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Claude Quartier, ingénieur agronome, journaliste, ancien directeur du Service vaudois de vulgarisation agricole, directeur et rédacteur en chef du journal Agri de 1988 à 2005, auteur de nombreux livres, dont le dernier en date «Révolution(s) dans les campagnes de Suisse romande, 1990–2020». Image: Archives Agri «La mission du monde agricole est restée la même: nourrir» En 125 ans, l’agriculture suisse a radicalement changé: les familles paysannes ne représentent plus que 3% de la population, la profession est devenue très technique, mécanisée et numérisée, les conditions cadres et les exigences de la société ont complètement changé. Mais la mission demeure: nourrir la population le mieux possible. Interview entre passé et présent, entre hier et demain, avec Claude Quartier, ingénieur agronome et journaliste. INTERVIEW: KARINE ETTER 125 ans de l’USP
CLAUDE QUARTIER 43 Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’agriculture suisse en 125 ans? Claude Quartier: Par rapport à l’agriculture de la fin du 19e siècle, celle d’aujourd’hui apparaît comme un autre monde. Le métier n’a cessé de se professionnaliser. Autrefois on disait paysan, maintenant on parle d’agriculteur, et demain on aura peut-être des «maîtres techniciens de la terre»... Mais il y a des invariants: derrière l’évolution agronomique et technique, il y a toujours des hommes qui agissent. Depuis 10 000 ans, la mission du monde agricole est restée la même: nourrir les gens à partir de produits végétaux et animaux. Mais pour atteindre ces buts, tout a changé. Le contexte, les outils et méthodes, les conditions cadres, les règlements, la société… Globalement, l’agriculture suisse, qui s’est montrée pionnière pour concilier production alimentaire, protection environnementale et bien-être animal, a plutôt bien réussi à négocier les virages de l’histoire. Pensez-vous que l’agriculture est mieux reconnue en 2022 qu’en 1897? Je ne sais pas. Si on considère l’agriculture de 1900 avec notre regard de 2022, on verra nos ancêtres paysans sous un jour assez défavorable, comme une classe pauvre, peu éduquée, exerçant un métier manuel dur et peu valorisant. Mais si l’on cherche à voir les paysans de 1900 avec le regard de l’époque, les choses changent. A travers la littérature, la peinture, les fêtes et la représentation du monde rural de 1900, on découvre des paysans qui devaient inspirer le respect. Au fil des ans, l’agriculture est devenue complexe, exigeant une solide formation de base et une constante mise à jour des connaissances. Cette «technicité» du métier contribue à éloigner les paysans de ceux qui ne le sont pas, mais cela en fait aussi une profession reconnue à part entière. «Il faut répondre à ce qui est justifiable, praticable, nécessaire, raisonnable et faisable.» Comment l’agriculture devrait-elle se positionner pour répondre aux attentes et exigences très élevées des consommateurs d’aujourd’hui? Il faut répondre à ce qui est justifiable, praticable, nécessaire, raisonnable et faisable. Un produit phytosanitaire dont la toxicité est prouvée n’est pas admissible. Il doit être supprimé. A contrario, les pendillards ne représentent pas une solution adaptée à tous les contextes agricoles. Ils ne devraient pas être imposés dans la loi. Ainsi, pour chaque technique, les partenaires doivent se mettre d’accord sur des limites à ne pas franchir, trouver des compromis, tout en sachant que l’agriculture, très minoritaire, doit disposer de dossiers béton pour justifier ses positions. Devant les problèmes, l’agriculture ne doit pas se voiler la face. Elle doit éliminer ce qui est douteux, exiger de la recherche les réponses les plus claires possibles et, s’il y a doute, demander des moratoires pour affiner les connaissances comme pour les OGM. Le Covid puis le conflit en Ukraine ont bouleversé de nombreuses certitudes liées à l’approvisionnement alimentaire. En Suisse, cette situation tend à crisper les positions entre nécessités alimentaires et nécessités climato-environnementales. Comment construire l’avenir dans ce contexte? Il ne s’agit pas d’opposer l’approvisionnement et l’environnement. Mais parfois je suis un peu dubitatif face à l’idée de vouloir mettre de la biodiversité partout. Il faudrait se montrer pragmatique et accepter qu’il existe des zones propices à la biodiversité et d’autres pas. Ainsi, je trouve pertinent de mettre des bordures-tampon le long des cours d’eau, mais se priver, en partie, des bonnes terres cultivables pour y intégrer de la biodiversité me semble pour le moins interpellant. Il faut quand même reconnaître à l’agriculture le droit de faire pousser du blé dans un champ plutôt que des petites fleurs. Le Parlement a demandé au Conseil fédéral d’élaborer une stratégie agroalimentaire globale, de la fourche à la fourchette. Personnellement, qu’attendez-vous d’un tel rapport? Que ce rapport soit techniquement rigoureux; qu’il évite de faire de la démagogie agricole ou de la démagogie environnementale. De rester si possible simple, sans complexifier encore les mesures, de ne pas imposer des techniques ou des manières de faire susceptibles d’évoluer rapidement dans l’intérêt des paysans et des consommateurs. Le bio, la permaculture, l’agriculture de conservation, ✁ Chaux d’Aarberg félicite les 125 ans du SBV Annonce Vous profitez de: Chaux d’Aarberg pour 12.–/tonne départ usine à Aarberg. Ou livré pour 30.–/tonne. Commandez sous: E-mail: info@ricoter.ch Telefone: 032 391 63 00 Fax: 032 391 62 34 N’oubliez pas de mentionner votre bon! 125 ans de l’USP
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