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Fonctions mentales Seconde partie 1 441 pages

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FRANCK LOZAC'H

FONctions mentales

Seconde partie


FRANCK LOZAC'H

LA CITé INTéRIEURE

2


PREFACE

La Cité intérieure est un ouvrage de synthèse formé de tous les recueils

de Messages qui s’étalent sur une période de deux ans - 95 et 96, et formé

également de tous les recueils de Résonances s’étalant sur la période 97-98.

Douze recueils ont donc été exploités, synthétisés, prélevés pour obtenir

cette étrange mosaïque de réflexion imagée concernant l’activité intime du

poète.

Dans son introduction à La poétique de l’espace Gaston Bachelard pose

la pertinente question sur l’origine phénoménologique des images.

On nous demandera peut-être, pourquoi, modifiant notre point de vue

antérieur, nous cherchons maintenant une détermination phénoménologique

des images. Dans nos travaux précédents sur l’imagination, nous avions en

effet estimé préférable de nous situer, aussi objectivement que possible, devant

les images des quatre éléments de la matière, des quatre principes des

cosmogonies intuitives. Fidèles à nos habitudes de philosophe des sciences,

nous avions essayé de considérer les images en dehors de toute tentative

d’interprétation personnelle. Peu à peu, cette méthode, qui a pour elle la

prudence scientifique, m’a paru insuffisante pour fonder une métaphysique de

l’imagination. À elle seule, l’attitude “ prudente ” n’est-elle pas un refus

d’obéir à la dynamique immédiate de l’image ? Nous avons d’ailleurs mesuré

combien il est difficile de décrocher de cette “ prudence ”. Dire qu’on

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abandonne des habitudes intellectuelles est une déclaration facile, mais

comment l’accomplir ? Il y a là, pour un rationaliste, un petit drame

journalier, une sorte de dédoublement de la pensée qui, pour partiel qu’en soit

l’objet - une simple image -, n’en a pas moins un grand retentissement

psychique. Mais ce petit drame de culture, ce drame au simple niveau d’une

image nouvelle, contient tout le paradoxe d’une phénoménologie de

l’imagination : comment une image parfois très singulière peut-elle apparaître

comme une concentration de tout le psychisme ? Comment aussi cet événement

singulier et éphémère qu’est l’apparition d’une image poétique singulière,

peut-il réagir - sans aucune préparation - sur d’autres âmes, dans d’autres

cœurs, et cela, malgré tous les barrages du sens commun, toutes les sages

pensées, heureuses de leur immobilité ?

Au chapitre VIII de la poétique de l’espace, il esquisse admirablement

le problème de l’immensité intime :

L’immensité est, pourrait-on dire, une catégorie philosophique de la

rêverie. Sans doute, la rêverie se nourrit de spectacles variés, mais par une

sorte d’inclination native, elle contemple la grandeur. Et la contemplation de

la grandeur détermine une attitude si spéciale, un état d’âme si particulier que

la rêverie met le rêveur en dehors du monde prochain, devant un monde qui

porte le signe d’un infini.

Par le simple souvenir, loin des immensités de la mer et de la plaine,

nous pouvons, dans la méditation, renouveler en nous-mêmes les résonances de

cette contemplation de la grandeur. Mais s’agit-il vraiment alors d’un souvenir

? L’imagination, à elle seule, ne peut-elle pas grandir sans limite les images de

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l’immensité ? L’imagination n’est-elle pas déjà active dès la première

contemplation ? En fait, la rêverie est un état entièrement constitué dès

l’instant initial. On ne la voit guère commencer et cependant elle commence

toujours de la même manière. Elle fuit l’objet proche et tout de suite elle est

loin, ailleurs, dans l’espace de l’ailleurs (1).

Quand cet ailleurs est naturel, quand il ne se loge pas dans les maisons

du passé, il est immense. Et la rêverie est, pourrait-on dire, contemplation

première.

Si nous pouvions analyser les impressions d’immensité, les images de

l’immensité ou ce que l’immensité apporte à une image, nous entrerions bientôt

dans une région de la phénoménologie de la plus pure - une phénoménologie

sans phénomènes ou, pour parler moins paradoxalement, une phénoménologie

qui n’a pas à attendre que les phénomènes de l’imagination se constituent et se

stabilisent en des images achevées pour connaître le flux de production des

images. Autrement dit, comme l’immense n’est pas un objet, une

phénoménologie de l’immense nous renverrait sans circuit à notre conscience

imaginante. Dans l’analyse des images d’immensité nous réaliserions en nous

l’être pur de l’imagination pure. Il apparaîtrait alors clairement que les

œuvres d’art sont les sous-produits de cet existentialisme de l’être imaginant.

Dans cette voie de la rêverie d’immensité, le véritable produit, c’est la

conscience d’agrandissement. Nous nous sentons promus à la dignité de l’être

admirant.

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Dès lors, dans cette méditation, nous ne sommes pas “ jetés dans le

monde ” puisque nous ouvrons en quelque sorte le monde dans un dépassement

du monde vu tel qu’il est, tel qu’il était avant que nous rêvions. Même si nous

sommes conscients de notre être chétif - par l’action même d’une brutale

dialectique - nous prenons conscience de la grandeur. Nous sommes alors

rendus à une activité naturelle de notre être immensifiant.

L’immensité est en nous. Elle est attachée à une sorte d’expansion

d’être que la vie réfrène, que la prudence arrête, mais qui reprend dans la

solitude. Dès que nous sommes immobiles, nous sommes ailleurs ; nous rêvons

dans un monde immense. L’immensité est le mouvement de l’homme immobile.

L’immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille.

(1) Cf. SUPERVIELLE, L’escalier, p. 124. “La distance m’entraîne en

son mouvant exil.”

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Pourtant il ne s’agit pas ici uniquement d’images consacrées à l’espace

intérieur. Il s’agit également de considérations conflictuelles entre un Moi

pensant, évoluant et un Moi critique condamnant la situation analysée. De cette

violence est sorti un nombre considérable de poèmes et de textes que l’on

pourra découvrir au fil des pages.

Les derniers endroits de l’ouvrage recèlent des fragments à caractère

philosophique où l’influence de Martin Heidegger ne saurait être minimisée.

Franck Lozac’h

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STUCTURES DEMISES

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Messages I

Labyrinthe

J'étais dans une de ces recherches où l'espoir n'a pas les moyens

d'exister, ou seuls l'impossible et le néant pénètrent. Mon investigation

poétique était nulle, et je n'obtenais aucun résultat. J'abandonnais ce terrain et

laissais à d'autres ces étranges servitudes. L'avenir de trouver m'était retiré.

Pourtant quelque fois, une brise illuminée venait caresser mon visage comme

pour me dire : Ne te désespère pas. Investis encore. Investis.

Je m'imposais à découvrir avec une force renouvelée, avec une

véhémence nouvelle. Je tentais encore de pénétrer des secrets dont l'essentiel

tenait dans de l'impalpable et de l'inexpliqué.

Peu s'essaient à comprendre, à violer. Ils préfèrent conquérir sans la

peine. C'est parfois à la jeunesse de tenter dans sa source d'accéder au delta.

Qu'ai-je réellement compris ! Peu de chose, mais je cherche encore.

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Pénètre-la

Pénètre-la au plus profond de la chair ! Impose-toi à creuser ! Peut-être

y trouveras-tu la substance de l'esprit subtilement cachée ?

L'homme s'exhale

L'homme s'exhale inexorablement.

L'homme dont la recherche interne est de comprendre. Il se nourrit

d'autrui, s'instruit de l'inconnu et tente par l'alchimique effort de réduire,

d'étendre, d'élever.

L'homme qui use de prémonitions, d'avenirs proches, se plonge dans le

passé, et se construit de l'intérieur.

Aux uns, l'insignifiance de la poésie. Aux autres la sublimation du

verbe.

Offrir cette création, orienter la lumière, pour qui ?

Nous tentons stupidement de plaire, mais la clé de la métaphore est

seulement accessible à l'élite.

Nous superposons des dimensions et des espaces les uns sur les autres,

nous franchissons des portes au-delà de l'audace et pénétrons dans l'invisible.

Mais qui pour nous suivre ?

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Je pris ta divine lampe

Je pris ta divine lampe et enfermé en moi-même, je pensai : "Heureux,

fils, heureux, je connais la voie."

Le ciel était plus pur quand je partis empruntant la route éclatante de

lumière, je parlais en ma chair et disais : "Inspire-moi, ô sublime puissance,

mon feu intérieur s'éteint et va mourir".

La pensée intérieure

La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet d'idées

remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce vaste dôme :

Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui jaillissent

comme des boules multicolores,

Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères,

Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et

incompris,

Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables,

Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade,

Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,

Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se draper

de signes lumineux :

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Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes qui

respirent les parfums aériens,

Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de mouvances

là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.

Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en vint.

Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible d'ombre, de

néant.

Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ? J'entendis une

rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de l'esprit.

Parle-moi, ô fille ! Est-ce toi ? Fille de l'agonie ? Tu n'as pas de voix ?

Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les ronces, des

habits déchirés,

Il y a ta chevelure d'or.

N'y a-t-il pas de bouleversantes femmes qui tourbillonnent sur l'herbe

sacrée, dans l'essaim vert et les feuilles d'or ?

Je crois entendre des cris là-bas de femmes claires qui circulent vers

l'aube chantante.

Non, il n'y a pas de mort, il y a la vie au bord de cette source aveuglée

pourtant.

La beauté est difficile à voir. Je la cherche près de la source, loin des

ruelles. Elle brillera peut-être dans la nuit immortelle.

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Me voilà à présent assis sous l'arbre de tourmaline, quémandant

quelques explications, tandis que de superbes vierges s'offrent voilées de

mousseline.

Mais quelle importance ? Pour quelle utilité ? En moi-même se construit

cette géométrie interdite de poète, cette volonté mathématique de chiffres et

d'invisibles structures. Hélas, Hélas ! Ce n'est qu'un mirage.

Voici la nuit saignante avec ses tessons de vers, ses corps de poignards

dans la rose écartelée, voici la nuit avec cette fille de fleur qui hurle, et son sang

gicle et se répand sur sa robe blanche.

Voici la nuit avec ses lumières de laser coupantes, avec son silex

moderne et ses invisibles douleurs,

Voici la nuit qui arrache, qui écorche,

Le poète souffre, hurle, plonge dans la poussière et supplie.

Faut-il ramper ? Faut-il gémir ?

Quelles possibilités nouvelles pour que l'esprit inventif s'élève plus pur

encore, pour que flammes et incendies irradient l'intérieur du crâne, pour que source

et images viennent féconder l'univers spéculatif ?

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Un esprit de génie

Un esprit de génie qui conçoit prend des risques. Ses rumeurs et ses

chocs l'éloignent du commun des mortels. Il est un incompris. On le fuit, on

l'évite, mais parfois l'on peut être ébloui.

L'homme pense, évalue, transforme. Et cette tête pleine est immense et

difforme. Il s'abaisse parfois et cause avec les plus humbles de la pluie. Mais

c'est un souffle puissant qui mugit en son crâne.

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Perçus dans l'esprit

Perçus dans l'esprit

Des sons curieux, incompatibles,

Bruits plutôt que phrasés, parlés

Et assourdissant la pensée,

Échos perturbateurs et monotones

Que la conscience offre puis cache,

Et enfin détruit, efface.

Sans s'associer, ils se répondent.

Les uns accrochés mollement aux autres,

Ils sont syllabes cacophoniques,

Expressions indistinctes.

Là, au fond de la cervelle

Les sons résonnent

Et veulent voir le jour,

Puis hésitent, se refusent pour disparaître.

Le poète chemine, attrape et tente

De saisir l'instant.

À peine se sont-ils offerts

Subrepticement, qu'il marche

Dans son âme, précipice, miroirs

Et sources renouvelés de mots inconnus.

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Je fuis

Je fuis ce moi-même,

Je m'envole loin de cette phrase décadente,

Concept et proposition d'autrefois.

Les mots s'assemblent mal,

S'intègrent mal les uns dans les autres.

Et le réservoir de sonorités, de syllabes

Où je plonge mon esprit

Est lavé de coups douteux,

De solutions discutables.

Je voudrais creuser

Aller au plus profond de la terre, de ce moi

Aux racines des synapses

Dans l'inconnu du langage.

Devant mon frontispice, il y a les volets

De la conscience, toujours en éveil

Constamment en attente,

Possédant une patience de prisonnier.

Il y a l'intérieur,

La pensée associée à la vitesse.

Qu'espèrent-elles ? Que peuvent-elles ?

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Le langage désire,

Le langage parie et refuse.

Je rentre encore en moi-même,

J'apparais là tout au fond.

Je suis spectre, hallucinations,

Gaze inconnue et

Volonté délétère.

Là encore est le vide

Avec ces doutes, son écriture fantoche,

Ses incertitudes,

Ses images ridicules et détestables,

Ses risques.

Je nage dans les images

Et l'oeil retourné veut puiser dans la mémoire,

Puis des cloches, des sons,

Cela semble une rumeur et des crissements,

Cela semble vouloir parler,

Est-ce prodige ? Est-ce gain ?

Oui, je suis dedans, je vis à l'intérieur

Est-ce l'oeil de la conscience ?

Puis le silence, le vrai silence

Silen rien.

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Le lac de mots

Ma mémoire ? Une réserve,

Un réservoir sans fond, ni dimension

Aux contours indéterminés, vagues et abstraits.

L'oeil est à l'intérieur, il observe,

Tente de comprendre cette masse lourde et épaisse

Où nagent parfois des résidus de mots.

J'apprends à me débattre, je devrais faire Christ

Et marcher sur moi-même.

Donc je dois aller du point A au point B

Sur ce lac stupide de mots

Sans couler, sans me noyer.

J'observe ces syllabes confuses qui grouillent

Comme des vers sur une plaie sanglante.

Ce lac est ébullitions épais et flasque.

Des sons comme des bulles d'ombres ou ocres

Sautent ici et bas, et se gonflent pour éclater.

Je vais puiser dans cet amas indescriptible

Pour en extraire des signes.

Je vais m'en gargariser.

Non, l'eau de ce lac ne se boit pas.

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Alors qu'en faire de tous ces mots ?

Les quérir avec une épuisette

Et les assembler pour obtenir un poème ?

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Femme bleue

Femme bleue dans les airs

Seule, idéalisée, impossible

battements.

La pensée cherche

Le coeur espère

Brûlante d'immobilité

D'extase bouillonnante tourbillonnante

Elle s'élève sans pleurer

Parmi les hautes fleurs de fille.

Elle est

Éclatante dans la lumière du jour

Vaste espace que sillonnent des mots clairs

Elle s'épanouit devant mes yeux,

Bondit sublime d'irréel

Je conçois mon éternelle,

La vois très nettement

J'évolue dans mon imaginaire.

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Espace

Espace

Espace mien

Qui voltige, tourbillonne

Se pense, s'engendre et jamais ne cesse

Au plus profond de ma chair,

Est-ce un monde

Qui conçoit, qui écrit ?

Qu'est-ce ?

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La jeune fille

La jeune fille sublime et inconnue traverse la raison, se perd dans mon

esprit, et confuse, alerte ou libertine cherche un endroit pour se cacher.

Pourquoi désire-t-elle couvrir sa nudité quand nul, à l'exception de mon

oeil interne, ne peut l'observer. Subrepticement elle s'empare de mon silence, et

tente de s'en vêtir comme d'un pagne.

Je la vois, je ris de sa gène et je lui offre quelques légers brouillards

confus de la raison dont elle s'habille rapidement. La voilà qui sourit, qui

s'esclaffe et offre un premier chant à mes oreilles caressées.

Elle évolue dans une attitude d'un pas de deux, sensible et légère. Mais

il est des actions, des gestes et des comportements que je ne puis comprendre.

L'ensemble parfois me semble incohérent, saugrenu et irresponsable. Je m'en

amuse pourtant...

Elle circule à présent dans les méandres de l'interdit, se glisse, semble

fuir et disparaître pour revenir nourrie de fantasmes nouveaux, de possibilités

audacieuses... Voilà donc sa culture ! Voilà ce qu'elle reçoit et ingurgite sur le

chemin du risque...

Mais oui ! Tout à coup, je comprends : elle quitte mon âme, jaillit par

mes yeux, bondit sur le sol et se dimensionne, comme par un effet magique, en

quelques instants, à l'échelle de la femme - là devant mon regard ! Sa nature

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humaine m'étonne, mais je m'engaillardis, la saisis par la hanche et la fait

tourbillonner sur elle-même afin que le personnage puisse renaître et se

comporter comme ma raison l'avait imaginée.

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Dans la pensée obscure

Dans la pensée obscure de ma raison défaite, il m'oublie, il se cache

comme un serpent de verre qui apparaît, qui disparaît.

Enfoui en moi - je connais pourtant son nom - il est là timoré, fourbe,

vicieux et parfois sexuel - il attend pour sortir que la nuit commence (il faut

déterminer par quels moyens l'inspiration poétique, sa soeur, conception

absurde etc. se manifeste).

Eh oui, enfoui en moi, soupirant, noir comme le charbon dans ma

cervelle stupide, la tête toute fécondée d'espoirs nouveaux, j'attends, l'éveil du

souffle de vie...

Qui est-il ? Où est-il ? Pourtant je sais qu'il se terre. J'entends même les

premiers suintements de syllabes prononcées. (Quand tu es absent, je me crois

libre. Le suis-je réellement ?)

J'attends comme l'enfant. Je m'angoisse de cet instant. Je déteste ce

moment construit sur l'éphémère et sur l'insignifiant.

Puis sonal, sonnerie en quelque lieu de délice, du cœur de ma cité (-

vérité d'image comprise ou refusée par le lecteur ?) l'obsession Baudelairienne

travaille les âmes poétiques... Tu vois, je ne dormais pas, j'espérais, j'attendais

seulement.

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Je prends donc ce support de poésie en forme de rose de Pasolini, pour

tenter de produire, mais que puis-je ?

Agacé, dans la pensée sombre, j'emprunte quelques mots, quelques

idées. Je ne les couche pas en italique. Puis comme une muse qui s'épanouit :

"Est-il satisfait de ce que tu obtiens ? Poursuis... continue...".

Concept ridicule par le travail d'autrui

Médiocre moi-même qui cherche toutefois

Concept rêvé par la pure intelligence

Que je ne possède pas, que jamais

Je ne posséderai.

Forêts de lettres, masses touffues d'images,

Comme je cherche pour ne rien découvrir !

Je n'ai que cela ? Hélas ! Hélas ! Toutes ces pertes que je subis comme

je voudrais les récupérer et travailler sérieusement. Être comblé de bons

résultats, et non pas de cette abjecte stupidité ! Quelle idée de suffisance ! En

qui puis-je espérer ?

Mes recherches poétiques ? A quelles raisons ? Vers quel avenir ? C'est

encore un prétexte de faiblesse, de ridicule et d'insignifiance.

Peu et très mal, - très faible. Rien, rien et rien.

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Tout en soi-même

Tout en soi-même, il a cherché

Souhaitant extraire,

Ou pénétrer au plus profond,

Désirant se délecter

De sa propre substance

Il pensait s'endormir

Dans l'ombre immense de sa chair

Reposer dans un lieu de bien-être et de quiétude

Le temps disparaissait

Inutile d'angoisse et de crainte

Son être s'épuisait

En secondes lourdes de jouissance

Son être était apaisé

L'âme était dans le corps

Le corps était dans l'âme

L'esprit voulait-il revivre ?

La raison se dresser, penser

Et encore exploser

Beauté transparente d'idéale ?

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Dans l'inconnu où naît l'impalpable

Où commence l'insignifiant,

Le grain de sens s'écoulait

Pour aller se baigner dans sa source claire.

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Mots

Mots, impossibilités d'associations, de combinaisons défuntes, tirés de

la cervelle féconde, tentatives difficiles du langage, entre les bons coups et les

risques insolites, solutions accumulées sur la page stérile, qui veulent

s'enchaîner les uns aux autres.

On cherche, on s'épuise, on croit découvrir et cela semble peu, cela

semble ridicule. Mais comment penser autrement ? Trouver d'autres exigences.

Insistance de cette raison où éclatent des offres poétiques. Cervelle

nourrie de laitance d'autrui après avoir malaxé ce vrac de syllabes.

Puis cette armée de substantifs, pronoms, verbes dans ordre et désordre,

petits soldats obéissants ou cavaliers solitaires.

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Mots extraits

Mots extraits, tirés de quelque néant, là tout proche, qui semble éloigné

pourtant. Combinaisons audacieuses ou insolites qui se croisent ou s'encastrent

en une phrase parfois. Les solutions s'enchaînent, semblent former une ronde

organisée par la main du poète. Ainsi se conçoit l'acte sublimé dans sa

petitesse, dans sa grandeur aussi.

interne.

C'est geste solitaire d'une plume habile qui prétend animer un dialogue

Tu organises un songe et tu veux y régner.

Accède à l'impossible.

Nourris-toi de la chair sublime du poème !

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Messages II

Parler avec soi-même

Par la fente on observe

L'instantané passer

Comme des particules en suspension

Dans un rai de lumière.

Il y a l'imperceptible presque,

L'inaudible, l'improbable et le doute

Qui s'entrecroisent, se juxtaposent

Et tentent de cohabiter.

Au-dedans, il y a des sortes de tentacules

Légères, invisibles et silencieuses.

Elles préfèrent délicatement les propositions offertes.

À l'extrémité de leurs doigts sont des yeux

D'une acuité visuelle extrême,

Ils touchent, voient et palpent,

Refusent ou prennent.

À quelles raisons, décident-ils ces doigts ?

Qui ponctionne, qui retire ou exploite ?

À l'extérieur, on peut supposer

Qu'il y a un front, sorte de muraille,

D'épaisse Carcassonne. Mais dedans ?

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Là des idées changent de formes

Sont acheminées, transmises

Par un dialogue intérieur,

Par une activité électrique encore inconnue.

D'autres d'espèce chimique

S'évaporent, disparaissent pour s'associer ailleurs.

C'est donc échos, lumière déversée,

Brassages d'images, fluidité de désirs,

Maîtrise temporelle, échappée de seconde

Segments, fragments de bouts, de propositions,

Associations contrôlées, libérées.

L'esprit extrait des mots, des groupements.

Qui fusionne, qui combine ?

Les ressemblances épousent l'analogie

Et le contraire se juxtapose rapidement.

Le mensonge tire son origine de la vérité,

La vérité tend vers la sagesse poétique.

Parler longtemps avec soi mène à quelque chose.

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Nuit

Nuit

Comme un front rempli de torpeurs

De lumières sombres, d'accidents éblouissants.

S'éloignent, s'entrecroisent les feux

Et les phosphores dans les miroirs de la raison.

Encore la sainteté avec pureté d'ailes blanches,

Avec écrasement et douleurs infinies.

Le ciel ouvre les murs

Et apparaissent les Dieux, Beauté et Beauté.

Retours au travail, en soi, par autrui,

Par Eux, par la blancheur spirituelle.

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Je suis sans être

Je suis sans être, épanouissement de mon néant,

plénitude de mon vide.

Puis je plonge dans ce lac de pensées

Où grouillent confusément les perceptions du langage,

Où les grondements entendus

Par l'alchimique opération

Se transforment en cristal de musique.

Apparaissent les vagues successives d'analogie,

Images dérisoires ou sublimes symboliques.

Les concepts et leurs contraires participent

À la construction du raisonnement.

Les symétries, les parallèles

S'entrecroisent et s'imposent.

Jusqu'à l'effacement final

Pour la mort du poème.

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L'écho

Je suis infiniment rien,

Je plonge dans le néant.

Au-dedans de moi-même,

Je perçois un lac de mensonges.

Le vertige porte mes pas.

J'écoute une parole conçue et pensée

Par l'imaginaire, par la raison, par la folie.

Les mots pensent pour moi,

Je suis l'écho qui projette une rumeur.

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La cité intérieure

Environné d'espoirs

Souffle immense de rumeurs

Grandes silhouettes impalpables

Alors je pense, j'entends

Je conçois

Les perceptions sont irréelles

Inaudibles - tout se fait et se défait

Autour de moi.

Donc j'avance dans mon centre

Dans ma pensée circulaire.

Oui, j'avance

Au milieu des graines illuminées

de phosphore, de néant

de certitude et d'imbécillité

J'avance de manière sereine.

J'entends un murmure plaintif

Y a-t-il bourdonnements d'images ?

À présent je produis quelque peu

Je tire des signes

Un espoir est planté dans la cervelle

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comme un drapeau noir sur blanc

comme des signes sur une feuille de papier.

Le poème s'élabore.

Voilà,

Dans ma ville poétique,

Je réveille les néons,

Quelques lampes s'éclairent

Je prends en moi, je vole à autrui

Je déambule sur les traces de mes idées

bric à bric d'étincelles

Maintenant je marche

à droite, à gauche, je décris ce que je vois.

Façade belle de femme,

serrure de sexes

odeur de salpêtre

Oui, comme une statue de marbre

puis portique, comme intérieure

Va-et-vient du passant

balance, oscillations

et toujours ces silhouettes

formes impalpables, inexplicables

mais présentes

Je cherche dans cette rue l'extase

Mes yeux chavirent, brillent,

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miroirs captivants.

L'avenir toujours est interne,

occulte, sous un flot de transparences

sous des folies de merveilles

Il brille de femmes, de feu, d'orgasmes

Tout se mêle, se dissipe, se recrée

dans la grandeur du Temple

On entend des voix monter, supplier,

quémander,

On entend des gémissements

l'âme se plaint, interroge et veut jouir

comme une fille en rut dans l'épanouissement.

Les souffles lentement s'éloignent.

Me voilà à nouveau titubant

cherchant

un principe absolu qui m'échappe

qui m'égare.

Au milieu des réverbères,

je tiens ma lanterne

allumée de certitude

certitude ?

A rire

Me voilà couvert de la cendre des étoiles !

37


Je cherche un nouveau quartier

un lieu où l'être comprendrait

sa durée, son génie, son invention.

Une porte pour l'être ?

Non ! une voie sans issue

je cherche encore

donc j'écris.

Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,

va puiser dans la mémoire quelques possibilités

la ténacité persiste

elle ressasse et veut exploiter.

Au centre de la place,

il y a un jet d'eau,

un arbre fluorescent,

est-ce pensée suprême

est-ce coeur de la ville ?

J'avance à grands pas

dans la cité solitaire

Les immeubles couvrent de leurs ombres

le seul passant hagard que je suis.

Je cours mais je me crois immobile

je suis comme soufflé, aidé par mes pensées

pourtant je n'ai pas même l'impression

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d'avoir marché.

Je crois être resté moi-même,

au même endroit...

Le temps semble le même,

et instable à la fois.

Oui, j'écrivais donc

à la lumière de ma cité

dans le dédale de ma raison

en absolu de croyance

en certitude d'éternité

et de prétention.

Ainsi j'achève l'acte,

le mouvement de mon propos

avec conscience de perte

et de faiblesse

avec l'espoir de chasser l'infamie.

Je me parle encore, mais l'autre dort.

Entends-tu ? Non je dors.

J'avance dans le noir, seul.

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Inspiration

À peine éveillée, encore endormi, j'écoute cette masse inerte de

conscience qui balbutie des sonorités, qui propose des images douteuses.

Ma pensée est ankylosée, elle se meurt lentement comme un ivrogne

rempli de mauvais vins. Mais elle se plaît de cette fatigue, de cette langueur de

reptile allongé au soleil. Ou mieux, elle flotte dans les relents du langage.

J'entends un mot qui me parle comme un écho. Puis j'entends un autre

mot différent. Je tente de les associer les uns aux autres dans ce dédale de

vocabulaire, dans ce vacarme de nuit bleue. Oui, j'essaie.

m'arrête là.

Pourtant je me crois dans un désert d'images, l'immensité de ma stérilité

40


Question

Pensée

Pensée

qui se conçoit sans cesse

qui se nie et s'engendre

qui s'associe et se perd

dans l'espace de ma nuit

mot qui cherche mot

qui circule dans l'imaginaire

je veux mêler, faire fusionner,

engendre, croiser

de nulle part doit venir l'espoir

de gain de conquête

de résultat positif

Est-ce poésie que de supposer ainsi ?

Qu'est-ce alors ?

41


Sound and music

J'entends passer des sons

du brouhaha confus

qu'il faut purifier,

Je les vois parfois ces volumes d'intensité,

ils sont sphériques

et renferment des idées

Je suis l'intermédiaire,

une sorte de mauvais médium

J'entre, je suis dedans

Je peux m'entendre,

les sons viennent-ils de moi ?

Je carambole comme un joueur de dés

Il y a cascade d'aigus, de clairs

architecture d'éclatantes de graves

La belle harmonie consiste à placer

aux bons endroits,

à organiser - toujours organiser

en couplage, en tierce.

Je cherche le silence

42


il ne s'invente pas

Je veux construire

dans cet espace, le mien

Tout se situe dans l'esprit

Il faut trouver encore

un principe d'harmonie.

43


Sphère de mots

Tu évolues dans une sphère de mots. La fille aux lèvres belles toutes les

nuits, s'exhibe nue et lancinante à ton bureau. Quand ta bouche parle, elle

commence une transe sexuelle, retirant de manière vicieuse ses habits. Elle ne

garde que ses cuissardes noires. À tes pieds, elle supplie. Elle apporte des

lances, des sagaies, des armes, t'implore de la tuer.

Toi, tu ne sais que faire. Elle est belle, brune aux lèvres rouges. Elle

ressemble à la femme de Putiphar et tu te prends pour Joseph.

Il y a autour de toi, il y a... Non, il n'y a personne. Tu l'entraînes dans

ton lit. Des ombres te fixent. Tu feins de les ignorer. Tu la prends, la tords. Tu

exploites tous les chemins qui mènent à la jouissance, dessous, dessus, dedans.

Tu bois la coupe de feu. Elle n'est pas innocente, elle est chair et aime. Tu te

reprends dans ses viscosités, dans ses méandres luxueux, de poils d'odeurs

entremêlés.

Sur ton sommier, elle est araignée vicieuse, géniale, tu te répands, tu

jouis, tu expulses, tu dictes ce que tu veux écrire. Tu te sers de l'image. Tu

évolues dans une sphère de mots.

44


Couloirs, couloirs

Couloirs, couloirs désespérés de la raison

Où l'on court pour fuir sa folie

Portes ouvertes, portes à défoncer

Obligations, interdictions.

Il y a des chambres, des bibliothèques,

Des lieux de plaisirs, de prières

Chaque ouverture débouche sur une mémoire

De soi, d'autrui, de social.

Dans la chambre poétique

On ne joue plus aux cartes

Mais des bijoux de femmes se pavanent sur des sofas

Il y a chairs de chevelures

tumultueuses et ébouriffées

d'araignées blondes.

A la sortie du rêve

après avoir franchi la limite du front

l'oeil extérieur m'éclaire

me propose d'autres images

De lumière, de sang, d'orage.

Je prends, j'exploite,

j'écris entouré d'ombres

45


il n'y a nulle chair vivante

je marche là autour du bureau

j'écrase les idées, je les piétine

comme un raisin moyenâgeux

pour en extraire du vin.

Il est transfiguré, il est sacré

Sa chambre se situe au centre du monde

La pensée s'y nourrit avec joie

L'esprit s'éveille la nuit

L'esprit l'embrasse

La beauté lumineuse est

transparente de vérité

la certitude dit : oui.

Les scorpions, les rats, les barbelés,

Les épines dans la chair, les piquants

Les feuilles d'exorcisme, les crucifix

L'architecte, l'espoir du penseur

Le fils inconnu de l'église

L’oint civil

le voyant lave ses yeux

Les murs transpirent d'invisibles

de morts

46


Les souffles pourris des ombres

de vice et de honte

circulent dans les airs.

L'intelligence veut instruire l'homme

le temps est ennemi

Il entrevoit, désire obtenir

la gloire de n'être pas

Il hait cette stupide nécessité

de vivre.

Aimer est Dieu

comme deux amants qui se supposent

qui se savent, qui se sont vu

Le désir élève vers l'au-delà

la raison voltige

tourbillonne et s'envole

L'homme subit l'esclave du mal

Il ne peut s'en défaire

La cruauté est l'immense dominateur.

Le réel n'est pas tangible

Qui croirait ?

Qui accepterait de croire ?

47


Rien, nul fantôme.

Tout est mensonge

et fausseté,

évidemment !

Il y a masse de violence blanche

non, ceci est imagination.

48


Je suis dans l'invisible

Je suis dans l'invisible, je suis dans l'impalpable. Pourtant je croise une

ombre qui épouse une Personne et je la vois flotter là en face de moi comme un

songe monstrueux composé d'un univers de morts. Puis un oeil me fixe,

faiblement éclairé par une lumière interne.

49


Tombeau caché

Toujours vers moi

jusqu'à déplacer ma main

pour produire

L'instant qui court

m'échappe

quels que soient les chemins

que j'exploite.

Je leur préfère ma sérénité cachée

Tu peux me faire disparaître

Mon avenir est en moi-même

au plus profond de mon esprit

J'accède au point ultime

La lumière est bien à l'intérieur !

Ma parfaite négation

saura me détruire

pour me faire oublier

de tous.

50


Le marcheur solitaire

Je n'étais cette nuit-là qu'un esprit qui pense

Aussi la concentration était sereine

Au centre de la raison

Je me mis à poursuivre l'image qui fuyait

Fade coureur, je chutais sur moi-même

Je m'étalais toujours plus en avant.

Venues d'un toit invisible, des bulles de mots

Poussées par le vent

Plongent soudainement dans ma pure certitude

Des roses noires porteuses de pensées

Les accompagnent

Elles désirent convaincre ma volonté. De quoi ?

Me faut-il deviner ? Je dois savoir.

La chute légère d'une bulle caresse l'eau,

Enivre ma raison de questions insensées.

Je m'éveille au milieu de sensations douteuses

Et je poursuis mon investigation

Cherchant vers l'avenir.

Le sentier de l'audace est là, un peu plus loin

Vais-je l'emprunter ?

Audace ! Comme je préférerais le survoler !

51


Je réfléchis, j'hésite, que faire ?

J'entendis s'éloigner une ombre peureuse,

Était-ce l'image qui fuyait ?

Je décidai de m'en retourner,

Je regagnais le centre de la raison

pour enfin dormir.

52


Lumière

Tout s'éclaire :

La pensée est à l'intérieur

Légèreté vivante

J'existe dans mon espace,

là est ma demeure

L'ombre des morts

est remplie de vide

est perte funeste.

Dans le ciel de ma raison

je délimitais mon cercle clair

nourri constamment par mes dieux

espérant une consolation.

Que seront les livres ?

Quel avenir sous mon soleil ?

53


L'éclair de sel

Dans l'éclair d'une pensée obscure

Une solution évidente

Fracasse la voûte de ma raison.

Je protège ma tête

Entre ces vastes mains qui écrivent.

Sans aucun doute une sonorité

Venue du préconscient...

Utile pour quel poème ?

Fallait-il qu'elle me réveillât

Sur la portée de l'inspiré

Au terme d'une image

De fausseté, de dérisoire ?

Ne pas critiquer est acte de sagesse...

Prends ta cervelle, écoute-la

Poète à la réflexion ridicule !

Ce signal zébré dans ton ciel

Mille fois recommencé

N'est pas un espoir tari

Mais une étincelle nourrie de sel

À l'avenir certain.

54


Messages III

L’insomnie

impétueux.

L’insomnie de la nuit circule dans ma cervelle comme un long fleuve

La pensée reste constamment en éveil, semble se plaindre et demande à

se poser à une raison sur un support viable.

Ou ce sont encore des vagues successives cherchant à regagner un

rivage qui se dessine avec difficulté.

Il y a un gardien du songe prêt à exploiter sa mémoire pour accommoder

des mots ou des solutions d’écriture. Il est là ce vigile de minuit zélé, capable

de bondir.

Des possibilités auditives ou vocables cherchent à monter assourdies ou

cristallines, et cela se compare aux accords d’un orchestre avant le premier

mouvement.

Je n’entends pas de voyelles, mais je perçois des mots, des sonorités,

des claires, des aiguës associées à des consonnes pour former des coups

musicaux.

55


L’alphabet est déjà constitué. Des productions se conçoivent sous le

front, et la bouche articule et mastique ses aliments.

Elle pense, elle espère

Elle pense, elle espère, s’élève, se foudroie, se détruit et renaît. La voilà

sur la pointe des pieds, fille sautillante, légère et vagabonde. Je l’appelle Idée, -

belle dans sa nudité, recouverte d’un voile.

Elle pénètre l’esprit, elle va vers l’intérieur, atteint cette espèce de

masse noirâtre qui bouche l’horizon. Mais elle plonge pourtant dans cet amas

visqueux et glaireux là où l’intelligence refuse de s’aventurer. Parfois des jets

lumineux semblent bondir de cet étonnant réservoir où le retour de l’homme

paraît impossible. L’obscurité y règne. Parfois encore des souffles mugissent

comme pour venir y chercher une respiration, puis ils replongent pour

disparaître dans les profondeurs.

Pourtant cette fille s’éloigne et atteint les premiers rocs rougeoyants.

L’oeil fasciné du poète la regarde aller toujours plus loin, vers l’intérieur.

56


Je marche

Je marche sur de la matière endormie, point de formes, à peine quelque

masse supposée ici ou là. J’avance pied droit, pied gauche. Alors jaillit à quatre

pas de moi, une sorte de geyser vert et jaune. Étonné, je recule. Dans ce jet,

apparaît une femme d’abord lumineuse et fluorescente. Lentement la couleur

change et devient bleue. Cette femme, qui bizarrement correspond à mon idéal

de beauté, s’étonne, s’observe et commence à se déplacer, à tenter de vivre. Là

voilà à présent tourbillonnant sur elle-même, et riant de ses belles dents toute

nacrées. Elle danse ou se plaît à bouger. J’observe sa plastique puisqu’elle est

mienne. Sa nudité l’amuse. De temps à autre, elle me regarde et semble dire :

“Voilà, je t’aime. Je suis Elle, l’as-tu compris ? Me veux-tu ? Je te dis que c’est

moi.” Elle se balance, cherche l’équilibre entre le désir et la retenue. Ce n’est

point une représentation audacieuse que me joue la raison, car elle est femme et

existe vraiment. Du moins je veux le supposer. La raison du poète est souvent

mensongère.

C’est la parfaite idée que je puis avoir de ma moitié, - oui, femme

perpétuelle dans la mémoire d’un songe, qui naît de l’intelligence et se met au

service de la sublimation poétique. Oui, belle et vivante, pensée de l’intérieur,

flamme de feu et de sang.

Toute composition idéale est naissance encore renouvelée.

57


L’imagination

Il m’était difficile de soupçonner mon imagination capable de n’offrir

quelque chose d’utile ou d’efficace. J’étais à l’entrée de mon âme et prétendais

l’aptitude créatrice creuse sans possibilité d’élévation. Cela paraissait faible,

relativement ridicule là devant mes yeux, sans le moindre soupçon d’image ou

d’idée. Je décidai de faire demi-tour.

Alors apparue l’irascible femelle, souveraine de mes misères et de mes

splendeurs, femme fatale au collier noir, cruelle et dominatrice, comme

suppliante et implorant je ne sais quoi. Pourtant je refusais de lui demander de

se justifier.

Cette frénétique salope, ce bourreau sexuel était là à quémander selon le

raffinement de sa sensualité supérieure. Elle se voulait domestiquée, soumise à

mes superbes connaissances et désirait mon esprit de vouloir l’instruire.

Dans la mémoire d’hier, vacillaient encore des fantasmes de bulles

claires, de filles-serpents, de femmes-loups. Elles étaient ligotées à ma potence

de chair érectée.

Alors je me suis vu grandir, bondir hors de ma raison et regagner le pur

lac de mon enfance où j’ai commencé à vivre.

58


Pas assez creusé

Pas assez creusé, pas assez cherché, encore, au plus profond, en soi. Je

ne suis qu’une ronde pénétrante, qu’un homme de l’ombre qui descend,

descend, qui remonte et n’extirpe rien d’utile. Je poursuis ma folle plongée.

Etc.

Dis-moi, stérilité

Dis-moi, stérilité, pensée façonnée par le temps, ne veux-tu pas

descendre au plus profond pour y extraire de la lumière, une étincelle de vie, un

brouhaha de paroles pour qu’enfin jaillissent des grandes feuillées dans le

vagabondage de la raison ?

Ne jamais dormir, constamment réfléchir les yeux ouverts vers

l’intérieur pour rêver de femmes dansantes, de soleils éclatants, de souffles

exaltées. Etc.

59


Messages IV

I

J’ouvre l’oeil intérieur

Apparaît la femme

errante et nue

bondissante et dansante

Elle lutte avec le tigre

s’éprend du taureau

supplie le serpent

Des agneaux s’enfuient là-bas dans la brume.

II

Le ciel condamne la bestiale.

Une sainte approche vêtue de pureté,

c’est une pluie de soie dans le miroir invisible

Mille éclats explosent

Hurle la pécheresse

qui se tord dans le feu

et retourne à la poussière.

60


III

Emmuré en soi-même

pour accéder à l’éblouissement

Je conçois de l’intérieur

Je produis des pensées

Je capte des couleurs

Des sonorités aiguës ou violentes

s’accrochent aux parois des oreilles

Les signes d’abord amorphes et volatiles

se cristallisent

dans la réserve de mots

Bouche d’intelligence

qui ne malaxe que du mensonge

Luminosité qui éclaire les caractères

de l’inutilité.

Oui, l’ensemble se combine

pour éclater en splendeur

de pacotille

de ridicule

de poésie

Je fuis mon ombre

j’avance dans la certitude

61


au milieu de forêts fantomatiques

évitant les constructions invisibles du souffle

D’autres éléments défilent

Je les embrasse en tâtonnant

Sont-ce des vérités ?

Sont-ce des images ?

Dans cet espace personnel,

je ne fais que penser.

62


Pensées souveraines

Pensées souveraines

Déployées sur mon front

Par des certitudes poétiques

Se construit l’écriture

Les doigts agrippent le calame

Obéissant encore

Obéissant et disciplinés

Le mot poursuit le mot

L’accompagne, le devance,

L’entrecroise

La main questionne l’oeil :

Produire ou attendre ?

Des spectres d’images

Commencent à apparaître

Par la féerie créatrice

La feuille lourde exige une soeur pure

La page remplace la page

63


L’œil intérieur contrôle

Phare toujours ouvert

Cherche en toi,

La nuit s’illumine de mystères !

Pensées souveraines

Déployées sur mon front

64


La phrase

j’en cherche une autre

Je fuis cette phrase insipide

Les mots apparaissent çà et là

dans des clignements d’yeux

Ils essayent de briller

pour que je les capture,

les saisisse papillons de fortune

Puis ce sont des flux et reflux de syllabes

accompagnés de sonorités bizarres,

aiguës, agressives

Tout se situe dans le front

la pensée s’y répand

elle essaie constamment d’accorder

le signe d’encre avec l’idée

l’imperceptible se mêle au perçu

le pressenti à l’insoupçonné

le langage balbutie,

L’écriture se conçoit

hésite,

65


et propose d’étonnants babillages

Je cherche à converser avec moi-même

Je navigue bêtement baigné de doutes

La vérité n’existe pas

L’image, l’inspiration, les chiffres :

Tout est trompeur

Jusqu’à ce bruit sourd,

sorti d’une sorte de chaos

qui bourdonne dans ma cervelle

J’espère encore

observateur à l’oeil inversé

obtenir une autre phrase

de qualité cette fois

66


Les pensées, ces fleurs

Je pénètre dans l’âme

Sur le jardin poétique

qui ouvre

Les pensées semées

ici et là

s’élèvent et tournoient sur des tiges invisibles

Elles se balancent à droite, à gauche

tombent et se meurent

Elles essaient de tenir sur cette page

pour produire quelque arôme

parfumé de charme, enivré de liberté

de délicat et de subtil

Elles ondulent en mouvement imprégné

de grâce et de douceur,

se ploient et se déploient lentement

tourbillons légers

ballets de fleurs

Elles sont le poème

que nous ne parviendrons jamais à écrire

67


Les paroles parfaites qui échappent à l’inspiré

Elles sont cet autre chose

imperceptible et irréel

Elles sont ce que la plume nous conseille de dire

ce délétère, ce soupçon évadé

à jamais enfui.

68


Éblouissements de nuit

Éblouissements de nuit

nous voyons sous l’invisible

des traces de vérités phosphorescentes

nous y montons, y descendons

Tout se situe à l’intérieur

cherchons encore

La pensée coupante tel le diamant

pourfend la chair,

la déteste,

détruit le corps

Le temps, éclair ou éternité

s’immobilise dans l’âme du poète

qui est violence, qui est colère

foudre jaillissant des yeux

Idole se détruisant,

admirant son génie

contemplé de personne

méprisé de tous,

69


Toi qui te vois et t’observes

priant ton propre soleil

lion et force rugissante,

es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ?

as-tu rencontré d’autres soleils ?

Certitudes de minuit

nous prions ensemble

dans l’ardeur et le feu du savoir

L’esprit nourrit sa pensée

de gerbes fluorescentes

La lumière embrasse des présences

pour disparaître oubliée

dans une forêt de syllabes et de phrases

70


Une existence d’effacement

Être sans être

dans un parfait silence

dans l’épanouissement du néant

au-delà du principe temporel

dans l’éternelle immobilité de la seconde

où se développent, vivent,

naissent et disparaissent

des bulles de syllabes,

sublimes confusions de langage

C’est encore la construction d’images

pour le vide intérieur

où la symétrie côtoie le déséquilibre

où la mémoire bondit constamment

C’est le soleil noir sans aurore

sans éclipse ni clarté

ni crépuscule

C’est exister dans un monde d’effacement

71


La cité intérieure

A la lumière de ma certitude,

la nuit pénètre dans ma demeure

sa forme blanchâtre caresse

les constructions invisibles

Je descends au plus profond du silence

essayant dans l’opacité de l’avenir

d’accéder à quelque délire

L’ensemble des signes souhaite

élaborer un poème

Des architectures sont en mouvement

sur les structures de la pensée

La puissance de l’esprit

échafaude leur montage

Un refus de la conscience les atomise

en un laps de temps insignifiant

Des briques sur des briques

flottent, se posent, s’installent

72


Un ciment vulgaire grossier de et de ou

par ses propriétés grammaticales

cherche à solidifier l’ensemble

compressant les images

J’erre donc sur un liquide épais

pour en extraire une essence

Je pénètre l’âme des poètes,

j’en tire leur génie

je m’applique à les imiter

avec plus ou moins d’aptitude

Je flotte sur leur catafalque de gloire

ma richesse est délétère

faite de vibrations émotives

Rien ne résiste,

tout s’envole, s’enfuit,

Nuages... nuages

Constamment, incessamment,

se croisent et s’entrecroisent

dans le miroir de l’invention

des figures inouïes

73


à l’édification de l’œuvre

L’ensemble participe

Est-ce œuvre ? Monticule de livres ?

Cela se situe dans le front

c’est un hymne de syllabes

qui mugit sa puissance ou son délire infini

Vapeurs, tourbillons, nuées, chevauchées et fuites,

voilà ce qui se passe

dans la cité intérieure

74


Il n’y a pas d’issue

Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec

l’aura de mes pensées.

Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je

me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ?

Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.

Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre

du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau.

La nourriture de la mémoire s’y est déversée.

Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! que

personne ne lira, que Dieu connaît.

La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soimême

comme une toupie qui cherche.

Où suis-je ? Où en étais-je ?

J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va

disparaître. Je le sais bien.

75


Il n’y a pas d’issue

Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec

l’aura de mes pensées.

Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je

me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ?

Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.

Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre

du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau.

La nourriture de la mémoire s’y est déversée.

Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! que

personne ne lira, que Dieu connaît.

La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soimême

comme une toupie qui cherche.

Où suis-je ? Où en étais-je ?

J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va

disparaître. Je le sais bien.

76


Vaste labyrinthe

L’âme est un vaste labyrinthe où des pieds sonores courent et circulent.

Je les écoute caché dans l’ombre. Je les espère comme des talons aiguilles de

femme, et ne vient : qui est-elle ? Est-ce ?

C’est bien dans l’âme une étrange confusion de sons, d’ivresse,

d’espoirs et d’imagination fantasmatique.

77


Messages V

A personne

Je ne lègue à personne

Ma part de poèmes, de rythmes

Qui s’élaborent dans mon désert

Enfermé en moi-même

Au plus profond de l’exil

Nourri d’imaginaire

Sans contradiction, mais sachant

Évidence immuable

L’organisation de l’homme est facile

Collectionneur d’images, de sons, d’invisible

Proposant des fréquences,

Je fomente dans mon âme fertile.

78


*

Voilà, voilà encore cette impossible recherche, désespérée,

désespérante, au plus profond du moi scrutant et intérieur, désireuse d’obtenir

un splendide résultat. A-t-elle quelques moyens ? Pourra-t-elle se prévaloir de

pénétrer l’immense conscience que le poète suppose posséder ?

L’esprit attend cette formidable décharge de la cervelle, cet élan de vie

intellectuelle permettant d’accéder au Poème.

Et quel est son futur, à ce poème ? Quel avenir, lui déjà à jeter dans les

tiroirs de l’oubli, dans la satisfaction personnelle mais stupide ? Car le poète est

imbu de son Moi, il se gargarise de sa propre substance. Il possède la certitude

de sa capacité... Il ne saurait en démordre.

79


*

Quelque chose d’infiniment ridicule qui doit s’ajouter sur une

perception presque blanche, inconnue ou livide.

L’œil se balade, spécule, cherche, l’œil au fond de lui-même.

Négligemment attendant, espérant un Je suis dérisoire.

Et c’est ce rien qui se propose, à la vue de mon visible - intérieur

Cette pensée, et voilà - n’est-ce donc que cela ?

80


Non pas un monde, mais des mondes

Non pas un monde, mais des mondes

inclus, s’ignorant dans des espaces

où le temps varie

où le temps décide de l’existence

avec un catalyseur

un instrument de passage

de convertibilité

pourtant incapables de communiquer les uns les autres,

interdits d’accéder à du franchissable

Passer d’un monde à l’autre

Là-bas, j’étais mort je suis redevenu vivant

Là-bas, c’est la connaissance du futur

donc un autre monde

Là-bas, je serai ici, je n’existe pas

Être ici est impossible

mourir ce n’est pas être

mais c’est s’en retourner à son néant

Je sais ma survie

Je ne recherchai ni consolation

ni espoir d’avenir pourtant

c’est mourir

81


Un autre monde

Un autre monde, certainement

où l’œil est perçant

avec des perceptions plus pures, plus vraies

Un monde parfait d’avenir, de passé,

de conscience exacte

de certitude

Un monde supérieur, éternel

régénéré

nourri de sa propre substance

où le temps est aboli,

ou intégré, du moins compris

Voilà pour l’hypothèse

est-ce possible ?

Monde pensé par des Verbes

d’éblouissements internes

Je dis : est-ce possible ?

82


I

Par la fenêtre, nulle ouverture

mais de l’intérieur

il faut donc passer par le mur

Fenêtre ouverte, fenêtre non

Le soir toujours le soir avec soi

Le grand agitateur de l’esprit

pour la lumière

l’emportement dans l’immense brouillard noir

alors du fond

du fond de soi

extirpe, tire, exploite, prélève

impose à la cervelle d’obtenir mieux, plus

Voilà l’image, la voix, les mots

les premières formes

une sorte de lumière

c’est ça : travaille

83


En toi

Ce qui est au plus profond de toi

est inconnu

caché en soi ?

Le souffle dort-il

84


I

Du clair penser

Extrait de substance mienne.

Au sortir de l’esprit,

L’élan de la mémoire,

Son parcours avec le temps.

La matière :

Les lettres, ses fils - les signes.

À la recherche du possible,

De l’audace, du risque.

Plus loin, toujours en soi.

S’éblouir dans l’orgasme

Du poème qui croît

Se questionner avec

Gerbes ou pétales

Moi, encore

Nourri de silence

85


Sur le bord du rêve, tombant

Ressuscitant

Avec front soucieux

À nul, lisible

Pour la fabuleuse compréhension

Intérieure.

II

Toi, donc, quelles évidences ?

Toujours refus, rejet toujours

L’esprit, le coeur, la raison,

Où se situe le siège ?

Le Conseiller Secret,

Un moi-même inconnu,

Caché là, avec sa femme,

La Conscience

L’oubli éternel, dit-il

La ténèbre à vide

Est-ce ?

86


Messages VI

Enfouies les racines

Enfouies les racines

A l’intérieur. Sur le bord des lèvres,

Le murmuré, le poussé,

Exil au plus profond :

L’esprit cherche ce qu’il y a,

ce qu’il croît.

Plongée qui n’en finit pas.

Oui, la mienne, encore,

Dans l’errance maîtrisée

Sur l’aile de l’Esprit.

Il faut produire de la parole.

L’inspi, l’inspi offre, espère,

Une fuite par le haut.

A tisser, à construire

Perception fragile,

C’est encore de la plainte inaudible,

Pour une ligne de sillage sur le papier.

87


Obscurcir ? Quoi ?

dans l’oubli du néant, on y songe

on y songe

Pensées brisées, basculées, tordues

et bondissantes

dans l’orgueil de l’espace intime

Donc c’est l’appel du souffle

il faut mémoriser,

inscrire cette perception

avec souffrance - il faut

Mes yeux, orifices de l’écriture

Gavés d’ombres lisent ce fini

et le méprisent.

88


Recherches de distances

Recherches de distances,

ce sont les mémoires d’une même oscillation

d’un imperceptible à définir

sans connaître exactement l’origine

ce sont des tentatives

des volontés de savoir

des pénétrations très à l’intérieur

Des miroirs de plus en plus petits

pour une sorte de calcul infinitésimal

de décomposition de substantifs

de prélèvements de verbes

pour y extraire, - quoi ?

Il faut aboutir dans le profond du Moi

89


1

D’éclats percuté, d’éclats éblouissants

pour une vision obstruée de l’extérieur

mais vivante en

D’images bariolées, d’images voltigeantes

compressées, agglomérées

indiscernables, à décanter

Les yeux plongent

au plus profond du Moi

2

Il y a montée, jaillissement

immense exaltation puis inquiétude

volonté de maîtriser l’action,

de contenir le verbe

L’esprit peut-il ? Du moins, il s’y essaie.

S’imposer d’ignobles coexistences

de combinaisons audacieuses et grotesques,

de solutions fantaisistes ou absurdes

Mais comment faire ? Comment

90


Mémoire

amas d’êtres, réels et d’images infinies

où s’intensifie le sentiment

Mémoire : vaste splendeur intérieure

J’oublie parfois la souffrance

Le souvenir se cache, revient,

se transforme, gomme ses apparences,

se nourrit de vérités erronées,

- ce qui l’arrange

Je ne puis décider de mes souvenirs.

Le temps éloigne la certitude

mêle du pur à de l’impur

Le temps construit sur du délétère

égrène, efface

fabrique du mensonge

qui jure dire l’exactitude

Mémoire

91


Obsession consiste

Déchirure intérieure

mais perçue, suc,

de douleurs inconnues

au plus profond du non-Moi,

cachée peut-être

par la sensibilité

par la vibration émotionnelle

du poète qui pense

Plus loin dans les dédales de l’âme

à jamais invisibles

des images échappées,

fuyantes, effrayées

L’obsession du producteur

consiste à faire remonter le fugace,

l’imperceptible, l’oublié

dans la nuit noire et marécageuse,

l’obsession consiste...

92


I

Plongeant en toi-même

Au plus profond du Sahara

De stérilité, d’aridité

Fuyant pourtant ton ombre de médiocrité

fantasque et insignifiante

Ce que tu peux penser te concernant

Est bien la vérité cruelle

Ce n’est pas un modèle unique

de critique détestable

Il y a la lumière du dedans brillante et blanche

qui sait hélas

93


II

Lumière intérieure de vérités

de certitudes

préceptes lointains d’où la pensée tire

quelque essence

Oui, tout là-bas

dans la cavité interdite

avec miroir et torche

pour y remonter de subtiles indices poétiques

raréfiés par un air inexistant

Enfin Moi qui tente et espère

94


L’esprit avance

L’esprit avance. Le jour est presque clair. Où en suis-je, où puis-je aller

? Je dois me supporter ou tenter de spéculer avec du matériel délétère. La

confusion est dans cette tête. La lumière qui la définit, est parfois ténébreuse,

occulte, délimitant l’extrême à atteindre. Je ne vois que du vide, et bien sûr, il

me faut le remplir. Je me reconnais, - oui, c’est moi, dans cet espace virtuel de

possibles, d’inexistants et de probables.

Je m’épanouis accompagné de cette curieuse lumière et j’organise le

déplacement des objets. Je désire maîtriser mes mouvements. Je m’y essaie

plutôt mal : tout semble s’activer si vite, et la pensée s’enfuit. Rien ne me sera

donné. Je m’étais pourtant promis quelque triomphe obscur d’inconnu à

satisfaire.

La nuit est tombée. Tu ne plongeras pas dans ce précipice où le vertige

excite ton possible. Tu en prends du plaisir à déplacer l’effroi et la crainte du

Néant. Tu avais autrefois glissé là tout au fond, tu y avais remonté ton absence,

une souffrance inconnue, une certitude de faiblesse. Tu sais à présent ce que tu

as fait.

95


La lumière insistait

La lumière insistait et cherchait éternelle et superbe à éclairer mes

pauvres yeux gisant dans l’ombre. Je voulais échapper à la pensée grise et terne

qui constamment pénétrait mon esprit. Je croyais voir des possibilités suprêmes

d’intelligence autre. Je n’étais qu’un pantin articulé courant désespérément

dans cette chair intime.

Tout mon mal résidait dans les limites de mon aptitude. Je n’avais en

moi qu’une médiocrité détestable bloquant toute recherche de progrès. Je

voulais changer cette durée qui rongeait mon avenir.

96


La nuit, je pénètre

La nuit, je pénètre l’épaisse broussaille où s’endort mon sommeil. Du

charbon plein les yeux, j’avance en tâtonnant pour atteindre une sorte de

labyrinthe où s’irriguent constamment les sources de la douleur et du Mal

réunis. Je me calfeutre dans cette espèce de buissons d’épines pour essayer d’y

prendre quelque repos. Des torches flamboyantes illuminent parfois cet univers

marécageux où je vois d’autres poètes qui y croupissent avec leurs âmes.

Certains implorent et me supplient de les délivrer de ce lieu impossible.

Quelques fois, il semble que le jour veut poindre dans leurs yeux de misère.

Ho ! Lieu sordide, nuit de l’extrême, s’engouffrer dans ton vertige pour

y disparaître à tout jamais, pour fuir dans l’infini de l’oubli, et aller de peu à

peu, et de peu à plus rien comme un mouvement qui s’arrête ! L’espérance est

dans la mort qui annule la vérité de la naissance.

97


Au plus profond du Moi

Au plus profond du Moi ainsi je m’enfonce seul, seul, sans

personne pour m’accompagner

Nulle beauté bleue

le soleil est de l’intérieur

si soleil, il y a

Tout se cache dans le front

Si je trouve, j’accède au triomphe

nul ne le saura

tant pis dit-il et tant mieux

La justice soufflera-t-elle comme une tempête d’honnêteté ?

Je me plante dans des sables blancs, d’une finesse absolue et parfaite

je puis m’extraire quand bon me semble

Où est ma force ? Je ne suis que faiblesse

Si du moins je pouvais construire un chemin invisible sur une sorte

d’immense jeu d’échecs

car demain c’est ma mort, c’est ma fin

98


En moi toujours cette pensée répétitive :

la splendide trace où quelques oiseaux hagards viennent se poser

Constante est cette certitude dans son esprit.

99


À la recherche du Non-signifiant

C’est dans cette boîte de cervelle

qu’il te faut puiser et extraire

il y a d’éblouissantes semences

regarde bien à l’intérieur

des jaillissements de germes

des champs d’expectative à explorer

des terres et des terres favorisées par la pluie

jamais encore piétinées ou caressées

sublimations hypothétiques dans l’obscur de ta conscience

fuite, élévations, puits qui jaillit

Je veux prendre le silence pour y planter quelques possibilités de son,

de langage pour y jeter des graines d’avenir.

j’ai besoin du syllabaire secret d’odyssées Elytis

“Brave, écrit-il, maintenant tu sais me lire.”

Je dois donc travailler, puiser, plonger pour y capter le Non-signifiant.

100


Le Temple

Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel, un

espace dans lequel reposerait mon âme.

Ô Temple de moi-même, éternel édifice

Rare construction plongeant au précipice

D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi

J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.

volage.

La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée

Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe,

dans un idéal chimérique.

immense.

La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette pièce

Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour un

idéal d’écriture,

génies fortunés que j’invoquais et suppliais.

Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme

serein et puissant.

101


Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais au

vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral

quand la perfection esthétique atteint son paroxysme.

Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse, elle,

presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les dalles

de mon Temple.

Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire.

En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa

puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de son entrecuisse.

Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de

l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.

102


Le puits

Ainsi je me courbai pour pénétrer en moi

Un immense puits pour y chercher quelque substance

J’en ignorai la profondeur

103


Résonances I

Je te devance

Je te devance, tu me crois meilleur, m’espère Propose pour toi - de toi à

toi. Un nouvel être mieux formé, plus précis. Une fièvre intérieure, d’aventure.

Avançons, disais-tu. Je t’aide, t’aide ; il faut du encore, du mieux. Corrections,

neurones, cerveau, ce mécanisme associatif. Cette volonté d’ajouter. Protègetoi,

évolue, monte. Recueille des produits nouveaux.

On saisit le fulgurant, au bord de son tremplin, de vide, de rien. Qu’estce

que la pré-inspiration divine ? Cet impalpable de substance créatrice ?

Oui, dans l’insécurité de l’invention où l’on cherche du valoir.

104


Marché en soi-même

Comment marcher en soi-même ?

Comment aller vers sa propre écoute ?

Comment s’élever ?

Je ne suis qu’une onde infiniment rien

qui pénètre, sillonne, s’enfuit

désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison

prétendant y découvrir un soleil

un flux constant de désirs

C’est un rêve de chaleur poétique

qui nourrit ma nuit

J’enveloppe ma chair intérieure,

je la dénude

et la pousse aux soupirs comme avec une femme

épuisé, serein, exténué, je m’endors

repu parfois

Qui me soutiendrait ?

J’ai dans la tête

des glaces évocatrices

des miroirs courts, menteurs, faussés

105


sous des braises exhalées

Non, je veux m’étendre

chaudes et phosphorescentes

Peut-être y trouverai-je

l’or que j’y cherche ?

106


Où es-tu

qui m’entend ?

Où es-tu pour m’ignorer ? Suis-je insignifiant ? D’ailleurs,

Ainsi, dans cet espace, étranger près de la porte édifiée, - par-là je

monte et espère.

Qui sait réellement quoi ?

Je traverse, transpose, prétends

107


Vide créateur

L’âme plonge

dans le vide créateur

La pensée foudroyée

est morte, est vivante

du moins sa lumière

est phosphorescente

Au plus profond,

Penser est un vice

La fille s’étire

avide qui se dévide

est un infime

tout élan

commencement de l’intelligence

dans le peu, dans le mièvre

il y cherche des preuves

Il construit dans le rien,

L’univers en soi

Étire sa toute puissance

108


Le miroir

J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à cette

unicité de l’être humain

où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir quelques images

fugaces

des variables de différences en halos, halos qui s’enfuient

ver toi

Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour toujours revenir

Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “ d’autrement vrai ”

Ma pensée est une interrogation qui tente une possibilité de probables et

désire comprendre ce que le hasard a entrevu

Il fait gratifier la lucidité du mensonge

Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ?

Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle.

Tu insistes seulement compris de ton image

Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle n’intéresse

personne.

Quelle aube ? Quelle connaissance ?

Les actions s’effacent par la purification de l’esprit

109


Il faut passer par l’ombre

Pour accéder à ta lumière

Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable

Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc...

Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même

Espère le contraire.

110


Je parle seul

Je parle seul, j’espère.

Je suis peut-être dans un état de recherches, d’attente, d’espoirs.

Il y a un vacarme intérieur, inconnu pour une grande oreille plaintive.

111


Homme puissant

Homme puissant, caché, invisible

au-dedans

homme incertain

blessé, de sang bleu

il parle dans son silence

à sa femme homme poète

Syntaxes

Syntaxes justesse de mon être

qui plonge en soi et remonte

quelque chose d’aléatoire et de risqué

ego renvoyé

Le sang, le phosphore, l’énergie mentale

Syntaxes de modernité

d’avenir ?

Que sais-je ?

112


Remonte

Remonte au-delà de l’utopie

reviens produire encore

Le je sais le je-ne-sais-pas

balance contrebalancée dans l’illusoire

de l’oscillation

double raison d’ambiguïté

de bi-certitude

encore Moi

Fantôme désirant désiré

en prise en prisme

sous le voile d’un christ

La cité désertique

Parole sur parole

Conçois ta cité désertique

Passe devant les seuils,

les grandeurs, les temples, les statues

113


*

On voit en soi l’autre Soi

Dérivé, varié, autre

Une infinité de tons

D’humeur, de feelings

De sentiments - palette

De peintre mêlant ses couleurs

Pensant, changeant, concevant

On ne sait jamais, on espère

Que fais-tu ? Qu’as-tu voulu faire ?

Est-ce là ta pensée

Intégrée dans la matière ?

Tu es fragile, existant à peine,

Pouvant t’effacer, te nier,

Trompeur, trompé - qui le saura ?

114


Je m’exile

Au plus profond du Moi, je m’exile ou me cache

Je ne veux pas me gaver de mémoire

Comme un vieillard sans avenir

Dans l’inutilité de son histoire

Ma vie n’est qu’un long silence

Sans éditeur, sans lecteur, sans métier

Enveloppé dans la mort

Je tremble face à cette femme ridée et vieille

Oui, c’est moi qui frémis de crainte, de certitude

Et de futur perdu

115


Je m’enfonçais

Je m’enfonçais,

Dans la certitude

certitude d’être un incompris

Que me fallait-il faire pour que cela plaise ?

Années d’agonie

d’agonie en moi-même

Reste en toi,

Ici ma vérité

en toi,

vérité poétique !

116


Résonances II

Des mots

Des mots secrets et interdits

cachés au plus profond de l’être

Guérissons-nous de nos souffrances ?

Dans les plis de la certitude

l’union s’impose

nous espérons sans réel avenir

Par où

Mots,

Par où la pensée pleure :

l’homme - le reflet - la nudité

la surprise - je veux, je cherche, origine

le propice, le souhaitable, le médiocre,

le Moi, encore - écrire.

117


Une aptitude

Une aptitude

ne pas ne pas cela seulement

à plusieurs que faisons-nous ?

architecture.

volumes, reliefs, Tri-D dans

la mémoire avec constructions de mots, de solides, ainsi une

J’ignore le rayonnement

Je vais à ma fenêtre dans la conscience

mon ombre, ce soir

D’autres exigent un théâtre, une scène,

une vitrine, de l’extérieur

118


Par l’œil

Par l’œil pour l’intérieur

l’esprit

le mental, l’action

la production, la méthode, le principe, le système, la programmation

Et quel but ?

quelle satisfaction doit-il atteindre ?

Y parviendra-t-il réellement ?

Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...

119


Sa transparence

Quand il revient, il voit sa transparence,

il l’habite

il conçoit à nouveau la pureté intime,

intérieure,

de saint

il revient en lui-même, conscient

de sa perfection

de son idéal d’être

Il embrasse d’autres saints,

d’autres saintes

tout s’éclaire blanc, éblouissant

de lucidité

Victoire du torturé

sur la souffrance

sur l’excrément de la violence

du Mal

120


Ce matin-là

Les premières senteurs matinales

l’ivresse d’un réveil

l’effacement du rêve,

la conscience m’appelle au présent

Je rentre dans mon histoire journalière avec

ses obligations, ses déceptions, ses répétitivités

Je m’attelle au présent

mais je cherche un autre temps

peuplé de mémoire, où le souvenir côtoie l’oubli

dans sa profusion d’erreurs,

de mélanges, de dérives

Si ce matin-là pouvait satisfaire mes désirs !

121


Soir pensé

Soir pensé de sueurs productrices,

soir stupide ou génial

enrichi de pensées déployées en gerbes

soir dans l’intimité d’une richesse unique

Le poète

Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se

faire et se défaire du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour

avancer rationnellement. Il croyait parfois accéder à quelque chose de délicat,

de difficile. Il ignorait que la résistance était en science et en science appliquée.

Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée

de sa propre gloire, - enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.

122


Pour soi-même, uniquement

1

Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même

L’univers curieux du poème

L’aventure interne, vers le génie d’autrui

vers la spiritualité

Fougueuses passions de la femme qui inspire

l’homme qui juge, refuse, rejette

perplexes, complexes sinusoïdaux,

courbes extrêmes

La pensée experte dans ses hésitations

jamais n’entra l’autre

Tissage d’une forme présente et invisible

pour qui ?

pour soi, uniquement.

123


2

À l’intérieur, un bruit sourd à exploiter, à extraire. Jean-Luc Steinmetz

écrit : Le soleil, chevelure du géant peinte et tressée.

Donc, je descends, j’avance. Il ajoute : Une feuille bouge, s’enflamme.

Les grains éclatent en formant des jardins. L’ovale de ma bouche me conseille

d’écouter ce qui sort, ce qui se propose. Pourtant je n’ai pas entendu, - je dois

croire encore.

L’inaudible, l’indiscernable, le moi-manquant - certains paramètres

poétiques, en vérité.

3

Je veux donner aux structures quelques assises. Les groupes de pensées,

de mots croissent et se développent de manière anarchique.

Alors tu prétends intervenir pour juguler l’ensemble, le maîtriser et lui

donner un mouvement d’actions cohérent.

Ainsi tu interviens, faiblement, avec une censure de vieillard timoré et

tu laisses aller le tout où bon lui semble, avec liberté. Certains prétendent que

cela s’appelle de la poésie. Enfin, - verra bien !

124


4

Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.

Je relis sans patience, sans méthode, sans principe mallarméen, sans

alchimique effort.

Quelques explosions sporadiques !

Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !

ce qui vibre, s’exulte, s’expulse

dans le souffle de l’écriture

s’obtient faiblement

Mais que faire ?

125


Il espère être

A

Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de

grenades, de constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec

mémoire, avec mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.

Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il

échoue, le sait. Il ne doit pas perdre son oeuvre, il la conservera pour lui seul.

L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il

faut donc assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc.

Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes et, cae, tera

et je prétends pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de

vie peut-être.

Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.

126


B

maison intérieure avec calculs,

je voudrais tant. Par toi. Mais toi ?

la pensée s’élève, l’âme veut la contourner

je, - et quoi ?

127


1

Oui, un développement de la pensée

en exploitant le poème de l’autre

C’est donc un système de variantes

de dérivées

[Mathieu Bénézet écrit toie avec un e - pas mal !]

On pousse, pousse doucement

pour obtenir quelle finalité ?

2

l’imaginaire. corrections. pensées.

en moi.

pour explorer, développer

comprendre

cette ténèbre vers une certitude de phosphore

Une tête de poèmes

128


3

Encore dans mon désordre,

quelques vérités floues

dans mon errance cherchant

Extrêmement noble, actif

dans ma région cérébrale

Je puise des vérités refusées

qu’importe !

mon temps est pour plus tard.

4

Pourquoi tenter de s’élever

quand le bonheur est en soi-même ?

A la recherche des formes fluides scintillantes,

rayonnements, éclats, poèmes etc...

Être ensemble au fond du Moi,

Est-ce sagesse ?

129


5

La pensée détruite : certitude de rien

pour toujours

D’un bond à l’autre de la raison

balancement, tangage

et fuite vers la nullité

130


Le fils du néant

Le fils du néant dans son pseudo-savoir

avec pensées irréelles sur une certitude qui frémit

De l’abstrait palpable, du concert invisible

Va s’éclairer de lumière noire

Éternel à renaître

Du possible, de l’indécidable, de l’extrêmement faux,

du poème, en vérité

Le poète avec son propre risque, ses méthodes,

ses principes de pénétration

plonge dans son mystère

à la recherche d’un commencement d’éternité

131


Pensée

Pensée

Qui cherche la certitude

De sa profondeur

Supérieure

Par élévation, par onction

D’un dieu fait de lumière

Espérant

telle beauté d’écriture

De poésie impossible

Espérant

De ce souffle

Assurant sa production

132


Cette même pensée

Cette même pensée

hier tu l’exploitais autrement

elle gît là au fond du Moi

sifflements et murmures

Tu la sens, elle t’apparaît perte

Tu soupires, veux t’exalter

Tu cherches à faire vibrer l’émotion

pour percevoir, - quoi ?

L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus,

tu subis la vérité aléatoire

C’est une angoisse sous cette carapace cervicale

dans ce cortex spongieux

région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu

Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe,

la fluidité d’une image

Je te laisse à ta confusion

133


Dans mon front

Dans mon front, et ce qui pense

le pronom je est clair

il n’y a que du vide à remplir

la certitude en moi, le vouloir

le conglomérat - l’éblouissement

l’association

Encore

Les mots exploités - je les veux synergiques,

alchimiques, évocateurs

nourris de sève spirituelle

Je réemploie le dérisoire, le faible

J’interprète (mal) le matériel

Il y faut de l’élan, une forme,

de la lumière intérieure

Et l’ensemble est déception

on espère autrement, avec nouveauté

On reprend d’autres mots

134


pour d’autres poèmes etc.

135


Résonances III

L’aventure interne

Surgit le cygne sublime et blanc

Qui est symbole encore

Comme l’âme a plongé au fond de soi-même

Pour y chercher science et a-science

Il y faut de la vitesse, des battements d’aile

Impétueux, de l’extase, quelques vérités,

Du vin et de l’ivresse

Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort

De ma condition, ces pensées s’agitent encore

Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,

De m’éloigner de ce vil environnement

J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit

Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens

C’est encore une immense aventure interne.

136


Les limbes

Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais

Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon

Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la

Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.

Voici que la valeur converge vers la lucidité.

Je délaisse l’amoncellement d’images floues,

J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.

Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,

Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne

Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.

Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule

Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie

Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin

D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.

137


Le miroir entr’ouvert

Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,

La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.

Je me crois entouré d’un éclatant soleil

Qui offre à ma raison des substances vermeilles.

Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse

Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.

Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes

Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.

Je suis toujours pressé et je veux aller voir,

Je subis le Néant de ma propre misère.

Et les années s’écoulent pour cette délivrance,

Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.

L’avalanche de mots me rappelle en moi-même

La médiocrité de ma raison réelle.

138


Intermède

Sont entassées les images de la nuit,

Restées pensées mortes dans la conscience obscure.

Cette volonté d’imiter, d’exploiter, de faire varier

La proposition de l’autre, ces résonances.

Donc connexion, associations.

Miroitements

Faibles miroitements

incisés dans le temps

que j’essaie de capter,

qui m’échappent

Le visage dans l’éparpillement du Moi

l’homme par fragments de vers éclatés

essaie de reconstruire le monde

139


Visible à soi

L’homme visible à soi

invisible aux autres

Descend, plonge

l’homme demi-dieu, sauvage

construit un langage réel

incompris, inconnu,

libre, réglé

et finit absorbé dans sa propre lumière

140


L’effort

Caché, enfoui,

Subissant sa propre dérision

Essayant de s’en défaire

La raison pour certitude

Le sens exact jamais trompé,

Toujours vrai,

Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,

À bondir,... enfin...

Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,

Combiner, exploiter, utiliser autrui,

Sa substance, son génie, le dériver,

Le compresser, le condenser,

En vérité,

Travailler avec l’intelligence.

J’ai besoin d’une force

Pour que la Nuit fructifie

Pour que le Mystère s’éclaire

Je m’exalte d’une immense joie

141


1

SU :

pensée inerte - mélange, pieds, lourdeur,

accumulation de fausses vérités

de certitudes douteuses

au plus loin dans cette chose

combinant toujours

avec explications

on ne sait pourquoi

puis ton visage de beauté blême

et j’en cesse avec ma tâche

2

Les erratiques sauts d’humeur

compressant la pensée

lui infligeant d’exploser

qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ?

(Etonnante cage de résonance

où le Moi tremble pour l’Autre)

puis le retour stable

142


3

Ceci n’est pas obscur

c’est du côté de la glace

probable - sûr - en pensées poursuivies

esquissant le lointain

établissant des faisceaux de grâce

à suivre - la ligne modulée

avec effets de danseuse en fuite de mouvements

décide ce qui doit être

4

Impossibilité d’accéder

à une sensibilité extrême

Je pénètre dans des espaces sombres

et je ne puis m’orienter

Quel espoir de revenir en arrière ?

Y a-t-il une issue réelle ?

143


5

Pénétrer sa propre absurdité

c’est la nécessité d’aller au-dedans

avec contradictions, luttes, fluctuations,

rejeter son pire, aller vers son meilleur

- Quoique... le pire est parfois exploitable

de New York à Londres,

de Paris à Tokyo

et vivre, voyager, extirper, prendre,

toujours en soi, le moi-je

Oui, oscillations, giclées et petites trouées

ci

ti

os la ons

donc des actions avec sels et amertumes,

vieillissements et rides, mais que faire ?

144


6

Avec ses Ups avec ses Dows

avec ses Rises et ses espoirs

ne serait-ce qu’une réplique ?

n’y a-t-il pas progression ?

Répé titi vité répé

pourquoi pas, plus ? mieux, autrement ?

- car vous n’en êtes pas capable, me dit-on, prétend-on !

145


I

Agite-toi, poète,

Fais valser ces pensantes d’idées

ces possibilités douteuses ou insignifiantes qui doivent

par la magie de l’écriture produire un texte.

Exploite ces souffles chauds venus de l’intérieur,

ces nouvelles qui semblent flotter dans l’espace de l’imaginaire

II

Reposent

insensées

encensées

dans les stances de la mémoire

se nourrissent du silence

Et quelles, elles ?

oubliées dans le puits du Moi

Agitées dans l’ombre

qui feront quelques particules dorées

146


à rapprocher de tes yeux

comme larme sèche

irisée de mots et d’effets

III

L’impubliable

de toi à moi

tourbillonne mon front

constellé de sueurs

Tout est pour l’intérieur

nul est lecteur, qu’importe !

147


L’insignifiance du don

Tu te déplaces à travers ta propre vérité.

Prétends posséder une réelle certitude. Ton but

Est de parvenir à comprendre un peu mieux

Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.

Un flamboiement confus délire dans le soir.

Mais bientôt au levant surgit et se dilate

Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate,

Écrit Borges à la mémoire de Quevedo.

Tu regardes ta vie dans ton triste miroir.

Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel

Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.

Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant

Encore quelques possibilités d’écriture poétique,

Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.

148


Le vrai sens

Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier

S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front

Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir

Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.

Je perds pieds, chancelle et tombe enfin.

C’est bien un marais fangeux, livide et infecté

De noires créatures qui tout à coup surgissent

M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :

Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, - la mort

Les insultes, les rejets et la honte. Je suis

Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances,

La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu

Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu

Accéder au suprême intérieur jamais conquis.

149


1

L’insoupçonné, la variation sensitive

Le Moi tenant à Lui

La fragilité décomposée

en substances aléatoires

comme un cristal qui se crispe, qui cède

à l’élan

au souffle d’air

quand s’agite l’âme

quand vibre sa certitude

le front en sueurs invisible

2

Nul effet ici

pénétrer pour l’intérieur

à l’ombre des yeux

accéder au vide parfait

enfouie par l’unité du langage

la lettre cherche à se déployer

dans des fonds bizarres, hétéroclites,

non c’est du rien

150


s’y accumulent des ruines

le magma nécessaire à tout acte créatif,

puis, l’explosion !

3

Substances

inouïes la feuille délétère,

légère

puis la trace d’encre

le silence du poète,

aller percer l’invisible,

l’indiscernable,

et peu quels satisfecit ?

encore enfouies dans le néant de l’écriture

l’imperceptible battement d’aile, ....effacé

la couleur fascinante du mot,

le sens, l’envie

le déplacement

151


4

Au profond clair. Descendre encore

accroché à une chevelure de femme. Y frotter

des fragments d’étoiles. Filer le long de

la tresse pour y chercher un idéal, un interdit,

un autrement. Se saisir de signes, figurer l’image,

la soupçonner.

L’impossible est à déplacer

L’inconcevable ne peut plus même être pensé,

par le concept de l’imaginaire.

152


Je m’abolis en toi

Les premières ténèbres de la vie - la certitude

Dans la conscience - le drame associé au tragique,

Je comprends - lucidité exceptionnelle de vé-

Rités - je m’attends au pire, sachant. Il faut

M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques

Éternelles de retour - me dicte la raison, ...

Quoi ? Réellement ? L’histoire quotidienne du peu

Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon

Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire

Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli.

C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce

Possible ? - Je dois abolir cette vérité, a !

Ma chair, mon corps, mon visage et la charité

Effaçant le geste - je m’abolis en toi.

153


Le voile discret et la pudeur

Le clair fini dans l’imperceptible silence,

Le rêve élevé, inaccessible à l’âme.

Je perçois avec Toi dans cette permanence intime,

Je capte l’instant usuel espérant obtenir quelque écriture nouvelle.

pudeur.

Il est une pénombre pour que cet entretien épouse le voile discret de la

délétère

La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum

pour capter un souvenir bleu, insignifiant,

symbole effacé, mystérieux paysage invisible

de désir poétique.

154


L’insatisfait

La pensée extraite, extirpée de la raison, que

Vaut-elle réellement ? Est-ce de la piètre

Poussière cérébrale inapte à rivaliser avec la

Substance philosophique, ne contenant aucune

Proposition utile ou intéressante ?

L’insupportable réalité poétique du médiocre, de

L’insignifiant. - Oui, ses regards interrogatifs

Tournés vers l’intérieur essaient de savoir,

De prétendre ! ...

Il cherche, il renvoie dans sa nuit.

Que renferment ces possibles ? Quelles méthodes,

Systèmes, mécanismes mentaux ?

Dans le lointain, la mutation, le dérivé

Des formations, l’acte prime, la consolidation,

La condensation, que sais-je ? Que puis-je ?

Et lui avec ses défauts, ses craintes, ses objectifs

Qui n’a pu s’assouvir, se satisfaire.

155


Les espaces d’écriture

Remplir le vide, noircir le blanc

Pour la pression interne

Assouvir sa force, exciter sa raison

Quand il suscite de l’action

Il pénètre des espaces d’écriture

On le prétend rassasié,

Il se nourrit encore

Dans la dimension de l’homme

Avec son temporel, que

Représente sa forme délétère ?

Fixant sa pensée avec la cendre

De ses idées, il pénètre l’inconnu

Au lointain de l’être, en soi

Par la saveur du poème à naître

156


La pensée

Elle s’élargit enfin

Dans l’espace intérieur

Elle déplace la frontière

Elle prétend savoir

Elle pousse l’inconscient

Se fortifie sur l’intuition

Active l’imperceptible

Elle est dans la durée,

Dans l’espace-temps donné à tous

Elle arrange des éléments

Préexistants, elle les modifie

A volonté et produit autre chose

Pour la spiritualité

L’intelligence, la création, etc.

Est-ce travail habituel de la pensée ?

157


Pénétrer encore

Il y a une sorte de fond

Que l’on essaie de pénétrer encore,

Plus loin, plus loin comme une extase

Sexuelle, - il faut pousser

Dans la raison, l’audace et le risque

Il y faut du travail, du travail d’homme

L’on croit apercevoir un espace autre

Le pénétrer n’est pas s’en satisfaire

Il y a toujours déception, volonté

Autre, décision nouvelle, soi

En vérité

158


La zébrée

Fulgurante et docile,

Obéissante et douce,

Dans les tremblements de l’imperceptible,

Dans les bruissements aléatoires de la raison.

Je te donne vie, avec obscurité, avec

Sensibilité - avec conscience et vérité.

Toi, stérile devenue femme par mon vouloir,

Je te mêle et t’emmêle dans le mystère

Et le silence. Je t’imprègne de sueurs,

Tu accèdes à mon espace qui n’est point créatif.

dans le Moi.

Vitesse, accélération et je t’emporte, toi l’inconnue

La presque rien, l’inexistante, je produis de l’élan, je te conçois

Immense, les pieds sonores, contemple

les splendeurs

D’autrefois, dans ma voûte, tu me suis,

Légère et fugace avec effleurement.

Tu es, tu n’es pas, je te fais disparaître,

T’efface, j’efface tes traces,

159


Je mémorise tes rumeurs, - toi

Pour quelle utilité à présent ? - Rien

Donc te revoilà :

Fulgurante et docile,

Obéissante et douce,

Dans les tremblements de l’imperceptible,

Dans les bruissements aléatoires de la raison.

Je referme les portes de ma conscience,

Plus personne ne peut y entrer.

160


D’après J.P. Sartre

Une idée fondamentale de la phénoménologie

de Husserl : l’intentionnalité

L’Esprit-Araignée attire les choses dans sa toile,

Les mastique, les couvre de sa bave blanche,

Lentement les déglutit et les réduit à sa propre

Substance.

Il y a l’aliment avalé, les choses perçues

De loin, l’état de ma conscience, mon

Aptitude de perceptions.

Oui, nutrition, alimentation, assimilation,

J’agis, - je vais des choses aux idées

Des idées aux idées, - de l’idée à l’esprit.

Les résistances sont rongées, ainsi tout est

Assimilé, unifié, identifié, - la matière

Est pensée. Tout ce qui n’est pas esprit

Devient brouillard, ouate, filament.

En vérité, peut-on dissoudre toutes les choses

Dans la conscience ? Cet arbre-là

161


N’est pas de même nature que ma conscience,

Il ne peut entrer dans ma conscience

D’après Husserl.

La conscience et le monde sont donnés d’un seul coup.

Si je veux connaître, je m’éclate vers,

Je m’arrache, je file, j’atteins l’arbre,

Lui et moi, moi et lui, séparés toutefois.

Maintenant j’imagine une suite d’éclatements,

Je vais vers l’extérieur, dans la poussière

Sèche du monde, sur la rude terre,

Parmi les choses, monde indifférent, hostile,

Rétif.

“Toute conscience est conscience de quelque chose”,

D’après Husserl.

“Être, c’est être-dans-le-monde”

D’après Heidegger.

Exister comme conscience autre que soi, c’est

L’intentionnalité.

162


A la représentation de l’objet, j’y ajoute

Le sentiment.

Irai-je au Traité des passions ?

163


Contre-ut

Je ne sais que trembler,

trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,

de l’impalpable, du cristal,

Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.

Je ne fais que vibrer

Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe

intellectuel. Je suis devenu une vibration

Impossible, irréelle, délétère.

J’accède à une forme

de conscience épurée, translucide, je rejette

la confusion. Je reconstruis le monde avec

des concepts autres, nouveaux, interdits.

Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.

Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation

De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,

Je sais pertinemment que rien ne restera.

164


Des vérités bleues

Ainsi pendant la nuit,

Je conçois à travers le prisme des lumières,

Et je prétends posséder. Quel pouvoir ?

Des vérités bleues, claires apparaissent,

Semblent s’étendre.

Toujours très à l’intérieur.

Descendre vite ou très lentement ?

Je refuse le silence, j’agite des idées.

Encore l’éveil, l’esprit, la conscience.

Pourquoi dormir, pourquoi ?

Je crois observer d’infimes particules

Brillent devant mes yeux.

165


Résonances IV

1

Au-delà de cette mémoire, de cette parabole de certitude, - oui, par le

triomphe, pour la gloire aujourd’hui proposés dans quelque grimoire moderne

numérique encore,

je m’installe en moi-même, espérant malgré ce manque de science

réelle, accéder à l’Oeuvre. Resserré en deux piliers, de bouquins spirituels et

d’herbiers poétiques, - le moi s’achemine et avance.

Si je me compare à Toi, ô Grand Frère, je ne puis que ricaner bêtement,

trop conscient de ma pâle réalité.

2

Oui, doubler, tripler la pensée, pour la rendre profonde, inconsciente,

au-delà. Oui, s’approfondir dans son pur midi.

Soit - immense et inconnu, nourri de vues et de visions - “ si nous le

visitons... ” veut se parer d’une lucidité belle, sans jardins de fleurs exhalées.

Aller par l’élan, supporter par l’Idée, accompagné de l’Antique beauté

grecque ou latine ; oui, surgir - tel d’un bond - recommencé - et grandir dans

l’orgueil de sa raison - si orgueil se doit...

166


Avec miroitements insensibles

sur la fragilité de l’épiderme

variations et décalages

visage en vibrations

à l’image dérivée

S’envolent des effets d’ombres

dans le pur néant de ma vision interne

167


a

Sur la hanche de la femme

pigmentation de chair les fourmis s’activent

toi Mygale perverse t’accaparant

de la substance de l’homme

b

Le corps fuyant

le corps s’enroule dans le vent du désir

le corps éclaté éblouissant d’orgasmes

il explose en idéal impossible

Lui - l’autre Christ - pendu - maudit

au gibet

et moi cherchant le vertical - le temps

dimensionnant mon espace malgré l’apesanteur

désireux de me parfaire, d’ajouter

de pénétrer plus encore l’amère difficulté poétique

volonté de se fortifier

168


c

Dans ton espace - dis-tu

espace et imaginaire

ou créer des Nords libres de toute contingence,

est-ce possible ?

L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé....

Faut-il la délivrer de la raison ?

lui offrir de l’audace

du libre accès ?

Toi toujours dans la fuite, dans l’envol

avec volonté de construire une base

déplacer la sécurité

l’exigence

la solidarité

ainsi redéfinir la rigueur

169


Accéder à

Accéder à l’épuisement sublime

éternellement seul en plénitude du Moi

Prétendre s’élever encore,

exploitant à merveille l’énergie mentale

déployée en son extrême

puis en apothéose d’agonie mourir enfin !

Sur l’ordre de sa voix produire encore

dans cet espace-risque où la pensée

se nourrit d’imaginaire

Concevoir de l’inconnu,

.... et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase

accidents et faits mentaux dérivés,

combinés, extrapolés

Tu redoutes de rencontrer

tu préfères fuir sur du délétère

Tu erres sur des traînes infinies

qui n’ont nulle plénitude d’avenir -

la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre,

qu’une variable de combinaison douteuse

170


L’œil se remplit pour l’intérieur

tu inventes la réponse - nulle question n’était posée

la vérité se déploie comme un arc-en-ciel

La route est certainement mensongère, mais que faire ?

En cesser là ? Poursuivre toutefois ?

Déplace les distances - et insiste encore.

Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer !

Est-ce aventure de poète ?

Va, rampe, progresse, - jamais renoncer -

pénètre

Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain !

Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix

oui, là, là-bas, à l’affût

Peut-être découvriras-tu ce que

tu t’étais évertué à fuir ?

Oui - toujours s’obstiner

avec aptitude et force intellectuelle mêlées

171


1

C’est encore une question de limite -

d’aptitude à aller outre.

Est-il possible d’ajouter sur soi ? N’est-ce pas

un besoin d’homme de toujours vouloir faire plus,

faire mieux ?

J’ai grande pitié de moi,

Le mensonge se complique.

2

Entends

encore l’élan irrationnel qui s’évertue à

s’implanter en toi

est-ce possible ?

toujours dans ton attente d’illuminée

l’idée reviendra plus tard

Qui se souviendra de toi ?

assourdi en ses pensées funèbres

172


espaces arides où la certitude prétend circuler

Librement - librement !

3

Au commencement c’est une intention,

un fragment de perception

à associer

Le poète dit : j’invoque dans le silence

la vibration émotive...

......... peut-être

Combinaison phonétique mal agencée avec

un matériel de mots

Certains offrent avec limpidité, lucidité

d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner

des élans incompatibles

De la variation infinie

Le poème résonne

173


Définition de la pensée

Au-delà de la conscience personnelle du temps,

j’ai besoin de recherches logiques,

j’ai besoin de comprendre l’association pure

de l’élément simplifié.

Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace dans lequel

l’élément s’impose - est un espace conscient où le travail de l’esprit s’assume.

L’élément s’associe à l’élément. C’est un point-source, une énergie

d’atome, une lumière d’étoile dans mon ciel constellé de vie. Je dois connecter.

Je dois aussi comprendre son origine - ses parties - ses caractères.

Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de mémoire, apte à

s’associer, objet scintillant, vérité en soi-même, - il contient du pur, du vécu.

S’il s’associe - il se déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau

caractère avec l’élément qu’il a conquis.

C’est une sorte de fait mental - une charge dans une niche de neurones.

Oui, je veux encore étudier son caractère.

De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux, qui s’associent,

s’éloignent, se connectent et s’engendrent, je sais qu’il y a la pensée.

174


De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma conscience, ma réalité

d’homme existant en vérité.

175


1

Espacer - compresser

combiner - rattacher

un espace pour l’imaginaire

puis raisonner dans l’audace

il n’y a ni fuite ni envol

il y a donne nouvelle du matériel connu

il faut menacer la sécurité

défaire les solidarités matérielles

et logiques

aller autre

Redéfinir le rôle de la rigueur

2

La création pour l’impossible

pour l’interdit

en Absurdie - c’est conscience

pour fabriquer de l’image

Volume, élans, actions, souffles

176


Quels sont mes pouvoirs ? Où sont mes facultés ?

l’acte d’imagination - ce qu’il produit vient

de la mémoire activée

3

C’est ignorer le beau, l’offre poétique,

la volonté grecque et latine

est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ?

Faut-il rendre absent le monde ?

est-ce possible, d’ailleurs ?

Je gère ma fuite, ou construis ma maison

Je doute au fond du puits

Si je constate l’intelligence de l’autre,

je la veux en alliance

C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir

177


4

Le choix sensible

la perception vibratoire

j’interroge l’espace-mémoire

espérant y concevoir des connexions de qualité

178


Recherche

Réfléchissons : il doit bien y avoir

une perception émotive plus fine, plus subtile

comme un fragment d’onde sensibilisée

possédant un spectre compressé de propriétés inconnues,

mêlées, mélangées peut-être

difficiles à dissocier

mais réelles toutefois

N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes

que le poète doit composer, connecter, redéfinir,

extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir

Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,

symboliser, fusionner.

179


Mémoire et Temps

1

La conscience compressée du temps trompeuse,

mensongère, excavée, avec choix,

avec rejets, avec refus, avec mensonge

de faiblesse - cette étrange constitution de l’esprit !

Une corbeille, une armoire à tiroirs

avec papier jauni, clés oubliées, rangement certain,

etc ...

Ou j’imagine un horizon jalonné d’années,

afin de restituer, de recomposer ce qui a été compressé,

je vois, j’entrevois, je retrouve.

C’est un passé déterminé, non pas conçu de vides,

mais possédant de la mémoire douteuse peut-être mais

de la mémoire toutefois

2

passé.

Il y a un entonnoir gigantesque dans lequel le présent plonge dans le

Ceci est une chute sans fin, libre, infinie, constante, fuyante.

180


L’homme a conscience de sa fuite, de son absorption par le Néant, et

c’est acte de non-croyance.

181


1

La perception, je la veux songeuse

au bord du désespoir

pour extraire l’impossible

Les mains tremblantes pour la grande respiration

l’élan, le retour,

le calme et les battements du sang

le cri dans les veines

l’écho dans les tempes

Mais soudain le blocage,

Pourtant j’accomplissais un parcours dans la mémoire

2

C’est un lieu d’avenir

une structure vide à remplir

fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter

avec conscience du néant

où tout pourrait disparaître

.....être et disparaître

peut-être

182


3

Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles

éblouissantes révélations

de points pigmentés dans l’aube de soi-même

Etaient-ce des pensées à saisir

dans le déchirement de l’esprit ?

Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces

concevoir dans le désir de vibration

4

J’activais ces points-réponses,

mes yeux au centre

j’esquivais une réponse vraie, fausse,

qu’importe !

Je passais sur du délétère

c’est ça : je captais

croyant à ma force

Elle ondoyait sur des feutres crissants

Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message

Je plongeais dans des vagues océanes,

183


coulais, remontais quelques poissons d’argent,

- c’étaient mes points-réponses.

5

Ces perceptions grossières,

je veux les affiner - comprendre le point

son origine, sa vérité, son association.

Je me fuis pour me retrouver

ce n’est plus la clé pour le silence,

ce n’est pas un code à composer,

c’est la puce à intégrer,

le plus petit

de l’oeil à la loupe

de la loupe au microscope

pour définir le caractère de l’apparition.

La conscience de l’image, sa pigmentation

ses points composés pour fabriquer la trace

l’origine de cette organisation

non pas la fonction d’apparition

mais la vérité sur le point

184


6

Il ne s’agit pas ici d’être spectateur

mais d’analyser les mécanismes conscients et inconscients

du Moi

Il faut donc être actif pour l’intérieur

Ne pas réduire, mais comprendre les attractivités,

les inclusions d’espaces dans les espaces

185


a

Je l’ai pensé insignifiante,

Je la faisais ondoyer au milieu dans mes cieux

la perdais désireux de trouver la réponse

l’associais, la dérivais,

la faisais bondir

je plongeais frémissant

j’aillais outre

b

Atteindre la vérité sublime

tu avançais dans la simplicité de ta raison

tu observais le puits, le chemin,

tu te déplaçais encore dans un espace

Le repère était la certitude logique

tu exploitais cette énergie

l’avancée pas à pas se voulait souveraine

Obéissant à la voix inconnue

était-ce un toi-même enfoui dans l’ombre,

était-ce un Dieu sublime imposant sa décision,

tu t’es risqué à l’écriture poétique

186


c

Tu ne sais que produire

Peux-tu prétendre que ton résultat est satisfaisant

Pour quel but véritable ? Quelle verticale ?

Bondir sur la distance Tu cherches l’extase

inconnu

Oui, pénétration et prétendre à la fabrication artificielle d’un espace

187


1

Le tu avec le moi

Pensée qui se dédouble

A l’intérieur puis le monde

Le corps cette armure

La bouche instrument de transmission

Toujours du vécu pour de l’avenir

La chair féminine,

Quelques gouttes de sperme

2

La lutte interne

Définir du complexe,

Le pénétrer,

Savoir en produire,

L’offrir et se crédibiliser

3

Bondissait la fumée

D’un avenir à transformer,

A faire apparaître

188


Dans l’ombre se concevait

Le feu. Tu offrais tes yeux

A ta conscience

Le geste intérieur

Décrivait des courbes

L’élan était pensé

Il désirait se mieux concevoir

4

Dehors, pour le dedans

Tu empiles de la mémoire

En strates infinies

Faiblesses, néant, inutilités

Nuages, bulles ou

Segments, droites, axiomes

Par la mathématique imaginaire

Exaltation du Moi

Toujours en egocratie

Pour rien peut-être

189


La fixité et l’attention

Pour la perception interne

Le sourire de l’ange

Pourtant tu n’es jamais satisfait

6

Le Moi en lamelles

Le je suis relié par le cordon d’argent

Les dés pipés du destin

La vérité en prescience

Le présent à réaliser.

La grâce, où est la grâce, si ? Etc.

Tes yeux palpent

Il faut lécher, sucer la peau de l’autre

La femme en idéale de sainte

Un concept contrit en trois dimensions

Là face à Moi splendide et vrai.

Oui, je te contemple

L’avancée constante en soi

Le tremplin, le mur, le tremplin, le mur

190


La matière-vitesse à expliquer

La certitude qui stagne

Et ne peut se déplacer

L’alphabet éclaté

Le désir qui nous harcèle

7

Construisant, vidant

La corbeille de tête

Des bulles de vérités

A douter, à éclater.

D’autres bulles

L’attention des yeux

La fixité échappe,

La finalité est douteuse

Comment élaborer,

Architecture avec de l’illusion ?

L’esprit face à l’âme

la raison et le spirituel

Le savoir explose

En gerbes de confettis

191


- Reconstruire le puzzle

8

L’hallucination verbale

Le sacrifice du poète

Au fond du miroir

Soi face à Soi,

Face à l’autre

Dans la pensée équivoque

Narcissisme - ego, plato

L’écriture, la fureur

L’oeil renversé

La chair qui pend en moi

L’immense ouverture - la plongée

9

Le savoir la pensée les yeux

L’élan galvanisé pour produire

Ses gerbes d’ombre

Absorbe ta substance

192


Le fluo, pense

Limpidité, élégance du choix

De la pureté pour accéder

Au cristal.

10

Suis-je moi, ne suis-je pas constamment

en train de déplacer la vérité ?

Est-ce une proposition qui désigne la

certitude du moment ?

Car cette substance fuit, échappe, s’éloigne

encore quand je prétends la contrôler

La pensée m’écrase, m’inflige son joug

despotique. Elle déteste ce que j’aimerais lui

faire exécuter.

J’entends mon doute s’esclaffer, s’indigner,

m’accompagnant toutefois dans ce labyrinthe

insupportable

193


Je devrais être un autre.

Bornes

Bornes, - bloquées - bornes à déplacer.

Vers est la volonté de tendre, de pousser

Je marche avec l’attente

les portes que je pousse,

les marches que je monte

les pas qui descendent

Je vis ou survis sans m’arrêter

Quelle hauteur génitrice ?

Quel au-delà supérieur ?

Je fais valdinguer les quatre dimensions connues,

moi le sage - ma frontière ?

Nulle patience

Dans la nuit, avec ta marche

ou courir pour atteindre les extrémités

Cet espoir dans le lointain

constellé de galaxies, de points infiniment peu,

infiniment grand,

194


toi, dans ta quête éternelle, impossible, folle

exploitant l’émotion douloureuse,

perverse ou ambiguë

dans ton volume de rêves

195


*

Ainsi d’une méthode.

Me pénétrer.

Ce principe d’investigation cérébral.

Combinaisons brutes à purifier.

Au-dedans, plus loin, encore.

A l’envers, à l’endroit. En moi.

Au-delà de l’absurde, chercher, trouver.

Démence et rage d’écrire.

Toujours. Sans jouissance.

Pour quelle extase intellectuelle ?

196


*

Tant de nuits se ressemblent.

Je commence par marcher, marcher pour ne plus m’arrêter, ne plus

m’arrêter pour aller en Toi.

Oui, encore.

Je suis l’amant d’un poète. Continuellement, je t’obéis.

Tu penses, j’écris. Je te relis.

Attention. Évitons de commettre des erreurs. Travaillons.

Il tressaille, j’écoute.

Je vis avec son ombre.

197


*

Les consciences se superposent

en strates, les unes sur les autres

Une cervelle à étages

à degrés

Des voûtes, des voûtes, bleus, noires, claires

Passer de la certitude princière

à l’élévation la plus élaborée

à une perception supérieure et limpide

Accéder à la lumière suprême

Mêlez, mélangez, embrouillez-vous !

Tu es : l’Action pensive, l’esprit intensif sans invention.

198


*

Cette fois encore c’est de l’énergie pour ma misère

Profondément mon apparat qui donc es-tu ?

Que représentes-tu ?

Je t’ai su, vautour

Avec mon âme perdue dans ses gaspillages

Je me suis exilé dans des souffles

D’applaudissements

La quantité obtenue, la mort désirée,

L’écrit achevé

La complicité de l’un avec l’autre

Inquiet, insomniaque, attendant - quoi ?

Sonné, sonnant, bouche auréolée

D’orgasmes poétiques chanteurs

Ho ! Suavité enchanteresse, qu’il dit !

A lire ....... à entendre, en vérité.

Légèreté de style, d’audace

199


Poursuis encore

*

Nul ne sait qui je suis.

J’habite une bulle métaphysique

J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,

Je palpe du silence.

Je broie de la Lumière, je l’accouple

avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,

se développe, s’impose.

Qui prétend accéder à mes limites ?

Je dénonce les distances, je les déplace,

je pousse les bornes.

Suis-je seul, de Moi à Moi,

Quelle avancée ? Jusqu’où ?

Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,

allez plus loin.

200


1

La semence

L’intérieur

La durée avec de l’énergie mentale

dans l’actif - le cerveau

produire - penser - produire - essayer

ce langage.

Construire avec la confusion d’images

dans l’ombre de soi

réalités trompeuses, mensongères

en vérité - matériel de poète.

Vue et envoyée sur le papier

entrecroisements de voyelles et de consonnes

sensations magiques - esprit magnétique

il s’autorise - il risque - il prend

2

Battements énergie en soi

situation de combinaisons à caramboler

Dans les synapses - la poussée

201


pousser du langage

pour le dehors

Nulle patience pourtant - le coup à espérer

à prendre

le coup

Hiéro - le sacre de soi-même

la certitude de la valeur

Les siècles des autres poètes - des littéraires

Mon langage expiatoire - qui ? quoi ?

Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -

Tu assassines des mots - pourquoi ?

202


*

Descends dans l’ombre

au plus profond

escalier plus bas encore encore descends

Creuser dis-tu dans ce dédale

avec confusion, espaces réduits,

interdits,

bouchés

Nulle clarté - j’amasse de l’ombre

carbone sans cristal.

Ne rien voir, ne rien entendre

puis des lettres, des signes là-bas au fond

Le rouge de ton coeur,

la femme-passion - la flamme braises claires

le fleuve sang de l’amour

203


*

Bornes détestables - limites haïssables

d’interdits de blocage de liberté concise

ennemis qui me brident,

que l’on m’empêche de déplacer

Mes bases, mes sommets, mes étendues

Ces bulles religieuses de belle atmosphère,

suffis-t’en ! suffis-t’en !

Les pas, la vitesse sur le cercle-limite

toujours tourner - toujours !

Hauteur intérieure qui espère faire exploser

ce couvercle bloquant

Je parlerai plus tard de la dimension temporelle,

principe à intégrer dans l’espace poétique mien.

204


*

Une conscience de difficultés

de solitude

d’exclusion

libre mais seul

de soi à soi

à l’intérieur

la voûte

Toujours plus

il faut concevoir

Épurer la raison,

éclairer la certitude

Travail intensif

Volonté interne - désir de s’élancer

C’est donc de l’énergie mentale mise au service

de la poésie. Pour quel résultat réel ?

205


*

Douleur plaisir trois filles

âme légère le pied libre le corps voltigeant

Devant mes yeux dans le front

l’espace du mensonge

La bouche intérieure

Grâces ou Muses, qu’importe !

La parole un seul auditeur moi-même

la connaissance pour mon éternité cérébrale

J’efface les filles. Que reste-t-il devant mes yeux ?

L’intemporel, l’immuable, l’inusable

206


*

Au-delà des limites

pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir,

pour la construction interne et invisible,

Voilà la vérité !

Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas !

De bons souffles d’oxygène. La bouche

y est meilleure. Elle y produit de doux vocables.

Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit

la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines

que l’on appelle âmes !

207


Dans ces rues…

Dans ces rues, des flux de pensées circulent.

Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité.

Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se ...

Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant

L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner !

Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace

Essayant de rendre cohérents des semblants

Délétères d’entités.

Écrit autrement : sur la page

Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et

Figures. Tes flammèches d’idées. Plans

D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini.

La plume se mêle à la nuit noire. La main

Prétend conserver la matière. La boue coule

Sur le papier. Que la lie soit féconde !

208


*

Bornes qui explosent, qui se déplacent,

Bornes fragmentées.

Ma reconsidération, ma certitude, mon espoir

d’actions. Avec bases, verticales et sommets.

Poussées et montées dans le petit, l’insignifiant.

209


Résonances V

C’est une série

C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix

Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir

Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées,

Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant.

Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ;

L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs

Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter.

L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;

Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente.

Mon double s’épongeant, tremblant, cachant

Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre

Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ?

Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain.

L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.

210


Le parcours de la conscience

De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. A la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,

De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant

Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

A moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et

J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

211


Doubles consciences

Doubles consciences communicantes

Claires, saines et séparées

Il y a transfert d’idées, d’énergie

Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?

Élans, volontés - actions - combinaisons

Oui, toujours.

Vérités simultanées de certitudes gémellaires,

La trace - le fantôme sont derrière

Comme l’ombre et la silhouette

Mais l’ombre se dégageant de la silhouette

Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.

212


Doubles consciences

Doubles consciences communicantes

Claires, saines et séparées

Il y a transfert d’idées, d’énergie

Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?

Élans, volontés - actions - combinaisons

Oui, toujours.

Vérités simultanées de certitudes gémellaires,

La trace - le fantôme sont derrière

Comme l’ombre et la silhouette

Mais l’ombre se dégageant de la silhouette

Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.

213


Le schéma intérieur

L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.

La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.

La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -

Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.

Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,

Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !

L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?

La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.

Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiéro

Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?

Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer

Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.

Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?

Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.

214


Topologies

Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,

Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer

Sur son propre chemin. Croisements, lieux et

Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,

De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.

Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.

Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,

Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.

De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.

Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,

Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder

À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,

Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,

Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.

215


La clé

La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.

Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée

De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant

Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.

Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?

Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?

La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-

Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,

Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la

Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.

Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les

Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?

Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?

Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.

216


La raison du questionnement

Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?

À demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a

Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en

À pas suffisamment pour y répondre ”. Implorer,

Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la

Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.

Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et

Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !

L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin

Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans

Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.

La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le

Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.

L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?

217


Le questionnement de l’Être

La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.

La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,

Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.

- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.

La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée

Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à

L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.

Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.

L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend

Ou cherche à comprendre.

“En attente du savoir”, “Je

Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,

Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire

Pour rendre possible l’action de compréhension.

218


En soi

Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,

Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,

Être-pour-soi. Être-par-le-monde toutefois.

Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,

De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures

De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.

Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de

Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont

Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.

Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique

D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant

La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,

Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.

Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?

219


Procédé mental

Suppose et décide. Perçois autrement. Avance

Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche

Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.

À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit

S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en

Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers

L’inconnu. La consistance de ton Être ?

Penser c’est

Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.

Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?

Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?

L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique

Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-

Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?

220


La pensée :

Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,

N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre

Pensée. Alvéolée avec une autre alvéole. Nécessité

De groupement, d’association. N’a nulle fondation.

Éveil et disponibilité dans une direction incertaine

Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller

Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de

L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,

Autrui dedans, autrui-dehors.

Elles s’organisent pour

Former une configuration. Leurs charges indiquent les

Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,

etc.

Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,

Avec machines, puis société, civilisations, - évolution

Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.

221


L’audace spéculative

L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître

Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-

Met l’embrouillamini, le marquant, le saut, le risque.

Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit

D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !

Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa

Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis

Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller

Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.

S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.

Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.

C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une

Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret

Et du réel pour un dessein de futur accompli.

222


Une sorte d’intuition

Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,

Avec points de suspension. Semble sortir. Perception

Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.

Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà

Audace et prétention que de parler de la sorte. Je

Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout

Instant.

Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-

T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de

Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante

L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté

De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,

De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de

Défaire du noué.

Étude biochimique du cerveau ? L’intuition

S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.

223


Le retrait de la présence

Le retrait de la présence. Conscience de la

Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse

Du degré d’utilité, détermination de la valeur.

Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.

C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non

Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.

Pourquoi ?

La représentation extérieure est ordinaire,

Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.

La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins

Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière

Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.

Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine

Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.

Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.

224


L’un et l’un

Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”.

La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.

Introspection psychologique, désir absolu de comprendre

Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,

Avec son langage, son espace, ses structures.

Comment

Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut

Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,

“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là

Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger.

Le langage permet d’articuler les combinaisons,

Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.

Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.

A quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps

Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?

225


Insister, c’est espérance pour l’esprit

Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?

Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.

J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

226


La négativité

La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?

Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !

Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,

Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre

Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est

Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.

Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.

C’est l’intégration du temps avec chemin caché,

pour prendre

Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères,

Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense

Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.

227


Résonances VI

Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

228


Détermination de la valeur

Se jette stupidement sur le carré blanc, pollue

Le purifié ;

Crainte de la valeur, de la détermination,

Ne sait convertir la lettre ne chiffre.

Ce qui semble connu,

Certain - son dérisoire - sa crainte ; l’homme caché, replié,

Honteux, homme de la peur ;

Faible, - peu - progresse - élève-toi.

Le murmure éternel lui dit :

Qu’est-ce qu’un poète ?

Peut-on déterminer son utilité ? Il modifie encore l’ordre

De sa mémoire, espérant quelque situation favorable

D’associations alphabétiques. Son immense silence dans

La nuit étoilée !

Veut crier dans le dédale de soi-même,

Invoque les Dieux ; nulle réponse. Habitude, habitude !

229


Toujours, miroir en soi, hors soi

qui se double et se dédouble

Puis l’exercice scientifique de pénétration

de profondeur

de connaissance

La feuille grecque avec spéculation

refusant le mauvais hasard

Est-ce toi, toujours toi

qui cherches à te reconsidérer

à te modifier à volonté ?

dans l’éclatante volte-face

par mille effets conjugués

pour un dérisoire, détestable :

“Ce n’était que cela ?”

L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.

230


Encore insaisissable, encore - pour comprendre,

Supposer, et prétendre

élans efféminés de l’intérieur

amant proche de la séduction,

de la séparation des mots et des signes

qui évoque sa musique dans le miroir de l’âme,

et cherche désespérément la promiscuité de l’extase

231


I

A l’intérieur pour l’ermite

toujours là - enfermé - obscurité et lumière

en plénitude idéale du Moi

ne jamais sortir

La balance s’agite et suppose ton poids

prétend avec erreurs.

II

Pour quelle clarté ? La lumière se dérobe,

inquiète, effarouchée, fille savante

si troublée dans sa vérité,

angoissée déjà !

Difficile de jouir de ces grâces éblouissantes !

La conscience se ferme,

le visage vieillit.

232


Une pensée d’étoile

Une pensée d’étoile obscurcie,

une pépite de trésor enfouie

un et un seul pour essayer de découvrir

Une jeune fille qui gicle dans l’Etre

pour élaborer une forme

et qui devient une femme

reconstruit notre espace

233


La luminosité prospective

La luminosité prospective, - moment de chercher,

De découvrir - éveillée par la curiosité - aller

Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette

Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide-t-il

De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre

Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?

234


Cérébralement différent

Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une

Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer

Un système d’extraction ou de production autre.

Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,

Mais de reconsidérer l’appareil productif interne

De l’homme. Prétendre différemment les possibilités

De l’action humaine. Appréhender l’étant avec

Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.

Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,

L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux

Canaliser.

L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle

Un homme historique nouveau ?

235


Les structures métalliques

Des yeux scrutant à l’intérieur,

Repensant de nouveaux espaces,

Le vide, le désert, la construction,

La Nuit - moins la Nuit - le plus clair.

L’Eternel Néant - la volonté d’échafauder,

Structures métalliques invisibles à perte de vue.

Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes,

Je regardais ma face sur ces structures

Qui renvoyaient son image - je glissai

Le long des structures.

Éternellement je recommençais,

Les structures réapparaissaient.

Je repensais le tout avec déformations scientifiques

Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.

236


Les gerbes d’or

L’esprit, chercher encore cette solennité poétique

y descendre par l’échelle créatrice

pour y trouver un être ou l’Etre

Le prodige de sentir le soleil sous soi

mais plus solennelles encore les gerbes d’or de

la moisson ressuscitées au clair de ma conscience

offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire

désireuse de se nourrir d’Essence

237


Les intensités suprêmes

Les intensités suprêmes de la pensée

avec l’immense lassitude de l’esprit

Nul hommage intérieur

une conscience de honte et de médiocrité

La rare apparition, - la fille sublime

telle une intuition géniale

mais l’Éternité révèle l’insignifiance de l’homme

Son espoir est dans une possible esquisse d’immortalité

entourée de quelques élus sublimes

seulement

238


La douleur absolue

La douleur absolue

L’exil au plus profond du Moi

La transe, la mémoire pour produire

pour ne pas oublier

La substance pour se mouvoir

L’œil ouvert pour l’intérieur,

L’impossibilité d’en cesser avec la violence

et la chute éternelle dans les tempes

239


La plongée et la crainte

Entendus seul de moi à moi

des mots inutiles pour couvrir une ombre

La pensée comme un écho lointain

se baigne dans l’inutile

Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer

trouver autre chose

Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?

Sous la braise - les mots - le soleil - la braise

Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement

L’ouverture pour le front

Surplomber son immense paroi cérébrale,

craindre de s’y jeter,

de se faire foudroyer par l’éclair

La plongée et la crainte

240


Transfert

Ils se pénètrent, s’approfondissent ;

un Moi inconnu

envoie une pensée profonde par l’image

que je dois défaire pour reconstruire

un espace invisible, caché, dedans

Eclipses, interdits à comprendre.

Soumis à interpréter.

Je dois expliquer.

Une mémoire

Une mémoire stupide qui carambole encore

ici s’achève un commencement

J’ai voulu fuir mon corps

J’ai marché dans ma raison

241


La perception insignifiante

Le besoin d’extraire pour fuir mon néant

Une envolée d’extase une esquisse fébrile

Un faible filament

et cette perception insignifiante

saura-t-elle porter l’écrit nouveau ?

Je m’essaie en toi,

je risque, j’expérimente si le terme est juste

j’attends l’instant satisfaisant

j’associe liberté et force

pour l’exaltation du poème

Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs

Nulle élégance, nul rythme, mais une violence

qui m’obsède pour une verticale

impossible à atteindre - ta verticale !

242


La piètre maison

Là où supplie l’intelligence un progrès quelconque

demeure une certitude de médiocrité

et d’insignifiance

La nuit des Dieux est sourde

et refuse d’entendre la supplique

Je construis l’intérieur de ma piètre maison

Nul commencement nouveau,

Le corps veut se détruire

Le domaine est à l’esprit

Il n’y a nul chaos invisible

mais chaque élément, chaque brique

se place et s’entrepose

La langue parle simplement, logiquement

avec raison - dialogue de construction

L’esprit offre à la bouche

et la bouche à la

main qui noircit la feuille

243


Quels résultats ?

Ténacité de l’écrivain

Écrire c’est prétendre découvrir autre chose,

c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace,

c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer

une sorte de ballet nuptial - le plus souvent

détestable, perdu en vérité.

C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain

désire ardemment obtenir une page ou un poème rares.

Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ”

il invoque “ La jeune Parque ”, mais il se sacre

de dérisoire - de son dérisoire.

Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans

son impossible pari. Il échoue, se meurt et renaît.

Enfin il y croit. Et pourtant ! Que de déchets ! Et

combien de maigres espoirs anéantis à tout jamais !

Enfin il insiste.

244


Épilogue

Chercher sans réellement découvrir

dans la rumeur de soi

avec tangage de langage, - chercher

Quand la gestuelle pensante est monotone

sait pertinemment que demain sera comme hier

une vaste déception cérébrale

d’élans cassés

d’avancées perdues,

de futurs inutiles

Alors pourquoi cet étonnant labyrinthe en soi-même,

cette vaste cité intérieure ?

est-ce volonté de comprendre,

de développer une capacité interne ?

Est-ce aventure personnelle ?

Fuite en soi ?

Nulle réponse simple n’offrira de réelle vérité.

Est-ce travail d’homme ? De pseudo-penseur ? De poète ?

Que répondra le lecteur ?

245


PERIMERTRES ET FLUIDITES

246


Suites/Relances I

J’observais au fond du Moi

Ce vocabulaire amorphe

Inapte à s’associer

Pour obtenir des coups heureux

Jamais je ne parviendrai

A l’optimiser

Cette matière douteuse

Détestable et stupide

La faute m’en incombe

D’autres, autrement

Avec leurs réels moyens

Sont parvenus à purifier,

Elever, simplifier, charmer

Et je pense à Jiménez.

247


Éloignée

Éloignée, en soi-même

Au moment de la toucher

A l’infini vers moi,

Pourtant tu disparais

Ma bouche cherche un songe

Afin d’y fixer l’oubli ;

Les ombres que tu vois

Chancellent librement dans mon âme.

Je t’offre l’incendie

Nourri de braises claires,

D’idéal purifié

Seuls ou encore à deux

Soleil et lune sexuels,

L’énergie harmonieuse.

248


Autres limbes

J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,

Où la confusion cotonneuse rend informe

Tous les objets de la veille. Je glissais

Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie

Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte

De transe imaginative offerte à la raison

Toutefois.

Des élans de pensées jaillissaient çà et là,

Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.

C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit

Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent

Par recomposition et mémoire activée des souvenirs

D’autrefois.

Puis j’entendis douloureusement la voix

Suave du Christ qui m’invitait à le suivre

Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.

249


Incolore

Incolore, bleu pâle dans l’âme

Avec élans jaillissant clairs,

La voûte cérébrale s’illuminait parfois

Ce soir, c’est un Néant intérieur.

Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles,

J’avance chancelant sur des houles imaginaires,

Je perçois le crissement d’un cristal parfait,

Choses étonnantes difficiles à saisir,

A rendre par l’image en si peu de temps.

Il n’est pas question de se souvenir,

Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté,

La création étant trop pompeuse. Ainsi il

S’élève logiquement pour des strates indéfinies

Construisant encore contre cette voûte cérébrale.

250


L’invasion de mots

Une invasion de mots

Comme des cavaliers blancs

Recouvrant l’espace

Inondant la voûte poétique :

La cervelle est encerclée

De syllabes, de chocs de mots

De paroles, de conflits de syntaxes.

Pour écraser le silence

Dans des batailles tumultueuses

Des hordes pénètrent en lui.

De cette violence aberrante

De résistance et de furies

Explose en gerbes multicolores

Le poème inconnu qui vient de naître.

251


Être

Être

c’est prétendre vivre à l’intérieur du Moi

Que peut l’Autre pour Moi ?

dans mon étendue cérébrale ?

pour ma construction interne ?

Les murs. Grand nombre de portes,

Ouvrir pour l’infini inutile,

Elaborer sur des assises incertaines.

252


Construction architecturée

Construction architecturée sur un socle structuré

Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse

Je t’observe au parfait du Midi !

Ta pensée est mûre, tes tours édifiées.

Ô monument d’éternité,

Quelle beauté de rigueur tu formes !

Elaborée par des siècles d’apprentissage,

Et d’imitation, ta façon

Semble régner dans la quiétude.

Hautaine et debout, crains gloire

De briques, fragile géant, crains

Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur

Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil

Et te réduise à un tas d’immondes poussières.

253


Des espaces, des lieux

Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,

Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles

À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches

Ce qui les sépare - ce qui les convertit.

Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.

Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement

Des moments de l’activité humaine ?

L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant

Et relevant les images floues, s’octroyant

Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.

Le propriétaire de Soi.

Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,

Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,

Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?

254


L’homo desertus

(L’homme du désert)

Waldlichtung, la clairière en forêt ; je

Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace

Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible.

C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel

Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres

Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.

Les horizons du temps et la taille de l’espace,

Ces dimensions universelles y sont également représentées.

L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité

De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer

Du vrai en marchant. Degré de subjectivité

De la conscience ?

Pensée intuitive, pensée

Spéculative - réside déjà la possibilité

De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.

255


Suites/Relances II

Evanescence et périmètre

De si loin

pensées au plus profond

transmissions concevables

sans doute agitées par ma mémoire

lancées, montées, explosées

Là enfin

poussés par le souffle

Quelques mouvements dans nos rêves

des mots offerts

De moi-même, évanescence

incandescence

pour l'élaboration de l'œuvre

J'observe fixement l'exaltante envolée

des feuilles voltigeant

pensées englouties irréelles

surgissantes déplacées

J'y perçois quelque lumière...

256


Des groupes de mots, des familles, des appartenances

avec l'analogie, la symbolique etc...

Un mécanisme bien huilé, en vérité.

Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.

257


Syntaxes amoindries

Insufflées poussées

extases d'écrivain

Le non-probable, la certitude de l'échec

Associe tes coups mélange

avec ta substance amoindrie

pour tes quantités multiples

Il est nécessaire d'aller longtemps

puiser au fond de soi-même

258


J'ai dé-pensé

J'ai dé-pensé me déplaçant

perforant ce mur d'incertitudes

cherchant le monde naissant derrière,

ou à côté

Une pénétration sans expérience

par ressemblance prolongée

exploitant, refusant l'autrefois

Oui, rendre possible un avenir inconnu

Comment rendre un autrement vraisemblable ?

259


Le mot cherche

Le mot cherche se détermine

d'après autour de lui

Il flotte ici un parfum d'images

irréelles déplacées agressées par le temps

Le mouvement clair enflamme

s'étire emporté par le soleil

intérieur tout en fixant le vide

Je confonds le ciel cérébral

de mon espace imaginaire

avec une possibilité d'invention poétique

260


L’image et le mot

L' image et le mot l'un avec l'autre

tout dépend de l'hémisphère cérébral !

Les yeux voient ce que l'esprit écrit

La pensée rôde, esquisse en mouvements le poème

Comment fixer le silence

dans le vertical de son vide invisible ?

261


La nuit noire, mauve

La nuit noire, mauve et bleue, le regard

Cherche en lui quelque quiétude aérienne.

L'invasion des nuages déplace la pensée,

La vitesse des traits et des images emporte

Les mots hors du champ de conscience, la lancée

Des possibilités poétiques chargées de musc,

De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes

Multicolores.

Il faut apaiser l'ardeur, calmer

L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,

Certifier l'espace de sa transcendance interne,

Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.

Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie

Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant

Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.

262


L'immense réservoir humain

Ne parlons pas d'Art - Ceci serait prétentieux,

Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel

Se situe l'auteur est plus modeste...

S'installer, lancer

De l'énergie, combiner une sélection de mots d'a-

Près des critères de ?...(Trop long à expliquer

Sur un sonnet)

L'espace mental, l'action visuelle -

Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser

Le geste de composer ? Informatique et Biologie

Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possibilité

de sublimation humaine! Le sixième continent,

Comprendre L'intelligence avec son intelligence,

Le cerveau avec son cerveau.

Temps, Moyens,

Travail en commun, synergie de la compréhension

Pour accéder à l'immense réservoir humain.

263


L’air éclate

L'air éclate comme une séquence impossible, je

Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts

Au magma. Des effets lumineux très pervers.

Un souffle crache de la poussière mentale. Le

Long de ma paroi interne suinte de la vérité à

Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et

Cherche à sortir. La fille se retire, la fille

S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.

Le jeu de la tête à représenter. La démonstration

Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du

Manquant et de l'inspiration.

Où allons-nous tous deux ?

L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de

Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le

Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?

264


Au zénith

Au zénith, la nuit obscure dans la tête. La volonté

de comprendre, d'aller outrer. Sous le poids de l'ignorance.

Méninges, rapiécer avec techniques, espère-t-il les éléments.

L'œil plonge dans son espace, la main récolte les caractères

et syllabes.

Demi-tour, à l'intérieur ! La pensée prétend

triompher et ressuscite. Je dirai d'une voix basse : "Tel est

ton triomphe, - cela et rien de plus. Le poème est écrit."

265


Au fond du Moi

Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant.

Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors

d'atteinte l'autre

contemple la Cité et cette logique de mots, de

constructions de langage et d'assemblage forme

irréelle ou fantomatique structure délétère.

266


Suites/Relances III

Son but

Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe

De son âme était pour lui un jeu intellectuel,

L'univers du poème un espace curieux à

Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, par-

Fois. Etait-ce une passion, un vice, une dose

D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de

Déterminer sa propre limite, reconsidérer son

Complexe, élargir les moyens de comprendre.

Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations

Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte,

Il prétendait... Mais ce n'était que chimères,

Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi,

Que folie permise par un idéal poétique rêvé :

La probabilité réelle de sa réussite était nulle.

267


Des labyrinthes fangeux

Des labyrinthes fangeux, des structures internes

Complexes et déplorables, un néant à combler

Par le travail, par la studieuse constance pour

Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,

Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans

L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.

Seul, toujours seul.

Qu'importe d'être compris, d'être

Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !

N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?

Comment achever cette vie inutile faite de rejets,

De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas

Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?

Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question;

Des labyrinthes fangeux, des structures internes.

268


Entre dans toute joie

Entre dans toute joie :

(Mise à la disposition du vers pilé)

d'une clairière uniquement chancelante.

Cépages. Arbrisseaux. Ecobuages.

Donc le balancement des idées.

Les sublimes soupirs à ébaucher - le tintamarre

plus que parfait.

En toute gratuité, pour nul connaisseur

L'entrelacement des triangles :

D'autres triangles.

Pensées-applications-lecteurs,

Je reviens à ton a-forêt, pipeaux sylvestres

tes gradins d'écriture,

base et élévation - monte

Mais l'a-forêt ?

Toi dans le lieu, nulle âme autre

La tienne seulement

269


la goutte perle, se distille.

Nulle célébration du lieu,

mais la goutte -----) qui est signe.

Cela s'accumule, n'est-ce pas ?

Parc, sentiers, squares corrects -----) je

te dis que l'oeuvre avance, que le tout

s'organise. Tu ne sais pas lire ?

Tout est construit - qui voudrait s'y promener ?

270


Suites/Relances IV

Mouvements de pensées

Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés

Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements

De la tête de jeune éléphant qui active

Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et

Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.

Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons

À larges jets diffusent quelques élans clairs.

Des vents légers et aériens ; le ciel se charge

De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,

Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence

De l'écriture, et des applications pour la feuille

De papier. De ce magma, que restera-t-il

Réellement d'utile ?

Des manières poétiques,

Des élans stupides que tous rejèteront, en vérité.

271


Ce qui s’échappe

Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe

Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme

Puis ta houle intérieure, inventive

Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit

en dehors de ton temps

La pensée suppose, implose

Pour s'éjecter sur le rectangle blanc

L'oeil qui étudie

Le choix dans l'éclair

272


J’ai cherché

J'ai cherché, c'était hier, un monde

un songe ou une vapeur d'idée

J'avançais avec une pensée monotone et

monocorde

J'avançais

Je percevais leurs souffles, je pénétrais

leurs labyrinthes subtils ou insensés

prétendant retrouver leur centre

Je rêvais de leurs formes, de leur méthode,

de leur formule - les poètes m'étaient

indispensables -

273


Écho

Mais à l'intérieur ?

Echo faisant place écho

Sans les mots pour l'écrire

Qui prétend

Qui prétend penser, agir, avancer ;

et cependant il parle, ou construit, extrapole, etc.

Poussières encore ! Mais toute cette accumulation

de fragments construit la stèle - les pensées

associées, pulvérisées, agglomérées offrent

la structure..

Primitif d'un tout !

Déformer la réduction, imposer un surcroît

- plus encore...

Cela scintille et c'est soudure.

274


Les espaces obstrués

Encore les espaces obstrués

Le vide à soi, le vide

Une faille peut-être

Espérant une nouvelle matière

Il suppose en creusant

L'espace décomposé en soi

Traduire l'infinité

Te rencontrer encore après bien des années perdu

dans ces labyrinthes d'écriture

pour ces impossibilités littéraires à atteindre

La structure démantelée est à refondre

De nouveau, il explose

Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint

Le sens du continu

275


Inventé par soi-même

Pour un nouvel espace inventé par soi-même

Bleu ou blanc cosmique épuré ou vrai

Mais comment concevoir autrement ?

L'air cent fois transformé

276


Et là indistinct

Dans mon front, et là indistinct

la substance cohabite avec l'inutile

l'effort est vain

Sage, et toi dans le bleu ~ je te convie à la lumière

pour l'immortelle semence d'être et d'être encore !

Sacrée - en demeure sacrée

où les flots sirupeux et les excréments se déversent

Sacrée, ô demeure de moi-même

dans l'attente d'un meilleur

Pour l'espace aisément

difficilement

pour l'espace

Mon temple refaçonné, purifié

je me rejoins dans l'innocence d'un saint,

j'accède, j'atteins

Exigences de certitudes, de vérités

Déchirures qui renaissent

277


qui relancent la haine

Ici à repenser

et décider une nouvelle définition

Compressé, condensé, déplacé, ailleurs, autrement - l'ordre !

L'ordre et la construction des mots pour une architecture nouvelle.

Mais quoi ? Et avec qui ?

278


De rechercher en

De rechercher en

de nouveaux domaines

de claires résidences

non pas des labyrinthes ou des cloisonnements

mais l'espace intérieur inconnu

à découvrir

C'est encore soi, mais un soi ignoré

de sa propre conscience

C'est une sorte d'aventure de l'esprit

- ce qui est caché - invisible encore

qui doit apparaître toutefois

De-ci de-là très à l'intérieur

cherchant et balançant

lumière claire, fluides de phosphore

Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées

Mais avec quelles matières cérébrales,

quelles traces à appliquer ?

Un monde

toutes les nuits

279


qui échappe, s'enfuit

Infini et Un,

qui se construit et délivre un message poétique

Quel message ?

280


Yeux en moi

Yeux en moi aveugles

Yeux du dedans je dois mourir

Lancées et miroirs intérieurs

Par le souffle, en contre bas, j'explose

Sangs jetés dans le corps, mourir

L'un et l'autre - les deux

La chute, la faille, tombés

Cris pensés après cris repensés

Cristal de haine, aux abois

Je verse dans le délire

Tu vois, je souffre encore

Chair et nuit se tenant

Dans l'angoisse et l'horreur

La fuite la mort ton Néant

281


Déplacé - repensé

Déplacé - repensé ailleurs et autrement

Le territoire de la repense !

Ecriture noyée, focalisée, hérétique,

agressive et violente - Ecritures !

Sans être lu mais se lire

plié, à l'intérieur

Ecrasé par ses rayons monstrueux,

roule en toi-même ou grimpe du moins agis

Dans ce champ mental, aie soucis de toi

Non, point souci des autres

mais soucis des poètes morts - avec leur substance, ma co-substance !

Voir à travers eux !

ou fluidifier d'autres mots

Une sorte de réplique

revisitée, intemporelle - une sorte de réplique !

Et pour viser à quoi ?

282


Structures sensibles

Structures sensibles ici,

structures poétiques

Le grand ouvert bouche bée pour comprendre

et apprendre

Invisiblement repensé, restructuré, ailleurs

Nuits bleues d'humeur volatiles

Parties de poésie jouées avec soi-même

Ombres et vols - mais repensé

avec âme délétère

Serrures, sensibles, - grand ouvert

c'est encore vous !

Paroles, et cette soif jamais assouvie

Paroles et pensées pour s'octroyer quelques fragments supplémentaires

Un instant, l'écrit, le trait mais rejeter l'agglomérat

Des routes, des réseaux, des sorties - longues avancées en soi

283


Traces de plus en plus visibles - traces -

Surfaces parallèles - en décalage - surfaces

Tombées, retombées dans tes versants

L'emporte comme s'étale

Surcroît, s'efface et cherche

Défalquer dans la transparence, le reprendre avec soi pour saisir cette trace

dans cette opacité mienne

S'y perdre en plongeant

Limites perpétuelles franchies - limites

Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle

284


Endormies sur le feu

De grandes fluidités

De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis

vont se dispersant sous la tiédeur endormie.

Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour

infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère

quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du

supposé possible à la rumeur absurde ?

sporadiques ?

Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts

Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je

veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.

Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de

l'écriture, ces génies de la syntaxe ?

Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.

285


Pénétrant, et cette fièvre

l'élan

Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la haine, dans

mais pénétrant encore

de soi à soi

Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées incolores

Oui, mais en dedans

Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre j'avance

songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude

Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te guidant - et tu

réponds par le regard en avançant

D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le repos

l'ombre de mon corps

Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles légères - dans

fuyantes et ronces

Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches entortillées et

Moi ayant toujours cherché et visitant

286


Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore

La belle obscure

De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement

Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres

Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la

Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements

De synapses dans l'immense luxuriance du don !

Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis

Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-

Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades

De courbes, en fuites éperdues, en élans in-

Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !

Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et

Figurative, ou plonge encore dans l'immanence

Insouciante de la raison, dans la vasque remplie

De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.

287


Figures pensantes

Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent

De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense

Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élaborent de

Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel

Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.

Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée

S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse

D'autres espaces clairs ou invisibles !

Un futur se propose…

288


Dans le vide

Figures disposées dans le vide

Figures pensantes et articulées

Dans les sinuosités angulaires escarpées

Et tranchantes qui se renvoient

Avec leur logique désordonnées des fragments

D'images bariolées

En approche de l'esprit, les constructions

Se désintègrent de couleurs en lumière,

Lambeaux de toiles mortes,

Vieilles souvenances oubliées

Figures déployées sur l'écran de la mémoire

Là le mensonge éblouit

Pour la renaissance des châteaux

En élaborations incomprises

289


Pour que surgissent

Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent

De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense

Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élancent

Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel

Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.

Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée

S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse

D'autres espaces clairs ou invisibles !

Un futur se propose…

290


Absence sinistre

Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage se

dresse d'un coup. Quelles sont les limites possibles ?

Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.

poindre.

Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble

J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme. Le

silence écrase l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.

291


Un mot cherche un mot

Un mot cherche un mot qui refuse de lui

Répondre Ici commence la guirlande accrochée

Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose

Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux

Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent

Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi

Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon

Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de

Sang jaillissent ici et là dans l’armature

Du Néant. J’attends mon auréole et je demande

Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers

La Coupole.

Des cercles et d’autres cercles évasifs

Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur

De haine circule dans la ville. J’écris encore.

292


Pour,

Pour, dès qu’elle survivra à l’orée des tempêtes enrubannée d’orgasmes

pensée et recomposée dans l’essence aérienne

d’espoirs

Et tel un glissement qui rebondit dans l’éveil enchanteur pour déborder

Ici et là et à côté ~ la localité se précise dans un centre - focalisation

Ce fluide, je l’entrevois comme un plasma frivole

293


Une parole déchirée

Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son paroxysme pour

éclater en mille fragments de syllabes.

Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment considérer l’Au-delà.

Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà.

Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné de la logique, dans

du vrai pourtant.

-

Silence. Et substance émanée par le songe

-

Paroles menteuses mais créatrices cherchant une nouvelle essence de

l’être.

Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un sublime agencement

poétique !

Hauteur des mots.

En soi démesurément

-

Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques traces de

profondeur

294


Je te sais : constamment absent

Ici une volonté autre - est-ce dépassement ?

-

Le support, l’élan

Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes d’applications

-

Espace très à l’intérieur

Espace et toi sur le versant

T’essayant à quelques délires

Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant , je te dis avec

combinaisons et luxes d’audaces

Sur la matière, tu n’es plus

-

Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est faussée

Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là - évidemment !

Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais comment ?

-

Décalant ton orgasme - en toi, profusément

La pensée s’enflamme et cherche à te détruire immensément

295


Futur comme toi

Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé,

Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~

Dans la fraction du temps ~ intervalle qui sem-

Ble ne pas suffire ~ et appliquer toutefois.

L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères

Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupe-

Ments, les anticipations, les interdits organisés

A la demande, pour l’imparable extase.

Le trait redescend mat et impuissant, la pensée

Contingentée dans des délires douteux - optique de

Reproches et d’incertitudes.

Puis l’omission, le rejet,

Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute

Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvel-

Lement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?

296


Déplacé dans l’impossible

Déplacé dans l’impossible menteur à la

Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle

Part. Au travers, se supposait au travers.

Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons

De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,

Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.

Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,

~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.

Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,

Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.

Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle

Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit

Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique

Le sceau sacral, et je prétends produire !

Promptitude, attention souhaitées

297


Promptitude, attention souhaitées

Accumulation de points, de signes - ils ont été numérisés

pour passer de paroles ennuyeuses à des applications abstraites

Convertibilité d'images au moyen de rapports

Recherches encore pour la symbiose ou la symbolique déplacée

Créant une structure vide et inutile pour un seul exploitant

Moi toi, tu es là : ta pensée s'ouvre, toi suspendue dans l'espace que tu

conçois déplaçant les stations successives du temps et de la création

Les distances et les limites forment des cobordismes douteux

298


Reconstituer la Vérité

Je reste constamment enfermé en moi-même comme si cet espace

insignifiant allait me permettre de reconstituer la Vérité.

Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le soleil fond comme une

éclipse. Des labyrinthes épais ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche

pourtant. Je veux fixer l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela est

mensonge.

J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri. Encore, encore je

suis immobile. J'impose à mon esprit de mieux penser. Halluciner est un

moyen. Les Temples s'ouvrent devant mes yeux.

Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es enfoui dans l'intimité

du Moi. La nuit est claire. Elle te nourrit de subtils savoirs.

J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant, titubant, avançant

toutefois, quand une jetée de cendres me recouvre entièrement pour me plonger

dans mon Néant.

299


TABLE DES MATIERES

Préface

Structures démises

Messages I

Messages II

Messages III

Messages IV

Messages V

Messages VI

Résonances I

Résonances II

Résonances III

Résonances IV

300


Résonances V

Résonances VI

Périmètres et fluidités

Suites/relances I

Suites/relances II

Suites/Relances III

Suites/ Relances IV

Endormies sur le feu

301


FRANCK LOZAC'H

L'INFINI-EN

302


Pensées sculptées

L'opacité absolue

fondre dans

Cela, par effets, l'opacité absolue et nulle lueur -

l'aurore et plonger

Encore la plongée fuyante, en soi,

Sorte de spirale infinie de rien - nulle possibilité de

dégagement, l'éternelle glissade sur les bords du vide

Le temps succédera au temps

pureté

Sont-ce des possibilités printanières, d'exil, de

transparente - qu'est-ce cet autrement ?

La remontée

303


Je tiens le mot pour

Espacé de silence, - espacé - figuratif et muet

formation,

La parole dessaisie murmurant pour cette image en

en attente tendue, - l'inachevé est à disparaître...

C'est cela : à disparaître.

À la recherche de ce vide

obscurément en

et de trace, de substance même ?

hautement ressoudées en soi par le magique effet

des consubstances

Solutions et réponses pénétrées là

304


Mais à cet endroit

vide

Mais à cet endroit

Pensant quitter, tournoyer ou filer -

déterminant ma pesanteur, ma légèreté, pensant

fuites encore sur mes passerelles, et courses

sur les tuyaux - hauteur et charpente - fuyant

encore - fixant le faux vertige - coulées

claires de pensées et brusquement à petits pas,

De là jusqu'à ce sol - avec ce dehors de nuit noire

Mais nul rêve, - facteurs vrais du vide, de son

Et tentant d'avancer toutefois.

Et ce, au plus profond

éclatées

Et ce, au plus profond avec centre et spirales

305


nouvelle

Froissé, décomposé, suppliant, espérant cette

aube, puis le jour s'éteint

---

Ici et le prétendre encore

fuyant la diagonale

plongeant sur l'oblique

s'évaporant dans l'espace

---

De la pensée volatile dans l'éveil

sur l'a-conscience qui se figure bourdonner

au milieu de l'endormie

Lourde encore supposant quelques scintillements

clairs qui sera et s'échappe pour rien...

Mais à l'intérieur ?

306


Echo faisant place écho

Sans les mots pour l'écrire

---

Seul, dans le silence de l'écriture, seul

À l'instant d'espérer, et toujours espérant

Certitude de cet insignifiant, qui rend sourd

mon futur

Paroles soustraites de la phrase, paroles et

quelques bribes obscures ou prophétiques, paroles

essentiellement pour ma personne.

souffle

À saisir, encore le délétère et le subtil pour

éclairer quelque mensonge et joindre ce que son

lui dit d'écrire.

307


Qui prétend penser

Qui prétend penser, agir, avancer ;

et cependant il parle, ou construit, extrapole, etc...

accumulation

Poussières encore ! Mais toute cette

de fragments construit la stèle - les pensées

associées, pulvérisées, agglomérées offrent

la structure..

Primitif d'un tout !

Déformer la réduction, imposer un surcroît

- plus encore...

Cela scintille et c'est soudure.

Demeuré, en soi, plus haut, ~ parole qui porte

à l'intérieur.

La figure tout à coup :

308


impuissants

éclatent

Eclairer l'ombre même, le noir inoffensif

Des rais foncées et rouges : l'orgueil des

Suffis-toi de ces lignes, elles circulent, elles

Lance tes blancs, tes crèmes invente des spirales

Poudroie un sacrement qu'il explose à leurs yeux

Condense l'énergie va dans les fuites claires

C'est encore un spectacle que tu veux inventer

Cette création saura bien les surprendre

Tous ces gestes magiques éclairent nos esprits

Fuites, vitesses, vitesses vitesses encore dans ce

Gerboiement de pensées éclatantes, avec ces flux

Multicolores qui interpellent et nous imposent

À considérer l'activité mentale, cérébrale

Ou d'autres fuites ~ suites imaginatives

expirantes

Demeurée qui éclate figurines explosées

Danse sur le soleil au proche des catacombes

309


Pour la lune éblouie et là-bas l'extase

Dans l'or de la voyance pour l'orgasme sexuel

Finitude de plaisir corrompre mes destinées

C'est étrange, cet infiniment et fuir à tout jamais

Regarde, croise le sommet interdit l'élégance

Ce ne sont que des Empires encore la corruption

On te dit d'éclairer l'ombre des sémaphores

Un éveil de phosphores la fille désenchantée

Croître pour ta portée indigne et méconnaître

Avec ce savant mélange qui ruisselle dans la nuit

La folie médusée la haine entrouverte la peur

Qui te dit au lointain que tu conçois encore ?

Me pulvérise

Les limites, les lignes, les fuites,

la pensée se déplace

dans une configuration autre

Je reconstruis ma frontière, explose

dans l'espace, me pulvérise infiniment

310


Incompris, illisible, à rejeter, à vomir.

Soudées

!...Dans

Soudées comme des particules de rien, soudées

poussières invisibles, imperceptibles, soudées

la vitesse du temps pour s'immobiliser en statues

pensantes, en constructions poétiques élaborées

l'association,

Elaborées en leurs centres où culmine

une face de conglomérat pendante, telle est ma

résignation.

311


Surgissements

Les espaces obstrués

Encore les espaces obstrués

Le vide à soi, le vide

Une faille peut-être

Espérant une nouvelle matière

Il suppose en creusant

L'espace décomposé en soi

Traduire l'infinité

Te rencontrer encore après bien des années perdu

dans ces labyrinthes d'écriture

pour ces impossibilités littéraires à atteindre

La structure démantelée est à refondre

De nouveau, il explose

312


Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint

Le sens du continu

Au-delà du sens

matière,

Au-delà du sens, à la recherche d'autrement, cassant la

restructurant la syntaxe, déplaçant le vrai,

Et pour quels surgissements ?

Au-delà du sens, ce que peut le non-signifiant

ce qu'il prétend trouver

autrement

Encroûté, insistant, piétinant encore

Contre le sens, le faisant exploser

ou disparaître

313


Et d'avancer pour aller plus loin

là-bas j'y suis

Prolonger, rajouter, soi sur soi,

sans cohérence, sans organisation réelle

En poussière inutile

En poussière inutile, en saisissement volatil,

scintillement qui échappe dans l'interstice de ma pensée

Imperceptible qui se fait et se défait, disparaît puis rien

314


Ici en deux

De toi à moi

que faire

Ici en deux

que je place

et déplace

À repenser

Encore sur ta hauteur

moi-même à élever

Suspendu dans l'esprit de la réplique

reprenant ton souffle

avec la grâce de l'application

unissant les choses libres et différentes

Ma nuit et ton jour par frottements

pour fluidifier nos différences

et nos contrastes

315


Ou plonger encore pour la très grande estime,

descendu là dans le profond

Cela sera-t-il proche ?

... Mais la substance qui coule en moi ?

Essaie encore dans les extases

pour les lointains

L'autre dans les lointains

L'écho de sa personne l'écho

La pensée dédoublée, recomposée

dérivée

Encore avec soi

Refondre ce qui est séparé

316


Surgissements d'extase

Dans l'espace incliné, j'espère une demeure

Arraché, pivotant, fuyant toute solidité

je passe

A repenser en soi

pour un autrement

S'il dit : Surgissements d'extase,

l'éblouissement est interne

Obscurément, en

Et ce vide, obscurément, en

mais de revenir en.

à la recherche dans l'allégé, et clair si possible

Sitôt suspendu à la pensée fière - quelque chose

317


d'aérien

et d'évaporée - toujours en.

Pour le faire revenir là, en.

Sortir, bondir, fuir, réapparaître - là.

318


Résidences

De rechercher en

de nouveaux domaines

de claires résidences

non pas des labyrinthes ou des cloisonnements

mais l'espace intérieur inconnu

à découvrir

C'est encore soi, mais un soi ignoré

de sa propre conscience

C'est une sorte d'aventure de l'esprit

- ce qui est caché - invisible encore

mais qui doit apparaître toutefois

De-ci de-là très à l'intérieur

cherchant et balançant

lumière claire, fluides de phosphore

Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées

Mais avec quelles matières cérébrales,

319


quelles traces à appliquer ?

Un monde

toutes les nuits

qui échappe, s'enfuit

Infini et Un,

qui se construit et délivre un message poétique

Quel message ?

320


Yeux

I

Yeux en moi aveugles

Yeux du dedans je dois mourir

Lancées et miroirs intérieurs

Par le souffle, en contre bas, j'explose

Sangs jetés dans le corps, mourir

L'un et l'autre - les deux

La chute, la faille, tombés

Cris pensés après cris repensés

Cristal de haine, aux abois

Je verse dans le délire

Tu vois, je souffre encore

Chair et nuit se tenant

Dans l'angoisse et l'horreur

321


La fuite la mort ton Néant

II

Tes yeux, aveugles dans ton mouroir

- le déclin - en moi - le déclin

ici j'arrive

Miroir de moi-même. Lune changeante ou soleil

menteur. Sang resplendissant d'aise dans la douleur

ou la jouissance

Solutions claires ou en attente de purification

Ame se dissipant en formation nuageuse, une fois

encore proche de la configuration nette, prétend Paul

Celan.

Les yeux plongeant encore dans le cyclone du

temps je tombe et j'agonise

Et tombant je suis, j'existe - réel - reconnu !

322


Fragmentés en soi

Fragmentés en soi

en fines lamelles puis explosantes

l'âme

Flèches filantes

pulvérisées en confettis dans le trou béant de

Sphères, hautes sphères pensées et décevantes

pour s'éloigner et disparaître

Passez, dis-je, passez !

Puis l'éclatement intérieur inondé d'orgasmes

poétiques, d'immenses cascades de sens et de nonsens.

323


Même indice

Même indice, même schème, même application

ici encore cherchant pour rien

ou si peu

enfin cherchant encore

Qui va tirant et se rencontre

allègre en soi qui va

souffre et de se suffire

tandis qu'écoute pensante ma tradition

fluidifie, s'étire, remonte et se reconstitue

De nulle part, très à l'intérieur

et quelle faiblesse !

Suspendu à d'autres souffles

évoquant le vertige

Puis nouvel indice

poussière, grain, interstice

scintiller - cela vrai - et respirer doucement

324


Sous mes yeux

dans mon regard, toi à l'œil !

Tu m'as dit quel mica

sur ma fin de vivre

Et l'autre rive là-bas...là-bas l'autre rive

Le front

Ici le clair le front en moi

Pensées séparées ressoudées ailleurs pour que

la raison s'épuise encore jusqu'à l'agonie

Songe pour l'exploit d'autres mystères

Le bleu encore en toi

idées

La nuit sur le jour la nuit

puis la blancheur de l'emportement souffle sur les

Dehors d'autres souffles, - airs nouveaux mais

325


nulle tempête en ces lieux - si peu - faibles brises -

Le non-sens

Le non-sens, la profondeur à contre-pense

plongeante

En dessous de la surface une cervelle

Les options, les calculs, la volonté de pénétrer

Supposer, fluidifier, - toujours -

Seule alternative positive

L'errance me transporte dans mes sens, l'énergie

dispersée répand quelques traces

Le réel ? Le désir !

Et quel résultat ?

326


Paroles, et

Paroles, et cette soif jamais assouvie

Paroles et pensées pour s'octroyer quelques

fragments supplémentaires

Un instant, l'écrit, le trait mais rejeter

l'agglomérat

Des routes, des réseaux, des sorties - longues

avancées en soi

Traces de plus en plus visibles - traces -

Surfaces parallèles - en décalage - surfaces

Tombées, retombées dans tes versants

L'emporte comme s'étale

Surcroît, s'efface et cherche

Défalquer dans la transparence, le reprendre avec

327


soi pour saisir cette trace dans cette opacité mienne

S'y perdre en plongeant

Limites perpétuelles franchies - limites

Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle

Le vide en soi

Je re-bifurque je replonge

à nouveau le vide en soi

Saisis ta verticale, allonge-toi

Aveuglément en, retrouve tes sens pour accéder

aux confins du rien

La lumière infinie l'éclaire

par moments il conçoit une autre vitesse

Comme en suspens, la lutte et lui

gangue

Cette volonté qui rétrécie cachée là dans la

328


Endormies sur le feu

Parce que

Parce que. Des forces nouvelles s'appliquent là.

Transformer petit à petit la réalité des choses

Dans laquelle nous étions englués. Champs

Inventés, innovant. C'est un autre langage.

Domaines, corridors, labyrinthes. Toujours

En soi.

Inapte et incapable - écervelée,

Ensevelie. Dans le gouffre de l'odieuse

Inutilité, assurent certains.

A l'assaut et

De l'audace ! Brûler, enflammer.

329


Dans la lumière pure

Cherchant dans la lumière pure

Je m'efforce d'obtenir ma propre résurrection

Exilé en moi-même fuyant l'espace inouï, je plonge dans

l'impossible à atteindre

Quel impossible ?

Une sorte de logique absurde

Il faudrait avancer, parvenir à aller outre

Qui m'entraîne en ce lieu avec de la pâleur, de la fluidité

autre fuyant vers nos orgasmes ?

330


De grandes fluidités

De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon

poétique puis vont se dispersant sous la tiédeur endormie.

Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour

l'amour infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie

dans le lointain espère quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce

des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur

absurde ?

sursauts sporadiques ?

Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des

Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de

l'esprit - je veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un

bégaiement aléatoire.

Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces

intercesseurs de l'écriture, ces génies de la syntaxe ?

dépens.

Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes

331


Pénétrant, et cette fièvre

la haine, dans l'élan

Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans

mais pénétrant encore

incolores de soi à soi

Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées

Oui, mais en dedans

Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre

j'avance songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de

décrépitude

Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te

guidant - et tu réponds par le regard en avançant

repos

D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le

Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles

légères - dans l'ombre de mon corps

332


Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches

entortillées et fuyantes et ronces

Moi ayant toujours cherché et visitant

Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore

333


La belle obscure

De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement

Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres

Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la

Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements

De synapses dans l'immense luxuriance du don !

Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis

Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-

Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades

De courbes, en fuites éperdues, en élans in-

Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !

Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et

Figurative, ou plonge encore dans l'immanence

Insouciante de la raison, dans la vasque remplie

De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.

334


Pour les sels futurs

Oh ! Si peu pour un lien de subtils fusionnements

Là dans la vague éternelle une pensée s'émeut

Subtile grise, grise enfouie espérant

Quelque saveur extrême émanée par le songe

Qui se disperse et va s'effilant, il est apaisant

De s'arrêter ici - après un temps lumineux

De furtifs essais. Egarés, ébahis encore

Dans l'émergence du présent, il paraît juste

De supposer

Puis pulsions indomptées, effusions,

Essences, évanescences, fluidités limpides, - qui

Se dit à soi-même : est-ce moi dans l'enchevêtre-

Ment des mots et des folies d'accords, est-ce moi ?

Fuyant encore paraboles et disgrâces pour agencer

La plume et répandre en sa chair les sels futurs.

335


Pour que surgissent

Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent

De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense

Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élancent

Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel

Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.

Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée

S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse

D'autres espaces clairs ou invisibles !

Un futur se propose…

Absence sinistre

Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage

se dresse d'un coup. Quelles sont les limites possibles ?

Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.

Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble

336


poindre.

J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme. Le silence écrase

l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.

Futur comme toi

Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé,

Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~

Dans la fraction du temps ~ intervalle qui sem-

Ble ne pas suffire ~ et appliquer toutefois.

L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères

Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupe-

Ments, les anticipations, les interdits organisés

À la demande, pour l’imparable extase.

Le trait redescend mat et impuissant, la pensée

Contingentée dans des délires douteux - optique de

Reproches et d’incertitudes.

Puis l’omission, le rejet,

Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute

337


Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvel-

Lement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?

Une parole déchirée

Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son

paroxysme pour éclater en mille fragments de syllabes.

Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment

considérer l’Au-delà.

Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà.

Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné

de la logique, dans du vrai pourtant.

-

Silence. Et substance émanée par le songe

-

Paroles menteuses mais créatrices cherchant une

nouvelle essence de l’être.

338


Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un

sublime agencement poétique !

Hauteur des mots.

En soi démesurément

-

Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques

traces de profondeur

Je te sais : constamment absent

Ici une volonté autre - est-ce dépassement ?

-

Le support, l’élan

Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes

d’applications

-

Espace très à l’intérieur

Espace et toi sur le versant

T’essayant à quelques délires

339


Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant,

je te dis avec combinaisons et luxes d’audaces

Sur la matière, tu n’es plus

-

Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est

faussée

Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là

- évidemment !

Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais

comment ?

-

Décalant ton orgasme - en toi, profusément

La pensée s’enflamme et cherche à te détruire

immensément

340


Là dans l’immobile

Là dans l’immobile, concentrée sur soi

Fausse vélocité d’une ardeur à transmettre

Emportée ici pour disparaître dans la fuite

Oui, emportée…

Avec quel support et quel savoir ?

Féminité pour n’être pas

Main sur le papier, vide de sens, cherchant la plénitude

Qui ne saurait me convenir

Etre sur soi pour qui s’emporte

Comme de se dire ici et là

et en cadence

La blancheur amortie dans l’air qui se dégage

Futur repensé déplacé à nouveau

Futur revisité et de prétendre :

cela sera cela

341


Pour le bel inconnu qui toujours se suffit

L’espace est en soi-même l’univers à construire

Eventré là

Eventré là dans l’œil du cyclone

Restant après s’y être essayé

C’est passé à travers ~ rayonnant et invisible

Eclaté encore éclaté en soi

Obscurci par la nuit caverneuse

Tu donnes une romance qui explose en rumeurs

Lisez vous dis-je, c’est à n’y rien comprendre

La lèpre est décollée et surnage le délire

Le ‘qui est à l’intérieur ?’ engendre nulle réponse

La boucle infiniment en soi

Et achever dans la stupide contemplation inutile

342


Déplacé dans l’impossible

Déplacé dans l’impossible menteur à la

Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle

Part. Au travers, se supposait au travers.

Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons

De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,

Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.

Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,

~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.

Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,

Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.

Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle

Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit

Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique

Le sceau sacral, et je prétends produire !

343


Reconstituer la Vérité

Je reste constamment enfermé en moi-même comme si

cet espace insignifiant allait me permettre de reconstituer la

Vérité.

Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le

soleil fond comme une éclipse. Des labyrinthes épais

ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche pourtant.

Je veux fixer l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela

est mensonge.

J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri.

Encore, encore je suis immobile. J'impose à mon esprit de

mieux penser. Halluciner est un moyen. Les Temples

s'ouvrent devant mes yeux.

Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es

enfoui dans l'intimité du Moi. La nuit est claire. Elle te

nourrit de subtils savoirs.

J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant,

titubant, avançant toutefois, quand une jetée de cendres me

recouvre entièrement pour me plonger dans mon Néant.

344


Les roses ensevelies

Se déplacer vers

Se déplacer vers. Avec de l'ordre. Se faire violence pour

extraire. Le cercle. Nous bâtissons misérablement. Hors du

cercle. Les structures chancellent. Se promouvoir au-delà.

La ligne de la mort. L'Incompris. Convergeant, conversant -

pour se dire quoi ?

Il vivait dans sa seule parole.

Il espère le qui. Où es-tu ?

agissant.

En ordre avec soi-même. En arrière délaissé. Délaissé

345


Sur-inventer

Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le

délire optique

Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en

préexistences phénoménologiques, en fluides étirés, en

sèves bouillonnantes, en

Sperme-écoulements de ton vrai

Azur co-substantiel azur contre azur vous que j'ai

déchirés d'un bruissement d'aile pour confluer vers mon

Néant

En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de

verso pour aplanir la plume qui glisse

Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez

mes envies appliquées dans l'aléa de l'écriture pour venir

féconder de sublimes connaissances !

Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec

346


cette fille sale et répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma

chienne soumise et aboyante ~ tu vois, nous cherchons

encore

347


Les miroirs obliques

Ego cherche

Et par quels procédés, quelles fixations, quelles convergences

~ d'intellectualisation pure ~ pour quelles essences de soi à soi, en

donnant à Autrui ? Quelles fluidités claires ou orageuses à

expliquer ?

Mais encore ? Avec du vent stellaire, le tout-possible des aïeux ~ où ?

Quelles dimensions extensives, en quelles rafales de souffles inédits

Ordonnées, désordonnées, d'Alpha jusqu'à Oméga pour exploser en

synthèses inconnues ?

Sublimes véhémences en plénitudes d'acquis avec des

poudroiements différenciés dans des extases lyriques, ~ là encore,

encore pour un déluge inconnu à inventer.

Ego cherche, ego vainement en attente insensée pour une

aberrante potentialité universelle que jamais il ne parviendra à

espérer.

348


Fusionner l'irréel

Absent et incompris - reconnu, méconnu

Et de ressusciter en soi - je suis dans mon espace

Suspendu un instant - le temps me fait défaut.

Encore, et de-là même envisageant ma propre

Eclaircie - je sais me surprendre - le trait,

Le blanc, l'obscurité, - dégageant la profon-

Deur. Du volume pour happer l'air. Altitude.

L'évanoui, l'insaisissable - qui peut se prononcer

Pour moi ? Plus loin, redoublant, se dissipe,

Une fraction de temps, - la pensée incorporée en moi.

Un intervalle pour transformer le sens - toujours

En suspens - recoupant, qui m'emporte. Mais

J'avise, j'hésite, je me renverse, mon appui

Dans mes yeux, sur la main pour fusionner l'irréel.

349


Surgies

Flamboiement - rougeoiement - possibilités en

Tout à coup, et surgies dans l'éveil du jour -

Il explose en vérités hallucinantes sans

Ordre logique - accidents dans la

Nuit survenue - accidents de synthèse gerboyant

Pour le dehors.

Où cela apparaît-il ? Devant

L'oeil du poète. Sa feuille est une toile. J'aboutis

À l'obscurcissement de la clarté - je découvre des

Fils-miens à tisser et à repenser. Encore des écla-

Boussures de lumière montante. Et ces taches

Soudain dans mon vaste ciel !

Dévoilant, en soi, clair,

Puis une durée tournante qui s'interrompt. Le

Mouvement doit être explicité, en gerbes tombantes

Car l'opaque à l'esprit appelle une éclaircie.

350


Suinte une source pourtant

Hauteur en soi, de substances répandues, de

Pensées jamais atteintes, laissant la vérité

Pénétrée le mensonge, de là quelque chose

Comme un être nouvellement conçu.

L'échappée

À mesure que la rencontre se suppose là encore.

Ainsi plus claire, de se dire : passe et obtiens

Ce mélange dégagé de toute intrusion (mais

Est-ce possible ? )

Chose qui avance à la mesure de

Soi, noyant le vertige ou de sillonner vertica-

Lement - la nouvelle présence apparaît, matière

Porteuse de concepts autres médiocrement élaborés.

Sans avenir, la foudre-acier déchire l'espace-mien

Portant l'accompli dans les rencards du Néant.

Dans le noir de l'asphalte suinte une source pourtant... (a)

(a) Dernier vers de André du Bouchet

351


La saisie de substance

Tel ou tel en soi, de se rejoindre en un

Avec une parole déployée qui toujours en

Lui-même se replie pour déborder avec

L'un et l'autre - avec personne, avec autrui.

Et de recommencer dans ses plus purs excès

Afin de découvrir des accidents de langage,

Pour concevoir de nouveaux sens élaborés dans

Une éclaircie.

Se découvre en se pénétrant.

Tu t'interromps et dévoiles la pensée opaque

Qui a l'esprit jaillit ~ source sur d'autres

Mots. Parlant de rien. C’est une saisie de

Substance se déplaçant dans l'orée du Moi.

Pour ta fraîcheur de ciel, la pensée bigarrée

Ondule, bifurque et déplace l'illogisme du vrai.

352


Appellation - poème

Plénitude avec pensée qui l'emporte, porté

Sur sa limite y délaissant quelque sève

Au moment de tracer ~ saisissant le peu

D'une main déjà ivre, ~ le crois-tu, il se

Retrouve en toi un objet qui s'éteint.

La paume se remplie de vérités à l'instant de

Mourir. Incertitudes miennes qui déploient leurs

Corolles claires, vagabondes ou nuancées.

A-t-il atteint le presque d'une prise subtile

Abandonnée là comme parole de langage rompu ?

L'espace entrecoupé de chocs se clarifie d'ondes

Légères - le mot après le mot tarde dans son

Tracé et s'écrase sur la feuille de papier.

L'appellation offerte s'apparente au mot poème.

353


Penseras-tu ?

Toujours en suspens dans l'éternel et l'intervalle

Emporté ici et là aspirant une saveur de source

Escarpée - projetant le futur - se regroupant

Dans une blancheur pour conquérir la solitude.

Elle est à reprendre quand il s'interrompt

Incessamment jaillie en fraction de temps, là

Renversée, hésitante, chercheuse de pro-

Fondeur, penseras-tu avec l'absence,

Avec l'abstrait, en circonvolution de soupirs ?

Elle s'ouvrira

Dans ses prolongements à l'infini, suspendu

Mais en leurre, elle se contient, explose, se

Retranche ~ elle va s'édifiant. Ce qui

Eblouit en gain de conscience sur l'instant

Apparaît, ce qui m'emporte et qui s'enfuit hors

De ma portée...

354


Conçois ce vide avec du vent,

Engendre cet espace, élabore en glissant.

De là-haut, ouvre à plat.

Ceci est une amertume

D'écriture, une matière proposée. Tu dois trembler

En offrant une vaste éclaircie.

C'est le temps

De descente qui régit l'improbable. Par ton souffle,

Exalte tes saveurs, ressoude là où elle

S'est interrompue, précipite-toi dans cette

Descente.

Devant toi, enfin elle s'ouvrira.

Insistances

Ici encore de dire pour plonger en profondeur

D'esprit qui poudroie sa substance, poussière

Egalement Ici demeure sur la fraction du

Temps d'une parole à l'infini avec fragments

355


Scintillements avec

Ici fractionné cherchant une

Clarté, suspendu en soi momentané de vol,

Parole fuyante, parole placée au plus juste

De sa pensée, en tous points perceptible, et

Froissée, recomposée

Ici phrase tournée avec relief

Plus haut, pénétrant son centre, indice de saveur,

Murmure de souffle pour accéder au paroxysme

Et d'insister toujours

Ici, certes avec médiocrité

D'applications, avec déceptions, avec espoirs

D'aller outre pour ajouter toutefois

356


Au plus profond

Cela, au plus profond, en, grande certitude

Opaque de se poursuivre par éclatements d'aveugle

Silence sur son reposoir soufflé de vains

Murmures, la parole s'épaissit, et la main

Exécute

La nuit invente et brille par instants

De poussières pulvérisées ressoudées pour former

L'image

Il se parachève dans l'autre

357


1

Nuanciers de filaments, raretés en balance, qui déploient leurs subtils

scintillements dans l'opacité du jour - attends, attends : la folie veut être

là pour propager son doute et dormir sous ses éclats.

Vaporeuse est ta nuit. Tu l'espères sensuelle pour parfaire tes desseins.

Embrigade-toi et va de doux aboiements en crissements impossibles.

2

Petites rafales venimeuses entrecroisées avec éboulements et sources

liquéfiées. Aléas incertains agrémentés de fiels et d'applications

obscures. Et toutes ces paroles entendues, sous-entendues, pour qui ? Tu

prêches à merveille dans l'oraison volatile pour qu'apparaisse enfin l'Idea

pure, éblouissement dans ton silence solennel.

3

Vampe tes chimères, dévale tes audaces. Pour l'énergie appelée, certifie

ton vrai. Oui, prouve-le.

358


Les substitutions : des machines mentales accordées à ton principe.

A

Fais-moi rêver de quelque idiome rare, exploité dans l'absurde, pour nul

vent mensonger, de fluidité exquise émanée du hasard pour nourrir ton

écrit. Car là tu es à espérer ballottant la folie dans ta mer intérieure. De

tirets en tirets, tu pousses des mots, amorçant quelque espoir vaguement

impossible.

B

Déplacer l'engouement pour des secteurs intérieurs. Apparences qui

enflent à l'abri des acquis. Oui, ces bribes infinies produiront un ouvrage

nouveau. Instabilités-miennes frémissant sur mes lèvres, quel poème se

laissera concevoir ? Toujours l'obscur, mais quels scintillements ?

C

Avançant d'impossibles hypothèses, subissant tout cercle lumineux -

gouttes, scintillements - c'est obscur - à inventer, pour plaire, à qui ?

Changeant l'être, quelle cible visée ?

359


D

Tes chimies, tes facéties - toutes ces audaces verbales, et ta chair

palpitant des oraisons grasses ? Pour qui ? Toi l'instable exploitant de

stupides candeurs, implose, implose - défenestre-toi, projette-toi dans le

vide - tu trouveras.

360


Mouvements

A l'ombre ouvert et là-haut

Clairvoyance déborde et répands-toi

Usées d'avoir été pensées mais saisissant encore

L'éclair à transpercer

Sorte de fumée à flot et mouvance à confondre

Sur les bords, vers l'extrême, dit-on la profondeur ?

Enfouie sur les éternelles, les sempiternelles impossibilités

Puits de honte sage combat le bel échec

Les soulèvements et les masses au combat à penser

La mémoire renverse le souffle et le souffle s'enflamme

Filaments et cristaux déferlent et s'entrecroisent

L'éclair transpercé par des fluides multicolores

Cinglant, agressif, enfouis sous des cercles,

De nouveaux impacts purulents défleurissent là

361


Le non-moi

Le non-moi éblouissant d'absence,

La lumière noire opaque d'ombre et de morts

Clarté frémissante et troublée

L'or et la soie frissonnant entre mes doigts

Nous marchons sur une étendue purifiée

Implorant le silence de nous mieux inspirer

L'espace infini se replie en soi-même

Creuse pour moi une nouvelle profondeur

Les mots refusent d'apparaître là dans leur clarté

Ici-bas le Néant est la seule vérité

Le Temps nourrit mon absence : est et sera

Tout à fait dans le rien

Quel espoir me fera naître et grandir

Dans mon attente vaine, je pleure amèrement

362


I

Substances et Distances

Routes à poursuivre si en toi de là-bas où tu es

seul, chacun revient

Fais converger les parages - de grandes lignes

fluidifiées - tu es le centre

Ton seras-pas, de toi-en-loupé, de raté-raté (ironisons, -

ceci est faiblesse de critique toutefois ), de KO down, p'tit

gars

II

Rentre dedans, glisse-toi - toutes ces anfractuosités, ces

passages possibles-interdits de pénétrer en ouvrent sur de

nouveaux espaces

Je te prétends dans l'ombre et creuse pour y trouver la

lumière morte

363


La fuite impossible

En finitudes plus bas là pénétrant

dans l'inconnu de l'inconnu

avec nuit et effets miroitants

avec soleil et clartés éblouies

des brunes épaisses s'entassent parfois

des flammes immenses y resplendissent

Là où s'égrène le temps

courant après la stupide seconde

fuyant les arcanes, évitant les labyrinthes

tu es en nage, tu t'asphyxies

et quémandes une impossible échappatoire

I

À l'aise, au plus profond. Non. Dans l'ombre. Je

me déchire en espérant, en m'imprégnant. Là, suspendu

et perdu. Quelques fils, quelques lumières brunes.

Pourtant repensé. Et déjà parcourue. Avancer, avancer.

Et ces couches superposées et prometteuses. Fixant le

364


mort.

Ne pas se répugner. Le dégoût est ailleurs. Pense et

repense. Au comble de sa bouche, un filet clair de sang

coule lentement. Quelle arrogance : la peau avec l'esprit

et les reins.

II

Pour ondoyer avec oscillation dans ce panorama

préparé à la mission. En cadence, avec l'absurde des

traces toujours revisitées. Deux couches : la tienne et la

mienne qui se superposent et s’imbriquent. Qui est le

plus avenant ?

III

La saveur - fine avec désinvolture, à la bouche

manipulant les charmes. Pas vrai ?! Tout le long du

halo, j'entends avec sphères, lunes etc…un peu en

365


arrière. Quelles fluctuations de l'esprit ! Plisse-moi,

immobilisée.

IV

Oh ! Tellement évidé en nous ! Tellement de

labyrinthes en déviances, en avec ces infinis et ces

singularités si claires. Et quel message devons-nous

supporter ?

A

Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces

naufragés de l'esprit.

Je quémande pour m'élever quelque peu avec images

inconnues et bégaiements et rires.

Elles viennent et apparaissent, folles ces images de

l'intelligence - le vrai succède au possible.

Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.

B

J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme

366


plaie mentale dans le jamais et le jamais.

Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur,

je subsistais, au plus profond, empoisonné.

Ainsi, de la sorte, démons ventripotents, consumant les

fruits exquis de mon sublime imaginaire.

C

Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. À demidémon,

à demi-vices - pour ma plainte

Effréné, sous quelle

I

Jamais plus effréné, jamais plus - sous quelle échelle,

sous quelle

Dieu, de me séparer, de me ravir encore

Toi, beauté que je distingue haletante aux soirs

Parfois un chant suave avec crépuscule et filles ouvertes

367


Le vrai de ton regard me revient parfois

Suffocante, tu jailliras de dessous les orgasmes et

supplieras vers l'azur clair

Mûre est cette saveur et j'embrasse mes extases dans les

senteurs des feuilles mouillées

Vers de nouvelles saveurs pour des couronnes de gloire

mais Dieu le souhaite-t-il ?

II

Dans le feu de l'azur et l'impossible tremble. Qui le

tourmente - qui avec neige de soifs et de s'aventurer ici ? Se

déploie tel un gémissement avec source acide, tu es.

Tu es car cette tombe vacille. Un midi clairsemé évoque

de nombreuses attitudes - statues, pensées équestres - délires

en somme. Je consume mon anxiété dans l'impossible veule

et j'attends.

368


D'autres danses après ces dévorantes infirmités

d'automne. L'amour est encore informulé - j'attends et

désespère, et désespère.

Il se peut qu'un souffle en fille d'hier et d'aujourd'hui

s'épanouisse en pures apothéoses - attendons, espérons. Oui,

quémandons encore.

III

Cérébralement déconcerté dans mes pensées - je vais, je

vais et ne vois. Hébété, ahuri comme certitude entière. Se

dérobe ici dans un avant l'éternel impossible du temps qui se

déploie.

Le soir et le vent s'abolissent ici. Le génie m'échappe.

Quel soleil va

mourir avant moi ?

IV

Pensées effrayées sous l'éclat de l'attente, où déchiré

369


j'invoque un duel

Près de ma mordante et dramatique condamnation, je

tremble et je pleure

Je sais : mon souffle est impétueux, - la détresse est

immense.

Oui, se désespère - oui, vacillent des tourbillons

d'orgasmes impossibles dans les flux noirs de l'enfer

Affaiblie ma lumière mais le vent est à naître et je puis

supposer

V

Et je sais toutes choses nouvelles exister - le vent

déploie sa corolle d'extase - tel mon langage princier

inaccessible et profond - voilà mes erreurs et mes

délinquances ! Je vous promets à genoux mes superbes

paresses.

Je t'ai pensée sublime et corrompue, chevelure et sexe,

et sécheresse prête à implorer - qui s'insinue dans le dernier

regard de l'équivoque. Avide, vaine lumière suppliant un

défunt, tu espérais encore.

370


VI

Toute idée de trêve et de triomphe, de sommeil et de

gloire - toute idée de trêve en profonde paresse - et te voilà

formé en halos successifs - en

Tu es prête avec tes gémissements et doutes - toujours

convaincue en toi, principe vrai que la pensée déploie.

Jargon

De si près pénétrées et pour dire quoi ? Dans le délire de

la transparence avec débris et logiques irréelles - en

véritables variables du lieu. Vois, je délaisse les lumières.

Pénétrées et encore.

Ou puissants. Gémissants. Jouissants peut-être. Le

figuré pourrait s'y plaire. En léger. En petits indices de

plaisirs inassouvis.

Oui, c'est cela : sacrifiées. Tu défalques et c'est jargon.

Des plus légers. Les choses pour s'y mettre en jargonne.

Déjargonne. Sois enfin toi, à demi.

371


Je ne prétends pas trouver.

Dérives et tourments avec folies intuitives. En véritable

approche. Avec pensées outrancières - sont-ce trésors pour

le lointain ?

Je détruis l'impossible et je meurs sans jamais

rencontrer.

Le figuré

I

S'obstine le figuré. Mets fin à ses engagements en

suspicion. Dégrince et liquéfie, oui pour toute pensée plus

fine.

Le cristal s'évade là en halos dégradés - il s'évade

toutefois ;

Tu évoques de lointains mystères en dérives et

tourments.

372


II

Tu te penches sur ces lignes impossibles avec légères

audaces de vent. L'esprit rempli de pénombres et de

poussées, je m'afflige. La tête fléchit, réfléchit. Suis-je à

demeure de mieux comprendre ?

Et me prévaux de subtiles poussées et espace et espace

mon Compagnon-Moi. Dans la brillance mais contreversé -

pour quelle limite ?

Je m'afflige sur des structures dressées. Tête pense

encore - tête...

Plongez en moi

Plongez en moi pour nuits très fines

Par de-là le temps, le souffle est désespéré

Mais toi, tu es privé de rêves, d'espoirs idéalisés

Tu me secours mon bel infidèle

373


Avec pensées flottantes et marbres libérés

Déjà je tiens tes larmes

Solidement avec pluies douces

Comme prières gémissantes

Oui, des pensées en rythme me viennent en aide

Je me reconstruis là où la vérité s'enterre

Pénètre la substance

Pénètre la substance, essaie par ta pensée d'atteindre la

limite extrême. Accomplis le saut, abandonne-toi.

Pense à des choses, convertis-les en me. De ton sublime

mélange, naîtra une nouvelle déité.

La lumière interne perdue dans la pensée. La plus

brillante recule et nourrit l'inconscient. Essaie d'expulser en

savoirs nouveaux - essaie -

La pensée intérieure nourrie au bord de l'autre puis cette

soif progressive. Veuille recueillir la forme nouvelle si elle

t’effleure du moins de l'autre côté

374


Le délétère s'évapore

Au plus profond du Moi surgit ma transparence, idéal et

désir de pureté - un Christ et une Vierge sont aspirés vers

l'Au-Delà.

J'attends dans l’ombre du miroir.

Libérez-moi de tous mes sangs et excréments de ma

dégénérescence sauvage !

La main délaisse les limites de cette feuille car l'esprit

s'échappe. Derrière les ombres dévore l'alignement obscur

des signes.

Faut-il se conformer à ces actes ou penser autrement que

ces signes à produire ? Le geste est-il étroit ? - La pensée

peut-elle aller outre ?

Plonger là dans le vide au plus profond - je dois renverser

la chute vers le léger.

Dénué de toute forme, le délétère s’évapore et s'élève vers

375


le baiser de l’être avant de retomber.

Alors pour retourner la chute, que faut-il inventer ? Ce

sont des espaces de pureté inouïe inclus les uns dans les

autres. Même forme pour l’ouvert à intégrer.

Enveloppée en moi devient une substance. Au versant je

dégage l'opprobre, je fuis les excréments. Que puis-je encore ?

Dans la substance même

Des pensées dans la substance même – immobilisées

cherchant la transparence. Mais il n’y a plus personne.

L'espoir en fusion sécrète quelques possibles incomplets.

J'essaie - je veux mais ne peux au plus loin dans ce

labyrinthe fuyant.

Échos, échos d'autrefois et origines savantes de ces temps

sacralisés.

Que puis-je moi avec mon insignifiance de poète civilisé ?

376


Toute ma médiocrité s'exprime dans la forme. Je le sais :

mon nom est rien.

L'obscurité et la lumière - la séquence fugitive de l'instant.

La pensée avec sa transparence - le cristal du vrai qui

deviendra Néant à son tour. Pense-moi. Sois. Deviens une

autre lumière en suspension de l'instant car le vrai se

déplace.

Structure interne

Resterai-je fixé sur une vérité y songeant encore,

Pénétrant ma structure interne, pénétrant ?

Non ! D'autres limites ! D'autres chemins !

L'intérieur de l'être possède de nouveaux infinis.

Je suis avec mon absence. Je m’obscurcis d'une

substance.

La pensée est un stratagème qui m’obsède. La

lumière m’assiège. Je ne

puis résister. Mon espace intérieur constellé de nouvelles

interrogations quémande le silence pour toute vérité.

377


Le choix du stratagème : le vide pour plonger au

profond des extrêmes. Et quels retours ? Quelles résurrections de

pensées ? Un autre silence pour comprendre les émulsions de rêves,

les folies d'ombres fugaces, les voix inhérentes à l’inspiré.

Donc là, au tréfonds de ce qui n'existe pas.

Du plus profond

Et là du plus profond s’élève une voix comme pour

sonner l’humeur d'une cloche fêlée au doux tintement. Que nul

n'agite son entendement, que nul n'adresse un chant clair dépourvu

de vérités !

Dans le mouvement naturel de son audace, son air

est inconnu et personne ne l'agite.

Ô Seigneur, baigne-le d’idéal incertain, de certitudes

épurées ! Conçois quelque peu sa folie informe. Aide-le, aime-le !

378


Le nuage homogène

Ma pensée ne crée pas une autre forme pour concevoir

différemment avec zèle sur l'existant déjà notoire.

Puis-je inventer des ombres fugaces noyé dans

mon ciel ténébreux où nul aléa subtil ne se côtoie ?

Dans ma croissante effervescence, je touche de

nouveaux lys qui n'existent pas. J'embrasse des fumées aléatoires

dépourvues d'ivresse.

Le nuage homogène s’obtient dans un désordre

somptueux où l'intelligence décousue gémit et soupire

d'aise.

Pensée qui culmines

même,

Pensée qui culmines à l'apogée de sa substance

quelle posture et dois-je me plier ?

379


Ma certitude reste en suspens…

Je ne suis qu'un amas d'extrapolations complexes

dans cet espace simulé qui est mien.

Et la fusion du vrai et du délétère s'épanouit vers

cette plénitude comme une immanence d'apothéoses au-delà

du Moi.

Le geste, et qu'importe ! Dans cette complexité de

formes et au-delà ! Je cherche, geins et gémis en mille fils

épars et toujours ne suis !

Vers quels lieux de haut murmure, vais-je combler

ma belle solitude repue de bien-être supérieur ?

Pensée fugitive

Plus dense que forme qui contiendrait son tout.

L'obscur m’affaiblit quand l'orgasme est une clarté.

Que cessent les alternances et les variances ! Que le

380


vrai, réel, beau et pur resplendisse enfin, à tout jamais !

Tu es une menace absolue. Je t’aime dans ton

dérisoire et te contemple dans ton interdit. Quand seras-tu

princesse de l'Irréel ?

Tu évinces l'obscurité et te répands dans la lumière

~ toi pensée fugitive, innocente, pure ou séquentielle.

Transparente, cristal et fuite, à jamais fermée vers

l'œil intérieur ~ ô l'incompatible, comment pourras-tu

nourrir mon âme de tes rayons ?

Plonger jusqu'à l'extrême

Par une nuit avec l'inexistant, je fus perdu dans le

vide

Je plongeais infiniment et poursuivais ma chute

sans tomber

L'ultime but de toucher l'effondrement et sa

381


hauteur ~ un moi-même dans sa catastrophe de deuil qui

tombe dans son espace de nuit ~ au plus profond, ô sinistre

pensée ! - Mais qu'importe ! C'est l'écoulement et sa fin -

c'est ! Soudain glisse ! Et j'atteins le néant ~ je touche le

zéro.

Infiltre-toi dans la substance la plus subtile de

l'être - conçois sur la lumière et fais jaillir la vérité.

Distances

I

C'est cette distance de Moi à Moi dans le tréfonds,

et je dessine les traits qui me séparent de ma pensée.

L'espace absurde est une piètre épreuve qui éloigne

mes deux flux intimement mêlés.

Imagine et fais croître une substance quelconque

qui unifie l'écoulement de l'autre vérité.

382


- L'existence distincte et la mienne.

II

Cette forme intérieure qui commence aux bords de

moi-même - dans un espace inconnu - j'y recueille ma propre

source introvertie et je souris d'extase.

La clarté dans mon enclos pour penser proche avec

la capacité de s'obscurcir ou de s'éclairer - avec des yeux

comme des miroirs révélateurs.

Oui, toi avec pureté tangible qui pénètres l'ombre.

L'opacité à travers toi me prend encore - je me déverse

nuitamment.

III

Il s'agit d'une évidence - la pensée contre le cerveau

- qui coule ses nuées d'extase.

Je déploie toute une archéologie d'âcres résonances,

383


de brouillards matinaux - je m'allège des légendes

d'autrefois. Ô brèves lancées

dans le carquois de l'impossible.

IV

Ô pensées éclaboussées dans l'épanouissement de

leur substance même, c'est une immense saillie qui se

répand... Et dans la qualité transparente des systèmes

incomplets prétendent à la plénitude de cet espace - toute

cette fusion n'est qu'un leurre inutile !

Gisant

Gisant, amoindri, dans l'ombre de soi-même, il

compose avec ses ruines et atteint l'extase de sa nécropole.

La nuit toujours le reconnaît - il va avec haleine

suffocante retrouver les débris de son inutilité.

Cela est pour demain - pour personne en vérité.

384


L'ombre plonge

L'ombre plonge dans le Néant, Néant que je suis seul à

percevoir.

La lumière s'appuie contre le Néant et essaie d'éclairer un

nouvel espace.

Ô miroir, miroir posé contre la nuit, seras-tu par tes

reflets conseiller mon âme ?

Fuis tes propres mouvements et perds ton équilibre -

toute rigidité s'égare au plus profond, dans la raison

inconnue.

Ces noires traversées

Et ces noires traversées dans l'absolu - abandons à

coloniser où les choses s'entremêlent pour apprendre à n'être

pas.

Ô vide, vide aimé, tu vois ! Je m'épanouis - je souille

l'excrément de l'interdit et je m'autorise des folies tapageuses

là dans ma purulence.

L'impossible de : vers ---) se pousse jusqu'au bout. Et de

385


la cassure, plus grand. On se retire, on se.

Après les noirs échecs, qui gémit et geint ? Avec

tremblements, qui déplace la confiance ?

Méfions-nous du soleil ! Cela est parfois quand les anges

ne sont plus. Abandonné dans le chaos, mon âme dernière

exulte.

Poursuivre... - Ceci est peu. Insister n'a plus aucun sens, la

raison s'évapore dans les ultimes faiblesses du temps.

Sont-ils semblables ? Désespèrent-ils ? La parole est de

perdre, elle s'accroche effrayée à l'un et à l'autre. Il faut

poursuivre et laisser cette porte ouverte.

Mais ces horizons flottants où toute chose s'entremêle ?

Qu'Il puisse à l'intérieur apprendre à ne pas être. Faire le noir

déployé resplendissant d'orgasmes vides !Les fatigues

implorent la transparence, les chutes sont comme du cristal

sous l'ombre.

- C'est la fin des gestes asphyxiants et la durée déploie son

zèle. Vois - je me meurs en extase et en divinité impossible -

je quémande quelques astres interdits - j'invite - si ! J'invite

386


car je désire découvrir de nouvelles ténèbres - luxes et

beautés aux abois.

Vous êtes mes favorites dans le désert de mes pensées - je

consens à vous multiplier, délaissant l'ombre de vos

intemporels. - Qui polira le cristal ? Qui s'envolera au-delà

du sépulcre ?

Encore je vous aime et vous conçois. Laissant se

transformer un mince diamant d'inquiétude entre les choses

et n'être pas. Encore, on polira. Multiplier les airs absurdes

ou négliger les filles favorites. La main est furtive - elle

extrapole en distractions.

Du moins il couvre ses ténèbres - il va de salle en salle.

Les fatigues sont comme des comètes ~ mais lui mugira

dans son opprobre.

Il se peut qu'elle fonde ou pas.

387


La forme intérieure

Oui, encore construire une forme intérieure

Qui se déplacera où elle le souhaitera ;

Repenser doucement les lignes d'une image,

Maîtriser lentement les dérives qui se déploient.

J'aime cette nouvelle transparence

Epanouie en un jet d'eau

Car l'eau est la seule transparence

Où l'intelligence pure se conçoit.

Les choses claires deviennent des formes,

Les formes échappent à la matière.

Comprendront-elles cette nouvelle matière ?

Le temps ainsi pensé fonde un monde autre

Où l'ensemble des images se développe

À sa manière. Ce monde nouveau est-il compris ?

388


Le regard

S'éveiller profondément dans le gouffre,

C'est encore fuir le triste monde.

Le regard caché pour toutes choses

Célèbre la grandeur intime que nous possédons.

Oui, encore est l'immense désordre

Qu'on appelle liberté - nul n'interdit

La folie qui s'y pense. L'opacité d’autrui

Ne peut réduire l'activité interne qui se répand.

La fracture entre moi et l’autre est programmée.

Toute attention se concentre sur la possibilité

Poétique que la nuit littéraire déploie.

L'intelligence tourne son oeil vers l'intérieur,

Appelle de nouvelles fonctions cérébrales inconnues

Pour répandre le miel par les orbites coulant des yeux.

389


L'avertissement de la foi

Quand s'éveillent de nouvelles possibilités internes,

L'intelligence croît et croît.

Des cercles concentriques et corollaires

Se juxtaposent - des espaces inconnus

Se développent et s'offrent.

Des prémices de compréhension paraissent

Plus évidentes, et la volonté pénètre

Plus profondément encore les portes

Qui sont enjeu et challenge

D'un moi sublimé.

Mais une sonnerie parfois éveille l'attention.

La loi religieuse réduit ou séquestre

Ces séquences cérébrales intempestives pour

Rendre gloire à l'immortalité du Tout-Puissant.

390


Moments

Au plus profond la transparence te penser nue

dans la soie et l'ivresse

te penser

Pourtant je suis chez moi tu m'apparais à quelques pas

bien à son aise un cerveau conçoit nouvelle

substitution à l'horizon

Je suinte mes imitations vaines je produis autrement

je tends vers l'intérieur mon souffle suffoque pourtant je

suis

La bouche arrache de nouvelles vérités au plus

profond, à la verticale dans l'âme je ne fais que de résister

en insoumis

Toujours mes précipitations vaines dans mon lyrisme

défaillant les doigts sont tremblants et cette défaillance

avec cet épuisement ultime

le c'est-certain-conçois ou encore-applique

391


La dérive

Où suivre notre dérive vers le délétère ?

La poussière se répand sur tant d'ombres !

Le soleil éclaire une flétrissure

Et se prolonge sur trop de décombres !

Est-ce ici une agonie ou la futilité de l'homme ?

Mais tout s'enfuit comme un flux furtif,

La pensée-mère se perd au plus profond

Et semble se suffire d'un désert d'amertume.

Nos contradictions consenties multiplient les ombres

Et les crépuscules - nous voyageons en-dedans

Pour une perception indécise.

Quémande-la

Cette transparence pour que grandisse le silence,

Pour que toute chose trop proche fende les ténè-

Bres - implore dans l'âme et prie - oui, suffoque.

392


Les possibilités mutantes

Disparaît cette transparence en forme désuète

De silence - sans ruptures ni chutes,

Face au cristal qui s'est fait ombre, prétend

Roberto Juarroz. L'asphyxie est moins

Surprenante. La beauté claire se mêle au

Ténèbres.

L'éveil bouleverse toute ombre,

Il se peut que nul ne fende l'Inconnu à percevoir.

Des courants sont comme des fluides qui se répandent

Nuitamment.

L'Etre toujours en contraire d'idées

Subit des signes arrogants dans sa vision pensante.

C'est le poids d'une rose qui mugit au fond

De lui.

Il n'y a plus de vérité, - tout plonge

Dans le vide. Là, les filigranes flottant

Qui se mélangent aux choses sont des possibilités

mutantes.

393


La permanence suspendue

Des lumières et des pénombres vacillent là en séquences

La solitude même pensée en espaces infinis s'octroie

quelque silence

L'activité illimitée s'essouffle et quémande un miroir

pour reposer son homme

L'éphémère et le translucide disparaissent un instant

Je plie dans le vide, ma nuit à temps et me montre son

visage. Nulle vitesse, nul sens, nulle lenteur non plus - tout

semble stagner dans l'intemporel

Les choses intérieures ne sont plus, la permanence

suspendue se cache au fond du Moi. J'attends des nouvelles

lueurs.

394


Inexorablement

Inexorablement lui-même dans le décor de non-retour

avec avalanches somptueuses

Etre et non-être dans le bel univers de soi-même

quémandant quelque luxe d'orgasme spirituel

Dès mon impossibilité, il n'y a nulle différence - le vrai

et le mensonge - l'obscur et l'irréel se cotoient

indifféremment.

Je m'approche de l'ombre - j'espère en tirer quelques

élixirs de substance autre.

Je m'éloigne de la connaissance sans avoir été - qu'une

misère dans le temps.

395


La lumière et le vent

Nous préférons ne pas avoir été dans la lumière - nous

préférons être dans le vent.

Les contrastes se rapprochent - nous allumons des

ombres - ceci est le chemin principal.

Mais nul orage ne s'y oppose - l'ombre est à saisir et

peut se prévaloir d'exister.

Vivre - mourir - jouir - souffrir - ceci est de trop. Moi, je

conçois dans un cauchemar, et mes folies sont des

manoeuvres de plaisir. Ainsi j'admets ma vie.

Mais dans les labyrinthes de l'interdit, parviendronsnous

à trouver quelque message de la marque du temps ? -

Les signes sont vides et se déploient dans l'espace.

Nulle sortie, hélas. Il se peut que chacun ait sa réponse.

A moins de plonger dans le noir abîme - de l'interface à

l'Univers - j'y suis Ceci est folie et fantasme ! Qu'ai-je dans

mon Néant ?

396


Ombres ? - Avec variabilités incomprises - avec chaos

cérébral de l'infini compris-de-rien, ou mouvements de

l'intelligence qui se déploient et sèment des pensers

nouveaux ?

J'invoque l'ombre et supplie la lumière. Mais caché dans

l'infini sans fin, que vais-je espérer ?

397


L'immense muet de l'Inconscient

La transparence disparaît et laisse place au silence -

belle chute de cristal clair pour de nouveaux yeux bleus.

Tu seras peut-être plus prêt des choses comprenant les

signes et la transposition, les courants et les subtilités croisés

intelligemment.

L'Etre est toujours le contraire de ses idées - la

configuration nouvelle le détruit. Futurs fragments, fleurs

qui flétrissent, pure façon de raisonner.

Il y a cette plongée dans le noir céleste - la pensée s'y

répand effrayamment - absolus, grands absolus, choses

mêlées avec filaments dérivés et flottants, abandons

dépouillés - qui peut savoir ? L'âme est poussée vers le

désespoir, vers l'ombre inconnue. Le vide est à aimer.

Poursuivre. Poursuivre. Continuer. Les paroles

s'épuisent. Oui, poursuivre et se taire. La porte du néant est

fermée.

398


Mais à l'intérieur, il y a autre chose à vivre. Dans les

élans successifs, vivre est une nouvelle alternative. C'est

encore la beauté et la transparence qui explosent ici !

Enfin tout se pense dans l'immense muet de

l'Inconscient...

Dans l'infini-en

Je plonge là devant moi dans le non-sens - ou je me

retourne, cervelle renversée - à l'agonie et finissant,

plongeant toutefois. Commence par te craindre. Apprends à

te méconnaître. Absence de toi comme si tu étais l'Autre.

Visite-toi dans la nuit pour de nouvelles perceptions !

Ce que je cherche : le vent ou l'idée - à poursuivre -

délibérément - ou tomber dans l'illusion nouvelle pour

trouver quelque chose. D'autres formes apparaissent dans ta

nuit claire. Je me nourris de ton absence. J'élude le vrai où

s'achèvent tes pas. As-tu vu entre tes mains s'éveiller le

regard ?

La pensée se déplace et accède aux espaces célestes -

399


ces fous démantèlent la raison. Il faut émettre de nouveaux

sons dans l'univers fantomatique de l'aberrant. C'est un autre

miroir où le temps et la logique se déploient différemment.

Le bel éphémère accompagné de l'abyssale impossibilité

~ toute nouvelle vérité doit être supposée auparavant.

Poursuis cette idée en exil de vent comme une pensée

incertaine dans l'illusion ou l'expectative. Le non-vrai se

déploie désespérément pour donner raison à une bouture de

vérité. Laisse - laisse croître encore l'idée de l'être, l'exil de

la connaissance s'apaise là - en toute ignorance de réalité

future.

Effacé-tracé

S'éloigner entre deux complexes dont nous ignorons le

sens ~ effacé-tracé dans l'absence de mots furtifs inconnus.

Les choses se superposent dans ce que nous pensons,

exigeant un espace pour exister quelque peu.

Parfois s'éveille une lueur - le sens sort de son

labyrinthe pour nous indiquer de nouveaux signaux.

400


Il se peut que chaque réponse attende l'autre, suppose

Roberto Juarroz.

Toute tentative de volonté associative désordonnée

l'audace pensée.

Va vers la lumière, vers le plus valable voyage enfin,

dégage un chiffre - l'écriture se veut aléatoire mais tu

pourras la maîtriser.

Le lieu, au plus profond

Dans le vide

Les miroirs plongeaient dans le vide - ils ne reflétaient que le Néant de mon

impossible.

Reste le silence - le silence pour tout questionnement.

401


Ruptures et chutes

La fatigue disparaîtra dans la transparence. A sa place, ce seront ruptures et

chutes, axes transmis sur le seuil des yeux ouverts. S'élèvera inlassablement le

silence accompagné de choses asphyxiantes. Du moins un cristal acéré fendra de

nouvelles ténèbres.

Oui, mais se formera lentement comme dans des contradictions consenties le

génie furtif, prolongeant dans ses mains des formes étroites. Qui faudra-t-il

invoquer ? Les invisibles actifs - les retraits de ses mains ? L'intelligence qui

bouleverse l'ensemble saura répondre à la question.

Le lieu autre

Plonger là oui devant soi pour exploiter un nouvel espace, pour fondre dans un

clair absolu et remplir un autre vide.

Il faut construire ce lieu dépouillé, y exercer une réelle liberté jamais connue.

Ce n'est pas un abîme, c'est un territoire vierge à construire.

402


Poursuivre et s'enfoncer où cela n'a plus de sens. Aller encore toutefois.

L'être disparaît mais que peut-il trouver ? Il y a descente dans le vide, sorte de

saut retenu par les pensées qui ralentissent la chute.

Il finit par aimer le vide car cette attraction est certitude de lieu autre - lieu

nouveau où l'intelligence pourra se déployer.

Le vol pour plonger dans la transparence, en témoigne cette lumière évidente

obtenue par la vitesse et la fuite. L'on parvient à illuminer l'abîme.

Abîme ! Bel abîme ! Quels seront tes secrets ?

Je persévère dans l'extrémité la plus lente sans parvenir à achever ma chute.

J'ai parfois rêvé de me dresser à la verticale pour accéder aux extases célestes.

Mais cela était luxe impossible, que salut inventif, que folle expectative...

403


I

Là devant il y a un espace

Il y a le vide également

La pensée s'y projette. Mais la pensée

Ne saurait représenter l'avenir de ce

Néant. Il y faut des couleurs, de la vie,

Des ombres savantes qui marchent ou d'autres choses

Encore. Mais quoi ?

Au plus profond, il y a un refuge

Avec des cavités pour que des choses existent

Ceci n'est pas le Néant ni l'Enfer

Mais une autre existence où des densités

Et des diversités sauraient s'y côtoyer.

Quelles sont les conditions pour que ces formes de

Fantômes offrent plénitude de vie à ce vide ?

404


II

Ceci n'est pas une illusion ni un non-sens - c'est

Un lieu possible pour que quelque chose soit.

C'est là devant soi, et cet infini étonnant

Attend qu'on le remplisse. Engendré et créé

Et espérant.

Je plonge, je pénètre dans des grottes

- Des pensées s'ouvrent, des réalités s'offrent.

J'avance vers d'autres ouvertures mais tout me semble

Vierge - un autre vrai est à inventer, des

Prémisses corollaires pourraient s'y associer.

L'homme cherche à les atteindre pour accéder

A des audaces nouvelles. Il n'y a nulle

Limite. La destruction est destruction du passé,

Du réel d'autrefois. Une vérité transparente

Apparaît là. Mon âme saura s'y baigner.

405


Je m’engage

Je m'engage - je plonge dans l'or -

Je me défais de l'inutile - je conçois avec l'autrement.

Que sont-ce que ces pulsions poétiques ?

Que ces ivresses d'invraisemblances ?

Vois ! Je cherche l'horizon autre - le plus

Subtil - celui qui permet d'accéder au chef-d’œuvre.

Rien de ce qui se fait ou se défait en au-

Trement - de l'écrire ou de le dire - le penser inti-

Mement.

406


Déterminations de profondeur

Déterminations de profondeur et de pénétration pour parvenir à trouver un

nouvel espace.

Supposons que nous possédions cet espace - où se situe-t-il ? Que contient-il ?

N'est-ce pas un autre actif - je veux dire un langage différent avec du matériel de

mots associé dans un ordre déplacé ? Et quel langage ? Car il s'agit de choix, de

prélèvements, de distinctions.

Mais il se peut que l'espace détermine un autre fondement verbal de mots - que

l'ensemble offre un inconnu totalement vierge de toute spéculation cérébrale - et

c'est acte de créativité à l'état pur !

Ou encore une rare vérité d'images - d'extrapolations mentales ou de

symbolisations autres

– que sais-je !

Alors ! Comment déterminer ce nouveau vrai ? - Il faut qu'il soit suffisamment

crédible pour se personnaliser dans l'espace poétique connu. Il faut que la

critique - et quelle critique , - prétende que cet autrement est vrai pour l'intégrer

407


à sa vérité poétique.

Certes - je suis naïf - mais je crois en la jeunesse - car elle saute les étapes, passe

outre, ignore le passé, compresse, condense dans son présent. Oui, elle ignore

l'expérience mais on peut lui donner la possibilité d'affiner ou de purifier son

application offerte.

Le gouffre-néant

Ce gouffre-néant planté là devant soi gémissant dans le silence espérant

quelques vérités de vie...

Obscur ! Obscur au bord du rien qui pourtant implore l'ultime d'une éclaircie, je

te sais supplier d'extase.

Dans l'entrevoir, je sens les mots se déplacer pour combler ce vide, pour le

nourrir d'ombres légères, de douces fluidités, de sens étranges et d'audaces

inouïes.

Les fumées m'échappent - les larmes antiques de : " N'entre pas car ceci ferait

violence à ta poétique", m'imposent à me comporter autrement.

408


Déjà je vocifère dans ce rien - j'espère et exploite une cendre nouvelle - déjà...

Pourquoi ? Pour : demeurer en sans découverte aucune, sans espoir de substance

supérieure.

O luxe de rien - me laisseras-tu gémir éternellement pour ce faible feu, pour ce

Néant insignifiant ?

Des larmes chaudes se répandent sur le marbre noir car La Conscience sait

pertinemment qu'elle ne peut obtenir quelconque objet inédit.

L’espace précipité

Dans quel espace précipité - ô grand suppliant de mémoire ! - pour quelle

intelligence de gloire et là découvrir un autre vrai. Ce n'est pas un instant

entrevu, ce n'est pas un vertige invoqué par l'effroi.

C'est : au plus profond des ombres - des ombres de substance qui ont survécu au

silence.

Au-delà de ces vols désordonnés qui tendent vers le précipice, je veux y voir des

bruissements d'aile d'extase - de compréhension et de savoirs nouveaux.

409


La pensée claire

La pensée claire - enfin en soi-même - sorte de clarté lumineuse ou sereine

Sur le bord de son vide qui attend là

Qui attend la certitude d'un vrai - éphémère - possible ou impossible

C'est certes un inachevé à apparaître dans la substance du Moi

Quel espace à inventer ? Quel contenu à déterminer ? A l'intérieur, que puisje

espérer trouver ?

Tout me semble trouble et fantasque - impossible.

Tréfonds

Pensée comme nuit au tréfonds qui s'est suffit dans l'ombre de se mouvoir à

tout jamais

410


La nouvelle courbure

Dans quel espace - précipité - le mien

Sinon en quelle folie d'outre-songe

De peu - en ta mémoire - l'incarnat léger se déploie en pollen

Larmes de douleurs pour penser autrement

Ceci est dans ma nouvelle courbure - je dois me rejoindre facilement. Ce

sont les grands survols d'hier. Penser. Penser autrement.

Il paraît. Mais quels buts à atteindre ? Dans quel espoir désordonné ? Le

vertige est invoqué. Je le savais déjà.

Ton gouffre m'appelle à l'Océan. Infini en moi-même, je désespère pourtant.

J'espère accéder à un espace - inconnu - autre - différent. Là devant moi, que

puis-je créer ?

a

Ce monde se fond en lambeaux impossibles - avec formes et rotations et

lumières reflétées ~ quelles naissances à attendre

411


Au fil de l'ombre, mon pas n'est pas assuré.

Suis-je assoiffé dans ce superbe obscur ? Libère-moi de ce lieu où je me brûle.

Je suis aveugle et sans mémoire et je me brûle encore.

b

Ce n'est pas une éclipse d'homme. Demeure encore cette présence humaine.

Traces suivies d'espoirs. Traces toujours. Et au plus profond, sont-ce

dissolutions du vrai et de l'existence ?

c

La mémoire offre des couloirs et des traverses lumineuses. Le royaume de la

ténèbre s'y déploie aisément.

Que peut-on entendre sur une écoute infinie ? Au centre, il y a cette obscure,

cette aveuglante lumière qui se manifeste.

Je suis descendu au plus profond, désireux d'y extraire mon extase mentale. Ceci

n'était que chimère cérébrale, que folie artistique - une explosion d'obscur

n'engendre que de l'obscur.

412


Fuites

La poussière un moment, mais je sais où je vais - la poussière, et je plonge dans

mon absence peut-être là où jamais tu ne seras.

La hauteur ? Que m'importe ! Tu vois, je plonge. Je suis dans l'effondrement

cérébral intérieur.

Et quelle est cette traînée qui s'enfuit dans l'écoulement du vrai ?

Tombé là, tombé là sur elle-même en fissures et sillons ~ il s'élançait parcourant,

parcourant des surfaces jusqu'à mourir - jusqu'à se croire mort. Encore, il allait

dans son profond.

413


L'orgueil du renouveau

Semences sombres aux cris de la paroi de se

Dire : tant d'échos et d'écarts dans l'esprit

Toujours clair qui parfois gémit. Plongeant dans

La chair sur des axes interdits que des identités

Confondent avec des ombres ou des songes.

Sourde et terrible qu'un souffle hors de soi réduit

Au deuil le plus noir, sans espoir d'un quelconque

Soleil - je puis souffrir désespérément.

Ici,

Tout succombe dans le vide - qui remonte ou

Redescend vers un échec de lumière, qui ? Toi

Amasse des poignées de poussières pour faire se

Dresser l'orgueil du renouveau ! Déploie hors

De ce vide intérieur des lignes convergentes vers

Un lieu d'équilibre. Du plus profond, échappe-toi.

414


Le fluant

Le fluant se désintègre encore se figer

ou pas est simple chose à prétendre tout se

faufile dans l'air à voir disant cela, je

désespère encore

La trouée

Me soumettant au vide, à la faveur d'une inattention, ~ le

contre balancement

est bas - ma contradiction est certaine.

Déferlement, fuites, visages rapprochés. Tout est

déséquilibré dans la candeur.

Les fluidités et les variations de lumière sont un champ de

contre forces tout à coup.

Des variantes, des anomalies dans un champ vibrant.

Puis l'oeil saturé de mensonges se déploie toutefois. Oui, la

trouée est pure

415


Les spirales inversées

Défais-toi jusqu'à l'aspect de la pure conscience.

Ce ne sont que des repaires à repenser. Dépasse-toi, sors du

monde jusqu'à

la finalité exacte de l'impossible à atteindre.

Projetés hors, devant, ils sont des fantômes de grâce à

observer.

En légère hallucination, je ralentis les mots - j'essaie de

faire transparaître

le mouvement.

Encore la beauté consciente. Croisées, décroisées,

repensées, allant

jusqu'à la remontée, ce sont des spirales inversées qui croissent

et décroissent.

416


Décalages

Contemplant cette surface, à ne plus, à ne pas. C'est vrai -

dans cet espace polychrome

décalant les valeurs à ne plus, ne plus savoir.

Flottant au-dessus des interdits, concevant dans l'ombremême,

fugitif déplacement -

toute disparition hors du soleil est une audace à vénérer !

Dans le jeu de l'absence, avec persistance, dans le rêve, -

espérant, s'acharnant pour

une présence double, je te sais avec intuition.

Voilà l'horreur et la charnière ! Toute l'invention sera à

éluder pour concevoir l'impossible.

Je le vois énorme, éclatant, tremblant et implorant.

Ce sont de petits corps sveltes quémandant une pure fiction,

au-delà des avalanches impossibles.

Fais attention - la vérité flottante est une équation à inventer.

417


Epilogue

Jets and sprits

Jets et sprits dans l'espace-mien. Toujours

En soi. Si cela est penser, je fluidifie mes

Mouvances, j'éclaircis mon Temple. Mais pourquoi ?

Est-ce matrice cérébrale à produire ? Lancées

De l'intelligence ? Il faut dans l'épaisseur, par

Le travers disparaître et aller. Le profond avec

Insistance, dans le temps, calculable, réfléchi.

Encore la nuit. Ce qui importe. Les souffles précédant

L'étendue à survoler. Le Moi veut disparaître

Pour un autre moi : là-quel-monde-à-remplir ? Pour

Encore se rejoindre. Une nouvelle errance et la raison

Perdue. La relation avec la conscience. Ta cendre et

Ta poussière. L'inutile à découvrir peut-être. Les

Froids tirant sur le rien qui d'un trait se refusent.

418


Une parole déchirée

Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son

paroxysme pour éclater en mille fragments de syllabes.

Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment

considérer l’Au-delà.

Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà.

Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné

de la logique, dans du vrai pourtant.

-

Silence. Et substance émanée par le songe

-

Paroles menteuses mais créatrices cherchant une

nouvelle essence de l’être.

Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un

sublime agencement poétique !

Hauteur des mots.

419


En soi démesurément

-

Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques

traces de profondeur

Je te sais : constamment absent

Ici une volonté autre - est-ce dépassement ?

-

Le support, l’élan

Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes

d’applications

-

Espace très à l’intérieur

Espace et toi sur le versant

T’essayant à quelques délires

Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant,

je te dis avec combinaisons et luxes d’audaces

420


Sur la matière, tu n’es plus

-

Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est

faussée

Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là

- évidemment !

Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais comment ?

Décalant ton orgasme - en toi, profusément

-

La pensée s’enflamme et cherche à te détruire

immensément

I

Combien en toi d’essence de semence,

Combien profondément !

Les longues déviances dans la crépuscularitémienne

:

Il était le chemin

421


Les plaintes maladives pour mystifier l’avenir,

Et ces assauts d’ailes répétés en ta demeure ?

Le vent assèche ton potentiel

Nulle compréhension répandue

II

Ce qu’il croyait toujours

Plus ou moins d’ombre dans la pensée obscure

Fils logiques-miens, émerveillés, tramez !

Combien, combien sans plénitudes symboliques

Sans

Dans la conquête limpide dans

Pour l’épanouissement de l’esprit ?

Quelle folie d’audace, et l’errance et l’écriture !

Féeries qui divergez et convergez ensemble ! pour

422


l’épanouissement spirituel venez en moi.

III

Voilà ce qui convient en soi, à la lune apocryphe

s’essayant à d’indéchiffrables invisibles inconnus

Lui s’émerveille de mercantiles poèmes abstraits,

chimies de diamants possibles

Invitant sa stimulation à multiplier des microévénements

poétiques

Murmure, engloutis, expulse

Alors engloutissements avivés de salive en formes

bigarrées

- Et les mystiques recommandations dans le rêve du

rêve – pour qui ? Qu’en fera-t-il ?

neige colorée…

En fatigues de divagations absurdes sous la

423


Quelle perspective ? Quelle ?

que pourras-tu

Déficiences d’écriture, d’applications pertes,

espérer ?

Essences et apparences, et quelles

Fuyant la vague morne profondément en soi

L’être, balançant en non-être et déviances sans

questionner son infini

Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies

dans la mesure du déroulement tout en glissant

Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté

par ce vent qui vivifie tandis qu’une plainte maladive

semble encore supplier

424


Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement

Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de

son ombre, en poussières de lumière, en déchets

entassés

Et les présences émerveillées qui trament et

retrament dans le sein de l’éther

Combien encore de marches inutiles, de conquêtes

limpides dans le foyer boréal du Moi !

Endormi sous le charme mensonger de quelque

vaine idole et contemplant les astres parfaitement posés

Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je

léger d’hypnoses neigeuses, m’élevant encore, là et làbas

dans l’errance où je diverge immensément ~ elles,

sont des féeries dansantes

425


L’impensable dans la sphère pure

vois : je me désespère

mille éclats éclairés de lune affaiblie

s'émerveillant sur le diamant

activant son souffle

en abondance de rêves

là s'y essayant encore

pour le comble du désir

qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de

spasmes suffocants, fuyant de pâles divagations

inconnues

et encore : pour quelles perspectives ?

Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme

sublimes oublis espérant malgré tout..

426


I

Ô habiter dans l’indécis

Penchées en équilibre, vous m’élevez vers

l’abandon

Songe et ne puis

Halos halos de fuites évanouies en évanescences

d’astres,

ici point le clos mais lové en soi

renais et reviens en fumées déliées

et là encore, oui là abandonné

II

Fragment joint au disjoint

L’éclat des poussières devient phosphore devant mon

front salvateur

427


Le rayonné m’éclaire tout à coup

La turgescence de l’être

Et cette finalité insignifiante qui noie ma brûlure

dans le chagrin de la douleur

C’est une fin subtile avec essence : me voici dans

l’ombre

Fébrilement troublé, léger sur ce fragment d’azur

Ô yeux tournés vers l’intérieur, phares de la raison,

que voyez-vous ? Quelles perceptions internes pouvezvous

décrire ?

Conçois le songe qui se propose en toi, vasque qui

se dilate et ondoie sous l’effet de la pensée

428


Franck Lozac’h

L’Infini-en

429


FRANCK LOZAC’H

LES TURBULENCES DU GéNIE

430


L'Huile fraîche

J'ai volé

J'ai volé à l'arbre frêle une mince couche de miséricorde, j'ai

enflammé un coeur déjà perdu à la cause première, j'ai délaissé des promesses

impossibles, des vœux d'amour, j'ai joué avec la connaissance usurpant çà et là

des fruits de stupides saveurs.

Sur une couche, j'ai réinventé l'acte suprême fort d'une imagination

débordante. J'ai transformé des images pieuses en symboles multicolores me

réservant le droit divin de retoucher comme un peintre l'empreinte de son

tableau, les vicissitudes de mes rêves transparents.

Plus loin encore, alchimiste de génie, prêt à découvrir le secret

ancestral, j'ai brûlé dans des flammes vives la page blanche d'un poème jamais

ébauché.

Vaste mutation proche de la réalisation, hésitantes exactitudes vouées

à un échec constant, quelles merveilleuses farandoles qu'une rêverie obscure

dispensait dans les ténèbres de mes nuits !

431


Magicien doué d'une sagesse constante, séraphin démoniaque ou

démon divin ? Qu'importe ! Tous ces noms gravés comme des dalles de

marbres dans mon crâne fatigué, qu'importe !

Dans des cavernes fantastiques, je me suis promis les couleurs du

printemps, - des pastels, des mauves, et des argents rouges comme le vin et

blancs comme l'écume. Ô l'arc-en-ciel transporté dans les bas-fonds de la

terre !

Moi, homme de nuit respirant les fleurs disposées en corolles, humant

les senteurs de mon propre univers, Moi enfant qui trébuche et succombe dans

les dédales, Moi et la pluie, et le soleil et les étoiles, et Moi encore !

Quel vain et âcre mélange dont les fruits bouleversent les sueurs

extrêmes des envolées ! Quels affreux cauchemars qui conspirent

complaisamment pour jouir de mes souffrances sanglantes ! Oh ! Le jeu de la

mort ! Aucun vivant ne peut se défendre ! La mort tentaculaire qui possède

corps et âme, se vautre dans des rires immondes retentissant encore dans les

globes de mes oreilles ! Oh ! La faux brillante persécute l'œil torve imbibé

d'alcool ! Oh ! Les scènes de pillage ! Oh ! ...

432


Pour l'ombre de toi-même

Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges

Dans le pur infini de ton morne délice.

Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes

Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...

Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,

Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !

Sous le déchirement de l'éternel carnage

Un mage déployé venait et fécondait !

Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,

Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.

Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,

Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,

Du pur consentement toi tu vas et regagnes,

Les mâtures inventées, les vagues et les drames !

433


À ma dormeuse

Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,

Respirer en ton corps le doux parfum des songes,

Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,

Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.

J'espère sur cette bouche inventer un amour

Puissant et immortel que tu composeras,

Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour

Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !

Qu'importe, les espoirs de nos mains en détresse,

Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !

Je demande plus fort que houle et que tendresse,

Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.

Car de son pur cristal où le génie descend

Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.

434


Le Germe et La Semence

Prolongement

Avec ce pâle essai, le sourire enfantin

Propose d'une plume un clair regard éteint,

Mais son âme obscurcie par de sombres ténèbres

Achève noires ses stances dans sa chambre funèbre.

Ce jeu tel un sépulcre baigné par ses lumières,

Amas de morts qui tremble d'une main cavalière,

Prolonge dans mes veines le pur-sang des apôtres...

Sont-ce pensées déçues où le génie se vautre ?

Mais j'entends supplier maint rêve bestial

Déployé sous un joug ombrageux !

Ignoble frère, au jet d'écume et d'ombre

Qu'il dérive

Que d'un regard malsain lèche la croix des autres !

435


Air petit

Qu'est-ce donc le génie

Quand, par l'inconnu,

Je vois chaque nuit

Les mots qui se tuent ?

Pour l'absurde grandeur

De l'Etre tant aimé

Un usurpateur

Me dit de chanter !

Et à peine assouvis

Les mots s'entrelacent

Comme à l'infini ! ...

J'invoque une douceur

Légère et fugace

Pour changer ma face,

436


Mais ne veut répondre

En ce lieu maudit,

Ne veut correspondre

Pour l'admirable écrit !

Qu'est-ce donc le génie

Quand, par l'inconnu,

Je vois chaque nuit

Les mots qui se tuent ?

437


Le beau langui

Le beau langui sur des espaces de miel. Qui frappe en cette heure

lugubre ? Mais vrai, l'oraison des beautés dans un geste d'éclore pétille d'union

pure.

On cesse là l'ébat. La lutte est condamnée jusqu'au soir, et des toux

hideuses rappellent le génie.

Oh ! Race ! Que m'importe le pacifisme de l'acte ? Oserai-je espérer des

tourbillons d'esclavages ?

Accoupler c'est détruire. Les firmaments déjà. J'entends les pas saccadés

dans sa nuit. On se meurt dans les tourments. Le défunt, l'hôte pâle ! Le défunt

s'enfuit.

438


Alors tu te réveilles

Alors tu te réveilles, ô beau corps de déesse !

Tu cherches mes désirs comblés par les tourments.

La pointe de ton sein sevré de sang se dresse,

Mon admirable amie et mon sublime amant !

Si mon ventre s'éteint, j'appelle tes lueurs.

Je jouis de l'incomparable volupté

De rester en moi-même et d'être un autre ailleurs,

De créer un génie aux plaisirs insensés !

Je verrouille ta chair, la place du bonheur.

Je dors paisiblement dans le coeur des Aimées.

J'invoque ta richesse, ta sublime saveur,

Ta substance promise, et ton nectar sacré !

439


La faible survivance

La faible survivance respirée en nos cœurs

Comme un mal infini a possédé nos âmes.

Ce ne sont que sévices imprégnés de saveurs,

Et des lutins stériles en usurpent et se pâment.

Interdits d'amour propre, diffusant de leurs mains

Les stigmates enfoncés jusqu'au creux de la chair,

Ils cambrent la faiblesse de mon ministre Saint

Moi génie torturé, redescendu sur terre.

440


De son génie pourvu

De son génie pourvu, il subit la nuisance,

La haine d'un Dieu, puissance qui le détruit.

Il sait le maladroit langage, et l'indistinct

Désordre avec ses flèches, l'autre peau qui l'attend.

De partout la grandeur sublime le devance.

Rayonnements divins ! Mais lui oint, et de palmes...

Il ne saurait humer la douceâtre embellie.

Car son germe volé imprégné par l'amour

A trop fait de souffrir au terrestre sommeil

Et sa bouche meurtrie a roulé trop de glaires.

L'écho recomposé n'est qu'un désert sordide

Et le vagabond épouse de beaux tourments !

Sa fougue est maîtrisée. Il est un demi-dieu,

Il jette les impurs, les éléments malsains.

Et sa joie, chère amie, n'est pas même un calice.

Le calice du sein, l'amertume des cieux...

Son nom est espérance, son nom est déjà vieux...

441


Et son cœur est pareil aux cœurs qui se sont tus

Il conserve en sa chair l'exil qui est trop loin

...

442


Le Manuscrit inachevé

Quel équilibre ?

Quel équilibre ? Ces lignes dénotent ta nature. Tu as voulu un monde

à ta mesure. Tu n'étais qu'un enfant.

Les conversations pendant les longues promenades n'existaient que

dans ta tête. Ta vie, ta jeune carrière sont-elles à résumer ? Dois-tu ajouter

quelque chose ? Tu as vendu tes fantasmes. Que reste-t-il à écrire ?

ris pas.

Ce style précieux, étonnant, te donne-t-il le droit au bonheur ? Ne

Y eut-il des tentatives intimes qui purent me satisfaire quelque

journée ? Ce métier, était-il accessible à l'adolescence ?

Devons-nous grandir parmi les hommes de lettres, parrainés des plus

hauts génies, et chaque soir nous endormir désespérés ? Nous faut-il vivre avec

l'horreur de les toucher ?

443


Mais pourquoi rester enfermé seul des nuits entières dans cette

chambre putride ? Ta solitude, je commençais à m'y habituer, moi qui travaille

fort tard la nuit.

444


Le poète

Le poète : Honte, frissons d'orgueil

Car dépasser les maîtres, y penser...

Retourne dans le livre du savant.

Te documenter, de vrais génies, eux !

Perte de sens, mascarade !

D'idées, de fonctions, de syntaxe !

Livre embrouillé, - manuscrit

Ou archives ? Vieilleries à restaurer !

Engagement et heures de pénitence.

445


Les contrôles

Les contrôles constituent les premiers pas vers une certaine maîtrise.

Apprendre consciemment. Dure école ! La grande œuvre du génie est

désespérante. Rare la satisfaction. Toujours recommencer, et penser très haut.

Je n'en suis qu'à la rhétorique. Des fragments à inventer. Ajouter

d'autres lignes et savoir chiffrer ! Tout chiffrer ! ... Écrivain. Se compromettre,

mentir. Inspiration !

Se dégoûter, changer de méthode. Se faire sauvage. Quels avantages à

en tirer ? Ne plus savoir comment finir son paragraphe, voilà le travail de ma

vie !

Des pages bâclées. Il faudra les polir. Je suis pourtant courageux, mais

comment écrire de bons livres ? Je n'ai pas de méthode, je n'ai aucune

technique.

Qui voudrait m'apprendre ? Je travaille seul. Je n'obtiens que de maigres

résultats. Quelqu'un pour me guider, qu'il puisse me diriger !

Quelle cuisine insolite, pas même originale !

446


Et puis assez de ramasser les miettes, d'écrire des pauvretés et des

bouts de phrases sans style et sans idées !

Mes brouillons resurgissent. J'atteins un point de sensibilité rare, une

tension intérieure effroyable. Je suis pauvre ! Toujours à m'inquiéter, à

m'importuner avec des engagements grotesques qui servent de nourritures à

mes morceaux pourris.

447


Vie d'artiste

Vie d'artiste. Lettré tenant dans la main droite un casse-croûte, dans

l'autre main une stupide revue. Pas d'éclosion de jeunes talents ou de génies.

Des bohémiens opportunistes attendant leur tour.

La confrérie. Ils sont au moins quatre.

Ils chuchotent des paroles.

Un mot pour mon travail,

Et je déclenche les harmonies.

Faire de l'intelligence pour éclairer

Ceux qui m'estiment.

Très juste, mais qui sont-ils ?

448


À présent

À présent toutes tes semences sont trompeuses. Le goût fécondé t'a

quitté. Ne reste qu'une quantité insignifiante de dépravations et de pleurs et de

bagnes. La progression était trop rapide, dangereuse. Tout est ruiné en toi.

Pourquoi avoir voulu s'aventurer dans une telle duperie ? L'innocence ! Les

échecs !

Des courses à perdre haleine. Ho ! Le bon sens ne m'a jamais habité.

Diplômé de l'inconscient tu seras le maître d'oeuvre des docteurs, des pages

analysées au microscope. Les génies sont tous de grands malades, même ceux

qui ouvrent les portes de leur néant. Démarche d'un imbécile, et bravos !

449


À ses pieds

À ses pieds ! Et des idées neuves ! Tu lui dois une bonne

reconnaissance ! Que serais-tu s'il n'avait existé ? Quelle fraîcheur aurais-tu

cueilli ? Le grand sentiment pour le père et le génie. L'espoir, l'aide pour les

espaces neufs.

Je veux la grâce pour les insinuations, les échos et les sonorités

débiles. Il faut me pardonner. J'ai l'esprit de la bêtise. Quelle importance

puisque ce n'est pas important.

J'ai gâché mes jeunes années avec des compagnons imbéciles, des

sourires niais, des gamineries studieuses.

J'ai relevé le défi. Le retard était immense. J'ai flambé les étapes ! J'ai

vidé le sens de l'alexandrin et cassé la musique !

A ses pieds. Ses rythmes, ses formes, ses génies et tous les hommes

bavent là-dessus. Pas besoin d'être consolé puisque c'est une autre vie. Il est si

beau, unique, lui.

La conscience : poursuis ton travail.

450


D'ailleurs, qui sait si l'amour n'est pas le plus important. Le travail ne

mène peut-être à rien.

Tu voudrais changer la rime du discours. Tu ne sauras jamais chanter.

Tu es le plus mauvais. La faute, l'erreur incombent à la jeunesse. Enfin, c'est

mon sentiment.

Je me connais très bien. Il y a en moi un grand mystique. Je regagne

d'autres formes, mais je n'ai plus le droit de renaître. Près de Dieu, je fus le

cœur purifié.

Lui seul est le maître de l'homme nouveau. L'Ange aux yeux bleus.

L'enfant né, le poète prêt à toutes les expériences, ce Satan désargenté croyant

à l'élixir de vie. Le phénomène à imaginer. La foudre. Ai-je une seule fois su

flatter quelqu'un ?

451


Assez de l'analogie

Assez de l'analogie et de son génie. Les heurts de mots absolument

incompatibles feront de moi un être reconnu.

Assez du compte et de l'accentuation, j'écrirai sans cela. Ma terre,

mon inspiration suffiront. Que m'importe le texte écrit ! Pourquoi se soumettre

à des règles vieilles de trois siècles ? Ne peut-on plaire sans cela ?

Laissez-moi l'accord des mots, je serai qu'en faire. Ne dites pas de moi

que je suis un faible parce que je ne suis pas un chasseur foudroyant, parce que

ma jeunesse m'interdit tout travail sérieux sur la page blanche !

Laissez-moi faire, je vous dis que cela vous plaira. Je ne prônerai pas

l'anarchie. Je donne à la mémoire toute liberté. Je crois en elle.

Lisez tous ces piètres inconnus qui s'efforcent d'associer quelques

techniques à leur faible savoir. Regardez-vous aussi, vous qui ne vendez rien,

qui n'intéressez aucun public.

452


Le Moût et Le Froment

À part l'explication cosmique

À part l'explication cosmique, son poète reste un incompris. Sa plume

enchante les symphonies. L'effort de minuit entreprend de faire le point sur le

Beau. Il repart sans musique en vrai poète. Il se replie dans son corps vers

d'autres noctambules.

Vibrant de ses cordes vocales mais écouté dans ses solitudes. Bras

tendu aux portes des caves. À toucher de la main les sources de la jeunesse.

Sonde-t-il les dégagements des eaux baignées dans la tourmente ? Le

vol des airs suspendus à l'aile noire ? Terre plate recouverte de laves refroidies.

Des flammes semblaient descendre... Volcan !

Ce temps n'a de durée que pour le jeune homme. Fini son amalgame

de chances, il rentre dans son Néant. Fleurs odorantes, pétales chagrinés où

vont les feuilles qui volent ? Dans l'espace soulevé et tendu de son génie. Mais

à choisir qu'il m'aurait plu de boire la mare sous les vents endiablés ! Couché

sur les terres, de manger de cette boue comme un soleil, d'y lire les vols pour

tout un mois, puis de chanter les rêves, sueurs des lits, baignés aux cris des fois

anciennes.

453


Des espoirs vagabonds ruisselaient dans des libertés. Un vin de

couleur remplaçait les jeux. Animalier, ce tour de force me prit aux poignets.

Grâce aux vieux on prêche pour se bagarrer à la surprise des sales découvertes.

Et le cœur lutte contre les yeux, contre les sons qui roulent leurs

pupilles et corps dans leur immensité chaotique. Il faut équilibrer les

battements du bonheur. Si un vent soufflant vient à mourir entre deux focs,

comment son bonheur sera-t-il certain ?

Un dernier regard vers les astres aimés. Quelle réponse me témoignera

plaisirs ou danses ? Hélas, mon nom est piqué sur la page blanche.

454


Œuvre raisonnable

Œuvre raisonnable aux penchants mystiques qui brille d'une lueur

spéciale, j'écrirai artificielle. L'homme a voulu conquérir son âme. Recherches,

méandres, labyrinthes : l'œuvre est incompréhensible, inaccessible au critique

pauvre que je suis. L'auteur espérait qu'on lui dirait ce qu'il avait voulu dire.

Comme son œuvre est insensée, indéfinissable, personne n'y a rien entendu. Il

est des hommes qui s'enorgueillissent de posséder le génie, celui-ci n'est qu'un

vulgaire mystificateur.

Je déconseillerai au lecteur d'acheter ce livre. Il regretterait la centaine

de francs du volume. Certains livres sont à oublier. Ils ne méritent même pas la

publicité accordée.

À notre époque, il n'est rien de plus facile que d'être publié. Hélas,

c'est encore le public qui achète les pourritures cachées dans les fruits.

L'ignorant ne se fie qu'à l'emballage.

455


Voici mes tragédies

Voici mes tragédies et puis voici mon rire

Ne laissez pas tomber en si piteuses mains

Le savoir d'un géant perdu dans son empire

Ne laissez pas la mort s'emparer du malin.

Que la plus belle voix, sœur et mère des apôtres

Acclame tristement l'hymne et le chant du maître

Et chante d'un air vainqueur les bienfaits du grand prêtre

Chante à l'enterrement suivi par tous les autres.

Car je veux qu'en ce jour l'immortel apprenti

Regagne ses grands cieux escorté de ses anges

Triomphe de son génie acclamé de louanges

Et encore s'en retourne où certains sont partis.

456


Il y a le Néant

Il y a le Néant et l'Espoir et la Vie,

La Mort qui me poursuit, déchirures et démons,

Le Passé qui n'est plus, le Futur qui se vit,

Il y a le coup du sort, dansons et pleurons.

Le Génie du destin a frappé mes soleils,

L'amour a traversé mes rayons impudiques,

Des ébats ténébreux ont glacé mes sommeils,

J'étais ivre de chair et d'actes fatidiques.

Le fruit n'était pas vert, le suc était limpide.

Concessions et jouissances insipides,

Que le corps fut amer ! Je recherchais l'amour.

Abruti et servile, je ne me connais pas.

La femme est un besoin enlacé de contours.

Sans âme et sans pensée, je n'y reviendrai pas.

457


Éloigné des douleurs

Eloigné des douleurs que le repos apaise,

Plusieurs fois dans la nuit, je me dois de vieillir

Avec de vagues tâches qui jamais ne me plaisent,

Tant l'Art est difficile, que pourrais-je cueillir ?

Je m'y astreins pourtant moi, artisan en chambre.

Si le travail m'est cher, je tombe dans le doute.

Personne non jamais ne sait ce qu'il en coûte

A l'esprit fatigué des vers qui se démembrent !

Je me flatte pourtant d'y risquer ma jeunesse.

Perdu et sans rigueur que reste-t-il à faire ?

Attendre patiemment que le génie se dresse,

Ou pleurer sur son sort que le Néant éclaire ?

458


Le Croît et La Portée

Dans les noires profondeurs

Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,

Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,

Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit

Qui lentement regarde, majestueux et droit.

Il regarde les heures s’égrener peu à peu,

Cadavre bicéphale implanté dans mon âme

Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,

Et mon piteux savoir est toujours miséreux.

Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.

Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :

Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.

Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire

Et prétend posséder la beauté immortelle

Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.

459


La Racine et La Source

La douceur des sanglots

La douceur des sanglots, des longs cris et des râles

Tapissent le cerveau sacré de son génie.

Je hais ceux qui proclament : l’amour est jeu banal

Et déforme l’échelle subtile de l’esprit.

Dans l’extase troublante des corps à moitié chauds,

Bienheureux il dérive, vacillant et craintif.

Pour extraire du sublime ce qu’il fait de plus beau,

Les grandes émotions animent le pensif.

Quand le radeau dérive sur l’onde tourmentée,

Le nectar onctueux s’extirpe dans la nuit,

Et la plume scabreuse s’éprend de volupté

De bienfaits et de grâce en ses sombres écrits.

460


Le Buis et Le Houx

Ô génie

Son cœur fourbe et vieux des anciens compagnons

A détruit le carcan étriqué des Indiens,

Et son âme a poussé comme une floraison

Dans la douceur folâtre et dans l’esprit chrétien.

Triste vie que d’atteindre toi le paralysé

Les affreux monticules et les coins de verdure,

Et là de mourir sans avoir imaginé

Les vastes diamants de ta noble parure.

Quel avenir superbe et quelle adolescence !

Ton génie a instruit l'âme subliminale ;

Les hurlements et les dégoûts en moi relancent

Les débris, les déchets de cette vie fatale !

Ô nuits ! Ô châteaux, les désespoirs de l’humain !

Dans les caves se dresse cette puissante armature.

Je rêve et meurs ! Ils t’ont tué, ils t’ont banni !

461


Ce siècle court à sa perte. Pourtant que font-ils ?

Ils préfèrent admirer leurs stupides profils

Que l’immense jeunesse et ton puissant génie !

462


Confirmation

Quand la mort sale et noire, par des forces

Suprêmes, fut décrétée en ces temps étranges,

L’auteur se noua des vermines atroces

Comme pour oublier la boue et la fange.

Le vin et la poésie coulèrent dans son cœur,

Et les fruits et le vent n’eurent aucun pareil.

Les vastes écrits propagèrent son malheur

Dans le bois dur, sous quelque couche vermeille.

Alors le Néant, l’Absolu, l’Infini,

Décrirent des cercles comme à la surface de l’eau

Et son regard plus perçant que certaines pluies

Chargea la tremblante main en merveilleux mots.

Ô poètes, sang éclatant de la haute noblesse

Les tares des uns fertilisent le génie des autres.

Ô volupté des agonies ! Ô caresses !

Dans la mixture des Dieux, déjà on se vautre ! ...

463


Le Lin et La Laine

Vous avez dans le port poussé ma voile errante.

Ma tige a fleuri de sève et de verdeur.

Seigneur, je vous bénis ! De ma lampe mourante

Votre souffle vivant rallume la splendeur.

Victor Hugo

À Virgile

Dans mes tendres vallées encore aujourd'hui vertes

Serpentent des rivières au doux chuchotement,

Et des voix d'Inconnues propagent au firmament

La chair de mes pensées et de mon cœur céleste.

C'est là que l'exilé entend le pas fiévreux

D'un berger nonchalant qui pousse son troupeau

Au loin sur la montagne, tout là-haut ! Tout là-haut

Avec l'esprit d'un jeune et fébrile amoureux.

464


C'est là que la nuit noire fera place au grand jour,

C'est là que titubant dans de sombres sentiers,

L'auteur de ce poème verra le monde entier

Admirer son image sous le ciel bas et lourd.

La pureté des mots qui résonnent en son être

Est mixture des Dieux et des Anges divins

Et le sinistre cœur qui palpite en son sein

Fait d'un affreux gribouillis les plus belles lettres.

Son esprit vagabond fécondé de génies

Parcourt l'immensité troublante.

Au milieu des brebis et sans même le voir,

Il côtoie, l'inconscient, le plus grand des Messies !

465


Prophétie d'une mère

Oui, sa gloire immortelle mugira sous mon ventre.

Ni la vaste folie dans les bras de l'enfer

Ni l'immonde déluge ni la sinistre trempe

Ne sauront dévaster les relents de ma chair.

Et le peuple à genoux pour prier le génie

Optera pour son choix l'angoisse et le malheur,

Et les terribles flots des puissantes furies

Emporteront la mort qui brûlera son cœur.

J'annonce le malade qui s'étend sur son front,

La sinistre insomnie et la froide blessure,

J'annonce la bataille et le terrible affront

Qui brûle sous le masque de sa grande parure.

466


Collages

Mon âme entière

Mon âme entière choisit cette Pléiade s'écrie

Le poète exalté. Ombres vaines, cessez

Le martyre du génie ! Que d'amours prodiguées

Il sache si bien plaire ! Sa souffrance est secrète !

Don cruel ! Don cruel ! Souffle divin en moi,

Je tombe et m'abandonne à cette Mort vicieuse

Qui mesure et raisonne les sentiments profonds

Et humains quelque fois.

Elle calcule, elle se vante

Elle attaque et détruit les nobles dispositions

En versant ses brimades. Elle est ordre et justice,

Et consternation !

Je m'enivre de sèves

Qui sont bues sur les Arbres, et leur ombrage heureux

Est un puissant délire. Les notes de ma lyre

Bercent les vents d'automne au plus loin, dans le calme.

467


Pourtant je m'interdis les mornes explications.

Je préfère me cacher dans les noires bruyères.

Ma race suprême se perd dans son étonnement.

Je crèverai tout seul, nourri de ma misère.

Ho ! Belle impertinence ! m'écriais-je à la Mort,

Que ne peux-tu goûter à tous ces nobles fruits !

L'aigreur n'est point donnée à cette blanche page.

Enivre-toi de la grenade, mais incomprise

Toujours te sera sa structure !

Je choisirai

Savant, mes rayons purs et mon esprit sera

La tombe où le soleil viendra s'y recueillir.

Ma solitude aimée, paix des intelligences,

Ma folie commettra des péchés infinis

Par rêves d'insouciances.

468


Le bel hiver

Le bel hiver éblouissant de givre avorte tristement comme une âme

stérile les péchés pardonnables de l'enfance défunte.

Le sceau enchanteur du maître divin, martyrisera-t-il sans haine

farouche l'avorton aux membres rabougris qui, dans le ventre bombé, attend

qu'on le touche d'un doigt mystérieux ou d'un sourire serein ?

Sa face teigneuse mérite qu'on l'observe, parents prématurés d'un

génie en délire. Recroquevillé dans son néant, il tétera avide le sein palpitant.

Je tenterai la bouffée d'air pur. Je m'évacuerai de tes entrailles

pendantes, et mes déchets iront pourrir sur tes fanges putrides, femme

écœurante.

469


Finie la saison charnelle

Finie la saison charnelle, fini l'acte carnassier de l'amant qui se vautre

dans les draps et les laines. Ce ne sera plus la caresse mécanique des mains

vicieuses et sensuelles, mais l'acte lucratif de la cervelle du génie.

Je ne veux plus de cette bouche qui sourit d'aise comme son vagin est

pris, ni de ces gémissements de bête métamorphosée par ses supplices. Je ne te

donnerai plus la souffrance et le plaisir mêlés dans tes râles obscurs d'animal.

Vieille gloire, femme ancienne aux jeunes amants trompés, tu peux

partir et je ne te retiendrai pas.

J'en ai assez de me dilapider et de me perdre dans tes soupirs stériles.

Moi, je retourne à mon travail et à ma poésie toute pure.

470


Je vais secouer toutes ces vieilleries

Je vais secouer toutes ces vieilleries, y dénicher la poussière et balayer

les toiles d'araignées.

Faut-il brûler toute la littérature, tous les maîtres, poètes et génies ?

Assez de ces ombres funestes qui circulent dans ma chambre !

Déguerpissez, fuyez, fantômes vains de savoir et d'intelligence !

céleste !

J'instituerai la religion de soi-même, l'égoïsme dans son pur éclat

Vivre en Moi, pour Moi avec l'ambition d'accomplir l'œuvre !

Que naissent les enfants du Génie ! Je veux qu'ils tètent à ta poitrine !

Jette ton sang en feu sur les pages blanches !

471


La belle agite

La belle agite ses roses bleues, - fruits des pastorales dans l'air salin.

Encore des mots divaguant en mémoire.

Je plonge sous les sataniques virgules, un non-sens, rapport

d'ensemble. A séparer lisiblement. Impossible à comprendre.

Ô vapeurs douces comme je vous parle ! Réponses agressives de l'audelà

burlesque.

À mes marques. Je frôle, haleine chaude, les robes claires, - pucelles

respirées, jambes blanches. Les ébats des corps dans les bois tendres. Bouches,

langues fines sans paroles. Taisons les odeurs cachées dans les sexes.

Je me vois perdu sous le miroir des âmes. Images, cognez au carreau !

Je transpose mes cloches avec mes délires. Un Jean ? Non - des gens - des

invisibles. Et mes poètes connus ? Tous des génies !

Ma faiblesse d'apercevoir... Si ridicule ! Flotte ou nage, tas de nerfs

ambulants, excitation démoniaque.

472


Elégante ta démarche. Quelle efficacité ? Roulis de corps dans la

bourgeoisie modeste. Ça ne veut rien dire... Il me l'a dit.

Sorties insoupçonnées, le tunnel des anges. Retours à d'anciennes

époques. Je renais. Ouf ! Le stupide est à décrire. C'est du Jésus et de la Marie,

hélas ! Pas de neuf.

Lettre aux imbéciles. Et alors ? Rien. Nébuleuses rarissimes, géniales

perversions. Mes glaciales pensées, comme je vous aime. Mais si...

Encore le silence. La lente agonie ? Atteindrai-je mon Dieu, mes

desseins ? Toujours ce corps qui se sépare. Vers le coït à deux.

473


Mille chômages, mille pages !

Mille chômages, mille pages ! Je vous laisserai ma jeunesse. Mais que

de patience pour ces fruits rabougris !

Me voilà soucieux. C'est vrai que deux hommes se contemplent et se

contredisent en mon âme. Le réel et l'impossible se côtoient ! Le miroir aux

reflets déformés ! Le poète et le lecteur ! Aucun génie. Je me satisfais de mes

débilités d'hier. Pourtant je m'étais juré d'aller de l'avant, et de foncer vers de

nouvelles plages !

Je n'entends que le bruit sonore des rives alourdies par le soleil

fatiguant de l'été. Femmes, rapaces ou vierges je me jette sur vos corps. Je me

délecte de vos sources de rêves.

Mais je saute ! Mes idées se bousculent et tout cela n'a aucun sens ! Je

vis dans l'intolérable naïveté. Je sais que je ne serai jamais compris. Telle est

ma destinée. Certains hommes forment des phrases qui s'accordent, d'autres

(ou moi-même car je suis peut-être unique ! ..) racontent des histoires à faire

crever de rire le dernier des critiques de Province.

474


Qu'elle sorte ! Qu'elle se place dans l'ordre hiérarchique cette maudite

phrase que je suis incapable de contenir ! Qu'elle m'obéisse la démente

perverse, accumulation de sons, de syllabes et de sens indistincts !

Ha ! Je suis l'esclave de mon infortune ! Je me damne pour elle, et en

échange je ne reçois que l'exil ! C'est la raillerie, la moquerie ! Mais quand me

prendra-t-on au sérieux ? Quand cessera-t-on de dénigrer le poète !

Je sais. Je suis ridicule en voulant encastrer tous ces mots les uns

derrière les autres. J'amuse les hommes en faisant sortir de ma petite tête des

accidents qui n'existent pas. L'on me raille, l'on se rit en écoutant mes bêtises.

J'insisterai car je crois en moi, je crois en l'avenir de ma prose.

475


La nuit est dans mon âme

La nuit est dans mon âme. La poésie accourt. Ho ! Je lance trois mots

et la lumière m'inspire. C'est bien de l'inconnu que sortent mes textes ! Jamais

je ne serai apte à prévoir.

Quelles intuitions ? Surtout ne pas douter.

J'admire tout le génie du Hasard.

Pauvre toi-même qui n'es que l'intermédiaire entre le Néant et

l'Absolu. Tu captes l'Intemporel avec tes antennes de poète ! Comme les ondes

frappent les cases étroites de ma cervelle ! J'eusse pu mourir d'une superbe

décharge, d'une extraordinaire secousse ! Qu'elles glissent sur mes tempes !

Sont-ce des milliers de poèmes, ou un seul est-il prévu ? Je nais du

Hasard, ou Dieu m'a imaginé ? J'invente ou je refais l'histoire.

476


Magnifique mais qui

Magnifique mais qui sans l'espoir de leur plaire

Je peux signifier que l'exil est présent.

Pour la tiédeur amère de ma faible cervelle,

Le bruit sourd et confus se lève lentement.

Accroché à l'ennui par le Néant superbe,

Le souvenir s'observe oublié de nos sangs.

Radieux mais sans gloire, il n'a pas su leur plaire.

Quand l'heure sonna de fuir inexorablement.

Hélas, je me souviens que je ne savais faire

Par ce poème absurde un pastiche évident.

Mais ma force est si belle que le génie déterre

Les fruits mûrs et pensés du Nouveau Testament.

Dans la tombe s'exhale nulle odeur de péché,

Nulle chair putride qui encore se décompose.

Je voudrais bien séduire sous cette terre fraîche

De pelles encombrées l'éclat pur qui se glose.

477


Losanges

Le médium

Je suis un médium qui touche à toutes les ombres, un saint placé sur

terre pour souffrir, un poète conversant avec les plus grands génies de la

Pléiade. J'ai rencontré Dieu et je me fis monstre d'horreur et honte sexuelle !

J'appris petit à petit à purifier mon âme. Aujourd'hui je pourrai regagner le ciel

sans couper le cordon d'argent qui me retient au corps.

Intelligence d'or

Intelligence d'or enchaînée à la perception de l'ignorance. Maudite

soit l'âpre bêtise assoiffée de mes dons seigneuriaux ! Qu'après un déluge

d'injures resplendisse le tout-puissant soleil de génie !

Action pensante, fulgurante et stérile, après la tentation de la belle

lettre, je sais me purifier et je t'obtiens par un délire étrange.

478


Louanges

Étude sinistre ou vile

Etude sinistre ou vile de ton maître en délire,

Ne sais-tu pas, folie, quelles heures d'élévation

Attendent patiemment l'ange ailé de soupirs

Dans les méandres infimes de ton obstination ?

Je sais l'homme têtu parfois m'appartenir

Gâchant tout son génie pour un vœu humiliant,

La conquête de soi pour enfin en finir

Et gagner le combat au destin éreintant.

Moi je perds des années à jouer de la lyre.

Le poème est médiocre, achevons la bêtise !

Parfois je pleure de honte, parfois je fais sourire,

Mais je poursuis l'écrit que la pensée attise !

479


Les splendeurs nées

Toutes les splendeurs nées d'un triomphe futur

Enorgueillies à la flamme de ses victoires

Brillant dans le berceau de l'absolu génie

Elevé dans l'antre de parents dérisoires.

Quelles tentations pour une âme si pure

Vaincront les noirs délires des incessants mirages

Quand les titans étincelants dans leurs armures

Allaient tuer sous l'arme blanche le coeur sans rage ?

Ma gorge a libéré des sanglots de bravoure

L'âme s'est dévouée pour l'exil le plus beau.

Sur l'Ile sans passion j'offre les vomissures

Roulant fleuve intrépide sur mes lamentations.

480


Le génie

sublimes.

Le génie impressionne, étonne, s'étale dans la saveur de ses actes

481


Les Interdits

À une maîtresse

Que renaissent les inviolables effets

La nature a mis tant d’années

A détruire le génie qui perçait,

Finissons-en s’il te plaît.

Ou qu’une dent blessant ma bouche

Me tire le cri du baiser affreux

Allongeons-nous unis sur ta couche

Vampire assoiffé au sourire vicieux.

Métamorphosé en bête carnassière

Peut-être en toi serai-je une vipère

Gluante dans ta fange épaisse.

Mais maudissons le sort de l’horrible espèce.

482


Ignare

Poïétique

Ignare, moins qu'une moyenne évaluant le désespoir vide de l'artiste,

la norme exacte écarte tout génie. Nous obtenons, chère âme, le point de

nullité.

Tel acte, en exemple, se néglige : il n'est que lecture, confort aisé du

travail dit créateur.

Mais, en sa faveur, il reconnaît sa terre certes vierge, mais à cultiver.

Ni roses ni blé ni trèfles d'argent, seulement le fumier d'autrui (Cela est un

compliment).

***

Je crains justement que l'exploration ordonnée soit inexistante.

Il s'engage dans la grave crise des désespérances.

travaux.

L'unité de l'Oeuvre naîtra après sa mort, à la finition du dernier des

483


l'auteur.

Se prévaloir d'être antérieurement à l'acte : - pure perte irréfléchie de

hauteur.

Il gravit aisément quelques places comme le génie propulse vers la

Je ne conseillerai pas le jeu de la femme. Celle-ci viole les heures de

recueillement intensif. Certes, j'emploie le terme de sacrifice dispensé dans la

solitude.

***

Appelons Triomphe le retour dans le classeur du livre refusé.

L'arme lustrée, étincelante ; ainsi le miroir renversé. Il se réfléchit

avant le réel suicide.

A supprimer la classique prière dont usèrent tant d'athées. Avouons-le

: je confesse le droit de croire en le surhomme - (avec la moquerie ou l'oeil

malicieux en ces termes).

484


Le jugement grotesque des obscurités : son génie est timide, a été

répété indéfiniment J'ai rétorqué : pourquoi ton Dieu se cache-t-il ? Le silence

pour toute réponse.

***

Les nuits sportives dans l'oeil imberbe des muses.

Les plaies récalcitrantes s'activent à se jouer de la douleur, et

condamne le pauvre malheureux aux supplices sans fin.

Mutisme à la faveur du coup. Solide essai gâché, puis pour le futur si

loin ; peut-être l'exacte réussite.

A ce suicide de se taire, en soi, il suppose l'attente ; l'accumulation

condensée décharge en violences du génie.

***

Ses propres obscurités le dérangent.

De la tentation à pasticher ces génies, par faiblesse de création.

485


De ne rien posséder sinon ce goût à n'être pas..

Les ravages du Néant déterminent l'homme à revivre.

Issue, j'attends de ce tunnel qu'il me propulse ailleurs.

Ici, l'injonction des lieux toujours vers le futur.

L'ordre serait de composer le présent avec les sensations poétiques de

l'au-delà. Le travail médiumnique est de rigueur.

***

De la clarté en toute chose - journalisme.

rapidement.

Le génie élève l'occupant de son âme vers les hautes places, très

Un vent me souffla en vain.

A la parole rompue, le dialogue se tait quoique des relents

cacophoniques d'émissions inconnues circulent encore dans les oreilles

perceptives.

486


Le poète à ces mots agit en pensées continues.

La nonchalance. Fonctionnement caché. Celui qui parle, est entendu.

Le penseur est silencieux.

Il peut ainsi se célébrer dans la salle applaudie de son vide. Dix

locataires perpétuels d'invisibilité de gaze plus constants que mille frères de

mauvais sang.

***

puis originale.

Le gribouillis infâme s'exécute au détriment de l'œuvre méticuleuse

La science du mot et son algèbre incantatoire. Or le chant est léger -

quelques notes évaporées - je le déplore.

rigueur.

Certainement qu'il eût pu par l'absence d'incertitude se fortifier dans la

La structure analytique conçoit l'enfant de génie.

487


***

Quelle est l'ombre qui a osé me toucher ?

La préciosité de l'humble ecclésiastique nommé Stéphane.

Par la honte et la souillure, la purification est naturellement divine.

Où en suis-je ? Jusqu'où pousserai-je ?

mœurs.

Ni lui, sans le cas des forces de parade. À déplorer la vulgarité des

Hors la gloire du génie enfermé, rien qui me vaille. Allégrement la

plume forme des arabesques et des cercles sur l'inerte matière toujours blanche.

À trois ans d'âge, le casanier sauvage pareil à Robinson amasse les

trésors sans l'ombre de faux.

Je suggère plus au mot, qualité de couleur, de vibration émotive, qu'à

la répétition d'un spectacle. Je le déclame : il n'y aura jamais de faiseur de

roman à cette table.

488


L'œuvre s'accumule avec le journalier labeur - le miracle est mort.

***

Il dit : Génie ! Qu'engendre l'appel ?

Par l'absolue incompréhension, ce silence est nécessaire. Or point de

mode, ni de vente directe à l'éditeur. Je conseillerai jusqu'au bout à s'entêter à

ne pas tirer.

Quant à l'ami spirituel - un identique dédoublé - je néglige la part

heureuse du Hasard qui le place sur l'épineuse route.

Solitaire - éternellement.

La femme ne peut être le stimulus ardent. Je la sais ronger l'heure

immédiatement présente avant l'exécution.

La générosité. Perdre à cent coups réguliers et vaincre une fois l'an.

l'Autre.

La satisfaction éphémère hors l'admirable naïveté pour le Livre de

489


La muse absente, la magique opération cérébrale s'active à la

remplacer. L'objet suspect romantique regagne sa tombe. Démystification.

490


Ombres bleues

Son génie étant inaccessible

Son génie étant inaccessible à mon petit caractère, je me trouvai

néanmoins en crétin mystique s'essayant à des génuflexions sur les carreaux de

sa Maison et saignant des genoux sur les dalles de son église.

Je fus, aux bords des confessions chuchotant ses vices pardonnés et

ses chefs-d’œuvre lubriques, un maigre poète aux battements rougeâtres, et au

sexe tendu vers des filles, les yeux au porno et à l'argent démuni.

Tout se fit sombre et delirium absurde. Au lupanar, taureau sanglant,

et brandissant ses ..., je me tendis jusqu'à ce que les lapines de ma banlieue

vinrent se jeter sur mon futal.

491


Forme d'obéissance

Forme d'obéissance,

Je revêts le pudique habit

De l'esclave,

Et je me soumets

A ta substance blanche

Comme le mendiant démuni.

Comme soumis

A ton injuste puissance,

Vois je te supplie

Et j'implore

La raison de ma délivrance,

Ton esprit de génie.

492


Filles éclairs épanouies

Filles éclairs épanouies

Sous l'espace voltigeur.

Gamines sublimes

Illuminant l'âme

Du génie géniteur

Je vous invoque croquant

Les parties les meilleures.

493


L'ignominie, ... vicieuse !

L'ignominie, ... vicieuse !

De quelques géants

Génies, méchants

Ricanant.

Des fourmis travailleuses ...

Leurs hauteurs monstrueuses !

Ô Dieux, montagnards, invisibles !

N'accusez point !

Ne mirez point, la cible ...

... Des âmes insoucieuses.

494


Soumets-toi à ma foi

Soumets-toi à ma foi,

Observe-moi médiocre,

Ma faste lumière d'ocre

T'impose le génie d'un roi !

Tu rampes crépuscule sans éclair.

Aube miraculeuse, je t'éveille.

Je te chasse de l'ignorant sommeil,

Où ton âme se repaissait toutefois.

Bondis en paraboles étranges

Et saisis la connaissance vermeille.

Dans la course infinie des anges,

Tu toucheras à mon feu éternel.

495


Sachet d'herbes

Violence

Je ne suis qu’un pantin articulé

Esclave d’un génie du Néant

Qu’un pion sur l’échiquier du temps

Subissant des coups prédestinés

Je viole la femme infidèle

Je ne souris qu’en jouissant

Je souffre en la prenant quand même

Je fais l’amour en saignant.

496


Révolte

Absence de mépris :

J’ignorais la loi des nombres

Quand vos cervelles fécondes

Comptaient les chiffres inscrits.

Je suis libre, et je vis !

Je regrette l’arithmétique soumise

Que tout poète subit.

J’observe de purs minables

Qui par l’ingrédient appliqué

Prétendent être éditables

Génies à admirer.

497


Douleurs extrêmes

Consacrant mon génie

Consacrant mon génie au sublime délire,

J’exprime par le vice les horreurs du Néant.

J’expulse par le sexe l’atrocité d’écrire

D’une plume juteuse les ébats d’un Géant.

Au fantasme érecté prenant un cent de vierges,

La jouissance infinie, invisible péché,

Sciemment le convulse à la lueur des cierges

Dans l’église bénie où vint le débauché.

Mais Dieu par sa justice rendant grâce au plus pur

Envoya aux enfers le maudit horrifié,

Le maître des lieux refuse que l’on injure

La face virginale de son fils crucifié.

498


Abeilles et papillons

Hermétiques ouvriers

Ouvriers constructeurs

De boîtes vides

Vous enfermez l’inconnu

Dans l’impalpable et l’inconscient.

Poètes et génies

Sublimes grands et fols

Vous proposez l’invisible

À la masse qui rigole.

499


Par moi

Par moi, l’une de mes nuits sordides, - la terreur de la solitude, l’amitié

de mon néant. Je purifiais mes haleines, faibles vocables exprimés en ces mots.

Je lavais mes esprits dans les horreurs de ce cri.

J’ai noirci un monde en délire, j’ai élevé la page sale comme un linge

parfumé. Non plus rien dans le savoir ; par des pensées nouvelles. Jamais plus

par l’image le génie illuminé - jamais.

500


Prières phrases Exil

Ici, rien au prodige

Ici, rien au prodige. Le génie est inexistant. Il est mort dans un tas

d'ombres molles, l'oeil fixé sur le cimetière. Sa fin valait une belle tombe,

ornementée de lourds bouquets qui s'étalent sur le marbre froid, qui

l'encombrent de parfums enivrants.

Là-haut, ils chantent qu'Il ressuscitera. Mais qui ressuscitera et pour

quelle raison ? Les esprits disent n'importe quoi, à propos de tout et de rien.

Les voies du ciel sont inconnues.

Remarquez, il y a la pucelle qui a tout pigé, tout entendu. La fille,

vous parlez d'une sacrée mystique celle-là ! La coquine, elle gloussait avec ses

moutons blancs, purs, vierges comme elle ! Cotte de mailles, remparts, hymen

inviolable, intouchable en somme !

La Sainte a retrouvé le Père, le Fils et l'Esprit, après avoir été brûlée

non par d'amour, non pas sous la passion mais à cause de la haine des Anglais,

J'allais écrire : grâce aux Anglais ...

501


Magiciens de la rime

Magiciens de la rime,

J'ai profité de vous, je l'avoue.

Tous vos chiffres cachés, invisibles,

Je les ai imités.

Mauvais copieur,

A l'école des génies :

Pour l'enfance imbécile,

L'étude est revêche !

Innocence s'oppose à connaissance,

Et naïveté à savoir.

J'ai compté comme Le Petit Poucet

Vos syllabes

Sur les cinq doigts de la main.

502


Les stigmates profonds

Les stigmates profonds ensorcelèrent mes plaies. Le sang violet et l'or

blond coulèrent dans mon cœur et dans mon âme comme des flots de

substances alchimiques. Je me suis nourri dans l'ombre des secrets, illuminé à

la flamme intérieure. Et le génie phosphorescent éclairait parfois mes regards.

503


Mystères et humiliations

Mystères et humiliations,

Qu'il s'éclaire à la lampe du génie !

Prodige phosphorescent

Dans les pâles clartés nocturnes

Qu'il s'assombrisse

De luxe et de richesse !

Tel un

Tel un mystique en lévitation, son aura rouge et or projette ses vastes

rayons massifs autour de son génie phosphorescent et parfois blanchâtre.

504


Sueurs sacrées

Et l'ombre transperçait

Et l'ombre transperçait sa noire coulée de larmes. Un éclair lumineux

surgissait par instant. Les cieux plus sombres encore se berçaient de ténèbres,

et j'allais moi passant dans les lueurs macabres. J'allais, moi l'inconnu évadé de

mon songe, par le chemin qui mène aux Elysées, sans savoir que le Mal qui

poursuivait mon ombre avait dans son génie les desseins les plus vils.

505


À noircir le poème

À noircir le poème tu prétends à l'intelligence, incapable que tu es à te

comprendre et à savoir les autres.

Cache-toi derrière l'hermétisme, complexité du géomètre. Si tu me

vends, tu pourras accuser ton génie.

À la limite, mieux vaut être apprécié par la fille d'or que par l'éditeur

d'argent. J'en tire plus de bénéfices, plus de gloire même crétins.

Imitez, jeunes poètes, X Y, qui ne sont rien, qui jamais n'existeront

par leurs écrits, ainsi vous serez publiés.

Initiez-vous à la poésie, à la composition jeunes hommes, forces

vaines de mon demain. Qui de vous ou de moi sera ?

506


Je souffre

Je souffre par mon Baudelaire, extase de son génie et déchirements

éternels ; à la première force de Valéry, je deviens sensé et je pense pareil à

Monsieur Teste, erreur freudienne d'un esprit qui se voulait sublime. Je tue

Rimbaud, sa vie, son œuvre. Je refuse son anarchie vulgaire. Il se meurt trop

tôt d'avoir brûlé le feu de ses entrailles et de son sang. Je calque Mallarmé,

petite force sublime, capable de dire non à ce Dieu qui existe. Je rejette

Claudel, puissance d'orgueil par sa croyance en Christ.

Je m'agenouille devant Racine. Grand et pur ! Fat et présomptueux,

mais si conscient de son immortalité. Hugo me dérange : il unit la prostitution

à l'ange. Sa grandeur à sa bêtise. Je lui octroie pourtant d'être le premier.

J'apprends de Kafka l'absurde et le non-sens. J'en tire un certain

malaise. Nietzsche me rend puissant, jusqu'au danger de la gloire Hitlérienne.

Sade caresse, frappe mon corps jusqu'à l'obtention d'une jouissance terrestre.

Freud ne m'a enseigné que sa psychopathologie.

507


Tu es femme

Tu es femme avec tes pluies jaunes, tes extases sanglantes, tes odeurs

que je possède avide. Tu te détruis par les symboles sacrés de tes jambes fines,

de tes fesses rondes. À toujours t'imaginer je finis par te tuer.

La femme faite image par ton génie n'est point femme. Elle noie ses

couleurs dans l'extase de touches fines.

Je conseillerai à l'artiste peintre de posséder son ange, et non pas de le

reproduire par le trait accompli.

508


Demande à ton Dieu

Demande à ton Dieu de te tuer, car ton âme est immortelle.

Extirpe le génie de la création, et retourne à ton Néant.

Ton plus grand mal est d'exister.

Que t'importe un sauveur puisque tu es innocent.

L'homme réduit à l'état de chien, se reproduit.

509


Tu animes

Tu animes ton corps fille longue aux jambes infinies, qui propose le

rythme sacré du serpent, de la cadence sublime dans le temps. Et tu disparais,

beauté de grâce, génie de femme qu'endort la nuit dans mes espoirs interdits,

pour mes fantasmes et mes folies.

510


À une loi

A une loi, tu es poète. A sa raison, tu le deviens. Mécanique de

chiffres, de primaire arithmétique, il ne reste rien.

Tu vends l'image, ami du nuage.

Sublime ton esprit d'espoir, d'envie de trahir ton âme. Illumine ce

néant de vie pour aimer la mort.

La grâce venue, nous purifions les âmes. Par le génie de l'intelligence,

nous élevons la masse. La poésie est au sublime ce que la médecine est à la

chair.

avancera.

Que les dix premiers hommes du Monde me lisent et la civilisation

Qu'importe d'être compris, il faut être lu.

511


Spasmes, suffocations hideux

Spasmes, suffocations hideux dans la bouche qui délire, pourquoi aije

joui sous l'orgasme que je hais ?

Toujours, si tu détruis que ce soit avec l'instrument de la Bible.

Nous lancerons au serpent le couteau pour que son venin se mêle au

sang de nos plaies.

Quand on a mission d'éveiller, on commence par bailler. Le premier

souffle putride est pour soi.

Génie du Mal qui compose !

512


Souhaite toujours

Souhaite toujours torturer le génie du moins pour prétendre le

sublimer.

Ne te moque pas du masturbateur toi qui depuis des siècles es réduit à

l'impuissance.

La mort me pénètre en tout lieu. Elle gît dans la haine pour toujours.

Déchire de tes dents

Déchire de tes dents les nœuds vicieux de la poésie. Par ta jeunesse,

par tes génies.

À la dernière chute, il y a l'esprit qui torture le néant.

Publie toujours dans ton âme, pas pour les méchants.

513


Le Livre blanc

L’irréductible

Après avoir jeté mes sueurs de poète,

Un ténébreux silence s’installe dans ma tête.

Il me revient l’envie, ô ma très chère amante,

De partager en toi les délices charmantes.

Je plonge dans ton cœur mon génie incompris,

Et j’éprouve l’extase comme l’enfant surpris

De posséder ta chair, de soumettre son corps,

Ô ma belle immortelle caressant mes remords !

Alors dans le Néant, je trouve ma conscience :

Je chasse les noirceurs qui corrompent ma science

Mais j’éloigne hors de moi tes baisers infinis !

Il n’est rien dans ta chair qui gagne mes extases

Et jamais sur ta couche je ne serais soumis

De supplier ton cœur pour un sublime orgasme.

514


La conscience de l’amante

Je pourrais pour te plaire prodiguer sur ton corps

Les caresses insensées qui chassent les remords

Et donner, mon amour, sur ta chair déjà lasse

Les plus profonds baisers que ton désir embrasse.

Je pourrais t’infliger les sublimes détresses

Que ton âme envoûtée supplie dans ses ivresses,

Et frapper sur ton cœur les fantasmes sanglants

Que ton esprit vicieux implore en gémissant.

Mais je sais qu’éloigné de la passion charnelle

Éclairé du génie par la flamme éternelle,

Tu vis dans ton Néant que je ne connais pas.

Jamais je ne saurais en mes superbes poses

Proposer de mes charmes les folles métamorphoses

Et offrir au poète la beauté des appâts.

515


La chute vers Satan

Ce monstre sans pudeur sait torturer les âmes

Et peut par sa terreur les plonger dans l’infâme ;

Il aime unir au goût de la lubricité

Le plaisir de souffrir dans son atrocité.

Son génie prend le charme de la métamorphose

Et offre sa beauté dans de sublimes poses ;

Il crée le désir noir de la vile tentation

Aux esprits inspirés de basse prostitution.

Ce démon, par son vice, veut jouir de toute chair ;

Il inflige au croyant la joie du possédé,

Ce besoin de subir le rythme saccadé.

Son alchimie du corps fait oublier l’éclair.

Et plus fort que l’ivresse de la femme et du vin,

Il purifie par l’homme le baiser du Divin !

516


Sanctification

Vous pouvez torturer le corps le plus sublime,

Infliger à son sort les horreurs de l’infirme,

Vous pouvez arracher les cris de la souffrance

Et faire hurler son âme jusqu’à la délivrance.

Il est que son génie sait subir de son Dieu

Les terribles douleurs d’un au-delà odieux ;

Il peut à l’agonie supplier cette Mort,

Et convoquer l’Amour d’implorer son remords.

517


Éternelle étincelle

Éternelle étincelle

Qui toujours jaillit de son cœur

Étincelle magique,

Braises, ô volcan de son génie.

Immortel cri du ciel

Qui jamais ne dérange

Le Dieu et ses anges

Pour ses pleurs de maudit.

518


Le sage et l’insensé

Le sage et l’insensé unis dans leurs délires

Sauront par leurs propos accuser mon jeune âge,

Et du génie poltron pleureront leurs soupirs

Ou mieux se fâcheront de violente rage.

“Ainsi, se diront-ils, du savoir de Pascal,

De quel droit ose-t-il imiter les Pensées ?

Végéter au désert comme le noir chacal,

Ou pareil à l’ermite dans son âme rester ?”

Si telle la beauté je dois offrir mon corps

Au premier courtisan qui voudrait l’admirer,

Quel serait mon mérite dans l’ombre de l’effort ?

Si tel un bon esprit doué à tout venant

Pour quelques belles-lettres l’on veut m’apprécier

Ne serais-je précieux ou du moins un pédant ?

519


Il me faudrait, se veut

Il me faudrait, se veut, me montrer sans la crainte

Et par tous mes amis me gloser de complainte,

Gémir tel un génie mes sublimes pensées,

Et faire l’indifférent de lauriers dispensés.

Il me faudrait encore mi-pudeur et mi-gloire

Sans gonfler mon cerveau de superbe mémoire

Parmi les bonnes gens faire le demi-dieu

Et rougir du travail accompli de mon mieux.

Je ne possède point le jeu de la traîtrise

Et je ne prétends pas posséder la maîtrise

Faisant par mon esprit un humble vaniteux.

Aussi je me suffis en ma tendre jeunesse,

Dans ma pauvre demeure de ma folle sagesse

Et prétends par cela être un jeune homme heureux

520


Si je ne puis sourire

Si je ne puis sourire, c’est qu’étant malheureux

Le plaisir de l’amour m’est toujours défendu ;

Si je sais soupirer, c’est que génie affreux

Des tristesses du vers je me sens confondu.

Il n’est douce bergère écoutant de mes chants

Les belles mélodies pleurées de mes souffrances.

Dans les verts pâturages et dans l'herbe des champs

Mes douceâtres chimères ne sont point délivrance...

Mais pourrais-je espérer, en cette solitude

Éloigné du bonheur et de la multitude

Que l’esprit se plaira de son savoir ardent ?

Me faut-il invoquer d’une Muse morose

Déchirant sur son sein une sublime rose

Les terribles douleurs de mon esprit sanglant ?

521


Il te faut parvenir

Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée

Malgré le désespoir du vers incontrôlé

En ton âme pensante extirper le savoir

Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.

Il te faudra longtemps extraire une substance

De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,

Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur

Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.

Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître

Encenser de leur gloire le génie des poètes

Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.

Par-delà les sueurs qu’inflige le sublime,

Je pourrais conseiller à ton coeur se mourant

D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.

522


Culpabilité

Ce que je reproche au vent c’est de jeter son dernier souffle de soupir, ce

que je reproche à la neige c’est de laisser fondre son cristal à la première

lumière du printemps. La nature est condamnable parce qu’elle veut ignorer la

raison poétique que son génie immortalise.

523


Ô l’inutile

Que fais-tu ? Ne sais.

Que vaux-tu. Mais rien.

Puissance et essais,

Espoirs et dégoûts.

Que veux-tu ? Mais rien,

D’hier à demain,

Jamais ne serai.

Qui es-tu ? Génie.

Que dois-tu ? Pouvoir,

Savoir et prévoir

Ce que Dieu m’a dit.

Que sais-tu ? Souffrir

Implorer, gémir

Mon âme à devenir.

Que veux-tu ? Dormir

Bercer doucement,

Lentement languir etc.

524


L’artiste

L’artiste est souvent remarquable. Il doute de son activité, mais croit

fortement en son génie. Son abnégation, sa volonté de réussite font de lui un

être de puissance uni à un homme désintéressé des choses terrestres. Une belle

opposition que de douter et que de s’assumer. Un beau couplage du Réel et du

Néant, du Moi et du Rien.

525


Pastiche de Nietzsche

I

Pour en venir à mon génie, je puis prétendre avoir atteint le “Sublime”

avec mon oeuvre “Der her mater”. Ce n’est pas une oeuvre philosophique

parmi tant d’autres. Je veux dire mièvre et stupide - qui n’apporte rien au genre

humain. Celle-ci prétend faire progresser la race basse et médiocre des

intellectuels qui n’en sont point. Mais il faudrait pour cela que ces dits

intelligents puissent me comprendre, ou m’assimiler. Et de cela, j’en doute

fort. Je l’expliquerai plus bas dans un autre paragraphe.

526


Hymne au Divin

Les Sonnets 84

Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,

Toi qui du noir obscur engendres la lumière,

Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,

Et du génie sublime éclaire tes sueurs,

Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,

Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,

Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,

Qui implore et supplie son impossible espoir ?

Car tu peux abolir les lois et son futur,

Et te faire obéir du vil et du plus pur,

Imposant dans les Cieux le puissant repentir.

Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,

Qui d’Essence promise défais tant de remords,

Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?

527


De la critique

Certains le prétendront que tenter ces écrits,

C’est vouloir outrager l’Ancien et le Futur ;

Certains démontreront par leurs génies d’esprit,

Que c’est se prévaloir des hontes et de l’impur ;

Certains, des plus subtils, connaissant la satire

Comprendront de ce jeu l’audace et son injure,

Mais point n’accuseront la folie du délire,

Ne jugeront jamais la loi et son parjure.

Certains s’indigneront que d’oser la grandeur,

C’est vouloir outrancier les Muses immortelles,

Et c’est se couronner de fleurs et de dentelles ;

Mais d’autres, des plus fins, appréciant l’odeur,

Non point rejetteront le parfum du recueil,

Et s’en amuseront de ce vilain orgueil.

528


En la noire Capitale

Si je me dois de grimper en la Capitale,

Un de ces mois lointains, afin d’aller quérir

Le droit d’être connu, ou mieux de la chérir,

Et donner à chacun la face que j’étale ;

Si je dois du sourire toujours faire bel honneur,

Et feindre à leurs regards tous mes semblants d’aubades,

Et flatter les plus sots de leur basse teneur,

J’emporterais ma fuite en lieu de dérobades.

Croiser le médiocre pour sortir un trois cents,

Encenser l’ignorant pour ses faibles écrits,

Admirer l’irréel fabriquant ses non-sens :

Voilà ce que la Muse m’impose comme esprits.

Il me faudra pourtant ces vilains que j’accuse,

Implorer leurs génies qu’à jamais je récuse.

529


Celui qui pureté

Celui qui pureté atteindra l’Immortel

Passant de porte obscure à la claire Déité,

Celui-là obtiendra par sa félicité

Le bonheur qui confère le plaisir éternel.

Celui-là gagnera l’aile pure qui respire

Voltigeant, inconscient dans le sublime azur,

Et nageur fait d’espoir par la gloire du futur,

Construira de ses cendres la beauté d’un empire.

Les superbes princesses, les reines à genoux,

Seront saintes ou esclaves admirant sa grandeur,

Soumises à son génie, promises à sa hauteur.

Ou que ses frères d’esprit, haineux et en courroux,

Se fassent chiens et loups, par le Mal qui honore

Et de leurs crocs sanglants lui infligent la Mort !

530


Si je suis en silence

Si je suis en silence et ne veux exister

Dans la sorte stupide qui se dit poésie,

C’est que mon bel esprit jamais ne s’extasie

De la gloire décadente que je dois exalter.

Ainsi il me faudrait par ces rimes stériles

Par ces vers libérés leurs génies admirer !

Et il me faudrait encore devoir soupirer

De ces écrits noircis, leurs factures puériles !

Si je reste en mon lieu et choisis de languir

C’est qu’une âme inspirée déteste de s’offrir

À la basse ignorance qui se croit inspirée.

Encore s’il me fallait de vos clameurs soumises

Vous savoir apprécier mes valeurs incomprises,

Je vous concéderai ma présence espérée !

531


Sais-tu de quelle liqueur

Sais-tu de quelle liqueur je veux gaver mon corps,

En extraire l’élixir et sans aucun effort,

Obtenir de ma plume qui voltige et s’enlève,

Un esprit sublimé d’un rêve qui se lève ?

Peux-tu, mon Buridan, éclairer ta cervelle

Atteindre mon génie qui toujours t’émerveille ?

Et comprendre, insensé, la finesse des mots

Que ta bouche putride accompagne de rôts ?

J’unis à ta bêtise ma pensée immortelle ;

Par-delà ma raison ma gloire se constelle,

Et plane aux cieux divins au-delà de la mort.

Je laisse à ce sonnet qui lentement s’achève

Le plaisir de jouir, et sans aucun remords,

Te concède le droit du médiocre qui rêve.

532


Vois-tu, mon Buridan

Vois-tu, mon Buridan, je sais sur cette terre

Ne me plaindre jamais des malheurs les plus bas ;

De ne gémir jamais des gloires que je n’ai pas,

De ne râler en rien du génie qu’on enterre.

Vois-tu, je puis tenir, et noircir dans mon ombre

De mon vers, le précieux, le bien qu’on n’aime pas.

Je peux ternir l’amour qui m’est chair et appât,

Et dormir dans la Mort que je veux pierre sombre.

Je dis qu’il est demain aux plaisirs de mon ange

De croire en un Toujours, en des désirs plus beaux

De couler par mes pores maints sanglots de mes eaux ;

Je sais qu’on ne peut pas aimer de mon étrange

Par ce sonnet sensé tous ces mots à graver,

Et qu’il faut la folie pour oser les braver !

533


Souvent nous haïssons

Souvent nous haïssons ne sachant composer

Nos stupides écrits pour leur tour à mieux faire ;

Souvent par trahison nous voulons contrefaire

Du génie des anciens leur gloire à imposer.

Le travail est navrant ; notre pauvre infortune

Nous inflige à punir ce qui est notre esprit.

Le labeur exaltant décidé par l’écrit

Nous oblige à penser la tâche inopportune.

Parfois nous prétendons les voulant espérer

Des textes à noircir leur prose à épurer,

Et parfois de faiblesse nous ne pouvons finir.

L’avenir paraît vain, et ce désir posthume

Nous soumet à nier l’ancien et sa coutume,

Et nous impose à voir ce qui est à bannir.

534


Mais je le sais trop bien

Mais je le sais trop bien que jamais vos esprits

Gavés des plus stupides et des plus illettrés

Reconnaîtront un jour les génies illustrés

De leurs sublimes proses gravées par leurs écrits.

Je ne saurais douter que pensées plus faciles

Consistent à apprécier ce qui est préféré ;

Qu’importe ! si pour se faire, on s’en est référé

A ces auteurs connus pour leurs livres débiles.

Je ne pourrais jamais tirant un bon cent mille

Posséder le savoir de mes maîtres présents.

Je suis jeune, il est vrai, j’avoue : je m’en repens !

Ma bêtise est certaine : je le vois, j’assimile

Par vos œuvres sacrées l’élixir du savoir !

Je n’oserais, Divins, vous donner mon devoir !

535


Grappillages

Le génie poétique

Le génie poétique est un devoir facile

Donné comme eau qui coule au sublime imbécile

Qui se plaisant d’écrire des vers à étaler

Se réjouit de soi le regard étoilé.

Et la muse admirant ses nobles révérences

Voulant d’un pas rythmé lui jouer les cadences

S’amuse à tournoyer dans des dédales impurs

Entraînant l’inconscient dans les voies du Futur !

536


Violence stupide

Quand tu m’interdis par ta violence, par ta haine stupide et primaire de

tirer le mouvement unique qui se propose à mon âme, tu ignores peut-être que

ces amas d’insolence, que ces risques d’accidents et de carambolages sont

l’esquisse future d’un imperceptible poème de génie. Et ainsi de cent, de mille

essais, tous avortés dans leur semence subliminale ! Et tu oses me chuchoter

que ces monstres d’alexandrins sont à vomir comme des gargouilles

moyenâgeuses prêtes à rire de leurs rictus affreux !

537


Il est dit qu’il sera

Il est dit qu’il sera le génie poétique,

Le grand ordinateur du nombre théorique.

Il sera le premier de la race nouvelle,

L’héritier de ses pères qu’à ses fils il révèle.

Il possède la Loi, et l’ordre et le futur.

Ne le trahissez pas par vos segments impurs ;

Il détient le secret remis par le divin.

Ne troublez pas vos cœurs de nuée et de vin ;

Cherchez donc en lui-même son pur surnaturel

Provenant de céleste et du souffle éternel !

Bénissez et croyez et comprenez encore,

Son esprit purifié, crucifié par la mort !

538


Extase

D’un futur décadent

Espérant l’élixir

Du génie transformant

L’impuissant en soupir.

D’un noyau éclatant

Son phosphore incompris

Dans le creux de mes ors

De mes flaches insoumis.

Toi de ma pure épreuve

Toi mon sexe sur ta bouche

Que je dresse que je couche.

Quand le jet spasme encore

Mêlant ses mille efforts

A la chair de mon corps

Te suppliant ma mort.

539


Quand de ta transe extrême

Tu implores mon suprême

Deux momies s’abandonnent

La vision

La vision du prophète et l’image du poète.

Des visions prophétiques, des règnes désastreux.

Des génies poétiques, alcooliques et heureux.

540


Hurles-tu, comme moi

Hurles-tu, comme moi, de torture odieuse ?

Entends-tu quelques voix dire : poète purifié,

L’Au-delà te connaît, et ton âme radieuse

Ira dormir en paix dans notre aire sanctifiée ?

Assoiffée d’illusoire, dans ma douleur rêveuse,

Ma raison s’épuisait, se voulant déifiée ;

Et ma chair crucifiée se prétendait heureuse

Espérant de l’horreur être enfin édifiée.

J’étais le seul génie gémissant son miracle,

Suppliant l’Au-delà, implorant son oracle ...

Le Divin m’écoutait, enfin me libéra.

J’étais baigné d’amour, et la sublime mort

Me bénissait. Hélas ! N’était-ce que cela ?

Je quémandais toujours, et je souffrais encore !

541


Mon esprit

Mon esprit tu te plais au-delà des tourments

De ta noire destinée à recueillir le fruit

De ses purs aliments dont te gavent les dieux.

Seras-tu te nourrir à la lumière divine ?

T’abreuvant des rayons qui règnent dans les cieux ?

Par ce saint breuvage jouiras-tu du nectar

Qui coule dans leur panse pareil au nard mielleux ?

Ta substance est sublime, elle purifie ton cœur

Où siège le savoir des génies et des oints.

Et tel un vrai Messie engendré par les Cieux

Tu pourras accomplir ton superbe destin.

542


Ô Victor

Génie supérieur que je ne puis atteindre,

Que je crains ta puissance Toi qui as su tout peindre !

Toi qui as su écrire ce qu’enferme le vent,

L’immense tourbillon arraché au néant,

La formidable course des étoiles filantes

Venues de l’infini en gerbes éblouissantes.

Toi qui as su transcrire le souffle du divin !

Ce n’est pas le hasard, et ce n’est pas en vain

Si Dieu t’a désigné pour être le premier

Sur la douzième marche du superbe escalier

Ô Victor, etc.

543


Souffles nouveaux I

Je constate avec résignation

Je constate avec résignation l’impuissance du Moi poétique. Quelle

est ma marge de progression ? Jusqu’où puis-je espérer aller ? Et ce sinistre

désespoir, et cette absolue conscience devant les œuvres des autres, - des

Génies. Difficile ! ... Faut-il abandonner ? Pourquoi écrire, si l’on n’est pas

capable de faire mieux ?

Je glisse, tu glisses, il glisse. L’on produit plus qu’autrefois, l’on

produit moins bien qu’autrefois. Le latin et le grec nous échappent. Nous les

remplaçons par l’anglais et l’allemand. Nous sommes devenus des agents

d’entreprise et non pas des artisans d’art. Alors nous tombons des nues devant

la façon parfaite dont Baudelaire composait ses sonnets. Lui-même n’était-il

pas désespéré de la manière dont Racine écrivait Athalie ? Racine de

s’indigner devant Dante, et Dante de se maudire en lisant Virgile ?

Ce que je veux, c’est inverser cette tendance, mais j’ignore la manière

de m’y prendre. L’on peut y gagner avec la quantité. Je serai donc ce gros

commerçant quincaillier qui méprisera l’habile manière de son collègue

bijoutier, comme celui-ci a un chiffre d’affaires inférieur au sien.

544


Vers quel avenir ? Quelle est ma certitude ? Si du moins j’en tirais des

résultats probants. Je ferai peut-être plus...

Nous n’éprouvons nulle jouissance à nous sublimer. Nous n’obtenons

que des effets minimes. Vous qui êtes lecteurs, vous prenez autrement l’image,

le son et sa vibration.

545


Elle et moi

Elle et moi pensons là, qui espérons, comme des

personnages antiques. (N’est-ce pas pour transformer l’acidité veule en

excréments du soir, pour poursuivre l’incohérence de l’acte avec effets

sublimes à attendre dans ma tête messianique ?)

Me voilà, crétin expliquant à l’autre, à toi, idéale de femme-fille,

-- vus dans le lointain,

qui t’accouple par l’encre de ce sperme à ma superbe figure. Et -

Sur l’aisance de mes dires, sur le contrefort glacial de cette création

feue, pour savoir si ton coït de sommeil engendre quelques traces de génialité,

sur cette ombre écumante...

Silence de la désespérée --- pourtant elle m’aide, monstrueuse salope

auréolée de gloire, jusqu’à l’expulsion énorme.

... enfin, son visqueux trou du cul gluant, viens que je te défonce, et te

fasse sublimer des orgasmes audacieux.

Silence de la désespérée : “A l’aide ! Je reconnais qu’il m’aime ---

nous parviendrons à produire ce punk de merde pour l’écriturenouvelle.”

546


Au profond de moi-même

Au profond de moi-même, dans cette obscurité,

Où tout est impalpable, où tout est inouï,

Je ne comprenais plus et je n’étais plus moi.

Je plongeais dans l’absurde, dans l’ombre du mystère,

Je voulais y trouver le spectre d’un génie,

Autrefois oublié mais ô combien vivant.

La forme de moi-même me pèse et me dérange.

Je suis brume d’errance cherchant à l’infini

Les pures combinaisons de mon intelligence,

Espérant quelques fois ce que l’ange m’a dit.

547


Je veux perpétuer

Je veux perpétuer par la race suprême

Le don de figurer dans le tombeau, extrême

D’une mort qui ne fait que languir, et encore

Poser le délicat avec l’éclat de l’or.

Nonchalamment éteint, ou plus vrai, éternel,

A présent éloigné du rut bas et charnel,

J’offre le vrai poëme aux dieux meilleurs élu,

Ayant la suffisance d’être à deux au moins lu.

Comme toi, cher Stéphane, au pur miroir fugace

Une ombre de toi-même apparaît et s’efface

Et nie en cet instant le réel du lecteur.

A moins que retournant dans le passé permis,

Je vienne visiter pour témoin le génie

Qui ne m’accuse point d’un effet de menteur.

548


Into himself resolved by Death’s great change

Il vient à abolir la légende éternelle

Par le temps maîtrisé en sa verve féconde ;

L’éphémère absolue gît livide, immortelle

Crucifiée en son sein par sa haute faconde.

Ho ! Ris si en toi-même tu n’as pu concevoir

Sous le sceau du génie la superbe splendeur !

Ta critique aiguisée sait-elle se décevoir

Reconnaissant l’acquis triomphant de grandeur ?

Mais il se peut encore que t’essayant au jeu

Tu sois, frère, parvenu à gravir l’idéal

Encombrant de bouquets l’art du poème feu ?

Avec sérénité, sur toi tu les déposes

Et tu veux te gloser d’être le pur féal

Pour le couronnement des invisibles roses.

549


Souffles nouveaux II

Soi et autrui

Inventifs, en disgrâce, au plus profond de nous rebelles à détester,

nous voyons l’avenir. Symboles, analogies, faits de témérité, nous concevons

toujours par le risque et l’audace.

Nous n’échappons jamais à la piètre critique qui par son analyse sait

bien nous fusiller. Mortels nous renaissons comme un soleil d’éclairs. Nous

nous fortifions dans l’armature de chair.

Mais pourquoi espérer ? Que nous faut-il attendre ? - Quelque

reconnaissance d’un public averti ? Le poète inconnu est un génie pour soi.

Cela nous suffit-il ? Car l’imbécillité est bien de supplier, de

quémander le droit à être connu par la lecture d’autrui.

550


Quand nous sommes jeunes

Quand nous sommes jeunes, nous produisons par effet de synthèse,

nous concevons par le génie des créatifs, notre énergie est fusion, nous

travaillons avec le poème de l’autre, des autres - il y a un moyen employé qui

s’appelle condensation.

Et cette intelligence plaît - elle est ramification, rajout de brindilles, de

branche légère sur le noble tronc de l’arbre poétique.

Puis nous vieillissons, hélas ou heureusement. Mais notre action plus

personnelle est peu apte à être comprise - elle est en décalage avec la capacité

de critique que possède le lecteur (Difficile de lui faire comprendre, plus

difficile serait de lui demander d’ajouter sur notre compétence, - je plaisante -)

et l’on s’aperçoit que ce qui enchante, ce qui charme, ce qui séduit, c’est

justement cette spontanéité de jeunesse que nous possédions autrefois.

De quelle manière devons-nous nous y prendre ? Il nous faudrait à la

fois l’insouciance, la légèreté de l’âge nubile associée à la raison, à la rigueur

de l’âge adulte. Mais est-ce réellement compatible ? N’y a-t-il pas dans cette

absolue recherche quelconque utopie à satisfaire une loi impossible ?

551


Supérieure encore

Supérieure encore, je m'exalte au-delà ;

Je peux me concevoir, oui, sphère sublime, et là,

... Eternelle éphémère de naître et n'être pas...

Une pensée s'éclaire de lumière et d'aurore

Qui se nourrit de l'ombre et revit et se dore,

Puisant toujours en soi quelque énergie de vivre.

O mon oint au travail, veux-tu que je délivre ?

Ma durée est certaine ; je te donne mon bras.

A quelque fin superbe, hisserai-je le droit

De ne point m'indigner du génie qu'on foudroie ?

Déjà dans mon espace le dessein est d'écrire.

Accompagne le vœu, permets-lui de transcrire,

Qui produit et reçoit, s'exalte et s'élabore

Pour une oeuvre inconnue sublimée par nos ors.

552


Le noir obscur divulgue

Le noir obscur divulgue quelques pensées premières

Par la bouche inconnue d'un poète funèbre ;

Si ce n'est du génie dans le futur célèbre,

Qui vomit son écrit ? Sont-ce pures lumières ?

Est-ce vrai simulacre tiré d'un pur néant

Qui jaillit d'un délire comme flammes juteuses,

Ou lâches tentatives avortées et piteuses

Pour un sexe qui pense et conçoit en puant ?

Blanche conception d'un Christ en son soupir,

Etoile bariolée dont la flamme conspire

Son élan interdit, et à mourir navrant ?

Il se peut qu'imprégné de diverses raisons

Clair ou sombre, et encore de blondes oraisons

Fassent de ce discours un poème enivrant.

553


Misérable poète

Misérable poète incapable d’écrire,

Trois fois stupide es-tu t’essayant à ton vers.

Tu ne pourras jamais atteindre le génie

Des illustres ancêtres qui avant toi étaient,

Etaient par leur manière, leur technique superbe,

Etaient par la façon de concevoir l’écrit,

De traiter les sujets lyriques ou romantiques,

Sujets mythologiques, religieux aussi.

Et toi tu perds ton temps à produire de la sorte,

Tu combines des coups qui ne plairont jamais.

Où trouves-tu la force de poursuivre ta tâche ?

Comprendras-tu enfin que ton poème est perte ?

Avec ton j’emboutisme, tu en as jusque-là,

Mais tu avances encore dans le marais boueux !

554


Messages I

Apprenti malhabile

Apprenti malhabile dans mes premiers écrits,

Le bon génie d'autrui me fut souvent une aide.

Sachant bien ma faiblesse et mon souffle débile

Je n'osais espérer quelques charmants lauriers.

Me voilà à présent encombré de mémoire.

J'atteins mes quarante ans, je poétise encore.

Je n'ai pu accéder à une renommée,

Et le travail offert est toujours méprisé...

Le poète est amer : il n'est pas reconnu.

Il lisse des brocards dans le ciel nuageux,

Sa manière est un art ignoré de la masse...

Sur la terre les talents ne sont pas à manquer.

Le génie est plus rare, qui peut le percevoir.

Moi, je m'en vais mourir sans regret sans rancœur.

555


Le nombril du poète

Le nombril du poète. Pourquoi tant se soucier d'autrui ?

Quel intérêt à cultiver l'amour des autres ?

Faut-il caresser la croupe du cheval pour recevoir un coup de sabot de

l'étalon ?

Moi, j'offre la voie. Voici mes livres. Ils sont à vous. Je vous les

donne. Vos fils les aimeront peut-être.

On dit de Baudelaire, de Verlaine, de Tristan Corbière, qu'ils ont été

des poètes maudits. Mais enfin leurs noms et leurs œuvres sont venus jusqu'à

nous, dégageant cette aura spéciale qui confère l'immortalité. Qu'ils aient été

des poètes incompris de leur vivant, cela est certitude, mais leur génie est

connu de nous tous maintenant.

556


Le critique

- Dis-leur, toi ! Fais-leur comprendre ! Ils ne veulent rien entendre. Ils

prétendent se suffire de ce qu'ils possèdent. Ils appellent richesse la médiocrité

ridicule qu'ils détiennent entre leurs mains. Pourtant, comme cela paraît peu !

Comme cela semble insignifiant !

Deux bonnes années ont été nécessaires pour obtenir ce résultat. Te

rends-tu compte ! Et il faut lire ce pauvre petit recueil qui tient entre mon index

et mon pouce ? Je le regarde avec dédain, ne sachant ce qu'il renferme, me

doutant déjà que cela doit correspondre à faible chose. Enfin ouvrons, et

faisons la critique aiguë ?

- Oui ! Est-ce du vers libre ? Vous prétendez compter jusqu'à douze !

Ha ! La ! La ! Mais non, Monsieur, ce n'est pas de la musique que cela ! ... Peu

de poètes en connaissent la signification.

Vous semblez jouer du tambour ou de la grosse caisse. Ah !

Baudelaire et Verlaine ! Des musiciens, eux ! guère compris en leur temps,

mais des génies, eux ! tandis que vous... Oui, je ris. Un rire profond s'échappe

de ma gorge. Non ! N'y voyez pas une moquerie, j'use seulement de ma

compétence certaine. Comprenez-moi, je possède trente années d'expérience, et

j'en ai vu défiler des recueils entre mes doigts. Non ! À tout vous dire, arrêtez,

557


cessez toute activité de poète. Cela n'a pas de sens, toutes vos phrases sont

désordonnées, et puis ce style ! Quel style ! Non ! Des erreurs grossières à

chaque structure.

Vous n'avez jamais songé à vous essayer à la mathématique, aux

sciences physiques, statistiques, aéronautique... Non ? Pourtant vous eussiez

pu, certainement obtenir quelques bons résultats. Tandis que la poésie... La

poésie, c'est spécial. Il faut beaucoup de doigté, enfin il faut compter ses pieds,

il faut de la finesse, de la subtilité... pas facile...

558


Un esprit de génie

Un esprit de génie qui conçoit prend des risques. Ses rumeurs et ses

chocs l'éloignent du commun des mortels. Il est un incompris. On le fuit, on

l'évite, mais parfois l'on peut être ébloui.

L'homme pense, évalue, transforme. Et cette tête pleine est immense

et difforme. Il s'abaisse parfois et cause avec les plus humbles de la pluie. Mais

c'est un souffle puissant qui mugit en son crâne.

559


Dans l'entonnoir du vertige

Dans l'entonnoir du vertige, nous nous sentons absorbés par le Néant.

Nous sommes éblouis par la beauté des formes sphériques, fruits explosés

dans leur sublime maturité. Jaillissent des volumes, des rondeurs divines

commandées par le génie de la nature.

Nous engendrerons d'autres prétendants. Nous finirons pourriture de

vers, n'ayant pu nous immortaliser.

560


Messages II

Gain économique

Produire

Produire

constamment et sans cesse

Produire et mieux

A coups bas, à coût réduit

dans la transparence du génie

Toujours ajouter sur le savoir

sur la compétence

sur la certitude

sur la vérité.

561


Hélas ! Hélas !

"Hélas ! Hélas ! Notre cri est un cri de détresse ! Qui donc servironsnous

? Quel sera notre Maître ? Nous visitons de chambre en chambre, avec la

lampe vacillante le lieu parfait où resplendira le savoir, et nous cherchons

encore.

Pour quel maître de pensée, pour quel esprit à l'intelligence nouvelle

possédant l'art de l'image ? Où est Celui ? ... nous ne pouvons attendre. Nous

sommes suppliantes, murmurantes et désirons obéir.

Perception différente à la consonance libérée, qu'il nous saisisse et

nous touche un peu partout, nous domine et nous aime ! Qu'il fusionne tout le

savoir du siècle et veuille y ajouter !

Ha ! Cette attente est vaine par le souffle de l'esprit, par le génie

pensant au loin sur le calme des eaux !

S'offre nul espoir pour les Livres de vie. Nous avons trop cru pouvoir

le trouver, nous filles d'extase, servantes de l'intellect ! Nous implorerons

encore les bras couronnés vers l'Azur.

Nous chercherons grandeur d'homme, nous chercherons".

562


Messages III

Répétition

Tu me redis, génie

Ce que je sais déjà,

Génie, exalté, immortel

De pensers purs, d’élan, d’espoirs

Tu es ma référence

Et mon admiration.

Constamment près de toi,

Je suis à apprendre

Tu es mon instructeur,

Je suis ton apprenti

Le livre que nous faisons

Dans la nuit exaltée

Se conçoit aisément

Par ta sève enivrante

563


Résidons en nous-mêmes,

La boule d’énergie

Saura nous éclairer

J’exploite tes ressources

J’obéis à tes ordres

Je suis le nourrissant

Et tu es l’instructeur

Cherchons-nous autrement

Pour aller au meilleur ?

La clarté nous dirige

Par ta torche superbe

Sous mes doigts animés

564


Profondément vers toi

Profondément vers toi

je me déplace.

Mes dieux se dédoublent,

pourtant je me sens seul.

Chair soumise à la souffrance,

chair pénétrée d’aiguilles invisibles,

embrassant l’étendue impossible

de l’immense génie

et sa beauté féconde.

Puis s’efface à regret

ma pensée sur le souffle de vie

jusqu’à l’ultime éclat venu

de l’inconnu,

de moi,

de rien

vers le néant.

565


Messages IV

Analyse

Produire : pour certains, niaiserie pseudo-romantique où s’expriment

des pleurnicheries, des jérémiades, des fausses douleurs. Toute la cuvée des

revues littéraires y baigne. Les femmes sont gagnantes. Quelle faiblesse !

Pour nous : capacité intellectuelle, instrument évolutif, support des

génies, où la potentialité supérieure impose sa suprématie.

566


Éblouissements de nuit

Éblouissements de nuit

nous voyons sous l’invisible

des traces de vérités phosphorescentes

Tout se situe à l’intérieur

nous y montons, y descendons

cherchons encore

La pensée coupante tel le diamant

pourfend la chair,

la déteste,

détruit le corps

Le temps, éclair ou éternité

s’immobilise dans l’âme du poète

qui est violence, qui est colère

foudre jaillissant des yeux

567


Idole se détruisant,

admirant son génie

contemplé de personne

méprisé de tous,

Toi qui te vois et t’observes

priant ton propre soleil

lion et force rugissante,

es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ?

as-tu rencontré d’autres soleils ?

Certitudes de minuit

nous prions ensemble

dans l’ardeur et le feu du savoir

L’esprit nourrit sa pensée

de gerbes fluorescentes

La lumière embrasse des présences

pour disparaître oubliée

dans une forêt de syllabes et de phrases

568


Quel sublime triomphe

Quel sublime triomphe, quel superbe trophée,

Glorifiant l’esprit nourri de l’intérieur !

Un échec ? Quel échec ? Cet ensemble est splendide.

Il n’est pas dérisoire, il construit la raison.

Vous ressemblez aux hommes qui cherchent les honneurs

Et de belles caresses pour flatter leur orgueil.

Ainsi vous jugez l’autre d’après une apparence.

Vous prétendez savoir ce qu’il faut encenser,

Ce qu’il faut mépriser, et votre certitude

Est une référence. Je vous laisse penser

Vous concédant le droit de critiquer ainsi.

Oui, je le sais trop bien que toujours inconnu

Que jamais édité, je ne peux espérer

Un jour rivaliser avec votre génie.

569


De ta mort, on se rit

De ta mort on se rit

C’est moi qui ai construit ta vie de rien, de merde

Toujours plus près de toi - je suis à produire

Ton regard m’observe - apprends à lire

Tes livres par accumulation de certitude

De vérités, d’ignorance, de mensonges

Superbe est la survie, là-bas, plus loin

Le sais-tu ? Tu le sais.

Patience de un sur un, de signe avec signe,

Avec, encore, pour plus de

Génie que l’on nie

Sous la menace effrayante de la critique

Qui efface, jette, brûle sans explication

Par sa conviction fausse molle sans avenir

570


La licorne

Et chacun se déçoit dans sa tour impossible

Observant son nectar s’évanouir au ciel

Accusant sa licorne de pouvoir pénétrer

Un peu mieux cette chair offerte à son orgasme

On se plaint à genoux, on implore le supplice

Du blanc buttoir sexuel qui pénètre le corps

Lui apprenant à jouir par le bel orifice

Qui procure à l’esprit le bonheur de la mort

Puis s’éloigne la muse dans la grande nuit bleue

Qui nous laisse pantois malheureux comme Orphée

Songeant à quelque espoir, à quelque rêve vieux.

Nu dans la transparence d’un exil inconnu

On espère le retour des filles libertines

Assoiffées de soleil, de génie et de feu.

571


Sous ce fragment

Sous ce fragment de ciel, est suspendue une fille accrochée par

ces mamelles éclatantes de douleurs la marée baveuse,

laiteuse remonte vers elle irrésistiblement.

[Je sais

ainsi je poursuis

étrange composition sans symbolique analytique]

C’était donc le monde, le mien

refusé

monde unitaire où je courais, marchais, dormais (etc.)

construisant avec des accidents de langage,

des débris éclatants sans génie, sans lumière,

travail de rien - disaient-ils, disaient-ils

et s’ils avaient raison ?

Je me jette, j’insiste, j’espère

de nouveaux espaces de liberté

Je déverse ma rage accumulant, accumulant encore

Pour qui ?

572


Traces de mémoire

Ces constantes et fluorescentes traces de mémoire sont des lumières

de reconnaissance, des phares intermittents du passé, de l’autrefois. Nous

captons, par moments les messages, nous lisons dans les yeux de notre spectre

des pensées, mais prétendons comprendre l’avenir.

La poésie est une immense humilité dans un triomphe de solitaire,

avec désespoir, avec non-être. Elle est impérissable par son génie immortel ;

elle est ridicule par son incapacité à plaire. C’est une Beauté, Beauté

inaccessible, méprisée, adulée, incomprise. Elle offre son luxe dérisoire. Elle

veut avertir, peu possèdent des yeux pour voir.

573


Messages VI

Vie

reçu

Ainsi je travaille pour un rien impalpable dont je n’ai que très peu

fussent quelques graines de lumière

En vérité j’ai produit.

A l’ombre d’autrui obsédé par le Temps

J’ai tâché de progresser

Enveloppé dans les livres des Anciens

Cherchant à imiter

L’adolescence avec

des Juillets qui croulaient à coups de triques

Célébrant encore le Génie de la Pléiade

Avec apprentissage, volonté, désir, puissance

Des rouges, des jaunes sur des vapeurs d’aquarelles, etc.

En attendant le fatal instant de Dieu

Sous ce soleil noir avec prisons de barreaux et de vers

Et au loin là-bas comme un rêve de femme impossible

574


Le Temple

Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel,

un espace dans lequel reposerait mon âme.

Ô temple de moi-même, éternel édifice

Rare construction plongeant au précipice

D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi

J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.

volage.

La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée

Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe,

dans un idéal chimérique.

pièce immense.

La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette

Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour

un idéal d’écriture,

génies fortunés que j’invoquais et suppliais.

575


Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme

serein et puissant.

Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais

au vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral

quand la perfection esthétique atteint son paroxysme.

Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse,

elle, presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les

dalles de mon Temple.

Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire.

En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa

puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de son entrecuisses.

Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de

l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.

576


Il pense, je l’aide

Certains soirs il pense et je l’aide à produire ce qui lui est parvenu

Cette production de lui à moi est brève

En tous lieux, est-ce une forme d’amour ?

Tout doit remonter vers la pensée

Je le sais, du moins je le crois

l’inspiration plonge au plus profond

la semence des génies est sublime espérance

Dieu peut-il nous diriger dans cette diversité ?

577


Sa vie

Résonances I

Le poète de biais,

Le poète, son étendue, son profil,

Qui trace des lignes de signes

Saluant les seuils d’autrui, au passage

Il avance

Il se nourrit des génies

vit dans l’indifférence - qu’importe !

Il construit un songe où la beauté bleue

est une constellation sublime

sublime aux reflets parfaits

Veut-il inventer une forme nouvelle

qui n’intéressera personne ?

Il cherche, prétend trouver, échoue

Quand il offre son produit, le plus souvent

c’est l’incompréhension

le rejet

578


le non - pas moi,

le aller - voir - ailleurs,

Était-ce un filou ? Alors ?

Guère de crédit hospitalier ...

Sa vie est riche - sa vie !

579


Le poète, encore

Tu produis des images. Tu es l’image même

Détestée, rejetée, ta présence est haïe.

Fuis ! Va-t’en ! Dégage, ... sur tes puissants zéphyrs

Où nul individu ne veut t’accompagner.

Tu répands sur la terre l’invisible semence

Composée de nectar, de sucs et de doux miels.

Tu veux nourrir les hommes et offrir à autrui

Les bonnes nourritures qui ravissent l’esprit.

Tu divagues en pensées sur d’étonnantes traces,

Tu construis du Néant ravagé par le temps,

Tu contemples les Dieux étant toi-même un Dieu

Que nul n’admirera ... Apaise-toi, grandeur

Ô génie éternel composant dans ta sphère.

Repais-toi de ta gloire sur ton immensité !

580


Résonances II

Se poursuivre

Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même

L’univers curieux du poème

L’aventure interne, vers le génie d’autrui

vers la spiritualité

Fougueuses passions de la femme qui inspire

l’homme qui juge, refuse, rejette

perplexes, complexes sinuosidaux,

courbes extrêmes

La pensée experte dans ses hésitations

jamais n’entra l’autre

581


Tissage d’une forme présente et invisible

pour qui ?

pour soi, uniquement.

582


La bonne mixture

Jamais ils me comprirent, jamais ils ne voulurent

Comprendre ou penser autrement la chose lue.

Mais pourquoi condamner ? Je prétends, je le dis

Que la faute en incombe au poète lui-même.

Il n’est pas de faveur qui vienne du destin.

La cause des échecs doit trouver sa raison

Dans le produit inadapté à la culture,

À cette forme de culture si dérisoire...

Il reste le sourire un peu désabusé

Du poète perdant n’ayant pu réussir

Et prétendant toujours posséder du génie ...

“ Pourtant, je vous assure, pourtant je vous assure ... ”

Cela ne suffit pas : car il faut ajouter

À un génie intense un talent généreux.

583


L’idéal menteur

Résonances II

Paroles sur paroles, tentatives sur échecs

Imagine la possibilité de pureté des flots bleus

conçois des statues de grâce dont la chair

est plus douce que la soie des femmes

Que l’azur devienne miroir polissant ses idées d’idéal menteur

Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,

réinvente un génie impossible, pascalien

et toi écrasé de soleil, roulant-boulant

sur des airs agressifs, propose ce colosse aux pieds d’argile, cette construction

remplie de vides, qu’ils disent !

Emeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs, portés par des phares musicaux

Syntaxes cinglantes comme des lames d’acier

Ce qui agresse, ce qui violente

ce qui semble faire souffrir

584


n’est qu’un additionnel de syllabes

évocatrices, trompeuses, mensongères

exploitées pour produire de l’émotion

Et vous tous savez que le mensonge, l’excès,

l’ignoble tromperie sont des outils poétiques

indispensables pour concevoir un texte de qualité.

585


L’effort

Caché, enfoui,

Subissant sa propre dérision

Essayant de s’en défaire

La raison pour certitude

Le sens exact jamais trompé,

Toujours vrai,

Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,

A bondir, ... enfin ...

Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,

Combiner, exploiter, utiliser autrui,

Sa substance, son génie, le dériver,

Le compresser, le condenser,

En vérité,

Travailler avec l’intelligence.

J’ai besoin d’une force

Pour que la Nuit fructifie

Pour que le Mystère s’éclaire

Je m’exalte d’une immense joie

586


Sagesse

Produisez autant de poèmes que vous pourrez

Ayez soin de votre ambition, tourmentez-vous

Accélérez le mécanisme de votre crédit

Soyez zélés pour autrui

Tous les poètes sont fous

Considérant leur propre valeur

Préparez-vous à votre sort funèbre

Dès la vingtième année de votre génie

Démontrez l’effort de votre intelligence,

Prouvez, argumentez,

Et vous irez bienheureux

Dans la tombe de votre misère

Quelle oeuvre sublime pensée par vos mains !

On vous nommera, vous passerez - cela est certain

Les têtes blondes s’instruiront dans vos textes

L’éducation matinale vous fera une place de choix

Et cette statue sur la grande place,

C’est vous peut-être !

587


A moins que craignant votre Seigneur

Et vous sachant fourmi parmi les fourmis

Vous quémandiez le pardon et la miséricorde

Trop heureux de sauver votre vie ! ...

588


Résonances IV

Jamais, la solitude

Jamais, la solitude

À deux évidemment,

Cygne bleu et plumes d’or,

D’une gloire inconnue

Et s’admirant soi-même,

Jamais, drapeau déchiré

Linge doré consacrant

Sa gloriole pour autrui

Fugace inutilité de

Poète stupide, il reste

Toi, jubilation de chair

D’orgasmes, - je plaide

Le nom de génie, tu le crois

N’est-ce pas, douce Irène ?

589


L'âme enfin exilée

L’âme enfin exilée

Si nous l’expirons

Fuit, écume envolée

Délétère et sans ronds.

J’atteste l’élévation

De la pensée égarée

Dans quelque future Sion

D’espace clair épuré.

Et bondir hors le vil

Spectacle bas de la chair

Frottant le corps en terre à terre

Par la semence du viril,

Vers le retour des génies aïeux

Y discourir en termes heureux.

590


Idole de toi-même

Idole de toi-même - ahuri - voici la victoire stupide et primaire de

l’affreux radoteur de vers.

Fragments et gloire, génie d’écumes, or, sang, tempête - c’est cela -

repais-toi - dors dans ce royal tombeau que nul ne vient visiter.

Oui, attarde-toi aux relents de ta propre fête. Offre une avalanche de

souffles clairs sur ton casque et prétends y secouer une cascade de fleurs de

vigne et de figuier !

591


Splendide et solitaire

Splendide et solitaire, je l’imagine tel

Apte à se sublimer lui génie en démence

Accédant au fatal triomphe de maint poète

Offrant sa coupe vide d’élixirs envolés.

Car il sait se suffire de sa superbe estime

Prétendant en soi-même connaître un incompris.

Il construit pour sa gloire les portes d’un tombeau

Et triomphe en absent s’accordant nulle fête.

Il méprise l’orgueil exhalé par les hommes.

Le rite est de produire par l’immense puissance

Décidée par les Dieux, - il est humble et honteux.

Conscient de la Force qui anime l’espace

De l’étendue sans fin qu’Il a su conquérir,

Il veut le supplier et toujours le chérir.

592


Oui, l'Ombre

Oui, l’Ombre est menaçante et impose sa loi

Et veut me faire périr dans la honte funèbre

Pour n’avoir pas voulu me flatter d’un orgueil

Poétique et stupide, moi roi de la misère.

Vain luxe d’écriture, je prétends n’être pas.

Je démens tout orgueil et ne crois aux ténèbres.

Je le sais que jamais quelques valeurs célèbres

N’éblouiront mes yeux en adulant ma foi.

Le néant, le lointain dans cette nuit, la mienne

Obscurcissent toujours, ma noire réalité,

Je plonge au plus profond d’un sinistre mystère,

Et je meurs oublié dans mon éternité

Cet espace inconnu où triomphe l’oubli

Est un masque macabre que nul génie n’envie.

593


Humilié, honteux

Humilié, honteux dans l’ombre même, vainqueur

Inconnu des foules et, se glorifiant soi ;

Pour n’avoir pas joui d’une grandeur fugace

Dans l’assemblée des hommes ; exclus, au plus profond ;

Sans sursaut, sans tombeau et suppliant les Pères

D’honorer quelque peu l’éblouissant soleil,

Mélange de lumière et de tristes ténèbres ;

N’a pas su le génie, ô sinistre désastre

Transmettre son crédit de présent, d’avenir

Et subit le Blasphème de la Maudicité,

Vieil espoir de poète qui s’orne du Néant,

Vain triomphe futur, plongeant dans son silence ;

Ne veux-tu, ô Seigneur, couronner ton prophète

Et oindre à tout jamais ton éternelle voix ?

594


La solitude s'abolit

La solitude s’abolit

Par l’existence du Suprême

Qui octroie comme un pur

Diadème l’onction d’un maudit,

Et ce sinistre noir conflit

D’un génie luttant en Enfer

Contre ses fantômes supplie

Au Saint un plus plaisant mystère.

Au mur opaque, viens-t’y mirer

Encore je saurai l’admirer

Cet autre Dieu comme toi-même.

Selon moi, éloigne la Mort

Et chasse le sinistre sort

Tel un pitoyable blasphème.

595


Esprit, oui

Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême

D’accéder plus encore à l’Idéal posthume

Prétendant au-delà de l’éclat diamanté

Jouir de son génie incompris de la masse.

Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête

Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique

Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.

Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir

Pénalise et maudit le poète terrestre

Dont l’unique souci dans son rêve illusoire

Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?

Comme après le combat, un immortel repos

Capturant ses images lui le superbe héros

Paresseux et sublime sur le lit agonisant

596


Tu me reprends

Tu me reprends la place

Par ta maudicité,

Et le petit Damné

Ne dit point de bêtises ...

L’affreux vers de terre avorté

S’éprend de ce noir commentaire

Et finira pour l’éternité

Dans le Néant ou dans l’éther.

Le papier blanc que je caresse

Crie à l’immortalité

Quand la Mort tortionnaire

S’acharne, attaque et agresse

Pour la douleur incendiaire

D’un génie à crucifier.

597


Le maître admiratif

Le Maître admiratif est descendu pour voir,

De soi-même et d’un autre, les premiers sacrements

De l’apprenti poète gavé sur maint savoir

De chair trop délétère et de baume enivrant.

De mystère, nenni. L’avenir se décide

Dans l’au-delà pensé qu’un présent recolore.

L’on conçoit aisément que l’écrivain avide

Reproduit le connu qui toujours s’élabore.

Agitez-vous encore, ô spectres immortels !

De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant

A moins qu’un désaveu, sur le sinistre autel

Sacrifie son génie au diable sous-jacent

Et que l’âme élevée en un lieu dérisoire

Se meurt à tout jamais pour ce rêve illusoire.

598


Le Tombeau de l’Immortel

Malgré son noir silence, le poète endeuillé

Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,

Et veut glorifier le pur génie célèbre

Que la masse d’humains avait trop oublié.

Pourtant ne voit-il pas disons que le triomphe

Amicalement a grandi dans sa croissance,

Que la sublime estime tutrice de sa naissance

Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?

N’éclate nul orgueil sous cette vraie démence

De grandeurs et de fleurs et d’orchidées aussi.

L’esprit dans l’au-delà se conçoit et se pense,

Irradiant soi-même le sacre avec ses frères.

Dans cette certitude enfin il réussit

Et offre à tout venant la clé de son mystère.

599


Le sac

Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,

O sinistre lecteur qui jamais ne voulut

Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !

Extrais la pure substance qui nourrit le génie

L’éveille et le grandit sur le sein poétique.

De nard et de lait gras, encore le fortifie !

Mais ne crois surtout pas que ces sucs printaniers

Mêlés d’ivresse rare dans une bouche pleine

Abêtissent l’esprit à le rendre impuissant.

Ne va pas lacérer au couteau le satin

Qui coule en avalanches sur des nymphes et des voiles.

Voilà pour l’affamé reliefs et festins,

Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles ...

Et voit en ce trésor emballage de toiles.

600


L’antre de l’horreur

C’est dans nos vrais bouquins qu’il faut les admirer

Ces partisans de gloire, ces héros de la rime

Qui s’escriment encore à parfaire leur génie.

La gloire de n’être pas au profond de la terre

Les rejette à jamais dans l’ombre du mystère

Et toujours refusés, éternels incompris,

Ils agonisent là détestés et maudits.

Se peut-il que Là-haut quelque tison d’espoir

Anime et flambe un peu les restes d’un poète ?

Qu’un Esprit élevé puisse prendre en piété

L’avenir pitoyable d’un sinistre inutile ?

Mais plus bas, oui plus bas dans l’antre de l’horreur

Où croupit la crapule accouplée à maint faune

Est l’ignoble inconnu dictant ses quelques vers.

601


Dans l'immortel

Dans l’immortel de n’être pas

Fut le poète inconnu

Satisfait de son échec,

Se prétend ... ivre de soi,

De ses parfums, de ses substances, de son génie.

Qu’importe : je le sais, moi ! Piètres incapables,

inaptes d’apercevoir - oui, plus tard,

pour les générations autres, pour l’intelligence nouvelle

... Puis la mort

Quoi ? Nul éclat ? Nul trésor supérieur

d’Esprit ? C’est donc le vide, le néant ? Mais alors ?

Absence, tombe, Mallarmé, Le vierge, Ses purs ongles

Un cygne, la croisée, l’ombre, cela me va,

Éléments qui cognent dans le crâne, puis l’immense

silence avec la conscience à son paroxysme de

lucidité pour le mot tridimensionné : RIEN

602


Mégalomane

Saint en prière, génie en lévitation, purifié accédant aux Merveilles,

prophète recevant des Dieux le message. Une vérité bien ordinaire quand on

est un Christ.

Toujours à apprendre et ne sachant rien, entouré d’une muraille de

livres, cherchant en soi-même les pulsions de ses délires littéraires !

Que l’on m’enterre enfin dans ce sépulcre, au plus profond de l’être,

dans l’épaisse tiédeur du bien-être, à tout jamais.

Je conçois et produis malingrement. Je compte me refaire. Y

parviendrai-je ?

603


Pitoyable génie !

Pitoyable génie ! Toutes ces atroces veillées funèbres à supputer l’espoir

d’un exil poétique ! Cette volonté désespérée d’accéder à quelque chose de

supérieur, d’impossible à toucher ! Enfin il le croyait. Et moi, bêtement je

l’aidais, écrivais à sa place, prenais de grands airs d’inspiration aléatoire.

Il disait : “ Encore, encore, tu es mon double et ma passion ”. J’étais

esclave de sa médiocrité, j’obéissais toutefois. Je supportais ses bizarreries, ses

audaces sexuelles, ses divertissements cyniques, - il ricanait ou passait par des

excès très sérieux.

Après ces conversations poussées fort tard dans la nuit, vaguement

stupides, j’allais me coucher, repus de poèmes et de syllabes honteuses, -

prétendant encore pouvoir obtenir quelque chose de nouveau, du moins de

différent.

En toute sincérité, j’insistais, - pensais, poussais sur ce hasard

d’impulsions, de combinaisons, espérant encore découvrir une méthode, un

système de production, un principe.

604


Quel poète ?

Quel poète prétentieux, certain de son aptitude, de son élévation, jure

de posséder une œuvre illustre, capable de passer à la postérité ? Tous, en

vérité se nourrissent de leur propre idéal, s’enchantent à leur propre sève et

s’exaltent dans un concert d’éloges.

Qui recule, s’étonne, se répand en basses caresses honteuses, jure du

contraire, change du tout au tout ?

- les mêmes quand enfin la vérité céleste les atteint pleinement.

Riez, esclaffez-vous, poursuivez votre ronde cynique,

- je vous condamnerai.

605


La vocation

Je me dois aux vers. Telle est ma nature. Que je le veuille ou non,

l’ordre est d’obéir. Cette écriture n’est pour personne. Je la conserverai

uniquement pour moi, comme bien céleste remis par le Seigneur.

Je me dois au Christ. Telle est ma nature. N’ai-je pas transformé et

transcrit le livre sacré ? On me pardonnera mes erreurs. J’ai gagné la Porte, non

? Donnez-moi mon dû. Laissez-moi entrer.

Là-haut ce ne sont que des âmes silencieuses. Il faut se taire. Telle est la

Loi. Je ne dévoilerai aucun mystère. Tout sera caché au fond du Moi comme

un trésor splendide, interdit, et inaccessible.

Toi tu avais du talent. Ce que tu transmettais se comprenait aisément. Il

y a quelque chose de magique dans ton système. Ta méthode est foudroyante.

L’on me déteste, me méprise, m’ignore. Qu’importe ! Tu vois, j’ai la ténacité

atavique de ta descendance et j’insiste encore.

Je veux accumuler, produire, tirer de mon vide quelques substances

heureuses ! C’est ma passion, mon travail en vérité.

606


Phrase

Une matinée lourde d’excréments et d’horreurs nocturnes, un goût

détestable de ta chair repue près de la mienne. Quel saccage ! Quel gâchis de

temps et de génie !

607


Résonances V

Avec de grands poètes

Avec de grands poètes, l’instruction dans les anciens,

La pénétration et la recherche des invisibles. Faire et

Défaire, décomposer, analyser, étudier les fréquences

Et trouver. Problèmes de pensées. Imiter, comprendre,

Et appliquer. Que de maladresses ! Que de prétentions !

N’est-ce pas le jeu ? L’amusement cérébral ?

Les premiers

Choix. Les génies, le XVIIe, le XIXe, attentif, pénétrant,

Réfléchi, vouloir comprendre et appliquer.

Le temps :

Déjà, l’ennemi. Comment Lui, Rimbaud, comment Radiguet,

Et Lautréamont ? Comment faire une œuvre de jeunesse qui

608


Soit de qualité ? Nul rêve, mais travail et rationalité.

Oui, croître : passer de l’obscurité à la réelle lumière,

Accéder à une forme de maturité poétique ou littéraire

Sous la protection des âmes voltigeantes de la Pléiade ...

609


Résonances VI

Conscience et analyse

C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-

Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que

Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !

Trois pets et trois pleurnicheries. “ Tirez-vous, jetez-vous,

Allez voir ailleurs ! ” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.

Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,

Prétendant encore posséder du génie !

Que faire ? Que faire ?

Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer

Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler

À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur

Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la

NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement

D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,

Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !

610


Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

611


Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

612


Le temps

Le temps - Les bornes - Se former - Tombe la mort.

Rien - peu - Hélas ! Et que faire ? Nature d’homme !

La masse. L’élite. Les génies. Voir un peu, au-delà.

Les Dieux. Les perspectives d’avenir. Nulle nostalgie

De la vie.

Et toi, qu’as-tu compris, vu, su ?

613


L’emploi de l’autre

Je suis où je puis

dans la mécanique et le labyrinthe cérébral

constructions interdites avec élans neufs

Je regarde Paz, - j’ai :

sculpture qui devient matière intellectuelle,

magma

étincelle lumière / génie

soleil énergie intense

rituels mémoire du passé - connaissance des anciens

Le corps et ses langages : nul intérêt

L’idée fixe ?

Par Paul - pas maintenant

Lui propose : des : plantes grimpantes de l’air

sous des arbres de vent

des : manteau de flammes inventé

et dévoré par la flamme

En vérité, j’ignore comment exploiter l’autre,

614


Je voudrais mais ne puis.

Ainsi j’offre des solutions banales et

insignifiantes

Autrement, demain.

615


Le réel parcours poétique

Il faudrait ici une force immense

Sur la cendre ou le génie de l’autre

Ou se purifier encore

Jusqu’à l’obtention du blanc spirituel.

Où trouver ? Comment extraire l’énergie ?

La production d’étoiles de poussières,

Pour l’infiniment rien …

Atteindre sa portée et finir dans le désastre

Et dans les ruines de soi-même …

Accéder au faite de la montagne

Pour s’écraser sinistre et inconnu

Dans l’ignominieuse indifférence des hommes.

Tel est peut-être le réel parcours poétique

Du peu à l’envol, de l’envol à l’extase,

De l’extase à l’écrasement

Dans la médiocrité du vide et du désert littéraire.

616


Pur désir mécanique

Pur désir mécanique esclave de l’insomnie

entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique

avec du rien dans son désert

cher inutile cultivant ta médiocrité !

L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire

Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -

Exact !

Des mots en synergie d’actions - du moins le croire

Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.

Ils pénètrent des vulves et je m’essaie

à des jouissances spirituelles quelle rigolade !

C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment

élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !

Et surtout les cacher,

ces poèmes de l’ombre !

617


Suites/relances I

Tout est écrit

Tout est écrit

Comment ça ? Comment ça ?

Il faut encore produire ?

La rime usée,

Les combinaisons-pertes à oublier.

Il reste un poète passable,

Inconnu, à enterrer.

Prends cette feuille de papier

Trouve un cadre

Et glose-toi de ton génie

Quand, en passant,

Tu admireras ton œuvre !

618


Élève-toi

Elève-toi, mon âme et essaie de comprendre. Tant de choses t’échappent !

Tu n’es qu’une toute petite cervelle nécessitant l’apprentissage et le savoir !

Orgueilleuse la poésie ! qui siffle et persifle devant sa sœur studieuse la

science. Arpèges légers qui s’évadent et s’envolent. Formes brumeuses qui

prétendent solidifier le poème. Cascades de fantômes phonétiques accentués

aux rythmes de toutes les langues ! Et pour qui ces danses voltigeantes, ces

profonds torrents d’amertume et de rires ? Nul écho dans le lointain.

Tumultueux poèmes qui prétendez dompter l’alphabet infini avec vos génies et

vos géants, moi terré dans ma chambre, j’idéalise encore vos possibilités de

rêve.

619


Suites/relances II

Je n’envisage plus

Je n'envisage plus- je n'extrapole plus- je subis

J'élabore, je suppute, je suppose, j'espère qu'une

Nouvelle syntaxe viendra là se déployer sous mes yeux.

Alors je travaille, j'agite cette piètre cervelle et

J'espère obtenir un exercice pour l'esprit. Car je suis bien

Las de ces résultats - des tendances inutiles,

Sans reflets. Ce vocabulaire combiné, transformé,

Déplacé, fusionné n'offre que de faibles solutions

Pour le critique foudroyant que je suis.

Arrêt. Départ.

Arrêt. Re-tentative- re-écrire, et puis quoi ? Non et non !

La rumeur intérieure, les regrets, l'absence de génie. Les

Remords. Et nulle consolation. L'analyse de l'autre :

Ses vagues successives d'écriture fluide. Je m'obstine

Amèrement.

Dénué de sens et de mouvement, sans merveille,

Sans sel. Pas la moindre possibilité d'explosion

620


Immortelle. Une sorte d'espace de néants

Internes. Quelles flammes tressailliraient en moi ?

Spectrale, éclatée, insignifiante. Toujours le

Prétexte lui impose à jaillir. Comprendre

Cette brune délétère, cette substance claire

Dans l'espace de la mémoire. Horizon lointain, inconnu

À percevoir.

621


L'art et le trois fois insignifiant

L'art déplace le temps, l'immortalise

Reconsidère la mort. Il fixe le travail

De l'homme, il ressuscite ce qui a disparu,

Ce qui semble détruit peut resurgir du Néant,

Cela est vrai pour tout vestige.

Cette ruine

Figure l'impérissable pour la raison qu'elle n'a plus

A périr - elle est ressuscitée de ses propres cendres,

Ecrit Bernard Noël dans le poème Pompéi.

Il est le génie de l'homme comme le nid est

L'architecture de l'oiseau, le barrage la cons-

Truction du castor, la fourmilière la ville de

L'insecte.

Qu'est-ce que cela à comparer à l'orga-

Nisation de la nature Divine, de l'immensité

Infinie de la création ? Le trois fois rien insignifiant.

622


L'image-mensonge et l'écran cinématographique

Des flammèches de mots lancées dans l'espace

Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;

Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;

Des vocables en projection explosant ou

S'accouplant pour une portée incomprise ; le son

Se charge de sens et embrasse le poème

Réactif.

L'espace se remplit et se vide d'un

Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.

Le front est un monde et la porte est ouverte

Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-

Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.

Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran

Magique sublime le génie cinématographique ?

Qu'exige aujourd'hui réellement le public ?

623


Majestur

Avant que sa raison atteignit la maturité, sa conscience

était constellée d'angoisse et de frayeur. Il ne pouvait évincer

cette vérité-là qui constamment giclait dans sa cervelle sourde.

Pouvait-il se soutenir, supporter cette atroce charge intérieure ?

Le suicide eut été une bonne chose. Il résout aisément les problèmes

impossibles. On coupe une tête et le tout est fini, mais Majestur

curieux de sa personne, à l'écoute de son propre génie, décida

d'aller outre et d'accompagner cet horrible fardeau toute sa vie

durant.

624


Suites / Relances IV

Va au-delà de ton ombre,

Au-delà de toi-même.

Délaisse les hasards médiocres

De la femme et des poètes.

Puise au fond de ta chair

Les ressources de ton immortalité.

Active ton génie, nourris-le

A la sève de la sublimation.

Ce à quoi tu penses, jamais

Ne sera suffisant. Elève-toi.

De néant et de splendeur, gave

Ta nuit éclairée. Arrache-toi.

625


*

Ce fut le geste de penser. Ho ! Certes d'une manière

médiocre, insuffisante, bien en deçà de ce qu'autrui était

capable d'appliquer, mais ce fut le geste.

Les zéniths, les excès, les génies étaient faiblement

à mon médiocre caractère. Les chutes étaient détestables,

les plongées infinies. Je remontais toutefois depuis le fond

de moi-même, considérant quelques rares lumières, opale

claire ou bleue, qui m'indiquaient la voie à suivre.

626


Suites/ Relances V

- L'absence, ton absence. Quelle explication donneras-tu ? Qu'invoqueras-tu

pour justifier ce refus, ce refus de l'Autre, des Autres, d'Autrui ?

J'ai aimé l'Autre - l'Autre, c'était le Livre, leurs Livres, leurs chefs-d’œuvre,

leurs génies, leurs aptitudes, poèmes et applications exceptionnels. Le

relationnel m'apparaissait pertes de temps et niaiseries détestables.

627


Endormies sur le feu

La main tendue

La main tendue inutile de l'approche ~ Mon

Texte est hilarant, mon texte ! ~ De me

Servir. Toi accablé dans l'or de tes insuffisances

Et tu danses ! (C’est une farce, ce délire) ~ Le tumulte

Mal maîtrisé. Et ces applications autres dans une fade

Sensibilité mienne. Ta poésie est chronique,

Répétitive, évolutive ~ faiblement ~ mais

Chronique.

Alors quoi ? Surgi du bouillonnement

D'inspiration nouvelle (- Que tu dis - A te lire !...)

A mille beautés d'un génie d'autrefois, s'y

Essayant encore - de mes lèvres, des mots pour des

Fleurs.

Ou l'erreur de l'inutile, de ta médiocrité

Constante.

628


De grandes fluidités

De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis

vont se dispersant sous la tiédeur endormie.

Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour

infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère

quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du

supposé possible à la rumeur absurde ?

sporadiques ?

Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts

Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je

veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.

Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de

l'écriture, ces génies de la syntaxe ?

Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.

629


Suspendue dans le feu

Suspendue dans le feu, cette fièvre rougeoyante

Avec flux de pensées, toi ta danse scabreuse

J'avance en songeant, je guide ton génie

Du moins je le prétends. Ta beauté corporelle

De femme lascive soumise et quémandante...

Je te reprends encore

Ta chair, le puits profond,

Corps défait, lié, ma fuite dans ton amertume

Gémis, craintive, gémis avec gène adécoïte

Mon regard désireux espère quelques suppliques

Je m'évanouis en toi, j'arpente tes méandres

Au profond, dans tes labyrinthes, tes issues

Interdites, impossibles, parcourant, parcourant encore

Ainsi je cherche en toi d'impensables secrets,

D'inimaginables délires - l'absolu du poète !

630


Les Roses ensevelies

Contre tous

Contre tous ~ entravé, en soi-même

Comme un souffle obscène et obèse qui se répand encore

Tu te vois titubant dans les rues, à la recherche de quelque acolyte

littéraire inconnu

Je te fais obstacle dans toutes les directions

La règle c'est le livre, le génie d'autrui, l'œuvre

Va chercher les crachats des critiques

Ne te ménage pas

631


Les miroirs obliques

I

Quels éclairs de souffles, de génie, de structures affaissées

audacieuses, autres !

Là-bas, à l’écoute, en sentinelle, à l’affût, encore, espérant

médiocrement,

mais un peu plus ! Plus de soi pour soi.

N’est-ce que cela ?

II

Encore cet interdit, ce manque expulsé de salive aigre,

jamais de lassitude, de toujours désiré - légers farfouillis en

chairs de femmes - miel et poussière d’orgasmes.

Lieux de chasteté à entrouvrir.

632


III

Beautés de puretés claires en délices d’extases, enivrées de

soleil, exaltées aux solstices, moi sylphe aérien je languis de ne

point vous appartenir.

633


Ils inspiraient

Ils inspiraient, un à un, jamais ensemble - à la suite - non pas les rues, non

pas les rencontres - les catalogues - ils inspiraient !

Pour mon évolution, et j'espérais - dévot admiratif, je travaillais. Sur toute

chose, dans les applications ! - Leurs génies : mon royaume.

Quand d'autres erraient - à chacun sa méthode, à chacun son système. Ma

pauvre personne tentait d'obtenir des résultats !

Dégueule, et les langues ? Dégrade-toi, cherche et trouve. Avec défaillances

ici. Contre tes hoquets, des feux de joie. A jouir dans l'invisibilité. Echanges

pondérables de soi à soi. Encore dans l'ivresse de l'inconnu.

Et pour te figurer il pleuvait des roses. Avec d'étranges coups de poing.

Echangés en. Je fustigeais mes poses et j'allais dans l'Inconscient.

Fallait-il laisser courir dans la folie les potentialités pensées ? A force de

Narcisses décomposés en moi-même, les propositions s'élaboraient -

médiocrement, maladroitement - je l'accorde, mais elles s'élaboraient.

634


2,8 x 5

Qui fluidifie, s'élève et s'abaisse, de te

Le dire nuitamment en hypnose d'attaque en

Gestes dévolus en finitudes d'obtentions.

Sur

Les artifices de la poésie modernité - quand j'y songe,

Elle me tue. Etiez-vous marxiste ? Ferez-vous

Des profits avec l'économie numérique ?

La grande

Ambiguïté de demain : avec qui écrirez-vous ?

Qui seront les Immortels ? Le hasard des plumes

Sèches. La beauté des morceaux classiques.

Les bases

De la contemporanéité. Avec quels cloportes ? Les

Traductions immédiates ? Chaque pays a ses Pléiades.

Les énergies collectives, les initiatives individuelles.

Et toi toujours sublime et pure, nourrissant les génies,

Laissant le temps accomplir son oeuvre posthume !

635


L'éclat de sa beauté

Elle, et l'éclat de sa beauté, déjà basse

Et encore entrouverte, à l'instant de jouir

Avec soleil, champ visuel amoureux que nulle

Pudeur défend...

Le plaisir demeure dans une plénitude

Que je dénude. Je recompose ma pensée sous

Cette architecture de femme, façade et

Corps de bâtiment avec le même souffle qu'autrefois.

Son étendue endormie - le fond du jour l'embrasse,

Parvenu à ses pieds l'air frais la caresse, et moi

J'interprète ces courbes et ces formes, je spécule

Sur la mémoire sensuelle laissée après les débats,

Je réorganise l'appel de sa chair, je conçois

La raison de cette chevelure floue, j'attends le miracle

Du génie sexuel féminin qui s'illumine tout à coup.

636


Déviances

Demeurée au plus haut

Demeurée au plus haut par l'esprit qui inspire

Paroles se justifiant dans l'âme supérieure

Elevée, endormie, conçue par le génie

Sous le silence la fraîcheur de l'exil

...Pour un nouveau poème

Ensorcelée, traversée,

Elle est à naître ~ blancheur qui se défend

D'accéder à sa source ~ poussières d'or dansant

Sur le feu du désir

Le vise est à retenir, il se

Prétend à l'intérieur. Que reste-t-il à

Trouver qui scintille toutefois ? Une paroi

Poudreuse suintant quelques transpirations

Incomprises

637


Respire dans l'entrevue, imite le

Vertige, nourris-toi de candeurs dans l'absolu du ciel.

La ligne inanimée invente un avenir à poursuivre

638


Les philtres amers

A moitié-mort, nourri au sein de la vie,

Gisaient autour de moi les images de cendres.

J'entrecroisais mon âme à celle des génies

Et je buvais le sang dans des philtres amers.

Les lits étaient froids. Je grandissais encore

Jusqu'aux aurores. Mon ombre épurée s'évadait

Jusqu' à toi. La tour était obscène, j'y inventais

L'orgasme défendu, impossible, - j'inventais

Toutefois. Je traversais mon existence délaissant

Le sablier. Je croyais naïvement aux songes chimé-

Riques et je flottais dans mes extases. Adepte du

Feu, de l'or et du sperme, je transmutais mes

Délires en jouissances pervers : j'y soumettais

Mes femmes - elles étaient nues, fouettées et heureuses.

639


1

De plus en plus, entrecroisements d'âmes. La moitié

De mort avec les Morts pour cendrifier l'image.

J'ai bu comme un extravagant à la poupe des génies.

Je grandissais à travers l'Autre. Quel patrimoine !

Quelle richesse fabuleuse mise à la disposition

De l'esprit !

Qu'à moi ? Qui ?

Qui descendait l'escalier invisible jus-

2

Tous les raccourcis-miens, enlacé et glissant

Dans luxe inintelligible de la rareté

Accumulant l'ennui

640


Sphère sublime et bleue

Génie avec très tendre vocalité, pensé là

En cristal endormi, émergeant peut-être

Sous éclats de rayons - du moins gaze léger

Oiseau-plume de senteurs évaporées, brodé

D'attentions délicieuses en souffles aériens,

En traces fines et claires.

Sonne, sonne, sonne

Le cristal qui te met en demeure d'exister. Ou

Sors évanoui en lambeaux poétiques de rien.

Les flux de lumière sont posés à tes pieds, les

Degrés de la pureté t'appellent à la lente

Remontée.

La fixité de la neige, les blondeurs

Irréelles qui dansent sur des images - encore

Evanouies mais espérant un envol inconnu,

Seras-tu sphère sublime, bleue et transparente à la fois ?

641


Substances et Distances

Les mots

Troublés en toute signification par la variabilité du terme-choix

Ne répondant pas aux appels de l’expression traditionnelle

Sur la page répartis, jetés par le hasard

Se font additionnels d’additionnels enrubannés dans des délices de

sonorités

Ou encore, explosent ici et là étincelles projetées dans l’espace retombant

Ils, les mots, en lumière d’ombre, troublés et frissonnants se posent pour

construire ou organiser l’élan de la phrase

Ici mais oui et encore en fragments d’assemblages inutiles - en parfait petit

débraillé sans génie inventif

L’incompétence de l’inutile - la gloire du ridicule !

Les flocons de neige tressaillent ou tremblent (Ceci pour des effets

642


poétiques !), les orages de poche éclaboussent sur des miroirs ensorcelés

Quels gâchis dans le scintillement de gouttes vierges !

Et là-haut, que dit-on ?

Les azurs sont toujours verts et déploient leurs ailes !

643


Combien !

Combien vous m'appreniez de savoirs en filiations, de poète-apprenti

en maîtres adulés, combien !

Subtil et fragile, éclaté au cristal des génies, dans mes nocturnes

formations littéraires, - quelle grâce, quel équilibre d'abandon et de directives

sourdes à déployer !

644


Variances

Ruptures et chutes

La fatigue disparaîtra dans la transparence. A sa place, ce seront ruptures et

chutes, axes transmis sur le seuil des yeux ouverts. S'élèvera inlassablement le

silence accompagné de choses asphyxiantes. Du moins un cristal acéré fendra

de nouvelles ténèbres.

Oui, mais se formera lentement comme dans des contradictions consenties le

génie furtif, prolongeant dans ses mains des formes étroites. Qui faudra-t-il

invoquer ? Les invisibles actifs - les retraits de ses mains ? L'intelligence qui

bouleverse l'ensemble saura répondre à la question.

645


Toi, mon rare

Toi, mon rare, mon avare mais d'eux-mêmes à éviter

Pour le non-utile - le facile acquiescement de

Dire oui. Le beau de la politesse ! Quel sympathique !

Quelle mesquinerie ! Encore de s'attrouper autour !

" Ecrivez-vous le soir ? Le bleu est subsonique ! Je

M'entremêle dans mes délires fangeux. La beauté est

Croissance de chair. Finissons-en. "

En discrétion

Enracinée, de poète à l'écart travaillant dans, -

Travaillant avec - avec génies et sur-génies pour

La recherche impossible, inouïe, au-delà, pour.

Oui, délaisse mais forme-toi avec lumières, éternités,

Fluidités équivoques dans lesquelles est ton bien - Re-

Viens, retourne.

De jamais éprouvées, en évoquées,

En confusion, j'enfle dans mon mystère et reste moi.

646


La chair des filles-fauves

De ce rien et de ne point supposer

Dans l'espoir qui se joue dans son génie génitif

Ainsi pour contrebalancer le tableau ludique et fier

Je sais, je sais - je t'abaisse en entre-rôles.

Dérivées de pensées dans la masse incertaine, dérivées

Que prétends-tu dans cet ourlet indécis - la bride ?

C'est un sexe imprimé qui implore son extase

C'est la joue bafouée, emmurée contre le passage.

Pour un clair sévice honorant la torture,

Le vice du plaisir ou de la chair se déploie,

Se déploie dans la nuit.

Pourquoi dans l'astre clair

A la hussarde, confondant les couleurs infusées

Là où nulle ronde ne surgit, invoquer l'orgasme

Belliqueux planté contre des chairs de filles-fauves ?

647


D'azur

D'azur, de transparence, d'orgie et de lumière.

Grande raison ample. Il explose au fond

de son génie obscur. Avivant des espaces. Lui,

pensant dans sa finalité extrême. Cherchant

l'exil ou la sublime évolution. Embourbé

dans son magma.

648


Les pensées indistinctes

Les pensées indistinctes se font et se défont dans cette humeur

changeante,

se recomposent...

Ceint de solitude, l'esprit conçoit - il prétend au génie. En

possède-t-il réellement ?

Haut sur sa verticale, à demi lumineux, lui porté par sa puissance

s'exalte nuitamment.

Plus loin encore, peut-il ?...

Il est là dans son essence, espérant quelques vents porteurs.

649


Le jamais clair

Le jamais clair

Le remonté du fond des entrailles

Narguant son accomplissement, et se créant

Pourfendant ses acides, dans son aléatoire vain

Valves et souffleries entourées de magma

La voici, elle ! remontant encore

Elle dévale, l'intrépide et se perd !

Elle embrume sa face étoilée cherchant

dans son Néant l'élixir inconnu

Se targue-t-elle d'objets insolites, de dérisoires

délétères, d'origines infuses ?

Ô puissance du Moi dans sa vaine descendance,

indéfinissable savoir en quête de surnaturel, prétendant

la distance faible entre l'acquis et l'inédit,

650


Oui, étrange tumulte offrant l'idéal modèle obtenu

et incompris - je te sais parfois naître et renaître dans les folies

de la passion.

Déjà la forme exulte sous le soleil de sa propre lumière

et conçoit l'objet même imperceptible, inconnu, décevant,

unique objet toutefois.

Elle se meurt perpétuellement pour renaître d'une double

abondance - elle rivalise de désirs et de génie entre l'offense

et l'épousée -

Intelligente, elle transmet.

Qui plonge dans son pur Néant ou fuit désespéré, méprisé

de tous ?

Qui renvoie à la fièvre ?

651


La beauté promet

La beauté promet. Elle s'inflige à tout âge.

Moi, c'est la gloire du limité. Avec pensées

abstraites. Il doit déglutir sous ses diverses ambiances.

Le pouvoir du bizarre est illimité.

La femme détient un pouvoir despotique.

En désaccord avec le frottement.

Ton énergie est inspirée. Génie des corps

dans cette perversité sexuelle. Parachève ton plaisir

sous ses souffrances SM. Pour ton lit conuptial.

Régularise les nécessités premières. Pour les jouissances du Métal.

652


a

Nuits rafraîchies pour l'évolution des

Silhouettes rares (Pourquoi s'époumoner

A produire encore ?)

b

Foudroyante jeunesse qui expulse son génie !

c

Tu crachais tes énigmes à n'en plus finir

Et combien choses futiles fécondaient ta cervelle stérile !

d

Suspendue à l'entrave - par le plaisir même -

L'appel de la croupe est grandiose.

e

Debout sur l'aube, s'essayant à l'extase

653


f

D'autres, fuyant vers la perfection - à l'idéal -

de se dire dans leur chair

h

Se gonflent parfois, s'enflent ou s'apaisent

les nuages soufflés dans l'impossible éther

654


Le spéculateur

Qu'en est-il du génie ?

Qui seras-tu toi qui te prévaux ?

Le génie est un bouquet d'affaires

Où le Néant répand son âme

Répands son évidence dans les aléas

de l'impossible

C'est un joyau pour la tête

qui manipule les incertitudes

Seul le cerveau commande l'exécutoire

puis lentement se meurt

655


Approches mutantes

Le trou du cul de Nina

Le trou du cul de Nina, superbe et immortel ~ qu'en firent-ils ?

- Nous savons avec certitude que ceci prévaut à l'immortalité

de sa beauté.

Et sa touffe extraordinaire, et sa vérité cerclée - et ses tempêtes

de neige ici pour se pourfendre dans le sang, l'excrément

et son lait d'écume !

A fouiner avec technique superbe !

Elle-même reçoit dans cours - je la pourfends en ondulation -

image qui dérange dans ses miroirs sexuels.

Léchant, suçant, titillant mon génie,

Je la conçois à l'aube de mes prophéties nouvelles.

656


*

Miroirs sur incidences

Miroirs tels - tels quels

En fluidifiant la pensée, le retour est irréel

Je suis dans un champ novateur,

irradié de superbes mélisses.

A la cantonade, c'est une slave libératrice

ou libertaire.

Toutes les aubes sont propices au génie

Je suis là dans l'exacte moiteur de l'indicible,

de l'interdit, de l'impossible.

Mes royales prophéties sont des nuées d'orgasmes

~ je m'éloigne dans le plus fou, dans le plus flou.

657


Génie est soi au masculin

Le génie dont je fus témoin

Et sa débilité est l'insoumis

S'esclaffant de mille saveurs

Encore est le désir d'un nocturne

Pourras-tu dans le plus informe

Avec mouillé de filles frêles ?

L'argument revient sans cesse

De pouvoir et de ne pas dans l'irrigué

Au plus profond sont les joutes constantes

Est-ce acte de puissance ou

Vais-je te secouer en marmonnant de la tête ?

La beauté est née

Elle s'octroie des baisers

Elle fait de toutes petites sérénades

pour convaincre quelque peu

658


Le génie à nouveau :

C'est l'extrapolation pure

La capacité à inventer, à créer,

produire pour ne jamais plaire

Mais être devant - devant avec

L'ouverture de n'être pas - avec la certitude

de se faire cracher au visage - qu'importe !

...Il faut poursuivre

Génie, c'est ajouter

Génie est soi au masculin

659


*

C'est grande atmosphère

Le génie s'y déploie sexuellement -

sexuellement ou pervertissement

Non. Il faut penser aux actes sensibles.

En primitif ou en mouillé. Ou sursauter dans l'aberrance.

Seras-tu mélodie ou doigté suer du plus léger ?

660


L'hyper-génialité

Son hyper-génialité

L'intelligence de sa cervelle

Sa capacité outre lui permettant de penser au-delà

Il pense, pense et repense

Sa limite semble imprécise

Il ne possède pas la possibilité scientifique

Il est en de ça

Voilà un bouquet d'osmoses où il conçoit

par extrapolation ~ l'idéal inutile rêvé

Il certifie un con ou un sur incompris

dans la vérité de son présent. Sera-t-il intégré

par le futur, par l'au-delà ?

A bon entendeur : incompris ~ telle est l'humeur

du temps présent.

Sera-t-il un artiste savant, une capacité cérébrale

Associant les deux lobes unifiés ? Une sorte de Kim Peek

661


de l'écriture ou de la poésie ?

Son intelligence est une chance. Il poursuit

assidûment sa tache poétique.

Dans la moiteur de l'estime, je le prétends mieux.

A partir de la tête, l'autre vrai est un possible acceptable.

Il n'y a pas d'amour ni d'intelligence ~

il n'y a qu'un vrai scientifique, mathématique

qui prétend prouver la vérité.

Le génie n'est pas entendu - le génie ne s'entend pas.

S'il cherche à se crédibiliser, sa personne est refusée.

Lui faut-il tenter de plaire ? doit-il être auprès d'autrui ?

d'être ?

N'est-ce pas comédie de la vie que cette volonté gracile

662


Liste des recueils ayant participé

à la réalisation de l'ouvrage Les turbulences du génie

L'Huile Fraîche

Le Germe et La Semence

Le Manuscrit Inachevé

Le Moût et Le Froment

Le Croît et La Portée

Parfums d’apaisement

Le Sac et La Cendre

La racine et La source

Le Buis et Le Houx

Le Grain et Le Regain

Le Lin et La Laine

Collages

Losanges

Louanges du Feu

Les Interdits

Poïétique

Prières Phrases Exil

Ombres bleues

Sachet d’herbes

663


Douleurs extrêmes

Le Livre blanc

Les Sonnets 84 Les Lozes

Grappillages

Souffles nouveaux I

Souffles nouveaux II

Messages I-VI

Résonances I -VI

Suites/ Relances I-V

Endormies sur le feu

Les Roses ensevelies

Les miroirs obliques

Déviances

Substances et Distances

Variances

Approches mutantes

664


FRANCK LOZAC'H

FLUIDES D'INTELLIGENCE

665


Le Germe et La Semence

Après avoir dépassé les frontières

Après avoir dépassé les frontières de la logique élémentaire, que trop de gargarismes

intellectuels laissaient espérer comme source féconde d'une exactitude indéniable, le héros de

ce poème vint à douter des systèmes mathématiques de la pensée humaine.

Cette somme d'algèbre et d'arithmétique n'était peut-être que le fruit d'une imagination

aiguë ? En vérité, il s'inquiétait de la surface du cercle. Comment se fait-il qu'une surface

déterminée ne puisse avoir une mesure déterminée ?

personne...

Ce point sensible se transforma en conflit grandissant, stérile et nuisible pour sa

666


Qui use de son intelligence

Qui use de son intelligence, qui déploie toute vigueur et dispose de l'inconnu ? Qui ?

monstre ?

Quel monstre, fort de la loi de nature, engendre des monstres forts de la loi ? Quel

Quelle puissance désireuse de s'épanouir est soumise aux ressources impures de

l'homme ? Quelle puissance ?

Mais, d'un lieu temporel, d'une destinée avancée, toutes les recherches explosent. Il

nous faut diriger la pensée, seul espoir de survivre.

667


Le Manuscrit inachevé

Peu d'âmes

Peu d'âmes pour converser ! Je sens mon dialogue s'éteindre, mourir et renaître, -

dialogue de mon choix.

Je me suis consolé, libre et serein. Essais difficiles. L'intelligence rampait dans la

fange. J'ai nié ma culture.

Pensées brutes

J'échappais donc à l'ordre,

Je rentrais dans le rang de la musique.

Aucune phrase ne m'a plu, n'a été retenue.

Je reçois la lumière. L'intervention est divine.

Les volumes à expliquer.

La divinité à démontrer dans le Grand Livre.

Et sans quitter sa chambre, en sauvage d'exception.

Ô le rêve d'ivoire !

Ô sommeil, sois mon guide !

668


Tu me serviras. Se reposer.

Des rythmes nouveaux, des doses d'intelligence,

D'insouciance.

L'ivresse, l'inexpérience, la bêtise.

Je poursuivais des traces.

L'immense reconnaissance.

Maniaque de la pureté,

Je déchiffrais les roses particulières.

Transformer les méthodes, savoir se dominer,

Besoin de changer de cours.

669


Du moins, ma pensée est claire

Du moins, ma pensée est claire. Elle est correctement exprimée. Ce n'est pas comme

ces affreux poèmes en prose qui n'avaient aucun sens. Des essais, mais je ne savais pas écrire.

Je ne composais pas. Travail d'artiste incontrôlé ! C'était le printemps. J'espère avoir changé.

C'était un casse-tête où l'on ne pouvait rien y démêler, car cela n'avait aucun sens. Je

ne crois pas avoir écrit un poème sensé depuis longtemps.

cessât.

Je me savais incapable d'écrire des lignes intelligentes. Il était temps que tout cela

670


Nous maudissons à quatre

Nous maudissons à quatre tout ce qui nous vient des autres. Les silences sont nos

puretés. Il nous faut longtemps puiser en nous-mêmes pour rejeter les cas d'imbécillités

présentées.

Étrange métier que celui d'écrivain. Il se peut que gagner ne soit pas vaincre. Nous

agissons avec illogisme, en trop peu de temps. Ce sont des œuvres ridicules, sans intérêt.

Bouleversement dans la littérature. Détection des jeunes génies. Travail intense.

Aides, Maîtres. Rentabiliser les cerveaux. À quel prix ? Écoles spécialisées. Évolution,

largesse intellectuelle des enseignants. Multiplication des œuvres d'art à un degré élevé.

Avantage pour la communauté. École de poétique ?

671


Encore faudrait-il

Encore faudrait-il que tous vos fantasmes se fissent en plein jour, que vos grandeurs

d'âme rassemblassent nos espoirs ou nos évidences !

Tout nous classe, nous dirige à progresser, à aller de l'avant. Des fainéants regardant

le troupeau brouter. Les théâtres nous interrogent. Nous voulons la chair, nous délirons par le

coeur. Appelle-t-on cela le vice ?

Tant d'enseignements, tant d'esprits féconds que nous n'utilisons que bêtement ! Les

fortes intelligences guident nos pas. Qui les embrasserait ?

Nous jugeons et détruisons nos ancêtres, et baignés dans un siècle bouleversé, nous

espérons tout transformer. Piteuse jeunesse qui se pâme de déchets radioactifs, de mois de mai

et de camps concentrationnaires. Ils hurlent ceux qui n'ont plus de quoi faire des livres sur les

guerres de l'Orient !

Des gueulards, des incapables, des sans sujets ! Quelle connaissance détiennent-ils

du passé ? Ils se pavanent parce qu'ils ont lu quelques grands poètes. Ils jureraient de donner

des conférences ! Des je-parle-de-tout et des je-ne-sais-rien.

672


Le Moût et Le Froment

Les lignes d'or respirées

Les lignes d'or respirées

Lentement dans les vallons de l'aurore ;

Les philtres qui s'accordent

Flambent les noirs coteaux de l'hiver.

Ce sont des races et des bonds étranges.

Si j'ai grand souci de l'estime ?

Libre, je déploie les passives douceurs

Aux sons ailés des villages voisins.

L'accord des pâtres pour des chansons,

Les mauves poursuivent l'air humé,

Et les courses se plantent entre deux eaux.

Ai-je le goût de l'atroce silence ?

Veulent-ils l'aurore des points cardinaux ?

Pour les vents du déchet, l'empreinte

Et le danger sur des pierres coupantes.

Ai-je grand souci de l'estime

Quand le soir les rentrées nonchalantes

Poussent l'ennui dans les mares et les boues ?

673


Nature, guette les travaux des champs.

Il te faut atteindre l'espace lointain.

Bonheur dans l'évident silence,

Ton esprit est encore tué ! Rencontres et reflets

Des taches dorées sur les mousses exigeantes !

Je rendrai l'intelligence pourprée.

Et dans les semailles d'un autre hier,

Je tremperai ses lichens aimés.

L'herbe violette sentira bon

Par-dessus le val tout glacé de plaisir.

Quoi ! L'ensemble est réparti dans les terres ?

Il baise l'air frais, et plus loin la rosée.

Canton, aurai-je encore mainte estime ?

Feu des prés, voleur des disgrâces,

La folie est consternée dans l'envol prochain.

Mais puis-je maudire ainsi déchus

Ces philtres, ces lignes, ces accords,

La permission d'un renouveau ?

Les oisifs pleins de tourments écoutent,

Gardent le mot qui se devine.

Même l'hôte peint la saison chargée.

674


L'air pur se voudrait être digne dans l'orgueil ;

Les brumes fléchissent peu à peu ;

Des bonheurs sous les couches perdues ?

Des soleils d'automne qui se tannent la peau ?

Quand tu pleures tes mensonges,

Quels instincts pour la possession des Natures ?

D'une voix qui épuise les chœurs étrangers,

Les vertes couleurs muent inlassablement,

Mais les superbes brises souffrent-elles ?

Ha ! Comprendre cette infortune ! ...

Pourquoi ces crachats rentables ?

Serait-ce l'ordre bleu des pensées d'argent ?

La soif sèche les fenaisons détestées.

Lignes cent fois maudites, philtres et accords !

Mais sur des fragments resplendira le soleil !

Tu joues le miracle de l'espérance humée.

Des fous se pâment bien pour quelque or.

Tu te lies avec la précocité urbaine.

Et dans les spasmes de l'effroi, de l'angoisse,

Des monstres attaquent, tu es seul !

675


La ville détruit la noble fonction,

Et conspire contre l'audacieuse foi.

Ligue ancestrale et fatidique !

Ce cri achève les paroles rêvées

Puis crache sa démence dans les bruits de l'action.

Gigantesques souterrains, et arbres de fer,

Combat des formes dans l'artère jaunâtre !

Val mousseux sous les buissons du silence ?

Teintes sublimes transférées par l'invention ?

La chair du poète arrachée par des loups.

Ho ! Du tombeau de la gloire s'enfuit le rubis !

Poisse et crasse et vieilleries, et dégoût encore !

676


Un champ visuel

Un champ visuel limité que des murs blancs barricadent, et le poète assoiffé de

mystères attend impassible et résigné sa mort. Il pensait à une intelligence supérieure digne de

sa forte condition. IL n'eut que rires et ricanements, et murmures aussi. Neuf mois se

déroulèrent ainsi dans la bêtise et dans des brouillards de bruits.

Etroitement invisibles ces forces ne sont que le jouet de ma propre imagination, - à

mes dépens. Je ne faisais pas courir la page sous des abords douteux, je ne faisais pas voler des

ailes frottées à l'air de la nuit.

Des brumes lourdes et des ténèbres de pus noyaient des femmes et des êtres

ensanglantés. A peine éclatés, à peine démis ces tares, ces déchets humains venaient se frotter

sur ma personne.

Putréfactions horribles, débris de chair ! Là des visages teigneux prétendaient

s'imbiber de gloire. Marche sur ton corps car il est pourriture encore !

Et de tes os, le cliquetis infernal résonnera jusqu'à mes oreilles - j'en jouirai

cyniquement. Des traces de feu par des chaleurs terribles venaient sous ta peau se greffer.

Danse et tourbillons d'horreur et vices pour tes soirées impures !

Ho ! Les yeux arrachés jetés dans des fioles d'acides ! Multiplication vaine des

chimériques ampleurs. Ho ! Le mal grandi à la malédiction hasardeuse !

677


Plaies, plaies de l'occultisme orageux qu'un seul vent venait ravager ! Les exploits

douteux et les minces lignes des douleurs. Carnages de l'estime puissamment offerts aux vents

des sulfures.

Eternel affamé des calamités grises, tu vas crever dans des syllabes de pus, et ta

crasse se colle encore à toi.

Je me suis perforé les intestins à parler ainsi, mais j'ai réussi à haïr tout ce qui était

en toi, à rejeter toutes les impuretés que contenait ton âme. Maintenant enfin je revis. Car la

folie perverse qui habitait l'homme pieux s'est volatilisée comme un rêve hors de moi.

Abominablement, des tombeaux, des catafalques où gisent des squelettes détraqués -

et des caveaux ouverts à la puanteur et aux vices des humains. Alors un grand trou où je

glisserai mes derniers feuillets en guise de Testament d'horreur.

678


Les extravagances de l'esprit

Les extravagances de l'esprit, les grands maux de l'âme tourmentent la vie de

l'écrivain : il se nie. Il n'existe pas. La profusion des douleurs, l'éternel, le bruit constant : Il

n'existe pas. Les jours brûlent, il inscrit leurs dates. Hier est déjà oublié, car aujourd'hui est

plus présent encore. J'obtiens le Néant sous le soleil de l'avenir. Les morts ont tué ma jeunesse.

Les mois disparaissent : il n'existe pas. Les conditions de vie sont inhumaines. Un refus

constant à la culture, à l'écriture, à la lecture. Une gêne perpétuelle - des coups certains. Je n'ai

pas de défense. C'est la soumission. Je subis les forces. Je suis contraint à subir leur présence.

L'espoir, c'est leur départ. Ou, non - c'est la cohabitation féconde et intelligente. La fin d'un

bagne ou d'une prison. Les oreilles libérées, cette putain de vie redeviendrait humaine.

679


J'ai rêvé d’intelligences

J'ai rêvé d’intelligences dignes de mes douleurs et de mes capacités. Point

d'intelligence. Rien que des hommes gris, maîtres de l'absolu, indisponibles à toute cause

suprême. J'ai élevé des autels aux mémorables survivants. Ma poésie est faite de morts.

Dans une grande ville où je passais pour oublier mes haines et mes révoltes, j'ai

rencontré des tourbillons d'aigreurs, et je me suis jeté à leurs pieds. J'ai banni mes puissances.

Je me suis faisandé dans la persécution. Les novices m'ont joué un bon tour. Je retournerai

dans cette ville par souci de préserver mes silences.

680


Chair et gloire immortelles

Chair et gloire immortelles !

L'éblouissement vivant qui rayonne

Au centre de ma nuit !

Allégorique moi, inquiétant et soudain

Sève de mon âme, ferveur de l'oubli,

Chaste paix en toi-même !

Quand tu grondes, c'est l'océan tuméfié

Qui rejette ses cadavres et ses coques crevées !

Quand la brise légère se perd dans mes souffrances

C'est le calme repu et l'orgasme enchanteur !

Ô les baies et les savantes escales et les odeurs des ports, les femmes à la poitrine

nue et les mariniers suants !

Ô les mâts défaits, et les voiles lourdes bombées comme le ventre de l'indigène,

comme les seins gonflés de lait et de pur aliment !

montagnes !

Ô l'intelligence heureuse et la paix retrouvée ! Le vent est allé mourir dans les

Déjà le lieu n'est plus une cachette, c'est un autel saint où les âmes se purifient.

681


Et l'enfant donne des petits coups de pied dans le coeur qui l'a conçu !

Le piège a agrippé sa proie immense entre ses bras !

682


Le Croît et La Portée

L'intelligence dort

L'intelligence dort et l'ombre est effrayée.

La nuit poreuse accourt et propose en ma bouche

Un pur étonnement, ô sublime Psyché !

D'une paresse extrême la profondeur des mots

Cherche par l'admirable mensonge sa voix.

Soumise à la résonance de son écho,

Elle respire nonchalante la naissance du Soi !

La douceur la plus claire déjà va et s'achève

Par des ruissellements déployés vers ton sein

Sous la tombée obscure sans remords et sans trêve ...

Plonge folle au plus sublime de mon orgueil !

Viens et consume en cette vérité charmeuse

Les profondes ténèbres de mon superbe ciel,

Puisque je vis en toi, détestable amoureuse !

683


Le Grain et Le Regain

Ils comblent mes silences

Ils comblent mes silences. Désormais chaque tentative pour essayer d’échapper à leur

contrôle se transforme en échec. Cuisante humiliation, puisque je ne me sens plus libre de

conserver avec moi-même.

Qu’en est-il à l’intérieur de l’homme ? Qui jugerait que le Démon du mal ne peut vivre

caché en soi sous des formes diverses ? De la plus primitive à la plus sophistiquée ? Sachant

utiliser avec intelligence les qualités et les défauts ? Qui a le droit de s’écrier : cet homme est

un mystificateur, j’en veux pour preuve, le bon sens que chacun doit posséder ?

684


*

À tous, la raison d’être. Au mal, la raison d’espérer ! Et qui se sent une âme folle enfouie

au fond de sa chair ne me suive dans mes pérégrinations !

En vérité, ceci n’est pas digne d’un écrivain. Que l’on me pardonne, je ne suis qu’un

pauvre homme. Non, je le répète - ceci n’est pas digne d’un homme qui désire être engagé et

publié. Que l’on me pardonne encore ces fautes commises ! Que ces tares disparaissent aux

yeux du lecteur !

685


Collages

Mon âme entière

Mon âme entière choisit cette Pléiade s'écrie

Le poète exalté. Ombres vaines, cessez

Le martyre du génie ! Que d'amours prodiguées

Il sache si bien plaire ! Sa souffrance est secrète !

Don cruel ! Don cruel ! Souffle divin en moi,

Je tombe et m'abandonne à cette Mort vicieuse

Qui mesure et raisonne les sentiments profonds

Et humains quelque fois.

Elle calcule, elle se vante

Elle attaque et détruit les nobles dispositions

En versant ses brimades. Elle est ordre et justice,

Et consternation !

Je m'enivre de sèves

Qui sont bues sur les Arbres, et leur ombrage heureux

Est un puissant délire. Les notes de ma lyre

Bercent les vents d'automne au plus loin, dans le calme.

686


Pourtant je m'interdis les mornes explications.

Je préfère me cacher dans les noires bruyères.

Ma race suprême se perd dans son étonnement.

Je crèverai tout seul, nourri de ma misère.

Ho ! Belle impertinence ! M'écriai-je à la Mort,

Que ne peux-tu goûter à tous ces nobles fruits !

L'aigreur n'est point donnée à cette blanche page.

Enivre-toi de la grenade, mais incomprise

Toujours te sera sa structure !

Je choisirai

Savant, mes rayons purs et mon esprit sera

La tombe où le soleil viendra s'y recueillir.

Ma solitude aimée, paix des intelligences,

Ma folie commettra des péchés infinis

Par rêves d'insouciances.

687


Comme je pense

Comme je pense, je pense et cette faculté intelligente multiplie les opérations

savantes de l'esprit, contacte toutes les ramifications subtiles de l'âme avec tout l'art actif de la

jeunesse excitée.

C'est un Dieu doué d'une force vive et expéditive qui se nourrit, avale, ingurgite et

recrache toutes les informations qu'on lui présente. Il est capable de concevoir, de croire,

d'exploiter toutes les finesses du genre humain sans même les réfléchir distinctement.

La chance ou ses hasards précipités fondent sur le marbre de l'Absolue Vérité

comme la loi de Justice est éternellement.

688


Je vais secouer toutes ces vieilleries

d'araignées.

Je vais secouer toutes ces vieilleries, y dénicher la poussière et balayer les toiles

Faut-il brûler toute la littérature, tous les maîtres, poètes et génies ?

Assez de ces ombres funestes qui circulent dans ma chambre ! Déguerpissez, fuyez,

fantômes vains de savoir et d'intelligence !

J'instituerai la religion de soi-même, l'égoïsme dans son pur éclat céleste !

Vivre en Moi, pour Moi avec l'ambition d'accomplir l'oeuvre !

Que naissent les enfants du Génie ! Je veux qu'ils tètent à ta poitrine ! Jette ton sang

en feu sur les pages blanches !

689


Je devins fantastiquement pervers

Je devins fantastiquement pervers. J'embrassais toutes les ombres et je me roulais

dans leurs vapeurs jusqu'aux premiers signes de l'aurore.

Je transformais ma chambre en théâtre du rire. Tous vinrent et apprécièrent les

exclamations du pitre. On me dit intéressant, mais on me traita d'idiot. Je me pensais sérieux.

Je conservais dans les profondeurs de mon inconscient toute ma jeunesse vécue. Je

croyais avoir affaire à des initiés. C'étaient des imbéciles incapables de saisir le moindre effet.

Je me retranchais en moi-même. Les nuits vivantes s'écourtaient grâce à mon savoir.

Je vieillissais sans la conscience du temps, trop accaparé par mes discours.

Mes énigmes attristaient. Je me fis hiéroglyphes indéchiffrables. Je garderai le

secret. On me passa le feu. Je l'alimente de phosphore. C'est mon don. Je bouscule les heures,

les temps et les saisons. Je suis un mystificateur. Ma faute fut de déchirer un chef-d’œuvre. On

me taxa d'amateurisme. La preuve : je ne gagne rien. Qu'ai-je à faire de ces confessions ? Un

feu immense d'où jaillira un autre souffle.

Ha ! La malsaine confusion nous induit dans les bouffonneries les plus saugrenues !

Ha ! Les tares de la jeunesse. Mais ces élans de joie, ces grands sentiments, comme tout cela

est beau !

690


Je divague. L'ancêtre est en moi. Je suis immortel. La sagesse me rappelle au bon

sens, au calme. Je dois vivre trois minutes en une. Je veux cracher sur les prodiges. Ha !

Maturité, intelligence, savoir !

Mais pense-le, imbécile, et tais-toi ! Ces points d'exclamation sont la preuve

évidente d'une âme révoltée, en pleine ébullition. Compte, tache d'accentuer, retiens-toi. Fais

l'amour à ta page blanche. Qu'elle jouisse lentement, ta salope ! Qu'elle soupire et qu'elle hurle

de désirs. Puis laisse-la reposer dans ses extases molles !

691


Losanges

Mon âme encombrée de vapeurs

Mon âme encombrée de vapeurs s'essaye à sortir quelques phrases stupides. Pourtant

ce ne sont pas ces deux exercices qui fatiguent mon esprit, et rendent incapable de la plus

insignifiante invention. À quoi faut-il donc penser ce soir, mon cerveau lourd de ses paroles

endormies ? Je n'aspire qu'au silence, qu'à la sublime relaxation du corps.

On ne t'engagera pas avec ces lignes crétines qui flottent sur tes feuillets de papier.

Certes tes idées s'éloignent les unes des autres, et aucun accord ne pourrait les unir

intelligemment.

L'équation

L'équation était biscornue. Plus il s'enfonçait dans le raisonnement, moins il y

comprenait quelque chose. Après nombreux tâtonnements, il résolut de ne pas pousser ses

opérations plus profondément.

Le poète et le mathématicien s'épousent avec intelligence : l'homme de règle étant

imaginatif, le rêveur pourvu d'algèbre invisible....

692


L'Empire

L'Empire naît d'une multitude d'incertitudes inconnues encore de l'homme. Il se tâte,

s'observe, mâte ses yeux louches dans une glace, calque son double. Il ignore qu'il recopie des

gestes imposés par Dieu depuis des siècles. Le royaume du primate est de douter qu'il habite

un palais. Mais le doute est un artifice, la mèche se consume. Un feu intérieur l'habite. Les

braises sont de l'or rougi. Enfin l'alchimiste du temps va savoir, il est sur le point de découvrir.

Je cherche l'aventure interne s'écrit la sagesse ... posément, très drôle le contraste !

Il s'appelle "Sérénité" et s'enfonce avec avidité dans sa connaissance interne. Quelle

soif de savoir pour un sage homme ! Il va trop loin, ce docteur des tempêtes de la pensée, des

flux et des reflux de l'intelligence ! Il ne condamne pas, il constate. L'urine comme le sperme

ou le sang, il les laisse dégouliner hors de son corps. Mais ce coeur qui cogne, où est-il ? Les

sentiments bêtes du sexe qui chatouille le gland, d'où proviennent-ils ? La triple question

stupide ne l'effleure pas.

Il en a joui durant sa jeunesse. Le qui suis-je, où vais-je, que fais-je, provoquent en

lui des ricanements grotesques. La concentration est de rigueur. La mathématique l'impose. Le

champ d'investigation découle de raisonnements sérieux.

Homme d'intelligence mûre, je semble fantaisiste, drôle ou comique. Pardonne-moi

de crouler sous mes larmes ... Je suis poète. J'interdis à quiconque de franchir les barrières de

l'impossible, de l'irréel. Seuls atteignent le but ceux qui sont marqués de la croix.

693


Il ne sera pas fait de chair et de sang

Il ne sera pas fait de chair et de sang, mais il sera conçu par l'Intelligence et par l'âme

de l'Intelligence, c'est-à-dire par Dieu soi-même.

Et son corps contiendra la pureté comme des Morts le mettront à l'épreuve ! Et son

sexe ne servira qu'à uriner et son sexe ne sera pas l'instrument du pécheur ! Et ses testicules ne

contiendront pas de sperme gluant, et le blanc liquide ne s'expulsera pas !

résistera.

L'homme sera tenté, humilié et il souffrira comme un saint mais il est écrit qu'il

694


À moi les écrits divins

du poète !

À moi les écrits divins et les pensées célestes ! À moi l'intelligence et la sublimation

chéri de la poésie !

Que toutes les femmes se couchent à mes pieds, car le voilà, il est arrivé l'enfant

mort !

À moi les violences et les indignations, les horreurs du destin et les débilités de la

À moi le poète glorifié dans sa sève exaltante !

Il faut le reconnaître et il faut l'adorer, le jeune homme oint.

Mords, arrache, brûle, lacère ce coeur gonflé de sang ! Travaille, détruis cette tête

remplie de démons !

L'heure sonne. Les poumons crachent les dernières bouffées de saveur. Tout est prêt

pour la lecture passionnée.

Casse la cervelle des entités burlesques, chauffe l'esprit de la bêtise universelle,

venge-toi car ta plume est ton épée !

695


Intelligence d'or

Intelligence d'or enchaînée à la perception de l'ignorance. Maudite soit l'âpre bêtise

assoiffée de mes dons seigneuriaux ! Qu'après un déluge d'injures resplendisse le tout-puissant

soleil de génie !

Action pensante, fulgurante et stérile, après la tentation de la belle lettre, je sais me

purifier et je t'obtiens par un délire étrange.

696


Poïétique

Objet indistinct ; noirceurs éphémères de l'intellect. Ô la puissance totale de soi ! Et

ces visions brouillées - compensations tardives d'un rêve en oubli ? Et ces jeux et ces règles

indivisibles, accouplés dans le plus abstrait des desseins ?

La dynastie des très riches - l'effort violent du défavorisé. Ô race, race d'hommes

accomplis ! Nous chercherons encore !

***

Mémoire. Diphtongues et syllabes dans ma cervelle. Accumulations d'idées fixes.

Penchants, renversements, attentes. Espoirs d'un temps infini. Etrange conquête de l'indécise

échappée. Valeurs intuitives comme repères du temps et de l'espace.

Modulations des termes employés. Architecture indépendante de ma volonté.

Saturation vers le son aigu qui crisse ses avant-dernières syllabes. Puis ce silence qui résiste...

qui résiste.

Explosions. Rumeurs de multiples voix coordonnées en une seule - la mienne.

***

Pour que, subtilité sonore, le vers soit intense jusqu'à son exquise vibration finale.

Quelque explosion buccale par la lèvre diffuse, haute note dans l'oreille amoureuse.

697


Certains crissements entendus en mélodies ! - Amateurs barbares.

vocales.

La libération du son comme une retenue qui s'écoute, joue au rythme des cordes

***

À la merci de se contredire.

Un Non-Moi se pense. Actions insoupçonnées du frère invisible. Il est né, se cache.

Support de l'intelligence.

La loi de l'original subit un conflit de démantèlement.

L'insondable est accusé par l'élite dormant autour des manuscrits - le renvoi fait ici

acte de justice. Ceux qui cassent le droit à publier sont de vils ignares appréciés une faction de

temps. Qu'est-ce pour l'Eternité ?

Maintenant qu'il m'a dicté, je me comprends.

698


Prières/Phrases/Exil

Quand la folie

Quand la folie serre la cervelle de l'intelligence, celle-ci se compresse si violemment

qu'il en sort une substance qu'on appelle Art.

699


Ombres bleues

La loi des contraires

Ma terre, substance liquide imprimée sur le papier avec ses taches d'encre comme du

sang craquelé ; ma blancheur stérile contre quelques gouttes de savoir. Ici, c'est de

l'intelligence primitive qu'il faut parler, du poète sauvage parmi les systèmes des hommes. Je

nie ma liberté d'unité dans les ensembles structurés.

L'oiseau ne vole pas, mais plonge dans les eaux de glace. Le hibou voit sous le soleil

vert. La taupe construit ses labyrinthes, etc.

700


Il était une fois

Il était une fois un joueur d'échecs formidable, à la cervelle parfaitement construite.

À l'âge de seize ans aucun homme vivant sur terre n'avait pu prétendre le battre.

Les intelligences Américaine et Russe s'associèrent et programmèrent sur un

ordinateur toutes les combinaisons possibles et imaginables qu'aucun humain n'eût pu

assimiler.

Ce génie aux ressources exceptionnelles, en quinze coups, fit mat à l'ordinateur. Sept

parties furent proposées. Il vainquit sept fois de suite avec une facilité humiliante.

"Je possède en moi un don céleste" criait le génie. "Oserais-tu te confronter à mon

âme ?" suppliait de rage et de passion l'imbattable les yeux fixés sur les étoiles ?

Dieu, habitant immuable d'un autre espace-temps, rempli de fiels et de haine, se

manifesta à l'immortel terrestre.

- J'ai créé l'Univers et je connais la rotation du soleil et des astres. Toi qui as osé me

défier, je me présente à toi.

La partie s'engagea dans une chambre austère. La Force de Dieu illuminait de sa

présence sublime l'intérieur glacial où demeurait le génie.

701


Il dit au Maître de l'Univers : "Ô toi, tourbillons circulaires de pureté, jamais tu ne

pourras me vaincre sur mon terrain, sur ces 64 cases blanches et noires. Tu as dominé Satan,

que feras-tu de mon âme ?"

Dieu se taisait et pensait. Concentré dans sa lumière interne, il composait

l'impossible. Le combat dura trois jours et trois nuits.

L'homme épuisé, les yeux crachant du sang, s'exprima : "La partie est nulle, nos rois

disposés sur la même traverse, se font face : aucun ne gagnera."

Il était toujours un Dieu qui jamais ne pût s'écrier : "Je connais mon maître."

702


Sachet d'herbes

Diogène le cynique

Hélas s’en est venu à la male impuissance

Diogène le cynique

Philosophe et lubrique

Qui prétendait

Par un branlage actif

Oublier la laideur

D’un monde sans espérance

Caché dans un tonneau,

Demeure de l’ivrogne

Il chassa loin des yeux

César maître et roi

Qui sachant sa pure intelligence

Lui ordonna de dire

Ce qu’il souhaitait là.

Ôte-toi de mon soleil

Lui répond le cynique

Je goûte à mes rayons vermeils

Qu’hors de toi

J’en jouisse en lubrique !

703


Sueurs sacrées

Je souffre

Je souffre de la bêtise spirituelle inapte à assimiler la croyance de l'homme.

Je pousse la gloire intellectuelle à essayer de voir dans la chair.

À une loi

À une loi, tu es poète. À sa raison, tu le deviens. Mécanique de chiffres, de primaire

arithmétique, il ne reste rien.

Tu vends l'image, ami du nuage.

aimer la mort.

Sublime ton esprit d'espoir, d'envie de trahir ton âme. Illumine ce néant de vie pour

La grâce venue, nous purifions les âmes. Par le génie de l'intelligence, nous élevons

la masse. La poésie est au sublime ce que la médecine est à la chair.

Que les dix premiers hommes du Monde me lisent et la civilisation avancera.

Qu'importe d'être compris, il faut être lu.

704


Le Livre blanc

Suicide

Laissez-moi violer mon âme, Hommes de Rien ! Laissez-moi punir cette intelligence qui

s’essaie à penser ! Je veux la réduire au Néant. Elle m’appartient. Elle est mienne. Je puis

décider de son sort.

705


Pastiche de Nietzsche

I

Pour en venir à mon génie, je puis prétendre avoir atteint le “Sublime” avec mon

oeuvre “Der her mater”. Ce n’est pas une oeuvre philosophique parmi tant d’autres. Je veux

dire mièvre et stupide - qui n’apporte rien au genre humain. Celle-ci prétend faire progresser la

race basse et médiocre des intellectuels qui n’en sont point. Mais il faudrait pour cela que ces

dits intelligents puissent me comprendre, ou m’assimiler. Et de cela, j’en doute fort. Je

l’expliquerai plus bas dans un autre paragraphe.

II

À la lecture de ce livre, de mon livre, je me suis senti grandir irrésistiblement,

irrémédiablement. Sa puissance envahissait mon esprit. Mais aucune jouissance ne satisfaisait

mon âme. Je m’explique sans me contredire. L’âme est supérieure à l’esprit. L’esprit est très

biblique donc vulgaire. En vérité, accessible à tous. Mais l’âme est purifiée. L’âme sait haïr la

gloire, le divin, et l’orgueil. Elle est au-dessus. Elle est donc splendide. Elle est une façon autre

de concevoir l’intelligence. Mon livre, cet amas de paragraphes, ce tas de propos discordant

formait un tout, fabriquait une sorte d’édifice.

706


Grappillages

Couleurs des poètes

Racine, esprit superbe,

Tu t’élèves, intelligente finesse, subtile

Touche légère et cible atteinte.

Racine pastel, couleur clair.

Corneille grenat rouge,

Valéry est vert académicien, jaune l’olivier.

Mallarmé automne, impressionniste, symboliste

Feuilles se mourant, rousses mêlées.

Baudelaire, bleu noir métallique.

Déplacement

Je suis venu pour t’instruire dans l’intelligence.

707


Souffles nouveaux I

Jette dans le noir désir

Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à enorgueillir tes nuits. Plonge

sous la clarté macabre les derniers délires de tes folies.

Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je joue par l’analogie, par

l’avalanche de mots de la même famille. Mais quand comprendrais-je que je ne suis plus apte à

exciter ma critique avec de telles solutions ?

Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité me permettant d’agir. Mon

“Je” est détestable.

Je cherche à transmettre le produit dans des conditions extrêmes de gains. Je veux

pouvoir dire : je prends et j’ajoute.

Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides de fumée, ce sont des

protections ridicules et dérisoires. La chair adressée ... les cicatrices invisibles. L’horreur de la

souffrance et pour quelle Force d’espoir ?

Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et non pas un amas

cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir splendide, épuré pour y baigner son âme

assoiffée. Qui implores-tu ? Lui abonde, lui est repu !

Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui contrôlées. Un esprit vif se hâte

jusqu’à n’obtenir que le néant de soi-même.

708


papier.

La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair traçant qui signe la feuille de

De ces déchirements, de ces violences internes, de ces conflits invisibles, qu’en

tirera l’intelligence ?

709


Bilan

Une étonnante capacité d’actions, de mémorisation et d’effet de synthèse. Mais sans

cela, est-ce poésie ? Plus forte est la jeunesse qui a produit son oeuvre, qui a conçu sans avoir

eu le temps d’assimiler et de comprendre. N’est-ce pas de l’intelligence ?

Le privilège d’avoir compris que le temps était dimension, était ingrédient à intégrer

dans son principe d’existence, de survivance. Mais jeunesse est folle, ou est studieuse par

l’apprentissage dans les anciens. Elle ignore, on n’a pas l’aptitude pour concevoir l’acte

créateur.

Nous n’étions pas cinq à avoir pu comprendre. Tous sont morts très jeunes. Lui a fui.

Moi, je suis resté enfermé, caché pour éviter le nucléaire social. Et j’ai continué à produire,

harcelé, détruit par le Mal qui m’entourait. Sortir eût été pire. Il fallait résister et accomplir

l’œuvre.

Qui gouverne là-dessus ? Quel Dieu, ou quelle force stupide décide du poème ou de

l’élixir ? Parfois lutte violente ou consentement du vice et de pureté, association de la mariée

avec la mort.

Mes lutteuses conscientes, je ne suis qu’arbitre. Je reproduis ce que vous pensez, je

vous écoute. Délicieux vertige de vous fixer sur la feuille blanche !

N’invente pas le mirage pour te plaire dans des délires nouveaux. Laisse le jeu

agonisant de la chair poétique à de jeunes confrères. Toi, te voilà raisonné, instruit dans le

710


Livre, recopiant les versets. N’as-tu pas découvert la Sagesse, l’obéissance belle dans la Loi du

purifié ?

Pourquoi se divertir encore dans ces audaces impossibles s’essayant à

l’accumulation d’effets boiteux, de structures nulles et de concepts dépassés ? Car tu ne crées

rien, tout s’en retourne à des propositions surannées, obsolètes, à oublier.

poésie autre aussi.

Je te conseille de te condamner, de fuir l’art désuet, d’aller vers la belle qui est

Hier le produit se concevait autrement, avec plus de folie, d’insouciance et de

jeunesse dans l’ivresse de l’écrit. La plume vagabondait, courait jamais heurtée par la raison.

Quelle était la conscience, quel était l’interdit ? Tout s’accomplissait sous le regard des maîtres

qui autorisaient ou brimaient l’audace.

C’étaient synthèses de syntaxes par l’écrit d’autrui. J’ignore aujourd’hui comment je

conçois. Je dirais peut-être : avec une sérénité limitée

Je n’ai la certitude que de mon impuissance, de mon inaptitude à produire juste, à

penser mieux. Je ne suis qu’un déchet du passé. Je meurs lentement, bouche ouverte, admirant

les chefs-d’œuvre qui fusillent ma critique.

711


Puissance d'effusion

Puissance d’effusion sous la voûte sacrée de l’intelligence reine.

Soupirs et murmures qui supplient en moi.

diction.

Mouvement de l’esprit qui expulse ses premières syllabes et qui recherche sa

Vierge pensée à peine née, avance à pas raisonnés dans le labyrinthe de ma réalité !

Le soir descend doucement, il voyage des fumées épaisses et lourdes. Des souvenirs

confus s’amoncellent ou s’entassent lugubrement.

Ô souffle, mon souffle tant désiré, irradie-moi de ta nourriture céleste, laisse-moi

puiser en toi toute la substance enchanteresse et subliminale.

712


Que pouvais-je espérer ?

Que pouvais-je espérer dans le silence solennel de l’éternelle complicité des Dieux ?

Je ne suis qu’un instrument qui produit du vers, mécanique intellectuelle de chiffres et

d’inconnus.

713


Je tue la Muse

Qu’écrirai-je ?

Je tue la Muse, j’appelle l’Esprit, celui qui inspire, je me fais esclave, j’obéis.

Je sais où me portent mes insuffisances, nullités, de moi-même à écrire de la sorte.

J’abolis l’image impure, fausse et truquée. Je travaille en vision à présent. Je pense par

l’Esprit. Je suis un moyen.

Ô les nouveaux exploits de celui qui croit en sa potentialité plus forte !

Il faut apprendre à extraire au-delà de ce qui est possible ; il faut tirer de la cervelle

crétine les figures folles, - en vérité ce qui est interdit.

Tout ce qui est interdit, est essentiel.

l’intelligence.

Il faut inventer en détestant le mal. Il faut concevoir en exploitant les outils de

Je ne veux plus souffrir avec le rictus Baudelairien, avec le vice du marquis ;

j’espère par l’Intelligence belle de l’Esprit tirer de pures vérités autrement élevées et purifiées.

Qu’ai-je à faire du présent ? Je dois me projeter dans l’avenir pour savoir et

comprendre. Je parle de ma durée.

714


créer.

Je dois conjuguer avec le Verbe, celui qui est près de Dieu, penser par l’Esprit et

Il n’y a pas travail ; il y a écoute et application de l’écoute.

C’est la recherche de la science sublime, de la pensée excellente. Le puis-je ?

715


Comment produire

Comment produire sans la recherche intérieure, sans tirer de soi la ressource

invisible ? Il faut concevoir un espace différent, un support nouveau où germera, où

s’extasiera la pousse de fleur de Muse.

Pourtant je ne me prétends pas apte à extraire cette richesse encore inconnue. Ai-je

l’éveil de l’inventeur ? Il me faut une mécanique ondulatoire : sera-ce la forme qui engendrera

le poème ? Sera-ce le fond ? Je n’y crois guère ?

l’invisible né.

Que lis-tu dans ma cervelle stérile ? L’interdit de trouver une forme pure émise par

Que dois-tu extirper après ce lustre de léthargie ? Le concept émotionnel qui répand

ses ondes subliminales.

Je prétends à la pensée folle, voltigeant au-delà de ses repaires, je crois vaguement

embrasser des possibilités claires offertes à l’intelligence blanche.

716


Qui donc en Toi toujours s’éclaire

I

Qui donc en Toi toujours s’éclaire, sans le jour ? Oui, ta demeure, je puis la

retrouver ! Tu t’en es retourné dans l’espace autre, avec ton compagnon, avec ton frère de

lumière. Qui donc est très près de Toi ? Quelle puissance nouvelle m’as-tu caché que je ne

puisse avec l’oeil pur atteindre ? ”

Toujours par toi, je me suis vu grandir, comme sentinelle dans la certitude de

l’avenir. Par toi, que sais-je ? Qu’ai-je su ? L’esprit prophétique pénétrera-t-il l’intelligence

humaine ?

Qui donc est-il, Frère nouveau ? Esprit soit-il où j’ai quelque part ? Sur le bord du

savoir, comme enfant à nourrir (et cesse de dire : je ne suis qu’un enfant !) sur la chair

onctueuse de vrai Livre, vois je me nourris.

Comment aimer, d’esprit aimer, ceux pour qui le pur est peu ? D’amour aimer avec

chair d’homme, avec sexe et sueurs d’homme ?

717


II

Substance qui conçoit, qui reçoit l’éphémère parole de toute vérité certifiée. Oui !

Au plus profond de l’être, se pense une âme qui change.

Extase d’être dans ta chair, en moi-même repu, au délice de m’entendre. L’élan du

murmure me dicte tout à coup de produire par ce battement de cil, par ce soupçon

d’insignifiance... et j’émets des sonorités diverses, des pulsions d’écrit. Tant de choses qui sur

l’instant s’obtiennent... Ai-je l’étonnement ?

Et moi que suis-je au fond du corps dans la certitude du Fils avec souffle vrai de son

Père, avec voyance d’intelligence des Frères, les Dieux ?

La main qui pince le calame, qui se berce de paroles faciles, qui produit et accumule

par le poème, n’est-ce donc que cela ?

Comme il advint à celui qui très longtemps, sentinelle de son ombre, attendait en

vain l’explication du message...

Pour moi, dans la confiance des Dieux, je deviens le serviteur. Ne me dessaisissez

pas, ô belles clartés. Mais que suis-je dans l’immense sérénité, dans cette certitude éternelle,

effrayante !

Femme, haute de tes délires, belle tentatrice, tu proposes à mon âme ces desseins

insoupçonnés, ces esquisses d’audaces, vois, je te prends tout tremblant, soumis, toi, armée de

lanières, je viens lécher le ruissellement de tes sécrétions...

718


Ah ! Concept ridicule ! Moi, je puise à la source de l’Esprit...

Se lève la violence avec picotements aigres sur les cuisses, avec agressions latentes

de ce mal invisible. Et que vais-je obtenir, moi dans ce tohu-bohu ridicule, dans cette grande

messe de la bêtise ?

De penser ainsi le savais-tu ? Me vient parfois cet idéal de vivre, avec bercements

insoupçonnés d’états latents, avec espoirs vains et instants disparus, gris là-bas peut-être dans

des lieux que je ne puis atteindre, ô mes sources interdites.

III

Autrefois, l’Esprit plus beau encore s’imprégnait dans la chair divine, et la divinité

ainsi armée assiégeait l’âme des vivants.

Divinité par le Père et l’Esprit, par la pureté du souffle ! Divinité par la Lumière et le

Sel, et la belle certitude du messianisme.

Ce moment fut hautement favorable. Vois, je te consacre mon calame. (Puisse la

Force me permettre d’extraire le suc sans la noire offense).

Pur moment de la condition d’Oint. (Le scribe insignifiant trouve courage malgré la

violence).

Oui, pur moment pour toi, Fils resplendissant, dégoulinant de sucs nourriciers,

d’invisible semence et nourriture d’intelligence.

719


Ô vous qui soufflez sur le Fils...

Souffle et certitude de souffle ...

J’accède aux espaces clairs, j’observe, j’écoute et je vois le Vent venir.

Oui, toi aspergé de substance vraie, par le Père idéal !

Et qui donc hors le Fils, pouvait accéder au sublime de la vision ? Penser, Penser,

Concevoir l’interdit, oser la virtuelle image !...

(J’ai eu trop peu de temps pour naître par des Dieux).

IV

Oui, ce furent de longs espoirs d’attente et d’incertitude, la mort m’observait, épiait

toutes propositions nouvelles de l’écrit.

Et l’écœurement s’empara de ma personne parmi les feuilles éparses et les livres

ouverts. Derrière moi, s’épanouissait toute l’œuvre adulée !

Oui, j’ai bu à la bouche divine, à la bouche circulaire le don fécond et inépuisable.

Et sevré de mensonges, de fausses vérités, enfin je décidai de produire, de concevoir par

l’Esprit.

L’idéal espéré peu à peu s’intégrait dans l’intelligence de l’élu.

Le Pur Sel m’instruira-t-il parmi les hauts de l’estime, sur les monts admirés ? Non

par le code, non par le mètre ? Et pour satisfaire encore aux charges imposées ? Mais est-ce

travail ? Je suis calame uniquement.

720


Toujours il y eut cette insensée violence, cette foule ténébreuse non pas conçue par

le songe, foule vivante d’ombres accablant l’infortuné, hélas !

Et je sais maintenant ce qui détruit l’écrit dans le conseil du Mal ...

Architectures délétères, travaux invisibles pour nul effort, comme je vous prie, ô

vous mes dieux sublimes ! Qu’est-ce à penser de ces recherches, de ces gracieuses servitudes ?

721


À l’horizon poétique

À l’horizon poétique est l’incertitude.

Quelles propositions nouvelles, l’intelligence saura-t-elle produire ? Incapables que

nous sommes de faire évoluer la forme, nous devons concevoir un fond toujours différent.

Qui dit différent, ne dit pas spécialement meilleur.

Je crois en l’intelligence collective. Elle existe déjà dans les secteurs de la science

expérimentale et des techniques appliquées.

Mais les poètes sont des femmes, ils se chamaillent stupidement et ne savent pas

travailler ensemble. Ils travaillent les uns contre les autres, se méprisent et sous-évaluent leurs

exercices.

vrai.

Ce sont des égocentriques. Le vieil adage : l’union fait la force n’a jamais été aussi

Toujours refusés, toujours niés par autrui nous produisons encore autrement pour

changer la manière, pour obtenir un nouveau fond. Nous courons après l’originalité. Nous en

sommes à nous faire ingénieux en utilisant les symboles et les analogies d’autrefois. Nous

allons vers l’avenir à reculons.

Est-ce révolution permanente dans nos piètres cervelles ? Méfions-nous ! L’avonsnous

parfois embrassée dans son concept initial ? Cherchons encore.

722


Souffles nouveaux II

Dieux de beauté

Dieux de beauté, blondes merveilles de l’intellect, vient à s’épanouir la grandeur du

Vent, et l’avidité de l’âme est plus forte encore,

et contre les sollicitations de la chair, les excitations de la pensée m’exilent pour des

orgasmes meilleurs.

Le souffle d’aile est en moi.

Oui, accéder au comble et jouir de cette plénitude, et j’exulterai pour la

reconnaissance de mes sublimes divinités.

723


Quand nous sommes jeunes

Quand nous sommes jeunes, nous produisons par effet de synthèse, nous concevons

par le génie des créatifs, notre énergie est fusion, nous travaillons avec le poème de l’autre, des

autres - il y a un moyen employé qui s’appelle condensation.

Et cette intelligence plaît - elle est ramification, rajout de brindilles, de branche

légère sur le noble tronc de l’arbre poétique.

Puis nous vieillissons, hélas ou heureusement. Mais notre action plus personnelle est

peu apte à être comprise - elle est en décalage avec la capacité de critique que possède le

lecteur (Difficile de lui faire comprendre, plus difficile serait de lui demander d’ajouter sur

notre compétence, - je plaisante -) et l’on s’aperçoit que ce qui enchante, ce qui charme, ce

qui séduit, c’est justement cette spontanéité de jeunesse que nous possédions autrefois.

De quelle manière devons-nous nous y prendre ? Il nous faudrait à la fois

l’insouciance, la légèreté de l’âge nubile associée à la raison, à la rigueur de l’âge adulte. Mais

est-ce réellement compatible ? N’y a-t-il pas dans cette absolue recherche quelconque utopie à

satisfaire une loi impossible ?

724


Ce n’était que cela ?

Ce n’était que cela ? Considère ton peu,

Pèse l’intelligence qu’il te faut pour produire

Des écrits ainsi faits. Puisque cela suppose

De mélanger en vrac le contenu d’autrui,

D’y ajouter des mots incohérents entre eux,

De faire une salade avec de gros légumes

Et de se prévaloir d’en posséder le sens !

Tu puises dans les autres, tu pompes le génie

Qui ne t’appartient pas. Veuille du moins comprendre

Que l’instrument du vers ne te permet en rien

D’accéder au sublime. Tu es un tout petit,

Souviens-toi de cela, je te le redirai,

Et je répéterai à ta piètre cervelle

Le peu de nouveauté qu’elle ose faire jaillir !

725


Messages I

La conscience

Quand je considérais toute cette substance produite, au centre de cette quantité, je

me sentais ridicule et insignifiant, vidé de toute capacité intellectuelle.

Je voulais à nouveau me nourrir de ma propre poétique. Je recherchais peut-être une

jeunesse éternelle, une sorte de phénix de l'esprit - enfin je prétendais me comprendre.

A présent, je ne suis plus en moi-même? Je suis un évadé. Je parcours des espaces

vierges sans pouvoir retenir le temps.

Devant mes impossibles obtentions

Devant mes impossibles obtentions de résultats poétiques satisfaisants, prouvées par

l'expérience, je vous supplie encore, Forces sublimes et divines, immensités de puissance et de

savoir, et je m'interroge : "Comment puis-je mieux, au-delà du vice et de la souffrance ?"

La galaxie explose ses cent milliards d'étoiles. Milliers de soleils et nuits immenses

parcourent et remplissent l'espace. L'intelligence de l'homme est un infime résidu d'imbécillité.

Ma connaissance n'engendre que des larmes, et je tends vers la mort, certitude d'avenir.

726


N'as-tu donc pas compris ?

N'as-tu donc pas compris ? Tout jaillit de l'esprit. Il vient, vient à jamais.

Quand sur moi est sa joie, l'intelligence croît.

Un autre espoir

Un autre espoir.

Fixez-moi la certitude,

Offrez-moi la clé.

L'oeil interne scrute

Dans la luminosité de son rêve.

Donnez-moi le savoir,

Les délices de l'intelligence,

Alors que ma réalité

Est de m'enfuir dans le Néant.

Un nouvel avenir.

Vendez-moi la fortune,

La connaissance élevée.

Eloignez-moi de la honte,

De la médiocrité, de la bêtise

Afin que j'accède à l'Esprit

À la substance infinie.

Je plongerai dans le silence

727


Pour aimer le commencement

Et me nourrir de son mouvement.

Une autre compréhension

Dans la nourriture du Saint

Pour la splendeur de l'Alpha

Et la beauté de l'Oméga.

Moi et les Dieux

Et rien d'autre.

J'irai au-delà du seuil,

J'atteindrai le réel

Au-delà du permis

Dans l'éther sublime, oui.

Moi.

728


L'ennemi, nous détruisant

L'ennemi, nous détruisant, amoindrissait nos forces, nos aptitudes. Il inventait la

douleur, lui donnait une couleur, et la servait de manière constante. Conséquences : pertes de

produits, d'énergies intellectuelles, dont la décision venait de l'autre espace, là-bas.

Rebelle à la poésie d'autrui, à la démarche relationnelle, quelle puissance de la

providence serait venue me secourir ? Ô espoirs de jeunesse implorés jusque dans la vieillesse,

et jamais satisfaits !

729


Messages II

Les deux maîtresses

La nonchalance d'esprit s'évade mollement. Sa libre indépendance évasive et nue

s'élève par ronds successifs pour atteindre une mémoire de souvenirs, de confusions, quand

tout à coup la rigueur intellectuelle décide d'une obéissance, d'un principe de loi, d'une

obligation de raisons.

Vers laquelle de ces deux femmes, vais-je tendre ma lucidité ?

730


Les prêtresses sont venues...

"Hélas ! Hélas ! Notre cri est un cri de détresse ! Qui donc servirons-nous ? Quel

sera notre Maître ? Nous visitons de chambre en chambre, avec la lampe vacillante le lieu

parfait où resplendira le savoir, et nous cherchons encore.

Pour quel maître de pensée, pour quel esprit à l'intelligence nouvelle possédant l'art

de l'image ? Où est Celui ? ... nous ne pouvons attendre. Nous sommes suppliantes,

murmurantes et désirons obéir.

Perception différente à la consonance libérée, qu'il nous saisisse et nous touche un

peu partout, nous domine et nous aime ! Qu'il fusionne tout le savoir du siècle et veuille y

ajouter !

Ha ! Cette attente est vaine par le souffle de l'esprit, par

le génie pensant au loin sur le calme des eaux !

S'offre nul espoir pour les Livres de vie. Nous avons trop cru pouvoir le trouver,

nous filles d'extase, servantes de l'intellect ! Nous implorerons encore les bras couronnés vers

l'Azur.

Nous chercherons grandeur d'homme, nous chercherons."

731


S'éveiller

S'éveiller par le poème, fuir la raison, connaître la mort, nous octroie un bel avenir,

l'intelligence est meurtrie, mais elle subsiste encore.

Ne comprenez pas, refusez d'éclairer votre certitude, suffisez-vous de votre

mensonge - il n'est pas, il n'existe pas, il est rien.

732


Acte d'écriture

Je prends ici la plume

sans réelle intention

sans idée préconçue

J'ouvre deux ou trois tombeaux

quelques fleurs et souvenirs

en hommage d'un saint poète

Je crois voir des images

Ai-je rencontré la certitude,

fille à la démarche assurée

indiquant le chemin ?

J'avançais dans l'aube

accompagnée d'une rumeur

C'étaient de doux murmures

soufflés dans la plaine,

brumes et légèretés

oubliées, retrouvées

par jeu de l'intelligence

sombres clartés,

portées par l'élégance

par le doute

du savoir et de l'ignorance

Telles sont mes pensées !

733


Dans mes visions encore

des visages s'effacent

L'esprit m'offre des solutions.

Qui est le saint poète ?

tambourine à ma porte

la raison insensée ?

Au profond d'une tombe

Je dors repu, sans gloire

dans ma chair élevée

J'ai fui la coupole verte

mon écriture est trompeuse,

qui aurait pu la comprendre ?

L'extase était interne

à présent je suis bien mort.

S'est évanouie la métaphore

dans l'exil d'un soleil espéré.

Ai-je eu quelques visions ?

Nulle forme n'apparut

en clarté d'existence.

734


Je me nourris de la Plénitude

de mon acte

scrutant le diamant impossible

dans l'oeil excité de l'attention.

Enfin je me repose

et j'appelle cet instant,

inspiration perdue.

735


Les images

Elles bondissent,

Masse voltigeante et aérée

sous une protubérance qui s'amplifie

La violence de l'averse

galope vers l'infini

Là-bas, une source jaillit

dans une grotte en feu

Eclair de lumière

sur éclair de lumière,

quantité de photos, immense,

spectaculaire,

strate de miroirs obliques

où la pensée ne peut voir l'espoir.

J'avance irréfléchi

je me contemple, ridicule

J'essaie d'entretenir ces esquisses

souterraines

ces travaux fabuleux

J'observe, scrutant

une conception supérieure

736


J'admire la construction de ma déchéance

Puis-je espérer un commencement ?

Attendrai-je une Force ?

Ô folie de l'avenir

Ô deuil peint de vert

Dans le bleu des pyramides

dans le sang des roses

pour l'or rougi.

La chaleur était dans ma cervelle immense

J'entendais souffler les racines

de mon éducation

Ma culture transpirait

se dilatait confinée dans son espace

elle désirait autre chose,

mais quoi ?

La raison s'associait à la patience

perchée, pesante, oscillante

comme une balance

La bulle d'eau

la goutte de rosée

décidaient du poids,

737


j'écoutais l'instant.

Qu'ai-je appris produisant ces images ?

Qu'il fallait se nier pour croître

et qu'écrire était mourir éternellement.

738


Messages III

Grand esprit, me voici !

Grand esprit, me voici ! Chemin de certitude de braises chaudes ! L’intelligence

ardente et la conscience extrême, vers quelle délivrance courons-nous ? La vitesse et le temps

useront-ils mon estime ? Nous avons espoir dans le sublime et le superbe. La volonté divine,

permettra-t-elle d’y accéder ?

Grand esprit, ai-je menti ? Me voici sur le chemin inconnu. Tourbillons de feuilles

légères m’accompagnant. Recherche d’une possibilité sur la hauteur. Et ce beau souffle d’ici et

d’ailleurs qui nourrit l’homme, viendra-t-il ? ... Il est venu.

Je vous suivrai, emporté par le soir. Chavirement de l’oeil exalté dans les opales

de flammes ! L’homme est porté par son immense dessein, l’homme de rigueur et d’images -

parviendra-t-il à marcher dans sa nuit ? Il faut donc accéder aux divins.

Ô détestable mort comme une maîtresse noire et lugubre, tu m’accompagnes

constamment. Il a quatre laquais.

739


Elle pense, elle espère

Elle pense, elle espère, s’élève, se foudroie, se détruit et renaît. La voilà sur la pointe

des pieds, fille sautillante, légère et vagabonde. Je l’appelle Idée, - belle dans sa nudité,

recouverte d’un voile.

Elle pénètre l’esprit, elle va vers l’intérieur, atteint cette espèce de masse noirâtre qui

bouche l’horizon. Elle plonge pourtant dans cet amas visqueux et glaireux là où l’intelligence

refuse de s’aventurer. Parfois des jets lumineux semblent bondir de cet étonnant réservoir où le

retour de l’homme paraît impossible. L’obscurité y règne. Parfois encore des souffles

mugissent comme pour venir y chercher une respiration, puis ils replongent pour disparaître

dans les profondeurs.

Pourtant cette fille s’éloigne et atteint les premiers rocs rougeoyants. L’oeil fasciné

du poète la regarde aller toujours plus loin, vers l’intérieur.

740


Le mépris

Nul soleil dans l’intelligence. La lumière déçoit, vacille, répandant mollement

quelques rais ténébreux.

La fille-lune à la hanche féconde quémande un orgasme, convoite une chair que je

ne puis lui offrir. J’aime son sein, mais seulement deux ou trois heures.

recherches.

Elle me voit composer avec du bleu, avec du feu intérieur, et se rit de mes

Nulle intelligence

Nous ne possédons aucune intelligence, nous voyageons de jeunesse poétique en

immature littéraire. La vérité du temps nous réduit lentement à l’état de rien. C’est pourquoi

nous supplions, nous jurons posséder un savoir et cherchons à le transmettre... pour personne.

741


Les deux voies

Il n’y a que la beauté et l’intelligence, que l’intelligence et la beauté. De ces deux

formes d’idéal découlent la pureté, la lumière, la luminosité, le chemin vers Dieu.

L'échec

Le poète s’en retourne constamment dans le néant de son incompréhension. Toute

tentative pour essayer de plaire est jetée vers l’échec.

Souvenez-vous de lui, vous ces belles pleureuses, s’il vous semble qu’une aile

d’espoir voltige par ici ou par-là !

Celui qui sait ne souffre plus. Dans son ciel rougeoyant, il n’est plus de douleurs.

de la délivrance !

Ha ! Pensée de l’idéal, intelligence de la vérité, que vous soyez présentes à l’heure

742


Midi, supérieur et pur

Midi, supérieur et pur.

Le vent se lève, le temps compte,

l’intelligence écrit.

Les grandes pensées se penchent sur le front

et désirent inspirer.

La lumière jaillit ici et là,

Des sources dormantes semblent chuchoter.

Les colonnes, les hauteurs calculent exactement

La mesure de la gloire

l’oeil offert au soleil se nourrit

Cette immense architecture, je sais

Qui l’a construite

Elle désire s’envoler,

rompre ses attaches terrestres

et devenir temple immortel dans les airs.

Ses constructions de pierre où coule la lumière

atteignent les nuages et resplendissent, superbes.

743


Je ne sais

mon songe ?

Je ne sais où je dois aller. Vers quelle forme d’intelligence poétique, épuiserai-je

Pourquoi chercher si loin ce que l’on a en soi ?

Combien sont à mépriser

Combien sont à mépriser ce que je propose, d’une humeur dédaigneuse, proche d’un

sentiment d’indifférence !

Ils répondent : “Mais quelle place croyez-vous que nous accordons à la poésie avec

son cortège de pleurnicheries, de bêtise et d’inutilités ? Voyez l’existence : nous n’avons guère

le temps de nous y pencher. Elle est bien ailleurs la sensation de l’intelligence qui apparaît et

disparaît sur les écrans nouveaux.”

744


Envolées

Battements supérieurs de l’intelligence

Lentes pulsations de l’énergie qui vit

L’esprit attend la part qui lui est due

Il y a balancement de la raison houleuse

Là-haut une phrase, aliment suprême

Est nourrie de lumière et de triomphes

Le guetteur cherche à capter

Le signe éphémère qui constamment revient

Les ailes de la pensée battent

Et cherchent à s’envoler.

Et la caresse aérienne vient se poser

Sur le temple du savoir

745


Messages IV

La pensée épanouie

La pensée épanouie s’écrase, énorme goutte

d’eau, de raisin chargée

de senteurs lourdes et mûres

La tête vacille à droite, à gauche

et la main accélère pour exécuter les ordres.

comètes, oiseaux, soleils

Il y a semences, richesses, moissons

Dans la paume du poète

l’intelligence brille un instant

puis s’endort sous le poids de son ombre

comme un corps épuisé

cherchant à se nourrir d’une autre lumière.

746


Écriture

Un souffle, une respiration

Fuite de syllabes

Dans le silence de l’intelligence

La pensée bondit et se fracasse contre le front

Une puissance de langage ...

Recherche de maîtrise,

recherche encore

Ce fleuve d’impuretés

où se mêlent l’ordure et le sublime

Ce fleuve roule et charrie

des ondes tumultueuses

ce fleuve espère

Les signes, les syllabes,

eau et sang

se diluent dans l’immense courant

de la pensée

Oui, moi, je navigue

radeau sur des boues

à la recherche de la source

emporté vers l’océan

747


toujours en partance

loin des rêves du temps

Psy

L’intelligence ! Quelle intelligence ?

Puiser au fond de la mémoire

où baigne une mare de mots

Les mots fabriquent des personnages, des situations,

produisent du fictif

Extirper au plus loin des solutions à supposer,

à prétendre etc.

748


C’étaient des années ...

C’étaient des années de production intensive

L’avenir était certitude par le don prophétique

Constamment la capacité intellectuelle concevait

C’étaient des années inconnues, pourtant gonflées d’espoir

Qui filaient lentement dans l’infini du sablier

Les mois de puissance cérébrale,

de jeunesse active

s’accumulaient les uns derrière les autres

Eux, dans leur opacité et leur brouillard de rêves

Ne voyaient pas, ne voyaient rien

Ils méprisaient l’effort

Ils ne comprenaient pas,

Ou voulaient ne pas comprendre

Le temps vieillissait entre tes doigts

749


Vie d’écrivain

Les yeux la mort l’horreur la nuit

Silence médiocrité fatigue douleurs

Oeuvre Dieux certitude tout est clair

Faiblesse des sens ignominie de l’orgasme

Déchets de la passion avenir de la pensée

Le bureau, la chambre, les couteaux, le lit

La vitesse du temps, l’intelligence des yeux,

Le retour vers l’esprit, la pureté

Les lumières silencieuses, les lumières

La constance de présence violente, agressive

La perfection du savoir, le savoir supérieur

La volonté élevée, vers quel sinistre ?

Vers quelle incompréhension ? Qui comprendrait ?

Ici-bas suis-je faiblesse, bêtise, honte ?

Personne aujourd’hui, nul dans demain, nul

Perception sublime, intéressée pour l’au-delà

Encore pour demain, pour demain encore.

750


L’âme se nourrit

L’âme se nourrit de sources claires, d’envolées délicieuses. Cet azur est

remarquable. Ce lourd soleil est bon pour moissonner toute récolte renouvelée, tout avenir de

certitude poétique. Il annonce un espoir de gains, de cuivres, de feuilles, d’honneurs. Il monte

sublime et incandescent chassant la nuit honteuse.

Il dissipe l’épaisse charge brumeuse. Il chasse les stupides jugements des humains et

participe à la production d’actions mentales ...

Que de vérités apparaissent aussitôt ! Quel infini langage s’ébat, se développe et

s’élève ! Les procédés employés par l’intelligence sont éclairés de lumineux éclairs pensants !

751


Messages V

Monde élevé

Monde élevé, lumières claires, tendances hautes

La pensée tournoie dans sa circulaire certitude

J’enferme l’œil à l’intérieur

Je détermine l’évidence, la réalité mienne

avec la durée, par l’Esprit

dans l’énergie de l’intelligence

Monde ailleurs opaque

Mais de transparence vraie

Indifférent, voire inutile

Obscur, sale et noir

La dimension du Moi

Exalte la vérité

J’accomplis l’image

Ainsi j’écris

752


Morceaux de vie

Les livres

les écrits

l’Œuvre

la pureté du Moi cherchant l’idéal Divin

la conception du Parfait

Les productions à obtenir

la préparation pour un ailleurs

le Mal

la lampe intérieure

l’intelligence

l’Esprit

Les aiguilles dans la chair

la douleur

La place, la hiérarchie

le petit Christ

la couronne d’épines,

le langage

Quelques filles exactement

soleil - sexe - plage - soleil

753


La pensée vieillit

D’intelligence en intelligence

D’esprit nouveau en certitude d’avenir

De génération en génération

Tu espérais obtenir plus,

Mieux, autrement

Tu espérais

A présent, c’est la fin.

As-tu compris que l’ennemi

Était le temps ?

L’appétit d’écrire

Amuse les Dieux

Aller de la vie à la mort

De la mort à la mort

Pour finir ce que jamais

L’on aurait dû commencer

Être rien, infiniment,

Éternellement rien

754


Qu’est-ce que la vérité

Quand tout est changeable,

Quand rien n’est fixé ?

755


C'était une faible possibilité

C’était une faible possibilité, imperceptible, à peine réelle, presque insignifiante à

tirer d’un rien, d’un Néant. L’Esprit injectait en soi-même de la pénétration, allait sans trop

savoir, en prétendant qu’il y avait ... quoi ? Ce bruissement, ce battement de papillon d’aile. En

vérité, c’était une force élémentaire d’intuition. Il fallait toutefois que cette perception reposât

sur quelque chose de concret pour que l’intelligence prétende y déceler un soupçon.

Rien de plus étonnant

Rien de plus étonnant que cette durée. Toi tu désires produire encore, tu voudrais

canaliser. Tout semble bourdonner dans cette citadelle de l’intellect. Te voilà composé de

bruits, d’accords indistincts, de sonorités douteuses. Tu espères organiser cette étonnante

contradiction. Tu es à l’écoute de l’instant.

756


Messages VI

Les armes d’Oint

Les armes d’Oint, - le chrême, la lumière, l’Esprit, le double Esprit, etc.

sa nature,

Les faiblesses d’Oint, - la présence du Mal, les aiguilles, l’intelligence, l’ignorance,

splendide.

Sa vraie potentialité est dans la certitude du Fils éternelle, constante, céleste, forte et

La lumière insistait

La lumière insistait et cherchait éternelle et superbe à éclairer mes pauvres yeux

gisant dans l’ombre. Je voulais échapper à la pensée grise et terne qui constamment pénétrait

mon esprit. Je croyais voir des possibilités suprêmes d’intelligence autre. Je n’étais qu’un

pantin articulé courant désespérément dans cette chair intime.

Tout mon mal résidait dans les limites de mon aptitude. Je n’avais en moi qu’une

médiocrité détestable bloquant toute recherche de progrès. Je voulais changer cette durée qui

rongeait mon avenir.

757


Nul ne fut plus hanté

Nul ne fut plus hanté ni obstiné - cherchant désespérément les traces de son Idéal,

ayant mis toute sa capacité cérébrale au service de cette éphémère interdite, impossible à saisir

; exploitant à merveille les flux d’activités intellectuelles pour mieux posséder ses instants ; il

était homme à femmes, homme affamé de vérités énergiques et de certitudes universelles.

Il fallait pénétrer, chercher, contourner l’obstacle, déterminer le silence, repousser

les limites où buttent les âmes des poètes, où viennent se fracasser les aptitudes incapables de

produire au-delà, incapables d’atteindre une sorte de finalité sublimée et divine.

Lui, donc, force bafouée, reniée, détruite, méprisée, lui aux confins de soi-même,

désireux de renaître de sa propre énergie, sachant l’invisible, prêt à l’affronter et le

comprendre, détestant la violence, entre le précipice et la bourrasque, l’avalanche et la

profondeur, veut accéder à son immortalité.

758


Au cœur de soi-même

Aux jeunes poètes

Au cœur de soi-même, nuit claire, claire encore et la nuée, voltigeant par mégarde ici

et là pour la source du poème, dans la pensée béante et superbe.

La puissance du vent, la bise allègre, les vallées et les monts, les risques et les

audaces, la certitude défaille dans la vérité du printemps.

son combat.

Rapidement, lestement, il veut, il cherche, jeune homme de haute stature, il accède à

Les forces bouillonnent en lui, il suppute, oscille, il déplace les bornes du savoir,

rejette les limites de la vérité.

Sans Bacchus, sans fumées délétères, à la recherche d’une croissance infinie,

l’intelligence se développe dans un ordre logique espérant comprendre autrement, mieux peutêtre

! ...

essayant.

Le temps est sur sa droite, il va œuvrer - développant ses dons, - du moins s’y

759


Soir d’ignorance

ambulante

Soir d’ignorance

quelle médiocrité autour de moi, d’imbécillités et de bêtise

J’ai l’intensité d’une force inconnue invisible et pourtant puissante comme

autrefois époque où je marchais en moi-même avide d’intelligence pénétrant les

espaces inexplorés de ma première jeunesse remplis d’espoirs lugubres constellé de

lumières fluorescentes la pensée gravitait autour de moi

Dieux, mes Dieux

léger embraser un Moi puissant

et quelle certitude où j’espère Allégrement comme un esprit

Ils étaient tapis dans l’ombre obscure avec présences de violences occultes

accédant à la chair, l’humiliant, l’abêtissant

aiguilles affûtées

Puis une graine de semence comme une parcelle d’avenir malgré le fardeau du mal

et je voulais aller au fond

la violence m’a pétrifié, frustré, interdit

la profondeur

Le Vouloir était fort

les choses associées à l’actif agité et fécond plongeaient dans

Les femmes n’étaient que rêves de chair insoupçonnées et inutiles c’est pourtant

ces femmes qui ponctionnent le temps et transforment le travail en plaisir délétère, éphémère,

enfui ;.

760


A présent je gémis conscient de mon impuissance crispant les poings cherchant à

imaginer l’écrit d’exception

de perfection inaccessible

J’ai récolté des soupirs au milieu de sources

d’oublis, d’espoirs avec résonances faibles

faibles

s’y exhale parfois un écho lointain

Y surnagent des possibilités poétiques semblant s’aimer

serments avec discours

Ô baiser aériens avec

Puis j’accède à cette extraordinaire beauté qui règne dans la plénitude absolue

avec été resplendissant d’orgasmes

Dieux, mes Dieux

léger embrasser un Moi puissant

et quelle certitude où j’espère Allégrement comme un esprit

Cette inspiration offerte d’en haut qui illumine ma solitude intérieure, qui déplace

les bornes de mes rêves et me permet

Oui, friction d’idées de têtes pleines, doublement élaborées, avec poussées de

volonté de savoir pour le livre nouveau !

761


D/Dd

Divergence / distance intellect

c’étaient des résidus possibles

des espoirs, des attentes

dans une brassée d’inspiration

C’était une tentative vaine baignée de tourments

accouplement de mots

qui n’engendrait que des pertes

Ombre et critique d’ombre

pour

RIEN

762


Une immense fatigue

Une immense fatigue, un besoin de repos dans un vide qui plonge indéfiniment pour

aller y puiser quelque substance d’intelligence

de nouveauté

Concevant encore un paysage de mots par

la magie de l’extraction

- sorte de puzzle, en vérité

763


Résonances I

L’âme plonge

dans le vide créateur

La pensée foudroyée

est morte, est vivante

du moins sa lumière

est phosphorescente

Au plus profond,

Penser est un vice

La fille s’étire

avide qui se dévide

est un infime

tout élan

commencement de l’intelligence

dans le peu, dans le mièvre

il y cherche des preuves

Il construit dans le rien,

L’univers en soi

Étire sa toute puissance

764


L’écrit/le risque/le cul

L’écriture / la production/ La fille belle, invisible, ima

L’espoir / la volonté ginée, d’impossible perfection /

Intellectuelle / l’avenir Le sexe / le sexe / l’érection /

Mon manque / ma certitude L’éjac / l’éjac cul / la tion

De faiblesse, d’inutilité /

Le fouet / les menottes / les pieds,

La formation / Dieu comprendra La jouissance / dominant / dominé /

Le Saint aidera / - je m’en Encu / Enculé au quotidien

Sortirai / Ils ont des consciences / Par les banques le pouvoir /

Ils peuvent juger / le temps implac le travail / le profit etc. :

cable qui file, fuit, dis / Tranche de vie - quoi ! -

Paraît.

La crainte, constante / l’avertissement /

La détermination / le risque /

La bêtise, le ridicule / le vouloir

Le progrès, le savant / Pourquoi

Cette peur ? N’est-il pas là ? Pas là ?

765


Alors ?

Toujours le jour de brume

nulle éclaircie

l’énergie fantastique de création intense,

qu’en firent-ils ? En avaient-ils réellement ?

dans les rues nerveuses de l’intelligence

la virtuosité du mouvement voulait capter

quelques messages

alors ?

766


Absence de femme

Absence de femme

Je me libère de la soumission

Je jette les pieds, les odeurs, le triangle

Je fixe mon temps, je m’appartiens

Et ce silence devient fertile d’écriture,

De pulsions intellectuelles,

D’infinis, de recherches,

Absence de femme,

J’exploite mon énergie

Je pense ma matière

Je déifie la beauté,

Je transforme, déplace, prétends.

Ces petits outils que sont les signes,

M’appartiennent, m’obéissent, exécutent

Je conçois la chair autrement,

Avec vice, avec pureté

767


Cet instant de mort me semble peu

Je veux y ajouter - mais quoi ?

Autre forme, autre matière

768


Résonances II

Le poète

Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se faire et se défaire

du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour avancer rationnellement. Il croyait

parfois accéder à quelque chose de délicat, de difficile. Il ignorait que la résistance était en

science et en science appliquée.

Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée de sa propre gloire,

- enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.

Il reste

Il reste. Humiliation, médiocrité, honte, faiblesse, certitude du peu, de l’insignifiant.

Il y a. La science, l’intelligence, les hommes ensemble, travaillant pour resplendir, pour

aller vers l’avenir.

Le poète lui se renferme sur ses livres dérisoires qu’il contemple comme des archives.

Les mots éclatés

Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.

769


Je relis sans patience, sans méthode, sans principe Mallarméen, sans alchimique effort.

Quelques explosions sporadiques !

Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !

ce qui vibre, s’exulte, s’expulse

dans le souffle de l’écriture

s’obtient faiblement

Mais que faire ?

770


Séquence interne

Séquence interne qui palpe

qui s’exprime,

qui attend

Le vide dis-tu remplit ta solitude

Tu recharges ton âme

Tu repenses avec autrui

Tu dérives, exploites

l’intelligence des écrivains et poètes

sur le bord de ton cercle, tu te penches

tu agites le miroir

771


La nymphe

Conçois cet instant où elle se fige

elle s’assoie, se lève, revient, pense

la fille aux jambes hautes

les doigts sur tes doigts

te permettant d’écrire

Nous sommes sur l’axe de la pensée

Prononce-t-elle quelques mots ?

S’extirpe-t-il un rire

des syllabes mouillées de salive ?

Plonger dans sa bouche,

y extraire des fruits d’extase

Ses seins, ses pieds, cercles de femme

cette nymphe commune envahit l’intelligence

772


Méditation

Je médite sur l’aptitude scientifique

Sur l’essor formidable des techniques appliquées

Je pense à la pauvreté littéraire,

À ces hommes travaillant cachés entourés

D’un mur de livres et s’essayant à écrire

Chacun pour soi, sans synergie d’intelligences

Il y a pourtant de grandes œuvres,

Le poète peut-il se comparer au savant ?

Je m’éloigne - le public lui depuis longtemps

A opté pour la science, et méprise aisément

Le faiseur de vers. Plus encore demain l’écart

Grandira, et le poète ne sera plus qu’un bouffon

Méprisable et ridicule. Il s’en retournera

Avec ses rêves, ses utopies, ses médiocrités

Qu’il sera le seul à apprécier ! Le seul !

Y a-t-il pourtant bonheur de l’intellect ?

Satisfaction à composer, à extraire, à produire ?

Est-ce le bonheur de l’aquarelliste,

De la brodeuse de napperons ? Qui parle

De grandeur, d’élixirs, de gloire ?

Il veut triompher de l’éternité, et toujours être.

Être ! Avec quoi ? Avec ses piètres poèmes ?

773


Ô savant que penses-tu du poète ?

Te fait-il aimablement sourire ? Et quoi,

Quand tout aura disparu, quand la trace

Insignifiante de l’humain sera effacée ?

Quoi ? L’espoir est là-bas peut-être.

Y aura-t-il repos et bien-être

Où la mémoire active sera honorée ?

774


Les songe-creux

Accumulez autant de poèmes que vous pourrez

Épanouissez-vous, considérez la hauteur

De vos ambitions, libérez-vous, engendrez

Du soleil sous la grisaille de vos écrits.

Oui, travaillez et travaillez encore. La chair

De la femme n’est que faiblesse. N’oubliez jamais

Cette vérité. Les femmes aiment l’argent, elles

Détestent l’insouciance du rêveur. Tous les

Songe-creux doivent mourir ou disparaître.

L’effort de l’intellect doit s’accompagner d’abondance

Financière, d’or entassé - L’effort : cette oeuvre

Produite par votre raison, qu’elle ne s’envole pas

Dans les gaspillages de l’infortune ! Allez rieurs

Dans la sinistre tombe pour ne rien regretter.

775


L’effort

Résonances III

Caché, enfoui,

Subissant sa propre dérision

Essayant de s’en défaire

La raison pour certitude

Le sens exact jamais trompé,

Toujours vrai,

Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,

À bondir,... enfin ...

Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,

Combiner, exploiter, utiliser autrui,

Sa substance, son génie, le dériver,

Le compresser, le condenser,

En vérité,

Travailler avec l’intelligence.

J’ai besoin d’une force

Pour que la Nuit fructifie

Pour que le Mystère s’éclaire

Je m’exalte d’une immense joie

776


L’a-vérité

J’obtiens une a-vérité qui est à côté,

Qui se conçoit dans l’âme, que l’on prend, jette,

Qu’il faut étudier. Elle peut servir, être

Une sorte de catalyseur d’intelligence, elle peut

... Si l’on veut s’en servir.

Elle ne sert pas à détruire l’autre,

Elle cherche à s’unir, à s’associer.

Grande est sa difficulté à exister, elle évolue

Dans le rêve. Elle est la reine des pensées.

L’Aveugle s’en défend, s’en glose,

Dénigre, méprise,

Le Critique poétique l’exclut

De son mécanisme cérébral,

Le lecteur ? ... Il n’y a pas de Lecteur.

777


L’image

L’image n’est jamais achevée,

Elle s’adapte à toute forme d’intelligence

Chacun la reçoit, l’interprète à sa guise

Son origine n’est pas dans la pureté de l’esprit

Elle n’est qu’un principe associatif, combinatoire

Niche en A avec Niche en B,

Variables d’éléments de A avec

Variables d’éléments de B

Éléments de A dérivés

Éléments de B dérivés

778


Sagesse

Produisez autant de poèmes que vous pourrez

Ayez soin de votre ambition, tourmentez-vous

Accélérez le mécanisme de votre crédit

Soyez zélés pour autrui

Tous les poètes sont fous

Considérant leur propre valeur

Préparez-vous à votre sort funèbre

Dès la vingtième année de votre génie

Démontrez l’effort de votre intelligence,

Prouvez, argumentez,

Et vous irez bienheureux

Dans la tombe de votre misère

Quelle œuvre sublime pensée par vos mains !

On vous nommera, vous passerez - cela est certain

Les têtes blondes s’instruiront dans vos textes

L’éducation nationale vous fera une place de choix

Et cette statue sur la grande place,

C’est vous peut-être !

779


À moins que craignant votre Seigneur

Et vous sachant fourmi parmi les fourmis

Vous quémandiez le pardon et la miséricorde

Trop heureux de sauver votre vie ! ...

780


Qu’est-ce écrire ?

Le poème insiste, s’arrache, veut s’extirper de ce dédale verbeux et sirupeux, il s’active et

prétend s’extraire de ce labyrinthe de l’intelligence où la créativité loin d’être une fille

splendide de l’esprit, n’est qu’une marâtre détestable et méchante inapte à offrir les fruits

sacrés du sublime ...

On pénètre au-dedans pour aller au dehors. Par quel chemin ? Quelle voie ? Qui a bien pu

laisser quelques traces à suivre ? Sont-ce des encombrements, des surcharges de l’aptitude de

l’autre, de vulgaires réminiscences ...

Ces désirs verbeux, ces blancs insipides entre les fragments disparates, ces silences de

ponctuation participent à l’élaboration d’un discours final ! Il y a donc intensité, vivacité,

éléments de nerfs.

S’assurer un passage, avancer ça et là, jalonner des endroits qui ont été sélectionnés par

l’intéressé. Avancer dans du rien plutôt que dans un espace, est-ce cela écrire ?

781


Ta Phèdre

Avec colère, avec violence, avec volonté

D’aller outre, de gagner, de l’emporter,

D’extraire des potentialités intellectuelles ou

Artistiques - à chacun sa mamelle ! - Toi,

Tu meurs soulevant encore des apothéoses inconnues,

Nues de gloire dans ce désert tragique d’oublis !

Tu te perds dans des tourbillons d’amertumes, de sucs acides

Ou gras de certitudes comme un bourgeois à la panse

Écarlate ; tu comprends l’ultime décennie que

Tu n’as pas su perpétuer le miracle d’autrefois,

Tu agonises dans le néant de ta propre merde

Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant

La suppliant encore, ta Phèdre en porte-jarretelles

Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.

782


*

Elle s’élargit enfin

Dans l’espace intérieur

Elle déplace la frontière

Elle prétend savoir

Elle pousse l’inconscient

Se fortifie sur l’intuition

Active l’imperceptible

Elle est dans la durée,

Dans l’espace-temps donné à tous

Elle arrange des éléments

Préexistants, elle les modifie

À volonté et produit autre chose

Pour la spiritualité

L’intelligence, la création, etc ...

Est-ce travail habituel de la pensée ?

783


Contre-ut

Je ne sais que trembler,

trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,

de l’impalpable, du cristal,

Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.

Je ne fais que vibrer

Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe

intellectuel. Je suis devenu une vibration

Impossible, irréelle, délétère.

J’accède à une forme

de conscience épurée, translucide, je rejette

la confusion. Je reconstruis le monde avec

des concepts autres, nouveaux, interdits.

Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.

Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation

De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,

Je sais pertinemment que rien ne restera.

784


J'avance dans la pureté

J’avance dans la pureté, l’œil ouvert

Je perçois quelque peu la lumière

L’intelligence est en éveil - conscience ...

Je vois des mots, je commets une erreur.

Je les prends, les arrache, les fait tourbillonner

La phrase se déchire, nulle pensée ne s’élève.

La pureté.

Ces lettres qui s’accumulent, s’engendrent

Que l’on déplie sur un long film

Et cette encre qui a nourri la pensée,

Pour lui faire pénétrer la matière

C’est un enchevêtrement de signes à l’infini.

On lit, on trouve cela faible,

On comprend mal comment la mémoire

Peut engendrer de telles possibilités.

Cela paraît insuffisant.

Un tas épais de feuilles pour mourir en hiver,

Pour oublier l’absence poétique

Dont ils n’avaient que faire.

785


L’effort

Caché, enfoui,

Subissant sa propre dérision

Essayant de s’en défaire

La raison pour certitude

Le sens exact jamais trompé,

Toujours vrai,

Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,

A bondir, ... enfin ...

Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,

Combiner, exploiter, utiliser autrui,

Sa substance, son génie, le dériver,

Le compresser, le condenser,

En vérité,

Travailler avec l’intelligence.

J’ai besoin d’une force

Pour que la Nuit fructifie

Pour que le Mystère s’éclaire

Je m’exalte d’une immense joie

786


Résonances IV

La conscience se meurt

La conscience se meurt

Dans la certitude du jeu

Intellectuel de l’écriture,

... C’est blasphème de honte,

C’est coffret de lettres

Agencées maladroite-

Ment pour un résultat de

Faiblesse ridicule !

Et rêve tristement à

Quelque espoir égaré

Dans un futur scientifique

Interdit, inaccessible

De beauté pure, d’idéales,

De formules parfaites ...

787


Accéder à

Accéder à l’épuisement sublime

éternellement seul en plénitude du Moi

Prétendre s’élever encore,

exploitant à merveille l’énergie mentale

déployée en son extrême

puis en apothéose d’agonie mourir enfin !

Sur l’ordre de sa voix produire encore

dans cet espace-risque où la pensée

se nourrit d’imaginaire

Concevoir de l’inconnu,

....et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase

accidents et faits mentaux dérivés,

combinés, extrapolé

Tu redoutes de rencontrer

tu préfères fuir sur du délétère

788


Tu erres sur des traînes infinies

qui n’ont nulle plénitude d’avenir -

la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre,

qu’une variable de combinaison douteuse

L’oeil se remplit pour l’intérieur

tu inventes la réponse - nulle question n’était posée

la vérité se déploie comme un arc-en-ciel

La route est certainement mensongère, mais que faire ?

En cesser-là ? Poursuivre toutefois ?

Déplace les distances - et insiste encore.

Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer !

Est-ce aventure de poète ?

Va, rampe, progresse, - jamais renoncer -

pénètre

Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain !

Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix

oui, là, là-bas, à l’affût

Peut-être découvriras-tu ce que

tu t’étais évertué à fuir ?

789


Oui - toujours s’obstiner

avec aptitude et force intellectuelle mêlées

790


C'est ignorer le beau

C’est ignorer le beau, l’offre poétique,

la volonté grecque et latine

est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ?

Faut-il rendre absent le monde ?

est-ce possible, d’ailleurs ?

Je gère ma fuite, ou construis ma maison

Je doute au fond du puits

Si je constate l’intelligence de l’autre,

je la veux en alliance

C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir

791


Résonances V

Le parcours de la conscience

De nulle part. De l’éphémère insoupçonnée comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. A la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,

De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant

Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

A moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et

J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

792


Le chemin de l’âme

L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience

D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité

Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -

La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.

La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?

Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,

Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !

La modification proposée pour le Christ, le dessein,

La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.

Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour ... ?

La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,

De perceptions, les rapports, les constructions etc.

Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?

793


L’être subissant

Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.

Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,

Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche

Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre

Accéder à un état purifié pour changer mes relations

Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.

Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,

La logique, le sensible, le saut etc ... les outils -

Rationalité, expérience, futur - le matériel, et

D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation

Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.

Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.

Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.

Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?

794


La détresse

La détresse. La conscience du faible, du peu,

De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.

Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,

Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.

Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi

Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,

D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,

Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la

Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.

Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe

Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,

Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.

C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,

Quelque chose de pur et de surnaturel ...

795


La stratégie pensante

La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.

La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.

La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas

A la manière de Nietzsche, débouchant sur un

National-social - SS et Shoa, mais Soi

Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient

La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence

Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître

Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être

Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,

- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.

S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !

Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !

Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.

796


Circuit artistique

L’art nouveau venu du précédent ; la science évolutive.

De l’opacité à la lumière par étapes et strates successives ;

Enfermons-nous pour comprendre à plusieurs, pour trouver ;

Le Moi associé à Autrui, pour aller ... vers le sens de l’Histoire !

(C’est dans l’ordre des choses ! C’est le sens de l’histoire !

Détestable fatalité et acceptation de l’homme. Est-ce

L’ombre de Dieu qui rappelle à l’homme sa nature ?)

Lui dans son for intérieur s’ouvre, il offre son Oeuvre

A l’Autre. De la théorie poétique, le désespoir !

Plus rien, trop faible, passé dépassé. Mais travail,

Actes intellectuels. Acceptation et attente. Devenir ?

La mort ? La belle mort resplendissante de roses, de lauriers,

Quelle valeur ? Le langage, les signes, la poésie, - quel futur ?

797


La part du mystique

La part du mystique, les éléments sacrés, le destin

Religieux, la Quête du Sacré. La provenance

De l’être et sa finalité. L’acte de purification.

Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante

Insignifiance de l’être. La conscience, les limites

De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les

Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.

Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec

Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai

Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,

Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.

L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit

Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur

Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.

798


Vecteurs et tracés

Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité

Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant

Du vrai. “ La loi de la gravitation ” était dans l’air du

Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;

L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité

Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;

“Les voies de Dieu sont impénétrables. ” Il faudra penser,

Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.

Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,

Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;

La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux

En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du

Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.

Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.

799


Subsistance

La conscience de son incapacité à aller outre. Les

Déterminations de ses propres limites observables reçues,

Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.

“ Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela ”.

Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “ Mal né ”,

“ N’est pas au bon endroit ”, les obligations - engendrent

De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même

L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,

Indécisions, dissimilations. La curiosité

N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà

Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.

Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture

Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce

Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?

800


Activités de l’Etre

I

Existence et Être en dehors des capacités de notre

Entendement des vérités inconnues mais vraies, de

Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut

L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?

De la perception ultra. Parviendra-t-il à une

Détermination suffisante de leurs essences et contenus ?

C’est l’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui

Permettrait l’accession aux vérités échappées.

C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet

A l’Être, utilité économique, philosophique ou

Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,

Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés

Pour le rendre existant. La définition de son caractère

Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?

801


II

Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme

Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,

Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement

Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester

A demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas

Uniquement un problème de langage mais d’outillage

Cérébral.

Le troubadour de l’artifice, l’employé

Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement

S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto

Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa

Raison. Non pas entraver l’oeuvre ou le travail, mais

L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.

Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,

Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes ...

802


Le vrai philosophique

Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,

Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans

Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,

De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou

Axiome, ou indécidable.

La philosophie comme

Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,

D’où son matériel, son aléatoire, ses autrement. CAD

Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.

C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.

Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel

Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?

Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il

Lui donner des règles, des carcans ?

Le vrai serait

Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !

803


L’audace spéculative

L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître

Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-

Met l’embrouille, le manquant, le saut, le risque.

Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit

D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !

Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa

Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis

Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller

Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.

S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.

Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.

C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une

Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret

Et du réel pour un dessein de futur accompli.

804


L’un et l’un

Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “ l’être ”.

La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.

Introspection psychologique, désir absolu de comprendre

Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,

Avec son langage, son espace, ses structures.

Comment

Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut

Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,

“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par-là

Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger.

Le langage permet d’articuler les combinaisons,

Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.

Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.

À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps

Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?

805


Insister, c’est espérance pour l’esprit

Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?

Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.

J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

806


Résonances VI

Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

807


L’action totale

L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité

Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.

Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps

De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul

Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits

Qui engendre le progrès ;

Elle seule - possède du manquant ;

parts de vérités ; elle et

être implique :

Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …

Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.

Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;

Le Savoir se prétend en soi-même ;

à quel degré de valeur

Peut-on considérer “ la Vérité absolue ” qui agit là en soi ?

808


Rassembler en soi

Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,

Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.

Non pas mettre à sa disposition la totalité du

Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour

L’action. Car il y aurait charge, usure et poids

Inutiles de l’intelligence.

Le péril de l’intelligence

Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre

À la disposition de la conscience les outils nécessaires

À l’élaboration de l’action.

L’étude doit définir

Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-

Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :

La maximisation d’un volume de chaîne HIFI ; la potentialité

D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?

Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il

Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure

De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.

809


Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -

Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.

810


L’emploi de l’autre

Je suis où je puis

dans la mécanique et le labyrinthe cérébral

constructions interdites avec élans neufs

Je regarde Paz, - j’ai :

sculpture qui devient matière intellectuelle,

magma

étincelle lumière / génie

soleil énergie intense

rituels mémoire du passé - connaissance des anciens

Le corps et ses langages : nul intérêt

L’idée fixe ?

Par Paul - pas maintenant

Lui propose : des : plantes grimpantes de l’air

sous des arbres de vent

des : manteau de flammes inventé

et dévoré par la flamme

En vérité, j’ignore comment exploiter l’autre,

Je voudrais mais ne puis.

811


Ainsi j’offre des solutions banales et

insignifiantes

Autrement, demain.

812


La constellation irréelle

Est-ce toi, toi dans ta virtuelle réalité

de mensonges, de doutes et d’audaces d’écriture ?

Tu te conduis avec raison

pour élaborer un édifice.

au quotidien

Ne sont-ce pas de vaines constructions délétères,

infinies et inutiles ?

Est-ce élan ? Aptitude cérébrale qui offre

et organisme des produits de l’intelligence ?

N’est-ce pas faire preuve de prétention que d’oser

employer un tel terme : intelligence ?

Tout est pour l’intérieur. Autrui te détruit, te persifle,

te ponctionne, te méprise. Cela ne les intéresse pas.

Ils ont autre chose à faire. L’autre, oui - vous, non,

répètent constamment les éditeurs

Tu n’es pas réel - tu es un souffle transparent

qui disparaîtra avec sa mort. Tu es le manque, o mon absent,

mon silence, mon caché, c’est encore un en-toi.

813


S’il y a clameur, elle est interne - étouffée -

sachant à jamais confondue.

Pourtant tu le hurles sur cette feuille de papier.

Quelle force t’impose à l’écriture,

à le dire, à le proclamer ?

Ton désir est bien de construire

sous la constellation irréelle des étoiles poétiques

qui passent et disparaissent.

814


I

Pur désir mécanique esclave de l’insomnie

entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique

avec du rien dans son désert

cher inutile cultivant ta médiocrité !

L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire

Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -

Exact !

Des mots en synergie d’actions - du moins le croire

Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.

Ils pénètrent des vulves et je m’essaie

à des jouissances spirituelles quelle rigolade !

C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment

élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !

Et surtout les cacher,

ces poèmes de l’ombre !

815


Suites / Relances I

Soleils annonciateurs

Soleils annonciateurs d’idées nouvelles

Que l’on griffonne sur les vieux murs de sa raison

Inspiration qui souhaite repartir fortifiée à nouveau

Dans le long chemin intérieur

Avec l’intelligence à ses côtés

Grand matin d’espoir avec conscience éveillée

Dans le silence, l’attente et le désir

Avec les morts aimés, les grands révélateurs

De la poésie d’hier - essayons de produire

Etendues reflétées sur le miroir littéraire

Avec vagues, flous et audaces d’avancées

Nouveaux espaces balayés par l’or des feux

D’autrefois, avec beautés et ordres premiers

L’élan créatif se veut agencements réguliers,

Constructions claires sur le zéphyr inventif

816


Amours poétiques sur l’aube éclairée de senteurs

Nocturnes, désireux de chercher un soleil de grâce

Que puis-je, moi avec tous ces éléments, ces images

Audacieuses produire d’utile et d’enchanteur ?

Tout s’en retournera, peut-être, à jamais dans le

Dérisoire et le stupide du sommeil éternel

817


Des espaces, des lieux

Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,

Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles

À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches

Ce qui les sépare - ce qui les convertit.

Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.

Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement

Des moments de l’activité humaine ?

L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant

Et relevant les images floues, s’octroyant

Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.

Le propriétaire de Soi.

Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,

Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,

Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?

818


Dans le ciel cloué

Suites / Relances II

Dans le ciel cloué le noir d'un nuage

La violence marquée au plus haut

Je vole sur l'aquarelle haineuse

J'invente un fantôme chargé de mensonges

Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas

Fort, accablant toute pensée.

J'associe avec

Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot

D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous

Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau

Lumineuse ou phosphorescente.

Mes paupières

Des lancées claires sur un brouillard sombre.

Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme

D'activité intellectuelle qui façonne ou organise

Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.

819


Sur l'écrit à paraître

Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà

Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle

De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume

De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.

La façon de se plonger dans l'obscur - une substance

Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées

De fluides, des magmas de sens - syllabe qui se

Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,

Se fortifie, offre la vibration - l'incident en

Quelque sorte !

La mémoire valse, la tête s'obstine

A sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-

Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste

Et personnelle. Encore un horizon inachevé,

Un regard dédaigneux sur l'écrit à paraître.

820


*

Les poèmes sont des torches vivantes

Qui n'éclairent qu'eux-mêmes

Pour quelques instants.

Le soleil de l'intelligence

Dont la lumière est vitale

Gerboie d'autres feux,

D'autres substances et nourritures.

Dans le Néant de la chimère

L'âme, reine orgueilleuse,

A la cour d'elle-même,

Egoïste et persiflante

Se prévaut de sa grandeur.

La sagesse de la raison

Est de craindre l'immense créateur.

821


*

L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,

décomposant en cent mille paillettes les infimes parties

du Moi, ici et là cliquetis de phosphores

désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,

ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté

parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,

de la sublimation et du créatif.

Pénétré ces formes curieuses dans l'ardu et le sensoriel,

le subtil et l'évaporé, avec le mécanisme cérébral propre à

chacun ; déchiré ce labyrinthe de papier ou l'emprunter avec

un système de déduction et de compréhension,

voilà ce que peu de personnes s'essaie à faire, préférant

l'image facile de l'écran qui passe et disparaît au détriment

de l'image de mots plus difficile certes à concevoir, mais

dont la substance rare tel un parfum éternel embaume

l'âme de l'amateur.

822


Suites / Relances III

Son but

Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe

De son âme était pour lui un jeu intellectuel,

L'univers du poème un espace curieux à

Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, par-

Fois. Etait-ce une passion, un vice, une dose

D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de

Déterminer sa propre limite, reconsidérer son

Complexe, élargir les moyens de comprendre.

Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations

Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte,

Il prétendait... Mais ce n'était que chimères,

Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi,

Que folie permise par un idéal poétique rêvé :

La probabilité réelle de sa réussite était nulle.

823


Les miroirs J. L Borges

Je me demande encore, après maint jour et mainte

Nuit perplexe sous la variété des cieux,

Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux

Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.

Miroirs, cieux, surfaces, espaces

Fragile et éphémère, poète tremblant dans le

Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets

Infinis avec l'impossible qui côtoie

L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,

Et de pulsions émotives ;

mais encore, - azur qui

Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans

Un ciel irréel ; lac, surface lisse où

La pureté d'un cygne vient troubler le

Repos du dormeur.

Variétés, formes du hasard

Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de

Tisser les lis avec subtilité !

824


Miroirs, cieux,

Surfaces, espaces pensés et regardés comme un

Hasard modulable, lieu du questionnement où

L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.

825


Il faut donc s'enfoncer

Il faut donc s'enfoncer dans l'au-delà et le mystère,

Pénétrer un espace nouveau où les lois, les principes,

Les systèmes de valeurs sont différents avec la crainte,

L'angoisse, la condamnation, l'incompréhension d'autrui,

Avec le droit à la haine, à la souffrance, à la

Cruauté. La juste malédiction ! Le rejet !

Ou

Encore l'amour, l'amitié, la fraternité, l'intelligence,

Etc.

826


*

Soudain de bifurquer en soi ailleurs

(Ce que coûte de sueurs cet obtus pensé ! Que puis-je en tirer de cette exploitation

minuscule ?)

L'édification incomprise ! L'émancipation stupide ! Une ivresse stabilisée, un vent de

sable en mouvance, un projet avorté dans une immense médiocrité.

La reprise des mots pour une profondeur nulle, la volonté d'absence, le choix du langage

à sa table, l'application inintelligible.

De la nausée dans ses courants.

827


Suites Relances IV

Toute chose...

Toute chose comme de produire n'importe quoi avec du

matériel insignifiant, d'associer des sons et des idées, de

symboliser l'abstraction, de dériver le centre, de rapprocher

les traits, - toute chose avec la toile à plat pour déterminer

l'équation exacte à déplacer. Et de produire, encore !

Ecrire, écrire !

Frappée de saveurs, elle n'est pourtant qu'un essai

prémonitoire dans l'éphémère du temps. Elle purifie le

symbole, reconsidère le signe, synthétise l'idée claire ou

extrait des substances inconnues. Elle s'approprie un espace

pour l'approbation de la suprême application.

Elle veut concevoir l'Unité, le vrai associé sur sa dimension

de papier. A l'intérieur de l'intelligence elle a décidé de

rapprocher les distances, de lancer des liens, de rendre

compatible l'ambiance interne. C'est toutefois un espace de

raison où l'imaginaire assure sa continuité.

*

828


Amas inutiles d'œuvre, ô médiocrité, ô tristesse alanguie

et là-bas ce sont des propos inintelligibles. Le poète plonge

dans ces vasques d'or à la recherche de quelque anneau.

*

Celui qui pense-là,

Avec le poison dans sa bouche ;

Je lance la trace,

J’expulse l’éclair.

La profondeur pour l’incertitude,

L’errance sans l’intelligence.

Tu bondis avec le doute,

Les applications sont vides de sens.

Et tu prétends que la lumière

Etait venue comme un appel de Vérité

Déployant son ombre,

Déterminant une marche à suivre.

Ombre-lumière : la bouche expulsait

Ses sublimations sanguinolentes.

829


Suites Relances V

Qui pénètre par la croisée

Se veut voleur de savoirs

Je lui ouvre la porte

Et lui conseille

De ne point passer

Par la cheminée

Je lui donne mes dictionnaires

Mes almanachs et ma connexion

Au réseau

L'intelligence pure va outre

Accomplit de surprenants sauts

Refuse l'apprentissage

Et prétend ajouter

Sur les Anciens

830


Pensées sculptées

Les murs transpercés, l'haleine lourde, la pensée offusquée, les rires

détestables, l'élan cassé, l'intelligence paresseuse, l'orgueil aux abois,

et cette détestable volonté tentaculaire d'aller au-delà, de vouloir mieux.

En deçà, la lumière bleue parfois vacillante - la mienne,

intermittente qui se love contre l'esprit

Est-ce folie

831


*

Dans la forêt de l'intelligence se répand

une femme douce et généreuse

Pour restituer le chemin à suivre, la lente avancée

avec le doute et ses extrêmes

Bien sûr ! jamais ne pars, je fonds dans sa trace

pour l'écriture hachurée

Elle s'obscurcit puis s'éclaire par la flèche évocatrice

et s'effondre dans les buissons épineux

Paroles, paroles appliquées comme une gerbe

phosphorescente - c'est une fuite vers l'avenir

Mais quel espoir pour être ?

832


*

Sous mes yeux, pensant.

La tenir un instant en soi,

puis souffler sur cette respiration

Fuyant, indécis encore à disparaître

- là contre l'humeur - j'applique

La pensée pénétrante,

douloureuse comme le venin

Puis la transparence de la couleur,

pour la pureté extrême

- descendant aux aurores, m'agrippant

toujours à quelque chose d'inconnu

- extrapolant - ô l'air vivifié ! - l'air

Là où l'intelligence prétend creuser

833


*

Sachant et quémandant

Un savoir autrement

Esprit de petites choses

Qui supplie la métamorphose

De ses bases connues

Toute science suppliant !

Aimer et comprendre

Se purifier, apprendre

Et voler maintenant

Pour atteindre l'Eternel

Transporté et ravi

Dans l'ère du Paradis,

Conscience et sans ailes !

Espérer un esprit

Doté d'entendement

Lumineux et qui prie

Et implore nuitamment

Toute science suppliant !

834


Dans la nuit ténébreuse

Transportée, éclairée

L'âme radieuse

S'envole exaltée

La haute intelligence

Et le sublime savoir

Font vœu d'impuissance

Jurent leur dérisoire

Et quémandent au divin

Toute science suppliant !

Pouvoir se vaincre et se convaincre

De s'en retourner à l'innocence

Et toujours se nourrir

Des fruits de la souffrance !

Que l'amour de la Sainte-Trinité

Nous délivre de nos péchés

La transcendance et la clémence

Soufflées par la Divine Essence !

Et Jésus Christ saignant

Toute science suppliant !

835


Endormies sur le feu

Plus profond en toi

Plus profond, en toi en moi pour l'haleine du plaisir

En avalanches de chair - cette saillie est faible

Est-ce orgasmes et les nus désespérés souffrant

Quémandant des lueurs exaltées - quémandant

L'enchevêtrement des corps pour des ruades archaïques

Quelle évolution ? Est-ce intelligence sexuelle ?

*

Pour toute beauté

La croix du Christ

Pour toute intelligence

La science de L'Esprit

Pour toute puissance

La Force de Dieu

836


Les Roses ensevelies

Elle, pensée

Elle, pensée, de ne pas

Non accessible à l'intelligence qui la conçoit

En vérité idéale demain

Sacrée, pulvérisée, avançant

Qui estime mon absence ? Qui ?

837


L'usure des chairs

C'est s'enfermer dans des muqueuses et de s'y plaire en résigné

Les intérieurs - l'ultime est de se comprendre

L'usure du corps, la destruction de l'intelligence, la concupiscence pour d'autres chairs

Les souffles rapprochés, l'enlacement sinueux des droites et des courbes, les muscles

affaiblis puis le tendu viril

La volonté les buttées les gémissements le doux languir qui perpétue l'élixir et la grâce

Comment de cette distance à toi, comment, et encore s'imposer ce pseudo paradis en ce

consumant sur nos veilles ~ brûlant, s'évanouissant puis renaissant ? Comment ?

838


I

Appliquer avec l'incohérence cérébrale cette nuée claire d'espoirs et d'exils, ces fluides

ballants - ces giclées impossibles - Délaisser l'analyse perverse et critique, rendre intelligible

l'improbable - ceci est une simple esquisse à grands traits de l'acte d'écriture.

II

C'est certes une volonté de calculs avec des modèles, des syntaxes, des principes de

dérivabilités, d'extractions, d'exploitations.

839


L'autre cité

L'autre cité tu t'aventures encore à

L'affût de quelque spectre rare diapré en

Couleurs irisées recherches de brumes éclatées

D'évanescences obscures d'incendies rougeoyants

Recherches

Les néons le mouvement caché la rumeur des

Ruelles il n'est pas de lumière dans l'univers

Clos à droite, estrades, putes asphyxiées

Mais celles-là mêmes : friandises rapides bois

Cieux sereins

encore avance et titube

Dans le crépuscule don intérieur aux heures

Incroyables Là-bas Académies, Aréopages :

A éviter

Oui, la fluide lumière, généreuse

Et productrice, avivant la pure application de

L'esprit du moins l'intelligence le prétend encore !

840


En chairs si douces

Des tenues claires en Eve d'apparat avec de

L'or entre les jambes. A l'infini, puisant et

Remontant. Bel amant présomptueux en subtiles

Tentatives rectales imaginant l'interdit. Pous-

Sières d'orgasmes en jaillissements multicolores.

Bienheureuses après ruts tendres et désirs recom-

Mencés.

Derrières elles, ou sur le flanc, rampant,

Léchant - succulentes goulées nocturnes - ou

Giclées en gelées exquises. A vous de prendre, à

Vous. Quémandez, suppliez et implorez

Encore !

Rendant heureuse l'intime prestation noc-

Turne de vos délires corporels, ensevelissant

L'intelligence ou la réduisant à un état de vas-

Salité féminine, il est bon de mourir en chairs si douces !

841


Ego cherche

Et par quels procédés, quelles fixations, quelles convergences

~ d'intellectualisation pure ~ pour quelles essences de soi à soi, en

donnant à Autrui ? Quelles fluidités claires ou orageuses à expliquer ?

Mais encore ? Avec du vent stellaire, le tout-possible des aïeux ~ où ?

Quelles dimensions extensives, en quelles rafales de souffles inédits

Ordonnées, désordonnées, d'Alpha jusqu'à Oméga pour exploser en synthèses inconnues ?

Sublimes véhémences en plénitudes d'acquis avec des poudroiements différenciés dans

des extases lyriques, ~ là encore, encore pour un déluge inconnu à inventer.

Ego cherche, ego vainement en attente insensée pour une aberrante potentialité

universelle que jamais il ne parviendra à espérer.

842


Les deux sources du désir

Hors de ces tourbillons d'orgasmes et de jouissances,

De ces micro-suicides de chair - éloigné de ces

Appâts aux formes parfaites - à cent

Mille lieues de corps désirables aux beautés a-

Languies.

Vais-je percevoir l'idéal spirituel

Ou converger vers la sanctification du bon

Croyant ? Les deux sources du désir ne s'opposent-elles

Pas ?

L'époux dit : tes seins sont deux faons

Rebondis et succulents. Le sang et le miel, le

Miel du bon lait et le lait se compare au vin.

O boissons, aliments, ambroisie et nectar,

Désirs avides et abondances miraculeuses !

L'amour

Est une affection de chair et d'esprit, Christ et Vénus

Un bas-d'élévation, des soupirs d'intelligence.

843


Toute image rejetée

Exilé au futur par la pensée tracé

Au travers de l'apparence avec résignation

Rien cherchant à s'en saisir rien encore

Figurant l'immédiat déliant son attache

Soi-même dans son silence fixé à l'apogée

Inaccessible à l'âme

toujours il veut jaillir

Dans ce vide composé l'espace par éclats

Figure l'inaccessible la présence supplie

L'intelligence implore

Ce qu'il ne pourra jamais

Atteindre sur son assise le support

Revisité à la mémoire étirant ses vertiges

Affranchi dans l'oeil mais l'âme s'égare

Toute image rejetée par le poète aveugle

Qui se nie constamment mais qui toujours espère

844


L'éruption

L'éruption spécifique qui doit remplir l'espace-mien ;

L'art de l'éclair que j'impose au silence, l'état

Présupposé de l'esprit en demeure, et les premières

Syllabes prononcées en soi.

Ce qui s'établit

Au moment de songer, qui reprend la parole mais

Ne produira pas, ou posément de dire : voilà

Ce que j'obtiens.

L'intelligence insiste, râle,

Ne peut s'élaborer dans quelque supérieur, et

Se meurt ridicule de sens ou de résultat.

845


Jets and sprits

Jets et sprits dans l'espace-mien. Toujours

En soi. Si cela est penser, je fluidifie mes

Mouvances, j'éclaircis mon Temple. Mais pourquoi ?

Est-ce matrice cérébrale à produire ? Lancées

De l'intelligence ? Il faut dans l'épaisseur, par

Le travers disparaître et aller. Le profond avec

Insistance, dans le temps, calculable, réfléchi.

Encore la nuit. Ce qui importe. Les souffles précédant

L'étendue à survoler. Le Moi veut disparaître

Pour un autre moi : là-quel-monde-à-remplir ? Pour

Encore se rejoindre. Une nouvelle errance et la raison

Perdue. La relation avec la conscience. Ta cendre et

Ta poussière. L'inutile à découvrir peut-être. Les

Froids tirant sur le rien qui d'un trait se refusent.

846


1

De plus en plus, entrecroisements d'âmes. La moitié

De mort avec les Morts pour cendrifier l'image.

J'ai bu comme un extravagant à la poupe des génies.

Je grandissais à travers l'Autre. Quel patrimoine !

Quelle richesse fabuleuse mise à la disposition

De l'esprit !

Qu'à moi ? Qui ?

Qui descendait l'escalier invisible jus-

2

Tous les raccourcis-miens, enlacé et glissant

Dans luxe inintelligible de la rareté

Accumulant l'ennui

847


L'éclat de sa beauté

Elle, l'éclat de sa beauté, la tête impériale

sertie de diadèmes

Cette pensée qui s'ouvre, intelligence caressée

par la brise

La route fuyante, déjà basse s'approfondit

toutefois là-bas

Le mur inventé explose en lambris - ce qui

me sépare de l'autre mur

Le soleil de poussière et ses soupirs piétinés

et froids - moi-même dans l'anéantissement

de la nuit qui roule

La lumière respirée en un souffle jusqu'à la

somnolence de nos âmes

J'ai couru, tu avais disparu - et l'avancée encore

qui m'assaillit jusqu'en mon désespoir

848


Sans m'atteindre, sur le sol haineux, une foulée

douce encore à l'imprévu

Les chemins de silex habités par la solitude qui se tarit

849


Substances et Distances

I

L'air donc découpé en lamelles fines de strates supérieures (coupe d'abri préhistorique)

Eternel intervalle de temps comptés et redimensionnés

Je passe d'un espace à l'autre

Montées-descentes-renvois

L'inconnu est mieux défini

L'azur-poète s'égale dans le renvoi à soi

C'est l'égarement qui freine

Ici et là s'enflamment les espoirs envolés

Je sème une onde auditive et tactile, un sens exact d'essence-mienne

Fuyez, fuyez, beaux nuages

Je croissais dans le temps où vous ne fûtes jamais

Jadis sera demain en gloire posthume d'avancées à reculons ~ j'y suis !

Bien rêvés en intimes, doux poèmes faits de miel, penses-tu ce grand nom ?

850


II

Insultes sanguinolentes de douleurs invisibles - mais si ! Mais si ! - C'était en moi

Je vous secours après passage : j'y comptais bien

Ô beaux silences de myrrhe et d'encens et de purs oiseaux blancs

Hélas ! Ma jeunesse harcelée, dévorée par tant de haine - couteaux insensés enfoncés

dans la chair

Raretés, propos intelligents ---) poursuivons

Les conseils des génies prodigués en cavalcades d'avalanches pour ma sombre demeure -

nourris-toi

Ce sont de luxuriantes d'heures rarissimes

III

Routes à poursuivre si en toi de là-bas où tu es seul, chacun revient

Fais converger les parages - de grandes lignes fluidifiées - tu es le centre

Ton seras-pas, de toi-en-loupé, de raté-raté (ironisons, - ceci est faiblesse de critique

toutefois), de KO down, p'tit gars

851


IV

Rentre dedans, glisse-toi - toutes ces anfractuosités, ces passages possibles-interdits de

pénétrer en ouvrent sur de nouveaux espaces

Je te prétends dans l'ombre et creuse pour y trouver la lumière morte

V

Vers d'autres paysages - le devenir

852


A

Ta verbalité - l'as-tu donc ?

Je veux me débarrasser de ce fragment

Séquestré en personne la découpure de soi

La turgescence cérébrale

la poussée hors

Mauvais azur où s'enflamment des soies noires

Caprice de l'intelligence ou réelle construction autre ?

Je pénètre et ne suis là où flamboient les chers matins d'hier

B

Faut-il déplacer le sens exact ? Casser, recasser, détruire pour reconstruire ?

Nuages, vous m'apparaissez tout fébriles en...Croisez-vous et fuyez !

Ce qui les freine

C

853


À chacun son arbre ou son ombre

Ce qui m'égare sous les lumières tamisées

Perdu ! Perdu en comparaison magnifique

D’être peu ou rien ---) de retour vers mon Néant

Mais que faire ? Qu’écrire ? Quelle inspiration ?

Ce qui m’égare ? ---) Non ! Les faibles mécanismes d’extraction - Les découvertes ? -

A rire ou à pleurer. Là est la vérité.

D

En torses, torsades - croisez, croisez, jeunes flûtes avec nuages apparents

Pour les yeux qui sanglotent, quel espoir à naître ?

854


Variances

Ruptures et chutes

La fatigue disparaîtra dans la transparence. A sa place, ce seront ruptures et chutes, axes

transmis sur le seuil des yeux ouverts. S'élèvera inlassablement le silence accompagné de

choses asphyxiantes. Du moins un cristal acéré fendra de nouvelles ténèbres.

Oui, mais se formera lentement comme dans des contradictions consenties le génie furtif,

prolongeant dans ses mains des formes étroites. Qui faudra-t-il invoquer ? Les invisibles actifs

- les retraits de ses mains ? L'intelligence qui bouleverse l'ensemble saura répondre à la

question.

855


Subtile supériorité

Subtile supériorité en herbes de ramures qui

Serpente à l'orée du bois, qui s'oriente

Vers l'énigme interdite, pourtant chargée de

Ronces. Ho ! Serpents dans l'ombre de l'effroi !

Ici tout est empreint au murmure qui s'anéantit

Dans le vide et gémit ou semble vivre.

Ô toi mon esprit en permanence de recherches,

Plonge au gouffre, accède aux limites et

Pourfends-les !

Il est de vains traquenards et

De pures énigmes, des risques aberrants dans les

Substances claires de l'Intelligence accompagnés

De vomissements et de sales déchets honteux et puants !

Mais toi va, au-delà de ces précipices fangeux

Et tente d'accéder à un espace divin illimité.

856


La nouvelle pureté

En toi, tout cristal de neige, en hypothé-

Tique subtil de lumières et de pointes. Au-delà

Du gel, ta beauté matinale m'apparaît telle

Quelle !

Sont-ce des clartés intermittentes de non-

Vie, de non-mort, de : importantes fièvres

Aveuglantes ? Tu sais le moindre ! Je me déplace

En très doux.

J'accumule tes repentirs pour te puri-

Fier ~ changements d'être constellés de fièvres

Humides pour satisfaire un orgasme impossible !

En, je dois inventer la fille qui suffoque et

Moi,

Semble compromise en jouissance et échos interdits.

Il me faut crée une pureté nouvelle - un lavement

Cérébral d'intelligence corporel à désexuer.

- Oui, contre mon vide idéal, ta perte sera sauvée.

857


Le lieu autre

Plonger là oui devant soi pour exploiter un nouvel espace, pour fondre dans un clair absolu et

remplir un autre vide.

Il faut construire ce lieu dépouillé, y exercer une réelle liberté jamais connue.

Ce n'est pas un abîme, c'est un territoire vierge à construire.

Poursuivre et s'enfoncer où cela n'a plus de sens. Aller encore toutefois.

L'être disparaît mais que peut-il trouver ? Il y a descente dans le vide, sorte de saut retenu par

les pensées qui ralentissent la chute.

Il finit par aimer le vide car cette attraction est certitude de lieu autre - lieu nouveau où

l'intelligence pourra se déployer.

Le vol pour plonger dans la transparence, en témoigne cette lumière évidente obtenue par la

vitesse et la fuite. L'on parvient à illuminer l'abîme.

Abîme ! Bel abîme ! Quels seront tes secrets ?

Je persévère dans l'extrémité la plus lente sans parvenir à achever ma chute.

858


J'ai parfois rêver de me dresser à la verticale pour accéder aux extases célestes. Mais cela était

luxe impossible, que salut inventif, que folle expectative...

859


L’espace précipité

Dans quel espace précipité - ô grand suppliant de mémoire ! - pour quelle intelligence de

gloire et là découvrir un autre vrai. Ce n'est pas un instant entrevu, ce n'est pas un vertige

invoqué par l'effroi.

C'est : au plus profond des ombres - des ombres de substance qui ont survécu au silence.

Au-delà de ces vols désordonnés qui tendent vers le précipice, je veux y voir des bruissements

d'aile d'extase - de compréhension et de savoirs nouveaux.

860


Pech-Merle

Il y a des sons au plus profond du silence - des sons et des ombres qui s'associent à la lumière.

J'essaie de comprendre le pourquoi mais je ne puis comprendre.

Cet infini m'échappe. Je plonge. Plonge avec ma piètre intelligence et le sens m'échappe.

Tout cela a été caché pour le futur. Furtivement la pensée rampe et tente d'accéder au vrai.

Mais l'imaginaire du passé semble à tout jamais perdu.

La lumière en moi tourbillonne, le temps d'autrefois est obstrué. Cet anti-jour est un autre vrai

qui appartient à la Civilisation.

Qui éclaircira ce vrai ? Qui offrira l'œil à la fente ? Tant de questions constellent l'intelligence

de l'homme et nul ne peut y répondre !

861


Le dur labeur

Mais portée ce dur labeur de nue pensée

L'intelligence frustrée collée à l'extrême

Les solutions nouvelles, et toutes - à la dérive !

Ceci est mon extase ! Mon renouvellement, ma certitude exquise - je te dis que je dois être

avec cet autrement - me comprendras-tu enfin ?

Ce poids est trop pesant sur ma poitrine, quand ces milliers de salopes se donnent dans des

positions perverses - A la croupe, en cinglant.

Et l'autre - éventré qui se décompose en pulsions homosexuelles ridicules - à l'emporte de

son trou du cul inutile.

Contrairement, épousant les muqueuses - tu vois, j'organise mes distances - je sais

l'interdit à franchir.

Tout cela pour un sourire. Je me sens libre - j'invoque à nouveau.

862


Nuit

I

Nuit, enfin. Nuit pour ouvrir ? Si long en si peu. Toi, avance.

Se dresse l'abîme au plus profond des ruines, enfoui

dans la mémoire du temps.

Quel avenir pour l'âme ? La certitude s'efface. Dans l'invisible,

il ne reste rien.

Tu prétends au murmuré - d'élan soufflé en volatile insignifiant.

Tu respires une forme qui se meurt sans substance ni matière,

pour une intelligence immobile fuyant la clarté des choses.

Tu vois, je suis indivisible certain que la durée disparaît

dans ce mensonge de création qui n'est pas.

Scintille ici et là dans tes sinistres clairières. Dévore en mon

sein tes futures offenses. Moi, je m'octroie la sublime lumière

qui avive en ma chair la limpide fluivialité - loin des eaux

dégoulinantes de sang et d'excréments.

Tel est l'orgueil du purifié !

863


II

Le matin clair. Eté fondu dans cette idéale de transparence - je sais,

jamais n'explosa en lancées, en éclairs immortels, éternels - oui,

avec poursuites de ne pas, ne pas.

Quel parfait négatif ! Entre en toute joie de rien, de peu, d'autrement.

Mais qui comprendra ?

III

Cependant épurées, en ivresse d'insomnies avec raretés invisibles

développées dans mon champ - je sais, j'espère et je m'égare. Mes folies

sont diverses. Je suis en attente perpétuelle.

Et toi. Et toi, de dire, quoi ? Dans tes perversités d'insomniaques,

en travail, de prières, que prétendais-tu partager ?

Ce sont des rires loufoques agrémentés d'audaces aberrantes.

Alors vole en éclats l'éphémère insoumis en elle !

864


La sphère superbe et lumineuse

Elle se perd dans sa sphère superbe et lumineuse

aux sources transparentes

Confond le fond et la forme, l'intelligence claire et la beauté épurée.

Veut-elle s'enfuir avec l'ivresse perverse du Mal ?

Souhaite-t-elle plonger

dans le Néant du sang et de l'horreur ?

865


Le jamais clair

Le jamais clair

Le remonté du fond des entrailles

Narguant son accomplissement, et se créant

Pourfendant ses acides, dans son aléatoire vain

Valves et souffleries entourées de magma

La voici, elle ! remontant encore

Elle dévale, l'intrépide et se perd !

Elle embrume sa face étoilée cherchant

dans son Néant l'élixir inconnu

Se targue-t-elle d'objets insolites, de dérisoires

délétères, d'origines infuses ?

Ô puissance du Moi dans sa vaine descendance,

indéfinissable savoir en quête de surnaturel, prétendant

la distance faible entre l'acquis et l'inédit,

Oui, étrange tumulte offrant l'idéal modèle obtenu

et incompris - je te sais parfois naître et renaître dans les folies

de la passion.

Déjà la forme exulte sous le soleil de sa propre lumière

et conçoit l'objet même imperceptible, inconnu, décevant,

866


unique objet toutefois.

Elle se meurt perpétuellement pour renaître d'une double

abondance - elle rivalise de désirs et de génie entre l'offense

et l'épousée -

Intelligente, elle transmet.

Qui plonge dans son pur Néant ou fuit désespéré, méprisé

de tous ?

Qui renvoie à la fièvre ?

867


Dans quelle gravité ?

Génie ? - Dans quelle gravité ?

céleste et incessante dans l'autre monde, ici pensé !

Du vrai interrompu avec méandres et discernements.

À la rencontre du nu, - contre les pensées.

De ce souffle vivifiant en soi-même ~ qui te soulève

au-delà de ta propre hauteur

Mais là plus bas, et tu plonges en surabondances de grâce

et d'humeur claire

Les pensées éternelles toujours vacantes en toi ~ voilà que tu vacilles

Elle s'exténue dans son mensonge à la recherche

de quelque aléatoire impossible

Et pour quel degré suprême de l'intelligence ? - Dans le vrai pur,

aveuglément en soi !

Englouti, englouti au plus loin avec mouvements et immobilités,

- quelles vaines traces d'existence lézardée !

868


Les longues filles

Cette longue fille aux jambes immenses

qui me trouble dans sa sphère érotique,

qui n'a ni pitié de l'intelligence humaine

ni pitié du désir masculin,

active sers appétits sensuels contre

une autre fille d'azur et de lumière

Leur ballet sexuel est une offre de beauté à l'amour,

à la douceur, à la quiétude charnelle

Elles disparaissent à tout jamais dans le reflet de l'écran

869


Apparences

Elle veut engendrer

La propension de l'intelligence

Sa capacité à résister à la stupidité informe

Elle veut engendrer - elle veut produire

et offrir de nouveaux souffles

Toi, tu atteins un autre sommet - déploie ton humeur

pour une claire vérité

Tu embaumes au-delà des délices - propose

une élégante élévation - propose

870


Approches mutantes

Toi. Ton éventualité sympathique

Tu redoubles d'efforts intransigeants

L'amertume se déploie dans ton Néant

Il s'agit de penser intelligemment

871


New Sessions

La nouvelle Hortense

L'impossibilité de régir tout acte contrôlé, l'insouciance d'une exploitation misérable,

l'acharnement parfois stupide dans la continuation de la tâche, une faiblesse reconnue en

quelque sorte, voilà en trois points l'existence insipide d'Hortense. Pourtant point dépourvue

de savoir ou de bon sens, elle divaguait dans un engrenage visqueux comme si une force

dirigeante mais invisible agissait en son nom. Je devrais dire en son âme. Quoique d'une nature

exemplaire - j'entends guère trompeuse - elle dérivait comme un voilier sans voiles offert à

vents et courants. Être à bord, savoir que l'on dérive et impuissance à contrôle le bateau - vie

d'Hortense.

Elle s'offrait parfois le luxe de raisonner. On M'emporte. On Me porte ! Je jouis de cette

passivité - Est-ce bonheur ! Mais une autre idée frappait les parois de son intelligence. Où

vais-je ? Et pourquoi ? À la première tempête, je meurs. Il me faut apprendre à nager.

Comment apprendre seule sur ce rafiot ? Tiens, j'ai dit rafiot ? Je déteste donc l'embarcation ?

Non, j'ai peur. J'exprime une vengeance indirecte. Transfert.

24 octobre 1978/31 juillet 2008

872


La surface exacte du cercle

Après avoir dépassé les frontières de la logique élémentaire,

que trop de gargarismes

intellectuels laissaient espérer comme source féconde d'une

exactitude indéniable, le

héros de ce poème vint à douter des systèmes mathématiques

de la pensée humaine.

Cette somme d'algèbre et d'arithmétique n'était peut-être que le fruit

d'une imagination

aiguë ? En vérité, il s'inquiétait de la surface du cercle. Comment

se fait-il qu'une

surface déterminée ne puisse avoir une mesure déterminée ?

Des hommes de bon sens, d'autres de génie reconnaissaient la justesse de leur raisonnement

basée sur cette mathématique. Alors, avait-il tort de douter ? Pouvait-il remettre en cause des

siècles de résolutions de problème parce qu'un et un seul échappait à une solution ?

Il ne put jamais répondre à cette question trop honteux de dévoiler son doute, de peur de

paraître idiot devant de grands penseurs. Il se referma sur lui-même doutant et doutant encore.

Ce point sensible se transforma en conflit grandissant, stérile et nuisible pour sa

personne...

873


11 novembre 1978/août 2008

Quel équilibre ?

Quel équilibre ? Quelle capacité à proposer un ordre, un agencement logique et arbitraire ?

Ho ! Certes en cachant cela derrière des subtilités dérivées et invisibles ?

Rien ! Rien à espérer ! Tes lignes sont le reflet de toi-même,

- de ta personnalité. Échec. Échec sur Échec ! Quelle médiocrité !

Te voilà avec cette incapacité à obtenir le résultat escompté.

Tu étais inapte à exercer cette activité.

Et ces longues conversations d'écriture impossible ? - Ces volontés d'accéder au suprême ?

- Il ne reste rien? Rien qu'un déplorable, qu'un terrible échec de décrépitude !

Ces milliers de tentatives ne sont que les preuves de ton impuissance à être, à plaire, à

exister auprès d'autrui.

Tu t'en retournes vers le Néant - vers ton Néant d'incapable et d'illettré !

Ces hautes tentatives étaient inaccessibles à ta piètre intelligence.

Vivre constamment auprès de ces génies intouchables, de ces sommités

et se savoir inutile !

874


Ha ! Ces années enfermé dans ce bureau stupide, pourquoi ? Cette vorace solitude ne

débouchait sur Rien.

25 avril 1979 / 12 septembre 2008

875


*

Elle d'un bond persiste encore, agile sur la pointe de l'esprit

~ refuse de falsifier l'écriture, se nourrit encore de sa jeunesse ~

se démantèle toutefois avide, happée par sa spirale.

N'a jamais été exilée - était toujours en soi.

Nulle falsification mais déplaçait, déplaçait.

Ce que mérite son silence pour comprendre, saccadé et syntagme,

de coupures claires à recomposer par l'intelligence du lecteur.

L'injonction parfois à lire. L'échec de l'âme.

*

876


Errances

*

L'intellect fixe une vérité échappée par mensonge

de quelque alambic illusoire

Battras-tu de l'aile dans tes pensées amorphes ?

Construiras-tu sur tes noirceurs ?

La belle prison est une sangle, une subtile martingale sexuelle -

le tout s’y déploie assidûment

La voilà dénoncée par avance prétendant en ses jeux furibonds

La femme réduit l'absurde même si sa bouche semble usée

Je la dénote dans ses lenteurs pour la laisser mourir affectueusement

877


*

Elle d'un bond persiste encore, agile sur la pointe de l'esprit

~ refuse de falsifier l'écriture, se nourrit encore de sa jeunesse ~

se démantèle toutefois avide, happée par sa spirale.

N'a jamais été exilée - était toujours en soi.

Nulle falsification mais déplaçait, déplaçait.

Ce que mérite son silence pour comprendre, saccadé et syntagme,

de coupures claires à recomposer par l'intelligence du lecteur.

L'injonction parfois à lire. L'échec de l'âme.

878


Dissipations

MM 1

C'est une belle femme avec des mains graciles

Et son intelligence est - intelligence est

Quand avec du soupir me vient parfois son âme, quand avec du soupir

Je crois entendre pleurer les Anges

J'étais une fontaine - je veux devenir La vigne

ceci sera mon repentir - ô Toi, Fils de Dieu, accorde-moi ton repentir - la source est tarie - La

vigne sera fructueuse !...

879


MM 2

Cette belle grande femme avec vices et excréments, avec pureté céleste

~ n'est-ce que cela ? - De toi à moi, ne vaux-tu pas autre chose, autrement ?

Comment te déterminer ? Comment te voir et t'entendre ? Tu es et disparais !

Subtile, intelligente et fuyante.

Ne te connaitrai-je jamais ? T'ai-je quelque peu connu ?

Et la longueur de ses jambes comme une vigne qui su fructifier !

Ô jardin des délices, et je pense à tes douleurs extrêmes

de roses-épines, de roses-souffrance, de rose-vers-Le-christ,

et toi enfin pour l'apothéose de ta gloire - enfin Sainte et Idéale ~

oui, quelle immanence de beauté spirituelle !

880


Cotangentes

La Relation

Rien qu’une Relation non vraie entre l’Etre parfait et ma pure mansuétude.

Mais pourquoi ma Conscience portes-tu ces fruits, absence, il est vrai, de certitude réelle ?

Iras-tu jusqu’au terme de toutes tes conjectures ?

Cette haute sphère parfaitement habitée est un défi à ton ignorance.

J’élève ma pensée jusqu’à cette chose interdite et merveilleuse, lieu idéal d’où je fus

chassé.

Moi, dans l’énigme intelligence, moi dans ma creuse sagesse, je n’enténèbre

miraculeusement.

L’âme n’accédera à nulle vérité dans sa prière universelle mais suppliera le vide et son

silence - l’Inaccessible et l’Eternel.

*

881


Ici-bas le mur n'a pas d'autre accès

Tout est corolle d'éphémère en très abstrait

Voici les vitraux fumeux et l'intelligence ne perçoit rien

Je dois en cesser là car ceci n'est d'aucune importance

882


Eternité II

As-tu donc compris ?

C'était le Génie !

C'était Lui ! C'était Lui !

Une immense pensée

Allée avec l'Univers.

Qu'on te prédestine !

Sur l'Ecrit, prophétise

Eternel à jamais.

Si du moins tu savais...

Patience, Science et Songes

Au-delà désormais.

Valdingue les désordres.

Aime-moi, bel effet !

Nulle fleur ne s'exhale

Impertinence en mai.

Toutes ces beautés pures

Ô mes hosties vivantes !

883


Intelligentes dansantes

Au-delà de l'éther...

...C'est quoi ? - C'est l'Immensité

Concevant l'Irréel,

Et c'est la mer hâlée

Avec l'Eternel.

884


Déliquescences

La persécution

La persécution de l’esprit qui dit : Je peux

Mieux, je peux en résistance. Ce nouveau langage

Qui associe l’insolite, le vrai et l’irréel.

Qui associe.

La pesanteur de l’autrefois,

La démarcation de l’individu qui prétend

Autrement.

Pouvons-nous interroger l’Extrême ?

Je me remets dans mes propres impossibles. J’attends.

Le questionnement, l’évidence, la vérité - Ce

Qui soustrait, ce qui amplifie. Le souffle vrai.

Tout un appui d vérités qui se déploie avec

Violence, avec certitudes dans le futur.

Et cette déchirure de chair, de sexe, d’impos-

Sibles, d’interdits, - l’intelligence

Et son ombre cohabitent dans l’aberrant sauvage.

885


Abnégations

Déterminations

Détermine-t-il son premier cas ?

Est-il sensible aux horreurs invisibles ?

Va-t-il subordonner les êtres inférieurs ?

Toute la transhumance de son intelligence est là.

En dépit des distances, pense-t-il encore ?

Ce qui le compose avec le génie de ses divinités toujours présentes.

L’heure n’est pas aux ténèbres, l’heure est à la vérité spatiale.

La ligne est involue dans les emboîtements douteux.

Il défait la Chronologie.

Tout pourrait dis paraître dans l’insondable du fou.

Avec relativités impossibles, avec ;

Il a goulûment empilé les adverbes

En faussant les vérités admises.

-

886


L’Ouvroir

Mais comment écrire ? Et que dire ? De nouveau,

D’autrement ? Vers quelles certitudes ? Comment ?

Car redire l’Ancien n’a aucun sens, l’utilité est

Vaine.

Nous nous sommes proposé de créer le Vrai.

Quelle était notre certitude ? N’est-ce pas quelque part

De l’audace indomptée ?

Avance, me dit-elle.

Ose enfin. Invente des métaphores. Baigne-toi

Dans le luxe. Ce seront des sérénades de chair,

Des belvédères de chair gémissant des nuées d’extases.

Elle revient en implorant, en décidant les illusoires.

L’ouvoir des décisions poétiques, l’Ouvoir n’est plus.

Ce ne sont que faiblesses de l’intelligence innée,

Le poète se meurt dans son impuissance même. Oui, se meurt.

887


*

Est-ce l’Esprit de l’intelligence supérieure qui tend à se rapprocher des Dieux ? Est-ce

possible d’ailleurs d’oser penser de la sorte ?

Des feux s’allument ça et là. Des feux dans l’extravagance de l’acte. Et la certitude de

l’inconnu te dit : - Toi, poète, porte la vérité à ceux qui t’écoutent, à ceux qui forment ton

auditoire. - Oui, exprime-toi là.

5 7 5

Pure Intelligence

Qui as conçu l’Univers,

Sois Miséricorde …

888


Table des matières

Liste des recueils ayant participé

à la réalisation de Fluides d’intelligence

Le Germe et la Semence

Le Manuscrit inachevé

Le Moût et le Froment

Le Grain et le Regain

Collages

Losanges

Prières/ Phrases/ Exil

Ombres bleues

Sachet d’herbes

Sueurs sacrées

Le Livre blanc

Grappillages

Souffles nouveaux I et II

Messages I à VI

Résonances I à VI

Suites/ Relances I à V

Pensées sculptées

Endormies dur le feu

889


Les Roses ensevelies

Substances et Distances

Variances

Apparences

Approches mutantes

New Sessions

Errances

Dissipations

890


FRANCKLOZAC’H

éVANESCENCES

891


Résonances I

Marche en soi-même

Comment marcher en soi-même ?

Comment aller vers sa propre écoute ?

Comment s’élever ?

Je ne suis qu’une onde infiniment rien

qui pénètre, sillonne, s’enfuit

désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison

prétendant y découvrir un soleil

un flux constant de désirs

C’est un rêve de chaleur poétique

qui nourrit ma nuit

J’enveloppe ma chair intérieure,

je la dénude

et la pousse aux soupirs comme avec une femme

épuisé, serein, exténué, je m’endors repu parfois

892


Qui me soutiendrait ?

J’ai dans la tête

des glaces évocatrices

des miroirs courts, menteurs, faussés

sous des braises exhalées

Non, je veux m’étendre

chaudes et phosphorescentes

Peut-être y trouverai-je

l’or que j’y cherche ?

893


Vide créateur

L’âme plonge

dans le vide créateur

La pensée foudroyée

est morte, est vivante

du moins sa lumière

est phosphorescente

Au plus profond,

La fille s’étire

Penser est un vice

avide qui se dévide

est un infime

tout élan

commencement de l’intelligence

Il construit dans le rien,

dans le peu, dans le mièvre

il y cherche des preuves

894


L’univers en soi

Étire sa toute puissance

895


Puissante

Puissante

Elle doit être puissante pour ne pas disparaître dans la

nuit inutile

Pour ne pas être oubliée, humiliée, rejetée

Pour tout ce qu’ont pu produire les poètes d’important,

d’insignifiant, pour leur conscience, pour leurs œuvres,

pour leurs productions

pour tout ce que leur raison a pu imaginer

Mais la foule est morte et le peuple méprise.

Nos corps sont fatigués par les travaux, nos chairs

quémandent quelque lumière dans ces nuits de souffrance,

de jouissance où l’esprit prétend encore

pour la chaleur humide de ces statues de bronze

pour la description de la fièvre

pour ne pas oublier

chair,

Je ne cherche même plus à faire jouir cet amas de

J’ai la vigilance d’une conscience pensante

896


qui se conçoit incessamment dans son miroir.

J’habite un lieu, je rejette la certitude extérieure.

Je n’attends pas, j’exécute

avec ces perceptions, ces lectures, ces vibrations

qui constellent mon quotidien

L’embrassement littéraire s’opère, s’obtient

Le mouvement universel se poursuit

Moi, éternellement seul dans mon tragique espace vide

Je me prétends sentinelle

Je sais que je vais disparaître,

Que rien ne restera

Car il y a cette inévitable fatalité de l’inutile

Mon produit intellectuel n’a pu transpercer

la conscience d’autrui - où, je vais mourir

tout en étant - sans être.

897


Le miroir

J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en

retourne à cette unicité de l’être humain

où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir

quelques images fugaces

des variables de différences en halos, halos qui

s’enfuient

Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour

toujours revenir vers toi

Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “

d’autrement vrai ”

Ma pensée est une interrogation qui tente une

possibilité de probables et désire comprendre ce que le

hasard a entrevu

Il fait gratifier la lucidité du mensonge

Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ?

Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle.

Tu insistes seulement compris de ton image

898


Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle

n’intéresse personne.

Quelle aube ? Quelle connaissance ?

Les actions s’effacent par la purification de l’esprit

Il faut passer par l’ombre

pour accéder à ta lumière

Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable

Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc.

Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même

Espère le contraire.

899


Syntaxes

Syntaxes justesse de mon être

qui plonge en soi et remonte

quelque chose d’aléatoire et de risqué

ego renvoyé

Le sang, le phosphore, l’énergie mentale

Syntaxes de modernité

d’avenir ?

Que sais-je ?

900


Résonances II

1

Dans ton rêve - fuite impalpable.

ce que tu cherches : à extraire,

à passer, à combiner

le sens, la pénétration, la profondeur,

toi, descends

sur la pointe des pieds, dans le vide

tu tournes, tournes

2

. l’étendue. de mes songes.

pensée spacieuse. ici l’idéal de confort.

possibilité difficile. exécute avec rapidité.

la certitude t’abandonne. augmente la vérité.

La où est le poème, l’autre te rejette.

901


3

Pourquoi tenter de s’élever

quand le bonheur est en soi-même ?

A la recherche des formes fluides scintillantes,

rayonnements, éclats, poèmes etc.

Être ensemble au fond du Moi,

Est-ce sagesse ?

902


a

Dans mon front, et ce qui pense

le pronom je est clair

il n’y a que du vide à remplir

la certitude en moi, le vouloir

le conglomérat - l’éblouissement

l’association

b

Me déclinerai en moi

pour y extraire

quelques solutions nouvelles

903


Les nuits propices

Les nuits étaient propices à toute sorte d’inspiration.

Penser était la seule raison, la seule obsession, la seule

logique à appliquer. Il fallait concevoir de nouvelles formes

- enfin on le prétendait - car en vérité, en était-on

réellement capable ?

On prenait X ou Y. On voulait ajouter sur sa substance,

le dériver. C’était du grand, du haut, du élevé - et l’on était

toujours peu, encore rien.

La pensée tourmentée voulait accéder à du supérieur,

c’était du faible, du ridicule, de l’impubliable.

Mais pourquoi vouloir exister ? Pourquoi aller vers

l’extérieur quand la sage certitude se suffit d’une pâle

lumière douceâtre ?

Donc je pénétrais ce néant d’images niaises et

illisibles.

904


Résonances III

Les limbes

Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais

Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon

Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la

Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.

Voici que la valeur converge vers la lucidité.

Je délaisse l’amoncellement d’images floues,

J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.

Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,

Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne

Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.

Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule

Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie

Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin

D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.

905


mn

Les erratiques sauts d’humeur

compressant la pensée

lui infligeant d’exploser

qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ?

(étonnante cage de résonance

où le Moi tremble pour l’Autre)

puis le retour stable

rs

Reposent

insensées

encensées

dans les stances de la mémoire

se nourrissent du silence

Et quelles, elles ?

oubliées dans le puits du Moi

906


Agitées dans l’ombre

qui feront quelques particules dorées

à rapprocher de tes yeux

comme larme sèche

irisée de mots et d’effets

907


Résonances IV

a

Avec miroitements insensibles

sur la fragilité de l’épiderme

variations et décalages

visage en vibrations

à l’image dérivée

S’envolent des effets d’ombres

dans le pur néant de ma vision interne

b

Distincts mêlés

puis la pensée allant

comme une rumeur du fond du Moi

les sons et les mots s’enflamment, s’exaltent

emportant la raison

et me projettent dans l’inconnaissable

908


c

A la traverse dans l’existant

pour : la pénétration cérébrale

concevoir du propice

empiler des cercles sur des cercles,

savoir s’échapper

et plus loin - stèles, bornes - limites

déplacement de la fixité

de l’obéissance

de la règle

Un nouvel espace - sa lumière,

son horizon, ses portes

909


Définition de la pensée

Au-delà de la conscience personnelle du temps,

j’ai besoin de recherches logiques,

j’ai besoin de comprendre l’association pure

de l’élément simplifié.

Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace

dans lequel l’élément s’impose - est un espace conscient où

le travail de l’esprit s’assume.

L’élément s’associe à l’élément. C’est un pointsource,

une énergie d’atome, une lumière d’étoile dans mon

ciel constellé de vie. Je dois connecter. Je dois aussi

comprendre son origine - ses parties - ses caractères.

Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de

mémoire, apte à s’associer, objet scintillant, vérité en soimême,

- il contient du pur, du vécu. S’il s’associe - il se

déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau

caractère avec l’élément qu’il a conquis.

910


C’est une sorte de fait mental - une charge dans une

niche de neurones. Oui, je veux encore étudier son

caractère.

De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux,

qui s’associent, s’éloignent, se connectent et s’engendrent,

je sais qu’il y a la pensée.

De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma

conscience, ma réalité d’homme existant en vérité.

*

Le choix sensible

la perception vibratoire

j’interroge l’espace-mémoire

espérant y concevoir des connexions de qualité

911


Recherche

Réfléchissons : il doit bien y avoir

une perception émotive plus fine, plus subtile

comme un fragment d’onde sensibilisée

possédant un spectre compressé de propriétés

inconnues,

mêlées, mélangées peut-être

difficiles à dissocier

mais réelles toutefois

N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes

que le poète doit composer, connecter, redéfinir,

extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir

Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,

symboliser, fusionner.

912


a

C’est un lieu d’avenir

une structure vide à remplir

fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter

avec conscience du néant

où tout pourrait disparaître

.....être et disparaître

peut-être

b

Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles

éblouissantes révélations

de points pigmentés dans l’aube de soi-même

Étaient-ce des pensées à saisir

dans le déchirement de l’esprit ?

Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces

dans le désir de vibration

913


J’activais ces points-réponses,

mes yeux au centre

j’esquivais une réponse vraie, fausse,

qu’importe !

Je passais sur du délétère

c’est ça : je captais

croyant à ma force

c

Elle ondoyait sur des feutres crissants

Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le

message

Je plongeais dans des vagues océanes,

coulais, remontais quelques poissons d’argent,

- c’étaient mes points-réponses.

d

Ces perceptions grossières,

je veux les affiner - comprendre le point

son origine, sa vérité, son association.

914


Je me fuis pour me retrouver

ce n’est plus la clé pour le silence,

ce n’est pas un code à composer,

c’est la puce à intégrer,

le plus petit

de l’œil à la loupe

de la loupe au microscope

pour définir le caractère de l’apparition.

La conscience de l’image, sa pigmentation

ses points composés pour fabriquer la trace

l’origine de cette organisation

non pas la fonction d’apparition

mais la vérité sur le point

e

Plonger dans ton mystère

La nuit évoquer dans son

Miroir étincelant

Les possibilités les plus audacieuses

915


Puis l’aube nourrit tes yeux

Tu avales la substance invisible,

Le brouillard de vérité

Ta mort est une perception subtile

D’un avenir proche

Le noir est éblouissant de certitude,

Tu fuis dans la profondeur du néant

Tu avales ton fantôme,

Ton enveloppe te fortifie

Retrouve l’arche du présent

916


*

Ainsi d’une méthode.

Me pénétrer.

Ce principe d’investigation cérébral.

Combinaisons brutes à purifier.

Au-dedans, plus loin, encore.

À l’envers, à l’endroit. En moi.

Au-delà de l’absurde, chercher, trouver.

Démence et rage d’écrire.

Toujours. Sans jouissance.

Pour quelle extase intellectuelle ?

917


1

La semence

L’intérieur

La durée avec de l’énergie mentale

dans l’actif - le cerveau

produire - penser - produire - essayer

ce langage.

Construire avec la confusion d’images

dans l’ombre de soi

réalités trompeuses, mensongères

en vérité - matériel de poète.

Vue et envoyée sur le papier

entrecroisements de voyelles et de consonnes

sensations magiques - esprit magnétique

il s’autorise - il risque - il prend

918


2

Battements énergie en soi

situation de combinaisons à caramboler

Dans les synapses - la poussée

pousser du langage

pour le dehors

Nulle patience pourtant - le coup à espérer

à prendre

le coup

Hiéro - le sacre de soi-même

la certitude de la valeur

Les siècles des autres poètes - des littéraires

Mon langage expiatoire - qui ? Quoi ?

Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -

Tu assassines des mots - pourquoi ?

919


*

Ceci : battements, je tremble

sans colère au pied de mon soleil

embrasant l’incendie

j’agonise en moi

Puis près des ailes, filant, filant et profondeur

Pensée qui me vient

j’offre aux feuilles - quoi ?

le regard - le miroir -

Les soupirs agonisent, se meurent

je ne puis dériver le sens

Possibilité affligeante du mot !

Tu vois - je fuis encore, je tremble,

du moins je m’y essaie

Je persiste et veux combler mon mystère.

920


Résonances V

Subsiste encore une recherche possible

Le murmure éternel dans les tempes. Le souffle

Qui casse le silence - des bruits indistincts

Travaillant, travaillant au plus lointain -

Jamais satisfait. La souffrance, la fracture,

Le peu, - les fibres émotives. - Subsiste encore

Une recherche possible, impossible, déçue.

Je réorganise le passé, y ajoutant les déchets

D’avenir. Dans d’autres circonstances, - la sensa-

Tion détestable. Comblez ce déficit, comblez.

Inlassable, désireux. Ce qu’il faut pour écrire.

Impétueux fantasme de puissance ubuesque !

?

Illusion d’espoir, d’Allez, de poussées, d’élans

Mentaux. Le voilà à nouveau porté, lancé

Vers l’inrêvable à atteindre. Pourquoi pas l’impossible

921


Résonances VI

La belle évaporée

Assoupie, endormie, rêvant encore

un peu de soie divine sur un sofa d’extase

fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,

mais s’étirant encore

sous une lumière lymphatique et pâle

sublime énigme de confusion et de nonchalance

qui semble régner impérialement

Elle conçoit dans son rêve des images claires

qu’elle traverse nue

Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va

cueillir des caresses nonchalantes

tremblantes et fuyantes

Je secoue cette masse belle de femme qui tombe

en poussière de songe devant mes yeux ahuris

922


Suites/Relances I

Autres limbes

J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,

Où la confusion cotonneuse rend informe

Tous les objets de la veille. Je glissais

Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie

Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte

De transe imaginative offerte à la raison

Toutefois.

Des élans de pensées jaillissaient çà et là,

Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.

C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit

Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent

Par recomposition et mémoire activée des souvenirs

D’autrefois.

Puis j’entendis douloureusement la voix

Suave du Christ qui m’invitait à le suivre

Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.

923


Un mouvement elliptique

Un mouvement elliptique de retour

De toi à moi dans l’âme

À la vitesse de l’énergie mentale

Particules de lumière qui irradient

L’intérieur de la raison

Moi, sur mon promontoire

Considérant ce tour de force

Ce mouvement de flux clair et spatial

924


Suites/Relances II

Évanescence et périmètre

De si loin

pensées au plus profond

transmissions concevables

sans doute agitées par ma mémoire

lancées, montées, explosées

Là enfin

poussés par le souffle

Quelques mouvements dans nos rêves

des mots offerts

De moi-même, évanescence

incandescence

pour l'élaboration de l'œuvre

J'observe fixement l'exaltante envolée

des feuilles voltigeant

pensées englouties irréelles

925


surgissantes déplacées

J'y perçois quelque lumière...

Des groupes de mots, des familles, des appartenances

avec l'analogie, la symbolique etc.

Un mécanisme bien huilé, en vérité.

Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.

926


Syntaxes amoindries

Insufflées poussées

extases d'écrivain

Le non-probable, la certitude de l'échec

Associe tes coups mélange

avec ta substance amoindrie

pour tes quantités multiples

Il est nécessaire d'aller longtemps

puiser au fond de soi-même

927


*

Brassage mental de flou et de brouillard, - espèce de

lucidité obscure avec jets clairs

d'images et de lancées dorées.

meurt.

Fluide qui se démêle, s'enchevêtre, se confond, existe et

*

Une flèche sans avenir

mais l'espace se construit avec des lancées

Tu connais des sons

tu habilles des vocables sans distinction

maladroitement

Des poussées en esprit

Nulle intelligence pour considérer

le nouvel espace offert

928


Dans le ciel cloué

Dans le ciel cloué le noir d'un nuage

La violence marquée au plus haut

Je vole sur l'aquarelle haineuse

J'invente un fantôme chargé de mensonges

Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas

Fort, accablant toute pensée.

J'associe avec

Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot

D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous

Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau

Lumineuse ou phosphorescente.

Mes paupières

Des lancées claires sur un brouillard sombre.

Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme

D'activité intellectuelle qui façonne ou organise

Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.

929


La nuit noire

La nuit noire, mauve et bleue, le regard

Cherche en lui quelque quiétude aérienne.

L'invasion des nuages déplace la pensée,

La vitesse des traits et des images emporte

Les mots hors du champ de conscience, la lancée

Des possibilités poétiques chargées de musc,

De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes

Multicolores.

Il faut apaiser l'ardeur, calmer

L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,

Certifier l'espace de sa transcendance interne,

Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.

Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie

Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant

Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.

930


L'image-mensonge et l'écran cinématographique

Des flammèches de mots lancées dans l'espace

Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;

Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;

Des vocables en projection explosant ou

S'accouplant pour une portée incomprise ; le son

Se charge de sens et embrasse le poème

Réactif.

L'espace se remplit et se vide d'un

Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.

Le front est un monde et la porte est ouverte

Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-

Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.

Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran

Magique sublime le génie cinématographique?

Qu'exige aujourd'hui réellement le public?

931


Le présent

Le présent est en attente, il espère cette chose

Indéfinie, imperceptible. Il demande à violer

L'absence, il scrute des traces, il en suggère

D'autres. Il y a pénétration en moi d'écrits, d'humeurs,

De lueurs.

Les mots se passent de sens, mais ils pro-

Posent des possibilités d'idées, de lancées claires ou

Vides auréolées d'espoirs.

Moi et vous - Moi sans

Vous, c'est Moi - seul qui me comprends. Vous, c'est la

Transposition, la fabrication d'un processus différent

Qui engendre l'image, les mouvements, les

Couleurs, la violence, la passion.

Et nous voudrions

Encore rivaliser avec l'image offerte,

Pauvres séniles d'une autre époque que nous sommes,

Seulement capables d'être relus par nous-mêmes.

932


Sur l'écrit à paraître

Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà

Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle

De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume

De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.

La façon de se plonger dans l'obscur - une substance

Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées

De fluides, des magmas de sens - la syllabe qui se

Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,

Se fortifie, offre la vibration - l'incident en

Quelque sorte !

La mémoire valve, la tête s'obstine

A sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-

Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste

Et personnel. Encore un horizon inachevé,

Un regard dédaigneux sur l'écrit à paraître.

933


L'incandescence

L'incandescence de soi ou l'immense jet intime ?

Moi dans mon propre sang, le cœur noir de douleurs.

Pulsations, et quoi ? Et quoi ? Et pour qui ?

Plus loin, la lumière claire...

934


L’air éclate

L'air éclate comme une séquence impossible, je

Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts

Au magma. Des effets lumineux très pervers.

Un souffle crache de la poussière mentale. Le

Long de ma paroi interne suinte de la vérité à

Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et

Cherche à sortir. La fille se retire, la fille

S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.

Le jeu de la tête à représenter. La démonstration

Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du

Manquant et de l'inspiration.

Où allons-nous tous deux ?

L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de

Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le

Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?

935


Au fond du Moi

Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant.

Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors

d'atteinte l'autre

contemple la Cité et cette logique de mots, de

constructions de langage et d'assemblage forme

irréelle ou fantomatique structure délétère.

936


L'observateur

L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,

décomposant en cent mille paillettes les infimes parties

du Moi, ici et là cliquetis de phosphores

désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,

ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté

parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,

de la sublimation et du créatif.

937


Suites/Relances III

Rien n'évolue

Rien n'évolue, tout stagne dans cette cervelle

Étroite. Nulle lueur ne jaillit, nulle flammèche. De

De détestables ténèbres envahissent l'espace supposé

Clair. Il se déplace en cercles concentriques.

Une pensée faite d'et ceatera. De sauts en sauts,

D'analogies en symbolisations, en tentatives de péné-

Trations.

Nul orbe, nulle limite

Il n'aperçoit nul orbe, nulle limite éclairée.

C'est encore une infime partie de soi-même. (L’activation

Des mots est un des paramètres de la création poétique).

Là-bas des étincelles de feu dans l'horizon métallisé.

La profondeur, les cieux, l'aurore que l'on supplie.

(Des lignes construisent un nouvel espace en 2D)

938


*

Nuits enfouies, pénétrées

de bleu ou de noir

Vastes profondeurs infinies

lancées à la recherche extrême de l'intime

Visées intérieures dans le tréfonds

de l'inconnu

Désireux de remonter à la surface

les substances délétères, variables, insoupçonnées

Re - pour le visible

Y a-t-il un Temple pour l'Archéologue ?

Des traces de poussière, était-ce la vie ?

939


I

Elle s'élargit enfin

Comme une corolle imaginaire

Elle déplace la frontière

Derrière laquelle je me sentais

Enfermé.

Les limites, les bordures,

Le silence, puis un écho infime

Qui renaît d'un lointain interrompu

Une présence oubliée grandit

Telle une espérance, doucement

Se propage à la mesure

De la capacité de l'esprit.

En moi, tout au fond

Une angoisse transpire

Et c'est mon pur Néant.

940


II

Pour le vide intérieur

Avec l'énergie vive

Comme une force à maîtriser ;

Elle libère des pulsions,

Se répand dans des espaces

Inconnus, jaillit telle

Une démente et harcèle

La raison. Au plus profond,

Dans le lointain inconnu,

Une rumeur d'exil

Excite le Temps, lui impose

A apparaître pour construire un

"Être-là" qui s'appelle poème.

941


*

Figure où le vide

figure sans mémoire

de lumière déplacée vers un autre centre

jamais utile pour nul éclairage

Figure où l'image se penche dans le vide

et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité

Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu

En poussées obstinées

d'insistance puissante

Formes sacrifiées à l'inutile

de tiédeur de rien

de souvenances dérivées mornes couleurs

qui se désintègrent

Je crois aux illusions

942


Suites/Relances IV

Mouvements de pensées

Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés

Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements

De la tête de jeune éléphant qui active

Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et

Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.

Dans ce Néant presque, haute entreprise; les rayons

À larges jets diffusent quelques élans clairs.

Des vents légers et aériens ; le ciel se charge

De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,

Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence

De l'écriture, et des applications pour la feuille

De papier. De ce magma, que restera-t-il

Réellement d'utile ?

Des manières poétiques,

Des élans stupides que tous rejetteront, en vérité.

943


Le nuage

Un nuage étranger fixe l'image

l'étend ou la fait disparaître

Proche dans l'absence, résident

sur l'horizon

Il cherche l'inaccessible, côtoie

l’inapprochable, fuit l'omniprésence

Il conçoit à volonté ses formes

délétères, esquisses ses déplacements

Il guide l'idée, l'associe autrement

C'est une sorte de supra conscience,

de père de l'intuition qui décide

du sacré à obtenir

Je doute se ses applications,

Nous cheminons ensemble.

944


Ciel

Ciel constellé d'ombres,

J'y songe un avenir meilleur !

Ma lampe, tu te déchires

En flammèches évanescentes.

Ma lampe, errante dans le

Silence incompris, constellée

De lances qui appellent et

Veulent comprendre.

Ciel de savoirs, condamnez

Le simulacre de l'homme,

Instruisez-le d'un souffle

Divin ; le reflet de l'Ange

Éclaire mon avenir d'une vérité

Sublime, semence du Verbe.

945


Expiation d'essence

Ce fut le souffle court qui l'enveloppe

et la soulève

et la couche comme une écume baveuse

La fille à l'anneau d'or s'envolait dans

sa chevelure

Beauté, elle, expiation d'essence telle

dans le mouvement des eaux

Baignée par le sommeil

filant dans l'endormissement, elle songe

Et le baume exalté nourri sa chair

d'ivresse, de soupirs et de désirs inassouvis

946


Dans la poussière

Dans la poussière extrême qui implique le poème

Je t'attends et cet espace intérieur

Quelque soit le lieu

La sève monte avec exactitude

J'imite les filaments et les dendrites neuronales

Je m'entortille en moi-même

Ici s'anime le nombre de combinaisons

Et de choix - je me réserve du peu

947


Ce qui s'échappe

Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe

Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme

Puis ta houle intérieure, inventive

Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit

en dehors de ton temps

La pensée suppose, implose

Pour s'éjecter sur le rectangle blanc

L'oeil qui étudie

Le choix dans l'éclair

948


Le fluide tourbillonne

Le fluide tourbillonne sur lui-même

Revient toucher l'œil

Le sens de la critique est aiguisé

L'effet-miroir - feuille d'écriture

Avide de sens, délimitant la pensée

Appartenance et faisceaux de satisfaction,

D'appréciation

Tout n'est qu'illusions, qu'imperceptibles

froissements d'écumes clairs

Dans le souffle aérien qui s'éloigne

poétique

Vapeurs ou substances comme des gouttelettes

invisibles qui dansent et s'en viennent mourir sue la feuille

Entre mémoire et espoirs, doutes et refus,

poussières à ressouder avec le passage du temps

949


Et des bribes incertaines circulent encore,

échos annonciateurs des poèmes à écrire...

950


Pensées sculptées

Pour oublier, dans la variabilité de la nuit, déjà l'éclair et le feu.

encore.

Avant que la folie ne t'émeuve, avant. L'esprit fluide s'égaie

s'essaie

De l'espoir, au plus bas, - renversée, retournée quand elle

à quelque tentative désuète. Et toi, parfois. Avec des circonstances,

des possibilités ocre ou ternes - toi, aigri, filant, justifiant

de sombres délires.

Je m'appuie sur ton souffle. Mon ciel est chargé d'incertitudes,

il s'interroge encore.

Poème après poème, contre l'épaule, - l'élévation,

dans mon lointain, et nos orgasmes dévastateurs.

La grasse terre, aujourd'hui - toi et l'entourant,

avec quelques fadeurs extrêmes.

951


Ce fut un arrêt, un retour, une mégarde - je l'ai franchi,

je t'attendais – dans l'aurore crépusculaire de l'âme - de confusion :

je me savais.

Refusé, encore, ici. Et le miroitement indécent du ciel.

Je n'avais pas vu. Je me repose. Quelque chose s'éclaire.

Fulgurant ! ...Éblouissements.

Dehors ! Et tu demeures dans l'incertitude de ton tourment –

tu retournes - voltes sur toi-même.

952


Surgissements

Le sens s'évanouit et surgit un autre sens

Un signifiant différent qui déplace le réel

refond le contenu ou suspend son attente

Disparaître, apparaître le vide se construit

saisit une nouvelle image qui déjà s'est enfuit

A l'intérieur le Moi produit d'étranges halos

en sphères concentriques s'évadant s'évadant

953


Résidences

La fuite dans le temps

L'effacement d'une absence

comme une brune invisible

Elle, liée surplombant le vertige

Le langage autrement qui se déplace encore

Il faudrait qu'elle s'éclaire

en apothéoses de clartés

qu'elle recommence l'exploit fabuleux

des raretés premières

ou disparaisse en tristes gémissements

oubliée de tous pour l'éternité

954


*

De rechercher en

de nouveaux domaines

de claires résidences

non pas des labyrinthes ou des cloisonnements

mais l'espace intérieur inconnu

à découvrir

C'est encore soi, mais un soi ignoré

de sa propre conscience

C'est une sorte d'aventure de l'esprit

- ce qui est caché - invisible encore

mais qui doit apparaître toutefois

De-ci de-là très à l'intérieur

cherchant et balançant

lumière claire, fluides de phosphore

Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées

Mais avec quelles matières cérébrales,

quelles traces à appliquer ?

955


Un monde

toutes les nuits

qui échappe, s'enfuit

Infini et Un,

qui se construit et délivre un message poétique

Quel message ?

956


*

Dans la nuit grandissante, tu te propages nue

Tu te penches et je vois s'étirer des mirages

Le secret de ton âme est encore à garder

Insondable mais proche, tu vises l'inconnu

957


*

Même indice, même schème, même application

ici encore cherchant pour rien

ou si peu

enfin cherchant encore

Qui va tirant et se rencontre

allègre en soi qui va

souffre et de se suffire

tandis qu'écoute pensante ma tradition

fluidifie, s'étire, remonte et se reconstitue

De nulle part, très à l'intérieur

et quelle faiblesse !

Suspendu à d'autres souffles

évoquant le vertige

Puis nouvel indice

poussière, grain, interstice

scintiller - cela vrai - et respirer doucement

958


Sous mes yeux

dans mon regard, toi à l'œil !

Tu m'as dit quel mica

sur ma fin de vivre

Et l'autre rive là-bas...là-bas l'autre rive

959


Endormies sur le feu

Quelque chose d'utile toutefois

Callosités, vétustés et venin - n'aie nulle

Crainte ! Je te connais dans les méandres

De l'insipidité avec cet enchevêtrement de

Choses obscures. Même si ces propositions dé-

Pouillées te semblent inaptes. A ta façon

D'écrire. Ils finiront par s'y soumettre. Ainsi

Offre de claires lancées auréolées d'audaces

Vertigineuses - c'est cela : audaces vertigineuses !

Avec l'espoir d'obtenir quelque chose d'utile

Toutefois.

960


De grandes fluidités

De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon

poétique puis vont se dispersant sous la tiédeur endormie.

Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour

l'amour infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans

le lointain espère quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des

illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?

sursauts sporadiques ?

Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des

Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de

l'esprit - je veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un

bégaiement aléatoire.

Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces

intercesseurs de l'écriture, ces génies de la syntaxe ?

dépens.

Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes

961


Pénétrant, et cette fièvre

haine, dans l'élan

Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la

mais pénétrant encore

incolores de soi à soi

Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées

Oui, mais en dedans

Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre

j'avance songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude

Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te

guidant - et tu réponds par le regard en avançant

repos

D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le

Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles

légères - dans l'ombre de mon corps

962


Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches

entortillées et fuyantes et ronces

Moi ayant toujours cherché et visitant

Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore

963


La belle obscure

De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement

Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres

Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la

Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements

De synapses dans l'immense luxuriance du don !

Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis

Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-

Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades

De courbes, en fuites éperdues, en élans in-

Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !

Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et

Figurative, ou plonge encore dans l'immanence

Insouciante de la raison, dans la vasque remplie

De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.

964


Pour les sels futurs

Oh ! Si peu pour un lien de subtils fusionnements

Là dans la vague éternelle une pensée s'émeut

Subtile grise, grise enfouie espérant

Quelque saveur extrême émanée par le songe

Qui se disperse et va s'effilant, il est apaisant

De s'arrêter ici - après un temps lumineux

De furtifs essais. Égarés, ébahis encore

Dans l'émergence du présent, il paraît juste

De supposer

Puis pulsions indomptées, effusions,

Essences, évanescences, fluidités limpides, - qui

Se dit à soi-même : est-ce moi dans l'enchevêtre-

Ment des mots et des folies d'accords, est-ce moi ?

Fuyant encore paraboles et disgrâces pour agencer

La plume et répandre en sa chair les sels futurs.

965


Figures pensantes

Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent

De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense

Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élaborent de

Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel

Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.

Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée

S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse

D'autres espaces clairs ou invisibles !

Se propose

Un futur

966


Dans le vide

Figures disposées dans le vide

Figures pensantes et articulées

Dans les sinuosités angulaires escarpées

Et tranchantes qui se renvoient

Avec leur logique désordonnée des fragments

D'images bariolées

En approche de l'esprit, les constructions

Se désintègrent de couleurs en lumière,

Lambeaux de toiles mortes,

Vieilles souvenances oubliées

Figures déployées sur l'écran de la mémoire

Là le mensonge éblouit

Pour la renaissance des châteaux

En élaborations incomprises

967


L'être inventif

Toi en frissonnements d'extase ~ en clairs

Abysses lumineux ~ toi tu effleures l'être

Inventif ~ encore en jaillissements fluides,

La fille incomprise, obscure et profonde ~

La fille absente ébouriffée s'enfuit.

968


La pupille dilatée

Ce sont des essais sauvages, des baies délicates et

précieuses dans ces flux incessants de lumière. Plus loin, les eaux

trempent leur insouciance dans un sommeil de printemps. C'est

encore la nouvelle expérience de la vie avec ses forces soudaines et

ses écumes qui transmettent l'agonie de l'hiver.

La pupille dilatée, il croyait voir le paysage autour

de lui s'enflammer. Toutes ses certitudes s'évanouissaient d'un coup

: science et a-science, formes déformées, fuites des éléments

physiques, lyrisme en folie - la mort le portait déjà vers un autre

espace.

La magie de la nature était réinventée.

969


Pour,

Émergences

Pour, dès qu’elle survivra à l’orée des tempêtes

enrubannée d’orgasmes pensée et recomposée dans l’essence

aérienne

Et tel un glissement qui rebondit dans l’éveil enchanteur

pour déborder d’espoirs

Ici et là et à côté ~ la localité se précise dans un centre -

focalisation

Ce fluide, je l’entrevois comme un plasma frivole

970


I

Contre ta douleur - de gré à gré, m’entends-tu ?

Ta force et les infamies

La fluidité exquise, les excroissances de l’âme

Dans ton souffle nuageux s’ouvre un Temple d’extase

Collée à ton sang - ta liqueur sacrée

II

Se dit, se creuse :

La fuite ballante dans l’orgueil inédit, l’air liquéfié bondissant

Puis la rumeur éternelle du rendu avec mémoire et syllabes hurlantes

971


Entends-tu, entends-tu ici-bas ?

L’esprit suffoque et gémit dans l’ombre, interdit.

972


Déplacé dans l’impossible

Déplacé dans l’impossible menteur à la

Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle

Part. Au travers, se supposait au travers.

Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons

De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,

Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.

Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,

~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.

Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,

Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.

Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle

Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit

Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique

Le sceau sacral, et je prétends produire !

973


L'ange

Les Roses ensevelies

Tu flottes mais ne penses guère ; tes envolées

Nocturnes ne sont que des effets trompeurs.

Tu fluidifies ton vrai : l'extase s'enfuit

Dans les méandres de l'inconnu ~ là-bas.

Je touche l'ombre aérienne, et la folie

Tournoie dans l'interdit à pénétrer.

Les formes immortelles poudroient un impossible

Froissement d'ailes - des flots de roses

Envahissent ton âme - tu les respires confusément.

Beauté, ma toute pure, va rafraîchir tes seins

Dans les frémissements clairs et les opales sublimes,

Va quérir l'immensité fugace où l'éphémère

Intemporel qui nimbe ton visage clair

~ une manière

D'ange déploie tout à coup ses ailes purifiées.

974


L'objectif

L'objectif, la finalité à atteindre, et les vaines images

gazées de silhouettes claires ~ là-bas

Dans les halos avec musiques aléatoires, ivoires élégants

ou encore des compositions de feuilles rouillées belles

toutefois

Donc applications, certitudes, intentions à obtenir, il a

pensé ~ c'est l'évanouissement dans la neige avec fragilité

pure ou marbres fabuleux - le souffle persuasif de nos râles

en détresse - il a pensé

Reculez impossibilités poétiques, folies de l'interdit -

sang frais coulant de la bouche d'autrui.

Ma force qui rythmes l'audace, quelles sont tes

déficiences ? Le sais-tu ?

tard.

Possibles violences et chocs prohibés - j'y reviendrai plus

975


Sur-inventer

Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le

délire optique

Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en

préexistences phénoménologiques, en fluides étirés, en sèves

bouillonnantes, en

Sperme-écoulements de ton vrai

Azur consubstantiel azur contre azur vous que j'ai

déchirés d'un bruissement d'aile pour confluer vers mon

Néant

En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de

verso pour aplanir la plume qui glisse

Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez mes

envies appliquées dans l'aléa de l'écriture pour venir féconder

de sublimes connaissances !

976


Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec

cette fille sale et répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma

chienne soumise et aboyante ~ tu vois, nous cherchons encore

977


Substances et Distances

Fondre

Fondre tous les finis et infinis

Néanmoins parvenu en élixir d'extase

Éparpillé, brisant les mille concrétions, scintillant

Et là-bas reflété dans ta triste agonie avec limbes effilés

fuyant vers des limites inaccessibles

978


Essences et

Essences et apparences, et quelles

Fuyant la vague morne profondément en soi

L’être, balançant en non-être et déviances sans

questionner son infini

Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies dans la

mesure du déroulement tout en glissant

Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté par ce

vent qui vivifie tandis qu’une plainte maladive semble encore

supplier

Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement

Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de son

ombre, en poussières de lumière, en déchets entassés

Et les présences émerveillées qui trament et trament

encore dans le sein de l’éther

979


Combien encore de marches inutiles, de conquêtes

limpides dans le foyer boréal du Moi !

Endormi sous le charme mensonger de quelque vaine

idole et contemplant les astres parfaitement posés

Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je léger

d’hypnoses neigeuses, m’élevant encore, là et là-bas dans

l’errance où je diverge immensément ~ elles, sont des féeries

dansantes

980


qui s’étire

qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de

spasmes suffocants, fuyant de pâles divagations inconnues

et encore : pour quelles perspectives ?

Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme

sublimes oublis espérant malgré tout...

Ô

Ô habiter dans l’indécis

Penchées en équilibre, vous m’élevez vers l’abandon

Songe et ne puis

Halos halos de fuites évanouies en évanescences

d’astres,

ici point le clos mais lové en soi

981


renais et reviens en fumées déliées

et là encore, oui là abandonné

982


Mystiques

I

qui s'amoncelle, se propage et déjà s'épuise ou s'apaise

en oui-toujours-en

échos d'abandons, de vertiges et de profondeurs

inassouvies

toutefois

là dans ton futur pour plaisirs généreux, éphémères

II

De fortes luminescences saccadées, trépidantes.

Fuites, fuites dans la nuit. Cadences et rythmes pour des

gestes convulsifs. Sera-ce le déluge ? Est-ce magma projeté

dans l'espace-mien ?

983


Avec sexe et cadavres. Je me tords sous la dernière

expiation. Les transes où j'éjacule à nouveau. Musique claire

ou violente démence. L'évanescence de l'âme. Que ma joie

soit accomplie !

984


FRANCK LOZAC’H

éVANESCENCES

985


FRANCK LOZAC'H

LES SOUPIRS DE L'ESPRIT

986


L'Huile fraîche

Qui donc du cerveau

Qui donc du cerveau infécond que l'esprit aime

Fait jaillir des monstruosités et des charmes ?

Quel humain, quelle bête à l'étincelle suprême

Proposerait le diamant comme la flamme ?

Ce rarissime exploit en qui vit la nature

Et croît à chaque instant, diadème nouveau,

Rassemble les méfaits en sublime mixture,

Et grave son empreinte sur le cœur de mon sceau.

Qu'un Dieu, un jour superbe, couronne ma faible tête

De cascades de lauriers pour ces œuvres stériles !

Pour descendre mon âme au niveau de vos bêtes

Aurait-il vu en moi un serviteur débile ?

La nuit, la nuit obscure foudroie contre mes tempes

Des feux bouleversants détruisant mon salut.

Ces douleurs incisives, ces souffrances latentes

Me condamnent à la mort, moi qui ne parle plus.

987


Au tout premier réveil

Au tout premier réveil

Hors des sables mouvants

Sans lumière sans soleil

L'exil s'effile tremblant.

Amoureux des douceurs,

L'esprit rassemble encore

Les dernières saveurs

Soufflées quand il s'endort.

Dans un vol embaumé

Son corps déjà s'avance

Vers l'espace condamné

En sublimes espérances.

Des sanglots tout à coup

Dans ce calme limpide !

Elle, nue à pas de loup,

Pleure dans son œil humide !

Pour mon indifférence,

Ô fille délaissée !

Bercée de nonchalance,

Elle se voulait aimée !

988


Senteurs de l'altitude,

Loin des lâches misères,

Comme à son habitude,

Fuyant l'horrible terre !

989


Le Moût et Le Froment

Par-delà

Par-delà toutes ces forces qui usent ta vigueur divine, par-delà le harcèlement

continuel qu'il te faut subir, c'est l'esprit de la soumission que tu es prêt à accepter.

Tu jouis de ces mensonges comme une femme complaisante baignée dans de

monstrueuses orgies. Tes revendications ne sont que de pleutres facilités. Car tu touches

d'un doigt mesquin les saveurs déployées, les suavités fulgurantes. Tu aimes à entendre ces

agaceries bizarres qui frappent ton âme révoltée.

Ces horizons s'illuminent tout à coup avec des torches vivantes enflammant

l'intérieur de ton esprit possédé et visqueux. Tu vis dans l'horreur de la déformation. Tu

acceptes cette soif de vengeance dont la seule utilité est de te nuire. Après la contemplation

unique des règnes putrides, tu te plais à jouir des luttes excessives indignes de ton affreuse

loi.

990


Ce n'est plus une idée simple

Ce n'est plus une idée simple et compréhensive en peu de temps qui est ainsi

exprimée, mais les caractères même de la pensée qui sont explorés avec toute l'attention

nécessaire. A moins qu'il faille envisager l'analyse avec plus de discernement, avec une

rigueur incisive et efficace telle que personne encore n'avait osé s'y astreindre.

Pourquoi s'essayer à trouver des arguments, des preuves alors que le bon sens que

chacun possède suffit à démontrer le contraire ?

Certains savent que nos vues ont fui ce mélange trouble. Pourtant plusieurs

chemins s'offraient à nous. Deux pouvaient être empruntés. Ils semblaient aisément

praticables. L'un indique l'impuissance et le retour prononcé sur soi-même avec une

jouissance ressentie dans la vie du malade. L'autre est plus dangereux, il est le sceau de la

vie fatidique. On ne peut y échapper. C'est une issue dernière comparable à une porte

ouverte sur le néant. Chaque étape étant identique, il est impossible de la dissocier de la

précédente. Une sorte de mort qui serait le point idéal de stabilité comme un neutre,

équilibre parfait.

C'est la chance révélatrice des destinées qui fit échouer l'expérience de

l'emprisonnement. Une force magnétique, elle conditionne les pensées, les change et les fait

resurgir déformées comme par envoûtement. Tout l'esprit se voudrait autre, car il est

conscient de sa perte : c'est un venin qui se diffuse en nous, une araignée qui enveloppe sa

proie.

991


La conscience éclaire le possédé pour lui donner la raison de résister, mais

comment lutter contre son destin ? On aimerait à comparer le destin à une machine infernale

lancée que le conducteur serait incapable d'arrêter, à une espèce d'énorme bête besogneuse

qui avancerait gueule écrasée, les pas alourdis par l'empreinte du temps.

La foi est l'unique guide puisque le Saint Livre détient la clé de la Vérité. Seul,

l'apport divin peut lever les voiles, lui seul a prouvé l'Annonciation. Lui seul te sauvera des

misères et des embûches de ta détestable vie.

Mais le rire divin éclate à mes oreilles, et fait trembler mon être, comme pour se

moquer avec ironie de mon piteux effort.

992


Il y avait un lieu

Il y avait un lieu où le monde se pensait. Chacun, seul était un fragment de tous.

La tête inclinée, le visage enfoui dans ses deux mains, il pensait. Il n'attendait pas de

réponses des autres. Sa mémoire après maintes opérations savantes se transformait. Il

devenait, je devrais dire, il grandissait. L'esprit ainsi neuf, l'esprit multipliait les

raisonnements. Je suis devenu longtemps après les anciens une force saine.

Silence approfondi sans la parole humaine. Se sont fondus, se sont confondus les

préceptes, idées et syntaxes. A l'origine des pensées sereines nageait dans un tourment un

feu. C'était une autre idée pleine de confusion marquée d'abandons douteux.

Il y avait ce lieu où je me lisais. Fort de ma jeunesse, je buvais chaque parole. Il y

avait la femme que j'inventais. La femme droite unie à sa danse, elle était perdue. Ni lieu ni

secte ne la concevaient. Elle se mourait. On remplaça la femme par des poupées. Elles nous

firent l'amour.

Dans les copies, je voulus du neuf. Je remarquais mes non-sens, et j'insistais. En

fait mes raisons me déplurent. Je m'accaparais... Je me plus à jouer avec le vent. Je devins

libre et solitaire. Les forces m'accompagnent encore. Mais je jouis de mon esprit volontaire.

Il y eut un lieu où les hommes se haïssaient. Je partis serein et transformé, libéré

mais sans copies. On remercia le travail.

993


garderait ?

Sans paradis, quel ange nous porterait ? Sans prison quel homme de peine nous

Il y avait une voix, mais je ne la chercherai plus.

994


Les extravagances de l'esprit

Les extravagances de l'esprit, les grands maux de l'âme tourmentent la vie de

l'écrivain : il se nie. Il n'existe pas. La profusion des douleurs, l'éternel, le bruit constant : Il

n'existe pas. Les jours brûlent, il inscrit leurs dates. Hier est déjà oublié, car aujourd'hui est

plus présent encore. J'obtiens le Néant sous le soleil de l'avenir. Les morts ont tué ma

jeunesse. Les mois disparaissent : il n'existe pas. Les conditions de vie sont inhumaines. Un

refus constant à la culture, à l'écriture, à la lecture. Une gêne perpétuelle - des coups

certains. Je n'ai pas de défense. C'est la soumission. Je subis les forces. Je suis contraint à

subir leur présence. L'espoir, c'est leur départ. Ou, non - c'est la cohabitation féconde et

intelligente. La fin d'un bagne ou d'une prison. Les oreilles libérées, cette putain de vie

redeviendrait humaine.

995


Le Germe et La Semence

De vaines méditations

De vaines méditations vouées à la parure,

Pour ce nuisible ouvrage, de virulentes paroles,

Disposées entre deux pages grises presque impures,

Et des semblants d'images lues comme des paraboles ;

O piteux de moi-même, tentatives perdues !

Que je hais les espoirs luxuriants de tes nuits !

A peine terminées et déjà délaissées,

Ces horribles fadeurs que ma chair a vomies !

Peut-être que demain, jour de lumière vécu,

Par ce fouillis de lettres, moi l'esclave enchaîné,

J'écrirai cette page maintes fois aperçue ?

Ignoble sur qui l'esprit vain se consume,

Qui fait de l'être indigne l'homme désespéré,

Feras-tu se mouvoir ardemment cette plume ?

996


Le stérile hiver

Le stérile hiver glace d'un geste royal

La source limpide et claire que ma lèvre embrasse,

Alors le fort déluge d'un roulis infernal

Sur le front enivré de songes se fracasse.

Vils de douleurs, et de violentes pensées,

Des rapaces s'en viennent s'abattre sur mon toit.

Leurs serres ensanglantées dans ma chair déchirée

Arrachent à mon esprit d'impénétrables lois.

Là-bas le Néant absolu, dévastateur

Voudrait bien m'engloutir dans sa ténèbre immonde.

A son service, tous ses démons provocateurs

Jetteraient ma raison dans des caves profondes etc.

997


Le Manuscrit inachevé

Mes trophées

Mes trophées, mes jérémiades, ô la mystification pour des richesses convoitées !

Crapule, tu crèves dans l'orgueil. Tu as subi des crises puantes, des cris menteurs.

Tes nullités nagent. Ce sont tes soucis.

Voici que les difficultés tombent dans tes chemises ! Pour raisonner, lis les

journaux ! La vie est d'une transparence sans esprit.

As-tu fait dire de toi : quel esprit complexé ! Arrivait le pâle essai, et j'interrogeais

mon rôle : Qui est-il ? Silencieuse nuit, nuit lourde de travail où je ne dominais rien.

998


C'est avec netteté que je voyais

C'est avec netteté que je voyais, et tous les troubles de ma pensée n'étaient que

d'insignifiants prétextes à des expériences captivantes. En effet, la plus infime observation

par une vicieuse opération de l'esprit devenait objet de fixation.

La nuit favorisait l'accomplissement de ces expériences. Les sommeils difficiles à

provoquer fixent l'esprit court et l'affolent des évènements passés de la journée.

De quoi étaient composés ces manigances ou ces indéchiffrables flashes qui à

peine compris ou interprétés s'effaçaient de la mémoire remplacés rapidement par d'autres

flashes tout aussi éphémères ?

C'étaient des phrases ou des bribes de phrases qui venaient se fracasser à l'endroit

de mon front accompagnées de sonorités diverses.

Les voix se juxtaposaient et quoiqu’inharmonieuses pouvaient se comparer à un

ensemble d'instruments de musique, chaque musicien jouant son propre morceau sans que

personne ne vînt l'accompagner.

La souffrance qui s'obstinait m'incitait à des croyances profondes, à des prières

que jamais je n'aurai osé imaginer. J'étais devenu mystique.

999


Longtemps après les cavales

l'été.

Longtemps après les cavales dans les bois, je m'endormis à la première étoile de

Les mains sur les hanches, je fis un tour complet sur moi-même, et je regardais le

paysage près du ciel. Un grand poète face à moi dans les pénombres des arbres élevés.

Je tournai la page, et un autre homme me rit à la figure à travers les feuillages.

Au milieu des bosquets, un rappel de symphonies humaines : de larges voix

vagabondaient dans mon âme.

Ma tentative fut de m'exprimer. Rien ne sortit de ma bouche.

Dans les moissons, je trébuchais sur ma jambe d'appui. Ils se moquèrent de moi.

Arrivé près de la dernière demeure, je trouvai la clé des folies éternelles. Je ne pus les

chasser. Elles revinrent en force.

Mon esprit grandissait. Je me croyais chanceux. J'étais à plaindre. Le réconfort est

lié à l'espace. Mon temps est trop cher, j'attendrai.

Je repris une course belle à travers les sous-bois. Parmi les ombres menteuses, je

m'effrayai. On me montra du doigt. Je pleurai souvent.

1000


Entre les châtaignes, je reçus des épis d'or. Malmené, j'aperçus la Vénus verte pour

deux nus cachés. Ma jeunesse grossissait en raison du vin bu. Ma modération cachait mon

tour de tête. En raison du parti pris, je cognais une nouvelle fois mon sang dans ma cervelle.

Je ne lisais pas.

Qui sait si je ne respirerai pas l'air du printemps et ses herbes et ses odeurs et ses

mirages ? Mais non, car l'aventure a rendu amer mon exil.

1001


Impuissance

Impuissance suivie de calmes limpides hantés de blanches et de vierges pensées.

En fait, je suis forcé de soulever le poids de mon âme pour n'y rien déchaîner... Fantôme qui

harcelait l'enfance pure qui se déboîte, cliquetis désordonnés dans un château - ceci est mon

esprit. Lumières fulgurantes, oublis dans des précipices ou caves, danses macabres d'un

spectre dans les profondeurs de la raison. Horreurs ou transparence d'envoûté ?

1002


Le Croît et La Portée

Dans les noires profondeurs

Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,

Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,

Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit

Qui lentement regarde, majestueux et droit.

Il regarde les heures s’égrener peu à peu,

Cadavre bicéphale implanté dans mon âme

Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,

Et mon piteux savoir est toujours miséreux.

Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.

Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :

Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.

Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire

Et prétend posséder la beauté immortelle

Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.

1003


Collages

Calme lieu des soupirs

Calme lieu des soupirs confondus, étang de grâce où glisse la pureté du cygne ; or

jaune des immensités perdues, je me flatte pourtant d'ignorer ton empire et de nier l'esclave

de ta puissante proie. Je plonge encore aux restes d'une cruelle insoumise ! ...

Je renais vers des trésors enfouis. Je m'active, hurlant de passions pour une

vendange nouvelle, blancheurs des vins d'orgasmes !

Jamais esprits de femmes ne burent les troupeaux virils à la fontaine des soupirs.

Mais changeant ton regard de fille belle, oublierai-je dans l'azur ta sublime passion

? Le feu dévorant jamais n'expire en chaleur de flammes et de tentations !

Je reprends ma plainte immonde. Je crie dans les draps travailleurs tandis qu'un

murmure d'ombre, qu'un filet de voix songe : je ne peux plus.

1004


Louanges du feu

Mon esprit est malade

Mon esprit est malade. Je l'ai enfermé dans des drogues douces, dans des ivresses

de buveur d'alcool. J'ai lavé mon cerveau avec toutes les musiques célestes, rien n'y a fait. Je

me suis cru amoureux. J'ai donc fatigué mon corps sur d'autres corps pâlissants ou affreux,

rien n'y a fait.

Le courage me manque et je pleure souvent. Que de nuits ai-je passé à attendre

l'Autre, l'Esprit chéri qui calmera mes douleurs !

Comme un vagabond, hagard qui semblait toujours fuir, j'ai couru, j'ai cherché la

femme, ma Femme celle que j'ignore, et qui est cachée dans le mystère au fond de mon cœur.

Quand la souffrance s'empare de mon âme, et me laisse des nuits durant aux bords

des gouffres et des catastrophes singulières, je me couche sur le côté et je crois respirer les

senteurs de tes seins. J'invente un miracle.

C'est peut-être l'odeur des foins ou des prochaines fiançailles. Mais il n'y a pas de

baisers, il n'y a pas de corps doux à caresser. J'appelle ça l'Espoir, ou mieux la Vie.

1005


Ombres bleues

Abolir l'esprit

Abolir l'esprit stérile, décapiter l'âme pensante.

Il croit en soi, il se sait

Il crée le Nul, il Est donc Rien.

D'ailleurs il s'est tu,

Le silence est sa raison parfaite.

VIDE

BLANC

État de pureté cosmique.

Dieu, sauvage, ou Robinson ?

Rien dans le Néant.

Le Néant, c'est déjà quelque chose !

Il ne faut pas que le Néant existe.

Zéro.

1006


Forme d'obéissance

Forme d'obéissance,

Je revêts le pudique habit

De l'esclave,

Et je me soumets

A ta substance blanche

Comme le mendiant démuni.

Comme soumis

A ton injuste puissance,

Vois je te supplie

Et j'implore

La raison de ma délivrance,

Ton esprit de génie.

1007


Sachet d'herbes

Je ne pouvais souffrir

Je ne pouvais souffrir plus grandes déchirures,

Car le mal insoumis me rongeait de tortures.

L’Idéal des Amours allait, tirait ses pleurs

Infligeant au mourant de terribles douleurs.

Je me devais hurler dans l’horreur de la mort

L’infâme sentiment qui s’arrache du corps

Et qui fait subit à l’esprit purifié

Les tristes sanglots du Soleil déifié.

Sublime vision au Néant emportée !

O terreur de mon âme à jamais envoûtée !

1008


Le Livre blanc

Il te faut parvenir

Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée

Malgré le désespoir du vers incontrôlé

En ton âme pensante extirper le savoir

Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.

Il te faudra longtemps extraire une substance

De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,

Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur

Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.

Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître

Encenser de leur gloire le génie des poètes

Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.

Par-delà les sueurs qu’inflige le sublime,

Je pourrais conseiller à ton cœur se mourant

D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.

1009


Sonnets 84

Ô mon âme incomprise

Ô mon âme incomprise, ne te languis en rien !

Tu te dois de laisser l’insensible critique,

Incapable qu’elle est par son droit despotique,

De savoir séparer l’ivraie de son bon grain !

Ô mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !

Tu ne peux l’ignorant de toujours l’accuser,

Innocent qu’il sera, ne veux-tu l’excuser,

De ne comprendre point l’amour et son soupir ?

Il est qu’un Comité satisfait de son rang,

Prétend par le pouvoir qui lui est conféré

Décider du savoir dont il use en régnant.

Il ne sert de jurer de son inaptitude

A vouloir encenser ce qu’il a préféré,

Même si son erreur prêche l’exactitude

1010


Sais-tu de quelle liqueur

Sais-tu de quelle liqueur je veux gaver mon corps,

En extraire l’élixir et sans aucun effort,

Obtenir de ma plume qui voltige et s’enlève,

Un esprit sublimé d’un rêve qui se lève ?

Peux-tu, mon Buridan, éclairer ta cervelle

Atteindre mon génie qui toujours t’émerveille ?

Et comprendre, insensé, la finesse des mots

Que ta bouche putride accompagne de rôts ?

J’unis à ta bêtise ma pensée immortelle ;

Par-delà ma raison ma gloire se constelle,

Et plane aux cieux divins au-delà de la mort.

Je laisse à ce sonnet qui lentement s’achève

Le plaisir de jouir, et sans aucun remords,

Te concède le droit du médiocre qui rêve.

1011


Je sais que tant de gens

Je sais que tant de gens dénigrent mes écrits,

Les prétendants stupides par leurs pensées fécondes.

Je sais que je ne puis satisfaire leurs esprits,

Se flattant posséder de la belle faconde.

Je laisse aux ennemis se moquer des tournures,

Et en rire lourdement se tapant sur la panse.

Je leur donne le droit d’infliger leurs censures,

Sachant pertinemment ce que critique en pense.

Mais je peux invoquer leurs stupides raisons,

La stérile ignorance qui longe leurs saisons,

Et se veut exister au fil du mauvais temps.

Je sais que l’impossible est d’être reconnu,

Dans les jeunes années d’un esprit survenu,

Que son âme incomprise engendre un pénitent.

1012


Je voudrais m’endormir

Je voudrais m’endormir dans les yeux de la Mort

Glisser tout doucement, mais sans aucun remords ;

Sans regrets, sans soupirs, m’étendre dans la nuit,

Tomber dans l’ombre noire du soleil qui a fui.

Je voudrais respirer les plaisirs de la Mort,

Les jouissances promises, délivrances du corps,

Et libérer enfin les tortures de la chair

Qui condamnent mon âme aux sombres adultères.

Je voudrais voltiger par-delà l’univers,

Glorifier mon esprit au-dessus de nos sphères,

Purifier les noirceurs qui hantent mes malheurs.

Parvenant à chasser par mes vœux les plus chastes,

Les horreurs de la vie, ces terribles douleurs,

Foudroyer ces frayeurs à ma raison néfaste.

1013


Grappillages

Moissonnées les puretés

Moissonnées les puretés célestes dans les airs cristallins ! Brassées les gerbes d’or

au-delà des soleils et des pensées légères ! O mon esprit subtil envole-toi là-bas où les Dieux

t’appellent.

Débarrasse-toi de ta carapace de chair et regagne le sanctuaire interdit ! J’y ai vu des

hosties vivantes et des foyers de lumière tourbillonnant dans des espaces clairs ! J’y ai vu la

voûte obscurcie dans l’ombre du savoir pour la parfaite connaissance de la vérité !

A moins que ta mission soit encore t’obéir ! de t’abrutir cyniquement avec les livres

sacrés qui encombrent ta tête ! à moins que le chemin à suivre soit cette présence parfaite

d’un Christ en apprentissage...

Ho ! La plus atroce et la plus belle des tentations pour l’amour des trois Dieux, pour

l’amour de ta propre pureté humaine !

1014


Souffles nouveaux I

Jette dans le noir désir

Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à enorgueillir tes nuits.

Plonge sous la clarté macabre les derniers délires de tes folies.

Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je joue par l’analogie, par

l’avalanche de mots de la même famille. Mais quand comprendrais-je que je ne suis plus

apte à exciter ma critique avec de telles solutions ?

Un jour maudit entre tous, je délaisserai ma chair et regagnerai l’intemporel. Je

défis l’existence de m’apporter une once de savoir...

Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité me permettant d’agir.

Mon “Je” est détestable.

Je cherche à transmettre le produit dans des conditions extrêmes de gains. Je veux

pouvoir dire : je prends et j’ajoute.

Donné aux esprits de l’air, soumis aux verges du ciel ! A l’aube du poème, je

n’étais qu’un fils coupable. Il fallait descendre le maudire et le soumettre jusqu’à ce que la

douleur lui fît produire ces écrits impossibles.

1015


Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides de fumée, ce sont des

protections ridicules et dérisoires. La chair adressée... les cicatrices invisibles. L’horreur de

la souffrance et pour quelle Force d’espoir ?

Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et non pas un amas

cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir splendide, épuré pour y baigner son âme

assoiffée. Qui implores-tu ? Lui abonde, lui est repu !

Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui contrôlées. Un esprit vif se hâte

jusqu’à n’obtenir que le néant de soi-même.

Il y a aberration à vouloir tout écrire, à se dire : qu’importe, je parviendrai toujours

à récupérer la structure, ne suis-je point un habile trapéziste qui retombe sur le fil ?

D’ailleurs, il y a un filet.

C’est une constance d’incompréhension, mais de ce tas douloureux monte un

effluve léger et dansant qui nous indique la voie à suivre.

de papier.

La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair traçant qui signe la feuille

De ces déchirements, de ces violences internes, de ces conflits invisibles, qu’en

tirera l’intelligence ?

1016


Sagesse et audace

elle te guidera.

Entre la sagesse et l’audace, apprends à concevoir l’occasion, maîtrise ta chance,

“ La bravoure et la prudence de David ”, dons du Saint-Esprit.

Puis je sais, puis je prends conscience que je suis Rien. Mais rien, c’est déjà

quelque chose se plairait à ironiser le railleur de l’esprit. Non, j’écris sérieusement. Nous

sommes quatre à comprendre, la Trinité et Moi.

Absent pour les inutiles, présent pour l’Œuvre. Que pouvais-je tirer de vos

médiocrités, de vos visages détestables, de vos âmes stériles ? Le puits était en moi.

L’onction était en moi. Je devais y puiser pour extraire le produit poétique.

Je ne vous ai pas haïs, je vous ai contournés comme on contourne un obstacle, un

mur, un boucheur d’horizon.

Fallait-il s’en référer à vos niaiseries, à vos médiocrités de fonctionnaires ? Petits

jaculateurs de la cervelle, y avez-vous songé ?

Je pense à mon idéale de beauté, à cette femme bleue presque blanche de

chevelure à la Magritte. Je la vois pure et transparente, je la sais confusément sous un amas

d’ombres, de chair belle et de nonchalance. Je l’invite au repos suprême pour qu’elle

devienne mienne dans des épousailles spirituelles. Elle voltige et tournoie et rit de ses dents

éclatantes puis elle se jette sur mon âme pour un ballet nuptial, superbe et messianique.

1017


Ténèbres de mon âme d’où surgissent des pensées oubliées, des images de

mémoire, je ne veux plus de l’implosion chimérique, médiocre désespoir. Ai-je l’aptitude

pour créer autre chose ?

L’homme rampe dans son esprit, fusillé ou soumis, l’homme cherche, esclave

quémandant le poème.

Donne-moi une chair de poème à pénétrer, à jouir pour un orgasme cérébral !

1018


Qui donc en Toi toujours s’éclaire

I

Qui donc en Toi toujours s’éclaire, sans le jour ? Oui, ta demeure, je puis la

retrouver ! Tu t’en es retourné dans l’espace autre, avec ton compagnon, avec ton frère de

lumière. Qui donc est très près de Toi ? Quelle puissance nouvelle m’as-tu caché que je ne

puisse avec l’œil pur atteindre ? ”

Toujours par toi, je me suis vu grandir, comme sentinelle dans la certitude de

l’avenir. Par toi, que sais-je ? Qu’ai-je su ? L’esprit prophétique pénétrera-t-il l’intelligence

humaine ?

Qui donc est-il, Frère nouveau ? Esprit soit-il où j’ai quelque part ? Sur le bord du

savoir, comme enfant à nourrir (et cesse de dire : je ne suis qu’un enfant !) sur la chair

onctueuse de vrai Livre, vois je me nourris.

Comment aimer, d’esprit aimer, ceux pour qui le pur est peu ? D’amour aimer avec

chair d’homme, avec sexe et sueurs d’homme ?

II

Ne me sois pas un Divin de silence, caché, nourri de son absence. Faces sublimes

éloignées... Où est le bouclier qui protège ? Pour quelles causes, me faut-il respirer le sang du

massacre ? Mes armes de prières ne me sont d’aucun secours ! ...

1019


J’ai lourde offense, et tu n’es pas là. Je suis l’Épouse violée et frappée, l’innocence

persécutée. Où sont mes protecteurs ? Où sont mes gardiens ? La fille vierge est souffrance.

J’ai toute intelligence et je ne puis comprendre. Qui a osé introduire le Mal en ma

demeure ? La douleur est là qui me pénètre. La foule d’ombres est dans la chambre assiégée

et trahie.

Non ! ... Ce n’est point sur le seuil, haut lieu de prière, c’est le mur de transparence

offert, qui me sauvera vers la belle sainteté.

Car j’ai fort espoir ! Ô Dieux, mes Dieux, comblez ma chair, encombrez mon

corps de substances claires, de souffles chauds.

mort !

Toi, mon Dieu cruel, veuille par ta force me soulager de la noire soumission à la

plus haut !

Là-bas mes Dieux ! Mes Dieux jurés ! Déjà disparaissez au plus clair de l’éther,

Sois-là, toi, ombre dérisoire, médiocre pensée écrasée sur la terre. Songe et

conçois, ou détruis encore, car telle est ta fonction.

Ne fuis pas loin de moi sur la pensée liquide.

1020


Je prétends le Verbe

Je prétends le Verbe entre l’Élixir et la pensée céleste.

Inengendré, incréé, au-dessus, Il se conçoit soi-même, sublime et divin, dans sa

parfaite communion avec le Père.

vérité.

Je me sais hélas dans ma ridicule naïveté de voyant, d’oint, de rien, de moi en

Ton existence terrestre ne te sert qu’à progresser, qu’à sublimer, qu’à recevoir.

La nuit me permet de retrouver l’éphémère image qui disparaît là-bas derrière le

mur. (Je parle en mystique. Moi seul puis me comprendre.) Y voyez-vous des Dieux ? Je les

vois.

diverse.

L’esprit est au futur. A moi la concordance des temps. A vous, l’interprétation

Ne me méprisez pas. Souvenez-vous du grain de sénevé.

L’image me reste, puissante et immortelle, - votre image - ô sublime image.

Que puis-je avec ce petit esprit ? Mais que puis-je obtenir ?

1021


Il faudra quantifier le surnombre, donner à certains, taire à d’autres. Si du moins

j’obtenais ce que je me suis promis !

Produis et donne ; travaille et transmets ; ce que tu possèdes, offre-le à tes fils ;

apprends à ajouter sur ce qui est déjà ; nourris-toi dans tes pères, tes pères instruits.

Absence pour les autres. Non, il n’y avait personne. O vous, mes chers livres, mes

belles Pléiades, et puis Toi, et puis Toi, et ton Frère, et moi peut-être, moi certainement,

hélas !

L’Esprit, au plus beau, là-bas, dans l’exil, apparut et qui fuit, si près de moi, prêt à

disparaître, reparti, retourné, à jamais peut-être.

En vérité Père, à part Toi, qui ai-je connu de plus beau ?

Ce n’est pas d’une mémoire dont j’ai besoin ; je recherche un moyen, une manière

de produire, d’extraire. C’est du neuf qu’il me faut. Qui est neuf ?

Les ténèbres de l’espoir m’encombrent sous des ors étouffés. Entends-moi qui

respire, doucement comme un frêle filament, comme une tige bercée par l’air câlin.

“ Mon frère, le doute. ” (Pourquoi as-tu douté Céphas ?) (Je me rappelle la parole

du Fils) (Moi, j’ai douté de son Père.)

poids de la honte ?

Non, ce n’est pas seulement cela. Fallait-il me couvrir de ridicule, ou porter le

1022


Le vent superbe

I

être !

C’était le vent superbe sur toute la face de mon être,

Le vent sublime, exalté, créateur du bel univers,

Qui avait sa dimension et sa grandeur, et qui produisait l’homme nouveau,

En l’an un de ma nouvelle vérité... Oui, le très grand vent sur toute la face de mon

jeunesse,

Sur moi-même périssable, chose négligeable, infiniment ridicule dans l’ère de la

Et de souffler pour prévoir les grands ouvrages de l’esprit.

Voici qu’il pénétrait en moi comme souffle d’amour nourricier et béatifique.

Ô toi qui as mission de chanter, de glorifier la certitude du plus beau des Esprits,

comme ce grand souffle te pousse pour noircir la page exaltée de croyance !

Ha ! Souffle pour un nouveau langage de pensées, de prophéties en murmures de

savoir vers les quinconces de la raison !...

II

Ce sont de grandes forces de production par les pensées de leurs sphères qui

inspirent au plus haut d’elles-mêmes, dans leur temple sacré,

1023


Qui donnent pureté de science par le monde accompli, qui conçoivent dans la

certitude du futur, qui délaissent le rêve absurde.

Et sur les ondes invisibles du soir, dans les pures folies de mon esprit, elles

transforment tout à coup l’homme pour un nouveau style de hauteur où se certifient mes

actes de prophéties...

Je retourne vers les îles lointaines, dans la passion du Livre sacré et j’y retrouve

mes joies spirituelles, j’accède à l’inconnu d’hier, je perçois quelques traces...

Oh ! Fragile dans la nuit savante où nulle fille ne se fait aube d’amour, oh !

Sensible dans la pure recherche personnelle, je plonge au superbe du précipice ... ne me

crois pas précipité ... ni ivre, ni enchanté, ni délirant d’extase pour l’embrassement du poème

beau.

Non, seul peut-être pour tenter d’accéder à la raison vraie, j’écoute l’autorité

spirituelle me dicter l’écrit.

Rien à apprendre, tout à attendre.

III

Autrefois, l’Esprit plus beau encore s’imprégnait dans la chair divine, et la divinité

ainsi armée assiégeait l’âme des vivants.

1024


Divinité par le Père et l’Esprit, par la pureté du souffle ! Divinité par la Lumière et

le Sel, et la belle certitude du messianisme.

Ce moment fut hautement favorable. Vois, je te consacre mon calame. (Puisse la

Force me permettre d’extraire le suc sans la noire offense.)

Pur moment de la condition de l’Oint. (Le scribe insignifiant trouve courage

malgré la violence.)

Oui, pur moment pour toi, Fils resplendissant, dégoulinant de sucs nourriciers,

d’invisible semence et nourriture d’intelligence.

Ô vous qui soufflez sur le Fils...

Souffle et certitude de souffle...

J’accède aux espaces clairs, j’observe, j’écoute et je vois le Vent venir.

Oui, toi aspergé de substance vraie, par le Père idéal !

Et qui donc hors le Fils, pouvait accéder au sublime de la vision ? Penser, Penser,

Concevoir l’interdit, oser la virtuelle image !...

(J’ai eu trop peu de temps pour naître par des Dieux.)

IV

Ils m’ont prétendu obscur, et ma parole était au ciel.

1025


La vision était divine, plus pure encore que celle d’autrefois ; la vision où

j’interroge les Dieux.

Élévation de la pensée mienne, toujours vers l’azur je contemple vos sphères.

La condition de chair est détestable, mon superbe savoir se répand sur la mer, mon

gain est certitude sur le flux des fortes eaux.

Et les grands hommes d’autrefois, porteurs d’écrits superbes viennent me saluer,

que l’amitié est belle !

M’avez-vous égaré, penseurs célèbres, et vous maîtres de la rime ?

Ô mes divinités dans la nuit lumineuse, qui est plus vrai qu’Esprit ?

Spéculant avec le Mal, le poème se propose nul, vertigineux dans sa conception.

La voie des plaintes millénaires est offerte comme une marche biblique dans le

désert sans fin, et l’étoile est mon guide.

Ridicule étoile, chemine, indique-moi la hauteur à atteindre !

Ils m’ont prétendu stupide ceux dont le devoir est de reconnaître !

1026


Le sommeil

Au plus profond de Moi est le Sommeil, sorte de masse détestable et inerte, repue

de fatigue, se nourrissant des excréments de ma vie éveillée.

Tu m’attires inlassablement vers toi, m’envoûtes et m’hypnotises. Tu es bête,

incapable que tu es d’échanger la moindre vérité utile à ma raison, tu es l’absence de ma

conscience, la constance de perte temporelle, le mange-vie de mon savoir.

Ta facilité me plonge dans ton néant d’oublis, de récupération, de nécessaire

fortification. Tu es la charge que je porte sur un tiers d’existence, tu es l’impôt de mon

corps, le prélèvement de vie ! Tu es mon voleur de temps.

Tu gaspilles mon existence, immense et avide, tu es ma faible performance, mon

interdit à spéculer. Tu ponctionnes le temps et ta durée subsiste car ta dimension est certaine.

Quelle autre pensée pourrait animer mon esprit te concernant ? Je m’intègre en toi,

je pénètre en moi pourtant, mais y aurait-il quelque subtil échange entre nous deux ? Voilà,

tu fais le mort. Je te subis sans te désirer. Et je me sens terriblement captif de ta fausse

personne. Je t’entends au travers d’un soupir. Avec ce rythme lent et régulièrement, tu

exhales le souffle de ton propre système d’existence. Tu es ma faiblesse, et je me sens

stupide en toi.

Je suis un étranger au fond de moi-même, perdu dans sa propre demeure. Je suis

cet être immobile, ce handicapé de l’âme incapable d’utiliser ses jambes et des bras.

Tu entraves mes mouvements par ta paralysie.

1027


Ton regard intérieur est tourné vers les sombres ténèbres. Il se nourrit de néant,

s’inspire d’ombre et prétend penser toutefois ! Tu te suffis de ta substance informe et

nullement précise, avachi que tu es dans ta propre cité ! Tu te repais de mes déchets par le

travail du rêve, tu te conçois à travers cette masse ridicule d’images haïssables... Voilà ce

que tu présentes à ma propre raison, et tu prétends que je dois me satisfaire de si peu ?

Quelle maigre critique t’a donc disposé ainsi ? Reconnais que je te suis autrement

supérieur. Je suis ta Conscience. Un abîme nous éloigne tandis que je suis inclus en toi !

Étrange sentiment qui m’éclaire encore !

1028


Au soleil irradiant

Au soleil irradiant ma sublime puissance,

Je bois l’or qui s’écoule de la sphère exaltée.

Je me nourris de nard, d’extase, dès ma naissance,

Je roule dans son souffle de lumière enivrée.

Et le Dieu satisfait de ma nature sereine

S’élève vers le ciel réjouit de bonheur.

Il caresse l’éther baignant de blanche haleine

L’invisible inconnu jusque dans sa hauteur.

Tout principe de vie instruit d’autorité,

Dans la gloire immortelle et l’esprit de splendeur

Éclaire l’intelligence de pure lucidité :

L’oint jadis promis et superbe éternel

Resplendit de beauté parmi ces deux grandeurs,

Divine vision d’espace solennel !

1029


Souffles nouveaux II

Conseil

Ne te satisfais jamais de ce que tu as obtenu. N’oublie pas qu’en toi, il y a un moi

possible te permettant d’aller au-delà.

Cherche toujours en toi, par les autres, par autrui, par les livres. Sache unir l’Autre

à Toi, et ajoute sur les anciens.

Ce que tu as est peu en considération de ce que tu devais avoir, en considération

de ce que tu étais apte à concevoir.

Délaisse les pleurnicheries et les mièvreries des littéraires. Instruis ton esprit dans

la science. Là est le progrès.

1030


Soleil de moi-même

Soleil de moi-même, pur spectacle du feu roi, je commanderai à l’esprit de pouvoir

un peu mieux que ces états stupides et primaires. Je demanderai le droit à l’orgasme

spirituel, à la pensée supérieure !

Oui, la tête frémissante est en proie aux délires verbaux, aux audaces nouvelles,

aux tentatives d’écriture et de productions différentes encore ! Je suis là parmi les tout

premiers pour la conception éblouissante !

Je travaille sur les cadavres d’hier, sur les gargouilles jaunissantes de moi-même,

sur la puanteur de mes râles, sur le mal poétique ridicule et pervers depuis Sade et

Baudelaire.

1031


Alertez les poètes

Conscients, trop conscients de la maigre intelligence que recèle l’âme poétique, de

l’écart considérable qui sépare la capacité à charmer de celle à discerner ;

Plongés dans le gouffre de l’ignorance, jetés dans l’avenir sombre d’un brouillard

épais, comment nous pauvres esprits littéraires, parviendrons-nous à relever le défi de la

compétition intellectuelle ?

Avons-nous réellement les moyens en travaillant à temps partiel, les uns contre les

autres, à nous opposer à la constante élévation scientifique ?

Comment le public nous juge-t-il ? Fabriquons-nous des ordinateurs, des

télévisions à écrans plats ? Savons-nous faire rêver ? Quel bien-être apportons-nous à cette

société de loisirs et de jouissance ?

Nous pleurnichons comme des femelles, et faisons de l’autosatisfaction en

considérant nos poèmes. Nous offrons des produits illisibles demandant efforts et

adaptabilité de la cervelle. Jusques à quand poursuivrons-nous de cette sorte ? Et

accepterons-nous de nous comporter autrement ?

Je lis dans la revue Science et Vie (numéro hors série 12 p 35) : “Plusieurs

centaines d’années - homme, travail, 130 cerveaux de physiciens, 2 000 tonnes

d’instrumentation : tout cela se trouve concentré dans la coupe de champagne que lève, le 25

janvier 1983, Hervig Schopper, directeur général du CERN en l’honneur de la découverte du

Boson W”.

1032


Je lance le cri désespéré qui déchire la voûte de l’esprit : “Quand comprendronsnous

enfin ?”

Et ce qui est vrai avec la Physique expérimentale, est vrai aussi avec

l’Astrophysique, l’Aéronautique, la Médecine, la Mathématique. Dans tous les domaines

scientifiques, l’esprit cherche, l’esprit pense et conçoit - en France, en Europe, aux États-

Unis, en Asie.

Nous n’avons pas même les moyens de rivaliser avec un Jean Racine, avec un

Pierre Corneille ou un Victor Hugo. Nos œuvres artistiques sont de qualité inférieure.

Pourrions-nous faire plus si nous pensions autrement, si nous acceptions de voir la sinistre

réalité dans laquelle nous nous enlisons ?

Réveil ! Mais quel réveil ? Qui voudra comprendre ? Les poètes ? Je l’ai déjà écrit

: ils se figurent être d’essence supérieure. Mais qui ?

Alors l’on glisse, l’on trébuche, comme des pauvres clowns ridicules et désuets.

1033


Mon or se meurt

Mon or se meurt dans cet impossible à extraire, dans cette incapacité à tirer hors

de soi quelconque signifiant utile.

ne plus revenir.

Toute chose, lentement mais réellement se forme et se dégrade pour disparaître et

sa pure altitude ?

Il cherche encore. Son sol fume. Est-ce diamant stupide qui déjà veut percer dans

Les demeures de topaze et les dômes aux feuilles resplendissantes s’amassent et se

confondent dans ce flou de l’esprit. L’on croit apercevoir un vulgaire amas de formes vagues

et obscures où la lumière offrirait nul attrait, nulle possibilité de comprendre.

L’ombre molle ou stupide, l’ombre agaçante accroche à la pensée de bien faibles

espoirs ! A la faveur d’une inspiration ténébreuse, un monde surgit, et des concepts voltigent

ou se cognent contre les parois du crâne.

Voici une flamme, voici la lampe. De pauvres lumières, en vérité. Y a-t-il

quelques étincelles de vie dans ces yeux éblouis ? Je conçois par le Mal, par la Mort. Non.

Rien. Je danse avec l’horreur dans cette cervelle stérile.

Qui jaillit ? Qui jaillirait ? N’est-ce pas impossible ? Je cherche tiédeur et sagesse,

lente explosion de sagesse et de maturité. Est-ce, en vérité, de la puissance encore ? Je ne

sais.

1034


Vous mes amas glaireux, vous mes déchets de haine, tenterez-vous de vous frayer

une voie vers la conscience à écrire ?

Il faut étouffer, détruire, avorter le poème de chair qui vit en soi, là dans cette

cervelle où le luxe côtoie la lubricité et le vice la pureté du saint.

1035


Messages I

La mort est une aurore

La mort est une aurore comme une croix de haine. L'esprit épanoui apprend à

souffrir avec ses quelques piques et ses nombreuses flèches. Le vent de la torture vient

hurler à la porte.

La vieillesse s'achève, ma vie est une maison remplie de paperasses et de livres

anciens. Ma vie espère la délivrance avec sa légèreté aérienne.

1036


La conscience

Quand je considérais toute cette substance produite, au centre de cette quantité, je

me sentais ridicule et insignifiant, vidé de toute capacité intellectuelle.

Je voulais de nouveau me nourrir de ma propre poétique. Je recherchais peut-être

une jeunesse éternelle, une sorte de phénix de l'esprit - enfin je prétendais me comprendre.

A présent, je ne suis plus en moi-même? Je suis un évadé. Je parcours des espaces

vierges sans pouvoir retenir le temps.

1037


Mystique

Tu m'avais soufflé par ta bouche me chassant de ton sanctuaire comme un

étranger. J'étais devant toi, je n'étais plus un homme, j'étais une forme d'esprit. J'étais nu de

bagages, n'emportant que la mémoire de mon existence.

l'œuvre.

Je suis redescendu. Me voilà chez les hommes dans l'obligation d'accomplir

La malédiction s'est abattue sur ma chair, elle a pris possession de mon cerveau. Je

suis le saint admiré et détesté, celui que l'on caresse, celui que l'on domine. Je suis glorifié

dans la torture.

Les chemins de ma souffrance mènent vers le Fils.

Mon immense besoin est dans la quête du savoir, j'espère par les cieux me gonfler

d'apprentissage. Il faut se préparer à bien mourir, c'est la seule certitude, et se plonger peutêtre

dans l'immense néant.

Rempli d'espoir et d'anxiété, je cours vers l'instruction, mais la possibilité de

sagesse est nulle. Je rêve de m'en retourner vers ton superbe accueil.

L’oint cherche le Père. J'ai pu contempler ta lumière.

1038


Qu'est-ce qui nous élèverait ?

Qu'est-ce qui nous élèverait ? Quelle essence divine nous implore d'exister ? Le

poète est infiniment rien s'il ne revêt l'identité de l’oint. Le temps est un vulgaire paramètre

utile aux hommes. Qu'est-ce que le temps en prescience ? Ici bas, nous accomplissons des

desseins ridicules pour rechercher la gloire humaine. Seul et seulement importe le

témoignage du Pur Esprit. Le reste est misère.

A la verte lumière, le savoir est dans la certitude de Dieu. Puis nous plongeons

dans les ténèbres pour resurgir flamboyant de pureté, poète et christ à la fois. Il y a travail de

sainteté, de souffrance, d'injustice. La torture nous purifie, nous nettoie de nos résidus de

péchés. Puis nous portons l'habit blanc.

N'as-tu donc pas compris ?

N'as-tu donc pas compris ? Tout jaillit de l'esprit. Il vient, vient à jamais.

Quand sur moi est sa joie, l'intelligence croît.

1039


Il n'y a pas d'attente

Il n'y a pas d'attente. Je ne te cherche pas. Pas l'ombre de ton ombre dans ma triste

demeure. Ma maison est spacieuse, j'y évolue avec facilité.

à Toi.

Toi, ton Saint Sanctuaire est purifié. Sans vraiment te chercher, je me suis présenté

J'émets une pensée sous le dôme céleste éclatant de rouge et d'or consumé. Je me

replie en moi-même, mon désir est interne.

Je m'assoie sur le bord de ma raison, je regarde d'en haut et il me semble que je

vais tomber. Nul espoir de bonheur, nulle image de femme douce.

Plonge mon esprit dans l'océan du savoir, instruis-le dans la marée de la plénitude,

oui que je sois en osmose avec l'éternel jaillissement de l'univers.

1040


Un autre espoir

Un autre espoir.

Fixez-moi la certitude,

Offrez-moi la clé.

L'œil interne scrute

Dans la luminosité de son rêve.

Donnez-moi le savoir,

Les délices de l'intelligence,

Alors que ma réalité

Est de m'enfuir dans le Néant.

Un nouvel avenir.

Vendez-moi la fortune,

La connaissance élevée.

Éloignez-moi de la honte,

De la médiocrité, de la bêtise

Afin que j'accède à l'Esprit

A la substance infinie.

Je plongerai dans le silence

Pour aimer le commencement

Et me nourrir de son mouvement.

Une autre compréhension

Dans la nourriture du Saint

Pour la splendeur de l'Alpha

1041


Et la beauté de l'Oméga.

Moi et les Dieux

Et rien d'autre.

J'irai au-delà du seuil,

J'atteindrai le réel

Au-delà du permis

Dans l'éther sublime, oui. Moi.

1042


Messages II

Encore

Maintenant que l'esprit a charrié ses tonnes de vomis, de pourritures

nauséabondes, maintenant que vous vous êtes repus de mes délices stupides, de mes

souffrances détestables, que puis-je vous inventer ?

insoutenables, etc.

Je cherche encore à transformer le mensonge, à feindre à des réalités

1043


La pensée hallucinée

I

Le poète ivre est là, stupide à sa tâche, noyé dans l'Absurde. Il obéit à cette

conscience qui lui impose le rythme lent, la pensée audacieuse, le risque contrôlé.

C'est la constance, la durée éternelle pour la folie de l'esprit. Il faut donc concevoir

par l'image et maîtriser l'invisible dessein.

L'espoir d'une pensée aperçue, soudain jaillit l'impossible à écrire. J'exploite

l'initiale esquisse, et j'apprends à ne pas douter. J'extrais refusant de raturer le jet de la

raison.

Il n'y a qu'elle, qui cristallise l'image, qui décide de la forme ; en elle, se confond

le miroir de l'absolue création. Sa nudité s'exhibe, au plus profond de l'âme, dans le noir.

C'est un soleil !

Ne sais-tu pas tentative d'altitude, envolée florale, sommeil d'espoir que dans la

nuit jamais couchée, j'accède à la volonté supérieure, du moins je le prétends, en caressant

son dessein initial ?

II

Je produirais par le Verbe, je doublerais d'efforts. Quant à la chair de l'homme, je

l'abandonnerais sur le chemin de la douleur.

1044


Ma mémoire est un espoir où les faits doivent concourir au futur. S'ils y

parviennent, je devins, donc Je Suis.

J'agis avec le Temps, ma terrible dimension qui fuit et jamais ne dure. J'ai appris à

le craindre comme un ennemi invisible qui égrenait ma vie.

L'écriture n'est qu'un moyen pour maîtriser son flot de paroles coutumières, puis

l'exercice allant, on compose, rature et chiffre.

Écrire, c'est le dire mais avec un savoir-faire.

1045


Grande pensée

Grande pensée, nous voici. Fraîcheur de l'esprit en éveil sur des cimes, volonté du

souffle pour accéder à tous les seuils, autour du front se construit un édifice du savoir.

Tout soir est rouge, rempli d'animation, la fièvre y pousse des cris. Les premières

possibilités s'expriment. Non, il n'y a que quelques accidents de langage...

Et c'est un hurlement de souffrances où des sonorités aigres viennent se fracasser

dans l'aire resplendissante de la raison. Ô puissances sanglantes qui implosent le songe en

mille trouées d'ardeur !

Une seule et puissante lumière, plus vive encore par le ciel intérieur courbe sa

trajectoire portée sur des ailes de gaze. La douleur rouge implore.

Si haute soit la pensée, une rumeur d'exil se lève et s'amplifie, masse vaporeuse ou

certitude pesée ? A l'horizon de l'homme, une volonté de gains, de progrès.

Redresse-toi, accède à la pureté, poète orné de roses, ton front est souverain.

Dans l'illumination du soir, il cherche et poursuit, et veut accéder à la

transhumance royale, sorte d'idéal impossible vers une île de perfection.

La fièvre est encore en toi, la braise chaude respire sous ta hotte de claire

connaissance. Va chercher l'épouse vers la cime respirant l'or des saintes paroles.

1046


Messages III

Grand esprit, me voici !

Grand esprit, me voici ! Chemin de certitude de braises chaudes ! L’intelligence

ardente et la conscience extrême, vers quelle délivrance courons-nous ? La vitesse et le

temps useront-ils mon estime ? Nous avons espoir dans le sublime et le superbe. La volonté

divine, permettra-t-elle d’y accéder ?

Grand esprit, ai-je menti ? Me voici sur le chemin inconnu. Tourbillons de feuilles

légères m’accompagnant. Recherche d’une possibilité sur la hauteur. Et ce beau souffle d’ici

et d’ailleurs qui nourrit l’homme, viendra-t-il ? ... Il est venu.

Je vous suivrai, emporté par le soir. Chavirement de l’œil exalté dans les opales de

flammes ! L’homme est porté par son immense dessein, l’homme de rigueur et d’images -

parviendra-t-il à marcher dans sa nuit ? Il faut donc accéder aux divins.

Ô détestable mort comme une maîtresse noire et lugubre, tu m’accompagnes

constamment. Il a quatre laquais.

1047


La chair et l’esprit

Pression de la chair sur l’esprit,

Le désir constamment s’impose,

Plaintive supplique qui ronge le lit.

Qu’une envolée de pensées

S’éloigne de l’épiderme de l’amant !

Oui, que pure soit son aventure

Qui chasse le désir malsain.

Que va-t-il laisser dans sa mémoire ?

Le jardin d’une femme en sang ?

Il n’est pas que d’aimer le corps, ici.

Soleil de mon orgueil, je te salue !

J’appelle ton suc nourricier,

J’espère en ta jouissance et te veux.

Pression de la chair sur l’esprit,

Le désir constamment s’impose,

Espoir de la raison, ô fièvre détestée.

1048


Le Médium

La pensée s’allumait. Aussitôt une foule d’ombres cherchait à l’éteindre. Toute la

folie de l’au-delà s’accumulait en bande stupide dans ce lieu. Et chaque nuit, le manège

sinistre de la violence. J’en étais le témoin et l’abominable victime. Je choisissais la ténacité

et la certitude de mon avenir.

Étrange destinée. J’attirais le Mal, comme l’aimant la limaille de fer. De la

cheminée invisible, descendait la Mort. Elle venait m’écouter et me regardait écrire. Des

esprits mauvais observaient. Compagnie détestable. Certitude de médium.

1049


Messages IV

Le sel

Cercles constants

où flotte ma pensée

Anneaux en fuite vers l’infini

ceintures de lumières dénouées

Le pied se pose sur le rebord du cristal

la substance claire s’élève doucement

au cœur de la certitude obscure

se découvre une jetée d’angoisse

teintée d’arôme amer

les lèvres amoureuses

appellent le Sel de l’Esprit

1050


Sel

face à la pureté du Père

Sel

Il vient, admet et repart

là-haut, remonte

dans la perfection circulaire

lumineuse

J’aspire au baiser soufflant sur or purifié

beauté de grandeur claire

dans la certitude extrême

tachant de comprendre l’inexprimable

l’indéchiffré

je cherche exalté par la vision

1051


Une pensée de vieillard

Avec difficulté, avec langueur, mon esprit cherche à se frayer une voie dans les

escarpements de la raison. Depuis des années, l’esprit s’use, s’escrime à avancer dans ce

labyrinthe obscur pour accéder à une lumière, plus loin, là-bas, où l’air semble clair. Et

maintenant que ma vieillesse tremble sur ses pieds mal assurés, j’ai décidé de me coucher là

sur cette borne. J’observe l’horizon qui s’éteint derrière moi. Trop d’obstacles me bouchent

la vue. Je doute de ce que j’ai fait, et ne crois plus en ce qui sera.

1052


L’esprit humain

L’esprit humain à tout moment risque la destruction. Peut lui arriver la sortie hors

de la chair, la rapide mort qui le projette vers son avenir ou vers l’oubli éternel.

Tu t’élèves en creusant. Te voici Saint, inconnu, immortel peut-être. La recherche

de la séduction, la volonté de plaire n’ont plus aucun intérêt maintenant : on sait qui est qui,

qui vaut quoi ! La caresse littéraire n’a plus cours. Le zèle n’est plus à récompenser.

Toi, seras-tu une façon d’être, appréciée de tes suivants, qui pleureront ton exil ?

Dépenseront-ils leur foi en toi ? Iront-ils réchauffer ta mémoire près de ce bon vieux

sarcophage glacé ?

1053


Messages V

Dès

Dès qu’il en prit conscience

A coups de pensées déployées

Il développa sa méthode

la sienne, oui.

Il produisit comme on s’accouple

Mécanique de fauve érotique

Sa certitude accéda à de l’inconnu

Ses fluides, ses spatules de l’esprit

Touchèrent d’autres envies

d’autres femmes de poèmes

Mais le Ciel condamna

fabriqua de la haine

l’aigle blanc eut la chair torturée.

1054


L’impossible recherche

Voilà, voilà encore cette impossible recherche, désespérée, désespérante, au plus

profond du moi scrutant et intérieur, désireuse d’obtenir un splendide résultat. A-t-elle

quelques moyens ? Pourra-t-elle se prévaloir de pénétrer l’immense conscience que le poète

suppose posséder ?

L’esprit attend cette formidable décharge de la cervelle, cet élan de vie

intellectuelle permettant d’accéder au Poème.

Et quel est son futur, à ce poème ? Quel avenir, lui déjà à jeter dans les tiroirs de

l’oubli, dans la satisfaction personnelle mais stupide ? Car le poète est imbu de son Moi, il

se gargarise de sa propre substance. Il possède la certitude de sa capacité ... Il ne saurait en

démordre.

*

Il n’y a plus d’angoisse. Le jour est clair, rempli de sérénité et de sagesse. J’en

suis à produire pour exprimer ma force et mon aptitude. Tout autour de moi semble en paix :

il y a d’abord cette lumière chaude et lourde, apaisante qui délimite ma pensée. Puis ce

silence de bien-être où l’esprit heureux pourrait y trouver du ravissement. Je suis rempli

d’une quiétude et d’une tranquillité abondante. Il n’y a nulle résistance dans cette conscience

: la stabilité y demeure et son balancement est parfait.

Puis je vois ou j’entends, - du moins je perçois cette montée de l’activité cérébrale.

J’ai l’étrange certitude de ne pouvoir la diriger, de la savoir m’échapper. Je m’impose,

1055


j’exige que cette pensée se soumette à mon autorité. Une intensité de lumière intérieure

monte pour éclater en principe phosphorescent. La lumière me heurte, je ne puis m’opposer.

Elle existe et s’installe.

A présent, il fait nuit. Cela est fort sombre. Pouvais-je ne pas céder ? La force était

ancrée au plus profond du Moi, et jaillissant çà et là semblait impossible à maîtriser et à

contrôler. J’étais un étranger en moi-même, inapte à décider, subissant un acte de faible

violence. Qu’ai-je connu ?

*

Tu veux fermer les yeux pour y voir, pour voir l’intérieur de ton esprit. C’est un

vaste horizon, une immense terre de recherches et d’investigations. Oui, baisse tes paupières.

Regarde pour le dedans. Là sont les mots, les souvenirs et les puzzles qui te permettront de

construire des images.

Ainsi tu veux t’observer. Plonge dans cette étonnante aptitude ou capacité

cérébrale. Impose-toi un commencement. Veuille découvrir quelque essence claire, légère ou

libertine. Pense à une force belle ou nouvelle. Va au plus loin de cette infinité, expectative

d’un labyrinthe ou d’une combinaison de jeu d’échecs. En vérité, spécule.

Tes mains s’agitent, tes jambes s’étirent. Déjà, tu cours en toi-même. Qu’y a-t-il à

voir, à faire ? Alors cherche. Encore. A présent, il faut travailler. C’est l’instant de la

sublimation, de la forte découverte qui devra engendrer de la satisfaction.

1056


Le temps s’écoule. L’esprit est déçu. Te voilà retourné à ton état premier de

paresse, de dégoût et d’indifférence. Que tires-tu de cette expérience ? Que prétendais-tu

obtenir avec cette capacité ? Telle est ta réflexion. Quelques instants se sont passés, et il ne

reste rien. Ou plutôt, il reste cette feuille noircie avec de vils caractères inutiles et stupides.

1057


La pensée, la profondeur, l’éclatement

En synergie d’actions

Se combinant, s’accouplant

Pour la sublimation du Moi

Tout ce que tu perçois

Enfoui en vibrations infiniment faibles

Tout ce qui t’apparaît

En images délétères ou symboliques

Produit des accidents de langage

Dans un capharnaüm harmonieux

Harmonieux ? Tumultueux et violent, oui !

Pénétrant en soi-même,

Tournant les yeux vers l’intérieur

Plongeant dans ces formes sensibles

L’esprit qui veille construit sa pensée

1058


Messages VI

L'esprit avance

L’esprit avance. Le jour est presque clair. Où en suis-je, où puis-je aller ? Je dois me

supporter ou tenter de spéculer avec du matériel délétère. La confusion est dans cette tête. La

lumière qui la définit, est parfois ténébreuse, occulte, délimitant l’extrême à atteindre. Je ne

vois que du vide, et bien sûr, il me faut le remplir. Je me reconnais, - oui, c’est moi, dans cet

espace virtuel de possibles, d’inexistants et de probables.

Je m’épanouis accompagné de cette curieuse lumière et j’organise le déplacement

des objets. Je désire maîtriser mes mouvements. Je m’y essaie plutôt mal : tout semble

s’activer si vite, et la pensée s’enfuit. Rien ne me sera donné. Je m’étais pourtant promis

quelque triomphe obscur d’inconnu à satisfaire.

La nuit est tombée. Tu ne plongeras pas dans ce précipice où le vertige excite ton

possible. Tu en prends du plaisir à déplacer l’effroi et la crainte du Néant. Tu avais autrefois

glissé là tout au fond, tu y avais remonté ton absence, une souffrance inconnue, une certitude

de faiblesse. Tu sais à présent ce que tu as fait.

1059


Grand esprit

I

Grand esprit, est-ce à moi de songer ? de brasser du dedans des souffles aériens ?

Il est temps de créer, d’agir de l’intérieur,

pour accéder aux sublimes délires, et offrir de la constance au travail.

II

... Lui encore, la main contre la tempe espère une inspiration plus belle et rêve en

soi-même : “ Je comprendrai, je décide d’aller outre, oui je veux l’orgueil de ma raison ”, et

la plèbe à ses pieds, se prétendant, se supposant. Là dans l’exil du soir, le long de son

immense parcours, il s’éclaire. Le paysage s’agite. Que trouvera-t-il ?

comparant.

Lui encore, cherchant à prendre mesure de son estime, spéculant sur autrui,

III

Grand esprit, vous regrettez ... l’espoir était plus vaste, et le site à construire plus

haut encore. Le site d’outre-mer et d’outre-avenir élaboré sur la pensée d’ici bas, permettrat-il

de supposer un au-delà meilleur ?

1060


Il faut être à hauteur de sphères divines, mais cette hauteur n’est point pour

l’homme. Alors la violence de l’océan pousse sur ses radeaux désabusés ces milliers de

poèmes naufragés, oubliés, sans futur.

Conçois ailleurs. Ta soif est éternelle et ne saurait être apaisée. L’esprit happe

l’eau offerte comme oiseau sillonnant l’étendue.

Est-il mot pour exprimer ce que l’esprit regrette ?

IV

Grand esprit, vous pensez : route de certitude, de vérité et d’excellence.

L’intelligence ardente, l’âme élevée, vers quelles puissances du ciel, s’élèveront-elles ? La

durée construit votre avenir.

Nous avons commerce avec la médiocrité. Telle est notre faiblesse.

Grand esprit, vous voici : sur vos routes éternelles d’immensité, d’élévation. Plus

haut encore atteignant le labeur extrême de pureté admise.

V

Ceux qui furent au plus haut ne dirent point la vérité, mais laissèrent la marche des

morts sur la terre des vivants.

1061


Résonances I

Qui a su resplendir

Magnifique l’Esprit qui a su resplendir

Par-delà les images, en pures paraboles

Qui offrait du futur à nos pauvres horloges

Et méprisait nos jours dépourvus d’avenir

Son lieu éternel nous était inconnu

Nos nagions dans l’éphémère et le surnaturel

Le porteur de messages s’éloignait dans le vide

Sublime apprentissage, ô besogne infinie

Tu as nourri en moi mes désirs et mes troubles

Le pays est immense et les veilleurs attendent

Le bon grain est semence et les récoltes abondent

Toujours la nourriture pour combler l’appétence

1062


Avec sa complexité, l’homme

Nécessité de l’esprit de choisir,

Entre se purifier et accéder à l’œuvre

La purification est à l’intérieur

Quand l’œuvre expulse de l’homme son mal

Faire prophète, poète ou saint

N’est pas acte d’impureté

Rien aux ténèbres ! Tout pour la lumière !

L’homme avec sa complexité, l’homme.

1063


Ton enveloppe astrale

Ton enveloppe astrale est cachée en toi

Ton squelette t’accompagne

sur le chemin de ton existence

Je vais de la vie à la mort

de la mort à la vie, peut-être

Ton cœur bat le décompte final

Le vieillissement te rappelle

Que ta tombe se creuse

Que ton sépulcre sonne le creux

Tu es fasciné par l’espoir

d’une construction nouvelle

dans l’invisible et l’impalpable

où ton esprit épanouira son Spirituel

mais il te faut attendre, - vivre, - passer, etc.

1064


Le poète, encore

Tu produis des images. Tu es l’image même

Détestée, rejetée, ta présence est haïe.

Fuis ! Va-t’en ! Dégage,... sur tes puissants zéphyrs

Où nul individu ne veut t’accompagner.

Tu répands sur la terre l’invisible semence

Composée de nectar, de sucs et de doux miels.

Tu veux nourrir les hommes et offrir à autrui

Les bonnes nourritures qui ravissent l’esprit.

Tu divagues en pensées sur d’étonnantes traces,

Tu construis du Néant ravagé par le temps,

Tu contemples les Dieux étant toi-même un Dieu

Que nul n’admirera... Apaise-toi, grandeur

Ô génie éternel composant dans ta sphère.

Repais-toi de ta gloire sur ton immensité !

1065


Résonances II

Par l’œil

Par l’œil pour l’intérieur

l’esprit

le mental, l’action

la production, la méthode, le principe, le système, la programmation

Et quel but ? Quelle satisfaction doit-il atteindre ?

Y parviendra-t-il réellement ?

Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...

Le raffiné

Se laisser emporter sur la subtile mélodie de l’air composée d’éclatantes et d’aiguës, de

sombres et de graves ; percevoir l’étonnante association des sons qui s’échangent, se mêlent

et s’emportent pour un ballet acoustique d’une finesse extrême ; ou mastiquer, mâcher le vin

des syllabes prononcées avec saveur, avec le respect immodéré de l’ecclésiastique, - tel est

le privilège de l’esprit, nourri d’élévation, de rareté poétique et désireux d’accéder à quelque

chose de supérieur.

1066


Il espère être

Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de grenades, de

constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec mémoire, avec

mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.

Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il échoue, le sait.

Il ne doit pas perdre son œuvre, il la conservera pour lui seul.

L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il faut donc

assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc...

Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes ex, xe, tera et je prétends

pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de vie peut-être.

Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.

1067


L’exilé

Je rêve que la mer m’encense de ses flots

Comme une femme blanche sur l’écume d’amour,

Que des sirènes belles délirantes m’appellent

Et me supplient, supplient un orgasme céleste.

Sur le sel infini que mon esprit active

La tempête sexuelle m’attire constamment,

Et je me vois plonger comme un puissant navire

Dont les lourds flancs s’encombrent de désirs enivrants.

Le miroir me renvoie des images fugaces.

Je crois y contempler ma vérité profonde

Et j’aperçois là-bas le phare d’un autre monde.

Je suis très loin si seul et j’ai dû fuir les miens,

Mais comment leur crier ma détresse réelle !

Et qui voudrait m’entendre ? Je suis un exilé.

1068


Le Christ du monde

Il rêve que la beauté s’éternise

comme une image incrustée dans le ciel,

que la merveille s’idéalise sur une flamme argentée,

que les hommes succombent devant sa fascination

Nos âmes s’envolent et tourbillonnent

Les esprits tournoient dans un ballet spirituel

et filent immensément sur des bains d’écume

Son visage apparaît dans l’éblouissement de la grâce

Sur vos genoux, les anges, pour la pureté du Moi

tandis que son Intelligence bondit dans la voie lactée

à travers l’immensité.

1069


Les extrêmes

Entre ces deux extrêmes

La pensée de l’homme est oscillante

Contradictions, contraires

Se détruisent et s’appellent

Dans le ballet de la vie.

Le corps et l’esprit

La nuit et le jour, mourir et

Vivre, est-ce la raison

De l’homme ? Et pour quel devenir ?

1070


Créateur du vide inconnu

Dans la nuit indignée

Qui déchire la rose ?

Qui s’éloigne vers les éthers,

Vers les bleus turquoise

Quand l’esprit de l’homme

Aspire à la liberté ?

Imite-le, culbute l’orgasme

Créateur du vide inconnu.

1071


Résonances III

Le miroir entrouvert

Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,

La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.

Je me crois entouré d’un éclatant soleil

Qui offre à ma raison des substances vermeilles.

Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse

Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.

Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes

Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.

Je suis toujours pressé et je veux aller voir,

Je subis le Néant de ma propre misère.

Et les années s’écoulent pour cette délivrance,

Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.

L’avalanche de mots me rappelle en moi-même

La médiocrité de ma raison réelle.

1072


Te lire dans la glace

Contre la puissance la pensée récidivait, insistait la vision satellitaire emmurant un

poète sylphe stupide s’essayant à des airs très anciens aux pieds de soi-même

esclave et maître critiquant, supposant enfin ! production insignifiante l’échelle des

valeurs changeait la certitude se désarticulait

Dieu l’Esprit la Vérité l’intelligence la Pléiade l’imitation l’apprentissage

le travail l’abondance la construction l’œuvre

La femme le sexe la femme le sexe

Vitesse hallucinante couche mésentente

possibilités de luxe, de pauvreté, de rien

As-tu une seule fois pensé à te lire dans la glace ?

1073


Esprit, oui

Résonances IV

Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême

D’accéder plus encore à l’Idéal posthume

Prétendant au-delà de l’éclat diamanté

Jouir de son génie incompris de la masse.

Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête

Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique

Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.

Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir

Pénalise et maudit le poète terrestre

Dont l’unique souci dans son rêve illusoire

Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?

Comme après le combat, un immortel repos

Capturant ses images lui le superbe héros

Paresseux et sublime sur le lit agonise.

1074


Plonge

Plonge au plus profond de mes yeux d’or

Mon éternité te cherche encore

Je t’offre mes calices, mes hosties et mon vin

Tu es mon amour, ma croix tendre,

Je prophétise dans mon désert

Je donne vie à la mort. Nous nous unissons.

Déchirée, distante, ailleurs,

S’enfuit l’Inspiration

Viens Beauté sans chair, sur la nuée,

D’extases – viens-t’en t’épanouir d’orgasmes

Clairs et licencieux de plaisirs

Ainsi je suis l’Esprit qui engendre le poème,

L’homme cherchant la femme parfaite

Pour l’épuiser dans des épousailles mystiques.

1075


*

Descends maintenant, déclouez-le !

Ô mon interminable douleur, mon amour éternel,

déclouez-le !

Retourne dans ton désert - irrigue-le d’Esprit.

Vomis ta ciguë, engorge-toi d’antipoison.

Tu nous offres tes vins - déclouez-le ! vous dis-je.

Tu marches - ta chair n’est jamais morte. Nous avons

glorifié ta mort au fil des millénaires.

Elles ont tressé le deuil, les femmes nourries du

miel de chasteté.

Tes femmes, ton Dieu, ton désert, ton Esprit, tes clous,

- l’espérance de l’humanité est entre tes mains.

1076


Encore sa pureté

Encore sa pureté. Il n’est rein

de plus difficile à atteindre. En soi, sans péché.

Des feuilles blanches d’arbre clair. Blanc, c’est

plus saint. Or et jaune pour le pape - le Vatican.

Muse, si tu entres, tu me salis. Au

paradis, peut-être, saurai-je produire avec

du parfait ? Rejeter les excréments de l’esprit.

En moi. Nettoyer mon C:, ma mémoire

détestable.

1077


Au-delà des limites

Au-delà des limites

pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir,

pour la construction interne et invisible,

Voilà la vérité !

Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas !

De bons souffles d’oxygène. La bouche

y est meilleure. Elle y produit de doux vocables.

Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit

la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines

que l’on appelle âmes !

1078


Résonances V

L’homme et son double

L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,

Transcendé, qui condamne la chair, la repense - s’élève,

Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités

De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait

Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans

Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,

D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation

Étrange, détestable, de dominant-dominé, de

Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,

Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand

L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,

J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,

La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle

D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.

1079


L’être subissant

Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.

Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,

Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche

Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre

Accéder à un état purifié pour changer mes relations

Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.

Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,

La logique, le sensible, le saut etc ... les outils -

Rationalité, expérience, futur - le matériel, et

D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation

Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.

Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.

Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.

Finalité de l’homme - est-ce but ultime de la vie ?

1080


La part du mystique

La part du mystique, les éléments sacrés, le destin

Religieux, la Quête du Sacré. La provenance

De l’être et sa finalité. L’acte de purification.

Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante

Insignifiance de l’être. La conscience, les limites

De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les

Trois ne font qu’Un. Accéder au monde spirituel.

Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec

Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai

Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,

Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.

L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit

Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur

Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.

1081


Le métier

Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,

L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément

Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,

L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;

Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-

Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des

Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.

A partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage

Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel

Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-

Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;

L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;

L’auto-affirmation, la certitude unitaire. La vérité

1082


La question en suspens

La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.

Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le

Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer

Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :

Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté

La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.

Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.

Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La

Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux

Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le

A plusieurs.

La question sans le langage, qui est seulement

Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.

Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire

De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.

1083


Insister, c’est espérance pour l’esprit

Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?

Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.

J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

1084


Résonances VI

L’impossible ailleurs

Etre sans attachement pour apprendre à s’élever,

A sortir hors de sa chair, silhouette impalpable

D’esprit errant.

L’ombre dans le futur exil pour

L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.

Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?

Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe

Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale

A la vitesse du rêve.

J’offre encore cette poésie

Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.

Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.

Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,

Égérie immortelle, etc.

Qui sait le lieu, le lieu ?

Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci

De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?

1085


L’action totale

L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité

Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.

Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps

De généraliser. Entre avec l’Autre, car le Moi seul

Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits

Qui engendre le progrès ;

Elle seule - possède du manquant ;

Parts de vérités ; elle et

Être implique :

Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …

Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.

Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;

Le Savoir se prétend en soi-même ;

A quel degré de valeur

Peut-on considérer “ la Vérité absolue ” qui agit là en soi ?

1086


Les gerbes d’or

L’esprit, chercher encore cette solennité poétique

y descendre par l’échelle créatrice

pour y trouver un être ou l’Etre

Le prodige de sentir le soleil sous soi

mais plus solennelles encore les gerbes d’or de

la moisson ressuscitées au clair de ma conscience

offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire

désireuse de se nourrir d’Essence

1087


L’être/L’étant

L’être, ou la sublimation de l’étant ; l’étant

Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de

L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire

De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter

Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant

Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-

Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint

La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-

L’être veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc

Le bien et le mal, l’être et l’étant. L’homme primaire,

Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,

Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.

L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,

L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.

1088


Suites/Relances I

Autres limbes

J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,

Où la confusion cotonneuse rend informe

Tous les objets de la veille. Je glissais

Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie

Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte

De transe imaginative offerte à la raison

Toutefois.

Des élans de pensées jaillissaient çà et là,

Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.

C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit

Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent

Par recomposition et mémoire activée des souvenirs

D’autrefois.

Puis j’entendis douloureusement la voix

Suave du Christ qui m’invitait à le suivre

Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.

1089


La révélation mystique

La révélation mystique abolit-elle l’utilité

De l’action philosophique ? L’illuminé, l’éclairé

Est-il entré dans une phase terminale humaine ?

Le mystique sait Dieu mais il n’en connaît pas son

Fondement, ses origines ou sa finalité.

Où Dieu met-il les limites et les suffisances de l’homme ?

Dans quel schéma évolutif prétend-il à une quelconque

Satisfaction ? Quel est le trajet de la pensée ?

Méditations sur le mouvement de l’esprit dans

La volonté du progrès, et recherches de puissance,

De plus, d’ajouts pour comprendre mieux, pour

Savoir autrement, pour tendre vers une forme délévation,

- n’est pas une vérité commune

A tous les êtres ?

1090


Le retard dans l’esprit

Ta Vénus en fourrure

souviens-toi de la tentation

de la domination

de l’excès de jouissance

de la recherche maximisée du plaisir.

Et Sex Pistols étaient la solution

Puis Hurssel, puis la pensée post-heideggérienne,

en vérité, tu cherchais

là-bas plus loin

avec ce séminaire de 82/83

consacré aux Équations aux dérivées partielles

hyperboliques et holomorphes

Tu étais encore en retard malgré

Gisants de Deguy

ton Boulez et confrères.

Enfin, tu cherchais …

1091


Suites/ Relances II

Évanescence et périmètre

De si loin

pensées au plus profond

transmissions concevables

sans doute agitées par ma mémoire

lancées, montées, explosées

Là enfin

poussés par le souffle

Quelques mouvements dans nos rêves

des mots offerts

De moi-même, évanescence

incandescence

pour l'élaboration de l'œuvre

J'observe fixement l'exaltante envolée

des feuilles voltigeant

pensées englouties irréelles

surgissantes déplacées

J'y perçois quelque lumière...

1092


Des groupes de mots, des familles, des appartenances

avec l'analogie, la symbolique etc.

Un mécanisme bien huilé, en vérité.

Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.

1093


La tierce impossible

Martingales procédés potentiels

mais lance te dis-je

lance ta chance

Un peu de sel sur les paumes

prétends à l'état pur

travaille avec l'Esprit

Perles et roses, éclats ce matin même

c'est essentiellement un désespoir

borné dans du satin

Tu regretteras les jeux d'analyse, les

tentatives risquées, les audaces réalistes.

Ainsi de la poésie à l'Esprit, de l'Esprit au jeu,

du mouvement à la recherche et au travail.

C'est une immense dérive qu'ils prétendent inutiles.

A l'horizon, les yeux couchés

je mords tes lèvres de menteur

1094


Rien dans la nature

rien sur la pièce

tout au divin

Qui pourra me suivre avec cette tierce impossible?

1095


Suites / Relances III

Avec de l'intuition

Avec de l'intuition, du caché au plus profond,

Avec ce volume mental enfoui, que l'on prétend

" Génération spontanée ", qui m'apparaît travail réel

De l'esprit - à mon insu.

Mêler, emmêler, démêler, défaire, aller outre,

Percevoir, comprendre, prédire, supposer, emmagasiner,

Faire jaillir, extraire, tirer, prétendre, croire,

Accompagner, douter, rejeter, évincer,

Toujours combiner, arranger, prolonger, intégrer, exploiter

L'Autre, les Autres, ou soi encore dans sa caverne

Interdite.

L'analyse - c'est ça : enchevêtrer des amas de syllabes

Pour une bouchée incomprise d'effets, de saveur et

De sens. Ils appellent cela : un poème inutile !

1096


*

Silence, et cette impossibilité d'écrire

que ce soit. Ténèbres et Ténèbres.

Ô la Grande Grise ! Que me proposes-tu

maintenant ?

L'esprit perdu, l'esprit suppliant une once d'écriture,

or puis pyrite - l'immense déclin, peine et autrefois.

La détestable conscience, en halo, en halo

s'élevant vers demain pour que l'essence de la poésie

subsiste encore.

Et qu'attendre ?

1097


Suites / Relances IV

Rétro-pense

Omniprésente et néanmoins insignifiante,

Délétère et légère, oui, fugace, là

Toi qui vas à la suite de tes traces claires

Que tu lances et génères dans le Néant du Moi,

Cherchant l'idée intense, prétendant que l'ac-

Cumulation de pensées t'offriraient une maturité

De vieillesse

passée et dépassée

De toute évidence

Tous ces préceptes expriment ta défaillance interne.

Quelle lumière ? Quel éblouissement littéraire ?

Rétro-pense avoir commis des erreurs de rigueur,

De force, rétro-pense à sa faiblesse de poète

Ou se suffit de ses folies meurtrières de chambre

Avec ténèbres pour l'esprit, immense désespoir, certainement.

1098


*

Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés

Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements

De la tête de jeune éléphant qui active

Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et

Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.

Dans ce Néant presque, haute entreprise; les rayons

A larges jets diffusent quelques élans clairs.

Des vents légers et aériens; le ciel se charge

De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,

Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence

De l'écriture, et des applications pour la feuille

De papier. De ce magma, que restera-t-il

Réellement d'utile ?

Des manières poétiques,

Des élans stupides que tous rejèteront, en vérité.

1099


*

Le poète gémit, inapte à produire quelque écriture

nouvelle. Des plaintes molles dans l'esprit impuissant.

Ce sont encore des grincements dérisoires pour un

improbable. Des gémissements qu'on ne saurait

entendre comme une musique suppliante. Quel puits

de ténèbres ! Les sons s'écrasent lamentables contre

les murs de ma raison.

Plus loin, là-bas ce sont de belles pleureuses assistant

à mes funérailles littéraires.

Quelle détestable inutilité, soupireront-elles !

Si la plainte s'élève quelque peu, un Dieu de pardon

m'accordera peut-être sa pitié.

1100


Suites / Relances V

Fragments imperceptibles animés

d'un écho aérien,

Souffles fragmentés par un esprit sourd.

Dans la lumineuse nuit invisible,

l'or fondu en sourdes paroles coule

ses segments incertains.

Tu conçois maigrement en suivant

ce ruisseau.

Passe et repasse dans ta mémoire

une solution d'écriture décevante.

Le message construit n'a nulle emprise

sur ta conscience.

Des bribes que l'on jette comme des semences

douteuses à la volée du vent.

1101


*

Reviens dans l'esprit,

rejets, expulsions et Muse !

Délabrements, exil

avec la nécessité de l'être qui fuit...

[Le savoir-faire pour l'opinion

et la raison pour soi]

Autrui de rien, autrui l'inutile !

Donne-leur ce matin où le poème flotte

où l'idée est soufflée comme étamine claire

Accroche cela au ciel mauvais

de torrents, de tornades et d'éclairs aussi

Accroche cela, oui, avec des flores, des oiseaux

des papillons d'extases et des folles nuitées

Tous ces chaos fuyant dans des violences

de particules - ça prétendrait former

un poème logique de possibilités

à entrevoir !

1102


Te voilà mystifié, grommelant,

homme à la parole coupée avec des yeux

mouillée pour retourner vers l'intérieur.

Parle, parle, poursuis ce monologue

1103


Extraits Poésies 2001-2009

Grande pensante

Ô silence, ô silence, dans l'or de l'exploit

Fustigé ! Grande pensante ! Grande pensante !

Qu'en est-il ?

Déjà, là-bas une silhouette fine et désinvolte

Un moi-même ami qui me permet d'écrire,

Un moi-même ami...

Silhouette claire et belle comme une réplique

Mentale, une réplique de l'esprit

Et toi, bariolé d'images inutiles,

Essayant, produisant encore

Pour d'infimes stupidités... stupidités...

J'ai tendance à te suivre,

Je vais dans l'inconnu, ton inconnu

Déglacé, souriant, feignant à l'exalté,

Je persévère ma douce Eléonore

1104


Toujours décidée à me suivre ? Toujours ?

Fade existence

Fade existence devenue forme d'être

En moi, constamment la production

Désolé, oublié avec la force d'aller outre

D'accéder seulement, d'accéder pourquoi ?

On se glisse en soi, on n'habite nullement

C'est la volonté d'un développement interne

Le droit à l'infortune, l'oasis de désolation

Régneras-tu longtemps selon le souhait envisagé ?

Elle me dit nuitamment

Elle me dit nuitamment : où habites-tu ?

Dans cette tendre élévation primaire, l'esprit

S'ébroue quelque peu. La pensée à. Voilà

Pourtant ma médiocre finitude. Et cette

Semence répandue dans le désert des idées.

Qui m'arrache de stupides douleurs, envolé sur

Un vent favorable espérant d'autres saisons.

1105


De grandes fluidités

De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis vont se

dispersant sous la tiédeur endormie.

Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour infini interdit, estu

ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère quelques flamboiements

extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?

Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts sporadiques ?

Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je veux vous

rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.

génies de la syntaxe ?

Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de l'écriture, ces

Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.

1106


Dans le vide

Figures disposées dans le vide

Figures pensantes et articulées

Dans les sinuosités angulaires escarpées

Et tranchantes qui se renvoient

Avec leur logique désordonnées des fragments

D'images bariolées

En approche de l'esprit, les constructions

Se désintègrent de couleurs en lumière,

Lambeaux de toiles mortes,

Vieilles souvenances oubliées

Figures déployées sur l'écran de la mémoire

Là le mensonge éblouit

Pour la renaissance des châteaux

En élaborations incomprises

1107


Un mot cherche un mot

Un mot cherche un mot qui refuse de lui

Répondre Ici commence la guirlande accrochée

Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose

Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux

Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent

Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi

Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon

Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de

Sang jaillissent ici et là dans l’armature

Du Néant. J’attends mon auréole et je demande

Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers

La Coupole.

Des cercles et d’autres cercles évasifs

Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur

De haine circule dans la ville. J’écris encore.

1108


À Paul Celan

La pensée l’un dans l’autre

Par ton œil je m’éclaire

Je me déplace avec ton œil

Unis en calque et déplacés

Je vais à travers toi

Et j’enrubanne ta pensée d’étoiles

Puis silence déplacé, redéployé dans l’or qui fond

Grande pensante, qui invoqueras-tu ce soir ?

La Reine de l’esprit - et toute cette semence à bénir -

Toi, encore dépourvue de sens et de logique -

Toi dans tes impossibles interdits

1109


Lancée hors soi

Lancée hors soi telle la lumière

Fatidique à tes yeux de s’endormir encore

Et sous quelles vélocités irréelles, la pensée

Pénétrante secouera son joug cérébral ?

Toi, dans ta détresse tu tressais l’impossible

Ravalant les contours, explosant en folie.

Je reviens, j’extrais, j’arrache l’or interdit

De mes pures entrailles.

L’esprit s’égare chez les

Filles et les putains, surnage dans des rancœurs

Diaboliques, exalte le Dieu-Phallus

Et se répand dans des espoirs absurdes.

Lancé

Hors soi, s’agrippant à la couronne céleste,

Suppliant sa part mystique, déféquant ses

Péchés, ma semence exaltée plonge dans son Néant.

1110


À la recherche de l’élixir de grâce

Non à la trace mélodieuse constellée d’esprits

Noirs ~ écriture pensée et non dictée par

Quelque saveur externe,

déplacée dans la supposition

Douteuse ~ et lisible à quel niveau ?

La main s’octroie de fades aberrations et

Prétend y démêler un invisible ~ parmi les

Excès et les audaces.

Consternant ce mur à

Faire exploser en myriades de confettis pour

Reconstruire des guirlandes obscures !

Fait de

Réparations et d’invraisemblances, de déjections

Douteuses et de miasmes ridicules !

Quand donc

Nourrie de sèves salvatrices, régénéré dans

L’autre solaire, parviendrai-je à constituer

Un élixir de grâce pour me faire pardonner mon ignorance ?

1111


La fille bleue

Repensé, calfeutré dans des délires optiques, -

Inadmissibles. Ce souffle lancinant illuminant

Mille grâces. Toujours en soi, cherchant pour

Un ailleurs. L’esprit de fantaisie s’y décèle

Toutefois.

Avançons dans l’obscur avec traces

Bigarrées - champ de tenseurs hautement im-

Probables.

S’en vient la fille bleue agrémentée

D’espoirs, véhiculée sur ces tenseurs ou ces ali-

Gnements incertains. Elle y déploie ses corolles,

Ses zébrures audacieuses - elle y déploie…Et,

Moi supposant, déplaçant, soufflant, rechignant,

Hurlant encore. Accorde, je te prie, quelque zèle

Libérateur à cette lourde main qui trame

L’impossible et toujours se déçoit en sa lutte.

1112


I

Contre ta douleur - de gré à gré, m’entends-tu ?

Ta force et les infamies

La fluidité exquise, les excroissances de l’âme

Dans ton souffle nuageux s’ouvre un Temple d’extase

Collée à ton sang - ta liqueur sacrée

II

Se dit, se creuse :

La fuite ballante dans l’orgueil inédit, l’air liquéfié bondissant

Puis la rumeur éternelle du rendu avec mémoire et syllabes hurlantes

Entends-tu, entends-tu ici bas ?

L’esprit suffoque et gémit dans l’ombre, interdit.

1113


Déplacé dans l’impossible

Déplacé dans l’impossible menteur à la

Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle

Part. Au travers, se supposait au travers.

Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons

De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,

Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.

Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,

~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes.

Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,

Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.

Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle

Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit

Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique

Le sceau sacral, et je prétends produire !

1114


Entre l’or et l’ennui

Entre l’or et l’ennui, le feu et la folie ~

La nuit pour oublier, pour écrire ~ une poignée

De syllabes ~ mes semences ~ je songe à la

Volée d’extases inondant des filaments épais.

A toi tes grâces et tes paroles dans le silence

Profond et sinistre ~ dans le sang de l’absence

Nourri de ton venin ~ suspendu à ton espoir

Je suppose la pratiquant grandement. Poursuis.

Encore la pénétrant, l’éclairant de mille audaces.

Et toujours ces besoins de semailles dans l’âme

Claire d’un matin en transis. Poindra-t-elle,

Cette aube nouvelle, se soulèveront-ils ces soleils

Qui émergent dans des océans sans fond ? Entre l’or

Et l’ennui, le feu et la folie surgit l’Esprit !

1115


Encore qui germe

Encore qui germe ~ formes d’avenir alanguies ;

Des voix, et je parviens vers Toi. Toujours en ma de-

Meure. Mêlées et démêlées, filantes. Il est là,

Il émerge. Cette survivance. Un et mille - je

Vous offre le Tout.

Saisis pour figurer l’oubli,

Esprit, écris - Pensée, éjecte. Pour ces grands

Aveugles - des lignages incessants. Dans l’œil

Du poète, cette lumière assourdissante, bondissante

D’ennuis et d’espoirs.

Les yeux éclaboussés.

La pensée en dedans. L’audace qui voltige.

Sur le bord de l’abîme. La réalité chancelante.

Filles, flores, éternelles, revenez nourrir l’âme

Désinvolte - redressez cette lourde masse de

Chair spirituelle qui ploie fatiguée par les ans.

1116


Reconstituer la Vérité

Je reste constamment enfermé en moi-même comme si cet espace insignifiant allait me

permettre de reconstituer la Vérité.

Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le soleil fond comme une éclipse. Des

labyrinthes épais ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche pourtant. Je veux fixer

l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela est mensonge.

J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri. Encore, encore je suis immobile.

J'impose à mon esprit de mieux penser. Halluciner est un moyen. Les Temples s'ouvrent

devant mes yeux.

Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es enfoui dans l'intimité du Moi. La

nuit est claire. Elle te nourrit de subtils savoirs.

J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant, titubant, avançant toutefois,

quand une jetée de cendres me recouvre entièrement pour me plonger dans mon Néant.

1117


Sortie hors du corps

On l'obtient par la sortie hors du corps, - c'est une élévation -

vitesse.

De l'esprit - de la montée - du passage par le tunnel étroit - on monte à très forte

À la recherche de la Lumière, l'éternelle, la belle.

L'abnégation totale du corps - le rejet de l'enveloppe inutile - une sorte de mue en

vérité. Tout pour l'esprit avec l'esprit ou l'empreinte corporelle toutefois.

La conscience pure du Moi !

La fuite de la chair, l'existence d'autres lieux où les civilisations se déploient.

- Toutes ces stations, Fils ! c'était donc inutile ?

- Toutes !

1118


Dans ton bas-ventre

Néant - fabrique encore dans ton bas-ventre -

À l'arrachée ! À l'arrachée !

Ô médiocre certitude de moi-même,

Assouplis les désirs de ton âme,

Va plus profondément, accède au crépuscule de l'esprit,

Pense encore !

Elle réapparaît ! en clonage d'elle-même

Sensuelle - très - belle héritière de ma fertilité -

Maîtresses ! Mes maîtresses !

Elles conçoivent de nouvelles couleurs :

Nous voici ! Modifiant, repensant,

Elaborant de sublimes coïncidences.

Oui, là élevées - l'une au-dessus de l'autre

S'épousant dans des amours spirituelles et poétiques.

Elles conçoivent de nouvelles couleurs :

Nous voici !

1119


Un temple pur

Un temple pur

Construit sur l'invisible

Les esprits y pensent

Le temps est éternel

Là des colonnes

Non nulle colonne

Un voile infiniment clair

Recouvre l'édifice

Le soleil, le feu,

Le vent, l'éther

La construction oscille

S'affaiblit et grandit

Sous l'aile de la brise divine

L'édifice s'épanouit

1120


I

Soit la mort qui perle en son miroir

D'avatars interdits qui perle

Comme une symphonie froissée dans l'œil hagard

Une tache de vin sur l'esprit de mensonge

Fluidifie-toi, exaspère-toi, invente un mélange,

Défais le sol pensé, décline-toi en langue

De fa.

II

que prétendras-tu obtenir ?

Toi, paré de doutes, t'essayant à des formes primaires, niant l'élévation,

1121


Intérieur

S'éloignant de la fille très pure que nulle liaison

Même infime ne suppose

Jeune claire élaborée nourrie de sources

Sauvages - d'ailleurs nous frémissons

Quand elle s'élève

A genoux déployés, ses seins sont frais

Et tendres - jeune sainte nue priant

L'Espoir et l'Esprit

Poursuis belle l'humble prière - ignore

Notre présence - livre-toi à la Clarté -

Implore

Qui est cette fille ? Qui est la sœur,

Symbole de chair ou de pureté à ses côtés ?

Et qui dans l'Au-delà entend, s'inquiète et se déplace ?

1122


L'autre cité

L'autre cité tu t'aventures encore à

L'affût de quelque spectre rare diapré en

Couleurs irisées recherches de brumes éclatées

D'évanescences obscures d'incendies rougeoyants

Recherches

Les néons le mouvement caché la rumeur des

Ruelles il n'est pas de lumière dans l'univers

Clos à droite, estrades, putes asphyxiées

Mais celles-là mêmes : friandises rapides bois

Cieux sereins

encore avance et titube

Dans le crépuscule don intérieur aux heures

Incroyables Là-bas Académies, Aréopages :

A éviter

Oui, la fluide lumière, généreuse

Et productrice, avivant la pure application de

L'esprit du moins l'intelligence le prétend encore !

1123


Combien tu sèmes

Combien tu sèmes de matinées presque écloses

D'esprits assombris par la haine et le remords

En mini clochettes de dzing zing zing

D'écriture poudreuse : " Je suis là !"

Encore

Dans la carmagnole mascarade - de moules

Ardentes, de raisin cuit.

Va en guerre, cervelle

Ardente, à l'affût de quelque image insolite,

Précaire, inutile ou à tordre.

D'avantage de

Petites fourmis obséquieuses et alertes - de lignes

D'encre surarticulées qui se déplacent nuitamment.

Combien en tentatives vaines de semailles claires

De se répéter autrement oui, moi qui frôle

Avec les souillures en scintillements noirs

1124


Radieuses et limpides

Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,

Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi

Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances

Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé

Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes

Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée

Endormies, vous radieuses et limpides espérant

Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée

Encore fraîches et légères sur la sphère azurée

Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur

Pourtant je crains ces noires divagations obscures

Et je baigne ma tête couverte de surdités !

Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en

Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?

Peine précieuse ? Fol esprit qui divague ? Qu'est-ce ?

1125


Les chimères connues

Infiltrons-nous ici, tâchons d'être loquaces.

Préservatifs : passez ! Etranger en soi-même,

Dans l'autre également. Petits bonnets gluants.

Cette fine pellicule qui toujours nous sépare,

Qui limite ma chair dans les muqueuses tiennes...

Au plus fort du nombril et de l'anus aussi

Engraissant le très pur désir de l'interdit...

Débattons-nous encore pour l'étrange va-et-vient

Dans ces chimères connues - sublimes et nues !

Accourrez ! Accourrez ! O beautés de l'esprit

Car vous êtes légion à défiler au lit

En blondes, en rousses, en blacks : le vaste imaginaire

Qui s'efface aussitôt les giclées expulsées.

La chair inassouvie désire recommencer !

1126


Actions !

Non-sens, coupable. Positionne-moi sur du passé.

Harangues. Quelles règles de déchets ! Toujours en

Adoration du Moi. Ne sois pas à défaut. Souviens-

Toi des acouphènes. Coups de pieds dans le symbolisme,

Dans l'abstraction. Produis du " post ".

Encore : " Les femmes

Sont belles ". Histoire de sacraliser. Superbe esprit, tu

Deviens. Strictement déplacé vers. Pensée, quel

Etait ton but ?

Rien au semblable, la nouveauté.

Passant par la nuit noire. Impose-toi ici. Fais

Osciller cet autre centre. Considère autrement.

1127


I

Si quelqu'un en. De percevoir ailleurs. Avec

Les fluides et les montées d'orgasmes - les interdits

A sacraliser.

Tu fuis sur ton auréole, perdu

Dans les nuées déroutantes et sourdes.

II

A ne pas croire. Cette autre définition du verbe.

De balancer sur. Avec saccades érotiques ou monstrueuses

Ballottées en fausses oscillations aimées.

Je prévois l'incroyable, la folie décontenancée ou

Dérivée encore.

III

Pourtant je certifie. Nul pour me croire. Effilé là

Dans de longues perspectives. A la recherche de

La pure aura.

Filles perdues, filles oubliées derrière un orgasme

Moqueur

1128


IV

Personnage hilarant qui rit de soi-même. A

la découverte de son intime. Quand te

reconnaîtrai-je tel qu'en toi-même ?

1129


Les deux sources du désir

Hors de ces tourbillons d'orgasmes et de jouissances,

De ces micro-suicides de chair - éloigné de ces

Appâts aux formes parfaites - à cent

Mille lieues de corps désirables aux beautés a-

Languies.

Vais-je percevoir l'idéal spirituel

Ou converger vers la sanctification du bon

Croyant ? Les deux sources du désir ne s'opposent-elles

Pas ?

L'époux dit : tes seins sont deux faons

Rebondis et succulents. Le sang et le miel, le

Miel du bon lait et le lait se compare au vin.

Ô boissons, aliments, ambroisie et nectar,

Désirs avides et abondances miraculeuses !

L'amour

Est une affection de chair et d'esprit, Christ et Vénus

Un bas-d'élévation, des soupirs d'intelligence.

1130


La femme effacée

Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère

Filant sur des orgasmes de fluidité exquise

Quelque chose de pur dans le mystère mien

Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir

J'efface sa douleur sur des vents en délire

J'arrondis son visage et je berce ses traits

Belle mais belle encore, ajournée en demeure

Ou douce détournant sa chevelure claire

Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon

Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire

Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais

Et là dans mon sommeil sa frêle invitation

M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître

Je m'allonge hébété ne sachant que penser

1131


Surgies

Flamboiement - rougeoiement - possibilités en

Tout à coup, et surgies dans l'éveil du jour -

Il explose en vérités hallucinantes sans

Ordre logique - accidents dans la

Nuit survenue - accidents de synthèse gerboyant

Pour le dehors.

Où cela apparaît-il ? Devant

L'œil du poète. Sa feuille est une toile. J'aboutis

A l'obscurcissement de la clarté - je découvre des

Fils-miens à tisser et à repenser. Encore des écla-

Boussures de lumière montante. Et ces taches

Soudain dans mon vaste ciel !

Dévoilant, en soi, clair,

Puis une durée tournante qui s'interrompt. Le

Mouvement doit être explicité, en gerbes tombantes

Car l'opaque à l'esprit appelle une éclaircie.

1132


La saisie de substance

Tel ou tel en soi, de se rejoindre en un

Avec une parole déployée qui toujours en

Lui-même se replie pour déborder avec

L'un et l'autre - avec personne, avec autrui.

Et de recommencer dans ses plus purs excès

Afin de découvrir des accidents de langage,

Pour concevoir de nouveaux sens élaborés dans

Une éclaircie.

Se découvre en se pénétrant.

Tu t'interromps et dévoiles la pensée opaque

Qui a l'esprit jaillit ~ source sur d'autres

Mots. Parlant de rien. C’est une saisie de

Substance se déplaçant dans l'orée du Moi.

Pour ta fraîcheur de ciel, la pensée bigarrée

Ondule, bifurque et déplace l'illogisme du vrai.

1133


Insistances

Ici encore de dire pour plonger en profondeur

D'esprit qui poudroie sa substance, poussière

Egalement Ici demeure sur la fraction du

Temps d'une parole à l'infini avec fragments

Scintillements avec

Ici fractionné cherchant une

Clarté, suspendu en soi momentané de vol,

Parole fuyante, parole placée au plus juste

De sa pensée, en tous points perceptible, et

Froissée, recomposée

Ici phrase tournée avec relief

Plus haut, pénétrant son centre, indice de saveur,

Murmure de souffle pour accéder au paroxysme

Et d'insister toujours

Ici, certes avec médiocrité

D'applications, avec déceptions, avec espoirs

D'aller outre pour ajouter toutefois

1134


Demeurée au plus haut

Demeurée au plus haut par l'esprit qui inspire

Paroles se justifiant dans l'âme supérieure

Elevée, endormie, conçue par le génie

Sous le silence la fraîcheur de l'exil

...Pour un nouveau poème

Ensorcelée, traversée,

Elle est à naître ~ blancheur qui se défend

D'accéder à sa source ~ poussières d'or dansant

Sur le feu du désir

Le vise est à retenir, il se

Prétend à l'intérieur. Que reste-t-il à

Trouver qui scintille toutefois ? Une paroi

Poudreuse suintant quelques transpirations

Incomprises

Respire dans l'entrevue, imite le

Vertige, nourris-toi de candeurs dans l'absolu du ciel.

La ligne inanimée invente un avenir à poursuivre

1135


Expie, poursuis

Expie, et la tête pleine d'excréments

expie, déambule, reviens en toi

Pour ta confusion avec violences d'être,

quelquefois hésitant sur les pas inconnus

L'attache à l'esprit - l'obscurité en soi

Si la chose est confuse, la pensée confondue

éclaire vainement une pâle surprise

Ou retranche-toi de la clarté pour respirer là

l'élixir à venir

Sans compréhension, mais hospitalier à l'inconnu

De nouveaux aveux forment des mots pour l'avancée

Se retrouver plus loin, là-bas : poursuis

1136


La déception

En avant de soi subitement en mémoire

Flamboyant vers sa clarté l'inconnu explose

Espérant une nouvelle fonction mentale

D'extrapolation, d'excès, d'autrement

Respiré là, doutant porteur de hochements d'être

Dans la confusion, l'esprit insiste...

S'acquitte-t-il

De sa charge d'obéissance ? Obtient-il l'appli-

Cation escomptée ? Le mot renvoyé au poème

Offre-t-il quelconque substance utile ou nouvelle ?

Nulle découverte ! Irréversiblement médiocre !

Cruel langage ! Moi qui n'ai pu accéder à

La rare parole comment parviendrai-je

A me sublimer ?

L'avenir, dans sa fraîcheur,

Promet quelque substance mensongère, évidemment !

1137


L'éruption

L'éruption spécifique qui doit remplir l'espace-mien ;

L'art de l'éclair que j'impose au silence, l'état

Présupposé de l'esprit en demeure, et les premières

Syllabes prononcées en soi.

Ce qui s'établit

Au moment de songer, qui reprend la parole mais

Ne produira pas, ou posément de dire : voilà

Ce que j'obtiens.

L'intelligence insiste, râle,

Ne peut s'élaborer dans quelque supérieur, et

Se meurt ridicule de sens ou de résultat.

1138


Eléments

Gloires d'hier et d'aujourd'hui - leur esprit !

La certitude poétique : ici, une poussière de savoir

Le sermon d'obéissance - toujours en soi

Dans l'espace, le souffle encore plus beau, plus

Vrai, plus grand, plus pur

Sur le lit de la souffrance, sans chair à mes côtés

La lune érotique était hallucination de femme

Je creusais en toi désireux d'y découvrir

L'apothéose éternelle

Poignée de cendres entre mes mains, telle est

Ma construction d'images

L'abolition du hasard, le futur engendré,

La grande vérité de l'au-delà

Nul témoin pour cette vie ici bas mais qu'importe

L'œuvre est accomplie !

1139


1

De plus en plus, entrecroisements d'âmes. La moitié

De mort avec les Morts pour cendrifier l'image.

J'ai bu comme un extravagant à la poupe des génies.

Je grandissais à travers l'Autre. Quel patrimoine !

Quelle richesse fabuleuse mise à la disposition

De l'esprit !

Qu'à moi ? Qui ?

Qui descendait l'escalier invisible jus-

2

Tous les raccourcis-miens, enlacé et glissant

Dans luxe inintelligible de la rareté

Accumulant l'ennui

1140


Nuits obscures

Des haines pourrissent, fascinées et tremblantes

S'aiguisent en idioties de folies meurtrières

Passées fleuries pourries en violences et douceurs

Toutes ces roses qui vous fouettent la gueule

Méchamment

De chacun, en soi-même pour produire dans ses

Nuits obscures

Je me traîne vers l'impossible soucieux d'y découvrir

Quelque trace intéressante

La feuille se dérobe constamment

Ecriture vraie-illisible

Esprit-syllabes en devenir peut-être

Qu'as-tu à libérer de chagrin lumineux

L'âme seule se déchire en soi-même

1141


Le poème de personne

Mon silence rime en soi-même, d'un battement

D'écriture pour retenir le temps

Le poids que décriait mon âme, le poids

Détermine la valeur

Dans le sens du cercle, l'esprit décrit

Une parabole, flottant sur son aire

Cette poussière d'écume est le seul espoir

A invoquer pour concevoir quelque chose

Orphelin en ta chair, je songe à quelque

Obscur avenir de poème - je songe effrayé

Libre, lié je fuis entouré d'ombres diaboliques

Suppliant la lumière de m'éclairer quelque peu

J'offre des prières aux vents inconnus pour délivrer

Mes vaines lancées en pure perte, hélas !

1142


En lignes pensées

appliqués

Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de petits soldats bien

En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le rectangle vierge ?

Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant phosphorescent du Moi,

phosphènes transubtantiels pour rien en vérité

Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages qui glissent

attachées par la main qui refuse ou accepte

Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions médiocres - il fallait

refuser, raturer ou jeter -

Poème-écriture de : pour qui ?

J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées de sagesse

tremblotante dans son désert intime !

Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des savoirs supérieurs :

pourquoi pas !

L'esprit plein de déception s'en retourne dans sa triste solitude intérieure sans même

l'espoir d'un peut-être

1143


I

Déchiquetant, démêlant encore

dans la suave luisance d’une ligne qui fuit

en création de luxe appuyé sur la plume

Prometteuses épaisseurs en strates infinies, en strates

Parcourues, parcourues dans la folie chimérique du rien,

Il est clair, en certitude lozachienne, là, par-dessous,

avec ire et violence, - repense ! ou capitule, que sais-je !

II

L’esprit pour jouir et ne pas mépriser

donc onduler, osciller sur mouvements embarqués

d’écriture vers ce vieil azur toujours vert

avec affinités troyennes ou rimbaldiennes pour presser le passé

1144


I

Combien en toi d’essence de semence,

Combien profondément !

Les longues déviances dans la crépuscularité-mienne :

Il était le chemin

Les plaintes maladives pour mystifier l’avenir,

Et ces assauts d’ailes répétés en ta demeure ?

Le vent assèche ton potentiel

Nulle compréhension répandue

II

Ce qu’il croyait toujours

Plus ou moins d’ombre dans la pensée obscure

Fils logiques-miens, émerveillés, tramez !

Combien, combien sans plénitudes symboliques

Sans

Dans la conquête limpide dans

Pour l’épanouissement de l’esprit ?

1145


moi.

Quelle folie d’audace, et l’errance et l’écriture !

Féeries qui divergez et convergez ensemble ! pour l’épanouissement spirituel venez en

III

Voilà ce qui convient en soi, à la lune apocryphe s’essayant à d’indéchiffrables invisibles

inconnus

Lui s’émerveille de mercantiles poèmes abstraits, chimies de diamants possibles

Invitant sa stimulation à multiplier de micro-événements poétiques

Murmure, engloutis, expulse

Alors engloutissements avivés de salive en formes bigarrées

- Et les mystiques recommandations dans le rêve du rêve - pour qui ? Qu’en fera-t-il ?

En fatigues de divagations absurdes sous la neige colorée…

Quelle perspective ? Quelle ?

Déficiences d’écriture, d’applications pertes, que pourras-tu espérer ?

1146


I

A l'aise, au plus profond. Non. Dans l'ombre. Je me déchire en espérant, en

m'imprégnant. Là, suspendu et perdu. Quelques fils, quelques lumières brunes. Pourtant

repensé. Et déjà parcourue. Avancer, avancer. Et ces couches superposées et prometteuses.

Fixant le mort.

Ne pas se répugner. Le dégoût est ailleurs. Pense et repense. Au comble de sa bouche,

un filet clair de sang coule lentement. Quelle arrogance : la peau avec l'esprit et les reins.

II

Pour ondoyer avec oscillement dans ce panorama préparé à la mission. En cadence,

avec l'absurde des traces toujours revisitées. Deux couches : la tienne et la mienne qui se

superposent et s’imbriquent. Qui est le plus avenant ?

III

La saveur - fine avec désinvolture, à la bouche manipulant les charmes. Pas vrai ?! Tout

le long du halo, j'entends avec sphères, lunes etc. Un peu en arrière. Quelles fluctuations de

l'esprit ! Plisse-moi, immobilisée.

1147


IV

Se laisse doigter avec désinvolture, acceptant toutes les manipulations et les charmes.

Elle qui se disait ouverte avec quelques amants - assaillants de passage - contre la nuit, elle

élabore encore !

Fixe tes doigts, exécute tes yeux, obtiens le savant mélange, sois sage.

V

Oh ! Tellement évidé en nous ! Tellement de labyrinthes en déviances, en avec ces

infinis et ces singularités si claires. Et quel message devons-nous supporter ?

1148


I

Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces naufragés de l'esprit.

Je quémande pour m'élever quelque peu avec images inconnues et bégaiements et rires.

Elles viennent et apparaissent, folles ces images de l'intelligence - le vrai succède au

possible.

Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.

II

J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme plaie mentale dans le jamais et

le jamais.

Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur, je subsistais, au plus profond,

empoisonné.

Ainsi, de la sorte, démons ventreux, consumant les fruits exquis de mon sublime

imaginaire.

III

plainte.

Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. A demi démon, à demi vices - pour ma

1149


Le figuré

I

S'obstine le figuré. Mets fin à ses engagements en suspicion. Dégrince et liquéfie, oui

pour toute pensée plus fine.

Le cristal s'évade là en halos dégradés - il s'évade toutefois ;

Tu évoques de lointains mystères en dérives et tourments.

II

Tu te penches sur ces lignes impossibles avec légères audaces de vent. L'esprit rempli

de pénombres et de poussées, je m'afflige. La tête fléchit, réfléchit. Suis-je à demeure de

mieux comprendre ?

Et me prévaux de subtiles poussées et espace et espace mon Compagnon-Moi. Dans la

brillance mais contreversé - pour quelle limite ?

Je m'afflige sur des structures dressées. Tête pense encore - tête...

1150


En Syracuse

Pour toi, en Syracuse d'audaces, tu m'émeus

En fondations et diversités interdites

C'est donc ceci : tu jouis et t'accomplis

Laisse parcourir en moult enchevêtrements

Les icônes et les ingrédients bouillonnants

D'extases et de rumeurs - encore je te prie

Que ton esquive, que ta révérence s'expriment

En échos de lumières - ne sois pas à découper

Dans l'impossible figuratif. Mais qu'il y ait

Poids et certitudes fugaces réduits à ta

Conception. Follement ivre, la vérité

Se déploie en soi-même et prétend au pire.

Qu'en est-il de ce vrai ? Qui possède la raison ?

L'esprit de synthèse ne s'unit-il pas au pire ?

1151


La longue source

I

L'eau est une longue source qui me visite maintenant - en esprit de finesse, - tout coule

nuitamment.

Par la pensée jumelle, elle s'attarde, bel écrin impossible enchevêtrée d'ivresse, de

mousse et de solitude sauvage.

Tu vas, tu vas léchant - et que reviennent les douceurs assoiffées de messages.

Ô les pures invasions noyées et célébrées douces ! La nuit fraîchie d'un lendemain

nouveau et symbolique promettant une abstraite candeur - que sais-je ?

II

Elle transparaît cette eau que je désire entre tes jambes sublimes

Elle s'attarde lentement dans l'écrin sombre où l'elfe clair veille entre la mousse et la

fougère

Ô fleur célébrée dans l'enchevêtrement des couleurs, et tu vas toujours léchant, léchant

Qui t'a promis une nuit de râles dans les touffus,gémissant

Laisse-la au luxuriant plaisir de soupirer encore avec nuit belle et glissades

1152


Mystique

Hors lieu en moi suppose ; espère et décline - car rien de vrai ne me paraît possible.

Les bégaiements les plus subtils ne sont que de purs efforts inutiles à l'âme.

ma vérité.

Je ne possède que le printemps de mon orgasme et meurs doucement dans la bruyère de

Toi, toi, es-tu délabré ? Je suis si faible - j'ai beau vociférer - ma plainte est incomprise.

Et cette pluie fine de filles graciles qui plongent dans mon esprit, - vais-je pouvoir les

satisfaire ?

Dans cet amas de silence, les hosties vacillent nuitamment. Ô grandiose impuissance,

quand vais-je pouvoir faire mugir les firmaments d'été ?

Tout est souillé, renversé, ignoré - ici, le saint quémande et supplie une extase

heureuse. Toi, malheur, tu élèves des porcs et les supplies de t'instruire.

L'on va d'ossuaires en ossuaires et de bravoure en peur ~ ce sont des morts qui

gesticulent dans l'interdit.

Accepte la clairière qui lentement s'offre et gémit d'extase - là est l'infini de ta

condition.

1153


Le délétère s'évapore

Au plus profond du Moi surgit ma transparence, idéal et désir de pureté - un Christ et une

Vierge sont aspirés vers l'Au-delà.

J'attends dans l’ombre du miroir.

Libérez-moi de tous mes sangs et excréments de ma dégénérescence sauvage !

La main délaisse les limites de cette feuille car l'esprit s'échappe. Derrière les ombres

dévore l'alignement obscur des signes.

Faut-il se conformer à ces actes ou penser autrement que ces signes à produire ? Le geste

est-il étroit ? - La pensée peut-elle aller outre ?

Plonger là dans le vide au plus profond - je dois renverser la chute vers le léger.

Dénué de toute forme, le délétère s’évapore et s'élève vers le baiser de l’être avant de

retomber.

Alors pour retourner la chute, que faut-il inventer ? Ce sont des espaces de pureté inouïe

inclus les uns dans les autres. Même forme pour l’ouvert à intégrer.

Enveloppée en moi devient une substance. Au versant je dégage l'opprobre, je fuis les

excréments. Que puis-je encore ?

1154


Le langage discret

Finalement concevoir un nouveau langage à l'abri du temps...

Apparition d'esprits où la matière est inerte.

C'est donc des deux côtés que le plaisir s'obtient.

Investir dans des objets de plaisir qui accompagneraient des délires corporels sexuels.

Pour le plaisir du corps, toi qui en as tant besoin.

Elles font trou dans le même monde, elles deviennent forêts ou fontaines - les lieux

d'apparition du plaisir.

Il faut donc une syntaxe, des genres littéraires, des manières d'appliquer, une signification

rare mais tout cela déployé dans un monde imaginaire.

1155


Fragments inexploitables

Dans la substance même du hasard naît une portion de vérité

Voilà ! J'ai seulement entendu le cri des guerres meurtrières - j'ai fui sous l'invective -

j'ai interrogé des regards

Le déclic de la transparence. Te voilà nue dans l'épilogue du désir.

Ailleurs. Pour le vice. Ereinte tes sens. Je t'aime désespérément.

Qui attend. Qui attend et veille dans ce grand

Sommeil à échos. Désert-en-désert. Plus

Rien ne bouge au bord du rien

Voilà la bouche ultime qui implore vers les rayons sublimes de candeur, ô sources

vives de mon esprit.

1156


En lignes pensées

appliqués

Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de petits soldats bien

En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le rectangle vierge ?

Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant phosphorescent du Moi,

phosphènes transubtantiels pour rien en vérité

Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages qui glissent

attachées par la main qui refuse ou accepte

Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions médiocres - il fallait

refuser, raturer ou jeter -

Poème-écriture de : pour qui ?

J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées de sagesse

tremblotante dans son désert intime !

Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des savoirs supérieurs :

pourquoi pas !

L'esprit plein de déception s'en retourne dans sa triste solitude intérieure sans même

l'espoir d'un peut-être.

1157


I

Déchiquetant, démêlant encore

dans la suave luisance d’une ligne qui fuit

en création de luxe appuyé sur la plume

Prometteuses épaisseurs en strates infinies, en strates

Parcourues, parcourues dans la folie chimérique du rien,

Il est clair, en certitude lozachienne, là, par-dessous,

avec ire et violence, - repense ! ou capitule, que sais-je !

II

L’esprit pour jouir et ne pas mépriser

donc onduler, osciller sur mouvements embarqués

d’écriture vers ce vieil azur toujours vert

avec affinités troyennes ou rimbaldiennes pour presser le passé

1158


I

Combien en toi d’essence de semence,

Combien profondément !

Les longues déviances dans la crépuscularité-mienne :

Il était le chemin

Les plaintes maladives pour mystifier l’avenir,

Et ces assauts d’ailes répétés en ta demeure ?

Le vent assèche ton potentiel

Nulle compréhension répandue

II

Ce qu’il croyait toujours

Plus ou moins d’ombre dans la pensée obscure

Fils logiques-miens, émerveillés, tramez !

Combien, combien sans plénitudes symboliques

Sans

Dans la conquête limpide dans

Pour l’épanouissement de l’esprit ?

1159


Quelle folie d’audace, et l’errance et l’écriture !

moi.

Féeries qui divergez et convergez ensemble ! pour l’épanouissement spirituel venez en

III

Voilà ce qui convient en soi, à la lune apocryphe s’essayant à d’indéchiffrables invisibles

inconnus

Lui s’émerveille de mercantiles poèmes abstraits, chimies de diamants possibles

Invitant sa stimulation à multiplier de micro-événements poétiques

Murmure, engloutis, expulse

Alors engloutissements avivés de salive en formes bigarrées

- Et les mystiques recommandations dans le rêve du rêve - pour qui ? Qu’en fera-t-il ?

En fatigues de divagations absurdes sous la neige colorée…

Quelle perspective ? Quelle ?

Déficiences d’écriture, d’applications pertes, que pourras-tu espérer ?

1160


I

A l'aise, au plus profond. Non. Dans l'ombre. Je me déchire en espérant, en

m'imprégnant. Là, suspendu et perdu. Quelques fils, quelques lumières brunes. Pourtant

repensé. Et déjà parcourue. Avancer, avancer. Et ces couches superposées et prometteuses.

Fixant le mort.

Ne pas se répugner. Le dégoût est ailleurs. Pense et repense. Au comble de sa bouche,

un filet clair de sang coule lentement. Quelle arrogance : la peau avec l'esprit et les reins.

II

Pour ondoyer avec oscillement dans ce panorama préparé à la mission. En cadence,

avec l'absurde des traces toujours revisitées. Deux couches : la tienne et la mienne qui se

superposent et s’imbriquent. Qui est le plus avenant ?

III

La saveur - fine avec désinvolture, à la bouche manipulant les charmes. Pas vrai ?! Tout

le long du halo, j'entends avec sphères, lunes etc. un peu en arrière. Quelles fluctuations de

l'esprit ! Plisse-moi, immobilisée.

1161


IV

Se laisse doigter avec désinvolture, acceptant toutes les manipulations et les charmes.

Elle qui se disait ouverte avec quelques amants - assaillants de passage - contre la nuit, elle

élabore encore !

Fixe tes doigts, exécute tes yeux, obtiens le savant mélange, sois sage.

V

Oh ! Tellement évidé en nous ! Tellement de labyrinthes en déviances, en avec ces

infinis et ces singularités si claires. Et quel message devons-nous supporter ?

1162


I

Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces naufragés de l'esprit.

Je quémande pour m'élever quelque peu avec images inconnues et bégaiements et rires.

Elles viennent et apparaissent, folles ces images de l'intelligence - le vrai succède au

possible.

Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.

II

J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme plaie mentale dans le jamais et

le jamais.

Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur, je subsistais, au plus profond,

empoisonné.

Ainsi, de la sorte, démons ventreux, consumant les fruits exquis de mon sublime

imaginaire.

III

plainte.

Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. A demi démon, à demi vices - pour ma

1163


Subtile supériorité

Subtile supériorité en herbes de ramures qui

Serpente à l'orée du bois, qui s'oriente

Vers l'énigme interdite, pourtant chargée de

Ronces. Ho ! Serpents dans l'ombre de l'effroi !

Ici tout est empreint au murmure qui s'anéantit

Dans le vide et gémit ou semble vivre.

Ô toi mon esprit en permanence de recherches,

Plonge au gouffre, accède aux limites et

Pourfends-les !

Il est de vains traquenards et

De pures énigmes, des risques aberrants dans les

Substances claires de l'Intelligence accompagnés

De vomissements et de sales déchets honteux et puants !

Mais toi va, au-delà de ces précipices fangeux

Et tente d'accéder à un espace divin illimité.

1164


Disparaît la transparence

Disparaît la transparence pour que s'épanouisse à sa place le silence. Chutes, ruptures, - tout

se fait ou luit face au cristal.

Reste là. Reste là avec tes yeux ouverts ou invente un langage propre.

Tu affaiblis ma pensée - tu veux transposer ma réalité. L'inévitable contraire est validé tout à

coup.

Je conçois le possible dans mon esprit. Je suis là où la déflagration se détruit à tes pieds.

Tu me maudis et m'aimes pour que j'invente et anime un espace nouveau. Mais je suis

caduque, vieil informe qui ne sait ce qui est.

Voilà je t'implore un sublime idéal - tu m'expliqueras la configuration nette, la perfection à

atteindre. Mais l'ombre déjà détruit...

Obscurément sont-ce des briques ou des courants nuitamment liés dans l'ordre de la

construction ?

J'ai besoin d'écrire, de produire, de penser autrement. Crois-tu que tu me permettras

d'extraire des pensées claires aptes à s'intégrer dans le schéma de l'écriture-mienne ? Je

t'aime et veux savoir.

Ce sont des vannes obstruées. - l'Etre ne saurait s'y développer. L'énergie fond, le Néant

s'extasie. Personne ne connaît le poids de la rose. La beauté se déploie et déploie son

contraire.

1165


L'orgueil du renouveau

Semences sombres aux cris de la paroi de se

Dire : tant d'échos et d'écarts dans l'esprit

Toujours clair qui parfois gémit. Plongeant dans

La chair sur des axes interdits que des identités

Confondent avec des ombres ou des songes.

Sourde et terrible qu'un souffle hors de soi réduit

Au deuil le plus noir, sans espoir d'un quelconque

Soleil - je puis souffrir désespérément.

Ici,

Tout succombe dans le vide - qui remonte ou

Redescend vers un échec de lumière, qui ? Toi

Amasse des poignées de poussières pour faire se

Dresser l'orgueil du renouveau ! Déploie hors

De ce vide intérieur des lignes convergentes vers

Un lieu d'équilibre. Du plus profond, échappe-toi.

1166


Le métabolisme du vrai

Procéder par systèmes à penser

pour déceler des ouvertures ou encore chercher des difficultés inouïes

Avancer dans l'ordre de la mémoire - cette respiration est repliée -

je suis dans un matin net - pourtant s'éclairent des gestes oubliés. Au

milieu des phosphores, réfléchir est un soupir.

Tu dois fondre dans un mouvement - plonger, replonger dans l'esprit

du décalage - ceci est ta traversée : conçois de nouvelles figurines,

déploie des solutions inaccessibles - le métabolisme du vrai s'accomplira enfin !

1167


En certifiant l'avenir...

La pensée archaïque est déjà déchue

- plus jamais recherchée en osmose de grandeur -

Ce qui la détermine et peut la distinguer,

est-ce le fruit d'une évolution ou de la transformation

d'une époque achevée ?

...Tout ceci était le fait des choses d'autrefois et

semblait soumis à disparaître quand des parcelles

or ou dorées s'échappaient du Néant, et voulaient

remonter à la surface du renouveau.

Les uns coagulés aux autres par l'esprit de synthèse

proposaient des solutions aptes à être exploitées.

Tout à coup des choses furent que certains allaient

chercher. La certitude ancienne continuerait à disparaître.

La certitude nouvelle allait s'imposer et offrir par la voix

des disciples de nouvelles propositions enrichies.

1168


Les chapelets grège

Comme pour osciller dans des chapelets grège,

Enfouissant la violence qui se dévide nuitamment,

Là, au calme, aux portes d'un Ether, la volonté-fièvre

S'apaise tout à coup. Apeurée, en

Boulimie de douleurs sauvages, la pensée

Synthétise de nouvelles audaces et prétend déployer

De rares absurdités.

Sont-ce des instincts

Clairs en tête empierrée qui suintent et

Offrent des moisissures de produits inhérents,

Incohérents à la conscience pure, par effets

Compensateurs, sous une sorte d'analyse aléatoire ?

L'esprit résout en sombres traverses et souffle

De basses subtilités qui s'imprègnent bêtement

Sue la page empestée de noires candeurs poétiques.

1169


Quel esprit

Quel esprit éclairé dans sa plongée nocturne ? Quelle lumière foudroyée

dans son néant de non-savoir ?

Franchies tout à coup les montagnes chantantes, les éclaircies du soleil !

N'épouse pas tout l'horizon. A chaque embardée, c'est un soupir nouveau.

Je te - te veux dans le métal et ceci est extase résiduelle.

1170


L'ange irréel

De nuit, et son âme frémit.

La pensée, le présent, le futur ! Tout frissonne, et

l'esprit s'interroge.

Temps contre tempes - temps qui

entrecroise les saisons, les évidences et les raisons.

La lumière, la conscience et le feu - le vécu,

le pourtant fait, le passé oublié.

Tous les sens pénètrent en elle et ne font plus qu'un.

Nulle annonce n'est éphémère - l'éternel et l'intentionnel

s'y côtoient aisément.

Le passé mystérieux, le temps d'un souvenir !

Et tout est songe inconnu, prétend l'ange irréel !

1171


Les pensées indistinctes

Les pensées indistinctes se font et se défont dans cette humeur changeante,

se recomposent...

Ceint de solitude, l'esprit conçoit - il prétend au génie. En possède-t-il

réellement ?

Haut sur sa verticale, à demi lumineux, lui porté par sa puissance

s'exalte nuitamment.

Plus loin encore, peut-il ?...

Il est là dans son essence, espérant quelques vents porteurs.

1172


Frémissements

Frémissements, du plus profond, qu'il jaillisse !

Tourbillons d'air en moi agissant

Suscitant l'alternative de l'Etre et du Non-Etre

avec larmes et fièvres - d'inconnus à découvrir -

de songes et d'apparitions

C'est toi enfin réel qui te présentes

Seul un souffle éphémère anime quelque peu

ta mouvante transparence - de rares images éveillent

encore ton esprit

1173


1

Toujours. En deçà de son. De tout ce qui était, sans plus. Contre le corps. Dans

le dérisoire. La musique étouffée. Déploie cette poussée interne. Sans aucune fébrilité.

2

Efface-toi en moi. Sois certitude de supériorité. Voici le nouveau concept. Le

saccage des esprits. La tension mise à mort. Et pour quelle clarté ? Vers quelle

insignifiance ?

Le rêve dans l'inséparable. Ma durée sous cet impact. La trace de l'âme.

L’écharde de la vitesse. Le temps la suivra.

1174


Profession : Poésie

Par maintes feintes

L'esprit peut exprimer son calcul cérébral

Je délaisse les services

Et me répands dans la folie industrielle

C'est vrai : je suis un géant

Et j'engrange des nullités d'extase

Dans l’envahissement de mes pensées

Sous ce ciel bleu turquoise et infini

J'idéalise un segment de ma vie poétique

Et je déclare des feux obscurs - là,

Très à l'intérieur

Mon fonctionnement est incompris

Je suis un inutile - le cas à condamner

J'essaie de vivre, pressé par les extrêmes

1175


Les aléas chimériques

Là dans le jet et le supplice pour surabonder en déficience,

avec l'esprit malsain pour fuir à grande vitesse.

Je dois vivre, vivre dans un ghetto et délaisser les orgasmes

irréels qui constellent mon palais.

Ma vie est un tracé de supplices où j'essaie de jouir,

de jouir encore - je sais : vous me comprenez.

Pousse, force, insiste, m'explique l'esprit qui veut m'offrir

le plaisir.

Quel plaisir ? Une finitude absurde auréolée d'aberrations.

Je sais : j'espère et je gémis encore.

Avec le plus grand. Je renonce à quelque solution nouvelle.

Je quémande l'Au-delà de mieux faire. Je me morfonds et

je tergiverse dans ces aléas chimériques, dans ces douces folies

implorant un avenir meilleur.

1176


Moissonnées les puretés

Moissonnées les puretés célestes dans les airs cristallins ! Brassées les gerbes d’or

au-delà des soleils et des pensées légères ! Ô mon esprit subtil envole-toi là-bas

où les Dieux t’appellent.

Débarrasse-toi de ta carapace de chair et regagne le sanctuaire interdit ! J’y ai vu

Des hosties vivantes et des foyers de lumière tourbillonnant dans des espaces

clairs ! J’y ai vu la voûte obscurcie dans l’ombre du savoir pour la parfaite

connaissance de la vérité !

À moins que ta mission soit encore t’obéir ! de t’abrutir cyniquement avec les

Livres sacrés qui encombrent ta tête ! à moins que le chemin à suivre soit cette

Présence parfaite d’un Christ en apprentissage ...

Ho ! la plus atroce et la plus belle des tentations pour l’amour des trois Dieux,

Pour l’amour de ta propre pureté humaine !

Février 1979 / Année 91

1177


Stigmates et déchirures internes

Avec ces marques imprégnées usant ta terrible vigueur divine ; avec ce harcèlement

perpétuel que tu subis hélas sous les lumières torves et déchirantes, quel

déplorable esprit de la soumission, quelle jouissance stérile sous des hurlements de

haine et de plaisirs !

Tu te déploies avec ces positions lubriques et dégradantes comme une fille perverse

Nageant dans de monstrueuses orgies. Tes supplications ne sont que de pleutres

Facilités de la chair et tu délaisses la moindre once de spiritualité supérieure.

Tu aimes à entendre ces languissants coups de fouet qui s'abattent sur ton âme

Révoltée mais soumise.

Des flux d'extase illuminent tout à coup comme des torches vivantes l'intérieur

Possédé et visqueux de ton âme en délire.

Tu gémis avec l'horreur de la déformation. Tu vis avec cette bestialité sublime que

Tu sais battre en toi comme une puissance infinie et pourtant invincible.

Tu acceptes cette soif de perversité dont le seul luxe est pourtant de te nuire. Après

La contemplation languissante de ce règne putride, après ces luttes grotesques et ces

hurlements plaintifs, croiras-tu encore aux délectations fatidiques, aux hymnes

triomphants dans cette caverne sulfureuse ? Hontes du corps et de la chair à chaque

heure du jour et de la nuit !

1178


Que restait-il de ces voyages bienheureux ? - Des sentiments blafards disposés sur des

couleurs tonifiées, des fluides d'extase répandus dans une mémoire à jamais délaissée.

Étaient-ce de magiques scintillements, des flammes neuves ou des flambées exaltées ?

Elles prolongeaient l'excessive satisfaction dans des cruautés mêlant les symboles et les

cruautés du soir. Elles permettaient d'exister pour fuir le futur d'un chaos, et leurs forces

appliquées étaient dispersées avec ferveur. Fiévreux amalgames de rêves pour des privilèges

et des libertés soumises.

C'est vrai : j'ai aimé ces violences foudroyantes et ces explosions impossibles pour fuir

l'immense quête du Néant ou l'insignifiance du Temps et de la raison.

C'était prétendre en la suprématie du corps sur l'idéal de la pensée rêvée. Il ne reste qu'une

déchirure interne que le temps saura cicatriser.

23 février 1979/26 août 2008

1179


*

Elle d'un bond persiste encore, agile sur la pointe de l'esprit

~ refuse de falsifier l'écriture, se nourrit encore de sa jeunesse ~

se démantèle toutefois avide, happée par sa spirale.

N'a jamais été exilée - était toujours en soi.

Nulle falsification mais déplaçait, déplaçait.

Ce que mérite son silence pour comprendre, saccadé et syntagme,

de coupures claires à recomposer par l'intelligence du lecteur.

L'injonction parfois à lire. L'échec de l'âme.

1180


*

Marques imprégnées useuses d'activités

divines - harcèlement, vitesses spontanées

Ainsi fut active / Avec fuites actives

Lumières aigrelettes, esprit de soumission

pour heureusement gémir dans les pénombres de l'inconnu

Puis ce sont des chairs expulsées, des jouissances

macabres - basses facilités à prendre et à recevoir

D'autres horizons s'illuminent tout à coup

avec embrasements éternels - tu transpirais visant l'impossible

Ces délectations affreuses, ténébreuses - cours, atteins le mauvais

Les voilà installées, pures, solennelles - tu te déploies dans l'aberrante loi

Je glissais sur le vaste miroir inventif

Ainsi se contemplait mon Absolu

1181


*

Sur-désigner en vespérales

Mauvaise unité pour qui n'apprend pas

dans les déserts de l'informe

afin d'y purger un dialecte nouveau

Je te reconstitue en petits cubes inutiles

Cest bien toi dans cette imbécillité savante !

Les masques de l'ombre - pour y surgir à tout jamais -

dans le parfait

Je te vois sacrément autrement

Ma netteté : je te traverse - j'accède à quelque découpage miteux

Agir dans l'esprit

1182


Évacue-la

Évacue-la avec ta méthode dans des prestations presque nouvelles

Cette façon de redimensionner l'esprit, de réintégrer l'imprévisible -

de halte là en très faible

Tenir dans l'habitat avec élixir

1183


TABLE DES MATIERES

Recueils ayant participé à l'élaboration de cet ouvrage

L'Huile fraîche

Le Moût et Le Froment

Le Germe et La Semence

Le Manuscrit inachevé

Le Croît et La Portée

Collages

Louanges du Feu

Ombres bleues

Sachet d'herbes

Le Livre blanc

Sonnets 84

Souffles nouveaux I, II

Messages I, II, III, IV, V, VI

Résonances I, II, III, IV, V, VI

Suites/ Relances I, II, III, IV, V

Extraits recueils Poésie 2001-2009

1184


FRANCK LOZAC'H

LES MéANDRES DE L'ESPRIT

1185


Extraits Journal 93

Ce que vaut le poème

Le poème est détestable. Il n’a que la valeur de l’instant, durée brève. Il est

la preuve de mon échec, de mon incapacité à obtenir ce que l’Esprit avait cru

entrevoir. Il est rejeté, exclu, - il disparaît dans les tiroirs et je prétendais chercher

autrement... Je réutilise mon énergie, je la transpose sur un support - le sujet - je

cherche, je tire, j’obtiens puis le critique foudroyant, assassine le texte obtenu : je

meurs et tâche à renaître. Ad libitum.

*

L’intelligence par le Saint ta donné l’éveil du minuit, et ton esprit

s’imprègne de substances autres. Fils ingrat, sauras-tu remercier ?

*

Si la grande poésie n’est qu’un apparat et qu’une distinction faites pour

échauffer certains esprits qui se prévalent d’être supérieurs, quel peut-être l’intérêt de

cette discipline ?

1186


Mieux eut valu choisir le discernement et la pénétration qu’offre l’esprit de

science, quitte à rester un superbe inconnu dans une belle matière ascendante.

Je ne recherche pas la gloire, les honneurs, etc. Je veux ajouter, ajouter sur

les anciens et transmettre ma méthode, mes moyens, mes résultats.

Si l’on pouvait en cesser avec l’image ridicule et détestable que porte la

poésie. Mais ce sont les poètes, c’est-à-dire ses faiseurs qui sont responsables de

l’état pitoyable de décadence dans laquelle elle se situe. (Nobody’s parfect)

1187


Extraits Journal 94

Je souffre bêtement, car je souffre d’avoir mal. Je devrais souffrir de manière

intime, en raison de résistance, d’incapacité, d’impuissance. Tout serait donné à

l’intelligence, cela se passerait dans le crâne, et non pas dans le sexe, dans le bras,

dans les épaules. Ma souffrance est primaire, ridicule. Elle n’est d’aucune utilité. Je la

subis, hélas !

Il y avait tant de splendides conflits à résoudre, tant d’exercices à proposer à

l’esprit. Non ! Je suis un être vulgaire, je souffre comme un piètre cancéreux. Rien au

sublime. Que cette poésie est lamentable !

Les deux hôtes

Constamment me déçoit mon cerveau. Je l’accuse de pouvoir mieux, d’être

capable d’obtenir des résultats ou des performances autrement supérieures.

Je crains ma médiocrité. Elle m’effraie comme le spectre de la bêtise ou du

ridicule. Il me suit, m’habite, et vit dans mon quotidien.

1188


? Faut-il le fuir ?

Mais comment me défaire de ce personnage détestable ? Comment le chasser

Ma compréhension me fait défaut. Je ne puis résoudre certains problèmes,

accéder par la lucidité à d’autres révélations. Alors je me méprise, je me supporte

comme l’on vit avec une femme décevante.

Mon esprit dit : “ Oui, je te sais faible. Je te connais. J’ai pitié de ton lyrisme,

de ta folie des mots. Je sais ton imposant besoin d’expulser à tire-larigot ces saccades

de structures souvent incomplètes, parfois drolatiques. Je te laisse pourtant. Va à ta

récréation, élève indiscipliné, incapable de maîtriser le flux de ta raison. ”

Et l’apprenti poète, tout heureux de ce moment de liberté laisse pousser ses

chimères, se tortille dans des déhanchements de femme, supplie, implore crie, et

appelle la délivrance.

Il y a donc deux hôtes opposés, complémentaires en cette âme étrange. Ils

cohabitent depuis déjà de longues années, et se supportent. Enfin l’un supporte

l’autre.

1189


*

J’étais ange et me voilà redevenu avec une enveloppe charnelle qui me fait

abominablement souffrir. Elle est carapace à porter, à supporter, à subir. Et mon

esprit ne peut se déplacer librement enfermé qu’il est dans sa prison de chair...

*

Je cherche à produire ce que l’esprit veut bien me permettre, car je suis un

esclave soumis à don diktat, à sa volonté parfois douteuse. J’attends avec une certaine

patience... ne crois guère en son aptitude à me proposer des solutions utiles ou gains.

Je le laisse pourtant comme un père laisse son fils aller, le surveillant toutefois de

l’œil...

Étrange relationnel entre l’obéissance et le laisser-aller. Difficile de

l’expliquer clairement. Pourtant n’est-ce pas là un travail d’écrivain ?

*

Impuissance à penser. Stérilité détestable. Rien ne se conçoit. Pas la plus

infime parcelle de vérité, de doute, de spéculation ne veut aimer cette cervelle

stupide. Désespéré, attentif, offert à la moindre proposition, mon œil écoute et attend

que la voix intérieure dicte quelques propositions utiles.

1190


L’esprit se nourrit, mange dans autrui quelque produit indispensable à sa

raison, mais le rot se fait vulgaire et rien n’accompagne la nourriture ainsi avalée.

*

Ces ensembles de remarques qui me paraissent incohérents, inutiles et

disparates, comment les réorganiser pour former un tout, un bon tout ? Mais c’est

ignorer que l’esprit est constamment en principe d’évolution, de transformation,

d’expansion, un peu comme un univers de cervelle. C’est mélange toutefois de passé

et de présent... Oui, mais la chronologie permettra de donner aux mouvements une

sorte de cohérence temporelle...

*

Faire de la philosophie, toiser un fantôme. Comment déterminer la taille de

cet amas volatile et délétère, qui se forme et se déforme tel un nuage ? Alors on

suppose, on spécule, on croit trouver, on prétend détenir, et le tout glisse entre les

doigts, masse charmeuse de brouillard.

1191


Et puis cette nature d’homme détestable pour penser ! Attendons de se

débarrasser de cette enveloppe charnelle pour commencer à y voir plus clair, car des

vérités tout à coup vont apparaître tandis que des certitudes humaines s’enfuiront à

tout jamais dans le Néant du mensonge.

De moins le philosophe peut prétendre vouloir savoir, à sa manière, avec son

matériel pur et impur, avec sa raison, avec son propre système de logique. Que

trouve-t-il ? D’autres questions. Car il n’a pas suffisamment de sagesse pour posséder

la vérité. Mais on ne peut lui contester cette volonté de curiosité - qui est effort de

l’esprit, donc mérite de l’intelligence etc. C’est déjà cela !

*

Que puis-je avec le ridicule de cette cervelle, que puis-je avec cette

autonomie d’action ? Mon dieu, je suis si faible, si peu. Mais pourquoi ?

Misère de misère ! Pauvre de moi-même ! Je suis homme ! Quelle peine !

Avec cette chair, cette enveloppe physique, je déplace un tank, je me déplace.

Et d’autres diront : “ Le voilà encore à se plaindre. Mais considérez ce qu’a

conçu son esprit. Il produit, il écrit. N’est-ce pas assez ? ”

1192


Quelle méthode ?

Ce que je recherche avec cette méthode - la mienne - c’est de parvenir en

utilisant toute la raison qui est mise à ma disposition, ou pour le mieux en mon

pouvoir, à exploiter les ressources intellectuelles connues et inconnues. Je commence

à sentir - terme qui ne me convient guère par son manque de précision - que l’esprit

s’essaie peu à peu à tirer de soi de nouvelles possibilités et de nouveaux moyens.

Suis-je homme qui marche seul, dans la rue sans lumières ? Me faut-il aller

lentement en usant de beaucoup de circonspection, craignant de trébucher ou de

chuter sur un obstacle ?

Mais je cherche à avancer vite, pressé par le temps peut-être. J’ai la certitude

d’avoir mes Dieux à mes côtés. Quel risque puis-je encourir ?

1193


Extraits Journal 95

Misère de l’homme

Misère de la condition humaine. Je ne suis que cela. Quelle pauvreté

d'intelligence ! Quelle médiocrité d'esprit !

Que puis-je avec cette cervelle ? Une immense tristesse envahit tout mon

être, car je comprends ce que je vaux, je sais ce que représente mon identité face à

l'univers composé et construit par Dieu.

Je suis insignifiant. Quelle détestable condition ! Celui qui s'ignore ne

souffre pas autant.

*

Ne faut-il pas craindre la vieillesse qui arrive à pas de loup, et dès lors ne

veut plus vous lâcher ? Elle prend possession de votre corps et de votre esprit, vous

inflige son cortège de contraintes et de souffrance, et s'impose telle une détestable

compagne jusqu'à la fin de vos jours ?

1194


Brumes et brouillards

Je pense mais il n’y a pas en moi cette lucidité, cette pureté de l’intelligence,

cette certitude éclairée. Tout se mêle et semble confusion. C’est une sorte de

brouhahas de l’esprit. La raison est enivrée, et ne peut appeler, ne peut faire surgir la

vérité, ou la combinaison de mots justes.

*

Tu vises à quoi ?

A épuiser ta capacité ? Qui constamment se renouvelle, te recharge, te

nourrit de souffle vital.

Se vider pour se remplir.

Oui, mais se remplir autrement, sortir autrement ce que l’esprit produit.

De l’analogie

On voit très bien l’immense procédé utilisé par les poètes pour avancer dans

leur système d’écriture. Ils usent à merveille de l’instrument analogique et

parviennent ainsi à poursuivre un texte qui ne trouverait pas de suite. André Gide

1195


dans son Journal, rappelle que Francis Jammes aime à employer ce principe et donne

l’exemple du pré rasé qu’il condamne d’ailleurs mollement. Stéphane Mallarmé

évoque le Démon de l’analogie dans Divagations. Ce grand poète aime à comparer le

ventre d’une femme à une mandore, ce qui semble possible, en vérité.

L’analogie est un instrument de comparaisons, de vraisemblances qu’il faut

exploiter avec parcimonie. Son emploi répétitif cause ennui et fait rater l’effet

recherché. Il est vrai que la poésie est avant tout un foisonnement d’images,

d’accumulations d’audaces visuelles, et le “ A quoi cela ressemble-t-il ? ”, “ A quoi

tu penses ? ” sont des questions sous-jacentes dans le principe de lecture du poème.

Je regarde ce vase chinois qui est sur une étagère du petit meuble. Il est

décoré de motifs délicieux qui sont : barque légère, montagne au loin, arbres feuillus,

peints avec cette patine et ce goût asiatique, et je songe tout à coup à l’Anthologie de

la poésie chinoise, puis vient à mon esprit “ Le don de vase rond ” de Paul Claudel, je

songe encore à Stéphane Mallarmé et à ses éventails, et ainsi s’accomplit le travail de

l’esprit qui court d’idée en idée, supporté par des ressemblances, ou accompagné d’un

ensemble suffisamment important de déterminants pour en tirer une similitude.

On conçoit aisément par cet exemple que c’est bien l’ordre de l’entendement

et un ordre personnel susceptible de subir d’étonnantes variables selon les individus, -

1196


à chacun ses images ! - qui détermine le principe analogique.

Il y a donc raison mutante, dérivée, déplacée et propre à chaque amateur qui

peut justifier ce procédé d’inspiration.

Rejetés par autrui, effacés de l’utilité intellectuelle, les amants de l’image

produisent encore. Ils ne peuvent transmettre quelque exercice crédible, mais ils

insistent bêtement payant même la sueur de leur travail !

Ils se suffisent de leur peu. Quand se révolteront-ils ? Quand défileront-ils

dans la rue pour exiger des autorités un statut valorisant ?

De la vie intérieure

J’adule la vie intérieure. Je lui accorde une place capitale. Elle est riche

d’actions, de doutes, de pensées, de réflexions spéculatives, de sentiments, de

dialogues intimes, et souvent de brouillons avant l’explosion de l’expression orale.

Elle est rarement rêverie ou paresse de la raison, elle est souvent le pur

commencement d’une possibilité de certitude.

Son paradoxe est de se nourrir de perceptions externes pour exister. Elle

puise dans le quotidien, dans l’imprévu, elle emploi le travail de l’œil, du sens tactile

pour mémoriser des informations et les ingurgiter comme un ventre avale les aliments

1197


qu’on lui propose.

Il lui faut prendre, séparer, refuser, réfuter telle perception associée à tel

comportement, il y a une immense gare de triage en chacun d’entre nous, avec

acceptions, rejets, départs et arrêts définitifs.

Le travail de l’esprit doit être en constante évolution, en perpétuelle

transformation. Vouloir changer c’est la recherche d’un progrès, d’une nouveauté. Un

esprit qui stagne n’est plus un esprit qui pense, il n’est qu’une mémoire dans laquelle

il peut puiser des coups déjà élaborés, des solutions déjà existantes.

Et je puis songer à ces personnes âgées qui ne font que reproduire des

propositions depuis longtemps conçues et mémorisées. Mais il s’agit ici du

vieillissement qui fait partie du principe de vie.

Il peut y avoir toutefois plaisir dans l’effet répétitif. Tel individu éprouvera

un plaisir buccal à prononcer un poème appris par cœur, et tel autre se plaira à

fredonner un air cent fois connu.

L’esprit riche ou fort peut spéculer sur du matériel imaginaire, mais l’esprit

pratique offre des solutions sur des supports de vie palpable. Le but semble à

l’extérieur tandis que le moyen a été élaboré du dedans. On peut mesurer son

efficacité au résultat tangible obtenu.

1198


Cette activité interne est le moteur de la raison humaine. Et c’est peut-être

son intensité qui sépare l’homme de l’animal.

*

Difficile de mettre à la raison ce que l’on possède ou ce que l’on croit

détenir, plus difficile encore de parvenir à l’exprimer. Qui y a-t-il là-bas au fond de

mon esprit ? Qu’est-ce qui s’y cache ?

On tente de tirer, d’extraire, de faire surgir tandis que l’on est en train de

combiner, d’écrire, en vérité de faire monter la sauce.

Quels moyens, quelle méthode d’investigation intellectuelle interne ?

*

Le problème poétique n’est pas de savoir ce que peut l’esprit, ce que peut

l’intelligence, mais ce que peuvent les synergies d’intelligence, l’union des

inspirations et des forces pensantes.

Les poètes travaillent de manière nombriliste, se critiquent et se détruisent

1199


les uns les autres, chacun craignant de partager avec autrui son bout de gloire.

*

Trois ordres de choses :

Non deux :

l’esprit, le corps, autrui.

l’esprit et la nature.

Le corps faisant partie de la nature, et l’esprit étant dans le corps, mais

réellement discernable comme un oiseau dans une cage. Il est vrai que la connexion

est directe entre l’esprit et le corps. Autrui est déjà plus éloigné.

*

Que pourront les hommes, ensemble ?

Il faudra donc se suffire de cette nature post mortem,

Esprit d’homme libéré de sa gangue de chair ?

Homme ou ange ?

1200


*

Ma recherche de croissance, du progrès. Cette volonté vraie d’ajouter sur

moi-même. Il y a constamment cet individu caché au fond de mon âme qui me souffle

: “Obtiens autrement, tente d’extraire plus.”

Mais je ne puis progresser en cherchant, en creusant au fond de mon esprit,

car il n’y a... rien d’utile, de réellement exploitable. Non. C’est bien la lecture

d’autrui, l’excitation des meilleurs qui m’offrira la possibilité de gains. Mon “Je”

intime a peu d’avenir.

*

Il y a Esprit et Nature.

Moi et non-Moi.

Le corps appartient à la Nature.

Il n’y a pas Corps, Esprit, Monde (CEM).

Il y a eu nécessité de réintégrer une enveloppe charnelle. On a donc l’Esprit

dans le Corps. Mais l’Esprit c’est Moi. Je n’existe pas par mon Corps. Il est

périssable, il sera jeté, il pourrira.

1201


Il est contrainte, poids, gêne, manque de mobilité, pesant, à satisfaire, etc. Je

me situe entre la tortue et l’hippopotame.

Le temps gagné avec le vrai

La conscience doit permettre d’accéder au vrai, à la certitude du premier

coup. L’esprit ne doit pas passer par des phases successives de doutes, de refus, de

possibles vérités, etc.

d’autres buts.

Le but atteint permet le gain de temps. Et le temps gagné permet d’atteindre

Certains se prévalent de se fortifier par l’échec. Mais qui dit échec dit

erreurs, fautes, mauvais jugements, nécessité de recommencer, et au bout de cela, y a-

t-il certitude de succès ? ... Il y aura peut-être un nouvel échec !

*

C’est la certitude de l’au-delà qui divise l’âme du corps durant la vie. “A

quoi peut bien servir d’entretenir, de choyer un corps qui n’a pas de durée, telle la

mue d’un reptile ? pense le croyant. La chair ne sert à rien. Elle est poids, ennui,

soumission, nécessité, obéissance. Elle disparaîtra, elle ne me

1202


suivra pas. Je la rejette, la méprise. Et je consacre mon existence à l’esprit, à mon

esprit, précieux trésor qui renferme tout mon passé, et peut-être mon avenir, trésor à

remettre à Dieu qui le jugera.”

L’Idéal

L’idéal intellectuel est la perfection de l’Esprit. La capacité humaine doit

tendre vers cette connaissance, apprendre à l’imiter, à devenir son semblable, ce qui

est utopique. Mais l’idéal est là.

L’homme supérieur est celui qui désire accéder au savoir de l’ange, et

souhaite changer de nature. Il faut monter, se débarrasser

de son enveloppe charnelle, et tout s’éclaire.

L’élévation

La seule pensée qui occupe l’esprit, c’est l’élévation de la volonté

d’intelligence. Car ce désir mène à Dieu, à son Saint, à leur Fils. Il engendre la

sanctification qui n’est pas une constance de souffrance, d’agenouillements, de

soumission bête et stérile. Non ! Mais c’est un besoin d’accéder à un principe

supérieur : celui de savoir par la voie de pureté.

1203


Il faut construire avec l’esprit de géométrie et habiller avec l’esprit de

finesse. Mais c’est ignorer que pour accéder à une connaissance géométrique

l’intuition et la finesse sont paramètres évolutifs.

L’intelligence ne s’oppose pas à l’intuition ...

Posséder de l’intuition est une forme innée de l’intelligence, ou héréditaire.

L’intuition, c’est l’intelligence sans le travail de l’intelligence comparable à un solide

gaillard possédant déjà une belle musculature sans le travail physique.

1204


Extraits Journal 96

L’obligation.

Il faut donc chercher la pure obligation. Pour la trouver il faut longtemps

puiser en soi-même, pénétrer au plus profond, être à l’écoute de sa propre conscience.

Il s’agit de son principe de vie. Car la fragilité de cette recherche est de trouver en

quoi l’obligation consiste. L’homme s’impose un devoir et se fait fort sur une période

courte ou totale d’existence d’appliquer son obligation. C’est une sorte de morale, un

code de conduite. Il s’imposera une discipline pour atteindre son but. Il exploitera sa

propre méthode, - rarement celle d’autrui.

La foi consiste avant tout à gagner du temps, à pénétrer une voie droite,

simple, banalisée, accessible à tous. Le but est très intéressé. Il doit conduire l’esprit

vers le futur.

La foi n’est pas un hommage à une Force inconnue. L’esprit qui pense ne

peut croire que cette immense organisation soit le fait du hasard, que le beau de la

nature soit chance, probabilités, fréquences de statistiques. L’œil qui voit, la

perception qui ressent, a l’étrange impression que l’âme existe

1205


encore après la vie terrestre, que l’au-delà spirituel est une vérité, quand bien même

cette vérité-là, avec les moyens scientifiques dont dispose l’homme, serait difficile à

démontrer.

*

Si l’art est un élégant babillage, un instrument insignifiant de culture plaisant

et divertissant, l’esprit qui a pensé, n’a pas atteint son but.

L’intelligence doit produire des nouvelles formes et concevoir des contenus

inexploités, vierges en quelque sorte.

L’art doit déployer une vérité jusqu’à l’ignorer, obstruée par je ne sais quel

mur ou quel écran de fumée.

S’il analyse son temps, l’art sera un témoignage subtil ou grossier, un

observateur de son Histoire. Peut-il prétendre être un splendide représentant du

travail humain, quand la production de masse impose à des millions d’exemplaires

des objets sociaux ?

1206


*

Il faut donc prouver scientifiquement l’existence de Dieu. Le témoignage de

l’homme qui a vu Dieu serait peut-être faible chose, et ne serait pas preuve évidente

pour la communauté rationnelle.

*

Si l’art est un élégant babillage, un instrument insignifiant de culture plaisant

et divertissant, l’esprit qui a pensé, n’a pas atteint son but.

L’intelligence doit produire des nouvelles formes et concevoir des contenus

inexploités, vierges en quelque sorte.

L’art doit déployer une vérité jusqu’à l’ignorer, obstruée par je ne sais quel

mur ou quel écran de fumée.

S’il analyse son temps, l’art sera un témoignage subtil ou grossier, un

observateur de son Histoire. Peut-il prétendre être un splendide représentant du

travail humain, quand la production de masse impose à des millions d’exemplaires

des objets sociaux ?

1207


*

Je ne suis qu’un esprit qui tente de comprendre avec ses doutes, ses

faiblesses et ses espoirs aussi.

supposer.

Toute cette potentialité se focalise sur le besoin de savoir, de prévoir, de

Je me considère insignifiant, inutile, à l’écriture désuète, cherchant

constamment à obtenir une série de résultats encourageants, mais soumis à

reconnaître la faiblesse de ma production.

Je voudrais mieux, autrement, avec richesse et intelligence. Le puis-je

réellement ? N’est-ce pas faire preuve de prétention que d’exiger de cette cervelle de

trouver des solutions autres, adapter aux véritables problèmes que je cherche à me

poser ?

*

Toujours les mêmes idées, les mêmes mots, les mêmes solutions. Il doit

pourtant exister des possibilités pour extraire de nouvelles éventualités, pour tirer de

cette cervelle des propositions inconnues. Et l’esprit cherche, - du moins il le prétend

! Il veut découvrir. Ce n’est qu’un pantin animé par l’énergie d’autrui, par le savoir

1208


diffusé et accessible. Mais où se situe la créativité, l’invention, - cette espèce de

qualité unique qui spécifie l’individu ? Nulle part, évidemment ! Alors l’intelligence

travaille par système de synthèse, par principe de récupération en exploitation comme

elle peut la capacité sublimée d’autrui.

J’avais déjà écrit, il y a fort longtemps :

L’existence de Dieu abolit le hasard

quelque soit l’événement - infiniment petit comme (la collision d’une

particule sur un noyau d’hydrogène) un lancé de dé ou infiniment grand comme une

explosion de matière condensée pour produire l’univers - tout a déjà été pensé, prévu

et est su.

Ceci est une vaste et formidable programmation. On ne fait qu’accomplir ce

qui a déjà été pensé.

Je me souviens d’une des dernières phrases du Christ :

A présent, tout est accompli - et Il se meurt sur la croix.

Science, prescience, abolition du hasard par l’existence même d’un Dieu

créateur de toutes choses.

L’homme possède trop peu de qualités et de connaissances...

1209


Mais l’Esprit dégagé de son corps, lui peut déjà prétendre à des perceptions

supérieures... nécessaires à son principe d’existence ...

possède pas ?

Pourquoi l’Esprit possède-t-il des perceptions de prescience que l’homme ne

Etc. Etc. et l’on s’en retourne encore sur de la spéculation de compréhension.

Il est vrai qu’il faut spéculer pour avancer...

L’Omniscience de Dieu fait horriblement peur...

L’homme : ne sait pas, donc doute et intègre du possible et du probable.

Ce qui est faut puisque n’existe que ce qui est.

Mais ne possédant pas le paramètre temporel d’avenir, est obligé d’intégrer

le doute, le probable, le possible dans son propre système d’existence.

Le pouvoir imaginaire de la mathématique positionne l’esprit sur une plateforme

élevée, solide et rationnelle. Ainsi intelligence peut spéculer, concevoir,

supposer avec des outils de vérités, démontrés et certains.

Penser avec de la mathématique n’est pas chose incompatible avec l’aptitude

1210


poétique. Mais ce verbe penser-là permettra à toute cervelle insouciante, cherchant

constamment de l’impalpable de se mieux contenir, et en finalité d’obtenir une

poétique plus forte, plus exigeante, plus vraie.

*

(P Valéry. Tel que P 570 Pléiade Oeuvre II)

Un homme d’intelligence profonde et remarquable pourrait-il s’intéresser à

la littérature ? Sous quel rapport ? Où la placerait-il dans son esprit ? (P. Valéry)

Les mots ne servent qu’à exciter le support imaginatif, indispensables à

l’homme intelligence, car les mots combinés sont substances chimiques, forment de

nouveaux corps, participent à l’élaboration de perceptions inconnues. Mais ils n’ont

pas les moyens de pénétrer l’univers de la science et de la technique, domaines

réservés à une autre codification du langage. L’homme d’intelligence rejetterait le

langage imprécis des mots, toutefois.

?

Le nuage est imprécis, et pourtant il construit dans la forme délétère... Alors

Imaginer : élaborer sur du probable, sur de l’improbable.

1211


*

La pensée la plus profonde consiste à vouloir se débarrasser de son

enveloppe charnelle pour accéder à un autre espace-temps - le ciel - où l’esprit

évoluera avec plus de savoir, de connaissance de certitude,

- C’est le suicide vrai - beau permettant d’attendre un nouvel apprentissage

- Faire sauter la gangue.

*

- Je me suicide.

- Pourquoi ?

- Pour accéder à une évolution supérieure de l’intelligence débarrassée de sa

gangue charnelle.

J’abolis le corps qui m’enveloppe pour devenir esprit.

Dieu dit : tu n’as le droit de te suicider, tu dois attendre.

- J’attends - je perds mon temps. Ce que j’apprends ici-bas est faible

comparé à ce que je saurais si j’étais là-haut. Alors ?

1212


*

La chair est faible, hélas ! mais l’esprit est ardent.

1213


Extraits Journal 97

Vide

Notion de vide et d’inutilité étonnante. L’on ressent parfois cette impression

à l’entrée d’un nouveau livre. L’intérieur sonne creux. L’on cherche des auteurs, des

aides, l’esprit est dévasté, seul et atterré.

*

La méthode consiste avant tout à extraire hors de soi les associations, les

combinaisons mentales que l’esprit aura offert à l’intelligence par l’intermédiaire de

l’apport extérieur. En employant ce dernier terme, j’entends toutes les informations

visuelles, auditives, tactiles que les différents capteurs du corps mettront à la

disposition de l’intelligence.

*

Ce qui importe, c’est encore cette aptitude à construire une personnalité, ce

sont ces moyens mis à la disposition de l’intelligence pour développer un essai de

spiritualité, c’est avant tout cette préparation

1214


corporelle et mentale pour accéder à l’autre espace-temps, plus loin... là-bas. Il y a

donc une quête vers l’Esprit, l’invisible, l’au-delà... mais de crédit terrestre, il n’en est

point.

La facilité

Nous rejetons ainsi la facilité et voulons accéder à quelque chose de

supérieur. La volonté étant d’atteindre une sorte de dépassement de soi à l’instar du

sportif désireux d’ajouter sur sa propre performance.

Il en est du challenge intellectuel qui convainc ou pousse les esprits riches à

s’associer dans un effort commun pour résoudre de nouveaux problèmes et avancer

plus encore dans l’évolution et la civilisation de l’homme.

Phi

L’analyse de la spiritualité

L’esprit doit accéder à un évolutionnisme de purification.

1215


Phi

L’esprit est associé à la matière, par le fait qu’il juge la matière. Il y a donc

connexion, invisible connexion toutefois.

Il y a l’Esprit et le Monde. L’Esprit pense le Monde. On supposera que le

Monde est composé de matière sans pensée. (Ce qui est loin d’être évident. La

physique le démontrera peut-être.)

*

Il n’y a pas Corps, Esprit, Monde, car le Corps appartient au Monde.

Pourquoi ? Quand l’homme vient à mourir, le Corps retourne dans le Monde (N’y estil

pas déjà ?) et l’Esprit se libère. Un cadavre dans un cimetière, est bien Corps-

Monde dans le Monde.

En philosophie, il faut s’entendre sur le sens que l’on donne aux mots.

*

La vérité religieuse est devenue pour moi une certitude depuis longtemps. Ce

qui m’intéresse, c’est de parvenir à me purifier, à m’élever, à me laver pour accéder

1216


une fois mort, à une sorte d’état de spiritualité, d’élévation qui devrait me permettre

d’abandonner toute mémoire de mon existence d’homme, d’obtenir en quelque sorte,

pour écrire simplement, un état d’ange, de boule spirituelle dégagée de la

réminiscence humaine.

Je cherche donc à changer, à m’élever, à être autrement. Je veux détruire

l’identité d’homme, mon identité, et devenir ESPRIT.

Dans le mot homo divinus, c’est-à-dire l’homme, oint de Dieu, l’homme

Christus, il y a le premier terme homme qui est détestable.

Jésus Christ veut dire Dieu sauve et oint de Dieu, - le mot homme est banni

de sa détermination.

*

L’exercice du Journal

Romanciers et poètes. Comparaison.

Deux systèmes cérébraux assez opposés dans leur méthode d’investigation,

d’application et de projection.

- L’esprit du romancier, apte à décrire le détail, possédant le narratif,

1217


l’explicatif et n’hésitant pas à user de sa plume pour couvrir longuement des pages

blanches. Roger Matin du Gard, Tolstoï, André Gide sont aptes à des développements

exceptionnels qui rappellent aisément l’aptitude du prosateur.

- L’esprit du poète, plus tournée vers l’analyse et la synthèse dans

l’observable, plus pénétrant, plus à l’intérieur du moi, plus pathologique aussi,

essayant de se justifier de son mal, de ses problèmes ou difficultés. Baudelaire dans

Mon cœur mis à nu, Valéry dans ses Cahiers, moi-même dans une moindre mesure si

ce n’est pas audacieux que d’oser associer son mécanisme cérébral à ceux de ces

grands poètes, pensons par esprit de synthèse, de purification, de simplification de la

situation ou de la saisie offerte.

Ce qui confère aux romanciers une quantité produite plus abondante, qui

semble plus riche. Il y a souvent une illusion de quantité. La résistance de l’œuvre

s’étudie aux temps nécessaires pour être intégrée.

*

Livingstone,

Un homme de science se soucie d’ajouter sur Newton, un explorateur, sur

mais un poète ne peut ajouter sur Virgile, sur Hugo ou sur Racine.

Il y a incapacité à proposer quelque chose de supérieur. Il y a une sorte de

1218


blocage de l’esprit. Le poète dit : mais je fais autrement, je conçois différemment, tout

en sachant très bien que son produit littéraire est de valeur moindre.

La science de l’esprit

La psychologie détermine l’être de manière superficielle. On dit : il y a cela,

il y a cela encore. Mais c’est relativement difficile de dresser un portrait vrai de

l’individu.

La philosophie est un principe d’idées, de vérités ou de pseudo-vérités dans

lequel s’engage le penseur qui veut par une articulation logique prouver ce qu’il

avance.

La psychologie m’a donc toujours laissé sur ma faim quand la philosophie

proposait un système de pensées dans lequel je prenais plaisir à m’engager.

*

L’intellectuel mange le sexe, le réduit à de l’insignifiant. La potentialité

cérébrale développée ne permet pas de percevoir avec ampleur,

1219


avec équivalence d’intensité, la jouissance de l’esprit et du corps. Mais je puis me

tromper. Car il existe de nombreux cas dans les Arts, dans le Pouvoir, où l’homme

exceptionnel jouit de manière identique.

Le plus tu penses, moins tu bandes, est toutefois assez vrai.

*

Le Moi a une fonction intimiste quand la Personnalité s’offre à autrui avec

un nuancier plus grossier, ne possédant qu’une finesse de vernis que l’autre prétend

avoir intégré ou compris.

Le Moi plonge, se cache, travaille à l’intérieur, bien au-dedans. La

personnalité est un éclairage, une aptitude à comprendre que l’esprit offre... C’est une

sorte de vitrine, en vérité où apparaissent çà et là les objets de l’arrière-boutique. On

y montre ce que l’on veut, ce que l’on peut.

Analyse de la poésie

Pour Valéry, la poésie est une application particulière des puissances de

l’esprit. Pour moi, elle n’est qu’un faible moyen d’exploiter la potentialité

1220


intellectuelle de l’homme, qui peut s’exprimer autrement, avec plus d’efficacité, de

profondeur, de raison, de... conscience, par la philosophie, la mathématique ou la

science et science appliquée.

Le poète serait une sorte d’handicapé intellectuel n’exploitant guère qu’une

restriction de l’aptitude de penser qui régit l’esprit. De grandes vérités rationnelles,

quantifiables, spatiales ou physiques seraient totalement exclues du mécanisme

cérébral du poète.

En ce sens, sa vision, son outillage réduit, faux, trompeur, ne lui permettrait

pas d’accéder à la vérité, et moins encore de proposer à autrui un angle vrai, différent,

des choses de l’existence. J’emploie volontairement ces termes car leur imprécision

permet de généraliser leur signifiant.

Poursuivant ce raisonnement, la certitude d’autrui concernant le mauvais

moyen poétique le convaincrait de rejeter cet outil obsolète, dépassé, calculant mal,

offrant des vérités trompeuses, aléatoires et douteuses. Ce qui pourrait expliquer le

refus, le non du public face à la poésie.

Difficile d’en parler aux poètes eux-mêmes, qui rejettent tout Mea Culpa, et

se prétendent d’essence supérieure, incompris.

Le contenu serait non et la façon de le dire non.

1221


*

Conscience ? Nature ; conscience conçoit la matière.

H = C + E ;

vivant

H = E

mort

H vivant + = + C Matière

H

Esprit

Corps

Matière

Par le corps, l’homme est relié à la nature

Grosso modo pour simplifier, on a

CONSCIENCE = ESPRIT = ÂME

MONDE = NATURE = MATIÈRE

Corps E Monde

H est composé d’un corps et d’un esprit

H travaille Monde Ajoute sur la nature

1222


Esprit Spiritualité

Phase 1

Spiritualité

Ciel

-------------

---------------------------------------------------------------------------------------------

Esprit

Terre

H Corps Matière = Nature = Monde

Esprit = âme = conscience

H = Esprit + corps

Phase 2

Ciel

1223


-------------

Esprit de l’homme

---------------------------------------------------------------------------------------------

Matière - corps = cadavre - cimetière.

Mon corps m’apparaît au milieu du monde, et je m’apparais dans mon corps.

Il me semble carapace, surplus, enveloppe physique dans laquelle je suis enfermé. Il

n’est pas ma propriété, il n’est pas mien, je le ressens davantage comme étant une

cuirasse, une gêne, un poids pénible. Mon esprit ne peut s’évader et se sent prisonnier

de cet amas lourd à déplacer.

C’est vrai il y a connexion entre le Moi et le Corps, et je puis percevoir des

informations le concernant. Je saurais me dédoubler, et l’observer accomplissant

certaines actions. Je n’ai que deux yeux, et les deux travaillent ensemble. L’un ne

saurait se séparer de l’autre, sortir hors de son orbite et considérer son corps agir.

J’observe ma main qui accomplit une action sur des objets. Si elle accomplit

des actions c’est que je lui impose un ordre. Je la reconnais dans son acte de toucher,

puisque l’acte vient de moi. Il y a volonté d’action et effort, et cet effort prouve

puisqu’il est connecté à mon acte décisionnel, qu’il vient de moi. C’est plus qu’une

perception de l’effort, c’est une certitude de directive provenant du cerveau.

Cette main est bien la mienne et je puis aisément la différencier d’une main

1224


autre. Cela serait faire preuve de mauvaise foi de prétendre qu’elle peut se confondre

avec un objet autre.

Le corps ne saurait être exclusivement un être pour autrui, il est un être pour

soi également. E de cela, je ne puis m’en défaire. A moins de sortir hors de mon

corps, après ma Mort réelle, par exemple.

*

André Revuz

Enseignement des mathématiques - CD Universalis

On a défendu et attaqué le rôle de la mémoire de façon également erronée :

on ne peut faire le moindre progrès en mathématiques si l’esprit n’enregistre pas et

ne peut pas avoir immédiatement à sa disposition les résultats et les méthodes déjà

rencontrées, mais, en revanche, on ne pourra se rappeler valablement ces résultats et

ces méthodes que s’ils ont fait préalablement l’objet d’une étude approfondie visant à

une compréhension totale.

C’est la compréhension qui doit être la première et qui commande la

mémoire, sans dispenser de l’effort de mémorisation, car, s’il est presque aussi

difficile de ne pas se rappeler un résultat vraiment bien compris que de retenir un

résultat qui n’a été appréhendé que de façon superficielle, il existe toute une zone

1225


intermédiaire où l’effort de compréhension et l’effort de mémorisation se soutiennent

mutuellement.

Une mémoire trop chargée à l’image d’un ordinateur interdit la vélocité de

l’esprit. Trop de références, de charges interdit à l’esprit d’aller outre, de penser,

d’ajouter. Il vit sur une sorte d’acquis pesant, trop nourri, gros bonhomme inapte à

courir.

L’on prétend qu’en mathématique il faut toutefois trouver l’équilibre entre la

capacité à comprendre, la mémorisation du vrai et sa synergie d’application.

Je pense que saisir, percevoir dans l’impalpable, supposer, douter,

comprendre avec du manquant, sont des actions mathématiques, des verbes utiles et

vrais, qui permettent à l’intelligence d’ajouter de manière significative sur soi.

Trop bien savoir, je connais le programme, ne sert pratiquement à rien. Il

faut aller outre, être capable d’assimiler du savoir nouveau, et pour se faire un

principe de synthétisation, de mise à côté, s’avère indispensable pour offrir à l’esprit

la liberté d’action.

L’on rétorquera que la capacité de mémorisation de chacun diffère, et ce qui

semble charge chez lui est accumulation légère chez l’autre à l’identique d’un disque

1226


ou d’ordinateur qui peut recevoir, 1,2 ou 8 gigas.

L’élan créatif

Il faut donc agir, agir pour modifier la représentation que l’on a de soi et des

autres, avec liberté, avec carcans de permissions et d’interdits. Il faut souvent évoluer

dans un espace limité, de convention sociale - artistique.

Produire du complexe ou du simplifié - l’idéal aujourd’hui étant d’épurer la

ligne d’autrefois pour en conserver la substance originale - qu’ils disent et c’est

affaire de critique - guère d’inventeur ...

J’enchaîne, j’exploite ou je saute sur des concepts, des idées, je vais au-delà

de mes moyens. J’ignore si l’on me suit, je vole. C’est action poétique incontrôlée.

Aller plus loin, ne pas comprendre, quitte à s’en retourner à son point initial.

Cette action intentionnelle réalise un projet conscient, qui est rarement

compris ou intégré par autrui. On ne peut toujours prévoir toutes les incidences,

conséquences de son élan créatif.

Il a parfois plus d’élan que d’intention - « Ne sais ou je vais, mais y vais

toutefois - verra bien. »

1227


Associé à un possible désiré ou non qui devra se transformer en réalisation

objective. Il s’accompagne de jugements séquentiels et poursuit son exécution. Il

modifie son dessein d’après son jugement instantané. Il s’en retourne à des analyses

concrètes débouchant sur des raisonnements, des observations, des perceptions.

L’esprit va de l’être au non-être, de la conscience, de la recherche d’un objet

désiré, d’outils, de moyens pour l’obtenir, de vérités concrètes, à l’obtention d’une

substance inconnue, simple ou énigmatique qui doit séduire ou étonner toutefois.

Le créatif juge donc la situation comme étant insuffisante. Il veut y remédier.

*

Le joueur d’échecs propose une solution de déplacement sur soixante-quatre

cases. Peut-on prétendre qu’il est libre tandis que son espace est contingenté et que

son déplacement est soumis à des règles strictes ?

Lui-même a-t-il la certitude d’être libre et de pouvoir décider de son action

Pourtant des milliards de combinaisons s’offraient à son intelligence ?

Comment concilier la fixité du déplacement avec la liberté créatrice ? Il y a

deux conditions. La première, l’intelligence est contingentée dans un espace de

1228


définitions vraies, démontrées, authentiques, (par des démonstrations certifiées) - puis

l’esprit décide d’aller outre, tout en

respectant sa ligne de conduite, et c’est la seconde condition. Il lui reste de l’élan, car

il a mis moins de temps ou moins d’énergie pour intégrer les vérités premières

imposées.

*

mathématique.

Si la philosophie reste philosophie, elle spécule, et ne sait rien. Idem pour la

La philosophie serait le langage de l’esprit quand la mathématique serait le

langage de la raison.

1229


Extraits Journal 98

Penser vraiment serait se séparer du corps. Car le corps est contrainte, et ne

permet pas de voir au-dessus - du dessus. La substance réelle de l’être ne peut se

concevoir avec le corps, car le corps est prison et armure. Il faut donc sortir, et

l’extraction hors du corps, - la liberté de l’esprit permet d’accéder alors à une vérité

modifiée, plus vraie, quand bien même cet état de la pensée ne saurait autoriser de

comprendre toutes les choses. Mais cela vaudrait mieux.

Ne vous suffisez pas de ce que vous êtes, car vous avez grandement besoin

de progrès. Et vous devez passer par des phases évolutives.

*

E. Brehier sépare la philosophie comme système rigoureux des notions et le

christianisme comme révélation d’une histoire surnaturelle de l’homme.

Pour que l’homme puisse se libérer du joug de la pauvreté, il doit s’instruire.

L’effort doit être dans le travail de l’esprit.

L’homme pauvre est asservi à la nature, il ne la domine pas. Il la subit et ne

1230


sait la maîtriser. L’homme va de la soumission aux choses de la nature à la maîtrise

de ses nécessités matérielles. La maîtrise de ses nécessités matérielles doit lui

permettre d’accéder à une forme de spiritualité.

Le christianisme dit : « Vous êtes pauvres - restez pauvres. Attendez. Le

royaume du ciel vous sera donné. »

L’homme ne possède qu’un système fragmentaire imparfait. Et jamais il ne

parviendra à épuiser la vérité concernant une discipline. Mais on prétend toutefois

qu’il y a des « spécialistes » CAD des êtres détenant le maximum de vérités sur tel ou

tel sujet.

Admettons-nous une essence de la vie, une autre forme possible de vie dans

laquelle l’esprit pourrait exister ?

Il y a d’autres moyens que le fait historique, que l’analyse de la création, ou

que la subjectivité illimitée pour tenter de percevoir la vérité de la vie dans son

essence spirituelle, c’est la perception d’événements paranormaux et nonrenouvelables,

- et il s’agit ici de sensibilité, d’exploitation de l’aptitude ultrasensitive,

voire épidermique pour prétendre savoir.

Cette vérité-là n’est pas transmissible à autrui par la raison. C’est affaire

1231


personnelle, - c’est acte individuel.

*

La signification est définie par les conditions de vérité.

Est-ce par ressemblance que l’on détermine qu’une affirmation est vraie ?

démontrée.

Certes pour la ressemblance, mais son imitation est fondée sur une vérité

Quand une vérité se place dans le cadre d’un principe individuel, sa portée

est illusoire. Si le tyran impose cette vérité, elle est réelle. Si l’homme d’anticipation

propose cette vérité, sa vérité ne porte pas.

Le langage est un moyen de communiquer sa vérité. La pensée abstraite dans

l’esprit du fondateur doit trouver raison dans l’énoncé des significations.

La prescience et l’intuitionnisme dans l’esprit du fondateur : - comment

prétendre écrire rationnellement le perçu imperceptible ou l’essence volatile qui

anime sa raison et fabrique chez lui le soupçon de certitude ?

Possédera-t-il suffisamment de principe construtionniste intérieur lui

permettant de projeter cette vérité pensée et vraie pour autrui ?

1232


Il y a le « Je sens ».

Comment poursuit-on le « je sens » intérieur ? L’on colle des flocons de

neige imperceptibles pour obtenir une densité.

Le « je sens », est-ce une compression de la vérité qui utilise une vitesse

supérieure d’analyse - vraie - communicable uniquement par les sens à la conscience

qui dit « oui », et acquiesce de l’intérieur ?

La logique intuitionniste serait une construction élaborée dans le vrai,

produite à l’insu de la conscience et tâchant toutefois de transmettre à la raison sa

vérité. Cette vérité serait perçue par la conscience, sa perception ne serait pas réelle,

mais délétère, autre, utilisant un support insoupçonné, mais vrai toutefois.

La logique intuitionniste, serait une détermination d’une vérité dans un

espace inconnu du conscient, et l’effort de l’inconscient consisterait à proposer au

conscient cette vérité par des messages délétères ou presque insoupçonnables.

conscience.

= conscience inconnue mais vraie, agissant, pensant, à l’issue de la

Il y avait donc travail vrai, dans une forme d’inconscient qui se ferait à l’insu

1233


ou au su du conscient.

Si l’on savait comment fonctionne le cerveau, l’on comprendrait peut-être un

peu mieux ce qui s’accomplit à nos dépens, et que l’on peut appeler logique

intuitionniste.

apport Freudien ?

N’est-ce pas plutôt un problème de Biochimie du cerveau, accompagné d’un

A l’intérieur du cerveau, les parties communiquent entre elles par des

moyens autres que les moyens dits conscients. Elles élaborent des vérités qu’elles

tentent parfois de transmettre à un conscient.

1234


CD Universalis - Sublimation 91 - 717 a

Sublimation

L’Esprit hégélien conçu comme « pouvoir magique de convertir le négatif en

être », s’avère d’autant plus grand qu’est plus grande l’opposition à partir de laquelle

il retourne en soi-même. De même, l’énergie pulsionnelle, susceptible de se conserver

tout en niant ses buts primitifs, acquiert par cette négation une puissance d’autant

plus haute.

La sublimation chez Freud consiste à substituer à un but et à un objet sexuels

primitifs de nouveaux buts et de nouveaux objets, éventuellement plus élevés dans

l’estime des autres hommes.

*

Si l’esprit existe après la mort, CAD en dehors du corps, s’il possède les

mêmes propriétés que le cerveau vivant, quelles valeurs réelles peut-on accorder aux

procédés biochimiques qui régissent les actions de la soi-disant conscience ?

Le biologiste dit :

Je pense parce que j’ai un cerveau

Le métaphysicien dit :

1235


Je pense également par l’esprit sans le cerveau.

Cela voudrait dire qu’il y a activités, actions de l’esprit sans les neurones,

sans les transmetteurs, sans électricité cérébrale, sans centres du langage, de la raison,

etc.

Alors ? Quelles propriétés cela engendre-t-il sur l’esprit ?

La main gantée.

« L’esprit » serait la main sans le gant

et « le corps + l’esprit » seraient la main avec le gant

Tête gant

esprit main

Quand on retire le gant, il y a la main. La main existe sans le gant. L’esprit

existe sans le cerveau biologique.

*

Il semble difficile de retenir la dimension de l’apparaître comme tel, car

l’intelligence a besoin d’avancer, de progresser, d’analyser, en vérité de décortiquer,

d’aller du simple au plus difficile, et ce refus de l’acte d’analyse semble quasiimpossible

pour une intelligence occidentale.

1236


La révélation mystique qui est reçue comme une dimension

phénoménologique de l’esprit nécessite toutefois une reconstitution de l’événement,

une analyse pertinente de chaque instant, de chaque moment crucial. Cette analyse

s’accomplit dans le temps, avec retours, perceptions passées, mélanges,

déterminations des instants.

Mathématique

Étonnant pouvoir d’abstraction dans la convertibilité de l’audace, car l’esprit

doit aller outre, et comprendre malgré du manquant d’analyse.

Langage purifié d’une certaine force d’intelligence qui ignore la sensibilité,

l’amour, la métaphysique, la possibilité divine, qui gère ses difficultés, ses

résistances, qui n’est pas toujours apte à prouver ce qu’elle suppose.

Aptitude de focalisation très précise, de tension soutenue avec capacité de

ramifications explicatives pour ajouter à la compréhension.

Formidable capacité d’abstraction, de perception au-delà du réel, dans

l’immense réservoir de l’imaginaire rationnel, où le possible se transforme en vérité.

1237


Éviction de l’exemple, de l’application concrète (nécessaire, pourtant

parfois) qui confère à cette forme d’intelligence un supérieur purifié, comme l’esprit

élevé se défait de la matière.

L’auto-organisation

Le cerveau humain (CD UNIVERSALIS)

Le concept d’auto-organisation revêt une importance doctrinale considérab

Élaboré tout d’abord dans le domaine de la cybernétique, et à l’occasion de recherc

formelles, il permet de concevoir qu’il puisse exister au sein de tout système biologiq

une « marge de liberté » et de « créativité ».

Atlan parle d’auto-organisation en présence de tout système ayant « la

capacité d’utiliser les phénomènes aléatoires pour les intégrer dans le système et les

faire fonctionner comme des facteurs positifs, créateurs d’ordre, de structures, de

fonctions. »

Comment sont transmises, stockées, codées et décodées les informations ?

Comment l’esprit dérive-t-il, symbolise-t-il, sélectionne-t-il, exploite-t-il de

la mémoire lointaine et vive simultanément ? Comment associe-t-il ? Arrange-t-il ?

Combine-t-il ?

1238


Travail incessant et complexe, d’ordre physico-chimique qui vient s’offrir à

la conscience, de manière délétère ... Apparition du dernier niveau d’organisation.

1239


Extraits Journal 99

Connexinisme

Il ne suffira pas de connecter les machines, d’offrir une mémoire universelle,

d’associer des réseaux, et de maximiser le tout, il faudra, et cela est esprit d’homme,

rejeter, nettoyer, choisir, dériver, évincer, reconsidérer tel endroit, le symboliser,

l’associer autrement, ailleurs, transférer, accomplir des travaux de l’intelligence.

*

Théorie ergotique. Etudier un système mécanique S, c’est évidemment rechercher

un principe de vérité épuré dans le domaine de la physique ou de la cinétique des gaz.

Et l’on voit, au-delà de la convertibilité de la théorie mathématique en application

physique une volonté claire de comprendre les choses de la nature.

En revanche, l’homme de théologie, l’homme de l’Esprit rejette ces études

matérielles pour focaliser sa compréhension, sa pénétration sur les choses de

l’impalpable, de l’invisible et du mystère.

Autocéphale : se gouverne soi-même.

1240


L’intuition

Comment pourrait-on écrire une mathématique de l’intuition ? Comment

l’intuition qui m’apparaît comme une compression d’une pensée vraie - le plus

souvent - non développée - mais développable, et en ce sens quand elle est

développée, elle semble “magique et inexplicable” car produite, conçue, organisée,

par une partie du cerveau à l’insu de la conscience, - il y aurait seulement une

aptitude de l’intelligence à connecter cette partie du cerveau qui produit, pense,

conçoit à l’insu de la conscience, mais qui relie la partie où se conçoit le produit de

l’intuition et la conscience. Puis l’ensemble sortirait de manière régulière et fluide

vers la conscience, qui inapte à comprendre ce qui lui arrive prétendrait à une sorte de

magie de l’esprit - de “j’extrais du sublime avec facilité - voyez-vous ça - oui, c’est

moi, mais je ne comprends pas. ”

*

Voici un magma de mots en suspension dans un esprit caché, oublié mais apte à

resurgir à la moindre incartade et qui peut par la qualité d'une intelligence supérieure

s'organiser de manière harmonieuse, avec un sens de la rigueur et du débit que nul

auteur auparavant n'a pu atteindre, - voici ce magma devenu flots maîtrisés et

impétueux, épousant avec grandeur et hauteur les déroutant soubresauts de la pensée

littéraire, s'imposant avec rigueur pour offrir à l'esprit en suspens quelque substance

1241


spirituelle riche de saveurs et de vérités. Le lecteur confondu, entraîné par le talent de

l'auteur acquiesce d'un oui-oui admiratif. Est-il style plus prodigieux que celui de

Bossuet ? Écrivain capable d'extraire dans son essence une telle richesse d'harmonie ?

Je crains que non. Longtemps encore ce dernier présentera son œuvre telle une

référence incontournable à la raison humaine.

1242


Extraits Journal 2000

Cogito et Cogito[s] - Moi et les autres, Moi associée aux autres. Sans les

autres, rien.

Le Cogito pense avec du matériel d'autrui associé à sa propre dérivabilité.

Le travail de l'esprit dérive le matériel d'autrui pour former un nouveau

matériel

qui s'apparente à une pensée propre à soi.

1243


Extraits Journal 2001

Je suis avec les poètes, avec leurs œuvres, avec leurs génies mais je ne suis pas avec

leurs personnes. Ce qu'ils sont m'indiffère. Ce qui m'importe, c'est ce qu'ils font.

L'état poétique se caractérise par une excitation de l'esprit nécessitant des applications

de langage - c'est un besoin d'applications.

Percevoir le monde par la sensation est un principe incomplet - ce rapport entre les

choses ne s'obtient pas dans la lucidité réelle mais dans une approximation de

vibrations.

Les choses telles qu'elles m'apparaissent.

En vérité, je fabrique de nouveaux rapports entre les choses - c'est audace, risque,

extrapolations. Je n'ai aucune certitude que ces combinaisons de langage, d'accords

nouveaux puissent plaire, - répondent à un possible reconnu par Autrui.

- Ceci est tentative, du donner à voir. Je vous l'offre, cela vous conviendra-t-il ?

Déterminer les limites de ses forces cérébrales.

1244


L'outil poétique ne serait qu'un moyen d'applications et de vérifications.

La nature ou le support étudié, un prétexte assez insignifiant. Le contenu poétique

serait de faible portée. L'intérêt résiderait dans la valeur du résultat obtenu.

Actuellement la poésie m'apparaît comme étant affaire de langage - c'est-à-dire de

constructions grammaticales autres,

elle n'est plus analogie, correspondance, substitution d'un monde observé à un monde

idéal.

Ma pensée va aux algébristes - et je pense à Pindare, Rimbaud, Mallarmé, Char,

Celan, Zanzotto, Deguy et autres...

Je pense post-mallarméens.

De grands espaces de croissance m'apparaissent possible.

Poésie serait la fabrication d'un monde possible, impossible, - serait une extrapolation

de l'imaginaire. Elle propose la vision d'un monde reconstruit avec du langage

humain.

Elle est une situation pensée par l'application humaine. Elle n'est en rien une vérité -

1245


c'est un principe de subjectivité.

Elle est caresse, évasion, délire, extrapolation etc.

Elle se définit par le langage, par le rapport des mots aux autres mots dans le champ

limité du poème. Au-delà de ce champ, le vrai peut être différent.

Le lecteur est celui qui dit : oui à cette vérité limitée.

Si le lecteur dit non, le poète peut toutefois avoir raison.

Elle serait l'expression de

---) L'Unité fondée sur l'analogie (?) Elle exploiterait le principe des correspondances

pour la déterminer et l'expliquer ? Cette théorie romantique reprise par Baudelaire

m'apparaît aujourd'hui avec les progrès réalisés dans les découvertes de la physique

totalement obsolète.

Le langage complexe serait plus encore la représentation de l'activité mentale des

neurones et des synapses - c'est-à-dire du système nerveux - langage parfois

incohérent, difficile avec des sauts, des illusions, des structures étonnantes encore à

considérer.

1246


Dédale verbeux : quels sont les mots qui peuvent s'associer les uns aux autres ?

Travail de la mémoire avec incohérence pour prendre le risque d'arranger après

sélection différents éléments.

Le langage complexe serait une représentation de l'activité de l'esprit.

*

Le rapport à autrui.

La considération de l'autre dans le développement du Moi.

Moi sans l'Autre n'existe pas.

Recherche du Moi sur l'Autre.

" Assis sur les épaules des géants "

Les combinaisons, les synthétisassions, les exploitations des Autres pour devenir Soi.

Prélever des parts d'Autrui, - les dériver, se les approprier.

Mais est-ce Autrui, ce mâché remâché reconsidéré ? N'est-ce point travail de l'esprit

avec rejet, dérivabilité, symbolisation, simplification, rajout ?

1247


----) La part de l'Autre !

Dans la Théorie du saut, il y aurait du manquant. Le travail de l'esprit consisterait à

récupérer le matériel faisant défaut pour poursuivre l'avancée cérébrale.

Il y aurait recherche du suffisant et du nécessaire pour parvenir à comprendre et à

passer outre.

Ce n'est pas un apprentissage généralisé qui surchargerait l'intelligence ou la

mémoire, mais c'est un chemin cérébral optimisé qui irait du point A au point B avec

le matériel nécessaire manquant transformé en acquis par le travail de formation.

Psy

*

L'esprit pourrait utiliser simultanément ou successivement plusieurs modes de

perception, de raisonnement ou d'applications :

Le Sensitif Le Rationnel le Logique Le Computationnel L'Imaginatif

Perceptif L'Intuitif etc. etc.

Le

1248


*

Le donjon de l'esprit, lieu où réside le Moi à l'abri de la basse médiocrité humaine,

lieu où l'intelligence doit se développer et s'épanouir, inaccessible peut-être, rare et

incomprise certainement, mais chargée de fruits savoureux qu'elle redistribuera à

l'ensemble de ses hôtes.

Qui seront ces hôtes ? - Ceux qui auront compris l'immense richesse dont son âme est

pourvue, et qui amis de la science et du savoir, viendront se nourrir à la bouche

diffuse.

*

Le cloisonnement en soi.

Le corps et l'esprit.

Les satisfactions du corps. Le verrouillage du corps. L'oubli de la prison. La liberté de

l'âme. L'âme pour se purifier. Pour se préparer à la mort. L'âme pour l'Au-delà.

L'apprentissage spirituel. De l'intelligence de l'âme. L'intelligence innocente, pure,

prête à prendre, à recevoir, à partager, à donner également.

1249


Se préparer à la séparation. Se nourrir de tous les sucs spirituels, religieux, divins.

Attendre, attendre la mort. Puis la sortie. La montée. L'élévation. Dieu, enfin !

Le cloisonnement pour accepter la vérité du corps. Non pas se haïr, le détester ou le

refuser. Mais le vivre modestement, simplement. Satisfaire discrètement ses désirs.

Trop punir le corps, c'est exciter un Démon dans sa cage. Nourrir le lion pour apaiser

sa violence.

A la limite, il serait mieux qu'une religieuse eût des relations sexuelles avec une

religieuse, plutôt que d'avoir des relations sexuelles avec un homme. Car elle est au

Christ. Les caresses avec une autre femme seraient plus supportables.

L'isolement, le dépouillement, le vide en soi. Puis la prière, la Bible, les Saints, les

Docteurs, l'Église. Toute nourriture spirituelle prépare l'âme à l'Au-delà.

De l'abondance des richesses spirituelles.

Il n'est qu'une seule chose à faire, c'est se purifier - se préparer à la vision divine et

atteindre sa sainteté.

Le problème est de savoir à quel degré d'élévation Dieu jugera l'âme remise. Sera-ce

suffisant ? Le travail de purification accompli sur terre sera-t-il considéré satisfaisant

1250


Extraits Journal 2002

La manifestation de la raison peut engendrer de la philosophie.

La vérité du "vrai" est temporelle. Ce que l'homme croit inattaquable tombe

en lambeaux et charpies, en déficiences d'assises, en ruines de l'esprit. Mais il

accomplit sa métamorphose et repense autrement sur un nouveau marbre attaquable à

son tour...

Ce que l'on appelle âme, cerveau, esprit, conscience, intelligence, raison,

personnalité etc. Tous ces termes qui tentent de désigner les différents états de

l'activité mentale sont recevables dans des situations psychiques bien précises. Ceci

peut se comparer aux mots passions, amour, tendresse, amitié, sexe, désir qui

expriment des transferts affectifs de l'un vers l'autre variants.

1251


Extraits Journal 2003

Critique de l'Internet

Exploiter la classification des répertoires fournis par les moteurs de recherche.

Qu'entend-on par " Tout le savoir humain " ? Est-ce réaliste ? N'est-ce pas plutôt

pathétique car l'intelligence humaine est incapable de tout rassembler.

La méthode consistera donc à pouvoir cheminer à travers cette foison de forêt

amazonienne que représente la mise-à-la-disposition de l'Internet.

Mais quoi ? Le savoir fragmenté, échantillonné représentera-t-il le nécessaire à

posséder ?

Esprit curieux qui surfe, qui va et revient pourra-t-il dégager un système à

exploiter, à penser ? En définitive, que fera-t-il de ces données ?

Ce que l'on croit connaître est faible chose. J'observe une liste de poètes que

propose un éditeur - 250 noms et je n'en connais correctement qu'une petite dizaine.

Combien d'auteurs parmi ces inconnus me permettraient en langage consubstantiel de

produire, d'écrire ou de composer ?

1252


Extraits Journal 2004

Je poursuis mon travail poétique avec Zanzotto. J'essaie de repenser l'ordre, le désordre,

les combinaisons, les applications - je veux déplacer autrement. Mais je reste

désespérément dans une sorte de symbolisme d'autrefois. L'extrapolation serait peutêtre

la solution. Je dois inventer de nouveaux verbes - de nouvelles opérations de

l'esprit. Mais comment agir, comment procéder ?

J'ai cru un instant que Deguy pouvait être la solution. La solution est en moi, il se peut.

*

Valéry aurait dû dégager de tous ses cahiers un Principe - un système décrivant avec

logique et rationalité les mécanismes ou les applications de ses tentatives mentales -

une sorte de Méthode pour intellectuels ou universitaires applicable à toute forme

d'esprit.

Un modèle cérébral ?

1253


Faire commerce avec autrui ! mais c'est essayer de plaire, de séduire, de s'amouracher en

quelque sorte, - c'est effet de comédien - et quelle pitié pour soi-même ! - tandis que

l'esprit profond cherchera toujours à se parfaire - mais de superficialité, il n'en sera

pas question.

*

Il faut posséder quatre espaces en soi : le poétique, le philosophique, le spirituel, le

mathématique - l'imaginaire, le pensé, l'Au-delà, le rationnel et combiner l'ensemble

selon les différents états de son esprit.

*

Écrire est une application. C'est un segment cérébral qui combine certains éléments

composés de mots et de concepts pour s'organiser et apparaître là devant la

conscience. Le tout demande à sortir hors de l'esprit avec force et virulence.

L'exécution obéit et applique l'ordre à accomplir.

*

Il n'y a pas de solitude infinie de la pensée - il y a un espace poétique qui se déploie -

il y a un espace philosophique qui est là, qui entend et comprend. Les pensées sont

des signes mais ne sauraient mourir, folies de mon esprit. Tout est rationnel et

1254


logique. Je cherche donc des images vraies - des pensées possibles et construites -

j'avance dans la vérité en espérant que tout cela pourra s'avérer exact demain.

Je répète : il ne s'agit pas d'images fantomatiques qui animent ma cervelle mais des

audaces susceptibles d'être vraies.

J'émets des sons, des pauvretés, des absurdités - je prends des risques - je suis un

miroir déformé du monde. Je dois trouver des combinaisons nouvelles. Je sais que j'y

parviendrai. Croyez-en moi. Croyez.

1255


Extraits Journal 2004

L'infini-en : lieu de spéculation mentale. Chacun doit le combler à sa convenance. Il

fallait essentiellement déterminer un nouvel espace possible - là devant soi (en

plongée, un peu à la manière d'un saut à l'élastique - d'un tremplin).

Certains pourront y vider leur trop plein d'imaginaire. D'autres y associeront des

idées, des concepts, des éléments "parachutés".

C'est avant tout un espace pour l'imaginaire où l'esprit doit déployer son autre

possible, son audace mentale.

Espace pour le poète, le philosophe, le théologien ou la mathématicien encore. Mais

quelle audace ? Quel risque ?

C'est le vide avant Livingstone ou Freud. Chez eux, il y a L'Afrique ou l'Inconscient.

Chez moi, il n'y a rien - un peu comme une coquille vide ou une bulle à remplir.

*

1256


L'esprit refuse le ça pour ça - mais j'ignore quelle opération poétique le cerveau

prépare à mon insu ?

1257


Vrac

Opérations de l'esprit

Transfert ---) déplacement

Chez moi :

je vois un clip ---) Vénus de Milo ---) Visage ----) Dali

---) Gare de Perpignan ---) Gare de Nice ---) Nice : Musée Matisse

Antibes : Musée Picasso

donc Transfert analogique

Il existe également :

Le carottage, le mixage ---) poudre d'information

Analyse combinatoire voir le Que sais-je

Traces insignifiantes, difficilement retrouvables

---) assez complexe, assez difficile

Mémoire : Mémorisation du stock, animation du stock, choix, extraits, compression -

--) opérations de l'esprit, synthétisassions, dérivations, patine, transformations,

vieillissement de la pensée.

1258


Extraits journal 2005-2009 inclus

Le Mal Confession d'un Saint

La violence, l'agression, la méchanceté, la cruauté, la bêtise, la douleur, la durée

- Le Mal sur l'Innocent ! L'horreur, en fait !

*

Fais-moi songer à quelque substance délétère dégagée par l'esprit

Saints scientifiques : Leibniz, Swedenborg, etc. .Pascal, Descartes ?...

Saints peintres : ???

Quand tu es dans l'abondance songe à la disette,

A la pauvreté et la misère quand tu es riche.

Mémoire : Mémorisation du stock, animation du stock, choix, extraits, compression -

--) opérations de l'esprit, synthétisassions, dérivations, patine, transformations,

vieillissement de la pensée.

1259


Chasteté et sainteté

Tant que l'on sera vivant, l'on aura l'intelligence de notre Monde. Mais l'Intelligence

de l'autre Monde nous sera interdite. Il faut donc attendre de mourir pour accéder à

une autre forme d'intelligence, supérieure cette fois.

Peut-on prétendre se préparer à l'Autre Monde ? Comment faudrait-il s'y prendre ?

L'application des concepts propose sera-t-elle suffisante ? Sommes-nous certains de

bien entendre ?

J'ai été étouffé par l'esprit mauvais, perverti par la présence du Mal.

Pour toute beauté

La croix du Christ

Pour toute intelligence

La science de L'Esprit

Pour toute puissance

La Force de Dieu

*

1260


Trace infiniment rien

Turbulences du génie

Fluides d'intelligence

Les soupirs de l'esprit

Les affres de l'âme

*

L'esprit = conscience

L'âme = sensibilité

Génie = action créatrice

Intelligence = raison, réflexion

*

Résumé des années 1901-1907 Cahiers Paul Valéry

A la fin de l'année 1900, les Cahiers changent durablement d'aspect. Une écriture

disciplinée s'installe dans l'espace stable de grands registres cartonnés, révélant le

souci d'un travail régulier maintenant devenu rituel. Le quatrième volume de l'édition

intégrale, établie d'après les manuscrits originaux conservés à la Bibliothèque

nationale, contient les trois premiers cahiers d'une longue série chronologique,

commencés respectivement en novembre 1900, juillet 1901 et novembre 1901. Valéry

a trouvé sa devise, que rien désormais ne démentira : "J'ai l'esprit unitaire, en mille

1261


morceaux." Elle dit la volonté de ne jamais donner prise, le principe de rupture qui

préside au choix de la forme fragmentée. Sous l'hétérogénéité apparente de notes très

diverses, le texte a pourtant sa continuité souterraine. Le but principal se dit, comme

naguère, représenter la connaissance et tenter d'en définir le fonctionnement. Valéry

reprend un très ancien problème : le rapport de l'image sensible et de l'intelligible,

de la sensation et du concept. La recherche est sous-tendue par une lecture critique,

avouée ou tacite, des philosophes : Aristote, Thomas d'Aquin, Descartes et surtout

Kant suscitent le désir de repenser les concepts fondamentaux de la culture

occidentale. Mais une autre tension anime ces cahiers : celui qui se plaçait sous le

signe de la mystique de l'intellect se confronte à l'étrangeté corporelle. Comment

l'esprit peut-il s'accommoder du corps, cet incompréhensible véhicule du Moi, avec

son langage obscur et les mystères de ses organes ? L'importance maintenant

accordée à la condition incarnée freine l'élan d'une ascèse qui rêva de conduire

l'esprit là où il coïnciderait avec les structures a priori de la conscience : à la Limite.

L'entreprise des Cahiers a presque dix ans quand s'ouvre en juin 1903 le grand

registre “Jupiter”. Il est largement consacré à une réflexion psychologique gravitant

autour de thématiques précises : l'attention, l'imagination, la mémoire, la perception,

la volonté. La permanence intermittente de l'exercice est, comme dans les cahiers

précédents, un fil conducteur, ainsi que la recherche d'un langage capable

d'exprimer l'homme intelligible.

Les deux grands registres de 1904-1905 constituant ce volume sont assez largement

1262


consacrés à la recherche psychologique. Critiquant la psychosociologie, Valéry

participe de cet esprit qui cherche à bâtir une Psychologie de l'Attention, de la

Mémoire n'ignorant pas les faits biologiques. La pratique littéraire d'autre part fait

retour et s'installe dans l'écriture brève. Presque achevé, le Logbook de M. Teste est

écrit en 1905, ainsi que plusieurs fragments publiés plus tard dans Tel Quel. Ces

cahiers seront par la suite souvent relus, de nombreux fragments recopiés sur feuilles

volantes et dans d'autres cahiers, et utilisés dans les Œuvres. Ces années mal

connues qu'on disait du “Silence” sont celles où la pensée valéryenne s'affirme. Ils

éclairent de façon neuve la genèse de l'écriture valéryenne.

Dans les années 1905 - 1907, les Cahiers restent fidèles à l'espace des grandes

pages. Les recherches psychologiques se poursuivent, le rêve prend une place

croissante. L'allure est la même. Pourtant bien des choses changent, amenant à

reconsidérer la genèse des œuvres. De diverses façons, les Cahiers deviennent

l'avant-texte, celui du moins du prosateur, du moraliste, de l'essayiste. Le travail de

rédaction et de copie interne d'un cahier à l'autre, qui durera quelque temps, révèle

la constitution d'une réserve où puiser un jour futur ; et de petits carnets de poche,

tel celui de 1907 figurant dans ce volume, accueillent les notes de l'instant. La

plupart des thèmes du discours critique valéryen sur la littérature, tel qu'il sera

développé dans Variété à partir des années 1920, est déjà là. Le futur auteur de Tel

Quel travaille la forme brève et dès 1907 a presque mis au point une bonne part des

recueils qui feront sa gloire. Le régime d'écriture se déploie dans une dimension plus

vaste inaugurant une circulation de textes entre différents chantiers ; le travail va

1263


s'ouvrir sur un projet nouveau lié aux Cahiers, la rédaction de feuilles volantes -

mise au net sélective ou réécriture - isolant chaque fragment, dès lors capable de

s'inscrire dans différents contextes selon un principe combinatoire ou thématique.

Valéry classera Attention, Attente, Langage, Mémoire, Rêve, Sommeil, Conscience,

Sensation... Le thème privilégié de ces Cahiers est le "Moi" inscrit désormais au

cœur du projet d'une représentation du fonctionnement humain. Valéry tâtonne entre

Narcisse et Protée, entre l'hypothèse abstraite (Moi fonction, procédé de négation...)

posant assez nettement le futur concept de "Moi pur", et "l'être central", l'instance

d'une présence sensible. L'opposition du Moi et de la personnalité s'y inscrit

fermement. Si, dans le même temps, le projet "Léonard" semble se défaire, Note et

digression, le grand texte de 1919, se prépare et avec lui l'itinéraire idéal de l'esprit

et l'apparition du Moi invariant.

*

Faire commerce avec autrui ! mais c'est essayer de plaire, de séduire, de s'amouracher en

quelque sorte, - c'est effet de comédien - et quelle pitié pour soi-même ! - tandis que

l'esprit profond cherchera toujours à se parfaire - mais de superficialité, il n'en sera

pas question.

*

Quant aux choses humaines, chacun peut y voir à sa façon sans avoir tout à fait tord, sans

avoir tout à fait raison.

1264


Ceci est jeu de langage, mais il ne suffit pas d'être loquace pour avoir raison.

Je sais que je suis un être humain mais je ne le resterai pas longtemps car il me faudra

mourir et devenir esprit CAD ancien homme sans corps.

Serai-je ange, saint ou grand poète ? - Ceci est affaire divine et lui seul décidera. (En

vérité, il doit déjà le savoir...)

Pourquoi cette proposition était-elle tenue pour vraie ? En quoi est-elle fausse à présent ?

Quelles sont les déterminations qui m'ont imposé à répudier ces affirmations ?

Comment suis-je passé de ce vrai-faux à ce faux-certitude ?

Variabilités évolutives de la pensée.

Comment peut-on situer un fait du passé puisqu'il n'est plus qu'une trace de mémoire s'il

n'est pas supporté par un moyen le conservant ? (écrit, image, photo, film) Quel crédit

accordé à la capacité humaine pour transmettre un souvenir ? Ceci peut paraître

confus, manquant d'objectivité, au réalisme douteux.

*

Faut-il disserter sur l'aberration illogique du Ciel ? Accepter de comprendre la folie

irrationnelle qu'elle gère avec indifférence ?

1265


Tout cela semble effrayant et absurde. L'on se dit : Comment Dieu autorise-t-il de telles

monstruosités terrestres ?

La mort - CAD l'attente vers un autre monde semble la seule possibilité pour comprendre

de telles injustices. Changeant de royaume, de nature, de logique, de vérité et d'âme,

le bien-être du Ciel - qui je l'espère me sera accordé - me permettra d'aplanir - de

délaisser ces piètres supplications terrestres et de contempler avec mépris la bassesse

d'ici et là.

N'aurais-je pas du recul - une fois mort, dégagé de mon enveloppe charnelle, n'aurais-je

pas le mépris de ces faibles réalités humaines, - et raisonnant encore ne penserais-je

pas : ceci est peu - demain ils seront ici. Qu'ils souffrent, peinent ou supplient - ceci

est peu de chose car un autre espace les attend déjà ?

La chair est de la viande, seul l'amour est pris en compte. Qu'importe les gémissements et

les hurlements. L'affaire est de sauver son âme, que l'on soit faible d'esprit ou

intelligence supérieure.

Jung

*

Pensée intuition sentiment sensation

1266


Le devenir La transformation

La névrose, affection mentale où l'inconscient, nié, réclame sa part.

Maïeutique : art de Socrate avec lequel il accouchait les esprits de ses interlocuteurs,

CAD leur faisait découvrir la vérité par eux-mêmes en leur posant des questions.

*

Écrire est une application. C'est un segment cérébral qui combine certains éléments

composés de mots et de concepts pour s'organiser et apparaître là devant la

conscience. Le tout demande à sortir hors de l'esprit avec force et virulence.

L'exécution obéit et applique l'ordre à accomplir.

*

Cioran est un double négatif. Il est moins-moins. Il pense par le rejet et le refus. C'est

un paradoxe négatif qui possède son vrai, - le vrai avec sa logique pour convaincre, et

l'esprit ou l'intelligence d'autrui le suit pour dire : oui. Oui, vous avez raison.

Et pourtant quelle audace ! Quelle façon de raisonner ! C'est un désespéré qui essaie

de prouver qu'il est dans la vérité, mais c'est sa vérité.

1267


Il devient évident que sa spécificité peut servir autrui, et en premier l'Éditeurqui y

voit une variante nouvelle du possible, et qui l'imprime également pour cela.

*

Il n'y a pas de solitude infinie de la pensée - il y a un espace poétique qui se déploie -

il y a un espace philosophique qui est là, qui entend et comprend. Les pensées sont

des signes mais ne sauraient mourir, folies de mon esprit. Tout est rationnel et

logique. Je cherche donc des images vraies - des pensées possibles et construites -

j'avance dans la vérité en espérant que tout cela pourra s'avérer exact demain.

Je répète : il ne s'agit pas d'images fantomatiques qui animent ma cervelle mais des

audaces susceptibles d'être vraies.

J'émets des sons, des pauvretés, des absurdités - je prends des risques - je suis un

miroir déformé du monde. Je dois trouver des combinaisons nouvelles. Je sais que j'y

parviendrai. Croyez en moi. Croyez.

1268


*

Phénoménologie de l'esprit Hegel

Jean-Henri Lambert

Dérivabilité de l'image par le cerveau

La phénoménologie existe-t-elle dans l'espace ou n'est-elle qu'une propriété propre à

la conscience de l'homme ?

*

Dépendance // Interactions // Contractions // Renvois // Rappels //

Théorie de l'esprit

*

*

À un certain degré de formation de son activité cérébrale, il n'est plus utile de lire,

relire à l'infini de nouveaux ouvrages ou auteurs - non - il faut concevoir avec son

esprit en possédant convenablement ses matériaux intérieurs, d'autres objets

intellectuels.

1269


*

Vous avez raison - je n'avais pas pensé à cela. Sans vous, cette idée ne serait pas

venue à mon esprit. Vous l'avez fait surgir. Elle était là, à l'état d'attente mais ne

semblait pouvoir s'exprimer. Ou encore, était-ce une autre idée qui, par mon énergie

mentale, était toutefois prête à sortir par la capacité associative que je prétends

posséder ?

Ce qui voudrait dire que vous n'avez été qu'un la musical pour déclencher l'harmonie,

mais l'harmonie était en moi ?

*

Incapable d'associer deux idées, deux mots, deux fragments quelconques pour obtenir

une application - sorte de saturation de la capacité mentale - l'esprit ne

saurait aller outre. Volonté de vouloir, état de non-pouvoir. Il faut attendre qu'une

nouvelle donne cérébrale s'opère.

1270


*

La psychanalyse est une science évolutive, mais Freud en est le père.

Il faut parfois déconstruire, mais il a créé, inventé ou découvert une nouvelle

psychologie, une autre pénétration inconnue de l'esprit, de l'âme ou de l'intelligence -

de la moins de la conscience humaine.

*

L'esprit refuse le ça pour ça - mais j'ignore quelle opération poétique le cerveau

prépare à mon insu ?

*

Parfois l'esprit est saturé - offert aux nombreuses stimulations de lecture, il ne saurait

produire quelconque fragment.

En d'autres moments, l'intelligence prompte et apte, exploite quelqu'une raison pour

extraire de soi des capacités littéraires créatrices.

Il s'agit ici de fatigue cérébrale, et la conscience ne peut déterminer la situation réelle

de la potentialité.

1271


*

Je pense également au génie interne - à celui qui n'a pas besoin d'être dans un

contexte historique particuliers pour faire exploser sa capacité unique.

Et me vient à l'esprit les intelligences savantes à qui on remet un matériel présent et

qui parviennent à tirer des vérités et des conclusions nouvelles. Mais qui avec un

autre matériel - plus élaboré, appartenant à une autre époque seraient toutefois

parvenues à des résultats étonnants.

Il s'agit ici de cerveaux avec des capacités intrinsèques, indépendantes, capables de

s'adapter à tout nouveau terrain scientifique.

*

NDE

Problématique corps/esprit

OBE

Le lieu hospitalier est-il le lieu de la nouvelle foi ?

Faut-il se soucier d'exister auprès d'autrui ? L'effort de crédit semble trop conséquent,

1272


la capacité à plaire proche de l'impossible.

Je vois un immense espace avec l'Internet, une sorte d'Eldorado de l'esprit où nul ne

sera sanctionné arbitrairement pour des causes financières, où l'audace intellectuelle

pourra se déployer aisément avec grandes diversités et richesses cérébrales.

*

Je n'écris plus - je ne saurais produire plus. L'esprit semble saturé. Il y a une sorte de

blocage de l'intelligence qui ne peut aller outre. Vais-je exploiter le temps restant

pour refaire les morceaux existants ? Ou encore nettoyer des fragments délaissés qui

toutefois ont quelque teneur ?

Ceci est un grand enjeu car 20 000 feuillets inédits attendent que je les récupère pour

participer à l'élaboration d'ouvrages nouveaux.

*

Je ne crois pas en un dressage de l'esprit avec Principe, École, - Système

d'application et d'orientation. Je crois en une liberté individuelle avec audace et folie,

risques dans l'écriture.

Nous sommes dans une sorte de nébuleuse où nul encore ne peut prétendre posséder

le vrai, où la certitude se déplace ici et là, où la tentative d'écriture peut se prévaloir

1273


d'être possible. Alors qui croire ? Qui suivre ? Et que supposer ?

C'est donc un espace de liberté absolue, et l'Intelligence se déploie faculté parfaite.

*

Cœur - Corps - Esprit -

*

L'esprit s'est formé et se développe encore...

Nietzsche

Vive croissance, volonté de trouver et d'appliquer, grande incertitude concernant la

qualité des applications puis développement avec capacité assez surprenante et

expansion ~ belle expansion ! Dès lors, le cerveau vieillit, rature, n'est plus apte à

gicler, à expulser sa semence cérébrale. Il reprend,

récupère, radote, prétend avec un Autre - veut certifier mais n'est-ce pas déjà trop tard

? N'est-ce pas le fait de la condition humaine, en vérité ?

1274


*

Essence et substance

Voir Platon - les grands textes -

Le Moi de l'être - sa nature - sa destinée -ses possibilités - ses limites - ses espoirs -

Ce qu'il peut concevoir - soupçonner - anticiper - ouvrir sur -

Essence vers une quintessence, sorte de sublime synthèse permettant de prouver ou

de démontrer des faits.

Essence, purification subliminale de l'esprit permettant d'accéder à quelque chose

d'épuré perceptible par le concret.

L'essence est le sublime inconnu de l'homme lui permettant d'accéder à un au-delà ~

d'aller au-delà - sorte de sublime merveille synthétique qui permet d'ajouter.

Mécanisme épuré de l'intelligence offrant un nouveau vrai perceptible par la

conscience.

Convergences des différentes flèches de l'intuition.

Restera-t-il une fois la mort survenue une forme d'essence de l'être épurée, dégagée :

- 1 - de toute servitude matérielle ?

- 2 - aimantée par la spiritualité divine ? Et si cela est le cas, quel progrès d'élévation

ou d'évolution futures lui seront octroyés ?

1275


*

Système d'extraction de poésie - Méthode :

Esprit algébrique CAD Mallarmé, Rimbaud, Zanzotto etc.

+ Esprit logique ---) Wittgenstein

+ Esprit de finesse ---) Merleau-Ponty, Teilhard de Chardin

Ce qui veut dire :

Poésie expérimentale contemporaine

+ Mais... Journal de Teilhard de Chardin à vérifier et certains autres écrits

également

Il y a toutefois toute la Mathématique, toute l'Astrophysique...

---) donc en Philo - les Logiciens

Mais Langage- audace - alors ?

-----------------------------------------

A B C D

Quelle logique ? À quelles raisons ?

1276


Quelles opérations mentales exiger de son cerveau pour valider la suite offerte ?

*

Quelles valeurs puis-je accorder à ma façon de voir, d'entendre ou de saisir les choses

? Comment puis-je valider ma certitude ?

*

La transposition excessive - pourquoi ?

Cette opération mentale -1- chez l'enfant

- 2 - chez l'adulte

-1- Nouveau rêve

-2- Désir, exagération - mais ajouté au langage engendre le mensonge dans la

communication et la détermination de l'Autre.

(Est-ce pensé, souhaité - Pensé/Souhaité - Faux-mensonge-vrai - jeu théâtral -

fausseté désirée etc.)

-3- Par souci de vengeance de faire du Mal, d'exprimer le rejet de l'Autre en le

critiquant même faussement.

1277


*

L'Intelligence selon André Malraux : "La destruction de la comédie, plus le jugement,

plus l'esprit hypothétique."

*

Théories freudiennes et lacaniennes

L'esprit n'échafaude-t-il pas faussement ? Car cela paraît plus alambiqué qu'une

complexité rare de la nature.

Le Phallus œdipien - le Phallocentrisme pulsionnel –

*

SOIS signifie : que ton potentiel développé soit optimisé, et cela intègre le :

CONNAIS-TOI TOI-MÊME.

Le Connais-toi toi-même semble figé : dis-moi combien il y a d'objets dans

le tiroir. Or l'esprit, l'âme sont en constantes transformations et évolutions.

1278


*

Sur les flots azurés, illustres de censure,

Dans des barques incertaines où vogue l'A-raison

Un esprit délibère, questionne et demande

Et s'adjuge le droit de statut éternel.

*

Élaborer un nouveau langage.

Algébrique

D'associatifs interdits

De grammaire

De fond de forme

Le sincopé

Le vrai-faux

1279


//

Combiner l'inventif d'Autrui par une lente mutation de l'esprit // de l'intelligence

Synthétiser le créatif d'Autrui en y ajoutant sa propre substance.

*

propres.

Contre le Structuralisme car chaque groupe forme des références qui lui sont

Claude Lévis-Strauss : "Si l'activité inconsciente de l'esprit consiste à imposer

des formes à un contenu, et si ces formes sont fondamentalement les mêmes pour tous

les esprits, anciens et modernes, primitifs et civilisés, comme l'étude de la fonction

symbolique, il suffit d'atteindre la structure inconsciente, sous-jacente à chaque

institution et à chaque coutume pour obtenir un principe d'interprétation valide pour

d'autres institutions et d'autres coutumes."

Ceci serait une clé trop facile pour l'Anthropologie et permettrait l'usage d'un

passe-partout pour ouvrir toutes les serrures.

Il nous serait ainsi aisé de comprendre le sens de l'écriture pariétale ! Or nul n'est

encore parvenu à en tirer le sens.

1280


1281


FRANCK LOZAC'H

LES AFFRES DE L'AME

1282


Ads And More

Quel est mon souvenir ?

Quel est mon souvenir ? Quel est mon devenir ? Qu'ai-je à espérer

dans cette vasque infâme ? Je ne veux pas ce soir - (mais le voudrais-je encore,

une autre nuit ?) fille perverse ou femme débraillée, coller contre ma chair

ta chair obséquieuse et vicieuse ; faire régner le mystère du plaisir

comme une fuite inventive pour oublier la réalité du temps existant.

Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,

Respirer en ton corps le doux parfum des songes

Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,

Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.

Voilà le vice ! La déchire de nos âmes purifiées. Voilà l'excrément,

la sueur, les larmes et les cruautés qui s'accouplent dans ce ballet démentiel

pour obtenir un stupide et vile orgasme !

J'espère sur cette bouche inventer un amour

Puissant et immortel que tu composeras,

1283


Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour

Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !

Car c'est là-bas, c'est plus loin, c'est plus haut que doit s'opérer

la transhumance de la chair ! Là-bas loin du désir fécond de nos pulsions

en détresse !

Qu'importe les espoirs de nos mains en détresse,

Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !

Je demande plus fort que houle et que tendresse...

De ce qu'une nuit accédant à mon sublime, je puisse égorger le sinistre ébat

ténébreux, infection que jamais n'aurait pu soupçonner l'enfant. Le bel enfant

idéal de l'icône du Fils dans sa merveilleuse pureté !

Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.

Car de son pur cristal où le génie descend

Rêvent de vains soupirs qu'avait soufflés l'enfant.

1284


Venise II

Non ! Plus jamais ! Plus jamais ! Quel est l'espoir de cet amour défunt ? Non

!

Je suis résigné : cela n'est plus !...

Et dans ce lieu fétide où dorment des gondoles,

L'eau morne et transparente fut raison de soupirs,

Ô sanglots répétés et si mouvantes violes,

Contre un ciel de grisailles qui voulait s'obscurcir.

L'âme tangue ! L'esprit vacille ! L'esprit sanglote délicatement, enivré

d'impossibles à atteindre, idéal de raisons qui vont disparaître ou s'enfuir

sous ce ciel déclinant...

Des barques s'étiraient sur l'étendue. Nos rêves

Profonds comme l'amour s'inclinaient lentement,

Et penchaient plus encore par le vent qui soulève,

Tremblaient, espoirs perdus, bercés au gré du temps.

Et toi ma calme sœur, tu chantais ma faiblesse

Lorsqu'un vol de corbeaux foudroya le vrai ciel.

Pour noircir les souffrances d'une odieuse paresse,

1285


Je vis dans tes yeux clairs les rayons d'un soleil...

Sera-ce encore possible ? Existe-t-il un infime espoir ? Non. Tout cela va

mourir à tout jamais, à tout jamais ! Telle est la vérité de nos amours

défuntes.

D'un soleil pâlissant, or, rouge et fatigué

Qui semblait se mourir à l'orée de tes yeux.

J'y trouvais un déluge de larmes délaissées

Croyant à l'avenir de nos étés heureux.

*

1286


Des descendances stériles

Des descendances stériles qui frappent le seuil d'une maison

tombée en décrépitude. Sur les toits, l'hérésie stupide comme d'affreuses

fêlures et une cour tapissée de blasons blancs. Voilà le lieu de nos

retrouvailles !

Tandis que l'ancienne famille pullule en des portées toujours

grandissante, le roulis sur nos dos nacrés résonne véritable tambour.

C'est la fête dans les tapisseries et les chandails violets. Le

rythme aigu du clairon bat la charge. L'effondrement des sens et le

mouvement puissant des ondes fortuites, les verras-tu ?

L'orgasme vendu, exploité, toléré prolonge l'intime repos

banal et la suite s'invente inexorablement sur des rêves d'or et d'ivoire. Le

Millénaire réunit une dernière fois nos âmes ténébreuses et les jettera

dans la fosse aux douleurs.

Un plastron protecteur parmi des déserts de lumière - une

chevauchée entre deux courses folles - un vieillard pommadé portant des

1287


bouquets de roses et un fleuve qu'une écluse dilapide en menus

durcissements.

L'architecture de la femme ouvre et dispose des rayons rouges

du soleil, pieds nus, tête penchée, fuyant le regard évasif de l'éclusier.

L'eau monte le long de la façade et sa course haletante vocifère parmi

l'inexpérience et sa paresseuse blancheur.

Quant aux images désuètes, elles noircissent lentement sous

les fouets du saule-pleureur.

*

1288


Dissipations

MM 1

C'est une belle femme avec des mains graciles

Et son intelligence est - intelligence est

Quand avec du soupir me vient parfois son âme, quand avec du

soupir

Je crois entendre pleurer les Anges

J'étais une fontaine - je veux devenir La vigne

ceci sera mon repentir - ô Toi, Fils de Dieu, accorde-moi ton repentir - la

source est tarie - La vigne sera fructueuse !...

*

Les nuits ébouriffées par ta pitié sexuelle

Oui, tes saccades de jeune homme sérieux

qui tranchent avec les mécaniques

Va dans la pourpre - tes seins sont sages

Tes lèvres tremblantes vibrent de désir

(Je sais : ils vont te conspuer - deviens une âme aimante)

*

1289


Les filles batteuses de lait dans le vieux fugace de l'à-peu-près

Ce sont des trottoirs et des semeuses sensuelles du : que dit-on ?

Voilà les volontés et les Maries qui s'époumonent ~ Saint-Nicolas

est une offrande,

et tes bas noirs sont des phosphores de désir

À la croisée de l'impossible ~ là, oui-non

En fluidifiant les gelées - plonge dans l'évanescence lumineuse

Pour des perceptions incertaines

Elles voltigent fumantes et délétères, esquivant un interdit à aimer

Les voilà belles, compromettantes ~ absurdes et irréelles,

je les suppose parfois

Oui, fragiles, fragiles et immortelles

Commandant quelquefois une âme à glorifier

*

1290


Inventons le suprême don de : je te le dis,

- de n'être pas encore Toi.

Inventeur du désastre, je me veux parfait investigateur. Non !

Ne point y chercher de splendeur ni de rêve ancien de jeunesse oubliée, -

non !

Mais j'appelle cela : fidélité au Maître spirituel.

Maintenant d'avoir explicité longuement, on me comprendra...

éternel - le six -

Maints minuits, il se jetait dans l'arrogance invitant le chiffre

à être plus que lui-même.

Et la sinistre horloge prétendait en son nul, lui assoupi dans

quelque délire phallique, convainquant même le langage de noter ceci pour

son triste sort.

Et l'apparition vaine de quelque bleuité n'eut rien changé à son

médiocre vide ; et dans la glace renvoyée par une humeur profonde

l'idéale invisible n'eut pu traverser l'idée plongeante de son Néant ; - il se

savait rien.

Dissolvant ses pensées en jets sporadiques dans l'âme insensée

(qui se veut claire pourtant) - la passion était d'atteindre l'ultime faîte

poétique.. le tout se meut misérablement dans quelque chemise égarée.

1291


Errances

Je t'apporte l'avant-projet

Comme semble efficace cette structure interne !

Ils ont des miroirs phosphorescents - ils reproduisent

des images psychédéliques - je n'y comprends rien

Est-ce au voleur de s'affûter ainsi ?

Et combien d'âmes piégées dans cet air

aspirant un faux souffle, se sachant précipitées ?

Je m'obscurcis en ajourné

*

Que sortira-t-il de cette cervelle ? Ce n'est pas le cygne en cristal

dans le lointain de l'âme ~ accès facile à nos préoccupations d'écriture

mais un pensant vieillissant se mourant à la croisée de nos chemins

pour un oubli fatidique de notre inutile.

L'espace en soi se renie, s'éteint jaunâtre ou éclaté.

1292


*

Effrayant sacrifice voué aux rancœurs de l'exorbitante vie ! Éternelle

faiblesse d'une âme incapable de suer quelques sublimes prémices cérébrales !

O tambours spirituels dans cette cervelle immonde se complaisant d'amours

perverses et de lubricités subtiles !

Étroitesses scabreuses jouissant au plus profond de l'intime de la femme,

- Moi avec horreurs et braises chaudes, invoquant les ténèbres ~ chevauchant

des festins sataniques !

Veillées et atrocités sensuelles - transpercé dans des rites immondes - Mais

quoi ! ne suis-je que cela ? - Que souillures de l'âme, que bestialité de chair ? Puis-je

espérer et invoquer un pardon ?

Vais-je m'élever vers un Sauveur ou ne connaîtrais-je que le plaisir immonde

dans les basses-fosses de l'oubli et de l'excrément ?

Un ange épuré m'éveille tout à coup !

1293


*

Concevait absolument rendant inévitable

Du dosage de l'estime ainsi s'y résignait

S'ajustaient dans les effondrements de l'âme

Était prétexte à plus jamais

L'image tremblait chevrotante

Le 27 fois faisait semblant

J'avançais cyniquement croyant à mes mélanges

Quelle singularité dans mes délires !

1294


Approches mutantes

Ô nuit

Ô nuit, baise-moi dans tes envies perverses

De cent façons, que je puisse m'accoupler ici-bas !

Seras-tu étoile filante au plus précis de mon intime ?

Certaines femmes obscures me sont déjà inaccessibles.

Je suis dans la carence de moi-même

Évitant de sombrer dans des extases molles

L'âme s'enveloppe d'un brouillard saumâtre

Et semble gémir pour des querelles subtiles

Ramène-moi vers le sang et l'ivresse sinistres

Je plonge dans des flammes léchant le feu

Voilà enfin la création sublime

Libératrice de mes orgasmes éternels

1295


*

Ou un nouveau cordon tressaille en ire et en révolte ~

en chaos minuscule de se dire : rien, ne, ne pas

Voici le vent insulaire qui souffle au trépas de mon âme ~

il s'agit de giclées insolites enlacées dans un sordide tremblement

1296


Apparences

À disparaître

Elle est à disparaître. Dans le sens de l'inné.

Expliquant les juxtapositions. Pour la candeur de l'âme.

Avec appels et suppliques. Toujours vers le Néant.

Je me tiens dans l'usure. J'exploite les compliments.

Le gouffre des ombres. Et ta furtivité. Contre le bord, je tremble.

Je déploie une nouvelle amertume. A deux, nous prions.

Les ombres encore. Sur le Néant.

Près du cercle, je vacille pourtant.

1297


L'âme tremblante

Ce qu'ils ont vu, c'était une âme tremblante, une succession inexacte

de désirs inassouvis - orgueil et doigt qui délivrent. Vraiment,

tension sous septembre. Soupirs, gravitation intentionnelle.

Tout cela n'était qu'un grand foutoir pour un crâne stérile,

- pour une cervelle servile. Il fallait annuler les flux de ces

belliqueuses intentions - les années allaient de l'avant.

Suffoque, étoile qui dévides l'écoulement des promiscuités stupides !

Vois - je pense autrement.

1298


Les velléités perverses

1

Ce bruit ne saurait mentir. C'est un incontournable

dans la mouvance du temps.

Je te dépèce en velléités perverses espérant

dans le blanc me régénérer par instants.

Tout imbibée d'alcool, l'âme se foudroie

dans ses désirs nuptiaux.

Dès lors, elle conçoit de nouvelles transhumances.

Vers quel abîme, vais-je me fourvoyer ?

Jamais je n'inventerai. Je puis déjà expier. Il s'agit

de morphismes abjects. Je me noie dans l'inconstance.

2

Elle se parachève dans son Idéal inaccessible.

L'or et le feu la contemplent. Est-elle engendrée

par ce délire optique ? En délicatesse de mouvement

elle prie et espère encore

1299


Variances

Le défilé

Le défilé se resserre lentement.

L'âme veut en jaillir. L'ombre prétend être au bord de la lumière.

Ils s'éloignent tous dans l'ombre noire - tous dans l'imperceptible substance

de l'évidence noire.

Dans le vide

Les miroirs plongeaient dans le vide - ils ne reflétaient que le Néant de mon

impossible.

Reste le silence - le silence pour tout questionnement.

1300


Nuit

I

Nuit, enfin. Nuit pour ouvrir ? Si long en si peu. Toi, avance.

Se dresse l'abîme au plus profond des ruines, enfoui dans la mémoire

du temps.

Quel avenir pour l'âme ? La certitude s'efface. Dans l'invisible,

il ne reste rien.

Tu prétends au murmuré - d'élan soufflé en volatile insignifiant.

Tu respires une forme qui se meurt sans substance ni matière,

pour une intelligence immobile fuyant la clarté des choses.

Tu vois, je suis indivisible certain que la durée disparaît

dans ce mensonge de création qui n'est pas.

Scintille ici et là dans tes sinistres clairières. Dévore en mon

sein tes futures offenses. Moi, je m'octroie la sublime lumière

qui avive en ma chair la limpide fluivialité - loin des eaux

dégoulinantes de sang et d'excréments.

Tel est l'orgueil du purifié !

1301


II

Le matin clair. Eté fondu dans cette idéale de transparence - je sais,

jamais n'explosa en lancées, en éclairs immortels, éternels - oui,

avec poursuites de ne pas, ne pas.

Quel parfait négatif ! Entre en toute joie de rien, de peu, d'autrement.

Mais qui comprendra ?

III

Cependant épurées, en ivresse d'insomnies avec raretés invisibles

développées dans mon champ - je sais, j'espère et je m'égare. Mes folies

sont diverses. Je suis en attente perpétuelle.

Et toi. Et toi, de dire, quoi ? Dans tes perversités d'insomniaques,

en travail de prières, que prétendais-tu partager ?

Ce sont des rires loufoques agrémentés d'audaces aberrantes.

Alors vole en éclats l'éphémère insoumis en elle !

1302


Silence fondu

Très pur ce silence fondu dans ce ciel aride

Interrompu par différentes créatures d'âme, de mal et de bien

Où gesticulent des prophètes d'avenir et de Néant

O toi l'âme lassée de ce monde, retourne-t'en vers l'au-delà meilleur

1303


Substances et Distances

I

Hors en moi s'inclinent et s'expriment tous ces naufragés de

l'esprit.

Je quémande pour m'élever quelque peu avec images inconnues

et bégaiements et rires.

Elles viennent et apparaissent, folles ces images de

l'intelligence - le vrai succède au possible.

Le délabrement de ma conscience m'étouffe lentement.

II

J'étais comme fractionné, - douleurs de l'âme -, comme plaie

mentale dans le jamais et le jamais.

Eux fous à l'intérieur, riaient et riaient - dans la moiteur, je

subsistais, au plus profond, empoisonné.

Ainsi, de la sorte, démons ventreux, consumant les fruits exquis

de mon sublime imaginaire.

III

Et toutes les malveillances, caché, j'implorais. A demi démon, à

demi vices - pour ma plainte.

1304


En Toi-Moi

Peut-être en Toi-Moi sur le firmament d'artifices, en pensées

pures, qui exposa le mien

De te, de te - en belle amitié claire de "Viendras-tu me voir", "Je

t'appelle sans fin"

Ô fille avec bourgeon et prémices, chaque tige est en fête, ~

supplions paix et hostie pour le présent et le futur aussi.

Et quelle beauté de pèlerinage planétaire ! En "Je t'aime, Fatima" -

"Je t'aime".

Je ne puis aspirer à l'âme profonde, j'espère l'âme spirituelle

dégagée de sa gangue fangeuse

1305


Les Roses ensevelies

La miséricorde

L'ombre des lointaines - ces silhouettes oubliées

Qui vainement courent en mémoire - empreintes

Grises, vous sillonnez encore dans une âme déserte !

Figurines floues qui appelez là-bas,

Éternelles de temps vous apparaissez parfois !

Dans ces chemins tortueux, écrasés sous des

Brouillards épais, je sais l'appel vers vos

Ténèbres sombres.

Verdissez, verdissez encore

Tiges légères de l'avenir ! Pliez-vous dans

La brise du vent, indiquez-moi la voie

Du lendemain.

L'âme libre, je m'en irai heureux,

Espérant un nouvel exil, espérant et suppliant

Un Dieu de me comprendre avec miséricorde,

Avec mansuétude et pardon - je demanderai.

1306


Endormies sur le feu

Absence sinistre

Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage se dresse

d'un coup.

Quelles sont les limites possibles ?

Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.

Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble poindre.

J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme.

Le silence écrase l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.

1307


De prophétie et prédit en passant à toi,

De

Dit vers le haut

Paul Celan

Reste charitable - dans la tourmente des excréments et dans les

rancœurs de l’impossible - reste charitable !

Bouillonnant dans ta haine, réconcilie-toi un peu, apaise ces

folies excessives - apaise !

au-dehors.

Il est vrai que cela dérive à l’infini, que le tout semble capturé

Lèvre pendante agrémentée de fiels et de folie - il te plaît de

baver quelque chose, et dans ton âme parfois tu souris.

Là ainsi - pour l’autre monde également.

1308


Pensées

sculptées

Mes gisants morts

Et de lumière aucune

Ni scintillements

Ni parcelles magnétiques

Taris dans la nuit

Eternelle et stupide

Complets et satisfaits

Le caveau de l'âme

L'immortelle médiocrité !

1309


*

,qui avance, luit, parle, s'instruit, déplace

et prétend autrement

Pour quelle fraîcheur d'exil ?

Un savoir narcissique...

Envelopper l'idée pour la faire exploser

dans des délires nocturnes, dans des sous-espaces

contingentés en soi

Conglomérat oublié dans le tréfonds de l'âme

Plus rien, de soi à soi et le vaste édifice poétique

Une parole dans le tremblement de l'écriture

Qui va traversant les yeux hagards

dans l'ombre de son âme n'importe où

1310


*

Plus loin, dans l'étendue d'écrire, le paysage de la syntaxe

Echappée, en fuite, où tu es je ne suis

Pourquoi tant d'applications ? Nécessité d'écrire pour construire.

L'obéissance à Dieu.

Outil de créativité mentale avec applications concrètes.

Exploitation de la liberté du langage. Nulle entrave, nul interdit.

Déplacer autrement la vérité, découvrir une nouvelle vérité.

Fuyant dans l'immobile, foudroyé par la vitesse, fuyant encore

Le front ensanglanté dans l'air glacial

Qui est soi, en soi cherchant toujours

La déroute de l'estime, l'éternel refus

Matière délétère de mots à associer

qui s'évanouit dans l'âme du poète

L'insignifiant déplace le sens

1311


*

Rassembler mes idées

forgeron de l'instant

associant encore quelques fragments divers

puisés ici et là dans les rencards de l'âme

Découvrir et trouver une place pour chaque signe,

pour chaque mot

Chercher une substance,

la fixer sur la feuille

éloignée de la rouille et du vent

1312


*

Pour que dans la nuit épaisse, surgisse...

Parvenue à cette parole mienne,

mais rarement autrement

Emportée par la nécessité de substances nouvelles,

évolutives, créatives,

l'âme espère

Et qu'en avançant j'oublie le cortège

de la mémoire et de son passé

Sorti hors de soi, pensé et proposé

1313


Suites et Relances V

1

Délaissant ton corps et sans cesse délaissant

Cherchant une autre brèche

une autre pensée

de tangente intérieure

puis vomir ses entrailles spirituelles

d’esprit se faisandant

Jusqu’à la complète putréfaction

de mon âme pourrie

- Mémoire, corps, avenir exterminés.

2

Aujourd’hui encore cherchant et cherchant

de nouvelles formes d’écriture,

moi médiocre plagiste

A l’ouverture de vos regards

les lèvres de l’espoir

pour quelque paix poétique

1314


Les mots dérivés, déplacés,

volés et repensés

Pour quelles applications ?

3

Est-ce frémissement,

froissement d’étoffe claire ?

Mais que dire ? Que dire ?

Comment poursuivre ?

1315


Suites et Relances III

*

Celui qui voit par la fenêtre

Celui qui pénètre par la pensée

Dans l’invisible de ton âme

Prétend à la vérité.

Ce n’est qu’une émotion de sensations

Imperceptibles sans fondements,

Papillons d’ailes ou givres transparents,

Approches d’ombre sur la surface de l’eau.

Ta bouche est pleine de sang,

Et des crachats immondes tapissent

La caverne purulente de ta cervelle.

Ton ventre chargé d’excréments

Expulse l’ignoble déchet

De ta détestable réalité poétique.

1316


Des labyrinthes fangeux

Des labyrinthes fangeux, des structures internes

Complexes et déplorables, un néant à combler

Par le travail, par la studieuse constance pour

Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,

Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans

L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.

Seul, toujours seul.

Qu'importe d'être compris, d'être

Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !

N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?

Comment achever cette vie inutile faite de rejets,

De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas

Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?

Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question ;

Des labyrinthes fangeux, des structures internes.

1317


*

Les yeux, seuls au monde dans le mouroir d'ici-bas.

J'arrive.

L'immense plongée, la chute.

Faible lumière zébrée.

J'apporte la haine, le sang, la honte.

Tout suinte le long de mes parois.

Mon ombre. D'autres ombres.

L'âme va s'étirant en position ouateuse,

Fileuse et glissant,

L'âme modulable

Comme un nuage de certitude.

Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.

Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.

1318


*

Le déjà-mort, le poète en attente

de cessation de vie, l'attente pénible

du puni terrestre... à la recherche du Néant.

Images et cendres du purifié prêt à remonter,

né pour le Ciel, - dialogues d'âmes.

Les comprendre, s'écouter,

effets de puretés, de perceptions en préscience.

Qui prend le tunnel étroit de moi à Toi ?

1319


*

Dans la folie de l'exquise,

avec références délirantes, persécutions abruptes,

délices expiatoires, provocations sereines, meurtres

enflammés de sexe et de sang ;

Avec langues aiguisées de poison, bavant

du sperme infecté, avec langues fourbies pénétrantes

dans chair de femme - pour l'élévation sexuelle !

Vices, cruautés, outrages - fellations vives,

plaintives comme un couteau dans la gorge nourrie

d'excréments !

Je demande la paix, la solitude de la joie intérieure...

Assez de ces images lancées dans un cerveau qui hurle !

Assez de ces obscénités détestables

qui pourrissent mon âme de damné !

1320


Suites et Relances II

I

La nuit. Et tu m'as devancé dans l'ignorance de

moi-même. Je me fluidifie contre ton ombre.

En nous, un ciel ténébreux, épais de ses secrets,

lançant ici et là ses constellations éblouissantes.

Dans la nuit, j'ai étouffé la question, refusant

le médiocre murmure de tes lèvres, te laissant l'âme

chancelante.

J'ai longtemps interrogé mais ne recevais nulle

réponse. Je suis resté profondément anxieux me doutant

que tout savoir humain était insignifiant et ridicule

face à l'Éternité.

Plongeant au creux de ma chair, j'ai pleuré amèrement.

1321


II

L'incandescence de soi ou l'immense jet intime ?

Moi dans mon propre sang, le cœur noir de douleurs.

Pulsations, et quoi ? Et quoi ? Et pour qui ?

Plus loin, la lumière claire...

III

Je te respire, te pense, je m'engourdis en toi,

je m'écrase sous ton poids, incapable de déterminer

les distances, la périphérie de la gerbe, l'intensité

de feux.

La violence de nos chairs...

1322


*

Les poèmes sont des torches vivantes

Qui n'éclairent qu'eux-mêmes

Pour quelques instants.

Le soleil de l'intelligence

Dont la lumière est vitale

Gerboie d'autres feux,

D'autres substances et nourritures.

Dans le Néant de la chimère

L'âme, reine orgueilleuse,

À la cour d'elle-même,

Égoïste et persiflant

Se prévaut de sa grandeur.

La sagesse de la raison

Est de craindre l'immense créateur.

1323


Résonances

Le chemin de l’âme

L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience

D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité

Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -

La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.

La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?

Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,

Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !

La modification proposée pour le Christ, le dessein,

La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.

Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?

La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,

De perceptions, les rapports, les constructions etc.

Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?

1324


La pauvreté

La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,

De blocage - de privation, avec certitude

De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La

Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,

Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique

Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,

Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?

Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,

De l’homme, de l’athée ? Jusqu’où iront les hommes ?

L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;

A quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi

De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?

La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec

Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,

Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?

1325


Le dépouillement

Le dépouillement - la destruction des valeurs,

Le renoncement de la chair - l’abolition financière,

La remise en cause de l’acquis. À poil ou

Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,

Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.

J’offre un nouveau destin - changez ! l’essence de la

Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la

Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.

Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.

Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer

L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance

Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat

De soi - autre logique - autre certitude, autre

Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?

1326


Résonances

Et mon âme indolente s’épuise vers ton front

Baigné de lassitude, encombré de mémoire ;

Ainsi, va s’épuisant sur cette chair domptée

Par un combat subtil de milliers de baisers,

Mais toi, indifférente et lasse, mélancolique

Apaisée et heureuse respirant l’évasion

Ton corps à l’infini s’éloigne vers ailleurs -

Vers ailleurs inconnu où flottent des vaisseaux,

Des mouchoirs ahuris qu’agitent des passants,

Des silhouettes fines en guise d’un adieu.

Invite-moi alors pour le profond naufrage

Et mes yeux amoureux s’y plongeront longtemps,

Emporte-moi là-bas au-delà des orages

Dans le luxe éternel des étés triomphants.

1327


Élévation spirituelle

Toi si pure et si chaste, toi délice d’un Saint

Et je songe parfois à quelque hostie vivante

Élevée et soumise telle une humble servante

À l’orbe rayonnant dont l’Église te ceint.

Te souviens-tu ? Pour moi, ce fut la certitude

De pouvoir t’observer dans l’espace temporel

Réservé à un Dieu, havre surnaturel,

Langage murmuré de la béatitude.

Ne peux-tu, s’il te plaît, prier en ma faveur

Car voilà trop longtemps que ma raison soupire.

Je délire et délire suppliant le Sauveur.

Constamment possédé par l’âme maléfique

N’en est-il pas assez de se savoir maudire,

Subissant en sa chair d’abominables piques ?

1328


Apparition divine

Et la tristesse encore sanglotait dans mon cœur

Quand mon âme rêveuse noyée sur mainte fleur

Croyait avec espoir aux soupirs des pardons,

Croyait à l’avenir, la chair à l’abandon.

Ma rêverie aimait à voler dans l’ivresse

Quand soudain toi Marie, m’apparus tel un songe

Irréelle et légère, les pieds baignés de roses

La chevelure libre parfumée de tristesse.

Ne sais-tu pas, mon fils, qu’il faut aimer ton frère ?

Dans les nuits oubliées parfois je veux t’entendre

Et supplie le baiser sur le front le plus tendre.

Ma claire divinité, au plus pur de douceur,

Sur le frisson de l’aile, extase tourmentée

Est venue t’implorer, et veuille l’apaiser.

1329


Résonances

Le miroir entrouvert

Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,

La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.

Je me crois entouré d’un éclatant soleil

Qui offre à ma raison des substances vermeilles.

Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse

Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.

Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes

Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.

Je suis toujours pressé et je veux aller voir,

Je subis le Néant de ma propre misère.

Et les années s’écoulent pour cette délivrance,

Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.

L’avalanche de mots me rappelle en moi-même

La médiocrité de ma raison réelle.

1330


La mort du Quidam

La finalité est ignorée, l’esprit se forme encore

Par cette volonté, par cet effort recommencés.

C’est la nuit tragique - au plus profond - il

Discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-

T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? L’idéal

Peut-être ? Soi ? Alors ?

Le sang - la tombe - vers la croix - les douze pieds,

Et : en terre ! Vieux granit, sans miroir, sans retour,

Sans rappel, - l’immense oubli - quelle âme ?

Quelle ? Je l’ignore -

Mais c’était quoi ? - Se connaître ? L’outil était-il

Satisfaisant, apte ? Car la science, le chiffre, la

technique

Appliquée, - mais enfin, - cela n’était que peu

complexe ?

C’est mieux sans doute que de mourir Quidam.

1331


La torche

Pourquoi lui en voudrais-je d’avoir autorisé

L’immonde torture sur un futur saint,

D’avoir tué la vérité

D’avoir étouffé les cris et les sanglots

Les longs déchirements qu’expirait sa bouche ?

D’avoir offert aux rustres et aux ordures

Le droit à la violence et au crime impuni ?

La grandeur d’âme découle-t-elle

De la douleur infligée

Sur le corps de l’innocent ?

L’immense cruauté comme l’immense barbarie nazie

Doit-elle se nourrir de sang et de l’âme

Des purifiés ? Quels siècles ! Quel système !

Quelle horreur !

Et cette torche maudite - qu’embrassera son ciel,

Pour quelles immondices brûlera-t-elle ?

1332


Vendredi saint

Journée déchirante sublime comme un

orgasme

Avec descentes au plus profond du moi

Messie à genoux

abandonné au Mal

Les prières, les suppliques inutiles

Frappé dès sa jeunesse,

d’une innocence indécise

Toujours les âmes des pourritures agressives,

cruelles et vicieuses

emplissaient les lieux

1333


La mort

C’est le frémissement de la mort qui s’en vient

Comme un souffle glacé enveloppant ma chair.

Je ne suis point aveugle, je sens autour de moi

Des présences ennemies percevant mes secrets

Pénétrant, comprenant le subtil et la fin

Qui s’animent dans l’âme en mystères dispersés.

Je suis nimbé de pureté, je sais le Mal

J’entends frapper le cœur inquiet et peureux

Je me cache en moi-même espérant échapper

Aux tortures du vice qui troublent mon destin.

Qu’il est dur de subir cette engeance rebelle !

En entrant dans la vie, on plonge dans l’horreur

De fantômes gazés qui s’acharnent et s’acharnent.

Mais qui le comprendrait, croyant à l’invention ?

1334


Messages VI

Obsession consiste

Déchirure intérieure

de douleurs inconnues

au plus profond du non-Moi,

cachée peut-être

mais perçue, suc,

par la sensibilité

par la vibration émotionnelle

du poète qui pense

Plus loin dans les dédales de l’âme

à jamais invisibles

des images échappées,

fuyantes, effrayées

L’obsession du producteur

consiste à faire remonter le fugace,

l’imperceptible, l’oublié

dans la nuit noire et marécageuse,

l’obsession consiste...

1335


La nuit, je pénètre

La nuit, je pénètre l’épaisse broussaille où s’endort mon

sommeil. Du charbon plein les yeux, j’avance en tâtonnant pour

atteindre une sorte de labyrinthe où s’irriguent constamment les

sources de la douleur et du Mal réunis. Je me calfeutre dans cette

espèce de buissons d’épines pour essayer d’y prendre quelque

repos. Des torches flamboyantes illuminent parfois cet univers

marécageux où je vois d’autres poètes qui y croupissent avec leurs

âmes. Certains implorent et me supplient de les délivrer de ce lieu

impossible. Quelques fois, il semble que le jour veut poindre dans

leurs yeux de misère.

Ho ! Lieu sordide, nuit de l’extrême, s’engouffrer dans

ton vertige pour y disparaître à tout jamais, pour fuir dans l’infini

de l’oubli, et aller de peu à peu, et de peu à plus rien comme un

mouvement qui s’arrête ! L’espérance est dans la mort qui annule

la vérité de la naissance.

1336


Le coq

de femme claire

De la nuit s’endort, de la nuit - quoi ? Une chair frileuse

(Encore une lancée intérieure)

l’air cristallin

et voltigent, s’épanouissent des brassées d’oiseaux dans

(Soudain pour l’âme, soudain)

- le mien, si -

un manteau d’épines malgré les flèches vertes de l’esprit

Il se couronne pourtant,

du moins essaie, se prétendant faible

Le coq aux aguets

d’intelligence de phosphore

à l’écoute de l’Esprit.

1337


Messages V

Ailleurs

Il y a un lieu, ailleurs

Pas trop loin d’ici.

Ailleurs existe donc,

Vous devez le chercher.

Ils disent : « Nous n’avons pas trouvé,

Mais nous avons cherché. »

Toi, tu attends vainement

Espérant je ne sais quoi

De futur, d’avenir.

Il te faut y aller

En oubliant le temps

Qui veut s’éterniser.

Que la mort m’emporte,

Qu’elle extirpe mon âme

Abolissant mon corps.

1338


Rien et maudit

Depuis longtemps tu n’es rien

Âme parfois immortelle mais inconnue de tous

Pourtant je te hais je te sais depuis longtemps

J’exige de toi plus qu’une parution

Je te hais à la chaîne des poèmes

Encore à changer, à refaire, à produire

Par décadence, par progrès de science,

Par médiocrité, par vérité de peu, de rien

Je te hais en exigeant de toi du travail

Pour gagner et perdre - perdre plus que gagner

Ce Moi doit valoir plus écris, écris

Maintenant pourquoi ? Pour toi ? Tu es maudit

Deux questions - nulle réponse de poète

1339


Messages IV

Plainte d’automne

fatigue

Pensée d’automne, lente descente derrière les peupliers

recherches de quiétude dans ce gris bleu chargé de

toutefois

Souffles poussifs sur les crêtes des forêts chevelues

Espace encore, espace d’écriture pour une écriture d’espoir

Je ne plonge plus dans l’image délicieuse de l’enfance

où paraissent çà et là des silhouettes connues

J’ouvre l’almanach de l’imaginaire et j’invente du mensonge.

Souviens-toi de cette lumière qui s’élançait vers l’azur ?

... Oui, je reviens

Je murmure cette lourde poésie d’hier

- Entends-moi.

Non, je dois me taire. Ces mots ne sont qu’insignifiance,

que transparence de sens inutile.

Je déchire lentement les secrets de mon âme, mais je ne

1340


puis entendre cette claire musique qui accompagnait l’élan de ma

jeunesse.

Encore cette saison, je m’obscurcis, je vieillis et je

disparais sans laisser de mémoire, hélas !

1341


Messages III

L’imagination

Il m’était difficile de soupçonner mon imagination

capable de m’offrir quelque chose d’utile ou d’efficace. J’étais à

l’entrée de mon âme et prétendais l’aptitude créatrice creuse sans

possibilité d’élévation. Cela paraissait faible, relativement ridicule

là devant mes yeux, sans le moindre soupçon d’image ou d’idée.

Je décidai de faire demi-tour.

Alors apparue l’irascible femelle, souveraine de mes

misères et de mes splendeurs, femme fatale au collier noir, cruelle

et dominatrice, comme suppliante et implorant je ne sais quoi.

Pourtant je refusais de lui demander de se justifier.

Cette frénétique salope, ce bourreau sexuel était là à

quémander selon le raffinement de sa sensualité supérieure. Elle

se voulait domestiquée, soumise à mes superbes connaissances et

désirait mon esprit de vouloir l’instruire.

Dans la mémoire d’hier, vacillaient encore des

fantasmes de bulles claires, de filles-serpents, de femmes-loups.

Elles étaient ligotées à ma potence de chair érectée.

1342


Alors je me suis vu grandir, bondir hors de ma raison et

regagner le pur lac de mon enfance où j’ai commencé à vivre.

1343


Nous construisons

Nous construisons notre tombeau afin d’accéder à

l’immortel, avec l’espoir d’une étonnante durée. Le poème est

d’outre temps. Homme maudit, tu gémis, tu pourris, vers de terre

rempli de phosphore. Je veux purifier ta sève exaltée. Ne faut-il pas

se suffire de la reconnaissance de l’au-delà sans se soucier de la

crédibilité humaine ? Ne faut-il pas ?

Je m’enfuis, je trouble mon âme, je déploie encore le

fabuleux éventail de diapasons et d’arcs-en-ciel, et le souffle de

feu aère ma cervelle en émoi.

1344


Vie

Il s’inventa un espoir

derrière lui

espoir stupide

il s’exécuta dans la nullité

de sa discipline

sans art

sans avenir

Il mourut, évidemment ressuscita

tel un Christ inconnu

Il connaît à présent la honte

de soi

et vit retiré, caché dans son âme

1345


Messages II

Surgissent

Surgissent

Des spectres royaux

Couleur d'ambre.

C'est instant interdit

Peut-il se saisir,

A-t-il quelque durée ?

Le silence de l'astre mort

Est repu de mémoire.

Il plonge sa lumière laiteuse

Et lèche abondamment

Les vestiges invisibles de mon âme.

Lune de femme, pensée enfouie,

Le sang rimé coule de ma bouche.

Les blessures se répandent en cascades

Dans ma cervelle effarouchée.

La nuit ne dort pas,

Elle conçoit le fruit par son imaginaire.

1346


Conscience

Maintenant que les espoirs trompeurs, les miroirs de

mensonges se sont épanouis dans nos âmes, nos certitudes

d'autrefois deviennent les fondements de notre pensée. Papillons

fouettés par le vice imposteur, agenouillés et suppliants, nous

quémandons le droit à la vérité. Durant un temps immense, nous

avons cru à nos chimères poétiques, nous avons léché le sang des

muses dominatrices, et enfin la raison nous a éclairés de sa

gigantesque lumière. Voici la mort brutale, et nous croupissons

sous l'humus de nos misères encore emportés dans la fausseté

poudreuse de nos folies de songes creux.

1347


Quelle suffisance ?

Qu'est-ce qui me suffirait ? A quelle limite de l'être ? La

poésie est perte, cela m'a été révélé. Le temps à mes côtés et

ennemi a compris que l'homme s'épanouissait dans un dédale de

ruines, dans un labyrinthe de misère.

Certitude d'un esprit dont la conscience est extrême.

Je n'ai pas pu atteindre ce que je désirais. Cela n'était

pas convoitise, cela m'était dû. La main a supplié. Elle a été

meurtrie à coups de talons.

À l'élévation spirituelle, présences de démons, le

sommeil est petit suicide au quotidien.

J'ai longé la voie du mensonge n'atteignant nulle vérité.

J'ai poussé l'espérance jusqu'au profond de la nuit. J'ai allumé

mille feux. Qu'ai-je vu ? Les brouillards dissipés appelaient

d'autres brouillards plus sombres ceux-là, jetant l'âme dans le

néant.

La constance de l'horreur était crime et violence,

destruction de l'intelligence. Comment produire et s'élever,

comment ?

1348


L'on peut employer le terme de désastres. Mais qui

réellement le croira ?

Des forces malsaines civilisées par l'au-delà s'essayaient

à détruire, y parvenaient. Le poète portait le masque de la

malédiction. Quelle effrayante prospérité de maudit !

Seul, sans espoir, quémandant encore l'aumône divine !

Temps, ma dimension intégrée, je sais le volume de ta

présence, les jours comptés de l'espoir. Tu vis à mes côtés. Ne me

trahis pas. Ma plaie est éternelle

1349


Messages I

Me voici à présent

Me voici à présent vivant dans l'invisible, vivant dans

une substance que l'on dit impalpable. Et l'air que je respire, nul

ne peut le voir, excepté Dieu peut-être. Je suis devenu une Ombre,

j’ai épousé une forme qui flotte vaguement, difficile d'aspect,

délétère, que l'on prétend saisir, et qui pourtant échappe. Voilà, je

suis dans l'univers des morts, et cela n'est pas un songe.

J'ai l'étrange impression qu'un œil me fixe ou m'observe.

Je semble voir, mais ceci est relatif, dans un brouillard éclairé une

ombre curieuse qui me cherche et fuit, dans un comportement

bizarre.

Oui, cela semble agiter des linceuls ou tirer des chaînes,

cela semble fourmiller, s'exciter comme des tourbillons légers.

Est-ce un monde de spectres ? La pensée hésite et cherche, ne sait

et doute. Est-ce un lieu de perdition ? Un bagne ? Une tombe ?

Ils vont et se déplacent, murmurant des soupirs ou

gémissant avec douceur. Qui sont-ils ? Quel est cet antre ?

Expliquez-moi ces sinistres visions ? Mon âme délire-t-elle ?

Mais où suis-je ?

1350


Ils vont dans cet espace incompris, dans ce lieu morne

et fétide. Ils semblent danser dans ce brouillard d'éclairs où se

combinent d'étonnantes compositions !

Le vent les emporte, le vent amoncelle sur leur front des

étoffes de nuages. Je les vois vaguement comme des sphères

vaporeuses. Ils glissent, virevoltent puis s'élèvent emportés, lancés

dans les airs. Je crois les apercevoir dans ces brouillards infinis.

Des tourbillons ayant des formes circulaires tentent de

les englober, et les avaler comme une avalanche de neige. Sont-ils

coupables de crimes et d'horreur ? Paient-ils de noirs châtiments ?

Où sont les misérables ? Sont-ils punis, rattrapés par leur

passé ? Hurlent-ils ? Supplient-ils, implorent-ils pour les fautes d'hier ?

Qui pourrait pardonner ? Qui saurait oublier ?

1351


Souffles nouveaux II

Et c’est toujours le temps

Et c'est toujours le temps de la terrible mort.

Elle s'écrase sur l'homme, lui impose souffrance,

Il supplie, il implore la douce délivrance,

La mort tortionnaire jouit et crie : "Encore !"

Elle torture le poète, elle arrache dans l'ombre

Les derniers hurlements d'une âme qui soupire.

Je l'entends s'acharner sur un corps qui expire

Rêvant d'un avenir qui ne soit pas plus sombre.

Toujours dans mes pensées, son spectre me harcèle.

En sublimes douleurs l'ignominie excelle

Et se plaît à vomir ses excès nuitamment.

Moi, Christ offert au mal je quémande du Fils

De libérer ma chair par son pur testament

Espérant qu'à l'esprit il veuille dire : "Suffis !"

1352


Testament

Ma sinistre souffrance qui m'arrache le bras

Pour m'interdire d'écrire, pour m'infliger de dire

Ce que je ne veux pas.

J'attends comme un miracle

La fuite de la mort qui toujours près de moi

Nourrit ma sainteté, mon élévation

Vers mes Dieux sublimés.

Je crie, l'on me déchire,

L'on écrase ma chair plus horrible en ce jour

Qu'un supplice sans fin.

Je veux me reposer

Mais le lit est douleurs, est aiguilles enfoncées

Dans mon corps constamment par le mal effrayant.

J'étais un hurlement dans l'horreur de la vie,

Une souffrance forte qui arrache des pleurs

Des sueurs des douleurs et des cris infinis ;

J'étais le désespoir de n'obtenir jamais

Ce que âme sait faire, ce qu'esprit élevé

Peut rêver concevoir dans l'orgueil de soi-même.

1353


Souffles nouveaux I

Jette dans le noir désir

Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à

enorgueillir tes nuits. Plonge sous la clarté macabre les derniers

délires de tes folies.

Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je

joue par l’analogie, par l’avalanche de mots de la même famille.

Mais quand comprendrais-je que je ne suis plus apte à exciter ma

critique avec de telles solutions ?

Un jour maudit entre tous, je délaisserai ma chair et

regagnerai l’intemporel. Je défis l’existence de m’apporter une once

de savoir...

Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité

me permettant d’agir. Mon “Je” est détestable.

Je cherche à transmettre le produit dans des conditions

extrêmes de gains. Je veux pouvoir dire : je prends et j’ajoute.

Donné aux esprits de l’air, soumis aux verges du ciel ! A

1354


l’aube du poème, je n’étais qu’un fils coupable. Il fallait descendre le

maudire et le soumettre jusqu’à ce que la douleur lui fît produire ces

écrits impossibles.

Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides

de fumée, ce sont des protections ridicules et dérisoires. La chair

adressée... les cicatrices invisibles. L’horreur de la souffrance et

pour quelle Force d’espoir ?

Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et

non pas un amas cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir

splendide, épuré pour y baigner son âme assoiffée. Qui implores-tu ?

Lui abonde, lui est repu !

Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui

contrôlées. Un esprit vif se hâte jusqu’à n’obtenir que le néant de

soi-même.

Il y a aberration à vouloir tout écrire, à se dire :

qu’importe, je parviendrai toujours à récupérer la structure, ne suisje

point un habile trapéziste qui retombe sur le fil ? D’ailleurs, il y a

un filet.

C’est une constance d’incompréhension, mais de ce tas

douloureux monte un effluve léger et dansant qui nous indique la

voie à suivre.

1355


La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair

traçant qui signe la feuille de papier.

De ces déchirements, de ces violences internes, de ces

conflits invisibles, qu’en tirera l’intelligence ?

1356


Maintenant que la mort

Maintenant que la mort nous regarde avec son oeil noir,

nous faut-il haïr le temps d’avoir eu raison ? Pénétrons l’épouse

sombre du temporel, faisons valser les délires obscènes de nos âmes

vicieuses, recherchons le plaisir hagard pour oublier qu’à chaque

instant, sous chaque minute on nous tue.

Le soleil de minuit respire son deuil sous ses dais de

rayons tombant. S’il pleuvait une légèreté de brise, l’arc-en-ciel de

l’espoir éclairerait nos âmes.

Quand je cesserai de te détester, d’expulser ma substance

sublime dans ta chair violée, je te chasserai dans l’indifférence de

nos défis, plus loin, derrière nos souvenirs disparus, à mourir.

Ne m’accuse pas d’indifférence. Que puis-je espérer d’un

cœur qui ne bat plus, d’une chair qui se tait ? Le Mal te torture ? Tu

hurles ? Je ne t’entends même pas souffrir.

Agonisant encore sous quelques cendres chaudes,

j’expulse mes dernières sueurs sacrées, je tire les ultimes

prélèvements de l’esprit créateur. Qu’obtiendrai-je de cette

nourriture nouvelle ? Je n’ai même plus la force de m’entendre

gémir.

1357


Tout ce qui instruisait ma cervelle jouissive était énergie

rapidement ingurgitée. Je n’étais qu’une mécanique d’apprentissage,

avide et jamais satisfaite, cherchant à produire toujours plus, à créer

autrement.

Mais l’obtention du résultat était décourageante. Je jetais

les feuillets à peine achevés dans le mépris et l’indifférence de mon

âme. Je croyais pouvoir faire mieux. Je désirais extirper par le vice,

par l’irritation, par le Rien et le Mal, d’autres poèmes subtils ou

niais, invisibles ou invincibles. Je n’obtenais que le dégoût de soimême.

Faible compassion.

Ai-je eu l’idée, une fois, une seule, de délaisser l’acte

d’écriture ? Je ne le pense pas. Il n’existait aucun autre moyen

d’expression me permettant de catalyser, de canaliser le débit qui

soufflait en moi.

J’affermis mon printemps, bel espoir du passé ! Je

réinvente un rêve bercé d’impossibles, de tentations audacieuses -

mais tout cela est inutile - je cherche le départ vers l’avenir qui me

guette. Pourrais-je encore retrouver cette impulsion juvénile qui me

permettait de savoir et d’admettre, de comprendre et d’analyser en

prescience, parce que jeunesse a toujours raison ?

Quelle heure est-il ?

Il est l’heure de produire.

1358


Et je t’entends, moi le forçat de l’écriture soumis à extraire

de ma cervelle des solutions autres, guère satisfaisantes, mais ô

combien utiles pour apprendre à me détester, et pour m’obliger à

tirer encore de nouveaux rots de cette gorge putride !

1359


Solitude, au plus profond de l’homme !

Solitude, au plus profond de l’homme ! Celle qui se

répand sur mon épaule, lourde de chair et de fatigue, comprendra-telle

un jour le secret de mon songe ?

Splendide solitude au sublime de l’homme...

Je te sais seulement pour ta source de femme, je respire

confusément tes paillettes d’or...

Le désir s’est enfui dans les vapeurs légères de l’orgasme.

Je délaisse ce front de femme offert à la caresse suprême. Je plonge

dans ma propre envie pour me savoir autrement, pour me

comprendre un peu mieux.

Celle qui souffle son haleine claire, comme brise très pure

par ses lèvres éclatées de rouge dans la nacre brillante et parfaite,

celle plus dévêtue que femme, repose corps alangui, rêveur.

Toute perception plus douce à contempler, blonde et

admirée... Idéale sphère qui tient par son sublime ovale du visage...

Toi, de quelle autre grâce supérieure encore t’aimer ? Je la sais

lointaine, mystérieuse encore dans l’invisible et l’infini.

Saveur de chair recommencée et vierge pour l’amant

1360


toujours nouveau, constance d’épouse qui supplie et gémit, beauté

prise au coeur de son intime, dans son essence de femme, ô grâce et

je suis ton captif dans le creux de toi-même...

Par toi, le rêve se forme, les noces spirituelles de l’amant,

de la muse ; par toi, la chair se meurt et délaisse le miel délicieux de

l’âme, grandes douceurs pour l’ultime épanouissement de ton

orgasme.

etc.

Solitude au plus profond de l’homme ! Celle qui se répand

1361


Grappillages

Ne vous agitez point

Ne vous agitez point ; vous pensez que je tremble

Comme une ombre peureuse qui supplie vers les cieux.

J’entends votre présence et je vous sais ensemble

M’observer du regard quand je ne vois vos yeux.

Moi, vous craindre ? Êtes-vous un enfer, un désastre ?

Que l’obscur vienne en moi, et ma sagesse croît.

Et devant la grandeur lumineuse de l’astre

Quand le prophète est bon, le Dieu méchant décroît.

Vous êtes malgré vous de très faibles pensées

Que l’espérance mêle à vos blêmes effrois !

Vous ne me troublez point sous vos ailes dressées,

Pas plus que les corbeaux font tomber les beffrois.

Ô ténèbres, le ciel est une sombre enceinte

Dont vous fermez la porte, et dont l’âme a la clé ;

Et la nuit se partage qu’elle soit sinistre ou sainte

Entre un Satan en noir et un Christ étoilé !

Une variante de “ Spectres ” de Victor Hugo.

Dernière gerbe, 23 novembre 1876.

1362


Légères variantes sur Baudelaire

Spleen

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux pires ennuis

Et que de l’horizon embrassant tout le cercle,

Il déverse un jour triste plus sombre que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l’Espérance telle une chauve-souris,

S’en va battre les murs de son aile timide

Et se cogne la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D’une vaste prison imite les barreaux,

Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup frappent avec furie

Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,

Ainsi que des esprits errants et sans patrie

Qui se mettent à gémir sous le sinistre vent.

Là, de longs corbillards sans tambour ni musique

1363


Défilent lentement dans mon âme ; mon Espoir

Vaincu, pleure. L’Angoisse atroce, despotique

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

1364


Hurles-tu, comme moi

Hurles-tu, comme moi, de torture odieuse ?

Entends-tu quelques voix dire : poète purifié,

L’Au-delà te connaît, et ton âme radieuse

Ira dormir en paix dans notre aire sanctifiée ?

Assoiffée d’illusoire, dans ma douleur rêveuse,

Ma raison s’épuisait, se voulant déifiée ;

Et ma chair crucifiée se prétendait heureuse

Espérant de l’horreur être enfin édifiée.

J’étais le seul génie gémissant son miracle,

Suppliant l’Au-delà, implorant son oracle ...

Le Divin m’écoutait, enfin me libéra.

J’étais baigné d’amour, et la sublime mort

Me bénissait. Hélas ! N’était-ce que cela ?

Je quémandais toujours, et je souffrais encore !

1365


Litanies tragiques

I

Je ne peux plus encore supporter cet outrage.

Il me faut pour longtemps éloigner cette rage.

Toi qui me vois subir les maux où je suis mis,

Et toi qui te prétends être de mes amis,

Viens-t’en pour écouter et ton roi et ton maître ;

Aide-moi quelque peu, et fais-moi me démettre

De l’injuste destin que les Dieux m’ont remis,

Oui, donne-moi l’espoir de ce qui m’est promis.

La haine, la violence s’acharnent dans mon âme.

La pensée de vengeance jamais ne se désarme.

C’est un corps, c’est un cœur qui réclame son dû

Et qui supplie son droit ...

II

Aide-moi quelque peu, et fais-moi me démettre

De l’injuste destin que les Dieux m’ont remis,

Et donne-moi l’espoir de ce qui m’est promis.

1366


III

Toi qui me vois subir les maux où je suis mis,

Toi qui te peux prétendre parmi tous mes amis,

Écoute quelque peu et ton roi et ton maître ...

IV

L’emprise du pouvoir m’impose ces désirs,

Me dispose toujours d’espérer ces soupirs.

Serait-ce condamnable que de vouloir régner

Moi, qui depuis des ans de mon trône éloigné,

Conjugue mes efforts pour grandir en mon Père ?

Me serait-il coupable d’évincer cette mère,

Celle-là qui décide contre un sang d’héritier

D’accroître sa puissance devant le peuple entier ?

N’ai-je pas le devoir de prétendre à mon rang ?

Ce n’est point se mentir quand issu du plus grand,

Les Dieux ont décidé par cette race altière,

De bénir ma naissance et ma présence fière.

1367


V

Je ne peux plus longtemps supporter cet outrage.

Il me faut au plus tôt éloigner cette rage.

Toi qui me vois subir les maux où je suis mis

Et toi qui te prévaux d’être de mes amis, ...

1368


Sonnets 84

Hymne au Divin

Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,

Toi qui du noir obscur engendres la lumière,

Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,

Et du génie sublime éclaire tes sueurs,

Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,

Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,

Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,

Qui implore et supplie son impossible espoir ?

Car tu peux abolir les lois et son futur,

Et te faire obéir du vil et du plus pur,

Imposant dans les Cieux le puissant repentir.

Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,

Qui d’Essence promise défais tant de remords,

Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?

1369


Ô mon âme incomprise

Ô mon âme incomprise, ne te languis en rien !

Tu te dois de laisser l’insensible critique,

Incapable qu’elle est par son droit despotique,

De savoir séparer l’ivraie de son bon grain !

O mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !

Tu ne peux l’ignorant de toujours l’accuser,

Innocent qu’il sera, ne veux-tu l’excuser,

De ne comprendre point l’amour et son soupir ?

Il est qu’un Comité satisfait de son rang,

Prétend par le pouvoir qui lui est conféré

Décider du savoir dont il use en régnant.

Il ne sert de jurer de son inaptitude

A vouloir encenser ce qu’il a préféré,

Même si son erreur prêche l’exactitude.

1370


Je voudrais m’endormir

Je voudrais m’endormir dans les yeux de la Mort

Glisser tout doucement, mais sans aucun remords ;

Sans regrets, sans soupirs, m’étendre dans la nuit,

Tomber dans l’ombre noire du soleil qui a fui.

Je voudrais respirer les plaisirs de la Mort,

Les jouissances promises, délivrances du corps,

Et libérer enfin les tortures de la chair

Qui condamnent mon âme aux sombres adultères.

Je voudrais voltiger par-delà l’univers,

Glorifier mon esprit au-dessus de nos sphères,

Purifier les noirceurs qui hantent mes malheurs.

Parvenant à chasser par mes vœux les plus chastes,

Les horreurs de la vie, ces terribles douleurs,

Foudroyer ces frayeurs à ma raison néfaste.

1371


Je ne te dirais point

Je ne te dirais point mes amours immortelles,

Ne sachant les bonheurs qu’on éprouve en ces lieux ;

Et me tairais encore des beautés éternelles

Que mon âme féconde propose de son mieux.

Mais je puis te conter les douceurs solitaires

Que la gorge et le corps expulsent de leur mieux.

Ou te parler toujours des hontes urinaires,

Que ma panse gonflée propulse en tous ses lieux.

Tu vois qu’étant misère aucune chair abonde ;

Quel que soit le logis où le plaisir est monde,

Il est que fait poète on me veut malheureux.

Je me sens entouré par l’âme maléfique :

Et c’est bien le désir d’une muse saphique,

De sublimer l’écrit pour me voir douloureux.

1372


Tombeau

Dans la poussière d’ombre, là il gît tant nié.

Au nocturne génie, il gémit délié.

Telle sa chair déjà nue se plaît avec le vers

Au plus loin du phosphore et dans la nuit offert

Fait le rite sacré du mortel qui se tue

Comme d’un similaire dans son crâne se rue

Offrir sa fibre exquise, et les deux vont sur l’os

Pour quelque gain de corps avides du héros

Livrez ce cliquetis que son pur élevé,

Se tire de son Mal et s’étire de sa tombe

Et périsse en ce lieu, que demain il succombe

Oui, libre de ses vers enfin lui envolé...

Mais dans les mânes pauvres, l’a supplié, là il prie

Accablé de Néant, encore a-t-il compris ?

Son âme que s’ignore en bêtise de mort

Au creux de son vrai ciel si faible hélas repose

Et occupe son rien que l’au-delà lui pose,

Mais plus d’or ni d’exquis, qu’un règne de remords !

Ignoré dans l’humus, souffrant le sort de l’homme

1373


Inapte pour son frère qui le rit quand le nomme

Seul, au Néant de graine reçoit sa peine triste

Qui est moins pour son Mal que cet ange sinistre

Oui, dormir qu’il lui reste, - la part belle du nul

Ha ! Créer pour pourrir le moi, hélas, s’annule.

1374


Le Livre blanc

Quand j’aurais épuisé

Quand j’aurais épuisé ma semence charnelle

Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,

Quand le noir repentir sur la couche d’extases

Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,

Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,

J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,

Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas

J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.

Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal

Descendant l’escalier de mon vice infernal

De ces vers resplendir le feu des passions ?

Dans la nuit son phosphore rongera mon remords

Et me fera mourir de pénétrer ton corps,

Ô mon sublime objet, sombre tentation !

1375


La conscience de l’amante

Je pourrais pour te plaire prodiguer sur ton corps

Les caresses insensées qui chassent les remords

Et donner, mon amour, sur ta chair déjà lasse

Les plus profonds baisers que ton désir embrasse.

Je pourrais t’infliger les sublimes détresses

Que ton âme envoûtée supplie dans ses ivresses,

Et frapper sur ton cœur les fantasmes sanglants

Que ton esprit vicieux implore en gémissant.

Mais je sais qu’éloigné de la passion charnelle

Éclairé du génie par la flamme éternelle,

Tu vis dans ton Néant que je ne connais pas.

Jamais je ne saurais en mes superbes poses

Proposer de mes charmes les folles métamorphoses

Et offrir au poète la beauté des appâts.

1376


Le tortionnaire repenti

Il cherchait dans l’excès des jouissances cyniques,

Le plaisir tyrannique de posséder un corps ;

Des haines et du besoin de torturer encor,

Il plongeait dans l’horreur des souffrances physiques.

La semence expulsée, son symbole sexuel,

Le poussait tout entier vers des transes barbares,

Pareils à des vaudous dans leurs danses tribales,

Avant de profiter de l’offrande charnelle.

Il nourrissait sa nuit de fantasmes maudits,

Il créait en son âme les sublimes interdits,

Dépeçant les humains, les cadavres et les morts.

Après avoir tué, satisfait de ses crimes

Coulaient sur ses joues rouges des pleurs et des remords,

Des sanglots de pitié qui priaient ses victimes...

1377


Il faut pleurer ce Dieu

Il faut pleurer ce Dieu d’infliger ces tortures

A la masse d’humains implorant vers les cieux

Des prières de paix contre un monstre odieux

Qui toujours se complaît dans les cris des blessures.

Je connais ton extase, ô beauté immortelle,

Et je bois à ta source, assoiffé de l’envie

De jouir des présents que compose ta vie

Éloignant au plus loin les souffrances charnelles.

Il est que mon sublime s’inspire de ton corps

Et chasse de son âme ses passions et remords

Refusant l’au-delà qui jamais ne m’inspire.

Je goûterais longtemps les plaisirs de ta chair

Me vautrant dans le lieu du bonheur qui délire

Voyant peu dans l’azur le signe d’un éclair.

1378


Sanctification

Vous pouvez torturer le corps le plus sublime,

Infliger à son sort les horreurs de l’infirme,

Vous pouvez arracher les cris de la souffrance

Et faire hurler son âme jusqu’à la délivrance.

Il est que son génie sait subir de son Dieu

Les terribles douleurs d’un au-delà odieux ;

Il peut à l’agonie supplier cette Mort,

Et convoquer l’Amour d’implorer son remords.

1

Tu peux me torturer et corrompre mon âme,

Me plonger dans l’horreur et sa terreur infâme.

Que je sens dans ma chair souffrir tant de remords !

Une infâme disgrâce serait douce à ma mort !

Mon esprit tourmenté supplie un repentir,

Et son âme en disgrâce implore un long soupir.

1379


2

Que n’aurais-je subi de plus grande souffrance

Que d’avoir vu le jour et cette délivrance !

Que ne puis-je bannir par ma mère enfanté

Le cri de ma naissance à mon cœur infligé !

Tout ne fut que malheur et pauvreté de l’âme !

Et dans ce rouge corps, la noirceur et l’infâme

Le vice et le supplice se confondaient déjà !

3

Fais calmer ton génie, ô mon âme pensante !

Il te serait mauvais d’aggraver ta fureur.

Fais calmer ton génie, ô mon âme pensante,

Adoucis les ardeurs d’un esprit incompris.

Dans l’ombre ténébreuse où règne mon esprit

S’agite un Idéal de vices et de mensonges.

1380


Ce transfert stérile

Un transfert stérile de la capacité intellectuelle vers de

nouvelles données incomprises par l’âme pesante, une

recherche profonde de savoir, cette exploitation intime du

moi interne ! Et le pur Néant, facteur de détresses nocturnes,

d’investigations incompréhensibles, incompatibles avec la

réalité du lendemain !

précoce...

Silence et pluies et brumes vers son Azur vert, amer et

Suicide

Laissez-moi violer mon âme, Hommes de Rien !

Laissez-moi punir cette intelligence qui s’essaie à penser ! Je

veux la réduire au Néant. Elle m’appartient. Elle est mienne.

Je puis décider de son sort.

Clair obscur

Une nuit que je fus dans la détresse sublime, dans la

souffrance que seul le Néant peut abolir, je reçus l’ombre,

1381


l’ombre belle envahie de mensonges, d’insouciance et

d’erreurs. Leurs lumières obscures éclairaient mon âme

d’images impossibles et de tintamarres distincts.

1382


Sueurs sacrées

Qu'ils sachent

Qu'ils sachent mes horreurs, qu'ils devinent ma

possession. Le Mal était de toujours se soumettre à l'extase du

crime, à la jouissance du Dieu.

Cadavre de puanteur, exilé dans l'âme du satyre, moi

l'envoûté, le dominé, j'extirpe ces belles larmes, cris de mes

feux passés, de mon innocence sereine.

Tous ont entendu

Tous ont entendu son cœur frapper contre les murs.

Tous, silence de mort, ont laissé s'accomplir les horreurs dans

son âme.

Comme Dieu applaudissait et se gaussait de son

supplice, il rampait traçant de pierre en pierre son déchirement

fatal.

À chacun de construire son tombeau.

1383


Il te faut hurler

Il te faut hurler, crier parmi les ombres.

N'interdis pas à ton âme de penser autrement. Jette ta

morale coupable de te brimer.

Détruis tous tes Dieux, ton Christ et sa puissance

excessive. Médite-le selon tes sens, et reconstruis-le à ta guise.

Il n'en sera que plus vrai, que plus irréel voire immortel.

Si Dieu

Si Dieu était bon, il n'aurait pas souci de créer des

âmes pour leur faire subir le châtiment éternel. Il voudrait

mieux les rayer de son principe de vie, sachant que par son

système, elles ne subiront que la torture.

Jugement

Cérémonies et sacrifices. Je prosterne mon esclavage

aux yeux des invisibles ; j'observe moi le coupable mes

ignominies et mon vice. Ho ! Soumissions et punitions.

1384


On sublime l'âme, on la torture ; on décide que celui

qui est aimé doit se tordre à nouveau ; j'entends dans mon esprit

le Mort suggérer quelque chose ; j'écoute l'ombre proposer un

autre sort.

Et démonstrations : ils complotent sur mon avenir

devant le spectre de Dieu ; ils confondent mes actions passées

avec mon futur. Faibles jouissances et soupirs, en vérité.

Son âme déchirée

Son âme déchirée souffrira-t-elle encore

Les supplices arrachés dans les cris de la Mort ?

Et son cœur implorant subira-t-il le mal

Quand l'ange du Méchant se fera infernal ?

1385


Suffis-toi de toi-même

supplices de ton âme.

Suffis-toi de toi-même, homme au cœur qui saigne les

Nos deux ombres s'accrochent dans la vallée des pendus.

tournés vers la Mort.

Nous n'étions que deux cœurs qui cherchaient leur amour,

L'aurore bleuit, la dorure fleurit ; commençons par créer le

monde, par croire en notre espoir.

Avec son sexe, il expulse ses tortures. Avec son âme, il

amasse ses horreurs dorées. Il crache son soufre âcre, il boit l'acide

souffrance.

1386


Par-delà le savoir.

La victime du Divin est plus riche que l'aimé de

Satan. Je ne te consolerai pas de tes maux, mais j'embrasserai

tes larmes.

flammes.

Il y a un feu dans le foyer, l'âme danse sur des

Par la magie du savoir, ton esprit tremble. Écoute ce

cœur frémir pour le Bien et le Mal.

Le cœur couleur pensées, lumières ou ténèbres

comme l'âme qui croit et se désespère.

Nous n'étions que des spectres drapés dans les linges

du lit, qu'invisibles formes dans l'ombre des nuits.

corps unis.

Je perce ton sexe jusqu'au néant des orgasmes, âme et

1387


Dédoublement

Il était deux fois, cette âme sortie de son corps ; âme

purifiée élevée vers Dieu. Son souvenir suppliait, souvenir pour

toujours oublié.

Tout Néant et tout Espoir mêlés dans l'inconnu se

partagent le vice suprême d'être incompris. Il n'a pas la

souvenance d'avoir une fois été entendu...

Interdit dans tes douleurs

Interdit dans tes douleurs, tu pleures substance

sublime sur la chair de ton Néant.

Expulse ton sang ; sur les rives du rien, propose ton

sexe ; seul le corps est pour les âmes insensées.

Je te nie, magique fée. Que faire de tes couleurs ? Je

me suffis du prisme. Que dis-tu de mes poèmes ?

1388


Si tu consens à la torture

Du moins si tu consens à ta torture, que ce soit pour

ta purification suprême.

créeras.

Embrasse l'objet du Mal, car seul par le Mal tu

Le vice nuptial est de loi, n'est pas interdit. Le

bonheur sadique est raison du poète, devient l'instrument de ses

dires.

Satisfais-toi d'embrasser la Mort, de la soumettre à

t'entendre toujours. C'est l'Immortel qui se joue pour ton âme,

dans leurs haines.

1389


Douleurs extrêmes

Ô céleste destin

Ô céleste destin insensible aux souffrances

Que subissent les âmes dans leurs vaines espérances,

Mais quels malheurs encore pourrais-tu m’infliger

Moi qui connus l’horreur pour l’avoir approché ?

Cesseras-tu

Cesseras-tu Seigneur, de torturer cette âme ?

De grâce, achève enfin d’infliger tant de larmes.

1390


Couleur sang rouge et noir

Ô combat inhumain ! Ô la sombre tuerie !

C’est l’horreur de la Mort, cette triste furie !

C’est un cœur qui supplie la fin de son martyre,

Une âme purifiée soumise à son satyre.

C’est un corps tuméfié, arraché à son sort

Et qui subit en vain ses vices et ses remords ;

Ses lèvres ensanglantées marmonnent un faible espoir

Et de sa bouche blême coule un sang rouge et noir.

1391


Brouillards

Brouillards de ténèbres

Formes vagues de mes rêves

Vous circulez,

Ombres blêmes de mes nuits.

Sceptres qui s’envolent

Dans les amours folles

Vous priez,

Et les plaisirs s’enfuient.

Formes belles du songe

L’image folle prolonge

Son désir qui prie.

Mais mon âme espère

Ce cœur se désaltère

Dans l’espoir infini.

1392


Que me dis-tu mon âme ?

Que me dis-tu mon âme, âme tant déchirée

Après tous ces tourments tant de fois arrachés ?

Que me veux-tu, mon corps, ô mon corps crucifié

Après tant de tortures, par le Mal, horrifiées ?

Nous pleurerons ensemble les larmes les meilleures,

Rien ne vaut le repos de nos tranquillités.

Le saint

Je pardonne au Seigneur de m’avoir torturé,

D’avoir commandité les souffrances de l’âme,

Mes frères, ses Esprits, m’ont voulu crucifier

Enfonçant dans mon coeur violences et flammes.

Je t’aimerai, Seigneur, suppliant dans mes larmes

La fin de mes horreurs, l’espoir d’un envoûté.

Et je prierai encore un bonheur sans ses drames

Moi qui hurle toujours et qui ai pu douter.

1393


Constat

Ils ont dit : “ Je vous aime ! ” Ils n’ont fait que haïr.

Ils prétendaient m’aider, ils m’ont voulu trahir !

Je souhaitais grandir pour élever mon âme,

Mais ils m’ont torturé et frappé dans les larmes. ”

1394


Sachet d'herbes

Je ne pouvais souffrir

Je ne pouvais souffrir plus grandes déchirures,

Car le mal insoumis me rongeait de tortures.

L’Idéal des Amours allait, tirait ses pleurs

Infligeant au mourant de terribles douleurs.

Il me fallait hurler dans l’horreur de la mort

L’infâme sentiment qui s’arrache du corps

Et qui a infligé à l’esprit purifié

Les tristes sanglots du Soleil déifié.

Sublime vision au Néant emportée !

Ô terreur de mon âme à jamais envoûtée !

D’exaucer

J’ai prié le Seigneur d’exaucer mon espoir

Offrant sur un autel les cris de ma mémoire.

Cependant en retour, de combien de sanglots

Mon âme suppliante a déversé de flots !

1395


Ombres bleues

Un Dieu insensible

Un Dieu insensible aux prières de ses mystiques,

vivant dans un autre espace-temps, là-bas où les heures

s'écoulent rapidement ! Oui, la douleur n'est point ressentie par

la Force Spirituelle.

Un système divin stupide ou inaccessible aux

humains, un système qui réduit l'Innocence à la plus atroce des

souffrances.

Des milliers de questions accrochées comme des

électrons aux noyaux de la matière gravitent ou dansent autour

de son âme.

1396


Prières Phrases Exil

J'ai vécu

J'ai vécu, réveillant le Mal qui croupissait autour de

mon âme. Dans les nuits affreuses, j'ai crié cherchant à le

chasser plus haut, dans l'exil.

Lieu d'épouvante, infernale chambre, pour quel

amour quand chair et corps se consument dans les braises du

Démon ?

L'ombre console du présent, nous étire vers l'avenir.

1397


À une prière

Accablé si bas dans la fange

Le spectre s'anime et danse

Et je subis son mal sanglant

C'est l'union des mauvais sens.

C'est la haine éternelle du maudit

Frappé à coups de fouets

A coups de viols et de noires sodomies.

Quels appels pour soulager mes plaies ?

Dieu est mort, Dieu n'entend pas

Christ est accroché à son crucifix.

Et pleure le torse tendu vers le ciel

Comme la colombe aux ailes de Paix.

Purifié chasse les esprits

Qui rôdent dans mon âme

Éloigne les sales, les infâmes

Qui détruisent mon horrible vie.

1398


Louanges du feu

Une ombre d'ombre

Une ombre d'ombre tentait de me soutenir, débordait

mon désobéir et je sombrais dans le naufrage de mon âme.

Vainement accaparé par mon deuil d'œillets blancs, je

rêve encore à vous peaux sans saignements, roses bouches

d'enfances presque défuntes.

Baigné dans des tempêtes inertes, mon corps se noie.

Qui comprendra ma fin ?

bien.

Il était l'heure, l'heure de mourir. Il ne savait plus très

Ma boisson est plus sûre qu'un écoulement de femme.

Pluie d'or, ou vin rouge.

1399


New Sessions

Endécamus

Ce n'est qu'un lieu dans l'âme impure, et l'être se tord de douleurs. De

l'incendie à l'inhumaine souffrance, d'un cataclysme fiévreux aux feux

injectant leur incarnat de rêve, j'expulse mes atroces secousses rythmiques -

et par ce vent de glaives, j'invoque la destruction des dieux.

Quoi ! Les fluctuations, les tempêtes et les orages empestés ne sauraient

révéler ce travail de haine ? Des cantiques éclairent tout à coup les ondes

purificatrices dans cette harmonie de souffrances et rôdent amitiés

malfaisantes. L'orgasme persécuté, la malice rebutante sous les regards des

treilles concrétisent déjà les horreurs à venir.

Opaque cité, cité pour l'élévation ! Que le temps façonne le pardon de tes

fautes ! Va, toi impassible et fière dans les débris de l'âme inculte. Va à

l'extermination assurée. Ton devoir te l'impose, va !

On réduisit à presque rien l'holocauste dans ce pays superbe. Les paroles du

saint s'évadaient tristement au milieu des comparses délaissés. L'onction ?

La croyance du mythe, qu'en firent-ils donc ?

1400


Folie ou acte de bravoure ? Qu'en ce jardin tumultueux un convive use de

parfums célestes et viole la Muse dilettante assise sur son arbuste ovale !

Ô fruits ! Qu'un spasme enfin s'émancipe loin des contrées de la noirceur !

Que remplis de promptitude jaillissent les chevaux sauvages ! Car tu ignores

la mélodie exacte de ma finitude, et tout mouvement suave de mélange

s'évade hors de ces complaintes malveillantes.

Regarde Endécamus ! Qu'est-ce que la mort quand le Vésuve souffle à

grands gestes dans ta nymphe égarée ?

1401


La foi implosée

Tu déchireras ta tunique pâle et sacrée sous les terrasses mauves.

Apothéoses ! Étoilements des âmes et rejets poussifs !

Un moine convoite toujours l'égarement de son tabernacle - loi passée sur

des enchères spirituelles quand les hôpitaux drainaient l'odeur fétide des

lieux.

La parfaite crucifixion monte, couverte de plaies sanglantes ; encore ton

repos noyé ; le limpide lac entre deux bras de mers ; les lames de ton sabre

happent le nivellement comme les anciennes catacombes ressurgissent dans

les salives boueuses, chemins de haine, et lambeaux de peaux mortes.

Le tragique épilogue divin, versificateur des vertus ! C'est le drame fécondé

de l'esprit de conversion. Pas de doute : l'esprit que tu habites coagule

l'excrément et l'urine bestiale. Il faut, Inconnu, te forger un organe d'acier

constellé de marques violettes. Mais les distensions suffisent à ton

expérience. Tes saillies prouvent que tu as trop espéré. Je t'appelle,

apothicaire des fois jaunies.

1402


Le novateur voit l'inconscient disparaître. Luttent avec tes forces mentales,

une propagande de faces endiablées ! Toujours la chasse crasseuse dans les

panses ténébreuses ! Les mots pincent les tonsurés, et les chocs transitoires

émigrent vers le joug tenace.

1403


Affreux cataclysme

Affreux cataclysmes soumis à des vomissements hideux !

Effrayantes faiblesses infligées à la conquête misérable de l'homme !

Troubadour éternel d'une souffrance vaine dans les rencards

de la maudicité qui crache et vomit les massacres et les horreurs de nos

peines !

Et quoi ? Stupides étroitesses et lugubres tentations

dans la chair impie de la femme ?

Ô mon âme purifiée ! Éloigne-toi de ces vulgaires tentations assassines.

Fuis ces sombres ténèbres. Appelle enfin la Clarté de m'élever très loin

de cette basse médiocrité terrestre !

1404


L'horrible martyre

Que ne puissions-nous régner sur notre âme en paix et en toute

liberté ! Que ne puissions-nous choisir la route à emprunter ?

J'ai essuyé des tornades et des malheurs si vastes qu'un homme sensé

les eut comparés à un horrible martyre. J'ai gémi et je me suis roulé

dans la terre les poings crispés vers le ciel pour supplier ma délivrance.

Le Mal me rongeait plus cyniquement encore, m'infligeant d'effrayantes

souffrances. Et c'était le Néant, le chaos et la peine immense ! Il ne restait

plus rien.

Pas la moindre lueur pour éclairer mon âme, pas le moindre résidu

ou un semblant de vie ! Pas un insecte, pas une fleur, pas un brin d'herbe !

La pierre dure et froide, et l'univers borné et stupide pour reprendre mes

forces.

Tant d'hommes sur cette terre nés pour souffrir ! Combien de crimes

à leur reprocher ? De combien de meurtres sont-ils coupables ? Est-ce donc

cela l'enfer terrestre ? Moi qui croyais mon âme pure et chaste !

Seigneur, qu'un astre nouveau se lève de cette tombe ! Et que j'en cesse

enfin avec cet ignoble supplice !

1405


L’exil du soir

Plus bas, l'exil du soir. Hélas ! tout semble meurtri. Va plus loin et

implore cette divine incantation.

L'œil, l'œil farouche veille. Il s'offre et désire tuer.

Flamboyants couteaux qui ruissèlent de sang. Ô plaies subtiles et

perverses pour l'ultime prostitution !

Les plus vicieuses se prosternent jusqu'aux frontières de l'interdit et

vomissent les soupirs de leurs sens.

À détruire tous ces bas instincts premiers, ces persécutions et ces

tortures sexuelles.

L'homme crache son feu hors de ses entrailles. Visions- visions

d'apocalypse !

L'enivrement s'engouffre dans de monstrueuses orgies et convoite

les plaisirs malsains de la chair.

On se nourrit de stigmates et de plaies, de lambeaux et de pus jaunis ~

déplorables puanteurs !

1406


Des putains endiablées - sortes de sorcelleries et de spasmes avec

meurtres et

Succubes pour l'âme impure pleurent et se roulent dans l'inceste et

l'immonde.

Quelle fuite ? quel exil ? C'est la plongée éternelle accompagnée de

longues dérives.

Coagulés au sang et à l'excrément, les âmes demeurent inachevées.

Éternelles complaintes pour un pardon jamais avancé !

Et quelles images pieuses ? Quels espoirs pour demain ?

Toi cadavre, toi damné, va au feu, va dans l'amoncellement des

cendres de

ton Néant,

va.

1407


Stigmates et déchirures internes

Avec ces marques imprégnées usant ta terrible vigueur divine ; avec

ce

Harcèlement perpétuel que tu subis hélas sous les lumières torves et

déchirantes, quel déplorable esprit de la soumission, quelle jouissance

stérile sous des hurlements de haine et de plaisirs !

Tu te déploies avec ces positions lubriques et dégradantes comme une

fille

Perverse nageant dans de monstrueuses orgies. Tes supplications ne

sont

que de pleutres facilités de la chair et tu délaisses la moindre once de

spiritualité supérieure.

Tu aimes à entendre ces languissants coups de fouet qui s'abattent sur

ton

Ame révoltée mais soumise.

Des flux d'extase illuminent tout à coup comme des torches vivantes

l'intérieur possédé et visqueux de ton âme en délire.

Tu gémis avec l'horreur de la déformation. Tu vis avec cette bestialité

sublime que tu sais battre en toi comme une puissance infinie et

pourtant

1408


invincible.

Tu acceptes cette soif de perversité dont le seul luxe est pourtant de te

nuire. Après la contemplation languissante de ce règne putride, après

ces luttes grotesques et ces hurlements plaintifs, croiras-tu encore

aux

délectations fatidiques, aux hymnes triomphants dans cette caverne

sulfureuse ? Hontes du corps et de la chair à chaque heure du jour et

de la

nuit !

Que restait-il de ces voyages bienheureux ? - Des sentiments blafards

disposés sur des couleurs tonifiées, des fluides d'extase répandus dans

une mémoire à jamais délaissée. Étaient-ce de magiques scintillements,

des flammes neuves ou des flambées exaltées ?

Elles prolongeaient l'excessive satisfaction dans des cruautés mêlant

les symboles et les cruautés du soir. Elles permettaient d'exister pour

fuir le futur d'un chaos, et leurs forces appliquées étaient dispersées

avec ferveur. Fiévreux amalgames de rêves pour des privilèges et

des libertés soumises.

C'est vrai : j'ai aimé ces violences foudroyantes et ces explosions

impossibles pour fuir l'immense quête du Néant ou l'insignifiance du

Temps et de la raison.

1409


C'était prétendre en la suprématie du corps sur l'idéal de la pensée

rêvée. Il ne reste qu'une déchirure interne que le temps saura

cicatriser.

La folie perverse

Encore cette folie perverse qui s'oppose à l'âme pieuse ! Encore cette

persécution cérébrale pour détruire l'orgueil de mes vingt ans !

L'inconscient que tu vénères te dénigre à présent. Homme seul et

oublié, tes plaintes et tes supplications resplendissent à la porte du

Moi. Se mêle et s'entremêle l'Angoisse dans ta ténébreuse nuit.

L'Angoisse explose pour des néants d'extase ! Va vomir tes crachats

et tes assassinats où ta putréfaction est insoutenable. Tu m'offres les

portes secourables pour un éternel pardon. Toujours des plaintes

caverneuses avec échos et faux semblants !

Les pensées qui amèrement ont pourri iront-elles se jeter dans le feu

de l'Inconscient ? Iront-elles nourrir une terre déjà grasse et fertile ?

Un Inconnu y pense à mes dépens.

1410


L'huile fraîche

Que le délassement assombrisse

Que le délassement assombrisse les pensées élevées !

Que l'or battu parmi les treilles inonde les pages de

transparence ! Que l'orgueil envoûté par un maléfice inhumain

use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! Oh !

Qu'une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse

emplisse mes veines !

Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves

de la déportation. Il nous faut être bien nés dans la solitude, - là

est la dernière image de l'amour ! Vies de l'âme, ingratitudes

des râles, la volupté est bénie encore. La volupté contemple le

monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du

moi.

Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux

présage de l'enfant, dit l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.

1411


Les rayons suprêmes

Les rayons suprêmes se détachaient sur des trames de

couleurs. La raison tremblait dans l'âme du pauvre. Bientôt les

valeurs délicates furent trempées dans de la cire avec un sceau

royal pour effigie.

Point de mesure. Le décor condamnait l'hôte à toute

délectation. Une montagne à venir ? Non, le contour ! Non,

l'attente ! Non, le repos ! Il fallait marcher plus vaillant que la

mort, plus fort que la paix.

Mais pourquoi transformer l'acte fécond en images

saillantes ? Pourquoi, grandir dans les louanges, sombrer dans

le théâtre de l'imagination ?

1412


Opaque cité

Opaque cité, cité pour l'élévation ! Que le temps

pardonne l'existence de tes sens ! Va, toi impassible et fière

mourir dans les débris de l'âme inculte. Va à l'extermination

assurée ! Ton devoir te l'impose, oui, va !

On détruisit l'idée de l'holocauste par ce pays

superbe. D'un saint, les paroles s'évadaient tristement parmi les

comparses délaissés. L'onction, la croyance, le mythe, qu'en

firent-ils donc ?

Ô fruit qu'un spasme émancipe, que la gratitude

jaillisse sur tes chevaux sauvages ! Car tu ignores la mélodie

sans fin dans le mélange de nos plaintes merveilleuses !

1413


L'impossibilité

L'impossibilité de régir tout acte contrôlé,

l'insouciance d'une exploitation misérable, l'acharnement

parfois stupide dans la continuation de la tâche, - une faiblesse

reconnue en quelque sorte, voilà en trois points l'existence

bénigne d'Hortense. Pourtant point dépourvue de savoir ou de

bon sens, elle divaguait dans un engrenage visqueux, comme si

une force dirigeante agissait en son nom, je devrais dire en son

âme. Quoique d'une nature exemplaire, j'entends guère

trompeuse, elle dérivait comme un voilier sans voiles offert aux

vents et aux courants.

Être à bord, savoir que l'on dérive, et être impuissante

à contrôler le bateau, - vie d'Hortense !

1414


Qui donc du cerveau

Qui donc du cerveau infécond que l'esprit aime

Fait jaillir des monstruosités et des charmes ?

Quel humain, quelle bête à l'étincelle suprême

Proposerait le diamant comme la flamme ?

Ce rarissime exploit en qui vit la nature

Et croît à chaque instant, diadème nouveau,

Rassemble les méfaits en sublime mixture,

Et grave son empreinte sur le cœur de mon sceau.

Qu'un Dieu, un jour superbe, couronne ma faible tête

De cascades de lauriers pour ces œuvres stériles !

Pour descendre mon âme au niveau de vos bêtes

Aurait-il vu en moi un serviteur débile ?

La nuit, la nuit obscure foudroie contre mes tempes

Des feux bouleversants détruisant mon salut.

Ces douleurs incisives, ces souffrances latentes

Me condamnent à la mort, moi qui ne parle plus.

1415


Offert aux rêveries

Offert aux rêveries d'un suicide, regardant

L'astre décliner lentement dans les cieux,

Ton ombre veut maudire ce paysage odieux.

L'éveil d'un chant difforme, excessif pour ton corps

Qu'on oublie TOUJOURS, solitaire des nuits, des jours

N'est qu'un refrain perdu quand ton crachat s'endort...

Et lourde d'amertume, l'âme chancelle au vent,

Suit indolente et faible les noirs frissons d'hiver,

Suit la flamme douceâtre qui brille dans les temps !

O l'oeil fécond tourné vers les vives ténèbres,

L'amour endeuillé, ivre sur tes lèvres détruites

Pousse un convoi royal, majestueux, funèbre !

1416


Confession

Une nuit que je cherchais miséricordieux

À captiver mon songe en mille tourments heureux,

Si pure et nue au bord de ce rivage

La divine beauté remarqua mon hommage ;

Alors que j'entonnais aux puissantes infinies

De suspendre leur vol et de poser ici

La douceur éclatante d'une âme tumultueuse,

L'accalmie s'inclina, et pour les lèvres pieuses

Qui suppliaient encore la grâce et le pardon,

La grâce fut accordée pour sauver ma raison.

1417


Ô solitude morne et plate

Ô solitude morne et plate qui envahis l'être

d'admirables torpeurs ! Jadis tu m'étais inconnue... Pas un

souffle de faiblesse pour respirer le calme mortuaire, la

langueur et le déroulement infini du temps.

Comme je soupèse le bonheur de l'homme seul, sa

survivance profonde dans l'âme insondable ! ... J'interviens

posément et goûte le luxe de la répartie. Je laisse confusément

comme un monotone fleuve dans le cours de ses eaux, la folie

sereine s'emporter vers des paysages perdus.

En amont, une source pure et claire que des

montagnes chérissent avec tendresse. En aval, la beauté

majestueuse, l'épanouissement de la pensée.

Eaux calmes, quand le silence règne en moi, comme

je voudrais pour toujours m'endormir...

1418


Un éternel recommencement

Un éternel recommencement comme puisé aux

sources mêmes de la vie, des chutes étonnantes semblant

mourir dans l'abîme infini de l'âme, des vibrations soumises à

une excitation durable :

Les méandres de la pensée conservent presque

religieusement toute la saveur extrême de leurs nombreux

secrets.

Parfois tumultes incontrôlés, souvent miroir irréfléchi

de ce moi étrange, je ne me déplais pas de posséder les

admirables accidents qui contiennent ma personne et se jouent

de moi, pauvre conscience.

1419


Miroirs de l'âme

Miroirs de l'âme, encriers de nos cœurs, quand

pouvons-nous respirer calmes et paisibles les odorantes fleurs ?

Le rêve se pâme d'atrocités et pousse nos désirs

jusqu'à des désespoirs toujours plus humiliants.

La traîtrise activée par un feu intérieur, resplendit

davantage, et le soir est mourant.

Esclaves d'hier, comme je condamne vos paroles !

Esclaves de demain, entendez ma miséricorde !

Martyrs défigurés par les liqueurs fourbes, aigles

royaux ou loups des cavernes, pourquoi accepter cette torture ?

Pourquoi la haine de tout un peuple ? Pourquoi les floraisons de

toute une forêt et pourquoi la barbarie gravée sur le sceau de

l'homme ?

1420


C'est un spleen

C'est un spleen qui renferme toute la nostalgie d'une

lueur sublime, une douloureuse faiblesse de cœur recueillie

dans la solitude, morne solitude près du feu pétillant de la

cheminée, où le seul ami est peut-être encore cette bouteille de

vin rare et ce verre de cristal.

Glacial amour, amour tendrement chéri, amour rêvé,

amour volatilisé que la fantaisie de la femme reproduit

inlassablement comme pour retenir son idéal, comme pour

retenir le temps !

Et la dernière lueur du brasier s'est plu à mourir. Ce

n'est plus qu'une lumière douceâtre qui baigne la chambre

décorée de bibelots rares et de meubles fort anciens.

Ce n'est plus qu'un désir impossible qui resplendit

encore dans l'âme d'Agathe. Ce n'est plus qu'une douleur

inconsolable qui vit dans le cœur d'Agathe.

Enivrée par le nectar, elle s'endort entourée de

somptueuses étoffes posées nonchalamment sur le divan

superbe.

Parée de somptueux bijoux, l'œil hagard et livide,

1421


soulevant d'une main nonchalante quantité de soierie déposée

sur le divan, elle rêve des délicieuses soirées passées chez les

De Busy.

Et des images tenaces, toujours martelant son âme

voyageuse s'amoncellent les unes contre les autres comme une

pellicule de film inlassablement répétée.

Et dans ses souvenirs voués déjà à l'ennui, elle

multiplie les scènes, grossit les visages, et espère embrasser

dans cet amoncellement de détails, l'instant unique et sublime

que son esprit s'était juré de ne jamais oublier : le regard

saisissant du jeune homme aux yeux foncés, tirant vers un

marron extrême, - ce regard de feu exprimant toute la force et

l'intrépidité de la jeunesse conquérante. Oui, malheureuse,

presque envoûtée par ce sourire d'ange, par cette bouche suave,

elle éternise son évasive rêverie sur le caporal blond.

1422


Un idéal songeur

Un idéal songeur où la seule fortune de l'esprit

consisterait à grandir des images pieuses comme issues d'un

Livre d’Écritures, où la seule tentation de l'âme serait d'usurper

et de drainer dans sa propre logique les pensées éparses qui

s'incrustaient dans les parois de son esprit. Une expérience en

soi unique, vécue en autarcie suivant des lois internes et

presque rationnelles, tel était le souhait, ô combien désiré

depuis sa tendre enfance par Magisture.

Élevé dans une famille peu soucieuse d'instruire et

d'imposer une éducation stricte et conventionnelle, il

grandissait dans une liberté complète, pouvant à chaque

moment décider de ses agissements. Jeunesse heureuse et sans

contrainte, Magisture chérissait ses parents avec tout l'amour

qu'il était permis de posséder à cet âge-là.

Mais son rare ennemi, si ennemi était, inquiet de la

faible rigueur parentale était un oncle qui visitait deux ou trois

fois dans l'année, pendant les fêtes importantes, la maison des

Ursus.

De quelques années l'aîné de Madame Ursus, il ne

pouvait s'empêcher de déplorer l'éducation trop peu conformiste

dont un enfant en bas âge jouissait.

1423


Des remarques subtiles et des cris d'alarmes

moralisateurs, telles étaient les seules conversations qui

jonchaient les interminables repas. Ces derniers se

poursuivaient fort tard dans la nuit jusqu'à des heures avancées

qui faisaient bailler de rage la pauvre Madame Ursus.

1424


J'expérimente le salut

J'expérimente le salut. L'incandescence - abstraction

faite de miroitements - conspire et soulève mon âme comme un

péché obscur dont on se joue cyniquement.

Et partant de l'idée que l'incrédule est maître du

royaume, je me plais à découcher l'insanité profonde qui

resurgit du fond de mon esprit.

Hélas cette projection spécifique n'est que le gouffre

inné, toujours vierge de mon inconnu.

Du néant se métamorphose le Néant. Je confesse

l'impuissance dérivée de sa charge primaire. Mais est-il

nécessaire qu'il puisse surpasser le doute et vaincre la

supercherie ainsi déclamée ?

Ignorance, - tel est le mot, ignorance !

1425


Pour l'ombre de toi-même

Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges

Dans le pur infini de ton morne délice.

Et battrais-tu de l'aile ? toi tourmentée tu sondes

Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...

Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,

Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !

Sous le déchirement de l'éternel carnage

Un mage déployé venait et fécondait !

Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,

Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.

Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,

Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,

Du pur consentement toi tu vas et regagnes,

Les mâtures inventées, les vagues et les drames !

1426


Que le délassement assombrisse

Que le délassement assombrisse les pensées élevées !

Que l'or battu parmi les treilles inonde les pages de

transparence ! Que l'orgueil envoûté par un maléfice inhumain

use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! Oui,

qu'une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse

emplisse mes veines !

Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves

de la déportation. Il nous faut être bien nés dans la solitude, - là

est la dernière image de l'amour ! Vies de l'âme, ingratitude des

râles, la volupté est bénie encore. La volupté contemple le

monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du

moi.

Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux

présage de l'enfant, dit l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.

L'importance de l'enjeu n'est qu'une égratignure - une

morale deux fois millénaire. Le tout s'étale dans la stérilité.

Voilà où vous en êtes, - à détrousser, sauvages ! Quel mépris

bestial ! Je parle de catastrophes, mais personne n'entend.

Ho ! Non ! Point de chorale céleste ni d'entendements

rugueux ! L'observation se soucie de l'amitié de l'homme. C'est

1427


reconnaître la légitimité déplorable de vos actes que de pleurer.

Et je pleure, je pleurerai encore !

Ce n'est qu'un point

Ce n'est qu'un point dans l'âme impure où l'être se

tord de douleurs. De l'incendie à l'inhumaine souffrance, d'un

cataclysme aux feux injectant leur incarnat de rêves, j'expulse

les secousses rythmiques, et par ce vent de glaives, j'invoque la

destruction des Dieux. Quoi ? Les fluctuations, les tempêtes, les

raisons amputées ne sauraient révéler un travail de haine ?

Des cantiques éclairaient les ondes purificatrices dans

cette harmonie de douleurs, les amitiés malfaisantes rôdaient.

L'orgasme était persécuté, la malice débutait en ses heures sous

le regard des treilles, avec l'espoir des marches à venir.

Opaque cité, pour l'élévation ! Que le temps pardonne

l'existence de tes sens ! Va, toi impassible et fière mourir dans

les débris de l'âme inculte. Va à l'extermination assurée ! Ton

devoir te l'impose oui, va !

1428


Jadis je resplendissais

Jadis je resplendissais lumière sublime dans des

cavernes ténébreuses. La mémoire, la pensée, les actes par

lesquels, je vis et me consume, célébraient chaque jour les

insondables paroles venues de l'imaginaire.

D'une plume vacillante, une écriture serrée semblait

la conséquence d'un état fiévreux, noircissait de signes étranges

une page encore vierge. J'écris car la main se mouvait avec zèle

sur le rectangle inculte ! Oh ! Point de prétention ! Non ! Mais

cette magique aptitude était preuve de force et de puissance en

moi.

Un dédoublement de l'esprit inexplicable et effrayant

! Un effort considérable, puis une chute terrible, - une agonie !

Vidée de sa substance vivante, morte, épuisée dans un combat

où le seul vainqueur était l'incertitude, l'âme s'engourdissait

vieillard impotent, s'éteignait dans un sommeil de mort.

Parfois, aux premières heures du levé, surgissant de

ses cendres, c'était une nouvelle bataille, un dernier souffle

avant la fin suprême. Et des cadavres s'amassaient horribles et

déjà putréfiés, exprimant toute la douleur et toute la sauvagerie

de la Compagne. Des corps déchiquetés, des enfants massacrés,

d'autres enfants naissant dans un ventre ravagé, et d'autres

petits fœtus avortés, et soigneusement conservés dans des

1429


bocaux d'alcool ! Ho ! Somptueuse image !

Le Germe et la Semence

Encensée dans l'alcool

Encensée dans l'alcool qu'accusent nos chimères

Et vomissant son feu aux blafardes lueurs,

Son âme possédée supplie qu'une prière,

Éclaire la mortelle et tremblante demeure.

Si veule et infectée de macabres lumières

Quand elle est appauvrie de pertes répétées,

Ne supplierait-elle pas la funèbre misère,

Repos lugubre et sceau de l'immortalité !

Un démon se souvient et exhausse ses vœux,

Vomit cyniquement la tentation divine,

Et arrache despote son cauchemar heureux.

Dans les blêmes ténèbres, au plus noir désespoir

Dans la prison humide, crispée de transes sanguines

L'âme violée se meurt un peu plus chaque soir !

1430


Énorme sacrifice

Énorme sacrifice voué aux maléfices,

Aux regards flamboyants des Dieux ! Et mémorable

Faiblesse qui suait l'alcool quand les prémices

Et les regards livides scrutaient le misérable !

Ô rappel éternel d'une souffrance vaine

Qui, métamorphosée par le jeu des amours,

Crachait et vomissait ses labeurs et ses peines,

Qui était désespoir et désespoir toujours !

Candeur dans l'étroite et affreuse liaison

Quand serpents et venins se pâmaient dans son âme,

Quand meurtres et fureurs, lugubres tentations

Se mêlaient dignement au parfum de la femme !

Et le cœur qui s'engouffre dans les chaudes ténèbres,

Et les lèvres tétant le sang des assassins,

Bouillons d'écumes et soufre en ces veillées funèbres,

Ô la chair déchirée dans ses noirs intestins !

1431


Prolongement

Avec ce pâle essai, le sourire enfantin

Propose d'une plume un clair regard éteint,

Mais son âme obscurcie par de sombres ténèbres

Achève noires ses stances dans sa chambre funèbre.

Ce jeu tel un sépulcre baigné par ses lumières,

Amas de morts qui tremble d'une main cavalière,

Prolonge dans mes veines le pur sang des apôtres...

Sont-ce pensées déçues où le génie se vautre ?

Mais j'entends supplier maint rêve bestial

Déployé sous un joug ombrageux !

Qu'il dérive

Ignoble frère, au jet d'écume et d'ombre

Que d'un regard malsain lèche la croix des autres !

1432


Offert aux rêveries

Offert aux rêveries d'un suicide ; regardant

L'astre pur décliner lentement dans les cieux ;

L'ombre maudit ce paysage mélodieux !

L'éveil d'un chant difforme, excessif à ton corps

Qu'on oublie toujours, solitaire des nuits, des jours,

Est refrain modulé quand ton crachat s'endort.

Mais lourde d'amertume, l'âme chancelle au vent,

Suit indolente et perdue les noirs froids d'hiver,

Suit la flamme douceâtre qui brille dans le temps.

Alors mon œil tourné vers les vives ténèbres

Et l'amour craquelé sur tes lèvres détruites

Poussent un convoi royal, majestueux, funèbre.

1433


Immolée sur les plaies

Immolée sur les plaies sanguinaires des suicides,

Soulevée par la pure vengeance des Dieux marins

Dans sa candeur, violée aux furies de ses eaux

Rejetée par les vents sous les courants torrides

Même dans la bravoure, la vague rejette l'épave.

Mais affreuse et tremblante presque morte déjà ivre

Dans les excès de fièvre sous l'ardeur de l'été

Transparente parfois mais libre sur les mers

O Beauté vénérée derrière les larges terres

Mon âme désinvolte, accablée de remords

Quand sur toi le malheur, repose, que faut-il faire ?

Alors vers quels plaisirs dans l'univers fangeux

Faiblesse de conquêtes, ô sœur de l'infini

Détourner de ce joug, l'impossible grandeur ?

Règne, siècle, frayeur ! Ame promise, que faire ?

1434


Ébauche d'une plainte

Enflammant les souvenirs lugubres et sanglants,

Rien en sa haute voix attachée à mon sort

Par son sublime amour, le pur commencement,

N'extirpera, ô bouche, un monstre sacré d'or !

L'insouciance sertie qui vole en ses demeures

Est prise, sœur charnelle de désirs obscurcis,

Elle usurpe et délasse aux forêts de ses nuits

De floraisons diverses et noires pour que je meure ! ...

Toi, réelle douleur de mon âme, si la seule fin

Entame comme un fruit de plaisir mes faiblesses,

Pourquoi grandir ce feu intime jusqu'à demain ?

Jamais écho interne respiré par ce cœur

Ne pourra soulager ces soupirs de détresses !

Mais il est tard, déjà ! Prends l'horrible labeur !

1435


Ne veux-tu pas, mon âme

Ne veux-tu pas, mon âme, sur la couche béante

Comme un désir sans fin activer mon ardeur,

Respirer contre moi la sensation latente

Dont disposent la nuit les raretés du cœur ?

Dehors, tout est sinistre. Tout arbre semble mort.

Si ce n'était la brise tourmentée par ce vide,

Tout le peuple agonise et la foule s'endort.

Je n'aime point courir sur les murs de la ville,

Aspect trop délabré des cités reconstruites.

Le ventre s'y resserre à chaque instant fébrile !

Reste là dans mes bras. Oublions les douleurs

Qui couvrant nos orgasmes maintes fois avortés

Rappellent au masque noir la marque des splendeurs.

1436


Alors que l'heure consume

Alors que l'heure consume sa lumière dernière

Et que de tous ses feux maintes fois obscurcis,

Il naît près de son lit la rumeur incendiaire ;

Alors que l'heure est infime, vengeresse en ses nuits,

Détruit la fleur de l'âge aux croyances divines,

On entendrait hurler tel vieux rêve ennuyeux

Son exploit tortionnaire, porteur des airs sublimes ;

Le chant maudit et rance a sonné dans le creux.

L'âme meurtrie, trouée jusques en ces méandres

Abdique telle un charnier de sa sanglante mort,

Poussant encore le chant de l'agonie des cendres

Est ombre inanimée dans le lit de son sort.

1437


Mais vaines car ces piteuses

Mais vaines car ces piteuses œuvres sont déjà

promises à des yeux avides de connaissance, à des curiosités

malsaines, désireuses d'exploiter la grotte merveilleuse de l'âme

sublime du poète !

Des notes décortiquées pour essayer d'extraire un

sens exact, et des accords de syllabes rompues ! De superbes

alchimistes en proie à une mixture nouvelle pour des

découvertes consentantes, oui !

1438


La faible survivance

La faible survivance respirée en nos cœurs

Comme un mal infini a possédé nos âmes.

Ce ne sont que sévices imprégnés de saveurs,

Et des lutins stériles en usurpent et se pâment.

Interdits d'amour-propre, diffusant de leurs mains

Les stigmates enfoncés jusqu'au creux de la chair,

Ils cambrent la faiblesse de mon ministre saint

Moi génie torturé, redescendu sur terre.

Extrait

Quoi ! Des formes pourtant, émulsion des rêves

Dont l'âme détourne le bruissement, achèvent

La vaine réalité entre ses murs noirs !

1439


Je suis la mort

Je suis la mort pernicieuse des débauchés,

Des fantasmes, des rires.

J'invoque les Dieux qui promettant

La noirceur de mes dires,

Aiment ma superbe somptuosité

Se moquant de l'encens !

Douce veuve juvénile

Sache la grandeur de mon âme

Où le feu crevant la puissance sacrée

Me nomme déjà Maître auprès des cieux.

Sache l'extrême hauteur de mes chants

Qui m'appellent grand maître,

Qui m'appellent Géant !

Sache ! ...

1440


FRANCK LOZAC’H

Fonctions mentales

Seconde partie

1441

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