ivresse d'insomnies avec raretés invisibles
développées dans mon champ - je sais, j'espère et je m'égare. Mes folies
sont diverses. Je suis en attente perpétuelle.
Et toi. Et toi, de dire, quoi ? Dans tes perversités d'insomniaques,
en travail, de prières, que prétendais-tu partager ?
Ce sont des rires loufoques agrémentés d'audaces aberrantes.
Alors vole en éclats l'éphémère insoumis en elle !
864
La sphère superbe et lumineuse
Elle se perd dans sa sphère superbe et lumineuse
aux sources transparentes
Confond le fond et la forme, l'intelligence claire et la beauté épurée.
Veut-elle s'enfuir avec l'ivresse perverse du Mal ?
Souhaite-t-elle plonger
dans le Néant du sang et de l'horreur ?
865
Le jamais clair
Le jamais clair
Le remonté du fond des entrailles
Narguant son accomplissement, et se créant
Pourfendant ses acides, dans son aléatoire vain
Valves et souffleries entourées de magma
La voici, elle ! remontant encore
Elle dévale, l'intrépide et se perd !
Elle embrume sa face étoilée cherchant
dans son Néant l'élixir inconnu
Se targue-t-elle d'objets insolites, de dérisoires
délétères, d'origines infuses ?
Ô puissance du Moi dans sa vaine descendance,
indéfinissable savoir en quête de surnaturel, prétendant
la distance faible entre l'acquis et l'inédit,
Oui, étrange tumulte offrant l'idéal modèle obtenu
et incompris - je te sais parfois naître et renaître dans les folies
de la passion.
Déjà la forme exulte sous le soleil de sa propre lumière
et conçoit l'objet même imperceptible, inconnu, décevant,
866
unique objet toutefois.
Elle se meurt perpétuellement pour renaître d'une double
abondance - elle rivalise de désirs et de génie entre l'offense
et l'épousée -
Intelligente, elle transmet.
Qui plonge dans son pur Néant ou fuit désespéré, méprisé
de tous ?
Qui renvoie à la fièvre ?
867
Dans quelle gravité ?
Génie ? - Dans quelle gravité ?
céleste et incessante dans l'autre monde, ici pensé !
Du vrai interrompu avec méandres et discernements.
À la rencontre du nu, - contre les pensées.
De ce souffle vivifiant en soi-même ~ qui te soulève
au-delà de ta propre hauteur
Mais là plus bas, et tu plonges en surabondances de grâce
et d'humeur claire
Les pensées éternelles toujours vacantes en toi ~ voilà que tu vacilles
Elle s'exténue dans son mensonge à la recherche
de quelque aléatoire impossible
Et pour quel degré suprême de l'intelligence ? - Dans le vrai pur,
aveuglément en soi !
Englouti, englouti au plus loin avec mouvements et immobilités,
- quelles vaines traces d'existence lézardée !
868
Les longues filles
Cette longue fille aux jambes immenses
qui me trouble dans sa sphère érotique,
qui n'a ni pitié de l'intelligence humaine
ni pitié du désir masculin,
active sers appétits sensuels contre
une autre fille d'azur et de lumière
Leur ballet sexuel est une offre de beauté à l'amour,
à la douceur, à la quiétude charnelle
Elles disparaissent à tout jamais dans le reflet de l'écran
869
Apparences
Elle veut engendrer
La propension de l'intelligence
Sa capacité à résister à la stupidité informe
Elle veut engendrer - elle veut produire
et offrir de nouveaux souffles
Toi, tu atteins un autre sommet - déploie ton humeur
pour une claire vérité
Tu embaumes au-delà des délices - propose
une élégante élévation - propose
870
Approches mutantes
Toi. Ton éventualité sympathique
Tu redoubles d'efforts intransigeants
L'amertume se déploie dans ton Néant
Il s'agit de penser intelligemment
871
New Sessions
La nouvelle Hortense
L'impossibilité de régir tout acte contrôlé, l'insouciance d'une exploitation misérable,
l'acharnement parfois stupide dans la continuation de la tâche, une faiblesse reconnue en
quelque sorte, voilà en trois points l'existence insipide d'Hortense. Pourtant point dépourvue
de savoir ou de bon sens, elle divaguait dans un engrenage visqueux comme si une force
dirigeante mais invisible agissait en son nom. Je devrais dire en son âme. Quoique d'une nature
exemplaire - j'entends guère trompeuse - elle dérivait comme un voilier sans voiles offert à
vents et courants. Être à bord, savoir que l'on dérive et impuissance à contrôle le bateau - vie
d'Hortense.
Elle s'offrait parfois le luxe de raisonner. On M'emporte. On Me porte ! Je jouis de cette
passivité - Est-ce bonheur ! Mais une autre idée frappait les parois de son intelligence. Où
vais-je ? Et pourquoi ? À la première tempête, je meurs. Il me faut apprendre à nager.
Comment apprendre seule sur ce rafiot ? Tiens, j'ai dit rafiot ? Je déteste donc l'embarcation ?
Non, j'ai peur. J'exprime une vengeance indirecte. Transfert.
24 octobre 1978/31 juillet 2008
872
La surface exacte du cercle
Après avoir dépassé les frontières de la logique élémentaire,
que trop de gargarismes
intellectuels laissaient espérer comme source féconde d'une
exactitude indéniable, le
héros de ce poème vint à douter des systèmes mathématiques
de la pensée humaine.
Cette somme d'algèbre et d'arithmétique n'était peut-être que le fruit
d'une imagination
aiguë ? En vérité, il s'inquiétait de la surface du cercle. Comment
se fait-il qu'une
surface déterminée ne puisse avoir une mesure déterminée ?
Des hommes de bon sens, d'autres de génie reconnaissaient la justesse de leur raisonnement
basée sur cette mathématique. Alors, avait-il tort de douter ? Pouvait-il remettre en cause des
siècles de résolutions de problème parce qu'un et un seul échappait à une solution ?
Il ne put jamais répondre à cette question trop honteux de dévoiler son doute, de peur de
paraître idiot devant de grands penseurs. Il se referma sur lui-même doutant et doutant encore.
Ce point sensible se transforma en conflit grandissant, stérile et nuisible pour sa
personne...
873
11 novembre 1978/août 2008
Quel équilibre ?
Quel équilibre ? Quelle capacité à proposer un ordre, un agencement logique et arbitraire ?
Ho ! Certes en cachant cela derrière des subtilités dérivées et invisibles ?
Rien ! Rien à espérer ! Tes lignes sont le reflet de toi-même,
- de ta personnalité. Échec. Échec sur Échec ! Quelle médiocrité !
Te voilà avec cette incapacité à obtenir le résultat escompté.
Tu étais inapte à exercer cette activité.
Et ces longues conversations d'écriture impossible ? - Ces volontés d'accéder au suprême ?
- Il ne reste rien? Rien qu'un déplorable, qu'un terrible échec de décrépitude !
Ces milliers de tentatives ne sont que les preuves de ton impuissance à être, à plaire, à
exister auprès d'autrui.
Tu t'en retournes vers le Néant - vers ton Néant d'incapable et d'illettré !
Ces hautes tentatives étaient inaccessibles à ta piètre intelligence.
Vivre constamment auprès de ces génies intouchables, de ces sommités
et se savoir inutile !
874
Ha ! Ces années enfermé dans ce bureau stupide, pourquoi ? Cette vorace solitude ne
débouchait sur Rien.
25 avril 1979 / 12 septembre 2008
875
*
Elle d'un bond persiste encore, agile sur la pointe de l'esprit
~ refuse de falsifier l'écriture, se nourrit encore de sa jeunesse ~
se démantèle toutefois avide, happée par sa spirale.
N'a jamais été exilée - était toujours en soi.
Nulle falsification mais déplaçait, déplaçait.
Ce que mérite son silence pour comprendre, saccadé et syntagme,
de coupures claires à recomposer par l'intelligence du lecteur.
L'injonction parfois à lire. L'échec de l'âme.
*
876
Errances
*
L'intellect fixe une vérité échappée par mensonge
de quelque alambic illusoire
Battras-tu de l'aile dans tes pensées amorphes ?
Construiras-tu sur tes noirceurs ?
La belle prison est une sangle, une subtile martingale sexuelle -
le tout s’y déploie assidûment
La voilà dénoncée par avance prétendant en ses jeux furibonds
La femme réduit l'absurde même si sa bouche semble usée
Je la dénote dans ses lenteurs pour la laisser mourir affectueusement
877
*
Elle d'un bond persiste encore, agile sur la pointe de l'esprit
~ refuse de falsifier l'écriture, se nourrit encore de sa jeunesse ~
se démantèle toutefois avide, happée par sa spirale.
N'a jamais été exilée - était toujours en soi.
Nulle falsification mais déplaçait, déplaçait.
Ce que mérite son silence pour comprendre, saccadé et syntagme,
de coupures claires à recomposer par l'intelligence du lecteur.
L'injonction parfois à lire. L'échec de l'âme.
878
Dissipations
MM 1
C'est une belle femme avec des mains graciles
Et son intelligence est - intelligence est
Quand avec du soupir me vient parfois son âme, quand avec du soupir
Je crois entendre pleurer les Anges
J'étais une fontaine - je veux devenir La vigne
ceci sera mon repentir - ô Toi, Fils de Dieu, accorde-moi ton repentir - la source est tarie - La
vigne sera fructueuse !...
879
MM 2
Cette belle grande femme avec vices et excréments, avec pureté céleste
~ n'est-ce que cela ? - De toi à moi, ne vaux-tu pas autre chose, autrement ?
Comment te déterminer ? Comment te voir et t'entendre ? Tu es et disparais !
Subtile, intelligente et fuyante.
Ne te connaitrai-je jamais ? T'ai-je quelque peu connu ?
Et la longueur de ses jambes comme une vigne qui su fructifier !
Ô jardin des délices, et je pense à tes douleurs extrêmes
de roses-épines, de roses-souffrance, de rose-vers-Le-christ,
et toi enfin pour l'apothéose de ta gloire - enfin Sainte et Idéale ~
oui, quelle immanence de beauté spirituelle !
880
Cotangentes
La Relation
Rien qu’une Relation non vraie entre l’Etre parfait et ma pure mansuétude.
Mais pourquoi ma Conscience portes-tu ces fruits, absence, il est vrai, de certitude réelle ?
Iras-tu jusqu’au terme de toutes tes conjectures ?
Cette haute sphère parfaitement habitée est un défi à ton ignorance.
J’élève ma pensée jusqu’à cette chose interdite et merveilleuse, lieu idéal d’où je fus
chassé.
Moi, dans l’énigme intelligence, moi dans ma creuse sagesse, je n’enténèbre
miraculeusement.
L’âme n’accédera à nulle vérité dans sa prière universelle mais suppliera le vide et son
silence - l’Inaccessible et l’Eternel.
*
881
Ici-bas le mur n'a pas d'autre accès
Tout est corolle d'éphémère en très abstrait
Voici les vitraux fumeux et l'intelligence ne perçoit rien
Je dois en cesser là car ceci n'est d'aucune importance
882
Eternité II
As-tu donc compris ?
C'était le Génie !
C'était Lui ! C'était Lui !
Une immense pensée
Allée avec l'Univers.
Qu'on te prédestine !
Sur l'Ecrit, prophétise
Eternel à jamais.
Si du moins tu savais...
Patience, Science et Songes
Au-delà désormais.
Valdingue les désordres.
Aime-moi, bel effet !
Nulle fleur ne s'exhale
Impertinence en mai.
Toutes ces beautés pures
Ô mes hosties vivantes !
883
Intelligentes dansantes
Au-delà de l'éther...
...C'est quoi ? - C'est l'Immensité
Concevant l'Irréel,
Et c'est la mer hâlée
Avec l'Eternel.
884
Déliquescences
La persécution
La persécution de l’esprit qui dit : Je peux
Mieux, je peux en résistance. Ce nouveau langage
Qui associe l’insolite, le vrai et l’irréel.
Qui associe.
La pesanteur de l’autrefois,
La démarcation de l’individu qui prétend
Autrement.
Pouvons-nous interroger l’Extrême ?
Je me remets dans mes propres impossibles. J’attends.
Le questionnement, l’évidence, la vérité - Ce
Qui soustrait, ce qui amplifie. Le souffle vrai.
Tout un appui d vérités qui se déploie avec
Violence, avec certitudes dans le futur.
Et cette déchirure de chair, de sexe, d’impos-
Sibles, d’interdits, - l’intelligence
Et son ombre cohabitent dans l’aberrant sauvage.
885
Abnégations
Déterminations
Détermine-t-il son premier cas ?
Est-il sensible aux horreurs invisibles ?
Va-t-il subordonner les êtres inférieurs ?
Toute la transhumance de son intelligence est là.
En dépit des distances, pense-t-il encore ?
Ce qui le compose avec le génie de ses divinités toujours présentes.
L’heure n’est pas aux ténèbres, l’heure est à la vérité spatiale.
La ligne est involue dans les emboîtements douteux.
Il défait la Chronologie.
Tout pourrait dis paraître dans l’insondable du fou.
Avec relativités impossibles, avec ;
Il a goulûment empilé les adverbes
En faussant les vérités admises.
-
886
L’Ouvroir
Mais comment écrire ? Et que dire ? De nouveau,
D’autrement ? Vers quelles certitudes ? Comment ?
Car redire l’Ancien n’a aucun sens, l’utilité est
Vaine.
Nous nous sommes proposé de créer le Vrai.
Quelle était notre certitude ? N’est-ce pas quelque part
De l’audace indomptée ?
Avance, me dit-elle.
Ose enfin. Invente des métaphores. Baigne-toi
Dans le luxe. Ce seront des sérénades de chair,
Des belvédères de chair gémissant des nuées d’extases.
Elle revient en implorant, en décidant les illusoires.
L’ouvoir des décisions poétiques, l’Ouvoir n’est plus.
Ce ne sont que faiblesses de l’intelligence innée,
Le poète se meurt dans son impuissance même. Oui, se meurt.
887
*
Est-ce l’Esprit de l’intelligence supérieure qui tend à se rapprocher des Dieux ? Est-ce
possible d’ailleurs d’oser penser de la sorte ?
Des feux s’allument ça et là. Des feux dans l’extravagance de l’acte. Et la certitude de
l’inconnu te dit : - Toi, poète, porte la vérité à ceux qui t’écoutent, à ceux qui forment ton
auditoire. - Oui, exprime-toi là.
5 7 5
Pure Intelligence
Qui as conçu l’Univers,
Sois Miséricorde …
888
Table des matières
Liste des recueils ayant participé
à la réalisation de Fluides d’intelligence
Le Germe et la Semence
Le Manuscrit inachevé
Le Moût et le Froment
Le Grain et le Regain
Collages
Losanges
Prières/ Phrases/ Exil
Ombres bleues
Sachet d’herbes
Sueurs sacrées
Le Livre blanc
Grappillages
Souffles nouveaux I et II
Messages I à VI
Résonances I à VI
Suites/ Relances I à V
Pensées sculptées
Endormies dur le feu
889
Les Roses ensevelies
Substances et Distances
Variances
Apparences
Approches mutantes
New Sessions
Errances
Dissipations
890
FRANCKLOZAC’H
éVANESCENCES
891
Résonances I
Marche en soi-même
Comment marcher en soi-même ?
Comment aller vers sa propre écoute ?
Comment s’élever ?
Je ne suis qu’une onde infiniment rien
qui pénètre, sillonne, s’enfuit
désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison
prétendant y découvrir un soleil
un flux constant de désirs
C’est un rêve de chaleur poétique
qui nourrit ma nuit
J’enveloppe ma chair intérieure,
je la dénude
et la pousse aux soupirs comme avec une femme
épuisé, serein, exténué, je m’endors repu parfois
892
Qui me soutiendrait ?
J’ai dans la tête
des glaces évocatrices
des miroirs courts, menteurs, faussés
sous des braises exhalées
Non, je veux m’étendre
chaudes et phosphorescentes
Peut-être y trouverai-je
l’or que j’y cherche ?
893
Vide créateur
L’âme plonge
dans le vide créateur
La pensée foudroyée
est morte, est vivante
du moins sa lumière
est phosphorescente
Au plus profond,
La fille s’étire
Penser est un vice
avide qui se dévide
est un infime
tout élan
commencement de l’intelligence
Il construit dans le rien,
dans le peu, dans le mièvre
il y cherche des preuves
894
L’univers en soi
Étire sa toute puissance
895
Puissante
Puissante
Elle doit être puissante pour ne pas disparaître dans la
nuit inutile
Pour ne pas être oubliée, humiliée, rejetée
Pour tout ce qu’ont pu produire les poètes d’important,
d’insignifiant, pour leur conscience, pour leurs œuvres,
pour leurs productions
pour tout ce que leur raison a pu imaginer
Mais la foule est morte et le peuple méprise.
Nos corps sont fatigués par les travaux, nos chairs
quémandent quelque lumière dans ces nuits de souffrance,
de jouissance où l’esprit prétend encore
pour la chaleur humide de ces statues de bronze
pour la description de la fièvre
pour ne pas oublier
chair,
Je ne cherche même plus à faire jouir cet amas de
J’ai la vigilance d’une conscience pensante
896
qui se conçoit incessamment dans son miroir.
J’habite un lieu, je rejette la certitude extérieure.
Je n’attends pas, j’exécute
avec ces perceptions, ces lectures, ces vibrations
qui constellent mon quotidien
L’embrassement littéraire s’opère, s’obtient
Le mouvement universel se poursuit
Moi, éternellement seul dans mon tragique espace vide
Je me prétends sentinelle
Je sais que je vais disparaître,
Que rien ne restera
Car il y a cette inévitable fatalité de l’inutile
Mon produit intellectuel n’a pu transpercer
la conscience d’autrui - où, je vais mourir
tout en étant - sans être.
897
Le miroir
J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en
retourne à cette unicité de l’être humain
où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir
quelques images fugaces
des variables de différences en halos, halos qui
s’enfuient
Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour
toujours revenir vers toi
Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “
d’autrement vrai ”
Ma pensée est une interrogation qui tente une
possibilité de probables et désire comprendre ce que le
hasard a entrevu
Il fait gratifier la lucidité du mensonge
Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ?
Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle.
Tu insistes seulement compris de ton image
898
Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle
n’intéresse personne.
Quelle aube ? Quelle connaissance ?
Les actions s’effacent par la purification de l’esprit
Il faut passer par l’ombre
pour accéder à ta lumière
Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable
Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc.
Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même
Espère le contraire.
899
Syntaxes
Syntaxes justesse de mon être
qui plonge en soi et remonte
quelque chose d’aléatoire et de risqué
ego renvoyé
Le sang, le phosphore, l’énergie mentale
Syntaxes de modernité
d’avenir ?
Que sais-je ?
900
Résonances II
1
Dans ton rêve - fuite impalpable.
ce que tu cherches : à extraire,
à passer, à combiner
le sens, la pénétration, la profondeur,
toi, descends
sur la pointe des pieds, dans le vide
tu tournes, tournes
2
. l’étendue. de mes songes.
pensée spacieuse. ici l’idéal de confort.
possibilité difficile. exécute avec rapidité.
la certitude t’abandonne. augmente la vérité.
La où est le poème, l’autre te rejette.
901
3
Pourquoi tenter de s’élever
quand le bonheur est en soi-même ?
A la recherche des formes fluides scintillantes,
rayonnements, éclats, poèmes etc.
Être ensemble au fond du Moi,
Est-ce sagesse ?
902
a
Dans mon front, et ce qui pense
le pronom je est clair
il n’y a que du vide à remplir
la certitude en moi, le vouloir
le conglomérat - l’éblouissement
l’association
b
Me déclinerai en moi
pour y extraire
quelques solutions nouvelles
903
Les nuits propices
Les nuits étaient propices à toute sorte d’inspiration.
Penser était la seule raison, la seule obsession, la seule
logique à appliquer. Il fallait concevoir de nouvelles formes
- enfin on le prétendait - car en vérité, en était-on
réellement capable ?
On prenait X ou Y. On voulait ajouter sur sa substance,
le dériver. C’était du grand, du haut, du élevé - et l’on était
toujours peu, encore rien.
La pensée tourmentée voulait accéder à du supérieur,
c’était du faible, du ridicule, de l’impubliable.
Mais pourquoi vouloir exister ? Pourquoi aller vers
l’extérieur quand la sage certitude se suffit d’une pâle
lumière douceâtre ?
Donc je pénétrais ce néant d’images niaises et
illisibles.
904
Résonances III
Les limbes
Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais
Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon
Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la
Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.
Voici que la valeur converge vers la lucidité.
Je délaisse l’amoncellement d’images floues,
J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.
Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,
Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne
Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.
Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule
Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie
Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin
D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.
905
mn
Les erratiques sauts d’humeur
compressant la pensée
lui infligeant d’exploser
qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ?
(étonnante cage de résonance
où le Moi tremble pour l’Autre)
puis le retour stable
rs
Reposent
insensées
encensées
dans les stances de la mémoire
se nourrissent du silence
Et quelles, elles ?
oubliées dans le puits du Moi
906
Agitées dans l’ombre
qui feront quelques particules dorées
à rapprocher de tes yeux
comme larme sèche
irisée de mots et d’effets
907
Résonances IV
a
Avec miroitements insensibles
sur la fragilité de l’épiderme
variations et décalages
visage en vibrations
à l’image dérivée
S’envolent des effets d’ombres
dans le pur néant de ma vision interne
b
Distincts mêlés
puis la pensée allant
comme une rumeur du fond du Moi
les sons et les mots s’enflamment, s’exaltent
emportant la raison
et me projettent dans l’inconnaissable
908
c
A la traverse dans l’existant
pour : la pénétration cérébrale
concevoir du propice
empiler des cercles sur des cercles,
savoir s’échapper
et plus loin - stèles, bornes - limites
déplacement de la fixité
de l’obéissance
de la règle
Un nouvel espace - sa lumière,
son horizon, ses portes
909
Définition de la pensée
Au-delà de la conscience personnelle du temps,
j’ai besoin de recherches logiques,
j’ai besoin de comprendre l’association pure
de l’élément simplifié.
Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace
dans lequel l’élément s’impose - est un espace conscient où
le travail de l’esprit s’assume.
L’élément s’associe à l’élément. C’est un pointsource,
une énergie d’atome, une lumière d’étoile dans mon
ciel constellé de vie. Je dois connecter. Je dois aussi
comprendre son origine - ses parties - ses caractères.
Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de
mémoire, apte à s’associer, objet scintillant, vérité en soimême,
- il contient du pur, du vécu. S’il s’associe - il se
déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau
caractère avec l’élément qu’il a conquis.
910
C’est une sorte de fait mental - une charge dans une
niche de neurones. Oui, je veux encore étudier son
caractère.
De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux,
qui s’associent, s’éloignent, se connectent et s’engendrent,
je sais qu’il y a la pensée.
De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma
conscience, ma réalité d’homme existant en vérité.
*
Le choix sensible
la perception vibratoire
j’interroge l’espace-mémoire
espérant y concevoir des connexions de qualité
911
Recherche
Réfléchissons : il doit bien y avoir
une perception émotive plus fine, plus subtile
comme un fragment d’onde sensibilisée
possédant un spectre compressé de propriétés
inconnues,
mêlées, mélangées peut-être
difficiles à dissocier
mais réelles toutefois
N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes
que le poète doit composer, connecter, redéfinir,
extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir
Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,
symboliser, fusionner.
912
a
C’est un lieu d’avenir
une structure vide à remplir
fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter
avec conscience du néant
où tout pourrait disparaître
.....être et disparaître
peut-être
b
Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles
éblouissantes révélations
de points pigmentés dans l’aube de soi-même
Étaient-ce des pensées à saisir
dans le déchirement de l’esprit ?
Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces
dans le désir de vibration
913
J’activais ces points-réponses,
mes yeux au centre
j’esquivais une réponse vraie, fausse,
qu’importe !
Je passais sur du délétère
c’est ça : je captais
croyant à ma force
c
Elle ondoyait sur des feutres crissants
Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le
message
Je plongeais dans des vagues océanes,
coulais, remontais quelques poissons d’argent,
- c’étaient mes points-réponses.
d
Ces perceptions grossières,
je veux les affiner - comprendre le point
son origine, sa vérité, son association.
914
Je me fuis pour me retrouver
ce n’est plus la clé pour le silence,
ce n’est pas un code à composer,
c’est la puce à intégrer,
le plus petit
de l’œil à la loupe
de la loupe au microscope
pour définir le caractère de l’apparition.
La conscience de l’image, sa pigmentation
ses points composés pour fabriquer la trace
l’origine de cette organisation
non pas la fonction d’apparition
mais la vérité sur le point
e
Plonger dans ton mystère
La nuit évoquer dans son
Miroir étincelant
Les possibilités les plus audacieuses
915
Puis l’aube nourrit tes yeux
Tu avales la substance invisible,
Le brouillard de vérité
Ta mort est une perception subtile
D’un avenir proche
Le noir est éblouissant de certitude,
Tu fuis dans la profondeur du néant
Tu avales ton fantôme,
Ton enveloppe te fortifie
Retrouve l’arche du présent
916
*
Ainsi d’une méthode.
Me pénétrer.
Ce principe d’investigation cérébral.
Combinaisons brutes à purifier.
Au-dedans, plus loin, encore.
À l’envers, à l’endroit. En moi.
Au-delà de l’absurde, chercher, trouver.
Démence et rage d’écrire.
Toujours. Sans jouissance.
Pour quelle extase intellectuelle ?
917
1
La semence
L’intérieur
La durée avec de l’énergie mentale
dans l’actif - le cerveau
produire - penser - produire - essayer
ce langage.
Construire avec la confusion d’images
dans l’ombre de soi
réalités trompeuses, mensongères
en vérité - matériel de poète.
Vue et envoyée sur le papier
entrecroisements de voyelles et de consonnes
sensations magiques - esprit magnétique
il s’autorise - il risque - il prend
918
2
Battements énergie en soi
situation de combinaisons à caramboler
Dans les synapses - la poussée
pousser du langage
pour le dehors
Nulle patience pourtant - le coup à espérer
à prendre
le coup
Hiéro - le sacre de soi-même
la certitude de la valeur
Les siècles des autres poètes - des littéraires
Mon langage expiatoire - qui ? Quoi ?
Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -
Tu assassines des mots - pourquoi ?
919
*
Ceci : battements, je tremble
sans colère au pied de mon soleil
embrasant l’incendie
j’agonise en moi
Puis près des ailes, filant, filant et profondeur
Pensée qui me vient
j’offre aux feuilles - quoi ?
le regard - le miroir -
Les soupirs agonisent, se meurent
je ne puis dériver le sens
Possibilité affligeante du mot !
Tu vois - je fuis encore, je tremble,
du moins je m’y essaie
Je persiste et veux combler mon mystère.
920
Résonances V
Subsiste encore une recherche possible
Le murmure éternel dans les tempes. Le souffle
Qui casse le silence - des bruits indistincts
Travaillant, travaillant au plus lointain -
Jamais satisfait. La souffrance, la fracture,
Le peu, - les fibres émotives. - Subsiste encore
Une recherche possible, impossible, déçue.
Je réorganise le passé, y ajoutant les déchets
D’avenir. Dans d’autres circonstances, - la sensa-
Tion détestable. Comblez ce déficit, comblez.
Inlassable, désireux. Ce qu’il faut pour écrire.
Impétueux fantasme de puissance ubuesque !
?
Illusion d’espoir, d’Allez, de poussées, d’élans
Mentaux. Le voilà à nouveau porté, lancé
Vers l’inrêvable à atteindre. Pourquoi pas l’impossible
921
Résonances VI
La belle évaporée
Assoupie, endormie, rêvant encore
un peu de soie divine sur un sofa d’extase
fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,
mais s’étirant encore
sous une lumière lymphatique et pâle
sublime énigme de confusion et de nonchalance
qui semble régner impérialement
Elle conçoit dans son rêve des images claires
qu’elle traverse nue
Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va
cueillir des caresses nonchalantes
tremblantes et fuyantes
Je secoue cette masse belle de femme qui tombe
en poussière de songe devant mes yeux ahuris
922
Suites/Relances I
Autres limbes
J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,
Où la confusion cotonneuse rend informe
Tous les objets de la veille. Je glissais
Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie
Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte
De transe imaginative offerte à la raison
Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là,
Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.
C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit
Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent
Par recomposition et mémoire activée des souvenirs
D’autrefois.
Puis j’entendis douloureusement la voix
Suave du Christ qui m’invitait à le suivre
Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
923
Un mouvement elliptique
Un mouvement elliptique de retour
De toi à moi dans l’âme
À la vitesse de l’énergie mentale
Particules de lumière qui irradient
L’intérieur de la raison
Moi, sur mon promontoire
Considérant ce tour de force
Ce mouvement de flux clair et spatial
924
Suites/Relances II
Évanescence et périmètre
De si loin
pensées au plus profond
transmissions concevables
sans doute agitées par ma mémoire
lancées, montées, explosées
Là enfin
poussés par le souffle
Quelques mouvements dans nos rêves
des mots offerts
De moi-même, évanescence
incandescence
pour l'élaboration de l'œuvre
J'observe fixement l'exaltante envolée
des feuilles voltigeant
pensées englouties irréelles
925
surgissantes déplacées
J'y perçois quelque lumière...
Des groupes de mots, des familles, des appartenances
avec l'analogie, la symbolique etc.
Un mécanisme bien huilé, en vérité.
Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.
926
Syntaxes amoindries
Insufflées poussées
extases d'écrivain
Le non-probable, la certitude de l'échec
Associe tes coups mélange
avec ta substance amoindrie
pour tes quantités multiples
Il est nécessaire d'aller longtemps
puiser au fond de soi-même
927
*
Brassage mental de flou et de brouillard, - espèce de
lucidité obscure avec jets clairs
d'images et de lancées dorées.
meurt.
Fluide qui se démêle, s'enchevêtre, se confond, existe et
*
Une flèche sans avenir
mais l'espace se construit avec des lancées
Tu connais des sons
tu habilles des vocables sans distinction
maladroitement
Des poussées en esprit
Nulle intelligence pour considérer
le nouvel espace offert
928
Dans le ciel cloué
Dans le ciel cloué le noir d'un nuage
La violence marquée au plus haut
Je vole sur l'aquarelle haineuse
J'invente un fantôme chargé de mensonges
Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas
Fort, accablant toute pensée.
J'associe avec
Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot
D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous
Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau
Lumineuse ou phosphorescente.
Mes paupières
Des lancées claires sur un brouillard sombre.
Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme
D'activité intellectuelle qui façonne ou organise
Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.
929
La nuit noire
La nuit noire, mauve et bleue, le regard
Cherche en lui quelque quiétude aérienne.
L'invasion des nuages déplace la pensée,
La vitesse des traits et des images emporte
Les mots hors du champ de conscience, la lancée
Des possibilités poétiques chargées de musc,
De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes
Multicolores.
Il faut apaiser l'ardeur, calmer
L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,
Certifier l'espace de sa transcendance interne,
Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.
Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie
Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant
Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.
930
L'image-mensonge et l'écran cinématographique
Des flammèches de mots lancées dans l'espace
Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;
Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;
Des vocables en projection explosant ou
S'accouplant pour une portée incomprise ; le son
Se charge de sens et embrasse le poème
Réactif.
L'espace se remplit et se vide d'un
Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.
Le front est un monde et la porte est ouverte
Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-
Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.
Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran
Magique sublime le génie cinématographique?
Qu'exige aujourd'hui réellement le public?
931
Le présent
Le présent est en attente, il espère cette chose
Indéfinie, imperceptible. Il demande à violer
L'absence, il scrute des traces, il en suggère
D'autres. Il y a pénétration en moi d'écrits, d'humeurs,
De lueurs.
Les mots se passent de sens, mais ils pro-
Posent des possibilités d'idées, de lancées claires ou
Vides auréolées d'espoirs.
Moi et vous - Moi sans
Vous, c'est Moi - seul qui me comprends. Vous, c'est la
Transposition, la fabrication d'un processus différent
Qui engendre l'image, les mouvements, les
Couleurs, la violence, la passion.
Et nous voudrions
Encore rivaliser avec l'image offerte,
Pauvres séniles d'une autre époque que nous sommes,
Seulement capables d'être relus par nous-mêmes.
932
Sur l'écrit à paraître
Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà
Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle
De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume
De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.
La façon de se plonger dans l'obscur - une substance
Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées
De fluides, des magmas de sens - la syllabe qui se
Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,
Se fortifie, offre la vibration - l'incident en
Quelque sorte !
La mémoire valve, la tête s'obstine
A sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-
Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste
Et personnel. Encore un horizon inachevé,
Un regard dédaigneux sur l'écrit à paraître.
933
L'incandescence
L'incandescence de soi ou l'immense jet intime ?
Moi dans mon propre sang, le cœur noir de douleurs.
Pulsations, et quoi ? Et quoi ? Et pour qui ?
Plus loin, la lumière claire...
934
L’air éclate
L'air éclate comme une séquence impossible, je
Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts
Au magma. Des effets lumineux très pervers.
Un souffle crache de la poussière mentale. Le
Long de ma paroi interne suinte de la vérité à
Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et
Cherche à sortir. La fille se retire, la fille
S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.
Le jeu de la tête à représenter. La démonstration
Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du
Manquant et de l'inspiration.
Où allons-nous tous deux ?
L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de
Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le
Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?
935
Au fond du Moi
Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant.
Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors
d'atteinte l'autre
contemple la Cité et cette logique de mots, de
constructions de langage et d'assemblage forme
irréelle ou fantomatique structure délétère.
936
L'observateur
L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,
décomposant en cent mille paillettes les infimes parties
du Moi, ici et là cliquetis de phosphores
désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,
ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté
parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,
de la sublimation et du créatif.
937
Suites/Relances III
Rien n'évolue
Rien n'évolue, tout stagne dans cette cervelle
Étroite. Nulle lueur ne jaillit, nulle flammèche. De
De détestables ténèbres envahissent l'espace supposé
Clair. Il se déplace en cercles concentriques.
Une pensée faite d'et ceatera. De sauts en sauts,
D'analogies en symbolisations, en tentatives de péné-
Trations.
Nul orbe, nulle limite
Il n'aperçoit nul orbe, nulle limite éclairée.
C'est encore une infime partie de soi-même. (L’activation
Des mots est un des paramètres de la création poétique).
Là-bas des étincelles de feu dans l'horizon métallisé.
La profondeur, les cieux, l'aurore que l'on supplie.
(Des lignes construisent un nouvel espace en 2D)
938
*
Nuits enfouies, pénétrées
de bleu ou de noir
Vastes profondeurs infinies
lancées à la recherche extrême de l'intime
Visées intérieures dans le tréfonds
de l'inconnu
Désireux de remonter à la surface
les substances délétères, variables, insoupçonnées
Re - pour le visible
Y a-t-il un Temple pour l'Archéologue ?
Des traces de poussière, était-ce la vie ?
939
I
Elle s'élargit enfin
Comme une corolle imaginaire
Elle déplace la frontière
Derrière laquelle je me sentais
Enfermé.
Les limites, les bordures,
Le silence, puis un écho infime
Qui renaît d'un lointain interrompu
Une présence oubliée grandit
Telle une espérance, doucement
Se propage à la mesure
De la capacité de l'esprit.
En moi, tout au fond
Une angoisse transpire
Et c'est mon pur Néant.
940
II
Pour le vide intérieur
Avec l'énergie vive
Comme une force à maîtriser ;
Elle libère des pulsions,
Se répand dans des espaces
Inconnus, jaillit telle
Une démente et harcèle
La raison. Au plus profond,
Dans le lointain inconnu,
Une rumeur d'exil
Excite le Temps, lui impose
A apparaître pour construire un
"Être-là" qui s'appelle poème.
941
*
Figure où le vide
figure sans mémoire
de lumière déplacée vers un autre centre
jamais utile pour nul éclairage
Figure où l'image se penche dans le vide
et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité
Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu
En poussées obstinées
d'insistance puissante
Formes sacrifiées à l'inutile
de tiédeur de rien
de souvenances dérivées mornes couleurs
qui se désintègrent
Je crois aux illusions
942
Suites/Relances IV
Mouvements de pensées
Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés
Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements
De la tête de jeune éléphant qui active
Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et
Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.
Dans ce Néant presque, haute entreprise; les rayons
À larges jets diffusent quelques élans clairs.
Des vents légers et aériens ; le ciel se charge
De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,
Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence
De l'écriture, et des applications pour la feuille
De papier. De ce magma, que restera-t-il
Réellement d'utile ?
Des manières poétiques,
Des élans stupides que tous rejetteront, en vérité.
943
Le nuage
Un nuage étranger fixe l'image
l'étend ou la fait disparaître
Proche dans l'absence, résident
sur l'horizon
Il cherche l'inaccessible, côtoie
l’inapprochable, fuit l'omniprésence
Il conçoit à volonté ses formes
délétères, esquisses ses déplacements
Il guide l'idée, l'associe autrement
C'est une sorte de supra conscience,
de père de l'intuition qui décide
du sacré à obtenir
Je doute se ses applications,
Nous cheminons ensemble.
944
Ciel
Ciel constellé d'ombres,
J'y songe un avenir meilleur !
Ma lampe, tu te déchires
En flammèches évanescentes.
Ma lampe, errante dans le
Silence incompris, constellée
De lances qui appellent et
Veulent comprendre.
Ciel de savoirs, condamnez
Le simulacre de l'homme,
Instruisez-le d'un souffle
Divin ; le reflet de l'Ange
Éclaire mon avenir d'une vérité
Sublime, semence du Verbe.
945
Expiation d'essence
Ce fut le souffle court qui l'enveloppe
et la soulève
et la couche comme une écume baveuse
La fille à l'anneau d'or s'envolait dans
sa chevelure
Beauté, elle, expiation d'essence telle
dans le mouvement des eaux
Baignée par le sommeil
filant dans l'endormissement, elle songe
Et le baume exalté nourri sa chair
d'ivresse, de soupirs et de désirs inassouvis
946
Dans la poussière
Dans la poussière extrême qui implique le poème
Je t'attends et cet espace intérieur
Quelque soit le lieu
La sève monte avec exactitude
J'imite les filaments et les dendrites neuronales
Je m'entortille en moi-même
Ici s'anime le nombre de combinaisons
Et de choix - je me réserve du peu
947
Ce qui s'échappe
Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe
Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme
Puis ta houle intérieure, inventive
Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit
en dehors de ton temps
La pensée suppose, implose
Pour s'éjecter sur le rectangle blanc
L'oeil qui étudie
Le choix dans l'éclair
948
Le fluide tourbillonne
Le fluide tourbillonne sur lui-même
Revient toucher l'œil
Le sens de la critique est aiguisé
L'effet-miroir - feuille d'écriture
Avide de sens, délimitant la pensée
Appartenance et faisceaux de satisfaction,
D'appréciation
Tout n'est qu'illusions, qu'imperceptibles
froissements d'écumes clairs
Dans le souffle aérien qui s'éloigne
poétique
Vapeurs ou substances comme des gouttelettes
invisibles qui dansent et s'en viennent mourir sue la feuille
Entre mémoire et espoirs, doutes et refus,
poussières à ressouder avec le passage du temps
949
Et des bribes incertaines circulent encore,
échos annonciateurs des poèmes à écrire...
950
Pensées sculptées
Pour oublier, dans la variabilité de la nuit, déjà l'éclair et le feu.
encore.
Avant que la folie ne t'émeuve, avant. L'esprit fluide s'égaie
s'essaie
De l'espoir, au plus bas, - renversée, retournée quand elle
à quelque tentative désuète. Et toi, parfois. Avec des circonstances,
des possibilités ocre ou ternes - toi, aigri, filant, justifiant
de sombres délires.
Je m'appuie sur ton souffle. Mon ciel est chargé d'incertitudes,
il s'interroge encore.
Poème après poème, contre l'épaule, - l'élévation,
dans mon lointain, et nos orgasmes dévastateurs.
La grasse terre, aujourd'hui - toi et l'entourant,
avec quelques fadeurs extrêmes.
951
Ce fut un arrêt, un retour, une mégarde - je l'ai franchi,
je t'attendais – dans l'aurore crépusculaire de l'âme - de confusion :
je me savais.
Refusé, encore, ici. Et le miroitement indécent du ciel.
Je n'avais pas vu. Je me repose. Quelque chose s'éclaire.
Fulgurant ! ...Éblouissements.
Dehors ! Et tu demeures dans l'incertitude de ton tourment –
tu retournes - voltes sur toi-même.
952
Surgissements
Le sens s'évanouit et surgit un autre sens
Un signifiant différent qui déplace le réel
refond le contenu ou suspend son attente
Disparaître, apparaître le vide se construit
saisit une nouvelle image qui déjà s'est enfuit
A l'intérieur le Moi produit d'étranges halos
en sphères concentriques s'évadant s'évadant
953
Résidences
La fuite dans le temps
L'effacement d'une absence
comme une brune invisible
Elle, liée surplombant le vertige
Le langage autrement qui se déplace encore
Il faudrait qu'elle s'éclaire
en apothéoses de clartés
qu'elle recommence l'exploit fabuleux
des raretés premières
ou disparaisse en tristes gémissements
oubliée de tous pour l'éternité
954
*
De rechercher en
de nouveaux domaines
de claires résidences
non pas des labyrinthes ou des cloisonnements
mais l'espace intérieur inconnu
à découvrir
C'est encore soi, mais un soi ignoré
de sa propre conscience
C'est une sorte d'aventure de l'esprit
- ce qui est caché - invisible encore
mais qui doit apparaître toutefois
De-ci de-là très à l'intérieur
cherchant et balançant
lumière claire, fluides de phosphore
Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées
Mais avec quelles matières cérébrales,
quelles traces à appliquer ?
955
Un monde
toutes les nuits
qui échappe, s'enfuit
Infini et Un,
qui se construit et délivre un message poétique
Quel message ?
956
*
Dans la nuit grandissante, tu te propages nue
Tu te penches et je vois s'étirer des mirages
Le secret de ton âme est encore à garder
Insondable mais proche, tu vises l'inconnu
957
*
Même indice, même schème, même application
ici encore cherchant pour rien
ou si peu
enfin cherchant encore
Qui va tirant et se rencontre
allègre en soi qui va
souffre et de se suffire
tandis qu'écoute pensante ma tradition
fluidifie, s'étire, remonte et se reconstitue
De nulle part, très à l'intérieur
et quelle faiblesse !
Suspendu à d'autres souffles
évoquant le vertige
Puis nouvel indice
poussière, grain, interstice
scintiller - cela vrai - et respirer doucement
958
Sous mes yeux
dans mon regard, toi à l'œil !
Tu m'as dit quel mica
sur ma fin de vivre
Et l'autre rive là-bas...là-bas l'autre rive
959
Endormies sur le feu
Quelque chose d'utile toutefois
Callosités, vétustés et venin - n'aie nulle
Crainte ! Je te connais dans les méandres
De l'insipidité avec cet enchevêtrement de
Choses obscures. Même si ces propositions dé-
Pouillées te semblent inaptes. A ta façon
D'écrire. Ils finiront par s'y soumettre. Ainsi
Offre de claires lancées auréolées d'audaces
Vertigineuses - c'est cela : audaces vertigineuses !
Avec l'espoir d'obtenir quelque chose d'utile
Toutefois.
960
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon
poétique puis vont se dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour
l'amour infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans
le lointain espère quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des
illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?
sursauts sporadiques ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de
l'esprit - je veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un
bégaiement aléatoire.
Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces
intercesseurs de l'écriture, ces génies de la syntaxe ?
dépens.
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes
961
Pénétrant, et cette fièvre
haine, dans l'élan
Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la
mais pénétrant encore
incolores de soi à soi
Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées
Oui, mais en dedans
Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre
j'avance songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude
Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te
guidant - et tu réponds par le regard en avançant
repos
D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le
Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles
légères - dans l'ombre de mon corps
962
Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches
entortillées et fuyantes et ronces
Moi ayant toujours cherché et visitant
Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore
963
La belle obscure
De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement
Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres
Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la
Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements
De synapses dans l'immense luxuriance du don !
Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis
Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-
Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades
De courbes, en fuites éperdues, en élans in-
Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !
Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et
Figurative, ou plonge encore dans l'immanence
Insouciante de la raison, dans la vasque remplie
De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.
964
Pour les sels futurs
Oh ! Si peu pour un lien de subtils fusionnements
Là dans la vague éternelle une pensée s'émeut
Subtile grise, grise enfouie espérant
Quelque saveur extrême émanée par le songe
Qui se disperse et va s'effilant, il est apaisant
De s'arrêter ici - après un temps lumineux
De furtifs essais. Égarés, ébahis encore
Dans l'émergence du présent, il paraît juste
De supposer
Puis pulsions indomptées, effusions,
Essences, évanescences, fluidités limpides, - qui
Se dit à soi-même : est-ce moi dans l'enchevêtre-
Ment des mots et des folies d'accords, est-ce moi ?
Fuyant encore paraboles et disgrâces pour agencer
La plume et répandre en sa chair les sels futurs.
965
Figures pensantes
Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent
De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense
Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élaborent de
Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel
Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.
Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée
S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse
D'autres espaces clairs ou invisibles !
Se propose
Un futur
966
Dans le vide
Figures disposées dans le vide
Figures pensantes et articulées
Dans les sinuosités angulaires escarpées
Et tranchantes qui se renvoient
Avec leur logique désordonnée des fragments
D'images bariolées
En approche de l'esprit, les constructions
Se désintègrent de couleurs en lumière,
Lambeaux de toiles mortes,
Vieilles souvenances oubliées
Figures déployées sur l'écran de la mémoire
Là le mensonge éblouit
Pour la renaissance des châteaux
En élaborations incomprises
967
L'être inventif
Toi en frissonnements d'extase ~ en clairs
Abysses lumineux ~ toi tu effleures l'être
Inventif ~ encore en jaillissements fluides,
La fille incomprise, obscure et profonde ~
La fille absente ébouriffée s'enfuit.
968
La pupille dilatée
Ce sont des essais sauvages, des baies délicates et
précieuses dans ces flux incessants de lumière. Plus loin, les eaux
trempent leur insouciance dans un sommeil de printemps. C'est
encore la nouvelle expérience de la vie avec ses forces soudaines et
ses écumes qui transmettent l'agonie de l'hiver.
La pupille dilatée, il croyait voir le paysage autour
de lui s'enflammer. Toutes ses certitudes s'évanouissaient d'un coup
: science et a-science, formes déformées, fuites des éléments
physiques, lyrisme en folie - la mort le portait déjà vers un autre
espace.
La magie de la nature était réinventée.
969
Pour,
Émergences
Pour, dès qu’elle survivra à l’orée des tempêtes
enrubannée d’orgasmes pensée et recomposée dans l’essence
aérienne
Et tel un glissement qui rebondit dans l’éveil enchanteur
pour déborder d’espoirs
Ici et là et à côté ~ la localité se précise dans un centre -
focalisation
Ce fluide, je l’entrevois comme un plasma frivole
970
I
Contre ta douleur - de gré à gré, m’entends-tu ?
Ta force et les infamies
La fluidité exquise, les excroissances de l’âme
Dans ton souffle nuageux s’ouvre un Temple d’extase
Collée à ton sang - ta liqueur sacrée
II
Se dit, se creuse :
La fuite ballante dans l’orgueil inédit, l’air liquéfié bondissant
Puis la rumeur éternelle du rendu avec mémoire et syllabes hurlantes
971
Entends-tu, entends-tu ici-bas ?
L’esprit suffoque et gémit dans l’ombre, interdit.
972
Déplacé dans l’impossible
Déplacé dans l’impossible menteur à la
Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle
Part. Au travers, se supposait au travers.
Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons
De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,
Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.
Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,
~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.
Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,
Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.
Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle
Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit
Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique
Le sceau sacral, et je prétends produire !
973
L'ange
Les Roses ensevelies
Tu flottes mais ne penses guère ; tes envolées
Nocturnes ne sont que des effets trompeurs.
Tu fluidifies ton vrai : l'extase s'enfuit
Dans les méandres de l'inconnu ~ là-bas.
Je touche l'ombre aérienne, et la folie
Tournoie dans l'interdit à pénétrer.
Les formes immortelles poudroient un impossible
Froissement d'ailes - des flots de roses
Envahissent ton âme - tu les respires confusément.
Beauté, ma toute pure, va rafraîchir tes seins
Dans les frémissements clairs et les opales sublimes,
Va quérir l'immensité fugace où l'éphémère
Intemporel qui nimbe ton visage clair
~ une manière
D'ange déploie tout à coup ses ailes purifiées.
974
L'objectif
L'objectif, la finalité à atteindre, et les vaines images
gazées de silhouettes claires ~ là-bas
Dans les halos avec musiques aléatoires, ivoires élégants
ou encore des compositions de feuilles rouillées belles
toutefois
Donc applications, certitudes, intentions à obtenir, il a
pensé ~ c'est l'évanouissement dans la neige avec fragilité
pure ou marbres fabuleux - le souffle persuasif de nos râles
en détresse - il a pensé
Reculez impossibilités poétiques, folies de l'interdit -
sang frais coulant de la bouche d'autrui.
Ma force qui rythmes l'audace, quelles sont tes
déficiences ? Le sais-tu ?
tard.
Possibles violences et chocs prohibés - j'y reviendrai plus
975
Sur-inventer
Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le
délire optique
Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en
préexistences phénoménologiques, en fluides étirés, en sèves
bouillonnantes, en
Sperme-écoulements de ton vrai
Azur consubstantiel azur contre azur vous que j'ai
déchirés d'un bruissement d'aile pour confluer vers mon
Néant
En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de
verso pour aplanir la plume qui glisse
Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez mes
envies appliquées dans l'aléa de l'écriture pour venir féconder
de sublimes connaissances !
976
Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec
cette fille sale et répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma
chienne soumise et aboyante ~ tu vois, nous cherchons encore
977
Substances et Distances
Fondre
Fondre tous les finis et infinis
Néanmoins parvenu en élixir d'extase
Éparpillé, brisant les mille concrétions, scintillant
Et là-bas reflété dans ta triste agonie avec limbes effilés
fuyant vers des limites inaccessibles
978
Essences et
Essences et apparences, et quelles
Fuyant la vague morne profondément en soi
L’être, balançant en non-être et déviances sans
questionner son infini
Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies dans la
mesure du déroulement tout en glissant
Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté par ce
vent qui vivifie tandis qu’une plainte maladive semble encore
supplier
Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement
Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de son
ombre, en poussières de lumière, en déchets entassés
Et les présences émerveillées qui trament et trament
encore dans le sein de l’éther
979
Combien encore de marches inutiles, de conquêtes
limpides dans le foyer boréal du Moi !
Endormi sous le charme mensonger de quelque vaine
idole et contemplant les astres parfaitement posés
Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je léger
d’hypnoses neigeuses, m’élevant encore, là et là-bas dans
l’errance où je diverge immensément ~ elles, sont des féeries
dansantes
980
qui s’étire
qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de
spasmes suffocants, fuyant de pâles divagations inconnues
et encore : pour quelles perspectives ?
Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme
sublimes oublis espérant malgré tout...
Ô
Ô habiter dans l’indécis
Penchées en équilibre, vous m’élevez vers l’abandon
Songe et ne puis
Halos halos de fuites évanouies en évanescences
d’astres,
ici point le clos mais lové en soi
981
renais et reviens en fumées déliées
et là encore, oui là abandonné
982
Mystiques
I
qui s'amoncelle, se propage et déjà s'épuise ou s'apaise
en oui-toujours-en
échos d'abandons, de vertiges et de profondeurs
inassouvies
toutefois
là dans ton futur pour plaisirs généreux, éphémères
II
De fortes luminescences saccadées, trépidantes.
Fuites, fuites dans la nuit. Cadences et rythmes pour des
gestes convulsifs. Sera-ce le déluge ? Est-ce magma projeté
dans l'espace-mien ?
983
Avec sexe et cadavres. Je me tords sous la dernière
expiation. Les transes où j'éjacule à nouveau. Musique claire
ou violente démence. L'évanescence de l'âme. Que ma joie
soit accomplie !
984
FRANCK LOZAC’H
éVANESCENCES
985
FRANCK LOZAC'H
LES SOUPIRS DE L'ESPRIT
986
L'Huile fraîche
Qui donc du cerveau
Qui donc du cerveau infécond que l'esprit aime
Fait jaillir des monstruosités et des charmes ?
Quel humain, quelle bête à l'étincelle suprême
Proposerait le diamant comme la flamme ?
Ce rarissime exploit en qui vit la nature
Et croît à chaque instant, diadème nouveau,
Rassemble les méfaits en sublime mixture,
Et grave son empreinte sur le cœur de mon sceau.
Qu'un Dieu, un jour superbe, couronne ma faible tête
De cascades de lauriers pour ces œuvres stériles !
Pour descendre mon âme au niveau de vos bêtes
Aurait-il vu en moi un serviteur débile ?
La nuit, la nuit obscure foudroie contre mes tempes
Des feux bouleversants détruisant mon salut.
Ces douleurs incisives, ces souffrances latentes
Me condamnent à la mort, moi qui ne parle plus.
987
Au tout premier réveil
Au tout premier réveil
Hors des sables mouvants
Sans lumière sans soleil
L'exil s'effile tremblant.
Amoureux des douceurs,
L'esprit rassemble encore
Les dernières saveurs
Soufflées quand il s'endort.
Dans un vol embaumé
Son corps déjà s'avance
Vers l'espace condamné
En sublimes espérances.
Des sanglots tout à coup
Dans ce calme limpide !
Elle, nue à pas de loup,
Pleure dans son œil humide !
Pour mon indifférence,
Ô fille délaissée !
Bercée de nonchalance,
Elle se voulait aimée !
988
Senteurs de l'altitude,
Loin des lâches misères,
Comme à son habitude,
Fuyant l'horrible terre !
989
Le Moût et Le Froment
Par-delà
Par-delà toutes ces forces qui usent ta vigueur divine, par-delà le harcèlement
continuel qu'il te faut subir, c'est l'esprit de la soumission que tu es prêt à accepter.
Tu jouis de ces mensonges comme une femme complaisante baignée dans de
monstrueuses orgies. Tes revendications ne sont que de pleutres facilités. Car tu touches
d'un doigt mesquin les saveurs déployées, les suavités fulgurantes. Tu aimes à entendre ces
agaceries bizarres qui frappent ton âme révoltée.
Ces horizons s'illuminent tout à coup avec des torches vivantes enflammant
l'intérieur de ton esprit possédé et visqueux. Tu vis dans l'horreur de la déformation. Tu
acceptes cette soif de vengeance dont la seule utilité est de te nuire. Après la contemplation
unique des règnes putrides, tu te plais à jouir des luttes excessives indignes de ton affreuse
loi.
990
Ce n'est plus une idée simple
Ce n'est plus une idée simple et compréhensive en peu de temps qui est ainsi
exprimée, mais les caractères même de la pensée qui sont explorés avec toute l'attention
nécessaire. A moins qu'il faille envisager l'analyse avec plus de discernement, avec une
rigueur incisive et efficace telle que personne encore n'avait osé s'y astreindre.
Pourquoi s'essayer à trouver des arguments, des preuves alors que le bon sens que
chacun possède suffit à démontrer le contraire ?
Certains savent que nos vues ont fui ce mélange trouble. Pourtant plusieurs
chemins s'offraient à nous. Deux pouvaient être empruntés. Ils semblaient aisément
praticables. L'un indique l'impuissance et le retour prononcé sur soi-même avec une
jouissance ressentie dans la vie du malade. L'autre est plus dangereux, il est le sceau de la
vie fatidique. On ne peut y échapper. C'est une issue dernière comparable à une porte
ouverte sur le néant. Chaque étape étant identique, il est impossible de la dissocier de la
précédente. Une sorte de mort qui serait le point idéal de stabilité comme un neutre,
équilibre parfait.
C'est la chance révélatrice des destinées qui fit échouer l'expérience de
l'emprisonnement. Une force magnétique, elle conditionne les pensées, les change et les fait
resurgir déformées comme par envoûtement. Tout l'esprit se voudrait autre, car il est
conscient de sa perte : c'est un venin qui se diffuse en nous, une araignée qui enveloppe sa
proie.
991
La conscience éclaire le possédé pour lui donner la raison de résister, mais
comment lutter contre son destin ? On aimerait à comparer le destin à une machine infernale
lancée que le conducteur serait incapable d'arrêter, à une espèce d'énorme bête besogneuse
qui avancerait gueule écrasée, les pas alourdis par l'empreinte du temps.
La foi est l'unique guide puisque le Saint Livre détient la clé de la Vérité. Seul,
l'apport divin peut lever les voiles, lui seul a prouvé l'Annonciation. Lui seul te sauvera des
misères et des embûches de ta détestable vie.
Mais le rire divin éclate à mes oreilles, et fait trembler mon être, comme pour se
moquer avec ironie de mon piteux effort.
992
Il y avait un lieu
Il y avait un lieu où le monde se pensait. Chacun, seul était un fragment de tous.
La tête inclinée, le visage enfoui dans ses deux mains, il pensait. Il n'attendait pas de
réponses des autres. Sa mémoire après maintes opérations savantes se transformait. Il
devenait, je devrais dire, il grandissait. L'esprit ainsi neuf, l'esprit multipliait les
raisonnements. Je suis devenu longtemps après les anciens une force saine.
Silence approfondi sans la parole humaine. Se sont fondus, se sont confondus les
préceptes, idées et syntaxes. A l'origine des pensées sereines nageait dans un tourment un
feu. C'était une autre idée pleine de confusion marquée d'abandons douteux.
Il y avait ce lieu où je me lisais. Fort de ma jeunesse, je buvais chaque parole. Il y
avait la femme que j'inventais. La femme droite unie à sa danse, elle était perdue. Ni lieu ni
secte ne la concevaient. Elle se mourait. On remplaça la femme par des poupées. Elles nous
firent l'amour.
Dans les copies, je voulus du neuf. Je remarquais mes non-sens, et j'insistais. En
fait mes raisons me déplurent. Je m'accaparais... Je me plus à jouer avec le vent. Je devins
libre et solitaire. Les forces m'accompagnent encore. Mais je jouis de mon esprit volontaire.
Il y eut un lieu où les hommes se haïssaient. Je partis serein et transformé, libéré
mais sans copies. On remercia le travail.
993
garderait ?
Sans paradis, quel ange nous porterait ? Sans prison quel homme de peine nous
Il y avait une voix, mais je ne la chercherai plus.
994
Les extravagances de l'esprit
Les extravagances de l'esprit, les grands maux de l'âme tourmentent la vie de
l'écrivain : il se nie. Il n'existe pas. La profusion des douleurs, l'éternel, le bruit constant : Il
n'existe pas. Les jours brûlent, il inscrit leurs dates. Hier est déjà oublié, car aujourd'hui est
plus présent encore. J'obtiens le Néant sous le soleil de l'avenir. Les morts ont tué ma
jeunesse. Les mois disparaissent : il n'existe pas. Les conditions de vie sont inhumaines. Un
refus constant à la culture, à l'écriture, à la lecture. Une gêne perpétuelle - des coups
certains. Je n'ai pas de défense. C'est la soumission. Je subis les forces. Je suis contraint à
subir leur présence. L'espoir, c'est leur départ. Ou, non - c'est la cohabitation féconde et
intelligente. La fin d'un bagne ou d'une prison. Les oreilles libérées, cette putain de vie
redeviendrait humaine.
995
Le Germe et La Semence
De vaines méditations
De vaines méditations vouées à la parure,
Pour ce nuisible ouvrage, de virulentes paroles,
Disposées entre deux pages grises presque impures,
Et des semblants d'images lues comme des paraboles ;
O piteux de moi-même, tentatives perdues !
Que je hais les espoirs luxuriants de tes nuits !
A peine terminées et déjà délaissées,
Ces horribles fadeurs que ma chair a vomies !
Peut-être que demain, jour de lumière vécu,
Par ce fouillis de lettres, moi l'esclave enchaîné,
J'écrirai cette page maintes fois aperçue ?
Ignoble sur qui l'esprit vain se consume,
Qui fait de l'être indigne l'homme désespéré,
Feras-tu se mouvoir ardemment cette plume ?
996
Le stérile hiver
Le stérile hiver glace d'un geste royal
La source limpide et claire que ma lèvre embrasse,
Alors le fort déluge d'un roulis infernal
Sur le front enivré de songes se fracasse.
Vils de douleurs, et de violentes pensées,
Des rapaces s'en viennent s'abattre sur mon toit.
Leurs serres ensanglantées dans ma chair déchirée
Arrachent à mon esprit d'impénétrables lois.
Là-bas le Néant absolu, dévastateur
Voudrait bien m'engloutir dans sa ténèbre immonde.
A son service, tous ses démons provocateurs
Jetteraient ma raison dans des caves profondes etc.
997
Le Manuscrit inachevé
Mes trophées
Mes trophées, mes jérémiades, ô la mystification pour des richesses convoitées !
Crapule, tu crèves dans l'orgueil. Tu as subi des crises puantes, des cris menteurs.
Tes nullités nagent. Ce sont tes soucis.
Voici que les difficultés tombent dans tes chemises ! Pour raisonner, lis les
journaux ! La vie est d'une transparence sans esprit.
As-tu fait dire de toi : quel esprit complexé ! Arrivait le pâle essai, et j'interrogeais
mon rôle : Qui est-il ? Silencieuse nuit, nuit lourde de travail où je ne dominais rien.
998
C'est avec netteté que je voyais
C'est avec netteté que je voyais, et tous les troubles de ma pensée n'étaient que
d'insignifiants prétextes à des expériences captivantes. En effet, la plus infime observation
par une vicieuse opération de l'esprit devenait objet de fixation.
La nuit favorisait l'accomplissement de ces expériences. Les sommeils difficiles à
provoquer fixent l'esprit court et l'affolent des évènements passés de la journée.
De quoi étaient composés ces manigances ou ces indéchiffrables flashes qui à
peine compris ou interprétés s'effaçaient de la mémoire remplacés rapidement par d'autres
flashes tout aussi éphémères ?
C'étaient des phrases ou des bribes de phrases qui venaient se fracasser à l'endroit
de mon front accompagnées de sonorités diverses.
Les voix se juxtaposaient et quoiqu’inharmonieuses pouvaient se comparer à un
ensemble d'instruments de musique, chaque musicien jouant son propre morceau sans que
personne ne vînt l'accompagner.
La souffrance qui s'obstinait m'incitait à des croyances profondes, à des prières
que jamais je n'aurai osé imaginer. J'étais devenu mystique.
999
Longtemps après les cavales
l'été.
Longtemps après les cavales dans les bois, je m'endormis à la première étoile de
Les mains sur les hanches, je fis un tour complet sur moi-même, et je regardais le
paysage près du ciel. Un grand poète face à moi dans les pénombres des arbres élevés.
Je tournai la page, et un autre homme me rit à la figure à travers les feuillages.
Au milieu des bosquets, un rappel de symphonies humaines : de larges voix
vagabondaient dans mon âme.
Ma tentative fut de m'exprimer. Rien ne sortit de ma bouche.
Dans les moissons, je trébuchais sur ma jambe d'appui. Ils se moquèrent de moi.
Arrivé près de la dernière demeure, je trouvai la clé des folies éternelles. Je ne pus les
chasser. Elles revinrent en force.
Mon esprit grandissait. Je me croyais chanceux. J'étais à plaindre. Le réconfort est
lié à l'espace. Mon temps est trop cher, j'attendrai.
Je repris une course belle à travers les sous-bois. Parmi les ombres menteuses, je
m'effrayai. On me montra du doigt. Je pleurai souvent.
1000
Entre les châtaignes, je reçus des épis d'or. Malmené, j'aperçus la Vénus verte pour
deux nus cachés. Ma jeunesse grossissait en raison du vin bu. Ma modération cachait mon
tour de tête. En raison du parti pris, je cognais une nouvelle fois mon sang dans ma cervelle.
Je ne lisais pas.
Qui sait si je ne respirerai pas l'air du printemps et ses herbes et ses odeurs et ses
mirages ? Mais non, car l'aventure a rendu amer mon exil.
1001
Impuissance
Impuissance suivie de calmes limpides hantés de blanches et de vierges pensées.
En fait, je suis forcé de soulever le poids de mon âme pour n'y rien déchaîner... Fantôme qui
harcelait l'enfance pure qui se déboîte, cliquetis désordonnés dans un château - ceci est mon
esprit. Lumières fulgurantes, oublis dans des précipices ou caves, danses macabres d'un
spectre dans les profondeurs de la raison. Horreurs ou transparence d'envoûté ?
1002
Le Croît et La Portée
Dans les noires profondeurs
Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,
Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,
Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit
Qui lentement regarde, majestueux et droit.
Il regarde les heures s’égrener peu à peu,
Cadavre bicéphale implanté dans mon âme
Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,
Et mon piteux savoir est toujours miséreux.
Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.
Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :
Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.
Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire
Et prétend posséder la beauté immortelle
Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.
1003
Collages
Calme lieu des soupirs
Calme lieu des soupirs confondus, étang de grâce où glisse la pureté du cygne ; or
jaune des immensités perdues, je me flatte pourtant d'ignorer ton empire et de nier l'esclave
de ta puissante proie. Je plonge encore aux restes d'une cruelle insoumise ! ...
Je renais vers des trésors enfouis. Je m'active, hurlant de passions pour une
vendange nouvelle, blancheurs des vins d'orgasmes !
Jamais esprits de femmes ne burent les troupeaux virils à la fontaine des soupirs.
Mais changeant ton regard de fille belle, oublierai-je dans l'azur ta sublime passion
? Le feu dévorant jamais n'expire en chaleur de flammes et de tentations !
Je reprends ma plainte immonde. Je crie dans les draps travailleurs tandis qu'un
murmure d'ombre, qu'un filet de voix songe : je ne peux plus.
1004
Louanges du feu
Mon esprit est malade
Mon esprit est malade. Je l'ai enfermé dans des drogues douces, dans des ivresses
de buveur d'alcool. J'ai lavé mon cerveau avec toutes les musiques célestes, rien n'y a fait. Je
me suis cru amoureux. J'ai donc fatigué mon corps sur d'autres corps pâlissants ou affreux,
rien n'y a fait.
Le courage me manque et je pleure souvent. Que de nuits ai-je passé à attendre
l'Autre, l'Esprit chéri qui calmera mes douleurs !
Comme un vagabond, hagard qui semblait toujours fuir, j'ai couru, j'ai cherché la
femme, ma Femme celle que j'ignore, et qui est cachée dans le mystère au fond de mon cœur.
Quand la souffrance s'empare de mon âme, et me laisse des nuits durant aux bords
des gouffres et des catastrophes singulières, je me couche sur le côté et je crois respirer les
senteurs de tes seins. J'invente un miracle.
C'est peut-être l'odeur des foins ou des prochaines fiançailles. Mais il n'y a pas de
baisers, il n'y a pas de corps doux à caresser. J'appelle ça l'Espoir, ou mieux la Vie.
1005
Ombres bleues
Abolir l'esprit
Abolir l'esprit stérile, décapiter l'âme pensante.
Il croit en soi, il se sait
Il crée le Nul, il Est donc Rien.
D'ailleurs il s'est tu,
Le silence est sa raison parfaite.
VIDE
BLANC
État de pureté cosmique.
Dieu, sauvage, ou Robinson ?
Rien dans le Néant.
Le Néant, c'est déjà quelque chose !
Il ne faut pas que le Néant existe.
Zéro.
1006
Forme d'obéissance
Forme d'obéissance,
Je revêts le pudique habit
De l'esclave,
Et je me soumets
A ta substance blanche
Comme le mendiant démuni.
Comme soumis
A ton injuste puissance,
Vois je te supplie
Et j'implore
La raison de ma délivrance,
Ton esprit de génie.
1007
Sachet d'herbes
Je ne pouvais souffrir
Je ne pouvais souffrir plus grandes déchirures,
Car le mal insoumis me rongeait de tortures.
L’Idéal des Amours allait, tirait ses pleurs
Infligeant au mourant de terribles douleurs.
Je me devais hurler dans l’horreur de la mort
L’infâme sentiment qui s’arrache du corps
Et qui fait subit à l’esprit purifié
Les tristes sanglots du Soleil déifié.
Sublime vision au Néant emportée !
O terreur de mon âme à jamais envoûtée !
1008
Le Livre blanc
Il te faut parvenir
Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée
Malgré le désespoir du vers incontrôlé
En ton âme pensante extirper le savoir
Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.
Il te faudra longtemps extraire une substance
De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,
Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur
Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.
Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître
Encenser de leur gloire le génie des poètes
Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.
Par-delà les sueurs qu’inflige le sublime,
Je pourrais conseiller à ton cœur se mourant
D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.
1009
Sonnets 84
Ô mon âme incomprise
Ô mon âme incomprise, ne te languis en rien !
Tu te dois de laisser l’insensible critique,
Incapable qu’elle est par son droit despotique,
De savoir séparer l’ivraie de son bon grain !
Ô mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !
Tu ne peux l’ignorant de toujours l’accuser,
Innocent qu’il sera, ne veux-tu l’excuser,
De ne comprendre point l’amour et son soupir ?
Il est qu’un Comité satisfait de son rang,
Prétend par le pouvoir qui lui est conféré
Décider du savoir dont il use en régnant.
Il ne sert de jurer de son inaptitude
A vouloir encenser ce qu’il a préféré,
Même si son erreur prêche l’exactitude
1010
Sais-tu de quelle liqueur
Sais-tu de quelle liqueur je veux gaver mon corps,
En extraire l’élixir et sans aucun effort,
Obtenir de ma plume qui voltige et s’enlève,
Un esprit sublimé d’un rêve qui se lève ?
Peux-tu, mon Buridan, éclairer ta cervelle
Atteindre mon génie qui toujours t’émerveille ?
Et comprendre, insensé, la finesse des mots
Que ta bouche putride accompagne de rôts ?
J’unis à ta bêtise ma pensée immortelle ;
Par-delà ma raison ma gloire se constelle,
Et plane aux cieux divins au-delà de la mort.
Je laisse à ce sonnet qui lentement s’achève
Le plaisir de jouir, et sans aucun remords,
Te concède le droit du médiocre qui rêve.
1011
Je sais que tant de gens
Je sais que tant de gens dénigrent mes écrits,
Les prétendants stupides par leurs pensées fécondes.
Je sais que je ne puis satisfaire leurs esprits,
Se flattant posséder de la belle faconde.
Je laisse aux ennemis se moquer des tournures,
Et en rire lourdement se tapant sur la panse.
Je leur donne le droit d’infliger leurs censures,
Sachant pertinemment ce que critique en pense.
Mais je peux invoquer leurs stupides raisons,
La stérile ignorance qui longe leurs saisons,
Et se veut exister au fil du mauvais temps.
Je sais que l’impossible est d’être reconnu,
Dans les jeunes années d’un esprit survenu,
Que son âme incomprise engendre un pénitent.
1012
Je voudrais m’endormir
Je voudrais m’endormir dans les yeux de la Mort
Glisser tout doucement, mais sans aucun remords ;
Sans regrets, sans soupirs, m’étendre dans la nuit,
Tomber dans l’ombre noire du soleil qui a fui.
Je voudrais respirer les plaisirs de la Mort,
Les jouissances promises, délivrances du corps,
Et libérer enfin les tortures de la chair
Qui condamnent mon âme aux sombres adultères.
Je voudrais voltiger par-delà l’univers,
Glorifier mon esprit au-dessus de nos sphères,
Purifier les noirceurs qui hantent mes malheurs.
Parvenant à chasser par mes vœux les plus chastes,
Les horreurs de la vie, ces terribles douleurs,
Foudroyer ces frayeurs à ma raison néfaste.
1013
Grappillages
Moissonnées les puretés
Moissonnées les puretés célestes dans les airs cristallins ! Brassées les gerbes d’or
au-delà des soleils et des pensées légères ! O mon esprit subtil envole-toi là-bas où les Dieux
t’appellent.
Débarrasse-toi de ta carapace de chair et regagne le sanctuaire interdit ! J’y ai vu des
hosties vivantes et des foyers de lumière tourbillonnant dans des espaces clairs ! J’y ai vu la
voûte obscurcie dans l’ombre du savoir pour la parfaite connaissance de la vérité !
A moins que ta mission soit encore t’obéir ! de t’abrutir cyniquement avec les livres
sacrés qui encombrent ta tête ! à moins que le chemin à suivre soit cette présence parfaite
d’un Christ en apprentissage...
Ho ! La plus atroce et la plus belle des tentations pour l’amour des trois Dieux, pour
l’amour de ta propre pureté humaine !
1014
Souffles nouveaux I
Jette dans le noir désir
Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à enorgueillir tes nuits.
Plonge sous la clarté macabre les derniers délires de tes folies.
Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je joue par l’analogie, par
l’avalanche de mots de la même famille. Mais quand comprendrais-je que je ne suis plus
apte à exciter ma critique avec de telles solutions ?
Un jour maudit entre tous, je délaisserai ma chair et regagnerai l’intemporel. Je
défis l’existence de m’apporter une once de savoir...
Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité me permettant d’agir.
Mon “Je” est détestable.
Je cherche à transmettre le produit dans des conditions extrêmes de gains. Je veux
pouvoir dire : je prends et j’ajoute.
Donné aux esprits de l’air, soumis aux verges du ciel ! A l’aube du poème, je
n’étais qu’un fils coupable. Il fallait descendre le maudire et le soumettre jusqu’à ce que la
douleur lui fît produire ces écrits impossibles.
1015
Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides de fumée, ce sont des
protections ridicules et dérisoires. La chair adressée... les cicatrices invisibles. L’horreur de
la souffrance et pour quelle Force d’espoir ?
Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et non pas un amas
cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir splendide, épuré pour y baigner son âme
assoiffée. Qui implores-tu ? Lui abonde, lui est repu !
Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui contrôlées. Un esprit vif se hâte
jusqu’à n’obtenir que le néant de soi-même.
Il y a aberration à vouloir tout écrire, à se dire : qu’importe, je parviendrai toujours
à récupérer la structure, ne suis-je point un habile trapéziste qui retombe sur le fil ?
D’ailleurs, il y a un filet.
C’est une constance d’incompréhension, mais de ce tas douloureux monte un
effluve léger et dansant qui nous indique la voie à suivre.
de papier.
La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair traçant qui signe la feuille
De ces déchirements, de ces violences internes, de ces conflits invisibles, qu’en
tirera l’intelligence ?
1016
Sagesse et audace
elle te guidera.
Entre la sagesse et l’audace, apprends à concevoir l’occasion, maîtrise ta chance,
“ La bravoure et la prudence de David ”, dons du Saint-Esprit.
Puis je sais, puis je prends conscience que je suis Rien. Mais rien, c’est déjà
quelque chose se plairait à ironiser le railleur de l’esprit. Non, j’écris sérieusement. Nous
sommes quatre à comprendre, la Trinité et Moi.
Absent pour les inutiles, présent pour l’Œuvre. Que pouvais-je tirer de vos
médiocrités, de vos visages détestables, de vos âmes stériles ? Le puits était en moi.
L’onction était en moi. Je devais y puiser pour extraire le produit poétique.
Je ne vous ai pas haïs, je vous ai contournés comme on contourne un obstacle, un
mur, un boucheur d’horizon.
Fallait-il s’en référer à vos niaiseries, à vos médiocrités de fonctionnaires ? Petits
jaculateurs de la cervelle, y avez-vous songé ?
Je pense à mon idéale de beauté, à cette femme bleue presque blanche de
chevelure à la Magritte. Je la vois pure et transparente, je la sais confusément sous un amas
d’ombres, de chair belle et de nonchalance. Je l’invite au repos suprême pour qu’elle
devienne mienne dans des épousailles spirituelles. Elle voltige et tournoie et rit de ses dents
éclatantes puis elle se jette sur mon âme pour un ballet nuptial, superbe et messianique.
1017
Ténèbres de mon âme d’où surgissent des pensées oubliées, des images de
mémoire, je ne veux plus de l’implosion chimérique, médiocre désespoir. Ai-je l’aptitude
pour créer autre chose ?
L’homme rampe dans son esprit, fusillé ou soumis, l’homme cherche, esclave
quémandant le poème.
Donne-moi une chair de poème à pénétrer, à jouir pour un orgasme cérébral !
1018
Qui donc en Toi toujours s’éclaire
I
Qui donc en Toi toujours s’éclaire, sans le jour ? Oui, ta demeure, je puis la
retrouver ! Tu t’en es retourné dans l’espace autre, avec ton compagnon, avec ton frère de
lumière. Qui donc est très près de Toi ? Quelle puissance nouvelle m’as-tu caché que je ne
puisse avec l’œil pur atteindre ? ”
Toujours par toi, je me suis vu grandir, comme sentinelle dans la certitude de
l’avenir. Par toi, que sais-je ? Qu’ai-je su ? L’esprit prophétique pénétrera-t-il l’intelligence
humaine ?
Qui donc est-il, Frère nouveau ? Esprit soit-il où j’ai quelque part ? Sur le bord du
savoir, comme enfant à nourrir (et cesse de dire : je ne suis qu’un enfant !) sur la chair
onctueuse de vrai Livre, vois je me nourris.
Comment aimer, d’esprit aimer, ceux pour qui le pur est peu ? D’amour aimer avec
chair d’homme, avec sexe et sueurs d’homme ?
II
Ne me sois pas un Divin de silence, caché, nourri de son absence. Faces sublimes
éloignées... Où est le bouclier qui protège ? Pour quelles causes, me faut-il respirer le sang du
massacre ? Mes armes de prières ne me sont d’aucun secours ! ...
1019
J’ai lourde offense, et tu n’es pas là. Je suis l’Épouse violée et frappée, l’innocence
persécutée. Où sont mes protecteurs ? Où sont mes gardiens ? La fille vierge est souffrance.
J’ai toute intelligence et je ne puis comprendre. Qui a osé introduire le Mal en ma
demeure ? La douleur est là qui me pénètre. La foule d’ombres est dans la chambre assiégée
et trahie.
Non ! ... Ce n’est point sur le seuil, haut lieu de prière, c’est le mur de transparence
offert, qui me sauvera vers la belle sainteté.
Car j’ai fort espoir ! Ô Dieux, mes Dieux, comblez ma chair, encombrez mon
corps de substances claires, de souffles chauds.
mort !
Toi, mon Dieu cruel, veuille par ta force me soulager de la noire soumission à la
plus haut !
Là-bas mes Dieux ! Mes Dieux jurés ! Déjà disparaissez au plus clair de l’éther,
Sois-là, toi, ombre dérisoire, médiocre pensée écrasée sur la terre. Songe et
conçois, ou détruis encore, car telle est ta fonction.
Ne fuis pas loin de moi sur la pensée liquide.
1020
Je prétends le Verbe
Je prétends le Verbe entre l’Élixir et la pensée céleste.
Inengendré, incréé, au-dessus, Il se conçoit soi-même, sublime et divin, dans sa
parfaite communion avec le Père.
vérité.
Je me sais hélas dans ma ridicule naïveté de voyant, d’oint, de rien, de moi en
Ton existence terrestre ne te sert qu’à progresser, qu’à sublimer, qu’à recevoir.
La nuit me permet de retrouver l’éphémère image qui disparaît là-bas derrière le
mur. (Je parle en mystique. Moi seul puis me comprendre.) Y voyez-vous des Dieux ? Je les
vois.
diverse.
L’esprit est au futur. A moi la concordance des temps. A vous, l’interprétation
Ne me méprisez pas. Souvenez-vous du grain de sénevé.
L’image me reste, puissante et immortelle, - votre image - ô sublime image.
Que puis-je avec ce petit esprit ? Mais que puis-je obtenir ?
1021
Il faudra quantifier le surnombre, donner à certains, taire à d’autres. Si du moins
j’obtenais ce que je me suis promis !
Produis et donne ; travaille et transmets ; ce que tu possèdes, offre-le à tes fils ;
apprends à ajouter sur ce qui est déjà ; nourris-toi dans tes pères, tes pères instruits.
Absence pour les autres. Non, il n’y avait personne. O vous, mes chers livres, mes
belles Pléiades, et puis Toi, et puis Toi, et ton Frère, et moi peut-être, moi certainement,
hélas !
L’Esprit, au plus beau, là-bas, dans l’exil, apparut et qui fuit, si près de moi, prêt à
disparaître, reparti, retourné, à jamais peut-être.
En vérité Père, à part Toi, qui ai-je connu de plus beau ?
Ce n’est pas d’une mémoire dont j’ai besoin ; je recherche un moyen, une manière
de produire, d’extraire. C’est du neuf qu’il me faut. Qui est neuf ?
Les ténèbres de l’espoir m’encombrent sous des ors étouffés. Entends-moi qui
respire, doucement comme un frêle filament, comme une tige bercée par l’air câlin.
“ Mon frère, le doute. ” (Pourquoi as-tu douté Céphas ?) (Je me rappelle la parole
du Fils) (Moi, j’ai douté de son Père.)
poids de la honte ?
Non, ce n’est pas seulement cela. Fallait-il me couvrir de ridicule, ou porter le
1022
Le vent superbe
I
être !
C’était le vent superbe sur toute la face de mon être,
Le vent sublime, exalté, créateur du bel univers,
Qui avait sa dimension et sa grandeur, et qui produisait l’homme nouveau,
En l’an un de ma nouvelle vérité... Oui, le très grand vent sur toute la face de mon
jeunesse,
Sur moi-même périssable, chose négligeable, infiniment ridicule dans l’ère de la
Et de souffler pour prévoir les grands ouvrages de l’esprit.
Voici qu’il pénétrait en moi comme souffle d’amour nourricier et béatifique.
Ô toi qui as mission de chanter, de glorifier la certitude du plus beau des Esprits,
comme ce grand souffle te pousse pour noircir la page exaltée de croyance !
Ha ! Souffle pour un nouveau langage de pensées, de prophéties en murmures de
savoir vers les quinconces de la raison !...
II
Ce sont de grandes forces de production par les pensées de leurs sphères qui
inspirent au plus haut d’elles-mêmes, dans leur temple sacré,
1023
Qui donnent pureté de science par le monde accompli, qui conçoivent dans la
certitude du futur, qui délaissent le rêve absurde.
Et sur les ondes invisibles du soir, dans les pures folies de mon esprit, elles
transforment tout à coup l’homme pour un nouveau style de hauteur où se certifient mes
actes de prophéties...
Je retourne vers les îles lointaines, dans la passion du Livre sacré et j’y retrouve
mes joies spirituelles, j’accède à l’inconnu d’hier, je perçois quelques traces...
Oh ! Fragile dans la nuit savante où nulle fille ne se fait aube d’amour, oh !
Sensible dans la pure recherche personnelle, je plonge au superbe du précipice ... ne me
crois pas précipité ... ni ivre, ni enchanté, ni délirant d’extase pour l’embrassement du poème
beau.
Non, seul peut-être pour tenter d’accéder à la raison vraie, j’écoute l’autorité
spirituelle me dicter l’écrit.
Rien à apprendre, tout à attendre.
III
Autrefois, l’Esprit plus beau encore s’imprégnait dans la chair divine, et la divinité
ainsi armée assiégeait l’âme des vivants.
1024
Divinité par le Père et l’Esprit, par la pureté du souffle ! Divinité par la Lumière et
le Sel, et la belle certitude du messianisme.
Ce moment fut hautement favorable. Vois, je te consacre mon calame. (Puisse la
Force me permettre d’extraire le suc sans la noire offense.)
Pur moment de la condition de l’Oint. (Le scribe insignifiant trouve courage
malgré la violence.)
Oui, pur moment pour toi, Fils resplendissant, dégoulinant de sucs nourriciers,
d’invisible semence et nourriture d’intelligence.
Ô vous qui soufflez sur le Fils...
Souffle et certitude de souffle...
J’accède aux espaces clairs, j’observe, j’écoute et je vois le Vent venir.
Oui, toi aspergé de substance vraie, par le Père idéal !
Et qui donc hors le Fils, pouvait accéder au sublime de la vision ? Penser, Penser,
Concevoir l’interdit, oser la virtuelle image !...
(J’ai eu trop peu de temps pour naître par des Dieux.)
IV
Ils m’ont prétendu obscur, et ma parole était au ciel.
1025
La vision était divine, plus pure encore que celle d’autrefois ; la vision où
j’interroge les Dieux.
Élévation de la pensée mienne, toujours vers l’azur je contemple vos sphères.
La condition de chair est détestable, mon superbe savoir se répand sur la mer, mon
gain est certitude sur le flux des fortes eaux.
Et les grands hommes d’autrefois, porteurs d’écrits superbes viennent me saluer,
que l’amitié est belle !
M’avez-vous égaré, penseurs célèbres, et vous maîtres de la rime ?
Ô mes divinités dans la nuit lumineuse, qui est plus vrai qu’Esprit ?
Spéculant avec le Mal, le poème se propose nul, vertigineux dans sa conception.
La voie des plaintes millénaires est offerte comme une marche biblique dans le
désert sans fin, et l’étoile est mon guide.
Ridicule étoile, chemine, indique-moi la hauteur à atteindre !
Ils m’ont prétendu stupide ceux dont le devoir est de reconnaître !
1026
Le sommeil
Au plus profond de Moi est le Sommeil, sorte de masse détestable et inerte, repue
de fatigue, se nourrissant des excréments de ma vie éveillée.
Tu m’attires inlassablement vers toi, m’envoûtes et m’hypnotises. Tu es bête,
incapable que tu es d’échanger la moindre vérité utile à ma raison, tu es l’absence de ma
conscience, la constance de perte temporelle, le mange-vie de mon savoir.
Ta facilité me plonge dans ton néant d’oublis, de récupération, de nécessaire
fortification. Tu es la charge que je porte sur un tiers d’existence, tu es l’impôt de mon
corps, le prélèvement de vie ! Tu es mon voleur de temps.
Tu gaspilles mon existence, immense et avide, tu es ma faible performance, mon
interdit à spéculer. Tu ponctionnes le temps et ta durée subsiste car ta dimension est certaine.
Quelle autre pensée pourrait animer mon esprit te concernant ? Je m’intègre en toi,
je pénètre en moi pourtant, mais y aurait-il quelque subtil échange entre nous deux ? Voilà,
tu fais le mort. Je te subis sans te désirer. Et je me sens terriblement captif de ta fausse
personne. Je t’entends au travers d’un soupir. Avec ce rythme lent et régulièrement, tu
exhales le souffle de ton propre système d’existence. Tu es ma faiblesse, et je me sens
stupide en toi.
Je suis un étranger au fond de moi-même, perdu dans sa propre demeure. Je suis
cet être immobile, ce handicapé de l’âme incapable d’utiliser ses jambes et des bras.
Tu entraves mes mouvements par ta paralysie.
1027
Ton regard intérieur est tourné vers les sombres ténèbres. Il se nourrit de néant,
s’inspire d’ombre et prétend penser toutefois ! Tu te suffis de ta substance informe et
nullement précise, avachi que tu es dans ta propre cité ! Tu te repais de mes déchets par le
travail du rêve, tu te conçois à travers cette masse ridicule d’images haïssables... Voilà ce
que tu présentes à ma propre raison, et tu prétends que je dois me satisfaire de si peu ?
Quelle maigre critique t’a donc disposé ainsi ? Reconnais que je te suis autrement
supérieur. Je suis ta Conscience. Un abîme nous éloigne tandis que je suis inclus en toi !
Étrange sentiment qui m’éclaire encore !
1028
Au soleil irradiant
Au soleil irradiant ma sublime puissance,
Je bois l’or qui s’écoule de la sphère exaltée.
Je me nourris de nard, d’extase, dès ma naissance,
Je roule dans son souffle de lumière enivrée.
Et le Dieu satisfait de ma nature sereine
S’élève vers le ciel réjouit de bonheur.
Il caresse l’éther baignant de blanche haleine
L’invisible inconnu jusque dans sa hauteur.
Tout principe de vie instruit d’autorité,
Dans la gloire immortelle et l’esprit de splendeur
Éclaire l’intelligence de pure lucidité :
L’oint jadis promis et superbe éternel
Resplendit de beauté parmi ces deux grandeurs,
Divine vision d’espace solennel !
1029
Souffles nouveaux II
Conseil
Ne te satisfais jamais de ce que tu as obtenu. N’oublie pas qu’en toi, il y a un moi
possible te permettant d’aller au-delà.
Cherche toujours en toi, par les autres, par autrui, par les livres. Sache unir l’Autre
à Toi, et ajoute sur les anciens.
Ce que tu as est peu en considération de ce que tu devais avoir, en considération
de ce que tu étais apte à concevoir.
Délaisse les pleurnicheries et les mièvreries des littéraires. Instruis ton esprit dans
la science. Là est le progrès.
1030
Soleil de moi-même
Soleil de moi-même, pur spectacle du feu roi, je commanderai à l’esprit de pouvoir
un peu mieux que ces états stupides et primaires. Je demanderai le droit à l’orgasme
spirituel, à la pensée supérieure !
Oui, la tête frémissante est en proie aux délires verbaux, aux audaces nouvelles,
aux tentatives d’écriture et de productions différentes encore ! Je suis là parmi les tout
premiers pour la conception éblouissante !
Je travaille sur les cadavres d’hier, sur les gargouilles jaunissantes de moi-même,
sur la puanteur de mes râles, sur le mal poétique ridicule et pervers depuis Sade et
Baudelaire.
1031
Alertez les poètes
Conscients, trop conscients de la maigre intelligence que recèle l’âme poétique, de
l’écart considérable qui sépare la capacité à charmer de celle à discerner ;
Plongés dans le gouffre de l’ignorance, jetés dans l’avenir sombre d’un brouillard
épais, comment nous pauvres esprits littéraires, parviendrons-nous à relever le défi de la
compétition intellectuelle ?
Avons-nous réellement les moyens en travaillant à temps partiel, les uns contre les
autres, à nous opposer à la constante élévation scientifique ?
Comment le public nous juge-t-il ? Fabriquons-nous des ordinateurs, des
télévisions à écrans plats ? Savons-nous faire rêver ? Quel bien-être apportons-nous à cette
société de loisirs et de jouissance ?
Nous pleurnichons comme des femelles, et faisons de l’autosatisfaction en
considérant nos poèmes. Nous offrons des produits illisibles demandant efforts et
adaptabilité de la cervelle. Jusques à quand poursuivrons-nous de cette sorte ? Et
accepterons-nous de nous comporter autrement ?
Je lis dans la revue Science et Vie (numéro hors série 12 p 35) : “Plusieurs
centaines d’années - homme, travail, 130 cerveaux de physiciens, 2 000 tonnes
d’instrumentation : tout cela se trouve concentré dans la coupe de champagne que lève, le 25
janvier 1983, Hervig Schopper, directeur général du CERN en l’honneur de la découverte du
Boson W”.
1032
Je lance le cri désespéré qui déchire la voûte de l’esprit : “Quand comprendronsnous
enfin ?”
Et ce qui est vrai avec la Physique expérimentale, est vrai aussi avec
l’Astrophysique, l’Aéronautique, la Médecine, la Mathématique. Dans tous les domaines
scientifiques, l’esprit cherche, l’esprit pense et conçoit - en France, en Europe, aux États-
Unis, en Asie.
Nous n’avons pas même les moyens de rivaliser avec un Jean Racine, avec un
Pierre Corneille ou un Victor Hugo. Nos œuvres artistiques sont de qualité inférieure.
Pourrions-nous faire plus si nous pensions autrement, si nous acceptions de voir la sinistre
réalité dans laquelle nous nous enlisons ?
Réveil ! Mais quel réveil ? Qui voudra comprendre ? Les poètes ? Je l’ai déjà écrit
: ils se figurent être d’essence supérieure. Mais qui ?
Alors l’on glisse, l’on trébuche, comme des pauvres clowns ridicules et désuets.
1033
Mon or se meurt
Mon or se meurt dans cet impossible à extraire, dans cette incapacité à tirer hors
de soi quelconque signifiant utile.
ne plus revenir.
Toute chose, lentement mais réellement se forme et se dégrade pour disparaître et
sa pure altitude ?
Il cherche encore. Son sol fume. Est-ce diamant stupide qui déjà veut percer dans
Les demeures de topaze et les dômes aux feuilles resplendissantes s’amassent et se
confondent dans ce flou de l’esprit. L’on croit apercevoir un vulgaire amas de formes vagues
et obscures où la lumière offrirait nul attrait, nulle possibilité de comprendre.
L’ombre molle ou stupide, l’ombre agaçante accroche à la pensée de bien faibles
espoirs ! A la faveur d’une inspiration ténébreuse, un monde surgit, et des concepts voltigent
ou se cognent contre les parois du crâne.
Voici une flamme, voici la lampe. De pauvres lumières, en vérité. Y a-t-il
quelques étincelles de vie dans ces yeux éblouis ? Je conçois par le Mal, par la Mort. Non.
Rien. Je danse avec l’horreur dans cette cervelle stérile.
Qui jaillit ? Qui jaillirait ? N’est-ce pas impossible ? Je cherche tiédeur et sagesse,
lente explosion de sagesse et de maturité. Est-ce, en vérité, de la puissance encore ? Je ne
sais.
1034
Vous mes amas glaireux, vous mes déchets de haine, tenterez-vous de vous frayer
une voie vers la conscience à écrire ?
Il faut étouffer, détruire, avorter le poème de chair qui vit en soi, là dans cette
cervelle où le luxe côtoie la lubricité et le vice la pureté du saint.
1035
Messages I
La mort est une aurore
La mort est une aurore comme une croix de haine. L'esprit épanoui apprend à
souffrir avec ses quelques piques et ses nombreuses flèches. Le vent de la torture vient
hurler à la porte.
La vieillesse s'achève, ma vie est une maison remplie de paperasses et de livres
anciens. Ma vie espère la délivrance avec sa légèreté aérienne.
1036
La conscience
Quand je considérais toute cette substance produite, au centre de cette quantité, je
me sentais ridicule et insignifiant, vidé de toute capacité intellectuelle.
Je voulais de nouveau me nourrir de ma propre poétique. Je recherchais peut-être
une jeunesse éternelle, une sorte de phénix de l'esprit - enfin je prétendais me comprendre.
A présent, je ne suis plus en moi-même? Je suis un évadé. Je parcours des espaces
vierges sans pouvoir retenir le temps.
1037
Mystique
Tu m'avais soufflé par ta bouche me chassant de ton sanctuaire comme un
étranger. J'étais devant toi, je n'étais plus un homme, j'étais une forme d'esprit. J'étais nu de
bagages, n'emportant que la mémoire de mon existence.
l'œuvre.
Je suis redescendu. Me voilà chez les hommes dans l'obligation d'accomplir
La malédiction s'est abattue sur ma chair, elle a pris possession de mon cerveau. Je
suis le saint admiré et détesté, celui que l'on caresse, celui que l'on domine. Je suis glorifié
dans la torture.
Les chemins de ma souffrance mènent vers le Fils.
Mon immense besoin est dans la quête du savoir, j'espère par les cieux me gonfler
d'apprentissage. Il faut se préparer à bien mourir, c'est la seule certitude, et se plonger peutêtre
dans l'immense néant.
Rempli d'espoir et d'anxiété, je cours vers l'instruction, mais la possibilité de
sagesse est nulle. Je rêve de m'en retourner vers ton superbe accueil.
L’oint cherche le Père. J'ai pu contempler ta lumière.
1038
Qu'est-ce qui nous élèverait ?
Qu'est-ce qui nous élèverait ? Quelle essence divine nous implore d'exister ? Le
poète est infiniment rien s'il ne revêt l'identité de l’oint. Le temps est un vulgaire paramètre
utile aux hommes. Qu'est-ce que le temps en prescience ? Ici bas, nous accomplissons des
desseins ridicules pour rechercher la gloire humaine. Seul et seulement importe le
témoignage du Pur Esprit. Le reste est misère.
A la verte lumière, le savoir est dans la certitude de Dieu. Puis nous plongeons
dans les ténèbres pour resurgir flamboyant de pureté, poète et christ à la fois. Il y a travail de
sainteté, de souffrance, d'injustice. La torture nous purifie, nous nettoie de nos résidus de
péchés. Puis nous portons l'habit blanc.
N'as-tu donc pas compris ?
N'as-tu donc pas compris ? Tout jaillit de l'esprit. Il vient, vient à jamais.
Quand sur moi est sa joie, l'intelligence croît.
1039
Il n'y a pas d'attente
Il n'y a pas d'attente. Je ne te cherche pas. Pas l'ombre de ton ombre dans ma triste
demeure. Ma maison est spacieuse, j'y évolue avec facilité.
à Toi.
Toi, ton Saint Sanctuaire est purifié. Sans vraiment te chercher, je me suis présenté
J'émets une pensée sous le dôme céleste éclatant de rouge et d'or consumé. Je me
replie en moi-même, mon désir est interne.
Je m'assoie sur le bord de ma raison, je regarde d'en haut et il me semble que je
vais tomber. Nul espoir de bonheur, nulle image de femme douce.
Plonge mon esprit dans l'océan du savoir, instruis-le dans la marée de la plénitude,
oui que je sois en osmose avec l'éternel jaillissement de l'univers.
1040
Un autre espoir
Un autre espoir.
Fixez-moi la certitude,
Offrez-moi la clé.
L'œil interne scrute
Dans la luminosité de son rêve.
Donnez-moi le savoir,
Les délices de l'intelligence,
Alors que ma réalité
Est de m'enfuir dans le Néant.
Un nouvel avenir.
Vendez-moi la fortune,
La connaissance élevée.
Éloignez-moi de la honte,
De la médiocrité, de la bêtise
Afin que j'accède à l'Esprit
A la substance infinie.
Je plongerai dans le silence
Pour aimer le commencement
Et me nourrir de son mouvement.
Une autre compréhension
Dans la nourriture du Saint
Pour la splendeur de l'Alpha
1041
Et la beauté de l'Oméga.
Moi et les Dieux
Et rien d'autre.
J'irai au-delà du seuil,
J'atteindrai le réel
Au-delà du permis
Dans l'éther sublime, oui. Moi.
1042
Messages II
Encore
Maintenant que l'esprit a charrié ses tonnes de vomis, de pourritures
nauséabondes, maintenant que vous vous êtes repus de mes délices stupides, de mes
souffrances détestables, que puis-je vous inventer ?
insoutenables, etc.
Je cherche encore à transformer le mensonge, à feindre à des réalités
1043
La pensée hallucinée
I
Le poète ivre est là, stupide à sa tâche, noyé dans l'Absurde. Il obéit à cette
conscience qui lui impose le rythme lent, la pensée audacieuse, le risque contrôlé.
C'est la constance, la durée éternelle pour la folie de l'esprit. Il faut donc concevoir
par l'image et maîtriser l'invisible dessein.
L'espoir d'une pensée aperçue, soudain jaillit l'impossible à écrire. J'exploite
l'initiale esquisse, et j'apprends à ne pas douter. J'extrais refusant de raturer le jet de la
raison.
Il n'y a qu'elle, qui cristallise l'image, qui décide de la forme ; en elle, se confond
le miroir de l'absolue création. Sa nudité s'exhibe, au plus profond de l'âme, dans le noir.
C'est un soleil !
Ne sais-tu pas tentative d'altitude, envolée florale, sommeil d'espoir que dans la
nuit jamais couchée, j'accède à la volonté supérieure, du moins je le prétends, en caressant
son dessein initial ?
II
Je produirais par le Verbe, je doublerais d'efforts. Quant à la chair de l'homme, je
l'abandonnerais sur le chemin de la douleur.
1044
Ma mémoire est un espoir où les faits doivent concourir au futur. S'ils y
parviennent, je devins, donc Je Suis.
J'agis avec le Temps, ma terrible dimension qui fuit et jamais ne dure. J'ai appris à
le craindre comme un ennemi invisible qui égrenait ma vie.
L'écriture n'est qu'un moyen pour maîtriser son flot de paroles coutumières, puis
l'exercice allant, on compose, rature et chiffre.
Écrire, c'est le dire mais avec un savoir-faire.
1045
Grande pensée
Grande pensée, nous voici. Fraîcheur de l'esprit en éveil sur des cimes, volonté du
souffle pour accéder à tous les seuils, autour du front se construit un édifice du savoir.
Tout soir est rouge, rempli d'animation, la fièvre y pousse des cris. Les premières
possibilités s'expriment. Non, il n'y a que quelques accidents de langage...
Et c'est un hurlement de souffrances où des sonorités aigres viennent se fracasser
dans l'aire resplendissante de la raison. Ô puissances sanglantes qui implosent le songe en
mille trouées d'ardeur !
Une seule et puissante lumière, plus vive encore par le ciel intérieur courbe sa
trajectoire portée sur des ailes de gaze. La douleur rouge implore.
Si haute soit la pensée, une rumeur d'exil se lève et s'amplifie, masse vaporeuse ou
certitude pesée ? A l'horizon de l'homme, une volonté de gains, de progrès.
Redresse-toi, accède à la pureté, poète orné de roses, ton front est souverain.
Dans l'illumination du soir, il cherche et poursuit, et veut accéder à la
transhumance royale, sorte d'idéal impossible vers une île de perfection.
La fièvre est encore en toi, la braise chaude respire sous ta hotte de claire
connaissance. Va chercher l'épouse vers la cime respirant l'or des saintes paroles.
1046
Messages III
Grand esprit, me voici !
Grand esprit, me voici ! Chemin de certitude de braises chaudes ! L’intelligence
ardente et la conscience extrême, vers quelle délivrance courons-nous ? La vitesse et le
temps useront-ils mon estime ? Nous avons espoir dans le sublime et le superbe. La volonté
divine, permettra-t-elle d’y accéder ?
Grand esprit, ai-je menti ? Me voici sur le chemin inconnu. Tourbillons de feuilles
légères m’accompagnant. Recherche d’une possibilité sur la hauteur. Et ce beau souffle d’ici
et d’ailleurs qui nourrit l’homme, viendra-t-il ? ... Il est venu.
Je vous suivrai, emporté par le soir. Chavirement de l’œil exalté dans les opales de
flammes ! L’homme est porté par son immense dessein, l’homme de rigueur et d’images -
parviendra-t-il à marcher dans sa nuit ? Il faut donc accéder aux divins.
Ô détestable mort comme une maîtresse noire et lugubre, tu m’accompagnes
constamment. Il a quatre laquais.
1047
La chair et l’esprit
Pression de la chair sur l’esprit,
Le désir constamment s’impose,
Plaintive supplique qui ronge le lit.
Qu’une envolée de pensées
S’éloigne de l’épiderme de l’amant !
Oui, que pure soit son aventure
Qui chasse le désir malsain.
Que va-t-il laisser dans sa mémoire ?
Le jardin d’une femme en sang ?
Il n’est pas que d’aimer le corps, ici.
Soleil de mon orgueil, je te salue !
J’appelle ton suc nourricier,
J’espère en ta jouissance et te veux.
Pression de la chair sur l’esprit,
Le désir constamment s’impose,
Espoir de la raison, ô fièvre détestée.
1048
Le Médium
La pensée s’allumait. Aussitôt une foule d’ombres cherchait à l’éteindre. Toute la
folie de l’au-delà s’accumulait en bande stupide dans ce lieu. Et chaque nuit, le manège
sinistre de la violence. J’en étais le témoin et l’abominable victime. Je choisissais la ténacité
et la certitude de mon avenir.
Étrange destinée. J’attirais le Mal, comme l’aimant la limaille de fer. De la
cheminée invisible, descendait la Mort. Elle venait m’écouter et me regardait écrire. Des
esprits mauvais observaient. Compagnie détestable. Certitude de médium.
1049
Messages IV
Le sel
Cercles constants
où flotte ma pensée
Anneaux en fuite vers l’infini
ceintures de lumières dénouées
Le pied se pose sur le rebord du cristal
la substance claire s’élève doucement
au cœur de la certitude obscure
se découvre une jetée d’angoisse
teintée d’arôme amer
les lèvres amoureuses
appellent le Sel de l’Esprit
1050
Sel
face à la pureté du Père
Sel
Il vient, admet et repart
là-haut, remonte
dans la perfection circulaire
lumineuse
J’aspire au baiser soufflant sur or purifié
beauté de grandeur claire
dans la certitude extrême
tachant de comprendre l’inexprimable
l’indéchiffré
je cherche exalté par la vision
1051
Une pensée de vieillard
Avec difficulté, avec langueur, mon esprit cherche à se frayer une voie dans les
escarpements de la raison. Depuis des années, l’esprit s’use, s’escrime à avancer dans ce
labyrinthe obscur pour accéder à une lumière, plus loin, là-bas, où l’air semble clair. Et
maintenant que ma vieillesse tremble sur ses pieds mal assurés, j’ai décidé de me coucher là
sur cette borne. J’observe l’horizon qui s’éteint derrière moi. Trop d’obstacles me bouchent
la vue. Je doute de ce que j’ai fait, et ne crois plus en ce qui sera.
1052
L’esprit humain
L’esprit humain à tout moment risque la destruction. Peut lui arriver la sortie hors
de la chair, la rapide mort qui le projette vers son avenir ou vers l’oubli éternel.
Tu t’élèves en creusant. Te voici Saint, inconnu, immortel peut-être. La recherche
de la séduction, la volonté de plaire n’ont plus aucun intérêt maintenant : on sait qui est qui,
qui vaut quoi ! La caresse littéraire n’a plus cours. Le zèle n’est plus à récompenser.
Toi, seras-tu une façon d’être, appréciée de tes suivants, qui pleureront ton exil ?
Dépenseront-ils leur foi en toi ? Iront-ils réchauffer ta mémoire près de ce bon vieux
sarcophage glacé ?
1053
Messages V
Dès
Dès qu’il en prit conscience
A coups de pensées déployées
Il développa sa méthode
la sienne, oui.
Il produisit comme on s’accouple
Mécanique de fauve érotique
Sa certitude accéda à de l’inconnu
Ses fluides, ses spatules de l’esprit
Touchèrent d’autres envies
d’autres femmes de poèmes
Mais le Ciel condamna
fabriqua de la haine
l’aigle blanc eut la chair torturée.
1054
L’impossible recherche
Voilà, voilà encore cette impossible recherche, désespérée, désespérante, au plus
profond du moi scrutant et intérieur, désireuse d’obtenir un splendide résultat. A-t-elle
quelques moyens ? Pourra-t-elle se prévaloir de pénétrer l’immense conscience que le poète
suppose posséder ?
L’esprit attend cette formidable décharge de la cervelle, cet élan de vie
intellectuelle permettant d’accéder au Poème.
Et quel est son futur, à ce poème ? Quel avenir, lui déjà à jeter dans les tiroirs de
l’oubli, dans la satisfaction personnelle mais stupide ? Car le poète est imbu de son Moi, il
se gargarise de sa propre substance. Il possède la certitude de sa capacité ... Il ne saurait en
démordre.
*
Il n’y a plus d’angoisse. Le jour est clair, rempli de sérénité et de sagesse. J’en
suis à produire pour exprimer ma force et mon aptitude. Tout autour de moi semble en paix :
il y a d’abord cette lumière chaude et lourde, apaisante qui délimite ma pensée. Puis ce
silence de bien-être où l’esprit heureux pourrait y trouver du ravissement. Je suis rempli
d’une quiétude et d’une tranquillité abondante. Il n’y a nulle résistance dans cette conscience
: la stabilité y demeure et son balancement est parfait.
Puis je vois ou j’entends, - du moins je perçois cette montée de l’activité cérébrale.
J’ai l’étrange certitude de ne pouvoir la diriger, de la savoir m’échapper. Je m’impose,
1055
j’exige que cette pensée se soumette à mon autorité. Une intensité de lumière intérieure
monte pour éclater en principe phosphorescent. La lumière me heurte, je ne puis m’opposer.
Elle existe et s’installe.
A présent, il fait nuit. Cela est fort sombre. Pouvais-je ne pas céder ? La force était
ancrée au plus profond du Moi, et jaillissant çà et là semblait impossible à maîtriser et à
contrôler. J’étais un étranger en moi-même, inapte à décider, subissant un acte de faible
violence. Qu’ai-je connu ?
*
Tu veux fermer les yeux pour y voir, pour voir l’intérieur de ton esprit. C’est un
vaste horizon, une immense terre de recherches et d’investigations. Oui, baisse tes paupières.
Regarde pour le dedans. Là sont les mots, les souvenirs et les puzzles qui te permettront de
construire des images.
Ainsi tu veux t’observer. Plonge dans cette étonnante aptitude ou capacité
cérébrale. Impose-toi un commencement. Veuille découvrir quelque essence claire, légère ou
libertine. Pense à une force belle ou nouvelle. Va au plus loin de cette infinité, expectative
d’un labyrinthe ou d’une combinaison de jeu d’échecs. En vérité, spécule.
Tes mains s’agitent, tes jambes s’étirent. Déjà, tu cours en toi-même. Qu’y a-t-il à
voir, à faire ? Alors cherche. Encore. A présent, il faut travailler. C’est l’instant de la
sublimation, de la forte découverte qui devra engendrer de la satisfaction.
1056
Le temps s’écoule. L’esprit est déçu. Te voilà retourné à ton état premier de
paresse, de dégoût et d’indifférence. Que tires-tu de cette expérience ? Que prétendais-tu
obtenir avec cette capacité ? Telle est ta réflexion. Quelques instants se sont passés, et il ne
reste rien. Ou plutôt, il reste cette feuille noircie avec de vils caractères inutiles et stupides.
1057
La pensée, la profondeur, l’éclatement
En synergie d’actions
Se combinant, s’accouplant
Pour la sublimation du Moi
Tout ce que tu perçois
Enfoui en vibrations infiniment faibles
Tout ce qui t’apparaît
En images délétères ou symboliques
Produit des accidents de langage
Dans un capharnaüm harmonieux
Harmonieux ? Tumultueux et violent, oui !
Pénétrant en soi-même,
Tournant les yeux vers l’intérieur
Plongeant dans ces formes sensibles
L’esprit qui veille construit sa pensée
1058
Messages VI
L'esprit avance
L’esprit avance. Le jour est presque clair. Où en suis-je, où puis-je aller ? Je dois me
supporter ou tenter de spéculer avec du matériel délétère. La confusion est dans cette tête. La
lumière qui la définit, est parfois ténébreuse, occulte, délimitant l’extrême à atteindre. Je ne
vois que du vide, et bien sûr, il me faut le remplir. Je me reconnais, - oui, c’est moi, dans cet
espace virtuel de possibles, d’inexistants et de probables.
Je m’épanouis accompagné de cette curieuse lumière et j’organise le déplacement
des objets. Je désire maîtriser mes mouvements. Je m’y essaie plutôt mal : tout semble
s’activer si vite, et la pensée s’enfuit. Rien ne me sera donné. Je m’étais pourtant promis
quelque triomphe obscur d’inconnu à satisfaire.
La nuit est tombée. Tu ne plongeras pas dans ce précipice où le vertige excite ton
possible. Tu en prends du plaisir à déplacer l’effroi et la crainte du Néant. Tu avais autrefois
glissé là tout au fond, tu y avais remonté ton absence, une souffrance inconnue, une certitude
de faiblesse. Tu sais à présent ce que tu as fait.
1059
Grand esprit
I
Grand esprit, est-ce à moi de songer ? de brasser du dedans des souffles aériens ?
Il est temps de créer, d’agir de l’intérieur,
pour accéder aux sublimes délires, et offrir de la constance au travail.
II
... Lui encore, la main contre la tempe espère une inspiration plus belle et rêve en
soi-même : “ Je comprendrai, je décide d’aller outre, oui je veux l’orgueil de ma raison ”, et
la plèbe à ses pieds, se prétendant, se supposant. Là dans l’exil du soir, le long de son
immense parcours, il s’éclaire. Le paysage s’agite. Que trouvera-t-il ?
comparant.
Lui encore, cherchant à prendre mesure de son estime, spéculant sur autrui,
III
Grand esprit, vous regrettez ... l’espoir était plus vaste, et le site à construire plus
haut encore. Le site d’outre-mer et d’outre-avenir élaboré sur la pensée d’ici bas, permettrat-il
de supposer un au-delà meilleur ?
1060
Il faut être à hauteur de sphères divines, mais cette hauteur n’est point pour
l’homme. Alors la violence de l’océan pousse sur ses radeaux désabusés ces milliers de
poèmes naufragés, oubliés, sans futur.
Conçois ailleurs. Ta soif est éternelle et ne saurait être apaisée. L’esprit happe
l’eau offerte comme oiseau sillonnant l’étendue.
Est-il mot pour exprimer ce que l’esprit regrette ?
IV
Grand esprit, vous pensez : route de certitude, de vérité et d’excellence.
L’intelligence ardente, l’âme élevée, vers quelles puissances du ciel, s’élèveront-elles ? La
durée construit votre avenir.
Nous avons commerce avec la médiocrité. Telle est notre faiblesse.
Grand esprit, vous voici : sur vos routes éternelles d’immensité, d’élévation. Plus
haut encore atteignant le labeur extrême de pureté admise.
V
Ceux qui furent au plus haut ne dirent point la vérité, mais laissèrent la marche des
morts sur la terre des vivants.
1061
Résonances I
Qui a su resplendir
Magnifique l’Esprit qui a su resplendir
Par-delà les images, en pures paraboles
Qui offrait du futur à nos pauvres horloges
Et méprisait nos jours dépourvus d’avenir
Son lieu éternel nous était inconnu
Nos nagions dans l’éphémère et le surnaturel
Le porteur de messages s’éloignait dans le vide
Sublime apprentissage, ô besogne infinie
Tu as nourri en moi mes désirs et mes troubles
Le pays est immense et les veilleurs attendent
Le bon grain est semence et les récoltes abondent
Toujours la nourriture pour combler l’appétence
1062
Avec sa complexité, l’homme
Nécessité de l’esprit de choisir,
Entre se purifier et accéder à l’œuvre
La purification est à l’intérieur
Quand l’œuvre expulse de l’homme son mal
Faire prophète, poète ou saint
N’est pas acte d’impureté
Rien aux ténèbres ! Tout pour la lumière !
L’homme avec sa complexité, l’homme.
1063
Ton enveloppe astrale
Ton enveloppe astrale est cachée en toi
Ton squelette t’accompagne
sur le chemin de ton existence
Je vais de la vie à la mort
de la mort à la vie, peut-être
Ton cœur bat le décompte final
Le vieillissement te rappelle
Que ta tombe se creuse
Que ton sépulcre sonne le creux
Tu es fasciné par l’espoir
d’une construction nouvelle
dans l’invisible et l’impalpable
où ton esprit épanouira son Spirituel
mais il te faut attendre, - vivre, - passer, etc.
1064
Le poète, encore
Tu produis des images. Tu es l’image même
Détestée, rejetée, ta présence est haïe.
Fuis ! Va-t’en ! Dégage,... sur tes puissants zéphyrs
Où nul individu ne veut t’accompagner.
Tu répands sur la terre l’invisible semence
Composée de nectar, de sucs et de doux miels.
Tu veux nourrir les hommes et offrir à autrui
Les bonnes nourritures qui ravissent l’esprit.
Tu divagues en pensées sur d’étonnantes traces,
Tu construis du Néant ravagé par le temps,
Tu contemples les Dieux étant toi-même un Dieu
Que nul n’admirera... Apaise-toi, grandeur
Ô génie éternel composant dans ta sphère.
Repais-toi de ta gloire sur ton immensité !
1065
Résonances II
Par l’œil
Par l’œil pour l’intérieur
l’esprit
le mental, l’action
la production, la méthode, le principe, le système, la programmation
Et quel but ? Quelle satisfaction doit-il atteindre ?
Y parviendra-t-il réellement ?
Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...
Le raffiné
Se laisser emporter sur la subtile mélodie de l’air composée d’éclatantes et d’aiguës, de
sombres et de graves ; percevoir l’étonnante association des sons qui s’échangent, se mêlent
et s’emportent pour un ballet acoustique d’une finesse extrême ; ou mastiquer, mâcher le vin
des syllabes prononcées avec saveur, avec le respect immodéré de l’ecclésiastique, - tel est
le privilège de l’esprit, nourri d’élévation, de rareté poétique et désireux d’accéder à quelque
chose de supérieur.
1066
Il espère être
Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de grenades, de
constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec mémoire, avec
mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.
Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il échoue, le sait.
Il ne doit pas perdre son œuvre, il la conservera pour lui seul.
L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il faut donc
assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc...
Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes ex, xe, tera et je prétends
pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de vie peut-être.
Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.
1067
L’exilé
Je rêve que la mer m’encense de ses flots
Comme une femme blanche sur l’écume d’amour,
Que des sirènes belles délirantes m’appellent
Et me supplient, supplient un orgasme céleste.
Sur le sel infini que mon esprit active
La tempête sexuelle m’attire constamment,
Et je me vois plonger comme un puissant navire
Dont les lourds flancs s’encombrent de désirs enivrants.
Le miroir me renvoie des images fugaces.
Je crois y contempler ma vérité profonde
Et j’aperçois là-bas le phare d’un autre monde.
Je suis très loin si seul et j’ai dû fuir les miens,
Mais comment leur crier ma détresse réelle !
Et qui voudrait m’entendre ? Je suis un exilé.
1068
Le Christ du monde
Il rêve que la beauté s’éternise
comme une image incrustée dans le ciel,
que la merveille s’idéalise sur une flamme argentée,
que les hommes succombent devant sa fascination
Nos âmes s’envolent et tourbillonnent
Les esprits tournoient dans un ballet spirituel
et filent immensément sur des bains d’écume
Son visage apparaît dans l’éblouissement de la grâce
Sur vos genoux, les anges, pour la pureté du Moi
tandis que son Intelligence bondit dans la voie lactée
à travers l’immensité.
1069
Les extrêmes
Entre ces deux extrêmes
La pensée de l’homme est oscillante
Contradictions, contraires
Se détruisent et s’appellent
Dans le ballet de la vie.
Le corps et l’esprit
La nuit et le jour, mourir et
Vivre, est-ce la raison
De l’homme ? Et pour quel devenir ?
1070
Créateur du vide inconnu
Dans la nuit indignée
Qui déchire la rose ?
Qui s’éloigne vers les éthers,
Vers les bleus turquoise
Quand l’esprit de l’homme
Aspire à la liberté ?
Imite-le, culbute l’orgasme
Créateur du vide inconnu.
1071
Résonances III
Le miroir entrouvert
Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,
La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.
Je me crois entouré d’un éclatant soleil
Qui offre à ma raison des substances vermeilles.
Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse
Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.
Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes
Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.
Je suis toujours pressé et je veux aller voir,
Je subis le Néant de ma propre misère.
Et les années s’écoulent pour cette délivrance,
Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.
L’avalanche de mots me rappelle en moi-même
La médiocrité de ma raison réelle.
1072
Te lire dans la glace
Contre la puissance la pensée récidivait, insistait la vision satellitaire emmurant un
poète sylphe stupide s’essayant à des airs très anciens aux pieds de soi-même
esclave et maître critiquant, supposant enfin ! production insignifiante l’échelle des
valeurs changeait la certitude se désarticulait
Dieu l’Esprit la Vérité l’intelligence la Pléiade l’imitation l’apprentissage
le travail l’abondance la construction l’œuvre
La femme le sexe la femme le sexe
Vitesse hallucinante couche mésentente
possibilités de luxe, de pauvreté, de rien
As-tu une seule fois pensé à te lire dans la glace ?
1073
Esprit, oui
Résonances IV
Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême
D’accéder plus encore à l’Idéal posthume
Prétendant au-delà de l’éclat diamanté
Jouir de son génie incompris de la masse.
Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête
Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique
Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.
Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir
Pénalise et maudit le poète terrestre
Dont l’unique souci dans son rêve illusoire
Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?
Comme après le combat, un immortel repos
Capturant ses images lui le superbe héros
Paresseux et sublime sur le lit agonise.
1074
Plonge
Plonge au plus profond de mes yeux d’or
Mon éternité te cherche encore
Je t’offre mes calices, mes hosties et mon vin
Tu es mon amour, ma croix tendre,
Je prophétise dans mon désert
Je donne vie à la mort. Nous nous unissons.
Déchirée, distante, ailleurs,
S’enfuit l’Inspiration
Viens Beauté sans chair, sur la nuée,
D’extases – viens-t’en t’épanouir d’orgasmes
Clairs et licencieux de plaisirs
Ainsi je suis l’Esprit qui engendre le poème,
L’homme cherchant la femme parfaite
Pour l’épuiser dans des épousailles mystiques.
1075
*
Descends maintenant, déclouez-le !
Ô mon interminable douleur, mon amour éternel,
déclouez-le !
Retourne dans ton désert - irrigue-le d’Esprit.
Vomis ta ciguë, engorge-toi d’antipoison.
Tu nous offres tes vins - déclouez-le ! vous dis-je.
Tu marches - ta chair n’est jamais morte. Nous avons
glorifié ta mort au fil des millénaires.
Elles ont tressé le deuil, les femmes nourries du
miel de chasteté.
Tes femmes, ton Dieu, ton désert, ton Esprit, tes clous,
- l’espérance de l’humanité est entre tes mains.
1076
Encore sa pureté
Encore sa pureté. Il n’est rein
de plus difficile à atteindre. En soi, sans péché.
Des feuilles blanches d’arbre clair. Blanc, c’est
plus saint. Or et jaune pour le pape - le Vatican.
Muse, si tu entres, tu me salis. Au
paradis, peut-être, saurai-je produire avec
du parfait ? Rejeter les excréments de l’esprit.
En moi. Nettoyer mon C:, ma mémoire
détestable.
1077
Au-delà des limites
Au-delà des limites
pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir,
pour la construction interne et invisible,
Voilà la vérité !
Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas !
De bons souffles d’oxygène. La bouche
y est meilleure. Elle y produit de doux vocables.
Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit
la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines
que l’on appelle âmes !
1078
Résonances V
L’homme et son double
L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,
Transcendé, qui condamne la chair, la repense - s’élève,
Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités
De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait
Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans
Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,
D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation
Étrange, détestable, de dominant-dominé, de
Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,
Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand
L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,
J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,
La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle
D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.
1079
L’être subissant
Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.
Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,
Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche
Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre
Accéder à un état purifié pour changer mes relations
Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.
Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,
La logique, le sensible, le saut etc ... les outils -
Rationalité, expérience, futur - le matériel, et
D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation
Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.
Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.
Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.
Finalité de l’homme - est-ce but ultime de la vie ?
1080
La part du mystique
La part du mystique, les éléments sacrés, le destin
Religieux, la Quête du Sacré. La provenance
De l’être et sa finalité. L’acte de purification.
Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante
Insignifiance de l’être. La conscience, les limites
De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les
Trois ne font qu’Un. Accéder au monde spirituel.
Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec
Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai
Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,
Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.
L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit
Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur
Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.
1081
Le métier
Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,
L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément
Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,
L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;
Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-
Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des
Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.
A partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage
Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel
Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-
Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;
L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;
L’auto-affirmation, la certitude unitaire. La vérité
1082
La question en suspens
La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.
Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le
Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer
Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :
Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté
La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.
Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.
Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La
Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux
Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le
A plusieurs.
La question sans le langage, qui est seulement
Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.
Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire
De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.
1083
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
1084
Résonances VI
L’impossible ailleurs
Etre sans attachement pour apprendre à s’élever,
A sortir hors de sa chair, silhouette impalpable
D’esprit errant.
L’ombre dans le futur exil pour
L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.
Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?
Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe
Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale
A la vitesse du rêve.
J’offre encore cette poésie
Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.
Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.
Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,
Égérie immortelle, etc.
Qui sait le lieu, le lieu ?
Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci
De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?
1085
L’action totale
L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité
Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.
Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps
De généraliser. Entre avec l’Autre, car le Moi seul
Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits
Qui engendre le progrès ;
Elle seule - possède du manquant ;
Parts de vérités ; elle et
Être implique :
Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …
Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.
Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;
Le Savoir se prétend en soi-même ;
A quel degré de valeur
Peut-on considérer “ la Vérité absolue ” qui agit là en soi ?
1086
Les gerbes d’or
L’esprit, chercher encore cette solennité poétique
y descendre par l’échelle créatrice
pour y trouver un être ou l’Etre
Le prodige de sentir le soleil sous soi
mais plus solennelles encore les gerbes d’or de
la moisson ressuscitées au clair de ma conscience
offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire
désireuse de se nourrir d’Essence
1087
L’être/L’étant
L’être, ou la sublimation de l’étant ; l’étant
Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de
L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire
De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter
Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant
Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-
Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint
La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-
L’être veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc
Le bien et le mal, l’être et l’étant. L’homme primaire,
Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,
Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.
L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,
L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.
1088
Suites/Relances I
Autres limbes
J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,
Où la confusion cotonneuse rend informe
Tous les objets de la veille. Je glissais
Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie
Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte
De transe imaginative offerte à la raison
Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là,
Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.
C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit
Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent
Par recomposition et mémoire activée des souvenirs
D’autrefois.
Puis j’entendis douloureusement la voix
Suave du Christ qui m’invitait à le suivre
Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
1089
La révélation mystique
La révélation mystique abolit-elle l’utilité
De l’action philosophique ? L’illuminé, l’éclairé
Est-il entré dans une phase terminale humaine ?
Le mystique sait Dieu mais il n’en connaît pas son
Fondement, ses origines ou sa finalité.
Où Dieu met-il les limites et les suffisances de l’homme ?
Dans quel schéma évolutif prétend-il à une quelconque
Satisfaction ? Quel est le trajet de la pensée ?
Méditations sur le mouvement de l’esprit dans
La volonté du progrès, et recherches de puissance,
De plus, d’ajouts pour comprendre mieux, pour
Savoir autrement, pour tendre vers une forme délévation,
- n’est pas une vérité commune
A tous les êtres ?
1090
Le retard dans l’esprit
Ta Vénus en fourrure
souviens-toi de la tentation
de la domination
de l’excès de jouissance
de la recherche maximisée du plaisir.
Et Sex Pistols étaient la solution
Puis Hurssel, puis la pensée post-heideggérienne,
en vérité, tu cherchais
là-bas plus loin
avec ce séminaire de 82/83
consacré aux Équations aux dérivées partielles
hyperboliques et holomorphes
Tu étais encore en retard malgré
Gisants de Deguy
ton Boulez et confrères.
Enfin, tu cherchais …
1091
Suites/ Relances II
Évanescence et périmètre
De si loin
pensées au plus profond
transmissions concevables
sans doute agitées par ma mémoire
lancées, montées, explosées
Là enfin
poussés par le souffle
Quelques mouvements dans nos rêves
des mots offerts
De moi-même, évanescence
incandescence
pour l'élaboration de l'œuvre
J'observe fixement l'exaltante envolée
des feuilles voltigeant
pensées englouties irréelles
surgissantes déplacées
J'y perçois quelque lumière...
1092
Des groupes de mots, des familles, des appartenances
avec l'analogie, la symbolique etc.
Un mécanisme bien huilé, en vérité.
Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.
1093
La tierce impossible
Martingales procédés potentiels
mais lance te dis-je
lance ta chance
Un peu de sel sur les paumes
prétends à l'état pur
travaille avec l'Esprit
Perles et roses, éclats ce matin même
c'est essentiellement un désespoir
borné dans du satin
Tu regretteras les jeux d'analyse, les
tentatives risquées, les audaces réalistes.
Ainsi de la poésie à l'Esprit, de l'Esprit au jeu,
du mouvement à la recherche et au travail.
C'est une immense dérive qu'ils prétendent inutiles.
A l'horizon, les yeux couchés
je mords tes lèvres de menteur
1094
Rien dans la nature
rien sur la pièce
tout au divin
Qui pourra me suivre avec cette tierce impossible?
1095
Suites / Relances III
Avec de l'intuition
Avec de l'intuition, du caché au plus profond,
Avec ce volume mental enfoui, que l'on prétend
" Génération spontanée ", qui m'apparaît travail réel
De l'esprit - à mon insu.
Mêler, emmêler, démêler, défaire, aller outre,
Percevoir, comprendre, prédire, supposer, emmagasiner,
Faire jaillir, extraire, tirer, prétendre, croire,
Accompagner, douter, rejeter, évincer,
Toujours combiner, arranger, prolonger, intégrer, exploiter
L'Autre, les Autres, ou soi encore dans sa caverne
Interdite.
L'analyse - c'est ça : enchevêtrer des amas de syllabes
Pour une bouchée incomprise d'effets, de saveur et
De sens. Ils appellent cela : un poème inutile !
1096
*
Silence, et cette impossibilité d'écrire
que ce soit. Ténèbres et Ténèbres.
Ô la Grande Grise ! Que me proposes-tu
maintenant ?
L'esprit perdu, l'esprit suppliant une once d'écriture,
or puis pyrite - l'immense déclin, peine et autrefois.
La détestable conscience, en halo, en halo
s'élevant vers demain pour que l'essence de la poésie
subsiste encore.
Et qu'attendre ?
1097
Suites / Relances IV
Rétro-pense
Omniprésente et néanmoins insignifiante,
Délétère et légère, oui, fugace, là
Toi qui vas à la suite de tes traces claires
Que tu lances et génères dans le Néant du Moi,
Cherchant l'idée intense, prétendant que l'ac-
Cumulation de pensées t'offriraient une maturité
De vieillesse
passée et dépassée
De toute évidence
Tous ces préceptes expriment ta défaillance interne.
Quelle lumière ? Quel éblouissement littéraire ?
Rétro-pense avoir commis des erreurs de rigueur,
De force, rétro-pense à sa faiblesse de poète
Ou se suffit de ses folies meurtrières de chambre
Avec ténèbres pour l'esprit, immense désespoir, certainement.
1098
*
Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés
Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements
De la tête de jeune éléphant qui active
Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et
Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.
Dans ce Néant presque, haute entreprise; les rayons
A larges jets diffusent quelques élans clairs.
Des vents légers et aériens; le ciel se charge
De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,
Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence
De l'écriture, et des applications pour la feuille
De papier. De ce magma, que restera-t-il
Réellement d'utile ?
Des manières poétiques,
Des élans stupides que tous rejèteront, en vérité.
1099
*
Le poète gémit, inapte à produire quelque écriture
nouvelle. Des plaintes molles dans l'esprit impuissant.
Ce sont encore des grincements dérisoires pour un
improbable. Des gémissements qu'on ne saurait
entendre comme une musique suppliante. Quel puits
de ténèbres ! Les sons s'écrasent lamentables contre
les murs de ma raison.
Plus loin, là-bas ce sont de belles pleureuses assistant
à mes funérailles littéraires.
Quelle détestable inutilité, soupireront-elles !
Si la plainte s'élève quelque peu, un Dieu de pardon
m'accordera peut-être sa pitié.
1100
Suites / Relances V
Fragments imperceptibles animés
d'un écho aérien,
Souffles fragmentés par un esprit sourd.
Dans la lumineuse nuit invisible,
l'or fondu en sourdes paroles coule
ses segments incertains.
Tu conçois maigrement en suivant
ce ruisseau.
Passe et repasse dans ta mémoire
une solution d'écriture décevante.
Le message construit n'a nulle emprise
sur ta conscience.
Des bribes que l'on jette comme des semences
douteuses à la volée du vent.
1101
*
Reviens dans l'esprit,
rejets, expulsions et Muse !
Délabrements, exil
avec la nécessité de l'être qui fuit...
[Le savoir-faire pour l'opinion
et la raison pour soi]
Autrui de rien, autrui l'inutile !
Donne-leur ce matin où le poème flotte
où l'idée est soufflée comme étamine claire
Accroche cela au ciel mauvais
de torrents, de tornades et d'éclairs aussi
Accroche cela, oui, avec des flores, des oiseaux
des papillons d'extases et des folles nuitées
Tous ces chaos fuyant dans des violences
de particules - ça prétendrait former
un poème logique de possibilités
à entrevoir !
1102
Te voilà mystifié, grommelant,
homme à la parole coupée avec des yeux
mouillée pour retourner vers l'intérieur.
Parle, parle, poursuis ce monologue
1103
Extraits Poésies 2001-2009
Grande pensante
Ô silence, ô silence, dans l'or de l'exploit
Fustigé ! Grande pensante ! Grande pensante !
Qu'en est-il ?
Déjà, là-bas une silhouette fine et désinvolte
Un moi-même ami qui me permet d'écrire,
Un moi-même ami...
Silhouette claire et belle comme une réplique
Mentale, une réplique de l'esprit
Et toi, bariolé d'images inutiles,
Essayant, produisant encore
Pour d'infimes stupidités... stupidités...
J'ai tendance à te suivre,
Je vais dans l'inconnu, ton inconnu
Déglacé, souriant, feignant à l'exalté,
Je persévère ma douce Eléonore
1104
Toujours décidée à me suivre ? Toujours ?
Fade existence
Fade existence devenue forme d'être
En moi, constamment la production
Désolé, oublié avec la force d'aller outre
D'accéder seulement, d'accéder pourquoi ?
On se glisse en soi, on n'habite nullement
C'est la volonté d'un développement interne
Le droit à l'infortune, l'oasis de désolation
Régneras-tu longtemps selon le souhait envisagé ?
Elle me dit nuitamment
Elle me dit nuitamment : où habites-tu ?
Dans cette tendre élévation primaire, l'esprit
S'ébroue quelque peu. La pensée à. Voilà
Pourtant ma médiocre finitude. Et cette
Semence répandue dans le désert des idées.
Qui m'arrache de stupides douleurs, envolé sur
Un vent favorable espérant d'autres saisons.
1105
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis vont se
dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour infini interdit, estu
ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère quelques flamboiements
extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts sporadiques ?
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je veux vous
rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.
génies de la syntaxe ?
Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de l'écriture, ces
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.
1106
Dans le vide
Figures disposées dans le vide
Figures pensantes et articulées
Dans les sinuosités angulaires escarpées
Et tranchantes qui se renvoient
Avec leur logique désordonnées des fragments
D'images bariolées
En approche de l'esprit, les constructions
Se désintègrent de couleurs en lumière,
Lambeaux de toiles mortes,
Vieilles souvenances oubliées
Figures déployées sur l'écran de la mémoire
Là le mensonge éblouit
Pour la renaissance des châteaux
En élaborations incomprises
1107
Un mot cherche un mot
Un mot cherche un mot qui refuse de lui
Répondre Ici commence la guirlande accrochée
Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose
Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux
Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent
Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi
Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon
Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de
Sang jaillissent ici et là dans l’armature
Du Néant. J’attends mon auréole et je demande
Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers
La Coupole.
Des cercles et d’autres cercles évasifs
Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur
De haine circule dans la ville. J’écris encore.
1108
À Paul Celan
La pensée l’un dans l’autre
Par ton œil je m’éclaire
Je me déplace avec ton œil
Unis en calque et déplacés
Je vais à travers toi
Et j’enrubanne ta pensée d’étoiles
Puis silence déplacé, redéployé dans l’or qui fond
Grande pensante, qui invoqueras-tu ce soir ?
La Reine de l’esprit - et toute cette semence à bénir -
Toi, encore dépourvue de sens et de logique -
Toi dans tes impossibles interdits
1109
Lancée hors soi
Lancée hors soi telle la lumière
Fatidique à tes yeux de s’endormir encore
Et sous quelles vélocités irréelles, la pensée
Pénétrante secouera son joug cérébral ?
Toi, dans ta détresse tu tressais l’impossible
Ravalant les contours, explosant en folie.
Je reviens, j’extrais, j’arrache l’or interdit
De mes pures entrailles.
L’esprit s’égare chez les
Filles et les putains, surnage dans des rancœurs
Diaboliques, exalte le Dieu-Phallus
Et se répand dans des espoirs absurdes.
Lancé
Hors soi, s’agrippant à la couronne céleste,
Suppliant sa part mystique, déféquant ses
Péchés, ma semence exaltée plonge dans son Néant.
1110
À la recherche de l’élixir de grâce
Non à la trace mélodieuse constellée d’esprits
Noirs ~ écriture pensée et non dictée par
Quelque saveur externe,
déplacée dans la supposition
Douteuse ~ et lisible à quel niveau ?
La main s’octroie de fades aberrations et
Prétend y démêler un invisible ~ parmi les
Excès et les audaces.
Consternant ce mur à
Faire exploser en myriades de confettis pour
Reconstruire des guirlandes obscures !
Fait de
Réparations et d’invraisemblances, de déjections
Douteuses et de miasmes ridicules !
Quand donc
Nourrie de sèves salvatrices, régénéré dans
L’autre solaire, parviendrai-je à constituer
Un élixir de grâce pour me faire pardonner mon ignorance ?
1111
La fille bleue
Repensé, calfeutré dans des délires optiques, -
Inadmissibles. Ce souffle lancinant illuminant
Mille grâces. Toujours en soi, cherchant pour
Un ailleurs. L’esprit de fantaisie s’y décèle
Toutefois.
Avançons dans l’obscur avec traces
Bigarrées - champ de tenseurs hautement im-
Probables.
S’en vient la fille bleue agrémentée
D’espoirs, véhiculée sur ces tenseurs ou ces ali-
Gnements incertains. Elle y déploie ses corolles,
Ses zébrures audacieuses - elle y déploie…Et,
Moi supposant, déplaçant, soufflant, rechignant,
Hurlant encore. Accorde, je te prie, quelque zèle
Libérateur à cette lourde main qui trame
L’impossible et toujours se déçoit en sa lutte.
1112
I
Contre ta douleur - de gré à gré, m’entends-tu ?
Ta force et les infamies
La fluidité exquise, les excroissances de l’âme
Dans ton souffle nuageux s’ouvre un Temple d’extase
Collée à ton sang - ta liqueur sacrée
II
Se dit, se creuse :
La fuite ballante dans l’orgueil inédit, l’air liquéfié bondissant
Puis la rumeur éternelle du rendu avec mémoire et syllabes hurlantes
Entends-tu, entends-tu ici bas ?
L’esprit suffoque et gémit dans l’ombre, interdit.
1113
Déplacé dans l’impossible
Déplacé dans l’impossible menteur à la
Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle
Part. Au travers, se supposait au travers.
Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons
De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,
Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.
Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,
~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.
Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,
Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.
Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle
Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit
Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique
Le sceau sacral, et je prétends produire !
1114
Entre l’or et l’ennui
Entre l’or et l’ennui, le feu et la folie ~
La nuit pour oublier, pour écrire ~ une poignée
De syllabes ~ mes semences ~ je songe à la
Volée d’extases inondant des filaments épais.
A toi tes grâces et tes paroles dans le silence
Profond et sinistre ~ dans le sang de l’absence
Nourri de ton venin ~ suspendu à ton espoir
Je suppose la pratiquant grandement. Poursuis.
Encore la pénétrant, l’éclairant de mille audaces.
Et toujours ces besoins de semailles dans l’âme
Claire d’un matin en transis. Poindra-t-elle,
Cette aube nouvelle, se soulèveront-ils ces soleils
Qui émergent dans des océans sans fond ? Entre l’or
Et l’ennui, le feu et la folie surgit l’Esprit !
1115
Encore qui germe
Encore qui germe ~ formes d’avenir alanguies ;
Des voix, et je parviens vers Toi. Toujours en ma de-
Meure. Mêlées et démêlées, filantes. Il est là,
Il émerge. Cette survivance. Un et mille - je
Vous offre le Tout.
Saisis pour figurer l’oubli,
Esprit, écris - Pensée, éjecte. Pour ces grands
Aveugles - des lignages incessants. Dans l’œil
Du poète, cette lumière assourdissante, bondissante
D’ennuis et d’espoirs.
Les yeux éclaboussés.
La pensée en dedans. L’audace qui voltige.
Sur le bord de l’abîme. La réalité chancelante.
Filles, flores, éternelles, revenez nourrir l’âme
Désinvolte - redressez cette lourde masse de
Chair spirituelle qui ploie fatiguée par les ans.
1116
Reconstituer la Vérité
Je reste constamment enfermé en moi-même comme si cet espace insignifiant allait me
permettre de reconstituer la Vérité.
Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le soleil fond comme une éclipse. Des
labyrinthes épais ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche pourtant. Je veux fixer
l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela est mensonge.
J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri. Encore, encore je suis immobile.
J'impose à mon esprit de mieux penser. Halluciner est un moyen. Les Temples s'ouvrent
devant mes yeux.
Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es enfoui dans l'intimité du Moi. La
nuit est claire. Elle te nourrit de subtils savoirs.
J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant, titubant, avançant toutefois,
quand une jetée de cendres me recouvre entièrement pour me plonger dans mon Néant.
1117
Sortie hors du corps
On l'obtient par la sortie hors du corps, - c'est une élévation -
vitesse.
De l'esprit - de la montée - du passage par le tunnel étroit - on monte à très forte
À la recherche de la Lumière, l'éternelle, la belle.
L'abnégation totale du corps - le rejet de l'enveloppe inutile - une sorte de mue en
vérité. Tout pour l'esprit avec l'esprit ou l'empreinte corporelle toutefois.
La conscience pure du Moi !
La fuite de la chair, l'existence d'autres lieux où les civilisations se déploient.
- Toutes ces stations, Fils ! c'était donc inutile ?
- Toutes !
1118
Dans ton bas-ventre
Néant - fabrique encore dans ton bas-ventre -
À l'arrachée ! À l'arrachée !
Ô médiocre certitude de moi-même,
Assouplis les désirs de ton âme,
Va plus profondément, accède au crépuscule de l'esprit,
Pense encore !
Elle réapparaît ! en clonage d'elle-même
Sensuelle - très - belle héritière de ma fertilité -
Maîtresses ! Mes maîtresses !
Elles conçoivent de nouvelles couleurs :
Nous voici ! Modifiant, repensant,
Elaborant de sublimes coïncidences.
Oui, là élevées - l'une au-dessus de l'autre
S'épousant dans des amours spirituelles et poétiques.
Elles conçoivent de nouvelles couleurs :
Nous voici !
1119
Un temple pur
Un temple pur
Construit sur l'invisible
Les esprits y pensent
Le temps est éternel
Là des colonnes
Non nulle colonne
Un voile infiniment clair
Recouvre l'édifice
Le soleil, le feu,
Le vent, l'éther
La construction oscille
S'affaiblit et grandit
Sous l'aile de la brise divine
L'édifice s'épanouit
1120
I
Soit la mort qui perle en son miroir
D'avatars interdits qui perle
Comme une symphonie froissée dans l'œil hagard
Une tache de vin sur l'esprit de mensonge
Fluidifie-toi, exaspère-toi, invente un mélange,
Défais le sol pensé, décline-toi en langue
De fa.
II
que prétendras-tu obtenir ?
Toi, paré de doutes, t'essayant à des formes primaires, niant l'élévation,
1121
Intérieur
S'éloignant de la fille très pure que nulle liaison
Même infime ne suppose
Jeune claire élaborée nourrie de sources
Sauvages - d'ailleurs nous frémissons
Quand elle s'élève
A genoux déployés, ses seins sont frais
Et tendres - jeune sainte nue priant
L'Espoir et l'Esprit
Poursuis belle l'humble prière - ignore
Notre présence - livre-toi à la Clarté -
Implore
Qui est cette fille ? Qui est la sœur,
Symbole de chair ou de pureté à ses côtés ?
Et qui dans l'Au-delà entend, s'inquiète et se déplace ?
1122
L'autre cité
L'autre cité tu t'aventures encore à
L'affût de quelque spectre rare diapré en
Couleurs irisées recherches de brumes éclatées
D'évanescences obscures d'incendies rougeoyants
Recherches
Les néons le mouvement caché la rumeur des
Ruelles il n'est pas de lumière dans l'univers
Clos à droite, estrades, putes asphyxiées
Mais celles-là mêmes : friandises rapides bois
Cieux sereins
encore avance et titube
Dans le crépuscule don intérieur aux heures
Incroyables Là-bas Académies, Aréopages :
A éviter
Oui, la fluide lumière, généreuse
Et productrice, avivant la pure application de
L'esprit du moins l'intelligence le prétend encore !
1123
Combien tu sèmes
Combien tu sèmes de matinées presque écloses
D'esprits assombris par la haine et le remords
En mini clochettes de dzing zing zing
D'écriture poudreuse : " Je suis là !"
Encore
Dans la carmagnole mascarade - de moules
Ardentes, de raisin cuit.
Va en guerre, cervelle
Ardente, à l'affût de quelque image insolite,
Précaire, inutile ou à tordre.
D'avantage de
Petites fourmis obséquieuses et alertes - de lignes
D'encre surarticulées qui se déplacent nuitamment.
Combien en tentatives vaines de semailles claires
De se répéter autrement oui, moi qui frôle
Avec les souillures en scintillements noirs
1124
Radieuses et limpides
Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,
Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi
Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances
Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé
Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes
Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée
Endormies, vous radieuses et limpides espérant
Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée
Encore fraîches et légères sur la sphère azurée
Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur
Pourtant je crains ces noires divagations obscures
Et je baigne ma tête couverte de surdités !
Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en
Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?
Peine précieuse ? Fol esprit qui divague ? Qu'est-ce ?
1125
Les chimères connues
Infiltrons-nous ici, tâchons d'être loquaces.
Préservatifs : passez ! Etranger en soi-même,
Dans l'autre également. Petits bonnets gluants.
Cette fine pellicule qui toujours nous sépare,
Qui limite ma chair dans les muqueuses tiennes...
Au plus fort du nombril et de l'anus aussi
Engraissant le très pur désir de l'interdit...
Débattons-nous encore pour l'étrange va-et-vient
Dans ces chimères connues - sublimes et nues !
Accourrez ! Accourrez ! O beautés de l'esprit
Car vous êtes légion à défiler au lit
En blondes, en rousses, en blacks : le vaste imaginaire
Qui s'efface aussitôt les giclées expulsées.
La chair inassouvie désire recommencer !
1126
Actions !
Non-sens, coupable. Positionne-moi sur du passé.
Harangues. Quelles règles de déchets ! Toujours en
Adoration du Moi. Ne sois pas à défaut. Souviens-
Toi des acouphènes. Coups de pieds dans le symbolisme,
Dans l'abstraction. Produis du " post ".
Encore : " Les femmes
Sont belles ". Histoire de sacraliser. Superbe esprit, tu
Deviens. Strictement déplacé vers. Pensée, quel
Etait ton but ?
Rien au semblable, la nouveauté.
Passant par la nuit noire. Impose-toi ici. Fais
Osciller cet autre centre. Considère autrement.
1127
I
Si quelqu'un en. De percevoir ailleurs. Avec
Les fluides et les montées d'orgasmes - les interdits
A sacraliser.
Tu fuis sur ton auréole, perdu
Dans les nuées déroutantes et sourdes.
II
A ne pas croire. Cette autre définition du verbe.
De balancer sur. Avec saccades érotiques ou monstrueuses
Ballottées en fausses oscillations aimées.
Je prévois l'incroyable, la folie décontenancée ou
Dérivée encore.
III
Pourtant je certifie. Nul pour me croire. Effilé là
Dans de longues perspectives. A la recherche de
La pure aura.
Filles perdues, filles oubliées derrière un orgasme
Moqueur
1128
IV
Personnage hilarant qui rit de soi-même. A
la découverte de son intime. Quand te
reconnaîtrai-je tel qu'en toi-même ?
1129
Les deux sources du désir
Hors de ces tourbillons d'orgasmes et de jouissances,
De ces micro-suicides de chair - éloigné de ces
Appâts aux formes parfaites - à cent
Mille lieues de corps désirables aux beautés a-
Languies.
Vais-je percevoir l'idéal spirituel
Ou converger vers la sanctification du bon
Croyant ? Les deux sources du désir ne s'opposent-elles
Pas ?
L'époux dit : tes seins sont deux faons
Rebondis et succulents. Le sang et le miel, le
Miel du bon lait et le lait se compare au vin.
Ô boissons, aliments, ambroisie et nectar,
Désirs avides et abondances miraculeuses !
L'amour
Est une affection de chair et d'esprit, Christ et Vénus
Un bas-d'élévation, des soupirs d'intelligence.
1130
La femme effacée
Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère
Filant sur des orgasmes de fluidité exquise
Quelque chose de pur dans le mystère mien
Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir
J'efface sa douleur sur des vents en délire
J'arrondis son visage et je berce ses traits
Belle mais belle encore, ajournée en demeure
Ou douce détournant sa chevelure claire
Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon
Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire
Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais
Et là dans mon sommeil sa frêle invitation
M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître
Je m'allonge hébété ne sachant que penser
1131
Surgies
Flamboiement - rougeoiement - possibilités en
Tout à coup, et surgies dans l'éveil du jour -
Il explose en vérités hallucinantes sans
Ordre logique - accidents dans la
Nuit survenue - accidents de synthèse gerboyant
Pour le dehors.
Où cela apparaît-il ? Devant
L'œil du poète. Sa feuille est une toile. J'aboutis
A l'obscurcissement de la clarté - je découvre des
Fils-miens à tisser et à repenser. Encore des écla-
Boussures de lumière montante. Et ces taches
Soudain dans mon vaste ciel !
Dévoilant, en soi, clair,
Puis une durée tournante qui s'interrompt. Le
Mouvement doit être explicité, en gerbes tombantes
Car l'opaque à l'esprit appelle une éclaircie.
1132
La saisie de substance
Tel ou tel en soi, de se rejoindre en un
Avec une parole déployée qui toujours en
Lui-même se replie pour déborder avec
L'un et l'autre - avec personne, avec autrui.
Et de recommencer dans ses plus purs excès
Afin de découvrir des accidents de langage,
Pour concevoir de nouveaux sens élaborés dans
Une éclaircie.
Se découvre en se pénétrant.
Tu t'interromps et dévoiles la pensée opaque
Qui a l'esprit jaillit ~ source sur d'autres
Mots. Parlant de rien. C’est une saisie de
Substance se déplaçant dans l'orée du Moi.
Pour ta fraîcheur de ciel, la pensée bigarrée
Ondule, bifurque et déplace l'illogisme du vrai.
1133
Insistances
Ici encore de dire pour plonger en profondeur
D'esprit qui poudroie sa substance, poussière
Egalement Ici demeure sur la fraction du
Temps d'une parole à l'infini avec fragments
Scintillements avec
Ici fractionné cherchant une
Clarté, suspendu en soi momentané de vol,
Parole fuyante, parole placée au plus juste
De sa pensée, en tous points perceptible, et
Froissée, recomposée
Ici phrase tournée avec relief
Plus haut, pénétrant son centre, indice de saveur,
Murmure de souffle pour accéder au paroxysme
Et d'insister toujours
Ici, certes avec médiocrité
D'applications, avec déceptions, avec espoirs
D'aller outre pour ajouter toutefois
1134
Demeurée au plus haut
Demeurée au plus haut par l'esprit qui inspire
Paroles se justifiant dans l'âme supérieure
Elevée, endormie, conçue par le génie
Sous le silence la fraîcheur de l'exil
...Pour un nouveau poème
Ensorcelée, traversée,
Elle est à naître ~ blancheur qui se défend
D'accéder à sa source ~ poussières d'or dansant
Sur le feu du désir
Le vise est à retenir, il se
Prétend à l'intérieur. Que reste-t-il à
Trouver qui scintille toutefois ? Une paroi
Poudreuse suintant quelques transpirations
Incomprises
Respire dans l'entrevue, imite le
Vertige, nourris-toi de candeurs dans l'absolu du ciel.
La ligne inanimée invente un avenir à poursuivre
1135
Expie, poursuis
Expie, et la tête pleine d'excréments
expie, déambule, reviens en toi
Pour ta confusion avec violences d'être,
quelquefois hésitant sur les pas inconnus
L'attache à l'esprit - l'obscurité en soi
Si la chose est confuse, la pensée confondue
éclaire vainement une pâle surprise
Ou retranche-toi de la clarté pour respirer là
l'élixir à venir
Sans compréhension, mais hospitalier à l'inconnu
De nouveaux aveux forment des mots pour l'avancée
Se retrouver plus loin, là-bas : poursuis
1136
La déception
En avant de soi subitement en mémoire
Flamboyant vers sa clarté l'inconnu explose
Espérant une nouvelle fonction mentale
D'extrapolation, d'excès, d'autrement
Respiré là, doutant porteur de hochements d'être
Dans la confusion, l'esprit insiste...
S'acquitte-t-il
De sa charge d'obéissance ? Obtient-il l'appli-
Cation escomptée ? Le mot renvoyé au poème
Offre-t-il quelconque substance utile ou nouvelle ?
Nulle découverte ! Irréversiblement médiocre !
Cruel langage ! Moi qui n'ai pu accéder à
La rare parole comment parviendrai-je
A me sublimer ?
L'avenir, dans sa fraîcheur,
Promet quelque substance mensongère, évidemment !
1137
L'éruption
L'éruption spécifique qui doit remplir l'espace-mien ;
L'art de l'éclair que j'impose au silence, l'état
Présupposé de l'esprit en demeure, et les premières
Syllabes prononcées en soi.
Ce qui s'établit
Au moment de songer, qui reprend la parole mais
Ne produira pas, ou posément de dire : voilà
Ce que j'obtiens.
L'intelligence insiste, râle,
Ne peut s'élaborer dans quelque supérieur, et
Se meurt ridicule de sens ou de résultat.
1138
Eléments
Gloires d'hier et d'aujourd'hui - leur esprit !
La certitude poétique : ici, une poussière de savoir
Le sermon d'obéissance - toujours en soi
Dans l'espace, le souffle encore plus beau, plus
Vrai, plus grand, plus pur
Sur le lit de la souffrance, sans chair à mes côtés
La lune érotique était hallucination de femme
Je creusais en toi désireux d'y découvrir
L'apothéose éternelle
Poignée de cendres entre mes mains, telle est
Ma construction d'images
L'abolition du hasard, le futur engendré,
La grande vérité de l'au-delà
Nul témoin pour cette vie ici bas mais qu'importe
L'œuvre est accomplie !
1139
1
De plus en plus, entrecroisements d'âmes. La moitié
De mort avec les Morts pour cendrifier l'image.
J'ai bu comme un extravagant à la poupe des génies.
Je grandissais à travers l'Autre. Quel patrimoine !
Quelle richesse fabuleuse mise à la disposition
De l'esprit !
Qu'à moi ? Qui ?
Qui descendait l'escalier invisible jus-
2
Tous les raccourcis-miens, enlacé et glissant
Dans luxe inintelligible de la rareté
Accumulant l'ennui
1140
Nuits obscures
Des haines pourrissent, fascinées et tremblantes
S'aiguisent en idioties de folies meurtrières
Passées fleuries pourries en violences et douceurs
Toutes ces roses qui vous fouettent la gueule
Méchamment
De chacun, en soi-même pour produire dans ses
Nuits obscures
Je me traîne vers l'impossible soucieux d'y découvrir
Quelque trace intéressante
La feuille se dérobe constamment
Ecriture vraie-illisible
Esprit-syllabes en devenir peut-être
Qu'as-tu à libérer de chagrin lumineux
L'âme seule se déchire en soi-même
1141
Le poème de personne
Mon silence rime en soi-même, d'un battement
D'écriture pour retenir le temps
Le poids que décriait mon âme, le poids
Détermine la valeur
Dans le sens du cercle, l'esprit décrit
Une parabole, flottant sur son aire
Cette poussière d'écume est le seul espoir
A invoquer pour concevoir quelque chose
Orphelin en ta chair, je songe à quelque
Obscur avenir de poème - je songe effrayé
Libre, lié je fuis entouré d'ombres diaboliques
Suppliant la lumière de m'éclairer quelque peu
J'offre des prières aux vents inconnus pour délivrer
Mes vaines lancées en pure perte, hélas !
1142
En lignes pensées
appliqués
Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de petits soldats bien
En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le rectangle vierge ?
Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant phosphorescent du Moi,
phosphènes transubtantiels pour rien en vérité
Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages qui glissent
attachées par la main qui refuse ou accepte
Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions médiocres - il fallait
refuser, raturer ou jeter -
Poème-écriture de : pour qui ?
J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées de sagesse
tremblotante dans son désert intime !
Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des savoirs supérieurs :
pourquoi pas !
L'esprit plein de déception s'en retourne dans sa triste solitude intérieure sans même
l'espoir d'un peut-être
1143
I
Déchiquetant, démêlant encore
dans la suave luisance d’une ligne qui fuit
en création de luxe appuyé sur la plume
Prometteuses épaisseurs en strates infinies, en strates
Parcourues, parcourues dans la folie chimérique du rien,
Il est clair, en certitude lozachienne, là, par-dessous,
avec ire et violence, - repense ! ou capitule, que sais-je !
II
L’esprit pour jouir et ne pas mépriser
donc onduler, osciller sur mouvements embarqués
d’écriture vers ce vieil azur toujours vert
avec affinités troyennes ou rimbaldiennes pour presser le passé
1144
I
Combien en toi d’essence de semence,
Combien profondément !
Les longues déviances dans la crépuscularité-mienne :
Il était le chemin
Les plaintes maladives pour mystifier l’avenir,
Et ces assauts d’ailes répétés en ta demeure ?
Le vent assèche ton potentiel
Nulle compréhension répandue
II
Ce qu’il croyait toujours
Plus ou moins d’ombre dans la pensée obscure
Fils logiques-miens, émerveillés, tramez !
Combien, combien sans plénitudes symboliques
Sans
Dans la conquête limpide dans
Pour l’épanouissement de l’esprit ?
1145
moi.
Quelle folie d’audace, et l’errance et l’écriture !
Féeries qui divergez et convergez ensemble ! pour l’épanouissement spirituel venez en
III
Voilà ce qui convient en soi, à la lune apocryphe s’essayant à d’indéchiffrables invisibles
inconnus
Lui s’émerveille de mercantiles poèmes abstraits, chimies de diamants possibles
Invitant sa stimulation à multiplier de micro-événements poétiques
Murmure, engloutis, expulse
Alors engloutissements avivés de salive en formes bigarrées
- Et les mystiques recommandations dans le rêve du rêve - pour qui ? Qu’en fera-t-il ?
En fatigues de divagations absurdes sous la neige colorée…
Quelle perspective ? Quelle ?
Déficiences d’écriture, d’applications pertes, que pourras-tu espérer ?
1146
I
A l'aise, au plus profond. Non. Dans l'ombre. Je me déchire en espérant, en
m'imprégnant. Là, suspendu et perdu. Quelques fils, quelques lumières brunes. Pourtant
repensé. Et déjà parcourue. Avancer, avancer. Et ces couches superposées et prometteuses.
Fixant le mort.
Ne pas se répugner. Le dégoût est ailleurs. Pense et repense. Au comble de sa bouche,
un filet clair de sang coule lentement. Quelle arrogance : la peau avec l'esprit et les reins.
II
Pour ondoyer avec oscillement dans ce panorama préparé à la mission. En cadence,
avec l'absurde des traces toujours revisitées. Deux couches : la tienne et la mienne qui se
superposent et s’imbriquent. Qui est le plus avenant ?
III
La saveur - fine avec désinvolture, à la bouche manipulant les charmes. Pas vrai ?! Tout
le long du halo, j'entends avec sphères, lunes etc. Un peu en arrière. Quelles fluctuations de
l'esprit ! Plisse-moi, immobilisée.
1147
IV
Se laisse doigter avec désinvolture, acceptant toutes les manipulations et les charmes.
Elle qui se disait ouverte avec quelques amants - assaillants de passage - contre la nuit, elle
élabore encore !
Fixe tes doigts, exécute tes yeux, obtiens le savant mélange, sois sage.
V
Oh ! Tellement évidé en nous ! Tellement de labyrinthes en déviances, en avec ces
infinis et ces singularités si claires. Et quel message devons-nous supporter ?
1148
I
Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces naufragés de l'esprit.
Je quémande pour m'élever quelque peu avec images inconnues et bégaiements et rires.
Elles viennent et apparaissent, folles ces images de l'intelligence - le vrai succède au
possible.
Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.
II
J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme plaie mentale dans le jamais et
le jamais.
Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur, je subsistais, au plus profond,
empoisonné.
Ainsi, de la sorte, démons ventreux, consumant les fruits exquis de mon sublime
imaginaire.
III
plainte.
Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. A demi démon, à demi vices - pour ma
1149
Le figuré
I
S'obstine le figuré. Mets fin à ses engagements en suspicion. Dégrince et liquéfie, oui
pour toute pensée plus fine.
Le cristal s'évade là en halos dégradés - il s'évade toutefois ;
Tu évoques de lointains mystères en dérives et tourments.
II
Tu te penches sur ces lignes impossibles avec légères audaces de vent. L'esprit rempli
de pénombres et de poussées, je m'afflige. La tête fléchit, réfléchit. Suis-je à demeure de
mieux comprendre ?
Et me prévaux de subtiles poussées et espace et espace mon Compagnon-Moi. Dans la
brillance mais contreversé - pour quelle limite ?
Je m'afflige sur des structures dressées. Tête pense encore - tête...
1150
En Syracuse
Pour toi, en Syracuse d'audaces, tu m'émeus
En fondations et diversités interdites
C'est donc ceci : tu jouis et t'accomplis
Laisse parcourir en moult enchevêtrements
Les icônes et les ingrédients bouillonnants
D'extases et de rumeurs - encore je te prie
Que ton esquive, que ta révérence s'expriment
En échos de lumières - ne sois pas à découper
Dans l'impossible figuratif. Mais qu'il y ait
Poids et certitudes fugaces réduits à ta
Conception. Follement ivre, la vérité
Se déploie en soi-même et prétend au pire.
Qu'en est-il de ce vrai ? Qui possède la raison ?
L'esprit de synthèse ne s'unit-il pas au pire ?
1151
La longue source
I
L'eau est une longue source qui me visite maintenant - en esprit de finesse, - tout coule
nuitamment.
Par la pensée jumelle, elle s'attarde, bel écrin impossible enchevêtrée d'ivresse, de
mousse et de solitude sauvage.
Tu vas, tu vas léchant - et que reviennent les douceurs assoiffées de messages.
Ô les pures invasions noyées et célébrées douces ! La nuit fraîchie d'un lendemain
nouveau et symbolique promettant une abstraite candeur - que sais-je ?
II
Elle transparaît cette eau que je désire entre tes jambes sublimes
Elle s'attarde lentement dans l'écrin sombre où l'elfe clair veille entre la mousse et la
fougère
Ô fleur célébrée dans l'enchevêtrement des couleurs, et tu vas toujours léchant, léchant
Qui t'a promis une nuit de râles dans les touffus,gémissant
Laisse-la au luxuriant plaisir de soupirer encore avec nuit belle et glissades
1152
Mystique
Hors lieu en moi suppose ; espère et décline - car rien de vrai ne me paraît possible.
Les bégaiements les plus subtils ne sont que de purs efforts inutiles à l'âme.
ma vérité.
Je ne possède que le printemps de mon orgasme et meurs doucement dans la bruyère de
Toi, toi, es-tu délabré ? Je suis si faible - j'ai beau vociférer - ma plainte est incomprise.
Et cette pluie fine de filles graciles qui plongent dans mon esprit, - vais-je pouvoir les
satisfaire ?
Dans cet amas de silence, les hosties vacillent nuitamment. Ô grandiose impuissance,
quand vais-je pouvoir faire mugir les firmaments d'été ?
Tout est souillé, renversé, ignoré - ici, le saint quémande et supplie une extase
heureuse. Toi, malheur, tu élèves des porcs et les supplies de t'instruire.
L'on va d'ossuaires en ossuaires et de bravoure en peur ~ ce sont des morts qui
gesticulent dans l'interdit.
Accepte la clairière qui lentement s'offre et gémit d'extase - là est l'infini de ta
condition.
1153
Le délétère s'évapore
Au plus profond du Moi surgit ma transparence, idéal et désir de pureté - un Christ et une
Vierge sont aspirés vers l'Au-delà.
J'attends dans l’ombre du miroir.
Libérez-moi de tous mes sangs et excréments de ma dégénérescence sauvage !
La main délaisse les limites de cette feuille car l'esprit s'échappe. Derrière les ombres
dévore l'alignement obscur des signes.
Faut-il se conformer à ces actes ou penser autrement que ces signes à produire ? Le geste
est-il étroit ? - La pensée peut-elle aller outre ?
Plonger là dans le vide au plus profond - je dois renverser la chute vers le léger.
Dénué de toute forme, le délétère s’évapore et s'élève vers le baiser de l’être avant de
retomber.
Alors pour retourner la chute, que faut-il inventer ? Ce sont des espaces de pureté inouïe
inclus les uns dans les autres. Même forme pour l’ouvert à intégrer.
Enveloppée en moi devient une substance. Au versant je dégage l'opprobre, je fuis les
excréments. Que puis-je encore ?
1154
Le langage discret
Finalement concevoir un nouveau langage à l'abri du temps...
Apparition d'esprits où la matière est inerte.
C'est donc des deux côtés que le plaisir s'obtient.
Investir dans des objets de plaisir qui accompagneraient des délires corporels sexuels.
Pour le plaisir du corps, toi qui en as tant besoin.
Elles font trou dans le même monde, elles deviennent forêts ou fontaines - les lieux
d'apparition du plaisir.
Il faut donc une syntaxe, des genres littéraires, des manières d'appliquer, une signification
rare mais tout cela déployé dans un monde imaginaire.
1155
Fragments inexploitables
Dans la substance même du hasard naît une portion de vérité
Voilà ! J'ai seulement entendu le cri des guerres meurtrières - j'ai fui sous l'invective -
j'ai interrogé des regards
Le déclic de la transparence. Te voilà nue dans l'épilogue du désir.
Ailleurs. Pour le vice. Ereinte tes sens. Je t'aime désespérément.
Qui attend. Qui attend et veille dans ce grand
Sommeil à échos. Désert-en-désert. Plus
Rien ne bouge au bord du rien
Voilà la bouche ultime qui implore vers les rayons sublimes de candeur, ô sources
vives de mon esprit.
1156
En lignes pensées
appliqués
Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de petits soldats bien
En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le rectangle vierge ?
Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant phosphorescent du Moi,
phosphènes transubtantiels pour rien en vérité
Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages qui glissent
attachées par la main qui refuse ou accepte
Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions médiocres - il fallait
refuser, raturer ou jeter -
Poème-écriture de : pour qui ?
J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées de sagesse
tremblotante dans son désert intime !
Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des savoirs supérieurs :
pourquoi pas !
L'esprit plein de déception s'en retourne dans sa triste solitude intérieure sans même
l'espoir d'un peut-être.
1157
I
Déchiquetant, démêlant encore
dans la suave luisance d’une ligne qui fuit
en création de luxe appuyé sur la plume
Prometteuses épaisseurs en strates infinies, en strates
Parcourues, parcourues dans la folie chimérique du rien,
Il est clair, en certitude lozachienne, là, par-dessous,
avec ire et violence, - repense ! ou capitule, que sais-je !
II
L’esprit pour jouir et ne pas mépriser
donc onduler, osciller sur mouvements embarqués
d’écriture vers ce vieil azur toujours vert
avec affinités troyennes ou rimbaldiennes pour presser le passé
1158
I
Combien en toi d’essence de semence,
Combien profondément !
Les longues déviances dans la crépuscularité-mienne :
Il était le chemin
Les plaintes maladives pour mystifier l’avenir,
Et ces assauts d’ailes répétés en ta demeure ?
Le vent assèche ton potentiel
Nulle compréhension répandue
II
Ce qu’il croyait toujours
Plus ou moins d’ombre dans la pensée obscure
Fils logiques-miens, émerveillés, tramez !
Combien, combien sans plénitudes symboliques
Sans
Dans la conquête limpide dans
Pour l’épanouissement de l’esprit ?
1159
Quelle folie d’audace, et l’errance et l’écriture !
moi.
Féeries qui divergez et convergez ensemble ! pour l’épanouissement spirituel venez en
III
Voilà ce qui convient en soi, à la lune apocryphe s’essayant à d’indéchiffrables invisibles
inconnus
Lui s’émerveille de mercantiles poèmes abstraits, chimies de diamants possibles
Invitant sa stimulation à multiplier de micro-événements poétiques
Murmure, engloutis, expulse
Alors engloutissements avivés de salive en formes bigarrées
- Et les mystiques recommandations dans le rêve du rêve - pour qui ? Qu’en fera-t-il ?
En fatigues de divagations absurdes sous la neige colorée…
Quelle perspective ? Quelle ?
Déficiences d’écriture, d’applications pertes, que pourras-tu espérer ?
1160
I
A l'aise, au plus profond. Non. Dans l'ombre. Je me déchire en espérant, en
m'imprégnant. Là, suspendu et perdu. Quelques fils, quelques lumières brunes. Pourtant
repensé. Et déjà parcourue. Avancer, avancer. Et ces couches superposées et prometteuses.
Fixant le mort.
Ne pas se répugner. Le dégoût est ailleurs. Pense et repense. Au comble de sa bouche,
un filet clair de sang coule lentement. Quelle arrogance : la peau avec l'esprit et les reins.
II
Pour ondoyer avec oscillement dans ce panorama préparé à la mission. En cadence,
avec l'absurde des traces toujours revisitées. Deux couches : la tienne et la mienne qui se
superposent et s’imbriquent. Qui est le plus avenant ?
III
La saveur - fine avec désinvolture, à la bouche manipulant les charmes. Pas vrai ?! Tout
le long du halo, j'entends avec sphères, lunes etc. un peu en arrière. Quelles fluctuations de
l'esprit ! Plisse-moi, immobilisée.
1161
IV
Se laisse doigter avec désinvolture, acceptant toutes les manipulations et les charmes.
Elle qui se disait ouverte avec quelques amants - assaillants de passage - contre la nuit, elle
élabore encore !
Fixe tes doigts, exécute tes yeux, obtiens le savant mélange, sois sage.
V
Oh ! Tellement évidé en nous ! Tellement de labyrinthes en déviances, en avec ces
infinis et ces singularités si claires. Et quel message devons-nous supporter ?
1162
I
Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces naufragés de l'esprit.
Je quémande pour m'élever quelque peu avec images inconnues et bégaiements et rires.
Elles viennent et apparaissent, folles ces images de l'intelligence - le vrai succède au
possible.
Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.
II
J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme plaie mentale dans le jamais et
le jamais.
Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur, je subsistais, au plus profond,
empoisonné.
Ainsi, de la sorte, démons ventreux, consumant les fruits exquis de mon sublime
imaginaire.
III
plainte.
Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. A demi démon, à demi vices - pour ma
1163
Subtile supériorité
Subtile supériorité en herbes de ramures qui
Serpente à l'orée du bois, qui s'oriente
Vers l'énigme interdite, pourtant chargée de
Ronces. Ho ! Serpents dans l'ombre de l'effroi !
Ici tout est empreint au murmure qui s'anéantit
Dans le vide et gémit ou semble vivre.
Ô toi mon esprit en permanence de recherches,
Plonge au gouffre, accède aux limites et
Pourfends-les !
Il est de vains traquenards et
De pures énigmes, des risques aberrants dans les
Substances claires de l'Intelligence accompagnés
De vomissements et de sales déchets honteux et puants !
Mais toi va, au-delà de ces précipices fangeux
Et tente d'accéder à un espace divin illimité.
1164
Disparaît la transparence
Disparaît la transparence pour que s'épanouisse à sa place le silence. Chutes, ruptures, - tout
se fait ou luit face au cristal.
Reste là. Reste là avec tes yeux ouverts ou invente un langage propre.
Tu affaiblis ma pensée - tu veux transposer ma réalité. L'inévitable contraire est validé tout à
coup.
Je conçois le possible dans mon esprit. Je suis là où la déflagration se détruit à tes pieds.
Tu me maudis et m'aimes pour que j'invente et anime un espace nouveau. Mais je suis
caduque, vieil informe qui ne sait ce qui est.
Voilà je t'implore un sublime idéal - tu m'expliqueras la configuration nette, la perfection à
atteindre. Mais l'ombre déjà détruit...
Obscurément sont-ce des briques ou des courants nuitamment liés dans l'ordre de la
construction ?
J'ai besoin d'écrire, de produire, de penser autrement. Crois-tu que tu me permettras
d'extraire des pensées claires aptes à s'intégrer dans le schéma de l'écriture-mienne ? Je
t'aime et veux savoir.
Ce sont des vannes obstruées. - l'Etre ne saurait s'y développer. L'énergie fond, le Néant
s'extasie. Personne ne connaît le poids de la rose. La beauté se déploie et déploie son
contraire.
1165
L'orgueil du renouveau
Semences sombres aux cris de la paroi de se
Dire : tant d'échos et d'écarts dans l'esprit
Toujours clair qui parfois gémit. Plongeant dans
La chair sur des axes interdits que des identités
Confondent avec des ombres ou des songes.
Là
Sourde et terrible qu'un souffle hors de soi réduit
Au deuil le plus noir, sans espoir d'un quelconque
Soleil - je puis souffrir désespérément.
Ici,
Tout succombe dans le vide - qui remonte ou
Redescend vers un échec de lumière, qui ? Toi
Amasse des poignées de poussières pour faire se
Dresser l'orgueil du renouveau ! Déploie hors
De ce vide intérieur des lignes convergentes vers
Un lieu d'équilibre. Du plus profond, échappe-toi.
1166
Le métabolisme du vrai
Procéder par systèmes à penser
pour déceler des ouvertures ou encore chercher des difficultés inouïes
Avancer dans l'ordre de la mémoire - cette respiration est repliée -
je suis dans un matin net - pourtant s'éclairent des gestes oubliés. Au
milieu des phosphores, réfléchir est un soupir.
Tu dois fondre dans un mouvement - plonger, replonger dans l'esprit
du décalage - ceci est ta traversée : conçois de nouvelles figurines,
déploie des solutions inaccessibles - le métabolisme du vrai s'accomplira enfin !
1167
En certifiant l'avenir...
La pensée archaïque est déjà déchue
- plus jamais recherchée en osmose de grandeur -
Ce qui la détermine et peut la distinguer,
est-ce le fruit d'une évolution ou de la transformation
d'une époque achevée ?
...Tout ceci était le fait des choses d'autrefois et
semblait soumis à disparaître quand des parcelles
or ou dorées s'échappaient du Néant, et voulaient
remonter à la surface du renouveau.
Les uns coagulés aux autres par l'esprit de synthèse
proposaient des solutions aptes à être exploitées.
Tout à coup des choses furent que certains allaient
chercher. La certitude ancienne continuerait à disparaître.
La certitude nouvelle allait s'imposer et offrir par la voix
des disciples de nouvelles propositions enrichies.
1168
Les chapelets grège
Comme pour osciller dans des chapelets grège,
Enfouissant la violence qui se dévide nuitamment,
Là, au calme, aux portes d'un Ether, la volonté-fièvre
S'apaise tout à coup. Apeurée, en
Boulimie de douleurs sauvages, la pensée
Synthétise de nouvelles audaces et prétend déployer
De rares absurdités.
Sont-ce des instincts
Clairs en tête empierrée qui suintent et
Offrent des moisissures de produits inhérents,
Incohérents à la conscience pure, par effets
Compensateurs, sous une sorte d'analyse aléatoire ?
L'esprit résout en sombres traverses et souffle
De basses subtilités qui s'imprègnent bêtement
Sue la page empestée de noires candeurs poétiques.
1169
Quel esprit
Quel esprit éclairé dans sa plongée nocturne ? Quelle lumière foudroyée
dans son néant de non-savoir ?
Franchies tout à coup les montagnes chantantes, les éclaircies du soleil !
N'épouse pas tout l'horizon. A chaque embardée, c'est un soupir nouveau.
Je te - te veux dans le métal et ceci est extase résiduelle.
1170
L'ange irréel
De nuit, et son âme frémit.
La pensée, le présent, le futur ! Tout frissonne, et
l'esprit s'interroge.
Temps contre tempes - temps qui
entrecroise les saisons, les évidences et les raisons.
La lumière, la conscience et le feu - le vécu,
le pourtant fait, le passé oublié.
Tous les sens pénètrent en elle et ne font plus qu'un.
Nulle annonce n'est éphémère - l'éternel et l'intentionnel
s'y côtoient aisément.
Le passé mystérieux, le temps d'un souvenir !
Et tout est songe inconnu, prétend l'ange irréel !
1171
Les pensées indistinctes
Les pensées indistinctes se font et se défont dans cette humeur changeante,
se recomposent...
Ceint de solitude, l'esprit conçoit - il prétend au génie. En possède-t-il
réellement ?
Haut sur sa verticale, à demi lumineux, lui porté par sa puissance
s'exalte nuitamment.
Plus loin encore, peut-il ?...
Il est là dans son essence, espérant quelques vents porteurs.
1172
Frémissements
Frémissements, du plus profond, qu'il jaillisse !
Tourbillons d'air en moi agissant
Suscitant l'alternative de l'Etre et du Non-Etre
avec larmes et fièvres - d'inconnus à découvrir -
de songes et d'apparitions
C'est toi enfin réel qui te présentes
Seul un souffle éphémère anime quelque peu
ta mouvante transparence - de rares images éveillent
encore ton esprit
1173
1
Toujours. En deçà de son. De tout ce qui était, sans plus. Contre le corps. Dans
le dérisoire. La musique étouffée. Déploie cette poussée interne. Sans aucune fébrilité.
2
Efface-toi en moi. Sois certitude de supériorité. Voici le nouveau concept. Le
saccage des esprits. La tension mise à mort. Et pour quelle clarté ? Vers quelle
insignifiance ?
Le rêve dans l'inséparable. Ma durée sous cet impact. La trace de l'âme.
L’écharde de la vitesse. Le temps la suivra.
1174
Profession : Poésie
Par maintes feintes
L'esprit peut exprimer son calcul cérébral
Je délaisse les services
Et me répands dans la folie industrielle
C'est vrai : je suis un géant
Et j'engrange des nullités d'extase
Dans l’envahissement de mes pensées
Sous ce ciel bleu turquoise et infini
J'idéalise un segment de ma vie poétique
Et je déclare des feux obscurs - là,
Très à l'intérieur
Mon fonctionnement est incompris
Je suis un inutile - le cas à condamner
J'essaie de vivre, pressé par les extrêmes
1175
Les aléas chimériques
Là dans le jet et le supplice pour surabonder en déficience,
avec l'esprit malsain pour fuir à grande vitesse.
Je dois vivre, vivre dans un ghetto et délaisser les orgasmes
irréels qui constellent mon palais.
Ma vie est un tracé de supplices où j'essaie de jouir,
de jouir encore - je sais : vous me comprenez.
Pousse, force, insiste, m'explique l'esprit qui veut m'offrir
le plaisir.
Quel plaisir ? Une finitude absurde auréolée d'aberrations.
Je sais : j'espère et je gémis encore.
Avec le plus grand. Je renonce à quelque solution nouvelle.
Je quémande l'Au-delà de mieux faire. Je me morfonds et
je tergiverse dans ces aléas chimériques, dans ces douces folies
implorant un avenir meilleur.
1176
Moissonnées les puretés
Moissonnées les puretés célestes dans les airs cristallins ! Brassées les gerbes d’or
au-delà des soleils et des pensées légères ! Ô mon esprit subtil envole-toi là-bas
où les Dieux t’appellent.
Débarrasse-toi de ta carapace de chair et regagne le sanctuaire interdit ! J’y ai vu
Des hosties vivantes et des foyers de lumière tourbillonnant dans des espaces
clairs ! J’y ai vu la voûte obscurcie dans l’ombre du savoir pour la parfaite
connaissance de la vérité !
À moins que ta mission soit encore t’obéir ! de t’abrutir cyniquement avec les
Livres sacrés qui encombrent ta tête ! à moins que le chemin à suivre soit cette
Présence parfaite d’un Christ en apprentissage ...
Ho ! la plus atroce et la plus belle des tentations pour l’amour des trois Dieux,
Pour l’amour de ta propre pureté humaine !
Février 1979 / Année 91
1177
Stigmates et déchirures internes
Avec ces marques imprégnées usant ta terrible vigueur divine ; avec ce harcèlement
perpétuel que tu subis hélas sous les lumières torves et déchirantes, quel
déplorable esprit de la soumission, quelle jouissance stérile sous des hurlements de
haine et de plaisirs !
Tu te déploies avec ces positions lubriques et dégradantes comme une fille perverse
Nageant dans de monstrueuses orgies. Tes supplications ne sont que de pleutres
Facilités de la chair et tu délaisses la moindre once de spiritualité supérieure.
Tu aimes à entendre ces languissants coups de fouet qui s'abattent sur ton âme
Révoltée mais soumise.
Des flux d'extase illuminent tout à coup comme des torches vivantes l'intérieur
Possédé et visqueux de ton âme en délire.
Tu gémis avec l'horreur de la déformation. Tu vis avec cette bestialité sublime que
Tu sais battre en toi comme une puissance infinie et pourtant invincible.
Tu acceptes cette soif de perversité dont le seul luxe est pourtant de te nuire. Après
La contemplation languissante de ce règne putride, après ces luttes grotesques et ces
hurlements plaintifs, croiras-tu encore aux délectations fatidiques, aux hymnes
triomphants dans cette caverne sulfureuse ? Hontes du corps et de la chair à chaque
heure du jour et de la nuit !
1178
Que restait-il de ces voyages bienheureux ? - Des sentiments blafards disposés sur des
couleurs tonifiées, des fluides d'extase répandus dans une mémoire à jamais délaissée.
Étaient-ce de magiques scintillements, des flammes neuves ou des flambées exaltées ?
Elles prolongeaient l'excessive satisfaction dans des cruautés mêlant les symboles et les
cruautés du soir. Elles permettaient d'exister pour fuir le futur d'un chaos, et leurs forces
appliquées étaient dispersées avec ferveur. Fiévreux amalgames de rêves pour des privilèges
et des libertés soumises.
C'est vrai : j'ai aimé ces violences foudroyantes et ces explosions impossibles pour fuir
l'immense quête du Néant ou l'insignifiance du Temps et de la raison.
C'était prétendre en la suprématie du corps sur l'idéal de la pensée rêvée. Il ne reste qu'une
déchirure interne que le temps saura cicatriser.
23 février 1979/26 août 2008
1179
*
Elle d'un bond persiste encore, agile sur la pointe de l'esprit
~ refuse de falsifier l'écriture, se nourrit encore de sa jeunesse ~
se démantèle toutefois avide, happée par sa spirale.
N'a jamais été exilée - était toujours en soi.
Nulle falsification mais déplaçait, déplaçait.
Ce que mérite son silence pour comprendre, saccadé et syntagme,
de coupures claires à recomposer par l'intelligence du lecteur.
L'injonction parfois à lire. L'échec de l'âme.
1180
*
Marques imprégnées useuses d'activités
divines - harcèlement, vitesses spontanées
Ainsi fut active / Avec fuites actives
Lumières aigrelettes, esprit de soumission
pour heureusement gémir dans les pénombres de l'inconnu
Puis ce sont des chairs expulsées, des jouissances
macabres - basses facilités à prendre et à recevoir
D'autres horizons s'illuminent tout à coup
avec embrasements éternels - tu transpirais visant l'impossible
Ces délectations affreuses, ténébreuses - cours, atteins le mauvais
Les voilà installées, pures, solennelles - tu te déploies dans l'aberrante loi
Je glissais sur le vaste miroir inventif
Ainsi se contemplait mon Absolu
1181
*
Sur-désigner en vespérales
Mauvaise unité pour qui n'apprend pas
dans les déserts de l'informe
afin d'y purger un dialecte nouveau
Je te reconstitue en petits cubes inutiles
Cest bien toi dans cette imbécillité savante !
Les masques de l'ombre - pour y surgir à tout jamais -
dans le parfait
Je te vois sacrément autrement
Ma netteté : je te traverse - j'accède à quelque découpage miteux
Agir dans l'esprit
1182
Évacue-la
Évacue-la avec ta méthode dans des prestations presque nouvelles
Cette façon de redimensionner l'esprit, de réintégrer l'imprévisible -
de halte là en très faible
Tenir dans l'habitat avec élixir
1183
TABLE DES MATIERES
Recueils ayant participé à l'élaboration de cet ouvrage
L'Huile fraîche
Le Moût et Le Froment
Le Germe et La Semence
Le Manuscrit inachevé
Le Croît et La Portée
Collages
Louanges du Feu
Ombres bleues
Sachet d'herbes
Le Livre blanc
Sonnets 84
Souffles nouveaux I, II
Messages I, II, III, IV, V, VI
Résonances I, II, III, IV, V, VI
Suites/ Relances I, II, III, IV, V
Extraits recueils Poésie 2001-2009
1184
FRANCK LOZAC'H
LES MéANDRES DE L'ESPRIT
1185
Extraits Journal 93
Ce que vaut le poème
Le poème est détestable. Il n’a que la valeur de l’instant, durée brève. Il est
la preuve de mon échec, de mon incapacité à obtenir ce que l’Esprit avait cru
entrevoir. Il est rejeté, exclu, - il disparaît dans les tiroirs et je prétendais chercher
autrement... Je réutilise mon énergie, je la transpose sur un support - le sujet - je
cherche, je tire, j’obtiens puis le critique foudroyant, assassine le texte obtenu : je
meurs et tâche à renaître. Ad libitum.
*
L’intelligence par le Saint ta donné l’éveil du minuit, et ton esprit
s’imprègne de substances autres. Fils ingrat, sauras-tu remercier ?
*
Si la grande poésie n’est qu’un apparat et qu’une distinction faites pour
échauffer certains esprits qui se prévalent d’être supérieurs, quel peut-être l’intérêt de
cette discipline ?
1186
Mieux eut valu choisir le discernement et la pénétration qu’offre l’esprit de
science, quitte à rester un superbe inconnu dans une belle matière ascendante.
Je ne recherche pas la gloire, les honneurs, etc. Je veux ajouter, ajouter sur
les anciens et transmettre ma méthode, mes moyens, mes résultats.
Si l’on pouvait en cesser avec l’image ridicule et détestable que porte la
poésie. Mais ce sont les poètes, c’est-à-dire ses faiseurs qui sont responsables de
l’état pitoyable de décadence dans laquelle elle se situe. (Nobody’s parfect)
1187
Extraits Journal 94
Je souffre bêtement, car je souffre d’avoir mal. Je devrais souffrir de manière
intime, en raison de résistance, d’incapacité, d’impuissance. Tout serait donné à
l’intelligence, cela se passerait dans le crâne, et non pas dans le sexe, dans le bras,
dans les épaules. Ma souffrance est primaire, ridicule. Elle n’est d’aucune utilité. Je la
subis, hélas !
Il y avait tant de splendides conflits à résoudre, tant d’exercices à proposer à
l’esprit. Non ! Je suis un être vulgaire, je souffre comme un piètre cancéreux. Rien au
sublime. Que cette poésie est lamentable !
Les deux hôtes
Constamment me déçoit mon cerveau. Je l’accuse de pouvoir mieux, d’être
capable d’obtenir des résultats ou des performances autrement supérieures.
Je crains ma médiocrité. Elle m’effraie comme le spectre de la bêtise ou du
ridicule. Il me suit, m’habite, et vit dans mon quotidien.
1188
? Faut-il le fuir ?
Mais comment me défaire de ce personnage détestable ? Comment le chasser
Ma compréhension me fait défaut. Je ne puis résoudre certains problèmes,
accéder par la lucidité à d’autres révélations. Alors je me méprise, je me supporte
comme l’on vit avec une femme décevante.
Mon esprit dit : “ Oui, je te sais faible. Je te connais. J’ai pitié de ton lyrisme,
de ta folie des mots. Je sais ton imposant besoin d’expulser à tire-larigot ces saccades
de structures souvent incomplètes, parfois drolatiques. Je te laisse pourtant. Va à ta
récréation, élève indiscipliné, incapable de maîtriser le flux de ta raison. ”
Et l’apprenti poète, tout heureux de ce moment de liberté laisse pousser ses
chimères, se tortille dans des déhanchements de femme, supplie, implore crie, et
appelle la délivrance.
Il y a donc deux hôtes opposés, complémentaires en cette âme étrange. Ils
cohabitent depuis déjà de longues années, et se supportent. Enfin l’un supporte
l’autre.
1189
*
J’étais ange et me voilà redevenu avec une enveloppe charnelle qui me fait
abominablement souffrir. Elle est carapace à porter, à supporter, à subir. Et mon
esprit ne peut se déplacer librement enfermé qu’il est dans sa prison de chair...
*
Je cherche à produire ce que l’esprit veut bien me permettre, car je suis un
esclave soumis à don diktat, à sa volonté parfois douteuse. J’attends avec une certaine
patience... ne crois guère en son aptitude à me proposer des solutions utiles ou gains.
Je le laisse pourtant comme un père laisse son fils aller, le surveillant toutefois de
l’œil...
Étrange relationnel entre l’obéissance et le laisser-aller. Difficile de
l’expliquer clairement. Pourtant n’est-ce pas là un travail d’écrivain ?
*
Impuissance à penser. Stérilité détestable. Rien ne se conçoit. Pas la plus
infime parcelle de vérité, de doute, de spéculation ne veut aimer cette cervelle
stupide. Désespéré, attentif, offert à la moindre proposition, mon œil écoute et attend
que la voix intérieure dicte quelques propositions utiles.
1190
L’esprit se nourrit, mange dans autrui quelque produit indispensable à sa
raison, mais le rot se fait vulgaire et rien n’accompagne la nourriture ainsi avalée.
*
Ces ensembles de remarques qui me paraissent incohérents, inutiles et
disparates, comment les réorganiser pour former un tout, un bon tout ? Mais c’est
ignorer que l’esprit est constamment en principe d’évolution, de transformation,
d’expansion, un peu comme un univers de cervelle. C’est mélange toutefois de passé
et de présent... Oui, mais la chronologie permettra de donner aux mouvements une
sorte de cohérence temporelle...
*
Faire de la philosophie, toiser un fantôme. Comment déterminer la taille de
cet amas volatile et délétère, qui se forme et se déforme tel un nuage ? Alors on
suppose, on spécule, on croit trouver, on prétend détenir, et le tout glisse entre les
doigts, masse charmeuse de brouillard.
1191
Et puis cette nature d’homme détestable pour penser ! Attendons de se
débarrasser de cette enveloppe charnelle pour commencer à y voir plus clair, car des
vérités tout à coup vont apparaître tandis que des certitudes humaines s’enfuiront à
tout jamais dans le Néant du mensonge.
De moins le philosophe peut prétendre vouloir savoir, à sa manière, avec son
matériel pur et impur, avec sa raison, avec son propre système de logique. Que
trouve-t-il ? D’autres questions. Car il n’a pas suffisamment de sagesse pour posséder
la vérité. Mais on ne peut lui contester cette volonté de curiosité - qui est effort de
l’esprit, donc mérite de l’intelligence etc. C’est déjà cela !
*
Que puis-je avec le ridicule de cette cervelle, que puis-je avec cette
autonomie d’action ? Mon dieu, je suis si faible, si peu. Mais pourquoi ?
Misère de misère ! Pauvre de moi-même ! Je suis homme ! Quelle peine !
Avec cette chair, cette enveloppe physique, je déplace un tank, je me déplace.
Et d’autres diront : “ Le voilà encore à se plaindre. Mais considérez ce qu’a
conçu son esprit. Il produit, il écrit. N’est-ce pas assez ? ”
1192
Quelle méthode ?
Ce que je recherche avec cette méthode - la mienne - c’est de parvenir en
utilisant toute la raison qui est mise à ma disposition, ou pour le mieux en mon
pouvoir, à exploiter les ressources intellectuelles connues et inconnues. Je commence
à sentir - terme qui ne me convient guère par son manque de précision - que l’esprit
s’essaie peu à peu à tirer de soi de nouvelles possibilités et de nouveaux moyens.
Suis-je homme qui marche seul, dans la rue sans lumières ? Me faut-il aller
lentement en usant de beaucoup de circonspection, craignant de trébucher ou de
chuter sur un obstacle ?
Mais je cherche à avancer vite, pressé par le temps peut-être. J’ai la certitude
d’avoir mes Dieux à mes côtés. Quel risque puis-je encourir ?
1193
Extraits Journal 95
Misère de l’homme
Misère de la condition humaine. Je ne suis que cela. Quelle pauvreté
d'intelligence ! Quelle médiocrité d'esprit !
Que puis-je avec cette cervelle ? Une immense tristesse envahit tout mon
être, car je comprends ce que je vaux, je sais ce que représente mon identité face à
l'univers composé et construit par Dieu.
Je suis insignifiant. Quelle détestable condition ! Celui qui s'ignore ne
souffre pas autant.
*
Ne faut-il pas craindre la vieillesse qui arrive à pas de loup, et dès lors ne
veut plus vous lâcher ? Elle prend possession de votre corps et de votre esprit, vous
inflige son cortège de contraintes et de souffrance, et s'impose telle une détestable
compagne jusqu'à la fin de vos jours ?
1194
Brumes et brouillards
Je pense mais il n’y a pas en moi cette lucidité, cette pureté de l’intelligence,
cette certitude éclairée. Tout se mêle et semble confusion. C’est une sorte de
brouhahas de l’esprit. La raison est enivrée, et ne peut appeler, ne peut faire surgir la
vérité, ou la combinaison de mots justes.
*
Tu vises à quoi ?
A épuiser ta capacité ? Qui constamment se renouvelle, te recharge, te
nourrit de souffle vital.
Se vider pour se remplir.
Oui, mais se remplir autrement, sortir autrement ce que l’esprit produit.
De l’analogie
On voit très bien l’immense procédé utilisé par les poètes pour avancer dans
leur système d’écriture. Ils usent à merveille de l’instrument analogique et
parviennent ainsi à poursuivre un texte qui ne trouverait pas de suite. André Gide
1195
dans son Journal, rappelle que Francis Jammes aime à employer ce principe et donne
l’exemple du pré rasé qu’il condamne d’ailleurs mollement. Stéphane Mallarmé
évoque le Démon de l’analogie dans Divagations. Ce grand poète aime à comparer le
ventre d’une femme à une mandore, ce qui semble possible, en vérité.
L’analogie est un instrument de comparaisons, de vraisemblances qu’il faut
exploiter avec parcimonie. Son emploi répétitif cause ennui et fait rater l’effet
recherché. Il est vrai que la poésie est avant tout un foisonnement d’images,
d’accumulations d’audaces visuelles, et le “ A quoi cela ressemble-t-il ? ”, “ A quoi
tu penses ? ” sont des questions sous-jacentes dans le principe de lecture du poème.
Je regarde ce vase chinois qui est sur une étagère du petit meuble. Il est
décoré de motifs délicieux qui sont : barque légère, montagne au loin, arbres feuillus,
peints avec cette patine et ce goût asiatique, et je songe tout à coup à l’Anthologie de
la poésie chinoise, puis vient à mon esprit “ Le don de vase rond ” de Paul Claudel, je
songe encore à Stéphane Mallarmé et à ses éventails, et ainsi s’accomplit le travail de
l’esprit qui court d’idée en idée, supporté par des ressemblances, ou accompagné d’un
ensemble suffisamment important de déterminants pour en tirer une similitude.
On conçoit aisément par cet exemple que c’est bien l’ordre de l’entendement
et un ordre personnel susceptible de subir d’étonnantes variables selon les individus, -
1196
à chacun ses images ! - qui détermine le principe analogique.
Il y a donc raison mutante, dérivée, déplacée et propre à chaque amateur qui
peut justifier ce procédé d’inspiration.
Rejetés par autrui, effacés de l’utilité intellectuelle, les amants de l’image
produisent encore. Ils ne peuvent transmettre quelque exercice crédible, mais ils
insistent bêtement payant même la sueur de leur travail !
Ils se suffisent de leur peu. Quand se révolteront-ils ? Quand défileront-ils
dans la rue pour exiger des autorités un statut valorisant ?
De la vie intérieure
J’adule la vie intérieure. Je lui accorde une place capitale. Elle est riche
d’actions, de doutes, de pensées, de réflexions spéculatives, de sentiments, de
dialogues intimes, et souvent de brouillons avant l’explosion de l’expression orale.
Elle est rarement rêverie ou paresse de la raison, elle est souvent le pur
commencement d’une possibilité de certitude.
Son paradoxe est de se nourrir de perceptions externes pour exister. Elle
puise dans le quotidien, dans l’imprévu, elle emploi le travail de l’œil, du sens tactile
pour mémoriser des informations et les ingurgiter comme un ventre avale les aliments
1197
qu’on lui propose.
Il lui faut prendre, séparer, refuser, réfuter telle perception associée à tel
comportement, il y a une immense gare de triage en chacun d’entre nous, avec
acceptions, rejets, départs et arrêts définitifs.
Le travail de l’esprit doit être en constante évolution, en perpétuelle
transformation. Vouloir changer c’est la recherche d’un progrès, d’une nouveauté. Un
esprit qui stagne n’est plus un esprit qui pense, il n’est qu’une mémoire dans laquelle
il peut puiser des coups déjà élaborés, des solutions déjà existantes.
Et je puis songer à ces personnes âgées qui ne font que reproduire des
propositions depuis longtemps conçues et mémorisées. Mais il s’agit ici du
vieillissement qui fait partie du principe de vie.
Il peut y avoir toutefois plaisir dans l’effet répétitif. Tel individu éprouvera
un plaisir buccal à prononcer un poème appris par cœur, et tel autre se plaira à
fredonner un air cent fois connu.
L’esprit riche ou fort peut spéculer sur du matériel imaginaire, mais l’esprit
pratique offre des solutions sur des supports de vie palpable. Le but semble à
l’extérieur tandis que le moyen a été élaboré du dedans. On peut mesurer son
efficacité au résultat tangible obtenu.
1198
Cette activité interne est le moteur de la raison humaine. Et c’est peut-être
son intensité qui sépare l’homme de l’animal.
*
Difficile de mettre à la raison ce que l’on possède ou ce que l’on croit
détenir, plus difficile encore de parvenir à l’exprimer. Qui y a-t-il là-bas au fond de
mon esprit ? Qu’est-ce qui s’y cache ?
On tente de tirer, d’extraire, de faire surgir tandis que l’on est en train de
combiner, d’écrire, en vérité de faire monter la sauce.
Quels moyens, quelle méthode d’investigation intellectuelle interne ?
*
Le problème poétique n’est pas de savoir ce que peut l’esprit, ce que peut
l’intelligence, mais ce que peuvent les synergies d’intelligence, l’union des
inspirations et des forces pensantes.
Les poètes travaillent de manière nombriliste, se critiquent et se détruisent
1199
les uns les autres, chacun craignant de partager avec autrui son bout de gloire.
*
Trois ordres de choses :
Non deux :
l’esprit, le corps, autrui.
l’esprit et la nature.
Le corps faisant partie de la nature, et l’esprit étant dans le corps, mais
réellement discernable comme un oiseau dans une cage. Il est vrai que la connexion
est directe entre l’esprit et le corps. Autrui est déjà plus éloigné.
*
Que pourront les hommes, ensemble ?
Il faudra donc se suffire de cette nature post mortem,
Esprit d’homme libéré de sa gangue de chair ?
Homme ou ange ?
1200
*
Ma recherche de croissance, du progrès. Cette volonté vraie d’ajouter sur
moi-même. Il y a constamment cet individu caché au fond de mon âme qui me souffle
: “Obtiens autrement, tente d’extraire plus.”
Mais je ne puis progresser en cherchant, en creusant au fond de mon esprit,
car il n’y a... rien d’utile, de réellement exploitable. Non. C’est bien la lecture
d’autrui, l’excitation des meilleurs qui m’offrira la possibilité de gains. Mon “Je”
intime a peu d’avenir.
*
Il y a Esprit et Nature.
Moi et non-Moi.
Le corps appartient à la Nature.
Il n’y a pas Corps, Esprit, Monde (CEM).
Il y a eu nécessité de réintégrer une enveloppe charnelle. On a donc l’Esprit
dans le Corps. Mais l’Esprit c’est Moi. Je n’existe pas par mon Corps. Il est
périssable, il sera jeté, il pourrira.
1201
Il est contrainte, poids, gêne, manque de mobilité, pesant, à satisfaire, etc. Je
me situe entre la tortue et l’hippopotame.
Le temps gagné avec le vrai
La conscience doit permettre d’accéder au vrai, à la certitude du premier
coup. L’esprit ne doit pas passer par des phases successives de doutes, de refus, de
possibles vérités, etc.
d’autres buts.
Le but atteint permet le gain de temps. Et le temps gagné permet d’atteindre
Certains se prévalent de se fortifier par l’échec. Mais qui dit échec dit
erreurs, fautes, mauvais jugements, nécessité de recommencer, et au bout de cela, y a-
t-il certitude de succès ? ... Il y aura peut-être un nouvel échec !
*
C’est la certitude de l’au-delà qui divise l’âme du corps durant la vie. “A
quoi peut bien servir d’entretenir, de choyer un corps qui n’a pas de durée, telle la
mue d’un reptile ? pense le croyant. La chair ne sert à rien. Elle est poids, ennui,
soumission, nécessité, obéissance. Elle disparaîtra, elle ne me
1202
suivra pas. Je la rejette, la méprise. Et je consacre mon existence à l’esprit, à mon
esprit, précieux trésor qui renferme tout mon passé, et peut-être mon avenir, trésor à
remettre à Dieu qui le jugera.”
L’Idéal
L’idéal intellectuel est la perfection de l’Esprit. La capacité humaine doit
tendre vers cette connaissance, apprendre à l’imiter, à devenir son semblable, ce qui
est utopique. Mais l’idéal est là.
L’homme supérieur est celui qui désire accéder au savoir de l’ange, et
souhaite changer de nature. Il faut monter, se débarrasser
de son enveloppe charnelle, et tout s’éclaire.
L’élévation
La seule pensée qui occupe l’esprit, c’est l’élévation de la volonté
d’intelligence. Car ce désir mène à Dieu, à son Saint, à leur Fils. Il engendre la
sanctification qui n’est pas une constance de souffrance, d’agenouillements, de
soumission bête et stérile. Non ! Mais c’est un besoin d’accéder à un principe
supérieur : celui de savoir par la voie de pureté.
1203
Il faut construire avec l’esprit de géométrie et habiller avec l’esprit de
finesse. Mais c’est ignorer que pour accéder à une connaissance géométrique
l’intuition et la finesse sont paramètres évolutifs.
L’intelligence ne s’oppose pas à l’intuition ...
Posséder de l’intuition est une forme innée de l’intelligence, ou héréditaire.
L’intuition, c’est l’intelligence sans le travail de l’intelligence comparable à un solide
gaillard possédant déjà une belle musculature sans le travail physique.
1204
Extraits Journal 96
L’obligation.
Il faut donc chercher la pure obligation. Pour la trouver il faut longtemps
puiser en soi-même, pénétrer au plus profond, être à l’écoute de sa propre conscience.
Il s’agit de son principe de vie. Car la fragilité de cette recherche est de trouver en
quoi l’obligation consiste. L’homme s’impose un devoir et se fait fort sur une période
courte ou totale d’existence d’appliquer son obligation. C’est une sorte de morale, un
code de conduite. Il s’imposera une discipline pour atteindre son but. Il exploitera sa
propre méthode, - rarement celle d’autrui.
La foi consiste avant tout à gagner du temps, à pénétrer une voie droite,
simple, banalisée, accessible à tous. Le but est très intéressé. Il doit conduire l’esprit
vers le futur.
La foi n’est pas un hommage à une Force inconnue. L’esprit qui pense ne
peut croire que cette immense organisation soit le fait du hasard, que le beau de la
nature soit chance, probabilités, fréquences de statistiques. L’œil qui voit, la
perception qui ressent, a l’étrange impression que l’âme existe
1205
encore après la vie terrestre, que l’au-delà spirituel est une vérité, quand bien même
cette vérité-là, avec les moyens scientifiques dont dispose l’homme, serait difficile à
démontrer.
*
Si l’art est un élégant babillage, un instrument insignifiant de culture plaisant
et divertissant, l’esprit qui a pensé, n’a pas atteint son but.
L’intelligence doit produire des nouvelles formes et concevoir des contenus
inexploités, vierges en quelque sorte.
L’art doit déployer une vérité jusqu’à l’ignorer, obstruée par je ne sais quel
mur ou quel écran de fumée.
S’il analyse son temps, l’art sera un témoignage subtil ou grossier, un
observateur de son Histoire. Peut-il prétendre être un splendide représentant du
travail humain, quand la production de masse impose à des millions d’exemplaires
des objets sociaux ?
1206
*
Il faut donc prouver scientifiquement l’existence de Dieu. Le témoignage de
l’homme qui a vu Dieu serait peut-être faible chose, et ne serait pas preuve évidente
pour la communauté rationnelle.
*
Si l’art est un élégant babillage, un instrument insignifiant de culture plaisant
et divertissant, l’esprit qui a pensé, n’a pas atteint son but.
L’intelligence doit produire des nouvelles formes et concevoir des contenus
inexploités, vierges en quelque sorte.
L’art doit déployer une vérité jusqu’à l’ignorer, obstruée par je ne sais quel
mur ou quel écran de fumée.
S’il analyse son temps, l’art sera un témoignage subtil ou grossier, un
observateur de son Histoire. Peut-il prétendre être un splendide représentant du
travail humain, quand la production de masse impose à des millions d’exemplaires
des objets sociaux ?
1207
*
Je ne suis qu’un esprit qui tente de comprendre avec ses doutes, ses
faiblesses et ses espoirs aussi.
supposer.
Toute cette potentialité se focalise sur le besoin de savoir, de prévoir, de
Je me considère insignifiant, inutile, à l’écriture désuète, cherchant
constamment à obtenir une série de résultats encourageants, mais soumis à
reconnaître la faiblesse de ma production.
Je voudrais mieux, autrement, avec richesse et intelligence. Le puis-je
réellement ? N’est-ce pas faire preuve de prétention que d’exiger de cette cervelle de
trouver des solutions autres, adapter aux véritables problèmes que je cherche à me
poser ?
*
Toujours les mêmes idées, les mêmes mots, les mêmes solutions. Il doit
pourtant exister des possibilités pour extraire de nouvelles éventualités, pour tirer de
cette cervelle des propositions inconnues. Et l’esprit cherche, - du moins il le prétend
! Il veut découvrir. Ce n’est qu’un pantin animé par l’énergie d’autrui, par le savoir
1208
diffusé et accessible. Mais où se situe la créativité, l’invention, - cette espèce de
qualité unique qui spécifie l’individu ? Nulle part, évidemment ! Alors l’intelligence
travaille par système de synthèse, par principe de récupération en exploitation comme
elle peut la capacité sublimée d’autrui.
J’avais déjà écrit, il y a fort longtemps :
L’existence de Dieu abolit le hasard
quelque soit l’événement - infiniment petit comme (la collision d’une
particule sur un noyau d’hydrogène) un lancé de dé ou infiniment grand comme une
explosion de matière condensée pour produire l’univers - tout a déjà été pensé, prévu
et est su.
Ceci est une vaste et formidable programmation. On ne fait qu’accomplir ce
qui a déjà été pensé.
Je me souviens d’une des dernières phrases du Christ :
A présent, tout est accompli - et Il se meurt sur la croix.
Science, prescience, abolition du hasard par l’existence même d’un Dieu
créateur de toutes choses.
L’homme possède trop peu de qualités et de connaissances...
1209
Mais l’Esprit dégagé de son corps, lui peut déjà prétendre à des perceptions
supérieures... nécessaires à son principe d’existence ...
possède pas ?
Pourquoi l’Esprit possède-t-il des perceptions de prescience que l’homme ne
Etc. Etc. et l’on s’en retourne encore sur de la spéculation de compréhension.
Il est vrai qu’il faut spéculer pour avancer...
L’Omniscience de Dieu fait horriblement peur...
L’homme : ne sait pas, donc doute et intègre du possible et du probable.
Ce qui est faut puisque n’existe que ce qui est.
Mais ne possédant pas le paramètre temporel d’avenir, est obligé d’intégrer
le doute, le probable, le possible dans son propre système d’existence.
Le pouvoir imaginaire de la mathématique positionne l’esprit sur une plateforme
élevée, solide et rationnelle. Ainsi intelligence peut spéculer, concevoir,
supposer avec des outils de vérités, démontrés et certains.
Penser avec de la mathématique n’est pas chose incompatible avec l’aptitude
1210
poétique. Mais ce verbe penser-là permettra à toute cervelle insouciante, cherchant
constamment de l’impalpable de se mieux contenir, et en finalité d’obtenir une
poétique plus forte, plus exigeante, plus vraie.
*
(P Valéry. Tel que P 570 Pléiade Oeuvre II)
Un homme d’intelligence profonde et remarquable pourrait-il s’intéresser à
la littérature ? Sous quel rapport ? Où la placerait-il dans son esprit ? (P. Valéry)
Les mots ne servent qu’à exciter le support imaginatif, indispensables à
l’homme intelligence, car les mots combinés sont substances chimiques, forment de
nouveaux corps, participent à l’élaboration de perceptions inconnues. Mais ils n’ont
pas les moyens de pénétrer l’univers de la science et de la technique, domaines
réservés à une autre codification du langage. L’homme d’intelligence rejetterait le
langage imprécis des mots, toutefois.
?
Le nuage est imprécis, et pourtant il construit dans la forme délétère... Alors
Imaginer : élaborer sur du probable, sur de l’improbable.
1211
*
La pensée la plus profonde consiste à vouloir se débarrasser de son
enveloppe charnelle pour accéder à un autre espace-temps - le ciel - où l’esprit
évoluera avec plus de savoir, de connaissance de certitude,
- C’est le suicide vrai - beau permettant d’attendre un nouvel apprentissage
- Faire sauter la gangue.
*
- Je me suicide.
- Pourquoi ?
- Pour accéder à une évolution supérieure de l’intelligence débarrassée de sa
gangue charnelle.
J’abolis le corps qui m’enveloppe pour devenir esprit.
Dieu dit : tu n’as le droit de te suicider, tu dois attendre.
- J’attends - je perds mon temps. Ce que j’apprends ici-bas est faible
comparé à ce que je saurais si j’étais là-haut. Alors ?
1212
*
La chair est faible, hélas ! mais l’esprit est ardent.
1213
Extraits Journal 97
Vide
Notion de vide et d’inutilité étonnante. L’on ressent parfois cette impression
à l’entrée d’un nouveau livre. L’intérieur sonne creux. L’on cherche des auteurs, des
aides, l’esprit est dévasté, seul et atterré.
*
La méthode consiste avant tout à extraire hors de soi les associations, les
combinaisons mentales que l’esprit aura offert à l’intelligence par l’intermédiaire de
l’apport extérieur. En employant ce dernier terme, j’entends toutes les informations
visuelles, auditives, tactiles que les différents capteurs du corps mettront à la
disposition de l’intelligence.
*
Ce qui importe, c’est encore cette aptitude à construire une personnalité, ce
sont ces moyens mis à la disposition de l’intelligence pour développer un essai de
spiritualité, c’est avant tout cette préparation
1214
corporelle et mentale pour accéder à l’autre espace-temps, plus loin... là-bas. Il y a
donc une quête vers l’Esprit, l’invisible, l’au-delà... mais de crédit terrestre, il n’en est
point.
La facilité
Nous rejetons ainsi la facilité et voulons accéder à quelque chose de
supérieur. La volonté étant d’atteindre une sorte de dépassement de soi à l’instar du
sportif désireux d’ajouter sur sa propre performance.
Il en est du challenge intellectuel qui convainc ou pousse les esprits riches à
s’associer dans un effort commun pour résoudre de nouveaux problèmes et avancer
plus encore dans l’évolution et la civilisation de l’homme.
Phi
L’analyse de la spiritualité
L’esprit doit accéder à un évolutionnisme de purification.
1215
Phi
L’esprit est associé à la matière, par le fait qu’il juge la matière. Il y a donc
connexion, invisible connexion toutefois.
Il y a l’Esprit et le Monde. L’Esprit pense le Monde. On supposera que le
Monde est composé de matière sans pensée. (Ce qui est loin d’être évident. La
physique le démontrera peut-être.)
*
Il n’y a pas Corps, Esprit, Monde, car le Corps appartient au Monde.
Pourquoi ? Quand l’homme vient à mourir, le Corps retourne dans le Monde (N’y estil
pas déjà ?) et l’Esprit se libère. Un cadavre dans un cimetière, est bien Corps-
Monde dans le Monde.
En philosophie, il faut s’entendre sur le sens que l’on donne aux mots.
*
La vérité religieuse est devenue pour moi une certitude depuis longtemps. Ce
qui m’intéresse, c’est de parvenir à me purifier, à m’élever, à me laver pour accéder
1216
une fois mort, à une sorte d’état de spiritualité, d’élévation qui devrait me permettre
d’abandonner toute mémoire de mon existence d’homme, d’obtenir en quelque sorte,
pour écrire simplement, un état d’ange, de boule spirituelle dégagée de la
réminiscence humaine.
Je cherche donc à changer, à m’élever, à être autrement. Je veux détruire
l’identité d’homme, mon identité, et devenir ESPRIT.
Dans le mot homo divinus, c’est-à-dire l’homme, oint de Dieu, l’homme
Christus, il y a le premier terme homme qui est détestable.
Jésus Christ veut dire Dieu sauve et oint de Dieu, - le mot homme est banni
de sa détermination.
*
L’exercice du Journal
Romanciers et poètes. Comparaison.
Deux systèmes cérébraux assez opposés dans leur méthode d’investigation,
d’application et de projection.
- L’esprit du romancier, apte à décrire le détail, possédant le narratif,
1217
l’explicatif et n’hésitant pas à user de sa plume pour couvrir longuement des pages
blanches. Roger Matin du Gard, Tolstoï, André Gide sont aptes à des développements
exceptionnels qui rappellent aisément l’aptitude du prosateur.
- L’esprit du poète, plus tournée vers l’analyse et la synthèse dans
l’observable, plus pénétrant, plus à l’intérieur du moi, plus pathologique aussi,
essayant de se justifier de son mal, de ses problèmes ou difficultés. Baudelaire dans
Mon cœur mis à nu, Valéry dans ses Cahiers, moi-même dans une moindre mesure si
ce n’est pas audacieux que d’oser associer son mécanisme cérébral à ceux de ces
grands poètes, pensons par esprit de synthèse, de purification, de simplification de la
situation ou de la saisie offerte.
Ce qui confère aux romanciers une quantité produite plus abondante, qui
semble plus riche. Il y a souvent une illusion de quantité. La résistance de l’œuvre
s’étudie aux temps nécessaires pour être intégrée.
*
Livingstone,
Un homme de science se soucie d’ajouter sur Newton, un explorateur, sur
mais un poète ne peut ajouter sur Virgile, sur Hugo ou sur Racine.
Il y a incapacité à proposer quelque chose de supérieur. Il y a une sorte de
1218
blocage de l’esprit. Le poète dit : mais je fais autrement, je conçois différemment, tout
en sachant très bien que son produit littéraire est de valeur moindre.
La science de l’esprit
La psychologie détermine l’être de manière superficielle. On dit : il y a cela,
il y a cela encore. Mais c’est relativement difficile de dresser un portrait vrai de
l’individu.
La philosophie est un principe d’idées, de vérités ou de pseudo-vérités dans
lequel s’engage le penseur qui veut par une articulation logique prouver ce qu’il
avance.
La psychologie m’a donc toujours laissé sur ma faim quand la philosophie
proposait un système de pensées dans lequel je prenais plaisir à m’engager.
*
L’intellectuel mange le sexe, le réduit à de l’insignifiant. La potentialité
cérébrale développée ne permet pas de percevoir avec ampleur,
1219
avec équivalence d’intensité, la jouissance de l’esprit et du corps. Mais je puis me
tromper. Car il existe de nombreux cas dans les Arts, dans le Pouvoir, où l’homme
exceptionnel jouit de manière identique.
Le plus tu penses, moins tu bandes, est toutefois assez vrai.
*
Le Moi a une fonction intimiste quand la Personnalité s’offre à autrui avec
un nuancier plus grossier, ne possédant qu’une finesse de vernis que l’autre prétend
avoir intégré ou compris.
Le Moi plonge, se cache, travaille à l’intérieur, bien au-dedans. La
personnalité est un éclairage, une aptitude à comprendre que l’esprit offre... C’est une
sorte de vitrine, en vérité où apparaissent çà et là les objets de l’arrière-boutique. On
y montre ce que l’on veut, ce que l’on peut.
Analyse de la poésie
Pour Valéry, la poésie est une application particulière des puissances de
l’esprit. Pour moi, elle n’est qu’un faible moyen d’exploiter la potentialité
1220
intellectuelle de l’homme, qui peut s’exprimer autrement, avec plus d’efficacité, de
profondeur, de raison, de... conscience, par la philosophie, la mathématique ou la
science et science appliquée.
Le poète serait une sorte d’handicapé intellectuel n’exploitant guère qu’une
restriction de l’aptitude de penser qui régit l’esprit. De grandes vérités rationnelles,
quantifiables, spatiales ou physiques seraient totalement exclues du mécanisme
cérébral du poète.
En ce sens, sa vision, son outillage réduit, faux, trompeur, ne lui permettrait
pas d’accéder à la vérité, et moins encore de proposer à autrui un angle vrai, différent,
des choses de l’existence. J’emploie volontairement ces termes car leur imprécision
permet de généraliser leur signifiant.
Poursuivant ce raisonnement, la certitude d’autrui concernant le mauvais
moyen poétique le convaincrait de rejeter cet outil obsolète, dépassé, calculant mal,
offrant des vérités trompeuses, aléatoires et douteuses. Ce qui pourrait expliquer le
refus, le non du public face à la poésie.
Difficile d’en parler aux poètes eux-mêmes, qui rejettent tout Mea Culpa, et
se prétendent d’essence supérieure, incompris.
Le contenu serait non et la façon de le dire non.
1221
*
Conscience ? Nature ; conscience conçoit la matière.
H = C + E ;
vivant
H = E
mort
H vivant + = + C Matière
H
Esprit
Corps
Matière
Par le corps, l’homme est relié à la nature
Grosso modo pour simplifier, on a
CONSCIENCE = ESPRIT = ÂME
MONDE = NATURE = MATIÈRE
Corps E Monde
H est composé d’un corps et d’un esprit
H travaille Monde Ajoute sur la nature
1222
Esprit Spiritualité
Phase 1
Spiritualité
Ciel
-------------
---------------------------------------------------------------------------------------------
Esprit
Terre
H Corps Matière = Nature = Monde
Esprit = âme = conscience
H = Esprit + corps
Phase 2
Ciel
1223
-------------
Esprit de l’homme
---------------------------------------------------------------------------------------------
Matière - corps = cadavre - cimetière.
Mon corps m’apparaît au milieu du monde, et je m’apparais dans mon corps.
Il me semble carapace, surplus, enveloppe physique dans laquelle je suis enfermé. Il
n’est pas ma propriété, il n’est pas mien, je le ressens davantage comme étant une
cuirasse, une gêne, un poids pénible. Mon esprit ne peut s’évader et se sent prisonnier
de cet amas lourd à déplacer.
C’est vrai il y a connexion entre le Moi et le Corps, et je puis percevoir des
informations le concernant. Je saurais me dédoubler, et l’observer accomplissant
certaines actions. Je n’ai que deux yeux, et les deux travaillent ensemble. L’un ne
saurait se séparer de l’autre, sortir hors de son orbite et considérer son corps agir.
J’observe ma main qui accomplit une action sur des objets. Si elle accomplit
des actions c’est que je lui impose un ordre. Je la reconnais dans son acte de toucher,
puisque l’acte vient de moi. Il y a volonté d’action et effort, et cet effort prouve
puisqu’il est connecté à mon acte décisionnel, qu’il vient de moi. C’est plus qu’une
perception de l’effort, c’est une certitude de directive provenant du cerveau.
Cette main est bien la mienne et je puis aisément la différencier d’une main
1224
autre. Cela serait faire preuve de mauvaise foi de prétendre qu’elle peut se confondre
avec un objet autre.
Le corps ne saurait être exclusivement un être pour autrui, il est un être pour
soi également. E de cela, je ne puis m’en défaire. A moins de sortir hors de mon
corps, après ma Mort réelle, par exemple.
*
André Revuz
Enseignement des mathématiques - CD Universalis
On a défendu et attaqué le rôle de la mémoire de façon également erronée :
on ne peut faire le moindre progrès en mathématiques si l’esprit n’enregistre pas et
ne peut pas avoir immédiatement à sa disposition les résultats et les méthodes déjà
rencontrées, mais, en revanche, on ne pourra se rappeler valablement ces résultats et
ces méthodes que s’ils ont fait préalablement l’objet d’une étude approfondie visant à
une compréhension totale.
C’est la compréhension qui doit être la première et qui commande la
mémoire, sans dispenser de l’effort de mémorisation, car, s’il est presque aussi
difficile de ne pas se rappeler un résultat vraiment bien compris que de retenir un
résultat qui n’a été appréhendé que de façon superficielle, il existe toute une zone
1225
intermédiaire où l’effort de compréhension et l’effort de mémorisation se soutiennent
mutuellement.
Une mémoire trop chargée à l’image d’un ordinateur interdit la vélocité de
l’esprit. Trop de références, de charges interdit à l’esprit d’aller outre, de penser,
d’ajouter. Il vit sur une sorte d’acquis pesant, trop nourri, gros bonhomme inapte à
courir.
L’on prétend qu’en mathématique il faut toutefois trouver l’équilibre entre la
capacité à comprendre, la mémorisation du vrai et sa synergie d’application.
Je pense que saisir, percevoir dans l’impalpable, supposer, douter,
comprendre avec du manquant, sont des actions mathématiques, des verbes utiles et
vrais, qui permettent à l’intelligence d’ajouter de manière significative sur soi.
Trop bien savoir, je connais le programme, ne sert pratiquement à rien. Il
faut aller outre, être capable d’assimiler du savoir nouveau, et pour se faire un
principe de synthétisation, de mise à côté, s’avère indispensable pour offrir à l’esprit
la liberté d’action.
L’on rétorquera que la capacité de mémorisation de chacun diffère, et ce qui
semble charge chez lui est accumulation légère chez l’autre à l’identique d’un disque
1226
ou d’ordinateur qui peut recevoir, 1,2 ou 8 gigas.
L’élan créatif
Il faut donc agir, agir pour modifier la représentation que l’on a de soi et des
autres, avec liberté, avec carcans de permissions et d’interdits. Il faut souvent évoluer
dans un espace limité, de convention sociale - artistique.
Produire du complexe ou du simplifié - l’idéal aujourd’hui étant d’épurer la
ligne d’autrefois pour en conserver la substance originale - qu’ils disent et c’est
affaire de critique - guère d’inventeur ...
J’enchaîne, j’exploite ou je saute sur des concepts, des idées, je vais au-delà
de mes moyens. J’ignore si l’on me suit, je vole. C’est action poétique incontrôlée.
Aller plus loin, ne pas comprendre, quitte à s’en retourner à son point initial.
Cette action intentionnelle réalise un projet conscient, qui est rarement
compris ou intégré par autrui. On ne peut toujours prévoir toutes les incidences,
conséquences de son élan créatif.
Il a parfois plus d’élan que d’intention - « Ne sais ou je vais, mais y vais
toutefois - verra bien. »
1227
Associé à un possible désiré ou non qui devra se transformer en réalisation
objective. Il s’accompagne de jugements séquentiels et poursuit son exécution. Il
modifie son dessein d’après son jugement instantané. Il s’en retourne à des analyses
concrètes débouchant sur des raisonnements, des observations, des perceptions.
L’esprit va de l’être au non-être, de la conscience, de la recherche d’un objet
désiré, d’outils, de moyens pour l’obtenir, de vérités concrètes, à l’obtention d’une
substance inconnue, simple ou énigmatique qui doit séduire ou étonner toutefois.
Le créatif juge donc la situation comme étant insuffisante. Il veut y remédier.
*
Le joueur d’échecs propose une solution de déplacement sur soixante-quatre
cases. Peut-on prétendre qu’il est libre tandis que son espace est contingenté et que
son déplacement est soumis à des règles strictes ?
Lui-même a-t-il la certitude d’être libre et de pouvoir décider de son action
Pourtant des milliards de combinaisons s’offraient à son intelligence ?
Comment concilier la fixité du déplacement avec la liberté créatrice ? Il y a
deux conditions. La première, l’intelligence est contingentée dans un espace de
1228
définitions vraies, démontrées, authentiques, (par des démonstrations certifiées) - puis
l’esprit décide d’aller outre, tout en
respectant sa ligne de conduite, et c’est la seconde condition. Il lui reste de l’élan, car
il a mis moins de temps ou moins d’énergie pour intégrer les vérités premières
imposées.
*
mathématique.
Si la philosophie reste philosophie, elle spécule, et ne sait rien. Idem pour la
La philosophie serait le langage de l’esprit quand la mathématique serait le
langage de la raison.
1229
Extraits Journal 98
Penser vraiment serait se séparer du corps. Car le corps est contrainte, et ne
permet pas de voir au-dessus - du dessus. La substance réelle de l’être ne peut se
concevoir avec le corps, car le corps est prison et armure. Il faut donc sortir, et
l’extraction hors du corps, - la liberté de l’esprit permet d’accéder alors à une vérité
modifiée, plus vraie, quand bien même cet état de la pensée ne saurait autoriser de
comprendre toutes les choses. Mais cela vaudrait mieux.
Ne vous suffisez pas de ce que vous êtes, car vous avez grandement besoin
de progrès. Et vous devez passer par des phases évolutives.
*
E. Brehier sépare la philosophie comme système rigoureux des notions et le
christianisme comme révélation d’une histoire surnaturelle de l’homme.
Pour que l’homme puisse se libérer du joug de la pauvreté, il doit s’instruire.
L’effort doit être dans le travail de l’esprit.
L’homme pauvre est asservi à la nature, il ne la domine pas. Il la subit et ne
1230
sait la maîtriser. L’homme va de la soumission aux choses de la nature à la maîtrise
de ses nécessités matérielles. La maîtrise de ses nécessités matérielles doit lui
permettre d’accéder à une forme de spiritualité.
Le christianisme dit : « Vous êtes pauvres - restez pauvres. Attendez. Le
royaume du ciel vous sera donné. »
L’homme ne possède qu’un système fragmentaire imparfait. Et jamais il ne
parviendra à épuiser la vérité concernant une discipline. Mais on prétend toutefois
qu’il y a des « spécialistes » CAD des êtres détenant le maximum de vérités sur tel ou
tel sujet.
Admettons-nous une essence de la vie, une autre forme possible de vie dans
laquelle l’esprit pourrait exister ?
Il y a d’autres moyens que le fait historique, que l’analyse de la création, ou
que la subjectivité illimitée pour tenter de percevoir la vérité de la vie dans son
essence spirituelle, c’est la perception d’événements paranormaux et nonrenouvelables,
- et il s’agit ici de sensibilité, d’exploitation de l’aptitude ultrasensitive,
voire épidermique pour prétendre savoir.
Cette vérité-là n’est pas transmissible à autrui par la raison. C’est affaire
1231
personnelle, - c’est acte individuel.
*
La signification est définie par les conditions de vérité.
Est-ce par ressemblance que l’on détermine qu’une affirmation est vraie ?
démontrée.
Certes pour la ressemblance, mais son imitation est fondée sur une vérité
Quand une vérité se place dans le cadre d’un principe individuel, sa portée
est illusoire. Si le tyran impose cette vérité, elle est réelle. Si l’homme d’anticipation
propose cette vérité, sa vérité ne porte pas.
Le langage est un moyen de communiquer sa vérité. La pensée abstraite dans
l’esprit du fondateur doit trouver raison dans l’énoncé des significations.
La prescience et l’intuitionnisme dans l’esprit du fondateur : - comment
prétendre écrire rationnellement le perçu imperceptible ou l’essence volatile qui
anime sa raison et fabrique chez lui le soupçon de certitude ?
Possédera-t-il suffisamment de principe construtionniste intérieur lui
permettant de projeter cette vérité pensée et vraie pour autrui ?
1232
Il y a le « Je sens ».
Comment poursuit-on le « je sens » intérieur ? L’on colle des flocons de
neige imperceptibles pour obtenir une densité.
Le « je sens », est-ce une compression de la vérité qui utilise une vitesse
supérieure d’analyse - vraie - communicable uniquement par les sens à la conscience
qui dit « oui », et acquiesce de l’intérieur ?
La logique intuitionniste serait une construction élaborée dans le vrai,
produite à l’insu de la conscience et tâchant toutefois de transmettre à la raison sa
vérité. Cette vérité serait perçue par la conscience, sa perception ne serait pas réelle,
mais délétère, autre, utilisant un support insoupçonné, mais vrai toutefois.
La logique intuitionniste, serait une détermination d’une vérité dans un
espace inconnu du conscient, et l’effort de l’inconscient consisterait à proposer au
conscient cette vérité par des messages délétères ou presque insoupçonnables.
conscience.
= conscience inconnue mais vraie, agissant, pensant, à l’issue de la
Il y avait donc travail vrai, dans une forme d’inconscient qui se ferait à l’insu
1233
ou au su du conscient.
Si l’on savait comment fonctionne le cerveau, l’on comprendrait peut-être un
peu mieux ce qui s’accomplit à nos dépens, et que l’on peut appeler logique
intuitionniste.
apport Freudien ?
N’est-ce pas plutôt un problème de Biochimie du cerveau, accompagné d’un
A l’intérieur du cerveau, les parties communiquent entre elles par des
moyens autres que les moyens dits conscients. Elles élaborent des vérités qu’elles
tentent parfois de transmettre à un conscient.
1234
CD Universalis - Sublimation 91 - 717 a
Sublimation
L’Esprit hégélien conçu comme « pouvoir magique de convertir le négatif en
être », s’avère d’autant plus grand qu’est plus grande l’opposition à partir de laquelle
il retourne en soi-même. De même, l’énergie pulsionnelle, susceptible de se conserver
tout en niant ses buts primitifs, acquiert par cette négation une puissance d’autant
plus haute.
La sublimation chez Freud consiste à substituer à un but et à un objet sexuels
primitifs de nouveaux buts et de nouveaux objets, éventuellement plus élevés dans
l’estime des autres hommes.
*
Si l’esprit existe après la mort, CAD en dehors du corps, s’il possède les
mêmes propriétés que le cerveau vivant, quelles valeurs réelles peut-on accorder aux
procédés biochimiques qui régissent les actions de la soi-disant conscience ?
Le biologiste dit :
Je pense parce que j’ai un cerveau
Le métaphysicien dit :
1235
Je pense également par l’esprit sans le cerveau.
Cela voudrait dire qu’il y a activités, actions de l’esprit sans les neurones,
sans les transmetteurs, sans électricité cérébrale, sans centres du langage, de la raison,
etc.
Alors ? Quelles propriétés cela engendre-t-il sur l’esprit ?
La main gantée.
« L’esprit » serait la main sans le gant
et « le corps + l’esprit » seraient la main avec le gant
Tête gant
esprit main
Quand on retire le gant, il y a la main. La main existe sans le gant. L’esprit
existe sans le cerveau biologique.
*
Il semble difficile de retenir la dimension de l’apparaître comme tel, car
l’intelligence a besoin d’avancer, de progresser, d’analyser, en vérité de décortiquer,
d’aller du simple au plus difficile, et ce refus de l’acte d’analyse semble quasiimpossible
pour une intelligence occidentale.
1236
La révélation mystique qui est reçue comme une dimension
phénoménologique de l’esprit nécessite toutefois une reconstitution de l’événement,
une analyse pertinente de chaque instant, de chaque moment crucial. Cette analyse
s’accomplit dans le temps, avec retours, perceptions passées, mélanges,
déterminations des instants.
Mathématique
Étonnant pouvoir d’abstraction dans la convertibilité de l’audace, car l’esprit
doit aller outre, et comprendre malgré du manquant d’analyse.
Langage purifié d’une certaine force d’intelligence qui ignore la sensibilité,
l’amour, la métaphysique, la possibilité divine, qui gère ses difficultés, ses
résistances, qui n’est pas toujours apte à prouver ce qu’elle suppose.
Aptitude de focalisation très précise, de tension soutenue avec capacité de
ramifications explicatives pour ajouter à la compréhension.
Formidable capacité d’abstraction, de perception au-delà du réel, dans
l’immense réservoir de l’imaginaire rationnel, où le possible se transforme en vérité.
1237
Éviction de l’exemple, de l’application concrète (nécessaire, pourtant
parfois) qui confère à cette forme d’intelligence un supérieur purifié, comme l’esprit
élevé se défait de la matière.
L’auto-organisation
Le cerveau humain (CD UNIVERSALIS)
Le concept d’auto-organisation revêt une importance doctrinale considérab
Élaboré tout d’abord dans le domaine de la cybernétique, et à l’occasion de recherc
formelles, il permet de concevoir qu’il puisse exister au sein de tout système biologiq
une « marge de liberté » et de « créativité ».
Atlan parle d’auto-organisation en présence de tout système ayant « la
capacité d’utiliser les phénomènes aléatoires pour les intégrer dans le système et les
faire fonctionner comme des facteurs positifs, créateurs d’ordre, de structures, de
fonctions. »
Comment sont transmises, stockées, codées et décodées les informations ?
Comment l’esprit dérive-t-il, symbolise-t-il, sélectionne-t-il, exploite-t-il de
la mémoire lointaine et vive simultanément ? Comment associe-t-il ? Arrange-t-il ?
Combine-t-il ?
1238
Travail incessant et complexe, d’ordre physico-chimique qui vient s’offrir à
la conscience, de manière délétère ... Apparition du dernier niveau d’organisation.
1239
Extraits Journal 99
Connexinisme
Il ne suffira pas de connecter les machines, d’offrir une mémoire universelle,
d’associer des réseaux, et de maximiser le tout, il faudra, et cela est esprit d’homme,
rejeter, nettoyer, choisir, dériver, évincer, reconsidérer tel endroit, le symboliser,
l’associer autrement, ailleurs, transférer, accomplir des travaux de l’intelligence.
*
Théorie ergotique. Etudier un système mécanique S, c’est évidemment rechercher
un principe de vérité épuré dans le domaine de la physique ou de la cinétique des gaz.
Et l’on voit, au-delà de la convertibilité de la théorie mathématique en application
physique une volonté claire de comprendre les choses de la nature.
En revanche, l’homme de théologie, l’homme de l’Esprit rejette ces études
matérielles pour focaliser sa compréhension, sa pénétration sur les choses de
l’impalpable, de l’invisible et du mystère.
Autocéphale : se gouverne soi-même.
1240
L’intuition
Comment pourrait-on écrire une mathématique de l’intuition ? Comment
l’intuition qui m’apparaît comme une compression d’une pensée vraie - le plus
souvent - non développée - mais développable, et en ce sens quand elle est
développée, elle semble “magique et inexplicable” car produite, conçue, organisée,
par une partie du cerveau à l’insu de la conscience, - il y aurait seulement une
aptitude de l’intelligence à connecter cette partie du cerveau qui produit, pense,
conçoit à l’insu de la conscience, mais qui relie la partie où se conçoit le produit de
l’intuition et la conscience. Puis l’ensemble sortirait de manière régulière et fluide
vers la conscience, qui inapte à comprendre ce qui lui arrive prétendrait à une sorte de
magie de l’esprit - de “j’extrais du sublime avec facilité - voyez-vous ça - oui, c’est
moi, mais je ne comprends pas. ”
*
Voici un magma de mots en suspension dans un esprit caché, oublié mais apte à
resurgir à la moindre incartade et qui peut par la qualité d'une intelligence supérieure
s'organiser de manière harmonieuse, avec un sens de la rigueur et du débit que nul
auteur auparavant n'a pu atteindre, - voici ce magma devenu flots maîtrisés et
impétueux, épousant avec grandeur et hauteur les déroutant soubresauts de la pensée
littéraire, s'imposant avec rigueur pour offrir à l'esprit en suspens quelque substance
1241
spirituelle riche de saveurs et de vérités. Le lecteur confondu, entraîné par le talent de
l'auteur acquiesce d'un oui-oui admiratif. Est-il style plus prodigieux que celui de
Bossuet ? Écrivain capable d'extraire dans son essence une telle richesse d'harmonie ?
Je crains que non. Longtemps encore ce dernier présentera son œuvre telle une
référence incontournable à la raison humaine.
1242
Extraits Journal 2000
Cogito et Cogito[s] - Moi et les autres, Moi associée aux autres. Sans les
autres, rien.
Le Cogito pense avec du matériel d'autrui associé à sa propre dérivabilité.
Le travail de l'esprit dérive le matériel d'autrui pour former un nouveau
matériel
qui s'apparente à une pensée propre à soi.
1243
Extraits Journal 2001
Je suis avec les poètes, avec leurs œuvres, avec leurs génies mais je ne suis pas avec
leurs personnes. Ce qu'ils sont m'indiffère. Ce qui m'importe, c'est ce qu'ils font.
L'état poétique se caractérise par une excitation de l'esprit nécessitant des applications
de langage - c'est un besoin d'applications.
Percevoir le monde par la sensation est un principe incomplet - ce rapport entre les
choses ne s'obtient pas dans la lucidité réelle mais dans une approximation de
vibrations.
Les choses telles qu'elles m'apparaissent.
En vérité, je fabrique de nouveaux rapports entre les choses - c'est audace, risque,
extrapolations. Je n'ai aucune certitude que ces combinaisons de langage, d'accords
nouveaux puissent plaire, - répondent à un possible reconnu par Autrui.
- Ceci est tentative, du donner à voir. Je vous l'offre, cela vous conviendra-t-il ?
Déterminer les limites de ses forces cérébrales.
1244
L'outil poétique ne serait qu'un moyen d'applications et de vérifications.
La nature ou le support étudié, un prétexte assez insignifiant. Le contenu poétique
serait de faible portée. L'intérêt résiderait dans la valeur du résultat obtenu.
Actuellement la poésie m'apparaît comme étant affaire de langage - c'est-à-dire de
constructions grammaticales autres,
elle n'est plus analogie, correspondance, substitution d'un monde observé à un monde
idéal.
Ma pensée va aux algébristes - et je pense à Pindare, Rimbaud, Mallarmé, Char,
Celan, Zanzotto, Deguy et autres...
Je pense post-mallarméens.
De grands espaces de croissance m'apparaissent possible.
Poésie serait la fabrication d'un monde possible, impossible, - serait une extrapolation
de l'imaginaire. Elle propose la vision d'un monde reconstruit avec du langage
humain.
Elle est une situation pensée par l'application humaine. Elle n'est en rien une vérité -
1245
c'est un principe de subjectivité.
Elle est caresse, évasion, délire, extrapolation etc.
Elle se définit par le langage, par le rapport des mots aux autres mots dans le champ
limité du poème. Au-delà de ce champ, le vrai peut être différent.
Le lecteur est celui qui dit : oui à cette vérité limitée.
Si le lecteur dit non, le poète peut toutefois avoir raison.
Elle serait l'expression de
---) L'Unité fondée sur l'analogie (?) Elle exploiterait le principe des correspondances
pour la déterminer et l'expliquer ? Cette théorie romantique reprise par Baudelaire
m'apparaît aujourd'hui avec les progrès réalisés dans les découvertes de la physique
totalement obsolète.
Le langage complexe serait plus encore la représentation de l'activité mentale des
neurones et des synapses - c'est-à-dire du système nerveux - langage parfois
incohérent, difficile avec des sauts, des illusions, des structures étonnantes encore à
considérer.
1246
Dédale verbeux : quels sont les mots qui peuvent s'associer les uns aux autres ?
Travail de la mémoire avec incohérence pour prendre le risque d'arranger après
sélection différents éléments.
Le langage complexe serait une représentation de l'activité de l'esprit.
*
Le rapport à autrui.
La considération de l'autre dans le développement du Moi.
Moi sans l'Autre n'existe pas.
Recherche du Moi sur l'Autre.
" Assis sur les épaules des géants "
Les combinaisons, les synthétisassions, les exploitations des Autres pour devenir Soi.
Prélever des parts d'Autrui, - les dériver, se les approprier.
Mais est-ce Autrui, ce mâché remâché reconsidéré ? N'est-ce point travail de l'esprit
avec rejet, dérivabilité, symbolisation, simplification, rajout ?
1247
----) La part de l'Autre !
Dans la Théorie du saut, il y aurait du manquant. Le travail de l'esprit consisterait à
récupérer le matériel faisant défaut pour poursuivre l'avancée cérébrale.
Il y aurait recherche du suffisant et du nécessaire pour parvenir à comprendre et à
passer outre.
Ce n'est pas un apprentissage généralisé qui surchargerait l'intelligence ou la
mémoire, mais c'est un chemin cérébral optimisé qui irait du point A au point B avec
le matériel nécessaire manquant transformé en acquis par le travail de formation.
Psy
*
L'esprit pourrait utiliser simultanément ou successivement plusieurs modes de
perception, de raisonnement ou d'applications :
Le Sensitif Le Rationnel le Logique Le Computationnel L'Imaginatif
Perceptif L'Intuitif etc. etc.
Le
1248
*
Le donjon de l'esprit, lieu où réside le Moi à l'abri de la basse médiocrité humaine,
lieu où l'intelligence doit se développer et s'épanouir, inaccessible peut-être, rare et
incomprise certainement, mais chargée de fruits savoureux qu'elle redistribuera à
l'ensemble de ses hôtes.
Qui seront ces hôtes ? - Ceux qui auront compris l'immense richesse dont son âme est
pourvue, et qui amis de la science et du savoir, viendront se nourrir à la bouche
diffuse.
*
Le cloisonnement en soi.
Le corps et l'esprit.
Les satisfactions du corps. Le verrouillage du corps. L'oubli de la prison. La liberté de
l'âme. L'âme pour se purifier. Pour se préparer à la mort. L'âme pour l'Au-delà.
L'apprentissage spirituel. De l'intelligence de l'âme. L'intelligence innocente, pure,
prête à prendre, à recevoir, à partager, à donner également.
1249
Se préparer à la séparation. Se nourrir de tous les sucs spirituels, religieux, divins.
Attendre, attendre la mort. Puis la sortie. La montée. L'élévation. Dieu, enfin !
Le cloisonnement pour accepter la vérité du corps. Non pas se haïr, le détester ou le
refuser. Mais le vivre modestement, simplement. Satisfaire discrètement ses désirs.
Trop punir le corps, c'est exciter un Démon dans sa cage. Nourrir le lion pour apaiser
sa violence.
A la limite, il serait mieux qu'une religieuse eût des relations sexuelles avec une
religieuse, plutôt que d'avoir des relations sexuelles avec un homme. Car elle est au
Christ. Les caresses avec une autre femme seraient plus supportables.
L'isolement, le dépouillement, le vide en soi. Puis la prière, la Bible, les Saints, les
Docteurs, l'Église. Toute nourriture spirituelle prépare l'âme à l'Au-delà.
De l'abondance des richesses spirituelles.
Il n'est qu'une seule chose à faire, c'est se purifier - se préparer à la vision divine et
atteindre sa sainteté.
Le problème est de savoir à quel degré d'élévation Dieu jugera l'âme remise. Sera-ce
suffisant ? Le travail de purification accompli sur terre sera-t-il considéré satisfaisant
1250
Extraits Journal 2002
La manifestation de la raison peut engendrer de la philosophie.
La vérité du "vrai" est temporelle. Ce que l'homme croit inattaquable tombe
en lambeaux et charpies, en déficiences d'assises, en ruines de l'esprit. Mais il
accomplit sa métamorphose et repense autrement sur un nouveau marbre attaquable à
son tour...
Ce que l'on appelle âme, cerveau, esprit, conscience, intelligence, raison,
personnalité etc. Tous ces termes qui tentent de désigner les différents états de
l'activité mentale sont recevables dans des situations psychiques bien précises. Ceci
peut se comparer aux mots passions, amour, tendresse, amitié, sexe, désir qui
expriment des transferts affectifs de l'un vers l'autre variants.
1251
Extraits Journal 2003
Critique de l'Internet
Exploiter la classification des répertoires fournis par les moteurs de recherche.
Qu'entend-on par " Tout le savoir humain " ? Est-ce réaliste ? N'est-ce pas plutôt
pathétique car l'intelligence humaine est incapable de tout rassembler.
La méthode consistera donc à pouvoir cheminer à travers cette foison de forêt
amazonienne que représente la mise-à-la-disposition de l'Internet.
Mais quoi ? Le savoir fragmenté, échantillonné représentera-t-il le nécessaire à
posséder ?
Esprit curieux qui surfe, qui va et revient pourra-t-il dégager un système à
exploiter, à penser ? En définitive, que fera-t-il de ces données ?
Ce que l'on croit connaître est faible chose. J'observe une liste de poètes que
propose un éditeur - 250 noms et je n'en connais correctement qu'une petite dizaine.
Combien d'auteurs parmi ces inconnus me permettraient en langage consubstantiel de
produire, d'écrire ou de composer ?
1252
Extraits Journal 2004
Je poursuis mon travail poétique avec Zanzotto. J'essaie de repenser l'ordre, le désordre,
les combinaisons, les applications - je veux déplacer autrement. Mais je reste
désespérément dans une sorte de symbolisme d'autrefois. L'extrapolation serait peutêtre
la solution. Je dois inventer de nouveaux verbes - de nouvelles opérations de
l'esprit. Mais comment agir, comment procéder ?
J'ai cru un instant que Deguy pouvait être la solution. La solution est en moi, il se peut.
*
Valéry aurait dû dégager de tous ses cahiers un Principe - un système décrivant avec
logique et rationalité les mécanismes ou les applications de ses tentatives mentales -
une sorte de Méthode pour intellectuels ou universitaires applicable à toute forme
d'esprit.
Un modèle cérébral ?
1253
Faire commerce avec autrui ! mais c'est essayer de plaire, de séduire, de s'amouracher en
quelque sorte, - c'est effet de comédien - et quelle pitié pour soi-même ! - tandis que
l'esprit profond cherchera toujours à se parfaire - mais de superficialité, il n'en sera
pas question.
*
Il faut posséder quatre espaces en soi : le poétique, le philosophique, le spirituel, le
mathématique - l'imaginaire, le pensé, l'Au-delà, le rationnel et combiner l'ensemble
selon les différents états de son esprit.
*
Écrire est une application. C'est un segment cérébral qui combine certains éléments
composés de mots et de concepts pour s'organiser et apparaître là devant la
conscience. Le tout demande à sortir hors de l'esprit avec force et virulence.
L'exécution obéit et applique l'ordre à accomplir.
*
Il n'y a pas de solitude infinie de la pensée - il y a un espace poétique qui se déploie -
il y a un espace philosophique qui est là, qui entend et comprend. Les pensées sont
des signes mais ne sauraient mourir, folies de mon esprit. Tout est rationnel et
1254
logique. Je cherche donc des images vraies - des pensées possibles et construites -
j'avance dans la vérité en espérant que tout cela pourra s'avérer exact demain.
Je répète : il ne s'agit pas d'images fantomatiques qui animent ma cervelle mais des
audaces susceptibles d'être vraies.
J'émets des sons, des pauvretés, des absurdités - je prends des risques - je suis un
miroir déformé du monde. Je dois trouver des combinaisons nouvelles. Je sais que j'y
parviendrai. Croyez-en moi. Croyez.
1255
Extraits Journal 2004
L'infini-en : lieu de spéculation mentale. Chacun doit le combler à sa convenance. Il
fallait essentiellement déterminer un nouvel espace possible - là devant soi (en
plongée, un peu à la manière d'un saut à l'élastique - d'un tremplin).
Certains pourront y vider leur trop plein d'imaginaire. D'autres y associeront des
idées, des concepts, des éléments "parachutés".
C'est avant tout un espace pour l'imaginaire où l'esprit doit déployer son autre
possible, son audace mentale.
Espace pour le poète, le philosophe, le théologien ou la mathématicien encore. Mais
quelle audace ? Quel risque ?
C'est le vide avant Livingstone ou Freud. Chez eux, il y a L'Afrique ou l'Inconscient.
Chez moi, il n'y a rien - un peu comme une coquille vide ou une bulle à remplir.
*
1256
L'esprit refuse le ça pour ça - mais j'ignore quelle opération poétique le cerveau
prépare à mon insu ?
1257
Vrac
Opérations de l'esprit
Transfert ---) déplacement
Chez moi :
je vois un clip ---) Vénus de Milo ---) Visage ----) Dali
---) Gare de Perpignan ---) Gare de Nice ---) Nice : Musée Matisse
Antibes : Musée Picasso
donc Transfert analogique
Il existe également :
Le carottage, le mixage ---) poudre d'information
Analyse combinatoire voir le Que sais-je
Traces insignifiantes, difficilement retrouvables
---) assez complexe, assez difficile
Mémoire : Mémorisation du stock, animation du stock, choix, extraits, compression -
--) opérations de l'esprit, synthétisassions, dérivations, patine, transformations,
vieillissement de la pensée.
1258
Extraits journal 2005-2009 inclus
Le Mal Confession d'un Saint
La violence, l'agression, la méchanceté, la cruauté, la bêtise, la douleur, la durée
- Le Mal sur l'Innocent ! L'horreur, en fait !
*
Fais-moi songer à quelque substance délétère dégagée par l'esprit
Saints scientifiques : Leibniz, Swedenborg, etc. .Pascal, Descartes ?...
Saints peintres : ???
Quand tu es dans l'abondance songe à la disette,
A la pauvreté et la misère quand tu es riche.
Mémoire : Mémorisation du stock, animation du stock, choix, extraits, compression -
--) opérations de l'esprit, synthétisassions, dérivations, patine, transformations,
vieillissement de la pensée.
1259
Chasteté et sainteté
Tant que l'on sera vivant, l'on aura l'intelligence de notre Monde. Mais l'Intelligence
de l'autre Monde nous sera interdite. Il faut donc attendre de mourir pour accéder à
une autre forme d'intelligence, supérieure cette fois.
Peut-on prétendre se préparer à l'Autre Monde ? Comment faudrait-il s'y prendre ?
L'application des concepts propose sera-t-elle suffisante ? Sommes-nous certains de
bien entendre ?
J'ai été étouffé par l'esprit mauvais, perverti par la présence du Mal.
Pour toute beauté
La croix du Christ
Pour toute intelligence
La science de L'Esprit
Pour toute puissance
La Force de Dieu
*
1260
Trace infiniment rien
Turbulences du génie
Fluides d'intelligence
Les soupirs de l'esprit
Les affres de l'âme
*
L'esprit = conscience
L'âme = sensibilité
Génie = action créatrice
Intelligence = raison, réflexion
*
Résumé des années 1901-1907 Cahiers Paul Valéry
A la fin de l'année 1900, les Cahiers changent durablement d'aspect. Une écriture
disciplinée s'installe dans l'espace stable de grands registres cartonnés, révélant le
souci d'un travail régulier maintenant devenu rituel. Le quatrième volume de l'édition
intégrale, établie d'après les manuscrits originaux conservés à la Bibliothèque
nationale, contient les trois premiers cahiers d'une longue série chronologique,
commencés respectivement en novembre 1900, juillet 1901 et novembre 1901. Valéry
a trouvé sa devise, que rien désormais ne démentira : "J'ai l'esprit unitaire, en mille
1261
morceaux." Elle dit la volonté de ne jamais donner prise, le principe de rupture qui
préside au choix de la forme fragmentée. Sous l'hétérogénéité apparente de notes très
diverses, le texte a pourtant sa continuité souterraine. Le but principal se dit, comme
naguère, représenter la connaissance et tenter d'en définir le fonctionnement. Valéry
reprend un très ancien problème : le rapport de l'image sensible et de l'intelligible,
de la sensation et du concept. La recherche est sous-tendue par une lecture critique,
avouée ou tacite, des philosophes : Aristote, Thomas d'Aquin, Descartes et surtout
Kant suscitent le désir de repenser les concepts fondamentaux de la culture
occidentale. Mais une autre tension anime ces cahiers : celui qui se plaçait sous le
signe de la mystique de l'intellect se confronte à l'étrangeté corporelle. Comment
l'esprit peut-il s'accommoder du corps, cet incompréhensible véhicule du Moi, avec
son langage obscur et les mystères de ses organes ? L'importance maintenant
accordée à la condition incarnée freine l'élan d'une ascèse qui rêva de conduire
l'esprit là où il coïnciderait avec les structures a priori de la conscience : à la Limite.
L'entreprise des Cahiers a presque dix ans quand s'ouvre en juin 1903 le grand
registre “Jupiter”. Il est largement consacré à une réflexion psychologique gravitant
autour de thématiques précises : l'attention, l'imagination, la mémoire, la perception,
la volonté. La permanence intermittente de l'exercice est, comme dans les cahiers
précédents, un fil conducteur, ainsi que la recherche d'un langage capable
d'exprimer l'homme intelligible.
Les deux grands registres de 1904-1905 constituant ce volume sont assez largement
1262
consacrés à la recherche psychologique. Critiquant la psychosociologie, Valéry
participe de cet esprit qui cherche à bâtir une Psychologie de l'Attention, de la
Mémoire n'ignorant pas les faits biologiques. La pratique littéraire d'autre part fait
retour et s'installe dans l'écriture brève. Presque achevé, le Logbook de M. Teste est
écrit en 1905, ainsi que plusieurs fragments publiés plus tard dans Tel Quel. Ces
cahiers seront par la suite souvent relus, de nombreux fragments recopiés sur feuilles
volantes et dans d'autres cahiers, et utilisés dans les Œuvres. Ces années mal
connues qu'on disait du “Silence” sont celles où la pensée valéryenne s'affirme. Ils
éclairent de façon neuve la genèse de l'écriture valéryenne.
Dans les années 1905 - 1907, les Cahiers restent fidèles à l'espace des grandes
pages. Les recherches psychologiques se poursuivent, le rêve prend une place
croissante. L'allure est la même. Pourtant bien des choses changent, amenant à
reconsidérer la genèse des œuvres. De diverses façons, les Cahiers deviennent
l'avant-texte, celui du moins du prosateur, du moraliste, de l'essayiste. Le travail de
rédaction et de copie interne d'un cahier à l'autre, qui durera quelque temps, révèle
la constitution d'une réserve où puiser un jour futur ; et de petits carnets de poche,
tel celui de 1907 figurant dans ce volume, accueillent les notes de l'instant. La
plupart des thèmes du discours critique valéryen sur la littérature, tel qu'il sera
développé dans Variété à partir des années 1920, est déjà là. Le futur auteur de Tel
Quel travaille la forme brève et dès 1907 a presque mis au point une bonne part des
recueils qui feront sa gloire. Le régime d'écriture se déploie dans une dimension plus
vaste inaugurant une circulation de textes entre différents chantiers ; le travail va
1263
s'ouvrir sur un projet nouveau lié aux Cahiers, la rédaction de feuilles volantes -
mise au net sélective ou réécriture - isolant chaque fragment, dès lors capable de
s'inscrire dans différents contextes selon un principe combinatoire ou thématique.
Valéry classera Attention, Attente, Langage, Mémoire, Rêve, Sommeil, Conscience,
Sensation... Le thème privilégié de ces Cahiers est le "Moi" inscrit désormais au
cœur du projet d'une représentation du fonctionnement humain. Valéry tâtonne entre
Narcisse et Protée, entre l'hypothèse abstraite (Moi fonction, procédé de négation...)
posant assez nettement le futur concept de "Moi pur", et "l'être central", l'instance
d'une présence sensible. L'opposition du Moi et de la personnalité s'y inscrit
fermement. Si, dans le même temps, le projet "Léonard" semble se défaire, Note et
digression, le grand texte de 1919, se prépare et avec lui l'itinéraire idéal de l'esprit
et l'apparition du Moi invariant.
*
Faire commerce avec autrui ! mais c'est essayer de plaire, de séduire, de s'amouracher en
quelque sorte, - c'est effet de comédien - et quelle pitié pour soi-même ! - tandis que
l'esprit profond cherchera toujours à se parfaire - mais de superficialité, il n'en sera
pas question.
*
Quant aux choses humaines, chacun peut y voir à sa façon sans avoir tout à fait tord, sans
avoir tout à fait raison.
1264
Ceci est jeu de langage, mais il ne suffit pas d'être loquace pour avoir raison.
Je sais que je suis un être humain mais je ne le resterai pas longtemps car il me faudra
mourir et devenir esprit CAD ancien homme sans corps.
Serai-je ange, saint ou grand poète ? - Ceci est affaire divine et lui seul décidera. (En
vérité, il doit déjà le savoir...)
Pourquoi cette proposition était-elle tenue pour vraie ? En quoi est-elle fausse à présent ?
Quelles sont les déterminations qui m'ont imposé à répudier ces affirmations ?
Comment suis-je passé de ce vrai-faux à ce faux-certitude ?
Variabilités évolutives de la pensée.
Comment peut-on situer un fait du passé puisqu'il n'est plus qu'une trace de mémoire s'il
n'est pas supporté par un moyen le conservant ? (écrit, image, photo, film) Quel crédit
accordé à la capacité humaine pour transmettre un souvenir ? Ceci peut paraître
confus, manquant d'objectivité, au réalisme douteux.
*
Faut-il disserter sur l'aberration illogique du Ciel ? Accepter de comprendre la folie
irrationnelle qu'elle gère avec indifférence ?
1265
Tout cela semble effrayant et absurde. L'on se dit : Comment Dieu autorise-t-il de telles
monstruosités terrestres ?
La mort - CAD l'attente vers un autre monde semble la seule possibilité pour comprendre
de telles injustices. Changeant de royaume, de nature, de logique, de vérité et d'âme,
le bien-être du Ciel - qui je l'espère me sera accordé - me permettra d'aplanir - de
délaisser ces piètres supplications terrestres et de contempler avec mépris la bassesse
d'ici et là.
N'aurais-je pas du recul - une fois mort, dégagé de mon enveloppe charnelle, n'aurais-je
pas le mépris de ces faibles réalités humaines, - et raisonnant encore ne penserais-je
pas : ceci est peu - demain ils seront ici. Qu'ils souffrent, peinent ou supplient - ceci
est peu de chose car un autre espace les attend déjà ?
La chair est de la viande, seul l'amour est pris en compte. Qu'importe les gémissements et
les hurlements. L'affaire est de sauver son âme, que l'on soit faible d'esprit ou
intelligence supérieure.
Jung
*
Pensée intuition sentiment sensation
1266
Le devenir La transformation
La névrose, affection mentale où l'inconscient, nié, réclame sa part.
Maïeutique : art de Socrate avec lequel il accouchait les esprits de ses interlocuteurs,
CAD leur faisait découvrir la vérité par eux-mêmes en leur posant des questions.
*
Écrire est une application. C'est un segment cérébral qui combine certains éléments
composés de mots et de concepts pour s'organiser et apparaître là devant la
conscience. Le tout demande à sortir hors de l'esprit avec force et virulence.
L'exécution obéit et applique l'ordre à accomplir.
*
Cioran est un double négatif. Il est moins-moins. Il pense par le rejet et le refus. C'est
un paradoxe négatif qui possède son vrai, - le vrai avec sa logique pour convaincre, et
l'esprit ou l'intelligence d'autrui le suit pour dire : oui. Oui, vous avez raison.
Et pourtant quelle audace ! Quelle façon de raisonner ! C'est un désespéré qui essaie
de prouver qu'il est dans la vérité, mais c'est sa vérité.
1267
Il devient évident que sa spécificité peut servir autrui, et en premier l'Éditeurqui y
voit une variante nouvelle du possible, et qui l'imprime également pour cela.
*
Il n'y a pas de solitude infinie de la pensée - il y a un espace poétique qui se déploie -
il y a un espace philosophique qui est là, qui entend et comprend. Les pensées sont
des signes mais ne sauraient mourir, folies de mon esprit. Tout est rationnel et
logique. Je cherche donc des images vraies - des pensées possibles et construites -
j'avance dans la vérité en espérant que tout cela pourra s'avérer exact demain.
Je répète : il ne s'agit pas d'images fantomatiques qui animent ma cervelle mais des
audaces susceptibles d'être vraies.
J'émets des sons, des pauvretés, des absurdités - je prends des risques - je suis un
miroir déformé du monde. Je dois trouver des combinaisons nouvelles. Je sais que j'y
parviendrai. Croyez en moi. Croyez.
1268
*
Phénoménologie de l'esprit Hegel
Jean-Henri Lambert
Dérivabilité de l'image par le cerveau
La phénoménologie existe-t-elle dans l'espace ou n'est-elle qu'une propriété propre à
la conscience de l'homme ?
*
Dépendance // Interactions // Contractions // Renvois // Rappels //
Théorie de l'esprit
*
*
À un certain degré de formation de son activité cérébrale, il n'est plus utile de lire,
relire à l'infini de nouveaux ouvrages ou auteurs - non - il faut concevoir avec son
esprit en possédant convenablement ses matériaux intérieurs, d'autres objets
intellectuels.
1269
*
Vous avez raison - je n'avais pas pensé à cela. Sans vous, cette idée ne serait pas
venue à mon esprit. Vous l'avez fait surgir. Elle était là, à l'état d'attente mais ne
semblait pouvoir s'exprimer. Ou encore, était-ce une autre idée qui, par mon énergie
mentale, était toutefois prête à sortir par la capacité associative que je prétends
posséder ?
Ce qui voudrait dire que vous n'avez été qu'un la musical pour déclencher l'harmonie,
mais l'harmonie était en moi ?
*
Incapable d'associer deux idées, deux mots, deux fragments quelconques pour obtenir
une application - sorte de saturation de la capacité mentale - l'esprit ne
saurait aller outre. Volonté de vouloir, état de non-pouvoir. Il faut attendre qu'une
nouvelle donne cérébrale s'opère.
1270
*
La psychanalyse est une science évolutive, mais Freud en est le père.
Il faut parfois déconstruire, mais il a créé, inventé ou découvert une nouvelle
psychologie, une autre pénétration inconnue de l'esprit, de l'âme ou de l'intelligence -
de la moins de la conscience humaine.
*
L'esprit refuse le ça pour ça - mais j'ignore quelle opération poétique le cerveau
prépare à mon insu ?
*
Parfois l'esprit est saturé - offert aux nombreuses stimulations de lecture, il ne saurait
produire quelconque fragment.
En d'autres moments, l'intelligence prompte et apte, exploite quelqu'une raison pour
extraire de soi des capacités littéraires créatrices.
Il s'agit ici de fatigue cérébrale, et la conscience ne peut déterminer la situation réelle
de la potentialité.
1271
*
Je pense également au génie interne - à celui qui n'a pas besoin d'être dans un
contexte historique particuliers pour faire exploser sa capacité unique.
Et me vient à l'esprit les intelligences savantes à qui on remet un matériel présent et
qui parviennent à tirer des vérités et des conclusions nouvelles. Mais qui avec un
autre matériel - plus élaboré, appartenant à une autre époque seraient toutefois
parvenues à des résultats étonnants.
Il s'agit ici de cerveaux avec des capacités intrinsèques, indépendantes, capables de
s'adapter à tout nouveau terrain scientifique.
*
NDE
Problématique corps/esprit
OBE
Le lieu hospitalier est-il le lieu de la nouvelle foi ?
Faut-il se soucier d'exister auprès d'autrui ? L'effort de crédit semble trop conséquent,
1272
la capacité à plaire proche de l'impossible.
Je vois un immense espace avec l'Internet, une sorte d'Eldorado de l'esprit où nul ne
sera sanctionné arbitrairement pour des causes financières, où l'audace intellectuelle
pourra se déployer aisément avec grandes diversités et richesses cérébrales.
*
Je n'écris plus - je ne saurais produire plus. L'esprit semble saturé. Il y a une sorte de
blocage de l'intelligence qui ne peut aller outre. Vais-je exploiter le temps restant
pour refaire les morceaux existants ? Ou encore nettoyer des fragments délaissés qui
toutefois ont quelque teneur ?
Ceci est un grand enjeu car 20 000 feuillets inédits attendent que je les récupère pour
participer à l'élaboration d'ouvrages nouveaux.
*
Je ne crois pas en un dressage de l'esprit avec Principe, École, - Système
d'application et d'orientation. Je crois en une liberté individuelle avec audace et folie,
risques dans l'écriture.
Nous sommes dans une sorte de nébuleuse où nul encore ne peut prétendre posséder
le vrai, où la certitude se déplace ici et là, où la tentative d'écriture peut se prévaloir
1273
d'être possible. Alors qui croire ? Qui suivre ? Et que supposer ?
C'est donc un espace de liberté absolue, et l'Intelligence se déploie faculté parfaite.
*
Cœur - Corps - Esprit -
*
L'esprit s'est formé et se développe encore...
Nietzsche
Vive croissance, volonté de trouver et d'appliquer, grande incertitude concernant la
qualité des applications puis développement avec capacité assez surprenante et
expansion ~ belle expansion ! Dès lors, le cerveau vieillit, rature, n'est plus apte à
gicler, à expulser sa semence cérébrale. Il reprend,
récupère, radote, prétend avec un Autre - veut certifier mais n'est-ce pas déjà trop tard
? N'est-ce pas le fait de la condition humaine, en vérité ?
1274
*
Essence et substance
Voir Platon - les grands textes -
Le Moi de l'être - sa nature - sa destinée -ses possibilités - ses limites - ses espoirs -
Ce qu'il peut concevoir - soupçonner - anticiper - ouvrir sur -
Essence vers une quintessence, sorte de sublime synthèse permettant de prouver ou
de démontrer des faits.
Essence, purification subliminale de l'esprit permettant d'accéder à quelque chose
d'épuré perceptible par le concret.
L'essence est le sublime inconnu de l'homme lui permettant d'accéder à un au-delà ~
d'aller au-delà - sorte de sublime merveille synthétique qui permet d'ajouter.
Mécanisme épuré de l'intelligence offrant un nouveau vrai perceptible par la
conscience.
Convergences des différentes flèches de l'intuition.
Restera-t-il une fois la mort survenue une forme d'essence de l'être épurée, dégagée :
- 1 - de toute servitude matérielle ?
- 2 - aimantée par la spiritualité divine ? Et si cela est le cas, quel progrès d'élévation
ou d'évolution futures lui seront octroyés ?
1275
*
Système d'extraction de poésie - Méthode :
Esprit algébrique CAD Mallarmé, Rimbaud, Zanzotto etc.
+ Esprit logique ---) Wittgenstein
+ Esprit de finesse ---) Merleau-Ponty, Teilhard de Chardin
Ce qui veut dire :
Poésie expérimentale contemporaine
+ Mais... Journal de Teilhard de Chardin à vérifier et certains autres écrits
également
Il y a toutefois toute la Mathématique, toute l'Astrophysique...
---) donc en Philo - les Logiciens
Mais Langage- audace - alors ?
-----------------------------------------
A B C D
Quelle logique ? À quelles raisons ?
1276
Quelles opérations mentales exiger de son cerveau pour valider la suite offerte ?
*
Quelles valeurs puis-je accorder à ma façon de voir, d'entendre ou de saisir les choses
? Comment puis-je valider ma certitude ?
*
La transposition excessive - pourquoi ?
Cette opération mentale -1- chez l'enfant
- 2 - chez l'adulte
-1- Nouveau rêve
-2- Désir, exagération - mais ajouté au langage engendre le mensonge dans la
communication et la détermination de l'Autre.
(Est-ce pensé, souhaité - Pensé/Souhaité - Faux-mensonge-vrai - jeu théâtral -
fausseté désirée etc.)
-3- Par souci de vengeance de faire du Mal, d'exprimer le rejet de l'Autre en le
critiquant même faussement.
1277
*
L'Intelligence selon André Malraux : "La destruction de la comédie, plus le jugement,
plus l'esprit hypothétique."
*
Théories freudiennes et lacaniennes
L'esprit n'échafaude-t-il pas faussement ? Car cela paraît plus alambiqué qu'une
complexité rare de la nature.
Le Phallus œdipien - le Phallocentrisme pulsionnel –
*
SOIS signifie : que ton potentiel développé soit optimisé, et cela intègre le :
CONNAIS-TOI TOI-MÊME.
Le Connais-toi toi-même semble figé : dis-moi combien il y a d'objets dans
le tiroir. Or l'esprit, l'âme sont en constantes transformations et évolutions.
1278
*
Sur les flots azurés, illustres de censure,
Dans des barques incertaines où vogue l'A-raison
Un esprit délibère, questionne et demande
Et s'adjuge le droit de statut éternel.
*
Élaborer un nouveau langage.
Algébrique
D'associatifs interdits
De grammaire
De fond de forme
Le sincopé
Le vrai-faux
1279
//
Combiner l'inventif d'Autrui par une lente mutation de l'esprit // de l'intelligence
Synthétiser le créatif d'Autrui en y ajoutant sa propre substance.
*
propres.
Contre le Structuralisme car chaque groupe forme des références qui lui sont
Claude Lévis-Strauss : "Si l'activité inconsciente de l'esprit consiste à imposer
des formes à un contenu, et si ces formes sont fondamentalement les mêmes pour tous
les esprits, anciens et modernes, primitifs et civilisés, comme l'étude de la fonction
symbolique, il suffit d'atteindre la structure inconsciente, sous-jacente à chaque
institution et à chaque coutume pour obtenir un principe d'interprétation valide pour
d'autres institutions et d'autres coutumes."
Ceci serait une clé trop facile pour l'Anthropologie et permettrait l'usage d'un
passe-partout pour ouvrir toutes les serrures.
Il nous serait ainsi aisé de comprendre le sens de l'écriture pariétale ! Or nul n'est
encore parvenu à en tirer le sens.
1280
1281
FRANCK LOZAC'H
LES AFFRES DE L'AME
1282
Ads And More
Quel est mon souvenir ?
Quel est mon souvenir ? Quel est mon devenir ? Qu'ai-je à espérer
dans cette vasque infâme ? Je ne veux pas ce soir - (mais le voudrais-je encore,
une autre nuit ?) fille perverse ou femme débraillée, coller contre ma chair
ta chair obséquieuse et vicieuse ; faire régner le mystère du plaisir
comme une fuite inventive pour oublier la réalité du temps existant.
Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,
Respirer en ton corps le doux parfum des songes
Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,
Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.
Voilà le vice ! La déchire de nos âmes purifiées. Voilà l'excrément,
la sueur, les larmes et les cruautés qui s'accouplent dans ce ballet démentiel
pour obtenir un stupide et vile orgasme !
J'espère sur cette bouche inventer un amour
Puissant et immortel que tu composeras,
1283
Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour
Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !
Car c'est là-bas, c'est plus loin, c'est plus haut que doit s'opérer
la transhumance de la chair ! Là-bas loin du désir fécond de nos pulsions
en détresse !
Qu'importe les espoirs de nos mains en détresse,
Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !
Je demande plus fort que houle et que tendresse...
De ce qu'une nuit accédant à mon sublime, je puisse égorger le sinistre ébat
ténébreux, infection que jamais n'aurait pu soupçonner l'enfant. Le bel enfant
idéal de l'icône du Fils dans sa merveilleuse pureté !
Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.
Car de son pur cristal où le génie descend
Rêvent de vains soupirs qu'avait soufflés l'enfant.
1284
Venise II
Non ! Plus jamais ! Plus jamais ! Quel est l'espoir de cet amour défunt ? Non
!
Je suis résigné : cela n'est plus !...
Et dans ce lieu fétide où dorment des gondoles,
L'eau morne et transparente fut raison de soupirs,
Ô sanglots répétés et si mouvantes violes,
Contre un ciel de grisailles qui voulait s'obscurcir.
L'âme tangue ! L'esprit vacille ! L'esprit sanglote délicatement, enivré
d'impossibles à atteindre, idéal de raisons qui vont disparaître ou s'enfuir
sous ce ciel déclinant...
Des barques s'étiraient sur l'étendue. Nos rêves
Profonds comme l'amour s'inclinaient lentement,
Et penchaient plus encore par le vent qui soulève,
Tremblaient, espoirs perdus, bercés au gré du temps.
Et toi ma calme sœur, tu chantais ma faiblesse
Lorsqu'un vol de corbeaux foudroya le vrai ciel.
Pour noircir les souffrances d'une odieuse paresse,
1285
Je vis dans tes yeux clairs les rayons d'un soleil...
Sera-ce encore possible ? Existe-t-il un infime espoir ? Non. Tout cela va
mourir à tout jamais, à tout jamais ! Telle est la vérité de nos amours
défuntes.
D'un soleil pâlissant, or, rouge et fatigué
Qui semblait se mourir à l'orée de tes yeux.
J'y trouvais un déluge de larmes délaissées
Croyant à l'avenir de nos étés heureux.
*
1286
Des descendances stériles
Des descendances stériles qui frappent le seuil d'une maison
tombée en décrépitude. Sur les toits, l'hérésie stupide comme d'affreuses
fêlures et une cour tapissée de blasons blancs. Voilà le lieu de nos
retrouvailles !
Tandis que l'ancienne famille pullule en des portées toujours
grandissante, le roulis sur nos dos nacrés résonne véritable tambour.
C'est la fête dans les tapisseries et les chandails violets. Le
rythme aigu du clairon bat la charge. L'effondrement des sens et le
mouvement puissant des ondes fortuites, les verras-tu ?
L'orgasme vendu, exploité, toléré prolonge l'intime repos
banal et la suite s'invente inexorablement sur des rêves d'or et d'ivoire. Le
Millénaire réunit une dernière fois nos âmes ténébreuses et les jettera
dans la fosse aux douleurs.
Un plastron protecteur parmi des déserts de lumière - une
chevauchée entre deux courses folles - un vieillard pommadé portant des
1287
bouquets de roses et un fleuve qu'une écluse dilapide en menus
durcissements.
L'architecture de la femme ouvre et dispose des rayons rouges
du soleil, pieds nus, tête penchée, fuyant le regard évasif de l'éclusier.
L'eau monte le long de la façade et sa course haletante vocifère parmi
l'inexpérience et sa paresseuse blancheur.
Quant aux images désuètes, elles noircissent lentement sous
les fouets du saule-pleureur.
*
1288
Dissipations
MM 1
C'est une belle femme avec des mains graciles
Et son intelligence est - intelligence est
Quand avec du soupir me vient parfois son âme, quand avec du
soupir
Je crois entendre pleurer les Anges
J'étais une fontaine - je veux devenir La vigne
ceci sera mon repentir - ô Toi, Fils de Dieu, accorde-moi ton repentir - la
source est tarie - La vigne sera fructueuse !...
*
Les nuits ébouriffées par ta pitié sexuelle
Oui, tes saccades de jeune homme sérieux
qui tranchent avec les mécaniques
Va dans la pourpre - tes seins sont sages
Tes lèvres tremblantes vibrent de désir
(Je sais : ils vont te conspuer - deviens une âme aimante)
*
1289
Les filles batteuses de lait dans le vieux fugace de l'à-peu-près
Ce sont des trottoirs et des semeuses sensuelles du : que dit-on ?
Voilà les volontés et les Maries qui s'époumonent ~ Saint-Nicolas
est une offrande,
et tes bas noirs sont des phosphores de désir
À la croisée de l'impossible ~ là, oui-non
En fluidifiant les gelées - plonge dans l'évanescence lumineuse
Pour des perceptions incertaines
Elles voltigent fumantes et délétères, esquivant un interdit à aimer
Les voilà belles, compromettantes ~ absurdes et irréelles,
je les suppose parfois
Oui, fragiles, fragiles et immortelles
Commandant quelquefois une âme à glorifier
*
1290
Inventons le suprême don de : je te le dis,
- de n'être pas encore Toi.
Inventeur du désastre, je me veux parfait investigateur. Non !
Ne point y chercher de splendeur ni de rêve ancien de jeunesse oubliée, -
non !
Mais j'appelle cela : fidélité au Maître spirituel.
Maintenant d'avoir explicité longuement, on me comprendra...
éternel - le six -
Maints minuits, il se jetait dans l'arrogance invitant le chiffre
à être plus que lui-même.
Et la sinistre horloge prétendait en son nul, lui assoupi dans
quelque délire phallique, convainquant même le langage de noter ceci pour
son triste sort.
Et l'apparition vaine de quelque bleuité n'eut rien changé à son
médiocre vide ; et dans la glace renvoyée par une humeur profonde
l'idéale invisible n'eut pu traverser l'idée plongeante de son Néant ; - il se
savait rien.
Dissolvant ses pensées en jets sporadiques dans l'âme insensée
(qui se veut claire pourtant) - la passion était d'atteindre l'ultime faîte
poétique.. le tout se meut misérablement dans quelque chemise égarée.
1291
Errances
Je t'apporte l'avant-projet
Comme semble efficace cette structure interne !
Ils ont des miroirs phosphorescents - ils reproduisent
des images psychédéliques - je n'y comprends rien
Est-ce au voleur de s'affûter ainsi ?
Et combien d'âmes piégées dans cet air
aspirant un faux souffle, se sachant précipitées ?
Je m'obscurcis en ajourné
*
Que sortira-t-il de cette cervelle ? Ce n'est pas le cygne en cristal
dans le lointain de l'âme ~ accès facile à nos préoccupations d'écriture
mais un pensant vieillissant se mourant à la croisée de nos chemins
pour un oubli fatidique de notre inutile.
L'espace en soi se renie, s'éteint jaunâtre ou éclaté.
1292
*
Effrayant sacrifice voué aux rancœurs de l'exorbitante vie ! Éternelle
faiblesse d'une âme incapable de suer quelques sublimes prémices cérébrales !
O tambours spirituels dans cette cervelle immonde se complaisant d'amours
perverses et de lubricités subtiles !
Étroitesses scabreuses jouissant au plus profond de l'intime de la femme,
- Moi avec horreurs et braises chaudes, invoquant les ténèbres ~ chevauchant
des festins sataniques !
Veillées et atrocités sensuelles - transpercé dans des rites immondes - Mais
quoi ! ne suis-je que cela ? - Que souillures de l'âme, que bestialité de chair ? Puis-je
espérer et invoquer un pardon ?
Vais-je m'élever vers un Sauveur ou ne connaîtrais-je que le plaisir immonde
dans les basses-fosses de l'oubli et de l'excrément ?
Un ange épuré m'éveille tout à coup !
1293
*
Concevait absolument rendant inévitable
Du dosage de l'estime ainsi s'y résignait
S'ajustaient dans les effondrements de l'âme
Était prétexte à plus jamais
L'image tremblait chevrotante
Le 27 fois faisait semblant
J'avançais cyniquement croyant à mes mélanges
Quelle singularité dans mes délires !
1294
Approches mutantes
Ô nuit
Ô nuit, baise-moi dans tes envies perverses
De cent façons, que je puisse m'accoupler ici-bas !
Seras-tu étoile filante au plus précis de mon intime ?
Certaines femmes obscures me sont déjà inaccessibles.
Je suis dans la carence de moi-même
Évitant de sombrer dans des extases molles
L'âme s'enveloppe d'un brouillard saumâtre
Et semble gémir pour des querelles subtiles
Ramène-moi vers le sang et l'ivresse sinistres
Je plonge dans des flammes léchant le feu
Voilà enfin la création sublime
Libératrice de mes orgasmes éternels
1295
*
Ou un nouveau cordon tressaille en ire et en révolte ~
en chaos minuscule de se dire : rien, ne, ne pas
Voici le vent insulaire qui souffle au trépas de mon âme ~
il s'agit de giclées insolites enlacées dans un sordide tremblement
1296
Apparences
À disparaître
Elle est à disparaître. Dans le sens de l'inné.
Expliquant les juxtapositions. Pour la candeur de l'âme.
Avec appels et suppliques. Toujours vers le Néant.
Je me tiens dans l'usure. J'exploite les compliments.
Le gouffre des ombres. Et ta furtivité. Contre le bord, je tremble.
Je déploie une nouvelle amertume. A deux, nous prions.
Les ombres encore. Sur le Néant.
Près du cercle, je vacille pourtant.
1297
L'âme tremblante
Ce qu'ils ont vu, c'était une âme tremblante, une succession inexacte
de désirs inassouvis - orgueil et doigt qui délivrent. Vraiment,
tension sous septembre. Soupirs, gravitation intentionnelle.
Tout cela n'était qu'un grand foutoir pour un crâne stérile,
- pour une cervelle servile. Il fallait annuler les flux de ces
belliqueuses intentions - les années allaient de l'avant.
Suffoque, étoile qui dévides l'écoulement des promiscuités stupides !
Vois - je pense autrement.
1298
Les velléités perverses
1
Ce bruit ne saurait mentir. C'est un incontournable
dans la mouvance du temps.
Je te dépèce en velléités perverses espérant
dans le blanc me régénérer par instants.
Tout imbibée d'alcool, l'âme se foudroie
dans ses désirs nuptiaux.
Dès lors, elle conçoit de nouvelles transhumances.
Vers quel abîme, vais-je me fourvoyer ?
Jamais je n'inventerai. Je puis déjà expier. Il s'agit
de morphismes abjects. Je me noie dans l'inconstance.
2
Elle se parachève dans son Idéal inaccessible.
L'or et le feu la contemplent. Est-elle engendrée
par ce délire optique ? En délicatesse de mouvement
elle prie et espère encore
1299
Variances
Le défilé
Le défilé se resserre lentement.
L'âme veut en jaillir. L'ombre prétend être au bord de la lumière.
Ils s'éloignent tous dans l'ombre noire - tous dans l'imperceptible substance
de l'évidence noire.
Dans le vide
Les miroirs plongeaient dans le vide - ils ne reflétaient que le Néant de mon
impossible.
Reste le silence - le silence pour tout questionnement.
1300
Nuit
I
Nuit, enfin. Nuit pour ouvrir ? Si long en si peu. Toi, avance.
Se dresse l'abîme au plus profond des ruines, enfoui dans la mémoire
du temps.
Quel avenir pour l'âme ? La certitude s'efface. Dans l'invisible,
il ne reste rien.
Tu prétends au murmuré - d'élan soufflé en volatile insignifiant.
Tu respires une forme qui se meurt sans substance ni matière,
pour une intelligence immobile fuyant la clarté des choses.
Tu vois, je suis indivisible certain que la durée disparaît
dans ce mensonge de création qui n'est pas.
Scintille ici et là dans tes sinistres clairières. Dévore en mon
sein tes futures offenses. Moi, je m'octroie la sublime lumière
qui avive en ma chair la limpide fluivialité - loin des eaux
dégoulinantes de sang et d'excréments.
Tel est l'orgueil du purifié !
1301
II
Le matin clair. Eté fondu dans cette idéale de transparence - je sais,
jamais n'explosa en lancées, en éclairs immortels, éternels - oui,
avec poursuites de ne pas, ne pas.
Quel parfait négatif ! Entre en toute joie de rien, de peu, d'autrement.
Mais qui comprendra ?
III
Cependant épurées, en ivresse d'insomnies avec raretés invisibles
développées dans mon champ - je sais, j'espère et je m'égare. Mes folies
sont diverses. Je suis en attente perpétuelle.
Et toi. Et toi, de dire, quoi ? Dans tes perversités d'insomniaques,
en travail de prières, que prétendais-tu partager ?
Ce sont des rires loufoques agrémentés d'audaces aberrantes.
Alors vole en éclats l'éphémère insoumis en elle !
1302
Silence fondu
Très pur ce silence fondu dans ce ciel aride
Interrompu par différentes créatures d'âme, de mal et de bien
Où gesticulent des prophètes d'avenir et de Néant
O toi l'âme lassée de ce monde, retourne-t'en vers l'au-delà meilleur
1303
Substances et Distances
I
Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces naufragés de
l'esprit.
Je quémande pour m'élever quelque peu avec images inconnues
et bégaiements et rires.
Elles viennent et apparaissent, folles ces images de
l'intelligence - le vrai succède au possible.
Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.
II
J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme plaie
mentale dans le jamais et le jamais.
Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur, je
subsistais, au plus profond, empoisonné.
Ainsi, de la sorte, démons ventreux, consumant les fruits exquis
de mon sublime imaginaire.
III
Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. A demi démon, à
demi vices - pour ma plainte.
1304
En Toi-Moi
Peut-être en Toi-Moi sur le firmament d'artifices, en pensées
pures, qui exposa le mien
De te, de te - en belle amitié claire de "Viendras-tu me voir", "Je
t'appelle sans fin"
Ô fille avec bourgeon et prémices, chaque tige est en fête, ~
supplions paix et hostie pour le présent et le futur aussi.
Et quelle beauté de pèlerinage planétaire ! En "Je t'aime, Fatima" -
"Je t'aime".
Je ne puis aspirer à l'âme profonde, j'espère l'âme spirituelle
dégagée de sa gangue fangeuse
1305
Les Roses ensevelies
La miséricorde
L'ombre des lointaines - ces silhouettes oubliées
Qui vainement courent en mémoire - empreintes
Grises, vous sillonnez encore dans une âme déserte !
Figurines floues qui appelez là-bas,
Éternelles de temps vous apparaissez parfois !
Dans ces chemins tortueux, écrasés sous des
Brouillards épais, je sais l'appel vers vos
Ténèbres sombres.
Verdissez, verdissez encore
Tiges légères de l'avenir ! Pliez-vous dans
La brise du vent, indiquez-moi la voie
Du lendemain.
L'âme libre, je m'en irai heureux,
Espérant un nouvel exil, espérant et suppliant
Un Dieu de me comprendre avec miséricorde,
Avec mansuétude et pardon - je demanderai.
1306
Endormies sur le feu
Absence sinistre
Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage se dresse
d'un coup.
Quelles sont les limites possibles ?
Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.
Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble poindre.
J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme.
Le silence écrase l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.
1307
De prophétie et prédit en passant à toi,
De
Dit vers le haut
Paul Celan
Reste charitable - dans la tourmente des excréments et dans les
rancœurs de l’impossible - reste charitable !
Bouillonnant dans ta haine, réconcilie-toi un peu, apaise ces
folies excessives - apaise !
au-dehors.
Il est vrai que cela dérive à l’infini, que le tout semble capturé
Lèvre pendante agrémentée de fiels et de folie - il te plaît de
baver quelque chose, et dans ton âme parfois tu souris.
Là ainsi - pour l’autre monde également.
1308
Pensées
sculptées
Mes gisants morts
Et de lumière aucune
Ni scintillements
Ni parcelles magnétiques
Taris dans la nuit
Eternelle et stupide
Complets et satisfaits
Le caveau de l'âme
L'immortelle médiocrité !
1309
*
,qui avance, luit, parle, s'instruit, déplace
et prétend autrement
Pour quelle fraîcheur d'exil ?
Un savoir narcissique...
Envelopper l'idée pour la faire exploser
dans des délires nocturnes, dans des sous-espaces
contingentés en soi
Conglomérat oublié dans le tréfonds de l'âme
Plus rien, de soi à soi et le vaste édifice poétique
Une parole dans le tremblement de l'écriture
Qui va traversant les yeux hagards
dans l'ombre de son âme n'importe où
1310
*
Plus loin, dans l'étendue d'écrire, le paysage de la syntaxe
Echappée, en fuite, où tu es je ne suis
Pourquoi tant d'applications ? Nécessité d'écrire pour construire.
L'obéissance à Dieu.
Outil de créativité mentale avec applications concrètes.
Exploitation de la liberté du langage. Nulle entrave, nul interdit.
Déplacer autrement la vérité, découvrir une nouvelle vérité.
Fuyant dans l'immobile, foudroyé par la vitesse, fuyant encore
Le front ensanglanté dans l'air glacial
Qui est soi, en soi cherchant toujours
La déroute de l'estime, l'éternel refus
Matière délétère de mots à associer
qui s'évanouit dans l'âme du poète
L'insignifiant déplace le sens
1311
*
Rassembler mes idées
forgeron de l'instant
associant encore quelques fragments divers
puisés ici et là dans les rencards de l'âme
Découvrir et trouver une place pour chaque signe,
pour chaque mot
Chercher une substance,
la fixer sur la feuille
éloignée de la rouille et du vent
1312
*
Pour que dans la nuit épaisse, surgisse...
Parvenue à cette parole mienne,
mais rarement autrement
Emportée par la nécessité de substances nouvelles,
évolutives, créatives,
l'âme espère
Et qu'en avançant j'oublie le cortège
de la mémoire et de son passé
Sorti hors de soi, pensé et proposé
1313
Suites et Relances V
1
Délaissant ton corps et sans cesse délaissant
Cherchant une autre brèche
une autre pensée
de tangente intérieure
puis vomir ses entrailles spirituelles
d’esprit se faisandant
Jusqu’à la complète putréfaction
de mon âme pourrie
- Mémoire, corps, avenir exterminés.
2
Aujourd’hui encore cherchant et cherchant
de nouvelles formes d’écriture,
moi médiocre plagiste
A l’ouverture de vos regards
les lèvres de l’espoir
pour quelque paix poétique
1314
Les mots dérivés, déplacés,
volés et repensés
Pour quelles applications ?
3
Est-ce frémissement,
froissement d’étoffe claire ?
Mais que dire ? Que dire ?
Comment poursuivre ?
1315
Suites et Relances III
*
Celui qui voit par la fenêtre
Celui qui pénètre par la pensée
Dans l’invisible de ton âme
Prétend à la vérité.
Ce n’est qu’une émotion de sensations
Imperceptibles sans fondements,
Papillons d’ailes ou givres transparents,
Approches d’ombre sur la surface de l’eau.
Ta bouche est pleine de sang,
Et des crachats immondes tapissent
La caverne purulente de ta cervelle.
Ton ventre chargé d’excréments
Expulse l’ignoble déchet
De ta détestable réalité poétique.
1316
Des labyrinthes fangeux
Des labyrinthes fangeux, des structures internes
Complexes et déplorables, un néant à combler
Par le travail, par la studieuse constance pour
Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,
Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans
L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.
Seul, toujours seul.
Qu'importe d'être compris, d'être
Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !
N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?
Comment achever cette vie inutile faite de rejets,
De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas
Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?
Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question ;
Des labyrinthes fangeux, des structures internes.
1317
*
Les yeux, seuls au monde dans le mouroir d'ici-bas.
J'arrive.
L'immense plongée, la chute.
Faible lumière zébrée.
J'apporte la haine, le sang, la honte.
Tout suinte le long de mes parois.
Mon ombre. D'autres ombres.
L'âme va s'étirant en position ouateuse,
Fileuse et glissant,
L'âme modulable
Comme un nuage de certitude.
Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.
Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.
1318
*
Le déjà-mort, le poète en attente
de cessation de vie, l'attente pénible
du puni terrestre... à la recherche du Néant.
Images et cendres du purifié prêt à remonter,
né pour le Ciel, - dialogues d'âmes.
Les comprendre, s'écouter,
effets de puretés, de perceptions en préscience.
Qui prend le tunnel étroit de moi à Toi ?
1319
*
Dans la folie de l'exquise,
avec références délirantes, persécutions abruptes,
délices expiatoires, provocations sereines, meurtres
enflammés de sexe et de sang ;
Avec langues aiguisées de poison, bavant
du sperme infecté, avec langues fourbies pénétrantes
dans chair de femme - pour l'élévation sexuelle !
Vices, cruautés, outrages - fellations vives,
plaintives comme un couteau dans la gorge nourrie
d'excréments !
Je demande la paix, la solitude de la joie intérieure...
Assez de ces images lancées dans un cerveau qui hurle !
Assez de ces obscénités détestables
qui pourrissent mon âme de damné !
1320
Suites et Relances II
I
La nuit. Et tu m'as devancé dans l'ignorance de
moi-même. Je me fluidifie contre ton ombre.
En nous, un ciel ténébreux, épais de ses secrets,
lançant ici et là ses constellations éblouissantes.
Dans la nuit, j'ai étouffé la question, refusant
le médiocre murmure de tes lèvres, te laissant l'âme
chancelante.
J'ai longtemps interrogé mais ne recevais nulle
réponse. Je suis resté profondément anxieux me doutant
que tout savoir humain était insignifiant et ridicule
face à l'Éternité.
Plongeant au creux de ma chair, j'ai pleuré amèrement.
1321
II
L'incandescence de soi ou l'immense jet intime ?
Moi dans mon propre sang, le cœur noir de douleurs.
Pulsations, et quoi ? Et quoi ? Et pour qui ?
Plus loin, la lumière claire...
III
Je te respire, te pense, je m'engourdis en toi,
je m'écrase sous ton poids, incapable de déterminer
les distances, la périphérie de la gerbe, l'intensité
de feux.
La violence de nos chairs...
1322
*
Les poèmes sont des torches vivantes
Qui n'éclairent qu'eux-mêmes
Pour quelques instants.
Le soleil de l'intelligence
Dont la lumière est vitale
Gerboie d'autres feux,
D'autres substances et nourritures.
Dans le Néant de la chimère
L'âme, reine orgueilleuse,
À la cour d'elle-même,
Égoïste et persiflant
Se prévaut de sa grandeur.
La sagesse de la raison
Est de craindre l'immense créateur.
1323
Résonances
Le chemin de l’âme
L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience
D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité
Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -
La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.
La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?
Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,
Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !
La modification proposée pour le Christ, le dessein,
La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.
Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,
De perceptions, les rapports, les constructions etc.
Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?
1324
La pauvreté
La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,
De blocage - de privation, avec certitude
De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La
Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,
Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique
Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,
Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?
Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,
De l’homme, de l’athée ? Jusqu’où iront les hommes ?
L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;
A quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi
De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?
La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec
Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,
Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?
1325
Le dépouillement
Le dépouillement - la destruction des valeurs,
Le renoncement de la chair - l’abolition financière,
La remise en cause de l’acquis. À poil ou
Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,
Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.
J’offre un nouveau destin - changez ! l’essence de la
Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la
Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.
Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.
Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer
L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance
Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat
De soi - autre logique - autre certitude, autre
Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?
1326
Résonances
Et mon âme indolente s’épuise vers ton front
Baigné de lassitude, encombré de mémoire ;
Ainsi, va s’épuisant sur cette chair domptée
Par un combat subtil de milliers de baisers,
Mais toi, indifférente et lasse, mélancolique
Apaisée et heureuse respirant l’évasion
Ton corps à l’infini s’éloigne vers ailleurs -
Vers ailleurs inconnu où flottent des vaisseaux,
Des mouchoirs ahuris qu’agitent des passants,
Des silhouettes fines en guise d’un adieu.
Invite-moi alors pour le profond naufrage
Et mes yeux amoureux s’y plongeront longtemps,
Emporte-moi là-bas au-delà des orages
Dans le luxe éternel des étés triomphants.
1327
Élévation spirituelle
Toi si pure et si chaste, toi délice d’un Saint
Et je songe parfois à quelque hostie vivante
Élevée et soumise telle une humble servante
À l’orbe rayonnant dont l’Église te ceint.
Te souviens-tu ? Pour moi, ce fut la certitude
De pouvoir t’observer dans l’espace temporel
Réservé à un Dieu, havre surnaturel,
Langage murmuré de la béatitude.
Ne peux-tu, s’il te plaît, prier en ma faveur
Car voilà trop longtemps que ma raison soupire.
Je délire et délire suppliant le Sauveur.
Constamment possédé par l’âme maléfique
N’en est-il pas assez de se savoir maudire,
Subissant en sa chair d’abominables piques ?
1328
Apparition divine
Et la tristesse encore sanglotait dans mon cœur
Quand mon âme rêveuse noyée sur mainte fleur
Croyait avec espoir aux soupirs des pardons,
Croyait à l’avenir, la chair à l’abandon.
Ma rêverie aimait à voler dans l’ivresse
Quand soudain toi Marie, m’apparus tel un songe
Irréelle et légère, les pieds baignés de roses
La chevelure libre parfumée de tristesse.
Ne sais-tu pas, mon fils, qu’il faut aimer ton frère ?
Dans les nuits oubliées parfois je veux t’entendre
Et supplie le baiser sur le front le plus tendre.
Ma claire divinité, au plus pur de douceur,
Sur le frisson de l’aile, extase tourmentée
Est venue t’implorer, et veuille l’apaiser.
1329
Résonances
Le miroir entrouvert
Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,
La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.
Je me crois entouré d’un éclatant soleil
Qui offre à ma raison des substances vermeilles.
Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse
Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.
Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes
Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.
Je suis toujours pressé et je veux aller voir,
Je subis le Néant de ma propre misère.
Et les années s’écoulent pour cette délivrance,
Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.
L’avalanche de mots me rappelle en moi-même
La médiocrité de ma raison réelle.
1330
La mort du Quidam
La finalité est ignorée, l’esprit se forme encore
Par cette volonté, par cet effort recommencés.
C’est la nuit tragique - au plus profond - il
Discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-
T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? L’idéal
Peut-être ? Soi ? Alors ?
Le sang - la tombe - vers la croix - les douze pieds,
Et : en terre ! Vieux granit, sans miroir, sans retour,
Sans rappel, - l’immense oubli - quelle âme ?
Quelle ? Je l’ignore -
Mais c’était quoi ? - Se connaître ? L’outil était-il
Satisfaisant, apte ? Car la science, le chiffre, la
technique
Appliquée, - mais enfin, - cela n’était que peu
complexe ?
C’est mieux sans doute que de mourir Quidam.
1331
La torche
Pourquoi lui en voudrais-je d’avoir autorisé
L’immonde torture sur un futur saint,
D’avoir tué la vérité
D’avoir étouffé les cris et les sanglots
Les longs déchirements qu’expirait sa bouche ?
D’avoir offert aux rustres et aux ordures
Le droit à la violence et au crime impuni ?
La grandeur d’âme découle-t-elle
De la douleur infligée
Sur le corps de l’innocent ?
L’immense cruauté comme l’immense barbarie nazie
Doit-elle se nourrir de sang et de l’âme
Des purifiés ? Quels siècles ! Quel système !
Quelle horreur !
Et cette torche maudite - qu’embrassera son ciel,
Pour quelles immondices brûlera-t-elle ?
1332
Vendredi saint
Journée déchirante sublime comme un
orgasme
Avec descentes au plus profond du moi
Messie à genoux
abandonné au Mal
Les prières, les suppliques inutiles
Frappé dès sa jeunesse,
d’une innocence indécise
Toujours les âmes des pourritures agressives,
cruelles et vicieuses
emplissaient les lieux
1333
La mort
C’est le frémissement de la mort qui s’en vient
Comme un souffle glacé enveloppant ma chair.
Je ne suis point aveugle, je sens autour de moi
Des présences ennemies percevant mes secrets
Pénétrant, comprenant le subtil et la fin
Qui s’animent dans l’âme en mystères dispersés.
Je suis nimbé de pureté, je sais le Mal
J’entends frapper le cœur inquiet et peureux
Je me cache en moi-même espérant échapper
Aux tortures du vice qui troublent mon destin.
Qu’il est dur de subir cette engeance rebelle !
En entrant dans la vie, on plonge dans l’horreur
De fantômes gazés qui s’acharnent et s’acharnent.
Mais qui le comprendrait, croyant à l’invention ?
1334
Messages VI
Obsession consiste
Déchirure intérieure
de douleurs inconnues
au plus profond du non-Moi,
cachée peut-être
mais perçue, suc,
par la sensibilité
par la vibration émotionnelle
du poète qui pense
Plus loin dans les dédales de l’âme
à jamais invisibles
des images échappées,
fuyantes, effrayées
L’obsession du producteur
consiste à faire remonter le fugace,
l’imperceptible, l’oublié
dans la nuit noire et marécageuse,
l’obsession consiste...
1335
La nuit, je pénètre
La nuit, je pénètre l’épaisse broussaille où s’endort mon
sommeil. Du charbon plein les yeux, j’avance en tâtonnant pour
atteindre une sorte de labyrinthe où s’irriguent constamment les
sources de la douleur et du Mal réunis. Je me calfeutre dans cette
espèce de buissons d’épines pour essayer d’y prendre quelque
repos. Des torches flamboyantes illuminent parfois cet univers
marécageux où je vois d’autres poètes qui y croupissent avec leurs
âmes. Certains implorent et me supplient de les délivrer de ce lieu
impossible. Quelques fois, il semble que le jour veut poindre dans
leurs yeux de misère.
Ho ! Lieu sordide, nuit de l’extrême, s’engouffrer dans
ton vertige pour y disparaître à tout jamais, pour fuir dans l’infini
de l’oubli, et aller de peu à peu, et de peu à plus rien comme un
mouvement qui s’arrête ! L’espérance est dans la mort qui annule
la vérité de la naissance.
1336
Le coq
de femme claire
De la nuit s’endort, de la nuit - quoi ? Une chair frileuse
(Encore une lancée intérieure)
l’air cristallin
et voltigent, s’épanouissent des brassées d’oiseaux dans
(Soudain pour l’âme, soudain)
- le mien, si -
un manteau d’épines malgré les flèches vertes de l’esprit
Il se couronne pourtant,
du moins essaie, se prétendant faible
Le coq aux aguets
d’intelligence de phosphore
à l’écoute de l’Esprit.
1337
Messages V
Ailleurs
Il y a un lieu, ailleurs
Pas trop loin d’ici.
Ailleurs existe donc,
Vous devez le chercher.
Ils disent : « Nous n’avons pas trouvé,
Mais nous avons cherché. »
Toi, tu attends vainement
Espérant je ne sais quoi
De futur, d’avenir.
Il te faut y aller
En oubliant le temps
Qui veut s’éterniser.
Que la mort m’emporte,
Qu’elle extirpe mon âme
Abolissant mon corps.
1338
Rien et maudit
Depuis longtemps tu n’es rien
Âme parfois immortelle mais inconnue de tous
Pourtant je te hais je te sais depuis longtemps
J’exige de toi plus qu’une parution
Je te hais à la chaîne des poèmes
Encore à changer, à refaire, à produire
Par décadence, par progrès de science,
Par médiocrité, par vérité de peu, de rien
Je te hais en exigeant de toi du travail
Pour gagner et perdre - perdre plus que gagner
Ce Moi doit valoir plus écris, écris
Maintenant pourquoi ? Pour toi ? Tu es maudit
Deux questions - nulle réponse de poète
1339
Messages IV
Plainte d’automne
fatigue
Pensée d’automne, lente descente derrière les peupliers
recherches de quiétude dans ce gris bleu chargé de
toutefois
Souffles poussifs sur les crêtes des forêts chevelues
Espace encore, espace d’écriture pour une écriture d’espoir
Je ne plonge plus dans l’image délicieuse de l’enfance
où paraissent çà et là des silhouettes connues
J’ouvre l’almanach de l’imaginaire et j’invente du mensonge.
Souviens-toi de cette lumière qui s’élançait vers l’azur ?
... Oui, je reviens
Je murmure cette lourde poésie d’hier
- Entends-moi.
Non, je dois me taire. Ces mots ne sont qu’insignifiance,
que transparence de sens inutile.
Je déchire lentement les secrets de mon âme, mais je ne
1340
puis entendre cette claire musique qui accompagnait l’élan de ma
jeunesse.
Encore cette saison, je m’obscurcis, je vieillis et je
disparais sans laisser de mémoire, hélas !
1341
Messages III
L’imagination
Il m’était difficile de soupçonner mon imagination
capable de m’offrir quelque chose d’utile ou d’efficace. J’étais à
l’entrée de mon âme et prétendais l’aptitude créatrice creuse sans
possibilité d’élévation. Cela paraissait faible, relativement ridicule
là devant mes yeux, sans le moindre soupçon d’image ou d’idée.
Je décidai de faire demi-tour.
Alors apparue l’irascible femelle, souveraine de mes
misères et de mes splendeurs, femme fatale au collier noir, cruelle
et dominatrice, comme suppliante et implorant je ne sais quoi.
Pourtant je refusais de lui demander de se justifier.
Cette frénétique salope, ce bourreau sexuel était là à
quémander selon le raffinement de sa sensualité supérieure. Elle
se voulait domestiquée, soumise à mes superbes connaissances et
désirait mon esprit de vouloir l’instruire.
Dans la mémoire d’hier, vacillaient encore des
fantasmes de bulles claires, de filles-serpents, de femmes-loups.
Elles étaient ligotées à ma potence de chair érectée.
1342
Alors je me suis vu grandir, bondir hors de ma raison et
regagner le pur lac de mon enfance où j’ai commencé à vivre.
1343
Nous construisons
Nous construisons notre tombeau afin d’accéder à
l’immortel, avec l’espoir d’une étonnante durée. Le poème est
d’outre temps. Homme maudit, tu gémis, tu pourris, vers de terre
rempli de phosphore. Je veux purifier ta sève exaltée. Ne faut-il pas
se suffire de la reconnaissance de l’au-delà sans se soucier de la
crédibilité humaine ? Ne faut-il pas ?
Je m’enfuis, je trouble mon âme, je déploie encore le
fabuleux éventail de diapasons et d’arcs-en-ciel, et le souffle de
feu aère ma cervelle en émoi.
1344
Vie
Il s’inventa un espoir
derrière lui
espoir stupide
il s’exécuta dans la nullité
de sa discipline
sans art
sans avenir
Il mourut, évidemment ressuscita
tel un Christ inconnu
Il connaît à présent la honte
de soi
et vit retiré, caché dans son âme
1345
Messages II
Surgissent
Surgissent
Des spectres royaux
Couleur d'ambre.
C'est instant interdit
Peut-il se saisir,
A-t-il quelque durée ?
Le silence de l'astre mort
Est repu de mémoire.
Il plonge sa lumière laiteuse
Et lèche abondamment
Les vestiges invisibles de mon âme.
Lune de femme, pensée enfouie,
Le sang rimé coule de ma bouche.
Les blessures se répandent en cascades
Dans ma cervelle effarouchée.
La nuit ne dort pas,
Elle conçoit le fruit par son imaginaire.
1346
Conscience
Maintenant que les espoirs trompeurs, les miroirs de
mensonges se sont épanouis dans nos âmes, nos certitudes
d'autrefois deviennent les fondements de notre pensée. Papillons
fouettés par le vice imposteur, agenouillés et suppliants, nous
quémandons le droit à la vérité. Durant un temps immense, nous
avons cru à nos chimères poétiques, nous avons léché le sang des
muses dominatrices, et enfin la raison nous a éclairés de sa
gigantesque lumière. Voici la mort brutale, et nous croupissons
sous l'humus de nos misères encore emportés dans la fausseté
poudreuse de nos folies de songes creux.
1347
Quelle suffisance ?
Qu'est-ce qui me suffirait ? A quelle limite de l'être ? La
poésie est perte, cela m'a été révélé. Le temps à mes côtés et
ennemi a compris que l'homme s'épanouissait dans un dédale de
ruines, dans un labyrinthe de misère.
Certitude d'un esprit dont la conscience est extrême.
Je n'ai pas pu atteindre ce que je désirais. Cela n'était
pas convoitise, cela m'était dû. La main a supplié. Elle a été
meurtrie à coups de talons.
À l'élévation spirituelle, présences de démons, le
sommeil est petit suicide au quotidien.
J'ai longé la voie du mensonge n'atteignant nulle vérité.
J'ai poussé l'espérance jusqu'au profond de la nuit. J'ai allumé
mille feux. Qu'ai-je vu ? Les brouillards dissipés appelaient
d'autres brouillards plus sombres ceux-là, jetant l'âme dans le
néant.
La constance de l'horreur était crime et violence,
destruction de l'intelligence. Comment produire et s'élever,
comment ?
1348
L'on peut employer le terme de désastres. Mais qui
réellement le croira ?
Des forces malsaines civilisées par l'au-delà s'essayaient
à détruire, y parvenaient. Le poète portait le masque de la
malédiction. Quelle effrayante prospérité de maudit !
Seul, sans espoir, quémandant encore l'aumône divine !
Temps, ma dimension intégrée, je sais le volume de ta
présence, les jours comptés de l'espoir. Tu vis à mes côtés. Ne me
trahis pas. Ma plaie est éternelle
1349
Messages I
Me voici à présent
Me voici à présent vivant dans l'invisible, vivant dans
une substance que l'on dit impalpable. Et l'air que je respire, nul
ne peut le voir, excepté Dieu peut-être. Je suis devenu une Ombre,
j’ai épousé une forme qui flotte vaguement, difficile d'aspect,
délétère, que l'on prétend saisir, et qui pourtant échappe. Voilà, je
suis dans l'univers des morts, et cela n'est pas un songe.
J'ai l'étrange impression qu'un œil me fixe ou m'observe.
Je semble voir, mais ceci est relatif, dans un brouillard éclairé une
ombre curieuse qui me cherche et fuit, dans un comportement
bizarre.
Oui, cela semble agiter des linceuls ou tirer des chaînes,
cela semble fourmiller, s'exciter comme des tourbillons légers.
Est-ce un monde de spectres ? La pensée hésite et cherche, ne sait
et doute. Est-ce un lieu de perdition ? Un bagne ? Une tombe ?
Ils vont et se déplacent, murmurant des soupirs ou
gémissant avec douceur. Qui sont-ils ? Quel est cet antre ?
Expliquez-moi ces sinistres visions ? Mon âme délire-t-elle ?
Mais où suis-je ?
1350
Ils vont dans cet espace incompris, dans ce lieu morne
et fétide. Ils semblent danser dans ce brouillard d'éclairs où se
combinent d'étonnantes compositions !
Le vent les emporte, le vent amoncelle sur leur front des
étoffes de nuages. Je les vois vaguement comme des sphères
vaporeuses. Ils glissent, virevoltent puis s'élèvent emportés, lancés
dans les airs. Je crois les apercevoir dans ces brouillards infinis.
Des tourbillons ayant des formes circulaires tentent de
les englober, et les avaler comme une avalanche de neige. Sont-ils
coupables de crimes et d'horreur ? Paient-ils de noirs châtiments ?
Où sont les misérables ? Sont-ils punis, rattrapés par leur
passé ? Hurlent-ils ? Supplient-ils, implorent-ils pour les fautes d'hier ?
Qui pourrait pardonner ? Qui saurait oublier ?
1351
Souffles nouveaux II
Et c’est toujours le temps
Et c'est toujours le temps de la terrible mort.
Elle s'écrase sur l'homme, lui impose souffrance,
Il supplie, il implore la douce délivrance,
La mort tortionnaire jouit et crie : "Encore !"
Elle torture le poète, elle arrache dans l'ombre
Les derniers hurlements d'une âme qui soupire.
Je l'entends s'acharner sur un corps qui expire
Rêvant d'un avenir qui ne soit pas plus sombre.
Toujours dans mes pensées, son spectre me harcèle.
En sublimes douleurs l'ignominie excelle
Et se plaît à vomir ses excès nuitamment.
Moi, Christ offert au mal je quémande du Fils
De libérer ma chair par son pur testament
Espérant qu'à l'esprit il veuille dire : "Suffis !"
1352
Testament
Ma sinistre souffrance qui m'arrache le bras
Pour m'interdire d'écrire, pour m'infliger de dire
Ce que je ne veux pas.
J'attends comme un miracle
La fuite de la mort qui toujours près de moi
Nourrit ma sainteté, mon élévation
Vers mes Dieux sublimés.
Je crie, l'on me déchire,
L'on écrase ma chair plus horrible en ce jour
Qu'un supplice sans fin.
Je veux me reposer
Mais le lit est douleurs, est aiguilles enfoncées
Dans mon corps constamment par le mal effrayant.
J'étais un hurlement dans l'horreur de la vie,
Une souffrance forte qui arrache des pleurs
Des sueurs des douleurs et des cris infinis ;
J'étais le désespoir de n'obtenir jamais
Ce que âme sait faire, ce qu'esprit élevé
Peut rêver concevoir dans l'orgueil de soi-même.
1353
Souffles nouveaux I
Jette dans le noir désir
Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à
enorgueillir tes nuits. Plonge sous la clarté macabre les derniers
délires de tes folies.
Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je
joue par l’analogie, par l’avalanche de mots de la même famille.
Mais quand comprendrais-je que je ne suis plus apte à exciter ma
critique avec de telles solutions ?
Un jour maudit entre tous, je délaisserai ma chair et
regagnerai l’intemporel. Je défis l’existence de m’apporter une once
de savoir...
Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité
me permettant d’agir. Mon “Je” est détestable.
Je cherche à transmettre le produit dans des conditions
extrêmes de gains. Je veux pouvoir dire : je prends et j’ajoute.
Donné aux esprits de l’air, soumis aux verges du ciel ! A
1354
l’aube du poème, je n’étais qu’un fils coupable. Il fallait descendre le
maudire et le soumettre jusqu’à ce que la douleur lui fît produire ces
écrits impossibles.
Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides
de fumée, ce sont des protections ridicules et dérisoires. La chair
adressée... les cicatrices invisibles. L’horreur de la souffrance et
pour quelle Force d’espoir ?
Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et
non pas un amas cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir
splendide, épuré pour y baigner son âme assoiffée. Qui implores-tu ?
Lui abonde, lui est repu !
Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui
contrôlées. Un esprit vif se hâte jusqu’à n’obtenir que le néant de
soi-même.
Il y a aberration à vouloir tout écrire, à se dire :
qu’importe, je parviendrai toujours à récupérer la structure, ne suisje
point un habile trapéziste qui retombe sur le fil ? D’ailleurs, il y a
un filet.
C’est une constance d’incompréhension, mais de ce tas
douloureux monte un effluve léger et dansant qui nous indique la
voie à suivre.
1355
La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair
traçant qui signe la feuille de papier.
De ces déchirements, de ces violences internes, de ces
conflits invisibles, qu’en tirera l’intelligence ?
1356
Maintenant que la mort
Maintenant que la mort nous regarde avec son oeil noir,
nous faut-il haïr le temps d’avoir eu raison ? Pénétrons l’épouse
sombre du temporel, faisons valser les délires obscènes de nos âmes
vicieuses, recherchons le plaisir hagard pour oublier qu’à chaque
instant, sous chaque minute on nous tue.
Le soleil de minuit respire son deuil sous ses dais de
rayons tombant. S’il pleuvait une légèreté de brise, l’arc-en-ciel de
l’espoir éclairerait nos âmes.
Quand je cesserai de te détester, d’expulser ma substance
sublime dans ta chair violée, je te chasserai dans l’indifférence de
nos défis, plus loin, derrière nos souvenirs disparus, à mourir.
Ne m’accuse pas d’indifférence. Que puis-je espérer d’un
cœur qui ne bat plus, d’une chair qui se tait ? Le Mal te torture ? Tu
hurles ? Je ne t’entends même pas souffrir.
Agonisant encore sous quelques cendres chaudes,
j’expulse mes dernières sueurs sacrées, je tire les ultimes
prélèvements de l’esprit créateur. Qu’obtiendrai-je de cette
nourriture nouvelle ? Je n’ai même plus la force de m’entendre
gémir.
1357
Tout ce qui instruisait ma cervelle jouissive était énergie
rapidement ingurgitée. Je n’étais qu’une mécanique d’apprentissage,
avide et jamais satisfaite, cherchant à produire toujours plus, à créer
autrement.
Mais l’obtention du résultat était décourageante. Je jetais
les feuillets à peine achevés dans le mépris et l’indifférence de mon
âme. Je croyais pouvoir faire mieux. Je désirais extirper par le vice,
par l’irritation, par le Rien et le Mal, d’autres poèmes subtils ou
niais, invisibles ou invincibles. Je n’obtenais que le dégoût de soimême.
Faible compassion.
Ai-je eu l’idée, une fois, une seule, de délaisser l’acte
d’écriture ? Je ne le pense pas. Il n’existait aucun autre moyen
d’expression me permettant de catalyser, de canaliser le débit qui
soufflait en moi.
J’affermis mon printemps, bel espoir du passé ! Je
réinvente un rêve bercé d’impossibles, de tentations audacieuses -
mais tout cela est inutile - je cherche le départ vers l’avenir qui me
guette. Pourrais-je encore retrouver cette impulsion juvénile qui me
permettait de savoir et d’admettre, de comprendre et d’analyser en
prescience, parce que jeunesse a toujours raison ?
Quelle heure est-il ?
Il est l’heure de produire.
1358
Et je t’entends, moi le forçat de l’écriture soumis à extraire
de ma cervelle des solutions autres, guère satisfaisantes, mais ô
combien utiles pour apprendre à me détester, et pour m’obliger à
tirer encore de nouveaux rots de cette gorge putride !
1359
Solitude, au plus profond de l’homme !
Solitude, au plus profond de l’homme ! Celle qui se
répand sur mon épaule, lourde de chair et de fatigue, comprendra-telle
un jour le secret de mon songe ?
Splendide solitude au sublime de l’homme...
Je te sais seulement pour ta source de femme, je respire
confusément tes paillettes d’or...
Le désir s’est enfui dans les vapeurs légères de l’orgasme.
Je délaisse ce front de femme offert à la caresse suprême. Je plonge
dans ma propre envie pour me savoir autrement, pour me
comprendre un peu mieux.
Celle qui souffle son haleine claire, comme brise très pure
par ses lèvres éclatées de rouge dans la nacre brillante et parfaite,
celle plus dévêtue que femme, repose corps alangui, rêveur.
Toute perception plus douce à contempler, blonde et
admirée... Idéale sphère qui tient par son sublime ovale du visage...
Toi, de quelle autre grâce supérieure encore t’aimer ? Je la sais
lointaine, mystérieuse encore dans l’invisible et l’infini.
Saveur de chair recommencée et vierge pour l’amant
1360
toujours nouveau, constance d’épouse qui supplie et gémit, beauté
prise au coeur de son intime, dans son essence de femme, ô grâce et
je suis ton captif dans le creux de toi-même...
Par toi, le rêve se forme, les noces spirituelles de l’amant,
de la muse ; par toi, la chair se meurt et délaisse le miel délicieux de
l’âme, grandes douceurs pour l’ultime épanouissement de ton
orgasme.
etc.
Solitude au plus profond de l’homme ! Celle qui se répand
1361
Grappillages
Ne vous agitez point
Ne vous agitez point ; vous pensez que je tremble
Comme une ombre peureuse qui supplie vers les cieux.
J’entends votre présence et je vous sais ensemble
M’observer du regard quand je ne vois vos yeux.
Moi, vous craindre ? Êtes-vous un enfer, un désastre ?
Que l’obscur vienne en moi, et ma sagesse croît.
Et devant la grandeur lumineuse de l’astre
Quand le prophète est bon, le Dieu méchant décroît.
Vous êtes malgré vous de très faibles pensées
Que l’espérance mêle à vos blêmes effrois !
Vous ne me troublez point sous vos ailes dressées,
Pas plus que les corbeaux font tomber les beffrois.
Ô ténèbres, le ciel est une sombre enceinte
Dont vous fermez la porte, et dont l’âme a la clé ;
Et la nuit se partage qu’elle soit sinistre ou sainte
Entre un Satan en noir et un Christ étoilé !
Une variante de “ Spectres ” de Victor Hugo.
Dernière gerbe, 23 novembre 1876.
1362
Légères variantes sur Baudelaire
Spleen
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux pires ennuis
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle,
Il déverse un jour triste plus sombre que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance telle une chauve-souris,
S’en va battre les murs de son aile timide
Et se cogne la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup frappent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à gémir sous le sinistre vent.
Là, de longs corbillards sans tambour ni musique
1363
Défilent lentement dans mon âme ; mon Espoir
Vaincu, pleure. L’Angoisse atroce, despotique
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
1364
Hurles-tu, comme moi
Hurles-tu, comme moi, de torture odieuse ?
Entends-tu quelques voix dire : poète purifié,
L’Au-delà te connaît, et ton âme radieuse
Ira dormir en paix dans notre aire sanctifiée ?
Assoiffée d’illusoire, dans ma douleur rêveuse,
Ma raison s’épuisait, se voulant déifiée ;
Et ma chair crucifiée se prétendait heureuse
Espérant de l’horreur être enfin édifiée.
J’étais le seul génie gémissant son miracle,
Suppliant l’Au-delà, implorant son oracle ...
Le Divin m’écoutait, enfin me libéra.
J’étais baigné d’amour, et la sublime mort
Me bénissait. Hélas ! N’était-ce que cela ?
Je quémandais toujours, et je souffrais encore !
1365
Litanies tragiques
I
Je ne peux plus encore supporter cet outrage.
Il me faut pour longtemps éloigner cette rage.
Toi qui me vois subir les maux où je suis mis,
Et toi qui te prétends être de mes amis,
Viens-t’en pour écouter et ton roi et ton maître ;
Aide-moi quelque peu, et fais-moi me démettre
De l’injuste destin que les Dieux m’ont remis,
Oui, donne-moi l’espoir de ce qui m’est promis.
La haine, la violence s’acharnent dans mon âme.
La pensée de vengeance jamais ne se désarme.
C’est un corps, c’est un cœur qui réclame son dû
Et qui supplie son droit ...
II
Aide-moi quelque peu, et fais-moi me démettre
De l’injuste destin que les Dieux m’ont remis,
Et donne-moi l’espoir de ce qui m’est promis.
1366
III
Toi qui me vois subir les maux où je suis mis,
Toi qui te peux prétendre parmi tous mes amis,
Écoute quelque peu et ton roi et ton maître ...
IV
L’emprise du pouvoir m’impose ces désirs,
Me dispose toujours d’espérer ces soupirs.
Serait-ce condamnable que de vouloir régner
Moi, qui depuis des ans de mon trône éloigné,
Conjugue mes efforts pour grandir en mon Père ?
Me serait-il coupable d’évincer cette mère,
Celle-là qui décide contre un sang d’héritier
D’accroître sa puissance devant le peuple entier ?
N’ai-je pas le devoir de prétendre à mon rang ?
Ce n’est point se mentir quand issu du plus grand,
Les Dieux ont décidé par cette race altière,
De bénir ma naissance et ma présence fière.
1367
V
Je ne peux plus longtemps supporter cet outrage.
Il me faut au plus tôt éloigner cette rage.
Toi qui me vois subir les maux où je suis mis
Et toi qui te prévaux d’être de mes amis, ...
1368
Sonnets 84
Hymne au Divin
Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,
Toi qui du noir obscur engendres la lumière,
Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,
Et du génie sublime éclaire tes sueurs,
Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,
Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,
Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,
Qui implore et supplie son impossible espoir ?
Car tu peux abolir les lois et son futur,
Et te faire obéir du vil et du plus pur,
Imposant dans les Cieux le puissant repentir.
Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,
Qui d’Essence promise défais tant de remords,
Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?
1369
Ô mon âme incomprise
Ô mon âme incomprise, ne te languis en rien !
Tu te dois de laisser l’insensible critique,
Incapable qu’elle est par son droit despotique,
De savoir séparer l’ivraie de son bon grain !
O mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !
Tu ne peux l’ignorant de toujours l’accuser,
Innocent qu’il sera, ne veux-tu l’excuser,
De ne comprendre point l’amour et son soupir ?
Il est qu’un Comité satisfait de son rang,
Prétend par le pouvoir qui lui est conféré
Décider du savoir dont il use en régnant.
Il ne sert de jurer de son inaptitude
A vouloir encenser ce qu’il a préféré,
Même si son erreur prêche l’exactitude.
1370
Je voudrais m’endormir
Je voudrais m’endormir dans les yeux de la Mort
Glisser tout doucement, mais sans aucun remords ;
Sans regrets, sans soupirs, m’étendre dans la nuit,
Tomber dans l’ombre noire du soleil qui a fui.
Je voudrais respirer les plaisirs de la Mort,
Les jouissances promises, délivrances du corps,
Et libérer enfin les tortures de la chair
Qui condamnent mon âme aux sombres adultères.
Je voudrais voltiger par-delà l’univers,
Glorifier mon esprit au-dessus de nos sphères,
Purifier les noirceurs qui hantent mes malheurs.
Parvenant à chasser par mes vœux les plus chastes,
Les horreurs de la vie, ces terribles douleurs,
Foudroyer ces frayeurs à ma raison néfaste.
1371
Je ne te dirais point
Je ne te dirais point mes amours immortelles,
Ne sachant les bonheurs qu’on éprouve en ces lieux ;
Et me tairais encore des beautés éternelles
Que mon âme féconde propose de son mieux.
Mais je puis te conter les douceurs solitaires
Que la gorge et le corps expulsent de leur mieux.
Ou te parler toujours des hontes urinaires,
Que ma panse gonflée propulse en tous ses lieux.
Tu vois qu’étant misère aucune chair abonde ;
Quel que soit le logis où le plaisir est monde,
Il est que fait poète on me veut malheureux.
Je me sens entouré par l’âme maléfique :
Et c’est bien le désir d’une muse saphique,
De sublimer l’écrit pour me voir douloureux.
1372
Tombeau
Dans la poussière d’ombre, là il gît tant nié.
Au nocturne génie, il gémit délié.
Telle sa chair déjà nue se plaît avec le vers
Au plus loin du phosphore et dans la nuit offert
Fait le rite sacré du mortel qui se tue
Comme d’un similaire dans son crâne se rue
Offrir sa fibre exquise, et les deux vont sur l’os
Pour quelque gain de corps avides du héros
Livrez ce cliquetis que son pur élevé,
Se tire de son Mal et s’étire de sa tombe
Et périsse en ce lieu, que demain il succombe
Oui, libre de ses vers enfin lui envolé...
Mais dans les mânes pauvres, l’a supplié, là il prie
Accablé de Néant, encore a-t-il compris ?
Son âme que s’ignore en bêtise de mort
Au creux de son vrai ciel si faible hélas repose
Et occupe son rien que l’au-delà lui pose,
Mais plus d’or ni d’exquis, qu’un règne de remords !
Ignoré dans l’humus, souffrant le sort de l’homme
1373
Inapte pour son frère qui le rit quand le nomme
Seul, au Néant de graine reçoit sa peine triste
Qui est moins pour son Mal que cet ange sinistre
Oui, dormir qu’il lui reste, - la part belle du nul
Ha ! Créer pour pourrir le moi, hélas, s’annule.
1374
Le Livre blanc
Quand j’aurais épuisé
Quand j’aurais épuisé ma semence charnelle
Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,
Quand le noir repentir sur la couche d’extases
Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,
Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,
J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,
Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas
J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.
Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal
Descendant l’escalier de mon vice infernal
De ces vers resplendir le feu des passions ?
Dans la nuit son phosphore rongera mon remords
Et me fera mourir de pénétrer ton corps,
Ô mon sublime objet, sombre tentation !
1375
La conscience de l’amante
Je pourrais pour te plaire prodiguer sur ton corps
Les caresses insensées qui chassent les remords
Et donner, mon amour, sur ta chair déjà lasse
Les plus profonds baisers que ton désir embrasse.
Je pourrais t’infliger les sublimes détresses
Que ton âme envoûtée supplie dans ses ivresses,
Et frapper sur ton cœur les fantasmes sanglants
Que ton esprit vicieux implore en gémissant.
Mais je sais qu’éloigné de la passion charnelle
Éclairé du génie par la flamme éternelle,
Tu vis dans ton Néant que je ne connais pas.
Jamais je ne saurais en mes superbes poses
Proposer de mes charmes les folles métamorphoses
Et offrir au poète la beauté des appâts.
1376
Le tortionnaire repenti
Il cherchait dans l’excès des jouissances cyniques,
Le plaisir tyrannique de posséder un corps ;
Des haines et du besoin de torturer encor,
Il plongeait dans l’horreur des souffrances physiques.
La semence expulsée, son symbole sexuel,
Le poussait tout entier vers des transes barbares,
Pareils à des vaudous dans leurs danses tribales,
Avant de profiter de l’offrande charnelle.
Il nourrissait sa nuit de fantasmes maudits,
Il créait en son âme les sublimes interdits,
Dépeçant les humains, les cadavres et les morts.
Après avoir tué, satisfait de ses crimes
Coulaient sur ses joues rouges des pleurs et des remords,
Des sanglots de pitié qui priaient ses victimes...
1377
Il faut pleurer ce Dieu
Il faut pleurer ce Dieu d’infliger ces tortures
A la masse d’humains implorant vers les cieux
Des prières de paix contre un monstre odieux
Qui toujours se complaît dans les cris des blessures.
Je connais ton extase, ô beauté immortelle,
Et je bois à ta source, assoiffé de l’envie
De jouir des présents que compose ta vie
Éloignant au plus loin les souffrances charnelles.
Il est que mon sublime s’inspire de ton corps
Et chasse de son âme ses passions et remords
Refusant l’au-delà qui jamais ne m’inspire.
Je goûterais longtemps les plaisirs de ta chair
Me vautrant dans le lieu du bonheur qui délire
Voyant peu dans l’azur le signe d’un éclair.
1378
Sanctification
Vous pouvez torturer le corps le plus sublime,
Infliger à son sort les horreurs de l’infirme,
Vous pouvez arracher les cris de la souffrance
Et faire hurler son âme jusqu’à la délivrance.
Il est que son génie sait subir de son Dieu
Les terribles douleurs d’un au-delà odieux ;
Il peut à l’agonie supplier cette Mort,
Et convoquer l’Amour d’implorer son remords.
1
Tu peux me torturer et corrompre mon âme,
Me plonger dans l’horreur et sa terreur infâme.
Que je sens dans ma chair souffrir tant de remords !
Une infâme disgrâce serait douce à ma mort !
Mon esprit tourmenté supplie un repentir,
Et son âme en disgrâce implore un long soupir.
1379
2
Que n’aurais-je subi de plus grande souffrance
Que d’avoir vu le jour et cette délivrance !
Que ne puis-je bannir par ma mère enfanté
Le cri de ma naissance à mon cœur infligé !
Tout ne fut que malheur et pauvreté de l’âme !
Et dans ce rouge corps, la noirceur et l’infâme
Le vice et le supplice se confondaient déjà !
3
Fais calmer ton génie, ô mon âme pensante !
Il te serait mauvais d’aggraver ta fureur.
Fais calmer ton génie, ô mon âme pensante,
Adoucis les ardeurs d’un esprit incompris.
Dans l’ombre ténébreuse où règne mon esprit
S’agite un Idéal de vices et de mensonges.
1380
Ce transfert stérile
Un transfert stérile de la capacité intellectuelle vers de
nouvelles données incomprises par l’âme pesante, une
recherche profonde de savoir, cette exploitation intime du
moi interne ! Et le pur Néant, facteur de détresses nocturnes,
d’investigations incompréhensibles, incompatibles avec la
réalité du lendemain !
précoce...
Silence et pluies et brumes vers son Azur vert, amer et
Suicide
Laissez-moi violer mon âme, Hommes de Rien !
Laissez-moi punir cette intelligence qui s’essaie à penser ! Je
veux la réduire au Néant. Elle m’appartient. Elle est mienne.
Je puis décider de son sort.
Clair obscur
Une nuit que je fus dans la détresse sublime, dans la
souffrance que seul le Néant peut abolir, je reçus l’ombre,
1381
l’ombre belle envahie de mensonges, d’insouciance et
d’erreurs. Leurs lumières obscures éclairaient mon âme
d’images impossibles et de tintamarres distincts.
1382
Sueurs sacrées
Qu'ils sachent
Qu'ils sachent mes horreurs, qu'ils devinent ma
possession. Le Mal était de toujours se soumettre à l'extase du
crime, à la jouissance du Dieu.
Cadavre de puanteur, exilé dans l'âme du satyre, moi
l'envoûté, le dominé, j'extirpe ces belles larmes, cris de mes
feux passés, de mon innocence sereine.
Tous ont entendu
Tous ont entendu son cœur frapper contre les murs.
Tous, silence de mort, ont laissé s'accomplir les horreurs dans
son âme.
Comme Dieu applaudissait et se gaussait de son
supplice, il rampait traçant de pierre en pierre son déchirement
fatal.
À chacun de construire son tombeau.
1383
Il te faut hurler
Il te faut hurler, crier parmi les ombres.
N'interdis pas à ton âme de penser autrement. Jette ta
morale coupable de te brimer.
Détruis tous tes Dieux, ton Christ et sa puissance
excessive. Médite-le selon tes sens, et reconstruis-le à ta guise.
Il n'en sera que plus vrai, que plus irréel voire immortel.
Si Dieu
Si Dieu était bon, il n'aurait pas souci de créer des
âmes pour leur faire subir le châtiment éternel. Il voudrait
mieux les rayer de son principe de vie, sachant que par son
système, elles ne subiront que la torture.
Jugement
Cérémonies et sacrifices. Je prosterne mon esclavage
aux yeux des invisibles ; j'observe moi le coupable mes
ignominies et mon vice. Ho ! Soumissions et punitions.
1384
On sublime l'âme, on la torture ; on décide que celui
qui est aimé doit se tordre à nouveau ; j'entends dans mon esprit
le Mort suggérer quelque chose ; j'écoute l'ombre proposer un
autre sort.
Et démonstrations : ils complotent sur mon avenir
devant le spectre de Dieu ; ils confondent mes actions passées
avec mon futur. Faibles jouissances et soupirs, en vérité.
Son âme déchirée
Son âme déchirée souffrira-t-elle encore
Les supplices arrachés dans les cris de la Mort ?
Et son cœur implorant subira-t-il le mal
Quand l'ange du Méchant se fera infernal ?
1385
Suffis-toi de toi-même
supplices de ton âme.
Suffis-toi de toi-même, homme au cœur qui saigne les
Nos deux ombres s'accrochent dans la vallée des pendus.
tournés vers la Mort.
Nous n'étions que deux cœurs qui cherchaient leur amour,
L'aurore bleuit, la dorure fleurit ; commençons par créer le
monde, par croire en notre espoir.
Avec son sexe, il expulse ses tortures. Avec son âme, il
amasse ses horreurs dorées. Il crache son soufre âcre, il boit l'acide
souffrance.
1386
Par-delà le savoir.
La victime du Divin est plus riche que l'aimé de
Satan. Je ne te consolerai pas de tes maux, mais j'embrasserai
tes larmes.
flammes.
Il y a un feu dans le foyer, l'âme danse sur des
Par la magie du savoir, ton esprit tremble. Écoute ce
cœur frémir pour le Bien et le Mal.
Le cœur couleur pensées, lumières ou ténèbres
comme l'âme qui croit et se désespère.
Nous n'étions que des spectres drapés dans les linges
du lit, qu'invisibles formes dans l'ombre des nuits.
corps unis.
Je perce ton sexe jusqu'au néant des orgasmes, âme et
1387
Dédoublement
Il était deux fois, cette âme sortie de son corps ; âme
purifiée élevée vers Dieu. Son souvenir suppliait, souvenir pour
toujours oublié.
Tout Néant et tout Espoir mêlés dans l'inconnu se
partagent le vice suprême d'être incompris. Il n'a pas la
souvenance d'avoir une fois été entendu...
Interdit dans tes douleurs
Interdit dans tes douleurs, tu pleures substance
sublime sur la chair de ton Néant.
Expulse ton sang ; sur les rives du rien, propose ton
sexe ; seul le corps est pour les âmes insensées.
Je te nie, magique fée. Que faire de tes couleurs ? Je
me suffis du prisme. Que dis-tu de mes poèmes ?
1388
Si tu consens à la torture
Du moins si tu consens à ta torture, que ce soit pour
ta purification suprême.
créeras.
Embrasse l'objet du Mal, car seul par le Mal tu
Le vice nuptial est de loi, n'est pas interdit. Le
bonheur sadique est raison du poète, devient l'instrument de ses
dires.
Satisfais-toi d'embrasser la Mort, de la soumettre à
t'entendre toujours. C'est l'Immortel qui se joue pour ton âme,
dans leurs haines.
1389
Douleurs extrêmes
Ô céleste destin
Ô céleste destin insensible aux souffrances
Que subissent les âmes dans leurs vaines espérances,
Mais quels malheurs encore pourrais-tu m’infliger
Moi qui connus l’horreur pour l’avoir approché ?
Cesseras-tu
Cesseras-tu Seigneur, de torturer cette âme ?
De grâce, achève enfin d’infliger tant de larmes.
1390
Couleur sang rouge et noir
Ô combat inhumain ! Ô la sombre tuerie !
C’est l’horreur de la Mort, cette triste furie !
C’est un cœur qui supplie la fin de son martyre,
Une âme purifiée soumise à son satyre.
C’est un corps tuméfié, arraché à son sort
Et qui subit en vain ses vices et ses remords ;
Ses lèvres ensanglantées marmonnent un faible espoir
Et de sa bouche blême coule un sang rouge et noir.
1391
Brouillards
Brouillards de ténèbres
Formes vagues de mes rêves
Vous circulez,
Ombres blêmes de mes nuits.
Sceptres qui s’envolent
Dans les amours folles
Vous priez,
Et les plaisirs s’enfuient.
Formes belles du songe
L’image folle prolonge
Son désir qui prie.
Mais mon âme espère
Ce cœur se désaltère
Dans l’espoir infini.
1392
Que me dis-tu mon âme ?
Que me dis-tu mon âme, âme tant déchirée
Après tous ces tourments tant de fois arrachés ?
Que me veux-tu, mon corps, ô mon corps crucifié
Après tant de tortures, par le Mal, horrifiées ?
Nous pleurerons ensemble les larmes les meilleures,
Rien ne vaut le repos de nos tranquillités.
Le saint
Je pardonne au Seigneur de m’avoir torturé,
D’avoir commandité les souffrances de l’âme,
Mes frères, ses Esprits, m’ont voulu crucifier
Enfonçant dans mon coeur violences et flammes.
Je t’aimerai, Seigneur, suppliant dans mes larmes
La fin de mes horreurs, l’espoir d’un envoûté.
Et je prierai encore un bonheur sans ses drames
Moi qui hurle toujours et qui ai pu douter.
1393
Constat
Ils ont dit : “ Je vous aime ! ” Ils n’ont fait que haïr.
Ils prétendaient m’aider, ils m’ont voulu trahir !
Je souhaitais grandir pour élever mon âme,
Mais ils m’ont torturé et frappé dans les larmes. ”
1394
Sachet d'herbes
Je ne pouvais souffrir
Je ne pouvais souffrir plus grandes déchirures,
Car le mal insoumis me rongeait de tortures.
L’Idéal des Amours allait, tirait ses pleurs
Infligeant au mourant de terribles douleurs.
Il me fallait hurler dans l’horreur de la mort
L’infâme sentiment qui s’arrache du corps
Et qui a infligé à l’esprit purifié
Les tristes sanglots du Soleil déifié.
Sublime vision au Néant emportée !
Ô terreur de mon âme à jamais envoûtée !
D’exaucer
J’ai prié le Seigneur d’exaucer mon espoir
Offrant sur un autel les cris de ma mémoire.
Cependant en retour, de combien de sanglots
Mon âme suppliante a déversé de flots !
1395
Ombres bleues
Un Dieu insensible
Un Dieu insensible aux prières de ses mystiques,
vivant dans un autre espace-temps, là-bas où les heures
s'écoulent rapidement ! Oui, la douleur n'est point ressentie par
la Force Spirituelle.
Un système divin stupide ou inaccessible aux
humains, un système qui réduit l'Innocence à la plus atroce des
souffrances.
Des milliers de questions accrochées comme des
électrons aux noyaux de la matière gravitent ou dansent autour
de son âme.
1396
Prières Phrases Exil
J'ai vécu
J'ai vécu, réveillant le Mal qui croupissait autour de
mon âme. Dans les nuits affreuses, j'ai crié cherchant à le
chasser plus haut, dans l'exil.
Lieu d'épouvante, infernale chambre, pour quel
amour quand chair et corps se consument dans les braises du
Démon ?
L'ombre console du présent, nous étire vers l'avenir.
1397
À une prière
Accablé si bas dans la fange
Le spectre s'anime et danse
Et je subis son mal sanglant
C'est l'union des mauvais sens.
C'est la haine éternelle du maudit
Frappé à coups de fouets
A coups de viols et de noires sodomies.
Quels appels pour soulager mes plaies ?
Dieu est mort, Dieu n'entend pas
Christ est accroché à son crucifix.
Et pleure le torse tendu vers le ciel
Comme la colombe aux ailes de Paix.
Purifié chasse les esprits
Qui rôdent dans mon âme
Éloigne les sales, les infâmes
Qui détruisent mon horrible vie.
1398
Louanges du feu
Une ombre d'ombre
Une ombre d'ombre tentait de me soutenir, débordait
mon désobéir et je sombrais dans le naufrage de mon âme.
Vainement accaparé par mon deuil d'œillets blancs, je
rêve encore à vous peaux sans saignements, roses bouches
d'enfances presque défuntes.
Baigné dans des tempêtes inertes, mon corps se noie.
Qui comprendra ma fin ?
bien.
Il était l'heure, l'heure de mourir. Il ne savait plus très
Ma boisson est plus sûre qu'un écoulement de femme.
Pluie d'or, ou vin rouge.
1399
New Sessions
Endécamus
Ce n'est qu'un lieu dans l'âme impure, et l'être se tord de douleurs. De
l'incendie à l'inhumaine souffrance, d'un cataclysme fiévreux aux feux
injectant leur incarnat de rêve, j'expulse mes atroces secousses rythmiques -
et par ce vent de glaives, j'invoque la destruction des dieux.
Quoi ! Les fluctuations, les tempêtes et les orages empestés ne sauraient
révéler ce travail de haine ? Des cantiques éclairent tout à coup les ondes
purificatrices dans cette harmonie de souffrances et rôdent amitiés
malfaisantes. L'orgasme persécuté, la malice rebutante sous les regards des
treilles concrétisent déjà les horreurs à venir.
Opaque cité, cité pour l'élévation ! Que le temps façonne le pardon de tes
fautes ! Va, toi impassible et fière dans les débris de l'âme inculte. Va à
l'extermination assurée. Ton devoir te l'impose, va !
On réduisit à presque rien l'holocauste dans ce pays superbe. Les paroles du
saint s'évadaient tristement au milieu des comparses délaissés. L'onction ?
La croyance du mythe, qu'en firent-ils donc ?
1400
Folie ou acte de bravoure ? Qu'en ce jardin tumultueux un convive use de
parfums célestes et viole la Muse dilettante assise sur son arbuste ovale !
Ô fruits ! Qu'un spasme enfin s'émancipe loin des contrées de la noirceur !
Que remplis de promptitude jaillissent les chevaux sauvages ! Car tu ignores
la mélodie exacte de ma finitude, et tout mouvement suave de mélange
s'évade hors de ces complaintes malveillantes.
Regarde Endécamus ! Qu'est-ce que la mort quand le Vésuve souffle à
grands gestes dans ta nymphe égarée ?
1401
La foi implosée
Tu déchireras ta tunique pâle et sacrée sous les terrasses mauves.
Apothéoses ! Étoilements des âmes et rejets poussifs !
Un moine convoite toujours l'égarement de son tabernacle - loi passée sur
des enchères spirituelles quand les hôpitaux drainaient l'odeur fétide des
lieux.
La parfaite crucifixion monte, couverte de plaies sanglantes ; encore ton
repos noyé ; le limpide lac entre deux bras de mers ; les lames de ton sabre
happent le nivellement comme les anciennes catacombes ressurgissent dans
les salives boueuses, chemins de haine, et lambeaux de peaux mortes.
Le tragique épilogue divin, versificateur des vertus ! C'est le drame fécondé
de l'esprit de conversion. Pas de doute : l'esprit que tu habites coagule
l'excrément et l'urine bestiale. Il faut, Inconnu, te forger un organe d'acier
constellé de marques violettes. Mais les distensions suffisent à ton
expérience. Tes saillies prouvent que tu as trop espéré. Je t'appelle,
apothicaire des fois jaunies.
1402
Le novateur voit l'inconscient disparaître. Luttent avec tes forces mentales,
une propagande de faces endiablées ! Toujours la chasse crasseuse dans les
panses ténébreuses ! Les mots pincent les tonsurés, et les chocs transitoires
émigrent vers le joug tenace.
1403
Affreux cataclysme
Affreux cataclysmes soumis à des vomissements hideux !
Effrayantes faiblesses infligées à la conquête misérable de l'homme !
Troubadour éternel d'une souffrance vaine dans les rencards
de la maudicité qui crache et vomit les massacres et les horreurs de nos
peines !
Et quoi ? Stupides étroitesses et lugubres tentations
dans la chair impie de la femme ?
Ô mon âme purifiée ! Éloigne-toi de ces vulgaires tentations assassines.
Fuis ces sombres ténèbres. Appelle enfin la Clarté de m'élever très loin
de cette basse médiocrité terrestre !
1404
L'horrible martyre
Que ne puissions-nous régner sur notre âme en paix et en toute
liberté ! Que ne puissions-nous choisir la route à emprunter ?
J'ai essuyé des tornades et des malheurs si vastes qu'un homme sensé
les eut comparés à un horrible martyre. J'ai gémi et je me suis roulé
dans la terre les poings crispés vers le ciel pour supplier ma délivrance.
Le Mal me rongeait plus cyniquement encore, m'infligeant d'effrayantes
souffrances. Et c'était le Néant, le chaos et la peine immense ! Il ne restait
plus rien.
Pas la moindre lueur pour éclairer mon âme, pas le moindre résidu
ou un semblant de vie ! Pas un insecte, pas une fleur, pas un brin d'herbe !
La pierre dure et froide, et l'univers borné et stupide pour reprendre mes
forces.
Tant d'hommes sur cette terre nés pour souffrir ! Combien de crimes
à leur reprocher ? De combien de meurtres sont-ils coupables ? Est-ce donc
cela l'enfer terrestre ? Moi qui croyais mon âme pure et chaste !
Seigneur, qu'un astre nouveau se lève de cette tombe ! Et que j'en cesse
enfin avec cet ignoble supplice !
1405
L’exil du soir
Plus bas, l'exil du soir. Hélas ! tout semble meurtri. Va plus loin et
implore cette divine incantation.
L'œil, l'œil farouche veille. Il s'offre et désire tuer.
Flamboyants couteaux qui ruissèlent de sang. Ô plaies subtiles et
perverses pour l'ultime prostitution !
Les plus vicieuses se prosternent jusqu'aux frontières de l'interdit et
vomissent les soupirs de leurs sens.
À détruire tous ces bas instincts premiers, ces persécutions et ces
tortures sexuelles.
L'homme crache son feu hors de ses entrailles. Visions- visions
d'apocalypse !
L'enivrement s'engouffre dans de monstrueuses orgies et convoite
les plaisirs malsains de la chair.
On se nourrit de stigmates et de plaies, de lambeaux et de pus jaunis ~
déplorables puanteurs !
1406
Des putains endiablées - sortes de sorcelleries et de spasmes avec
meurtres et
Succubes pour l'âme impure pleurent et se roulent dans l'inceste et
l'immonde.
Quelle fuite ? quel exil ? C'est la plongée éternelle accompagnée de
longues dérives.
Coagulés au sang et à l'excrément, les âmes demeurent inachevées.
Éternelles complaintes pour un pardon jamais avancé !
Et quelles images pieuses ? Quels espoirs pour demain ?
Toi cadavre, toi damné, va au feu, va dans l'amoncellement des
cendres de
ton Néant,
va.
1407
Stigmates et déchirures internes
Avec ces marques imprégnées usant ta terrible vigueur divine ; avec
ce
Harcèlement perpétuel que tu subis hélas sous les lumières torves et
déchirantes, quel déplorable esprit de la soumission, quelle jouissance
stérile sous des hurlements de haine et de plaisirs !
Tu te déploies avec ces positions lubriques et dégradantes comme une
fille
Perverse nageant dans de monstrueuses orgies. Tes supplications ne
sont
que de pleutres facilités de la chair et tu délaisses la moindre once de
spiritualité supérieure.
Tu aimes à entendre ces languissants coups de fouet qui s'abattent sur
ton
Ame révoltée mais soumise.
Des flux d'extase illuminent tout à coup comme des torches vivantes
l'intérieur possédé et visqueux de ton âme en délire.
Tu gémis avec l'horreur de la déformation. Tu vis avec cette bestialité
sublime que tu sais battre en toi comme une puissance infinie et
pourtant
1408
invincible.
Tu acceptes cette soif de perversité dont le seul luxe est pourtant de te
nuire. Après la contemplation languissante de ce règne putride, après
ces luttes grotesques et ces hurlements plaintifs, croiras-tu encore
aux
délectations fatidiques, aux hymnes triomphants dans cette caverne
sulfureuse ? Hontes du corps et de la chair à chaque heure du jour et
de la
nuit !
Que restait-il de ces voyages bienheureux ? - Des sentiments blafards
disposés sur des couleurs tonifiées, des fluides d'extase répandus dans
une mémoire à jamais délaissée. Étaient-ce de magiques scintillements,
des flammes neuves ou des flambées exaltées ?
Elles prolongeaient l'excessive satisfaction dans des cruautés mêlant
les symboles et les cruautés du soir. Elles permettaient d'exister pour
fuir le futur d'un chaos, et leurs forces appliquées étaient dispersées
avec ferveur. Fiévreux amalgames de rêves pour des privilèges et
des libertés soumises.
C'est vrai : j'ai aimé ces violences foudroyantes et ces explosions
impossibles pour fuir l'immense quête du Néant ou l'insignifiance du
Temps et de la raison.
1409
C'était prétendre en la suprématie du corps sur l'idéal de la pensée
rêvée. Il ne reste qu'une déchirure interne que le temps saura
cicatriser.
La folie perverse
Encore cette folie perverse qui s'oppose à l'âme pieuse ! Encore cette
persécution cérébrale pour détruire l'orgueil de mes vingt ans !
L'inconscient que tu vénères te dénigre à présent. Homme seul et
oublié, tes plaintes et tes supplications resplendissent à la porte du
Moi. Se mêle et s'entremêle l'Angoisse dans ta ténébreuse nuit.
L'Angoisse explose pour des néants d'extase ! Va vomir tes crachats
et tes assassinats où ta putréfaction est insoutenable. Tu m'offres les
portes secourables pour un éternel pardon. Toujours des plaintes
caverneuses avec échos et faux semblants !
Les pensées qui amèrement ont pourri iront-elles se jeter dans le feu
de l'Inconscient ? Iront-elles nourrir une terre déjà grasse et fertile ?
Un Inconnu y pense à mes dépens.
1410
L'huile fraîche
Que le délassement assombrisse
Que le délassement assombrisse les pensées élevées !
Que l'or battu parmi les treilles inonde les pages de
transparence ! Que l'orgueil envoûté par un maléfice inhumain
use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! Oh !
Qu'une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse
emplisse mes veines !
Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves
de la déportation. Il nous faut être bien nés dans la solitude, - là
est la dernière image de l'amour ! Vies de l'âme, ingratitudes
des râles, la volupté est bénie encore. La volupté contemple le
monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du
moi.
Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux
présage de l'enfant, dit l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.
1411
Les rayons suprêmes
Les rayons suprêmes se détachaient sur des trames de
couleurs. La raison tremblait dans l'âme du pauvre. Bientôt les
valeurs délicates furent trempées dans de la cire avec un sceau
royal pour effigie.
Point de mesure. Le décor condamnait l'hôte à toute
délectation. Une montagne à venir ? Non, le contour ! Non,
l'attente ! Non, le repos ! Il fallait marcher plus vaillant que la
mort, plus fort que la paix.
Mais pourquoi transformer l'acte fécond en images
saillantes ? Pourquoi, grandir dans les louanges, sombrer dans
le théâtre de l'imagination ?
1412
Opaque cité
Opaque cité, cité pour l'élévation ! Que le temps
pardonne l'existence de tes sens ! Va, toi impassible et fière
mourir dans les débris de l'âme inculte. Va à l'extermination
assurée ! Ton devoir te l'impose, oui, va !
On détruisit l'idée de l'holocauste par ce pays
superbe. D'un saint, les paroles s'évadaient tristement parmi les
comparses délaissés. L'onction, la croyance, le mythe, qu'en
firent-ils donc ?
Ô fruit qu'un spasme émancipe, que la gratitude
jaillisse sur tes chevaux sauvages ! Car tu ignores la mélodie
sans fin dans le mélange de nos plaintes merveilleuses !
1413
L'impossibilité
L'impossibilité de régir tout acte contrôlé,
l'insouciance d'une exploitation misérable, l'acharnement
parfois stupide dans la continuation de la tâche, - une faiblesse
reconnue en quelque sorte, voilà en trois points l'existence
bénigne d'Hortense. Pourtant point dépourvue de savoir ou de
bon sens, elle divaguait dans un engrenage visqueux, comme si
une force dirigeante agissait en son nom, je devrais dire en son
âme. Quoique d'une nature exemplaire, j'entends guère
trompeuse, elle dérivait comme un voilier sans voiles offert aux
vents et aux courants.
Être à bord, savoir que l'on dérive, et être impuissante
à contrôler le bateau, - vie d'Hortense !
1414
Qui donc du cerveau
Qui donc du cerveau infécond que l'esprit aime
Fait jaillir des monstruosités et des charmes ?
Quel humain, quelle bête à l'étincelle suprême
Proposerait le diamant comme la flamme ?
Ce rarissime exploit en qui vit la nature
Et croît à chaque instant, diadème nouveau,
Rassemble les méfaits en sublime mixture,
Et grave son empreinte sur le cœur de mon sceau.
Qu'un Dieu, un jour superbe, couronne ma faible tête
De cascades de lauriers pour ces œuvres stériles !
Pour descendre mon âme au niveau de vos bêtes
Aurait-il vu en moi un serviteur débile ?
La nuit, la nuit obscure foudroie contre mes tempes
Des feux bouleversants détruisant mon salut.
Ces douleurs incisives, ces souffrances latentes
Me condamnent à la mort, moi qui ne parle plus.
1415
Offert aux rêveries
Offert aux rêveries d'un suicide, regardant
L'astre décliner lentement dans les cieux,
Ton ombre veut maudire ce paysage odieux.
L'éveil d'un chant difforme, excessif pour ton corps
Qu'on oublie TOUJOURS, solitaire des nuits, des jours
N'est qu'un refrain perdu quand ton crachat s'endort...
Et lourde d'amertume, l'âme chancelle au vent,
Suit indolente et faible les noirs frissons d'hiver,
Suit la flamme douceâtre qui brille dans les temps !
O l'oeil fécond tourné vers les vives ténèbres,
L'amour endeuillé, ivre sur tes lèvres détruites
Pousse un convoi royal, majestueux, funèbre !
1416
Confession
Une nuit que je cherchais miséricordieux
À captiver mon songe en mille tourments heureux,
Si pure et nue au bord de ce rivage
La divine beauté remarqua mon hommage ;
Alors que j'entonnais aux puissantes infinies
De suspendre leur vol et de poser ici
La douceur éclatante d'une âme tumultueuse,
L'accalmie s'inclina, et pour les lèvres pieuses
Qui suppliaient encore la grâce et le pardon,
La grâce fut accordée pour sauver ma raison.
1417
Ô solitude morne et plate
Ô solitude morne et plate qui envahis l'être
d'admirables torpeurs ! Jadis tu m'étais inconnue... Pas un
souffle de faiblesse pour respirer le calme mortuaire, la
langueur et le déroulement infini du temps.
Comme je soupèse le bonheur de l'homme seul, sa
survivance profonde dans l'âme insondable ! ... J'interviens
posément et goûte le luxe de la répartie. Je laisse confusément
comme un monotone fleuve dans le cours de ses eaux, la folie
sereine s'emporter vers des paysages perdus.
En amont, une source pure et claire que des
montagnes chérissent avec tendresse. En aval, la beauté
majestueuse, l'épanouissement de la pensée.
Eaux calmes, quand le silence règne en moi, comme
je voudrais pour toujours m'endormir...
1418
Un éternel recommencement
Un éternel recommencement comme puisé aux
sources mêmes de la vie, des chutes étonnantes semblant
mourir dans l'abîme infini de l'âme, des vibrations soumises à
une excitation durable :
Les méandres de la pensée conservent presque
religieusement toute la saveur extrême de leurs nombreux
secrets.
Parfois tumultes incontrôlés, souvent miroir irréfléchi
de ce moi étrange, je ne me déplais pas de posséder les
admirables accidents qui contiennent ma personne et se jouent
de moi, pauvre conscience.
1419
Miroirs de l'âme
Miroirs de l'âme, encriers de nos cœurs, quand
pouvons-nous respirer calmes et paisibles les odorantes fleurs ?
Le rêve se pâme d'atrocités et pousse nos désirs
jusqu'à des désespoirs toujours plus humiliants.
La traîtrise activée par un feu intérieur, resplendit
davantage, et le soir est mourant.
Esclaves d'hier, comme je condamne vos paroles !
Esclaves de demain, entendez ma miséricorde !
Martyrs défigurés par les liqueurs fourbes, aigles
royaux ou loups des cavernes, pourquoi accepter cette torture ?
Pourquoi la haine de tout un peuple ? Pourquoi les floraisons de
toute une forêt et pourquoi la barbarie gravée sur le sceau de
l'homme ?
1420
C'est un spleen
C'est un spleen qui renferme toute la nostalgie d'une
lueur sublime, une douloureuse faiblesse de cœur recueillie
dans la solitude, morne solitude près du feu pétillant de la
cheminée, où le seul ami est peut-être encore cette bouteille de
vin rare et ce verre de cristal.
Glacial amour, amour tendrement chéri, amour rêvé,
amour volatilisé que la fantaisie de la femme reproduit
inlassablement comme pour retenir son idéal, comme pour
retenir le temps !
Et la dernière lueur du brasier s'est plu à mourir. Ce
n'est plus qu'une lumière douceâtre qui baigne la chambre
décorée de bibelots rares et de meubles fort anciens.
Ce n'est plus qu'un désir impossible qui resplendit
encore dans l'âme d'Agathe. Ce n'est plus qu'une douleur
inconsolable qui vit dans le cœur d'Agathe.
Enivrée par le nectar, elle s'endort entourée de
somptueuses étoffes posées nonchalamment sur le divan
superbe.
Parée de somptueux bijoux, l'œil hagard et livide,
1421
soulevant d'une main nonchalante quantité de soierie déposée
sur le divan, elle rêve des délicieuses soirées passées chez les
De Busy.
Et des images tenaces, toujours martelant son âme
voyageuse s'amoncellent les unes contre les autres comme une
pellicule de film inlassablement répétée.
Et dans ses souvenirs voués déjà à l'ennui, elle
multiplie les scènes, grossit les visages, et espère embrasser
dans cet amoncellement de détails, l'instant unique et sublime
que son esprit s'était juré de ne jamais oublier : le regard
saisissant du jeune homme aux yeux foncés, tirant vers un
marron extrême, - ce regard de feu exprimant toute la force et
l'intrépidité de la jeunesse conquérante. Oui, malheureuse,
presque envoûtée par ce sourire d'ange, par cette bouche suave,
elle éternise son évasive rêverie sur le caporal blond.
1422
Un idéal songeur
Un idéal songeur où la seule fortune de l'esprit
consisterait à grandir des images pieuses comme issues d'un
Livre d’Écritures, où la seule tentation de l'âme serait d'usurper
et de drainer dans sa propre logique les pensées éparses qui
s'incrustaient dans les parois de son esprit. Une expérience en
soi unique, vécue en autarcie suivant des lois internes et
presque rationnelles, tel était le souhait, ô combien désiré
depuis sa tendre enfance par Magisture.
Élevé dans une famille peu soucieuse d'instruire et
d'imposer une éducation stricte et conventionnelle, il
grandissait dans une liberté complète, pouvant à chaque
moment décider de ses agissements. Jeunesse heureuse et sans
contrainte, Magisture chérissait ses parents avec tout l'amour
qu'il était permis de posséder à cet âge-là.
Mais son rare ennemi, si ennemi était, inquiet de la
faible rigueur parentale était un oncle qui visitait deux ou trois
fois dans l'année, pendant les fêtes importantes, la maison des
Ursus.
De quelques années l'aîné de Madame Ursus, il ne
pouvait s'empêcher de déplorer l'éducation trop peu conformiste
dont un enfant en bas âge jouissait.
1423
Des remarques subtiles et des cris d'alarmes
moralisateurs, telles étaient les seules conversations qui
jonchaient les interminables repas. Ces derniers se
poursuivaient fort tard dans la nuit jusqu'à des heures avancées
qui faisaient bailler de rage la pauvre Madame Ursus.
1424
J'expérimente le salut
J'expérimente le salut. L'incandescence - abstraction
faite de miroitements - conspire et soulève mon âme comme un
péché obscur dont on se joue cyniquement.
Et partant de l'idée que l'incrédule est maître du
royaume, je me plais à découcher l'insanité profonde qui
resurgit du fond de mon esprit.
Hélas cette projection spécifique n'est que le gouffre
inné, toujours vierge de mon inconnu.
Du néant se métamorphose le Néant. Je confesse
l'impuissance dérivée de sa charge primaire. Mais est-il
nécessaire qu'il puisse surpasser le doute et vaincre la
supercherie ainsi déclamée ?
Ignorance, - tel est le mot, ignorance !
1425
Pour l'ombre de toi-même
Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges
Dans le pur infini de ton morne délice.
Et battrais-tu de l'aile ? toi tourmentée tu sondes
Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...
Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,
Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !
Sous le déchirement de l'éternel carnage
Un mage déployé venait et fécondait !
Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,
Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.
Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,
Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,
Du pur consentement toi tu vas et regagnes,
Les mâtures inventées, les vagues et les drames !
1426
Que le délassement assombrisse
Que le délassement assombrisse les pensées élevées !
Que l'or battu parmi les treilles inonde les pages de
transparence ! Que l'orgueil envoûté par un maléfice inhumain
use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! Oui,
qu'une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse
emplisse mes veines !
Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves
de la déportation. Il nous faut être bien nés dans la solitude, - là
est la dernière image de l'amour ! Vies de l'âme, ingratitude des
râles, la volupté est bénie encore. La volupté contemple le
monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du
moi.
Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux
présage de l'enfant, dit l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.
L'importance de l'enjeu n'est qu'une égratignure - une
morale deux fois millénaire. Le tout s'étale dans la stérilité.
Voilà où vous en êtes, - à détrousser, sauvages ! Quel mépris
bestial ! Je parle de catastrophes, mais personne n'entend.
Ho ! Non ! Point de chorale céleste ni d'entendements
rugueux ! L'observation se soucie de l'amitié de l'homme. C'est
1427
reconnaître la légitimité déplorable de vos actes que de pleurer.
Et je pleure, je pleurerai encore !
Ce n'est qu'un point
Ce n'est qu'un point dans l'âme impure où l'être se
tord de douleurs. De l'incendie à l'inhumaine souffrance, d'un
cataclysme aux feux injectant leur incarnat de rêves, j'expulse
les secousses rythmiques, et par ce vent de glaives, j'invoque la
destruction des Dieux. Quoi ? Les fluctuations, les tempêtes, les
raisons amputées ne sauraient révéler un travail de haine ?
Des cantiques éclairaient les ondes purificatrices dans
cette harmonie de douleurs, les amitiés malfaisantes rôdaient.
L'orgasme était persécuté, la malice débutait en ses heures sous
le regard des treilles, avec l'espoir des marches à venir.
Opaque cité, pour l'élévation ! Que le temps pardonne
l'existence de tes sens ! Va, toi impassible et fière mourir dans
les débris de l'âme inculte. Va à l'extermination assurée ! Ton
devoir te l'impose oui, va !
1428
Jadis je resplendissais
Jadis je resplendissais lumière sublime dans des
cavernes ténébreuses. La mémoire, la pensée, les actes par
lesquels, je vis et me consume, célébraient chaque jour les
insondables paroles venues de l'imaginaire.
D'une plume vacillante, une écriture serrée semblait
la conséquence d'un état fiévreux, noircissait de signes étranges
une page encore vierge. J'écris car la main se mouvait avec zèle
sur le rectangle inculte ! Oh ! Point de prétention ! Non ! Mais
cette magique aptitude était preuve de force et de puissance en
moi.
Un dédoublement de l'esprit inexplicable et effrayant
! Un effort considérable, puis une chute terrible, - une agonie !
Vidée de sa substance vivante, morte, épuisée dans un combat
où le seul vainqueur était l'incertitude, l'âme s'engourdissait
vieillard impotent, s'éteignait dans un sommeil de mort.
Parfois, aux premières heures du levé, surgissant de
ses cendres, c'était une nouvelle bataille, un dernier souffle
avant la fin suprême. Et des cadavres s'amassaient horribles et
déjà putréfiés, exprimant toute la douleur et toute la sauvagerie
de la Compagne. Des corps déchiquetés, des enfants massacrés,
d'autres enfants naissant dans un ventre ravagé, et d'autres
petits fœtus avortés, et soigneusement conservés dans des
1429
bocaux d'alcool ! Ho ! Somptueuse image !
Le Germe et la Semence
Encensée dans l'alcool
Encensée dans l'alcool qu'accusent nos chimères
Et vomissant son feu aux blafardes lueurs,
Son âme possédée supplie qu'une prière,
Éclaire la mortelle et tremblante demeure.
Si veule et infectée de macabres lumières
Quand elle est appauvrie de pertes répétées,
Ne supplierait-elle pas la funèbre misère,
Repos lugubre et sceau de l'immortalité !
Un démon se souvient et exhausse ses vœux,
Vomit cyniquement la tentation divine,
Et arrache despote son cauchemar heureux.
Dans les blêmes ténèbres, au plus noir désespoir
Dans la prison humide, crispée de transes sanguines
L'âme violée se meurt un peu plus chaque soir !
1430
Énorme sacrifice
Énorme sacrifice voué aux maléfices,
Aux regards flamboyants des Dieux ! Et mémorable
Faiblesse qui suait l'alcool quand les prémices
Et les regards livides scrutaient le misérable !
Ô rappel éternel d'une souffrance vaine
Qui, métamorphosée par le jeu des amours,
Crachait et vomissait ses labeurs et ses peines,
Qui était désespoir et désespoir toujours !
Candeur dans l'étroite et affreuse liaison
Quand serpents et venins se pâmaient dans son âme,
Quand meurtres et fureurs, lugubres tentations
Se mêlaient dignement au parfum de la femme !
Et le cœur qui s'engouffre dans les chaudes ténèbres,
Et les lèvres tétant le sang des assassins,
Bouillons d'écumes et soufre en ces veillées funèbres,
Ô la chair déchirée dans ses noirs intestins !
1431
Prolongement
Avec ce pâle essai, le sourire enfantin
Propose d'une plume un clair regard éteint,
Mais son âme obscurcie par de sombres ténèbres
Achève noires ses stances dans sa chambre funèbre.
Ce jeu tel un sépulcre baigné par ses lumières,
Amas de morts qui tremble d'une main cavalière,
Prolonge dans mes veines le pur sang des apôtres...
Sont-ce pensées déçues où le génie se vautre ?
Mais j'entends supplier maint rêve bestial
Déployé sous un joug ombrageux !
Qu'il dérive
Ignoble frère, au jet d'écume et d'ombre
Que d'un regard malsain lèche la croix des autres !
1432
Offert aux rêveries
Offert aux rêveries d'un suicide ; regardant
L'astre pur décliner lentement dans les cieux ;
L'ombre maudit ce paysage mélodieux !
L'éveil d'un chant difforme, excessif à ton corps
Qu'on oublie toujours, solitaire des nuits, des jours,
Est refrain modulé quand ton crachat s'endort.
Mais lourde d'amertume, l'âme chancelle au vent,
Suit indolente et perdue les noirs froids d'hiver,
Suit la flamme douceâtre qui brille dans le temps.
Alors mon œil tourné vers les vives ténèbres
Et l'amour craquelé sur tes lèvres détruites
Poussent un convoi royal, majestueux, funèbre.
1433
Immolée sur les plaies
Immolée sur les plaies sanguinaires des suicides,
Soulevée par la pure vengeance des Dieux marins
Dans sa candeur, violée aux furies de ses eaux
Rejetée par les vents sous les courants torrides
Même dans la bravoure, la vague rejette l'épave.
Mais affreuse et tremblante presque morte déjà ivre
Dans les excès de fièvre sous l'ardeur de l'été
Transparente parfois mais libre sur les mers
O Beauté vénérée derrière les larges terres
Mon âme désinvolte, accablée de remords
Quand sur toi le malheur, repose, que faut-il faire ?
Alors vers quels plaisirs dans l'univers fangeux
Faiblesse de conquêtes, ô sœur de l'infini
Détourner de ce joug, l'impossible grandeur ?
Règne, siècle, frayeur ! Ame promise, que faire ?
1434
Ébauche d'une plainte
Enflammant les souvenirs lugubres et sanglants,
Rien en sa haute voix attachée à mon sort
Par son sublime amour, le pur commencement,
N'extirpera, ô bouche, un monstre sacré d'or !
L'insouciance sertie qui vole en ses demeures
Est prise, sœur charnelle de désirs obscurcis,
Elle usurpe et délasse aux forêts de ses nuits
De floraisons diverses et noires pour que je meure ! ...
Toi, réelle douleur de mon âme, si la seule fin
Entame comme un fruit de plaisir mes faiblesses,
Pourquoi grandir ce feu intime jusqu'à demain ?
Jamais écho interne respiré par ce cœur
Ne pourra soulager ces soupirs de détresses !
Mais il est tard, déjà ! Prends l'horrible labeur !
1435
Ne veux-tu pas, mon âme
Ne veux-tu pas, mon âme, sur la couche béante
Comme un désir sans fin activer mon ardeur,
Respirer contre moi la sensation latente
Dont disposent la nuit les raretés du cœur ?
Dehors, tout est sinistre. Tout arbre semble mort.
Si ce n'était la brise tourmentée par ce vide,
Tout le peuple agonise et la foule s'endort.
Je n'aime point courir sur les murs de la ville,
Aspect trop délabré des cités reconstruites.
Le ventre s'y resserre à chaque instant fébrile !
Reste là dans mes bras. Oublions les douleurs
Qui couvrant nos orgasmes maintes fois avortés
Rappellent au masque noir la marque des splendeurs.
1436
Alors que l'heure consume
Alors que l'heure consume sa lumière dernière
Et que de tous ses feux maintes fois obscurcis,
Il naît près de son lit la rumeur incendiaire ;
Alors que l'heure est infime, vengeresse en ses nuits,
Détruit la fleur de l'âge aux croyances divines,
On entendrait hurler tel vieux rêve ennuyeux
Son exploit tortionnaire, porteur des airs sublimes ;
Le chant maudit et rance a sonné dans le creux.
L'âme meurtrie, trouée jusques en ces méandres
Abdique telle un charnier de sa sanglante mort,
Poussant encore le chant de l'agonie des cendres
Est ombre inanimée dans le lit de son sort.
1437
Mais vaines car ces piteuses
Mais vaines car ces piteuses œuvres sont déjà
promises à des yeux avides de connaissance, à des curiosités
malsaines, désireuses d'exploiter la grotte merveilleuse de l'âme
sublime du poète !
Des notes décortiquées pour essayer d'extraire un
sens exact, et des accords de syllabes rompues ! De superbes
alchimistes en proie à une mixture nouvelle pour des
découvertes consentantes, oui !
1438
La faible survivance
La faible survivance respirée en nos cœurs
Comme un mal infini a possédé nos âmes.
Ce ne sont que sévices imprégnés de saveurs,
Et des lutins stériles en usurpent et se pâment.
Interdits d'amour-propre, diffusant de leurs mains
Les stigmates enfoncés jusqu'au creux de la chair,
Ils cambrent la faiblesse de mon ministre saint
Moi génie torturé, redescendu sur terre.
Extrait
Quoi ! Des formes pourtant, émulsion des rêves
Dont l'âme détourne le bruissement, achèvent
La vaine réalité entre ses murs noirs !
1439
Je suis la mort
Je suis la mort pernicieuse des débauchés,
Des fantasmes, des rires.
J'invoque les Dieux qui promettant
La noirceur de mes dires,
Aiment ma superbe somptuosité
Se moquant de l'encens !
Douce veuve juvénile
Sache la grandeur de mon âme
Où le feu crevant la puissance sacrée
Me nomme déjà Maître auprès des cieux.
Sache l'extrême hauteur de mes chants
Qui m'appellent grand maître,
Qui m'appellent Géant !
Sache ! ...
1440
FRANCK LOZAC’H
Fonctions mentales
Seconde partie
1441