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SEMESTRIEL — novembre 2022 — n° 06<br />
ACTIONS MÉMORIELLES<br />
AULUS-LES-BAINS<br />
L’espace muséal met en lumière<br />
les années sombres<br />
CABRIÈRES D’AVIGNON<br />
La mémoire<br />
retrouvée<br />
En 1940, la loi de l’État français <strong>du</strong> 4 octobre<br />
relative aux ressortissants étrangers de<br />
race juive autorise les préfets à organiser<br />
leur internement. La station thermale<br />
d’Aulus-les-Bains est désignée Centre<br />
d’assignation à résidence et voit soudain<br />
arriver 587 hommes, femmes et enfants<br />
juifs obligés de se loger à leurs propres<br />
frais dans des fermes, des baraques et les<br />
hôtels de la station. Grâce à des villageois<br />
pour lesquels les sentiers n’ont aucun<br />
secret, certains passeront en Espagne,<br />
mais 174 d’entre eux seront raflés le 26 août<br />
1942, puis 266 le 9 janvier 1943. La plupart<br />
seront assassinés dans les camps de<br />
concentration de l’Est de l’Europe. La<br />
solidarité aulusienne sauvera des familles<br />
ou des enfants en les cachant ou en leur<br />
faisant traverser les montagnes. Douze<br />
habitants ont été reconnus Justes parmi<br />
les Nations par Yad Vashem.<br />
6 NOUVELLES<br />
COMMUNES<br />
adhèrent au Réseau<br />
des villes et villages<br />
des Justes de France<br />
Blan (81),<br />
Saint-Etienne (42),<br />
Dompierre-sur-Yon (85),<br />
Campagnac (81),<br />
Gaillac (81) et<br />
Gap (05).<br />
« Nous voulions rendre aux<br />
habitants cette histoire trop<br />
longtemps tue. C’est très<br />
touchant aujourd’hui de<br />
recevoir des jeunes.<br />
On leur donne des repères<br />
historiques avec des<br />
témoignages, des films,<br />
on espère ouvrir leur esprit<br />
critique. »<br />
Bernadette Rogalle,<br />
adjointe au maire et<br />
fille de Justes parmi les Nations<br />
En 2008, le maire Michel Veyssière et son<br />
équipe souhaitent retracer cette histoire<br />
et rendre hommage aux personnes Juives<br />
assignées à résidence à Aulus en 1942 et<br />
1943. Avec le concours <strong>du</strong> Département,<br />
de la Région, de fonds européens, d’une<br />
banque régionale et de divers partenaires,<br />
ils vont réhabiliter l’ancienne école qui<br />
retrouvera ainsi sa vocation de transmission<br />
<strong>du</strong> savoir et de la mémoire. En 2016, un<br />
groupe de villageois, d’enseignants,<br />
d’historiens et un ami architecte, crée<br />
l’association Mémoire et Histoire Vivante<br />
Aulus-les-bains (MHVA). Ils concevront<br />
le contenu mémoriel et pédagogique de<br />
l’Espace muséal inauguré en 2019.<br />
Aujourd’hui présidée par Danick Florentin,<br />
l’association fait vivre le lieu devenu Site<br />
d’intérêt départemental : expositions, films,<br />
archives, témoignages attirent un public<br />
scolaire et de nombreux visiteurs. La<br />
nouvelle municipalité, la Fondation pour<br />
la mémoire de la Shoah, le Mémorial de la<br />
Shoah et Yad Vashem y contribuent. Très<br />
active, l’association organise également<br />
des marches, des commémorations, des<br />
lectures de noms, des visites commentées.<br />
POUR PLUS D’INFORMATIONS<br />
https ://espace-memoire-histoire-vivanteaulus-les-bains.com/<br />
Quand Delphine Creps, élue maire de Cabrières<br />
en 2020, découvre que Marie et Attilio Garagnoli,<br />
habitants de sa commune, ont été honorés Justes<br />
parmi les Nations en 2012, elle décide de leur<br />
donner une place d’honneur dans l’espace public.<br />
D’origine ita<strong>lien</strong>ne par sa mère, elle est particulièrement<br />
sensible à l’histoire de ce couple généreux<br />
et courageux qui avait fui l’Italie fasciste en 1925 et<br />
s’était installé dans la commune. En effet, lorsque<br />
les allemands arrivent à Cabrières en 1944, les<br />
Garagnoli savent que leurs voisins sont en grand<br />
danger : la famille juive Pulvermacher a fui Paris au<br />
début de la guerre. De mars 1944 à la Libération,<br />
Marie et Attilio cacheront Berthe, Dora et Léon<br />
Pulvermacher ainsi que leurs deux cousins, Robert<br />
Pulvermacher et Maurice Wietrzniak membres d’un<br />
groupe de résistance. <strong>Le</strong> couple Garagnoli les a<br />
protégés, nourris et soutenus moralement <strong>du</strong>rant<br />
toute cette période.<br />
Pour rendre hommage à ses Justes, la commune<br />
décide d’adhérer au Réseau : Réseau Villes et<br />
Villages des Justes de France, de poser une plaque<br />
en l’honneur de Marie et Attilio GARAGNOLI puis<br />
d’installer, à l’entrée de la commune, le panneau<br />
des villes et villages membres <strong>du</strong> réseau.<br />
« Pour nous, élus, ces hommages coulaient de<br />
source. <strong>Le</strong>s habitants sont fiers de ce passé.<br />
Notre conseil municipal des jeunes s’en est<br />
d’ailleurs emparé. <strong>Le</strong>s jeunes sont allés à Paris,<br />
au Mémorial de la Shoah le 9 novembre dernier.<br />
Ils ont découvert le Mémorial et se sont recueillis<br />
devant le mur des noms des Justes parmi<br />
les Nations. »<br />
Delphine Creps, maire de Cabrières<br />
POUR TOUTE INFORMATION<br />
sur les panneaux d’entrée de ville,<br />
contacter : david.adam@yadvashem.fr<br />
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM